En cours au Siège de l'ONU

Le Forum des Nations Unies sur les forêts a élu M. Peter Besseau, du Canada, Président de sa douzième session

Forum des Nations Unies sur les forêts, Douzième Session,
1re séance - matin
ENV/DEV/1666

Le Forum des Nations Unies sur les forêts a élu M. Peter Besseau, du Canada, Président de sa douzième session

Le Forum des Nations Unies sur les forêts a élu ce matin, par acclamation, M. Peter Desseau, du Canada, Président de sa douzième session.  Le nouveau Président est le Directeur du service des forêts et des ressources naturelles du Canada.  Il a été présenté par le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États. 

Le Forum a également élu, par acclamation, Mme Clarissa Souza Della Nina, du Brésil, M. Whu Zhimin, de la Chine, et M. Thomas Krejzar, de la République tchèque, Vice-Présidents de cette douzième session. 

Le Forum des Nations Unies sur les forêts, qui est un organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), a été créé en octobre par la résolution 2000/35 (2000) du Conseil avec pour principal objectif de promouvoir la gestion, la conservation et le développement durable de tous types de forêts et pour renforcer l’engagement politique à long terme à cette fin sur la base de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement de 1992.

Cette douzième session du Forum sur les forêts, qui a débuté aujourd’hui, se terminera le 27 avril 2016.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Après la signature « historique » de l’Accord sur le climat par 175 États, la « course contre la montre » de l’entrée en vigueur est lancée, déclare Ban Ki-moon

matin et après-midi
ENV/DEV/1659-L/T/4446

Après la signature « historique » de l’Accord sur le climat par 175 États, la « course contre la montre » de l’entrée en vigueur est lancée, déclare Ban Ki-moon

« C’est un moment historique. Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n’avait signé un accord international en une seule journée », s’est félicité, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur le climat, au Siège de l’Organisation, à New York, dont la tenue coïncidait avec la Journée internationale de la Terre nourricière.

Réunis dans la salle de l’Assemblée générale, 31 Chefs d’État, deux Vice-Présidents, 24 Chefs de gouvernement, 9 Vice-Premiers Ministres, un ancien Président, 29 Ministres des affaires étrangères et 57 autres Ministres, ainsi que 20 Représentants permanents, soit au total 175 États Membres, ont paraphé l’Accord conclu à Paris, le 12 décembre dernier, lors de la dernière Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Quinze États ont d’ores et déjà déposé leurs instruments de ratification, a relevé M. Ban.

« Nous battons des records dans cette salle, ce qui est une bonne nouvelle.  Mais des records sont également battus à l’extérieur.  Températures mondiales record.  Fonte des glaces record.  Niveaux record de carbone dans l’atmosphère.  Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a mis en garde le Secrétaire général, en exhortant tous les pays à agir pour que l’Accord de Paris puisse entrer en vigueur dès que possible.

Invoquant l’esprit d’Abraham Lincoln, l’acteur américain et Messager de la paix des Nations Unies Leonardo DiCaprio s’est tourné vers les États Membres pour leur dire que l’heure est venue de prendre des engagements sans précédent.  « Ce n’est plus le moment de discuter, de lancer des études et de permettre aux industriels de dicter notre avenir.  Le monde se tourne vers vous et vous serez soit applaudis par les générations à venir, soit pointés du doigt ».

« La fenêtre de tir qui permettait de maintenir la hausse de la température globale en dessous de 2 degrés Celsius, et encore moins de 1,5 degré, est en train de se fermer rapidement », a insisté M. Ban.  Pour le Secrétaire général, « si tous les pays signataires adhèrent à l’Accord, la communauté internationale aura satisfait à l’exigence juridique pour le faire entrer en vigueur, à savoir la ratification par au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ».

Pays d’accueil de la COP21, la France a, par la voix de son Président, M. François Hollande, annoncé à la tribune de l’Assemblée avoir demandé au Parlement français de ratifier l’Accord de Paris d’ici à l’été prochain, tout en souhaitant que l’Union européenne suive cet exemple avant la fin de l’année.  Pour le Chef d’État français, la conclusion de cet instrument juridiquement contraignant, au lendemain des attentats terroristes de Paris, a représenté « un moment d’émotion comme il y en a peu dans la vie d’un dirigeant politique ».

Si « cette plénière au Bourget fut inoubliable », le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, a quant à lui encouragé les États Membres à exploiter le « pouvoir » d’un instrument qu’il a lui-même signé aujourd’hui au nom de son pays, sa petite-fille assise sur ses genoux.  Insistant davantage sur les « possibilités » offertes par l’« accord le plus solide et le plus ambitieux jamais conclu en faveur de l’environnement » plutôt que sur les obligations qu’il crée pour les États Parties, le Chef de la diplomatie américaine s’est réjoui que le secteur privé soit désormais considéré comme un partenaire à part entière des gouvernements.

L’an dernier, a-t-il expliqué, les investissements dans l’énergie renouvelable dans le monde ont atteint un niveau sans précédent, avec un montant total de 330 milliards de dollars.  Pour la première fois, c’est dans le développement des énergies renouvelables que nous avons investi bien plus que dans l’exploitation des combustibles fossiles, s’est félicité M. Kerry.

Faisant sien ce constat, le Premier Ministre du Canada, M. Justin Trudeau, a indiqué qu’avec 19 autres pays, le sien avait noué un partenariat mondial qui s’est fixé pour objectif de doubler les investissements dans les énergies propres. 

Mais le Chef de Gouvernement a répondu également présent à l’appel de nombreux pays en développement à avoir pris la parole tout au long de cette Journée de la Terre nourricière pas comme les autres, en annonçant que le Canada investira, « au cours des cinq prochaines années », 2,5 milliards de dollars pour accroître la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de ces pays.

« Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous parviendrons à mettre en œuvre l’Accord de Paris », a-t-il lancé sous une salve d’applaudissements, en résumant le sentiment général qui a prévalu parmi les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement.  Le Vice-Premier Ministre de la Chine, M. Zhang Gaoli, a annoncé que les autorités à Beijing –qui accèderont à l’Accord de Paris « avant même le Sommet du G-20 prévu en septembre prochain »– maintiendraient leur appui à la coopération Sud-Sud.

Pays développés et pays en développement se sont livrés à une surenchère d’annonces de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  La Princesse Lalla Hasna, du Maroc –pays hôte de la vingt-deuxième session de la COP, les 7 et 8 novembre prochains– a ainsi indiqué que son gouvernement a pour ambition de diminuer ses propres émissions de 32% d’ici à 2030, date butoir pour réaliser les objectifs de développement durable.

« Nous avons bon espoir que la COP22 de Marrakech soit une occasion de renforcer la prise de conscience mondiale quant à la nécessité de poursuivre l’engagement collectif face aux changements climatiques », a poursuivi Lalla Hasna.  Elle a souhaité que « des procédures et mécanismes d’opérationnalisation » de l’Accord de Paris soient approuvés avec, notamment, l’adoption d’un plan d’action pour la période pré-2020 en matière de réduction des émissions, d’adaptation, de financement, de réduction des capacités, de transfert de technologie et de transparence.

Au terme d’une journée de débats qui aura compté plus de 170 orateurs, dont des représentants de la société civile, du secteur privé et des jeunes, Mme Fatma Güldemet Sarı, Ministre de l’environnement et de la planification urbaine de la Turquie, a annoncé que son pays était candidat à l’organisation de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prévue en 2020.

Déclarations d’ouverture

GERTRUDE CLEMENT, 16 ans, représentante de la jeunesse de la République-Unie de Tanzanie, a souligné que les effets des changements climatiques présentaient des problèmes énormes pour les enfants de la planète.  En particulier, ils perturbent leur éducation.  « En tant que jeunes, l’avenir nous appartient », a-t-elle déclaré.  « Nous attendons que les promesses se traduisent par des actes à grande échelle. »   

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué qu’en décembre dernier à Paris, la communauté internationale avait adopté le premier accord universel sur le climat.  Chaque pays s’est engagé à réduire ses émissions et à renforcer sa résilience face aux effets potentiellement dévastateurs des changements climatiques.  Aujourd’hui, plus de 165 pays se retrouvent ici à New York pour signer l’Accord de Paris.  « Arrêtons-nous et songeons-y un instant.  C’est un moment d’histoire.  Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n’avait signé un accord international en une seule journée », a-t-il relevé.  Le Chef de l’Organisation a félicité tous les pays qui signent ce matin et tout particulièrement les 14 États qui déposent également leurs instruments de ratification: les Bahamas, la Barbade, le Belize, les Fidji, la Grenade, la Jamaïque, les Maldives, les Îles Marshall, Nauru, les Palaos, l’État de Palestine, Sainte-Lucie, le Samoa et la Somalie et deviennent ainsi parties à l’Accord. 

« Nous battons des records dans cette salle – ce qui est une bonne nouvelle.  Mais des records sont également battus à l’extérieur.  Températures mondiales record.  Fonte des glaces record.  Niveaux record de carbone dans l’atmosphère. Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a prévenu M. Ban.  Il a exhorté tous les pays à agir rapidement pour adhérer à l’Accord au niveau national afin que l’Accord de Paris puisse entrer en vigueur dès que possible.  Pour lui, la fenêtre de tir qui permettait de maintenir la hausse de la température globale en dessous de 2ºC, et encore moins de 1,5 degré, est en train de se fermer rapidement.  Soulignant que l’ère de la consommation sans conséquences est terminée, le Secrétaire général a indiqué qu’il faudrait redoubler d’efforts pour éliminer le carbone dans l’économie mondiale.  Dans ce contexte, a-t-il dit, il faudrait aider les pays en développement à faire cette transition.  « Les plus pauvres et les plus vulnérables ne doivent pas faire les frais d’un problème qu’ils n’ont pas créé.  « N’oublions jamais que l’action climatique n’est pas un fardeau – en fait, elle offre de nombreux avantages.  Elle peut aider à éliminer la pauvreté, créer des emplois verts, prévenir l’instabilité et améliorer la vie des filles et des femmes.  Elle est indispensable pour atteindre les objectifs de développement durable.

Cette journée, a estimé M. Ban, marque l’aboutissement du combat qu’il mène depuis son premier jour au poste de Secrétaire général, « quand j’ai déclaré que le changement climatique était ma priorité suprême ».  Aujourd’hui, a-t-il dit, vous signez un nouveau pacte avec l’avenir, qui ne doit pas être un simple catalogue de promesses.  Il doit se traduire dans les actes que nous accomplissons aujourd’hui pour le compte de la jeune génération actuelle et de toutes celles qui la suivront, des actes qui réduisent le risque climatique et protègent les communautés, des actes qui nous engagent dans une voie plus sûre et plus intelligente, a poursuivi le haut fonctionnaire.  « Ensemble, nous allons traduire les aspirations de Paris dans des actes.  Comme vous le montrez par votre geste de signature aujourd’hui, le pouvoir de construire un monde meilleur est entre vos mains.  Merci de nous ouvrir la voie. »

Il y a eu à Paris un accord historique le 12 décembre dernier, a rappelé M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France.  « Rien n’était joué, et, jusqu’à la dernière minute, il a fallu vaincre les scepticismes, les interrogations et les doutes pour être capables tous ensemble de porter une ambition pour l’humanité et les générations à venir », a-t-il déclaré.

Il s’agit de s’engager sur un accord universel et contraignant pour réduire la hausse des températures.  « Nous avons tous vécu un moment d’émotion comme il y en a peu dans la vie d’un dirigeant politique », a reconnu M. Hollande.  Après les attentats terroristes de Paris, le monde a su, dans un élan de solidarité et de responsabilité, faire en sorte qu’un accord sorte de la réunion de Paris.

Dans les mois qui ont précédé l’Accord de Paris, des engagements importants ont été pris par les gouvernements, les entreprises, les collectivités locales, les citoyens et la société civile.  Toutefois, a ajouté le Président, « nous devons aller plus loin que les promesses qui ont été faites et faire que nos déclarations deviennent des actes ».  Les mois qui viennent de s’écouler ont été les plus chauds de ces 100 dernières années, avec, notamment, des cyclones, la famine, le Lac Tchad qui est menacé de disparition et des îles qui sont recouvertes. 

M. Hollande a lancé un cri d’alarme sur les destructions des écosystèmes et déploré les hectares de forêts qui partent en fumée chaque année en Asie ou en Afrique.  Le texte signé aujourd’hui sera inscrit dans le droit international de manière irréversible, s’est-il félicité.

Au nom de la France, le Président  s’est engagé à « donner un prix au carbone », car cela doit être aujourd’hui « notre engagement principal ».  La prochaine étape est la ratification avec l’objectif d’obtenir 55 États représentant 55% des émissions.  Il a demandé au Parlement français de ratifier l’Accord de Paris d’ici à l’été prochain et souhaité que l’Union européenne donne l’exemple d’ici à la fin de l’année.

« Il faut aller plus vite, encore plus vite, car le temps presse », a insisté M. Hollande.  La France, a-t-il précisé, augmentera sa participation pour la lutte contre la désertification.  « Le monde entier doit prendre conscience de ce qu’il s’est passé à Paris, qui se prolonge à New York et va se passer dans les  parlements », a-t-il conclu.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que le Secrétaire général n’avait jamais manqué de faire avancer les négociations autour d’un Accord sur le climat et que le meilleur hommage à lui rendre, c’est pour les États Membres de l’ONU de se mobiliser en donnant effet à cet instrument juridiquement contraignant.

M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a insisté sur le fait que l’adoption de l’Accord sur le climat venait complémenter les efforts de la communauté internationale, en particulier le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Tout au long de l’année 2015, le Pérou s’est mobilisé aux côtés de la France pour finaliser l’Accord au terme de négociations difficiles, afin de nous « réconcilier avec la planète », « convaincu qu’aucun pays ne doit rester à la traîne ».  La concrétisation des obligations incombant aux signataires exigera d’accorder une priorité à la coopération afin de promouvoir des économies faibles en carbones dans toutes les régions du monde.  Il a insisté sur l’importance du Programme d’action de Lima, qui devra rester en vigueur jusqu’à la tenue de la vingt-deuxième session de la COP à Marrakech.  Pour sa part, a dit le Chef d’État, le Pérou s’est engagé à réduire de 30% ses émissions d’ici à 2030, tout en multipliant les mesures d’adaptation sur la base de cinq domaines d’action: gestion des risques des catastrophes, développement des infrastructures, lutte contre la pauvreté, interculturalité et promotion de l’investissement privé.

S’exprimant au du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé le rôle joué par 47 PMA dans les négociations autour de l’Accord de Paris.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la manifestation d’aujourd’hui n’est pas pour eux simplement symbolique.  « C’est une opportunité importante de réaffirmer l’esprit positif qui a prévalu à Paris: notre engagement en faveur d’une action collective pour aller dans une direction sans retour possible afin de garantir un climat plus sûr », a résumé le Chef de l’État.

C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, des ministres des PMA se sont réunis ce mois-ci à Kinshasa pour réaffirmer leur engagement en faveur de l’Accord en assurant qu’ils prendraient les mesures nécessaires pour ratifier l’instrument dans les meilleurs délais.  Pour sa part, la RDC est consciente de la nécessité d’un effort mondial pour inverser les tendances du réchauffement de la planète, comme en témoignent les engagements ambitieux contenus dans sa contribution prévue déterminée au niveau national de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 17% entre 2020 et 2030 par rapport au maintien du statu quo, « un effort considérable pour un pays qui œuvre résolument à sa reconstruction et à son émergence ». 

Dans cette perspective, a prévenu M. Kabila, le transfert de technologies, le renforcement de capacités, le financement, la résilience face aux changements climatiques, ainsi que le développement de sources d’énergies renouvelables, sont ses principales priorités.  Rappelant que la RDC dispose d’un potentiel hydroélectrique de plus 100 000 mégawatts, le Président Kabila s’est également enorgueilli des immenses étendues forestières, de plus de 150 millions d’hectares, qui sont une excellente opportunité pour séquestrer le carbone. Aussi, s’est-il engagé en faveur d’une gestion durable des forêts, sous-tendue par un cadre d’aménagement visant en priorité les forêts de production.

« Nous célébrons aujourd’hui la journée internationale de la Terre nourricière », a déclaré M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie.  Les civilisations ancestrales et autochtones nous ont appris que la Terre n’est pas objet un qui peut être commercialisé sur le marché du carbone, a-t-il insisté.  Le Président bolivien a dénoncé l’individualisme et le mercantilisme et appelé à l’élimination du système capitaliste.  Nous sommes témoins des catastrophes naturelles qui frappent la planète.  « Si nous ne respectons pas les engagements contractés à Paris, les températures augmenteront de 5 ou 6 centigrades et nous verrons la destruction de la vie », a-t-il prédit.

Pour M. Morales Ayma, l’Accord de Paris est un pas en avant, certes, mais il n’est pas suffisant pour sauver la Terre.  Il a proposé d’adopter une « déclaration universelle des droits de la Terre nourricière » et de créer un tribunal chargé de juger les États responsables de la crise climatique dans le respect du principe de la responsabilité commune et différenciée.  « La Terre nourricière ou la mort! », s’est-il exclamé avant de conclure.

Se félicitant de l’Accord de Paris sur le climat, Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a déclaré que la route qui s’ouvre devant la communauté internationale reste semée d’embûches, puisqu’il sera nécessaire de transformer les aspirations en résultats concrets.  Pour y parvenir, il faudra continuer de mobiliser les ressources nécessaires pour que les pays en développement puissent contribuer également aux efforts d’atténuation et d’adaptation.  Il est donc fondamental d’accroître le financement de la lutte contre les changements climatiques au-delà des 100 milliards de dollars annuels déjà agréés.  Pour sa part, le Brésil est déterminé à intensifier ses actions en ce sens, a assuré Mme Rousseff, en rappelant l’engagement de son pays à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37% d’ici à 2025, ainsi que son intention de parvenir à l’objectif de 43% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux constatés en 2015.  « Nous parviendrons à l’objectif zéro déforestation dans l’Amazone », a ajouté la Présidente du Brésil.  Elle a expliqué que le Brésil entendait réaliser une reforestation de 12 millions d’hectares de terres dégradées, défi qu’il s’est engagé à relever. 

M. ZHANG GAOLI, Vice-Premier Ministre de la Chine, a reconnu que l’Accord de Paris représentait un jalon dans la riposte mondiale face aux effets des changements climatiques.  La Chine a joué un rôle clef dans le cadre des négociations, a-t-il rappelé.  « La Chine est un grand pays en développement responsable » et le peuple chinois respecte ses engagements, a-t-il assuré.  « Nous travaillerons d’arrache-pied pour assurer la mise en œuvre de l’Accord. »

M. Gaoli a annoncé que la Chine accèderait rapidement à l’Accord de Paris, avant même le Sommet du G-20 prévu en septembre prochain.  Il a demandé à d’autres membres du G-20 de faire de même.  « Nous prendrons des mesures concrètes pour réduire les émissions de gaz afin qu’elles plafonnent d’ici à 2030, diminuant de 18% dans les cinq années à venir », a-t-il précisé. 

De même, la Chine contrôlera l’intensité de carbone en créant des barrages, en lançant un marché national des émissions et en augmentant les piles carbone dans les forêts.  Enfin, a-t-il ajouté, nous allons renforcer la coopération internationale en prenant une part active aux futures négociations.  Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, la Chine s’efforcera d’améliorer les capacités de financement climatiques des pays en développement.

M. JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, a indiqué que depuis l’adoption de l’Accord de Paris, les consultations s’étaient multipliées dans son pays afin de mette en œuvre les obligations qui incomberont à ses signataires.  Avec 19 autres pays, le Canada a noué un partenariat mondial avec pour objectif de doubler les investissements dans les énergies propres, a-t-il précisé.  L’an dernier, près d’un tiers d’un trillion de dollars ont été investis dans ce secteur à travers le monde, a fait observer M. Trudeau, pour qui cette tendance ne fera que s’amplifier.  Cependant, a souligné le Chef du Gouvernement canadien, notre ambition ne se limite pas au niveau national, mais s’inscrit dans le cadre d’une coopération au développement plus large qui verra, a-t-il dit, le Canada investir 2,5 milliards de dollars dans le monde au cours des cinq prochaines années pour accroître la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique des pays en développement.  « Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous parviendrons à mettre en œuvre l’Accord de Paris », a-t-il insisté en conclusion.

Pour M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, le véritable enjeu aujourd’hui, « c’est de fermer les yeux pour une seconde et de nous imaginer le présent ».  « Nous pouvons voir nos enfants et nos petits-enfants auxquels, pour la première fois, nous envoyons un message d’espoir », a-t-il résumé.  Le Premier Ministre italien a salué cette « Assemblée d’unité de vision, et non de division ».  M. Renzi a assuré que l’Italie allait poursuivre sa coopération afin de garantir la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Elle en fait une priorité au niveau national, et lors de sa présidence du G-7 l’année prochaine.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a rappelé que les petits États insulaires en développement ont besoin de toute urgence de pouvoir financer leurs mesures d’atténuation et d’adaptation pour se prémunir des conséquences des changements climatiques.  Le Fonds vert pour le climat prévu par l’Accord de Paris, a-t-il indiqué, devra se baser sur les critères d’accessibilité et de vulnérabilité, et non sur la manière dont un État partie peut présenter ses propositions d’adaptation et d’atténuation.  Les États que nous représentons doivent en outre veiller à ce que des moyens suffisants soient accordés au relèvement au lendemain des catastrophes naturelles, a souhaité le Chef du Gouvernement de Tuvalu, en suggérant la création d’un « dispositif d’assurance catastrophes naturelles pour les pays insulaires en développement ». 

M. ALEXANDER KLOPONIN, Vice-Premier Ministre de la Fédération de Russie, a reconnu que les mesures climatiques ont une influence directe sur la qualité de vie de toute la planète.  Il a salué le rôle accordé aux marchés dans l’Accord de Paris et compté sur le lancement sans délai d’un processus de négociation sur des mesures concrètes de mise en œuvre pour créer les conditions de son entrée en vigueur.  La Russie, a-t-il assuré, est prête à coopérer avec tous les États dans un processus de partenariat.

M. Kloponin a indiqué que la Russie avait l’intention de limiter ses émissions de gaz à effet de serre à 70% d’ici à 2030.  Le pays a déjà maintenu des niveaux d’émission inférieurs d’un tiers aux niveaux de 1990, compensant par là-même les émissions d’autres pays.  Il s’est enorgueilli du « rôle de figure de proue » de la Russie dans le processus climatique international.  

La Russie, a-t-il précisé, prépare un plan national de mise en œuvre de l’Accord avec une stratégie de développement à long terme et de faible émission jusqu’en 2050.  Elle s’attache à réduire la consommation des matières premières, à développer les technologies de pointe et à gérer les forêts de façon durable.  Enfin, le Vice-Premier Ministre a proposé d’organiser, sous l’égide de l’ONU un forum scientifique sur la dégradation des écosystèmes.  La Russie finance des projets du PNUE en matière d’assistance climatique et participe au renforcement des capacités des États insulaires du Pacifique.

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré que l’émotion aujourd’hui est justifiée, comme elle l’était à Paris au moment de la conclusion de l’Accord sur le climat.  « Ce moment de la plénière au Bourget fut inoubliable », a-t-il déclaré.  Mais aujourd’hui doit aussi être l’occasion pour la communauté internationale de réaffirmer son engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  S’il s’agit de l’Accord le plus solide et le plus ambitieux jamais conclu en faveur de l’environnement, son pouvoir ne tient pas simplement au fait que nous allons pouvoir ramener les températures en dessous des seuils agréés.  Il tient aux « possibilités » qu’il nous offre, a estimé le Chef de la diplomatie américaine.  Le pouvoir de l’Accord de Paris tient à la capacité qu’il offre de mobiliser le secteur privé, a-t-il poursuivi.  L’an dernier, les investissements dans l’énergie renouvelable ont atteint un niveau sans précédent, avec un montant total de 330 milliards de dollars.  Pour la première fois, c’est dans le développement des énergies renouvelables que nous avons investi bien plus que dans l’exploitation des combustibles fossiles, s’est félicité M. Kerry.  « Il y a urgence: c’est la raison pour laquelle cette journée est historique », a-t-il déclaré, en citant Nelson Mandela: « Si l’on songe à tout le travail qu’il nous reste à abattre, il nous semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse ».

La Princesse LALLA HASNA du Maroc a réaffirmé l’engagement de son pays de prendre, dès que possible, les mesures nécessaires pour la ratification de l’Accord de Paris.  Le Maroc, a-t-elle précisé, a l’honneur d’accueillir à Marrakech, du 7 au 8 novembre 2016, la vingt-deuxième session de la COP.  Il a mis en place une politique nationale intégrée pour préserver l’environnement, faire face aux effets des changements climatiques et atténuer les émissions des gaz à effet de serre à hauteur de 32% d’ici à 2030.  Il a également adopté une stratégie visant à porter à 52% la capacité électrique nationale à l’horizon 2030.

« Nous avons bon espoir que la COP22 de Marrakech soit une occasion pour renforcer la prise de conscience mondiale quant à la nécessité de poursuivre l’engagement collectif face aux changements climatiques », a poursuivi Lalla Hasna.  Elle a aspiré à l’adoption des procédures et des mécanismes d’opérationnalisation de l’Accord de Paris, dont l’adoption d’un plan d’action pour la période pré-2020 en matière de réduction des émissions, d’adaptation, de financement, de réduction des capacités, de transfert de technologie et de transparence, notamment en faveur des pays en développement, des pays les moins avancés d’Afrique et d’Amérique latine et des petits États insulaires.  Ceci exige de convenir d’« une feuille de route concrète, claire et prévisible » en vue de mobiliser les financements des projets. 

M. ANAND MAHINDRA, Président-Directeur général de Mahindra Group et représentant du secteur des affaires, a indiqué que la transition vers un monde plus vert est en cours, grâce à la signature de l’Accord de Paris.  Il s’agit de la première étape qui nous permettra d’harmoniser la communauté internationale avec les priorités de la planète, qui devra être suivie des investissements nécessaires dans les énergies renouvelables, qui représentent la voie à la suivre.

Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordonnatrice de l’Association des femmes et des peuples autochtones du Tchad et représentante de la société civile, a indiqué que les droits fondamentaux des groupes qu’elle représente sont menacés par les changements climatiques.  « Lorsque j’ai quitté mon pays, a-t-elle dit, la température était de plus de 48ºC. »  Dans le cadre d’un autre projet, ce savoir traditionnel ne peut mettre un terme à l’utilisation de combustibles fossiles.  « Dans ma communauté, des milliers de femmes et d’enfants n’ont jamais utilisé l’électricité.  Pour nous, la véritable justice climatique, ce sont les énergies renouvelables pour tous », a déclaré Mme Ibrahim, en demandant aux États Membres de renforcer leur coopération en faveur du développement de ces énergies. 

M. LEONARDO DICAPRIO, Acteur et Messager de la paix des Nations Unies, a cité Abraham Lincoln pour inciter les dirigeants présents « à penser et agir de façon innovante pour relever le défi des changements climatiques ».  En tant que Messager des Nations Unies, il a voyagé et vu de près comment ce drame affecte notre planète.  Il a notamment été frappé par la désertification ou le fait que des glaciers vieux de millions d’années fondent plus rapidement que jamais.  « C’est le résultat de nos activités industrielles », a-t-il constaté.

« Vous savez ce qu’il se passera si nous n’agissons pas; nous serons confrontés à des catastrophes au quotidien », a averti M. DiCaprio.  « Oui, nous avons abouti à l’Accord de Paris, et c’est là un véritable message d’espoir », a-t-il dit.   Toutefois, a-t-il estimé, « notre planète ne pourra pas être sauvée à moins de renoncer aux émissions de carbone ».  Il a appelé à un changement inspiré par un sentiment d’urgence qui relèvera notre conscience.  « Nous avons les outils à notre disposition et nous devons les exploiter avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il rappelé.

M. DiCaprio a ensuite exhorté les dirigeants, qu’il a remerciés d’avoir jeté les bases d’une solution à cette crise, d’être à la hauteur de leurs promesses.  « L’heure est venue de prendre des engagements sans précédent ».  Ce n’est plus le temps de discuter, de procéder à des études et de permettre aux entreprises de dicter notre avenir.  « Le monde se tourne vers vous, et vous serez soit applaudis par les générations à venir, soit montrés du doigt. »

Déclarations

M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a déclaré qu’il faudrait désormais progresser vers la ratification de l’Accord de Paris, en affirmant que son pays était pleinement engagé en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la reforestation de son territoire et de la prévention des catastrophes naturelles, dont la Colombie a beaucoup souffert.  Pour cela, il a appelé de ses vœux une « révolution industrielle écologique ».

M. ALI BONGO ONDIMBA, Président de la République du Gabon, a déclaré que l’Accord de Paris engageait tous les États à adopter un modèle de développement économique sobre en carbone.  La Gabon s’est engagé, pour sa part, à réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2025.  Sa contribution repose sur un Code forestier, des parcs nationaux, son Plan national de réduction du torchage, son Plan climat et son Plan d’affectation des terres.  Le Gabon a établi un modèle d’industrialisation durable plus respectueux de l’environnement.  Dans le souci de matérialiser les émissions de gaz à effet de serre, le Gabon, avec une couverture forestière de 88% et une agriculture peu développée, a mis en place le Plan national d’affectation des terres qui permettra d’apporter une réponse à la problématique de la reforestation et de la dégradation des terres.  La mise en œuvre de l’Accord de Paris doit aussi créer un cadre propice aux investissements du secteur privé, singulièrement dans les pays résolument engagés dans un développement avec de faibles émissions de gaz de carbone.

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a souhaité des transformations positives dans tous les  secteurs.  La Bulgarie a contribué depuis des années à cette mission globale en intégrant des solutions vertes dans ses politiques, notamment en matière énergétique.  En tant que membre de l’Union européenne, la Bulgarie s’est engagée à protéger les communautés et à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre.  Elle a utilisé plus d’énergie renouvelable par habitant que tout autre pays du monde, a-t-il assuré.

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a reconnu l’importance de l’Accord de Paris, à la négociation duquel son pays a activement participé.  Elle s’est dite préoccupée par l’augmentation des températures de la mer Adriatique car la Croatie dépend du climat du fait de son long littoral.  Le Parlement croate, a-t-elle annoncé, ratifiera au plus tard l’Accord en 2017.  Elle a recommandé de constituer de partenariats pour appuyer les efforts et mobiliser les ressources.  La Croatie, a-t-elle dit, s’est engagée à financer des projets liés à la protection de l’environnement.

M. ALASSANE DRAMANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a déclaré que la communauté internationale devrait agir de concert pour parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Rappelant que la pluviométrie avait décliné de 13% dans son pays au cours des 10 dernières années, le Chef de l’État ivoirien a évoqué une baisse du rendement agricole et une érosion du littoral.  Pour contrecarrer cette tendance, son pays s’est engagé en faveur de projets d’adaptation et d’un renforcement de la gouvernance environnementale à tous les niveaux.  Il aura cependant besoin de l’appui et de la coopération de ses partenaires internationaux, a prévenu M. Ouattara.

M. JÁNOS ÁDER, Président de la Hongrie, s’est réjoui de constater que la Chine et les États-Unis étaient parvenus à conclure un accord bilatéral et que les autorités à Beijing s’engeaient à ratifier l’Accord de Paris avant la fin de l’année.  Pour maintenir et amplifier l’élan actuel, il a suggéré que les 10 pays les plus responsables d’émissions de gaz à effet de serre devraient se consulter en vue de les réduire davantage.  « Achevons les négociations entamées autour de la navigation aérienne, a insisté le Président Ader », avant d’estimer que les pays du G-20 devraient accélérer la recherche de solutions durables à la question du stockage énergétique.

Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de Lituanie, a déclaré que l’Accord de Paris nous donne une feuille de route pour un monde plus juste, prospère et durable pour tous.  L’action climatique est synonyme de bonne santé, d’une meilleure croissance économique, de nouveaux marchés et d’emploi.  La Lituanie est un exemple de ce qu’une rapide croissance économique est possible sans nuire à l’environnement.  Nous avons démontré que l’augmentation du produit intérieur brut peut se faire sans une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.  Nous avons aussi accru rapidement la part des énergies renouvelables et cette année, nous avons atteint notre cible de produire plus 23% d’énergies venant de sources renouvelables.  Enfin, il est important de noter que même si l’énergie nucléaire peut faire partie de l’énergie propre, la sûreté de toutes les infrastructures nucléaires doit être assurée.  C’est pourquoi, tous les projets d’énergie nucléaire doivent être mis en œuvre dans le cadre du droit international, la transparence et la coopération avec les pays voisins.

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine, a rappelé que son pays s’était engagé, lors de la COP 21, à œuvrer pour réduire ses émissions de gaz de 25% d’ici à 2050.  Il a souhaité le financement des projets d’énergie verte du pays pour protéger les forêts du Bassin du Congo.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, s’est dit conscient de la nécessité de prendre des mesures énergiques.  Le Guyana, a-t-il indiqué, déposera son instrument de ratification de l’Accord sur le climat dans les mois à venir.  Les forêts du Guyana séquestrent plus de carbone que ses activités humaines ne génèrent, a-t-il souligné.  Le Président de Guyana s’est dit fermement attaché à limiter la hausse des températures mondiales à moins de 2 degrés.  Le pays va avancer vers 100% d’énergie renouvelable en 2025 s’il reçoit l’appui nécessaire.  En particulier, la légalité des produits du bois dans le secteur sylvestre va être surveillée.

M. JOCELERME PRIVERT, Président d’Haïti, a déclaré que la communauté internationale s’était réunie pour mettre en vigueur les dispositions de l’Accord de Paris.  Au cours de la dernière décennie, les Caraïbes avaient été touchées par une série de catastrophes naturelles.  Dès lors, Haïti s’est engagé à réduire de 31% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et à ne pas emprunter la voie d’un développement s’appuyant sur la consommation de combustibles fossiles.  Le Chef de l’État haïtien a lancé, avant de conclure, un appel en faveur de la coopération pour les pays en développement, qui doivent atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris.

Mme ANA HELENA CHACÓN ECHEVERRÍA, Vice-Présidente du Costa Rica, a déclaré que son pays avait pris des mesures de reforestation de son territoire et pour développer les énergies renouvelables.  L’objectif est de parvenir à une baisse significative des émissions de 25% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2012, a-t-elle précisé.  Toutes ces actions sont en harmonie avec le plan de développement intersectoriel en cours au Cosa Rica, un pays qui souhaite devenir un laboratoire de gestion, d’innovation et de transformation, un véritable « green hub ». 

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, a dit que son pays était la première nation au monde à avoir déposé son instrument de ratification.  Les Fidji, a-t-il rappelé, ont été récemment frappées de plein fouet par le plus grand cyclone à avoir jamais touché la région.  Les dégâts se chiffrent à près d’un milliard de dollars.  « Vous devez nous épauler pour mettre un terme à la dynamique du réchauffement climatique », a-t-il lancé aux partenaires pour le développement.  Il a enjoint les États à réduire davantage leurs émissions et à se focaliser sur l’aide à apporter aux petits pays fragiles.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a déploré que 1,5 degré ne soit « qu’une ambition ».  Il a également constaté que l’Accord de Paris ne comprenait aucun engagement juridiquement contraignant de financer à hauteur de 100 millions de dollars les efforts d’atténuation des effets des changements climatiques.  Les pays des Caraïbes ont accumulé un endettement élevé pour y faire face, par exemple pour pouvoir utiliser l’eau saline à des fins domestiques, a-t-il fait remarquer.  Les pays de la région sont confrontés à des menaces existentielles, a-t-il insisté.  Antigua-et-Barbuda, a assuré son Premier Ministre, va ratifier l’Accord de Paris dans quelques semaines.

M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée, a rappelé que la volonté des 54 pays africains exprimée à Paris d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique doit se faire dans le cadre d’un partenariat avec les pays développés, en particulier les États-Unis et l’Europe.

M. JIMMY MORALES, Président du Guatemala, a déclaré que son pays avait été l’un des plus touchés par les catastrophes naturelles au cours de ces dernières années.  Son gouvernement a donc défini des actions stratégiques pour le réaménagement de son territoire, que ce soit dans les zones urbaines ou rurales.  Il a ainsi lancé un programme de reforestation et élaboré une stratégie de développement économique faible en carbone, « Guatecarbone ».  Le Président du Guatemala a annoncé aujourd’hui que la loi de gestion des ressources hydriques guatémaltèques serait présentée prochainement au Congrès.

M. DEAN BARROW, Premier Ministre du Belize, au nom de la communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que les petits États insulaires en développement avaient été parmi les premiers « à tirer la sonnette d’alarme », car ils font face depuis longtemps aux effets des changements climatiques.  Avec la conclusion de l’Accord de Paris, il a reconnu qu’un pas de géant avait été accompli. Mais énormément de choses restent encore à faire, a-t-il prévenu.  « Si nous échouons, les effets pourraient être pires que prévu; la science nous le rappelle régulièrement ».  Atteindre 1,5 degré, c’est une question de survie, a-t-il insisté, en demandant « une architecture financière équitable » qui réponde aux besoins spécifiques de pays comme le sien.

M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, s’est dit satisfait que l’Accord de Paris ait pris en compte les vulnérabilités des petits pays insulaires et des pays les moins avancés.  La Barbade, qui célèbre le cinquantième anniversaire de son indépendance, a signé et ratifié aujourd’hui l’Accord de Paris.  Compte tenu des rapports récents, 2015 a été l’année la plus chaude de l’histoire, a-t-il rappelé.  Pour le Premier Ministre de la Barbade, le temps n’est plus à la complaisance, car le niveau des mers va augmenter. « Nous pourrions disparaître », s’est-il alarmé, en appelant à des actions réelles.

M. PERRY GLADSTONE CHRISTIE, Premier Ministre des Bahamas, a déclaré que l’an dernier, avec le passage de l’ouragan Joaquim, son peuple avait pris la pleine mesure des conséquences des changements climatiques.  Ces dernières années, son gouvernement a adopté plusieurs programmes dans le cadre d’une stratégie de développement durable, qui fonctionnera elle-même plus largement dans le cadre de plans nationaux.  Son objectif est de diminuer de 30% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.  Les autorités ont également engagé un dialogue avec l’ensemble des parties prenantes nationales, y compris avec la société civile et le secteur privé.

M. KEITH C. MITCHELL, Premier Ministre de Grenade, a déclaré qu’avec leadership et courage pour des actions décisives, nous trouverons des solutions et un terrain d’entente pour qu’aucune personne, ni aucun pays ni aucun peuple de cette planète ne souffre des ravages des changements climatiques.  Nous poursuivrons vigoureusement les efforts et assurerons que le taux mondial d’augmentation de la température soit limité au-dessous de 1,5°C comme avant les niveaux préindustriels.  En outre, les caractéristiques, les vulnérabilités particulières et les circonstances spécifiques des petits États insulaires en développement doivent continuer d’être au centre de nos discussions. 

M. ANTONI MARTI PETI, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a indiqué que son pays est « une société ouverte au monde qui partage les défis mondiaux et souhaite participer aux solutions ».  Au cours des prochaines années, Andorre va mettre en œuvre une nouvelle politique énergétique et « une mobilité durable ».  Le pays a fait le pari des énergies renouvelables, dont l’énergie solaire.  C’est un pari qui sera géré par le secteur public avec un plan national financé à hauteur de 10% de son PIB.  Andorre a également mis en marche un plan de promotion des voitures électriques qui devraient constituer la moitié du parc automobile d’ici à 2050.  Enfin, le Gouvernement d’Andorre fait participer le secteur privé à la rédaction de son « livre blanc sur l’énergie », a assuré M. Marti Peti.

M. PAUL KABA THIEBA, Premier Ministre du Burkina Faso, a dit que si l’étape que nous franchissons aujourd’hui est importante, « plus importante encore reste celle de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris et de sa mise en œuvre ».  Le 16 septembre dernier, le Burkina Faso a adopté son document-cadre de contribution prévue déterminée au niveau national à l’horizon 2030, qui définit sa stratégie de lutte contre les effets des changements climatiques.  Dans les semaines à venir, il adoptera un plan national de développement économique et social.  Son pays étant membre du groupe des pays les moins avancé (PMA), le Premier Ministre a réitéré son appel aux pays développés à honorer leurs engagements pris en matière d’aide publique au développement et de financement en faveur de l’adaptation aux effets des changements climatiques.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des Ministres du Liban, a déclaré que son pays considérait l’action sur le climat comme une occasion non seulement de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et accroître la résilience, mais aussi pour résoudre les problèmes environnementaux et les défis économiques et sociaux.  Le Liban achèvera la ratification de l’Accord de Paris dès que possible.  Le pays n’attendra pas jusqu’en 2020 avant de travailler.  Les trois mesures d’atténuation au niveau national sont actuellement achevées ou en préparation dans les secteurs de l’assainissement, des transports et de la sylviculture et attendent de recevoir les ressources financières nécessaires.  Les acteurs non étatiques sont mobilisés et multiplient les investissements dans l’énergie renouvelable et la reforestation, a assuré M. Salam.  Les projets pilotes et les lignes directrices pour accroître la résilience des communautés les plus vulnérables se multiplient et l’appui des donateurs internationaux est nécessaire.  Le Président du Conseil des ministres du Liban a, avant de conclure, déclaré que l’instabilité de la région était probablement la plus grande contrainte empêchant la réalisation des objectifs en matière de climat.

M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a déclaré que le Lesotho avait pris des mesures d’envergure dans la lutte contre les changements climatiques, en particulier la promotion de ressources renouvelables.  Le Premier Ministre a insisté sur les contributions au niveau national et sur l’importance des mesures d’atténuation.  Il a appelé les pays développés à fournir une assistance financière et technique pour le renforcement de capacités, et le transfert de technologies.  Il faudrait en outre aider les autorités nationales pour avoir les financements qui sont nécessaires pour satisfaire les besoins pressants.

M. NIKO PELESHI, Vice-Premier Ministre de l’Albanie, a rappelé que nous sommes tous à la fois victimes et responsables des changements climatiques.  L’Albanie émet peu de gaz à effet de serre car, a-t-il dit, son secteur de production d’électricité est exempt de carbone et près du tiers de la production d’énergie est basé sur l’énergie renouvelable.  Malheureusement, la capacité hydraulique est vulnérable aux effets des changements climatiques.  Les engagements de l’Albanie sont notamment de réduire de 11,5% l’émission de CO2 à l’horizon 2030 et de ratifier l’Accord de Paris à l’automne 2016.

M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre, Ministre de la coopération au développement, à l’agenda digital, aux télécommunications et aux postes de la Belgique, a estimé que la communauté internationale a écrit l’histoire l’année dernière à Addis-Abeba, à Paris et à New York.  Des programmes ambitieux ont été arrêtés contre la pauvreté et la famine, et pour le développement durable et la protection de l’environnement.  Nous avons, s’est félicité le Vice-Premier Ministre, un Plan d’action international adapté aux réalités de notre monde.  C’est une « chance unique » de préserver les populations et les peuples.  Les trois accords, a insisté le Vice-Premier Ministre, représentent l’engagement en faveur d’un monde plus stable et plus prospère. 

La Belgique, a-t-il affirmé, souhaite concrétiser les choses en créant des législations contre les émissions de gaz à effet de serre pour les réduire de 40% d’ici à 2030, en obtenant des collectivités locales la transition vers l’économie verte, en réduisant la consommation énergétique et en aidant les pays en développement à faire face à leurs défis, avec un enveloppe de 250 millions d’euros, sur les cinq prochaines années.  La Belgique aide les pays fragiles et consacre 50% de son APD aux PMA qui ont le moins accès aux fonds contre les changements climatiques, a relevé le Vice-Premier Ministre.  Il faut faire beaucoup plus pour réussir l’Accord de Paris et garder le cap sur le même objectif sans faux prétexte.  Les banques multilatérales de développement doivent faire leur part et le secteur privé doit saisir cette occasion pour travailler à des technologies propres et innovantes.  « Nous le devons à nos enfants et à nos petits-enfants, a conclu le Vice-Premier Ministre.

Les hommes parlent mais la nature agit, a commenté MIGUEL ARIAS CAÑETE, Commissaire de l’Union européenne pour le changement climatique et l’énergie.  Cette prophétie s’est révélée vraie, a-t-il dit, car nous sommes la dernière génération qui peut encore changer les choses.  Il faut faire plus que des mots et nous l’avons fait avec l’adoption de l’Accord de Paris, a-t-il estimé, en prévenant que les choses ne seront pas simples.  Il faudra des décisions douloureuses, des cibles ambitieuses et des lois prospectives.  L’Union européenne continuera de donner l’exemple avec sa politique climatique qui a fait ses preuves et ses marchés du carbone.  D’ici à 2030, elle compte obtenir de ses membres une réduction de 40% des émissions.  L’Union européenne, qui est le premier fournisseur de fonds contre les changements climatiques, ne fera pas cavalier seul.  C’est pourquoi, a insisté M. Cañete, elle appelle tous les grands émetteurs à assumer leurs responsabilités et à faire fond sur l’élan de Paris pour se montrer plus ambitieux encore.  Il faut travailler différemment, a conclu le Commissaire, en promettant la signature de tous les membres de l’Union européenne de l’Accord de Paris et l’adaptation nécessaire des législations nationales.

Mme ELBA ROSA PÉREZ MONTOYA, Ministre de la science, de la technologie et de l’environnement de Cuba, a espéré que l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris se fera le plus rapidement possible.  La Ministre a souligné l’importance du financement et du transfert de technologies en faveur des pays en développement mais a dénoncé le manque de volonté politique des pays développés qui empêchent le transfert de technologie et de financement en faveur des pays en développement.  Elle a souhaité que les contributions au Fonds vert permettraient de concrétiser les engagements pris en vertu de l’Accord de Paris.

Mme SUSANA MABEL MALCORRA, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, a déclaré que son pays était engagé à renforcer les capacités des autres pays en développement pour réduire leurs émissions et faire face aux effets du changement climatique.  La Ministre a indiqué que son gouvernement s’était engagé à ratifier l’Accord de Paris dans les prochains mois.  Il faudrait tenir compte aussi de l’encyclique « Laudato Si » du pape François qui ouvre une période de changement au niveau mondial, a plaidé Mme Malcorra qui a appelé la communauté internationale à s’engager à trouver des solutions aux problèmes posés par les changements climatiques pour les générations futures.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a voulu que l’on garde à l’esprit la nécessité d’examiner sérieusement les problèmes qui pourraient se poser dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  La mise en œuvre du Protocole de Kyoto, a-t-il rappelé, a montré les limites des mécanismes mis en place.  Malgré cela, le Bélarus a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre tout en augmentant son PIB et en investissements massivement dans l’énergie propre.  On peut prendre de nouvelles initiatives pour améliorer les mesures d’adaptation, a estimé le Ministre, en conseiller des incitations et des aides financières et technologiques.  Les pays développés pourraient par exemple augmenter les investissements directs dans les pays les plus respectueux de l’Accord de Paris.  Le Ministre a en réalité préconisé une démarche globale tenant compte de la lutte contre le changement climatique et des objectifs de développement durable.  Le Bélarus, a-t-il promis, restera un bailleur de fonds de la sécurité climatique.

M. ARTURO CORRALES, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a indiqué que pour son pays, l’essentiel est de donner « un visage humain » à la lutte contre le changement climatique, sachant que, comme le disait un philosophe grec, « les grands résultats exigent de grandes ambitions ».  Le Honduras, a rappelé le Ministre, a été, selon le GIEC –le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat- le pays le plus vulnérable au monde au cours des 20 dernières années.  Il a été frappé par le phénomène El Niño, la sécheresse, les maladies forestières, la baisse de la production et l’insécurité alimentaire.  Mais le pays, a affirmé le Ministre, refuse de voir « le verre à moitié vide ».  Il espère l’appui et la coopération des pays développés pour le travail sur lequel il s’est engagé en matière d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique.  Même s’il est un pays peu pollueur, le Honduras s’est engagé, dans les délais fixés par l’Accord de Paris, à réduire de 15% ses émissions de gaz à effet de serre, à reboiser un million d’hectares dégradés, à réduire de 35% la consommation de bois de chauffe, grâce au « Une vie meilleure » et de faire passer la consommation d’énergie renouvelable de 55 à 80%.

M. NICOS KOUYIALIS, Ministre de l’agriculture, du développement rural et de l’environnement de Chypre, a assuré que Chypre, partie au Protocole de Kyoto, respectera ses engagements envers la communauté internationale et l’Union européenne et participera aux efforts visant à protéger l’environnement et assurer l’avenir des générations futures.  Chypre envisage de mettre en œuvre un certain nombre de politiques et d’adopter des mesures d’atténuation et d’adaptation dans les années à venir.  Chypre entend aussi mobiliser davantage de ressources pour financer les mesures prises en matière d’atténuation et de transparence de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  À ce jour, a assuré le Ministre, Chypre a versé 350 000 euros au Fonds vert pour le climat. 

M. JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Directeur général de l’environnement du Koweït, a déclaré que la mise en œuvre de l’Accord de Paris était de la responsabilité de tous.  Il a toutefois souligné l’importance de la responsabilité commune et partagée dans la réalisation des engagements de l’Accord de Paris, en particulier de la part des pays les plus pollueurs.  Ceux-ci doivent en outre contribuer davantage au renforcement des capacités  nationales des pays en développement et faciliter le transfert de technologies vers ces pays qui sont, a-t-il rappelé, moins pollueurs.  Le Directeur général a souligné la nécessité de la transparence et de la responsabilité en ce qui concerne l’utilisation de l’énergie nucléaire. 

M. AURÉLIEN A. AGBENONCI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, a indiqué que dans son pays, la réalisation des ambitions en matière d’atténuation et d’adaptation nécessitera une enveloppe financière globale de 30 milliards de dollars dont 2 milliards de contribution du Gouvernement béninois sur la période allant 2012 à 2020.  Le Bénin en appelle donc à l’engagement des pays développés à faire leurs responsabilités historiques, soit à mobiliser d’ici à 2020, 100 milliards de dollars pour le Fonds vert.  Le Ministre a insisté pour que les gouvernements, la société civile, le secteur privé, les collectivités locales, les scientifiques et autres accordent à l’adaptation toute la priorité requise, à renforcer le transfert de technologies et mettent en place un mécanisme efficace de suivi de l’application de l’Accord de Paris.

M. AVI GABBAI, Ministre de la protection de l’environnement d’Israël, a estimé que le monde vit un moment d’unité pour l’avenir de notre planète et de nos populations et regretté que, hélas, la Palestine ne cesse d’inciter à la haine contre Israël au lieu de mettre un terme au terrorisme.  Nous sommes ici pour signer un accord ambitieux sur des sociétés résilientes, a dit le Ministre, en insistant sur l’ouverture et la coopération comme les éléments clefs du succès.  Il faut veiller à ce que tous les acteurs participent, dont le secteur privé et les institutions financières qui d’ailleurs déjà ont avancé dans l’appui aux politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Mais un élément se distingue, c’est le pouvoir des technologies, a souligné le Ministre.  Il ne faut pas oublier, a-t-il mis en garde, le rôle que le développement industriel a pu jouer pour surmonter les difficultés environnementales.

Israël est un pionnier de la création de nouvelles technologies qui ont permis d’accomplir des miracles, s’est réjoui le Ministre, en citant l’irrigation au goutte à goutte qui a permis de surmonter sa crise de l’eau et d’autres technologies qui ont hissé Israël à la première place des spécialistes du recyclable de l’eau.  Le Ministre a conclu en rappelant qu’aujourd’hui, des Juifs vont fêter la transition de l’esclavage à la liberté et se raconter comment leurs aïeux ont marché dans le désert pendant 40 ans avant de parvenir à la terre promise.  La différence, a dit le Ministre, c’est qu’aujourd’hui, nous avons les moyens technologiques de produire du lait et du miel dans le désert et Israël entend les partager.

M. SIGRÚN MAGNÚSDÓTTIR, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de l’Islande, a rappelé que l’électricité et le chauffage dans son pays étaient fournis à près de 100% par l’énergie renouvelable.  Mais ce n’est pas suffisant.  Il faut encore réduire les émissions des autres sources.  Le Gouvernement de l’Islande a augmenté les ressources consacrées à la lutte contre les changements climatiques.  Il appuie notamment les infrastructures pour les voitures électriques.  Par ailleurs, il faut encourager les actions qui absorbent le carbone de l’atmosphère.  Les règles établies en vertu de l’Accord de Paris devraient soutenir ces efforts.  L’Islande appuie les mesures visant à renforcer les capacités en matière d’énergie propre et de lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement.  Le « Global Geothermal Alliance » a été lancé à Paris.  Cette initiative devra encourager l’utilisation de l’énergie géothermique partout dans le monde. 

M. MARKO POMERANTS, Ministre de l’environnement de l’Estonie, a indiqué que son pays avait déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de près de 50% par rapport à 1990, dans le respect des cibles fixées par le Protocole de Kyoto.  Il va mettre en œuvre le cadre énergétique de l’Union européenne à l’horizon 2030 et élabore une stratégie de développement basée sur de faibles émissions de carbone jusqu’en 2050.  La croissance économique, a-t-il ajouté, ne doit pas se faire au détriment du développement.  L’Estonie consacrera 1 million d’euros par an à l’aide aux pays en développement.

Mme CAROLE DIESCHBOURG, Ministre de l’environnement du Luxembourg, a soulevé comme sujet de préoccupation l’évolution des émissions observées dans les secteurs de l’aviation et du transport maritime.  Celle-ci n’est, à son avis, pas en ligne avec les objectifs de Paris.  Elle a pensé qu’il y avait lieu de porter l’élan de Paris dans les enceintes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et de l’Organisation maritime internationale (OMI).  Deux tiers des investissements publics du Luxembourg visent désormais les transports en commun et la mobilité douce.  Une réforme fiscale favorisant le recours aux véhicules à zéro ou à faibles émissions sera opérationnelle en 2017, a assuré la Ministre.

M. KASPARS GERHARDS, Ministre de l’environnement et du développement régional de la Lettonie, a indiqué que son pays était engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, avec notamment des mesures visant à compléter celles concernant les prix adoptés au sein de l’Union européenne.  Il a appelé à poursuivre avec l’élan de Paris afin de respecter les engagements qui y avaient été arrêtés.

M. RICHARD BRABEC, Ministre de l’environnement de la République Tchèque, a indiqué que son pays avait élaboré une nouvelle politique en matière de climat qui guidera la transition nationale vers l’adoption des sources d’énergie renouvelables.  Il faut aussi intégrer la question de la résilience aux effets des changements climatiques, a-t-il plaidé, en assurant que son gouvernement avait établi un plan national sur les mesures d’adaptation en 2015.  Le pays a également contribué à hauteur de 3 millions de dollars en faveur du Fonds vert pour le climat.

Mme BARBARA HENDRICKS, Ministre de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire de l’Allemagne, a estimé que le monde a ouvert un nouveau chapitre dans l’action politique contre les changements climatiques.  L’Accord de Paris traduit la progression d’un processus global.  C’est une page importante que nous avons tournée aujourd’hui, a dit la Ministre.  La communauté internationale, a-t-elle poursuivi, a pris des engagements forts contre les émissions de carbone et créé un cadre pour que les pays s’adaptent aux changements climatiques.  La voie est claire: il faut s’éloigner des combustibles fossiles.  « Nous devons faire en sorte que les plus vulnérables n’aient pas à payer le prix de nos activités nuisibles.  Nous devons respecter les limites de notre planète », a insisté la Ministre, en estimant que l’Accord de Paris est bien plus qu’un instrument juridique contraignant.  C’est une voie vers une transformation mondiale et vers une nouvelle économie qui offre d’immenses possibilités.  Le véritable travail commence maintenant, a-t-elle prévenu, car il nous incombe de relever le défi de la mise en œuvre par la détermination de nos contributions. 

Il faut préserver l’élan qui a été donné à Paris et se montrer à la hauteur des attentes et, dans ce domaine, il faut donner la priorité à la « décarbonisation » par des objectifs plus stricts et des mesures plus ambitieuses.  L’Allemagne, a dit la Ministre, a déjà adopté un accord qui aura pour but de parvenir à la « décarbonisation » d’ici à 2050.  Le Plan s’applique à l’industrie, aux villes et à la population.  Au niveau international, l’Allemagne estime que l’Initiative du G-7 sur les énergies renouvelables en Afrique et les garanties, relatives aux risques climatiques, doivent impérativement être respectées.  Elle compte d’ailleurs consacrer 4 milliards d’euros d’ici à 2030 à l’action climatique, soit le double du montant alloué aujourd’hui.  En la matière, l’Allemagne va solliciter aussi le secteur privé car l’Accord de Paris jette également les bases d’une transition vers la mobilisation des ressources financières.

M. GIGLA AGULASHVILI, Ministre de l’environnement et de la protection des ressources naturelles de la Géorgie, a souligné qu’en annonçant des contributions ambitieuses, son pays avait montré son engagement.  Malgré des émissions de 0,03%, le pays a assumé ses responsabilités en passant à une économie à faible émission de carbone et en renforçant sa résilience aux changements climatiques.  Le pays prend déjà des mesures d’atténuation avec l’aide du Gouvernement américain et 11 de ses villes ont rejoint l’Initiative de l’Union européenne « Pacte des Maires ».  La Géorgie est un petit pays mais il est convaincu que les petits pays peuvent être les moteurs de la créativité, qu’ils sont davantage prompts à essayer de nouvelles idées et à fixer des objectifs plus ambitieux.  Ces pays montrent que l’abandon des combustibles fossiles ne compromet en rien le développement économique mais offre au contraire plus d’opportunités de croissance économique, a fait remarquer le Ministre avant de conclure.

M. PRAKASH JAVADEKAR, Ministre de l’environnement, des forêts et des changements climatiques de l’Inde, a dit que si nous continuons avec des modes de vie extravagants qui ont cours de nos jours, alors nous aurions besoin des ressources de trois planètes terre.  Il a rappelé que le préambule de l’Accord de Paris sur le climat fait référence à la justice climatique, en estimant que cette justice concerne surtout les pays les plus pauvres.   

Le Ministre a ensuite promis que l’Inde va réduire ses émissions de gaz à effet de serre considérablement d’ici à 2030, tout en augmentant de 40% la part de sa consommation énergétique venant des sources renouvelables.  Il a ensuite indiqué que l’Inde a pris une mesure révolutionnaire en taxant le charbon à 6 dollars la tonne.  Cet argent va servir à la protection de l’environnement, a-t-il affirmé, en ajoutant que si le monde suivait l’exemple de l’Inde, cela permettrait de dégager pas moins de 100 milliards de dollars par an.  L’Inde a en outre distribué des ampoules à faible consommation énergétique de type LED pour près de 100 millions de dollars à ses populations, a-t-il indiqué.  Le Ministre a par ailleurs appelé le monde à redoubler d’efforts entre 2016 et 2020 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avant que n’entre en vigueur l’Accord de Paris.

M. LARS CHRISTIAN LILLEHOLT, Ministre de l’énergie, des services publics et du climat du Danemark, a déclaré que l’Accord de Paris devrait constituer le point de départ d’une nouvelle ambition internationale en faveur de l’économie verte.  Certains pays auront besoin d’aide pour mettre en œuvre cet Accord, et c’est pour cela que le Danemark propose son soutien à des pays en matière d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

Le Danemark assiste notamment des pays en développement dans leur transition énergétique.  Il a également appelé à des actions en faveur du climat avant 2020, date d’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat.  Il est également important d’impliquer le secteur privé, a-t-il martelé, en expliquant que le marché est un acteur clef pour la réduction des émissions de gaz.  Il a conclu en émettant le vœu qu’il y aura une synergie d’actions entre les secteurs privé et public afin de lutter efficacement contre les changements climatiques au niveau mondial.

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a déclaré que son pays était fier d’avoir fait partie de la coalition dite « High Ambition Coalition » qui s’est unie à Paris autour de l’objectif de 1,5ºC défendu, depuis des années, par l’Alliance des petits États insulaires.  La part de la Jamaïque dans les émissions globales de gaz à effet de serre est négligeable.  Cela ne l’empêche pas d’avoir pour cible 20% d’énergie renouvelable d’ici à 2030, a poursuivi la Ministre.  Elle a souhaité que des efforts soient faits pour lever les barrières qui entravent l’accès des petits États insulaires en développement au Fonds vert pour le climat et à d’autres sources multilatérales de financement pour la lutte contre les changements climatiques.  

M. PEHIN DATO MOHAMMAD YASMIN UMAR, Ministre de l’énergie et de l’industrie de Brunéi Darussalam, a espéré une mise en œuvre de l’Accord de Paris fondée sur le principe des « responsabilités communes mais différenciées ».  La signature de l’Accord de Paris, a-t-il dit, n’est pas la panacée mais plutôt un appel à l’action.  Brunei Darussalam ne représente que 0,016% des émissions annuelles dans le monde.  Malgré la modestie de ces émissions, le pays a mis en œuvre un plan d’action contre les changements climatiques -« la Vision 2035 »- qui met l’accent sur la qualité de vie grâce à un environnement propre et débarrassé des conséquences néfaste du changement climatique. 

C’est une priorité pour l’économie nationale qui dépend lourdement des hydrocarbures.  Nous devons être responsables de nos actions et nous voulons utiliser nos ressources de la façon la plus viable qui soit, a affirmé le Ministre.  Brunei Darussalam veut donc réduire sa consommation énergétique de 63% d’ici à 2035.  Des efforts sont menés dont la réforme du prix de l’électricité et ou le Code de la construction.  Le pays veut très rapidement augmenter de 10%, la part des énergies renouvelables, dont l’installation de panneaux solaires dans les zones naturelles.  Le pays entend également faire passer la couverture forestière de 44 à 50%.

Nous sommes ici pour signer un accord respectueux du principe des « responsabilités communes mais différenciées », a déclaré M. KHALED FAHMY, Ministre de l’environnement de l’Égypte.  C’est un accord en vertu duquel les pays développés doivent être les premiers à porter le fardeau de l’atténuation, compte tenu de leurs responsabilités « historiques », a-t-il précisé.  C’est aussi un accord, a-t-il ajouté, en vertu duquel les pays développés se sont engagés à mobiliser la somme de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020.  Cet Accord appelle, en outre, à la transparence dans la mise en œuvre et doit conduire à la définition tant attendue d’un objectif mondial d’adaptation et faire admettre que cette adaptation relève d’une responsabilité mondiale, a-t-il ajouté.

M. RI SU YONG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a tout d’abord dénoncé les essais nucléaires menés par les États-Unis, avec le concours de leurs alliés, et qui, a-t-il fait remarquer, sont une atteinte à l’environnement.  Son pays a lancé une vaste campagne nationale en faveur de la reforestation, afin de reboiser 1,67 million d’hectares de zones montagneuses d’ici à 2024.  Il a expliqué que cela allait permettre à son pays d’augmenter sa capacité à absorber les émissions de gaz à effet de serre. 

Le Ministre a estimé que la région devrait retrouver sa stabilité sociopolitique afin que les problèmes environnementaux soient résolus.  Il a estimé que les essais nucléaires qui ont cours dans la péninsule coréenne entravent toute possibilité de discuter des questions environnementales.  Compte tenu du fait que les plus grandes émissions de gaz à effet serre proviennent des pays industrialisés, il incombe à ces pays d’assumer leurs responsabilités en assistant les pays en développement à protéger l’environnement.  

Mme CATHERINE MCKENNA, Ministre de l’environnement et des changements climatiques du Canada, a déclaré que l’Accord de Paris sur le climat était une aubaine pour les pays vulnérables et les personnes vulnérables telles que les femmes et les enfants.  Elle a demandé que les pays en développement ne soient pas sanctionnés pour des problèmes qui ne sont pas de leur fait.  Le Canada apporte son soutien à ces pays, a-t-elle assuré.  Elle a souligné que l’arctique canadien se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, ce qui a un impact sur la santé et les coutumes des populations autochtones du pays.

Ces populations autochtones sont impliquées dans la prise de décisions, a souligné la Ministre, en faisant observer que toute la population nationale canadienne peut, dès aujourd’hui, faire ses propositions en ligne sur un site consacré à la définition de l’approche du pays en matière de croissance propre et de lutte contre les changements climatiques.  La Ministre a ensuite fait remarquer que les changements climatiques ne représentaient pas seulement un obstacle au développement, mais également une opportunité pour bâtir une économie solide et tournée vers la durabilité par l’adoption des sources d’énergie propres.     

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a réaffirmé la volonté politique de son gouvernement qui a déjà adopté un plan national d’adaptation aux changements climatiques.  Les activités de ce plan, qui couvre les cinq zones agroécologiques du Cameroun, ont été conçues en partenariat avec les différentes parties prenantes des secteurs public et privé.  À l’heure actuelle, cinq projets transversaux et 15 projets sectoriels sont à l’œuvre.  Le Ministre s’est réjoui de l’engagement des pays développés à augmenter de 100 milliards par an leur contribution au Fonds vert pour le climat.  Le Président camerounais, a-t-il annoncé, a décidé de soumettre l’Accord de Paris au Parlement pour ratification en juin prochain.   

M. TAHER SHAKHASHIR, Ministre de l’environnement de la Jordanie, a indiqué qu’une des choses dont son pays est particulièrement fier est d’avoir intégré les objectifs de lutte contre le changement climatique dans les stratégies sectorielles.  La Ministère de l’eau et de l’irrigation a par exemple intégré le concept des changements climatiques à la nouvelle stratégie sur l’eau de 2016.  Le Ministère de l’énergie et des ressources minérales déploie, pour sa part, des efforts considérables pour parvenir à la cible de 1 800 mégawatts d’énergie renouvelable d’ici à 2020.  Aujourd’hui, la Jordanie consolide le lien entre les principes de l’Accord de Paris et son Plan de croissance verte dans le but de parvenir à une économie verte qui implique des changements structurels.  Mais, a rappelé le Ministre, des changements graves sont intervenus en Jordanie, en raison de l’instabilité régionale.  Des changements, s’est-il expliqué, qui ont rendu difficile la planification à long terme dans les secteurs directement liés aux changements climatiques, obligeant ainsi à la souplesse et à la créativité et montrant qu’il faut un bon environnement législatif, politique et économique pour parvenir au succès.

Si nous tardons à respecter nos engagements, a averti M. AHMED ALI SILAY, Ministre délégué chargé de la coopération internationale de Djibouti, « dans moins d’un demi-siècle, il sera impossible pour l’être humain de survivre du fait des températures extrêmes causées par les gaz à effet de serre dans la région de l’Afrique de l’Est et au Moyen-Orient ».  La désertification, l’appauvrissement des sols, l’assèchement des puits, les inondations, l’augmentation du niveau de la mer sont des aléas récurrents contre lesquels les populations se battent avec leurs maigres moyens, a-t-il précisé.  « Aussi, doit-on ancrer l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques au centre des actions visant à combattre la pauvreté dans tous nos pays. »  Pour les agences humanitaires, la sécheresse dont est victime la Corne de l’Afrique serait la pire depuis 60 ans et elle toucherait plus de 12 millions de personnes.  Djibouti ambitionne de devenir le premier pays africain utilisant une énergie verte à 100% à l’horizon 2020.  

M. GREG HUNT, Ministre de l’environnement de l’Australie, a indiqué que l’action de son pays se concentrait sur le Fonds de réduction des émissions, le mécanisme de sauvegarde qui limite les émissions et l’objectif d’avoir 23,5% d’énergie renouvelable d’ici à 2020.  De plus, l’Australie s’attache à la fois à réduire les émissions de ses véhicules et à réduire de 85% les hydrofluorocarbures.  D’ici à 2020, elle va aussi doubler ses investissements dans les énergies propres, notamment l’énergie solaire, et les technologies innovantes.  Par ailleurs, l’Australie a joué un rôle clef pour établir le Partenariat des forêts tropicales humides de la région Asie-Pacifique.  Enfin, le Plan 2050 des coraux vise à renforcer la résilience de la Grande barrière de corail, qui souffre du blanchiment.  Au cours des 10 prochaines années, 2 milliards de dollars seront déboursés pour cette cause. 

M. HUGO ROGER MARTINEZ BONILLA, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a estimé que le monde vit aujourd’hui un moment « historique » qui rend impérative la nécessité de se montrer à la hauteur des engagements négociés durement à Paris.  Nous devons continuer à avancer vers un avenir meilleur marqué par moins d’émissions de gaz à effet de serre, une augmentation contrôlée de la température terrestre et une résilience plus forte aux changements climatiques.  Comme ce sont les pays en développement qui souffrent le plus des changements climatiques, la mise en œuvre de l’Accord de Paris est une priorité pour eux, a souligné le Ministre, en parlant en particulier des pays d’Amérique centrale. 

Entre 1995 et 2014, a-t-il regretté, El Salvador est parvenu à la quatorzième place des pays les plus vulnérables aux conséquences de changements climatiques extrêmes.  Le Ministre a donc mis l’accent sur la coopération technologique et financière.  Au niveau national, il a indiqué que son gouvernement travaille à une loi-cadre sur les changements climatiques et à une nouvelle politique énergétique pour accélérer la transition du pays vers une économie verte.  Les collectivités locales sont encouragées à s’impliquer dans ces efforts, s’agissant en particulier d’une bonne gestion des ressources en eau.  La signature historique de l’Accord de Paris est un engagement mais, surtout, un appel à se montrer à la hauteur des attentes de l’humanité tout entière, a insisté le Ministre.

Mme SITI NURBAYA BAKAR, Ministre de l’environnement et des forêts de l’Indonésie, a indiqué que l’Indonésie entend contribuer à la lutte contre les changements climatiques par des actions au plan national.  Elle a ainsi révélé que le pays compte procéder à l’électrification de milliers de villages d’ici à 2030, et qu’une agence de reforestation nationale a été établie en février dernier.  Elle a aussi indiqué que son pays avait suspendu les permis d’exploitation de palmiers à huile.  Certaines provinces ont également suspendu la production du charbon de bois.  La Ministre a invité les pays développés à soutenir les efforts des pays en développement en matière d’adaptation et d’atténuation aux effets des changements climatiques, notamment en procédant à des transferts de technologies propres.

M. MAHAMA AYARIGA, Ministre de l’environnement, de la science, de la technologie et de l’innovation du Ghana, a annoncé que le Parlement ghanéen va ratifier l’Accord de Paris en mai prochain.  Il a aussi indiqué qu’un plan national de communication était en cours d’élaboration pour assurer l’appropriation de cet Accord au niveau du pays.  Il a assuré que l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 seront intégrés dans les politiques de développement nationales.

Mme MARJON VASHTI KAMARA, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a parlé du secrétariat sur les changements climatiques que son gouvernement a mis en place dès 2014 et de la stratégie de réduction des émissions des gaz à effet de serre qui a été intégrée au Plan national de développement pour la transformation.  Le Libéria a aussi mis en place un programme d’adaptation aux changements climatiques et une stratégie sur la biodiversité.  Avec ses partenaires, le pays s’attache à protéger la dernière forêt tropicale d’Afrique.  Le Gouvernement du Libéria, a poursuivi la Ministre, travaille avec le secteur privé et la société civile pour les éduquer, les former, les sensibiliser et les faire participer à toutes activités liées à la lutte contre les changements climatiques.  L’Accord de Paris, a conclu la Ministre, ouvre une nouvelle voie pour des partenariats propres à offrir à toutes les nations la chance de produire et de consommer de l’énergie renouvelable.  Mais, a-t-elle prévenu, il faudra des ressources financières supplémentaires, y compris des investissements.

L’Accord de Paris a été un élan politique et culturel déterminant et aujourd’hui, nous marquons un jalon de plus, s’est félicité M. ALAN KELLY, Ministre de l’environnement de Irlande.  La signature de l’Accord, a-t-il dit, envoie aux entreprises et au citoyen en général, un message clair sur la détermination des gouvernements.  Dans ce cadre, le Ministre a voulu que l’on reconnaisse les vulnérabilités particulières des pays en développement et s’est félicité que l’Accord de Paris vienne compléter le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Accord de Paris, a-t-il indiqué, est tout à fait conforme aux objectifs à long terme de l’Irlande qui veut effectuer rapidement sa transition vers une économie verte.  L’Irlande appuie donc fermement l’Accord de Paris en ce qu’il aidera les dirigeants du monde à mettre en place les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs communs.  L’Accord de Paris illustre la volonté inébranlable des gouvernements mais, a prévenu le Ministre, il faut passer des discours aux actes et mettre en place une riposte mondiale véritablement efficace.

M. HUSEYNGULU BAGHIROV, Ministre de l’écologie et des ressources naturelles de l’Azerbaïdjan, a indiqué que son pays avait pris des engagements pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, bien qu’il ne fasse pas partie des pays développés concernés par cet instrument.  Il a aussi réaffirmé l’engagement de l’Azerbaïdjan en faveur de la préservation des forêts nationales.  Il a cependant déploré que les déplacements de populations à l’intérieur du pays, à cause du conflit avec l’Arménie, contribuent à fragiliser davantage les écosystèmes nationaux. 

M. SOMMAT PHOLSENA, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la République démocratique populaire lao, a assuré que son pays avait intégré les questions relatives aux changements climatiques et à la prévention des risques de catastrophe dans les programmes nationaux de développement.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à s’assurer que l’Accord de Paris sur le climat soit mis en œuvre avec succès.

Mme MARIA DE FATIMA JARDIM, Ministre de l’environnement de l’Angola, a d’emblée souligné que les effets des changements climatiques sont déjà visibles en Angola, dont la sécheresse et les inondations qui détruisent l’agriculture et les infrastructures socioéconomiques, augmentant les maladies endémiques comme le paludisme.  L’Angola montre donc aujourd’hui son engagement « sans équivoque » à réaliser l’Accord de Paris qu’il entend ratifier le plus tôt possible.  Les effets des changements climatiques, a fait remarquer la Ministre, imposent de nouveaux défis.  Il est donc crucial que l’environnement international soit propice à la matérialisation des programmes nationaux de développement.

Mme SITTI KASSIM (Comores) s’est déclarée convaincue que l’Accord de Paris a intégré presque toutes les préoccupations exprimées par les petits États insulaires en développement.  L’Accord consacre le principe de la « responsabilité partagée mais différenciée » et prend en compte le niveau de développement et les besoins spécifiques des pays.  L’Accord de Paris est durable et dynamique, s’agissant en particulier de ses dispositions sur le contrôle de la température terrestre.  Mais, a prévenu la Ministre, il faudra un engagement ferme pour sa mise en œuvre.  Elle a demandé que des règles juridiquement contraignantes soient appliquées pour assurer le respect des dispositions relatives à la mobilisation des ressources.  Elle a aussi demandé des « garde-fous » sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Les Comores, a-t-elle prévenu, auront besoin d’un accompagnement financier de la part de la communauté internationale pour ses programmes d’atténuation et d’adaptation.  Le pays espère pouvoir déposer ses instruments de ratification avant la fin de cette année.

M. IOANNIS TSIRONIS, Ministre de l’environnement et de l’énergie de la Grèce, a déclaré que l’esprit et l’élan de Paris doivent guider les processus de mise en œuvre à l’échelle nationale.  Il a dit que la lutte contre les changements climatiques n’était pas seulement une question environnementale.  Il a ainsi fait observer que des tensions avaient eu lieu dans de nombreux pays européens du fait de l’afflux de quelques centaines de réfugiés venant de Syrie.  Il a estimé que cela donne une idée des répercussions économiques et sociales qui résulteraient des déplacements de millions de réfugiés résultant d’une catastrophe naturelle.   

M. TEBURORO TITO, Ancien Président et Envoyé spécial du Président de Kiribati, a déclaré que Kiribati va ratifier l’Accord de Paris dès que son nouveau gouvernement sera installé.  Il a rappelé que son pays se situe à peine à trois mètres au-dessus du niveau de la mer, et que Kiribati est en première ligne du combat contre les changements climatiques.  De ce fait, Kiribati ne peut attendre que l’Accord de Paris entre en vigueur avant que des actions ne soient prises pour lutter contre les changements climatiques, car il s’agit d’une question de survie pour de nombreux pays, a-t-il dit.

M. Tito a appelé les pays responsables en premier des changements climatiques à contribuer au Fonds vert pour le climat, afin que ces financements soient immédiatement disponibles pour les pays qui sont en première ligne de la lutte, comme Kiribati.  Il a appelé tous les acteurs, secteur privé, société civile, y compris le secteur philanthropique, à s’investir pour cette cause, notamment en aidant ceux qui sont dans le besoin d’une assistance urgente.

Se disant heureux d’avoir signé ce matin un Accord « historique », M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que son pays a toujours défendu un cadre applicable à toutes les parties et qu’il se réjouit aujourd’hui de voir que ce souhait est devenu une réalité.  Mais la signature n’est qu’un premier pas.  Il faut se mettre au travail pour que l’Accord de Paris entre rapidement en vigueur et que les principaux pollueurs participent réellement à ce processus.  Le Japon, a indiqué le représentant, se prépare au mieux à la ratification de l’Accord de Paris et estime que l’élaboration de règles sur la réduction significative des gaz à effet de serre est indispensable.  Le Japon, a insisté le représentant, est du côté des peuples et des pays les plus affectés par les changements climatiques.  Il continuera à engager des ressources considérables dont les 1 300 milliards de yen promis d’ici à 2020.  Le Japon regarde désormais vers l’année 2050 et compte renforcer l’innovation et le transfert des technologies ainsi que ses plans de réduction des émissions.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a prévenu que le succès de l’Accord de Paris dépend de la volonté de chaque pays de lutter contre les changements  climatiques.  Il est important, a-t-il souligné, d’impliquer toutes les parties prenantes à tous les niveaux.  Il ne sera pas possible de réaliser les objectifs de l’Accord de Paris sans la contribution du secteur privé et celle de la société civile.  Le Liechtenstein est déterminé à améliorer son efficacité énergétique, à promouvoir la production des énergies renouvelables et à élaborer des incitations pour la création d’une économie à faible émission de carbone.  Depuis 2011, il a consacré une somme de 1,3 million de francs suisses à des projets d’atténuation et d’adaptation en Afrique, en Asie et dans le Pacifique.  Le Liechtenstein réitère qu’il a l’intention de devenir un donateur du Fonds vert pour le climat et de réduire de 40% d’ici à 2030 ses émissions de gaz à effet de serre, pour revenir aux niveaux de 1990.

M. FERNANDO WAHNON FERREIRA, (Cabo Verde) a estimé que la signature de l’Accord de Paris signifie que la communauté internationale entend investir dans l’atténuation et l’adaptation aux effets des changements climatiques, offrant ainsi au monde de meilleures chances de réaliser le programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les pays qui connaissent une situation de vulnérabilité particulière, notamment les petits États insulaires en développement (PEID) méritent une attention particulière de la part de la communauté internationale. 

Il a de ce fait appelé à des actions en leur faveur telles que des fonds d’adaptation et d’atténuation, le renforcement de leurs capacités et les transferts de technologies.  Il a assuré que le Cabo Verde va ratifier l’Accord de Paris sur le climat d’ici un an, tout en annonçant que son pays entend être libérer de sources d’énergie polluantes d’ici à 2025, sachant que 30% de sa consommation énergétique nationale actuelle proviennent des sources d’énergie renouvelables.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a souligné que l’Afghanistan faisait partie des pays les plus vulnérables confrontés aux effets négatifs des changements climatiques, même si son peuple est le moins à l’origine du problème.  L’Afghanistan a d’énormes besoins en matière de développement et d’adaptation climatique et, aujourd’hui, de très faibles émissions de gaz à effet de serre, a-t-il insisté.  Le pays risque d’être de plus en plus frappé par des canicules, des inondations et des périodes de sécheresse. Or, la majorité de la population afghane dépend directement des ressources naturelles disponibles pour vivre.  Le Ministre a souhaité un appui financier et une assistance juridique, de même qu’une aide pour renforcer ses capacités.    

Mme KUNZANG C. NAMGYEL (Bhoutan) a indiqué qu’en tant que petit État en développement sans littoral et constitué d’écosystèmes de montagnes, le Bhoutan fait partie des pays les plus vulnérables aux changements climatiques.  Elle a souligné que la constitution du pays prescrit qu’au moins 60% du territoire national soit recouvert de forêts.  Elle a affirmé que le Bhoutan entendait rester neutre en matière de production de carbone, ce qui signifie que les émissions de gaz à effet de serre sont inférieures aux capacités des forêts nationales d’absorption du gaz carbonique.

Mme AMINA MOHAMMED (Kenya) a rappelé que son pays s’était engagé à réduire de 30% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 pour autant qu’il reçoive l’appui nécessaire.  Elle a souligné que son pays était déjà un leader mondial en matière d’énergies renouvelables lesquelles représentent plus de 70% du bouquet énergétique national, le but étant de passer à 90% d’ici à 2030.  La représentante a prévenu que la transition vers un développement à faibles émissions de carbone nécessitera le respect de tous les engagements en matière d’appui financier, de transfert de technologie et de renforcement des capacités.  Les objectifs de la lutte contre les changements climatiques doivent être réalisés en même temps que les objectifs de développement durable, a conclu la représentante en estimant que c’est là la recette du succès.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a souligné que l’attachement de son pays à l’Accord de Paris et au Programme de développement durable à l’horizon 2030 est exprimé dans tous ses programmes stratégiques de développement.  Le représentant a regretté de ne pas être en mesure de signer l’Accord de Paris aujourd’hui parce que les procédures internes nécessaires ne sont pas encore finalisées.  Le retard vis-à-vis de cet Accord « historique » est purement technique, a assuré le représentant.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a appelé la communauté internationale à urgemment mettre en place un prix international du carbone afin d’aider à sa commercialisation.  Il a aussi appelé à la reconnaissance du rôle primordial des océans comme régulateurs du climat.  Le Ministre a déclaré qu’au cours des prochains mois, le Chili va lancer une initiative nationale de coordination entre les secteurs public et privé dans l’optique d’établir un plan national consensuel de lutte contre les changements climatiques.

M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a relevé que 95% du territoire libyen est constitué de désert, alors que le reste du pays est également menacé par l’avancée du désert.  Il a, dans ce contexte, appelé à l’entrée en vigueur au plus vite de l’Accord de Paris.  Il a aussi plaidé pour que les pays en développement aient accès à des technologies propres, ce qui leur permettrait de lutter contre les changements climatiques tout en avançant vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a indiqué que l’enthousiasme de son pays lors des négociations de Paris s’expliquait par le fait que les changements climatiques ont de réelles conséquences nationales.  Les phénomènes climatiques extrêmes comme les sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations sont devenus la norme.  Les acquis du développement socioéconomique sont menacés.  La productivité agricole est en baisse avec son lot d’insécurité alimentaire et d’importations coûteuses.  Les puits se sont tous asséchés dans le sud du pays qui recourt désormais aux pipelines dont on connaît les coûts.  Le représentant a donc fermement appuyé l’Accord de Paris, en insistant sur les dispositions relatives à la mobilisation des ressources financières et au transfert des technologies.

M. KAI SAUER (Finlande) a indiqué que son pays était sur la bonne voie pour atteindre les cibles fixées par l’Union européenne et ses États membres afin de réduire les gaz à effet de serre.  L’Union européenne a déjà atteint ses cibles concernant l’énergie renouvelable.  Une loi sur les changements climatiques est entrée en vigueur l’année dernière qui vise à réduire les émissions de 80%, par rapport aux niveaux de 1990, d’ici à 2050.  En Finlande, la majorité des grandes municipalités travaillent déjà avec le secteur privé pour créer des solutions locales, aux niveaux de la gestion des déchets, des transports et de l’agriculture, de l’isolation des immeubles.  En conclusion, il a souligné les liens étroits qui unissent la lutte contre les changements climatiques et les objectifs de développement durable.

M. MARTIN SAJDIK (Autriche) a déclaré qu’il était temps maintenant de « faire vivre » l’Accord de Paris.  En tant que membre de l’Union européenne, l’Autriche s’est engagée à réduire ses émissions d’au moins 40% d’ici à 2030.  Une stratégie intégrée pour le climat et l’énergie au-delà de 2030 est en cours d’élaboration, dont l’objectif est de passer progressivement des combustibles fossiles à des énergies renouvelables.

M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a, à son tour, souligné que la signature de l’Accord de Paris n’était que la première étape.  Le chemin sera semé d’embûches, a prévenu le représentant mais il faut aller de l’avant et consentir à des investissements massifs dans les technologies propres et les énergies renouvelables.  Les pays en développement doivent être soutenus, a-t-elle insisté.  Le Bangladesh, a-t-il affirmé, a déjà pris des mesures d’atténuation et d’adaptation.  Il a décidé unilatéralement de réduire de 5% ses émissions de gaz à effet de serre et de 15% avec l’aide internationale.  Tout le monde doit participer à la lutte contre les changements climatiques et rester uni car, a-t-il prévenu, c’est une menace qui plane sur le monde entier.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a expliqué que cette réunion était l’occasion pour les États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de fournir une actualisation sur les moyens pour leurs gouvernements à mettre en œuvre leurs plans nationaux de climat et les intégrer dans leurs plans de développement durable.  C’est aussi l’occasion de dresser une feuille de route pour augmenter le niveau d’ambition afin de limiter l’élévation de la température à un niveau bien en dessous de 2 degrés Celsius.  C’est aussi le moment, a-t-il dit aux délégations, de présenter le calendrier prévu pour la ratification de l’Accord de Paris et pour indiquer comment votre gouvernement entend accélérer les mesures relatives au climat avant 2020, en faisant preuve d’ingénuité et en mobilisant les ressources et tous les secteurs de la société civile.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, qui s’exprimait au nom des 12 petits États insulaires en développement du pacifique, a souligné que l’Accord de Paris sur le climat représente une réalisation historique et démocratique pour unifier le monde dans la lutte contre les effets des changements climatiques.  Il faut maintenant veiller à sa pleine et rapide application, a-t-il demandé, en indiquant que la moitié des 12 membres de son groupe présenterait sous peu les instruments de ratification de l’Accord.  Il est revenu sur la vulnérabilité des petits États insulaires en développement et a appelé à une transformation du système énergétique et des modes de production dans le monde, y compris le Pacifique.  Pour lui, il s’agit de faire de la transition vers l’énergie renouvelable une priorité et de renforcer la résistance des îles aux changements climatiques.  Mais, pour cela, la région pacifique attend un soutien financier et technique de la communauté internationale.  Pour maintenir l’élan de l’Accord de Paris, il a également proposé la nomination d’un représentant spécial pour les changements climatiques au Sommet humanitaire qui aura lieu en Turquie.

M. TOMMY REMENGESAU, Président de Palau, a indiqué qu’il avait présenté l’instrument de ratification de son pays aujourd’hui, mais avait également fait passer un message d’urgence.  En effet, que signifie la signature de cet accord pour un pays comme le sien qui est frappé par une grave sécheresse en ce moment même.  Il est urgent de collectivement œuvrer à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, a lancé le Président, qui compte sur une action collective robuste.

M. HASSEN SHEIKH MOHAMED, Président de la Somalie, a affirmé que malgré la crise qu’a traversée son pays, la Somalie s’engageait sur la voie d’une économie durable.  Il faut reconstruire les institutions et donner les moyens à une politique environnementale en Somalie, a-t-il poursuivi, en assurant que son pays s’engageait à respecter ses obligations sous la convention cadre.  Notant que les pays qui se développent rapidement ont causé de grands dommage à l’environnement, il a assuré que la Somalie éviterait de répéter cette erreur en optant notamment pour les énergies alternatives dès maintenant.

M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a dit être prêt à fournir une gestion responsable de son potentiel de développement avec un effet minimum sur les changements climatiques.  Il a dit qu’il confirmerait dès que possible ses contributions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans l’esprit d’un processus consultatif, pour contribuer à l’entrée en vigueur rapide de l’Accord de Paris.  Son engagement au plan national est de réduire ces émissions de 30% par rapport au niveau de 1990.  Il a également affirmé vouloir mettre en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques. 

M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, a encouragé une ratification rapide de l’Accord de Paris en insistant sur les fait que les émissions de CO2 n’étaient pas une question de choix et qu’il était impératif que la consommation et la production deviennent plus durables et le monde plus efficace d’un point de vue énergétique.  « Les changements climatiques nous affectent tous et nous devons tous nous adapter pour devenir plus résilients », a déclaré le Président, qui a rappelé l’engagement pris par la Slovaquie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030.

M. HORACIO CARTES JARA, Président du Paraguay, a assuré que son pays continuerait à produire de l’énergie électrique renouvelable grâce à deux des plus grands barrages hydroélectriques du monde qui appartiennent aussi au Brésil et à l’Argentine.  Il a aussi mentionné le renforcement de la Commission nationale sur les changements climatiques qui travaille avec le Secrétariat de l’environnement à mettre au point des politiques et à appliquer des mesures importantes, en coordonnant leurs travaux avec la société civile.  Il a espéré que le Congrès paraguayen ratifierait l’Accord de Paris, avant de citer le pape François qui a averti des risques de ne pas voir les signes d’autodestruction.

M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a indiqué avoir signé l’Accord de Paris et réaffirmé sa volonté de donner son plein effet à cet instrument en accélérant la procédure de ratification.  Ainsi, un projet de loi sera prochainement soumis au Parlement nigérien.  Il a rappelé que cet accord tient compte de la responsabilité commune mais différenciée.  À son avis, la contribution nationalement déterminée des pays est un repère important dans les actions en matière de climat.  Tous les efforts mondiaux doivent se concentrer sur la limitation de la hausse de la température mondiale, a-t-il dit avant d’indiquer les domaines sur lesquels le Niger entend mettre l’accent, comme la mobilisation de ses ressources internes, la promotion des investissements privés ou encore la diversification de la production.  Il a aussi attiré l’attention sur l’importance de la sauvegarde du lac Tchad et du fleuve Niger.  Il n’a pas oublié pour autant les petits États insulaires en développement qui souffrent d’une vulnérabilité particulière face aux changements climatiques.

M. TOMISLAV NIKOLIC, Président de la Serbie, s’est dit conscient de la responsabilité qui pèse sur « notre génération » qui doit faire face aux changements climatiques de manière concertée.  Pour lui, l’Accord de Paris est un pas essentiel pour le développement de la civilisation moderne et la preuve du rôle du multilatéralisme.  « Aucun État n’est à l’abri des caprices de la nature », a-t-il noté après avoir rappelé que son pays a été frappé par des inondations graves.  La Serbie a commencé le processus d’intégration des objectifs de Paris dans ses cadres nationaux et a été l’un des 10 premiers pays à payer sa contribution nationalement déterminée en juin 2015 et va réévaluer cette contribution à l’horizon 2019.  En outre, le Conseil national pour les changements climatiques a été mis en place pour assurer le suivi des politiques de climat au plan national.

M. HAGE GEINGOB, Président de la Namibie, a assuré que son pays prenait des mesures contre le rejet de déchets toxiques.  L’environnement fait partie de notre démocratie et de notre stabilité, a-t-il dit en citant la Constitution namibienne.  Il a rappelé que les forêts étaient les poumons de la terre, la Namibie assurant la protection des sols dans tout le pays.  Nous ne réussirons à lutter contre les changements climatiques sur le plan mondial, a-t-il prévenu, que si nous avons la sagesse et la volonté politique suffisante pour y arriver.

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a annoncé avoir soumis l’Accord de Paris au Parlement pour ratification aujourd’hui même.  Même si cet Accord n’est pas parfait, il représente un engagement que le monde entier doit être disposé à prendre.  Elle a salué l’impact que l’Accord de Paris sur les changements climatiques a d’ores et déjà sur d’autres institutions internationales.  Elle a également souligné que les États avaient pris des engagements juridiquement contraignant pour limiter la hausse des températures à 1,5 degrés Celsius et de parvenir à zéro émissions de gaz à effet de serre dans la deuxième moitié de ce siècle.

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a indiqué que son pays avait soumis à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ses contributions nationalement déterminées sur les émissions de gaz à effet de serre qui doivent ainsi être réduites de 33% par personne d’ici à 2020.  Rappelant la sécheresse dont souffre l’Afrique, la pire depuis plus de 35 ans, à cause du phénomène El Nino, il a signalé que cela avait entrainé des pertes en bétail et en faune, ainsi que des réductions des réserves hydriques et de l’énergie électrique.  Le Zimbabwe, avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a mis au point un programme visant la mise au point d’un cadre de suivi des contributions nationalement déterminées.  Nous mettons aussi au point une stratégie nationale de réponse aux changements climatiques, qui doit s’appliquer dans tous les secteurs de l’économie.  L’adaptation est essentielle en Afrique, continent qui supporte déjà des fardeaux économiques lourds, a-t-il fait remarquer.  Nous ferons notre possible pour accélérer la ratification de l’Accord de Paris, a-t-il déclaré en espérant aller de l’avant au bénéfice de ceux qui ne sont pas encore nés.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a indiqué que l’État de Palestine était devenu partie à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et avait signé et ratifié l’Accord de Paris, après le travail sérieux accompli lors de ce Sommet.  Après avoir dénoncé l’occupation israélienne qui détruit le climat en Palestine, et les colonies israéliennes qui détruisent les terres palestiniennes, il a demandé de l’aide pour que soit mis fin à l’occupation et aux colonies.  Il a enfin émis le vœu de la préservation de la terre dans le monde.

Mme BIBI AMEENAH FIRDAUS GURIB FAKEM, Présidente de Maurice, a demandé que les objectifs ambitieux de l’Accord de Paris sur les changements climatiques soient suivis d’actions rapidement.  Il s’agit d’une question de vie ou de mort pour des îles comme Maurice qui doivent pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale pour développer des économies plus résilientes au climat.  La Présidente a également présenté ses contributions nationales déterminées exigeant 1,5 milliard de dollars pour leur mise en œuvre.  Elle est prête à mobiliser les ressources nationales, mais son pays doit pouvoir compter sur le soutien international pour réussir sa transition vers une économie à bas carbone, a-t-elle affirmé.

M. PETER CHRISTIAN, Président des États fédérés de Micronésie, a encouragé chaque pays à mettre constamment à jour les objectifs et les engagements pris dans l’Accord de Paris.  La preuve du succès résidera dans des actions équitables, a-t-il dit, en espérant que les réalisations dépassent les accords et les concessions internationales.  Son pays continuera à montrer le chemin dans la promotion de la réduction des gaz à effet de serre, a-t-il assuré en demandant à chaque pays de travailler tous ensemble en ce sens.

Pour M. MACKY SALL, Président du Sénégal, la COP 21 a été plus qu’une étape en faveur d’un engagement universel pour sauver la planète.  « Nous savons ce qu’il faut faire pour ne pas franchir la ligne rouge de l’augmentation des températures mondiales de 2 degrés Celsius, et les catastrophes naturelles ne cessent de nous rappeler cette urgence ».  La responsabilité commune commande, pour M. Sall, que chaque pays contribue aux efforts de réduction des gaz à effet de serre et implique un effort de transition énergétique vers des sources moins polluantes.  Le Sénégal s’engage à faire baisser de 20% ses propres émissions d’ici à 2030.  M. Sall a également mis l’accent sur l’équité et a appelé à des mesures compensatrices conséquentes pour les pays qui sont victimes du réchauffement climatique sans en être largement responsables.  Pour lui, c’est bien là la mission du Fonds vert pour le climat dont le financement ne devrait pas être une contribution volontaire, selon lui, mais plutôt une obligation.  L’Afrique offre aujourd’hui au monde une alternative viable pour assurer sa transition énergétique qu’il faut savoir saisir pour le bien de la planète, a souligné le Président sénégalais.

Mme DORIS LEUTHARD, Vice-Présidente et Responsable du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et des communications de la Suisse, a salué l’engagement pris collectivement par le monde de limiter l’augmentation des températures à moins de 2 degrés Celsius et de lutter contre les effets des changements climatiques.  Le rapport du Forum économique mondial de 2016 a placé au premier plan les risques liés à un potentiel échec dans la réalisation concrète de ces engagements, ce qui veut bien dire, selon la Vice-Présidente, que la signature de l’Accord de Paris sur les changements climatiques va au-delà du geste symbolique et qu’il doit s’agir d’un véritable engagement à laisser les énergies fossiles dans le passé.  Elle a annoncé que la Suisse allait ratifier cet Accord d’ici la fin 2017.

Mme DELCY RODRIGUEZ, Vice-Présidente à la souveraineté politique et Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a jugé l’Accord de Paris « important mais pas suffisant ».  Il faut maintenant un engagement certain de tous les gouvernements et de tous les citoyens du monde.  Elle a rappelé aux pays développés leur dette écologique très importante ainsi que le principe de responsabilité commune mais différenciée, ce qui passe par la reconnaissance de la responsabilité historique de ces pays dans le changement climatique.  La Ministre a cité le pape François qui a parlé de la responsabilité des pays du nord par rapport aux pays du sud.  De l’avis de Mme Rodriguez, il faut changer de modèle de vie, de production et de consommation.

Mme MARÍA SORAYA SÁENZ DE SANTAMARIA ANTÓN, Vice-Présidente de l’Espagne, a salué l’appui de la société civile ainsi que celui du secteur des entreprises novatrices dans nos pays qui ont aidé à conclure l’Accord de Paris.  Cet accord est un exemple du meilleur de ce que donne une politique internationale qui respecte les intérêts partagés du monde, a-t-elle estimé.  Elle a noté qu’il établit un système de solidarité mondiale basé sur un système de compensation.  La réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre par apport à 1990 et d’ici 2030, c’est l’objectif que l’Espagne s’est fixé, outre des programmes d’efficacité énergétique. 

M. RUHAKANA RUGUNDA, Premier Ministre de l’Ouganda, s’est félicité du nouveau chapitre qui s’ouvre dans les efforts mondiaux pour mettre en œuvre ce qui a été entrepris à Paris.  Nous nous sommes tous engagés à le ratifier et à le traduire dans les législations nationales, a-t-il rappelé.  Il a cependant mis en garde contre les défis que rencontrent les pays africains pour financer les mesures à prendre dans ce domaine, notamment pour avoir accès aux technologies vitales.  Cela l’a conduit à lancer un appel pour que ces pays reçoivent une assistance accrue, avant de plaider en faveur du partage de données et d’expériences.  Il a énoncé les mesures prises pour intégrer la lutte contre le changement climatique dans les plans nationaux, et indiqué avoir commencé la procédure visant la ratification de l’Accord.

Pour Mme BEATA SZDLO, Premier Ministre de la Pologne, les bases jetées à Paris sont solides et cohérentes, mais le véritable travail commence maintenant avec la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques sur le plan national par pays.  L’Union européenne et ses États membres se préparent à ratifier et appliquer cet accord, même si l’Union ne représente que 10% des émissions de gaz à effet de serre, a rappelé la Ministre.  Elle a saisi l’occasion pour insister sur la responsabilité collective dont dépend le succès de l’Accord, notamment des États parties qui ont bénéficié d’une aide extérieure pour réaliser les objectifs climatiques.  La Pologne, qui est solidaire des pays les plus exposés aux effets des changements climatiques, espère que le Fonds vert pour le climat sera utilisé de manière efficace.

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de Samoa, a salué le nombre record de signatures de l’Accord de Paris, dont 14 petits États insulaires en développement (PEID).  Tous les pays qui ont signé et déposé leurs instruments de ratification sont les PEID et les membres de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), dont Samoa, a-t-il souligné.  Ce mouvement audacieux reflète la solidarité et le leadership collectif.  Il est aussi l’expression de la morale et de la raison.  Il a mentionné que, malgré la contribution négligeable de Samoa aux émissions de gaz à effet de serre, le pays renforce ses efforts pour les réduire encore.  Le pays s’est en outre engagé à 100% d’énergie renouvelable d’ici 2017, a-t-il ajouté, avant de parler de sa stratégie de développement durable 2016-2020 qui tient compte de l’adaptation au changement climatique.  Les contributions nationalement déterminées des Samoa se concentrent sur l’atténuation, a-t-il dit en annonçant les réviser en 2020 et ensuite tous les cinq ans. 

M. THIMOTHY HARRIS, Premier Ministre et Ministre du développement durable, de la sécurité nationale, de l’autonomisation des peuples et de la circonscription de Saint-Kitts-et-Nevis, a réaffirmé son engagement à réduire les gaz à effet de serre de 22% d’ici à 2025 et de 35% d’ici 2030.  Il a fait remarquer que son pays souffrait d’une sécheresse qui avait réduit de 55% l’eau de pluie en 2015, ce qui a en outre affecté les secteurs du tourisme, de l’agriculture et de l’industrie.  Il a mentionné les plans nationaux de changement climatique et de développement durable, avant d’indiquer viser presque 100% d’énergie renouvelable d’ici à 2020.  « Nous avons pour objectif d’être le premier pays vert dans le monde ».  Le Gouvernement entend développer un programme d’adaptation au climat conçu spécialement pour le secteur de l’agriculture, a-t-il dit avant de souligner l’impact particulier du changement climatique sur les Petits États insulaires en développement, ce qui exige de développer les secteurs de l’énergie et de l’eau.  Saint-Kitts-et-Nevis va aussi développer l’énergie éolienne, a ajouté le Premier Ministre.  Il a également donné des informations sur la stratégie de l’eau.  Il a enfin assuré recourir à l’ingénuité et aux efforts de tous les secteurs de la société civile pour accélérer l’action sur le changement climatique avant 2020.  Enfin, il a indiqué que son pays était prêt à déposer les instruments de ratification de l’Accord de Paris aujourd’hui même qui est la Journée de la Terre.

M. MIRO CERAR, Premier Ministre de la Slovénie, a invité notamment à assurer des emplois verts pour garantir un avenir durable.  La première étape est la ratification de l’Accord de Paris, a-t-il dit en espérant la réalisation des engagements d’ici 2030.  Il a accordé une grande importance à la gestion et la préservation des forêts et des ressources en eau.  La Slovénie, a-t-il indiqué, a mis en pratique une stratégie à long terme sur les transports, tout en préparant une stratégie à long terme de développement et une autre sur l’énergie.  Enfin, le Premier Ministre a rendu hommage à la terre, en cette journée qui lui est dédiée.

M. SERGE TELLE, Chef du Gouvernement de la Principauté de Monaco, a expliqué que son pays s’était engagé avec « toute son énergie » dans la lutte contre le réchauffement climatique à travers ses politiques gouvernementales ou relayé par des initiatives non gouvernementales.  Au niveau national, la Principauté a l’intention de diminuer l’émission de gaz à effet de serre de 50% à l’horizon 2030 et par rapport à 1990 et d’aboutir à la neutralité carbone en 2050.  Sur le plan international, la lutte contre les changements climatiques et l’aide au développement, sont pour Monaco « deux aspects d’une même nécessité: celle de protéger et d’aider les populations les plus vulnérables qui sont toujours les premières victimes du climat », a expliqué le Ministre.  Dans les deux cas, il s’agit, selon lui, de promouvoir les principes et vertus d’un développement durable, solidaire et responsable.  Monaco plaide en faveur du renforcement du Fonds vert pour le climat pour qu’il puisse devenir un canal d’acheminement des financements climatiques vers les pays en développement.

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, s’est félicité du fait que les pertes et dommages liés aux effets du changement climatique soient pris en compte dans le Pacte de Varsovie relatif à cette question.  Il s’est cependant préoccupé que cette indemnisation soit exclue de l’Accord de Paris.  En outre, il a craint que certains engagements ne soient pas sérieux dans leurs efforts d’atténuation et d’adaptation.  Vanuatu s’attend à ce que les pays développés augmentent le seuil de leur contribution d’ici à 2020.  Le vrai défi se pose dans la traduction en pratique des engagements en actions claires, responsables et efficaces, a-t-il mis en garde.  Il a appelé à prendre un engagement collectif pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, en particulier les engagements sur le plan national.

M. PAUL SINTENTELA DLAMINI, Vice-Premier Ministre du Swaziland, a réaffirmé ses engagements en termes de contribution nationalement déterminées d’atténuation et d’adaptation, à un moment où le continent africain souffre de la sécheresse en conséquence du phénomène El Niño.  Nous travaillons à l’institutionnalisation du changement climatique, grâce au Fonds vert pour le climat, qui permettra de devenir un pays résilient en matière de changement climatique.  Il a dit que son pays allait lancer prochainement le processus visant la ratification de l’Accord de Paris, avant d’exprimer ses espoirs de voir une réduction importante des gaz à effet de serre.  Il a salué à cet égard les États-Unis et la Chine qui se sont engagés à signer cet accord cette année. 

M. SIAOSI SOVALENI, Premier Ministre adjoint de Tonga, est revenu sur la vulnérabilité extrême des petits États insulaires en développement aux effets des changements climatiques.  Si la capacité de résilience de ces îles doit être renforcée d’urgence, cela ne doit toutefois pas se faire aux dépends du développement durable ou des efforts en matière de santé et d’éducation a averti le Ministre.  Tonga a vécu six cyclones en moins d’un an, a rappelé le Ministre, qui a également insisté sur le fait que la région pacifique ne représente que 0,03% des émissions de gaz à effet de serre.  Il est impératif pour cette région que l’engagement de limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius soit respecté, a martelé le Ministre, qui plaide en outre pour une coopération internationale dans la réalisation des objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat.  Tonga a d’ores et déjà commencé les préparatifs au plan national pour une ratification rapide de cet Accord.

Mme ASA ROMSON, Premier Ministre adjoint et Ministre de l’environnement et du climat de la Suède, a déclaré que « ce qui semblait impensable ne peut aujourd’hui être arrêté », expliquant que l’Accord de Paris était l’accord qui allait « sauver le monde ».  La Suède est en train de préparer la ratification de l’Accord et s’est d’ores et déjà engagée sur la voie d’une économie sans énergie fossile.  La Ministre a expliqué que son pays ne faisait pas cela uniquement parce que c’est « moralement bien » mais également parce que c’est économiquement judicieux et elle en veut pour preuve le fait que les investisseurs financiers commencent à snober les énergies fossiles.  En optant pour une énergie et une société verte, la Suède a à la fois réduit ses émissions de gaz à effet de serre et amélioré le bien-être de sa société.  Elle s’apprête à adopter une nouvelle loi sur le climat et à mettre en place un Conseil national chargé de la politique climat.  La Suède assume également un rôle de leadership dans la finance climat puisque c’est le plus grand contributeur par personne au Fonds vert pour le climat.

M. KAMAL THAPA, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Népal, estime que l’Accord de Paris sur le climat était une lueur d’espoir pour l’humanité.  L’Accord est le point culminant de l’idée d’un instrument juridiquement contraignant en termes de changements climatiques.  Son application contribuera à la réduction des problèmes climatiques ainsi qu’à la protection de l’environnement.  Le Népal a l’intention de présenter son instrument de ratification bientôt.  Sa politique climat vise à protéger le pays des effets négatifs des changements climatiques, a expliqué le Ministre.  Le plan d’adaptation nationale a été présenté et son nouveau plan de développement national cherche à intégrer les objectifs de développement durable, y compris une stratégie de développement bas carbone.  Il a appelé à une collaboration renforcée et à un partenariat avec le secteur privé et la société civile dans le cadre de ces efforts.  Le Népal attend en outre un appui technologique et financier pour l’aider à mettre en œuvre ce plan.

M. SURASAK KARNJANARAT, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la Thaïlande, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé qu’il fallait renforcer les ambitions de 2020, notamment la ratification de l’Accord de Doha et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Pour le Ministre, l’entrée en vigueur et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques sont essentiels et doivent s’accompagner des financements nécessaires.  Il faut également veiller à renforcer les capacités de résilience au climat des pays en développement, ce qui passe par une assistance technique et financière.  Le G77 s’est engagé à lutter contre les effets néfastes des changements climatiques par le biais de mesures ambitieuses dans la limite de ses moyens a assuré le Ministre.

M. THORIQ IBRAHIM, Ministre de l’environnement et de l’énergie des Maldives, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a annoncé avec fierté que son pays faisait partie du groupe de petites îles à avoir finalisé leur processus de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.  Il explique cet engouement par le fait qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort pour certaines de ces îles.  « Ne vous y méprenez pas, les tempêtes et cyclones de l’année dernière ont causé de graves dégâts et nous aurons besoin de votre aide pour la reconstruction et l’adaptation à la nouvelle réalité du réchauffement climatique », a lancé le Ministre à la salle tout en mettant en avant le plan d’action climatique ambitieux que ces îles ont adopté.  À court terme il va toutefois falloir tous travailler ensemble, selon lui, pour faire face à la menace climatique.

Mme MIREI ENDARA DE HERAS, Ministre de l’environnement du Panama, s’exprimant au nom des 52 nations de la Coalition des pays dotés de forêts tropicales, a souligné que deux tiers des contributions nationalement déterminées présentées à la Convention viennent de pays de la Coalition.  Elle a salué les efforts de tous les gouvernements et en particulier des pays qui sont les plus grands émetteurs, qui font preuve de solidarité envers les pays et régions très vulnérables.  L’article 5 de l’Accord de Paris reconnait le rôle crucial que joue le mécanisme de réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD), a-t-il souligné en rappelant que planter un arbre est une mesure des plus rentables.  Les forêts tropicales jouent un rôle fondamental dans la lutte contre les changements climatiques.  Il faut donc financer de manière équitable, transparente et immédiate ce mécanisme.  Elle a annoncé par ailleurs que le canal de Panama inaugurerait en juin prochain sa troisième série d’écluses, un projet de 6 milliards de dollars qui, au cours des 10 prochaines années, évitera au secteur maritime international des émissions d’au moins 160 millions de donnes de CO2.  Le Panama, qui est le troisième pays à avoir fait des contributions nationalement déterminées pour l’atténuation des changements climatiques, contribue également au Fonds vert pour le climat.  Il a aussi créé le Centre international de mise en œuvre du REDD+ et a adopté un Plan énergétique national 2015-2050.

M. ZAHID HAMID, Ministre des changements climatiques du Pakistan, a déclaré que les glaciers millénaires de son pays étaient en train de fondre à cause des changements climatiques.  Il a également souligné que le stress hydrique que connaissait le Pakistan ne cessait de s’accentuer du fait des aléas climatiques.  Pour rectifier le tir, le Ministre a indiqué que le Gouvernement avait établi une commission nationale et une autorité nationale chargées de la lutte contre les changements climatiques, avec des fonds conséquents.  Au sujet, précisément, du financement, M. Hamid a invité les donateurs à respecter leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 dans le cadre du Fonds vert pour le climat.    

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a prévenu que la partie la plus difficile dans la diplomatie sur le climat commençait maintenant, en invitant à saisir cette occasion pour arriver à la sécurité climatique d’ici à la fin du siècle.  Il faut explorer les moyens de renforcer les capacités, aux niveaux national, régional et international, a-t-il demandé avant de souligner que l’Accord de Paris affectait les États, les villes et les communautés.  Les 10 à 15 prochaines années seront cruciales pour que les États limitent le réchauffement mondial à moins de 2 degrés Celsius voire moins.  Il a souligné que l’Accord de Paris prévoyait un examen tous les cinq ans ainsi que des rapports sur les progrès accomplis.  Malte a partagé son expérience en ressources humaines en termes de renforcement des capacités, a-t-il dit avant de prévenir qu’il n’y avait pas de planète de rechange.

Pour Mme VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, l’Accord de Paris sur le climat assurera la sauvegarde des générations futures et de notre planète.  Il s’agit d’une « plateforme robuste dans laquelle tous les pays ont un rôle à assumer ».  Elle estime que tous les pays doivent prendre des mesures décisives avant 2020 pour jeter des bases solides de l’action climatique.

M. RAMON PAJE, Secrétaire à l’environnement et aux ressources naturelles des Philippines, a indiqué avoir signé aujourd’hui l’Accord de Paris, à l’occasion de la Journée de la Terre, avant de parler des engagements très ambitieux pris par son pays malgré des limites en termes de ressources financières.  Nous allons continuer d’investir dans des économies locales résilientes aux changements climatiques, a-t-il assuré.  Il a dit que son pays avait développé un système de gestion et de rapports sur les émissions de gaz à effet de serre qui vise à donner des points de référence précis et comparables.  En tant que pays vulnérable, les Philippines se sont engagées à contribuer au Forum de Manille et au Forum de Paris qui réclament une augmentation de température de moins de 1,5 degré Celsius d’ici à 2050.  Il a aussi souligné les besoins de financements prévisibles des pays en développement pour les aider à atteindre les objectifs fixés. 

LORD BOURNE OF ABERYSTWYTH, Ministre et Secrétaire parlementaire adjoint pour les changements climatiques du Royaume-Uni, a salué la signature de l’Accord de Paris qui marque une transition vers un monde résilient et climatiquement neutre.  Prévoyant des mesures nationales et la soumission de contributions ambitieuses tous les cinq ans pour le Royaume-Uni, il a prévenu que ce serait une course pour que chaque pays atteigne les objectifs fixés.  Le Royaume-Uni a adopté une loi qui prévoit une réduction des émissions de 20% d’ici à 2050, a-t-il dit tout en précisant vouloir atteindre cet objectif avant la date butoir.  Six milliards de livres seront consacrés à cette entreprise, a-t-il indiqué, en ajoutant que 10 milliards de livres seraient versés à la nouvelle facilité pour aider les pays à atteindre ces objectifs.

M. ABDOULAYE DIOP, Ministre des affaires étrangères du Mali, a annoncé que son pays entendait jouer un rôle actif et constructif dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat, en raison de sa situation géographique particulière de pays sahélien enclavé.  C’est pour consolider la vision de Paris, que le Mali insiste pour que les engagements pris pour le financement des activités liées à la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement soient tenus.  Le Mali a opté pour une économie verte et résiliente notamment à travers la foresterie, les énergies renouvelables et autres.  Il s’apprête à engager la procédure de ratification de l’Accord de Paris dès le prochain Conseil de ministres le 27 avril 2016.

Mme BOMO EDITH EDNA MOLEWA, Ministre des affaires environnementales de l’Afrique du Sud, s’est réjouie du succès des négociations qui ont abouti à l’Accord de Paris.  Nous avons déjà entamé le processus de mise en œuvre et les procédures permettant la réalisation des objectifs en 2020, a-t-elle annoncé en mentionnant la politique sud-africaine qui prévoit un cadre d’atténuation.  Elle a expliqué que ces mesures étaient intégrées à son plan national de développement.  En outre, à partir de 2020, les entreprises sud-africaines devront respecter un plan carbone obligatoire.  La Ministre a saisi cette occasion pour saluer la prise en compte des capacités de chaque pays dans l’Accord de Paris.  En Afrique du Sud, nous voulons promouvoir une économie et une agriculture vertes, a-t-elle dit en signalant des progrès déjà importants dans le domaine de l’électricité grâce à des investissements massifs.  Le plan national d’adaptation, qui est en cours d’établissement, se concentre sur la sécheresse.  Enfin, elle a apprécié la mise en place d’un soutien international aux pays qui ont besoin d’aide pour réaliser les objectifs fixés.

M. PAUL OQUIST KELLEY, Ministre et Secrétaire particulier pour les politiques nationales du Président du Nicaragua, a rappelé que 2014, 2015 et 2016 avaient été les années les plus chaudes de l’histoire récente.  Il est évident pour lui que « la Terre nous envoie un message mais que l’homme n’a pas l’air de bien le comprendre », puisque l’Accord de Paris sur le climat ne prévoit pas des mesures urgentes tel que le demande l’objectif 13 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il y a des tonnes supplémentaires de CO2 déversées dans l’atmosphère ce qui pourrait se traduire par un réchauffement de plus de 3 degrés Celsius et engendrer des conséquences graves comme la sécheresse, la faim et les déplacements de population.  Lutter contre le réchauffement de la terre est un impératif moral pour le Ministre, qui a également défendu la cause des pays qui subissent les conséquences des changements climatiques sans en être responsables en exigeant qu’ils soient indemnisés.  Pour justifier cet argument, il se base sur les principes de l’équité et de la responsabilité commune mais différenciée et souhaite que l’on reconnaisse explicitement les responsabilités des pays émetteurs sans quoi l’on risquerait de retomber dans un scénario de « néocolonialisme ».  Le Ministre espère que les pays en développement respecteront leurs responsabilités et, au vu de l’urgence de la menace climatique, il a appelé à une action collective immédiate pour préserver l’humanité et notre « Terre nourricière ».

M. CAMILLO GONSALVES, Ministre de la planification économique, du développement durable, de l’industrie, de l’information et du travail de Saint Vincent-et-les-Grenadines, a annoncé que son pays déposerait les instruments de ratification de l’Accord de Paris dans quelques jours.  Il a félicité les 15 pays qui ont simultanément signé et ratifié cet Accord, aujourd’hui, et exhorté tous les autres États Membres à faire de même.  Il a cependant noté que cet instrument ne prévoyait pas de mécanisme d’application des engagements et dépendait de systèmes défaillants d’engagements nationaux volontaires qui ne reflètent pas l’ambition mondiale en matière d’atténuation.  Son pays voit cependant cet Accord avec optimisme, a-t-il dit en estimant que s’il n’est pas parfait, il est perfectible.  Il a noté que tout dépendait maintenant de la volonté politique qui se traduira en des mesures ambitieuses et en des engagements mesurables.  Il a appelé à combler le gouffre de centaines de milliards de dollars qui sépare les mots des actions.  Cet Accord, a-t-il conclu, est une étape entre la naïveté et l’optimisme et, au final, un voyage qui mènera de la destruction à la survie.

Mme PAULA BENNET, Ministre des changements climatiques de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que l’Accord de Paris avait changé la façon dont le monde considère les changements climatiques.  La Nouvelle-Zélande est absolument engagée à réduire ses émissions et à atteindre les cibles qu’elle s’est fixées avant Paris.  Les exportations agricoles sont essentielles pour le pays.  « Nous cherchons des solutions pratiques pour réduire les émissions dans ce domaine sans pénaliser nos fermiers ou notre approvisionnement alimentaire », a indiqué la Ministre qui a ajouté que les nouvelles technologies agricoles d’atténuation offrent une occasion de relever ce défi.  La transition des énergies fossiles vers l’énergie propre est un autre défi, a continué Mme Bennet.  La Nouvelle-Zélande apporte son appui à ses voisins du Pacifique en vue d’adopter l’énergie propre.  Elle offrira 200 millions de dollars d’aide relative au climat dans les quatre prochaines années pour des projets sur l’énergie renouvelable au Pacifique.       

Pour Mme CRISTINA PASCA PALMER, Ministre de l’environnement, de l’eau et des forêts de la Roumanie, les changements climatiques redéfinissent les perspectives du développement durable.  Si l’Accord de Paris sur le climat est ambitieux, ses objectifs ne pourront être atteints que par le biais de la coopération, a poursuivi la Ministre.  La Roumanie s’est engagée à agir dans le cadre de l’Union européenne, en fixant à 40% la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, ce qui suppose des changements en profondeur de son économie.  Un plan d’action sur le climat d’ici à 2030 a été rédigé et, actuellement, des campagnes de sensibilisation du public aux enjeux sérieux du climat sont en cours.  La Ministre s’est dite consciente de la nécessité d’accompagner les pays les plus vulnérables dans leurs politiques climatiques, notamment à travers le Fonds vert pour le climat.

Pour M. KHEMAIS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, l’Accord de Paris sur le climat est un document historique.  La Tunisie a participé dès le départ aux efforts en ce sens puisqu’elle a adhéré à toutes les conventions et traités internationaux sur le climat, ce qui lui a permis de réaliser des progrès réels et de jeter les bases pour un développement durable, a expliqué le Ministre.  Son nouveau plan de développement consacre ce principe et la Tunisie vise à réduire de 41% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010, dont 13% à titre volontaire et le reste sera tributaire de financement et de soutiens techniques.  Le Ministre a également annoncé l’intention de la Tunisie de ratifier l’Accord de Paris dès que possible.

Mme LOUISE MUSHIKIWABO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Rwanda, a expliqué que le Rwanda était l’une des nations les plus vulnérables aux changements climatiques.  L’Accord de Paris est un pas dans la bonne direction, a-t-elle dit en appelant à mettre en œuvre les engagements pris dans ce cadre.  Elle a assuré que son pays avait adopté une approche proactive dans ce domaine, étant le premier pays à interdire les sacs en plastique et à s’engager nationalement à restaurer les terres.  Chaque année en outre, le Rwanda plante des millions d’arbres pour protéger les forêts, les rivières et les marais.  Elle a cité son Plan de développement national à long terme, sa Vision 2020 et sa Stratégie de croissance verte et de résilience en matière de climat, qui vise à faire du Rwanda une économie à faible teneur en carbone d’ici à 2050.  De plus, le Rwanda dispose d’un Fonds vert pour le climat, l’un des plus grands en Afrique. 

M. SIRODJIDIN ASLOV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a fait part de l’intention de son pays d’augmenter la part d’utilisation des énergies renouvelables.  Dans ce pays montagneux, les ressources hydriques proviennent des glaciers, a-t-il expliqué, en plaidant en faveur d’un suivi régulier pour la préservation des montagnes durables et de leurs ressources naturelles.  Le Tadjikistan a adopté un Plan national d’action pour atténuer les incidences des changements climatiques et a produit trois rapports dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Le Tadjikistan a aussi élaboré une stratégie nationale sur les changements climatiques qui doit être adoptée cette année.  Le Ministre a appelé les pays, les organisations internationales et les institutions financières à poursuivre leurs efforts pour soutenir les mesures d’adaptation et d’atténuation prises par chaque pays pour lutter contre les effets des changements climatiques.

Mme ANTONELLA MULARONI, Ministre du territoire et de l’environnement de Saint-Marin, a affirmé que c’était toujours les plus pauvres, les moins éduqués et ceux qui rencontraient le plus de difficultés à accéder aux services de base qui souffraient le plus, quelles que soient les circonstances.  Les problèmes environnementaux ne font pas exception à cette règle, a-t-elle dit, précisant qu’ils avaient déjà un impact énorme sur un nombre important d’États et sur des centaines de milliers de personnes.  Un impératif moral doit plus que jamais guider les choix politiques réalisés en vue de favoriser le respect de la Terre et d’assurer la dignité de chaque être humain, d’encourager les bonnes pratiques et de sanctionner les mauvaises dans le domaine de l’environnement, a déclaré la Ministre.

M. SUSIL PREMAJAYANTHA, Ministre de la science, de la technologie et de la recherche du Sri Lanka, a affirmé qu’aussitôt après l’Accord de Paris sur le climat, un plan économique de développement avait été lancé pour aboutir à une économie faible en carbone.  Parmi les mesures de ce programme, seront créés 10 000 villages résilients.  De même, l’objectif du Sri Lanka est-il d’utiliser des énergies 100% renouvelables d’ici à 2030.  Le couvert forestier sera, lui, accru de 32% par rapport à aujourd’hui, et de 29% d’ici à 2020, a-t-il assuré.  Enfin, a-t-il ajouté, des actions nationales d’atténuations sont en cours d’élaboration, tandis qu’un plan national d’adaptation a été développé.  Le Sri Lanka compte sur le soutien et l’assistance de la communauté internationale, en particulier de ses partenaires des pays développés pour la mise en œuvre de ses stratégies nationales.

M. YOON SEONGKYU, Ministre de l’environnement de la République de Corée, s’est dit encouragé par l’Accord de Paris sur le climat qui jette les bases pour que le monde s’oriente vers un avenir durable et sobre en carbone.  Il a lancé un appel aux États Membres pour ratifier au plus tôt cet Accord de manière à le faire entrer en vigueur sans plus tarder.  La Corée fera son possible en ce sens et pour appliquer sa contribution nationalement déterminée.  Elle a adopté une législation sur les faibles émissions de carbone en 2010 et une loi sur le commerce des émissions en 2012, et a également adopté un plan national pour augmenter sa résistance au climat.

Pour M. JOAO PEDRO MATOS FERNANDES, Ministre de l’environnement du Portugal, Paris a marqué le début d’un long processus qui ne pourra réussir que si l’on arrive à maintenir l’élan et l’engagement au plan international de décembre dernier.  Ancré dans la participation mondiale, la transparence et la conception d’un mécanisme ambitieux de cinq ans, cet accord devrait permettre de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 degrés Celsius, voire même 1,5 degré Celsius.  Le Ministre salue la volonté dont 180 pays ont fait preuve par la soumission de leurs contributions nationales déterminées dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.  Au Portugal, une législation nationale pour atteindre les engagements climatiques pris pour 2030 a été adoptée et, en 2015, le Programme national sur les changements climatiques a fixé une réduction de 30 à 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici là.  Le pays s’oriente vers la neutralité du carbone en misant sur les énergies renouvelables et en diminuant sa dépendance énergétique de l’extérieur, a expliqué le Ministre.  Sur le plan international, le Portugal travaille en étroite collaboration avec les pays lusophones d’Afrique dans la mise en œuvre de leurs projets d’atténuation et d’adaptation climatique.

M. VIDAR HELGESEN, Ministre du climat et de l’environnement de la Norvège, a déclaré que le Gouvernement sera en mesure de ratifier l’Accord de Paris dès le mois de juin prochain.  L’objectif pour le climat pour 2030 est au moins de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre.  Le pays a aussi un objectif de neutralité en carbone avant 2050.  En Norvège, l’industrie pétrolière a été le moteur de l’économie.  Cette situation est sur le point de changer, et le pays commence sa transition vers une société à faible émission.  Le processus d’identification sur la façon de regrouper les différents secteurs et acteurs de la société pour y arriver a commencé.  Une stratégie globale pour la compétitivité verte et la transition verte sera lancée en 2017. 

M. THANI AHMED AL ZEYOUDI, Ministre des changements climatiques et de l’environnement des Émirats arabes unis, a été fier de figurer parmi les pays qui, aujourd’hui, lancent un message unifié au monde, que l’Accord de Paris permettra, individuellement et collectivement, de trouver les meilleures solutions pour faire face aux changements climatiques.  Il faut commencer par trouver des moyens innovants et des incitations pour que les pays développés et en développement réalisent leurs ambitions en suivant le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il faut aussi un suivi sérieux, ainsi qu’un système de rapport et de vérification, a-t-il recommandé.  Le Ministre a cité le programme national des Émirats qui figure dans sa Vision 2021, sa Stratégie de croissance verte et sa Stratégie de l’innovation.  Son pays a l’intention de devenir une plaque tournante mondiale et un modèle international de développement durable, étant notamment en bonne voie pour créer 160 000 emplois verts d’ici à 2030.

M. RAFAEL PACCHIANO (Mexique) a rappelé que la COP16, tenue à Cancun en 2010, avait réussi à faire revenir les 195 nations sur la voie de la confiance qui a conduit, au final, à l’Accord de Paris.  Il a appelé à mettre pleinement en œuvre cet engagement, soulignant les problèmes environnementaux, sociaux et économiques que causent les changements climatiques.  Il a aussi fait part de son sentiment d’urgence à agir, appelant de ses vœux la mise en place dès que possible d’un nouveau régime climatique mondial.  Pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, a-t-il dit, il a invité à faire preuve de créativité et d’innovation.  Il a aussi appelé à lutter contre les phénomènes climatiques extrêmes en mettant en place des systèmes d’alerte précoce.

Pour M. U. OHN WINN, Ministre des ressources naturelles et de la protection de l’environnement du Myanmar, les changements climatiques sont la plus grande menace pour le développement durable et il faut impérativement agir tout de suite et ensemble.  En tant que l’un des pays les plus vulnérables aux changements climatiques, le Myanmar considère les changements climatiques comme un défi majeur pour son développement socioéconomique a expliqué le Ministre.  Par sa signature de l’Accord de Paris sur le climat, le Myanmar confirme son engagement ferme dans la lutte climatique et la protection de l’environnement.  Le Gouvernement est en train de développer sa stratégie nationale sur les changements climatiques dans le contexte de son plan cadre de développement national global à l’horizon 2030.  Le pays a pour ambition de devenir plus résistant face aux effets des changements climatiques, d’atteindre la neutralité carbone et d’optimiser ses ressources dans le contexte de son développement inclusif.  La contribution nationale déterminée du Myanmar, qui a été soumise en septembre dernier, a pour secteurs saillants la foresterie et l’énergie à faible carbone.  Pour le Ministre, il ne fait pas de doute que le financement est un élément essentiel de l’Accord de Paris pour pouvoir réaliser ses objectifs et il va falloir dégager des ressources supplémentaires pour le Fonds vert sur le climat et le Fonds pour l’adaptation.

M. TRAN HON HA, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement du Viet Nam, a estimé que la signature de l’Accord de Paris constituait une nouvelle étape importante dans la lutte contre les effets des changements climatiques et le début d’une ère nouvelle à faible carbone et de résilience face aux changements climatiques.  Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité de rendre pleinement opérationnels des mécanismes financiers, technologiques et de renforcement des capacités afin d’apporter les instruments nécessaires à la réponse aux effets des changements climatiques.  De même, selon le Ministre, les pays développés doivent démontrer leur rôle de chef de file non seulement en respectant leurs engagements en matière de contributions nationales, mais aussi en mobilisant et en fournissant des ressources pour le développement technologique et le transfert et le renforcement des capacités des pays en développement dans les domaines de l’atténuation et de l’adaptation aux effets des changements climatiques.

M. SAMURA M. W. KAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a mis l’accent sur la nécessité de maintenir l’élan dans la lutte contre les effets des changements climatiques et de rester unis dans cet objectif.  Il a rappelé que son pays demeurait l’un des plus vulnérables de la planète face aux effets des changements climatiques, rappelant, en particulier, les inondations sans précédent qui ont touché l’an dernier la capitale Freetown et d’autres villes importantes des régions du Sud et de l’Est.  M. Koroma a lancé un appel à l’action non seulement pour que soient réduites les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour que soient renforcées les capacités des pays en développement afin de les aider à s’attaquer aux effets des changements climatiques et de sauver ainsi la planète.

M. MOHAMMED BIN ABDULLAH AL RUMAIHI, Ministre de la municipalité et de l’environnement du Qatar, a réaffirmé l’engagement pris par son pays sous la convention cadre sur les changements climatiques des Nations Unies.  Le Qatar a notamment participé à toutes les conférences organisées dans ce contexte, y compris celle de Paris en décembre dernier.  Pour le Ministre, l’Accord de Paris sur le climat est la consécration du multilatéralisme et il salue le fait qu’il prenne en compte les besoins spécifiques de tous les pays du monde, y compris les pays en développement.  Cet accord se base sur les deux piliers que sont l’adaptation et l’atténuation, a-t-il rappelé avant d’émettre l’espoir de le voir jouer un rôle central dans la lutte collective contre les changements climatiques.

Pour M. JAMES FLETCHER, Ministre du développement durable, l’énergie, les sciences et la technologie de Sainte-Lucie, il reste encore beaucoup à faire, au-delà de la signature de l’Accord de Paris sur le climat, en particulier pour venir en aide aux petits États insulaires et leur permettre de faire face aux aléas du climat.  Il a réitéré le fait que les petits États insulaires en développement ne sont pas à l’origine des problèmes climatiques mais y sont particulièrement exposés, ce qui ne les empêche pas de résolument participer à ce combat collectif.  Pour sa part, Sainte-Lucie a adopté un plan climat qui envisage notamment une transition vers les énergies non fossiles ce qui suppose des investissements importants dans le solaire et l’éolien.  Toutefois les petits États insulaires en développement ont des limites à la fois technologiques et financières, et leurs efforts resteront vains si la communauté internationale n’honore pas ses engagements et ne prévoit pas une augmentation des fonds alloués à cette cause.

Pour M. DENG DENG HOC YAI, Ministre de l’environnement du Soudan du Sud, la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ne sera pas facile et les pays développés doivent faire un maximum d’efforts pour respecter les engagements pris en termes d’atténuation.  Il a réitéré le fait que les pays en développement ne sont pas en mesure d’assurer leur part sans pouvoir compter sur des financements significatifs, prévisibles et additionnels provenant du monde développé.  « On ne peut pas refiler la facture climatique aux pays développés », a averti le Ministre.  En tant que jeune nation, le Soudan du Sud a néanmoins élaboré son plan d’action climatique, et attend des financements pour son entrée en vigueur, et se dit prêt à ratifier l’Accord de Paris.

M. BATTSEREG NAMDAG, Ministre de l’environnement, du développement vert et du tourisme de la Mongolie, a souligné la vulnérabilité de son pays qui est liée à sa situation géographique et à ses conditions climatiques, ainsi qu’aux secteurs de son économie.  Le Parlement mongol a adopté un plan de lutte contre les changements climatiques dès 2011, a-t-il dit, en citant aussi sa politique visant à réaliser une économie verte.  Ces mesures s’accompagnent d’un plan de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui figure dans la Vision 2030 pour la Mongolie.  Il est essentiel d’accroitre l’assistance technique aux pays comme le sien, a demandé le Ministre en s’adressant aux acteurs de la coopération internationale, avant d’annoncer que la Mongolie allait ratifier très prochainement l’Accord de Paris.

M. MILNER TOZAKA, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a appelé les pays développés à renforcer leurs actions en faveur de l’atténuation des effets des changements climatiques et pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius.  L’Accord de Paris fait partie du Programme de développement à l’horizon 2030, a-t-il rappelé en faisant aussi référence au Plan d’action d’Addis-Abeba pour le financement du développement.  Il a fait part des efforts déployés par son gouvernement pour adopter des mesures visant à appliquer le Programme 2030, notamment ses objectifs environnementaux.  Il a ainsi cité ses projets de construction de centrales géothermiques, mais prévenu qu’il faudrait une aide extérieure pour les mener à bien.

Mme SHARON DIJKSMA, Ministre de l’infrastructure et de l’environnement des Pays-Bas, a réaffirmé que les Pays-Bas et l’Union européenne allaient s’acquitter de leur part dans la lutte contre les changements climatiques.  Les Pays-Bas ont déjà réduit leurs émissions de gaz à effets de serre, et, d’ici 2030 l’objectif est une baisse d’au moins 30%.  La Ministre a invité l’ensemble des gouvernements et les industries à relever le défi climatique, qui, à ses yeux offre d’énormes opportunités.  Elle est consciente que la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat exige des actions en matière de tarification des émissions de carbone et de développer des mesures pour la résilience climatique.  Par ailleurs, il faudrait des indicateurs pour suivre et évaluer les progrès réalisés sur cette voie de manière détaillée et pour parvenir à un développement à faible emprunte carbone.  « Aujourd’hui, beaucoup de pays ont signé l’Accord, la prochaine étape sera sa ratification mais il faut commencer à travailler dès maintenant pour pouvoir éviter une augmentation de moins de 2 degré Celsius de la température mondiale », a averti la Ministre.

M. HASSAN ABDELGADIR HILAL, Ministre de l’environnement, de la foresterie et du développement physique du Soudan, a expliqué que ces deux dernières années, le Soudan avait participé à des négociations longues et difficiles au sein du Groupe africain dont il a salué l’esprit de coopération avec l’ensemble des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques.  Le Soudan s’engage à respecter les dispositions de l’Accord de Paris sur le climat et lance un appel à tous les pays afin qu’ils abandonnent les procédures unilatérales puisque, « après tout, l’objectif est une mise en œuvre juste et équitable de cet accord ».  Le Soudan est en train d’essayer d’obtenir un soutien financier et technique pour ses stratégies sectorielles visant à atteindre les objectifs fixés à Paris.  Il s’apprête à lancer des programmes de reboisement et a l’intention de ratifier l’Accord de Paris sous peu.

M. CONSTÂNCIO DA CONCEICAO PINTO, Ministre du commerce, de l’industrie et de l’environnement du Timor-Leste, a affirmé que l’événement d’aujourd’hui était véritablement historique et que l’engagement des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement à prendre des mesures concrètes en vue de s’attaquer aux effets des changements climatiques devait aller de pair avec l’action de leurs partenaires et autres parties prenantes.  Le Ministre a exhorté les pays développés à assurer le rôle de chef de file en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre et en remplissant leurs promesses de longue date sur les moyens de mise en œuvre.  Il a également dit reconnaître le rôle joué par la société civile, le milieu universitaire et le secteur privé dans les efforts visant à garantir un succès collectif.

M. NIERMALA BADRISING, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a affirmé que son gouvernement demeurait engagé à contribuer à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.  L’un des éléments clefs de sa politique, à cet égard, est la mise en vigueur de la réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD).  Le Suriname, a-t-il dit, reconnaît toutefois que la réalisation de ces aspirations exige beaucoup plus de ressources que ce dont il dispose.  Le Gouvernement, a dit le Ministre, insiste que soient développés des mécanismes d’appui techniques et financiers dans le contexte des cadres financiers existants, en particulier en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en vue d’aider des pays en développement comme le Suriname.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères et de la CARICOM de Trinité-et-Tobago, a dit que le Gouvernement finalisait actuellement sa politique de développement à long terme « Vision 2030 » qui sera alignée aux objectifs de développement durable et à l’Accord de Paris.  Il a aussi pris d’autres actions en préparation de la mise en œuvre de cet Accord.  Le Gouvernement a lancé le processus de révision de la Politique nationale sur les changements climatiques en prenant en compte l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable.  Le Gouvernement s’est engagé à maximiser l’utilisation de l’énergie renouvelable avec un objectif de 10% d’ici à 2020.  Il a en outre mis en place des incitations fiscales afin d’encourager le déploiement de la technologie des carburants de remplacement et du carburant hybride dans le secteur du transport.  Le Gouvernement cherchera à explorer et à encourager les possibilités d’investissement dans l’énergie renouvelable et propre pour la production d’énergie et le secteur industriel.  Le Ministre a terminé en disant que le partenariat est nécessaire pour la réussite de tous ces plans.

M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a insisté sur la vulnérabilité climatique de son pays qui connaît en ce moment même des inondations dans le nord et la sécheresse dans le sud, ce qui entrave les efforts de développement économique et social sur cinq ans.  Pour son gouvernement, la signature de l’Accord de Paris sur le climat s’inscrit directement dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Mozambique a déjà soumis sa contribution nationale déterminée et prépare des plans locaux pour l’adaptation aux changements climatiques.  Quoique désireux d’en faire plus, le Mozambique est limité par les ressources rares et appelle à l’aide bilatérale et multilatérale pour relever ensemble le défi de l’Accord de Paris. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a souligné la grande vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques, pays côtier où se concentre 90% de la population et 70% des sources de richesse, la majorité des activités économiques étant menées à l’extérieur comme la production alimentaire et le tourisme.  La semaine dernière, l’Uruguay a été confronté une nouvelle fois à la dévastation causée par des évènements climatiques extrêmes, a-t-il rappelé, en déplorant les pertes en vie humaine, ainsi que les pertes économiques et d’infrastructures.  La lutte contre les changements climatiques est donc la plus haute priorité pour son pays qui se concentre sur l’adaptation des communautés les plus vulnérables.  Les émissions uruguayennes ne représentent que 0,05% des émissions mondiales, a-t-il dit, en précisant les efforts néanmoins menés pour les réduire encore.  En Uruguay, 55% de l’énergie consommée est renouvelable et 60% de l’électricité provient d’une source éolienne.  Enfin, il a indiqué que le pouvoir législatif serait chargé de ratifier l’Accord de Paris à brève échéance.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a cité le décret présidentiel de 2012 qui a adopté une stratégie nationale turkmène sur les changements climatiques.  En outre, un programme national sur les forêts a été adopté en 2013, qui prévoit un inventaire de toutes les forêts d’ici à 2020 ainsi que des mesures visant à rétablir les forêts sur les zones arides.  Elle a dit que son pays utilisait des technologies de plus en plus propres, notamment dans l’industrie des transports.  Le Turkménistan, a-t-elle assuré, poursuit l’objectif d’économie à bas carbone pour ne pas dépasser une augmentation de 2 degrés Celsius d’ici à 2050 par rapport à la période préindustrielle.  Le Président turkmène a présenté une initiative pour la création d’un centre régional de technologies sur les changements climatiques pour la région d’Asie centrale, qui devrait être lancé cette année à Ashgabat.

M. RUPA ABRAHAM MULINA (Papouasie-Nouvelle-Guinée), a salué l’engagement dont les pays ont fait preuve aujourd’hui lors de la signature de l’Accord de Paris sur le climat et s’est engagé à le ratifier dans l’année.  Il s’agit d’un pas important dans la bonne direction, selon lui, non seulement pour l’humanité et les écosystèmes, mais également en tant qu’appel à l’action de toutes les parties prenantes pour combattre les changements climatiques.  « Il est impératif d’agir maintenant, pas demain, et à tous les niveaux » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a souligné le représentant.  La Papouasie a présenté en premier sa contribution nationalement déterminée et fait partie des rares pays à s’être doté d’une loi sur les changements climatiques en 2015.  Dans le cadre de l’application de cette contribution, la Papouasie a opté pour le gaz naturel et la conservation de ses forêts et a mis en place une infrastructure institutionnelle pour supporter son action climat.

Mme FATMA GULDEMET SARI, Ministre de l’environnement et de la planification urbaine de la Turquie, a prédit que le succès de l’Accord de Paris dépendrait de la tenue des engagements en matière de financements.  La Turquie se dirige vers la réalisation d’une économie à faible carbone, a-t-elle dit avant d’indiquer avoir signé l’Accord de Paris.  Nous allons réduire les gaz nocifs comme prévu, a-t-elle assuré, en demandant de faciliter l’accès aux financements pour pouvoir y arriver.  Cette question n’a pas pu être réglée à Paris et nous coopérons avec d’autres pour trouver des solutions, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi mentionné les mesures prises par son pays pour lutter contre la dégradation de l’environnement.  Enfin, elle a annoncé que la Turquie était candidate pour accueillir la COP en 2020.

M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a insisté sur la nécessité, maintenant que les États ont signé l’Accord de Paris sur les changements climatiques, de passer rapidement à son application.  La Tanzanie a été l’un des premiers pays à soumettre sa contribution nationalement déterminée à la fois pour l’adaptation et la mitigation, et s’engage dans une politique de développement axée sur la résistance au climat.  Elle a pour objectif de figurer parmi les pays à revenu moyen d’ici à 2025 tout en optant pour une croissance économique durable en misant notamment sur la foresterie, le gaz naturel comme source d’énergie.

Pour M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine), les changements climatiques représentent l’une des plus grandes menaces pour l’humanité et empêchent le progrès de la civilisation moderne.  Il a assuré qu’en dépit des problèmes auxquels son pays était confronté, l’Ukraine respecterait ses engagements internationaux en vertu de l’Accord de Paris.  Pour garantir son succès, l’Ukraine souhaiterait que cet accord prévoit des exigences et des procédures claires et spécifiques pour pouvoir rendre toutes les parties responsables tant au plan national qu’international.

Déclarations de clôture

Mme MARÍA PUERTAS,  Ministère des affaires étrangères du Pérou, au nom de la Conférence des Parties, a assuré que son pays œuvrait pour parvenir en 2020 à l’objectif de devenir un pays responsable.  Après la signature de l’Accord de Paris, a-t-elle dit, nous sommes entrés dans une nouvelle phase qui exige le financement du climat et le renforcement de la coopération internationale, dans le respect du principe de la responsabilité commune et différenciée.  Elle a souligné l’importance du rôle de la société civile et du secteur privé dans cet effort.  « La COP22 sera la Conférence de l’action », a-t-elle espéré, en lançant un appel à tous les États pour qu’ils entament le processus de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.

Mme SÉGOLÈNE ROYAL, Ministre de l’environnement de la France, a déclaré que le courage, l’action collective et la vision de l’avenir avaient été les maîtres-mots à avoir accompagné la conclusion et la signature de l’Accord historique de Paris.  À l’avenir, il faudra faire preuve de créativité, de combativité et d’espérance, a prévenu Mme Royal, en soulignant que l’idéal serait de parvenir au plus vite aux 55 ratifications qui représentent 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour faire entrer en vigueur l’Accord de Paris sur le climat.  Pour elle, une des priorités est maintenant de travailler sur les « coalitions », c’est-à-dire les actions opérationnelles qui vont permettre de faire reculer les changements climatiques.  La Ministre française de l’environnement a également attiré l’attention sur l’importance des échéances que seront, entre autres, les réunions du G-7 et du G-20, et la présidence marocaine de la COP22.

M. SALAHEDDINE MEZOUAR, Ministre des affaires étrangères du Maroc et Président de la COP22, a rendu hommage aux militants de la lutte contre les changements climatiques et remercié le Secrétaire général et la famille des Nations Unies.  Il a salué le retour en force du Canada et souhaité la bienvenue à l’État de Palestine.  Le Maroc réaffirme son engagement de prendre, dès que possible, les mesures nécessaires pour la ratification de l’Accord de Paris sur le climat.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le climat sont étroitement liés, a ajouté le Ministre.  Il faut convenir d’une feuille concrète, claire et prévisible en vue de mobiliser des fonds pour le financement de projets, en donnant la priorité à l’adaptation.  « La COP21 était celle de l’engagement et, grâce à la coopération de tous, la COP22 sera celle de l’action et de la concrétisation », a-t-il assuré.  Il faut maintenir l’élan et l’ambition affichés à Paris.  C’est en Afrique que les conditions climatiques changent le plus rapidement, a fait remarquer le Ministre avant de conclure.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a estimé qu’avec leurs signatures, aujourd’hui, « les gouvernements ont fait un pacte avec l’avenir ».

Les enfants présents à l’Assemblée générale, ce matin, nous ont rappelé les responsabilités que nous avons vis-à-vis d’eux et des générations futures, a-t-il déclaré.

Pour le Secrétaire général, ces signatures représentent un vote de confiance dans le cadre d’une nouvelle approche des changements climatiques.  Il a jugé impératif que cet élan politique fort continue de croître.

Si tous les pays, qui ont signé aujourd’hui accèdent à l’Accord de Paris au niveau national, le monde aura rempli ses obligations juridiques pour permettre à l’Accord d’entrer en vigueur, soit par la ratification par 55 pays représentant 55% des émissions globales de gaz à effet de serre. 

M. Ban a assuré qu’il fera tout ce qui ce qui est en son pouvoir pour nous aider à atteindre cet objectif.  Il a encouragé les pays à relever le niveau de leurs ambitions.  Il a exhorté les dirigeants mondiaux à continuer de fournir des orientations politiques directes.

Le Secrétaire général a dit également qu’il comptait sur la société civile et les jeunes du monde pour s’assurer que les gouvernements remplissent les promesses qu’ils ont faites.

« Nous avons parcouru un grand chemin », a reconnu le Secrétaire général.  « Nous avons un long chemin à parcourir », a-t-il ajouté.  « Quand je regarde l’horizon, je vois, plus clairement que jamais, les contours d’un monde meilleur », a-t-il dit avant de conclure.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement est appelée à rapprocher les différences et briser le cycle des échecs à la fin de sa session de fond de 2016

Session de fond de 2016
359e & 360 séances – matin & après-midi
CD/3624

La Commission du désarmement est appelée à rapprocher les différences et briser le cycle des échecs à la fin de sa session de fond de 2016

La Commission du désarmement a clôturé aujourd’hui sa session de fond de 2016, entamée le 4 avril dernier, en adoptant par consensus le rapport de la Commission et les rapports de ses deux groupes de travail.  Mais les États Membres n'ont pas pu se mettre d'accord sur les recommandations concernant les questions à son ordre du jour. 

Au cours des trois semaines de travaux, les États Membres ont participé de façon constructive aux négociations qui ont permis d’enregistrer des progrès, a affirmé M. Thomas Markram, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement.  Le Président de la Commission, M. Odo Tevi, de Vanuatu, a également salué le travail positif et la discussion approfondie qui ont permis de rapprocher les différences.  Le désarmement ne peut pas se faire seul et nécessite la coopération entre toutes les parties prenantes afin de réaliser des avancées, a-t-il dit.

Présentant le rapport du premier Groupe de travail intitulé « Recommandations en vue de la réalisation de l’objectif du désarmement nucléaire et de la non-prolifération des armes nucléaires », le représentant du Kazakhstan et Président du Groupe, M. Kairat Abdrakhmanov, a noté qu’en dépit des différences, les États Membres ont travaillé sans relâche pour trouver un terrain d’entente.

Le rapport du deuxième Groupe de travail intitulé « Mesures pratiques de confiance dans le domaine des armes classiques » a été présenté par le représentant du Maroc, M. Bouchaib Eloumni, son Président.  Il a indiqué qu’à chaque étape des négociations, il a essayé d’identifier des terrains d’entente et qu’un bon processus est en marche.  Il a indiqué qu’il travaillerait pendant la période intersessions afin de trouver un consensus à la prochaine session de la Commission.  Il a estimé que ces efforts pourraient servir de base pour les travaux futurs de la Commission sur les mesures de renforcement de la confiance.  « Je ne ménagerai aucun effort pour briser le cycle des échecs », s’est-il engagé.

M. Tomasz Tokarski, représentant de la Pologne et Rapporteur de la Commission, évoquant le rapport de celle-ci, a reconnu qu’il n'y avait pas d'accord entre les États Membres sur des recommandations concrètes.  Toutefois, a-t-il dit, les négociations ont aidé la Commission à clarifier les positions même si le consensus semble être difficile à réaliser.   

En outre, la Commission a examiné une proposition d’un troisième point de l'ordre du jour pour la période restante de son cycle triennal 2015-2017, à savoir, « la transparence et les mesures de confiance dans les activités dans l’espace extra-atmosphérique. »  Après une suspension de séance, la Commission a finalisé le texte de cette proposition tel que modifié oralement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Clôture de la session extraordinaire sur la drogue: l’Assemblée générale s’engage à combattre le problème de façon humaine et équilibrée

Trentième session extraordinaire,
4e & 5e Tables rondes
AG/11778

Clôture de la session extraordinaire sur la drogue: l’Assemblée générale s’engage à combattre le problème de façon humaine et équilibrée

L’Assemblée générale a clôt cet après-midi les travaux de sa trentième session extraordinaire sur le problème mondial de la drogue en lançant un appel à la promotion du bien-être des personnes et à l’adoption d’une démarche globale, intégrée et équilibrée.  

« Nous avons assisté à un processus de réflexion historique », s’est félicité le Président de la séance, M. Jean-Francis Régis Zinsou, Représentant permanent du Bénin.

Chefs d’État et de gouvernement, ministres, délégués et représentants de la société civile se sont réunis du 19 au 21 avril 2016, à New York, pour faire le point sur l’application de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.

Cette session extraordinaire a permis aux États Membres, avec la contribution des membres de la société civile, « de mesurer le bilan humain de ce fléau ».  M. Zinsou a dit espérer que des mesures seront prises en vue du renforcement de leur engagement.

Les États Membres ont montré qu’ils se souciaient du problème mondial de la drogue et des personnes qui en sont les plus durement touchées, a ajouté le Président.  D’après lui, « la solution réside dans une démarche plus humaine, respectueuse des droits de l’homme et fondée sur des preuves scientifiques ».  Il a encouragé tous les participants à garder à l’esprit les principes clefs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à ne laisser personne de côté. 

À l’ouverture de la session, le 19 avril, l’Assemblée avait adopté par consensus le document final* intitulé « Notre engagement commun à aborder et à combattre efficacement le problème mondial de la drogue ».

Les États Membres y réaffirment leur préoccupation face aux problèmes de santé individuelle et publique, de société et de sécurité qui résultent de l’abus de stupéfiants et de substances psychotropes, en particulier chez les enfants et les jeunes, et face à la criminalité liée aux drogues.  Ils se disent déterminés à prévenir et traiter l’abus de drogues et à décourager et combattre la culture illicite des plantes servant à les fabriquer, la production et la fabrication illicites de ces substances, de même que leur trafic.

Dans ce document de 27 pages, les États formulent une série de recommandations pratiques concernant, notamment, la prévention et le traitement, la disponibilité des substances contrôlées à des fins médicales, la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption, la lutte contre les nouvelles substances psychoactives et les dérives d’Internet.

Les présidents des cinq tables rondes interactives de haut niveau organisées en marge du débat général, dont deux aujourd’hui, ont résumé les points saillants des débats.  Ces tables rondes ont porté sur les drogues en rapport avec la santé, le crime, les droits de l’homme, et aujourd’hui, sur les drogues et les nouveaux défis et le développement alternatif.

La Convention unique sur les stupéfiants de 1961, telle que modifiée par le Protocole de 1972, la Convention sur les substances psychotropes de 1971, la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988 constituent le fondement du régime international de contrôle des drogues.   

*A/S-30/L.1

SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE PROBLÈME MONDIAL DE LA DROGUE

Table ronde 4 multipartite interactive

« Questions transversales: nouveaux défis, menaces et réalités dans le cadre de l’action visant à prévenir et combattre le problème mondial de la drogue, conformément au droit international applicable, notamment les trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues; renforcement du principe de la responsabilité commune et partagée, et amélioration de la coopération internationale »

M. URMAS REINSALU, Coprésident de la table ronde, a affirmé que la communauté internationale se heurte à de nouveaux défis avec de nouveaux groupes d’intérêt et qu’il faut, à cet égard, regrouper nos actions.

M. YESID REYES ALVARADO, Ministre de la justice et du droit de la Colombie, a noté une augmentation de 55% entre 2014 et 2015 de l’offre de nouveaux stupéfiants apparus ces 10 dernières années.  Les produits sont de plus en plus sophistiqués et diversifiés et cela pose de nouveaux problèmes de détection.  Ils sont vendus dans des paquets qui cachent leur composition réelle et les informations dont nous disposons les concernant sont maigres.  Nous ne connaissons pas les risques qu’ils posent à la santé et aux consommateurs, a-t-il indiqué.  Sur 70 nouvelles drogues synthétiques, la moitié a une nocivité encore plus grave.  Ces drogues ne sont plus produites dans les pays du Sud, mais dans les pays consommateurs.  Notre stratégie de lutte contre la toxicomanie doit évoluer, car elle n’est pas adaptée à cette nouvelle réalité, a-t-il précisé, estimant qu’il faut utiliser les médiaux sociaux pour lutter contre cette nouvelle filière.  C’est une occasion à saisir pour faire évoluer les conventions sur le contrôle des drogues et, également, recourir à Internet qui est un outil prisé des jeunes y compris des jeunes consommateurs et des criminels, a-t-il conclu. 

Mme CHLOE DUNNET, National Drug Coordinator du Royaume-Uni, a évoqué l’importance du partage d’informations entre les pays producteurs et consommateurs sur les nouveaux stupéfiants.  Elle a encouragé les États à créer un système d’information qui recueille toutes les informations relatives aux nouvelles substances et la communauté internationale à développer des recherches sur les substances dangereuses.  Le Royaume-Uni est prêt à aider l’OMS dans ces recherches, a-t-elle assuré, affirmant en outre qu’il faut aussi adapter la législation pour répondre aux menaces que font poser ces nouvelles substances.  

M. LIU YUEJIN, Commissionnaire adjoint de la Commission nationale de contrôle de la drogue de la Chine, a souligné l’importance de la responsabilité partagée dans la lutte contre la drogue au niveau international.  Il a estimé qu’une approche complète et équilibrée peut traiter la menace posée par les drogues et appelé les pays à avoir un objectif commun dans cette lutte.  Les pays producteurs et consommateurs doivent traiter la menace ensemble, a-t-il dit, car la répression de la production de drogues dans les pays pauvres ne suffit pas.  Il faut s’attaquer aussi à la consommation dans les pays développés.  Quatorze nouvelles substances nocives ont été ajoutées à la liste des stupéfiants en Chine, a indiqué le représentant, qui a appelé les pays consommateurs à réduire la demande et à aider les pays producteurs.  L’abus de drogues est une menace à la sécurité publique, a ajouté le représentant, affirmant qu’il fallait par ailleurs respecter la souveraineté des pays dans la lutte contre la drogue.

M. MATER KOSIR, représentant de la société civile et Doyen de l’Institut de recherche pour le développement de la Slovénie, a noté que de nombreux États ont adopté des lois compliquées pour lutter contre les nouvelles substances.  Il a conseillé aux gouvernements de promulguer des lois plus simples mais de qualité pour les services et les programmes de lutte contre les stupéfiants, qui devraient permettre le recours au principe de précaution, et imposer un contrôle rapide des nouvelles substances.  Il faut développer des approches différentes pour suivre les nouvelles tendances du marché, a-t-il dit, estimant que ces normes devraient être calquées sur celles de l’UNODC.

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a affirmé que pour traiter les nouveaux problèmes posés par les nouvelles substances et leurs fabricants, il faut une coopération internationale accrue basée sur les trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues.

M. LENOIR, observateur de l’Union européenne, a noté le rythme rapide de l’arrivée de nouvelles substances sur le marché.  En 2009, 20 nouvelles substances ont été répertoriées.  En 2016, plus de 100 substances psychoactives sont connues.  Puisque l’offre est mondialisée, il faut aussi une réponse mondialisée, a-t-il affirmé, estimant que l’Internet doit faire partie de la solution.

Le Ministre de la justice d’Italie, M. ANDREA ORLANDO, a estimé qu’il faut répondre rapidement à l’émergence de nouvelles substances et a encouragé la communauté internationale à renforcer la coopération en la matière.  L’utilisation par les jeunes de l’Internet pour se procurer des drogues est une menace qui exige à son avis une réponse coordonnée au niveau international.  Constatant l’émergence de nouvelles substances sur le marché, il a indiqué qu’il faut surveiller le changement d’acheminement de la production de drogues, notamment en Afrique, qui est devenue une escale entre l’Amérique et l’Europe.

La Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, Mme KAMINA JOHNSON SMITH, a déclaré que son gouvernement avait adopté une loi sur les substances dangereuses pour prévenir les risques de consommation de la drogue, notamment chez les jeunes.  Elle a indiqué que 3 457 jeunes qui ont commis des « délits mineurs liés à la drogue, ont été relâchés, leur crime étant mineur.  Il faut un mécanisme pour évaluer la lutte mondiale contre la drogue depuis l’arrivée notamment de nouvelles substances sur le marché, a-t-elle dit, estimant qu’il était temps de revoir les dispositions des conventions internationales relatives au contrôle des drogues. 

Le représentant des États-Unis a reconnu que les nouvelles substances toxiques avaient envahi les marchés et que leurs fabricants s’enrichissaient outrageusement.  Les produits ne sont pas contrôlés et les producteurs arrivent à changer rapidement leur composition dans le cas où ils sont traqués, a-t-il dit.  Internet joue un rôle majeur sur ce marché, les jeunes pouvant acheter jusqu’à 1 kg de ces substances en ligne.  Il faut une réponse suffisamment efficace qui réponde aux besoins nationaux et son pays est disposé à relever ce défi avec ses partenaires nationaux et internationaux, a-t-il précisé.

Le représentant de l’Inde a souligné l’importance d’une coopération étroite dans la répression de la drogue et a énuméré les initiatives indiennes dans ce sens, dont l’organisation en 2015 d’une conférence internationale sur la lutte contre le flux financier illicite et la création d’un centre de coordination régionale de contrôle du blanchiment d’argent.

Le représentant de Singapour a affirmé que les nouvelles substances psychotropes ne sont pas enregistrées dans les législations nationales.  Le Gouvernement de Singapour a inscrit les substances connues de façon temporaire pour vérifier si elles sont nocives.  « Nous avons aussi cherché à savoir si elles sont utilisées et qui les utilisent », a précisé le représentant, qui a noté l’utilisation accrue d’Internet pour le commerce des substances psychotropes.  C’est un défi pour les forces de l’ordre, a-t-il dit, préconisant le partage d’informations et le renforcement de capacité pour les investigations.

Le représentant d’El Salvador a proposé une approche élargie pour faire face au fléau de la drogue.  La stratégie nationale de lutte contre la drogue, qui comprend la lutte contre la cybercriminalité, s’appuie sur les sources publiques et privées, a-t-il expliqué.  La coopération internationale et l’aide financière et technique doivent par ailleurs être cohérentes, a-t-il souhaité.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rappelé que depuis l’adoption des conventions internationales de contrôle des drogues, plus 250 substances ont été évaluées par l’OMS, dont 16 substances psychotropes.  Leur caractéristique est qu’elles apparaissent et disparaissent rapidement sur le marché, a-t-il précisé, et cela rend leur dépistage difficile.  Il est aussi difficile pour les laboratoires de savoir quelles substances analyser, étant donné la rapidité de leur apparition sur le marché.

La représentante de la société civile du Soudan a insisté sur l’importance du partage de connaissances avec les jeunes concernant le fléau de la drogue.  Des centres de prise en charge des toxicomanes ont été créés dans les prisons, a-t-elle indiqué, et ceux-ci peuvent en sortir pour suivre leur traitement accompagnés d’un proche.  Il faut utiliser les médias pour accélérer la prise de conscience sur le problème de la drogue.

La représentante de la Malaisie a déclaré que son pays s’efforce d’établir l’équilibre entre le traitement des toxicomanes et la prévention de la toxicomanie.  Elle a souligné les risques que posent les nouvelles substances psychotropes et l’apparition de nouvelles méthodes de contournement utilisées par les criminels.  Ces nouvelles substances sont inscrites dans le registre national des médicaments pour faciliter les investigations, et il y a eu des formations de personnel pour le dépistage et l’identification de ces substances.

La représentante d’Israël a déclaré que son pays a beaucoup progressé dans le domaine de la recherche sur les nouvelles substances psychotropes.  Concernant le cannabis, un débat public sur sa consommation est en cours.  Elle a précisé que le cannabis est illégal en Israël.

Le représentant de la Suisse a affirmé qu’il faut prendre des décisions fondées sur des données concernant les nouvelles substances.  Les trois conventions internationales de contrôle des drogues fournissent une marge de manœuvre suffisante face aux nouvelles substances, a-t-il dit, plaidant par ailleurs contre l’incarcération pour les délits mineurs liés à la drogue.

Le représentant du Kazakhstan a déclaré que son gouvernement avait pris des mesures contre les nouvelles substances.  Les trafiquants et les consommateurs risquent 20 ans de détention ou la prison à vie.

Le représentant du Japon a souligné que la fabrication, la vente et la consommation des nouvelles substances sont interdites dans son pays.  Plus de 2 000 substances sont contrôlées.  Les laboratoires de fabrication ont été fermés. 

Le représentant de l’Indonésie a souligné l’importance d’Internet dans le commerce de nouvelles substances psychotropes et demandé l’aide technique internationale, en appelant au renforcement de capacité pour surmonter cette nouvelle forme de menace.

La représentante de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a noté le recours massif à l’Internet par les trafiquants et les réseaux criminels dans l’écoulement des drogues.  Elle a plaidé pour le renforcement des capacités et l’aide financière, le partage d’information et l’échange d’informations pratiques entre les gouvernements.  Il faut développer de nouveaux instruments et technologies, notamment pour traiter la consommation de drogues, et surveiller les agissements des trafiquants et des criminels, a-t-elle conclu.

Le représentant de l’Afghanistan a déclaré que son pays est la principale victime de la drogue, indiquant que le Gouvernement venait d’adopter il y a deux jours un nouveau plan d’action de lutte contre la drogue.  La culture du pavot se fait dans les zones contrôlées par les Taliban qui s’en servent pour financer leurs activités terroristes, a-t-il affirmé.  Le représentant a appelé à l’aide internationale dans le combat contre le terrorisme.

Le représentant de war.org a demandé une « révision des trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues, comme l’ont fait la Jamaïque et la Colombie.

La représentante de l’Équateur a lancé un appel analogue, déplorant le fait que 80% de prisons de son pays sont remplies de délinquants liés à la drogue.  Les sanctions doivent être proportionnelles aux crimes commis, a-t-elle souligné, affirmant par ailleurs qu’il était indispensable de songer à la lutte contre le blanchiment d’argent et au flux financier.

Le représentant de Brésil a estimé que les solutions aux nouvelles substances reposaient sur la coopération entre les États, les institutions des Nations Unies et la société civile.  Il ne faut pas attendre que ce problème s’aggrave avant d’agir, a-t-il déclaré.

Le représentant des peuples autochtones du Mexique a regretté l’interdiction de l’usage des plantes sacrées du pays, qui sont, à son avis, des victimes collatérales des trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues.  Il ne s’agit pas de drogues, mais de plantes qui servent aux peuples autochtones pour leur résilience et durabilité, a-t-il expliqué.

Table ronde 5 multipartite interactive

Dans ses remarques d’ouverture de la cinquième et dernière table ronde organisée dans le cadre de la session spéciale de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue, qui avait pour thème « Développement alternatif; coopération régionale, interrégionale et internationale pour des politiques antidrogue équilibrées et axées sur le développement; mesures pour faire face aux problèmes socioéconomiques », le Président du Pérou, M. OLLANTA HUMALA TASSO, qui présidait cette séance, a expliqué que dans son pays on a fait la part des choses entre les productions légales et illégales de feuilles de coca.  En 2011 on estimait à environ 65 000 hectares les cultures de coca, alors qu’aujourd’hui elles en représentent moins de la moitié.  Une grande partie de cette transformation s’est faite par l’offre de cultures alternatives.  Le Président péruvien a appelé à des partenariats stratégiques, y compris avec les pays qui représentent la plus forte demande pour ces drogues, faute de quoi, a-t-il dit, il n’est pas possible d’être efficace et trouver des solutions communes au problème de la drogue de façon intégrée.  « Aucune famille n’est à l’abri de la menace des drogues », et par conséquent ce problème concerne tout le monde, a noté le Président, avant de laisser la parole aux panélistes. 

Pour M. MIGUEL RUIZ-CABAÑAS IZQUIERDO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et des droits de l’homme du Mexique, les programmes contre les drogues ne peuvent être dissociés du développement durable.  Le Mexique se félicite que l’Agenda 2030 consacre une section spéciale à ce problème et propose une nouvelle structure qui ne se limite pas à l’analyse classique, en incluant de nouveaux concepts et un nouveau langage pour aborder le phénomène mondial des drogues.  L’appel pour renforcer la perspective « développement » lui semble très important parce que jusqu’à présent les efforts se limitaient à des programmes de cultures alternatives sans prendre en compte l’approche intégrée du développement durable.  Le Ministre a fait trois propositions concrètes à l’ONU: une compilation, faite par les services du Secrétaire général, de l’information disponible sur la façon dont les différents organes des Nations Unies peuvent contribuer au suivi des résultats de cette session spéciale; une étude, réalisée par le PNUD, sur le lien entre les problèmes des drogues et le développement, et une étude réalisée par le PNUE sur les relations entre environnement et drogue.  Il a par ailleurs proposé la convocation d’un forum international de dialogue pour partager les expériences concrètes, notamment sur les alternatives à l’emprisonnement des mineurs pour des questions de drogue.  Le Mexique demande aussi à l’OMS d’élaborer une étude sur l’accès aux médicaments dérivés de l’opium pour les soins palliatifs en vue de permettre aux 80% de la population mondiale d’y accéder.

Pour Mme MARLENE MORTLER, Commissaire fédérale contre les drogues de l’Allemagne, le développement alternatif est une composante de longue date des politiques européenne et allemande de la lutte antidrogue, et elle a salué le fait qu’elle soit mise en exergue ici.  Elle souhaiterait aussi promouvoir des approches responsables et humaines dans le contexte des politiques antidrogue.  La Commissaire s’est dite pleinement consciente des problèmes inhérents aux agriculteurs qui se trouvent souvent dans des zones isolées, estimant qu’on ne pouvait pas limiter les efforts aux territoires nationaux en Occident, mais tendre la main aux pays producteurs de drogue.  L’accès à la terre, aux marchés, aux débouchés pour les produits agricoles et l’autonomisation des communautés agricoles n’avaient pas été suffisamment débattus jusqu’à présent, selon elle.  Le développement alternatif malheureusement reste confronté à un certain scepticisme depuis l’adoption du plan d’action de 2009, ce qu’elle explique par le fait qu’on ne comprend pas encore bien la logique derrière cette approche.  Elle espère qu’en 2016 cet obstacle pourra être dépassé, le développement alternatif n’étant pas une solution à court terme, a-t-elle précisé.

Elle a également déploré l’écart qui persiste entre les engagements politiques et les financements consentis au développement alternatif qui restent extrêmement modestes et à court terme en dépit de sa visibilité politique et a mis en avant le lien entre développement alternatif et environnement, ce qui permettrait d’élargir les partenariats possibles.  Elle a encouragé des investissements supplémentaires dans la recherche sur le développement alternatif et demandé à ce qu’il soit placé dans le contexte plus large du développement durable à l’horizon 2030.

M. DISNADDA DISKUL, Secrétaire général de la Fondation Mae Fah Luang établie sous le patronage royal de la Thaïlande, a rappelé qu’en 1960 son pays était le plus grand producteur d’opium dans le monde.  Grâce aux politiques menées depuis, la Thaïlande ne figure désormais plus sur la liste de l’ONUDC des pays producteurs d’opium.  Pour lui, il ne fait pas de doute que le développement alternatif et le développement durable sont étroitement liés car ils prennent en compte la nécessité pour les personnes de pouvoir subvenir à long terme à leurs besoins.  M. Diskul a prôné une vue à long terme axée sur la personne pour réussir les politiques antidrogue.  À son avis, les impacts directs sur les personnes dans tous les aspects de leur vie doivent devenir les indicateurs des programmes bien conçus pour contribuer à la réalisation des ODD.  En outre, il faut, selon lui, des engagements de la part de toutes les parties prenantes et la population locale doit s’approprier ces programmes.  Par ailleurs, il faut également penser aux zones urbaines dans le cadre du développement alternatif et envisager des politiques visant la dignité des personnes à travers l’éducation et l’emploi pour pouvoir lutter contre la demande des drogues.

Pour M. CHRISTIAN LEFFLER, Secrétaire général adjoint pour les questions économiques et mondiales du Services d’action externe européenne, le développement alternatif est une composante importante de la lutte antidrogue dans le monde, dans la mesure où il propose de nouveaux moyens de subsistance et de nouvelles options aux producteurs agricoles de drogue.  L’Union européenne est active dans ce domaine, notamment en Amérique latine, mais également en Afghanistan, en Thaïlande et au Laos.  Il faut, selon lui, perfectionner le concept et accepter que son succès s’inscrive dans le long terme.  En accordant la priorité aux agriculteurs et aux personnes il est possible de leur offrir de nouvelles chances économiques, a-t-il dit.  L’Union européenne espère que le développement alternatif bénéficiera de plus de financements à l’avenir, y compris de la part du secteur privé. 

L’engagement des gouvernements qui font face à des cultures illicites est un autre facteur clef du succès du développement alternatif, a poursuivi l’intervenant.  Les autorités doivent garantir l’état de droit et une présence appropriée dans tout le pays, notamment par le biais de services de base de qualité. 

Pour M. Leffler, il reste un défi conceptuel à dépasser, à savoir que le développement alternatif ne doit pas s’adresser uniquement aux communautés rurales.  À ce titre il a évoqué le cas des drogues synthétiques.

Mme NANG PANN EI KHAM, Groupe de plaidoyer antidrogues du Myanmar, qui représente la société civile, a plaidé en faveur de politiques plus humaines dans la lutte antidrogue, soulignant que la plupart des personnes qui cultivent des opiacés le font pour répondre à leurs besoins.  Il leur est souvent difficile d’accéder aux marchés en raison des infrastructures insuffisantes, a-t-elle fait observer, estimant qu’il fallait par conséquence traiter ces agriculteurs comme tels et non pas comme des criminels, ce qui implique un changement dans la façon d’aborder les choses.  Sans culture de l’opium, ces agriculteurs ne peuvent subvenir aux besoins de leurs familles.  Les autorités devraient leur apporter des services de base et les politiques de développement devraient également s’adresser à eux si l’on veut qu’ils renoncent à ces cultures illicites, a indiqué Mme Nang Pann Ei Kham, qui est présente à New York comme leur porte-parole.

Après avoir entendu les interventions des panélistes, le Président du Pérou a souhaité attirer l’attention sur la question de la demande de la drogue et entendre l’avis des pays qui en sont les plus grands consommateurs. 

Pour M. YURY FEDOTOV, Directeur général de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), réduire les cultures illicites du pavot et de la coca doit se faire en parallèle avec la réduction de la marginalisation des communautés locales qui produisent ces plantes.  Il a souligné que les principes directeurs des Nations Unies sur le développement alternatif sont consacrés dans les conventions internationales sur la drogue et a encouragé la participation de toutes les parties prenantes au processus de prise de décisions dans la lutte contre ce fléau.  Pour justifier son soutien au concept du développement alternatif, il a noté que le déclin de la culture du coca dans la région des Andes avait démontré son efficacité, estimant même que cette approche « fait même partie du processus de paix en Colombie ».  L’ONUDC, qui a des programmes dans l’Asie du Sud-Est, en Amérique latine et même en Afghanistan est disposé à continuer de venir en aide aux pays qui le souhaiteraient dans le cadre d’analyses.  M. Fedotov a regretté qu’en dépit du large appui politique dont bénéficie le développement alternatif, il n’ait pas bénéficié de financements conséquents.  Il a dit espérer que cette session spéciale donnerait une nouvelle impulsion aux efforts en faveur du développement alternatif.

Débat interactif

Ce débat interactif a été présidé par le Ministre de la sécurité nationale des Bahamas dont le pays est touché par le problème de la drogué, non pas en tant que pays producteur, mais comme plaque tournante du trafic de drogue.

Le représentant de l’Équateur a regretté que le développement alternatif préventif n’ait pas été mentionné dans les débats en cours.  Les politiques de mon pays favorisent précisément une culture de la prévention pour faire face aux phénomènes socioéconomiques des drogues, a-t-il dit, dénonçant la destruction de l’environnement qui découle des programmes d’éradication des drogues illicites, l’expérience ayant prouvé que cette approche n’était pas efficace.  En effet, tant qu’il y a de la demande, il y aura une offre pour les drogues, a-t-il souligné.  L’Équateur s’efforce de surmonter le caractère structurel de la pauvreté, l’une des causes principales du fléau de la drogue, en mettant la personne au cœur de ses efforts en milieu rural comme urbain.

Le Secrétaire national pour les politiques antidrogue du Brésil, a également plaidé en faveur de stratégies préventives et de développement alternatif en milieu urbain. 

Le représentant de la Colombie a rappelé que son pays restait le principal producteur de coca dans le monde malgré tous les efforts menés depuis des décennies, y compris de développement alternatif et d’éradication forcée de 346 000 hectares de coca et fumigation d’1,5 million d’hectares.  Pourtant, a-t-il dit, la production de coca et de cocaïne n’a pas baissé.  Il est par conséquent nécessaire de revoir les approches du passé qui ignoraient en partie la vulnérabilité du territoire et la pauvreté des populations autochtones et afro-colombiennes confrontées aux réseaux criminels.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, il y a des agriculteurs disposés à abandonner ces cultures illicites pourvu que l’État leur apporte un appui sur long terme.  Forte de son expérience, la Colombie a lancé une nouvelle stratégie en septembre dernier, qui comprend, d’une part, une action répressive de l’État visant les chefs narcotrafiquants et, d’autre part, une approche de la consommation axée sur la santé et la transformation des territoires touchés par les cultures illicites, en y renforçant la démocratie.  Il s’agit de rétablir la légitimité de l’État par le biais de la participation citoyenne à ces efforts et à la prise de décisions, et de substituer la confrontation par la collaboration, tout en assurant une présence permanente de l’État sur tout le territoire et en s’éloignant de la confrontation violente, a expliqué le représentant colombien.

Le représentant du Ministère de la sécurité nationale des Bahamas, a souligné le lien entre pauvreté et drogues et a appelé à ce que soient prises en compte les causes profondes du problème de la drogue.  Mon pays est une plateforme de la drogue du fait de sa condition d’archipel, a-t-il dit, estimant qu’il fallait renforcer les infrastructures de base et les moyens de subsistance durables pour éviter que la population ne se laisse tenter par ces activités criminelles.

Le représentant de l’Inde a expliqué que dans son pays l’accent était mis sur des cultures alternatives viables.  L’équipe spéciale chargée du développement alternatif, mise en place par le gouvernement, assure la supervision de ce programme.

La représentante de l’Argentine est revenue sur le lien entre la drogue et l’utilité humaine et sociale pour les populations, dont le mode de vie est la culture de la drogue.  Elle a émis le souhait que l’on parle davantage du rôle des mafias qui jouent un rôle prééminent dans ces communautés et de la responsabilité à assumer par les États.  Selon elle, il appartient à l’État de gérer les économies précaires sur son territoire et de soutenir les populations vulnérables (y compris des femmes et des enfants), qui sont la main-d’œuvre bon marché des narcotrafiquants.  Il faut également s’attaquer aux mécanismes de blanchiment d’argent par la mise en place d’un système financier qui ne soit pas au service des plus puissants, mais à celui des populations vulnérables, notamment par le biais du microcrédit.

Le représentant du Bureau national de lutte contre les drogues de la Chine a regretté que, malgré la lutte contre les cultures de pavot, l’offre n’a pas vraiment baissé.  Il a également estimé qu’il y avait actuellement une transition vers les drogues synthétiques.  La Chine souhaite que l’accent soit mis sur la recherche et la pratique en matière de développement alternatif, rôle qui pourrait être assumé par l’ONU.  L’accent doit être mis, selon lui, sur l’établissement de différents modèles de développement alternatif, sur la base de l’expérience du Pérou et de la Thaïlande, qui méritent à son avis toute l’attention de la communauté internationale.

La représentante des agriculteurs du Pérou a tenu à signaler que la réduction des cultures de coca avait créé des problèmes graves pour les agriculteurs.  Les politiques d’éradication par la force ont été un échec complet à son avis et elle a qualifié cette pratique de « contraire aux droits de l’homme ».  Elle a revendiqué un accès licite au marché international pour ces plantes et a également dénoncé l’absence d’implication des communautés locales dans les politiques antidrogue.

Pour la représentante des États-Unis, la culture du coca est un piège de la pauvreté dans la mesure où le gain facile ne tient pas compte du fait que personne ne veut investir dans des zones considérées comme dangereuses, et que ni médecins ni enseignants ne veulent y travailler.  La clef du succès des politiques antidrogue est, selon elle, une présence de l’État sur tout le territoire où il doit veiller à ce que les services de base soient assurés aux citoyens et aux populations vulnérables pour les encourager à renoncer aux cultures de coca. 

Le représentant du Costa Rica a également mis l’accent sur le développement humain en tant que composante significative de la lutte antidrogue.  Pour lui il s’agit d’aider les communautés à se relever, au-delà des politiques de répression.

Le Chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies et des Organisations internationales à Vienne, a rappelé que l’Union européenne avait toujours promu le développement alternatif et fait partie des bailleurs de fonds les plus importants dans ce domaine à l’échelle mondiale.  Cette approche doit devenir plus généralisée et l’Union européenne salue le fait que cette session spéciale de l’Assemblée générale ait mis l’accent sur cette question.  L’UE souhaite davantage de financements souples et à long terme pour le développement alternatif car ils apportent une contribution importante au développement durable.

Le représentant de la Thaïlande a dit espérer pouvoir compter sur la communauté internationale pour maintenir l’impulsion donnée au développement alternatif dans le contexte de la lutte antidrogue.  Il est important, selon lui, que les programmes de développement alternatifs soient intégrés dans les plans de développement à l’échelle nationale.  Il partage l’avis de l’Union européenne en faveur de financements souples et à long terme du développement alternatif, dans la mesure où il s’agit d’un processus graduel.  En outre, il a prévenu que les politiques antidrogue devaient tenir compte de considérations environnementales.  Pour réussir, les produits du développement alternatifs doivent être commercialisables et bénéficier d’un accès aux marchés, a souligné le représentant.

Pour le représentant de la Suède, l’ONUDC ne dispose pas de suffisamment de marge de manœuvre pour soutenir les options de développement alternatif dans la mesure où son mode de financement prévoit des affectations à des projets spécifiques.  Il s’est rallié à la demande du Mexique pour que d’autres organismes de l’ONU participent au nouvel élan donné à l’option du développement alternatif, notamment par le biais d’études spécialisées.  Il faut que le développement alternatif fasse partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des programmes pays, a estimé le représentant.  Il a par ailleurs recommandé que le Conseil de sécurité mette en avant l’impact de la drogue dans les conflits du monde entier.

Le représentant du Japon a estimé que les principes directeurs pour le développement alternatif sont une bonne base pour aller de l’avant.  Le Japon, qui est l’un des principaux bailleurs de fonds dans ce domaine, souhaite une approche axée sur la personne avec un juste équilibre entre prévention et répression.

Le représentant du Mexique, a tenu à signaler l’impact « quasi immédiat » qu’a eu cette session spéciale de l’Assemblée générale sur la politique de son pays puisque dès aujourd’hui le Président Enrique Peña Nieto a envoyé au Congrès mexicain une initiative qui reflète les idées débattues à New York. 

Pour la représentante de Trinité-et-Tobago, la Commission de la CARICOM sur la marijuana sera le cadre de référence pour sa région en matière de lutte antidrogue.  Soulignant que les Caraïbes sont essentiellement une plaque tournante de la drogue, elle a affirmé que dans ces pays il fallait accorder la priorité à la prévention, en fournissant des formations et des opportunités aux personnes de 14 à 35 ans, tranche d’âge qui représente 80% des arrestations pour des délits liés à la drogue.

Le représentant de l’Indonésie a expliqué que la lutte contre la drogue restait une priorité nationale et que son pays avait opté pour l’approche du développement alternatif.

Reprenant la parole, le représentant de la Fondation Mae Fah Luang en Thaïlande s’est dit déçu du fait que la question de la demande pour les drogues avait été totalement occultée dans les débats.  Il s’est demandé pourquoi on ne parlait jamais de la question des armes dans le contexte de la lutte contre la drogue, soulignant que « sans armes il n’y aurait pas de barons de la drogue ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Objectifs de développement durable: Les États Membres et l’ONU appellent à amplifier l’élan pour garantir l’avenir des générations futures

Débat thématique de haut niveau,
Matin, après-midi & soir
AG/11776

Objectifs de développement durable: Les États Membres et l’ONU appellent à amplifier l’élan pour garantir l’avenir des générations futures

Dirigeants des États Membres et responsables de l’ONU ont, aujourd’hui, devant l’Assemblée générale, lancé un nouvel appel à la mobilisation pour amplifier l’élan imprimé par l’adoption, en 2015, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, et préserver ainsi l’avenir des générations futures.

« Nous en sommes à la première année d’un voyage long de 15 ans », a déclaré le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, lors de la séance d’ouverture de ce débat thématique de haut niveau sur l’accomplissement des objectifs de développement durable, qui a rassemblé, tout au long de la journée, pas moins de 115 chefs d’État et de gouvernement, ministres, ambassadeurs et représentants d’ONG.

« Nous avons une mission sérieuse et noble que nous devons mener pour les populations d’aujourd’hui et les générations futures », a-t-il ajouté, avant de lancer, à l’adresse des États Membres: « C’est notre tâche, inscrite dans les premiers mots de la Charte: ¨Nous, peuples des Nations Unies¨.  Nous sommes responsables devant nos enfants et nos petits-enfants; nous ne devons pas échouer! »

« À la veille de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris, nous devons nous interroger sur la manière dont les engagements pris dans le cadre de la COP21 peuvent contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a affirmé, pour sa part, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft.

Lors du Sommet du 25 septembre 2015 à New York, les pays ont adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030, articulé autour de 17 objectifs et de 169 cibles visant à mettre fin à toutes les formes de pauvreté, combattre les inégalités et s’attaquer aux changements climatiques, en veillant à ne laisser personne de côté.

Le 12 décembre 2015, la vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) signait l’Accord de Paris.  Auparavant, en juillet 2015, était adopté par la troisième Conférence internationale sur le financement du développement le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, le Président de Nauru, M. Baron Waqa, a averti que les changements climatiques, face auxquels ces États sont parmi les plus vulnérables, rendaient indispensable une mise en œuvre « sur mesure » des objectifs de développement durable.

L’Assemblée générale s’est engagée à ne laisser personne de côté dans le développement durable, mais « où en sommes-nous dans ce parcours », a demandé le Ministre de l’environnement et de l’énergie des Maldives, M. Thoriq Ibrahim, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), notant que le temps était venu de « comprendre les liens entre prospérité, mobilité sociale et protection de l’environnement et de mesurer les conséquences de nos actions », et rappelant que les petits États insulaires ont établi une vision dans « La Voie à suivre de Samoa » qui souligne les défis uniques auxquels ils sont confrontés et leur situation particulière.  

Alors que la Chine préside actuellement le G20, elle a présenté les priorités de ce regroupement de pays pour « tracer une nouvelle voie vers la croissance »: ses axes directeurs incluent l’innovation, la nouvelle révolution industrielle, l’économie digitale et les réformes structurelles, a précisé le Vice-Ministre chinois des affaires étrangères, M. Li Baodong.  « Innover et réformer sont les meilleurs moyens de promouvoir les nouveaux vecteurs de la croissance économique mondiale », a-t-il expliqué.

Le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, a rappelé que son pays avait été le premier à incorporer les objectifs de développement durable dans un plan national d’action et à créer une commission de haut niveau pour mettre en œuvre le Programme 2030, tout en poursuivant ses actions pour la paix. 

Pour son homologue de la Croatie, Mme Kolinda Grabar-Kitarovic, le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dépendra aussi d’une « ONU forte et efficace », se déclarant ainsi favorable à une « profonde réforme » de l’Organisation qui renforcerait la collaboration entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social (ECOSOC) et son Forum politique de haut niveau sur le développement durable. 

Le Ministre français du développement et de la francophonie, M. André Vallini, relevant qu’en 2013 les flux financiers illicite s’élevaient à 1 100 milliards de dollars dans le monde, une somme à comparer aux 135 milliards d’aide publique au développement (APD), a estimé que « la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale est une question dont chaque État doit se saisir, un enjeu de développement solidaire ». 

Par ailleurs, certains dirigeants, comme le Président du Zimbabwe, M. Robert Mugabe, ou le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), M. Ri Su Yong, ont dénoncé l’imposition de sanctions contre leurs pays dont le développement durable se voit, selon eux, ainsi entravé.  « Ces sanctions, une forme de punition collective dont le Zimbabwe continue de pâtir de façon injustifiée, doivent être levées immédiatement et sans conditions », a lancé M. Mugabe.

Enfin, l’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Helen Clark, a recommandé de renforcer la coopération, notamment la coopération Sud-Sud.  Le système des Nations Unies doit faire sa part de travail, a-t-elle reconnu en signalant que 95 équipes de pays avaient été sollicitées à cet égard. 

DÉBAT PLÉNIER: ACTION À TOUS LES NIVEAUX: APPLICATION NATIONALE

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a déclaré que les États Membres avaient, en septembre et en décembre derniers, adressé un signal fort en adoptant le Programme de développement durable à l’horizon 2030 puis l’Accord de Paris.  Ce fut, a-t-il dit, l’occasion de revitaliser un partenariat mondial au sein duquel les gouvernements œuvrent de concert avec les organisations internationales à la réalisation du développement durable et à la sauvegarde de l’environnement.  « Tout au long de cette journée, a poursuivi le Président, nous allons nous pencher sur cinq domaines principaux pour aller de l’avant et montrer que nous sommes tous à pied d’œuvre », a-t-il expliqué.  Les États Membres, a-t-il souligné, présenteront les politiques et programmes dont ils se sont dotés pour réaliser les objectifs que la communauté internationale s’est fixée, dans un dialogue avec la société civile.  À la veille de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris, nous devons nous interroger sur la manière dont les engagements pris dans le cadre de la COP21 peuvent contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a rappelé que cette Réunion de haut niveau sur la mise en œuvre des Objectifs de développement durable se tient à la veille de la signature de l’Accord de Paris sur le climat par un grand nombre de dirigeants.  C’est un signal important, a-t-il dit, en précisant que l’agenda pour le développement durable et celui pour lutter contre les effets des changements climatiques étaient étroitement liés et se renforçaient mutuellement. 

En septembre dernier, les États Membres avaient adopté un programme ambitieux pour le développement durable, qui constitue une feuille de route en vue d’éliminer la pauvreté et de réaliser un monde équitable, a déclaré M. Eliasson.  Il s’agit, a-t-il expliqué, d’un programme universel que tous les pays devront intégrer dans leurs plans nationaux.

Pour le Vice-Secrétaire général, l’envergure du Programme de développement durable à l’horizon 2030 requiert de nouvelles démarches.  « On ne peut plus aujourd’hui faire cavalier seul ou travailler en vase clos », a-t-il fait remarquer.  Pour assurer le succès des 17 objectifs de développement durable, « il faut que tous les gouvernements et tous les protagonistes agissent de manière collective » et adoptent une « démarche intégrée ».  « Nous devons adopter une approche intégrée concernant les efforts de développement, qui soient liés à la fois à l’action humanitaire, aux droits de l’homme et à la création de sociétés pacifiques et d’institutions solides.  Le Forum politique de haut niveau doit axer ses travaux sur le suivi de la mise en œuvre de ces objectifs.  À ce jour, 95 équipes de pays des Nations Unies travaillent avec leurs partenaires nationaux pour les aider à intégrer les ODD dans les plans nationaux, accélérer la mise en œuvre et assister dans l’élaboration des politiques nationales.

M. Eliasson a fait observer que le financement du développement durable revêtait « la plus grande importance ».  « Il faut réaliser le plein potentiel de l’aide publique au développement (APD) humanitaire », a-t-il dit, en évoquant en particulier les financements apportés par les Institutions de Bretton Woods.

De même, a estimé le Vice-Secrétaire général, si les gouvernements doivent avoir une « approche globale », les Nations Unies, elles, « devront travailler de manière horizontale et non plus seulement verticale ». 

« Nous ne sommes que dans la première année de ce parcours qui durera 15 ans », a conclu M. Eliasson, en insistant sur la nécessité d’accomplir cette « mission lourde et importante » pour les « populations du monde entier » et bâtir un « avenir meilleur pour tous ».  « Nous sommes responsables devant nos enfants et nos petits-enfants; nous ne devons pas échouer! »

S’exprimant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. BARON WAQA (Nauru) a rappelé les deux priorités de ce groupe de pays: la captation, de toute urgence, des ressources financières suffisantes pour donner effet au Programme 2030 et la consolidation des institutions nationales, en particulier dans la collecte de données et la mobilisation de toutes les parties prenantes concernées.  Rappelant que l’argent est « le nerf de la guerre », le représentant a souligné qu’attirer l’investissement privé est extrêmement difficile pour des pays comme le sien.  Les changements climatiques, a-t-il mis en garde, rendent indispensable une mise en œuvre « sur mesure » des objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, il faut que les États insulaires en développement se dotent des capacités adaptées pour devenir à long terme des partenaires de valeur et des employeurs capables de fidéliser une main-d’œuvre qualifiée à l’avenir.

M. JÁNOS ÁDER, Président de la Hongrie, a insisté sur la question cruciale de l’eau.  Le XXIe siècle, a-t-il dit, sera le siècle de l’eau.  Ces derniers mois, a expliqué M. Áder, d’innombrables analyses et explications scientifiques ont dressé un tableau plus qu’alarmant de l’avenir.  Les deux tiers de la planète connaissent des coupures ou des pénuries d’eau équivalentes à une durée d’un mois par an, a-t-il dit. 

Ainsi, si aucune solution n’est apportée à la question de la protection de l’eau, si un terme n’est pas mis à la pollution des fleuves et des mers, si aucune solution innovante n’est trouvée pour assurer l’approvisionnement des grandes villes en eau ou arrêter la dégradation des terres arables, l’accomplissement des 17 objectifs de développement durable sera impossible, a-t-il assuré.

Le Président hongrois a également mis l’accent sur le défi de l’urbanisation.  Il a indiqué que le deuxième Sommet sur l’eau serait organisé prochainement à Budapest avec pour objectif de trouver des solutions au problème de l’approvisionnement des grandes villes en eau.

M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a parlé d’un « engagement politique et éthique » qui représente la plus haute priorité pour son gouvernement.  Ces cinq dernières années, a-t-il précisé, l’accent a été mis sur l’intégration sociale et la croissance économique, à travers une stratégie qui intègre les trois piliers du développement durable, et dans un cadre démocratique renforcé par le processus électoral en cours.

Le Pérou a lancé un processus d’institutionnalisation de la mise en œuvre et du suivi des objectifs de développement durable, avec la création d’un Comité intersectoriel au niveau du pouvoir exécutif, a annoncé le Président.  Il s’est dit convaincu qu’en œuvrant de façon solidaire, tous les États et les acteurs concernés pourront progresser pour transformer le monde et, notamment, éliminer la pauvreté, combattre les injustices et protéger les droits de l’homme.   

M. HAGE GEINGOB, Président de la Namibie, a indiqué que le développement durable est un équilibre délicat entre les besoins de chaque nation et ses limites.  La lutte pour éradiquer la pauvreté et la faim sera en effet vouée à l’échec, faute d’un financement suffisant, a-t-il fait observer, en soulignant l’importance pour chaque pays d’être capable de fournir à sa population des services de base.  Dans cette perspective, le 5 avril dernier, son gouvernement a lancé un plan de prospérité qui nécessitera toutefois l’assistance de la communauté internationale par une revitalisation des partenariats, a prévenu le Chef d’État.

M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERON, Président de la Colombie, a indiqué que son pays avait été le premier à incorporer les objectifs de développement durable dans un plan national d’action, et à créer une commission de haut niveau pour mettre en œuvre le Programme 2030, tout en poursuivant ses actions pour aboutir à la paix.  À cette fin, a-t-il précisé, « il nous faut un plan orienté sur les résultats, avec des objectifs quantifiables et des indicateurs fiables ».  La Colombie, comme 27 autres pays, a déjà défini des indicateurs de suivi et va commencer à les utiliser dès cette année.  Pour M. Santos, la véritable transformation doit se produire au niveau local.  C’est pour cette raison que tous les plans de développement territorial contiennent au moins une action orientée sur les objectifs de développement durable.  Il a souligné qu’au cours des six dernières années, la pauvreté extrême avait été réduite de 14,4% à 7,9%.  De plus, l’objectif du Pérou est d’être « le pays le plus éduqué d’Amérique latine d’ici à 2025 ».     

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a signalé que son pays avait déjà commencé à élaborer son « Programme national pour le développement 2030 », en impliquant la société civile, le milieu des affaires, les jeunes, les enseignants et les médias.  La Bulgarie se concentre sur l’éducation, les technologies de pointe et l’innovation.  « Notre but est le développement d’une économie verte et d’efficacité énergétique », a-t-il assuré.  En 2015, la Bulgarie a contribué au Fonds vert pour le climat.  Depuis septembre 2015, un grand nombre d’écoles bulgares travaillent en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur un projet intitulé « La plus grande leçon du monde » qui vise à sensibiliser les enfants aux objectifs de développement durable.  En outre, la nouvelle stratégie du Conseil de l’Europe pour les droits de l’enfant vient d’être lancée à Sofia.  Si nous voulons réaliser le développement durable, a toutefois averti le Président, nous devons accorder plus d’attention aux peuples et aux nations vulnérables.  La Bulgarie participe activement aux efforts de l’Union européenne et de la communauté internationale pour venir en aide aux régions affectées par les conflits et l’instabilité politique.  Elle appuie aussi divers projets dans les Balkans occidentaux et dans la région de la mer Noire.  

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIC, Présidente de la Croatie, a affirmé qu’après l’adoption du programme historique de développement durable, la communauté internationale disposait désormais des instruments nécessaires.  Pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il faut une ONU forte et efficace, a-t-elle souligné, en se déclarant favorable à une profonde réforme de l’Organisation.  L’assistance doit aller là où elle est véritablement nécessaire, a-t-elle jugé, en appelant à établir des liens entre le développement durable et la paix et la sécurité.

Mme Grabar-Kitarovic a ainsi plaidé pour un renforcement de la collaboration entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social (ECOSOC), le Forum politique de haut niveau sur les objectifs de développement durable.  Sans une direction déterminée, l’on ne pourra pas garantir que les efforts entrepris porteront leurs fruits, a-t-elle ajouté.  Forte de son expérience, la Croatie est prête à appuyer des partenariats pertinents, a proposé Mme Grabar-Kitarovic.

Pour atteindre les objectifs de développement durable, il faut pouvoir compter sur la coopération et la détermination à tous les niveaux de la société et il faut également que tous les pays s’engagent à agir, a déclaré la Présidente de la Croatie.   

M. ALI BONGO, Président du Gabon, a déclaré que la réalisation des objectifs de développement exige une mobilisation accrue des ressources financières.  Il est également nécessaire de procéder à la mise en place de mécanismes capables de pallier aux lacunes des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de renforcer les capacités humaines, a poursuivi le chef d’État.  La participation du secteur privé et de la société civile seront indispensables à cette fin, a-t-il reconnu.  En aucun cas, cette question ne constitue une « alternative » pour le pays, a expliqué M. Bongo, qui l’a au contraire défendue comme une priorité nationale.  Elle prend place dans le cadre du plan « Gabon émergent » que la Présidence a elle-même initiée, en gardant à l’esprit la nécessité d’inclure les jeunes.  La réalisation des objectifs de développement durable et la lutte contre les changements climatiques devront également s’appuyer sur la gestion des ressources naturelles dont dispose le Gabon, afin de garantir la transition vers une économie propre, a relevé le dirigeant africain.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, le 23 février dernier, le Gouvernement gabonais a donné le coup d’envoi d’un programme d’égalité des chances afin de mener les populations sur la « voie de la richesse ».

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a affirmé que l’ampleur des ambitions que la communauté internationale s’est fixée doit s’accompagner d’un sens de responsabilité, de cohésion et d’urgence.  Au Zimbabwe, grâce à des consultations multipartites, sous la houlette du Gouvernement, et avec la participation de la société civile et de partenaires, des progrès ont été réalisés dans la mise en place de structures nécessaires pour la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Ces objectifs sont en phase avec le propre du programme de développement du Zimbabwe, a-t-il précisé.  M. Mugabe a également mis l’accent sur les efforts de mobilisation des ressources nationales, lesquels, a-t-il dit, ne doivent pas empêcher les partenaires internationaux d’y participer.  La coopération internationale s’impose pour venir à bout de certains schémas financiers qui sont détournés de leur objectif de profiter à tous. 

Selon le Président du Zimbabwe, les sanctions et autres mesures unilatérales, annoncées ou non, constituent une entrave majeure à la réalisation des objectifs de développement durable, et sont contraires à la Charte des Nations Unies que nous devons tous respecter.  Ces sanctions, une forme de punition collective dont le Zimbabwe continue de pâtir de façon injustifiée, doivent être levées immédiatement et sans conditions, a déclaré M. Mugabe.

M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, a souhaité que le Programme 2030 ne soit pas uniquement le plan d’une partie du monde pour l’autre partie du monde, car la paix et la sécurité, la stabilité, la prospérité et la dignité humaine ne peuvent devenir « un privilège ».  « Ce doit être un objectif réalisable pour tous. »  Étant donné que les situations et conditions diffèrent d’un pays à l’autre, nous devons, a-t-il recommandé, nous concentrer sur nos points faibles et utiliser nos points forts au bénéfice des autres.  Rappelant la grande transformation que son pays a connue au cours des 25 dernières années, en passant d’un régime totalitaire à la démocratie et à la prospérité, il a souligné que la Slovaquie était devenue un donateur d’aide au développement.  En même temps, il a reconnu les défis qui persistent comme la faiblesse de l’éducation et des institutions.  Le Président a exprimé son intention, à l’occasion du Sommet humanitaire mondial prévu à Istanbul en mai prochain, de sensibiliser le peuple slovaque à sa responsabilité mondiale.

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a déclaré que le défi le plus important à relever pour son pays est de bâtir un avenir viable au sein duquel tous ses concitoyens seraient pleinement autonomisés.  « Cela signifie la concrétisation des objectifs de développement durable », a-t-elle expliqué.  Elle a souligné l’importance d’une stratégie adaptée aux besoins spécifiques d’un État insulaire en développement comme le sien en comblant les lacunes en matière de capacités.  Pour les Îles Marshall, la tâche la plus urgente consiste à actualiser la « planification nationale stratégique » dans tous les secteurs économiques pour développer une vision à long terme.  Mais pour cela, a affirmé la Présidente, le soutien de la communauté internationale sera indispensable, dont la création d’un fonds d’affectation spécial.  Mme Heine a demandé que les États opérationnalisent le Programme 2030 dans le contexte de l’examen, le mois prochain, de l’Accord sur les stocks de poissons.

Mme ANA HELENA CHACON ECHEVERRIA, Vice-Présidente du Costa Rica, a affirmé que son pays s’était engagé à appuyer et à mettre en œuvre le Programme 2030, « un objectif titanesque », a-t-elle jugé.  Elle a mis l’accent sur la nécessité pour les États de solder la dette qu’ils ont à l’égard de la personne, de la solidarité, de l’humanité.  En 2015, a-t-elle expliqué, le Costa Rica a remis son troisième et dernier rapport sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), montrant ainsi qu’il avait progressé, y compris en faisant des erreurs.  Ce rapport, a souligné la Vice-Présidente, contient une proposition pour l’application des objectifs de développement durable.  Il s’agit, a-t-elle précisé, d’établir un cadre institutionnel « fort » pour faire connaître ces objectifs à tous les niveaux, en concrétisant la transversalité des droits de l’homme.  Mme Echeverria a appelé les États à œuvrer de conserve pour atteindre des objectifs concrets et à reconnaître que le monde est interdépendant. 

M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a déclaré que le développement durable faisait partie de l’« ADN de la Barbade », expliquant que les politiques étaient inspirées du Programme d’action de la Barbade de 1994 et des Orientations de Samoa sur les petits États insulaires en développement.  Le pays s’est doté d’une Stratégie de développement 2013-2024 et ce qui est différent aujourd’hui, a-t-il noté, c’est que nous vivons dans un monde interdépendant où les pays riches doivent prendre soin des pays pauvres et vulnérables au risque de voir les problèmes de ces derniers arriver à leur porte.  On reconnait que toutes les nations de la planète sont en péril à cause des effets des changements climatiques.  Le Premier Ministre a appelé une nouvelle fois à la prise en compte des vulnérabilités uniques des petits États insulaires en développement.  Il a appelé le Partenariat mondial pour le Programme 2030 à créer une « plateforme du renforcement des capacités pour les statistiques », à défaut de quoi ces pays seront incapables de participer de manière déterminante au Forum politique de haut niveau.

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a déclaré que des démarches différenciées doivent être privilégiées dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en particulier pour les pays les plus vulnérables.  Il nous faut trouver, a-t-il dit, les moyens de mettre en œuvre de telles approches, en veillant à ce qu’elles soient assorties des ressources nécessaires.  Dans le cadre de sa stratégie de développement 2015-2020, et grâce à une équipe spéciale, Samoa s’emploie à réaliser les cibles de chaque objectif.  Pour y parvenir, le Gouvernement s’est doté d’une feuille de route nationale, tandis que le Bureau national de la statistique a défini les meilleurs indicateurs possibles.  Les initiatives de développement actuelles s’alignent déjà sur le Programme à l’horizon 2030, s’est félicité le Premier Ministre.  Il a annoncé en conclusion que son pays fait partie des 22 qui présenteront des « rapports d’examen volontaire » lors du Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social au mois de juillet prochain.

M. MIROSLAV CERAR, Premier Ministre de la Slovénie, a indiqué que, en fonction de l’Indice de performance environnementale de Yale, son pays était cinquième sur 180 en 2016, ce qui prouve son engagement sur ces questions.  Depuis l’été dernier, la Slovénie prépare sa Stratégie nationale de développement 2030, qui devrait la guider pour sa Vision 2050, en se basant sur le Programme 2030.  Il a aussi indiqué que son pays était l’un des plus verts et des plus forestiers du monde, disposant en outre d’abondantes ressources en eau douce.  Le Premier Ministre a également mentionné le cadre d’évaluation en cours d’élaboration qui contient des objectifs concrets et des indicateurs de résultat.  Au plan régional, la Slovénie continuera à contribuer à l’éradication de la pauvreté et au développement durable, a assuré M. Cerar.  Il a dit travailler à une nouvelle résolution sur la coopération internationale au développement et à la révision de la loi sur cette coopération.  Nous prévoyons aussi d’élaborer un nouveau modus operandi pour la planification, le financement et la mise en œuvre à long terme de la coopération internationale au développement.  Enfin, il a indiqué que l’aide publique au développement (APD) resterait un élément important du financement du développement, son pays étant prêt à augmenter le volume et la qualité de son APD.

M. ANTONI MARTÍ PETIT, Premier Ministre d’Andorre, a affirmé que son pays, il y a six ans, avait décidé d’ouvrir son économie, passant d’une économie basée sur l’exception et l’absence de fiscalité reconnue à une économie reconnaissant la transparence et la fiscalité.  Ainsi, l’on contribue à un monde plus transparent, plus juste, plus à même de coopérer, a ajouté M. Petit.  Le Premier Ministre a insisté sur le fait que l’éducation était la base même de tout progrès social.  Andorre, a-t-il expliqué, combine trois systèmes d’éducation publics et gratuits en français, en espagnol et dans la langue nationale. 

M. SERGE TELLE, Ministre d’État de Monaco, a déclaré que la logique à laquelle sa Principauté est attachée, c’est de ne jamais isoler les peuples et les problèmes, de comprendre que ce monde est un tout, dans lequel aucune souffrance ne peut rester isolée.  Il a souligné l’implication de son pays dans la lutte contre la pauvreté, pour laquelle Monaco intervient en soutien des petites et moyennes entreprises de l’Afrique de l’Ouest, notamment.  S’agissant de la lutte contre la faim, le Ministre a dit que son gouvernement est impliqué dans le domaine de la santé, qui est le premier secteur d’intervention de la coopération monégasque, et dans celui de l’éducation, au travers de programmes de l’UNESCO ou de l’UNICEF.  M. Telle a également réaffirmé qu’il n’y aurait pas de développement durable sans engagements déterminés en faveur de la lutte contre les changements climatiques. 

M. PERRY CHRISTIE, Premier Ministre des Bahamas, a indiqué que son pays a officiellement lancé son Plan de développement national « Une vision pour 2040 ».  Nous avons à cet effet lancé des consultations avec le peuple afin que chaque voix soit entendue, a-t-il assuré avant de souligner que ce Plan s’alignait avec les objectifs de développement durable.  Il a donné l’exemple des politiques en matière d’éducation qui vont désormais prendre en compte des variables importantes comme le taux de criminalité et le système des transports.  Nous cherchons aussi à développer un processus de planification du développement qui permette aux décideurs de donner la priorité aux investissements intégrés dans tous les secteurs.  Le Premier Ministre a dénoncé le fait que des pays comme le sien soient jugés à l’aune de leur PNB par habitant lorsqu’il s’agit d’accès à des financements concessionnels.  Nous avons vraiment besoin, a-t-il plaidé, du soutien de la communauté internationale pour parvenir aux objectifs de développement durable, a-t-il lancé. 

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fidji, qui a dressé la liste des réalisations remarquables effectuées par son pays au cours des dernières années en matière de développement durable, a mis l’accent sur la vulnérabilité des États du Pacifique face aux effets des changements climatiques.  Le Premier Ministre a rappelé que le 20 février dernier, son pays avait été frappé par le violent cyclone Wilson, qui a fait 44 morts et des dizaines de blessés, détruisant ou endommageant près de 40 000 maisons.  Si le pays a pu se relever de cette tragédie, un seul autre événement climatique pourrait anéantir tous les gains réalisés dans son développement socioéconomique, a-t-il souligné.

Il s’est adressé à la communauté internationale, et, en particulier, à tous les États industrialisés, leur demandant, à la veille de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), de faire plus que ce qui a été décidé, notamment de changer les arrangements actuels pour le financement des efforts d’adaptation.  Si cette chance n’est pas saisie, il y a peu d’espoir de voir se réaliser les objectifs de développement durable, a déclaré M. Bainimarama.

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a déclaré que son gouvernement avait déjà entrepris d’inclure les cibles du Programme 2030 dans son plan de développement national.  En outre, il vient de mettre en place une Commission pour élargir l’assiette fiscale nécessaire à la mobilisation des ressources qui seront principalement dirigées vers le financement des infrastructures.  Mais, a estimé le Premier Ministre, les Nations Unies doivent simplifier leurs procédures de présentation de rapports et les États doivent pouvoir compter sur la communauté internationale pour soutenir leurs efforts nationaux.

M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a affirmé, qu’au lancement de la mise en œuvre du Programme 2030, il convenait de ne pas perdre de vue les défis énormes et multiples qui pourraient saper les efforts.  Les menaces pesant sur la paix et la sécurité s’ajoutent au ralentissement de l’économie mondiale ainsi qu’aux effets des changements climatiques et d’autres calamités naturelles, a-t-il dit.  Les objectifs de développement durable, a notamment expliqué M. Dessalegn, sont intégrés dans le deuxième Plan quinquennal de transformation et de croissance de l’Éthiopie.  Il a mis l’accent sur les difficultés liées au financement des plans nationaux de développement.  Voilà pourquoi, a-t-il poursuivi, les engagements pris dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, en juillet 2015, sont essentiels.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a mis l’accent sur le soutien et les partenariats dont ont besoin les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral, dans les domaines du transfert des technologies, du renforcement des capacités, de l’accès à l’énergie propre et de la mobilisation des ressources financières, y compris l’APD.  Le Programme 2030 suppose une bonne gouvernance de la part de tous les partenaires, des règles commerciales équitables, l’égalité des sexes et des protocoles simplifiés pour l’accès aux ressources, a-t-il précisé.  Le succès du Programme 2030 dépendra largement de l’inclusion aux processus de planification et de décision de ceux qui sont justement visés par les objectifs, à savoir ceux qui sont frappés par la pauvreté, la faim, le chômage et la discrimination.  L’heure de l’action a sonné, a encouragé le Premier Ministre, en rejetant l’éventuel « monopole » du siège de l’ONU.

Les Commissions régionales, s’est-il expliqué, qui sont les « avant-postes de l’ONU » dans les cinq régions du monde doivent devenir les catalyseurs de la coopération régionale et sous régionale.  Plus nous décentraliserons et déléguerons le Programme 2030, de New York vers les Commissions régionales et de là vers les autorités nationales, plus nous aurons des résultats véritablement transformateurs, a affirmé le Ministre pour lequel il est temps que le « dialogue de l’ONU » passe en second plan pour laisser la place au partage des meilleures pratiques et expériences, par le biais du Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC.

M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a indiqué que les objectifs de développement durable approfondissent et complètent les OMD, mais que leur succès dépendra des partenariats que les pays les plus vulnérables pourront nouer avec la communauté internationale.  Il a rappelé que son pays avait été touché par le phénomène El Niño au moment même où sa délégation négociait à Paris, en décembre dernier, l’Accord sur les changements climatiques.  Le Chef du Gouvernement s’est par ailleurs félicité de pouvoir annoncer que son gouvernement avait présenté une initiative, soutenue par le Commonwealth, afin de développer un réseau de télécommunications à l’échelle nationale.

M. MIKE EMAN, Premier Ministre d’Aruba, qui s’exprimait au nom du Royaume des Pays-Bas, a mis l’accent sur la durabilité et l’ouverture, deux éléments clefs de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il ne faut laisser personne en marge, a-t-il insisté.  M. Eman a plaidé pour des politiques et des institutions plus solides pour garantir que les groupes les plus marginalisés puissent participer aux bénéfices des sociétés.  L’autonomisation des femmes et des jeunes filles est en outre un élément essentiel, de même que la création d’emplois décents.

Le Premier Ministre a appelé à remédier à l’utilisation non durable de l’eau.  Les sociétés et le secteur privé doivent changer leurs manières de gérer cette ressource, a-t-il affirmé.  M. Eman a souligné l’importance pour tous les pays de travailler dans le cadre de partenariats, ceux-ci étant essentiels pour des petits États ou territoires insulaires comme Aruba, a-t-il dit.  Il a invité les États Membres à abandonner les réflexions à court terme pour privilégier des programmes et des calendriers coordonnés et, surtout, le sens moral du devoir.

M. LI BAODONG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que, la semaine dernière, son gouvernement avait adopté son treizième plan quinquennal relatif au développement économique et social, qui articule la vision d’un développement « innovant, coordonné, vert, ouvert et partagé ».  Il a en outre identifié les cibles prioritaires de celui-ci, qui ambitionne de notamment sortir de la pauvreté 55,75 millions de personnes dans les zones rurales, la construction de 20 millions de nouveaux logements urbains et la mise en place d’un réseau centralisé de traitement des eaux usées. 

Le Vice-Ministre a ensuite indiqué qu’un « mécanisme interagences » formé de représentants de 43 départements avait été établi pour coordonner la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les autorités chinoises poursuivront également, à l’avenir, les initiatives de coopération Sud-Sud, par le biais d’un fonds d’affectation spéciale, a assuré M. Baodong.

M. IGOR LUKSIC, Vice-Premier Ministre de Monténégro, a déclaré que son pays procédait actuellement à l’intégration des objectifs de développement durable dans le cadre d’une stratégie nationale pour les 15 prochaines années.  L’accession à l’Union européenne devrait aussi être un facteur important de changement.  Il a pensé que les leçons tirées du processus de mise en œuvre des ODD doivent être partagées entre les pays et que les commissions économiques régionales ont un rôle important à jouer à cet égard.

Le Monténégro fera partie du premier groupe de pays à présenter ses activités d’intégration du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, lors du Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC en juillet prochain, a annoncé M. Luksic.  Il a souhaité une réponse plus proactive de la part des Nations Unies pour créer un environnement propice à la réalisation des ODD. 

Mme ASA ROMSON, Vice-Premier Ministre de la Suède, a plaidé en faveur d’une mise en œuvre forte et énergique du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en assurant de l’engagement de son pays qui est le sixième plus grand contributeur en termes d’aide humanitaire publique au développement (APD).  La Suède fournit en effet une APD qui représente 1% de son PNB, le pays étant en outre dédié à la lutte contre les changements climatiques.  Hier, a-t-elle indiqué, nous avons eu une réunion sur l’Afrique qui cherchait des synergies entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et celui adopté du même type par l’Union africaine.

« Nous avons besoin d’institutions efficaces qui soient prêtes à relever les défis en vue du développement durable », a plaidé Mme Romson.  Elle a aussi appelé à aider les pays qui n’ont pas les ressources ni les techniques nécessaires pour réaliser les objectifs.  Nous ne pouvons pas réaliser certains objectifs au détriment des autres, a-t-elle aussi prévenu en soulignant le lien étroit qui existe entre tous les objectifs, y compris ceux fixés dans l’Accord de Paris sur le climat.  Enfin, elle a espéré que la Conférence de Fidji, qui aura lieu l’an prochain, donnera un élan aux efforts entrepris pour améliorer la sécurité alimentaire.

M. SIAOSI SOVALENI, Vice-Premier Ministre de Tonga, a expliqué que la mise en œuvre des ODD en était à ses débuts dans son pays, en précisant que Tonga se réjouit de faire partie des trois pays dans la région des Îles pacifiques qui ont bénéficié du soutien du PNUD par le biais de sa stratégie de simplification, d’accélération et de soutien aux politiques (MAPS), ainsi que de fonds et d’assistance technique pour mettre en place le cadre d’application du Programme 2030 au niveau national.  Cela a permis d’inscrire les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les stratégies, politiques ainsi que dans les budgets nationaux qui seront prochainement soumis au Parlement pour examen.  Le Ministre a également décrit le système de suivi et de collecte de données mis en place pour monitorer les progrès et éventuels retards et lacunes dans la réalisation des ODD.

M. NIKO PELESHI, Premier Ministre de l’Albanie, a relevé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était applicable de façon universelle, car il concerne tous les pays, avec toutes leurs différences et réalités nationales.  Ce programme signifie renforcer l’état de droit et les valeurs démocratiques, augmenter la performance économique, améliorer le bien-être des peuples et approfondir l’harmonie sociale.  Il a cité le pape François qui, en visite en Albanie, avait salué l’harmonie interreligieuse du pays. 

Après une transition longue et pénible, l’Albanie, a-t-il expliqué, doit encore peaufiner son programme économique en se basant sur une croissance suivie, tout en respectant l’environnement.  Parmi les éléments clefs qui permettront les progrès, il a cité la réforme judiciaire, l’emploi, l’intégration des jeunes dans le marché du travail, l’inclusion des personnes handicapées et l’autonomisation des femmes.  La qualité et la gratuité de l’éducation, a-t-il dit, sont déjà des domaines prioritaires de notre programme de développement.  Enfin, il a salué le partenariat pilote mis en place entre son pays et le PNUD pour mesurer la réalisation de l’objectif 16 qui vise la paix, la justice et des institutions fortes.

M. KAMAL THAPA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a rappelé que son pays s’efforçait de se relever des séismes dévastateurs et des problèmes d’approvisionnement qui l’ont frappé l’année dernière.  Le développement durable du Népal est entravé par le fait qu’il n’a pas de littoral, qu’il est affecté par les changements climatiques et les catastrophes naturelles et qu’il manque de capacités.  Toutefois, a assuré le Ministre, son gouvernement s’est préparé à la mise en œuvre du nouveau Programme.  Il tirera les enseignements des défis rencontrés dans la mise en œuvre des OMD.

La nouvelle Constitution rédigée par les représentants élus du peuple népalais intègre des valeurs démocratiques universellement reconnues, ce qui crée un environnement propice à la mise en œuvre des ODD, s’est félicité M. Thapa.  Le Népal souhaite quitter d’ici à 2020 la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Pour lui, il est essentiel de consolider le pilier développement des Nations Unies pour garantir l’efficacité du Programme de développement à l’horizon 2030.

M. RAMTANE LAMAMRA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie, a indiqué que son pays, qui a participé de manière active et créative au processus d’élaboration du Programme de développement durable à l’horizon 2030, compte persévérer dans la mise en œuvre de ces objectifs.  Son pays a déjà avancé dans la réalisation des OMD qui sont devenus, au fil du temps, un cadre directeur du développement national, a-t-il indiqué.  Il a expliqué que l’Algérie avait pris très tôt conscience de la nécessité d’intégrer les OMD dans les stratégies nationales de développement, ce qui la place ainsi dans des conditions propices pour réaliser le Programme 2030.

Le Ministre a souligné la révision de la Constitution algérienne qui offre, a-t-il dit, le cadre adéquat pour atteindre tous ces objectifs.  L’Algérie a également mis sur pied une structure nationale de coordination intersectorielle chargée de la coordination et du suivi des mesures prises dans différents secteurs.  La société civile est aussi invitée à participer à ce processus, a-t-il dit en évoquant une journée nationale de sensibilisation, organisée récemment.  M. Lamamra a également assuré les pays pauvres et les moins avancés de l’aide de l’Algérie.  Le Programme 2030 est un véritable programme transformateur, a-t-il estimé, en mettant l’accent sur l’obligation qui incombe aux États Membres de mobiliser les moyens suffisants pour le réaliser.

Les ODD sont partout dans notre vie, a fait remarquer Mme SIVA THANENTHIRAN, de l’Asian Pacific Resource and Research Center for Women (Arrow).  Les ODD ont besoin de l’implication de tous les acteurs, y compris les femmes, pour réussir.  Elle a évoqué la volonté politique des États d’Asie pour un accès universel à la santé, dont la santé génésique.  Garantir les droits fondamentaux des femmes et la parité des sexes, et permettre aux voix critiques de la société civile de s’exprimer, sont des conditions essentielles pour le développement durable.  

M. NEVEN MIMICA, Commissaire européen pour la coopération internationale et le développement de l’Union européenne, a assuré de l’engagement de l’Union européenne à mettre en œuvre les objectifs de développement durable, grâce à toute une série de politiques qui contribuent à une croissance inclusive dans les pays membres.  Celle-ci aide les pays partenaires par le biais de la coopération et de l’aide au développement, selon une vision partagée qui avait été définie en 2005.  Il nous faut maintenant un nouveau consensus pour concrétiser les objectifs de développement durable, a-t-il dit.

Les États membres de l’Union européenne ont réaffirmé leur engagement collectif à apporter 0,7% de leur PIB à l’APD dans le délai prévu pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Notre APD a augmenté de 15% en 2015 pour atteindre 68 millions d’euros, a indiqué le Commissaire européen en précisant que l’Union européenne mobilisait des finances auprès de sources publiques et privées, nationales et internationales.  L’Union européenne a créé aussi les conditions nécessaires à un développement inclusif et durable.  Avant de conclure, M. Mimica a estimé qu’il faudrait établir un cadre transparent et complet pour le suivi et l’examen du Programme 2030, en assurant que l’Union européenne était prête à travailler avec ses partenaires à cette fin.

M. SURASAK KARNJANARAT, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que l’éradication de la pauvreté était une condition préalable au développement.  « Il n’y a pas de solution unique et chaque pays a le droit souverain de choisir ses propres stratégies », a-t-il insisté.  L’imposition de sanctions unilatérales ne contribue pas au développement économique ni au dialogue.

Pour le Ministre, la réalisation des ODD dépendra des moyens financiers de mise en œuvre.  Les Nations Unies ont un pouvoir fédérateur pour pousser les dirigeants à respecter leurs engagements à cet égard.  Le Groupe des 77 et la Chine participeront de manière constructive aux efforts de suivi et d’examen du Programme 2030 et utiliserons les leçons apprises, a assuré M. Karnjanarat.

M. ASHRAF EL ARABY, Ministre de la planification de l’Égypte, au nom du Groupe des États arabes, a rappelé l’obligation qu’a la communauté internationale de mobiliser toutes les ressources nécessaires pour parvenir à éradiquer la pauvreté d’ici à 2030.  Soulignant les inégalités entre le Nord et le Sud, il a appelé à les atténuer à travers des partenariats, l’application de la responsabilité commune mais différenciée et en tenant compte des vulnérabilités spécifiques à chaque pays.  Le développement de la région arabe est entravé par des conflits et, en particulier, par l’occupation du Territoire palestinien par Israël, a-t-il rappelé en soulignant le besoin d’assister les populations des pays de la région sur la voie du développement durable.  Il a aussi appelé à lutter contre le terrorisme en coordonnant les efforts au niveau international afin de lutter contre les causes de ce phénomène. 

Le Ministre s’est ensuite inquiété des conséquences à long terme des déplacements massifs de population, notamment les problèmes de santé, de logement, d’éducation ou encore d’énergie qui se posent pour les pays d’accueil.  Il a donc appelé à renforcer les capacités des pays hôtes.  Quant aux défis résultant des changements climatiques, il a souhaité un financement adéquat pour l’atténuation des effets et pour l’adaptation.  Il faut faire une différence entre le financement du développement et celui de la lutte contre les changements climatiques, a-t-il conseillé, avant de plaider en faveur d’un financement des ressources hydriques.  Enfin, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle respecte ses engagements, notamment en termes d’APD, en se disant préoccupé par le déclin de celle-ci ces dernières années.  Il faut aussi éliminer les inégalités en termes de capacités techniques, a-t-il ajouté.

M. THORIQ IBRAHIM, Ministre de l’environnement et de l’énergie des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a rappelé que l’Assemblée générale s’est engagée à ne laisser personne de côté dans le développement durable.  « Où en sommes-nous dans ce parcours? » a-t-il demandé.  Il est temps de comprendre les liens entre la prospérité, la mobilité sociale et la protection de l’environnement et de mesurer les conséquences de nos actions, a-t-il dit.  Les petits États insulaires ont établi une vision dans les « Orientations de Samoa » qui souligne les défis uniques auxquels ils sont confrontés et leur situation particulière, a-t-il rappelé.  Ils y reconnaissent « la vraie valeur d’une approche coordonnée et intégrée » et le fait que le développement durable est un processus d’apprentissage.

Le Ministre a remercié les nombreux pays qui ont manifesté un intérêt pour l’initiative des petits États insulaires en développement qui souligne le besoin urgent qu’il y a de passer à une énergie verte, et de recevoir un financement et une aide technique adéquats pour le renforcement de leurs capacités.  Les effets de plus en plus graves des changements climatiques, dont le blanchiment des coraux, rendent la réalisation des ODD difficile.  C’est pourquoi, il a demandé à tous les pays de ratifier l’Accord de Paris dès que possible.  Pour lui, les critères de financement actuels ne donnent pas une pleine idée des besoins de ces pays.  Compte tenu de l’importance de l’environnement maritime et des ressources de l’océan pour réduire la pauvreté et préserver la biodiversité, il a également insisté sur la nécessité de lutter contre la pollution induite par le plastique et ses débris qui ne se dégradent pas.

Pour Mme CAROLE DIESCHBOURG, Ministre de l’environnement du Luxembourg, l’accomplissement des objectifs de développement durable (ODD) appelle une action à tous les niveaux et, au premier chef, une action au niveau national.  Son ministère, en collaboration avec celui de la coopération et de l’action humanitaire vont saisir, la semaine prochaine, « tous les collègues du Gouvernement pour avancer vers la mise en œuvre de l’Agenda 2030 », ce qui se fera principalement par voie du Plan national pour le développement durable.  La Ministre préconise la définition d’objectifs nationaux et l’alignement d’objectifs sectoriels dans le cadre d’un plan de mise en œuvre piloté par tout le Gouvernement.  La Ministre a souligné aussi que l’Agenda 2030 n’était pas seulement un agenda pour les gouvernements, mais aussi « un agenda pour les nations ».  

Mettre en œuvre le Programme 2030 et progresser sur la voie du développement durable requiert certes la collaboration entre tous les échelons de l’État, mais aussi l’apport du secteur privé, la participation des acteurs économiques, de la société civile et des milieux académiques, a-t-elle précisé.  Le Conseil supérieur pour un développement durable agira en tant que plateforme pour des partenariats « Agenda 2030 ».  La Ministre est également revenue sur l’action climat de son pays, notamment le « Pacte Climat » qui a pour objectif de renforcer le rôle exemplaire des autorités locales, qui sont soutenues financièrement par l’État, dans la politique climatique selon le principe « Penser global-agir local ».  À ce jour, 100 des 106 municipalités luxembourgeoises ont signé le Pacte et 69 ont reçu le certificat « Pacte climat », ce dont la Ministre se dit être fière.

M. ESBEN LUNDE LARSEN, Ministre de l’environnement et de l’agriculture du Danemark, a demandé d’impliquer tous les intervenants dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Au Danemark, le gouvernement est en train de mettre au point un plan d’action qui contient des priorités fixées sur la base de son expérience en matière d’aide au développement.  Notre contribution au Programme 2030 mettra l’accent sur le financement, les technologies et le partenariat, a-t-il précisé.  Le Ministre a fait valoir que le Danemark avait depuis longtemps réalisé l’objectif de consacrer 0,7% du PIB au développement, tout en prévenant que même si tous les pays le faisaient cela ne suffirait pas à financer le développement.

Le Danemark a une longue tradition de donner la priorité à la protection de l’environnement avec une bonne coopération dans ce domaine entre les secteurs privé, public et universitaire, a rappelé le Ministre.  Il a qualifié son pays de « centre mondial de techniques vertes », vantant les mérites de ces techniques qui permettent, a-t-il dit, de trouver des solutions pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Les techniques alimentaires du Danemark, par exemple, peuvent assurer la réalisation de l’objectif 2 relatif à l’agriculture durable.  Le Ministre a aussi souligné l’importance des partenariats, soulignant l’initiative du Forum vert lancé par le Mexique, la République de Corée et le Danemark en 2011.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance du suivi de la mise en œuvre du Programme 2030, en plaçant ses espoirs dans le Forum politique de haut niveau qui se réunira en juillet prochain.

M. ANDRÉ VALLINI, Ministre d’État pour le développement et la Francophonie de la France, a indiqué que son pays avait choisi « un pilotage cohérent, inclusif et efficace » du dispositif mis en place par le Programme 2030.  Cette nouvelle feuille de route fait suite à l’engagement de la Ministre de l’environnement de la France en faveur d’une transition pour une croissance verte et pour le renforcement de son indépendance énergétique.  La France, a assuré le Ministre, poursuit ses actions en faveur des pays les plus vulnérables et consacrera, d’ici à 2020, plus de 4 milliards d’euros à l’aide au développement, dont la moitié au climat.

Pour mettre en œuvre les ODD, la France a mobilisé l’ensemble des corps de l’État et de tous les acteurs de la société civile, a poursuivi M. Vallini.  Pour lui, « les ODD offrent aussi un cadre de redevabilité qui nous engage tous ».  Cette année, le gouvernement procèdera à un examen de la mise en œuvre des ODD et de leur intégration dans son action nationale.  Enfin, il a tenu à souligner qu’en 2013 le flux financier illicite se montait à 1 100 milliards de dollars dans le monde, une somme à comparer aux 135 milliards d’aide publique au développement.  « La lutte contre la fraude et l’évasion fiscale est une question dont chaque État doit se saisir, un enjeu de développement solidaire », a-t-il conclu. 

Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme de développement des Nations Unies (PNUD), a demandé d’impliquer l’ensemble des ministères et des acteurs nationaux en vue de réaliser le développement durable, en incluant le secteur privé et les médias notamment.  Nous devons aussi utiliser toutes les sources possibles de financement pour réaliser le développement durable, qu’elles soient publiques, privées, nationales ou internationales.  Mme Clark a aussi recommandé de renforcer la coopération, notamment la coopération Sud-Sud, et le partage des compétences.  Le système des Nations Unies doit faire sa part de travail, a-t-elle reconnu en signalant que 95 équipes de pays ont été sollicitées pour cela.  Elle a souhaité que cela permette de combler les lacunes en termes de données et de statistiques.

Mme MARIA ESTHER REUS GONZÁLEZ, Ministre de la justice de Cuba, a rappelé que pas moins de 2,7 milliards de personnes dans le monde vivent dans la pauvreté et que la mortalité maternelle dans les régions en développement est 14 fois plus élevée que dans les pays développés.  Les ressources existent, a-t-elle assuré en citant les 1,7 million de dollars consacrés annuellement aux dépenses militaires.  Elle a fait valoir que son pays, qui est soumis à un blocus économique, commercial et financier, est la preuve de ce que l’on peut réaliser avec peu de ressources.

La Ministre a fait appel à la volonté politique des pays développés qui doivent tenir leurs promesses en matière d’APD.  Il est urgent, a-t-elle ajouté, de réformer les institutions financières internationales.  La Ministre a demandé également la création de mécanismes de transfert de capacités et de technologies.  En outre, elle a plaidé en faveur de la réforme du système commercial international afin qu’il soit juste et équitable.  Elle a aussi demandé aux pays avancés de respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Cuba, a-t-elle indiqué, a mis au point un mécanisme de coordination des travaux de tous les acteurs du pays visant la mise en œuvre du Programme 2030.

Annonçant qu’il est à New York pour signer l’Accord de Paris, M. JAVAD ZARIF, Ministre des affaires étrangères de l’Iran, a estimé que si chaque pays est le premier responsable de son développement, la mise en œuvre du Programme 2030 doit néanmoins être facilité par la fourniture de moyens de mise en oeuvre « ambitieux, inclusifs et non discriminatoires » à tous les pays en développement.  Dans ma région, a-t-il déclaré, la priorité est de mobiliser un effort global contre l’extrémisme violent et les conséquences de défis environnementaux comme les tempêtes de sable qui exigent une coopération régionale et internationale. 

M. SIRODJIDIN ASLOV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a indiqué que son pays est en train de mettre sur pied sa stratégie de développement 2030 et son programme de développement à moyen terme 2016-2020 qui tiendra compte « autant que possible » du Programme 2030.  Pour le Tadjikistan, les objectifs clefs sont en effet l’indépendance énergétique, la solution aux problèmes de communication d’un pays sans littoral et la sécurité alimentaire.  L’énergie hydraulique et les sources d’énergie renouvelable sont la priorité des priorités, a insisté le représentant, en parlant du projet CSA-1000 sur la fourniture de l’énergie générée par les centrales hydrauliques du pays aux autres pays d’Asie du Sud.  Le représentant a aussi mis l’accent sur la proposition de son pays de proclamer une nouvelle décennie sur « l’eau pour le développement durable ».  La réalisation des objectifs fixés, a-t-il poursuivi, exigera de résoudre la question « problématique » de la mobilisation des ressources.  Il a souligné la nécessité pour les pays donateurs d’augmenter l’APD et celle de redynamiser le commerce international et les investissements, et de renforcer le transfert de technologies novatrices et écologiquement saines.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que « nous ne pouvons plus continuer à travailler comme par le passé ».  Il faut mettre en œuvre les objectifs de développement durable grâce à des synergies et des approches globales.  Il faut garder à l’esprit le fait que l’ensemble de ces objectifs sont liés les uns aux autres et que les institutions doivent travailler ensemble et non de manière cloisonnée.  « L’heure de l’action a sonné », s’est-il exclamé. 

M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a rappelé que les Nations Unies avaient permis un dialogue entre les pays et les populations qui a abouti à un Programme « complexe » pour le développement durable.  Relevant les défis et les menaces que représentent les changements climatiques pour le développement, notamment pour les petits États insulaires en développement, il a attiré l’attention sur la valeur de la science des changements climatiques.  Il a souligné que l’émergence des technologies à faible émission de carbone était un raccourci pour l’accès à l’énergie des personnes en marge du développement.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a prévenu que pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici 2030, il faudra que les méthodes de travail de l’ONU s’affranchissent d’un assujettissement aveugle au formalisme.  Nous passons notre temps à parler de questions certes importantes mais surtout bureaucratiques, à savoir le travail des commissions, la périodicité des résolutions ou les questions que doivent couvrir les rapports du Secrétaire général dont « la longueur les protègent du risque d’être lus », a prévenu le Ministre en paraphrasant Winston Churchill.  Ne laissons pas l’ONU et les États devenir les otages « des règlements intérieurs ».  Le succès du Programme 2030 dépend de l’implication de tous les segments de la société et conscient de cela, le Bélarus a organisé en octobre dernier, en coopération avec l’ONU « Le train express de l’ONU au Bélarus pour les objectifs de développement durable » impliquant plus de 150 000 personnes qui ont appris comment contribuer à leur mise en œuvre. 

Le Bélarus réfléchit d’ailleurs à la mise en place d’une institution des coordonnateurs nationaux.  La coordination étant également nécessaire pour la mobilisation des ressources, le Ministre a estimé que les pays devraient avoir accès à « une boutique unique » ou à « un centre de coordination de l’aide de l’ONU » qui offrirait, en un seul endroit, les conseils techniques, les financements, la technologie et autres moyens de mise en œuvre.  Le Ministre a conclu en attirant l’attention sur la situation des 100 pays à revenu intermédiaire auxquels l’aide échappe alors qu’ils représentent plus de la moitié des membres de l’ONU, la majorité de la population mondiale, plus du tiers du PNB mondial et un quart des exportations et des importations dans le monde.  Leur expérience montre pourtant que les problèmes de la pauvreté et de l’extrême pauvreté peuvent être résolus, a fait valoir le Ministre.

M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre et Ministre de la coopération au développement, de l’agenda numérique, de la poste et des télécommunications de la Belgique, s’est réjoui que pour la première fois dans l’histoire multilatérale, nous ayons un programme mondial et universel pour éliminer la pauvreté et assurer une croissance durable.  La Belgique est prête pour le changement, a affirmé le Ministre.  Il a mentionné « le leadership remarquable » de la Reine Mathilde, membre du Groupe de plaidoyer du Secrétaire général pour les objectifs de développement durable.  Il a aussi parlé de son gouvernement qui met en place un partenariat impliquant les niveaux fédéral, régional et local du pays.  Nous devons « infuser » le goût des objectifs de développement durable dans toutes nos politiques, a dit le Ministre.  La Belgique prépare d’ailleurs un calendrier pour la stratégie de mise en œuvre et d’intégration des objectifs de développement durable dans toutes les politiques.  Elle devrait aussi présenter son premier rapport d’évaluation au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC en juillet prochain. 

Le Ministre a souligné le rôle du secteur privé, promettant que son pays continuera à appuyer ce secteur dans tous ses pays partenaires grâce à sa Société d’investissements dans les pays en développement qu’elle ouvre aux investisseurs privés.  L’implication du secteur privé doit aller au-delà du financement, a-t-il estimé, expliquant que si nous voulons que la croissance accélère le progrès humain, nous devons « stratégiquement » engagé le secteur privé.  Les objectifs de développement durable sont une chance unique et c’est la raison pour laquelle la Belgique travaille à une « Charte » pour les entreprises belges, une charte sur l’intégration des objectifs dans leurs activités essentielles. 

Mme MIREI ENDARA DE HERAS, Ministre de l’environnement du Panama, a indiqué que son pays avait entériné les objectifs de développement durable par décret.  Il faut maintenant développer des liens entre les investissements publics et ces objectifs, a-t-elle prévenu en expliquant œuvrer pour que le secteur privé se les approprie.  Mme Endara a parlé du défi du financement.  L’évasion fiscale, qui a fait l’objet d’une couverture médiatique intense ces derniers temps, est un problème mondial qui doit être traité à l’échelle mondiale, a-t-elle tranché.  Il faut de la volonté politique pour rediriger ces ressources, pour le bien-être de l’ensemble de la collectivité.  Nous sommes en train, a-t-elle expliqué, d’aligner les objectifs de développement durable avec la Vision 2030.  Elle a annoncé la création d’un système unique d’indicateurs de développement et pays à revenu intermédiaire, le Panama a mis au point un indice couvrant toutes les dimensions de la pauvreté.  La Ministre a aussi indiqué que 27,7% du budget est consacré au secteur de l’eau.  Une attention est également portée à la forêt.

M. TAHER SHAKHASHIR, Ministre de l’environnement de la Jordanie, a tenu à rappeler que son pays avait reçu 1,4 million de réfugiés syriens malgré le manque de ressources.  Cette augmentation soudaine de la population, a-t-il précisé, a eu des répercussions sur toutes les dimensions du développement durable du pays, et sur les secteurs de l’éducation, de l’énergie, des déchets et de l’assainissement.

Un comité directeur de haut niveau participatif a été créé pour intégrer les ODD dans les plans d’action nationaux, a expliqué le Ministre.  Il s’agit de renforcer les capacités, de fournir un appui pour permettre une bonne collecte des données et de mobiliser des ressources dans tous les secteurs.  Il a espéré que l’APD qui sera octroyée à la Jordanie ira dans le sens de ces efforts.  De plus, une institution d’ensemble sera chargée du suivi.  La Jordanie prépare sa transition vers une économie verte, en partenariat notamment avec l’Allemagne et le PNUE, a-t-il indiqué.

M. ABDOULAYE BALDE, Ministre du développement et de l’environnement du Sénégal, a déclaré que la mise en œuvre des objectifs de développement durable posait la question essentielle du financement des efforts de développement.  Il a regretté le déclin de l’aide publique dont l’efficacité est en outre altérée par la disparité et la complexité des mécanismes d’intervention.  Au Sénégal, l’aide publique compte pour environ 6% du PIB mais fait quand même intervenir plus de 460 partenaires bilatéraux, multilatéraux et non gouvernementaux, a-t-il illustré, en expliquant que chacun a ses propres règles et procédures.  Conformément à la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, il devient urgent, a-t-il dit, de simplifier et de rationaliser les procédures pour une meilleure appropriation de l’aide par les pays bénéficiaires; d’harmoniser les partenariats; et de promouvoir une gestion axée sur les résultats et la responsabilité mutuelle.  Il a aussi plaidé en faveur de l’assouplissement des règles d’accès au crédit.

Changer de paradigme pour la réalisation des objectifs de développement durable, c’est aussi travailler pour des codes et des contrats miniers justes et équitables, a-t-il poursuivi, avant de demander de mettre en œuvre l’initiative CONNEX du G7 sur le soutien aux pays en développement dans les négociations de contrats complexes, en particulier dans l’industrie extractive.  Venant à la question des paradis fiscaux et des flux financiers illicites, il a rappelé que ces pratiques illégales avaient fait perdre à l’Afrique des ressources estimées à 30-60 milliards de dollars par an.  Si l’Afrique arrivait à recouvrer seulement 17% des ressources placées illégalement à l’étranger, elle pourrait solder la totalité de sa dette et financer par ses propres moyens ses besoins de développement.  Il faudrait, en a-t-il déduit, accorder une plus grande place à la coopération internationale pour la lutte contre toutes les pratiques frauduleuses qui affectent nos économies, au Nord comme au Sud.  Le Sénégal continuera de soutenir les initiatives dans ce domaine, à l’instar du partenariat États-Unis-Afrique contre le financement illicite et pour la transparence dans la gestion des affaires publiques, a-t-il assuré.

M. MIKHEIL JANELIDZE, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a indiqué que son pays avait lancé un processus intensif en vue de traduire les objectifs de développement durable en priorités nationales, en consultation avec la société civile et en partenariat avec toutes les parties prenantes.  Dans ce contexte, il s’est doté d’un mécanisme de coordination des donateurs qui sert de plateforme entre le Gouvernement et les partenaires au développement pour renforcer l’efficacité de l’aide, a précisé le chef de la diplomatie géorgienne.  Il a affirmé qu’avec les réformes liées à l’introduction des plus hautes normes européennes en vigueur en matière de droits humains, d’état de droit, de justice et de protection sociale, la Géorgie s’est embraquée sur la voie d’ambitieuses réformes économiques.  L’une d’entre elles consiste à développer un environnement propice à l’épanouissement du secteur privé et à la création d’emplois, en particulier par le biais de la réforme fiscale et d’investissements vigoureux.

« Les objectifs de développement durable prétendent construire un monde plus équitable et plus juste, mais cela ne sera pas vrai tant que nous n’en finissons pas avec le capitalisme privatif et l’impérialisme comme instrument de soumission », a prévenu M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie.  Ce sont un milliard de personnes qui vivent dans la pauvreté et plus de 100 millions qui souffrent de la faim dans le monde.  Près de la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.  « Ce panorama catastrophique est dû au fait que 1% de la population mondiale détient la moitié des richesses mondiales », a-t-il dénoncé.

En Bolivie, l’économie se fonde sur la justice et l’égalité, la différence entre les plus riches et les plus pauvres ayant été réduite, de même que l’extrême pauvreté.  Plus de 20% de la population est entrée dans la classe moyenne, s’est félicité le Président.  Le monde, a-t-il prévenu, ne peut pas continuer avec l’oppression et le colonialisme qui provoquent la perte d’identité des peuples.  Il faut lutter contre la pauvreté et pour un modèle dans lequel nous allons tous protéger le patrimoine universel et la « Terre nourricière ».  Il faut entre autres garantir l’accès à l’eau et aux services de base et se protéger des ingérences extérieures.

M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, a rappelé que la Méditerranée est touchée par les crises de la migration, appelant à rejeter la politique de la peur, à une époque où l’Europe connait une des pires crises des réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a dénoncé le manque de courage des politiciens et la fausse idée selon laquelle on peut régler les problèmes en se contentant de poster des messages sur Twitter ou Facebook.  Il est temps d’augmenter l’APD et de renforcer la coopération internationale, a-t-il dit en invitant le G7 et le G20 à accorder la priorité à ces questions.  L’Italie va accueillir le G7 dans les semaines à venir et entend attirer l’attention sur les droits de la femme et de l’enfant, la création des capacités pour les infrastructures sociales et les instruments financiers, a poursuivi le Premier Ministre.  L’Italie a aussi proposé de créer une nouvelle plateforme de développement pour les pays africains.  Tous les jours, l’armée italienne sauve des vies en Méditerranée et il est temps d’adopter une stratégie efficace, a conclu le Premier Ministre.  

M. EMMANUEL F. ESGUERRA, Secrétaire général de l’Autorité du développement et de la planification socioéconomique des Philippines, a indiqué que son pays compte établir une première liste d’indicateurs pour les objectifs de développement durable qu’il présentera au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC mais qu’il finalisera en décembre.  Le pays veut mettre en place un vigoureux système de suivi pour assurer la collecte systématique de données actualisées pour évaluer les progrès.  Des efforts sont faits pour institutionnaliser les objectifs de développement durable dans la planification du développement, les programmes d’investissement et les processus budgétaires.  La sensibilisation des communautés et des gouvernements locaux est également prévue. 

Les Philippines ne vont pas en rester là.  Elles comptent établir une feuille de route pour guider le Gouvernement et les autres parties partenaires sur les actions, ressources, responsabilités et partenaires nécessaires.  L’égalité des sexes, la résilience aux conséquences du changement climatique et la responsabilité fiscale y figureront en bonne place.  Les Philippines savent qu’elles auront à renforcer les capacités nationales, en particulier celles des communautés et des leaders locaux appelés à travailler directement à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour ce faire, un plan de communication stratégique sera établit pour sensibiliser l’opinion publique, créer un registre des connaissances, assurer la cohérence des messages et mobiliser l’appui le plus large possible.

M. RI SU YONG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a prévenu que le Programme 2030, qui appelle au plein respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des pays, va se heurter, en RPDC, à des obstacles érigés par des forces extérieures.  Au moment où je vous parle, a affirmé le Ministre, les manœuvres  nucléaires les plus importantes de l’histoire sont effectuées dans la Péninsule coréenne où plus de 300 000 soldats américains sont déployés.  Ces manœuvres contre la RPDC n’ont pas cessé depuis les années 50.  Le Gouvernement de la RDPC a tenté en vain le dialogue avec les États-Unis qui ont fini par le forcer à faire, à son tour, le choix du nucléaire.  Le Ministre a dit ne pas comprendre les réactions aux actes de légitime défense de son pays car si on applique à tous la même logique, tous les pays qui lancent des satellites, y compris les États-Unis, devraient être dénoncés. 

Il n’a pas hésité, de son côté, à dénoncer les sanctions imposées par le Conseil de sécurité et a averti que quelles que soient leur force et leur sévérité, « notre peuple » les affrontera avec courage en brandissant bien haut le drapeau de l’autodéveloppement.  « Rira bien qui rira le dernier », a dit le Ministre, car nous en sortirons victorieux et nous ferons payer aux États-Unis « le prix fort » pour avoir menacé notre développement durable.  Le Ministre a aussi prévenu que le monde ne parviendra jamais à ce développement s’il ne met pas fin à l’arbitraire et aux antagonismes servis par les décisions unilatérales, les pressions politiques, militaires et économiques, et les menaces.  Les États-Unis abusent du Conseil de sécurité lequel doit de toute urgence être réformé pour s’affranchir de l’influence américaine.  « Du haut de cette tribune, je lance un appel solennel aux États-Unis pour qu’ils renoncent immédiatement à tous les types de menaces nucléaires, qu’ils lèvent les sanctions et qu’ils abandonnent leur politique hostile et anachronique contre la RPDC », a conclu le Ministre. 

M. HERALDO MUÑOZ, Ministre des affaires étrangères du Chili, a appelé à redéfinir les équilibres de pouvoirs économique, politique et culturel entre les pays et à l’intérieur des sociétés.  Soulignant le caractère complet et intégré du Programme 2030, il a souhaité que sa mise en œuvre se fasse par l’intégration des objectifs de développement durable dans les plans de développement nationaux.  Il faut aussi une coordination régionale, a-t-il ajouté en signalant la création du Forum de l’Amérique latine et des Caraïbes pour le développement qui devrait appuyer le Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC.  Les objectifs de développement durable sont un défi commun de l’ensemble des citoyens sud-américains, a-t-il noté en appelant à renforcer l’engagement en faveur de la cohésion sociale. 

M. SAIDOU SIDIBE, Ministre des finances du Niger, a indiqué qu’en tant que PMA sans littoral, le Niger place beaucoup d’espoirs dans le Programme.  Le pays est confronté à des aléas climatiques récurrents, notamment à des cycles de sécheresse qui ont des conséquences sur l’agriculture et l’élevage, les principales sources de revenus des Nigériens.  Cette situation les place de fait dans une situation de précarité alimentaire et économique.  À ces facteurs naturels se sont ajoutés d’autres tels que les changements climatiques et les menaces sécuritaires qui prennent de plus en plus d’ampleur et s’étendent dans toute la région sahélo-saharienne et à travers le monde, toutes choses préjudiciables aux efforts de développement du pays.

Le Ministre a rappelé que depuis 2011, le Président nigérien a mis en place l’initiative des « 3N », soit « les Nigériens nourrissent les Nigériens ».  Ce programme de sécurité alimentaire et nutritionnelle, a-t-il expliqué, vise à affranchir la production agricole des aléas climatiques et assurer une alimentation saine et complète notamment aux enfants.  Sur un plan général, un Programme de développement couvrant tous les secteurs socioéconomiques a été mis en œuvre afin d’assurer la trilogie sécurité-développement-démocratie.  Le Ministre a également annoncé le lancement prochain du Programme de Renaissance II qui ambitionne de maintenir le taux de croissance annuelle moyen à au moins 7%.  Il a souligné que pour atteindre tous ses objectifs, le Niger, comme la plupart des pays en développement, aura besoin du soutien massif de la communauté internationale, tant sur le plan financier que technique et dans le domaine du renforcement des capacités.

M. SIGRUN MAGNUSDOTTIR, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de l’Islande, a indiqué qu’une structure avait été mise en place auprès du Cabinet du Premier Ministre pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en coopération avec les Ministères et la société civile. Le Ministre a lui-même lancé une campagne pour réduire les gaspillages dans la production alimentaire, dans le cadre d’une stratégie générale visant à limiter les déchets et à lutter contre le changement climatique. Forte de son expérience, l’Islande mène quatre programmes de formation à l’Université des Nations Unies sur la parité des sexes, la pêche, la conservation des terres et l’énergie géothermale, à l’intention des experts de pays en développement, notamment en Afrique de l’Est.    

M. THANI AL ZEYOUDI, Ministre des changements climatiques et de l’environnement des Émirats arabes unis, a indiqué que la réalisation du Programme 2030 exigera des efforts coordonnés de la part de toutes les parties prenantes.  Les Émirats arabes unis, a-t-il indiqué, ont d’ores et déjà aligné les objectifs de développement durable avec les stratégies nationales.  En outre, par l’entremise de l’Agence des énergies renouvelables, les Émirats continuent de prêter leur assistance à divers projets de coopération technique.  Ils contribuent également avec constance à l’aide publique au développement, notamment à la création d’un environnement favorable aux investissements.  Le Ministre a estimé qu’il serait nécessaire d’établir des mécanismes de suivi de la mise en œuvre du Programme 2030 tout au long des 15 prochaines années.

M. RAFAEL PACCHIANO ALAMÁN, Secrétaire d’État à l’environnement et aux ressources naturelles du Mexique, a indiqué que le Gouvernement mexicain prépare sa feuille de route nationale pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Mexique continue à participer activement au régime climatique global, a-t-il dit en appelant à mettre pleinement en œuvre l’Accord de Paris.  Il a fait part des progrès accomplis par son pays dans la voie du développement, pointant les améliorations dans la protection des aires terrestres et marines, ainsi que dans l’accès à l’eau potable.  Aujourd’hui, 91% de la population a accès l’eau potable et 87% à l’assainissement.  L’éducation primaire est universelle et l’égalité des sexes est une réalité dans tous les niveaux de l’enseignement.  Enfin, il a signalé que la treizième Conférence des États parties à la Convention sur la diversité biologique aura lieu au Mexique en décembre 2016.

M. RICHARD BRABEC, Ministre de l’environnement de la République tchèque, a déclaré que s’agissant du Programme 2030, son pays a articulé sa réflexion autour des « M »- mindsets, mainstreaming and maintaining coherence, c’est-à dire, « changements des mentalités, intégration des politiques et cohérence ».  Si le changement des mentalités est une chose particulièrement difficile, le Ministre a aussi avoué qu’au niveau international, il faut adapter les outils et les mécanismes, les passer sous la loupe des objectifs de développement durable et les rendre efficaces « à l’unisson ».

Mme IZABELLA TEIXEIRA, Ministre de l’environnement du Brésil, a estimé qu’il ne fallait pas établir de hiérarchie entre les objectifs de développement durable ou les retirer du « contexte multidisciplinaire » dans lequel ils ont été parachevés.  Soulignant la primauté du financement pour le développement, du renforcement des capacités et du commerce international, elle a expliqué que ces trois aspects étaient d’une importance cardinale pour les pays les moins avancés.   Fort de ses succès dans la réalisation des OMD, le Brésil a l’intention de continuer sur cette lancée en consultations avec la société civile et d’intégrer les cibles du Programme 2030 dans les plans à moyen et long terme.  Mme Teixeira a donné également l’assurance que son pays continuerait de faire sa contribution à la coopération Sud-Sud.

M. MARKO POMERANTS, Ministre de l’environnement de l’Estonie, a prévenu que la mise en œuvre du Programme 2030 doit être conforme à l’Accord de Paris sur le climat.  La cohérence et la synergie seront décisives.  Le rôle des gouvernements est primordial mais compte tenu du caractère horizontal des questions de développement durable et du climat, l’implication de tous les acteurs s’impose.  Les gens doivent savoir que leur contribution compte et que par des petits changements pratiques à leurs gestes quotidiens, ils peuvent influencer le cours des choses, a dit le représentant, en pensant aux modes de consommation et de production.  L’expérience de l’Estonie le prouve: les technologies de l’information et des communications contribuent à la croissance économique, à l’efficacité énergétique et au développement humain.  En 2015, l’Estonie a contribué au Rapport de la Banque mondiale sur les dividendes numériques qui a conclu que les TIC profitent surtout aux pays qui ont des institutions fortes et fiables et qui ont mis en œuvre des réformes juridiques globales appuyant les solutions numériques.  L’Estonie sera d’ailleurs parmi les premiers pays à présenter en juillet prochain au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC son rapport sur la mise en œuvre du Programme 2030.

M. JAMES FLETCHER (Sainte Lucie) a souligné qu’il faut des politiques multilatérales de financement et des partenariats qui tiennent comptent des priorités nationales, appelant à un équilibre entre ces priorités et les exigences des bailleurs de fonds.  Il a à son tour réclamé l’intensification du transfert des technologies et en tant que petit État insulaire en développement, le renforcement des actions contre l’impact des changements climatiques.

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a dit que le succès du Programme 2030 sera tributaire d’un certain nombre d’éléments notamment le respect des politiques des États et l’alignement sur leurs priorités nationales, la réforme de la gouvernance économique mondiale et la mobilisation sans faille des moyens de mise en œuvre.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable appelle également au renforcement de la cohérence du système de développement des Nations Unies, qui ne peut perpétuer l’approche fragmentée qui caractérise son action à l’heure actuelle.  Le système doit assurer un équilibre judicieux entre les ressources ordinaires et les ressources « pré-affectées » en amont des projets, pays ou régions spécifiques.  Ces ressources « pré-affectées » constituent aujourd’hui plus de 80% des budgets des fonds, programmes et agences de l’ONU dont ils hypothèquent le rendement.

Au Cameroun, dans le but d’atteindre les objectifs de développement durable, un plan à deux phases a été mis sur pied.  Le premier porte sur la contextualisation-vulgarisation et la seconde sur la mise en œuvre des objectifs.  Pour une mise en œuvre efficiente de ces deux phases, la stratégie du Gouvernement entrevoit leur ancrage au plan de développement du Cameroun, dont les stratégies sectorielles et thématiques contenues dans le Document de Stratégie pour la croissance et l’emploi matérialisent la vision de l’émergence du pays à l’horizon 2035. 

Mme SUSANA MALCORRA, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, a précisé que les objectifs de développement durable est un programme planétaire certes mais qui doit également respecter les priorités nationales.  Le Gouvernement argentin a établi comme priorité de son Plan de développement l’éradication complète de la pauvreté grâce à l’Initiative « Zéro pauvreté ».  En mars dernier, le pays a lancé le processus national de suivi du Programme 2030 et pour en assurer le succès, il estime qu’il faut un engagement mondial en faveur de la coopération, dont le financement et le transfert des technologies.  La coopération Sud-Sud doit pouvoir jouer son rôle et les trois piliers du développement durable doivent être équitablement pris en compte dans la mise en œuvre et le suivi.   

Mme PAULA BENNETT, Ministre des questions du changement climatique de la Nouvelle-Zélande, a expliqué que, en tant que petit pays, la Nouvelle-Zélande attache beaucoup d’importance à l’élimination des doublons.  Les plans nationaux  sont donc alignés avec les objectifs de développement durable, a-t-elle dit, en citant notamment les domaines de la croissance économique, de la santé, de l’éducation, du logement ou des droits de la femme.  Pour la Nouvelle-Zélande, le développement durable doit être soutenu par la croissance économique, un objectif auquel le Gouvernement travaille.  Il s’est aussi engagé à soutenir les familles et les enfants, à aider les chômeurs à trouver du travail et à améliorer les conditions de vie par, entre autres, des logements abordables.  L’aide au développement néozélandaise bénéficie à 60% aux voisins du Pacifique.  Le pays donne aussi la priorité aux investissements pour passer de la dépendance aux combustibles fossiles à l’énergie renouvelable, en particulier l’énergie solaire.  La Nouvelle-Zélande travaille avec les pays voisins pour que les océans restent sains et productifs.

M. ABDALLAH ALBERT TOIKEUSSE MABRI, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a déclaré que le Gouvernement a adopté le Plan national de développement 2016-2020 qui s’inspire à la fois de l’étude nationale « prospective 2040 » et  de l’Agenda 2063 de l’Afrique, tout en intégrant les objectifs de développement durable.  Le Plan vise non seulement l’émergence de la Côte d’Ivoire mais la positionne aussi comme l’un des leaders de l’Afrique en matière de développement durable.  Ce Plan s’articule autour de cinq axes prioritaires: le renforcement des institutions pour la paix et la bonne gouvernance, la transformation structurelle de l’économie, l’amélioration des conditions de vie des populations, la promotion de la jeunesse et de la femme et l’émergence d’un « Ivoirien nouveau ».  Pour opérationnaliser le Plan, des orientations stratégiques ont été définies au niveau de chaque Ministère comme notamment la Politique nationale de la population 2015-2025, la Stratégie nationale de développement durable 2010-2025 ou encore le Programme national d’investissement agricole. 

En outre, le système statistique ivoirien travaille à la production d’indicateurs nationaux en adéquation avec les 230 indicateurs globaux adoptés le mois dernier par la Commission de statistique des Nations Unies.  Une revue à mi-parcours du Plan national de développement est prévue en 2018 pour apprécier la progression et les éventuelles insuffisances relatives à la réalisation des objectifs de développement durable, a indiqué le Ministre.  Pour le Plan national comme pour l’Agenda 2030, le Gouvernement a entrepris plusieurs actions impliquant l’ensemble des parties prenantes ainsi que la mobilisation des ressources endogènes et auprès des partenaires au développement bilatéraux et multilatéraux.  Un comité national de suivi et des comités locaux ont été mis en place et un Groupe consultatif se réunira à Paris les 17 et 18 mai 2016.

M. PAUL OQUIST KELLEY, Ministre et Secrétaire privé du Président du Nicaragua pour les politiques nationales, a fait part des progrès socioéconomiques de son pays depuis l’arrivée au pouvoir du Président Ortega en 2007.  Toutefois, a-t-il alerté, ces progrès sont menacés par les effets du changement climatique et les maladies transmissibles.  Le changement climatique pousse des millions de personnes à la migration, a dit le Ministre avant de demander des compensations financières.  C’est maintenant et pas en 2025 qu’il faut établir des limites aux émissions de CO2.  Les pays développés doivent payer, a-t-il dit, parce qu’ils sont responsables de plus de 90% des émissions.

Mme DELCY ELOINA RODRIGUEZ GOMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a dénoncé le fait que 1% des plus riches du monde ont plus que les autres 99%.  Elle a rendu hommage au Président Hugo Chavez, « Commandant Président », grâce auquel le pays a pu prendre en main la gestion de ses ressources et investir pour le bien de la population.  Le Venezuela est le 71e pays au monde s’agissant du niveau de vie mais qui le sait? compte tenu de la guerre médiatique menée contre lui, a encore dénoncé la Ministre.  Elle a affirmé que son pays a éradiqué la pauvreté extrême et réduit les inégalités.  Le modèle économique du capitalisme est incompatible, a-t-elle averti, avec le développement durable puisqu’il favorise la concentration des richesses.  La Ministre a appelé la communauté internationale à continuer de réfléchir aux moyens d’un réel développement des pays du Sud.

Mme BARBARA HENDRICKS (Allemagne) a répété les mots du Groupe d’appui de haut niveau à la mise en œuvre du Programme 2030 dont l’Allemagne est un membre fondateur: nous nous engageons à mener par l’exemple.  L’Allemagne est prête à prendre les mesures nécessaires et elle ne part pas de rien, a dit la représentante, en citant la transition énergétique de son pays.  Mais il y a encore des défis à relever dont les modes de consommation et de production. L’Allemagne a fixé comme objectif de devenir une des économies les plus efficaces et les plus aptes à protéger l’environnement au monde.  Nous voulons aussi, a poursuivi la représentante, adopter une approche ciblée pour réduire les effets négatifs des ménages sur les pays en développement et les économies émergentes.  Sur le plan international, l’Allemagne veut établir des partenariats pour promouvoir des chaines de production durables.  Elle tient aussi à son objectif de consacrer 0,7% de son PNB à l’APD et à celui de doubler d’ici 2020 son aide à la lutte contre le changement climatique, sans compter sa détermination à aider ses partenaires à mettre en œuvre le Programme 2030.  En juillet prochain, l’Allemagne présentera d’ailleurs ses mesures de mise en œuvre au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC.

Mme HEATHER HIGGINBOTTOM, Secrétaire d’État adjointe à la gestion des ressources des États-Unis, a expliqué que pour le Président Obama, la réalisation des objectifs de développement durable est un véritable investissement dans la paix et la sécurité collectives.  Il est temps de tourner notre attention sur leur mise en œuvre, a-t-elle relevé, en disant que pour réussir, nous avons besoin d’exploiter la révolution des données qui transforme notre économie mondiale.  Elle a cité le programme du « World Ressources Institute » ou de « Google Earth » qui assurent un suivi en temps réel de la déforestation grâce à des données collectées par satellite. 

Pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030, il faut mesurer les progrès en temps réel et les partager et solliciter nouveaux partenaires.  Le suivi par les données doit se faire au niveau de chaque pays et les États-Unis sont déterminés à commencer, cette année, à publier des rapports statistiques sur le développement durable, et en y apportant des mises à jour au fur et à mesure.  Nous sommes également engagés, a-t-elle affirmé, à contribuer au renforcement des capacités statistiques de nos partenaires.  Nous travaillons dans tous les secteurs pour combler les lacunes en matière de données et stimuler l’innovation grâce au Partenariat mondial pour les données du développement durable.

Mme Higginbottom a souligné que pour atteindre les objectifs de développement durable, il faut de nouveaux modèles de financement et des partenariats élargis.  Dans l’esprit du Programme d’action d’Addis-Abeba, l’aide étrangère doit servir à mobiliser les ressources nationales et soutenir les investissements privés.  Les États-Unis s’attachent à renforcer les appuis aux plus de soixante millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde, notamment en mettant l’accent sur l’objectif de développement durable 16 relatif à la paix, à la justice et aux institutions efficaces.

M. KIMMO TIILIKAINEN, Ministre de l’agriculture et de l’environnement de la Finlande, a indiqué que son gouvernement a décidé que son plan de mise en œuvre du Programme 2030 serait élaboré dans le cadre d’une coopération entre tous les ministères, la société civile, le secteur privé et le milieu universitaire.  La Finlande a déjà pris les premières mesures à cette fin.  Une Commission nationale du développement durable a été créée pour veiller à ce que toutes les voix soient entendues.  Le pays a déjà établi une « cartographie » pour pouvoir mettre le doigt sur ce qui marche et sur ce qui ne marche pas et faciliter ainsi l’identification des mesures correctives.  La stratégie nationale de développement a aussi été actualisée pour l’adapter aux engagements internationaux et le Gouvernement est déterminé à assurer la redevabilité à tous les niveaux.

M. KHEMAIS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a insisté sur l’importance de la coopération internationale pour la réalisation des objectifs de développement durable et a mis l’accent sur la nécessité pour les pays d’intégrer l’économie informelle à l’économie formelle et de lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites. 

M. PRAKASH JAVADEKAR, Ministre de l’environnement de l’Inde, a insisté sur le transfert des technologies, se félicitant du Mécanisme mis en place par l’ONU. Il a aussi insisté sur le partage des pratiques exemplaires dans la mise en œuvre du Programme 2030.  L’Inde a identifié 26 actions prioritaires, dont l’assainissement.  Globalement, le monde aura besoin de 500 milliards de dollars par an au cours des 15 prochaines années pour mettre en œuvre le Programme 2030, a souligné le Ministre.

M. JAN SZYSZKO, Ministre de l’environnement de la Pologne, a indiqué que malgré les mesures prises depuis une décennie, la dégradation de l’environnement se poursuit.  Il a demandé que l’Accord de Paris sur le climat soit mis à profit pour réduire enfin les émissions de dioxyde de carbone et intensifier les opérations de captation de carbone.  La Pologne a déjà organisé deux Conférences internationales sur l’environnement dont la cinquième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 5).  Elle a réduit ses émissions de plus de 75% et multiplié par deux la production d’énergie renouvelable.  Si la première source d’énergie est toujours le charbon, il faut noter, a dit le Ministre, que la quantité de CO2 émise par la Pologne est une des plus faibles car les forêts polonaises ont toujours été bien gérées.  Le pays se concentre sur l’exploitation de la biomasse et compte faire encore plus pour protéger la planète. 

M. ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, a déclaré que son Gouvernement a mis en place un Plan national de développement socioéconomique dont le but est d’éliminer la pauvreté en positionnant l’économie sur une trajectoire de croissance forte, durable et inclusive.  Le pays, qui entend créer un environnement favorable aux entreprises, a adopté, dans la même dynamique, un programme spécial de création d’emplois pour les jeunes.  Il a aussi adopté un cadre de « contribution prévue déterminée » qui définit sa stratégie de lutte contre les effets des changements climatiques.  En tant que PMA, le Burkina Faso, a dit le Ministre en parlant des objectifs de développement durable, appelle les pays développés à respecter l’engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique.  Le Ministre a d’ailleurs annoncé l’intention de son pays d’organiser d’ici à la fin de l’année une table ronde des donateurs dont l’objectif est de rechercher des ressources additionnelles pour atteindre l’objectif des investissements publics massifs.

M. FATMA GÜLDEMET SARI, Ministre de l’environnement et de l’urbanisation de la Turquie, a estimé que la question cruciale est de savoir comment mobiliser les ressources nécessaires au développement durable.  À cette fin, Ankara a porté le montant de son aide publique au développement (APD) à 3,9 milliards de dollars en 2015, s’est-il félicité.  Parallèlement, il est déterminant que d’autres ressources soient levées, y compris des investissements privés, a souligné M. Sari, qui a fait part de la contribution de son pays à cet égard, par l’entremise d’un Centre international du secteur privé basé à Istanbul.  C’est également à Istanbul que la banque des technologies pour les pays les moins avancés sera basée, a précisé le Ministre.

M. CAMILLO M. GONSALVES, Ministre de la planification économique, du développement durable, de l’industrie, de l’information et du travail de Saint Vincent-et-les Grenadines, a indiqué que les objectifs de développement durable ont poussé son gouvernement à créer un Fonds « Zéro Faim » avec un objectif à réaliser d’ici à 2020, grâce, a espéré le Ministre, à l’appui de la communauté internationale.  Le pays a aussi pris la décision de parvenir en 2019, à un taux de 80% d’énergie hydraulique et solaire, tout en investissant dans l’exploitation de l’énergie géothermique.  Compte tenu de leur importance pour booster le développement, il faut, a poursuivi le Ministre, voir comment les technologies sont partagées et la manière dont la formation et l’accès ces technologies sont assurés.  Le Ministre a insisté sur le fait que pour les petits États insulaires en développement, la promesse du développement durable restera vaine tant que les plus grands pollueurs « historiques » ne feront pas la démonstration de leur engagement en faveur de l’Accord de Paris, eux dont le développement non viable a mis en péril les aspirations voire l’existence même des petits États insulaires en développement.

M. ELADIO RAMÓN LOIZAGA LEZCANO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a déclaré que pour son gouvernement, le développement durable est synonyme d’amélioration de la qualité de vie des Paraguayens.  Le Programme national de développement national implique 20 institutions et travaille à des partenariats avec les pays de transit pour l’accès aux marchés internationaux.  Le Paraguay entend mettre à jour ses méthodes de collecte et d’analyse des données pour se conformer aux normes internationales.  

M. YOON SEONG-KYU, Ministre de l’environnement de la République de Corée, a expliqué que c’est le paradigme « protection de l’environnement, création de conditions de vie saines et augmentation des revenus », qui a fait d’un des pays les plus pauvres de la planète l’économie émergente à 30 000 dollars de revenu par habitant qu’est devenue la République de Corée.  Nous voyons aujourd’hui, a estimé le Ministre, que ce paradigme est tout à fait conforme à celui du développement durable.  Il a donc suggéré trois stratégies importantes et d’abord l’intégration du concept de développement durable dans toutes les dimensions des politiques.  Il a ensuite souligné l’importance des partenariats avec les différentes parties prenantes dont les administrations locales, la société civile, le secteur industriel et autres.   Il a enfin parlé de la coopération internationale, en citant l’Initiative « Better life for Girls » de son pays qui sera dotée de 200 millions de dollars sur les cinq prochaines années.  Offrir un environnement sain pour que la future génération puisse avoir une bonne éducation est le meilleur investissement dans un avenir viable, a expliqué le Ministre.

M. BORITH OUCH, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale du Cambodge, a, s’agissant de la lutte contre les changements climatiques, insisté sur les principes de responsabilités communes mais différenciées, d’équité et d’avantages comparatifs.  Il a salué l’Accord de Paris sur le climat en attirant l’attention sur le Plan stratégique pour le développement vert 2013-2030 de son pays.  Il a aussi souligné les instruments juridiques adoptés pour la croissance verte et affirmé que son pays est aussi engagé dans la mise en œuvre des initiatives de l’Association des nations du Sud-Est (ANASE) sur les changements climatiques.

M. SUSIL PREMAJAYANTHA, Ministre de la science, de la technologie et de la recherche du Sri Lanka, a indiqué que son pays avait créé un Ministère du développement durable et de la faune, le premier Ministère spécialisé sur le développement durable de la région Asie-pacifique.  Cela démontre l’engagement du Sri Lanka à mettre en œuvre le Programme 2030.  Pays à revenu intermédiaire, le Sri Lanka reste engagé à développer une économie à faible émission de carbone.  Une loi-cadre sur le développement durable va bientôt être adoptée par le Parlement qui conduira, entre autres, à la création d’un conseil du développement durable ainsi qu’à l’adoption d’une stratégie nationale.  Le Ministère concerné a déjà commencé à élaborer une feuille de route en la matière, tandis qu’une plateforme nationale de développement durable sera lancée prochainement.  Elle constituera un mécanisme d’engagement des parties prenantes et assurera le suivi des engagements.  Le Ministre a aussi fait part de l’élection du Sri Lanka à la présidence du troisième Forum Asie-Pacifique sur le développement durable.

M. BATTSEREG NAMDAG, Ministre de l’environnement de la Mongolie, a rappelé que son gouvernement a élaboré sa « Politique de développement verte » en 2014.  L’adoption du Programme 2030 a été suivie par la « Vision de développement 2020 » du pays qui a pour objectifs entre autres de créer des emplois pour les jeunes, d’augmenter les revenus et de lutter contre l’impact des changements climatiques et les émissions de gaz à effet de serre.  Les obstacles du pays sont les inégalités et la dépendance aux ressources naturelles.  Le pays attend beaucoup du transfert de technologies et de l’appui au renforcement de sa résilience aux changements climatiques.  Pour les financements, elle espère que les fonds verts seront à la hauteur. 

M. KASPARS GERHARDS, Ministre de la protection de l’environnement et du développement régional de la Lettonie, a appelé à un « véritable partenariat » avec toutes les parties prenantes et à tous les niveaux –national, régional et mondial- pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Depuis 2010, la stratégie de développement durable de la Lettonie a été le principal outil de planification à long terme du pays.  Développée sur trois ans, cette stratégie met l’accent sur un processus de formulation des politiques à la fois large et inclusif.  Le Ministre a aussi plaidé en faveur de politiques de coopération qui mettraient en avant le renforcement des capacités, notamment la réforme de l’administration publique, la lutte contre la corruption, la croissance économique inclusive et le développement régional.  Pour le Ministre, la mise en œuvre du Programme 2030 devrait être soutenue par des plateformes mondiales et des accords multilatéraux à l’instar du rôle que va jouer l’Accord de Paris pour les objectifs relatifs au climat.  Le Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC devrait devenir une instance efficace du suivi des progrès réalisés et des leçons à retenir.

M. HASSAN ABDELGADIR HILAL, Ministre de l’environnement, des forêts et du développement physique du Soudan, a indiqué que dans le cadre du Programme 2030, les PMA demandent le respect des engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  Le Soudan, a-t-il rappelé, accueille plus d’un million de réfugiés qui représentent un poids supplémentaire.  Or, le pays fait toujours l’objet de sanctions économiques avec leurs conséquences graves sur le décollage économique.  Le Ministre a plaidé pour que les objectifs de développement durable soient mis en œuvre dans le respect des priorités nationales.

M. JEAN CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Congo, a affirmé que son pays était plus que jamais décidé à mettre en œuvre sa stratégie nationale de développement durable qui s’aligne sur les objectifs de développement durable.  Cette stratégie se base sur une gestion rationnelle des ressources naturelles, l’amélioration de la gouvernance et la modernisation des infrastructures et des services sociaux de base ainsi que la diversification de l’économie.  Le Plan national de développement 2016-2020 s’inscrira dans le cadre de cette stratégie, a expliqué le Ministre précisant qu’il définira les actions prioritaires à mettre en œuvre à court et moyen termes.  Il a mis l’accent sur l’adéquation à trouver entre les objectifs à atteindre et les moyens à mettre en œuvre et la disponibilité des ressources humaines, matérielles et financières, outre l’exigence d’une volonté politique réelle.  C’est là qu’on prend la mesure de l’importance du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, a-t-il fait observer.

M. MILNER TOZAKA, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a dit que son gouvernement a adapté sa stratégie nationale de développement au Programme 2030 et à l’Accord de Paris sur le climat.  Le Gouvernement a établi en outre un Plan stratégique de partenariat et a identifié trois domaines clefs pour accélérer le développement: l’énergie propre, les infrastructures, et l’agriculture pour libérer le potentiel du pays et notamment dans les zones rurales.  Le Ministre a ajouté que pour assurer le succès des objectifs de développement durable, il faut une coopération et un partenariat sur le long terme, dont des investissements.

M. SAMURA M.W. KAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Sierra Leone, a déclaré que pour montrer son engagement au Programme 2030, la Sierra Leone a déjà fait le lien entre chacun des 17 ODD et 169 cibles et sa troisième Stratégie de réduction de la pauvreté 2013-2018.  Si le pays a fait des progrès remarquables dans la gouvernance politique et économique, il continue aussi de faire des progrès dans les domaines de la paix, la justice et de la stabilité politique.  Le pays veut mettre l’accent sur la protection des droits fondamentaux et le bien-être du peuple, le développement des infrastructures, la sécurité alimentaire, les petites et moyennes entreprises, l’accès à l’éducation et à la santé, l’emploi des jeunes et l’autonomisation des femmes.  Ces efforts s’inscrivent dans la détermination de la Sierre Leone à entrer dans la catégorie des « pays à revenu intermédiaire » avant 2035.  Mais le pays a connu deux chocs socioéconomiques: le virus Ebola et la chute des prix des matières premières, en particulier le fer.  Ces deux chocs ont provoqué une décélération de 21,1% du PIB en 2015 et nécessité une nouvelle stratégie de recouvrement pour aider l’économie à retrouver son niveau pré-Ebola.

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a affirmé que le plan de développement national de son pays, Vision 2030, était aligné avec le Programme 2030.  La Jamaïque, a-t-elle dit, est déjà engagée dans des initiatives susceptibles d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, y compris la promotion de la croissance économique et la création d’emplois à travers des stratégies d’incitation à la croissance durable.  Pour la Jamaïque, pays vulnérable aux effets des changements climatiques, une action ambitieuse de lutte contre ce phénomène est indispensable pour atteindre les objectifs de développement durable.  La Ministre s’est ainsi félicitée de la signature, demain, de l’Accord de Paris, une étape positive, selon elle.  Le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement durable dépendra, a ajouté Mme Johnson Smith, du développement de partenariats inclusifs, impliquant le secteur privé, les milieux universitaires, les organisations internationales et un large éventail de pays.

Mme MARJON V. KAMARA, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a déclaré que son gouvernement a adossé le Programme 2030 au « Programme national de transformation » et en janvier dernier, la décision a été prise de créer un Comité permanent pour orienter le processus d’appropriation et de mise en œuvre.  Le Gouvernement est en train d’examiner son « Programme national de transformation » pour l’aligner aussi avec sa Vision 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Mais, a prévenu le Ministre, la chute drastiques du prix des matières premières, dont le fer et le caoutchouc empêche la bonne mise en œuvre du Plan de relance et de stabilisation post-Ebola.  Ces défis soulignent l’importance des partenariats stratégiques à tous les niveaux, ce qui se fait déjà avec le système de l’ONU.  Le but est désormais de solliciter le secteur privé et de capitaliser sur les engagements et les possibilités du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Mme AMINA MOHAMMED, Ministre de l’environnement du Nigéria, a réitéré que les objectifs de développement durable doivent être réalisés dans le cadre d’un partenariat mondial revitalisé mené dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  La communauté internationale doit faire aussi face à la question de l’évasion fiscale et autres formes de fuites des capitaux.  La corruption et les pratiques similaires doivent également être éradiquées et l’engagement du Président Muhammadu Buhari de combattre la corruption et d’enraciner l’état de droit, la redevabilité et la fin de l’impunité au Nigéria est « clair et inébranlable », a affirmé la Ministre.  L’administration est aussi décidée à faire face aux inégalités par la création d’emplois et des investissements dans les filets de sécurité sociale pour les plus pauvres et les plus vulnérables.  La Ministre a conclu en demandant que l’on ne perde pas de vue l’impact des changements climatiques sur la réalisation des objectifs de développement durable. 

M. CONSTÂNCIO DA CONCEIÇÃO PINTO, Ministre du commerce, de l’industrie et de l’environnement du Timor-Leste, a indiqué que la stratégie que son pays est en train d’élaborer pour la mise en œuvre du Programme 2030 s’alignera avec le Plan stratégique de développement 2011-2030.  Le Timor-Leste travaille aussi au développement de mécanismes nationaux de suivi et participe activement au G7+les groupes des États fragiles, en conflit et postconflit pour hiérarchiser les indicateurs sur les 17 objectifs de développement durable. 

M. ANDRÄ RUPPRECHTER, Ministre de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de la gestion de l’eau de l’Autriche, a indiqué que pour la mise en œuvre du Programme 2030, son pays avait adopté une approche intégrée consistant à faire passer les politiques nationales à « la loupe des objectifs de développement durable ».  « Mon ministère prépare en ce moment un projet de plan d’action pour 2017-2020 », a-t-il indiqué, en rappelant que l’Autriche avait déjà lancé en 2002 « le Réseau européen du développement durable », une plateforme paneuropéenne des coordonnateurs du développement durable regroupant les responsables gouvernementaux de 30 pays.  Le Réseau tire en ce moment les enseignements de l’expérience de la mise en œuvre des OMD pour affiner la mise en œuvre du Programme 2030. 

Avec l’Allemagne et la France, l’Autriche a aussi lancé en 2014 la Semaine européenne du développement durable et, à partir de cette année, elle servira de catalyseur et de mécanisme de sensibilisation à la mise en œuvre du Programme 2003.  Ce sont les jeunes qui sont la cible clef du Programme 2030 car, a souligné le Ministre, ils auront à vivre avec les conséquences des politiques prises aujourd’hui.  Cette année, dans le cadre de la semaine du développement durable, une manifestation sera organisée, le 3 juin au siège de l’ONU à Vienne, sur le thème « Les objectifs du développement durable pour un avenir vert: investir dans les générations futures ».  À cette occasion, 17 arbres, symbolisant chacun des objectifs du Programme 2030, seront plantés dans ce qui sera l’« Allée du développement durable ».

M. ALEXANDER FROLOV, Chef du Service de l’hydrométéorologie et du suivi environnemental de la Fédération de Russie, a déclaré que son pays est l’un des leaders mondiaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, notamment par la diminution de sa production de gaz à effet de serre.  La Fédération de Russie est l’un des pays à avoir publié ses engagements à ce titre d’ici à 2030.  Le représentant a relevé que 60% du territoire russe est recouvert de forêts, ce qui renforce la place du pays dans la lutte contre le réchauffement planétaire, a-t-il argué, puisque les forêts sont des puits de carbone.  Il a aussi rappelé l’assistance que son pays apporte, indiquant que la Fédération de Russie a débloqué 10 millions de dollars pour la période 2016-2018 pour le Fonds spécial de lutte contre les changements climatiques géré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

M. MIGUEL ÁNGEL MOIR SANDOVAL, Secrétaire général du Secrétariat de la planification et de la programmation de la Présidence du Guatemala, a indiqué que son gouvernement a établi un programme de développement durable à l’horizon 2032.  Le pays entend notamment réduire le taux national de malnutrition infantile ainsi que celui de la mortalité maternelle et infantile.  Le Gouvernement entend également mettre en place des initiatives innovantes de financement des programmes nationaux de développement.  Le pays entend aussi réduire le nombre des morts violentes et plus globalement des homicides.  Les autorités guatémaltèques ne sauraient trop souligner l’importance du renforcement de la résilience aux changements climatiques, a conclu le représentant.

Mme EDNA MOLEWA (Afrique du Sud) a réaffirmé l’engagement au plus haut niveau de son pays au Programme 2030 et aux anciens objectifs de développement.  Le Plan national de développement a anticipé les objectifs de développement durable, s’est enorgueillie la représentante.  Le Plan, qui est déjà entamé, est passé à la phase de la création d’emplois et de la lutte contre la pauvreté.  À cet égard, les partenariats multipartites sont essentiels ainsi que l’intégration de la dimension « genre » dans toutes les politiques et tous les programmes.  Ce qu’il faut maintenant, c’est un financement adéquat et le respect du principe des responsabilités communes mais différenciées.  Les pays développés doivent aider les pays en développement à mettre fin à la pauvreté au cours de la prochaine génération, et à lutter contre les effets du changement climatique.  

M. JESÚS GRACIA ALDAZ, Secrétaire d’État à la coopération internationale de l’Espagne, a dit que le Gouvernement espagnol a pris des mesures pour le suivi des objectifs de développement durable.  Des actions sont prévues dans le cadre de la coopération internationale de l’Espagne qui pense d’ailleurs qu’il faut repenser le cadre de cette coopération pour y intégrer les objectifs de développement durable.  L’Espagne, a insisté le représentant, veut garantir la cohérence des différentes politiques de développement et, concernant les données, l’Institut national de statistique s’attaque à l’élaboration de nouveaux indicateurs, sachant que l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités doivent être les premiers objectifs à atteindre.

M. IONNIS TSIRONIS, Vice-Ministre de l’environnement et de l’énergie de la Grèce, a rappelé que son pays est le théâtre d’une crise humanitaire sans précédent du fait de l’afflux de réfugiés qui veulent passer en Europe occidentale.  Le Gouvernement grec entend adapter les objectifs de développement durable aux réalités et priorités nationales, et grâce à une stratégie de dialogue avec toutes les composantes de la société.  Il a déploré que 70 ans après la création de l’ONU, les objectifs fixés ne soient toujours pas réalisés.  

M. MOHAMED BIN DAINA, Chef du Conseil suprême de l’environnement du Bahreïn, a dépeint la situation peu enviable de son pays qui ne compte aucun bassin d’eau douce et qui est situé dans une zone désertique.  Les autorités nationales ont engagé des efforts pour promouvoir les sources d’énergies propres et renouvelables.  Le Bahreïn a engagé un processus de transition vers une économie à faible émission de carbone, passant de 44 à 20% la part des hydrocarbures depuis le début des années 2000.  Résolument tourné vers les énergies renouvelables, le Bahreïn se dit prêt à accueillir un centre du Fonds vert pour le climat, a-t-il annoncé.

M. ANDREAS MAVROYIANNIS (Chypre) a souligné les liens étroits entre le Programme 2030, le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat.  Sans financement adéquat et sans lutte contre le changement climatique, les objectifs de développement durable ne pourront tout simplement pas être atteints, a-t-il prévenu.  Rappelant aussi que le monde d’aujourd’hui est plus que jamais interconnecté, il a prédit que la réalisation de ces objectifs permettrait de relever la pléthore de défis auxquels l’humanité est confrontée, comme l’élimination de la pauvreté et des inégalités, l’édification de sociétés justes et pacifiques et d’institutions fortes, et le respect de l’état de droit et des droits de l’homme. 

Chypre, a-t-il indiqué, a commencé la mise en œuvre des objectifs de développement durable et s’intéresse particulièrement à l’objectif 16 relatif à la paix et la sécurité.  En outre, en tant que petite île touchée par le changement climatique, l’objectif 13 est une priorité, ainsi que l’objectif 14 sur la gestion des océans.  Il a espéré à cet égard que les négociations sur un instrument juridique contraignant sur la protection de la biodiversité, sous les auspices de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, seraient fructueuses.  L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes qui font l’objet du cinquième objectif de développement durable est une autre priorité de Chypre, a-t-il assuré.

Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh) a rappelé que les pays les moins avancés (PMA) sont concernés par la majorité des objectifs de développement durable.  Toutes les références aux PMA doivent donc être respectées, dont l’opérationnalisation de la banque des technologies des Nations Unies.  Sans une coopération internationale efficace, il sera difficile de réaliser les objectifs.  Aucun PMA ne peut les réaliser et c’est à la communauté internationale de leur garantir le succès, a estimé la représentante qui a reconnu l’importance de la mobilisation de ressources nationales mais surtout international et du transfert des technologies.

Mme DEIRDRE KENT, Directrice générale de la politique de développement et des affaires mondiales du Canada, a déclaré que nous devons prendre des mesures ambitieuses pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Toutes les parties prenantes devront travailler ensemble plus efficacement, développer des nouveaux partenariats et maximiser les ressources.  Le Canada lancera une politique d’assistance qui aidera à mieux cibler les pays bénéficiaires et qui portera sur les domaines de la santé, de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné que pour parvenir au développement durable, il faut des partenariats basés sur la solidarité internationale.  Elle a voulu que l’on mette l’accent sur les besoins des personnes les plus vulnérables, soulignant en outre que la jeunesse représente un partenaire essentiel du développement durable.  Elle a aussi souligné la place centrale de la famille pour l’éradication de la pauvreté et a attiré l’attention sur la Constitution qatarie qui accorde une place centrale à l’environnement et à la participation de tous aux efforts de développement.  Elle a promis que le Qatar continuera à jouer un rôle de premier plan dans la coopération au développement.

M. GONÇALO TELES GOMES (Portugal) a dit que son pays était prêt à faire sa part dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Ministère des affaires étrangères assure la coordination du processus, tant sur le plan interne qu’au plan extérieur, avec le Ministère de la planification et des infrastructures.  Tous les autres ministères sont impliqués, a-t-il ajouté, avant de parler de la multitude de stratégies adoptées dans les différents secteurs.  Il a aussi appelé le secteur privé et la société civile à être des partenaires actifs dans ce processus.  Le Portugal partage son expérience avec ses principaux partenaires de la coopération et prépare des plans de coopération stratégiques de nouvelle génération.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. RICHARD NDUHURA (Ouganda) a estimé qu’on ne peut parler du Programme 2030 sans parler du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Le Programme 2030, qui établit un lien entre la paix, la sécurité et le développement, exige que l’on s’attaque à la criminalité transnationale organisée, au terrorisme et à la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent.  On ne peut y parvenir qu’en renforçant la coopération internationale et régionale.  La coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier dans les domaines de la paix et de la sécurité, et du développement socioéconomique, doit être ravivée. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a rappelé, à la suite de tant d’autres intervenants, que la mise en œuvre du Programme 2030 exigeait un engagement sans équivoques de la communauté internationale et tout particulièrement des pays développés.  Il a donc rappelé l’importance pour eux de respecter les engagements pris dans le cadre de l’aide publique au développement, et ce, dans les délais impartis.  Pour le représentant, le renforcement des partenariats est une autre priorité, chère à la CELAC.  Il s’agit, entre autres, du transfert des technologies et du renforcement des capacités.  Il sera dès lors crucial pour le Forum politique de haut niveau d’assurer le suivi dans la mise en œuvre des trois dimensions du Programme et de formuler des directives politiques cohérentes à l’intention des États Membres, a anticipé M. Cortorreal.

M. NAJIB SAAB, Secrétaire du Forum arabe pour l’environnement et le développement, a livré cinq messages: arrêter de traiter les pays arabes comme un ensemble homogène, lier la mise en œuvre du développement durable à la participation effective des secteurs non étatiques, à la création d’emploi, aux capacités scientifiques locales et au renforcement des capacités institutionnelles, la région arabe compte dix fonds de développement qui sont prêts à contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable, obtenir des pays arabes qu’ils adoptent une approche multisectorielle du développement durable, et répondre aux besoins particuliers des zones en conflits et sous occupation illégale.

VANESSA ROSEMARY ANYOTI, représentante de World Young Women’s Christian Association (YMCA), a souligné l’importance qu’il y a à mobiliser et à inclure les jeunes dans le développement des indicateurs nationaux et régionaux et de développer des coalitions de jeunes pour faire la liaison avec le Bureau national de statistiques.  Nous voulons voir une volonté politique de faire participer les jeunes et donc le financement des programmes en leur faveur et de leurs organisations et la mise à disposition des technologies de l’information et des communications.  Nous voulons voir un véritable engagement des États, des parlements, des organisations intergouvernementales, des agences de développement et du secteur privé en faveur de l’intégration, de la non-discrimination et de la protection des jeunes et en faveur de leur participation effective à la mise en œuvre et au suivi du Programme 2030 ainsi qu’au partage des pratiques exemplaires.  Le développement durable ne sera une réalité que lorsqu’on aura investi dans le bien-être des jeunes et lorsque la redevabilité sera respectée, a conclu la jeune représentante.

M. ROBERT BOPOLO MBONGEZA, Ministre de l’environnement, de la conservation de la nature et du développement durable de la République démocratique du Congo (RDC), a dit que son gouvernement entend mener une campagne d’information sur les objectifs de développement durable dans tout le pays.  Le Ministre a annoncé que l’objectif de la RDC d’ici à 2020 est de devenir un pays à revenu intermédiaire grâce au développement de l’agriculture, d’ici à 2030 un pays émergent grâce à l’industrialisation et d’ici à 2040 un pays développé grâce à l’innovation.  Il a ajouté que pour son pays, la gestion durable de la forêt et des ressources naturelles est un élément indispensable du développement et constitue une assurance pour l’avenir.  Si la priorité du Gouvernement est le développement humain, économique et social, l’insécurité dans l’est du pays sape les efforts en ce sens, a souligné le Ministre, en mettant l’accent sur l’importance des partenariats internationaux.

Au nom des 32 pays en développement sans littoral, Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a salué le fait que le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 aient tous deux tenu compte du Plan d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral.  Elle a rappelé les obstacles auxquels font face ces pays qui, sans accès à la mer, sont obligés de nouer des partenariats avec des pays tiers.  Elle a lancé un appel à l’aide de la communauté internationale pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment l’amélioration des systèmes de collecte de données.

Mgr PETER TURKSON, Président du Conseil pontifical pour la justice et la paix du Saint-Siège, a rappelé les espoirs qu’a placés le pape François dans la réalisation effective des objectifs de développement durable et dans le caractère durable du cadre mis en place.  Cela oblige toutes les parties prenantes à faire preuve d’une volonté réelle, pratique et constante.  La réalisation du Programme 2030, selon le Saint-Siège, exige davantage que des financements publics.  Elle exige aussi des financements et des investissements privés.  Il a dès lors invité les acteurs non étatiques, tels que les groupes confessionnels, à donner le ton en s’engageant dans des activités financières éthiques qui visent à éliminer les inégalités sociales.  Il a rappelé les propos du pape, dans son encyclique « Laudato Si », qui appelait à prendre soin des autres.  Il a donc plaidé en faveur d’activités éthiquement responsables.  Des sociétés pacifiques et qui prennent soin des autres sont plus importantes que la disponibilité des financements, a-t-il conclu en soulignant l’importance de la bonne gouvernance et du maintien de la paix et de la sécurité.

M. THAUAN DOS SANTOS, Université fédérale de Rio de Janeiro, a d’emblée appelé à l’abandon des idées démodées et aux modèles préétablis.  Il faut regarder en face les inégalités structurelles des systèmes politiques et économiques internationaux.  Il est essentiel, à cet égard, de tenir compte du principe des « responsabilités communes mais différenciées » et ne pas oublier que les économies émergentes jouent un rôle clef dans la transition vers le développement durable.  Il faut dépasser la théorie de la centralité de l’État dans les relations internationales.  Les États jouent certes un rôle important mais il y d’autres formes de gouvernance dont celui des organisations internationales ou des autorités municipales et locales.  Au Brésil par exemple, la société civile et les ONG ont joué un rôle déterminant.  Pour aller de l’avant, il faut questionner la volonté politique et revoir les modèles internationaux et nationaux de financement, des droits de propriété et des indicateurs pour que le développement socioéconomique et le bien-être humain soient plus importants que le PNB.  Les particularités des pays qu’elles soient culturelles, politiques ou institutionnelles ne sauraient être ignorées pour une homogénéisation et une simplification de la réalité complexe de la politique internationale.  « Inspirons le monde, écrivons l’histoire », a conclu le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum sur le financement du développement: le Groupe des 77 et l’Union européenne regrettent des conclusions « sans substance » et « beaucoup moins ambitieuses »

Forum sur le financement du développement
5e & 6e séances - matin & après-mid
ECOSOC/6753

Forum sur le financement du développement: le Groupe des 77 et l’Union européenne regrettent des conclusions « sans substance » et « beaucoup moins ambitieuses »

Le Forum sur le suivi du financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC), qui se réunissait pour la première fois pour assurer le suivi du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a conclu ses trois jours de travaux en adoptant des Conclusions*, « sans substance » selon le Groupe des 77 et de la Chine, et « beaucoup moins ambitieuses que ce qu’on aurait souhaité », d’après l’Union européenne.

Dans ses Conclusions, le Forum sur le suivi du financement du développement confirme que le Programme d’action d’Addis-Abeba est une partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Il l’appuie et le complète et aide à contextualiser ses moyens de mise en œuvre par des politiques et actions concrètes ».  Comme le disait le Secrétaire général de l’ONU, au premier jour du Forum, le Programme d’action d’Addis-Abeba contient à lui seul plus de 100 engagements politiques concrets sur toutes les sources de financement ainsi que sur les sciences, les technologies, l’innovation et le renforcement des capacités; et les données, le contrôle et le suivi.

Nous aurions espéré des Conclusions qui reflètent en effet de manière équilibrée tous les domaines d’actions du Programme d’Addis-Abeba, a avoué le représentant du Groupe des 77 et de la Chine devant un document qui tient en une page.  Il a fustigé le manque de « substance » et prévenu que l’entêtement risque de compromettre les discussions futures du Forum.  Avant que le représentant d’El Salvador ne critique « la forte opposition » aux références sur les grands engagements antérieurs, son homologue de l’Union européenne a reconnu que les Conclusions sont « beaucoup moins ambitieuses que ce qu’on aurait souhaité ».  Compte tenu de la diversité et de la complexité des questions traitées, les délégations devraient avoir plus de temps pour discuter des Conclusions, a ajouté le représentant de la Fédération de Russie, soutenu par celle de la société civile.

En sa qualité de cofalicitateur des Conclusions, le représentant de la Croatie a expliqué que si le document final ne contient que quatre paragraphes c’est parce qu’il est le fruit d’un débat « très riche ».  Les nombreuses idées constructives présentées au cours de ces trois jours ont en effet été saluées par le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon qui a invité les participants à s’approprier le projet du développement durable et à rechercher des solutions mutuellement avantageuses.

Dans ses Conclusions, le Forum se félicite des quelque 140 pages du tout premier rapport du Groupe de réflexion insterinstitutions sur le financement du développement et de son approche en trois angles: une brève présentation du contexte mondial et de ses implications; une vue d’ensemble concise de chaque chapitre du Programme d’action d’Addis-Abeba tout en couvrant la série d’engagements et de mesures dans une annexe en ligne; et une discussion sur des questions spécifiques.

Convoqué par le Secrétaire général, le Groupe de réflexion est composé de 50 agences, programmes et bureaux de l’ONU, de ses commissions régionales et d’autres institutions internationales pertinentes.  La Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) y jouent un rôle central.

Pendant trois jours, les participants au Forum ont fait le point sur la mise en œuvre des engagements financiers pris à Addis-Abeba pour réaliser les 17 objectifs et 169 cibles du Programme sur le développement durable à l’horizon 2030, notamment par le biais de l’« Instance mondiale dédiée aux infrastructures » et du « Mécanisme de facilitation des technologies ».  L’opérationnalisation, d’ici à 2017, d’une « banque de licences de technologies des Nations Unies pour les PMA » jouera un rôle décisif pour promouvoir la recherche et l’innovation scientifiques et favoriser la diffusion et le transfert de technologie et de la propriété intellectuelle.  C’est le vœu qu’a formé aujourd’hui le Directeur général de l’Institut international de la propriété intellectuelle.

Le Forum sur le financement du développement avait commencé, le 18 avril dernier, par la Réunion spéciale de haut niveau de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), suivie par un débat général et des tables rondes et réunions-débats ouverts au secteur privé et à la société civile.  Aujourd’hui, par exemple, la question de la « dette » a été examinée en tant qu’obstacle majeur au financement du développement. 

L’ECOSOC, qui a également adopté le rapport** sur la session du Forum, transmettra ses Conclusions à son Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

*Document informel qui n’a été publié à ce jour qu’en anglais

**E/FFDF/2016/L.1

SUITE À DONNER AU PROGRAMME D’ACTION D’ADDIS-ABEBA ISSU DE LA TROISIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Table ronde sur le thème « Dette et questions systémiques »

La table ronde était animée par M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Directeur de la concentration du développement politique et économique à l’École internationale des affaires publiques de la « Columbia University ».  La question essentielle, a-t-il dit, est de savoir dans quelle mesure les mécanismes existants de restructuration de la dette publique cités dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sont-ils mis en œuvre et s’ils sont suffisants.

Pour M. ALIISTER SMITH, Directeur exécutif du Groupe de la Banque chargé d’une grande partie des Caraïbes, il ne fait aucun doute que depuis la crise économique de 2008, un certain nombre d’engagements ont été pris en faveur de la viabilité et de la restructuration de la dette.  L’allègement de la dette a eu un impact dans la décennie écoulée, réduisant la vulnérabilité de beaucoup de pays.  Mais la dette reste une préoccupation majeure pour la région des Caraïbes dont les pays sont exposés aux catastrophes naturelles et donc contraints d’emprunter pour la reconstruction.  Malheureusement pour ces pays, la restructuration de la dette est devenue plus difficile après les dernières décisions du Club de Paris et du G-20. 

Il faut, a préconisé le Directeur exécutif, un dialogue plus soutenu entre les argentiers à savoir le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou le Club de Paris, pour faciliter les processus de restructuration.  Le Directeur exécutif a douté de voir un jour la création d’un cadre systémique pour la restructuration de la dette.  Cette restructuration, a-t-il plutôt conseillé, doit faire partie intégrante des finances publiques.  Il a attiré l’attention sur les exigences prescrites par la Banque mondiale dans sa politique d’emprunts non concessionnelles, sur celles prescrites par le FMI dans sa politique de limitation de la dette et sur les Principes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) relatifs à la promotion des prêts et des emprunts souverains responsables. 

Justement pour la CNUCED, représentée aujourd’hui par sa Directrice de la Branche « dette et financement du développement, Mme STEPHANIE BLANKENBURG, la question centrale est d’établir l’équilibre entre les besoins de financement et la faculté des pays à rembourser leur dette.  Elle a, à son tour, insisté sur les Principes de la CNUCED et l’intérêt pour les États d’accepter, à titre exceptionnel, un soutien financier.  Elle a aussi conseillé d’élaborer une législation sur la restructuration de la dette publique, ce qui a fait sursauter le représentant des États-Unis qui a mis en garde contre les risques d’« effrayer » le secteur privé.  Un intervenant du secteur privé a d’ailleurs souligné le rôle important des créanciers qui rachètent les dettes publiques.  Associer ces « investisseurs » aux discussions est, a-t-il plaidé, le meilleur moyen de minimiser les problèmes liés à la restructuration de la dette.  Or, jusqu’ici les institutions publiques ne tiennent pas compte du secteur privé lequel a pourtant pour but ultime d’augmenter la valeur de ses investissements grâce à des solutions négociées et viables plutôt que des cadres juridiques « contraignants ». 

Il s’agit simplement, s’est expliquée la représentante de la CNUCED, de mettre l’accent sur la responsabilité des créanciers et non de « décourager » les investissements privés.  Il s’agit de faire prévaloir une « rationalité collective » pour minimiser les risques liés à une crise de la dette.  Une crise dont les contours ont été dessinés par M. LEE BUCHHEIT, du Cabinet d’affaires Cleary, Gottlieb Steen et Hamilton LLP, lequel a participé à la renégociation de la dette argentine.  Dans les pays en développement, a-t-il estimé, la crise de la dette est souvent due à la volatilité des capitaux qui affluent quand l’économie va bien et qui se retirent très vite quand les choses commencent à aller mal.  Les pays en développement, ne pouvant contrer de tels cycles, plongent dans une crise alors que leur ratio dette/PNB est moins élevé que par le passé.  Le G-20 réfléchit à la question, a assuré le représentant de la France.  C’est une question liée aux institutions financières internationales, régionales et même bilatérales dont l’une des raisons d’être est précisément de jouer un rôle « contre-cyclique ».  À ce titre, le représentant français a cité comme exemple de cette approche élargie, l’« International development finance Club », le réseau des banques de développement nationales et sous-régionales connues pour leur travail dans le financement du développement.

Le processus de ce financement, a maintenu le représentant du Cabinet d’affaires Cleary, Gottlieb Steen et Hamilton LLP, ne va pas dans le bon sens parce qu’il ne reconnait pas le caractère « systémique » de l’économie mondiale.  Il faut certes des instruments de gestion de la dette mais il faut aussi en réformer les cadres multilatéraux, en commençant par les outils d’analyse de la viabilité de la dette, notamment sous l’angle de la trésorerie et avec des indicateurs assez fins pour saisir la complexité des processus actuels d’endettement dont la question des « dettes cachées ». 

En Europe, a-t-il poursuivi, le ratio dette/PIB a 90% alors qu’au-delà de 60%, on tombe dans la « zone rouge » des insolvables.  Des pays, qui ne pouvaient pas émettre des obligations, ont pu le faire pour la première fois, grâce à des taux d’intérêt zéro.  En conséquence, les investisseurs se sont intéressés aux obligations.  Mais comme contre toute attente, les cours des matières premières se sont effondrés et les taux d’intérêt ont augmenté, le monde a connu les problèmes actuels.  La seule solution: la restructuration de la dette publique, a prôné l’avocat d’affaires.  « Il en va de la réalisation des objectifs de développement durable qui suppose la stabilisation du système financier mondial.  L’avocat d’affaires a dit partager le point de vue « révolutionnaire » de la CNUCED sur « la responsabilité du créancier », ce qui touche effectivement aux questions systémiques, dont la représentation des pays en développement dans les institutions financières multilatérales.

Le Directeur exécutif adjoint du FMI, M. MIN ZHU, a assuré que le Fonds a lancé des réformes, dont un système de quotas, pour garantir la participation des pays en développement à la définition de l’architecture financière pour le développement durable.  Le FMI est bien plus transparent qu’avant, a reconnu Mme JO MARIE GRIESGRABER, Directrice exécutive à la « Global Finance Coalition ».  Elle a tout de même demandé une nouvelle formule de quota pour le FMI où ce sont les individus qui seraient représentés.  Elle a en revanche dénoncé le manque de progrès à l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et à la Banque, même s’il faut se féliciter d’une meilleure cohérence entre ces deux organisations et le FMI. 

Le Directeur exécutif adjoint du FMI, est également revenu sur le rôle de premier plan qu’assume le FMI depuis 2008 pour aider le monde à s’adapter aux nouvelles réalités.  Il faut, a-t-il convenu, poursuivre le dialogue sur la réforme du système monétaire international qui relève d’une responsabilité partagée.  Aujourd’hui, les filets de sécurité financière sont toujours aussi fragmentés et imprévisibles.  Les flux financiers transfrontières sont toujours très mal gérés.  N’existent toujours pas une réglementation et une surveillance des marchés propres à assurer la stabilité financière et monétaire.  Ces questions concernent à la fois le monde développé et le monde en développement.

Dans l’état actuel des choses, les économies européenne et américaine menacent l’économie mondiale, a acquiescé le Directeur de la concentration du développement politique et économique à l’École internationale des affaires publiques de la « Columbia University.  Le système actuel a malgré tout fonctionné relativement bien pour la plupart des pays, a conclu M. LEE BUCHHEIT, du Cabinet d’affaires Cleary, Gottlieb Steen et Hamilton LLP.  Pour lui, il s’agit essentiellement de l’améliorer et non de le rejeter. 

Table ronde sur le thème « Le commerce, la science, la technologie, l’innovation et le renforcement des capacités »

Comment la communauté internationale peut-elle faire pour garantir un commerce international inclusif et des accords commerciaux régionaux préférentiels, tels que le Partenariat transpacifique, qui n’exacerbent pas la marginalisation des pays les moins avancés (PMA) et des économies les plus vulnérables?  Quelles mesures les États peuvent-ils prendre pour veiller à ce que le commerce et les accords sur l’investissement ne remettent pas en cause les politiques publiques mais contribuent plutôt à la réalisation du développement durable?  Quelles sont les lacunes persistantes en matière d’innovation et de capacités technologiques dans les pays en développement?  Enfin, comment le Forum sur le financement pour le développement peut-il contribuer au succès du Mécanisme de facilitation de la technologie?

Voilà les questions soulevées lors de cette table ronde modérée par M. ALFREDO SUESCUM, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

M. PUVAN SELVANATHAN a expliqué que les objectifs du Centre du commerce international (ITC), qu’il dirige, sont de renforcer l’intégration du secteur des affaires des pays en développement et des économies en transition dans l’économie globale; d’améliorer la performance des institutions d’appui au commerce et à l’investissement pour en faire bénéficier les petites et moyennes entreprises (PME); et de renforcer la compétitivité de ces mêmes PME dans le commerce international.  Dans le cadre des objectifs de développement durable, a-t-il rappelé, la croissance économique et le commerce constituent les moteurs de la lutte contre la pauvreté et pour le développement.  « Les PME, en tant que foyers d’innovation et générateurs d’emploi, seront la base essentielle de cet effort », a conclu M. Selvanathan, en affirmant que l’amélioration de leur compétitivité est la « véritable raison d’être de l’ITC ».

Il est vrai que beaucoup de pays sont dépourvus de structures commerciales véritables, a reconnu M. HANS-PETER WERNER de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) alors que les accords commerciaux se multiplient au niveau régional, voire entre pays de régions différentes, souvent sur le plan bilatéral.  Ces accords ne sont pas tous bénéfiques, a mis en garde Mme DEBORAH JAMES, Directrice des programmes internationaux au Centre pour la recherche économique et politique.  Elle a argué, par exemple, que si l’Accord de Partenariat transpacifique devait être appliqué, « il porterait gravement préjudice aux pays en développement », compliquant notamment leur accès aux médicaments.  L’experte a donc constaté un paradoxe flagrant entre, d’un côté, les obligations qui incombent aux États Membres en vertu du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et, de l’autre, la logique dominante de la majorité des investissements, qui profitent davantage aux investisseurs qu’aux pays.  Les années d’expérience montrent que les traités bilatéraux ont eu des répercussions négatives considérables sur les secteurs de la santé ou de l’éducation, « ce qui montre qu’ils sont inadaptés à la réalisation du Programme 2030 ».  Or, a observé Mme James, certaines clauses permettent de rendre caduques l’adhésion de certains pays.

Il faut trouver des solutions à la hauteur de la complexité des objectifs de développement durable, en « réimaginant le monde », a acquiescé M. ANDREW HIRSCH, Directeur général de l’Institut international de la propriété intellectuelle.  La priorité?  Répondre aux besoins des pays les moins avancés (PMA) qui doivent bénéficier massivement du transfert des technologies, en évitant toutefois de reproduire les erreurs commises par le passé.  À cette fin, l’opérationnalisation, d’ici à 2017, d’une « banque de licences de technologies des Nations Unies pour les PMA », en vertu du Programme d’action d’Addis-Abeba, est une bonne chose, a estimé le panéliste.  L’objectif est de promouvoir la recherche et l’innovation scientifiques et favoriser la diffusion et le transfert de technologie et de la propriété intellectuelle vers ces pays.

Dans cette optique, M. AMBUJ SAGAR, Professeur d’études politiques à l’Institut indien de technologie et membre du Mécanisme de facilitation des technologies, a assuré que l’erreur la plus importante à ne pas commettre est celle d’une « approche unique ».  « Il faut comprendre le contexte national dans lequel seront diffusées les technologies », a mis en garde l’expert, encourageant à identifier les priorités nationales et les voies par lesquelles brevets et technologies peuvent être disséminés.  Mais nombreux sont les pays qui ne disposent pas des capacités suffisantes pour « assurer le déploiement » de ces technologies.  Compte-tenu de cette situation, que faire?  Pour M. Sagar, les gouvernements doivent développer des capacités humaines et institutionnelles et se doter de politiques appropriées.  Ils doivent également, de concert avec les « programmes internationaux », garantir des financements adéquats et « soutenir les connaissances à différents stades du cycle technologique ».

Le succès du commerce international c’est d’abord la lutte contre les protectionnismes, a simplifié le représentant de l’Indonésie qui a prôné l’élargissement du « Mécanisme de surveillance du protectionnisme » du G-20 à l’ensemble des membres de l’OMC.  Il a en outre souligné la nécessité de conclure, après 15 ans de retard, le Cycle des négociations de Doha.  Un intervenant du secteur privé est revenu sur l’accès équitable aux technologies, en demandant aux gouvernements d’intervenir quand se posent des difficultés d’accès aux capitaux.  C’est tout particulièrement vrai de l’Afrique, confrontée à une expansion démographique porteuse de problèmes de résilience ou d’urbanisation.  Une représentante de la société civile a dit craindre que les technologies ne « captent » les financements, au détriment de la santé et de l’éducation.  Réagissant à ces propos, la délégation des Pays-Bas a indiqué que, dans son pays, l’aide publique au développement (APD) parvenait à assurer l’équilibre entre les priorités. 

Les pays en développement ont besoin de deux types d’infrastructures, a estimé le représentant du Groupe des experts sur les infrastructures.  Il a parlé des « infrastructures de technologies financières », qui sont par nature électroniques et des infrastructures physiques comme les routes, les systèmes d’assainissement ou les installations portuaires.  Pour y arriver, l’intervenante de l’Association mondiale des élus locaux a réclamé le transfert aux autorités locales d’au moins 25% des recettes fiscales nationales, ce qui est la moyenne dans les pays développés.

Table ronde sur le thème « Les données, le contrôle et le suivi »

Présidée par M. ANDRÉ VALLINI, Secrétaire d’État chargé du développement et de la francophonie de la France, et animée par M. LENNI MONTIEL, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, la table ronde a permis de souligner l’importance de données fiables et désagrégées pour assurer le suivi des politiques mises en œuvre, et à terme, la redevabilité des dirigeants. 

Dans son propos liminaire, le Secrétaire d’État chargé du développement et de la francophonie de la France a indiqué que la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030 suscite trois défis en matière de suivi: la désagrégation des données sur les nouveaux domaines qualitatifs; les nouvelles technologies; et l’entrée en jeu de nouveaux acteurs, notamment les entreprises et la société civile.  Le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies s’est demandé comment faire en sorte que les méthodes traditionnelles de collecte de données soient consolidées tout en explorant de nouvelles méthodes. 

M. ROBERT YORK, Chef de la Division des institutions financières au Département des statistiques du FMI, a expliqué que le Fonds a mis en place le Système général de diffusion des données (SGDD) en 1997 afin d’aider les pays à améliorer la transparence de leurs statistiques et leur exploitation.  Avant cela, a-t-il noté, la norme spéciale de diffusion des données (NSDD) avait été créée en 1996 pour aider les pays à communiquer des données économiques et financières au public.  En 2012, la NSDD Plus a été créée. 

En matière des données, ce sont les autorités nationales qui doivent d’abord identifier clairement leurs besoins et leurs priorités avant de demander l’appui de la communauté internationale.  Il ne faut pas oublier que malgré le rôle de plus en plus croissant des technologies de l’information et des communications (TIC), les outils traditionnels de collecte des données garderont toute leur pertinence.

Cette assertion a été appuyée par M. JOHN JAMES PULLINGER, Statisticien du Royaume-Uni, qui a plaidé pour le renforcement des capacités d’analyse des gouvernements, ce qui implique des partenariats avec le secteur privé et la société civile.  Le secteur privé est prêt à aider en ce sens, notamment en matière d’innovation, a affirmé un représentant de ce secteur, avant que M. PULLINGER n’appelle à la mise sur pied d’un réseau virtuel de statisticiens du Nord et du Sud pour partager les expériences.  Les premiers responsables de collecte des données sont les gouvernements, a souligné une représentante de la société civile, en parlant des recensements ou des registres d’état civil qui, il est vrai, font défaut dans de nombreux pays en développement alors que les données sont étroitement liées à la redevabilité gouvernementale, a renchéri une représentante d’ONG

Pourquoi la désagrégation inquiète? s’est demandée la représentante du Canada.  Comment évaluer, par exemple, les avancées en matière d’autonomisation des femmes.  Les données désagrégées sont importantes mais il ne faut pas oublier qu’ils ont un coût, a rappelé le Chef de la Division des institutions financières au Département des statistiques du FMI.  Elles exigent des investissements énormes que ni le secteur privé ni les décideurs ne veulent engager, peut-être parce que l’absence de données désagrégées permet de masquer l’inaction, a soupçonné l’Administrateur de la « Society for International development.

Prenons tout de même garde aux risques de « mort subite due à une overdose de données », a-t-il concédé, regrettant que ce Forum sur le financement du développement n’ait mené de discussions franches sur les méthodes de collecte des données car sans cela on risque de perdre en fiabilité et d’influer négativement sur le suivi du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a demandé au Forum de s’impliquer réellement dans la « nouvelle gouvernance mondiale » pour donner tort à ceux qui lui jettent aujourd’hui « un regard dubitatif ».

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) s’est déclaré déçu que le mandat du Forum, qui est d’évaluer les progrès, d’identifier les obstacles et les défis, de traiter des questions nouvelles et émergentes et de faire des recommandations politiques à la communauté internationale, ne se reflètent pas dans les « Conclusions » du Forum.  Nous aurions espéré, a-t-il dit, des « Conclusions » qui reflètent de manière équilibrée les éléments de tous les domaines d’actions du Programme d’Addis-Abeba.  Fustigeant le manque de « substance » et faisant valoir la constance, le caractère constructif, la bonne volonté et la grande souplesse dont son Groupe a fait montre pendant les négociations, le représentant a dénoncé un entêtement qui risque de compromettre les discussions futures du Forum.  Il a espéré que cette situation ne créé pas « un précédent », appelant encore une fois à des « Conclusions significatives et substantielles pour refléter la transformation de la vision mondiale en des actions concrètes propres à améliorer la vie des gens dans le monde ». 

Le représentant de l’Union européenne, a constaté que les « Conclusions » sont beaucoup moins ambitieuses que ce qu’on aurait souhaité.  Il s’est félicité une nouvelle fois du rapport du Groupe de réflexion insterinstitutions sur le financement du développement qui est le témoignage de ce qui a été convenu à Addis-Abeba.

Débat général

M. ANDRE VALLINI, Ministre d’État du développement et de la Francophonie de la France, a affirmé que la France s’est résolument engagée dans l’application du Programme d’Addis-Abeba notamment par le biais de son Agence de coopération et la mobilisation de quatre milliards d’euros supplémentaires pour le financement du développement.  Le partenariat mondial renouvelé doit, selon lui, se concrétiser grâce à des coalitions d’acteurs, publics et privés, internationaux et nationaux et une combinaison de sources de financement.  La France est au rendez-vous pour promouvoir des modèles innovants au sein de sa coopération internationale, a poursuivi le Ministre.

Rappelant qu’en 2013 les flux illicites de capitaux étaient de l’ordre de 1 100 milliards de dollars alors que l’aide au développement ne représentait que 135 milliards, le Ministre a appelé à la lutte contre la corruption et pour la transparence.  Abordant ensuite la question des changements climatiques, il a affirmé que le climat était d’abord un enjeu de développement et qu’il fallait qu’il soit intégré dans toutes les politiques de développement durable.  Au-delà des financements publics dans ce domaine, le financement est également une question des acteurs privés ou encore d’outils nouveaux comme les obligations vertes ou les avantages pour les infrastructures « bas carbone ».  Enfin, le Ministre a réitéré l’intention de la France de soutenir les pays les moins avancés, en particulier les 16 pays africains qu’elle soutient.  La France reste mobilisée pour préserver et mettre en œuvre ses engagements dans le contexte du Programme de développement durable, a conclu le Ministre.

M. IGOR LUKŠIĆ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a souligné que l’APD devait rester un élément important du financement du développement.  Nous devons toutefois mobiliser des ressources additionnelles de manière indépendante, a-t-il recommandé.  Il a aussi plaidé en faveur de l’appropriation nationale des mesures d’appui au développement des pays, en appelant aussi à prendre en compte les spécificités de chaque région.

M. PAUL OQUIST KELLE (Nicaragua) a fustigé le capitalisme sauvage en demandant d’en finir avec cette accumulation sans fin et dépourvue de sens.  Les gains des banques étaient de 6% dans les années 80, un chiffre qui a augmenté à 40% en 2007, a-t-il fait remarquer.  Il a ajouté à ce problème celui des conflits qui génèrent des flux importants de réfugiés, et celui des changements climatiques qui compromet l’avenir de la planète.  Plutôt que de l’eau pour tous, une personne sur quatre n’aura pas accès à l’eau en 2030, a-t-il prévenu en citant les rapports officiels.

M. NGOAKO RAMATLHODI, Ministre des services publics de l’Afrique du Sud a prévenu que l’impact négatif de la crise financière mondiale sur le développement et le redressement fragile, ainsi que la chute des prix des produits de base et l’instabilité des marchés de capitaux ont fait dérailler les progrès.  Il faut finir le travail, a demandé le Ministre, jugeant toutefois indispensable de respecter la marge de manœuvre politique des États.  Il faut créer un contexte économique mondial caractérisé par une meilleure gouvernance pour pouvoir atteindre les objectifs de développement durable.  Les pays en développement doivent pouvoir participer à l’architecture financière internationale, a demandé le Ministre qui a salué la réforme initiée par le FMI. 

Il a plaidé pour le respect des engagements pris en matière d’APD et demandé à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) de présenter un rapport à la prochaine réunion du Forum.  Abordant également l’Accord de Paris sur les changements climatiques, il s’est dit impatient de participer à sa signature et a espéré que les engagements seront tenus et que les financements seront distincts de l’APD.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts dans la lutte contre la corruption et les flux illicites de capitaux.

Mme TERESA RIBEIRO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a indiqué que son ministère, en coopération avec le Ministère de la planification et des infrastructures, assurerait la coordination d’ensemble de la mise en œuvre du Programme durable à l’horizon 2030 et du processus de financement pour le développement, qui sont étroitement liés.  Dans la mesure où ces agendas dépassent la sphère gouvernementale, un système de consultation avec la société civile portugaise est en cours d’élaboration, en vue d’adopter « un plan national d’action intersectoriel ».

Dans le même esprit, le réseau portugais pour le Pacte mondial des Nations Unies a récemment créé une plateforme pour une « alliance des objectifs de développement durable » impliquant des représentants du secteur privé et d’autres acteurs concernés.  Le Portugal, a expliqué Mme Ribeiro, continuera de centrer ses efforts sur l’éducation, la santé, la formation et le renforcement des capacités, tout en s’intéressant à l’efficacité énergétique, l’environnement et l’économie bleue.  Il a l’intention de recourir à des financements mixtes en catalysant les ressources publiques et en mobilisant le secteur privé à travers son Institution de financement du développement (SOFID). 

M. JESÚS GRACIA ALDAZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a estimé que le texte adopté reflète bien le lien entre le Programme d’Addis-Abeba et le Programme 2030 et les moyens à mettre en œuvre pour réaliser le dix-septième objectif de développement durable sur les partenariats internationaux.  Il a cependant voulu que l’on évite les doublons, préconisant d’examiner la mise en œuvre du Programme d’Addis-Abeba une seule fois par an, dans le cadre exclusif du Forum.  Les deux Programmes essaient d’en finir avec « le paradigme Nord-Sud », a-t-il estimé, en promettant que l’Espagne va travailler à l’amélioration de la transparence fiscale et financière, au renforcement des capacités institutionnelles des pays en développement et à la coopération internationale en matière fiscale.  L’Espagne n’oublie pas que le secteur privé a beaucoup à apporter au financement du développement, a conclu le Vice-Ministre.

M. AHMED KOUCHOUK, Vice-Ministre des finances de l’Égypte, a souligné que les pays en développement sont un moteur de la croissance économique mondiale et que leur accès au développement fournira de nouvelles opportunités de croissance aux économies avancées.  L’Égypte, a-t-il dit, a mis en place des programmes pour le développement, y compris une réforme fiscale et une politique de subventions.  Il reste toutefois encore beaucoup à faire et le temps est une donnée essentielle.  Par conséquent l’Égypte attend l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’Addis-Abeba et appelle les économies avancées à faciliter et améliorer les conditions d’accès des pays en développement aux marchés financiers.  L’Égypte aspire à plus de progrès tangibles d’ici le prochain examen.

M. MOHAMED AHMED SHIDE, Ministre d’État au Ministère des finances et de la coopération économique de l’Éthiopie, a fait part de son expérience en termes d’intégration des Objectifs de développement durable.  L’alignement des objectifs nationaux sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une première étape, a-t-il dit, affirmant qu’il travaillait pour la mobilisation de tous les types de financement.  La transformation du secteur privé, est l’un des neuf piliers de notre développement national, a-t-il précisé, avant d’évoquer le cadre juridique mis en place cette année pour encadrer les partenariats entre le secteur public et le secteur privé.

M. DEGOL MENDES, Secrétaire d’État à l’économie de la Guinée-Bissau, estime que vu l’importance du Programme d’action d’Addis-Abeba pour les pays comme le sien, il faut cibler les actions correspondant aux spécificités des pays.  À ce titre, il a cité les menaces à la biodiversité qui exigent des financements spéciaux sous la forme d’un fonds d’affectation spéciale.  La Guinée-Bissau a créé depuis 1992 des territoires protégés, plaçant la protection de la biodiversité au cœur de son développement.

Au nom de la Communauté de Caraïbes (CARICOM), Mme RHONDA KING (Saint-Vincent-et-Grenadines) a, entre autres, plaidé par l’intégration du principe d’universalité dans le Programme du développement durable tout en tenant compte des différents stages de développement et de la nature dynamique des besoins des pays en développement.  Il a pris le cas des petits États insulaires en développement où les défis « uniques » de la mobilisation des ressources renforcent la dépendance aux financements publics.  Ces pays doivent donc mettre l’accent sur la nécessité d’un environnement mondial favorable et l’importance des partenariats internationaux.  La CARICOM plaide pour que ses besoins spécifiques soient dûment pris en compte. 

M. BADRELDIN MAHMOUD ABBAS, Ministre des finances et de l’économie du Soudan, a rappelé que la responsabilité première du développement économique incombe aux gouvernements nationaux.  Nous devons en même temps œuvrer en faveur d’un environnement mondial favorable au développement durable et à l’élimination de la pauvreté, notamment en facilitant l’accès des pays en développement à l’OMC et en trouvant une issue à la question de la dette.  Il a demandé que l’on mobilise des ressources financières et non financières pour les pays qui passent par des périodes difficiles, rejetant les mesures coercitives économiques et commerciales.  Parlant des changements climatiques, il a demandé un engagement total pour l’adaptation des pays en développement dont la mobilisation des 100 milliards de dollars agréés d’ici à 2020.

M. NEIL BRISCOE, Responsable des partenariats mondiaux au Département du développement international du Royaume-Uni, a mis l’accent sur la nécessité de combattre les flux illicites de capitaux et la corruption pour une mise en œuvre efficace du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le Royaume-Uni a signé des accords de coopération et respecte ses engagements en matière d’aide publique au développement (APD), a dit le représentant.  Mais, a-t-il dit, l’APD seule ne suffira pas pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut impérativement trouver d’autres sources de financement, notamment dans le secteur privé.  Pour poursuivre l’élan actuel, il a salué notamment l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba et le Forum mondial sur les infrastructures qui sont « de bonnes approches » pour arriver à ce « monde juste » auquel nous aspirons.

M. AHMED BIN MOHAMMED AL-MURAIKHI (Qatar) a plaidé en faveur de la mobilisation des ressources aux plans national et international.  Ce faisant, il a appelé à des partenariats entre les parties prenantes, entre le secteur privé et le secteur public.  Le Qatar, a-t-il fait valoir, fournit une aide au développement important en tant que membre actif de la communauté internationale.  Le financement du développement a toujours été un des objectifs principaux de la politique étrangère du Qatar, a-t-il assuré avant de réaffirmer les engagements de son pays en matière d’aide publique au développement (APD).

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a argué que pour les petits États insulaires en développement (PEID), l’adoption d’une approche holistique doit mettre l’accent sur les efforts en cours pour mettre en œuvre les Orientations de Samoa, dont la nécessité de mobiliser des ressources pour renforcer leur résilience aux chocs économiques et environnementaux exogènes auxquels ils sont particulièrement vulnérables.  Une telle approche, a poursuivi la représentante, doit aussi tenir compte du fait que ces pays sont bien souvent « pris au piège du revenu intermédiaire », avec la stagnation voire la paralysie de leurs progrès vers la catégorie des pays développés.  La mobilisation et l’utilisation efficace des ressources ne suffiront pas.  On ne peut ni ne doit perdre de vue les problèmes systémiques qui peuvent compromettre les efforts de développement durable.  Les problèmes tels que l’utilisation d’indicateurs qui ne tiennent pas compte des vulnérabilités propres aux PEID doivent être résolus tout comme le lourd fardeau de la dette occasionné et exacerbé par les turbulences de l’économie mondiale.  La représentante a aussi parlé des risques liés à l’impasse dans le Cycle de négociations commerciales de Doha et dans la réforme des institutions financières internationales.  Elle a néanmoins reconnu la nécessité pour les économies des pays comme le sien de lancer des réformes structurelles, réglementaires et bureaucratiques pour créer un environnement favorable à l’investissement privé.

Mme MARCIA COLQUHOUN, Responsable adjointe de la Task Force pour l’Agenda 2030 du Canada, a souligné que son pays tient à mettre l’accent sur les femmes et les enfants, sans lesquels ont on ne pourra pas éradiquer la pauvreté.  Le Canada reconnait le rôle central du secteur privé tant au plan national qu’international.  Le Canada, qui est un membre fondateur de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba, travaille à la mobilisation des ressources privées.

M. MICHAEL GERBER (Suisse) a indiqué que, la semaine dernière, le Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié ses dernières statistiques sur l’aide publique au développement (APD), qui est « à son plus haut niveau mondial ».  En Suisse, elle est passée de 0,52% du PIB en 2015, une augmentation significative en dépit des restrictions budgétaires, a fait valoir le représentant.  Il a indiqué que 10 milliards de dollars d’investissements privés étaient actuellement gérés dans son pays en faveur de l’aide au développement.  Il a estimé que la participation des femmes et des filles dans la sphère économique est une exigence « fondamentale » du développement durable que la Suisse soutient pleinement.

M. GEORGE WILFRED TALBOT (Guyana) a estimé à son tour que le Forum doit prêter une attention soutenue aux besoins spécifiques des pays.  Il a appelé au renforcement des partenariats et à un partage véritable des expériences pour le succès du Programme d’Addis-Abeba.

Mme NWE NWE WIN (Myanmar) s’est dite convaincue que le Forum permettrait de faire des recommandations concrètes en vue de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Son pays fait sa part d’efforts en luttant contre la corruption et en favorisant la transparence, a-t-elle dit.  Nous œuvrons aussi en faveur de la cohésion sociale de notre peuple, a-t-elle ajouté.  Elle a parlé des programmes nationaux de développement mis en œuvre en coopération avec la Banque mondiale.  L’approche du développement de Myanmar est axée sur la population et sur une coopération étroite avec l’ONU et les partenaires au développement, a-t-elle souligné.

Mme SARAH MENDELSON (États-Unis) a souligné que l’aide au développement n’est pas une question de charité, mais un investissement important.  Les investissements en faveur du développement permettent d’éviter les conflits causés généralement par le manque de débouchés économiques.  Les pays qui ont des gouvernements responsables et de systèmes judiciaires intègres connaissent des avancées économiques plus importantes, a-t-elle fait observer, faisant référence à l’importance de la bonne gouvernance conformément à l’objectif 16 de développement durable relatif à la création de sociétés pacifiques et à l’état de droit.  Elle a parlé de l’engagement de son pays en faveur de l’électrification de l’Afrique et du secteur agricole.  Elle a annoncé que le soutien des États-Unis en faveur des petites et moyennes entreprises en Afrique va permettre de sortir 200 millions de personnes de la pauvreté dans les années à venir.  Elle a aussi appelé les États à promouvoir l’ouverture des marchés, arguant que c’est grâce à celle-ci que le monde a connu les avancées les plus notables ces 15 dernières années.

M. CLAUDIA AGUILAR (El Salvador) a avoué, à son tour, qu’il n’était pas satisfait des « Conclusions » du Forum.  Il a notamment critiqué la forte opposition, lors des négociations, à l’inclusion de références aux grands engagements antérieurs.  Pour sa délégation, s’est-il justifié, le point de départ du Forum doit être « ce sur quoi les pays se sont accordés à Monterrey, Doha et Addis-Abeba ».  Pour réaliser les nouveaux objectifs de développement durable, les pays ont besoin, avant tout, d’une stratégie nationale de développement avec un appui aux niveaux intergouvernemental et interinstitutionnel, et d’un environnement favorable dans les domaines financier et commercial internationaux.

L’investissement étranger direct (IED) doit contribuer au développement, a estimé le représentant.  Il a plaidé pour « un investissement responsable pour le développement durable ».  De même, il a souhaité des règles commerciales justes afin de prévenir les crises et de générer une stabilité économique globale au bénéfice de tous.  S’agissant de la crise de la dette, il a demandé aux créanciers de prendre en compte les impératifs du développement et les droits de l’homme.  D’après lui, le processus de financement du développement doit créer un cadre de suivi adéquat avec la participation des pays en développement.       

Au nom du Mexique, de l’Indonésie, de la République de Corée et de la Turquie, Mme CAITLIN WILSON (Australie) a annoncé que ces pays prendraient des engagements forts au prochain sommet humanitaire mondial.  Toutes les nations doivent promouvoir la mobilisation de ressources intérieures pour le développement durable et le rôle des femmes en tant que décideurs, bâtisseurs de la paix et chefs d’entreprise, a-t-elle ajouté.  Ce groupe de pays, a-t-elle dit, souligne l’importance des partenariats internationaux et innovants avec le secteur privé.  Il estime qu’un plus grand soutien aux pays les plus vulnérables est nécessaire et déclare son intention de partager ses expériences avec l’ensemble de la communauté internationale.  La représentante a appelé à la promotion de la science, des technologies et de l’innovation pour rendre la planète « plus prospère, plus inclusive et plus paisible ».

Mme YOUNG-JU OH (République de Corée) a plaidé en faveur de la mobilisation de « ressources holistiques » pour aider les pays en développement à réaliser leur plein potentiel.  Les ressources du secteur privé devraient être activement incorporées aux efforts de développement durable, a-t-elle ajouté.  Dans son pays, un programme de solutions technologiques a été créé pour faciliter la participation du secteur privé aux projets de développement, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi appelé à renforcer les liens entre le développement des technologies, l’éducation et la formation, donnant l’exemple de l’initiative que son pays a lancée pour promouvoir l’enseignement de la science et des technologies en mobilisant 2 millions de dollars sur la période 2016-2020.  Il faut aussi améliorer la qualité de la coopération au développement, a-t-elle souhaité en soulignant le rôle du Partenariat mondial en faveur de la coopération au développement.

M. LARISA MICULET (Moldova) a affirmé que son pays était pleinement engagé en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cette fin, son gouvernement a mobilisé des ressources considérables, que ce soit dans les secteurs public et privé, et aux niveaux national et international.  Sur le plan du commerce international, « une avancée considérable a été réalisée par le Moldova en 2014 avec la signature d’un accord d’association et de stabilisation avec l’Union européenne », a indiqué le représentant, en faisant valoir que des mesures avaient déjà été prises pour harmoniser les normes douanières.  En outre, une stratégie pour attirer les investissements a été élaborée pour la période 2016-2020, avec pour objectif de sécuriser 380 millions de dollars à cette fin.  Cette même stratégie, qui vise aussi à relancer les exportations, ambitionne de créer 10 000 nouveaux emplois et à réduire le déficit commercial de 4%, a précisé le représentant.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a invité le Forum a travaillé en collaboration étroite avec les autres initiatives mises en place par le Programme d’action d’Addis-Abeba, en particulier le Forum mondial sur les infrastructures.  Il a en outre mis en garde sur le risque d’une interprétation « arbitraire et subjective » du Programme d’Addis-Abeba et du Programme 2030, lequel risque pourrait saper la mission du Forum.  Il a estimé qu’étant donné la diversité et la complexité des questions traitées par le Forum, il serait judicieux que les délégations aient plus de temps pour discuter des « Conclusions ». 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), Mme FRANCISCO CORTORREAL (République dominicaine) a appelé à l’amélioration de l’architecture financière internationale ainsi qu’à un accès juste et équitable de tous les États aux institutions financières internationales et ce, pour réduire les écarts entre pays développés et en développement et promouvoir la stabilité financière et des flux financiers adéquats du monde développé vers les pays en développement.  La CELAC souligne aussi l’importance des programmes d’allègement, d’annulation et de restructuration de la dette.  La représentante a aussi souligné la question du renforcement des capacités.

Elle a prévenu que toute approche « morcelée » du diagnostic de la pauvreté ou tout classement des dimensions du développement durable aux dépens d’autres déformerait la situation réelle des pays à revenu intermédiaire.  Le représentant a réitéré l’importance de l’APD et des autres financements concessionnels.  Il a souligné que la CELAC rejette toute application unilatérale de mesures économiques, financières et commerciales incompatibles avec le droit international et qui sont un obstacle au financement du développement.  Il a appelé, en conclusion, au renforcement de la coopération Sud-Sud et à l’amélioration de la coopération internationale en matière fiscale.

Mme LUO JIN (Chine) a estimé que le Partenariat mondial en faveur du développement devrait être plus équitable.  La coopération Sud-Sud est essentielle et doit être complétée par une participation active des parties prenantes, y compris la société civile.  Elle a aussi estimé que les pays développés devaient tenir leurs engagements en termes d’APD et respecter les priorités nationales des pays bénéficiaires de l’aide.  Elle a recommandé un soutien technologique aux pays les plus vulnérables, comme les PMA et les PEID.  Elle a également plaidé en faveur d’une réforme du système commercial international, afin de permettre aux pays en développement de participer à la prise de décisions.  Étant le plus grand pays en développement, la Chine contribue activement à la coopération au développement, a-t-elle fait valoir.  La Chine a aidé plus de 120 pays au cours de ces 10 dernières années, notamment par le biais des fonds d’affectation spéciale qu’elle a créés.  Cette année, le G-20 aura lieu en Chine sur le thème « Une économie mondiale novatrice », a annoncé la représentante.

M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a salué le caractère universel et indépendant de ce Forum et après avoir rappelé que les petits États insulaires en développement requéraient une attention particulière, il a demandé que les engagements pris au titre de l’aide publique au développement soient honorés sans conditions.  Il a également appuyé l’annulation de la dette extérieure des pays du Sud et insisté sur le transfert des technologies et l’appui au renforcement des capacités.  Le représentant a souhaité « la construction d’une nouvelle architecture internationale », avec des institutions démocratiques où toutes les nations peuvent participer sur un pied d’égalité à la prise de décisions.  Il a rejeté la promulgation et l’application unilatérale de mesures économiques, financières ou commerciales incompatibles avec le droit international et la Charte des Nations Unies.  Neuf mois après la Conférence d’Addis-Abeba et sept mois après celle du Programme 2030, a-t-il regretté, le monde reste confronté aux mêmes obstacles pour mettre fin à la pauvreté et à la faim.  

M. GILBERT HOUNBGO, Directeur général des opérations pays et des partenariats à l’Organisation internationale du Travail (OIT), a plaidé pour que la question de l’emploi productif et digne pour tous soit inscrite dans les stratégies nationales de développement durable.  « Les objectifs de création d’emploi sont aussi importants que l’inflation et la croissance économique », a poursuivi le représentant pour lequel il faut en faire un objectif central des politiques macroéconomiques.  Il a plaidé en faveur de l’égale participation des hommes et des femmes, y compris des personnes handicapées, au marché du travail officiel.  Cela faciliterait une mobilisation des ressources nationales et contribuerait à améliorer et protéger les droits des employés et des entrepreneurs.  À cet égard, M. Houngbo a estimé qu’il faut porter une attention particulière aux petites et micro entreprises qui sont « les véritables machines de création d’emploi ».

Selon les données de l’OIT, en 2015, il y avait 73,4 millions de jeunes au chômage et des millions d’autres qui avaient des emplois non décents.  En 2013 quelque 169 millions de jeunes entre 15 et 24 ans travaillaient mais gagnaient moins de 2 dollars par jour.  L’OIT a lancé l’Initiative mondiale des emplois décents pour les jeunes.  Elle est aussi partie au « Programme phare mondial pour des socles de protection sociale pour tous ».  Pour réussir ce pari, a conclu le représentant de l’OIT, il faut des mécanismes de financement différents, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA).

Mme YAMINA DJACTA, Programme des Nations Unies sur les établissements humains (Onu-Habitat), a indiqué que l’organisation qu’elle représente continue d’œuvrer avec les autorités municipales à la conception et à la mise en œuvre de mécanismes financiers capables d’aider celles-ci à mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  L’action d’ONU-Habitat se concentre sur la question des terres car en améliorant les droits de propriété via un cadastre unique, il est possible de dégager des taxes foncières significatives.  En outre, l’amélioration de la capacité productive des villes, qui exige une infrastructure urbaine adéquate, est au cœur des préoccupations de l’Onu-Habitat, a poursuivi la représentante.  De nombreux projets d’ONU-Habitat en Afrique et en Asie mettent l’accent sur les principes comptables, la formation à la planification de placements des capitaux et les systèmes de gestion financière, a indiqué Mme Djacta, en expliquant l’importance d’augmenter les ressources financières des municipalités.

Mme O’Brien, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a dit que l’investissement dans les enfants, conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba, sont un moyen de garantir une croissance durable.  Il faut faire en sorte que cet investissement bénéficie directement aux enfants et qu’il contribue à lutter contre les inégalités.  La représentante a souhaité qu’une attention particulière soit portée à la situation des enfants dans les crises humanitaires.  La représentante a plaidé pour des données désagrégée sur les enfants, afin de faire ressortir la situation spécifique des filles.

Mme OMOYEN LUCIA EMMANUEL, représentant la société civile, a plaidé en faveur d’une réforme de fond du système commercial international et de la mise en place d’une bonne gouvernance dans tous les pays.  Elle a espéré que la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba permettrait de réaliser le Programme 2030.  Elle a cependant estimé que le premier Forum de suivi n’a pas été à la hauteur des attentes.  Nous n’avons pas accordé suffisamment de temps à l’organisation du suivi et pas mis l’accent sur l’examen à mi-parcours.  Elle a jugé non satisfaisantes les « Conclusions » en ce qu’elles n’abordent ni les questions clefs ni les mécanismes et mesures concrètes permettant d’arriver aux objectifs.  Elle s’est cependant dite satisfaite du tout premier rapport du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement.  Notre intention, a-t-elle assuré, n’est pas de critiquer le Forum mais de l’inviter à faire plus dans le processus de suivi.  Vous devez être conscients de l’urgence, a-t-elle dit aux États, espérant que l’impasse politique ne se reproduirait plus.

Mme BARBARA SAMUELS, représentant le secteur privé a déclaré que pour que son secteur puisse jouer pleinement son rôle dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, il faut que les choses se fassent différemment.  Le secteur privé, s’est-elle expliquée, doit pouvoir participer aux travaux des Nations Unies car il peut apporter une contribution utile en partageant les pratiques efficaces de suivi qu’il utilise. 

Clôture de la session inaugurale du forum

M. OH JOON, Président de l’ECOSOC, a rappelé que ce Forum était le premier grand évènement de suivi après l’adoption des trois grands accords internationaux, l’an dernier.  Beaucoup d’idées constructives ont été présentées en trois jours, a-t-il remarqué, et parmi les questions discutées, il a cité l’importance de la cohérence politique et les moyens de répondre aux urgences humanitaires, dans le contexte du développement durable.  Nous avons aussi abordé les mesures pratiques pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme 2030.  Le Forum a ainsi permis de faire le bilan des engagements et des actions à prendre pour financer le développement.  Pour l’avenir, M. Oh a appelé les participants à s’approprier le projet de développement durable et de rechercher des solutions mutuellement avantageuses.  « Il est plus important d’avoir un seul Forum que de savoir s’il faut ajouter ou supprimer des mots dans un document », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Session extraordinaire de l’Assemblée générale: deux tables rondes examinent les questions relatives aux « drogues et criminalité » et « drogues et droits de l’homme »

Trentième session extraordinaire,
Tables rondes 2 & 3 – matin & après-midi
AG/11775

Session extraordinaire de l’Assemblée générale: deux tables rondes examinent les questions relatives aux « drogues et criminalité » et « drogues et droits de l’homme »

L’Assemblée générale a poursuivi aujourd’hui les travaux de sa trentième session extraordinaire consacrée au problème mondial de la drogue, qui se tient à New York du 19 au 21 avril 2016.

Deux tables rondes interactives de haut niveau ont été organisées aujourd’hui, parallèlement au débat général, avec la participation des délégations et des représentants de la société civile.

Les thèmes débattus ont été les suivants: « Réduction de l’offre et mesures connexes; mesures de lutte contre la criminalité liée aux drogues; lutte contre le blanchiment d’argent et promotion de la coopération judiciaire (drogues et crime) » et « Questions transversales: drogues et droits de l’homme, jeunes, femmes, enfants et collectivités ».

L’Assemblée a adopté hier le document final intitulé: « Notre engagement commun à aborder et combattre efficacement le problème mondial de la drogue ».

Deux autres débats consacrés aux questions relatives aux nouveaux défis et au développement alternatif se tiendront demain matin et après-midi, avant la cérémonie de clôture.

SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE PROBLÈME MONDIAL DE LA DROGUE

Table ronde 2 multipartite interactive

« Réduction de l’offre et mesures connexes; mesures de lutte contre la criminalité liée aux drogues; lutte contre le blanchiment d’argent et promotion de la coopération judiciaire (drogues et crime) »

Le Coprésident de la table ronde, M. TAYEB LOUH, Ministre de la justice de l’Algérie, s’est attendu à ce que les intervenants abordent un certain nombre de défis comme les moyens de limiter la consommation croissante des nouvelles substances psychotropes, de rendre responsables les unités chargées des enquêtes et de mettre en commun les expériences et les pratiques optimales.  Il a également estimé qu’il fallait réfléchir à la question des paradis fiscaux utilisés pour le blanchiment d’argent.

Le Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, Mme HANNA SERWAA TETTEH, a plaidé pour le renforcement des capacités nationales dans la lutte contre les activités criminelles.  Les agents de police doivent travailler au plus près des activités locales et le principe de la proportionnalité doit être encouragé.  Quant aux stratégies de réduction de l’offre, elles doivent s’accompagner de mesures anticorruption.  Il faut étoffer la collaboration internationale et bilatérale avec les pays voisins et les homologues régionaux, notamment dans le cadre de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine, pour mieux cibler la détection de fonds en transit et mettre un terme à la prolifération des nouvelles substances psychotropes et des précurseurs.  La Ministre s’est prononcée en faveur d’un système d’alerte précoce aux côtés d’autres agences africaines.

Le Ministre d’État des affaires étrangères du Japon, M. SEIJI KIHARA, a expliqué que le trafic des stupéfiants est l’une des formes traditionnelles de criminalité organisée et qu’il porte atteinte aux activités économiques légales et entrave la croissance.  D’après lui, le lien croissant avec le terrorisme déstabilise encore plus l’équilibre international.  Pour sa part, le Japon pénalise le commerce et la consommation des drogues et prône une application stricte des lois, même pour les consommateurs, afin d’assurer la dissuasion.  La consommation de cannabis et d’amphétamines y a ainsi été réduite à 1% et 0,5% respectivement.  Depuis plus de 10 ans, le Japon est venu en aide à l’Afghanistan pour réduire la production d’opiacés, malgré l’implication croissante des Taliban dans la culture de pavot, en proposant aux agriculteurs pauvres des cultures alternatives, comme les roses.  

Le Secrétaire d’État adjoint aux affaires étrangères des États-Unis, M. WILLIAM BROWNFIELD, a estimé qu’il fallait distinguer les victimes et les grands trafiquants.  Arrêter seulement les « mules » n’est pas la solution.  Il a encouragé les traitements médicaux et la réhabilitation.  D’après lui, il faut permettre aux forces de l’ordre de se concentrer sur les trafiquants violents et empêcher le recrutement de jeunes par des gangs violents.  On doit également avancer sur le front des cultures alternatives et élaborer des politiques intelligentes de lutte contre les drogues pour persuader les agriculteurs de réduire l’offre, a-t-il affirmé.  

Le Secrétaire général du Conseil national sur les drogues de l’Uruguay, M. MILTON ROMANI, a proposé d’équilibrer les activités de l’État et l’application des normes du droit international.  Il a évoqué un phénomène complexe, pluridimensionnel, qui implique aussi le trafic d’armes et la traite des personnes.  « Nous devons nous mettre dans la logique des marchés lorsque nous cherchons à contrôler les substances », a-t-il dit, proposant de s’atteler à toute la chaîne de production et de trafic, tout en accordant une attention particulière aux mineurs.  Le monde a besoin de stratégies non militaires pour réduire l’offre, en proposant des alternatives pour le développement social et économique.

Le blanchiment d’argent issu de la drogue est devenu une menace mondiale, s’est inquiété le Vice-Directeur du Département contre le blanchiment d’argent du Service fédéral de surveillance de la Fédération de Russie, M. KONSTANTIN GOBRUSENKO.  Selon lui, la communauté internationale doit accroître ses efforts pour identifier les sources de financement illicite.  Moins de 0,5% des profits de la drogue sont confisqués; l’argent sale s’infiltre presque dans son intégralité dans le système financier mondial, grâce à des formules sophistiquées sur Internet et de nouveaux moyens de paiement.  Il faut coordonner les activités des services de renseignements au niveau international et mener des études sur les flux financiers liés à la cocaïne, aux précurseurs et aux nouvelles substances psychotropes.

Le représentant de l’Organisation X-CONS de la Suède, M. PETER SÖDERLUND, a raconté son parcours de toxicomane qui l’a conduit à constituer un mouvement d’anciens toxicomanes, criminels et détenus pour promouvoir la prévention et la réinsertion, mais, a-t-il averti, les ressources manquent.  Les États Membres n’arriveront pas à leurs buts sans appuyer des organisations populaires comme la sienne qui possèdent une véritable expérience en la matière.

En tant que Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l’ONU, M. JEFFREY FELTMAN a dit bien connaître les connections qui existent entre le trafic des stupéfiants et le maintien de la paix et de la sécurité.  Inspiré par la philosophie qui sous-tend le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a demandé à tous d’adopter une démarche holistique.  Il ne faut plus parler uniquement de la réduction de l’offre et de la demande, mais mettre l’accent sur la pauvreté, le développement et les droits de l’homme.  Selon M. Feltman, « la meilleure politique de prévention est le Programme à l’horizon 2030 ».  Des secteurs entiers de certains gouvernements ont été saisis par les trafiquants de drogues, générant des milliards de dollars qui dépassent parfois les budgets de nombreux États.  Dans la mesure où une réponse trop militarisée contribuerait à la violence, il faut « minimiser les conséquences non recherchées » qui nuisent aux sociétés.

Le représentant du Panama a expliqué que son pays dispose d’une cellule indépendante de renseignements financiers.  La législation demande aux avocats de bien connaître leurs clients pour prévenir des activités illicites et lutte contre le mauvais usage des nouvelles technologies de l’information et des communications.  Quatre cents tonnes de drogues ont été saisies par les autorités ces dernières années, ce qui fait du Panama le troisième pays de la région avec les plus fortes saisies.  En outre, son pays a souscrit à 30 accords d’échange d’informations pour apporter plus de transparence à son système.  Le Nicaragua est au cœur de l’Amérique centrale or ce n’est pas un pays producteur, ni consommateur, mais de transit, a indiqué sa représentante.  Le Gouvernement a mis au point une stratégie de sécurité citoyenne et humaine qui intègre toutes les institutions nationales.  La peine de mort n’existe pas.  Pour sa part, le représentant de la Colombie a insisté sur « la lutte économique contre le trafic des stupéfiants et la corruption ».  Il a souhaité un suivi précis des fonds illicites et de leurs liens avec les biens acquis à l’étranger.

Pour le représentant du Pakistan, « parler des droits de l’homme peut prêter à confusion dans le régime de contrôle des drogues ».  Il a préconisé une bonne mise en œuvre des conventions et une démarche équilibrée, qui commence par la réduction de l’offre.  Au niveau national, les lois sont appliquées, les cultures d’opiacés éliminées, le transport et le stockage sont visés.  Le Pakistan a également gelé des millions de dollars appartenant à des trafiquants et démantelé 28 réseaux internationaux.  Le représentant de la Turquie a résumé l’expérience du pays en matière d’alerte précoce.  Une démarche proactive a été adoptée avec la création d’une banque de données relative à la saisie et au contrôle des drogues illicites.

La Mongolie est devenue un pays consommateur, en plus d’un pays de transit, a déploré sa représentante.  Le nombre de jeunes impliqués dans des crimes liés à la drogue a récemment doublé.  La Mongolie se concentre sur la lutte contre l’offre.  À cette fin, elle a révisé le Code pénal, tout en abolissant la peine de mort.  Les capacités de ses forces de l’ordre, notamment aux frontières, ont été renforcées.  Toutefois, ces forces manquent encore de compétences et de ressources pour mener des enquêtes.  L’Inde est un participant actif à l’initiative du Pacte de Paris depuis sa création, s’est félicité son représentant.  Il a souligné l’importance d’éliminer les précurseurs chimiques illicites et de réviser les réglementations y relatives.  L’Inde a organisé en novembre dernier, à New Delhi, un sommet sur la lutte contre le blanchiment d’argent.

Pour le représentant de l’Union européenne, la réduction de l’offre doit faire partie de toute politique de lutte contre les drogues, mais « la complexité des marchés doit être bien comprise ».  L’Union a essayé de développer une réponse globale à ce problème, en se concentrant sur l’héroïne, la cocaïne et les drogues synthétiques.  À cet égard, la coopération internationale, les politiques basées sur les renseignements et l’accent mis sur les résultats sont des principes clefs.  De plus, EUROPOL lutte contre tous les types de criminalité transnationale organisée.

Préoccupée par l’augmentation de la culture du cannabis dans sa région, la représentante du Nigéria s’est dite « opposée à toute tentative de légaliser le cannabis » dans d’autres pays.  Le Nigéria prévoit des programmes de développement alternatif et attache une grande importance aux contrôles aux frontières.  

En Indonésie, le trafic des drogues est un crime à haut risque et des mesures strictes contre les trafiquants, y compris dans les prisons, ont été adoptées, a assuré le représentant.  Il s’est inquiété du fait que nombre de pays ne disposent pas des cadres législatifs et réglementaires nécessaires pour lutter contre les substances psychotropes.  Pour sa part, le représentant de la Thaïlande a plaidé pour davantage de coopération internationale et exhorté les pays producteurs à prendre des mesures pour empêcher le détournement des précurseurs.  Quant au Tadjikistan, ce n’est pas un pays producteur, mais il est devenu un pays de transit sur ce qui est appelé « la trajectoire Nord », a signalé son représentant.  Une agence de contrôle des stupéfiants y est active depuis 1999, grâce à l’aide de l’ONU.  Le Gouvernement a déjà mis en œuvre quatre programmes nationaux de lutte qui ont permis des saisies importantes et de réduire la part des crimes liés à la drogue.

El Salvador dispose d’une stratégie de lutte contre les stupéfiants avec la participation de la société civile, mais doit faire face à un manque de moyens financiers, a regretté le représentant.  L’alcool et le tabac en tant que drogues licites posent aussi un problème de santé publique.  El Salvador ne produit pas de drogues, en est un faible consommateur, mais en subit les effets du transit.

L’Afghanistan est déterminé à lutter contre le phénomène de la drogue, a assuré le représentant.  Même s’il est vrai que le pays produit un nombre important d’opiacés, « nous ne voudrions pas être le seul coupable », a-t-il dit, en notant que plusieurs pays participent à ce processus.  En 2015, le Gouvernement a mis sur pied un nouveau plan d’action national intitulé « Arriver à un équilibre entre la culture, le trafic, la production et la toxicomanie ».  Il s’agit de réduire la culture du pavot, la production d’opium et la demande.  Face au défi de l’insécurité, l’Afghanistan manque de bailleurs de fonds pour appuyer sa lutte contre les stupéfiants, et notamment former un personnel spécialisé.  Il n’y a pas non plus suffisamment de coopération régionale.

La représentante de l’Italie a dit que son pays disposait d’un vaste éventail d’accords bilatéraux et de l’expérience régionale européenne.  Elle a proposé que les liens avec le terrorisme et la corruption fassent l’objet d’un examen approfondi.  Les mesures de réduction de la demande sont plus efficaces lorsqu’elles respectent les droits de l’homme, a-t-elle reconnu.  Elle a souhaité un mécanisme efficace d’examen de la Convention de Palerme.  Pour le représentant de l’Espagne, il faut confisquer les fonds, saisir les biens pour les consacrer par exemple à des programmes de traitement.  Il a souhaité une coopération très étroite des douanes et de la police.  Il a aussi établi une distinction entre la coopération juridique, dont les commissions rogatoires traditionnelles, et la coopération institutionnelle. 

La Zambie a signé un mémorandum d’accord avec des agences internationales pour améliorer les capacités de ses forces de l’ordre en matière de contrôle du flux des stupéfiants aux points d’entrée du pays, a indiqué la représentante de ce pays.  Elle lutte aussi contre la culture du cannabis dans les zones rurales.  En Israël, l’apparition de nouveaux produits de synthèse est contrée par des contrôles temporaires d’urgence, a expliqué la représentante de ce pays.  En outre, plusieurs mesures ont été prises pour lutter contre la vente de substances illicites sur Internet et saisir les recettes du crime lorsqu’une personne est reconnue coupable.  Par ailleurs, la réduction de l’offre est un pilier de la lutte contre les drogues, a affirmé le représentant de Singapour, en saluant le rôle des forces de l’ordre.  Singapour, qui applique la « tolérance zéro » en matière de contrôle des drogues, a pris des mesures anticorruption.

Au Mexique, la stratégie de réduction de l’offre se concentre sur l’élimination des cultures et le démantèlement des laboratoires, a dit le représentant.  Dans des zones caractérisées par la pauvreté, il faut créer des cultures alternatives.  S’il a réitéré l’importance des trois grandes conventions sur les drogues et des autres instruments pertinents, il a néanmoins estimé nécessaire la mise en place d’« un nouveau modèle de réduction de l’offre et de la disponibilité de nouvelles drogues », en se concentrant sur les groupes criminels responsables de la violence.

Pour le représentant de la Chine, la gestion des stratégies nationales doit s’intégrer dans les stratégies régionales et internationales.  Il faut accroître la coopération entre les forces de l’ordre pour réduire les plantations et la production de drogues et en coordonner la pénalisation.  À ce sujet, chaque pays doit déterminer la sanction des crimes considérés.  Il a appelé tous les pays, sur la base de l’intérêt mutuel, à surmonter leurs divergences, et à ne pas se servir de la peine de mort comme prétexte.  En outre, la Chine a déjà adapté la catégorisation de 116 nouvelles substances chimiques contrôlées et lutte contre la cybercriminalité.

« Nous devons renforcer le maintien de l’ordre et nos systèmes judiciaires respectifs, et remédier aux vulnérabilités qui ne font que renforcer la criminalité organisée, en améliorant les indicateurs d’impact », a conclu le représentant du Royaume-Uni.  Dans le cadre d’une approche globale équilibrée, il a appelé l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à prendre des mesures pour aider les États Membres à respecter la proportionnalité des sanctions.

Table ronde 3 multipartite interactive

« Questions transversales: drogues et droits de l’homme, jeunes, femmes, enfants et collectivités »

La Vice-Présidente de Costa Rica, Mme ANA HELENA CHACÓN, a défendu l’idée selon laquelle la consommation de stupéfiants est une maladie devant être traitée et non un délit à punir.  C’est pourquoi, 60% du prix des drogues saisies servent à financer des projets de traitement des toxicomanes qui acceptent d’être traités dans son pays.  Le Gouvernement a aussi créé une institution sur le traitement de la dépendance à l’alcool et aux stupéfiants.  Cependant, le pays a besoin d’adopter d’autres démarches qui sont plus conformes aux droits de l’homme.  La priorité est d’accorder aux femmes incarcérées, surtout les plus vulnérables, la protection dont elles ont besoin.  Soixante-cinq pour cent des femmes emprisonnées le sont pour avoir commis des délits liés à la drogue, qui sont pourtant des infractions mineures.  En outre, on évite désormais d’incarcérer des enfants impliqués dans des délits liés au trafic de stupéfiants.

Le Ministre des services médicaux, de la santé publique et des sports de la Suède, M. GABRIEL WIKSTROM, a estimé que la peine de mort n’est pas la réponse appropriée au délit lié à la drogue et a regretté que cette session ait raté l’occasion de régler cette question

La Directrice adjointe du Conseil national des stupéfiants de l’Indonésie, Mme DYAH SETIA UTAMI, a affirmé que le nombre de toxicomanes dans son pays a fortement augmenté depuis 15 ans.  Le Gouvernement a pris des mesures visant à prévenir et traiter la dépendance et la consommation de stupéfiants, et à aider l’autonomisation et le traitement des toxicomanes.  Des centres de désintoxication ont été créés.  S’agissant des enfants, des lois ont été adoptées pour les préserver de la toxicomanie.  Il a affirmé qu’il fallait défendre les droits des victimes, surtout les femmes et les enfants.

La représentante du Réseau de l’Afrique de l’Ouest sur les politiques relatives aux drogues du Ghana, Mme ANNE MARIA GORETTI, a affirmé que les consommateurs de stupéfiants sont des êtres humains qui méritent d’être traités comme tels.  Elle s’est dite inquiète du fait que le droit à la vie des consommateurs de drogues était souvent violé.  La peine de mort prononcée contre les consommateurs de stupéfiants est une violation des droits de l’homme surtout en ce qui concerne les femmes toxicomanes.  Celles-ci sont souvent brutalisées par les forces de l’ordre, a dénoncé Mme Goretti, qui a par ailleurs défendu le droit des enfants à être protégés de la consommation de drogues.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, a affirmé que, certes, le document final de cette trentième session comprenait des références aux droits de l’homme, notamment en matière de soins de santé et d’aide aux consommateurs de stupéfiants, mais ne décrétait pas de façon explicite la dépénalisation de l’utilisation de stupéfiants.  Il aurait souhaité que le document final contienne une référence claire aux droits à la santé des consommateurs de drogues et aux conséquences de la pénalisation du délit lié à la drogue pour ceux qui recherchent des soins de santé.  Il aurait été également souhaitable que le document final adopte une terminologie claire sur la thérapie de substitution et l’utilisation de seringues, a-t-il précisé, regrettant l’absence de référence à la peine de mort pour les délits liés à la drogue.  Le document final n’a pas non plus traité des exécutions extrajudiciaires commises par les forces de l’ordre dans la lutte contre le trafic de drogues, et rien n’y est dit sur les obligations d’enquêter sur les abus des forces de l’ordre dans la lutte contre la drogue, a dénoncé le Haut-Commissaire.  Il a également déploré que le document ne traite pas des conséquences des incarcérations pour les délits liés aux stupéfiants, comme le chômage et l’absence de liberté de voyager, qui sont autant de violations des droits fondamentaux, y compris des enfants.  Le document final est ambigu sur les droits des peuples autochtones en matière d’utilisation de la médecine traditionnelle, a conclu M. Al Hussein.

La représentante du Mexique, Mme LORENZA CRUZ, a estimé qu’il faut trouver des peines appropriées pour les femmes impliquées dans les trafics de drogues.  Au Mexique, 6 femmes incarcérées sur 10 le sont pour des délits liés au trafic de drogues, et le Gouvernement travaille à des mesures visant à adapter les peines d’incarcération, notamment en des séances de rééducation, a-t-elle indiqué.  Elle a souhaité renforcer la coopération internationale dans la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques de lutte contre les stupéfiants.

Le délégué de l’Union européenne, M. DIDIER LENOIR, a affirmé que le respect des droits de l’homme est au cœur de la politique européenne de lutte contre le trafic de stupéfiants.  Il s’est dit opposé à la peine capitale pour les délits liés aux stupéfiants et a exhorté les États Membres à abolir la peine de mort.

La représentante des États-Unis, Mme KANA ENOMOTO, a souhaité la mise en place d’une démarche fondée sur une santé publique intégrée, sur la prise en compte des traitements et des soins disponibles et sur la réhabilitation des consommateurs de stupéfiants.  Il faut des mesures qui respectent les droits des enfants et qui prennent en compte le traumatisme psychologique lié à la consommation de drogues.  L’emprisonnement n’est pas la solution à ce problème.  Tous les toxicomanes doivent trouver une porte ouverte lorsqu’ils cherchent de l’aide, se prononçant pour une approche fondée sur la réhabilitation des toxicomanes. 

Le représentant de Singapour, M. KWANG HWEE HOW, a déclaré que son gouvernement avait adopté une démarche pratique, la priorité étant d’avoir un « Singapour sans drogue pour les jeunes ».  Cela passe par l’éducation, dont le message est toujours de dire « non à la drogue ».  Soixante-dix pour cent des jeunes singapouriens sont d’avis que la consommation est néfaste, a-t-il indiqué.  Le deuxième objectif concerne les familles.  Le Gouvernement se concentre sur l’aide aux familles dont le rôle est primordial dans la réhabilitation et la prévention des risques, a-t-il dit.

Le représentant de la Thaïlande a affirmé qu’un nombre incalculable de femmes sont emprisonnées pour des causes liées à la drogue.  Des mesures pour remédier à cette situation ont été prises dans son pays, notamment l’autonomisation des femmes incarcérées et des mesures contre la récidive.  Le représentant d’Israël a déclaré que les services et les soins reçus par les femmes et les enfants toxicomanes devraient être les mêmes que pour les autres.  Quarante pour cent des femmes et 50% des enfants toxicomanes ont pu achever leurs traitements contre la dépendance cette année en Israël.

La représentante de la Chine a affirmé que les droits de l’homme des toxicomanes sont respectés dans son pays, tout en estimant qu’il fallait préserver la société, en particulier les femmes et les enfants, des conséquences de la consommation et du trafic de drogues.  L’individu doit être au cœur des politiques et des stratégies de lutte contre le trafic de drogues.  La toxicomanie n’est pas seulement un problème de santé publique, mais aussi un problème social et sécuritaire.  De ce fait, elle ne peut être traitée uniquement du point de vue médical, il faut trouver des solutions équilibrées.  Pour ce qui est de la peine capitale, elle a estimé qu’il n’y avait pas d’obligation d’abolition.

Le représentant du Brésil a estimé que le document final aurait dû contenir une référence consacrée à la peine de mort.  Il aurait dû aussi tenir compte des droits sociaux de peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine au Brésil, a-t-il indiqué.

Le Ministre de la justice de l’Italie, M. ANDREA ORLANDO, a indiqué que la protection des droits de l’homme doit être intégrée dans la politique mondiale de lutte contre la drogue, une attention particulière devant être accordée aux femmes, aux enfants et aux personnes vulnérables sur le plan de la justice pénale.  Il a exhorté les États Membres à adopter un moratoire sur la peine capitale pour les délits liés à la drogue.

La représentante du Royaume-Uni a déclaré que son gouvernement garantissait l’accès à divers traitements gratuits aux toxicomanes et adoptait la règle de la proportionnalité dans le cadre des peines contre les délits liés à la toxicomanie.  Le représentant a demandé aux organes des Nations Unies d’aider les États Membres à mettre en place une législation conforme aux conventions internationales relatives au contrôle des drogues.  Il s’est dit opposé à la peine de mort pour les délits liés à la drogue et demandé aux organes des Nations Unies de rendre compte de cette situation.

Le représentant du Soudan, a déclaré que la politique de lutte contre la toxicomanie était couronnée de succès dans son pays malgré une « faible coopération internationale relative à cette question dans la région ».

La représentante de l’Argentine a dénoncé le gaspillage de ressources dans la lutte mondiale de la drogue depuis des décennies.  Elle a préconisé l’harmonisation des justices pénales des pays et l’orientation des ressources vers le développement.  La stratégie doit se reposer sur le renforcement des systèmes de santé, et non le système pénal et carcéral.  Elle a dénoncé les pays qui appliquent la peine de mort pour les délits liés à la drogue et estimé que si l’on veut vraiment s’attaquer au trafic de drogues, il faut aussi s’attaquer au blanchiment d’argent et à la fuite des capitaux. 

Le représentant du Portugal a estimé que le dénominateur commun de la lutte contre la drogue est le respect des droits de l’homme, y compris ceux des consommateurs de stupéfiants.  Cela requiert la mise en place d’une justice pénale qui n’applique pas l’incarcération sur les délits mineurs relatifs à la drogue.  Les États ne doivent pas hésiter à appliquer une politique de lutte contre la drogue qui repose sur le respect des droits de l’homme, a-t-il dit.

La représentante d’El Salvador a déclaré que son gouvernement porte son attention sur la protection des jeunes contre le fléau de la drogue.  Le Ministère de l’éducation a lancé un programme de lutte contre la consommation d’alcool et de la drogue et un autre programme vise à renforcer le rôle de la famille dans la protection des jeunes et des enfants contre l’emprise des groupes criminels.

Le représentant de la société civile indonésienne, a affirmé que la peine de mort n’arrête ni la toxicomanie ni le trafic de drogues. 

Le représentant de la Malaisie a fait état des améliorations des services de traitement offerts aux toxicomanes incarcérés dans son pays.  Ces services sont également accessibles aux femmes emprisonnées pour des délits liés à la drogue, ainsi qu’aux enfants en sorte qu’ils puissent poursuivre leur scolarité.  Il a précisé que les visites des inspecteurs des droits de l’homme étaient bien reçues en Malaisie.

La représentante de l’Afrique du Sud a précisé que la loi sud-africaine sur la lutte contre la drogue comporte tous les points contenus dans le document final, même si elle a été adoptée des années avant celui-ci.  Le Gouvernement s’apprête à adopter une stratégie de lutte contre la consommation d’alcool, a-t-elle indiqué, estimant toutefois que le défi est d’atteindre les nombreux jeunes consommateurs de drogues pour qu’ils puissent suivre un traitement.

La représentante de l’Uruguay a estimé que les politiques et stratégies nationales de lutte contre la drogue doivent reposer sur le respect des droits de l’homme.  Il est temps de trouver un équilibre entre le respect des droits de l’homme et l’approche restrictive dans la lutte contre les stupéfiants, cette dernière éloignant les toxicomanes des services de santé et de traitement sans tarir le trafic de drogues.  Toute la politique du Gouvernement de lutte contre le trafic repose sur le respect des droits de l’homme, a-t-elle précisé.   

La représentante de l’Équateur a dénoncé les méfaits des politiques restrictives de lutte contre la drogue adoptées dans les années 80.  Elle s’est dite opposée à la peine de mort infligée aux délits liés aux stupéfiants.

Le représentant du Koweït a déclaré que son gouvernement a adopté une série de mesures visant à protéger la société contre les conséquences de la consommation et du trafic de la drogue, notamment la réhabilitation des toxicomanes. 

La représentante de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a demandé aux gouvernements d’accorder les soins nécessaires aux toxicomanes et de prendre des mesures spécifiques pour protéger les enfants et les jeunes de l’emprise des réseaux de trafiquants et criminels liés à la drogue

Le représentant de l’Australie s’est dit déçu que le document final ne fasse pas mention de la peine capitale.  Il a exhorté les États qui pratiquent cette mesure à adopter un moratoire, tout en admettant qu’il s’agissait d’une question épineuse et que les divergences étaient fortes en la matière.  Il a prêché la patience et la persistance.

Le représentant du Centre international pour les droits de l’homme s’est prononcé pour des enquêtes indépendantes pour constater si tous les États respectent effectivement les droits de l’homme.

La représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a affirmé que le droit à la santé doit s’appliquer à tous sans aucune distinction, y compris les consommateurs de stupéfiants.  Ceux-ci ont le droit de recevoir tous les traitements correspondant à leur état, comme tout autre être humain, a-t-elle dit.

Le représentant du Bénin a réitéré la position de son gouvernement contre la peine de mort.  Il a exhorté les États à adopter des peines alternatives.

Le représentant de l’Indonésie a dit que la gravité de la menace des drogues ne peut pas être sous-estimée.  Son gouvernement veillera à ce que les erreurs judiciaires ne se produisent concernant l’application de la peine de mort.

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que la réponse à la dépendance aux stupéfiants doit refléter les trois conventions internationales de contrôle des drogues. 

Le représentant de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a affirmé que des résultats positifs peuvent être obtenus par la prévention dans la lutte contre la toxicomanie.  Cela exige notamment des professionnels de santé qualifiés et un accès garanti aux traitements.  Il faut par ailleurs éviter le recours aux centres de réhabilitation obligatoire, a dit le représentant, pour qui l’incarcération des toxicomanes est contre-productive.  Des mesures alternatives devraient être envisagées, a-t-il dit, se prononçant pour un moratoire sur les exécutions capitales.

Après avoir constaté des divergences sur la question des droits de l’homme durant la table ronde, M. YVAN ŠIMONOVIĆ, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a estimé que « nous sommes sur la bonne voie même si le chemin à parcourir est encore long avant le prochain examen en 2017 ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Préoccupée par le problème de la toxicomanie dans le monde, l’Assemblée générale réaffirme son attachement aux conventions internationales relatives au contrôle des drogues

Trentième session extraordinaire,
1re séance et Table ronde 1 – matin & après-midi
AG/11773

Préoccupée par le problème de la toxicomanie dans le monde, l’Assemblée générale réaffirme son attachement aux conventions internationales relatives au contrôle des drogues

Réunie aujourd’hui pour sa trentième session extraordinaire sur le problème mondial de la drogue, l’Assemblée générale a adopté une résolution* intitulée « Notre engagement commun à aborder et combattre efficacement le problème mondial de la drogue ».  Par ce texte, adopté par acclamation, elle réaffirme son attachement aux buts et objectifs des trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues.

En outre, la résolution note avec préoccupation que, dans de nombreux pays du monde, il reste difficile, voire impossible, de se procurer des drogues placées sous contrôle international à des fins médicales et scientifiques, en particulier pour soulager la douleur.  L’Assemblée générale se déclare également profondément préoccupée par le lourd tribut payé par la société et par les individus et leurs familles à la consommation des stupéfiants.

Pour faire face à cette situation, l’Assemblée générale réaffirme que la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, telle que modifiée par le Protocole de 1972, la Convention sur les substances psychotropes de 1971, la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988 et les autres instruments internationaux pertinents constituent le fondement du régime international de contrôle des drogues.

Dans sa résolution, l’Assemblée générale affirme également qu’il est nécessaire de renforcer les efforts nationaux et la coopération internationale à tous les niveaux pour remédier à cette situation en préconisant des mesures propres à assurer la disponibilité et l’accessibilité de ces drogues lorsqu’elles sont destinées à des fins médicales et scientifiques, conformément aux législations nationales, tout en en empêchant le détournement, l’usage illicite et le trafic, afin d’atteindre les buts et objectifs des trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues.

L’Assemblée générale réaffirme aussi qu’il faut mobiliser les ressources voulues pour aborder et combattre le problème mondial de la drogue et l’assistance aux pays en développement qui le demandent pour appliquer effectivement la Déclaration politique et le Plan d’action.  Elle s’engage en outre à mettre fin à l’horizon 2030 aux épidémies de sida et de tuberculose, ainsi qu’à lutter contre l’hépatite virale et les autres maladies transmissibles, notamment parmi les consommateurs de drogues, y compris ceux qui pratiquent l’injection.

Le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, élu à cette occasion Président de cette trentième session extraordinaire, a pour sa part estimé qu’« ensemble, il est possible d’affronter de manière efficace le problème mondial de la drogue ».  Cela suppose à son avis une cohérence entre les secteurs de la santé, du social, de l’éducation, du développement durable et des forces de l’ordre aux niveaux local, régional et international et l’engagement actif de la société civile, de la communauté scientifique, des milieux universitaires, des élus, des jeunes, des femmes et des communautés touchées par ce fléau.  En outre, a-t-il estimé, il est impératif de définir les grandes causes, les conséquences et les aspects connexes comme les droits de l’homme et l’état de droit.  En tout cas, il était temps d’évaluer les progrès réalisés depuis la dernière session, de réfléchir à de nouvelles approches et de relever les défis actuels. 

Pour sa part, M. Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, s’est félicité de la tenue de cette session extraordinaire qui doit permettre à son avis d’évaluer les réalisations, les lacunes et les défis du régime international de lutte contre les stupéfiants, « un problème qui touche toutes les nations et tous les segments de la société ».  Après avoir remercié la société civile de sa contribution à la lutte contre la toxicomanie, M. Eliasson a réaffirmé que la prévention et le traitement exigeaient une approche fondée sur les droits de l’homme et adaptée aux besoins de l’individu.  De son avis, les sanctions doivent être proportionnelles aux infractions et il faut « s’abstenir d’appliquer la peine de mort ».  En conclusion, le-Vice-Secrétaire général a proposé que l’accent soit mis sur les nouveaux défis, notamment l’apparition de nouvelles substances psychotropes actives.

Mme Margaret Chan, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a, quant à elle, préconisé « une nouvelle dimension de la lutte contre la drogue ».  Après avoir rappelé qu’il y avait aujourd’hui dans le monde 27 millions de toxicomanes, dont plus de 400 000 mouraient chaque année, la Directrice générale a estimé que les « politiques en matière de stupéfiants qui se concentrent seulement sur le système pénal doivent être élargies pour prendre en compte une démarche fondée sur la santé publique ».  Une telle démarche, a-t-elle précisé, commence par des preuves et des données scientifiques.  Elle a exhorté les États Membres à « se souvenir des personnes malades et de leur droit à recevoir des traitements et à être prises en charge ».

Pour M. Vladimir Galuska, Représentant permanent de la République tchèque à Vienne et Président de la cinquante-neuvième session de la Commission des stupéfiants, les différents aspects de cette question englobent la prévention et le traitement, les droits de l’homme, les crimes et la violence, la disponibilité de drogues à des fins médicales, la recherche, la collecte de données, les nouvelles substances psychoactives, le développement alternatif et les questions socioéconomiques, ainsi que la coopération internationale et la mise à disposition des ressources nécessaires.

Le Directeur général de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, a quant à lui estimé que les politiques mondiales de la drogue devaient placer l’individu au centre de leur action.  Pour ce faire, a-t-il dit, il faut réaffirmer les principes du système mondial de contrôle de la drogue et mettre l’accent sur la santé et le bien-être de l’humanité, qui est l’objectif des conventions internationales sur la drogue.  Il faut aussi adopter des approches équilibrées fondées sur la santé et les droits de l’homme qui encouragent la sûreté et la sécurité dans toutes les sociétés.  

Dans l’après-midi, les États Membres ont tenu une table ronde sur la « Réduction de la demande et mesures connexes, y compris la prévention et le traitement, ainsi que les questions sanitaires ».

L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain mercredi 20 avril à partir de 10 heures.

*A/S-30/L.1

SESSION SUR LE PROBLÈME MONDIAL DE LA DROGUE

Déclarations liminaires

M. MOGENS LYKKETOFT (Danemark), Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a énuméré les cas de figure où il y a, à son sens, un problème mondial de drogue, notamment: quand les jeunes voient leur santé se détériorer, les possibilités s’évaporer et leurs familles se désintégrer; quand ceux qui cherchent un traitement sont victimes de stigmatisation et discrimination et les personnes atteintes du VIH/sida sont marginalisées; quand les fermiers pauvres luttent pour trouver des sources alternatives de revenus, et que les peuples autochtones se heurtent à des défis à leurs pratiques centenaires; quand les groupes criminels organisés attirent les jeunes désœuvrés, contrôlent et détruisent les communautés; quand des politiciens courageux sont abattus et d’autres sont corrompus et que toute l’administration étatique est compromise; quand des millions de personnes sont emprisonnées pour possession, y compris de petites quantités de drogue, et d’autres sont exécutées pour des trafics; quand l’approvisionnement et la demande affectent les sociétés différemment et que les solutions dans un pays provoquent des problème dans un autre, et quand ceux qui ont besoin de substances contrôlées à des fins médicales n’y peuvent pas avoir accès.

Ce problème exige une action au niveau international, a-t-il poursuivi.  L’adoption du Programme de développement durable à l’horizon, il y a six mois, envoie un message à l’ensemble de la communauté internationale que l’évolution vers un monde plus durable et juste est en cours.  Aujourd’hui, le message est qu’ensemble, il est possible d’affronter de manière efficace le problème mondial de la drogue, a-t-il affirmé, précisant que les trois prochains jours seront consacrés, en plénière et dans les tables rondes, à l’examen des grands défis associés à cette question et à la manière d’y faire face.

Le Président de l’Assemblée générale a également estimé que ce problème avait de nombreuses dimensions, des droits de l’homme au développement durable, en passant par la santé et les perspectives offertes aux consommateurs de drogues, de la corruption au crime organisé.  L’action contre le trafic illégal de drogue exige à son avis une approche intégrée et multidisciplinaire à long terme.  Cela demande aussi la cohérence entre les secteurs de la santé, du social, de l’éducation, le développement durable et les forces de l’ordre, aux niveaux local, régional et international, ainsi que des réponses multilatérales.

En outre, a-t-il indiqué, il faut définir les grandes causes, les conséquences et les aspects connexes comme le respect de la proportionnalité, des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il faut aussi examiner le bien-être de la société et de l’individu, les mesures qui apportent la stabilité sociale et la sécurité dans le cadre d’interventions politiques complètes et équilibrées.  Il est également impératif d’entendre la société civile, la communauté scientifique, le milieu universitaire, les élus, les jeunes, les femmes et les communautés touchées par ce fléau. 

En conclusion, le Président de l’Assemblée a déploré qu’en dépit des efforts des États et des organisations internationales, des organes des Nations Unies et de la société civile, le problème mondial de la drogue continue de toucher la vie des millions de personnes et affaiblit le développement durable, la stabilité politique et les institutions démocratiques.  Il est temps d’évaluer les progrès réalisés depuis la dernière session, de réfléchir sur de nouvelles approches et de relever les défis actuels, a-t-il lancé. 

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité de cette session extraordinaire qui doit permettre d’évaluer les réalisations, les lacunes et les défis du régime international de lutte contre les stupéfiants, « un problème qui touche toutes les nations et tous les segments de la société ».

Le trafic de stupéfiants et les réseaux de crime organisé alimentent la violence et la corruption, affaiblissent l’état de droit, et contribuent à financer le terrorisme et l’extrémisme violent, a déploré M. Eliasson.  La toxicomanie a des conséquences tragiques pour les consommateurs, leurs familles et leurs communautés.  La toxicomanie est également liée à la propagation du VIH/sida, de la tuberculose et de l’hépatite.  « Il faut rechercher au plus haut niveau des traitements pour ceux qui sont touchés », a-t-il ajouté.

Le but ultime des conventions internationales de lutte contre les stupéfiants est d’assurer le bien-être de l’humanité.  « Nous devons trouver un équilibre entre les préoccupations de sécurité et celles de santé, de droits de l’homme et de développement », a résumé le Vice-Secrétaire général.

M. Eliasson a reconnu que certains aspects de la lutte contre la drogue sont délicats et controversés et que certaines régions sont plus touchées que d’autres.  « Il est donc important que nous nous écoutions », a-t-il insisté.

Après avoir remercié la société civile de sa contribution, il a réaffirmé que la prévention et le traitement exigent une approche fondée sur les droits de l’homme et adaptée aux besoins des personnes.  Selon lui, les sanctions doivent être proportionnelles aux infractions et il faut « s’abstenir d’appliquer la peine de mort ».

Dans la mesure où la pauvreté et les inégalités alimentent la production et la consommation des drogues illicites, le Vice-Secrétaire général a appelé les États Membres à agir de façon décisive à l’échelle universelle pour l’adoption des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  En effet, les drogues menacent le développement et une vie digne et elles compromettent la sécurité et la stabilité, a-t-il rappelé, en souhaitant « une réponse mondiale efficace fondée sur la compassion ».

En conclusion, M. Eliasson a préconisé que l’accent soit mis sur les nouveaux défis, notamment l’apparition de nouvelles substances psychotropes actives.  Il faut toujours se fonder sur la recherche, les données et les preuves scientifiques.  Le document adopté aujourd’hui sert de base pour prendre des mesures concrètes aux niveaux national et international, a-t-il conclu.

Pour M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque), Président de la cinquante-neuvième session de la Commission des stupéfiants, cette session spéciale de l’Assemblée générale représente un tournant dans la période de 10 ans allant de 2009 à 2019, après l’adoption de la Déclaration et du Plan d’action.  La Commission des stupéfiants, qui siège à Vienne, est la première responsable, au sein des Nations Unies, des questions relatives au contrôle des stupéfiants; et Vienne est devenue un forum privilégié pour discuter du problème international de la drogue sous ces multiples facettes, a affirmé son Président.  Les différents aspects de cette question englobent la prévention et le traitement; les droits de l’homme, les crimes et la violence; la disponibilité de drogues à des fins médicales; la recherche, la collecte de données; les nouvelles substances psychoactives; le développement alternatif et les questions socioéconomiques, ainsi que la coopération internationale et la mise à disposition des ressources nécessaires.  Dans le cadre du processus préparatoire de cette session spéciale, la Commission a intensifié ses débats sur le partage d’information et sur la manière d’appliquer les programmes et politiques sur le terrain, en tenant compte de la nature du problème de la drogue dans différentes parties du monde, a-t-il poursuivi.  Lors de sa dernière session en mars 2016, plus de 1 800 représentants de gouvernements, des Nations Unies et des organisations spécialisées, intergouvernementales et régionales, ainsi que des représentants de la société civile, du monde universitaire et des jeunes sont venus échanger leurs points de vue et informations sur les défis posés par la drogue dans le monde actuel.

La Commission des stupéfiants continue à travailler dans un esprit de consensus en vue de promouvoir le dialogue entre gouvernements, ainsi que la coopération internationale dans ce domaine, en dépit de législations nationales et des défis multiples rencontrés dans le contexte de ce problème dans le monde.  Le Président a salué l’esprit constructif dont les États Membres ont fait preuve lors des récentes négociations, qui a permis l’adoption du document final, ainsi que de résolutions innovantes, notamment sur l’attribution de peine proportionnelles  pour les infractions liées aux drogues ou encore la promotion de normes pour le traitement des troubles liés à la consommation de drogues. Récemment la Commission a également renforcé son travail suite à un certain nombre de recommandations reçues par l’Organisation mondiale de la santé. La Commission se félicite d’ailleurs de sa coopération productive avec l’OMS et l’Organe international de contrôle des stupéfiants.

Dans son document final, les États Membres se sont engagés à prendre les mesures nécessaires pour mettre en application les recommandations opérationnelles, en partenariat étroit avec les Nations Unies et d’autres organisations intergouvernementales et la société civile, a rappelé en conclusion le Président de la Commission, qui s’est dit disposé à apporter son soutien aux États Membres dans le cadre de ce processus.

M. YURY FEDOTOV, Directeur général de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a estimé que le message qui émergeait des discussions formelles et informelles et des contributions de l’ONUDC et d’autres partenaires des Nations Unies, ainsi que des organes intergouvernementaux et des ONG, est que les politiques mondiales de la drogue doivent placer l’individu au centre de leurs préoccupations.  

Cela signifie à son avis qu’il faut réaffirmer les principes du système mondial de contrôle de la drogue, et mettre l’accent sur la santé et le bien-être de l’humanité, qui est l’objectif des conventions internationales sur la drogue.  Cela signifie également l’adoption d’approches équilibrées fondées sur la santé et les droits de l’homme, qui encouragent la sûreté et la sécurité de toutes les sociétés.

Le Directeur général a par ailleurs estimé que les politiques en matière de stupéfiants doivent protéger le potentiel des jeunes et améliorer le mode de vie sanitaire et le développement.  Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il fallait aider les pays avec des ressources et des capacités limitées à faire face aux menaces que pose à la santé le trafic de drogue, notamment par des aides pour des moyens de subsistance alternatifs, la mise en place de systèmes judiciaires efficaces et redevables et des capacités de maintien de l’ordre qui s’attaquent à l’approvisionnement, ainsi que le renforcement de la prévention et des services de traitement.  

M. Fedotov a par ailleurs affirmé que les recommandations qui seront adoptées lors de ces débats permettront de promouvoir une action urgente, unifiée et concertée.  L’ONUD, qui compte sur l’appui politique et financier des participants pour y parvenir, s’est engagé à mettre en pratique les engagements pris, a précisé son Directeur général. 

L’ONUDC s’efforce également d’assurer l’accès aux drogues contrôlées pour soulager les douleurs, de promouvoir des approches sur la prévention, le traitement, la réhabilitation et la réinsertion fondées sur les faits, la science, la santé publique et les droits de l’homme, a précisé en conclusion le Directeur général, qui a par ailleurs réaffirmé la détermination de son organisation à utiliser tous les moyens disponibles pour lutter contre le crime organisé, le blanchiment d’argent et les flux illicites de capitaux.

Saluant le travail préparatoire important qui a été fait en amont de cette session spéciale de l’Assemblée général sur le problème mondial des drogues, M. WERNER SIPP (Allemagne), Président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), a néanmoins averti que ce n’était qu’un début.  Il a rappelé que dans les trois prochains jours les délibérations devraient porter sur le processus d’évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration et du Plan d’action de 2009, et qu’il faudra faire un état des lieux des réalisations et des problèmes dans la lutte contre le problème mondial de la drogue, dans le contexte des trois conventions internationales relatives à cette question.  Il a invité les États Membres à échanger les meilleures pratiques et les obstacles rencontrés dans leur lutte contre les drogues.  Pour M. Sipp, cette session devra tracer la voie en termes de politiques antidrogues et l’OICS a contribué à ce processus en identifiant les lacunes dans leur application et en faisant des recommandations concrètes sur la base de ces Conventions.  L’évaluation de l’OICS de la mise en œuvre de la Déclaration politique et du Plan d’action de 2009 est ambivalente: d’une part des succès remarquables ont été enregistrés grâce à l’application du système international de contrôle des drogues et beaucoup de pays ont adopté des programmes de prévention et de traitement des troubles liés à l’utilisation de drogues; mais, d’autre part, l’offre et la demande mondiales de drogues illicites n’ont pas considérablement baissé et l’on assiste à l’émergence de nouvelles substances psychoactives.

« En rentrant dans vos capitales, après cette session de trois jours, il va falloir traduire votre volonté politique en applications concrètes des engagements pris ici », a lancé M. Sipp, avant de mettre en exergue certains domaines clefs qui méritent, selon lui, une attention particulière.  À ce titre, il a insisté sur l’utilisation de stupéfiants et de substances psychotropes à des fins médicales et scientifiques, tout en évitant la culture et fabrication illicites de ces substances ainsi que leur diversion et trafic.  Il a également abordé la question de la disponibilité et de l’accès aux médicaments qui comprennent des substances contrôlées, soulignant que les deux tiers de la population mondiale n’ont toujours pas accès à des traitements de la douleur.  M. Sipp a également souligné que si jusque-là les efforts portaient essentiellement sur le contrôle de l’offre, il fallait y intégrer une dimension « droits de l’homme » en proposant des moyens de subsistance alternatifs aux producteurs de drogues et en promouvant des services au niveau de la communauté.  Les investissements dans la « réduction de la demande », y compris la prévention, l’éducation, le traitement, la réhabilitation et la réinsertion des consommateurs de drogues, supposent la promotion de la santé publique et permettraient, selon M. Sipp, de réduire le nombre de consommateurs.

Abordant également le problème des nouvelles substances psychoactives (NSP), M. Sipp a estimé que, même si elles n’étaient pas explicitement couvertes par les conventions internationales, ces dernières pouvaient néanmoins s’y appliquer.  L’OICS a publié des recommandations pour aider les gouvernements à former des partenariats avec le secteur privé pour le contrôle des « précurseurs chimiques » et pour faire face à l’émergence des « précurseurs sur mesure ».  M. Sipp reconnait toutefois qu’aucune solution à ces NSP n’a encore été trouvée.

À son avis, l’avenir de la lutte antidrogue n’est pas une fausse dichotomie entre la « guerre contre les drogues » d’un côté, et la légalisation et règlementation de l’utilisation de drogues à des fins non médicales de l’autre.  Il ne préconise pas non plus de nouvelles approches mais simplement l’application des conventions existantes d’une manière équilibrée et globale où la santé et le bien–être occuperaient la place principale.

Mme MARGARET CHAN, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a signalé que les effets délétères des substances psychotropes actives sur la santé sont énormes.  Ils réduisent l’espérance de vie de leurs consommateurs et nuisent aux communautés et aux familles, tout en alimentant la violence.

Dans le monde, a rappelé Mme Chan, 27 millions de personnes sont des toxicomanes et plus de 400 000 d’entre elles meurent chaque année.  Les injections de drogues comptent pour 30% des nouvelles infections du VIH/sida, hors Afrique subsaharienne.  De plus, près de 10 millions de toxicomanes utilisant des drogues par injection sont atteints d’hépatite C, dont le traitement est très coûteux, a-t-elle souligné.

Selon la Directrice générale, « les politiques en matière de stupéfiants qui se concentrent seulement sur le système pénal doivent être élargies pour prendre en compte une démarche fondée sur la santé publique ».  Une telle démarche, a-t-elle précisé, commence par des preuves et des données scientifiques. 

Mme Chan s’est dite favorable à un ensemble d’interventions, notamment pour lutter contre les préjugés liés à l’injection des drogues.  Elle a salué les programmes préconisant l’utilisation de seringues stérilisées et l’imposition de peines plus clémentes pour les consommateurs de stupéfiants, ce qui contribue, à son avis, à la diminution de la criminalité.  « Ce n’est pas facile, mais ça marche », a-t-elle assuré.

Mme Chan a préconisé « une nouvelle dimension dans la lutte contre la drogue ».  Les conventions internationales stipulent que les gouvernements sont responsables au premier chef de la prévention et de la réglementation du trafic des drogues, a-t-elle noté.  Bon nombre des substances réglementées jouent un rôle médical important, mais malheureusement, a-t-elle regretté, « l’obligation de prévenir la toxicomanie reçoit plus d’attention que l’obligation d’assurer l’accès à des soins médicaux et à des médicaments réglementés pour réduire la douleur ». 

En conclusion, la Directrice générale a exhorté les États Membres à « se souvenir des personnes malades et de leur droit à recevoir des traitements et à être prises en charge ».

Déclarations après adoption

Le représentant de l’Arménie a regretté que le document final ne tienne pas compte des buts et principes inscrits dans l’Article 1 de la Charte de l’ONU sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  

Le représentant de la Suisse a regretté que le document final ne traite pas de la peine de mort appliquée par quelques pays pour punir les crimes liés à la drogue.  La peine de mort n’a pas d’effet dissuasif sur le problème de la drogue et ne remplit pas les critères des crimes les plus graves.  La peine de mort ne résout pas les problèmes de la drogue, a-t-il indiqué, exhortant les pays qui appliquent la peine de mort d’envisager un moratoire sur les exécutions capitales liées à la drogue.

Le représentant du Brésil a fait part de son inquiétude quant à l’application de la peine de mort pour les crimes liés à la drogue.  Il s’est dit préoccupé de la multiplication des peines de mort prononcées contre les délits liés à la drogue dans les pays appliquant la peine de mort et a exhorté ces pays à envisager un moratoire sur l’exécution de la peine de mort liée au problème de la drogue.

À son tour, la représentante du Costa Rica a déploré que le document final ne mentionne pas la peine de mort.  Elle a demandé aux pays l’appliquant d’envisager son abolition. 

Le représentant de la Norvège a reconnu que le processus n’avait pas pu dégager un consensus sur des mesures permettant d’avoir « une démarche humaine », « une approche plus progressiste ».  Il aurait aimé un libellé plus fort, notamment sur la peine de mort, et des réactions plus proportionnées.

Le représentant de l’Uruguay a déploré que le document n’intègre pas le moratoire sur la peine de mort.  Il a également regretté qu’il n’ait pas été laissé suffisamment de place à la dépénalisation des peines appliquées pour la consommation individuelle des stupéfiants.

Saluant les énormes progrès réalisés sur la question, la représentante de la Jamaïque s’est toutefois dite déçue que le document ne donne pas assez de latitude aux pays pour adopter des politiques conformes à leurs traditions.

En revanche, le représentant de l’Indonésie, au nom également d’autres pays, a regretté l’absence de consensus sur la peine de mort.  D’après lui, la peine capitale est une mesure de dissuasion qui relève du droit souverain de chaque État de choisir son système de justice pénale.

Le représentant de l’Union européenne, au nom également d’autres pays, a déploré le fait que le document final ne fasse pas référence à la peine capitale, à laquelle l’Union européenne s’oppose « catégoriquement, dans toutes les circonstances ».  Rappelant que la peine capitale va à l’encontre du droit international, il a rappelé qu’il existait un nouvel élan en faveur d’une application limitée de cette peine et du nombre de délits pour lesquels elle est imposée.  Il a appelé à son abolition pour ce qui est des délits liés aux drogues.

Table ronde 1 multipartite interactive sur la « Réduction de la demande et mesures connexes, y compris la prévention et le traitement, ainsi que les questions sanitaires; mesures visant à assurer la disponibilité des substances placées sous contrôle à des fins médicales et scientifiques, tout en empêchant leur détournement (‘drogues et santé’) »

Le Ministre de la santé de la République tchèque, M. SVATOPLUK NEMECEK, a expliqué que son pays avait modifié, il y a 25 ans, une démarche héritée de l’ère soviétique en y incluant des valeurs humanitaires, avec notamment l’abolition de la peine de mort et dépénalisation de la toxicomanie.  Le bilan de sa politique antidrogue fondée sur la science s’articule autour de quatre piliers équilibrés: la prévention, le traitement, la réduction des risques et le maintien de l’ordre.  Son pays enregistre le plus faible des taux de toxicomanie dans l’Union européenne et la criminalité liée à la toxicomanie est presque nulle.  En 1998, a-t-il précisé, la République tchèque a adopté un traitement pour les opiacés en fonction des règles de l’OMS et, en 2013, elle a légalisé le recours au cannabis pour le traitement de certaines maladies graves. 

Le Secrétaire d’État pour la prévention de la toxicomanie et la lutte contre le trafic des stupéfiants de l’Argentine, M. ROBERTO MORO, a indiqué que le nouveau Gouvernement argentin s’efforçait de mettre en œuvre des mesures centrée sur l’être humain et d’améliorer l’accès aux services.  Un observatoire des stupéfiants et 16 centres de soins ont ainsi été créés en janvier dernier, et trois programmes pilotes ont été lancés dans des prisons.  « Venir en aide aux secteurs les plus vulnérables est l’une de nos priorités », a-t-il assuré.  L’Argentine aura un plan quinquennal de lutte contre les stupéfiants.  « En 90 jours, nous avons déjà sillonné tout le pays et rencontré les acteurs concernés. »

« La communauté internationale n’a pas fait assez pour mettre les êtres humains au centre des politiques nationales de lutte contre les drogues », a déploré le Ministre de la santé de la Norvège, M. BERNT HØIE.  Arriver à une approche équilibrée est essentiel, a-t-il affirmé, en rappelant que les groupes marginalisés sont les plus vulnérables.  Les objectifs de développement durable fournissent un cadre pour lutter contre la pauvreté et les problèmes de santé.  Il a souhaité « des médicaments fiables à un coût raisonnable pour lutter contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme », ainsi qu’une coopération plus étroite entre l’OMS et l’ONUDC.

L’Inspectrice régionale du Bureau des drogues auprès du Ministère de la santé de la Tunisie, Mme HAFID OKBI, a indiqué que son pays s’attachait à prévenir et à traiter la toxicomanie et à assurer la disponibilité des stupéfiants à des fins médicales et scientifiques.  La population à risque est sensibilisée aux dangers des drogues.  De plus, un projet de loi révisant l’ancienne approche répressive, qui considère le consommateur de drogues comme un malade devant être traité, est en cours d’examen.

Le Ministre des affaires intérieures et de la justice de Singapour, M. K. SHANMUGAM, s’est concentré sur la réduction de la demande, une approche couronnée de succès dans la lutte contre les drogues, d’autant plus que le Triangle d’or voisin produit de grandes quantités de stupéfiants.  Chaque année depuis 25 ans, 3 000 vies sont sauvées à Singapour, grâce à l’accent mis sur l’éducation, des lois robustes et des programmes de supervision et de réinsertion pour éviter les rechutes.  Il y a très peu d’infections du VIH/sida et de décès dus à des overdoses.  « Le cannabis est dangereux et entraîne une dépendance », a-t-il estimé. 

M. TOURÉ LAMINE, représentant de Sopi Jikko, organisation de la société civile du Sénégal, a déploré « le déficit de données factuelles et fiables, scientifiquement vérifiées » dans de nombreux pays.  Il a plaidé en faveur du renforcement des capacités des professionnels de la santé, et insisté sur la réinsertion sociale.  Il a dénoncé la stigmatisation qui caractérise les consommateurs et leurs familles.  Aujourd’hui, a-t-il souligné, le cannabis reste l’une des drogues les plus consommées en Afrique, à l’origine de maladies mentales.

« Après 40 ans de répression, il est temps de rectifier les erreurs en matière de lutte internationale contre les drogues », a fait valoir le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, M. MICHEL SIDIBÉ.  Le monde n’est pas parvenu à diminuer la transmission du VIH parmi les consommateurs de drogues, donc il nous faut œuvrer de concert pour changer cette perspective et arrêter de les marginaliser, a-t-il dit.  La guerre contre les drogues en tant que guerre contre les personnes ne marche pas, a-t-il souligné, en préférant une approche fondée sur les droits de l’homme.  La réduction du risque et la prévention fonctionnent, a-t-il ajouté.  Il faut passer à des interventions volontaristes pour les personnes dépendantes.

La communauté internationale doit s’efforcer de rendre les substances indispensables disponibles à des fins médicales et scientifiques, tout en empêchant leur détournement et leur abus, a expliqué le représentant de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS).  Or 92% de la morphine est utilisée en tant que soin antidouleur dans des pays où vivent seulement 17% de la population mondiale, a-t-il relevé.  L’OICS a formulé des recommandations en vue d’améliorer cette situation, mais la perception des gouvernements a changé.  Des peines lourdes pour des infractions non intentionnelles, la peur de la toxicomanie, des ressources matérielles limitées, des attitudes culturelles, le niveau insuffisant de formation du personnel de santé sont parmi les causes de la faible disponibilité de ces médicaments. 

Le représentant du Panama, qui a constaté que 75% de la population mondiale n’avait pas accès aux médicaments contrôlés pour la réduction de la douleur, a indiqué que son pays avait développé un programme national de soins palliatifs.  En République de Corée, l’utilisation des substances contrôlées a augmenté en même temps que les perspectives de survie des patients cancéreux, a dit sa représentante.  Pour prévenir l’abus et le détournement, il existe un système qui suit toutes les étapes du processus d’approvisionnement en médicaments, ce qui devrait contribuer à une baisse de leur usage illégal.

La Nouvelle-Zélande a développé une nouvelle politique en matière de drogues qui place l’être humain au cœur de son action, a expliqué le Ministre de la santé de la Nouvelle-Zélande.  Ainsi a-t-il demandé l’accroissement de la disponibilité du cannabis « pour des motifs de compassion ».  Il a défendu la thérapie de réduction des risques et l’aide aux personnes qui utilisent de la drogue par injection.  Le programme d’échange de seringues date de 30 ans, a-t-il précisé.  

Le représentant de la République dominicaine a évoqué les inégalités de développement des pays et les faibles capacités de réponse en raison du manque d’infrastructures.  Selon lui, il faut examiner le défi que posent les amphétamines et les drogues synthétiques à l’échelle mondiale et « consolider le principe de responsabilité commune et partagée ».

Le Ministre fédéral adjoint pour la santé de l’Australie a expliqué que son pays développait des activités d’intervention précoce, des thérapies psychosociales et de prévention des rechutes, d’appui aux familles et aux communautés.  Il a souligné l’importance d’avoir des stratégies équilibrées, notamment en ce qui concerne les jeunes.  L’Australie est fière du rôle qu’elle a joué en faveur de l’accès aux médicaments.

Le représentant de Cuba s’est félicité des succès engrangés par son pays qui a abordé le problème dans toute son ampleur en se fondant sur la prévention, « la tolérance zéro » et l’action juridique.

« Nous sommes le deuxième consommateur d’opiacés dans le monde », a déploré la représentante du Canada.  En moins de 15 ans, les overdoses ont augmenté de 450%.  Le Canada envisage toutes les options possibles pour juguler ce problème.  Le représentant de Chypre a indiqué que son pays venait d’adopter une législation destinée à augmenter l’accès aux traitements dans les prisons.

Le représentant de la Colombie a reconnu que son pays avait négligé depuis des décennies cette question de santé publique.  Aujourd’hui, a-t-il assuré, « le pays est en train de consolider une vraie politique de contrôle de la demande centrée sur l’individu ».  Pas à pas, la Colombie renforce ses capacités pour rattraper le temps perdu.

Chirurgien principal des États-Unis, M. Vivek Murthy, a rappelé que le pays avait autrefois entamé une guerre contre la drogue qui a mené à l’incrimination et à la discrimination, plutôt que de s’attaquer aux causes premières du problème.  Or, « la toxicomanie est une maladie chronique qui doit être traitée avec compassion ».  Poursuivre et incarcérer n’est pas une solution, a-t-il ajouté, préférant la prévention.  Une épidémie d’opiacés détruit aujourd’hui des vies.  Il faut aider les professionnels de la santé à comprendre leur rôle dans le traitement de la douleur.  

Le Secrétaire d’État à la santé de la Suisse a expliqué comment un consensus s’était dessiné autour d’une politique qui contient, certes, aussi la répression, mais dont les principaux éléments visent à améliorer la santé et les conditions de vie des personnes dépendantes.

Le représentant de la Fédération de la Russie a indiqué qu’une série de mesures administratives avaient été adoptées pour augmenter l’accès aux substances antidouleur pour les malades qui en ont besoin.  Il n’a pas partagé le pessimisme exprimé par certains pays qui considèrent que les conventions internationales relatives aux stupéfiants n’ont pas été couronnées de succès.

Le cannabis, suivi de la cocaïne et de l’héroïne, sont les drogues les plus utilisées dans mon pays, a indiqué le Vice-Ministre aux affaires intérieures de la Zambie. Pour contrer cette tendance, le Gouvernement a lancé des programmes d’autonomisation des jeunes.  Il a souhaité le renforcement de la coopération internationale et l’échange de meilleures pratiques pour améliorer l’accès aux médicaments.

Le Directeur de l’Agence de médicaments du Mexique a souligné que son pays avait mis au point une politique intégrée de soins palliatifs, une notion qui remonte à plus de 15 ans dans la communauté internationale.  Pour cela, il a fallu éliminer nombre d’obstacles administratifs.

La politique de l’Italie met l’accent sur la coopération régionale, a dit son représentant.  Cette Assemblée générale extraordinaire offre une occasion unique de promouvoir des politiques de réduction de l’offre, celles-ci étant plus efficaces quand elles respectent pleinement les droits de l’homme.  Il faut redoubler d’efforts pour lutter contre la criminalité transnationale organisée et le blanchiment de capitaux, dans le cadre notamment de la Convention de Palerme.

Le représentant de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a rappelé que si les troubles de la toxicomanie peuvent être évités et traités, la réalisation du droit à la santé et des objectifs de développement durable exige des investissements financiers.  Il faut faciliter l’accès à des services de réduction des risques, notamment en ce qui concerne le VIH/sida.  L’ONUDC aide plus de 40 pays du monde à améliorer leurs services de prévention et de réduction de la toxicomanie.  

L’Ecosse, confrontée à une épidémie de VIH/sida, doit réduire le taux d’infection par injection, en développant des services de réduction des risques, a plaidé un représentant du Parlement écossais

Le Secrétaire d’État à la santé des Philippines a indiqué que son pays avait publié en 2015 une circulaire pour mettre en œuvre un plan d’action national en matière d’éducation et de formation à la santé et pour améliorer la qualité des services offerts aux patients toxicomanes.  La Coordonnatrice du Programme de prévention de la drogue et de l’alcoolisme à Trinité-et-Tobago a constaté le chevauchement entre les substances sous contrôle international et celles considérées comme des médicaments essentiels selon la liste modèle de l’OMS.  Son pays promeut une approche scientifique pour élaborer une stratégie de prévention et de réduction de l’offre et de la demande, en mettant l’accent sur les communautés vulnérables.  

L’Union européenne s’est prononcée en faveur du renforcement de la dimension santé publique en matière de drogues reflétée dans le document final adopté ce matin à l’Assemblée générale.  Les États Membres n’ont pas d’excuse pour ne pas prendre des mesures de réduction des risques.  La Directrice de l’Institut du contrôle des drogues et des substances psychotropes de l’Indonésie a salué les campagnes de prévention de son pays, notamment pour réduire l’incidence du VIH/sida ou de la syphilis parmi les toxicomanes.

À son tour, la Directrice générale adjointe pour l’innovation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est félicitée du renforcement des approches de santé publique.  Pour l’OMS, une approche globale doit tenir compte du continuum de mesures de la prévention de la toxicomanie à la réinsertion sociale, en passant par le traitement et la réduction des risques.  Elle s’est également félicitée de la référence dans le document final à l’accès aux substances placées sous contrôle à des fins médicales et scientifiques.

Un jeune représentant de la société civile britannique a fait valoir que « les jeunes, qui bien souvent sont discriminés, veulent une approche centrée sur les soins de santé pour les consommateurs.  « Il faut tout faire pour réduire le risque lié à l’usage de la drogue chez les jeunes, notamment pour prévenir le risque de transmission du VIH/sida », a renchéri la représentante du Royaume-Uni.  Un chercheur de Singapour a ensuite dénoncé les effets secondaires négatifs et néfastes à long terme de la dépendance vis-à-vis du cannabis.

Le Chili a depuis longtemps dépénalisé la consommation qu’il a toujours considérée comme une question de santé publique, a indiqué le représentant de ce pays.  Cette question doit aussi être abordée dans le cadre de la lutte contre les inégalités.  Le représentant du Brésil a réitéré l’importance de promouvoir la réduction du risque, notamment en ce qui concerne l’usage de la cocaïne et des amphétamines.

Pour sa part, la Chine a toujours été active en matière d’éducation et de réinsertion.  Les pays sont très différents de par leurs traditions historiques et leurs cultures, a-t-il toutefois rappelé.  « Il n’y a pas de programme unique qui convienne à tous. » 

« Personne n’est dépendant de son plein gré », a souligné le représentant de l’Espagne, en mettant l’accent sur la lutte contre l’addiction et la réinsertion sociale.  Il a parlé de la complexité des cas de « poly-consommateurs », en évoquant l’alcool.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: À l’approche d’élections cruciales, le Président de la Somalie plaide en faveur d’une « Somalie sûre, démocratique et prospère »

7674e séance – matin
CS/12330

Conseil de sécurité: À l’approche d’élections cruciales, le Président de la Somalie plaide en faveur d’une « Somalie sûre, démocratique et prospère »

Malgré la menace résiduelle posée par le groupe terroriste Al-Chabab, les progrès vers l’édification d’un État fédéral en Somalie se poursuivent, avec la conclusion, la semaine dernière, d’un accord par toutes les parties prenantes pour définir le système électoral le plus adapté en 2016, s’est félicité, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Michael Keating.

Ce constat a été dressé en présence du Président somalien, M. Hassan Sheikh Mohmaud, qui a rappelé la « promesse » qu’il avait faite lors d’une conférence internationale en septembre 2013 à: « une Somalie sûre, une Somalie démocratique et une Somalie progressiste et prospère ».

À cette occasion, a poursuivi le Chef d’État somalien, son gouvernement s’était engagé à poursuivre la transformation politique du pays en élaborant une constitution fédérale, en se dotant d’un modèle fédéral de gouvernance et en tenant d’ici au mois de septembre 2016 des élections nationales démocratiques. 

Sensiblement différent de celui de 2012, ce processus électoral, a observé le Représentant spécial, se distinguera par la participation de nombreux candidats et un collège électoral très large.  « Le scrutin ne se déroulera pas seulement à Mogadiscio, mais dans chaque capitale ou siège de gouvernement des États fédérés existants ou émergents », a-t-il précisé, en soulignant que 30% des sièges doivent revenir à des femmes, un objectif toutefois délicat à atteindre dans le cadre d’un « modèle clanique ».

Au nombre des satisfactions récentes, le Représentant spécial a souligné l’engagement continu des dirigeants somaliens à veiller à ce qu’il n’y ait pas de prorogation de la durée des mandats prescrits par la Constitution.  Cependant, a poursuivi M. Keating, le processus d’édification de l’État se heurte à des difficultés au Hiran et au Moyen-Chébéli, sans compter les problèmes d’insécurité que continuent de poser les agissements d’Al-Chabab, illustrés par l’« incursion » de miliciens de ce groupe à la mi-mars dans la zone côtière du Puntland.

« Bien qu’affaibli par des pertes nombreuses, Al-Chabab continue de lancer des attaques asymétriques et conventionnelles.  Ils tenteront de faire dérailler un processus électoral perçu comme une menace à leur ordre du jour », a mis en garde le Représentant spécial, en saluant le courage des forces de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de sécurité somaliennes.

Dans ce contexte, l’Union africaine a pris des mesures pour accroître l’efficacité opérationnelle de l’AMISOM, a déclaré l’Observateur permanent de l’Union africaine, M. Téte António.  « Lors du Sommet des pays contributeurs de troupes et de police de l’Union africaine, qui s’est tenu en février 2016 à Djibouti, les chefs d’État ont adopté une Déclaration » à cette fin.

L’Union africaine, a poursuivi M. António, a également formé un groupe de travail, basé à Addis-Abeba, pour définir les options concrètes de renforcement du commandement et de contrôle de l’AMISOM, groupe dont les recommandations techniques seront présentées le 28 avril.  Pour l’heure, a indiqué l’Observateur, l’organisation régionale estime qu’il faudrait maintenir les effectifs du personnel en uniforme à 22 126 personnes et celui du personnel civil à 70.

Préoccupée par les difficultés financières auxquelles fait face l’AMISOM, le représentant de la Nouvelle-Zélande a indiqué que cette situation illustrait le problème lancinant du financement ad hoc des opérations de maintien de la paix sous conduite africaine.  Si l’Observateur de l’Union africaine a salué l’engagement pris par l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda de fournir des hélicoptères à l’AMISOM, la délégation néo-zélandaise s’est interrogée sur les moyens innovants pour l’ONU d’apporter son soutien, parallèlement à la contribution que les pays africains peuvent eux-mêmes consentir.

Dans un tel contexte, le renforcement du secteur de la sécurité somalien est plus que jamais urgent, dans le respect d’une appropriation nationale qui permette d’envisager une stratégie de retrait de l’AMISOM, a expliqué le Président somalien.  « Ce qui aurait un impact important et rapide sur le développement des forces somaliennes, ce serait la levée par le Conseil de sécurité de l'embargo sur les armes », a-t-il plaidé, en faisant valoir la réflexion engagée par les parties somaliennes pour définir « un cadre national global régissant le cycle de vie complet des armes et des munitions ».

La réforme du secteur de la sécurité, comme la relance de l’économie en berne d’un pays dévasté par la sécheresse, exige des partenariats avec la Somalie, a de son côté mis en garde le représentant du Royaume-Uni, qui a demandé aux membres du Conseil de garder à l’esprit que sécurité et développement sont les garanties d’une stabilité durable dans le pays et dans la Corne de l’Afrique.

Le représentant s’est donc félicité d’annoncer aux membres du Conseil l’adoption, la semaine dernière, d’un programme suivi par le Fonds monétaire international (FMI) de la situation en Somalie, qui devrait aider celle-ci à devenir éligible à des prêts conditionnels de la part des institutions financières internationales.

LA SITUATION EN SOMALIE

Déclarations

M. MICHAEL KEATING, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, a rappelé que la semaine dernière, les dirigeants somaliens de tous les États fédérés et des administrations régionales intérimaires sont parvenus à un accord sur le modèle électoral qui devra être suivi plus tard cette année.  Cette avancée significative ouvre la voie à une planification pratique.  Le processus électoral envisagé pour 2016 sera sensiblement différent de celui de 2012, a observé le Représentant spécial, qui s’est félicité de constater qu’il y aura de nombreux candidats et que le collège électoral sera des « centaines de fois » plus vaste.  « Le scrutin ne se déroulera pas seulement à Mogadiscio, mais dans chaque capitale ou siège de gouvernement des États membres fédérés existants ou émergents, tandis que 30% des sièges seront réservés aux femmes. »  Il restera beaucoup à faire en très peu de temps, a-t-il toutefois prévenu, en soulignant qu’il était nécessaire d’identifier des sièges spécifiques qui pourront être pourvus par des femmes, un objectif délicat à atteindre dans le cadre d’un modèle clanique.  Une fois que le cabinet aura formalisé la décision du Forum, celle-ci sera transmise au Parlement fédéral.  Le Représentant spécial s’est félicité de l’engagement continu des dirigeants somaliens, en phase avec les attentes du Conseil de sécurité, pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de prorogation indéfinie de mandats dont la durée est fixée par la Constitution.

Les questions en suspens ne manquent pas, a poursuivi M. Keating, qui a noté les difficultés et retards rencontrés dans le processus de formation étatique au Hiran et au Chébéli central.  Par ailleurs, les progrès accomplis par le processus électoral se font sur fond d’insécurité, en raison des agissements du groupe Al-Chabab, comme le rappelle son incursion à la mi-mars dans la zone côtière du Puntland.  « Bien qu’affaibli par des pertes nombreuses, Al-Chabab continue de lancer des attaques asymétriques et conventionnelles.  Ils tenteront de faire dérailler un processus électoral perçu comme une menace à leur ordre du jour », a mis en garde le Représentant spécial, en saluant le courage des forces de l’AMISOM et des Forces de sécurité somaliennes.  Il a également rendu hommage au Président fédéral pour son engagement en faveur du renforcement des forces de sécurité nationales, « une question complexe et sensible, absolument fondamentale à l’établissement de l’État et à la consolidation des progrès ».  C’est pourquoi, il s’est félicité que le Gouvernement fédéral somalien ait entrepris une « évaluation de la menace nationale » et une « Politique de sécurité nationale ».  Il a toutefois partagé les préoccupations du Président de la Somalie sur la question de la rémunération salariale irrégulière des forces de sécurité. 

Par ailleurs, alors que l’économie de la Somalie est dépendante des « conditions météorologiques » et de l’« esprit d’entreprise » de son peuple, y compris de sa diaspora, le Représentant spécial a suggéré qu’il faudrait poursuivre le renforcement de la relation entre l’État et le secteur privé, « dans l’intérêt de tous les Somaliens ».  Prenant note des mesures positives que constituent la loi contre le blanchiment d’argent, adoptée en février, et les récentes nominations au Conseil d’administration de la Banque centrale, M. Keating a salué l’annonce, la semaine dernière, d’un programme suivi par le Fonds monétaire international (FMI), qui devrait aider la Somalie à devenir éligible dans un second temps à des prêts à conditions de la part des institutions financières internationales.  Il s’est cependant dit alarmé par l’impact de la sécheresse prolongée au Somaliland et au Puntland depuis 2011, à l’origine d’une famine qui a tué 260 000 personnes.  Or, les organisations humanitaires n’ont reçu à ce jour que 145 millions de dollars sur les 885 millions de l’appel consolidé pour 2016, a déploré le Représentant spécial, qui en a appelé à la générosité des bailleurs de fonds.  « Tout doit être mis en œuvre pour veiller à ce que les progrès ne soient pas remis en cause, pour finaliser le processus électoral de 2016 et préparer les élections de 2020, afin de renforcer la capacité nationale des Somaliens à prendre le relais de l’AMISOM, et pour créer les emplois et les revenus en faveur d’un État durable », a-t-il ajouté en conclusion.

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a axé son intervention sur la situation politique et sécuritaire récente en Somalie, et a fait le point sur les opérations de l’AMISOM.  Il estime que la Somalie est en bonne voie « pour les urnes » d’ici à la fin de l’année, et salue la relation proactive qui s’est développée entre les dirigeants fédéraux et régionaux en Somalie dans le contexte du Forum de leadership national.  Au début de ce mois, les responsables somaliens ont signé les modalités pratiques du modèle électoral de 2016 et adopté une déclaration conjointe à l’unanimité sur la mise en œuvre pratique de ce modèle adopté en janvier par le Forum.  Sur la base de ce modèle, les élections devraient avoir lieu en août 2016 en Somalie, a indiqué l’Observateur de l’Union africaine.  Elles devraient être plus inclusives et représentatives que les précédentes puisqu’on a opté désormais pour des collèges électoraux à la place d’un vote limité aux « anciens » qui avaient choisi les représentants du Gouvernement fédéral somalien actuel. 

L’Union africaine appelle à la nomination rapide des autres organes électoraux et à la finalisation du plan de mise en œuvre des élections par le comité technique, puis sa ratification par le Parlement fédéral.  En outre, l’Union africaine exhorte le Gouvernement fédéral somalien à poursuivre sur sa lancée en vue de conclure le processus en cours pour aboutir au statut final de la Fédération, ce qui permettra de rapprocher les deux régions de Hiraan et du Moyen-Shabelle.  Une telle autonomisation des pouvoirs de l’administration régionale rapprochera le Gouvernement somalien du peuple et permettra de dispenser les services essentiels, y compris la construction d’écoles, d’hôpitaux et de routes.

Abordant ensuite les opérations de l’AMISOM, l’Observateur de l’Union africaine a affirmé que les forces de la Mission avaient connu des succès substantiels.  Elles ont notamment réussi à chasser les miliciens Al-Chabab de Mogadiscio et à libérer un grand nombre de districts ou territoires tombés aux mains de ce groupe extrémiste.  Ces avancées ont significativement contribué à la stabilisation de la situation en Somalie, ce qui a permis à son tour au processus politique de suivre son cours et à la gouvernance de pouvoir se faire.  Il n’en demeure pas moins que la situation sécuritaire du pays reste fluide et que le groupe Al-Chabab a juré d’être résilient, a averti l’Observateur. 

C’est la raison pour laquelle l’Union africaine a pris des mesures pour permettre à l’AMISOM d’être plus efficace d’un point de vue opérationnel.  Lors du Sommet des pays contributeurs de troupes et de police de l’Union africaine, en février 2016 à Djibouti, les chefs d’État ont pris des décisions et des engagements importants, consignés dans la Déclaration de Djibouti sur l’AMISOM, en vue de la consolidation de la mission de stabilisation de la Somalie. L’Union africaine a également mis en place un groupe de travail, actuellement réuni à Addis-Abeba, pour définir les options concrètes de renforcement du commandement et du contrôle de l’AMISOM.  Les recommandations techniques de ce Groupe vont être soumises en temps voulu.

L’Observateur de l’Union africaine a indiqué que les priorités de l’AMISOM d’ici à la fin de l’année étaient de poursuivre sa conduite défensive et offensive ainsi que ses opérations de routine en vue de réduire les capacités du groupe Al-Chabab à commettre des attentats, des embuscades et des attaques à la grenade, notamment contre les forces de l’AMISOM.  Cela permettra également d’assurer que le groupe Al-Chabab ne compromette pas le processus électoral en cours.  Un comité conjoint entre le Gouvernement fédéral et l’AMISOM a été créé à cet effet.

L’Union africaine, convaincue de la nécessité de reconduire le mandat de l’AMISOM, estime qu’il faudrait maintenir les effectifs du personnel en uniforme à 22 126 personnes et celui du personnel civil à 70, a indiqué M. António.  Le 28 avril, l’Union africaine fera des recommandations en ce sens à Addis-Abeba.  En deuxième lieu, la stratégie de l’AMISOM doit mieux s’adapter en vue de répondre aux développements sécuritaires sur le terrain.  Cela suppose, selon l’Union africaine, un plus grand nombre d’opérations ciblées.  L’Union africaine attend le soutien du Conseil de sécurité en ce sens.  L’Observateur de l’Union africaine a également abordé la question de la rémunération du personnel en uniforme de la Mission et le déploiement de leviers opérationnels et multiplicateurs de forces pour améliorer le rôle de l’AMISOM.  À cet égard, M. António a salué l’engagement pris par l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda de fournir des hélicoptères à la Mission.  L’Observateur de l’Union africaine a demandé au Conseil de sécurité de faciliter la finalisation de l’Accord d’assistance, en gardant à l’esprit que le remboursement de ces hélicoptères devrait se faire à un niveau correspondant à la nature défensive des opérations de l’AMISOM en Somalie.

M. HASSAN SHEIKH MOHMAUD, Président de la République fédérale de Somalie, a entamé son intervention en faisant état de la tragédie des réfugiés dans les eaux de la mer Méditerranée, la pire, selon lui, depuis la crise migratoire.  Il a salué les efforts déployés par de nombreux pays pour protéger et soigner les migrants et les réfugiés qui fuient leur pays d’origine à cause du malheur de l’insécurité et du désespoir.  Il a appelé, en particulier, les gouvernements de la région qui en ont la capacité à enquêter sur les crimes qui ont été commis contre ces jeunes partis pour des voyages dangereux en haute mer.

M. Mohmaud a ensuite rappelé que son gouvernement avait été nommé il y a presque quatre ans, période au cours de laquelle son pays a, a-t-il précisé, émergé de deux décennies de guerre, de deux décennies sans gouvernement apte à fonctionner, sans écoles, sans hôpitaux ou toute forme de service public.

Il a ajouté avoir fait la promesse au nom de la Somalie, à Bruxelles, à la fin 2013, d’aboutir à la paix et à la sécurité.  Cette promesse, a-t-il dit, a été centrale dans sa propre « Politique des six piliers », laquelle a permis l’élaboration du Pacte pour la Somalie.  Au cœur de cette promesse de Bruxelles se trouvait la volonté d’atteindre trois objectifs impératifs: une Somalie sûre, une Somalie démocratique et une Somalie progressiste et prospère, a déclaré le Président.

En 2013, a-t-il expliqué, le Gouvernement somalien a accepté de poursuivre la transformation politique de la nation en élaborant une constitution fédérale, en adoptant un modèle fédéral de gouvernance et en tenant d’ici septembre 2016 des élections nationales démocratiques.  Ce programme, a-t-il ajouté, a été mené alors que la Somalie faisait face à des défis énormes liés à la guerre contre le terrorisme sur son propre sol et sans les instruments solides d’un État.

Sans entrer dans les détails du processus électoral de 2016, M. Mohmaud a néanmoins attiré l’attention du Conseil de sécurité sur plusieurs faits qu’il a jugés importants.  Pour le Président somalien, le processus sera uniforme à travers l’ensemble du pays afin de garantir une légitimité nationale.  De même, un processus de règlement des différends permettra d’appuyer les élections afin d’être en mesure, pour le Gouvernement somalien, de répondre immédiatement à chacune des questions soulevées.  Une chambre basse et une chambre haute seront élues.  Enfin, 30% des sièges parlementaires issus de ces scrutins seront attribués à des femmes.

Le Président de la République fédérale de Somalie a souligné que la Constitution établissait les fondements d’une politique pacifique en Somalie et que le Gouvernement oeuvrait activement pour qu’elle soit adoptée d’ici à la fin de 2016.

Au cours des trois dernières années, a-t-il rappelé, trois des quatre États fédérés avaient été constitués avec succès.  Des efforts difficiles sont en cours pour terminer les processus de formation étatiques d’Hiraan et de Middle Shabelle et de parvenir à un accord sur la clarification du statut de Benadir.

M. Mohmaud a reconnu que, même si des progrès substantiels ont été accomplis sur le front de la sécurité avec près de 80% du pays libéré du Mouvement Al-Chabab, l’environnement de sécurité demeurait toujours un facteur inhibiteur pour le développement des deux institutions dirigeantes et la population somalienne.  Ce climat reste, a-t-il dit, une cause fondamentale de la situation humanitaire importante et des besoins d’assistance continus en Somalie.

Le Président a salué les vaillants efforts des Forces nationales de sécurité somaliennes et de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans la lutte contre le Mouvement Al-Chabab.  Ce combat n’est pas terminé, a-t-il affirmé, en soulignant que des ressources et un engagement étaient plus que jamais nécessaires pour couper la tête de ce serpent venimeux une fois pour toutes.

Le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie est essentiel, a-t-il poursuivi.  Ce qui aurait un impact important et rapide sur le développement des propres forces somaliennes serait, a-t-il dit, la levée de l’embargo sur les armes.  Il a notamment expliqué que des réunions consultatives avaient été organisées pour élaborer une feuille de route en vue d’établir un cadre national global régissant le cycle de vie complet des armes et des munitions.

En dépit de cette amélioration et des appels des différentes résolutions du Conseil de sécurité aux partenaires internationaux pour fournir des armes non létales à la Somalie, les efforts du pays demeurent toujours entravés par l’embargo partiel.  Le Président somalien a ainsi appelé de nouveau les membres du Conseil de sécurité à décider une levée totale de l’embargo sur les armes dans le pays.  Cela permettra d’améliorer ses capacités nationales pour affronter et vaincre le terrorisme international et fournir la meilleure protection pour les citoyens tout en préservant son avenir démocratique et de développement contre les fauteurs de troubles violents et radicalisés, a-t-il déclaré.

Sur le chapitre économique, M. Mohmaud a attiré l’attention du Conseil, en s’appuyant sur l’évaluation du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle la Somalie était sur un chemin agressif de réforme.  La Somalie a convenu avec le FMI d’un programme de réforme pour la période mai 2016-avril 2017 qui met l’accent sur la mise en œuvre de politiques budgétaires prudentes, tout en renforçant les capacités institutionnelles pour la gestion financière macroéconomique.

Le programme permettra d’améliorer la gouvernance et la capacité économique, de renforcer la discipline budgétaire, d’assurer la reconstruction des capacités de gestion de la politique monétaire et de favoriser le développement du secteur financier en vue de soutenir la croissance économique, a-t-il dit.  De même, il a estimé que ce sera une étape clef dans le processus de liquidation des arriérés et de la normalisation des relations avec les institutions financières internationales dans leur ensemble.

Pour le Président, le Pacte pour la Somalie a joué un rôle crucial dans l’amélioration du partenariat et de la responsabilité mutuelle entre le Gouvernement et la communauté internationale, ainsi que dans les progrès politiques, la sécurité et le développement dans le pays.

Le Président de la République fédérale de Somalie a conclu en remerciant le Conseil de sécurité pour son soutien sans faille de la Somalie.  La force des engagements pris par les membres du Conseil combinée avec le partenariat solide sur le terrain entre le peuple et les gouvernements a donné naissance à une Somalie en harmonie avec elle-même, sur la voie de la stabilité nationale, du progrès et de la prospérité, a soutenu M. Mohmaud. 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est félicité des progrès accomplis par la Somalie au cours de ces derniers mois.  « Nous sommes à l’année la plus cruciale de la Somalie », a estimé le représentant, qui a identifié les élections, la sécurité et les partenariats comme trois priorités indissociables pour ce pays.  Pour lui, le processus électoral doit être transparent, inclusif et mené à bien dans les délais impartis, en associant pleinement les femmes.  Sa délégation se félicite, à cet égard, de l’adoption, par le Forum national, d’un plan de mise en œuvre.  La Somalie a pris en outre des mesures qui témoignent de son engagement en matière de sécurité, tandis que l’AMISOM continue de démontrer un courage remarquable dans le cadre de ses opérations contre le groupe Al-Chabab.  En ce qui concerne les partenariats, a ajouté M. Rycroft, les bailleurs de fonds doivent garder à l’esprit que les piliers de sécurité et de développement sont étroitement liés entre eux en Somalie.  Par ailleurs, il a rappelé que tout engagement international devrait s’accompagner d’un engagement des Somaliens eux-mêmes. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK (Égypte) a affirmé que cette année serait cruciale pour la Somalie, en se félicitant des efforts entrepris par le Président de la République fédérale et son gouvernement, ainsi que de tous les Somaliens pour réaliser les objectifs fixés.  Plaidant pour une participation active des femmes et des jeunes, il a appelé la communauté internationale à veiller à ce que les financements requis soient disponibles pour assurer le succès du processus électoral et de la sécurité.

Dans la lutte contre l’insécurité dans le pays, la communauté internationale doit appuyer la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans ses opérations si l’on souhaite que celles-ci soient prévisibles et sûres.  Le représentant a réitéré l’appel de son pays pour la réconciliation, un appel lancé au début du mois en Somalie par le Ministre égyptien des affaires étrangères lui-même.  Le délégué a souligné qu’il était nécessaire de coordonner les efforts des pays arabes pour mieux répondre aux besoins de ce pays frère. 

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a déclaré que la campagne de terreur meurtrière menée par Al-Chabab n’a fait que renforcer la détermination collective en faveur de la Somalie.  Il a souhaité que le Plan de mise en œuvre récemment adopté soit finalisé rapidement afin de mener à bien, dans les délais prévus, le processus électoral en cours en 2016.  Après avoir salué l’action de l’AMISOM, le représentant a constaté que la sécurité dans le pays s’était considérablement améliorée, donnant l’assurance que le Gouvernement des États-Unis continuerait de fournir des renseignements à l’appui des forces de sécurité nationales.

De son côté, l’AMISOM doit continuer de bénéficier du matériel et des ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat, tandis que les autorités somaliennes sont tenues de réformer le secteur de la sécurité, de consolider leur appareil judiciaire et de faire respecter les droits de l’homme, notamment en établissant une Commission fédérale des droits de l’homme.  M. Pressman a rappelé que les États-Unis avaient établi des partenariats de longue date en Somalie, comme en témoignent ses contributions financières d’un montant de 240 millions de dollars depuis octobre 2014, et qui ont servi à financer une aide humanitaire ou des programmes de renforcement de la résilience des communautés locales. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les résultats du Forum national somalien qui a adopté, le 12 avril dernier, les critères des élections prévues pour le mois d’août.  Il s’est dit néanmoins préoccupé par la situation sécuritaire en Somalie et les activités du Mouvement Al-Chabab, celui-ci ne s’attaquant plus seulement contre des civils, mais aussi contre des installations militaires.  Le délégué a ainsi requis des opérations militaires contre le Mouvement Al-Chabab menées par les forces de l’Union africaine et les forces somaliennes.

Le représentant russe s’est dit également extrêmement préoccupé par la situation humanitaire sans le pays, en appelant la communauté internationale à apporter une aide suffisante à la population et appuyer le pays dans ses efforts de relèvement socioéconomique.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué l’engagement renouvelé du Gouvernement fédéral de Somalie pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de prolongation des mandats constitutionnellement définis et à la tenue des élections dans les délais impartis.  Ce scrutin constituera une avancée considérable dans l’histoire de la Somalie, s’est-il félicité, en plaidant pour la coopération de la communauté internationale dans ce cadre.  Il s’agit, a rappelé le représentant, de rétablir la bonne gouvernance et la fourniture des services de base pour tous les Somaliens.  Le représentant s’est dit toutefois inquiet des opérations résiduelles du groupe Al-Chabab.  Dans ce contexte, la réforme du secteur de la sécurité revêt également une importance capitale, dans la mesure où elle garantira une participation plus effective de l’armée nationale aux côtés de l’AMISOM, avec pour finalité le transfert des responsabilités aux forces somaliennes.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a estimé que le succès du processus en cours en Somalie, malgré les défis auxquels le gouvernement est confronté, était à portée de main, en précisant que 2016 était, à cet égard, une année cruciale.  Il s’est notamment félicité de la décision du Gouvernement fédéral somalien de réserver 30% des sièges parlementaires issus des futures élections nationales à des femmes.  Le délégué de l’Espagne a également souligné l’importance pour les dirigeants du pays de progresser dans le domaine de la révision de la Constitution. 

Le représentant a, en outre, condamné de la façon la plus énergique les attaques terroristes du Mouvement Al-Chabab contre la population, l’armée somalienne et les forces de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Il a plaidé pour une structure de contrôle et de commandement plus efficace sur la base des recommandations du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  La lutte contre le Mouvement Al-Chabab doit, a-t-il estimé, être ancrée dans une stratégie ferme qui empêche la radicalisation et le recrutement au sein de la population somalienne, notamment chez les jeunes.  Il a, par ailleurs, jugé inacceptable la très grave situation humanitaire du pays et fait état des conséquences des changements climatiques sur le pays. 

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) s’est félicité de l’adoption, par la Somalie, d’un modèle électoral inclusif, en soulignant que sa délégation attendait avec impatience la Conférence d’examen constitutionnel prévue le mois prochain.  Il a condamné toutes les attaques commises par le groupe Al-Chabab, contre lequel des opérations conjointes entre les forces somaliennes et l’AMISOM doivent être menées, dans le cadre d’une coopération encore plus étroite.  Dans ce contexte, a relevé le représentant, l’intégration des forces régionales au sein de l’armée nationale peut contribuer de manière significative à la réalisation de cet objectif.  Le délégué du Japon a rappelé, en conclusion, l’engagement de son pays aux côtés de la Somalie.

M. RAFAEL DARIO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que la situation sécuritaire en Somalie était le résultat des actions du Mouvement terroriste Al-Chabab.  Il a souligné que les autorités somaliennes luttaient contre cette organisation qui entretient des liens avec les marchés illégaux et la criminalité organisée, et profitait de la prolifération des armes légères et de petit calibre, en dépit de l’embargo sur les armes.

Le représentant a souligné que la Somalie avançait dans le processus ardu visant à créer des institutions légitimes dans l’ensemble du pays, jetant ainsi les bases de la paix.  Dans ces circonstances, le soutien de la communauté internationale et l’engagement politique de l’ONU doivent être plus présents que jamais.  Le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie est essentiel et doit être maintenu tout en assurant davantage de transparence dans le cadre des plans de développement du Gouvernement fédéral.  Il est également primordial, a estimé M. Ramirez, de soutenir les actions visant à étendre l’autorité de l’État dans l’ensemble du pays afin que les gouvernements locaux puissent fournir des services de base à leurs populations.

Enfin, le représentant du Venezuela a appelé la communauté internationale à octroyer des ressources adéquates pour répondre à la grave situation humanitaire que connaît actuellement la  population somalienne du fait du conflit et de difficultés économiques et sociales profondes.

Outre les élections, M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a identifié d’autres priorités politiques pour la Somalie, à commencer par la poursuite du dialogue entre le Gouvernement fédéral somalien et les administrations régionales, « qui doit aller plus loin ».  Pour lui, des questions délicates restent en suspens, comme la délimitation des frontières, la finalisation de la révision constitutionnelle et la gouvernance des ressources naturelles.  À l’instar  d’autres membres du Conseil, le délégué a estimé que la fourniture de services de base à l’ensemble de la population somalienne était une condition sine qua non pour une paix durable.  Il a également indiqué que la réforme du secteur de la sécurité était indispensable pour prévenir la résurgence du groupe Al-Chabab. 

« Mettre sur pied une armée et des forces de police efficaces et cohérentes  sera déterminant pour que la stratégie de sortie de la communauté internationale soit couronnée de succès », a assuré le représentant.  La Nouvelle-Zélande, a-t-il ajouté, est cependant préoccupée par les défis financiers auxquels fait face l’AMISOM, qui a plus que jamais besoin d’un soutien pour s’acquitter de son mandat.  Cette situation révèle un problème plus large, celui du financement ad hoc des opérations de maintien de la paix conduites par l’Union africaine, a estimé le délégué.  Sa délégation, a-t-il assuré, est favorable à des solutions innovantes capables de garantir un financement plus prévisible à l’avenir pour ce type de missions, et auxquelles l’ONU pourrait participer, parallèlement à la contribution que les pays africains peuvent eux-mêmes faire.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a constaté que la situation continuait de s’améliorer en Somalie depuis 2012.  L’année 2016 est particulièrement importante pour la Somalie, a-t-il estimé, en faisant notamment référence au processus électoral.  Il a demandé, à cet égard, un appui de la communauté internationale.  Il a dit espérer que le processus actuel ouvrira la voie à des élections plus représentatives en 2020. 

Le délégué a néanmoins fait état d’une situation préoccupante résultant de la malnutrition, des lacunes en matière d’accès à l’eau et aux services d’assainissement, du phénomène El Nino et des attaques terroristes du Mouvement Al-Chabab.  Il a appuyé les efforts en matière de sécurité des forces somaliennes et de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

M. ALEXIS LAMEK (France) a fait part de nouvelles plutôt inquiétantes en provenance de Somalie, où le groupe Al-Chabab, bien qu’affaibli, continue de sévir.  La lutte contre ce groupe est une tâche collective et la France – à travers les Nations Unies et l’Union européenne – demeure pleinement engagée aux côtés des pays contributeurs de troupes, a-t-il assuré.  Afin de consolider les progrès accomplis, a-t-il dit, l’AMISOM a besoin d’intensifier ses offensives contre Al-Chabab et d’améliorer son efficacité, ses contingents devant agir de façon intégrée, comme le demande la résolution 2124 (2013) et être placé sous commandement unique.  Appelant l’Union africaine et les pays contributeurs de troupes à améliorer les opérations de l’AMISOM, le représentant de la France a souligné la nécessité d’une conduite exemplaire de ses troupes. Il a expliqué que l’impunité dont bénéficient certains contingents porte atteinte à la crédibilité même de la mission. 

Par ailleurs, l’appropriation somalienne des tâches sécuritaires permettrait d’envisager un retrait des troupes et une stratégie de sortie, ce qui suppose de rétablir l’autorité de l’État dans tout le pays, a fait observer le représentant.  Le rôle des forces de sécurité somaliennes a été particulièrement crucial auprès de l’AMISOM pour maintenir libérées les zones reprises à Al-Chabab.  Toutefois, seule une action politique pourrait permettre à la Somalie de sortir durablement de la crise qui dure depuis 25 ans, a souligné M. Lamek.  La France, a-t-il dit, espère pouvoir compter sur toutes les parties prenantes pour que des mesures nécessaires soient prises tout au long d’une année décisive.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a affirmé que les progrès constatés étaient le fruit des investissements réalisés dans un pays ravagé par une guerre brutale de plusieurs décennies.  Il a salué les Somaliens pour avoir conclu un accord sur le processus électoral.  Le pays est néanmoins confronté à des défis gigantesques, en particulier en ce qui concerne la situation humanitaire qu’il convient de régler immédiatement. 

De même, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de vaincre le Mouvement Al-Chabab, en appelant à ce que des ressources suffisantes soient fournies afin, notamment, que la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) puisse mener à bien ses opérations.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est déclaré préoccupé par les opérations du groupe Al-Chabab, et de ses efforts pour recruter des enfants dans les écoles et les mosquées.  Il a déclaré qu’il faudrait veiller à ce que la protection des enfants soit davantage inscrite dans les mandats de l’AMISOM et de la MANUSOM.  Le représentant a ensuite appelé le Gouvernement fédéral de la Somalie à poursuivre son dialogue avec les administrations régionales intérimaires.  Il s’est félicité, à cet égard, de la décision du Puntland qui, en acceptant de se fédéraliser, contribue à la stabilité du pays. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) a estimé que l’accord conclu lors du Forum national du 12 avril était l’expression claire du consensus croissant parmi les dirigeants somaliens sur la gouvernance du pays.  Il a encouragé la Mission d'observation militaire de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) à continuer de soutenir vigoureusement ce pays. 

Le représentant a en outre jugé préoccupante la situation humanitaire dans le pays, de même que la menace constante du Mouvement Al-Chabab et de l’implantation persistance de l’État islamique dans la région.  Il s’est par ailleurs inquiété de ce que les ressources minières de la Somalie continuent de faire l’objet de l’intérêt des firmes internationales et il a dénoncé le trafic illégal du charbon de bois somalien.

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que le processus de paix en Somalie entrait dans une phase cruciale, alors que la situation sécuritaire demeure fragile.  Toutes les parties doivent œuvrer au bon déroulement du processus électoral en cours; quant à la communauté internationale, elle doit adhérer au principe de l’appropriation nationale dans le cadre de ses efforts en faveur de la Somalie.  Le groupe Al-Chabab  continue de poser des problèmes pour le pays, a rappelé le représentant de la Chine.  Il a ensuite souligné que le développement et la croissance économique sont les conditions préalables pour garantir la stabilité de la Somalie.  Le délégué a encouragé la Banque mondiale et les autres institutions internationales et régionales à honorer leur engagement en faveur de la Somalie, qui a besoin d’investissements pour ses infrastructures et son agriculture.  Dans le cadre du Forum de coopération Chine-Afrique, la Chine a fait des propositions concernant les 10 domaines dans lesquels elle souhaite apporter une contribution décisive à l’effort collectif de relèvement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum annuel du financement du développement se penche sur les problèmes d’infrastructures des pays du Sud

Forum sur le financement du développement,
3re & 4e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6752

Le Forum annuel du financement du développement se penche sur les problèmes d’infrastructures des pays du Sud

Le Forum annuel sur le suivi du financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC) a discuté aujourd’hui des défis que doivent relever les pays du Sud en matière d’infrastructures et consacré, ce faisant, une de ses quatre tables rondes à l’« Instance mondiale dédiée aux infrastructures », inaugurée le 16 avril dernier à Washington.

Aujourd’hui, au moins 663 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable salubre et d’ici à 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des zones en pénurie d’eau absolue.  Quelque 60% des habitants de la planète n’ont pas accès à Internet et 1,2 million de personnes vivent sans électricité.  Le tiers au moins de la population rurale dans le monde n’est pas desservie par des routes praticables en toutes saisons*.

Le Programme d’action d’Addis-Abeba, qui a créé l’« Instance mondiale dédiée aux infrastructures », souligne que les besoins actuels se chiffrent entre 1 000 milliards à 1 500 milliards de dollars par an.  Le 16 avril dernier à Washington, l’Instance a rassemblé les dirigeants des banques multilatérales de développement, les partenaires au développement et les représentants des G20, G24 et G77 pour renforcer leurs mécanismes de collaboration multilatérale, dans le but d’accélérer le développement des infrastructures dans le monde.

La mobilisation des fonds ne suffira pas sans une gestion transparente, dont celle des risques, et sans la promotion des partenariats public-privé, notamment pour le partage des risques, ont prévenu les participants à l’une des quatre tables rondes que le Forum a tenues aujourd’hui.  Les banques ont horreur de l’instabilité politique et des incertitudes, a-t-il été souligné.

La question de la mobilisation des ressources nationales a donc une nouvelle fois été posée car les flux financiers illicites coûtent à l’Afrique quelque 50 milliards de dollars par an.  Les meilleures politiques fiscales ne produisent les meilleurs résultats que si les administrations fiscales sont à la hauteur, a prévenu le représentant du Fonds monétaire international (FMI). 

Dans le contexte des « Panama Papers » a été soulignée la nécessité de retirer aux multinationales le prétexte de payer des impôts dans les pays où elles ont leur siège pour s’affranchir de leurs obligations fiscales dans les pays où elles mènent leurs activités.  Les « Panama Papers » désignent la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels d’un cabinet d’avocats panaméen, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshores dont certaines peuvent être soupçonnées de servir de sociétés écrans pour l’évasion fiscale ou le blanchiment d’argent.  Un nom, se défendait hier le représentant du Panama, qui ne montre pas que l’évasion et la fraude ne sont pas le propre d’une politique nationale mais bien la conséquence d’un système économique mondial « immoral » qui affecte les plus faibles. 

Le Forum, qui devrait terminer ses travaux demain, mercredi 20 avril, tiendra une séance à partir de 9 heures.  

*Communiqué de la Banque mondiale daté du 16 avril 2016

SUITE À DONNER AU PROGRAMME D’ACTION D’ADDIS-ABEBA ISSU DE LA TROISIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Table ronde sur le « Cadre mondial pour le financement du développement durable »

Sous la présidence de M. AHMED SHIDE, Ministre des finances et de la coopération économique de l’Éthiopie, cette table ronde a examiné les moyens de résoudre les éventuels problèmes de mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  La discussion était animée par M. DAVID NABARRO, Conseiller spécial sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui a demandé de « changer notre façon de travailler » et souligné le caractère « indivisibles et universels » des objectifs de développement durable.  Il a posé trois questions aux participants: de quelles façons les partenariats mondiaux peuvent appuyer la mise en œuvre « holistique » du Programme d’action?  Comment atteindre les plus vulnérables?  Quelles sont les mesures concrètes à prendre en faveur de l’égalité entre les sexes?

La croissance économique ne sera pas « durable » si tout le monde n’en bénéficie pas, notamment toutes les femmes et toutes les filles, a prévenu Mme LAKSHMI PURI, Vice-Directrice exécutive des Partenariats stratégiques au Bureau de la coordination et de l’appui intergouvernemental d’ONU-Femmes.  Or aucun pays dans le monde n’a atteint l’objectif d’égalité des sexes, a-t-elle rappelé en dénonçant un « sous-investissement chronique en faveur de l’égalité homme-femme » qui entrave l’application des lois.  Les déficits financiers dans ce domaine sont parfois de 70 à 90%, a-t-elle regretté en précisant que seulement 5% de l’aide au développement est affectée à l’égalité des sexes.  Le financement requis doit renforcer l’appui aux institutions et aux mécanismes d’égalité des sexes, notamment des systèmes fiscaux progressifs et des collectes d’impôts efficaces.  Ce sont en effet les femmes qui souffrent le plus des conséquences de l’évasion fiscale, a fait remarquer Mme Puri, car ce sont elles qui sont les plus grandes bénéficiaires de l’aide publique. 

Il faut également investir dans l’agriculture, a dit Mme MARIA HELENA SEMEDO, Vice-Directrice générale du Département des ressources naturelles de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Elle a souligné que 80% des personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté vivent en zone rurale.  Il faut, a-t-elle préconisé, augmenter les investissements publics et privés, garantie de la sécurité alimentaire.  Il faut, a-t-elle insisté, renforcer la résilience et la productivité du secteur agricole.  En Éthiopie, a-t-elle cité en exemple, l’appui budgétaire au milieu rural a généré beaucoup d’activités économiques.  Dans les pays en développement, 90% des exploitations agricoles sont des petites fermes bien souvent plus productives que les grandes exploitations.  Les petits exploitants investissent trois fois plus que l’ensemble des acteurs du secteur agricole.  Mais ils souffrent de la précarité des droits de propriété et des distorsions du marché.

Si les femmes sont très pauvres et ont un accès limité à la terre, elles sont toutefois celles qui dirigent plus de la moitié des petites exploitations agricoles, a poursuivi Mme Semedo, en souhaitant que l’on se concentre sur elles.  À son tour, elle a plaidé pour des investissements publics et privés « importants », pour la bonne gouvernance et pour les bonnes politiques.  Elle a attiré l’attention sur les pertes, « un gâchis qu’il faut éviter ».  La FAO aide d’ailleurs les pays à mettre en place des plateformes pour renforcer les investissements et les partenariats public-privé.  Elle a donné l’exemple de Google Earth Outreach qui s’est associé avec la FAO pour apporter des technologies utiles au secteur agricole.

Le « contrat social » qu’est le Programme d’action d’Addis-Abeba a été au centre de l’intervention de Mme ISABEL ORTIZ, du Bureau de la protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Elle a vanté le mérite des transferts de liquidités et des seuils de protection sociale qui ont des répercussions positives sur les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’assainissement et du logement.  Il a fustigé la « concurrence » entre les différentes sources de financement et plaidé pour une bonne répartition des dépenses publiques et l’amélioration des administrations fiscales.  La Mongolie, par exemple, parvient à financer une allocation pour les enfants avec la taxe sur les exportations.  Autre moyen: lutter contre les flux financiers illicites, a-t-elle préconisé.  Parmi les nouvelles sources de financement, elle a cité les taxes sur les billets d’avion, les taxes environnementales ou encore les droits de tirage spéciaux.

Appelant à s’attaquer aux causes profondes des inégalités entre les sexes, le représentant de la Suisse a dit placer beaucoup d’espoirs dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, insistant pour que la stratégie de financement du développement comprenne un volet « égalité des genres ».  Son homologue du Paraguay a confirmé l’importance du rôle de la femme dans l’économie.  Rappelant que le Paraguay est un pays sans littoral et exportateur agricole, il a dénoncé les politiques protectionnistes.  Le Paraguay a toujours plaidé pour la libéralisation des marchés.

Le représentant du Grand groupe des syndicats a appelé le Forum de l’ECOSOC à devenir le mécanisme de suivi du « contrat social » consacré par le Programme d’Addis-Abeba.  Il a demandé une coopération internationale plus étroite, en particulier pour le renforcement des capacités nationales de production.  Il a proposé que le Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement peaufine les indicateurs et les outils d’évaluation de la mise en œuvre du « contrat social ».  Il faut des actions sur tous les fronts, a conclu la représentante du Portugal, et un renforcement des synergies entre les trois dimensions économique, social et environnemental du développement durable, grâce à une plus grande cohérence politique.

Table ronde sur les « Ressources publiques nationales et internationales » et la « Coopération internationale pour le développement »

En ouvrant le débat consacré au premier point de discussion, Mme GINA CASAR, Directrice exécutive de l’Agence mexicaine pour le développement international, a estimé que l’un des éléments fort du Programme d’action d’Addis-Abeba est la promesse de réduire les flux financiers illicites qui sapent le financement du développement.  Il faut retirer aux multinationales le prétexte de payer leurs impôts dans les pays où elles ont leur siège pour s’affranchir de leurs obligations fiscales à l’égard des pays où elles mènent leurs activités, a commenté l’animateur de la table ronde, M. AMAR BHATTACHARYA, du Brookings Institution

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour dire que les pays en développement doivent élargir leur assiette fiscale, a souligné M. ARMANDO LARA YAFFAR, Président du Comité sur la coopération internationale en matière fiscale.  Les meilleures politiques fiscales ne produisent les meilleurs résultats que si les administrations fiscales sont à la hauteur, a prévenu M. PETER MULLINS, Chef adjoint de la Division des affaires fiscales au Fonds monétaire internationale (FMI).  Il a ajouté que les incitations fiscales que certains pays en développement mettent en place pour attirer les investissements étrangers ne produisent pas forcément les résultats escomptés.  La plupart des pays en développement étant obligés aujourd’hui de diversifier leur économie au vu de la baisse du prix du pétrole, entre autres, il leur a conseillé l’amélioration de la fiscalité liée à l’industrie extractive mais aussi l’exploration de nouvelles taxes telles que celle sur le carbone.   

Il est très difficile de mobiliser les ressources, a reconnu Mme KHADY DIA, Directrice de la coopération internationale au développement de la mairie de Dakar.  Elle a présenté l’expérience de la capitale sénégalaise qui compte 1,2 million d’habitants et dont le fonctionnement dépend entièrement du Gouvernement central.  L’essentiel des ressources vient des transferts fiscaux peu prévisibles d’où l’impossibilité de planifier les politiques.  Pour contourner cet obstacle, la mairie procède à des emprunts auprès des banques ou lève des fonds sur les marchés financiers.

Qu’en est-il de l’aide publique au développement (APD)?  L’APD a augmenté globalement de 6% au cours de ces trois dernières années et celle allouée aux pays les moins avancés (PMA) de 4%.  Cette aide, a estimé M. MARIO PEZZINI, Directeur du Centre de développement à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), n’est aujourd’hui qu’une facette du financement international du développement, la coopération Sud-Sud gagnant en importance. 

Les deux banques de cette coopération, à savoir la Banque de développement des BRICS –Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud- et la Banque asiatique pour l’investissement dans les infrastructures, devraient avoir un fonctionnement plus rigoureux, a estimé M. SUBHASH CHANDRA GARG, Directeur exécutif pour le Bangladesh, le Bhoutan, l’inde et le Sri Lanka au Groupe de la Banque mondiale.  Une troisième banque, a-t-il jugé, serait la bienvenue pour compléter le travail.

Elle serait d’autant plus bienvenue que l’APD ne suffira pas à financer tous les besoins du développement, a renchéri Mme SMITA NAKHOODA, de l’Overseas Development Institute.  Elle a encouragé des stratégies innovantes à l’échelle mondiale pour financer les 17 objectifs de développement durable.

Ne négligeons pas non plus le rôle « traditionnel » de l’APD, a mis en garde la représentante d’El Salvador devant le manque criant de capacités pour mobiliser les ressources nationales dans les pays en développement.  Son homologue italien a attiré l’attention sur le potentiel des envois de fonds des migrants.  Le coût du transfert est d’ailleurs passé de 10 à 7% en Italie.  N’oublions pas la lutte nécessaire contre les flux financiers illicites, a souligné le représentant de la France, en parlant des « Panama Papers » qui pointent sur l’amélioration de la transparence dans le secteur bancaire.

Son homologue indonésien a vu dans la suppression des subsides aux combustibles fossiles un moyen de canaliser les fonds vers le développement durable.  Un rappel qui a conduit le représentant de la Norvège à insister sur les effets dévastateurs des changements climatiques sur les économies des pays en développement.  Des économies dominées par le secteur informel, a rappelé une déléguée du secteur privé, un secteur difficilement imposable.

Le représentant de la Suisse a rappelé que son pays fait partie de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba qui promet d’aider les pays en voie de développement à améliorer leur administration fiscale.  Celle du Myanmar a salué le soutien que son pays a eu de la Banque mondiale et du FMI.  Élargissement de l’assiette fiscale ou pas, une représentante de la société civile a tout de même rappelé que l’engagement des pays développés de consacrer 0,7% de leur Produit intérieur brut (PIB) à l’APD n’a jamais été respecté.  Elle a même dénoncé la tendance actuelle de ces pays à comptabiliser l’assistance militaire à la lutte contre le terrorisme dans l’APD.  Cette assistance a toujours fait partie de l’APD, a précisé le Directeur du Centre de développement de l’OCDE, tout en assurant que les membres de son Organisation s’efforcent de respecter leur engagement en matière d’APD.

Table ronde sur l’« Instance mondiale dédiée aux infrastructures »

Créé par le Programme d’action d’Addis-Abeba, l’Instance mondiale dédiée aux infrastructures, dirigée par les banques multilatérales de développement, a été inaugurée le 16 avril 2016 à Washington, à l’occasion des réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque mondiale.

Cette instance est censée encourager l’expression d’opinions plus diversifiées, provenant notamment des pays en développement, afin d’identifier et de combler les lacunes en matière d’infrastructures et de capacités, en particulier dans les pays en développement sans littoral, souligne notamment la résolution adoptée par l’Assemblée générale sur le suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral.  

Au cours la table ronde animée par le Président de l’ECOSOC, M. OH JOON, le Directeur général du Groupe de la Banque mondiale, M. JOAQUIM LEVY a averti que la mobilisation des fonds ne suffira pas sans une gestion transparente, dont celle des risques, et sans la promotion des partenariats public-privé, notamment pour le partage des risques, a ajouté M. THOMAS BARRETT, Directeur à la Banque européenne d’investissement.  Les banques ont horreur de l’instabilité politique et des incertitudes, a insisté M. PABLO PEREIRA DOS SANTOS, Chef du secteur infrastructure et environnement à la Banque interaméricaine de développement.  Les pays doivent être capables d’assurer la pérennité des grands projets d’infrastructures.   

D’ici à 2020, a indiqué M. CRAIG STEFFENSEN, Représentant du Bureau de l’Amérique du Nord de la Banque asiatique du développement, la Banque compte investir pas moins de 20 milliards de dollars dans des infrastructures d’énergie propre, de transports, d’eau ou de connectivité des pays sans littoral.

Le représentant de l’Égypte s’est enorgueilli du fait que dans son pays, les investissements dans les infrastructures ont augmenté de plus de 40% en 2015.  Dans ce cadre, le représentant de la Banque sud-africaine de développement et celui de la Banque européenne d’investissement ont souligné le rôle des banques nationales de développement.

L’Instance mondiale, a estimé M. LAURENCE CARTER, Directeur des partenariats public-privé du Groupe de la Banque mondiale, devrait se réunir chaque année et, a ajouté le représentant du Guatemala braquer les projecteurs sur la reconstruction après la destruction des infrastructures lors des phénomènes climatiques.  Son homologue de l’Australie a plaidé pour la prise en compte de l’approche « genre » dans ces réflexions relatives aux infrastructures, avant que le représentant de la Banque interaméricaine de développement n’insiste sur l’approche « environnement ». 

Table ronde sur les « Entreprises privées et finances nationales et internationales »

Quelles sont les expériences à tirer des investissements privés et publics en faveur du développement? a demandé M. CHRISTIAN LEFFLER, Vice-Secrétaire général des questions économiques et mondiales de l’Union européenne, prônant la « responsabilité sociale des entreprises » et rappelant que des initiatives existent déjà, comme le Pacte mondial signé par 8 000 entreprises ou encore les Normes ISO 2600 sur la responsabilité des sociétés.  La Directrice pour les Principes d’investissement responsable (PRI) a rappelé que ces Principes avaient été lancés il y a 10 ans par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan.  Mme FIONA REYNOLDS a précisé qu’ils comptent maintenant 1 500 entreprises signataires représentant 60 trillions d’investissements. 

Si le secteur privé intègre dans une grande partie de ses activités les objectifs de développement durable, il nous reste encore du travail pour tous les intégrer, a-t-elle dit.  La Directrice a dit avoir écrit à toutes les grandes entreprises du monde pour promouvoir les objectifs de développement durable, en leur demandant de produire des rapports sur leur contribution à leur réalisation.  Elle a aussi indiqué que les PRI avaient lancé une coalition pour les infrastructures vertes, qui rassemble des partenaires de développement et des investisseurs.

Comment canaliser l’épargne privée vers le financement du développement? a demandé, à son tour, Mme MARILOU UY, Directrice exécutive du Secrétariat du Groupe international des 24 (G24).  M. GAVIN WILSON a parlé des fonds de pension.  Le Vice-Président de la Société financière internationale (SFI) du Groupe de la Banque mondiale a expliqué que ces fonds représentent 80% des investissements dans les pays de l’OCDE mais seulement 5% au Nigéria.  Il a expliqué que son entreprise émet des titres dans la monnaie locale, dans 18 pays émergents, pour mobiliser des fonds qui sont réinvestis sur place, promouvant ainsi le marché local.  En toute chose, il faut de la transparence, a mis en garde M. STEVE WAYGOOD, Responsable en chef des investissements à Aviva, entreprise qui gère l’argent de millions de personnes.  Il a regretté que le Programme de développement durable ne contienne qu’une seule et unique cible sur les entreprises.  En outre, les 230 indicateurs proposés par la Commission des statistiques demandent aux entreprises d’intégrer les progrès dans leurs rapports alors qu’il est difficile d’isoler la dimension « durabilité » d’une activité.  

Deux autres experts représentaient le monde des affaires et de la finance privées internationales.  La première, Mme KEIKO HONDA, Vice-Présidente exécutive et Présidente directrice générale d’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) du Groupe de la Banque mondiale, a signalé que la MIGA avait pu susciter 900 investissements du secteur privé dans les pays en développement, soit un montant de 13 milliards de dollars, dont 14% dans les pays à faible revenu et 11% dans les pays fragiles ou touchés par des conflits.  La MIGA, qui compte 180 pays membres, a par exemple permis à une compagnie d’extraction suisse de travailler dans plusieurs pays comme le Burundi et le Togo.  Les investisseurs qui coopèrent avec la MIGA, a-t-elle précisé, doivent bien sûr respecter les principes de responsabilité sociale et d’intégrité.

Le « coup de pouce » que doit donner le secteur privé a également été reconnu par M. RICHARD KOZUL-WRIGHT, Directeur de la Division de la mondialisation et du développement à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Il a fustigé les lacunes du secteur public et demandé, par exemple, ce qu’ont fait les États-Unis avec le Plan Marshall ou l’envoi d’un homme sur la lune?  Ils ont créé un espace économique grâce à des dépenses énormes, des règlementations fortes et la coopération du secteur privé.  La Chine a utilisé les mêmes méthodes ces dernières années, a-t-il fait remarquer en soulignant qu’elle a en fait suivi le « modèle américain ».  Mais les bénéfices économiques et l’augmentation des investissements ne se sont pas traduits par le développement à long terme.  Or, aujourd’hui, on ne fait pas mieux, a constaté M. Kozul-Wright, en accusant la « financiarisation » des économies avancées qui mettent trop l’accent sur les investissements à court terme.  Il a aussi dénoncé le pouvoir qu’ont les grandes entreprises de manipuler les marchés et donc la nécessité de bien étudier les avantages et les inconvénients de leurs investissements avant de les encourager.

L’intervenant principal, M. BILL STREETER, Conseiller financier à Global Clearinghouse for Development Finance, a prévenu que les gouvernements se méfient des entreprises qui entendent procéder à injonctions massives de liquidités et qui ne sont pas trop regardantes sur les normes internationales du travail.  Il a conseillé au secteur privé étranger d’agir à l’échelle des banques de développement locales pour les grands projets d’infrastructures.  Au Mexique et en Inde, par exemple, les banques de développement apportent le premier prêt et les banques locales suivent.  Des pays comme la Tanzanie, la Namibie et le Botswana ont mis en place des programmes de garanties pour les PME.  Il est donc possible de créer des partenariats entre le capital national et le capital international.

Mais il est vrai qu’aujourd’hui les grandes sociétés n’interagissent pas suffisamment avec les entreprises locales, ce qui représente un manque à gagner en termes de développement et de transfert de technologies, a fait observer le représentant du Tchad.  Que peut-on faire au niveau international pour encourager ces grandes entreprises?  Le représentant de la France a proposé d’« incentiviser » le rapprochement des intérêts publics et privés.  Il a aussi proposé à la Banque mondiale d’intégrer davantage le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba dans son rapport « Doing business », un outil qui donne « le la » sur la façon de conduire des affaires dans les différents pays.

Le représentant de la Chambre international de commerce a attiré l’attention sur les nouvelles directives que la Chambre a émises en matière d’investissement.  Il a aussi conseillé aux gouvernements de mettre en place un cadre règlementaire qui facilite les solutions innovantes.  Si les partenariats public-privé sont importants, ils ne doivent pas se substituer aux investissements publics, a mis en garde le Directeur exécutif de la Banque mondiale pour l’Arabie saoudite, un avis partagé par le représentant d’Action Aid International.  Celui de la Suisse est revenu sur le respect des « Principes sur les investissements responsables ».  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.