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Darfour: le Document de Doha est « à l’arrêt », constate, devant le Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix

8103e séance - matin
CS/13069

Darfour: le Document de Doha est « à l’arrêt », constate, devant le Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix

Au Soudan, au moment où l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) poursuit la réduction de ses effectifs, le processus politique en vue de négocier le règlement du conflit avec les groupes non signataires du Document de Doha pour la paix demeure à l’arrêt, a constaté, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Mme Bintou Keita. 

« Simultanément, les affrontements armés entre le Gouvernement et ces groupes ont décliné, aucun incident n’ayant été à déplorer au cours de la période à l’examen », a expliqué Mme Keita. 

Ceci étant, le début de la campagne de collecte d’armes lancée au Darfour par les autorités, avec le déploiement de 10 000 soldats des Forces d’appui rapide, a mis en évidence des tensions impliquant des milices tribales précédemment alliées au Gouvernement et entraîné des renversements d’alliances, souligne le rapport* du Secrétaire général dont était saisi le Conseil de sécurité. 

Des affrontements entre Forces d’appui rapide et milices locales ont été ainsi signalés au Darfour méridional et au Darfour septentrional les 21 et 23 octobre, respectivement, tandis que le 10 novembre dernier, des combats ont éclaté avec des milices à Musat Hilal, dans le Darfour septentrional, faisant un nombre indéterminé de victimes des deux côtés.

Par ailleurs, à Zalingei, au Darfour central, les forces gouvernementales, dans le cadre de fouilles de caches d’armes, ont tenté de pénétrer dans les locaux du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) le 5 novembre dernier.  Et au Darfour méridional, à la suite de manifestations et d’affrontements dans le camp de personnes déplacées de Kalma, qui ont fait cinq morts le 22 septembre, les Forces d’appui rapide ont bloqué les routes à l’intérieur du site et brièvement détenu une des personnes déplacées.

« En dépit des efforts déployés par le Gouvernement soudanais pour lutter contre la criminalité, la conduite de cette campagne de collecte des armes, conjointement au déploiement des Forces d’appui rapide, devra se faire avec la plus grande prudence, afin de minimiser les risques sécuritaires », a préconisé la Sous-Secrétaire générale. 

« Une nouvelle escalade des tensions pourrait affecter les dynamiques entre les milices, les communautés dont elles sont issues, et d’autres groupes en proie à des rivalités sur le terrain. »

Par ailleurs, a poursuivi Mme Keita, les violences intercommunautaires persistent, principalement vis-à-vis des nomades arabes, en dépit d’une baisse notable des incidents.  Le nombre total de victimes faites par de telles violences jusqu’à présent en 2017 est de 234, alors que ce chiffre était de près de 2 000 en 2014, a-t-elle rappelé. 

De plus, à Sortony, dans le Darfour méridional, les tensions persistent entre les personnes déplacées, la communauté arabe et l’Armée de libération du Soudan-Défense populaire (ALS/DP), a relevé la haute fonctionnaire, en citant un incident en date du 7 novembre, au cours duquel des éléments arabes armés auraient été empêchés de pénétrer à l’intérieur d’un camp de déplacés pour y reprendre leur bétail prétendument volé.

S’il paraît évident que la situation au Darfour aujourd’hui diffère de celle qui prévalait au moment du déploiement initial de la MINUAD, en 2007, reste que la défaite de la plupart des groupes armés ne s’est pas traduite par le retour volontaire et durable des personnes déplacées, a affirmé la Sous-Secrétaire générale. 

« Près d’un tiers de la population du Darfour est toujours déplacée », a-t-elle précisé.  « Une situation qui reflète son appréhension et l’incertitude quant à l’occupation des terres et le manque de confiance dans leurs perspectives présentes et futures. »

Mme Keita a estimé que le Gouvernement soudanais s’était montré moins « proactif » dans la mise en œuvre des dispositions du Document de Doha relatives aux terres et à la gestion des ressources limitées, à l’établissement des responsabilités et à la réforme du secteur de la sécurité.

La mise en œuvre du Document de Doha, a-t-elle soutenu, est la « porte d’entrée » pour une paix durable, dans la mesure où cet instrument tient compte des vecteurs d’un conflit qui dure depuis plusieurs décennies, à commencer par les problématiques des terres, des personnes déplacées et des éleveurs nomades.

Le délégué du Soudan a jugé pour sa part « insuffisante » l’attention que le Conseil de sécurité accorde au processus de paix au Darfour, en comparaison notamment du processus de paix en cours en Colombie.  Il s’est enorgueilli des « transformations majeures » opérées par le Darfour au cours des dernières années, affirmant qu’il n’y a plus d’affrontements avec les groupes armés depuis presque deux ans.  Le représentant a également indiqué que la campagne de collecte d’armes et de munitions initiée par son gouvernement portait ses fruits.

Il a en outre contesté l’exactitude du rapport du Secrétaire général, invitant l’ONU à recourir à ses « propres sources d’information ».  Le représentant a enfin demandé une révision du régime des sanctions frappant son pays, ainsi qu’une réduction des forces de la mission en vue de « son retrait du Soudan le plus rapidement possible ». 

En effet, la MINUAD est engagée dans sa première phase de restructuration, laquelle consiste notamment à fermer 11 bases d’opérations et à réduire l’effectif autorisé à 11 395 militaires et 2 888 policiers. 

Tout en saluant les progrès réalisés dans le processus de reconfiguration de la MINUAD, le représentant de la Bolivie a souligné l’importance de consolider les capacités de l’équipe de pays des Nations Unies pour garantir un retrait réussi de l’Opération hybride. 

C’est aussi le sens de l’appel lancé par la Sous-Secrétaire générale, qui a plaidé pour un renforcement de l’équipe de pays, afin de soutenir les activités de long terme orientées vers la consolidation de la paix.  « Le Secrétariat coopère avec la MINUAD et l’équipe de pays pour mettre au point un financement conjoint du Cadre stratégique intégré pour 2017-2019, axé sur l’état de droit et les droits de l’homme, les solutions durables aux situations de déplacement et le renforcement des capacités en matière de sécurité humaine », a-t-elle ajouté.

Préoccupé par les difficultés logistiques auxquelles la MINUAD reste confrontée, l’Uruguay a jugé indispensable la coopération du Gouvernement soudanais avec le Conseil de sécurité et la MINUAD.  Sur ce point, la Sous-Secrétaire générale a regretté que le terrain où doit être créé le Groupement tactique du Jebel Marra n’ait toujours pas été approuvé par Khartoum. 

* S/2017/907

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

République centrafricaine: le Conseil de sécurité renouvelle, renforce et hiérarchise le mandat de la MINUSCA

8102e séance - matin
CS/13068

République centrafricaine: le Conseil de sécurité renouvelle, renforce et hiérarchise le mandat de la MINUSCA

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2387 (2017), le Conseil de sécurité a décidé, aujourd’hui, de renouveler le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) jusqu’au 15 novembre 2018. 

Il a, en outre, rehaussé le plafond de troupes de 900 personnels militaires et défini, comme tâches prioritaires de la Mission, la protection des civils, le soutien au processus de paix et l’acheminement de l’aide humanitaire.  « Le Conseil ne pouvait pas se permettre de laisser le pays replonger dans une crise aussi dramatique qu’entre fin 2012 et début 2014 », a déclaré le délégué de la France, pays porte-plume, lors des explications de vote. 

En portant l’effectif de la Mission à 11 650 militaires, le Conseil a suivi la recommandation du Secrétaire général formulée dans son dernier rapport* sur la situation en République centrafricaine.  Cette augmentation devrait permettre d’accroître la flexibilité et la mobilité de la MINUSCA pour une exécution plus efficace de l’intégralité de son mandat, en particulier la protection des civils, note le Conseil dans sa résolution. 

La Mission devra notamment prendre des « mesures actives » pour « répondre efficacement » à toute menace grave ou crédible à l’encontre de la population civile et accorder une protection particulière aux femmes et enfants.  Autre priorité, la Mission devra renforcer l’appui à un dialogue politique inclusif en République centrafricaine, en partenariat avec l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation. 

Cette initiative constitue le principal cadre pour une solution politique dans le pays, note la résolution, un élément salué par le délégué de l’Égypte.  La Mission devra en outre offrir ses bons offices pour lutter contre les causes profondes du conflit et appuyer les efforts pour traiter la justice transitionnelle dans le cadre du processus de paix et de réconciliation. 

La résolution charge par ailleurs la MINUSCA d’aider à la mise en place de conditions de sûreté favorables à l’acheminement « immédiat », « complet » et « sans entrave » de l’aide humanitaire.  Une autre priorité de la MINUSCA sera d’appuyer l’extension de l’autorité de l’État, le déploiement des forces de sécurité et le maintien de l’intégrité territoriale. 

À ce titre, elle appuiera le déploiement d’agents de la police et de la gendarmerie nationales dans les zones prioritaires.  Dans la résolution, le Conseil envisage également un soutien au redéploiement « progressif et coordonné » des forces armées centrafricaines formées par la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA), pour autant qu’un tel déploiement ne déstabilise pas le pays. 

« Il s’agit pour le Conseil de confirmer son soutien aux autorités centrafricaines dans la mise en œuvre de leur stratégie de restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire », a commenté le délégué de la France.  Comme son homologue égyptien, il a souligné l’importance, à cet égard, des recommandations du Secrétaire général, qui sont attendues d’ici à la fin du mois de mai prochain. 

La MINUSCA œuvrera par ailleurs en faveur de la justice nationale et internationale et de la lutte contre l’impunité, en appuyant notamment la mise en place de la Cour pénale nationale, précise la résolution.  Enfin, le texte charge la Mission d’aider les autorités centrafricaines à lutter contre l’exploitation illicite et le trafic des ressources naturelles. 

Dans l’exécution de son mandat, la MINUSCA devra pleinement respecter la politique de tolérance zéro de l’ONU à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles.  Les antécédents de tous les membres du personnel devront être vérifiés afin de s’assurer « qu’ils n’ont eu aucun comportement sexuel répréhensible » lorsqu’ils servaient l’ONU, précise la résolution. 

L’ONU et les pays contributeurs de troupes seront incités à consolider le travail déjà engagé pour lutter contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, a commenté le représentant de la France, tandis que son homologue des États-Unis a loué les « mesures fortes » contenues dans la résolution. 

Celle-ci demande par ailleurs aux pays fournisseurs de troupes de prendre des mesures de prévention, d’organiser une formation de sensibilisation avant le déploiement et de faire en sorte que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes en répondent pleinement. 

À cet égard, le délégué de la Fédération de Russie a jugé inacceptable qu’un contingent entier soit renvoyé en raison du comportement répréhensible de quelques-uns de ses éléments.  Son homologue égyptien a, lui, appelé à une bonne coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes tout en soulignant la réduction nette du nombre de cas de violence sexuelle en République centrafricaine. 

Lors de son explication de vote, la représentante des États-Unis a tenu à préciser que l’augmentation de troupes de la MINUSCA, « si elle était attendue de tous », selon l’expression du délégué français, n’était pas un « gage de succès ».  Il s’agit de se concentrer sur la qualité de la Mission, plutôt que sur la quantité, a-t-elle tranché.  Prenant la parole, le délégué de la République centrafricaine a, lui, affirmé que son pays méritait un avenir meilleur.  « Elle l’aura grâce à vous », a-t-il lancé aux membres du Conseil. 

* S/2017/865

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine (S/2017/865)

Texte du projet de résolution (S/2017/957)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur la République centrafricaine, en particulier ses résolutions 2121 (2013), 2127 (2013), 2134 (2014), 2149 (2014), 2181 (2014), 2196 (2015), 2212 (2015), 2217 (2015), 2262 (2016), 2264 (2016), 2281 (2016), 2301 (2016) et 2339 (2017) ainsi que sa résolution 2272 (2016) et les déclarations de son président en date des 18 décembre 2014 (S/PRST/2014/28), 20 octobre 2015 (S/PRST/2015/17), 16 novembre 2016 (S/PRST/2016/17), 4 avril 2017 (S/PRST/2017/5) et 13 juillet 2017 (S/PRST/2017/9),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République centrafricaine, et rappelant l’importance des principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale,

Réaffirmant les principes fondamentaux du maintien de la paix, y compris ceux du consentement des parties, de l’impartialité et du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat, considérant que le mandat de chaque mission de maintien de la paix doit être adapté aux besoins et à la situation du pays concerné, et rappelant la déclaration de son président en date du 25 novembre 2015 (S/PRST/2015/22),

Rappelant qu’il incombe au premier chef aux autorités centrafricaines de protéger toutes les populations du pays contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, et rappelant, à cet égard, qu’il importe de rétablir l’autorité de l’État dans tout le pays,

Insistant sur le fait que tout règlement durable de la crise en République centrafricaine, y compris le processus politique, doit être aux mains de la République centrafricaine et accorder la priorité à la réconciliation du peuple centrafricain, dans le cadre d’un processus sans exclusive associant les hommes et les femmes, y compris les personnes qui ont été déplacées du fait de la crise, quelle que soit leur origine sociale, économique, politique, religieuse et ethnique,

Se déclarant préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire, en particulier dans le sud-est et le nord-ouest de la République centrafricaine, en raison de la poursuite des affrontements entre groupes armés dans leurs tentatives de prendre par la force le contrôle de territoires et de ressources et de déstabiliser le pays, ainsi que du manque de moyens des forces de sécurité nationales et de la persistance des causes profondes du conflit,

Condamnant avec la plus grande fermeté les incitations à la haine ethnique et religieuse et à la violence et les multiples violations du droit international humanitaire ainsi que les violations généralisées des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, y compris les violences sexuelles et les violences à l’égard des femmes, commises notamment par des éléments de l’ex-Séléka, des éléments antibalaka et d’autres milices, ainsi que le ciblage de civils de certaines communautés,

Rappelant le rapport présenté par la Commission d’enquête internationale créée en application de la résolution 2127 (2013) (S/2014/928), notant avec préoccupation son constat selon lequel les principales parties au conflit, notamment les ex-Séléka, les antibalaka et des éléments des forces armées centrafricaines qui ont collaboré avec des groupes armés, ont commis depuis le 1er janvier 2013 des violations du droit international humanitaire et des atteintes aux droits de l’homme pouvant constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, en particulier le nettoyage ethnique auquel se sont livrés des éléments des milices antibalaka,

Condamnant dans les termes les plus vifs toutes les attaques, provocations et incitations à la violence visant les contingents de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et d’autres forces internationales, commises notamment par des groupes armés, rendant hommage aux membres du personnel de la MINUSCA qui ont sacrifié leur vie au service de la paix, soulignant que les attaques visant les forces de maintien de la paix peuvent constituer des crimes de guerre, rappelant à toutes les parties leurs obligations au regard du droit international humanitaire et demandant instamment aux autorités centrafricaines de prendre toutes les mesures possibles pour garantir que les auteurs de ces actes seront arrêtés et traduits en justice,

Se félicitant à cet égard de l’action menée par la MINUSCA pour protéger les civils et lutter contre les groupes armés, notamment du succès de l’opération « Bekpa » à Bambari en février et mars 2017, de l’opération « Maraze » à Bangassou en août 2017 et de l’opération « Damakongo » à Bocaranga en octobre 2017,

Soulignant qu’il est urgent et impératif de mettre fin à l’impunité en République centrafricaine et de traduire en justice les auteurs de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, se félicitant à cet égard de l’opérationnalisation progressive de la Cour pénale spéciale et insistant sur la nécessité de renforcer les autres mécanismes nationaux d’établissement des responsabilités, et d’apporter un appui accru aux travaux de l’Experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine,

Réaffirmant qu’il incombe au premier chef aux autorités nationales de créer les conditions nécessaires pour procéder à des enquêtes, engager des poursuites et rendre des jugements avec efficacité et en toute indépendance, et soulignant que le Gouvernement de la République centrafricaine doit renforcer l’état de préparation de ses institutions à cette fin,

Se félicitant des mesures prises par le Gouvernement de la République centrafricaine pour mettre en place des mécanismes de justice transitionnelle afin d’amener les auteurs de crimes passés à répondre de leurs actes et d’accorder des réparations aux victimes tout en favorisant la réconciliation nationale,

Accueillant avec satisfaction l’engagement pris par le Secrétaire général d’appliquer rigoureusement sa politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles, prenant note des différentes mesures prises par la MINUSCA et les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police pour combattre l’exploitation et les agressions sexuelles, grâce auxquelles le nombre de cas signalés a diminué, se déclarant toutefois toujours gravement préoccupé par les nombreuses allégations d’exploitation et d’agressions sexuelles imputées à des soldats de la paix en République centrafricaine ainsi qu’à des forces non onusiennes, soulignant qu’il importe au plus haut point que les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police ainsi que la MINUSCA, selon le cas, ouvrent sans tarder des enquêtes sur ces allégations de façon crédible et transparente et fassent en sorte que les auteurs de telles infractions pénales ou de fautes répondent de leurs actes, et soulignant également qu’il faut prévenir l’exploitation et les agressions sexuelles et améliorer les mesures prises pour donner suite aux allégations, conformément à la résolution 2272 (2016),

Soulignant le fait que les conditions de sécurité actuelles en République centrafricaine créent un climat favorable à la criminalité transnationale, notamment au trafic d’armes et à l’emploi de mercenaires, et risquent de constituer un terreau fertile pour les réseaux extrémistes,

Se déclarant vivement préoccupé par la menace que constituent, pour la paix et la sécurité en République centrafricaine, le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et l’utilisation abusive d’armes légères et de petit calibre ainsi que l’emploi de ces armes contre des civils,

Saluant, à cet égard, la contribution importante à la paix, à la stabilité et à la sécurité en République centrafricaine qu’apporte le régime de sanctions décidé par le Conseil et reconduit dans la résolution 2339 (2017), y compris ses dispositions relatives à l’embargo sur les armes et ses dispositions relatives à des personnes et entités que le Comité aura désignées au motif qu’elles se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République centrafricaine ou concourent à des tels actes,

Rappelant que le trafic et l’exploitation illégale de ressources naturelles, dont l’or et les diamants, ainsi que le braconnage et le trafic d’espèces sauvages continuent de mettre en péril la paix et la stabilité en République centrafricaine,

Se disant préoccupé par les informations faisant état de voyages effectués par des individus désignés en application de sa résolution 2127 (2013), et notant l’importance déterminante de l’application effective du régime des sanctions, notamment le rôle clef que les États voisins, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales, peuvent jouer à cet égard, et encourageant les efforts visant à continuer d’améliorer la coopération,

Se déclarant de nouveau gravement préoccupé par la situation humanitaire catastrophique en République centrafricaine, par les conséquences de la détérioration de la situation sécuritaire sur l’accès humanitaire, et par les violences perpétrées contre les travailleurs humanitaires, mettant tout particulièrement l’accent sur les besoins humanitaires actuels de plus de 600 000 personnes déplacées et de près de 500 000 réfugiés dans les pays voisins, et s’inquiétant des répercussions que les flux de réfugiés ont sur la situation au Tchad, au Cameroun et en République démocratique du Congo ainsi que dans d’autres pays de la région,

Rappelant qu’il incombe au premier chef aux autorités centrafricaines de protéger et promouvoir le droit de tous, y compris des personnes déplacées, sans distinction, de se déplacer librement dans le pays, de choisir leur lieu de résidence et de respecter leur droit de revenir dans leur pays ou de le quitter pour demander asile ailleurs, et se déclarant préoccupé par le sort des civils pris au piège dans des enclaves où l’accès aux secours humanitaires est très limité;

Rappelant la tenue, entre le 21 janvier et le 8 mars 2015, de consultations populaires dans tout le pays qui ont permis à des milliers d’habitants de la République centrafricaine de faire part de leurs vues sur l’avenir de leur pays, et la tenue, en mai 2015, du Forum de Bangui, au cours duquel ont été adoptés le Pacte républicain pour la paix, la réconciliation nationale et la reconstruction en République centrafricaine ainsi que les accords sur les principes de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, la justice et la réconciliation, et la réforme du secteur de la sécurité, et sur l’engagement des groupes armés de mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants et de libérer tous les enfants qui se trouvent dans leurs rangs,

Rappelant le référendum constitutionnel organisé pacifiquement le 13 décembre 2015 et les élections législatives et présidentielle tenues en décembre 2015 et février et mars 2016, ainsi que l’investiture du Président Faustin-Archange Touadéra le 30 mars 2016,

Rappelant qu’il faut mettre en place des programmes de désarmement, démobilisation, réintégration ouverts à tous, tenant compte des disparités entre les sexes, et efficaces, assortis d’un volet rapatriement en ce qui concerne les combattants étrangers, y compris les enfants précédemment associés à des forces et groupes armés, sans méconnaître l’impératif de lutter contre l’impunité,

Rappelant le bon déroulement des activités préalables au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration et des programmes de réduction de la violence communautaire, qui ont contribué à réduire la présence des membres de groupes armés,

Soulignant la nécessité de soutenir au niveau national et de coordonner au niveau international les efforts visant à transformer le secteur de la sécurité en République centrafricaine et insistant sur le rôle crucial que jouent les forces de sécurité intérieure (police et gendarmerie) dans le rétablissement de la sécurité des populations locales, de la sécurité publique et de l’état de droit en République centrafricaine,

Saluant à cet égard le travail accompli par la mission de formation de l’Union européenne (EUTM-RCA) pour soutenir la réforme des forces armées centrafricaines afin qu’elles soient multiethniques, professionnelles et représentatives, comme indiqué dans la lettre de la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, en date du 30 mai 2016,

Rappelant ses résolutions sur la protection des civils en période de conflit armé, y compris les résolutions 2286 (2016) et 1894 (2009), ses résolutions sur le sort des enfants en temps de conflit armé, y compris la résolution 2225 (2015), et ses résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité, y compris les résolutions 2106 (2013) et 2242 (2015), et demandant à toutes les parties en République centrafricaine de coopérer avec la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit,

Se déclarant préoccupé par le fait que des enfants ont continué d’être victimes de violences commises par des éléments armés de l’ex-Séléka, de groupes antibalaka et d’autres groupes armés, dont l’Armée de résistance du Seigneur, et que des femmes et des filles continuent d’être victimes de sévices et de violences sexuelles et sexistes en République centrafricaine,

Se félicitant de la ratification par les autorités de la République centrafricaine, le 21 septembre 2017, du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et soulignant qu’il importe que le Protocole soit appliqué intégralement,

Soulignant que le rôle et la contribution continus des pays voisins, de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ainsi que de l’Union africaine, demeurent déterminants pour la promotion d’une paix et d’une stabilité durables en République centrafricaine, et réitérant sa gratitude pour les efforts que ces acteurs continuent de déployer à cet égard,

Se félicitant du ferme engagement pris par l’Union européenne et de la participation active de la Communauté de Sant’Egidio à travers l’accord signé à Rome le 19 juin 2017, qui constitue un pas important en faveur de la paix et de la stabilité en République centrafricaine, ainsi que de l’engagement pris d’autres organisations internationales telles que l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Organisation de la Conférence islamique, et saluant les contributions bilatérales des États Membres à la stabilisation du pays,

Demandant aux partenaires internationaux d’aider les autorités centrafricaines à renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles de la police nationale, de la gendarmerie et des autorités douanières pour leur permettre de surveiller efficacement les frontières et les points d’entrée, notamment afin de soutenir l’application des mesures renouvelées et modifiées par le paragraphe 1 de la résolution 2339 (2017) et le désarmement et le rapatriement des éléments armés étrangers,

Soulignant qu’il faut exécuter le mandat de la MINUSCA sur la base d’une priorisation des tâches et, le cas échéant, par étapes,

Prenant acte avec satisfaction du rapport du Secrétaire général, en date du 16 octobre 2017 (S/2017/865);

Constatant que la situation en République centrafricaine continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Processus politique

1.    Réaffirme son soutien au Président Faustin-Archange Touadéra et à son gouvernement et salue ses efforts pour faire progresser le dialogue avec les groupes armés et étendre l’autorité de l’État à tout le pays ainsi que les engagements qu’il a pris lors de la réunion de haut niveau sur la République centrafricaine, tenu en marge de l’Assemblée générale en septembre 2017;

2.    Se félicite des mesures qui ont été prises à cet égard, telles que l’adoption et la mise en œuvre du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix, l’adoption d’une stratégie nationale pour le rétablissement de l’autorité de l’État, l’adoption d’une politique nationale de sécurité et d’une stratégie nationale pour la réforme du secteur de la sécurité, la validation d’un plan de réforme des forces de sécurité intérieure, le lancement du projet pilote de désarmement, démobilisation et réintégration et, le cas échéant, de rapatriement, ainsi que les efforts récemment déployés pour assurer une plus large représentation de toutes les composantes de la société au sein du Gouvernement centrafricain, et encourage les autorités de la République centrafricaine à poursuivre leurs efforts visant à mettre en place des mécanismes de gouvernance plus inclusifs en vue de créer un environnement favorable à l’établissement d’un consensus national et aux progrès du processus politique;

3.    Se félicite de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, qui a conduit à l’adoption de la feuille de route, lors de la Conférence ministérielle tenue à Libreville le 17 juillet 2017, par les autorités centrafricaines, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs avec l’appui de l’ Angola, du Congo, du Gabon et du Tchad, et réaffirme que cette initiative et cette feuille de route constituent le principal cadre pour une solution politique en République centrafricaine, comme les autorités centrafricaines en sont convenues et sous leur direction;

4.    Réaffirme qu’il convient de coordonner toutes les initiatives en faveur de la paix et de la réconciliation en République centrafricaine, encourage l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation à collaborer étroitement avec l’ONU, et se félicite à cet égard de la décision prise par le Panel de facilitateurs d’assurer la cohérence de ses activités dans le cadre d’un partenariat stratégique et opérationnel avec la MINUSCA, ainsi que de l’assistance fournie par la Mission au Panel, et invite les partenaires internationaux à apporter un appui politique et financier aux travaux de ce Panel;

5.    Engage vivement les autorités centrafricaines et les groupes armés à participer dans un esprit constructif et de bonne foi à un processus de paix inclusif pour parvenir à un accord politique global, comme l’ont réaffirmé les Ministres des affaires étrangères des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale lors de la réunion extraordinaire qu’ils ont tenue le 21 octobre 2017;

6.    Exige de toutes les milices et de tous les groupes armés qu’ils déposent les armes, mettent fin aux violences et activités déstabilisatrices sous toutes leurs formes, y compris les attaques contre les soldats de la paix et les travailleurs humanitaires ainsi que les incitations à la haine et à la violence, et libèrent immédiatement et sans condition les enfants qui se trouvent dans leurs rangs, et exhorte tous les acteurs politiques et institutionnels en République centrafricaine à condamner fermement de tels actes et à empêcher qu’ils soient commis;

7.    Exige également de toutes les milices et de tous les groupes armés qu’ils cessent leurs attaques contre les soldats de la paix et les travailleurs humanitaires;

8.    Exhorte les autorités centrafricaines à parvenir d’urgence à une véritable réconciliation de toutes les parties dans le pays, notamment en luttant contre la marginalisation et en répondant aux revendications locales de toutes les composantes de la société sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, y compris au moyen de politiques nationales de développement économique et de recrutement dans la fonction publique, pour promouvoir les initiatives de réconciliation aux niveaux régional, national, préfectoral et local, notamment dans le cadre d’élections locales;

9.    Invite les autorités centrafricaines à faire en sorte que les politiques et les cadres législatifs nationaux protègent dûment les droits de l’homme des personnes déplacées, y compris la liberté de mouvement, et appuie l’adoption de solutions durables en faveur des personnes déplacées et des populations réfugiées, y compris le retour chez elles, librement consenti et durable, en toute sécurité et dans la dignité, et l’intégration locale ou la réinstallation;

10.   Rappelle le rôle crucial que joue la société civile dans le processus de paix et de réconciliation pour faire en sorte que l’accord politique global s’attaque aux causes profondes du conflit et encourage la participation entière et effective des femmes à ce processus;

11.   Souligne qu’il importe de respecter la Constitution pour garantir la stabilisation et le développement à long terme de la République centrafricaine;

12.   Encourage les États Membres à présenter au Comité créé par le paragraphe 57 de la résolution 2127 (2013) des demandes d’inscription sur la liste des sanctions, contenant des éléments de preuve détaillés à l’appui de chaque demande, concernant des personnes et entités participant ou fournissant un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité de la République centrafricaine, notamment des actes qui menacent ou entravent le processus politique ou celui de stabilisation et réconciliation, ou qui alimentent la violence;

13.   Prie instamment les autorités centrafricaines de lutter contre la présence et l’activité des groupes armés en République centrafricaine en ayant recours à une stratégie globale qui privilégie le dialogue et l’application rapide d’un programme inclusif de désarmement, démobilisation et réintégration et, le cas échéant, de rapatriement, qui sera mis en œuvre parallèlement à la réforme du secteur de la sécurité et garantit l’encadrement civil des forces de défense et de sécurité nationales, avec l’aide de la communauté internationale;

14.   Demande aux autorités centrafricaines d’appliquer la politique de nationale de sécurité et la stratégie nationale pour la réforme du secteur de la sécurité afin de se doter de forces de défense nationale et de sécurité intérieure professionnelles, ethniquement représentatives et régionalement équilibrées, notamment grâce à l’adoption et l’application de procédures appropriées de vérification préalable, notamment du respect des droits de l’homme, pour tout le personnel de défense et de sécurité, ainsi que de mesures permettant d’intégrer des éléments des groupes armés qui répondent à des critères rigoureux de sélection et de vérification préalable, et prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès enregistrés à cet égard dans ses rapports périodiques;

15.   Se félicite de la finalisation, en coordination avec la MINUSCA et la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA), du Document d’orientation 2017-2019 pour le redéploiement des forces armées centrafricaines, comme il est demandé dans la résolution 2301 (2016), qui fixe les conditions du redéploiement progressif des unités des forces armées centrafricaines formées par EUTM-RCA, en coordination avec la MINUSCA, EUTM-RCA et d’autres partenaires internationaux compétents, afin de contribuer à l’extension de l’autorité de l’État et à la sécurité, et demande aux autorités centrafricaines d’élaborer et d’arrêter définitivement, dans un délai raisonnable, les autres procédures nécessaires à la pleine réopérationalisation des forces armées centrafricaines;

16.   Demande aux autorités centrafricaines de prendre, sans délai et à titre prioritaire, des mesures concrètes visant à renforcer les institutions judiciaires et à lutter contre l’impunité, afin de contribuer à la stabilisation et la réconciliation, notamment en rétablissant l’administration de l’appareil judiciaire, du système de justice pénale et du système pénitentiaire dans tout le pays, en démilitarisant les prisons, en remplaçant progressivement les forces armées centrafricaines grâce au recrutement de personnel pénitentiaire civil et en veillant à permettre à tous d’accéder à une justice impartiale et équitable;

17.   Se félicite à cet égard que la Cour pénale spéciale ait commencé à s’acquitter progressivement de ses fonctions et que le Comité de pilotage chargé de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation ait été établi;

18.   Demande aux autorités centrafricaines de continuer à s’employer à rétablir l’autorité effective de l’État sur l’ensemble du territoire, notamment en redéployant l’administration de l’État dans les provinces et en garantissant le versement sans retard des traitements des fonctionnaires et des forces de sécurité, l’objectif étant d’assurer une gouvernance stable, responsable, inclusive et transparente;

19.   Encourage les autorités centrafricaines, agissant avec le concours de la communauté internationale, en particulier avec les institutions financières internationales qui pilotent l’action internationale, et compte tenu des objectifs cruciaux de consolidation de la paix et d’édification de l’État, à continuer de renforcer les mécanismes de gestion des finances publiques et de responsabilité financière, englobant le recouvrement des recettes fiscales, le contrôle des dépenses et les pratiques en matière de passation de marchés publics et d’attribution de concessions, en s’appuyant sur les données d’expérience internationales en la matière, d’une façon qui leur permette de faire face aux dépenses de fonctionnement de l’État, de mettre en œuvre des plans de relèvement rapide et de relancer l’économie, dans le sens de l’appropriation nationale et du respect de la souveraineté de la République centrafricaine;

20.   Engage les États Membres et les organisations internationales et régionales à verser les contributions annoncées à la Conférence internationale, tenue à Bruxelles le 17 novembre 2016, et à la Conférence sur la solidarité africaine, tenue à Addis-Abeba le 1er février 2017, pour faciliter la mise en œuvre des objectifs prioritaires du pays en matière de consolidation de la paix, énoncés dans la stratégie nationale pour le relèvement et la consolidation de la paix visant à fournir aux autorités centrafricaines un appui pour la conduite des réformes et le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, y compris des contributions pour le versement des salaires et autres dépenses nécessaires, en plus de l’appui fourni à la réforme du secteur de la sécurité et des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration et, le cas échéant, de rapatriement et à la remise en état de l’appareil judiciaire et du système de justice pénale, y compris la Cour pénale spéciale et, à cet égard, encourage les autorités centrafricaines à accélérer la mise en œuvre effective du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix;

21.   Se félicite que l’Organisation des Nations Unies, notamment le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, les États voisins, l’Union européenne, le Groupe de contact international, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d’autres partenaires et donateurs internationaux demeurent résolus à appuyer la stabilisation de la République centrafricaine;

22.   Prend note de l’élaboration d’un cadre de responsabilité mutuelle entre les autorités centrafricaines et les partenaires internationaux, sous la direction du Gouvernement centrafricain, dans le but de renforcer la transparence et la responsabilité ainsi que la cohérence et l’appui durable des partenaires internationaux de la République centrafricaine en faveur des priorités nationales convenues;

23.   Souligne, à cet égard, que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle précieux en apportant des conseils stratégiques et en favorisant une concertation, une coordination et une intégration accrues des efforts déployés à l’échelle internationale en matière de consolidation de la paix, prend acte du rôle actif joué par le Royaume du Maroc et encourage la poursuite de la coopération avec la Commission de consolidation de la paix et les autres organisations et institutions internationales compétentes en vue de répondre aux besoins de consolidation de la paix de la République centrafricaine à long terme;

Droits de l’homme, y compris la protection de l’enfance et les violences sexuelles commises en période de conflit

24.   Réaffirme qu’il faut d’urgence traduire en justice tous les auteurs de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, quel que soit leur statut ou leur appartenance politique, et que certains de ces actes peuvent être constitutifs de crimes au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, dont la République centrafricaine est un État partie;

25.   Rappelle que le Procureur de la Cour pénale internationale a pris, le 24 septembre 2014, la décision d’ouvrir, comme suite à une demande des autorités nationales, une enquête sur les allégations de crimes commis depuis 2012, et se félicite de la poursuite de la coopération des autorités centrafricaines à cet égard;

26.   Prend note à cet égard du rapport sur le projet répertoriant les violations graves du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire et les atteintes à ces droits commises sur le territoire de la République centrafricaine entre janvier 2003 et décembre 2015, et encourage les autorités centrafricaines à donner suite aux recommandations formulées à ce sujet;

27.   Prie instamment toutes les parties au conflit armé en République centrafricaine, y compris les éléments de l’ex-Séléka et les éléments antibalaka, de mettre fin à toutes les violations et à tous les sévices commis contre des enfants en violation du droit international applicable, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants, les viols et violences sexuelles, les meurtres et les mutilations, les enlèvements et les attaques contre des écoles et des hôpitaux, et demande aux autorités centrafricaines d’ouvrir sans tarder des enquêtes sur les violations et sévices présumés afin d’amener les auteurs de ces actes à en répondre, et de veiller à ce que les responsables de ces violations et sévices soient exclus du secteur de la sécurité;

28.   Exige de nouveau de toutes les parties qu’elles protègent et considèrent comme victimes les enfants libérés ou autrement séparés des forces et groupes armés, et souligne qu’il faut accorder une attention particulière à la protection, à la libération et à la réintégration de tous les enfants associés à des forces et groupes armés;

29.   Demande à toutes les parties au conflit armé en République centrafricaine, y compris les éléments de l’ex-Séléka et les éléments anti-aalaka, de cesser toute violence sexuelle et sexiste, et demande aux autorités centrafricaines d’ouvrir sans tarder des enquêtes sur les violations présumées afin d’amener les auteurs à en répondre, d’élaborer un cadre structuré et complet de lutte contre les violences sexuelles commises en période de conflit, conformément aux résolutions 1960 (2010) et 2106 (2013), de veiller à ce que les responsables de tels crimes soient exclus du secteur de la sécurité et fassent l’objet de poursuites et de permettre aux victimes de violences sexuelles d’accéder immédiatement aux services disponibles;

Opération de maintien de la paix

30.   Réaffirme son ferme soutien au Représentant spécial du Secrétaire général, Parfait Onanga-Anyanga;

31.   Décide de proroger le mandat de la MINUSCA jusqu’au 15 novembre 2018;

32.   Décide d’autoriser une augmentation des effectifs de 900 militaires par rapport au chiffre figurant au paragraphe 24 de la résolution 2301 (2016) afin d’accroître la flexibilité et la mobilité de la MINUSCA pour lui permettre d’exécuter plus efficacement l’intégralité de son mandat, et, en particulier, la tâche de protection des civils énoncée au paragraphe 42 a), portant ainsi l’effectif maximal autorisé à 11 650 militaires, dont 480 observateurs militaires et officiers d’état-major, 2 080 policiers, dont 400 agents de police, et 108 responsables des questions pénitentiaires, et rappelle qu’il compte garder ce chiffre en permanence sous examen;

33.   Rappelle qu’il importe que les actuels et futurs pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police fournissent des contingents ou du personnel de police ayant les capacités, l’équipement et la formation préalable au déploiement nécessaires pour aider la MINUSCA à bien fonctionner et prie le Secrétaire général d’accélérer le recrutement de personnel qualifié justifiant des compétences, de l’instruction, de l’expérience et des connaissances linguistiques requises pour s’acquitter de manière adéquate et effective des tâches décrites aux paragraphes 42 à 44 ci-après;

34.   Prie le Secrétaire général de prendre toutes les mesures possibles, notamment en usant pleinement des pouvoirs existants, et à sa discrétion, pour que la MINUSCA puisse atteindre sa pleine capacité opérationnelle et soit apte à s’acquitter de son mandat sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, en s’attachant principalement aux domaines prioritaires, notamment en utilisant de nouvelles unités rapidement déployables et en renforçant son personnel, ses moyens de transport et ses moyens d’obtenir rapidement des informations fiables et concrètes sur les menaces qui pèsent sur les civils, et des outils analytiques pour exploiter les informations, tout en continuant d’améliorer les performances de la Mission;

35.   Salue la détermination dont font preuve les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police dans l’exécution du mandat de la Mission dans un environnement difficile et, à cet égard, souligne que les restrictions nationales non déclarées, l’absence de direction et de commandement efficaces, le refus d’obéir aux ordres, l’inaction face aux attaques perpétrées contre des civils et l’insuffisance des équipements risquent de compromettre l’exécution efficace du mandat dont chacun partage la responsabilité;

36.   Note les progrès accomplis par tous les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police pour ce qui est de respecter les normes de l’Organisation des Nations Unies, et leur demande de mener à bien immédiatement l’achat et le déploiement de tout le matériel appartenant aux contingents requis, afin de se conformer aux normes des Nations Unies relatives aux contingents et aux unités de police;

37.   Demande au Secrétariat de continuer d’étudier, selon que de besoin, la possibilité de recourir à des « équipes de police spécialisées » et au matériel spécialisé nécessaire pour développer et renforcer les capacités des forces de police et de gendarmerie et leur fournir un appui opérationnel;

38.   Demande instamment à la MINUSCA et à tous les organismes compétents de l’ONU d’accorder au Groupe d’experts créé par la résolution 2127 (2013) un accès sans entrave et sécurisé, en particulier aux personnes, aux documents et aux sites qu’ils contrôlent, afin que le Groupe puisse s’acquitter de son mandat;

39.   Rappelle que l’objectif stratégique de la MINUSCA est d’aider à créer des conditions qui permettent de réduire durablement la présence de groupes armés et la menace qu’ils représentent en adoptant une approche globale et une position proactive et robuste, sans préjudice des principes fondamentaux du maintien de la paix;

40.   Rappelle que le mandat de la MINUSCA devrait être exécuté sur la base d’une priorisation des tâches énoncées aux paragraphes 42 à 44 de la présente résolution et, le cas échéant, par étapes, et prie en outre le Secrétaire général de refléter cette priorisation des tâches dans le déploiement de la mission et d’aligner les ressources budgétaires, tout en veillant à affecter des ressources suffisantes à l’exécution du mandat;

41.   Autorise la MINUSCA à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement;

42.   Décide que le mandat de la MINUSCA comportera les tâches prioritaires suivantes:

a)    Protection des civils

i)    Protéger la population civile qui se trouve sous la menace de violences physiques, sans préjudice de la responsabilité principale des autorités centrafricaines et des principes fondamentaux du maintien de la paix définis dans la déclaration de son président S/PRST/2015/22;

ii)   Prendre des mesures actives, en appui aux autorités centrafricaines, pour anticiper, écarter et répondre efficacement à toute menace grave ou crédible à l’encontre de la population civile et, à cet égard, améliorer les systèmes d’alerte précoce, tout en maintenant un déploiement préventif et une présence mobile, flexible et robuste, et en organisant des patrouilles actives, en particulier dans les zones à haut risque;

iii)  Accorder une protection particulière aux femmes et aux enfants touchés par le conflit armé, notamment en déployant des conseillers pour la protection de l’enfance, des conseillers pour la protection des femmes et des conseillers pour la problématique hommes-femmes;

iv)   Recenser et signaler les menaces et les attaques dirigées contre des civils, mettre en œuvre des plans de prévention et d’intervention et renforcer la coopération civilo-militaire;

v)    Mettre pleinement en œuvre, en consultation étroite avec les organismes humanitaires et de défense des droits de l’homme et les autres partenaires intéressés, la stratégie de protection des civils à l’échelle de la Mission;

b)    Bons offices et appui au processus de paix, y compris à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et à la justice transitionnelle

i)    Renforcer l’appui à un dialogue politique inclusif, mené par le Gouvernement de la République centrafricaine, et en partenariat avec l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine;

ii)   Accompagner les efforts des autorités centrafricaines, aux niveaux national et local, pour faire participer davantage les partis politiques, la société civile et les femmes au processus de paix, en collaboration avec l’Initiative africaine et d’autres acteurs de médiation;

iii)  Offrir ses bons offices et ses conseils techniques à l’appui des efforts de lutte contre les causes profondes du conflit, en particulier en mettant davantage l’accent sur la réconciliation nationale et le règlement des conflits locaux, en coopération avec les organismes régionaux et locaux compétents et les chefs religieux, tout en assurant la participation pleine et effective des femmes, conformément au plan d’action de la République centrafricaine pour les femmes et la paix et la sécurité, et en s’appuyant sur le dispositif intégré d’information et d’analyse des organismes des Nations Unies présents dans le pays;

iv)   Appuyer les efforts déployés par les autorités centrafricaines pour traiter la justice transitionnelle dans le cadre du processus de paix et de réconciliation, lutter contre la marginalisation et répondre aux revendications locales, notamment par l’établissement d’un dialogue avec les groupes armés et les dirigeants de la société civile, y compris les femmes et les représentants des jeunes, et en aidant les autorités locales, nationales et préfectorales à promouvoir la confiance entre les communautés;

v)    Fournir une expertise technique au Gouvernement centrafricain dans sa collaboration avec les pays voisins, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et l’Union africaine, en consultation et en coordination avec le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale;

vi)   Continuer d’appuyer l’action menée sur le plan politique par l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, ainsi que les travaux du Panel de facilitateurs, à l’appui du processus politique;

c)    Aide à la mise en place de conditions de sûreté favorables à l’acheminement immédiat, complet, en toute sécurité et sans entrave de l’aide humanitaire

Resserrer la collaboration avec les acteurs humanitaires pour aider à la mise en place des conditions de sûreté favorables à l’acheminement immédiat, complet, en toute sécurité et sans entrave, sous la direction de civils, de l’aide humanitaire, conformément aux principes de l’ONU régissant l’action humanitaire et aux dispositions pertinentes du droit international, et au retour librement consenti et durable, en toute sécurité et dans la dignité, des réfugiés et des personnes déplacées, à leur intégration sur place ou à leur réinstallation, en étroite coopération avec les acteurs humanitaires;

d)    Protection du personnel et des biens des Nations Unies

Protéger le personnel, les installations, le matériel et les biens des Nations Unies et assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé;

43.   Autorise par ailleurs la MINUSCA à entreprendre les activités suivantes relevant de son mandat, sachant que ces tâches ainsi que celles énoncées au paragraphe 42 ci-dessus se renforcent mutuellement:

a)    Appui à l’extension de l’autorité de l’État, au déploiement des forces de sécurité, et au maintien de l’intégrité territoriale

i)    Continuer d’aider le Gouvernement centrafricain à mettre en œuvre sa stratégie d’extension de l’autorité de l’État, notamment en lui donnant des conseils sur la mise en place, sous sa supervision, d’arrangements sécuritaires et administratifs provisoires acceptables pour la population grâce à des efforts séquencés selon des priorités identifiées et des zones géographiques ciblées, l’objectif étant de répartir clairement les tâches entre l’équipe de pays des Nations Unies et les partenaires pertinents de sorte que la MINUSCA s’attache aux priorités immédiates, à court et à moyen termes et confie les activités à long terme aux partenaires compétents, et continuer de faire rapport au Conseil de sécurité sur les critères de définition des tâches devant être transférées à l’équipe de pays des Nations Unies et aux partenaires;

ii)   Appuyer un transfert progressif des responsabilités relatives à la sécurité des hauts responsables et des fonctions de garde statique des institutions nationales aux forces de sécurité centrafricaines, en coordination avec les autorités centrafricaines, et en tenant compte des risques sur le terrain;

iii)  Promouvoir et soutenir l’extension rapide de l’autorité de l’État sur tout le territoire de la République centrafricaine, notamment en appuyant le déploiement d’agents de la police et de la gendarmerie nationales agréés et formés dans les zones prioritaires, notamment en faisant en sorte qu’ils partagent les mêmes locaux et en leur fournissant des conseils, un encadrement et un suivi, en coordination avec d’autres partenaires, dans le cadre du déploiement de l’administration territoriale et d’autres autorités chargées de l’état de droit, l’objectif étant de renforcer la présence de l’État dans ces zones prioritaires hors de Bangui;

iv)   Envisager, sur la base du Document d’orientation 2017–2019 pour le redéploiement des forces armées centrafricaines demandé dans la résolution 2301 (2016), de fournir un soutien au redéploiement progressif et coordonné des unités des FACA formées par la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA), dans le cadre de la stratégie d’extension de l’autorité de l’État, conformément à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes et pour autant que ce déploiement ne constitue pas un risque pour la stabilisation du pays, pour les civils ou pour le processus politique, et prier le Secrétaire général de lui présenter, pour examen et possible approbation, des recommandations comprenant des objectifs intermédiaires détaillés assortis de délais, dans les six mois suivant l’adoption de la présente résolution, tout en ayant à l’esprit la possibilité de conclure des accords techniques entre l’ONU et des donateurs pour appuyer les forces de défense centrafricaines;

b)    Réforme du secteur de la sécurité

i)    Fournir des conseils stratégiques et techniques aux autorités centrafricaines pour mettre en œuvre la stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité, en étroite coordination avec la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA), l’objectif étant de veiller à la cohérence du processus de réforme, notamment par une répartition claire des responsabilités entre les forces armées centrafricaines, les forces de sécurité intérieure et d’autres corps en uniforme, et par le contrôle démocratique à la fois des forces de défense et des forces de sécurité intérieure;

ii)   Aider les autorités centrafricaines à élaborer une méthode pour la vérification préalable des éléments des forces de défense et de sécurité (forces armées centrafricaines, police et gendarmerie) qui prévoie notamment la vérification préalable du respect des droits de l’homme, en particulier afin de faire en sorte que les auteurs de violations du droit international et du droit interne aient à en répondre, qu’il s’agisse de membres des forces de sécurité ou d’éléments des groupes armés démobilisés, au moment d’envisager leur intégration dans les institutions du secteur de la sécurité;

iii)  Jouer un rôle de premier plan dans l’appui fourni aux autorités centrafricaines pour la mise en œuvre du plan national de développement et de renforcement des capacités des forces de sécurité intérieure, en particulier en ce qui concerne les structures de commandement et de contrôle et les mécanismes de supervision, et coordonner l’assistance internationale à cet égard;

iv)   Aider le Gouvernement centrafricain à mettre au point un système d’incitation pour la formation des forces de police et de gendarmerie et pour la sélection, le recrutement, la vérification préalable et la formation de policiers et de gendarmes, avec l’appui de donateurs et de l’équipe de pays des Nations Unies, en tenant compte de la nécessité de recruter des femmes et dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme appliquée par l’ONU;

v)    Coordonner la fourniture de l’assistance technique et les activités de formation entre les partenaires internationaux présents en République centrafricaine, en particulier avec la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine, afin d’assurer une répartition claire des tâches dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité, dans l’intérêt des forces armées centrafricaines et des forces de sécurité intérieure centrafricaines (police et gendarmerie);

c)    Désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement

i)    Aider les autorités centrafricaines à élaborer et mettre en œuvre un programme inclusif et progressif pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) des membres des groupes armés et, dans le cas des combattants étrangers, pour leur rapatriement (DDRR), conformément aux principes de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement et d’intégration dans les corps en uniforme, signé lors du Forum de Bangui, le 10 mai 2015, en accordant une attention particulière aux besoins des enfants associés aux forces et groupes armés et à la nécessité d’éviter un nouvel enrôlement, y compris par la mise en œuvre du projet pilote et d’autres projets de DDRR, y compris les programmes axés sur l’égalité des sexes, avec pour objectif le désarmement, la démobilisation et la réintégration ainsi que, en coordination avec la mission de formation de l’Union européenne (EUTM-RCA), l’équipe-pays des Nations Unies et d’autres partenaires compétents, l’intégration dans les forces de sécurité des éléments des groupes armés dont les antécédents ont été vérifiés et remplissant les conditions requises, pour encourager les groupes armés à continuer de participer au processus politique et en préparation du programme national de DDR;

ii)   Aider les autorités centrafricaines et les organisations de la société civile concernées à élaborer et mettre en œuvre des programmes de réduction de la violence communautaire, y compris des programmes axés sur l’égalité des sexes, à l’intention des membres des groupes armés non admis à participer au programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, en coopération avec les partenaires de développement et en collaboration avec les communautés d’accueil conformément aux priorités énoncées dans le Plan national de relèvement et de consolidation de la paix;

iii)  Fournir une assistance technique aux autorités centrafricaines pour l’élaboration et l’exécution d’un plan national visant à intégrer dans les forces de défense et de sécurité les membres démobilisés des groupes armés qui remplissent les conditions requises, dans le droit fil du programme plus général de réforme du secteur de la sécurité et compte tenu de la nécessité de mettre en place des forces nationales de sécurité et de défense professionnelles, représentatives des différentes ethnies et équilibrées sur le plan géographique;

d)    Promotion et protection des droits de l’homme

i)    Surveiller les violations du droit international humanitaire et les atteintes aux droits de l’homme commises sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, concourir aux enquêtes et faire rapport publiquement et au Conseil de sécurité à ce sujet;

ii)   Surveiller les violations et sévices commis contre les femmes et les enfants, y compris les viols et autres formes de violence sexuelle commis en période de conflit armé, concourir aux enquêtes et faire rapport à ce sujet, en collaboration avec l’Unité mixte d’intervention rapide de la gendarmerie et de la police créée pour lutter contre les violences sexuelles (UMIRR);

iii)  Aider les autorités centrafricaines à protéger et promouvoir les droits de l’homme et à prévenir les violations et les atteintes, et à renforcer les capacités des organisations de la société civile;

e)    Action en faveur de la justice nationale et internationale, de la lutte contre l’impunité et de l’état de droit

i)    Concourir à renforcer l’indépendance de la magistrature et les capacités du système judiciaire du pays, et à renforcer l’efficacité de l’appareil judiciaire, ainsi que l’efficacité et les responsabilités de l’appareil pénitentiaire;

ii)   Concourir à renforcer les capacités de l’institution nationale de défense des droits de l’homme, en coordonnant son action avec l’Experte indépendante chargée de surveiller la situation des droits de l’homme, selon qu’il conviendra;

Mesures temporaires d’urgence:

iii)  Adopter d’urgence et activement, sur demande formelle des autorités centrafricaines et dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement, à titre exceptionnel et sans constituer de précédent ni remettre en cause les principes convenus régissant les opérations de maintien de la paix, dans des zones où les forces de sécurité nationales ne sont pas présentes ou ne sont pas opérationnelles, des mesures temporaires d’urgence de portée limitée, assorties de délais et compatibles avec les objectifs énoncés aux paragraphes 42 et 43 e), pour procéder à des arrestations et des mises en détention en vue de maintenir l’ordre public fondamental et de lutter contre l’impunité;

iv)   Accorder une attention particulière, dans le cadre de l’application des mesures temporaires d’urgence dans les conditions susmentionnées, à ceux qui se livrent ou apportent un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République centrafricaine, notamment des actes qui menacent ou entravent le processus politique, la stabilisation et la réconciliation, ou qui alimentent les violences;

Cour pénale spéciale

v)    Fournir une assistance technique aux autorités centrafricaines pour ce qui est d’identifier les responsables de violations du droit international humanitaire et d’atteintes aux droits de l’homme commises sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, de mener des enquêtes et d’engager des poursuites, afin que ces personnes puissent être traduites en justice, et d’aider à prévenir ces violations et atteintes;

vi)   Appuyer et coordonner l’assistance internationale fournie à la justice et aux institutions pénitentiaires pour remettre sur pied le système de justice pénale, dans le cadre du rôle dévolu au Coordonnateur des Nations Unies pour l’état de droit, d’une manière qui privilégie l’encadrement civil, l’impartialité et la protection des droits de l’homme;

vii)  Fournir une assistance technique aux autorités centrafricaines, en association avec d’autres partenaires internationaux, pour appuyer la mise en place de la Cour pénale spéciale nationale, conformément aux lois et à la juridiction de la République centrafricaine et dans le respect des obligations de celle-ci en matière de droit international humanitaire et de droit international des droits de l’homme, afin de contribuer à l’extension de l’autorité de l’État;

viii) Apporter, en association avec d’autres partenaires internationaux, une assistance technique aux autorités centrafricaines et renforcer leurs capacités en vue de faciliter le bon fonctionnement de la Cour pénale spéciale, en particulier dans les domaines des enquêtes, des arrestations, de la détention, de l’analyse criminelle et scientifique, de la collecte et de la conservation d’éléments de preuve, du recrutement et de la sélection du personnel, de la gestion de la Cour, de la stratégie en matière de poursuites et de la constitution des dossiers, et de l’établissement d’un système d’assistance juridique, le cas échéant, ainsi que renforcer la sécurité des magistrats, notamment dans les locaux et durant les procédures de la Cour, et prendre des mesures visant à assurer la protection des victimes et des témoins, dans le respect des obligations internationales de la République centrafricaine en matière de droits de l’homme, plus particulièrement du droit à un procès équitable et à une procédure régulière;

ix)   Faciliter la coordination et la mobilisation de l’appui bilatéral et multilatéral en faveur de la mise en place et du bon fonctionnement de la Cour pénale spéciale;

État de droit

x)    Appuyer et coordonner l’assistance internationale fournie pour renforcer les capacités et l’efficacité du système de justice pénale, ainsi que l’efficacité et les responsabilités de la police et du système pénitentiaire;

xi)   Concourir, sans préjudice de la responsabilité principale des autorités centrafricaines, au rétablissement et au maintien de la sécurité publique et de l’état de droit, notamment en arrêtant et en remettant aux autorités centrafricaines, conformément au droit international, les personnes responsables dans le pays de graves atteintes aux droits de l’homme et de violations graves du droit international humanitaire, y compris les violences sexuelles en période de conflit, afin qu’elles puissent être traduites en justice, et en coopérant avec les États de la région et, dans les cas de crimes relevant de sa compétence, avec la Cour pénale internationale;

f)    Exploitation illicite et trafic des ressources naturelles

Continuer d’aider les autorités centrafricaines à élaborer et finaliser une stratégie nationale de lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles et les réseaux de trafiquants qui continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine, en tenant compte, s’il y a lieu, des rapports du Groupe d’experts créé par la résolution 2127 (2013) et des décisions issues du Processus de Kimberley, le but étant d’étendre l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et ses ressources;

44.   Autorise en outre la MINUSCA à mener les tâches supplémentaires ci-après:

a)    Coordonner l’assistance internationale, comme il convient;

b)    Fournir une assistance au Comité créé par le paragraphe 57 de la résolution 2127 (2013) et au Groupe d’experts créé par la même résolution, notamment en leur communiquant les renseignements utiles à l’exécution de leur mandat;

c)    Surveiller l’application des mesures reconduites et modifiées par le paragraphe 1 de la résolution 2339 (2017), en coopération avec le Groupe d’experts créé par la résolution 2127 (2013), notamment en inspectant, si elle le juge nécessaire et le cas échéant sans préavis, toutes armes et tout matériel connexe, où qu’ils se trouvent, et tenir les autorités informées des efforts déployés pour empêcher les groupes armés d’exploiter les ressources naturelles;

d)    Saisir et collecter les armes et le matériel connexe transférés en République centrafricaine en violation des mesures imposées par le paragraphe 1 de la résolution 2339 (2017), les enregistrer et les éliminer selon qu’il conviendra;

e)    Fournir aux autorités compétentes de l’État des moyens de transport pour la conduite des inspections et des visites de contrôle dans les principaux sites et zones d’extraction s’il y a lieu et au cas par cas et, lorsque la situation le permettra, afin de promouvoir et de soutenir l’extension rapide de l’autorité de l’État sur tout le territoire;

45.   Prie le Secrétaire général de déployer et d’affecter le personnel et les compétences disponibles au sein de la MINUSCA de façon à prendre en compte les priorités définies aux paragraphes 42 à 44 de la présente résolution, et d’adapter constamment ce déploiement en fonction des progrès accomplis dans la mise en œuvre du mandat;

46.   Encourage la MINUSCA à définir des cibles chiffrables pour évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’objectif stratégique défini au paragraphe 39 de la présente résolution;

47.   Prie la MINUSCA de continuer à utiliser des outils de communication pertinents et adaptés, en particulier la radio, pour aider la population locale à mieux comprendre son mandat, ses activités, et instaurer des relations de confiance avec les citoyens de la République centrafricaine, les parties au conflit, les acteurs régionaux et d’autres acteurs internationaux et les partenaires sur le terrain, dans le cadre d’une stratégie politique efficace;

48.   Prie la MINUSCA d’être sensible aux effets qu’ont sur l’environnement les activités qu’elle mène en exécution des tâches qui lui sont confiées, et de maîtriser ces effets, selon qu’il convient et conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et règles et règlements applicables de l’Organisation.

49.   Demande à la République centrafricaine, aux États voisins et aux autres États membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs de coopérer au niveau régional en vue d’enquêter sur les réseaux criminels et les groupes armés impliqués dans l’exploitation illégale et la contrebande des ressources naturelles, notamment l’or et les diamants, et le braconnage et le trafic d’espèces sauvages, et de lutter contre ces réseaux et groupes;

50.   Prie la MINUSCA de tenir pleinement compte, dans tous les aspects de son mandat, de la question transversale que constitue la protection de l’enfance et d’aider les autorités centrafricaines à garantir que la protection des droits de l’enfant est prise en compte, notamment dans les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration et, le cas échéant, de rapatriement et dans la réforme du secteur de la sécurité, afin de mettre un terme aux violations et sévices commis contre des enfants, et de les prévenir;

51.   Prie également la MINUSCA de tenir pleinement compte, dans tous les aspects de son mandat, de la question transversale que constitue la problématique hommes-femmes et d’aider les autorités centrafricaines à garantir la contribution, la participation et la représentation pleines et effectives des femmes dans tous les domaines et à tous les niveaux, y compris dans les activités de stabilisation, la justice transitionnelle, les travaux de la Cour pénale spéciale et de la Commission vérité et réconciliation, la réforme du secteur de la sécurité et les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration et, le cas échéant, de rapatriement, ainsi que dans le dialogue politique national et les consultations électorales, notamment en mettant à disposition des conseillers pour la problématique hommes-femmes, et prie en outre la MINUSCA de lui faire rapport en détail sur cette question, et encourage le Secrétariat de l’ONU, en collaboration avec les États Membres, à recruter plus de femmes dans les composantes militaire et civile de la Mission et dans sa composante de police, dans le plein respect du principe d’une répartition géographique équitable et conformément au paragraphe 3 de l’Article 101 de la Charte des Nations Unies;

52.   Rappelle la déclaration de son président S/PRST/2015/22 et sa résolution 2272 (2016) et prie le Secrétaire général de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour s’assurer que la MINUSCA respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de veiller à ce que les antécédents de tous les membres du personnel de la mission soient vérifiés afin de s’assurer qu’ils n’ont eu aucun comportement sexuel répréhensible pendant qu’ils étaient au service des Nations Unies et de le tenir informé des progrès réalisés par la Mission à cet égard dans les rapports qu’il lui adresse, notamment en lui rendant compte de la date à laquelle ont débuté les examens prescrits dans la résolution 2272, des délais convenus et de leur résultat, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment d’organiser une formation de sensibilisation avant le déploiement, et de faire en sorte que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement;

53.   Demande à la MINUSCA de veiller à ce que tout appui fourni à des forces de sécurité non onusiennes soit strictement conforme à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme correspondante, et prie le Secrétaire général de faire figurer dans les rapports qu’il lui adresse des informations sur tout appui de ce type;

54.   Souligne que, dans l’exécution de leurs mandats, la MINUSCA et la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine doivent respecter pleinement la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité de la République centrafricaine ainsi que les dispositions applicables du droit international humanitaire, du droit international des droits de l’homme et du droit international des réfugiés, et rappelle l’importance de la formation à cet égard;

Gestion des armes et des munitions

55.   Prie la MINUSCA de saisir, confisquer et détruire activement, selon qu’il conviendra, les armes et les munitions des éléments armés, y compris de toutes les milices et autres groupes armés non étatiques, qui refusent de déposer les armes ou qui ne l’ont pas encore fait, et quand ils représentent une menace imminente pour les civils ou la stabilité de l’État;

56.   Prie également la MINUSCA de fournir une assistance technique aux autorités centrafricaines pour la mise en place opérationnelle de la commission nationale sur les armes légères et de petit calibre en vue de promouvoir le désarmement de la population civile et de lutter contre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre;

57.   Prie en outre la MINUSCA de détruire, le cas échéant, les armes et les munitions des combattants désarmés dans le cadre de son action visant à saisir et collecter les armes et le matériel connexe dont la fourniture, la vente ou le transfert constituent une violation des mesures imposées par le paragraphe 1 de la résolution 2339 (2017);

58.   Demande aux autorités centrafricaines, aux partenaires internationaux et aux entités des Nations Unies concernées, agissant en coordination avec la MINUSCA et le Service de la lutte antimines de l’ONU, de s’attaquer au transfert illicite, à l’accumulation déstabilisatrice et à l’utilisation abusive d’armes légères et de petit calibre en République centrafricaine, et d’assurer de façon sûre et efficace la gestion, l’entreposage et la sécurité des stocks d’armes légères et de petit calibre, ainsi que la collecte ou la destruction des stocks excédentaires et des armes et munitions saisies, non marquées ou détenues illicitement, et souligne en outre à quel point il importe d’intégrer ces éléments à la réforme du secteur de la sécurité et aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration et, le cas échéant, de rapatriement;

59.   Engage les autorités centrafricaines à appliquer la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage, signée à Kinshasa le 30 avril 2010;

Liberté de mouvement de la MINUSCA

60.   Exhorte toutes les parties en République centrafricaine à coopérer pleinement avec la MINUSCA dans le cadre de son déploiement et de ses activités, notamment en assurant sa sûreté, sa sécurité et sa liberté de mouvement, avec accès immédiat et sans entrave à tout le territoire de la République centrafricaine, pour permettre à la Mission de s’acquitter de l’intégralité de son mandat dans un environnement complexe, notamment en contribuant à faire en sorte que les autorités centrafricaines respectent et appliquent pleinement et effectivement l’accord avec le pays hôte (accord sur le statut des forces);

61.   Demande aux États Membres, en particulier à ceux de la région, de garantir la libre circulation, sans entrave ni retard, à destination et en provenance de la République centrafricaine, de l’ensemble du personnel, du matériel, des vivres, des fournitures et autres biens, y compris les véhicules et les pièces détachées, destinés à l’usage exclusif et officiel de la MINUSCA;

Accès humanitaire

62.   Enjoint à toutes les parties d’autoriser et de faciliter pleinement l’acheminement rapide, en toute sécurité et sans entrave, de l’aide humanitaire destinée aux personnes qui en ont besoin, en particulier aux personnes déplacées, sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, dans le respect des principes directeurs des Nations Unies régissant l’aide humanitaire et des dispositions pertinentes du droit international;

63.   Enjoint également à toutes les parties de garantir le respect et la protection de l’ensemble du personnel médical et des agents humanitaires dont l’activité est d’ordre exclusivement médical, de leurs moyens de transport et de leur matériel, ainsi que des hôpitaux et des autres installations médicales;

Appel humanitaire

64.   Demande aux États Membres et aux organisations internationales et régionales de répondre rapidement à l’appel humanitaire révisé en augmentant leurs contributions et en s’assurant que tous les engagements pris sont pleinement honorés dans les délais prescrits;

Appui à la MINUSCA

65.   Autorise les forces armées françaises à utiliser, dans le cadre de l’accord bilatéral existant avec la République centrafricaine et dans les limites de leurs capacités et zones de déploiement, et à la demande du Secrétaire général, tous les moyens pour fournir un appui opérationnel aux éléments de la MINUSCA qui se trouveraient gravement menacés, à compter de la date d’adoption de la présente résolution, et prie la France de veiller à lui faire rapport sur l’exécution de ce mandat et de coordonner ses rapports avec ceux du Secrétaire général dont il est question au paragraphe 67 de la présente résolution;

Examens et présentation de rapports

66.   Prie le Secrétaire général d’examiner de façon régulière les conditions requises pour la transition, la réduction et le retrait de l’opération des Nations Unies, d’une manière qui ne porte pas préjudice à l’ensemble des efforts déployés à l’appui des objectifs à long terme de paix et de stabilité, et attend avec intérêt de recevoir cette information dans le cadre des rapports qu’il lui présente régulièrement;

67.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la situation en République centrafricaine et de l’exécution du mandat de la MINUSCA, de lui rendre compte, le 15 février 2018, et tous les quatre mois à partir de cette date, et de lui faire, dans les rapports qu’il lui soumettra, des mises à jour et des recommandations sur la mise en œuvre dynamique des tâches prescrites à la MINUSCA, notamment en fournissant les données financières appropriées, des informations sur la situation sécuritaire, les questions politiques prioritaires définies plus haut relatives au processus politique et les progrès accomplis concernant les mécanismes et les moyens de promouvoir la gouvernance et la gestion budgétaire, des renseignements utiles sur l’évolution de la situation des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et sur la promotion et la protection de ces droits, le bilan des effectifs militaires et de police, de la constitution des forces et du déploiement de tous les éléments constitutifs de la Mission, des informations sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesures prises pour améliorer les prestations de la MINUSCA, y compris celles qui visent à assurer l’efficacité de la force, comme indiqué aux paragraphes 33 à 37 et 45, ainsi que du résultat de l’évaluation des prestations des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police qui sera effectuée par la MINUSCA dans le courant du premier trimestre 2018 au plus tard;

68.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Abyei: le Conseil accorde un sursis de cinq mois à Khartoum et Djouba pour prendre des mesures conjointes de sécurisation des frontières

8101e séance - matin
CS/13067

Abyei: le Conseil accorde un sursis de cinq mois à Khartoum et Djouba pour prendre des mesures conjointes de sécurisation des frontières

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé de six mois, jusqu’au 15 mai 2018, le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA). 

En signe d’impatience, toutefois, face à l’absence de progrès tangibles dans la coopération transfrontalière entre Djouba et Khartoum, le Conseil n’a prorogé que de cinq mois, jusqu’au 15 avril 2018, l’appui de la FISNUA au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, avertissant qu’il s’agissait de la dernière prorogation à moins que les parties ne prennent des mesures concrètes.

Dans sa précédente résolution sur la question, adoptée le 15 mai 2017, le Conseil avait simultanément prorogé de six mois, jusqu’au 15 novembre, et le mandat de la FISNUA et le soutien de la Force au Mécanisme conjoint.  Il avait cependant averti que ce soutien ne serait plus désormais prorogé, à moins que les parties ne « s’engagent fermement à mettre en œuvre le Mécanisme conjoint » par des actions concrètes. 

Dans la résolution 2386 (2017), adoptée aujourd’hui à l’unanimité, le Conseil note que les deux parties ont fait « quelques progrès depuis mai 2017 », concernant les objectifs du Mécanisme conjoint. 

S’il ne met donc pas à exécution sa mise en garde, exprimée dans la résolution 2352 (2017), le Conseil regrette toutefois que les parties n’aient « rien accompli de substantiel et de concret » et que des « freins inutiles » continuent d’entraver la capacité du Mécanisme à contrôler la zone frontalière démilitarisée et sécurisée. 

Ce constat n’est pas sans rappeler les propos tenus devant le Conseil, le 26 octobre dernier, par le Sous-Secrétaire général à l’état de droit, M. Alexandre Zouev, qui, dans sa présentation du dernier rapport du Secrétaire général sur la situation à Abyei, notait que la capacité opérationnelle du Mécanisme, six ans après sa création, n’avait pas évolué.

En conséquence, outre la prorogation du mandat de la FISNUA et le maintien de ses effectifs actuels au maximum autorisé de 4 791 militaires, le Conseil décide qu’au 15 avril 2018, l’effectif maximum autorisé de la FISNUA sera réduit à 4 235 militaires, à moins que le Soudan et le Soudan du Sud ne prennent des mesures précises susceptibles de le convaincre de renouveler, à cette date, l’appui de la Force au Mécanisme. 

Ces mesures, dont le Conseil précise qu’elles doivent être prises au plus tard le 15 mars 2018, sont les suivantes: faciliter la liberté de mouvement des patrouilles aériennes et terrestres de la FISNUA, en approuvant 100% des demandes de sorties; lancer la phase I du tracé des couloirs de passage de la frontière; tenir au moins une réunion pour reprendre les discussions sur la démarcation de la frontière; relancer le comité spécial de la zone des 14 miles; faciliter la mise en opération des quatre bases d’opérations du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière; et tenir au moins deux réunions du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.

Par ailleurs, concernant la zone d’Abyei, si le Conseil prend note de la persistance du risque de violences intercommunautaires, il se félicite des progrès réalisés au niveau local entre les Misseriya et les Ngok Dinka, en particulier la reprise des activités commerciales et la surveillance des biens et du bétail volés. 

Sur cette base, le Conseil exige à nouveau du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils entreprennent sans délai de mettre en place l’administration et le Conseil de la zone d’Abyei.  Le Conseil exige aussi des deux pays qu’ils créent le Service de police d’Abyei, appelé à assumer les fonctions de police dans toute la zone, notamment à protéger les infrastructures pétrolières, conformément à l’Accord du 20 juin 2011. 

À cet égard, le Conseil condamne la présence intermittente de personnel des services de sécurité sud-soudanais et le déploiement des unités de la police du pétrole de Diffra dans la zone d’Abyei, en violation dudit accord.  Il exige à nouveau que Djouba retire ses forces de sécurité de la zone d’Abyei et que Khartoum retire la police du pétrole de Diffra. 

Tout en se félicitant de l’adoption à l’unanimité de la résolution présentée par sa délégation, la représentante des États-Unis a regretté le manque de progrès dans l’application de l’Accord de paix global, et ce, en dépit du « signal très ferme » et du délai de six mois pour la mise en œuvre du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière formulés par le Conseil dans sa résolution 2352 (2017). 

Elle a noté que la résolution d’aujourd’hui accordait aux parties un délai supplémentaire de quatre mois, jusqu’au 15 mars 2018, pour mettre en œuvre le Mécanisme.

Le représentant de l’Éthiopie s’est quant à lui félicité de la prorogation du mandat de la FISNUA pour six mois supplémentaires, en rappelant que le Mécanisme conjoint faisait partie intégrante de la Force.  Il a appelé les parties à prendre appui sur l’élan impulsé par la réunion entre les Présidents soudanais et sud-soudanais, le 1er novembre dernier, pour régler les questions en suspens, notamment la mise en place des institutions temporaires et la détermination du statut définitif d’Abyei.

En effet, a estimé le représentant du Soudan, les progrès accomplis entre les différentes communautés dans la zone d’Abyei sont selon lui le résultat des efforts directs conduits par son gouvernement et les chefs des tribus locales.  Il a assuré que Khartoum n’avait jamais voulu suspendre les activités du Mécanisme conjoint, considérant au contraire ce mécanisme comme nécessaire pour normaliser les relations entre les deux pays, un sentiment également partagé par le Président de l’Union africaine. 

Le représentant a par ailleurs annoncé le lancement de la phase I du tracé des couloirs de passage de la frontière, conformément à ce que demande la résolution.  Réaffirmant l’attachement de sa délégation au respect de tous les accords signés, il a lancé un appel à son homologue du Soudan du Sud pour accélérer la création d’institutions conjointes intérimaires à d’Abyei. 

Ce dernier a justement estimé que la prorogation d’aujourd’hui tombait à pic, dans la mesure où son pays et le Soudan venaient tout juste de renouveler leur détermination à régler les points en suspens « à travers les canaux convenus et existants ».

Texte du projet de résolution (S/2017/951)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations du Président concernant la situation au Soudan et au Soudan du Sud, notamment ses résolutions 1990 (2011), 2024 (2011), 2032 (2011), 2046 (2012), 2047 (2012), 2075 (2012), 2104 (2013), 2126 (2013), 2156 (2014), 2179 (2014), 2205 (2015), 2230 (2015), 2251 (2015), 2287 (2016), 2318 (2016) et 2352 (2017) et les déclarations du Président S/PRST/2012/19 et S/PRST/2013/14, ainsi que les déclarations du Président à la presse des 18 juin 2012, 21 septembre 2012, 28 septembre 2012, 6 mai 2013, 14 juin 2013, 14 février 2014, 17 mars 2014, 11 décembre 2014 et 27 novembre 2015,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Soudan et du Soudan du Sud, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

Déclarant à nouveau que les frontières territoriales des États ne sauraient être modifiées par la force et que les différends territoriaux doivent être réglés exclusivement par des moyens pacifiques, affirmant qu’il donne la priorité à la mise en œuvre intégrale et immédiate de tous les éléments de l’Accord de paix global encore en suspens et insistant sur le fait que le statut futur d’Abyei doit être déterminé par voie de négociations entre les parties dans le respect de l’Accord de paix global et non par des actions unilatérales de l’une ou l’autre des parties,

Rappelant les engagements pris par les Gouvernements soudanais et sud-soudanais dans l’Accord entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei conclu le 20 juin 2011, l’Accord conclu entre le Gouvernement soudanais et le Gouvernement du Sud-Soudan sur la sécurité des frontières et le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité le 29 juin 2011 et l’Accord entre le Gouvernement du Soudan et le Gouvernement du Soudan du Sud concernant la Mission d’appui à la surveillance de la frontière conclu le 30 juillet 2011, ainsi que dans l’Accord de coopération entre la République du Soudan et la République du Soudan du Sud et l’Accord sur les dispositions de sécurité conclus le 27 septembre 2012, la décision du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité en date du 8 mars 2013 et le tableau récapitulatif établi aux fins de l’application des accords signés entre la République du Soudan et la République du Soudan du Sud, sur lequel les Gouvernements soudanais et sud-soudanais se sont entendus le 12 mars 2013 sous les auspices du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et lors des réunions extraordinaires, tenues en octobre 2015 et mai 2017, et de la session ordinaire, tenue en juin 2016 et octobre 2017, du Mécanisme,

Encourageant les progrès dans l’amélioration des relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud et soulignant que le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et les autres mécanismes conjoints, notamment la Commission frontalière mixte et le Comité mixte de démarcation, doivent se réunir régulièrement afin de favoriser le dialogue et la coordination sur les questions de sécurité des frontières, et constatant que le Soudan et le Soudan du Sud coopèrent sur les questions relatives aux réfugiés, aux couloirs humanitaires et au commerce,

Priant instamment les Gouvernements soudanais et sud-soudanais de s’efforcer de progresser davantage dans la mise en œuvre des arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei tels que prévus dans l’Accord du 20 juin 2011,

Exprimant son plein appui aux efforts que déploie l’Union africaine pour apaiser les tensions actuelles entre la République du Soudan et la République du Soudan du Sud et favoriser la reprise des négociations sur les relations postsécession et la normalisation des relations, et soulignant l’importance de l’engagement continu de l’Union africaine,

Réaffirmant ses précédentes résolutions sur la protection des civils en période de conflit armé, notamment les résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006), 1894 (2009), 2175 (2014) et 2222 (2015); sur le sort des enfants en temps de conflit armé, notamment les résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2068 (2012), 2143 (2014) et 2223 (2015); sur la protection du personnel humanitaire et du personnel des Nations Unies, notamment la résolution 1502 (2003); et sur les femmes et la paix et la sécurité, notamment les résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013) et 2242 (2015),

Soulignant qu’il est nécessaire de s’assurer du respect des droits de l’homme et de communiquer des informations sur la question, et notamment de constater toute forme de violence sexuelle et sexiste et toute violation ou atteinte commise sur la personne de femmes ou d’enfants, notant l’absence d’avancées concernant la surveillance effective du respect des droits de l’homme dans la zone d’Abyei, et se disant à nouveau préoccupé par le fait que les parties ne coopèrent pas avec le Secrétaire général dans ce domaine,

Rappelant que, dans sa résolution 2086 (2013), il a réaffirmé qu’il importait, lors de l’établissement et du renouvellement des mandats des missions des Nations Unies, d’y inclure des dispositions relatives à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes au lendemain des conflits, ainsi que sur le sort des enfants en temps de conflit armé, et soulignant que les obstacles persistants à l’application complète de sa résolution 1325 (2000) et de ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité, notamment sa résolution 2242 (2015), ne pourront être éliminés qu’au prix d’un engagement résolu en faveur de l’autonomisation des femmes, de leur participation et de leur capacité à exercer leurs droits fondamentaux, et moyennant la mise en place d’initiatives concertées et d’un dispositif d’information et d’action cohérent et la fourniture d’un appui, tout cela dans le but d’accroître la participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux,

Notant que les Gouvernements soudanais et sud-soudanais ont accepté, à la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité tenue les 13 et 14 octobre 2015, la carte soumise en novembre 2011 par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine concernant la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, qu’ils sont convenus que la ligne médiane avait exclusivement pour fonction de servir de ligne de séparation entre les forces armées et que les parties sont convenues d’activer tous les dispositifs liés au Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, comme prévu dans les accords pertinents, et encourageant les parties à définir le tracé de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, notamment de la « zone des 14 miles », et à mettre pleinement en œuvre le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, conformément à sa résolution 2046 (2012) et à la Feuille de route du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 24 avril 2012, soulignant qu’il importe que le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière établisse et maintienne un contrôle effectif et complet de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, et notamment de la « zone des 14 miles », et exhortant en outre les parties à coopérer pour permettre à la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) de s’acquitter de la responsabilité qui lui incombe de garantir la sécurité afin que le personnel du Mécanisme conjoint puisse remplir sa mission de surveillance de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée,

Rappelant la décision qu’il a prise dans sa résolution 2352 (2017) de mettre fin au mandat consistant à fournir un appui au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, à moins que les deux parties ne montrent, par leurs actions, qu’elles sont clairement résolues et s’engagent fermement à mettre en œuvre le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, conformément aux mesures énoncées au paragraphe 7 de la résolution 2352 (2017), notamment la reprise des discussions sur la démarcation de la frontière, la tenue régulière de réunions du Mécanisme politique et de sécurité conjoint, et la pleine liberté de mouvement pour la FISNUA,

Conscient que les deux parties ont fait quelques progrès depuis mai 2017, mais regrettant qu’elles n’aient rien accompli de substantiel et de concret en ce qui concerne les objectifs du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et que des freins inutiles soient imposés au Mécanisme, réduisant sa capacité à contrôler efficacement la zone frontalière démilitarisée et sécurisée,

Notant avec préoccupation l’absence d’institutions locales qui pourraient administrer la zone d’Abyei et invitant à maintenir les progrès accomplis dans la tenue des réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei,

Conscient qu’il importe que les Gouvernements soudanais et sud-soudanais continuent de dialoguer, rappelant sa résolution 2046 (2012), dans laquelle il a décidé que les parties devaient reprendre immédiatement les négociations, sous les auspices du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, en vue de parvenir à un accord sur le statut définitif d’Abyei, engageant toutes les parties à participer de façon constructive au processus, facilité par le Groupe de mise en œuvre et devant aboutir à un accord final sur le statut définitif de la zone d’Abyei, et soulignant que les parties doivent régler immédiatement les questions en suspens de l’Accord du 20 juin 2011, en particulier pour régler les différends concernant l’accord sur la zone d’Abyei et le Conseil de la zone, et créer immédiatement l’administration de la zone et le Service de police d’Abyei,

Soulignant que les deux pays et communautés auront beaucoup à gagner s’ils font preuve de retenue et empruntent la voie du dialogue au lieu de recourir à la violence et à la provocation,

Notant avec satisfaction le concours que continuent de prêter aux parties le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, la République fédérale démocratique d’Éthiopie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud et la FISNUA,

Saluant les efforts que déploie la FISNUA pour s’acquitter de son mandat, en veillant notamment à faciliter les migrations pacifiques dans toute la zone d’Abyei, à prévenir les conflits et à mener des activités de médiation et de dissuasion, exprimant aux pays qui fournissent des contingents sa profonde gratitude pour le travail accompli, soulignant fermement que toute attaque perpétrée contre le personnel des Nations Unies, notamment les tirs effectués contre des patrouilles de la FISNUA au début de 2017 par des assaillants inconnus, est inacceptable et réaffirmant que des enquêtes approfondies sur ces attaques doivent rapidement être menées et que les responsables doivent être amenés à en répondre,

Prenant acte des conditions de sécurité dans la zone d’Abyei, décrites par le Secrétaire général dans son rapport du 17 octobre 2017 (S/2017/870), constatant que, depuis son déploiement, la FISNUA a contribué à renforcer la paix et la stabilité et se disant résolu à empêcher que de nouveaux actes de violence contre des civils ou des déplacements de civils ne se produisent et à éviter les conflits intercommunautaires,

Se déclarant à nouveau profondément préoccupé par l’absence d’administration publique et d’état de droit dans la zone d’Abyei, due aux retards répétés dans la mise en place de l’administration, du Conseil et de la police de la zone d’Abyei, notamment d’une unité spéciale chargée de traiter les questions relatives à la migration des populations nomades, lesquels sont essentiels pour le maintien de l’ordre et la prévention des conflits intercommunautaires dans cette zone, et se félicitant à cet égard de l’action que mène la FISNUA pour appuyer et renforcer les comités de protection communautaire et pour continuer d’œuvrer aux côtés des deux gouvernements sur cette question,

Notant avec préoccupation que la mise en place des institutions temporaires et la détermination du statut définitif d’Abyei sont systématiquement reportées et que la persistance du risque de violences intercommunautaires contribue à la montée des tensions dans la zone d’Abyei, notamment celles qui empêchent le personnel soudanais de la FISNUA et d’autres organismes de retourner à Abyei,

Exhortant toutes les parties à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait envenimer les relations intercommunautaires dans la zone d’Abyei, se déclarant préoccupé par les répercussions durables de ce que le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine a qualifié dans sa déclaration à la presse du 6 novembre 2013 de « décision des Ngok Dinka d’organiser un référendum unilatéral » et, dans ce contexte, notant également que le Gouvernement soudanais a procédé à ses élections nationales d’avril 2015 à Abyei,

Ayant à l’esprit la situation humanitaire actuelle, dans laquelle les organisations humanitaires continuent de fournir une assistance à 100 000 personnes dans la zone d’Abyei, et l’importance de la cohérence de l’assistance fournie par les organismes des Nations Unies dans la région, et soulignant qu’il faut faciliter d’urgence l’acheminement de l’aide humanitaire à toutes les populations touchées,

Affirmant qu’il importe que les déplacés rentrent chez eux de leur plein gré, en toute sécurité et dans la dignité et s’y réintègrent durablement, et que la paix et l’ordre règnent pendant la saison des migrations, dans le respect des parcours migratoires traditionnels qui mènent du Soudan au Soudan du Sud à travers Abyei, et exhortant la FISNUA à continuer de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité dans la zone d’Abyei, conformément à son mandat,

Rappelant sa résolution 2117 (2013), vivement préoccupé par le fait que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre menacent la paix et la sécurité à Abyei, se félicitant de la mise en place des infrastructures, systèmes et politiques de confiscation, de stockage et de destruction des armes, et engageant la FISNUA à assurer la protection adéquate de ces infrastructures,

Se déclarant préoccupé par la présence résiduelle de mines et de restes explosifs de guerre dans la zone d’Abyei, qui compromet la sécurité du retour des déplacés, celle des migrations et les activités de subsistance,

Prenant note des rapports du Secrétaire général des 28 juillet 2017 et 17 octobre 2017 (S/2017/649 et S/2017/870), y compris de son appel à consolider les progrès réalisés par la FISNUA au niveau local en participant activement aux efforts visant à mettre en place l’administration et le Conseil de la zone d’Abyei, et à constituer la police de la zone d’Abyei,

Rappelant qu’il s’est félicité, dans sa résolution 2205 (2015), de la décision du Secrétaire général de nommer un chef civil de mission,

Constatant que la situation qui règne à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer gravement la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 mai 2018 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei établi au paragraphe 2 de la résolution 1990 (2011) et, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décide également de proroger jusqu’au 15 mai 2018 le mandat de la Force établi au paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011);

2.    Décide également de proroger jusqu’au 15 avril 2018 le mandat de la FISNUA modifié par sa résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de sa résolution 2075 (2012), et décide que la présente prorogation sera la dernière à moins que les parties prennent les mesures spéciales énoncées au paragraphe 9;

3.    Décide de maintenir l’effectif maximum autorisé de 4 791 militaires jusqu’au 15 avril 2018, et décide également qu’au 15 avril 2018, l’effectif maximum autorisé sera réduit à 4 235 militaires, à moins qu’il ne décide de proroger le mandat modifié par la résolution 2024 (2012) et le paragraphe 1 de la résolution 2075 (2012), conformément aux paragraphes 2 et 9;

4.    Souligne que la coopération constante entre les Gouvernements soudanais et sud-soudanais est essentielle pour la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que pour l’avenir des relations entre les deux États;

5.    Exige à nouveau du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils entreprennent sans délai de mettre en place l’administration et le Conseil de la zone d’Abyei, notamment en sortant de l’impasse au sujet de la composition du Conseil, et créent le Service de police d’Abyei, appelé à assumer les fonctions de police dans toute la zone d’Abyei, notamment à protéger les infrastructures pétrolières, conformément aux engagements qu’ils ont pris dans l’Accord du 20 juin 2011;

6.    Demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de reprendre des négociations directes afin de conclure sans délai un accord définitif sur la question d’Abyei, engage les parties à prendre des mesures concrètes pour renforcer la confiance et contribuer à la réalisation de cet objectif avec le concours renouvelé du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, encourage le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyé spécial du Secrétaire général à poursuivre les efforts de coordination visant à demander la pleine application des accords de 2011;

7.    Prend note des réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei qui se sont tenues en mai et en novembre 2017, demande instamment l’application des décisions du Comité mixte de contrôle d’Abyei et de l’Accord du 20 juin 2011, rappelle qu’il est nécessaire que l’Union africaine prenne des initiatives à l’appui de cet objectif et encourage celle-ci à poursuivre son action, et prie le Secrétaire général de faire le point des progrès accomplis sur ces questions dans ses rapports périodiques;

8.    Se dit vivement préoccupé que le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière ne soit pas pleinement opérationnel, rappelle les critères et les recommandations du Secrétaire général concernant le fonctionnement du Mécanisme, note que l’aide apportée au Mécanisme pour qu’il atteigne sa pleine capacité opérationnelle devrait être subordonnée à plusieurs conditions, notamment le règlement du différend concernant la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, et invite les Gouvernements soudanais et sud-soudanais à recourir efficacement et en temps utile au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, au Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et aux autres mécanismes conjoints convenus, pour garantir la sécurité et la transparence de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, notamment de la « zone des 14 miles »;

9.    Décide d’examiner le renouvellement du mandat de la FISNUA en vue d’appuyer le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière si les deux parties prennent les mesures spéciales convenues dans les communiqués de mai et d’octobre 2017 du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, au plus tard le 15 mars 2018, notamment:

1)    Faciliter la liberté de mouvement des patrouilles aériennes et terrestres de la FISNUA, y compris l’atterrissage dans la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, en approuvant 100 % des demandes de sorties au plus tard 72 heures après qu’elles ont été faites;

2)    Lancer la phase I du tracé des couloirs de passage de la frontière;

3)    Tenir au moins une réunion pour reprendre les discussions sur la démarcation de la frontière, notamment les négociations sur les zones contestées dans le cadre des accords signés, salue les efforts de la Commission de l’Union africaine à cet égard et l’encourage à continuer d’offrir son assistance aux parties;

4)    Relancer le comité spécial de la zone des 14 miles;

5)    Faciliter la mise en opération des quatre bases d’opérations du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière; et

6)    Tenir au moins deux réunions du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité pour régler ces questions;

10.   Engage vivement les parties à redoubler d’efforts pour déterminer définitivement sur le terrain le tracé de la ligne médiane de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, et rappelle que la ligne médiane ne préjuge en rien du statut juridique actuel et futur de la frontière, des négociations en cours sur les zones contestées et revendiquées ni de la démarcation de la frontière;

11.   Souligne que, pour s’acquitter de son mandat de protection des civils établi au paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011), la FISNUA prendra les mesures nécessaires pour protéger les civils se trouvant sous la menace imminente d’actes de violence physique, quelle qu’en soit la source, et salue les efforts déployés par la FISNUA à cet égard;

12.   Condamne la présence intermittente de personnel des services de sécurité sud-soudanais et le déploiement des unités de la police du pétrole de Diffra dans la zone d’Abyei, en violation de l’Accord du 20 juin 2011, et toute entrée de milices armées sur le territoire, exige à nouveau que le Gouvernement sud-soudanais retire ses forces de sécurité de la zone d’Abyei et que le Gouvernement soudanais en retire la police du pétrole de Diffra, immédiatement et sans condition préalable, et rappelle à nouveau que, conformément à ses résolutions pertinentes, en particulier les résolutions 1990 (2011) et 2046 (2012), la zone d’Abyei doit être démilitarisée, toutes les forces autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei devant s’en retirer, ainsi que les éléments armés des populations locales;

13.   Appuie les décisions du 3 mai 2013 et du 30 mars 2015 par lesquelles le Comité mixte de contrôle d’Abyei a donné à Abyei le statut de zone exempte d’armes, souligne que, dans son communiqué du 7 mai 2013, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine s’est dit préoccupé par les informations selon lesquelles plusieurs groupes de population vivant à Abyei seraient lourdement armés, rappelle qu’aux termes de l’Accord du 20 juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, celle-ci devrait être une zone exempte d’armes, la FISNUA étant seule autorisée à y faire entrer des armes et, à cet égard, demande instamment aux deux gouvernements de prendre toutes les mesures nécessaires pour procéder à la démilitarisation effective d’Abyei, notamment en mettant en place des programmes de désarmement, selon que de besoin;

14.   Réaffirme que, selon l’autorisation accordée dans la résolution 1990 (2011), la FISNUA, agissant dans les limites de son mandat et de ses capacités, peut procéder à la confiscation et à la destruction d’armes dans la zone d’Abyei, en coordination avec les signataires de l’Accord de juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, le Comité mixte de contrôle et les populations misseriya et ngok dinka et conformément à la décision du Comité mixte de contrôle de faire d’Abyei « une zone exempte d’armes », et demande à nouveau à la FISNUA de constater les mouvements d’armes à destination d’Abyei et la présence, la destruction et la confiscation d’armes à Abyei, de rassembler des informations à ce sujet et de lui en rendre compte dans le cadre des rapports périodiques du Secrétaire général;

15.   Demande à la FISNUA de poursuivre le dialogue avec le Comité mixte de contrôle d’Abyei et les populations misseriya et ngok dinka en vue de mettre en place des stratégies et mécanismes de contrôle permettant de garantir pleinement le respect du statut d’Abyei comme zone exempte d’armes par l’ensemble des parties concernées, la priorité étant accordée à l’élimination sans délai des armes lourdes ou collectives et des roquettes, et demande aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais, au Comité mixte de contrôle d’Abyei et aux populations misseriya et ngok dinka de collaborer pleinement avec la FISNUA à cet égard;

16.   Demande instamment aux deux gouvernements de prendre immédiatement des mesures pour renforcer la confiance entre les différentes communautés de la zone d’Abyei, en s’assurant que les femmes participent à tous les stades, notamment à la faveur de processus de réconciliation à l’échelon local, en appuyant les efforts déployés par les organisations non gouvernementales pour consolider la paix, et en aidant pleinement la FISNUA à promouvoir le dialogue, se félicite de la poursuite du dialogue entre les Ngok Dinka et les Misseriya et exhorte toutes les communautés d’Abyei à faire preuve de la plus grande retenue dans tous leurs échanges et à s’abstenir de tout acte ou discours provocateur pouvant susciter des affrontements violents;

17.   Souligne que la participation des femmes à tous les niveaux du dialogue intercommunautaire est essentielle pour garantir un processus crédible et légitime et demande à toutes les parties de promouvoir une participation des femmes qui soit sans restriction et sur un pied d’égalité;

18.   Se félicite des progrès réalisés au niveau local entre les populations misseriya et ngok dinka, en particulier de leur engagement apprécié en faveur de la réconciliation et de la coopération, comme le montrent la reprise des activités commerciales et la surveillance des biens et du bétail volés, notamment leur restitution ou l’indemnisation rapide des victimes;

19.   Se félicite également des initiatives prises par la FISNUA pour soutenir le dialogue entre les communautés et les efforts fournis par les populations misseriya et ngok dinka pour renforcer les relations intercommunautaires et promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la région d’Abyei, notamment de la facilitation des réunions du Comité mixte pour la paix entre les deux communautés et de la réouverture d’un marché commun;

20.   Salue les efforts que la FISNUA continue de faire pour renforcer, dans la limite de ses capacités et ressources et en coordination étroite avec les populations misseriya et ngok dinka, les capacités des comités de protection de la population locale, afin de contribuer à la gestion des processus de maintien de l’ordre dans la zone d’Abyei et de poursuivre sa collaboration avec les deux gouvernements sur cette question;

21.   Engage toutes les parties à donner pleinement suite aux conclusions et recommandations issues de l’enquête de la Commission d’enquête conjointe de la zone d’Abyei sur le meurtre d’un soldat de la paix de la FISNUA et du Chef suprême des Ngok Dinka, accueille avec satisfaction la déclaration à la presse du 24 mars 2015 par laquelle le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a demandé à la Commission de l’Union africaine d’avoir des échanges avec les parties au sujet de ces constatations et recommandations, et réaffirme la nécessité de permettre aux deux communautés de clore l’enquête sur l’assassinat du Chef suprême des Ngok Dinka, compte tenu de la nécessité de promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la zone d’Abyei;

22.   Entend réexaminer, selon que de besoin, le mandat de la FISNUA en vue de restructurer éventuellement la Force en fonction de la suite que le Soudan et le Soudan du Sud donneront aux décisions prises dans la résolution 2046 (2012) et aux engagements auxquels ils ont souscrit dans les accords des 20 et 29 juin et 30 juillet 2011 et 27 septembre 2012, portant notamment sur le retrait de toutes les forces de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, la pleine mise en œuvre opérationnelle du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et des comités spéciaux ainsi que l’achèvement de la démilitarisation de la zone d’Abyei;

23.   Demande à tous les États Membres, en particulier au Soudan et au Soudan du Sud, de garantir la libre circulation, sans entrave ni retard, à destination et en provenance d’Abyei et dans toute la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, de tout le personnel de la FISNUA ainsi que de l’ensemble du matériel, des vivres, des fournitures et des autres biens, notamment des véhicules, aéronefs et pièces de rechange, destinés à l’usage officiel et exclusif de la FISNUA;

24.   Demande à nouveau aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais d’apporter tout leur soutien aux organismes des Nations Unies, et notamment de délivrer rapidement des visas au personnel militaire, au personnel de police et au personnel civil des Nations Unies, y compris au personnel humanitaire, sans considération de nationalité, afin qu’ils puissent entrer au Soudan et au Soudan du Sud, de faciliter l’installation de bases, la construction d’infrastructures, y compris de l’aéroport d’Athony, dans la zone de la mission et l’octroi d’autorisations de vol et de fournir un soutien logistique, demande aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de faciliter les déplacements au Soudan et au Soudan du Sud en provenance ou à destination d’Abyei, et demande également à toutes les parties de respecter pleinement leurs obligations au titre de l’Accord sur le statut des forces;

25.   Reconnaît que l’absence de projets de développement ainsi que l’incapacité de fournir des services publics de base ont eu des conséquences défavorables pour les populations d’Abyei et demande aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais ainsi qu’aux donateurs d’appuyer les activités de reconstruction et de renforcement des capacités;

26.   Exige des Gouvernements soudanais et sud-soudanais qu’ils continuent de faciliter le déploiement du personnel du Service de la lutte antimines de l’ONU afin qu’il puisse se déplacer librement et que les mines qui se trouvent dans la zone d’Abyei et la zone frontalière démilitarisée et sécurisée puissent être détectées et neutralisées;

27.   Exige également de toutes les parties concernées qu’elles permettent à tous les agents humanitaires d’accéder en toute sécurité et en toute liberté aux populations civiles qui ont besoin d’aide et qu’elles leur accordent toutes les facilités nécessaires à leurs activités, conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire applicable, et aux principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire;

28.   Demande instamment que toutes les parties cessent toutes formes de violence, de violations des droits de l’homme, de violations du droit international humanitaire et de violations et atteintes commises sur la personne d’enfants contrevenant au droit international applicable;

29.   Engage la FISNUA à avancer rapidement dans le déploiement d’un conseiller pour la protection des enfants et des femmes;

30.   Prie le Secrétaire général de pourvoir à la surveillance effective du respect des droits de l’homme et d’en rendre compte dans les rapports qu’il lui présente, et demande à nouveau aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais d’apporter au Secrétaire général leur plein concours à cette fin, notamment en délivrant des visas au personnel des Nations Unies concerné;

31.   Rappelle la résolution 2272 (2016) et prie également le Secrétaire général de prendre les dispositions nécessaires pour que la FISNUA applique pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir pleinement informé des progrès faits par la FISNUA à cet égard, notamment en ce qui concerne l’application de la résolution 2272 (2016), dans ses rapports périodiques sur des pays donnés;

32.   Prie le Secrétaire général de continuer de l’informer des progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la FISNUA, y compris toute mesure prise au titre du paragraphe 9, dans un rapport écrit, qu’il lui remettra au plus tard le 1er avril 2018, et de porter immédiatement à son attention toute violation grave des accords susmentionnés;

33.   Prend note de l’action que mène le Secrétaire général pour assurer une coopération étroite entre les missions des Nations Unies présentes dans la région, notamment la FISNUA, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), ainsi qu’avec son Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, et lui demande de maintenir cette pratique;

34.   Décide de rester activement saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Jugés sélectifs et politisés, les projets de résolution de pays divisent une nouvelle fois la Troisième Commission

Soixante-douzième session,
45e & 46e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4220

Jugés sélectifs et politisés, les projets de résolution de pays divisent une nouvelle fois la Troisième Commission

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, s’est prononcée aujourd’hui sur des projets de résolution portant sur la situation des droits de l’homme dans certains pays spécifiques.  Le sujet a été l’occasion pour nombre de délégations de dénoncer une nouvelle fois la sélectivité de ce processus.

Avant même que la Commission ne commence à se prononcer sur les cinq projets de résolution de pays dont elle était saisie –la décision sur le projet relatif au Myanmar a dû être reporté en raison d’incidences budgétaires restant à évaluer- le Venezuela a donné le ton en faisant une déclaration générale sur l’ensemble du point, au nom du Mouvement des pays non alignés.

Pour ce groupe de pays, l’Examen périodique universel est le « seul mécanisme pertinent » pour traiter de la question des droits de l’homme, et l’adoption de résolutions visant des pays particuliers est une « violation flagrante » des principes d’universalité, d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité. 

En dehors du texte consacré à la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), adopté sans vote, les trois projets restants ont donc été mis aux voix, reflétant d’importantes divisions.  Plusieurs délégations ont néanmoins expliqué que leur abstention reflétait une opposition de principe à tout mandat spécifique de pays et non un soutien aux pays concernés.

Dans ce contexte, le projet de résolution portant sur la situation des droits de l’homme en République arabe syrienne, a été adopté par 108 voix pour, 17 voix contre et 58 abstentions.  Le texte condamne notamment les violations du droit international et humanitaire commises dans le pays ainsi que les attaques aveugles et disproportionnées dans des zones civiles et contre des infrastructures civiles.  Il exige que le « régime syrien » cesse immédiatement d’utiliser des armes chimiques et que les personnes responsables de l’emploi de ces armes rendent compte de leurs actes.

La République arabe syrienne a critiqué les pays coauteurs du projet de résolution, et notamment l’Arabie saoudite et Israël, les accusant tous de recourir au mensonge, à la corruption et à la propagande.  Parmi les pays appuyant ce projet de résolution, les États-Unis ont condamné fermement la poursuite des violations et abus à l’encontre des droits de l’homme et des efforts humanitaires par le régime syrien, le rendant responsable de « la plus grande partie » des décès infligés au peuple syrien.  Au nom d’un groupe de pays, le Liechtenstein a réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il renvoie l’affaire à la Cour

pénale internationale, là où la Turquie a jugé que, si ce projet de résolution ne permettait pas de soulager les « souffrances indicibles » du peuple syrien, il lui montrerait néanmoins « de quel côté se trouve la communauté internationale ».

C’est sans vote -mais non sans débat– que la Troisième Commission a adopté le projet de résolution sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, par lequel l’Assemblée générale condamnerait les violations « systématiques, généralisées et flagrantes » des droits de l’homme commises depuis longtemps et encore aujourd’hui dans le pays, et considérerait qu’elles peuvent constituer des crimes contre l’humanité.  Qualifiant le texte de « fruit d’un complot militaire et diplomatique », le représentant de la RPDC a dénoncé l’utilisation par les États-Unis et leurs « vassaux » de la tactique des droits de l’homme pour tenter de la renverser.  Il a dit renoncer à réclamer un vote sur ce texte « politisé », en rappelant qu’aucun État membre du Mouvement des pays non alignés n’en était coauteur.

Le vote sur le projet de résolution sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran a été partagé, avec 83 voix pour, 30 voix contre et 68 abstentions.  Le texte est lui-même assez partagé, puisqu’il prévoit que l’Assemblée générale continue de se féliciter des engagements solennels pris par le Président de la République islamique d’Iran au sujet de certaines questions importantes relatives aux droits de l’homme, tout en s’inquiétant par ailleurs de multiples violations des droits de l’homme.

La République islamique d’Iran a rejeté ce projet de résolution « biaisé », soutenu par des pays qui « installent des dictatures militaires » dans certains pays et a assuré que la situation dans le pays ne nécessitait pas un mandat spécifique, d’autant plus que le pays a toujours répondu aux communications des titulaires de mandats du Conseil des droits de l’homme.  Le Japon a expliqué avoir voté en faveur du texte tout en reconnaissant les progrès réalisés par la République islamique d’Iran.  Quant au Mexique, au Brésil et au Chili, ils se sont abstenus en raison de ces progrès, non sans exprimer leurs préoccupations en ce qui concerne la peine de mort ou les discriminations faites aux femmes et aux minorités.  

Adopté par 71 voix pour, 25 voix contre et 77 abstentions, le projet de résolution sur la situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) a, lui aussi, donné lieu à de vifs débats, portant sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine mais également sur la pertinence de débattre de ces questions au sein de la Troisième Commission.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale condamnerait l’imposition illégale par la Fédération de Russie de ses lois, de sa juridiction et de son administration en Crimée occupée et la prierait de respecter les obligations que lui impose le droit international, notamment de respecter les lois en vigueur en Crimée avant l’occupation.

Le projet de résolution a été perçu par la Fédération de Russie comme une « tentative de plus » de l’Ukraine visant à « promouvoir ses propres intérêts politiques » et donc de modifier le statut juridique de la Crimée, où « il n’existe aucun conflit armé ».

La Troisième Commission a par ailleurs, d’autre part, adopté par 178 voix pour, zéro contre et 2 abstentions un projet de résolution portant sur le Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe.

La Troisième Commission se réunira à nouveau jeudi 16 novembre, à 10 heures, pour examiner d’autres projets de résolution.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME: QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME, Y COMPRIS LES DIVERS MOYENS DE MIEUX ASSURER L’EXERCICE EFFECTIF DES DROITS DE L’HOMME ET DES LIBERTÉS FONDAMENTALES

Adoption d’un projet de résolution

La Troisième Commission a adopté, par 178 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (Mozambique et République arabe syrienne) le projet de résolution intitulé « Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe » (A/C.3/72/L.25), par lequel l’Assemblée générale noterait avec satisfaction l’aide concrète offerte par le Centre dans le cadre de ses activités de renforcement des capacités en matière de droits de l’homme, de ses programmes d’assistance technique et de ses programmes de formation relatifs à la lutte contre la traite des personnes, aux droits de l’homme dans les médias, aux droits de l’homme et à la diplomatie et à l’éducation aux droits de l’homme.  Elle noterait que le Centre a également mené des activités de renforcement des capacités au profit de la société civile et organisé divers ateliers axés sur les besoins particuliers de la région.

L’Assemblée générale engagerait le Centre à poursuivre sa collaboration avec d’autres bureaux régionaux des Nations Unies afin de renforcer ses travaux et d’éviter tout double emploi et prierait le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-quatorzième session, un rapport sur l’application de la présente résolution.

Déclarations générales

La République arabe syrienne, qui a demandé le vote enregistré sur le projet de résolution, a estimé que le Qatar, à travers ce projet de résolution, cherchait à faire financer le Centre de formation par le budget ordinaire des Nations Unies, alors qu’il s’était engagé à couvrir tous les frais y afférents.  Or, les Nations Unies ont des ressources limitées et ce Centre n’a par ailleurs mené aucune activité justifiant des ressources provenant des Nations Unies.  Par ailleurs, la République arabe syrienne estime qu’il n’y a plus de coopération dans sa région d’appartenance, si ce n’est une fixation contre la République arabe syrienne.  Ce Centre, basé à Doha, est en outre devenu un outil au service des intérêts du Qatar à l’encontre d’un État Membre des Nations Unies.  Dès lors, la République arabe syrienne estime que le budget ordinaire ne devrait pas financer ce Centre de formation et demande un vote sur le projet de résolution.

Le Qatar a pour sa part rejeté les « insultes » proférées par la République arabe syrienne, les qualifiant de non productives, d’autant que la République arabe syrienne ne fait aucune proposition si ce n’est que critiquer le projet de résolution. 

Les États-Unis ont déclaré être de fervents défenseurs de ce Centre en raison de son action dans la région.  Ils voteront en conséquence en faveur de la résolution. 

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME: SITUATIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME ET RAPPORTS DES RAPPORTEURS ET REPRÉSENTANTS SPÉCIAUX

Déclaration générale sur le point 72 c

Le Venezuela, s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé la position des États membres de ce groupe, réitérée lors du dix-septième Sommet du Mouvement en septembre 2016, à savoir que le Conseil des droits de l’homme, en tant qu’organe subsidiaire de l’Assemblée générale et à travers son mécanisme de l’Examen périodique universel, est le seul mécanisme pertinent pour traiter de la question des droits de l’homme.  À ce titre, les États membres du Mouvement des pays non alignés sont préoccupés par la pratique continue et persistante d’adoption sélective de résolutions visant des pays particuliers, tant à la Troisième Commission qu’au Conseil des droits de l’homme, en violation flagrante des principes d’universalité, d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité.  Ils déplorent aussi la prolifération de la politisation et la pratique du « deux poids, deux mesures » en matière de droits de l’homme.

En ce qui les concerne, ces pays réaffirment l’importance de promouvoir les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus et inscrits dans la Charte des Nations Unies et dans d’autres instruments internationaux y relatifs.  Ils réitèrent aussi que tous les droits de l’homme, y compris le droit au développement, sont interdépendants et doivent être abordés avec une approche globale et par le biais de la coopération, du dialogue constructif, de la non-confrontation, non-politisation et non-sélectivité.

Adoption d’un projet de résolution

La Troisième Commission a adopté, sans vote, le projet de résolution sur la « Situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée » (A/C.3/72/L.40), par lequel l’Assemblée générale condamnerait les violations systématiques, généralisées et flagrantes des droits de l’homme commises depuis longtemps et encore aujourd’hui en RPDC, y compris celles dont la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme et considère qu’elles peuvent constituer des crimes contre l’humanité, et l’impunité dont les auteurs de ces violations continuent de jouir.

Elle se déclarerait très gravement préoccupée par la persistance d’informations faisant état de violations des droits de l’homme, notamment et entre autres, la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires; l’imposition de la peine de mort pour des motifs politiques et religieux; les châtiments collectifs qui peuvent s’étendre à trois générations; le recours très fréquent au travail forcé ou encore par l’existence d’un vaste système de camps de prisonniers politiques et de transferts forcés de population; les restrictions généralisées et draconiennes (en ligne et hors ligne) aux libertés de pensée, de conscience, de religion ou de conviction, d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et d’association, au droit à la vie privée et à l’égal accès à l’information; les violations des droits économiques, sociaux et culturels qui ont conduit à l’insécurité alimentaire, à une grave famine, à la malnutrition, à des problèmes sanitaires généralisés et à d’autres épreuves pour la population de la RPDC; ou encore la discrimination fondée sur le système songbun.

L’Assemblée générale se déclarerait très gravement préoccupée également par le refus constant du Gouvernement de la RPDC d’adresser une invitation au Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme en RPDC et de coopérer avec lui et avec plusieurs autres titulaires de mandats au titre des procédures spéciales des Nations Unies, et par le fait que le Gouvernement continue de ne pas reconnaître la gravité de la situation des droits de l’homme dans le pays.

L’Assemblée générale condamnerait également les enlèvements systématiques, les refus de rapatriement et les disparitions forcées de personnes, y compris de ressortissants d’autres pays, qui sont pratiqués à grande échelle et à titre de politique d’État.

En outre, l’Assemblée générale se déclarerait très profondément préoccupée par la situation humanitaire précaire dans le pays, estimant qu’elle pourrait rapidement se détériorer.

Dans ce contexte, l’Assemblée générale se féliciterait de l’adoption, par le Conseil des droits de l’homme, de la résolution 34/24 dans laquelle il décide de renforcer la capacité du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, notamment de sa structure de terrain à Séoul.  Elle engagerait le Conseil de sécurité à continuer d’examiner les conclusions et recommandations de la Commission d’enquête et à prendre les mesures voulues pour établir les responsabilités, notamment en envisageant de renvoyer devant la Cour pénale internationale la situation en RPDC et en envisageant l’adoption de nouvelles sanctions ciblées.  Elle l’engagerait également à continuer d’examiner la situation en RPDC, y compris le bilan du pays sur le plan des droits de l’homme.  Elle demanderait en outre aux États Membres de veiller à ce que la structure mise en place sur le terrain par le Haut-Commissariat puisse fonctionner en toute indépendance, dispose des ressources et de l’appui nécessaires à l’exécution de son mandat.

L’Assemblée générale engagerait vivement le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée à respecter pleinement tous les droits de l’homme et libertés fondamentales; elle l’exhorterait à appliquer sans délai les recommandations de la Commission d’enquête.  Elle engagerait tous les États Membres, ses propres membres, le Conseil des droits de l’homme, le Haut-Commissariat, le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies, les institutions spécialisées des Nations Unies compétentes, les organisations et instances régionales intergouvernementales, les organisations de la société civile, les fondations, les entreprises concernées et les autres parties prenantes auxquelles la Commission d’enquête a adressé des recommandations, à appliquer celles-ci ou à y donner suite. 

L’Assemblée générale déciderait de poursuivre l’examen de la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée à sa soixante-treizième session et prierait le Secrétaire général de lui présenter un rapport détaillé sur la situation dans le pays et le Rapporteur spécial de continuer à rendre compte de ses conclusions et recommandations, ainsi que de la suite donnée à l’application des recommandations de la Commission d’enquête.

Déclarations générales

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a qualifié le projet de résolution, présenté par l’Union européenne et le Japon, de « fruit d’un complot militaire et diplomatique contre la RPDC » qui ne fait rien pour renforcer la protection des droits de l’homme.  Les forces américaines et leurs « vassaux » sont de plus en plus désespérés et utilisent la tactique des droits de l’homme tout en ayant recours à des menaces sans précédent pour étouffer la RPDC, a déclaré le représentant.  La RPDC déplore le blocus sans discrimination qui lui est imposé au prétexte de l’application de la résolution sur les sanctions et qui sape l’acheminent des médicaments et fait obstacle à la production d’équipements pour les enfants et la production de denrées alimentaires.  Elle dénonce ce projet de résolution politisé, qui vise « à renverser la RPDC ».  La RPDC ne le reconnaît pas, ni ne l’accepte.  Elle ne demande même pas un vote sur ce texte dont aucun État membre du Mouvement des pays non alignés n’est coauteur mais appelle les États Membres à se dissocier du consensus sur la base du principe de non politisation inscrit dans la Charte des Nations Unies.

Le Japon a déclaré que la situation en RPDC était préoccupante notamment concernant les violations graves et systématiques des droits de l’homme.  Il a insisté sur le fait que cette question devait rester une priorité de la communauté internationale.  Il est également revenu sur la situation humanitaire « préoccupante », sur l’insuffisance alimentaire et le manque de services de base dont souffre la population.  Il a dénoncé le fait que les autorités de la RPDC utilisent leurs ressources à d’autres fins et notamment pour « leur programme nucléaire, qui est une priorité au détriment du bien-être de leur population ».  Il a également fait état de la question « préoccupante » des enlèvements et a demandé à toutes les délégations d’appuyer ce projet de résolution.

La République arabe syrienne a déclaré souscrire à la déclaration du représentant du Mouvement des pays non alignés et refuser la politisation des travaux de la Troisième Commission.  Elle réaffirme son refus catégorique d’une résolution « politisée » et basée sur des sources non fiables.  Elle rejette en outre l’instrumentalisation des instruments des droits de l’homme et appelle les coauteurs du projet de résolution à plutôt coopérer avec la RPDC. 

Explications de position

Singapour a dit son opposition de principe à tout mandat spécifique de pays, estimant que l’Examen périodique universel était le seul mécanisme pertinent pour examiner la situation des droits de l’homme dans les pays.  Cela dit, la position de Singapour ne doit pas être interprétée comme un soutien sur le fond à la RPDC.  Singapour invite la RPDC à se conformer aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

La République islamique d’Iran a dit partager le même point de vue sur les mandats de pays, et s’est désolidarisée du consensus sur le projet de résolution.

La Chine s’est dite opposée à la politisation des droits de l’homme et aux pressions sur un pays en particulier.  La Chine n’appuie donc pas le projet de résolution, d’autant qu’elle estime qu’il ne favorisera pas la paix dans la péninsule coréenne.

La Fédération de Russie a insisté dans le même sens sur le fait que de tels textes n’étaient pas de nature à apaiser les tensions.  La Fédération de Russie, comme les autres avant elle, se dissocie donc du consensus sur le projet de résolution.

L’Australie, au nom d’un groupe de pays, a dit déplorer la situation des droits de l’homme en RPDC, telle que décrite par la Commission d’enquête.  Elle a invité la RPDC à répondre aux préoccupations inscrites dans le projet de résolution, et notamment à coopérer avec les mécanismes des Nations Unies et à traduire en justice les auteurs de violations des droits de l’homme.

Le Bélarus s’est, lui aussi, opposé aux résolutions spécifiques de pays, estimant que cette démarche avait montré ses limites et son inefficacité.  C’est l’Examen périodique universel qui est l’outil pertinent pour examiner la situation des droits de l’homme.

Le Venezuela a réitéré sa position de principe, à savoir le rejet de la sélectivité et de la politisation.

Le Costa Rica est également d’avis que seul le Conseil des droits de l’homme et son mécanisme de l’Examen périodique universel sont pertinents pour aborder de la situation des droits de l’homme dans les pays.  Il ne revient pas à la Troisième Commission de le faire.

Cuba ne peut se rallier au consensus, en raison de sa position de principe, qui est de rejeter les mandats spécifiques de pays.  Pour Cuba, seul l’Examen périodique universel doit être utilisé aux fins d’examiner la situation des droits de l’homme dans les pays.  L’approche adoptée par ce texte est contreproductive, même si Cuba reconnaît que son paragraphe 20 aborde des questions légitimes qui méritent d’être examinées, mais sous un autre angle, notamment la coopération.

Adoption d’un projet de résolution

La Troisième Commission a adopté, par 83 voix pour, 30 voix contre et 68 abstentions, le projet de résolution portant sur la « Situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran » (A/C.3/72/L.41), par lequel l’Assemblée générale continuerait de se féliciter des engagements solennels pris par le Président de la République islamique d’Iran au sujet de certaines questions importantes relatives aux droits de l’homme, notamment l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et des membres de minorités ethniques.  Elle saluerait les réformes législatives et administratives proposées ou adoptées, notamment le nouveau Code de procédure pénale, le projet de loi relatif à la procédure pénale concernant les jeunes et les enfants, l’amendement à la loi sur la lutte contre les stupéfiants au sujet des peines sanctionnant les infractions liées aux stupéfiants et la Charte des droits des citoyens.

Toutefois, l’Assemblée générale se déclarerait vivement préoccupée par la fréquence alarmante de l’imposition et de l’exécution de la peine de mort, notamment des cas dans lesquels la peine de mort est appliquée contre des mineurs ou des personnes qui étaient âgées de moins de 18 ans au moment des faits reprochés.  Elle demanderait au Gouvernement de la République islamique d’Iran d’abolir, en droit et dans la pratique, les exécutions publiques.  Elle lui demanderait aussi de veiller à ce que, en droit et dans la pratique, nul ne soit soumis à la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.  Elle l’exhorterait à mettre fin au recours généralisé et systématique à la détention arbitraire, notamment de personnes ayant une double nationalité ou de ressortissants étrangers.

L’Assemblée générale demanderait également à la République islamique d’Iran de remédier aux mauvaises conditions de détention, de même que de créer et de maintenir, en droit et dans la pratique, un environnement sûr et favorable dans lequel une société civile indépendante, diverse et pluraliste puisse opérer sans entrave et en toute sécurité.

L’Assemblée générale engagerait vivement la République islamique d’Iran à éliminer, en droit et dans la pratique, toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles et à prendre des mesures pour les protéger contre la violence et leur assurer une même protection et un même accès à la justice, à lever les restrictions qui les empêchent de participer, au même titre que les hommes, à tous les aspects de l’enseignement.  Elle lui demanderait également d’éliminer, en droit et dans la pratique, toutes les formes de discrimination et autres violations des droits de l’homme contre les personnes appartenant à des minorités religieuses, ethniques, linguistiques ou autres.  Elle lui demanderait enfin de coopérer davantage avec les mécanismes internationaux relatifs aux droits de l’homme.  

L’Assemblée générale demanderait également à la République islamique d’Iran de s’acquitter des obligations que lui imposent les traités relatifs aux droits de l’homme auxquels elle est déjà partie et, entre autres, de retirer toute réserve vague ou pouvant être jugée incompatible avec l’objet et le but du traité.  Elle lui demanderait en outre de coopérer davantage avec les mécanismes internationaux relatifs aux droits de l’homme et l’engagerait à continuer de traduire les engagements solennels pris par le Président de la République islamique d’Iran au sujet de certaines questions importantes relatives aux droits de l’homme en mesures concrètes qui débouchent au plus vite sur des améliorations tangibles.

Déclarations générales avant le vote

La République Islamique d’Iran a estimé que le Canada, qui a présenté le projet de résolution L.41, aurait dû comprendre que cet exercice était inutile et qu’il ne servait pas la cause des droits de l’homme.  Le représentant a dénoncé la position du Canada, qui « affiche bien les positions de ce pays sur les droits de l’homme », un pays qui appuie Israël sans réserve, et ce, en dépit des violations flagrantes commises par ce régime.  Il a également dénoncé cet « effarant deux poids, deux mesures » et a souligné les sources crédibles qui montrent que le Canada ne respecte pas ses propres obligations en matière de droits de l’homme, que ce soit sur la question des migrants et des populations autochtones ou encore dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme.

Le représentant a insisté sur le fait que les pays qui incitent à l’adoption de ces résolutions « biaisées » ne pouvaient pas dire que leur politique étrangère est fondée sur la liberté: ils installent des dictatures militaires dans certains pays et promeuvent et légitiment la haine et le racisme.  Avant de donner des leçons à d’autres en matière de droits de l’homme, ces pays devraient répondre à cette question: comment parler de droits de l’homme alors que des millions de personnes sont tuées à cause d’eux?

Pour la République islamique d’Iran, le Canada continue à défendre la confrontation plutôt que la coopération.  La preuve en est que ce projet de résolution a été présenté malgré les appels de l’Iran pour engager un dialogue constructif.  Elle juge cette politisation des droits de l’homme difficile à saisir.  L’engagement de la République islamique d’Iran pour la défense des droits de l’homme est sincère, aucun pays n’a de leçon à lui donner, la situation dans le pays n’est pas particulière et ne nécessite pas un mandat spécifique.  En outre, la République islamique d’Iran a toujours répondu aux communications des titulaires de mandats du Conseil des droits de l’homme et a volontairement présenté, en 2017, un rapport de mi-parcours au titre de l’Examen périodique universel.  La République islamique d’Iran demande un vote sur le projet de texte.

L’Arabie saoudite a salué les efforts fournis par le Canada pour présenter ce projet de résolution et a annoncé qu’elle voterait en sa faveur pour plusieurs raisons.  Elle le fait pour faire la lumière sur les nombreuses violations des droits de l’homme commises en Iran, et aussi parce que les violations des droits de l’homme commises par l’Iran ne s’arrêtent pas aux frontières du pays et ont été perpétrées également en Syrie, en Iraq et au Liban, « là où les gardes républicains iraniens sont présents et se livrent à un nettoyage sectaire ».  En outre, les autorités iraniennes se sont rendues coupables de violations graves à l’encontre des Arabes d’Arouaz afin de changer la situation démographique de ce territoire, a accusé l’Arabie saoudite.  Celle-ci a en outre ajouté que la communauté internationale ne devait pas oublier que la République islamique d’Iran pratique la peine de mort.

Explications de vote

La République arabe syrienne a expliqué que sa délégation condamnait ce projet de résolution dans son intégralité, et ce, conformément à la position des États membres du Mouvement des pays non alignés.  Cette position est basée sur le fait que ce projet de résolution est politisé et a pour but de saper la réputation d’un État fondateur de l’ONU.  Pour la République arabe syrienne, la question qui se pose est: pourquoi ce sujet est-il mis sur la table de nouveau?  Pourquoi pointer du doigt certains pays avec leur propre culture, leurs propres traditions?  Pour la République arabe syrienne, le projet de résolution est « plein d’informations forgées de toutes pièces » par des pays qui veulent saper la stabilité de l’Iran et de la région.  Il vaudrait mieux présenter une résolution sur la situation des droits de l’homme dans les États qui affirment s’intéresser à la situation des droits de l’homme en Iran.  La République arabe syrienne rejette fermement l’utilisation du thème des droits de l’homme de façon sélective dans le but de s’ingérer dans les affaires des États Membres, ce qui n’est pas conforme à la Charte des Nations Unies, qui consacre le principe d’égalité souveraine entre les États Membres.

Le Venezuela a affirmé qu’il voterait contre le projet de résolution, en accord avec son opposition de principe à l’adoption de résolutions relatives à la situation des droits de l’homme dans un pays spécifique, en violation du principe d’universalité et de non-sélectivité.  Insistant sur la nécessité de la coopération et du dialogue, le Venezuela a rappelé « une fois de plus » la position des États membres du Mouvement des pays non alignés visant à accorder la priorité à l’Examen périodique universel (EPU) en matière d’examen de la situation des droits de l’homme et à mettre fin à la pratique des résolutions de pays, qui « viennent saper le mandat du Conseil des droits de l’homme ».

La Fédération de Russie a également souligné le caractère contreproductif des résolutions de pays, qui ne visent, selon la délégation, « qu’à punir certains pays ».  Faire des sermons n’a jamais permis de changer ou d’améliorer la situation des droits de l’homme.  La Fédération de Russie votera donc contre le texte.

Le Bélarus a lui aussi dénoncé la pratique qui consiste à viser des pays en particulier par des résolutions spécifiques.  Le Bélarus estime que le Conseil des droits de l’homme et l’Examen périodique universel sont les seuls cadres pour aborder des questions de droits de l’homme.

Cuba a également estimé que cette approche ne menait qu’à la confrontation.  La démarche entamée et concernant la République islamique d’Iran est clairement politique et ne vise nullement les droits de l’homme.  Cuba ne peut pas soutenir une telle démarche, d’autant qu’elle ne fait jamais appel à la coopération et à l’échange des pratiques optimales en matière de droits de l’homme.

Le Pakistan votera par principe contre ce projet de texte, tant qu’il estime que le Conseil des droits de l’homme et l’Examen périodique universel sont les plus pertinents en ce qui concerne les droits de l’homme.

La République populaire démocratique de Corée votera elle aussi contre ce texte, car elle sait, de par sa propre expérience, que de tels textes ne visent en rien les droits de l’homme, mais uniquement à déstabiliser des régimes et à s’immiscer dans les affaires intérieures des États.

La position de la Chine n’a pas changé.  Elle continue de condamner la politisation des droits de l’homme et le fait de viser des pays en particulier.  La communauté internationale doit prendre note des progrès de la République islamique d’Iran en matière de droits de l’homme et coopérer avec elle.

Après le vote, le Mexique a indiqué que, comme depuis deux ans, il s’était abstenu.  Le Mexique reconnaît que les rapports sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran montrent des progrès, mais aussi des défis et obstacles, et reste préoccupé par le fait que les discours des autorités ne soient pas toujours traduits en actes.  Le Mexique demande donc à la République islamique d’Iran de répondre aux préoccupations de la communauté internationale, notamment en ce qui concerne la peine de mort ou les discriminations faites aux femmes et aux minorités et de coopérer avec les mécanismes des droits de l’homme.

Le Japon a déclaré avoir voté en faveur du projet de résolution.  Même s’il reconnaît les progrès réalisés dans le pays, le Japon demande aussi aux autorités de mettre en œuvre les recommandations issues de l’Examen périodique universel.

Le Brésil s’est abstenu car il estime que la communauté internationale devrait opter pour une approche moins politisée et favoriser au contraire le dialogue et la coopération avec la République islamique d’Iran.  Il estime tout de même que les autorités iraniennes devraient répondre aux préoccupations de la communauté internationale en ce qui concerne l’imposition de la peine de mort aux mineurs ou les discriminations contre les minorités religieuses.

Le Chili, qui siègera au Conseil des droits de l’homme en janvier prochain, est favorable au dialogue et s’est par conséquent abstenu lors du vote.  Le Chili demande cependant à la République islamique d’Iran de coopérer avec les mécanismes des droits de l’homme et de n’imposer la peine de mort que pour les crimes les plus graves et non plus aux mineurs, entre autres mesures à prendre.

L’Équateur est lui aussi, par principe, opposé aux résolutions spécifiques de pays et estime que le Conseil des droits de l’homme et l’Examen périodique universel sont les seuls outils pour aborder la situation des droits de l’homme dans les pays.  Il condamne en outre le harcèlement exercé à l’encontre de certains États, qui sont comme par hasard presque toujours des pays en développement.

La République islamique d’Iran a déclaré, citant Léon Tolstoï, qu’une « personne arrogante se prend toujours pour une personne parfaite ».  Or, c’est le cas avec les pays à l’origine du projet de résolution, qui se croient parfaits.  C’est le cas notamment de l’Arabie saoudite, qui omet de se pencher sur sa propre situation des droits de l’homme.  Or, l’Arabie saoudite tue plus d’enfants au Yémen que les groupes terroristes État islamique, Al-Qaida et el-Nosra réunis, a affirmé le représentant, qui a aussi dit voir des similitudes entre l’Arabie saoudite et Daech, notamment dans les décapitations publiques.  Ce ne sont pas de simples coïncidences, mais des faits qui révèlent au contraire la nature et la mentalité de l’Arabie saoudite.

L’Arabie saoudite a déploré que la République islamique d’Iran s’en prenne à elle au lieu de répondre à la question de la situation des droits de l’homme dans le pays qui est l’objet du projet de résolution.  L’Arabie saoudite ne permettra pas d’être visée par la République islamique d’Iran. 

Adoption d’un projet de résolution

La Troisième Commission a adopté par 71 voix pour, 25 voix contre et 77 abstentions le projet de résolution intitulé « Situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) », (A/C.3/72/L.42), présenté par l’Ukraine et aux termes duquel l’Assemblée générale condamnerait les violations et atteintes commises et les mesures et pratiques discriminatoires appliquées par les autorités d’occupation russes à l’encontre des habitants de la Crimée temporairement occupée, notamment des Tatars de Crimée, ainsi que des Ukrainiens et des personnes appartenant à d’autres ethnies et groupes religieux.  Elle condamnerait également l’imposition illégale par la Fédération de Russie de ses lois, de sa juridiction et de son administration en Crimée occupée et la prierait de respecter les obligations que lui impose le droit international, notamment de respecter les lois en vigueur en Crimée avant l’occupation.

L’Assemblée générale exhorterait la Fédération de Russie, notamment, à honorer, en tant que Puissance occupante, toutes les obligations que lui impose le droit international applicable; à respecter les lois en vigueur en Ukraine et abroger les lois autorisant les évictions forcées et la confiscation de propriétés privées qu’elle a imposées en Crimée en violation du droit international applicable; à libérer immédiatement les citoyens ukrainiens qui sont détenus illégalement et qui ont été jugés sans considération des règles de justice les plus élémentaires, ainsi que ceux qui ont été transférés ou expulsés de la Crimée vers la Fédération de Russie, en traversant des frontières internationalement reconnues; à assurer l’accès à un enseignement en ukrainien et en tatare de Crimée; à révoquer immédiatement la décision consistant à déclarer que le Mejlis des Tatars de Crimée est une organisation extrémiste et à proscrire ses activités; à mettre fin à la pratique consistant à astreindre les habitants de Crimée à servir dans les forces armées ou auxiliaires russes; et à coopérer sans réserve et immédiatement avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et le Conseil de l’Europe concernant la situation des droits de l’homme en Crimée.

En outre, l’Assemblée générale demanderait instamment à la Fédération de Russie de garantir aux missions de surveillance des droits de l’homme et aux organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme l’accès sans entrave voulu en Crimée, notamment dans tous les lieux où des personnes peuvent être privées de liberté et prierait le HCDH d’établir, d’ici à la fin de sa soixante-douzième session, un deuxième rapport spécial sur la situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol temporairement occupées, et d’informer le Conseil des droits de l’homme de l’évolution de la situation, à sa trente-septième session. 

Déclarations générales

L’Azerbaïdjan a réaffirmé son attachement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine telle qu’affirmée par l’Assemblée générale le 27 mars 2014 et a appelé à ce que les conflits soient réglés au sein de l’ONU sur la base du dialogue.

La Fédération de Russie a déclaré que le projet de résolution L.42 était une tentative de plus de l’Ukraine « qui cherche à promouvoir ses propres intérêts politiques ».  Pour la Fédération de Russie, l’objectif est évident, il ne s’agit nullement des droits de l’homme, ceci est une tentative de plus de la part de l’Ukraine de modifier le statut juridique de la Crimée.  Il ne s’agit pas de rendre compte de la réalité mais de justifier « l’aventurisme militaire » de l’Ukraine.  Pour la Fédération de Russie, il n’existe « aucun conflit armé en Crimée » et cette région est une région en paix.  La Fédération de Russie estime que les évaluations données par l’Ukraine ne relèvent pas des compétences de la Troisième Commission.  Elle se demande en outre comment l’Ukraine peut exiger de garantir que l’éducation en Crimée soit disponible dans les langues des minorités nationales alors qu’en septembre dernier, elle a adopté une loi qui prive des enfants de la capacité à recevoir un enseignement dans leur langue maternelle.  Pour la Fédération de Russie, le projet de résolution présenté est un « manifeste antirusse » inacceptable.  Elle a donc demandé un vote sur le texte et appelé les délégations à voter contre. 

La République arabe syrienne a dit rejeter le projet de résolution en raison de son caractère politisé.  Une fois de plus la Troisième Commission perd son temps avec ce projet de résolution et sa propagande, qui ne révèle pas la réalité de la Crimée russe.  Pour la République arabe syrienne, la politisation qui avait conduit à la disparition de l’ancienne Commission des droits de l’homme persiste, en dépit des engagements pris lors de la création du Conseil des droits de l’homme. 

Explications de vote

Le Canada a déploré le manque de progrès sur la situation des droits de l’homme depuis l’annexion de la Fédération de Russie de territoires ukrainiens et en dépit des demandes à ce pays.  Dans ces zones, les minorités sont victimes de discrimination, les journalistes harcelés ou tués.  C’est pourquoi le Canada votera en faveur de la résolution et appelle les autres à en faire autant.

Le Royaume-Uni a, lui aussi, indiqué qu’il voterait en faveur du projet de texte et appelé les autres à le suivre.

Le Venezuela a redit sa position de principe, à savoir rejeter la pratique des résolutions spécifiques de pays et la politisation des droits de l’homme.  Par ailleurs, la Troisième Commission n’étant pas pertinente pour examiner la situation des droits de l’homme, le Venezuela votera contre ce projet de résolution.

La République populaire démocratique de Corée a exprimé la même position et annoncé qu’elle voterait contre le texte.

La République islamique d’Iran a elle aussi, pour les mêmes raisons, annoncé qu’elle voterait contre le texte.

Le Bélarus a condamné à nouveau le caractère « inacceptable » des résolutions de pays, qui par ailleurs ne sont pas constructives.  L’Examen périodique universel est le meilleur moyen de promouvoir la coopération et d’améliorer la situation des droits de l’homme.  Le Bélarus a annoncé qu’il voterait contre le projet de résolution.

La Chine a observé que le projet de texte allait à l’encontre du mandat de la Troisième Commission et annoncé que, pour cette raison, voterait contre le projet de résolution.

Le Pakistan a, lui aussi, insisté sur l’importance de l’Examen périodique universel pour aborder la question des droits de l’homme dans les pays.  Il a annoncé son abstention.

L’Argentine a expliqué son abstention lors du vote par le fait que, selon elle, certaines dispositions du texte adopté allaient au-delà des compétences de la Troisième Commission.  Elle a cependant affirmé partager les conclusions du Haut-Commissaire aux droits de l’homme et s’est déclarée préoccupée par la situation des droits de l’homme en Crimée, en raison notamment des allégations de viols basées sur des principes ethniques et des cas de discrimination à l’égard de la minorité tatare.

La Suisse a dit partager la préoccupation des coauteurs du texte.  Saluant le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur la situation en Crimée, elle s’est prononcée pour que la Commission exerce une surveillance internationale à ce sujet.  Elle a aussi appelé tous les acteurs concernés à mettre en œuvre les recommandations du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et s’est déclarée convaincue que, conformément à son mandat, les aspects sociaux et relatifs aux droits de l’homme devaient être traités en priorité par la Commission.    

Le Mexique, qui s’est abstenu, a estimé que les questions liées à l’intégrité territoriale des États ne devaient pas être traitées dans le cadre de la Troisième Commission.  Il a en outre condamné tout acte de force portant atteinte à l’intégrité d’un pays et s’est fait l’écho des inquiétudes relayées par la communauté internationale sur la situation en Crimée, prenant note du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et exprimant son inquiétude étant donné la « détérioration significative » signalée à divers titres.  

Le Brésil, qui s’est lui aussi abstenu, a jugé que ce texte ne contribuait pas à désamorcer les tensions.  Il a déclaré appuyer tous les efforts visant à apaiser la situation en Crimée et dans la ville de Sébastopol, conformément aux principes de la Charte de l’ONU et dans le respect des droits de l’homme.

La Hongrie a indiqué avoir voté pour le projet de résolution afin de souligner l’importance de la souveraineté politique de l’Ukraine.  Elle ne s’est pas portée coauteur du texte car celui-ci ne traite pas des accords bilatéraux et internationaux signés par l’Ukraine, laquelle, a-t-elle souligné, respecte le droit des minorités se trouvant sous sa juridiction.

Chypre, qui a voté en faveur du texte, a réaffirmé son attachement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à la protection des droits fondamentaux dans le pays.  Elle a notamment souligné l’importance de la protection de la minorité des Tatars de Crimée.  Sur ce point, les principes que défend ce projet de résolution ne sont malheureusement pas respectés.

La Grèce a déclaré appuyer la souveraineté territoriale de l’Ukraine et ses engagements en faveur des droits de l’homme.  C’est pourquoi, elle a voté en faveur du texte.  Néanmoins, la Grèce exprime les mêmes préoccupations que Chypre concernant les Tatars de Crimée mais aussi les agissements de l’Ukraine dans le cadre du Conseil de sécurité.

Singapour a dit avoir voté conformément à sa position de principe consistant à rejeter les résolutions de pays, sans se prononcer sur le fond.  Cette position ne l’empêche pas de soutenir l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

La Géorgie a estimé que le projet de résolution adopté, qu’elle a « fermement appuyé », devrait assurer le respect par la Fédération de Russie de ses obligations internationales. 

Adoption d’un projet de résolution

La Troisième Commission a adopté par 108 voix pour, 17 voix contre et 58 abstentions, le projet de résolution relatif à la « Situation des droits de l’homme en République arabe syrienne » (A/C.3/72/L.54), oralement révisé, dans lequel l’Assemblée générale condamnerait fermement les violations systématiques, généralisées et flagrantes du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en République arabe syrienne et toutes les attaques aveugles et disproportionnées dans des zones civiles et contre des infrastructures civiles, et exigerait de toutes les parties qu’elles s’acquittent des obligations que leur impose le droit international humanitaire.  Elle exhorterait tous les États Membres à créer les conditions propices à la poursuite des négociations en vue d’un règlement politique du conflit dans le pays sous les auspices de l’ONU, à permettre l’accès humanitaire total, immédiat et sans danger, et à œuvrer à la libération des personnes détenues arbitrairement. 

L’Assemblée générale condamnerait fermement toute utilisation comme arme du chlore, du sarin, de la moutarde au soufre et de toute autre arme chimique, par quelque partie que ce soit, en République arabe syrienne et exige que le régime syrien et l’EIIL (également appelé Daech) renoncent immédiatement à tout nouveau recours à des armes chimiques.  Elle réaffirmerait qu’elle condamne dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques par quiconque et en quelque circonstance que ce soit.

L’Assemblée générale rappellerait la décision du Conseil de sécurité selon laquelle la République arabe syrienne doit s’abstenir d’employer, de mettre au point, de fabriquer, d’acquérir d’aucune manière, de stocker et de détenir des armes chimiques ou d’en transférer, directement ou indirectement, à d’autres États ou à des acteurs non étatiques et, dans le droit fil de cette décision du Conseil, se déclarerait fermement convaincue que les personnes responsables de l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne doivent rendre compte de leurs actes, et demande un renforcement sensible des mesures de vérification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

En particulier, l’Assemblée générale condamnerait fermement l’emploi de gaz sarin par la République arabe syrienne à Khan Cheïkhoun, le 4 avril 2017, à la suite duquel une centaine de civils ont trouvé la mort, y compris des enfants et des travailleurs humanitaires, comme l’ont confirmé le Mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et de l’Organisation des Nations Unies dans son rapport et la Commission d’enquête dans son rapport du 8 août 2017.  Elle exigerait que le régime syrien cesse immédiatement d’utiliser des armes chimiques et que les personnes responsables de l’emploi de ces armes rendent compte de leurs actes.

L’Assemblée générale se féliciterait de la tâche accomplie dans des conditions difficiles, grâce à une méthode solidement éprouvée, par la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques en République arabe syrienne et par le personnel du Mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et de l’ONU, ainsi que du rôle essentiel que jouent ces deux structures s’agissant de faire respecter la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction et de préserver le régime de non-prolifération chimique.  

De même, l’Assemblée générale exigerait du régime syrien qu’il s’acquitte pleinement de ses obligations internationales, y compris celle de déclarer l’intégralité de son programme d’armes chimiques et de l’éliminer totalement.  À cet égard, elle demanderait que des procédures supplémentaires de vérification rigoureuse soient suivies, conformément à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction.

En outre, l’Assemblée générale déplorerait et condamnerait dans les termes les plus énergiques la poursuite des violations flagrantes généralisées et systématiques des droits de l’homme et des libertés fondamentales et toutes les violations du droit international humanitaire commises par les autorités syriennes et les milices chabbiha progouvernementales, ainsi que par ceux qui combattent en leur nom, de même que les actes terroristes et la violence dirigés contre les civils par l’EIIL et par le Front el-Nosra, ainsi que les atteintes aux droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire flagrantes, systématiques et généralisées auxquelles ils ne cessent de se livrer.

L’Assemblée générale exigerait des autorités syriennes qu’elles favorisent l’accès sans discrimination aux services de santé et respectent et protègent le personnel médical et sanitaire contre toute entrave, menace ou attaque physique.  Elle condamnerait fermement toute attaque dirigée contre le personnel médical et sanitaire, contre les moyens de transport et le matériel qu’il utilise et contre les hôpitaux et autres établissements médicaux.

Par ailleurs, l’Assemblée générale, qui se déclarerait profondément préoccupée par les conclusions présentées par la Commission d’enquête dans son rapport sur Alep, exigerait des autorités syriennes qu’elles coopèrent pleinement avec la Commission d’enquête, notamment en lui accordant un accès immédiat, total et sans entrave à l’ensemble du territoire syrien, et qu’elles assument la responsabilité qui leur incombe de protéger la population syrienne  

De surcroît, l’Assemblée générale demanderait à tous les membres de la communauté internationale de continuer de fournir à l’ONU, aux institutions spécialisées et aux autres acteurs humanitaires l’appui dont ils ont cruellement besoin pour apporter une assistance humanitaire aux millions de Syriens déplacés à l’intérieur du pays ou qui ont trouvé refuge dans un pays d’accueil.

Enfin, l’Assemblée générale réaffirmerait que la solution au conflit en République arabe syrienne ne peut être que politique, redit son attachement à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne et demande instamment aux parties au conflit de s’abstenir de tout acte susceptible d’aggraver encore la situation des points de vue des droits de l’homme et de la sécurité et sur le plan humanitaire, afin d’assurer une véritable transition politique, sur la base du communiqué final du Groupe d’action pour la Syrie en date du 30 juin 2012, elle exigerait que toutes les parties s’emploient de toute urgence à appliquer dans son intégralité le communiqué final, notamment en mettant en place une autorité de transition inclusive dotée des pleins pouvoirs exécutifs, formée sur la base du consentement mutuel et assurant la continuité des institutions de l’État.

Déclarations générales

En tant que pays concerné, la République arabe syrienne a estimé que l’ajout d’Israël au nombre des coauteurs de la résolution présentée par l’Arabie saoudite dévoilait les liens entre les deux pays.  À l’attention des délégations, le représentant a ensuite cité un tweet attribué à l’ancienne représentante des États-Unis auprès des Nations Unies, Mme Samantha Power, dans lequel elle dirait que les États-Unis auraient dû mettre fin à leur alliance avec l’Arabie saoudite, pays qui dirige la coalition arabe intervenant au Yémen et fait des milliers de morts, y compris les femmes et les enfants.

Le représentant a également affirmé que l’ancien premier ministre du Qatar avait récemment confié qu’avec l’Arabie saoudite, ces deux pays avaient dépensé 1 037 milliards de dollars pour détruire la Syrie, notamment en recrutant des terroristes.  Dans le même témoignage, il indique que d’autres sommes aussi considérables ont été dépensées pour détruire l’Iraq et le Yémen.  Voici le visage de ces deux pays, unis pour détruire les autres, a-t-il dit.

Le représentant a également accusé les pays coauteurs du projet de résolution de recourir au mensonge, à la corruption et à la propagande pour atteindre la Syrie.  Les délégations, avant de voter, doivent connaître leurs méthodes et leurs intentions, a ajouté le représentant.  Pour la République arabe syrienne, le texte présenté aujourd’hui est un témoignage de « l’hystérie et de la défaite politique » que subit l’Arabie saoudite, infligées par les Forces armées arabes syriennes.

Le représentant a accusé le Qatar et l’Arabie saoudite d’avoir conclu un accord pour transférer des armes aux terroristes en Syrie, en passant par la Turquie et avec l’appui des États-Unis et pour « se partager le gibier ».  Accusant le Qatar et l’Arabie saoudite de se disputer la paternité du wahhabisme, cette idéologie qui « pourrait constituer la quatrième arme de destruction massive », le représentant a également dénoncé la Turquie, une des « pires dictatures religieuses qui soit », l’accusant elle aussi de parrainer les terroristes, y compris en les laissant disposer d’armes chimiques.  En ce qui la concerne, la République arabe syrienne mène une lutte contre le terrorisme, « à votre place », a encore déclaré le représentant à l’adresse des délégations.  La République arabe syrienne a demandé un vote sur le projet de résolution et a appelé les États à voter contre. 

Les États-Unis se sont déclarés « heureux » d’être coparrains de ce texte et ont appelé tous les autres pays à s’y joindre.  Ils ont condamné fermement la poursuite des violations et abus à l’encontre des droits de l’homme et des efforts humanitaires par le régime syrien, lequel est responsable de « la plus grande partie » des décès infligés au peuple syrien.  À cet égard, les États-Unis ont rappelé que la Commission d’enquête des Nations Unies avait fait état de détentions arbitraires, de cas de torture, de supplices sexuels, de déplacements forcés, d’attaques à l’encontre du personnel de santé et de convois humanitaires ainsi que d’une utilisation d’armes chimiques par les autorités du pays.  De plus, ont souligné les États-Unis, le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU a confirmé que le « régime d’Assad » était responsable de l’attaque de Kahn Cheikhoun, qui a fait une centaine de morts parmi la population civile en avril dernier.  Rappelant qu’il s’agit de la quatrième fois que le régime commet ce type de crime, les États-Unis estiment que l’appui dont il bénéficie de la part de la Fédération de Russie est « encore moins tolérable » et souhaitent que les auteurs de ces violations soient amenés à rendre des comptes. 

Le Liechtenstein, qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a remercié l’Arabie saoudite pour sa présentation de ce texte dont il s’est porté coparrain cette année encore.  Il s’est félicité que l’accent y soit mis sur la responsabilisation, certaines violations du droit international pouvant relever de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.  Estimant important que ces crimes ne restent pas impunis, le Liechtenstein a réitéré son appel à l’attention du Conseil de sécurité pour qu’il renvoie l’affaire à la Cour pénale internationale.  Il faut explorer toutes les possibilités visant à mettre un terme à l’impunité, a insisté le Liechtenstein, qui s’est félicité de l’appel à toutes les parties prenantes contenu dans ce projet de résolution, qualifié de « pas important » dans la recherche de la justice pour les crimes commis en République arabe syrienne.

La République islamique d’Iran a rappelé le sort emblématique d’un de ses ressortissants capturés, il y a quelques mois, par le groupe État islamique avant d’être décapité devant des caméras.  Cet homme figure parmi les « véritables combattants contre le terrorisme », son sang et celui de ses camarades « inondent ceux qui ont financé l’État islamique, dont le principal auteur de cette résolution », a-t-il accusé, jugeant « absurde » que des pays coparrains de ce projet de résolution, à commencer par l’Arabie saoudite, manipulent cette instance « en dissimulant leurs crimes derrière des mensonges ».  Pour la République islamique d’Iran, il s’agit là d’un « grand point d’interrogation pour ceux qui ne sont pas dans ce bâtiment ».  Alors que nous nous rapprochons de la défaite de l’État islamique, ses parrains sont inquiets, notamment en raison des milliards de dollars dépensés pour déstabiliser la Syrie, a encore estimé la République islamique d’Iran, qui a invité chacun à voter comme il le souhaite mais sans oublier que ce vote « peut être considéré comme une caution pour les terroristes ».

La Turquie a souhaité qu’après plus de sept ans de conflit, la communauté internationale n’oublie pas comment le conflit a commencé.  L’obstination des dirigeants syriens continue aujourd’hui à déstabiliser la paix régionale, a-t-elle constaté, rappelant que le régime syrien, au lieu de répondre aux aspirations légitimes de son peuple, a eu recours à tous les instruments à sa disposition pour prolonger sa présence au pouvoir.  Pour la Turquie, les violations du droit international et des droits de l’homme dans ce pays sont des faits établis, comme le souligne le projet de résolution.  Si ce dernier ne permettait pas de soulager les « souffrances indicibles » du peuple syrien, il lui montrerait néanmoins « de quel côté se trouve la communauté internationale ».

Le Venezuela a réaffirmé sa position de principe concernant le règlement des différends et les procédures spéciales.  Il a rappelé qu’il rejetait le principe de sélectivité à des fins politiques, qui constitue, selon lui, une violation des principes de la Charte des Nations Unies.  Ajoutant que les examens spécifiques vont au-delà des compétences de la Troisième Commission, il a une nouvelle fois estimé que la coopération avec les États était fondamentale.  C’est pourquoi, il a réitéré l’appel du Mouvement des pays non alignés sur cette question et indiqué qu’il voterait contre le texte.

Le Qatar a observé que la crise syrienne, qui est entrée dans sa septième année, implique toujours des violations graves du droit international et des droits de l’homme.  La situation des civils atteint des « niveaux catastrophiques » avec des « souffrances extrêmes », a-t-il constaté, jugeant indispensable de faire respecter le droit international et de mettre fin à la culture de l’impunité, notamment par le biais d’enquêtes et de poursuites équitables.  En tant que coauteur du texte, il a appelé tous les États Membres à s’y joindre. 

La Suisse a remercié le principal auteur du texte et s’est réjoui d’y retrouver plusieurs de ses recommandations, notamment sur la protection de la mission médicale.  Se disant préoccupée par les violations et abus commis par toutes les parties prenantes au conflit, elle a aussi déploré que certains paragraphes opérationnels du texte affaiblissent son applicabilité.  La délégation a par ailleurs jugé impératif que la Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l’homme puisse accéder au territoire syrien et que des mandats d’arrêt internationaux soient émis contre les auteurs des violations les plus graves.  À cet égard, elle a réitéré son appel pour que l’affaire soit déférée à la CPI.  

La République populaire démocratique de Corée a annoncé qu’elle voterait contre le projet de résolution en raison de sa position de principe opposée aux résolutions de pays.

La Fédération de Russie a, elle aussi, annoncé qu’elle voterait contre ce texte, en raison également de sa position de principe opposée aux pressions sur des États Membres des Nations Unies.  Cette résolution est déconnectée des réalités et ne tient même pas compte des récentes évolutions sur le terrain, notamment la reprise de villes des mains des groupes terroristes.

La Fédération de Russie a averti que le vote en faveur du texte n’aurait aucun effet stabilisateur.  Au contraire, il compromettra les efforts internationaux pour parvenir à la paix, notamment le processus d’Astana, qui plaide pour une solution intersyrienne.

La Fédération de Russie a également appelé les délégations à examiner et comprendre les jeux et enjeux géostratégiques en cours, qui visent clairement à renverser des gouvernements.  Utiliser le thème des droits de l’homme dans une guerre d’information est honteux, a ajouté la représentante, qui a mis en garde contre le danger que représente la diffusion de fausses informations pour atteindre un but illégitime.  Cela mine la crédibilité des Nations Unies, a-t-elle conclu.

Le Brésil a annoncé qu’il voterait en faveur du projet de résolution, même s’il constate que ce texte est déséquilibré et n’évalue pas équitablement la situation sur le terrain.  Il faut néanmoins trouver un terrain d’entente pour rendre justice aux victimes de graves violations des droits de l’homme.

Le Bélarus a rappelé qu’il n’appuyait pas les résolutions et les mandats de pays, en raison de leur inefficacité.  L’Examen périodique universel est le mécanisme pertinent pour les questions relatives aux droits de l’homme.  Le Bélarus votera donc contre le texte.

Cuba a annoncé qu’elle voterait également contre le projet de résolution, qui a des visées « punitives » et non relatives aux droits de l’homme.  La situation sur le terrain ne se règlera pas par des initiatives condamnant le Gouvernement syrien, mais uniquement en recherchant des moyens politiques pacifiques de nature à parvenir à la paix. 

L’Égypte a déclaré suivre avec préoccupation l’évolution de la situation en République arabe syrienne.  Depuis 2011, l’Égypte a décidé d’adopter une « position exceptionnelle » au titre de ce projet de résolution, en vertu d’une position de principe.  Elle rejette en effet tout projet de résolution qui n’a pas été accepté par le pays concerné.  De plus, elle déplore aujourd’hui que la résolution syrienne soit examinée par la Troisième Commission « de manière habituelle » alors que le texte n’a aucune incidence sur la situation sur le terrain.  Évoquant un texte « fortement polarisé et politisé », l’Égypte a également regretté qu’il occulte « certaines responsabilités » en matière de droits de l’homme et fasse référence à la Cour pénale internationale (CPI). 

La République arabe syrienne a souhaité répondre à la représentante du « régime turc » qui s’était posé la question du début de la crise syrienne.  « Si ceux qui ne savent pas s’étaient tus, il y aurait moins de différends », a souligné son délégué, citant le philosophe arabe Averroès.  La représentante turque « ne sait pas ce qu’elle dit », a-t-il ajouté, avant de raconter le périple d’un « terroriste » travaillant pour les services turcs, qui a, selon lui, transféré deux litres de gaz sarin de Libye vers la Turquie sur un vol civil avant d’être transféré jusqu’aux frontières syriennes.  Ce gaz, a-t-il indiqué, a été utilisé en mars 2013 près d’Alep puis dans d’autres localités syriennes.  Affirmant en avoir immédiatement fait part au Secrétaire général de l’époque, le représentant a assuré que ce dernier lui avait promis son assistance pour identifier la partie responsable.  Toutefois, a-t-il dit, le Secrétaire général a dû en référer aux « grands loups du Conseil de sécurité » et la décision a alors été prise de « ne pas dévoiler ceux qui sont derrière cette utilisation » de gaz chimique.  Le représentant syrien a également affirmé que « l’argent corrompu qatari et saoudien » avait fait échouer la Commission d’enquête ainsi que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Le représentant a par ailleurs accusé le Qatar, coauteur du texte, d’avoir monté une « conspiration » avec les groupes terroristes Daech et el-Nosra, avant d’ajouter que le « régime qatari » n’était en conflit avec le « régime saoudien » que sur « la paternité du mouvement terroriste ».  Il s’est enfin interrogé sur les raisons qui poussent ces pays à parler du terrorisme dans les autres pays alors qu’ils sont gouvernés par une famille qui finance le terrorisme pour ses propres intérêts.

La Chine a voté contre le texte en raison de sa position de principe bien connue.

Le Liban s’est abstenu lors du vote, pour les mêmes raisons que par le passé et expliquées au cours des sessions précédentes.

L’Argentine a dit avoir voté en faveur du texte en raison de la situation humanitaire qui prévaut en République arabe syrienne et qui l’inquiète.  Elle estime en outre que les processus de Genève et d’Astana sont complémentaires.  Elle est également d’avis que le transfert d’armes doit cesser et que la situation en Syrie doit être renvoyée devant la Cour pénale internationale. 

L’Équateur a expliqué s’être abstenu en raison du caractère déséquilibré du texte, qui ne montre du doigt qu’une des parties au conflit et ne favorise pas une solution pacifique du conflit.

La Libye a dit s’être dissociée de la résolution en raison de son caractère déséquilibré, qui s’écarte grandement de l’objectif des droits de l’homme, qui ont été ici politisés. En outre, la Libye regrette les allusions faites par le représentant de la République arabe syrienne lorsqu’il a évoqué le trafic de gaz sarin.  La Libye est étrangère à cette histoire. 

La République islamique d’Iran a déclaré que l’Arabie saoudite, principal coauteur du projet de résolution, n’avait pas un bilan exemplaire en matière de droits de l’homme.  Cette résolution semble condamner ceux qui luttent contre le terrorisme en Syrie et dont l’Arabie saoudite est un des soutiens avec son idéologie takfiriste, a dit le représentant, assurant que son pays n’épargnerait aucune force pour lutter contre ce phénomène dans la région du Moyen-Orient.

L’Arabie saoudite a remercié les États qui ont voté en faveur de la résolution, y voyant un message envoyé à la République arabe syrienne et à ses alliés.  Elle a accusé la République arabe syrienne et la République islamique d’Iran de ne chercher qu’à détourner l’attention de la Troisième Commission en s’attaquant à elle.

Le Qatar a, lui aussi, remercié les délégations qui ont voté pour le projet de texte, expliquant qu’il ne cherchait qu’à donner l’occasion à ses « frères syriens » d’exercer librement leur droit à l’autodétermination.

Le Japon, coauteur du projet de texte et membre non permanent du Conseil de sécurité, a condamné l’utilisation d’armes chimiques et estimé que le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU devait être prorogé aux fins de mener des enquêtes.  Pour le Japon, une telle question ne devrait pas faire l’objet de politisation.

L’Estonie, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a condamné elle aussi l’utilisation d’armes chimique en Syrie, démontrée notamment par le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  L’Union européenne estime que l’utilisation de ces armes par les acteurs étatiques ou non étatiques doit être condamnée et les auteurs dûment jugés pour leurs actes.  À cette fin, elle demande au Conseil de sécurité de proroger le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint et de donner à ce mécanisme les moyens d’agir.

La Turquie a dit rejeter les allégations formulées par « un régime qui a perdu toute légitimité et depuis longtemps ».

La République arabe syrienne, en conclusion, a remercié les délégations qui se sont abstenues ou ont voté contre le projet de texte.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’optimisme est de mise dans la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale

Soixante-douzième session,
54e séance plénière – matin
AG/11975

L’optimisme est de mise dans la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale

L’espoir est permis.  C’est ce qui ressort du débat que l’Assemblée générale a achevé aujourd’hui sur la revitalisation* de ses travaux; le Coprésident de son Groupe de travail spécial estimant que les progrès enregistrés jusqu’ici ne peuvent que convaincre de la possibilité d’avancer encore.

La revitalisation des travaux de l’Assemblée porte sur quatre domaines principaux: le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale; ses méthodes de travail; la sélection et la nomination du Secrétaire général et des chefs de secrétariat des organismes de l’ONU; et le renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée.

L’amélioration des méthodes de travail, les nouveautés apportées à la sélection et à la nomination du Secrétaire général, le renforcement du Cabinet du Président de l’Assemblée ou encore l’amélioration de sa redevabilité prouvent ce qu’on peut faire grâce à un travail constructif, orienté vers la réforme et basé sur le consensus, s’est réjoui le Coprésident du Groupe de travail spécial, en parlant d’une revitalisation qui doit s’inscrire, selon les délégations, dans la réforme globale de l’ONU.

Améliorer la façon dont l’Assemblée générale travaille, rappelait hier son Président, n’est pas seulement de l’intérêt des délégations, mais aussi de l’intérêt des gens chez eux ou dans leur communauté, à des milliers de kilomètres d’ici.  Ce que nous faisons ici, s’expliquait-il, a des répercussions sur la crédibilité et les résultats de l’ONU dans son ensemble.  Cette salle, ajoutait-il, doit être un lieu de dialogue, où l’on entre avec des idées et des propositions et l’on sort avec de nouvelles perspectives et des résultats.  L’Assemblée générale ne peut être le lieu des intérêts personnels.  Elle ne peut être le lieu où l’on ne vient qu’avec des lignes rouges et des positions rigides.

Le Président n’avait pas manqué de souligner que l’Assemblée générale est l’organe le plus représentatif des Nations Unies qui donne aux 193 États Membres une voix et un vote.  Elle traite des trois piliers du travail de l’ONU: la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, et attire tous les acteurs et entités du système des Nations Unies.

Pour la Slovaquie, les discussions sur la revitalisation des travaux doivent viser cette année à un meilleur alignement avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Assemblée, ont estimé les États-Unis, doit maintenant examiner les moyens de consolider et de rationaliser son ordre du jour et envisager de regrouper des points ou d’espacer leur examen, le cas échéant.  L’Assemblée et ses grandes commissions, ont-ils poursuivi, doivent continuer à identifier les résolutions qui pourraient être négociées tous les deux ans voire tous les trois ans.  Les États-Unis ont d’ailleurs conseillé au Groupe de travail de tendre lui-même vers plus d’efficacité et d’envisager de biennaliser la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée. 

On pourrait aussi avancer, a poursuivi la Slovaquie, sur les relations entre l’Assemblée et les autres organes principaux de l’ONU pour garantir une meilleure coordination.  S’il ne sert à rien d’ériger des barrières entre les différents organes, il n’est pas non plus très utile, a renchéri le Bangladesh, de laisser ces organes empiéter sur les prérogatives des uns et des autres.  La Fédération de Russie a d’ailleurs dit comprendre les critiques selon lesquelles le Conseil de sécurité s’approprie les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Le Conseil, a-t-il dit, doit se concentrer sur la situation concrète des pays inscrits à son ordre du jour.

Le Conseil doit aussi, s’agissant de la nomination du Secrétaire général, présenter plusieurs candidats à l’Assemblée générale, a suggéré l’Afrique du Sud, qui est également revenue sur l’idée de limiter les mandats du futur chef de l’ONU et de le nommer par vote.  Il faut maintenant, ont argué les États-Unis, avancer dans l’élaboration d’un « code de conduite pour les futures élections ».

Quant à la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, la Slovaquie a estimé qu’il faut parler des besoins en ressources financières et humaines, dans le contexte des négociations en cours sur le budget-programme 2018-2019.  L’Afrique du Sud s’est aussi dite favorable à une ponction du budget ordinaire de l’ONU, avant que les États-Unis ne préviennent qu’ils resteront « prudents » devant toute suggestion, au sein du Groupe de travail, qui aurait des incidences financières.  L’amélioration de l’efficacité veut dire aussi travailler dans les limites des ressources existantes, ont-ils tranché.

L’Assemblée générale tiendra une autre plénière vendredi 17 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner l’interaction entre l’ONU, les parlements nationaux et l’Union interparlementaire.

*A/RES/71/323

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Débat conjoint

La revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est un élément vital de la réforme globale de l’ONU et demeure une des priorités de l’Afrique du Sud à cette soixante-douzième session, a affirmé M. MARTIN ERIC SIPHO NGUNDZE (Afrique du Sud), qui a salué les progrès faits dans un certain nombre de domaines dont le succès de la campagne pour renforcer le rôle de l’Assemblée dans la sélection et la nomination du Secrétaire général.  À ce propos, le représentant a appelé à « institutionnaliser » les réformes adoptées lors des Soixante-dixième et Soixante-onzième sessions et souhaité que le Groupe de travail spécial continue à réfléchir à d’autres réformes, y compris la possibilité d’imposer une limite au mandat et de nommer le prochain secrétaire général par vote, conformément à l’intention des membres fondateurs de l’ONU.  M. Ngundze a également recommandé que le Conseil de sécurité à soumette à l’Assemblée plusieurs candidats-secrétaire général.

S’agissant du renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le représentant a appuyé l’idée de le doter d’un personnel supplémentaire, sur une base permanente.  Le rôle du Président s’est renforcé mais les ressources humaines et financières de son Cabinet n’ont pas changé, s’est inquiété le représentant qui s’est dit favorable à une ponction du budget ordinaire.

Quant au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale, il a salué les progrès faits dans les méthodes de travail des grandes commissions et la coordination accrue entre ces commissions avec le Groupe de travail spécial.  Il a en outre salué l’établissement au sein du Groupe de travail spécial, d’un mécanisme de dialogue entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU.  En conclusion, le représentant sud-africain a mis l’accent sur l’importance de la « nature intergouvernementale, inclusive et démocratique » des Nations Unies et de la nécessité d’en consulter les États Membres.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a souligné le fait que la revitalisation des travaux de l’Assemblée s’inscrit dans la réforme globale de l’ONU.  Il a plaidé pour l’allocation de ressources suffisantes à la mise en œuvre de la résolution 71/323 et estimé que face aux énormes défis mondiaux, les Nations Unies doivent miser sur la coordination entre leurs principaux organes.  Il a donc encouragé les efforts déployés dernièrement par le Conseil de sécurité pour interagir avec l’Assemblée.  Le représentant s’est attardé sur le nouveau système de vote à bulletin secret qui, selon lui, contrevient au principe de responsabilité et de transparence voire aux efforts de bonne gouvernance.  Il a dit craindre en effet des manipulations et de la corruption.  Il a conclu en soutenant la vision réformiste du Secrétaire général. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a estimé que durant cette session, l’Assemblée devrait viser des progrès pour aligner son travail avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et renforcer la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président, dans le contexte des négociations en cours sur le budget-programme 2018-2019.  L’Assemblée pourrait aussi avancer s’agissant de ses relations avec les autres organes principaux pour garantir une meilleure coordination sur les questions nécessitant une action coordonnée, dans le respect des mandats respectifs.  Des progrès peuvent aussi être attendus en ce qui concerne l’examen des leçons tirées du processus de sélection du Secrétaire général et l’identification des meilleures pratiques.  Enfin, l’Assemblée peut avancer sur la question de l’égalité des sexes.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a réitéré la nécessité de poursuivre le travail sur le renforcement de la fonction, de l’autorité, de l’efficacité et de l’efficience de l’Assemblée dont la valeur est particulièrement précieuse pour placer l’ONU à la hauteur des défis du monde.  Le représentant s’est félicité des progrès faits dans le cadre du Groupe de travail spécial, citant l’amélioration des méthodes de travail des grandes commissions; les relations plus fluides entre l’Assemblée et le Conseil économique et social (ECOSOC); la programmation plus coordonnée des réunions de haut niveau de l’Assemblée; et une interaction accrue entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU.  Le représentant a mis en relief le rôle « transcendantal » conféré par la Charte à l’Assemblée générale et a réaffirmé l’autorité de cette dernière qui est habilitée à tenir des débats conduisant à des réformes touchant les trois piliers de l’ONU à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Le représentant n’a pas manqué de rappeler le ferme appui de son pays à l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention.  Investir dans la prévention contribuera à la réduction des conflits sociaux et armés, a-t-il acquiescé.    

Nous avons beaucoup accompli dans le cadre du Groupe de travail spécial, a affirmé Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) en citant, entre autres, le processus de vote et la question des cadeaux offerts par les États Membres dans le Hall de l’Assemblée générale les jours d’élections.  Il nous faut maintenant avancer dans l’élaboration d’un « code de conduite pour les futures élections », a-t-elle pressé.  Appuyant fermement les efforts de réforme du Secrétaire général, la représentante a rappelé que la résolution 71/323 détaille les moyens d’améliorer et de rationaliser le travail de l’Assemblée et en faire un organe plus efficace.  L’Assemblée, a-t-elle estimé, devrait maintenant examiner les moyens de consolider et de rationaliser son ordre du jour et envisager de regrouper des points ou d’espacer leur examen, le cas échéant.  L’Assemblée et ses grandes commissions devraient continuer à identifier les résolutions qui pourraient être négociées tous les deux ans voire tous les trois ans, comme le demande la résolution 71/323.  Le Groupe de travail lui-même pourrait tendre à plus d’efficacité, en envisageant de biennaliser la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée.  La représentante a estimé qu’un laps de temps plus long entre deux résolutions permettrait une mise en œuvre plus approfondie et nous rapprocherait de ce que nous voulons, à savoir une Assemblée plus efficace.

La représentante a prévenu que sa délégation restera « prudente » devant toute suggestion, au sein du Groupe de travail, qui aurait des incidences financières.  L’amélioration de l’efficacité veut dire aussi travailler dans les limites des ressources existantes, a-t-elle tranché.  Elle a aussi estimé que le Groupe de travail spécial devrait se concentrer sur son principal mandat qui est de revitaliser les travaux de l’Assemblée. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appelé à la « dépolitisation » du processus d’amélioration des méthodes de travail de l’Assemblée générale.  L’objectif ultime doit être d’améliorer encore ces méthodes et d’alléger un ordre du jour très chargé, quitte à étaler certains points sur deux ou trois ans et à en supprimer d’autres.  Il est important, ce faisant, de prendre en compte les intérêts de tous les États Membres.  Le représentant a dit comprendre les critiques selon lesquelles le Conseil de sécurité s’approprie les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Le Conseil, a-t-il dit, doit se concentrer sur la situation concrète des pays inscrits à son ordre du jour.  Il a conclu sur la sélection du Secrétaire général qui est nommé, a-t-il souligné, sur recommandation du Conseil de sécurité.  Il ne faut pas oublier, a dit le représentant, qu’il s’agit de choisir le meilleur candidat et en l’occurrence, la bureaucratie ne peut être qu’inefficace.

Également au nom de la Représentante permanente de la Colombie, M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a remercié le Président de l’Assemblée générale pour la confiance qu’il lui a accordée en lui permettant de continuer à assumer la coprésidence du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Les résolutions sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée sont un succès collectif qui prouve ce qu’on peut faire grâce à un travail constructif, orienté vers la réforme et basé sur le consensus.  Ces dernières années, nous avons fait beaucoup, a dit le représentant, en citant les nouveautés apportées à la sélection et à la nomination du Secrétaire général, le renforcement du Cabinet du Président de l’Assemblée et l’amélioration de sa redevabilité et plus récemment, celle des méthodes de travail de l’Assemblée.  Tous ces acquis et ceux qu’il n’a pas eu le temps de citer, ont convaincu le représentant de la possibilité d’avancer encore.

S’il ne sert à rien d’ériger des barrières entre les différents organes des Nations Unies, il n’est pas non plus très utile, a estimé M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh), de laisser ces organes empiéter sur les prérogatives des uns et des autres.  Le représentant s’est dit convaincu que les réunions mensuelles entre les présidents des principaux organes contribueront à faire la différence.  Saluant une nouvelle fois les résolutions adoptées ces trois dernières années sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée, le représentant a appelé à la « souplesse » pour la négociation des questions en suspens.  Après avoir relevé les changements notoires dans le processus de nomination du Secrétaire général; la conduite des élections au sein des différents organes; le renforcement du rôle, de l’efficacité et de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale; et la promotion de la parité aux postes de haut niveau, le représentant a voulu que l’on maintienne cette tendance pour rendre l’ONU plus efficace et pour renforcer le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale.  S’agissant des méthodes de travail de l’Assemblée générale, il a insisté sur la « primauté » du débat général annuel de l’Assemblée et demandé que les réunions, conférences, débats thématiques et autres rencontres soient prévus de façon à permettre la participation active des pays les moins avancés (PMA).  Il a réclamé, à cet égard, le maintien du Fonds d’affectation spéciale pour financer cette participation, avant de conclure sur les campagnes électorales et d’estimer qu’il reste encore beaucoup à faire pour assurer des procédures justes et équitables. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Kosovo: l’action doit succéder aux « excuses » dans le dialogue entre Belgrade et Pristina, affirme le Chef de la MINUK

8100e séance - matin
CS/13066

Kosovo: l’action doit succéder aux « excuses » dans le dialogue entre Belgrade et Pristina, affirme le Chef de la MINUK

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, M. Zahir Tanin, a déclaré, ce matin, devant le Conseil de sécurité, qu’avec la fin du cycle électoral au Kosovo, le temps de l’action devait désormais succéder au « temps des excuses » dans la mise en œuvre, qu’il a jugée sporadique, des accords conclus entre Belgrade et Pristina sous l’égide de l’Union européenne (UE). 

Lors de cette séance, certaines délégations ont souhaité que le Conseil examine la situation au Kosovo chaque semestre, et non plus tous les trois mois. 

Venu présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo* (MINUK) dont il est aussi le Chef, le Représentant spécial a insisté sur la bonne tenue des élections municipales qui se sont déroulées dans tout le Kosovo le 19 octobre, concluant le cycle électoral. 

« C’est la seconde fois depuis 2013 que les quatre municipalités à majorité serbe du nord du Kosovo ont participé à de telles élections locales », s’est-il félicité. 

Autre développement positif, le 24 octobre, 40 nouveaux juges et 13 nouveaux procureurs venant de la communauté serbe ont prêté serment, a affirmé M. Tanin, en louant les parties pour avoir permis cette avancée. 

Plus globalement, le Représentant spécial a déclaré que la relation entre Belgrade et Pristina avait le potentiel pour sortir de l’impasse, malgré une mise en œuvre inégale des accords signés entre eux. 

M. Tanin a ainsi souligné le manque de progrès concernant la mise en œuvre de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe.  Les « chicaneries » politiques et l’échec à mettre pleinement en œuvre les accords techniques agréés font peser sur la population un fardeau intenable, a affirmé M. Tanin. 

Il a également mis en garde contre une « re-politisation » de la question de l’Accord de libre-échange d’Europe centrale, qui a des bénéfices certains pour la population. 

Le Représentant spécial a néanmoins salué les positions « éclairées » prises par les dirigeants serbe et kosovar et l’engagement renouvelé des dirigeants de l’UE dans la région.  « Toutes les parties doivent prendre leur part », a-t-il dit. 

Enfin, M. Tanin a salué les mesures visant à éliminer le fléau des ingérences politiques dans la promotion de l’état de droit et « les initiatives audacieuses » prises pour concrétiser les aspirations européennes des Balkans occidentaux. 

S’exprimant à son tour, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Ivica Dačić, a déploré le manque de progrès dans l’établissement de l’Association/Communauté précitée, qui reste « la pierre angulaire de la protection des intérêts des Serbes au Kosovo et à Metohija ».  « Pristina doit faire preuve de bonne foi pour faciliter sa mise en place sans plus tarder », a affirmé le Ministre. 

À l’instar du délégué de la Fédération de Russie, le Ministre a rejeté le projet de Pristina visant à créer une « force armée du Kosovo », qui pourrait menacer le processus de normalisation, en faveur duquel Belgrade reste engagé.  M. Dačić a également dénoncé les tentatives de Pristina pour devenir membre d’organisations internationales et souhaité conserver la périodicité des réunions du Conseil sur le sujet.

« Nous regrettons de faire perdre un temps précieux à ce Conseil, tous les trois mois, pour y rejouer une pièce de théâtre à des fins de pure consommation interne », a, de son côté, déclaré Mme Vlora Çitaku, du Kosovo. 

« Le Kosovo est libre et indépendant et cela ne changera jamais », a-t-elle assuré, en rejetant les velléités de responsables serbes de réécrire l’histoire.  Appuyé notamment par les délégués des États-Unis et du Royaume-Uni, Mme Çitaku a demandé une réduction de la MINUK. 

Une demande catégoriquement rejetée par le représentant de la Fédération de Russie, qui a trouvé « touchant » que Mme Çitaku se préoccupe du temps consacré par le Conseil à la situation au Kosovo. 

Le représentant russe, pour sa part, a noté que le dialogue entre Belgrade et Pristina avait, dans les faits, cessé de fonctionner. 

« Il est donc prématuré de discuter d’une réduction du personnel de la MINUK », a-t-il affirmé.  Estimant au contraire qu’elle avait accompli sa mission, la déléguée des États-Unis a souhaité orienter les ressources onusiennes vers des opérations plus essentielles. 

« Le Conseil devrait se concentrer sur des menaces plus graves pour la paix et la sécurité internationales », a affirmé le délégué britannique. 

* S/2017/911

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2017/911)

Exposé

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, a indiqué que des élections municipales s’étaient déroulées dans tout le Kosovo le 19 octobre.  C’est la seconde fois depuis 2013 que les quatre municipalités à majorité serbe du nord du Kosovo ont participé à de telles élections locales, a-t-il dit, en insistant sur la forte participation.  M. Tanin a reconnu la bonne tenue de ces élections, bien que dans les municipalités précitées des restrictions et intimidations ont été constatées. 

Du fait des multiples processus électoraux au Kosovo cette année, un nombre restreint de décisions peuvent être prises avec l’autorité nécessaire à Pristina, a indiqué le Représentant spécial.  « J’espère que cela changera bientôt. »  M. Tanin a déclaré que tous les acteurs au Kosovo s’accordaient pour dire que la relation entre Belgrade et Pristina est susceptible de sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis longtemps.  Le 24 octobre, 40 nouveaux juges et 13 nouveaux procureurs venant de la communauté serbe ont prêté serment, ce qui constitue une étape importante dans la mise en œuvre de l’accord facilité par l’Union européenne (UE), a affirmé M. Tanin, en louant les parties pour avoir permis cette avancée.  Il a en effet déclaré que le secteur judiciaire accusait des retards par rapport à l’intégration dans le secteur de la police ou aux mesures techniques prises dans le secteur des télécommunications. 

Cependant, il est également important de dire que globalement la mise en œuvre des accords de 2013 continue d’être au mieux sporadique et d’un degré variable, a-t-il dit.  « Dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne, la mise en œuvre technique demande un engagement renforcé des deux parties ».  Il a souligné le manque de progrès concernant la mise en œuvre de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe.  Le Représentant spécial a noté que le dialogue facilité par l’UE était essentiel, avant d’insister sur l’avancement du processus de Berlin sur l’élargissement potentiel de l’UE. 

« En ce qui concerne le dialogue politique entre Pristina et Belgrade, qui a pâti d’un long hiatus, ce que je puis dire aujourd’hui est que les deux parties sont bien conscientes de son importance pour l’année à venir. »  Le Représentant spécial a insisté sur les signes politiques évidents d’une volonté d’aller de l’avant.  Avec la fin du cycle électoral, le temps de l’action a succédé au temps des excuses, a déclaré M. Tanin.  Il a souligné le fardeau intenable que font peser sur la population l’échec à mettre pleinement en œuvre les accords techniques agréés et les « chicaneries » politiques.  Il a évoqué l’Accord de libre-échange d’Europe centrale, signé par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) au nom du Kosovo en 2016 et que la Mission continue d’appuyer.  M. Tanin a déploré que certains acteurs aient cherché à « repolitiser » cette question en dépit des bénéfices pratiques dudit accord.  « Je veux être très clair: la participation de la MINUK se poursuit dans la stricte mesure requise par les parties à l’Accord pour assurer sa fonctionnalité. »

Le Représentant spécial a salué les positions éclairées prises par les leaders serbe et kosovar qui vont dans l’intérêt des populations, ainsi que l’engagement renouvelé des dirigeants de l’UE dans la région.  « Toutes les parties doivent prendre leur part », a-t-il dit, ajoutant que c’était la base du dialogue entre Belgrade et Pristina.  Le Représentant spécial a exhorté Pristina à remédier à la situation économique et à lutter contre la corruption et « peut-être, par-dessus tout » contre la criminalité organisée.  Il a déclaré qu’il trouvait « l’énergie » pour s’acquitter de son mandat dans le nouveau Gouvernement kosovar qui œuvre à forger un partenariat multiethnique, dans les mesures régionales visant à éliminer le fléau des ingérences politiques dans la promotion de l’état de droit et dans « les initiatives audacieuses » visant à concrétiser les aspirations européennes des Balkans occidentaux.  Enfin, le Représentant spécial a mentionné que l’objectif ultime recherché par la MINUK était « une paix durable ». 

Déclarations

Pour M. IVICA DAČIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, la présence de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) au Kosovo et à Metohija, reste, tant que ni sa portée ni son mandat ne sont changés, le garant de la neutralité de la présence internationale sur place.  La MINUK est d’une importance capitale pour la sécurité et la stabilité ainsi que pour la consolidation de la confiance entre les communautés du Kosovo et de Metohija.  Il lui semble qu’en renforçant les moyens financiers et le personnel de la Mission, la communauté internationale se donnerait les moyens d’évaluer et de répondre aux problèmes et aux défis auxquels font face les populations serbes et non albanaises tous les jours.

La présence « non diminuée » de la MINUK au Kosovo et à Metohija, où la situation politique reste sensible apporte, selon le Ministre, les garanties nécessaires pour que les Serbes et les non-Albanais s’engagent dans les processus initiés par les accords de Bruxelles sans qu’ils aient à craindre pour leur avenir.  Le fait qu’aujourd’hui, 18 ans après l’arrivée de la présence internationale dans la Province, 200 000 personnes déplacées, forcées de fuir le Kosovo et Metohija, vivent toujours en Serbie est un argument puissant pour justifier qu’il ne faut pas toucher à la portée de la MINUK, a-t-il poursuivi.  Comment permettre un retour durable à ces personnes, dont seulement 1,9% ont pu rentrer chez elles, reste l’une des questions fondamentales sur lesquelles la MINUK devrait mettre l’accent à l’avenir.

M. Dačić est également revenu sur les lacunes soulevées dans le rapport qui sont relatives aux systèmes institutionnel et judicaire au Kosovo et à Metohija et qui ont un impact négatif sur les communautés vulnérables, et en particulier sur la protection des droits des Serbes et des non-Albanais au sud de la Province, y compris pour le processus de réconciliation et le retour des réfugiés.  Il a imputé le faible pourcentage de retour des réfugiés au fait que les coupables de l’instigation à la haine raciale, ethnique et religieuse n’ont pas été jugés et qu’il existe toujours une  discrimination institutionnelle contre les Serbes.  Ainsi le Ministre a-t-il  demandé qu’à l’avenir le rapport du Secrétaire général comprenne une section à part sur les violations des droits de l’homme et des libertés des réfugiés.  Il a appelé la MINUK à faire davantage d’efforts pour renforcer toutes ses capacités en vue de garantir le niveau de protection requis des droits des réfugiés, et pour mettre en place les conditions optimales pour leur retour durable.

Le Ministre serbe a appelé la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour faire prévaloir l’état de droit au Kosovo et à Metohija et pour organiser des procès crédibles et impartiaux pour les responsables de crimes de guerre.  Maintenant que le cadre légal prévu pour ces procès par les chambres spécialisées est en place, la Serbie exige que les personnes suspectées d’avoir commis de tels crimes contre les Serbes et les non-Albanais au Kosovo et à Metohija soient mises en examen et jugées.

La Serbie reste fermement engagée en faveur du dialogue entre Belgrade et Pristina, sous les auspices de l’Union européenne, a assuré le Ministre, et cela en dépit des doutes multiples et des défis rencontrés au cours de ce processus.  La Serbie a d’ailleurs proposé des solutions de compromis et reste convaincue que seul un dialogue pacifique, dans le cadre défini par l’ONU, permettra de régler les questions en instance et de parvenir à la paix et la stabilité ainsi qu’à l’intégration de la région dans la famille européenne.  Cette volonté a été réaffirmée lorsque le représentant de la liste serbe est entré au gouvernement de M. Ramush Haradinaj au lendemain des élections parlementaires. 

M. Dačić a regretté que, quatre ans après l’adoption de l’Accord de principe pour la normalisation des relations, il n’y ait toujours pas eu de progrès dans la  mise en place de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe, ce dont le rapport omet de parler.  Pourtant, pour la Serbie, l’établissement de cette communauté reste « la pierre angulaire » de la protection des intérêts des Serbes au Kosovo et à Metohija.  Le Ministre a saisi cette occasion pour appeler les représentants des institutions provisoires du Gouvernement d’autodétermination de Pristina à faire preuve de bonne foi pour en faciliter la mise en place sans plus tarder.

La Serbie souhaite une solution durable pour le Kosovo et Metohija et demande aux membres du Conseil de sécurité et aux représentants de Pristina de s’y atteler plutôt que de s’attarder sur des questions d’ordre technique comme par exemple le format des réunions du Conseil de sécurité.  Le Ministre n’a pas appuyé les appels lancés pour changer la tradition des réunions d’information régulières du Conseil sur la situation sur le terrain, car, selon lui, cela pourrait accentuer les différences entre Belgrade et Pristina et ne contribuerait pas à créer un climat propice à la poursuite du dialogue.  Sa délégation n’accepte pas non plus les actions unilatérales de Pristina qui pourraient potentiellement déstabiliser la situation et menacer le processus de normalisation, surtout lorsqu’il est question de créer la « force armée du Kosovo », a poursuivi M. Dačić.  Il a également dénoncé les tentatives de Pristina pour devenir membre d’organisations internationales.

Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo, a regretté de faire perdre un temps précieux à ce Conseil tous les trois mois, pour y rejouer une pièce de « théâtre » « à des fins de pure consommation interne ».  En effet, celle-ci a pour objectif de démontrer que le statut du Kosovo n’est pas final, que nous sommes au bord d’une guerre, où les minorités seraient persécutées et expulsées, une description qui ne tient tout simplement pas la route, selon l’intervenante.  « Le Kosovo est libre et indépendant.  Et cela ne changera jamais », a-t-elle tranché, en rappelant qu’un « prix élevé » avait été payé pour cela.  « L’horloge de l’Histoire ne tourne pas à l’envers », a-t-elle rappelé, en ne demandant rien d’autre pour le Kosovo qu’un traitement juste.  Ainsi a-t-elle estimé qu’il serait juste de réajuster le mandat de la MINUK à la lumière des réalités actuelles de terrain.  « La Mission n’est pas une opération de maintien de la paix, le Kosovo est en paix, et il n’y a pas de conflit à résoudre ou de civils à protéger.  La MINUK n’est pas une mission administrative, le Kosovo ayant ses propres institutions », a argué Mme Çitaku.  Son mandat n’est-il donc pas périmé depuis plus d’une décennie? s’est-elle demandé.  Elle a estimé qu’il est temps pour le Conseil de sécurité d’envisager une réduction, puis un retrait, de cette opération.

Au cours des six derniers mois, le Kosovo a organisé des élections, nationales et locales, cependant que le nouveau gouvernement avec M. Ramush Haradinaj comme Premier Ministre a pris ses fonctions le 9 septembre, a poursuivi Mme Çitaku.  Selon les observateurs internationaux, les deux scrutins ont été menés dans le respect des normes internationales les plus élevées, « à l’exception de certaines zones à majorité serbe, où la population locale a été soumise à des pressions et des tentatives d’intimidation pour voter d’une certaine façon », a-t-elle soutenu, en accusant Belgrade d’en être responsable.  L’intervenante a assuré que les institutions du Kosovo sont allées très loin pour « accommoder » les droits de communautés non majoritaires.  « Au sein du gouvernement actuel, la communauté serbe est représentée par le Vice-Premier Ministre, trois ministres et six vice-ministres », a-t-elle ajouté.  Entre 2008 et 2017, le Gouvernement du Kosovo a dépensé plus de 51 millions d’euros pour le rapatriement et la réintégration des communautés minoritaires au Kosovo.  « Mais je dois le répéter, affirmer que 200 000 Serbes ont été contraints au déplacement après la guerre au Kosovo est faux », a insisté Mme Çitaku.  Malheureusement, à ce jour, nous ne connaissons toujours pas le nombre exact de Serbes vivant au Kosovo, a-t-elle affirmé, en considérant que cela est le fruit d’une campagne très agressive visant à décourager la participation de la communauté serbe.  « Même si un seul Serbe du Kosovo ne peut prendre le chemin du retour, pour nous, c’est un de trop », a assuré l’intervenante.

« Il est regrettable qu’au moment où nous devrions conclure le dialogue avec la Serbie, ses représentants politiques continuent de se livrer à des déclarations inacceptables, suivies de toutes sortes de tentatives de réécrire l’Histoire, y compris en choisissant des criminels de guerre tels que le général Dukovic », a poursuivi Mme Çitaku.  Elle a rappelé que la « victoire » déclarée par la Serbie après l’échec du Kosovo à rejoindre Interpol plus tôt cette année est « irresponsable », à l’aune des défis transfrontaliers qui se posent aujourd’hui dans le monde.  L’intervenante a toutefois rassuré les membres du Conseil quant à la détermination du Kosovo à poursuivre le dialogue avec la Serbie et à mettre en œuvre les accords agréés à Bruxelles.  Si elle a reconnu les retards accusés, notamment en raison de l’organisation des élections évoquées précédemment, « la volonté est là », a-t-elle souligné.  Elle s’est cependant félicitée de l’annonce, faite la semaine dernière par la Banque mondiale, que le Kosovo figure parmi les 10 premières économies dans le monde dans les domaines des réformes visant à développer l’entreprenariat.  « Néanmoins, nous savons qu’il nous reste encore beaucoup à faire pour répondre aux attentes du peuple du Kosovo », a conclu la représentante, en mentionnant la qualité de l’éducation, des soins de santé, et la prospérité.  Elle a cité en exemple les athlètes kosovars médaillés aux Jeux olympiques. 

Estimant que le Conseil de sécurité devait toujours prêter attention aux conditions sur le terrain, M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a salué la tenue d’élections locales au Kosovo de façon pacifique, notamment dans les régions à majorité serbe.  Selon lui, le nouveau Gouvernement du Kosovo doit s’attaquer de façon urgente au développement économique, à la normalisation des relations avec la Serbie et à la délimitation de la frontière avec le Monténégro.  Saluant la contribution de la MINUK au développement des institutions démocratiques et à la pacification du Kosovo, il a déclaré qu’elle représente un exemple de réussite du Conseil de sécurité.  Cependant, il a invité le Conseil à revoir le mandat de la Mission et à se pencher sur les chevauchements avec les activités des missions de l’Union européenne et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). 

La réconciliation entre les communautés serbe et albanaise du Kossovo et la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie doivent demeurer des priorités, a poursuivi M. Kawamura, pour qui la récente intégration de juges et de procureurs serbes dans le système judiciaire kosovar représente un pas dans la bonne direction.  Enfin, il s’est félicité de la création d’un environnement « propice au dialogue » entre les Présidents Vučić et Thaçi, avec le soutien de l’Union européenne, tout en espérant qu’il conduira à la promotion de la tolérance. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est félicitée de la nomination d’un nouveau gouvernement, en septembre dernier, au Kosovo.  Elle a noté que le premier tour des élections municipales d’octobre dernier s’est globalement bien déroulé mais a déploré le climat d’intimidation contre certains candidats et leurs électeurs dans les municipalités serbes du Kosovo.  La France exprime son soutien à la volonté de réforme exprimée par le nouveau Premier Ministre, notamment en matière de développement économique et de création d’emplois.  Par ailleurs, elle salue la ratification, le 4 octobre, à l’unanimité, de l’accord signé entre le Kosovo et l’Union européenne sur la mise en œuvre de l’assistance financière de l’Union.

Constatant que les institutions politiques et économiques du Kosovo se sont consolidées au cours des dernières années, Mme Gueguen a estimé que cela justifiait la poursuite du recentrage des actions de la MINUK et de leur coordination avec les autres acteurs internationaux présents au Kosovo. 

Pour la France, l’avenir du Kosovo se joue prioritairement dans le cadre du dialogue politique entre Belgrade et Pristina, a expliqué la représentante.  Ce dialogue est mené sous l’égide de l’Union européenne qui est très claire à ce sujet: « pour la Serbie comme pour le Kosovo, le rapprochement européen est conditionné par la normalisation de leurs relations ».  Il importe que les parties fassent preuve de bonne volonté et d’un engagement volontariste au plus haut niveau.  Elle a ainsi considéré que les rencontres entre les Présidents serbe et kosovar autour de la Haute Représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne, Mme Mogherini, sont des signaux encourageants. 

Toutefois, au-delà des déclarations d’intention, la France attend que l’ensemble des accords conclus en 2013 puis en 2015 soient effectivement mis en œuvre dans les meilleurs délais, afin de progresser significativement dans la normalisation pleine et entière de leurs relations, a assuré Mme Gueguen.  À cet égard, elle a salué l’intégration du personnel judiciaire serbe dans le système kosovar, le 24 octobre.  La poursuite des efforts engagés pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo doit demeurer une priorité, a encore souligné la représentante de la France, qu’il s’agisse du renforcement des capacités administratives, de la justice ou de la lutte contre la corruption et la criminalité organisée.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a insisté sur les défis graves au Kosovo et rejeté l’évaluation positive faite par Mme Çitaku.  « Il est touchant que vous vous préoccupiez du temps consacré par le Conseil à la situation au Kosovo », a-t-il dit, avant de noter la stagnation du dialogue entre Belgrade et Pristina.  Ce dialogue a, dans les faits, cessé de fonctionner, a-t-il affirmé, en notant le démantèlement par Pristina des organes techniques chargés de ce dialogue. 

Le délégué russe a déploré la radicalisation politique croissante au Kosovo, avant de noter l’interprétation différente qu’ont Pristina et Belgrade des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne (UE).  En jouant la carte des Albanais du Kosovo, les dirigeants de l’UE veulent imputer aux Serbes du Kosovo la mise en œuvre anémique des accords, a-t-il accusé.  Avec la fin des élections, Pristina n’a plus de prétexte pour ne pas mettre en œuvre l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe, un projet qu’elle n’a eu de cesse de saboter, a noté le délégué. 

M. Nebenzia a critiqué la lenteur des enquêtes sur les crimes commis par l’Armée de libération du Kosovo, avant de dénoncer la tentative de Pristina visant à constituer une armée nationale, en violation de la résolution 1244 (1999) du Conseil.  C’est irresponsable, a-t-il dit.  Il a en outre déploré les activités croissantes d’éléments terroristes kosovars et souligné la position ambigüe de Pristina à ce sujet.  Enfin, il a jugé prématuré de discuter d’une réduction du personnel de la MINUK au regard de son rôle irremplaçable et souhaité conserver la périodicité trimestrielle de l’examen de la situation au Kosovo au Conseil. 

Saluant la mise en place d’un nouveau gouvernement au Kosovo, M. OLOF SKOOG (Suède) a encouragé tous les acteurs politiques à engager un dialogue constructif et à poursuivre les réformes nécessaires au renforcement de l’état de droit et à la lutte contre la corruption, mais aussi pour donner un nouvel élan au développement économique et à la création d’emplois dans le pays.  Même si le premier tour des élections municipales, en octobre dernier, s’est dans l’ensemble bien passé, il a regretté qu’il y ait eu des cas de menace et d’intimidation dans certaines municipalités à majorité serbe.

Pour la Suède, l’avenir du Kosovo et de la Serbie s’inscrit dans l’Union européenne, et, pour réaliser leurs perspectives européennes, il est impératif que leurs relations se normalisent.  La coopération régionale et les bonnes relations entre pays voisins sont essentielles pour la stabilité, la paix et la prospérité dans la région des Balkans occidentaux.  Le représentant a insisté sur le fait que la question de son statut ne doit pas entraver la perspective européenne du Kosovo ni son adhésion aux organismes internationaux.  Il a salué la reprise du dialogue sous l’égide de l’Union européenne, en vue de la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade.

Rappelant la contribution « inestimable » des Nations Unies et de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) aux progrès du Kosovo depuis la fin du conflit, M. Skoog a considéré que le processus d’intégration à l’Union européenne, y compris à travers le soutien à la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX KOSOVO), définit le cadre adéquat pour répondre aux défis.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a plaidé en faveur de la relance du dialogue politique et des démarches constructives qui pourraient déboucher sur la résolution des différends entre Pristina et Belgrade.  Évoquant la situation des droits de l’homme, il a considéré que le respect des cultures et des croyances religieuses, ainsi que des politiques tenant compte des attentes des minorités, est fondamental pour la réconciliation et permettra le retour des personnes déplacées, au nombre de 16 418 selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en septembre 2017.  Le représentant a rappelé en conclusion que les familles des personnes disparues ont droit à la vérité et à la justice. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué les efforts coordonnés des partis politiques du Kosovo qui ont mené à la formation d’un nouveau gouvernement, après des mois d’impasse politique.  Il a invité les acteurs politiques kosovars et serbes à renforcer leur engagement envers un dialogue constructif, sous l’égide de l’Union européenne, afin de parvenir à la normalisation de leurs relations.  Selon lui, la nomination récente de juges et de procureurs ainsi que la rencontre entre les Présidents de la Serbie et du Kosovo sont de bon augure. 

Toutefois, la question des personnes disparues doit demeurer une priorité, a ajouté le représentant.  Saluant les efforts déployés par les services de sécurité pour contrer l’extrémisme violent, il a souligné l’importance des activités menées par la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX KOSOVO) et la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) en faveur de l’état de droit, des droits de l’homme et de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a noté les progrès accomplis dans le dialogue entre Belgrade et Pristina.  Des juges venant de la communauté serbe ont prêté serment en octobre, ce qui constitue une avancée, a-t-elle affirmé, avant de saluer l’engagement constructif de l’Union européenne.  Déclarant que la MINUK avait accompli sa mission, elle a jugé qu’il était temps d’orienter les ressources onusiennes vers des missions plus essentielles.  Elle a en outre demandé une périodicité semestrielle de l’examen par le Conseil de la situation au Kosovo. 

La déléguée a appuyé la pleine reconnaissance du Kosovo et invité les États qui ne l’ont pas encore fait à en faire de même.  En conclusion, elle a soutenu la pleine participation du Kosovo à toutes les organisations internationales pertinentes, dont l’ONU et INTERPOL. 

M. CLAY (Royaume-Uni) s’est félicité de l’organisation d’élections justes et crédibles au Kosovo au cours de la période considérée, avant de se dire préoccupé par les allégations de menaces et d’actes d’intimidation à l’encontre de candidats serbes n’appartenant pas à la Liste serbe.  Selon lui, le contexte depuis 2008 a changé et il faut faire évoluer la MINUK en fonction de ces changements. 

Le représentant a donc plaidé pour une reconfiguration de la Mission, en regrettant que cela n’ait pas été possible jusqu’à présent.  « L’heure est venue pour le Conseil de sécurité de se réunir moins fréquemment que par le passé sur la situation au Kosovo et de faire porter notre attention sur des menaces plus graves pour la paix et la sécurité internationales », a-t-il conclu. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souhaité des avancées dans la mise en œuvre des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne, en particulier s’agissant de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe.  Il a loué les « efforts remarquables » de la MINUK afin de promouvoir la réconciliation au Kosovo et reconnu le rôle majeur joué par l’Union européenne.  En conclusion, le délégué éthiopien a affirmé que la sécurité au Kosovo découlera de l’engagement politique des deux parties.  Celles-ci doivent continuer de privilégier la voie du dialogue, a-t-il déclaré. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a considéré que la situation sur le plan sécuritaire au Kosovo a été dans l’ensemble assez calme au cours de la période à l’examen.  Il s’est ensuite félicité de la reprise, en août 2015, du dialogue entre Pristina et Belgrade sous les auspices de l’Union européenne en vue d’un règlement pacifique de leurs différends.  Dans ce contexte, il a encouragé les deux parties à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire susceptible de raviver les tensions. 

Le Conseil de sécurité devrait selon le représentant continuer de rester saisi de ce point à l’ordre du jour.  Il a, en conclusion, apporté son soutien à la MINUK et à la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX KOSOVO).

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a appelé à mettre en œuvre la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité s’agissant en particulier du plein respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’indépendance de la République de Serbie.  Il a jugé important que les parties concernées respectent leurs engagements respectifs négociés sous l’égide de l’Union européenne; il les a encouragées à œuvrer en faveur d’une solution pacifique par le biais du dialogue.  Dans ce cadre, M. Llorentty Solíz a évoqué les dispositions de l’Accord de Bruxelles, conclu il y a plus de quatre ans, sur la création d’une association des municipalités serbes du Kosovo, aux fins de garantir la sécurité et les droits de l’homme des Serbes au Kosovo et à Metohija, avant de prier le Représentant spécial de fournir des informations sur l’état d’avancement de cet accord. 

L’ambassadeur bolivien a également loué l’initiative du Président Vučić, de Serbie, visant à un dialogue interne autour de la question du Kosovo, de même que ses efforts en vue de l’institutionnalisation du processus de dialogue et de la mise sur pied d’un groupe de travail composé de membres du Gouvernement, de l’opposition, de la société civile et des institutions religieuses. 

Il a encouragé la MINUK à recourir aux bons offices pour réduire les tensions et à des moyens pacifiques pour arriver à des solutions consensuelles, et à promouvoir le dialogue politique et le respect des droits de l’homme, conformément à la Charte.  Il a aussi mis l’accent sur la participation de la MINUK, aux côtés des autorités municipales et des représentants des communautés du Kosovo, à la protection des droits des communautés, la réconciliation intercommunautaire, les mesures de confiance, la facilitation du retour des déplacés internes, ainsi que l’établissement de la Commission vérité et réconciliation.  M. Llorentty Solíz a également évoqué la conférence organisée par la MINUK sur les difficultés qu’il y a à identifier les restes humains et sur la production du documentaire Something Still Missing pour commémorer la Journée internationale des victimes de disparition forcée. 

Il s’est aussi félicité du travail du Réseau des femmes du Kosovo et de sa collaboration avec l’ONU-femmes pour épauler les victimes de violence sexuelle durant la guerre à travers des microsubventions pour améliorer leur situation économique.  Pour conclure, il a exhorté les dirigeants politiques du Kosovo à la prudence lors de leurs déclarations publiques relatives au Tribunal spécial pour le Kosovo et de s’abstenir de tout rhétorique belliqueuse.

M. EDUARD FESKO (Ukraine) a noté les progrès accomplis dans la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, ces derniers étant engagés « dans la bonne direction » malgré les défis qui demeurent.  Il a souhaité que le Conseil examine la situation au Kosovo chaque semestre, et non plus tous les trois mois, et s’est dit en faveur d’une réduction de la MINUK.  Il a salué la volonté du Président Vučić d’entamer une nouvelle étape dans le dialogue sur les relations entre la Serbie et le Kosovo.  S’agissant de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe, il a plaidé pour la nécessité d’une libre circulation à Mitrovica.  Enfin, le délégué de l’Ukraine a insisté sur l’appui de son pays à la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a salué le rôle de facilitation joué par la MINUK au Kosovo.  Il s’est félicité que, conformément à ce qui a été prévu par le dialogue de haut niveau du 31 août 2017, facilité par l’Union européenne, la date butoir du 17 octobre 2017 pour l’intégration des juges, procureurs et personnels judiciaires serbes dans le système kosovar ait été respectée. 

Le représentant a ensuite reconnu la persistance de certains problèmes, notamment l’absence de confiance entre communautés et le retard accusé par l’enseignement dans les trois langues officielles.  Il est également nécessaire selon lui de trouver une solution au sort des personnes déplacées et de résoudre le problème du chômage des jeunes. 

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a affirmé que l’intégration européenne était un élément clef pour la stabilité de long terme dans les Balkans occidentaux.  Le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’Union européenne, demeure un cadre pertinent, a-t-il affirmé.  Il a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’accord sur l’autorité judiciaire et demandé une accélération de la mise en œuvre des autres accords signés par Belgrade et Pristina.  La large participation des Serbes du Kosovo aux dernières élections municipales nous rend optimistes sur l’évolution de la situation au Kosovo, a conclu le délégué égyptien. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a appelé Belgrade et Pristina à avancer sur la voie de la normalisation de leurs relations.  Il s’est félicité de l’initiative du Président Vučić de poursuivre son « dialogue interne » sur la question du Kosovo, dont l’objectif sera d’ouvrir un débat en vue de trouver une solution à la question du Kosovo, avec la participation de toutes les parties prenantes.  Après avoir salué le travail de la MINUK et de l’EULEX, l’Italie a assuré qu’elle continuerait de soutenir le Kosovo.  La délégation a demandé aux deux parties de s’abstenir de toute rhétorique tournée vers le passé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité maintient les embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée

8099e séance - matin
CS/13065

Le Conseil de sécurité maintient les embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée

Préoccupé par la grave menace que les Chabab continuent de représenter pour la paix et la stabilité en Somalie et dans la région, le Conseil de sécurité a « réaffirmé », ce matin, les embargos sur les armes visant ce pays et l’Érythrée.  En adoptant la résolution 2385 (2017) par 11 voix pour et 4 abstentions –Bolivie, Chine, Égypte et Fédération de Russie–, le Conseil a également prorogé, jusqu’au 15 décembre 2018, le mandat du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée, l’organe chargé de veiller au respect de ces mesures de sanction.

Le Conseil réaffirme que l’embargo visant la Somalie ne s’applique pas aux livraisons d’armes, de munitions ou de matériel militaire destinées au développement des forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien.  Il s’applique, en revanche, à l’importation et à l’exportation de charbon de bois somalien dont le commerce, comme le constate « avec inquiétude » le Conseil, « sert de source importante de financement » aux Chabab.

Pour éviter que le secteur pétrolier somalien ne soit à l’origine d’une « flambée des tensions », le Conseil souligne, comme l’an dernier, que le Gouvernement fédéral somalien doit « impérativement » mettre en place des « mécanismes de partage des ressources » et un « cadre juridique crédible ».

S’agissant de l’Érythrée, le Conseil engage instamment Asmara à faciliter les visites du Groupe de contrôle dans ce pays, où il n’a pas été en mesure de se rendre depuis 2011.  Il se félicite cependant des « efforts récents » du Gouvernement érythréen pour « renouer des liens » avec la communauté internationale, un « resserrement de la coopération » qui aidera le Conseil « à mieux apprécier la mesure dans laquelle l’Érythrée respecte ses résolutions pertinentes et à examiner les mesures visant l’Érythrée ».

Aux termes de la résolution, l’Érythrée est en outre exhortée à dialoguer avec Djibouti sur la question des combattants djiboutiens disparus au combat.  Elle est priée de communiquer toute information détaillée nouvelle à ce sujet, y compris au Groupe de contrôle.  Il est en outre instamment demandé aux deux pays de continuer de « maintenir le calme », de « faire preuve de retenue » et d’explorer tous les moyens possibles de régler leur différend frontalier de manière pacifique.

Si le Royaume-Uni, délégation porte-plume de cette résolution, s’est félicité de son adoption, son représentant s’est toutefois dit déçu de constater qu’elle n’avait pu l’être à l’unanimité.  Pour la Fédération de Russie, délégation qui s’est abstenue lors du vote, il est certain que l’Érythrée n’appuie pas les Chabab.  L’Éthiopie a vu les choses autrement en arguant que si le Groupe de contrôle n’a pas trouvé de preuve irréfutable accréditant un tel soutien, c’est parce qu’il n’a pas été en mesure de se rendre à Asmara. 

Dénonçant l’« attitude déstabilisatrice » du régime érythréen dans la Corne de l’Afrique, l’Éthiopie a été rejointe par Djibouti, qui s’est dit convaincu que l’Érythrée n’avait « jamais cessé » d’armer et de soutenir les Chabab.  En cause pour lui également, s’agissant du manque de preuves, l’impossibilité pour le Groupe de contrôle de se rendre dans ce pays, alors que cet organe créé par le Conseil de sécurité en est à son cinquième mandat consécutif.

Le représentant djiboutien a également rappelé que, presque 10 ans après que l’Érythrée a violé la souveraineté territoriale de son pays, l’occupation des îles de Doumeira se poursuit, tandis qu’Asmara refuse de fournir une liste des noms des prisonniers de guerre djiboutiens et autres personnes portées disparues qui restent détenus.  Après avoir rappelé que 13 prisonniers de guerre djiboutiens sont toujours portés disparus, le délégué a apprécié que le Conseil de sécurité, en reconduisant le régime de sanctions, adresse un « signal politique clair » à l’Érythrée.

S’inscrivant en porte-à-faux avec ces déclarations, le Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, M. Osman Mohammed Saleh, a estimé que le Conseil de sécurité avait laissé une fois de plus passer l’occasion de « rectifier sa transgression contre son peuple » et de contribuer à la sécurité dans la Corne de l’Afrique et la mer Rouge. 

Depuis cinq ans, a-t-il argué, le Groupe de contrôle assure qu’il n’y a aucune preuve d’un soutien érythréen aux Chabab en Somalie, alors que ce soutien allégué a été la « justification principale invoquée pour imposer des sanctions ».  En outre, la façon dont le Conseil gère selon lui le différend avec Djibouti conforte ce pays dans l’impression qu’il n’a pas d’obligation, ce qui ne ferait qu’attiser les tensions, alors que la frontière entre les deux pays reste calme.

Le chef de la diplomatie érythréenne a en outre jugé ironique que le Conseil ait choisi de rester « silencieux » sur l’occupation illégale par l’Éthiopie, depuis 15 ans, de territoires érythréens souverains.  « L’Érythrée n’a rien fait de mal; elle n’a pas violé les résolutions du Conseil de sécurité », a plaidé le représentant en appelant ses membres à redresser ces torts, dans l’intérêt, non seulement de l’Érythrée, mais aussi de l’Éthiopie, de la sous-région, de l’Afrique et de la mer Rouge. 

LA SITUATION EN SOMALIE

Lettre datée du 2 novembre 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 751 (1992) et 1907 (2009) sur la Somalie et l’Érythrée (S/2017/924)

Lettre datée du 2 novembre 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 751 (1992) et 1907 (2009) sur la Somalie et l’Érythrée (S/2017/925)

Texte du projet de résolution (S/2017/945)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures et toutes les déclarations de son Président sur la situation en Somalie et en Érythrée, en particulier ses résolutions 733 (1992), 1844 (2008), 1907 (2009), 2036 (2012), 2023 (2011), 2093 (2013), 2111 (2013), 2124 (2013), 2125 (2013), 2142 (2014), 2182 (2014), 2244 (2015) et 2317 (2016),

Prenant note des rapports finaux du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée (« le Groupe de contrôle ») [sur la Somalie (S/2017/924) et sur l’Érythrée (S/2017/925)] et de leurs conclusions sur la situation en Somalie et en Érythrée,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie, de Djibouti et de l’Érythrée, et soulignant l’importance de s’employer à empêcher à faire en sorte que les effets déstabilisateurs des crises et des différends régionaux ne se propagent pas en Somalie,

Condamnant tous les mouvements d’armes et de munitions vers et à travers la Somalie, en violation de l’embargo sur les armes visant la Somalie, y compris lorsqu’ils portent atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie, et vers l’Érythrée, en violation de l’embargo sur les armes visant l’Érythrée, qui menacent gravement la paix et la stabilité dans la région,

Se déclarant préoccupé par la grave menace que les Chabab continuent de représenter pour la paix et la stabilité en Somalie et dans la région, et constatant avec inquiétude l’apparition et la menace croissante de groupes affiliés à l’État islamique d’Iraq et du Levant (également appelé Daech),

Réaffirmant qu’il faut combattre par tous les moyens, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire, les menaces que les actes de terrorisme font peser sur la paix et la sécurité internationales,

Se félicitant de la nouvelle amélioration des relations entre le Gouvernement fédéral somalien, les États membres de la Fédération et le Groupe de contrôle, et soulignant l’importance que ces relations s’améliorent encore et se renforcent à l’avenir,

Se félicitant de l’accord politique conclu par le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération le 16 avril 2017 sur une architecture nationale de sécurité visant à intégrer les forces des régions et de la Fédération ainsi que du Pacte de sécurité adopté à la Conférence de Londres et attendant avec intérêt la Conférence sur la sécurité qui se tiendra à Mogadiscio en décembre 2017,

Se félicitant des mesures prises par le Gouvernement fédéral somalien pour améliorer ses notifications au Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 751 (1992) et 1907 (2009) sur la Somalie et l’Érythrée (« le Comité »), l’engageant instamment à accomplir de nouveaux progrès à l’avenir, notamment en ce qui concerne les notifications après la livraison, et rappelant que l’amélioration de la gestion des armes et des munitions en Somalie est une composante fondamentale du progrès de la paix et de la stabilité dans la région,

Prenant note des efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour rétablir les principales institutions économiques et financières, augmenter les recettes publiques, mettre en place une gouvernance financière et des réformes structurelles, se félicitant de l’adoption d’une loi de référence sur les télécommunications et des avancées obtenues sur le plan de la loi anticorruption, et soulignant qu’il importe de progresser dans ces domaines,

Soulignant que la régularité financière concourt à la stabilité et à la prospérité et insistant sur la nécessité d’adopter une approche de tolérance zéro face à la corruption pour promouvoir la transparence et accroître la responsabilité mutuelle en Somalie,

Se déclarant vivement préoccupé par les rapports faisant état d’activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée dans les eaux relevant de la juridiction de la Somalie, soulignant qu’il importe de s’abstenir de toute activité de pêche illicite, non déclarée et non réglementée, attendant avec intérêt tout nouveau rapport sur la question et encourageant le Gouvernement fédéral somalien, avec l’appui de la communauté internationale, à s’assurer que les permis de pêche sont délivrés de manière responsable dans le respect du cadre juridique somalien pertinent,

Se déclarant profondément inquiet des difficultés en cours rencontrées sur le plan de l’acheminement de l’aide humanitaire en Somalie et condamnant dans les termes les plus énergiques toute partie faisant obstacle à l’acheminement de cette aide ainsi que le mauvais usage ou le détournement de fonds ou de fournitures humanitaires,

Rappelant que la protection de la population incombe au premier chef au Gouvernement fédéral somalien et considérant que celui-ci doit s’employer en priorité, de concert avec les États membres de la Fédération, à doter ses propres forces nationales de sécurité de moyens renforcés,

Prenant note des trois réunions tenues entre le représentant du Gouvernement érythréen et le Groupe de contrôle, constatant avec inquiétude que le Groupe de contrôle n’a pas été en mesure de se rendre en Érythrée depuis 2011 et d’exécuter pleinement son mandat et soulignant que le resserrement de la coopération aidera le Conseil à mieux apprécier la mesure dans laquelle l’Érythrée respecte ses résolutions pertinentes,

Se déclarant préoccupé par les rapports du Groupe de contrôle faisant état de l’appui persistant de l’Érythrée à certains groupes armés régionaux et encourageant le Groupe de contrôle à fournir des rapports encore plus détaillés et des éléments factuels concernant cet appui,

Se félicitant de la libération par l’Érythrée en mars 2016 de quatre prisonniers de guerre, se déclarant préoccupé par les rapports persistants au sujet de combattants djiboutiens portés disparus depuis les affrontements de juin 2008, demandant à l’Érythrée et à Djibouti de continuer de s’employer à régler la question des combattants, et exhortant l’Érythrée à communiquer toute nouvelle information détaillée concernant les combattants, y compris au Groupe de contrôle,

Se félicitant de la retenue dont ont fait montre l’Érythrée et Djibouti en ce qui concerne la situation à leur frontière commune, à la suite du retrait des forces qatariennes, rappelant que l’Union africaine a dépêché une mission d’enquête à la frontière djiboutienne à la suite du retrait des forces qatariennes, notant que la mission d’enquête s’est rendue à Djibouti mais attend encore de se rendre à Asmara, se félicitant de l’appel lancé par la Conférence de l’Union africaine en juillet 2017 afin d’encourager le Président de la Commission, avec l’appui nécessaire des deux pays, à poursuivre l’action menée en vue de la normalisation des relations, notamment de bon voisinage, entre Djibouti et l’Érythrée,

Soulignant qu’il importe que tous les États Membres s’acquittent de leur obligation d’appliquer les dispositions de l’embargo sur les armes imposé à l’Érythrée aux termes de la résolution 1907 (2009),

Considérant que la situation en Somalie et le différend opposant Djibouti et l’Érythrée continuent de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Embargo sur les armes

1.    Réaffirme l’embargo sur les armes visant la Somalie, imposé au paragraphe 5 de sa résolution 733 (1992), précisé aux paragraphes 1 et 2 de sa résolution 1425 (2002) et modifié par les paragraphes 33 à 38 de sa résolution 2093 (2013), les paragraphes 4 à 17 de sa résolution 2111 (2013), le paragraphe 14 de sa résolution 2125 (2013), le paragraphe 2 de sa résolution 2142 (2014), le paragraphe 2 de sa résolution 2244 (2015) et le paragraphe 2 de sa résolution 2317 (2016) (« l’embargo sur les armes visant la Somalie »);

2.    Décide de reconduire les dispositions du paragraphe 2 de sa résolution 2142 (2014) jusqu’au 15 novembre 2018 et réaffirme, à cet égard, que l’embargo sur les armes visant la Somalie ne s’applique pas aux livraisons d’armes, de munitions ou de matériel militaire ni aux activités de conseil, d’assistance ou de formation destinées exclusivement au développement des Forces nationales de sécurité somaliennes et visant à assurer la sécurité du peuple somalien, sauf s’il s’agit d’articles répertoriés dans l’annexe à la résolution 2111 (2013);

3.    Réaffirme que l’entrée dans les ports somaliens et le mouillage temporaire de navires transportant des armes et du matériel connexe utilisés à des fins défensives ne peuvent être considérés comme la livraison d’articles de ce type en violation de l’embargo sur les armes visant la Somalie, sous réserve que les articles restent à tout moment à bord des navires;

4.    Réaffirme que les armes ou le matériel militaire vendus ou fournis aux seules fins du développement des Forces nationales de sécurité somaliennes ne sauraient être revendus, transférés ou utilisés par aucune personne ou entité n’étant pas au service de ces forces, et souligne qu’il incombe au Gouvernement fédéral somalien de pourvoir en toute sûreté et efficacité à la gestion, à l’entreposage et à la sécurité de cet arsenal;

5.    Se félicite à cet égard des améliorations apportées par le Gouvernement fédéral somalien en vue d’une procédure plus rigoureuse de déclaration, d’enregistrement et de marquage des armes, se déclare préoccupé par les informations faisant état de la persistance d’un détournement des armes au sein du Gouvernement fédéral somalien et des États membres de la Fédération, note qu’il est essentiel de renforcer encore la gestion des armes pour empêcher leur détournement, et se déclare à nouveau résolu à surveiller et évaluer les améliorations apportées afin de réexaminer l’embargo sur les armes, lorsque toutes les conditions énoncées dans ses résolutions seront réunies;

6.    Se félicite également des efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour élaborer des procédures opérationnelles permanentes en vue de la gestion des armes et des munitions, y compris un système de délivrance des autorisations et récépissés afin de surveiller toutes les armes après la phase de livraison, et l’exhorte à parachever et à mettre en œuvre ces procédures dès que possible;

7.    Se félicite en outre des mesures prises par le Gouvernement fédéral somalien pour mettre en place l’Équipe conjointe de vérification et demande instamment aux États Membres d’appuyer la gestion améliorée des armes et des munitions en vue de renforcer la capacité du Gouvernement fédéral somalien de gérer les armes et les munitions;

8.    Se félicite de l’amélioration des rapports que lui communique le Gouvernement fédéral somalien en application du paragraphe 9 de la résolution 2182 (2014) et comme demandé au paragraphe 7 de la résolution 2244 (2015), l’engage ainsi que les États membres de la Fédération à mettre en œuvre l’architecture nationale de sécurité et le Pacte de sécurité adopté à la Conférence de Londres sur la Somalie, de façon à permettre aux autorités nationales de fournir une sécurité et une protection au peuple somalien, et prie le Gouvernement fédéral somalien de lui faire rapport conformément au paragraphe 9 de la résolution 2182 (2014) et comme demandé au paragraphe 7 de la résolution 2244 (2015) sur la structure, la composition, les effectifs et l’emplacement de ses forces de sécurité, y compris le statut des forces régionales et des milices, d’ici au 30 mars 2018, puis le 30 septembre 2018 au plus tard;

9.    Rappelle qu’il incombe au premier chef au Gouvernement fédéral somalien d’informer le Comité, en application des paragraphes 3 à 8 de la résolution 2142 (2014), et se félicite des efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour améliorer ses notifications au Comité;

10.   Engage le Gouvernement fédéral somalien à améliorer le respect des délais et le contenu des notifications concernant les livraisons, comme indiqué au paragraphe 6 de la résolution 2142 (2014), et les unités destinataires au moment de la distribution des armes et des munitions importées, comme prévu au paragraphe 7 de la même résolution;

11.   Souligne les obligations des États Membres en application des procédures de notification prévues à l’alinéa a) du paragraphe 11 de la résolution 2111 (2013), insiste sur la nécessité pour les États Membres de se conformer strictement aux procédures de notification lorsqu’ils apportent leur assistance à la mise en place des institutions somaliennes du secteur de la sécurité et les encourage à se reporter à cet égard à la Notice d’aide à l’application des résolutions publiée le 14 mars 2016;

12.   Rappelle le paragraphe 2 de sa résolution 2142 (2014) et note que l’appui au développement des Forces nationales de sécurité somaliennes peut comprendre, entre autres, la construction d’infrastructures et le versement de salaires et d’indemnités aux membres de ces forces uniquement;

13.   Engage la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) à coopérer davantage, comme il est prévu au paragraphe 6 de la résolution 2182 (2014), pour recueillir et enregistrer des informations sur l’ensemble du matériel militaire confisqué dans le cadre d’offensives ou d’opérations prescrites par son mandat, avec l’appui d’autres forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien, selon qu’il conviendra;

14.   Prie le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération de renforcer l’encadrement civil de leurs forces de sécurité, d’adopter et de mettre en œuvre des procédures de vérification des antécédents de tout le personnel de défense et de sécurité, y compris les antécédents en matière de droits de l’homme, et notamment d’enquêter sur les individus responsables de violations du droit international et notamment du droit international humanitaire et de les poursuivre, et rappelle à cet égard l’importance de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme instituée par le Secrétaire général s’agissant de l’appui fourni par l’Organisation à l’Armée nationale somalienne;

15.   Prie instamment le Groupe de contrôle de poursuivre ses enquêtes sur l’exportation vers la Somalie de substances chimiques susceptibles d’être utilisées comme oxydants dans la fabrication d’engins explosifs improvisés, tels que les précurseurs suivants : nitrate d’ammonium, chlorate de potassium, nitrate de potassium et chlorate de sodium, en vue d’envisager de nouvelles mesures, et demande aux États Membres et au Gouvernement fédéral somalien de coopérer avec le Groupe de contrôle à cet égard;

16.   Souligne qu’il importe de verser les salaires des membres des forces de sécurité somaliennes de manière régulière et prévisible et engage le Gouvernement fédéral somalien à mettre en place des systèmes pour améliorer la régularité et la responsabilité des paiements et de l’acheminement de fournitures aux forces de sécurité somaliennes;

17.   Rappelle la nécessité de doter les Forces nationales de sécurité somaliennes de moyens renforcés, en particulier en leur fournissant du matériel, en les entraînant et en les encadrant, afin d’améliorer leur crédibilité et leur professionnalisme et de faciliter le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM à ces forces, et encourage les donateurs à continuer d’apporter leur appui à cet égard, comme énoncé dans le Pacte de sécurité;

18.   Rappelle les paragraphes 16 et 17 de sa résolution 1907 (2009) et constate qu’au cours de son mandat actuel et de ses trois précédents mandats, le Groupe de contrôle n’a pas trouvé d’éléments concluants indiquant que l’Érythrée soutenait les Chabab;

19.   Réaffirme à nouveau l’embargo sur les armes visant l’Érythrée au titre des paragraphes 5 et 6 de la résolution 1907 (2009) (« embargo sur les armes visant l’Érythrée »);

Menaces contre la paix et la sécurité

20.   Se déclare préoccupé par les informations qui continuent à faire état de cas de corruption et de détournement de ressources publiques, portant préjudice aux efforts d’édification de l’État, se déclare vivement préoccupé par les signalements de malversations financières mettant en cause des membres du Gouvernement fédéral somalien, des États membres de la fédération et des membres du Parlement fédéral, portant préjudice aux efforts d’édification de l’État et, dans ce contexte, souligne que les individus qui se livrent à des actes menaçant le processus de paix et de réconciliation en Somalie pourraient être visés par des mesures ciblées;

21.   Accueille avec satisfaction les efforts que le Gouvernement fédéral somalien a déployés pour améliorer ses procédures de gestion financière, y compris la poursuite du dialogue engagé avec le Fonds monétaire international, et encourage le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération à maintenir le rythme des réformes et à continuer de mettre en œuvre les réformes recommandées par le Fonds pour faciliter la poursuite d’un programme qu’il suit et l’amélioration de la transparence, de la responsabilité, de l’exhaustivité et de la prévisibilité du recouvrement des recettes et des allocations budgétaires, et se déclare préoccupé par la production et la distribution de fausse monnaie somalienne;

22.   Constate que l’examen des questions constitutionnelles en suspens autour du partage du pouvoir et des ressources entre le Gouvernement fédéral de Somalie et les États membres de la Fédération est essentiel pour la stabilité de Somalie, souligne qu’il importe que les dirigeants somaliens règlent ces questions de manière à n’exclure personne, au moyen d’une collaboration constructive entre le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération, et les encourage à mettre en œuvre les éléments en suspens de l’accord sur le dispositif national de sécurité, y compris les décisions relatives à la composition, la répartition, le commandement et le contrôle des forces de sécurité et le partage des ressources;

23.   Réaffirme la souveraineté de la Somalie sur ses ressources naturelles;

24.   Se déclare de nouveau gravement préoccupé par le risque que le secteur pétrolier somalien ne devienne une source d’exacerbation du conflit et, dans ce contexte, souligne que le Gouvernement fédéral somalien doit impérativement mettre en place, sans retard indu, des mécanismes de partage des ressources et un cadre juridique crédible pour éviter que le secteur pétrolier somalien ne soit à l’origine d’une flambée des tensions;

25.   Se déclare vivement préoccupé par la dépendance accrue des Chabab à l’égard des recettes tirées des ressources naturelles, y compris la taxation du commerce illicite du sucre, de la production agricole et du bétail, et attend avec intérêt de nouveaux rapports du Groupe de contrôle sur la question;

Embargo sur le charbon de bois

26.   Réaffirme l’interdiction d’importer et d’exporter du charbon de bois somalien, énoncée au paragraphe 22 de sa résolution 2036 (2012) (« l’embargo sur le charbon de bois »), se félicite de l’intensification des efforts des États Membres pour prévenir l’importation de charbon de bois d’origine somalienne, réaffirme que le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération doivent prendre les mesures voulues pour empêcher l’exportation de charbon de bois de Somalie, et prie instamment les États Membres de poursuivre leurs efforts pour assurer la pleine mise en œuvre de l’embargo;

27.   Demande de nouveau à l’AMISOM, comme il l’a déjà fait au paragraphe 18 de sa résolution 2111 (2013), d’appuyer et d’aider le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération à appliquer l’interdiction totale des exportations de charbon de bois de Somalie et la prie de faciliter un accès régulier du Groupe de contrôle aux ports d’exportation de charbon de bois;

28.   Se félicite des efforts déployés par les Forces maritimes combinées en vue de faire cesser l’exportation et l’importation de charbon de bois à destination et en provenance de la Somalie, et se félicite également de la coopération qui s’est instaurée entre le Groupe de contrôle et les Forces maritimes combinées pour tenir le Comité informé de la situation concernant le commerce du charbon de bois;

29.   Constate avec inquiétude que le commerce du charbon de bois sert de source importante de financement aux Chabab et, à cet égard, réaffirme les dispositions des paragraphes 11 à 21 de sa résolution 2182 (2014) et décide de reconduire les dispositions qui figurent au paragraphe 15 de ladite résolution jusqu’au 15 novembre 2018;

30.   Condamne la poursuite des exportations de charbon de bois de Somalie, qui contrevient à l’interdiction complète réaffirmée ci-dessus, demande aux États Membres de communiquer toute information au Groupe de contrôle, prie instamment le Groupe de contrôle de porter son attention sur la question dans son prochain rapport et de proposer de nouvelles mesures, en tenant compte des problèmes de droits de l'homme, et se déclare disposé à envisager de nouvelles mesures si les violations se poursuivent;

31.   Encourage l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à poursuivre les travaux qu’il a entrepris aux termes de son mandat en cours dans le cadre du Forum de l’océan Indien sur la criminalité maritime pour amener les États Membres et les organisations internationales concernés à élaborer ensemble des stratégies visant à désorganiser le commerce du charbon de bois somalien;

Accès humanitaire

32.   Se déclare vivement préoccupé par la gravité de la situation humanitaire en Somalie et le risque de famine, se félicite de l’action menée par l’Organisation des Nations Unies et le Gouvernement fédéral somalien pour éviter la famine, condamne dans les termes les plus énergiques la recrudescence des attaques contre les acteurs humanitaires ainsi que tout détournement de l’aide des donateurs et les entraves mises à l’acheminement de l’aide humanitaire, demande à nouveau à toutes les parties d’autoriser et de faciliter pleinement la fourniture en toute sécurité et sans entrave de l’aide aux personnes qui en ont besoin dans toute la Somalie, et encourage le Gouvernement fédéral somalien à améliorer le cadre réglementaire pour les donateurs;

33.   Décide que jusqu’au 15 novembre 2018, et sans préjudice des programmes d’aide humanitaire menés ailleurs, les mesures imposées au paragraphe 3 de la résolution 1844 (2008) ne s’appliquent pas aux fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques nécessaires à l’acheminement en temps voulu de l’aide humanitaire dont la Somalie a besoin d’urgence par l’ONU, les institutions spécialisées ou programmes des Nations Unies, les organisations humanitaires dotées du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale, qui fournissent une aide humanitaire et leurs partenaires d’exécution, y compris les organisations non gouvernementales bénéficiant d’un financement bilatéral ou multilatéral qui participent au Plan d’aide humanitaire pour la Somalie des Nations Unies;

34.   Prie le Coordonnateur des secours d’urgence de lui faire rapport d’ici au 15 octobre 2018 sur l’acheminement de l’aide humanitaire en Somalie et sur tout obstacle qui l’entraverait, et demande aux organismes des Nations Unies compétents, ainsi qu’aux organisations humanitaires dotées du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale qui fournissent une aide humanitaire en Somalie et à leurs partenaires d’exécution, d’intensifier leur collaboration avec l’ONU et de lui communiquer plus régulièrement des éléments d’information;

Érythrée

35.   Se félicite des efforts notables déployés actuellement par le Groupe de contrôle pour communiquer avec le Gouvernement érythréen, rappelle à cet égard les trois réunions tenues entre le représentant du Gouvernement érythréen et le Groupe de contrôle, souligne à nouveau qu’il attend du Gouvernement érythréen qu’il facilite l’entrée du Groupe de contrôle en Érythrée pour pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat, comme il l’en a prié à plusieurs reprises, y compris au paragraphe 52 de sa résolution 2182 (2014);

36.   Se félicite des efforts récents accomplis par le Gouvernement érythréen pour renouer des liens avec la communauté internationale, souligne que le resserrement de la coopération aidera le Conseil à mieux apprécier la mesure dans laquelle l’Érythrée respecte ses résolutions pertinentes et à examiner les mesures visant l’Érythrée;

37.   Engage instamment le Gouvernement érythréen à faciliter les visites du Groupe de contrôle en Érythrée, tient compte de la volonté affichée par le Gouvernement érythréen de faciliter une visite du Président et exhorte le Gouvernement à convenir d’une date, dans les meilleurs délais;

38.   Demande à l’Érythrée de coopérer pleinement avec le Groupe de contrôle, conformément au mandat du Groupe énoncé au paragraphe 13 de la résolution 2060 (2012) et actualisé au paragraphe 41 de la résolution 2093 (2013);

39.   Exhorte l’Érythrée et Djibouti à dialoguer sur la question des combattants djiboutiens disparus au combat et prie instamment l’Érythrée de communiquer toute information détaillée nouvelle, y compris au Groupe de contrôle;

40.   Demande instamment aux deux parties de continuer de maintenir le calme et de faire preuve de retenue et les engage à explorer tous les moyens possibles de régler le différend frontalier de manière pacifique, dans le respect du droit international;

41.   Fait part de son intention d’examiner régulièrement les mesures concernant l’Érythrée à la lumière du prochain bilan à mi-parcours que le Groupe de contrôle doit présenter d’ici au 30 avril 2018, en tenant compte de ses résolutions pertinentes et des paragraphes 35 à 40 ci-avant;

Somalie

42.   Rappelle sa résolution 1844 (2008), par laquelle il a imposé des sanctions ciblées, et ses résolutions 2002 (2011) et 2093 (2013), par lesquelles il a élargi les critères d’inscription sur la Liste, et note que l’un des critères énoncés dans la résolution 1844 (2008) est de se livrer à des actes qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité en Somalie;

43.   Réaffirme sa volonté d’adopter des mesures ciblées contre les personnes et les entités auxquelles les critères susmentionnés s’appliquent;

44.   Rappelle l’alinéa c) du paragraphe 2 de la résolution 2060 (2012) et souligne qu’un détournement de ressources financières répond au critère de désignation et qu’il s’applique au détournement à tous les niveaux;

45.   Demande à nouveau aux États Membres d’aider le Groupe de contrôle dans ses investigations, rappelle que faire obstacle aux investigations ou aux travaux du Groupe de contrôle est un motif d’inscription sur la Liste au titre de l’alinéa e) du paragraphe 15 de la résolution 1907 (2009) et prie en outre le Gouvernement fédéral somalien, les États membres de la Fédération et l’AMISOM d’échanger des informations avec le Groupe de contrôle au sujet des activités des Chabab;

46.   Décide de proroger jusqu’au 15 décembre 2018 le mandat qu’il a confié au Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée au paragraphe 13 de la résolution 2060 (2012), tel que modifié au paragraphe 41 de la résolution 2093 (2013), et fait part de son intention de réexaminer le mandat du Groupe et de faire le nécessaire concernant sa nouvelle reconduction le 15 novembre 2018 au plus tard;

47.   Prie le Secrétaire général de prendre le plus rapidement possible les mesures administratives nécessaires pour reconstituer le Groupe de contrôle, en consultation avec le Comité, jusqu’au 15 décembre 2018, en tirant parti, au besoin, des compétences des membres du Groupe de contrôle établi par les résolutions antérieures, et demande en outre que l’appui administratif au Groupe de contrôle soit ajusté, dans les limites des ressources existantes, pour faciliter l’exécution de son mandat;

48.   Prie le Groupe de contrôle de présenter au Comité des rapports mensuels et un bilan à mi-parcours complet, ainsi que de soumettre pour examen au Conseil d’ici au 15 octobre 2018, par l’entremise du Comité, deux rapports finals, l’un consacré à la Somalie et l’autre à l’Érythrée, portant sur toutes les tâches décrites au paragraphe 13 de la résolution 2060 (2012) et actualisées au paragraphe 41 de sa résolution 2093 (2013) et au paragraphe 15 de sa résolution 2182 (2014);

49.   Prie le Comité, conformément à son mandat et en consultation avec le Groupe de contrôle et les autres entités compétentes des Nations Unies, d’examiner les recommandations figurant dans les rapports du Groupe de contrôle et de lui recommander des moyens d’améliorer l’application et le respect des embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée, les mesures concernant les importations et les exportations de charbon de bois somalien et l’exécution des mesures imposées aux paragraphes 1, 3 et 7 de sa résolution 1844 (2008) et aux paragraphes 5, 6, 8, 10, 12 et 13 de la résolution 1907 (2009), pour mettre fin aux violations persistantes;

50.   Prie le Comité d’envisager le cas échéant que son président ou certains de ses membres se rendent dans tel ou tel pays pour l’aider à mettre en œuvre effectivement et pleinement les mesures visées ci-avant, dans l’idée de pousser les États à se conformer pleinement aux dispositions de la présente résolution;

51.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est félicité de l’adoption de ce texte qui maintient l’intégrité du régime de sanctions et renouvelle le mandat du Groupe de contrôle, se disant toutefois déçu de constater que certains n’ont pas pu voter en faveur de la résolution.  S’agissant de la Somalie, il a souligné la nécessité d’endiguer les flux d’armes qui peuvent finir dans les mains des terroristes, ainsi que l’importance de renforcer les forces de sécurité nationales, auxquelles l’embargo sur les armes ne s’applique pas.  Le Groupe de contrôle, a-t-il poursuivi, devra en outre déterminer les mesures supplémentaires à prendre pour empêcher que soient fournis des vecteurs d’armes chimiques aux Chabab.  Le texte adopté reconnaît par ailleurs les efforts déployés cette année par l’Érythrée et le fait que le Groupe de contrôle n’ait pas trouvé d’éléments concluants pour prouver que l’Érythrée soutiendrait les Chabab.  « En tant que membre du Conseil, nous sommes prêts à travailler avec Asmara, qui doit respecter l’embargo sur les armes et coopérer avec le Groupe de contrôle », a-t-il ajouté en conclusion.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est félicité des efforts déployés par le Groupe de contrôle, qui a « sans aucun doute fourni » de nombreuses informations et analyses dans ses lettres et rapports.  Il a également adressé ses remerciements aux membres du Conseil ayant voté en faveur de la résolution, avant de rappeler la nécessité de continuer à appuyer les forces de sécurité nationales et l’AMISOM.  « En effet, nous ne pouvons pas considérer comme acquis les progrès accomplis par la Somalie, comme nous avons pu le constater au cours des dernières semaines », a-t-il dit.  En Érythrée, « nous n’avons pas vu de changements dans l’attitude déstabilisatrice de ce pays dans la région », a soutenu le représentant, qui s’est appuyé sur les conclusions du Groupe de contrôle, selon lequel des violations du régime de sanctions et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ont été constatées au cours de l’année écoulée.  Par ailleurs, si le Groupe de contrôle n’a pas trouvé d’éléments concluants indiquant que l’Érythrée soutenait les Chabab, il faut rappeler que le Groupe n’a pas été en mesure de se rendre en Érythrée.  Le représentant a aussi abordé la question des prisonniers de guerre djiboutiens.  Alors qu’une visite a déjà pu avoir lieu à Djibouti, ce n’est pas le cas en Érythrée, ce pays tardant à autoriser le Comité des sanctions et le Groupe de contrôle à se rendre dans le pays.  Cela « montre bien le manque de volonté d’Asmara », selon la délégation éthiopienne qui a espéré que ce pays changerait d’avis. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a expliqué l’abstention de son pays par le caractère déséquilibré et insuffisamment objectif de la résolution, à son avis.  L’Érythrée ne soutient pas les Chabab, a-t-il affirmé.  Ce projet de résolution aurait dû être l’occasion pour ce Conseil d’examiner la pertinence des sanctions contre l’Érythrée à l’aune de critères clairs, a-t-il estimé.  Il a insisté sur la nature temporaire des sanctions, lesquelles ne constituent pas une fin en soi.  Elles doivent être suffisamment souples pour être modifiées au vu de l’évolution de la situation sur le terrain, a-t-il dit.  Le délégué égyptien a aussi expliqué qu’il était impossible pour son pays de voter en faveur de la résolution après des négociations sur le texte qui n’avaient pas pris suffisamment en compte des observations de son pays.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a rappelé que l’appui de l’Érythrée aux Chabab avait été l’une des raisons justifiant la prise de sanctions contre ce pays en 2009.  Il n’y a pas de preuve de l’appui d’Asmara aux Chabab aujourd’hui, a-t-il cependant noté.  Il serait en outre injuste d’accuser l’Érythrée de déstabiliser à elle seule la région, a-t-il continué.  Le délégué a par ailleurs regretté que le Groupe de contrôle n’ait pas pu se rendre dans le pays cette année.  Enfin, il a déploré l’inclusion de paragraphes critiques vis-à-vis de l’Érythrée dans la résolution par la délégation porte-plume, « dans le seul intérêt de celle-ci ». 

M. OLOF SKOOG (Suède) a regretté l’incapacité du Conseil à parvenir au consensus aujourd’hui.  Cette résolution est importante dans le cadre des efforts visant à restaurer la paix et la stabilité dans la région, a-t-il affirmé, avant de souligner la nécessité du régime de sanctions en Somalie dans la lutte contre les Chabab.  Le délégué a ensuite estimé qu’il était crucial de continuer à appuyer le processus de paix en Somalie.  Concernant l’Érythrée, il a rappelé que les sanctions n’étaient pas une fin en soi mais un moyen pour parvenir à un certain objectif.  Le délégué a salué à ce titre la volonté du Conseil de réexaminer le régime de sanctions contre l’Érythrée, sachant que ce pays prend des mesures pour renforcer sa coopération avec la communauté internationale. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée du renouvellement du mandat du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée et a encouragé ce dernier pays à répondre aux préoccupations du Conseil de sécurité, notamment s’agissant du fait que le Groupe de contrôle n’a toujours pas été autorisé à entrer dans le pays.  En outre, une coopération avec le Comité des sanctions permettrait à celui-ci de mieux évaluer l’application du régime de sanctions, a estimé la délégation américaine.  Tout en soulignant que la Somalie avait une opportunité unique de consolider les progrès accomplis jusqu’à présent, la représentante s’est déclarée alarmée par les informations communiquées par le Groupe de contrôle, selon lesquelles le trafic de ressources naturelles en Somalie constitue une source de financement pour les Chabab.

M. WU HAITAO (Chine) a noté que les Chabab et d’autres organisations terroristes étaient toujours présents dans la Corne de l’Afrique, où ils posent une grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a émis l’espoir que les pays de la région œuvreront de concert à la recherche de la paix.  Considérant que les sanctions ne sauraient être considérées comme une fin en soi, le délégué a estimé que le projet mis aux voix aurait pu être amendé, ce qui explique son abstention au moment du vote. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a demandé à la communauté internationale de continuer d’appuyer la Somalie.  Il a dit attendre avec impatience une visite du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée dans ce dernier pays.  Si celle-ci autorisait une visite du Groupe, alors le Conseil pourrait lever les sanctions, a-t-il envisagé.  « Les sanctions ne sont pas une fin en soi », a conclu le délégué uruguayen.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a souligné la pertinence du régime de sanctions en Somalie et demandé à la communauté internationale de continuer d’appuyer ce pays.  Il a constaté que le Groupe de contrôle n’avait pas recueilli de preuves concluantes sur un appui éventuel de l’Érythrée aux Chabab.  Il s’est par ailleurs félicité de la libération de quatre prisonniers de guerre en mars 2016 et, en conclusion, a prié l’Érythrée et Djibouti de régler leur différend au moyen du droit international. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé que le Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée avait reconnu l’absence d’éléments probants au sujet d’un soutien de l’Érythrée aux Chabab.  Il a toutefois appelé ce pays à œuvrer à la stabilité régionale, en permettant au Groupe de contrôle et au Comité des sanctions de se rendre à Asmara.  Préoccupé par la présence des Chabab en Somalie, il s’est félicité du soutien offert à ce pays par ceux de la région et par l’Union africaine, au travers de l’AMISOM.

Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est félicitée de l’adoption de cette résolution, qui maintient l’embargo sur les armes, tout en accordant une exemption aux forces de sécurité somaliennes.  S’agissant de l’Érythrée, le Groupe de contrôle n’a pas trouvé d’éléments concluants que l’Érythrée fournit un appui aux Chabab en Somalie, « un point positif », a-t-elle estimé tout en exprimant le souhait que ce pays coopère à l’avenir avec ce groupe.  Dans ce contexte, l’annulation, plus tôt cette année, de la visite dans le pays du Président du Comité des sanctions a été une « déception » pour la délégation française.  Pour la représentante, l’Érythrée doit soutenir une médiation active en vue d’une reprise du dialogue avec Djibouti.  « Nous attendons des gestes concrets de coopération », a-t-elle insisté en conclusion.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a insisté sur la complexité de la situation sécuritaire en Somalie.  La résolution offre une approche globale en vue de l’élimination des sources de financement des Chabab, a-t-il relevé.  Concernant l’Érythrée, le délégué a jugé primordiale la coopération de ce pays avec la communauté internationale.  Il n’y a pas de preuve d’un appui de l’Érythrée aux Chabab, a-t-il noté, avant de souhaiter le règlement pacifique du différend frontalier entre l’Érythrée et Djibouti. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a indiqué que pour la première fois, dans la résolution, le Conseil reconnaissait les progrès de la Somalie dans le contrôle des armes.  Il n’y a pas de preuves d’un appui de l’Érythrée aux Chabab, a-t-il aussi fait remarquer.  Le délégué italien a appelé l’Érythrée à faciliter la visite du Président du Groupe de contrôle.  Les sanctions ne sont pas une fin en soi mais un instrument, dont la pertinence doit être réexaminée périodiquement, a-t-il conclu. 

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a appuyé la résolution adoptée aujourd’hui en soulignant que les Chabab restent la menace la plus urgente à gérer en Somalie, sachant qu’ils causent des problèmes sécuritaires graves dans le pays et la région.  Dans ce contexte, la réforme du secteur de la sécurité -jugée prioritaire par le Gouvernement somalien- requiert une assistance accrue de la part de la communauté internationale.  Elle nécessite aussi le renforcement de l’Armée nationale somalienne, ainsi qu’une Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) plus robuste.

M. Osman a ensuite mis l’accent sur trois points.  Tout d’abord, il aurait souhaité que la résolution soit plus explicite sur le besoin de respecter l’indépendance politique, la souveraineté, l’intégrité territoriale, et, avant tout, l’unité de la Somalie.  Ensuite, il aimerait voir le Conseil de sécurité formuler des recommandations pour limiter l’usage de produits chimiques dans la fabrication d’engins explosifs improvisés, car les derniers attentats perpétrés par les Chabab ont utilisé des bombes contenant de tels produits.  Enfin, le représentant a indiqué que l’embargo sur les armes, qui est en place depuis plus de 20 ans, risquait d’aboutir à une fragmentation des entités de sécurité du pays.  S’il est vrai qu’il permet un nombre limité d’exceptions, le représentant a néanmoins insisté pour que ce régime soit cohérent avec l’architecture du secteur national de sécurité somalien.

Pour sa part, le Gouvernement somalien doit faire davantage pour se conformer pleinement aux conditions de la levée partielle de l’embargo, a reconnu le délégué qui a confirmé son engagement en ce sens pour l’année à venir.  Il a encore demandé au Conseil d’envisager de fixer clairement les jalons en vue de la levée complète de l’embargo sur les armes, en redisant la nécessité d’actualiser le cadre de l’embargo sur la Somalie pour refléter l’architecture de sécurité nationale. 

Enfin, préoccupé par le fait que le Gouvernement érythréen n’a pas expliqué ce qu’il était advenu des 13 prisonniers de guerre djiboutiens détenus au secret en Érythrée, M. Osman a demandé à Djibouti de les libérer immédiatement et de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité. 

M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a estimé que le Conseil de sécurité avait laissé une fois de plus passer l’occasion de « rectifier sa transgression contre le peuple de l’Érythrée » et de contribuer à la sécurité dans la Corne de l’Afrique et la mer Rouge.  Depuis cinq ans, a-t-il insisté, le Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée assure qu’il n’y a pas de preuve d’un soutien érythréen aux Chabab en Somalie, alors que ce soutien allégué était la « justification principale invoquée pour imposer des sanctions ». 

S’agissant de Djibouti, il n’existe pas non plus de précédent dans lequel le Conseil de sécurité aurait sanctionné une partie « sans aucune symétrie », surtout quand le différend fait l’objet d’une médiation mutuellement convenue, a déploré M. Saleh.  Selon lui, la façon dont le Conseil gère ce différend conforte Djibouti dans l’impression qu’il n’a pas d’obligation.  Cela ne fait qu’attiser les tensions, alors que la frontière entre les deux pays reste calme.  De plus, l’Érythrée trouve ironique que le Conseil ait choisi de rester silencieux sur l’occupation illégale par l’Éthiopie, depuis 15 ans, de territoires érythréens souverains.

« L’Érythrée n’a rien fait de mal; elle n’a pas violé les résolutions du Conseil de sécurité », a martelé le représentant en constatant que malgré cela, les sanctions restaient en place, dans le simple but de cibler l’Érythrée, selon lui.  Sa délégation a de nouveau appelé le Conseil à redresser ce tort, dans l’intérêt, non seulement de l’Érythrée, mais aussi de l’Éthiopie, de la sous-région, de l’Afrique et de la mer Rouge.  Il a assuré que son pays continuerait d’œuvrer pour la paix dans la région.   

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) s’est déclaré préoccupé par la grave menace que continuent de faire peser les Chabab sur la sécurité et la stabilité régionales.  Il s’est dit également préoccupé par le fait que, au moment d’achever son cinquième mandat consécutif, le Groupe de contrôle n’a toujours pas été autorisé à se rendre en Érythrée, ce qui témoigne à ses yeux d’un manque de coopération de la part de ce pays.  Il s’est dit convaincu qu’Asmara n’avait jamais cessé d’armer et de soutenir les Chabab, mettant l’absence de preuves sur le fait que le Groupe de contrôle n’a pas été en mesure de se rendre dans le pays pour y enquêter.  Soulignant que la résolution qui vient d’être adoptée souligne l’importance pour l’Érythrée de coopérer avec le Groupe de contrôle, le représentant a plaidé en faveur d’un changement d’attitude de la part de ce pays.

Il a rappelé que, presque 10 ans après que l’Érythrée a violé la souveraineté territoriale de Djibouti en occupant illégalement les îles de Doumeira, ce pays refuse de fournir une liste des noms des prisonniers de guerre djiboutiens et autres personnes portées disparues détenus en Érythrée.  « Quatre mois se sont écoulés depuis le retrait de la médiation du Qatar, et l’Érythrée continue d’occuper illégalement le territoire souverain de Djibouti », a déploré le délégué.  Il a cependant remercié les membres du Conseil de leur évaluation de la situation, puisque la résolution « demande instamment aux deux parties de continuer de maintenir le calme et de faire preuve de retenue et les engage à explorer tous les moyens possibles de régler le différend frontalier de manière pacifique, dans le respect du droit international ».  M. Doualeh a déclaré que son gouvernement serait d’accord pour renvoyer le différend devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour un arbitrage final.  Après avoir rappelé que 13 prisonniers de guerre djiboutiens étaient toujours portés disparus, le représentant a estimé qu’en reconduisant le régime de sanctions, le Conseil de sécurité adresse un « signal politique clair », à savoir que l’Érythrée est la seule responsable de la situation actuelle.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité toujours en désaccord sur l’occupant du dernier siège vacant à la Cour internationale de Justice

Soixante-douzième session,
49e séance - après-midi
AG/11974

L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité toujours en désaccord sur l’occupant du dernier siège vacant à la Cour internationale de Justice

Assemblée générale, Inde; Conseil de sécurité, Royaume-Uni.  Après avoir ajouté aujourd’hui cinq tours de scrutin aux six qu’il avait tenus jeudi dernier*, l’Assemblée générale a confirmé son choix sur le juge indien, M. Dalveer Bhandari, alors que le juge britannique, M. Christopher Greenwood, gardait les faveurs du Conseil de sécurité pour occuper, à partir du 6 février 2018, le dernier des cinq sièges vacants à la Cour internationale de Justice (CIJ).  L’Assemblée et le Conseil se réuniront à une date à déterminer pour parvenir à un accord.

Jeudi dernier, après cinq tours de scrutin, l’Assemblée, comme l’exige le Statut de la CIJ, tombait enfin d’accord avec le Conseil de sécurité pour réélire ou élire MM. Ronny Abraham (France), M. Abdulqawi Ahmed Yusuf (Somalie), M. Nawaf Salam (Liban) et M. Antônio Augusto Cançado Trindade (Brésil)**.

En désaccord avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée donnait encore, au sixième tour de scrutin, 118 voix au juge indien, M. Dalveer Bhandari, et 96 voix au juge britannique, M. Christopher Greenwood; sur une majorité absolue de 97 voix.

Aujourd’hui, au cinquième tour de scrutin, le juge indien obtenait toujours 121 voix, contre 68 pour son homologue britannique.  Rendez-vous est donc pris à un jour qui reste à déterminer pour tenter de forcer un accord avec le Conseil de sécurité.

La CIJ est composée de 15 juges élus pour neuf ans par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Sa composition est renouvelée par tiers tous les trois ans.  Les 10 autres membres de la Cour sont M. Hisashi Owada (Japon), M. Peter Tomka (Slovaquie), M. Mohamed Bennouna (Maroc), Mme Xue Hanqin (Chine), Mme Joan E. Donoghue (États-Unis d’Amérique), M. Giorgio Gaja (Italie), Mme Julia Sebutinde (Ouganda), M. Patrick Lipton Robinson (Jamaïque), M. James Richard Crawford (Australie) et M. Kirill Gevorgian (Fédération de Russie).

Instituée en juin 1945 par la Charte des Nations Unies, la CIJ est l’organe judiciaire principal de l’ONU.  Siégeant à La Haye, aux Pays-Bas, la CIJ règle les différends d’ordre juridique qui lui sont soumis par les États parties et donne des avis consultatifs sur les questions juridiques que peuvent lui poser les organes et les institutions spécialisées de l’ONU.

*Voir communiqué de presse AG/11971 du jeudi 9 novembre

**A/72/181; A/72/182-S/2017/620 et A/72/183-S/2017/621

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: l’administration de la justice coûtera à l’ONU 320 millions de dollars en 2018-2019

Soixante-douzième session,
14e séance - après-midi
AG/AB/4254

Cinquième Commission: l’administration de la justice coûtera à l’ONU 320 millions de dollars en 2018-2019

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires était saisie, cet après-midi, d’une demande de 320 millions de dollars pour financer le système d’administration de la justice à l’ONU en 2018 et 2019, dont 4,6 millions de crédits supplémentaires proposés par le Secrétaire général, sans remporter l’adhésion du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Plusieurs délégations ont appelé à améliorer davantage le système, en particulier la représentation juridique des employés, l’accès à la justice des non-fonctionnaires et la protection contre les représailles.

Inauguré en 2009, ce système autorise un fonctionnaire de l’ONU qui n’est pas satisfait d’une décision administrative à demander, dans le cadre d’une procédure formelle, un « contrôle hiérarchique » de la décision au Groupe du contrôle hiérarchique.  S’il n’est toujours pas satisfait, il peut déposer une requête auprès du Tribunal du contentieux administratif, puis, si le jugement rendu lui est défavorable, saisir le Tribunal d’appel de l’ONU.  À tout moment, le fonctionnaire peut aussi frapper à la porte du Bureau de l’aide juridique au personnel pour bénéficier de conseils et d’une représentation juridiques.  Parallèlement, le fonctionnaire peut se contenter de résoudre un conflit par des moyens informels, en sollicitant le Bureau des services d’ombudsman et de médiation, lequel peut également être saisi par le Tribunal du contentieux administratif. 

Le nouveau système « a pris un bon départ » et constitue une « amélioration » par rapport aux systèmes précédents, ont noté avec enthousiasme le Groupe des 77 et la Chine, saluant notamment le recours de plus en plus fréquent aux ombudsmans et aux médiateurs.  Le Groupe a appelé à maintenir « cette tendance positive » à la résolution informelle des contentieux, « lorsque cela est approprié ».  Cette procédure informelle améliore non seulement l’accès à la justice, mais réduit également la longueur et le coût des procédures, dans l’intérêt du personnel comme de l’administration, a souligné l’Union européenne.  Voulant aller plus loin, le Japon a plaidé pour une mentalité de coopération et une culture de « communication directe » entre le personnel et l’administration pour éviter les contentieux. 

Le Secrétaire général demande donc 320 millions de dollars pour 2018-2019, dont des crédits supplémentaires de 4,6 millions de dollars qu’il a proposé d’imputer sur le fonds de réserve.  Ces crédits permettraient notamment de financer la création de 13 nouveaux postes et la nomination de trois juges permanents au Tribunal du contentieux administratif, à la place des trois juges ad litem actuels.  Sur les 13 postes, seul celui d’un juriste au Groupe du contrôle hiérarchique est justifié, a tranché le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Il a également recommandé d’approuver la reconduction des trois postes de juge ad litem en 2018, plutôt que de nommer des juges permanents.

Outre les questions de financement, plusieurs délégations ont appelé à améliorer encore davantage le système d’administration de la justice.  Le Groupe des 77 et la Chine ont ainsi noté, avec préoccupation, « le manque généralisé de connaissances » du système chez les employés, ainsi que le pourcentage toujours élevé de fonctionnaires non représentés par des avocats au Tribunal du contentieux administratif et au Tribunal d’appel (67% en 2016), en dépit de l’aide juridique gratuite offerte par le Bureau de l’aide juridique au personnel.  Le Groupe a d’ailleurs appelé à ce que le régime de financement complémentaire volontaire de ce Bureau, établi en janvier 2014 « sur une base expérimentale », soit régularisé.

Quant aux non-fonctionnaires, soit la moitié des effectifs de l’ONU, ils n’ont pas accès au système d’administration de la justice, a de son côté déploré la Suisse, également au nom du Liechtenstein.  À ses yeux, toutes les catégories de personnel doivent pouvoir accéder à des voies de recours efficaces, indépendamment de la nature de leur contrat.  La protection contre les représailles doit également être renforcée, a-t-elle estimé, une position défendue par les États-Unis, en particulier pour les lanceurs d’alerte.  Il ne faut pas que ceux qui révèlent l’existence d’infractions aient peur des représailles, ont-ils insisté.

Les États-Unis ont en outre appelé l’administration à communiquer plus clairement sur les règles régissant le personnel, ce qui permettrait d’éviter les différends.  De nombreuses affaires soumises au système de justice ne sont en effet que le résultat d’une mauvaise compréhension des règles, a constaté le Japon, qui a appelé à élaborer des politiques cohérentes et faciles à comprendre afin d’éviter les contentieux inutiles. 

Les délégations étaient également saisies, cet après-midi, d’une demande de subvention de 5,9 millions de dollars pour le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone en 2018 et 2019.  Financé en principe sur une base exclusivement volontaire, le Tribunal souffre d’un déficit chronique de fonds, à tel point qu’aucune contribution n’a été annoncée pour 2018.  Estimant que financer la totalité du budget du Tribunal pour 2018 et 2019 reviendrait à « remettre en cause le caractère volontaire » de son financement, le CCQAB a recommandé d’autoriser une dépense de 2,3 millions pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2018.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission, qui aura lieu jeudi 16 novembre, portera sur le rapport de la Commission de la fonction publique internationale pour 2017.

ADMINISTRATION DE LA JUSTICE À L’ONU

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’administration de la justice à l’ONU et les activités du Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies (A/72/7/Add.9)

Pour l’examen de cette question, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné les rapports du Secrétaire général sur l’administration de la justice à l’ONU (A/72/204) et sur les activités du Bureau des services d’ombudsman et de médiation (A/72/138).  Le Comité a aussi étudié le rapport du Conseil de justice interne sur l’administration de la justice à l’Organisation des Nations Unies (A/72/210).

Dans son rapport, le Secrétaire général présente un examen du fonctionnement de la procédure formelle d’administration de la justice en 2016, lequel contient des statistiques relatives aux affaires récemment traitées par les différentes entités du système: le Groupe du contrôle hiérarchique, le Tribunal du contentieux administratif des Nations Unies, le Tribunal d’appel des Nations Unies et le Bureau de l’aide juridique au personnel.

Le Secrétaire général propose des crédits supplémentaires d’un montant de 4 596 300 dollars.  En tenant compte de ce montant, le CCQAB note que les ressources nécessaires à l’administration de la justice s’élèveraient à un total de 320 376 200 dollars pour 2018-2019.

Au lieu des 13 postes demandés par le Secrétaire général, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée d’en approuver un seul (P-3) au Groupe du contrôle hiérarchique.  L’Assemblée devrait aussi régulariser le régime de financement complémentaire volontaire du Bureau de l’aide juridique au personnel.  Elle devrait également approuver la reconduction des trois postes de juges ad litem et des contrats de leurs actuels titulaires pour une période de 12 mois, allant du 1er janvier au 31 décembre 2018; et celle pour 2018 du personnel temporaire qui travaille actuellement au service des trois juges ad litem, à savoir trois postes de juriste (P-3), soit un à Genève, un à Nairobi et un à New York, deux postes d’assistant juridique [agent des services généraux (autres classes)], soit un à Genève et un à New York, et d’un poste d’assistant juridique [agent des services généraux (agent local)] à Nairobi.

L’Assemblée devrait aussi approuver le versement de 600 dollars pour chaque demande interlocutoire examinée par un juge du Tribunal d’appel des Nations Unies à compter du 1er janvier 2018; et le versement d’une allocation mensuelle de 1 500 dollars au Président du Tribunal d’appel des Nations Unies à compter du 1er janvier 2018.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a rappelé que, d’après les conclusions formulées l’an dernier par le Groupe d’experts chargé de l’évaluation indépendante intermédiaire du système d’administration de la justice à l’ONU, le système actuel « a pris un bon départ » et constitue une « amélioration » par rapport aux systèmes précédents.  Toutefois, a nuancé Mme Pereira Sotomayor, le Groupe d’experts a également noté que différents éléments du système actuel pouvaient être améliorés.  Au nombre d’entre eux, la représentante a noté, avec préoccupation, « le manque généralisé de connaissances » du système d’administration de la justice chez les employés de l’ONU, ainsi que le pourcentage toujours élevé de fonctionnaires non représentés par des avocats au Tribunal du contentieux administratif et au Tribunal d’appel.  En effet, en 2016, 67% des employés se représentaient eux-mêmes, en dépit de l’aide juridique gratuite offerte par le Bureau de l’aide juridique au personnel.

Mme Pereira Sotomayor a également regretté l’affaiblissement de la culture organisationnelle de la reddition de comptes s’agissant des cadres supérieurs.  Durant la période considérée, a-t-elle déploré, il n’y a pas eu d’arrêt rendu sur la responsabilité des cadres supérieurs dont les décisions avaient pourtant été jugées « grossièrement négligentes » et avaient donné lieu à des litiges ainsi que des pertes financières.

Cependant, la représentante a salué « l’amélioration globale » de la mise en œuvre du système d’administration de la justice.  Elle s’est également félicitée de l’utilisation accrue du Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies.  « Le Groupe des 77 et la Chine encouragent à maintenir cette tendance positive à la résolution informelle des différends, lorsque cela est approprié », a-t-elle déclaré, soulignant le rôle des ombudsmans et des médiateurs dans la résolution des conflits de travail.  Elle a également salué la diminution du nombre de requêtes et de procédures d’appel en souffrance auprès du Tribunal du contentieux administratif et du Tribunal d’appel.

Mme Pereira Sotomayor a déclaré que son Groupe comptait examiner scrupuleusement les demandes de crédits supplémentaires formulées par le Secrétaire général pour l’administration de la justice, concernant notamment la création de 13 nouveaux postes, la nomination de trois juges permanents à temps complet au Tribunal du contentieux administratif, en lieu et place des trois juges ad litem actuels, le versement de 600 dollars pour chaque demande interlocutoire examinée par un juge du Tribunal d’appel des Nations Unies à compter du 1er janvier 2018 et le versement d’une allocation mensuelle de 1 500 dollars au Président du Tribunal d’appel des Nations Unies à compter du 1er janvier 2018.

S’agissant du Bureau de l’aide juridique au personnel, la représentante a noté que le régime de financement complémentaire volontaire de ce Bureau avait été établi le 1er janvier 2014, « sur une base expérimentale ».  Elle a considéré qu’après quatre ans de mise en œuvre, les enseignements de cette expérience devraient être présentés aux États Membres afin qu’ils puissent établir une structure de financement plus durable.

Saluant les progrès dans l’application des recommandations du Groupe d’experts chargé de l’évaluation indépendante intermédiaire, M. FISHER (Suisse) a, également au nom du Liechtenstein, estimé que des améliorations étaient encore possibles.  La mise en place d’un système de justice interne efficace et équitable permettra à terme de diminuer le nombre des affaires et d’accélérer leur traitement.  Le délégué a soutenu le renforcement des structures existantes comme le préconise le rapport du Secrétaire général.  Il a rappelé qu’il était important de soutenir le Bureau de l’aide juridique au personnel qui joue un rôle essentiel pour assurer l’égalité des armes entre les membres du personnel et l’administration.

S’agissant des autres points mentionnés dans les rapports de cette année, deux dossiers sont particulièrement importants pour la Suisse et le Liechtenstein, a-t-il dit, en citant le règlement des contentieux liés au travail impliquant des non-fonctionnaires et la protection contre les représailles.

Près de la moitié des effectifs n’a pas accès au système interne d’administration de la justice, a constaté le représentant, voyant là une situation « problématique » qui expose l’Organisation à des risques juridiques et une réputation entachée.  Les Nations Unies doivent mettre en place un système permettant à toutes les catégories de personnel d’avoir accès à des voies de recours efficaces, indépendamment de la nature de leurs contrats, a insisté le représentant qui a salué la recommandation de la Sixième Commission chargée des questions juridiques de procéder à une analyse détaillée sur les voies de recours disponibles pour les non-fonctionnaires. 

S’agissant de la protection effective contre les représailles, le représentant a souligné qu’il s’agit là d’une caractéristique essentielle de tout système de justice interne équitable et efficace.  Les Nations Unies doivent créer un environnement où le personnel peut dénoncer un manquement en toute sécurité, porter une affaire devant les tribunaux ou comparaître devant ces derniers en tant que témoin.  Il semble que les deux derniers cas soient toujours exclus de la protection contre les représailles alors qu’il est dans l’intérêt des Nations Unies de remédier à cette situation.

Réitérant l’importance de la publication rapide et simultanée des rapports requis dans les six langues officielles, M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a regretté que les annexes au rapport du Secrétaire général ne fussent traduites.  Il a exhorté le Secrétaire général à faire tous les efforts possibles pour donner aux États Membres les documents dans les délais impartis.

Le représentant a ajouté qu’il faut assurer que le système d’administration de la justice incarne les principes d’indépendance, de transparence et de professionnalisme.  M. De Preter a également reconnu que le règlement informel des contentieux est un élément crucial dans l’administration de la justice.  Il améliore l’accès au système de justice tout en réduisant les procédures longues et coûteuses, dans l’intérêt du personnel et de l’administration.  Nous sommes encouragés par le recours accru au règlement informel des différends et par l’élargissement des activités de sensibilisation entreprises par le Bureau de l’ombudsman et de médiation, a dit le représentant.

M. KEISUKE FUKUDA (Japon) a parlé du défi qui consiste à régulariser le mécanisme de financement volontaire du Bureau de l’aide juridique du personnel.  Les ressources nécessaires à ce Bureau devraient être assurées par les contributions financières de ses bénéficiaires.  Ainsi, le Secrétaire général devrait sensibiliser le personnel à l’importance de leurs contributions et explorer d’autres options, y compris une déduction ajustable sur le salaire mensuel.

M. Fukuda a aussi souligné la nécessité de favoriser une mentalité de coopération et une culture de communication directe entre le personnel et l’administration.  Il a estimé que de nombreuses affaires soumises au système de justice ne sont que le résultat d’une mauvaise compréhension des politiques liées aux ressources humaines.  Renforcer une culture de communication directe et élaborer des politiques cohérentes et faciles à comprendre sont essentiels pour éviter les contentieux inutiles et assurer un environnement de travail positif.  Ces défis doivent être relevés non seulement par le Bureau de l’ombudsman mais aussi par les autres départements et bureaux impliqués dans la gestion des ressources humaines.  Pour faire des progrès, le système de justice doit s’efforcer de réduire le fossé entre la situation actuelle, à savoir les systèmes, les pratiques et la culture, et la situation idéale. 

Mme CHERITH A. NORMAN CHALET (États-Unis) a rappelé la nécessité d’administrer la justice « efficacement et en toute indépendance ».  Elle a par conséquent appelé à mettre en place un système d’administration de la justice « transparent, impartial, indépendant et efficace ».  Dans le cadre du système formel, l’indépendance des juges doit demeurer la pierre angulaire du système, a-t-elle poursuivi, tout en appelant à renforcer encore davantage la transparence des décisions prises par le Tribunal du contentieux administratif et le Tribunal d’appel.  Mme Norman Chalet a également reconnu que l’amélioration de l’administration de la justice passait par un renforcement non seulement du système, mais également de la gestion des ressources humaines et de la politique de protection des lanceurs d’alerte.

Elle s’est dite préoccupée par le fait que de nombreux cas présentés devant le système des Nations Unies demeuraient liés aux prestations sociales, à la cessation de service et à des questions contractuelles.  Elle a appelé l’administration à communiquer plus clairement sur les règles régissant le personnel des Nations Unies, ce qui permettrait, selon elle, d’éviter de nombreux différends.

S’agissant de la protection des lanceurs d’alerte, Mme Norman Chalet a estimé que les Nations Unies devaient mieux garantir la protection de ceux qui révèlent l’existence d’infractions.  « Il ne faut pas qu’ils aient peur des représailles », a-t-elle insisté.  Sur ce point, elle a appuyé la lettre du Président de la Sixième Commission, en date du 26 octobre 2017, dans laquelle il appelle à améliorer la protection des lanceurs d’alerte, notamment pour le personnel se présentant devant les tribunaux administratifs de l’ONU. 

La représentante a par ailleurs félicité le Bureau des services d’ombudsman, pour ces « efforts inlassables » et pour être parvenu à une médiation dans 89% des cas reçus du Tribunal du contentieux administratif.  Elle a toutefois appelé le Secrétariat à sensibiliser davantage le personnel de l’ONU à ses droits, et ce, dans le but de réduire le nombre de requêtes, y compris les demandes de contrôle hiérarchique.

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’utilisation de l’autorisation d’engagement de dépenses et sur la demande de subvention pour le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone  (A/72/7/Add.20)

Pour l’examen de cette question, le CCQAB a étudié le rapport du Secrétaire général (A/72/384), dans lequel une subvention de 5 931 800 dollars est demandée pour l’exercice biennal 2018–2019 afin de permettre au Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone de continuer à s’acquitter de son mandat.

Le Comité consultatif rappelle sa préoccupation concernant la pérennité des contributions volontaires servant au financement des activités du Tribunal spécial résiduel et des activités de transmission de l’héritage institutionnel.  Il recommande donc que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’analyser de façon plus approfondie les différentes options concernant les modalités à long terme de financement du Tribunal résiduel, notamment en détectant les possibilités de réduire les dépenses et de faire des économies d’échelle, et d’en rendre compte dans son rapport détaillé sur l’utilisation de l’autorisation de dépenses pour le Tribunal.

Le Comité consultatif constate également que, après trois demandes consécutives de subvention pour financer le Tribunal résiduel, y compris la demande présentée pour l’exercice biennal 2018–2019, la pratique ne revêt plus un caractère exceptionnel.  En même temps, le Comité constate que le principe du financement volontaire du Tribunal n’est pas remis en question.

Compte tenu du déficit de financement prévu, tant pour 2018 que pour 2019, le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale autorise le Secrétaire général à engager des dépenses à concurrence de 2 300 000 dollars pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2018.  Le Comité consultatif note que l’utilisation finale de l’autorisation d’engagement de dépenses sera fonction du montant des contributions volontaires versées par les donateurs.

Le Comité continue d’insister sur le fait qu’il est entendu que le Tribunal spécial résiduel continuera de s’employer à obtenir des contributions volontaires, notamment en ayant recours à des méthodes novatrices de mobilisation de fonds.

Dans le cas où le montant des contributions volontaires reçues dépasserait les besoins du Tribunal pour 2018, tous les fonds alloués au Tribunal pour la période au titre de l’autorisation d’engagement de dépenses seront remboursés à l’ONU.  Des mesures seront prises pour obtenir des gains d’efficience au Tribunal.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a rappelé qu’en décembre 2016, l’Assemblée générale avait autorisé le Secrétaire général à allouer une subvention de 2,8 millions de dollars au Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone, afin de pallier le manque de contributions volontaires pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2017. 

Malgré les efforts de collecte de fonds déployés par le Secrétaire général, Mme Pereira Sotomayor s’est déclarée très préoccupée par le fait qu’aucune nouvelle annonce de contribution volontaire n’ait, à ce jour, été effectuée pour 2018.  À ses yeux, l’absence de financement durable pourrait avoir des « conséquences délétères » sur le Tribunal.  Étant donné la « nature imprévisible » du mécanisme de financement, et compte tenu du fait que les subventions accordées par l’ONU ne sont que des « mesures temporaires », la représentante a insisté sur la nécessité de parvenir à un mécanisme de financement « durable sur le long terme », de préférence, selon elle, un mécanisme d’examen des besoins financiers par les États Membres.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), Mme SOPHIE PICHÉ (Canada) a dit que son Groupe avait soutenu le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone depuis sa création parce qu’il a joué un rôle essentiel en aidant la Sierra Leone et la région à sortir du conflit.  Il a contribué directement à la paix durable et à la prévention de la résurgence du conflit.  Mais le Tribunal a aussi, par ses actions et l’exécution exemplaire de son mandat, promu la valeur d’un système judiciaire pénal impartial et fonctionnel dans la construction d’une société pacifique et juste. 

« Le Tribunal spécial résiduel est devenu un modèle pour les autres tribunaux, et, aujourd’hui, il est un corps très maigre », a indiqué la représentante.  Il exerce le mandat d’une Cour, administre les peines et continue à superviser les activités de protection des témoins, fournit une assistance aux autorités nationales, maintient et préserve les archives, des activités qui restent essentielles aujourd’hui.

Sans des ressources adéquates, le Tribunal spécial résiduel ne serait pas en mesure de continuer ses opérations en 2018.  Le groupe CANZ, a annoncé la représentante, est impatient de travailler avec tous les collègues de la Cinquième Commission pour trouver une solution qui permettra au Tribunal spécial résiduel de remplir son mandat et de continuer à jouer un rôle important.

M. FELIX ALIE KOROMA (Sierra Leone) a rappelé la pertinence des principaux mandats du Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone, dont celui d’enquêter sur les entraves à la justice dans le cadre des travaux du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), qui a fermé ses portes le 31 décembre 2013, et de protéger les personnes ayant témoigné au TSSL. 

Constatant toutefois les lacunes du mécanisme de financement du Tribunal sur la base de contributions volontaires, le représentant a déclaré que « la situation financière désastreuse » du Tribunal faisait « sérieusement entrave » à la conduite de ses travaux.  Malgré les efforts du Tribunal, de son Comité de surveillance et du Secrétaire général de l’ONU pour lever des fonds, le représentant a indiqué que le Tribunal n’avait reçu que 150 000 dollars de contributions volontaires en 2017.  Pire encore, a-t-il dit, aucune annonce de contribution n’a été reçue au titre du budget biennal 2018-2019 du Tribunal, d’un montant de 5,9 millions de dollars.

M. Koroma a par conséquent imploré les délégations de recommander à l’Assemblée générale d’allouer le montant total des ressources demandées par le Secrétaire général pour le Tribunal, d’un montant de 5,9 millions de dollars, pour l’exercice biennal 2018-2019.  Il s’est dit conscient qu’il ne s’agissait là que d’une mesure temporaire et s’est déclaré prêt à travailler avec les États Membres et les partenaires du développement pour trouver une solution de financement viable à long terme.  D’ici là, M. Koroma a estimé que le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, basé à La Haye, devait continuer à apporter un soutien logistique et administratif au Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone, sur une base remboursable. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée: l’organisation des Jeux olympiques en République de Corée imprime un caractère spécial à la résolution annuelle sur la Trêve olympique

Soixante-douzième session,
48e séance plénière – matin
AG/11973

Assemblée: l’organisation des Jeux olympiques en République de Corée imprime un caractère spécial à la résolution annuelle sur la Trêve olympique

« Montrons une nouvelle fois que le pouvoir du sport peut nous rassembler et nous aider à surmonter nos différences politiques, culturelles et historiques », a encouragé, ce matin, le Président de l’Assemblée générale, en pensant aux XXIIIe Jeux olympiques et aux XIIe Jeux paralympiques d’hiver qui seront lancés en février 2018 à Pyeongchang en République de Corée.

Il est plus important que jamais de réaffirmer les idéaux des Nations Unies et des Jeux olympiques dans la péninsule coréenne, a ajouté M. Miroslav Lajčák, alors que l’Assemblée générale s’apprêtait à adopter sa résolution annuelle sur la Trêve olympique, avant de tenir son débat sur la revitalisation de ses travaux. 

Dans moins de 90 jours, le monde entier va assister sur la péninsule coréenne aux Jeux d’hiver « les plus spectaculaires », a promis, au nom du Gouvernement de la République de Corée, le Président du Comité d’organisation des Jeux.  M. Lee Hee Beom, qui s’est souvenu des Jeux de Séoul de 1988, « qui avaient rapproché l’est et l’ouest », s’est aussi rappelé les Jeux de Sydney en 2000, où la délégation de son pays et celle de la République populaire démocratique de Corée avaient défilé ensemble sous le même drapeau, « montrant par là le pouvoir unificateur du sport, quelles que soient la politique et la religion. »

 Nous croyons fermement au pouvoir du sport et à sa capacité unique de rassembler, a renchéri la représentante de Monaco, voyant dans la résolution adoptée aujourd’hui, « l’espoir partagé » que les Jeux soient une opportunité d’instaurer un climat de paix, de développement, de tolérance et de compréhension sur la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est.

Avec Tokyo en 2020 et Beijing en 2022, « nous, Coréens, espérons que ces trois Jeux olympiques ouvriront une fenêtre d’opportunités pour promouvoir la paix et la coopération économique en Asie du Nord-Est », a en effet déclaré le Président du Comité d’organisation des Jeux de Pyeongchang, en souhaitant « une réaction en chaîne » dans la région et au-delà. 

Médaillée d’or de patinage artistique aux Jeux d’hiver de 2010 et ambassadrice honoraire des Jeux de Pyeongchang, Mme Kim Yuna a tout simplement souhaité être de nouveau témoin d’une entrée remarquée des équipes de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée.

Dans sa résolution*, l’Assemblée générale demande instamment aux États Membres d’observer la Trêve olympique tout au long de la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des XXIIIe Jeux olympiques d’hiver au septième jour suivant la clôture des XIIe Jeux paralympiques d’hiver, notamment de garantir que les athlètes, les officiels et toutes les autres personnes accréditées prenant part aux Jeux puissent s’y rendre et y participer en toute sécurité. 

Les Jeux de Pyeongchang rappelleront que le monde se réunit pour célébrer l’humanité, a dit le Président du Comité olympique international (COI), M. Thomas Bach qui a appelé tous les États à montrer que les valeurs communes sont autrement plus fortes que tout ce qui pourrait les diviser.  

L’Assemblée a ensuite tenu son débat sur la revitalisation de ses travaux.  Son Président a mentionné quatre points et d’abord que le processus fonctionne, comme l’a montré la sélection du Secrétaire général qui n’est plus un « processus secret ».  Il a ensuite parlé de la transparence améliorée de son Cabinet et de la nécessité de s’attaquer aux « questions importantes » comme la conduite liée aux campagnes électorales; le renforcement de l’interaction entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU; et les options pour établir une rotation à long terme et plus transparente aux présidences des principales commissions.  Il a aussi mentionné le fossé entre le niveau des activités et manifestations mandatées et la capacité du système des Nations Unies à les appuyer.  La revitalisation des travaux de l’Assemblée porte sur quatre domaines, à savoir le processus de sélection du Secrétaire général, le renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le rôle et l’autorité de cette dernière, et ses méthodes de travail.

Commentant le premier domaine, le Mouvement des pays non alignés a soulevé la question des promesses que sont tentés de faire les candidats secrétaires généraux pour obtenir l’appui des membres permanents du Conseil de sécurité.  Il a aussi défendu l’idée que le Conseil de sécurité recommande à l’Assemblée plusieurs candidats.  Singapour a dit attendre un code de bonne conduite pour éviter « une spirale infernale » pendant les campagnes électorales qui doivent, a-t-il tranché, se concentrer sur la qualité des candidats et leur compétence et « moins sur les cadeaux et les réceptions somptueuses ».  Les Maldives ont dit compter sur les mêmes principes de transparence et de responsabilité attendus des élections nationales, le système actuel étant défavorable aux petits États.

Le Mouvement des pays non alignés a aussi commenté les méthodes de travail de l’Assemblée générale et voulu que les réunions organisées en marge du débat général soient limitées à leur strict minimum pour préserver son caractère « sacré » du rendez-vous annuel.  Une nouvelle fois, le Japon a défendu l’idée de biennaliser voire de « triennaliser » des points à l’ordre du jour de l’Assemblée.  Un ordre du jour bien pensé et d’actualité s’impose en ces temps où les événements se succèdent à un rythme effréné, a acquiescé le Bélarus.  L’Assemblée a en effet perdu le lien avec l’actualité alors que son rôle est de plus en plus sapé par le Conseil de sécurité, a reconnu l’Inde.

Les négociations sur la résolution de cette année devraient servir à consolider les positions atteintes jusqu’alors, le but étant de revitaliser les travaux de l’Assemblée générale dans le cadre de la réforme globale des Nations Unies, a souligné l’Union européenne.

L’Assemblée poursuivra son débat sur la revitalisation de ses travaux demain, mardi 14 novembre à partir de 10 heures.

A/72/L.5

LE SPORT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA PAIX: ÉDIFICATION D’UN MONDE PACIFIQUE ET MEILLEUR GRÂCE AU SPORT ET À L’IDÉAL OLYMPIQUE: PROJET DE RÉSOLUTION (A/72/L.5)

Déclarations

Le sport n’est pas toujours associé aux Nations Unies, a reconnu M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale.  Cela est d’autant plus compréhensible que ce qui se passe sur un court de tennis ou dans une course est très différent de ce que nous faisons ici, a plaisanté le Président.  Mais, a-t-il estimé, il y a un « lien fort » entre le sport, et les valeurs et le travail des Nations Unies et cette réunion nous offre l’occasion de le réaffirmer.

Le Président a ensuite souligné trois points, et d’abord le fait que le sport est fondé sur les valeurs universelles de la discipline, de l’équité et du respect de ses concurrents et des règles.  On a beau parler des langues différentes ou avoir des coutumes ou des avis différents, mais une fois qu’on est sur une piste ou sur un court, on fait tous partie du même système, a souligné le Président.  Le sport peut donc être un outil universel pour promouvoir la paix et l’unité et les Nations Unies l’ont utilisé, en particulier dans les missions de maintien de la paix et dans les équipes de pays.  Le sport a contribué à ouvrir la porte des communautés pour lesquelles les Nations Unies travaillent.  Il a été utilisé pour rétablir la confiance dans les situations post conflit et joué un rôle important dans la réintégration des ex-combattants, y compris les enfants soldats.

Non, a reconnu le Président, en lui-même, le sport ne peut apporter la paix mais le football ou un palet de hockey est un meilleur outil de maintien de la paix qu’un fusil et il coûte moins cher.  Le sport, a ajouté le Président, peut construire plutôt que détruire.  Il peut rassembler les gens au lieu de les propulser dans une fuite éperdue pour leur vie.  Le sport invoque l’enthousiasme, pas la peur et les Nations Unies continueront à l’utiliser dans leur travail sur le terrain. 

Poursuivant, le Président a souligné que les Jeux olympiques et les Nations Unies aspirent au même idéal, un idéal basé sur l’humanité et qui dit que quoiqu’il arrive dans les capitales du monde, les gens auront toujours un espace pour se rencontrer et se connecter.  Cet espace peut être la ligne d’arrivée d’un sprint aux Jeux olympiques ou une salle comme celle de l’Assemblée générale.  Que nous soyons athlètes ou diplomates, nous devons utiliser ces espaces et montrer que l’humanité peut triompher des politiques.

Le dernier point qu’a soulevé le Président est celui de la jeunesse.  Le sport, a-t-il dit, peut offrir aux jeunes une plateforme pour s’émanciper.  Il peut donner l’espoir d’un avenir meilleur et permettre aux jeunes de renforcer leur capacité de penser stratégiquement, de travailler en équipe et de diriger.  Le sport peut être la voie de sortie pour le sous-développement et la pauvreté et de plus en plus, les Nations Unies travaillent pour mobiliser les jeunes et les émanciper.  Nous devons mobiliser les jeunes d’une façon qui leur parle et le sport offre une occasion incroyable de le faire, a souligné le Président qui a cité quelques succès dont la mobilisation des athlètes et des équipes sportives pour promouvoir les objectifs de développement durable. 

Nous devons, a-t-il insisté, travailler pour appuyer, répéter et élargir ces exemples.  Le lien entre le sport, et les valeurs et le travail des Nations Unies doit être renforcé, a-t-il conclu, en accueillant Kim Yuna, médaillée d’or aux Jeux olympiques.  Nous devons, a encore dit le Président, appuyer et utiliser le sport comme moteur de la paix, du développement et de l’humanité, et saisir, ce faisant, l’occasion des vingt-troisième Jeux olympiques d’hiver en République de Corée.  Il est plus important que jamais de réaffirmer les idéaux des Nations Unies et des Jeux olympiques dans la péninsule coréenne, a souligné le Président qui sera lui-même à Pyeongchang, en février prochain, pour participer aux Jeux.  « Montrons une nouvelle fois que le pouvoir du sport peut nous rassembler et nous aider à surmonter nos différences politiques, culturelles et historiques », a-t-il encouragé.

Au nom du Gouvernement de la République de Corée, M. LEE HEE BEOM, Président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques d’hiver de Pyeongchang de 2018, a présenté la résolution A/72/L.5 intitulée « Le sport au service du développement et de la paix: Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique ».  Dans moins de 90 jours, a-t-il assuré, le monde entier va assister sur la péninsule coréenne aux Jeux d’hiver « les plus spectaculaires ».  La flamme olympique est arrivée le 1er novembre et parcourt le pays, prête à éclairer le monde.  La Trêve olympique, a dit le Président du Comité d’organisation, en revenant au projet de résolution, est là pour promouvoir le sport et « nous, Coréens, avons toujours le souvenir vivace des Jeux de Séoul de 1988 », qui ont rapproché l’est et l’ouest dans les « jeux de la paix, de l’harmonie et de la réconciliation ».  Le Président du Comité d’organisation a rappelé qu’aux Jeux de Sydney en 2 000, les délégations de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée ont défilé « ensemble sous le même drapeau », montrant par là le pouvoir unificateur du sport, quelles que soient la politique et la religion.

Convaincu qu’il faut poursuivre cette tradition, il a indiqué que depuis 14 ans, la province de Gangwon, hôte des prochains Jeux, a permis à plus de 1 900 étudiants de 83 pays de vivre une fois dans leur vie l’expérience des sports d’hiver.  Deux participants de ce « Dream Program » sont devenus des athlètes aux Jeux d’hiver et sept autres ont représenté leur pays aux Jeux olympiques d’hiver de la jeunesse.  En tout, ce sont six millions d’étudiants qui ont bénéficié des visites et autres activités culturelles depuis 2014.  La composante pédagogique du programme est accessible en ligne à tous les jeunes Coréens et le restera après les Jeux pour promouvoir la paix et les idéaux olympiques.  De nombreuses autres activités sont organisées, comme « L’ONU mise en scène » et les autres programmes spéciaux visant à encourager le dialogue sur la paix et la réconciliation entre les jeunes.  Plus d’un million d’étudiants de partout ont participé à nos initiatives de paix, s’est enorgueilli le Président du Comité d’organisation qui a salué la présence dans la salle de l’Assemblée, de trois lycéens coréens ayant participé à ces programmes et présents ici pour représenter les jeunes de leur pays et leur désir de « Jeux olympiques pacifiques ». 

Avec Tokyo en 2020 et Beijing en 2022, « nous Coréens, espérons que ces trois Jeux olympiques ouvriront une fenêtre d’opportunités pour promouvoir la paix et la coopération économique en Asie du Nord-Est », a conclu le Président du Comité d’organisation, en souhaitant « une réaction en chaîne » dans la région et au-delà. 

Mme KIM YUNA, Médaillée d’or de patinage artistique aux Jeux olympiques d’hiver de 2010 et ambassadrice honoraire des Jeux de Pyeongchang, a cité Pierre de Coubertin, fondateur du Mouvement olympique, pour qui le sport est la meilleure façon de rapprocher les peuples et les individus, sans distinction aucune.  Elle a espéré être de nouveau témoin d’une entrée remarquée des équipes de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée.  Le sport, a-t-elle souligné, est la formule « la plus sincère » pour rapprocher les esprits et propager les idéaux de la paix pour l’humanité.  Je ferai de mon mieux, a-t-elle promis, pour faire des prochains jeux « un modèle de rapprochement ».  Elle a appelé les États à continuer d’appuyer l’idéal de la Trêve olympique.   

Débat général

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a déclaré que « pour la vingt-troisième fois, en février prochain, s’ouvriront les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver ».  Les regards du monde se porteront alors sur la cérémonie d’ouverture puis les épreuves des 15 disciplines des Jeux de Pyeongchang, en République de Corée.  Pour la cinquante-deuxième fois, a ajouté la représentante, Jeux d’été et Jeux d’hiver confondus, seront érigés en symboles, l’effort, l’excellence et le fair-play.  Pour la douzième fois, aujourd’hui, l'Assemblée générale appelle à observer la Trêve olympique.

L’appel au respect de la Trêve olympique est bien plus qu’un symbole fort.  Il apparaît particulièrement important aujourd’hui de rappeler que l’Olympisme et ses valeurs, inscrites dans la Charte olympique, rejoignent les principes et les idéaux qui transcendent nos travaux dans cette enceinte et qui sont inscrits dans la Charte des Nations Unies.  Mme Picco a indiqué que les Nations Unies comme le Mouvement olympique se sont dotés de programmes ambitieux aux principes universels convergents.

Les chefs d’État et de gouvernement ont adopté le Programme 2030 et y ont reconnu que le sport, par sa transversalité, peut contribuer de façon importante à sa mise en œuvre.  Le Mouvement olympique s’est lui doté de l’Agenda 2020 fondé sur la bonne gouvernance et l’éthique.  Ces principes sont essentiels car les Jeux olympiques sont la vitrine mondiale de l’idéal olympique.  De surcroît, la promotion des droits de l’homme est intrinsèque aux Jeux.

En février prochain, des dizaines de millions de regards se tourneront vers la République de Corée, ouvrant une séquence olympique de six ans en Asie avec les prochaines éditions à Tokyo en 2020 et à Pékin en 2022.  Le drapeau olympique et le drapeau de l’ONU flotteront bientôt à nouveau ensemble sur le site de Pyeongchang et complèteront aux côtés des anneaux et de la flamme olympique, le symbole de notre avenir commun.

« Nous croyons fermement au pouvoir du sport et à sa capacité unique de rassembler.  C’est pourquoi ce projet de résolution relaie notre espoir partagé que les Jeux soient une opportunité d’instaurer un climat de paix, de développement, de tolérance et de compréhension sur la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est », a poursuivi la déléguée.

Dans notre quotidien où la défiance prend parfois le pas sur la recherche de la compréhension mutuelle, le sport constitue un langage puissant et le respect des règles qui s’appliquent à tous de façon identique. 

Tout comme les olympiens, nous nous devons d’inspirer la jeunesse que nous invoquons si souvent dans nos discours et nos délibérations sur la paix, la prévention des conflits, le respect des droits de l’homme et la mise en œuvre du développement durable.  « Nous devons veiller à ce que la Trêve olympique soit respectée », a exhorté Mme Picco.

Comme pour les athlètes, ambassadeurs de l’olympisme, notre responsabilité est grande lorsque nous est confiée la tâche de représenter nos États dans l’enceinte onusienne.  Aussi, l’esprit olympique devrait-il nous animer dans chacun de nos actes au service de nos États et du multilatéralisme.  En faisant nôtre la devise « citius, altius, fortius »: nous nous donnerons les moyens d’atteindre plus vite les objectifs de développement durable, nous viserons plus haut dans nos efforts de coopération et nous serons ensemble plus forts, réellement unis pour un monde meilleur pour l’humanité toute entière.

Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a estimé que l’appel à la Trêve olympique contenu dans le projet de résolution est d’autant plus important en ces temps d’instabilité dans plusieurs régions du monde.

M. BASHAR ALI ALDUWAISAN (Koweït) a voulu que l’on mobilise le sport et les sportifs contre l’extrémisme, comme on l’avait fait contre l’apartheid.  Les Jeux olympiques sont l’occasion de méditer et de rapprocher les peuples, a poursuivi le représentant, ajoutant que les Nations Unies et le Mouvement olympique sont comme les deux faces d’un même idéal.  Utilisons le sport pour prévenir et surmonter les guerres et les conflits, a-t-il encouragé.  

Mme WONG LEE TING (Singapour) s’est réjoui de coprésenter le projet de résolution « Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique ».  Estimant que le sport répand un idéal positif au travers de valeurs comme l’effort, la discipline et la détermination, il a aussi jugé qu’il contribuait à rapprocher les peuples et les cultures en renforçant les liens d’amitié et de compréhension mutuelle. À ses yeux, c’est là tout le symbole de l’Olympisme et tout particulièrement de sa version moderne qui a débuté en 1896 en faisant la promotion du « rapprochement entre les communautés, de la tolérance, de l’inclusion sociale, de la paix, de la coopération et du développement durable ».  À cet égard, il a rappelé que Singapour fait une promotion active du sport, y compris pour les handicapés au travers du Plan directeur des sports pour les personnes handicapées lancé en 2016.  Citant le Baron Pierre de Coubertin, le représentant a conclu en pointant l’importance du sport dans la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Rappelant la participation d’une équipe de réfugiés aux Jeux olympiques de Rio, en 2016, M. ZEENA MOHAMED DIDI (Maldives) a déclaré que le Mouvement olympique a redonné espoir et courage à des millions de réfugiés aux quatre coins du monde.  Le représentant a rappelé que son président a fait du développement de la jeunesse une priorité.  Il a cité en exemple la première loi sur le sport, adoptée en 2015, qui vise à promouvoir la pratique du sport aux niveaux national et international. 

Estimant, comme le Conseil de sécurité, que le sport joue un rôle important dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, il a rappelé que le Gouvernement des Maldives a procédé à des investissements « significatifs » dans les infrastructures sportives du pays.  Les programmes sportifs coordonnés par les Nations Unies et les ONG favorisent le développement durable, a poursuivi le représentant, se disant encouragé par l’inclusion du sport parmi les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme ANAT FISHER TSIN (Israël) s’est dite convaincue que le sport et la paix sont intimement liés et que le sport encourage le travail en équipe bien au-delà du terrain, enseigne la tolérance et crée des amitiés durables.  Ainsi, partant du principe que le sport est un ingrédient fondamental pour la coexistence et pour unir les communautés, Israël a créé l’initiative Mifalot Chinuch, fondée par Hapoel Tel-Aviv, l’un des clubs de football les plus importants, pour faire du sport non seulement un jeu mais une force unificatrice, une langue universelle parlée par tous et une culture commune partagée.  Les programmes de Mifalot Chinuch sont une plateforme efficace pour jeter des ponts entre Israéliens et Palestiniens, qui se voient alors comme membres d’une même équipe et non comme « l’autre ».

De cette manière, a expliqué Mme Fisher Tsin, l’espoir de paix croît avec chaque but marqué.  Ce modèle éducatif a en outre été transposé au-delà des frontières, notamment au Cambodge, au Rwanda, en Jordanie, en Haïti et en Inde, s’est-elle félicitée, ajoutant que Mifalot Chinuch a aussi lancé un programme d’autonomisation des filles par lequel ces dernières gagnent confiance en elles et s’entraînent pour devenir actrices du changement.  La représentante a évoqué un programme local au Nigéria intitulé « Israël cares- Kids’ Football », ciblant les enfants de 8 à 12 ans déplacés à cause de l’organisation terroriste Boko Haram et auxquels Israël fournit des uniformes, des ballons mais aussi des entraîneurs.  Le programme offre ainsi à plus de 200 enfants un puits de confiance en soi, de sécurité et de quiétude.  

M. SHARIFUDDIN (Brunéi Darussalam) s’est réjoui que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaisse les vertus du sport.  Nous devons, a estimé le représentant, encourager les jeunes à faire du sport, lequel peut promouvoir la confiance et le respect mutuels, la tolérance, l’appréciation de l’autre et des liens d’amitié durables.  De plus, le sport peut servir à contrer les différents défis auxquels sont confrontés les jeunes comme la drogue, l’extrémisme violent ou le chômage.  En vertu de la politique sportive de Brunei Darussalam, le sport est un moyen d’améliorer la qualité de vie et d’édifier une nation saine.  La politique va aussi main dans la main avec la Vision 2035 du pays.  Le représentant a attiré l’attention sur l’initiative « My Happy City » qui fait, tous les dimanches, de la capitale une ville sans voiture pour encourager les gens à s’adonner à des activités sportives.  Non seulement l’initiative a redynamisé la capitale comme un centre pour les communautés, le shopping et le tourisme, mais aussi comme un vecteur de promotion de styles de vie sains et de culture sportive, conformément à la vision de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Brunéi Darussalam s’attache aussi à encourager l’émergence d’athlètes de qualité, y compris parmi les femmes et les personnes handicapées, permettant à ses sportifs non seulement de participer à des manifestations de haut niveau mais aussi à forger des liens d’amitié avec d’autres athlètes et en conséquence, à promouvoir une meilleure compréhension, le respect et la tolérance, autant de valeurs qui contribuent à la paix. 

Mme ALABDULLA (Qatar) a appuyé le projet de résolution qui reflète la conviction du Qatar quant au rôle du sport dans le renforcement de la paix, de la stabilité, du développement durable, et de l’autonomisation des femmes et des individus.  Pétri de cette conviction, le Qatar organisera des événements sportifs majeurs comme la coupe du monde de football en 2022.  La représentante a aussi mis en exergue la Vision 2030 pour favoriser le développement individuel des Qataris.  Le Comité olympique national, qui multiplie les activités et initiatives sportives nationales et internationales, n’oublie pas d’aider les communautés qui ont besoin d’aide aux quatre coins du monde. 

« Les sports ont le pouvoir de faire rêver et d’apporter de l’espoir aux gens », a affirmé M. TOSHIYA HOSHINO (Japon).  « Les sports ont le pouvoir de changer le monde et même le futur de l’humanité », a-t-il ajouté, appelant les États Membres à adopter, comme tous les deux ans depuis 1993, la résolution de l’Assemblée générale sur la Trêve olympique.  Le représentant a salué la République de Corée, pays hôte des prochains Jeux olympiques et paralympiques d'hiver, en 2018, pour avoir été à l’initiative du projet de résolution de cette année.  En tant que coauteur du texte, le Japon a souhaité rappeler la nécessité de préserver l’indépendance et l’autonomie du sport, ainsi que « l’esprit de paix, de compréhension mutuelle, d’amitié, de tolérance et de refus des discriminations en tout genre » dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques.

M. Hoshino a par ailleurs rappelé que son pays serait le pays hôte des prochains Jeux olympiques et paralympiques d’été, qui auront lieu à Tokyo, en 2020.  Il a appelé à ce que ces Jeux se déroulent selon les trois mots d’ordre suivants: « premièrement, réaliser la meilleure performance personnelle possible; deuxièmement, l’unité dans la diversité; et troisièmement, être connecté à demain ».  Sur ce dernier point, le représentant a rappelé que les Jeux olympiques de Tokyo de 1964 avaient été un facteur de croissance rapide pour l’économie du Japon.  « Nous espérons que les Jeux olympiques de Tokyo de 2020 donneront au Japon la capacité de promouvoir des changements transformatifs, en lui offrant la chance d’apporter de l’espoir et des rêves aux zones affectées par le séisme et le tsunami de 2011 », a-t-il déclaré. 

Le représentant s’est enfin dit déterminé à faire en sorte que les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Pyeongchang, en 2018, soient un succès non seulement au niveau sportif, mais également sur le plan de l’instauration d’un esprit de paix à l’échelle mondiale.  « Je peux vous assurer que les Jeux olympiques de Tokyo en 2020 feront de même », a-t-il conclu.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a souligné que la pratique généralisée du sport, comme un plaisir et un droit, est un des succès de la révolution cubaine, en matière de droits de l’homme.  Même si Cuba est un petit pays en développement, il a obtenu des résultats sportifs remarquables aux niveaux régional et international.  Le pays est cent-sixième en termes de superficie et 82e en termes de population, mais premier en termes de sports en Amérique centrale et dans les Caraïbes, deuxième sur le continent américain et dix-huitième, au niveau olympique.  Fidèle à sa vocation internationaliste, Cuba a aussi offert sa coopération pour le développement du sport à de nombreux pays et continuera de le faire dans la mesure du possible.  La représentante a réitéré l’engagement de Cuba en faveur du sport comme véhicule de promotion de la paix, de l’édification de sociétés plus justes et plus solidaires et d’un monde meilleur pour les générations présentes et futures.

Dans le monde d’aujourd’hui, a dit M. THEOFILI (Grèce), l’accent mis sur « la paix olympique » est devenu une caractéristique majeure de l’idéologie olympique moderne.  La fondation du Centre international de la Trêve olympique, pour la création duquel la Grèce s'est activement engagée avec le Comité International olympique, a fourni un nouveau dynamisme à la recherche de la paix.  Mais plus important encore, l’inclusion de la Trêve olympique dans le cadre de l’ONU, dont les résolutions pertinentes, a donné un rôle particulier à l’idéal.  Nous devrions garder à l’esprit que dans un monde de différences, d’inégalités et de conflits, même un accord sur une trêve temporaire est un succès pour la communauté internationale, a estimé le représentant.  Ainsi, a-t-il ajouté, il est de notre responsabilité de continuer de promouvoir la Trêve olympique et de n’épargner aucun effort pour assurer sa mise en œuvre effective.

En 2018, la République de Corée accueillera les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Pyeongchang et il est de notre devoir d’assumer notre responsabilité d’observer la Trêve olympique et de faire ainsi de la paix un objectif réalisable, a estimé le délégué qui a terminé en disant que « nous devrions tous trouver l’inspiration dans les Jeux olympiques de l’année prochaine et réfléchir à la façon dont le sport peut être utilisé comme un outil efficace pour atténuer les tensions et jeter des ponts.

Si le développement durable, c’est promouvoir des résultats socioéconomiques pour édifier des sociétés viables, a fait observer M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde), alors la valeur du sport, comme moyen d’éduquer les enfants et en conséquence, d’amener leurs parents et les jeunes à participer au règlement des questions communes est « indubitable ».  En Inde, a dit le représentant, grâce à leur popularité, le cricket et ses stars offrent une plateforme très importante pour diffuser les messages sociaux.  L’icône du cricket, Sachin Tendulkar, l’illustre à merveille.  Il a participé à une campagne populaire pour promouvoir l’hygiène chez les enfants, en encourageant les écoliers à se laver les mains avant de passer à table.  Sachin Tendulkar vient aussi de travailler comme ambassadeur de la campagne « Clean India » 

« Les hôtels du sport » sont une autre initiative qui a servi à promouvoir le développement social et pédagogique dans les zones reculées.  Il s’agit de résidences créées pour exploiter les talents sportifs du lieu.  Aujourd’hui, les équipes féminines de hockey, juniors et seniors, sont dominées par des joueuses de ces zones tribales.  Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance de l’industrie du sport qui a généré dans les États du Punjab et d’Uttar Pradesh quelque 700 millions de dollars en 2015, devenant une source importante d’emplois.  Le représentant a également parlé du succès du programme « Sport au service du développement » de l’UNICEF dans l’État du Chhatisgarh, touché par une rébellion gauchiste.  Les mentors ou « Khel Mitras » ont ainsi utilisé le sport et le jeu pour approcher les enfants et les aider à sortir de la violence et du traumatisme pour poursuivre leur scolarité.

M. Prasad a aussi mentionné deux programmes innovants menés par des ONG: le Projet Khel qui utilise le sport comme plateforme pour aider les enfants des milieux défavorisés à devenir des membres responsables de la société et la Fondation OSCAR qui utilise le football pour enseigner les valeurs de l’éducation également aux enfants défavorisés.  Si le sport est un jeu et une industrie, l’idée d’y rallier des millions de jeunes dans les pays les moins développés demeure un objectif important.  Investir dans les infrastructures sportives et dans la culture de participation est crucial, a conclu le représentant.

Mme HAYFA ALI AHMED MATAR (Bahreïn) s’est dite convaincue que le sport, son universalité et sa capacité à transcender les frontières en font un outil très fort pour unifier le monde et le protéger de la haine, des discriminations et du racisme.  Dans le cadre de ses réformes actuelles, le Bahreïn veille à inclure le sport dans les activités de développement et a proclamé le 7 février, Journée nationale du sport et de la pratique sportive, comme moyen de respecter les valeurs du partage et de l’inclusion des personnes handicapées lesquelles participent de plus en plus aux manifestations sportives.  Le pays s’emploie également à améliorer les performances de ses sportifs pour qu’ils puissent prendre part aux grandes manifestations et bénéficier des échanges que celles-ci facilitent. 

M. RAMZI LOUATI (Tunisie) a rappelé que la Tunisie copréside avec Monaco le Groupe des amis du sport au service du développement et de la paix.  Il s’est dit convaincu que le sport contribue de façon importante à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, rappelant que le sport est considéré comme un vecteur majeur de développement dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment pour renforcer la tolérance entre les peuples.

M. THOMAS BACH, Président du Comité olympique international, a déclaré qu’aujourd’hui est une occasion importante pour réaffirmer les idéaux du Mouvement olympique et des Nations Unies et l’appui au projet de résolution, la preuve de l’importance du principe de neutralité politique.  La polarisation et la défiance n’ont pas leur place dans le monde fragile d’aujourd’hui, a tranché le Président, en vantant le rôle unique du sport qui permet de traduire dans la pratique les valeurs d’unité et de solidarité.  La participation, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, d’une équipe de réfugiés à l’édition de Rio de Janeiro, a fait courir un vent d’espoir dans le monde entier.

Le Président a avoué que le projet de résolution de cette année a une signification toute personnelle pour lui.  En l’adoptant, l’Assemblée générale créera les conditions propices à l’accès de tous les athlètes aux Jeux olympiques et paralympiques des athlètes qui montrent au monde qu’il est possible de vivre et de se mesurer aux autres d’une manière harmonieuse.  Ils sont concurrents mais vivent et mangent ensemble, et le monde actuel a besoin d’exemples de ce genre.  Dans 87 jours, les Jeux olympiques qui s’ouvriront rappelleront que le monde se réunit pour célébrer l’humanité.  Devant le sport, nous sommes tous égaux, a conclu le Président, en invitant tous les États à montrer que les valeurs communes sont autrement plus fortes que tout ce qui pourrait les diviser.  

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE.

En termes simples, a dit M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, nous sommes ici pour voir comment renforcer le rôle de cet organe et comment améliorer le travail et mieux répondre aux intérêts des gouvernements et, surtout, des peuples que cette Assemblée représente.

Le Président a voulu mentionner quatre points importants et d’abord que le processus fonctionne.  M. Lajčák a cité les résultats obtenus, ces dernières années, dont l’exemple le plus probant est la sélection et la nomination du Secrétaire général qui, pendant des décennies, constituaient un « processus secret ».  Il a aussi cité la prestation de serment et le Code de déontologie que doit désormais signer tout Président de l’Assemblée générale mais également les résolutions sur les calendriers précisés des élections au Conseil économique et social (ECOSOC) ou encore au Conseil de sécurité.

Le deuxième point est « plus personnel », a confié le Président, en parlant de la transparence de son Cabinet.  Il a rappelé la publication, sur Internet, de toutes les informations liées au financement, au personnel et aux voyages de son Cabinet.  Il a aussi parlé de la publication de son agenda et des conférences de presse de son porte-parole et de l’interaction avec les autres parties du système des Nations Unies.

En troisième lieu, M. Lajčák a souligné la nécessité d’aller de l’avant et de parler des questions importantes comme la conduite liée aux campagnes électorales; le renforcement de l’interaction entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU; et les options pour établir une rotation à long terme et plus transparente aux présidences des principales commissions.  La question de la réforme sera également une priorité, n’a pas manqué d’ajouter le Président, qui estime que cela fournira l’occasion de renforcer le rôle de l’Assemblée générale dans le système des Nations Unies.

M. Lajčák a mis le doigt sur le fossé entre le niveau des activités et manifestations mandatées et la capacité du système des Nations Unies à les appuyer.  Il a aussi souligné l’absence de mémoire institutionnelle au sein de son Cabinet.  L’investissement dans le capital humain est nécessaire si l’on veut maintenir les normes de travail et garantir une transition sans heurt entre les présidences.

J’ai lancé, a poursuivi le Président, une série de dialogues matinaux avec tous les États Membres pour compléter les processus en cours, tels que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.

Rappelant les responsabilités qui « reposent sur nos épaules », le Président a souligné que l’Assemblée générale est l’organe le plus représentatif des Nations Unies qui donne aux 193 États Membres une voix et un vote.  L’Assemblée traite de tous les trois piliers du travail de l’ONU: la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Elle attire tous les acteurs et entités du système des Nations Unies.

C’est la raison pour laquelle, a souligné le Président, l’impact du travail de l’Assemblée va bien au-delà de cette salle.  Ce que nous faisons ici a des répercussions sur la crédibilité et les résultats de l’ONU dans son ensemble.  Aussi, améliorer sa façon de travailler n’est pas seulement de l’intérêt des délégations, mais aussi de l’intérêt des gens chez eux ou dans leur communauté, à des milliers de kilomètres d’ici.

Cette salle, a conclu M. Lajčák, devrait être un lieu de dialogue, où l’on entre avec des idées et des propositions et l’on sort avec de nouvelles perspectives et des résultats.  C’est ce qui permet à l’Assemblée d’être l’endroit où les intérêts des 193 États Membres et les milliards de personnes qu’ils représentent, peuvent être défendus.  L’Assemblée générale ne peut être le lieu des intérêts personnels.  Elle ne peut être le lieu où l’on ne vient qu’avec des lignes rouges et des positions rigides.  Cela peut être tentant et peut conduire à la victoire d’une personne, d’un État ou d’un groupe.  Mais, au final, nous serons tous perdants, a prévenu le Président.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a tenu à ce que le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général reste « transparent, démocratique et inclusif ». N’oublions pas, ce faisant, que le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité, a souligné le représentant qui a estimé que l’on pourrait s’inspirer de la pratique en vigueur pour la nomination des chefs de secrétariat du système des Nations Unies.  Il a rappelé la question soulevée par le Corps commun d’inspection: les promesses faites par les candidats secrétaires généraux pour obtenir l’appui des membres permanents du Conseil de sécurité.  Il est aussi revenu sur l’idée consistant à ce que le Conseil de sécurité recommande plusieurs candidats à l’Assemblée générale. 

Venant au renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le représentant a plaidé pour la création de postes additionnels et encouragé le président sortant à parler à son successeur des leçons apprises et des meilleures pratiques. 

Quant au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale, le représentant a dit attendre avec impatience des discussions plus poussées sur l’idée de créer au sein du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, un mécanisme permanent de dialogue entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU.

Pour ce qui est des méthodes de travail de l’Assemblée, il a voulu que l’on donne plus de temps aux négociations sur les projets de résolution.  Si la dernière résolution sur la revitalisation a été adoptée par consensus, le représentant a insisté pour que la souplesse soit désormais la règle dans le prochain cycle de négociations.  Il a aussi voulu que les réunions organisées en marge du débat général de l’Assemblée soient limitées à leur strict minimum pour préserver le caractère « sacré » du débat général.  M. Boukadoum a souligné l’importance d’améliorer la coordination entre le processus de revitalisation et le travail du Comité des conférences.  Il a aussi proposé des réunions d’information avec les Présidents des grandes commissions et une réunion avec le Secrétaire général, avant d’insister sur un meilleur suivi de la mise en œuvre des résolutions adoptées. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN-AZUCENA (Philippines) a, à propos du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale, réitéré l’appel de l’ASEAN à tous les États Membres pour qu’ils reconnaissent le rôle de l’Assemblée comme principal organe délibérant, le plus représentatif des Nations Unies, chargé d’élaborer les politiques.  Au sujet des méthodes de travail, elle a demandé, à son tour, le renforcement des synergies et de la cohérence dans le programme de travail de l’Assemblée et des mesures pour sensibiliser au mieux l’opinion publique au rôle et aux activités de cette dernière.  En ce qui concerne la sélection et la nomination du Secrétaire général et autres responsables, l’ASEAN, a dit la représentante, est d’avis que la résolution 71/323 doit être appliquée fidèlement afin de garantir un processus de sélection transparent et inclusif du meilleur candidat possible. L’ASEAN appelle aussi le Secrétaire général à faire preuve d’indépendance dans la sélection des hauts responsables de l’ONU, tout en veillant au principe de répartition géographique équitable.  Enfin sur le renforcement de la mémoire institutionnelle, la représentante a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 71/323.

Au nom de l’Union européenne, Mme JOANNE ADAMSON (Royaume-Uni) s’est félicitée que les récentes résolutions sur la revitalisation des travaux de l‘Assemblée générale aient permis d’introduire des idées innovantes, relatives notamment au processus de sélection et de nomination du Secrétaire général et au renforcement du bureau du Président de l’Assemblée générale.  Ces résolutions, qui constituent un succès collectif pour l’ONU et ses États Membres, apportent la preuve que beaucoup peut être fait à partir d’un travail constructif, axé sur la réforme et fondé sur le consensus, a souligné la représentante, y voyant le résultat de la volonté des États Membres de débattre de questions vitales pour l’amélioration et l’enrichissement des travaux de l’Assemblée générale.

Pour les États Membres, a-t-elle souligné, un multilatéralisme effectif intégrant les Nations Unies reste la clef.  C’est pourquoi nous continuons de soutenir fermement les efforts de réforme déployés par le Secrétaire général, a poursuivi la déléguée, jugeant que le renforcement de l’Organisation, appuyé sur un financement durable et un objectif d’efficacité, reste une priorité majeure.  Dans ce contexte, l’Union européenne maintient son engagement en faveur du renforcement du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale, tout en appelant à un renouvellement de ses méthodes de travail afin de parvenir à une exécution effective des mandats et à une utilisation durable des ressources.  Avant de conclure, elle a estimé que les négociations portant sur la résolution de cette session devraient servir à consolider les positions atteintes jusqu’alors, le but étant de revitaliser les travaux de l’Assemblée générale dans le cadre de la réforme globale des Nations Unies.

Mme ZAHIR (Maldives) a estimé que la distribution en temps opportun des rapports du Secrétaire général constituerait un ajustement important aux méthodes de travail de l’Assemblée générale, afin de permettre aux délégations de les étudier de façon appropriée.  Elle a salué les restrictions imposées aux élections menées à l’Assemblée générale, qui ont permis le retour à un certain décorum, estimant toutefois que le mandat donné au Groupe de travail sur cette question va « un peu loin ».  Selon la représentante, la tradition électorale actuelle défavorise les petits États, qui devraient bénéficier des mêmes opportunités de siéger au sein des organes de l’ONU que les plus grands.  Elle a dit attendre de l’ONU qu’elle applique les mêmes principes de transparence et de responsabilité attendus des élections nationales.  La représentante a salué les améliorations apportées au processus de nomination du Secrétaire général et au fonctionnement de l’Assemblée générale. 

Elle a par ailleurs déploré que de nombreuses résolutions adoptées par l’Assemblée générale ne soient pas mises en œuvre, ajoutant que ce n’est pas la quantité mais bien la qualité des résolutions qui en détermine le succès.  Afin d’accroître l’efficacité de l’Assemblée générale, elle a plaidé pour une plus grande cohérence avec les activités du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC).

Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a souscrit à l’intervention de l’Algérie et dit attendre avec impatience la mise en œuvre pratique de la nouvelle formule de communication entre le Secrétariat et les missions permanentes pour créer un système d’échange régulier et prévisible.  Concernant le Journal des Nations Unies et sa mise en conformité avec le système numérique, elle a espéré que le Département des affaires de l’Assemblée générale donnera son approbation pour la mise en œuvre de cette nouvelle manière de publier le Journal.  Elle a aussi évoqué le nouveau format des bulletins de vote qui permettra de « revenir au protocole et d’éviter la confusion ».  Elle a souligné en conclusion qu’un ordre du jour bien pensé et d’actualité s’impose en ces temps où les événements se succèdent à un rythme effréné.  Elle a voulu que l’on réfléchisse à la manière d’optimiser l’ordre du jour de l’Assemblée générale, en réduisant le nombre des points. 

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a commencé par présenter ses plus profondes condoléances et exprimé sa sympathie aux victimes du tremblement de terre qui a secoué l’Iraq et la République islamique d’Iran, avant de souhaiter un prompt rétablissement aux blessés.  Revenant au débat du jour, la représentante a réaffirmé que son pays contribuerait à la revitalisation de l’Assemblée générale, d’autant que les défis partagés et globaux exigent des réponses collectives.  De son point de vue, il n’y a pas de meilleure plateforme que cet organe des Nations Unies, le plus représentatif.  Compte tenu du lien étroit entre le développement et la paix durables, l’Assemblée générale a un rôle critique à jouer pour la promotion de ces deux agendas, de manière cohérente et efficace, a-t-elle ajouté, estimant aussi qu’il faut que le travail du Comité spécial soit lié aux autres efforts de réforme des Nations Unies, y compris celui du Conseil de sécurité et du système de gestion des ressources humaines. 

La représentante a également déclaré que les positions communément admises entre États Membres dans plusieurs résolutions des Nations Unies, notamment dans la résolution 69/231 de l’Assemblée générale, doivent être maintenues, revitalisées et mises en œuvre.  À cet égard, il a estimé que les futurs processus de sélection et de désignation du Secrétaire général doivent inclure les États Membres de manière plus significative.  Les leçons apprises doivent être consignées dans un document qui servira de référence pour les prochains processus.  La représentante a aussi estimé que, sur la base de la résolution 71/323, il faudrait rationnaliser le nombre de rencontres de haut niveau et se concentrer davantage sur les résultats concrets sur le terrain.  Elle s’est dite favorable à une amélioration des méthodes de travail des commissions spécialisées et des organes subsidiaires de l’Assemblée et a estimé que le mandat du Président devrait commencer une semaine plus tôt, afin de lui permettre de mieux se préparer aux rencontres de haut niveau.

La représentante s’est en outre dite d’avis que les chefs des secrétariats de l’ONU, tant aux sièges que sur le terrain, devraient être désignés non seulement sur la base de la compétence, de l’égalité entre les sexes, du mérite, mais aussi de la représentativité régionale, en tenant compte, en particulier, des régions sous-représentées ou pas représentées du tout.  Aucun pays ni aucun groupe de pays ne devrait avoir le monopole ou un nombre disproportionné de ses ressortissants à des postes de haut rang à l’ONU, a dit la représentante, ajoutant que la politique de mobilité initiée par le Secrétaire général doit être mise en œuvre efficacement et répondre à la question de la faible mobilité de certains personnels des Nations Unies. 

M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour) a estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est une question importante pour de nombreux pays, y compris le sien.  Notre rôle doit être de renforcer l’autorité et le rôle de l’Assemblée générale, car au cours de ces dernières années, le travail de l’Assemblée générale a considérablement augmenté, non seulement en volume mais aussi en profondeur et en portée, a-t-il noté.  Les difficiles négociations avec les Nations Unies sur le processus de réforme et les travaux des groupes de travail ad hoc ont fait des progrès, a-t-il concédé.  « Au cours de ces trois dernières années, nous avons adopté par consensus trois résolutions importantes qui servent à renforcer l’autorité de l’Assemblée générale et le Bureau du Président de l’Assemblée générale ».  Le représentant a salué les améliorations résultant de la résolution 71/323, qui inclut de nombreuses propositions faites par Singapour, telles que les réunions entre les équipes entrantes et sortantes des présidences des grandes commissions, qui vont aider à améliorer l’efficacité , la complémentarité et la transparence des travaux de l’Assemblée générale pour le bénéfice de tous, et en particulier des petits États.  « Mais nous ne voulons pas nous endormir sur nos lauriers », a-t-il pressé.

Concernant le processus d’élections, nous attendons avec impatience l’élaboration d’un code de bonne conduite durant les campagnes électorales, afin qu’elles n’entrent pas dans une spirale infernale d’augmentation des coûts, a dit le représentant.  Les campagnes devraient se concentrer sur la qualité des candidats et leur compétence.  Il faudrait « moins de cadeaux et moins de somptueuses réceptions ».  Le représentant a ensuite appelé le Secrétaire général à nommer les hauts responsables de l’ONU en fonction du mérite et du souci d’assurer un équilibre entre les régions et les sexes, tout en veillant aux normes les plus élevées d’efficacité et de compétence.  Enfin, une de nos priorités doit être de s’assurer que les programmes de travail de l’Assemblée générale, des grandes commissions et du Conseil économique et social soient en cohérence pour soutenir les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, a conclu le représentant.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a trouvé logique de fournir au Cabinet du Président de l’Assemblée des ressources adéquates, compte tenu de l’augmentation substantielle de ses activités au cours des dernières années.  Il a d’ailleurs annoncé une contribution volontaire du Japon au Fonds d’affectation spéciale.  Le représentant du Japon a dûment mis l’accent sur les méthodes de travail, rappelant à ce propos que par la résolution 68/307, l’Assemblée générale avait changé, d’octobre à juin, les dates d’élection au Conseil de sécurité et au Conseil économique et social.  En sa qualité de Président du Groupe de travail informel sur la documentation et les questions de procédures au Conseil de sécurité, le Japon a proposé de « revisiter les arrangements transitionnels » pour les membres nouvellement élus du Conseil et ce dans le but de leur donner davantage de temps pour se préparer car ils peuvent observer les réunions du Conseil dès le 1er octobre.  Il a renvoyé à cet égard à la note présidentielle S/2016/619 adoptée en juillet 2016 par le Conseil de sécurité. 

M. Kawamura s’est ensuite prononcé en faveur d’une rationalisation urgente des travaux de l’Assemblée générale, proposant de biennaliser voire de « triennaliser » certains points à l’ordre du jour.  Il a en particulier suggéré d’avancer la date d’élection du Président de l’Assemblée générale pour que le Président élu ait suffisamment de temps pour former son équipe et préparer la transition.  Il a rappelé que sa délégation avait fait cette proposition l’an dernier et que celle-ci coïncide avec celle formulées par plusieurs Présidents des grandes commissions.

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a rappelé que l’efficacité, la pertinence et la longévité de l’Assemblée générale dépendent de sa capacité à s’adapter aux changements de l’époque et de répondre aux enjeux actuels.  L’Assemblée générale garantit la représentation des États sur un pied d’égalité, ce qui est sans comparaison, a lancé le représentant, regrettant toutefois le sentiment qu’elle ait été empêchée de se hisser à la hauteur de son rôle véritable.  L’Assemblée, s’est-il expliqué, a perdu le lien avec les questions d’actualité et son rôle est de plus en plus sapé par le Conseil de sécurité.  Rappelant que l’Assemblée générale est le principal organe délibérant et de prise de décisions, il a voulu que sa légitimité et son autorité soient rétablies.  Le rôle de l’Assemblée en tant que figure de proue du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Conférence qu’elle a organisée sur les océans sont des exemples majeurs, a insisté le représentant, de la façon dont elle peut montrer la voie.  Le processus de revitalisation des travaux est donc « une question urgente », a conclu le représentant qui s’est dit encouragé par les progrès mais convaincu qu’il y a encore beaucoup à faire d’autant que la revitalisation doit être considérée dans le contexte plus large de la réforme de l’ONU, une réforme « essentielle ». 

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