En cours au Siège de l'ONU

8144e séance – matin
CS/13131

Prévention et réformes sont au cœur de la réponse aux défis complexes contemporains, dont le climat, affirme le Secrétaire général au Conseil de sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a souligné, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la nécessité de mettre la prévention « au centre de tout ce que nous faisons » et d’efforts « plus cohérents » de l’ONU afin de relever les défis contemporains complexes à la paix et à la sécurité internationales, dont les changements climatiques, véritables « multiplicateurs de menaces ». 

Certaines délégations, parmi la cinquantaine à s’être exprimées lors d’un débat intitulé « Relever les défis contemporains complexes à la paix et à la sécurité internationales », ont appelé à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui, selon, le délégué de Tuvalu, « n’est pas encore mort ». 

Dans le droit fil de la note de cadrage* distribuée par la présidence japonaise du Conseil, le Secrétaire général a insisté, au début de son intervention, sur le changement « quantitatif et qualitatif » des menaces à la paix.  Parmi les facteurs d’aggravation des conflits, outre les changements climatiques, il a mentionné la pénurie croissante en eau, ajoutant que la demande en eau potable devrait augmenter de plus de 40% d’ici à la moitié du siècle.

Les conflits durent en outre plus longtemps –20 ans en moyenne– et sont marqués par une internationalisation croissante et la présence de groupes armés non étatiques, a expliqué le Secrétaire général.  « Nous devons donc revoir la manière dont nous travaillons. »  Il a rappelé ses trois réformes en vue d’un repositionnement du système onusien de développement, d’une rationalisation de la gestion interne et d’un renforcement de l’architecture de paix et de sécurité du Secrétariat. 

M. Guterres a insisté sur les dividendes tangibles de la prévention, bien qu’ils soient insuffisamment mis en lumière.  Le développement est notre meilleur argument pour la prévention, a-t-il affirmé.  Le Secrétaire général a également insisté sur l’importance de la diplomatie préventive, du respect de tous les droits de l’homme et de l’autonomisation des femmes.  Enfin, le Secrétaire général en a appelé à l’unité du Conseil, cruciale pour promouvoir « la sécurité et le bien-être pour tous ». 

Les délégations ont été nombreuses à placer les changements climatiques au centre de leurs interventions, alors que, comme l’a rappelé le délégué suédois, le Conseil a tenu la semaine dernière une réunion selon la formule Arria sur cette question.  « Les changements climatiques ne sont pas –ou pas encore- une fatalité », a affirmé le délégué de la France, en appelant à la mise en œuvre effective et rapide de l’Accord de Paris. 

De son côté, le délégué de Tuvalu, qui s’exprimait au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique, a demandé la désignation d’un représentant spécial sur le climat et la sécurité, chargé de coordonner les activités onusiennes dans ce domaine.  Une telle nomination n’affectera en rien le mandat du Conseil, puisque celui-ci ne servira que le Secrétaire général, a-t-il argué.  Même son de cloche du côté de la représentante des Pays-Bas, qui a demandé la création d’un organe institutionnel « ici à l’ONU ».

Certaines délégations ont, en revanche, estimé que les questions examinées par le Conseil aujourd’hui n’étaient pas de sa compétence mais de celle de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).  « Pour parvenir à des décisions équilibrées, il faut du temps et des ressources, ce dont le Conseil ne dispose pas », a affirmé le délégué de la Fédération de Russie. 

Un point de vue balayé par son homologue du Japon, qui a exhorté le Conseil à se montrer audacieux, actif et novateur, sans que cela signifie qu’il empiète sur les responsabilités d’autres organes, « comme certains le craignent ».  Le Conseil ne peut assumer pleinement ses responsabilités sans s’attaquer aux facteurs qui se renforcent mutuellement et sont étroitement liés à la paix et à la sécurité, a-t-il déclaré. 

Le Conseil de sécurité a essuyé les critiques de certaines délégations qui l’ont jugé, au regard des défis complexes contemporains, « anachronique » selon l’expression du représentant de l’Afrique du Sud.  Ce dernier a plaidé pour une prise de décisions du Conseil qui serait « consistante et non discriminatoire » et exprimerait la volonté collective plutôt que d’étroits intérêts nationaux. 

Son homologue de la Turquie a également dénoncé l’inertie du Conseil sur la question de la Palestine notamment, en raison du droit de veto, exercé plus tôt dans la semaine lors d’une réunion consacrée à Jérusalem.  « Une réforme du Conseil, qui prévoirait notamment des sièges permanents et non permanents pour l’Afrique, s’avère nécessaire pour mieux refléter les réalités géopolitiques d’aujourd’hui », a appuyé le délégué de la Norvège. 

Cette séance a enfin été marquée par les échanges vifs entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, les deux délégations se rejetant la responsabilité de la situation dans le Donbass.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a dénoncé l’agression de la Russie, tandis que le représentant de ce pays a indiqué que la cause du conflit se trouvait dans « le renversement anticonstitutionnel du pouvoir en 2014 ». 

* S/2017/1016

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Relever les défis contemporains complexes pour la paix et pour la sécurité internationales

Lettre datée du 1er décembre 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Japon auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/1016)

Déclarations

« En premier lieu, nous voyons un changement quantitatif mais aussi qualitatif des menaces à la paix et à la sécurité internationales », a affirmé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Il a indiqué que les armes nucléaires étaient au centre des tensions, lesquelles n’ont jamais été aussi vives que depuis la fin de la Guerre froide.  « Les changements climatiques ont émergé comme un multiplicateur de menaces », a-t-il dit.  Il a insisté sur la pénurie croissante en eau, la demande en eau potable devant augmenter de plus de 40% d’ici à la moitié du siècle. 

Si le nombre de conflits armés baisse sur le long terme, certains se sont intensifiés au Moyen-Orient et dans certaines zones de l’Afrique, a-t-il dit.  Il a ajouté que les conflits étaient de plus en plus insolubles et duraient plus longtemps, 20 ans en moyenne.  Le Secrétaire général a ajouté que ces conflits étaient plus complexes, en raison de la compétition entre groupes armés pour le contrôle des institutions de l’État et du territoire et des demandes irréalistes formulées par les groupes extrémistes, qui ne laissent que peu de place à la diplomatie. 

Nous constatons ainsi une multiplication des factions politiques et des groupes armés non étatiques en Syrie, a-t-il indiqué, avant d’insister sur la régionalisation et l’internationalisation croissantes des conflits.  Il a déclaré en outre que les conflits étaient de plus liés entre eux, avec la menace globale du terrorisme. 

« Deuxièmement, la nature changeante des conflits signifie que nous devons revoir notre approche, sur la manière dont nous travaillons mais aussi sur la manière dont nous travaillons avec les autres », a-t-il dit.  Nos efforts doivent être cohérents, coordonnés et adaptés au contexte, a poursuivi M. Guterres. 

Il a souligné la nécessité de travailler selon « le continuum de paix », avant de rappeler, en vue d’atteindre ces objectifs, les trois réformes liées entre elles qu’il a lancées en vue d’un repositionnement du système onusien de développement, d’une rationalisation de la gestion interne et d’un renforcement de l’architecture de paix et de sécurité du Secrétariat. 

Le Secrétaire général a indiqué qu’il s’employait également à renforcer les liens avec les organisations régionales, telles que l’Union africaine et l’Union européenne, en prenant l’exemple important de la création de la Force conjointe du G5 Sahel. 

« Troisièmement, la prévention doit être au cœur de tous nos efforts », a déclaré M. Guterres.  « Il est préférable de prévenir les conflits que d’avoir à les gérer. »  Le Secrétaire général a insisté sur les dividendes tangibles de la prévention, véritable « investissement rationnel », bien que ces dividendes ne soient pas mis en lumière par les médias. 

Le développement est notre meilleur argument pour la prévention, a affirmé M. Guterres, en soulignant « le potentiel considérable » du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Aux fins de prévention, M. Guterres a également plaidé pour le respect de tous les droits de l’homme –politiques, mais aussi économiques, sociaux et culturels-, pour des investissements collectifs en vue de renforcer la cohésion sociale et pour l’autonomisation des femmes.  « Lorsque les femmes sont autonomisées, les sociétés prospèrent et les processus de paix ont plus de chance de s’enraciner. »

Le Secrétaire général a insisté sur l’importance de la diplomatie préventive, afin de remédier rapidement à des signes de tensions précoces et de forger des solutions politiques.  Le Conseil consultatif de haut niveau sur la médiation nouvellement créé s’est réuni pour la première fois, a-t-il fait remarquer. 

M. Guterres a salué le cadre utile que représente le concept de sécurité humaine, concept « holistique et centré sur les individus », qui donne la priorité aux plus vulnérables et à la prise d’action précoce. 

Il a exhorté le Conseil à accorder plus d’attention aux situations émergentes, à enrichir sa boîte à outils, à augmenter les ressources pour la prévention et à prôner une approche plus systémique en vue d’éviter les conflits et de pérenniser la paix.  En conclusion, M. Guterres a souligné la nécessité de l’unité du Conseil pour promouvoir « la sécurité et le bien-être pour tous ». 

M. KORO BESSHO (Japon) a dressé le tableau des nouveaux défis complexes qui se posent à la paix et à la sécurité internationales depuis la fin de la guerre froide, tels la prolifération d’armes de destruction massive, l’expansion du terrorisme, les changements climatiques, les pandémies, la criminalité transnationale organisée et trafic de drogues, et l’extrémisme violent.  Ces défis peuvent déclencher ou prolonger des conflits déjà existants, a-t-il souligné.  À titre d’exemple, M. Bessho a évoqué la région du Sahel, où les changements climatiques ont exacerbé des problèmes déjà existants, comme la malnutrition.  Entre 2014 et 2015, des pandémies ont été une cause directe d’instabilité pour les pays touchés, en ayant des répercussions sur leur économie et leur société, même régionalement, multipliant ainsi les risques de déstabilisation. 

Les opérations de la paix font aussi face à des défis inhabituels comme des acteurs non étatiques et des organisations criminelles internationales, a ajouté le délégué.  Le Japon est convaincu qu’il est très important que le Conseil s’attaque à ces problèmes « de façon holistique et méthodique », afin de trouver des moyens de mieux faire face aux situations sur le terrain.  M. Bessho l’a encouragé à être audacieux, actif et novateur, « ce qui ne signifie pas que le Conseil va empiéter sur les responsabilités d’autres organes, comme certains le craignent ».  Le Conseil a un mandat clair pour maintenir la paix et la sécurité internationales et ne peut assumer pleinement ses responsabilités sans s’attaquer aux facteurs qui se renforcent mutuellement et sont étroitement liés à la paix et à la sécurité, a-t-il assené.

Ceci étant dit, le Japon a proposé trois idées.  Tout d’abord, le Conseil de sécurité devrait adopter une approche plus globale et intégrée et se concentrer davantage sur l’efficacité à travers le cycle complet d’un conflit, à savoir en prévenir le déclenchement, l’escalade, la poursuite et la récurrence.  Dans le même temps, il devrait accorder toute son attention au fait que la paix et la sécurité, le développement, les droits de l’homme et l’humanitaire sont étroitement liés.  En ce sens, une analyse plus intégrée de la part des équipes de terrain et du Secrétariat serait utile au Conseil. 

Deuxièmement, M. Bessho a souligné l’importance pour le Conseil d’élargir la coopération avec d’autres organes, au sein ou à l’extérieur des Nations Unies.  Il a cité le cas de la traite de personnes en Libye, pour lequel le Conseil a reçu des rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et a sollicité la coordination de l’Union africaine.  Le Conseil doit aussi écouter attentivement les États non membres du Conseil, ainsi que les institutions financières et de développement internationales, a ajouté le délégué.

En venant à sa troisième idée, M. Bessho a défendu l’approche basée sur la sécurité humaine, qui permet de mieux comprendre les menaces et les défis, et a dit compter sur le Secrétaire général à cet égard. 

Enfin, le Président en exercice du Conseil a évoqué l’initiative du Secrétaire général de réformer l’ONU et la résolution sur la restructuration du pilier paix et sécurité de l’ONU en cours d’examen à l’Assemblée générale.  Si le champ de cette réforme ne s’applique pas au Conseil, il ne saurait pourtant y avoir de réforme de l’ONU sans réforme du Conseil, a insisté M. Bessho. 

Pour conclure, il a rappelé que tous les États Membres sont responsables de la révision permanente des mesures et des outils qui peuvent être utilisés, afin que le Conseil puisse jouer son rôle plus efficacement en tant qu’organe principal des Nations Unies, avant tout responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a estimé qu’en dépit des critiques adressées à l’ONU en général et au Conseil de sécurité en particulier, « qui sont plus que justifiées », il n’existe pas d’alternative à cette organisation.  Le Conseil peut se féliciter par exemple de sa contribution à la cause de la paix en Colombie et pour avoir réagi rapidement à l’émergence de nouvelles menaces dans le bassin du lac Tchad, en adoptant la résolution 2349 (2017).  En outre, la résolution pacifique de la crise constitutionnelle en Gambie est à mettre au crédit du Conseil et de ses partenaires régionaux, tels que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  En outre, a poursuivi le numéro deux de la diplomatie ukrainienne, la levée des sanctions applicables à la Côte d’Ivoire et au Libéria, deux pays où la présence de l’ONU a pu être considérablement réduite, sont également des raisons de saluer le travail du Conseil. 

À notre grand regret, a dit M. Kyslytsya, le monde traverse actuellement une période d’érosion de l’état de droit, dans lequel l’application arbitraire et l’interprétation sélective des normes et des principes du droit international sont devenues la routine.  « La manifestation la plus évidente en est la politique agressive de la Fédération de Russie vis-à-vis de ses voisins.  En 2008, Moscou a envahi la Géorgie et occupé une partie de son territoire.  En 2014, elle a illégalement occupé et tenté d’annexer la Crimée et ensuite étendu le conflit armé à la région ukrainienne du Donbass.  Le Conseil a-t-il été en mesure de fournir une réponse appropriée?  La réponse est bien connue », a déclaré le Vice-Ministre. 

Évoquant les « tirades habituelles » de la Fédération de Russie au sujet du supposé référendum et d’une guerre civile dans le Donbass, il a rappelé à « ceux qui pourraient l’avoir oublié », que tout a débuté avec le déploiement de troupes russes « sans insignes » reconnaissables en Crimée, puis dans l’est de l’Ukraine.  Et cela a continué avec l’envoi d’armes et de munitions pour alimenter une guerre et une occupation de facto de certains secteurs de Donetsk et de Louhansk.  Pour sa délégation, les actions russes continuent de poser une menace à la paix et à la sécurité internationales, qui est le sujet par excellence devant figurer au cœur des préoccupations du Conseil.

M. OLOF SKOOG (Suède) a déclaré que la pauvreté multidimensionnelle, les changements climatiques, la criminalité transnationale organisée, la mauvaise gouvernance, les violations des droits de l’homme ou encore l’insécurité alimentaire et leurs conséquences négatives sur la paix et la sécurité s’imposent progressivement à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  En tant qu’organe chargé de maintenir la paix et la sécurité, le rôle préventif du Conseil est plus important que jamais.  Mais il ne pourra être rempli sans une approche stratégique complète et holistique.  Cela signifie aussi « se pencher sur les causes profondes des conflits », a dit le représentant, citant un récent rapport de la Banque mondiale selon lequel l’exclusion, les inégalités, et le mauvais partage du pouvoir sont les principales causes de conflits. 

M. Skoog a expliqué que la récente visite du Conseil dans la région du lac Tchad a montré l’impact des changements climatiques sur la sécurité de la région.  Cela est également le cas pour le Darfour, la Somalie et le Sahel.  L’examen de la situation en République démocratique du Congo, en Colombie et, une fois de plus au Sahel, montre que le crime organisé, le trafic de drogues ou la traite des êtres humains ont des répercussions sur les civils.

Dans ce contexte, la Suède est d’avis que « la prévention exige une compréhension de la nature et de la structure de ces défis et de leur interaction avec les décisions politiques ».  Il faut donc au Conseil de sécurité des capacités d’analyse de l’information.  Cela implique que le système conjoint d’analyse intégrée des Nations Unies, y compris l’évaluation et la gestion des risques stratégiques, soit amélioré, a poursuivi le représentant, se disant par ailleurs confiant dans la réforme engagée par le Secrétaire général.  Il faut également intégrer les femmes dans les stratégies à long terme; veiller au respect du droit international humanitaire et assurer la reddition de comptes lorsque de graves violations des droits de l’homme sont commises, a-t-il conclu. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a plaidé pour des solutions novatrices et pour une meilleure coordination des efforts onusiens.  « Nous devons éviter toute fragmentation et nous attaquer aux causes profondes des conflits », a-t-il dit.  Il a appelé au renforcement de la capacité analytique du Secrétariat. 

La Commission de consolidation de la paix (CCP) doit également être renforcée, a-t-il déclaré.  M. Aboulatta a demandé en outre un renforcement des liens avec les organisations régionales et un respect scrupuleux du principe d’appropriation nationale des efforts de paix et de développement. 

En conclusion, le délégué égyptien a appelé au respect des prérogatives des organes de l’ONU, aucun organe ne devant empiéter sur les prérogatives de l’autre, notamment dans le domaine du développement. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a considéré que les défis qui menacent véritablement les efforts du Conseil et de l’Organisation pour éviter la rupture de la paix et de la sécurité internationales sont liés à l’insuffisante application des mécanismes prévus dans la Charte des Nations Unies.  Aussi, la délégation a-t-elle jugé important de rester concentré sur les attributions et les mandats de chaque organe pour mener à bien la coordination et décider des meilleures alternatives en vue de faire face aux problèmes émergeant des conflits, d’éviter les doublons inutiles et surtout la superposition et l’ingérence dans les mandats spécifiques de chacun. 

En outre, la délégation s’est dite convaincue que le Conseil doit se concentrer, pour améliorer son travail, sur l’application efficace de la médiation, de la prévention, de la conciliation et des bons offices pour le règlement pacifique des différends, ainsi que sur l’utilisation prééminente des Chapitres 6 et 8 de la Charte.  Quant à l’usage de la force, il ne doit être envisagé comme alternative que lorsque tous les moyens pacifiques ont été utilisés, a dit la délégation.

Ceci étant dit, la Bolivie a estimé que les actions unilatérales sont l’un des principaux défis pour le Conseil, et pour l’ONU en général.  De manière irresponsable et en violation flagrante des buts et principes de la Charte, ces actions mettent en danger le travail du Conseil et, pire encore, menacent d’aggraver des situations sur le terrain, avec des répercussions potentielles sur des régions entières. 

Malheureusement, a poursuivi la délégation, ces actions unilatérales ont affaibli des gouvernements, entraîné des crises humanitaires, et laissé des vides dans lesquels se sont engouffrés les groupes terroristes et les combattants irréguliers.  L’action de la communauté internationale doit être ferme pour affronter cette menace, a assené la délégation, qui a aussi appelé à appliquer de manière urgente le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté par l’Assemblée générale le 7 juillet 2017.

M. MATTHEW JOHN RYCROFT (Royaume-Uni) a considéré qu’il est difficile de trouver des situations de conflit qui ne seraient pas liés à des facteurs transfrontaliers.  Pour relever ces défis, les partenariats multilatéraux doivent être privilégiés, a-t-il assuré.  Ainsi, le Gouvernement britannique, qui vient d’adopter une loi à cet effet, s’attaque aux flux financiers illicites transitant par le Royaume-Uni qui représentent environ 1,6 milliard de dollars par an. 

Le représentant a ensuite indiqué que Londres est également engagé en faveur de la lutte contre les changements climatiques, désormais identifiés par le Conseil de sécurité comme vecteur de conflit.  Il a rappelé l’engagement de son pays, aux côtés des organisations internationales pertinentes, contre le fléau de la traite des êtres humains, qui tout est particulièrement visible dans les situations de conflit. 

M. Rycroft a, en conclusion, émis l’espoir que les États Membres permettent au Secrétaire général de mettre en œuvre sa réforme de l’ONU, pour que le sort de millions de personnes qui en dépendent s’améliore à travers le monde.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré qu’avec la « globalisation du monde » est venue celle des menaces.  Le terrorisme ne connaît pas de frontières, les épidémies ou les changements climatiques ont parfois des effets concrets sur la stabilité des pays et peuvent menacer la sécurité d’une région entière. 

Pour M. Delattre: l’ONU doit être en mesure d’y répondre en faisant appel à l’ensemble de ses outils et en agissant de manière intégrée sur leurs causes profondes.  Il a souligné que c’est là tout l’objet de la réforme du Secrétaire général qui vise à donner à l’ONU la capacité de travailler de manière intégrée pour prévenir les conflits et répondre à leurs causes profondes.  « Les États Membres doivent y répondre aussi, en agissant de manière collective, comme c’est la vocation de ce Conseil », a-t-il ajouté. 

Il a noté que le premier défi est celui du terrorisme, soulignant que ce phénomène se nourrit de la misère, de l’insécurité, du déracinement, de déséquilibres économique et sociaux, de la criminalité transnationale organisée et de ses divers trafics.  Il a jugé essentiel que les États adoptent une approche holistique, invitant à mener un « combat implacable et multifront », dans le respect des valeurs et avec les armes du droit. 

À cet égard, il a affirmé que la menace sécuritaire qui pèse sur les États du Sahel « nous concerne tous » et appelle une réponse collective.  La Force conjointe du G5 Sahel est un exemple de réponse commune et concertée à cette menace, qui appelle un appui fort et coordonné de l’ONU et de chaque État, a-t-il expliqué.  Il a estimé que la priorité immédiate, pour relever le deuxième défi que sont les changements climatiques, est de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Paris. 

M. Delattre a aussi insisté sur l’enjeu majeur qu’est le respect des droits de l’homme en donnant pour exemple la situation en Syrie et au Myanmar, avant de juger essentiel que le Conseil de sécurité soit informé des violations par les mécanismes pertinents, notamment par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme dont le rôle d’alerte précoce est essentiel. 

M. KAIRAT MAROV (Kazakhstan) a appuyé la vision du Secrétaire général en faveur de la diplomatie préventive et de la promotion du développement.  La pérennisation de la paix doit être au centre de nos efforts, a-t-il affirmé.  Il a mentionné le Centre régional de l’ONU pour la diplomatie préventive en Asie centrale comme une illustration pertinente de ces efforts de diplomatie préventive.  Il a souligné la nécessité d’efforts de médiation, en mentionnant le processus d’Astana, qui a notamment permis de créer des zones de désescalade en Syrie. 

Nous devons déclarer la guerre aux guerres et aux violences dans le monde, a-t-il dit.  Le représentant a souligné la nécessité de doter les opérations de paix de l’ONU de mandats plus efficaces et souples et davantage adaptés à la protection des civils.  Enfin, il a plaidé pour une approche régionale face aux conflits. 

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a souligné que, face à la prolifération des conflits armés caractérisés par une violence sans précédent et des armes de destruction massive et à la multiplication du commerce des armes, au terrorisme et aux attaques cybernétiques, entre autres, il est plus que jamais nécessaire que la communauté internationale fasse montre d’un engagement sans faille car les réponses ne sauraient être purement locales. 

La communauté internationale doit « être à la hauteur des circonstances », consolider ses cadres de travail et aller en renforçant une gouvernance mondiale qui offrirait des solutions à ces problèmes graves, a-t-il préconisé.  Ce faisant, il convient de prêter une attention particulière à la prévention et d’être créatifs dans les solutions proposées.

M. Bermúdez Álvarez a ainsi proposé une coordination accrue entre les divers organes des Nations Unies, sans pour autant modifier leurs mandats respectifs ni compétences.  Notant qu’en 2016 les dépenses militaires mondiales ont atteint 1,69 milliard de dollars, un chiffre supérieur à l’année précédente, il a invité à s’interroger sur les besoins qui auraient pu être satisfaits si une portion de ce montant avait servi au développement économique et social des pays. 

Il a ensuite dit son inquiétude devant la situation dans la péninsule coréenne et suggéré le dialogue, la négociation et l’engagement politique pour atténuer les tensions.  Il a aussi exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à appliquer les résolutions du Conseil et à rouvrir les négociations à six aux fins de contribuer à une solution politique durable.  Il a enfin soutenu la réforme du Secrétaire général visant à une meilleure efficacité et coordination du Secrétariat. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est réjoui que ces dernières années, la communauté internationale ait multiplié les initiatives pour conjurer les menaces à la paix et répondre durablement à l’acuité des défis sécuritaires.  Mais la liste est longue des défis qui attendent encore une réponse holistique, notamment le terrorisme, les crises sanitaires, la circulation illicite des armes, les violences sexuelles, la criminalité transnationale organisée ou encore la prolifération nucléaire. 

Les récents événements de la péninsule coréenne ont à cet égard replacé la course à l’arme nucléaire au cœur des préoccupations stratégiques, a dit le représentant, indiquant par ailleurs que son pays réitère son attachement à la non-prolifération et au désarmement. 

Le représentant a ensuite jugé « choquantes » les images de vente d’esclaves africains en Libye.  Pour sa délégation, cela montre bien l’ampleur et la gravité de la criminalité transnationale organisée à laquelle se livre les acteurs non étatiques. 

En conséquence, il estime qu’il devient impératif pour le Conseil de sécurité de réfléchir de manière approfondie à la problématique des acteurs non étatiques en relation avec la paix et la sécurité, en particulier en ce qui concerne leur accès aux armes légères ou de destruction massive.  « Car ne nous y trompons pas.  Ces défis resteront entiers, aussi longtemps que nous ne nous attaquerons pas à leurs causes profondes », a-t-il affirmé.

Le représentant a également déclaré que son pays, au cours de son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité et lors de ses présidences, avait mis l’accent sur deux priorités: la lutte contre les menaces asymétriques auxquelles font face les opérations de maintien de la paix et le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.  L’exemple de l’Afrique montre que ces deux approches se complètent.  Les illustrations foisonnent de la Somalie au bassin du lac Tchad, a-t-il poursuivi, avant de se dire convaincu des avantages de cette approche préventive. 

M. SHEN BO (Chine) a affirmé que les principes de la Charte des Nations Unies sont régulièrement mis à mal depuis la création de l’Organisation, soulignant que les États Membres doivent promouvoir les efforts en vue de remédier à cette situation.  Il nous faut privilégier le dialogue pacifique et la coopération, a-t-il plaidé, en soulignant que l’ONU et le Conseil de sécurité doivent se montrer respectueux de la souveraineté et de l’intégrité territoriales des États. 

Le représentant a ensuite espéré que la communauté internationale s’efforcera de promouvoir le développement durable et la paix et la sécurité internationales, en mettant l’accent sur une mondialisation inclusive dans laquelle chacun sera gagnant.  S’agissant de l’Organisation, sa délégation a préconisé une synergie entre l’Assemble générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC), dans le respect de leur mandat respectif.

Le Conseil de sécurité doit être doté des outils appropriés, a souligné Mme MICHELE J. SISON (États-Unis).  Nous devons examiner chaque opération de l’ONU et répondre à des questions difficiles.  « La mission utilise-t-elle de manière rigoureuse ses ressources?  Participe-t-elle à la recherche d’une solution politique?  Protège-t-elle les civils?  Encourage-t-elle la dépendance ou l’indépendance? »  La déléguée a indiqué que ces questions avaient guidé le renforcement récent du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), en vue notamment d’une meilleure réponse face aux violences sexuelles. 

Lorsque les besoins en développement et le respect des droits de l’homme ne sont pas garantis, ils deviennent une menace à la paix, a dit Mme Sison, en citant les souffrances du peuple yéménite et la traite des personnes en Libye.  Malgré ses insuffisances, l’ONU peut apporter une réponse à ces défis contemporains complexes, a—t-elle assuré.  Elle a en particulier affirmé que la Commission de consolidation de la paix avait un rôle important à jouer, en vue de remédier aux vulnérabilités des États fragiles, lesquels ont de nombreuses caractéristiques communes. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé qu’il ne serait pas possible de relever les défis contemporains en s’appuyant sur les solutions d’antan, mais que seul le renforcement de la coopération internationale permettra d’y parvenir, à l’image de celle qui prévaut entre l’Union africaine et l’ONU.  Il nous faut maintenant passer de la parole aux actes, a lancé le représentant, qui a apporté son plein soutien au projet de réforme du Secrétaire général, en particulier du pilier paix et sécurité, de manière à fournir le cadre d’une réponse plus cohérente de l’Organisation aux situations de conflits, y compris une prévention plus efficace. 

D’après le représentant, « le Conseil de sécurité n’est pas le mieux placé pour discuter de questions qui relèvent des mandats de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, alors qu’il se pose tant de défis dont il ne se saisit pas », et qui pourtant relèvent de sa prérogative de maintenir la paix et la sécurité internationales. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a souligné la complexité des facteurs d’aggravation des conflits, avant de plaider pour le développement d’une approche spécifique face à une situation donnée.  Il s’est étonné du fait que certains facteurs ne figurent pas dans la note de cadrage distribuée par la présidence, tels que l’ingérence dans les affaires intérieures d’un État. 

À ce propos, le délégué russe a déclaré que son homologue ukrainien avait, dans son intervention, oublié la cause profonde du conflit dans le sud-est du pays, qui est le renversement anticonstitutionnel du pouvoir en 2014.  La clef du règlement du conflit est connue de tous, elle réside dans la pleine mise en œuvre des accords de Minsk, a-t-il dit. 

Le délégué a affirmé que d’autres facteurs étaient passés sous silence dans la note de cadrage précitée, tels que l’inégalité des accès aux ressources naturelles et le pillage de ces ressources par les grandes entreprises multinationales. 

Enfin, le représentant a plaidé pour le respect de la répartition des tâches entre les divers organes de l’ONU, les questions de développement étant de la compétence de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Pour parvenir à des décisions équilibrées, il faut du temps et des ressources, ce dont le Conseil ne dispose pas, a-t-il conclu, en jugeant plus judicieux de confier les questions examinées aujourd’hui aux organes précités. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a mis l’accent sur la nécessité de passer de la réaction aux conflits à la prévention, en insistant sur le besoin d’analyser le lien entre les défis et les conséquences sur la paix et la sécurité; ainsi, les liens entre la traite des êtres humains et le terrorisme et les graves violations des droits de l’homme, sur lesquels notre délégation a attiré l’attention le mois dernier, a-t-il dit. 

Selon lui, il importe de mettre en place des systèmes d’alerte précoce plus efficaces et de systématiser les missions du Conseil de sécurité, qui constituent un outil crucial pour mieux comprendre les situations spécifiques à son ordre du jour. 

Les opérations de maintien de la paix doivent en outre disposer des moyens suffisants de renforcer les capacités des États concernés, comme c’est le cas de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), par exemple, a mentionné M. Cardi. 

La délégation a apporté en conclusion son soutien à la proposition de réforme du Secrétaire général.

Le représentant de l’Ukraine a indiqué que la Fédération de Russie méprisait l’Assemblée générale, laquelle a, hier, réaffirmé le statut de puissance occupante de la Russie.  La Russie n’a aucun droit, ni autorité pour donner des leçons de morale au Conseil de sécurité, a-t-il tranché. 

Le délégué de la Fédération de Russie a exhorté son homologue ukrainien à respecter le Conseil et ses membres.  Ses déclarations se répètent, a-t-il dit, en rappelant que les habitants de Louhansk et de Donetsk n’avaient pas reconnu le renversement anticonstitutionnel du pouvoir de 2014.  Il a mentionné les violations commises par les autorités ukrainiennes, avant de demander la pleine application des accords de Minsk. 

Le délégué de l’Ukraine a, de nouveau, pris la parole pour dénoncer, dans le droit fil, selon lui, de deux déclarations du Secrétaire général de l’ONU faites en 2014, dont il a lu certains passages, l’agression russe en Ukraine. 

Le représentant de la Fédération de Russie lui a rétorqué qu’aucun des rapports de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), présente sur place, ne faisait état d’afflux d’armes ou de déplacements de troupes transfrontaliers.  Toutes les institutions nucléaires sont en sécurité en Crimée, a-t-il assuré. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a souligné, à la suite du Secrétaire général, la complexification croissante des conflits, qui exige de l’ONU et du Conseil de sécurité une diplomatie plus souple et plus effective et davantage d’activités à l’appui de la consolidation de la paix.  Il a ensuite appuyé la volonté du Secrétaire général de réformer le pilier paix et sécurité de l’Organisation, en insistant sur le fait qu’il ne faut pas sous-estimer le lien entre une structure administrative efficace et la répartition des responsabilités au plus haut niveau pour permettre à l’ONU de s’acquitter de ses mandats. 

M. Morales López a en conclusion appuyé l’initiative du Secrétaire général de mettre davantage l’accent sur la paix durable, en attirant l’attention sur la réussite en la matière de son propre pays, la Colombie. 

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) s’est déclaré favorable à une approche globale de la paix et de la sécurité, qui associerait le principe de l’état de droit, le respect des droits et des libertés fondamentales et le développement durable.  Selon lui, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reflète une telle approche, tout particulièrement l’objectif 16.  Mais devant la complexité des défis contemporains, chaque situation exige une solution sur mesure, même s’ils présentent tous des caractéristiques communes, à commencer par l’érosion de l’état de droit. 

Pour sa délégation, le Conseil de sécurité a négligé ces dernières années l’établissement des responsabilités à l’appui de la paix durable.  Or la justice transitionnelle est une composante indispensable de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits, a argué M. Sparber.  Il s’est félicité qu’à compter de juillet 2018, la juridiction de la Cour pénale internationale (CPI) s’étende au crime d’agression. 

Cependant, devant le manque de suivi par le Conseil des deux situations qu’il a renvoyées devant la CPI, le représentant a recommandé d’envisager d’autres options, comme le Mécanisme international chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves perpétrées dans le cadre du conflit en Syrie, créé par l’Assemblée générale l’an dernier.  Il a en conclusion rappelé que les crimes horribles commis en Libye, notamment les violences sexistes et la traite des êtres humains, tombent sous le coup de la juridiction de la CPI.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a indiqué que les conflits internationaux de longue date en Palestine et dans le Jammu-et-Cachemire continuaient de s’envenimer.  Les peuples de la Palestine et du Jammu-et-Cachemire continuent d’endurer des violations odieuses de leurs droits, tandis que le monde ne fait rien pour y remédier, a-t-elle déploré. 

La déléguée a souligné la nécessité de « passer d’une culture de réaction à une culture de prévention », avant de mettre en garde contre les risques d’une réaction trop tardive et d’une lecture incorrecte des signes annonciateurs d’un conflit.  Elle a indiqué que les opérations de paix de l’ONU n’étaient pas capables, en elles-mêmes, de dégager les dividendes de la paix et devaient être renforcées en vue notamment de contribuer à des solutions politiques. 

Mme Lodhi a plaidé pour une réponse efficace aux causes profondes des conflits, une appropriation nationale des efforts de paix, une meilleure utilisation des outils à la disposition de l’ONU et pour une mise en œuvre non sélective des résolutions du Conseil.  Enfin, elle a affirmé que les efforts de maintien de la paix de l’ONU devaient être dictés par la situation sur le terrain, « plutôt que par des intérêts politiques concurrents à New York ». 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie), se disant encouragée par la volonté du Secrétaire général de mettre l’accent sur la diplomatie, a considéré que le seul moyen de réaliser et préserver une paix durable au sein des sociétés et entre elles est au travers du dialogue.  Selon elle, il est indispensable d’appréhender la paix, la sécurité et le développement de manière intégrée, en s’appuyant sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Au nombre des défis que la représentante a identifiés et qui posent une menace à la paix et à la sécurité internationales, la raréfaction des ressources hydriques en est une, avec près d’un milliard de personnes qui n’ont pas accès à de l’eau potable.  Mme Bogyay a estimé qu’il est temps d’impulser un nouvel élan à l’esprit de réforme de l’Organisation, en donnant au Conseil de sécurité les moyens de répondre efficacement à l’ensemble des questions qui figurent à son ordre du jour.  À cette fin, elle a rappelé l’existence du Code de conduite proposé par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence au sujet de l’action du Conseil s’agissant des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, un document déjà signé par 114 États Membres. 

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a commencé par rappeler que l’ONU n’a jamais disposé d’un cadre pour la prévention des conflits aussi solide qu’aujourd’hui, grâce à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Selon lui, la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques est « une mesure préventive de taille », puisqu’il reconnaît les liens étroits entre changements climatiques et paix et sécurité, sa délégation étant particulièrement intéressée par le défi spécifique entre les ressources hydriques et la paix.  Ainsi, nous sommes engagés dans l’initiative « Blue Peace », qui vise à prévenir les conflits engendrés par des problèmes liés à la gestion nationale ou transfrontalière de l’eau, a précisé le représentant. 

Il a ensuite rappelé la primauté des droits de l’homme, essentielle pour prévenir les conflits, laquelle a incité la Suisse à lancer l’an dernier « l’Appel du 13 juin », qui demande une intensification de la coopération entre le Conseil de sécurité et les organes onusiens chargés des droits de l’homme, dans la perspective de renforcer la prévention des conflits.  Enfin, a ajouté M. Lauber, son pays a, aux côtés du Brésil et de la Sierra Leone, contribué au lancement de l’initiative « Pionniers pour des sociétés pacifiques, justes et inclusives », un groupe interrégional d’États Membres résolus à accélérer la réalisation de l’objectif de développement durable 16 et des cibles associées. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a souligné la nécessité aiguë d’une réforme substantielle de l’ONU afin de renforcer sa capacité d’action face aux défis complexes.  Il a plaidé pour des opérations de paix plus efficaces, qui mettraient l’accent sur la recherche de solutions pacifiques, avant d’insister sur l’importance de prévenir les conflits.  Le délégué a appuyé « la montée en puissance de la diplomatie » prônée par le Secrétaire général, avant de souhaiter une réforme du Conseil de sécurité pour mieux répondre aux défis précités. 

Trop souvent, le Conseil a échoué à apporter une réponse efficace à des crises, a-t-il dit.  Il a ajouté que cette inaction découlait de la menace d’un veto ou de l’utilisation d’un veto « comme nous l’avons constaté cette semaine ». 

Enfin, le représentant a souligné la nécessité de remédier aux facteurs d’aggravation des conflits, tels que les changements climatiques, la question hydraulique, le terrorisme ou les pandémies. 

S’exprimant également au nom de l’Estonie et de la Lettonie, Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a reconnu la complexité croissante des conflits militaires d’aujourd’hui, comme l’illustrent les conflits en Syrie, au Yémen, en Libye et au Sahel, en passant par « l’agression russe en Ukraine ».  Pour les pays baltes, la priorité est la lutte contre deux menaces: les menaces hybrides et la cybercriminalité.  Avec la transformation en armes « de l’information et des réseaux sociaux », la première de ces menaces est plus que jamais d’actualité, a-t-elle estimé. 

« Les préoccupations quant à l’interférence de la Fédération de Russie dans les processus électoraux ne se limitent pas aux seules nations européennes », a observé la représentante.  Elle a fait part de synergies mises en place par son pays et ses partenaires pour renforcer la prise de conscience et la résilience et pour vérifier l’exactitude des informations disséminées par les médias et les réseaux sociaux.  S’agissant de la cybercriminalité, la délégation s’est dite convaincue de la nécessité de privilégier la coopération régionale et interrégionale et d’y associer la société civile et le secteur privé. 

Au nom des pays nordiques, M. TORE HATTREM (Norvège) a estimé que les défis sécuritaires contemporains devaient être traités de manière globale, en dépassant les clivages entre les efforts humanitaires, de développement, de maintien de la paix et de sécurité.  Alimentés par la famine, les pandémies, l’extrémisme violent et le crime organisé, facteurs de déstabilisation, les conflits sont aussi provoqués par les dégradations environnementales liées aux changements climatiques, a souligné le représentant, plaidant, en réponse à ces menaces, pour une coopération accrue en vue de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. 

À cette même fin, M. Hattrem a salué le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et la Banque mondiale, rappelant que le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Suède et la Norvège soutiennent activement le Fonds vert pour le climat et les initiatives de partenaires comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en particulier pour les États d’Afrique et les petits États insulaires. 

Il s’est également félicité de l’importance accordée par le Conseil à la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix et aux règlements politiques inclusifs.  À cet égard, l’implication des jeunes dans les efforts de paix et de reconstruction peut constituer, selon lui, une contribution positive, comme le préconise la résolution 2250 (2015).

Notant que les pays nordiques figurent parmi les principaux contributeurs du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, le délégué a indiqué que, pour chaque dollar investi dans la prévention, 17 dollars vont à l’assistance postconflit.  Cela étant, a-t-il dit, davantage doit être fait pour permettre un financement prévisible et durable de ces efforts. 

Avant de conclure, il a jugé qu’une réforme du Conseil de sécurité, qui prévoirait notamment des sièges permanents et non permanents pour l’Afrique, s’avérait nécessaire pour « mieux refléter les réalités géopolitiques d’aujourd’hui ». 

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) a déploré le fait que le Conseil soit resté largement le même, alors que le monde a changé.  Il a pointé les vives divisions entre les membres permanents du Conseil, avant d’affirmer que l’inaction du Conseil se traduisait par des pertes en vies humaines.  Le délégué a déploré le manque d’action du Conseil s’agissant de la situation en Palestine et dénoncé le veto utilisé lors d’une séance en début de semaine sur Jérusalem.  Il y a un cruel besoin de réformer le Conseil, a-t-il affirmé. 

Le délégué a par ailleurs déploré que les membres permanents du Conseil continuent d’appeler au respect des normes de non-prolifération, « tout en ayant leurs doigts sur les mécanismes de déclenchement de ces armes apocalyptiques ». 

M. Ntsoane a salué l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et invité les États qui ne l’ont pas encore fait à le signer. 

Enfin, qualifiant le Conseil de « structure anachronique », le délégué a demandé un Conseil plus représentatif, au sein duquel la prise de décisions serait « consistante et non discriminatoire » et exprimerait la volonté collective plutôt que d’étroits intérêts nationaux. 

M. CHRISTOPHE HEUSGEN (Allemagne) a déclaré que le Conseil de sécurité devrait anticiper les menaces à la paix et à la sécurité internationales et, en particulier, maintenir la question des changements climatiques à son ordre du jour.  Cela est d’autant plus justifié que, comme l’a montré la réunion au format Arria de mercredi dernier, « même les climato-sceptiques ont estimé qu’il fallait se préoccuper des conséquences des changements climatiques lorsque l’on aborde des situations de pays ».  En ce qui la concerne, l’Allemagne continuera de bâtir sur la déclaration présidentielle de 2011, adoptée lorsqu’elle présidait le Conseil de sécurité, a-t-il affirmé. 

Le représentant a aussi assuré que son pays avait beaucoup fait ces dernières années en matière de réponses aux conséquences sécuritaires des crises, pandémies, migrations et famines, entre autres.  Cela a été fait avec la conviction que « rien ne peut être acquis durablement avec les seuls moyens militaires », sans la prévention et sans une action concertée pour le développement et les politiques de défense.  Et à ce titre, l’Allemagne est d’avis que le Conseil de sécurité devrait davantage intégrer cette approche dans ses délibérations et actions, y compris en travaillant avec des organisations régionales et sous-régionales.  Sa délégation soutient le Secrétaire général lorsqu’il envisage une réforme allant dans ce sens.  Elle appelle les autres à en faire autant, a-t-il encore déclaré. 

S’exprimant cette fois sur la situation au Sahel, M. Heusgen a estimé que le G5 Sahel ne peut, à lui tout seul, résoudre l’instabilité qui touche cette région.  Il est donc important que les Nations Unies disposent d’une stratégie intégrée pour le Sahel, sous la direction de la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina Mohamed.  Avec l’initiative « Alliance pour le Sahel », qui a pour but d’améliorer la coordination entre les principaux acteurs internationaux, la France et l’Allemagne appuient cette stratégie.  À titre national, l’Allemagne a octroyé un milliard d’euros d’aide au développement à cette région entre 2017 et 2001, a-t-il enfin indiqué.  

M. JEROEN STEFAN G. COOREMAN (Belgique) a concentré son propos sur la sécurité environnementale, estimant que l’environnement est l’une des dimensions fondamentales du développement durable et qu’il devrait faire partie intégrante de l’approche globale en matière de sécurité.  « Les changements environnementaux provoquent des pressions migratoires, alimentent les tensions et provoquent des conflits violents, avec des répercussions bien au-delà des frontières des pays et régions concernés. »  C’est pour cette raison qu’il est impératif que les bouleversements climatiques et des écosystèmes soient analysés dans un contexte de sécurité, permettant ainsi au Conseil de jouer son rôle dans la promotion de solutions durables pour contenir les sources potentielles de conflit, a précisé M. Cooreman. 

Pour faciliter cela, la Belgique est favorable à la désignation d’un représentant spécial pour la sécurité environnementale, dont le travail permettrait au Conseil d’agir de façon opportune.  Les représentants spéciaux actuels pourraient aussi rendre compte des menaces à la sécurité environnementale liées à leur mandat. 

Dans un contexte plus large, la Belgique travaille pour sa part sur le « nexus humanitaire-développement » et a financé des fonds flexibles humanitaires qui ont permis de soutenir des interventions en cas de catastrophes naturelles, par exemple dans le cas des ouragans qui ont dernièrement affecté la région des Caraïbes. 

Rappelant que le Conseil de sécurité a pour responsabilité première la paix et la sécurité internationales, tandis que l’Assemblée et le Secrétaire général ont des rôles essentiels et complémentaires, M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a regretté les fréquents chevauchements entre ces rôles, qui devraient au contraire se renforcer pour être efficaces.  En ce qui concerne les défis contemporains complexes, le délégué a souligné plusieurs points.  Il a tout d’abord relevé leur diversité, citant les pandémies, la famine, la criminalité organisée, le trafic de drogues et une incapacité à s’attaquer aux causes à l’origine des conflits.  Il s’est toutefois dit encouragé par le fait que l’ONU étudie de plus en plus les conflits de façon globale et qu’elle se soit engagée à approfondir le lien entre la paix durable et les objectifs de développement durable.  Il a donc jugé essentiel que les propositions du Secrétaire général de restructuration du pilier de la paix et de la sécurité soient couronnées de succès.

Ensuite, a souligné M. Djani, le Conseil doit faire respecter les principes du droit international, des droits de l’homme et du droit humanitaire et ne pas se laisser dicter ses décisions par des perspectives nationales, engagement qui est à nouveau remis en question sur la question de la Palestine, a-t-il déploré.  « Alimentée par les vetos, l’inaction du Conseil a non seulement des conséquences dévastatrices pour les populations, mais elle rend aussi la recherche de solutions plus complexe. »  Le Conseil ne peut agir seul face aux défis et doit coopérer davantage avec les pays d’accueil et les pays fournisseurs de contingents dans les opérations de maintien de la paix, ainsi qu’avec les organisations régionales, a-t-il conclu.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a fait valoir la « complexité » des défis actuels, qui font que les structures conçues pour d’autres temps tendent à ne plus être efficaces et exigent une réorganisation et un changement de perspectives.  Il a mis en exergue la nature interdépendante des défis modernes, les changements technologiques créant une mondialisation économique, sociale, écologique et politique qui appelle des réponses centrées sur la coopération.  À l’évidence, certains États sont plus équipés que d’autres, plus vulnérables, et la disparité en termes de développement économique ne saurait être abordée d’une façon isolée, a-t-il poursuivi.  À ce propos, il a souligné les déséquilibres de la gouvernance mondiale en matière de commerce, d’investissement et de mobilité humaine. 

M. Akbaruddin a appelé le Conseil de sécurité à se focaliser sur la menace des réseaux terroristes, en incitant à une coopération internationale plus étroite dans l’intérêt commun.  Dans ce contexte, il a constaté que même dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la coopération au sein du Conseil est victime de « considérations stratégiques et politiques étroites ».  Ainsi, même pour une question aussi grave que celle de la désignation d’individus et entités terroristes, les comités de sanctions mandatés n’arrivent pas à faire de progrès concrets, ce qui ne manque pas de mettre en péril la sécurité commune. 

À l’origine de ces manquements, selon le représentant: « un Conseil non représentatif, conçu il y a de nombreuses années aux fins de maintenir l’équilibre entre des puissances rivales ».  Dès lors, celui-ci n’est plus équipé pour faire face aux défis qui ont grandement changé au fil des décennies écoulées, a-t-il insisté, ajoutant qu’un instrument qui n’est plus considéré comme légitime et a perdu sa crédibilité ne peut être espoir de salut.  Si l’on ne change pas les « vieux moules », a prévenu M. Akbaruddin, des discours comme ceux tenus lors du présent débat auront très peu d’impact sur des milliards de « Nous, les peuples » qui s’évertuent à vivre pacifiquement.   

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a noté qu’aux dangers traditionnels qui menacent la paix et la sécurité internationales s’ajoutent des défis de portée mondiale et d’une complexité croissante qui affectent la sécurité des citoyens, érodent le tissu social et exacerbent les conflits.  Il a ainsi évoqué les effets des changements climatiques, qui prennent la forme de catastrophes naturelles mais aussi de graves pénuries de ressources naturelles comme l’eau, lesquelles augmentent la potentialité de conflits et de crises humanitaires.  Le délégué a également fait référence à la criminalité transnationale organisée, au trafic illicite des armes, de drogues et de biens culturels et à la traite de personnes en passant par les cyberattaques. 

Dans ce contexte, le meilleur remède consiste à renforcer notre engagement en faveur du multilatéralisme, a souligné le représentant, appelant la communauté internationale à adopter une nouvelle approche à la fois « multidimensionnelle, participative, coopérative et intégrée », afin d’attaquer ces nouvelles menaces sur différents fronts, dont celui, fondamental, du Conseil de sécurité.  À cet égard, il a dit appuyer les efforts de réforme menés par le Secrétaire général en vue de faire de l’ONU une organisation plus cohérente, effective, efficace et coordonnée, capable de répondre avec souplesse aux besoins de sécurité et de développement des États.  Toutefois, a-t-il conclu, la promotion de la prévention comme élément central du système onusien doit être complétée par une coordination entre les agences et les programmes. 

Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a déclaré que le sujet en discussion aujourd’hui est au cœur même du mandat du Conseil de sécurité et que la complexité des défis actuels exige des capacités et des outils adaptés, une étroite coopération et de la prévention.  Briser le cycle des conflits n’est pas seulement une obligation morale, mais un impératif pragmatique, avec des avantages économiques non négligeables. 

Alors que l’Union européenne a adopté, l’an dernier, une stratégie globale sur la sécurité à l’extérieur de ses frontières, réitérant de fait son engagement envers un ordre mondial basé sur l’état de droit et les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, elle souhaite, avec les membres du Conseil de sécurité, aider à établir une pratique en matière de prévention de la violence et de gestion des risques. 

Cette stratégie a comme priorité d’identifier des approches intégrées en ce qui concerne les crises et conflits externes.  Elle requiert à l’Union européenne des capacités à aider les institutions, les experts et d’autres parties à travailler avec les États Membres en matière de prévention, de maintien de la paix, de réponses intégrées aux crises ou de stabilisation. 

Cette stratégie, que l’Union européenne a traduit à divers niveaux, montre qu’elle est prête à contribuer au maintien de la paix à travers ses différents mécanismes et outils.  À titre d’exemple, la semaine dernière, le Service européen pour l’action extérieure a présenté un nouveau concept de stabilisation, capable de répondre aux situations complexes de paix et de sécurité, a assuré la représentante. 

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a souligné que la corrélation entre sécurité et développement était complexe et nuancée.  La pauvreté et les inégalités pourraient exacerber les tensions dans certains cas mais ne mettent pas nécessairement en péril la paix et la sécurité internationales.  Il a encouragé à allouer les ressources adéquates pour relever les défis mondiaux que sont les changements climatiques, la migration internationale, la croissance démographique, l’insécurité alimentaire et d’autres problèmes de développement.  Ces ressources intégreraient le transfert et la coopération technique, l’assistance humanitaire et la mise en œuvre effective du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Il a appelé à accorder la priorité au règlement pacifique des conflits, en particulier par le truchement de la prévention et d’un retour de la diplomatie comme le suggère le Secrétaire général. 

Mme MANAL HASSAN RADWAN (Arabie saoudite) a noté l’essor de l’extrémisme violent et du terrorisme.  Les défis contemporains semblent de plus en plus complexes mais, en général, a poursuivi la déléguée, les racines de ces conflits sont liées à des facteurs limités, tels que l’occupation, l’ingérence, l’oppression, la marginalisation, le manque de perspective et le mépris des résolutions internationales.  L’occupation des terres palestiniennes par Israël et les agressions contre les lieux religieux sont l’une des raisons des nombreux conflits dans la région, et la communauté internationale doit travailler sans attendre pour rendre son dû au peuple palestinien et mettre fin à l’occupation israélienne, a dit la représentante. 

Elle a ensuite dénoncé les attaques ou tentatives d’attaque contre son pays par des rebelles houthistes depuis le Yémen et avec le soutien de l’Iran.  « Cette escalade dangereuse menace la paix et la sécurité dans la région et dans le monde », a tranché Mme Radwan.  Elle a affirmé que le régime iranien a envoyé des armes aux rebelles d’un autre pays, estimant que le Conseil ne peut continuer à ignorer ces comportements et l’appelant à réagir pour « sauver le peuple yéménite du terrorisme houthiste ».  « Les agressions de l’Iran sont l’une des principales causes de l’instabilité dans la région », a-t-elle insisté.  Pour résoudre les conflits, il faut en comprendre les causes profondes et insister sur l’importance de l’état de droit, a-t-elle conclu. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a rappelé que les Nations Unies ont été créées pour préserver les générations à venir du fléau de la guerre.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, le préambule de la Charte des Nations Unies contient une série d’objectifs reliant entre eux le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la recherche de solutions pacifiques aux conflits, la libre détermination des peuples, la coexistence pacifique de toutes les nations et le recours à la coopération internationale pour le règlement de questions économiques, sociales, culturelles ou humanitaires. 

La représentante a souligné à cet égard le lien étroit existant entre le désarmement et le développement, lequel est confirmé par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses différents objectifs. 

Compte tenu de la complexité de ces facteurs, la Charte a prévu un ensemble d’organes dont les compétences se chevauchent parfois mais qui, tous, travaillent de manière coordonnée à l’accomplissement de ses objectifs, a poursuivi la déléguée, regrettant toutefois que le Conseil de sécurité s’arroge des fonctions qui sont de la compétence d’autres organes du système de l’ONU. 

Elle a également estimé que, dans le cadre de la diplomatie préventive qu’il appelle de ses vœux, le Secrétaire général devrait faire bon usage de l’Article 99 de la Charte, qui lui confère le rôle d’alerter le Conseil sur toutes les menaces pesant sur la paix et la sécurité internationales. 

Alors que la réforme du pilier de la paix et de la sécurité que propose le Secrétaire général est débattue par l’Assemblée générale dans le cadre de ses attributions, la représentante a souhaité que la décision qui sera prise donnerait lieu à un travail coordonné de tous les organes de l’ONU afin que les opérations de maintien de la paix, les missions politiques spéciales et les efforts de construction de la paix deviennent effectifs et gagnent en efficacité. 

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a estimé que la lutte contre les causes profondes des conflits et les facteurs aggravants devrait être menée sur la base d’une approche holistique et globale.  Dans ce cadre, a-t-elle souligné, le Conseil de sécurité joue un rôle essentiel en décidant d’opérations de maintien de la paix et d’actions humanitaires et en facilitant la recherche de solutions pacifiques.  À cet égard, le Kirghizistan est d’avis qu’il faut accroître l’efficacité du Conseil, ce qui ne pourra se faire que si ses membres expriment des « positions unanimes », ainsi que sa capacité de réponse aux menaces contre la paix et la sécurité internationales. 

Partant de ce constat, la représentante a jugé que le système de l’ONU avait besoin d’être réformé.  Elle a apporté son soutien aux efforts menés en ce sens par le Secrétaire général afin de renforcer les capacités de l’Organisation en matière de prévention et de règlement des conflits.  Une réforme est également nécessaire dans le domaine du développement, a-t-elle ajouté, plaidant pour une intensification de la coopération entre l’ONU et les États Membres ainsi que pour une amélioration de l’efficacité du système onusien, notamment dans le combat contre le terrorisme. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a indiqué que les défis qui se posent à la sécurité collective sont en mutation et que le terrorisme s’amplifie, autant de raisons pour mieux respecter le droit international, favoriser le dialogue et œuvrer de concert au renforcement de la prévention des conflits, conformément à l’Article 33 de la Charte des Nations Unies.  Le Qatar s’est félicité que la prévention des crises et des conflits figure en tant que priorité du Secrétaire général.  Soutenant les objectifs de développement durable et la diplomatie préventive, deux autres grands axes de la pérennisation de la paix, le pays a annoncé qu’il sera l’hôte, en janvier, d’une réunion de haut niveau sur cette question. 

La représentante a ensuite fait état de la crise qui secoue la région, notamment « la poursuite du blocus et des mesures unilatérales contre le Qatar » qui sapent son développement et son essor.  Elle a mis l’accent sur la cybercriminalité, qui cible beaucoup de pays dont le sien.  Ce piratage nuit aussi à la paix et à la sécurité internationales et doit faire l’objet de mesures audacieuses et de reddition de comptes, a-t-elle demandé.  

M. TOFIG MUZAYEV (Azerbaïdjan) a déclaré, à l’instar du Secrétaire général, qu’il importe d’abord de procéder à une évaluation claire si l’on veut décider des voies et moyens de relever les défis mondiaux actuels.  Dans cette perspective, il a encouragé à des mesures concertées et une synergie à tous les niveaux pour faire cesser les conflits en cours et à réorienter l’attention sur la prévention des conflits de demain. 

Il a résolument appuyé la détermination du Secrétaire général de pleinement contribuer à prévenir les guerres et à soutenir la paix à travers le processus de réforme.  Il a aussi salué l’adoption, aujourd’hui par l’Assemblée générale, d’une résolution sur la restructuration de l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies en tant que jalon important dans le renforcement du rôle, des capacités, de l’efficacité et l’efficience de l’Organisation. 

À cet effet, il a appelé tous les États à respecter leurs obligations, notamment celles afférentes à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États, ainsi qu’à l’inviolabilité de leurs frontières internationales.  Par ailleurs, il importe de vouer une attention spéciale à la mise en œuvre de toutes les résolutions des principaux organes onusiens, notamment celles traitant du règlement pacifique des différends, de la prévention et la résolution des conflits et de l’impunité. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a soutenu les efforts visant à résoudre les conflits de manière pacifique et réitéré que le développement et les droits de l’homme sont étroitement liés.  Il a plaidé pour une harmonie entre les organes concernés et jugé crucial d’accroître la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, par exemple par la convocation de dialogues régionaux.  Le représentant a également rappelé que la consolidation de la paix est l’un des grands piliers de la paix et de la sécurité internationales et qu’il est nécessaire, comme l’a indiqué le Secrétaire général, de renforcer ce pilier.

Afin de relever efficacement les défis contemporains complexes pour la sécurité internationale, Mme NGUYEN PHOUNG NGA (Vietnam) a jugé urgent d’adopter une approche « centrée sur l’homme » visant à mettre en œuvre une stratégie « globale et à long terme » de prévention des conflits et de maintien de la paix.  Pour que cette stratégie fonctionne, a-t-elle estimé, il convient d’employer tous les outils dont l’ONU dispose en matière de diplomatie préventive et de médiation, mais aussi d’encourager tous les éléments du système des Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, à y prendre part.  Elle a également estimé que l’ONU devrait renforcer ses partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales.

S’agissant des opérations de maintien de la paix, la représentante a appelé à mettre en œuvre des transitions plus souples et des stratégies de retrait plus efficaces dans les zones de conflit, ainsi qu’à combiner davantage les activités de maintien et de consolidation de la paix.  L’unité du Conseil de sécurité est aussi primordiale, a ajouté la représentante, tout en appelant à réformer cet organe, en élargissant le nombre de ses membres permanents et non permanents et en améliorant ses méthodes de travail pour en faire un organe « plus démocratique, transparent, efficace et responsable ».

Abordant la question de la péninsule coréenne, la déléguée s’est dite favorable à la dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) par des moyens pacifiques.  Elle a appelé les parties à faire preuve de retenue et à s’en tenir strictement à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil.  Concernant la question des zones côtières de l’Asie de l’Est, la représentante a également appelé les parties à faire preuve de retenue et à régler leurs différends conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et à la Déclaration sur la conduite des parties en mer de Chine méridionale.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a relevé que les trois processus d’examen réalisés en 2015 sur l’architecture des opérations de maintien de la paix, la structure de l’ONU aux fins de consolidation de la paix et l’examen global de la résolution 1325 parviennent aux mêmes conclusions: il faut se concentrer sur les causes fondamentales des conflits, prévenir leur apparition et leur résurgence, et trouver des solutions politiques pour les régler.  Ces trois processus ont également reconnu la nécessité de remédier à la fragmentation du Système de l’ONU comme un facteur limitant sa capacité à répondre à temps et de manière flexible et efficace aux conflits armés actuels. 

M. Sandoval Mendiolea s’est félicité que les recommandations issues de ces trois processus aient été reprises par le Secrétaire général, M. António Guterres, dans sa proposition de réforme et restructuration du pilier de paix et sécurité et dans la résolution qui vient d’obtenir le soutien de l’Assemblée.  En tant que président du Groupe des amis pour la paix durable, le Mexique estime que le développement et l’instrumentation effective du concept de paix durable réorientera le travail de l’ONU de manière cohérente et transversale dans tous ses organes vers une vision plus élaborée et intégrée de la paix, par le biais du renforcement de capacités et d’outils permettant de faire face aux conflits à tous leurs stades. 

Dans le contexte international actuel, il est nécessaire de combattre les facteurs qui alimentent les crises et les conflits, a insisté le représentant.  Il a cité les discours de haine stigmatisant les individus en fonction de leur origine raciale ou religieuse ou de leur nationalité.  Il a également appelé à « dénoncer les flux irresponsables d’armes et la prolifération d’armes légères et de petit calibre, instruments de pouvoir pour les criminels et d’affaires pour d’autres ». 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a jugé que le débat est essentiel car il contribuera à l’édification d’un consensus commun sur l’approche nécessaire pour mettre fin aux facteurs aggravants des conflits.  Il a espéré davantage de détails sur la réforme du Secrétaire général et a salué l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution, ce matin, à cet effet.  Il a souligné la nécessité d’un consensus au sein tant de l’Assemblée que du Conseil. 

Le Conseil de sécurité a débattu au cours des dernières années de questions transnationales touchant divers domaines, a-t-il noté, estimant que cet organe doit traiter plus systématiquement ces sujets, en identifiant les liens et les causes profondes aux fins de trouver des solutions pacifiques. 

L’amélioration des instruments diplomatiques, militaires et sécuritaires qui servent à la résolution des conflits est cruciale, en coopération d’organisations régionales et sous-régionales.  Il a cité à cet égard les partenariats qui ont mené au tout premier Forum africain sur la réforme de sécurité. 

La Slovaquie est attachée à la promotion de partenariats plus solides, notamment lorsqu’elle assurera la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Le Conseil de sécurité doit aussi améliorer son rôle de prévention et de coordination, y compris entre les différentes entités des Nations Unies.  La réforme du Conseil est aussi une question d’importance.  Il a annoncé que, le 23 avril prochain, sera organisée une table ronde sur la pérennisation de la paix. 

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a déclaré que les défis à la paix et à la sécurité internationales exigeaient des réponses cohérentes de toutes les parties du système des Nations Unies.  La représentante a ajouté qu’il était important de faire tomber les cloisons entre les piliers droits de l’homme, développement, paix et sécurité afin de relever ces défis. 

En travaillant étroitement avec les principaux organes des Nations Unies, la capacité du Conseil de sécurité à jouer un rôle de prévention et d’atténuation sera améliorée par les échanges d’informations et par le dialogue sur les questions relatives au développement y compris les problèmes qui pourraient déclencher la violence, la crise ou le conflit.  Ces discussions devraient avoir lieu dans le processus actuel de réforme de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU notamment le rôle envisagé pour le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination. 

Mme Pobee a aussi réitéré la nécessité de nouer et de développer des partenariats stratégiques et inclusifs avec les organismes régionaux, les organisations non gouvernementales et les groupes de la société civile qui ont un intérêt dans la paix.

Mme BELEN SAPAG MUÑOZ DE LA PEÑA (Chili) a encouragé une approche multidimensionnelle pour répondre de façon efficace et durable aux nouvelles menaces, y compris celles qui ne sont pas de caractère étatique ou militaire.  En janvier 2015, a-t-elle rappelé, le Chili a organisé un débat ouvert au Conseil de sécurité sur le thème du développement inclusif, essentiel à la pérennisation de la paix.  À cet égard, il a reconnu que le Conseil a progressivement établi un cadre normatif sur les défis complexes qui se posent pendant et après les conflits, notamment en ce qui concerne les femmes, la jeunesse, la lutte contre le financement du terrorisme, la santé, l’aviation civile, la traite des personnes et le patrimoine culturel.

La transition de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) à la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) montre que les membres du Conseil de sécurité peuvent contribuer à des solutions, s’est félicité M. Sapag Muñoz de la Peña.  De même, la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie illustre l’interaction positive entre les agences du système et le Fonds de consolidation de la paix.  La représentante a ensuite recommandé une série de mesures pour mieux appréhender les défis à la paix et à la sécurité internationales, comme renforcer le rôle des membres élus dans la rédaction des résolutions, de préférence par groupes interrégionaux; mieux cibler les thèmes des débats ouverts du Conseil; améliorer la diffusion des réunions du Conseil dans le cadre de la formule Arria; resserrer les liens avec la Commission de la consolidation de la paix et les présidents des configurations. 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a salué le travail des opérations de maintien de la paix et de facilitation des processus de paix, notamment la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) qui prouve bien qu’avec des efforts et de la volonté politique, il est tout à fait possible d’œuvrer à la consolidation de la paix, la démocratie, le développement et la paix soutenable.  La MINUGUA a joué un rôle déterminant dans l’étape qui a suivi le processus de paix, a-t-il assuré. 

M. Castañeda Solares s’est aussi déclaré convaincu que la prévention et la médiation doivent occuper une place de choix dans les efforts de l’ONU, ajoutant, à l’instar du Secrétaire général, que « les meilleurs instruments de prévention sont la Déclaration universelle des droits de l’homme et les traités qui en dérivent ».  Il a encouragé à tirer des enseignements des échecs et des pratiques optimales, et mis l’accent sur le rôle du Conseil des droits de l’homme, de la Cour pénale internationale (CPI) et des tribunaux pénaux dans le cadre de la recherche d’une paix durable. 

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a cité le terrorisme international, la cybercriminalité, la traite des personnes, la criminalité transnationale organisée, le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre, les défis environnementaux et la criminalité transfrontalière parmi les menaces à la paix et à la sécurité auxquelles aucun pays n’échappe, directement ou indirectement. 

Il a estimé que le fardeau de la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales ne peut pas reposer uniquement sur les Nations Unies et que les organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Union européenne, l’Union africaine, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), devraient jouer aussi un rôle essentiel dans leurs régions respectives, d’autant qu’elles sont mieux placées en termes de temps et d’espace pour apprécier et faire face aux problèmes de sécurité. 

De plus, la coordination et la coopération élargiraient la portée globale de l’ONU et sa réponse aux questions et aux menaces complexes.  Quant aux pays, a poursuivi le représentant, ils ont individuellement la responsabilité de veiller à se doter d’institutions solides de gouvernance, à la cohésion sociale, à l’autonomie économique et autres pour améliorer le bien-être de leurs citoyens.

Mme LISE HUBERTA JOHANNA GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a appelé à prêter davantage d’attention à la prévention, c’est-à-dire, à traiter des causes sous-jacentes des conflits même quand elles ne relèvent pas exclusivement du Conseil de sécurité.  Parmi ces causes, la représentante a en effet cité la pauvreté, le non-respect des droits de l’homme ou encore les effets des changements climatiques. 

Le Conseil, a-t-elle précisé, peut sensibiliser l’opinion publique à ces questions et il a la responsabilité d’appeler à une action intégrée.  Une bonne prévention exige de bons systèmes d’alerte rapide pour identifier les menaces émergentes, a poursuivi la représentante.  S’agissant en particulier de la question « climat et sécurité », elle a déploré l’absence de point focal. 

Compte tenu du risque que les changements climatiques n’exacerbent les tensions au sein des nations et entres elles, il est important de se doter d’un organe institutionnel sur cette question, a insisté la représentante, et cet organe doit être créé ici à l’ONU.  Avoir des données fiables, en temps réel pour alimenter les systèmes d’alerte rapide et faciliter la capacité d’action est essentiel, a conclu la représentante, qui a salué la prochaine ouverture à la Haye d’un nouveau centre de données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires. 

Mme ONDINA BLOKAR DROBIČ (Slovénie) a appuyé les priorités dégagées par le Secrétaire général en réponse aux changements climatiques, notamment en réduisant l’écart entre les départements des affaires politiques et des opérations de maintien de la paix.  Elle a jugé utile que le Conseil intègre davantage le maintien de la paix aux efforts visant au développement et à l’assistance humanitaire.  Elle a appelé à « faire plus » pour épauler les nations fragiles.  Il importe également de mieux utiliser les efforts de médiation à travers les organisations régionales et les communautés locales.  Il est crucial de mettre fin à l’impunité des crimes internationaux les plus graves et de coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) ou, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, de ratifier le Statut de Rome. 

Relevant la tendance croissante à considérer la rareté de l’eau comme un facteur aggravant de conflit, la représentante a rappelé le rôle fondamental du Panel mondial de haut niveau sur l’eau et la paix, présidé par le Chef d’État slovène, M. Danilo Türk.  Ce panel a publié son rapport qui contient une série de recommandations concrètes visant à la prévention des conflits liés à l’eau en tant qu’instrument de paix.  Elle a aussi évoqué l’expérience positive de la région occidentale des Balkans qui a prouvé comment l’eau peut devenir un facteur de stabilité et de coopération, par exemple à travers les pratiques du bassin du fleuve Sava, qui pourraient servir de modèle dans d’autres régions du monde.  Elle s’est aussi félicitée de l’adoption, ce jour, par l’Assemblée générale, d’une décision proclamant le 20 mai Journée mondiale des abeilles. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a affirmé que la lutte contre l’insécurité mondiale est une urgence et que les efforts doivent être conjugués pour assurer tout à la fois la paix, la sécurité, les droits humains et le développement durable.  En ce sens, la déléguée s’est félicitée des réformes prévues par le Secrétaire général, qui permettront à l’ONU de mieux faire face à ces défis. 

Elle a fait observer que la Grèce constitue un pilier de stabilité à proximité de la « région turbulente du Moyen-Orient » et de l’Afrique du Nord.  Aussi a-t-elle lancé diverses initiatives, par exemple en ce qui concerne les programmes de coopération de l’est de la Méditerranée ou le pluralisme religieux et la coexistence pacifique. 

Sur le plan mondial, le Forum des civilisations anciennes a par exemple mis en exergue la nécessité de promouvoir la compréhension et la coexistence entre les peuples et la Grèce a aussi lancé des programmes concernant la stabilité dans les Balkans, à laquelle elle est très attachée.  L’objectif principal, a expliqué la déléguée, est d’élaborer des programmes positifs de coopération en se concentrant sur les synergies conjointes et en utilisant la culture comme pouvoir de convaincre. 

En venant au phénomène migratoire, qui concerne particulièrement la Grèce, la déléguée a estimé que la communauté internationale doit réagir et mettre en place des procédures régionales et mondiales.  Pour sa part, elle a participé aux négociations sur la mise en place d’un nouveau pacte mondial.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a salué la priorité accordée à la prévention et à la pérennisation de la paix, convaincu que les situations de conflits sont détectables à un stade précoce car « les conflits sont par essence une réaction à l’injustice persistante, à la discrimination et au déni de droits ».  Aussi la question des droits de l’homme devrait-elle recevoir une grande attention dans tout le système des Nations Unies dans le cadre de la prévention, a ajouté le délégué.  L’irresponsabilité qui consiste à alimenter les discours de haine, l’intolérance, la xénophobie, le profilage racial et ethnique, l’apologie des crimes de haine, en particulier de la part de responsables politiques, devrait préoccuper la communauté internationale et servir de signal d’alarme.

En ce qui concerne les menaces asymétriques de terrorisme transnational, le représentant a estimé que des actions collectives des États et une coopération multilatérale renforcée sont fondamentales pour faire face globalement aux conditions sociales, économiques et politiques qui peuvent conduire à la propagation du terrorisme.  À cet égard, il s’est félicité de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et s’est dit confiant sur sa capacité à renforcer la lutte antiterroriste de l’ONU.  Il s’est en revanche montré particulièrement inquiet face aux atrocités perpétrées par Daech, Al-Qaida et d’autres groupes associés contre des groupes ethniques et religieux, notamment contre des populations arméniennes dans les villes syriennes de Kessab et Deir ez-Zor.  L’Arménie a constamment fourni une aide humanitaire à la population syrienne pour soulager ses souffrances et a accueilli environ 22 000 réfugiés, a indiqué le représentant.

Enfin, M. Mnatsakanyan a mentionné l’importance de la coordination et de la non-duplication des efforts et activités entre les organisations chargées de la prévention et de la résolution des conflits, citant à cet égard l’exemple de coopération avec le Groupe de Minsk sur le règlement du conflit du Haut-Karabakh. 

M. DAVID GREGORY YARDLEY (Australie) a jugé que, face à la complexité croissante des défis à laquelle elle est confrontée en matière de paix et de sécurité, « la communauté internationale doit changer d’approche ».  Elle doit notamment adopter de nouvelles méthodes de travail dans le cadre de ses travaux liés à la réforme de l’ONU et de l’adaptation de ses instruments et de ses politiques.  Pour l’Australie, a expliqué le représentant, l’accent doit tout d’abord être mis sur la prévention, et ce, dans tous les programmes des Nations Unies, comme le préconisent les résolutions de pérennisation de la paix.  À cette fin, il importe que tous les personnels de l’Organisation s’impliquent dans cette approche et aient les moyens d’agir.  Le respect des droits de l’homme et la mise en œuvre de programmes humanitaires et de développement intégrés doivent être au cœur de ces efforts. 

Deuxièmement, a-t-il poursuivi, les efforts de soutien aux sociétés pacifiques doivent être inclusifs.  Il s’est ainsi dit convaincu que la participation des femmes aux processus de paix produit des résultats plus durables.  Il a salué sur ce point les mesures prises en 2017 par le Département des affaires politiques, le Département des opérations de maintien de la paix et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour accroître la participation des femmes à leurs activités. 

Il a enfin exprimé le ferme soutien de son pays aux efforts du Secrétaire général en faveur d’une réforme du système des Nations Unies, y compris du pilier paix et sécurité.  Qualifiant de « vital » l’appui du Conseil de sécurité à ce processus, il a plaidé pour une amélioration de la coordination et de la coopération entre les départements et les agences. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que la multiplication, l’évolution et la complexité des conflits montrent clairement qu’il faut changer d’approche.  Pour réaliser l’objectif d’une paix pérenne, il a souligné l’importance de l’approche choisie par le Secrétaire général qui prône la prévention.  Il a mis l’accent sur le fait que le Maroc est très actif dans le domaine de l’impact des changements climatiques et s’est réjoui que le Conseil y accorde un intérêt particulier. 

Le terrorisme menace la paix et la sécurité internationales dans plusieurs théâtres d’opérations: comment y remédier et faire face à ce fléau? a demandé M. Hilale.  À cet égard, il a analysé que les missions multidimensionnelles sont plus efficaces mais qu’il convient de leur fournir les ressources nécessaires pour qu’elles puissent pleinement s’acquitter de leurs tâches.  Il a prôné l’application du concept « One UN », insisté sur les partenariats, et appelé l’ONU à assumer son rôle de leadership dans la résolution des conflits. 

Enfin, le représentant du Maroc a recommandé de quantifier les tâches des mandats des opérations de maintien de la paix.  Notant que les pays contributeurs de troupes ne font pas profiter de leur expérience, il a encouragé la coopération triangulaire pour apporter « un changement significatif à la manière dont le Conseil, les pays contributeurs et les opérations de maintien de la paix interagissent ». 

M. HASSAN ABBAS (Liban) a mis l’accent sur les racines des conflits, parfois enkystées depuis longtemps, telles que l’occupation étrangère ou l’agression.  Le Liban y fait face en raison des menaces israéliennes et de l’accueil de plus d’un million de réfugiés de Syrie, sans compter ceux de Palestine depuis des décennies, a rappelé le délégué. 

Il a ajouté que « le coût économique et social pour le Liban est énorme », et que la menace terroriste sape la sécurité et la stabilité de la société libanaise depuis de nombreuses années.  Il s’est félicité de l’action de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), suggérant de tirer les leçons de la situation au Liban et des défis multidimensionnels auxquels se heurte le pays.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) s’est attardé sur la menace des changements climatiques.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, peut jouer son rôle, en envoyant au monde un message sur « l’engagement collectif ».  Le Conseil, qui compte en son sein les plus grands pollueurs, devrait mener par l’exemple.  Il faut, s’est expliqué le représentant, mobiliser l’appui politique aux cadres sur les changements climatiques pour renforcer la coopération internationale, s’agissant en particulier du renforcement des capacités des pays les moins avancés, particulièrement vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes. 

En dehors des menaces écologiques, a poursuivi le représentant, d’autres activités humaines s’ajoutent à la liste des défis émergents: le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le séparatisme, le trafic de drogues, les problèmes liés à la migration, la mauvaise gouvernance et l’exclusion politique.  « Nous devons, a-t-il conseillé, nous concentrer sur l’éducation et l’autonomisation, et promouvoir les instruments pacifiques de prévention et de règlement des conflits prévus par la Charte des Nations Unies. »

Les systèmes d’alerte rapide peuvent contribuer à contenir les tensions et en la matière, le Conseil doit travailler avec les autres organisations intergouvernementales et institutions régionales et sous-régionales, l’objectif ultime étant de protéger les populations contre les menaces émergentes, en les dotant des capacités et des ressources nécessaires et en atténuant les tensions locales. 

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a dit qu’il était temps pour le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de prendre des mesures pour répondre aux menaces des changements climatiques et d’autres menaces non traditionnelles.  Le représentant a ajouté que le Secrétaire général devrait présenter des rapports d’évaluation périodiques et réguliers qui pourraient servir comme un mécanisme d’alerte précoce sur les menaces à court et long terme. 

Pour M. Mohamed, ces rapports devraient être présentés à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité et contenir des analyses sur les menaces auxquelles fait face un pays ou une région.  Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale pourraient aussi réfléchir à l’éventuelle création d’un mécanisme de coordination, au sein duquel tous les principaux instruments et organes de l’ONU, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ou l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, contribueraient à la prévention de conflits, au maintien et à la consolidation de la paix. 

M. SAMUELU LALONIU (Tuvalu), s’exprimant au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique, a déclaré que les changements climatiques sont le plus pressants des défis contemporains en matière de sécurité que le monde affronte.  C’est aussi pour cela qu’en 2009, ce groupe avait mené une campagne au sein de l’Assemblée générale pour que la question de la sécurité soit prise en compte dans les problématiques liés aux changements climatiques. 

Cette initiative avait abouti par l’adoption à l’unanimité d’une résolution appelant tous les organes des Nations Unies à intensifier leurs efforts dans ce domaine et par la publication d’un rapport du Secrétaire général sur le sujet.  Ces États se réjouissent donc que cette question soit devenue sensible, au point que le Conseil de sécurité en discute aussi. 

Le représentant a ensuite déclaré qu’en ce qui concerne ces pays, l’Accord de Paris sur les changements climatiques n’est pas mort.  Il n’y aura pas de retour à la « normale » en ce qui concerne le climat, d’autant que dans les faits, la situation ne fera que se détériorer, même si les objectifs mondiaux sont atteints.  Il faut même envisager des changements abrupts dans le climat, a-t-il poursuivi, ajoutant aussi que les réponses humaines à ces changements sont elles aussi, toutes potentiellement dangereuses. 

Afin d’aborder effacement ces aspects complexes du climat, les petits États insulaires en développement du Pacifique sont d’avis que le Secrétaire général devrait désigner un représentant spécial sur le climat et la sécurité.  Ses responsabilités seraient de fournir des mises à jour sur le rapport de 2009 du Secrétaire général; de produire lui-même de nouveaux rapports analysant les dangers potentiels dans les domaines du climat et de la sécurité et enfin d’aider les États vulnérables à évaluer les risques. 

Il pourra aussi coordonner les activités des différentes entités des Nations Unies dans ce domaine, a conclu le représentant, insistant sur le fait que la nomination de ce représentant spécial n’affectera en rien le mandat du Conseil de sécurité, puisque celui-ci ne servira que le Secrétaire général. 

M. JOSÉ ATAÍDE AMARAL (Portugal) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, le multilatéralisme est essentiel pour relever les menaces, anciennes et présentes, à la paix et à la sécurité.  Les changements climatiques, l’insécurité alimentaire, la pénurie de l’eau, les pandémies, le terrorisme, la criminalité organisée, les cyberattaques et toutes sortes de trafics illicites, d’êtres humains, d’organes, d’armes, de stupéfiants et de biens culturels, figurent parmi les défis et risques contemporains, a-t-il souligné.  Il a conseillé une adaptation continue des mécanismes, une coordination accrue et une action précoce pour prévenir les menaces aux niveaux national, régional et international. 

M. Amaral a salué le ferme engagement du Secrétaire général en faveur de la prévention des conflits et appuyé ses propositions de réforme.  Une approche globale de la réforme du pilier paix et sécurité, basée sur la prévention et un sursaut de la diplomatie, s’impose dans le contexte des efforts communs tendant à une paix durable, a-t-il soutenu, indiquant que le Portugal a, dans ce contexte, érigé en priorité l’égalité des sexes.  Il a également recommandé une relation plus solide entre l’Assemblée générale, le Conseil et le reste du système, y compris la Commission de consolidation de la paix, pour mieux renforcer la capacité collective de prévention des conflits.  Pour briser le cycle des conflits, il importe que le Conseil tienne des consultations préalables sur des situations de risque imminent. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré qu’il faut considérer la prévention des conflits comme une responsabilité nationale soutenue par des institutions réactives et efficaces.  Par ailleurs, l’ONU, a-t-il dit, a un rôle crucial à jouer pour faciliter et surveiller la mise en œuvre des engagements agréés au niveau international. 

Pour le représentant, l’Organisation devrait renforcer sa capacité à interpréter les signes d’alerte précoce des conflits et à inscrire ses stratégies de réponse dans le cadre plus vaste d’une solution politique.  Il a souligné l’importance de ne pas privilégier d’approche unique à des problèmes spécifiques, sous peine de voir se produire des situations de « nettoyage ethnique » comme celle qui a prévalu en août dernier dans l’État Rakhine, au Myanmar.

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