Soixante-douzième session,
27e séance – matin
AG/AB/4268

La Cinquième Commission est priée de rejeter le budget « de piètre qualité » du Mécanisme résiduel et d’amputer de 20% celui d’Umoja

Dans des conclusions particulièrement sévères, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a recommandé aujourd’hui à la Cinquième Commission de rejeter la demande de 215,4 millions de dollars pour financer, en 2018-2019, le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda*, et d’amputer de 20% le budget proposé pour le progiciel de gestion intégré « Umoja ».  Les Groupes des 77 et des États d’Afrique ont contesté des recommandations qui mettraient « en péril » la mise en œuvre des programmes du Mécanisme.

La somme de 215,4 millions de dollars demandée par le Secrétaire général, dans ses rapports de « piètre qualité », selon le CCQAB, représente une augmentation de 79,6 millions de dollars ou 58,7% du budget 2016-2017.  Le fait que la grande majorité de la somme soit réservée à la division de La Haye est « contraire à la décision de fermer le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie », note le Comité consultatif.  Il note aussi que le montant demandé pour les dépenses autres que les postes, s’élève à 176,7 millions de dollars, soit une augmentation de 82% par rapport à l’exercice biennal 2016-2017.

Le CCQAB dit ne voir aucune justification à toutes ces augmentations et recommande de rejeter purement et simplement le projet de budget, dans l’attente d’une version révisée.  Entretemps, le Secrétaire général peut engager un montant « maximum » de 43,8 millions de dollars pour couvrir la période allant du 1er janvier au 30 juin 2018, recommande le CCQAB, qui annonce son intention de demander au Comité des commissaires aux comptes (CCC) d’auditer le Mécanisme.

Nous sommes « mécontents » d’une recommandation qui priverait le Mécanisme de la faculté de mettre en œuvre ses programmes, ont réagi le Groupe des 77 et la Chine.  Au lieu d’un projet de budget révisé, le Groupe des États d’Afrique a dit attendre un simple « complément d’informations ».

La sévérité du CCQAB ne s’est pas arrêtée là.  Elle s’est aussi abattue sur les initiatives liées à la mise en œuvre du progiciel de gestion intégré, Umoja, pour lequel le Secrétaire général demande une enveloppe de 77,5 millions de dollars pour 2018-2019.  Autoriser les crédits demandés, s’énerve le Comité consultatif, porterait le budget total du projet, à 543 741 600 dollars, soit plus du double du montant initialement prévu en 2007.

Le CCQAB dénonce une insuffisance de détails qui empêche l’Assemblée générale de prendre une décision « pleinement éclairée ».  Les informations données, commente-il-encore, ne rassurent ni sur la maîtrise des coûts ni sur la valorisation des avantages d’ici à l’achèvement du projet.  Le CCQAB insiste sur cette valorisation: l’étude de viabilité devrait rendre compte des avantages effectifs obtenus grâce à Umoja et pas de quelques objectifs « artificiels » d’économies budgétaires.

En conséquence, le CCQAB recommande une réduction de 20% des sommes demandées pour tomber à 62 millions de dollars.  Le Groupe des 77 et la Chine, ainsi que Singapour, n’ont pas manqué de déplorer, à leur tour, le « flou » qui entoure le coût total d’Umoja. 

La Cinquième Commission se réunira demain, mercredi 20 décembre, à partir de 10 heures, pour examiner l’exécution du budget 2016-2017.

* Mécanisme résiduel

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le neuvième rapport d’étape sur le progiciel de gestion intégré (Umoja) (A/72/7/Add.31)

Pour établir son rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a examiné celui du Secrétaire général (A/72/397) sur l’état d’avancement des projets; les préparatifs en vue des prochaines étapes de la mise en service; l’étude de viabilité actualisée; le passage de relais, la réorganisation et le réaménagement des fonctions; les effectifs; et les ressources nécessaires.  Le Comité a aussi examiné le sixième rapport annuel du Comité des commissaires aux comptes (A/72/157) dont il compte que les recommandations seront intégralement appliquées dans les meilleurs délais.

Le Comité consultatif se félicite des progrès enregistrés jusqu’ici et note que les prochaines étapes de mise en service comprennent des projets relevant d’Umoja-Extension 2 et une mise à niveau logicielle du SAP utilisé pour Umoja.  Umoja-Extension 2 comprend sept modules: planification stratégique, élaboration du budget et gestion de la performance; gestion de la chaîne d’approvisionnement (phases 2 et 3); collecte de fonds et gestion des relations avec les donateurs; gestion des partenaires d’exécution; gestion des conférences et manifestations; remboursements aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et versements correspondants; et gestion des effectifs.

Les activités de conception, de mise au point et de mise à l’essai pour chacun des projets relevant d’Umoja-Extension 2 devraient s’achever en 2018 et les solutions élaborées seraient, pour la plupart, mises en service en 2018, mais les déploiements restants et la stabilisation du système se feront en 2019.  Le Comité consultatif note que le Secrétaire général propose de proroger le délai prévu pour le déploiement intégral d’Umoja-Extension 2 en 2019.  Il souligne que des mesures proactives doivent être prises afin de prévoir tous les problèmes et risques éventuels, d’éviter de nouveaux dérapages et retards et de garantir ainsi que le projet sera exécuté conformément aux prévisions.  S’agissant de la mise à niveau du SAP, le Comité souligne aussi qu’il importe de planifier et gérer efficacement le projet afin de garantir que cette mise à niveau n’entraînera ni perturbations ni retards dans les projets relatifs à Umoja-Extension.

Le Comité insiste une nouvelle fois sur le fait que l’étude de viabilité actualisée devrait rendre compte des gains d’efficience et des avantages effectifs obtenus grâce à la mise en service d’Umoja plutôt que des objectifs artificiels portant sur les économies budgétaires.  Il faut rassembler en toute transparence des informations sur les avantages quantitatifs et qualitatifs qu’Umoja a permis d’obtenir, y compris en ce qui concerne les incidences sur les effectifs et les prévisions de dépenses des différents bureaux et départements.  L’absence de progrès touchant l’élaboration des plans de réalisation des avantages explique le flou qui entoure les avantages liés à Umoja, qui sont présentés dans les projets de budget et le fait que l’on ne sache pas véritablement quelles sont les entités qui sont chargées de la valorisation des avantages, tranche le Comité consultatif.

Il regrette de ne rien savoir sur les dépenses annuelles engagées par catégorie et objet de dépenses et par produit depuis le début du projet.  Étant donné les dépassements de coûts et les retards auxquels le projet a donné lieu, en particulier pendant la phase initiale, et ayant à l’esprit l’ampleur des ressources déjà accordées par l’Assemblée (446 163 400 dollars), le Comité considère qu’il faut faire toute la lumière sur l’intégralité des dépenses engagées à ce jour.  Il recommande donc à nouveau que l’Assemblée prie le Secrétaire général de lui présenter, dans son prochain rapport, un état détaillé des dépenses qui ont été engagées à ce jour, ventilées par année et par catégorie et objet de dépenses, ainsi que des informations sur les produits qui ont été livrés.

En attendant, le Comité consultatif accueille avec satisfaction les propositions du Secrétaire général sur la restructuration et la réduction progressive des effectifs de l’équipe du projet Umoja.  Il est d’avis que les changements proposés, notamment la réduction du nombre de postes de haut fonctionnaire, qui sera en partie contrebalancée par la création de postes de classes moins élevées, représentent une approche positive, qui favorisera le transfert des connaissances entre les consultants et le personnel et permettra de mieux aligner les ressources du projet aux prévisions de dépenses liées aux activités devant être achevées en 2018.  Le Comité consultatif réaffirme par ailleurs qu’il faut retenir le personnel qualifié au sein de l’équipe du projet.

Les prévisions de dépenses pour 2018-2019 s’élèvent à 81 945 000 dollars, qui comprennent le solde inutilisé sur la période 2008-2017 (4 366 800 dollars) et les crédits supplémentaires demandés, d’un montant de 77 578 200 dollars.  Il s’agit d’une somme de 50 575 000 dollars pour 2018 et de 31 370 000 dollars pour 2019.  Le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de donner davantage de détails sur les prévisions de dépenses et les crédits demandés.  Autoriser les crédits demandés pour 2018‑2019, s’explique le Comité consultatif, porterait le budget global du projet, à 543 741 600 dollars, soit plus du double du montant initialement prévu de 248,3 millions de dollars présenté en 2007.  Le Comité consultatif est d’avis que le Secrétaire général ne fournit pas suffisamment de détails pour permettre à l’Assemblée générale de prendre une décision pleinement éclairée.  Les informations disponibles sur le coût total du projet Umoja depuis son lancement et sur la valorisation des avantages découlant du projet ne permettent pas de fournir à l’Assemblée générale des assurances suffisantes que les coûts seront maîtrisés et les avantages valorisés pendant la période restant jusqu’à l’achèvement du projet.

À ce stade, le Comité consultatif recommande que le montant demandé pour 2018-2019 soit réduit de 20%, soit de 77 578 200 à 62 062 600 dollars.  Il recommande aussi à l’Assemblée générale d’approuver l’ouverture d’un crédit de 9 309 400 dollars représentant la part imputée au budget ordinaire du coût du projet Umoja jusqu’au 31 décembre 2019.  L’Assemblée prendrait en effet note du fait qu’un montant de 28 859 100 dollars sera demandé dans le projet de budget du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019, qu’un montant de 9 619 700 dollars le sera pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 et qu’un autre de 14 274 400 dollars sera prélevé sur les ressources extrabudgétaires pour la période allant du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2019.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) s’est dite préoccupée par les retards dans le déploiement d’Umoja-Extension 2 en 2019.  Elle a, à son tour, rappelé que le coût original du projet, qui devait se terminer en 2012, était de 248,3 millions de dollars.  Les plans de mise en œuvre ont été révisés à plusieurs reprises, entre 2011 et 2018, avec une incidence sur les coûts.  Mme Pereira Sotomayor a appelé le Secrétaire général à une gestion rigoureuse pour faire en sorte que le projet reste sur la bonne voie.  Comme le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, la représentante a dénoncé l’absence d’une comptabilité des coûts indirects par département et de l’analyse du coût complet.  Ce coût complet du système est crucial à la prise de décision éclairée par cette Commission.  Il est important d’avoir une analyse plus poussée des dépenses et des produits à livrer.  Ces coûts devraient figurer dans le budget du projet et être reflétés de manière transparente dans l’analyse du coût complet.

Quant aux besoins en ressources, le Groupe des 77 et la Chine notent que les demandes du Secrétaire général porteraient le coût total du projet à près de 543,9 millions de dollars, une augmentation de 17% par rapport au budget approuvé pour l’exercice biennal précédent.  Le Groupe ne comprend pas la logique de cette nouvelle augmentation alors que l’on déplore toujours le flou qui entoure le coût total du projet et l’absence d’une liste des gains d’efficacité et des avantages découlant du projet. 

Les membres de l’Union européenne (UE) continuent d’appuyer le déploiement du progiciel de gestion intégré Umoja, dont l’objectif premier est de moderniser un large éventail de systèmes et processus métiers d’une importance capitale pour l’efficacité et la transparence de la gestion de l’Organisation, a déclaré M. THOMAS HYNDRAK, représentant de l’Union européenne.  Il a par conséquent salué les progrès significatifs réalisés dans la résolution des problèmes rencontrés durant la mise en œuvre du projet, y compris l’amélioration de la gestion de projet, de la quantification des coûts et de l’évaluation des gains, quantitatifs comme qualitatifs, engrangés par le progiciel.

L’UE est fortement attachée, a poursuivi M. Hyndrak, à la mise en œuvre d’Umoja-Extension 2, qui comprend certaines des fonctionnalités « les plus importantes et prometteuses » du progiciel, y compris la gestion de la chaîne d’approvisionnement, du budget, des programmes, des conférences et des effectifs.  Selon le représentant, la qualité des données qui deviendront disponibles suite à la mise en œuvre d’Umoja-Extension 2 aidera le Secrétariat et les États Membres à prendre des décisions informées concernant l’avenir de l’Organisation.

M. MOHAMED RIZAL (Singapour) a noté qu’alors que le projet Umoja devait se terminer en 2012, la date de la fin vient, une nouvelle fois, d’être reportée de 2018 à 2019.  Le représentant a aussi noté que la demande du Secrétaire général pour le prochain exercice biennal portera le coût du projet à plus du double de l’estimation originale de 248 millions de dollars.  Il a exhorté le Secrétaire général à faire tous les efforts pour fournir une image « précise » du coût total du projet Umoja.  La capacité à obtenir des informations précises sur les coûts de mise en œuvre du projet reflète la force de sa gouvernance, a indiqué le représentant, qui a rappelé au Secrétariat l’importance d’assurer la reddition de comptes et la transparence d’Umoja: « il doit y avoir une articulation réaliste, claire et transparente des avantages qualitatifs et quantitatifs d’Umoja ». 

« Umoja change complètement la façon dont le Secrétariat de l’ONU gère son administration, aussi bien du point de vue des processus métiers que des technologies de l’information », a estimé Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis).  En effet, le progiciel de gestion intégré est en train de remplacer pas moins de 400 vieux systèmes utilisés pour gérer la chaîne d’approvisionnement, la comptabilité, le paiement des salaires et la logistique.  Pour la représentante, Umoja fait donc partie intégrante de la réforme de la gestion de l’Organisation.  Mme Norman-Chalet s’est tout particulièrement félicitée de la désactivation récente de l’ancien système de gestion de la chaîne d’approvisionnement, Galileo, désormais remplacé par Umoja.  Elle a en outre salué les efforts réalisés pour diminuer les coûts opérationnels du projet, ainsi que pour évaluer les gains quantitatifs et qualitatifs engendrés par Umoja.  « Mais il reste encore du travail et nous devons continuer à faire en sorte que les objectifs soient atteints », a-t-elle estimé. 

Notant par ailleurs que la date de finalisation du déploiement d’Umoja est prévue pour décembre 2018, la représentante a insisté sur le « besoin continu » de bénéficier d’une gestion des risques « solide » et d’une main d’œuvre « hautement qualifiée ».  Il est également impératif, a-t-elle ajouté, de faire en sorte qu’Umoja continue d’être un « catalyseur de transformations » au-delà de 2018.  La représentante a enfin insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une « transition en douceur » pour passer, après 2018, du déploiement d’Umoja à la phase opérationnelle postdéploiement.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les incidences sur le budget-programme du projet de résolution A/72/L.9 relatif aux modalités de la Conférence intergouvernementale chargée d’adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, prévue au Maroc les 11 et 12 décembre 2018 (A/72/7/Add.34)

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a examiné l’état présenté par le Secrétaire général (A/C.5/72/17) qui indique qu’il résulterait, des demandes formulées dans le projet de résolution, des dépenses supplémentaires d’un montant de 668 500 dollars, dont 83 500 dollars pour le recrutement d’un assistant administratif au Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les migrations internationales; 96 000 dollars pour les services de conférence des réunions prévues au Maroc; 422 800 dollars pour les services de documentation; et 66 200 dollars pour les activités de sensibilisation et de promotion du Pacte mondial.

Le Comité consultatif estime que l’assistant administratif qu’il est proposé de recruter ne le sera peut-être pas dans l’immédiat et recommande donc l’application d’un taux de vacance de 20% à cet égard, les dépenses opérationnelles correspondantes devant être ajustées en conséquence.  Tenant compte des contributions qu’apportent les États aux diverses manifestations organisées par l’ONU, le Comité recommande de ne pas approuver les crédits d’un montant de 1 856 dollars pour les services de diffusion sur le Web.  Si l’Assemblée générale adopte le projet de résolution A/72/L.9, il faudra donc inscrire des crédits supplémentaires d’un montant de 656 144 dollars, à imputer sur le fonds de réserve, dans le budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019, conclut le Comité.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a dit qu’étant donné l’importance qu’il attache à la future Conférence, le Groupe appuie la demande de crédits supplémentaires.  « Nous croyons que la mise à disposition des ressources nécessaires, tout en tenant dûment compte des recommandations du CCQAB, garantira une approche équilibrée du financement des conférences », a estimé Mme Pereira Sotomayor.

FINANCEMENT DU TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL POUR L’EX-YOUGOSLAVIE ET DU MÉCANISME RÉSIDUEL

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/72/654) sur le deuxième rapport sur l’exécution du budget du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie pour l’exercice biennal 2016-2017 (A/72/603), le deuxième rapport sur l’exécution du budget pour l’exercice biennal 2016-2017 (A/72/604) et le projet de budget pour l’exercice biennal 2018-2019 du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux (A/72/396* et A/72/396/Corr.1)

Dans ces rapports de « piètre qualité », tranche le Comité consultatif, le Secrétaire général indique que le montant brut des ressources imputées sur le budget ordinaire qu’il est proposé d’allouer au Mécanisme pour l’exercice biennal 2018-2019 s’élèverait à 215 438 800 dollars, ce qui représente une augmentation de 79 691 100 dollars (ou 58,7%) par rapport aux crédits ouverts pour 2016-2017; la plus grande partie des crédits supplémentaires (soit 71 534 600 dollars) étant prévue pour la division de La Haye.

Le Comité consultatif note une augmentation « significative » des ressources, la décision consistant à s’appuyer davantage sur la division de La Haye semblant avoir été prise sans qu’une justification appropriée soit fournie.  Partant, le Comité considère que cette importante augmentation des ressources serait contraire à la décision de fermer le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.  Il note aussi qu’une nouvelle installation spécialement conçue pour le Mécanisme vient d’être achevée à Arusha, pour un coût total de 8 787 733 dollars, alors que dans le même temps le personnel de la division de La Haye occupe des locaux loués.

En l’absence de justification détaillée concernant la complexité accrue des responsabilités du poste de chef de cabinet, le Comité s’oppose à la suppression du poste temporaire de chef de cabinet (P-5) et à son remplacement par un emploi de temporaire de classe D-1.  La procédure appropriée serait une demande de reclassement d’un poste existant, rappelle le Comité.

Il s’oppose aussi à la proposition visant à transférer les postes de procureur (secrétaire général adjoint) et d’assistant spécial (P-4) de la division d’Arusha à celle de La Haye à ce stade.  Il réitère sa recommandation tendant à ce que des taux de vacance de postes spécifiques soient appliqués aux nouveaux postes, notamment un taux de 50% pour les postes d’administrateur et fonctionnaire de rang supérieur, et à ce qu’un taux de 35% soit appliqué aux postes d’agent des services généraux et des catégories apparentées.  Comme le montant demandé au titre des objets de dépense autres que les postes s’élève à 176 681 700 dollars, soit une augmentation de 79 635 200 dollars (82%) par rapport au crédit ouvert pour 2016-2017, le Comité consultatif estime qu’il convient de justifier cette augmentation « considérable » en donnant davantage de précisions sur les besoins opérationnels réels du Mécanisme.  Il s’avoue en effet incapable d’évaluer la réalité des besoins en personnel temporaire du Mécanisme et s’oppose à l’affectation de ressources au financement de postes de haut niveau (classe D-1) à ce stade.

La fermeture du Tribunal offre l’occasion de revoir les besoins du Mécanisme et de veiller à ce que les dépenses de fonctionnement en soient réduites autant que possible, tranche le Comité consultatif.  Il insiste pour que les ressources demandées au titre de la détention correspondent aux besoins réels.  Il rappelle aussi qu’il a attend toujours une réponse à la question sur le nombre de jours de travail effectués par les juges au cours de l’exercice biennal 2014-2015 et depuis le début de l’exercice 2016-2017.  Le Comité compte trouver dans le prochain projet de budget des informations sur le nombre de jours de travail payés par le Mécanisme.

Le Comité s’interroge également sur la logique qui préside à l’amélioration du bâtiment d’Arusha, dont les travaux de construction viennent de s’achever.  Il considère que ces aménagements auraient dû être pris en compte dans les ressources demandées pour le projet de construction.  De même, il doute que l’aménagement des locaux loués à La Haye devrait être à la charge du locataire.  Le Comité réaffirme que la dotation en véhicules du Mécanisme devrait être examinée sans délai et réduite aux véhicules les plus récents et les plus nécessaires.  Par ailleurs, comme deux postes temporaires sont déjà demandés pour réaliser un audit et une évaluation du Mécanisme pour le compte du Bureau des services de contrôle interne (BSCI), le Comité consultatif estime qu’il n’est pas justifié de recourir aux services de consultants supplémentaires à l’appui de l’évaluation du BSCI.

Enfin, compte tenu de l’importance des dépenses de liquidation engagées pour le Tribunal en 2016-2017, le Comité consultatif considère qu’aucune ressource supplémentaire ne devrait être approuvée pour la liquidation du Tribunal et que ces dépenses devraient être couvertes par les ressources approuvées pour le Mécanisme pour l’exercice biennal 2018-2019.

Le Comité annonce qu’il demande au Comité des commissaires aux comptes d’inclure le Mécanisme dans ses vérifications et, en règle générale, il estime que le montant des ressources demandées pour le Mécanisme n’est pas « pleinement justifié ».  Il recommande donc que le projet de budget ne soit pas approuvé et qu’en attendant, l’Assemblée générale autorise le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 43 898 300 dollars pour la période de six mois allant du 1er janvier au 30 juin 2018 et le prie de lui présenter un projet de budget révisé.

Déclarations

Au nom du Groupe de 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a préféré attirer l’attention sur les économies réalisées par le Mécanisme grâce au renforcement du shilling tanzanien, la baisse du taux d’inflation et l’absence de procès pendant l’exercice biennal 2016-2017.  Elle s’est, à son tour, dite préoccupée de la décision du Secrétaire général de s’appuyer davantage sur la division de La Haye et a promis que son Groupe examinera dûment les circonstances qui ont entouré cette décision. 

La représentante s’est aussi dite gravement préoccupée par la sous-utilisation des nouvelles installations spécialement conçue pour le Mécanisme à Arusha et par le fait que le personnel à La Haye est hébergé dans des locaux loués.  Elle a demandé au Secrétaire général de remédier à cette situation, avant d’exprimer son inquiétude face à la recommandation du CCQAB, qui demande une proposition de budget révisée plutôt que d’approuver les ressources demandées.  Le Groupe, a souligné la représentante, est « mécontent » d’une recommandation qui privera le Mécanisme de la faculté de mettre en œuvre ses programmes.  Le Groupe soutient la recommandation du CCQAB de conserver le poste de procureur général adjoint et d’assistant spécial dans la division d’Arusha plutôt que de les transférer à La Haye à ce stade, sans justification adéquate. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MARCIO SANDRO ALEIXO PEREIRA BURITY (Angola) a aussi noté que le Mécanisme international avait fait des économies durant l’exercice biennal 2016-2017, notamment en raison de l’appréciation du dollar par rapport à l’euro et au shilling tanzanien, de la diminution des taux d’inflation et de l’absence de procès sur la période.

Le Groupe a toutefois exprimé sa préoccupation face à la dépendance continue et injustifiée du Mécanisme vis-à-vis de la division de La Haye, dépendance qui devrait aboutir au transfert de personnels vers un lieu d’affectation plus coûteux, alors même qu’un nouveau bâtiment est disponible et non encore complètement utilisé à Arusha.  Selon le représentant, cette tendance va à l’encontre de la décision même de fermer le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et de le remplacer par le Mécanisme résiduel.  « Nous souhaitons demander au Secrétaire général qu’il envisage systématiquement le moyen d’utiliser les lieux d’affectation à moindre coût au nom de l’efficacité budgétaire », a déclaré M. Burity. 

Le Groupe des États d’Afrique rejette en outre la recommandation du Comité consultatif qui prie le Secrétaire général d’élaborer un budget révisé et qui recommande de ne pas lui accorder les ressources demandées.  Le Groupe souligne que la décision de ne pas allouer les ressources prévues mettra en péril la mise en œuvre en temps voulu des programmes du Mécanisme.  Il propose, à la place, que les informations révisées soient fournies sous la forme de supplément d’information.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.