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Conseil de sécurité: l’Afrique centrale, une sous-région confrontée à des menaces multiples et parfois transnationales, selon le Représentant spécial

8538e séance – après-midi
CS/13829

Conseil de sécurité: l’Afrique centrale, une sous-région confrontée à des menaces multiples et parfois transnationales, selon le Représentant spécial

Venu présenter la situation en Afrique centrale, le Représentant spécial du Secrétaire général pour cette sous-région, M. François Louceny Fall, a fait état au Conseil de sécurité de crises à la fois politiques et sécuritaires diverses et parfois transnationales, notamment des affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs.

« La situation politique en Afrique centrale est restée instable et très tendue du fait des récentes élections, des problèmes liés à la sécurité et des difficultés rencontrées dans le domaine des droits de l’homme », indique le rapport du Secrétaire général, présenté par M. Fall, qui est aussi le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC).

Les affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs dans plusieurs pays continuent d’être une source de préoccupation et une menace à la sécurité et à l’intégration régionales, s’est-il alarmé.  « Des tensions intercommunautaires récentes dans l’est du Tchad ainsi que les attaques commises le 21 mai dernier contre des villages en République centrafricaine soulignent l’urgence de parvenir à un règlement de la crise entre pastoralisme et transhumance », a exhorté le Représentant spécial.

Si l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a continué, au cours de la période à l’examen, de se livrer à des pillages, et d’enlever des civils, notamment à des fins de travail forcé, les membres du Conseil se sont aussi inquiétés de l’intensification des attaques de Boko Haram au Tchad et au Cameroun depuis fin 2018, en dépit des efforts des pays affectés et de la Commission du bassin du lac Tchad.

Une situation qui impose, selon M. Fall, de renforcer la coopération et de mieux partager expériences et leçons apprises entre les pays concernés et la Force multinationale mixte, ainsi que de répondre aux besoins humanitaires et de s’attaquer aux causes profondes du conflit.  Parmi celles-ci, les changements climatiques, qui exacerbent la paupérisation, une question soulevée par la Côte d’Ivoire et la République dominicaine.  De manière plus générale, note le Secrétaire général dans son rapport, le réchauffement planétaire est « l’un des moteurs de l’évolution des dynamiques de transhumance, susceptibles de porter atteinte aux perspectives de développement, de paix et de sécurité ».

En République centrafricaine (RCA), l’application de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, signé en février 2019, se heurte à plusieurs défis, qui ont soulevé la préoccupation de plusieurs membres du Conseil.  La France a ainsi jugé nécessaire que les parties mettent en œuvre rapidement et de bonne foi cet Accord, en qualifiant d’« inacceptables » les violences récentes commises par le groupe armé 3R, pourtant signataire de ce document.

De son côté, le représentant ivoirien a noté avec inquiétude les « réticences » des groupes armés à traduire en « actes concrets » les engagements auxquels ils ont « librement souscrit ».  Devant ces actes de violence « d’une extrême gravité », le délégué a vigoureusement plaidé aux côtés de la France pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord politique, notamment dans ses dispositions relatives à la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité, à la réalisation du Programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi qu’au déploiement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.

La crise au Cameroun a également retenu l’attention des membres du Conseil, informés par le Représentant spécial que le Président du pays, M. Paul Biya, est prêt à s’engager dans un dialogue sur toutes les questions, sauf celles touchant à la « séparation » et à la « sécession ».  La situation en matière de sécurité est demeurée très préoccupante dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest de ce pays, qui ont été le théâtre d’une nouvelle vague d’enlèvements et d’assassinats au début de 2019, précise le Secrétaire général dans son rapport.

Alors que les civils sont pris en tenaille entre groupes armés sécessionnistes et forces de défense et de sécurité nationales, le Cameroun compte désormais plus d’un demi-million de personnes déplacées, en plus des 30 000 réfugiés qui se trouvent au Nigéria.  Simultanément, le Cameroun accueille 278 000 réfugiés en provenance de la RCA et 104 000 du Nigéria dans la région de l’Extrême-Nord, ce qui démontre la dimension transfrontalière des crises dans cette région.

Alors que la plupart des membres du Conseil de sécurité se sont émus de ces tensions et de ces violences, la Chine a fait cependant observer que la situation au Cameroun « n’est pas inscrite à l’ordre du jour du Conseil » et qu’elle ne représenterait pas, selon elle, de menace à la paix et à la sécurité internationales.

À l’instar du Secrétaire général dans son rapport et de l’Afrique du Sud aujourd’hui, le Représentant spécial s’est félicité des efforts déployés par les autorités tchadiennes pour la tenue d’élections législatives avant la fin de l’année, appelant tous les acteurs à contribuer à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et pacifiques dans les délais envisagés.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE (S/2019/430)

Déclarations

M. FRANÇOIS LOUCENY FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué que, au cours des derniers mois, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait accompli des progrès notables s’agissant de son processus de réformes qui devraient rendre cette organisation sous-régionale plus efficace en termes d’intégration, de prévention et de résolution des conflits, ainsi que de consolidation de la paix.  Le BRENUAC reste prêt à fournir une assistance à cet égard, a indiqué le haut fonctionnaire.  À ce jour, le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale demeure la principale plateforme de discussion des questions de paix et de sécurité pour les pays de la CEEAC, a rappelé M. Fall, en précisant qu’il arrivait tout juste de Kinshasa, où une réunion ministérielle a eu lieu à ce sujet.  À cette occasion, ils ont pris note des efforts déployés par le Gouvernement du Cameroun pour trouver une solution durable à la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, en l’encourageant à poursuivre le dialogue à cette fin.  Par ailleurs, a indiqué M. Fall, les affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs dans plusieurs pays continuent d’être une source de préoccupation et une menace à la sécurité et à l’intégration régionales.  Des tensions intercommunautaires récentes dans l’est du Tchad ainsi que les attaques commises le 21 mai dernier contre des villages en République centrafricaine soulignent l’urgence de parvenir à un règlement de la crise entre pastoralisme et transhumance, a préconisé le Représentant spécial.

Boko Haram a intensifié ses attaques sur le Cameroun et le Tchad depuis fin 2018, tuant près d’une centaine de civils et de membres des forces de défense et de sécurité.  Malgré les efforts louables des pays affectés et de la Commission du bassin du lac Tchad, le groupe terroriste représente toujours une menace sécuritaire pour l’Afrique centrale et au-delà.  « Cette situation impose le renforcement de la coopération et un meilleur partage d’expériences et des leçons apprises entre les pays affectés et la Force multinationale mixte ainsi qu’une assistance internationale plus soutenue pour vaincre Boko Haram, répondre aux besoins humanitaires des populations concernées, et s’attaquer aux causes profondes du conflit », a dit M. Fall.  Selon lui, la Stratégie régionale en faveur de la stabilisation, du redressement et de la résilience des zones du bassin du lac Tchad touchées par Boko Haram, adoptée en août 2018, est source d’espoir.  Il a également noté que l’Armée de résistance du seigneur (LRA) constitue toujours une menace à la paix à la sécurité en Afrique centrale, en particulier en RCA et en RDC. 

S’agissant du Cameroun, le Représentant spécial a noté que le 9 mai dernier, le Premier Ministre Joseph Dion Ngute a annoncé que le Président Paul Biya était prêt à s’engager dans le dialogue sur toutes les questions, sauf celles touchant à la « séparation » et à la « sécession », afin de trouver une solution durable à la crise.  Considérant qu’il s’agissait d’un pas dans la bonne direction, M. Fall a noté que, dans une déclaration en date du 28 mai, le Gouvernement camerounais a rappelé les efforts qu’il a consentis jusqu’à présent pour gérer la situation humanitaire et pour engager le dialogue avec toutes les parties prenantes.  Dans la même déclaration, il a souligné son engagement à coopérer avec les membres du Conseil des droits de l’homme, les autres États Membres, les organismes du système des Nations Unies et autres acteurs bilatéraux.  « Il est également important de souligner que la recherche de solutions à la crise doit être guidée par le Gouvernement.  J’encourage les autorités camerounaises à poursuivre leurs efforts de dialogue et à faire avancer le processus de décentralisation », a ajouté le haut fonctionnaire, en réitérant la disponibilité des Nations Unies à travailler avec le Cameroun dans cette tâche essentielle ainsi que d’autres, comme le désarmement, la démobilisation et la réintégration et la consolidation de la paix, à travers le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, entre autres sources de financement. 

Malgré ces avancées positives, la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun continue de se détériorer avec des affrontements fréquents entre les groupes armés sécessionnistes et les forces de défense et de sécurité nationales.  Les civils demeurent les principales victimes du conflit, s’est alarmé le Chef du BRENUAC.  « Plusieurs ont perdu leur vie tandis qu’environ 530 000 sont des déplacés internes dans les régions du nord-ouest, du sud-ouest et du Littoral, et plus de 30 000 ont trouvé refuge au Nigéria.  Les populations affectées ont un besoin urgent d’assistance, alors que l’accès humanitaire dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest reste un défi à cause des problèmes de sécurité.  En outre, le Cameroun a accueilli 278 000 réfugiés en provenance de la République centrafricaine et 104 000 du Nigéria dans la région de l’Extrême-Nord.  Tout en saluant la fourniture d’aide humanitaire par le Gouvernement, le Représentant spécial a indiqué que seulement 13% du Plan de réponse humanitaire des Nations Unies a été financé à ce jour.  « J’appelle les partenaires internationaux à envisager une aide financière. »

En République centrafricaine (RCA), même si la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation soulève plusieurs défis, cet Accord reste un instrument efficace pour contribuer à l’instauration d’une paix durable dans le pays.  II est crucial que la sous-région et les États membres de la CEEAC jouent leur rôle en vue de la réussite de cet Accord.  À cet effet, le Représentant spécial s’est réjoui de la réactivation de la Commission mixte entre le Cameroun et la RCA à Bangui, le mois dernier.  « J’encourage la RCA et les autres États voisins à réactiver leurs commissions mixtes bilatérales, ce qui devrait faciliter les discussions sur la gestion des frontières et les défis sécuritaires communs. » 

M. Fall a ensuite salué l’annonce du Fonds monétaire international (FMI), le 9 mai, indiquant qu’une mission du FMI a achevé les discussions avec la République du Congo et qu’elle est « parvenue à un accord, ad référendum, qui pourrait être soutenu par un programme au titre de la facilite élargie de crédit ».  Cette évolution favorable intervient après deux années de négociations, a-t-il noté.

M. Fall s’est encore félicité des efforts des autorités tchadiennes pour la tenue d’élections législatives avant la fin de l’année, appelant tous les acteurs à contribuer à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et pacifiques dans les délais envisagés.  Face aux défis précités, le BRENUAC reste fermement attaché au renforcement des capacités régionales de prévention et gestion des crises et conflits, y compris en appuyant la CEEAC et ses États membres.  « Nous sommes confiants que les conclusions de la revue stratégique du BRENUAC en cours contribueront à renforcer l’efficacité du Bureau et son rôle en tant qu’outil essentiel des Nations Unies pour la diplomatie préventive et la consolidation de la paix, en coopération étroite avec les entités des Nations Unies concernées », a conclu le Représentant spécial. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a souligné que la coopération à tous les niveaux est essentielle pour résoudre les problèmes de la région, comme le montre la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA)qui résulte de la coopération entre l’ONU, les organisations régionales et les autorités nationales.  Le représentant s’est ensuite inquiété de la détérioration de la situation humanitaire au Cameroun qui, a-t-il relevé, approche du niveau de crise.  Il a dénoncé les exactions des groupes armés et les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Le représentant a averti du « risque réel d’une crise de longue durée au Cameroun qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la région ».  Il a insisté sur le rôle des partenaires africains pour trouver une issue à la crise, pour ensuite appeler les autorités à instaurer un dialogue politique crédible et à mettre en œuvre des mesures concrètes sur le terrain.  Il a aussi constaté que la région est marquée par un « rétrécissement de l’espace accordé à l’opposition, à la société civile et aux médias », entres autres.

Le délégué s’est aussi soucié de la situation dans le bassin du lac Tchad du fait des actions de Boko Haram et de l’État islamique et a appelé à redoubler d’efforts pour faire face à cette crise.  Le Royaume-Uni est également préoccupé par l’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) et salue la nomination d’un coordonnateur des Nations Unies en la matière.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté que la situation sécuritaire dans la région demeure fragile et a salué les évolutions positives enregistrées pour consolider la gouvernance démocratique, notant que les processus électoraux sont un important facteur de stabilité en Afrique centrale.  Elle a souligné que cette consolidation doit tenir compte de l’expérience et des compétences des femmes.  Elle a aussi appelé les autorités des pays de la région à continuer de renforcer la confiance et à faciliter la tenue d’un dialogue inclusif pour favoriser l’émergence d’un environnement politique stable et constructif.  La représentante a ensuite condamné les actes de violence commis par des groupes armés dans la région du bassin du lac Tchad, en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC). 

La représentante s’est plus particulièrement inquiétée de la situation au Cameroun et au Burundi et a appelé les autorités de ces deux pays à prendre des mesures immédiates pour prévenir tout abus ou violation des droits de l’homme.  Elle a également engagé le Gouvernement camerounais à autoriser le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à mener une mission sur place.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a commencé par revenir sur la situation en République centrafricaine (RCA), jugeant nécessaire que les parties mettent en œuvre rapidement et de bonne foi l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, signé le 6 février dernier à Bangui.  Ainsi, les violences récentes commises par le groupe 3R dans la région de Paoua sont « particulièrement inacceptables ».  Selon la représentante, la priorité doit aller à l’arrêt des violences commises par les groupes, à leur désarmement et à leur démobilisation, ainsi qu’à la restauration progressive de l’autorité de l’État sur tout le territoire.  Le Gouvernement doit également lancer la procédure d’adoption d’une loi sur la décentralisation et la mise en place de la Commission vérité, justice, réconciliation et réparation. 

« Nous sommes très préoccupés par la dégradation de la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, a poursuivi Mme Gueguen.  « Nous poursuivons nos efforts pour encourager les autorités camerounaises à lancer un dialogue politique inclusif, à mettre en œuvre des mesures de détente, et à approfondir la décentralisation. »  Elle a appelé également l’ensemble des acteurs à cesser les violences, à assurer la restauration de l’état de droit, et à respecter l’intégrité territoriale du Cameroun « qui ne peut être remise en cause ».  La France estime à ce titre que « des messages similaires passés par l’Union africaine et la région seraient utiles ».  S’agissant ensuite de Boko Haram, la France, a assuré Mme Gueguen, continuera d’accompagner la force multinationale mixte dans sa lutte contre le terrorisme.  Outre le rétablissement de la sécurité, la réintégration des anciens combattants, la réconciliation et les activités de protection des femmes et des jeunes revêtent un caractère essentiel.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a noté avec satisfaction l’organisation, dans des environnements globalement apaisés, d’élections dans plusieurs pays d’Afrique centrale, ainsi que la signature, le 6 février dernier, de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA).  Mais, il a noté aussi avec inquiétude les réticences des groupes armés à traduire en actes concrets les engagements auxquels ils ont librement souscrit, condamnant les violences qu’ils ont perpétrées dans le nord-ouest de la RCA ces dernières semaines.  Devant ces faits « d’une extrême gravité », la protection des civils apparaît comme une urgence absolue, a estimé le représentant, qui a plaidé pour une mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix, notamment dans ses dispositions relatives à la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité, à la réalisation du Programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi qu’au déploiement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national. 

La Côte d’Ivoire a ensuite relayé les préoccupations du Conseil sur la situation sécuritaire et humanitaire dans le bassin du lac Tchad où sévissent les groupes armés terroristes tels que Boko Haram et des réseaux criminels transfrontaliers.  Elle reste persuadée que l’approche sécuritaire portée par les États de la région doit être soutenue par des efforts de développement économique et social et de lutte contre les effets des changements climatiques.  « Mon pays est d’avis que les effets des changements climatiques sont source de violences intercommunautaires et de conflits récurrents entre éleveurs et paysans », a ajouté M. Adom. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que ce dernier rapport démontre à quel point certains défis et menaces sécuritaires, en raison de leur caractère transfrontalier, rendent l’analyse régionale nécessaire, citant notamment la problématique de groupes armés comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram.  Il s’est inquiété de la situation au Cameroun et a appelé à faire prévaloir le dialogue, à garantir l’accès humanitaire et à respecter le droit international humanitaire.  Vu la nature « holistique » de la crise, a-t-il ajouté, nous devons tous y apporter une réponse, à la fois aux niveaux sous-régional, régional et de l’ONU, mais également aux niveaux des États Membres et des acteurs humanitaires, des groupes confessionnels ou appartenant à la société civile.

M. SHAOJUN YAO (Chine) a constaté que la région a été marquée par des progrès, citant notamment la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA) et l’adoption d’une politique commune sur la migration par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), constatant toutefois que des facteurs liés à la maladie, entres autres, limitent les perspectives pour les pays d’Afrique centrale.  Il a estimé que ceux-ci doivent régler leurs différends par le dialogue politique et appelé à lancer des efforts de médiation à cette fin.  Il a aussi jugé nécessaire d’analyser l’impact, sur l’Afrique centrale, de la situation dans d’autres régions africaines.

La capacité des pays à régler leurs problèmes de manière autonome doit être appuyée, a ajouté le représentant, citant notamment le développement durable et la lutte contre les trafics d’armes.  Il a salué les efforts déployés pour combattre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et appelé la communauté internationale à renforcer sa coopération avec les pays de la région.  Des efforts s’imposent aussi pour combattre la piraterie dans le golfe de Guinée.  Après avoir engagé l’ONU à jouer un rôle renforcé dans la région par l’intermédiaire du BRENUAC, le délégué a, par ailleurs, fait observer que « le Cameroun n’est pas inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité » et que « la situation qui prévaut dans ce pays ne représente pas une menace à la paix et à la sécurité internationales ».

Mme BERIOSKA ILUMINADA MORRISON GONZÁLEZ (République dominicaine) a salué la tenue des élections législatives au Tchad, le transfert de pouvoir pacifique en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA).  À cet égard, elle a demandé à tous les acteurs de respecter leurs engagements.  La représentante a, cependant, regretté que la situation sécuritaire dans certaines parties de la région reste précaire du fait de l’activité de groupes armés, tels Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), de conflits ethniques et de la violence intercommunautaire entre éleveurs et agriculteurs.  Pour contrer les groupes armés, a fait valoir la déléguée, la communauté internationale doit accompagner des initiatives nationales et régionales, à travers un processus ouvert de dialogue et une stratégie renforcée dans le cadre du Fonds pour la consolidation de la paix et des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration. 

Dans cet esprit, la représentante s’est félicitée de la signature d’un mémorandum d’accord entre le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), avec le secrétariat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), en vue d’appuyer l’application de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre.  Elle a également mis l’accent sur les effets des changements climatiques qui, combinés aux conséquences humanitaires de tant d’années de conflits, constituent un défi pour la région.  Enfin, elle a exhorté les organisations régionales, notamment l’Union africaine, à intensifier leurs efforts en matière de médiation et de dialogue, en incluant la société civile. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a reconnu le rôle important que joue le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique centrale et s’est félicité de la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine et de la formation d’un gouvernement inclusif dans ce pays.  Il a appelé les parties centrafricaines à faire passer les intérêts de la population et du pays avant toutes autres considérations.  En ce qui concerne la RDC, il a salué la tenue des élections dans une atmosphère relativement calme qui a résulté en un transfert de pouvoir pacifique.  M. Matjila s’est, par ailleurs, inquiété de la tentative de coup d’État au Gabon en janvier.  Il a exhorté le BRENUAC à maintenir son assistance aux pays de la région pour la conduite d’élections crédibles et inclusives.  Il s’est dit encouragé par l’amélioration de la situation sécuritaire dans la région du Pool en RDC et par l’apaisement au Tchad après les tensions sociales.  Pour ce qui est du Cameroun, il s’est dit inquiet de la détérioration de la situation humanitaire mais encouragé par les efforts des autorités pour stabiliser la situation.

Le représentant a également abordé le problème des attaques dans la région contre des civils par des groupes armés et des terroristes, ainsi que celui de la piraterie dans le golfe de Guinée, avant de se dire satisfait des efforts de lutte contre le trafic de flore et de faune par les autorités gabonaises et camerounaises.  Sur le plan humanitaire, M. Matjila a exhorté les partenaires à poursuivre leur aide à la population dans le besoin et a demandé aux gouvernements de faciliter l’arrivée de l’aide.  Sur les questions transversales, il a apprécié les efforts de l’ONU pour améliorer la cohérence et la coordination dans la région.  Enfin, il a dit être inquiet de la menace posée par l’ Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République centrafricaine et en RDC, réaffirmant la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA du 20 septembre 2018 à cet égard.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a considéré que le Représentant spécial, M. Fall, est à bien des égards un « catalyseur » de l’action de l’ONU en Afrique centrale.  Il a salué le rôle de coordination que joue le BRENUAC avec l’Union africaine.  Le représentant a souhaité que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA)dure, même s’il s’est déclaré inquiet des violences récentes qui le mettent à l’épreuve.  S’agissant de la situation au Cameroun, le délégué s’est félicité de la tenue, la semaine dernière, d’une séance en formule Arria, qui a permis de faire le point sur la crise dans ce pays. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les efforts du BRENUAC pour rapprocher les positions des acteurs de différends processus de paix, citant notamment la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA) et l’annonce de la libération des prisonniers politiques par le Président Tshisekedi en République démocratique du Congo (RDC).  Le représentant s’est ensuite inquiété du conflit latent qui sévit dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun et a jugé fondamental que les acteurs humanitaires puissent bénéficier d’un accès complet à ces régions.  Il a, par ailleurs, estimé que la crise au Burundi ne pourra être résolue que par l’intermédiaire d’un dialogue intraburundais.  Plus généralement, le représentant a appelé à lutter contre le trafic d’espèces sauvages et de ressources naturelles, et à répondre à la situation dans les couloirs de transhumance ainsi que sur les voies maritimes.  Il a condamné les attaques perpétrées par des groupes terroristes dans la région du bassin du lac Tchad.

M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a indiqué que son pays, en tant que membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), était reconnaissant à M.  Fall pour son travail et notamment ses nombreux déplacements dans la sous-région.  La Guinée équatoriale, a-t-il assuré, continuera d’appuyer le BRENUAC et de créer des synergies pour promouvoir la coopération bilatérale, tout en renforçant la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant a salué les avancées enregistrées dans la région comme les élections pacifiques en RDC, saluant au passage la tenue de la réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, du 27 au 31 mai à Kinshasa.  Il a également cité les progrès accomplis en République centrafricaine ainsi que le retour à la normale au Burundi.

Le Gouvernement de la Guinée équatoriale a émis un communiqué le 8 janvier 2019 pour rejeter vivement la tentative de coup d’État à Libreville la veille, a rappelé le délégué.  Concernant le Cameroun, il s’est inquiété de la situation humanitaire qui s’aggrave à cause de l’afflux de réfugiés venant de pays de la sous-région.  Il a dès lors salué les mesures prises par les autorités camerounaises pour faire face à la situation humanitaire.  Par ailleurs, le délégué a rappelé avec satisfaction l’objectif de « faire taire les armes en Afrique » d’ici à 2020.  L’année 2020 sera également importante aux yeux de la délégation, car ce sera le vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, un moment crucial donc pour l’agenda « femmes, pax et sécurité ».  Avant de conclure, le représentant s’est inquiété du sort des nombreuses personnes déplacées dans la région et des activités déstabilisantes des groupes armés.

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est félicité des efforts de médiation déployés par le Représentant spécial, comme par exemple dans les régions du nord-ouest du sud-ouest au Cameroun, où des millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.  Il a dénoncé les agissements de groupes armés qui détournent l’aide humanitaire ou entravent l’accès aux populations dans le besoin.  Le représentant s’est félicité du Plan d’assistance humanitaire lancé par le Gouvernement, avant de s’émouvoir des abus et des violations qui se multiplient au Cameroun, ainsi que des signalements d’exécutions extrajudiciaires.  Il a, en outre, qualifié de « déplorable » le refus des autorités camerounaises d’admettre dans le pays un expert des droits de l’homme.  La délégation américaine leur a demandé de respecter leurs obligations judiciaires en jugeant l’opposant Maurice Kamto ou en mettant fin à sa détention provisoire.  Il a salué, en conclusion, la détermination des autorités camerounaises à engager un dialogue avec toutes les parties prenantes.  Le délégué a souhaité qu’un examen stratégique des activités du BRENUAC soit conduit plus tard cette année. 

M. ROLLIANSYAH SOEMIRAT (Indonésie) a appelé à tirer parti de l’élan positif enregistré dans la région depuis le début de l’année, citant notamment le transfert pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA).  Il faut, selon lui, s’attaquer aux racines des conflits.  Soulignant qu’un processus électoral inclusif, authentique et crédible est essentiel pour la région, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts des gouvernements concernées pour renforcer la confiance.  Il s’est ensuite inquiété de l’impact des actes de violence commis par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram.  En conclusion, il a insisté sur l’importance d’établir un partenariat entre les organisations régionales et sous-régionales en collaboration avec l’ONU.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que les forces africaines doivent être elles-mêmes à la tête des efforts en vue de sécuriser leurs propres pays, avec le soutien de la communauté internationale.  Il a souligné que des succès considérables avaient été accomplis contre Boko Haram, qui reste cependant capable de mener des attaques meurtrières, notamment au Tchad.  Le représentant a jugé préoccupante l’arrivée d’ex-combattants de l’État islamique dans les rangs de cette organisation terroriste.  La Fédération de Russie a assuré qu’elle continuerait d’accompagner les efforts en vue de mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA).  La délégation a ensuite rappelé que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) continue de poser des problèmes.  Enfin, son représentant s’est dit conscient des divisions qui prévalent au Cameroun, affirmant qu’elles doivent être réglées dans le cadre d’un dialogue interne entre toutes les parties prenantes. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris note des faits recensés dans le dernier rapport du Secrétaire général, saluant notamment le premier transfert pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA).  Il a appelé au bon déroulement des scrutins prévus dans plusieurs pays, dont l’Angola.  Il a appelé à renforcer la coopération entre les pays de la région et avec les organisations régionales et sous-régionales, afin de trouver des solutions aux crises qui frappent l’Afrique centrale, en particulier les actes de violence commis par Boko Haram.  Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire dans la région et de l’impact de l’épidémie d’Ebola en RDC.  Enfin, il a appuyé l’intégrité territoriale du Cameroun et la non-ingérence dans ce pays. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​L’Assemblée générale appelle à un calendrier pour le retour des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud en Géorgie

Soixante-treizième session,
88e séance plénière – après-midi
AG/12151

​​​​​​​L’Assemblée générale appelle à un calendrier pour le retour des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud en Géorgie

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui sa résolution annuelle*sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud en Géorgie, par 79 voix pour, 15 voix contre et 57 abstentions, à l’issue d’un vote demandé par la Fédération de Russie.

L’Assemblée invite ainsi tous les participants aux pourparlers de Genève à redoubler d’efforts en vue d’établir une paix durable, à s’engager à renforcer la confiance et à prendre immédiatement des mesures pour faire respecter les droits de l’homme et instaurer des conditions de sécurité propices au retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers.  Elle souligne qu’il faut fixer un calendrier pour leur retour.

La Géorgie, qui a présenté la résolution, s’est fait le porte-parole de ses 400 000 déplacés de force mais aussi de ceux de la Syrie, du Venezuela et du Myanmar « parce que les voix géorgiennes ne diffèrent en rien de celles des soixante-dix millions de déplacés dans le monde ».  Les raisons de leur déplacement peuvent être différentes, mais leur souffrance est la même, a-t-elle souligné, en ajoutant que la résolution s’inspire des principes directeurs de la question des déplacés et appelle au respect de trois d’entre eux, à savoir le droit au retour en toute sécurité et dignité, y compris les droits patrimoniaux; le caractère inacceptable des changements démographiques; et l’impératif d’un accès humanitaire sans entrave.

L’attachement sans faille de la Géorgie aux pourparlers de Genève, un format négocié entre elle et la Fédération de Russie et coprésidé par les Nations Unies, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) « semble aujourd’hui à sens unique ».  C’est, a souligné la Géorgie, ce qui explique l’impasse d’une situation de 10 ans, en dépit des appels répétés du Secrétaire général.

La Géorgie a dénoncé « les clôtures en fil rasoir » sur 49 kilomètres en Abkhazie et sur 52 kilomètres dans la région de Tskhinvali/ Ossétie du Sud.  Ces territoires restent des « trous noirs » où l’impunité règne en maître, où les graves violations des droits de l’homme sont monnaie courante et où les observateurs des droits de l’homme sont interdits.  Nous restons néanmoins, a assuré la Géorgie, attachés à un règlement pacifique comme en atteste l’initiative de paix « Vers un avenir meilleur ».  Nous voulons réconciliation et réintégration.

La plupart des délégations, dont le Canada, les États-Unis et l’Ukraine, coauteurs de la résolution, ainsi que la Lituanie, au nom des huit pays baltes et nordiques, ont réaffirmé leur attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues et ont exhorté la Fédération de Russie à mettre fin à son interférence et à respecter les engagements pris dans le cadre de l’OSCE.  Préoccupés par le refus russe et d’autres participants de Tskhinvali et Soukhoumi de participer aux pourparlers de Genève dès lors que la question des déplacés et des réfugiés est mise sur la table, « alors même qu’elle est au cœur du mandat des pourparlers », comme l’a souligné la représentante de la Lituanie, les pays baltes et nordiques ont demandé à l’ONU de rester saisie de ce dossier. 

Au nom de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique (GUAM), l’Ukraine a estimé que les objectifs de la résolution sont purement humanitaires.  Il s’agit en effet, a renchéri le Royaume-Uni, d’une question de droits de l’homme.  Il a d’ailleurs regretté que le texte ait été lié à « d’autres processus politiques ».

Cette résolution, a contré la Fédération de Russie, est bel et bien « politisée » et a pour objectif d’empêcher la normalisation de la situation.  Ce texte, a-t-elle estimé, tente « de forcer à la soumission », une approche qui ne passe pas auprès des peuples du Caucase.  Cette résolution annuelle a des répercussions négatives sur les pourparlers de Genève.  Il faut, a plaidé la Fédération de Russie, un débat sur une coexistence pacifique.

Les États-Unis ont profité de l’occasion pour rappeler que le monde commémore aujourd’hui le trentième anniversaire des manifestations de Tiananmen, en Chine, et pour présenter les condoléances du Gouvernement américain aux familles des victimes.  Depuis la création de la nouvelle république, a répliqué la Chine, nous avons prouvé que notre voie est la bonne.  Notre peuple la soutient d’ailleurs depuis plus de 70 ans.  Reprochant aux États-Unis d’avoir attaqué frontalement son système politique et de critiquer de manière éhontée sa politique des droits de l’homme, la Chine a dénoncé une violation des normes régissant les relations internationales et a dit craindre l’érosion de la confiance entre les deux pays. 

Aux États-Unis, s’est-elle emportée, certaines personnes agissent comme si elles mènent le monde à la baguette.  Sous couvert de démocratie, elles s’arrogent le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures des autres pays, tout en occultant leurs propres problèmes.  La Chine espère que les États-Unis arrêteront ces attaques infondées car ils finiront par s’en mordre les doigts devant tous.

* A/73/L.89

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale élit par acclamation M. Tijjani Muhammad-Bande, du Nigéria, à la présidence de sa soixante-quatorzième session

Soixante-treizième session,
87e séance plénière – matin
AG/12149

L’Assemblée générale élit par acclamation M. Tijjani Muhammad-Bande, du Nigéria, à la présidence de sa soixante-quatorzième session

En présence du Secrétaire général de l’ONU, l’Assemblée générale a élu ce matin par acclamation M. Tijjani Muhammad-Bande, Représentant permanent du Nigéria auprès des Nations Unies, à la présidence de sa soixante-quatorzième session.

Ayant passé une quarantaine d’années dans les allées des institutions politiques et stratégiques de son pays, comme l’a souligné le Groupe des États d’Afrique, M. Tijjani Muhammad-Bande s’est donné comme priorité la pleine mise en œuvre des mandats existants et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est engagé à promouvoir des partenariats avec toutes les parties prenantes pour réaliser « nos objectifs communs » et assurer la paix et la prospérité. 

La commémoration l’année prochaine du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, a estimé M. Bande, sera une occasion unique de rétablir un certain degré de confiance entre les nations, « puisque nous avons tous les mêmes aspirations et n’avons d’autre choix que de travailler ensemble ».  Si nous voulons concrétiser la vision de nos pères fondateurs, nous devons tout faire, a estimé M. Muhammad-Bande, pour que le cynisme et l’indifférence ne s’infiltrent pas au sein de notre Organisation.  L’Assemblée générale doit jouer son rôle de réconcilier les points de vue et de promouvoir l’action collective face à toutes les questions internationales qui méritent son attention.  Cela doit se faire, a souligné M. Muhammad-Bande, en étroite collaboration avec le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).

« Professeur Muhammad-Bande, vous apportez à vos nouvelles fonctions des compétences importantes et admirables », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Représentant permanent du Nigéria, vous connaissez bien les Nations Unies.  Universitaire, vous êtes un spécialiste des sciences politiques et de l’administration publique.  Nigérian et Africain, a ajouté le Secrétaire général, vous avez un point de vue pertinent sur les défis du continent, tels que le Sahel et le bassin du lac Tchad, mais aussi sur ceux du monde. 

Avec les représentants des cinq groupes régionaux, le Secrétaire général a salué le travail remarquable de la Présidente sortante, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur.

Conformément à la pratique, M. Guterres a attribué, par tirage au sort, le premier siège de la première rangée de la salle de l’Assemblée générale au Ghana.  C’est à partir de ce siège que seront installés les autres États par ordre alphabétique anglais.

Les 21 vice-présidences de l’Assemblée seront assumées, comme le veut le règlement, par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à savoir la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni.  Les 16 autres sont le Cabo Verde, le Congo, l’Éthiopie, la Tunisie et le Zimbabwe, pour le Groupe des États d’Afrique; l’Indonésie, Oman, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour et l’Ouzbékistan, pour le Groupe des États d’Asie; la Croatie, pour le Groupe des États d’Europe orientale; l’Argentine et Trinité-et-Tobago, pour le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, le troisième poste restant à pourvoir; et enfin Malte et la Turquie, pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.

L’Assemblée générale a aussi élu les membres des bureaux de ses grandes commissions, à l’exception de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.

La Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale sera présidée par M. Sacha Sergio Llorentty Solíz (Bolivie) avec aux vice-présidences Mme Amal Mudallali (Liban) et M. Peter Horne (Australie).  La dernière vice-présidence, qui revient au Groupe des États d’Afrique, sera pourvue à une date ultérieure.  Mme Szilvia Balázs (Hongrie) assumera les fonctions de Rapporteur.

La Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières aura à sa présidence M. Cheikh Niang (Sénégal) et à ses vice-présidences Mmes Yuliana Zhivkova Angelova (Bulgarie) et Anat Fisher-tsin (Israël) et M. Ahmad Saif Y.A. Al-Kuwari (Qatar).  M. David Mulet Lind (Guatemala) a été élu Rapporteur.  

Les travaux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles seront dirigés par M. Christian Braun (Luxembourg), lequel sera épaulé par Mme Maria Emilia Eyheralde Geymonat (Uruguay) et M. Ihor Yaremenko (Ukraine).  La troisième vice-présidence, qui revient au Groupe des États d’Afrique, sera pourvue à une date ultérieure.  M. Firas Hassan jabbar Al-Khaqani (Iraq) assumera les fonctions de Rapporteur.

M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom (Iraq) a été élu Président de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.  Aux vice-présidences se retrouvent Mme Andrea Bacher (Autriche) et MM. Ahidjo (Cameroun) et Peter Pindják (Slovaquie).  L’élection du Rapporteur se fera à une date ultérieure.

Enfin, les travaux de la Sixième Commission chargée des questions juridiques, seront présidés par M. Michal Mlynar (Slovaquie), avec comme Vice-Présidents Mme Cecilia Anderberg (Suisse) et MM. Pablo A. Arrocha Olabuenaga (Mexique) et Mohamed Hamad S. J. Al-Thani (Qatar) qui occupera aussi le poste de Rapporteur. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG clôt sa session de 2019 et recommande à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif spécial à 219 organisations

Session de 2019 (Reprise),
29e séance – matin
ECOSOC/6995-ONG/896

Le Comité des ONG clôt sa session de 2019 et recommande à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif spécial à 219 organisations

Le Comité chargé des ONG, présidé par M. Mohamed Sallam, du Soudan, a adopté, ce matin, le rapport final de sa deuxième reprise de session tenue du 16 au 24 mai.  Le Comité a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à une ONG et le statut consultatif spécial à 219 autres.

Au cours de cette partie de session, le Comité, a rappelé son Vice-Président, M. Nadav Yesod, d’Israël, a examiné en tout 508 dossiers.  Parmi eux, seule l’ONG luxembourgeoise « International Association for the Exchange of Students for Technical Experience (IAESTE) » a obtenu le statut consultatif général.  IAESTE est une association de comités nationaux qui défend les intérêts des universités, du monde de l’industrie et des étudiants.  L’ONG travaille pour 4 000 étudiants, 3 000 employeurs et 1 000 universités, en organisant des stages à l’étranger, des programmes d’accueil, des réseaux et autres activités professionnelles dans plus de 80 pays dans le monde.  L’ONG estime qu’elle contribue directement aux objectifs de développement durable sur l’éducation de qualité, l’égalité entre les sexes, le travail décent, l’innovation, la paix et la justice et les partenariats.  Elle a convaincu le Comité qui, en lui accordant le statut consultatif général, la fait entrer dans la catégorie des grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  IAESTE est désormais autorisée à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le Comité a, par ailleurs, reporté sa décision sur 268 ONG priées d’apporter des précisions.  Il a aussi pris note de huit changements de noms et reporté sa décision concernant une demande de fusion.  Le Comité des ONG a en outre pris note de 245 rapports quadriennaux sur les 320 examinés.  Vingt et un dossiers ont été clos sans préjudice puisque les ONG concernées n’ont pas répondu aux questions du Comité malgré trois rappels. 

Composé de 19 États Membres, le Comité des ONG peut recommander, outre le statut consultatif général, deux autres statuts auprès de l’ECOSOC.  Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique.  Elles peuvent soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Le Comité a également créé un Groupe de travail informel et s’est donné rendez-vous du 20 au 29 janvier 2020 et une nouvelle fois du 18 au 28 mai. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: multiplication des appels à lever les obstacles à une victoire totale contre le VIH/sida

Soixante-treizième session,
86e séance plénière – matin
AG/12148

Assemblée générale: multiplication des appels à lever les obstacles à une victoire totale contre le VIH/sida

« L’élimination du VIH/sida est à notre portée », a affirmé, ce matin, la Présidente de l’Assemblée générale, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, au cours de la séance consacrée à l’examen de la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de 2001 et des Déclarations politiques qui ont suivi, dont la dernière remonte à 2016. 

Le rapport du Secrétaire général intitulé « Stimuler les ambitions mondiales de mettre fin à l’épidémie de sida après une décennie de progrès » est clair: « la détermination de la communauté internationale à vaincre l’une des plus grandes crises sanitaires de l’histoire a permis de réaliser des progrès remarquables ».  En 2017, 21,7 millions de personnes dans le monde recevaient des traitements antirétroviraux, soit 5,5 fois plus qu’il y a 10 ans.  Les programmes de communication sur le changement des attitudes et de distribution de préservatifs ont permis de réduire l’incidence de l’infection à VIH dans divers milieux et de plus en plus de pays ont éliminé la transmission mère-enfant du VIH. 

À l’échelle mondiale, les décès causés par des maladies associées au sida dans toutes les tranches d’âge et les cas d’infection d’enfants par le VIH ont été réduits de presque la moitié, et les nouveaux cas d’infection chez les adultes ont diminué de 19%.  Ces progrès, a tempéré le Brésil, doivent être perçus comme un encouragement et non comme un accomplissement, puisque de nombreux défis restent à relever. 

La Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a en effet reconnu le caractère inégal des progrès.  Depuis 2010, par exemple, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont enregistré une augmentation de 30% des infections.  Quelque 25 000 à 30 000 nouvelles infections sont signalées chaque année dans l’Union européenne.  En 2018, 14% des 800 000 personnes vivant avec le VIH/sida n’avaient pas été diagnostiquées.  En Afrique subsaharienne, a alerté, à son tour, le Groupe des États d’Afrique, les connaissances qu’ont les jeunes de l’épidémie stagnent depuis 20 ans, d’où le taux élevé des infections parmi les adolescents et les jeunes femmes dont de nombreuses mères.  Il est regrettable, s’est impatientée la Norvège, qu’un grand nombre de ces questions continuent de faire l’objet de controverses à l’ONU.  Pourquoi est-il si difficile de parvenir à un consensus sur les droits à la santé reproductive? se sont impatientés le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (CANZ).  Or, l’avenir de la riposte au VIH nécessitera que nous regardions au-delà de la prestation des soins et que nous veillions à ce que ces droits soient intégrés à la couverture sanitaire universelle, a martelé la Norvège.  La réponse complète au VIH/sida ne peut seulement reposer sur des politiques de santé publique.  Il faut tenir compte de la dimension de droits de l’homme et des mesures sociétales proactives pour combattre la stigmatisation et l’exclusion, a renchéri le Liechtenstein.

Le sida reste la quatrième cause de mortalité dans les pays à bas revenu et la deuxième en Afrique subsaharienne, a souligné le Groupe des États d’Afrique.  Comme il s’agit d’un continent en proie aux conflits, aux troubles sociaux et aux catastrophes induites par les changements climatiques, lesquels sont autant de facteurs qui poussent les gens à partir, il faut faire attention au risque que le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente. 

Devant ce constat, les 25 délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont toutes salué les six recommandations du Secrétaire général pour « stimuler les ambitions mondiales ».  M. António Guterres recommande d’abord de redynamiser la prévention primaire du VIH puis de diversifier le dépistage et de différencier la prestation des soins de santé pour atteindre la cible 90-90-90 tendant à ce que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut VIH, que 90% d’entre elles suivent un traitement et enfin que 90% de ces dernières atteignent un niveau de charge virale indétectable. 

Le Secrétaire général recommande aussi de mettre en place un environnement juridique et politique favorable afin d’atteindre les populations marginalisées et vulnérables, dont les populations à risque.  Les États devraient en outre mobiliser des ressources additionnelles et les affecter là où elles sont le plus nécessaires.  La somme de 14 milliards de dollars étant demandée au titre du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2020-2022, la France, qui accueillera la sixième conférence de reconstitution du Fonds le 10 octobre prochain à Lyon, a dit attendre des engagements concrets pour la hausse des budgets nationaux de la santé et la gratuité des soins.  L’Union européenne a promis de maintenir son engagement financier au même niveau, voire plus, elle qui a déjà versé au Fonds 2 milliards de dollars depuis 2002, soit 50%.

Dans ses recommandations, le Secrétaire général parle également de soutenir les populations afin qu’elles puissent jouer leur rôle essentiel car la mobilisation « exceptionnelle » de la société civile a permis de mener une lutte tout aussi « exceptionnelle » contre le VIH à l’échelle mondiale.  Il plaide enfin pour l’intégration du programme global de lutte contre le VIH dans la couverture sanitaire universelle, arguant que la réunion de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra sur cette question en septembre 2019 sera l’occasion idoine.  « Nous le devons aux millions de personnes que nous n’avons pas pu sauver », a conclu la Présidente de l’Assemblée générale.

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA (A/73/824)

Déclarations liminaires

L’élimination du VIH/sida est désormais à notre portée, a déclaré Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale.  Elle a rappelé la Déclaration d’engagement, ce document « remarquable » que l’Assemblée générale a adopté pour maintenir au cœur de l’agenda international et traduire l’engagement à lutter contre le VIH/sida dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les avancées considérables faites, sous le leadership d’ONUSIDA, sont un des meilleurs exemples de l’efficacité du multilatéralisme, a estimé la Présidente.  Ce qui était il y a peu une sentence de mort, est devenu une maladie chronique pour autant que la personne ait accès à la thérapie antirétrovirale.  En 2017, un nombre record de 21,7 millions de personnes séropositives avaient accès à cette thérapie, soit cinq fois plus qu’il y a 10 ans.

De plus en plus de pays ont éliminé la transmission de la mère à l’enfant, a-t-elle poursuivi, mais nous ne pouvons pas baisser les bras.  Il faut intensifier nos efforts collectifs étant donné que les progrès n’ont pas été égaux partout.  Pour remporter la bataille, a prévenu la Présidente de l’Assemblée, il faut réaliser la cible 90-90-90, à savoir lancer des initiatives concrètes pour que les gens aient accès à des services intégraux de prévention, de dépistage et de traitement.  Il sera impossible, a-t-elle aussi prévenu, de stopper l’épidémie si les personnes atteintes sont stigmatisées.  Dans ce contexte, la Présidente a attiré l’attention sur la vulnérabilité particulière des populations autochtones et des réfugiés.  L’accès de tous aux traitements est crucial, a-t-elle martelé.

Pour cela, a-t-elle reconnu, il faudra combler le manque de financement.  Elle a donc insisté sur un engagement plus significatif des donateurs et sur une meilleure mobilisation des ressources nationales.  La prochaine conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, prévue en octobre 2019 à Lyon, sera un rendez-vous « décisif » tout comme la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la couverture sanitaire universelle qui devrait veiller à ce que la lutte contre le VIH/sida soit incluse dans les prestations sanitaires.  Nous le devons aux millions de personnes que nous n’avons pas pu sauver, a conclu la Présidente.

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a relevé qu’il y a 30 ans, quand débutait l’épidémie du VIH/sida, la souffrance et la mort semblaient imparables et la stigmatisation sévissait dans le monde entier.  Avec la mobilisation de la communauté internationale, les choses ont changé.  Huit millions de décès ont été évités depuis 2000 et les trois quarts des personnes vivant avec le virus connaissent désormais leur statut sérologique.  De même, certains pays ont même éliminé la transmission de la mère à l’enfant et certains des succès ont été possible grâce à l’effort des communautés.  La fin du « VIH/sida pédiatrique » est donc à notre portée, s’est réjouie la Chef de Cabinet, avant de souligner que la lutte contre le sida passe par la lutte contre la stigmatisation et l’éducation des citoyens afin de leur permettre de choisir librement leur vie. 

Mme Viotti a noté qu’ONUSIDA a été à l’avant-garde des succès.  Mais, a-t-elle reconnu, les progrès restent inégaux.  Depuis 2010, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont enregistré une augmentation de 30% des infections.  Entre temps, quelque 15 millions de personnes vivant avec le virus n’ont toujours pas accès au traitement, souvent à cause de la honte ou de la stigmatisation.  « Quand les gens cachent leur état ou l’ignore, ils peuvent rater un traitement », a dit la Chef de Cabinet qui s’est insurgée contre les politiques criminalisant les travailleurs du sexe et les malades.  Les États, a-t-elle estimé, doivent redoubler d’efforts pour que personne ne se sente stigmatisée ou discriminée, soulignant la nécessité d’élargir l’accès aux soins de santé, y compris aux groupes marginalisés comme les travailleurs du sexe et les migrants. 

Mme Viotti a rappelé que les maladies liées au sida restent la principale cause de décès chez les femmes âgées de 15 à 49 ans.  Il faut donc lutter contre les inégalités entre les sexes et les stéréotypes sexistes.  Il faut « réparer les déséquilibres du pouvoir » et lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles.  Elle a souhaité qu’en septembre prochain, les États renouvellent leur engagement en faveur des cibles du VIH/sida contenues dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Nous devons redoubler d’efforts si nous voulons respecter la promesse d’éradiquer le VIH/sida d’ici à 2030 », a-t-elle martelé en soulignant que « les progrès remarquables que nous avons accomplis jusqu’à présent montrent que c’est possible ».

Débat général

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), Mme GILLIAN BIRD (Australie) a considéré que, malgré les progrès accomplis, l’épidémie de VIH demeure un défi de taille, comme le montrent les statistiques d’ONUSIDA indiquant que 36,9 millions de personnes dans le monde sont séropositives.  Chaque semaine, près de 7 000 jeunes femmes de plus sont infectées et, en 2017, le nombre de morts causés par la maladie a atteint le chiffre de 940 000 personnes.  Le déclin des nouvelles infections est trop lent, et certains pays font l’expérience d’une hausse de la prévalence, s’est alarmée la représentante.  Elle s’est déclarée aussi profondément préoccupée des difficultés à parvenir à un consensus s’agissant des droits à la santé sexuelle et reproductive et de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination des populations marginalisées, des questions qui figurent, selon elles, au cœur même d’une réponse efficace contre la pandémie.  Or, la Déclaration d’engagement de 2016 a mis l’accent sur les droits humains et la levée des obstacles aux traitements et aux soins adéquats.  Pour l’Australie, il est donc essentiel que les efforts en vue de réaliser la couverture sanitaire universelle comprenne une réponse globale au VIH et un engagement vigoureux au niveau communautaire, ancré dans la prévention.

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que sa région est la plus touchée de toutes les régions au monde.  Chaque gouvernement met en place des programmes adaptés à ses priorités nationales, fondés sur la stratégie sous-régionale et sur la Déclaration politique de 2016.  Le délégué s’est félicité du fait que des pays comme la Namibie et l’Afrique du Sud ont des taux « très élevés » de prise en charge des malades et avec l’aide de la communauté internationale, la SADC a créé des cliniques transfrontalières pour traiter les populations particulièrement mobiles.

La couverture sanitaire universelle est une priorité de la région, a affirmé le représentant, en mettant l’accent sur les investissements faits dans les infrastructures de santé.  Il a dit attendre avec intérêt la déclaration politique que l’Assemblée générale devrait adopter au mois de septembre.  Il a souhaité un texte fort sur la couverture sanitaire universelle qui contienne des dispositions sur les moyens de financement.

En sa capacité nationale, le représentant a fait part de l’optimisme de son pays à l’aune de la cible 90-90-90: la transmission de la mère à l’enfant a été considérablement réduite, la distribution de préservatifs s’est effectivement élargie et les nouvelles infections sont en baisse, même si les jeunes restent particulièrement affectés.  C’est, a reconnu le représentant, la violence sexiste et les obstacles socioculturels qui expliquent cet état de fait.  En conséquence, le Gouvernement a lancé un nouveau programme qui cible précisément les adolescentes et les jeunes femmes.  Le représentant a plaidé pour un soutien accru de la communauté internationale aux pays de la SADC. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a souligné que les efforts de l’ASEAN sont guidés par la Déclaration d’engagement de 2016 et estimé que la réalisation de la cible 90-90-90 est « à portée de main ».  Il a en effet noté les progrès significatifs réalisés par les États membres de l’ASEAN et a attribué ce succès à une approche axée sur les communautés et la personne.  Il a cité le projet « ASEAN Cities Getting to Zeros » qui, a-t-il expliqué, fait participer les communautés.  L’ASEAN reconnaît également la nécessité d’opérer une transition vers un financement durable à partir des ressources domestiques et en adaptant ces ressources et les investissements aux besoins.  L’ASEAN est prête à établir des partenariats avec d’autres régions et sous-régions pour amplifier les progrès déjà réalisés.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. SAM TERENCE CONDOR (Saint-Kitts-et-Nevis) a souligné que depuis l’adoption de la Déclaration politique des Nations Unies sur le VIH/sida, les gouvernements de la CARICOM et la société civile sont parvenus à faire de leur région la première au monde à mettre fin à la contamination des enfants.  Sept pays ont éliminé la transmission de la mère à l’enfant et le nombre annuel des nouvelles infections chez les adultes a baissé de 18% entre 2010 et 2017.  Durant la même période, le nombre de décès dus au sida a diminué de 23%.  À 0,05% en 2017, le taux de prévalence se rapproche du seuil de transition épidémique de 0,03.  Malgré ces acquis remarquables, nous sommes toujours confrontés aux statistiques régionales et mondiales qui montrent qu’il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le représentant. 

Ainsi, les efforts doivent être réorientés pour assurer le diagnostic précoce, le dépistage et le traitement pour atteindre la cible 90-90-90, accélérer les efforts visant à maintenir la suppression virale, améliorer les services liés au VIH lors de catastrophes naturelles et d’urgences humanitaires, et intensifier les efforts contre les préjugés, la violence, les traumatismes, la stigmatisation et la discrimination, notamment à l’égard des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des professionnels du sexe et les toxicomanes.  Nous continuerons à susciter l’ambition de nos dirigeants et des responsables de la santé et à maintenir notre partenariat avec la société civile et d’autres acteurs importants dans les Caraïbes, a promis le représentant.  Nous avons maintenant une nouvelle occasion de stimuler les ambitions mondiales et la couverture sanitaire universelle est devenue notre priorité, a conclu le représentant. 

Pour M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, le rapport du Secrétaire général montre les avancées remarquables mais aussi les défis restants.  Il montre clairement que l’effort conjoint et durable de toutes les parties prenantes a fait ses preuves.  Mais cela ne suffit pas.  Le rapport, a estimé le représentant, appelle à une réponse plus soutenue et plus rapide et fait des recommandations concrètes pour stimuler les ambitions mondiales.  Le VIH/sida est une maladie grave mais désormais évitable et traitable.  Il est donc impératif de réduire le nombre des nouvelles infections tout en élargissant l’accès aux traitements antirétroviraux.  Pour ne laisser personne sur le côté, il faut une expansion rapide des services de prévention, de dépistage et de traitement.  Le sida, a souligné le représentant, reste la plus grande cause de décès chez les femmes en âge de procréer, et en conséquence, il faut accorder un intérêt particulier à la question de la transmission de la mère à l’enfant.  Il faut également promouvoir l’éducation sexuelle complète pour que les jeunes soient informés et lutter contre la stigmatisation. 

La cible 90-90-90 est ambitieuse mais grâce à un effort soutenu et conjoint, l’UE est sur le point de l’atteindre puisqu’à ce jour 86% des personnes atteintes par le VIH ont été diagnostiquées; 91% d’entre elles ont accès au traitement et 92% de toutes les personnes diagnostiquées sont sous traitement avec une charge virale supprimée.

Toutefois, le combat est loin d’être gagné puisque tous les ans, 25 000 à 30 000 nouvelles infections sont signalées dans l’espace européen.  En 2018, l’espace comptait 800 000 personnes vivant avec le VIH/sida dont 14% n’avaient pas été diagnostiquées.  Compte tenu de ces statistiques « alarmantes », l’UE est consciente qu’il faut axer les efforts sur les personnes qui n’ont pas été dépistées et cibler les groupes les plus vulnérables comme les travailleurs du sexe, les migrants clandestins, les drogués, les prisonniers, les homosexuels ou encore les transgenres.  Les systèmes de santé publique doivent être renforcés tout comme les stratégies nationales.  Le représentant a insisté sur la couverture sanitaire universelle et a conclu en rappelant que l’UE finance à hauteur de 50% le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, soit 2 milliards de dollars depuis 2002.  Ce soutien sera maintenu voire augmenter, a indiqué le représentant en réservant la primeur à la sixième conférence de reconstitution des ressources du Fonds, prévue à Lyon le 10 octobre prochain.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a parlé du succès du programme de son gouvernement qui prendra fin en 2020.  Aujourd’hui, le quart de la population a été dépisté de même les deux millions d’étrangers qui vivent dans le pays.  Le nombre de personnes dépistées a augmenté de 2 millions chaque année.  La Fédération de Russie renforce aussi sa collaboration internationale, notamment avec ONUSIDA.  En 2018, une manifestation coorganisée avec l’agence onusienne à Moscou a rassemblé les pays d’Europe de l’Est.  La Fédération de Russie a d’ailleurs versé à ONUSIDA une somme de 17 millions de dollars pour 2019-2020.  Depuis 2012, l’enveloppe russe s’élève à 50 millions de dollars.  Le représentant a reproché au Secrétaire général de faire valoir, dans son rapport, des positions qui ne font pas l’unanimité, épinglant les passages critiquant certains programmes nationaux de lutte contre les stupéfiants. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a applaudi les progrès enregistrés au cours de cette dernière décennie mais s’est dit préoccupé par le fait qu’en Afrique subsaharienne l’« explosion de la jeunesse » ne soit pas toujours sensible aux efforts de prévention.  Les connaissances qu’ont les jeunes de l’épidémie stagnent depuis 20 ans, d’où le taux élevé des infections parmi les adolescents et les jeunes femmes dont de nombreuses mères.  Le représentant s’est réjoui de ce que la recherche d’un vaccin et d’un traitement demeure une priorité.  Il a pris note du fait que dans son rapport, le Secrétaire général indique que deux candidats vaccins sont actuellement expérimentés dans le cadre de vastes essais de phase 3 en Afrique, les premiers essais d’envergure depuis l’étude sur les vaccins menée en Thaïlande il y a une décennie.  En 2019, la confirmation de la rémission à long terme d’une deuxième personne vivant avec le VIH qui a reçu une greffe de moelle osseuse redonne l’espoir de la possibilité de trouver un remède.  Toutefois, a fait observer le représentant, cette procédure difficile et dangereuse n’est pas facilement extensible, et les techniques expérimentales dites « kick-and-kill » pour éliminer les réservoirs de VIH dans le corps humain n’ont pas encore porté leurs fruits.  Les techniques d’édition de gènes s’avèrent toutefois prometteuses chez les modèles animaux. 

Le représentant a poursuivi en appelant les pays à ouvrir leurs frontières et à mettre en œuvre le partenariat mondial contre la stigmatisation et la discrimination.  La vulnérabilité des migrants peut s’aggraver dans des pays où des restrictions de voyage sont appliquées aux personnes vivant avec le VIH.  Ces dernières peuvent en effet hésiter à se faire dépister et soigner.  Comme l’Afrique est en proie aux conflits, aux troubles sociaux, aux catastrophes induites par les changements climatiques, lesquels sont autant de facteurs qui poussent les gens à partir, il faut, a estimé le représentant, faire attention au risque que le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente.  Le sida est la quatrième cause de mortalité dans les pays à bas revenu et la deuxième en Afrique subsaharienne.  Ne laisser personne sur le côté, c’est mettre à la disposition de tous des services de soins contre le VHI/sida et des services de protection sociale.  Pour cela, il faut des gouvernements dévoués à la cause, des donateurs soucieux de mobiliser les fonds et des changements structurels pour que les populations les plus vulnérables aient accès aux traitements.  Le représentant s’est félicité du mouvement de plus en plus intense en faveur de la couverture sanitaire universelle.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, il a fait état des progrès notables du Kenya, en expliquant qu’1,2 million de Kényans reçoivent un traitement antirétroviral pris en charge par l’État à vie.  Le Kenya a mis au point une feuille de route ambitieuse axée sur les communautés, laquelle doit permettre d’accélérer la prévention du VIH/sida, dont la prévalence est tombée à 1,8%.  La gratuité des soins de santé maternelle a permis de réduire la transmission mère-enfant, a-t-il encore précisé.  Le Kenya a adopté une riposte multisectorielle avec 30% des services dirigés par les communautés et s’est doté d’un tribunal chargé d’assurer la protection contre les discriminations à l’égard des séropositifs, alors que les budgets sanitaires ont augmenté de plus de 30%.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a fait valoir les progrès accomplis par son pays pour mettre fin à la pandémie de VIH/sida.  Au cours des cinq dernières années, la prévalence dans chacun des groupes à risques identifiés a été inférieure à 5%, et bien en-dessous du seuil de 1% parmi les femmes enceintes.  L’Arménie figure parmi les cinq pays vérifiés par l’OMS à avoir éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  Alors que l’importance des diagnostics et des traitements précoces ne saurait être sous-estimée, l’Arménie est en train de revoir ses stratégies et protocoles de dépistage conformément aux directives de l’OMS, en mettant l’accent sur les interventions communautaires qui se sont multipliées, dans l’objectif d’atteindre les 60% fixés par le programme national.  Pour le représentant, une des exigences préalables les plus importantes dans le combat contre le VIH est un cadre juridique favorable et des normes sociétales porteuses de changement, afin de réduire la stigmatisation et la discrimination et d’améliorer l’accès aux services, en particulier pour les groupes vulnérables.  Le bilan de l’Arménie inspire confiance dans la poursuite d’une réponse multisectorielle efficace à l’épidémie, ainsi qu’en matière de prévention et de traitement, a estimé la délégation. 

Saluant le rapport « clair et exhaustif » du Secrétaire général, M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a constaté que d’après le document, la stratégie de la « voie rapide » porte ses fruits.  Il s’est dit toutefois certain que pour réaliser les objectifs ambitieux de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, il convient non seulement de renforcer cette approche accélérée mais aussi de combler systématiquement, au moyen d’interventions ciblées, les lacunes identifiées.  Le représentant a évoqué trois exemples de la contribution de la Suisse à l’engagement contenu dans la Déclaration politique tant au niveau international que national.  Au niveau international, la Suisse s’est jointe aux efforts de la Société internationale sur le sida afin de mettre les évidences scientifiques les plus récentes à la disposition des pays et les adapter en fonction du contexte national.  La Suisse apporte aussi son soutien à la SADC pour prévenir de nouvelles infections chez les jeunes, améliorer le traitement des jeunes séropositifs et les inciter à se soigner davantage.  Au niveau national, la Commission fédérale pour la santé sexuelle a remis le mois dernier sa feuille de route pour l’élimination du VIH/sida d’ici à 2030.  Elle recommande également que les efforts nécessaires à cette fin soient fondés sur le respect des droits de l’homme et axés sur des populations concernées, à savoir les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les migrants.  La mise en œuvre du programme doit débuter en 2022. 

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, SR (Libéria) a affirmé que son pays a fait des progrès significatifs s’agissant de la réduction des nouvelles infections, du taux de mortalité et de la transmission de la mère à l’enfant.  Le pays a aussi connu une augmentation substantielle du nombre de personnes sous traitement.  La stratégie, c’est le renforcement de la collaboration avec les partenaires locaux et internationaux et la mobilisation des ressources nationales.  Quelque 433 centres de conseil aux femmes enceintes ont été implantés dans le pays alors que les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes et les travailleuses du sexe ont accès à des soins gratuits.  Des programmes de prévention sont également mis en œuvre dont des campagnes de sensibilisation des jeunes.  Le représentant n’a pas caché les obstacles dont le manque de fonds, la pauvreté, la discrimination et la stigmatisation. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a dit que son pays s’est engagé à mettre en œuvre la cible 90-90-90.  L’Indonésie se concentre surtout sur la prévention de la transmission mère-enfant et sur les groupes à risque.  Le Gouvernement fournit gratuitement des antirétroviraux, en ne négligeant pas pour autant les programmes de prévention du sida, de dépistage et de conseils auprès des communautés.  Chaque municipalité doit avoir des centres de santé adaptés aux jeunes.  Quelque 450 hôpitaux ont été désignés pour offrir des services spécifiques liés au VIH/sida.  Vaincre ce fléau nécessite un comportement responsable et sensé.  Il faut donc miser sur les conseils, l’éducation et la lutte contre les comportements à risque.  Pour l’Indonésie, un comportement sexuel responsable comprend l’abstinence, la fidélité et l’utilisation correcte et constante du préservatif.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a constaté que même si les objectifs “ambitieux » 90-90-90 ont permis de réaliser de nombreux progrès pour combattre le VIH/sida, ils n’ont toujours pas été mis en œuvre dans leur intégralité.  Elle a attiré l’attention sur les 10% de personnes qui vivent avec le VIH sans le savoir.  Elle a plaidé pour des services de santé intégraux et à des systèmes de santé et de protection sociale réactifs aux plus vulnérables et aux plus marginalisés.  La représentante a relevé que la Commission mondiale sur le VIH et le droit a illustré le « potentiel énorme » que recèle l’environnement juridique pour améliorer la vie des personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle a salué les 89 états qui ont abrogé ou réformé, depuis 2012, des lois qui pénalisent le VIH, les relations sexuelles entre personnes du même sexe et la possession de drogues.  La représentante a aussi salué ceux qui ont adopté des lois sur les droits reproductifs, l’éducation sexuelle et les droits de l’homme des personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle s’est, cependant, inquiétée du fait que la discrimination juridique et de facto rendent invisibles, dans certains pays, les personnes vivant avec le VIH ou des personnes à risque.  Elle a parlé des jeunes, des femmes, des consommateurs de drogues par injection, des travailleurs du sexe, des transgenres, des prisonniers, des hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, des autochtones, des migrants et des réfugiés qui doivent tous avoir accès à des services de santé de qualité.

Mme Oehri s’est également inquiétée de la persistance des inégalités entre les sexes et de normes sexistes néfastes qui augmentent le risque d’infection chez les femmes, notamment en Afrique sub-saharienne.  Elle a cité, entre autres, le manque d’accès aux services de prévention du VIH et de santé sexuelle et reproductive et la violence sexuelle.  Il est particulièrement consternant de savoir que les femmes qui subissent la violence d’un partenaire intime ont 50% plus de chances de contracter le VIH, s’est-elle indignée.  Elle a souligné qu’une réponse complète au VIH/sida ne peut seulement reposer sur des politiques de santé publique.  Il faut tenir compte de la dimension de droits de l’homme et des mesures sociétales proactives pour combattre la stigmatisation et l’exclusion.

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a indiqué que son pays compte 32 000 personnes vivant avec le VIH.  En 2016, 1 700 nouvelles infections et 1 300 morts ont été enregistrées.  En 2017, une enquête a révélé que le nombre des personnes âgées de 15 à 24 ans ayant des partenaires sexuels multiples est passé de 58% en 2012 à 65,3% en 2017, pendant que les connaissances sur la transmission ont diminué.  Ces chiffres sont préoccupants, a reconnu le représentant dont le Gouvernement poursuit les efforts pour atteindre la cible 90-90-90.  La Jamaïque était à 78-49-57 en mars 2019 et différentes initiatives ont été lancées y compris par les médias sociaux, l’engagement communautaire et une approche multi-agences.  Une attention particulière est accordée à la prévention de la transmission mère-enfant.  Par ailleurs un centre pour les jeunes a été créé en 2017 dans l’un des grands hôpitaux de la capitale pour prévenir les comportements négatifs tels que la violence, l’absentéisme et les comportements sexuels à risque.  Près de 4 800 jeunes ont eu accès à ce centre entre janvier et septembre 2018.  Le Gouvernement améliore aussi les cadres législatifs et politiques. 

M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a salué les progrès importants accomplis depuis 2016 pour réaliser les engagements pris dans la Déclaration politique en matière d’accès au traitement approprié et de réduction de la mortalité liée au VIH/sida.  Il a rappelé que le troisième objectif de développement durable du Programme 2030 repose, comme les autres, sur le principe de « ne laisser personne de côté ».  Il est dès lors essentiel, pour mettre fin au sida comme menace de santé publique, de se baser sur les droits de l’homme et sur l’égalité de genre, afin notamment de respecter la dignité des personnes atteintes de la maladie, a plaidé le représentant. 

Les politiques de santé doivent, selon lui, reconnaître les vulnérabilités des groupes particuliers de population face aux VIH/sida.  Il a recommandé de prendre en compte la situation particulière des femmes et des filles, et notamment leurs droits sexuels et reproductifs.  C’est pour cela que l’Argentine mène des politiques visant les groupes vulnérables selon une approche basée sur les droits de l’homme, en favorisant l’accès à l’information sur les ressources existantes et en incitant les personnes porteuses à participer activement aux prises de décisions, tout en réaffirmant les principes d’égalité et de non-discrimination.  Le représentant a parlé de ce que fait le Ministère de la santé et du développement social qui, par exemple, promeut la création de centres de prévention, d’évaluation et de dépistage.  Sur le plan international, il a salué la réunion de haut niveau prévue en septembre sur la question de la couverture santé universelle.  Il a aussi réitéré son soutien à la Stratégie 2016-2021 d’ONUSIDA et à la cible de traitement 90-90-90 pour l’an 2020.

Mme LAHYA ITEDHIMBWA SHIKONGO (Namibie) a affirmé que son pays a réalisé des progrès remarquables ces cinq dernières années, se félicitant notamment de ce que 77% des adultes séropositifs n’avaient plus de charge virale, ce qui dépasse l’objectif de 73% d’ici à 2020 établi par ONUSIDA.  La Namibie, qui est à 86-96-91, est sur le point d’atteindre l’objectif 90-90-90.  La représentante a expliqué que ces avancées ont pu être réalisées grâce à l’élargissement des services de prévention et de traitement qui mettent l’accent sur la suppression de la charge virale et des politiques « progressives ».  Le pays a compris l’importance de fonder la prévention et les soins sur les données.

Parmi les défis qui persistent, la représentante a noté le taux élevé des nouvelles infections parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans.  Il faut donc des stratégies qui mettent l’accent sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et des politiques d’autonomisation des femmes.  Il faut aussi redoubler d’efforts pour que davantage d’hommes se fassent dépister et promouvoir la prévention parmi cette population qui est d’ailleurs sensibilisée aux bienfaits de la circoncision.  La représentante a insisté sur un financement adéquat des programmes.  La Namibie assume d’ailleurs 64% du coût de ses programme et la totalité de celui des antirétroviraux. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a regretté d’emblée que la salle de l’Assemblée générale soit quasiment vide alors même que l’on discute d’une question aussi importante.  Les progrès enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida doivent être perçus comme un encouragement et non comme un accomplissement puisque de nombreux défis restent à relever.  Appuyant les six recommandations du Secrétaire général, le représentant les a jugées « fondamentales » pour la réalisation des cibles sur le VIH/sida contenues dans le Programme 2030.  Il a insisté sur l’accès aux soins de santé des groupes les plus marginalisés et vulnérables et sur le rôle de la société civile.

La réponse coordonnée du Brésil, qui garantit un accès universel au traitement et au diagnostic, a été internationalement reconnue, a soutenu le représentant.  Depuis 1996, date à la laquelle la première législation a été adoptée sur la gratuité des soins, le Brésil n’a cessé de renforcer et d’élargir son système de santé publique et de veiller à une allocation des ressources la plus efficace possible.

Nous avons été le premier pays, s’est enorgueilli le représentant, à adopter dès 2013 l’approche « traitement en tant que prévention » qui consiste à recommander la thérapie antirétrovirale à toute personne infectée par le virus, quelle que soit sa charge virale.  En 2014, le Ministère de la santé a diversifié son approche du dépistage et de l’accès aux soins en créant de programmes communautaires qui ont permis aux organisations de la société civile de mener des actions de dépistage rapide.  De plus, le budget de la lutte contre le VIH/sida a augmenté de 30% en 2019 par rapport à l’année précédente.

Le représentant a conclu en soulignant que l’accès universel à la santé est l’une des pierres angulaires et un aspect fondamental du développement durable.  Il a donc exhorté tous les États Membres à opter pour une approche multisectorielle et intégrée de la lutte contre le VIH/sida et ses principales « co-infections » que sont l’hépatite et la tuberculose.

« Un monde sans sida est non seulement possible, mais à portée de main ».

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a dit que son gouvernement a adopté des mesures en s’appuyant sur l’approche 90/90/90.  Aujourd’hui 81% de la population nationale infectée est consciente de son statut sérologique.  Le Bélarus produit ses propres antirétroviraux à un prix abordable.  Parant 75,1% des patients traités ont une charge virale nulle.  Avec l’aide du Fonds mondial, les programmes ont été élargis à tout le pays, avec comme ambition affichée de mettre fin à l’épidémie en 2023.  La prochaine grande campagne nationale de prévention sera mise en œuvre au cours des Jeux européens qui auront lieu du 21 au 30 juin prochain 2019 à Minsk, a annoncé le délégué.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a affirmé que son pays contribue à l’effort international, un engagement reflété par le fait que plus de 70% des traitements antirétroviraux sont mis au point par l’industrie pharmaceutique indienne.  Elle s’est félicitée de constater que, dans son pays, les nouvelles infections ont décliné de plus de 80% depuis le point culminant de 1995.  De même, les morts imputables au sida ont décliné de 71% depuis le point culminant de 2005, a ajouté la représentante, qui a également mentionné le recul de 84% des morts provoquées par la tuberculose en 2017.  Pour booster sa réponse aux cibles fixées pour 2030, l’Inde a reconfiguré sa stratégie à l’aune d’un renforcement de ses activités de sensibilisation, de gestion des déchets biomédicaux et de dépistage au niveau communautaire.  Le Gouvernement indien a, en outre, fourni des soins et des traitements gratuits à 1,3 million de patients et adopté une loi de prévention et de contrôle contre le VIH/sida qui est entrée en vigueur en septembre dernier.  La loi a été qualifiée de « jalon » par la déléguée, dans la mesure où elle autonomise le patient et lui permet de signaler toute discrimination liée au VIH dans les domaines de l’emploi, des soins de santé, de l’éducation, du droit à la propriété, du droit à exercer des responsabilités publiques et du droit à bénéficier d’une assurance maladie

Mme HAYET ZEGGAR (France) a confirmé que la ville de Lyon accueillera la sixième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme le 10 octobre 2019, un évènement qui sera le « point d’orgue » de la présidence française du G7 en matière de santé mondiale.  Il est indispensable que cette sixième conférence soit un succès, car les progrès réalisés sont fragiles, les décès se poursuivent, les nouvelles infections sont en hausse dans plus de 50 pays, et les résistances menacent.  Dans ce contexte, chaque partenaire a un rôle clef à jouer pour accélérer le mouvement.  C’est pourquoi la France en appelle à la mobilisation générale des donateurs, nouveaux et historiques, afin d’atteindre la cible d’au moins 14 milliards de dollars pour la période 2020-2022 et à des engagements concrets pour la hausse des budgets nationaux de la santé et de la gratuité des soins.  « Rendez-vous est pris à Lyon le 10 octobre 2019 pour réaffirmer notre capacité collective à assurer le redressement de la trajectoire d’élimination du VIH/sida et des pandémies », a conclu la représentante. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a expliqué que depuis le premier cas de VIH/sida dans son pays en 1985, la lutte contre l’épidémie est devenue une priorité nationale, ce qui a permis de réaliser des résultats « importants » en termes de prévention, de traitement et de protection des droits humains, permettant d’inverser la courbe de la propagation et de ramener le taux national de prévalence à 1,1%.  Cependant, des défis majeurs ont influencé le système de santé et la lutte contre le VIH/sida dans son ensemble, à commencer par la crise sécuritaire dans les régions du Nord, laquelle a provoqué l’interruption des services, la dispersion du personnel de santé, la rupture de traitement et le dysfonctionnement de l’accès au traitement.  « N’eut été cette crise que mon pays connaît depuis janvier 2012, le Mali serait aujourd’hui en dessous de la barre de 1% de taux de prévalence », a-t-il affirmé.

Le deuxième défi majeur concerne la ruée des populations vers les activités d’orpaillage dans les régions du Sud et dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ce qui engendre le développement d’activités connexes entretenues majoritairement par des jeunes.  Pour atteindre les objectifs de zéro infection, zéro discrimination et zéro décès lié au VIH à l’horizon 2030, le Mali met l’accent sur cinq grands axes stratégiques qui sont l’élimination de la transmission mère-enfant; la protection des populations fortement précarisées dans les zones de conflit; la réponse dans les zones d’orpaillage; l’accélération de la réponse dans les zones de pauvreté des grandes villes où le faible accès des populations aux services essentiels de base favorise la propagation rapide du virus; et la protection des droits humains des personnes vivant avec le VIH contre la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion.

Pour aider à relever ces défis, le Mali s’est doté d’un centre de traitement du sida et d’une déclaration de politique d’élimination du VIH pour les 15 prochaines années, y compris la mise en œuvre de cadres stratégiques nationaux quinquennaux.  Le Gouvernement a également mis en place un fonds national de lutte contre le sida financé par des ressources internes et externes.  Avant de conclure, le représentant a mis en garde contre le phénomène de l’orpaillage qui « ne connaît pas de frontières » et qui peut, selon lui, changer « dangereusement » l’épidémiologie du VIH dans la région, si rien n’est fait.  Il a également encouragé la Mission des Nations Unies dans son pays (MINUSMA) à continuer de veiller à la formation de son personnel, avant et après son déploiement.

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a relevé que depuis la personne infectée aux Philippines en 1984, le pays compte désormais 65 467 cas confirmés, dont 80% ces 7 dernières années.  Les autorités sont inquiètes d’une tendance qui montre que les infections sont désormais plus fortes dans la tranche d’âges des 25-34 ans depuis 2006, alors qu’entre 2001 et 2005, c’était la tranche des 35-49 ans.  Plus inquiétant encore, le nombre des infections a pratiquement doublé ces 10 dernières années dans le groupe des 15-24 ans.  Le Gouvernement philippin entend inverser la tendance d’ici à 2022.  Depuis l’an dernier, une loi prévoit que tous les centres de soins et leurs personnels intègrent la sensibilisation et les soins liés au VIH/sida dans leurs activités.  En mars dernier, la couverture sanitaire universelle a été adoptée dans le pays et les autorités entendent également prendre soin de la santé des Philippins de l’étranger.  La représentante a conclu en plaidant pour plus de fonds afin d’aider les pays en développement à lutter contre le VIH/sida. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a félicité ONUSIDA pour les progrès significatifs enregistrés dans la mise en œuvre de la Déclaration politique.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, collabore avec de multiples partenaires, y compris la société civile.  Pour atteindre la cible 90-90-90, un programme d’urgence a été mis en place et se concentre sur certaines zones géographiques et certaines populations cibles aux États-Unis.  À cette fin, la base de données « la plus importante » au monde a été créé pour pouvoir diriger de façon efficace les ressources et mettre au point des actions ciblées.  L’« Administration Trump » s’engage à mettre fin à cette pandémie, a assuré la représentante, en expliquant que pour ce faire, il faut axer les efforts sur les personnes les plus vulnérables.

M. DANIEL FERNAN GIMENEZ (Norvège) a déclaré que pour que la riposte au VIH réussisse, elle doit viser particulièrement les jeunes femmes et les filles.  Garder les filles à l’école réduit le risque de VIH.  L’éducation des filles est l’une des priorités de la coopération norvégienne, a poursuivi le représentant.  Nous avons aussi besoin de dispositions sur des services de santé non discriminatoires et adaptés aux jeunes, y compris les adolescents et les personnes handicapées.  Il est regrettable, s’est-il impatienté, qu’un grand nombre de ces questions continuent de faire l’objet de controverses à l’ONU.  L’avenir de la riposte au VIH nécessitera que nous regardions au-delà de la prestation des soins et que nous veillons à ce que la santé et les droits sexuels et reproductifs ainsi qu’une riposte efficace au VIH/sida soient intégrés à la couverture sanitaire universelle.  Dans l’évolution de l’architecture sanitaire mondiale, nous devons garantir la participation des groupes marginalisés et vulnérables, y compris des populations à haut risque, a martelé le représentant qui a terminé en disant que son pays vient d’augmenter son financement au « Robert Carr Civil Society Network Fund » qui soutient les réseaux répondant aux besoins et aux droits fondamentaux des populations insuffisamment desservies. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a partagé l’expérience de son pays dans la lutte contre le VIH/sida, à commencer par ce que fait le Ministère de la santé publique par le biais de sa Direction nationale de stratégies de prévention et de contrôle et de la Stratégie nationale de VIH/sida: des mesures sont prises pour le dépistage de nouveaux cas, ainsi que pour le suivi et le traitement des patients et la prévention.  La majorité des femmes enceintes sont surveillées, a-t-elle ajouté, avant de parler d’un système d’information et d’estimation qui recueille des données sur les contrôles médicaux et les traitements.  En outre, le système d’information appelé « historique clinique unique » permet de suivre toute la population, avec en particulier un module spécifique pour les patients atteints du VIH/sida. 

L’Équateur a aussi investi près de 7 millions de dollars pour l’achat des médicaments antirétroviraux, augmentant ainsi de 39% le budget alloué antérieurement.  Comme autre mesure, la représentante a parlé du plan national de santé sexuelle et reproductive 2017-2021 qui permet d’offrir des services inclusifs.  Quant à l’accès universel à la prévention, l’Équateur s’aligne avec les engagements internationaux pour éliminer la transmission mère-enfant, l’objectif étant de faire baisser cette transmission jusqu’à 2% fin 2019.  La représentante a enfin évoqué le cours en ligne sur les droits de l’homme et les bonnes pratiques dans les procédures relatives au VIH.

M. JORGE LUIS CEPERO AGUILAR (Cuba) a déclaré que les progrès dans les objectifs sur le VIH/sida nécessiteraient une réforme de l’ordre international et la promotion d’un véritable esprit de coopération solidaire.  À Cuba, a-t-il poursuivi, depuis le lancement du Programme national de prévention et de contrôle du VIH/sida, il y a plus de 30 ans, la prévention, le diagnostic et le traitement sont efficaces et sont régulièrement mis à jour en suivant les recommandations de l’OMS et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.  Le représentant a également fait valoir la stratégie cubaine de réponse au VIH/sida qui part du principe que le droit à la santé est un droit de l’homme essentiel.  Ce droit repose sur trois piliers: une approche intégrale de cette question, la capacité biotechnologique pour la recherche et le développement de médicaments, et le haut niveau d’éducation des citoyens qui ont confiance dans le système de santé publique.  Pour compléter cela, la stratégie contient un vaste programme d’éducation sexuelle.

Le traitement par antirétroviraux est gratuit à Cuba, a ajouté le délégué avant de souligner la participation active de la société civile dans les actions de prévention et celle des personnes atteintes de VIH dans l’élaboration et l’application de programmes.  Grâce à ces efforts, l’OMS a certifié en 2015 que Cuba était le premier pays au monde à avoir éliminé la transmission mère-enfant du VIH/sida, tandis que la prévalence dans la population âgée de 15 à 49 ans est bien en-dessous de 1%.  Avant de conclure, le représentant s’est plaint des effets négatifs de l’embargo économique imposé par les États-Unis, qui provoque des carences considérables dans le secteur de la santé publique.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2020

8537e séance – matin
CS/13828

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2020

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, d’autoriser la prorogation, jusqu’au 31 mai 2020, de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Par la résolution 2472 (2019), il décide aussi de réduire de 1 000 agents, d’ici au 28 février 2020, l’effectif du personnel en tenue.

L’AMISOM, qui aurait dès lors un effectif maximum de 19 626 agents, est autorisée à poursuivre les objectifs stratégiques que sont, comme prévu par le Plan de transition, le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité aux forces de sécurité somaliennes, l’objectif étant qu’elles prennent la direction des opérations d’ici à décembre 2021; la réduction de la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés; et l’appui aux forces de sécurité somaliennes pour créer des conditions de sécurité favorisant le processus politique à tous les niveaux ainsi que la stabilisation, la réconciliation et la consolidation de la paix.  L’AMISOM doit aussi fournir à la police et aux autorités somaliennes l’appui nécessaire pour qu’elles instaurent un climat sûr pendant la période menant aux élections, l’objectif étant de transférer aux institutions somaliennes chargées de la sécurité l’intégralité des responsabilités en la matière.

Le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération sont d’ailleurs pressés d’accélérer la planification afférente à la sécurité des élections, notamment pour permettre que se tienne en 2020-21 un scrutin conforme au principe « une personne, une voix » et inclusif, pacifique, libre et régulier.  Le Conseil de sécurité les engage aussi à avancer de façon accélérée vers un règlement politique sans exclusive, comprenant notamment un accord conclu sur le partage des ressources et du pouvoir; la création de structures de gouvernance et de contrôle; et la définition des rôles et responsabilités incombant aux institutions somaliennes chargées de la sécurité.

L’adoption unanime de cette résolution de 34 paragraphes de fond a été saluée à plusieurs reprises, notamment par les trois États membres africains du Conseil de sécurité qui, a expliqué la Guinée équatoriale, ont fait des contributions au libellé sur l’examen conjoint ONU-UA.  Par son texte, le Conseil de sécurité appuie en effet le projet qu’ont les deux organisations de procéder à un examen du matériel d’ici à juillet 2019, en tenant compte de l’état des besoins par unité et de la limite des ressources disponibles, dans l’objectif de renforcer les capacités opérationnelles de l’AMISOM et d’améliorer la protection de sa force afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat.  Le Conseil encourage les États Membres à aider l’Union africaine à mobiliser les ressources et le matériel requis, y compris en versant des contributions non préaffectées au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM.

La Guinée équatoriale a averti que toute réduction prématurée de l’effectif de la Mission pourrait réduire à néant les acquis.  L’AMISOM revêt une importance fondamentale pour stabiliser le pays alors qu’il se prépare à organiser des élections, a martelé l’Afrique du Sud, insistant sur des ressources prévisibles et durables.  La Côte d’Ivoire a fait de même lorsqu’elle a réclamé une mise en adéquation des réalités du terrain avec les moyens humains et matériels nécessaires à l’efficacité de la Mission.

Dans sa résolution, le Conseil insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui.  Afin d’établir des modalités de financement pérennes, il engage le Secrétaire général, l’Union africaine et les partenaires à poursuivre les efforts faits pour étudier sérieusement les possibilités de financement de l’AMISOM, en gardant à l’esprit l’ensemble des options dont disposent l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres partenaires et « sachant que les fonds volontaires sont limités ».

En attendant, le Conseil demande « une fois encore » que de nouveaux donateurs fournissent un appui à l’AMISOM, en versant des financements supplémentaires pour les soldes des militaires, le matériel et l’assistance technique, au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM et au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’Armée nationale somalienne; et aux institutions de l’État fédéral et des États membres de la fédération, pour qu’elles puissent développer le secteur de la sécurité, notamment renforcer les capacités de la police maritime.

Il ne faut pas considérer les efforts sécuritaires comme une fin en soi mais plutôt comme un moyen crucial de parvenir à une paix durable, a souligné aujourd’hui la Somalie.  Prévenir la résurgence des Chabab, a-t-elle expliqué, c’est avoir les investissements de nos partenaires internationaux pour que le Gouvernement puisse rétablir son autorité dans les « zones libérées ».  Une paix durable, a insisté la Somalie, exige des gains sécuritaires certes mais consolidés par la bonne gouvernance, les investissements et le développement durable.  Le Gouvernement fédéral a d’ailleurs approuvé un « modèle de justice et de système pénitentiaire » pour mettre en œuvre ses plans de police et a actualisé sa stratégie nationale de stabilisation pour renforcer la gouvernance au niveau local et promouvoir la réconciliation, conformément à la phase I du Plan de transition.

Consciente que l’AMISOM ne peut rester indéfiniment sur son sol, la Somalie a tout de même prévenu qu’elle est à un « tournant critique » à l’approche des élections de 2020-21.  En conséquence, toute idée de diminuer l’effectif de la Mission, a-t-elle plaidé, doit se fonder sur une évaluation soigneuse de la situation sur le terrain.  La Somalie a insisté sur l’importance qu’il y a à réduire l’effectif de la Mission d’une « manière plus stratégique ».  Porte-plume de la résolution, le Royaume-Uni a fait observer qu’il s’agit du premier texte qu’il a élaboré selon les critères de concision décidés lors de la retraite du Conseil.

LA SITUATION EN SOMALIE

Texte du projet de résolution (S/2019/444)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence sur la situation en Somalie,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie,

Condamnant les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en Somalie, demandant instamment à toutes les parties d’agir dans le strict respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et rappelant les Conclusions du Groupe de travail sur le sort des enfants touchés par le conflit armé en Somalie (S/AC.51/2017/2),

Condamnant les attaques perpétrées par les Chabab en Somalie et ailleurs, se déclarant profondément préoccupé par les décès de civils causés par les attaques des Chabab, et se déclarant également préoccupé par les informations faisant état de la présence croissante en Somalie de partisans de l’État islamique d’Iraq et du Levant,

Saluant le courage des membres de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de sécurité somaliennes ainsi que les sacrifices qu’ils ont consentis dans le combat contre les Chabab, et saluant également la contribution de l’AMISOM à l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables en Somalie,

Se félicitant de l’appui fourni par le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) à l’AMISOM et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), se félicitant également de l’appui politique fourni par la MANUSOM, l’AMISOM et l’Union africaine ainsi que de l’appui politique et financier fourni par les partenaires internationaux, saluant l’engagement pris par la Somalie et l’Organisation des Nations Unies de resserrer leurs liens et, à cet égard, attendant avec intérêt que le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie prenne ses fonctions,

Soulignant qu’il importe de mettre la dernière main à un règlement politique sans exclusive entre le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération et rappelant l’importance de la pleine mise en œuvre du Plan de transition assorti de conditions et d’échéances claires, qui prévoit le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux institutions et forces somaliennes chargées de la sécurité,

Se déclarant vivement préoccupé par la situation humanitaire en Somalie, et saluant les efforts consentis par l’AMISOM pour créer des conditions propices à l’acheminement de l’aide humanitaire,

Soulignant qu’il importe que le Gouvernement fédéral somalien et l’ONU se dotent des stratégies appropriées en matière d’évaluation et de gestion des risques associés aux changements climatiques, aux autres changements écologiques, aux catastrophes naturelles, à l’accès à l’énergie et aux autres facteurs ayant une influence sur la stabilité de la Somalie,

Prenant acte de l’examen de l’AMISOM effectué conjointement par l’Union africaine et l’ONU en 2019, du communiqué sur la situation en Somalie adopté le 9 mai 2019 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et de la lettre du Secrétaire général sur l’AMISOM datée du 10 mai,

Considérant que la situation en Somalie demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Engage le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération à avancer de façon accélérée vers un règlement politique sans exclusive, comprenant notamment: 1) un accord conclu entre eux sur le partage des ressources et du pouvoir, à consacrer dans le texte révisé de la Constitution fédérale provisoire; 2) la création de structures de gouvernance et de contrôle; 3) la définition des rôles et responsabilités incombant aux institutions somaliennes chargées de la sécurité, et engage également le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération à accélérer la planification afférente à la sécurité des élections, en coordination avec l’AMISOM, le BANUS et la MANUSOM, notamment pour permettre que se tiennent en 2020/21 des élections conformes au principe « une personne, une voix » et inclusives, pacifiques, libres et régulières;

2.    Souligne que la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés ne peut être anéantie par des moyens militaires uniquement et, à cet égard, demande au Gouvernement fédéral somalien, aux États membres de la fédération, à l’AMISOM, à l’ONU et aux États Membres de l’ONU d’œuvrer de concert pour aborder les questions de sécurité selon une approche globale;

3.    Rappelle son soutien au Plan de transition, et souligne la recommandation issue de l’examen conjoint de 2019, selon laquelle les tâches et les priorités stratégiques de l’AMISOM doivent être considérées principalement dans la perspective de la transition;

4.    Souligne qu’il importe d’adopter une approche coordonnée et cohérente des réformes des affaires politiques et du secteur de la sécurité dirigées par les Somaliens et, de ce fait, demande:

a)    à l’AMISOM, à la MANUSOM et au BANUS, ainsi qu’au Gouvernement fédéral somalien et aux États membres de la fédération, de renforcer la coordination et la collaboration à tous les niveaux, y compris par l’intermédiaire du Forum de coordination des hauts responsables et du mécanisme d’approche globale pour la sécurité;

b)    aux partenaires internationaux et régionaux, en coordination avec la MANUSOM et par l’intermédiaire du mécanisme d’approche globale pour la sécurité, de coordonner leur appui à l’AMISOM et à la Somalie et de mieux l’harmoniser avec le Pacte de sécurité et de faciliter l’exécution du Plan de transition, y compris pour ce qui est du mentorat, de la formation, du matériel, du renforcement des capacités et de la rémunération des services de police et des forces militaires;

c)    au Gouvernement fédéral somalien, aux États membres de la fédération, à l’AMISOM, à l’ONU, à l’Union africaine et aux partenaires concernés de procéder à davantage d’exercices conjoints de planification globale, de coordination et de partage de l’information par le truchement des mécanismes pertinents, afin d’assurer une meilleure exécution et un meilleur suivi du Plan de transition;

5.    Souligne qu’il importe que tous les acteurs tiennent compte des conditions de sécurité régnant dans chaque zone lorsqu’ils exécutent la transition et que les sites concernés par la réduction des effectifs de l’AMISOM soient choisis sur la base d’évaluations de la menace, en prenant dûment en considération la nécessité de protéger les civils et d’atténuer les risques avant, pendant et après toute opération militaire, souligne également que toutes les transitions doivent faire l’objet d’un accord entre l’AMISOM et les forces de sécurité somaliennes et les autorités somaliennes intervenant dans les processus de décision stratégique et opérationnelle, et qu’elles doivent être convenues avec l’ONU et d’autres partenaires internationaux si nécessaire, et réaffirme le rôle essentiel que jouent les secteurs de la police et de la justice dans les efforts de stabilisation et dans la préparation et la tenue des élections;

6.    Exhorte le Gouvernement fédéral somalien à s’attacher à mettre en place, avec l’appui coordonné de la communauté internationale, et à un coût abordable, des forces somaliennes qui soient capables, responsables et acceptables, ce qui permettra le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux institutions somaliennes chargées de la sécurité et d’instaurer les conditions de sécurité indispensables aux fins des élections de 2020/21;

AMISOM

Priorités et tâches

7.    Décide d’autoriser les États membres de l’Union africaine à proroger le déploiement de l’AMISOM jusqu’au 31 mai 2020, notamment celui d’au minimum 1 040 agents de police de la Mission, dont cinq unités de police constituées, et de réduire de 1 000 agents, d’ici au 28 février 2020, l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM, jusqu’à un effectif maximum de 19 626 agents, conformément au Plan de transition, et à procéder au transfert des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes, à moins qu’il ne décide d’ajuster le rythme de la réduction des effectifs compte tenu des conditions fixées dans le Plan de transition, en particulier de la capacité de la Somalie de mettre en place, à un coût abordable, des forces qui soient capables, responsables et acceptables, ainsi que des évaluations des éléments constituant une menace pour la situation sur le terrain menées conjointement par l’Union africaine, l’ONU et le Gouvernement fédéral somalien, en coordination avec les partenaires concernés, et invite l’ONU et l’Union africaine à élaborer, en se fondant sur les plans du Gouvernement fédéral somalien, des propositions visant à assurer la sécurité des prochaines élections, y compris s’agissant de savoir si une augmentation temporaire des effectifs de police est nécessaire;

8.    Décide que l’AMISOM, pour s’acquitter de son mandat, est autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires, dans le plein respect des obligations que le droit international – dont le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme – impose aux États participants et dans le strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et de l’unité de la Somalie;

9.    Décide d’autoriser l’AMISOM à poursuivre les objectifs stratégiques ci‑après, dans le cadre du transfert à la Somalie des responsabilités relatives à la sécurité, comme prévu par le Plan de transition:

a)    Procéder au transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux forces de sécurité somaliennes, l’objectif étant que les institutions somaliennes chargées de la sécurité prennent la direction des opérations d’ici à décembre 2021;

b)    Réduire la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés, dans l’objectif de permettre l’édification d’une Somalie stable, fédérée, souveraine et unie;

c)    Aider les forces de sécurité somaliennes à créer des conditions de sécurité favorisant le processus politique à tous les niveaux ainsi que la stabilisation, la réconciliation et la consolidation de la paix en Somalie, et fournir à la police et aux autorités somaliennes l’appui nécessaire pour qu’elles instaurent un climat sûr pendant la période menant aux élections, l’objectif étant de transférer aux institutions somaliennes chargées de la sécurité l’intégralité des responsabilités en la matière;

10.   Décide également d’autoriser l’AMISOM à accomplir les tâches prioritaires suivantes:

a)    Maintenir une présence dans les secteurs définis dans le concept d’opérations de la Mission, en accordant la priorité aux principales agglomérations, tout en procédant à la restructuration conformément au calendrier et aux orientations contenus dans la présente résolution;

b)    Conseiller et aider les forces de sécurité somaliennes, notamment les forces militaires, dans le domaine de la disponibilité opérationnelle, et conseiller et former les services de police somaliens, selon que de besoin;

c)    Sécuriser, en coordination avec les acteurs œuvrant à la stabilisation et à la réconciliation, les principales voies de ravitaillement, y compris les routes menant aux zones reprises aux Chabab, en particulier celles qui sont essentielles pour améliorer la situation humanitaire – et qui peuvent, notamment, servir à acheminer les marchandises indispensables pour répondre aux besoins élémentaires des civils –, celles qui sont indispensables pour fournir un appui logistique à l’AMISOM et celles qui sont indispensables à l’exécution du Plan de transition, tout en soulignant que les services logistiques demeurent une responsabilité partagée de l’ONU et de l’Union africaine;

d)    Aider, selon qu’il convient, les forces de sécurité somaliennes à épauler les autorités somaliennes dans l’exercice de leurs fonctions de gouvernement, y compris dans l’exécution de mesures prises en coordination avec le Ministère de l’intérieur, des affaires fédérales et de la réconciliation et l’Équipe chargée du relèvement local et de l’extension de l’autorité et de la responsabilité de l’État aux fins de la stabilisation, la réconciliation, la consolidation de la paix, la préparation des élections et la sécurité des infrastructures vitales;

e)    Mener, aux fins de l’exécution du Plan de transition, des offensives ciblées visant à perturber et affaiblir les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés, y compris conjointement avec les forces de sécurité somaliennes, et prendre des mesures pour atténuer la menace que représentent les engins explosifs improvisés;

f)    Reconfigurer l’AMISOM, si les conditions de sécurité le permettent, de manière à appuyer le Plan de transition et à augmenter la proportion du personnel de police, dans les limites de l’effectif total autorisé de la Mission;

g)    Protéger, selon qu’il conviendra, son propre personnel, ses installations, son matériel et sa mission, et assurer la sécurité et la liberté de circulation de son personnel, ainsi que du personnel des Nations Unies exerçant des fonctions prescrites par le Conseil de sécurité;

h)    Accueillir les transfuges, à titre provisoire et selon qu’il conviendra, et en coordination avec l’ONU et le Gouvernement fédéral somalien;

i)    Appuyer le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération pour les aider à appliquer l’interdiction totale des exportations de charbon de bois de Somalie et à faciliter l’inspection – et l’établissement de la documentation y afférente – du matériel saisi, conformément au paragraphe 18 de sa résolution 2111 (2013) et au paragraphe 6 de sa résolution 2182 (2014);

11.   Demande à l’Union africaine de mettre à jour, d’ici à novembre 2019, le concept des opérations à mener pendant la transition et de continuer à le mettre au point, en étroite collaboration avec le Gouvernement fédéral somalien, l’ONU et les partenaires principaux;

12.   Prie l’Union africaine de renforcer la coordination opérationnelle entre les contingents de l’AMISOM, de renforcer le commandement et le contrôle de la mise en œuvre opérationnelle des capacités facilitatrices, y compris les moyens aériens, de la mission et de renforcer l’application du principe de responsabilité dans cette mise en œuvre, d’accroître la prise de décision opérationnelle relevant de la compétence du commandant de secteur et du commandant de la force, et de veiller à ce que tous les capacités facilitatrices et les multiplicateurs de force opèrent conformément au commandement du commandant de la force;

13.   Appuie la recommandation issue de l’examen conjoint de 2019, selon laquelle l’AMISOM doit procéder par étapes pour optimiser le matériel dans la limite des ressources disponibles et, à cet égard, appuie le projet qu’ont l’Union africaine et l’ONU de procéder à un examen du matériel d’ici à juillet 2019, en tenant compte de l’état des besoins par unité et de la limite des ressources disponibles, dans l’objectif de renforcer les capacités opérationnelles de l’AMISOM et d’améliorer la protection de sa force afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat, et encourage les États Membres à aider l’Union africaine à mobiliser les ressources et le matériel requis, y compris en versant des contributions non préaffectées au fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM;

14.   Appuie également les mesures visant à déployer le personnel civil de l’AMISOM hors des secteurs et souligne l’importance d’une composante civile pleinement opérationnelle à l’appui des tâches militaires et policières dont doit s’acquitter la Mission aux fins de la transition et du retrait;

15.   Souligne qu’il importe toujours que les forces de l’AMISOM s’acquittent de leur mandat dans le plein respect des obligations que le droit international impose aux États participants, y compris pour ce qui est de la protection des civils, en particulier les femmes et les enfants, et qu’elles coopèrent avec la MANUSOM et le BANUS aux fins de l’application de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, pendant les phases de préparation, d’exécution et d’examen des opérations, demande à l’AMISOM d’ouvrir promptement des enquêtes en cas d’allégations de violations du droit international des droits de l’homme ou d’atteintes à ces droits ou d’allégations de violations du droit international humanitaire et de les mener de façon approfondie, demande à l’Union africaine d’en assurer le suivi, leur demande de veiller à ce qu’il en soit rendu compte et les prie de faire en sorte que les normes les plus élevées de transparence, de déontologie et de discipline soient appliquées et que les procédures soient harmonisées avec celles de la MANUSOM, y compris concernant les commissions d’enquête, et exhorte les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police à accélérer leurs activités de coopération avec l’Union africaine et l’ONU afin de renforcer l’efficacité de ces mesures;

16.   Demande à l’AMISOM d’améliorer l’uniformité de la communication de l’information à la cellule de suivi, d’analyse et d’intervention concernant les victimes civiles dans tous les secteurs, et de prendre de nouvelles initiatives pour assurer la mise en place de mesures d’atténuation, souligne qu’il importe de veiller à ce que l’information soit partagée avec les acteurs compétents, y compris l’ONU, à ce qu’elle soit intégrée dans les rapports de l’AMISOM et à ce qu’il en soit tenu compte dans les directives et plans opérationnels, et demande aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police d’apporter leur plein appui à la cellule de suivi, d’analyse et d’intervention concernant les victimes civiles, en collaboration avec les agents de l’action humanitaire, de la défense des droits de l’homme et de la protection;

17.   Réaffirme l’importance de la politique de tolérance zéro de l’AMISOM concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles et, à cet égard, demande à l’Union africaine et aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de vérifier les antécédents du personnel, de procéder à des évaluations des risques, de dispenser toute formation pertinente au personnel, de protéger les survivants qui dénoncent des atteintes, de mener promptement des enquêtes en cas d’allégations afin d’amener les auteurs à répondre de leurs actes et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation ou d’atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique, et engage l’Union africaine à coopérer étroitement avec l’ONU dans ce domaine;

18.   Encourage vivement les mesures visant à accroître le déploiement, par les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, de personnel féminin en tenue à l’AMISOM, et exhorte l’AMISOM à veiller à ce que les femmes participent de manière pleine, effective et véritable à toutes ses opérations et à tenir compte systématiquement de la question du genre dans l’exécution de son mandat;

Appui logistique et financier

19.   Prie le Secrétaire général de continuer à fournir, par l’intermédiaire du BANUS et dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, un appui logistique à la MANUSOM, au personnel en tenue de l’AMISOM et aux 70 agents civils du personnel de l’AMISOM, en tenant compte des dispositions du paragraphe 2 de sa résolution 2245 (2015), ainsi qu’aux 10 900 membres qui sont officiellement intégrés aux forces de sécurité somaliennes conformément au dispositif national de sécurité et qui participent activement aux opérations menées conjointement ou de façon coordonnée avec l’AMISOM à l’appui direct du Plan de transition;

20.   Convient avec le Secrétaire général que le contrôle et le respect du principe de responsabilité, en particulier le respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, seront les piliers du partenariat entre l’ONU, l’Union africaine, le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération, demande au Secrétaire général de veiller à ce que tout appui à des forces de sécurité non onusiennes soit fourni dans le strict respect de la politique de diligence voulue, et demande également au BANUS de renforcer ses capacités de garantir l’application de la politique de diligence voulue dans le cadre de l’appui qu’il fournit à l’AMISOM et aux forces de sécurité somaliennes;

21.   Prie le Secrétaire général de collaborer étroitement avec l’Union africaine pour appuyer l’application de la présente résolution, notamment de lui fournir des conseils techniques et spécialisés relatifs à la planification, au déploiement et à la gestion stratégique de l’AMISOM, conformément au mandat du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine;

22.   Demande une fois encore que de nouveaux donateurs fournissent un appui:

a)    à l’AMISOM, en versant des financements supplémentaires pour les soldes des militaires, le matériel et l’assistance technique à fournir à l’AMISOM, conformément aux recommandations figurant dans le rapport Union africaine-Nations Unies sur le financement;

b)    au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM et au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’Armée nationale somalienne;

c)    aux institutions de l’État fédéral et des États membres de la fédération, pour qu’elles puissent développer le secteur de la sécurité en Somalie, notamment renforcer les capacités de la police maritime conformément à la résolution 2246 (2015);

23.   Insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte, et engage le Secrétaire général, l’Union africaine et les partenaires à poursuivre les efforts faits pour étudier sérieusement les possibilités de financement de l’AMISOM, en gardant à l’esprit l’ensemble des options dont disposent l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres partenaires et sachant que les fonds volontaires sont limités, afin d’établir des modalités de financement pérennes;

Somalie

24.   Engage le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la fédération à honorer les engagements qu’ils ont pris dans le Pacte de sécurité adopté à la Conférence de Londres sur la Somalie, y compris les engagements relatifs aux réunions trimestrielles du Conseil national de sécurité, au plan détaillé de la structure du commandement opérationnel de l’État fédéral et des États membres de la fédération et au plan complet de désarmement, démobilisation et de réintégration, compte tenu des observations des États membres de la fédération, à la mise en place et au déploiement soutenu, à un coût abordable, de forces qui soient capables, acceptables et responsables, et à la liste des membres des forces armées au niveau fédéral et au niveau des États, y compris des forces régionales qui doivent être intégrées dans les forces armées fédérales et dans les services de police de l’État fédéral et des États membres de la fédération;

25.   Souligne les mesures importantes prises par le Gouvernement fédéral somalien en faveur de la réforme et du renforcement des capacités dans le secteur de la sécurité, y compris l’enregistrement biométrique des membres de l’Armée nationale somalienne, le paiement des salaires au moyen de transferts électroniques directs et les accords conclus entre le Gouvernement fédéral et les États de la fédération en vue d’établir des services de police de base dans toute la Somalie, dans le cadre du nouveau modèle de services fédérés de police;

26.   Demande aux autorités somaliennes d’agir en coordination avec l’AMISOM, les partenaires internationaux et les entités compétentes des Nations Unies, y compris le Service de la lutte antimines de l’ONU, pour combattre le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre en Somalie, et de veiller à ce que la gestion et l’entreposage de ces armes soient effectués de façon sûre et efficace;

27.   Réaffirme l’importance de la participation pleine, égale, concrète et effective de tous les Somaliens, y compris les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes déplacées et les réfugiés, dans la prévention et le règlement des conflits, les processus de réconciliation, la consolidation de la paix et les élections et autres processus politiques, et prend acte de l’importante contribution que peut apporter la société civile à cet égard;

28.   Demande aux autorités somaliennes de collaborer avec les partenaires compétents pour assurer la protection de tous contre les violences sexuelles et fondées sur le genre, y compris l’exploitation et les atteintes sexuelles et les violences sexuelles liées aux conflits, de prendre les mesures voulues pour enquêter en cas d’allégations, de renforcer la législation afin d’améliorer l’application du principe de responsabilité en cas de violences sexuelles, conformément aux résolutions pertinentes, et d’accélérer la mise en œuvre du Communiqué conjoint et du Plan d’action national de lutte contre la violence sexuelle en temps de conflit;

29.   Demande également aux autorités somaliennes de prendre des mesures pour prévenir les meurtres, les mutilations, les enlèvements, le recrutement, le ré‑enrôlement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, ainsi que les violences sexuelles à leur endroit, d’amener les auteurs de tels actes à en répondre, de faire cesser la détention pour atteinte à la sécurité nationale de tout enfant dans le cas duquel la détention constitue une violation du droit international applicable et de le considérer avant tout comme une victime, ainsi que de prendre les mesures nécessaires pour appliquer leur plans d’action de 2012 et la feuille de route de 2018 et pour donner suite aux Conclusions du Groupe de travail sur le sort des enfants touchés par le conflit armé en Somalie (S/AC.51/2017/2);

30.   Exprime à nouveau sa vive inquiétude devant le nombre élevé de réfugiés et de personnes déplacées, souligne que toute expulsion doit être conforme aux cadres nationaux et internationaux pertinents, et engage le Gouvernement fédéral somalien à parachever la ratification de la Convention de Kampala et à appliquer pleinement ses dispositions;

31.   Rappelle sa résolution 2417 (2018) et se déclare gravement préoccupé par la persistance de la crise humanitaire en Somalie et ses conséquences pour le peuple somalien, encourage tous les partenaires, notamment les donateurs, à poursuivre l’action humanitaire en 2019, condamne fermement les attaques, y compris celles commises par les Chabab, contre le personnel humanitaire et médical et tout détournement ou obstruction de l’aide humanitaire, exige à nouveau que toutes les parties permettent le libre passage, en toute sécurité et sans restrictions, de l’aide humanitaire afin qu’elle puisse être rapidement distribuée à tous ceux qui en ont besoin sur l’ensemble du territoire somalien, conformément aux principes humanitaires, et souligne qu’il importe de tenir une comptabilité exacte de l’aide humanitaire fournie par la communauté internationale;

Présentation de rapports

32.   Prie l’Union africaine de le tenir informé tous les 90 jours, par l’intermédiaire du Secrétaire général, de l’exécution du mandat de l’AMISOM, au moyen d’un minimum de quatre rapports écrits, le premier devant lui être présenté le 15 août 2019 au plus tard, et demande, à cet égard, que le premier rapport soumis après le délai de 90 jours couvre en particulier les points suivants: 1) les opérations conjointes menées à l’appui du Plan de transition, y compris l’utilisation et l’efficacité des mécanismes de coordination; 2) les questions de performance, y compris en matière de commandement, de contrôle, de déontologie et de discipline; 3) les mesures prises pour protéger les civils; 4) la fourniture de matériel; 5) le plan de reconfiguration de l’AMISOM sur les sites pour lesquels est prévue la réduction des effectifs sur la base d’une évaluation de la menace;

33.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de l’application de la présente résolution, dans ses rapports réguliers demandés au paragraphe 22 de la résolution 2461 (2019), et, à cet égard, demande l’établissement de rapports sur le nombre de membres dans les forces de sécurité somaliennes et sur leur capacités, sur les progrès accomplis concernant les mesures prioritaires énoncées au paragraphe 24, sur l’application de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, ainsi que des rapports semestriels sur les mesures spéciales prises pour améliorer l’application du principe de responsabilité, l’efficience et la transparence de l’appui fourni par le BANUS à l’AMISOM, à la MANUSOM et aux forces de sécurité somaliennes;

34.   Réaffirme qu’il entend garder la configuration de l’AMISOM à l’étude et demande au Secrétaire général de procéder à une évaluation indépendante, avant le 31 janvier 2021, en vue de lui présenter des options relatives à l’intervention internationale en Somalie après 2021, y compris au rôle de l’ONU, de l’Union africaine et des partenaires internationaux;

35.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Cinquième Commission: impatience du Groupe des 77 et de la Chine face aux retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes

Soixante-treizième session,
39e séance – matin
AG/AB/4325

​​​​​​​Cinquième Commission: impatience du Groupe des 77 et de la Chine face aux retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes

Le Groupe des 77 et de la Chine, qui compte en son sein 17 pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, s’est une nouvelle fois impatientée face aux retards dans les remboursements alors que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires examinait aujourd’hui le rapport (A/73/604) du Secrétaire général sur la situation financière de 29 opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé.  

Au 30 juin 2018, cinq de ces opérations accusaient un déficit net de 85,6 millions de dollars résultant du non-paiement des quotes-parts des États Membres et les 24 autres présentaient un excédent net de 100 millions de dollars au 30 avril 2019.  Dans son rapport, le Secrétaire général indique que les excédents des missions dont le mandat est terminé continuent d’être utilisés pour atténuer le déficit des opérations de maintien de la paix en activité.  Le montant des avances intercomptes s’élevait à 35,1 millions de dollars au 30 juin 2018.  Or à la même date, les sommes qui n’avaient pas encore été réglées aux pays fournisseurs de contingents, en raison d’un manque de liquidités, atteignaient 189 millions de dollars et concernaient huit missions dont celle au Darfour, au Sahara occidental, au Soudan du Sud ou encore en République démocratique du Congo (RDC).

Nous regrettons, se sont impatientés le Groupe des 77 et la Chine, que le Secrétariat n’accorde pas la priorité aux remboursements quand l’argent est là.  Les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, y compris les 17 du Groupe, ne peuvent pas attendre indéfiniment un remboursement « légitime » ni être les otages de ceux qui font délibérément de la « rétention » de quotes-parts.  Tous les États Membres, a martelé le Groupe, doivent honorer leurs obligations financières à temps, en totalité et sans condition et ceux qui doivent encore de l’argent aux opérations clôturées doivent assumer rapidement leur devoir.

Ces dernières années, a rappelé le Groupe des 77, nous n’avons cessé d’exprimer notre préoccupation face aux déficits des opérations dont le mandat est terminé, lesquels sont dus uniquement au fait que certains États ne paient pas leurs arriérés.  C’est une situation particulièrement « inacceptable » pour les pays contributeurs de troupes et de personnel de police qui attendent toujours leurs remboursements.  Cette situation, s’est énervé le Groupe des 77, est encore exacerbée par le refus d’un seul État Membre de s’acquitter des 3% de sa quote-part aux opérations de maintien de la paix, ce qui pourrait conduire toutes les missions à fermer avec un déficit et à jeter davantage d’États dans la catégorie des « non-remboursés ».  Nous demanderons, a prévenu le Groupe, des détails sur les arriérés et le montant dû aux 29 missions dont le mandat est terminé. 

Dans son rapport (A/73/888), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) reconnaît que l’Assemblée générale ne s’est pas encore prononcée sur les propositions du Secrétaire général pour régler les questions relatives au déficit de trésorerie des missions de maintien de la paix terminées et des missions en activité.

M. António Guterres a proposé que l’Assemblée générale autorise, à titre provisoire, le versement d’avances entre missions en activité, pratique interdite par les résolutions en vigueur.  Le nouveau mécanisme, plaide-t-il, ne devrait nuire au fonctionnement d’aucune mission en activité, puisqu’il ressort de l’expérience que les besoins temporaires d’avances intercomptes ont toujours été limités par rapport à la situation de trésorerie de l’ensemble des missions en activité à quelque moment que ce soit.

Chaque avance serait limitée au montant minimal nécessaire pour renflouer la trésorerie de la mission débitrice pour le mois suivant, dans une limite de 100 millions de dollars définie en fonction du montant des avances prélevées au cours des quatre exercices précédents sur les comptes des missions terminées ainsi que du déficit de trésorerie constaté au moment du paiement et des remboursements trimestriels des sommes dues aux pays fournisseurs de contingents.

Le Secrétaire général propose aussi une autre solution, qui consisterait à créer un fonds de roulement d’un montant de 100 millions de dollars qui pourrait être mis en recouvrement en une seule fois auprès des États Membres ou prélevé sur le solde inutilisé des opérations de maintien de la paix en activité.  

Si aucune décision n’est prise pendant la session en cours, le CCQAB recommande à l’Assemblée de prier le Secrétaire général de présenter une nouvelle proposition sur les opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé.  En attendant, il recommande que les soldes de trésorerie positifs que l’on se propose de conserver pour verser à titre provisoire des avances à des missions en cours soient ramenés à 40 millions de dollars et que tout solde de trésorerie positif supérieur à ce montant soit restitué aux États Membres.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission, qui devrait achever ses travaux le 14 juin, sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Un Conseil de sécurité divisé reconduit pour un an les sanctions applicables au Soudan du Sud

8536e séance – matin
CS/13827

Un Conseil de sécurité divisé reconduit pour un an les sanctions applicables au Soudan du Sud

Le Conseil de sécurité a, ce matin, reconduit pour une année, jusqu’au 31 mai 2020, le régime de sanctions applicables au Soudan du Sud, lors d’une séance marquée par des divisions entre ses membres.

En adoptant par 10 voix pour, et 5 abstentions (Afrique du Sud, Chine, Côte d’Ivoire, Fédération de Russie et Guinée équatoriale), la résolution 2471 (2019), le Conseil a également prorogé jusqu’au 30 juin 2020 le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller la mise en œuvre des mesures de sanctions, qui comprennent un embargo sur les armes ainsi que des interdictions de voyager et des gels d’avoirs pour un certain nombre d’individus et d’entités.

En saluant l’adoption de ce texte, dont ils sont le rédacteur, les États-Unis ont regretté que les trois États africains qui siègent au Conseil se soient abstenus de voter en faveur.  Tout en faisant part de la volonté de la délégation américaine d’appuyer les organisations régionales africaines dans leurs efforts de paix, le représentant a jugé cela difficile « si les pays africains ne manifestent pas la volonté d’endiguer les flux d’armes ».

Malgré des retards, a estimé le délégué américain, des progrès ont eu lieu immédiatement après l’imposition des sanctions, il y a 10 mois.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont prêts à envisager un durcissement ou un assouplissement des mesures en fonction de l’évolution de la situation.

La France a salué la prolongation du régime de sanctions, qui contribue selon elle à stabiliser le Soudan du Sud.  « La dissémination des armes dans le pays est un véritable fléau », a dit la déléguée en appelant non seulement les autorités sud-soudanaises mais aussi les pays de la région à pleinement mettre en œuvre l’embargo sur les armes.  Le Conseil de sécurité devrait, selon la France, recourir également à des sanctions pour punir les auteurs de violences sexuelles, d’autant qu’il s’agit d’un « critère autonome de mise sous sanctions ».

Même son de cloche du côté de l’Allemagne, qui a ajouté que la dernière prorogation de la période prétransitionnelle démontre que les parties n’ont pas adhéré à la feuille de route et n’ont fait aucun progrès dans le secteur de la sécurité.  De l’avis de l’Allemagne, la pression doit être maintenue et, surtout, il faut stopper les flux d’armes vers les forces armées non cantonnées.  « Plutôt que de servir à l’achat d’armes, les ressources nationales devraient être mises au service d’un processus de paix inclusif et crédible, dont le renforcement des capacités institutionnelles et la réponse à une grave situation humanitaire. » 

Par principe, la Fédération de Russie s’est opposée au « renouvellement automatique » des régimes de sanctions, se disant partisane d’une évaluation de la situation sur le terrain.  Or, celle-ci s’est améliorée au Soudan du Sud, selon elle, un constat repris à son compte par la Chine.  La Côte d’Ivoire a abondé en ce sens, en estimant que la signature de l’Accord revitalisé par les parties sud-soudanaises s’était traduite par une amélioration de la situation sécuritaire.

La délégation ivoirienne s’est déclarée favorable à un « accompagnement vertueux » afin de préserver et renforcer la dynamique positive observée au Soudan du Sud et dans la région.  Le rôle du Conseil de sécurité ne saurait se résumer à continuellement sanctionner, a justifié la délégation.  « Nous devons aussi nous mettre en capacité d’apprécier les avancées et situer nos actions dans une perspective dynamique. »

De l’avis de l’Afrique du Sud, les sanctions imposées au Soudan du Sud ne contribuent pas à améliorer le processus politique « complexe » dans le pays.  La délégation sud-africaine a plaidé pour que les sanctions appuient véritablement le processus politique et évitent d’être des mesures de coercition.  Les sanctions doivent aussi servir d’incitation pour créer un environnement propice en vue de faire avancer un processus de paix durable, a dit le représentant, tout en reconnaissant la lenteur des progrès jusqu’à présent.

La Guinée équatoriale, qui s’est abstenue elle aussi, a fait état d’une dynamique au Soudan du Sud pour faire avancer le processus de paix, en citant notamment la médiation menée par l’Ouganda, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine (UA).  Elle a souligné les effets négatifs des sanctions sur les efforts des parties en faveur de la paix, en particulier l’embargo sur les armes.  À cause de ces mesures, les groupes armés sont mieux équipés et armés que les États, car ils utilisent des voies illégales pour acheter des armes, a fait remarquer le délégué en appelant à la prudence.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2019/441)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur le Soudan du Sud, en particulier les résolutions 2057 (2012), 2109 (2013), 2132 (2013), 2155 (2014), 2187 (2014), 2206 (2015), 2241 (2015), 2252 (2015), 2271 (2016), 2280 (2016), 2290 (2016), 2302 (2016), 2304 (2016), 2327 (2016), 2353 (2017), 2392 (2017), 2406 (2018), 2418 (2018) et 2428 (2018),

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de reconduire jusqu’au 31 mai 2020 les mesures imposées par les paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015), tels que reconduites par le paragraphe 12 de la résolution 2428 (2018), et réaffirme les dispositions des paragraphes 10, 11, 13, 14 et 15 de la résolution 2206 (2015) et des paragraphes 13, 14, 15 et 16 de la résolution 2428 (2018);

2.    Décide de proroger jusqu’au 31 mai 2020 les mesures édictées au paragraphe 4 de la résolution 2428 (2018) et réaffirme les dispositions des paragraphes 5 et 6 de la résolution 2428 (2018);

3.    Décide de proroger jusqu’au 30 juin 2020 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts au paragraphe 18 de la résolution 2206 (2015) et qu’il a tout dernièrement reconduit par le paragraphe 19 de la résolution 2428 (2018), et décide que le Groupe d’experts devra lui présenter, après concertation avec le Comité, un rapport d’activité le 1er décembre 2019 au plus tard et un rapport final le 1er mai 2020 au plus tard, ainsi qu’un point de la situation tous les mois, sauf ceux où ces rapports doivent lui être remis, et entend réexaminer le mandat du Groupe d’experts et faire le nécessaire concernant sa reconduction le 31 mai 2020 au plus tard;

4.    Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

« Pour donner sa chance à la paix il faut endiguer les flux d’armes qui alimentent le conflit », a déclaré M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis).  Il s’est dit déçu que la résolution n’ait pas été appuyée par les trois membres africains du Conseil de sécurité.  Il a fait part de la volonté de sa délégation d’appuyer les organisations régionales africaines, mais, a-t-il tempéré, « c’est difficile si les pays africains ne manifestent pas la volonté d’endiguer les flux d’armes ».  Le représentant a fait observer que depuis l’imposition de l’embargo, il y a 10 mois, les parties étaient parvenues à signer l’Accord de paix revitalisé.  Malgré des retards, des progrès ont eu lieux immédiatement après l’imposition des sanctions il y a 10 mois, a-t-il ajouté.  Il a assuré que son pays était prêt à envisager un durcissement ou un assouplissement des mesures de sanction en fonction de l’évolution de la situation.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du sud) a estimé que les sanctions imposées au Soudan du Sud ne contribuaient pas à améliorer le processus politique « complexe » de ce pays.  Il a appelé le Conseil à répondre aux efforts déployés par l’IGAD et l’UA pour faire avancer le processus de paix.  Les sanctions, a-t-il avancé, doivent appuyer le processus politique et ne pas être des mesures de coercition.  Elles doivent aussi servir d’incitation pour créer un environnement propice au processus de paix, a-t-il ajouté.  Il a parlé de l’adoption de l’Accord revitalisé et des mesures de confiance qui ont été prises, tout en reconnaissant que les progrès sont lents.  Il a appelé les parties à tout mettre en œuvre pour assurer la mise en œuvre dudit Accord, avant d’exprimer ses inquiétudes quant à la situation humanitaire et d’insister sur l’importance de laisser l’aide arriver jusqu’à la population.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a noté l’amélioration de la situation sécuritaire en général et le respect en grande partie, par les parties signataires, de l’Accord de cessation des hostilités.  Il s’est associé à la recommandation de l’Union africaine (UA) qui invite les parties à se garder de toutes mesures susceptibles de fragiliser le processus politique.  Le rôle du Conseil de sécurité ne saurait se résumer à continuellement sanctionner, a poursuivi M. Adom pour lequel « nous devons aussi nous mettre en capacité d’apprécier les avancées et situer nos actions dans une perspective dynamique.  Nos amis et frères sud-soudanais ont aujourd’hui plus que jamais besoin de notre action unitaire et constructive.  Ils ont besoin d’être encouragés dans leur difficile quête de la paix ».

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est déclaré opposé au « renouvellement automatique » des régimes de sanctions, se disant partisan d’une évaluation de la situation sur le terrain, celle-ci s’étant, selon lui, améliorée au Soudan du Sud.  Il s’est dit satisfait que l’Accord de paix se soit traduit par la réduction des violences et une amélioration de la situation des droits de l’homme dans le pays, de même que des mesures de renforcement de la confiance.  L’embargo sur les armes n’a pas permis d’appuyer l’amélioration de la situation selon lui.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déploré l’incapacité du Conseil à parvenir à un consensus.  Elle a estimé qu’à cette étape il était essentiel de maintenir le régime de sanctions, dans le contexte de l’absence d’avancée du processus de paix.  Elle a constaté une réduction majeure de la violence, y voyant un effet direct de l’embargo sur les armes, avant d’appeler à bonne mise en œuvre de celui-ci.  La représentante a appelé l’ensemble des parties à agir de bonne foi et à respecter l’embargo sur les armes.

M.  SHAOJUN YAO (Chine) a souligné le soutien de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et les efforts des parties qui font preuve de volonté pour mettre en œuvre l’Accord de paix.  Il a également constaté une amélioration de la situation dans son ensemble.  Le représentant a demandé de poursuivre les efforts menés pour faire avancer le processus politique.  Il a ensuite rappelé que la Chine s’était abstenue lors de l’adoption de la résolution 2428 (2018), soulignant ainsi son opposition à l’imposition de l’embargo sur les armes.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a salué la prorogation du régime de sanctions y voyant un élément nécessaire pour faire progresser la stabilisation du Soudan du Sud.  Il a constaté que beaucoup de travail reste à accomplir, notamment en ce qui concerne les dispositifs de sécurité et le tracé des frontières intérieures.  Il a averti qu’une levée prématurée de l’embargo pourrait avoir des conséquences négatives, notamment en ce qui concerne la protection des civils.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a salué, à son tour, l’extension du régime de sanctions et regretté qu’il n’ait pas reçu le plein appui du Conseil.  La dernière prorogation de la période prétransitionnelle, a-t-il relevé, montre que les parties n’ont pas adhéré à la feuille de route et qu’elles n’ont fait aucun progrès dans le secteur de la sécurité.  La pression doit être maintenue et surtout les flux d’armes vers les forces armées non cantonnées doivent être stoppés.  Plutôt que de servir à l’achat d’armes, les ressources du pays devraient être employées dans un processus de paix inclusif et crédible, dont le renforcement des capacités institutionnelles et la réponse à une grave situation humanitaire.  Le représentant a appelé tous les États de la région à mettre en œuvre « strictement et scrupuleusement » l’embargo sur les armes et les autres mesures que le Conseil a prorogées aujourd’hui.  Il faut, a-t-il ajouté, un message fort pour dire que les violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire, dont la violence sexuelle et fondée sur le sexe, sont « inacceptables ».  Leurs auteurs ne sauraient profiter plus longtemps de l’impunité. 

M. JOS֤É SINGER WEISINGER (République dominicaine) a expliqué avoir voté en faveur du texte à la lumière de la baisse des incidents violents, mais a émis des doutes quant à l’efficacité du processus de mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  Il a misé sur le délai de six mois fixé pour composer un gouvernement d’unité nationale, espérant que deux étapes soient franchies: la réforme de l’armée et la résolution des affaires en instance relatives aux frontières internes.  Il est temps de parvenir à une solution politique définitive, a-t-il dit en rappelant notamment les besoins humanitaires, l’insécurité alimentaire et les violences sexuelles au Soudan du Sud.

Mme  ANNE GUEGUEN (France) a salué l’extension du régime de sanctions, un outil indispensable qui contribue à stabiliser le Soudan du Sud.  Elle a appelé les autorités sud-soudanaises et les pays de la région à mettre pleinement en œuvre l’embargo sur les armes et rappelé que les sanctions individuelles requièrent pour être effectivement appliquées, la mobilisation de tous les acteurs régionaux et internationaux.  Le Conseil, a-t-elle poursuivi, doit recourir systématiquement aux sanctions pour punir et contraindre ceux qui commettent des violences sexuelles d’autant qu’il s’agit maintenant d’un critère autonome de mise sous sanctions. 

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a déploré que la résolution n’ait pu être adoptée à l’unanimité.  Il a appelé les parties à accélérer la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et à former un gouvernement d’unité nationale.  Il a aussi appelé les parties non signataires à signer ledit accord au plus tôt.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a exprimé sa déception devant le fait que certains de ses collègues n’aient pu se résoudre à appuyer le renouvellement des sanctions.  Il a estimé que la levée de l’embargo sur les armes à ce stade aurait adressé un message lamentable à la population soudanaise.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a constaté la dynamique imprimée au Soudan du Sud pour faire avancer le processus de paix, citant les efforts de médiation de l’Ouganda, de l’IGAD, de l’UA et du pape François.  Tant que cette dynamique se poursuit, la prorogation de l’embargo et l’adoption de nouvelles sanctions n’est pas le meilleur moyen d’encourager les efforts des parties pour parvenir à la paix, a estimé le représentant en expliquant ainsi son abstention.  Selon lui, les embargos sur les armes se font au détriment des gouvernements: les groupes armés utilisent des voies illégales pour acheter des armes et sont alors mieux équipés et armés que les gouvernements.  Une telle situation crée en plus un terreau fertile pour les terroristes.  Il faut faire très attention, a souligné le délégué.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est déclaré convaincu que l’Accord revitalisé était la seule option viable au Soudan du Sud.  « Il n’y a pas de plan B », a-t-il dit, en appuyant les efforts constants des organisations régionales à l’appui des efforts de paix.  Reconnaissant que les sanctions ne sont pas une fin en soi, et qu’elles doivent être réévaluées périodiquement, il a estimé néanmoins nécessaire de les reconduire, en se disant soucieux de la sécurité et du bien-être de la population sud-soudanaise. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale fait du 22 août une Journée internationale pour les minorités religieuses victimes de violences

Soixante-treizième session,
85e séance plénière - matin
AG/12147

L’Assemblée générale fait du 22 août une Journée internationale pour les minorités religieuses victimes de violences

Face à la récente multiplication dans le monde des violences contre des personnes issues de minorités religieuses, l’Assemblée générale a décidé, ce matin, de proclamer le 22 août « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions ».  Malgré l’adoption du texte par consensus, la séance a été marquée par un vif échange entre la Chine et les États-Unis qui se sont accusés de persécuter leurs minorités religieuses.

Ces derniers mois, nous avons été les témoins d’une « augmentation sans précédent » des actes de violence à l’encontre de personnes issues de communautés et minorités religieuses, a déploré la Pologne, en présentant la résolution A/73/L.85, quelques minutes avant son adoption à l’unanimité.  Elle a mentionné les attaques « épouvantables » du mois de mars dernier contre deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch et celles contre la communauté chrétienne sri-lankaise, pendant le dimanche de Pâques.  Ces évènements tragiques nous ont rappelé à quel point la liberté religieuse est un droit de l’homme fondamental et combien la haine des groupes religieux est susceptible de dégénérer en massacres, a mis en garde la Pologne, l’un des sept coauteurs de la résolution, qui s’en est prise aux gouvernements qui interdisent à leurs minorités religieuses de pratiquer leur foi à la maison ou pendant les rites funéraires. 

Pour honorer les victimes et survivants d’attaques contre des minorités religieuses, l’Assemblée proclame ainsi le 22 août « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions ».  Elle invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies concernés, les organisations internationales et régionales et la société civile à célébrer cette Journée « comme il convient ». 

Nous sommes fiers de notre tradition de défenseurs des libertés religieuses sur notre territoire, se sont enorgueillis après le vote les États-Unis, également à l’initiative du texte.  Mais, ont-ils relevé, de nombreuses personnes dans le monde continuent de souffrir en raison de leur foi.  En Chine, plus d’un million de Musulmans ouïgours et kazakhs et d’autres minorités religieuses sont internés depuis plusieurs années dans des camps de travail forcé, ont accusé les États-Unis, appelant tous les États Membres à s’élever contre les « abus » du Gouvernement chinois contre ses minorités religieuses.  

Les minorités ethniques chinoises vivent en parfaite harmonie, a rétorqué la Chine, qui a qualifié d’« infondées » les accusations américaines.  Nous nous sommes tout simplement dotés de programmes de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans la région autonome du Xinjiang, où des centres d’éducation et de formation enseignent les langues officielles et permettent d’acquérir ces compétences.  « Ces centres ne sont pas des camps mais des pensionnats », a affirmé la Chine, pour qui la situation à l’intérieur de ces centres est bien différente du portrait qu’en ont dressé les médias occidentaux.  Les minorités ne sont opprimées ni linguistiquement ni culturellement, a martelé la Chine, doutant de la sincérité des États-Unis.  Les peuples autochtones de Hawaï et d’Amérique n’accusent-ils pas le Gouvernement américain de vouloir les éliminer, eux et leurs cultures, et de les empêcher de s’exprimer dans cette enceinte même? a répliqué la Chine.  

Les États-Unis sont un cas typique où le populisme des « politiciens ultranationalistes » comme des médias contribuent à faire prospérer l’islamophobie, a renchéri l’Iran, selon lequel il est de plus en plus difficile de pratiquer la religion musulmane et de s’habiller comme un musulman dans le monde.  Lorsque des groupes néonazis sont qualifiés de « personnes bien comme il faut », il ne faut pas s’étonner des conséquences, s’est indigné l’Iran, qui a condamné la montée des attaques et de la discrimination contre les musulmans.

Bien souvent, l’aggravation de l’extrémisme et les appels à la haine contre des minorités religieuses s’expliquent par un calcul électoral, a déploré l’Égypte, qui a pointé le doigt sur un racisme « sans précédent » contre les migrants et les musulmans, ainsi que les actes de violence dont ils sont victimes.  Ces provocations et pratiques xénophobes, colportées par les médias, ne font qu’alimenter le terrorisme et déstabiliser les États, a dénoncé, à son tour, la Syrie.  Elle a accusé certains gouvernements d’alimenter le terrorisme et de manipuler les instances internationales sur les questions autochtones pour servir leurs propres intérêts.  Le peuple syrien a beaucoup souffert du phénomène des combattants terroristes étrangers, mais certains pays semblent vouloir fermer les yeux sur la question, a déploré la Syrie.

Les actes de violence contre des minorités religieuses visent l’essence même de nos valeurs communes, a déclaré le Brésil, pour qui les communautés religieuses nous rappellent les valeurs d’empathie, de pardon et d’altruisme dont nous avons aujourd’hui besoin.  Le Brésil, un pays autrefois à forte majorité catholique, compte désormais plus de 40% de minorités religieuses et ce changement s’est effectué dans la paix, le respect et la coexistence harmonieuse, grâce à un engagement quotidien en faveur de la paix.  « Tuer les autres au nom de Dieu est une offense à Dieu lui-même », a souligné le Saint-Siège.

L’Assemblée était également saisie d’une note du Secrétaire général A/73/876, dans laquelle il indique que Mme Heidi Mendoza, Secrétaire générale adjointe aux services de contrôle interne, mettra fin à son mandat le 25 octobre 2019.  Mme Mendoza, des Philippines, avait pris ses fonctions le 11 décembre 2015 et devait initialement rester en fonctions jusqu’au 10 décembre 2020.  Le Secrétaire général propose d’engager dès maintenant la procédure de recrutement de son successeur et annonce qu’il soumettra prochainement le nom d’un candidat ou d’une candidate à l’Assemblée.

Par ailleurs, les États Membres ont adopté par acclamation la résolution A/73/L.87, dans laquelle ils appellent à améliorer encore les activités du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral.  Ce dernier avait été créé en 1993 par le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan pour financer des projets écologiques.  Le texte adopté aujourd’hui les invite à renforcer la coopération régionale dans le cadre des activités du Fonds, notamment en matière de développement social et économique, de protection de l’environnement, d’interventions en cas de catastrophe naturelle, de gestion des ressources en eau et d’échange d’informations.  L’Assemblée appelle également à renforcer la coopération entre le Fonds et le système des Nations Unies, tout en examinant la possibilité de mettre en place un programme spécial des Nations Unies pour le bassin de la mer d’Aral.  Des consultations auront lieu à cet égard en 2019 entre le Comité exécutif du Fonds, les États Membres et les entités compétentes des Nations Unies.

Il fut un temps où la mer d’Aral était le quatrième plus grand lac au monde, a rappelé le Turkménistan, en présentant la résolution.  Il est revenu sur la catastrophe écologique qui a frappé la zone d’Asie centrale à partir des années 1960, après la forte décrue des eaux du lac provoquée par l’assèchement de ses affluents.  Sans l’aide et l’appui des institutions financières internationales, des pays développés et de l’ONU, nous ne serons pas en mesure de régler ce problème, a indiqué le pays, l’un des sept coauteurs de la résolution. 

Le manque d’efficacité du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral et l’absence de progrès dans la conduite de sa réforme nous ont incités à geler notre participation au Fonds en 2016, a indiqué après le vote le Kirghizistan, estimant que les négociations entre experts régionaux qui se sont déroulées en 2010 et 2011 pour réformer le Fonds avaient échoué en raison de la position « non constructive » de certains États.  La réforme du Fonds exige les efforts communs de tous ses membres, a insisté le Kirghizistan, espérant que de tels efforts permettraient d’améliorer son efficacité au profit de tous les pays d’Asie centrale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité affiche ses divisions sur l’évaluation de la crise humanitaire en Syrie

8535e séance – matin
CS/13826

Le Conseil de sécurité affiche ses divisions sur l’évaluation de la crise humanitaire en Syrie

Onze jours après la dernière séance sur la Syrie, le Conseil de sécurité s’est à nouveau réuni, ce matin, pour se pencher sur la situation humanitaire, avec un exposé de la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller. 

« Vous connaissez tous les statistiques de ce conflit.  Vous savez tous que la moitié de la population syrienne soit a fui le pays, soit est contrainte aux déplacements répétés.  Vous savez tous que des centaines de milliers de Syriens ont été tués et des millions blessés.  Et vous savez tous que, actuellement, environ trois millions de personnes à Edleb sont piégées par des échanges de tirs, certains s’abritant sous des arbres ou des bâches en plastique », a résumé Mme Mueller, qui est également la Vice-Coordonnatrice des secours d’urgence à l’ONU.

Dans cette province, il n’y a plus d’écoles ou d’hôpitaux sûrs, et aucun moyen de gagner sa vie, a-t-elle poursuivi.  « Huit ans de frappes aériennes, de tirs d’artillerie et d’attaques terroristes, passés dans la peur constante d’envoyer son enfant dans une école qui pourrait être bombardée un jour », a déploré la haut fonctionnaire, en avertissant que les opérations militaires à venir des forces progouvernementales contre les organisations terroristes retranchées à Edleb, allaient dépasser la capacité de la communauté humanitaire à répondre aux besoins.

La Belgique, qui a également pris la parole au nom des autres délégations porte-plumes sur le dossier humanitaire en Syrie, à savoir l’Allemagne et le Koweït, a adressé cinq requêtes aux parties, la première étant d’assumer leurs obligations internationales humanitaires, dont la protection des civils et des infrastructures civiles.  Elle leur a également demandé de se réengager à respecter le cessez-le-feu signé le 17 septembre 2018 à Sotchi sous les auspices russo-turques.

Une autre requête de ces trois délégations est de garantir à l’ONU et à ses partenaires un accès humanitaire sûr, sans entrave et durable pour toucher les populations dans le besoin à Edleb, Hol ou Roukban et partout ailleurs, notamment par l’utilisation d’un mécanisme transfrontalier comme prévu par la résolution 2449 (2018).  Ces délégations ont aussi exigé le retour « sûr, volontaire, digne et continu » des réfugiés, ainsi que les poursuites en justice de tous ceux qui ont violé le droit international humanitaire et les droits de l’homme.

Alors que les États-Unis ont affirmé que « le régime d’Assad », avec l’aide de ses alliés militaires, avait mené au cours des huit dernières années « une campagne punitive contre le peuple syrien », la République arabe syrienne a rétorqué que les souffrances de la population étaient le fait des « crimes de guerre » commis par les forces de la coalition conduite par Washington.  Aucun doute pour le représentant syrien: depuis le début, le dossier humanitaire a été instrumentalisé.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Vershinin, a estimé que « 99% » de la province d’Edleb est actuellement sous le contrôle du groupe terroriste Hay’at Tahrir el-Cham (HTS).  En avril 2019, la Russie a recensé plus de 378 violations du cessez-le-feu par les membres de ce groupe, ce qui a causé la mort de 19 civils et fait 42 blessés, a-t-il assuré.  M. Vershinin a également déploré la poursuite d’attaques à l’explosif et au drone contre des sites russes en Syrie, citant le cas du 19 mai, où une base russe a été visée par six frappes terroristes.  Il a aussi dénoncé le fait que les terroristes mènent des actions agressives depuis le sud d’Edleb, en accusant les combattants de HTS de terroriser la population locale et d’utiliser les civils comme boucliers humains, des accusations corroborées par le délégué syrien.

Pour la France au contraire, la nouvelle offensive du « régime » syrien et de ses alliés s’inscrit dans une volonté de reconquête par la force des zones qui échappent encore à leur contrôle, « comme ce fut le cas pour Alep et la Ghouta ».  « Avec plus d’une quarantaine d’infrastructures civiles frappées, les cibles et les objectifs de cette offensive ne laissent pas de doute. »  Toutefois, le représentant de la France a estimé que la lutte contre le terrorisme ne justifierait jamais de telles actions, tandis que le Vice-Ministre russe a assuré de son côté que les forces russo-syriennes ne s’en prenaient qu’aux terroristes.

Autre motif de désaccord aujourd’hui au Conseil: le camp de Roukban, à la frontière avec la Jordanie et l’Iraq.  Selon les États-Unis, les conditions humanitaires y sont déplorables du fait du « refus du régime de permettre à l’ONU de fournir une aide régulière aux milliers de personnes qui y vivent », 111 jours après l’arrivée du dernier convoi sur place.  « J’aimerais corriger cette information », a lancé le représentant syrien: « le Conseil sait que le Gouvernement syrien a approuvé ce convoi alors que les États-Unis l’ont refusé pendant deux mois.  Les forces occupantes sont responsables du bien-être de la population en vertu des Conventions de Genève, a-t-il rappelé.

Pour la Secrétaire générale adjointe, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que le Conseil de sécurité peut faire pour protéger les civils à Edleb.  « Le Conseil ne peut-il pas prendre de mesures concrètes lorsque les attaques contre les écoles et les hôpitaux sont devenues une tactique de guerre qui ne suscite plus l’indignation?  N’y a-t-il rien à faire lorsque des barils d’explosifs sont largués aveuglément dans des zones civiles?  Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes battus et assiégés ne peuvent attendre le prochain tour de négociations de Genève.  Ils ont besoin de protection et de votre intervention – maintenant. »

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

« Vous connaissez tous les statistiques de ce conflit.  Vous savez tous que la moitié de la population syrienne soit a fui le pays, soit est contrainte aux déplacements répétés.  Vous savez tous que des centaines de milliers de Syriens ont été tués et des millions blessés.  Et vous savez tous que, actuellement, environ trois millions de personnes à Edleb sont piégées par des échanges de tirs, certains s’abritant sous des arbres ou des bâches en plastique.  Il n’y a pas d’écoles ou d’hôpitaux sûrs, pas de moyen de gagner sa vie.  Huit années de frappes aériennes, de tirs d’artillerie et d’attaques terroristes, passées dans la peur constante d’envoyer son enfant dans une école qui pourrait être bombardée un jour ».  Tels sont les mots par lesquels Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Vice-Coordonnatrice des secours d’urgence, a commencé son intervention.  Les combats à Edleb ont repris au cours des derniers jours, en dépit de l’annonce d’un cessez-le-feu temporaire le 17 mai, a-t-elle indiqué.  Jusqu’à présent, ce mois-ci, les tirs d’obus soutenus et les bombardements aériens se sont traduits par la mort confirmée de 160 civils et le déplacement de 270 000 personnes, a-t-elle ajouté.  Selon Mme Mueller, les forces progouvernementales et les groupes armés non étatiques ont échoué à respecter les principes de distinction et de proportionnalité du droit international humanitaire. 

Dans ce contexte d’escalade, la communauté humanitaire réagit conformément à ses plans d’urgence et de préparation.  « Par exemple, au mois de mai jusqu’à ce jour, plus de 170 000 repas prêts à consommer ont été distribués à ceux qui ont fui cette dernière vague de violence.  Un soutien en matière d’hébergement a été fourni à 25 000 personnes nouvellement déplacées, tandis que 60 000 autres civils en bénéficieront dans les jours et les semaines à venir.  Ces civils viennent s’ajouter aux 1,2 million de personnes que nous aidons déjà chaque mois », a précisé la Sous-Secrétaire générale.  Cependant, malgré tous ces efforts, la réponse est insuffisante, a-t-elle reconnu.  Les opérations militaires à venir vont excéder toute capacité d’intervention, a-t-elle prévenu, en soulignant que beaucoup de partenaires humanitaires font partie de la population touchée et ont eux-mêmes été déplacés.  En conséquence, dans de nombreuses zones d’hostilités actives, les opérations humanitaires ont été suspendues. 

Les combats à Edleb sont peut-être le front le plus difficile du conflit à l’heure actuelle, mais ce n’est pas le seul endroit où les besoins humanitaires augmentent, a poursuivi la haut fonctionnaire en se disant gravement préoccupée, par exemple, par la situation à Roukban qui semble se détériorer et qui a conduit plus de 13 100 personnes à fuir au cours des deux derniers mois.  Une assistance soutenue aux 29 000 personnes restées à Roukban est nécessaire, a ainsi déclaré Mme Mueller, en soulignant que ce sont peut-être les plus vulnérables de toutes les personnes dans le besoin.  Les vivres, médicaments de base et autres articles de première nécessité livrés en février sont en effet épuisés, tandis que le carburant est rare et les prix montent en flèche.  « Les gens sont à bout. »  Mme Mueller a donc préconisé le déploiement d’un troisième convoi humanitaire à destination de Roukban pour éviter de nouvelles souffrances, exhortant les autorités syriennes à revenir sur leur refus et à faciliter l’accès d’un troisième convoi, comme demandé en mars et le 9 mai derniers.

La Vice-Coordonnatrice des secours d’urgence a également fait état de la situation critique dans laquelle se trouvent environ 74 000 civils dans le camp el-Hol, dont 92% sont des femmes et des enfants.  Elle a expliqué que la plupart ont été exposés à une violence extrême et à des traumatismes sous le joug de Daech, ces gens vivant maintenant dans des conditions extrêmement difficiles: ils sont confrontés à toute une gamme de problèmes de protection et à un destin incertain et déconcertant.  « Beaucoup d’entre eux sont des étrangers et font face au risque de se voir refuser le rapatriement, la réhabilitation, la réintégration, un procès équitable.  Certains pourraient même devenir apatrides », s’est alarmée la Sous-Secrétaire générale.  C’est la raison pour laquelle elle a appelé une nouvelle fois les États Membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour que leurs ressortissants soient rapatriés afin d’être réadaptés et réintégrés ou alors poursuivis en justice.  « Nous comprenons que d’autres personnes risquent d’arriver au camp el-Hol au cours de la prochaine période », a ajouté Mme Mueller, s’inquiétant des conditions déjà difficiles avec la population actuelle.  Les mois d’été et le risque de nouveaux arrivants peuvent compliquer encore la situation, a-t-elle craint.  Elle a appelé à trouver d’urgence des solutions pour les résidents du camp, comme le retour volontaire dans la région d’origine ou le rapatriement.

Mme Mueller a rappelé que le Conseil de sécurité avait été informé, mois après mois, de l’ampleur des souffrances subies par le peuple syrien, en dénombrant 61 rapports soumis par le Secrétaire général et des centaines de séances du Conseil.  « Il n’est pas question aujourd’hui de savoir si vous, membres du Conseil, êtes au courant de la situation humanitaire tragique en Syrie, vous l’êtes.  La question qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que vous ferez pour protéger les civils à Edleb.  Le Conseil ne peut-il pas prendre de mesures concrètes lorsque les attaques contre les écoles et les hôpitaux sont devenues une tactique de guerre qui ne suscite plus l’indignation?  N’y a-t-il rien à faire lorsque des barils d’explosifs sont largués aveuglément dans des zones civiles, une violation flagrante du droit international humanitaire et de la résolution 2139 (2014) du Conseil?  Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes battus et assiégés ne peuvent attendre le prochain tour de négociations de Genève pour réussir.  Ils ont besoin de protection et de votre intervention – maintenant. »

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERE s’est exprimé au nom de son pays la Belgique, ainsi que de l’Allemagne et du Koweït, les trois délégations porte-plumes sur le dossier humanitaire en Syrie.  Il a adressé cinq requêtes aux parties, la première étant d’assumer leurs obligations internationales humanitaires y compris la protection des civils et des infrastructures civiles.  Il leur a aussi demandé de se réengager à respecter le cessez-le-feu signé le 17 septembre 2018 sous les auspices russo-turques.  Une autre requête est de garantir un accès humanitaire sûr, sans entrave et durable de l’ONU et ses partenaires aux populations dans le besoin à Edleb, el-Hol ou Roukban et partout ailleurs, notamment par l’utilisation d’un mécanisme transfrontalier comme prévu par la résolution 2449 (2018).  Le représentant a enfin exigé le retour « sûr, volontaire, digne et continu » des réfugiés pour assurer leur protection, ainsi que les poursuites en justice de tous ceux qui ont violé le droit international humanitaire et les droits de l’homme.

Le représentant a ensuite exprimé sa profonde préoccupation quant à la situation dans le nord-est de la Syrie où la campagne militaire se poursuit.  Il a cité les bombardements aériens aveugles qui se déroulent sans relâche, y compris l’utilisation de barils d’explosifs.  « Cette utilisation de la force est cruelle et complètement inacceptable. »  La lutte contre le terrorisme ne peut justifier les attaques aveugles contre les civils et les infrastructures civiles, a-t-il lancé.  Les opérations contre le terrorisme ne soustraient pas les parties à leur responsabilité de protéger les civils, à leurs obligations découlant du droit international humanitaire ni aux résolutions 2286 (2016) et 2427 (2018) du Conseil de sécurité, a-t-il insisté.  Le représentant s’est aussi inquiété des abus commis contre des journalistes et professionnels des médias, demandant aux parties de cesser ces pratiques, ainsi que des situations dans les camps d’el-Hol et Roukban.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. SERGEY VASILYEVICH VERSHININ, a espéré que cet échange de vue permettrait de mieux comprendre la situation en Syrie et a partagé les préoccupations exprimées par Mme Mueller en ce qui concerne la situation à Edleb et ses alentours.  Il a affirmé que 99% du territoire de cette zone est sous contrôle du groupe terroriste Hay’at Tahrir el-Cham (HTS), ce qui constitue une menace pour la population civile.  En avril 2019, la Russie a recensé plus de 378 violations du cessez-le-feu par les terroristes qui se trouvent dans cette zone, ce qui a causé la mort de 19 civils et fait 42 blessés, a dit le Vice-Ministre.  M. Vershinin a également déploré la poursuite d’attaques à l’explosif et au drone contre des sites russes en Syrie, citant le cas du 19 mai, où une base russe a été visée par six frappes terroristes.  Il a aussi dénoncé le fait que les terroristes mènent des actions agressives depuis le sud d’Edleb, en accusant les combattants d’HTS de terroriser la population locale et d’utiliser les civils comme boucliers humains.

En réponse à ces actions agressives, a poursuivi le Vice-Ministre, les forces aériennes russes fournissent un appui indispensable aux forces nationales syriennes qui tentent d’éradiquer les foyers terroristes dans la zone d’Edleb et de mettre fin aux attaques de leurs sites.  Les frappes syriennes et russes concernent uniquement des cibles terroristes, a-t-il affirmé.  Il s’est dit préoccupé par la détermination des groupes terroristes de « fabriquer des preuves pour insinuer des attaques chimiques ».  Un membre du groupe Al-Qaida est impliqué dans « l’aile chimique » qui cherche à transmettre de fausses informations à l’Occident, a-t-il affirmé avant de déclarer que « la Fédération de Russie se tourne vers l’ONU pour véritablement vérifier toutes ces informations ».

Le Vice-Ministre a ensuite mentionné la montée des tensions à l’est de l’Euphrate « qui n’est pas sous contrôle syrien » et a appelé les membres de la coalition à réagir en travaillant avec le Gouvernement syrien.  Il a également évoqué la situation difficile dans le camp surpeuplé d’el-Hol, où l’hygiène de base des 73 000 personnes qui y vivent ne peut être assurée, ce qui provoque des épidémies.

La Fédération de Russie appelle en outre à faire pression sur les groupes terroristes qui se trouvent dans le camp de Roukban.  Pour le Vice-Ministre, la communauté internationale doit continuer d’appuyer le processus de stabilisation en Syrie et, ce faisant, faire avancer le processus politique.  Pour cela, il faut éviter de politiser la question humanitaire, a mis en garde le Vice-Ministre, avant de passer en revue les nombreuses actions et mesures prises par son pays, à la fois sur le plan humanitaire et en termes de reconstruction.  Il a appelé toutes les parties à unir leurs efforts et à travailler de concert pour éradiquer les foyers terroristes en Syrie.

Revenant à l’exposé de Mme Mueller, il a appelé les membres du Conseil à répondre à la question de savoir ce qu’il faut faire pour que des millions de Syriens ne soient plus pris en otage par des terroristes.  Réagissant aussi à l’intervention de la Belgique, il a voulu savoir « qui sont les parties qui doivent respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme », en demandant si « les terroristes en font partie ». 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a affirmé que « le régime d’Assad », avec l’aide de ses alliés militaires, avait mené au cours des huit dernières années « une campagne punitive contre le peuple syrien ».  Les attaques du régime ont provoqué l’une des plus graves crises humanitaires depuis la Seconde Guerre mondiale, entraînant la fuite de millions de personnes à cause des attaques aux armes chimiques, des frappes aériennes, des tirs d’artillerie lourde, des arrestations arbitraires et de la famine.  À l’est d’Alep, dans la Ghouta orientale, à Madaya, à Mouaddamiyé et à Homs, la population devait choisir entre se rendre aux forces du régime ou mourir de faim.  Cette tactique de siège fait partie intégrante de « la stratégie d’Assad » qui cherche à régler le conflit par une solution militaire plutôt que de négocier une solution politique grâce aux bons offices de l’ONU, a regretté le représentant.

Citant le cas du camp Roukban où les conditions humanitaires sont déplorables du fait du « refus du régime de permettre à l’ONU de fournir une aide régulière aux milliers de personnes qui y vivent », il a rappelé que 111 jours s’étaient écoulés depuis la dernière livraison d’aide humanitaire.  Le 22 avril, le « régime d’Assad » a rejeté la demande de l’ONU de faire passer un troisième convoi d’assistance humanitaire, s’est indigné le représentant en remarquant que ce régime pourrait facilement approuver ce convoi demain et que les États-Unis étaient prêts à faciliter toutes les livraisons.  Cette situation déplorable pousse les gens à quitter le camp à cause de la menace de famine, a-t-il observé, avant de réitérer son appel à la Syrie pour qu’elle approuve immédiatement ce troisième convoi.

S’attendant à ce que les défenseurs du régime citent la lutte contre les terroristes comme justification de ses mesures sévères, le représentant américain a souligné que le Conseil était uni par rapport à la nécessité de lutter contre le terrorisme, mais que « ce n’est pas l’autorisation d’affamer des civils ».  

S’agissant de l’escalade militaire récente menée par le régime et les forces russes à Edleb et dans le nord de Hama, les États-Unis soulignent une fois de plus que la mise en œuvre intégrale de l’Accord de Sotchi de septembre 2018 est essentielle pour protéger la vie des civils et empêcher de nouveaux déplacements forcés.  La Fédération de Russie et le régime syrien doivent s’engager de nouveau à appliquer le cessez-le-feu de Sotchi et à une désescalade des combats, a exigé le représentant.  En outre, les parties sur le terrain doivent veiller à ce que les livraisons d’aide humanitaire transfrontalière de l’ONU arrivent jusqu’à Edleb, y compris la zone démilitarisée.

Toujours alarmés par la poursuite des frappes aériennes contre les établissements et les personnels de santé dans le nord-ouest de la Syrie, les États-Unis exigent que les forces et les dirigeants qui ont planifié et dirigé ces attaques soient tenus pour responsables.  Également préoccupés par les conséquences de l’utilisation future d’armes chimiques, notamment de gaz chloré, sur la situation humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie, le représentant a mis en garde que « les États-Unis et ses alliés surveillent de près la situation dans le nord-ouest de la Syrie et réagiront rapidement et de manière appropriée à toute nouvelle utilisation d’armes chimiques par le régime d’Assad ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a appelé à faire de la préservation du cessez-le-feu à Edleb une priorité absolue, voulant « éviter qu’Edleb ne devienne un nouvel Alep ».  Outre les vies de plus trois millions de civils qui sont en jeu, une offensive de plus grande ampleur aurait des conséquences humanitaires dramatiques, et représenterait aussi une menace sécuritaire et un risque migratoire « pour nous tous », a-t-il prévenu.  Il a donc appelé les signataires de l’Accord de cessez-le-feu à tenir leurs engagements sur son maintien, demandant en particulier à la Fédération de Russie d’exercer les pressions nécessaires sur le régime.  Il a aussi demandé à l’Iran de traduire en actes, en Syrie, l’engagement dont il a fait part au Conseil de sécurité, dans un courrier récent, de contribuer à la stabilité régionale.  Pour la France, la nouvelle offensive du régime et de ses alliés s’inscrit dans une volonté de reconquérir par la force des zones qui échappent encore à leur contrôle, « comme ce fut le cas pour Alep et la Ghouta ».  « Avec plus d’une quarantaine d’infrastructures civiles frappées, les cibles et les objectifs de cette offensive ne laissent pas de doute. »   Le représentant a, toutefois, estimé que la lutte contre le terrorisme ne justifiera jamais de telles actions.

M. Delattre a ensuite insisté sur l’impératif de protection des civils, jugeant inacceptable que les hôpitaux, y compris ceux qui ont fait l’objet d’une « déconfliction », ainsi que les écoles, continuent à être la cible d’attaques dans le nord-ouest.  Il a également appelé à garantir un accès humanitaire sûr, complet, durable et sans entrave, insistant notamment sur l’urgence du déploiement d’un nouveau convoi d’aide dans le camp de Roukban.  Le représentant a appelé « ceux qui en ont les moyens » à exercer les pressions nécessaires sur le régime pour qu’il autorise ledit convoi et garantisse plus largement un accès humanitaire sans entrave dans l’ensemble des zones sous son contrôle, en particulier dans les territoires qu’il a récemment reconquis, au sud-ouest et dans le Ghouta orientale.  Par ailleurs, il a souligné que seule une solution politique durable permettra de mettre fin à la tragédie syrienne.  « Il est impensable d’envisager le financement de la reconstruction du pays, la normalisation des relations avec le régime de Damas ou encore la levée des sanctions tant que des avancées irréversibles et crédibles vers une solution politique n’auront pas été enregistrées », a-t-il dit.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est déclaré extrêmement préoccupé de la situation dans les provinces d’Edleb et de Hama.  En dépit de l’annonce d’un nouveau cessez-le-feu unilatéral de 72 heures à Edleb, de nombreuses informations font état du lancement imminent d’une attaque des forces syriennes contre les positions du Front el-Nosra, a-t-il déclaré, en appelant à la modération, au respect du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme, et en espérant que la coopération russo-turque permette d’atténuer les tensions conformément à l’accord de Sotchi.

Le représentant a ensuite évoqué la série télévisée « Le Trône de fer », dans laquelle la « mère des Dragons » utilise le feu ardent de ces créatures pour conquérir Port-Réal, la capitale des Sept Couronnes, une victoire obtenue au prix du massacre de milliers d’innocents, et de la destruction des structures sociales et économiques locales.  « Mais en Syrie, nul besoin de dragons pour détruire une ville! » s’est-il exclamé, notant que dans bien des villes syriennes, les bombardements aériens et les attaques terrestres ont causé des morts et des dégâts bien réels.  Cette métaphore, a-t-il expliqué, doit servir de rappel aux pays qui ont de l’influence sur les parties au conflit pour éviter que de nouvelles victimes ne viennent alourdir le bilan actuel de 400 000 morts.

M. ZHAOXU MA (Chine) a appuyé les efforts inlassables de l’ONU pour améliorer la situation en Syrie.  Le problème d’Edleb qui demeure est, selon lui, imputable aux forces terroristes qui contrôlent cette région.  Les groupes terroristes locaux s’en prennent non seulement aux civils et aux infrastructures civiles mais également aux bases militaires russes, a-t-il constaté avant d’affirmer que « à moins d’éradiquer la présence terroriste, il sera impossible de vivre dans la paix ».  La Chine appuie les efforts de l’ONU et des autres acteurs pertinents pour améliorer la situation humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie.  S’agissant de la situation « complexe » dans le camp d’el-Hol, le représentant a appelé à prendre des modalités spécifiques pour la relocalisation des 73 000 personnes qui s’y trouvent.

En ce qui concerne les zones où la situation sécuritaire est relativement stable, le représentant a exhorté la communauté internationale à venir en aide au Gouvernement syrien dans ses efforts de reconstruction pour permettre aux populations civiles de se relever des ruines de la guerre.  Il a aussi appelé à poursuivre les efforts dans la recherche d’une solution politique en Syrie, sous les auspices des Nations Unies et conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Depuis les débuts de la crise syrienne, la Chine fournit une assistance d’urgence et des équipements médicaux, a enfin rappelé le représentant, qui a donné l’assurance que cette aide continuerait.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a appelé les parties au conflit à respecter l’obligation de protection des civils, du droit international et du droit international humanitaire.  Cela comprend notamment la levée de toutes les entrave à la fourniture de l’aide humanitaire aux réfugiés et personnes déplacées, y compris les femmes et les enfants, ainsi que la protection du personnel humanitaire.  Le représentant s’est dit préoccupé du fait que chaque épisode de confrontations armées constitue, en sus des conséquences humanitaires, un coup porté aux efforts déployés par la communauté internationale en vue d’un règlement pacifique durable de la crise en Syrie. 

La détermination de la communauté internationale à obtenir la cessation immédiate des hostilités sur toute l’étendue du territoire syrien doit être aussi forte que son appel à privilégier le dialogue, afin de donner des chances de succès au processus de paix en souffrance, a plaidé M. Adom.  Il a, en particulier, appelé au respect de l’Accord russo-turc sur la « zone démilitarisée », conclu en septembre 2018, qui doit permettre la séparation des territoires insurgés des zones gouvernementales et garantir un arrêt des hostilités dans cette région. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a dénoncé, entre autres, les frappes aériennes qui ont endommagé 23 centres de soins dans le nord-ouest de la Syrie et a appelé les parties à faire de la protection des civils leur priorité.  Toute opération militaire doit se dérouler dans le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme afin d’éviter de nuire aux centaines de milliers de civils pris au piège par les combats, a-t-elle exigé en rappelant que la protection des civils et l’accès sans entrave de l’aide humanitaire est une obligation juridique qui incombe à toutes les parties au conflit.  Et ceux qui ne le respectent pas doivent être tenus pour responsables, a-t-elle averti.

Le représentante s’est également inquiété de l’état « dramatique » des installations de santé en Syrie, notant le manque d’équipements et soulignant le risque de transformer certaines blessures en handicaps à vie.  Elle a appelé le Conseil à plaider résolument en faveur de la santé et la protection des civils.  Des mécanismes appropriés doivent également être mis sur pied pour tenir les auteurs responsables, notamment ceux qui commettent de graves violations contre les enfants, en particulier dans la région de Hol où les enfants représentent la majorité de la population.  Le délégué s’est aussi préoccupé de l’accès humanitaire, notamment dans le camp de Roukban où la situation est de plus en plus précaire en raison d’un accès pratiquement inexistant.  Après l’arrivée d’un deuxième convoi humanitaire début février, il s’est inquiété du manque de progrès réalisé pour y dépêcher un troisième, avant d’appeler les autorités syriennes à promptement autoriser le prochain convoi interagences.

Mme GOOLAB (Afrique du Sud) a demandé aux parties de ne pas bombarder les infrastructures à Edleb, comme ailleurs, et de s’assurer que les civils de la région ne sont pas utilisés comme boucliers humains par les acteurs non étatiques.  Préoccupée de voir un certain nombre d’agences humanitaires suspendre leurs opérations dans le nord-ouest du pays à cause de la montée de la violence, elle a invité les parties à cesser les hostilités.  Les parties doivent aussi s’engager pleinement dans le processus politique, a dit la représentante qui a ensuite demandé que les signataires du mémorandum de cessez-le-feu de septembre dernier en respectent les dispositions.  Elle s’est aussi inquiétée des attaques ciblant les infrastructures de santé et d’éducation.  Reconnaissant la nécessité de tenir compte de la menace et de la violence commise par les organisations terroristes, Mme Goolab a aussi souligné que les actions prises pour y faire face ne peuvent l’être aux dépens des vies de civils innocents, et que ces actions doivent respecter le droit international.

L’Afrique du Sud appelle, en outre, à aider les 73 000 personnes vivant dans le camp d’el-Hol, dont 50 000 sont des enfants.  Elle souhaite aussi que tous les efforts soient entrepris pour permettre à ceux voulant retourner chez eux de le faire, qu’ils soient Syriens, Iraquiens ou autres.  L’Afrique du Sud salue les rapports qui notent que de plus en plus de gens quittent le camp de Roukban, aidés par le Gouvernement syrien et sous l’observation de l’ONU, dans le respect du principe d’un retour volontaire, sûr, digne et informé.  La délégation souhaite que les accords nécessaires soient signés afin de permettre que l’aide humanitaire soit livrée dans le camp.

La représentant a indiqué, par ailleurs, que la présence de toute force militaire étrangère en Syrie sans l’accord préalable du Gouvernement sape et viole la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.  Mme Goolab a invité les pays à identifier leurs ressortissants par le biais des agences pertinentes de l’ONU, et à les ramener dans leur pays d’origine pour les juger en accord avec les lois locales.  De même, l’Afrique du Sud souhaite que les membres d’Al-Qaida et de Daech soient détenus avant qu’ils n’incitent à plus de violence, notamment dans un contexte où des rapports font état de l’expansion des filiales de ces groupes terroristes de la Syrie et d’Iraq vers le continent africain.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est dit préoccupée par le fait que le cessez-le-feu unilatéral décrété par les « forces prorégimes » ait été suivi, dès le lendemain, d’une escalade de violence.  Elle a appelé toutes les parties à respecter l’Accord de Sotchi, en jugeant « inexcusable » que les hôpitaux soient pris pour cible malgré l’existence d’un mécanisme de désescalade.  La représentante a insisté sur le fait que la lutte antiterroriste ne peut servir de prétexte pour lancer des attaques contre des cibles civiles.  Aussi sa délégation a-t-elle demandé à la République arabe syrienne de prendre quatre engagements aujourd’hui.  Tout d’abord, ne pas prendre les journalistes pour cible.  Ensuite, respecter le droit international humanitaire et s’engager en faveur de mesures de protection des civils, telles que prévues par le Haut-Commissariat pour les réfugiés.  Enfin, prévoir l’arrivée d’un convoi humanitaire à Roukban.  « Ce ne sont pas des engagements difficiles à tenir pour un gouvernement soucieux du bien-être de sa propre population », a estimé Mme Pierce.

M. JOSUÉ ANTINOE FIALLO BILLINI PORTORREAL (République dominicaine) a déclaré que le Conseil de sécurité avait, plus que jamais, une responsabilité importante dans les efforts visant à mettre fin à la crise en Syrie.  Il a souligné que le pays est en proie à une escalade militaire dans le nord-ouest.  Nombre de réfugiés n’ont d’autre choix que de rallier des camps de personnes déplacées surpeuplés, a-t-il relevé, en se faisant aussi l’écho de certaines informations selon lesquelles des attaques répétées sont commises contre des centres de soins et des écoles.  On estime que 250 000 enfants en âge d’aller à l’école ne peuvent s’y rendre, a rappelé le représentant.  « Si ceci n’est pas une catastrophe, alors nous devons revoir nos critères », a-t-il conclu.

M. GUATAVO MEZA-CUADRA (Pérou), qui suit avec préoccupation la situation humanitaire en Syrie, s’est dit alarmé par la persistance de la violence dans le nord-ouest du pays et son impact sur la population, en particulier, en termes de destruction des infrastructures civiles, des centres médicaux et des écoles.  Il a regretté les nouvelles victimes civiles à Edleb, avant de dénoncer les violations répétées du droit international humanitaire et des droits de l’homme de même que les violations des mandats du Conseil.  « Il faut que cela cesse pour que la confiance nécessaire à la consolidation d’une paix durable puisse revenir », a-t-il exigé.

Il a également mis l’accent sur le nombre croissant de personnes déplacées à cause de l’escalade des tensions.  Beaucoup d’entre-elles ont besoin d’une assistance d’urgence pour pouvoir survivre, a poursuivi le représentant, en saluant au passage le professionnalisme et le dévouement du personnel humanitaire et des Nations Unies en Syrie.  Il en a profité pour insister sur l’impératif moral et juridique pour les parties de garantir leur sécurité et de leur permettre un accès nécessaire.  Il a estimé que l’ONU devait venir en aide aux populations du camp de Roukban, comme une mesure palliative en attendant que les pays directement concernés par cette problématique parviennent à une solution définitive qui permette un retour en toute sécurité de ces personnes dans leurs foyers.  S’agissant du camp d’el-Hol, il a appelé la communauté internationale à mobiliser les moyens nécessaires pour subvenir aux besoins aux 73 000 personnes qui y ont trouvé refuge.

Il faut également faire des progrès en termes d’identification des personnes disparues, de remise des dépouilles mortelles et de libération des détenus et des disparus, a estimé le représentant.  Face à l’intensification des violences ces dernières semaines, « je ne cesserai pas de rappeler l’urgence de parvenir à une solution politique en Syrie sur la base de la résolution 2254 et du Communiqué de Genève », a-t-il conclu.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a insisté sur l’importance, pour le Conseil de sécurité, de se montrer uni face à la situation humanitaire en Syrie. Il s’est inquiété de la situation dans le nord-ouest du pays, relevant notamment que la majorité des trois millions de personnes qui se trouvent dans la zone de désescalade d’Edleb ont déjà été déplacées à plusieurs reprises.  M. Djani s’est également soucié de la situation dans le camp de Roukban où près de 28 500 personnes vivent toujours dans des conditions catastrophiques, ainsi que de la situation dans le camp d’el-Hol, dont les femmes et les enfants représentent 92% de la population, notant les informations faisant état de « tensions » au sein du camp.  De plus, 11 000 ressortissants étrangers sont isolés dans une « annexe » du camp, avec un accès limité aux services de base, a-t-il relevé.

Le représentant a appelé à une action concrète pour répondre aux besoins humanitaires.  Il a aussi recommandé de veiller à la durabilité des opérations humanitaires.  Il a jugé urgent d’élaborer un plan préparatoire et d’ajuster les besoins en fonction des priorités, de nombreux partenaires humanitaire ayant dû suspendre leurs opérations en raison de l’intensité des combats dans le nord-ouest.

Reprenant la parole à la fin des échanges de ce matin, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a réagi à ce qui a été dit.  « Je ne peux pas poursuivre la discussion, notamment les parallèles faits avec la série télévisée « Le Trône de fer (Game of Thrones) », que je n’ai pas vue, parce que ce qui se passe en Syrie n’est pas un jeu », a-t-il dit.  Il s’agit là d’un pays souverain et de sa population qui souhaite construire son propre avenir, a-t-il rappelé avant de réaffirmer à nouveau que 99% de la zone de désescalade d’Edleb est aux mains du groupe terroriste Hay’at Tahrir el-Cham (HTS), un groupe que le Conseil a reconnu comme étant une organisation terroriste.  Il s’attendait à ce que quelqu’un réagisse à ces chiffres, « mais cela n’a pas été le cas ».

S’agissant des appels au respect du cessez-le-feu, le Vice-Ministre a souligné qu’HTS n’est pas une partie soumise à l’Accord de cessez-le-feu, tout comme le Front el-Nosra et Al-Qaida.  Pour la Russie, ces organisations terroristes doivent impérativement faire l’objet d’une action de la communauté internationale en vue de leur éradication.   Le Ministre a espéré « qu’Edleb ne sera pas le deuxième Raqqa, une ville rayée de la carte par les États-Unis et les membres de la coalition ». 

La Fédération de Russie a respecté tous les engagements pris au titre du mémorandum d’Accord de la Turquie, a martelé le Ministre avant de lancer à la salle la question suivante: « Si on ne reconnaît pas les faits sur le terrain, quel est le message que nous envoyons aujourd’hui aux trois millions d’habitants d’Edleb qui sont pris en otage par les groupes terroristes, si ce n’est que cela va continuer? »  Pour ce qui est des menaces de réaction rapide en cas d’utilisation d’armes chimiques, le Vice-Ministre a répondu qu’il ne s’agit pas tant d’agir rapidement que d’agir de façon intelligente et sur la base de données vérifiées pour éviter de prendre des mesures qui auraient des effets dévastateurs.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dit que « les actes ne mentent pas ».  Or, la vérité, nous la connaissons tous, a-t-il affirmé.  « Les souffrances qu’endure le peuple syrien résultent des crimes de guerre commis par les forces de la coalition conduite par les États-Unis », a accusé le représentant, pour qui le dossier humanitaire a été instrumentalisé depuis le début pour prendre son pays pour cible et ternir la réputation des institutions syriennes, dans l’espoir de liguer l’opinion publique contre Damas.  « Certains collègues » ont évoqué la situation à Edleb, où se terre le Front el-Nosra, lequel fait partie d’Al-Qaida au Levant.  Quels que soient les noms qu’on donne à ces terroristes, on parle d’une organisation classée comme telle par ce Conseil de sécurité, a-t-il rappelé.  « Quel serait votre réaction si un groupe terroriste prenait le contrôle d’une de vos villes pour en menacer d’autres? », a lancé M. Ja’afari à l’adresse des membres du Conseil.  « Moi je n’ai qu’une question », a-t-il dit en faisant référence aux cinq questions posées par la Belgique, au nom des délégations porte-plumes des projets de résolution. 

Le représentant syrien a dénoncé « l’ampleur des mensonges et de l’hypocrisie » au sujet de la situation en Syrie, avant d’accuser les États-Unis de s’opposer au démantèlement du camp de Roukban.  Répondant à Mme Mueller qui a exhorté Damas à laisser un convoi humanitaire se rendre à Roukban, il a voulu « corriger cette information ».  Selon lui en effet, « le Conseil sait que le Gouvernement syrien a approuvé ce convoi alors que les États-Unis l’ont refusé pendant deux mois ».  Or, les forces occupantes sont responsables du bien-être de la population en vertu des Conventions de Genève, a tenu à rappeler le délégué.  « Que font les États-Unis sur le territoire de mon pays? », s’est encore demandé M. Ja’afari.  Selon lui, la situation à Hol est aussi préoccupante qu’à Roukban, dans la mesure où ce camp est placé sous le contrôle de milices qui sont appuyées par la coalition américaine.   « Les États-Unis trafiquent du pétrole, des objets historiques et créent une crise de toutes pièces », a encore affirmé le représentant. 

Il a également appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures pour mettre fin aux « pratiques du régime turc visant à rétablir le royaume ottoman ».  La Syrie a rappelé que la présence de forces étrangères sur son territoire serait suivie de réactions appropriées, a-t-il déclaré.  Il a aussi rappelé que le Secrétariat de l’ONU, en partenariat avec 38 institutions spécialisées dans le terrorisme, n’avait pas été mesure d’identifier les organisations terroristes qui sévissent en Syrie.  « Ce n’est pourtant pas comme s’il s’agissait de déterminer le sexe des anges », a-t-il ironisé.  Il a appelé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à honorer son obligation de venir en aide aux populations subissant les attaques des forces de la coalition et à cesser de relayer des informations « fabriquées de toutes pièces par des entités du Secrétariat de l’ONU ».

Se disant « frappée par l’intervention de la Syrie », la représentante du Royaume-Uni a redit n’avoir pas reçu de réponse à ses questions de la part du Gouvernement syrien.  S’agissant de l’équipe de journalistes de Sky News, elle a dénoncé toute attaque à son encontre en demandant au représentant syrien de faire passer ce message à son Gouvernement.  Pour ce qui est des « allégations inacceptables contre les Casques blancs », elle les a réfutées en martelant qu’il s’agit bien d’une organisation humanitaire.

Elle a par ailleurs martelé que l’OCHA ne joue le jeu ni des États-Unis ni du Royaume-Uni, « contrairement à ce qu’a laissé entendre le représentant syrien ».  L’OCHA met tout en œuvre pour venir en aide à la population syrienne et le Gouvernement syrien devrait l’y aider, a-t-elle recommandé.

Au lieu de parler des provocations d’HTS, que le Conseil ne met pas en cause du reste, elle a expliqué ce qui préoccupe ses membres: c’est la manière avec laquelle la Fédération de Russie et le régime syrien y répondent.  « Des frappes aériennes de grande ampleur qui prennent pour cible des infrastructures civiles ne sont pas nécessaires et il ne s’agit pas là d’une réponse proportionnelle », a-t-elle tranché en expliquant la préoccupation du Conseil de sécurité à ce sujet.

Se ralliant à cette explication, le représentant de l’Allemagne, qui s’exprimait aussi au nom des autres porte-plumes de la résolution Belgique et Koweït, a répondu au Vice-Ministre russe des affaires étrangères.  Il a souligné que le Conseil de sécurité cherchait à faire passer le message de son attachement au droit international humanitaire, notamment pour ce qui est du recours aux armes chimiques et aux bombardements d’infrastructures civiles.

Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a rappelé que l’OCHA travaillait dans son pays conformément à la résolution 2139 (2014), résolution reconduite périodiquement avec l’accord de son Gouvernement.  Donc l’OCHA n’agit pas « de son propre chef » en Syrie, a-t-il rappelé.  Quant aux Casques blancs, de nombreuses informations existent, y compris en Occident, pour dire qu’il s’agit d’une organisation dirigée par un officier britannique, a affirmé le représentant.  Si elle était à vocation humanitaire, des centaines de ses membres ne seraient pas passés par le Golan syrien, puis Israël, pour rejoindre des pays occidentaux, a-t-il soutenu.  Après avoir accusé le Qatar d’avoir « payé des rançons » à des organisations terroristes dans son pays, la délégation a demandé à tous les États Membres de respecter, avant même le droit international humanitaire, la Charte des Nations Unies, qui interdit l’ingérence dans les affaires internes d’un pays.  Il a par ailleurs fait valoir que son gouvernement mettait en péril ses propres forces de sécurité pour protéger les personnels de l’ONU et la presse accréditée en Syrie.  « Mais ceux qui veulent agir à la manière d’Hollywood, qu’ils en paient les répercussions », a-t-il lancé.

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller, a précisé les choses en ce qui concerne les convois humanitaires interinstitutions, en expliquant que la demande de faire passer un troisième convoi pour le camp de Roukban faite en mars dernier avait été refusée en mai.  Répondant à la question du Royaume-Uni, elle a précisé que les attaques contre les centres médicaux faisaient l’objet d’une vérification par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Elle a dit qu’elle se renseignerait pour dire si oui ou non ces attaques peuvent également être confirmées par l’ONU.  Elle a à nouveau appelé à protéger les civils et les infrastructures civiles.

Pour ce qui est du plan de réponse humanitaire pour 2019, elle a indiqué qu’il fallait réunir 3,3 milliards de dollars pour venir en aide à 1,7 million de personnes dans le besoin en Syrie.  À ce jour, ce plan n’est financé qu’à hauteur de 16%.  Il est quasiment finalisé et sera publié sous peu, a précisé Mme Mueller qui a appelé à le soutenir.

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