En cours au Siège de l'ONU

​​​​​​​Le Comité des ONG achève sa session après avoir octroyé le statut consultatif général à une organisation et le statut consultatif spécial à 218 autres

Session de 2019 (Reprise),
27e & 28e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6994-ONG/895

​​​​​​​Le Comité des ONG achève sa session après avoir octroyé le statut consultatif général à une organisation et le statut consultatif spécial à 218 autres

Le Comité chargé des ONG a achevé aujourd’hui sa session annuelle, en recommandant au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à une organisation luxembourgeoise et le statut consultatif spécial à 218 autres ONG.  Le Comité a pris note de 248 rapports quadriennaux et réservé sa décision sur 25 rapports.  Il se réunira une dernière fois le 4 juin pour adopter son rapport final.

Au cours de cette partie de session, le Comité, a rappelé son Président, M. Mohammed Sallam, du Soudan, a examiné en tout 243 nouveaux dossiers et 265 des sessions précédentes.  Parmi eux, seule l’ONG luxembourgeoise « International Association for the Exchange of Students for Technical Experience (IAESTE) a obtenu le statut consultatif général.  IAESTE est une association de comités nationaux qui défendent les intérêts des universités, du monde de l’industrie et des étudiants.  L’ONG travaille pour 4 000 étudiants, 3 000 employeurs et 1 000 universités, en organisant des stages à l’étranger, des programmes d’accueil, des réseaux et autres activités professionnelles dans plus de 80 pays dans le monde.  L’ONG estime qu’elle contribue directement aux objectifs de développement durable sur l’éducation de qualité, l’égalité entre les sexes, le travail décent, l’innovation, la paix et la justice et les partenariats.

Inscrite sur la « Liste » depuis 1964, IAESTE passe ainsi de la troisième à la première catégorie des organisations accréditées auprès de l’ECOSOC.  Avec son statut consultatif général, elle est désormais reconnue comme une « grande ONG internationale » dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda du Conseil économique et social et de ses organes subsidiaires.  Comme ses consœurs, elle est habilitée à soumettre à l’ECOSOC des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Deux cent dix-huit ONG ont obtenu le statut consultatif spécial mais l’examen de 265 dossiers a été suspendu dans l’attente des questions supplémentaires posées par des membres du Comité.  Les États-Unis se sont d’ailleurs dits préoccupés par les questions « répétitives », voyant une « forme de censure » et d’atteinte à la liberté d’expression pour « faire taire les ONG à l’ONU ».  Or, ont-ils plaidé, les Nations Unies ont besoin des solutions innovantes et créatives que les ONG peuvent apporter.  L’ONU doit être un endroit « accueillant et ouvert » à toutes les ONG, ont-ils martelé.  Nous avons toujours soutenu le travail de ces organisations, a affirmé la Chine, mais la règle à l’ONU c’est le « consensus ».  Les ONG doivent aussi respecter la Charte des Nations Unies et la résolution 1996/31.  Des propos comme ceux que viennent de tenir les États-Unis peuvent compromettre le rapport du Comité, a renchéri Cuba.  Concrètement, a-t-il poursuivi, quels sont les cas de censure et d’atteinte à la liberté d’expression?

Composé de 19 États Membres, le Comité des ONG peut recommander, outre le statut consultatif général, deux autres statuts auprès de l’ECOSOC.  Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique.  Elles peuvent soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Au cours de cette session, le Comité a pris note de 190 nouveaux rapports quadriennaux et 130 anciens que les ONG sont censées présenter sur leurs activités.  Le Comité a aussi pris note de huit changements de noms et suspendu pour une période d’un an le statut de 198 organisations qui n’ont toujours pas présenté leurs rapports après trois rappels.  Elles auront jusqu’au 1er mai 2020 pour répondre et demander leur réintégration. 

Aussi 37 ONG ont-elles été rétablies dans leur statut après avoir présenté leurs rapports quadriennaux pour la période 2013-2016.  Quelque 115 autres ont perdu à jamais le leur, alors que l’américaine Global Spatial Data Infrastructure (États-Unis) a demandé le retrait du sien après sa dissolution.

Le Comité a aussi créé un Groupe de travail informel et s’est donné rendez-vous du 20 au 29 janvier 2020 et une nouvelle fois du 18 au 28 mai.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET DEMANDES REPORTÉES DES SESSIONS PRÉCÉDENTES

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Deux ONG candidates au statut consultatif général doivent faire preuve de patience car le Comité a encore des questions à éclaircir.  Institute of Noahide Code (États-Unis) doit donner à Cuba des « détails précis » sur des contributions financières qu’elle reçues.  The Fishermen (États-Unis) a encore à expliquer à la Fédération de Russie ses processus de prise de décisions, d’élection de ses dirigeants et de vote.  Les simples adhérents participent-ils à la prise de décision? Comment la direction rend-elle compte de son travail aux membres?

Quant aux candidates au statut consultatif spécial, Widows for Peace through Democracy (Royaume-Uni) doit livrer à la Turquie des informations sur ses activités en Afrique du Nord.  La Grèce a demandé à Türk Kadınlar Birliği Derneği (Turquie) ses états financiers « revus et corrigés ».  La Fédération de Russie a voulu savoir si les représentations de Všį « Žmogaus teisių apsauga » (Lituanie) dans les autres pays européens ont obtenu l’agrément des autorités locales.  Le Nicaragua s’est interrogé sur les projets de Women’s Refugee Commission, Inc. (États-Unis) en Amérique latine en 2016 et 2017.

Dans une note verbale au Comité des ONG, le Nigéria a demandé l’autorisation de poser des questions à West Africa Coalition for Indigenous People’s Rights-WACIPR (Nigéria), titulaire du statut consultatif spécial depuis le 20 mai dernier.  Les États-Unis et la Grèce s’y sont fermement opposés arguant de la pratique selon laquelle le Comité ne revient pas sur ses décisions.

Demandes de fusion

Le Comité a rejeté la fusion de Social Service Agency of the Protestant Church in Germany (Allemagne), titulaire du statut consultatif spécial depuis 2004, avec « The Protestant Development Service » pour devenir The Protestant Agency for Diakonie and Developement.  Cuba a d’abord voulu que l’ONG explique ses projets en Amérique latine « pays par pays ».

Rapports quadriennaux

Le Comité a reporté sa décision sur un certain nombre de rapports dont celui d’International PEN (Royaume-Uni) pour la période 2014-2017.  L’ONG doit décrire à la Turquie toutes les activités d’une ONG qui regroupe 22 000 écrivains de 100 pays du monde dans la défense de la liberté d’expression et la protection des écrivains en danger.  Les rapports du Jesuit Refugee Service- JRS (Italie) n’ont pas non plus été approuvés; la Chine ayant voulu connaître les mesures que l’ONG a prises pour lutter contre la xénophobie.  Elle a aussi demandé à Association Internationale des droits Homme (France) des précisions sur sa contribution au renforcement de la participation des ONG aux travaux de l’ONU.  La Chine a également demandé à Amnesty International (Royaume-Uni) explications sur « le mécanisme national de sélection ».  Le Mexique a pressé le Comité de prendre note des rapports de 2008-2011 de cette ONG « car les enfants nés en 2008 sont maintenant à l’école primaire ».  Ces propos n’ont pas empêché la Chine de vouloir en savoir sur les pôles régionaux de l’ONG.

La Turquie a demandé des détails sur les activités de règlement pacifique des conflits de l’Armenian Assemble of America (États-Unis).  Elle a aussi voulu la liste des conférences et des séminaires auxquels l’ONG a participé entre 2011 et 2014.  Asian Forum for Human Rights and Development (Suisse) devra apporter des précisions à la Chine sur son projet de création d’un mécanisme régional des droits de l’homme en Asie.  Le Mexique a voulu une mise à jour des activités de l’ONG entre 2014 et 2017.   

La Chine a voulu des informations sur les projets et les activités menés en Asie entre 2014 et 2017 par Baha’i International Community (États-Unis).  La Turquie a demandé au Center for Development of Civil Society (Arménie) la nature de l’aide qu’elle apporte aux réfugiés.  Quelles sont les relations de Federation of Western Thrace Turks in Europe (Turquie) avec les différentes organisations européennes? a demandé la Grèce.  Quelle est la position de France Libertés: Fondation Danielle Mitterrand (France) sur le Tibet? a questionné la Chine.  L’ONG reconnaît-elle le Tibet comme partie intégrante de la Chine?  Peut-on avoir des informations sur les activités de Freedom House (États-Unis) en Amérique du Nord? a demandé la Chine.  Cette ONG est-elle active en Europe? 

Quelles sont les contributions de Fundacion Pro Humanae Vitae (Argentine) à la lutte pour l’égalité entre les sexes? a interrogé la Turquie.  Peut-on avoir les noms des six pays où Human Rights House Foundation (Norvège) donne des formations en matière de droits de l’homme? a exigé la Chine.  Quel type de projet Human Rights Watch (États-Unis) a-t-elle mené entre 2009 et 2012? a voulu savoir la Chine.  Elle a aussi demandé à International Press Institute (Autriche) si elle reconnaît le Tibet et Taiwan comme partie intégrante de la Chine.  Quelle formation International Service for Human Rights (Suisse) offre à ses membres? a voulu savoir la Chine.  Quels sont les projets de développement social que mène MIROSLAVA International Alliance (Ukraine)? a questionné la Fédération de RussieMédecins sans frontières International (France) travaille-t-elle en Syrie l’autorisation des autorités nationales? a demandé la Chine

Quel est le nombre des bénéficiaires de Medico International (États-Unis)? a interrogé la Turquie.  Quelle a été la contribution d’Open Society Institute (États-Unis) au Rapport mondial sur la protection des lanceurs d’alerte? a demandé la Chine.  Qu’a fait Reporters Sans Frontiers International (France) en Amérique latine entre 2013 et 2016? a voulu savoir Cuba.  Quelle contribution a faite Rosa-Luxemburg-Stiftung - Gesellschaftsanalyse und Politische Bildung e.V. (Allemagne) à la Commission de la condition de la femme en 2016? a interrogé la Fédération de Russie.  Quels sont les projets de Society for Threatened Peoples (Allemagne) dans le domaine foncier? a demandé la Chine.  Sous quelle forme United Nations Watch a-t-elle participé à l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme entre 2014 et 2017? a voulu savoir Cuba.  Qu’a fait World Council of Arameans (Syriacs) (États-Unis) pour l’enseignement de la langue araméenne entre 2007 et 2010? a demandé la Turquie

Changements de noms

Le Comité a pris note de huit changements de noms: Association for Childhood Education International, dans la Liste depuis 1977 devient Childhood Education International (États-Unis); Conseil International pour le soutien à des procès équitables et aux droits de l’homme, International Council Supporting Fair Trial and Human Rights (Suisse); Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes, Fédération des Ligues des droits des femmes (Maroc); International Confederation of Childhood Cancer Parent Organisations, Childhood Cancer International (États-Unis); International HIV/AIDS Alliance, Frontline AIDS LTD. (Royaume-Uni); International Institute of Higher Studies in Criminal Sciences, The Siracusa International Institute for Criminal Justice and Human Rights (Italie); International Movement for Fraternal Union among Races and Peoples, UFER-Unis pour l’Équité et la Fin du Racisme (Belgique); et Mental Disability Advocacy Center Foundation- MDAC, Validity Foundation– Mental Disability Advocacy Centre (Hongrie).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Protection des civils dans les conflits armés: le Secrétaire général appelle le Conseil de sécurité à faire preuve de cohérence

8534e séance – matin
CS/13822

Protection des civils dans les conflits armés: le Secrétaire général appelle le Conseil de sécurité à faire preuve de cohérence

Vingt ans après l’inscription de la question de la protection des civils à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, le Secrétaire général a appelé, aujourd’hui, cet organe à se montrer plus cohérent dans la manière dont il répond aux problèmes de protection des civils dans différents conflits, relevant notamment les défis posés par la guérilla urbaine.

Intervenant dans le cadre d’un débat public sur la protection des civils en période de conflit armé, organisé au niveau ministériel par la présidence indonésienne, M. António Guterres s’est félicité, dans un premier temps, qu’une « culture de la protection » se soit désormais enracinée au Conseil de sécurité et dans l’ensemble du système des Nations Unies. 

En particulier, le Secrétaire général a relevé que la protection des civils contre les actes de violence sexuelle a été renforcée par le déploiement de conseillers spécialisés au sein des opérations de maintien de la paix, et que ces dernières ont par ailleurs protégé et sauvé d’innombrables vies civiles, comme c’est le cas au Soudan du Sud où près de 200 000 personnes déplacées se trouvent actuellement dans des sites de protection des civils de l’ONU.  De même, des millions de civils reçoivent une aide humanitaire transfrontalière en Syrie.

Cependant, a constaté M. Guterres, en dépit du renforcement, depuis l’adoption de la résolution 1265 (1999), du cadre normatif, sa mise en œuvre a suivi une trajectoire inverse.  « Il y a de quoi s’inquiéter. »  M. Guterres s’est alarmé du fait que les civils continuent de constituer la grande majorité des victimes dans les conflits.  Ainsi, 90% des victimes de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées sont des civils. 

« Le principal défi consiste donc à renforcer et à veiller au respect du droit international humanitaire dans la conduite des hostilités », a analysé le Secrétaire général, relevant que dans de nombreux cas le respect de ces lois est « au mieux discutable ». 

Acteur de terrain, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), par la voix de son Président, M. Peter Maurer, a fait observer que sur les champs de bataille, trop d’acteurs considèrent l’absence de convergence politique au Conseil de sécurité « comme le signe qu’ils ont la voie libre pour mener des opérations militaires sans limites et dans l’impunité ».

Alors que les guerres sont de plus en plus urbanisées et longues, et que se multiplient les groupes armés, les besoins en protection des populations évoluent, a expliqué M. Maurer.  Phénomène nouveau, les vulnérabilités qui existent dans l’environnement numérique l’ont également inquiété.  D’après lui, la violence, la discrimination, la surveillance et le profilage auxquels certaines personnes peuvent être soumises en raison de leur présence en ligne ou de l’utilisation des technologies numériques par les gouvernements, le secteur privé et d’autres entités non étatiques, peuvent s’avérer « létaux » dans une zone de conflit.  De plus, les données collectées sur les personnes affectées, y compris par l’intermédiaire d’opérations humanitaires, ne doivent pas devenir une source de risque supplémentaire pour les populations ou les organisations humanitaires, a-t-il mis en garde. 

D’autres recommandations sont venues du Directeur exécutif de l’organisation non gouvernementale Center for Civilians in Conflict (CIVIC), M. Federico Borello, qui a appelé chaque État à se doter d’une politique publique de protection des civils qui comporterait notamment une perspective de genre solide et l’interdiction de l’usage d’armes explosives dans les zones urbaines.

Le fait qu’il est impératif de respecter le droit international humanitaire n’a cessé d’être souligné au cours de cette réunion, notamment par le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, qui a engagé le Conseil de sécurité à déclarer que Daech avait commis un génocide contre les Yézidis.  L’organe a, en revanche, été vivement critiqué par l’Iran pour son silence face à la « destruction » de Raqqa, en Syrie.

De son côté, la France a appelé le Conseil de sécurité à recourir plus systématiquement aux sanctions individuelles contre les responsables de violations du droit humanitaire, de violences sexuelles et de violations graves contre les enfants.  La délégation a également vu dans le Traité sur le commerce des armes un « pilier majeur de la protection des civils ». 

À l’instar de la Pologne et d’autres intervenants, le Liechtenstein a estimé que le renvoi d’affaires devant la Cour pénale internationale (CPI), notamment pour crime d’agression, est un puissant outil de dissuasion et a appelé à la pénalisation de la guerre. 

Mais, pour sa part, la Fédération de Russie a décrié les tentatives d’établir de nouvelles catégories de personnes nécessitant une protection, avertissant que cela ne contribuera qu’à affaiblir les normes en vigueur.  La délégation russe a également rejeté « tout recours au prétexte humanitaire pour aider les terroristes et semer la désinformation ».  De son côté, la Turquie a appelé à s’abstenir de signer des « actes d’engagement » avec des organisations terroristes, au motif que cela risque de les encourager à revendiquer une légitimité. 

Le rôle clef des opérations de maintien de la paix et l’importance de leur donner les moyens d’exécuter leur mandat de protection des civils a souvent été mis en relief.  L’Inde, par exemple, a déploré que la capacité des Casques bleus à s’acquitter de leur tâche en la matière soit mise à mal par l’absence de définition claire et réaliste des mandats.  Enfin, comme plusieurs délégations, la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie a jugé que les partenariats internationaux sont cruciaux pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et pour assurer aux pays un avenir meilleur et plus sûr. 

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ (S/2019/373 ET S/2019/385)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que 2019 marque le soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève, pierre angulaire du droit international humanitaire.  Cette année marque aussi le vingtième anniversaire de l’inscription par le Conseil de sécurité à son ordre du jour de la question de la protection des civils, en réponse à sa « profonde préoccupation » face à l’affaiblissement du respect du droit international humanitaire. 

« Cependant, si le cadre normatif s’est renforcé, la mise en œuvre a suivi une trajectoire inverse », a indiqué le Chef de l’Organisation. 

« Il y a de quoi s’inquiéter.  Mais commençons par rappeler que des progrès ont été constatés au cours des 20 dernières années.  Une culture de la protection s’est enracinée au Conseil de sécurité et dans l’ensemble du système des Nations Unies. »  Un cadre de protection complet existe désormais, fondé sur le droit international et les pratiques du Conseil de sécurité, a-t-il constaté.

La protection des enfants et de tous les civils contre les « horribles actes de violence sexuelle » dans les conflits a été renforcée par le déploiement de conseillers spécialisés au sein des opérations de maintien de la paix, en appui aux activités des agences humanitaires.  La surveillance et le signalement des violations graves commises à l’encontre d’enfants dans les conflits et l’engagement avec les parties belligérantes ont conduit à la démobilisation et à la réintégration de milliers d’entre eux, s’est réjoui le haut fonctionnaire.  Et les opérations de paix de l’ONU mandatées par le Conseil de sécurité ont protégé et sauvé d’innombrables vies civiles, a-t-il encore noté.

Au Soudan du Sud, près de 200 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays se trouvent actuellement dans des sites de protection des civils.  En République centrafricaine, la MINUSCA a appuyé des accords de paix et de cessez-le-feu conclus par des composantes civiles et militaires.  L’enregistrement systématique par l’ONU des victimes civiles en Afghanistan a contraint les forces progouvernementales à prendre des mesures en vue de minimiser l’impact des violences.  Des millions de civils reçoivent une aide humanitaire transfrontalière en Syrie.  Et des criminels de guerre, du Cambodge à l’ex-Yougoslavie, ont été jugés et condamnés.  « Les résolutions du Conseil de sécurité sur la protection des soins médicaux dans les conflits armés et sur les conflits et la faim ont accordé une attention particulière à l’urgence de ces problèmes », a encore noté M. Guterres. 

Malgré ces progrès, a déploré le Secrétaire général, les conflits armés et le non-respect du droit international humanitaire causent encore de graves souffrances humaines, et les civils continuent de constituer la grande majorité des victimes dans les conflits.  « Rien qu’en 2018, les Nations Unies ont enregistré la mort et les blessures de plus de 22 800 civils dans seulement six pays: l’Afghanistan, l’Iraq, le Mali, la Somalie, le Sud-Soudan et le Yémen. »  À Edleb, dans le nord-ouest de la Syrie, l’ONU a assisté à une nouvelle vague de bombardements et de frappes aériennes contre des hôpitaux, des écoles, des marchés et des camps de personnes déplacées, faisant des morts et des blessés, et créant la panique parmi la population civile.  « Dans tous les conflits, lorsque des armes explosives étaient utilisées dans des zones peuplées, 90% des personnes tuées et blessées étaient des civils », s’est indigné M. Guterres.  Au total, près de 1,4 million de personnes de plus ont été déplacées de part et d’autre de frontières internationales, et 5,2 millions à l’intérieur de pays.  Les contraintes d’accès généralisées ont mis en péril l’assistance humanitaire et médicale aux civils dans le besoin et les violences contre les travailleurs humanitaires et médicaux et les installations sanitaires ont persisté.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a enregistré 705 attaques contre des travailleurs de la santé et des établissements de soins de santé dans le cadre de huit conflits, faisant 451 morts et 860 blessés, a relevé le haut fonctionnaire.  « Trois cent soixante-neuf travailleurs humanitaires ont été kidnappés, blessés ou tués.  Et la famine des civils ainsi que le viol et la violence sexuelle ont été utilisés comme méthode de guerre. » 

Le principal défi consiste donc à renforcer et à veiller au respect du droit international humanitaire « dans la conduite des hostilités », a analysé le Secrétaire général.  Dans de nombreux cas, les informations dont dispose l’ONU suggèrent que le respect de ces lois est au mieux discutable; dans d’autres, des violations flagrantes ont été commises.  Néanmoins, il existe des exemples dans lesquels les parties en conflit respectent la loi et font preuve de précaution, procèdent à une évaluation des dommages collatéraux et déploient d’autres efforts visant à minimiser l’impact des combats sur les civils.  « Des pratiques qui doivent être mises en œuvre efficacement et normalisées entre les parties et sur les théâtres d’opérations », a exhorté M. Guterres.  Et il faut accorder une plus grande attention à ceux qui sont déjà vulnérables pendant la paix –personnes âgées, enfants et personnes handicapées– et qui sont rendus encore plus vulnérables pendant les conflits. 

Nous devons également prendre des mesures urgentes pour réduire l’impact humanitaire de la guerre dans les zones urbaines et, en particulier, des armes explosives.  « Les États Membres devraient faire davantage pour subordonner leurs exportations d’armes au respect du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme », a insisté le Chef de l’Organisation, en appelant aussi les « forces partenaires » à protéger les civils, y compris dans le contexte des opérations de la coalition multinationale.  Des progrès doivent en outre être accomplis en matière de responsabilité pour combler l’écart entre les allégations de violations graves et les enquêtes et poursuites ouvertes sur ces incidents.  Les progrès sont indispensables au niveau national, a affirmé le Secrétaire général, en recommandant des mesures dans trois domaines.  « Premièrement, élaborer des cadres politiques nationaux établissant des autorités institutionnelles et des responsabilités claires en matière de protection des civils dans les conflits armés.  Deuxièmement, un engagement soutenu des organisations humanitaires et autres auprès des groupes armés non étatiques pour négocier un accès humanitaire sûr et opportun et promouvoir le respect de la loi.  Troisièmement, assurer l’établissement de responsabilités dans les cas de violations graves. »

Le Conseil de sécurité peut faire beaucoup pour améliorer le respect des lois de la guerre.  Par exemple en prêtant une assistance financière et technique aux enquêtes et poursuites relatives aux crimes de guerre dans les États touchés par un conflit.  Ou se montrer plus cohérent dans la manière dont il répond aux problèmes de protection dans différents conflits, en relevant les défis de protection posés par la guérilla urbaine.  « Nous avons des lois et un droit de la guerre.  Nous devons tous maintenant œuvrer à l’amélioration de leur respect », a conclu le Secrétaire général.

M. PETER MAUER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que les décisions, mais aussi l’absence de décisions, du Conseil de sécurité ont un impact sur les civils.  « Sur les champs de bataille où se trouve le CICR, trop d’acteurs considèrent l’absence de convergences politiques entre vous comme le signe qu’ils ont la voie libre pour mener des opérations militaires sans limites et dans l’impunité », a-t-il regretté.  Tout en reconnaissant qu’un consensus politique peut être difficile, le Président a demandé aux membres du Conseil d’appuyer plus clairement le droit international humanitaire et d’honorer « la simple vérité que personne n’est au-dessus de la loi et qu’aucun civil ne peut être exclu de la protection ».  Alors que les guerres sont de plus en plus urbanisées et longues, et que se multiplient les groupes armés, les besoins en protection des populations évoluent.  Face à la mutation des dynamiques des conflits, le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme doivent demeurer des fondements, a-t-il souligné.

M. Maurer a ensuite appelé les États à s’adapter à l’évolution des besoins des populations, notamment en priorisant la protection civile, en respectant le droit international humanitaire et en établissant des règles de base plus claires pour leurs troupes et celles qu’ils appuient.  Il a également engagé les États à évaluer leurs partenaires et à leur fournir une formation, à appliquer les normes les plus élevées pour assurer la protection lors des transferts d’armes et, enfin, à établir des cadres de suivi et de responsabilisation précis.

Des mesures doivent être prises pour protéger les civils non seulement des blessures physiques, mais également des maux psychologiques et « invisibles » comme la violence sexuelle, la torture en détention ou le fait d’ignorer le sort d’un proche porté disparu, a poursuivi le Chef du CICR.  M. Maurer a appelé à « se départir de l’état d’esprit de victime pour comprendre que les personnes et les communautés sont les agents de leur propre protection et les experts de leur propre situation ».  Ce sont elles qui décident quel est le meilleur moment pour se déplacer en groupe, et veiller à ce que les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées ne soient pas abandonnés dans la fuite.  Ce sont elles aussi qui choisissent quel chemin emprunter, qui discutent des lieux à éviter et qui négocient directement avec les porteurs d’armes, a-t-il signalé.

Faisant observer que la connectivité avait renforcé les possibilités d’autoprotection, M. Maurer a appelé à s’adapter à cette évolution.  « Au minimum, nous vous demandons de ne pas entraver les efforts déployés par les personnes dans le besoin pour se protéger elles-mêmes », a-t-il plaidé, indiquant qu’en plus de l’impact de la guerre et de la violence, des populations limitées par des obstacles bureaucratiques se trouvent empêchées d’accéder à des zones sûres ou voient leur liberté de mouvement entravée.

Le Président du CICR s’est aussi penché sur la situation des personnes disparues, notant que des centaines de milliers de personnes, « voir même des millions », sont portées disparues dans le monde.  La souffrance de leur famille risque de mettre à mal le tissu social de sociétés entières, sapant les relations entre les groupes et la nation, quelquefois des décennies après l’évènement.  « L’impératif humanitaire est clair: les familles ont le droit de connaître le sort de leurs proches et les États doivent prendre des mesures pour éviter les disparations, notamment en enregistrant les détenus et en informant les familles », a-t-il dit.

M. Maurer a ensuite parlé des efforts déployés par le CICR pour privilégier une approche de protection à l’échelon des communautés, tout en soulignant que de telles activités ne sauraient se substituer à la responsabilité de protection des autorités.  « Les communautés ont besoin d’un espace pour se protéger elles-mêmes et les États doivent se montrer plus proactifs pour le leur accorder », a-t-il insisté.

Il a expliqué que le CICR cherche à renforcer son rôle d’intermédiaire « neutre » pour appuyer les communautés, notamment en ce qui concerne leur plaidoyer auprès des autorités ou des porteurs d’armes pour assurer leur sécurité pendant les tâches quotidiennes.  Le CICR organise aussi des sessions d’information pour les familles sur leurs droits juridiques afin qu’elles puissent elles-mêmes intervenir auprès des autorités.  Il met sur pied des projets micro-économiques pour limiter l’exposition au risque.  Par exemple, des graines de plantes pouvant être cultivées en ville sont distribuées afin d’éviter que les femmes ne soient agressées lorsqu’elles vont aux champs. 

Poursuivant, M. Maurer a fait observer que l’impact des bombardements dans les zones urbaines ne se limite pratiquement jamais aux cibles militaires.  Évoquant les dommages ainsi provoqués, il a estimé que « le prix à payer est trop élevé pour être justifié », s’alarmant du fait que l’endommagement des infrastructures débouche ensuite sur l’effondrement de systèmes essentiels de santé ou d’approvisionnement en eau.  Il a évoqué les conséquences environnementales des conflits, « qui sont souvent négligées », rappelant que le droit international humanitaire protège l’environnement naturel en tant qu’objet civil.  Cette année, a-t-il fait savoir, le CICR compte publier la mise à jour des directives sur le droit international humanitaire et l’environnement naturel.

Par ailleurs, le Président du CICR s’est inquiété des risques « béants » en matière de protection et des vulnérabilités qui existent dans l’environnement numérique.  Il a notamment cité les crimes de haine, la violence, la discrimination, la surveillance et le profilage auxquels certaines personnes peuvent être soumises en raison de leur présence en ligne ou de l’utilisation des technologies numériques par les gouvernements, le secteur privé et d’autres entités non étatiques.  « Dans les zones de conflit, cela peut être létal », a-t-il alerté.  Les données collectées sur les personnes affectées, y compris par l’intermédiaire d’opérations humanitaires, ne doivent pas devenir une source de risque supplémentaire pour les populations ou les organisations humanitaires, a-t-il mis en garde.  Enfin, M. Maurer a appelé les États à promouvoir l’approche « ne pas nuire », assortie de dispositifs de responsabilisation, en vue de promouvoir une utilisation responsable de la technologie et des données.

M. FEDERICO BORELLO, Directeur exécutif de Center for Civilians in Conflict (CIVIC), a évoqué la publication conjointe, le 7 mai dernier, d’un communiqué de presse signé par 22 organisations non gouvernementales, dont la sienne, par lequel elles lancent un appel à renforcer la protection des civils en période de conflit armé.  « Nous sommes à un moment charnière », a estimé M. Borello, appelant le Conseil de sécurité, les Nations Unies et tous les gouvernements de la planète à réduire les souffrances de millions de civils touchés par des conflits à travers le monde. 

Au cours des dernières années, nous avons travaillé directement avec des acteurs armés et des civils pour trouver des solutions aux souffrances infligées aux civils, a expliqué l’intervenant, citant notamment des succès enregistrés en Afghanistan, au Nigéria et Ukraine, où ces efforts ont donné lieu à l’élaboration de politiques publiques de protection des civils.  « Chaque gouvernement devrait se doter d’une politique nationale en la matière », a plaidé M. Borello, précisant que, pour être efficaces, ces politiques doivent comporter les six éléments suivants:  une perspective de genre solide; la création de mécanismes spécifiques pour suivre, analyser et répondre aux souffrances infligées aux civils; l’interdiction de l’usage d’armes explosives dans les zones urbaines; l’adoption de mesures de protection des civils dans le cadre des transferts d’armes et la conclusion de partenariats sécuritaires, en établissant notamment des garanties pour prévenir les risques de violation des accords par les partenaires;  l’inclusion d’une formation sur la protection des civils dans les écoles militaires nationales; et l’adoption de mécanismes de reconnaissance des victimes et de réparation pour les souffrances subies.

Il y a de cela 20 ans, pour la première fois dans l’histoire des opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Conseil de sécurité a donné pour mandat explicite à sa mission en Sierra Leone de protéger les civils, a rappelé le Directeur exécutif.  Depuis lors, les opérations de maintien de la paix ont constitué un outil essentiel de protection des civils, a-t-il salué, estimant que seules les missions onusiennes étaient à l’heure actuelle capables de prendre en charge toutes les dimensions liées à la protection des civils. 

M. Borello a toutefois indiqué que ces missions étaient confrontées à de nombreux défis, identifiés au cours des différentes initiatives de réforme du maintien de la paix depuis 1999.  La diplomatie et l’action politique sont notamment nécessaires pour appuyer les opérations de l’ONU dans les contextes où gouvernements et acteurs non étatiques menacent les civils et les soldats de la paix, a-t-il estimé.  Les États Membres et l’ONU doivent également veiller à doter les missions de ressources adaptées à leurs mandats, a poursuivi l’orateur, pour qui les pressions budgétaires subies par ces missions affectent leur capacité à protéger les civils.  Après la fermeture d’une base de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dans le cadre des réductions d’effectifs et budgétaires actuelles, une femme congolaise aurait ainsi déclaré à l’ONG de M. Borello: « Même les Nations Unies nous ont abandonnés. » 

Pour M. Borello, les efforts de protection des civils ont davantage de chance d’aboutir lorsqu’ils se doublent de consultations sincères et de partenariats avec les civils et les communautés civiles.  « Nous pouvons tous faire davantage pour protéger les civils pris dans un conflit armé, et parce que nous le pouvons, nous devons le faire », a-t-il conclu. 

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a souligné que la protection civile relève de chaque État et appelé au renforcement de leurs capacités, en particulier la capacité de respecter l’état de droit et d’assoir la bonne gouvernance.  Dans ce cadre, les partenariats internationaux sont « cruciaux » pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits mais aussi pour assurer aux pays un avenir meilleur et plus sûr.  La Ministre a aussi souligné l’importance de l’autonomisation des communautés, arguant que les membres de ces communautés, en particulier les femmes, doivent participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes de protection des civils.

Nous avons déjà, a rappelé la Ministre, les cadres normatifs de la protection des civils.  Ce qu’il faut, c’est leur mise en œuvre et en l’occurrence, l’engagement de toutes les parties au conflit est « crucial ».  Nous devons aussi, a-t-elle poursuivi, trouver des moyens novateurs et pratiques de protéger les civils.  Compte tenu de l’expérience de l’Indonésie dont les soldats de la paix sont déployés en ce moment dans cinq opérations de paix de l’ONU, nous savons, a dit la Ministre, que la maîtrise du « savoir être », à savoir des relations personnelles, peut contribuer de manière déterminante à renforcer la confiance dans les communautés locales.  Elle a aussi plaidé pour une meilleure maîtrise des renseignements qui est tout particulièrement importante pour le bon fonctionnement des systèmes d’alerte rapide.  Le Conseil doit également veiller à ce que les acteurs humanitaires demeurent des « intermédiaires honnêtes », surtout vis-à-vis des acteurs non étatiques. 

M. NEILS ANNEN (Allemagne) a avoué être « frustré » et « attristé » qu’au soixante-dixième anniversaire de l’adoption des Conventions de Genève, l’on en soit encore à condamner les attaques directes et indiscriminées contre les civils, la prise pour cible d’établissements éducatifs, d’installations hospitalières ou d’autres services essentiels à la population civile par les parties au conflit partout dans le monde, notamment en Syrie, au Yémen, au Myanmar et en République centrafricaine.  Il a dénoncé en particulier le recours actuel à la violence sexuelle et au viol, à la terreur et à la privation de nourriture, autant de méthodes guerrières répugnantes.  Par ailleurs, le Ministre a insisté sur le fait que « la lutte contre le terrorisme ne doit en aucun cas justifier des attaques aveugles contre les civils et l’infrastructure civile ».  Les opérations de lutte contre le terrorisme ne doivent pas occulter la responsabilité des parties de protéger les civils ni empêcher l’action humanitaire impartiale. 

Le Ministre s’est aussi alarmé de la détérioration de la situation des journalistes et interprètes en Afghanistan, en Syrie ou au Yémen.  Face à toutes ces exactions, il a encouragé le Conseil à « parler haut et fort » s’agissant des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et d’user, autant que possible, de ses bons offices pour prévenir de telles violations.  Il a appelé à faire de la lutte contre l’impunité « une réalité et non une noble ambition pour nous ici à New York ».  Il a également préconisé d’allouer des ressources adéquates aux missions de paix; de procéder à une analyse systématique de l’égalité hommes-femmes en termes de protection; de prêter une attention plus particulière aux travailleurs médicaux et humanitaires dans les conflits armés; et de renforcer les capacités en matière de négociations. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que tous ceux qui sont témoins de bombardements contre des écoles et des hôpitaux à Edleb, en Syrie, peuvent se demander comment de tels actes peuvent être perpétrés.  Certes, des progrès ont été accomplis dans la protection des civils, mais il reste encore beaucoup à faire.  « C’est la raison pour laquelle ma délégation élabore actuellement un projet de résolution avec la Pologne sur la protection des personnes handicapées dans les conflits armés », a annoncé le représentant, en plaidant aussi pour l’adoption d’une approche intégrée pour que les mesures de protection se concrétisent sur le terrain.  Les opérations mandatées par le Conseil, y compris l’AMISOM, en Somalie, ou la MINUAD, au Darfour, doivent répondre, elles aussi, à un cadre de mise en conformité, a-t-il estimé. 

Mais la protection des civils ne relève pas simplement d’une question de maintien de la paix, a observé le délégué.  « Quels que soient les progrès réalisés sur le front de la mise en œuvre, la viabilité de la paix dépendra aussi de la capacité de la communauté internationale et de ce Conseil en particulier, à veiller à l’établissement des responsabilités, qui est essentielle pour instaurer un climat de confiance avec les victimes civiles de conflit. »  Il a considéré que l’établissement de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes est un bon exemple de réaction du Conseil.  Il a également estimé que le principe de responsabilité doit s’appliquer dans le cadre de poursuites ouvertes au niveau national.  La délégation britannique a, en conclusion, espéré que les auteurs de crimes en Syrie seront poursuivis.  

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a fait une déclaration au nom du groupe « A3 » (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale et Afrique du Sud).  Ce débat arrive à point nommé, a-t-il dit, en soulignant que 2019 marque le soixante-dixième anniversaire de la quatrième Convention de Genève -la pierre angulaire du droit international humanitaire- et le vingtième anniversaire de l’adoption des résolutions 1265 et 1270 (1999).  Il a toutefois noté que malgré des progrès dans le respect des dispositions de ce droit par les acteurs étatiques, la nature changeante des conflits modernes qui sont plus des guerres civiles, des conflits transnationaux et de l’instabilité, que des conflits entre États, rend la protection des civils plus difficile.  Tout en reconnaissant le rôle premier des États dans ce domaine, il a reconnu celui, très important, joué par le CICR et le Center for Civilians in Conflict (CIVIC).  En ce qui concerne le rôle du Conseil de sécurité, il s’agit de prendre des mesures décisives pour faciliter la mise en place, par exemple, de couloirs humanitaires et de cessez-le-feu, ainsi que pour que doter les intervenants du maintien de la paix de solides mandats de protection des civils. 

Le représentant a plaidé en faveur d’une plus grande coopération entre l’ONU et les organisations régionales, comme l’Union africaine, soulignant les avantages comparatifs des organisations régionales en ce qu’elles peuvent assurer la coordination avec les communautés locales.  La protection des civils n’est pas seulement une protection physique, a précisé le délégué, mais aussi un lien avec les communautés pour garantir un environnement propice aux mécanismes de protection à long terme.  Il a misé pour cela sur la nature multidimensionnelle des missions de maintien de la paix. 

Même si la protection des civils relève en premier de la responsabilité des États, toutes les parties doivent assurer la protection des civils et du personnel de santé, et respecter les obligations découlant du droit international.  Le représentant a en outre insisté sur la nécessité d’une action multidisciplinaire dans le domaine de la protection des civils, ce qui veut dire agir au niveau de l’ONU comme au niveau des organisations régionales et internationales, des ONG, des forces de sécurité et des gouvernements hôtes.  Il faut une coordination étroite entre tous les acteurs, a-t-il martelé, avant de rappeler l’importance de la protection des groupes vulnérables comme les femmes et les enfants.  Il faut notamment renforcer les dispositions particulières dans les missions de maintien de la paix pour que ces groupes soient dûment protégés.

Enfin, le représentant a plaidé pour des mécanismes de responsabilité aux niveaux local, national et régional, ainsi que des mécanismes internationaux plus vastes, basés sur les principes de complémentarité et de subsidiarité.  Cependant, a-t-il conclu, la meilleure façon de protéger les civils est d’investir dans le développement durable, de promouvoir le règlement pacifique des conflits armés et de se concentrer sur la consolidation de la paix dans la phase après-conflit. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a constaté que dans trop de contextes actuels, des populations sans défense sont prises au piège dans des affrontements entre groupes armés non étatiques, ou vivent sous le joug de groupes terroristes qui ne répondent à aucune norme hormis celle d’assujettir ces populations au service de leurs desseins néfastes.  Il est tout aussi fréquent, a-t-il ajouté, que les États affectés ne respectent pas leurs obligations au regard du droit international, et entreprennent des offensives militaires, au mépris de leur rôle prioritaire qui consiste à protéger et garantir les droits de l’homme de toutes les personnes à l’intérieur de leur territoire et juridiction. 

Le représentant a cité l’exemple du Yémen où l’entrave à l’accès humanitaire fait courir le risque de famine à plus de 12 millions de personnes, des enfants pour la plupart.  « Il faut que cela cesse! »  Selon lui, l’absence de solutions politiques et l’incapacité de la communauté internationale, à tous les niveaux, d’aborder efficacement les causes profondes des conflits continuent d’être des facteurs déterminants de l’insécurité, de l’instabilité sociale et de la violence.  Il a toutefois salué les efforts récemment déployés par le Conseil de sécurité, comme l’inclusion d’un mandat de protection dans les missions de maintien de la paix qui doit pouvoir sensibiliser à une culture de protection des civils dans les pays affectés par les conflits. 

« Les conflits sont de plus en plus longs et complexes, et leur impact sur les populations civiles est aussi lourd qu’à l’ère des grands conflits mondiaux », a fait remarquer M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Pour contrecarrer cette tendance « intolérable », le Conseil de sécurité, qui a depuis 20 ans adopté des mesures spécifiques pour protéger les civils, doit à son avis redoubler d’efforts dans cinq directions: assurer le respect des conventions internationales pertinentes; protéger le personnel et les infrastructures humanitaires et médicaux; rendre encore plus effective la protection des enfants et des femmes sur le terrain; rendre effective la protection des journalistes dans les situations de conflits armés; réprimer les violations.

M. Delattre a précisé que la France demeure pleinement mobilisée en faveur de l’universalisation du Traité sur le commerce des armes qui est devenu un « pilier majeur de la protection des civils », et qu’elle appelle à une « approche responsable » de la part des principaux exportateurs et importateurs d’armements.  Ensuite, à titre national, la France s’attache à ce que dans les opérations militaires, la protection des humanitaires et des personnels de santé soit inscrite dès la planification.  L’apprentissage des règles de protection est également un élément central de ses programmes de formation en Afrique, notamment au Mali.  Par ailleurs, le représentant a préconisé un endossement universel des principes et Engagements de Paris en vue de protéger les enfants soldats, de la Déclaration sur la sûreté dans les écoles et des Principes de Vancouver. 

D’autre part, a poursuivi M. Delattre, « les civils ne seront protégés que si ceux qui les prennent pour cibles sont sanctionnés ».  Le conseil doit recourir plus systématiquement aux sanctions individuelles contre les responsables de violations du droit humanitaire et des droits de l’homme, de violences sexuelles et de violations graves contre les enfants.  Il faut également « que justice soit faite pour les victimes ».  Le 1er avril dernier les Ministres des affaires étrangères de la France et de l’Allemagne ont lancé une mobilisation internationale, « Humanitarian Call for Action », pour que les résolutions de ce Conseil puissent se transformer en actions sur le terrain.  Leurs deux pays, a conclu le représentant, souhaitent qu’elle donne lieu à l’adoption d’une déclaration d’engagement des États, en marge de la prochaine Assemblée générale. 

M. VASSILY A. NEBANZIA (Fédération de Russie), alarmé par le nombre « inacceptable » de victimes civiles lors de conflits armés, a appelé à poursuivre les efforts de prévention et de règlement pacifique des conflits.  Il a relevé que les groupes terroristes représentent une très lourde menace, se livrant à des exécutions de masse, utilisant les civils comme boucliers humains et entravant la livraison de l’aide humanitaire.  La communauté internationale, a-t-il estimé, doit unir davantage ses efforts pour combattre cette menace planétaire.  Le représentant s’est aussi inquiété du recours croissant, par ces groupes, aux drones de frappe létaux qui, a-t-il noté, font de plus en plus de victimes civiles, notamment en Afghanistan.  Il s’est aussi soucié des répercussions psychologiques sur les populations soumises à la peur constante des tirs de roquette.

Le délégué a rejeté « tout recours au prétexte humanitaire pour aider les terroristes et semer la désinformation ».  Il a notamment dénoncé l’action « notoire » des Casques blancs qui, a-t-il accusé, ont remis en cause le mouvement humanitaire.  « La politisation sans précédent de l’aide humanitaire ne contribue en rien à alléger les souffrances des civils », a-t-il ajouté.  Il a ensuite insisté sur l’importance de coordonner les activés humanitaires en étroite collaboration avec le pays hôte, déplorant que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) ne parvienne pas toujours, selon lui, à respecter cette règle.  Il a aussi regretté l’apparition, dans les fora internationaux, d’une « compétition sportive » pour établir de nouvelles notions juridiques dans le but de combler les « soi-disant lacunes » des Conventions de Genève.  « Créer de nouvelles catégories de personnes nécessitant une protection ne sert à rien et ne contribuera qu’à affaiblir les normes de protection », a-t-il averti.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déclaré qu’il importe au plus haut point d’élaborer de bonnes pratiques et de favoriser les processus participatifs qui placent le dialogue au cœur des mesures visant à garantir la protection des civils dans les conflits.  Il importe que tous les acteurs étatiques et non étatiques dans les conflits respectent leurs obligations juridiques, a-t-elle exhorté.  La représentante a ensuite déploré les mesures de lutte contre le terrorisme qui entravent l’action humanitaire, soulignant que les violences contre les journalistes sont un exemple supplémentaire de violations des cadres normatifs existants. 

La Pologne a confirmé les propos de la délégation britannique, en annonçant avoir œuvré à un projet de résolution conjoint qui contribuerait à la protection des personnes handicapées et garantirait que celles-ci soient reconnues comme agents de changement dans les accords de paix.  L’Ukraine, a ensuite rappelé Mme Wronecka, est toujours l’objet d’une « agression » de la part de la Fédération de Russie et le cessez-le-feu est loin d’être respecté, tandis que le nombre de personnes déplacées a atteint 1,5 million.  Elle a plaidé, en conclusion, pour un partenariat entre États Membres en vue de mettre en place un cadre global de lutte contre l’impunité.  « La Cour pénale internationale (CPI) devrait jouer un rôle de chef de file en demandant que des comptes soient rendus pour les crimes commis contre des civils pendant les conflits. »

D’après M. ZHAOXU MA (Chine), la lutte contre les symptômes et les causes profondes des conflits est le moyen le plus efficace de protéger les civils.  Il a appelé à s’opposer à la menace d’emploi de la force et aux intimidations politiques.  Il a aussi souligné qu’il revient aux gouvernements nationaux de protéger leur propre population.  Et lorsqu’un conflit est inévitable, tous les efforts doivent être déployés pour épargner les civils, notamment en évitant de cibler les zones peuplées et en respectant le principe d’équilibre des forces.  Il a aussi appelé les missions de maintien de la paix à veiller à la bonne exécution de leur mandat.

Le représentant a également jugé important de combattre le terrorisme, et de renforcer l’aide humanitaire, notant que les acteurs humanitaires doivent « faire preuve de professionnalisme ».  La protection des personnes déplacées et réfugiées mérite aussi d’être renforcée, a-t-il ajouté.  Il a, par ailleurs, appelé à avoir davantage recours aux organisations régionales et engagé l’ONU à intervenir auprès de l’ensemble des belligérants.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) s’est déclaré convaincu que la mise en œuvre intégrale du droit international humanitaire par toutes les parties à un conflit est essentielle à la protection des civils, « mais nous savons également que les lois de la guerre ne sont pas toujours universellement observées, souvent avec de graves conséquences ».  Les recommandations que nous avons identifiées lors d’une étude sur les victimes civiles en 2018 sont utilisées pour améliorer les politiques et les pratiques existantes, a-t-il dit.  « Les États-Unis ont partagé et mis à profit les bonnes pratiques, notamment bilatérales et lors d’opérations menées par la coalition.  Nous encourageons les autres à faire de même. »  En Syrie, des civils ont souffert durant les huit années de conflit aux mains d’un gouvernement qui se moque de manière flagrante de leur vie, en recourant notamment à des attaques horribles à l’arme chimique ou à des barils d’explosifs dans des zones urbaines.

« Les Casques blancs, contrairement aux tentatives de diffamation répétées de la Russie, continuent de prêter héroïquement assistance aux civils syriens attaqués par leur propre gouvernement.  Nous savons que la Russie choisit d’ignorer ses attaques. »  Pour la délégation américaine, il est extrêmement important que les acteurs humanitaires aient un accès sans entrave aux populations dans le besoin et renforcent leurs efforts en matière de protection, en particulier pour développer une protection basée sur la communauté qui s’appuie sur les capacités des populations locales et des partenaires.  Nous constatons encore trop souvent de nombreux cas où des soldats de la paix ne prennent pas les mesures nécessaires pour protéger les civils.  Pour remédier à ces lacunes, M. Cohen a appuyé les efforts du Secrétaire général pour institutionnaliser une culture de la performance grâce à laquelle seuls les soldats et les policiers les plus performants sont déployés.  Il a dit attendre avec intérêt la poursuite de la mise en œuvre du cadre de politique de performance du Secrétaire général et son engagement à créer un système garantissant la responsabilisation.  Il s’est également félicité de la publication prochaine de la politique révisée des Nations Unies sur la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix, en particulier de l’intégration de l’addendum sur la responsabilité.  « Il ne suffit pas d’être scandalisé par les récits que nous avons entendus sur les horreurs infligées aux civils pris au piège de conflits qu’ils n’ont pas créés.  Nous devons nous engager à protéger les civils en faisant de la rhétorique une action concrète.  La communauté internationale devrait constamment attirer l’attention et élaborer des solutions pour la protection des civils. »

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a constaté que la complexité des conflits actuels met les opérations de paix sans cesse devant de nouveaux défis en termes de protection des civils.  Peuvent-elles, s’est demandé le représentant, mieux collaborer avec les organisations de la société civile et apprendre de leurs expériences en matière d’engagement communautaire?  En l’occurrence, le mandat de la Mission au Soudan du Sud, qui reconnaît l’importance d’explorer les techniques de protection non armées des civils, pourrait inspirer d’autres mandats.  N’oublions pas, a insisté le représentant, qu’une paix durable n’est pas construite entre États mais entre peuples et entre communautés.  Comme le Conseil doit être mieux informé des cas de violations graves du droit international, il a estimé que l’enregistrement des victimes civiles mérite davantage d’attention pour appuyer un plaidoyer fondé sur des preuves, identifier les facteurs des attaques et prévenir la récurrence des violations.  Le représentant a soutenu l’intégration du « Cadre d’analyse des atrocités criminelles » de 2014 dans les formations préalables au déploiement des opérations de paix afin d’améliorer l’alerte rapide et l’évaluation des risques d’atrocités. 

Le respect du droit international étant avant tout la responsabilité de chaque État, le représentant a appelé les États à se joindre à l’initiative visant à élaborer un traité multilatéral d’entraide judiciaire et d’extradition pour la poursuite devant les juridictions nationales des auteurs des crimes les plus graves.  Si au niveau national, les progrès sont trop lents voire inexistants, le Conseil doit être plus proactif, en renvoyant par exemple à la Cour pénale internationale (CPI) des situations où les crimes les plus graves pourraient avoir été commis.  Le représentant a conclu en affirmant que son pays s’engagera au cours des prochains mois et « avec des initiatives concrètes », contre la menace que font peser sur les civils les engins explosifs. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a exprimé son attachement au droit international humanitaire, au droit international des droits de l’homme et à la responsabilité du Conseil de sécurité de protéger les civils.  Il a souligné que 119 États, dont le Pérou et neuf autres membres du Conseil de sécurité, avaient signé le Code de conduite promu par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) qui s’engage à agir de manière opportune et déterminée pour prévenir et mettre fin aux crimes atroces.  Il a rappelé non seulement la responsabilité première des États de protéger leur population, mais aussi celle de la communauté internationale de le faire si les autorités nationales ne le peuvent pas.  C’est pourquoi le Pérou adhère au concept de « responsabilité de protéger », a dit le délégué.

S’appuyant sur le dernier rapport du Secrétaire général sur la protection des civils, il a souligné la nécessité urgente d’aborder les effets néfastes des armes explosives dans les zones peuplées en faisant respecter le droit international.  Il a aussi appelé à accorder l’attention nécessaire à la réhabilitation des victimes et recommandé de faire participer les communautés aux efforts de prévention des conflits, en particulier les femmes et les jeunes.  Pour ce qui est des crimes atroces, il a demandé de garantir les poursuites en justice et plaidé pour l’universalisation de la CPI.

Constatant que les difficultés en matière de protection des civils sont les mêmes qu’il y a 20 ans, M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a réclamé des mesures urgentes pour rectifier cette situation.  Il a appelé au plein respect du droit international humanitaire, déplorant que les parties au conflit ne le considèrent que comme un « simple bout de papier » et commettent des attaques contre des cibles civiles.  Il s’est opposé au recours au droit de veto lorsque la question de l’acheminement de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin est en cause.

Poursuivant, le représentant a appelé à faire usage des missions d’établissement de faits et des régimes de sanctions, notamment pour assurer le respect du droit international humanitaire par les parties au conflit.  Il a aussi annoncé que pour renforcer le cadre institutionnel, le Koweït a élaboré un projet de résolution sur les personnes disparues en temps de conflit armé. 

M. TEODOR MELESCANU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a indiqué qu’en tant que contributrice aux opérations de paix de l’ONU depuis plus de 28 ans, la Roumanie organise avant tout déploiement de ses soldats une formation stricte de trois mois sur la protection des civils et le respect des droits de l’homme.  Le pays a aussi adopté une stratégie sur l’application du droit international humanitaire qui contient des dispositions claires sur la protection des civils.  La Roumanie a dûment adhéré aux Principes de Kigali et à la résolution 2286 (2016), a ajouté le Ministre qui a dit apprécier l’initiative « Action pour le maintien de la paix » lancée l’année dernière par le Secrétaire général.  Le pays a également approuvé la Déclaration politique sur la protection du personnel médical dans les conflits armés initiée par la France en 2017. 

Le Ministre a ajouté comme autres textes auxquels son pays a adhéré la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Engagements de Paris et les Principes de Paris sur les enfants associés aux forces ou groupes armés, sans oublier les Principes de Vancouver contre l’enrôlement des enfants soldats.  Le Ministre s’est tout particulièrement dit fier que les contingents roumains dans les opérations de paix de l’ONU comptent 17% de femmes contre une moyenne de 13%.  Le Président roumain fait d’ailleurs partie du Cercle du leadership sur la prévention de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations de l’ONU.  Le Ministre a conclu en appuyant fermement la proposition du Secrétaire général de développer des cadres nationaux sur la protection des civils. 

M. BORITH OUCH, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a rappelé que son pays avait été bénéficiaire des forces de maintien de la paix dès les années 1990 et avait fourni environ 6 000 soldats depuis 2006 dans les opérations de l’ONU, dont un certain nombre de femmes.  Fort de cette expérience, le Cambodge a recommandé que les opérations de maintien de la paix adhèrent strictement au mandat du Conseil de sécurité et à sa responsabilité de protéger les civils.  Cependant, cela n’est pas un substitut aux responsabilités et obligations du gouvernement du pays concerné ou des parties en conflit.  Le représentant a ajouté que les voies de communication et les liens d’amitié sincère entre Casques bleus et autorités locales et populations devaient être renforcés.  Il a cité un article publié cette semaine par ONU Info intitulé « Vingt-sept ans après en avoir bénéficié, le Cambodge contribue au maintien de la paix de l’ONU ». 

Selon le représentant, une étroite collaboration doit s’établir entre les autorités locales et les forces multilatérales pour rassembler des informations à jour avant l’éruption d’un conflit, pour pourvoir mener suffisamment tôt l’évacuation des civils piégés dans les régions en conflit.  Ces civils doivent recevoir protection et soins médicaux, a-t-il rappelé en conseillant aussi de contrôler les entrées et sorties des camps de réfugiés pour bloquer l’importation d’armes et de substances dangereuses.  Le représentant a encore recommandé aux autorités locales et aux forces multilatérales de travailler main dans la main pour diffuser les informations nécessaires sur les lois et la culture du pays hôte et sur les rôles et responsabilités de l’ONU, ou encore sur les mines.  Enfin, il s’est dit favorable au prédéploiement et à la formation des troupes ainsi qu’aux mandats de protection des civils pleinement intégrés dans les opérations de maintien de la paix.

M. STEF BLOK, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a insisté sur la responsabilité de protéger les civils, soulignant que le droit humanitaire n’est pas une option, ni juste « une bonne chose à avoir ».  C’est le fondement même de ce qui définit notre humanité: le respect de ce droit est essentiel pour notre crédibilité à tous.  Toute violation doit faire l’objet d’une enquête indépendante.  « Oui, a-t-il ajouté, les contrevenants doivent avoir peur et savoir qu’ils seront tenus pour responsables. »

Le Ministre a notamment appelé à traduire en justice les auteurs des crimes « odieux » commis par l’EIIL.  Il a aussi engagé le Conseil de sécurité à déclarer que l’EIIL avait commis un génocide contre les Yézidis.  Il a estimé que les auteurs d’atrocités de masse commises par l’EIIL devaient comparaître devant la justice, « de préférence dans la région », et si possible devant un tribunal pénal international ad hoc ou hybride.  Il a reconnu que pour ce faire, il faudra surmonter des obstacles complexes.  Mais, a-t-il ajouté, il importe de garder à l’esprit que la justice est un prérequis pour la paix et la sécurité.  M. Blok a ensuite annoncé que lors de la prochaine Assemblée générale, en septembre, les Pays-Bas organiseront une réunion ministérielle sur la poursuite en justice des combattants de l’EIIL.

Mme PAMELA GOLDSMITH-JONES, Secrétaire parlementaire au Ministère des affaires étrangères du Canada, a constaté à regret que les civils représentent toujours la grande majorité des victimes des conflits armés, et que la violence contre le personnel humanitaire s’intensifie, y compris contre les personnels médicaux.  « Nous sommes indignés par le recours à la violence sexuelle et fondée sur le genre dans les conflits armés », a-t-elle déclaré, en plaidant pour la mise en place de rigoureuses dispositions juridiques et institutionnelles pour lutter contre ce phénomène et permettre l’ouverture d’enquêtes sur les auteurs de violences.  À la suite du lancement des Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats, la représentante a fait valoir que le Canada dirige un processus multipartite pour aider à traduire cet engagement politique en mesures concrètes.

En ce soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève, le moment est propice pour le Conseil de renouveler son engagement en faveur de la protection des civils.  Aussi, le Canada a-t-il exhorté cet organe à plaider sans équivoque pour le respect du droit international humanitaire et à condamner les violations lorsqu’elles sont commises.  « Le Conseil doit aussi faire progresser les dimensions sexospécifiques du programme de protection des civils, en ce qui concerne non seulement la violence sexuelle en période de conflit, mais également les différentes répercussions des conflits armés sur les femmes et les filles et les autres groupes qui font face à une discrimination et à une violence fondées sur le genre », a argué la délégation.  Pays à l’origine de l’Appel à l’action pour la protection contre la violence basée sur le genre dans les situations d’urgence, le Canada a également exhorté le Conseil à promouvoir une plus grande responsabilisation des auteurs de violence fondée sur le genre et à appuyer les efforts à l’échelle internationale et sur le terrain. 

M. MARTIN KOVÁCIK (Slovaquie) a déploré que 20 ans après l’adoption de la résolution 1265 (1999), les civils comptent toujours parmi les principales victimes des conflits armés.  Il a souligné que la protection des civils dépend de la mise en œuvre des mandats des opérations de maintien de la paix, de la formation et du déploiement effectifs des Casques bleus, du respect des droits de l’homme, de la création d’un environnement propice à leur retour, et du développement des États.  Mentionnant le « hashtag » #NotATarget, le représentant a indiqué que les civils ne sont pas une cible, mais le fondement de tout État.  Il a insisté sur l’importance de réaliser la juridiction universelle de la Cour pénale internationale (CPI).

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé que le mois dernier a marqué la huitième année depuis le début du conflit en Syrie, qui s’est traduit par d’immenses souffrances pour les civils à travers le pays.  « Plus de 5,6 millions de personnes ont fui, cherchant refuge en Turquie et dans d’autres pays voisins », a déclaré le représentant.  La situation à Edleb demeure préoccupante, a-t-il poursuivi, en rappelant qu’au cours des dernières semaines, le régime avait de manière soutenue violé le cessez-le-feu établi depuis l’adoption du mémorandum d’accord en septembre 2018, qui a permis d’éviter jusqu’à présent une tragédie humanitaire.  « Ces violations auront des répercussions humanitaires et sécuritaires considérables pour la région et au-delà », a prévenu le représentant. 

S’il s’est déclaré d’accord pour reconnaître la nécessité d’identifier des outils pour faire pression sur les acteurs armés non étatiques, en même temps, a noté M. Sinirlioğlu, la signature de documents avec de tels acteurs fait aussi courir le risque d’encourager ces derniers à revendiquer une légitimité et par conséquent de contribuer à la détérioration des conflits.  « Par conséquent, toutes les organisations internationales et non gouvernementales devraient s’abstenir de cette pratique, y compris les ‘actes d’engagement’ signés avec des organisations terroristes. »  Il a plutôt jugé prioritaire de renforcer le cadre juridique pour la prévention et la répression des activités de recrutement d’organisations terroristes. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a fait part de ses réserves sur l’emploi, dans le rapport du Secrétaire général, de l’expression « conflit armé » pour décrire la lutte en cours dans son pays contre des groupes terroristes comme Daech et le Front el-Nosra.  Le Gouvernement syrien compte poursuivre son action pour protéger les civils des actions de ces groupes, a-t-il assuré.  En dépit des obstacles, le Gouvernement est parvenu à préserver ses institutions; il a réussi à établir une coopération avec la Russie et d’autres alliés pour mettre un terme aux effusions de sang.  Des milliers d’éléments armés ont déposé les armes, la stabilité et la sécurité ont été rétablies dans les zones reprises aux groupes armés et les civils ont pu regagner leur foyer, s’est félicité le représentant.  Il a aussi indiqué l’autorité de l’État avait été rétablie sur la majorité des territoires qui étaient aux mains de Daech ou d’el-Nosra.

Le représentant a dénoncé les ingérences « nocives et destructives » dans le processus de prise de décisions qui est « censé être syrien ».  Il a aussi critiqué l’action de « ceux qui détruisent des pays entiers » comme la Libye, usant de la Charte, et qui, invoquant la protection des civils, exercent des pressions unilatérales contre des pays comme Cuba ou la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Ce terrorisme économique illégal est ensuite justifié comme mesure préventive », s’est-il insurgé.  Le délégué a appelé à répondre aux causes profondes des conflits armés et à examiner les prétextes ayant été notamment utilisés pour occuper l’Iraq et détruire ses capacités.  « Ceux qui ont envahi l’Iraq se sont-ils excusés ou ont-ils justifié leurs actions?  Et quelles sont les justifications de la destruction de la Libye, envahie sous prétexte de protection des civils? »

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a regretté que son pays soit devenu un des exemples des violations des normes et principes du droit international humanitaire commises par un membre permanent du Conseil de sécurité.  Il a salué le fait que le rapport du Secrétaire général parle de la situation difficile des civils affectés par l’agression militaire russe dans le Donbass.  Le représentant a exprimé la préoccupation de son pays face à la décision « provocatrice et illégale » d’accorder des passeports russes à des citoyens ukrainiens dans les territoires temporairement occupés.  Une telle mesure serait une autre violation des droits de la population locale et provoquerait une escalade dangereuse de la situation, a prévenu le représentant.  Imposer une citoyenneté aux habitants d’un territoire occupé peut être les obliger à prêter allégeance à une puissance qu’ils peuvent considérer comme hostile.  Ce serait donc, en a conclu le représentant, une violation flagrante de la quatrième Convention de Genève.  Cette évolution « dangereuse » doit être fidèlement reflétée et bien évaluée dans le prochain rapport du Secrétaire général.  Nous appelons la Fédération de Russie, a ajouté le représentant, à honorer ses obligations en vertu du droit international applicable aux puissances occupantes.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a rappelé la résolution 2286 (2016), dont son pays était l’un des porte-plume, qui exprime l’engagement « fort et unanime » du Conseil de sécurité contre les attaques et les menaces visant les malades, le personnel et les services de santé.  Il est donc regrettable, a-t-il avoué, que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dise que le nombre des attaques contre les infrastructures de santé aient augmenté, en particulier en Syrie.  Le représentant a insisté « une nouvelle fois » sur le fait que toutes les parties au conflit, États et acteurs non étatiques, doivent respecter la résolution et le droit international humanitaire.  Le Conseil doit prendre d’autres mesures pour obtenir des améliorations concrètes.  Le représentant est aussi revenu sur « une autre priorité » de son pays à savoir l’agenda « femmes, paix et sécurité ».  Il a décrit les initiatives prises par son pays pour mettre en œuvre les résolutions adoptées dans ce cadre, promettant que le Japon va continuer à s’engager activement dans l’appui aux initiatives nationales pour assurer respect des textes adoptés et responsabilité. 

M. JORGE SKINNER-KL֤ÉE ARENALES (Guatemala) a déploré le fait que les conflits se déroulent de plus en plus souvent dans des centres urbains.  Il a notamment condamné l’usage d’armes explosives dans des zones peuplées de civils, en violation des Conventions de Genève de 1949 et de leurs protocoles additionnels de 1977.  Le représentant a appelé la communauté internationale à se doter d’un cadre de protection des civils contre de telles armes.  Il a indiqué que 23 États d’Amérique latine et des Caraïbes avaient manifesté leur volonté de prendre en charge cette problématique au niveau régional dans le cadre du Communiqué de Santiago. 

Le représentant a par ailleurs appuyé l’inclusion de mandats liés à la protection des civils au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU, des mandats qui doivent s’inscrire dans le cadre d’un « processus de paix intégral » approprié par les parties au niveau national.  Il a par ailleurs pris note du lancement d’un projet pilote visant à améliorer la mobilité des composantes militaires et civiles des missions, afin qu’elles puissent être déployées rapidement dès qu’un problème sécuritaire survient.  Il a appelé le Secrétariat à fournir des informations détaillées sur les résultats de ce projet pilote.  Le représentant a, en outre, souligné l’importance de bien évaluer les ressources humaines et matérielles dont sont dotées les missions, afin de s’assurer de leur adéquation avec les mandats. 

M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a déclaré que la protection des civils en période de conflit armé était une question complexe du fait de la nature changeante des conflits armés, des contradictions possibles entre ce mandat et les principes établis du maintien de la paix à l’ONU, ainsi que des mandats limités et de l’inadéquation des ressources disponibles pour les opérations de maintien de la paix.  « Les difficultés pour atteindre l’objectif de protection des civils en période de conflit armé sont connues de tous », a-t-il insisté, estimant que la responsabilité de protéger les civils reposait avant tout sur les gouvernements nationaux, auxquels les acteurs extérieurs, ONG ou autres, ne sauraient se substituer.

Quoique 8 des 14 opérations de maintien de la paix actuelles disposent d’un mandat de protection des civils, le représentant a rappelé que les missions de la paix étaient dotées en moyenne de 10 mandats.  Dans ce cadre, il a jugé que la capacité des Casques bleus à s’acquitter de leur tâche de protection des civils était mise à mal par l’absence d’une définition claire et réaliste des mandats.  Le représentant a appelé le Conseil à utiliser tous les mécanismes et procédures disponibles pour régler les difficultés opérationnelles liées à la protection des civils.  Il a estimé que l’engagement pris dans le cadre de l’Action pour le maintien de la paix constituait une bonne base pour renforcer la protection des civils.  Le représentant a enfin appelé les États Membres et le Secrétariat à s’adapter à l’environnement en matière de maintien de la paix.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a estimé qu’une paix durable ne peut être réalisée que par le dialogue et non par des actions militaires dévastatrices, soulignant le caractère irréparable des pertes en vies humaines du fait de la guerre et de violents conflits.  Il faut donc agir pour la protection des civils pendant les conflits et mener un dialogue constant pour faire face aux causes profondes des conflits.  Et même si la protection des civils est la responsabilité première des États, il n’en demeure pas moins que c’est aussi le devoir de la communauté internationale, y compris les organes onusiens, de prévenir la violence contre les civils si un État ne peut le faire. 

En outre, les enfants, les femmes et les blessés et d’autres groupes vulnérables doivent recevoir une attention particulière, étant donné qu’ils sont affectés de manière disproportionnée par les conflits.  De même, la protection contre l’exploitation et les abus sexuels est cruciale pour l’harmonie des communautés.  Le Népal demande que l’esprit et la lettre des Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels soient respectés par les parties en conflit.  Le pays insiste sur la protection des civils et la promotion de l’harmonie sociale en s’appuyant sur sa propre expérience nationale.  En tant que pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix, le Népal assure prendre toutes les mesures possibles pour former ses soldats à la protection des civils.

M. SANG WOOK HAM (République de Corée) a conseillé de se focaliser sur la prévention, comme prévu dans la réforme du Secrétaire général, et de réduire ainsi l’écart entre l’engagement et la réalité.  Cette approche a été mise en exergue dans les examens par le Conseil des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de maintien de la paix et de l’agenda « femmes, paix et sécurité ».  La République de Corée a toujours appuyé les efforts de réforme visant à rendre efficace le système de l’ONU dans l’appui aux priorités de maintien de la paix. 

M. Ham a aussi recommandé de redoubler d’efforts dans la protection des groupes vulnérables comme les femmes et les enfants.  Il a renvoyé à cet égard au rapport du Secrétaire général qui signale que la violence sexuelle persiste dans les situations de conflit armé en tant que composante d’une stratégie plus large.  En juin dernier, le Gouvernement coréen a lancé l’initiative de paix et d’action avec les femmes, un programme centré sur la protection des femmes contre cette forme de violence.  Le délégué s’est enorgueilli que son pays accueille, les 2 et 3 juillet prochains, la première conférence internationale dans le cadre de cette initiative aux fins du renforcement du partenariat mondial de lutte contre la violence sexuelle dans les conflits. 

M.  MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que les Conventions de Genève de 1949 et ses protocoles additionnels consacrent clairement la distinction entre les civils et les composantes militaires prenant part à un conflit.  Or, cette distinction n’a de cesse d’être violée dans le cadre des conflits actuels, a-t-il déploré, citant l’utilisation comme outils de guerre de la torture, des meurtres et exécutions sommaires, ainsi que l’utilisation des civils comme boucliers humains.  « Au Cachemire indien, par exemple, l’usage de la torture contre des civils a été avéré dans un rapport récent », a dénoncé le représentant.  Il incombe avant tout à chaque État Membre de protéger sa population, a-t-il ensuite estimé, tout en jugeant que la protection des civils devait demeurer une priorité des opérations de maintien de la paix.  Les pays bénéficiant d’une influence sur les parties à un conflit devraient en outre systématiquement l’exercer pour éviter les souffrances civiles, a-t-il ajouté, rappelant toutefois que le Conseil de sécurité était le principal garant international de la protection des civils.  Dans ce cadre, « l’inaction du Conseil a un coût humain élevé », a déploré le délégué, citant notamment son « incapacité à prévenir les violations du droit international humanitaire en Palestine et au Cachemire indien ».

M. RIDAS PETKUS (Lituanie) a axé son intervention sur la protection des populations sous occupation étrangère, précisant que la quatrième Convention de Genève exige un traitement digne et humain des personnes civiles vivant en territoire occupé.  La Lituanie a vécu une période d’annexion illégale et a été occupée par l’Union soviétique, a rappelé le représentant, en insistant sur les crimes et les horreurs qui risquent d’être commis en l’absence de respect du droit dans une telle situation.  Il a renvoyé aux « nombreuses » obligations de la Puissance occupante au titre de cet instrument.  En particulier, M. Petkus a évoqué un décret en date du 24 avril dernier qui devrait faciliter l’acquisition de la nationalité russe par les résidents des différents districts des régions de Donetsk et Louhansk en Ukraine sans forcément résider en Russie.  « Cette naturalisation extraterritoriale de masse, libellée ‘politique de ‘passeportisation’ par la Fédération de Russie dans les territoires occupés d’Ukraine constitue une violation flagrante du droit de l’occupation et doit être condamnée par les États Membres de l’ONU », a-t-il demandé. 

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a rappelé que 95% des opérations de maintien de la paix disposent d’un mandat de protection des civils.  Cette architecture robuste n’a cependant pas été suffisante pour réduire les souffrances infligées aux civils dans les conflits armés, a-t-il déploré, appelant à renforcer le dispositif actuel.  Il a également appelé le personnel des missions à s’appuyer davantage sur les communautés locales dans la mise en œuvre de leur mandat.  Le représentant s’est, par ailleurs, dit troublé par le fait que les civils soient délibérément pris pour cible dans de nombreux conflits en cours.  Il a appelé les parties à respecter le droit international humanitaire.  Selon lui, les opérations de maintien de la paix doivent disposer de mandats réalistes de protection des civils, ainsi que des ressources nécessaires pour les mettre en œuvre.  D’après lui, l’implication accrue des femmes dans le maintien de la paix ne peut que bénéficier à la protection des civils.  Les mandats de protection devraient aussi prendre en compte le caractère particulier de chaque situation, a-t-il ajouté, tout en appelant à davantage de cohérence dans la définition des objectifs d’une opération de maintien de la paix à une autre.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a rappelé que l’édition de mars 2019 de la retraite annuelle du droit international humanitaire que la Mission permanente de l’Espagne organise avec l’appui de la délégation du CICR avait été axée sur la protection des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux et des écoles, qui est prévue dans le droit international humanitaire.  Il a signalé que selon le dernier rapport de Safeguarding Health in Conflict Coalition, il y a eu, en 2018, au moins 973 attaques dans 23 pays, soit 38% de plus qu’en 2017.  Ces attaques ont tué au moins 167 travailleurs de la santé et blessé 710 autres. 

Ces 167 morts sont de trop et il ne faut pas que les auteurs demeurent impunis, a déclaré l’Espagne, qui a rappelé que la résolution 2286 (2016) sur la protection des personnels et des infrastructures de santé dans les conflits demeure en vigueur, en particulier pour ce qui est des mécanismes de recherche et d’établissement des faits.  Il a souligné la nécessité d’établir un instrument permanent pour faire le point sur les mécanismes de collecte et d’analyse de données, l’identification des tendances et des pratiques optimales, les réparations pour les dommages occasionnés, la restauration des services et la récupération de l’espace humanitaire.  Il a annoncé que les 28 et 29 mai, l’Espagne organise à Palma de Mallorca la troisième Conférence internationale pour des écoles sûres avec la participation de 86 pays ayant endossé la Déclaration de 2015 sur cette question, soulignant que d’autres pays s’étaient aussi engagés à protéger l’accès à l’éducation. 

Rappelant les obligations qui découlent des instruments internationaux relatifs aux droits des personnes civiles, M. FERNANDO ANDRÉS MARANI (Argentine) a plaidé en faveur du renforcement des prérogatives des opérations de maintien de la paix, en suivant notamment la vision du Secrétaire général sur la responsabilité de protéger.  Les forces de paix de l’Argentine, a-t-il précisé, bénéficient d’une formation en matière de prévention et de lutte contre les violations des droits de l’homme et les violences faites aux personnes.  Favorable à l’adoption d’une déclaration politique internationale sur l’utilisation des engins explosifs dans les zones peuplées, le représentant a aussi évoqué les menaces à long terme que posent pour les civils les restes explosifs de guerre.  Reconnaissant par ailleurs, que les jeunes constituent une grande part des civils affectés par les conflits armés, il a appuyé la Déclaration sur la sécurité des écoles et les Principes de Vancouver sur le recrutement des enfants soldats.  De plus, il a appuyé le travail de la Cour pénale internationale (CPI) qui est compétente à l’égard de la plupart des attaques contre les populations civiles.  « Le cadre normatif existant en matière de protection des civils doit trouver un écho sur le terrain », a-t-il conclu. 

Au nom du Groupe des amis pour la protection des civils, M. JÜRG LAUBER (Suisse) a appelé le Conseil à « agir de manière systématique, globale et cohérente » de façon à accorder la priorité à la protection des civils dans toutes ses prises de décisions.  Le Conseil doit également se concentrer sur les personnes en situation vulnérable « de façon impartiale », en adoptant systématiquement une « perspective sexospécifique », a-t-il estimé.  Dénonçant les attaques aveugles contre des civils et des infrastructures civiles, qui se produisent à un « rythme effrayant » dans les conflits actuels, notamment en raison de la multiplication des armes dans des zones peuplées, le représentant a déploré les entraves grandissantes à l’accès humanitaire.  Les enfants sont ceux qui souffrent le plus de cette situation, a-t-il relevé, condamnant fermement les attaques contre les écoles, ainsi que le recrutement d’enfants dans les conflits.  Le représentant a également condamné l’utilisation de la famine comme arme de guerre, en violation du droit international humanitaire. 

« Nous devons identifier des moyens d’agir », a poursuivi le représentant, appelant à créer un programme « ambitieux » de protection des civils pour les 20 prochaines années, afin de renforcer le respect du droit international humanitaire.  Il a appelé les pays ne l’ayant pas encore fait à ratifier les protocoles additionnels aux Conventions de Genève et exhorté les parties à faciliter systématiquement l’accès des agents humanitaires aux populations civiles.  Il a en outre appelé à traduire davantage les auteurs de violences contre des civils en justice.  Dans les cas de violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme, il a estimé que le Conseil devrait utiliser de manière plus systématique les outils à sa disposition pour vérifier les faits et, le cas échéant, déférer ces cas à la Cour pénale internationale (CPI).  Le représentant a également appelé le Conseil à renforcer davantage les mandats de protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix.

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a mis l’accent sur la prévention des conflits et la consolidation de la paix et sur la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits par la promotion du dialogue politique et l’établissement de sociétés véritablement inclusives.  Il a également souligné l’importance de l’application du principe de responsabilité et, par là-même, le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) dans des affaires où les enquêtes et poursuites ne sont pas possibles au niveau national.  Encourageant les États à se tourner vers la CPI, le représentant a souhaité davantage d’investissement politique et financier pour lutter contre l’impunité.  La formation du personnel des opérations de maintien de la paix au droit international humanitaire est vitale car elle vient appuyer les efforts tendant à prévenir et faire cesser les actes de violence, les attaques et menaces à l’endroit des blessés et des malades, du personnel médical et humanitaire et des installations médicales, a-t-il ajouté. 

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a rappelé que lors de la vingt-troisième Conférence ministérielle du Mouvement, qui a eu lieu en avril 2018 à Bakou, les ministres s’étaient accordés pour dire que la protection des civils incombait au premier chef aux États et avaient réaffirmé leur engagement en faveur des missions de maintien de la paix.  Selon le représentant, la mise en œuvre efficace des mandats de protection civile dépend principalement des ressources financières et humaines, de la mise à disposition d’équipements suffisants et de mandats clairs et réalisables or les attentes par rapport aux capacités de protection des civils des opérations de maintien de la paix sont souvent « irréalistes ».  Il appartient au Conseil de sécurité de garantir, à tout moment, la défense et le respect des normes du droit international, a-t-il souligné.  Le représentant a également indiqué que les agences et le personnel humanitaires devaient respecter le droit international et la législation des pays où ils interviennent ainsi que les principes régissant l’assistance humanitaire figurant dans l’annexe de la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, à savoir humanisme, neutralité et impartialité, non-ingérence dans les affaires intérieures des pays hôtes souveraineté, et respect de l’intégrité territoriale, l’unité nationale et l’indépendance des États. 

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a déploré le fait que les pertes en vies civiles dépassent systématiquement les pertes militaires dans les conflits.  Il a jugé urgent d’adopter des approches plus efficaces, via l’élaboration de politique nationale de protection des civils prévoyant un ensemble de mesures, y compris en matière de réparation des victimes.  Il est pour cela essentiel de renforcer les systèmes juridiques nationaux, a-t-il estimé, afin de leur permettre de traduire en justice les auteurs de violations.  Le représentant a en outre appelé à reconnaître « le lien évident » entre les droits de l’homme, le droit international humanitaire et les exportations d’armes vers des zones où elles sont susceptibles d’être utilisées contre des civils.  Il a prié tous les États Membres de prendre des mesures pour réduire l’impact humanitaire des armes explosives dans les zones peuplées.  « Il faut passer des discours aux faits concrets », a-t-il appelé.

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) a déclaré que son pays souscrit aux Principes de Kigali sur la protection des civils qui constituent un cadre d’orientation et d’engagement pour l’action collective.  Il a jugé prioritaires l’application et l’exécution des directives et engagements existants.  En tant que pays membre du Groupe des Amis pour la protection des civils, le Portugal a fait appel au Conseil de sécurité pour réclamer, systématiquement et de manière continue, que les États Membres ainsi que les parties aux conflits armés respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Le représentant a jugé déplorable que la famine des populations soit de plus en plus utilisée comme méthode de guerre, et s’est félicité, au contraire, du débat en cours entre les États parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) sur la modification du cadre juridique actuel en matière de responsabilité, proposée par la Suisse.  Il a aussi particulièrement appuyé le travail du Conseiller spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng et celui de la Conseillère spéciale pour la responsabilité de protéger, Mme Karen Smith. 

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a rappelé que 8 des 14 opérations de maintien de la paix avaient intégré la protection des civils dans le cadre de leur mandat.  En l’absence de mécanismes efficaces de prévention des conflits armés, il a jugé que la protection des civils était un impératif du maintien de la paix à l’ONU.  Alors que nous célébrons le soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève, force est de constater que ces instruments n’ont pas permis de réduire les souffrances des civils en situation de conflit armé, a, par ailleurs, regretté le représentant, appelant les États Membres à s’appuyer sur les principes de Kigali, adoptés en 2015, pour améliorer la protection des civils sur leur territoire.

Le représentant a également appelé à définir des mandats « clairs » pour les opérations de maintien de la paix, qui permettent d’améliorer la protection des civils.  Il a également plaidé en faveur d’une implication accrue des femmes dans le maintien de la paix, pour réduire les risques de conflit et de confrontation communautaire. 

Ce n’est qu’en identifiant les actes qui mettent en danger la sécurité des individus et qu’en y impliquant toute la société que nous parviendrons à une paix durable, a estimé M. JAN KICKERT (Autriche).  Il a annoncé que son pays organise les 1er et 2 octobre 2019 à Vienne, une conférence internationale sur « la protection des civils dans les guerres urbaines ».  L’Autriche entend aussi organiser une manifestation parallèle demain vendredi 24 mai sur la « protection des civils face aux engins explosifs dans les zone densément peuplées ».  Nous devons aussi faire en sorte, a conclu le représentant, que les soldats de la paix soient bien préparés à exécuter l’aspect « protection des civils » de leur mandat.  Tous les ans, l’Autriche dispense deux cours certifiés par l’ONU pour sensibiliser à la question.  Le renouvellement de la certification de ces cours pour une nouvelle période de quatre ans est la preuve de leur importance et leur haute qualité. 

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a jugé indispensable de créer et de pérenniser un environnement protecteur des civils et réducteur des menaces à la paix durable et au développement.  Il a également suggéré des partenariats plus robustes pour renforcer le mandat de protection des civils dans les conflits armés.  Dans cette optique, les États et l’ONU doivent œuvrer en étroite coopération pour garantir le respect et l’application effective de tous les principes liés à cette protection, par toutes les personnes impliquées dans les missions, a fait valoir le représentant.  Il s’agit aussi d’explorer des approches innovantes et des instruments pratiques pour améliorer la mise en œuvre des mandats des missions, a encore préconisé la Thaïlande, qui a insisté sur la formation intensive avant le déploiement et sur une formation régulière pendant la mission.  Dans ce contexte, les soldats thaïs de la paix sont formés aux procédures standards pour assister les populations civiles dans leurs efforts de prévention de la répétition du conflit armé et pour la réalisation du développement durable.  La Thaïlande vient également de souscrire aux Principes de Vancouver sur la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats. 

Il y a exactement 25 ans que le génocide des Tutsis a été commis au Rwanda, a rappelé M. SAPENAFA KESONI MOTUFAGA (Fidji), qualifiant cette tragédie d’échec cuisant de l’ONU en matière de protection des civils.  Le représentant a par conséquent appuyé les efforts du Secrétaire général pour renforcer le pilier « paix et sécurité » de l’Organisation.  Nous devons nous souvenir de l’immense responsabilité que la Charte confère au Conseil de sécurité, a-t-il déclaré, appelant l’organe à montrer davantage d’unité pour régler les situations de conflit.  L’histoire de l’ONU nous a en effet appris que lorsque ce Conseil ne parvient pas à se mettre d’accord, les conflits se prolongent.  « Et ce sont les civils qui en font les frais », a-t-il déploré.  Le représentant a, par ailleurs, appelé les États Membres à respecter les conventions internationales en matière de protection des civils.  « La réponse du Conseil face aux violations doit être proportionnelle aux actes commis », a-t-il estimé. 

M. JUAN RAMON DE LA FUENTE (Mexique) a condamné les entraves « inadmissibles » à l’accès à l’assistance humanitaire.  Celle-ci ne saurait être l’otage de considérations politiques, a-t-il affirmé, condamnant également les attaques contre le personnel médical et humanitaire qu’il a assimilées à des « crimes de guerre ».  C’est pour cette raison que le Mexique s’est joint à la Déclaration politique initiée par la France sur la protection du personnel médical et humanitaire en temps de conflits armés. 

Le représentant a aussi jugé inacceptable la lenteur des progrès dans la lutte pour la responsabilité et a mis l’accent, à cet égard, sur l’importance de la CPI qui nécessite ,selon lui, appui et coopération de la part de tous les États.  Il s’est érigé contre l’inefficacité du Conseil, qui, de son avis.  ne remplit pas son mandat concernant la protection de vies humaines, voire de peuples entiers, à cause d’un instrument de procédure, « le veto ». 

Mme SALOME IMNADZE (Géorgie) a constaté que les populations civiles étaient toujours les principales victimes des conflits, 20 ans après le premier débat ouvert du Conseil de sécurité sur la protection des civils en période de conflit armé.  La représentante a indiqué que son gouvernement soutenait l’initiative française concernant la déclaration politique sur la protection des soins de santé dans les conflits armés.  C’est d’autant plus important à la lumière des 700 attaques qui ont été menées en 2018 contre des installations médicales et du personnel de santé, a-t-elle déclaré.  « Depuis l’agression militaire de la Fédération de Russie contre la Géorgie en août 2008, nous ne sommes plus en mesure de protéger les populations civiles géorgiennes en Abkhazie et en Ossétie du Sud », a par ailleurs déploré la représentante, regrettant le décès récent d’un citoyen géorgien détenu dans une base militaire russe en Abkhazie occupée.  Elle a appelé les organisations internationales à tenir la Fédération de Russie pour responsable des violations commises contre des civils dans les deux régions géorgiennes sous le contrôle effectif du pays.  « Plus de 10% de la population géorgienne a en effet été expulsée des deux régions, en raison des nettoyages ethniques dont elle est victime », a-t-elle affirmé.

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a rappelé que les Conventions de Genève sont la pierre angulaire du droit international humanitaire et que le Conseil de sécurité a la responsabilité d’en assurer le respect, tout en relevant que le travail de cet organe reste mitigé à cet égard.  Les populations en Syrie sont l’exemple de l’échec du Conseil à agir, de nombreuses fois du fait du veto d’un ou plusieurs membres permanents, a-t-il souligné.  Et c’est cet échec du Conseil qui a guidé l’Assemblée générale à adopter une résolution portant création du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.  La délégation espère que le Mécanisme sera financé désormais par le budget ordinaire de l’ONU.

Pour le Liechtenstein, le meilleur moyen de protéger les civils est d’éviter les conflits armés.  De ce fait, la diplomatie préventive, la médiation et d’autres outils peuvent jouer un grand rôle dans ce sens.  L’un des outils proposés par le pays pour prévenir les conflits est la criminalisation de la guerre.  Ainsi, la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime d’agression, acquise depuis le 17 juillet 2018, fut une étape importante en ce sens.  M. Sparber a estimé que le renvoi d’affaires devant la CPI est un puissant outil de dissuasion que le Conseil de sécurité a entre les mains. 

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a mis l’accent sur les contours flous des champs de bataille dans les conflits actuels, ainsi que sur les nouvelles tactiques de guerre qui changent la donne quant à la protection des civils.  Elle a attaché une importance particulière aux enfants, et fermement condamné les attaques contre les établissements scolaires.  Elle a aussi appelé à la protection des personnes handicapées, avant de condamner les violences sexuelles utilisées comme tactique de guerre.  Les Casques bleus doivent être formés et équipés pour pleinement s’acquitter de leur mandat de protection des civils, a-t-elle recommandé.  Enfin, la représentante a salué les appels du Secrétaire général concernant le renforcement des efforts de plaidoyer et la promotion de moyens de formation et de prévention. 

« Protéger les vies humaines est une obligation et non une option », a déclaré M. BESSEOK (Algérie), rappelant que l’ONU célébrait cette année le soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève.  Malgré les efforts déployés ces dernières années pour protéger les civils, grâce notamment à l’adoption de mandats sur la protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix et aux processus de désarmement des parties, force est de constater que la situation des civils en situation de conflit ne s’est pas améliorée, a déploré le représentant, citant notamment l’utilisation de la famine et des violences sexuelles comme armes de guerre, ainsi que l’enrôlement des enfants par les parties et les entraves répétées à l’aide humanitaire. 

Le représentant a estimé que le Conseil devrait établir une « approche concrète et cohérente » en matière de protection des civils basée sur les éléments suivants: une « stratégie ouverte » pour s’attaquer aux causes profondes des conflits; le renforcement des cadres nationaux en situation post-conflit;  le renforcement des systèmes juridiques pour punir les violations les plus graves;  la garantie de la sécurité du personnel humanitaire; une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC); et l’inclusion systématique du suivi des droits fondamentaux dans les mandats des opérations de maintien de la paix, afin de faire rapport sur les violations des droits de l’homme et de prendre, le cas échéant, des mesures appropriées. 

M. KIRAT UMAROV (Kazakhstan) a fait remarquer que la population civile est « vaste et complexe » d’où la nécessité de traiter tous les aspects de la protection pour répondre aux besoins de chaque groupe vulnérable (hommes, femmes, enfants, déplacés internes et personnes handicapées notamment), qui sont affectés de façon disproportionnée.  D’un autre côté, les victimes des effets indirects des conflits, comme les maladies et la famine, doivent aussi bénéficier de soins médicaux spécifiques et de services spécialisés. 

Comme la responsabilité de la protection incombe à l’État, le Kazakhstan a souligné qu’il revient aux gouvernements d’élaborer des cadres de politique nationale incluant le renforcement des capacités et de l’état de droit, d’amples réformes du secteur de la sécurité, la bonne gouvernance et l’adoption d’une législation régissant l’exportation des armes.  Enfin, il a appelé les États à adhérer au Traité sur le commerce des armes. 

En tant que représentant d’un pays faisant l’objet de « menaces de la part de forces hostiles », Mme NOA FURMAN (Israël) s’est dite particulièrement concernée par la question de la protection des civils en période de conflit armé.  Les populations civiles israéliennes essuient chaque année près d’un millier de tirs de roquette et de mortier lancés par des groupes terroristes, a déploré la représentante.  À Gaza, le Hamas utilise ses frères et sœurs palestiniens comme « boucliers humains », a-t-elle dit, dénonçant les crimes de guerre commis, selon elle, par cette organisation terroriste palestinienne.  Au Liban, le Hezbollah recrute près d’un tiers de la population civile dans les villages sous son contrôle pour commettre ses actions terroristes, a poursuivi la représentante.  Pour ces groupes, le droit international n’existe pas, a-t-elle constaté, appelant le Conseil de sécurité à reconnaître le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique comme des organisations terroristes. 

Mme BEATRIZ NUÑEZ (Uruguay) a indiqué que la réduction de la prolifération des armes et de l’utilisation des explosifs dans des zones à forte densité démographique figurait parmi les mesures qui s’imposent pour protéger la population civile.  Elle a encouragé à une réflexion sur les mesures mondiales, mais surtout régionales, pour résoudre le problème des armes.  Elle a également exhorté à la conduite d’enquêtes sur les crimes perpétrés contre les civils, mettant l’accent sur les poursuites en justice qui jouent aussi un rôle clef pour mettre fin à l’impunité en raison de l’effet dissuasif. 

Le Conseil de sécurité doit aussi assumer sa responsabilité pour garantir la justice en recourant aux instruments dont il dispose, tels que les régimes de sanctions ou sa prérogative de saisine de la CPI, le cas échéant.  En tant que pays pourvoyeur de troupes, l’Uruguay a mis en exergue le fait que les Casques bleus réussissent mieux sur le terrain s’ils établissent des relations de confiance et de communication avec la population locale. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a salué les différentes initiatives prises par le Conseil de sécurité pour renforcer le cadre de protection des civils en période de conflit armé.  Il a cependant constaté que les populations civiles étaient toujours les principales victimes des conflits.  Pour remédier à cette situation, le représentant a jugé essentiel de s’attaquer aux causes profondes des conflits et de renforcer l’état de droit, notamment par l’adoption de politiques nationales de protection des civils basées sur un ensemble de bonnes pratiques.  Dans le cadre des opérations de maintien de la paix, le représentant marocain a appelé à poursuivre le développement d’outils et systèmes visant à rendre la protection des civils plus efficace, à l’instar de la création des réseaux d’alerte communautaire.  Il a également appelé à prendre des mesures immédiates pour « faciliter un accès sûr, rapide et sans entrave » du personnel humanitaire aux populations dans le besoin.  L’aide fournie doit parvenir directement aux victimes, a-t-il ajouté, sans faire l’objet de détournement.  Enfin, le représentant a appelé l’ONU à mettre l’accent sur une approche préventive de promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance, afin d’éviter que les conflits ne dégénèrent en confrontation ouverte et meurtrière. 

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a considéré que la surveillance est nécessaire pour collecter des éléments de preuve, d’abord à des fins d’établissement des responsabilités, mais aussi pour parvenir à des améliorations de la situation sur le terrain, alors que les conflits évoluent et changent de nature.  Les évaluations pourraient prendre la forme d’une analyse des moyens et du modus operandi employés dans le cadre des attaques.  À cet égard, la délégation s’est félicitée de la décision de l’Autriche de convoquer une conférence, en octobre prochain, sur ce sujet.  Évoquant la question fondamentale de l’assistance humanitaire, le représentant a souligné que « jamais, la bureaucratie ne devait constituer un obstacle au fait de sauver des vies ».  Pour parvenir à une approche holistique du conflit,  a-t-il préconisé, il faut se concentrer sur les segments de la population qui sont touchés de manière disproportionnée par les conflits armés, qu’il s’agisse des femmes, des enfants ou des personnes handicapées. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a reconnu que l’échec des parties au conflit à honorer leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, continue d’être l’un des défis les plus critiques de la protection des civils.  Il est de notre devoir de protéger ce droit et de tenir les violateurs pour responsables de leurs actes, a dit le représentant en réitérant son appui à la Cour pénale internationale (CPI).  Grande contributrice à l’aide humanitaire, l’Union européenne a, a-t-il dit, au cours de ces cinq dernières années, consacré plus d’1 milliard d’euros aux activités de protection des civils. 

S’inquiétant du sort des déplacés et des personnes handicapées dans les conflits armés, le représentant s’est aussi dit préoccupé par le fait que la violence sexuelle et fondée sur le sexe soit toujours une tactique de guerre, de terrorisme, de torture et de répression.  Il s’est donc félicité de l’adoption de la résolution 2467 (2019), en particulier le libellé « fort » sur la responsabilité pénale, le rôle de la société civile et l’approche centrée sur les survivants.  À cet égard, l’Union européenne, a-t-il dit, réaffirme l’importance de la disposition sur les services de santé sexuelle et reproductive.  L’Union, a d’ailleurs versé la somme de 62 millions d’euros pour prévenir et répondre à la violence sexuelle et fondée sur le sexe. 

Il est absolument « impératif » que la perspective genre soit incorporée dans les efforts de protection, y compris dans l’action humanitaire.  Aujourd’hui, s’est félicité le représentant, une conférence spéciale se tient à Oslo.  Après avoir insisté sur l’attachement de l’Union européenne à la protection des droits de l’enfant, le représentant a voulu que la protection des civils soit au cœur des mandats du maintien de la paix, conformément aux Principes de Kigali.  Les Casques bleus doivent être bien préparés et bien équipés et les missions doivent avoir en leur sein des points focaux bien formés sur la protection de l’enfance, a souligné le représentant qui a dit appuyer l’enregistrement de victimes et salué tous les efforts visant à déployer davantage de femmes dans le opérations de paix. 

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a souligné que son pays était engagé à soulager la douleur des civils touchés par des conflits armés, en particulier les enfants.  Ces dernières années, a-t-elle précisé, plus de 500 enfants ont ainsi été réhabilités en Slovénie, où ils ont bénéficié de soins psychologiques et d’une assistance physique.  La représentante a appelé le Conseil de sécurité à répondre « systématiquement et de façon cohérente » à toutes les violations du droit international humanitaire par des acteurs étatiques et non-étatiques.  Elle a également souligné le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) dans cette entreprise et appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour traduire les auteurs de violations en justice. 

Son pays a toujours été un acteur de paix et un médiateur tant dans sa région qu’ailleurs dans le monde, a souligné Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie).  Les crises au Moyen- Orient ont eu d’énormes répercussions sur la Jordanie qui accueille des millions de réfugiés et collabore avec les agences humanitaires pour leur fournir des logements, une aide alimentaire et des services de base en matière de santé et d’éducation.  Le pays veille aussi à répondre aux besoins des communautés locales accueillant des réfugiés, et applique une politique de tolérance zéro concernant les abus à l’égard des enfants, surtout de la part de Casques bleus.  Une idéologie obscurantiste et extrémiste sévit désormais dans plusieurs régions du monde, a déploré la représentante, avant d’indiquer que, récemment, la Jordanie a noué des rapports avec la Nouvelle-Zélande après l’attentat de Christchurch pour réfléchir à la prévention de tels actes. 

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a estimé que la crise actuelle des Rohingya est une autre preuve de l’incapacité de la communauté internationale à se mettre du côté des persécutés.  On voit une certaine ironie, a-t-il constaté, dans le fait que le pic de la crise coïncide avec les efforts collectifs pour dégager un consensus autour du concept de « pérennisation de la paix ».  Sur le papier, nous avons réussi mais pour les Rohingya quelle est la différence?  La crise dont les traces remontent aux années 70 nous a pourtant donné assez d’éléments pour nous permettre de la prévenir.  Mais nous avons tout de même échoué à sauver une minorité ethnique de la persécution, « un cas d’école du nettoyage ethnique », selon les mots de l’ancien Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. 

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur six points et d’abord le fait que les États ont la responsabilité première d’identifier les lignes de faille des conflits, d’établir les priorités, les stratégies et les activités de prévention des conflits et de paix durable et d’assurer la coexistence harmonieuse entre les différents groupes ethniques et religieux.  Le représentant a ensuite insisté sur le fait que l’ONU a besoin de capacités pour traduire les alertes rapides en réponses rapides grâce à des mesures efficace pour prévenir l’aggravation de la violence contre les civils.  Dans le cas d’une telle escalade, nous devons ménager un passage sans entrave et sûr au personnel humanitaire. 

Les États Membres doivent aussi respecter leur engagement en faveur du désarmement y compris les armes classiques comme les mines antipersonnel et les engins explosifs.  Le Bangladesh, a également souligné le représentant, a toujours été un fervent partisan de l’agenda « femmes, paix et sécurité » et s’engage à augmenter le nombre de ses soldates de la paix pour réaliser l’objectif fixé par les Nations Unies.  Enfin, assurer responsabilité et justice pour les violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme est de la plus haute importance.  En tant que grand pays contributeurs de troupes aux opérations de l’ONU, le Bangladesh, a conclu le représentant, s’est rendu compte bien souvent les attentes sont « irréalistes » et les ressources, manquantes.  Les mandats « protection des civils » doivent être réalistes, réalisables et soutenus par des stratégies politiques viables et des ressources adéquates.  Nous devons avoir des plans de contingence pour que les capacités de protection des civils soient suffisamment résilientes pour répondre aux attaques soudaines dont les attaques asymétriques, a ajouté le représentant. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités en faisant en sorte que les auteurs de crimes contre des civils soient traduits en justice et en renvoyant les cas de violations du droit international humanitaire devant la Cour pénale internationale (CPI).  Elle a également appelé le Secrétaire général à faire de la lutte contre l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées l’une des priorités de son Programme de désarmement.  Parallèlement, la représentante a appuyé l’organisation par l’Allemagne, l’an dernier, de rencontres sur le thème des armes explosives dans les zones peuplées, ainsi que la décision de l’Autriche d’organiser une conférence sur le sujet en octobre 2019.  La représentante a enfin estimé que la formation du personnel des opérations de maintien de la paix, ainsi que les budgets qui leur sont alloués devaient être à la hauteur des mandats sur la protection des civils.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, de l’Union africaine (UA), a rappelé que la création de l’Union en 2002 a été marquée par une transition de la doctrine de la « non-ingérence » à celle de la « non-indifférence » face aux souffrances humaines.  Depuis, toutes les opérations de l’Union en Afrique sont de plus en plus chargées de la protection des civils et presque toutes les missions autorisées par le Conseil de sécurité depuis 2003 ont dû à divers degrés faire face à des problèmes de protection et recouru à diverses stratégiques pour les résoudre.  La Mission de l’Union africaine en Somalie en est la meilleure illustration et l’importance qu’attache l’Union africaine à la protection des civils s’illustre aussi dans sa politique de « tolérance zéro » face à l’exploitation et aux abus sexuels, un travail programmatique qu’elle a fait en collaboration avec l’ONU.  Notre expérience, a conclu la représentante, a mis en lumière la nécessité de mettre en place des systèmes efficaces de collecte et d’analyse des informations pour déterminer les modes opératoires des atrocités et développer des stratégies et des approches opérationnelles permettant aux soldats de protéger effectivement les civils. 

Mgr TOMASZ GRYSA, Observateur du Saint-Siège, a estimé qu’une partie du problème c’est qu’aujourd’hui, les conflits durent plus longtemps et qu’ils sont plus fragmentés.  Ils impliquent de plus en plus d’acteurs non étatiques qui très souvent agissent dans l’ignorance totale ou le mépris absolu du droit humanitaire et de ses principes.  Des endroits où les civils devraient se sentir en sécurité sont attaqués, les écoles subissent des tirs, les hôpitaux, le personnel médical et les patients sont pris pour cible, les lieux de culte, qui devraient être des havres de paix sont transformés en lieux de mort et de dévastation, les patrimoines culturels sont devenus des « armes de guerre », les maisons sont détruites, les villages, réduits en cendre, les femmes et les filles violées et les enfants enlevés et enrôlés de force.  N’est-il pas ironique que la nourriture et les fournitures médicales soient bloquées quand les armes et les munitions circulent librement? 

La culture généralisée et grandissante de l’impunité encourage les parties au conflit à violer le droit de la guerre.  Si des mécanismes juridiques et des sanctions robustes étaient fermement mis en place, le changement de mentalité et de culture pourrait au moins avoir une chance de s’ancrer.  Nous devons, a conclu le nonce, protéger les plus vulnérables et obtenir des belligérants étatiques comme non étatiques qu’ils adhèrent aux principes des Conventions de Genève et aux dispositions des résolutions du conseil.  Que le débat d’aujourd’hui soit la preuve de l’engagement du Conseil à traduire en actes les résolutions pour une meilleure protection des civils.  Nous le leur devons, a souligné le nonce. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a réitéré son appel à toutes les parties dans les conflits armés pour qu’elles éliminent l’utilisation des armes explosives, en particulier celles de grande portée, dans les villes et les zones densément peuplées.  Il a rappelé que le 6 décembre dernier, le Costa Rica et 22 autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont adopté le communiqué de Santiago au Chili pour condamner ces actes contraires au droit international humanitaire.  Le représentant a salué les efforts du Conseil de sécurité tendant à établir des tribunaux spéciaux et des mécanismes d’enquête comme le mécanisme mis sur pied après l’attaque à l’arme chimique en Syrie.  Il l’a en outre invité à appliquer le code de conduite promu par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) pour que les membres permanents s’abstiennent de recourir au veto dans des situations où des crimes graves auraient été commis.  Il a plaidé en faveur d’un contrôle plus strict du commerce international des armes. 

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a assuré que son gouvernement s’était efforcé de promouvoir un processus de paix avec des « organisations armées ethniques » grâce à la signature de l’Accord national de cessez-le-feu et la tenue de la Conférence de l’union pour la paix.  Il a reconnu que le fait de prendre des mesures préventives était le meilleur moyen de protéger les populations les plus vulnérables dans les conflits armés, ce qui explique pourquoi le Myanmar, a-t-il assuré, coopère étroitement avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit armé.

De l’avis du représentant, les systèmes juridiques nationaux doivent constituer le premier recours pour ouvrir des poursuites judiciaires sur les affaires de violation des droits de l’homme.  Ainsi l’armée du Myanmar a formé son propre tribunal d’enquête pour vérifier les allégations de violations, a-t-il dit.  « Les interférences extérieures inutiles sont contreproductives et ne font que porter préjudice aux efforts du Myanmar visant à faire respecter l’état de droit, la paix et la réconciliation nationale », a estimé la délégation.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a souligné l’importance de veiller à l’application du principe de responsabilité pour tout acte répréhensible.  Il a salué l’attention croissante accordée aux déplacements de force provoqués par les conflits armés et a appelé à renforcer la prévention, notamment en appuyant le retour des réfugiés et des déplacés.  Le représentant a aussi jugé urgent de réagir à la situation des civils pris en otage ou portés disparus en période de conflit.  Il est ensuite revenu sur le déplacement de force, à la fin des années 1980, de 250 000 Azerbaidjanais contraints de quitter leur maison en Arménie.  Il a expliqué qu’une guerre à pleine échelle a ensuite été lancée contre l’Azerbaïdjan et que le Nagorno-Karabakh, entre autres, a été saisi par l’Arménie.  « Ces territoires occupés ont été ethniquement nettoyés de tous Azerbaidjanais », a-t-il dénoncé, et mon pays compte à présent « la plus importante population de déplacés au monde ».  M. Aliyev a aussi accusé l’Arménie d’empêcher délibérément les déplacés internes azerbaidjanais de regagner leur foyer.  De plus, à compter du 1er mai 2019, 3 888 citoyens azerbaidjanais figuraient au registre des portés disparus en lien avec le conflit.  Tout refus d’assumer la responsabilité pour un crime est un obstacle direct à une paix durable et à une véritable réconciliation, a-t-il déclaré.

M. ENRIQUE JOSÉ MARÍA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a déclaré que la protection des civils doit revêtir un caractère prioritaire dans l’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix par le Conseil de sécurité.  Il a souligné que les soldats de la paix devaient impérativement recevoir une formation et être sensibilisés à ces questions préalablement à leur déploiement.  Le représentant a ensuite indiqué que son gouvernement avait ratifié l’amendement de Kampala au Statut de Rome, témoignage du soutien sans faille de son pays à l’action de la Cour pénale internationale (CPI).  La délégation a, en conclusion, regretté le mépris des normes du droit international humanitaire dont font preuve les parties au conflit, en particulier s’agissant de l’utilisation de la faim comme arme de guerre. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a estimé que des mandats précis en ce qui concerne la protection des civils contribueront à renforcer l’efficacité des opérations de paix.  Il a insisté sur l’importance de recueillir les noms des victimes, mais aussi de promouvoir la lutte contre l’impunité ainsi que l’administration de la justice.  Le Chili appuie d’ailleurs la création de commissions d’enquête.  Il a dénoncé l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, évoquant la participation du Chili, en décembre 2018, à la conférence régionale d’Amérique latine et des Caraïbes sur la protection des civils et l’utilisation d’armes explosives.  Il a aussi fait part de son appui aux Principes de Vancouver sur la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats.

M. FABIEN STEPHAN YVO RAUM (Luxembourg) a estimé que toutes les opérations de paix devraient avoir une composante de protection des civils quand la situation sur le terrain le requiert.  Il a aussi appelé à faire le décompte des victimes civiles des conflits de manière efficace et indépendante afin de permettre à l’ONU de mesurer l’étendue du défi et de mieux agir pour protéger les civils.  L’impunité doit cesser car elle provoque souvent de nouvelles violences, a-t-il poursuivi, faisant observer que si des chefs d’État choisissent de gracier des criminels de guerre, ils consolident l’impunité et sèment les graines de futurs crimes.

Le représentant a aussi appelé à faire le lien entre la protection des civils et la consolidation de la paix post-conflit.  Si des belligérants et leurs soutiens internationaux prennent pour cible les civils et les infrastructures civiles, ils ne se rendent pas seulement coupables de crimes de guerres, ils réduisent en même temps à néant les chances de rétablir et consolider une paix juste et durable après le conflit, a-t-il relevé, déplorant que ceci soit « malheureusement manifeste en Syrie ».

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a appelé le Conseil de sécurité à répondre « de manière plus systématique, complète et cohérente » aux préoccupations liées à la protection des civils.  Lorsque les moyens pacifiques s’avèrent inadéquats ou que les autorités nationales échouent à protéger leur population, le Conseil de sécurité doit faire prévaloir la responsabilité de la communauté internationale à protéger les populations contre des atrocités de masse, a-t-elle estimé. 

La représentante a aussi exhorté le Conseil à explorer davantage les méthodologies employées par plusieurs organisations pour la protection des civils non armés.  L’engagement des communautés est essentiel au succès des efforts, a-t-elle souligné.  Et le personnel en uniforme doit être bien formé et équipé pour assurer la protection des civils.  Plaidant pour un plus grand respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, Mme Bird a salué l’adoption de politiques nationales de protection des civils.  L’Australie est en faveur d’approches plus robustes et novatrices en matière de responsabilisation, moyennant notamment le recours aux sanctions et aux mécanismes indépendants d’enquête.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déclaré que la responsabilité principale d’assurer la protection des civils incombe aux États Membres, avec le concours éventuel des organisations internationales et régionales, mais ces dernières ne sauraient se substituer à leurs efforts ni permettre à des pays tiers de s’ingérer dans les affaires intérieures des États.  « Les principes directeurs de l’assistance humanitaire doivent être respectés avec le consentement des pays hôtes », a déclaré la représentante, en rappelant qu’il s’agit de la neutralité, de l’impartialité et de l’indépendance.  Nous rejetons « l’instrumentalisation de l’aide humanitaire à des fins politiques », ou l’imposition de sanctions unilatérales, qui peuvent avoir des conséquences négatives pour la population civile, a ajouté la représentante. 

Mme NATASCIA BARTOLINI (Saint-Marin) a salué l’adoption de la résolution qui condamne l’utilisation de la faim comme arme de guerre.  Dans cette optique, elle a appelé à amender l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Elle a aussi réclamé l’adoption de mesures pour mettre un terme aux violations dont font l’objet les enfants.  La représentante s’est aussi préoccupée de l’impact disproportionné des conflits sur les personnes handicapées.  Outre la création de nouveaux handicapés, les conflits bouleversent aussi les services d’octroi d’aide qui leur sont destinés, une situation particulièrement délétère pour les femmes et enfants.  Elle a ensuite insisté sur l’importance de rendre des comptes et a appuyé le lancement de missions d’enquêtes indépendantes. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a dénoncé toute tentative de politiser l’accès humanitaire et tout refus de coopérer de la part des autorités au niveau national.  Il a parlé de l’action de son pays en faveur de la protection des civils, indiquant notamment que des spécialistes en déminage travaillent actuellement dans des communautés au sud d’Alep, en Syrie.  Il a également expliqué que le droit international humanitaire fait partie du cursus des établissements d’enseignement militaires de l’Arménie.  Le représentant a évoqué l’initiative « Women for Peace », dirigée par l’épouse du Premier Ministre arménien, et qui vise à promouvoir la réconciliation dans sa région.  M. Magaryan a ensuite affirmé que l’Arménie a été la victime de « crimes barbares commis par l’Azerbaïdjan ».  Il a souligné que l’accord de cessez-le-feu signé entre les deux pays est le fondement de la cessation des hostilités et a exhorté l’Azerbaïdjan à prendre des mesures propices pour mettre un terme au conflit et investir véritablement dans la paix et le respect des droits de la personne.  Après avoir plaidé pour une utilisation effective des « capacités de la dimension régionale » pour appuyer la prévention et la résolution de conflits, il a salué l’appui de l’ONU à la recherche d’une issue pacifique au conflit du Nagorno-Karabakh.  Soulignant par ailleurs que la protection des civils est étroitement liée à la prévention des atrocités de masse, y compris le crime de génocide, M. Margaryan a indiqué que le déni de crimes commis dans le passé, l’impunité, la discrimination et la prévalence des discours haineux sont des facteurs déclencheurs.  Il a jugé que le Bureau du Conseiller spécial pour la prévention du génocide a un rôle important à jouer pour détecter de tels risques.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des
États arabes
, a déclaré qu’il y a aujourd’hui 140 millions de personnes qui sont piégées dans les conflits armés, soit trois fois plus qu’il y a 10 ans.  Évoquant ensuite les « attaques » visant l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), il a déclaré que « la séance d’hier du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient démontre bien que certains États ne respectent pas le travail humanitaire de cette agence remarquable, et que les États-Unis n’ont pas l’intention de prendre en compte la question des réfugiés palestiniens dans le cadre d’un règlement politique du conflit israélo-arabe ».  L’Observateur a également déploré la fin du renouvellement de la Présence internationale temporaire à Hébron. 

M. CLARE HUTCHINSON , Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a indiqué que les leaders de l’OTAN ont adopté une approche holistique de la protection des civils, laquelle va bien au-delà des opérations à haute intensité.  Pour l’OTAN, l’agenda de la protection comprend les domaines multisectoriels des enfants dans les conflits armés, du programme « femmes, paix et sécurité », de la violence sexuelle dans les conflits armés, de la protection des biens culturels et de la traite des êtres humaines.  L’OTAN a développé une série de politiques et une doctrine pour la planification et la conduite des opérations et des missions.  La politique sur la protection des civils de 2016 a été développée par ses 28 membres et 26 partenaires en consultation avec l’ONU et d’autres organisations internationales.  La Politique est renforcée par un Plan d’action concret mis en œuvre par les alliés et partenaires et évalué régulièrement par le Conseil de l’Atlantique Nord.  Après avoir parlé de la manière dont ce dispositif est appliqué en Afghanistan, le représentant a souligné si que les normes et la formation ne sont pas la seule réponse, elles ont au moins le mérite d’amener les soldats à prévenir, identifier et répondre aux violations.  Tous les pays sont tenus de dispenser une formation sur la protection des civils et les enfants dans les conflits armés avant tout déploiement dans une mission ou une opération conduite par l’OTAN. 

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a déploré que malgré des évolutions significatives au niveau conceptuel, la protection des civils demeure une source d’inquiétude en raison de l’absence de mesures concrètes.  Il a insisté sur la responsabilité des États en matière de prévention, pour ensuite rappeler les contributions de l’Égypte à l’élaboration de la résolution 2287 (2016) sur les soins de santé en période de conflit armé.  Le Gouvernement a aussi lancé de nombreuses initiatives à l’échelon national, notamment pour informer et sensibiliser les forces militaires sur l’impératif que représente la protection des civils.  Poursuivant, le représentant a estimé que la protection des civils ne saurait se limiter à ses seuls aspects physiques ou matériels mais qu’elle doit aussi reposer sur la résolution politique des conflits et la prévention, notamment sur le plan du développement.  Il est aussi revenu sur la composante protection des civils dans mandats des opérations de paix.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a estimé que le Conseil de sécurité avait renforcé le cadre normatif pour améliorer la protection des civils dans le libellé de ses résolutions, en particulier en priorisant la question dans les mandats de ses opérations de maintien de la paix.  En dépit de ces progrès, cette protection demeure insuffisante, comme cela peut être constaté en Syrie, au Yémen, en Libye et en Ukraine.  La délégation s’est vigoureusement élevée contre la pratique consistant pour les parties dans des conflits armés à prendre pour cible des civils, ainsi que des hôpitaux ou des écoles.  La Lettonie, en tant que Présidente en exercice du Traité sur le commerce des armes, a salué le fait que le dernier rapport en date du Secrétaire général se penche sur la question de l’exportation des armes. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a déclaré qu’en 2018, non seulement le nombre de pertes civiles en Afghanistan avait augmenté, mais que le nombre de celles causées par voie aérienne était en hausse de 61%, la plus importante hausse enregistrée depuis 2009.  « Quelle a été la réaction de ce Conseil à une telle violation du droit international humanitaire par les États-Unis et les forces de l’OTAN?  Il n’y en a pas eu », a constaté le représentant.  « A-t-il par ailleurs tenu les États-Unis et leurs partenaires pour responsables de leurs actes s’agissant de la destruction de près de 70% de Raqqa?  Pas davantage », a-t-il estimé.  « Cet organe, a-t-il fait quelque chose contre le blocus inhumain imposé par Israël à Gaza depuis 12 ans? Non », a-t-il encore dit.  Enfin, lorsque le 9 août 2018, un bus scolaire au Yémen a été pris délibérément pour cible par l’Arabie saoudite, faisant 52 pertes civiles, dont 40 enfants, et 79 blessés, dont 56 enfants, quelle a été la réaction du Conseil? « Silence complet! », a martelé M. Ravanchi.  Ces quelques exemples, a-t-il accusé, permettent de bien comprendre la raison pour laquelle le respect du droit international humanitaire s’érode, à savoir l’impunité pour le type de « crimes » qu’il a énuméré.

M. SOSPETER KARANI IKIARA (Kenya) a appelé à continuer de déployer des efforts concrets pour assurer la dignité des victimes des conflits.  Il s’est inquiété du fait que les civils sont utilisés comme boucliers humains par des groupes armés et des organisations terroristes et les enfants recrutés comme combattants.  Le représentant s’est aussi préoccupé des abus et de l’exploitation sexuelle commis par des Casques bleus et du manque de clarté des mandats.  Il a relevé que l’extrémisme et le terrorisme, qui sont de plus en plus prévalents dans les situations de conflit, menacent les droits et la vie des femmes; les femmes considérées comme étant les parentes de combattants sont souvent prises pour cibles par les acteurs de sécurité et victimes de harcèlement au sein de leur communauté.  D’autres sont contraintes d’accorder des faveurs sexuelles pour pouvoir obtenir une aide humanitaire.  Il a appelé à prévenir et combattre toutes les formes de violence sexiste.  Le Kenya appuie également les Principes de Vancouver sur la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats et appelle le Conseil de sécurité à élaborer des mandats explicites, pratiques et sans ambigüité.  De plus, a ajouté le représentant, il importe de veiller à la bonne formation et au bon équipement des acteurs du maintien de la paix.

En cette veille de la célébration de la Journée internationale des Casques bleus au cours de laquelle le Secrétaire général remettra pour la première fois la « Médaille Capitaine Mbaye Diagne du courage exceptionnel », M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a tenu à rendre un vibrant hommage à tous ceux qui sont tombés au service de la paix.  Il a particulièrement salué l’œuvre et la mémoire du Capitaine Diagne qui a été tué au Rwanda en 1994 après avoir sauvé un nombre incalculable de vies humaines.  Pour être efficace et effective, a-t-il poursuivi, la protection des civils doit s’inscrire dans une démarche inclusive favorisant une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité, les Départements des opérations de paix et de l’appui opérationnel.  Il convient aussi de poursuivre les efforts visant à engager les acteurs non étatiques au respect des normes humanitaires et des droits de l’homme et à inclure l’obligation de protéger les civils dans les accords de paix et de cessez-le-feu.  Tout aussi crucial est de confier aux missions des mandats clairs et réalistes en matière de protection des civils. 

Un autre défi est la mise en place d’une formation à l’intention des personnels en attente de déploiement et de ceux qui sont déjà déployés.  Le Sénégal en a fait un paradigme, a affirmé le représentant, en attirant l’attention sur ses bataillons d’infanterie et son unité d’hélicoptères de combat au Mali.  Les missions, a-t-il insisté, doivent avoir des équipements adaptés et un accent particulier doit être mis sur le partage des renseignements grâce à une coopération entre pays hôtes et pays voisins « mais aussi et surtout » avec les ONG et les communautés locales.  Par ailleurs, l’utilisation de la langue du pays hôte contribue assurément à une protection plus efficace des civils.  Cette protection étant liée à la réforme du secteur de la sécurité, il est essentiel, a estimé le représentant, de mener à leur terme les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants et d’aider les pays hôtes à consolider la présence de leurs forces de défense et de sécurité sur l’ensemble de leur territoire.  L’établissement des responsabilités dans les cas de violations flagrantes et systématiques des droits humains constitue un gage de crédibilité des mécanismes de protection des civils dans les conflits armés, d’où l’importance de mettre l’accent sur les mesures de poursuite des auteurs de ces exactions, a conclu le représentant. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a insisté sur la formation prédéploiement et estimé que toutes les régions du monde devraient mettre en place des « centres d’excellence » pour offrir une formation conforme aux normes des Nations Unies.  Il a encouragé le déploiement des soldates de la paix car « les femmes ne s’attaquent pas aux enfants ni aux individus du même sexe ».  Les Philippines ont d’ailleurs mis sur pied une compagne complètement féminine au sein de leurs Forces armées et de leur Police nationale pour contribuer à la réhabilitation des déplacés de la crise de Marawi.  Le représentant a aussi appelé le Secrétaire général et les États Membres à promouvoir les stratégies de protection « non armée » des civils: « pas d’arme, pas d’erreur donc pas d’excuse ».  Il a estimé que la surveillance du cessez-le-feu « civil » que son gouvernement a signé avec le Front de libération islamique Moro devrait inspirer d’autres pays.  Il a affirmé que les leaders de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) et des régions « troublées » d’Europe de l’Est sont venus à Mindanao pour apprendre sur place.  En mai 2017, le « Couloir de la paix » a été créé pour secourir les gens piégés par le conflit et ménager un espace sûr pour l’aide humanitaire.  À la fin de cette opération, un total de 255 civils a été secourus, s’est enorgueilli le représentant. 

M. MOHD SUHAIMI AHMAD TAJUDDIN (Malaisie), vivement préoccupé par les attaques délibérées contre les civils, a exprimé son appui à une priorisation du mandat de protection des civils dans les opérations de maintien de la paix.  Ces mandats doivent notamment mettre l’accent sur la protection physique des civils, a-t-il estimé.  Il a aussi fait observer que la protection des civils est un élément central de toute paix durable.  Le représentant a appelé à porter à l’attention du Conseil tout échec des Casques bleus à suivre leurs ordres.  De son côté, le Conseil doit se montrer prêt à fournir un appui politique et opérationnel lorsque les civils sont la cible de menaces.  M. Tajuddin a aussi insisté sur l’importance de la formation prédéploiement du personnel policier et militaire.  Il s’est par ailleurs opposé à tout recours au veto dans les situations où la vie et le bien-être des civils est en danger.

Mme FEDA ABDEKKHADY-NASSER, de l’État de Palestine, a choisi d’illustrer la question à l’ordre du jour du Conseil en évoquant la situation dans le territoire palestinien occupé.  « Pendant des décennies, le peuple palestinien a gravement souffert de violations du droit international et de violations massives des droits de l’homme aux mains d’Israël, la Puissance occupante, qui a continué d’agir dans l’impunité la plus absolue, au mépris du droit et de l’autorité du Conseil de sécurité », a accusé l’observatrice.  Alors que les civils, notamment les plus vulnérables, sont délibérément pris pour cibles par les forces d’occupation, a-t-elle soutenu, notre « plaidoyer constant » en faveur de la protection continue de ne pas être entendu, avec des « conséquences tragiques ».  Il est temps, a-t-elle exhorté, de mettre en œuvre les résolutions de l’ONU et de remplir les obligations juridiques pertinentes, notamment celles qui sont prévues par la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

M. DINH QUY DANG (Viet Nam), intervenant d’abord au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que c’est aux États que revient la responsabilité première en matière de protection des civils et déploré le manque de respect du droit international humanitaire par les parties au conflit.  Il a relevé que 9 des 14 missions de maintien de la paix actuellement déployées sont dotées d’un mandat de protection des civils et a appelé à tirer parti de leur expérience, insistant notamment sur l’importance de la formation.  Il a aussi fait observer que la prévention des conflits est le meilleur moyen de protéger les civils, puis appelé à tirer les enseignements de la consolidation de la paix et de la diplomatie préventive.  Il a souhaité le renforcement de la coopération ONU-ASEAN pour appuyer les États Membres dans leurs efforts de formation et de partage des expériences.

Poursuivant en sa capacité nationale, le représentant du Viet Nam a jugé important de veiller à ce que les opérations de paix soient plus sensibles et réactives aux dynamiques locales et à concevoir des stratégies de consolidation de la paix en fonction du contexte des conflits.  Ce faisant, les populations locales développeront également un véritable sentiment d’appropriation et renforceront leurs capacités à se protéger elles-mêmes.  Il a indiqué que des Casques bleus vietnamiens sont déployés en Afrique depuis 2014, et qu’en 2018, un hôpital de campagne avait été établi au Soudan du Sud.

M. MOHAMMAD YOUSSOF GHAFOORZAI (Afghanistan) a indiqué que pour son pays la signification de la protection des civils est large et globale comprenant la protection physique mais aussi la sécurité humaine.  La brutalité des Taliban n’a épargné en effet personne, s’est-il expliqué, accusant les terroristes d’avoir fait près de 700 victimes entre janvier et mars 2019, de ne montrer aucun respect pour le mois sacré du ramadan et de s’attaquer au personnel humanitaire.  Quand les Afghans se sacrifient sans compter pour réaliser la paix et la sécurité, les Taliban chantent leur vieux refrain: violence, tueries, destructions.  Le représentant a salué, dans ce contexte, le professionnalisme des Forces de sécurité afghanes, leur attachement aux strictes directives des règles d’engagement et leur bonne coordination avec les forces internationales dans les opérations antiterroristes pour éviter tout préjudice aux populations civiles. 

Les mesures de précaution se fondent également sur les décrets présidentiels et les autres directives des institutions de sécurité.  Tout dommage collatéral fait l’objet d’une enquête pour établir les responsabilités.  Le pays a aussi signé le Plan d’action des Nations Unies sur la protection des enfants.  Des mesures strictes ont été mises en place dans les Ministères de la défense et de l’intérieur pour stopper l’enrôlement des enfants.  La politique de tolérance zéro en la matière prévoit des sanctions pour négligence, la nomination de spécialistes de la protection de l’enfance dans les institutions de sécurité, la libre circulation des observateurs et le lancement de campagnes de sensibilisation.  Le pays travaille étroitement avec le Bureau de la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits et tout récemment, le Procureur a lancé des poursuites pour mauvais traitements.

Soyons clair, a martelé M. MARI SKÅRE (Norvège), la population civile n’est pas une cible « légitime ».  Il s’est dit « exaspéré » par le mépris du droit international humanitaire et des droits de l’homme dont font montre les parties au conflit même si, a-t-il avoué, nous avons fait des progrès, ces 20 dernières années.  Mais, a-t-il nuancé, les victimes n’ont toujours pas le soutien qu’elles méritent et les auteurs des violations sont toujours impunis.  Demain, a-t-il annoncé, la Norvège, l’Iraq, la Somalie, les Émirats arabes unis, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA) organisent une conférence pour précisément améliorer la coordination et mobiliser des ressources pour la riposte à la violence sexuelle et fondée sur le sexe.  Nous devons écouter les personnes affectées, a insisté le représentant, en se préoccupant particulièrement de la situation des personnes handicapées.  La participation et les droits des femmes doivent être la priorité, a-t-il ajouté. 

Le représentant a ensuite énoncé trois points et d’abord la nécessité d’améliorer la faculté de l’ONU de prévenir et de régler les conflits par de meilleurs efforts de médiation, un appui politique plus fort des États Membres, des efforts renforcés de consolidation de la paix et une conscientisation des soldats de la paix.  Nous devons aussi exiger le respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et des principes humanitaires.  Les responsables des violations des droits des Rohingya par exemple doivent être traduits en justice.  Nous devons également appuyer les capacités nationales de rendre justice et de payer des indemnisations.  Le représentant s’est réjoui de ce que la Déclaration sur la sécurité des écoles compte désormais 89 adhérents.  Il a rendu hommage à l’Espagne qui accueille la semaine prochaine la troisième Conférence sur cette question.  Il a enfin estimé que le Conseil de sécurité doit maintenir la question des soins médicaux dans son ordre du jour et inclure plus systématiquement la protection des infrastructures médicales dans ses résolutions et mandats. 

Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a exprimé sa préoccupation quant au fait que les civils continuent d’être victimes d’attaques aveugles, de violations, et de destruction illicite d’infrastructures civiles.  Elle s’est tout particulièrement alarmée de l’utilisation des armes explosives dans les zones à forte densité de population, se félicitant à cet égard de la conférence régionale organisée récemment par le Chili au terme de laquelle le Communiqué de Santiago a été adopté pour mieux protéger les civils face à ce type d’armes.  Après avoir réaffirmé que la politique migratoire de son pays est respectueuse des droits de l’homme, la délégation a considéré que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières propose un modèle innovant et pragmatique pour promouvoir la solidarité et le partage des responsabilités, tout en garantissant le droit au retour.

M. KHALED MOHAMMED H. ALMANZLAWIY (Arabie saoudite) a appelé la communauté internationale à prendre des mesures appropriées pour assurer la protection des civils dans les conflits armés et, en particulier, le Conseil de sécurité à faire appliquer ses résolutions pertinentes.  Il a dénoncé le blocus imposé à Gaza ainsi que le vol de vivres par les milices au Yémen.  Partisan d’une démarche concertée, il a appelé la communauté internationale à adopter une position forte.  Les milices houthistes au Yémen sont appuyées par l’Iran et elles prennent pour cibles des sites d’importance vitale ainsi que mon pays, a-t-il accusé.

Le représentant du Royaume-Uni a repris la parole pour « clarifier » ce qui a été dit ce matin au sujet du massacre de Srebrenica, qui, a-t-il précisé, constitue un « acte de génocide ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: la session sur les activités opérationnelles de développement a permis aux États de faire entendre leur avis sur les propositions du Secrétaire général

Session de 2019,
18e et 19e séances plénières, Matin & après-midi
ECOSOC/6991

ECOSOC: la session sur les activités opérationnelles de développement a permis aux États de faire entendre leur avis sur les propositions du Secrétaire général

« J’ai une vision encore plus claire de la position des États Membres sur les sujets sur lesquels nous devons encore travailler », a affirmé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, à la clôture de la session de 2019 des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement. 

Ce segment annuel du programme de travail du Conseil économique et social (ECOSOC), entamé mardi dernier, a permis d’examiner, au cours de tables rondes et de séances de débat général, des éléments clefs de la réponse aux résolutions de l’Assemblée générale de 2016 sur l’examen quadriennal complet et de 2018 sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.

À l’ouverture des travaux, le Secrétaire général avait eu un avant-goût des préoccupations des délégations au cours d’un échange interactif.  Le système onusien est « animé d’un sentiment d’urgence afin de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté », avait-il relevé.

Pour rappel, c’est en décembre 2017 que le Secrétaire général avait transmis des propositions destinées à transformer substantiellement le système des Nations Unies pour le développement.  À l’issue de consultations intensives, le 1er juin 2018, l’Assemblée générale, dans sa résolution 72/279, a adopté un ensemble de réformes sans précédent pour repositionner ce système de manière à le rendre plus efficace.  C’est ce que M. António Guterres s’est attelé à faire dans son rapport sur la mise en œuvre de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet.

Au cœur de ces propositions, figurait la constitution d’une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies dirigées par un système de coordonnateurs résidents indépendants et autonomes, dans le cadre d’une approche régionale revitalisée.  Le Secrétaire général a aussi fait des suggestions pour renforcer les équipes de pays, notamment les bureaux multipays, sans oublier les régions. 

Enfin, le dernier grand volet est le pacte de financement, résultat d’une série de dialogues approfondis qui se sont tenus entre les États Membres de l’ONU et les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement durable.  Au cours d’un débat sur la question, les délégations ont rappelé que les 22 engagements contenus dans ce pacte, dont 8 pris par les États Membres et 14 par le Groupe des Nations Unies pour le développement durable, sont ambitieux et se renforcent mutuellement.  Leur mise en œuvre nécessite un changement significatif de la manière dont le système des Nations Unies pour le développement fonctionne et dont les États Membres financent le système.

À la fin des travaux, la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme Kira Danganan-Azucena (Philippines), a rappelé que le Secrétaire général avait demandé aux États Membres d’approuver ces propositions.  De leur côté, par de nombreuses remarques et questions posées au cours des échanges, les États Membres ont demandé des détails chiffrés sur ces propositions et souhaité que les consultations se poursuivent. 

Face aux remarques et interrogations soulevées au cours de ces trois derniers jours, la Vice-Secrétaire générale a dit avoir « une vision encore plus claire de la position des États Membres sur les sujets sur lesquels nous devons encore travailler », avant de dire qu’il faut « avancer ensemble, dans un dialogue permanent ».  S’adressant aux délégations, elle leur a assuré que l’ONU avait « entendu avec soin leurs idées et réactions ».

Dans la matinée, le dialogue avec des chefs de secrétariat du système des Nations Unies pour le développement a donné l’occasion à ces hauts fonctionnaires de détailler les mesures mises en place pour assurer que le nouveau cadre de coopération pour le développement durable fonctionne, et de préciser les changements prévus pour soutenir la mise en œuvre au niveau du pays.

Au cours de la dernière partie des travaux, consacrée à l’alignement de la gouvernance à l’échelle du système et des entités pour une meilleure responsabilisation, le Représentant permanent de la République de Corée et Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS, a expliqué que le manque de communication entre les organes directeurs au sein du système des Nations Unies pour le développement pouvait amener à un manque de confiance.  Il les a donc invités à avoir plus d’échanges réguliers. 

Pour le Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales (DAES), M. Liu Zhenmin, la bonne gouvernance des activités opérationnelles du système des Nations Unies pour le développement est essentielle.  Il a rappelé que l’architecture actuelle de la gouvernance est à trois étages: Assemblée générale, ECOSOC et organes directeurs des fonds et programmes.  Malgré cette structure claire, dans la réalité le système fonctionne de façon décentralisée, a-t-il noté.  C’est pourquoi il a suggéré que l’ECOSOC supervise les orientations de l’Assemblée générale.  Il a insisté sur le fait que le travail de ces deux instances doit être fondé sur des faits et des données claires, notamment dans le contexte des indicateurs de l’examen quadriennal complet. 

Certains coordonnateurs résidents ont demandé que les liens entre l’ECOSOC et les comités directeurs des institutions onusiennes soient renforcés dans le contexte de la mise en œuvre du plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable.  Il faut donc s’éloigner, selon eux, de l’approche par mandat pour adopter une démarche axée sur le Programme 2030. 

En tout cas, la Vice-Secrétaire générale a demandé aux uns et aux autres de « viser très haut et d’avoir de l’ambition pour parvenir à un système des Nations Unies pour le développement capable d’aider les pays et leur population à réaliser les objectifs de développement durable ».

Les discussions extrêmement riches de ces trois jours vont aider à lancer le processus qui va aboutir au prochain examen quadriennal complet, a conclu la Vice-Présidente de l’ECOSOC. 

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Dialogue avec des chefs de secrétariat du système des Nations Unies pour le développement

Le dialogue de ce matin, qui était modéré par le Représentant permanent de El Salvador, M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN, a été l’occasion pour les chefs de secrétariat de détailler les mesures mises en place dans leurs entités pour assurer que le nouveau cadre de coopération pour le développement durable fonctionne, et de préciser les changements prévus pour soutenir la mise en œuvre au niveau du pays.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, est revenu sur la deuxième version du « document stratégique à l’échelle du système demandé par les États Membres », que le Groupe qu’il préside produit.  Il s’est excusé des lacunes potentielles liées au fait que la réforme du système des Nations Unies pour le développement vient à peine d’avoir lieu et que certains de ses éléments clefs sont toujours en train d’être définis, notamment pour ce qui est du déploiement sur le plan pratique.  Se voulant rassurant, il a affirmé que l’objectif du système des Nations Unies est d’élaborer une stratégie cohérente, mais expliqué que « ce processus n’est pas simple ».  Voilà pourquoi le rapport sur l’avancement du système des Nations Unies pour le développement dans le cadre de l’examen quadriennal complet est toujours en cours d’élaboration.

À ce stade, M. Steiner souhaite entendre les orientations souhaitées par les États Membres pour le document stratégique.  L’un des buts de la réforme est de faciliter un processus de prise en main, par les pays, de la réalisation des objectifs de développement durable, avec le soutien le plus pertinent possible des agences onusiennes, « d’où la difficulté de tout rassembler dans une stratégie unique », a-t-il expliqué.

En tant qu’Administrateur du PNUD, M. Steiner a rappelé que dès 2016-2017, le PNUD s’était préparé à la réforme et avait aidé le nouveau système à être pleinement opérationnel.  Pour ce qui est des effets immédiats, il a rappelé que les pays recevraient sous peu les nouvelles orientations, ce qui n’empêche pas les équipes du PNUD de continuer à travailler sur le terrain.  Le PNUD est également en train de reconfigurer la façon dont il travaille en ce qui concerne les cadres de coopération et il met l’accent sur l’analyse du cadre pays et la collecte de données pertinentes.  De manière générale, M. Steiner a estimé que le PNUD est pleinement investi et attaché aux objectifs de la réforme.

Lui emboitant le pas, Mme HENRIETTA H. FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui intervenait par lien audio alors qu’elle participe à la Conférence sur les violences sexistes à Oslo (Norvège), a, elle aussi, souligné l’investissement de l’UNICEF dans la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  En tant qu’institution avec son propre mandat mais faisant partie du système des Nations Unies, son objectif est d’atteindre les objectifs de développement durable fixés en travaillant de manière souple et créative.  L’UNICEF élabore des analyses pour les équipes de pays, sur la base de données collectées en fonction du principe de « nationalisation des données ».  Cette démarche renforce les capacités des gouvernements et des équipes de pays, a-t-elle expliqué.  Par ailleurs, elle copréside, avec le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Groupe des partenariats de l’ONU dans le contexte du Programme 2030, où l’accent est mis sur chaque pays au cas par cas.  Elle a également fait état de gains d’efficacité dans les passations de marchés et les achats, ce qui a permis de réaliser des économies importantes.  Pour Mme Fore, il faut des orientations claires dans chaque contexte.  Les nouvelles orientations pour 2019 se fondent sur l’analyse des situations pour chaque pays en se basant sur des données nationales, a précisé la Directrice exécutive.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, qui participait par visioconférence depuis Johannesburg (Afrique du Sud), a expliqué que cette réforme donne l’occasion à ONU-Femmes, en tant que « petite entité avec un vaste mandat et d’énormes ambitions », de nouer de nouveaux partenariats.  Nous sommes à une phase critique dans toutes les agences et fonds de l’ONU parce qu’il nous faut, d’une part, gérer et intégrer la réforme dans les modes de fonctionnement et, d’autre part, continuer à s’acquitter de notre mandat spécifique, ce qui n’est pas tâche facile parce que beaucoup de composantes continuent d’évoluer. 

Mais travailler avec l’ensemble du système des Nations Unies est capital pour ONU-Femmes, a assuré la Directrice exécutive, qui a indiqué que l’entité coopère et consulte « les agences sœurs ».  Il n’y a pas de panacée ou de solution unique pour venir en aide aux femmes et aux filles, a-t-elle fait remarquer en conseillant de trouver les moyens de répondre à leurs attentes où qu’elles soient.  La Directrice exécutive a relevé que l’objectif principal est de faire en sorte que la réforme actuelle contribue à combler le fossé hommes-femmes dans le monde.  La parité fait partie des nouveaux cadres de coopération, ce dont témoigne la nouvelle génération de plans d’action pour l’égalité hommes-femmes qui a été lancée au niveau de tout le système et sur le terrain, a-t-elle précisé.  La Directrice exécutive a également plaidé pour plus d’investissements et des ressources spécifiques pour la promotion de la parité par toutes les entités.

Pour Mme LAURA LONDÉN, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le système de coordonnateurs résidents est essentiel pour recentrer le système des Nations Unies pour le développement.  La stratégie du FNUAP se concentre sur la coopération avec les coordonnateurs résidents sur le terrain.  À cette fin, son personnel est en train d’être formé sur la relation de coopération à établir avec ce nouveau système de coordonnateurs résidents, notamment lorsqu’il est question d’analyses intégrées et de planification conjointe.  Ensemble, avec les autres membres de l’équipe de pays des Nations Unies, les coordonnateurs résidents sont régulièrement invités aux réunions du FNUAP. 

Parallèlement, le Fonds aligne ses processus internes sur les nouveaux cadres de coopération.  Des séminaires en ligne, ou « webinaires », sont régulièrement organisés au niveau mondial pour former le personnel sur le terrain.  Les bureaux régionaux jouent un rôle d’appui important pour les bureaux nationaux, notamment pour mobiliser un large éventail de partenaires pour la réalisation des objectifs de développement durable, et ces démarches doivent être soutenues par des données pertinentes, a précisé la Directrice adjointe. 

Dans le dialogue interactif qui a suivi, le Brésil a reconnu la difficulté de la rédaction du document stratégique à l’échelle du système quand on n’a pas encore accès au nouveau plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD).  Ce document devrait être générique tout en permettant aux pays d’avoir un mot à dire dans la mise en œuvre du document.  Il devrait en outre mettre en avant la valeur ajoutée de chaque entité, a estimé la délégation brésilienne.  Une fois ce document finalisé, le Brésil souhaiterait que les entités onusiennes présentes au niveau des pays contactent les gouvernements respectifs pour les informer de la direction dans laquelle on s’oriente dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Le Canada, a dit son représentant, aurait souhaité entendre les chefs d’institution sur les efforts en cours dans le contexte des cadres de coopération.  Le Canada cherche en outre à mieux comprendre l’interaction entre les sièges des institutions et leurs équipes régionales et de pays, pour ce qui est des orientations dans le contexte du nouveau cadre de responsabilisation.  S’agissant de l’examen quadriennal complet, la délégation a estimé qu’il serait utile d’en savoir plus sur le travail des fonds et programmes afin d’accélérer le travail sur différentes cibles.  Suite aux échos positifs quant à la transition en douceur vers le système de coordonnateurs résidents, elle a demandé des éclaircissements sur l’action intégrée.

Pour le Danemark, la réforme doit être la clef de la pertinence des Nations Unies.  « Comment les capacités peuvent-elles être mieux mobilisées et allouées aux niveaux national et régional? » a-t-il demandé.

La Finlande a insisté sur le fait que la réforme en cours concerne toutes les entités des Nations Unies.  Elle aurait donc souhaité voir des représentants d’institutions spécialisées à la tribune de ce matin.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ont répondu présents à cet appel plus tard dans la matinée. 

La Finlande, tout comme Cuba, aurait souhaité un document stratégique plus complet qui mette en avant les lacunes et les risques de chevauchement tout en mettant l’accent sur les droits de l’homme au cœur du Programme 2030.  Pour Cuba, ce document aurait dû aussi être moins descriptif, plus concis et plus concret pour orienter la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La représentante a également voulu connaître les mécanismes disponibles pour les gouvernements nationaux lorsqu’ils ont besoin d’éclaircissements ou d’orientations.

Réagissant à la question du Brésil sur la responsabilisation dans la mise en œuvre de la réforme à tous les niveaux, l’Administrateur du PNUD a affirmé que tous les pays participaient à la conception du PNUAD.  Il s’agit en premier lieu, pour le réseau des Nations Unies pour le développement, d’appuyer les capacités des entités de l’ONU déployées dans les pays tout en essayant de réaliser des économies d’échelle au niveau régional.

Pour ce qui est de la formation dispensée aux équipes de pays pour qu’elles collaborent efficacement avec le coordonnateur résident, il a parlé de webinaires, du laboratoire d’accélération ou encore des meilleures données recherchées pour aider les gouvernements à prendre des décisions informées.  Le rôle d’intégration du PNUD, « c’est avant tout d’aider les gouvernements à définir une démarche intégrée pour la réalisation du Programme 2030 ».

Sur une note optimiste, l’Administrateur du PNUD a encouragé les États Membres à ne pas sous-estimer le travail collectif de « la famille des Nations Unies au service du développement durable ».  La Norvège a elle aussi défendu ce point de vue en faisant remarquer que le système des Nations Unies pour le développement d’aujourd’hui est très différent de ce qu’il était il y a 20 ans.  Le représentant a appelé à faire fond sur une coopération plus étroite.  S’agissant de coopération, au-delà de celle entre les entités onusiennes, l’Administrateur du PNUD a insisté sur le rôle important à jouer par la coopération Sud-Sud dans le contexte du Programme 2030.

Pour la Directrice exécutive adjointe du FNUAP, la nouvelle approche a le mérite de promouvoir la prise en main et le leadership national dans la réalisation du Programme 2030, ce que l’Afrique du Sud a confirmé en insistant sur l’impératif pour les équipes de pays de tenir compte des priorités nationales de développement.  En République-Unie de Tanzanie, l’appropriation nationale est notamment passée par la traduction des objectifs de développement durable en kiswahili pour que la population puisse réellement les comprendre et y adhérer.  Son représentant a d’ailleurs tenu à rassurer les autres États Membres en expliquant que la transition s’y était faite en douceur et que l’équipe de pays impliquait toutes les agences des Nations Unies.  Cela fonctionne très bien, a dit le délégué. 

Rebondissant sur une intervention de la Suède pour laquelle les droits de l’homme sont la pierre angulaire du Programme 2030, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a estimé que cette réforme devait être une opportunité pour mettre l’accent sur les droits, notamment à la santé reproductive.

Les délégations restent cependant confuses quant à la manière dont la révision des orientations stratégiques par pays sera présentée « au niveau directeur », rappelant qu’auparavant, le PNUAD était présenté au niveau directeur et que les orientations relatives aux pays étaient en annexe.

Une autre question qui est revenue plusieurs fois est celle de savoir comment éviter les chevauchements dans le travail des différentes entités des Nations Unies au niveau du pays. 

En tant qu’agence spécialisée de l’ONU, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué avoir créé un poste de représentant à New York pour faciliter l’alignement de son action sur la réforme en cours, « l’occasion de réduire le morcellement ».  Elle a également précisé que les États membres de l’OMS réunis en Assemblée mondiale étaient en train de débattre de l’incidence de la réforme sur le travail de l’Organisation dans le cadre du PNUAD.

Autre institution spécialisée, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué réfléchir à la meilleure façon de travailler avec le nouveau système des Nations Unies pour le développement alors qu’elle n’est qu’une petite agence avec seulement sept bureaux de pays.  L’OMM participe à des projets techniques et va mettre l’accent sur une meilleure communication avec les coordonnateurs résidents là où elle n’est pas présente.

En guise de conclusion, l’Administrateur du PNUD a expliqué que les agences, fonds et programmes des Nations Unies travaillent à la transcription du nouveau PNUAD dans leurs activités et organisations.  Ainsi, les offres d’emplois viennent d’être révisées et le personnel est en cours de formation pour répondre à la nouvelle approche du Programme 2030.  Les fiches descriptives de pays sont également en cours de révision pour satisfaire au mieux les besoins des pays.

Pour ce qui est des programmes communs, M. Steiner a rassuré les États Membres que le système est fonctionnel et beaucoup moins morcelé que dans le passé, ce qui permet de tirer parti des avantages comparatifs de chaque entité.  Ce qui est clair, c’est que la réforme suppose une gouvernance plus sophistiquée, a-t-il reconnu.

Elle aussi optimiste, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a rappelé que son entité, le PNUD et d’autres agences avaient d’ores et déjà commencé à placer leurs équipes dans des bureaux partagés, ce qui facilite les synergies et assure une meilleure synchronisation des activités en tirant parti des avantages respectifs, avec également une meilleure distribution des ressources.  « Même si nous semblons toujours avoir du mal à vous l’expliquer, nous le vivons déjà et cela fonctionne », a-t-elle lancé aux délégations.

De son côté, la Directrice exécutive adjointe du FNUAP a annoncé que le document sur le cadre de coopération sera posté en ligne pour les États Membres, et qu’il y aura des séances d’information nationales ainsi que pour les équipes de pays.  L’évaluation commune de pays est la seule analyse sur laquelle le cadre de coopération sera fondée, a-t-elle expliqué, ajoutant que l’aspect régional y sera également pris en compte.

Faciliter le changement: le pacte de financement

Cette session a traité de la manière dont le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres doivent opérer un changement de culture et de comportement afin de respecter les engagements envisagés dans le pacte de financement.  Le pacte proposé est le résultat d’une série de dialogues approfondis qui se sont tenus entre les États Membres de l’ONU et les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement durable. 

Le pacte comporte 22 engagements, dont 8 pris par les États Membres et 14 par le Groupe des Nations Unies pour le développement durable, devant faire l’objet d’un suivi à l’aide de 50 indicateurs et cibles.  Les engagements sont ambitieux, se renforcent mutuellement et nécessiteront un changement significatif de la manière dont le système des Nations Unies pour le développement fonctionne et dont les États Membres financent le système.

Il faut noter, a souligné l’animateur du débat, M. SANJAY REDDY, professeur d’économie à The New School for Social Research, et ancien membre de l’équipe indépendante des conseillers aux dialogues de l’ECOSOC, que le système des Nations Unies pour le développement est unique du fait de son caractère indépendant.

Pour le Représentant permanent adjoint du Royaume-Uni auprès des Nations Unies, M. JONATHAN GUY ALLEN, il est important, aujourd’hui encore plus qu’hier, d’élargir la discussion sur le financement des activités opérationnelles, notamment en attirant d’autres bailleurs de fonds que les donateurs traditionnels.  De même, la gouvernance des programmes de pays doit être au centre de la discussion. 

M. ELLIOT HARRIS, Économiste en chef de l’ONU, a insisté sur le fait que c’est un programme universel qui doit être financé de manière universelle.  Il a plaidé pour que le financement bénéficie d’une plus grande prévisibilité et pour qu’il relève davantage des ressources de base, car il est très difficile de financer des activités de développement sans savoir d’où viendront les fonds.  Dans cette situation, il est difficile d’avoir un financement bien planifié. 

En effet, le montant des ressources consacrées aux activités opérationnelles de développement était de 33,6 milliards de dollars en 2017, ce qui représente une augmentation de 12,6% par rapport à 2016.  Mais les ressources de base ne représentaient qu’environ un cinquième du financement consenti en 2017, soit la part la plus faible jamais enregistrée pour ces ressources. 

M. Harris a expliqué que certains bailleurs préfèrent verser des ressources préaffectées car ils se plaignent du manque d’efficacité et de transparence du système.  Il est dès lors difficile d’obtenir des résultats précis à un moment donné en matière de développement, ce processus étant en soi un processus évolutif et dynamique.

La Coordonnatrice résidente en Bosnie-Herzégovine a ajouté que ces financements préaffectés « nous détournent des priorités des pays d’accueil pour favoriser ceux du pays offrant les fonds ».  L’Économiste en chef a reconnu que le dialogue ayant mené au pacte n’avait pas assez débattu de la raison de la prévalence des ressources préaffectées.  Selon lui, l’une des raisons serait l’obligation des bailleurs de fonds de rendre compte à leurs contribuables des dépenses engagées dans le développement.  D’où leur choix de financer ce qui est important pour leurs citoyens. 

« On a longuement discuté de l’importance des ressources de base, mais on a peu parlé de la question de l’élargissement de la base des donateurs et encore moins des gains d’efficacité attendus du système des Nations Unies pour le développement », a réagi l’Union européenne (UE).  Cette délégation a remarqué, par exemple, que le pacte de financement prévoit de faire des économies mais sans rien quantifier.

La Coordonnatrice résidente en Bosnie-Herzégovine a assuré que des économies étaient déjà faites, mais elle a reconnu que ces efforts ne sont pas toujours présentés aux bailleurs de fonds sous forme de chiffres.

Mme ANITA BHATIA, Conseillère principale sur les partenariats stratégiques à ONU-Femmes, a relevé que la création d’ONU-Femmes, il y a neuf ans, symbolise ce qui peut se passer quand les États sont engagés dans une cause commune.  Elle a expliqué qu’ONU-Femmes a peu de moyens mais un mandat assez élargi, d’où l’importance pour cette agence onusienne de bénéficier de partenariats, y compris au sein et en dehors du système onusien.  Le pacte de financement est donc une initiative cruciale, notamment dans un contexte où seulement 2% des dépenses des activités de développement concernent l’égalité des sexes. 

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD, Représentant permanent adjoint de l’Égypte auprès des Nations Unies, a indiqué que les États Membres attendent du système onusien un changement de culture qui va induire une modification au sein des équipes de pays, et notamment de la part des nouveaux coordonnateurs résidents selon le système revigoré.  Le succès dépendra aussi de la capacité de l’équipe de pays à disposer de ressources nécessaires pour mettre en œuvre le cadre de coopération adopté.  Il faut par exemple garantir suffisamment de moyens pour les nouveaux coordonnateurs résidents. 

Cependant, la Turquie estime que le pacte de financement ne peut pas suffire pour combler le manque de fonds dédiés au système de coordonnateurs résidents revigoré, alors que pour l’Allemagne, le fonds spécial dédié aux coordonnateurs résidents semble avoir rempli ses ambitions.  Son représentant a souhaité lui aussi l’élargissement de la base des donateurs pour le financement des activités opérationnelles de développement.  Le Représentant permanent du Royaume-Uni a rappelé que son pays avait décidé d’orienter une grande partie de l’aide publique au développement (APD) vers les pays fragiles. 

De toutes les façons, a expliqué l’animateur de la séance, le besoin des bailleurs traditionnels de rendre des comptes est désormais intégré dans le pacte de financement.  En effet, les entités du système des Nations Unies pour le développement s’y engagent à œuvrer en vue d’obtenir des résultats conjoints de manière de plus en plus concertée, en poursuivant des objectifs communs et en fonctionnant plus efficacement.  Pour renforcer la confiance entre elles et les États Membres, elles s’engagent à fournir davantage de précisions sur les résultats obtenus avec les ressources qui leur sont confiées en présentant des rapports plus transparents et cohérents, en améliorant les évaluations conjointes à l’échelle du système et en rendant plus accessibles les audits. 

En retour, les États Membres s’engageront dans ce pacte, tel qu’il est rédigé, à améliorer la qualité et la prévisibilité des contributions volontaires destinées au système des Nations Unies pour le développement, notamment en augmentant les ressources de base et les contributions aux fonds de financement commun interorganisations, idéalement par des engagements pluriannuels.  Ainsi, le financement sera davantage aligné sur les objectifs stratégiques des entités du système des Nations Unies pour le développement et le PNUAD, ce qui permettra aux entités d’offrir les solutions globales et intégrées dont elles ont besoin pour renforcer leur soutien au Programme 2030.  En outre, le Bureau de la coordination des activités de développement coordonnera le suivi régulier des engagements découlant du pacte de financement. 

Aligner la gouvernance à l’échelle du système et des entités pour une meilleure responsabilisation

Le deuxième dialogue de l’après-midi était modéré par Mme INGA RHONDA KING, Présidente de l’ECOSOC

Le premier panéliste, M. CHO TAE-YUL, Représentant permanent de la République de Corée et Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS, s’est aperçu que le manque de communication entre les organes directeurs au sein du système des Nations Unies pour le développement pouvait amener à un manque de confiance.  Il les a donc invités à avoir plus d’échanges réguliers entre eux.  S’agissant des petites institutions comme le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), il a estimé qu’elles pouvaient grandement contribuer à la mise en œuvre de la réforme.  Toutefois, « leur crainte d’empiéter sur les plateformes d’institutions plus grandes » les empêche parfois de le faire.  Il faudrait par conséquent que l’ECOSOC les sollicite directement. 

Comme Président du Conseil d’administration de trois institutions, il doit faire en sorte que l’ECOSOC puisse avoir un dialogue stratégique plus important.  La réunion des comités directeurs des institutions doit désormais viser l’action, a noté M. Cho en soulignant l’importance des interactions et du dialogue au sein du système de l’ONU.  À ce sujet, il a regretté qu’il n’y ait pas assez de temps entre le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles et les réunions des conseils d’administration des fonds et programmes des Nations Unies qui aura lieu en juin, pour qu’ils puissent tenir compte des réflexions et recommandations faites lors de ce débat sur les activités opérationnelles.

Mme King, en tant que Présidente de l’ECOSOC, lui a proposé de modifier la date de cette réunion, en lui rappelant que le calendrier de l’ECOSOC est mandaté par ses États Membres et donc plus difficile à changer.

Mme TATJANA VON STEIGER, Directrice adjointe de Global Cooperation, Agence suisse de la coopération pour le développement, a rappelé que la gouvernance a une incidence sur les orientations stratégiques et le suivi des résultats.  Elle a invité à réfléchir en termes de ce qui existe et de ce qui doit être fait pour améliorer la responsabilisation.  Elle a également appelé les États Membres à accréditer les coordonnateurs résidents plus rapidement, estimant que le succès de la réforme dépend en partie de la confiance des États.  À ses yeux, le cadre de coordination est essentiel car il permet aux équipes de pays de se retrouver autour d’objectifs stratégiques communs.  C’est également un instrument de responsabilisation. 

Saluant les propositions pragmatiques du Secrétaire général pour améliorer le rôle des instances régionales dans le développement, elle a ajouté que pour que le système soit plus efficace, il faut veiller à la meilleure allocation possible des ressources en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030.  En ce qui concerne la gouvernance mondiale, elle a appelé à un retour à ce qui est prévu par la Charte des Nations Unies et a souligné l’importance d’un changement de mentalités au sein des organes directeurs.  Le Comité des chefs de secrétariat a un rôle important à jouer dans ce cadre.

Pour M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales (DAES), la bonne gouvernance des activités opérationnelles du système des Nations Unies pour le développement est essentielle, rappelant que l’architecture actuelle de la gouvernance est à trois étages: Assemblée générale, ECOSOC et organes directeurs des fonds et programmes.  Malgré cette structure claire, dans la réalité le système fonctionne de façon décentralisée, a-t-il noté.  Il a donc suggéré que l’ECOSOC « supervise » les orientations de l’Assemblée générale.  Il faut assurer que le travail de ces deux instances soit fondé sur des faits et des données claires, notamment dans le contexte des indicateurs de l’examen quadriennal complet.  Le Secrétaire général a proposé un programme de travail pluriannuel pour le segment sur les activités opérationnelles de développement pour permettre à l’ECOSOC de mener des examens plus pointus et de donner des orientations en dehors de l’examen quadriennal si nécessaire.  Les résolutions de fin de cycle pourraient ainsi se baser sur ces recommandations intérimaires.  L’Union européenne a demandé plus de précisions sur cette proposition.

Certains coordonnateurs résidents présents dans la salle ont demandé que les liens entre l’ECOSOC et les comités directeurs des institutions onusiennes soient renforcés dans le contexte de la mise en œuvre du PNUAD.  Il faut s’éloigner, selon eux, de l’approche par mandat pour adopter une démarche axée sur le Programme 2030.

S’agissant du recrutement, ils ont estimé que les équipes de pays devaient y participer conjointement avec le coordonnateur résident.  Ils ont également mis en avant que ce sont les priorités nationales qui doivent guider le cadre de coopération. 

Le Groupe des 77 et la Chine se sont opposés au paragraphe 188 du rapport du Secrétaire général qui veut que l’Assemblée générale n’adopte de résolution sur le système de développement que tous les quatre ans, l’année où se tient l’examen quadriennal complet, alors que l’ECOSOC pourrait le faire toutes les autres années.  De son côté, l’Union européenne a appuyé cette proposition du Secrétaire général dans le but d’éviter les doublons entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC. 

Sur cette question de la périodicité des résolutions de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC, le Secrétaire général adjoint du DAES a rappelé aux délégations que cette proposition se fonde sur les commentaires des États Membres qui s’étaient plaints des doublons.  Par conséquent, le Secrétariat attend leurs orientations sur ce point.

Pour ce qui est de renforcer le débat sur les activités opérationnelles de développement, Cuba a regretté que les espaces de dialogue ne soient pas toujours mis à profit pour échanger entre États Membres et institutions onusiennes dans le cadre ces activités.

Reprenant la parole, le Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS a demandé aux coordonnateurs résidents s’ils avaient des feuilles de route pour mettre en œuvre les réformes engagées à New York, en soulignant le sentiment « d’urgence » qui prévaut.

La Coordinatrice résidente en Bosnie-Herzégovine lui a répondu en affirmant être bien consciente du sentiment d’urgence même si la feuille de route n’est pas encore claire car il s’agit d’un processus organique.  Cependant, les plans de travail des équipes de pays sont préparés chaque année, a-t-elle précisé.

Revenant sur la coordination interorganisations sur le terrain, la Directrice adjointe de Global Cooperation a jugé excellente l’approche fondée sur les problèmes.  Avec le nouveau cadre de coordination et les objectifs de développement durable, les coordonnateurs résidents ont, selon elle, les moyens de rallier les équipes de pays autour de causes communes et de responsabilités partagées. 

S’agissant de la réforme du DAES, le Secrétaire général adjoint a expliqué que le Département était mandaté pour soutenir l’Assemblée générale, l’ECOSOC et le système des Nations Unies pour le développement en préparant notamment le rapport sur l’examen quadriennal complet.

Clôture des travaux

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a fait le résumé des travaux de ces trois derniers jours.  S’adressant aux délégations, elle leur a assuré que les Nations Unies avaient « entendu avec soin leurs idées et réactions », ce qui va permettre de « prendre des mesures correctives ».  Elle a dit avoir une vision encore plus claire de la position des États Membres sur les sujets sur lesquels il faut encore travailler, avant de recommander d’« avancer ensemble, dans un dialogue permanent ». 

Nous avons maintenant les ingrédients nécessaires pour changer la manière dont les équipes de pays doivent travailler, a encore affirmé Mme Mohammed, avant d’annoncer que l’ONU « met la touche finale au cadre de coopération avec les États ».  Ces derniers, a-t-elle assuré, seront informés en temps voulu des évolutions.  La Vice-Secrétaire générale a rappelé qu’il n’existe pas de solution universelle aux attentes nationales, raison pour laquelle il est important de poursuivre le dialogue avec les États Membres.  « Nous sommes prêts à commencer les consultations immédiatement avec les pays couverts par les bureaux multipays », a-t-elle annoncé, ajoutant qu’il faut « viser très haut et avoir de l’ambition pour parvenir à un système des Nations Unies pour le développement capable d’aider les pays et leur populations à réaliser les objectifs de développement durable ».

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG octroie le statut consultatif spécial à 11 organisations et réserve sa décision sur 85 dossiers

Session de 2019 (Reprise),  
25e & 26e séances – matin & après-midi   
ECOSOC/6992-ONG/894

Le Comité des ONG octroie le statut consultatif spécial à 11 organisations et réserve sa décision sur 85 dossiers

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 11 organisations mais a réservé sa décision sur 85 dossiers dans l’attente des réponses aux questions qu’il a posées.

La palestinienne Human Rights & Democratic Participation Center- SHAMS fait partie des heureux.  Elle a obtenu son statut consultatif spécial des mains d’un Comité qui s’est montré sensible à une ONG dont l’objectif avoué est d’assoir le rôle des jeunes dans la société palestinienne.  L’ONG entend consolider la culture des droits de l’homme, les valeurs de tolérance, la réforme démocratique et l’état de droit.  Elle dit travailler « sans relâche » à des programmes et des activités ciblant les enfants, les jeunes et les femmes pour les autonomiser et renforcer leurs capacités, tout en répondant à leurs besoins fondamentaux et à leurs priorités.  

En revanche, l’ONG danoise International Dalit Solidarity Network a de nouveau rencontré un obstacle.  Notant que ce dossier est le plus ancien sur la table, le Mexique a jugé urgent de réexaminer les méthodes de travail du Comité.  L’américaine The National Democratic Institute for International Affairs- NDI a aussi vu une nouvelle fois son dossier repoussé à une autre session, la Chine exigeant l’utilisation du nom officiel de « Taiwan, province de Chine ».  Détecter un à un de telles « fautes » s’apparente à de la censure, se sont impatientés les États-Unis.  Une ONG qui prétend à un statut consultatif auprès d’un des organes principaux des Nations Unies se doit de respecter la nomenclature officielle, a rétorqué la Chine.

Au cours de son dialogue avec les membres du Comité, l’ONG chinoise Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization- GEIDCO s’est employée à convaincre le Comité de sa future contribution aux travaux de l’ECOSOC, comme organisation qui s’attaque aux problèmes énergétiques avec 635 membres dans 39 pays.  L’ONG, qui s’est heurtée aux questions des États-Unis, a dit avoir signé des protocoles d’accord avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et la Commission économique et sociale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et coopérer avec le Programme des Nations Unies sur l’environnement (PNUE).

Composé de 19 États Membres, le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Les ONG qui travaillent dans un domaine spécifique peuvent, elles, recevoir le statut consultatif spécial et soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste est réservée aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Le Comité chargé des ONG poursuivra ses travaux, demain vendredi 24 mai, à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET DEMANDES REPORTÉES DES SESSIONS PRÉCÉDENTES

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Stichting CHOICE for Youth and Sexuality (Pays-Bas)
  2. Stichting Global Partnership for the Prevention of Armed Conflict (Pays-Bas)
  3. Swedwatch (Suède)
  4. The Foundation for Political, Economic and Social Research- SETA (Turquie)
  5. UNISC International (Japon)
  6. United States Council for the International Business, Incorporated (États-Unis)
  7. Women in International Security- WIIS (États-Unis)
  8. Women’s Ordination Conference (États-Unis)
  9. YWCA of Japan (Japon)
  10. Human Rights & Democratic Participation Center « SHAMS » (État de Palestine)
  11. Stichting Wildlife Justice Commission (Pays-Bas)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Qui sont les partenaires de Sheikh Abdullah Al Nouri Charity Society (Koweït) en Palestine? a demandé Israël.  Qui prend les décisions chez Solidarity for Peace and Reunification of Korea (République de Corée)?  Comment sont élus ses dirigeants? a voulu savoir la Fédération de Russie.  Dans quels autres pays que l’Iran et les Pays-Bas Stichting Iranian Center for International Criminal Law (Pays-Bas) travaille-t-elle? a interrogé la Fédération de Russie.

Qu’a fait Stichting Pro Papua (Pays-Bas) après que l’Indonésie l’accusée de soutenir l’autodétermination des peuples autochtones de la Papouasie-occidentale? a demandé la Chine.  Quel type d’activités Syrian American Medical Society Foundation (États-Unis) mène-t-elle avec les autorités syriennes? a voulu savoir la Libye.  Quels sont les activités et les projets qui ont été financés en 2018 avec l’argent reçu des gouvernements? a questionné Cuba.  Quelle est la nature des relations de Terram Pacis (Norvège) avec l’Union européenne? a interrogé le Nigéria.

Quelle relation entretient The Bar Human Rights Committee (Royaume-Uni) avec le barreau anglais? a demandé la Chine.  Dans quels pays The Center for Bioethics and Culture (États-Unis) travaille-t-elle? a voulu savoir la Chine.  Dans quel autre pays asiatique que le Cambodge The Center for Justice and Accountability (États-Unis) travaille-t-elle? a interrogé la Chine.

Quels sont les projets de The International Center for Supporting Rights and Freedoms (Suisse)?  Qu’a-t-elle fait ces dernières années? a demandé la Libye.  Peut-on avoir les derniers états financiers?  Que fait Tom Lantos Foundation for Human Rights and Justice (États-Unis) pour absorber son déficit? a voulu savoir le Pakistan.  Peut-on obtenir le détail des activités de United Sikhs (États-Unis) et savoir dans quels pays elle travaille? a questionné l’Inde.

Comment Vang Pao Peace Institute (États-Unis) fait-elle pour mener son travail auprès des bénéficiaires? a demandé la Chine.  En 2019, White Ribbon Alliance for Safe Motherhood, Inc. (États-Unis) compte-t-elle s’implanter en Amérique latine? a voulu savoir le NicaraguaWomen’s Freedom Forum, Inc. (États-Unis) a été priée par la Chine d’utiliser le nom de Taiwan - province de Chine.

World Association for Sexual Health (Royaume-Uni) travaille-t-elle au Pakistan?  Qu’y fait-elle? a demandé le PakistanWorld Without Genocide (États-Unis) a-t-elle travaillé ou travaille-t-elle en Asie? a voulu savoir l’IndeYouth Resource, Information, Support, Education- RISE Limited (Royaume-Uni) a-t-elle des projets en Asie? a interrogé le Pakistan.

Quelles sont les « relations indirectes » d’İslam Dünyası Sivil Toplum Kuruluşları Birliği (Turquie) avec les gouvernements? a demandé la Chine.  Quelles sont les sources de financement d’Al-Imdaad Trust (Afrique du Sud)? a voulu savoir la Chine.  Peut-on avoir les états financiers des années 2018 et 2019 de l’Associación Red de Mujeres Afrolatinoamericanas, Afrocaribeñas y de la Diáspora (Nicaragua)? a exigé le Nicaragua.

Comment la Belarusian Fund of Peace (Bélarus) collecte-t-elle son financement et quelles sont ses sources de financement? ont demandé les États-Unis.  La même délégation a voulu que Chinese Culture Promotion Society (Chine) explique les différents taux de redevance appliqués à ses membres?  Quelles sont les sources de financement de Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie)? a voulu savoir la Grèce.

Quels sont les projets que Direct Focus Community Aid (Pakistan) compte mener dans les domaines de la culture, de l’information et du tourisme? a demandé le Pakistan.  Quels projets Establishment of Sheikh Thani bin Abdullah Al Thani for Humanitarian Services (Qatar) mène-t-elle avec les Nations Unies? ont voulu savoir les États-UnisEtrat Fatemi Charity Institute (Iran) a été priée par les États-Unis de donner des exemples concrets de ses actions.

Peut-on avoir des informations sur le projet « écoles pour la paix » de Formation Awareness and Community Empowerment Society- FACES (Pakistan)? a demandé le PakistanGlobal Energy Interconnection Development and Cooperation Organization (Chine) peut-elle expliquer la nature de ses mémorandums d’accord avec la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), ont voulu savoir les États-Unis.  Dans quels autres pays que le Pakistan travaille Gulshan-e-John (Pakistan)? a interrogé le Pakistan.

Habilian Association (Iran) a-t-elle ses propres projets ou doit-elle attendre le feu vert du Ministère iranien de l’intérieur? ont questionné les États-Unis.  La même délégation a demandé à Imam Khomeini Relief Foundation (Iran) des informations supplémentaires sur ses projets et ses résultats.  Quels sont les projets d’International Human Right Organization (Pakistan) en dehors du Pakistan? a demandé le Pakistan.

Quelles activités liées à l’ordre du jour de l’ECOSOC Islamic African Relief Agency- IARA (Soudan) mène-t-elle? ont voulu savoir les États-Unis.  Peut-on avoir la liste des projets de National Human Rights Civic Association « Belarusian Helsinki Committee » (Belarus)? a demandé la Fédération de Russie.  Que compte faire Pakistan International Human Rights Organization (Pakistan) en 2019? a questionné le Pakistan.

Rupani Foundation (Pakistan) a été invitée par l’Inde à donner des détails sur son programme d’éducation.  Le Pakistan a voulu que Safe Care Trust International (Pakistan) donne toutes ses informations financières.  Qui finance les réunions de Silk Road Chamber of International Commerce (Chine)?  Qui y participe?  Quels en sont les thèmes? ont demandé les États-Unis.

Sous quelle forme Swadhikar (Inde) participe-t-elle au Conseil des droits de l’homme?  Que compte-t-elle faire auprès de l’ECOSOC? a demandé l’Inde.  Combien d’affaires The Voice Society (Pakistan) a-t-elle défendues devant les tribunaux? a voulu savoir le Pakistan.  Quelles sont les catégories de membres de World Fund for Development and Planning- WFDP (Ouganda)? ont interrogé les États-Unis

Quelles ont été les activités de World Historic and Cultural Canal Cities Cooperation Organization (Chine) en 2018? ont questionné les États-Unis.  Quelles sont les activités d’Asociacion Enraizados En Cristo Y En La Sociedad (Espagne)? a demandé Cuba.  Quelle est la position de l’ONG sur les femmes? a interrogé le Mexique.  Quelle est la relation de l’American Center for International Labor Solidarity (États-Unis) avec l’AFL-CIO? a voulu savoir la Chine.

Comment l’Anti-Corruption Foundation (Fédération de Russie) reçoit-elle des informations sensibles comme les revenus et les propriétés des individus et des institutions?  L’accès à ces informations est-il légal? a demandé la Fédération de Russie

Le projet d’autonomisation de la femme d’Arab-European Center of Human Rights and International Law- AECHRIL (Norvège) a-t-il été mené en 2018 et 2019? a demandé Cuba.  Que compte faire l’Association of Non-for- Profit Organizations to Facilitate the Drug Prevention and Socially Dangerous Behaviour « National Anti-Drug Union » (Fédération de Russie) pour réunir toutes les organisations de lutte contre le stupéfiant? ont voulu savoir les États-Unis.  Comment l’ONG mène-t-elle son combat pour les droits de l’homme? a interrogé le Mexique.  Peut-on avoir le détail des activités et des projets d’Assyrian Aid Society of America Inc. (États-Unis) en 2019? a demandé la Turquie.

Sur quels critères Avaaz Foundation (États-Unis) oriente et publie ses campagnes? a voulu savoir la Chine.  La même délégation a demandé des informations sur le programme de visite de Bahrain Center for Human Rights (Danemark) en Syrie et en Iraq.  Que compte faire Canadian Human Rights International Organization– CHRIO (Canada) pour mettre fin au fléau de la fuite des cerveaux? s’est interrogée Cuba

Le Cercle Martin Buber (Suisse) a-t-il des liens ou des relations avec des gouvernements? a demandé la TurquieChild Foundation (États-Unis) a été priée par les États-Unis de dévoiler les lieux d’implantation de ses projets.  Quels sont les résultats obtenus par Christian Solidarity International- CSI (Suisse) dans l’aide aux victimes des abus de droits de l’homme au Moyen-Orient? a voulu savoir la Turquie.  Cuba a demandé les dernières informations financières de l’ONG.

Quels sont les projets de Churches for Middle East Peace (États-Unis) en Égypte? a demandé IsraëlConflict Dynamics International, Inc. (États-Unis) a été priée par le Nicaragua de transmettre ses derniers états financiers.  Quels sont les liens entre le Congrès mondial Amazigh– CMA et le Conseil africain des droits de l’homme? a questionné la Libye.  

Israël a voulu de Diakonia (Suède) la liste de tous ses « partenaires stratégiques ».  Quelle est la portée de ces partenariats?  European Grassroots Antiracist Movement- EGAM (France) a été priée par la Turquie d’expliquer ce qu’elle entend par « montée de l’islamisme ».  Quelle est la relation d’International Network for Economic, Social and Cultural Rights, Inc.- ESCR-Net (États-Unis) avec les organisations « Adalah » et « El hak »? a demandé Israël

Ensar Vakfi (Turquie) a été priée par la Grèce de donner ses dernières informations financières.  La Fédération de Russie a voulu savoir si l’European coalition for just and effective drug policies- ENCOD (Belgique) a déjà connu des succès.  « Sans avoir beaucoup d’argent », comment la Fédération Euro-Méditerranéenne contre les Disparitions Forcées (France) compte réaliser son programme? a demandé la Libye.

Cuba a voulu des informations détaillées sur les financements que Global Rights for Women (États-Unis) reçoit du secteur privé.  Quelle est la part des contributions du Gouvernement dans le budget?  Hokok Coalición Internacional Contra la Impunidad (Espagne) devra expliquer à Israël la raison de ses différentes catégories de membres et la manière dont elle intègre les objectifs de développement durable dans son programme.  Quel est le programme de travail d’IFEX en 2019? a demandé le Pakistan.

Comment International Dalit Solidarity Network (Danemark) garantit-elle l’indépendance de son travail alors qu’elle reçoit de l’argent du Gouvernement? a interrogé l’Inde.  Cette ONG a-t-elle un bureau à Genève.  A-t-elle des relations avec les missions permanentes à Genève?  Notant que ce dossier est le dossier le plus ancien sur la table du Comité, le Mexique a jugé urgent de réexaminer les méthodes de travail.  La Fédération de Russie a demandé à Interregional Non-governmental Organization « Committee against Torture » (Fédération de Russie) si elle a mené des enquêtes avec ses organisations partenaires au Royaume-Uni.  Quel est le résultat du projet d’archivage en Libye de Lawyers for Justice in Libya (Royaume-Uni)? a demandé la Libye.

National Committee on BRICS Research (Fédération de Russie) a été priée par les États-Unis de s’expliquer sur « les négociations en cours avec ses autres partenaires ».  Comment est déterminé le montant des cotisations des membres de Non c'è pace senza giustizia (Italie)? a interrogé Cuba.  Quels sont les projets de l’Organisation Suisse d’aide aux réfugiés (Suisse) avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)? a questionné la Chine.  Comment Peace Research Institute Oslo (Norvège) compte-t-elle contribuer au travail de l’ECOSOC?  Quels sont ses projets humanitaires? a voulu savoir Cuba.

Quels sont les projets de Rockefeller Philanthropy Advisors, Inc. en Amérique latine?  Quels sont ses partenaires dans la région?  Sous quelle forme participe-t-elle au projet « Villes résilientes »? a demandé CubaSahipkıran Stratejik Araştırmalar Merkezi (Turquie) a été priée par la Grèce de mettre à jour ses états financiers.  Peut-on avoir la liste des participants de Scholé Futuro (Italie) aux conférences des Nations Unies depuis 2017?  Dans quels pays d’Amérique latine est-elle présente? a interrogé Cuba.

Est-il possible d’obtenir la liste complète des États dans lesquels Stichting Mama Cash (Pays-Bas) travaille? s’est interrogée la Fédération de Russie.  Quel est le nombre exact des membres de Su Politikaları Derneği (Turquie)? a questionné la Grèce.  Qui sont les partenaires de The Andrey Rylkov Foundation for Health and Social Justice (Fédération de Russie)?  Peut-on avoir des exemples de coopération? a demandé la Fédération de Russie.  

Quel type d’activités The Centre for International Governance Innovation (Canada) mène-t-elle avec le Gouvernement canadien? a voulu savoir CubaThe Global Initiative against Transnational Organized Crime (Suisse) travaille-t-elle chez nous? a questionné la Fédération de RussieThe National Democratic Institute for International Affairs- NDI (États-Unis) a été invitée par la Chine à utiliser le nom de Taiwan -province de Chine et de Hong-Kong -Région administrative autonome sur son site Internet.  Les États-Unis ont demandé à la Chine de citer tous les cas nécessitant cette correction.  Détecter une à une ces « fautes » s’apparente à de la censure, se sont-ils impatientés.  Ce n’est pas une question de liberté d’expression, a rétorqué la Chine.  Quand une ONG prétend à un statut consultatif auprès d’un des principaux organes des Nations Unies, elle est tenue de respecter la nomenclature officielle.  Quels sont les projets et les partenaires de Trocaire (Irlande) dans la bande de Gaza? a voulu savoir IsraëlTurkiye Diyanet Vakfi (Turquie) a été invitée par la Grèce à donner une liste actualisée de ses projets.

Dialogue avec les ONG

Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization- GEIDCO (Chine) a dit qu’elle tente d’apporter une solution aux problèmes énergétiques dans le monde, plus précisé dans 39 pays où travaillent ses 635 membres.  Nous sommes, a-t-elle souligné, spécialisée dans la recherche en énergie propre et, à ce titre, nous avons signé en 2017 des protocoles d’accord avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et la Commission économique et sociale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Nous nous invitons les uns les autres aux séminaires et nous nous rendons régulièrement visite.  Avez-vous signé d’autres protocoles? ont demandé les États-Unis.  Oui, a répondu l’ONG, avec Bloomberg Philanthropy, sur des recherches appuyées par les Universités de Boston et Columbia.  En 2019, avec la CEPALC, nous prévoyons de mener des recherches sur l’énergie propre en Amérique latine.  Pourquoi avez-vous été invitées à l’Assemblée du Programme des Nations Unies sur l’environnement (PNUE), en mars 2019, ont relancé les États-Unis.  Parce que, a précisé l’ONG, nous avons été invitées.  Nous partageons la même vision que le PNUE et, comme lui, nous militons contre la pollution atmosphérique.  Nous avons même publié un rapport en mars dernier avec le Programme. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG octroie le statut consultatif spécial à 32 organisations dont l’américaine Catholic relief Services et la sud-africaine Klerk Foundation Trust

Session de 2019,
23e & 24e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6988-ONG/893

Le Comité des ONG octroie le statut consultatif spécial à 32 organisations dont l’américaine Catholic relief Services et la sud-africaine Klerk Foundation Trust

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’accorder le statut consultatif spécial à 32 organisations dont l’américaine Catholic Relief Services et la sud-africaine The F.W. de Klerk Foundation Trust.  Le Comité a suspendu l’examen de 48 autres dossiers dans l’attente des réponses à ses questions supplémentaires. 

L’ONG Catholic Relief Services- United States Conference of Catholic Bishops (CRS) fournit de l’aide à quelque 130 millions de personnes dans plus de 90 pays et territoires en Afrique, en Amérique latine, en Asie, en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.  Elle offre précisément des secours dans les situations d’urgence et aide les populations à briser le cycle de la pauvreté grâce à des initiatives de développement durable au niveau des communautés.  L’ONG emploie près de 5 000 personnes dans le monde et est dirigée par un Conseil des directeurs dans lequel siègent 13 évêques.  Avec son statut consultatif spécial, elle entre dans la deuxième catégorie des organisations accréditées auprès du Conseil économique et social.  Reconnue comme travaillant dans un domaine spécifique, elle peut lui soumettre des communications écrites et des pétitions.   

Autre récipiendaire du statut consultatif spécial, la sud-africaine The F.W. de Klerk Foundation Trust a été fondée par Frederik de Klerk, ancien Président de l’Afrique du Sud et lauréat, avec Nelson Mandela, du prix Nobel de la paix en 1993.  La Fondation promeut la Constitution, la Déclaration des droits de l’homme et l’état de droit par le biais de son Centre pour les droits constitutionnels.  Elle promeut aussi « l’unité dans la diversité », aide les organisations caritatives axées sur les enfants handicapés et désavantagés et explique au grand public les facteurs qui ont sous-tendu la transition sud-africaine vers une démocratie constitutionnelle « non raciale ». 

Outre le statut consultatif spécial, le Comité des ONG, composé de 19 États Membres, peut recommander à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif général qui est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces organisations sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions mais aussi à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

La Liste est réservée aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Le Comité chargé des ONG poursuivra ses travaux, demain jeudi 23 mai, à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET DEMANDES REPORTÉES DES SESSIONS PRÉCÉDENTES

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Society for Union of Muslims And Empowerment (SUMAE) Foundation (Ouganda)
  2. Stichting Partnership on Sustainable, Low Carbon Transport (SLoCaT) Foundation (Chine)
  3. Talent Incubator (Bénin)
  4. The F W de Klerk Foundation Trust (Afrique du Sud)
  5. Union des peuples autochtones pour le réveil au développement (Burundi)
  6. Voluntary Integration for Education and Welfare of Society (Inde)
  7. Wynad Social Service Society (Inde)
  8. YOUTHLEAD- Jeunes Leaders (Togo)
  9. Yayasan Kota Kita Surakarta (Indonésie)
  10. YouChange China Social Entrepreneur Foundation (Chine)
  11. A New Dawn – Bedouin Jewish Centre in the Negev for Equality and Accessibility in Education, Research, Peace and Welfare Services- R.A. (Israël)
  12. Aleh Jerusalem Centres (Israël)
  13. Broad National Movement- BNM Limited Ltd (Royaume-Uni)
  14. Care 2 give, Inc (États-Unis)
  15. Catholic Relief Services- United States Conference of Catholic Bishops (États-Unis)
  16. Centro Mujeres A.C. (Mexico)
  17. Cruelty Free International (Royaume-Uni)
  18. Darfur Women Action Group (États-Unis)
  19. GSM Association (Suisse)
  20. Grace Leadership Foundation Inc. (États-Unis) 
  21. Great Enlightenment Lotus Society Inc. (États-Unis)
  22. Health Limited (Royaume-Uni)
  23. International Convocation of Unitarian Universalist Women (États-Unis)
  24. International Council for Small Business (États-Unis)
  25. International Programme on the State of the Ocean (Royaume-Uni)
  26. Kaleidoscope Human Rights Foundation Ltd. (Australie)
  27. Les femmes, la force du changement (France) 
  28. Occupational Knowledge International (États-Unis)
  29. OneMama Incorporated (États-Unis)
  30. Parents and Friends of Ex-Gays and Gays, Inc. (P-FOX) (États-Unis)
  31. Catholic Relief Services- United States Conference of Catholic Bishops (CRS) (États-Unis)
  32. The F.W. de Klerk Foundation Trust (Afrique du Sud)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Combien de bénévoles travaillent au sein de Social Services Trust (Inde)? a interrogé l’Inde.  Elle a aussi exigé de Southern African AIDS Trust (Association incorporated under Section 21) (Afrique du Sud) ses états financiers après 2015.  Quelles mesures ont été prises pour combler le déficit budgétaire?  The Legal Center for Women’s Initiatives Sana Sezim (Kazakhstan) a été priée par la Fédération de Russie d’expliquer « le mécanisme de coopération avec les gouvernements étrangers ».

Quel est le plan d’action de The New Woman Foundation (Égypte) pour cette année en Égypte? a demandé la Chine.  Elle a aussi voulu connaître les pays avec lesquels The Public Association « Kazakhstan International Bureau for Human Rights and Rule of Law »- the Republican Status (Kazakhstan) travaillera en 2019.  La Fédération de Russie a demandé à Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. (TAOC-IG) (Philippines) pourquoi l’examen de sa candidature au statut consultatif traîne depuis si longtemps.

Quelles sont les relations qu’entretient United National Organization of Human Rights (Égypte) avec le secteur privé?  Reçoit-elle des financements du secteur privé? a demandé la Chine.  Avec quelles organisations Welfare Association Jared (Pakistan) travaille-t-elle sur le terrain? a questionné l’Inde.  La même délégation a demandé à West Papua Interest Association (Indonésie) des détails les formations qu’elle offre aux communautés.

Quels ont été les résultats des projets de Women Information Network (Nigeria)? a voulu savoir le Nicaragua.  L’Association Québécoise des Organismes de Coopération Internationale- AQOCI (Canada) est-elle réellement indépendante alors que 80% de son budget est assuré par le Canada et le Québec? a demandé la Chine.  Quelles ont été les activités de l’Association pour la défense des droits de l’homme et des revendications démocratiques/culturelles du peuple Azerbaidjanais-Iran – « ARC » (France) en 2018?  Quelle part du budget a été consacrée à ces activités? a questionné Cuba.

Quel est le montant des contributions des membres du Centre Zagros pour les Droits de l’Homme (Suisse) en dehors de la Suisse? a demandé le Pakistan.  Pourquoi 80% du budget du Centre international pour la paix et les droits de l’homme (CIPADH) (Suisse) est consacré à l’administration?  Que restera-t-il des activités en faveur des Nations Unies que l’ONG mène si elle obtient le statut consultatif? a voulu savoir la Chine.  La Citizens’ Alliance for North Korean Human Rights (République de Corée) a été priée par Cuba de s’expliquer sur le projet « Documentation » financé par le Canada.

Que fait Coptic Solidarity (États-Unis) pour préserver le patrimoine copte en Égypte?  Avec quel financement? a questionné le Pakistan.  Pourquoi le dossier de Database Center for North Korean Human Rights- NKDB (République de Corée) n’aboutit pas alors qu’elle l’a déposé en 2012? a demandé la Fédération de Russie.  Pourquoi l’ONG n’a pas répondu aux questions posées par le Comité?  Le dossier de cette organisation a été clos en 2014 sans préjudice car elle n’avait pas répondu aux questions posées lors des deux sessions précédentes, a indiqué le Service des ONGDemocracy Reporting International gGmbH (Allemagne) a été priée par la Chine d’utiliser le nom de Taiwan -province de Chine.

Combien de comités locaux sont membres d’Electronic Frontier Foundation, Inc. (États-Unis)? a demandé la Chine.  Quel genre de manifestations organise-t-elle?  Le Mexique a voulu savoir si l’ONG compte inclure le « concept de changement technologique rapide » dans son projet.  De quelle façon Eri-Platform (Belgique) va-t-elle contribuer à l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme? a questionné le NicaraguaCuba a voulu la liste des participants et des thèmes des séminaires que l’ONG a organisés.  Quelle part du budget va à la mise en œuvre des projets d’Ethiopian Genocide Committee 1935-1941, Inc. (États-Unis)? a demandé Cuba

Quels sont les projets de Family Planning NSW (Australie) à l’extérieur de l’Australie? a voulu savoir le Nicaragua.  Comment la Federal Bar Association (États-Unis) entend faire pour atteindre ses objectifs? a demandé la Chine.  Comment la Fundación Alianza por los Derechos, la Igualdad y la Solidaridad Internacional (Espagne) maintient son indépendance alors que 80% de son budget est assuré par le Gouvernement espagnol et l’Union européenne? s’est demandé la Chine.

Fundacja Otwarty Dialog (Pologne) a un déficit de plus de 10 000 dollars.  Est-ce que c’est toujours le cas? a demandé l’Inde, qui a aussi exigé les derniers états financiers de l’ONG.  Global One 2015 (Royaume-Uni) devra répondre à la question sur « l’éducation et l’agriculture islamiques » posée par la Libye.  Comment le projet « Box for Life » a été mené en Syrie?

Qu’a fait Gulf Centre for Human Rights- GCHR Limited (Irlande) pendant les manifestations organisées par les Nations Unies ou ses agences depuis 2015? a demandé Cuba.  La Fédération de Russie a voulu une liste complète des bénévoles de Humanitarian Tracker (États-Unis) et de leurs pays d’affectation.  Inimõiguste Instituut (Estonie) mène ses recherches avec le Ministère de la défense de l’Estonie? a interrogé la Fédération de Russie

Avec quelles organisations International Action Network for Gender Equity and Law (États-Unis) travaille-t-elle, elle qui se prétend « sans relation avec les gouvernements hôtes »? a demandé le Nicaragua.  Quel rôle le Comité consultatif de The International Association of Genocide Scholars, Inc. (États-Unis) joue-t-il dans le fonctionnement et l’administration de l’ONG? a voulu savoir l’Inde.  Qui sont les partenaires d’International Child Rights Center (République de Corée) en République de Corée, au Japon, en Chine et en République population démocratique de Corée? a voulu savoir la Chine

Quel est le partenariat qui lie International Civil Society Action Network, Inc. (États-Unis) au Comité contre le terrorisme de l’ONU? a voulu savoir la TurquieInternational Council on Monuments and Sites (France) International Medical Corps (États-Unis) ont été priées par la Chine d’utiliser le nom de Taiwan -province de Chine.  La Libye a demandé à l’ONG de préciser ses objectifs et ses actions. 

Dans quels autres pays International Organisation to Preserve Human Rights Ltd (Royaume-Uni) travaille-t-elle? a demandé la Fédération de Russie.  Elle a aussi voulu d’Interregional non-governmental human rights organization « Man and Law » (Fédération de Russie) des explications sur la manifestation relative à la consolidation de la paix qu’elle a organisée sur le territoire russe.  Le Pakistan a exigé que Jerusalem Institute of Justice (Israël) dévoile les sources de ses études.  

Les membres du Collectif de la Paix au Sri Lanka (France) à l’étranger sont-ils actifs dans leur pays respectif ou seulement à Sri Lanka? a demandé l’IndeMangfoldhuset (Norvège) consacre 91% de son budget à son loyer.  Comment peut-elle réaliser ses actions avec les 9% restants? s’est inquiétée la Turquie.  Comment s’est passé l’examen du dossier de Mother Helpage (Royaume-Uni) en 2014? a demandé l’Inde.

Qui sont les partenaires de Muslim Hands (Royaume-Uni) à Jérusalem? a voulu savoir IsraëlNational Committee On American Foreign Policy, Inc. (États-Unis) a été priée par la Chine d’utiliser le nom de Taiwan -province de Chine.  L’ONG a-t-elle mis en œuvre des projets en Amérique latine? a questionné Cuba.  Tous les membres de Now Action & Unity for Human rights- NAUH (République de Corée) ont-ils le droit de vote?  Comment les dirigeants sont-ils élus? a demandé la Fédération de Russie.

Quels sont les projets menés depuis 2018 par NK Watch (République de Corée) avec « National Endowement for Democracy »? a voulu savoir CubaPartners for Peace and Prosperity, Inc. (États-Unis) a été priée par le Burundi de donner les détails des réunions auxquelles elle a participé ces dernières années en Afrique.  Quelle organisation a donné des bourses à Partners for Progressive Israel (États-Unis)?  Qui en sont les bénéficiaires? a demandé la Chine.  

Dialogue avec les ONG  

Shaik Taher Azzawi Charity Organization (Libye) a dit travailler étroitement avec les Nations Unies et d’autres organisations internationales pour fournir une aide alimentaire aux déplacés et autres populations en détresse en Libye.  Nous mettons en place des écoles et autres structures d’appui aux jeunes gens ainsi que des services d’assainissement ou encore psychosociaux.  Notre budget, a dit l’ONG, « fluctue » en fonction des besoins et des dépenses.  Peut-on avoir des informations actualisées sur vos projets? a demandé le Nicaragua.  Pouvez-vous nous en dire plus sur votre participation à la table ronde sur les migrations? a demandé la Chine.  L’ONG a dit avoir fait une présentation sur son travail en cours en Libye.  Quelles sont vos relations avec « International Council for Voluntary Agencies »? a voulu savoir le Pakistan.  Nous nous parlons mais nous ne collaborons à aucun projet, a répondu l’ONG.

Inimõiguste Instituut (Estonie) s’est décrite comme une des ONG de défense des droits de l’homme les plus influentes en Estonie.  Elle a attiré l’attention sur une étude de 2013 qu’elle a fait distribuer aux membres du Comité.  Travaillez-vous avec d’autres gouvernements que le vôtre et celui de la Finlande? a demandé la Fédération de Russie.  Nous travaillons, a répondu l’ONU, avec un large éventail de partenaires dont l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe.  Mais nous ne coopérons avec aucun gouvernement.  Peut-on avoir vos états financiers les plus récents? a demandé la Fédération de Russie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Mme Amina Mohammed affirme que « le programme le plus audacieux de l’humanité » ne peut être réalisé sans une réponse régionale plus forte

Session de 2019,
16e et 17e séances plénières, Matin & après-midi
ECOSOC/6987

ECOSOC: Mme Amina Mohammed affirme que « le programme le plus audacieux de l’humanité » ne peut être réalisé sans une réponse régionale plus forte

Au second jour du débat consacré aux activités opérationnelles de la session de 2019 du Conseil économique et social (ECOSOC), la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a affirmé que « le programme le plus audacieux de l’humanité » -le Programme de développement durable à l’horizon 2030- ne pourra être réalisé sans une réponse régionale « plus forte ».

Mme Mohammed a pris part aux deux tables rondes de la journée, consacrées au renforcement du rôle des régions et à la place des bureaux multipays dans le nouveau système.  Au cours de la première discussion, elle a présenté les cinq recommandations du Secrétaire général concernant la restructuration des « atouts régionaux » des Nations Unies à l’appui du Programme 2030, telles que détaillées dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet.

Pour la Vice-Secrétaire générale, le lancement de cette réforme prouve au monde que l’ONU veut et est prête à changer.  La première proposition de M. António Guterres est la création de « plateformes régionales de collaboration » constituant un réseau unifié qui permettrait d’intégrer l’expertise éparpillée au sein des 145 bureaux régionaux de l’ONU (commissions régionales et organismes, fonds et programmes) présents dans 46 pays.

En deuxième lieu, il prévoit de mettre en place, dans chaque région, un grand « centre de gestion des connaissances » en regroupant les compétences techniques sectorielles et intersectorielles dans le but de répondre aux nouveaux besoins nationaux en données dans le contexte du Programme 2030.

Troisièmement, le Secrétaire général entend améliorer la transparence et la gestion axée sur les résultats à l’échelon régional.  Quatrièmement, il propose de fédérer, au niveau régional, les services administratifs de diverses entités en favorisant par exemple le partage de bureaux.  Et enfin, il suggère de passer à un processus de gestion région par région, afin de consolider les capacités concernant les données et d’autres fonctions analytiques, et de réduire ainsi les doublons tout en créant des synergies dans le travail. 

Mme Mohammed a souligné que les discussions d’aujourd’hui et des jours qui suivront devraient permettre d’enrichir les propositions du Secrétaire général et de développer un plan de mise en œuvre par région.  Elle a ajouté, à l’endroit des délégations, qu’« en fin de compte, nous partageons tous les mêmes attentes au niveau régional, à savoir plus de résultats pour les gens et un meilleur rapport qualité-prix ». 

Malgré ces explications, « c’est le flou qui persiste », a relevé M. Pieter Leenknegt, de l’Agence belge de développement.  Il a indiqué par exemple que l’on ne se sait pas bien si les mécanismes existants seront fusionnés avec les nouveaux, ou alors s’ils vont tout simplement disparaître.  À sa suite, le Brésil a demandé plus de détails sur les propositions du Secrétaire général, alors qu’El Salvador a voulu savoir à qui les États doivent s’adresser pour d’éventuels éclaircissements.  Les États-Unis ont, pour leur part, demandé plus de détails sur l’engagement des coordonnateurs résidents avec la plateforme régionale envisagée.

L’Union européenne a aussi fait observer que l’on ne sait pas encore exactement « ce que font ces centaines de fonctionnaires onusiens dans les 145 bureaux régionaux », ni comment on pourra éviter des chevauchements.  Des plans de travail vont être élaborés, a répondu le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la réforme, M. Jens Wandel.  C’est, d’après lui, lors de la prochaine étape que l’on arrivera à une efficacité renforcée. 

Au vu de toutes ces préoccupations soulevées par plusieurs autres délégations, le représentant du Bangladesh a suggéré d’organiser une discussion avec les États Membres afin d’apporter les éclaircissements nécessaires.  À ce propos, M. Wandel a promis que le Secrétariat allait travailler en collaboration étroite avec les États Membres dont la contribution est véritablement attendue.  « Réformer un système complexe est déjà en soi une tâche complexe », a reconnu M. Ibrahim Mayaki, Secrétaire exécutif du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). 

Mme Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), s’est souvenue qu’au lancement de la réforme, c’est comme « un mur qui est tombé », ce qui a permis aux commissions régionales de renforcer leur collaboration avec les agences et les équipes de pays. 

Dans l’après-midi, les délégations ont discuté de l’amélioration des bureaux multipays, dans un contexte où 38 des 41 pays couverts par ces bureaux sont des petits États insulaires en développement (PEID).  La Vice-Secrétaire générale a déclaré qu’il était urgent de renforcer ces bureaux afin de tenir l’engagement du Programme 2030 à « ne laisser personne de côté ».  C’est pourquoi des consultations exhaustives sur l’action des bureaux multipays ont été menées, qui ont conclu à l’inadéquation de l’appui fourni par le système des Nations Unies pour le développement par rapport aux défis et aux attentes de ces pays. 

C’est dans ce contexte que le Secrétaire général a proposé que les bureaux multipays fournissent un appui plus adapté aux États Membres, en tenant compte de leurs besoins spécifiques.  Ainsi, pour la première fois, l’ONU va établir un bureau dans la région du Pacifique Nord et renforcer sa présence dans les Caraïbes, a précisé Mme Mohammed en signalant que les fonds nécessaires ne seraient pas prélevés sur le budget ordinaire de l’ONU mais tirés des ressources extrabudgétaires.  Par ailleurs, le Secrétaire général a demandé à l’Économiste en chef des Nations Unies de commencer son travail avec les institutions régionales afin de permettre un accès plus complet des PEID aux programmes d’aide au développement de l’ONU, par exemple dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. 

Le segment des activités opérationnelles pour le développement se poursuivra et prendra fin demain, jeudi 23 mai.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Pour une architecture régionale efficace: table ronde sur la voie à suivre

Cette session a permis d’examiner les recommandations concernant le reprofilage et la restructuration à plus long terme des ressources régionales des Nations Unies dans différentes régions.  En effet, l’ONU compte environ 10 700 personnes et 1,6 milliard de dollars de dépenses dans les régions afin d’aider les États Membres à atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030. 

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a d’abord présenté les recommandations du Secrétaire général concernant la restructuration des atouts régionaux des Nations Unies à l’appui du Programme 2030, contenues dans le rapport A/74/73–E/2019/14.  Renforcer la réponse régionale est crucial pour aider les pays à réaliser le Programme 2030, a-t-elle affirmé, soulignant notamment le caractère transfrontalier de nombreux défis: les changements climatiques, le commerce et les questions de santé, pour n’en citer que quelques-uns.  Ainsi, le Secrétaire général a-t-il fait cinq recommandations pour renforcer l’efficacité de la collaboration entre les entités au niveau régional. 

Premièrement, il a proposé la création d’une plateforme régionale de collaboration unifiée des Nations Unies afin d’intégrer l’expertise éparpillée au sein des entités onusiennes, pour soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Cette plateforme fonctionnera comme un « mécanisme qui unifie » pour exploiter les atouts régionaux et traduire les résultats de forums régionaux pour le développement durable en réponses concrètes pour les entités régionales.  Le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) devrait assurer le secrétariat de la plateforme de collaboration en travaillant avec les commissions économiques régionales.

En deuxième lieu, le Secrétaire général prévoit de mettre en place dans chaque région un grand centre de gestion des connaissances en regroupant les compétences techniques sectorielles et intersectorielles.  Il s’agira de recenser les compétences disponibles dans les régions et permettre aux États d’y accéder plus aisément pour répondre aux nouveaux besoins nationaux dans le contexte du Programme 2030.

Troisièmement, le Secrétaire général entend améliorer la transparence et la gestion axée sur les résultats à l’échelon régional.  Quatrièmement, il propose de fédérer, au niveau régional, les services administratifs de diverses entités en favorisant par exemple le partage des bureaux.  Le but est de gagner en efficacité sur le plan administratif tout en faisant des économies, mais pas de réduire les capacités.  Les ressources économisées pourront être affectées au financement des besoins de développement durable prioritaires dans chaque région.

Cinquièmement, le Secrétaire général suggère de passer à un processus de gestion « région par région » afin de consolider les capacités concernant les données et d’autres fonctions analytiques, et de réduire les doublons tout en créant des synergies dans le travail.  Il faut en effet des approches taillées non seulement pour les besoins et spécificités de chaque région, mais aussi pour gérer ce qu’elles ont en commun. 

Si les cinq propositions devraient bénéficier de manière égale à toutes les régions, leur mise en œuvre devra cibler les défis et opportunités spécifiques de chacune dans le contexte de la réalisation du Programme 2030, a précisé la Vice-Secrétaire générale.  Elle a souligné que les discussions d’aujourd’hui et des jours qui suivront permettraient d’enrichir les propositions du Secrétaire général et de développer un plan de mise en œuvre par région.  Les précédentes réformes ciblaient davantage les pays sans tenir compte des blocages structurels entravant l’efficacité des réponses régionales, a-t-elle remarqué. 

Mme Mohammed a reconnu que des « anxiétés naturelles » des États Membres avaient parfois constitué des obstacles aux réformes, mais cette fois-ci, a-t-elle affirmé, elle est convaincue que le contexte est unique et que le programme le plus audacieux de l’humanité -les objectifs de développement durable- ne peut être réalisé sans une réponse régionale plus forte.  De son avis, le lancement de cette réforme prouve au monde que l’ONU veut et est prête à changer.  « En fin de compte, nous partageons tous les mêmes attentes au niveau régional, à savoir plus de résultats pour les gens et un meilleur rapport qualité-prix. »  Selon Mme Mohammed, l’ONU a les atouts et l’expertise nécessaires pour y parvenir, mais elle a besoin de volonté politique et de leadership à tous les niveaux pour avancer. 

À la suite de cet exposé, l’animateur de la table ronde, M. IBRAHIM MAYAKI, Secrétaire exécutif du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et ancien Premier Ministre du Niger, a invité les panélistes à expliquer comment les régions peuvent aider dans la réalisation des objectifs de développement durable. 

Le Représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies, M. MASUD BIN MOMEN, a relevé que les commissions régionales de l’ONU sont une source de compétence qui peut être exploitée.  Il a estimé qu’un mécanisme plus unifié dans les régions pourrait renforcer la collaboration.  Les plateformes régionales de collaboration des Nations Unies proposées par le Secrétaire général pourraient venir simplifier les opérations, a-t-il ajouté, soulignant les chevauchements actuels entre les mandats de plusieurs entités onusiennes au niveau régional et dans les pays.  Il a aussi insisté sur l’importance de l’appropriation nationale des projets de développement. 

S’exprimant au nom de toutes les commissions régionales, Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), s’est souvenue qu’au lancement de la réforme, c’est comme « un mur qui est tombé », ce qui a permis aux commissions régionales de renforcer leur collaboration avec les agences et les équipes de pays.  Chaque commission régionale compte désormais un forum régional pour le développement durable.  C’est un cadre qui permet des débats multidisciplinaires sur les objectifs de développement durable.  Il faut, a-t-elle suggéré, qu’il y ait des coalitions régionales thématiques.  Par exemple, créer une plateforme sur le travail décent avec en tête de file l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Mme Bárcena a estimé que chaque région pouvait établir ces coalitions en fonction des thématiques majeures, tout en ayant des plateformes transversales sur des sujets comme l’égalité des genres. 

Mme Bárcena a également évoqué le projet de centres régionaux de connaissances.  Elle a indiqué tout d’abord que les pays de la CEPALC avaient choisi de travailler avec 158 indicateurs de suivi sur les 230 prévus pour évaluer la réalisation des objectifs de développement durable.  Ce choix, a-t-elle expliqué, cristallise les priorités majeures de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Ainsi, les centres régionaux de connaissances pourraient permettre de centraliser les données régionales produites et ainsi faciliter le suivi du Programme 2030.  Elle s’est aussi félicitée du fait que les commissions régionales avaient pu faire des économies: leur coût de fonctionnement ne représente désormais que 1% du budget des activités de développement des Nations Unies. 

Allant dans le même sens, M. MOURAD WAHBA, Administrateur assistant et Directeur du Bureau régional pour les États du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a confirmé que « la régionalisation des efforts » au sein du système des Nations Unies pour le développement s’imposait: elle permettra notamment un gain financier substantiel par la mise en commun des initiatives.  Il a demandé une intégration des volets politique et opérationnel pour une plus grande efficacité de cette nouvelle approche régionale, notamment en vue de soutenir le système redynamisé de coordonnateurs résidents. 

Il faut que le système d’appui des pays aux régions soit « plus transparent », a réclamé pour sa part M. JENS WANDEL, Conseiller spécial du Secrétaire général pour la réforme.  Il a expliqué que le but de la réforme était de se servir des capacités des Nations Unies au niveau régional afin de mettre sur pied un leadership fonctionnel qui soit mieux à même de gérer les défis.  Il faut, dans toutes ces initiatives, tenir compte des spécificités régionales et des atouts qui leur sont propres, a-t-il suggéré. 

M. PIETER LEENKNEGT, Chef d’unité à l’Agence belge de développement, a reconnu que le but de la réforme était, à la base, de pallier les lacunes structurelles.  Mais, force est de constater que « c’est le flou qui persiste », a-t-il relevé.  Par exemple, a-t-il argumenté, on ne se sait pas bien si les mécanismes existants seront fusionnés avec les nouveaux, ou alors s’ils vont tout simplement disparaître.

Les échanges interactifs avec la salle ont ensuite révélé nombre de préoccupations et de complaintes de la part des États Membres.  D’entrée de jeu, la Palestine, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a demandé que les États Membres soient consultés dans toutes les discussions concernant les approches régionales.  Étant donné que le BCAD assurera le secrétariat des plateformes de collaboration, le Groupe a voulu savoir quelle serait la place dévolue aux commissions économiques régionales dans cette nouvelle architecture. 

Le Brésil a demandé des détails sur les cinq propositions du Secrétaire général, notamment leurs conséquences sur le travail des régions.  Il a demandé, avec El Salvador, à qui les États doivent s’adresser pour d’éventuels éclaircissements.  Les États-Unis ont pour leur part demandé plus de détails sur l’engagement des coordonnateurs résidents avec la plateforme régionale, ainsi que des précisions sur le mémorandum d’entente prévu entre la nouvelle structure régionale et les pays.  La délégation américaine a aussi fait remarquer que connaître le nombre de fonctionnaires travaillant au niveau régional n’était pas suffisant pour comprendre les fonctions de chacun ni pour savoir comment les doublons sont évités.  L’Union européenne (UE) a enchaîné en faisant observer que l’on ne sait pas encore exactement « ce que font ces centaines de fonctionnaires onusiens dans les 145 bureaux régionaux » ni comment éviter des chevauchements. 

Des plans de travail vont être élaborés, a répondu M. Wandel, le Conseiller spécial du Secrétaire général, en expliquant que c’est à la prochaine étape que l’on pourra parvenir à une efficacité renforcée. 

La France a dit attendre de voir comment se manifesterait l’efficacité de cette réforme régionale dans la gestion de l’épidémie d’Ebola en Afrique et la crise multiforme du Sahel.

La Norvège a voulu savoir si les commissions régionales allaient désormais travailler directement avec les coordonnateurs ou alors poursuivre leur appui directement aux pays.  De son côté, l’Afrique du Sud s’est interrogée sur l’existence ou non d’une plateforme en ligne où les pratiques optimales des commissions régionales seront partagées.  Son collègue de la Fédération de Russie a émis des réserves quant au site devant abriter un centre de coordination régionale pour l’Europe, rappelant que Genève serait le lieu approprié.

L’Allemagne s’est souvenue, avec d’autres délégations, qu’hier, le Secrétaire général avait déclaré que la dimension régionale, « c’est le chaos ».  La Suisse a dit de ne pas se perdre et de s’en référer « aux objectifs que nous nous sommes fixés afin de garder le cap ».  Le représentant du Bangladesh a suggéré, au vu de toutes ces préoccupations soulevées, qu’une discussion avec les États Membres devait être organisée afin d’apporter les éclaircissements nécessaires.  Pour Cuba, il est surprenant que ce soit la première fois qu’un échange ait lieu sur ce sujet pour le moins important.  La déléguée de la Turquie n’a pas caché sa frustration devant les contraintes de temps, alors même que « les États Membres ont besoin de réponses face à leurs préoccupations ». 

M. Leenknegt, de l’Agence belge de développement, a résumé les débats en relevant que même après une séance riche en informations, la nouvelle approche régionale demeure « une énigme ».  Pourtant, « la répartition des tâches entre différentes structures visait à surmonter les lacunes ». 

Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la réforme, M. Wandel, a expliqué que la future plateforme régionale viendrait rompre avec la lourdeur bureaucratique actuelle au sein des régions.  Il a promis que le Secrétariat allait travailler en collaboration étroite avec les États Membres dont la contribution est véritablement attendue.  « Réformer un système complexe est déjà en soi une tâche complexe », a reconnu l’animateur du débat, M. Mayaki, qui a dit espérer que des consultations avec toutes les parties prenantes accompagneraient ce processus tout au long de la mise en route. 

Examen des bureaux multipays

Alors que 38 des 41 pays couverts par des bureaux multipays des Nations Unies sont des petits États insulaires en développement (PEID), la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a déclaré qu’il était urgent de renforcer les bureaux multipays afin de tenir notre engagement à « ne laisser personne de côté ».  Le Secrétaire général a déployé des efforts importants pour trouver des façons de renforcer le travail de l’ONU tout en assurant la mise en œuvre du nouveau système de coordonnateurs résidents, a-t-elle assuré. 

À cette fin, des consultations exhaustives sur l’action des bureaux multipays ont été menées auprès de 15 pays et de 500 personnes de tous les horizons.  En outre, tous les pays couverts par les bureaux ont été consultés, de même que le Comité de coordination avec les États Membres.  Cela fait des décennies que les pays couverts par les bureaux multipays demandaient la tenue d’un tel examen, a reconnu Mme Mohammed, pour qui le Programme 2030 et les Orientations de Samoa nécessitent aussi un appui renforcé de l’ONU aux États, notamment aux PEID.  Les entretiens menés dans le cadre de cet examen ont démontré que l’appui fourni par le système des Nations Unies pour le développement n’est pas adapté aux défis et aux attentes des pays. 

Le Secrétaire général a donc proposé que les bureaux multipays fournissent un appui plus adapté aux États Membres, en tenant compte de leurs besoins spécifiques.  Nous devons également prendre des mesures pour renforcer le leadership des Nations Unies en la matière, notamment avec le système des coordonnateurs résidents et des bureaux multipays adaptés, par le biais d’un recrutement ciblé.  Nous devons également augmenter les ressources allouées aux bureaux multipays, de sorte que le système onusien puisse couvrir adéquatement tous les pays qui en dépendent.  Pour la première fois, nous allons établir un bureau dans la région Pacifique Nord et renforcer notre présence dans les Caraïbes, a précisé Mme Mohammed en signalant que les fonds nécessaires ne seraient pas prélevés sur le budget ordinaire de l’ONU mais seraient tirés des ressources extrabudgétaires.  De plus, nous allons travailler de concert avec les entités du système des Nations Unies, en accordant une attention particulière aux capacités politiques, a-t-elle ajouté. 

Le Secrétaire général a demandé à l’Économiste en chef des Nations Unies de commencer son travail avec les institutions régionales afin de permettre un accès plus complet des PEID aux programmes d’aide au développement de l’ONU.  La Vice-Secrétaire générale a dit avoir l’intention de surmonter le problème de changement de classement des pays.  Il faut donc mettre en œuvre une aide ciblée pour chaque pays, afin que les bureaux multipays deviennent des partenaires fiables et efficaces, a-t-elle recommandé.  Alors que le Secrétaire général revient justement d’une mission dans le Pacifique, Mme Mohammed s’est dite convaincue que cet examen sera l’occasion de faire en sorte que l’ONU puisse appuyer les PEID dans leur lutte contre les changements climatiques et pour la réalisation du Programme 2030. 

La modératrice de la discussion, Mme MIRGUL MOLDOISAEVA, Représentante permanente du Kirghizistan auprès des Nations Unies, a rappelé que l’examen des bureaux multipays avait porté en premier lieu sur les défis spécifiques des PEID et sur le renforcement des capacités des bureaux multipays, notamment dans le nord du Pacifique et dans les Caraïbes. 

L’examen des bureaux multipays est en effet essentiel à la mise en œuvre du Programme 2030, a déclaré la Représentante permanente des Maldives auprès des Nations Unies et membre du Bureau de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme THILMEEZA HUSSAIN.  Toutefois, le manque de financement des programmes de développement a pour effet d’entraver l’action des agences de l’ONU ainsi que la mise en œuvre du Programme 2030 et des Orientations de Samoa.  Pour pallier ces difficultés, il faut renforcer les capacités des pays en matière de développement durable, en tenant compte des circonstances spécifiques des différents pays.  Elle a donc invité les États Membres à poursuivre l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa, qui se déroule cette année. 

Les bailleurs de fonds ont déjà fait part de leur intention de contribuer à la réalisation des Orientation de Samoa et du Programme 2030, a souligné Mme GUNILLA OLSSON, Chef de l’Équipe de transition du système des Nations Unies pour le développement

En tant que PEID, le Vanuatu a un besoin « vital » d’un appui accru de la part des bureaux multipays, a souligné M. ODO TEVI, Représentant permanent du Vanuatu auprès des Nations Unies.  Bien que son pays ait pris des mesures d’adaptation aux changements climatiques, il ne saurait y arriver seul, a-t-il reconnu.  Toutefois, a continué M. Tevi, nous ne savons pas exactement comment accéder à l’expertise politique et technique dispensée par les bureaux, ni aux politiques relatives à l’économie verte. 

Selon lui, il revient aux pays de s’approprier les politiques de développement, en coopération avec les équipes des Nations Unies.  Il s’est dit confiant à cet égard que l’ouverture d’un bureau multipays dans le Pacifique Nord aurait des conséquences positives sur le développement des États de la région.  Au cours des prochaines années, le financement et le renforcement des capacités seront au cœur de ces efforts. 

Les États du Pacifique Nord sont en effet très éloignés du bureau multipays, qui se trouve aux Fidji, a précisé la Représentante permanente des Maldives, ce qui entraîne des coûts prohibitifs pour les États concernés.  La question de la distribution géographique a d’ailleurs été traitée lors de l’examen.  En outre, la plupart des PEID sont des pays à revenu intermédiaire, ce qui limite leur accès au financement, et donc au développement, et leur capacité à faire face aux catastrophes naturelles. 

Alors qu’approche l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa, il est essentiel de faire en sorte de ne laisser personne sur le côté, a approuvé Mme FEKITAMOELOA KATOA ‘UTOIKAMANU, Haut-Représentante des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement.  Pour elle, seules les consultations menées avec les États concernés sont à même de conduire à des actions efficaces et pertinentes.  Elle a réaffirmé son intention d’identifier les lacunes en matière de financement afin de trouver des solutions profitables à tous.  À cet égard, l’examen des Orientations de Samoa et celui des bureaux multipays sont à ses yeux des occasions à ne pas manquer. 

Prenant la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Barbade, rejointe par Trinité-et-Tobago, a regretté la publication tardive du rapport consacré aux bureaux multipays, qui a laissé peu de temps aux États pour préparer leurs interventions.  De même, elle a critiqué le faible nombre de pays qui ont été visités dans le cadre de l’étude sur les bureaux.  Le rapport, a relevé la représentante, souligne que les fonds et programmes des Nations Unies dans la région des Caraïbes ont en moyenne moins de cinq employés, ce qui démontre que nous ne sommes pas servis adéquatement, et que les pays les plus vulnérables sont les moins bien servis.  Elle a dit s’attendre à une augmentation du financement pour la région, et à la mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport. 

Abondant dans le même sens, Antigua-et-Barbuda a dit avoir eu le sentiment, en parcourant le rapport, que les convictions de sa délégation ont été mises de côté au profit de décisions déjà prises.  Selon son représentant, le processus d’examen des bureaux multipays a commencé plus tard que souhaité.  En outre, cet examen aurait dû porter sur un plus grand nombre de pays.  Bien que les recommandations soient valables, d’autres gagneraient à être clarifiées, notamment celles ayant trait au financement, a-t-il estimé. 

Reconnaissant, comme la Chine, que les PEID font face à des défis spécifiques, Trinité-et-Tobago a prôné la mise en place d’une allocation additionnelle pour ces pays, dans la foulée de la refonte du système des Nations Unies pour le développement, qui doit être mis à la hauteur des enjeux.

Les PEID représentent 20% des États Membres, a rappelé le représentant de la Nouvelle-Zélande.  « Avançons donc sur les points sur lesquels nous sommes d’accord et poursuivons nos discussions sur les autres », a-t-il suggéré, en encourageant les États à bien comprendre ce « nouvel écosystème » avant d’agir.  Cet examen constitue un point de départ, et non une fin en soi, a-t-il conclu.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale confirme l’appartenance de l’archipel des Chagos à Maurice et exige du Royaume-Uni le retrait de son Administration dans les six mois

Soixante-treizième session,
83e séance plénière - matin
AG/12146

L’Assemblée générale confirme l’appartenance de l’archipel des Chagos à Maurice et exige du Royaume-Uni le retrait de son Administration dans les six mois

L’Assemblée générale, qui a décidé aujourd’hui de célébrer en 2020 le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, a par ailleurs confirmé, en présence du Premier Ministre de Maurice, que l’archipel des Chagos fait partie intégrante du territoire mauricien et exigé le retrait de l’Administration britannique dans un délai maximum de six mois.

Présentée par le Sénégal, au nom du Groupe des États d’Afrique, la résolution* intitulée « Avis consultatif de la Cour international de Justice (CIJ) sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965 » a été adoptée par 116 voix pour et l’opposition de l’Australie, des États-Unis, de la Hongrie, d’Israël, des Maldives et du Royaume-Uni, et 56 absentions.  

Dans ce texte, l’Assemblée générale « affirme », conformément à l’avis de la CIJ, que l’archipel des Chagos fait partie intégrante du territoire mauricien et que son maintien sous l’Administration du Royaume-Uni constitue un fait « illicite » qui engage la responsabilité internationale de ce dernier, tenu d’y mettre fin dans un délai maximum de six mois.  Le détachement de l’archipel n’ayant pas été fondé sur l’expression « libre et authentique » de la volonté du peuple mauricien, la décolonisation de Maurice n’a pas été « validement » menée à bien, souligne l’Assemblée générale.

Pendant très longtemps, a rappelé le Sénégal, l’Afrique a été victime de la colonisation et de l’esclavage.  Or, perpétuer un état de décolonisation « inachevée » n’est certainement pas compatible ni avec la Charte ni avec le droit international.  Le Sénégal est revenu sur l’historique des démarches de l’Union africaine pour permettre à un de ses États membres d’exercer sa propre souveraineté sur l’ensemble de son territoire, conformément au droit international.  S’exprimant avant le vote, il a exhorté tous les États à faire le « choix de la justice et du respect de l’état de droit » afin d’aider l’Afrique à surmonter « les traumatismes d’un douloureux passé colonial ».  Au nom du Mouvement des pays non alignés, le Venezuela a réaffirmé son soutien « inébranlable » à la décolonisation et au respect du droit à l’autodétermination.  

Le Premier Ministre de Maurice, M. Pravind Kumar Jugunauth, s’est félicité de l’avis « historique » de la CIJ, un avis consultatif « clair, sans ambiguïté aucune et qui ne laisse de place ni au doute ni à l’interprétation », tout en rejetant qu’un document signé entre un colon et un colonisé peut être considéré comme « un accord international ».  Le Chef du Gouvernement mauricien a insisté sur la disposition qui dit: « la question de la réinstallation des nations aux mauriciens, y compris ceux d’origine chagossienne, doit être examinée sans tarder lors du parachèvement du processus de décolonisation ».

Victime d’un « crime contre l’humanité », a poursuivi le Premier Ministre, les Chagossiens ont fait l’objet d’un programme de réinstallation, écarté immédiatement par le Gouvernement britannique.  Il a critiqué les raisons sécuritaires avancées du Royaume-Uni, qui explique le contrôle du territoire par la nécessité de faire barrage au terrorisme.  Nous saurons défendre notre territoire, a assuré le Premier Ministre.

Pour nous, a réitéré aujourd’hui le Royaume-Uni, la stabilité et la sécurité de l’océan Indien sont « cruciales ».  Il a argué de la position du détroit de Malacca par lequel en 2017, des navires ont transité plus de 84 000 fois et du golfe d’Aden par lequel passe, chaque année, le huitième du commerce maritime mondial.  Les infrastructures de défense américano-britanniques dont la base de Diego Garcia jouent un rôle « vital » dans la protection de nos alliés et amis, y compris Maurice, a souligné le Royaume-Uni.  Ces infrastructures sont essentielles pour la lutte contre le terrorisme, les drogues, la criminalité et la piraterie. 

L’archipel des Chagos relève d’un différend de souveraineté « bilatéral » qui n’est en aucun cas une question de « décolonisation », a conclu le Royaume-Uni, arguant du caractère « juridiquement non contraignant » de l’avis consultatif de la CIJ.  Ce qui est contraignant, c’est l’accord de 1965 en vertu duquel Maurice a cédé l’archipel en échange de compensations financières.     

Le Royaume-Uni doit tirer les bonnes leçons de l’avis de la CIJ, a commenté l’Argentine, en appuyant la résolution aux côtés du Nicaragua, de la Syrie, de Chypre et de la Namibie.  Comment peut-on solliciter l’avis de la Cour sans consulter l’autre partie? se sont étonnés les États-Unis, devant « une mauvaise interprétation » des fonctions consultatives de la CIJ.  La juridiction de la Cour, a renchéri l’Australie, appuyée par Israël, ne devrait pas être invoquée pour statuer sur des différends bilatéraux et il ne revient certainement pas à l’Assemblée générale de faire appliquer un avis non contraignant, dans un délai « déraisonnable ».  La résolution adoptée aujourd’hui est « un précédent dangereux », ont dit craindre les États-Unis, en écho aux propos du Royaume-Uni.

Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de faire le tri des avis consultatifs à respecter ou à ne pas respecter, ont répliqué les Seychelles, qui abritent une communauté chagossienne et, s’agissant de la sécurité de l’océan Indien, l’Inde a pressé les gouvernements concernés d’arriver à une entente mutuellement acceptable sur cette « question distincte ».  Singapour a aussi demandé aux parties de régler leur différend « sans délai artificiel ».  De tels problèmes ne peuvent être résolus que par un dialogue bilatéral, a prévenu le Royaume-Uni « sincèrement désolé » de la manière dont les Chagossiens ont été expulsés de leur territoire en 1970.  Profitant de l’occasion pour répondre à l’Argentine, il a confirmé que rien ne changera dans le statut des îles Falkland tant que les habitants de ce territoire n’auront pas changé d’avis.

Les Émirats arabes unis ont, à leur tour, saisi cette occasion pour dénoncer la colonisation iranienne des Petite et Grande-Tounb et d’Abou Moussa.  Ces accusations sont infondées et hors sujet, s’est impatienté l’Iran, rappelant que ces îles étaient iraniennes bien avant la constitution des Émirats arabes unis.  La Finlande a confirmé sa position de principe qui consiste à respecter en tout temps le droit international.  La Fédération de Russie a fait de même, tout en doutant de la compétence de la Cour sur un différend bilatéral.  La Cour reconnaît d’ailleurs, a décelé la Chine, que sa saisine se base sur le consentement des pays concernés.

Le rôle de la CIJ a été applaudi par l’Autriche, l’Indonésie, le Portugal et le Liechtenstein, qui a avoué avoir souhaité un engagement « plus fort » de Maurice en faveur du retour des Chagossiens.  La Suisse et la Thaïlande se sont dites confiantes quant à la perspective d’une solution constructive.  Le Costa Rica, qui a rappelé avoir renoncé à une armée depuis plus de 60 ans, s’est dit convaincu que les différends peuvent toujours être réglés par le dialogue et la compréhension mutuelle.  Le Canada a également lancé des encouragements au dialogue.

La Turquie a dit s’être abstenue au motif que la CIJ ne devrait pas traiter de différends bilatéraux.  La résolution, a estimé la Nouvelle-Zélande, autre abstentionniste, a été adoptée en « trop peu de temps », étant donné que la Cour n’a rendu son avis que le 25 février dernier.  Les négociations entre les deux doivent reprendre pour prévenir toute menace à la sécurité et la paix internationales, a exhorté le Japon, lequel s’est aussi abstenu comme le Chili, qui a estimé que la question ne saurait en effet être réglée par une résolution de l’Assemblée générale.

Après ce débat au cours duquel Maurice, l’Argentine et le Royaume-Uni ont exercé leur droit de réponse, l’Assemblée générale a décidé**, pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Conférence de Beijing) et accélérer les progrès sur la voie de l’égalité femmes-hommes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles, de tenir en marge du débat général de sa soixante-quinzième session une réunion de haut niveau d’une journée dont les conclusions seraient présentées sous la forme d’un résumé de la présidence.  L’année prochaine, a dit le Kenya, en présentant la résolution, nous évaluerons les progrès accomplis aux niveaux local, national, régional et international.  À ce jour, a reconnu la Présidente de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, aucun pays n’est parvenu à l’égalité entre les sexes.  À ce rythme actuel, il faudra plus de 208 années pour y arriver.  Elle a annoncé qu’elle nommera des facilitateurs pour que la réunion de haut niveau débouche sur une accélération effective des progrès et envoie un message « percutant ».

*A/73/84/Rev.1

**A/73/L.86

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: sur fonds d’escalade des tensions, les États-Unis et Israël remettent en cause la raison d’être de l’UNRWA en Palestine

8532e séance – matin
CS/13820

Conseil de sécurité: sur fonds d’escalade des tensions, les États-Unis et Israël remettent en cause la raison d’être de l’UNRWA en Palestine

En l’absence quasi-complète d’horizon politique au conflit israélo-palestinien et dans un contexte d’escalade de la violence sans précédent depuis 2014, la poursuite des services de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) joue un rôle crucial « en termes de dignité humaine et de stabilité régionale », a affirmé, ce matin, son Commissaire général, M. Pierre Krähenbühl, devant le Conseil de sécurité qui se penchait sur la situation au Moyen-Orient et de la question palestinienne.

Même si ce point de vue a été très largement partagé ce matin, les États-Unis n’ont pas caché leur scepticisme en estimant que « le moment est venu de reconnaître que le modèle de l’UNRWA a échoué pour le peuple palestinien.  Son modèle économique, qui est intrinsèquement lié à une communauté de bénéficiaires en expansion sans fin et exponentielle, est en crise permanente », a argué le délégué américain, justifiant ainsi la décision américaine de ne plus financer l’Office qui fonctionne sur des contributions volontaires.

À ce sujet, le Commissaire général a remercié la mobilisation sans précédent de la communauté internationale qui a permis à l’Office de sortir de son déficit financier en 2018 en dépit des coupes budgétaires américaines inattendues.  Pour 2019, il a compté de nouveau sur un fort soutien, précisant que l’UNRWA a besoin de 1,2 milliard de dollars pour l’ensemble de ses opérations.  Optimiste, il a espéré pouvoir couvrir le budget 2019 à condition que chaque donateur maintienne son niveau de financement actuel.  Pour cela, le Commissaire général leur a donné rendez-vous le 25 juin à New York pour la prochaine conférence d’annonce de contributions. 

Pour sa part, la délégation américaine a trouvé « ironique » que cette conférence tombe au même moment que la tenue de l’« atelier » économique que les États-Unis prévoient d’organiser à Bahreïn pour encourager les investissements en Palestine.  Le Commissaire général a rétorqué qu’il s’agissait d’une conférence annuelle dont la date a été fixée à l’avance, en 2018.

Pour les États-Unis, l’UNRWA n’est qu’un « sparadrap », et les Palestiniens qui utilisent ses services méritent mieux, « beaucoup mieux ».  Ainsi la nouvelle approche américaine part du principe que rien n’empêche la communauté internationale de choisir de tendre la main aux Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés pour répondre de manière durable à leurs besoins quotidiens très réels, tout en continuant d’œuvrer pour une paix durable et globale, et cela en dehors du cadre de l’UNRWA.  L’atelier à Bahreïn marquera la première étape de ce processus et, comme l’a dit le délégué américain, « ce serait une erreur pour les Palestiniens de ne pas nous rejoindre.  Ils n’ont rien à perdre et beaucoup à gagner ».

La réponse de la partie palestinienne ne s’est pas fait attendre puisque l’Observatrice de l’État de Palestine a rétorqué qu’en effet « nous avons besoin de nouveaux efforts et d’un nouvel élan pour dépasser l’impasse politique suffocante, mais nouveaux ne signifie pas se faire marcher dessus et remettre en cause un consensus international de longue date ».  Le peuple palestinien a fait ses preuves il y a plus de 30 ans, a-t-elle rappelé, lorsqu’il a accepté la solution des deux États dans les frontières de 1967, soit seulement 22% de son territoire ancestral.  « Nous avons négocié de bonne foi pendant des décennies et coopéré avec tous les efforts de paix crédibles, et nous avons fermement cru au multilatéralisme et au dialogue en tant qu’outils essentiels pour parvenir à une paix juste et durable », a poursuivi l’intervenante.  Cependant, « les hypothèses selon lesquelles des pressions financières et politiques pourraient nous obliger à faire des compromis injustes sont, au mieux, erronées et, au pire, cyniques et destructrices », s’est-elle indignée, en martelant qu’une solution juste et morale ne saurait être trouvée dans un contexte d’occupation, d’annexion et de violation des droits de l’homme.  De plus, l’UNRWA reste une source « vitale » d’aide pour son peuple.

Son homologue israélien a dénoncé la position « contradictoire » du Président palestinien qui dit appuyer la solution des deux États tout en revendiquant le droit au retour pour 5 millions de Palestiniens « puisque cela équivaudrait purement et simplement à rayer Israël de la carte ».  Tout comme les États-Unis, Israël considère que l’UNRWA est en partie l’artisan de cette situation puisqu’il admet que le statut de réfugié palestinien soit transmis de génération en génération, « un traitement de faveur accordé aux réfugiés palestiniens ».  C’est ce qui explique pourquoi leur nombre est passé de 750 000 en 1952, date de la création de l’Office, à plus de cinq millions aujourd’hui.  En plus d’accuser l’UNRWA d’être un organisme « politique », puisque tous les autres réfugiés au monde dépendent du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le représentant lui a également reproché un rôle direct et biaisé dans la prolongation de ce conflit en manipulant l’ampleur du problème des réfugiés.

Ces accusations « fallacieuses » lui ont valu une mise au point circonstanciée du Commissaire général qui a précisé que l’UNRWA ne fait ni plus ni moins qu’appliquer le droit international et la définition du HCR, selon laquelle les réfugiés et leurs descendants sont considérés comme tels « aussi longtemps qu’une solution durable n’a pas été trouvée à leur situation ».

Pour M. Krähenbühl, la longévité de la crise israélo-palestinienne est due aux parties elles-mêmes et à leur incapacité à trouver une solution politique.  « On peut essayer de détourner l’attention du problème de fond politique en accusant l’UNRWA de perpétuer cette crise, mais c’est infondé », leur a-t-il fait remarquer, rejetant au passage toute remise en cause de la neutralité et de l’intégrité de l’Office.

À l’instar de la France, la plupart des membres du Conseil ont salué les efforts de l’Égypte et du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, qui ont permis de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza.  Même si les États-Unis ont considéré qu’il faut « cesser de prétendre que l’UNRWA et les résolutions de l’ONU vont en quelque sorte résoudre le conflit », la majorité des délégations ont souligné qu’il n’existe pas d’autre option que la solution des deux États.

D’après le Coordonnateur spécial, qui a fait le point sur la situation préoccupante à Gaza et en Cisjordanie, les efforts de l’ONU seront « voués à l’échec », à moins de progresser dans la résolution du clivage palestinien et de tracer la voie vers la solution des deux États.  « Il n’y a pas de raccourcis vers une paix durable », a-t-il déclaré. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, NOTAMMENT LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a indiqué qu’après avoir frôlé « le bord du précipice » d’un autre conflit dévastateur, la situation s’était à présent stabilisée, tout en soulignant que « ces cycles dangereux d’escalade et de désescalade ne sont pas tenables ».  Il a expliqué que le 3 mai, des milliers de Palestiniens avaient participé aux manifestations hebdomadaires le long de la clôture de Gaza, lesquelles ont été marquées par le lancement de ballons incendiaires, de cailloux et de bombes-tuyaux vers les soldats israéliens qui ont riposté avec des balles réelles, tuant deux Palestiniens et en blessant 49 autres.  En fin de journée, un franc-tireur, qui serait membre du Jihad islamique palestinien, a blessé deux soldats israéliens, à la suite de quoi les Forces de défense israéliennes et les Forces aériennes israéliennes ont riposté.  C’est ainsi qu’a commencé l’escalade la plus sérieuse depuis 2014, a-t-il expliqué, pour ensuite énumérer le nombre de tirs de roquette et de projectiles lancés et faire le décompte des victimes.  Après d’intenses efforts menés par l’ONU et l’Égypte, une cessation des hostilités a pu être établie au début de la matinée du 6 mai, mettant ainsi un terme à l’escalade.

M. Mladenov a prévenu que les tireurs embusqués venant de Gaza représentent une menace constante qui, à au moins quatre reprises cette année, ont rapproché les parties de la confrontation.  De tels incidents sapent nos efforts laborieux et nous éloignent d’un accord qui allégerait la pression exercée sur la population de Gaza et réduirait le risque des tirs de roquette vers les communautés israéliennes.  Un calme durable est crucial pour appuyer les efforts dirigés par l’Égypte pour faire avancer la réconciliation intrapalestinienne, a-t-il poursuivi. 

Le Coordonnateur spécial a ensuite salué la décision d’Israël de lever l’interdiction sur l’accès à la zone de pêche et de l’élargir à 15 miles nautiques, ainsi que de rouvrir les points de passage d’Erez et de Kerem Shalom.  Il s’est aussi félicité du renouvellement de l’engagement du Gouvernement palestinien de participer de manière constructive à la résolution de la situation à Gaza.  Il a, par ailleurs, fermement condamné les tirs de roquette depuis Gaza vers Israël.

Passant à la situation humanitaire, M. Mladenov a indiqué que le Coordonnateur humanitaire, M. Jamie McGoldrick, a alerté que les professionnels de santé de Gaza peinent à traiter les nombreuses blessures infligées lors des manifestations hebdomadaires, nombre de blessés nécessitant des procédures chirurgicales complexes qui ne sont pas disponibles sur place, alors que l’accès aux traitements en dehors de Gaza demeure difficile.

Il a aussi fait le point sur l’action de la communauté internationale, indiquant qu’entre octobre 2018 et avril 2019, 112 millions de dollars avaient été mobilisés, permettant ainsi d’augmenter de manière significative la fourniture en électricité de Gaza et d’y créer des milliers d’emplois temporaires, entre autres.  Du carburant continue d’être fourni à la centrale électrique et des efforts sont aussi déployés pour promouvoir l’énergie renouvelable.  Il a salué l’appui financier du Japon, ainsi que du Qatar qui, a-t-il précisé, demeure le plus important contributeur avec l’annonce, le 6 mai, d’une enveloppe de 480 millions de dollars pour le peuple palestinien.

Poursuivant, le Coordonnateur spécial a prévenu que la situation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, est de plus en plus préoccupante.  L’absence prolongée de tout horizon politique pour résoudre le conflit coïncide avec une détérioration constante des conditions de vie des Palestiniens, à laquelle s’ajoutent notamment la violence, l’élargissement des colonies de peuplement et la démolition de propriétés palestiniennes, créant « un mélange explosif » qui, a-t-il encore averti, pourrait avoir de graves implications sécuritaires.  Il a cité le nombre de structures saisies ou détruites par les autorités israéliennes qui justifient leurs actions, dans la grande majorité des cas, par l’absence de permis de construire israéliens, alors que de tels permis sont pratiquement impossibles à obtenir pour les Palestiniens.  Il s’est aussi inquiété du fait que la Haute cour de justice israélienne a récemment maintenu un nouvel ordre militaire qui accélère la démolition des nouvelles structures sans permis dans la Zone C.

M. Mladenov s’est aussi inquiété de l’absence de résolution de la crise financière que connait l’Autorité palestinienne qui, pour le troisième mois consécutif, a refusé de réceptionner le transfert, par Israël, de tout revenu fiscal à moins d’obtenir l’ensemble de la somme qui lui est due.  Or il en va de sa survie.  Il a appelé à trouver d’urgence une solution à la crise financière, avertissant que sa persistance menace de déstabiliser davantage une situation déjà volatile, pour ensuite engager les parties à mettre en œuvre leurs accords bilatéraux.  Sur une note plus positive, le Coordonnateur spécial a salué le fait que des centaines de milliers de musulmans palestiniens de Cisjordanie avaient pu prier dans la mosquée Al-Aqsa en ce mois sacré du ramadan.

En ce qui concerne la région dans son ensemble, M. Mladenov a indiqué que le risque de tensions entre les parties persiste dans le Golan syrien, rapportant que le 1er mai, la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) avait observé que des soldats israéliens avaient traversé la ligne de cessez-le-feu et que des soldats des Forces armées syriennes s’en étaient rapprochés pour suivre leurs activités.  Les efforts de la FNUOD ont permis de désamorcer la situation.  Il a aussi indiqué qu’au Liban, le Cabinet avait commencé l’examen du projet de budget, dont l’objectif principal est de réduire le déficit du pays.

Revenant au conflit israélo-palestinien, M. Mladenov a souligné que la récente escalade à Gaza avait une fois de plus démontré l’urgence de solidifier et d’élargir la « compréhension mutuelle » existant entre Israël et le Hamas.  « Pendant combien d’années encore les Palestiniens de Gaza seront-il obligés de vivre avec les sommes dérisoires de la communauté internationale, sous le contrôle du Hamas et en endurant les fermetures israéliennes?  Et pendant combien d’années encore les Israéliens seront-ils obligés de fuir vers des abris alors que des roquettes lancées par les militants palestiniens pleuvent sans discrimination? »

D’après le Coordonnateur spécial, les efforts de l’ONU seront « voués à l’échec » à moins de progresser dans la résolution du clivage palestinien, de lever les fermetures et de tracer la voie vers la solution des deux États.  « Il n’y a pas de raccourcis vers une paix durable », a-t-il souligné.  Il a ensuite pris note de l’invitation des États-Unis et du Bahreïn de convoquer une discussion sur le potentiel que pourraient avoir les investissements et les initiatives économiques pour un prochain accord de paix ainsi que pour résoudre les questions du statut final.  Il n’en a pas moins souligné que « la résolution du conflit demeure fondamentalement un processus politique ».

M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a déclaré que, jamais, le soutien de la communauté internationale n’avait été aussi remarquable qu’en 2018, lorsque son agence a été confrontée à la plus grave crise de financement de son histoire.  « Une crise vraiment existentielle », a-t-il dit.  Quarante-deux pays et institutions aux quatre coins du monde, y compris en Indonésie, ont augmenté leurs contributions à l’UNRWA, parallèlement aux mesures difficiles que nous avons prises en interne pour réduire les dépenses de 92 millions de dollars.  « Grâce à ces efforts combinés, l’an dernier, le déficit sans précédent de 446 millions de dollars a été surmonté. »  Il a remercié le Secrétaire général, M. António Guterres et « la grande famille des Nations Unies » qui ont résolument soutenu l’UNRWA à chaque étape.  L’Union européenne, a précisé le haut fonctionnaire, est devenue le premier contributeur de l’Agence en 2018.

Ces actions ont été vitales pour maintenir ouvertes les 715 écoles que l’UNRWA gère pour plus d’un demi-million d’étudiantes et étudiants en Cisjordanie –y compris Jérusalem-Est- à Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie.  Depuis 1950, plus de deux millions d’étudiants ont obtenu leur diplôme dans les écoles de l’UNRWA, où la parité hommes-femmes est atteinte depuis longtemps, et nous avons inclus un programme Droits de l’homme, résolution des conflits et tolérance, « unique dans la région », a poursuivi M. Krähenbühl.  « Le généreux soutien des donateurs a également préservé les services de soins de santé primaires dispensés à trois millions de patients par le biais de notre réseau de 140 dispensaires et, malgré de graves pressions, à nos services d’urgence à 1,5 million de réfugiés, principalement à Gaza, en Cisjordanie et en Syrie », s’est-il encore réjoui.  À un moment où les réfugiés de Palestine font face à une absence presque complète d’horizon politique, il s’est dit fermement convaincu que la préservation des services de l’UNRWA est « une contribution cruciale en termes de dignité humaine et de stabilité régionale ».

Le haut fonctionnaire a ensuite attiré l’attention urgente et renouvelée du Conseil sur la situation de plus en plus désespérée dans laquelle se trouvent les habitants de la bande de Gaza, dont au moins 1,3 million de réfugiés de Palestine.  Sa visite récente l’a encore une fois exposé aux difficultés extrêmes créées par les affrontements armés, les blocages et la violence sur place.  Il a évoqué le manque de liberté de mouvement ou de possibilités d’emploi, ainsi que le profond traumatisme créé par les nombreuses victimes des guerres répétées ainsi que par ce que l’on a appelé les « grandes marches du retour ».  Des milliers de jeunes ont été blessés et des centaines de personnes tuées depuis mars 2018, dont 14 garçons et filles âgés de 11 à 16 ans qui fréquentaient les écoles de l’UNRWA, a déploré le Commissaire général.

Comme par le passé, il a réitéré son appel au respect du droit international humanitaire et sa condamnation du fait de prendre des civils pour cibles.  Cela inclut les tirs de roquette effectués depuis Gaza qui ont provoqué des pertes en vies humaines et fait des blessés en Israël.  « Toutes les familles à Gaza ont été touchées et les gens parlent d’un désespoir qui dépasse tout ce qu’ils connaissaient auparavant, en particulier s’agissant de ce que nos équipes de santé appellent une détérioration épidémique des problèmes de santé mentale ».  Il semble particulièrement important que l’UNRWA et d’autres acteurs concernés soient capables de renforcer les capacités indispensables en matière de santé mentale, a préconisé le haut fonctionnaire.  Par ailleurs, au moment où nous parlons, l’UNRWA n’a suffisamment d’argent pour mener ses opérations que jusqu’à la mi-juin.  « Nous verrons ensuite des chiffres négatifs et un déficit de financement, a-t-il averti.  Il est absolument essentiel d’éviter une rupture de notre approvisionnement et j’appelle tous nos partenaires à se mobiliser activement pour soutenir nos efforts visant à obtenir le financement nécessaire. »  De même, il est essentiel que l’UNRWA puisse ouvrir la prochaine année scolaire en août et en septembre.  Nous sommes actuellement en train de remettre en état un grand nombre d’écoles, mais nous avons besoin de fonds pour que l’éducation puisse être dispensée, alors que, rien qu’à Gaza, 280 000 filles et garçons étudient dans les établissements scolaires administrés par l’UNRWA, a plaidé le Commissaire général. 

L’UNRWA doit également faire face à des besoins importants en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est.  Les réfugiés de Palestine en Cisjordanie sont confrontés aux multiples conséquences de l’occupation en cours, telles que des démolitions et des expulsions de maisons, avec une augmentation significative depuis le début de 2019, ainsi que des restrictions de mouvement et la violence des colons.  « Il y a aussi de fréquentes incursions militaires où des balles réelles sont utilisées, entraînant parfois des morts, mais souvent des blessures et des dégâts matériels dans des zones densément peuplées telles que les camps de réfugiés de Palestine, où des communautés entières peuvent être touchées par les tirs à l’acide et les gaz lacrymogènes », a relaté M. Krähenbühl.  Il a attiré l’attention du Conseil sur les « pressions croissantes » auxquelles l’UNRWA a été soumise à Jérusalem-Est, et qui menacent de nuire à ses opérations.  « Les développements actuels en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ne feront pas que déstabiliser les réfugiés de Palestine, mais aussi leurs espoirs et leurs aspirations quant à la solution des deux États et leurs droits en vertu du droit international. » 

Outre un fort soutien politique, en 2019, l’UNRWA a besoin de 1,2 milliard de dollars pour l’ensemble de ses opérations.  « Si chaque donateur réussissait à maintenir son niveau de financement en 2019, nous devrions pouvoir couvrir notre budget », a estimé M. Krähenbühl, qui a demandé à tous ses partenaires de réitérer leur soutien et de préserver la dynamique de succès créée en 2018.  La prochaine conférence sur les annonces de contributions, qui se tiendra à New York le 25 juin, sera une occasion importante, a relevé le haut fonctionnaire.

M. JASON GREENBLATT (États-Unis) a remercié le Coordonnateur spécial de ses efforts redoublés visant à rétablir la sécurité à la fois pour le peuple israélien, qui a subi une attaque soutenue de Gaza et pour les civils palestiniens « parmi lesquels le Hamas et le Jihad islamique palestinien se sont cachés alors qu’ils lançaient des vagues de roquette ».  Les familles des quatre Israéliens décédés et des 200 Israéliens blessés, les civils palestiniens tués et blessés par le Hamas et les attaques du Jihad islamique palestinien « méritent mieux », a-t-il déclaré.  « Il est tout simplement inacceptable que le Hamas et le Jihad islamique palestinien continuent de prendre pour cible les communautés israéliennes, y compris des hôpitaux et des écoles, dans une tentative cynique d’obtenir des concessions d’Israël.  Il est tout simplement inacceptable que le Hamas et le Jihad islamique palestinien continuent à utiliser des civils à Gaza, y compris des enfants, comme boucliers humains.  Il est tout simplement inacceptable que le Hamas et le Jihad islamique palestinien continuent de siphonner les maigres ressources dont dispose le peuple de Gaza pour développer son arsenal terroriste, tout en empêchant l’aide des donateurs d’atteindre la population », a martelé le représentant.  Rien ne pourra être résolu de manière significative tant qu’ils ne renonceront pas à la terreur, à leurs actes de violence et à leur vœu de détruire Israël.  « Quand le Conseil de sécurité dira-t-il ceci à haute voix?  Quand allons-nous clairement rejeter ce terrorisme? », s’est impatienté M. Greenblatt.

L’État d’Israël fait face depuis sa naissance à la menace –et continue de faire face aujourd’hui– aux menaces d’ennemis appelant à sa destruction et à la mort du peuple israélien.  « L’État d’Israël n’a aucune marge d’erreur ».  Les Palestiniens ont également droit à la sécurité.  Un des premiers pas vers cet objectif consiste pour nous à admettre que le Hamas et le Jihad islamique palestinien sont le « principal obstacle » aux rêves des habitants de Gaza, a assuré le représentant.  Maintenir intacte la paix fragile qui prévaut depuis peu nécessitera d’intenses « pressions internationales » sur le Hamas et le Jihad islamique palestinien. 

« J’ai bien peur que le moment soit venu de faire face au fait que le modèle de l’UNRWA a échoué pour le peuple palestinien.  Le modèle économique de l’UNRWA, qui est intrinsèquement lié à une communauté de bénéficiaires en expansion sans fin et exponentielle, est en crise permanente », a argué M. Greenblatt.  C’est pourquoi les États-Unis ont décidé de ne plus s’engager à financer cette opération « irrémédiablement imparfaite », s’est-il justifié, en rappelant que, depuis sa création, Washington lui avait versé six milliards de dollars, « beaucoup plus que tout autre pays ».  Et pourtant, année après année, le financement de l’UNRWA était insuffisant.  L’UNRWA survit grâce à une « flambée de dons » en provenance de l’étranger en 2018 « qui ne devrait probablement pas durer cette année ou dans le futur », a considéré le délégué.  « Que se passera-t-il lorsque le compte bancaire de l’UNRWA sera à nouveau vide? », a-t-il demandé.  L’UNRWA est un « sparadrap », et les Palestiniens qui utilisent ses services méritent mieux, « beaucoup mieux ».  « Pendant trop longtemps, nous avons rejeté la situation déplorable des Palestiniens dans les camps de réfugiés en tant que sous-produit inévitable de l’absence de paix négociée entre Israël et les Palestiniens.  Mais rien n’empêche la communauté internationale de choisir de tendre la main aux Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés afin de répondre de manière durable à leurs besoins quotidiens très réels, tout en continuant d’œuvrer pour une paix durable et globale. »

Le mois prochain à Bahreïn, a annoncé le délégué américain, les États-Unis participeront, avec de nombreux autres pays, à un atelier économique sur une voie alternative offrant le potentiel de débloquer un avenir prospère pour les Palestiniens.  C’est la première étape d’un processus dans lequel nous voulons commencer à montrer « comment, si nous pouvons parvenir à une solution politique au conflit, nous pouvons également transformer la vie des Palestiniens ».  « Ce serait une erreur pour les Palestiniens de ne pas nous rejoindre.  Ils n’ont rien à perdre et beaucoup à gagner s’ils nous rejoignent.  Mais c’est bien sûr leur choix », a lancé M. Greenblatt.

Il n’a pu s’empêcher de souligner « l’ironie » voulant qu’au moment de la tenue de l’atelier américain à Bahreïn, qui pourrait ouvrir la voie à la prospérité pour les Palestiniens, l’UNRWA organise une conférence de promesse d’un « système défaillant ».  Les États-Unis sont résolus à discuter avec les autres acteurs du meilleur moyen de remédier à la grande incertitude des bénéficiaires des services de l’UNRWA qui ne savent pas si des écoles ou des cliniques seront ouvertes, et comment nous pourrions les aider à véritablement reconstruire leur vie, avec ou sans accord de paix.  Mais nous sommes également résolus à nous tenir aux côtés d’Israël pour relever les défis urgents posés par le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Gaza ou ailleurs.  « Je reconnais ne pas avoir apporté avec moi de solution aujourd’hui, ni à la crise aiguë du règne violent et illégitime du Hamas à Gaza, ni à la crise prolongée provoquée par l’incapacité de l’UNRWA à remplir son mandat initial, ni à aucun des autres défis posés par ce conflit extraordinaire.  Ce conflit est triste, tragique et complexe à bien des niveaux.  Mais nous devons cesser de prétendre que l’UNRWA et les résolutions de l’ONU vont en quelque sorte résoudre le conflit.  Ils ne le feront tout simplement pas », a conclu M. Greenblatt.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a commencé par souligner l’importance de la question palestinienne pour le monde arabe et musulman.  Il a salué les efforts du Coordinateur spécial des Nations Unies, M. Mladenov, en faveur d’une reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes.  Un an après le « crime commis » par les forces d’occupation israéliennes contre des civils palestiniens dans la bande de Gaza, il a réitéré l’impératif d’un suivi sérieux des résultats de l’enquête sur les protestations qui ont eu lieu à Gaza afin qu’Israël s’engage à protéger les civils et à respecter le droit international, y compris en levant le blocus de Gaza.  Pour parvenir à une paix juste et durable il y a des principes fondamentaux à respecter, a estimé le représentant, notamment des mesures de confiance entre les parties.  Les pays arabes se sont engagés en ce sens lors du Sommet arabe de Tunis du 31 mars 2019 en vue de parvenir à une paix juste et durable. 

S’agissant des obstacles qui sapent toute initiative de paix, le représentant a cité la confiscation par la force de territoires palestiniens par Israël, ainsi que toutes les activités de colonisation israéliennes illégales au regard du droit.  « On ne peut pas parler de paix alors qu’une partie continue de prendre des mesures unilatérales », s’est-il impatienté, en faisant référence notamment au gel d’une partie des recettes fiscales palestiniennes par la partie israélienne, ce qui est contraire aux Accords d’Oslo.  Il n’est pas non plus possible de parler d’une paix imposée aux Palestiniens sous pressions politiques ou financières.  À cet égard, le délégué a évoqué les difficultés financières que traverse l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui risquent d’affecter la vie de millions d’enfants réfugiés et de mettre à mal la stabilité de la région.  Fier d’être l’un des plus grands contributeurs de l’UNRWA, le Koweït réitère son engagement en faveur de son action.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que le rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) reste indispensable à Gaza, où la situation humanitaire, politique et sécuritaire est alarmante.  Il a rappelé que son pays avait condamné avec la plus grande fermeté les tirs effectués depuis la bande de Gaza qui ont visé les 4 et 5 mai des zones habitées du territoire israélien.  Tout en saluant les efforts de l’Égypte et du Coordonnateur spécial, qui ont permis de parvenir à un cessez-le-feu, il n’y aura selon la France aucune stabilité durable à Gaza que dans le cadre d’un règlement négocié, qui passe par le retour complet de l’Autorité palestinienne, d’une part, et d’autre part par la levée du blocus assortie de garanties de sécurité crédibles pour Israël. 

Dans la bande de Gaza, dont la population est composée aux deux tiers de réfugiés palestiniens, le principal acteur humanitaire est l’UNRWA, a rappelé M. Delattre, en encourageant la communauté internationale à répondre à l’appel de son Commissaire général à maintenir cette année notre niveau d’engagement financier et collectif, qui a permis de compenser l’an dernier la décision des États-Unis de mettre fin à leur soutien historique à cet organisme.  Pour la délégation, la situation à Gaza n’est pas dissociable du conflit israélo-palestinien dans son ensemble, et de la perspective des deux États.  « Il n’y aura pas d’État palestinien viable sans Gaza, et pas de paix durable et juste sans État palestinien. »  Mais sur le terrain et dans les esprits, l’accélération de la colonisation sape les fondements de la solution des deux États.  Aux faits accomplis s’ajoutent des évolutions du droit, conduisant à l’application progressive du droit israélien aux habitants des colonies de Cisjordanie, a déploré le représentant.  La France, a-t-il ajouté, se tient prête à appuyer tout effort, y compris économique, dès lors qu’il s’inscrit dans la perspective que « nous avons définie ensemble »: l’établissement d’un État palestinien viable et indépendant, véritable condition du décollage économique de la Palestine et, au-delà, de la construction d’une économie régionale plus forte et intégrée.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a condamné les attaques perpétrées contre Israël dans les termes les plus fermes, soulignant que « son droit à exister ne devrait pas être remis en cause ».  Rappelant son attachement à la solution des deux États, il s’est inquiété de l’évolution de la situation sur le terrain, qui risque de déboucher sur une solution qui ne bénéficierait à personne.  « Nous approchons du point de non-retour », s’est-il alarmé.  Il a pointé la rétention des recettes fiscales, le déplacement d’ambassades à Jérusalem et la poursuite des activités de peuplement en Cisjordanie.  « Ces actions mettent à mal les perspectives de paix en créant des enclaves. »  Préoccupé par les déclarations sur une annexion possible de la Cisjordanie, le représentant a averti qu’il s’agirait d’une violation flagrante du droit international.  Il a également appelé à veiller au déroulement pacifique des manifestations hebdomadaires, tout en soulignant que le droit à manifester de manière pacifique ne doit pas être exploité pour commettre des actes violents. 

Commentant ensuite la déclaration « frappante » du Commissaire général de l’UNRWA, le délégué s’est inquiété des défis qu’affronte l’Office, soulignant que celui-ci demeure fondamental pour fournir tout un éventail de services fondamentaux dans la région, à commencer par l’éducation.  L’UNRWA reste crucial pour la stabilité de la région, a-t-il insisté, pour ensuite appeler les États à lui fournir un appui financier.  Il a déploré que les États-Unis aient décidé de ne plus y contribuer.  « D’après-vous qui va assurer la scolarité des écoliers de Gaza si les financements s’épuisent? », a –t-il demandé à cette délégation, disant craindre que ce ne soit le Hamas qui prenne la relève.  Il a par ailleurs voulu savoir pourquoi la conférence d’annonce de contrition de l’UNRWA était prévu le même jour que la conférence au Bahreïn.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a regretté « la pire aggravation de violences » à Gaza depuis 2014.  Il a condamné tous les tirs de roquette depuis Gaza vers Israël et a réitéré son soutien au droit à l’autodéfense d’Israël tout en appelant au respect du principe de proportionnalité.  Ainsi, le Royaume-Uni exhorte-t-il toutes les parties à faire preuve de retenue et à progresser sur la voie d’un accord à long terme.  Pour le Royaume-Uni, l’UNRWA reste « un outil de stabilisation » dans la région et, par conséquent, il faut assurer la continuité de ses services.  C’est dans cet esprit que le Royaume-Uni a doublé sa contribution initiale l’an passé.  L’Office doit se réformer, a estimé le représentant, qui a salué ses efforts pour élargir sa base de donateurs.

Préoccupé par les conséquences de la décision israélienne de retenir les recettes fiscales de Gaza, le représentant a considéré que cela ne peut qu’aggraver la situation humanitaire sur place.  De plus, « une Autorité palestinienne stable est dans l’intérêt des deux parties ».  Le Royaume-Uni continue de penser que des pourparlers de paix authentiques entre les deux parties sur la base de la solution des deux États restent la bonne façon de régler ce conflit.  La délégation attend d’étudier la proposition américaine.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté à regret que les fondations mêmes d’une solution à deux États étaient fragilisées par la situation sur le terrain, estimant qu’il était nécessaire de rétablir un élan politique en faveur de la reprise d’un processus de paix véritable.  Sur le plan sécuritaire, le Hamas et le Djihad islamique palestinien doivent cesser leur incitation à la violence à Gaza, ainsi que l’exploitation des manifestations à des fins politiques et militaires, a tranché la représentante, en mettant en garde contre le fait que la situation actuelle ouvre la voie à une frustration croissante parmi les citoyens, permettant à l’extrémisme de croître. 

Évoquant la situation de l’UNRWA, Mme Wronecka a rappelé que cet organisme avait travaillé pendant près de 70 ans pour garantir un accès à une éducation de qualité, un droit de l’homme fondamental pour aider chaque enfant à réaliser pleinement son potentiel.  Dans ce contexte, la crise financière sans précédent de 2018 a contraint l’Office à prendre des mesures draconiennes, parfois avec des conséquences « tragiques » pour certains de ses personnels, a alerté la déléguée, en demandant à la communauté internationale de se mobiliser pour contribuer au budget de l’UNRWA.

Le 4 juin marquera l’anniversaire du début de l’occupation des territoires palestiniens par Israël, a fait observer M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie).  Il a dénoncé l’ingérence étrangère « impardonnable » dans la région qui a débouché sur l’émergence de nombreux conflits, notamment en Syrie et au Yémen, ainsi que sur des confrontations « artificielles » qui visent l’Iran.  Il a appelé à désamorcer les tensions et à privilégier le dialogue, tout en prenant conscience des liens étroits entre tout ce qui se passe dans la région.  Les retombées positives dans un foyer de crise se feront ressentir ailleurs, a-t-il commenté, soulignant que le conflit israélo-palestinien est un facteur clef.

Le représentant a ensuite dénoncé les obstacles qui empêchent la reprise du processus de pourparlers, pointant notamment l’élargissement des colonies de peuplement et la destruction de structures palestiniennes.  Il a aussi appelé les parties à cesser toute déclaration incendiaire.  Pour la Russie, il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États, seule façon réaliste de mettre un terme au conflit.  Les autres propositions ne serviront qu’à semer la confusion, a-t-il jugé, avançant que la partie palestinienne ne renoncera jamais à l’obtention d’un État.

Le délégué a aussi appelé à continuer d’appuyer l’UNRWA, notant son effet stabilisateur dans les territoires occupés et la région.  À cet égard, la Russie a récemment effectué un transfert de deux millions de dollars pour appuyer l’Office.  Il a par ailleurs fait observer que le conflit avait un impact sur les minorités ethniques et religieuses et que ces tensions sont attisées par des groupes extrémistes.  La Russie appuie la proposition d’organiser une conférence mondiale sur le dialogue interethnique et interreligieux et se dit prête à l’accueillir.  Enfin, le représentant a prôné l’envoi d’une mission du Conseil de sécurité dans la région.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué les efforts de médiation et de coopération entrepris par des pays comme l’Égypte pour désamorcer les tensions entre Gaza et Israël, ainsi que par les agences du système des Nations Unies, notamment l’UNRWA, et il a exhorté les pays amis à continuer d’appuyer ces efforts.  Le représentant s’est voulu optimiste face à la récente formation du Gouvernement palestinien et l’ouverture d’une nouvelle période de gouvernance en Israël, qui amènent de « nouvelles attitudes pour la recherche d’une solution définitive au conflit ».  Par ailleurs, il a jugé important le débat sur la dimension environnementale dans le processus de paix, s’agissant notamment de la pénurie d’eau à Gaza et en Cisjordanie et de son impact sur la sécurité alimentaire.  Il s’est également dit préoccupé par la situation financière délicate dans laquelle se trouve le Gouvernement palestinien et par l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes. 

On ne peut nier, a déclaré Mme MOGASHOA (Afrique du Sud) que la grave situation à Gaza est le résultat « direct » du blocus et de l’occupation illégale qui ont assombri toute perspective de développement socioéconomique pour les deux millions de Palestiniens piégés dans ce qu’on a appelé « une prison à ciel ouvert ».  La représentante a tout de même souligné que la violence d’où qu’elle vienne est « inacceptable » et a appelé toutes les parties à honorer les engagements qu’elles ont pris en vertu de l’accord de cessez-le-feu.  L’impact cumulatif des décisions unilatérales, a-t-elle poursuivi, se voit dans la vie de tous les habitants du territoire palestinien occupé et bloque toute aspiration à une paix durable.  La paralysie « flagrante » du Conseil de sécurité ne fait que compromettre sa crédibilité, a prévenu la représentante qui a une nouvelle fois appelé à la mise en œuvre de toutes les résolutions des Nations Unies. 

Préoccupée par l’impact de la situation de l’UNRWA, elle a averti que tout plan de paix doit éviter que l’État palestinien ne se dilue dans une entité privée de souveraineté, d’intégrité territoriale et de viabilité économique.  La seule solution crédible c’est la solution des deux États, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale d’un État palestinien indépendant.  Aucun effort ne doit être épargné pour assoir les parties à la table des négociations et leur aider à trouver une solution pacifique durable.  Le Conseil doit faire sa part et appuyer les parties, tout en dénonçant toutes les violations de ses résolutions. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a exprimé sa préoccupation face à l’impasse du processus de paix israélo-palestinien, dont les conséquences se traduisent par des flambées de violence épisodiques et une situation humanitaire désastreuse à Gaza et en Cisjordanie.  Aussi, a-t-il encouragé les belligérants à poursuivre les pourparlers de paix et invité le Conseil de sécurité à « appuyer l’ensemble des initiatives de médiation en faveur d’une réconciliation entre le Fatah et le Hamas, afin de permettre à l’Autorité palestinienne de retrouver toutes ses prérogatives sur le territoire palestinien. »

Au regard de la situation humanitaire dans les territoires palestiniens, M. Ipo a réitéré son appel à la convergence de vues du Conseil et l’a encouragé à œuvrer à la mobilisation de l’assistance nécessaire à la couverture des besoins essentiels des populations affectées.  Enfin, il a rappelé que le processus de paix demeure le cadre approprié pour rechercher des solutions mutuellement acceptables au différend israélo-palestinien. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est inquiété de la détérioration progressive des conditions politiques et humanitaires et du risque d’escalade au Moyen-Orient.  Il a appelé les autorités des deux parties à mettre un terme au discours de haine, à l’antisémitisme et à la discrimination sous toutes ses formes, pour ensuite réclamer la pleine mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a notamment insisté sur l’importance de mettre un terme aux colonies de peuplement israéliennes et à la destruction de structures dans les territoires palestiniens occupés, citant notamment la résolution 2334 (2016). 

Le représentant a aussi dénoncé les tirs de roquette et le lancement d’objets incendiaires, tout en rejetant la généralisation selon laquelle toute la population de Gaza appartiendrait au Hamas.  Il appelé Israël à respecter le principe de proportionnalité lors de tout recours à la force.  Il a également insisté sur la nécessité urgente de subvenir aux besoins essentiels de la population de Gaza.  Enfin, il a appelé à la mobilisation pour faire face à la situation financière de l’UNRWA dont le travail est essentiel, ainsi que pour promouvoir la réconciliation intrapalestinienne.

La récente escalade de la violence à Gaza, la plus importante depuis un an, a amené les parties « à la limite d’un nouveau conflit », a déclaré M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique).  Il a condamné « fermement » les tirs de roquette vers le territoire israélien, et appelé les parties à faire preuve de retenue, tout en respectant les principes de proportionnalité et de distinction.  La situation humanitaire et socioéconomique à Gaza demeure préoccupante, s’est inquiété le représentant, en demandant un accès « inconditionnel » aux soins médicaux.  Malgré des conditions précaires, l’UNRWA poursuit son travail en éducation, en santé et en protection, permettant ainsi aux réfugiés palestiniens d’exercer leurs droits humains.  Toutefois, à l’approche du soixante-dixième anniversaire de l’UNRWA, il n’y pas lieu de se réjouir, a relevé M. Pecsteen de Buytswerve, pour qui son avenir est « entre nos mains ».

« La résolution de la crise à Gaza demande un changement fondamental » incluant notamment la levée du blocus et l’ouverture des points de passage, tout en tenant compte des préoccupations d’Israël en matière de sécurité.  Le représentant a rappelé la destruction, en avril, de 63 maisons à Jérusalem-Est, nouvelle illustration des pressions « toujours croissantes » exercées sur les Palestiniens.  Ces destructions sont au cœur d’une politique de colonisation illégale au regard du droit international, a-t-il fait valoir, et constituent un obstacle à la paix.  Toute initiative de paix doit donc s’accompagner de mesures destinées à faire cesser la colonisation et à permettre aux Palestiniens d’exercer leurs droits.  M. Pecsteen de Buytswerve s’est opposé en terminant à « toute initiative unilatérale qui irait à l’encontre de la solution des deux États et des paramètres internationalement agréés ». 

M. JUAN MBOMIO NDONG MANGUE (Guinée équatoriale) a regretté la récente escalade de la violence à Gaza, qui confirme, selon lui, que cette « enclave » reste un « point chaud » du conflit israélo-palestinien.  La délégation est préoccupée face aux échanges belliqueux constants et regrette que cette situation ne fasse que durcir les positions des deux parties, retardant le règlement de ce conflit « qui fait pourtant l’objet d’un accord depuis des décennies ».  Il a regretté la dégradation de la situation humanitaire à Gaza, en mentionnant notamment le fort taux de chômage, l’insuffisance des services médicaux et l’endommagement des écoles, ce qui nuit au développement et cela en dépit des efforts que déploient les Nations Unies et la communauté internationale en ce sens.

Réaffirmant le soutien de la Guinée équatoriale à l’UNRWA, le représentant a appelé la communauté internationale à continuer à soutenir financièrement l’Office.  Il a prié le Hamas et les autres milices à s’abstenir de toute provocation et les forces israéliennes à faire preuve de retenue.  La délégation encourage en outre la réconciliation intrapalestinienne essentielle pour avancer sur la voie d’une paix durable.  Fidèle à sa position de longue date, la Guinée équatoriale appuie le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple palestinien et le droit de la Palestine à exister, tout en reconnaissant le droit d’Israël à l’autodéfense.  Elle reste favorable à la solution des deux États.

M. ZHAOXU MA (Chine) a appelé à respecter la solution des deux États sur la base de l’initiative de paix arabe.  Toute nouvelle initiative doit se conformer à ces normes, a-t-il souligné.  Il a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) en mettant un terme aux colonies de peuplement et à la destruction de structures palestiniennes.  Il a appelé à relancer les pourparlers entre Israël et la Palestine et à créer les conditions propices à la reprise du dialogue.  La réconciliation intrapalestinienne doit aussi être appuyée.

Le représentant a ensuite salué le travail de l’UNRWA, dont l’action permet notamment de prévenir la propagation d’idéologies extrémistes.  Il a prié les États Membres à se montrer généreux lors de la prochaine conférence d’annonce de contributions.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI (Indonésie) a rappelé que, lors de son intervention de janvier sur la question palestinienne, elle avait déclaré que la crédibilité du Conseil de sécurité était en jeu.  Or, depuis, la situation n’a fait que se détériorer, avec une nouvelle flambée de violence à Gaza qui a fait 29 victimes de deux côtés.  La Ministre s’est dit préoccupée par la construction de nouvelles colonies de peuplement illégales en Cisjordanie, qui se transforment peu à peu en une annexion de fait, de même que par la fermeture de la présence internationale temporaire à Hébron.  Selon elle, les parties doivent démontrer de façon urgente la volonté politique nécessaire à la mise en place d’un plan de paix crédible, tout en s’efforçant d’améliorer la situation humanitaire. 

Pour ce faire, Mme Marsudi a appelé à prendre des mesures pour assurer la protection des civils palestiniens.  S’appuyant sur le rapport de la Commission d’enquête indépendante publié en février de cette année, elle a dénoncé la poursuite de la violence « extrême » par la « Puissance occupante », notamment contre les journalistes et le personnel médical, au mépris des droits de l’homme.  Face à une telle situation, nous n’avons d’autre choix que de fournir une protection internationale aux civils, a ajouté la représentante.  En second lieu, il est « crucial » d’améliorer la situation économique et sociale, a dit Mme Marsudi, en dénonçant la « crise » qui affecte l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  De plus, le processus de paix doit être relancé afin de mettre un terme au « cycle de violence ».  À cette fin, elle a appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à entreprendre un dialogue de bonne foi, d’égal à égal.  Pour l’Indonésie, il n’existe pas d’autre option que la solution des deux États, à l’intérieur des paramètres reconnus par la communauté internationale. 

Se tournant vers la Syrie, la Ministre a fait part de son inquiétude devant la situation à Edleb et appelé les parties à respecter le droit international humanitaire et les accords de cessez-le-feu.  Les conflits prolongés au Moyen-Orient ont des répercussions importantes sur la paix et la stabilité dans le monde, a conclu Mme Marsudi, en appelant le Conseil à réaliser des progrès « tangibles » sur la question palestinienne. 

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, Observatrice de l’État de Palestine, a remercié le Coordinateur spécial des Nations Unies, M. Mladenov, qui, avec l’Égypte, ne cesse de chercher des voies pour une désescalade du récent cycle de violence, tout en soulignant l’urgence d’assurer la protection des civils palestiniens et la levée du blocus de la bande de Gaza.  Elle a également remercié le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour la persévérance avec laquelle ses équipes continuent d’assurer son mandat, et cela en dépit des circonstances difficiles sur le terrain et de la crise financière qu’il traverse.  Pour les Palestiniens, l’UNRWA reste une source « vitale » d’aide, notamment dans le domaine de l’éducation, et il apporte une forme de stabilité, voire d’espoir au peuple palestinien.  « Nous sommes reconnaissants à toutes les entités des Nations Unies qui viennent en aide aux Palestiniens, avec en chef de file l’UNRWA » et cela aussi longtemps que l’on n’aura pas trouvé de solution juste conformément à la résolution 194 (III) de l’Assemblée générale ».  C’est pourquoi la délégation palestinienne rejette dans les termes les plus fermes les attaques contre l’UNRWA et ses programmes qui cherchent à le dépeindre comme faisant partie du problème alors même que son travail « extraordinaire » n’a fait qu’alléger le sort de millions de Palestiniens et a contribué à stabiliser la région.  Ces attaques sont « cyniques et injustes » pour Mme Abdelhady-Nasser, un point de vue que beaucoup d’États Membres partagent, comme elle l’a souligné.

Soixante-et-onze ans après la Nakba de 1948, les Palestiniens ne jouissent toujours pas de leurs droits au retour et à l’autodétermination, a déploré l’observatrice, ajoutant qu’ils continuent de faire l’objet de confiscations forcées de leurs terres et de leurs maisons et de subir des humiliations de toute sorte aux mains des forces d’occupation israéliennes.  C’est la prolongation de ces injustices qui maintient 5,5 millions de réfugiés palestiniens loin de leurs terres ancestrales, et c’est aussi la raison pour laquelle la question de Palestine reste à l’ordre du jour des Nations Unies depuis des décennies.  Or, la communauté internationale attend dans sa grande majorité que les principes de la Charte de l’ONU ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité soient enfin appliqués et respectés, en particulier pour ce qui est de la solution des deux États qui fait l’objet d’un large consensus international, y compris par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2334 (2016).

Force est de constater que les actions d’Israël sont diamétralement opposées à ce consensus, a poursuivi Mme Abdelhady-Nasser, et, malheureusement, son intransigeance et son mépris n’ont fait qu’être renforcés par les récentes décisions des États-Unis qui « ignorent, contredisent ou sapent complètement les piliers même de ce consensus ».  Pour la partie palestinienne, « l’appétit d’Israël pour l’expansion et l’annexion n’a fait que grandir en tandem avec sa conviction de pouvoir s’en sortir ».

Après 52 ans d’appels, de cajolerie et d’apaisement, la communauté internationale devrait se rendre à l’évidence: seule la redevabilité pourra briser ce cycle néfaste pour arriver à la fin de cette occupation illégale, à la réalisation des droits du peuple palestinien et à l’établissement d’une paix israélo-palestinienne durable, s’est impatientée l’oratrice.  Nous avons besoin de nouveaux efforts et d’un nouvel élan pour pouvoir dépasser l’impasse politique « suffocante » actuelle, a défendu Mme Abdelhady-Nasser, mais « nouveaux ne signifie pas se faire marcher dessus », a-t-elle averti, ni « se moquer des gens et remettre en cause un consensus international de longue date ».

Elle a réaffirmé l’attachement des Palestiniens à une solution pacifique par des moyens juridiques, politiques, populaires et non-violents, rappelant au passage qu’en termes de compromis « douloureux » pour la paix, les Palestiniens ont fait leurs preuves il y a plus de 30 ans en acceptant la solution des deux États dans les frontières de 1967, soit seulement 22% de leur territoire initial.  « Nous avons négocié de bonne foi pendant des décennies et coopéré avec tous les efforts de paix crédibles, et nous avons cru fermement dans le multilatéralisme et le dialogue comme étant les outils essentiels pour pouvoir arriver à la paix », a rappelé l’Observatrice.  Cependant, les hypothèses selon lesquelles des pressions financières et politiques peuvent nous obliger à faire des compromis injustes sont, au mieux, erronées et, au pire, cyniques et destructrices, s’est-elle indignée, martelant qu’une solution juste et morale ne saurait être trouvée dans un contexte d’occupation, d’annexion et de violation des droits de l’homme.  Elle a également réfuté les tentatives de transformer ce conflit en une guerre religieuse.  « Pour la partie palestinienne, l’unique socle légitime de la paix est celui de la légalité internationale », a tranché Mme Abdelhady-Nasser.

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a déploré la « réalité troublante » de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), affirmant que l’Office est politique par nature.  Il a fait observer qu’aucune autre population de réfugiés au monde n’a d’UNRWA, ces derniers étant placés sous l’autorité du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  Il a également relevé que le statut de réfugiés palestiniens est transmis de génération en génération ce qui, a-t-il dénoncé, leur permet d’obtenir la nationalité d’un état tiers tout en maintenant ce statut.  Il a dénoncé « le traitement de faveur accordé aux réfugiés palestiniens ».

Le représentant est ensuite revenu sur l’historique de la région et la création de l’UNRWA.  En 1952, le directeur de l’UNRWA de l’époque aurait dit que les nations arabes ne voulaient pas régler le problème des réfugiés arabes mais en faire une arme constante pouvant être utilisée contre Israël.  Selon M. Danon, l’héritage de l’UNRWA ne fait qu’aggraver la situation des réfugiés palestiniens qui de 750 000 sont à présent passé à 5 millions.  « En manipulant l’ampleur du problème, l’UNRWA a joué un rôle direct et biaisé dans le conflit », a-t-il accusé, dénonçant le fait que des millions de personnes qui n’ont jamais traversé une frontière soient considérées comme des réfugiés.  Pourquoi une personne née à Ramallah et y ayant vécu toute sa vie est-elle considérée comme un réfugié?  Plus de 5 millions de personnes revendiquent à présent leur droit à vivre sur une terre où elles n’ont jamais vécu.  Et si elle était mise en œuvre, cette revendication effacerait l’État d’Israël de la carte.  Le représentant a jugé contradictoire la position du Président palestinien qui dit appuyer la solution des deux États tout en revendiquant le droit au retour pour 5 millions de Palestiniens.

M. Danon a ensuite dénoncé les liens étroits qui seraient entretenus entre les employés de l’UNRWA et le Hamas.  Il a notamment affirmé que des manuels scolaires de l’UNRWA nient l’existence d’Israël, qu’un représentant du Hamas chargé du recrutement se trouve dans chaque école de l’UNRWA et que des tunnels y ont été construits par le Hamas.  « Israël ne peut prendre à la légère les liens étroits qui semblent s’être formés entre le Hamas et l’UNRWA », a-t-il insisté avant d’appeler le Conseil de sécurité à désigner le Hamas comme une organisation terroriste.  Il a aussi appelé à cesser de contribuer à une organisation qui ne répond pas au besoin de la population.  « Le mandat de l’UNRWA doit cesser », a-t-il tonné, avant de demander au Commissaire général de présenter des objectifs clairs.

Réagissant aux propos entendus au cours de cette séance, M. Pierre Krähenbühl, Commissaire général de l’UNRWA, a commencé par remercier les membres pour leurs nombreuses manifestations d’appui et de confiance à l’Office.  S’agissant de la question de l’Allemagne sur la date de la conférence d’annonces de contributions à l’UNRWA, il a expliqué qu’il s’agit d’une réunion annuelle dont la date est fixée l’année précédente.  Par conséquent, « toute suggestion relative à des motifs cachés quant à sa date est erronée ». 

Répondant à l’intervention des États-Unis, le Commissaire général a expliqué qu’il avait été « surpris » par la décision américaine de cesser ses contributions à l’UNRWA, mais qu’il était également conscient du fait qu’il s’agit de contributions volontaires et d’une décision souveraine.  Cependant, il a rejeté sans réserve le discours qui a été prononcé selon lequel le modèle de l’UNRWA serait irréparable et faussé.  La crise de longue date est due, selon lui, aux parties elles-mêmes et à leur incapacité à trouver une solution politique.  « On peut essayer de détourner l’attention du problème de fond politique en accusant l’UNRWA de perpétuer cette crise, mais c’est infondé », a-t-il tranché.

Répondant ensuite à la question du représentant israélien sur « jusqu’à quand l’UNRWA va opérer », M. Krähenbühl a répliqué qu’il n’avait jamais été question que l’UNRWA soit opérationnel aussi longtemps.  Mais cette longévité illustre à son sens l’échec absolu en termes politiques à trouver une solution à la crise israélo-palestinienne.  Il a suggéré au représentant de s’adresser à l’Assemblée générale qui a défini le mandat de l’UNRWA, rappelant que celui-ci a été créé par les États Membres de l’ONU.  Par ailleurs, toute tentative de décrédibiliser l’action de l’Office sur la base de la définition de ce qu’on entend par « réfugié » est fallacieuse selon le Commissaire général qui a rappelé qu’en droit international et au HCR, les réfugiés et leurs descendants sont considérés comme tels « aussi longtemps qu’une solution n’a pas été trouvée à leur situation ».  La définition du HCR s’applique à toutes les situations de ce type.

Quant à l’attaque sur la neutralité de l’Office, M. Krähenbühl a dit ne pas pouvoir accepter que les efforts déployés par ses équipes soient remis en cause par la partie israélienne.  Les cas invoqués par Israël ont tous fait l’objet d’enquêtes et de transmission d’information par l’UNRWA.  Lorsque deux membres de son personnel ont fait l’objet d’allégations d’appartenance au Hamas, ils ont été renvoyés à la suite d’une enquête.  De même, les tunnels trouvés sous des écoles de l’UNRWA ont été scellés et cimentés, et toutes les informations ont été dûment transmises aux parties concernées.  « Notre intégrité est largement reconnue », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Somalie sur une « trajectoire positive », malgré la menace des Chabab et des tensions avec les États fédérés

8533e séance – après-midi
CS/13821

Conseil de sécurité: la Somalie sur une « trajectoire positive », malgré la menace des Chabab et des tensions avec les États fédérés

Après un début d’année marqué par une crise sécuritaire et une crise politique, la Somalie est restée sur une « trajectoire positive », a, cet après-midi, déclaré au Conseil de sécurité le Représentant spécial par intérim du Secrétaire général, M. Raisedon Zenenga, en saluant les efforts de réforme du Gouvernement fédéral, malgré une résistance « inévitable » parmi les États fédérés et un différend régional.

« La dynamique positive qui règne dans la Corne de l’Afrique offre de grandes possibilités à la Somalie de réaliser son potentiel stratégique et économique.  Cependant, la détérioration actuelle des relations entre la Somalie et le Kenya, résultant du conflit sur la délimitation de la frontière maritime, est préoccupante », a observé le haut fonctionnaire, venu présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général sur l’exécution du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).

M. Zenenga dirige ces deux organes par intérim depuis le 1er janvier, date à laquelle le Ministère somalien des affaires étrangères a informé le Représentant spécial, alors en fonctions, M. Nicholas Haysom, « qu’il n’était plus le bienvenu en Somalie », rappelle le rapport.  Depuis, le Gouvernement fédéral et l’ONU ont publié une déclaration conjointe indiquant qu’ils avaient examiné des mesures concrètes devant permettre à la MANUSOM et au Gouvernement fédéral de collaborer plus étroitement, un réchauffement confirmé aujourd’hui par M. Zenenga.

Reste que l’environnement sécuritaire continue d’être perturbé par la menace asymétrique représentée par le mouvement des Chabab: « En mars et avril, une importante multiplication des attaques a été enregistrée à Mogadiscio, des incidents faisant intervenir des engins explosifs improvisés étant survenus presque tous les jours.  Les attentats-suicides au véhicule piégé, les attaques aux engins explosifs improvisés télécommandés ou placés sous des véhicules, les attaques au mortier et les assassinats ciblés se sont poursuivis. »

Parallèlement à cette vague d’attentats, le Gouvernement fédéral de transition a poursuivi la réforme du secteur de la sécurité, avec l’enregistrement biométrique de tous les soldats de l’Armée nationale somalienne, qui s’est achevé le 3 mars.  Les 16 000 soldats inscrits reçoivent désormais leurs salaires directement sur leurs comptes bancaires, ce qui ouvre la voie au « redimensionnement » de l’appareil militaire, a précisé le haut fonctionnaire.

Parallèlement, les États fédérés ont lancé des opérations militaires dans la région du Bas-Chébéli pour y promouvoir le plan de transition, déloger les Chabab de ses places fortes contiguës à Mogadiscio et mettre ainsi fin à la récente hausse des attaques dans la capitale.  « Dans un développement sans précédent, les opérations militaires en cours, soutenues par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le BANUS et des partenaires internationaux ont catalysé la planification conjointe et la création systématique d’unités capables de l’Armée nationale somalienne. »  Elles ont également démontré la valeur d’une approche globale de la sécurité en incorporant des éléments de stabilisation et de maintien de l’ordre dans les opérations militaires, s’est félicité le Représentant spécial.

Le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de l’AMISOM, M. Francisco Caetano Jose Madeira, a confirmé aujourd’hui que les forces armées somaliennes, appuyées par cette Mission, étaient parvenues à déloger les Chabab de la ville de Sabiib, qui fut longtemps une plaque tournante pour le trafic d’armes utilisées pour commettre des attaques à Mogadiscio.  De même, l’organisation d’opérations militaires par le Gouvernement fédéral contre les Chabab dans le Bas-Chébéli est à mettre au compte de la planification conjointe des interventions militaires et civiles, s’est-il félicité.  « Une approche qui doit, à présent, être rendue pérenne pour que d’autres villes qui seront libérées ne retombent aux mains d’extrémistes. »

Il n’est pas possible de mettre en œuvre efficacement le plan de transition en ayant les pieds et les poings liés, « en raison de l’embargo sur les armes qui s’éternise », a dénoncé pour sa part le représentant somalien, regrettant les décisions prises depuis le Siège de l’ONU, qui entravent selon lui la capacité des forces de sécurité somaliennes à lutter contre le terrorisme des Chabab, au profit de ces derniers.

« La Somalie semble croire que le Conseil de sécurité lèvera éventuellement les sanctions malgré un manque d’engagement avec le Groupe d’experts chargé de surveiller leur mise en œuvre.  Les États-Unis n’appuieront pas ce point de vue, qui ne résout en rien les problèmes que le régime de sanctions avait pour objet de résoudre et qui, en réalité, mine les actions du Conseil », a prévenu quant à lui le délégué des États-Unis.

Dans ce contexte sécuritaire tendu, la situation humanitaire en Somalie demeure une « des crises prolongées les plus longues au monde », selon la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller.  Or, les indicateurs actuels font état d’une détérioration rapide de la situation en raison de la gravité de la sécheresse.  À ce stade, toute précipitation serrait insuffisante à inverser son impact, a prévenu l’intervenante, en précisant que depuis le mois de février, l’insécurité alimentaire aigüe avait déjà augmenté de 10% et que d’ici le mois de juillet, « 5,4 millions de personnes ne sauront pas comment se procurer leur prochain repas ».

Le Représentant spécial par intérim s’est félicité par ailleurs de l’avancée prise par les préparatifs techniques en vue des élections au suffrage universel de 2020.  Relevant que les projets de loi sur les partis politiques et sur les élections restent controversés auprès des États fédérés, M. Zenenga a considéré que leur adoption est absolument essentielle pour que la feuille de route politique reste sur la bonne voie.

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2019/393)

Déclarations

M. RAISEDON ZENENGA, Représentant spécial par intérim du Secrétaire général pour la Somalie, a rappelé que la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) avait commencé l’année par une crise sécuritaire consécutive à un tir de mortier effectué contre les locaux de l’ONU le 1er janvier 2019, et une crise politique liée à l’expulsion du Représentant spécial Nicholas Haysom.  « Ces deux incidents ont gravement perturbé l’engagement de la Mission auprès du Gouvernement fédéral de Somalie à mettre en œuvre son mandat, tout en élevant le risque sécuritaire pour le personnel de l’ONU, qui est profondément démoralisé », a-t-il dit.  Si la MANUSOM a pris, avec le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie et l’Équipe de pays des Nations Unies, des mesures pour mieux sécuriser les locaux et espaces de travail de leurs personnels, reste qu’une solution durable dépend de la capacité à empêcher les Chabab de préparer et de lancer des attaques.  Nous sommes aujourd’hui certainement dans une meilleure situation qu’en début d’année, y compris dans la relation que la Mission entretient avec le Gouvernement fédéral, a-t-il reconnu. 

En dépit d’un environnement sécuritaire qui pose des défis, et des crises politiques récurrentes, ainsi que des contraintes en matière de capacité et de gestion des obstacles politiques, la Somalie est restée sur une trajectoire positive, a analysé M. Zenenga.  Au cours de la période à l’examen, le pays a accompli des progrès considérables dans ses réformes économiques et du secteur de la sécurité.  « Il y a eu aussi des progrès dans les domaines de la révision constitutionnelle et des préparatifs des élections au suffrage universel », a-t-il poursuivi.  Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont salué au printemps les progrès sur le plan économique.  Le Gouvernement fédéral a décidé d’appliquer la même approche rigoureuse consistant à faire prévaloir la responsabilité et la transparence dans le secteur de la sécurité.  « Ainsi, l’enregistrement biométrique de tous les soldats de l’Armée nationale somalienne s’est achevé le 3 mars.  Les 16 000 soldats inscrits reçoivent désormais leurs salaires directement sur leurs comptes bancaires.  Cela a éliminé les intermédiaires, réduit la consommation et garantit le paiement régulier des salaires aux militaires.  Il ouvre également la voie au redimensionnement de l’Armée nationale », a précisé le haut fonctionnaire.

Parallèlement, les gouvernements fédéraux ont lancé des opérations militaires dans la région du Bas-Chébéli pour y promouvoir le plan de transition, déloger les Chabab de ses places fortes contiguës à Mogadiscio et mettre ainsi fin à la récente hausse des attaques des Chabab à Mogadiscio.  « Dans un développement sans précédent, les opérations militaires en cours, soutenues par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS)et des partenaires internationaux ont catalysé la planification conjointe et la création systématique d’unités capables, responsables, acceptables et bon marché de l’Armée nationale somalienne.  Elles ont également démontré la valeur d’une approche globale de la sécurité en incorporant des éléments de stabilisation et de maintien de l’ordre dans les opérations militaires et relancé la mise en œuvre du plan de transition », s’est félicité le Représentant spécial. 

Par ailleurs, les préparatifs techniques en vue des élections au suffrage universel de 2020 progressent.  « Le processus d’identification des sites potentiels d’inscription des électeurs a débuté ce mois-ci.  La Commission électorale nationale indépendante a ouvert des bureaux dans la plupart des États membres fédéraux.  Les projets de loi sur les partis politiques et sur les élections ont été approuvés par le Cabinet fédéral et soumis au Parlement, a encore fait valoir le haut fonctionnaire.  Cependant, a-t-il relevé, ils restent controversés avec les États membres fédéraux.  L’adoption de ces projets de loi est absolument essentielle pour que la feuille de route politique reste sur la bonne voie, a rappelé M. Zenenga, en exhortant toutes les parties prenantes à œuvrer en vue de la conclusion d’un accord pouvant être approuvé au Parlement dans les prochains mois.

« Une révision technique de neuf des 15 chapitres de la Constitution fédérale provisoire a été entreprise.  C’est une réalisation importante.  Mais, en définitive, les progrès seront mesurés par rapport aux accords politiques conclus entre le Gouvernement fédéral et les dirigeants des États membres fédéraux sur des domaines clefs de la constitution, notamment le partage du pouvoir et des ressources », a analysé le Représentant spécial.  Des progrès importants ont également été réalisés dans le domaine des droits de l’homme.  À la suite des violences qui ont fait des victimes civiles lors des élections dans le sud-ouest de l’État de décembre dernier, le Gouvernement fédéral et les autorités du sud-ouest de l’État ont achevé leurs enquêtes sur les meurtres de civils, a poursuivi M. Zenenga. 

La Somalie continue de faire face à des défis importants.  Les efforts de réforme du Gouvernement fédéral se sont heurtés à une résistance inévitable.  Les réformes économiques et du secteur de la sécurité, en particulier, impliquent le démantèlement d’une « économie de guerre en plein essor » depuis des décennies, a plaidé le Représentant spécial.  Pour faire face aux « intérêts acquis », il faut non seulement la détermination dont le Gouvernement fédéral a fait preuve, mais également une approche inclusive visant à établir des relations avec toutes les parties prenantes afin de démontrer que les réformes apporteront des avantages à l’ensemble du pays.  L’application intégrale et durable de la Somalie dépend du rétablissement de la coopération entre le Gouvernements fédéral et les États fédérés.  Bien qu’il s’agisse d’un pas important vers la reprise du dialogue, la réunion consultative qui s’est tenue à Garoowe du 5 au 10 mai avec les dirigeants du Gouvernement fédéral n’a pas abouti à un accord sur les questions de fond et sur la date, le lieu et le format de la prochaine réunion.

« La dynamique positive qui règne dans la Corne de l’Afrique offre de grandes possibilités à la Somalie de réaliser son potentiel stratégique et économique.  Cependant, la détérioration actuelle des relations entre la Somalie et le Kenya, résultant du conflit sur la frontière maritime, est préoccupante », a noté le Représentant spécial.  « Cela a des conséquences sur les efforts de la Somalie en matière de renforcement de l’État et de consolidation de la paix.  Le dialogue, non seulement entre le Kenya et la Somalie, mais également avec d’autres États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), est essentiel pour réduire les tensions et résoudre les problèmes fondamentaux qui ont créé les tensions persistantes », a-t-il ajouté.

M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a fait état d’une évolution positive de la situation politique, citant notamment l’investiture, en janvier, du nouveau Président du Puntland, M. Said Abdullahi Mohamed Deni, et son appel au pardon et à la réconciliation.  Il a appelé la communauté internationale à continuer d’encourager les efforts des parties prenantes à poursuivre la coopération.  De plus, le 11 mars, le Premier Ministre, M. Hassan Ali Khayre, s’est rendu à Kismayo sur invitation du Président régional pour discuter de la question du consensus.  Malgré les divergences d’opinion sur l’issue de cette réunion, elle n’en demeure pas moins un pas dans la bonne direction, a-t-il estimé.  Il a aussi salué les efforts déployés lors de la réunion de Djibouti ainsi que le projet de législation électoral.  Les parties ont renforcé leur interaction afin de parvenir à l’adoption finale de ce texte important au cours des prochains mois, s’est-il félicité. 

De son côté, a poursuivi le Représentant spécial, la Commission électorale indépendante a progressé dans la cartographie de sites d’enregistrements des électeurs.  En appui au processus, l’Union africaine (UA) prévoit des mesures pour l’établissement de la sécurité électronique, le règlement des différents et la formation des formateurs, entres autres.

M. Madeira a ensuite indiqué que les forces armées somaliennes, appuyées par la Mission, étaient parvenues à déloger les Chabab de la ville de Sabiib qui, a-t-il expliqué, a longtemps été une plaque tournante pour le trafic d’armes utilisées ensuite pour commettre des attaques à Mogadiscio.  Cette plateforme leur a été retirée, s’est-il félicité, et 90% de la population qui avait fui est de retour.  La situation dans le Bas-Chébéli est en train de changer la donne: un gouvernement en partenariat avec l’AMISOM et d’autres entités est en train de mettre en œuvre des mesures de sécurité.  Pour M. Madeira, la clef de ce succès aura été la planification conjointe des interventions militaires et civiles.  Cette approche doit à présent être rendue pérenne pour que d’autres villes qui seront libérées ne retombent pas aux mains d’extrémistes.

L’intervenant a aussi salué l’annonce du Gouvernement fédéral d’aligner les activités militaires à Sabiib sur les activités de police.  Les Somaliens, a-t-il souligné, ont la capacité d’assumer la sécurité de leur propre pays, citant de nouveau les actions à Sabiib.  Il a cependant alerté que les Chabab demeurent une menace de taille, en dépit du ralentissement de leurs activités, avertissant en outre que Daech pourrait tenter de prendre les zones précédemment contrôlées par les Chabab.  Des mesures sont prises pour contrôler l’action des Chabab dans d’autres zones du pays.

S’agissant du plan de transition, M. Madeira a indiqué que l’AMISOM avait réduit de 1 000 hommes ses effectifs et que des opérations de transfert clef avaient été menées à Sabiib.  Il a cependant fait observer que le Gouvernement fédéral aura besoin d’une aide supplémentaire pour renforcer les troupes en vue d’assurer la sécurité du pays.  La transition exigera aussi un règlement politique accéléré entre les clans, notamment en ce qui concerne le partage des ressources et du pouvoir, a-t-il ajouté.

Poursuivant, M. Madeira a indiqué qu’une conférence tenue en févier avait permis de jeter les bases de la reconfiguration des effectifs de l’AMISOM. Il a expliqué que trois secteurs de l’AMISOM avaient été reconfigurés avec la création de forces de réaction rapide et de forces mobiles.  Des opérations sont menées dans le secteur 1 jusqu’au secteur 6, une base a été transférée aux autorités somaliennes et des discussions sont en cours sur le transfert de compétences dans le secteur 5.  L’AMISOM a progressé de manière significative dans la mise en œuvre du plan de transition, moyennant notamment le déploiement d’équipes civiles dans le but d’améliorer la stabilisation.  Ces nouveaux efforts sur le plan civil doivent être pérennisés afin d’appuyer, comme il se doit, la transition, a-t-il estimé.  Il a aussi fait savoir que la composante police de la Mission avait renforcé sa présence et offrait une formation aux forces fédérales et régionales.

M. Madeira a ensuite appelé le Conseil à tenir compte de « l’option 1 de l’examen conjoint » avant d’envisager une réduction des effectifs de l’AMISOM. Cette option, a-t-il estimé, permettrait de créer un environnement propice au processus politique.

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a indiqué que la situation humanitaire en Somalie demeure une des crises prolongées les plus longues au monde, alimentée par les conflits armés et la violence ainsi que par la récurrence de chocs climatiques.  Elle a rappelé le lancement, en janvier, du Plan de réponse humanitaire 2019, qui indiquait que 4,2 millions de Somaliens, soit un tiers de la population, avait besoin d’aide et de protection.  Or, a-t-elle poursuivi, les indicateurs actuels font état d’une détérioration rapide de la situation humanitaire en raison de la gravité des conditions de sécheresse.  À ce stade, toute chute de pluie ne suffirait pas à inverser son impact.  Elle a fait savoir que depuis le mois de février, l’insécurité alimentaire aigüe avait déjà augmenté de 10% et que d’ici le mois de juillet, 5,4 millions de personnes ne sauront pas comment se procurer leur prochain repas.

Mme Mueller a aussi expliqué que les projections avaient été faites sur la base d’une reprise des pluies en mai et juin, mais que celles-ci ne s’étaient pas matérialisées.  Le taux de malnutrition aigüe chez les enfants augmente rapidement, notamment parmi les populations déplacées.  Elle a appelé à agir dès à présent pour éviter une crise humanitaire d’envergure, avertissant que les manques de financement entravent la réponse et ont pour conséquence de réduire l’aide dans des domaines critiques comme la santé, l’alimentation, l’eau et l’hygiène.  Le plan de réponse à la sécheresse a été lancé le 20 mai afin de récolter 710 millions de dollars pour répondre aux besoins jusqu’en décembre, tandis que le Plan de réponse humanitaire est en train d’être révisé.  Elle a précisé que celui-ci a été financé à hauteur de 20%, et qu’au mois d’avril, le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) et le Fonds humanitaire pour la Somalie avaient alloué près de 46 millions de dollars pour appuyer la livraison de l’aide.

Compte tenu du risque élevé d’une grave crise humanitaire, Mme Mueller a insisté sur le fait qu’un renforcement immédiat de la réponse humanitaire est essentiel pour atténuer les impacts de la sécheresse et prévenir toute fracture supplémentaire des communautés déjà fragilisées par la sécheresse de 2017.  La nature répétitive des chocs climatiques est un rappel brutal que la Somalie est en train de devenir de plus en plus vulnérable aux changements climatiques, a-t-elle relevé.

La Sous-Secrétaire générale a en outre signalé que le pays compte 2,6 millions de personnes déplacées, avertissant du risque accru d’une augmentation des déplacements provoqués par la sécheresse et d’une détérioration des défis de protection.  Lorsque cela est possible, des structures ont été mises en place afin de pouvoir rapidement renforcer la réponse dans les régions les plus durement touchées, a-t-elle expliqué.  Elle a aussi prévenu que les personnes déplacées encourent un risque accru d’être expulsées de force des zones de peuplement par les propriétaires terriens.  En 2018, plus de 300 000 personnes déplacées ont ainsi été chassés de force, une augmentation de 36% comparé à l’année précédente, et ce rythme devrait se poursuivre cette année.

La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a également évoqué l’augmentation des risques en matière de protection en raison de la réforme sécuritaire et de la mise en œuvre du plan de transition, du fait notamment des modifications apportées à la force et à la posture de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Elle a appelé le Gouvernement somalien à développer les capacités suffisantes pour pouvoir assurer la protection des civils, mettre en œuvre des structures et mécanismes de gouvernance appropriés et renforcer les autorités civiles pour assurer la livraison des services de base.

Mme Mueller a, en outre, attiré l’attention sur les difficultés rencontrées dans l’environnement opérationnel des organisations humanitaires, pointant notamment l’insécurité, les contraintes bureaucratiques et la limitation des infrastructures logistiques.  Des mesures s’imposent pour répondre aux attaques contre les entités dotées de mandats politique, de développement ou humanitaire.  Elle a notamment déploré les 18 attaques qui ont eu cette année un impact sur les organisations humanitaires, avec 3 morts, 2 blessés et 7 enlèvements.  Elle a encouragé le Gouvernement somalien à déployer les efforts nécessaires pour faciliter la livraison de l’aide.  Elle n’en a pas moins souligné que les vulnérabilités chroniques qui caractérisent la crise somalienne ne sauraient être résolues par la livraison de l’aide humanitaire.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a considéré que 2019 serait une année cruciale pour la Somalie, « au point de déterminer son avenir ».  La reprise de la coopération de l’ONU avec le Gouvernement fédéral de la Somalie est essentielle, celui-ci devant pouvoir compter sur les capacités techniques et l’expérience de l’ONU.  Nous savons tous, a-t-elle dit, que l’accord politique entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés sera d’une importance capitale.  Sur le plan humanitaire, les systèmes d’alerte précoce sont dans un état plus préoccupant qu’il y a deux ans, a reconnu la délégation britannique, avant d’annoncer que Londres consentirait un effort financier supplémentaire pour les renforcer.

M. TANANA JOHANNES MPANYANE (Afrique du Sud) a déploré le fait que les Chabab et d’autres groupes armés continuent d’être une source d’instabilité dans certains endroits de la Somalie, y compris Mogadiscio.  Il a demandé la condamnation des atrocités commises par les Chabab, avant de souligner que même s’il est acquis que sur le long terme la Somalie devrait prendre en main ses défis sécuritaires, il n’en demeure pas moins que pour le moment, le Gouvernement fédéral ne peut le faire à cause des capacités limitées des forces de sécurité.  D’où l’importance d’un soutien durable et coordonné de la communauté internationale. 

En outre, l’Afrique du Sud a insisté sur un dialogue inclusif entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, afin de résoudre leurs différends en vue de poursuivre la construction du pays et le processus de paix.  Le délégué a également plaidé pour la résolution des différends entre les deux chambres du Parlement afin de poursuivre avec le plan de transition.  De même, la consolidation de la paix et des institutions nationales doit se faire d’une manière inclusive, notamment en impliquant les femmes et les jeunes.  L’Afrique du Sud invite le Gouvernement somalien à résoudre toutes les questions en suspens afin d’adopter la nouvelle constitution du pays avant les élections à venir.  Enfin, l’Afrique du Sud invite la communauté internationale à soutenir le Plan d’aide humanitaire de 2019 pour la Somalie. 

Il est clair que la Somalie continue de faire face à des défis importants sur la voie de la construction d’un État sûr, stable et prospère, a reconnu M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis).  Il s’est félicité des progrès accomplis grâce aux efforts en matière de sécurité politique et de réformes constitutionnelles soutenus par l’ONU, l’Union africaine et des partenaires internationaux.  « Faire progresser la mise en œuvre de ces réformes offre au pays le plus grand espoir de stabilité durable et de croissance économique », a-t-il dit.  Le transfert des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux forces de sécurité nationales somaliennes est une « priorité absolue » selon la délégation américaine.  Aussi, a-t-il souligné la nécessité pour toutes les parties de se coordonner étroitement pour éviter les lacunes en matière de sécurité qui pourraient être exploitées par des « acteurs malveillants ».  « En ce qui concerne les élections 2020/2021 en Somalie, nous exhortons le Gouvernement à finaliser son projet de loi électorale afin de définir un système électoral juste et transparent », a préconisé le représentant. 

S’agissant de la réforme constitutionnelle, M. Cohen a souligné que la stabilité politique à long terme dépend de la définition des relations et de la division des pouvoirs et des responsabilités entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés.  « À ce titre, nous exhortons toutes les parties prenantes gouvernementales à se réunir et à finaliser cette réforme cruciale.  En ce qui concerne l’embargo sur les armes, nous avons encouragé la Somalie à s’engager de manière productive avec le Groupe d’experts et continuerons de le faire.  La Somalie semble croire que le Conseil de sécurité lèvera éventuellement les sanctions malgré un manque d’engagement du groupe.  Les États-Unis n’appuieront pas ce point de vue, qui ne résout en rien les problèmes que le régime de sanctions avait pour objet de résoudre et qui, en réalité, mine les actions du Conseil », a précisé le représentant.  Il a conclu en ajoutant que, depuis 2018, les États-Unis ont fourni une aide humanitaire de plus de 487 millions de dollars à la Somalie.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a salué les progrès réalisés par le Gouvernement somalien pour renforcer ses capacités sécuritaires et a appelé à se fonder sur les pratiques optimales pour fournir un meilleur appui au pays.  Il a aussi soutenu les efforts d’appropriation du Gouvernement pour créer un État fédéral opérationnel.  Il a appelé à continuer d’appuyer les efforts de l’Union africaine afin de renforcer la stabilité dans le pays.  Face aux menaces que représentent les Chabab, la MANUSOM doit maintenir sa présence dans le pays, a-t-il estimé, pour ensuite engager la communauté internationale à fournir un appui financier durable et prévisible afin d’éradiquer les Chabab.  Le représentant a aussi jugé nécessaire de renforcer l’aide humanitaire et au développement et a appelé les bailleurs de fonds à honorer leurs promesses.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) se félicitant des récentes initiatives visant à relancer le processus politique et de réconciliation entre le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération, a invité les parties concernées à maintenir cette dynamique positive et à accélérer la mise en œuvre de la feuille de route.  En outre, il a encouragé le Gouvernement à redoubler d’efforts, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de référence du Fonds monétaire international (FMI), afin de consolider la croissance économique et d’améliorer les conditions de vie de la population.  Préoccupé par la situation sécuritaire, le délégué a encore appelé le Gouvernement somalien à intensifier, avec le soutien de la communauté internationale, ses efforts afin de dissiper la menace posée par les Chabab. 

Sur le plan humanitaire, la Côte d’Ivoire note avec inquiétude que la persistance du conflit, l’insécurité alimentaire provoquée par une faible pluviométrie et l’augmentation du nombre de déplacés accroîtront les besoins d’aide et de protection qui concerneront 4,2 millions de personnes cette année.  Le représentant a donc jugé impérieux de répondre promptement à l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur du financement du plan de réponse humanitaire 2019, dont les besoins pour les six prochains mois sont estimés à 674 millions de dollars.  Il a exhorté toutes les parties prenantes à protéger le personnel humanitaire et à favoriser le passage de l’aide. 

M. JUAN MBOMIO NDONG MANGUE (Guinée équatoriale) a invité les dirigeants somaliens à concrétiser les mesures de réconciliation adoptées le 26 janvier dernier à Garoowe.  Il a également appelé les membres des deux chambres du Parlement fédéral à reprendre leur coopération afin d’approuver les lois urgentes dont le peuple et divers secteurs de la société somalienne ont besoin.  Le représentant a, par ailleurs, encouragé les autorités fédérales et régionales à accroître la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  Au niveau sécuritaire, la Guinée équatoriale déplore les attentats perpétrés par les Chabab qui représentent « une menace susceptible de semer le chaos en Somalie et dans la Corne de l’Afrique ».  Son représentant a salué le renforcement des relations entre la Somalie et ses voisins, y compris la volonté des Présidents somalien et kenyan d’entamer le processus de normalisation de leurs relations. 

M. NAWAF A. S. A. ALAHMAD (Koweït) a constaté que l’insécurité alimentaire touche une large partie de la population somalienne.  La résolution 2461 (2019) démontre que l’ONU soutient le Gouvernement fédéral de transition dans ses efforts pour rétablir la stabilité dans le pays et progresser dans sa réforme du secteur de la sécurité.  Sur le plan sécuritaire, justement, le mouvement des Chabab demeure la principale menace, a observé le représentant, en faisant état de la série d’attaques récentes, dont celle qui a coûté la vie au Vice-Ministre des affaires étrangères de la Somalie.  Il est donc nécessaire que l’État rétablisse son autorité dans l’ensemble du territoire somalien, a poursuivi le représentant, qui a reconnu que cette année sera décisive pour aider les États fédérés à mettre en œuvre les accords politiques conclus. 

M. SAMER MELKI (France) s’est dit préoccupée par l’absence de progrès dans la mise en œuvre du plan de transition et des engagements pris dans le Pacte de sécurité de 2017 ainsi que dans l’intégration des forces régionales dans le cadre de l’architecture nationale de sécurité.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit saisir l’occasion du renouvellement du mandat de l’AMISOM pour rappeler clairement ses attentes.  Le représentant a aussi appelé à la reprise d’un dialogue constructif entre le Gouvernement fédéral somalien et les États fédérés afin de faire aboutir au plus vite les chantiers du fédéralisme, de la révision constitutionnelle et des élections prévues entre 2020 et 2021.  Pour que la transition sécuritaire réussisse, a-t-il poursuivi, il est nécessaire que l’AMISOM poursuivre sa reconfiguration en soutien au plan de transition.  Il faut une réduction modérée du plafond des troupes afin de continuer à encourager les autorités somaliennes à mettre en œuvre cette transition.  Il s’agit de retirer des troupes des zones plus stables. 

Le représentant a d’ailleurs estimé essentiel que de nouveaux partenaires participent au financement de la Mission.  L’Union européenne, a-t-il prévenu, ne peut pas continuer à financer, seule, les primes des soldats de la Mission.  Le représentant a dit attendre une pleine coopération des autorités fédérales somaliennes avec les Nations Unies.  Il a posé deux questions aux intervenants: quelles sont les perspectives de reprise de la mise en œuvre du plan de transition et de l’intégration des forces régionales dans l’architecture nationale de sécurité?  L’Union africaine compte-t-elle entreprendre des démarches pour solliciter l’appui de nouveau donateurs pour le financement de l’AMISOM?

M. GUATAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a espéré que le programme de réforme sécuritaire du Gouvernement somalien pourra être mis en œuvre.  Il s’est inquiété de la prévalence de l’insécurité alimentaire, du fait que 90% des ménages n’ont pas accès aux services de base, de la persistance de l’extrémisme violent et des attaques imputables aux Chabab.  Il a salué les ouvertures au dialogue, évoquant notamment la réunion de Garoowe et a espéré que cette tendance ouvrira la voie à un dialogue politique durable afin d’avancer dans l’organisation d’élections, le processus de révision constitutionnelle et la réconciliation.  Il a aussi insisté sur l’importance de la promotion de la participation active des femmes à la vie politique du pays et a espéré que les réformes du Gouvernement porteront sur cette question.

Le représentant s’est ensuite inquiété de la gravité de la situation humanitaire et jugé indispensable que la communauté internationale renforce son appui financier.  Il a aussi appelé à préserver les effectifs de l’AMISOM, estimant par ailleurs que le transfert de sites aux institutions somaliennes doit se faire en tenant compte des conséquences humanitaires et du bien-être de la population civile.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué les progrès réalisés en Somalie en termes de pérennisation de la paix et de consolidation de l’État ainsi que les réformes ambitieuses que le Gouvernement fédéral a l’intention de lancer.  Parallèlement, la Pologne reste profondément préoccupée par le nombre croissant des attaques des Chabab et de la présence accrue de Daech en Somalie.  Une autre source de préoccupation reste, pour la délégation, l’impasse politique entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés ainsi que la suspension de la coopération entre les deux chambres du Parlement fédéral, ce qui représente un risque pour les acquis actuels.  La Pologne exhorte tous les acteurs politiques en Somalie à se réconcilier et à s’engager dans un dialogue constructif pour le bien du pays.  De plus, les acteurs régionaux devraient apporter un soutien impartial au processus de réconciliation national, a ajouté la représentante.

Mme Wronecka a également encouragé les autorités somaliennes à coopérer avec les Nations Unies, dans un contexte de confiance mutuelle et sur la base du respect du droit international.  Soulignant que la protection des droits de l’homme et des libertés fait intrinsèquement partie de la démocratie, elle a exprimé ses inquiétudes face aux allégations de violations de ces droits à la fois par les Chabab, mais également par le Gouvernement, les forces régionales et les milices en présence, en citant en particulier les recrutements d’enfants par les forces armées somaliennes.  S’agissant du renouvellement du mandat de l’AMISOM et de son plan de retrait graduel, la Pologne insiste sur le fait que cela doit se faire sur la base d’étapes spécifiques et d’un calendrier réaliste de transfert des responsabilités de la mission aux forces armées nationales.

Mme MORRISON (République dominicaine) s’est dite préoccupée par « l’impasse » dans laquelle se trouvent les relations entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés en Somalie, ainsi que par la situation sécuritaire fragile en raison des attaques perpétrées par les Chabab.  Elle a cependant salué les progrès réalisés en matière de réforme constitutionnelle et les efforts du Gouvernement pour faire avancer l’adoption du projet de réconciliation nationale, notamment dans le cadre de la révision constitutionnelle et du projet de loi électorale basé sur le principe de représentation proportionnelle et d’ouverture.  La représentante a appelé à redoubler d’efforts pour améliorer la participation politique des femmes, notamment via l’augmentation des quotas de femmes dans la future loi électorale, afin d’atteindre le seuil minimum de 30% d’élues.  La représentante a, par ailleurs, rappelé que la Somalie, dont 70% de la population a moins de 30 ans, était l’un des pays les plus jeunes au monde.  Elle a mis en garde contre le risque de radicalisation idéologique des jeunes en raison du manque d’accès à des opportunités d’emploi et à des activités sociales et récréatives. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) s’est félicité de l’engagement du Gouvernement fédéral à mettre en œuvre ses réformes économiques et de ses progrès accomplis dans l’enregistrement biométrique des soldats de l’Armée nationale somalienne.  Les questions électorales demeurent malheureusement une source de tensions et de divisions, a constaté à regret le représentant, avant de juger primordial que tous les partenaires travaillent de concert dans la même direction.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé que la situation en Somalie demeure difficile, un pays dont les Chabab continuent de contrôler plusieurs régions.  C’est pourquoi la lutte antiterroriste doit demeurer une priorité.  L’AMISOM continuant de jouer un rôle clef dans la stabilisation du pays, il ne serait pas raisonnable de procéder à une diminution du nombre de soldats déployés, a estimé le représentant.  La Corne de l’Afrique est traversée par de nombreux changements positifs, a noté le représentant, qui a souhaité que l’action du prochain Représentant spécial soit guidée par un certain nombre de principes, dont celui de « ne pas s’ingérer dans les affaires internes des pays ». 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a noté la démoralisation du personnel de l’ONU après l’expulsion du Représentant spécial, M. Nicholas Haysom, et a espéré que la coopération s’améliore.  Il a insisté sur le fait qu’un gouvernement fédéral fort n’exclut pas d’avoir des États fédérés forts, citant en exemple son propre pays.  Déplorant que la réunion de Garoowe n’ait pas été couronnée de succès, il a voulu savoir si une deuxième réunion était prévue.  Le représentant a ensuite insisté sur la réforme constitutionnelle et du secteur de sécurité, de même que sur le processus électoral.  Il a aussi appelé à veiller à la protection des femmes et des enfants, dénonçant notamment le fléau des violences sexuelles.  Il a appelé le Gouvernement à renforcer son cadre juridique en la matière et a estimé que cette question doit aussi être reflétée dans le mandat de l’AMISOM.

Une approche globale conjointe et coordonnée s’impose, a poursuivi le représentant, avant de demander des précisions sur la situation dans le Bas-Chébéli.  Il a aussi insisté sur l’importance d’une force de police opérationnelle afin d’améliorer les relations entre le Gouvernement et la population.  Enfin, le délégué a appelé à tenir compte de l’impact des changements climatiques lors de la révision des mandats.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué l’engagement de l’ONU et du Gouvernement somalien à renforcer leur coopération et a appuyé le rôle « essentiel » joué par l’AMISOM pour promouvoir le processus de règlement politique inclusif, l’avènement d’un État fédéral fonctionnel et la mise en œuvre du plan de transition.  Il s’est aussi félicité du renforcement du mandat de la Mission pour appuyer les élections de 2020-2021.  Le représentant s’est ensuite dit gravement préoccupé par la menace continue et les activités déstabilisatrices des Chebab, notant l’augmentation, ces deux derniers mois, des attaques à Mogadiscio.  Leur capacité à fabriquer des engins explosifs artisanaux démontre leur capacité à inventer d’autres manières de commettre des atrocités, s’est-il alarmé. 

Au vu de ce contexte, M. Djani a insisté sur l’importance de la présence continue de l’AMISOM et d’un financement prévisible et durable.  Il a également appelé à veiller à ce que toute reconfiguration du mandat de l’AMISOM ne crée pas de vide sécuritaire.  De plus, les forces de sécurité somaliennes qui assumeront des responsabilités sécuritaires doivent bénéficier d’une formation et d’équipements adéquats.  Il s’est par ailleurs inquiété de la détérioration de la situation humanitaire et du fait que le Plan de réponse humanitaire pour la Somalie demeure gravement sous-financé.  Il a exhorté les parties à lever les obstacles qui entravent l’acheminement de l’aide.

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a souligné l’ampleur des progrès accomplis par son pays au cours des deux dernières années, comme en témoigne selon lui le niveau record de la dernière collecte de l’impôt sur le revenu, grâce à la mise en œuvre d’un processus automatisé et de diverses réformes économiques.  « Cependant, toute réforme a un coût », a déclaré le représentant, indiquant que le Gouvernement avait épuisé une part importante de son « capital politique » dans le cadre du processus de réforme. 

Sur le plan sécuritaire, a poursuivi M. Osman, les autorités somaliennes se sont notamment efforcées de procéder à l’enregistrement biométrique des officiers dans le cadre de la réforme du paiement électronique, qui vise à lutter contre la corruption et à faire en sorte que les officiers soient payés en temps voulu, comme c’est le cas depuis les 25 derniers mois.  Le représentant a indiqué que ces mesures devraient garantir la stabilité de l’Armée somalienne, ainsi que la mise en œuvre d’une architecture nationale de sécurité ambitieuse et d’un plan de transition.  Malgré ces évolutions, le représentant a indiqué que les Chabab constituaient toujours une menace pour la sécurité du pays.  Certes, a-t-il indiqué, le Gouvernement a enregistré des avancées significatives contre le groupe terroriste au cours des huit dernières semaines.  « Mais nous ne pouvons pas mettre en œuvre efficacement le plan de transition avec les pieds et poings liés, en raison de l’embargo sur les armes qui s’éternise », a dénoncé le représentant, regrettant « les décisions prises depuis le Siège de l’ONU », qui entravent.  selon lui, la capacité des forces de sécurité somaliennes à lutter contre le terrorisme des Chabab, au profit de ces derniers.

Parallèlement, le représentant a indiqué que la Somalie avait fait des progrès dans l’instauration d’un cadre politique ouvert, comme en témoigne selon lui l’adoption récente par le Parlement fédéral d’une loi sur le partage des revenus pétroliers, ainsi que l’approbation par le Cabinet du Premier Ministre d’un nouveau projet de loi électorale.  Il a ajouté que les autorités somaliennes s’attachaient également à promouvoir les droits de l’homme et à investir dans la jeunesse du pays, pour éviter qu’elle ne soit tentée par l’idéologie des Chabab.

Toutefois, M. Osman a tiré la sonnette d’alarme face à la situation humanitaire du pays.  Ces trois derniers mois, le manque de précipitations a donné lieu à des pénuries d’eau et à une détérioration des récoltes agricoles, a-t-il mis en garde, de sorte que 3,4 millions de personnes sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire.  Il a appelé la communauté internationale à agir de manière urgente pour éviter que la situation ne dégénère en catastrophe humanitaire.  Le représentant a, enfin, appelé les Nations Unies à renforcer leur appui envers le Gouvernement fédéral somalien, qui se trouve à un « moment charnière en matière de construction de l’État, de fédéralisation et de démocratisation ».

Reprenant la parole, la Sous-Secrétaire générale pour les affaires humanitaires, Mme MUELLER, a salué les appels lancés au renforcement de l’aide humanitaire.

Le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie, M. MADEIRA a ensuite relevé que la Somalie avait répondu aux questions de l’Allemagne sur les mesures sécuritaires, insistant sur la nécessité de garantir la capacité de l’armée à constituer ses forces et à verser des salaires.  Mais plus que tout, il faut une armée renforcée en nombre qui ne se borne pas à édifier des barrages routiers, a-t-il commenté, saluant ensuite le fait que le Gouvernement soit parvenu à maintenir les zones récupérées.  S’agissant des perspectives de mise en œuvre du plan de transition, M. Madeira a appelé à établir une corrélation entre les acquis et le calendrier.  Il a, en outre, relevé que les villes récupérées l’avaient été grâce à une force somalienne intégrée.  Il faut cependant éviter que les forces régionales de sécurité ne soient intégrées de manière clanique et établir une bonne chaîne de commandement et un bon mécanisme de contrôle afin de constituer une force harmonisée, a-t-il conclu.

Le Représentant spécial par intérim, M. ZENENGA, a indiqué qu’un comité préparatoire était en train d’être formé pour la préparation des élections.  « Il ne faut pas échouer face aux priorités » qui attendent la Somalie.  Il convient, a-t-il dit, de garantir la coopération, la révision de la Constitution, la réforme de la législation.  S’agissant du moral des troupes, les conditions de sécurité demeurent extrêmement difficiles, mais le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) fait des efforts pour réinstaller son personnel dans des locaux sécurisés et être à l’écoute de ses attentes, a précisé le haut fonctionnaire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: la baisse du budget de la Mission de l’ONU en RDC entérine le « premier transfert pacifique du pouvoir »

Soixante-treizième session,
38e séance – matin
AG/AB/4324

Cinquième Commission: la baisse du budget de la Mission de l’ONU en RDC entérine le « premier transfert pacifique du pouvoir »

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires était saisie, ce matin, d’une proposition budgétaire d’environ un milliard de dollars pour l’opération de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), soit une baisse significative par rapport à l’exercice précédent.  Le Secrétaire général précise que cette enveloppe reflète la diminution programmée des effectifs de la mission et la fermeture de plusieurs de ses bureaux à la faveur du « premier transfert pacifique du pouvoir dans l’histoire du pays ».

Dans sa proposition budgétaire (A/73/816) pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, M. António Guterres recommande d’allouer 1 023 267 600 dollars à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), jusqu’ici la plus coûteuse après l’opération au Soudan du Sud.  Si elle était acceptée par les États Membres, cette coupe de 8,2% par rapport à l’exercice 2018/19 ferait basculer la MONUSCO en troisième position, derrière la mission au Mali.  Le nouveau budget reflète une réduction de la présence de la MONUSCO, qui concentrera désormais ses efforts sur les zones affectées par les groupes armés, notamment dans l’est du pays et dans les provinces des Kasaï.  Concrètement, sept bureaux locaux et un site fermeront leurs portes le 30 juin 2019, entraînant la suppression, sur 21 258, de 126 postes internationaux, 555 nationaux et 71 Volontaires des Nations Unies. 

Le Secrétaire général précise que cette évolution fait suite à la tenue, le 30 décembre 2018, des élections présidentielle et législatives en RDC, une « étape importante » dans la mesure où elle a donné lieu au « premier transfert pacifique du pouvoir dans l’histoire du pays ».  La MONUSCO, précise-t-il, continuera de promouvoir la participation à la vie politique aux élections locales prévues entre 2019 et 2020.

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) (A/73/755/Add.15) va plus loin et recommande une autre réduction de 464 800 dollars.  Il refuse en effet d’approuver la création d’un poste de conseiller pour la transition (P-4), en raison de ses similitudes avec le poste déjà existant de conseiller principal pour la transition.  Le CCQAB s’oppose également à la création d’un poste de spécialiste de la planification et de la coordination au Bureau du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général chargé de la protection et des opérations à Goma.  Le Comité propose en outre des coupes budgétaires dans les voyages officiels, les infrastructures et les transports terrestres.

La Commission était aussi saisie d’un projet de résolution sur le financement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (A/C.5/73/L.31).  S’il était adopté, l’Assemblée générale demanderait à Israël le paiement de 1 117 005 dollars à la FINUL, correspondant aux dépenses occasionnées par les faits survenus à Cana, le 18 avril 1996.  En présentant le projet de résolution, par la voix de l’État de Palestine, le Groupe des 77 et la Chine ont rappelé que la Mission permanente d’Israël auprès de l’ONU n’avait pas donné suite aux divers courriers que lui a adressés le Secrétaire général, dont le dernier remonte au 10 janvier 2019.  Le Groupe souligne une fois de plus que la responsabilité du paiement de la somme incombe à Israël et prie M. Guterres de faire rapport à la prochaine session de l’Assemblée générale.

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance publique mardi 28 mai, à partir de 10 heures, sur l’amélioration de la situation financière de l’Organisation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.