L’Assemblée générale prévoit une réunion de haut niveau sur la sécurité routière en 2022 et proclame le 18 juin Journée internationale de la lutte contre les discours de haine
L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui deux résolutions par lesquelles elle décide de tenir en 2022 une réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde et de proclamer le 18 juin Journée internationale de la lutte contre les discours de haine.
L’Assemblée a adopté sans vote un texte* aux termes duquel la réunion de haut niveau se tiendra immédiatement après le forum politique de haut niveau sur le développement durable organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC).
Le texte, qui a été adopté sans vote, tel que modifié par un amendement entériné par 81 voix pour, 36 voix contre et 30 abstentions, prévoit que la réunion de haut niveau aura pour thème « La sécurité routière à l’horizon 2030: garantir une décennie d’action et de réalisations ». L’objectif est de combler les lacunes et de relever les défis, de mobiliser les dirigeants politiques, de promouvoir la collaboration multisectorielle et multipartite et d’évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatives à la sécurité routière. La réunion sera couronnée d’une déclaration « politique concise et pragmatique », qui aura obtenu un consensus préalable au terme de négociations intergouvernementales.
L’Inde et Brunéi Darussalam, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ont salué cette réunion, rappelant que 1,3 million de personnes perdent la vie tous les ans dans des accidents de la route, dont beaucoup de cyclistes et de piétons. « La sécurité routière est une question de santé publique », a ajouté Brunéi Darussalam.
Auteur de l’amendement consistant à remplacer le paragraphe 11 de la résolution sur la participation des organisations de la société civile, le Royaume-Uni a expliqué qu’il s’agissait de faire revenir l’Assemblée générale à « l’approche consensuelle » des textes sur les modalités des réunions de haut niveau sur le VIH/sida, la cybercriminalité et la traite des êtres humains, sans oublier les textes similaires remontant à 2001.
Il s’agissait aussi, a-t-il poursuivi, de corriger un libellé qui aurait privé de leur voix des partenaires « légitimes », ceux qui ont une vraie expérience de la sécurité routière, ceux qu’il faut écouter et ceux qui peuvent enrichir les débats avec leurs connaissances. Nous n’avons enlevé en rien, a ajouté le Royaume-Uni, la faculté de vérifier la pertinence des organisations de la société civile. Bien au contraire nous avons redonné le pouvoir de décision à l’Assemblée plutôt qu’à tel ou tel État Membre. L’amendement offre la chance de prendre une décision collégiale sur qui on doit ou ne doit pas entendre et retire à un État ou un autre le pouvoir de censure.
Cet amendement fonctionne parce que nous l’avons vu fonctionner, a martelé le Royaume-Uni, en citant l’exemple de « l’État » qui avait voulu bloquer pour « des raisons politiques » la participation d’une ONG à la réunion de haut niveau sur le VIH/sida. L’Assemblée, a-t-il rappelé, a pu passer au vote et approuvé à une majorité écrasante l’idée d’entendre l’ONG en question.
Le Royaume-Uni a été soutenu par la Slovénie qui, au nom de l’Union européenne, a également insisté sur la participation « importante » de la société civile, « priorité de premier rang pour l’UE ». Le groupe CANZ -Australie, Canada, Nouvelle-Zélande- a lui aussi critiqué le libellé original, aux côtés des États-Unis. En revanche pour la Chine, la première version représentait le consensus auquel étaient parvenus les États Membres. La procédure d’approbation tacite qui permet aux ONG sans statut consultatif auprès de l’ECOSOC de prendre part aux travaux de l’Assemblée générale préserve, dans le même temps, la nature intergouvernementale des réunions, a-t-elle argué.
« C’est un processus conforme à la pratique de l’Assemblée générale », a affirmé la Chine qui a cité plusieurs résolutions adoptées par consensus par le passé lesquelles ont, à ses yeux, réglé la question de la participation des ONG aux travaux de l’Assemblée générale. Elle a donc voté contre un amendement « qui affaiblit le rôle des États Membres et sape un équilibre de plusieurs années », aux côtés de l’Iran, du Bélarus et de la Syrie.
L’Assemblée a ensuite adopté sa résolution*** sur la « Lutte contre les discours de haine: promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance ». Outre la proclamation du 18 juin comme Journée internationale de la lutte contre les discours de haine, le texte demande à son Président de convoquer une réunion informelle de haut niveau, le 18 juin 2022, à l’occasion de la commémoration de la première Journée.
Cette réunion aura pour objectif « de contribuer à susciter un soutien politique en vue d’élaborer des stratégies permettant d’identifier, de traiter et de contrer le discours de haine aux niveaux national et mondial, en tenant compte, le cas échéant, de la Stratégie et du Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine ».
L’Assemblée demande aussi aux États Membres d’engager des échanges afin de promouvoir les vertus du dialogue interreligieux et interculturel, du respect et de l’acceptation des différences, de la tolérance, du respect de la diversité, de la coexistence et de la cohabitation pacifiques et du respect des droits de l’homme, et de contrer la propagation de tout discours de haine qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. Les États Membres, « auxquels il incombe au premier chef de lutter contre la discrimination et le discours de haine », sont également priés de promouvoir l’inclusion et l’unité dans les mesures prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19.
Au nom de l’Union européenne, la Slovénie a regretté l’accent mis exclusivement sur l’aspect religieux, en estimant qu’une approche globale comprenant tous les aspects de la discrimination contre des individus ou des groupes, aurait eu une plus grande portée. Elle s’est dite déçue que toutes les propositions de l’UE n’aient pas été prises en compte notamment l’accent mis sur l’universalité des droits et des libertés fondamentales. Une approche plus globale face à toutes les formes de discriminations aurait aussi permis d’éviter de nourrir « cette tendance à multiplier les journées internationales ».
Le Royaume-Uni a critiqué un texte qui semble vouloir amoindrir le droit des peuples à contester l’action de leur gouvernement, alors que le groupe CANZ regrettait l’absence d’une mention des liens potentiels entre discours de haine et risques d’atrocités de masse. La Fédération de Russie a accusé certaines délégations d’avoir insisté sur l’élimination de plusieurs parties de la version originale de la sécurité. Enfin, le Saint-Siège a souligné le « distinguo crucial » entre le dialogue interculturel et le dialogue interreligieux, ce dernier, a-t-il souligné, étant essentiel à la promotion d’une paix durable et à la cohésion sociale.
L’ONU n’a aucun mandat pour définir les cadres ou les objectifs du dialogue interreligieux, a-t-il dit, préoccupé par une mauvaise compréhension de la nature même d’un tel dialogue. Le Saint-Siège a donc jugé primordial de promouvoir ce concept ainsi que le rôle des dirigeants religieux au sein de l’Organisation. « Évitons les divisions et privilégions les ponts », a-t-il conseillé.
L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique le vendredi 23 juillet à partir de 10 heures pour examiner les progrès dans la lutte contre le paludisme et se prononcer sur plusieurs résolutions.
***A/75/L.115