En cours au Siège de l'ONU

Deuxième Commission: les pays les moins avancés expriment leurs attentes à trois mois de la Conférence de Doha et de leur nouveau Programme d'action

Soixante-seizième session
Réunions virtuelles, Matin & après-midi
AG/EF/3551

Deuxième Commission: les pays les moins avancés expriment leurs attentes à trois mois de la Conférence de Doha et de leur nouveau Programme d'action

Depuis 2010, 4 pays sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et 16 autres sont en voie de le faire, a-t-on appris, ce jeudi, lors du troisième jour de travaux de la Deuxième Commission (économique et financière), menés aujourd’hui par visioconférence.  Les PMA ont enregistré des progrès dans plusieurs domaines essentiels: l’accès aux technologies de l’information et des communications, l’énergie durable, la santé, l’éducation primaire, l’égalité hommes-femmes et la représentation des femmes dans les parlements.  La toute jeune Banque de technologies pour les PMA, mise sur pied, il y a trois ans, a été saluée par les intervenants pour avoir remporté de nombreux succès en matière de partage de technologies, malgré des ressources ténues.

Voilà pour les bonnes nouvelles, à trois mois de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui aura lieu à Doha, au Qatar, en janvier 2022.  Le Groupe des PMA a espéré qu’elle ouvrira « une nouvelle ère dans leur Histoire ».  Le Groupe des 77 et la Chine a évoqué de nombreuses consultations multipartites entre le système des Nations Unies pour le développement, le secteur privé et d’autres acteurs, en préparation de l’événement.  L’élaboration d’un texte commun est en cours.

Ces signes encourageants n’ont cependant pas réussi à endiguer un pessimisme certain exprimé par les pays en situation particulière, dont les PMA.  Ces derniers sont en grande difficulté; ils se décrivent « au bord du gouffre ».  La pandémie a « sans l’ombre d’un doute » touché les PMA de manière disproportionnée, a confirmé Courtenay Rattray, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement: « d’un côté, le PIB, les exportations, les recettes publiques, les investissements étrangers directs (IED) et les envois de fonds ont baissé, tandis que, de l’autre côté, les inégalités, la pauvreté et l’insécurité alimentaire ont augmenté ».  Les PMA ne retrouveront probablement pas leur PIB d’avant la pandémie, avant trois à cinq ans, alors que les pays développés enregistrent déjà un fort rebond.

Les sciences et technologies étant fondamentales pour la progression des PMA, ces derniers ont demandé aux États Membres de soutenir durablement – à l’aide de financements prévisibles, sans restriction - la Banque de technologies pour les PMA, créée en décembre 2016 et devenue opérationnelle en 2018.  La Banque, qui a son siège à Gebze, en Turquie, aide les pays visés à utiliser les sciences et les technologies pour qu’ils puissent un jour changer de catégorie.

Un reclassement qui ne signifierait pas tant la fin des difficultés que l’apparition d’autres incertitudes, ont tenu à rappeler les délégations concernées.  En effet, la plupart des pays reclassés demeurent vulnérables aux chocs externes, a expliqué M. Rattray, qui a jugé essentiel de planifier des transitions nationales « sans heurt », et a invité les partenaires commerciaux et de développement à élargir « de toute urgence » leurs mesures de soutien aux pays reclassés.  De même, pour le Groupe des États d’Afrique, il est indispensable de ne « pas adopter d’approche mécanique » dans le reclassement des PMA.

La sécurité alimentaire, mise à mal par la double catastrophe de la pandémie et des changements climatiques, a continué à provoquer le débat.  Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)a déploré qu’à l’heure actuelle, 811 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique et plus de 3 milliards de personnes ne s’alimentent pas de manière saine.  Conformément à la Déclaration d’action du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, tenu à New York en septembre, les efforts sont désormais axés sur « la transformation vers des systèmes agro-alimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables ».  Le Brésil a indiqué avoir rejoint, grâce au Sommet, des initiatives illustrant son adhésion au concept « de la ferme à la table »: élevage durable, lutte contre le gaspillage et la perte de nourritures, et repas scolaires adaptés.

Les changements climatiques, la perte de biodiversité, la dégradation des sols et la pénurie d’eau sont des menaces indiscutables pour la sécurité alimentaire selon le Costa Rica, qui a appelé à mettre en place des systèmes alimentaires plus efficaces et à optimiser l’utilisation des ressources environnementales dans la production, la transformation et la distribution des aliments.  Sri Lanka s’est, elle, engagée à soutenir le secteur agricole et à le moderniser, via la recherche, le développement agricole, et l’élaboration d’un programme favorisant les jardins potagers.

Dans le bilan des obstacles qui continuent d’entraver le développement durable, plusieurs pays ont vivement dénoncé les mesures protectionnistes unilatérales dont ils sont l’objet: le Nicaragua les a qualifiées de « crime contre l’humanité » dans le contexte actuel, et en a appelé à la solidarité internationale pour faire reculer la pauvreté et les inégalités.  Le Bélarus a, lui aussi, dénoncé sans réserve les sanctions économiques, financières et sectorielles contre les pays grands exportateurs agricoles.

La Deuxième Commission se réunira de nouveau demain, à 10 heures, pour la poursuite de son débat général.

RÉUNION VIRTUELLE SUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

  • Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) A/76/234
  • Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 A/76/239

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION A/76/216

    • Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition A/76/73 A/76/233
    • Fibres végétales naturelles et développement durable

Clôture de la discussion générale conjointe

La représentante de l’Arabie saoudite a dit que son pays accorde une grande importance au développement, à la croissance, à la coopération et à la lutte contre les catastrophes naturelles.  La pandémie a montré combien la coopération internationale est nécessaire entre les nations, a-t-elle relevé, se désolant qu’elle entrave la réalisation des ODD.  Elle a assuré que l’Arabie saoudite n’avait ménagé aucun effort pour contribuer à l’aide alimentaire aux pays dans le besoin ainsi que pour coopérer avec les entités onusiennes.

L’oratrice, qui a promu les systèmes alimentaires durables, a concédé que l’Arabie saoudite rencontrait des difficultés spécifiques telles que la désertification, la sécheresse et les pénuries d’eau.  Le Royaume a cependant amélioré ses modes de consommation et envisage de réduire sa production de déchets de 50% d’ici à 2050, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi mis en évidence les projets ambitieux menés par son pays pour que les femmes et les jeunes saoudiens prennent part au système agricole et agroalimentaire du pays.  Enfin, elle a plaidé en faveur d’un programme commun en faveur du développement durable.

La représentante de Cuba a prononcé une déclaration qui n’a pas pu être interprétée « en raison de la mauvaise qualité de la liaison », comme l’a expliqué l’interprète.

Le représentant du Burkina Faso a fait savoir que le Burkina Faso n’a cessé d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques et stratégies de développement axées sur la lutte contre la pauvreté.  Ainsi, l’incidence de la pauvreté est passée de 46,7% en 2009 à 36,2% en 2018, le recul étant plus important en milieu urbain qu’en zone rurale.  Fort de ce constat, le pays s’engage dans la poursuite de la transformation des structures économiques, démographiques et sociales permettant la réduction des inégalités et l’impulsion d’une amélioration durable du bien-être des populations.

En ce qui concerne la hausse de l’extrême pauvreté dans le monde, M. Konate a constaté que plus des trois quarts de ces « nouveaux pauvres » vivent dans des pays à revenu intermédiaire et a jugé nécessaire qu’un contrat social renouvelé soit au cœur de la reprise.  Le Burkina Faso y est résolument engagé, a dit le représentant qui a convié l’assistance à la Conférence internationale sur le financement du développement de son nouveau référentiel national, prévu les 2 et 3 décembre 2021 à Bruxelles, en Belgique.

La représentante de l’Inde a appelé à s’attaquer aux problèmes structurels qui ne permettent pas de surmonter les effets négatifs de la pandémie, et notamment la malnutrition.  Pour sa part, l’Inde a adopté des programmes pour les segments les plus vulnérables de la population, comme les travailleurs informels et ceux de l’économie rurale, avec des fonds attribués notamment pour les pauvres et les femmes.  Les partenariats ont été élargis dans un esprit Sud-Sud, a aussi indiqué la représentante.

Quant au secteur agricole, la production a pu continuer malgré la pandémie et elle est même historique, a expliqué la représentante, ajoutant que 15 milliards de dollars ont été déposés sur les comptes de milliers d’agriculteurs.  Des mesures leur permettant, en outre, d’écouler la production.  L’agriculture de subsistance et commerciale ne peuvent être placées sur le même plan, a-t-elle fait observer.  L’Inde s’efforce aussi de lutter contre la malnutrition des écoliers et a été en première ligne pour plusieurs initiatives.  La déléguée a dit que l’Inde est prête à fournir son expertise pour promouvoir l’agriculture durable et mettre un terme à la malnutrition et à la faim.

Le représentant des Philippines a plaidé pour la mise en place de systèmes alimentaires plus résilients.  Il a appelé à agir pour réaliser « les changements transformateurs que nous voulons » pour améliorer les systèmes alimentaires.  Aux Philippines, a-t-il témoigné, ces efforts impliquent l’ensemble du Gouvernement qui œuvre à améliorer en particulier l’agriculture familiale, la forme d’agriculture la plus répandue dans les pays en développement.  Dans ce contexte, le délégué a soutenu le lancement de la Décennie des Nations Unies sur la question: elle servira de prétexte pour la mise en place de politiques d’appui à l’agriculture familiale, a-t-il plaidé.

Le représentant de Sri Lanka a jugé essentiel d’accorder la priorité à l’élimination de la pauvreté sur la base d’idées innovantes, et de politiques de développement axées sur les personnes.  Sri Lanka, a-t-il indiqué, a axé sa politique de soutien sur l’agriculture, la pêche, le développement des entreprises, le tourisme et la production sucrière, entre autres.  Citant les programmes mis en place par le Gouvernement sri-lankais, il a mentionné notamment celui qui vise à fournir de l’électricité aux foyers les plus pauvres, et celui qui tend à répondre aux besoins quotidiens de 1,79 million de foyers à faible revenu.

L’éducation est essentielle pour vaincre la pauvreté, a fait observer le représentant qui s’est félicité qu’elle soit gratuite à Sri Lanka, où de nombreuses écoles rurales ont été modernisées.  Concernant l’agriculture, « composante la plus importante pour lutter contre la faim dans le monde » selon lui, le Gouvernement s’est engagé à soutenir le secteur et à le moderniser, via la recherche, le développement agricole, et l’élaboration d’un programme favorisant les jardins potagers.

La représentante du Costa Rica a expliqué que son pays mesure la pauvreté en tenant compte du « caractère multidimensionnel » de la pauvreté et du développement.  Le processus de reconstruction économique et sociale post-pandémie obligera, selon elle, les pays à étendre leurs systèmes de protection sociale, en termes de couverture et de services sociaux offerts.  La déléguée a évoqué le besoin « d’indices ajustés au risque et à la vulnérabilité » pour « mieux évaluer le concept de développement et ses défis ».  Des outils existent déjà à cet effet, tels que « l’indice de pauvreté multidimensionnelle », « l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle » et un « indice de développement humain ajusté à la question environnementale », entre autres.

Pour le Costa Rica, il est clair que les changements climatiques, la perte de biodiversité, la dégradation des sols et la pénurie d’eau sont des menaces indiscutables pour la sécurité alimentaire et des facteurs de pauvreté et d’inégalité.  La représentante a donc appelé à mettre en place des systèmes alimentaires plus efficaces et à optimiser l’utilisation des ressources environnementales dans la production, la transformation et la distribution des aliments.  Elle a appelé à protéger la santé humaine, animale et végétale; à soutenir la gestion et la conservation des ressources naturelles; à assurer la sécurité alimentaire; à faciliter l’accès à des aliments sûrs et nutritifs; à atténuer et s’adapter aux changements climatiques; et à orienter la pêche et la production agricole vers des systèmes agro-alimentaires résilients et durables.

Le représentant du Brésil a réaffirmé l’engagement de son pays à promouvoir un système agricole efficace, inclusif, résilient et durable, au niveau national et mondial.  Troisième plus grand fournisseur de nourriture au monde en 2020, atteignant plus d’un milliard de personnes, tout en combinant l’une des lois environnementales les plus strictes du monde -le Code forestier brésilien- avec une agriculture tropicale compétitive et à forte intensité technologique, le Brésil a constamment amélioré ses capacités à produire plus de nourritures avec moins de terres, a assuré l’orateur.

Pour accélérer les progrès, il a appelé à combiner des stratégies traditionnelles et innovantes concernant les dimensions sociales, économiques et environnementales des systèmes alimentaires.  Le Brésil a pris des mesures en ce sens: en avril 2021, il a lancé une nouvelle voie décennale pour promouvoir son agriculture à faible émission de carbone, qui englobe une approche intégrée de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques et la promotion de la durabilité.  Des pratiques à faible teneur en carbone sont déjà adoptées par les agriculteurs et les éleveurs sur près de 50 millions d’hectares de terres à travers le pays.  Lors du récent Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, le Brésil a rejoint des initiatives dans des domaines qui, combinés, illustrent son adhésion au concept « de la ferme à la table »: l’élevage durable, la lutte contre le gaspillage et la perte de nourritures, et des repas scolaires adaptés.

Le représentant du Brunéi Darussalam a relevé que de nombreux pays dans le monde dépendent du secteur agricole pour faire face à la faim et à la pauvreté.  En outre, la sécurité alimentaire est devenue un grand sujet de préoccupation durant la pandémie, puisqu’elle touche les agriculteurs et les membres de la société les plus vulnérables.  Il est donc important de s’assurer que les systèmes alimentaires soient durables et résilients pour permettre à tous d’avoir un accès à une alimentation sûre et suffisante, a plaidé le délégué.

En janvier 2021, Brunéi Darussalam a adopté une feuille de route économique qui identifie cinq secteurs prioritaires, dont le secteur agricole, a fait savoir M. Nulhadi.  Afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays, le Gouvernement cherche à accélérer la production et la croissance de l’agriculture et de la pêche.  Il a aussi introduit un code qui interdit la publicité pour des aliments de mauvaise qualité pour les enfants et qui prélève une taxe sur le sucre, a fait savoir le représentant.

Le représentant de la Mozambique s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim, phénomène accentué par la pandémie.  La prévalence de l’insécurité alimentaire dans le monde a augmenté lentement ces dernières années, a-t-il insisté, en plaidant pour des efforts audacieux et communs afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.

L’agriculture est la principale source de revenu au Mozambique, a dit le délégué, en précisant qu’elle emploie 72% de la population active et compte pour 16% des exportations nationales.  Le Gouvernement, a-t-il ajouté, a entrepris des réformes pour passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture plus productive et orientée vers les marchés.  L’objectif est aussi de parvenir à une agriculture durable en mettant la priorité notamment sur la sécurité alimentaire, les revenus des familles et l’emploi.  Pour conclure, le représentant a appelé tous les partenaires, y compris le secteur privé, à renforcer leur engagement en faveur du développement d’une agriculture durable.

Le représentant du Zimbabwe s’est inquiété du nombre croissant d’urbains qui risquent de basculer dans la pauvreté urbaine.  Il a également soulevé la question de l’équité vaccinale, estimant que l’on ne pouvait lutter contre la pauvreté sans en parler.  Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a mis à jour, une fois de plus, la fracture numérique entre riches et pauvres, a-t-il noté, une situation qui risque de créer des inégalités encore plus graves.  Il a ensuite appelé à un renforcement des capacités et à un soutien financier aux pays les plus vulnérables, afin qu’ils puissent atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, que les conséquences de la pandémie a d’ores-et-déjà retardés.

Le représentant a relevé que le secteur agricole n’avait pas été épargné par les effets de la pandémie.  Les efforts de relance doivent donc porter sur ce secteur clef dans la plupart des économies, a-t-il recommandé.  « On ne saurait trop insister sur l’échange d’expériences et le partage des meilleures pratiques, y compris les technologies appropriées », a-t-il conseillé.  L’augmentation du financement de la recherche agricole et l’exploitation de la technologie devraient figurer en tête du programme de relance du secteur agricole, si nous voulons mettre fin à la faim d’ici à 2030, a plaidé le représentant.

Le représentant du Sénégal a relevé que l’Afrique est le continent le plus touché par la pauvreté, alors qu’elle possède de nombreuses terres arables, d’importantes ressources en eau et une population jeune.  Et pourtant, le continent continue d’importer l’essentiel de ses produits alimentaires, s’est-il désolé.  Cette situation de dépendance n’est plus viable, a prévenu le représentant, appelant à des investissements dans la recherche pour tirer avantage des avancées technologiques et moderniser l’agriculture.  Nous avons aussi besoin de mobiliser des ressources internes et de faire appel aux financements, investissements et prêts externes à long terme pour financer une économie productive, source de croissance, de développement et de bien-être social, a-t-il dit.

Au Sénégal, l’État a mis en place des domaines agricoles communautaires (DAC) qui sont des pôles de compétitivité économique, des lieux d’insertion de jeunes, diplômés ou non.  Le concept vise à mettre en valeur de grands domaines, allant de 1 000 à 5 000 hectares, et à fixer les jeunes dans leur terroir en leur offrant un cadre propice à la réalisation d’activités économiques, a expliqué le représentant.  Il a fait valoir que ce projet est non seulement une réponse pertinente face à la précarité sociale en milieu rural, mais aussi une contribution significative à la création d’emplois dans la chaîne de valeur agricole.

La représentante des Maldives a relevé que l’agriculture et la sécurité alimentaire dans les petits États insulaires en développement (PEID) comme les Maldives sont tributaires des changements climatiques.  Le pays est également dépendant des importations de produits alimentaires, ce qui le rend vulnérable à la volatilité des prix, a-t-elle fait remarquer.  Elle a aussi expliqué que cette dépendance expose les populations aux maladies non infectieuses telles que l’obésité du fait de la consommation de produits alimentaires manufacturés.  Parmi les mesures prises par le Gouvernement des Maldives, la représentante a mentionné des lois qui ont été adoptées pour obliger à suivre des pratiques de pêche durables.

Le représentant de l’Algérie a pris la parole mais son intervention n’a pas pu être interprétée à cause de la mauvaise qualité du son.

La représentante de l’Érythrée a expliqué qu’étant donné que son pays est situé dans une zone désertique, l’accès à l’eau est la question la plus cruciale pour l’agriculture.  Le Gouvernement s’attèle donc à créer un environnement propice à ce secteur, a-t-elle assuré.  Elle a indiqué notamment que le Gouvernement conseille aux agriculteurs d’utiliser des serres et d’accorder la priorité aux variétés résistantes aux températures extrêmes.  L’Érythrée entend réaliser l’objectif de faim zéro d’ici à 2030, a assuré la représentante.

Le représentant de la Fédération de Russie a jugé très important de stimuler l’économie et le commerce agricole par la coopération internationale.  Il a appelé à mettre l’accent sur la recherche de mécanismes pour l’élimination de la pauvreté des travailleurs.  Il a aussi recommandé de prendre en compte le développement durable de manière équilibrée parmi les nations.  Un autre axe d’efforts est, selon la Russie, de mettre l’accent sur les besoins et la santé des personnes.

Louant le rôle essentiel des États Membres assistés de l’ONU, du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA) dans l’élimination de la faim et le développement agricole, le délégué russe a mis en avant le potentiel de la culture des plantes pour le développement durable, notamment « une culture prometteuse comme le lin ».  Le représentant a indiqué à cet égard que son pays avait mis en place un plan quinquennal pour soutenir les producteurs de lin.

Il s’est aussi enorgueilli du salon agricole qui se tient en Russie cette semaine même, baptisé « automne doré », qui symbolise la priorité donnée au développement agricole.  Le délégué a donné des chiffres sur les exportations agricoles russes qui ont augmenté de 20% l’an dernier malgré la pandémie, atteignant plus de 30 milliards de dollars, alors qu’en 2020 toujours, la contribution de la Russie au PAM a dépassé les 72 millions de dollars.

La représentante du (Bélarus) a jugé important que la communauté internationale permette aux couches les plus vulnérables de la population d’avoir accès à une alimentation saine et équilibrée.  Elle a dénoncé sans réserve les sanctions économiques, financières et sectorielles contre les pays grands exportateurs agricoles, y compris celles concernant les engrais potassiques, les accusant d’être prises avec des prétextes politiques.  Elle a considéré ces sanctions « inadmissibles ».  Pour promouvoir l’élimination de la faim, la représentante a appelé à changer les modèles de production et à se baser davantage sur une économie circulaire.

Pour la représentante du Nicaragua, l’élimination de la pauvreté est le principal défi à relever pour l’humanité.  La pandémie a exacerbé les crises existantes et pesé sur les efforts visant à éliminer la faim, la pauvreté et les inégalités.  La représentante a souligné la nécessité d’un nouveau modèle économique mondial basé sur l’équité, avec pour priorité l’élimination de la pauvreté et de la faim.

Le Nicaragua a lancé des politiques visant ces objectifs et a ainsi réussi à faire reculer la pauvreté, s’est réjouie la déléguée.  Le Gouvernement a par exemple mis en place des bons de production d’aliments et le microcrédit, dans le but de consolider le développement durable à long terme et résistant aux changements climatiques.  Le Nicaragua produit environ 80% des aliments qu’il consomme et est proche de l’autonomie alimentaire, a-t-elle indiqué.  La représentante a jugé impératif de faire cesser les mesures protectionnistes unilatérales, qu’elle a qualifiées de crime contre l’humanité dans le contexte actuel.  Elle en a appelé à la solidarité internationale pour faire reculer la pauvreté et les inégalités.

La représentante du Nigéria a déploré le retour en arrière en termes de pauvreté provoqué par la pandémie.  Elle a estimé que l’objectif d’éliminer la pauvreté en zones rurales ne peut être séparé de l’action contre les changements climatiques.  Elle a fait savoir que le Gouvernement du Nigéria était déterminé à mettre en œuvre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Le Gouvernement a ainsi mis en place diverses mesures pour que personne ne soit laissé pour compte, comme un programme de transfert monétaire pour les pauvres ou un programme pour les coopératives de femmes.

La dégradation des sols est un autre sujet de préoccupation, a dit la représentante.  Elle a aussi attiré l’attention sur les effets de la COVID-19 qui, à son avis, exigent une réponse internationale et une coopération renouvelée.  Un environnement favorable au marché est également important pour renforcer la capacité du secteur privé, a-t-elle plaidé, expliquant en outre l’importance des réformes du monde de l’entreprise qui doivent permettre aux citoyens de prendre les rênes de leur existence.

L’Observateur du Saint-Siège, a relevé que, malgré des progrès considérables, entre 119 et 124 millions de personnes supplémentaires ont été plongées dans la pauvreté en raison de l’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19.  « Cela nous rappelle l’ampleur du défi. »  La pauvreté apparaît dans de nombreuses régions du monde, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, a-t-il déploré, notant aussi que la pandémie a exacerbé ce que le pape François a appelé « la pauvreté pharmaceutique ».  En effet, des millions de personnes n’ont toujours pas accès aux soins de santé de base essentiels, aux médicaments et aux vaccins.

L’Observateur a également relevé que la pauvreté reste la principale cause de la faim et de la malnutrition dans le monde.  À leur tour, la faim et la malnutrition sont le gage d’une pauvreté encore plus grande.  Par conséquent, la pauvreté et la faim doivent être combattues ensemble, a-t-il recommandé.  Si fournir aux affamés leur « pain quotidien » apparaît comme la priorité la plus élevée et l’objectif le plus immédiat, il ne suffit pas de garantir que toutes les femmes et tous les hommes sont capables de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille à long terme, selon le Saint Siège.  L’insécurité alimentaire, la faim et la malnutrition ne prendront fin que lorsque la distribution alimentaire et les structures sociales répondront aux besoins de justice et respecteront la dignité inhérente à chaque personne, a-t-il conclu.

La représentante du Guatemala a indiqué que son pays est un producteur de denrées alimentaires, dont le sol fertile et le climat l’ont rendu célèbre: « Le Pays de l’Éternel Printemps ».  Cependant, nous sommes confrontés à des défis pour atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le développement des communautés rurales et la résilience aux événements météorologiques extrêmes, a reconnu la déléguée.  Elle en a voulu pour preuve les ouragans Eta et Iota, qui ont intensifié l’insécurité alimentaire aiguë, contribuant à un cycle de pauvreté et de possibilités limitées.  Ils sont devenus également les causes profondes d’une migration accrue, a-t-elle déploré.

Pour autant, le Guatemala continue de mettre en œuvre et de faire avancer la « Grande Croisade nationale pour la nutrition », c’est-à-dire, des programmes de soutien aux familles guatémaltèques, dont l’objectif est d’unir tous les secteurs du pays afin d’améliorer l’état nutritionnel de ces familles.  En réponse à l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, le Guatemala a participé activement au Sommet sur les systèmes alimentaires et à son processus préparatoire.  Il considère en outre que la School Meals Coalition représente une opportunité importante de coordonner les actions avec le programme national d’alimentation scolaire, pour garantir que tous les enfants aient accès à des repas sains à l’école d’ici à 2030.  Au niveau régional, le Guatemala a participé aux efforts nés de la région et continuera de le faire afin de garantir le développement de systèmes alimentaires durables en Amérique centrale, a conclu la représentante.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a relevé qu’au-delà des dynamiques à court terme, la crise de la COVID-19 est susceptible de laisser des cicatrices durables.  Alors que les activités économiques mondiales pourraient à nouveau croître, le monde ne reprendra pas ses activités normales dans un avenir prévisible, a-t-il prédit.  Il a noté que la pandémie a conduit à l’accélération du rythme de la numérisation et de l’automatisation.  Outre les disparités dans les taux de vaccination contre la COVID-19, la crise a mis en avant les inégalités fondamentales, dont la fracture numérique, des vitesses différentes de reprise économique et différents niveaux de résilience des économies, a encore noté le représentant de l’ONUDI.  La pandémie sert également de rappel d’autres crises imminentes, en particulier les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.  Sans mesure de contrôle, les changements climatiques devraient plonger quelque 130 millions de personnes dans la pauvreté au cours de la prochaine décennie, a-t-il pronostiqué.

Parmi les nombreux outils disponibles pour le développement économique, le délégué a relevé l’industrialisation inclusive, telle qu’envisagée dans l’objectif 9 de développement durable.  Cela implique de bâtir des infrastructures, faire avancer la transformation structurelle, assurer la sécurité alimentaire et la durabilité de l’agro-industrie afin de lutter contre la pauvreté rurale, a-t-il rappelé.  D’ailleurs, le rapport phare de l’ONUDI sur le développement industriel 2022, qui sera officiellement lancé le mois prochain, révèle que les pays avec des capacités de fabrication et des secteurs industriels plus diversifiés ont mieux résisté à l’impact de la pandémie de COVID-19 que les autres, a—t-il expliqué.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’est exprimé également au nom du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM).  Il a dit qu’au moment où nous parlons, jusqu’à 811 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique et plus de 3 milliards de personnes ne peuvent pas se permettre une alimentation saine.  La pandémie de COVID-19 a exacerbé la situation et augmenté le nombre de personnes souffrant de la faim de 161 millions.  Il a relevé que les facteurs d’insécurité alimentaire sont de nature multidimensionnelle et que leurs effets d’entraînement se font ressentir dans la mise en œuvre des autres objectifs de développement durable (ODD).  Dans ce contexte, les membres de la FAO ont adopté un nouveau cadre stratégique 2022-2031 en juin dernier.  Il s’agit de la feuille de route sur la manière dont la FAO contribuera à mieux reconstruire après la pandémie de COVID-19 et œuvrera à la réalisation du Programme 2030.

Conformément à la Déclaration d’action du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, les efforts sont désormais axés sur la transformation vers des systèmes agro-alimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie pour tous, sans laisser personne de côté.

La FAO, a indiqué le délégué, a mis en place un programme de soutien aux États intitulé « Main dans la main ».  Il s’appuie sur les outils disponibles, y compris la modélisation géospatiale avancée, et grâce à des partenariats avec des banques multilatérales de développement et d’autres agences des Nations Unies, œuvre à accélérer la transformation agricole et le développement rural durable.  De même, le Programme de réponse et de relèvement COVID-19 de la FAO a identifié sept actions prioritaires pour atténuer les impacts immédiats de la pandémie tout en renforçant la résilience à long terme des systèmes alimentaires et des moyens de subsistance.  Grâce à cette initiative, la FAO entend négocier des partenariats significatifs pour prévenir une urgence alimentaire mondiale.  Enfin, le délégué a indiqué que la transformation des systèmes agro-alimentaires ne peut réussir que s’il y a une cohérence, dans la formulation de la législation, des politiques et investissements, entre les secteurs de l’alimentation, de la santé, de la protection sociale et de l’environnement.

Le représentant du Cameroun a réaffirmé sa détermination à éliminer la pauvreté d’ici à 2030, en prenant en compte les problématiques de genre, d’accès aux services de base et à la propriété foncière, et de protection des personnes vulnérables.  La nouvelle politique nationale camerounaise de protection sociale contribue à développer un capital humain ainsi que le développement durable, a-t-il fait savoir.  Il a aussi indiqué que le pays a réalisé des progrès notables pour démocratiser l’accès aux services de base, à la propriété foncière et aux logements sociaux.  Le pays s’attache en outre à renforcer son système de production durable, à moderniser ses infrastructures rurales, et à augmenter le taux de bancarisation en milieu rural.  Concernant les ressources agro-forestières, plus 7,5 millions d’hectares ont été reboisés et régénérés.

Le Cameroun consacre plus de 14% de son PIB au secteur de l’éducation, a poursuivi le délégué, tout en reconnaissant que le pays aimerait faire plus et mieux.  Mais il fait face à des défis sécuritaires, à l’arrivée de milliers de réfugiés, au terrorisme et à la violence armée, a-t-il énuméré.  Le représentant a regretté que, dans un climat de tensions et de conflits, le dispositif sécuritaire absorbe une grande partie des ressources.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir le Cameroun dans ses efforts pour assurer la sécurité de sa population, nécessaire pour assurer un développement serein et éliminer la faim et la pauvreté.

Selon la représentante du Timor-Leste, la pandémie a révélé les faiblesses du système alimentaire mondial.  Le Timor-Leste, pays très vulnérable, dépend beaucoup des importations, a-t-elle indiqué, en signalant que plus d’un tiers de la population du pays souffre d’insécurité alimentaire chronique.  Elle a en même temps déploré une augmentation de l’obésité et du surpoids chez les adultes hommes et femmes: le pays subit donc un « double fardeau » nutritionnel.

Malgré ces immenses défis, le Timor-Leste développe son secteur agricole et la pêche, a-t-elle annoncé.  Le pays continue de travailler avec les Nations Unies, la société civile et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) pour promouvoir ses engagements et notamment réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a fait valoir la représentante.  Elle a aussi assuré que le Timor-Leste s’engage pour la résilience, ainsi que pour le rétablissement de l’équilibre des écosystèmes.

RÉUNION VIRTUELLE SUR LES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE ET LES PARTENARIATS MONDIAUX

GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

Présentation de rapports et discussion générale conjointe

M. COURTENAY RATTRAY, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a présenté deux rapports du Secrétaire général.

Le « rapport sur l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul » (A/76/71) retrace et analyse les progrès accomplis au cours de la période considérée.  Depuis 2010, 4 pays sont sortis de la catégorie des PMA et 16 autres ont satisfait aux critères de reclassement, a indiqué M. Rattray.  Les PMA ont enregistré des progrès dans plusieurs domaines essentiels: l’accès aux technologies de l’information et de la communication, l’énergie durable, la santé, l’éducation primaire, l’égalité hommes-femmes et la représentation des femmes dans les parlements.

Toutefois, a précisé le Haut-Représentant, les progrès ont été inégaux au sein et entre les pays, puis stoppés par la COVID-19.  Si les conséquences de la pandémie ont été mondiales, elles ont sans l’ombre d’un doute touché les PMA de manière disproportionnée.  D’un côté, le PIB, les exportations, les recettes publiques, les investissements étrangers directs (IED) et les envois de fonds ont baissé, tandis que, de l’autre côté, les inégalités, la pauvreté et l’insécurité alimentaire ont augmenté.  De plus, ces pays pourraient ne pas retrouver leurs niveaux de PIB d’avant la pandémie avant trois à cinq ans, alors que les pays développés enregistrent déjà une forte croissance, a précisé M. Rattray.  Comme le rapport le souligne, le fossé est important, et il s’élargit.  Il nous faut agir, a-t-il lancé à l’assistance.

Les rapports et les réunions préparatoires sont nombreux et représentent une bonne matière à partir de laquelle travailler pour élaborer un nouveau programme ambitieux à l’issue de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui aura lieu à Doha, au Qatar, en janvier 2022.  Il faut saisir cette occasion et faire un grand pas en avant dans la Décennie d’action, a encouragé M. Rattray, pour ne laisser aucun PMA de côté.

Le Haut-Représentant a ensuite présenté le « rapport sur l’application, l’efficacité et la valeur ajoutée de mesures visant à favoriser une transition sans heurt et d’un accompagnement lors de la sortie de la catégorie des pays les moins avancés »(A/76/271).

Là encore, il a souligné que la pandémie risque d’imposer un recul aux progrès vers le développement durable réalisés par les PMA et qu’il est plus urgent que jamais de suivre attentivement les processus de reclassement.  Par exemple, très peu de pays ont été reclassés en ayant atteint les seuils de l’indice de vulnérabilité économique, ce qui les rend vulnérables aux chocs externes.  Aussi, est-il essentiel d’élaborer et de mettre en place des transitions nationales sans heurt.  À cet effet, et en réponse aux demandes des pays sur le point d’être reclassés, une note d’orientation relative à la stratégie de transition a été établie par le secrétariat du Comité des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.

Le Haut-Représentant a invité les partenaires commerciaux et de développement qui ne l’ont pas encore fait à élargir de toute urgence leurs mesures de soutien aux pays reclassés.  Quant aux mesures destinées aux 16 pays en voie de reclassement, elles devraient se concentrer sur le financement concessionnel, l’accès au financement pour le climat, l’accès aux marchés et la mise en place flexible de régimes de protection intellectuelle.

M. JOSHUA SETIPA, Directeur de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, a introduit le « rapport du Secrétaire général intitulé « Examen des trois premières années d’activité de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés » (A/76/272).

Selon le rapport, les PMA ont été les plus touchés par la pandémie de COVID-19 dans leur progression vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), alors même qu’il existe des preuves concrètes que l’investissement dans la science, les technologies et l’innovation dans les PMA est une clef de la réalisation des ODD.

Le rapport note que, malgré l’absence de ressources complètes, et dans le contexte de la pandémie mondiale de 2020, la Banque de technologies a été créée, et a fonctionné avec succès au cours de ses trois premières années d’existence.  Il souligne en outre le succès de la Banque de technologies dans la réponse rapide aux défis de la COVID-19 auxquels les PMA ont été confrontés au début de la pandémie.

Le rapport invite instamment les États Membres à s’engager à financer la Banque de technologies en cette période critique, sous la forme d’un financement prévisible et de dons sans restriction.  La récente pandémie a mis davantage en évidence le déficit de financement de la science, de la technologie et de l’innovation pour les PMA.  Elle a également démontré la valeur de la Banque de technologie en apportant sa contribution à la réponse des Nations Unies.

La Banque de technologies a soutenu et facilité diverses initiatives axées sur des besoins spécifiques, telles que la formation aux technologies satellitaires pour la gestion de la réduction des risques de catastrophe, le renforcement des capacités grâce à des bourses en biotechnologie et à des ateliers sur la réglementation, des bourses en design industriel, et un partenariat pour réduire la fracture numérique.

M. COURTENAY RATTRAY, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a également présenté le « rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 » (A/76/267).

Il a relevé que le PIB réel des PEID a chuté, passant de 4,3% en 2019 à 2,4% en 2020.  Leur balance commerciale s’est dégradée pour tomber de 36 milliards de dollars en 2019 à 37 milliards de dollars en 2020.  Mais ce sont leurs systèmes de santé, d’éducation et d’alimentation qui ont subi le coup le plus important de la pandémie.  Le rapport du Secrétaire général souligne que le transport en transit vers les pays en développement sans littoral, ainsi que la facilitation des échanges, ont été fortement touchés par les mesures restrictives aux frontières liées à la COVID-19.

Le développement des infrastructures de transport s’est ralenti dans de nombreux pays, tandis que des ressources ont été détournées pour faire face à la pandémie.  En ce qui concerne l’accès à l’énergie, la proportion moyenne de la population ayant accès à l’électricité a augmenté lentement au cours de la période, même si une énorme disparité subsiste entre les citadins et les ruraux.

Les progrès vers la transformation économique structurelle continuent d’être limités dans les pays en développement sans littoral: la contribution à la valeur ajoutée du secteur manufacturier reste à environ 10% depuis 2016.  La part des produits manufacturés dans les exportations totales restent faibles et les produits de base continuent de dominer les exportations des pays en développement sans littoral.  Des pays qui sont en outre durement affectés par les changements climatiques.

Le rapport propose donc des mesures fortes à court terme pour soutenir le redressement des pays en développement sans littoral.  Il s’agit notamment d’augmenter les investissements, y compris dans les infrastructures durables, ou encore de renforcer l’assistance technique.  Il est également nécessaire, selon le rapport, de renforcer l’appui international afin de constituer et de renforcer les capacités d’adaptation nationales des pays en développement sans littoral et de préparer des projets pouvant bénéficier de concours financiers donnant accès à des fonds climatiques.

Mme SANDA OJIAMBO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, a présenté le « rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et tous les partenaires intéressés, en particulier le secteur privé » (A/76/319).  La pandémie et les changements climatiques montrent la nécessité de partenariats plus robustes, a d’emblée souligné Mme Ojiambo.  La crise de la COVID-19 a d’ailleurs été un catalyseur permettant au Système des Nations Unies d’être fédérateur et de nouer des partenariats avec de nouveaux acteurs.  L’engagement avec des entreprises a aussi été renforcé.

Les partenariats sont un moyen de réaliser les objectifs de développement durable de manière plus efficace, a précisé Mme Ojiambo.  Les coordonnateurs résidents de l’ONU ont fait montre d’un pouvoir fédérateur énorme et sont une source d’inspiration, a-t-elle relevé.  Elle a vanté les mérites du Pacte mondial des Nations Unies qui encourage des mesures collectives plus fortes, en connectant les équipes de pays avec des acteurs locaux, y compris les petites et moyennes entreprises.  Le Pacte compte sur les États Membres pour soutenir sa stratégie 2021-2023 et encourager des partenariats aux fins du développement durable, a-t-elle lancé.

Le représentant de la Guinée, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a évoqué de nombreuses consultations multipartites entre le système des Nations Unies pour le développement, le secteur privé et d’autres acteurs, en préparation de la cinquième Conférence sur les PMA de Doha.  L’élaboration d’un texte commun est en cours, un document qui répondra au mieux aux intérêts de développement des PMA au moment où se clôture le cycle décennal du Programme d’action d’Istanbul, a espéré le délégué.

Le Groupe a aussi pris fait et cause pour les pays en développement sans littoral en évoquant leur éloignement des marchés mondiaux et leurs problèmes de transit des denrées, autant de contraintes majeures pour les afflux de capitaux privés.  Le délégué a donc appelé à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.

L’orateur a souligné que le développement des infrastructures et des technologies de l’information et des communications (TIC) était essentiel pour que les pays en développement sans littoral soient pleinement intégrés au marché mondial.  Il a insisté sur l’importance de partenariats mondiaux, robustes et à long terme.  Il a salué l’importance de la coopération Sud-Sud, et de l’initiative CODEX notamment, dans le contexte actuel.  Il a précisé que la coopération Sud-Sud complète, sans la remplacer, la coopération Nord-Sud.

Le représentant du Kazakhstan, s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a relevé que cette année est très importante pour les pays les moins avancés (PMA), car c’est l’année préparatoire à la cinquième Conférence portant sur ces pays, prévue en janvier prochain à Doha.  La moitié des pays en développement sans littoral sont également des PMA, a-t-il rappelé.  Par conséquent, il a jugé important de souligner que tout en aidant les PMA à sortir de leur statut, il faut garder à l’esprit qu’un tiers des membres de ce grand Groupe de pays rencontrera encore les défis de l’enclavement après leur changement de statut.  C’est en réglant ensemble les défis des PMA et des pays en développement sans littoral que nous pourrons permettre aux deux groupes de pays de réaliser le Programme 2030, a argué le délégué.

Pour les pays en développement sans littoral, cette année est également cruciale, car ils entament le processus de préparation de la troisième Conférence des Nations Unies sur leur situation qui aura lieu en 2024.  Les effets négatifs disproportionnés de la pandémie sur ces pays étaient au centre de la rencontre de leurs ministres des affaires étrangères le 23 septembre.  Ils ont appelé à une coopération internationale renforcée pour répondre aux besoins immédiats des pays en développement sans littoral contre la pandémie et en atténuer les coûts socioéconomiques, ainsi que pour renforcer leur résilience à long terme.

L’amélioration de la connectivité de ces pays est une condition préalable pour qu’ils deviennent pleinement intégrés dans les chaînes de valeur régionales et mondiales et pour qu’ils puissent faire des progrès significatifs vers la réalisation du Programme d’action de Vienne et les objectifs de développement durable (ODD).  Pour le délégué, cela n’est possible que grâce à des niveaux plus élevés d’investissements, des investissements de qualité et abordables, ainsi que des infrastructures fiables et résilientes, y compris dans les domaines des TIC, des transports et de l’énergie.  Le Groupe a appelé les partenaires au développement à renforcer les mécanismes de soutien aux pays en développement sans littoral, notamment en renforçant le transit et la facilitation du commerce par des mesures telles que l’aide au commerce.  Les pays en développement sans littoral ont besoin d’un soutien particulier pour renforcer leurs capacités productives, accroître la participation aux chaînes de valeur mondiales et régionales et adopter la numérisation et l’automatisation.

Par ailleurs, les pays en développement sans littoral, bien qu’ayant de très faibles parts d’émissions de gaz à effet de serre sont parmi les pays les plus touchés par les changements climatiques.  Le représentant a, de ce fait, appelé à une plus grande assistance de ces pays dans leur volonté de faire face aux impacts des changements climatiques, de la désertification, de la dégradation des terres, de la perte de biodiversité et des catastrophes naturels.

La pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions reste un défi, a souligné la représentante du Maroc, au nom du Groupe des États d’Afrique, appelant à la solidarité pour éliminer la pauvreté et la faim.  Pouvoir se doter d’une protection sociale adéquate et fournir des emplois est de la plus grande urgence pour les pays africains qui souffrent de la faim, de la désertification et autres défis climatiques, a-t-elle prévenu.  Un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, a lancé la représentante, soit plus du double des autres régions, ce qui confirme l’importance d’atteindre l’objectif 2 du Programme 2030 en Afrique.  Le Groupe des États d’Afrique est convaincu qu’une agriculture durable a un rôle essentiel à jouer pour améliorer la sécurité alimentaire, en particulier en milieu rural.

De plus, les effets des changements climatiques sont importants en Afrique, raison pour laquelle il est également essentiel de renforcer les capacités et de développer l’agriculture, a poursuivi la représentante.  L’Afrique est déterminée à soutenir son développement par une bonne gestion des ressources à long terme, a assuré la déléguée, ajoutant que l’autonomisation des femmes est également essentielle.

Estimant que la transformation des systèmes alimentaires en Afrique sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim, le Groupe a renouvelé son appel à investir sur le continent dans ces systèmes, comme il l’a déjà fait au Sommet sur l’alimentation en septembre.

Enfin, si le fossé numérique est comblé, les technologies de l’information et de la communication présentent un grand potentiel pour réduire l’empreinte carbone, atténuer les changements climatiques et assurer la sécurité alimentaire, a relevé la représentante.

Le représentant du Malawi, s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que les PMA s’efforcent d’élaborer un nouveau Programme d'action dans un moment sans précédent de leur Histoire.

Il s’agit de garantir leur développement durable à long terme, et de préparer la cinquième Conférence sur les PMA qui aura lieu en janvier prochain, au Qatar.  Notant que la barre de 1% des exportations mondiales n’a pas encore pu être atteinte par le Groupe des PMA, le représentant a ajouté que si « 18 PMA sont directement victimes des changements climatiques », tous les 46 PMA sans exception souffrent de la crise climatique.

L’orateur a déclaré que les PMA se rapprochent dangereusement d’un gouffre.  Les PMA abritent 14% de la population mondiale mais n’ont reçu que 2% des vaccins, a-t-il dit.  Or, l’équité d’accès aux vaccins doit être un objectif à viser pour tous, a rappelé le représentant.

Les sciences et technologies étant fondamentales pour la progression des PMA, le délégué a appelé les États à s’engager à soutenir durablement la Banque des technologies pour que celle-ci s’acquitte de son mandat.  Il faut aider les PMA à utiliser les sciences et les technologies pour qu’ils puissent un jour changer de catégorie, a-t-il notamment argué.  Concernant la Conférence de Doha prévue en janvier prochain, il a espéré qu’elle ouvrirait « une nouvelle ère dans l’Histoire des PMA ».

La représentante de la (République démocratique populaire lao), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé qu’un soutien et une assistance internationaux accrus sont nécessaires pour que les PMA et les pays en développement sans littoral prennent les mesures nécessaires pour atténuer les impacts socioéconomiques dévastateurs de la COVID-19.  Pour sa part, l’ASEAN a mis en œuvre le cadre de relance global de l’ASEAN, lequel vise à remédier aux conséquences sociales et économiques de la pandémie, telles que les chaînes de production et d’approvisionnement perturbées, les chocs de la demande, la diminution du commerce et des investissements, le taux de chômage élevé, les inégalités croissantes et la réduction d’accès aux ressources et opportunités pour les groupes vulnérables.  En outre, a ajouté la représentante, afin de faire face aux urgences de santé publique, l’ASEAN a créé le Fonds de réponse COVID-19 qui a reçu des contributions importantes des partenaires externes de l’ASEAN.

Par l’entremise de sa Vision 2025, l’ASEAN vise à développer une économie de plus en plus intégrée et compétitive, capable de maintenir une croissance économique élevée et une résilience face aux chocs et à la volatilité économiques.  Pour la représentante, alors que les PMA en sont au stade final de la mise en œuvre du futur programme d’action qui sera adopté à la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, il est essentiel de reconnaître qu’il reste des tâches inachevées qui nécessitent une coopération et un soutien accrus de la communauté internationale.  Elle a évoqué en particulier les domaines du renforcement des capacités productives, de la transformation économique structurelle et de la réduction de la pauvreté.  Plus important encore, les PMA et les pays en développement sans littoral restent vulnérables aux chocs externes et aux phénomènes liés au climat tels que les ouragans, les cyclones, les inondations, la sécheresse et les glissements de terrain, a rappelé la déléguée.

Le représentant du Qatar a indiqué que son pays avait été un partenaire stratégique dans l’aide aux pays en situation particulière.  Il contribuera à hauteur de 100 millions de dollars au soutien pour les pays les moins favorisés, a-t-il annoncé.  Le représentant s’est dit fier que son pays accueille la cinquième Conférence sur les PMA, à Doha, en janvier 2022.  Il a annoncé que les préparatifs vont bon train.  Ce sera l’occasion d’élaborer une plateforme de relance pour ces pays et de galvaniser davantage de soutien pour aider les PMA à se remettre de la pandémie, a-t-il espéré.  Le représentant a assuré que le Qatar fera de son mieux pour que cette Conférence réponde aux aspirations de millions de personnes dans les PMA.  Il faut promouvoir le multilatéralisme et la coopération multilatérale et veiller à ce que les vaccins soient accessibles à tous, a-t-il conclu.

Le représentant de l’Éthiopie a attiré l’attention sur les efforts considérables dans le domaine du développement fournis par les pays en situation particulière.  Mais une situation trop fragile continue de caractériser le paysage économique dans lequel ils évoluent.  Les mesures prises pour lutter contre la pandémie n’ont fait qu’approfondir les inégalités existantes, a regretté le représentant.  Pour sa part, l’Éthiopie a adopté un plan d’action décennal qui met l’accent sur la transformation économique structurelle et un développement durable inclusif.  En tant que pays sans littoral, l’Éthiopie a apprécié de pouvoir utiliser les ports de pays voisins comme Djibouti et le Soudan, a reconnu le représentant.  Pour conclure, il a dit beaucoup attendre de la prochaine Conférence sur les PMA à Doha.

La représentante de la Chine a évoqué les difficultés de plus en plus importantes des PMA et des pays en développement sans littoral.  Elle a appelé à aider les PMA à élaborer une nouvelle feuille de route, à faciliter les investissements en leur direction, à développer la coopération, et à leur fournir un soutien dans le domaine des vaccins, des tests et dans le développement de systèmes sanitaires robustes.  En tant que pays en développement, la Chine tente de venir en aide aux PMA via la « Route de la soie », dans le but de réduire les inégalités et de parvenir à une croissance durable, a témoigné la représentante.

La représentante chinoise a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  Le développement de la Chine est conditionné au développement des autres pays en développement, a-t-elle concédé, avant d’inviter tous les pays à développer des partenariats, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le représentant de l’Équateur a déclaré que son pays attachait une grande importance aux partenariats pour le développement.  Cette collaboration s’effectue par le biais d’accords de coopération signés avec divers pays du monde, ainsi que par des relations mutuellement bénéfiques et à long terme avec la société civile, le monde universitaire et le secteur privé, a-t-il précisé.  À cet égard, le « plan de création d’opportunités 2021-2025 », qui constitue le nouveau plan de développement équatorien, inclut le maintien d’un environnement commercial adéquat permettant d’attirer les investissements et les partenariats public-privé.

Le rôle joué par le secteur privé dans la lutte contre la pandémie en Équateur a été crucial, a témoigné le représentant.  Plus de 9 millions de personnes ont été vaccinées en peu de temps grâce à un effort de planification et de logistique, et grâce à une coordination méticuleuse entre le Gouvernement, le secteur privé, les universités et des organisations internationales, a salué l’orateur.

Le représentant du Bhoutan a plaidé en premier lieu pour le renforcement des capacités productives en faveur des pays en développement.  Il a aussi attiré l’attention sur les conséquences des changements climatiques sur un pays comme le sien, ce phénomène demeurant le principal obstacle au développement durable du Bhoutan.  Estimant que le reclassement des PMA est un jalon fondamental, il a prévenu qu’il doit s’accompagner d’un soutien conséquent aux PMA qui sortent de la catégorie, afin qu’ils ne tombent pas dans le piège du revenu intermédiaire.  Pour sa part, le Bhoutan élabore une stratégie pour son reclassement qui devrait avoir lieu en 2023, a annoncé le représentant.

La représentante du Tadjikistan a fait observer que les économies de plus de 80% des pays en développement sans littoral dépendent des produits de base.  Or, bien que le commerce mondial ait connu une relance, les exportations de ces pays ont diminué de 8%, a-t-elle informé.  Elle a aussi expliqué que le manque d’accès à la mer et l’isolement de ces pays par rapport aux marchés mondiaux ont un impact négatif sur leur participation au commerce international et à d’autre domaines du développement durable.  Pour le Tadjikistan, il est tout aussi important que des efforts soient faits pour accompagner les pays en développement sans littoral qui font face au défi d’accès à l’eau.

Le représentant du Népal a pris note des progrès réalisés dans les domaines de la santé, l’éducation et l’égalité entre hommes et femmes dans les pays en développement sans littoral, mais a souligné que les progrès en matière de développement restent rares.  Le nouveau Programme d’action qui sera décidé à Doha doit identifier les obstacles et prévoir les mesures nécessaires pour surmonter les défis.  En raison de la flambée de la pandémie, les progrès gagnés de haute lutte risquent d’être anéantis dans les PMA et pays en développement sans littoral, a-t-il mis en garde en demandant une reconstruction résiliente et durable, par exemple par des transferts de technologies dans le cadre du Programme 2030.

Par ailleurs, a continué le représentant, la bonne mise en œuvre de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai est nécessaire pour faire face aux changements climatiques.  Ces efforts devraient s’accompagner d’un accès préférentiel aux marchés.  En tant que pays en développement sans littoral, le Népal est engagé à en faire davantage dans ses efforts de reclassement pour assurer une transition sans heurt.

Le représentant de l’Afrique du Sud a fait remarquer que les répercussions de la crise climatique ont un coût très élevé pour les PMA et les pays en développement sans littoral, alors que ces pays ne contribuent guère aux changements climatiques.  Malheureusement, l’Afrique compte le plus grand nombre de PMA, a-t-il souligné.  Il a donc jugé essentiel que les défis auxquels ils sont confrontés fassent l’objet d’une attention urgente et d’un appui de la communauté internationale.  Le représentant a, par ailleurs, fermement appelé à fournir aux pays en développement un accès aux vaccins et à l’infrastructure sanitaire.

La représentante de l’Inde) a indiqué que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tiendra à Doha en janvier prochain, sera l’occasion d’évaluer la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, de mobiliser un soutien international supplémentaire en faveur des PMA et de forger un nouveau partenariat entre les PMA et les partenaires au développement.  Ce partenariat doit aider ces pays à surmonter leurs défis, éradiquer la pauvreté et réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a rappelé que quatre PMA ont été reclassés depuis 2011, alors que quatre autres le seront d’ici à 2024.  Selon elle, le succès du nouveau Programme d’action dépendra de son appropriation par les PMA et du leadership qui sera mis en marche pour élaborer et mettre en œuvre des politiques conformément à leurs priorités.  Ces efforts nationaux devraient être complétés, entre autres, par des solutions de financement innovantes, tant publiques que privées, a-t-elle précisé.

En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, l’Inde a déploré leur isolement géographique qui est aggravé par la faiblesse de leurs infrastructures de transit, de transport et douanières, ainsi que leurs faibles capacités technologiques.  De même, certains parmi eux font face à des niveaux de dette extérieure extrêmement élevés, a-t-elle noté avec inquiétude.

La représentante a ensuite indiqué que, dans le cadre de la riposte à la COVID-19, le Fonds de partenariat pour le développement Inde-ONU s’emploie à soutenir les projets de réponse à la pandémie dans les pays qui en ont besoin.  Forte de son expérience de développement et de son long partenariat de développement avec les pays en situation particulière, l’Inde entend appuyer les PMA et les pays en développement sans littoral afin qu’ils retrouvent la croissance et réalisent les ODD d’ici à 2030.

Relevant que les PMA ont fait des progrès, le représentant du Bangladesh a noté que 4 d’entre eux ont été reclassés et 16 sont en voie de reclassement.  Mais la pandémie risque d’invalider ces progrès, a-t-il craint.  Aussi a-t-il estimé que la Conférence de Doha sur les PMA doit adopter une feuille de route pour continuer les progrès, pour reconstruire en mieux et lutter contre la pauvreté.  Le représentant a pris note de l’appel des PMA à faire des vaccins un bien public mondial et a fait observer que certains, comme le Bangladesh, ont la capacité d’en assurer la production.  Par ailleurs, le représentant a demandé à la communauté internationale de respecter ses engagements en faveur des PMA dans le cadre du Programme 2030.  Face aux changements climatiques, le prochain programme d’action pour les PMA doit permettre de renforcer la résilience de ces pays, a-t-il conclu.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: les titulaires de mandat tirent la sonnette d’alarme au sujet de l’impact de la COVID-19 sur les enfants

Soixante-seizième session,
6e séance plénière & réunion virtuelle – matin & après-midi
AG/SHC/4320

Troisième Commission: les titulaires de mandat tirent la sonnette d’alarme au sujet de l’impact de la COVID-19 sur les enfants

La Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la  violence contre les enfants, a déclaré, aujourd’hui, devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants « a été pire que ce que l’on craignait initialement », celle-ci ayant augmenté les risques de violence à l’encontre des enfants, que ce soit à la maison, dans les communautés et en ligne, ainsi que la violence sexiste. 

Mme Najat Maalla M’Jid a expliqué que la pandémie a porté atteinte à la santé mentale et au bien-être des enfants et des personnes qui s’en occupent, et que son impact économique a exacerbé les inégalités parmi les plus pauvres et les plus marginalisés.  Or, nous savons que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination sont des facteurs importants de violence et d’exploitation des enfants, a fait observer la Représentante spéciale. 

Selon ses chiffres, entre 10 à 30 millions d’enfants, particulièrement des filles, risquent d’être mariés de force dans les 10 prochaines années.  « Cela, nous le savons car toutes les causes qui existaient avant la pandémie ont été exacerbées après la crise » a fait observer Mme M’Jid, citant pêle-mêle, la pauvreté, l’exclusion sociale, et la déscolarisation.  La situation est analogue en ce qui concerne la violence en ligne, exacerbée par la connexion accrue des enfants à l’Internet durant la crise sanitaire.  En outre, seulement 24,6% des enfants bénéficient du système de protection sociale dans le monde, ce qui est vraiment peu, a-t-elle déploré. 

Même son de cloche du côté de la Présidente du Comité des droits de l’enfant qui s’est inquiétée de la répercussion de la fermeture d’écoles et d’un accès limité aux services essentiels en raison de la pandémie. 

De plus, la pauvreté des enfants continue d’augmenter à un rythme alarmant et nombre d’entre eux ont signalé des symptômes d’anxiété, de peur et de dépression dus à la pandémie.  Dans ce contexte, les États doivent veiller à ce que les enfants puissent reprendre en toute sécurité l’apprentissage en personne et avoir accès au soutien nécessaire à leur bien-être physique et mental, y compris les vaccins et les services essentiels, a plaidé Mme Mikiko Otani. 

La pandémie, avec la fermeture des écoles et la perte de revenus familiaux, a aggravé un environnement de protection déjà vulnérable pour les enfants dans les situations de conflit, a renchéri la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, évoquant le recrutement, l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que le refus d’accès humanitaire. 

Mme Virginia Gamba s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’ampleur des violations graves signalées en 2020: plus de 26 400 violations affectant plus de 19 300 enfants dans 21 situations, soit « 72 violations par jour ».  De plus, des tendances inquiétantes ont émergé, telles que l’augmentation spectaculaire des enlèvements et des violences sexuelles, tandis que les attaques contre les hôpitaux et les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires, ont continué à être vérifiées en grand nombre, affectant de manière disproportionnée l’éducation des filles, notamment dans la région du bassin du lac Tchad.  En 2020, a déploré Mme Gamba, plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés, l’Afghanistan, la République arabe syrienne, le Yémen et la Somalie restant les conflits les plus meurtriers pour les enfants. 

La Troisième Commission a également entendu un exposé de la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, qui a attiré l’attention sur la vulnérabilité des enfants et des jeunes qui s’identifient en dehors du binôme/binaire de genre. 

Selon Mme Mama Fatima Singhateh, les filles étant souvent considérées comme exclusivement concernées par l’exploitation sexuelle, les mécanismes d’appui ont été principalement conçus pour traiter leur problématique, ce qui a rendu les garçons, mais aussi les victimes qui s’identifient en dehors du binaire de genre, « invisibles ».  Elle a conseillé d’adopter une approche « droits de la personne » pour tous les enfants et de créer des espaces pour ceux qui sont non binaires. 

Avant de dialoguer avec les titulaires de mandat, la Troisième Commission a achevé son débat général, l’occasion pour l’Organisation internationale du Travail (OIT) d’indiquer que par rapport aux tendances d’avant-crise, on estime que 75 millions d’emplois auront été perdus en 2021 et que 23 millions le seront en 2022, ce qui correspond à une perte de 3 700 milliards de dollars de revenus du travail.  Cette situation menace de freiner les progrès en matière de développement social, a alerté la délégation.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 11 octobre, à partir de 15 heures. 

POURSUITE ET CONCLUSION DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

Au nom d’un groupe de pays, Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica), a constaté qu’au cours de la pandémie, les défenseurs des droits de l’homme, les organisations et les représentants de la société civile ont rencontré un certain nombre de difficultés pour accéder et s’engager dans le travail des Nations Unies.  Cela va des limitations d’accès aux locaux et aux réunions virtuelles, à l’inégalité d’accès à l’enregistrement, en passant par l’absence de disponibilité des informations et de possibilités de s’engager avec les États Membres et les autres parties prenantes.  Elle s’est déclarée profondément préoccupée par le rapport présenté au Conseil des droits de l’homme (CDH) par le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, qui fait état de représailles et d’intimidations présumées à l’encontre de 240 membres de la société civile, militants et journalistes, dans 45 pays.  En effet, a-t-elle poursuivi, on ne peut tout simplement pas prétendre offrir un espace ouvert à la société civile si elle est privée de parole.  Ce silence doit être brisé! s’est-il écrié. 

Aujourd'hui, face à une pandémie mondiale qui a bouleversé des vies et des moyens de subsistance, accéléré les changements sociaux, notamment la numérisation, et obligé les Nations Unies à s’adapter à de nouvelles méthodes de travail virtuelles, nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir les conditions d’un environnement transparent, accessible et sûr pour la société civile, notamment pour ceux qui travaillent et luttent pour les droits humains.  Ouvrons donc la porte à la société civile, y compris aux défenseurs des droits de l’homme, pour qu’ils puissent participer de manière significative, en commençant ici, au sein de cette Commission, a-t-il affirmé. 

Au nom d’un groupe de pays de l’hémisphère Sud, M.  TAREK LADEB (Tunisie) a souligné que les valeurs du multilatéralisme constituent des caractéristiques communes qui amènent les membres de ce groupe à promouvoir les droits humains et à prôner le développement durable.  Il a précisé que bien que les membres du groupe n’aient pas toujours des vues identiques, ils partagent des positions de principe qui leur permettent d’avancer des idées communes.  Le groupe est ainsi d’avis que, dans le contexte de pandémie actuel, la sécurité de tous passe par la sécurité de chacun.  De plus, a poursuivi le délégué, nous avons vu monter le niveau de violence domestique, tandis que les femmes et les filles ont de plus en plus de difficultés pour accéder aux services sociaux.  Parallèlement, les budgets nationaux sont fragilisés et le fossé numérique s’élargit entre pays développés et en développement.  Il convient donc de lutter contre ces défis et de protéger les droits humains, en particulier les droits des femmes et des filles, a-t-il plaidé, avant de lancer un appel à la coopération mondiale.  Ce n’est qu’en œuvrant de concert que nous pourrons façonner un avenir meilleur pour les générations à venir.  À cette aune, a-t-il souligné, notre groupe de pays de l’hémisphère Sud souhaite élaborer des mesures concrètes pour souligner l’importance des partenariats en vue d’atteindre nos objectifs communs. 

M. JOAQUIN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) s’est alarmé du creusement des inégalités entre les pays du Nord et du Sud.  L’imposition illégale et immorale de mesures coercitives unilatérales aggrave les souffrances de 30 millions de Vénézuéliens, a-t-il affirmé, précisant que les sanctions imposées par le Gouvernement américain entravent l’accès, en temps voulu, aux médicaments, y compris aux vaccins contre la COVID-19, à la nourriture, au carburant et à d’autres biens et services.  Le représentant a déclaré que les États-Unis ne doivent pas donner des leçons en matière des droits humains car ils sont responsables d’un certain nombre de guerres, de massacres et de génocides, ainsi que de « l’utilisation prédatrice » des migrants.  Le dit Gouvernement ne saurait se faire le gardien des droits de l’homme alors même qu’il les viole « massivement », a accusé le délégué. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déclaré que la crise sanitaire a fait reculer les progrès vers l’égalité entre les sexes, notamment parmi les travailleurs, les personnes vulnérables mais aussi les journalistes et les militants.  Elle s’est notamment inquiétée de la situation en Afghanistan où 20 ans de progrès ont été réduits à néant.  Cela est inacceptable car les femmes afghanes s’emploient à promouvoir l’égalité en excellant dans divers domaines, a-t-elle affirmé.  Elle a notamment décrié la prise pour cible de femmes journalistes, précisant que selon ONU-Femmes, ces dernières ont été les premières cibles d’attaques lors des manifestations.  « La violence contre les journalistes et reporters ne devrait pas être toléré ». 

La pandémie a également mise à rude épreuve l’éducation des enfants et notamment des jeunes filles, a poursuivi la déléguée, notant que 1,3 million d’heures de classes ont été perdues.  Au Liban, la crise économique a fragilisé les salaires des enseignants, alors que le pays compte rouvrir les écoles.  « Le droit de l’éducation est un droit sacré et nous devons veiller qu’une génération entière ne soit pas en retard », a-t-elle souligné.  La représentante a également indiqué que plus de 1,5 million de Syriens sont réfugiés au Liban, ce qui entraîne des « conséquences désastreuses » sur la population libanaise.  Le Liban ne peut plus porter le fardeau de la crise en ces temps difficiles, a-t-elle indiqué. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que l’impact catastrophique de la pandémie de la COVID-19 devrait inciter à une réflexion sur les meilleurs moyens de réduire les inégalités et résoudre les problèmes mondiaux.  L’essence même de la solidarité internationale est menacée par la polarisation, certains pays se présentant comme arbitres, a-t-il toutefois mis en garde.  Il a aussi déploré que malgré les efforts internationaux pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance qui y est associée, ces phénomènes persistent et s’exacerbent.  Il s’est félicité en revanche de l’adoption de la déclaration politique lors du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, et de la résolution de l’Assemblée générale sur la préservation des sites culturels. 

Dénonçant en outre la discrimination à l’encontre de droits spécifiques, le représentant a relevé qu’il était clair que des « efforts systémiques » sont déployés pour laisser entendre que certains droits sont plus importants que d’autres.  « Rien ne justifie ce dédain », a-t-il affirmé.  Il a ensuite insisté sur l’importance de l’égalité vaccinale qui est « loin d’être une réalité », en particulier en Afrique.  À cet égard, il a appuyé le Mécanisme COVAX. 

Au plan national, a-t-il poursuivi, l’Égypte a lancé sa première stratégie en matière des droits humains, intégrant les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.  Des mesures ont également été prises pour renforcer les capacités dans le domaine des droits de la personne et l’égalité des genres.  En outre, le rapport présenté dans le cadre de l’Examen périodique universel réitère le droit des femmes en tant que partenaires égaux, a-t-il ajouté. 

Mme  GERELMAA DAVAASUREN, Directrice générale du Département de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères de la Mongolie, a souhaité que, plutôt que de se diviser, la communauté internationale unisse ses forces pour surmonter la pandémie de COVID- 19.  Nous devons œuvrer ensemble à une distribution équitable des vaccins en tant que biens publics mondiaux et lutter collectivement contre d’autres défis de santé communs par le biais de la coopération technique, du transfert de technologie et de l’échange des meilleures pratiques, a plaidé la déléguée.  En Mongolie, a-t-elle précisé, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID-19 grâce au soutien d’autres pays et aux approvisionnements du Mécanisme COVAX.  En dépit des difficultés occasionnées par cette crise, le Parlement mongol a adopté la « Vision 2050 », politique de développement à long terme du pays, qui vise notamment à offrir l’accès à une éducation de qualité, à développer un système de soins de santé efficace et à améliorer la protection sociale.  Dans ce cadre, la Mongolie entend rendre 90% de ses services publics disponibles sur un système numérique intégré d’ici à 2024. 

La représentante a ensuite indiqué que son pays a entrepris un large éventail de réformes juridiques pour harmoniser ses lois nationales avec les normes et règles internationales relatives aux droits de la personne.  De plus, a-t-elle relevé, le Parlement a adopté en avril dernier une nouvelle loi sur le statut des défenseurs des droits humains, tandis qu’un groupe de travail a été chargé de réviser la loi sur la liberté des médias afin notamment de mieux protéger la confidentialité des sources.  En outre, le Gouvernement a rédigé un projet de révision du Code du travail sur le harcèlement sexuel et a pris des mesures pour lutter contre les pires formes de travail des enfants.  Réaffirmant par ailleurs que la Mongolie continuera de coopérer avec tous les titulaires de mandats spéciaux pour mettre en œuvre leurs recommandations, la déléguée a réaffirmé le soutien de son pays au processus de l’Examen périodique universel (EPU) en tant qu’instrument essentiel pour améliorer la situation des droits de l’homme aux niveaux national et international. 

M.  NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a d’entrée de jeu déploré l’aggravation des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans les zones de crise.  Évoquant la situation en Afghanistan, il a appelé les Taliban à respecter leurs engagements, notamment concernant les droits des femmes et des filles et la préservation de l’accès humanitaire.  Au Yémen, la France appelle à une cessation immédiate des hostilités, à la protection des civils, à la préservation de l’accès humanitaire et à la cessation des violations des droits de l’homme.  Se tournant vers la Syrie, le représentant a regretté que le « régime » continue de torturer des personnes qu’il détient arbitrairement et des réfugiés de retour dans le pays. 

En Éthiopie, a-t-il poursuivi, l’urgence est de faire cesser définitivement les violences, d’assurer la protection des populations civiles, de permettre l’accès à l’aide humanitaire et d’engager un dialogue politique.  Le représentant s’est aussi dit préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire en République centrafricaine, caractérisée par de multiples violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, « commises en particulier par les mercenaires de la société privée russe Wagner ».  Il a ensuite demandé qu’il soit permis à la Haute Commissaire aux droits de l’homme d’accéder sans entrave et en toute indépendance au Xinjiang, déplorant en outre la dégradation continue de la situation à Hong Kong ainsi qu’au Tibet. 

M. de Rivière a par ailleurs constaté que la multiplicité des défis actuels met à l’épreuve le système international de protection des droits de l’homme.  Les pandémies, les changements climatiques, la dégradation de la biodiversité et de l’environnement ainsi que l’accroissement des inégalités socioéconomiques appellent des réponses multilatérales respectant pleinement la règle de droit international, en particulier les droits de l’homme, et favorisant des coopérations plus inclusives pour un développement durable, a-t-il souligné. 

 Il a également estimé que les remises en cause répétées des droits des femmes et des filles –qu’il s’agisse d’égalité des genres, de droits et santé sexuels et reproductifs ou de protection contre les violences  fondées sur le genre–  appellent une réponse « concrète et sans équivoque ».   La France s’y est employée, notamment en organisant le Forum Génération Égalité avec le Mexique, sous l’égide d’ONU-Femmes, a-t-il indiqué, précisant qu’un Plan mondial d’accélération pour l’égalité entre les femmes et les hommes a été lancé à cette occasion.  Avec ses six coalitions d’action et une mobilisation de l’ordre de 40 milliards de dollars, ce plan trace une feuille de route ambitieuse en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes pour les cinq prochaines années, avec plus de 1000 engagements concrets pris à ce jour, s’est-il félicité.  Il s’agit, a conclu M. de Rivière, d’une illustration du « multilatéralisme par les actes » que la France appelle de ses vœux. 

Intervenant en sa capacité nationale, Mme NESRINE ELMANSOURI (Tunisie) s’est déclarée particulièrement préoccupée par les répercussions de la pandémie sur les droits de l’homme et le développement à l’échelle mondiale.  Elle a mis l’accent sur l’importance vitale du multilatéralisme pour garantir le respect des droits humains. 

La Tunisie reste attachée à l’égalité hommes-femmes, a déclaré la représentante.  À cet égard, elle a présenté le pays comme « pays pionner » dans la région en ayant nommée une femme Première Ministre.  C’est la première femme de l’histoire de la Tunisie à être chargée de former un  gouvernement, a-t-elle ajouté, précisant que cette décision s’inscrit dans l’engagement du pays pour une pleine participation effective des femmes dans tous les niveaux des processus décisionnels. 

La représentante a par ailleurs indiqué que la pandémie a eu une conséquence imprévue dans l’espace civique, ainsi que sur la sécurité de journalistes et des défenseurs des droits humains.  Elle a appelé l’ONU à donner l’exemple, en commençant par rassurer les organisations de la société civile, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme sur la valeur de leur contribution.  Des efforts s’imposent également pour atténuer les défis et les restrictions auxquels ils sont confrontés en raison de la pandémie. 

M. JUN ZHANG (Chine) a indiqué que sous la houlette du parti communiste, son pays a choisi un modèle de développement « approprié à nos spécificités ». Le peuple chinois est ainsi devenu le véritable maître du pays et les questions de droits humains et de l’égalité ont été concrétisés dans la pratique, a dit le représentant, précisant que le taux de satisfaction de la population chinoise vis-à-vis du gouvernement dépasse les 90%. 

Il a ensuite reconnu que les droits de l’homme sont universels, tout en estimant que la voie pour les réaliser peut-être différente.  Il faut tenir compte des cultures et chaque pays a le droit d’envisager son modèle de promotion des droits de l’homme, a-t-il martelé.  « Imposer un modèle venu de l’extérieur n’est ni démocratique, ni faisable! »  Il s’est notamment élevé contre les « vieux discours » prônés par « certains pays » qui suscitent à la confrontation et déstabilisent les situations çà et là, imposant des sanctions unilatérales et des mesures coercitives en violation du droit international. 

Cette année « nous avons été témoins de phénomènes étranges » au sein de la Troisième Commission, a-t-il poursuivi.  Les États-Unis et d’autres pays attisent la confrontation et pointent des pays en développement, mais passent sous silence leurs propres problèmes et ferment les yeux sur le triste passé des droits de l’homme de leurs alliés.  La France, a-t-il regretté, vient de prononcer une déclaration de ce type.  Cette sélectivité et cette politisation a nui à l’atmosphère de coopération à l’ONU, a-t-il déploré. 

« Le monde d’aujourd’hui est gouverné par l’égoïsme économique, les ambitions politiques, le chantage, et le chaos orchestré » a fustigé M. IGOR PILIPENKO (Bélarus).  Il a dénoncé « l’ingérence flagrante », de forces étrangères mais également de « hauts représentants du système des Nations Unies ».  À cet égard, il a affirmé qu’un « agent de l’ONU » aurait financé des manifestations avec des fonds alloués aux personnes handicapées par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Afin de justifier ces abus, le Haut-Commissariat a qualifié les manifestants de « victimes du régime », a-t-il ajouté. 

Le représentant a ensuite indiqué que l’appui social accordé par le Bélarus aux personnes âgées, handicapées, aux vétérans de le Deuxième Guerre mondiale, aux familles nombreuses et personnes vulnérables, est la « feuille de route du pays pour son développement socioéconomique ».  Il a fait savoir que le Bélarus prévoit de porter à l’examen de la Commission la question de l’abolition de la traite des personnes.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur l’importance du renforcement de la coopération contre l’immigration illégale, le trafic illicite de stupéfiant, le terrorisme et son financement, le blanchiment d’argent et la cybercriminalité. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a engagé tous les États à coopérer pleinement en vue d’assurer l’accès complet aux vaccins pour tous.  Il a dénoncé les restrictions imposées à l’espace et à l’expression des représentants de la société civile, notamment les défenseurs des droits humains, les journalistes et le personnel des médias.  Il a appelé tous les gouvernements à prendre les mesures appropriées contre l’intimidation et les représailles à l’encontre de ces derniers, rappelant dans la foulée que lors de la présidence irlandaise au Conseil de sécurité, plusieurs de ces représentants avaient été invités à prendre la parole.  Il s’est alarmé par ailleurs que, dernièrement, certains fonctionnaires des Nations Unis ont été expulsés et déclarés « persona non grata ». 

Le représentant s’est ensuite inquiété de la « pandémie voilée » qu’est la violence à l’égard des femmes, et a insisté sur l’importance de promouvoir l’égalité hommes-femmes.  Il a exprimé plus particulièrement sa préoccupation pour le sort des filles afghanes qui devraient jouir de leur droit à l’éducation et pouvoir se déplacer librement dans leur pays.  Il s’est fermement opposé à la peine capitale et invité tous les États à adopter un moratoire.  Il a par ailleurs relevé que ces derniers mois, « le racisme a montré son visage » dans toutes les régions, et exhorté au respect de la tolérance religieuse, en particulier. 

« Personne ne peut être en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité », a déclaré M. BAE JONGIN (République de Corée), qui a regretté les effets disproportionnés de la pandémie, notamment en ce qui concerne la vaccination.  À ce sujet, a précisé le représentant, la République de Corée a contribué au mécanisme COVAX à hauteur de 210 millions de dollars. 

M. Bae s’est ensuite dit préoccupé par la situation en Afghanistan, ainsi qu’au Myanmar où il espère que l’Envoyé spécial des Nations Unies pourra se rendre.  Il a insisté sur la nécessité de fournir une assistance humanitaire dans ces pays avec l’assistance des Nations Unies et des autres partenaires. 

Sur les femmes dites « de réconfort » de la Seconde Guerre mondiale, la République de Corée a déclaré les accompagner pour qu’elles recouvrent honneur et dignité.  M. Bae s’est par ailleurs préoccupé de ce que la pandémie détériore encore plus les moyens de subsistance des habitants de la République populaire démocratique de Corée et a encouragé ce pays à coopérer et à renouer le dialogue avec la République de Corée pour réunir les familles séparées. 

M. ABAKAR MOUCTAR (Tchad) a constaté que le fléau de la pandémie continue d’affecter les peuples du monde entier et de mettre à rude épreuve les systèmes de santé, sans oublier les conséquences sur les économies et les échanges commerciaux.  Face à cette crise qui impacte particulièrement les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles, le représentant a appelé à une distribution équitable des vaccins contre la COVID-19, y voyant le seul moyen d’éradiquer le virus.  Dans ce contexte, il a réaffirmé le ferme engagement de son pays à continuer d’œuvrer en faveur des droits humains, à l’autonomisation des femmes et des filles et l’élimination des violences et discriminations sexistes.  Soulignant l’importance qu’accorde le Tchad à l’égalité de genre, il a fait état d’avancées sur le plan juridique et dans la mise en œuvre de programmes en faveur de la parité.  Le nouveau code de procédure pénal a ainsi renforcé la protection des droits des filles en établissant à 18 ans l’âge minimal pour le mariage et en pénalisant les mutilations génitales féminines.  En outre, une nouvelle loi institue la parité dans les fonctions électives, avec un quota de 30% de femmes dans les instances décisionnelles. 

Malgré ces progrès, les défis restent considérables, a concédé le délégué, évoquant la lutte de son pays contre les groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad et la période de transition politique qui a fait suite au décès du Président Idriss Déby.  Le pays a besoin de ressources additionnelles pour surmonter ces difficultés qui s’ajoutent à la crise socioéconomique liée à la pandémie, a-t-il souligné, réclamant un accompagnement de la communauté internationale.  Enfin, s’agissant de l’élimination du racisme et de la discrimination raciale, il a rappelé que le Tchad et le Costa Rica ont cofacilité le processus intergouvernemental qui a conduit à la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine.  Les efforts doivent continuer pour que justice soit rendue à ces personnes, a-t-il conclu, réitérant l’universalité des droits humains dans le respect des principes d’indépendance et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

Pour M. AMADOU JAITEH (Gambie) les défis d’aujourd’hui liés à la pandémie requièrent la solidarité de tous.  C’est pourquoi, il a lancé un appel à la communauté internationale pour un partage équitable des vaccins afin de juguler la pandémie. Il a également conseillé de tirer les enseignements de la crise sanitaire et invité à opérer des réformes cruciales de « nos institutions » en vue d’être prêt à affronter la prochaine pandémie et éviter une catastrophe humanitaire.  Il a salué la réforme du système de développement de l’ONU, se disant heureux de le voir s’adapter de façon à atténuer des effets des conflits et de la pandémie dans les pays en développement.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur le rôle qu’occupe la femme en Gambie, « véritable dirigeante » dans toutes les tâches qu’elle assume.  Il faut donc reconnaître sa contribution cruciale à la société en tant que partenaire de développement social, a-t-il estimé. 

Mme SOUEDA EL GUERA (Mauritanie) a déclaré que son pays a déployé de grands efforts pour mettre en œuvre des projets et des programmes visant à lutter contre la  marginalisation et  permettre  l’accès universel aux services de base, ainsi que le soutien au système de santé et d’éducation.  Ces efforts sont illustrés également au plan de la consolidation de l’unité nationale et de la vie politique, de l’édification de l’État de droit et des libertés et de la mise en place d’une bonne gouvernance, a-t-elle indiqué. 

En outre, la Mauritanie a créé une Constitution, garantissant à tous les citoyens les droits fondamentaux individuels et collectifs, tel que l’accès à l’eau potable, l’éducation et l’électricité, de même qu’à la protection sociale. Elle a indiqué qu’une loi sur la liberté d’association a été promulguée en début d’année, précisant que l’association peut avoir lieu sans autorisation.  En juin, la Mauritanie a également promulgué une nouvelle loi pénalisant l’esclavage.  Des tables rondes ont été organisées pour mettre en avant les progrès réalisés et à recenser les obstacles, tout en proposant des recommandations pour les surmonter.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a invité à redoubler d’efforts, en cette période « inédite » de pandémie.  Il a signalé qu’au Myanmar, depuis le renversement du gouvernement légitime, l’armée a procédé à une campagne d’arrestations, d’enlèvements, de meurtres et de violations et abus des droits humains.  Ainsi, des restrictions aux libertés d’expression et de rassemblement sont devenues monnaie courante; et pas moins de 1 500 civils, notamment des femmes et des enfants, ont perdu la vie.  Il a appelé la communauté internationale à réfléchir « avec humanisme » sur cette situation sachant que l’armée a « commis des massacres ». 

M. Tun a ensuite rappelé que le Gouvernement d’unité nationale avait publié un document de position sur les Rohingya dans lequel il reconnaît les crimes graves commis par l’armée contre cette communauté, et envisage des enquêtes et des poursuites pénales en vue de restaurer les droits des Rohingya.  Les personnes prises pour cible par l’armée sont impuissantes car la répression a amené le peuple du Myanmar à vivre dans la peur, a-t-il indiqué.  Il a également expliqué qu’en raison des actes inhumains et de la pandémie, des centaines de milliers de personnes auraient besoin d’une assistance humanitaire d’urgence, notamment aux frontières.  Il a encouragé à la solidarité avec le Gouvernement d’unité nationale pour défendre la démocratie et l’union démocratique au Myanmar, appelant les États Membres à se montrer fidèles à la devise de l’ONU: « Nous peuples des Nations Unies ». 

M.  DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a souligné l’importance de la légitimité démocratique, mettant en avant la conscience collective des boliviens comme un exemple de démocratie, ce pays ayant dépassé les conséquences d’un coup d’état. 

Après avoir déclaré qu’il est impossible de faire cavalier seul face à la pandémie, le représentant a mis l’accent sur la question de l’éducation et des femmes.  La Bolivie est préoccupée par les problèmes d’accès à l’éducation et a invité à éviter les exclusions.  Les filles doivent pourvoir aller à l’école, ainsi que les personnes en situation de handicap, a souligné le délégué, avant d’insister sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes. 

M. YOUSEF S. I. SALAH (Libye) a estimé qu’en finir complètement avec la pandémie de COVID-19 implique l’instauration de l’équité dans l’accès universel à des vaccins sûrs et abordables.  Les efforts nationaux ne suffiront pas pour surmonter cette crise, il faut une solidarité régionale et mondiale, a affirmé le délégué.  Dans ce contexte, il souligné l’importance de la famille, en tant qu’unité de base de la société, et a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la protection des droits des enfants et des femmes.  Il a ensuite indiqué que la Libye fait également face à une crise humanitaire causée par le phénomène de l’immigration illégale.  De nombreuses personnes, y compris des enfants et des femmes, trouvent la mort dans le désert en essayant d’atteindre les frontières sud de mon pays, a-t-il déploré, notant que certaines victimes des bandes de passeurs et des trafiquants d’êtres humains font aussi naufrage en mer. 

Selon le représentant, les efforts déployés par la Libye pour réduire ce phénomène ne suffisent pas à l’endiguer et l’augmentation du flux de migrants illégaux a exacerbé les problèmes socioéconomiques du pays.  Il a donc appelé la communauté internationale à y réagir et à se concentrer davantage sur les causes de cette crise, et non sur les seuls symptômes.  Cela exige un développement réel dans les pays d’origine et une lutte contre les gangs impliqués avec l’aide des pays de destination, a-t-il souligné, appelant également l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Bureau de lutte contre le terrorisme à suivre le parcours financier de cette migration. 

Le délégué a ensuite réaffirmé l’engagement de la Libye en matière de développement économique et social pour tous les membres de la société.  Faisant valoir que le droit au développement requiert un financement adéquat, il a enjoint les pays qui ont perçu illégalement des fonds libyens de les restituer afin que cet argent puisse être investi dans des programmes de développement et de reconstruction en Libye.  Enfin, il a appelé la communauté internationale à respecter les droits humains du peuple palestinien et à faire cesser toutes les violations auxquelles celui-ci est exposé. 

Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a indiqué que l’approche de son pays dans le domaine des droits de l’homme trouve son fondement dans la Constitution.  Expliquant une série d’initiatives mise en œuvre au cours des dernières années, la déléguée a évoqué, entre autres, la réforme du cursus scolaire qui, a-t-elle précisé, est ancrée dans les valeurs universelles de tolérance, de cohabitation et libre exercice du culte.  Elle s’est enorgueillie du rôle du Maroc au niveau international qui a permis l’adoption, par l’Assemblée générale, en juillet 2019, de la résolution sur la lutte contre le discours de haine, puis l’année dernière, d’un autre texte qui proclame la Journée internationale de la lutte contre les discours de haine. 

La représentante a également fait valoir la politique publique intégrée du Maroc pour la promotion des droits de personnes handicapées, ainsi que sa politique, « humaniste et pionnière au niveau africain », sur la migration.  En outre, l’égalité entre les sexes est consacrée par l’article 19 de la Constitution.  Les femmes sont également représentées dans tous les secteurs et elles siègent en particulier dans le Conseil des Oulémas et sont aussi mourchidates.  La représentante a aussi mis l’accent sur l’interdiction pénale qui est faite de tout acte d’exactions et d’abus corporels, psychiques ou tout autre forme de violence à l’égard des femmes.  S’agissant de la COVID-19, elle a évoqué la création d’un fonds spécial d’assistance matérielle et financière à l’intention de plusieurs groupes de la société. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) s’est tout d’abord préoccupé de la grave crise humanitaire en Afghanistan, indiquant que son pays continuera de suivre de près la ligne d’action réelle des Taliban, ainsi que de la situation au Myanmar depuis le coup d’État.  La question des enlèvements en Corée du Nord est un autre sujet de grave préoccupation pour le Japon, car elle touche à la souveraineté nationale, à la vie et la sécurité de notre peuple.  Alors que les familles des victimes continuent de vieillir, il n'y a pas de temps à perdre avant de résoudre cette question, a-t-il insisté. 

Sur un autre registre, le représentant a appelé à des efforts supplémentaires pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes afin de ne pas perdre les avancées réalisées jusqu’à présent.  Il a aussi engagé à éradiquer la violence contre les enfants.  M. Tetsuya a annoncé, par ailleurs, que son pays et le Brésil présenteront la résolution triennale sur le volontariat.  Pour finir, il a rappelé que cet été, 10 ans après le séisme qui a frappé la partie orientale du pays, le Japon a accueilli les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 sous le slogan « unis dans la diversité ». 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a indiqué que, face à l’urgence sanitaire, économique et sociale engendrée par la pandémie de COVID-19, le Gouvernement équatorien a déployé un dispositif technique et humanitaire qui lui permet, aujourd’hui, d’être en bonne place en matière de vaccination.  Plus de 20  millions de vaccins ont été distribués et près de 60% de la population nationale est pleinement vaccinée, s’est-il enorgueilli, saluant au passage la coopération internationale et les contributions de « pays frères ».  Il a par ailleurs fait état d’un plan national de création d’opportunités 2021-2025, qui prévoit de faciliter l’accession à la prospérité, sans oublier d’être solidaires avec les plus vulnérables, à travers un État « solide et efficace ».  Le pays s’emploie par ailleurs à lutter contre la corruption, la discrimination sexuelle et la violence sexiste, tout en étant une terre d’accueil pour 433 réfugiés vénézuéliens, lesquels ont bénéficié des avantages du travail et de la sécurité sociale. 

S’agissant de la prévention du crime et de la justice pénale, le délégué a réaffirmé l’importance de la coopération internationale et de l’échange d’expériences.  Il a, d’autre part, estimé que la priorité doit être donnée à la lutte contre la corruption, ce fléau continuant d’être un obstacle à la mobilisation de ressources en vue de l’éradication de la pauvreté et du développement durable.  Quant au problème mondial de la drogue, l’Équateur y fait face par le biais d’une approche transversale, équilibrée et de genre, où les dépendances sont considérées un problème de santé publique et où l’État développe des programmes d’information, de prévention et de contrôle.  

Pour ce qui est de la promotion de la femme, l’Équateur dispose d’un cadre juridique solide qui s’appuie sur la Constitution et les instruments internationaux contraignants ratifiés par l’État.  Notant avec préoccupation que la pandémie a exacerbé les inégalités existantes pour les femmes et les filles, le délégué a souhaité que la participation, la protection et le potentiel de ces dernières soient au centre des réponses nationales.  Il a ajouté que son pays accorde une attention particulière à la promotion et à la protection des droits de l’enfant, mis à mal eux aussi par la COVID-19.  Face à la pandémie, a-t-il dit, l’Équateur a aussi mis en place un modèle intégrant la santé mentale aux soins de santé primaires. 

Évoquant ensuite les droits des peuples autochtones, il a souhaité que cette session permette de réfléchir aux progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Déclaration des Nations Unies dédiée à cette question.  En tant qu’État plurinational et interculturel, l’Équateur promeut la pleine participation des peuples autochtones et lutte pour la survie, la préservation et la revitalisation des langues ancestrales.  Enfin, s’agissant de la promotion et de la protection des droits humains, le pays a ratifié toutes les conventions internationales et collabore avec les procédures spéciales du système universel des droits de l’homme, a souligné le délégué. 

M. ROVSHEN ANNABERDIYEV (Turkménistan) a présenté les efforts et résultats accomplis par son pays en matière de genre.  La législation nationale prévoit ainsi des mécanismes juridiques et des garanties pour parvenir à une égalité des hommes et des femmes dans les sphères politiques et économiques.  Sur les 125 membres du Parlement du Turkménistan, 32 sont des femmes, soit 25,6%, ce qui correspond au taux des pays développés, a souligné le délégué.  La Présidente du Parlement et la Commissaire aux droits de l’homme sont toutes deux des femmes.  

Le délégué a fait observer que la pandémie de COVID-19 a rendu la mise en œuvre de la Décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030 plus difficile.  Il a souligné que l’accès universel à un vaccin est le seul moyen de mettre fin à la pandémie, de soutenir la reprise économique et de réaliser les objectifs de développement durable. 

Enfin, le représentant du Turkménistan a déclaré que les questions relatives aux droits de humains doivent être débattues dans le cadre d’un dialogue constructif et non politisé, et qu’il faut éviter de désigner des coupables. La Troisième Commission ne devant pas être utilisée comme une instance politique, a-t-il estimé. 

M.  DAHIR SALAD HASSAN (Somalie) a constaté avec préoccupation que la pandémie ne menace pas seulement les systèmes de santé fragiles mais met aussi gravement à mal les structures sociales des pays. Ses effets entravent l’accès aux services de base et freinent les efforts visant à garantir la sécurité, notamment la lutte que mène la Somalie contre les activités terroriste des Chabab.  Dans ce contexte difficile, a ajouté le délégué, le pays fait tout ce qui est en son pouvoir pour instaurer la confiance et l’inclusion au sein de sa population.  Le Gouvernement est également déterminé à tenir des élections crédibles et transparentes, avec un quota de sièges réservés aux femmes. Son objectif est d’édifier une société capable de garantir les droits civils et politique de tous, a assuré le représentant, avant de souligner l’importance de la Déclaration et du Programme d’action de Durban pour le respect de l’égalité et la lutte contre les discriminations. Il a appelé à cet égard les gouvernements du monde entier à remédier à la xénophobie et à toute forme d’intolérance, surtout dans le contexte de la pandémie. 

S’agissant des droits des enfants, le délégué a réitéré l’engagement de son pays à les préserver. Avec la fermeture des écoles, la vie de nombreux enfants est perturbée, a-t-il déploré, faisant cependant état de progrès importants en matière de mortalité infantile.  Le Gouvernement somalien entend également promouvoir le statut socioéconomique des jeunes.  Pour cela, il importe d’éradiquer les conflits armés et les violences communautaires, a-t-il plaidé.  À cet égard, il a rappelé que son pays accueille un grand nombre de personnes déplacées, sans avoir les ressources adéquates pour répondre à cet afflux. 

M. DUSHKO UZUNOVSKI (Macédoine du Nord) a indiqué que, comme partout, la pandémie de COVID-19 a eu de graves conséquences dans son pays, tant sur le plan sanitaire que dans le domaine socioéconomique.  Pour en atténuer les effets, le Gouvernement a adopté plusieurs paquets de mesures, notamment l’octroi d’une aide financière aux citoyens les plus vulnérables et aux secteurs les plus touchés de l’économie, afin de faciliter la reprise.  Parallèlement, le pays a poursuivi ses réformes dans les domaines des droits humains, de l’état de droit et de la démocratie, tout en intensifiant sa lutte contre la criminalité organisée et la corruption.  C’est ainsi qu’une nouvelle loi sur la prévention de la corruption et des conflits d’intérêts introduit des conditions plus strictes dans la lutte contre ce fléau, laquelle fait l’objet d’une stratégie nationale pour la période 2020-2024. 

La Macédoine du Nord accorde également une attention particulière aux droits des femmes et des filles, a souligné le délégué, faisant état d’une budgétisation publique sensible au genre, d’une sensibilisation du public à toutes les formes de violence à l’égard des femmes, d’une meilleure protection des victimes et d’un renforcement de l’égalité des sexes dans tous les domaines.  Le pays a, d’autre part, révisé sa législation restrictive sur l’avortement afin de permettre aux femmes d’exercer leurs droits reproductifs. 

Face aux cas de discrimination dans les médias sociaux, des mesures spéciales sont prises pour sanctionner les auteurs, ainsi que pour sensibiliser le public à la nécessité de respecter la diversité, a encore relevé le représentant, selon lequel tout est également fait pour garantir l’indépendance et la liberté d’expression des journalistes et des professionnels des médias, dont les informations factuelles sont particulièrement essentielles en temps de crise.  Enfin, après avoir noté l’attachement de la Macédoine du Nord aux droits des minorités, il a rappelé qu’elle s’est portée candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027.   

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est inquiété de l’impact de la pandémie de COVID-19, pointant les grandes incertitudes et ses retombées sur les personnes les plus vulnérables.  Il a plaidé pour que le vaccin soit considéré comme un bien public global et distribué de façon globale loin de toute politisation, notamment dans les pays en développement. 

Des millions de personnes ont été poussées dans l’extrême pauvreté et cela a mis en évidence les inégalités qui prévalent.  Cette situation a posé de multiples défis à nos communautés, notamment en matière de paix et de sécurité, ainsi qu'en matière de jouissance des droits de l’homme, a-t-il fait observer. 

Le représentant a appelé à intensifier les efforts pour mieux reconstruire et aller de l’avant.  Ce faisant, notre coopération fondée sur un véritable esprit de solidarité est plus importante que jamais, a-t-il souligné.  M. Nunez a salué, à cet égard, les efforts des pays qui ont fait don de vaccins contre la COVID-19 aux pays dans le besoin, notamment par le biais du Mécanisme COVAX.

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a relevé que les conséquences de la pandémie auraient été moins grave si le droit à la santé s’était vu octroyer la même importance que les droits civils et politiques.  Elle a souligné que la promotion et la protection des droits humains sont un objectif commun, et non celui « d’un groupe d’États ». Les conversations en la matière doivent se tenir de manière impartiale, « à l’abri de toute politisation et en respectant la souveraineté des États », a-t-elle insisté. 

La représentante a ensuite expliqué que l’Algérie a mis en place des reformes socioéconomique sur cinq axes: la consolidation de l’État de droit, la modernisation du système judiciaire et de l’administration publique, la lutte contre la corruption, la création d’une société civile libre, ainsi que la protection des libertés fondamentales telles que la liberté de réunion et libertés de la presse.  L’éducation est notamment assurée aux enfants sans aucune discrimination et les nouvelles technologies sont incluses dans les programmes scolaires.  Dans le domaine de la santé, le pays a commencé à produire des vaccins qui ont été mis sur le marché depuis le mois de septembre 2021, et que le Gouvernement souhaite distribuer à d’autres pays africains. 

Sur le plan humanitaire, la représentante s’est dite préoccupée par le nombre de personnes dans le besoin, et notamment les réfugiés sahraouis.  À cet égard, elle a indiqué que l’Algérie continuait de répondre aux besoins des réfugiés sahraouis et faire en sorte qu’ils aient accès aux vaccins contre la COVID-19.  Elle a appelé la communauté internationale à les soutenir, car leurs conditions sont « très dépendantes de l’aide humanitaire ». 

Mme  MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a noté que le monde reste aux prises avec un virus invisible qui a mis en exergue des structures de pauvreté et de violence qui préexistaient dans nos sociétés.  Dans ce contexte, comment pouvons-nous mesurer le succès de la commission de l’Assemblée générale chargée de délibérer sur les questions sociales, s’est interrogée la déléguée.  « Nos succès sont-ils déterminés par le nombre de résolutions adoptées ou à l’aune des progrès effectifs en matière de droits humains? »  À ses yeux, « c’est l’humain qui unit nos sociétés ».  Pour récupérer cette valeur, il importe selon elle de se concentrer sur la dignité humaine et sur la coopération internationale.  Ce n’est que si nous unissons nos forces que nous pourrons parvenir à des niveaux plus élevés en matière de droits de la personne, a-t-elle fait valoir, assurant que l’attachement du Costa Rica à la jouissance de ces droits par tous prend la forme de mesures concrètes.  Le pays a ainsi fait de l’égalité femmes-homme le fer de lance de sa « nouvelle normalité ».  Avec la Colombie, il a aussi lancé un appel urgent en faveur des droits des femmes et des filles en Afghanistan.  Le Costa Rica s’inscrit d’autre part dans une longue histoire qui s’est enrichie grâce au legs des personnes d’ascendance africaine, a ajouté la représentante, non sans rappeler que son pays a appuyé la résolution de l’Assemblée générale portant création de l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine. 

Mme  GELB (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a salué d’emblée la solidarité de la Troisième commission en faveur de la vaccination des migrants contre la COVID- 19.  Cependant, a-t-elle mis en garde, il ne faut pour autant négliger les vaccins contre d’autres maladies, car, en règle générale, les migrants ne sont pas inclus dans les campagnes de vaccination.  La Fédération a proposé d’instaurer un environnement propice aux migrants pour que ces derniers aient confiance dans les acteurs sanitaires.  Les sociétés de la Croix-Rouge et Croissant-Rouge sont déterminées à ne ménager aucun effort pour apporter une assistance à tous ceux qui en ont besoin, a-t-elle ajouté. 

La représentante a ensuite signalé que les enfants représentent la majorité des personnes touchés par des catastrophes.  Nous devons accepter qu’aujourd’hui les enfants sont fortement exposés aux catastrophes naturelles.  Et il convient alors d’intégrer, en amont, leurs besoins dans les mesures humanitaires, a souligné la représentante, ajoutant qu’il en va de même en ce qui concerne leur protection de la violence. 

M. LAETITIA MARIE ISABELLE COURTOIS (Comité International de la Croix-Rouge) a d’emblée attiré l’attention sur l’importance de travailler de concert pour améliorer la vie des personnes déplacées, dont le sort, a-t-il souligné, doit rester une priorité internationale. Il a noté que les conflits armés, les déplacements de populations et les changements climatiques peuvent faire pression sur des services parfois inexistants, créant des défis colossaux.  « Nous devons mieux comprendre comment les chocs climatiques exacerbent les vulnérabilités des individus en général, et des personnes déplacées en particulier », a-t-il ajouté. 

Dans son intervention, le responsable du CICR a également évoqué l’importance de prévenir les déplacements de population et d’identifier des solutions temporaires.  Il convient également de prendre des mesures pour contribuer à normaliser la situation des personnes déplacées et les aider à trouver une certaine autonomie.  Souvent, lorsque l’on cherche à trouver des solutions sur le long terme, on oublie de restaurer l’accès au droit, a-t-il noté. Il a recommandé de réfléchir de façon holistique et de travailler avec les personnes déplacées et les communautés hôtes pour identifier les besoins et alléger les pressions exercées sur ces dernières. 

M. PAUL BERESFORD-HILL (Ordre Souverain de Malte) a indiqué que « Malteser International », l’agence d’aide humanitaire de l’Ordre, est présente avec des projets médicaux, sociaux et humanitaires dans 120 pays.  Il s’agit d’un réseau efficace qui apporte un soutien constant aux membres oubliés ou exclus de la société, et à ceux qui ont été laissés pour compte.  Parmi eux, il a cité ceux qui sont otages des conflits et des désastres naturels, ainsi que les réfugiés et les victimes de la traite des êtres humains.  Il a noté que la pandémie actuelle, associée à l’instabilité politique dans de nombreux pays, a exacerbé les vulnérabilités existantes à la traite des êtres humains et aux formes contemporaines d’esclavage. 

Le représentant a ensuite invité la Commission à aborder la question, « généralement négligée », de l’utilisation des nouvelles technologies dans l’action humanitaire.  Si la technologie est souvent utilisée à mauvais escient, son utilisation positive peut également nous aider à lutter contre la traite des personnes, a-t-il estimé.  Il a aussi fait part de l’engagement de l’Ordre en faveur de la défense des droits humains des migrants et des croyances religieuses. De même, qu’il appuie pleinement l’action face à l’urgence climatique.  Il a ensuite appelé à accroître les partenariats et la coopération en vue de résoudre, ou tout au moins d’améliorer, certains des besoins les plus pressants dans le monde. 

M. MATTHIEU COGNAC, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a observé que les travaux de la Troisième Commission débutent alors qu’environ 8,8% du total des heures de travail, équivalentes aux heures travaillées en un an par 255 millions de travailleurs à temps plein, ont été perdues en 2020.  Par rapport aux tendances d’avant-crise, a-t-il précisé, on estime que 75 millions d’emplois auront été perdus en 2021 et 23 millions en 2022, ce qui correspond à une perte de 3 700  milliards de dollars de revenus du travail.  Pour le spécialiste, cette situation menace de freiner les progrès en matière de développement social.  En effet, la forte augmentation des inégalités et de la pauvreté maintient des millions de personnes dans le « cercle vicieux » du travail informel, où la protection sociale, les salaires minimums et les droits du travail sont « inexistants », a-t-il relevé, ajoutant que les secteurs les plus touchés sont aussi ceux qui emploient les personnes les plus à risque, notamment les femmes et les jeunes, les travailleurs peu qualifiés, les migrants, les membres de minorités ethniques et raciales, les seniors, les personnes handicapées et celles vivant avec le VIH/sida. 

Cette crise a non seulement stoppé le développement mais elle met également en danger la vie de ceux dont nous dépendons sur le plus, a alerté M. Cognac.  Parmi eux figurent les plus de 1,6  million de gens de mer qui travaillent sur des navires qui transportent plus de 80% du commerce mondial, a-t-il souligné, avant d’appeler à ce que ces derniers puissent travailler dans des conditions décentes et aient accès à la vaccination contre la COVID-19.  Il est donc essentiel, a-t-il plaidé, que les États Membres donnent suite à la résolution adoptée, l’an dernier, par l’Assemblée générale sur la coopération internationale face aux difficultés que connaissent les gens de mer en raison de la pandémie et mettent en œuvre la Convention du travail maritime de l’OIT.  Selon lui, ne pas le faire entraînerait de nouvelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et saperait la reprise économique. 

M. Cognac a, d’autre part, jugé tragique qu’en cette Année internationale de l’élimination du travail des enfants, 160 millions d’entre eux se trouvent dans cette situation, un chiffre en progression pour la première fois depuis des années.  D’ici à la fin 2022, 9  millions d’enfants supplémentaires risquent d’y être contraints, a-t-il averti, souhaitant que la Convention de 1999 sur les pires formes de travail des enfants (no 182), qui a obtenu la ratification universelle en 2019, soit soutenue par des mesures législatives au niveau des pays.  Il en a profité pour appeler les États à ratifier également la Convention concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail (no 190), y compris la violence et le harcèlement fondés sur le genre, des fléaux que la pandémie a notoirement aggravés. 

Avant de conclure, il a noté qu’il « n’existe peut-être pas de vaccin contre le chômage et la pauvreté au travail, mais il existe des solutions quand même », lesquelles prennent la forme de programmes et d’initiatives tels que l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale qui vient d’être lancé par le Secrétaire général, avec pour objectif de créer au moins 400 millions d’emplois d’ici à 2030. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Éthiopie a dénoncé les propos « politisés » de l’Irlande, soulignant avoir déjà expliqué pourquoi certaines mesures ont dû être prises concernant le personnel de l’ONU.  Le personnel des Nations Unies doit respecter les principes d’indépendance et d’impartialité dans ses activités, a-t-elle rappelé.  Enfin, déplorant que des groupes criminels continuent de s’attaquer aux civils de son pays et d’entraver l’action humanitaire, elle a jugé « encore plus regrettable » que certains pays « minimisent la gravité de ces actes ». 

La République arabe syrienne a souhaité répondre à la France, qu’elle a appelée à nommer les États par leur nom.  Elle a d’autre part rappelé à cette délégation qu’un rapport du Conseil de sécurité sur le contre-terrorisme indique que plusieurs États Membres auraient exporté le terrorisme vers la Syrie, dont la France.  Ces États ont fait entrer en Syrie des combattants terroristes étrangers pour y semer le désordre et la zizanie.  Et ce faisant, a-t-elle souligné, ils ignorent leurs propres violations des droits de l’homme. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a appelé le Japon à verser des compensations aux victimes des crimes qu’il aurait commis durant la Deuxième Guerre mondiale.  Autrement, nos pays ne connaîtront jamais de relations pacifiques, a-t-elle dit.  La délégation a également appelé la République de Corée à cesser de critiquer la situation en RPDC.  Nos citoyens jouissent du plein respect de leurs droits et des mesures appropriées ont été prises pour faire face à la pandémie de COVID-19. 

La représentante du Maroc a souligné que la solution de la question du Sahara marocain ne peut être que « politique, pragmatique et de compromis » et ne pourra être conçu que dans le cadre de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.  Elle a affirmé que l’Algérie cherche à infliger à la population sahraouie le même calvaire que celui qu’elle a imposé aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf.  Elle a, à cet égard, dénoncé le détournement « systématique et à grande échelle » de l’aide humanitaire destinée aux populations de Tindouf.  « L’Algérie doit avoir honte », a-t-elle dit. 

De son côté, le Cambodge a rejeté les allégations erronées de la délégation des États-Unis formulées le 4 octobre dernier.  Le Cambodge continue de respecter les principes démocratiques, a souligné la délégation, évoquant les 6 000 organisations de la société civile enregistrées officiellement.  Pour la délégation, ces allégations sont une volonté d’ingérence dans les affaires intérieures des États et doivent « cesser immédiatement ». 

Le Japon a pris, à son tour la parole, pour réagir aux observations de la RPDC qui se basent sur des « chiffres erronés » loin de la réalité.  Il a rappelé à la délégation la promesse faite de lancer une enquête rigoureuse sur les enlèvements et de permettre à toutes les personnes enlevées de regagner le Japon le plus tôt possible.  Il a par ailleurs rejeté l’emploi du terme « esclaves sexuelles » en référence aux femmes de réconfort pour ensuite appeler la RPDC à travailler avec « nous pour un avenir radieux ». 

L’Algérie a fustigé la « tentative de diversion » opérée par le Maroc sur la question du Sahara occidental, dénonçant un « amalgame affligeant ».  Selon elle, l’occupation du Sahara occidental par le Maroc ne relève pas du mensonge mais est un « fait avéré », reconnu et mentionné dans les résolutions pertinentes de l’ONU, lesquelles confirment qu’il est la conséquence d’un processus de colonisation.  La délégation s’est également félicitée du récent verdict de la Cour de justice de l’Union européenne qui, en annulant des accords entre l’UE et le Maroc, a reconnu la représentativité du Front Polisario.  Elle a par ailleurs réaffirmé que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est un droit inaliénable. 

La RPDC a repris la parole pour affirmer que la question des enlèvements a déjà été réglée.  Le Japon cherche à souiller l’image de la RPDC en utilisant cette question à des fins politiques.  Il l’a également enjoint de présenter des excuses sincères et proposer des dédommagements « aux victimes » ajoutant qu’en l’absence de réparations, « il ne peut y avoir d’avenir radieux dans les relations entre les deux pays ». 

Déplorant des propos erronés, le Japon a jugé impératif de surmonter la méfiance mutuelle entre son pays et la RPDC pour réaliser une paix véritable en Asie du Nord-Est et travailler ensemble pour un avenir radieux. 

Prenant la parole pour la deuxième fois, le Maroc a invité l’Algérie à appliquer le droit à l’autodétermination du peuple Kabyle, peuple de près de 8 millions de personnes.  L’Algérie en mauvaise posture pour parler des droits de l’homme, a ajouté la délégation marocaine.  À cet égard, elle a évoqué notamment le soulèvement populaire algérien, les répressions ciblant le Hirak, les centaines d’interpellations de défenseurs des droits humains mais également la dégradation de la liberté de la presse. 

L’Algérie a qualifié les allégations de la délégation marocaine de scandaleuses et de déformation de la réalité.  Le Maroc pleure sur le sort des personnes qu’elle a poussées à l’exil, et au lieu d’instrumentaliser les droits de l’homme, il devrait se préoccuper de ses propres violations des droits de l’homme à la fois sur son propre territoire et dans le Sahara occidental occupé, a-t-elle dit. 

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT - A/76/204, A/76/305, A/76/144, A/76/224, A/76/231

Exposé

Notant que cette année qui marque les 25 ans de son mandat, Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a constaté que les conflits, les violations du droit international humanitaire et des droits humains, l’insécurité et la pandémie de COVID-19 ont continué d’avoir un impact négatif sur les droits des enfants.  La pandémie, avec la fermeture des écoles et la perte de revenus familiaux, a aggravé un environnement de protection déjà vulnérable pour les enfants dans les situations de conflit.  En 2020, les violations graves contre les enfants sont restées à un niveau alarmant, a-t-elle noté, évoquant le recrutement, l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que le refus d’accès humanitaire. 

La haute fonctionnaire s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’ampleur des violations graves signalées: plus de 26 400 violations affectant plus de 19 300 enfants dans 21 situations, soit « 72 violations par jour ».  De plus, des tendances inquiétantes ont émergé, telles que l’augmentation spectaculaire des enlèvements et des violences sexuelles, tandis que les attaques contre les hôpitaux et les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires, ont continué à être vérifiées en grand nombre, affectant de manière disproportionnée l’éducation des filles, notamment dans la région du bassin du lac Tchad.  En 2020, a déploré Mme Gamba, plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés, l’Afghanistan, la République arabe syrienne, le Yémen et la Somalie restant les conflits les plus meurtriers pour les enfants.  Face à l’utilisation de mines terrestres ou d’engins explosifs improvisés, elle a appelé les États Membres à signer et à appliquer pleinement les instruments internationaux sur ces armes et à promouvoir le déminage et l’éducation aux dangers des mines. 

Malgré cet environnement difficile et instable, des réalisations importantes ont aussi été enregistrées, a relevé la Représentante spéciale, avant de saluer les efforts qui ont conduit en 2020 à la libération de 12 300 enfants et à l’adoption de deux nouveaux plans d’action au Myanmar et au Soudan du Sud, parmi 35 nouveaux engagements pris par les parties au conflit pour mettre fin et prévenir les violations graves contre les garçons et les filles.  En 2021, au Mali, la Plateforme, une coalition de mouvements armés, a signé des plans d’action pour mettre fin et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants et d’autres violations graves, s’est-elle félicitée.  De même, aux Philippines, les forces armées ont signé un plan stratégique pour prévenir les violations contre les enfants. 

Mme Gamba a d’autre part indiqué qu’en dépit des difficultés liées à la pandémie, le suivi et la vérification des violations graves contre les enfants se sont poursuivis conformément aux normes en vigueur.  Elle a ajouté qu’afin de mieux saisir l’impact de la COVID-19, son bureau entreprendra une étude de suivi en 2022, comme demandé par les États Membres.  Outre l’étude de l’impact des violations sur les objectifs de développement durable et son travail avec l’UNICEF, le Département des opérations de paix (DOP) et le Département des affaires politiques et de consolidation de la paix (DPPA), la Représentante spéciale a dit s’être attelée au renforcement des alliances mondiales pour les enfants, en collaborant avec des organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’OTAN.  Elle a aussi intensifié son travail avec des organisations de la société civile et des universités, ainsi qu’avec un large éventail de partenaires au sein du système des Nations Unies.  À cet égard, elle a réitéré son appel aux États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés. 

Avant de conclure, Mme Gamba a souligné l’importance d’investir dans la désagrégation des données et d’améliorer l’analyse des données pour mieux éclairer les efforts de plaidoyer et ainsi prévenir les violations graves.  Elle a également invité les États Membres à veiller à ce que les priorités en matière de protection de l’enfance se traduisent en ressources budgétaires et en personnel. 

Dialogue interactif

Que pouvons-nous faire de plus pour réduire le risque d’abandon scolaire dans les zones de conflit, a demandé la Croatie qui a constaté que le taux de décrochage scolaire a explosé dans les zones de conflits pendant la pandémie notamment auprès des filles. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur les efforts déployés par votre Bureau pour rendre compte sur les enfants laissés pour compte à la suite des mesures de confinement et des restrictions de mouvement?  Et quand compte-t-il faire face à l’évolution de la situation en Afghanistan pour veiller à ce que les enfants, en particulier les filles, ne soient pas victimes de ces violations graves, a demandé l’Union européenne.  La délégation a aussi demandé les mesures qui sont recommandées pour assurer l’éducation continue des filles. 

Comment pouvons-nous saisir l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de votre mandat pour renforcer la prévention de ces graves violations, s’est ensuite enquis la France qui a également soulevé la question de la mise à disposition de ressources suffisantes pour les acteurs de la protection de l’enfance. 

L’Inde a appelé à la prudence lorsqu’il est question de situations qui ne sont pas des situations de conflits.  « On ne peut élargir le mandat, ça détournerait l’attention des menaces qui pèsent sur les enfants », a-t-il ajouté.  Comment les États Membres peuvent-ils mieux réagir et plus rapidement face aux nouveaux défis, a voulu savoir l’Azerbaïdjan qui a insisté sur l’importance des données. 

Quelles sont les nouvelles mesures spécifiques à court et long terme préconisées pour ne laisser aucun enfant pour compte, quand on sait que pendant la crise sanitaire nombreux sont ceux qui ont dû délaisser l’école, a demandé le Sénégal.  Le Burkina Faso a pour sa part informé que son pays fait face à des actes terroristes et que cette insécurité a une répercussion significative sur la pleine jouissance des droits de l’enfant, notamment le droit à l’éducation et le droit à la santé. 

Le Myanmar a voulu savoir comment faire cesser les violations des droits des enfants commises par les milices, l’Algérie a demandé des précisions sur les approches régionales utilisées par votre Bureau pour renforcer la protection des enfants et l’Argentine s’est interrogée sur les mesures à prendre pour renforcer le rôle du personnel focalisé dans la protection des enfants, notamment dans les opérations de maintien de la paix.  À ce sujet, la Suisse a souligné l’importance du travail du personnel spécialisé dans la protection de l’enfance sur le terrain.  Comment votre bureau prévoit-il renforcer le mécanisme de collecte de données dans un contexte de conflit face à la pandémie, s’est ensuite enquis l’Italie

Les résultats du rapport sont inquiétants, a constaté le Portugal, tandis que la Pologne a voulu en savoir plus sur les aspects politiques, techniques et financiers et les soutiens nécessaires. 

À son tour, la Turquie a soulevé la question du rapatriement des enfants: quelles sont les mesures supplémentaires pouvant être prises pour encourager les pays à prendre des mesures supplémentaires et notamment ceux qui auraient des liens avec l’organisation Daech?  Et qu’en est-il des bonnes pratiques concernant les groupes non-étatiques, ont demandé les Philippines.  Malgré tous nos efforts, les enfants continuent d’être recrutés de manière illégale par les forces armées et d’être tués, se sont inquiétés les États-Unis qui ont par ailleurs voulu savoir par quel moyen de rapidement déployer des ressources et soutenir les enfants particulièrement touchés par la pandémie de COVID-19. 

En quoi les États-Membres peuvent-ils vous aider dans votre action, a alors demandé la Belgique.  Le Sri Lanka, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Chine ont fait part de leur engagement à protéger les enfants, notamment dans les situations de conflit armé.  Le Royaume Uni s’est inquiété de l’impact du conflit au Yémen sur les enfants, ainsi que des cas de violences sexuelles et d’enlèvements des enfants notamment en Somalie.  Le Pakistan est également intervenu. 

Dans sa réponse, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a souligné que plus de la moitié des problèmes soulevés sont dus au manque d’opportunités offertes aux enfants, au manque d’éducation et de débouchés.  « Ils n’ont aucune alternative que de rejoindre les groupes armés » a-t-elle répondu, ajoutant qu’il en va de même pour la traite des jeunes filles, pendant la pandémie de COVID-19.  Elle a également a plaidé pour plus d’efforts pour aider les élèves à rattraper le retard scolaire. 

Elle a par ailleurs indiqué que faute de temps, elle répondrait par écrit aux questions soulevées par les délégations. 

Exposé

Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de laviolence contre les enfants, a d’entrée de jeu alerté que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants « a été pire que ce que l'on craignait initialement ».  Mme M’Jid, qui présentait son rapport annuel axé en particulier sur l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19, les mesures déjà prises pour y répondre et la voie à suivre, a précisé que celle-ci a augmenté les risques de violence à l’encontre des enfants à la maison, dans les communautés et en ligne, ainsi que la violence sexiste. 

Elle a expliqué que la pandémie a porté atteinte à la santé mentale et au bien-être des enfants et des personnes qui s’en occupent, et a perturbé la fourniture de services essentiels aux enfants et aux familles.  L’impact économique de la pandémie exacerbe les inégalités parmi les plus pauvres et les plus marginalisés.  Et nous savons que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination sont des facteurs importants de violence et d’exploitation des enfants, a fait observer la Représentante spéciale. 

Mme M’Jid a ensuite indiqué qu’au cours de la période examinée, elle a rencontré les missions permanentes de 38 États Membres qui ont présenté leurs examens nationaux volontaires lors du Forum politique de haut niveau 2021.  À cet égard, elle continuera à soutenir les États Membres en développant et en publiant une série d'outils pratiques, notamment un examen des rapports nationaux volontaires 2021 pour identifier et partager les pratiques prometteuses et les leçons rapportées par les pays sur la façon dont ils abordent la violence contre les enfants et ses facteurs.  Un guide pratique sur l’implication des enfants dans le processus des rapports nationaux volontaires est également prévu, de même qu’un aperçu du « cas d'investissement » pour les services sociaux intégrés afin d’aborder la violence contre les enfants. 

Elle a également indiqué que ses fonctions de Présidente du Groupe de travail interagences des Nations Unies sur la violence contre les enfants et de Présidente du Groupe de travail des Nations Unies sur les enfants privés de liberté sont particulièrement importants pour renforcer la coopération au sein du système de l’ONU. 

Huit ans nous sépare des promesses faites dans le cadre du Programme à l’horizon 2030 de mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants, a rappelé la Représentante spéciale, pressant de veiller à ce que les enfants continuent de figurer en bonne place dans les agendas mondiaux, régionaux et nationaux, en tant que groupe prioritaire distinct.  Elle a appelé à changer de paradigme et considérer les dépenses consacrées aux services intégrés pour les enfants -y compris l’éducation, la santé physique et mentale, la justice, la protection et la protection sociale durable- comme un investissement judicieux pour un redressement inclusif et durable. 

Alors que nous « reconstruisons en mieux », nous devons établir un nouveau contrat social centré sur l’enfant, qui ouvre la voie à des économies plus durables et résilientes et au développement du capital humain, a préconisé Mme M’Jid, avant de conclure sur la nécessité d’impliquer les enfants et les jeunes qui sont déjà actifs dans le monde entier et de les considérer comme faisant partie de la solution. 

Dialogue interactif

Le Maroc a souhaité savoir ce que dit le droit international sur l’embrigadement des enfants, et l’Algérie s’est inquiétée, pour sa part, du sort des enfants sous occupation étrangère.  Comment mieux intégrer les besoins des enfants dans la prévention et la gestion des crises internationales à venir, notamment en vue d’éviter que les violences engendrées par ces crises se perpétuent au cours de multiples années, s’est enquis le Luxembourg.  Plaidant pour une approche globale, la Colombie a milité en faveur d’un renforcement du rôle de l’État et appelé à prendre en compte les situations particulières propre à certains enfants. 

L’Union européenne a voulu savoir quelles solutions immédiates les gouvernements peuvent-ils explorer pour atténuer les impacts négatifs de la crise pandémique sur les enfants et en particulier les filles?  Pendant les confinements, l’utilisation de plateformes en ligne a permis d’éviter une perte importante d’éducation, mais de nombreux enfants sans accès numérique suffisant ont été laissés pour compte.  Quelles mesures recommandez-vous pour améliorer l’accès numérique équitable dans le contexte de l’éducation, a demandé la délégation, tandis que la Malaisie a jugé nécessaire de veiller à la protection des enfants en ligne. 

L’Espagne a appelé les États à garantir des soins de santé mentale plus nombreux et de meilleure qualité aux enfants et adolescents, tandis que le Royaume Uni a estimé que les programmes de développement nationaux multisectoriels doivent s’attaquer pleinement aux facteurs de violence contre les enfants.  La Hongrie a, quant à elle, partagé les mesures mises en œuvre par son gouvernement pour protéger les enfants contre la prostitution et la traite des enfants. 

L’Arabie Saoudite a indiqué avoir mis à jour sa législation et veiller à la mise en œuvre de plusieurs conventions en accordant la priorité à la protection de la famille et la lutte contre violences intrafamiliales.  Quant à la Chine, elle a insisté sur l’importance des soins, de la santé et de l’éducation. 

Face aux effets dévastateurs de la pandémie sur l’équilibre des enfants, Timor-Leste a défendu le droit des enfants à des mesures de protection spéciale au sein des familles et des communautés.  La cessation de la violence est vitale, a insisté à son tour le Japon.  Le Tadjikistan a voulu savoir comment la communauté internationale peut apporter une aide pour empêcher la violence contre les enfants en Afghanistan. 

Enfin, la Belgique s’est alarmée du nombre d’enfants qui ont été privés de protection, sombrés dans la pauvreté et soumis dans les mariages forcés.  L’Uruguay, l’Australie, la Slovénie, le Portugal et le Mexique ont également pris la parole au cours de ce débat interactif. 

Répondant à ces questions et commentaires, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a indiqué qu’entre 10 à 30  millions d’enfants, particulièrement des filles, risquent d’être mariés de force dans les 10 prochaines années.  Cela, nous le savons car toutes les causes qui existaient avant la pandémie ont été exacerbées après la crise, a fait observer Mme M’Jid, citant pêle-mêle, la pauvreté, l’exclusion sociale, et la déscolarisation.  La situation est analogue en ce qui concerne la violence en ligne, exacerbée par la connexion accrue des enfants à Internet durant la crise sanitaire.  S’en est suivi, cyberharcèlement et autres persécutions et dangers liés aux réseaux sociaux, a-t-elle expliqué.  Si elle reste préoccupée par ce fléau et encourage la protection de la vie privée et des TIC mieux réglementées, elle s’est également dit consciente de la nécessité de combler la fracture numérique.  Ce qui est important, c’est d’atteindre et/puis réaliser les ODD. 

Se penchant sur la santé mentale, domaine négligé avant la pandémie, elle s’est préoccupée de la fragilité des systèmes de santé mentales et de soutien psychosociale.  Seulement 24,6% des enfants bénéficient du système de protection sociale dans le monde, ce qui est vraiment peu, a-t-elle déploré.  Elle a cité, à cet égard, une circulaire de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiée aujourd’hui, qui souligne que la violence contre les enfants a augmenté, tout en étant moins visible.  Elle a plaidé pour une approche intégrée, soulignant qu’un cadre fragmenté et cloisonné ne permettra pas de mettre fin à la violence contre les enfants. 

La Troisième Commission a également dialogué avec M. SANJAY WIJESEKERA, Directeur de l’équipe de leadership du Groupe des programmes de l’UNICEF, dont l’intervention n’a pas pu être couverte en raison de l’interruption des services d’interprétation. 

Exposé

Mme MIKIKO OTANI, Présidente du Comité des droits de lenfant, a noté que la pandémie de COVID-19 a affecté les enfants d’innombrables manières, notamment par le biais de fermetures d’écoles et d’un accès limité aux services essentiels.  De plus, la pauvreté des enfants continue d’augmenter à un rythme alarmant et nombre d’entre eux ont signalé des symptômes d’anxiété, de peur et de dépression dus à la pandémie.  Dans ce contexte, les États doivent veiller à ce que les enfants puissent reprendre en toute sécurité l’apprentissage en personne et avoir accès au soutien nécessaire à leur bien-être physique et mental, y compris les vaccins et les services essentiels, a-t-elle plaidé.  Mme Otani s’est également alarmée du nombre croissant de preuves sur les effets néfastes des dommages environnementaux, de la perte de biodiversité, de la pollution et des changements climatiques sur la trajectoire de vie des enfants ainsi que sur leur pleine et effective jouissance des droits humains. 

Constatant à cet égard que les appels des enfants sur les questions environnementales ont été largement ignorés par les décideurs nationaux et mondiaux, Mme Otani a indiqué que le Comité avait décidé d’axer sa prochaine observation générale sur les droits de l’enfant et l’environnement, en mettant particulièrement l’accent sur les changements climatiques.  Il s’agit de fournir aux États des orientations mais aussi d’envoyer aux enfants le message que « leur voix compte ».  Dans l’immédiat, a-t-elle précisé, les États ont été invités à commenter la note conceptuelle sur l’observation générale et le Comité consacrera l’année prochaine à rédiger celle-ci en étroite consultation avec les enfants et les parties prenantes, dans le but de la finaliser d’ici à 2023.  Selon elle, les enfants devraient pouvoir exprimer librement leurs opinions et les voir prises en compte non seulement sur les changements climatiques, mais aussi « sur toutes les questions qui les concernent ». 

La Présidente du Comité a ensuite observé qu’alors que la Convention relative aux droits de l’enfant a été ratifiée ou signée par tous les États à l’exception d’un, les États-Unis, le rythme de ratification de ses trois protocoles facultatifs continue d’être lent, avec seulement trois nouveaux États parties.  Regrettant le peu de rapports reçus sur ces textes, elle a aussi constaté que de nombreux rapports initiaux restent en souffrance, certains depuis plus de 10 ans.  Elle a donc encouragé les États parties dont les rapports sont en retard à utiliser les services fournis par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) pour s’acquitter de leurs obligations en la matière. 

Mme Otani a indiqué qu’en raison de la pandémie, le Comité a dû adapter sa méthode de travail aux réalités en ligne, organisant deux de ses sessions virtuellement.  La session de septembre s’est cependant tenue en personne à Genève et quatre États parties ont été examinés.  Malheureusement, a-t-elle noté, l’examen des rapports de l’Afghanistan au titre de la Convention et du Protocole facultatif concernant les enfants impliqués dans les conflits armés a dû être reporté, ce qui porte à 74 l’arriéré de rapports en attente d’examen.  Concernant la procédure de présentation de rapports simplifiée, le Comité a invité 109 États parties à s’en prévaloir et 35 États ont jusqu’à présent décidé d’y participer. Quant au Protocole facultatif établissant une procédure de présentation de communications, le Comité a adopté des décisions sur 30 cas, soit une augmentation de 15% pour la deuxième année consécutive.  La Présidente du Comité a cependant regretté que, sept ans après l’entrée en vigueur de ce mécanisme, il n’y ait toujours pas de ressources humaines dédiées pour le soutenir et donner accès à la justice aux enfants victimes au niveau international. 

Elle a par ailleurs fait état de l’adoption par le Comité de son Observation générale No 25 sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique, avant d’attirer l’attention de la Commission sur l’Étude mondiale sur les enfants privés de liberté, soumise à l’Assemblée générale en 2019.  Regrettant que, contrairement aux études précédentes, aucun mécanisme de suivi spécifique n’ait été mis en place, elle a dit craindre que cela nuise à la mise en œuvre effective des recommandations au niveau national.  Alors que les enfants privés de liberté sont « invisibles dans la société », cette étude mondiale souligne le besoin urgent de promouvoir la désinstitutionalisation et la déjudiciarisation, et de mettre fin à la détention d’enfants liée à la migration, a-t-elle souligné.  Enfin, Mme Otani a déploré que le budget ordinaire adopté par l’Assemblée générale pour 2021 n’ait pas corrigé le manque de ressources en personnel des organes conventionnels des droits de l’homme.  Elle a par conséquent souhaité que le budget 2022 comble ce manque et permette au Comité d’utiliser le temps de réunion auquel il a droit. 

Dialogue interactif 

La Suisse s’est félicitée que le Comité des droits de l’enfant travaille à un projet d’observation générale sur les droits des enfants et l’environnement, avec un accent particulier sur les changements climatiques.  À cet égard, elle a souhaité savoir quelles mesures supplémentaires la Présidente du Comité recommande pour garantir aux enfants un environnement sain.  L’Espagne s’est enquise des moyens d’améliorer l’apprentissage numérique tout en prévenant les risques de harcèlement pour les enfants. 

Comment accélérer la réouverture des établissements scolaires en prenant en compte l’instabilité des sociétés et les conflits sociaux liés notamment aux effets de la pandémie, a voulu savoir l’Indonésie, qui s’est également déclarée préoccupée par la montée des cas de harcèlement et d’exploitation des enfants en ligne. 

Comment pouvons-nous nous assurer de créer des cadres adéquats qui tireront parti des avantages des nouvelles technologies pour tous les enfants, a demandé à son tour l’Union européenne, après avoir appelé à la réouverture rapide et sûre des écoles et à l’inclusion des droits de l’enfant dans tous les plans de relance. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit accorder une grande attention à la protection de la santé et de l’éducation des enfants, qui sont « le trésor du pays et les maîtres de son avenir ».  Elle a indiqué, à cet égard, que le Comité central du Parti des travailleurs de Corée a décidé, en juin, de fournir à tous les enfants du pays des aliments nutritifs, notamment des produits laitiers, afin que leur état nutritionnel s’améliore.  Bahreïn a dit avoir autorisé le recours aux vaccins contre la COVID-19 pour les enfants de 12 à 17 ans et créé des tribunaux spéciaux pour des crimes commis par des enfants de plus de 15 ans au moment des faits. 

La République arabe syrienne a, pour sa part, demandé à la Présidente du Comité de prendre position sur la menace que constitue pour les enfants le refus de pays occidentaux de rapatrier les enfants, les épouses et les mères de combattants terroristes étrangers qui se trouvent aujourd’hui en Syrie et en Iraq, tandis que d’autres pays s’opposent au rapatriement d’enfants âgés de moins de 10 ans. 

Pour prévenir et combattre la violence à l’encontre des enfants, il convient de s’attaquer aux problèmes systémiques et aux normes sociales néfastes, a souligné le Royaume-Uni.  À cette aune, il a voulu savoir quelle action devrait être priorisée pour garantir que des personnels, des services et des politiques sont en place pour créer un environnement protecteur pour les enfants.  

La Fédération de Russie a jugé regrettable que le Comité continue d’utiliser des concepts et des termes non agréés au niveau international dans ses documents.  Elle a ainsi noté que, dans son Observation générale n°25 sur les droits de l’enfant en lien avec l’environnement numérique, le Comité a inclus « les enfants issus des milieux lesbiens, gays, bisexuels, transgenres et intersexes » dans l’interprétation des « enfants issus de groupes vulnérables », tout en encourageant les États à développer un environnement numérique pour « donner aux enfants les moyens de façonner » leur « identité sexuelle et politique », y compris à travers « l’éducation à la sexualité ».  Elle s’est également étonnée de la formulation de la note conceptuelle du projet d’observation générale n°26 sur les « droits des enfants et l’environnement, avec un accent sur les changements climatiques », rappelant qu’un tel droit n’existe pas et observant que le libellé est contraire à l’article 5 de la Convention, selon lequel les parents et les représentants légaux sont tenus « de gérer et de guider correctement l’enfant dans l’exercice des droits reconnus par la Convention ».  La délégation a d’autre part exhorté le Comité à abandonner les « tentatives contre-productives » d’imposer des opinions d’experts privés par le biais de commentaires généraux.  Selon elle, de telles déclarations ne sauraient imposer aux États d’autres obligations que celles qu’ils ont volontairement assumées en adhérant au traité international pertinent.

Dans le cadre de la pandémie, El Salvador a expliqué avoir favorisé l’accès aux technologies numériques afin d’assurer la continuité de l’enseignement, dans le respect de la santé des enfants.  Il a par ailleurs lancé un plan national de soins pour les enfants et adolescents migrants, avec des modalités de protection pour les mineurs non accompagnés.  Certes, mais comment s’assurer que le développement des droits des enfants n’est pas affecté par la multiplication des activités en ligne, a demandé la Thaïlande, se disant inquiète, elle aussi, par ce phénomène amplifié par la pandémie. 

La Chine a rappelé que sa population compte plus de 250  millions d’enfants.  Au titre des politiques dédiées à l’enfance, le pays a mis en œuvre un programme de développement des enfants 2021-2030, a indiqué la délégation, avant d’appeler tous les pays sans exception à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Le Myanmar a rappelé que, sous la direction de son gouvernement civil, le pays a ratifié le Protocole facultatif à la Convention sur l’implication des enfants dans les conflits armés.  Tout cela a été déjoué par le coup d’état militaire de février dernier, a déploré la délégation, affirmant que les enfants du Myanmar ne sont désormais plus en sécurité.  Elle ainsi indiqué que, depuis ce coup de force, au moins 75  enfants ont été tués, 1 000  autres détenus de façon arbitraire et de nombreux privés de soins médicaux.  Dans ce contexte, quelles mesures préventives peuvent être prises pour lutter contre de telles violations des droits de l’enfant, s’est-elle interrogée. 

Le Bangladesh s’est, quant à lui, déclaré préoccupé par les retards enregistrés dans la remise de rapports au Comité.  Il a souhaité savoir comment celui-ci peut aider les États à présenter leurs rapports dans les temps et veiller à ce que la société civile soit impliquée dans ce processus.  L’Éthiopie, le Japon, la Malaisie, les Maldives, l’Inde, l’Algérie et le Qatar ont également participé à ce dialogue interactif. 

En réponse aux observations et commentaires, la Présidente du Comité a indiqué accorder une attention particulière aux impacts de la crise actuelle sur la santé mentale des plus jeunes.  Selon elle, au-delà des préconisations des organes spécialisés, les États ont beaucoup à apprendre des bonnes pratiques en la matière.  S’agissant de la préoccupation exprimée sur l’augmentation du temps passé par les enfants devant les écrans, Mme  Otani a estimé que l’observation générale n°25 consacrée aux droits de l’enfant en lien avec l’environnement numérique est opportune car l’environnement numérique peut se révéler négatif pour les enfants.  Cela étant, a-t-elle relativisé, « nous ne pouvons pas les protéger de tout, cela fait partie de leur vie ».  Plutôt que leur interdire l’accès à Internet, il faut leur apprendre à naviguer en ligne et leur faire prendre conscience des risques que cela implique, a-t-elle professé.  Dans ce cadre, l’appui des familles et des enseignants est essentiel pour aider les enfants à mieux se protéger, a insisté la Présidente du Comité. 

Elle a aussi salué les remarques relatives à la protection des enfants face aux changements climatiques, rappelant à cet égard qu’une observation générale du Comité est en préparation sur ce thème.  À l’instar des impacts de la COVID-19, le traitement de cette question implique une plus grande participation des enfants, a-t-elle plaidé, souhaitant qu’ils soient systématiquement consultés et impliqués sur les problèmes qui les concernent.  Les enfants font partie de la société d’aujourd’hui et créeront la société de demain, a fait valoir Mme  Otani, avant d’appeler à les inclure dans les plans de relance et les programmes communautaires.  Enfin, après avoir remercié les appels en faveur de la ratification de la Convention et de ses Protocoles facultatifs, elle a exhorté les États parties à respecter leurs obligations au titre de la remise de rapports au Comité.  

Exposé

Mme MAMA FATIMA SINGHATEH, Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, a indiqué que son rapport jette la lumière sur la dimension de genre dans l’exploitation sexuelle des enfants, en appelant l’attention sur le fait que, bien souvent, il y a une tendance à ignorer les garçons dans cette situation, du moment que les filles courent beaucoup plus de risques.  Elle a également souligné la nécessité d’ouvrir un espace pour les enfants et les jeunes qui s’identifient en dehors du binôme/binaire de genre et sur la manière dont ils pourraient s’avérer plus vulnérables et à risque. 

L’étude insiste que n’importe quel enfant peut devenir victime d’exploitation sexuelle.  Or, comme on a plus tendance à penser que les filles sont exclusivement concernées par ce type d’abus, les mécanismes d’appui, ou autres services, ont été principalement conçus pour traiter la problématique des filles, ce qui a rendu les garçons « invisibles », mais aussi les victimes qui s’identifient en dehors du binaire de genre.  Il est nécessaire d’adopter une approche « droits de la personne » pour tous les enfants, a-t-elle conseillé, ce qui pourrait se faire à travers des politiques de l’enfance axées sur l’enfant, qui devra alors être pleinement être informé de ses droits, encouragé à participer aux décisions qui le concerne, et être pris au sérieux.  Le rapport comporte aussi des recommandations sur la promotion de la sensibilisation à la différence du genre et à la divulgation d’informations au sein de la société. 

La Rapporteuse spéciale recommande en outre de mener des recherches sur les répercussions de l’exploitation sexuelle, y compris lorsque celle-ci est facilitée par les technologies de l’information et la des communications.  À cet égard, l’établissement de données ventilées contribuerait à la promotion de mécanismes efficaces de protection de l’enfance.  Enfin, la coopération et la coordination entre les différentes parties prenantes aux niveaux national, régional et international, seraient susceptibles de contribuer grandement à prévenir et à mettre fin à cette forme d’exploitation et à garantir l’identification rapide des victimes, par le truchement de mécanismes sensibles aux enfants et à leur genre. 

Dialogue interactif 

Dans un premier temps, la Fédération de Russie s’est érigée contre certaines parties du rapport, y voyant une tentative d’imposer des notions sociétales, facilement manipulables par le biais des TIC.  La délégation a également reproché à la Rapporteuse spéciale de ne pas avoir parlé de l’orientation sexuelle. 

Quelles mesures prendre pour prévenir l’exploitation des enfants et comment trouver un juste équilibre entre leur liberté et le contrôle de leurs activités en ligne, a demandé l’Union européenne.  Il faut éviter que les victimes le deviennent deux fois, a souligné le Royaume-Uni, qui s’est interrogé sur les moyens d’encourager plus de pays à prendre des mesures plus proactives tendant au renforcement de la prévention de l’exploitation sexuelle des enfants. 

La vente et l’exploitation sexuelle sont parmi les pires crimes qui puissent être commis, se sont érigés les Philippines dont le Sénat a relevé l’âge de consentement sexuel de 12 à 16 ans.  Les sanctions sont également alourdies lorsque les prédateurs, en ligne ou hors ligne, sont des membres de la famille. 

Á leur tour, les États-Unis ont encouragé les États à prendre des mesures sur l’éducation sur l’orientation sexuelle, se disant conscients que les lois comportant un vocabulaire binaire et non binaire est crucial et ont appuyé les droits et la protection des LGBTI. 

Le Maroc a voulu en savoir plus sur la situation d’esclavage d’enfants réfugiés, notamment sexuel, tandis que le Mexique a souhaité connaître l’avis de la Rapporteuse spéciale au sujet de la « toxicité masculine », notant que celle-ci « normalise » la violence sexuelle, notamment à l’égard des minorités.  En outre, certaines législations sur le genre peuvent-elles criminaliser les victimes de l’exploitation sexuelle en raison de leur choix de sexe?

Notant les dernières actualités qui ont révélé qu’entre 165 000 et 200 000 enfants avaient subi des violences sexuelles au sein de l’église en France, la Chine a pour sa part sommé ce pays de prendre des mesures immédiates pour que les auteurs rendent des comptes pour leur forfait.  De son côté, Israël a attiré l’attention sur le phénomène croissant de l’exploitation des enfants sur Internet. Chaque enfant victime d’exploitation sexuelle est « une perte et une faillite » de notre responsabilité, a notamment déclaré la délégation. 

Répondant à ces questions et commentaires, la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant a souligné que les enfants non binaires doivent également jouir d’une protection.  « Tel est le but de mon rapport, ni plus ni moins », a-t-elle souligné.  Pour cela, il faut commencer par examiner, et connaître, l’étendue du problème, ce qui exige des représentants bien formés.  Tout le personnel doit bénéficier d’une formation spécialisée et il revient aussi aux États de fournir les ressources adéquates aux services publics pour aider toutes les victimes. 

Elle a également appelé à développer des programmes communautaires et scolaires pour que les enfants sachent identifier et détecter un problème d’exploitation.  Il en est de même pour les parents qui doivent être éduqués à travers des programmes nationaux sur les questions sexuelles, et ce, aux fins d’éviter toute exploitation sexuelle des enfants, a-t-elle ajouté. Elle a fait observer qu’avec la pandémie de COVID-19, les enfants sont plus souvent en ligne pour étudier ou communiquer avec leurs amis, et sont donc plus exposés à un risque d’exploitation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: conflits et tensions politiques marquent encore la suite du débat sur la lutte contre le terrorisme international

Soixante-seizième session,
3e séance plénière – après-midi
AG/J/3635

Sixième Commission: conflits et tensions politiques marquent encore la suite du débat sur la lutte contre le terrorisme international

Comme hier, les conflits et les tensions politiques se sont invitées cet après-midi à la Sixième Commission chargée des questions juridiques, pour la suite de son examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Certaines délégations ont replacé les discussions sur le terrain du droit, en réclamant notamment l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international.

Parmi les premières de la trentaine de délégations à prendre la parole, l’Ukraine a dénoncé ces pays qui « ont intégré le terrorisme dans leur politique d’État ».  La Fédération de Russie, utilisant le terrorisme comme outil de son « agression hybride » contre l’Ukraine, a violé la plupart des obligations fondamentales découlant des résolutions du Conseil de sécurité et des conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a dénoncé le représentant ukrainien.

« Ce mot de terrorisme est utilisé par l’Ukraine à des fins de propagande », a rétorqué le représentant de la Fédération de Russie, qui a dénoncé les « insinuations » de l’Ukraine dans un droit de réponse.  Il a aussi accusé le « le régime de Kiev » d’opprimer sa population depuis plusieurs années dans le Donbass, avant d’inviter la délégation ukrainienne à mieux choisir ses termes. 

Le délégué du Yémen a, de son côté, accusé les houthistes, « agents du régime iranien et du Hezbollah », de saper les efforts antiterroristes de son pays et de refuser toute proposition de règlement de la crise.  Son homologue de la République populaire démocratique de Corée a demandé à la communauté internationale de condamner le « double jeu » de certains États qui désignent arbitrairement les pays leur désobéissant comme des « États soutenant le terrorisme ».

D’autres délégations ont, quant à elles, tressé les lauriers de la coopération internationale, à l’instar du Cameroun, qui « subit les assauts du terrorisme avec les atrocités perpétrées par Boko Haram ».  Son délégué a estimé que seule une action multilatérale peut permettre de faire face à la menace transnationale du terrorisme.  « Les succès engrangés dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram est l’expression vivante de la synergie agissante des États de la sous-région », a salué le délégué camerounais.

Son homologue du Togo n’a pas dit autre chose en évoquant la situation au Sahel où Daech et ses groupes affiliés ont diversifié leurs activités.  Il a prôné une réponse internationale menée conformément au droit et aux réalités sociales des zones concernées.  L’« Initiative d’Accra » de 2017, qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso et le Mali, a pour objectif de promouvoir l’échange d’informations et la coopération dans la conduite d’opérations militaires transfrontalières, a complété le délégué ivoirien.

Certaines délégations se sont concentrées sur des enjeux plus strictement juridiques, à l’instar du délégué de l’Ouganda qui a estimé qu’une lutte approfondie contre le terrorisme exige de prendre des « décisions difficiles », y compris en parvenant à une définition du terrorisme.  « C’est un minimum si nous voulons identifier le terrorisme et le différencier des autres luttes légitimes », a-t-il affirmé.

Le délégué a exhorté les pays à surmonter leurs divergences pour parvenir à une convention générale sur le terrorisme international, qui a été réclamée par la Turquie, les Émirats arabes unis ou bien encore la Tunisie.  La représentante de l’Éthiopie est, elle aussi, revenue sur l’absence de définition universellement acceptée du terrorisme, tout en notant que « cela ne nous a pas empêché d’adopter des régimes élaborés pour chaque question spécifique ».

Le délégué haïtien a indiqué que son pays fait face à « des actes de banditisme notoires », notamment des assassinats et enlèvements, qui sont assimilables, par leur cruauté, à des actions terroristes.  « Le combat ne fait que commencer et risque d’être long », a-t-il averti.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 8 octobre 2021, à partir de 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/76/201

Déclarations

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé les mises en garde de l’an passé quant à l’impact de la pandémie, aujourd’hui amplifié par les disparités, notamment en ce qui concerne l’accès aux vaccins contre la COVID-19.  Le Liban, a-t-elle poursuivi, continue d’insister sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes qui contribuent à la propagation du terrorisme.  La déléguée a aussi souligné que le terrorisme ne peut être associé à aucune religion, nationalité ou ethnie et ne doit en aucun cas être confondu avec le droit d’un peuple à résister à l’occupation étrangère.

Mme Mudallali a remercié le système des Nations Unies et les partenaires internationaux pour le soutien apporté a l’Armée libanaise et l’assistance humanitaire.  Elle a ensuite présenté les mesures prises par son pays en matière de lutte contre le terrorisme, telles que la publication d’une liste nationale publique de terroristes ou encore la règlementation pour geler les avoirs.  En outre, a-t-elle rapporté, le Liban élabore depuis l’an dernier une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme qui reposera sur quatre axes: prévention, protection, sécurité et réponse.  Enfin, le Liban reste fermement déterminé à ce que le Tribunal spécial pour le Liban termine ses travaux en 2022, pour faire émerger la vérité et mettre fin à l’impunité au Liban.

Mme HANNA BETACHEW BIRHANU (Éthiopie) a souligné que l’attaque du 11 septembre 2001 avait mis en lumière les périls du terrorisme que certains pays, dont l’Éthiopie, connaissent depuis longtemps.  Depuis 2001, nous avons adopté un changement radical dans la manière dont nous gérons l’immigration, les transactions financières, le commerce et toutes les autres interactions internes et interétatiques, a-t-elle assuré.  La représentante est revenue sur l’absence de définition universellement acceptée du terrorisme.  Cela ne nous a pas empêché d’adopter des régimes élaborés pour chaque méthode spécifique, a-t-elle remarqué.  Elle a toutefois insisté sur l’importance de parvenir à une coopération internationale égale et mutuellement bénéfique.  Mme Birhanu a ensuite estimé qu’une réponse collective et multidimensionnelle était nécessaire.  À cet égard, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies établit une feuille de route destinée principalement aux États Membres afin qu’ils améliorent leurs efforts de lutte contre le terrorisme, a-t-elle rappelé.  Pour sa part, l’Éthiopie a pris des mesures législatives importantes et progressé dans le domaine de la sécurité financière.

M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance du maintien d’un consensus autour de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies malgré les divergences qui peuvent subsister dans d’autres domaines de la lutte antiterroriste.  Il a demandé un front commun des États contre le terrorisme, en évitant toute approche de « deux poids, deux mesures », ainsi que toute politisation.  Il a vu un véritable défi dans le fait que des groupes terroristes peuvent se procurer des armes et lutter contre les forces armées de certains États.  

Les combattants terroristes étrangers demeurent la colonne vertébrale des cellules disséminées de Daech et ils profitent du morcellement de la lutte antiterroriste pour continuer d’agir, a poursuivi le délégué.  Il a insisté sur la menace qu’Al-Qaida fait peser et demandé une meilleure entraide judiciaire entre les États pour contrecarrer les déplacements de ses membres.  Il a estimé que le sort judiciaire des combattants terroristes étrangers tient en deux options, les extrader ou les juger sur place, afin qu’ils soient effectivement punis pour leurs crimes.  D’après lui « les droits de l’homme et la réintégration des combattants ne doivent pas l’emporter sur la certitude de la peine ».  Enfin, le délégué a accusé les pays occidentaux d’introduire dans les débats des notions vagues et loin d’être consensuelles, telles qu’un ordre international fondé sur les règles.

M. LAKOMOV (Ukraine) a estimé que la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme reste un « cadre important » que les États devraient suivre pour lutter contre le terrorisme et prévenir l’extrémisme violent, y compris ses manifestations émergentes.  En tant que coauteur de la résolution 72/165 de l’Assemblée générale, proclamant le 21 août « Journée internationale du souvenir », en hommage aux victimes du terrorisme, et en tant que membre du Groupe des amis des victimes du terrorisme, l’Ukraine reste solidaire des victimes et continue de prôner le respect total et global de leurs droits humains.  Tous les auteurs, organisateurs, mentors et commanditaires d’actes de terrorisme répréhensibles, quels qu’ils soient, doivent être traduits en justice, a demandé le représentant.

Malheureusement, a-t-il déploré, « certains pays ont intégré le terrorisme dans leur politique d’État ».  « La tentative d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, le conflit armé en cours dans la région du Donbass et l’occupation connexe du territoire souverain ukrainien par la Fédération de Russie ont déjà causé des dommages irréparables au peuple ukrainien », dont des milliers de victimes civiles et près de deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.  La Fédération de Russie, utilisant le terrorisme comme outil de son « agression hybride » contre l’Ukraine, a violé la plupart des obligations fondamentales découlant des résolutions du Conseil de sécurité et des conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a dénoncé le représentant.  Il est selon lui « évident » que ce pays, doté d’une puissante machine répressive, ne fait aucun effort pour arrêter l’afflux de combattants dans les zones occupées d’Ukraine, et qu’il encourage plutôt le recrutement et le transfert de main-d'œuvre sur le territoire ukrainien par des canaux contrôlés par l’État.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a déclaré que son pays subit les assauts du terrorisme avec les atrocités perpétrées par la secte islamiste Boko Haram.  Le terrorisme étant une menace transnationale, le Cameroun demeure convaincu que seule une action multilatérale et concertée, déployée au niveau national, régional et mondial peut y faire face, et qu’il est nécessaire d’améliorer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.  Il a notamment insisté sur le fait qu’il est indispensable de pouvoir accéder rapidement à des informations essentielles sur des activités terroristes ou présumées terroristes, telles que des informations provenant de services de renseignement, de données biométriques, de dossiers sur les passagers et d’informations financières.  Le représentant a donc appelé à tout mettre en œuvre pour lever les obstacles à l’échange d’informations, et à appliquer la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité.

M. Nyanid a également appelé à agir sur les causes profondes qui poussent certaines personnes à se laisser séduire par le terrorisme, notamment la pauvreté, les inégalités, l’absence de perspectives et la marginalisation socioéconomique.  Pour lui, la victoire face au terrorisme passe par la sensibilisation et l’implication des communautés locales et des acteurs non gouvernementaux dans l’élaboration de stratégies endogènes adaptées à chaque environnement.  Le Cameroun a ainsi mis en œuvre de nombreux programmes d’éducation et projets de développement qui intègrent et impliquent les jeunes afin de contrer les discours de haine.  Le pays a également adopté une loi portant répression des actes de terrorisme en réponse aux résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) du Conseil de sécurité et a ratifié de nombreux Protocoles de l’ONU relatifs au terrorisme.  Son représentant a souligné la précarité de la situation dans le bassin du Lac Tchad du fait des attaques perpétrées par des groupes terroristes. Face à cette situation, des mécanismes appropriés de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont été activés, notamment le Pacte d’assistance mutuelle entre les États membres de cette sous-région et les dispositions pertinentes du Protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).  Des résultats tangibles ont été atteints, s’est félicité le diplomate camerounais: « les succès engrangés dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram est l’expression vivante de la synergie agissante des États de la sous-région ».

M. ANIL KAYALAR (Turquie) a estimé que le terrorisme continuait à être l’une des plus graves menaces dans le monde.  Les organisations terroristes comme l’État islamique, contre lesquelles lutte la Turquie, fonctionnent avec des camps de formation et des soutiens extérieurs, a-t-il affirmé.  Il a déploré que certains des auteurs d’attentats aient pu se soustraire à la justice.  « La lutte contre une organisation terroriste grâce au soutien d’une autre peut nuire à la lutte contre ce problème », a-t-il ensuite mis en garde.

Évoquant ensuite la lutte contre l’État islamique, il a attiré l’attention sur le problème posé par les combattants terroristes étrangers.  Les familles de ces combattants posent une difficulté supplémentaire, a-t-il estimé.  « Nous pensons que le rapatriement des combattants terroristes dans leurs pays d’origine est de la plus haute importance. »  S’agissant du retour de ces combattants dans des zones de conflit, le représentant a annoncé que tout combattant étranger entrant sur le territoire turc serait confié à ses autorités de tutelle. 

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a condamné le terrorisme et appelé à une réponse robuste pour le vaincre.  Le Yémen a adhéré à la plupart des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, a-t-il dit.  Il a souligné l’importance de parvenir à une définition du terrorisme et d’élaborer une convention générale sur le sujet, afin de distinguer le terrorisme des luttes légitimes.  Il a ensuite détaillé les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme et son financement, en érigeant notamment comme infraction toute participation à une action terroriste. 

Le délégué a dénoncé les milices houthistes qui nuisent aux efforts antiterroristes du Yémen et propagent la haine.  Les houthistes sont « les agents du régime iranien et du Hezbollah », a-t-il accusé en regrettant qu’ils aient rejeté toute proposition de règlement de la crise.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays, malgré les circonstances difficiles qu’il traverse, a réussi à mettre sur pied une unité spécifique dédiée à la lutte antiterroriste.

M. IN CHOL KIM (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a souligné que la crise afghane avait sapé les espoirs et la crédibilité quant aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme.  La question de la lutte contre le terrorisme ne doit pas être instrumentalisée à des fins politiques et économiques, a-t-il mis en garde.  L’ONU ne devrait pas l’autoriser, a-t-il appuyé, appelant également à rejeter les attitudes de « deux poids, deux mesures » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  De même, le représentant a demandé à la communauté internationale de condamner le « double jeu » de certains États qui désignent arbitrairement les pays leur désobéissant comme des « États soutenant le terrorisme », ou bien appellent « acte terroriste » ce qui est en réalité une lutte de libération nationale pour l’indépendance et l’intégrité territoriale.  Rappelant que son pays s’opposait au terrorisme sous toutes ses formes, M. Kim a ajouté que des mesures fortes avaient été prises afin de protéger la sécurité nationale et la vie de la population.  Enfin, il a déclaré que la RPDC avait adhéré à une série de conventions internationales et remplissait ses obligations de bonne foi. 

M. SACKPASEUTH SISOUK (République démocratique populaire lao) a réitéré son soutien et sa coopération avec la communauté internationale pour trouver tous les moyens d’éliminer le terrorisme international.  Selon lui, toutes les mesures prises à cette fin doivent être utilisées conformément aux principes des Nations Unies et du droit international, et dans le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Au plan national, le pays s’est activement engagé dans les mécanismes de coopération à tous les niveaux dans le cadre des conventions internationales contre le terrorisme auxquelles il est partie.  La République démocratique populaire lao a régulièrement amélioré son droit interne pour le rendre conforme aux conventions internationales.  Tous les actes de terrorisme possibles ont été incorporés dans le Code pénal et sont identifiés comme des infractions pénales graves, y compris le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  « Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire. »  M. Sisouk a recommandé de promouvoir, aux niveaux régional et international, l’échange d’expertise et de bonnes pratiques, afin de renforcer les capacités nationales, notamment celles des fonctionnaires et autorités des pays les moins avancés.

Mme LAUZA ALI (Maldives) a déclaré que le terrorisme, en raison de ses caractéristiques, ne peut pas être combattu de front par les moyens militaires.  Il faut plutôt une approche à multiples facettes afin de vaincre les idéologies alimentant ces actes extrêmes.  Compte tenu des menaces potentielles que l’extrémisme violent fait peser sur leur économie vulnérable basée sur le tourisme, les Maldives ont adopté la loi sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme en 2014.  En 2015, la loi sur la prévention du terrorisme a créé le Centre national de lutte contre le terrorisme, qui conseille le Président et le Conseil national de sécurité sur les questions liées au terrorisme et à l’extrémisme violent.  C’est également le point focal national pour toutes les questions liées à la lutte contre le terrorisme.  De plus, en vertu de la loi antiterroriste, les Maldiviens qui partent combattre dans des pays étrangers sont considérés comme des « criminels graves ». 

Sachant que les causes du terrorisme sont souvent complexes, son pays, dont l’Islam définit plusieurs aspects de la vie et de la culture locale, cherche à lutter contre l’extrémisme violent par une approche basée sur l’ensemble de la société, a expliqué Mme Ali.  Les Maldives ont ainsi élaboré une stratégie nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent, qui consiste à construire une société plus cohésive et à s’attaquer à la stigmatisation par le biais de messages positifs en faveur de la solidarité.  Cette stratégie renforce également le dialogue inclusif pour contrer la rhétorique du discours de haine, la xénophobie et les intolérances qui y sont associées.  « Nous visons à enseigner à nos enfants les valeurs de respect et de tolérance.  Mais nous devons également veiller à offrir à nos jeunes des opportunités de réaliser leur plein potentiel », a-t-elle conclu.  

Si l’on discute encore des mesures visant à éliminer le terrorisme international, a déclaré M. WISNIQUE PANIER (Haïti), c’est que les différentes mesures déjà adoptées ainsi que les actions entreprises pour combattre ce fléau n’ont pas encore abouti aux résultats escomptés.  Le combat ne fait que commencer et risque d’être long, a-t-il prévenu, même si la communauté internationale dispose déjà de 55 instruments, dont 19 à caractère universel et 36 à portée régionale.  Le représentant a estimé qu’au-delà des motifs traditionnellement associés aux actions terroristes, il convient aussi de considérer la pauvreté et le chômage comme étant des causes sous-jacentes non négligeables.  La lutte pour l’éradication du terrorisme international est multidimensionnelle: il faut aussi lutter contre le trafic de stupéfiants, l’enrichissement illicite, la contrebande et la corruption qui sont des sources de financement importantes du terrorisme international.

Même si Haïti n’est pas directement touché par le terrorisme international, ses autorités sont très préoccupées par ce fléau, a affirmé M. Panier.  Depuis plus de deux ans maintenant, le pays fait face à « des actes de banditisme notoires », notamment des assassinats et enlèvements.  De telles cruautés sont assimilables à des actions terroristes, a-t-il dit.  Car les objectifs poursuivis par les criminels sont quasiment les mêmes: affaiblir les structures de l’État pour parvenir à leurs fins et porter atteinte à la démocratie et aux droits fondamentaux.  Face à une telle situation, les autorités haïtiennes ont dû prendre des mesures législatives et créer de nouvelles institutions visant à renforcer la sécurité publique dans le pays, dont le renforcement des capacités opérationnelles de la police et du système judiciaire.  Il s’agit là d’une priorité pour le Gouvernement haïtien, a assuré son représentant.  

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) l’a rappelé, la lutte contre ce fléau qu’est le terrorisme ne peut être efficace que par une action globale concertée, sur la base de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité.  L’Argentine a été victime du terrorisme international, avec deux attentats perpétrés à Buenos Aires, en 1992 contre l’ambassade d’Israël, et en 1994 contre le siège de l’Association mutuelle israélite d’Argentine.  Cette expérience, a déclaré le délégué, a renforcé la conviction de l’Argentine que le terrorisme doit être combattu conformément aux principes de la Charte des Nations unies, du droit international et des traités internationaux pertinents. 

L’Argentine a ratifié 14 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et elle est sur le point de ratifier deux instruments supplémentaires.  Le délégué s’est félicité de l’adoption récente de la résolution relative au nouvel examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, document qui doit orienter les actions des États en la matière.  Son pays s’est efforcé de progresser dans la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie, en accordant une attention particulière à la protection des victimes du terrorisme.  Enfin, le délégué de l’Argentine a appelé à travailler ensemble, à percevoir la diversité comme quelque chose de positif et non une menace, et à s’attaquer aux causes du terrorisme en renforçant le tissu social.

M. MUHABI JAMES LUNGU (Zambie) a souligné que les décès liés au terrorisme avaient chuté de 15% en 2019.  Cependant, nous restons préoccupés de l’impact qu’a le terrorisme international sur nos économies, a-t-il déclaré.  Une attaque qui détruit des infrastructures physiques essentielles immobilise souvent d’autres secteurs importants, a-t-il expliqué.  Une attaque terroriste peut provoquer une montée des sentiments xénophobes, du scepticisme des étrangers, et nuire au commerce international et aux investissements directs étrangers, a-t-il également pointé du doigt.  M. Lungu a donc appelé à mettre en place des divisions spécialisées dans la lutte contre le terrorisme international et ses financiers.  La Zambie n’est pas à l’abri des opérations clandestines des organisations terroristes, a-t-il reconnu, avant de détailler les mesures prises par le pays, notamment pour lutter contre le financement du terrorisme.  Le représentant a enfin réclamé une aide supplémentaire pour que la Zambie et d’autres pays en développement améliorent leurs capacités afin de lutter contre le terrorisme.

Pour M. JONATHAN SAMUEL HOLLIS (Royaume-Uni), malgré les efforts et progrès faits depuis 20 ans, la menace du terrorisme continue d’évoluer.  Premièrement, notre travail pour contrer la menace du terrorisme n’est pas achevé, a déclaré M. Hollis.  « Nous ne devons jamais permettre à l’Afghanistan de devenir une base pour le terrorisme.  Nous ne devons pas non plus négliger la propagation du terrorisme ailleurs dans le monde, comme en Afrique subsaharienne », a-t-il indiqué.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, « la science et la technologie ont apporté de nouvelles opportunités mais aussi de nouveaux risques ».  Ces risques incluent l’utilisation d’Internet comme outil de recrutement de terroristes, de radicalisation, de propagande, de financement et de planification d’attaques.  Troisièmement, une coopération internationale inclusive est essentielle, a conclu le représentant.

M. LÉON KACOU ADOM (Côte d’Ivoire) a déclaré que son pays n’échappe pas à ce fléau, pas plus que d’autres pays africains situés à l’ouest du continent et au Sahel et qui voient s’intensifier ces dernières années des attaques terroristes meurtrières contre les civils et les forces de sécurité locales et internationales, y compris les Casques bleus.  Depuis l’attentat « barbare » perpétré le 13 mars 2016 à Grand-Bassam, le territoire ivoirien, dans sa partie septentrionale frontalière du Burkina Faso et du Mali, est « sans cesse la cible d’attaques terroristes ».  Face à cette situation sécuritaire préoccupante, les autorités ivoiriennes ont pris des mesures aux plans national, sous régional et international.  Sur le plan national, a expliqué le représentant, le Gouvernement ivoirien a adapté son cadre juridique, avec le vote en 2015 de la loi portant répression du terrorisme, complétée par celle de 2016 sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.  En 2018, des dispositions traitant de questions liées au financement et à l’organisation de voyages de terroristes, conformément à la résolution 2253 (2015) du Conseil de sécurité.  Dans la même veine, en coopération avec la France, une académie internationale de lutte contre le terrorisme a été ouverte cette année à Jacqueville, à quelques kilomètres d’Abidjan.  Cette institution vise à contribuer au renforcement des capacités des acteurs nationaux et internationaux engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Aux niveaux sous-régional et régional, a poursuivi M. Adom, la Côte d’Ivoire a adhéré aux mécanismes de lutte contre le terrorisme de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine.  Il en est ainsi de « l’Initiative d’Accra », lancée en 2017 et qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Benin, le Togo, le Burkina Faso et le Mali.  Cette initiative a pour objectif de promouvoir l’échange d’informations ainsi que la coopération dans la conduite d’opérations militaires transfrontalières.  Par ailleurs, la Côte d’Ivoire est partie aux 19 instruments internationaux élaborés par la Communauté internationale pour prévenir les actes terroristes et elle est fortement engagée dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes en la matière, a assuré le représentant.  Mais alors que le combat contre ce fléau est « loin d’être gagné », la Côte d’Ivoire plaide pour le renforcement de la solidarité et de la coopération internationales en vue de soutenir les efforts des pays africains pour relever les défis de la paix, de la sécurité et du développement durable, « gages » de l’éradication de terreaux fertiles pour l’expansion du terrorisme.

Mme ANA LORENA VILLALOBOS BRENES (Costa Rica) a invité la Sixième Commission à garder à l’esprit que la prévention et la lutte contre le terrorisme doivent être réalisées dans le respect du droit international, en particulier des droits de l’homme, du droit international humanitaire et du droit international des réfugiés.  Elle s’est également dite préoccupée que des organisations non gouvernementales et en particulier des défenseurs des droits humains soient persécutés et arrêtés sous couvert de terrorisme.  Pour le Costa Rica, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour conclure une convention générale sur le terrorisme international.  Si des conventions isolées ont été approuvées sur des aspects particuliers du terrorisme, il n’existe pas en effet de convention globale pour uniformiser les définitions, les mesures antiterroristes et la coopération internationale.  La déléguée a souhaité que les mesures adoptées, tant au niveau national qu’international, tiennent compte de l’égalité des genres.  « S’il est vrai que les femmes interviennent parfois dans le cadre d’actes terroristes, il est également vrai qu’elles peuvent jouer un rôle fondamental dans la prévention de la violence extrême et du terrorisme. »

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a relevé que la pandémie avait peut-être amplifié les moteurs potentiels du terrorisme.  Le terrorisme continue d’évoluer.  Le représentant a attiré l’attention sur le cyberespace et les nouvelles technologies exploitées à des fins de propagande et de recrutement.  Il a également cité les nouvelles formes et manifestations d’actes terroristes, y compris ceux qui sont sous-tendus par des motivations raciales et ethniques.  Il a évoqué la question de la récidive et du nombre croissant de femmes et de membres de la famille devenant des auteurs d’actes terroristes.  Détaillant les mesures prises par l’Indonésie, le représentant a mis en avant le Plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Il a ensuite évoqué la Stratégie antiterroriste mondiale des Nation Unies, se réjouissant que les menaces nouvelles et émergentes y soient mentionnées, ainsi que l’approche des droits humains dans la lutte de terrorisme. 

M. ADONIA AYEBARE (Ouganda) a indiqué qu’une lutte approfondie contre le terrorisme exige de prendre des « décisions difficiles, y compris en parvenant à une définition du terrorisme ».  C’est un minimum si nous voulons identifier le terrorisme et le différencier des autres luttes légitimes, a-t-il poursuivi.  Il a appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme et réitéré l’importance de conclure une convention générale sur le terrorisme international.  Il a salué la reprise des négociations et exhorté les États Membres à coopérer pour résoudre les questions en suspens; il s’est dit en faveur de la convocation à cette fin d’une conférence sous les auspices de l’Assemblée générale. 

M. Ayebare a ensuite évoqué la lutte menée par son pays contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui, si elle a été vaincue en Ouganda, continue d’infliger des souffrances en République centrafricaine et dans le nord-est de la République démocratique du Congo.  L’Ouganda est aussi en première ligne dans la lutte contre les Chabab.  Enfin, le délégué a appelé à remédier au largage de matières toxiques au large des côtes somaliennes, dont les groupes terroristes pourraient tirer profit.

M. MANZI TCHILABALO KARBOU (Togo) a expliqué que son pays appartient à la sous-région ouest-africaine, une zone où prospèrent malheureusement de plus en plus les groupes terroristes.  En effet, que ce soit au Sahel ou sur la côte ouest-africaine, Daech et ses nombreux groupes affiliés ont diversifié leurs activités, intensifié leurs attaques et élargi leurs zones d’action.  Selon le Togo, les recommandations du Sommet de Pau en 2020 et de celui de N’Djamena en 2021 peuvent servir de base à la réponse internationale globale.  Cette dernière devra, pour une meilleure efficacité, s’inscrire dans une approche holistique menée conformément au droit international et aux réalités sociales des zones concernées.  Il faut donc « faire en sorte que les populations victimes de ces groupes terroristes soient effectivement des parties prenantes à cette lutte », a plaidé le représentant. 

Pour venir à bout de ces groupes qui sèment la mort et la désolation partout dans le monde, a poursuivi M. Karbou, l’ONU doit poursuivre les réformes qui promeuvent une meilleure coordination et cohérence dans les programmes, projets et instruments internationaux dédiés à la lutte contre le terrorisme international.  Toutes les parties prenantes à ce combat doivent également « éviter l’assimilation entre terrorisme et religion » et appuyer toutes les actions sous l’égide des Nations Unies.  Pour sa part, le Togo, outre le fait d’être engagé aux côtés des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, engage des actions au plan national.  Ces actions, a précisé le représentant, portent sur les cadres juridiques, sociaux, éducatifs et sécuritaires.  Ainsi, la loi de programmation militaire (2021-2025), dotée d’un budget d’environ 1,4 milliard de dollars américains, a été adoptée pour le renforcement des équipements des Forces armées togolaises, la mise en place d’une nouvelle unité des forces spéciales et d’un groupe d’intervention léger antiterroriste, avec des équipements modernes et sophistiqués, a conclu M. Karbou. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a indiqué que son pays continue d’axer ses efforts de lutte contre le terrorisme sur des mesures préventives, notamment en renforçant son cadre juridique pour mettre en œuvre les 20 conventions et protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a souligné que le Centre régional de lutte contre le terrorisme d’Asie du Sud-Est continue de s’engager auprès des jeunes par le biais d’initiatives pour contrer les messages extrémistes.  La déradicalisation est aussi un élément clef de la stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de la Malaisie, a poursuivi M. Aidid.  De janvier 2020 à août 2021, 246 programmes de déradicalisation et de réhabilitation des terroristes ont été menés avec la participation du département pénitentiaire, et 83 programmes communautaires de lutte contre le terrorisme ont été menés dans toute la Malaisie.  La Malaisie agit également en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme.  Le délégué a conclu son intervention en déclarant qu’il soutient la convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies. 

M. RASHED JAMAL IBRAHIM IBRAHIM AZZAM (Émirats arabes unis) a fait remarquer que la pandémie de COVID-19 avait rendu la situation plus complexe, citant le recrutement et l’exploitation des femmes, ainsi que les sources de financement pour attaquer des peuples et pays.  Coordonner les efforts internationaux et traiter les causes du terrorisme sont les seuls moyens de s’y opposer, a-t-il affirmé.  Le représentant a rappelé que les Émirats arabes unis avaient fait partie de la coalition contre Daech.  « Nous devons continuer à contenir ce groupe terroriste et empêcher qu’il se répande dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique. »  Le représentant a assuré que son pays continuerait de travailler comme un État modéré au Moyen-Orient et a souligné l’importance de parvenir à une convention générale sur le terrorisme. 

M. RABII ZENATI (Tunisie) a réitéré sa condamnation la plus ferme du terrorisme sous toutes ses formes.  Son gouvernement combat et lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de manière efficace, en tant que menace régionale, sous-régionale et internationale.  En tant que membre du Conseil de sécurité, la Tunisie met également en œuvre les résolutions de cet organe.  Une loi portant sur le blanchiment d’argent a en outre été adoptée.  Cela étant dit, le délégué a estimé aussi que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne doit pas seulement se faire de manière frontale, mais en se penchant également sur les causes de ces phénomènes.  Pour cela, il faut aborder la question des conflits et des situations d’occupation qui perdurent. 

M. MOON DONG KYU (République de Corée) a souligné que la communauté internationale disposait de beaucoup plus d’outils aujourd’hui qu’il y a 20 ans pour lutter contre le terrorisme.  Cependant, la menace est toujours présente, comme l’a prouvé la récente attaque terroriste autour de l’aéroport de Kaboul en Afghanistan, a-t-il rappelé.  Il a incité à poursuivre les efforts en évaluant les menaces terroristes en constante évolution et s’attaquant aux causes profondes de ces menaces. 

M. Moon a ensuite appelé à prêter attention aux technologies nouvelles et émergentes.  Elles ont été utilisées par les terroristes à des fins malveillantes et dans le même temps, par les autorités chargées de lutter contre le terrorisme, a-t-il relevé.  De même, le représentant a souligné l’importance de la coopération et la coordination internationales.  « Nous restons engagés dans les travaux en cours pour finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international. »  Enfin, il a déclaré que les droits humains, l’égalité entre les sexes et la participation de la société civile devaient être les éléments centraux de nos efforts.  Le contre-terrorisme ne doit pas être invoqué comme une excuse pour violer les droits humains, a-t-il martelé, appelant à rechercher la participation pleine des femmes dans les efforts de lutte contre le terrorisme. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a indiqué que la pandémie a aggravé les conflits et favorisé les activités terroristes.  Il a prôné une coordination et une solidarité internationales face au terrorisme.  « Le Soudan est entré dans une nouvelle ère en ce qui concerne la lutte antiterroriste », a-t-il dit, en soulignant l’efficacité des efforts de son pays.  Le délégué a précisé que lesdits efforts visent à renforcer le tissu social et à promouvoir la bonne gouvernance, des emplois décents ou bien encore l’autonomisation des femmes.  Il a insisté sur l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté.  En conclusion, il a invité la communauté internationale à appuyer les mécanismes locaux de lutte contre le terrorisme, dans le respect de la souveraineté des États.

Mme MARIAM SAO (Mauritanie) a souligné la nécessité d’une coopération effective pour lutter contre le terrorisme, « principal défi auquel fait face la communauté internationale aujourd’hui ».  Les États Membres doivent veiller à ce que les responsables d’actes de terrorisme soient appréhendés et poursuivis en justice ou extradés, a-t-elle insisté.  La représentante a ensuite évoqué l’approche « multidimensionnelle » adoptée par la Mauritanie pour traiter le phénomène de l’extrémisme.  L’État a œuvré pour prémunir la jeunesse de la déviation, a-t-elle souligné.  La régression de la violence islamiste radicale observée depuis cinq ans a été attribuée à la méthode mauritanienne, a-t-elle ensuite affirmé, évoquant une répression sécuritaire mêlée à une approche plus douce pour lutter contre l’extrémisme violent. 

Face à la menace qui touche toute la région du Sahel, la Mauritanie a renforcé son dispositif législatif antiterroriste, a ensuite précisé Mme Sao, afin de geler immédiatement les fonds, avoirs financiers de personnes ou entités terroristes.  Le Gouvernement mauritanien a développé une stratégie efficace grâce à une approche comprenant les aspects sécuritaires, le dialogue religieux, les dimensions économiques et sociales.  Cette stratégie devrait bénéficier du soutien de la communauté internationale, a-t-elle appuyé.  Enfin, elle a rappelé que, malgré les progrès réalisés par son pays, le danger était toujours imminent dans la région du Sahel. 

Mme AlSHEROOQI (Bahreïn) a appelé la communauté internationale à se coordonner dans la lutte contre le terrorisme.  Le Bahreïn est un des pays arabes présentant le moins de risques en matière de blanchiment d’argent, a-t-elle affirmé.  « Cela prouve que nous sommes actifs dans ce domaine sur la scène internationale et que nous voulons vraiment déraciner le terrorisme. »  La représentante a ensuite ajouté que l’objectif du Bahreïn était d’unifier les institutions du pays en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Nous devons tarir toutes les sources de financement, identifier et poursuivre tous les terroristes, a-t-elle insisté.  Évoquant la création d’un centre national pour dénoncer les activités terroristes, la représentante a également souligné l’engagement de son pays au sein du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. 

« L’Iraq est l’un des pays qui a le plus souffert du terrorisme », a témoigné M. YAARB AHMED NASER AL-TEMEMY (Iraq).  L’Iraq s’engage à collaborer avec la communauté internationale pour éliminer le terrorisme, a-t-il poursuivi, citant en particulier Daech.  La résolution 2373 (2017) sur la constitution d’une commission d’enquête sur les crimes de Daech vise à identifier, collecter et présenter les preuves contre cette organisation pour que la procédure soit respectée, a rappelé le représentant.  « Nous continuons de fournir des preuves pour contribuer à évaluer les risques que représente Daech. »

L’Iraq refuse que son territoire soit exploité à des fins terroristes, conformément à sa constitution de 2005, a déclaré son délégué, qui a ensuite souligné la nécessité de promouvoir le partage de renseignements entre l’Iraq et les autres membres de la communauté internationale.  L’Iraq continue également de coopérer avec le comité des sanctions créé par la résolution 1526 (2004) du Conseil de Sécurité.  Enfin, l’Iraq attache une grande importance à sa stratégie nationale de lutte contre le terrorisme pour que celle-ci soit conforme à la stratégie mondiale, a conclu le délégué. 

M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a estimé que des attentats terroristes perpétrés dans le cadre de conflit armé peuvent revenir à des crimes de guerre, donnant le droit aux États de prendre des mesures au niveau national.  Nous sommes convaincus qu’aucun pardon et qu’aucune libération précoce ne peuvent être accordés pour des auteurs d’attentats terroristes, a-t-il déclaré.  M. Musayev a ensuite rejeté de façon catégorique les affirmations de l’Arménie « qui souhaite induire en erreur la communauté internationale et cacher des délits terroristes ».  L’Arménie soutient depuis longtemps le terrorisme au niveau étatique, a-t-il ensuite pointé du doigt, affirmant que le pays avait perpétré des attentats terroristes depuis la fin des années 80 contre l’Azerbaïdjan.  Le représentant a ensuite accusé l’Arménie d’avoir recruté des combattants étrangers, tandis que l’Azerbaïdjan est résolu à prendre les actions nécessaires pour lutter contre le terrorisme et à poursuivre les auteurs d’attentats. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a estimé que dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent il n’y a pas de place pour des actions unilatérales, car la coopération conjointe est « le chemin le plus sûr » vers le succès dans ce combat.  L’expérience nous a montré qu’aucun pays, aussi grand ou puissant soit-il, ne peut éradiquer le terrorisme à lui seul sans la coopération des autres États, a-t-il résumé. 

M. Ndong Mba s’est inquiété de la persistance d’actes terroristes dans le monde et en Afrique en particulier.  Cette situation représente un « danger clair » pour le continent, sa stabilité et son développement socioéconomique.  En ce sens, la Guinée équatoriale condamne catégoriquement le financement des terroristes, via des fonds ou la livraison d’armes.  La Guinée équatoriale condamne également la piraterie en mer, qu’elle considère comme une forme de « terrorisme maritime ».  Pour ces raisons, le délégué a salué l’initiative transsahélienne de lutte contre le terrorisme développée par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme et le Centre africain d’études stratégiques des États-Unis.  Il s’est également félicité de la Déclaration et Plan d’action de Madrid pour renforcer le régime juridique de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et centrale.  

M. BASHAR ABDULAH E. R. S. ALMOWAIZRI (Koweït) a souligné la persistance de la menace terroriste et condamné le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations.  Il a souhaité une « convergence » des efforts internationaux face à ce fléau, en soulignant l’importance de remédier à ses causes profondes, telles que la pauvreté.  Il a demandé le respect des religions et de leurs symboles, avant d’apporter son appui à la Stratégie antiterroriste mondiale et ses quatre piliers.  Il a aussi plaidé pour une réponse coordonnée au phénomène des combattants terroristes étrangers.  Le délégué a ensuite détaillé les mesures antiterroristes prises par son pays au niveau national, notamment en vue de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  En conclusion, il a de nouveau rejeté avec force le terrorisme et l’extrémisme violent.

Droits de réponse

Le délégué de la Fédération de Russie a dénoncé les “insinuations” de l’Ukraine, avant d’accuser « le régime de Kiev » d’opprimer sa population depuis plusieurs années et de conduire par ses actions à la mort de ses citoyens dans le Donbass. L’Ukraine devrait mieux choisir ses termes, a-t-il tancé, en indiquant que sa délégation se méprend sur la notion de terrorisme. La délégation ukrainienne a ainsi qualifié de terroristes certains médias russes. Enfin, le délégué a déclaré que ce mot de « terroriste » est utilisé par l’Ukraine à des fins de propagande.

Le représentant de l’Arménie a qualifié la déclaration de l’Azerbaïdjan de « faux discours antiterroriste ».  Selon lui, l’Azerbaïdjan a répété son discours erroné sur le Nagorno-Karabakh pour essayer de prendre en otage la Commission et de la détourner des éléments de preuve qui montrent que l’Azerbaïdjan soutient des organisations terroristes.  Ce recours au terrorisme de la part de l’Azerbaïdjan a été reconnu par plusieurs pays, y compris des membres permanents du Conseil de Sécurité, et documenté par des observateurs indépendants, a poursuivi le délégué arménien.  Il a notamment dénoncé des décapitations « de type État Islamique », des prises d’otages de civils, mais aussi un discours de haine propagé en Azerbaïdjan.  Il a notamment jugé « déshumanisant » le « parc des trophées militaires » à Bakou, qui montre des biens de prisonniers arméniens reflétant le niveau extrême de la radicalisation et de la haine en Azerbaïdjan, l’assimilant à de la « propagande nazie ».

Le représentant de l’Ukraine a dénoncé « le discours manipulateur habituel » de la Fédération de Russie.  La composition terroriste de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est évidente, a-t-il affirmé, l’accusant de continuer à envoyer des armes et combattants en Ukraine.  Nous avons fourni des preuves à la communauté internationale de l’implication de la Russie, notamment en termes de financements des groupes terroristes, a-t-il rappelé.  Il a appelé la Russie à mettre fin à ses agressions contre l’Ukraine et à l’occupation des territoires ukrainiens. 

Pour le représentant de l’Azerbaïdjan, l’Arménie présente une réalité déformée.  Le Nagorno-Karabakh a été créé en Azerbaïdjan et en réponse aux attaques de l’Arménie, l’Azerbaïdjan s’est défendu.  Il a déclaré que l’Azerbaïdjan a agi sur son sol « dans le respect du droit international ».  Des organisations arméniennes ont commis des actes terroristes à travers le monde, a aussi dénoncé le délégué azerbaidjanais, citant plusieurs exemples d’attaques lors desquelles des personnes ont été prises en otage et exécutées, ainsi que des attaques à la bombe.  Les attaques contre l’Azerbaïdjan ont couté la vie à plus de 2 000 Azerbaidjanais.

Le représentant de l’Arménie a encore voulu attirer l’attention de la Commission sur l’attribution malheureuse à l’Arménie d’attentats commis dans les années 1970-80, « piètre tentative » puisque c’était avant son indépendance, a-t-il recadré.

À son tour, le représentant de l’Azerbaïdjan a dénoncé les informations erronées propagées par l’Arménie, soulignant que même des réseaux sociaux tels que Twitter ont retiré de « fausses informations » émanant de l’Arménie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la Quatrième Commission, les pétitionnaires continuent d’afficher leurs divergences de vue sur le Sahara occidental

Soixante-seizième session,
4e séance plénière – après-midi
CPSD/731

À la Quatrième Commission, les pétitionnaires continuent d’afficher leurs divergences de vue sur le Sahara occidental

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a consacré l’intégralité de sa séance d’aujourd’hui aux auditions des pétitionnaires inscrits sur la question du Sahara occidental, qui avaient débuté hier, s’en prenant tour à tour au Front POLISARIO et au Maroc.

Une tragédie est en cours dans les camps de Tindouf, a estimé M. Roberto Leon, de Fundación Global Chile Marruecos, qui a estimé qu’ils deviennent des centres de formation pour les terroristes.  Pour M. Youssouf Coulibaly, de l’Université de Bamako, ces camps placés sous le contrôle du Front POLISARIO depuis un demi-siècle sont devenus une « plaque tournante » de la criminalité organisée, avec un impact sur le développement de la sous-région, nécrosant son tissu économique.

Selon lui, toutes les formes de criminalité y seraient observées: trafics de stupéfiants, d’armes, traite humaine, prise d’otages, actes de terrorisme et cybercriminalité.  M. Coulibaly a appelé la communauté internationale à soutenir la solution, proposée par le Maroc, d’autonomie élargie pour le Sahara occidental.

Si plusieurs intervenants ont dénoncé la « militarisation » accrue des camps de Tindouf, Mme Romina Perino a, en revanche, déclaré qu’elle y a toujours été bien reçue, contestant l’accusation de dangerosité portée par le Maroc.

Certains pétitionnaires ont exprimé leur lassitude à propos de l’ONU sur cette question qui, selon eux, est dans l’impasse.  Ainsi, Mme Fatimetu  Bachir  Jatri  Emhamed, de Peace and Justice Center in Decorah, a condamné l’absence d’action de la Quatrième Commission à laquelle elle a reproché d’adopter la même résolution chaque année.  De son côté, Mme Sherry Erb, de Erb Law, a mis en cause l’ONU s’agissant de l’absence d’établissement des responsabilités pour les actes commis par le Front Polisario.

Mme Salma Barca, de Karama Sahara, a demandé à la Quatrième Commission de faire son travail sur la décolonisation.  Jugeant cette séance « inutile », elle a estimé qu’il n’y a ni paix ni justice « sous occupation marocaine », avant d’exiger des preuves s’agissant des accusations de terrorisme prononcées ici et là contre le Front POLISARIO.  M. Andrès Rodriguez et M. El Mahjoub Maliha, du « Sahara occidental occupé », ont tous deux estimé que l’enceinte où délibérer de cette question devrait être le Conseil de sécurité.  C’est le Front POLISARIO et non le Maroc qui a la légitimité de défendre les intérêts des Sahraouis, a estimé ce dernier, tout en expliquant que son peuple commence à perdre sa foi en l’Organisation des Nations Unies.

Ainsi, M. Pablo De La Vega, de Asociación Ecuatoriana de Amistad con el Pueblo Saharaui, a déploré que le référendum d’autodétermination n’ait toujours pas été organisé, tandis que M. Ahmed Mohammed Fall, de Codesa, a demandé à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et d’arrêter une date.

Pour d’autres pétitionnaires en revanche, la question du référendum ne se pose plus, les scrutins de septembre 2021 y ayant répondu.  M. Brahim El Ahmadi a par exemple estimé que les résultats des élections locales, régionales et législatives organisées le 8 septembre dernier, constituent une forme incontestable de l’exercice du droit à l’autodétermination, compte tenu de leur forte participation.  Il s’agit là d’une réalité tangible que « la propagande, la manipulation et le mensonge » auxquels le « Polisario » et ses commanditaires ont toujours eu recours, ne peuvent démentir.  Cette participation massive des Sahraouis a infligé un revers cinglant aux séparatistes, a-t-il estimé.

En fin de séance, la représentante de Cuba a exercé son droit de réponse au pétitionnaire Zardini, qui a cité son pays à propos « d’un cas de lavage de cerveau ».  Elle a déclaré s’opposer à ce que le dialogue avec les pétitionnaires de la Quatrième Commission soit instrumentalisé à des fins politiques contre les États Membres.

La prochaine séance publique de la Quatrième Commission se tiendra lundi 11 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION (SUITE)

Suite de l’audition des pétitionnaires du Sahara occidental

M. NAAMA SGHAYER s’est présenté comme un citoyen sahraoui, qui a évoqué sa frustration au sujet du Conseil de sécurité, qui selon lui ne remplit pas ses obligations.  Il a estimé que le cessez-le-feu qui était en vigueur est désormais un fait du passé, car le Maroc l’a violé.  Nous souffrons d’un blocus militaire et du pillage de nos ressources naturelles et de violations de droits de la personne, s’est élevé le pétitionnaire, qui a en conclusion demandé à la Commission et au Conseil de sécurité de trouver une date pour que l’on puisse accéder à la décolonisation.

M. PABLO ZARDINI, de la John F.Kennedy Argentine University, en tant que professeur de droit, a voulu mettre l’accent sur la situation des femmes dans le camp de Tindouf.  La plupart sont victimes d’abus sexuels de la part de Membres du Front POLISARIO, a-t-il assuré.  Elles sont condamnées à l’esclavage et souvent séparées de leurs enfants, qui sont envoyés à Cuba où ils subissent un lavage de cerveau.  Malgré cela, certaines ont pu rompre le silence et faire connaître leur situation, a-t-il observé.

Mme TOURIA HMYENE, de l’Association for the freedom of women sequestered in the Tindouf camps, a accusé le Front POLISARIO d’agir sous les instructions d’un pays « que nous connaissons tous ».  Le Front POLISARIO est responsable d’abus des droits de la personne commis dans ces « prisons à ciel ouvert », où l’aide humanitaire est détournée par les dirigeants du Front depuis des décennies, a-t-elle poursuivi.  Elle a également affirmé que le Hezbollah forme des membres du Front POLISARIO et lui fournit des armes.  Les actions terroristes qu’ils commettent sont utilisées par le pays hôte alors que les habitants des camps de Tindouf continuent de souffrir, tandis que les Sahraouis dans les provinces du sud du Maroc jouissent de droit et ont élu leurs représentants.

M. KHALID BENDRISS, de l’Association for the support of the Moroccan Autonomy Initiative, a plaidé en faveur du plan d’autonomie élargie que propose le Maroc pour la région du Sahara.  Il s’agit du fruit d’une consultation avec toutes les parties prenantes et qui permet d’aller de l’avant pour régler la question du Sahara occidental en y apportant une solution durable et conforme au droit international, a-t-il expliqué.  Les Sahraouis peuvent élire leurs représentants locaux et ce plan garantit l’intégrité territoriale du Maroc, a-t-il fait valoir en conclusion

M. MOHAMMED ELAISSAOUI, pétitionnaire, a déclaré que la présence d’éléments armés à l’intérieur des camps de réfugiés constitue une menace pour leur caractère civil et humanitaire.  C’est le cas des camps de Tindouf, qui ont été transformés en camps d’entraînement des milices.  Les enfants de ces camps ont été contraints de participer à des activités militaires, exploitées par le Front POLISARIO, a-t-il souligné.  En outre, les camps sont devenus un terrain fertile pour les groupes terroristes cherchant à recruter des membres parmi des jeunes désabusés privés de leurs droits, a-t-il déclaré.

M. HAMMADA EL-BAIHI, de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme, a déclaré que les camps de Tindouf étaient devenus un foyer de fabrication de haine et d’extrémisme, un vivier de violence et de terrorisme.  Il a déploré que le leadership du Front POLISARIO n’ait pas évolué depuis sa création, attirant l’attention sur le détournement de l’aide humanitaire qui atteint les camps de Tindouf.  Il est également revenu sur le développement important qu’a constitué la reconnaissance par les États-Unis du Sahara marocain et l’ouverture de consulats à Dakhla par plusieurs pays.

M. ROBERTO LEON, Fundación Global Chile Marruecos, a déclaré que le monde change sauf dans les camps de Tindouf où une tragédie est en marche.  Il a regretté que personne ne s’en préoccupe alors que les sécessionnistes du Front POLISARIO en coopération avec des organisations terroristes font maintenant du chantage aux pays voisins.  Les camps sont devenus des centres de formation pour les terroristes dans le Sahara et le Front POLISARIO y trompe la population des camps, dont les droits fondamentaux sont violés.  Il y entraîne des enfants au maniement des armes.  Le pétitionnaire a également dénoncé les détournements de l’aide humanitaire envoyée aux résidents des camps de Tindouf.

M. SAAD BENNANI s’est dit préoccupé par le sort des enfants dans les camps de Tindouf.  Il s’agit d’une zone de non-droit où le Front POLISARIO a recours à des pratiques inhumaines, a-t-il dit.  Mais les crimes les plus terribles sont ceux qui ont été commis contre les enfants, a-t-il déploré.  Ils sont traités comme des esclaves et embrigadés comme des terroristes, les filles étant soumises au mariage forcé.  Plusieurs organisations internationales comme Human Rights Watch ont dénoncé ces pratiques dans leurs rapports, a relevé le pétitionnaire, avant de dénoncer le Front POLISARIO de ces crimes inhumains.

M. GODWIN ICHIMI, du Nigerian Institute of International Affairs, de Lagos, a rappelé que le Sud-Sahara marocain avait par le passé un des pires indices de pauvreté pendant des décennies, le niveau de vie y ayant été très faible.  Aussi a-t-il loué l’action du Maroc, dont le plan d’autonomie constitue un modèle, sur lequel le Front POLISARIO devrait s’aligner.

Mme CYNTHIA BASINET, artiste nominée pour le prix Nobel de la paix et militante du changement social, a tenu à préciser qu’elle avait visité les camps de réfugiés sahraouis 20 ans avant les attentats du 11 septembre.  Depuis, son nom et ses photos continuent d’apparaître sur les réseaux sociaux, a-t-elle expliqué, avant de dénoncer l’idée selon laquelle les problèmes du monde vont être réglés par les « riches et célèbres », en occultant la voix des personnes directement concernées, les Sahraouis dans ce cas.  « Nous avons créé un monde qui nie les droits des 99,99%, et vous vend à la place de la culture pop, des marques et des armes », s’est-elle indignée.  Outrée, elle a demandé que la jeunesse saharienne puisse plaider sa cause ici, à l’ONU, en rappelant aux États Membres « que lorsqu’ils plaident leur cause, ils plaident celle des 99,99% ».

M. MOHAMMED AHMED GAIN, de African Institute for Peacebuilding and Conflict Transformation, a attiré l’attention sur la situation dangereuse dans les camps de Tindouf ainsi que les actions provocatrices menées par le Front POLISARIO, qui sapent les efforts de la communauté internationale pour trouver une solution politique au conflit.  Il est revenu sur les inaugurations historiques de consulats généraux par 16 pays ainsi que sur la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté pleine et entière du Royaume du Maroc sur son Sahara.  L’heure est à la reprise du processus politique dans le cadre exclusif du Conseil de sécurité, a conclu le pétitionnaire.

Mme YVONNE LODICO, la représentante de Grace Initiative Global, a rappelé que le Comité spécial considérait le Sahara occidental comme un territoire non autonome en attente d’être décolonisé et que l’ONU avait réaffirmé le droit du peuple sahraoui à son autodétermination, y compris l’option de l’indépendance.  Elle a aussi souligné que la MINURSO devrait également recevoir pour mandat de signaler les violations des droits de la personne commises sur ce territoire.

M. ZINE EL AABIDINE EL OUALI, de African Forum for Research and Studies in Human Rights, a estimé que l’ouverture de consulats dans de nombreuses villes du « Sahara marocain » représente la manière la plus solennelle pour les États d’exprimer leur solidarité avec les revendications légitimes du Maroc et de « dénoncer les convoitises hégémoniques qui visent l’intégrité territoriale de notre pays ».  La liste des consulats qui s’ouvrent dans le Sahara marocain ne cesse de s’allonger au fil des semaines, beaucoup de pays à travers le monde n’attendant que l’occasion propice pour franchir le pas, a-t-il ajouté.  Le pétitionnaire a également noté que si la majorité « écrasante » des pays africains « s’oppose aux velléités séparatistes qui guettent le Sahara marocain », la présence de « l’entité fantomatique des séparatistes au sein de l’Union africaine constitue une aberration flagrante ».

M. YOUSSOUF COULIBALY, de l’Université de Bamako, a regretté que depuis un demi-siècle, la communauté internationale assiste passivement au développement de la plaque tournante du crime organisé que sont devenus les camps de Tindouf sous contrôle du Front POLISARIO.  Cela a un impact sur le développement des pays de la sous-région, a-t-il souligné, et affecte leur tissu économique.  Toutes les formes de criminalité transnationale sont observées dans la zone du Sahara: trafics de drogues, d’armes, traite humaine, prise d’otages, actes de terrorisme et cybercriminalité.  Par ailleurs, la MINURSO doit prioriser la sécurité humaine sans pour autant abandonner le processus politique, a estimé M. Coulibaly, en appelant l’ONU et la communauté internationale à opter pour la solution, proposée par le Maroc, d’autonomie élargie pour le Sahara occidental.

Mme SHERRY ERB, de Erb Law, a déclaré que, dès que les camps de Tindouf ont été installés en 1975, le Front POLISARIO y a assumé un pouvoir complet « sans aucun contrôle extérieur ou interne ».  Cette situation distingue les camps sahraouis de la plupart des camps de réfugiés sous tutelle de l’ONU à travers le monde, a assuré la pétitionnaire.  Pourquoi l’ONU permet-elle à un groupe militaire de gérer des personnes sans avoir de comptes à rendre? a demandé Mme Erb.  À ce jour on ne sait combien de personnes reçoivent de l’aide dans ces camps; or, si le Front POLISARIO donnait un décompte, il ferait au moins preuve de bonne foi pour régler l’affaire au plus vite.  En attendant, on a permis au Front POLISARIO de gouverner les camps pendant des décennies et même de se présenter comme État, « ce qu’il n’est pas ».  Le Front POLISARIO n’a même pas de statut d’observateur à l’ONU, a relevé la pétitionnaire, cependant, ses représentants continuent de s’entretenir avec des chefs d’État pour obtenir un soutien en se présentant comme un pays indépendant qui a perdu ses droits légaux sur le Sahara occidental.  L’intervenante a conclu en demandant que des agences extérieures vérifient les conditions de vie dans les camps et interrogent leurs résidents.

M. PABLO DE LA VEGA, Asociación Ecuatoriana de Amistad con el Pueblo Saharaui, a attiré l’attention sur la situation dramatique du peuple sahraoui qui vit dans le Sahara sous contrôle marocain.  Il a rappelé que cela fait 40 ans que le Comité spécial des Vingt-Quatre a été créé et que la Cour internationale de Justice a conclu à l’absence de lien de souveraineté entre le Maroc et le territoire du Sahara occidental.  Il a déploré que le référendum d’autodétermination auquel s’était engagé le Roi Hassan II n’ait toujours pas été organisé et que se poursuivent les violations des droits humains des Sahraouis par les forces de sécurité du Maroc.

Mme FATIMETU BACHIR JATRI EMHAMED, de Peace and Justice Center in Decorah, Iowa, s’est dite fatiguée de l’absence d’action de la Commission face à la situation au Sahara occidental.  Je perds espoir comme beaucoup de Sahraouis, a ajouté la pétitionnaire.  Chaque année, je me demande si je dois venir alors que chaque année la Commission adopte toujours la même résolution, a-t-elle poursuivi.  « Mettez-vous à la place des Sahraouis.  Ressentez-vous leur souffrance? » s’est interrogée Mme Emhamed.  Mais nous sommes résilients, a-t-elle assuré, avant de dénoncer l’occupation marocaine.  Notre éducation est inutile à cause de l’occupation.  Mais nous sommes prêts à tout sacrifier.  Tout, a insisté la pétitionnaire, car nous n’avons rien à perdre.  Nous n’avons plus confiance en l’ONU et en la France qui soutient le Maroc, a ajouté l’intervenante, qui a demandé une enquête sur les abus des droits humains par le Maroc et l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.

Mme SALKA BARCA, de Karama Sahara, a jugé cette séance inutile, estimant qu’il n’y a ni paix ni justice sous occupation marocaine.  « Je vous demande donc que l’occupation du Sahara occidental prenne fin.  Le temps nous est compté.  La population perd patience. »  « En 40 ans notre souffrance s’est prolongée », a plaidé l’intervenante, avant d’exiger des preuves sur les accusations de terrorisme entendues ici et là contre le Front POLISARIO.

M. ANDRES RODRIGUEZ, de John Jay College of Criminal Justice, a déclaré avoir entendu parler des problèmes qui se poseraient dans les camps de réfugiés.  Même s’ils étaient avérés, est-ce un argument suffisant pour envahir un pays? s’est-il demandé.  En fait, l’enceinte où délibérer de cette question devrait être le Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.  Pour qu’un État soit reconnu, il faut un territoire, un peuple et une organisation politique.  Pourquoi ne pas demander aux Sahraouis eux-mêmes s’ils veulent vivre sous occupation ou s’ils veulent gérer leur territoire eux-mêmes? a-t-il conclu.

Mme KHADIJA EZAOUI, de African Forum of Research and Studies in Human Rights, a déclaré parler au nom de nombreuses femmes sahraouies qui vivent au Sahara, et a expliqué que la région connaissait une dynamique de développement unique, à laquelle les femmes sahraouies contribuaient efficacement.  Le nouveau modèle de développement du Sahara marocain, doté d’un budget de 8 milliards de dollars a été adopté après de larges consultations avec la population locale, a-t-elle ajouté, avant d’appeler la communauté internationale à sauver les populations des camps des horreurs du « Polisario » et de leur donner la liberté de retourner dans leur patrie, le Maroc.

Mme ROMINA PERINO a déclaré que sa première visite dans les camps sahraouis remonte à 2017.  Or, le Maroc continue de raconter que ces camps sont dangereux, a relevé l’oratrice, qui a assuré que c’est faux.  Depuis que le Maroc a rompu le cessez-le-feu, de nombreuses familles ont dû fuir le Sahara occidental, a-t-elle dit.  L’occupation du Maroc a fait des Sahraouis des réfugiés dans leur propre pays, a-t-elle déploré, avant de dire qu’ils attendent de pouvoir participer à un référendum d’autodétermination.

M. AHMED MOHAMMED FALL, de CODESA, a fait remarquer que le cadre légal et les résolutions du Comité spécial des Vingt-Quatre, du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale reconnaissent le droit à l’autodétermination des Sahraouis depuis des décennies et pourtant, son peuple n’a toujours pas pu l’exercer.  M. Fall a demandé à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de sélectionner une date pour le referendum d’autodétermination.  Il a également demandé la levée du blocus du Sahara occidental ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis.  Le pillage des ressources naturelles du Sahara doit également cesser, a ajouté le pétitionnaire.

M. El MAHJOUB MALIHA, du « Sahara occidental occupé », a rappelé que ce territoire est inscrit sur la liste de la Quatrième Commission depuis 1975.  Il a dénoncé l’occupation brutale qui fait des points de passage une réalité quotidienne.  Pour l’orateur, le sort des Sahraouis repose aujourd’hui dans les mains du Conseil de sécurité.  C’est le Front POLISARIO et non le Maroc qui a la légitimité de défendre les intérêts des Sahraouis, a-t-il martelé en expliquant que son peuple commence à perdre sa foi en l’ONU.  « Ma population veut une situation pacifique », avec la création de mécanismes pour superviser le respect des droits humains et le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental.

Mme FATMA EL GHALIA CHARRADI, Association féminine pour le développement durable, a affirmé que les Sahraouis ont toujours été pro-marocains.  Plus de 85% des Sahraouis se trouvent au Sahara marocain et ont élu leurs représentants librement, a-t-elle rappelé.  Ce n’est pas le cas des habitants des camps de Tindouf qui sont privés du droit de vote et victimes de torture, de viols et de disparitions forcées.  Le chef du Front POLISARIO, qui a été expulsé d’Espagne, a regagné les camps de Tindouf qui est une « zone de non-droit ».  Il n’y a même pas de recensement de la population dans ces camps, s’est émue la pétitionnaire, qui a appelé la Commission à regarder la vérité en face: il existe une minorité qui souffre et une majorité qui a parcouru le chemin du développement et de la démocratie.

M. BRAHIM EL AHMADI a rappelé que le dernier scrutin législatif au Sahara marocain a connu un succès massif auprès des Sahraouis à Laâyoune et Dahla.  Aujourd’hui, les Sahraouis gèrent leurs propres affaires, ce qui constitue un revers cinglant pour les séparatistes et démontre la « faillite » du Front POLISARIO.

Mme GHALLA BAHIYA, du Conseil Régional de Dakhla-Oued Eddahab, a estimé que la grande majorité des Sahraouis qui se sont rendus aux urnes pour voter ne doivent pas avoir leur choix dicté par une minorité menée par le Front POLISARIO.  Ces élections sont une étape vers une structure locale, a-t-elle déclaré.  Sa Majesté le Roi du Maroc, qui supervise le processus, a dit que le progrès passe par une approche décisive visant à moderniser les structures publiques

M. EL FADEL BUA DA MOHAMED, de Human rights defenders, a raconté avoir été torturé en représailles dans des camps de détention pendant six mois, pour avoir dénoncé les pratiques du Front POLISARIO, dont les actes d’esclavage, entre autres.  Malheureusement, a-t-il dit, j’ai remarqué qu’il n’y a pas suffisamment de personnes qui s’expriment depuis les camps et beaucoup d’étrangers qui parlent en leur nom.  Les milices armées y imposent leur programme par la force et la situation dans les camps ne fait qu’empirer, a argué le pétitionnaire.  La violation de l’accord du cessez-le-feu montre bien que les terroristes sont du côté du Front POLISARIO, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme CARMEN JOHNS, ancienne chargée d’affaire de la MINURSO, est venue témoigner de la situation sur place à Laâyoune en évoquant une série de drapeaux marocains, mais aussi des graffitis et des drapeaux du Front POLISARIO dans les quartiers pauvres soigneusement effacés et enlevés par la police marocaine « qui est partout à Laâyoune ».  Elle a également témoigné d’un incident où deux voyous marocains auraient maltraité des Sahraouis sous les yeux de la police marocaine.

M. RAFAEL JORGE ESPARZA MACHÍN, de l’Asociación de Amistad y Cooperación Canario-Marroquí, a affirmé que le Sahara a toujours fait partie intégrante du Maroc, regrettant que la situation au Sahel-Sahara soit devenue de plus en plus compliquée et dangereuse ces dernières années avec la présence de groupes terroristes islamistes, notamment dans les camps de Tindouf.  Il a estimé que la seule solution viable pour ce territoire reste la large autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine, « comme celle des Canaries » dont il est originaire.

Mme ERIKA PATRICIA BOTERO VARGAS, de Derechos Humanos Sin Fronteras, a salué la volonté de paix témoignée par le Gouvernement marocain, qui a adopté des mesures économiques et politiques en faveur du Sahara occidental.  Elle a regretté les maladresses de certains acteurs étrangers, en notant que l’Union européenne a souhaité primer une personne qui appelle ouvertement à la lutte armée au Sahara occidental.  Elle a aussi relevé que 25 dirigeants du Front POLISARIO sont aujourd’hui accusés de crimes contre l’humanité par des juridictions espagnoles.

M. JUAN CARLOS MORAGA, de Rehabilitación y Esperanza, a fait part de sa profonde préoccupation face aux récents événements au Sahara.  Alors que certains acteurs du Front POLISARIO sont poursuivis pour crimes contre l’humanité devant les tribunaux espagnols, ils sont dans le même temps soutenus par un pays du Maghreb, l’Algérie, État Membre des Nations Unies.  Ce pays déforme la réalité en parlant de colonialisme pour résoudre une soi-disant crise du Sahara, a soutenu le pétitionnaire.  Or, le peuple sahraoui a manifesté sa volonté lors des dernières élections, dont la forte participation leur donne valeur de référendum, a-t-il estimé.

M. JEROME BESNARD, enseignant français en droit public, a salué la dynamique démocratique qui s’est exprimée lors des élections de septembre 2021, qui résulte selon lui de la réussite institutionnelle du processus marocain de décentralisation et d’investissements massifs pour développer le Sahara et le sentiment d’une appartenance de la population de ses provinces à un destin partagé avec la nation marocaine.  Le pétitionnaire a ajouté que les dernières élections ont été conduites avec la participation de 129 observateurs internationaux et 4 000 observateurs nationaux.  Il a estimé en conclusion que le succès de ces élections a démontré que seule la souveraineté du Maroc est garante du droit à l’autodétermination de la population des provinces du Sahara.

Mme FERNANDEZ PALACIOS (Cuba) s’est dit heurtée par la déclaration faite par le pétitionnaire Zardini, qui a cité Cuba dans le cadre « d’un cas de lavage de cerveau ».  Le pétitionnaire doit faire allusion aux programmes d’étude au titre desquels le Gouvernement cubain propose des formations aux territoire non autonomes, a-t-elle ironisé, en expliquant que ces programmes sont notamment fondés sur l’humanisme, « ce que le pétitionnaire semble ignorer ».  Cuba a déclaré s’opposer à ce que le dialogue avec les pétitionnaires de la Quatrième Commission soit instrumentalisé à des fins politiques contre certains pays.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la Première Commission, États-Unis et Fédération de Russie défendent leur vision du désarmement

Soixante-seizième session,
4e séance – après-midi
AG/DSI/3665

À la Première Commission, États-Unis et Fédération de Russie défendent leur vision du désarmement

La relation entre les États-Unis et la Fédération de Russie, les deux plus importants détenteurs d’armes nucléaires, a été aujourd’hui au cœur de la troisième séance du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale).  Si les deux superpuissances ont salué la négociation conjointe ayant abouti à la récente prorogation jusqu’en 2026 du Traité New START, elles n’ont pas manqué de faire valoir leur vision contrastée de ce que doit être le régime multilatéral de désarmement dans un environnement sécuritaire particulièrement tendu et volatile.

Outre le désarmement nucléaire, plusieurs pays ont évoqué les priorités qu’ils entendent inscrire, par les projets de résolution qu’ils déposeront, dans les questions de désarmement de l’Assemblée générale.  La sécurisation du cyberespace, la prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et le lien entre désarmement et développement ont été autant de thèmes évoqués par les délégations.

« La prorogation jusqu’en 2026 du Traité New START a marqué la relance de la diplomatie américaine du désarmement, cela grâce à l’ouverture d’un dialogue stratégique constructif avec la Russie », ont estimé les États-Unis.  La représentante de son pays a mis en avant son attachement au désarmement et affirmé son respect du pilier du multilatéralisme que demeure le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  « Certains pays poursuivent des politiques visant à saper ce régime, posant de graves dangers nucléaires qui rappellent la nécessité partagée de se garder de toute course aux armements », a-t-elle par ailleurs indiqué.  La représentante a estimé que l’environnement sécuritaire actuel, de plus en plus complexe, exigeait que la communauté internationale « resserre ses rangs et fasse preuve d’innovation et d’esprit d’unité ».

La Fédération de Russie a fait valoir des principes doctrinaires similaires, louant même le « sobre pragmatisme » des États-Unis au cours des négociations sur la prorogation du Traité New START.  « Russes et Américains ont réaffirmé leur attachement au principe d’inadmissibilité de la guerre nucléaire », a assuré le représentant russe, avant de mettre brutalement les États-Unis au banc des accusés: les actions menées par Washington pour tenter d’obtenir des avantages unilatéraux ont conduit à l’effondrement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le développement de leur système mondial de défense antimissile fait peser de graves menaces à la paix et à la sécurité internationales et le retrait américain du Traité « Ciel ouvert » a rompu l’équilibre des droits, obligations et intérêts de ses parties et causé de graves dommages à la sécurité internationale, a-t-il asséné.

Pour la Fédération de Russie, le temps est ainsi venu de réfléchir au désarmement multilatéral de demain, dans le cadre d’un dialogue inclusif ouvert à tous les États dotés de capacités nucléaires militaires. 

Plusieurs pays ont attiré l’attention sur leurs prérogatives en matière de désarmement et de sécurité internationale, lesquelles, au sein de la Commission, s’expriment dans les projets de résolution entérinées par l’Assemblée générale à l’issue de la session et à travers les différents processus de négociations intergouvernementales qui en découlent. 

L’Islande et le Royaume-Uni ont ainsi souligné l’importance de réduire les menaces tant dans le cyberespace que dans l’espace extra-atmosphérique spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsables. 

« La communauté internationale doit établir des normes pour rendre les comportements des usagers des nouvelles technologies plus responsables, car les sociétés sont de plus en plus vulnérables à la désinformation et aux cyberattaques par des acteurs étatiques et non étatiques », a ainsi souligné l’Islande, qui a proposé la mise en place d’un « programme d’action unique » qui se pencherait sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale. 

L’Islande a aussi rappelé l’importance des activités spatiales pour la réalisation du développement durable à l’échelle mondiale, jugeant, avant beaucoup d’autres pays, impératif de veiller à ce que l’espace extra-atmosphérique demeure un sanctuaire dont l’exploitation pacifique des ressources bénéficie au plus grand nombre.  À cet égard, le Royaume-Uni a défendu la création d’un groupe de travail à composition non limitée telle que proposé dans le projet de résolution intitulé « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable » adoptée en 2020 et dont il est le principal auteur.  Le Royaume-Uni a en outre salué le travail des organisations internationales et non gouvernementales ayant contribué au rapport du Secrétaire général sur ce thème et que mentionne son projet de résolution.

Le lien entre désarmement et développement, qui fait l’objet de projets de résolution qui divisent les délégations, a été débattu, les Maldives notant l’aggravation des grands déséquilibres entre les dépenses militaires mondiales et le montant de l’aide au développement en direction de pays confrontés directement aux crises sanitaire et climatique. 

« Nous disposons collectivement de suffisamment de richesses et de ressources pour loger, nourrir et assurer une vie digne à tous; il est par conséquent regrettable que le monde continue de détourner d’immenses ressources vers la production d’armes, laissant insatisfaits des besoins de base tels que l’alimentation, la santé et l’éducation », a déclaré la représentante des Maldives.  Comme son homologue cubain, elle a exhorté les pays à renoncer à dépenser « des milliards dans des arsenaux qui ne font que créer un faux sentiment de force et de sécurité » et à réorienter ces ressources vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Lors de l’ouverture du débat général, la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement avait estimé à 2 000 milliards de dollars le montant des dépenses militaires mondiales en 2020.

En fin de séance, la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont exercé leur droit de réponse.

La Première Commission poursuivra son débat général sur tous les points de son ordre du jour demain, jeudi 7 octobre, à 10 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a souligné combien il était important de créer les conditions d’accès à un cyberespace ouvert, gratuit, sécurisé et sûr.  Il a estimé qu’à cette fin, la communauté internationale devait établir des normes juridiques pour rendre les comportements des usagers des nouvelles technologies plus responsables, les sociétés étant de plus en plus vulnérables aux usages irresponsables de celles-ci, à la désinformation et aux cyberattaques par des acteurs étatiques et non étatiques.  Le représentant a suggéré la mise en place d’un programme d’action unique regroupant les cadres et normes juridiques internationaux relatifs aux progrès de l’informatique et des télécommunications et liés à la sécurité internationale.

M. Valtýsson a poursuivi en rappelant l’importance des activités spatiales pour la réalisation du développement durable à l’échelle mondiale, estimant à cette aune qu’il était impératif de veiller à ce que l’espace extra-atmosphérique demeure un sanctuaire dont l’exploitation pacifique des ressources bénéficie au plus grand nombre.

Sur la question des armes autonomes létales, l’Islande soutient les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux et rappelle la nécessité d’assurer que la production, le commerce et l’utilisation de ces armes soient conforme aux obligations du droit international humanitaire.

M. JOHN KYOVI MUTUA (Kenya) a indiqué que son pays avait joué un rôle central dans la création et le financement du Centre régional sur les armes légères qui coordonne l’action contre la prolifération des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs ainsi que dans la Corne de l’Afrique et les États limitrophes, ceci en vue d’assurer la sécurité de la sous-région en y jugulant la prolifération de ces armes.  La prolifération des ALPC reste une menace à la paix et à la sécurité car elle alimente la criminalité transnationale organisée, a-t-il souligné.  Le représentant a jugé essentiel que les États s’entendent durablement autour de priorités et d’axes de convergence pour réaliser, dans le cadre des outils de l’ONU prévus à cet effet, leurs objectifs clefs de prévention, de lutte et d’éradication du commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects.

M. RAMÓN EMILIO FLORES(Honduras) a exprimé son inquiétude face à l’augmentation des dépenses à des fins militaires, estimant qu’elles pourraient être mieux utilisées pour le bien commun et notamment pour répondre à des besoins sociaux urgents ainsi qu’à la réalisation de Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a ensuite expliqué que le Honduras était devenu, le 22 janvier 2021, le premier pays au monde à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a condamné les essais nucléaires et a demandé l’élimination des armes de destruction massive par le biais de négociations multilatérales.

Le représentant a ensuite insisté sur les conséquences du trafic illicite des armes conventionnelles sur l’environnement, ainsi que sur les problèmes humanitaires, socioéconomiques et de santé publique qui en découlent.  Il a déploré l’impact effroyable pour les hommes, les femmes, les garçons et les filles de la fabrication, du transfert et de la circulation illicites des armes légères et de petit calibre.  Il a conclu en soutenant l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins exclusivement pacifiques, de manière à créer un espace sûr, stable, accessible et pacifique.

Mme BONNIE JENKINS (États-Unis) a déclaré que la prorogation jusqu’en 2026 du Traité New START avait marqué la relance de la diplomatie américaine du désarmement, cela grâce à l’ouverture d’un dialogue stratégique constructif avec la Russie.  Attachés à la transparence, les États-Unis le sont, la preuve étant que nous dévoilons désormais des informations jadis classées sur les stocks d’armes de destruction massive, a ajouté la représentante.  Mme Jenkins a également souligné l’attachement de son pays au respect du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui permet notamment une coopération internationale sûre en faveur des utilisations pacifiques de l’utilisation nucléaires par tous les États parties au Traité.  En outre, les États-Unis appuient le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et ils respecteront le moratoire en place jusqu’à son entrée en vigueur.

Certains pays poursuivent des politiques visant à saper le régime multilatéral de non-prolifération, posant de graves dangers nucléaires qui rappellent la nécessité partagée de se garder de toute course aux armements, a par ailleurs souligné Mme Jenkins.  La représentante a en outre condamné l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie, ajoutant que les auteurs de ces violations des normes établies par le Conseil de sécurité devaient répondre de leurs actes devant des juridictions internationales.  Elle a conclu en estimant que, face à un environnement sécuritaire actuellement complexe, la communauté internationale devait resserrer ses rangs et faire preuve d’innovation et d’un esprit d’unité. 

M. ALEXANDER KMENTT (Autriche), dans une délégation préenregistrée, a déclaré que la majorité des États rejetait l’illusion qu’il était possible d’avoir la sécurité par la dissuasion.  Sur le TNP, il a expliqué attendre 2022 et la dixième Conférence d’examen et a appelé les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre ce traité.  Il faut construire sur les engagements du passé, a-t-il insisté.

Le Représentant a de plus expliqué qu’une résolution serait présentée sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et a invité les États à la coparrainer.  Il est encore temps de prendre des normes contre les systèmes létaux autonomes, a-t-il estimé par ailleurs.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a attiré l’attention sur le lien entre désarmement et développement, notant l’aggravation des grands déséquilibres entre les dépenses militaires mondiales et le montant de l’aide au développement en direction de pays confrontés directement aux crises sanitaire et climatique.  Nous disposons collectivement de suffisamment de richesses et de ressources pour loger, nourrir et assurer une vie digne à tous, il est par conséquent regrettable que le monde continue de détourner d’énormes ressources vers la production d’armes, laissant insatisfaits des besoins de base tels que l’alimentation, la santé et l’éducation, a déclaré Mme Hussain.  La représentante a exhorté les pays à renoncer à dépenser « des milliards dans des arsenaux qui ne font que créer un faux sentiment de force et de sécurité », et à réorienter ces ressources vers la réalisation des objectifs de développement durable.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a dénoncé les États-Unis, qui dépensent des milliards dans le développement de leurs arsenaux nucléaires au moment où la crise sanitaire exige l’engagement humanitaire de tous en faveur des pays les plus touchés, socialement, économiquement par la pandémie de COVID-19.  L’embargo des États-Unis imposé à Cuba reste le principal obstacle à notre développement socioéconomique, a ajouté le représentant, avant d’appeler à davantage de coopération internationale et de soutien à ceux des pays qui en font la demande, pour lutter efficacement contre la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Toutefois, a poursuivi M. Pedroso Cuesta, la mise en œuvre d’un instrument tel que le Traité sur le commerce des armes doit s’effectuer dans le respect du droit à la légitime défense tel que la Charte le consacre.

Par ailleurs, le représentant a indiqué que son pays était en faveur de la création d’un d’instrument juridiquement contraignant pour empêcher la militarisation dans l’espace extra-atmosphérique et permettre aux États Membres de bénéficier d’une exploitation responsable des ressources spatiales.

M. NAZIM KHALDI (Algérie) a souligné la mise en œuvre urgente du TNP et a appelé les États en possession d’armes nucléaires, qui ont la plus grande responsabilité du désarmement, à s’engager dans le désarmement.  Le représentant a appelé au respect des engagements passés à l’occasion de la prochaine Conférence d’examen du TNP.  Il s’est en outre félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qu’il a qualifié de jalon sur la voie de la délégitimation des armes nucléaires.  Il a dit considérer le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) comme un élément clef de l’architecture de désarmement et de non-prolifération et a invité tous les pays qui n’avaient pas encore ratifié l’Annexe 2 à le faire.   Il a par ailleurs rappelé que l’Algérie était Coprésidente de la Conférence de l’article XIV du TICE.  M. Khaldi a par ailleurs rappelé l’existence en Afrique d’une zone exempte d’armes nucléaires instituée par le Traité de Pelindaba et a demandé aux États d’y adhérer.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a rappelé que la résolution relative au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale avait été adoptée par consensus lors de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, souhaitant que la dixième Conférence d’examen des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires soit l’occasion d’examiner la question, soulevée dans ce texte, du renforcement le régime juridique international multilatéral pour la maîtrise des armements et la non-prolifération des armes de destruction massive. 

Le Kirghizistan attachant une grande importance à la question de l’atténuation des conséquences environnementales de l’extraction de l’uranium et du cycle du combustible nucléaire associé aux activités de fabrication d’armes nucléaires, il avait aussi, lors de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, fait adopter une résolution sur le rôle de la communauté internationale dans la prévention de la menace radiologique en Asie centrale, a en outre, rappelé la représentante.  Mme Moldoisaeva a précisé que cette résolution note l’importance d’assainir les zones touchées par d’anciens usines d’extraction d’uranium et reconnaît la nécessité de concevoir et de promouvoir des programmes de gestion responsable et sûre des déchets radioactifs et toxiques en Asie centrale.  La représentante a souhaité que la Première Commission encourage la reprise d’échanges sur ces points lors de la présente session.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka), se référant à la déclaration de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement lors de l’ouverture du débat général, a déploré que les dépenses militaires aient atteint en 2020, soit en pleine pandémie, le chiffre astronomique de 2 000 milliards de dollars.  Ces ressources auraient pu être consacrées à l’aide en direction des pays les plus touchés sanitairement et économiquement par la COVID-19, a-t-il souligné.  Le représentant a par ailleurs rappelé le rôle dévastateur des armes légères et de petit calibre sur le plan régional, là où leur prolifération alimente les agissements des groupes terroristes et la violence armée.  Il a souligné l’importance de soutenir l’universalisation et la mise en œuvre des outils onusiens de désarmement visant les armes classiques.

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao), s’est dite préoccupée par l’augmentation des dépenses militaires mondiales, qui entrave les efforts visant à mobiliser le soutien nécessaire à la coopération et à l’aide humanitaire.  Elle a réaffirmé son ferme soutien aux efforts internationaux visant à rendre notre monde exempt d’armes nucléaires et a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les trois piliers du TNP.  Elle s’est également félicitée de l’entrée en vigueur, le 22 janvier 2021, du Traité d’interdiction des armes nucléaires, y voyant une étape importante dans le renforcement des normes mondiales contre les armes nucléaires.  La représentante a de plus exhorté les États Membres qui ne l’avaient pas encore fait à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

La représentante a conclu en réaffirmant son soutien ferme à la Convention sur les armes à sous-munitions et a souligné les besoins spécifiques nécessaires pour faire face aux graves conséquences des munitions non explosées héritées des guerres d’Indochine et du Viet Nam. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déclaré que le monde faisait face à des défis sécuritaires, et que des groupes de pays y développaient des technologies qui menaçaient la paix internationale.  Il a souligné la grande importance du TNP, pierre angulaire du désarmement et a soutenu la promotion de l’usage pacifique du nucléaire, invitant tous les États à y adhérer.  Il a appuyé le droit d’accéder à la technologie, à l’usage pacifique de l’énergie nucléaire.

Pour Bahreïn, le Moyen-Orient devrait être une zone sans armes nucléaires.  Il a rappelé que la Conférence d’examen du TNP de 1995 avait accueilli favorablement ce projet.  Il a de plus souligné que la dixième Conférence d’examen du TNP devrait être un succès et renforcer les points d’entente entre les États.  Il a conclu en insistant, jugeant particulièrement important de prévenir l’acquisition par l’Iran de l’arme nucléaire.

M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a déclaré que, face à la menace croissante du terrorisme dans le monde, il avait été possible d’adopter en juin dernier -par consensus- la résolution correspondant au septième Examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui fournit un cadre réglementaire et des orientations opérationnelles à plus de 40 entités des Nations Unies. 

Le représentant a ajouté que le trafic illicite des armes légères et de petit calibre et leurs munitions constituait un fléau dont les effets destructeurs sont incommensurables, dépassant la sphère de la sécurité internationale puisqu’il a un impact négatif sur le développement de toutes les sociétés.  À cet égard, M. Skoknic a salué les efforts déployés en juillet dernier par le Président et les États Membres pour faire en sorte que la septième Réunion biennale des États chargée d’examiner l’exécution du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre -la BMS7- soit couronnée de succès.  L’inclusion dans le document final d’un libellé portant sur la question spécifique du détournement des ALPC fut une avancée significative, a-t-il estimé.

M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni) s’est félicité de la prorogation du Traité New START, qui a contribué de manière significative à la sécurité et à la stabilité internationale, ainsi que du début d’un nouveau dialogue stratégique sur la stabilité entre les États-Unis et la Russie.  Il a également encouragé tous les États dotés d’armes nucléaires à s’engager dans des mesures similaires de transparence et de confiance mutuelle.  Le Royaume-Uni attend avec impatience la dixième Conférence d’examen du TNP, prévue en janvier 2022, dans laquelle il voit une occasion importante de célébrer le succès de ce traité et de s’engager à nouveau à le mettre en œuvre.

Le Représentant a par ailleurs remercié les États Membres, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales qui ont contribué au rapport du Secrétaire général sur la réduction des menaces spatiales par des normes, des règles et des principes de comportements responsables.  Il a conclu en mentionnant le fait que le Royaume-Uni présenterait une résolution durant cette session pour établir un groupe de travail à composition non limitée pour faire avancer les questions contenues dans ce rapport, et a appelé les États Membres à soutenir son initiative.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a appelé la communauté internationale à faire progresser les sociétés pour atteindre les objectifs de développement durable, ce qui suppose de les mettre à l’abri de tout risque de destruction massive par l’utilisation d’armes nucléaires.  Tous les pays du Moyen-Orient, y compris Israël, seul pays de la région à n’avoir pas ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, doivent contribuer à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite affirmé que l’Iran, par son obstination à dépasser les limites fixées par le Plan d’action global commun, notamment en poursuivant le développement d’un très dangereux programme de missiles balistiques, faisait peser une menace constante sur la sécurité internationale.

M. VORONTSOV (Fédération de Russie) a salué le « sobre pragmatisme » dont ont fait preuve les nouveaux États-Unis au cours des négociations ayant abouti à la prorogation du Traité New START jusqu’en 2026, « ce que nous avions toujours préconisé ».  Il a souligné que par le biais de cette prorogation, Russes et Américains avaient réaffirmé leur attachement au principe d’inadmissibilité de la guerre nucléaire.  En outre, les Présidents de la Russie et des États-Unis ont jeté les bases d’un véritable dialogue intégré sur la stabilité stratégique, dont l’objectif principal est de poser les jalons d’une future maîtrise des armements, a-t-il ajouté. 

Le représentant a toutefois averti que des problèmes subsistent, causés principalement selon lui par les actions menées par Washington pour tenter d’obtenir des avantages unilatéraux, lesquelles ont notamment conduit à l’effondrement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.  Il a pointé du doigt le développement par les États-Unis de leur système mondial de défense antimissile et son déploiement dans diverses régions du monde, qui, combiné à la construction de capacités d’armes non nucléaires de haute précision, font peser de graves menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le retrait américain du Traité « Ciel ouvert » a rompu l’équilibre des droits, obligations et intérêts de ses parties et causé de graves dommages à la sécurité internationale, a-t-il encore affirmé. 

M. Ermakov a ensuite déclaré que le temps était venu de réfléchir au désarmement multilatéral de demain, dans le cadre d’un dialogue inclusif ouvert à tous les États dotés de capacités nucléaires militaires.  Par ailleurs, il a fait part des inquiétudes de son pays quant au bien-fondé du partenariat conjoint AUKUS en matière de défense, qui liera les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie pour développer des capacités sous-marines nucléaires.  Il a notamment averti du risque potentiel que l’Australie, État non doté, soit utilisée pour déployer des armes nucléaires, ce qui serait source d’instabilité régionale et mondiale et irait à l’encontre des efforts de réduction des arsenaux d’armes nucléaires.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a déploré l’existence d’une prétendue stabilité stratégique proclamée par certaines puissances, alors même qu’existe une rivalité stratégique qui pousse à la rénovation et à la modernisation des arsenaux stratégiques.  Il a précisé que, l’année dernière, 72,6 milliards de dollars avaient été gaspillés pour l’achat d’armes nucléaires et que, malgré l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, les États dotés avaient continué à renforcer leurs arsenaux nucléaires.  Il a aussi déploré que le budget du Gouvernement américain pour 2022 prévoit de maintenir ou augmente le budget de chaque programme d’armement nucléaire proposé par l’administration Trump.

La prorogation du Traité New START par les États-Unis et la Fédération de Russie est futile si elle n’est pas complétée par d’autres actions tangibles pour détruire les armes nucléaires, a encore insisté M. Ravanchi.  Le représentant a exhorté les États-Unis, « seul détenteur d’armes chimiques », à détruire leur arsenal chimique et à retirer leur réserve au Protocole de Genève.

Le représentant a ensuite souligné que l’Iran avait adhéré aux termes du Plan d’action global commun, alors que les États-Unis et les pays européens parties à l’Accord n’avaient pas respecté leurs obligations.  Il a conclu en indiquant que la République islamique d’Iran présenterait un projet de résolution biennale sur le « suivi des obligations en matière de désarmement nucléaire convenues lors des conférences d’examen du TNP », ajoutant qu’il espérait qu’elle serait adoptée sans vote.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a déclaré que l’Argentine avait construit une politique de sécurité internationale et de non-prolifération à deux niveaux: le premier concerne le respect du droit au développement et à l’utilisation pacifique des technologies avancées, et le second sur la non-prolifération des armes de destruction massive, qu’elles soient nucléaires, chimiques ou biologiques.

La représentante a de plus mentionné l’important programme nucléaire, à des fins exclusivement pacifiques, du pays, ajoutant que l’Argentine était productrice et exportatrice de technologie nucléaire dans le cadre du respect le plus strict du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, lequel reste la pierre angulaire du régime de désarmement.  La prochaine Conférence d’examen du TNP, qui sera présidée par l’Argentine, permettra d’insister sur l’importance de maintenir l’équilibre entre les obligations et les droits des États parties qui, aujourd’hui, après plus de 50 ans, reste valable, a poursuivi Mme Squeff.

La représentante a rappelé que l’Argentine faisait partie d’une région qui, historiquement, avait été à l’avant-garde dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, avant même l’entrée en vigueur du TNP.  La contribution à la paix et à la sécurité régionales et mondiales apportée par le Traité de Tlatelolco de 1967 a été réelle et efficace, a-t-elle fait valoir.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a déclaré qu’alors que les armes biologiques représentent un risque existentiel, la Convention sur les armes biologiques et à toxines souffrait d’un manque persistant de financement. Son organe de mise en œuvre doit être considérablement élargi et renforcé.  La Lettonie condamne l’utilisation d’armes chimiques au titre des armes de destruction massive.

Concernant la prolifération des armes conventionnelles, « aggravée par la COVID-19 » et qui entraînent des souffrances effroyables dans le monde entier, la Lettonie, qui a assuré la vice-présidence de la septième Réunion biennale des États parties au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, s’efforce de mettre l’accent sur la lutte contre la violence armée ciblant les femmes, a expliqué M. Pildegovičs.  De même, le soutien du pays au Programme pour les femmes, la paix et la sécurité reste intangible, la Lettonie étant convaincue du lien étroit entre sécurité mondiale et participation égale des femmes aux activités en faveur de la paix, a ajouté le représentant. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est dit convaincu que sans avancées majeures en matière de désarmement et de non-prolifération, le régime de non-prolifération ne resterait qu’une utopie.  Il a appelé à tirer parti de la prochaine Conférence d’examen du TNP, « le traité qui reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération ».  Le représentant a exhorté la communauté internationale à se mobiliser en vue de renforcer les instruments juridiquement contraignants en matière d’armes chimiques et d’armes biologiques.

Pour la Côte d’Ivoire, il importe en outre de prendre des mesures fortes pour assurer la gouvernance des technologies de l’information et des communications et M. Ipo a salué le projet de cadre de comportement responsable dans le cyberespace.  La Côte d’Ivoire est d’autre part opposée à la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et encourage une utilisation coopérative de cet espace au service de tous. 

M. Ipo a estimé que les armes légères et de petit calibre alimentent le terrorisme et la criminalité urbaine en Afrique de l’Ouest, Il a rappelé que son pays venait de connaître son premier attentat terroriste avec engin explosif improvisé.  Dès lors, la Côte d’Ivoire souhaite l’opérationnalisation des mécanismes régionaux du désarmement.

M. SULTAN NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’incapacité de la communauté internationale à réaliser des progrès réels et tangibles dans le domaine du désarmement nucléaire et de la mise en œuvre des engagements pris dans ce cadre, ainsi qu’à l’incapacité d’atteindre l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a souligné la nécessité d’engager un dialogue global et équilibré pour le succès de la dixième Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération nucléaire, qui se tiendra à New York en début d’année prochaine, en adoptant un document global reflétant un consensus plus large dans le domaine du désarmement, en réalisant l’universalité du Traité et en créant une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Le représentant a par ailleurs expliqué que, dans le domaine de la cybersécurité, la Jordanie soutenait les efforts internationaux visant à renforcer la sécurité des communications et des technologies de l’information pour protéger les pays de toute attaque qui porterait atteinte à leurs intérêts.

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a déclaré que la coopération internationale était indispensable pour parvenir à un monde pacifique et prospère, surtout lorsque le paysage géopolitique continue d’évoluer comme aujourd’hui.  « C’est pourquoi il est de notre responsabilité collective de mettre un terme au risque des menaces pour la sécurité et de travailler pour maîtriser les armements », a-t-il estimé.

Le représentant a dit appuyer les efforts internationaux visant à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires et a réaffirmé son attachement aux obligations internationales au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a émis l’espoir que la dixième Conférence d’examen du TNP tant attendue serait à la hauteur de ces attentes et produirait des résultats tangibles.  Il a noté que cette année marquait le vingt-cinquième anniversaire de l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), qui n’est pas encore entré en vigueur.  La Thaïlande demande aux États visés à l’Annexe 2 du TICE de ratifier sans délai le Traité.

M. Prongthura a estimé que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour revitaliser le Plan d’action global conjoint sur le nucléaire iranien.  Il a encouragé toutes les parties à s’engager dans le dialogue de Vienne et a appelé l’Iran à en revenir au plein respect de l’Accord.  Il a soutenu la reprise des efforts diplomatiques pour dénucléariser la péninsule coréenne.  La Thaïlande appelle la République populaire démocratique de Corée à se conformer pleinement à ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.

M. Prongthura a déclaré attacher la plus haute importance au Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, afin de promouvoir la capacité des États Membres à lutter contre la contrebande et la prolifération de ces armes.  En outre, la Thaïlande est fière de présider le Comité d’assistance aux victimes dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des mines.  Enfin, le représentant a affirmé que son pays consacrait tous les efforts possibles aux opérations de déminage, ajoutant qu’à ce jour, plus de 95% des zones du pays contaminées par les mines avaient été nettoyées.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a regretté que la pandémie actuelle de COVID-19 continue d’affecter les efforts globaux en matière de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération.  Le Traité New START reste le seul mécanisme de contrôle des armes non conventionnelles mis en place après la disparition du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires en raison de son non-respect prolongé par la Fédération de Russie, a-t-il ajouté.  Pour la Pologne, le dialogue bilatéral en cours entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la stabilité stratégique devrait jeter les bases de futures discussions sur de telles forces.  Le représentant s’est dit favorable à l’extension du dialogue à la Chine.

M. Szczerski a souligné que la Pologne attachait une grande importance à la Convention sur certaines armes classiques et au travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Il a affirmé que la Pologne était un fervent défenseur d’un cyberespace libre, ouvert, stable et sûr et a appelé tous les acteurs à mettre fin aux activités malveillantes dans le cyberespace.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a reproché à certains États d’avoir bafoué certains traités internationaux en matière de désarmement et a salué la prorogation du Traité New START entre la Fédération de Russie et les États-Unis.  Le représentant a également demandé à la Chine de participer activement au processus de désarmement et de non-prolifération.  Alors que la dixième Conférence d’examen du TNP approche, l’Estonie a défendu une approche progressive et réaliste pour aller de l’avant, a poursuivi le représentant.  L’Estonie regrette que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur.  Elle soutient en outre le Plan d’action global commun et appelle l’Iran à revenir aux négociations de Vienne et à pleinement collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. 

Toute utilisation d’armes chimiques doit faire l’objet d’une enquête impartiale, a exigé le représentant, et, à cet égard, l’Estonie réaffirme son soutien à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Le représentant a également appelé à veiller à la sécurité du cyberespace et à s’y comporter de manière responsable.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a plaidé pour un monde sûr pour les générations à venir, c’est-à-dire exempt d’armes nucléaires.  C’est en ce sens que son pays est partie au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, dont, a expliqué le représentant, la composante humanitaire et les dispositifs de surveillance des catastrophes naturelles représentent une plus-value à laquelle le Timor-Leste est très attaché.  En tant que pays jeune, nous appuyons tout particulièrement les projets de résolution liant paix, sécurité et développement durable ainsi que celles encourageant la participation de la jeunesse et des femmes aux activités onusiennes de désarmement, a ajouté M. Nunes.

Mme DUNCAN (Nouvelle-Zélande) a estimé qu’en ce qui concerne la maîtrise des armements, il y avait de bonnes nouvelles, comme le Traité New START, mais a ajouté qu’il semblait aussi y avoir de nombreux revers.  La mécanique de désarmement onusienne semble dans l’impasse, a-t-elle regretté.  Le premier pilier, la non-prolifération, montre à quel point il est urgent de mettre en place le désarmement nucléaire; nous sommes engagés dans un grand pacte et le monde attend.  La représentante a ensuite rappelé que la Nouvelle-Zélande faisait partie d’une zone exempte d’armes nucléaires, tout en rappelant qu’il existait dans la région un passé vis-à-vis du nucléaire.  Elle s’est aussi dite préoccupée par l’utilisation d’armes chimiques.

Mme Duncan a appelé à créer la sécurité dans le cyberespace et à y obtenir un comportement responsable de chacun.  C’est par le travail commun et le partage de nos ambitions que nous pourrons progresser sur le chemin de la paix, a-t-elle conclu.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déclaré qu’il était injustifiable et inacceptable qu’au cours de la sixième année de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et au milieu d’une crise sanitaire sans précédent, de plus en plus d’argent soit dépensé pour développer, moderniser et tester des armes de toutes sortes, mettant en danger l’ensemble de l’humanité.

Le représentant a estimé qu’il est nécessaire de renforcer le régime juridique de l’espace extra-atmosphérique afin de garantir la sécurité et la transparence dans la conduite des activités spatiales.  Comme chaque année, a-t-il ajouté, le Nicaragua coparrainera les résolutions déposées par la Fédération de Russie au sein de cette Commission et visant à prévenir la course aux armements dans l’espace.

M. Castillo a insisté sur le fait que son pays s’était engagé à prévenir, combattre et éradiquer le trafic illicite d’armes, ajoutant qu’il avait pris des mesures à cette fin.  Il a conclu en notant que beaucoup avait été dit sur la stagnation du mécanisme de désarmement, mais que le vrai problème n’avait pas encore été résolu, à savoir l’absence de volonté politique de certains États de faire de réels progrès, notamment dans le domaine du désarmement nucléaire.

M. ARTSIOM TOZIK (Bélarus) a estimé qu’il fallait reprendre un dialogue international de grande ampleur pour restaurer la confiance.  Après avoir salué le Traité New START et la reprise du dialogue entre les États-Unis et la Fédération de Russie, le représentant a dit attacher une importance fondamentale à ce que les États dotés d’armes nucléaires fournissent des garanties aux États non nucléaires.  Le TNP reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération, a-t-il rappelé.  Le représentant a en outre souligné l’importance du régime des zones exemptes d’armes nucléaires mais a regretté que celles-ci soient absentes du continent européen.

Par ailleurs, le représentant a estimé que le cyberespace devait être régi par l’ONU, et il a apporté le plein soutien de son pays à l’initiative de la Chine sur le cyberespace.  En matière de lutte contre le terrorisme, il a jugé essentielle la résolution 1540 (2003) du Conseil de sécurité pour empêcher les acteurs non étatiques d’accéder à des armes de destruction massive.  Il s’est enfin opposé à toute utilisation de l’ONU pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a déclaré qu’il n’y aurait pas de paix sans désarmement complet.  Il a déclaré que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires rapprochait le monde de l’objectif de l’élimination des armes nucléaires.  Il a rappelé le soutien de son pays à l’utilisation nucléaire à des fins pacifiques.  Le représentant a en outre condamné l’utilisation des armes chimiques et s’est déclaré favorable à leur élimination complète.  Il a apporté le soutien du Venezuela à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) mais s’est dit opposé à sa politisation. 

Le représentant a rappelé que toute utilisation de l’espace extra-atmosphérique devait se faire à des fins exclusivement pacifiques.  Enfin, pour le Venezuela, le non-recours en premier à l’utilisation des armes nucléaires devrait être une mesure de bon sens, mais le représentant a estimé que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) éloignait le monde de cet objectif.

Droits de réponse

La Fédération de Russie a rejeté les « insinuations » du Royaume-Uni et de l’Allemagne relatives à sa participation à l’utilisation de produits chimiques paralysants.  Londres refuse de discuter sur ce qui s’est passé à Salisbury en 2018; on nous a refusé de coopérer, s’est emporté le représentant, qui a affirmé que de nombreuses notes verbales de son pays avaient été ignorées.  Concernant M. Navalny, nous n’avons pas reçu d’assistance pour mettre au clair cet incident, a ajouté le représentant, qui a assuré que son pays « voulait la vérité » concernant cet incident.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a utilisé son droit de réponse après les déclarations de certains pays européens.  Comme on le voit, les États-Unis continuent leur politique hostile à notre encontre, a déclaré le représentant.  En faisant des essais, nous ne faisons que nous défendre et renforcer notre capacité militaire pour faire face aux menaces à notre encontre, a assuré le représentant.  Pour la RPDC; seule la dissuasion peut garantir la paix sur la péninsule coréenne.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: retour des pétitionnaires, venus s’exprimer sur la décolonisation de plusieurs territoires non autonomes

Soixante-seizième session,
3e séance plénière - matin
CPSD/730

Quatrième Commission: retour des pétitionnaires, venus s’exprimer sur la décolonisation de plusieurs territoires non autonomes

Après leur absence exceptionnelle l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, les pétitionnaires ont fait, ce matin, leur retour à la Quatrième Commission, (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), pour y faire entendre leurs voix au sujet des Îles Vierges britanniques, de la Polynésie française, de Gibraltar, de Guam et du Sahara occidental, cinq des 17 territoires non autonomes figurant sur la liste établie par l’ONU.

Nombreux ont été ceux à prendre aujourd’hui la parole sur la question du Sahara occidental, à commencer par le représentant du Front POLISARIO, M. Sidi Mohamed Omar, qui a fustigé l’« occupation illégale », depuis 1975, du territoire par le Maroc et ses tentatives d’imposer un « fait accompli » et de « s’opposer à sa décolonisation ».

Voilà près de trois décennies que le Front POLISARIO s’est engagé en faveur d’une solution durable et pacifique à la situation dans le territoire et « nous avons progressé en ce sens », « notamment avec la tenue d’élections justes appuyées par les parties et le Conseil de sécurité », a argué l’intervenant.  Il s’est cependant désolé de l’absence d’« action décisive » de la part de la communauté internationale s’agissant du « mépris du Maroc » pour les mandats de l’ONU.  Le Front POLISARIO, a-t-il ajouté, ne renoncera jamais aux moyens légitimes de réaliser le droit à l’autodétermination, a-t-il ajouté en conclusion.

Le Front POLISARIO a essuyé les critiques de nombreux autres pétitionnaires, comme Nancy Huff, de Teach the Children International, qui lui a notamment reproché le « détournement » de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf, pour être « vendue sur le marché noir », citant un rapport rendu public en 2014 par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).  Elle a défendu le plan d’autonomie proposé par le Maroc, plusieurs autres intervenants apportant à sa suite leur soutien à cette initiative.  M. Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, « docteur en politologie », a estimé que ne pas soutenir « la marocanité du Sahara » équivaudrait à appuyer une nouvelle « balkanisation » du continent africain.

M. Daniel Dart Richert, de DEC Projects, s’est en revanche dit consterné par les actions du Maroc et « le silence et la complaisance des Nations Unies », tandis que M. Agron Pali a assuré qu’il n’existe pas de liens de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, ce que reconnaissent le droit international et l’Assemblée générale elle-même, qui qualifie la présence marocaine « d’acte d’occupation ».  Constatant que le Sahara occidental serait le seul territoire non autonome parmi ceux inscrits à l’ordre du jour de la Commission sans puissance administrante, le pétitionnaire a estimé que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ne saurait lui être plus longtemps refusé.

Par ailleurs, M. Edouard Fritch, le Président de la Polynésie française, s’est également adressé aujourd’hui à la Commission, en expliquant qu’il militait depuis 35 ans en faveur d’une large autonomie de son territoire, « qui ne vit ni une situation d’oppression, ni une situation de prédation de ses richesses ».  Sur le dossier nucléaire, le travail se poursuit en concertation avec l’État français, a-t-il affirmé.  M. Fritch a assuré que l’État français et la Polynésie ont la volonté commune de répondre aux attentes des Polynésiens à ce sujet, demandant à la Quatrième Commission qu’elle y consacre un paragraphe dans sa résolution annuelle, « pour consacrer l’adhésion de son gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Le Président a déclaré que la Polynésie française, pays doté d’une large autonomie, y compris financière, « tient les rênes » de son développement socioéconomique.  « Aujourd’hui, a-t-il souligné, mon peuple désire conserver ce statut particulier au sein de la République française, un statut qui nous confère suffisamment de compétences pour forger notre avenir comme bon nous semble ».  Tel n’a pas été l’avis de M. Carlyle Corbin, qui a déclaré que les réformes internes entreprises en Polynésie française ne constituaient pas une décolonisation et que seul un véritable processus supervisé par les Nations Unies ferait foi.  Mme Chantal Minarii Galenon, de Tavini Huiraatira, a également dénoncé les tentatives « illusoires » du représentant de l’actuel Gouvernement de justifier le « néocolonialisme ».  Mentionnant les 30 années d’essais nucléaires français en Polynésie française, elle a souligné la difficulté à obtenir une justice réparatrice pour les victimes.

Gibraltar a également figuré à l’ordre du jour de cette séance, M. David Liston s’exprimant au nom du Ministre principal de ce territoire, en le qualifiant de « nation ».  Estimant qu’il n’y avait pas de recette universelle applicable, il a exhorté le Comité spécial de la décolonisation à se rendre à Gibraltar.  S’ils refusent toujours de le faire, comment peuvent-ils avoir un point de vue exact sur ce qui s’y passe? s’est-il demandé, avant de les exhorter à « sortir de leurs bureaux ».  Le Conseil européen a donné son feu vert à un accord avec l’Union européenne, que nous souhaiterions, mais s’il est impossible de l’obtenir, nous ferons sans, a prévenu M. Liston.

Enfin, le Vice-Gouverneur de Guam, M. Joshua F. Tenorio, a regretté que les dirigeants élus et nommés de la Puissance administrante ne manifestent aucun intérêt quant aux attentes que ce territoire nourrit depuis longtemps de changer et d’améliorer son statut politique.  Heureusement, ce manque d’intérêt ne s’est pas manifesté dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  « Guam a en effet reçu une aide comme le reste des 50 États et autres territoires américains, y compris une assistance directe aux individus et aux familles », s’est donc félicité M. Tenorio, en précisant que cela concernait aussi les programmes de vaccination.

Le Vice-Gouverneur a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que la concurrence géopolitique dans l’Indopacifique, sa région, a entraîné une expansion militaire importante à Guam et des investissements de plusieurs milliards de dollars dans la défense et les infrastructures civiles de l’île.  Cette militarisation est « un fardeau et un sacrifice » pour l’environnement même si elle a eu un impact positif sur certains secteurs de l’économie insulaire, a-t-il reconnu.

La prochaine séance publique de la Quatrième Commission se tiendra demain, jeudi 7 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Pétitionnaires des Îles Vierges britanniques

M. NATALIO D. WHEATLEY, Vice-Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, a rappelé que les relations entre le territoire et le Royaume-Uni s’étaient détériorées au cours des dernières années, la Puissance administrante ayant adopté une posture hostile, renforcée par la décision du Gouverneur du Royaume-Uni de s’ingérer dans les affaires relevant des Îles Vierges britanniques.  Elles se sont aggravées lorsque l’ancien Gouverneur du Royaume-Uni a voulu ouvrir une enquête sur une soi-disant affaire de corruption au sein des Îles.  Cette annonce officielle s’est faite afin de ternir notre réputation en l’absence de toute présomption d’innocence.  Une équipe de juristes s’en est chargée, financée par le Royaume-Uni.  À cet égard, les chefs de gouvernement de la CARICOM ont fait part de leur consternation.  Le droit à l’autonomie doit être respecté dans les Îles Vierges britanniques, a-t-il insisté.

Malgré les perturbations liées à cette enquête, les fonctionnaires ont coopéré, car ils n’ont rien à cacher.  Ceci étant, cela nous prive d’un temps précieux alors que la saison des ouragans arrive et que la pandémie n’est toujours pas jugulée.  L’enquête avance maintenant vers une remise en question de la capacité du Gouvernement local, ce qui suscite la suspicion de notre part quant aux motivations de l’enquête.  M. Wheatley s’est dit préoccupé par le fait que le Gouvernement britannique essaie de reprendre la gestion des finances au Gouvernement local.  « Cela est une violation du droit international et de notre droit à l’autonomie », a-t-il dénoncé.  Il a cependant insisté sur le fait qu’il se tenait prêt à coopérer en tant que partenaire avec le Royaume-Uni, comme c’est le cas pour la lutte contre la pandémie.

Selon le pétitionnaire M. ELIEZER BENITO WHEATLEY, les relations entre les Îles Vierges britanniques et le Royaume-Uni se sont détériorées à un point tel que l’attention de l’ONU est devenue nécessaire pour aider à trouver une voie de sortie.  Le partenariat moderne qui existait entre le territoire et sa Puissance administrante s’est en grande partie rompu après une période de relations tendues de 2011 à aujourd’hui.  Il existe un profond sentiment de méfiance, a estimé l’intervenant, pour qui, en conséquence, l’engagement politique a pris une tournure négative.  Cela se reflète, selon lui, dans l’absence d’un dialogue politique permanent de haut niveau entre Londres et le Gouvernement du territoire et le récent recours brutal du Royaume-Uni à une commission d’enquête dans les Îles Vierges britanniques.  Plutôt que d’envisager des propositions visant à suspendre la Constitution des Îles Vierges britanniques et à imposer un contrôle direct à la conclusion de la commission d’enquête, le Royaume-Uni devrait engager un dialogue avec le Gouvernement du territoire sur les aspirations de la société pour la décennie à venir, conformément à l’appel des Nations Unies à la décolonisation pour être achevée en 2030.  Il a réitéré la demande adressée à la Quatrième Commission de dépêcher une mission de visite dans les Îles Vierges britanniques.

Pétitionnaires de la Polynésie française

Le Président de la Polynésie française, M. EDOUARD FRITCH, a expliqué qu’il militait depuis 35 ans pour une large autonomie de son territoire, « qui ne vit ni une situation d’oppression, ni une situation de prédation de ses richesses ».  Cette large autonomie ne l’a pas empêché de pouvoir compter sur le soutien de la France pour soutenir ses efforts de lutte contre la COVID-19, a expliqué M. Fritch, notamment par l’envoi d’équipes médicales, des évacuations médicales et l’obtention de 350 000 doses de vaccins ce qui a permis de vacciner 70% des Polynésiens.

Sur le plan économique et financier, plus d’un milliard de dollars ont été mobilisés en un an et demi, 30% par le Gouvernement de la Polynésie française et 70% par l’État français afin de soutenir les entreprises et les familles polynésiennes durant cette période de crise.  Pour financer la relance économique, deux prêts d’un montant total de 680 millions de dollars garantis par l’État français ont été consentis pour financer les mesures d’urgence, sauver les régimes de protection sociale et à engager les premières mesures de relance.  Ces gestes réels et avérés sont une manifestation concrète de la solidarité de la France envers le territoire autonome et ses habitants, a souligné le Président Fritch, qui s’est dit reconnaissant envers l’État français et a salué ainsi le renforcement de ses liens de partenariat.

La Polynésie française est engagée dans la lutte contre les changements climatiques avec un plan climat et énergie, qui mise sur une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030 et sur l’énergie solaire.  M. Fritch a aussi interpelé l’opinion publique internationale pour qu’elle fasse pression et mette fin à la pêche illégale dans le Pacifique.  Lors du dernier Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (IUCN), la Polynésie a officiellement lancé cet appel, a rappelé le Président dont le territoire travaille avec les pays membres du Forum du Pacifique à l’élaboration et à l’adoption de la déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Le Président a lancé un appel solennel aux nations du monde pour qu’elles ralentissent le réchauffement de la planète « parce qu’il y va de la vie des générations actuelles et futures ».

Alors que la Polynésie fait l’objet, ici, d’un débat sur la décolonisation, nous sommes perturbés et très préoccupés, a avoué le Président, par les confrontations géopolitiques et géostratégiques dans le Pacifique.  Ne croyez-vous pas que ce sujet est plus vital pour l’équilibre du monde que celui de la « décolonisation de la Polynésie »? a demandé le Président.

Sur le dossier nucléaire en Polynésie française, le travail se poursuit en partenariat et en concertation avec l’État français, a-t-il affirmé.  Une grande table ronde a été organisée à Paris au début du mois de juillet dernier, intitulée « Justice et vérité sur les essais nucléaires en Polynésie » et des annonces ont été faites par le Président de la République française sur notamment, l’ouverture des archives et l’indemnisation des victimes.  M. Fritch a assuré que l’État français et la Polynésie ont la volonté commune de répondre aux attentes des Polynésiens sur ce sujet.  Il a demandé que la Commission y consacre un paragraphe dans sa résolution annuelle sur la Polynésie française, pour consacrer l’adhésion de son gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Avant de conclure, le Président a déclaré que la Polynésie française, pays doté d’une large autonomie, y compris financière, tient les rênes de son développement socioéconomique.  Aujourd’hui, a-t-il souligné, mon peuple désire conserver ce statut particulier au sein de la République française, un statut qui nous confère suffisamment de compétences pour forger notre avenir comme bon nous semble.  La Polynésie française n’est pas une colonie qu’il faut « décoloniser », a-t-il martelé, et l’indépendance n’est pas la seule voie ou « le miracle » qui permet à un peuple d’accéder au bonheur.  La dignité d’un peuple ne se construit pas nécessairement dans l’indépendance.  D’autres voies sont possibles, et elles sont évoquées dans la Charte des Nations Unies, a conclu M. Fritch en invitant les membres du Comité spécial sur la décolonisation à se rendre dans son territoire.

M. CARLYLE CORBIN, Projet d’Études de Dépendance, a déclaré que les réformes internes entreprises dans des territoires tels que la Polynésie française ne constituaient pas une décolonisation et que seul un véritable processus de décolonisation supervisé par les Nations Unies ferait foi.  Il a conclu en rappelant que le statut de territoire non autonome n’était qu’un prélude à la réalisation de la pleine mesure d’autonomie avec une égalité politique absolue, conformément à l’Article 73(b) de la Charte des Nations Unies.

Mme CHANTAL MINARII GALENON, Assemblée de la Polynésie française, a déclaré que le statut politique de la Polynésie française n’avait pas changé depuis 2013, malgré les tentatives « illusoires » du représentant de l’actuel Gouvernement de justifier le néocolonialisme.  Mentionnant les 30 années d’essais nucléaires français en Polynésie française, elle a souligné la difficulté à obtenir une justice réparatrice pour les victimes.  L’intervenante a conclu en citant Emmanuel Macron, qui avait déclaré que la colonisation était un crime et lui a demandé de joindre l’acte à la parole.

M. MOETAI BROTHERSON, Assemblée de la Polynésie française, a déclaré que le 17 mai 2013, l’Assemblée générale de l’ONU a remis Ma’ohi Nui - Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.  Il a déploré que la Puissance administrante adopte deux positions très différentes sur deux territoires similaires.  Pour la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, la participation et la coopération totales, avec des missions de l’ONU supervisant les trois référendums depuis le début; pour Ma’ohi Nui, depuis 2013, le déni, la défiance et le mépris des résolutions de l’ONU adoptées depuis le 17 mai 2013, a-t-il soutenu en conclusion.

Pétitionnaires de Gibraltar

M. DAVID LISTON, représentant de Gibraltar aux États-Unis, au nom du Ministre principal de Gibraltar, a déclaré que cela fait 317 ans que la « nation » de Gibraltar existe.  « Notre histoire en tant que nation est plus longue que celle de l’Italie, de l’Allemagne ou des États-Unis.  Le peuple de Gibraltar est caractérisé par des vagues migratoires venant de toute la planète », a-t-il affirmé.  C’est ce peuple qui doit choisir le destin qu’il souhaite.  Nous sommes protégés par l’ONU et c’est la raison pour laquelle nous sommes inscrits sur la liste de territoires non autonomes.  Il a estimé avoir le droit de choisir d’exercer notre droit à l’autodétermination et à la décolonisation.

Les trois premières décennies pour l’élimination de la décolonisation ont échoué, a estimé le pétitionnaire, car il n’y a pas de recette universelle.  Il a exhorté le Comité spécial des Vingt-Quatre à se rendre à Gibraltar.  S’ils refusent toujours de le faire, comment peuvent-ils avoir un point de vue exact sur ce qui s’y passe? s’est-il demandé, avant de les exhorter à « sortir de leurs bureaux ».  Pendant longtemps, nous avons eu une situation conflictuelle avec l’Espagne, a-t-il rappelé, car elle demandait à exercer un droit sur Gibraltar.  Or, le peuple de Gibraltar a droit à sa terre, comme elle se trouve aujourd’hui, et non pas à travers le prisme de celui qui prévalait il y a 300 ans.  Le Conseil européen a donné son feu vert à un accord avec l’Union européenne, mais s’il est impossible d’avoir un accord, nous ferons sans, même si nous préférerions avoir un accord, a-t-il estimé.  Cela va dans notre intérêt, mais aussi dans celui de nos voisins espagnols.  Il a rappelé qu’environ 15 000 personnes, dont 9 000 ressortissants espagnols, travaillent à Gibraltar.  Enfin, il a rappelé qu’il était plus que prêt à occuper toute sa place au sein des Nations.  Nous vous demandons d’écouter, mais aussi d’agir, car vous en avez le devoir, a-t-il conclu.

Pétitionnaires de GUAM

Le Vice-Gouverneur de Guam, M. JOSHUA F. TENORIO, a regretté que les dirigeants élus et nommés de la Puissance administrante ne montrent aucun intérêt à répondre au désir que Guam nourrit depuis longtemps maintenant de changer et d’améliorer son statut politique.  Les tribunaux américains, s’est-il expliqué, ont rejeté la proposition du Gouvernement territorial d’organiser un référendum non contraignant.  Ces décisions de justice sont conformes à une pratique ancienne consistant pour les États-Unis à s’impliquer dans les affaires intérieures de Guam, dans certains cas, et dans d’autres, à considérer Guam comme un territoire étranger hors des frontières nationales.  Tout dépend de ce qui est le plus avantageux à un moment donné, a dénoncé le Vice-Gouverneur.

Heureusement, a-t-il tout de même reconnu, le manque d’intérêt de la Puissance administrante pour la décolonisation de Guam ne s’est pas manifesté dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Guam a en effet reçu une aide comme le reste des 50 États et autres territoires américains, y compris une assistance directe aux individus et aux familles.  Guam a été incluse dans les programmes de vaccination, a ajouté le Vice-Gouverneur, en remerciant la Puissance administrante pour son soutien.  Il a salué l’inclusion « temporaire » de Guam dans plusieurs programmes d’aide intérieure auxquels il n’avait pas accès ou un accès limité.  Le Vice-Gouverneur s’est dit confiant et optimiste quant à la pérennisation de ces « bonnes politiques » d’accès à la santé et de lutte contre la pauvreté.

Malgré ces progrès, il s’est dit déçu qu’aucun ressortissant des territoires n’ait été nommé à la Maison Blanche pour participer à l’élaboration et à l’administration des programmes consacrés aux « zones insulaires », alors qu’il faut « une approche spécialisée » pour y apporter de véritables améliorations.

Le Vice-Gouverneur a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que la concurrence géopolitique dans l’Indopacifique, sa région, a entraîné une expansion militaire importante à Guam et des investissements de plusieurs milliards de dollars dans la défense et les infrastructures civiles de l’île.  C’est « un fardeau et un sacrifice » pour l’environnement même si cette expansion a un impact positif sur certains secteurs de l’économie insulaire.  La militarisation de Guam, a rappelé le Vice-Gouverneur, a déjà suscité l’intérêt de trois Rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l’homme qui ont rendu publique une lettre conjointe au Gouvernement américain, exprimant leur inquiétude quant aux graves violations potentielles des droits de l’homme commises contre par le peuple autochtone Chamorro.

Le Vice-Gouverneur a regretté que la demande du Gouverneur de Guam de discuter de ces allégations avec la Puissance administrante soit restée lettre morte.  Il a donc demandé une nouvelle fois au Comité spécial de la décolonisation d’inclure la lettre et les documents conjoints des Rapporteurs spéciaux dans le compte rendu officiel de sa session et dans la résolution annuelle sur Guam.  Cette résolution doit être amendée pour reconnaître les efforts de Guam dans la lutte contre le réchauffement climatique, la pauvreté, la mondialisation effrénée et la militarisation, autant de menaces pour la population, les ressources naturelles et l’environnement de Guam.

Les États-Unis, a conclu le Vice-Gouverneur, doivent autoriser une mission des Nations Unies à Guam pour évaluer les progrès du développement durable, conformément au Programme 2030, la marge de manœuvre qu’a le territoire pour mettre pleinement en œuvre ces politiques.  Une mission des Nations Unies permettrait aux États-Unis et à l’Administration du Président Joe Biden de traiter des violations présumées des droits de l’homme et de nouer de vrais contacts avec le Gouvernement local.

M. MELVIN WON PAT-BORJA, du Bureau du Gouverneur de Guam, a déclaré que la classification des « peuples de Guam » -sans distinction entre ceux qui ont été colonisés par les États-Unis et ceux qui y sont résidents– ne sert pas la cause du peuple colonisé de Guam et n’est pas conforme aux engagements de la résolution 1514, à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et à la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis continuent à tort d’affirmer que tous les « habitants de Guam » devraient avoir le droit de décider du statut politique de Guam, a-t-il ajouté.  Il a jugé qu’à la lumière du récent dépôt conjoint de trois Rapporteurs spéciaux des Nations Unies alléguant de multiples violations des droits de l’homme, y compris « le déni du droit au consentement libre, préalable et éclairé et à l’autodétermination », la Quatrième Commission doit à présent répondre favorablement aux demandes d’organisation, par une délégation de ses membres, d’une mission de visite sur place.

Pétitionnaires du Sahara occidental

M. SIDI MOHAMED OMAR, Front POLISARIO, « seul représentant légitime du peuple du Sahara occidental », a déclaré qu’il est temps pour la Quatrième Commission et l’ONU de s’élever contre l’existence de la dernière colonie en Afrique.  L’occupation illégale du territoire par le Maroc depuis 1975 et les tentatives de l’« État d’occupation » d’imposer un fait accompli et de s’opposer à la décolonisation du Sahara occidental sont un « camouflet » pour tout ce que représente cette Commission, a estimé le pétitionnaire.  Voilà près de trois décennies que le Front POLISARIO s’est engagé en faveur d’une solution durable et pacifique à la situation dans le territoire et nous avons progressé en ce sens, notamment avec la tenue d’élections justes appuyées par les parties et le Conseil de sécurité.  Toutefois, en l’absence d’action décisive de la part de la communauté internationale en ce qui concerne « le mépris du Maroc » pour les mandats de l’ONU, cette Puissance continue d’agir « en toute impunité ».  La population est victime d’une « injustice qui n’aurait jamais dû être permise », a dénoncé l’intervenant, en faisant état de « brutalités indicibles ».  Le Front POLISARIO n’abandonnera jamais son droit à l’autodétermination et ne renoncera pas aux moyens légitimes d’y parvenir, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme NANCY HUFF, de Teach the Children International, a dénoncé le détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf et vendue sur le marché noir ainsi que du rapport rendu public en 2014 par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) détaillant ces faits.  Elle a également fait état du recours, par le Front POLISARIO, aux enfants comme soldats et boucliers humains.  Ces dirigeants sont-ils ceux qui viendront à la table des négociations pour trouver un règlement dans le meilleur intérêt de leur peuple? s’est-elle demandé, en soulignant que les négations sincères ne réussissent que lorsqu’elles sont faites de bonne foi entre toutes les parties concernées.  Mme Huff a donc demandé à l’ONU d’adopter le plan d’autonomie tel que proposé par le Maroc.

Mme KAREN HARDIN, de Priority PR Group and Literary Agency, a fait part de ses préoccupations relatives au respect des droits de l’homme par la direction du Front POLISARIO dans les camps de Tindouf.  Elle a notamment parlé du problème des enlèvements d’enfants sahraouis qui sont allés vivre dans des familles d’accueil en Espagne et qui, de retour à Tindouf pour rendre visite à leurs familles biologiques, ont été détenus de force par le Front POLISARIO, leurs passeports confisqués.  Des preuves d’enlèvements, d’emprisonnements, de travaux forcés, de tortures et de viols ont toutes révélées la gravité des crimes perpétrés dans les camps, a affirmé la représentante.  C’est une pratique courante du Front POLISARIO depuis longtemps, mais qui n’a été révélée que ces dernières années, s’est indignée Mme Hardin.  Elle a exhorté la Commission à enquêter sur l’identité des membres du Front POLISARIO concernés, quelle idéologie ils suivent, et à considérer attentivement les conséquences du soutien aux « oppresseurs qui ne se soucient pas des personnes qu’ils sont censés « servir ».

Mme VIVIAN EADS, de Capitol Hill Prayer Partners, a dit soutenir et défendre le plan marocain d’autonomie comme solution viable pour résoudre le conflit du Sahara occidental, notamment auprès de membres du Congrès américain.  Elle a exprimé ses vives inquiétudes pour les jeunes des camps de Tindouf et les conséquences de leur manque d’options pour leur avenir.  Si un règlement n’est pas bientôt en vue, une autre génération de jeunes sahraouis sera polarisée et risque de tomber dans les réseaux clandestins des trafics d’armes, de personnes et de stupéfiants, alors que les anciennes routes commerciales du désert sont réactivées pour accueillir les milliers de personnes qui souhaitent rallier les ports de Tripoli et de Benghazi, a-t-elle mis en garde, voyant dans le plan marocain l’option la plus viable et la plus crédible pour un règlement rapide, économiquement sain et politiquement réalisable de la situation.

Pour Mme GRACE NJAPAU, Women Investment Network, le Sahara occidental est la continuation naturelle de pays qui n’ont rien à voir avec la colonisation.  Il prospère grâce au Plan de développement socioéconomique lancé par le Roi Mohammed VI, avec un budget de 8 milliards de dollars.  Les représentants élus démocratiquement en décembre dernier sont « les seuls » représentants légitimes des provinces du sud.  Le Sahara marocain, a-t-elle prédit, sera une plateforme majeure en Afrique grâce au port qui y sera construit et pourra renforcer les liens économiques entre le Maroc, l’Amérique et l’Asie.  Ce nouveau modèle permet un développement sur la durée et donne un coup de fouet au développement local, tout en assurant la bonne gestion des ressources naturelles.  Le Maroc est en bonne position pour veiller à ce que le Sahara jouisse de l’environnement nécessaire à l’épanouissement de ses citoyens, a affirmé la pétitionnaire.

M. JONATHAN HUFF, qui propose des services de sécurité et de renseignement, a estimé que le peuple sahraoui, « piégé dans une situation désespérée depuis plus de 45 ans », a été instrumentalisé et maltraité à des fins politiques et criminelles.  Des organisations militaires comme le Hezbollah, a-t-il assuré, ont établi des camps d’entraînement dans les camps de Tindouf situés dans la zone Sahara/Sahel, et s’y livrent aux trafics de stupéfiants et d’armes ainsi qu’à la traite d’êtres humains.  Dans les camps sahraouis, de nombreux jeunes militants sont mécontents de l’absence de règlement du problème et se livrent désormais à des activités terroristes, a-t-il soutenu.  Depuis le printemps arabe, des groupes jihadistes et des cartels de la drogue latino-américains se sont associés pour transporter davantage de drogues, d’armes et d’êtres humains à travers le désert du Sahara.  M. Huff a demandé à la communauté internationale de prendre des mesures rapides et décisives pour adopter le plan d’autonomie marocain et permettre aux Sahraouis de « rentrer dans leur patrie ».

M. ISMAEL BUCHANAN ABOUI, Université du Rwanda, a estimé que les Nations Unies sont la seule autorité habilitée à gérer la question du Sahara occidental.  Cette question, a-t-il souligné, doit être examinée « exclusivement » par le Conseil de sécurité, « sans processus parallèle ».  Rappelant que les questions aux camps de Tindouf ont gagné en importance, dont le fait que le Front POLISARIO s’y livre à divers trafics, « en toute impunité, M. Aboui a estimé que cette situation fait du pays hôte des camps « une partie au conflit ».  Il a dit soutenir l’initiative d’autonomie élargie du Maroc, qui est en tout point conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Ce statut d’autonomie, en consultation avec la population locale, a affirmé M. Aboui, qui a insisté sur le fait que l’initiative marocaine, base de toute solution à ce différend régional, offre une solution politique durable.

M. EVARISTO JULIO GOMES, de Valor Económico, a estimé que la région du Sahara marocain subit, entre autres maux, le trafic d’armes, la menace terroriste, la pauvreté et l’insécurité.  Les pays de cette région restent confrontés à des défis de taille et font face à une menace endémique, car l’affaiblissement de la région du Sahara occidental a de graves conséquences sur la stabilité et la sécurité régionales.  Le plan d’autonomie du Maroc permettrait aux habitants de la région d’accéder aux ressources naturelles et le Sahara occidental pourrait devenir un pôle économique de la région.

M. NYKAKY LYGEROS, de l’Université de Lyon, a défendu le point de vue selon lequel le Front POLISARIO n’a aucune légitimité pour représenter le peuple sahraoui.  Il a noté que les Sahraouis marocains élisent leurs représentants locaux et participent aux élections générales.  Les habitants des deux régions du Sahara marocain ont confirmé leur civisme lors des dernières élections avec un taux de participation record de 68%, ce qui constitue un signal fort de leur attachement à leur « maroquinité ».  Les véritables représentants des Sahraouis sont les élus locaux, a estimé le pétitionnaire.

Le pétitionnaire M. DEREK CONWAY a émis l’espoir que le Comité exhorte toutes les parties à continuer de participer au processus de la table ronde à Genève.  La plupart des États Membres soutiennent le plan d’autonomie en tant que base réaliste, sérieuse et crédible pour résoudre le différend.  « C’est la garantie d’un avenir radieux pour l’ensemble de la région sahélo-saharienne », a-t-il affirmé en conclusion.

M. DANIEL DART RICHERT, DEC Projects, a déclaré qu’au cours des cinq dernières années, il avait rencontré toutes les parties au conflit et avait été consterné par les actions du Maroc et par « le silence et la complaisance des Nations Unies ».  Constatant que la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) n’a pas de mandat en matière de droits humains, il a attiré l’attention sur les violations massives de ces droits dans la région.  Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c’est la rationalisation du colonialisme, a-t-il déclaré, en appelant la communauté internationale à donner au peuple sahraoui les droits qu’il mérite et à organiser immédiatement un référendum sur l’autodétermination.

M. ANTONIO YELPI AGUILAR, Fundación Global Africa Latina, a noté que le peuple sahraoui a un sentiment d’appartenance envers le Maroc.  De tels sentiments montrent clairement que le plan d’autonomie du Maroc fournit le seul cadre réaliste pour un bon résultat au Sahara occidental.  En revanche, la République arabe sahraouie démocratique recherche le totalitarisme, a-t-il dit, comparant le Front POLISARIO au Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée.  En effet, le Front POLISARIO a été initialement introduit pour saper les projets démocratiques du Maroc dans la région, a accusé le pétitionnaire

Le docteur en politologie, M. JEAN DELORS BIYOGUE BI NTOUGOU, s’est présenté comme un « pétitionnaire en provenance du Gabon, un pays qui a fondé sa diplomatie sur la consolidation de la paix et la fraternité entre les peuples », comme « un pétitionnaire venu d’un pays qui considère les deux principales puissances au centre de ce différend comme frères ».  Ainsi a-t-il estimé, fort de son suivi de la situation en tant que spécialiste des conflits armés, que ne pas soutenir « la marocanité du Sahara » équivalait à appuyer une nouvelle balkanisation du continent africain.  Ce faisant, « nous risquerions de créer un précédent pour plusieurs autres velléités: « Le Katanga, la Casamance, le Kabinda, le nord malien et j’en passe », a-t-il averti.

Pour M. PIERRE-MICHEL NGUIMBI, ancien Ministre, Président de l’OMA–Congo (Cultures et Développement), la résolution 2548 du Conseil de sécurité définit sans ambages les véritables parties dans le différend régional du Sahara occidental, en pointant expressément le rôle du pays hôte des camps de Tindouf, cité pas moins de cinq fois, alors que ce pays n’était pas du tout évoqué dans les résolutions antérieures à 2017.  Le Conseil de sécurité appelle donc le pays hôte des camps de Tindouf à assumer un rôle à la hauteur de son implication intégrale, notamment humanitaire dans ce différend régional.  C’est ainsi qu’aucun processus politique n’est viable sans l’implication effective et positive de ce pays.  Avec la résolution 2548, le Conseil de sécurité fait le choix du réalisme et pointe le processus politique vers une solution durable.  L’autonomie est l’unique solution sérieuse et crédible susceptible de mettre fin à ce différend régional, dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc, a-t-il conclu

M. ANDRÉ GAKWAYA, de Rwanda Media Commission, pétitionnaire, a déclaré que la République arabe sahraouie démocratique n’est pas un État et qu’elle a violé la Charte de l’Union Africaine, alors que le Maroc a toujours eu un lien souverain avec le Sahara occidental, comme l’a confirmé la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a ajouté que le Maroc a soumis aux Nations Unies un plan d’autonomie, qui représente une véritable opportunité de promouvoir des négociations visant à parvenir à un règlement durable de ce différend dans le cadre du droit international et conformément à la Charte des Nations Unies

M. ANDRÉ GRIMBLATT, docteur ès sciences de la Communication de l’Université de Paris-Sorbonne, a déclaré que le plan d’autonomie, présenté en 2007 au Conseil de sécurité, s’imposait comme cadre d’une solution politique durable et acceptable.  Nous parlons de « Région autonome du Sahara » avec des compétences propres; c’est-à-dire avec un gouvernement local dirigé et formé par un chef de gouvernement qui représente l’État marocain, mais élu par le parlement de la région auquel il rendrait des comptes, a-t-il spécifié, avant d’inviter la Quatrième Commission à considérer ce plan comme la solution viable à ce conflit qui dure depuis des nombreuses années.

M. RICARDO BERNARDO SANCHEZ SERRA, Federación de Periodistas del Perú, a déclaré que le « référendum » proposé sur le Sahara Occidental est irréalisable et a été enterré par le Conseil de sécurité il y a 20 ans pour cette raison.  S’en tenir à cette position dépassée est une perte de temps alors que les résidents des camps de Tindouf continuent de languir, vivant dans des conditions inhumaines.  En effet, a-t-il souligné, au cours des 45 dernières années, le Front POLISARIO n’a pas réussi à installer l’électricité, l’eau courante ou des logements décents dans les camps.

M. SIDI LAAROUSSI DAHI, de l’Inspection du Travail de Laâyoune, est revenu sur le projet de développement Dakhla/Atlantique, d’un budget de 8 milliards de dollars avec un potentiel de création de 120 000 emplois qui profiteront en premier lieu au peuple du Sahara marocain.  Il a conclu en signifiant que, contrairement à ceux qui prétendaient que le Maroc pillait ses ressources, le pays avait fourni d’énormes budgets au développement des régions désertiques du Sahara

M. MANSOUR MOHAMED FADEL DOUIHI, de l’Association sahraouie contre l’impunité aux camps de Tindouf, a estimé, en tant que Sahraoui des provinces du sud, que le récent rapport du Secrétaire général sur la question du Sahara occidental prouve la légitimité de la récente intervention militaire du Maroc suite à la présence de groupes armés sur une route principale et d’autres pratiques qui vont à l’encontre du cessez-le-feu et empêchent la MINURSO de s’acquitter de son mandat.  Le rapport insiste aussi sur le rôle central de l’Algérie qui participe aux tables rondes.  Il a évoqué la situation précaire des habitants des camps de Tindouf et le trafic de l’aide internationale qui s’y fait.  Pour M. Douihi, le Front POLISARIO est responsable des entraves dont souffrent les forces de l’ONU.

M. CHRIS SASSI, Président de S.K.C., a reproché au Maroc de continuer d’occuper une grande partie de son voisin, le Sahara Occidental, et de faire obstacle au processus de décolonisation.  Le Maroc est resté dans son aveuglement colonial, a-t-il estimé, et ne veut pas entendre parler de droit à l’autodétermination, encore moins d’indépendance, la seule volonté du Maroc résidant actuellement dans sa stratégie permanente de créer une tension dans la région.  L’enjeu du renouvellement de la MINURSO sera d’amener les deux parties à respecter le cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU et de permettre à ladite Mission d’accomplir le mandat qui lui a été fixé par le Conseil de sécurité, à savoir, l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.  M. Sassi a ajouté que le Front POLISARIO a proclamé la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 et ne demande que sa légitimité « ni plus ni moins ».

Mme JANET LENZ, de International Faith and Peace Dialogue, a expliqué que sa rencontre avec les Sahraouis dans sa jeunesse avait changé sa vie.  Ils vivent dans des tentes à même le sol, a-t-elle relaté.  Nous bénéficions d’eau propre et de l’air conditionné, pas eux, s’est-elle émue.  Elle a souligné la différence entre la vie des pays développés et celle des Sahraouis qui se trouvent dans des conditions précaires.  On leur a dérobé leur patrie, a-t-elle ajouté.

M. MALAAININ BOULON a déclaré qu’en tant que natif de la région du Sahara, il avait été témoin en première ligne de tous les problèmes que ce conflit a suscités.  Les provinces du sud jouissent aujourd’hui d’un niveau d’investissement nouveau, avec des infrastructures de premier plan et un attachement à la justice sociale.  « Nous jouissons du niveau de pauvreté le plus bas du Royaume », s’est-il enorgueilli.  Si nos frères et sœurs qui ont été élevés dans les camps avaient le choix, ils préfèreraient vivre dans la liberté, la dignité et la prospérité plutôt que dans la pauvreté, a-t-il assuré.  Une région autonome sous drapeau marocain ne doit pas attendre, a-t-il conclu.

M. PEDRO DÍAZ DE LA VEGA GARCÍA, Banco de Alimentos, a fait observer que la Constitution marocaine de 2011 prévoit un processus de développement des provinces du sud.  Il y a un mois, a-t-il rappelé, des élections générales ont été tenues au Maroc, y compris dans ses provinces du sud.  Lors de cet exercice démocratique, des taux de participation record ont été réenregistrés à Dakhla et Laayoune, ce qui prouve la volonté du peuple de cette région de s’intégrer à la nation marocaine qu’ils reconnaissent comme leur patrie.  Les femmes ont dûment participé à ce processus et plusieurs candidates ont triomphé aux urnes.  La question du Sahara occidental est donc tranchée, s’est réjoui M.  Vega Garcia, qui a attiré l’attention sur les 24 consulats généraux que compte désormais le Sahara.  Les progrès ne pourront être arrêtés « artificiellement » et compte tenu de cela, la Commission devrait supprimer ce point de son ordre du jour.

M. AGRON PALI, a parlé de « la dernière colonie d’Afrique », le Sahara occidental, et a rappelé que l’ONU n’a cessé de militer pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que le Maroc occupe illégalement son territoire.  Il n’existe pas de liens de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, ce que reconnaissent le droit international et l’Assemblée générale elle-même puisqu’elle qualifie la présence marocaine « d’acte d’occupation ».  M. Pali a d’ailleurs fait remarquer que le Sahara occidental est le seul territoire sans puissance administrante parmi les 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  On ne saurait refuser plus longtemps le droit à l’autodétermination au peuple sahraoui, a-t-il martelé, en soulignant les conséquences graves de cette question pour la région et en exhortant l’ONU à agir sans plus tarder.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au Conseil de sécurité, le Secrétaire général persiste et signe: l’Éthiopie a violé le droit international en expulsant des fonctionnaires de l’ONU

8875e séance – après-midi
CS/14657

Au Conseil de sécurité, le Secrétaire général persiste et signe: l’Éthiopie a violé le droit international en expulsant des fonctionnaires de l’ONU

Pour nous la question est très simple:  L’Éthiopie n’a pas le droit d’expulser des membres du personnel de l’ONU et en le faisant, elle viole le droit international, a martelé aujourd’hui le Secrétaire général lors de la réunion que le Conseil de sécurité a tenue, à la demande  de plusieurs États, après l’expulsion, le 30 septembre dernier, de sept fonctionnaires de l’ONU dont les responsables en Éthiopie du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  

M. António Guterres a attiré l’attention sur la note verbale du Bureau des affaires juridiques, datée du 1er octobre, qui qualifie le comportement du Gouvernement éthiopien de « non conforme » à la norme internationale, « un affront » à l’ONU et à tous ses États Membres, selon les États-Unis. Il existe en effet une procédure officielle qui, dans ce cas précis, n’a pas été suivie, a souligné le Secrétaire général qui a exhorté les autorités éthiopiennes à laisser les organisations onusiennes travailler sans entrave.  Cet appel a été relayé par plusieurs membres du Conseil de sécurité. 

Lorsqu’un État accepte l’aide humanitaire, il ne doit pas la soumettre à des décisions arbitraires, a tancé le Mexique, car ce qui est en jeu, c’est la protection de la population civile.  Il a rappelé l’arrêt du 27 juin 1986 de la Cour internationale de Justice (CIJ), dans l’affaire « Nicaragua c. États-Unis d’Amérique », selon lequel l’acheminement de l’aide humanitaire ne peut être considéré comme une intervention étrangère ou comme contraire au droit international, tant qu’il respecte les principes d’une aide non discriminatoire.  Notre soutien, a prévenu la France, implique que les personnels onusiens et humanitaires puissent travailler en toute sécurité et dans le plein respect des principes humanitaires et du droit international humanitaire.  Nous ne tolérerons ni intimidation, ni violence contre le personnel humanitaire et médical, ni tentative de discréditer ces derniers, a-t-elle encore prévenu.   

La Norvège a appelé à la fin des discours de haine qui mettent en danger la vie des acteurs humanitaires.  Si nos appels continuent d’être ignorés, le Conseil de sécurité prendra la décision qui s’impose pour sauver des vies et promouvoir la paix et la sécurité internationales, ont averti les États-Unis.  La question du personnel de l’ONU opérant en Éthiopie, a plaidé la Tunisie, doit être examinée de manière approfondie, sur la base de preuves tangibles et dans le cadre d’un dialogue « franc et authentique ».  Discuter publiquement de ce type de questions n’est peut-être pas constructif dans les circonstances actuelles et n’allégera certainement pas les souffrances des populations touchées par le conflit dans le nord de l’Éthiopie, a-t-elle fait observer.

La résolution de ce « désaccord », a renchéri la Chine, exige une « diplomatie discrète » pour éviter l’impasse.  Gardons-nous, a-t-elle ajouté, de saper la confiance et privilégions le dialogue et la coopération.  Bien que nous ne connaissions pas les circonstances qui ont conduit aux récents développements, a déclaré l’Inde, nous sommes d’avis que les principes fondateurs de l’aide humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, doivent toujours être respectés.  L’aide humanitaire et ses agents doivent être attentifs, en particulier lorsque l’État hôte est confronté à une situation politico-militaire « complexe ».  Les rhétoriques « délibérément enflammées » ne feront que compliquer la tâche de l’Union africaine, a estimé, à son tour, la Fédération de Russie, et les pressions du Conseil de sécurité ou la création d’une atmosphère toxique n’aideront en rien la situation.  

L’Éthiopie a d’ailleurs avoué avoir du mal à cacher son étonnement, jugeant « incompréhensible » que le Conseil de sécurité discute de la décision d’un « État souverain », alors que ce n’est pas la première fois que des employés de l’ONU sont expulsés d’un pays.  Soulignant qu’elle n’a « aucune obligation juridique » de fournir des explications, elle a tout de même accusé les sept fonctionnaires de s’être livrés à de l’activisme et de s’être mêlés à une conspiration du Front populaire de libération du Tigré (FPLT), en donnant notamment de fausses informations au Conseil de sécurité, pour « créer une situation comparable à celle du Darfour » et en tentant de faire passer la crise éthiopienne au niveau 3 pour déclencher les mesures contenues dans la résolution 2417 (2018).  L’Éthiopie a attiré l’attention sur la lettre que son Vice-Ministre des affaires étrangères a adressée au Secrétaire général, le 8 juillet 2021, pour expliquer la position de son gouvernement.

M. Guterres s’est dit surpris par cette information.  Je n’ai connaissance d’aucun document de ce type, a dit le Secrétaire général, en réclamant une copie.  Il a en revanche précisé qu’à deux reprises, il a demandé en vain au Premier Ministre éthiopien de le saisir de tout soupçon de partialité de la part d’un membre ou l’autre du personnel de l’ONU « pour que je puisse enquêter ».  Pour nous la question est très simple, a martelé le Secrétaire général: l’Éthiopie a violé le droit international.  Nous sommes prêts, a-t-il affirmé, à coopérer avec le Gouvernement éthiopien sur tous les cas où il a le sentiment qu’un membre du personnel de l’ONU n’agit pas en toute impartialité et en toute indépendance, comme le prescrivent le droit et les principes humanitaires.  Nous n’avons, a-t-il insisté, qu’un seul agenda en Éthiopie et cet agenda, c’est le peuple éthiopien, qu’il soit Somali, du Tigré, d’Amhara ou d’Afar.  Ce peuple souffre et nous n’avons d’autres intérêts que de contribuer à faire cesser ces souffrances. 

M. António Guterres a rappelé qu’au mois d’août dernier, il avait averti le Conseil de sécurité de la situation humanitaire « catastrophique » en Éthiopie, laquelle s’est encore aggravée depuis lors.  Environ sept millions de personnes au Tigré, à Amhara et Afar auraient à présent besoin d’une aide alimentaire et d’une autre forme d’assistance.  Or le niveau actuel de l’aide est loin de répondre aux besoins.  Le Secrétaire général a jugé important de concentrer tous les efforts sur l’humanitaire pour éviter « une tragédie à grande échelle », dans une situation qui fait déjà penser à celle de la Somalie en 2011. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’au mois d’août dernier, il avait averti le Conseil de sécurité sur la situation humanitaire « catastrophique » en Éthiopie, laquelle s’est encore aggravée depuis lors.  Il a égrené les difficultés actuelles, en indiquant qu’environ sept millions de personnes au Tigré, à Amhara et Afar auraient à présent besoin d’une aide alimentaire et d’une autre forme d’assistance.  Cinq millions d’entre elles se trouvent au Tigré et l’on estime à 400 OOO le nombre de celles qui souffrent de la faim.  Le Secrétaire général a souligné que l’assistance humanitaire est loin d’être au niveau nécessaire pour répondre aux besoins.  La seule voie de transport par route au Tigré est le couloir d’Afar, obstrué par les barrages officiels et non officiels, l’insécurité et autres obstacles et problèmes.  Le carburant reste bloqué, de même que les articles et équipements médicaux, alors que l’accès à l’électricité est toujours aléatoire.  Les combats à Amhara sont aussi des obstacles à l’approvisionnement humanitaire. 

Le Secrétaire général a fait état d’informations sur les morts attribuables à la faim, et d’un taux de malnutrition qui rappelle la situation de 2011 en Somalie.  Il a exprimé son inquiétude quant à la violence sexuelle et fondée sur le sexe, jugeant important de concentrer tous les efforts sur l’humanitaire pour éviter « une tragédie à large échelle ». 

M. Guterres a aussi parlé de l’expulsion « sans précédent » de fonctionnaires de l’ONU car elle est au cœur des relations entre les Nations Unies et les États Membres.  Il a attiré l’attention sur la note verbale du Bureau des affaires juridiques, datée du 1er octobre, qui qualifiait le comportement du Gouvernement éthiopien de « non conforme » à la norme internationale, laquelle est « limpide ».  Il existe en effet une procédure officielle qui, dans ce cas précis, n’a pas été suivie.  Le Secrétaire général a exhorté les autorités éthiopiennes à laisser les organisations onusiennes travailler sans entrave, ce qui veut dire que les visas doivent être délivrés promptement et que le personnel soit traité dans tout le pays avec respect et dignité.  Il a aussi exhorté le Gouvernement éthiopien à faciliter l’approvisionnement en carburant et autres articles essentiels.  Toutes les parties doivent cesser les hostilités sans condition préalable.  Les forces étrangères doivent quitter le pays et le personnel humanitaire doit être traité avec respect, a insisté M. Guterres. 

Il a aussi expliqué que la situation politique a évolué en Éthiopie depuis son exposé du mois d’août.  Le nouveau Gouvernement dirigé par M. Ahmed Abiy est entré en fonctions.  Nous l’invitons, a dit le Secrétaire général, à agir comme « le gouvernement de tous », et nous saluons le discours du Premier Ministre à cet égard.  Le Secrétaire général a également exhorté toutes les parties à tirer parti de l’initiative de paix de l’Union africaine.  Le dialogue est le socle de la paix, et la paix est le socle d’un avenir prospère, a-t-il conclu, en invitant le Conseil de sécurité à œuvrer de concert pour le bien de la Corne de l’Afrique.     

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a estimé que l’expulsion de sept fonctionnaires onusiens risque de saper les efforts diplomatiques et humanitaires en cours.  Cette décision est « tout simplement inacceptable », a-t-elle estimé, en appelant les acteurs locaux à dépolitiser la question humanitaire.  Elle a également fait état d’actes de deshumanisation et de violences à l’encontre de la population civile dans le Tigré.  « Une véritable tragédie s’y joue. »  La représentante a donc demandé à toutes les parties de garantir un accès sans entrave de l’aide humanitaire au Tigré, « et maintenant ».  Les décisions politiques ayant un impact immédiat sur la vie des civils, elle a exhorté toutes les parties à reprendre le dialogue et souligné le rôle de l’Union africaine en la matière.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a condamné fermement la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser sept responsables de l’ONU, en jugeant essentiel la reprise des opérations humanitaires en Éthiopie.  Il a dénoncé la violence et le harcèlement auxquels sont soumis les agents humanitaires.  Toutes les parties au conflit ont l’obligation de faciliter un accès humanitaire sûr et sans entrave et d’assurer la protection des agents humanitaires, conformément au droit international humanitaire.  C’est pourquoi, a dit le représentant, nous exhortons le Gouvernement éthiopien à prendre les mesures qui s’imposent pour faciliter l’accès des convois humanitaires au Tigré, rétablir les services publics dans la région et ouvrir la voie au carburant et aux fournitures médicales. 

Le représentant a aussi exhorté les forces du Tigré à arrêter leur offensive dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar et d’y faciliter l’aide humanitaire aux centaines de milliers de déplacés.  Il faut, a-t-il ajouté, conclure l’enquête conjointe sur les violations et abus des droits de l’homme, en particulier contre les défenseurs de ces droits.  Réitérant qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit du Tigré, le représentant a lancé un appel à la cessation immédiate des hostilités, à la protection des civils et à l’atténuation des conséquences humanitaires du conflit.  Tout cela devrait être suivi d’un processus politique inclusif et crédible, tourné vers la réconciliation nationale.  En la matière, le représentant a souligné le rôle de l’Union africaine. 

Face à l’urgence humanitaire, M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit attendre des autorités éthiopiennes une pleine coopération avec les Nations Unies et les partenaires internationaux.  Il a condamné la décision du Gouvernement éthiopien de déclarer sept membres du personnel de l’ONU persona non grata.  Le soutien de la France et de l’Union européenne, a-t-il prévenu, implique que les personnels onusiens et humanitaires puissent travailler en toute sécurité et dans le plein respect des principes humanitaires et du droit international humanitaire.  Les autorités éthiopiennes doivent garantir le plein accès humanitaire pour l’ensemble du personnel humanitaire, médical et des Nations Unies et respecter leurs propres engagements.  Nous ne tolérerons ni intimidation, ni violence contre le personnel humanitaire et médical, ni tentative de discréditer ces derniers, a prévenu le représentant.  La levée du blocus humanitaire en place est un préalable à tout règlement du conflit en cours.

Pour la France, a-t-il poursuivi, seule une solution politique et négociée permettra de sortir de la crise.  Il a dit soutenir les trois points rappelés aujourd’hui par le Secrétaire général à savoir cessation des hostilités, accès humanitaire et dialogue.  Un cessez-le-feu est indispensable pour répondre à l’urgence humanitaire et créer les conditions d’un règlement du conflit, a souligné le délégué, en appelant au retrait « vérifiable et contrôlé » des forces érythréennes du territoire éthiopien, et en particulier de l’ouest du Tigré.  Il a aussi demandé aux forces tigréennes de donner des gages de sincérité et de réintégrer les frontières régionales du Tigré.  Il est important qu’un compromis soit trouvé avec les forces amharas sur le différend frontalier entre les deux régions, et ce, dans le cadre de la Constitution, a déclaré M. de Rivière pour qui la réconciliation passe par la lutte contre l’impunité.  Il a pris note de l’engagement du nouveau Gouvernement éthiopien à identifier et poursuivre les auteurs de violations des droits de l’homme et d’organiser un dialogue national inclusif dès que possible.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé à quel point son pays a été choqué par l’expulsion, le 30 septembre, de sept fonctionnaires des Nations Unies.  Elle s’est étonnée qu’aujourd’hui encore l’Éthiopie ne soit pas revenu sur cette décision « intenable » alors que la crise humanitaire s’aggrave jour après jour et que la famine sévit probablement.  Expulser des membres du personnel essentiel de l’ONU, en l’occurrence des chefs de file humanitaires, dans une situation humanitaire d’ores et déjà catastrophique, ne peut être que profondément troublant.  Il est « inacceptable » que l’Éthiopie choisisse d’entraver le travail « crucial » des organisations de l’ONU. 

En effet, a-t-elle dit, l’ONU fournit une assistance impartiale pour sauver la vie des personnes dans le besoin dans toutes les régions du pays.  Son personnel joue un rôle fondamental dans le suivi et la collecte d’informations sur les questions humanitaires et des droits de l’homme préoccupantes.  L’ONU, a martelé la représentante, « n’est pas partie au conflit en Éthiopie ».  Elle travaille avec impartialité et professionnalisme.  Après avoir insisté pour que l’Éthiopie revienne sur sa décision, la représentante a énuméré quelques mesures à l’intention des autorités fédérales, du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) et autres acteurs armés. 

Elle a d’abord réclamé un accès sûr, rapide et sans entrave de l’assistance humanitaire dans la région, soulignant la nécessité « absolue » de faciliter le travail humanitaire et de respecter le droit international humanitaire.  Elle a appelé à la fin des calomnies contre les agents humanitaires, un discours de haine dangereux qui met en danger la vie des acteurs humanitaires.  La représentante a aussi insisté sur l’importance qu’il y a à mettre fin aux violations des droits de l’homme, dont la violence sexuelle.  Elle a enfin prié le Conseil de s’exprimer d’une seule voix pour exiger l’établissement des responsabilités pour ces atrocités.  La représentante n’a pas oublié de saluer la nomination de l’ancien Président du Nigéria, M. Olusegun Obasanjo, comme Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique.   

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit avoir été « profondément déçue » par la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser sept responsables de l’ONU, alors même que la situation humanitaire y est désormais « si grave ».  L’expulsion d’un personnel clef aura un impact direct sur la capacité de la communauté internationale de fournir une aide humanitaire vitale, a regretté la représentante.  Mais, a-t-elle reconnu, cette expulsion est loin d’être le seul obstacle à l’acheminement de l’aide dans le nord de l’Éthiopie.  La représentante a donc réitéré son appel urgent au FPLT pour qu’il cesse sa campagne militaire et agisse dans le meilleur intérêt des gens ordinaires du Tigré, notamment en permettant le rétablissement des télécommunications et des services bancaires, la livraison de nourriture et de carburant et la délivrance des visas au personnel humanitaire.  Le temps presse: nous devons voir des milliers de camions de nourriture et de médicaments et des millions de litres de carburant arriver au Tigré pour éviter des morts à une échelle catastrophique avant la fin de cette année, a prévenu la représentante.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a fermement condamné la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser sept responsables de l’ONU.  Expulser les Chefs du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur le terrain est « un affront » à l’ONU et tous ses États Membres, a prévenu la représentante.  Elle a dit ne voir « aucune justification » à cet acte du Gouvernement éthiopien.  Elle a insisté sur l’impartialité de l’ONU dans ses enquêtes sur les violations et abus des droits de l’homme, et d’ailleurs en partenariat avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme. 

La situation actuelle en Éthiopie s’apparente à celle de la Somalie en 2011, s’est alarmée la représentante, attirant l’attention sur une famine qui a fait 250 000 morts malgré les avertissements.  Elle a exhorté le Gouvernement éthiopien à autoriser le retour immédiat des acteurs humanitaires de l’ONU et « si nos appels continuent d’être ignorés, le Conseil de sécurité prendra la décision qui s’imposera pour sauver des vies et promouvoir la paix et la sécurité internationales », a encore prévenu la représentante.  Elle a rappelé que l’Éthiopie était encore il y a trois ans un pays plein de promesses, avec une des plus fortes croissances économiques du continent africain.  Alors que le conflit se propage vers les régions voisines, elle a regretté que les dirigeants éthiopiens aient choisi la voie de l’isolationnisme.  Elle les a invités à accepter « maintenant » un cessez-le-feu sans condition parce qu’il n’y aura pas de solution militaire à ce conflit.    

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est dit à son tour préoccupé par la décision du Gouvernement éthiopien de déclarer persona non grata sept fonctionnaires de l’ONU.  Il a exhorté ce dernier et l’ONU à entreprendre tous les efforts possibles pour résoudre leurs différends et à veiller à ce que l’aide soit fournie aux Éthiopiens dans le besoin.  La question du personnel de l’ONU opérant en Éthiopie doit être examinée de manière approfondie, sur la base de preuves tangibles et dans le cadre d’un dialogue « franc et authentique ».  Discuter publiquement de ce type de questions n’est peut-être pas constructif dans les circonstances actuelles et n’allégera certainement pas les souffrances des populations touchées par le conflit dans le nord de l’Éthiopie, a fait observer le représentant.  La priorité, a-t-il martelé, doit être l’acheminement sans entrave de l’aide dans le nord du pays, et le dialogue pacifique et démocratique est le meilleur mécanisme pour résoudre les graves différends politiques.  

La priorité absolue, a poursuivi le représentant, est, à ce stade, la déclaration d’un cessez-le-feu immédiat, l’accès humanitaire sans restriction et le rétablissement des services publics dans toutes les zones de conflit.  Toutes les parties doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il a aussi rappelé l’obligation de tout le personnel humanitaire et de l’ONU de respecter les lois du pays hôte.  Les organisations humanitaires doivent respecter les principes de neutralité, d’impartialité et d’humanité, de souveraineté nationale, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et d’unité nationale dans le pays hôte.  

La situation humanitaire dans le nord de l’Éthiopie s’inscrit dans une crise « beaucoup plus vaste et complexe », a prévenu le représentant, devant le risque de débordement dans la région et la menace potentielle à la paix et à la sécurité en Éthiopie et au-delà.  Avec l’expansion des hostilités dans les régions d’Amhara et d’Afar, l’on voit bien qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise.  Le recours aux armes ne fera que prolonger le conflit, a averti le représentant, appelant les parties éthiopiennes à cesser les hostilités et à engager des discussions en vue de conclure un cessez-le-feu global et permanent qui ouvrirait la voie à un dialogue inclusif dirigé par l’Éthiopie et à la réconciliation nationale.  Il a aussi appelé au retrait de toutes les forces non éthiopiennes du Tigré et à la suppression de toutes les milices des États fédéraux voisins.  Le représentant a terminé en soulignant « le rôle majeur » de l’Union africaine pour aider les Éthiopiens dans leurs efforts de réconciliation. 

M. ZHANG JUN (Chine) a appelé le Gouvernement éthiopien à ne ménager aucun effort pour faciliter un bon acheminement de l’assistance humanitaire, sans oublier de lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse les ressources nécessaires pour aider le Gouvernement éthiopien à aider tous ceux qui en ont besoin.  Le représentant a estimé que le Gouvernement éthiopien avait en réalité réagi positivement aux préoccupations des agences humanitaires, en réduisant le nombre des barrages routiers et en facilitant le transport de l’aide.  Il a déploré « le désaccord » sur l’expulsion des sept membres de l’ONU, en préconisant une « diplomatie discrète » pour éviter l’impasse.  Évitons, a conseillé le représentant, de saper la confiance et privilégions le dialogue et la coopération.  Il s’est félicité de l’entrée en fonctions du nouveau Gouvernement éthiopien et de ses vœux d’unité, de dialogue et d’appropriation nationale.  Insistant sur le principe « solutions africaines aux problèmes africains », il a salué dans ce contexte la nomination de M. Obasanjo comme Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique.  Les sanctions imposées à l’Éthiopie devraient être levées dans les plus brefs délais, a encore plaidé le représentant.

M. T. S. TIMURURTI (Inde) a qualifié de « malheureuse », l’expulsion de hauts fonctionnaires de l’ONU, compte tenu de l’impact potentiel sur la situation humanitaire.  Il est donc important de désamorcer la situation par l’engagement et le dialogue, a plaidé le représentant.  Il a également déclaré avoir « pris note », des informations faisant état de détournement de l’aide humanitaire par des groupes armés et autres.  De tels incidents doivent faire l’objet d’une enquête et des mesures correctives, être prises.  Bien que nous ne connaissions pas les circonstances qui ont conduit aux récents développements, nous sommes d’avis que les principes fondateurs de l’aide humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, doivent toujours être respectés.   L’aide humanitaire et ses agents doivent être attentifs, en particulier lorsque l’État hôte est confronté à une situation politico-militaire complexe.

Le représentant a en outre jugé « impératif » que l’ONU et ses institutions continuent de travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement éthiopien pour que l’aide parvienne en temps voulu et dans une quantité adéquate.  Il a émis l’espoir que l’ONU et le Gouvernement éthiopien n’épargneront aucun effort pour résoudre rapidement toutes les questions dans l’intérêt de la population affectée.  Nous devrions éviter la politisation de la question, a suggéré le représentant. 

Mme NGUYEN PHUONG TRA (Viet Nam) a regretté à son tour la décision du Gouvernement éthiopien de déclarer « persona non grata » sept membres du personnel des Nations Unies, dont des responsables de l’UNICEF et de l’OCHA.  Alors que 5,2 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire, dont 400 000 sont proches de la famine, la représentante a jugé crucial d’assurer une livraison et un accès sûrs, efficaces et efficients de l’aide humanitaire dans la région du Tigré et les zones limitrophes.  

Partageant les préoccupations concernant les niveaux alarmants de violence et la destruction d’infrastructures civiles indispensables au Tigré, la représentante a appelé à une cessation immédiate des hostilités dans le respect du droit international humanitaire et des impératifs de protection des civils, en particulier les femmes et les enfants.  La crise du Tigré a des raisons politiques, historiques et ethniques « complexes » et les parties doivent créer les conditions favorables au lancement d’un dialogue politique dirigé par les Éthiopiens eux-mêmes.  La représentante a aussi appelé les autorités éthiopiennes et toutes les autres parties concernées à accorder la plus haute priorité aux intérêts du peuple.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doivent soutenir tous les efforts à cette fin, dans le plein respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Éthiopie, a souligné la représentante.  

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) s’est alarmé de ce que la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser des fonctionnaires de l’ONU ait un impact direct sur les efforts humanitaires sur le terrain.  L’expulsion d’un membre du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pourrait aussi avoir un impact sur l’enquête menée avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme sur les violations et abus de ces droits, d’autant plus que le délai prévu pour la remise du rapport final est le 1er novembre.  Lorsqu’un État accepte l’aide humanitaire, il ne doit pas la soumettre à des décisions discrétionnaires, a tancé le représentant.  Ce qui est en jeu, c’est la protection de la population civile, a-t-il ajouté, avant de rappeler l’arrêt du 27 juin 1986 de la Cour internationale de Justice (CIJ), dans l’affaire Nicaragua c. États-Unis d’Amérique.  Selon cet arrêt, l’acheminement de l’aide humanitaire ne peut être considéré comme une intervention étrangère ou comme contraire au droit international, tant qu’il respecte les principes de la Croix-Rouge, c’est-à-dire une aide non discriminatoire.        

Toute accusation portée contre l’ONU ou son personnel doit être fondée sur des faits concrets et être suivie de consultations avec l’Organisation et d’une enquête respectueuse de la loi dont la présomption d’innocence, a professé le représentant.  L’accès humanitaire au Tigré est une nécessité pour des millions de personnes et son approvisionnement ne saurait être politisé.  Le représentant a exhorté les parties à adhérer aux principes consacrés par le droit international humanitaire et la Charte des Nations Unies.  Il a condamné les violations des droits de l’homme, y compris la violence sexuelle et fondée sur le sexe, et réclamé un cessez-le-feu humanitaire et le retrait des acteurs extérieurs du Tigré et des régions voisines pour que l’aide puisse parvenir à tous ceux qui vivent dans la détresse.  Il est temps de mettre fin aux souffrances de ces millions de personnes, a-t-il conclu. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a félicité tous les Éthiopiens pour la constitution récente d’un nouveau Gouvernement, et assuré que son pays continuera à soutenir l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Éthiopie « amie ».  Elle a refusé l’idée que l’on ait épuisé « le potentiel des solutions » et s’est dite confiante dans le dialogue promu par les acteurs régionaux.  Une rhétorique internationale « délibérément enflammée » ne fera que compliquer la tâche de l’Union africaine, a prévenu la représentante.  Les pressions du Conseil de sécurité et la création d’une atmosphère toxique n’aident en rien.  La représentante a jugé « inadmissible » de bloquer les camions humanitaires de l’ONU et regretté l’expulsion des fonctionnaires de l’ONU.  Mais, a-t-elle prévenu, ne dramatisons pas la situation.  Tendons plutôt vers un règlement à l’amiable.  S’interrogeant sur les mesures prises ou pas autour de cette question, elle a souligné que l’aide humanitaire doit être apportée dans le respect des principes humanitaires internationaux, du droit international et de la législation nationale.  Elle a exprimé la disposition de son pays à contribuer à la normalisation de la situation dans le nord de l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique.      

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a dit avoir du mal à cacher son étonnement.  Il est « incompréhensible », a-t-il avoué, que « cet auguste organe » discute de la décision qu’un État souverain a prise dans le cadre de l’exercice du droit international et de ses prérogatives souveraines.  Nous connaissons plusieurs cas où des employés de l’ONU ont été expulsés d’un pays, sans que cela ne donne lieu à une réunion du Conseil de sécurité.  Nous n’avons, a prévenu le représentant, aucune obligation juridique de fournir des explications.  

Invoquant la résolution 48/142 de l’Assemblée générale sur les principes directeurs de l’aide humanitaire, qui stipule que la souveraineté et l’intégrité et l’unité territoriales des États doivent être respectées, le représentant a assuré que son pays continuera d’exercer ses droits souverains à cet égard.  En conséquence de quoi, toute suggestion contraire sera considérée comme « inacceptable » et « illégale ». 

Le représentant a également invoqué le paragraphe 3 de l’Article 101 de la Charte des Nations Unies relatif au statut des fonctionnaires, ainsi que le Code de conduite du personnel de l’ONU qui est tenu à un niveau élevé d’intégrité, de neutralité et d’indépendance et d’humanité.  Les fonctionnaires expulsés ont manqué à toutes ces obligations, a affirmé le représentant, les accusant de s’être livrés à de l’activisme et de s’être mêlés à une conspiration du FPLT, en donnant notamment de fausses informations au Conseil de sécurité, pour « créer une situation comparable à celle du Darfour », selon leurs propres mots.  

Ces fonctionnaires, a poursuivi le représentant, ont inventé des données portant à 3,8 millions le nombre de personnes en danger sanitaire en Éthiopie, alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) donnait le nombre de 2,8 millions.  Leur but, a dit avoir décelé le représentant, était de faire passer la crise au niveau 3 et de déclencher les mesures contenues dans la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité.  Outrepassant leur mandat, ces fonctionnaires ont en outre demandé à des agences des Nations Unies de mener des enquêtes, dans le seul but de répondre aux demandes du FPLT, et répandre de fausses informations dans les médias, dans l’espoir de provoquer la saisine de la Cour pénale internationale (CPI).   

L’expulsion de ces personnels a été décidée en dernier ressort.  À plusieurs reprises, les autorités éthiopiennes ont alerté les Nations Unies sur le comportement de ces personnes, en particulier dans une lettre que le Vice-Ministre des affaires étrangères a adressée au Secrétaire général, le 8 juillet 2021.  Lesdites personnes ont également été personnellement rappelées à l’ordre par les autorités, sans succès.  Elles ont poursuivi leur activisme.  Nous ne confondons pas, a promis le représentant, leur mauvaise conduite avec le professionnalisme d’autres personnels des Nations Unies.  Il appartient dès lors au Secrétaire général de les remplacer.  En attendant, nous demandons que toutes les informations et données contenues dans les rapports sur l’Éthiopie, produits ces dernières années, soient revues et vérifiées, si l’on veut recréer un climat de coopération et de confiance entre mon pays et les Nations Unies, a prévenu le représentant.  

S’il est une chose à laquelle je tiens particulièrement pendant cette période, a dit le Secrétaire général, en reprenant la parole, c’est de maintenir des relations efficaces et opérationnelles avec le Gouvernement éthiopien et son Premier Ministre.  À tel point, a-t-il avoué, que j’ai été accusé par certains médias dans le monde d’avoir un préjugé favorable pour le Gouvernement éthiopien.  C’est donc avec une très grande aisance que je voudrais vous dire ceci, a ajouté le Secrétaire général en se tournant vers le représentant de l’Éthiopie.    

Je voudrais, a-t-il affirmé, recevoir une copie de tout document écrit et envoyé par le Gouvernement éthiopien à une institution ou l’autre de l’ONU, sur n’importe lequel des membres de l’Organisation expulsés.  Je n’ai connaissance d’aucun document de ce type, a dit le Secrétaire général.  Si un document envoyé à l’ONU m’a été caché, il me serait très utile de l’obtenir pour enquêter sur ce qui s’est passé.  

Je vous prie, a insisté le Secrétaire général, de bien vouloir me fournir une copie de tout document écrit par le Gouvernement éthiopien sur un des sept expulsés.  Je vous rappelle qu’à deux reprises j’ai dit au Premier Ministre de me saisir de tout soupçon de partialité de la part d’un membre ou l’autre du personnel de l’ONU pour que je puisse enquêter.  Deux fois, je l’ai dit au Premier Ministre et à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse à cette requête. 

Pour nous la question est très simple, a souligné le Secrétaire général: L’Éthiopie n’a pas le droit d’expulser des membres du personnel de l’ONU et en le faisant, elle viole le droit international.  Nous sommes prêts, a dit le Secrétaire général, à coopérer avec le Gouvernement d’Éthiopie sur tous les cas où il a le sentiment qu’un membre ou l’autre du personnel de l’ONU n’agit pas en toute impartialité et en toute indépendance, comme le prescrivent le droit et les principes humanitaires.   

Je vous le dis, Monsieur l’Ambassadeur, nous voulons coopérer avec votre Gouvernement parce que nous n’avons qu’un seul agenda en Éthiopie et cet agenda, c’est le peuple éthiopien, qu’il soit Somali, du Tigré, d’Amhara ou d’Afar.  Ce peuple souffre et nous n’avons d’autres intérêts que de contribuer à faire cesser ces souffrances, a souligné le Secrétaire général. 

Nous respectons votre franchise, a répondu le Représentant éthiopien, en promettant de communiquer les propos du Secrétaire général à son gouvernement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la crise sanitaire a creusé les inégalités et sapé les efforts pour éliminer la pauvreté et la faim, s’inquiètent les délégations

Soixante-seizième session
3e séance plénière & réunion virtuelle, Matin & après-midi 
AG/EF/3550 

Deuxième Commission: la crise sanitaire a creusé les inégalités et sapé les efforts pour éliminer la pauvreté et la faim, s’inquiètent les délégations

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence et renforcé les inégalités, ont remarqué, ce matin, nombre de délégations de la Deuxième Commission, lors de la deuxième séance du débat général sur le thème « Crise, résilience et reprise - Accélérer les progrès vers le Programme 2030 ».  La crise sanitaire menace d’anéantir des décennies de progrès pour éliminer la pauvreté, objectif 1 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et a plongé des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire, comme cela a été constaté dans l’après-midi au cours d’une réunion thématique tenue en visioconférence.

Selon les dernières estimations, 124 millions de personnes de plus ont été poussées vers la pauvreté en 2020, ce qui inverse la tendance à la baisse qui durait depuis deux décennies, a expliqué M. Shantanu Mukherjee, du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU.

En outre, en 2020, 811 millions de personnes ont souffert de la faim et 3 milliards n’ont pas eu accès à une alimentation saine, a indiqué M. Maximo Torero Cullen, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Cet expert a précisé que le monde n’est pas en mesure de fournir une alimentation suffisante et saine pour tous, du fait de l’incidence de la pandémie et des modes actuels de production.  La faim dans le monde ne sera tout simplement pas éliminée d’ici à 2030, à moins qu’une action ambitieuse pour accélérer les progrès et lutter contre les inégalités dans l’accès à la nourriture ne soit entreprise, a ajouté M. Mukherjee.  L’élimination de la faim, qui constitue l’objectif 2 du Programme 2030, est donc encore loin.

Les délégations ont dénoncé sans détour, au cours du débat général et de la réunion thématique, les conséquences de la crise sanitaire.  Celle-ci a exacerbé les fortes inégalités et les différences structurelles préexistantes, a souligné Cuba.  Après avoir relevé qu’elle a agi comme « un rayon X » pour mettre en évidence les inégalités au sein et entre les pays, le Pakistan a déploré une situation « d’apartheid vaccinal ».  Tous les États ne sont pas égaux face à la pandémie, a dit l’Algérie.  Les inégalités d’accès au vaccin ne peuvent se justifier sur le plan moral, ont renchéri les Philippines.  La Thaïlande a, pour sa part, rappelé que les pays en développement sont plus touchés, car ils disposent de moins de ressources et de capacité pour faire face aux crises.

De fait, un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, soit plus du double des autres régions, a déploré le Groupe des États d’Afrique.  Entre 1990 et 2015, le taux mondial de pauvreté est passé de 36,2% à 10,1%, mais les progrès de ces dernières années ont été beaucoup plus lents, même avant la pandémie, et ils ont aussi été inégaux, a fait observer le Groupe des 77 et la Chine.

Les appels à la solidarité et à la coopération internationale se sont donc multipliés, et le Bangladesh a demandé de considérer le vaccin comme un bien public mondial pour parvenir à une équité vaccinale.  Le financement du développement est essentiel pour surmonter la crise sanitaire, a par ailleurs rappelé le Mexique, à l’instar d’autres délégations.  Beaucoup ont appelé à renforcer le multilatéralisme et les efforts pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable, voire à changer de modèle.

Le respect des engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et la suspension du service de la dette pour les pays en développement ont également été évoqués.  Plusieurs pays, comme le Japon ou Israël, ont attiré l’attention sur l’aide qu’ils avaient fourni en guise de solidarité.  Se réjouissant de la tenue de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) à Doha, en janvier 2022, la représentante du Qatar a dit aspirer à ce qu’elle « permette de concevoir une voie ambitieuse pour le redressement post-pandémie ».

Mme Daniela Bas, du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, n’a pas dit autre chose: les pays devraient saisir l’occasion donnée par la crise de réajuster les politiques socioéconomiques afin de stimuler la reprise, notamment au moyen d’une réaffectation des ressources publiques visant à protéger les personnes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité.

Pour le G77 et la Chine, la réduction de la pauvreté passe par l’augmentation de la capacité de production dans les pays en développement.  Selon le Groupe, renforcer les capacités productives et la diversification de ces économies conduira à la création d’emplois et de richesse ainsi qu’à l’augmentation des ressources fiscales pour la mise en œuvre de politiques sociales de lutte contre les inégalités.

Outre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat est l’autre feuille de route qui revient dans les débats de la Deuxième Commission pour faire face à la seconde crise majeure pour l’humanité: les changements climatiques.  Urgence d’une action décisive, respect des engagements pris par les pays, renforcement des mesures d’adaptation, soutien technologique et financier aux pays en développement sont quelques-uns des thèmes qui ont été abordés.

De fait, les changements climatiques ont un impact sur les systèmes alimentaires et, pour le Groupe des États d’Afrique, la transformation de ceux-ci sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim.  Des systèmes agro-alimentaires plus résistants sont en effet nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré M. Cullen.  Une agriculture durable contribuant à l’élimination de la malnutrition est indispensable au niveau mondial si l’on veut mettre en œuvre le Programme 2030, a acquiescé l’Éthiopie.  Les pays devraient investir dans l’agriculture, soutenir les petits exploitants agricoles, préserver l’aide alimentaire et nutritionnelle humanitaire et promouvoir l’inclusion financière, en particulier dans les zones rurales, a précisé Mme Bas.

La Colombie a réclamé un cadre efficace pour relever les défis climatiques et mettre en œuvre une « relance économique verte » dans le respect de la nature: il faut « produire en préservant; préserver en produisant ».  Pour sa part, en tant qu’économie fondée sur la nature, le Kenya s’est dit impatient de coorganiser avec le Portugal la Conférence des Nations Unies sur les océans, du 27 juin au 1er juillet 2022.

La Deuxième Commission poursuivra son débat sur l’élimination de la pauvreté et le développement agricole demain, à 10 heures, au cours d’une réunion virtuelle

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a estimé que la pandémie et la crise climatique ont exacerbé les inégalités et la pauvreté partout dans le monde, mais que les pays en développement sont plus touchés, car ils disposent de moins de ressources et de capacité pour y faire face.  Les mesures d’adaptation et de résilience pour les changements climatiques sont essentiels et 50% du financement devraient servir à l’adaptation, a-t-il recommandé.  Il a plaidé pour que l’on trouve un point d’équilibre dans les plans de relance et de développement, comme son pays le fait avec son modèle d’économie biocirculaire.

Ensuite, des institutions robustes sont nécessaires et la Thaïlande a investi dans un solide système de santé universel, qui passe également par une approche communautaire.  Enfin, la relance doit être axée sur les personnes, a continué M. Prongthura, qui a appelé à réduire les inégalités dans l’accès à l’éducation, aux ressources numériques, à l’énergie et à la sécurité alimentaire.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a mis l’accent sur les dégâts et les défis graves posés par la pandémie pour la mise en œuvre du Programme 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) requiert beaucoup de détermination et de volonté, a souligné le représentant, pour dire que l’Arabie saoudite a entamé la mise en œuvre pratique des plans de développement dans le royaume, ce qui lui a permis d’enregistrer des avancées.  Elle a créé un environnement propice à la réduction de la dépendance à l’égard du pétrole et développé les infrastructures, a précisé le représentant.  Elle a aussi tenu à développer le secteur touristique, qui est l’un des piliers de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite.

Le représentant a aussi assuré que son pays accorde une grande importance au développement du secteur numérique, en se souciant de faire preuve de solidarité et de coopération internationale pour réduire le fossé numérique, arguant que chacun doit pouvoir prendre part aux nouvelles technologies.  Face aux changements climatiques, l’Arabie saoudite met l’accent sur l’économie circulaire et a lancé les initiatives Arabie saoudite verte et Moyen-Orient vert.  Pour ce qui est de la pandémie, elle a déployé des efforts pour permettre l’accès aux vaccins et le représentant en a, là encore, appelé à la solidarité.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a regretté que la pandémie et les changements climatiques entravent les efforts de développement durable, et appelé à réfléchir à la manière de surmonter ces défis.  Il a proposé tout d’abord de mettre fin à la pandémie le plus rapidement possible, en renforçant la solidarité internationale et en évitant toute politisation de ces questions.  Il a ensuite recommandé de partager les technologies, avant de demander aussi de revoir et de mettre à jour les différentes conventions dans le domaine de la protection du climat et de la biodiversité.  À cet égard, l’orateur a fermement condamné le Japon « pour avoir pollué l’océan, qui appartient à toute l’humanité ».

Enfin, il a jugé essentiel que la paix et la sécurité règne dans le monde, car on ne peut garantir le développement sans garantir la paix.  Au sujet de la péninsule coréenne, tout comme à Cuba, il a dénoncé les mesures unilatérales et les sanctions imposées par les États-Unis, jugées injustifiables et contre-productives.  La Deuxième Commission devrait se pencher sur ce point, a-t-il insisté.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déclaré que le développement durable figurait en tête de la stratégie du Gouvernement égyptien.  Il a appelé à attirer les investissements pour réduire la pauvreté, l’extension des bidonvilles et l’exode rural.  Appelant à échanger les expertises en matière de développement durable, le délégué a aspiré à poursuive les consultations concernant le rôle des coordonnateurs résidents et des mécanismes de financement du développement.  Assurer les contributions des pays développés au financement des objectifs de développement durable (ODD) est un défi majeur pour l’Égypte qui, en mars dernier, a signé un protocole pour le financement des ODD, en phase avec sa stratégie nationale et l’Agenda 2063 pour l’Afrique.  L’orateur a aussi appelé la communauté internationale et les partenaires de développement à alléger le fardeau de la dette des pays en développement durement touchés par la pandémie.

Il a aussi attiré l’attention sur le problème des flux financiers illicites, qui menacent la capacité des pays en développement à réaliser le Programme 2030.  Le montant de ces flux quittant l’Afrique est estimé à 88,6 milliards de dollars annuels, soit plus de 3% du PIB du continent, a-t-il alerté.  Concernant les changements climatiques, l’Égypte a insisté sur la nécessité de trouver un angle global contre la désertification.  La pénurie d’eau y est un défi existentiel, et le phénomène de pauvreté hydraulique, de plus en plus prégnant.  Il a appelé à plus de coopération entre pays riverains de grands fleuves, et à davantage considérer le sort des pays situés en aval de ces grands fleuves.

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a rappelé que son pays avait coorganisé le Sommet COVAX AMC en juin dernier et a consacré 1 milliard de dollars pour fournir plus de 1,8 milliard de doses de vaccins aux économies en développement.  De plus, le Japon va offrir des équipements de chaîne du froid pour assurer la livraison des vaccins dans chaque pays et chaque région du monde.  Dans ce contexte, le représentant a insisté sur la nécessité de parvenir à une couverture sanitaire universelle, ainsi qu’à l’accès aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics pour tous.  Le Japon est pleinement engagé à diriger les efforts internationaux pour atteindre la couverture sanitaire universelle et contribuer à la prochaine réunion de haut niveau sur le sujet qui se tiendra en 2023.

Sur la question des changements climatiques, M. Tetsuya a indiqué que le Japon entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46% d’ici à 2030, par rapport à son niveau de 2013, et vise à long terme d’atteindre la neutralité en carbone d’ici à 2050.  En outre, le Japon fournira des financements climatiques, publics et privés, aux pays en développement, totalisant environ 60 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.  Grâce à ces efforts, le Japon contribuera au succès de la COP26 pour parvenir à une réduction du carbone à l’échelle mondiale et créer une société verte et durable, a-t-il promis.  Le représentant a aussi recommandé que la réduction des risques de catastrophe soit intégrée dans l’ensemble du développement durable, arguant que les catastrophes peuvent annuler des années de gains en un instant.  C’est pourquoi le Japon continuera à promouvoir la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a-t-il dit, espérant que l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai en 2023 soit une occasion importante de promouvoir la préparation aux catastrophes et du concept de « reconstruire en mieux ».

La coopération et l’innovation numériques centrées sur l’humain sont la clef de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a affirmé M. Tetsuya.  Enfin, réagissant aux propos du représentant de la RPDC, le délégué du Japon a indiqué que toutes les informations concernant la centrale nucléaire de Fukushima ont été partagée avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et la communauté internationale.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) s’est demandé comment on peut parler de « reprise » dans le thème de cette session alors que des millions de personnes n’ont pas encore reçu le soutien nécessaire pour y arriver et empêcher la propagation du virus.  Si le Programme 2030 prône de ne laisser personne de côté, depuis deux ans que dure la pandémie de COVID-19, nous laissons des millions de personnes derrière nous, s’est-il exclamé.  Rien qu’en Afrique, 90% de la population n’a pas encore reçu sa première dose de vaccin, tandis que le monde développé parle d’une troisième dose pour ses citoyens.  « Comment cela peut-il être moralement justifiable alors que le virus ne connaît pas de frontières? »  Assurer une distribution équitable des vaccins est le seul moyen pour nous d’assurer le bien-être de tous à l’échelle mondiale, a—t-il argué.

En plus de la pandémie, le représentant a souligné que les changements climatiques deviennent incontrôlables.  Les pays qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre, et subissent de plein fouet les conséquences causées par 20% de la population mondiale, ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour lutter contre les changements climatiques, a déploré le représentant.  De même, la lutte contre les changements climatiques dans les économies avancées ne peut se faire aux dépens des pays en développement, a-t-il avancé, plaidant pour des approches durables qui ne paralysent pas les nations qui tentent de progresser et de rattraper leur retard afin d’améliorer les moyens de subsistance de leurs citoyens.  Il a plaidé en faveur d’un ordre économique mondial qui vise l’égalité et améliore la qualité de vie de ceux qui se trouvent au niveau de développement le plus bas.

M. VELEZ (Mexique) a reconnu que la pandémie de COVID-19 a accéléré le changement technologique.  Sans les TIC, il n’aurait pas été possible de développer un vaccin contre le COVID-19 en peu de temps, même si le manque d’accès équitable à ce vaccin reste une préoccupation, a pointé l’orateur.  Notant que le progrès technologique ouvre de nouvelles voies aux multiples avantages, il a regretté que peu de gens ait la perspective d’en profiter, car 57% de la population mondiale n’a même pas accès à Internet.  D’autant que l’adaptation technologique se caractérise aussi par des inégalités de genre, a-t-il ajouté.  Le Mexique a d’ailleurs plaidé en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des filles dans des secteurs critiques tels que les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.

Pour le Mexique, un moyen important d’atténuer les effets négatifs des nouvelles technologies et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) consiste à générer des « stratégies et des politiques appropriées », avec des « cadres réglementaires éthiques et inclusifs ».  Ces stratégies, politiques et cadres doivent aborder des questions telles que le droit à la vie privée, la « cyberintimidation », la liberté d’expression, la désinformation, le racisme, la xénophobie, les discours de haine, la cybercriminalité, le commerce électronique, la cybersécurité ainsi que l’autonomisation en ligne des femmes et des filles, a énuméré le représentant.  Les mêmes droits que ceux dont jouissent les personnes hors ligne doivent également être protégés en ligne, a insisté le délégué mexicain.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a souligné que les leçons à tirer de ces derniers mois difficiles devraient permettre de mieux anticiper les prochaines crises afin de bâtir un monde résilient.  C’est l’occasion de se réorienter vers un modèle de société plus inclusif et durable, en mettant en œuvre le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Quant à la Deuxième Commission, elle doit continuer à donner les orientations normatives sur les enjeux globaux liés au développement durable et les États Membres doivent faire leur maximum en faveur du compromis et du consensus, a plaidé le délégué, ajoutant que le travail de la Commission doit être recentré sur les résolutions qui ont le plus d’impact dans la mise en œuvre effective de ces deux feuilles de route.

La Suisse est prête à s’engager avec force afin de lutter contre la pauvreté, éliminer les inégalités et les discriminations, prévenir et répondre aux catastrophes, réduire l’impact des changements climatiques et la dégradation de la biodiversité et soutenir la transformation des systèmes alimentaires, a dit la délégation, pour ne citer que quelques thèmes d’actualité.  Tous ces défis ne peuvent être résolus en silo et de solides partenariats sont fondamentaux, a ajouté le représentant.  Sachant que l’engagement pour le développement durable doit nécessairement prendre en compte le contexte sécuritaire, la Suisse sera en 2022, pour la première fois, candidate à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024.  Elle continuera d’œuvrer au sein du Conseil pour l’humanité, le développement durable, le multilatéralisme, l’innovation et la paix.

Le représentant a également attiré l’attention sur les données et statistiques de qualité, indiquant accueillir le prochain Forum mondial des Nations Unies sur les données à Berne ce mois-ci.  La Suisse mise sur l’évolution technologique et la numérisation, qui offrent la possibilité d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), tout en permettant une plus grande transparence.  Estimant toutefois que le monde virtuel ne doit pas être une zone de non-droit, la Suisse s’implique au sein de l’Assemblée générale pour la promotion d’une conduite étatique responsable et l’application du droit international dans le cyberespace, a précisé le délégué.

Nous avons besoin d’une feuille de route mondiale ambitieuse, a insisté M. FAHMID FARHAN (Bangladesh), soulignant que les pays en développement faisaient face à deux risques majeurs, la pandémie et les changements climatiques.  Le représentant a appelé à un accès universel aux vaccins, à un coût raisonnable.  Le vaccin doit être considéré comme un bien public mondial, a-t-il martelé, en plaidant aussi pour l’augmentation de la production de vaccins.  Il a également rappelé l’appel de son gouvernement en faveur de la limitation de l’augmentation des températures.  Il faut un appui technologique plus fort en faveur de l’agriculture et des énergies renouvelables, a-t-il souligné, à cet égard.  Il a ensuite insisté sur la nécessité d’utiliser les technologies numériques pour combler les fossés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Nous appuyons la proposition du Secrétaire général de parvenir à un pacte numérique mondial, permettant de connecter tout le monde à Internet, a ajouté le représentant.

M. Farhan a ensuite appelé à se préoccuper de la situation du genre et de l’écologie et a exprimé son inquiétude quant à l’impact de la pandémie sur les femmes.  Les mesures de redressement post-COVID doivent tenir compte de ces questions, a-t-il incité, soulignant qu’au Bangladesh, les femmes sont placées au centre de la réponse à la pandémie.  Enfin, les sources de financement extérieur ont baissé fortement pour de nombreux pays en développement, a-t-il souligné, en recommandant de revitaliser les sources de financement, y compris grâce à l’aide publique au développement et aux financements privées.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur l’impact de la pandémie sur les travailleurs migrants et les envois de fonds.  Nous voulons qu’ils bénéficient d’un appui pendant cette période, a-t-il conclu.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a énuméré les inégalités révélées par la pandémie de COVID-19 qui a agi comme « un rayon X ».  Il a dénoncé une situation « d’apartheid vaccinal » et souligné que des milliards de dollars avaient été injectés dans les économies des pays développés, et non dans les pays en développement.  Les pays qui ont contribué le moins à la dégradation de l’environnement portent le plus gros du fardeau des effets des changements climatiques, a-t-il également accusé.  Avec ces tendances actuelles, nous ne parviendrons pas à atteindre la plupart des objectifs de développement durable (ODD), a insisté le représentant.  Évoquant le plan d’action proposé par le Premier Ministre du Pakistan, il a appelé à veiller à l’équité vaccinale et à doubler la production de vaccins.

Le fardeau de la dette des pays en développement doit être allégée notamment grâce à la participation du secteur privé et à l’annulation de la dette, a-t-il demandé, en plaidant aussi pour une assistance concessionnelle.  Selon le délégué, au moins 150 milliards de dollars des droits de tirages spéciaux (DTS) doivent aller aux pays en développement.  Le coût des emprunts des pays en développement doit aussi être réduits, a-t-il incité.  Le délégué a également appelé à mettre fin aux flux financiers illicites, espérant que la Deuxième Commission agisse à cet égard.  Il a aussi attiré l’attention sur les refuges fiscaux.  Le représentant a également plaidé en faveur du maintien du financement de la lutte contre les changements climatiques et appelé à des efforts concertés pour éviter les tendances protectionnistes.  Il a aussi souligné la nécessité de développer l’intégration à l’économie mondiale numérique

M. SALIM SALIM (Kenya) a indiqué qu’alors que le Kenya a pris des mesures rapides pour amortir les impacts de la pandémie sur différents secteurs de l’économie, les perturbations des activités socioéconomiques ont été sérieuses, aggravant la pauvreté et les inégalités de revenus.  Pour reconstruire avec succès, il a recommandé de donner la priorité à un accès mondial équitable aux vaccins.  S’agissant du financement du développement, qui reste un défi majeur pour les pays en développement, en particulier en Afrique, il a plaidé pour des changements structurels concertés dans l’ordre économique mondial pour permettre une augmentation significative des investissements dans les pays en développement.

Alors que la pandémie actuelle a démontré le besoin urgent d’éliminer la fracture numérique, le délégué a demandé instamment une coopération numérique internationale accrue par le transfert de technologies appropriées et le renforcement des capacités dans ce domaine.  En tant qu’économie fondée sur la nature, le Kenya continue de rechercher des solutions vertes et bleues qui créeront des emplois et une prospérité partagée pour les jeunes générations, a-t-il poursuivi.  Nous avons également identifié une gamme de priorités d’adaptation basées sur les océans pour intégrer des solutions climatiques basées sur les océans, a-t-il indiqué.  Il a dit espérer que la COP26 sur le climat aboutira à des actions concrètes sur le financement de l’adaptation.  En outre, le Kenya se félicite de la commémoration du cinquantième anniversaire de la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), de la réunion de haut niveau sur l’agenda urbain et de la réunion internationale Stockholm+ 50, des réunions prévues respectivement en mars, avril et juin 2022.  Avec le Portugal, le Kenya s’est dit impatient de coorganiser la Conférence des Nations Unies sur les océans 2022 du 27 juin au 1er juillet 2022.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dit soutenir la reconnaissance mutuelle des vaccins approuvés au niveau national par des autorités de contrôle, afin de pouvoir favoriser la levée, dans les meilleurs délais, des restrictions pesant sur les voyages internationaux.  Il a rappelé que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires récemment organisé avait souligné le besoin de transformer le secteur agro-alimentaire afin d’en faire la locomotive du retour à la trajectoire de la mise en œuvre rapide des objectifs de développement durable (ODD).  Pour y parvenir, il a prôné une agriculture efficace, utilisant des technologies abordables et durables, afin d’éradiquer la pauvreté.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, il a appelé à de nouveaux objectifs ambitieux et la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Le délégué a indiqué que son gouvernement termine actuellement l’élaboration de sa stratégie de développement socioéconomique avec un faible niveau d’émissions de gaz à effet de serre.  Nous sommes favorables à l’accroissement du rôle des régions dans le cadre de la coopération financière et technologique internationale, a-t-il dit.  À cet égard, il a évoqué le projet de construction du Grand partenariat eurasien proposé par le Président Poutine.  Il a également cité le mégaprojet régional intitulé « la ceinture et la route ».  Le représentant a par ailleurs dénoncé les mesures coercitives imposées aux pays en développement.

Enfin, le représentant a défendu la Deuxième Commission en tant que plateforme de consensus entre tous les États Membres de l’ONU sur les questions les plus importantes du développement.  Il a donc regretté cette tendance à saper sa capacité à aboutir aux décisions consensuelles.  Il a aussi dénoncé un déséquilibre dans la sélection des modérateurs et des panélistes clefs, en particulier en dehors du système des Nations Unies.  « Assez souvent, ces personnages représentent le même groupe régional » et agissent sur les schémas des talk-shows, s’autorisant des commentaires très controversés en ce qui concerne les pays, les gouvernements et les peuples individuels, a-t-il décrié.  Il a ainsi exhorté le Secrétariat à adopter une approche plus prudente afin de faire la sélection de modérateurs et de panélistes « appropriés ».

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraq) a déclaré qu’il importe de poursuivre les efforts solidaires de la communauté internationale visant à relever les défis posés par la pandémie de COVID-19 qui n’a épargné aucun pays.  Il a rendu hommage aux travailleurs de la santé, aux agents humanitaires et aux chercheurs scientifiques, ainsi qu’aux volontaires qui, aux quatre coins du monde, n’ont cessé de sauver des vies au péril de la leur.

Le représentant a signalé qu’en dépit de l’attachement sans faille de son pays aux objectifs de développement durable, celui-ci avait signalé, dans son rapport volontaire au Forum politique de haut niveau 2021, que les répercussions de la pandémie, le fardeau de la lutte contre le terrorisme et la baisse tant de la production nationale que du prix du pétrole étaient autant de défis à relever pour le budget national en 2020.

Partant, il s’est félicité de la deuxième Réunion sur les objectifs de développement durable, tenue lors du Sommet de haut niveau de l’Assemblée générale, qui a permis de se focaliser sur les mesures urgentes à prendre en vue de l’élimination de la COVID-19.  Il a également salué la réunion sur l’objectif 7 de développement durable: « garantir l’accès à tous à des services énergétiques », ainsi que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.  Le représentant a attiré l’attention sur les tempêtes de sable et de poussière, chaque fois plus fréquentes, avant d’insister sur la mise en œuvre de l’objectif 17 de développement durable: « renforcer les moyens de mettre en œuvre les partenariats », notamment pour la reconstruction et la pérennisation du développement.

Face aux conséquences de la pandémie, Mme HIBA JAFAAR ABUBAKR ABUHAJ (Soudan) a demandé de recibler les efforts afin de permettre une approche plus précise et plus souple pour permettre la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a aussi demandé de soutenir les efforts du Soudan pour renforcer sa sécurité alimentaire, ce qui correspond à l’objectif 2 des ODD, par exemple par un transfert de technologies et de capacités.

Rappelant par ailleurs que les États-Unis ont retiré depuis 2020 le Soudan de la liste des États sponsorisant le terrorisme, il a fait valoir que cela lui permet de bénéficier des initiatives pour les pays lourdement endettés et de mettre en place sa réforme socioéconomique.  La Banque mondiale lui a accordé 2 milliards de dollars en ce sens et la représentante a assuré que les réformes ont commencé à porter leurs fruits, avec par exemple une baisse de l’inflation.

M. EMIL BEN NAFTALY (Israël) a fait savoir que le Gouvernement d’Israël a apporté son soutien à plusieurs initiatives dans la lutte contre les changements climatiques, notamment dans le cadre de la préparation de la COP15 sur la biodiversité.  Et dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, son système de santé numérisé fournit des informations sur l’efficacité vaccinale, les populations à risque ou encore les variants.  Les technologies de l’information et de la communication (TIC) se sont révélées être des outils essentiels pour parvenir au développement durable dans de nombreux autres domaines, a fait observer le délégué, évoquant par exemple l’entrepreneuriat au niveau local et l’accès aux services financiers dans les pays en développement.  Beaucoup de ces pays étant très dépendants de l’agriculture, Israël parraine une résolution biennale sur la technologie agricole pour le développement durable, a-t-il rappelé.  En effet, les nouvelles technologies peuvent améliorer l’efficacité de la production et les revenus des producteurs, renforcer la sécurité alimentaire, réduire les déchets et la pression sur l’environnement.

Le délégué s’est par ailleurs félicité des progrès vers la normalisation des relations d’Israël avec ses voisins et de la mise en place de nouveaux partenariats avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan.  Il a ajouté que cette évolution stimulera les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable et qu’elle devrait servir d’exemple.

Selon M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), résoudre la catastrophe sanitaire en cours dépendra de la collaboration et de la solidarité internationale.  À cette fin, l’accès aux vaccins doit être assuré à chacun dans le monde, a-t-il estimé.  La crise actuelle a rappelé la nécessité de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il souligné, en attirant l’attention sur les pays les plus durement touchés, ceux en situation particulière: pays en développement sans littoral, petits États insulaires en développement (PEID), pays les moins avancés (PMA) et pays à revenu intermédiaire.  Leurs ressources fiscales sont à sec, c’est pourquoi l’aide publique au développement, le fonds climatique, entre autres, doivent être renforcés, selon le délégué népalais.

Les changements climatiques se poursuivent, met en garde le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  Or, la communauté internationale est en train de faillir à remplir les objectifs de l’Accord de Paris, s’est inquiété le représentant.  Il a déploré que le Népal, en tant que pays vulnérable, en pâtisse le plus, alors qu’il n’a jamais émis beaucoup de gaz à effet de serre dans son Histoire.  Devenir neutre en carbone d’ici à 2050 coûterait seulement 28 milliards de dollars au Népal, a-t-il illustré.  Enfin, le délégué a misé sur les nouvelles technologies numériques, fort prometteuses, mais aussi risquées: elles peuvent contribuer à la réalisation des ODD, mais aussi propager les discours de haine.  Il a, quoi qu’il en soit, jugé urgent de combler le fossé numérique.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a évoqué le rôle de la culture et de « l’économie orange » dans la relance de l’économie comme de bonnes opportunités s’offrant à la communauté internationale pour réaliser le Programme 2030.  Il a aussi appelé au renforcement des capacités et de la coopération Sud-Sud dans le cadre des processus de relance.  Concernant les politiques macroéconomiques, le délégué a remarqué que plusieurs pays avaient mis en œuvre des politiques fiscales ambitieuses.  La Colombie a récemment adopté une « loi sur le développement social » qui envisage la gratuité des inscriptions à l’université pour les plus pauvres, ainsi que l’octroi d’un revenu de base en faveur des plus vulnérables.

Bien que la Colombie ne soit pas un gros pays émetteur de gaz à effet de serre, elle est très vulnérable aux changements climatiques, a enchaîné le représentant.  Il a annoncé que la Colombie s’était engagée à réduire de moitié ses émissions d’ici à 2030 et à devenir neutre en carbone d’ici à 2050.  L'orateur a réclamé un cadre efficace pour relever les défis climatiques et a demandé de mettre en œuvre une « relance économique verte », préservant la nature.  Il faut « produire en préservant; préserver en produisant », a résumé le délégué en conclusion.

M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a souligné l’importance plus grande que jamais des travaux de la Commission en ces temps de pandémie qui a exacerbé les inégalités.  La Sri Lanka fait face à une pression financière dévastatrice due à la pandémie, a-t-il témoigné, expliquant que le pays utilise des réserves pour financer le redressement économique et social, tout en investissant dans le développement des infrastructures.  Mais la clôture des frontières dans le monde entier ont conduit au déclin des réserves du pays, a-t-il précisé.  La Sri Lanka a donc établi de nouvelles priorités dans ses dépenses, se concentrant sur une approche fondée sur les droits: il offre un accès continu à une éducation et des soins de santé gratuits, à une assistance sociale et à des programmes d’appui aux activités commerciales.  Le plan de reprise économique s’élève à 774 millions de dollars américains, a-t-il précisé.  Citant ensuite les différents programmes mis en place à Sri Lanka, le représentant a insisté sur ceux qui fournissent une aide financière d’urgence et une aide alimentaire essentielle pour les foyers à bas revenu.  Il a également ajouté que la Banque centrale de la Sri Lanka a introduit différents programmes de prêt financier concessionnel à des banques commerciales et spécialisées.

Nos efforts de redressement doivent être appuyés par une forte volonté politique, a-t-il ensuite insisté.  Le représentant a demandé que les pays respectent leurs engagements en termes d’aide publique au développement.  Nous demandons aux institutions financières internationales d’être flexibles et transparentes dans leur financement, en rejetant notamment l’imposition de valeurs dans sa fourniture de financement.  Enfin, le représentant a appelé à réfléchir aux causes profondes de la crise actuelle.  Une reprise mondiale n’est pas possible si la moitié du monde continue de faire face à des confinements ou à des vagues de COVID-19, a-t-il conclu.

Mme. ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné que les investissements du pays avaient été déterminants pour atténuer les effets de la pandémie au Qatar.  Elle a salué le rôle joué par la compagnie Qatar Airways dans le rapatriement de passagers, d’une part, et le transport de denrées alimentaires et d’outils de lutte contre la pandémie à des dizaines de pays, d’autre part.

La représentante s’est ensuite réjouie d’accueillir la cinquième Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés (PMA) qui se tiendra à Doha en janvier 2022.  « Nous aspirons à ce que cette conférence permette de concevoir une voie ambitieuse pour le redressement post-pandémie. »  La représentante s’est dit ensuite convaincue de l’importance de travailler ensemble pour lutter contre les changements climatiques, notamment pour les pays les moins avancés.  Le Qatar est soucieux de contribuer positivement à l’aide humanitaire, a-t-elle ensuite souligné.  Saluant le rôle fédérateur des Nations Unies, la représentante a ensuite déclaré aspirer à l’ouverture de la Maison des Nations Unies à Doha, « plateforme de coopération pour tous les pays impliqués dans une action internationale commune ».

M. JÖRUNDUR VALTŸSSON (Islande) a appelé à se réengager à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) plus rapidement et à grande échelle.  Dans l’immédiat, il faut contenir la propagation de la pandémie et aborder son impact socioéconomique, a-t-il recommandé.  Il a mentionné les inégalités dans la lutte contre la CODIV-19, que ce soit dans le cadre des vaccins ou concernant la reprise.  En effet, les pays à revenu élevé et macro économiquement résilients ont investi près de 28% de leur PIB dans la relance économique, tandis que moins de 2% des PMA ont pu le faire.  À moins que des mesures ne soient prises collectivement maintenant, la répartition inégale des vaccins de la COVID-19 et les différentes capacités des pays à faire face aux impacts socioéconomiques vont aggraver les inégalités et stopper la reprise, a-t-il prédit.  L’Islande s’est engagée à faire sa part en contribuant financièrement au Mécanisme COVAX et a commencé à partager des vaccins.  Pour mieux reconstruire, a préconisé le délégué, il faut relever les défis liés aux inégalités et placer l’égalité des genres au centre de notre démarche.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, l’Islande envisage atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040, et depuis 2018, le pays a plus que doublé sa contribution au financement climatique international.  Enfin, pour s'assurer que la Deuxième Commission soit apte à remplir ses fonctions, le représentant a demandé la poursuite du processus de revitalisation, encourageant à nouveau les délégations à concentrer leurs efforts sur les résolutions qui ont le plus d’impact sur la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action Addis-Abeba.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé qu’avec les effets néfastes de la COVID-19 sur le développement économique, il est plus que jamais nécessaire de faire fond sur le multilatéralisme qui nous offre l’opportunité d’agir de façon solidaire pour tenter d’atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) et construire un monde plus sûr et plus résiliant afin de ne laisser personne de côté.  Nous devons, à cet égard, relever le niveau de nos ambitions en vue d’apporter des réponses pérennes aux défis liés au financement du développement, aux changements climatiques, à la perte de la biodiversité et aux inégalités sociales, tout en promouvant les droits humains, a-t-il recommandé.  Il a conseillé de faire porter les efforts communs principalement sur les actions urgentes, afin de se remettre rapidement de la pandémie.

Le représentant a souligné que la crise du financement du développement constitue une autre source de préoccupation qui commande des solutions concrètes et innovantes, si l’on veut construire durablement.  C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire plaide pour une mobilisation accrue des financements aussi bien publics que privés afin de réduire les inégalités et la pauvreté notamment dans les pays en développement, en investissant prioritairement dans le capital humain, la protection sociale, les infrastructures et les technologies durables.  Outre la problématique de la soutenabilité de la dette, M. Kacou Adom a proposé de rechercher des solutions à long terme à la question des liquidités et à celle de la lutte contre le flux financiers illicites.  En dépit du contexte particulièrement difficile lié à la COVID-19, le Gouvernement ivoirien s’attèle à la mise en œuvre d’un Programme social à impacts rapides qui vise à réduire davantage le taux de pauvreté et à assurer une redistribution équitable des richesses.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a indiqué que le Paraguay avait lancé un nouveau cadre stratégique prenant en compte les effets de la pandémie.  S’agissant de la relance mondiale, il a estimé que garantir l’accès équitable et abordable à des vaccins efficaces constitue l’une des priorités principales, car c’est la seule manière de surmonter cette pandémie de manière sûre et durable.  Il s’est dit convaincu qu’il faut contribuer au renforcement normatif international sur la base des responsabilités partagées mais différenciées.  Pour le délégué, il convient également d’examiner les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays en situation particulière ainsi que les pays à revenu intermédiaire.

L’économie paraguayenne se fonde principalement sur la production d’aliments pour le monde, a-t-il expliqué, et un commerce ouvert, transparent et prévisible est nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire mondiale, de même que les objectifs de développement durable.  Les changements climatiques sont une menace pour ce commerce et aussi pour la génération d’énergie, a-t-il rappelé.  Le représentant a donc plaidé pour le respect de l’Accord de Paris et pour un soutien renforcé aux pays les plus menacés par la crise climatique.

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a mis l’accent sur les inégalités d’accès au vaccin, qui ne peuvent se justifier sur le plan moral.  Il a plaidé pour un transfert de technologies afin d’assurer la production locale de vaccins.  Le soutien aux pays en développement est nécessaire pour faire face à la pandémie, a insisté le représentant.

Passant à la question des changements climatiques, il a estimé qu’une action climatique ambitieuse est nécessaire.  Pour sa part, le Président des Philippines a placé un moratoire sur toutes les constructions de nouvelles centrales à charbon, a fait valoir le représentant qui s’est dit impatient de voir des résultats concrets à l’issue de la COP26 à Glasgow.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a souligné la nécessité d’une équité vaccinale face à la pandémie de COVID-19.  Cette pandémie devient de plus en plus la pandémie des non-vaccinés, a-t-elle asséné.  Et malheureusement, la plupart des non-vaccinés se trouvent dans les pays en développement, à cause de l’inaccessibilités aux vaccins dans les pays les plus pauvres, a-t-elle ajouté.  Face à tous ces défis, elle a jugé injuste que les pays riches puissent emprunter à faible coût pour relancer leurs économies alors que les autres ne font que survivre.  Elle a rappelé que les gouvernements des pays en développement devaient choisir entre intervenir pour faire face à la situation sanitaire ou lutter contre la pauvreté.  Évoquant ensuite la question des changements climatiques et la prochaine COP26, elle a appelé à ce que des solutions basées sur la nature soient intégrés aux efforts de relance.

L’élimination de la pauvreté doit rester une priorité de la Deuxième Commission, a insisté la représentante, appelant à une réforme de l’architecture financière internationale.  Le financement à long terme doit être augmenté et nourri de sources publiques et privées, internationales et nationales, pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle aussi demandé.  La représentante du Ghana a également souhaité qu’on n’utilise pas seulement le PIB pour mesurer le développement des pays, demandant qu’on mette à jour les paramètres utilisées.  Enfin, elle a réaffirmé son attachement à l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui vise notamment à intégrer la jeunesse au secteur formel de l’emploi.

M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI (Zimbabwe) a incité à accroître la résilience pour une meilleure préparation à des chocs futurs.  Il a appelé les délibérations de la Commission à s’orienter notamment vers la lutte contre la pandémie, la lutte contre les changements climatiques, la réduction des écarts numériques et la diminution de l’instabilité.  Un accès équitable aux vaccins est essentiel, a-t-il souligné, demandant que les vaccins soient considérés comme des biens publics.  Rappelant ensuite que l’élimination de la pauvreté reste le principal objectif du Programme 2030, il a souligné la nécessité du financement pour le développement.  La plupart des pays en développement, y compris le Zimbabwe, ont dû détourner des ressources prévues pour le développement pour lutter contre la COVID-19, a-t-il souligné.  Il est donc impératif de trouver des solutions financières pour venir en aide à ces pays dans le cadre des efforts de relance, a-t-il appuyé, précisant que cela devait inclure le respect des promesses en matière d’APD.  Il a également cité le problème d’accès difficile aux marchés et celui des flux financiers illicites.  Nous devons mettre en place des paquets économiques efficaces qui intègrent l’allégement de la dette, a-t-il réclamé.

Évoquant les changements climatiques, il a rappelé que le Zimbabwe avait été confronté à la réalité brutale de ces changements, notamment lors des inondations catastrophiques de 2019.  La communauté internationale doit mettre en place des mécanismes permettant aux pays de réagir de manière efficace, a-t-il estimé, soulignant aussi la nécessité de repenser les instruments de lutte à la disposition des pays.  Le Zimbabwe est un pays en développement sans littoral, a-t-il enfin rappelé.  L’agriculture reste le volet essentiel de notre économie et des efforts sont développés pour réduire notre dépendance vis-à-vis de l’agriculture pluviale, a-t-il conclu.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a rappelé que tous les États ne sont pas égaux face à la pandémie.  Il a donc appelé à une révision de l’ordre mondial, notamment sur les volets commerce et économie.  Lutter contre la pandémie et pour le relèvement, sont deux actions importantes pour réaliser le développement durable et assurer un meilleur avenir, a-t-il estimé en, recommandant avant tout de s’atteler à une distribution efficace des vaccins.  Si certains États ont réalisé leurs objectifs, d’autres, surtout les pays les moins avancés, sont à la traîne, a noté l’orateur qui a appelé les États en capacité de produire des vaccins à en fournir à ceux qui n’en ont pas, et à faire des vaccins un bien public mondial.  L’Algérie a justement démarré une production nationale de vaccins, et espère rapidement vacciner la majorité de sa population, a-t-il annoncé.

Jugeant nécessaire que les pays en développement bénéficient des progrès numériques notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, sans quoi les efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) n’aboutiront pas, le délégué a déclaré que l’Algérie avait mis en place un fonds pour soutenir ses petites entreprises afin de favoriser la relance économique.  Concernant les changements climatiques, il a appelé à davantage de coordination pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  L’Algérie a mis en place, à titre national, une stratégie favorisant les énergies renouvelables, financée par 3,6 milliards de dollars, pour produire 4.000 Mégawatts d’énergie renouvelable à l’horizon 2024.  En 2020, l’Algérie était déjà le troisième pays producteur d’énergie renouvelable du continent africain, a fait valoir le délégué.

Mme MERIEM EL HILALI (Maroc) a déclaré que depuis l’adoption du Programme 2030, le Maroc s’était engagé dans un processus de mobilisation collective aux niveaux national et international.  Au niveau national, il a développé un programme ambitieux et a consacré le développement durable comme valeur constitutionnelle, renforçant son cadre juridique, rédigeant une charte et un plan énergétique solaire.  La représentante a également cité, entre autres, le « Plan Maroc Vert » pour l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Le cadre institutionnel marocain a été renforcé, avec une commission nationale pluridisciplinaire dédiée au développement durable, a-t-elle aussi indiqué.  En outre, a-t-elle ajouté, le Gouvernement s’est attelé à sensibiliser sa population, y compris la jeunesse, à la thématique du développement durable.

La déléguée a souligné l’importance d’un financement prévisible et diversifié pour réaliser les 17 objectifs de développement durable (ODD).  Elle a ensuite évoqué une « trajectoire ascendante et un développement sans précédent » de son pays.  De plus, dès l’apparition de la pandémie, le Maroc a développé une riposte volontariste, avec la création d’un fonds spécial pour lutter contre la pandémie et un fonds de soutien aux TPE-PME.  Le pays a enregistré un taux de croissance économique de 5,8% en 2021 grâce à la réouverture graduelle de son économie nationale.  Enfin, face à une menace de crise alimentaire en Afrique à la suite de la récession, le Maroc tente de dynamiser la coopération au niveau continental, a déclaré la représentante.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a estimé que la pandémie appelle à renforcer les efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment le premier qui vise l’éradication de la pauvreté.  Pour faire face à la pandémie, elle a invité la communauté internationale à œuvrer pour que les droits de la propriété intellectuelle soient mis en berne afin que les pays en développement puissent fabriquer les médicaments et vaccins contre la COVID-19.  En ce qui concerne les engagements pris dans le cadre du partenariat pour le développement, la représentante a affirmé que les ODD ne seront réalisés que par le biais d’un partenariat efficace.

La réduction de la fracture numérique pourrait aussi favoriser l’essor des pays en développement, a-t-elle noté.  La représentante a également souligné l’importance de l’accès à des sources d’énergie durables pour la relance économique dans les pays en développement.  Enfin, Mme YYYY a dit que dans le contexte de la reconstruction, le multilatéralisme est plus que jamais crucial.

M. DAI BING (Chine) a appelé à combattre la pandémie en se concentrant sur les êtres humains.  Il a aussi appelé à lutter contre le nationalisme vaccinal.  Dans le cadre de la reprise économique post-pandémie, le délégué a estimé que les besoins des pays en développement doivent être au centre des efforts de la communauté internationale.  Pour la Chine, les États doivent considérer le relèvement comme une occasion de promouvoir la transition verte.  De même, la COP26 doit permettre de forger un consensus sur l’action climatique, a espéré le délégué.  Selon lui, il faut désormais bâtir une économie mondiale ouverte, s’appuyant sur les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, tout en donnant davantage voix au chapitre aux pays en développement dans les instances internationales.  C’est dans cette optique que la Chine propose une initiative de coopération internationale pour le développement et elle invite tous les États à s’y associer, a conclu l’orateur.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a observé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les fortes inégalités et les différences structurelles préexistantes au sein des pays et entre eux, anéantissant les progrès réalisés.  Lorsque les pays en développement en avaient le plus besoin, nous avons vu un multilatéralisme faible et limité, et une coopération internationale insuffisante, a lancé le représentant, évoquant notamment l’accès très inégal aux vaccins.  Selon lui, la crise ne sera surmontée que si les États respectent leur engagement en faveur de la préservation, de la promotion et du renforcement du multilatéralisme, et non pas par des actions unilatérales, isolationnistes, protectionnistes et coercitives.

Les problèmes globaux nécessitent des solutions globales et multilatérales au bénéfice de tous, a martelé le délégué.  L’humanité dispose des connaissances et des ressources suffisantes pour mettre fin à la pauvreté et permettre une croissance économique soutenue et inclusive, le développement social et la protection de l’environnement, a-t-il fait observer, avant de regretter que la majorité des États les plus développés manquent de volonté politique pour honorer leurs engagements internationaux, par exemple en termes d’APD.  S’agissant des changements climatiques qui menacent la survie de l’humanité, le délégué a appelé à respecter l’Accord de Paris et le principe des responsabilités communes mais différenciées, en mobilisant les ressources nécessaires à l’adaptation et à l’atténuation.  Il a appelé les pays développés à respecter leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à cette fin pour les pays en développement.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a fait observer que la pandémie de COVID-19 mine les efforts des pays en développement pour résoudre des problèmes tels que la pauvreté, les inégalités, la faim, la malnutrition, le chômage, le manque d’accès aux soins de santé et les changements climatiques.  Aussi a-t-il plaidé pour un renforcement du multilatéralisme, pour la coopération et la solidarité internationale, invitant à déclarer le vaccin comme un bien commun de l’humanité et à en assurer une distribution équitable pour toutes les populations du monde.  Pour M. Castillo, la pandémie a mis en évidence la nécessité de créer un nouveau modèle économique international, fondé sur l’inclusion, l’équité, la justice sociale, l’égalité et se donnant pour priorités l’élimination de la pauvreté et l’accès aux services de santé comme droits universels de l’humanité.

Pour atteindre l’objectif 1 du Programme 2030, c’est-à-dire l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes, les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, a rappelé M. Castillo.  Il a fait savoir que le Nicaragua a mis en place diverses politiques, qui ont permis de réduire la pauvreté générale: entre 2009 et 2017, celle-ci est passé de 42,5 à 24,9%, et la pauvreté extrême de 14,6 à 6,9%.

RÉUNION VIRTUELLE SUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) A/76/234

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition A/76/73–E/2021/51 A/76/233

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division pour le développement social inclusif au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport intitulé « Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) » (A/76/234).

Ses conclusions indiquent que les défis économiques et sociaux croissants ainsi que les effets de la crise de la COVID-19 et des changements climatiques exigent des politiques axées sur des mesures intégrées, inclusives et durables qui ne laissent personne de côté, pour un relèvement rapide, meilleur et durable.

Selon les conclusions du rapport, les pays devraient saisir l’occasion donnée par la crise de réajuster les politiques socioéconomiques afin de stimuler la reprise, notamment au moyen d’une réaffectation des ressources publiques visant à protéger les personnes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité.  Ils devraient aussi investir dans l’agriculture, soutenir les petits exploitants agricoles, préserver l’aide alimentaire et nutritionnelle humanitaire et promouvoir l’inclusion financière, en particulier dans les zones rurales.

En vue de parvenir à la couverture sanitaire universelle, les pays devraient mettre en place des systèmes de santé plus solides en investissant dans les infrastructures sanitaires.  Enfin, pour parvenir à la couverture universelle et s’attaquer aux risques et vulnérabilités auxquels sont confrontés les individus tout au long de leur vie, les gouvernements devraient mettre en place des systèmes de protection sociale adaptés à la réalité de chaque pays.

Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 A/76/239

M. MARCO SÁNCHEZ, Directeur adjoint de la Division de l’économie agroalimentaire de la FAO, a présenté le rapport du Secrétaire général de l’ONU intitulé « Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/76/239).  Le rapport souligne que 70% des cibles des objectifs de développement durable (ODD) concernent les zones rurales.  Il note que 80% des pauvres vivent dans les zones rurales qui n’abritaient pourtant que 48% de la population mondiale selon des données de 1998.  Le rapport indique que si la plupart des nouveaux pauvres issus de la pandémie de COVID-19 sont surtout localisés en ville, le nombre de pauvres de la COVID-19 qui sont localisés en zones rurales sera à terme plus grand au fur et à mesure que les données seront collectées.  Le rapport conclut qu’une action transformatrice est nécessaire pour réduire la fracture urbaine et rurale.

M. SHANTANU MUKHERJEE, de la Division pour les objectifs de développement durable du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a présenté le rapport (A/76/216) du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.

Après avoir rappelé que l’élimination de la pauvreté et de la faim est une priorité du Programme 2030, il a indiqué que la pandémie de COVID-19 menace d’anéantir des décennies de progrès en ce sens.  Les dernières estimations indiquent en effet que 124 millions de personnes de plus ont été poussées vers la pauvreté en 2020, ce qui inverse la tendance à la baisse qui durait depuis deux décennies.

De nouvelles projections confirment par ailleurs que la faim dans le monde ne sera pas éliminée d’ici à 2030 à moins qu’une action ambitieuse pour accélérer les progrès et lutter contre les inégalités dans l’accès à la nourriture soit entreprise.  Dans le contexte de la pandémie, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde continue d’augmenter, avec 161 millions de plus en un an.

Dans le même temps, les pratiques agricoles actuelles contribuent de manière importante aux changements climatiques et à la perte de biodiversité.  Il est nécessaire de mieux gérer les liens entre les systèmes alimentaires et la santé humaine, étant donné la prévalence de zoonoses comme la COVID-19.

Tous ces défis interdépendants à la durabilité et leurs liens avec les systèmes agro-industriels ont été reconnus le mois dernier lors du Sommet alimentaire mondial, durant lequel la nécessité d’une action urgente et transversale a été soulignée.

Le rapport donne un aperçu des grandes difficultés rencontrées par les systèmes agro-alimentaires et des perspectives d’une transformation qui permettrait de progresser dans l’exécution des engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Des changements de politique bien ciblés, fondés sur des données probantes et scientifiques, ainsi que l’investissement dans la transformation des systèmes agro-alimentaires peuvent contribuer à renforcer la résilience face aux chocs futurs et à accélérer une reprise verte et inclusive après la pandémie, conclut le rapport.

M. MAXIMO TORERO CULLEN, économiste en chef au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est intervenu au sujet du point sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.  Il a rappelé qu’en 2020, 811 millions de personnes ont souffert de la faim et 3 milliards de personnes n’ont pas eu accès à une alimentation saine.  Il a expliqué que le monde n’est pas en mesure de fournir une alimentation suffisante et saine pour tous, du fait de l’incidence de la pandémie et des modes actuels de production.  Des systèmes agro-alimentaires plus résistants sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré M. Cullen.

Mme MARCELA VILLAREAL, Directrice du Bureau des partenariats, des activités de plaidoyer et du renforcement des capacités de la FAO, a présenté la Note du Secrétaire général sur la mise en œuvre des activités relevant de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) (A/76/233).

Mme Villareal a relevé que pendant la période biennale 2019-2020, 8 pays ont approuvé des plans d’action nationaux sur l’agriculture familiale, 4 autres ont entrepris la rédaction de tels plans et 33 ont enregistré des progrès considérables pour ce qui est de mobiliser les acteurs qui participeront à l’élaboration de ces documents.  Plus de 65 mécanismes de coordination intersectorielle, comme des comités nationaux pour l’agriculture familiale ou d’autres instances multipartites de dialogue politique, ont été créés ou renforcés afin d’atteindre des cibles et des objectifs cohérents.

Poursuivant son énumération, Mme Villareal a évoqué 85 lois, politiques et règlements ayant un rapport avec l’agriculture familiale qui ont été élaborés et approuvés.  La plupart vise à atténuer les effets de la pandémie de COVID-19 sur l’agriculture familiale et à promouvoir des approches axées sur ce type d’agriculture pour résoudre les enjeux relatifs aux systèmes alimentaires.  Au cours des deux prochaines années, a-t-elle conclu, il serait souhaitable de changer d’échelle, d’augmenter les investissements et d’apporter un appui plus efficace dans ce domaine.  Elle a aussi appelé à renforcer le dialogue stratégique et la cohérence des politiques, tout en multipliant les engagements nationaux.

Fibres végétales naturelles et développement durable

M. BOUBAKER BEN-BELHASSEN, directeur de la Division du commerce et des marchés de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a évoqué le point consacré aux fibres végétales naturelles et au développement durable.  Il a souligné que les fibres naturelles font partie des plus anciennes industries du monde et qu’elles sont au cœur du Programme 2030, car elles contribuent à l’objectif d’éliminer la pauvreté, la faim et de renforcer la gestion et l’utilisation durables des ressources naturelles.  La production et l’exportation de ces fibres procurent une source de revenus à des dizaines de millions de personnes dans le monde.  Mais la production fait face au défi de trouver un équilibre entre croissance et durabilité, a-t-il indiqué.

Selon des données récentes, la valeur de production des fibres est d’environ 55 milliards de dollars et elle fait vivre quelque 40 millions de foyers, sans compter les travailleurs saisonniers.  Guidée par l’année internationale des fibres naturelles en 2009 et la résolution de l’Assemblée générale sur les fibres végétales naturelles et le développement durable en 2019, la FAO a, avec ses partenaires, sensibilisé aux caractéristiques économiques, sociales et environnementales et à l’importance des fibres naturelles.  La FAO soutient aussi les pays dans la mise en œuvre d’un plan d’action visant à promouvoir un secteur d’activité plus résilient et plus durable.

Discussion interactive

La représentante du Costa Rica a posé une question aux rapporteurs au sujet de l’agriculture familiale.  Étant donné l’impact de la pandémie sur les femmes, que peut faire la Deuxième Commission pour mettre en avant la Décennie sur l’agriculture familiale en cours?

« La Décennie a son propre plan d’action global avec des piliers transversaux », a répondu une rapporteuse de la FAO.  Pendant les deux premières années de la décennie, des résultats très concrets ont été atteints dans les pays tenant compte des questions de genre, avec un accès accru des femmes et des filles à diverses ressources.  Les ressources n’ont pas été faciles à trouver, a cependant concédé la haute-fonctionnaire, et la pandémie n’a pas aidé.  Les engagements de la FAO sont solides, mais les ressources manquent, a déclaré la représentante, qui en a profité pour lancer un appel à contributions.

Déclarations liminaires

M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a salué le fait que l’extrême pauvreté soit passée de 1,9 milliard de personnes en 1990, à 969 millions en 2017.  Entre 1990 et 2015, le taux mondial de la pauvreté est passée de 36,2% à 10,1%.  Les progrès de ces dernières années ont toutefois été beaucoup plus lents, même avant la pandémie, et ils ont aussi été inégaux.  Dans la majorité des pays les moins avancés, l’extrême pauvreté est restée élevée - 32,2 % en 2019.  Les derniers chiffres laissent voir que 1,3 milliard de personnes vivaient encore dans la pauvreté en 2020, a noté le représentant.

Il a souligné que l’éradication de l’extrême pauvreté nécessite d’investir dans des politiques conformes au Programme 2030, au Programme d’action d’Addis-Abeba et à l’Accord de Paris sur le climat.  Le groupe a pris note des résultats du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui a proposé de nouvelles actions, solutions et stratégies innovantes pour transformer nos systèmes alimentaires et progresser dans tous les objectifs de développement durable (ODD).  La réduction de la pauvreté passe par l’augmentation de la capacité de production dans les pays en développement, a rappelé le G77.  Selon le Groupe, renforcer nos capacités productives et la diversification de nos économies conduira à la création d’emplois, à la création de richesse et à l’augmentation de la fiscalité pour la mise en œuvre de politiques sociales de lutte contre les inégalités.

De même, le commerce est un puissant moteur de développement économique et technologique, selon le G77.  Alors que nous cherchons à nous remettre de la pandémie, nous devons faciliter un accès équitable aux marchés pour les produits originaires du monde en développement, éliminer les subventions dans les pays développés, en particulier celles qui faussent les échanges agricoles, et éviter la création de nouvelles barrières commerciales sous prétexte de considérations environnementales.  Pour le G77, la voie du redressement doit reposer sur l’inclusion et la solidarité, c’est pourquoi le Groupe a exhorté les partenaires de développement à respecter leurs engagements de dépenser 0,7% de leur PIB à l’APD.

Le Groupe a estimé par ailleurs que des efforts doivent être faits pour la transformation de l’agriculture et des systèmes alimentaires, ainsi que pour l’autonomisation des populations rurales, des petits producteurs alimentaires, en particulier les femmes, les peuples autochtones, les agriculteurs familiaux, les éleveurs et les pêcheurs.  Le Groupe a réitéré son appel aux pays développés pour qu’ils honorent leurs engagements officiels d’assistance au développement par la fourniture de ressources financières et une assistance technique prévisibles.

Le représentant du Kazakhstan, s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, s’est dit préoccupé, car aucun des objectifs pour 2030 en termes d’indicateurs de nutrition ne sera atteint, en raison de la pandémie et des changements climatiques.  Le déficit en eau est un problème grandissant, a-t-il noté.  Il a expliqué que si la proportion de la population pauvre dans les pays en développement sans littoral a baissé jusqu’en 2019, la pandémie a inversé cette tendance, aggravant la situation d’insécurité alimentaire dans les pays en développement sans littoral.

Ces pays font face à des problèmes complexes, du fait de leur manque d’accès à la mer, du coût des transports et de l’augmentation du coût des biens importés, a poursuivi le représentant.  Les prix alimentaires nationaux y sont plus volatiles que dans les pays côtiers et, de plus, ces pays sont davantage touchés par la désertification, les inondations et les glissements de terrain.

Le groupe s’est donc félicité des initiatives de la FAO et de sa stratégie de réduction des pertes alimentaires visant, entre autres, à réduire les pertes de récolte.  La FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres entités sont précieux pour les pays en développement sans littoral, qui travaillent pour développer une agriculture et des systèmes alimentaires soucieux du climat, et pour augmenter les aides aux petits fermiers.

Convaincu que la feuille de route pour une mise en œuvre accélérée du Programme d’Action de Vienne est nécessaire, l’orateur a jugé que seule une action collective, résolue, pourrait améliorer les choses.  Les pays en développement sans littoral ont enfin réclamé davantage de fonds pour limiter leurs vulnérabilités spécifiques, et appelé à mettre fin aux restrictions frontalières liées à la pandémie, qui ont, par ricochet, fortement dégradé le bien-être de leurs populations.

La pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions reste un défi, a souligné la représentante du Maroc, au nom du Groupe des États d’Afrique, appelant à la solidarité pour éliminer la pauvreté et la faim.  Pouvoir se doter d’une protection sociale adéquate et fournir des emplois est de la plus grande urgence pour les pays africains qui souffrent de la faim, de la désertification et autres défis climatiques, a-t-elle prévenu.  Un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, a lancé la représentante, soit plus du double des autres régions, ce qui confirme l’importance d’atteindre l’objectif 2 du Programme 2030 en Afrique.  Le groupe des États d’Afrique est convaincu qu’une agriculture durable a un rôle essentiel à jouer pour améliorer la sécurité alimentaire, en particulier en milieu rural.

De plus, les effets des changements climatiques sont importants en Afrique, raison pour laquelle il est également essentiel de renforcer les capacités et de développer l’agriculture, a poursuivi la représentante.  L’Afrique est déterminée à soutenir son développement par une bonne gestion des ressources à long terme, a assuré la déléguée, ajoutant que l’autonomisation des femmes est également essentielle.

Estimant que la transformation des systèmes alimentaires en Afrique sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim, le Groupe a renouvelé son appel à investir sur le continent dans ces systèmes, comme il l’a déjà fait au Sommet sur l’alimentation en septembre.

Enfin, si le fossé numérique est comblé, les technologies de l’information et de la communication (TIC) présentent un grand potentiel pour réduire l’empreinte carbone, atténuer les changements climatiques et assurer la sécurité alimentaire, a relevé la représentante.

La représentante du Cambodge, s’exprimant au nom de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que la pandémie rend l’objectif mondial de mettre fin à la pauvreté en 2030 impossible à atteindre.  Même avant cette crise sanitaire mondiale, les progrès vers l’objectif 1 de développement durable (ODD) avaient pris du retard et le monde n’était pas en passe de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, a-t-elle rappelé.  La représentante a reconnu que la reprise économique de l’ASEAN reste fragile et qu’on constate une augmentation des cas de COVID-19 avec de nouveaux variants.  « Alors que la région s’efforce de maintenir l’élan de la reprise, le vaccin contre la COVID-19 reste la priorité. »  À cet égard, l’ASEAN a mis en œuvre le plan de redressement global qui sert de stratégie de sortie consolidée de la crise de la COVID-19, a indiqué la déléguée.  Elle a expliqué que ce cadre met l’accent sur le soutien aux groupes vulnérables, y compris les travailleurs informels, les femmes, et les jeunes.

En outre, a poursuivi la représentante, l’ASEAN a établi un Accord de partenariat économique régional global (RCEP) en novembre 2020, afin de favoriser la création d’emplois et l’expansion du commerce au cours de la période de relèvement post-pandémie.  L’ASEAN a également présenté le Plan directeur 2025 de la Communauté économique de l’ASEAN qui vise à approfondir le programme d’intégration économique et réaffirmé son engagement vers la mise en œuvre complète et efficace de la vision communautaire de l’ASEAN 2025.  De même, l’ASEAN entend soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) pour parvenir à un essor économique durable.  Enfin, la vulnérabilité et l’impact des changements climatiques sont une préoccupation majeure pour l’ASEAN qui est l’une des régions les plus exposées au monde aux impacts du phénomène, a rappelé la déléguée.

Le représentant des Fidji, s’exprimant au nom du Forum des îles du Pacifique, a rappelé que le Programme 2030 faisait de l’éradication de la pauvreté une priorité, et que les systèmes alimentaires et agricoles étaient des instruments essentiels du développement durable.  La région pacifique a un rôle unique à jouer dans le secteur agro-alimentaire mondial, a-t-il reconnu, en expliquant qu’entre 50 et 70% des peuples de la région dépendent de la pêche, tandis que la région concentre 50% des prises mondiales de thon.

La pauvreté extrême y reste relativement faible, mais 1 personne sur 4 vit quand même sous le seuil de pauvreté, a reconnu le représentant.  Il a expliqué que la réduction de cette pauvreté passe par une politique de l'emploi.  Mais celle-ci ne sera pas suffisante, a-t-il prévenu, car la petite taille des pays du Forum, leur éloignement et l’incidence des catastrophes sur leurs économies les empêchent de développer une croissance digne de ce nom.  Le délégué a alerté sur le fait que l’augmentation des tempêtes, de l’élévation de la mer et de la désertification constitue un fardeau de plus en plus lourd.

L’orateur a appelé à des actions audacieuses pour corriger les inégalités d’accès à la nourriture.  Dans le cadre de la Stratégie 2050 pour le continent bleu, la région a accru ses réformes pour parvenir à la souveraineté alimentaire et augmenter sa résilience.  Le délégué a souhaité accélérer les efforts de numérisation et le développement des sciences, pour faire évoluer les systèmes agro-alimentaires des pays du Forum vers davantage de durabilité et de résilience.

La représentante du Thaïlande a souligné que la pandémie continue de mettre en évidence les faiblesses de nos systèmes et d’augmenter la pauvreté et la faim.  Comme producteur de denrées alimentaires, la Thaïlande estime que davantage peut être fait pour modifier les systèmes agro-alimentaires et fournir davantage d’aliments aux populations.

Pour ce qui concerne les politiques nationales, la Thaïlande a lancé un programme pour garantir un accès équitable à une nourriture suffisante et saine et a adopté un modèle biocirculaire, qui met l’accent sur des technologies de pointe pour une agriculture plus durable et verte.  Des systèmes agro-alimentaires dignes de ce nom ne pourront être mis en place sans une action décisive d’adaptation aux changements climatiques, a fait observer la représentante.  Pour sa part, la Thaïlande a lancé des centres d’agro-technologies dans plusieurs provinces en ce sens mais la coopération et la solidarité au niveau international sont nécessaires pour accéder aux objectifs 1 et 2 du Programme 2030, a prévenu la représentante.

Le représentant de l’Éthiopie a fait observer qu’une agriculture durable contribuant à l’élimination de la malnutrition est nécessaire au niveau mondial si l’on veut mettre en œuvre le Programme 2030, mais que la pandémie a exacerbé l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  En 2021, la malnutrition en Afrique a affecté une personne sur cinq et les effets de la pandémie se font encore sentir, a-t-il déploré avant d’attirer également l’attention sur la hausse des prix des denrées alimentaires, une difficulté supplémentaire.

L’Éthiopie s’est dotée d’un plan agricole décennal et s’est engagée à éradiquer les causes sous-jacentes de la malnutrition chronique, a indiqué le représentant.  Le système agricole en cours d’élaboration a pour but d’aller plus directement de la production à la consommation, pour un accès plus équitable à la nourriture.  Parmi les difficultés, le délégué a mentionné l’accès limité aux engrais et aux semences, ainsi que la déforestation et l’érosion des sols.  Il a estimé que les efforts doivent pouvoir s’appuyer sur l’assistance technique et financière internationale.

Le représentant de la Chine a insisté sur le fait que l’éradication de la pauvreté doit être le principal objectif de la communauté internationale.  Il a rappelé que la Chine a sorti des millions de gens de la pauvreté, notamment les populations rurales.  À l’échelle internationale, la Chine aide d’autres peuples à sortir de la pauvreté en renforçant leurs capacités de production et par le biais d’investissements dans les infrastructures comme le projet de la route de la soie, a fait valoir le représentant.  Il a aussi fait remarquer que la Chine réussit à nourrir plus d’un milliard de gens avec moins de 9% des terres arables du monde.  Son gouvernement, a-t-il expliqué, a mis l’accent sur le fait de « ne laisser personne sur le côté ».

La représentante du Népal a relevé que les PMA, les pays d’Afrique et les PEID représentent le plus gros des pauvres du monde.  Pour traiter la question de la pauvreté, elle a recommandé de renforcer les capacités de production et d’adopter des politiques holistiques et intégrées.  Dans le même temps, il faut mettre l’accent sur le monde rural et veiller à transformer les systèmes alimentaires grâce au partage des technologies, a-t-elle ajouté.  Relevant que la pandémie de COVID-19 pousse des millions de gens dans la pauvreté, elle a appelé à miser sur un partenariat international renforcé afin de réduire la pauvreté et la faim.

Le représentant de l’Équateur a plaidé pour la création d’un indice de vulnérabilité prenant en compte le caractère multidimensionnel de la pauvreté.  Cet indice, prévu pour mesurer les besoins des pays en situation particulière, devrait aussi être utilisé pour les pays à revenu intermédiaire qui sont devenus plus vulnérables à la suite de la COVID-19.  L’Équateur, a poursuivi le délégué, s’est engagé à lutter contre le gaspillage alimentaire, à garantir de l’eau potable et de l’assainissement pour tous.  Il a aussi indiqué que son pays s’attelle à protéger les espèces menacées de sa faune et de sa flore.  Fournir des aliments sains et nutritifs pour toute sa population est encore un engagement du Gouvernement équatorien, a ajouté le représentant.

Le représentant de la Malaisie a évoqué les efforts déployés par son pays en vue de son redressement économique et pour protéger les plus vulnérables.

Sur le plan national, 240 millions de dollars ont été distribués aux éleveurs, chasseurs et fermiers, a-t-il notamment indiqué.  En outre, pour faciliter le relèvement, un programme de microcrédit a été créé pour les fermiers et les pêcheurs.  Une plateforme de commerce en ligne a également été mise en place, pour que les fermiers puissent vendre plus facilement leurs produits en gros et recruter de la main-d’œuvre agricole.  Le représentant a décrit une politique malaisienne à long terme qui met l’accent sur les petits fermiers, car ceux-ci représentent 75% du secteur agricole.  Il a assuré que les pratiques agricoles durables sont encouragées en Malaisie.

Le représentant d’El Salvador a d’emblée souligné que l’élimination de la pauvreté et de la faim sont des défis pour El Salvador.  Il a aussi déploré que la pandémie ait touché de manière démesurée des pays qui souffraient déjà des conséquences des changements climatiques.  Il a dit compter sur les ressources de la communauté internationale de façon à ce que les pays en développement puissent obtenir des résultats positifs d’ici à 2030.

Pour sa part, El Salvador a adopté des mesures économiques pour que les besoins fondamentaux des ménages soient satisfaits durant la pandémie, en particulier en ce qui concerne l’objectif 2 qui vise l’élimination de la faim.  Le Gouvernement salvadorien a mis en place plusieurs mesures pour assurer la sécurité alimentaire et a défini une feuille de route en ce sens, a ajouté le représentant.  Il a aussi assuré que son pays travaille sur la durabilité écologique et la protection des écosystèmes de façon à protéger l’environnement et à bien gérer les sols et l’eau

La représentante du Bangladesh a appelé les partenaires au développement à renforcer le financement dédié aux pays en développement.  Il faut en effet veiller à réaliser l’objectif commun d’éradiquer la faim d’ici à 2030, a-t-elle souligné.  La représentante a plaidé pour l’adoption, par la communauté internationale, d’un indice multidimensionnel de mesure de la pauvreté.  Pour sa part, le Bangladesh a déjà mis en place un tel indice au niveau national, a-t-elle dit, ajoutant que son pays a invité les partenaires au développement à en tenir compte dans leurs évaluations.

Le représentant de l’Indonésie a rappelé que, selon la FAO, le monde peut réussir à se nourrir convenablement, même si cet objectif semble irréalisable d’ici à 2030.  Il faut, a-t-il plaidé, atteindre un taux de 77% de gens vaccinés contre la COVID-19 d’ici à la fin de l’année 2022.  L’Indonésie a dépensé à cet égard plus de 30 milliards de dollars dans le cadre de son système médical, qui prend soin de plus de 220 millions de personnes, a fait savoir le représentant.  En outre, le représentant a recommandé de transformer les systèmes alimentaires pour éradiquer la faim.  Pour sa part, l’Indonésie entend apporter plus d’appuis et de ressources aux petits fermiers, a-t-il dit.  Le délégué a, enfin, décrié les barrières commerciales qui peuvent entraver le commerce des produits agricoles.

Le représentant de la Mongolie a expliqué que son pays visait à faire de l’année 2026 l’« Année internationale des parcours et des pasteurs ».  Il a expliqué que malgré la modernisation et l’industrialisation rapides de la Mongolie, l’agriculture et l’élevage traditionnels jouent toujours un rôle important dans l’économie nationale.  En 2020, les terres agricoles représentaient 73,6% de la superficie totale du pays et l’agriculture représentait 12,8% du PIB, les produits agricoles, 5,8% des revenus d’exportation, tandis que 26,3% de la main-d’œuvre mongole travaillait dans le secteur agricole.

La Mongolie poursuit une politique visant à combiner les modes de vie traditionnels et modernes, avec l’objectif de préserver le patrimoine nomade traditionnel, l’élevage écologique, durable et biologique, et de promouvoir le patrimoine animal nomade, a indiqué le représentant.  Cependant, quelque 76,9% des terres du pays sont, dans une certaine mesure, confrontées à la désertification, et celle-ci continue de s’étendre, entraînant une pénurie de pâturages.  La nécessité d’améliorer la résilience aux changements climatiques devient urgente, en raison du nombre relativement important de personnes vivant dans les zones rurales, qui représentent près de 20% des ménages mongols, a-t-il expliqué.  Revenant sur l’année 2026, il a conclu que l’initiative de la Mongolie permettra de sensibiliser à l’importance des pâturages et de valoriser l’importance naturelle et culturelle du bétail pastoral et nomade.

La représentante du Maroc a pris note de l’intérêt d’investir dans l’agriculture, un secteur qui est fondamental pour l’humanité, véritable épine dorsale pour des millions de familles.  Elle a reconnu qu’il fallait adopter un système agricole plus durable.  Au Maroc, les nouvelles technologies ont beaucoup progressé et peuvent augmenter la productivité, le tout en utilisant moins d’eau, a-t-elle fait valoir.  La déléguée a toutefois prévenu que produire davantage n’est pas suffisant; il faut aussi faciliter l’accès au marché pour les producteurs, comme la pandémie l’a montré.

La représentante a aussi posé des questions au représentant de la FAO.  Quelle sera la stratégie qu’il adoptera pour mettre en œuvre le suivi des engagements pris envers les pays africains?  Comment lier le Sommet sur les systèmes alimentaires et la COP26?

Le représentant de la République islamique d’Iran a appelé à renforcer le multilatéralisme pour sortir de l’impasse de l’insécurité alimentaire.  Citant les rapports présentés cet après-midi, il a déploré que les sanctions unilatérales « illégitimes » et « illicites » n’aient été mentionnées nulle part.  Or, elles sont, pour l’Iran, la principale raison pour laquelle certains pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable (ODD), à éradiquer la pauvreté ou à éliminer la faim.  Il a mis dos à dos la COVID-19 et l’unilatéralisme, les qualifiant tous deux de « cancers »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission poursuit son débat sur la lutte contre le terrorisme international sur fond d’antagonismes politiques

Soixante-seizième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/J/3634

La Sixième Commission poursuit son débat sur la lutte contre le terrorisme international sur fond d’antagonismes politiques

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a poursuivi cet après-midi l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Si la trentaine de délégations qui ont pris la parole ont unanimement dénoncé le terrorisme sous toutes ses formes et la nécessité de lutter contre son financement et ses causes profondes, des antagonismes politiques et accusations de soutien à des groupes terroristes ont émergé chez certaines d’entre elles. 

Parmi les moyens de lutter contre le terrorisme, la lutte contre son financement a été amplement évoquée.  El Salvador s’est ainsi dit préoccupé par les liens de plus en plus étroits entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, tout comme le Sri Lanka.  La Colombie a mis en relief le problème du trafic de drogues, ces pratiques criminelles constituant une source de revenus pour les terroristes, avec le blanchiment d’argent.  Il est donc essentiel, pour son représentant, de disposer des ressources et des moyens nécessaires pour s’attaquer aux sources de financement du terrorisme.  Le Ghana a également été dans ce sens, en appelant les États à intensifier leurs efforts afin de tarir les sources de financement du terrorisme. 

Les délégations ont également souligné la nécessité de lutter contre les causes profondes du terrorisme.  Le Paraguay, le Mexique, le Viet Nam, le Népal, le Cameroun ou encore le Burkina Faso ont ainsi considéré que la lutte contre le terrorisme doit s’attaquer à ses causes les plus profondes: la pauvreté, l’absence de perspectives, les inégalités, la marginalisation, le sous-développement, le chômage, ou encore le manque d’accès à l’éducation.  « Les terroristes prospèrent lorsque les migrants sont vulnérables, les jeunes sont sans emploi et les idéologues se radicalisent », a résumé le Népal. 

Pour y remédier, le Paraguay a soutenu que l’éducation, l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion, la justice sociale et le respect de la diversité sont nos meilleurs espoirs.   Pour El Salvador, il faut « gagner le cœur des jeunes », en leur offrant notamment des loisirs et des formations, ce à quoi le Mexique a ajouté qu’il conviendra également de privilégier la reconstruction du tissu social après la pandémie pour contrecarrer la radicalisation.  Enfin, le Nigéria a déclaré qu’alors que Boko Haram perd du terrain, une aide humanitaire et au développement renforcée est cruciale pour empêcher toute résurgence. 

La région de l’Afrique de l’Ouest vit dans la crainte du terrorisme, a rappelé le Burkina Faso.  Depuis 2012, le Mali en fait l’amère expérience, a témoigné son représentant.  Aujourd’hui même, on déplore encore la mort de plus d’une quinzaine de soldats dans le centre du Mali, a-t-il déploré. 

Par ailleurs, plusieurs États Membres ont souligné l’importance de respecter l’état de droit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  L’Équateur a ainsi reconnu que la lutte contre le terrorisme est légitime, à condition que celle-ci respecte le droit international, le droit international humanitaire et les droits humains.   Allant dans le même sens, le délégué de la Suisse a déclaré « les mesures antiterroristes que nous prenons tant au niveau international que national ne doivent pas entraver nos obligations en vertu du droit international humanitaire». 

Des dissentions sont néanmoins apparues au milieu des condamnations de principe du terrorisme, certains États s’accusant mutuellement de soutien à des groupes terroristes. 

Ainsi, le délégué du Pakistan a accusé son voisin indien d’appuyer des opérations terroristes, y compris à partir de l’Afghanistan.  Le Pakistan, qui « se pose en victime » est « le plus grand parrain du terrorisme », a rétorqué la déléguée de l’Inde en rejetant toutes les accusations proférées contre son pays. Le représentant du Pakistan a en outre regretté que, depuis le 11 septembre 2001, « certains aient associé le terrorisme à l’Islam », ce qui a renforcé selon lui la tendance de groupes extrémistes et xénophobes à prendre pour cible les musulmans. 

Vingt ans après les attentats de 2001, les États-Unis ont fustigé des « États parrains du terrorisme », en citant l’Iran et le Hezbollah libanais.  Surtout, la déléguée américaine a évoqué la situation dans le Xinjiang, dénonçant « les emprisonnements et la stérilisation forcée des Ouïghours », et indiquant qu’il ne s’agit pas d’une lutte antiterroriste, provoquant l’ire de son homologue chinois. Dans son droit de réponse, la Chine lui a reproché de « détourner » la Sixième Commission pour proférer « des accusations sans fondement ».  La région du Xinjiang souffre profondément du terrorisme et de l’extrémisme, a affirmé le délégué chinois, ajoutant que les questions relatives au Xinjiang n’étaient pas liées aux droits humains, mais qu’il s’agissait de lutter contre le terrorisme et la radicalisation.  

Parmi ceux qui ont dénoncé l’appui d’autres pays à des groupes terroristes, l’Arménie a souligné que « le recrutement de combattants terroristes étrangers du Moyen-Orient et leur transfert vers l’Azerbaïdjan et la zone de conflit du Nagorno-Karabakh » ont été largement documentés.  Le Venezuela enfin a alerté sur l’existence d’un réseau criminel transnational dangereux qui finance des mercenaires colombiens missionnés pour commettre des actes de terrorisme dans des pays tiers et pour provoquer la chute de gouvernement légitime.    « C’est un réseau qui dispose de la protection de Bogota et de Washington », a-t-il dénoncé. 

La Commission poursuivra son débat demain, jeudi 7 octobre 2021, à 15 heures. 

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/76/201)

Déclarations

M. SHUANG GENG (Chine) a dénoncé la « politique de deux poids deux mesures » de certains pays et leur « harcèlement » d’autres pays au nom des droits de l’homme, sapant ainsi les efforts antiterroristes.  Il a défendu un multilatéralisme « véritable », avec l’ONU en son centre, pour faire face aux menaces terroristes persistantes. Il a indiqué que la lutte antiterroriste doit respecter l’état de droit, y compris la souveraineté des États, en rejetant toute ingérence au nom de ladite lutte. Le délégué a demandé qu’une convention générale sur le terrorisme international soit élaboré le plus rapidement possible.  La lutte contre le terrorisme ne doit être ni « sélective ni politisée », a-t-il déclaré. 

Le délégué chinois a mentionné la menace que fait peser le Parti islamique du Turkestan, en précisant que cette organisation est inscrite sur les listes onusiennes des groupes terroristes.  Ce groupe a des liens avec Al-Qaïda, a-t-il souligné, en exhortant toutes les parties à reconnaître la menace posée par ledit groupe.  Il a vivement regretté que certains pays aient décidé de ne plus voir dans cette organisation un groupe terroriste.  Enfin, le délégué chinois a demandé une aide internationale en Afghanistan en vue de contribuer à éliminer les causes profondes du terrorisme. 

« Le Pakistan condamne le terrorisme, y compris le terrorisme d’État », a déclaré M. MUNIR AKRAM (Pakistan), avant de préciser que son pays est une victime du terrorisme, avec 80 000 civils et soldats victimes d’attentats. Le délégué a ensuite accusé son voisin indien d’appuyer des opérations terroristes, y compris à partir de l’Afghanistan.  Il lui a reproché d’être impliqué dans plusieurs types de terrorisme: le terrorisme d’État à l’encontre du peuple du Jammu-et-Cachemire ; le financement et l’appui à des organisations désignées comme terroristes par le Conseil de sécurité afin de mener les attaques du 29 juin 2020 à Karachi, du 23 juin 2021 à Lahore et du 14 juillet 2021 dans la province de Khyber Pakhtunkhwa; le financement d’organisations de mercenaires terroristes; et une campagne de violence et d’intimidation à l’encontre des musulmans par le régime nationaliste RSS. 

Le représentant du Pakistan a ensuite regretté que, depuis le 11 septembre 2001, « certains aient associé le terrorisme à l’Islam », ce qui a renforcé selon lui la tendance de groupes extrémistes et xénophobes à prendre pour cible les musulmans.  Il a appelé à ce que des modifications appropriées soient apportées, notamment concernant le régime de sanctions, et à mettre fin à la stigmatisation des musulmans. 

Notre pays soutient tous les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme en vue de son élimination par toutes les voies juridiques possibles, a souligné M.  HAZAA MOHAMMED SAIF AL REESI (Oman).  Il a précisé que son gouvernement avait pris de nombreuses mesures et adhérait à tous les efforts et conventions internationaux, notamment contre le blanchiment d’argent.  Mon pays veille à propager la culture de la paix, de la justice, du développement durable et de la coexistence pacifique entre peuples et nations, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite réitéré son rejet de l’extrémisme et de la pensée qui incitent au terrorisme.  Nous espérons que l’action internationale conjointe se traduira par des mesures pratiques, a-t-il déclaré, rappelant que les efforts doivent s’inscrire dans un contexte multilatéral et se tenir loin de toute politique du « deux poids, deux mesures ».  

Mme ELIZABETH MARYANNE GROSSO (États-Unis) a rappelé les attaques odieuses commises le 11 septembre 2001, avant de souligner le rôle essentiel de l’ONU pour combattre le terrorisme. Elle a noté les progrès accomplis dans la lutte antiterroriste au cours des vingt dernières années. Néanmoins, la récente attaque commise à l’aéroport de Kaboul montre la persistance de la menace terroriste, a dit la déléguée.  Elle a dénoncé les groupes terroristes et suprémacistes qui utilisent internet à des fins de propagande.  

La déléguée a aussi fustigé « ces États parrains du terrorisme », en citant l’Iran et le Hezbollah libanais. La lutte antiterroriste doit respecter le droit international. Elle a évoqué la situation dans le Xinxiang, dénonçant les emprisonnements et la stérilisation forcée des Ouïghours, et indiquant qu’il ne s’agit pas d’une lutte antiterroriste. La déléguée a mentionné la stratégie antiterroriste publiée par les États-Unis en juin dernier qui prend notamment en compte l’attaque perpétrée contre le Capitole le 6 janvier 2021. Par ailleurs, elle a regretté que certains États refusent d’endosser leurs responsabilités en ce qui concerne les combattants terroristes étrangers, avant de se prononcer en faveur du rapatriement et de la réintégration des membres de leurs familles. Enfin, évoquant l’idée d’élaborer une convention générale sur le terrorisme, la déléguée a invité l’ONU à envoyer « un signal clair » sous peine d’invalider les progrès enregistrés. 

Pour GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie), la question du problème mondial des drogues est incontournable, ces pratiques criminelles constituant une source de revenus pour les terroristes. Ainsi faut-il, selon lui, renforcer le concept de responsabilité commune et partagée dans la lutte contre le terrorisme et les drogues. Par ailleurs, le blanchiment d’argent est une source bien connue du financement terroriste. Il est donc essentiel, a continué M. De Soto, de disposer des ressources et des moyens pour s'attaquer aux sources de financement du terrorisme, et de développer les capacités cybernétiques pour lutter contre le cercle vicieux entre terrorisme et crime. C’est pourquoi la Colombie soutient le gel actif de fonds de personnes et d’entités liées à des actes ou groupes terroristes. 

Enfin, le représentant colombien a souligné que la corruption est un autre levier nuisible en matière de financement du terrorisme et requiert donc une attention particulière. Sur la coopération internationale, il a conclu que notre succès repose sur le renforcement de la capacité technique et opérationnelle et l'amélioration des mécanismes d'échange d'informations et coopération judiciaire, sur le respect des droits de la personne, et enfin sur le rôle de la société civile. 

Mme MAITE DE SOUZA SCHMITZ (Brésil) a regretté qu’en dépit de toutes les conventions internationales, les résolutions du Conseil de sécurité et les examens de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il n’y ait pas de consensus sur ce qui définit le terrorisme.  C’est une tâche que la Sixième Commission doit encore accomplir, a-t-elle insisté.  L'ensemble actuel de conventions n’a pas l’unité et la cohérence qu'offrirait une convention générale contre le terrorisme international, a-t-elle ensuite affirmé.  La représentante a ensuite regretté qu’aucun progrès ne soit réalisé lors des sessions annuelles de la Sixième Commission. Nous devrions donner l’exemple avec une telle convention, a-t-elle appuyé, appelant à l’adopter en urgence. La convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU pourrait donner l’élan nécessaire. 

La représentante du Brésil a ensuite souligné que le terrorisme ne pouvait être traité qu’à travers une approche globale, ajoutant que l’Assemblée générale jouait un rôle unique pour traiter cette question. Mais nous assistons à un transfert du pouvoir de décision de l'Assemblée générale au Conseil de sécurité, a-t-elle regretté. Elle a ensuite plaidé pour une division du travail plus réfléchie au sein de la Sixième Commission, en se concentrant les délibérations sur les questions juridiques en suspens. Elle a notamment évoqué les tentatives de réinterprétation du droit du recours à la force et de la légitime défense. Pour le Brésil, cela doit être interprété de manière restrictive, a-t-elle affirmé, rappelant que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait indiqué à plusieurs reprises que le droit à la légitime défense ne s'appliquait qu'entre États. 

Son pays est signataire de 16 instruments juridiques internationaux en matière de terrorisme, instruments qui sont appliqués dans le cadre de la législation nationale, a indiqué M.  JULIO CESAR ARRIOLA RAMIREZ (Paraguay).  Il s’est félicité du fait que l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies ait accordé une attention particulière aux victimes d’actes terroristes, en particulier les femmes et les mineurs, et que l’accent ait été mis sur le respect des droits de l’homme.  Considérant que la véritable lutte contre le terrorisme doit s’attaquer à ses causes les plus profondes, le Paraguay estime que l’éducation, l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion, la justice sociale et le respect de la diversité sont nos meilleurs outils pour libérer le monde de ce fléau.  De plus, le Paraguay, convaincu que la coopération et la coordination au niveau international sont essentielles, soutient la création du groupe de travail en vue de finaliser la préparation d’une convention générale sur le terrorisme international. 

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) s’est dit préoccupé par les liens de plus en plus étroits entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, avant de détailler les mesures adoptées par son pays contre ces « gangs » qui usurpent l’autorité de l’État et terrorisent la population.  Les peines ont été alourdies et l’infraction de blanchiment des capitaux a vu son champ d’application élargi. Le délégué a indiqué que le but est de « regagner du terrain » face à ces gangs, l’armée jouant un rôle essentiel à ce titre. Un autre objectif est de « gagner le cœur des jeunes », en leur offrant notamment des loisirs et des formations. Il a ensuite évoqué la politique d’appui aux victimes du terrorisme. Enfin, le représentant a indiqué que la promotion du sport peut être un outil pour lutter contre l’extrémisme violent, avant d’affirmer que la lutte antiterroriste doit respecter l’état de droit. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a déclaré que les actes de terrorisme hypothéquaient la paix et la stabilité internationales.  L’Équateur reconnaît que la lutte contre le terrorisme est légitime, à condition que celle-ci respecte le droit international, le droit international humanitaire et les droits humains, a-t-il précisé.  En 2018, l’Équateur a été le théâtre d’actes violents commis par des groupes armés illicites, montrant que le fléau du terrorisme peut frapper n’importe quel État.  Le délégué a attiré l’attention sur les liens entre terrorisme, criminalité organisée et corruption.  La coopération a été renforcée en matière de lutte contre le terrorisme ces deux dernières décennies, a-t-il ensuite salué.  Cependant, avec le progrès des technologies et les circonstances liées à la pandémie, nous devons tenir compte des nouvelles réalités.  Il a appelé à développer les capacités des États pour travailler sur les causes qui conduisent au terrorisme.  Ces facteurs sont aggravés par un accès limité ou inexistant à l’éducation, a-t-il estimé.  Évoquant enfin l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, le délégué a appelé à une plus grande transparence des actes de la communauté internationale. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a estimé que le fléau du terrorisme exige une riposte robuste et intégrée qui ne peut être que le fruit de la coopération internationale. Elle a indiqué que son pays compte mettre à profit son mandat de membre du Conseil de sécurité en 2022 pour promouvoir les efforts de cet organe face au terrorisme et à l’extrémisme violent. Elle a aussi mentionné « l’Initiative d’Accra », lancée en 2017 par le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana et le Togo, qui vise à répondre à l’insécurité grandissante dans la région en raison de l’extrémisme violent.  Mme Hackman a appelé les États membres à intensifier leurs efforts afin de tarir les sources de financement du terrorisme. La déléguée a précisé que son pays a débloqué cinq millions de dollars sur les dix millions promis au fonds de sécurité régionale du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. En conclusion, elle a estimé que la pleine mise en œuvre du Programme 2030 participe de la réponse à apporter pour remédier aux causes profondes du terrorisme. 

M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique) a réitéré la nécessité de conclure une convention générale en matière de lutte antiterroriste. Vingt ans après le 11 septembre, les mesures abusives de lutte contre le terrorisme, loin de contribuer à l'éradication de celui-ci, apportent souvent de l’eau à son moulin, a-t-il critiqué. Le représentant a dénoncé l’utilisation abusive de l’article 51 de la Charte, relatif au droit de légitime défense, contre des acteurs non étatiques, exigeant le respect de l’état de droit et du droit international.  Pour lui, nous ne mettrons fin à ce fléau qu’en nous attaquant à ses causes sous-jacentes: la pauvreté, les inégalités, la marginalisation, le sous-développement, l’emploi, l'éducation et l'égalité des sexes.  Il conviendra également de privilégier la reconstruction du tissu social après la pandémie pour contrecarrer la radicalisation. 

Le terrorisme international a des répercussions graves sur les zones de conflit, a fait remarquer M. SEMERE AZAZI AMIR (Érythrée).  Le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale a prouvé le rôle essentiel de l’Assemblée générale pour répondre aux menaces émergentes, notamment celles sur le cyberespace. La pleine mise en œuvre de la Stratégie est essentielle pour assurer la cohérence de la réponse internationale, a-t-il affirmé, estimant que la lutte contre le terrorisme impliquait des efforts à tous les niveaux. Il a précisé que l’Erythrée avait adopté plusieurs lois, y compris contre le blanchiment d’argent. Le partage de renseignement est essentiel à ce sujet, a-t-il souligné.  Au vu de la situation précaire dans la Corne de l’Afrique, l’Erythrée est convaincue que les pays de la région doivent librement identifier leurs priorités, sans pressions politiques externes ni interférences.  À cet égard, les accords bilatéraux et trilatéraux dans la région sont le guide de nos travaux, a-t-il précisé.  Enfin, le représentant a affirmé que l’Erythrée prenait au sérieux toute menace à sa sécurité et sa souveraineté. 

« La pandémie a mis à nu des vulnérabilités que les terroristes ont exploitées », a dit Mme QUYEN THI HONG NGUYEN (Viet Nam).  Elle a prôné une approche globale face au terrorisme, tous les efforts en la matière devant respecter le droit international.  Elle a ensuite appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté et la marginalisation socioéconomique.  La déléguée a détaillé les mesures prises par son pays contre le terrorisme, en citant notamment l’harmonisation de la législation vietnamienne avec les conventions onusiennes en la matière.  Le Viet Nam est partie à 15 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Enfin, elle s’est dite convaincue que la Stratégie antiterroriste mondiale demeurera la boussole des efforts antiterroristes internationaux. 

Pour M. Issa KONFOUROU (Mali), le terrorisme constitue l’une des menaces les plus dangereuses à la paix. Aucune région, aucun pays, aucune religion, nationalité ou civilisation n’est à l’abri de cette idéologie extrémiste et violente, a-t-il déclaré.  Depuis 2012, le Mali en fait l’amère expérience, a poursuivi son représentant.  Aujourd’hui même, on déplore encore la mort de plus d’une quinzaine de soldats dans le centre du Mali, a annoncé Konfourou.  Le vivre ensemble est fortement affecté par cette situation, a-t-il analysé, sur fond d’amalgames et de luttes pour le contrôle des maigres ressources du territoire. 

Le représentant malien a ensuite invité à un soutien accru et à un partenariat avec les États Membres et les organisations sous régionales afin de mieux concevoir et mettre en œuvre les stratégies antiterroristes, pour mieux les adapter à chaque situation.  Au Sahel, le G5 Sahel poursuivra les actions de lutte contre le terrorisme, a-t-il indiqué, avant de réitérer la volonté d’un mandat rehaussé et adapté du G5 Sahel, nécessaire pour mieux protéger les populations. 

M. JOAQUIN ALBERTO PÉREZ AYESTÁRAN (Venezuela) a estimé que le terrorisme international constituait aujourd’hui la plus grave des menaces.  Ce sont des actes criminels qui s’efforcent de déstabiliser des gouvernements légitimes, a-t-il affirmé, ajoutant que le Venezuela avait été récemment victime de ce fléau, y compris pendant la pandémie de COVID-19.  « Cette pandémie a été lâchement utilisée par les États-Unis et ses partenaires pour perpétrer des actes terroristes contre notre peuple. »  Le représentant a alerté sur l’existence d’un réseau criminel transnational dangereux qui finance des mercenaires colombiens missionnés pour commettre des actes de terrorisme dans des pays tiers et pour provoquer la chute de gouvernement légitime.  « C’est un réseau qui dispose de la protection de Bogota et de Washington », a-t-il assuré.  

Le représentant du Venezuela a ensuite appelé à éviter l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme dans le but de défendre des programmes politiques.  Pour lui, la publication illégale de listes -le fait de considérer arbitrairement que certains pays souverains sont défenseurs du terrorisme- entrave la coopération internationale.  Affirmant que seul un multilatéralisme efficace pouvait permettre de lutter contre le terrorisme, il a plaidé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  Enfin, il a appelé à redoubler d’efforts pour lutter conjointement contre le financement du terrorisme international. 

M. OUINIBANI KONATE (Burkina Faso) a jugé la situation préoccupante dans son pays et au Sahel. Il faut donc agir urgemment selon lui, la région de l’Afrique de l’Ouest africaine vivant dans la crainte du terrorisme. Le Burkina Faso a entrepris des réformes institutionnelles et judiciaires, mais, persuadé que le terrorisme se nourrit de la pauvreté, son gouvernement développe de nombreux programmes de développement.  Convaincu de la nécessité d’une coopération renforcée et d’une synergie des acteurs, attaché aux efforts de la communauté internationale et à un multilatéralisme actif, le pays demeure ouvert à toutes les initiatives et actions de la communauté internationale pour une lutte commune contre le terrorisme, a conclu son représentant. 

M. VINCENT OLIVIER RITTENER (Suisse) a déclaré que la lutte contre le terrorisme doit respecter le droit international.  Ce respect est le fondement même d’une lutte contre le terrorisme effective et efficace, raison pour laquelle il constitue l’un des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a aussi jugé qu’une approche préventive est indispensable afin de lutter efficacement et durablement contre l’extrémisme violent et le terrorisme.  La Suisse a défendu, lors de la révision de la Stratégie, une approche holistique et équilibrée de la mise en œuvre de ces quatre piliers.  « Nous avons mis l’accent sur la nécessité de renforcer le premier pilier relatif aux mesures visant à prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent ainsi que le quatrième pilier dédié au respect des droits de l’homme et de l’état de droit en tant que bases fondamentales de la lutte antiterroriste. » 

Le délégué a salué le renforcement du langage relatif au droit international humanitaire.  « Les mesures antiterroristes que nous prenons tant au niveau international que national ne doivent pas entraver nos obligations en vertu du droit international humanitaire. »  S’il s’est félicité de l’ajout du langage relatif au rôle et à l’engagement de la société civile pour renforcer la mise en œuvre de la Stratégie, il a toutefois estimé que des progrès sont encore nécessaires sur ce point.  Enfin, rappelant qu’à l’initiative de son pays et de la Norvège, un nouveau paragraphe sur le renforcement des mécanismes d’évaluation et de l’impact de la Stratégie a été intégré, il a regretté la faiblesse du langage finalement adopté, en particulier le fait que l’approche fondée sur les droits de l’homme et le quatrième pilier n’ait pas été précisée. 

Mme ISABEL LASO GELDRES (Pérou) a souligné être favorable à toute action de l’ONU pour une réponse multilatérale efficace en vue d’éradiquer le terrorisme. Citant le président du Pérou, elle a affirmé que le terrorisme ne sera jamais un outil de transformation sociale. Ses victimes sont les plus pauvres et les plus exclues, a relevé la représentante. Elle a ensuite insisté sur la nécessité de promouvoir le pluralisme, le respect des religions et de faire reculer l’inégalité et le racisme. Il faut créer des sociétés plus inclusives, a-t-elle appuyé.  

Malgré les défaites militaires et l’échec de leurs tentatives d’expansions, les mouvements terroristes constituent toujours une grande menace, a-t-elle ensuite remarqué. Pour elle, la lutte contre le terrorisme doit être non seulement culturelle et politique, et dans certains cas militaire, mais aussi passer par la prévention. La représentante a appelé notamment à la coopération pour lutter contre la cybercriminalité.  La lutte contre le financement du terrorisme doit être une priorité, a-t-elle poursuivi, incitant à aborder les liens entre terrorisme et criminalité organisée.  Enfin, elle a appelé à reprendre les négociations pour trouver un consensus afin d’adopter une convention générale sur le terrorisme international.  

M. GYULA MIKE (Hongrie) a estimé que la présence croissante des groupes terroristes sur internet représente une menace sécuritaire de plus en plus aiguë. Ces groupes ont en effet profité de la pandémie pour être de plus en plus présents. Le délégué a détaillé la politique suivie par son pays pour répondre à la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent, en indiquant notamment que la Hongrie a rejoint l’appel de Christchurch en septembre 2019.  La Hongrie a également débloqué 43 millions de dollars d’aide humanitaire et au développement au profit de plus de 70 000 personnes en Afrique et au Moyen-Orient. Il a précisé que la stabilité et l’intégration euro-atlantique des Balkans occidentaux est une priorité stratégique pour son pays. Enfin, il a évoqué l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale qui reflète bien les défis actuels et la réponse que la communauté internationale doit apporter. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a jugé important d’avancer dans le projet d’une convention générale, en regrettant les divisions des États sur ce sujet depuis plus de 10 ans, « ce dont les terroristes se réjouissent ».  Il a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale et exhorté l’ONU à se baser, pour son application, sur les expériences nationales, et ce, « de façon non sélective ».  Ne négligeons pas les pays qui ont vaincu le terrorisme, a-t-il dit, en mentionnant l’exemple de son pays.  Parce que le terrorisme est une attaque contre chacun d’entre nous, il est temps d’unir nos forces, en évitant toute sélectivité, a poursuivi le délégué.  Il a insisté sur les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, avant d’appeler à faire bloc contre le racisme et la haine qui se propagent sur Internet.  « Mettons en commun nos ressources ».  Enfin, le délégué a estimé que la lutte sans merci contre le terrorisme doit respecter la souveraineté des États et les droits des individus. 

Rappelant que l’an passé, la Sixième Commission avait tiré la sonnette d’alarme sur les impacts potentiels de la pandémie de COVID-19 sur la lutte contre le terrorisme, Mme MAHO SUGIHARA(Japon) a jugé urgent que la communauté internationale se prépare à l’environnement post-pandémie de lutte contre le terrorisme, qui va requérir une réponse multilatérale revigorée.  Mme Sugihara a mis en exergue l’importance critique de l’état de droit dans la lutte contre le terrorisme. En ce sens, la déléguée du Japon a souligné la nécessité de progresser en matière de prévention de la criminalité, de justice pénale et d’état de droit ; d’enrayer le cycle de la violence tout en garantissant la justice pénale ; de garantir la mise en œuvre de la loi dans le cyberespace ; et enfin de promouvoir la paix et la stabilité en mer en se basant sur l’état de droit. 

M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a demandé que le phénomène du terrorisme soit traité « à sa racine », avant de saluer l’examen consensuel de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a insisté sur les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée et apporté son soutien aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin d’y remédier.  Il a jugé important d’avancer dans le projet d’une convention générale et exhorté les États à mettre de côté leurs divergences pour aboutir à une vision commune dans le domaine antiterroriste.  Il a souligné l’importance d’un meilleur partage des renseignements. 

Mme KAJAL BHAT (Inde) a relevé que le terrorisme se développait dans de nouvelles régions, tout en ayant accès à de nouvelles technologies. Les confinements et la détresse économique liée à la pandémie de COVID-19 ont rendu le monde plus enclin à la propagande extrémiste, a-t-elle analysé. Il n’y a pas de bons ou de mauvais terroristes. Nous pensons que si les mesures ne sont pas prises en temps voulu, elles peuvent être un échec, a-t-elle mis en garde, estimant qu’une convention générale sur le terrorisme renforcerait les instruments existants. Il faut que l’ONU en fasse davantage pour parvenir à l’adoption de cette convention et ses efforts devraient également reposer sur une coopération avec d’autres instances comme le Groupe d’action financière (GAFI), a proposé la représentante. 

Elle a ensuite regretté que le Pakistan utilise cette instance pour répéter « sa litanie de mensonges ». Le Pakistan, qui « se pose en victime » est « le plus grand parrain du terrorisme », a-t-elle accusé en rejetant toutes les accusations proférées contre son pays et en assurant que le Jammu-et-Cachemire fera toujours partie de l’Inde. Nous devons trouver la volonté politique de lutter contre le terrorisme, a-t-elle martelé. Pour elle, l’inscription et la désinscription des entités sur les listes des régimes des sanctions de l’ONU doivent se faire de manière concrète et non de manière politisée. 

M. ELIE ALTARSHA (Syrie) a fermement condamné le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations. La Syrie souffre du terrorisme depuis les années 80, a-t-il dit, ajoutant qu’elle est en proie à « la pire forme de terrorisme » depuis dix ans. Il a accusé certains pays d’appuyer les groupes terroristes en Syrie en violation du droit international. Le délégué a aussi dénoncé le terrorisme d’État, notamment économique, perpétré par le biais de l’imposition de sanctions.  Il a aussi fustigé un « terrorisme médiatique », à savoir ces campagnes médiatiques qui visent à déstabiliser certains pays. 

La Syrie a rejoint la plupart des instruments internationaux de lutte antiterroriste, a déclaré le délégué. Un tribunal spécial a récemment été créé pour les faits de terrorisme. Le délégué a insisté sur la nécessité de tarir les sources de financement du terrorisme et de contrôler les mouvements aux frontières.  Évoquant les combattants terroristes étrangers, il a exhorté les pays d’origine à s’acquitter de leurs responsabilités et à œuvrer pour un retour desdits combattants. Enfin, il a mis en garde contre « tout détournement de l’article 51 de la Charte en vue de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays ». 

M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a indiqué que plus de 5000 combattants de Boko Haram se sont rendus depuis août 2021.  Il s’agit d’un développement positif, a-t-il dit, tout en assurant que les auteurs d’actes terroristes seront traduits en justice.  Il a mentionné l’initiative de son pays visant à « déradicaliser » les anciens combattants présentant un risque peu élevé et à accroître l’acceptation sociale en vue de leur retour dans la société.  Alors que Boko Haram ne cesse de perdre du terrain, le délégué a déclaré qu’une aide humanitaire et au développement renforcée est cruciale pour empêcher toute résurgence. Il a donc demandé à la communauté internationale de renforcer son appui en faveur des communautés locales. Déplorant les enlèvements d’écoliers, il a indiqué que l’armée nigériane s’est positionnée près des écoles pour répondre à ce phénomène grandissant.  Le Nigéria est pleinement engagé en faveur de l’initiative pour la sécurité des écoles, a déclaré le délégué. 

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a indiqué que la pandémie a créé un environnement propice pour les terroristes, en alimentant les tensions et les frustrations.  Rappelant que le terrorisme est un phénomène mondial, elle a plaidé pour une réponse globale, remédiant notamment à ses causes profondes.  « Les terroristes prospèrent lorsque les migrants sont vulnérables, les jeunes sont sans emploi et les idéologues se radicalisent », a-t-elle dit.  Elle a prôné la tolérance et l’harmonie et condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  « Notre politique étrangère est guidée par un esprit d’amitié avec tous et d’inimitié avec personne. »  Mme Aryal a souligné la nécessité de renforcer les capacités technologiques et financières des pays en développement face aux groupes terroristes.  En conclusion, elle a estimé que le partage de renseignements est un volet essentiel de la lutte antiterroriste mondiale, avant d’appeler à l’élaboration d’une convention générale. 

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a estimé que la crise provoquée par la pandémie de COVID-19 avait créé des conditions propices à la radicalisation et au recrutement des terroristes. Ceci est particulièrement pertinent pour les sociétés dont la radicalisation découle de politiques étatiques encourageant la haine, a-t-il ajouté. Il a également attiré l’attention sur l'utilisation abusive des technologies de l’information et des communications et des médias sociaux par les terroristes pour propager leur idéologie radicale et accroître leur potentiel de recrutement. 

Le représentant arménien a ensuite dénoncé l’instrumentalisation des combattants terroristes et mercenaires étrangers dans les conflits de la région du sud du Caucase. Des milliers de combattants et mercenaires ont été employés dans une agression militaire à grande échelle contre le Nagorno-Karabakh l’an dernier, a-t-il assuré.  Il a ajouté que le recrutement de combattants terroristes étrangers du Moyen-Orient et leur transfert vers l’Azerbaïdjan et la zone de conflit du Nagorno-Karabakh ont été largement documentés.  L’Azerbaïdjan, avec ses soutiens extérieurs, porte une responsabilité directe dans le parrainage du flux de terroristes internationaux dans la région, a-t-il accusé.  Enfin, il a reconnu le rôle important que jouent les comités de sanctions du Conseil de sécurité pour assurer l’application du principe de responsabilité qu’il s’agisse d’individus ou d’entités terroristes. 

M. GVARAM KHANDAMISHVILI (Géorgie) a appelé à des efforts redoublés pour remédier aux causes profondes du terrorisme. Il a détaillé les progrès accomplis par son pays afin de tarir les sources de financement du terrorisme. Une nouvelle loi contre le blanchiment d’argent a ainsi été adoptée en 2019.  Il a déclaré que les efforts antiterroristes de son pays sont sapés par l’occupation illégale des régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali par la Fédération de Russie. Ces régions sont hors du contrôle du Gouvernement géorgien mais aussi inaccessibles pour les entités de surveillance de l’ONU et de l’Union européenne qui disposent pourtant d’un mandat clair pour y accéder.  Il a déclaré que, pour cette raison, la situation sécuritaire et humanitaire dans ces régions est un terreau fertile pour toutes sortes d’activités illicites, y compris terroristes. Le délégué a donc appelé la Fédération de Russie à assurer un accès sans entraves des mécanismes de surveillance internationaux aux régions précitées. 

Droit de réponse

M. YANG LIU (Chine) a exercé son droit de réponse à la suite des déclarations des États-Unis sur la région du Xinjiang. « La représentante des États-Unis a détourné la Sixième Commission pour proférer des accusations sans fondement », a-t-il dénoncé. La région du Xinjiang souffre profondément du terrorisme et de l’extrémisme, a-t-il ensuite affirmé. Il a ajouté que les questions relatives au Xinjiang n’étaient pas liées aux droits humains, mais qu’il s’agissait d’une problématique liée à l’antiterrorisme et à la radicalisation. La Chine a pris une série de mesures pour lutter contre ces problèmes en s’appuyant sur les expériences de la communauté internationale, a-t-il ensuite mis en avant, expliquant avoir appliqué le précepte de l’éducation afin de contenir les idéologies extrémistes. « Les manœuvres américaines notamment pour empêcher le développement économique de la Chine ne seront pas couronnées de succès. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales appelle à un « renouvellement du contrat social »

Soixante-seizième session,
Réunion virtuelle – matin
AG/SHC/4319

Troisième Commission: le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales appelle à un « renouvellement du contrat social »

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué, aujourd’hui, avec plusieurs titulaires de mandat au sujet de l’état du développement social, l’occasion pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de préconiser un renouvellement du « contrat social » pour parvenir à un avenir plus juste dans un monde où plus de 100 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté en 2020, notamment dans les zones rurales. 

« Nous avons la possibilité d’apporter une transition transformationnelle absolument nécessaire », a notamment déclaré M. Liu Zhenmin qui a souligné que les choix politiques opérés aujourd’hui pourraient mener soit à une percée dans le développement durable, soit à un écroulement des sociétés et de leurs écosystèmes. 

Insistant sur la nécessité d’opérer une transition « transformationnelle », le Secrétaire général adjoint a souligné que l’élimination de la pauvreté, la réduction des inégalités et la promotion de l’inclusion sont des éléments indispensables pour rétablir la confiance et renforcer la cohésion sociale et la solidarité alors que le monde essaie de se remettre des répercussions de la pandémie.  Le Haut fonctionnaire a également pressé à faire des progrès pour parvenir à une protection sociale universelle, condition sine qua non, a-t-il souligné, pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités. 

Alors que 2,4 milliards de personnes ont été touchées par une insécurité alimentaire grave ou modérée en 2020, M. Liu a également exhorté à saisir la dynamique créée par le Sommet mondial pour le développement social qui, il y a 25 ans, a posé les jalons d’un consensus international basé sur un « idéal empreint de compassion ». 

Il convient d’adopter des politiques clairvoyantes pour mettre les capacités et la résilience des individus au cœur des programmes de relance, a proposé de son côté la Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES).  Venue présenter plusieurs les rapports du Secrétaire général, Mme Daniela Bas a également encouragé les États Membres à investir dans l’économie numérique, tout en appelant les décideurs à réfléchir aux implications futures du numérique dans l’inclusion sociale. 

Mme Bas a également milité sur l’importance du rétablissement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme avant d’attirer l’attention des délégations sur la situation des personnes âgées.   

À ce sujet, l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a regretté que les impacts spécifiques subis par les femmes âgées  n’aient reçu  qu’une attention  limitée, alors que le vieillissement mondial a un « visage féminin  ». 

Les femmes âgées sont largement négligées dans les prises de décision et souvent dépeintes de manière stéréotypée et condescendante comme des « grands-mères nourricières et ridées », a déploré Mme Claudia Mahler.  De fait, la combinaison d’attitudes âgistes et sexistes « sape la jouissance de leurs droits ». 

L’Experte a exhorté les États à intégrer une dimension de genre dans leur législation et leurs politiques sur le vieillissement, tout en incluant la perspective du vieillissement dans tous les cadres sur l’égalité des sexes.   Les femmes plus âgées doivent d’abord être considérés comme des « titulaires de droits » plutôt que comme des « bénéficiaires de politiques sociales », a-t-elle notamment insisté. 

Lors de cette séance, les États Membres ont également dialogué avec le Coordonnateur exécutif des Volontaires des Nations Unies (VNU), qui a attiré l’attention sur le « rôle crucial » que le volontariat a joué et continue de jouer dans la riposte à la pandémie. 

Pour sa part, le  Spécialiste hors classe des questions sociales de l’Équipe sur le handicap du Bureau exécutif du Secrétaire général, a fait le point sur les progrès  réalisés dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 7 octobre, à partir de 10 heures.  

DÉVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES À LA SITUATION SOCIALE DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES AGÉES, AUX PERSONNES HANDICAPÉES ET À LA FAMILLE - A/76/137, A/76/147, A/76/156, A/76/184, A/76/209, A/76/210, A/76/265, A/76/61, A/76/116

Exposés

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que la pandémie a eu des effets dévastateurs sur le développement social dans tous les pays du monde.  Elle a poussé plus de 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en 2020 et l’insécurité alimentaire et la faim sont à la hausse partout dans le monde, a-t-il alerté, précisant que 2,4 milliards de personnes ont été touchées par une insécurité alimentaire grave ou modérée en 2020, un chiffre en augmentation comparé à 2019. Avant la crise, le monde n’était déjà pas en bonne voie de parvenir aux objectifs de développement durables (ODD) et c’était particulièrement le cas de l’objectif clef d’éliminer la pauvreté.  La pandémie a exacerbé l’insécurité et les vulnérabilités économiques; les individus n’ont plus confiance dans les institutions publiques et de nombreuses personnes se détournent de leurs obligations civiques.  Aujourd’hui, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le monde essaie de se remettre sur pied, pour éliminer la pauvreté, réduire les inégalités et promouvoir l’inclusion.  Ce sont là des éléments indispensables pour rétablir la confiance et renforcer la cohésion sociale et la solidarité, a martelé le haut responsable.  À cet égard, il a rappelé que lors de la commémoration du vingt-cinquième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social, les États Membres avaient réaffirmé les objectifs de celui-ci qui demeurent valides aujourd’hui. 

Il y a 25 ans, a-t-il poursuivi, ce Sommet avait abouti pour la première fois à un consensus international sur la nécessité de placer l’individu au centre du développement.  Les résultats ont fait émerger un « idéal empreint de compassion » et permis de créer un cadre de société pour aller de l’avant et se pencher notamment sur les causes profondes de la pauvreté.  Il a exhorté à saisir cette dynamique et collaborer avec les gouvernements, les communautés et la société civile pour réfléchir à la façon de mettre en œuvre le Programme 2030.  « Nous avons la possibilité d’apporter une transition transformationnelle absolument nécessaire », a déclaré M. Liu.  Pour ce faire, il a préconisé de renouveler le « contrat social », pour que les individus ressentent des améliorations tangibles dans leurs vies, mais aussi de renforcer la confiance dans les institutions internationales et nationales en apportant la prospérité au plus grand nombre.  Il faut agir pour parvenir à un avenir plus juste, a-t-il souligné. 

Le Secrétaire général adjoint a en outre insisté sur l’importance d’engager des réformes politiques; d’investir dans la protection sociale afin de contribuer au bien-être de l’individu; et d’appuyer une transition juste vers une croissance plus inclusive et plus verte.  Or, a-t-il déploré, plus de la moitié de la population mondiale ne bénéficie pas de protection sociale de nos jours.  Il a pressé à faire des progrès pour parvenir à une protection sociale universelle, condition sine qua non pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités. 

L’humanité est à la croisée des chemins, a-t-il souligné, citant le Secrétaire général.  Les choix politiques opérés aujourd’hui pourraient mener soit à une percée dans le développement durable, soit à un écroulement des sociétés et de leurs écosystèmes.  Ils détermineront, a insisté M. Liu, notre capacité à établir un consensus social autour de mesures communes et rétablir la confiance du public, étape nécessaire pour atteindre les ODD. 

Mme  DANIELA BAS, Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a tout d’abord présenté le rapport du Secrétaire général sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/76/181), soulignant sa pertinence dans le contexte d’une pandémie de COVID-19 qui perdure.  Le rapport se penche sur les répercussions de cette pandémie et sur la crise sociale qu’elle a engendrée.  Il contient des recommandations qui invitent notamment les États Membres à adopter des politiques clairvoyantes pour mettre les capacités et la résilience des individus au cœur des programmes de relance.  Il appelle en outre à réduire la fracture numérique et à améliorer la fourniture de services sociaux, tout en plaidant pour davantage de solidarité aux niveaux régional et international. 

Mme Bas a ensuite présenté le rapport sur la situation sociale dans le monde (A/76/116), qui fait apparaître que la pauvreté est en progression dans le monde, principalement dans zones rurales.  Le rapport sur l’inclusion sociale (A/76/184) promeut quant à lui le concept d’inclusion sociale en encourageant les États Membres à investir dans l’économie numérique.  Il a appelle également les décideurs à réfléchir aux implications futures du numérique dans l’inclusion sociale. 

Par ailleurs, a poursuivi la haute fonctionnaire, le rapport sur les jeunes (A/76/210) souligne l’importance du rétablissement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme et invite les États Membres à mener des efforts plus collaboratifs à cette fin.  Le rapport sur la famille (A/76/61) relève que la pandémie impose de nouveaux défis aux structures familiales, lesquelles jouent un rôle fondamental dans l’économie et la fourniture de soins.  Enfin, le rapport sur le vieillissement (A/76/156) note que la pandémie a aggravé les difficultés auxquelles les personnes âgées sont confrontées, tout en rappelant leur rôle clef dans les communautés.  Il appelle à promouvoir leur participation à la société et à les inclure dans les prises de décisions. 

Dialogue interactif

À l’issue de ces deux premières interventions, l’Éthiopie a estimé que la réalisation des ODD ne sera possible que si l’on réduit effectivement la fracture numérique.   Comment procéder alors pour réduire cette fracture et garantir l’accès aux services sociaux, a demandé le Viet Nam qui a précisé que 90% de sa population dispose d’une assurance santé.  L’Inde a indiqué que la technologie numérique est mise à profit pour réduire la pauvreté, ainsi que faire face à la COVID-19, notamment en matière de traçage des cas et de fourniture de vaccins.  Notre politique d’inclusivité a permis à 271  millions de personnes de sortir de la pauvreté, grâce à la croissance et à l’emploi, s’est notamment enorgueillie la délégation.

Pour œuvrer au développement commun, la Chine a appelé tous les pays à approfondir leur coopération stratégique et donner la priorité à la protection des personnes, notamment les plus vulnérables.  C’est une croissance durable et inclusive qu’il faut appuyer, a-t-elle insisté.  Il convient aussi de mobiliser les financements et les investissements pour atteindre les cibles du Programme 2030, a souligné le Maroc qui a également insisté sur l’importance de la confiance, de la cohésion et des partenariats pour faire face à la crise engendrée par la pandémie.  

Préoccupé par les conséquences socioéconomiques de la crise, l’Iraq a jugé important de protéger tous les membres des familles et de faire en sorte que des recours puissent être déposés en cas de violence.  La République arabe syrienne a indiqué pour sa part que sa stratégie d’après-guerre met l’accent sur la réconciliation nationale et le retour des personnes déplacées.  Le gouvernement soutient en outre les familles confrontées à des pénuries et accorde des foyers temporaires et des soins de santé aux plus démunis, en particulier dans les régions où les groupes armés sèment la violence.  

À son tour, le Sri Lanka a précisé que son gouvernement s’emploie à garantir des services de qualité pour les personnes vivant en milieu urbain comme en zone rurale.  Les petites localités bénéficient ainsi de services d’éducation et de santé, tandis que les écarts de revenu entre urbains et ruraux se réduisent.  Le Nigeria a de son côté appelé les États à continuer d’assurer la protection sociale des groupes les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les personnes handicapées.  

Comment l’ONU peut-elle contribuer aux nécessaires transferts de technologies vers les pays en développement, a demandé l’Algérie qui a par ailleurs insisté sur l’importance de l’éducation et des investissements sociaux, notamment en matière de logement, d’accès à l’eau potable et de couverture sanitaire, pour enrayer la pauvreté.  Le Bélarus a ensuite expliqué que son système d’État d’aide sociale, qui a pour caractéristiques d’être holistique et systémique, avait permis d’aider les couches vulnérables de la société tout au long de la pandémie. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande a fait savoir que l’Initiative  2025 de l’ASEAN vise à assurer que chaque individu jouit de son droit au développement.  Elle intègre également les droits des personnes handicapées et prévoit des plans d’urgence pour les femmes. 

Répondant à ces questions et commentaires, la Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES) a formulé plusieurs propositions pour combler la fracture numérique.  Tout d’abord, elle a suggéré de tester les infrastructures pour permettre à tout un chacun d’avoir accès aux technologies de l’information et des communications.  Elle a également incité les États à fournir une formation technologique aux jeunes comme aux personnes âgées.  Il conviendrait également d’adopter des mesures pour prendre à bras le corps les entraves à l’acquisition des compétences dans le domaine des technologies de l’information et de la communication pour les personnes désavantagées, comme celles qui ont des problèmes de vue.  « C’est comme ça qu’on fait preuve d’inclusivité », a-t-elle insisté.  

Quant au rôle que pourrait jouer l’ONU pour promouvoir le transfert technologique vers le Sud, elle a indiqué que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les technologies pourra peut-être fournir des réponses spécifiques pour chaque pays.  

Exposé

M. TOILY KURBANOV, Coordonnateur exécutif des Volontaires des Nations Unies (VNU), a présenté le rapport du Secrétaire général sur le volontariat à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (A/76/137), rappelant dans la foulée que cette année marque le cinquantième anniversaire du programme des VNU qui est administré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

M. Kurbanov a souligné que ce rapport met en évidence les nouvelles tendances et perspectives en matière de volontariat qui reflètent des changements « spectaculaires » dans le monde.  Le rapport appelle notamment à passer des projets de volontariat ponctuels à une intégration systématique du volontariat dans les efforts de développement afin de contribuer à la durabilité des résultats.  Il note que 61% des examens nationaux volontaires soumis au forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) reconnaissent les contributions des volontaires à tous les objectifs de développement durable (ODD).  Le rapport reconnaît également le rôle crucial que les volontaires ont joué et continuent de jouer dans la riposte à la pandémie. 

M. Kurbanov a également indiqué que le rapport recommande d’intégrer le volontariat dans des stratégies de développement durable plus larges.  Il apporte également des suggestions concrètes sur la manière de renforcer les données nationales sur les contributions économiques et sociales du volontariat.  Le partage d’expérience des États Membres, notamment pour surmonter les obstacles au volontariat, est également préconisé, de même que le renforcement du bénévolat communautaire et intergénérationnel afin de mettre à profit la solidarité générée pendant la pandémie.  Le Coordonnateur exécutif a en outre fait observer que différentes pratiques de volontariat façonnent la participation différemment, le volontariat en ligne pouvant par exemple faciliter l’accès à certaines personnes mais en exclure d’autres.  Il a ensuite appelé les États Membres à partager leurs efforts et leurs données sur le portail de connaissances sur le volontariat hébergé par le programme VNU. 

Dialogue interactif

Quel est le lien entre le programme de volontariat des Nations Unies et le programme des jeunes, en sachant que la plupart des volontaires sont des jeunes, a voulu savoir d’emblée Israël

Le Japon a souligné l’importance des volontaires pendant la période de crise due à la pandémie, en profitant pour saluer le travail des volontaires lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.  Ces derniers contribueront aussi énormément aux prochains Jeux Olympiques d’hiver en Chine, a ajouté la délégation chinoise qui a elle aussi mis l’accent sur l’aide psychologique et sociale contribuée par les volontaires durant la pandémie. 

Quels sont les enseignements tirés au cours de la pandémie et qu’en est-il des efforts d’inclusion dans le volontariat, a demandé à son tour le Brésil

Comment peut-on utiliser au mieux le volontariat pour créer de nouvelles perspectives pour les jeunes, s’est enquis le Maroc qui a également voulu savoir comment les VNU coopèrent avec l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse. En outre, comment peut-on renforcer la contribution du volontariat à la résilience dans les pays en développement?  Et comment garantir le soutien et l’appui nécessaire pour le volontariat en ligne? 

Enfin, la Serbie a fait quelques observations sur les contributions des volontaires dans le pays. 

En ce qui concernes le partage des bonnes pratiques mentionnés par différent pays, le Coordonnateur exécutif des VNU a de nouveau appelé les États Membres à partager leurs expériences et leurs données sur le Portail de connaissances sur le volontariat hébergé par le programme VNU.  Il a également indiqué un rapport sur l’état du volontariat dans le monde sera publié avant la fin de l’année, conciliant bonnes pratiques, nouvelles tendances et mesures prises pour accroitre la résilience des communautés. 

Il a ensuite fait savoir que le programme des VNU travaille en étroite collaboration avec l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse pour permettre aux jeunes de rentrer dans le système de l’ONU en tant que volontaires pour mieux connaître l’Organisation.  Une collaboration est également en place pour aider les équipes de pays à recenser les données dans la perspective de l’examen quadriennal. 

Sur le volet des enseignements tirés de la pandémie, le Coordonnateur exécutif a indiqué que plus de 1 000 volontaires ont été mobilisés durant la crise pour appuyer la riposte.  Il a noté que le capital humain dans les pays du Sud est immense « ce qui a permis de réagir rapidement ».  Les actions de sensibilisation dans les pays du Sud nous ont permis de rallier plus de volontaires au système des Nations Unies, fait important quand les voyages n’étaient plus possible, a-t-il indiqué. 

Exposé

M. GOPAL MITRA, Spécialiste hors classe des questions sociales de l’Équipe sur le handicap du Bureau exécutif du Secrétaire général, qui présentait le rapport sur l’inclusion du handicap dans le système des Nations Unies (A/76/265), s’est d’emblée félicité des progrès réalisés en matière d’inclusion au Siège et au niveau des pays, et ce en dépit des défis liés à la pandémie.  La Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap a permis de s’organiser et de se mobiliser pour une riposte à la COVID tenant compte des personnes handicapées, a-t-il fait observer. 

Il a fait état de progrès notables par rapport à 2019, dans des domaines aussi variés que la visibilité et les achats inclusifs, en plus du renforcement de l’inclusion et de l’accessibilité au sein des entités des Nations Unies.  Toutefois, il a reconnu des résultats moindres en matière de consultation auprès des personnes handicapées dans l’objectif de répondre à leurs besoins.  À cet égard, M. Mitra a évoqué les différents outils mis en place pour remédier à cette situation, se disant convaincu que les résultats suivront dans quelques années. 

Poursuivant, il a mentionné les rapports présentés par les quelques 130 équipes de pays sur la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap, notant que des progrès s’imposent toutefois en matière d’accès physique et numérique.  Il a également indiqué que la mise en œuvre de la Stratégie a débouché pour la toute première fois sur la création de données systématiques sur l’inclusion du handicap à l’ONU.  Ces données sont utiles pour évaluer le statut de l’inclusion du handicap au sein des Nations Unies, mais aussi pour s’assurer de la reddition de compte interne et envers les États Membres.  Il a aussi noté que plusieurs secteurs nécessitent un perfectionnement.  Il a souligné que le manque de ressources ne doit pas servir d’excuse pour le manque d’action, suggérant notamment de mobiliser les ressources excédentaires pour appuyer l’inclusion du handicap. 

Dialogue interactif

Le coup d’envoi à cette discussion a été donnée par la Nouvelle Zélande qui a voulu savoir quelles mesures ont été prises pour ajuster la Stratégie dans le cadre de la collaboration avec les organisations œuvrant dans le domaine du handicap. 

Comment le système des Nations Unies peut renforcer les connaissances et les mesures prises par le personnel en faveur de l’inclusion, s’est enquis le Mexique.  Et que faire pour combler les lacunes s’agissant de la question de la transversalité pour les Missions de maintien de la paix? 

La Chine, qui a indiqué qu’elle compte 85 millions de personnes handicapées, soit le chiffre le plus élevé au monde, a estimé qu’une meilleure intégration sociale et une vie digne, relève de la responsabilité de chaque gouvernement.   

À leur tour, les Philippines ont voulu connaître les défis auxquels s’est heurté le bureau de M. Mitra.  Que peuvent faire les États Membres pour soutenir le mandat et s’aider les uns les autres dans le cadre de la pandémie? 

À la suite de ces questions, le Spécialiste hors classe des questions sociales a indiqué, qu’il n’existait auparavant aucune orientation pour ce qui est des consultations avec les organisations représentant les personnes handicapées.  Il a donc été demandé aux Nations unies de disposer de lignes directrices, et cette année, le Bureau exécutif du Secrétaire général a mis sur pieds des orientations pratiques sur le handicap et engagé des consultations avec les organisations travaillant dans ce domaine. 

Pour ce qui est de l’inclusion du handicap dans les missions sur le terrain, « nous sommes partis de loin mais un travail louable a été entamé », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que depuis 2019, on est passé de 12 à 16 missions politiques spéciales qui ont produit un rapport sur cette stratégie.  « Le renforcement des capacités est un des grands défis » a reconnu le Spécialiste.  Des réformes sont en cours dans le système, des équipes ont commencé à organiser des sessions de renforcement de capacités et des modules seront disponibles pour tous et toutes début 2022, a-t-il annoncé.  Il a en outre souligné que les ressources demeurent une pierre d’achoppement et a remercié les pays qui apportent leur appui. 

Exposé

Mme  CLAUDIA MAHLER, Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a rappelé que l’an dernier, sa présentation avait porté sur l’impact disproportionné de la pandémie sur les personnes âgées et l’amplification des violations existantes de leurs droits humains.  Depuis lors, des rapports affligeants ont mis en évidence l’isolement, la négligence et le manque d’accès à des soins de santé adéquats dont souffrent les personnes âgées dans le monde entier, a-t-elle relevé, regrettant toutefois que les impacts spécifiques subis par les femmes âgées n’aient reçu qu’une attention limitée.  Cela illustre, selon elle, « l’invisibilité des formes uniques d’inégalité et de discrimination » auxquelles sont confrontées les personnes en raison de leur sexe, de leur handicap, de leur origine ethnique, de leur statut de migrant et d’autres facteurs intersectionnels.  C’est pourquoi l'Experte indépendante a choisi de consacrer son rapport aux droits humains des femmes âgées.  

Observant que le vieillissement mondial a un « visage féminin » car les femmes constituent la majorité des personnes âgées, surtout à un âge avancé, Mme Mahler a fait remarquer que les femmes âgées jouent des « rôles clés » dans nos communautés.  Parmi elles, on trouve des leaders dans les domaines de la politique, des affaires, de la culture et de l’engagement civique, des militantes qui promeuvent le changement ou encore des soignantes et des bénévoles qui permettent à leurs communautés et familles de s’épanouir.  Pourtant, ces femmes sont largement négligées dans les prises de décision et souvent dépeintes de manière stéréotypée et condescendante comme des « grands-mères nourricières et ridées ».  De fait, a souligné l’Experte indépendante, la combinaison d’attitudes âgistes et sexistes « sape la jouissance de leurs droits ».  À ce sujet, a-t-elle ajouté, l’hypothèse selon laquelle les femmes âgées ne seraient pas sexuellement actives et désirables signifie que leur santé sexuelle et reproductive est ignorée et que la violence sexuelle contre les femmes plus âgées reste un tabou.   

Mme Mahler a ensuite précisé que les inégalités et la discrimination vécues par les femmes âgées n’apparaissent pas soudainement à un âge avancé, mais s’accumulent plutôt au long de la vie.  Les désavantages cumulatifs d’une main-d'œuvre plus faible, d’écarts salariaux entre les hommes et les femmes, d’interruptions d’emploi dues aux soins familiaux et d’une prévalence plus élevée du travail à temps partiel et informel signifient que les femmes ne reçoivent souvent qu’une retraite limitée ou pas de retraite du tout.  De plus, de nombreuses femmes n’ont pas la possibilité d’acquérir, accumuler et contrôler des actifs et des biens au cours de leur vie, notamment en raison de pratiques successorales discriminatoires. Beaucoup de femmes atteignent donc un âge avancé avec des niveaux d’éducation et d’apprentissage inférieurs, moins d’épargne, d’actifs et de biens, et moins de sécurité sociale, ce qui entrave considérablement la pleine jouissance de leurs droits humains. 

Ces désavantages mettent les femmes âgées dans une situation de vulnérabilité accrue à la pauvreté, à l’isolement, à la violence, à la maltraitance et à la négligence, a poursuivi l’Experte.  Si les femmes ont tendance à vivre plus longtemps, elles le font souvent sans les ressources et le soutien nécessaires pour répondre à leurs besoins évolutifs, a-t-elle constaté, estimant à cet égard que s’appuyer exclusivement sur les familles pour les soins et le soutien n’est pas une solution satisfaisante.  Selon elle, les États ont la responsabilité de veiller à ce que les femmes âgées soient en mesure de jouir pleinement de tous leurs droits humains.  Les femmes plus âgées doivent d’abord être considérés comme des « titulaires de droits » plutôt que comme des « bénéficiaires de politiques sociales », a-t-elle insisté avant d’appeler les États à intégrer une dimension de genre dans leur législation et leurs politiques sur le vieillissement, tout en incluant la perspective du vieillissement dans tous les cadres sur l’égalité des sexes.  À ses yeux, cela doit inclure la lutte contre l’âgisme, le sexisme et les stéréotypes associés ainsi que la collecte de données désagrégées pour capter les réalités vécues par les femmes âgées.   

Dialogue interactif

Dans un premier temps, la Fédération de Russie a noté que la tendance mondiale au vieillissement concerne aussi la Russie, où une personne sur quatre est âgée.  C’est pourquoi le gouvernement a lancé en 2016 une stratégie nationale pour améliorer la situation des personnes âgées. Un système de revalorisation des pensions est également en place pour aider les plus de 38 millions de personnes qui en bénéficient, et un soutien est apporté aux personnes âgées qui souhaitent continuer de travailler. Dans ce contexte, la délégation a regretté que la communauté internationale ne soit pas encore parvenue à un consensus sur la nécessité d'élaborer une convention distincte sur les problèmes du vieillissement. Selon elle, le problème vient des approches des organes conventionnels eux-mêmes. 

Quelles sont les mesures que prend l’ONU pour faire en sorte que les personnes âgées sont incluses dans les processus de prise de décision au niveau national et international, a voulu savoir l’Union européenne, qui a jugé essentiel de collecter de données sexospécifiques et d’effectuer des analyses précises sur la situation de ces femmes, qui doivent bénéficier d’une protection sociale et de soins de santé physique et mentale. 

Que pense l’Experte indépendante du volontariat entre les générations pour combler les fractures sociales dont souffrent les personnes âgées, a pour sa part demandé Israël, en insistant sur la nécessaire solidarité entre les âges.  Et comment veiller à ce que les perspectives des femmes âgées soient prises en compte dans les politiques des États, a ajouté le Royaume-Uni, préoccupé par l’impact disproportionné de la COVID-19 sur les personnes âgées et par la montée de l’âgisme et des discriminations contre les séniors.  Observant que l’âgisme frappe principalement les femmes et est pour elles un facteur d’isolement et de pauvreté, la Slovénie s’est pour sa part interrogé sur les moyens d’améliorer le cadre des droits de la personne en tenant compte des discriminations croisées que subissent les femmes âgées. 

Les Philippines ont évoqué le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation sur la situation des femmes âgées, notant l’âgisme et la discrimination fondée sur le genre ont de graves conséquences pour ces dernières. Quelles seraient les bonnes pratiques permettant d’inclure les questions concernant les femmes âgées dans les politiques publiques, a demandé le Mexique, après avoir constaté leur « invisibilité » dans les prises de décision.  Et que faire pour prévenir les violences à l’égard des femmes âgées, notamment celles fondées sur le genre, dans le contexte de la pandémie, s’est enquis le Canada

Comment comptez-vous défendre votre programme au sein du système des Nations Unies et veiller à ce qu’il demeure une priorité pour la communauté internationale, a demandé la Malaisie. De son côté, la Chine a rappelé qu’elle est l’un des pays qui enregistrent un taux élevé de vieillissement et que sa population comptera l’an prochain plus de 300 millions de personnes âgées. Face à ce phénomène, elle a fait état du lancement d’un plan national à court et moyen termes pour que chacun puisse vivre dans la dignité. Elle aussi estimé que le relèvement post-COVID-19 sera occasion d’améliorer le sort des personnes âgées. 

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a lui aussi plaidé pour la collecte de données et l’analyse des discriminations et abus dont sont victimes les femmes âgées. A cette aune, il a souhaité savoir comment pourrait être mis en place un instrument international juridiquement contraignant qui protège la dignité des personnes âgées, en particulier des femmes.  L’Argentine a elle aussi plaidé pour l’élaboration d’une convention internationale sur ces questions après avoir demandé des précisions sur le lien entre féminisation du vieillissement et féminisation de la pauvreté. 

Que peuvent faire les gouvernements pour encourager les femmes âgées à déposer des recours en cas de violences ou abus à leur encontre, ont souhaité savoir les États-Unis. Existe-t-il des moyens de protéger les personnes âgées de l’exploitation et des injustices, a demandé l’Inde

L’Algérie a, elle, souligné l’importance de la participation des personnes âgées à la vie des sociétés, y voyant la justification d’une protection des valeurs familiales.  Enfin, le Maroc a indiqué que la condition des séniors étant une priorité de son gouvernement, un observatoire national pour personnes âgées suit les questions traitant du vieillissement. 

La suite de ce dialogue n’a pas pu être couverte en raison d’une interruption de l’interprétation.

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