Troisième Commission: les titulaires de mandat tirent la sonnette d’alarme au sujet de l’impact de la COVID-19 sur les enfants
La Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a déclaré, aujourd’hui, devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants « a été pire que ce que l’on craignait initialement », celle-ci ayant augmenté les risques de violence à l’encontre des enfants, que ce soit à la maison, dans les communautés et en ligne, ainsi que la violence sexiste.
Mme Najat Maalla M’Jid a expliqué que la pandémie a porté atteinte à la santé mentale et au bien-être des enfants et des personnes qui s’en occupent, et que son impact économique a exacerbé les inégalités parmi les plus pauvres et les plus marginalisés. Or, nous savons que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination sont des facteurs importants de violence et d’exploitation des enfants, a fait observer la Représentante spéciale.
Selon ses chiffres, entre 10 à 30 millions d’enfants, particulièrement des filles, risquent d’être mariés de force dans les 10 prochaines années. « Cela, nous le savons car toutes les causes qui existaient avant la pandémie ont été exacerbées après la crise » a fait observer Mme M’Jid, citant pêle-mêle, la pauvreté, l’exclusion sociale, et la déscolarisation. La situation est analogue en ce qui concerne la violence en ligne, exacerbée par la connexion accrue des enfants à l’Internet durant la crise sanitaire. En outre, seulement 24,6% des enfants bénéficient du système de protection sociale dans le monde, ce qui est vraiment peu, a-t-elle déploré.
Même son de cloche du côté de la Présidente du Comité des droits de l’enfant qui s’est inquiétée de la répercussion de la fermeture d’écoles et d’un accès limité aux services essentiels en raison de la pandémie.
De plus, la pauvreté des enfants continue d’augmenter à un rythme alarmant et nombre d’entre eux ont signalé des symptômes d’anxiété, de peur et de dépression dus à la pandémie. Dans ce contexte, les États doivent veiller à ce que les enfants puissent reprendre en toute sécurité l’apprentissage en personne et avoir accès au soutien nécessaire à leur bien-être physique et mental, y compris les vaccins et les services essentiels, a plaidé Mme Mikiko Otani.
La pandémie, avec la fermeture des écoles et la perte de revenus familiaux, a aggravé un environnement de protection déjà vulnérable pour les enfants dans les situations de conflit, a renchéri la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, évoquant le recrutement, l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que le refus d’accès humanitaire.
Mme Virginia Gamba s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’ampleur des violations graves signalées en 2020: plus de 26 400 violations affectant plus de 19 300 enfants dans 21 situations, soit « 72 violations par jour ». De plus, des tendances inquiétantes ont émergé, telles que l’augmentation spectaculaire des enlèvements et des violences sexuelles, tandis que les attaques contre les hôpitaux et les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires, ont continué à être vérifiées en grand nombre, affectant de manière disproportionnée l’éducation des filles, notamment dans la région du bassin du lac Tchad. En 2020, a déploré Mme Gamba, plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés, l’Afghanistan, la République arabe syrienne, le Yémen et la Somalie restant les conflits les plus meurtriers pour les enfants.
La Troisième Commission a également entendu un exposé de la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, qui a attiré l’attention sur la vulnérabilité des enfants et des jeunes qui s’identifient en dehors du binôme/binaire de genre.
Selon Mme Mama Fatima Singhateh, les filles étant souvent considérées comme exclusivement concernées par l’exploitation sexuelle, les mécanismes d’appui ont été principalement conçus pour traiter leur problématique, ce qui a rendu les garçons, mais aussi les victimes qui s’identifient en dehors du binaire de genre, « invisibles ». Elle a conseillé d’adopter une approche « droits de la personne » pour tous les enfants et de créer des espaces pour ceux qui sont non binaires.
Avant de dialoguer avec les titulaires de mandat, la Troisième Commission a achevé son débat général, l’occasion pour l’Organisation internationale du Travail (OIT) d’indiquer que par rapport aux tendances d’avant-crise, on estime que 75 millions d’emplois auront été perdus en 2021 et que 23 millions le seront en 2022, ce qui correspond à une perte de 3 700 milliards de dollars de revenus du travail. Cette situation menace de freiner les progrès en matière de développement social, a alerté la délégation.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 11 octobre, à partir de 15 heures.
POURSUITE ET CONCLUSION DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
Au nom d’un groupe de pays, Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica), a constaté qu’au cours de la pandémie, les défenseurs des droits de l’homme, les organisations et les représentants de la société civile ont rencontré un certain nombre de difficultés pour accéder et s’engager dans le travail des Nations Unies. Cela va des limitations d’accès aux locaux et aux réunions virtuelles, à l’inégalité d’accès à l’enregistrement, en passant par l’absence de disponibilité des informations et de possibilités de s’engager avec les États Membres et les autres parties prenantes. Elle s’est déclarée profondément préoccupée par le rapport présenté au Conseil des droits de l’homme (CDH) par le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, qui fait état de représailles et d’intimidations présumées à l’encontre de 240 membres de la société civile, militants et journalistes, dans 45 pays. En effet, a-t-elle poursuivi, on ne peut tout simplement pas prétendre offrir un espace ouvert à la société civile si elle est privée de parole. Ce silence doit être brisé! s’est-il écrié.
Aujourd'hui, face à une pandémie mondiale qui a bouleversé des vies et des moyens de subsistance, accéléré les changements sociaux, notamment la numérisation, et obligé les Nations Unies à s’adapter à de nouvelles méthodes de travail virtuelles, nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir les conditions d’un environnement transparent, accessible et sûr pour la société civile, notamment pour ceux qui travaillent et luttent pour les droits humains. Ouvrons donc la porte à la société civile, y compris aux défenseurs des droits de l’homme, pour qu’ils puissent participer de manière significative, en commençant ici, au sein de cette Commission, a-t-il affirmé.
Au nom d’un groupe de pays de l’hémisphère Sud, M. TAREK LADEB (Tunisie) a souligné que les valeurs du multilatéralisme constituent des caractéristiques communes qui amènent les membres de ce groupe à promouvoir les droits humains et à prôner le développement durable. Il a précisé que bien que les membres du groupe n’aient pas toujours des vues identiques, ils partagent des positions de principe qui leur permettent d’avancer des idées communes. Le groupe est ainsi d’avis que, dans le contexte de pandémie actuel, la sécurité de tous passe par la sécurité de chacun. De plus, a poursuivi le délégué, nous avons vu monter le niveau de violence domestique, tandis que les femmes et les filles ont de plus en plus de difficultés pour accéder aux services sociaux. Parallèlement, les budgets nationaux sont fragilisés et le fossé numérique s’élargit entre pays développés et en développement. Il convient donc de lutter contre ces défis et de protéger les droits humains, en particulier les droits des femmes et des filles, a-t-il plaidé, avant de lancer un appel à la coopération mondiale. Ce n’est qu’en œuvrant de concert que nous pourrons façonner un avenir meilleur pour les générations à venir. À cette aune, a-t-il souligné, notre groupe de pays de l’hémisphère Sud souhaite élaborer des mesures concrètes pour souligner l’importance des partenariats en vue d’atteindre nos objectifs communs.
M. JOAQUIN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) s’est alarmé du creusement des inégalités entre les pays du Nord et du Sud. L’imposition illégale et immorale de mesures coercitives unilatérales aggrave les souffrances de 30 millions de Vénézuéliens, a-t-il affirmé, précisant que les sanctions imposées par le Gouvernement américain entravent l’accès, en temps voulu, aux médicaments, y compris aux vaccins contre la COVID-19, à la nourriture, au carburant et à d’autres biens et services. Le représentant a déclaré que les États-Unis ne doivent pas donner des leçons en matière des droits humains car ils sont responsables d’un certain nombre de guerres, de massacres et de génocides, ainsi que de « l’utilisation prédatrice » des migrants. Le dit Gouvernement ne saurait se faire le gardien des droits de l’homme alors même qu’il les viole « massivement », a accusé le délégué.
Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déclaré que la crise sanitaire a fait reculer les progrès vers l’égalité entre les sexes, notamment parmi les travailleurs, les personnes vulnérables mais aussi les journalistes et les militants. Elle s’est notamment inquiétée de la situation en Afghanistan où 20 ans de progrès ont été réduits à néant. Cela est inacceptable car les femmes afghanes s’emploient à promouvoir l’égalité en excellant dans divers domaines, a-t-elle affirmé. Elle a notamment décrié la prise pour cible de femmes journalistes, précisant que selon ONU-Femmes, ces dernières ont été les premières cibles d’attaques lors des manifestations. « La violence contre les journalistes et reporters ne devrait pas être toléré ».
La pandémie a également mise à rude épreuve l’éducation des enfants et notamment des jeunes filles, a poursuivi la déléguée, notant que 1,3 million d’heures de classes ont été perdues. Au Liban, la crise économique a fragilisé les salaires des enseignants, alors que le pays compte rouvrir les écoles. « Le droit de l’éducation est un droit sacré et nous devons veiller qu’une génération entière ne soit pas en retard », a-t-elle souligné. La représentante a également indiqué que plus de 1,5 million de Syriens sont réfugiés au Liban, ce qui entraîne des « conséquences désastreuses » sur la population libanaise. Le Liban ne peut plus porter le fardeau de la crise en ces temps difficiles, a-t-elle indiqué.
M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que l’impact catastrophique de la pandémie de la COVID-19 devrait inciter à une réflexion sur les meilleurs moyens de réduire les inégalités et résoudre les problèmes mondiaux. L’essence même de la solidarité internationale est menacée par la polarisation, certains pays se présentant comme arbitres, a-t-il toutefois mis en garde. Il a aussi déploré que malgré les efforts internationaux pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance qui y est associée, ces phénomènes persistent et s’exacerbent. Il s’est félicité en revanche de l’adoption de la déclaration politique lors du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, et de la résolution de l’Assemblée générale sur la préservation des sites culturels.
Dénonçant en outre la discrimination à l’encontre de droits spécifiques, le représentant a relevé qu’il était clair que des « efforts systémiques » sont déployés pour laisser entendre que certains droits sont plus importants que d’autres. « Rien ne justifie ce dédain », a-t-il affirmé. Il a ensuite insisté sur l’importance de l’égalité vaccinale qui est « loin d’être une réalité », en particulier en Afrique. À cet égard, il a appuyé le Mécanisme COVAX.
Au plan national, a-t-il poursuivi, l’Égypte a lancé sa première stratégie en matière des droits humains, intégrant les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Des mesures ont également été prises pour renforcer les capacités dans le domaine des droits de la personne et l’égalité des genres. En outre, le rapport présenté dans le cadre de l’Examen périodique universel réitère le droit des femmes en tant que partenaires égaux, a-t-il ajouté.
Mme GERELMAA DAVAASUREN, Directrice générale du Département de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères de la Mongolie, a souhaité que, plutôt que de se diviser, la communauté internationale unisse ses forces pour surmonter la pandémie de COVID- 19. Nous devons œuvrer ensemble à une distribution équitable des vaccins en tant que biens publics mondiaux et lutter collectivement contre d’autres défis de santé communs par le biais de la coopération technique, du transfert de technologie et de l’échange des meilleures pratiques, a plaidé la déléguée. En Mongolie, a-t-elle précisé, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID-19 grâce au soutien d’autres pays et aux approvisionnements du Mécanisme COVAX. En dépit des difficultés occasionnées par cette crise, le Parlement mongol a adopté la « Vision 2050 », politique de développement à long terme du pays, qui vise notamment à offrir l’accès à une éducation de qualité, à développer un système de soins de santé efficace et à améliorer la protection sociale. Dans ce cadre, la Mongolie entend rendre 90% de ses services publics disponibles sur un système numérique intégré d’ici à 2024.
La représentante a ensuite indiqué que son pays a entrepris un large éventail de réformes juridiques pour harmoniser ses lois nationales avec les normes et règles internationales relatives aux droits de la personne. De plus, a-t-elle relevé, le Parlement a adopté en avril dernier une nouvelle loi sur le statut des défenseurs des droits humains, tandis qu’un groupe de travail a été chargé de réviser la loi sur la liberté des médias afin notamment de mieux protéger la confidentialité des sources. En outre, le Gouvernement a rédigé un projet de révision du Code du travail sur le harcèlement sexuel et a pris des mesures pour lutter contre les pires formes de travail des enfants. Réaffirmant par ailleurs que la Mongolie continuera de coopérer avec tous les titulaires de mandats spéciaux pour mettre en œuvre leurs recommandations, la déléguée a réaffirmé le soutien de son pays au processus de l’Examen périodique universel (EPU) en tant qu’instrument essentiel pour améliorer la situation des droits de l’homme aux niveaux national et international.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a d’entrée de jeu déploré l’aggravation des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans les zones de crise. Évoquant la situation en Afghanistan, il a appelé les Taliban à respecter leurs engagements, notamment concernant les droits des femmes et des filles et la préservation de l’accès humanitaire. Au Yémen, la France appelle à une cessation immédiate des hostilités, à la protection des civils, à la préservation de l’accès humanitaire et à la cessation des violations des droits de l’homme. Se tournant vers la Syrie, le représentant a regretté que le « régime » continue de torturer des personnes qu’il détient arbitrairement et des réfugiés de retour dans le pays.
En Éthiopie, a-t-il poursuivi, l’urgence est de faire cesser définitivement les violences, d’assurer la protection des populations civiles, de permettre l’accès à l’aide humanitaire et d’engager un dialogue politique. Le représentant s’est aussi dit préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire en République centrafricaine, caractérisée par de multiples violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, « commises en particulier par les mercenaires de la société privée russe Wagner ». Il a ensuite demandé qu’il soit permis à la Haute Commissaire aux droits de l’homme d’accéder sans entrave et en toute indépendance au Xinjiang, déplorant en outre la dégradation continue de la situation à Hong Kong ainsi qu’au Tibet.
M. de Rivière a par ailleurs constaté que la multiplicité des défis actuels met à l’épreuve le système international de protection des droits de l’homme. Les pandémies, les changements climatiques, la dégradation de la biodiversité et de l’environnement ainsi que l’accroissement des inégalités socioéconomiques appellent des réponses multilatérales respectant pleinement la règle de droit international, en particulier les droits de l’homme, et favorisant des coopérations plus inclusives pour un développement durable, a-t-il souligné.
Il a également estimé que les remises en cause répétées des droits des femmes et des filles –qu’il s’agisse d’égalité des genres, de droits et santé sexuels et reproductifs ou de protection contre les violences fondées sur le genre– appellent une réponse « concrète et sans équivoque ». La France s’y est employée, notamment en organisant le Forum Génération Égalité avec le Mexique, sous l’égide d’ONU-Femmes, a-t-il indiqué, précisant qu’un Plan mondial d’accélération pour l’égalité entre les femmes et les hommes a été lancé à cette occasion. Avec ses six coalitions d’action et une mobilisation de l’ordre de 40 milliards de dollars, ce plan trace une feuille de route ambitieuse en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes pour les cinq prochaines années, avec plus de 1000 engagements concrets pris à ce jour, s’est-il félicité. Il s’agit, a conclu M. de Rivière, d’une illustration du « multilatéralisme par les actes » que la France appelle de ses vœux.
Intervenant en sa capacité nationale, Mme NESRINE ELMANSOURI (Tunisie) s’est déclarée particulièrement préoccupée par les répercussions de la pandémie sur les droits de l’homme et le développement à l’échelle mondiale. Elle a mis l’accent sur l’importance vitale du multilatéralisme pour garantir le respect des droits humains.
La Tunisie reste attachée à l’égalité hommes-femmes, a déclaré la représentante. À cet égard, elle a présenté le pays comme « pays pionner » dans la région en ayant nommée une femme Première Ministre. C’est la première femme de l’histoire de la Tunisie à être chargée de former un gouvernement, a-t-elle ajouté, précisant que cette décision s’inscrit dans l’engagement du pays pour une pleine participation effective des femmes dans tous les niveaux des processus décisionnels.
La représentante a par ailleurs indiqué que la pandémie a eu une conséquence imprévue dans l’espace civique, ainsi que sur la sécurité de journalistes et des défenseurs des droits humains. Elle a appelé l’ONU à donner l’exemple, en commençant par rassurer les organisations de la société civile, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme sur la valeur de leur contribution. Des efforts s’imposent également pour atténuer les défis et les restrictions auxquels ils sont confrontés en raison de la pandémie.
M. JUN ZHANG (Chine) a indiqué que sous la houlette du parti communiste, son pays a choisi un modèle de développement « approprié à nos spécificités ». Le peuple chinois est ainsi devenu le véritable maître du pays et les questions de droits humains et de l’égalité ont été concrétisés dans la pratique, a dit le représentant, précisant que le taux de satisfaction de la population chinoise vis-à-vis du gouvernement dépasse les 90%.
Il a ensuite reconnu que les droits de l’homme sont universels, tout en estimant que la voie pour les réaliser peut-être différente. Il faut tenir compte des cultures et chaque pays a le droit d’envisager son modèle de promotion des droits de l’homme, a-t-il martelé. « Imposer un modèle venu de l’extérieur n’est ni démocratique, ni faisable! » Il s’est notamment élevé contre les « vieux discours » prônés par « certains pays » qui suscitent à la confrontation et déstabilisent les situations çà et là, imposant des sanctions unilatérales et des mesures coercitives en violation du droit international.
Cette année « nous avons été témoins de phénomènes étranges » au sein de la Troisième Commission, a-t-il poursuivi. Les États-Unis et d’autres pays attisent la confrontation et pointent des pays en développement, mais passent sous silence leurs propres problèmes et ferment les yeux sur le triste passé des droits de l’homme de leurs alliés. La France, a-t-il regretté, vient de prononcer une déclaration de ce type. Cette sélectivité et cette politisation a nui à l’atmosphère de coopération à l’ONU, a-t-il déploré.
« Le monde d’aujourd’hui est gouverné par l’égoïsme économique, les ambitions politiques, le chantage, et le chaos orchestré » a fustigé M. IGOR PILIPENKO (Bélarus). Il a dénoncé « l’ingérence flagrante », de forces étrangères mais également de « hauts représentants du système des Nations Unies ». À cet égard, il a affirmé qu’un « agent de l’ONU » aurait financé des manifestations avec des fonds alloués aux personnes handicapées par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Afin de justifier ces abus, le Haut-Commissariat a qualifié les manifestants de « victimes du régime », a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite indiqué que l’appui social accordé par le Bélarus aux personnes âgées, handicapées, aux vétérans de le Deuxième Guerre mondiale, aux familles nombreuses et personnes vulnérables, est la « feuille de route du pays pour son développement socioéconomique ». Il a fait savoir que le Bélarus prévoit de porter à l’examen de la Commission la question de l’abolition de la traite des personnes. Le représentant a aussi attiré l’attention sur l’importance du renforcement de la coopération contre l’immigration illégale, le trafic illicite de stupéfiant, le terrorisme et son financement, le blanchiment d’argent et la cybercriminalité.
M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a engagé tous les États à coopérer pleinement en vue d’assurer l’accès complet aux vaccins pour tous. Il a dénoncé les restrictions imposées à l’espace et à l’expression des représentants de la société civile, notamment les défenseurs des droits humains, les journalistes et le personnel des médias. Il a appelé tous les gouvernements à prendre les mesures appropriées contre l’intimidation et les représailles à l’encontre de ces derniers, rappelant dans la foulée que lors de la présidence irlandaise au Conseil de sécurité, plusieurs de ces représentants avaient été invités à prendre la parole. Il s’est alarmé par ailleurs que, dernièrement, certains fonctionnaires des Nations Unis ont été expulsés et déclarés « persona non grata ».
Le représentant s’est ensuite inquiété de la « pandémie voilée » qu’est la violence à l’égard des femmes, et a insisté sur l’importance de promouvoir l’égalité hommes-femmes. Il a exprimé plus particulièrement sa préoccupation pour le sort des filles afghanes qui devraient jouir de leur droit à l’éducation et pouvoir se déplacer librement dans leur pays. Il s’est fermement opposé à la peine capitale et invité tous les États à adopter un moratoire. Il a par ailleurs relevé que ces derniers mois, « le racisme a montré son visage » dans toutes les régions, et exhorté au respect de la tolérance religieuse, en particulier.
« Personne ne peut être en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité », a déclaré M. BAE JONGIN (République de Corée), qui a regretté les effets disproportionnés de la pandémie, notamment en ce qui concerne la vaccination. À ce sujet, a précisé le représentant, la République de Corée a contribué au mécanisme COVAX à hauteur de 210 millions de dollars.
M. Bae s’est ensuite dit préoccupé par la situation en Afghanistan, ainsi qu’au Myanmar où il espère que l’Envoyé spécial des Nations Unies pourra se rendre. Il a insisté sur la nécessité de fournir une assistance humanitaire dans ces pays avec l’assistance des Nations Unies et des autres partenaires.
Sur les femmes dites « de réconfort » de la Seconde Guerre mondiale, la République de Corée a déclaré les accompagner pour qu’elles recouvrent honneur et dignité. M. Bae s’est par ailleurs préoccupé de ce que la pandémie détériore encore plus les moyens de subsistance des habitants de la République populaire démocratique de Corée et a encouragé ce pays à coopérer et à renouer le dialogue avec la République de Corée pour réunir les familles séparées.
M. ABAKAR MOUCTAR (Tchad) a constaté que le fléau de la pandémie continue d’affecter les peuples du monde entier et de mettre à rude épreuve les systèmes de santé, sans oublier les conséquences sur les économies et les échanges commerciaux. Face à cette crise qui impacte particulièrement les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles, le représentant a appelé à une distribution équitable des vaccins contre la COVID-19, y voyant le seul moyen d’éradiquer le virus. Dans ce contexte, il a réaffirmé le ferme engagement de son pays à continuer d’œuvrer en faveur des droits humains, à l’autonomisation des femmes et des filles et l’élimination des violences et discriminations sexistes. Soulignant l’importance qu’accorde le Tchad à l’égalité de genre, il a fait état d’avancées sur le plan juridique et dans la mise en œuvre de programmes en faveur de la parité. Le nouveau code de procédure pénal a ainsi renforcé la protection des droits des filles en établissant à 18 ans l’âge minimal pour le mariage et en pénalisant les mutilations génitales féminines. En outre, une nouvelle loi institue la parité dans les fonctions électives, avec un quota de 30% de femmes dans les instances décisionnelles.
Malgré ces progrès, les défis restent considérables, a concédé le délégué, évoquant la lutte de son pays contre les groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad et la période de transition politique qui a fait suite au décès du Président Idriss Déby. Le pays a besoin de ressources additionnelles pour surmonter ces difficultés qui s’ajoutent à la crise socioéconomique liée à la pandémie, a-t-il souligné, réclamant un accompagnement de la communauté internationale. Enfin, s’agissant de l’élimination du racisme et de la discrimination raciale, il a rappelé que le Tchad et le Costa Rica ont cofacilité le processus intergouvernemental qui a conduit à la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine. Les efforts doivent continuer pour que justice soit rendue à ces personnes, a-t-il conclu, réitérant l’universalité des droits humains dans le respect des principes d’indépendance et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.
Pour M. AMADOU JAITEH (Gambie) les défis d’aujourd’hui liés à la pandémie requièrent la solidarité de tous. C’est pourquoi, il a lancé un appel à la communauté internationale pour un partage équitable des vaccins afin de juguler la pandémie. Il a également conseillé de tirer les enseignements de la crise sanitaire et invité à opérer des réformes cruciales de « nos institutions » en vue d’être prêt à affronter la prochaine pandémie et éviter une catastrophe humanitaire. Il a salué la réforme du système de développement de l’ONU, se disant heureux de le voir s’adapter de façon à atténuer des effets des conflits et de la pandémie dans les pays en développement. Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur le rôle qu’occupe la femme en Gambie, « véritable dirigeante » dans toutes les tâches qu’elle assume. Il faut donc reconnaître sa contribution cruciale à la société en tant que partenaire de développement social, a-t-il estimé.
Mme SOUEDA EL GUERA (Mauritanie) a déclaré que son pays a déployé de grands efforts pour mettre en œuvre des projets et des programmes visant à lutter contre la marginalisation et permettre l’accès universel aux services de base, ainsi que le soutien au système de santé et d’éducation. Ces efforts sont illustrés également au plan de la consolidation de l’unité nationale et de la vie politique, de l’édification de l’État de droit et des libertés et de la mise en place d’une bonne gouvernance, a-t-elle indiqué.
En outre, la Mauritanie a créé une Constitution, garantissant à tous les citoyens les droits fondamentaux individuels et collectifs, tel que l’accès à l’eau potable, l’éducation et l’électricité, de même qu’à la protection sociale. Elle a indiqué qu’une loi sur la liberté d’association a été promulguée en début d’année, précisant que l’association peut avoir lieu sans autorisation. En juin, la Mauritanie a également promulgué une nouvelle loi pénalisant l’esclavage. Des tables rondes ont été organisées pour mettre en avant les progrès réalisés et à recenser les obstacles, tout en proposant des recommandations pour les surmonter.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a invité à redoubler d’efforts, en cette période « inédite » de pandémie. Il a signalé qu’au Myanmar, depuis le renversement du gouvernement légitime, l’armée a procédé à une campagne d’arrestations, d’enlèvements, de meurtres et de violations et abus des droits humains. Ainsi, des restrictions aux libertés d’expression et de rassemblement sont devenues monnaie courante; et pas moins de 1 500 civils, notamment des femmes et des enfants, ont perdu la vie. Il a appelé la communauté internationale à réfléchir « avec humanisme » sur cette situation sachant que l’armée a « commis des massacres ».
M. Tun a ensuite rappelé que le Gouvernement d’unité nationale avait publié un document de position sur les Rohingya dans lequel il reconnaît les crimes graves commis par l’armée contre cette communauté, et envisage des enquêtes et des poursuites pénales en vue de restaurer les droits des Rohingya. Les personnes prises pour cible par l’armée sont impuissantes car la répression a amené le peuple du Myanmar à vivre dans la peur, a-t-il indiqué. Il a également expliqué qu’en raison des actes inhumains et de la pandémie, des centaines de milliers de personnes auraient besoin d’une assistance humanitaire d’urgence, notamment aux frontières. Il a encouragé à la solidarité avec le Gouvernement d’unité nationale pour défendre la démocratie et l’union démocratique au Myanmar, appelant les États Membres à se montrer fidèles à la devise de l’ONU: « Nous peuples des Nations Unies ».
M. DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a souligné l’importance de la légitimité démocratique, mettant en avant la conscience collective des boliviens comme un exemple de démocratie, ce pays ayant dépassé les conséquences d’un coup d’état.
Après avoir déclaré qu’il est impossible de faire cavalier seul face à la pandémie, le représentant a mis l’accent sur la question de l’éducation et des femmes. La Bolivie est préoccupée par les problèmes d’accès à l’éducation et a invité à éviter les exclusions. Les filles doivent pourvoir aller à l’école, ainsi que les personnes en situation de handicap, a souligné le délégué, avant d’insister sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes.
M. YOUSEF S. I. SALAH (Libye) a estimé qu’en finir complètement avec la pandémie de COVID-19 implique l’instauration de l’équité dans l’accès universel à des vaccins sûrs et abordables. Les efforts nationaux ne suffiront pas pour surmonter cette crise, il faut une solidarité régionale et mondiale, a affirmé le délégué. Dans ce contexte, il souligné l’importance de la famille, en tant qu’unité de base de la société, et a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la protection des droits des enfants et des femmes. Il a ensuite indiqué que la Libye fait également face à une crise humanitaire causée par le phénomène de l’immigration illégale. De nombreuses personnes, y compris des enfants et des femmes, trouvent la mort dans le désert en essayant d’atteindre les frontières sud de mon pays, a-t-il déploré, notant que certaines victimes des bandes de passeurs et des trafiquants d’êtres humains font aussi naufrage en mer.
Selon le représentant, les efforts déployés par la Libye pour réduire ce phénomène ne suffisent pas à l’endiguer et l’augmentation du flux de migrants illégaux a exacerbé les problèmes socioéconomiques du pays. Il a donc appelé la communauté internationale à y réagir et à se concentrer davantage sur les causes de cette crise, et non sur les seuls symptômes. Cela exige un développement réel dans les pays d’origine et une lutte contre les gangs impliqués avec l’aide des pays de destination, a-t-il souligné, appelant également l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Bureau de lutte contre le terrorisme à suivre le parcours financier de cette migration.
Le délégué a ensuite réaffirmé l’engagement de la Libye en matière de développement économique et social pour tous les membres de la société. Faisant valoir que le droit au développement requiert un financement adéquat, il a enjoint les pays qui ont perçu illégalement des fonds libyens de les restituer afin que cet argent puisse être investi dans des programmes de développement et de reconstruction en Libye. Enfin, il a appelé la communauté internationale à respecter les droits humains du peuple palestinien et à faire cesser toutes les violations auxquelles celui-ci est exposé.
Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a indiqué que l’approche de son pays dans le domaine des droits de l’homme trouve son fondement dans la Constitution. Expliquant une série d’initiatives mise en œuvre au cours des dernières années, la déléguée a évoqué, entre autres, la réforme du cursus scolaire qui, a-t-elle précisé, est ancrée dans les valeurs universelles de tolérance, de cohabitation et libre exercice du culte. Elle s’est enorgueillie du rôle du Maroc au niveau international qui a permis l’adoption, par l’Assemblée générale, en juillet 2019, de la résolution sur la lutte contre le discours de haine, puis l’année dernière, d’un autre texte qui proclame la Journée internationale de la lutte contre les discours de haine.
La représentante a également fait valoir la politique publique intégrée du Maroc pour la promotion des droits de personnes handicapées, ainsi que sa politique, « humaniste et pionnière au niveau africain », sur la migration. En outre, l’égalité entre les sexes est consacrée par l’article 19 de la Constitution. Les femmes sont également représentées dans tous les secteurs et elles siègent en particulier dans le Conseil des Oulémas et sont aussi mourchidates. La représentante a aussi mis l’accent sur l’interdiction pénale qui est faite de tout acte d’exactions et d’abus corporels, psychiques ou tout autre forme de violence à l’égard des femmes. S’agissant de la COVID-19, elle a évoqué la création d’un fonds spécial d’assistance matérielle et financière à l’intention de plusieurs groupes de la société.
M. KIMURA TETSUYA (Japon) s’est tout d’abord préoccupé de la grave crise humanitaire en Afghanistan, indiquant que son pays continuera de suivre de près la ligne d’action réelle des Taliban, ainsi que de la situation au Myanmar depuis le coup d’État. La question des enlèvements en Corée du Nord est un autre sujet de grave préoccupation pour le Japon, car elle touche à la souveraineté nationale, à la vie et la sécurité de notre peuple. Alors que les familles des victimes continuent de vieillir, il n'y a pas de temps à perdre avant de résoudre cette question, a-t-il insisté.
Sur un autre registre, le représentant a appelé à des efforts supplémentaires pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes afin de ne pas perdre les avancées réalisées jusqu’à présent. Il a aussi engagé à éradiquer la violence contre les enfants. M. Tetsuya a annoncé, par ailleurs, que son pays et le Brésil présenteront la résolution triennale sur le volontariat. Pour finir, il a rappelé que cet été, 10 ans après le séisme qui a frappé la partie orientale du pays, le Japon a accueilli les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 sous le slogan « unis dans la diversité ».
M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a indiqué que, face à l’urgence sanitaire, économique et sociale engendrée par la pandémie de COVID-19, le Gouvernement équatorien a déployé un dispositif technique et humanitaire qui lui permet, aujourd’hui, d’être en bonne place en matière de vaccination. Plus de 20 millions de vaccins ont été distribués et près de 60% de la population nationale est pleinement vaccinée, s’est-il enorgueilli, saluant au passage la coopération internationale et les contributions de « pays frères ». Il a par ailleurs fait état d’un plan national de création d’opportunités 2021-2025, qui prévoit de faciliter l’accession à la prospérité, sans oublier d’être solidaires avec les plus vulnérables, à travers un État « solide et efficace ». Le pays s’emploie par ailleurs à lutter contre la corruption, la discrimination sexuelle et la violence sexiste, tout en étant une terre d’accueil pour 433 réfugiés vénézuéliens, lesquels ont bénéficié des avantages du travail et de la sécurité sociale.
S’agissant de la prévention du crime et de la justice pénale, le délégué a réaffirmé l’importance de la coopération internationale et de l’échange d’expériences. Il a, d’autre part, estimé que la priorité doit être donnée à la lutte contre la corruption, ce fléau continuant d’être un obstacle à la mobilisation de ressources en vue de l’éradication de la pauvreté et du développement durable. Quant au problème mondial de la drogue, l’Équateur y fait face par le biais d’une approche transversale, équilibrée et de genre, où les dépendances sont considérées un problème de santé publique et où l’État développe des programmes d’information, de prévention et de contrôle.
Pour ce qui est de la promotion de la femme, l’Équateur dispose d’un cadre juridique solide qui s’appuie sur la Constitution et les instruments internationaux contraignants ratifiés par l’État. Notant avec préoccupation que la pandémie a exacerbé les inégalités existantes pour les femmes et les filles, le délégué a souhaité que la participation, la protection et le potentiel de ces dernières soient au centre des réponses nationales. Il a ajouté que son pays accorde une attention particulière à la promotion et à la protection des droits de l’enfant, mis à mal eux aussi par la COVID-19. Face à la pandémie, a-t-il dit, l’Équateur a aussi mis en place un modèle intégrant la santé mentale aux soins de santé primaires.
Évoquant ensuite les droits des peuples autochtones, il a souhaité que cette session permette de réfléchir aux progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Déclaration des Nations Unies dédiée à cette question. En tant qu’État plurinational et interculturel, l’Équateur promeut la pleine participation des peuples autochtones et lutte pour la survie, la préservation et la revitalisation des langues ancestrales. Enfin, s’agissant de la promotion et de la protection des droits humains, le pays a ratifié toutes les conventions internationales et collabore avec les procédures spéciales du système universel des droits de l’homme, a souligné le délégué.
M. ROVSHEN ANNABERDIYEV (Turkménistan) a présenté les efforts et résultats accomplis par son pays en matière de genre. La législation nationale prévoit ainsi des mécanismes juridiques et des garanties pour parvenir à une égalité des hommes et des femmes dans les sphères politiques et économiques. Sur les 125 membres du Parlement du Turkménistan, 32 sont des femmes, soit 25,6%, ce qui correspond au taux des pays développés, a souligné le délégué. La Présidente du Parlement et la Commissaire aux droits de l’homme sont toutes deux des femmes.
Le délégué a fait observer que la pandémie de COVID-19 a rendu la mise en œuvre de la Décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030 plus difficile. Il a souligné que l’accès universel à un vaccin est le seul moyen de mettre fin à la pandémie, de soutenir la reprise économique et de réaliser les objectifs de développement durable.
Enfin, le représentant du Turkménistan a déclaré que les questions relatives aux droits de humains doivent être débattues dans le cadre d’un dialogue constructif et non politisé, et qu’il faut éviter de désigner des coupables. La Troisième Commission ne devant pas être utilisée comme une instance politique, a-t-il estimé.
M. DAHIR SALAD HASSAN (Somalie) a constaté avec préoccupation que la pandémie ne menace pas seulement les systèmes de santé fragiles mais met aussi gravement à mal les structures sociales des pays. Ses effets entravent l’accès aux services de base et freinent les efforts visant à garantir la sécurité, notamment la lutte que mène la Somalie contre les activités terroriste des Chabab. Dans ce contexte difficile, a ajouté le délégué, le pays fait tout ce qui est en son pouvoir pour instaurer la confiance et l’inclusion au sein de sa population. Le Gouvernement est également déterminé à tenir des élections crédibles et transparentes, avec un quota de sièges réservés aux femmes. Son objectif est d’édifier une société capable de garantir les droits civils et politique de tous, a assuré le représentant, avant de souligner l’importance de la Déclaration et du Programme d’action de Durban pour le respect de l’égalité et la lutte contre les discriminations. Il a appelé à cet égard les gouvernements du monde entier à remédier à la xénophobie et à toute forme d’intolérance, surtout dans le contexte de la pandémie.
S’agissant des droits des enfants, le délégué a réitéré l’engagement de son pays à les préserver. Avec la fermeture des écoles, la vie de nombreux enfants est perturbée, a-t-il déploré, faisant cependant état de progrès importants en matière de mortalité infantile. Le Gouvernement somalien entend également promouvoir le statut socioéconomique des jeunes. Pour cela, il importe d’éradiquer les conflits armés et les violences communautaires, a-t-il plaidé. À cet égard, il a rappelé que son pays accueille un grand nombre de personnes déplacées, sans avoir les ressources adéquates pour répondre à cet afflux.
M. DUSHKO UZUNOVSKI (Macédoine du Nord) a indiqué que, comme partout, la pandémie de COVID-19 a eu de graves conséquences dans son pays, tant sur le plan sanitaire que dans le domaine socioéconomique. Pour en atténuer les effets, le Gouvernement a adopté plusieurs paquets de mesures, notamment l’octroi d’une aide financière aux citoyens les plus vulnérables et aux secteurs les plus touchés de l’économie, afin de faciliter la reprise. Parallèlement, le pays a poursuivi ses réformes dans les domaines des droits humains, de l’état de droit et de la démocratie, tout en intensifiant sa lutte contre la criminalité organisée et la corruption. C’est ainsi qu’une nouvelle loi sur la prévention de la corruption et des conflits d’intérêts introduit des conditions plus strictes dans la lutte contre ce fléau, laquelle fait l’objet d’une stratégie nationale pour la période 2020-2024.
La Macédoine du Nord accorde également une attention particulière aux droits des femmes et des filles, a souligné le délégué, faisant état d’une budgétisation publique sensible au genre, d’une sensibilisation du public à toutes les formes de violence à l’égard des femmes, d’une meilleure protection des victimes et d’un renforcement de l’égalité des sexes dans tous les domaines. Le pays a, d’autre part, révisé sa législation restrictive sur l’avortement afin de permettre aux femmes d’exercer leurs droits reproductifs.
Face aux cas de discrimination dans les médias sociaux, des mesures spéciales sont prises pour sanctionner les auteurs, ainsi que pour sensibiliser le public à la nécessité de respecter la diversité, a encore relevé le représentant, selon lequel tout est également fait pour garantir l’indépendance et la liberté d’expression des journalistes et des professionnels des médias, dont les informations factuelles sont particulièrement essentielles en temps de crise. Enfin, après avoir noté l’attachement de la Macédoine du Nord aux droits des minorités, il a rappelé qu’elle s’est portée candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027.
M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est inquiété de l’impact de la pandémie de COVID-19, pointant les grandes incertitudes et ses retombées sur les personnes les plus vulnérables. Il a plaidé pour que le vaccin soit considéré comme un bien public global et distribué de façon globale loin de toute politisation, notamment dans les pays en développement.
Des millions de personnes ont été poussées dans l’extrême pauvreté et cela a mis en évidence les inégalités qui prévalent. Cette situation a posé de multiples défis à nos communautés, notamment en matière de paix et de sécurité, ainsi qu'en matière de jouissance des droits de l’homme, a-t-il fait observer.
Le représentant a appelé à intensifier les efforts pour mieux reconstruire et aller de l’avant. Ce faisant, notre coopération fondée sur un véritable esprit de solidarité est plus importante que jamais, a-t-il souligné. M. Nunez a salué, à cet égard, les efforts des pays qui ont fait don de vaccins contre la COVID-19 aux pays dans le besoin, notamment par le biais du Mécanisme COVAX.
Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a relevé que les conséquences de la pandémie auraient été moins grave si le droit à la santé s’était vu octroyer la même importance que les droits civils et politiques. Elle a souligné que la promotion et la protection des droits humains sont un objectif commun, et non celui « d’un groupe d’États ». Les conversations en la matière doivent se tenir de manière impartiale, « à l’abri de toute politisation et en respectant la souveraineté des États », a-t-elle insisté.
La représentante a ensuite expliqué que l’Algérie a mis en place des reformes socioéconomique sur cinq axes: la consolidation de l’État de droit, la modernisation du système judiciaire et de l’administration publique, la lutte contre la corruption, la création d’une société civile libre, ainsi que la protection des libertés fondamentales telles que la liberté de réunion et libertés de la presse. L’éducation est notamment assurée aux enfants sans aucune discrimination et les nouvelles technologies sont incluses dans les programmes scolaires. Dans le domaine de la santé, le pays a commencé à produire des vaccins qui ont été mis sur le marché depuis le mois de septembre 2021, et que le Gouvernement souhaite distribuer à d’autres pays africains.
Sur le plan humanitaire, la représentante s’est dite préoccupée par le nombre de personnes dans le besoin, et notamment les réfugiés sahraouis. À cet égard, elle a indiqué que l’Algérie continuait de répondre aux besoins des réfugiés sahraouis et faire en sorte qu’ils aient accès aux vaccins contre la COVID-19. Elle a appelé la communauté internationale à les soutenir, car leurs conditions sont « très dépendantes de l’aide humanitaire ».
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a noté que le monde reste aux prises avec un virus invisible qui a mis en exergue des structures de pauvreté et de violence qui préexistaient dans nos sociétés. Dans ce contexte, comment pouvons-nous mesurer le succès de la commission de l’Assemblée générale chargée de délibérer sur les questions sociales, s’est interrogée la déléguée. « Nos succès sont-ils déterminés par le nombre de résolutions adoptées ou à l’aune des progrès effectifs en matière de droits humains? » À ses yeux, « c’est l’humain qui unit nos sociétés ». Pour récupérer cette valeur, il importe selon elle de se concentrer sur la dignité humaine et sur la coopération internationale. Ce n’est que si nous unissons nos forces que nous pourrons parvenir à des niveaux plus élevés en matière de droits de la personne, a-t-elle fait valoir, assurant que l’attachement du Costa Rica à la jouissance de ces droits par tous prend la forme de mesures concrètes. Le pays a ainsi fait de l’égalité femmes-homme le fer de lance de sa « nouvelle normalité ». Avec la Colombie, il a aussi lancé un appel urgent en faveur des droits des femmes et des filles en Afghanistan. Le Costa Rica s’inscrit d’autre part dans une longue histoire qui s’est enrichie grâce au legs des personnes d’ascendance africaine, a ajouté la représentante, non sans rappeler que son pays a appuyé la résolution de l’Assemblée générale portant création de l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine.
Mme GELB (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a salué d’emblée la solidarité de la Troisième commission en faveur de la vaccination des migrants contre la COVID- 19. Cependant, a-t-elle mis en garde, il ne faut pour autant négliger les vaccins contre d’autres maladies, car, en règle générale, les migrants ne sont pas inclus dans les campagnes de vaccination. La Fédération a proposé d’instaurer un environnement propice aux migrants pour que ces derniers aient confiance dans les acteurs sanitaires. Les sociétés de la Croix-Rouge et Croissant-Rouge sont déterminées à ne ménager aucun effort pour apporter une assistance à tous ceux qui en ont besoin, a-t-elle ajouté.
La représentante a ensuite signalé que les enfants représentent la majorité des personnes touchés par des catastrophes. Nous devons accepter qu’aujourd’hui les enfants sont fortement exposés aux catastrophes naturelles. Et il convient alors d’intégrer, en amont, leurs besoins dans les mesures humanitaires, a souligné la représentante, ajoutant qu’il en va de même en ce qui concerne leur protection de la violence.
M. LAETITIA MARIE ISABELLE COURTOIS (Comité International de la Croix-Rouge) a d’emblée attiré l’attention sur l’importance de travailler de concert pour améliorer la vie des personnes déplacées, dont le sort, a-t-il souligné, doit rester une priorité internationale. Il a noté que les conflits armés, les déplacements de populations et les changements climatiques peuvent faire pression sur des services parfois inexistants, créant des défis colossaux. « Nous devons mieux comprendre comment les chocs climatiques exacerbent les vulnérabilités des individus en général, et des personnes déplacées en particulier », a-t-il ajouté.
Dans son intervention, le responsable du CICR a également évoqué l’importance de prévenir les déplacements de population et d’identifier des solutions temporaires. Il convient également de prendre des mesures pour contribuer à normaliser la situation des personnes déplacées et les aider à trouver une certaine autonomie. Souvent, lorsque l’on cherche à trouver des solutions sur le long terme, on oublie de restaurer l’accès au droit, a-t-il noté. Il a recommandé de réfléchir de façon holistique et de travailler avec les personnes déplacées et les communautés hôtes pour identifier les besoins et alléger les pressions exercées sur ces dernières.
M. PAUL BERESFORD-HILL (Ordre Souverain de Malte) a indiqué que « Malteser International », l’agence d’aide humanitaire de l’Ordre, est présente avec des projets médicaux, sociaux et humanitaires dans 120 pays. Il s’agit d’un réseau efficace qui apporte un soutien constant aux membres oubliés ou exclus de la société, et à ceux qui ont été laissés pour compte. Parmi eux, il a cité ceux qui sont otages des conflits et des désastres naturels, ainsi que les réfugiés et les victimes de la traite des êtres humains. Il a noté que la pandémie actuelle, associée à l’instabilité politique dans de nombreux pays, a exacerbé les vulnérabilités existantes à la traite des êtres humains et aux formes contemporaines d’esclavage.
Le représentant a ensuite invité la Commission à aborder la question, « généralement négligée », de l’utilisation des nouvelles technologies dans l’action humanitaire. Si la technologie est souvent utilisée à mauvais escient, son utilisation positive peut également nous aider à lutter contre la traite des personnes, a-t-il estimé. Il a aussi fait part de l’engagement de l’Ordre en faveur de la défense des droits humains des migrants et des croyances religieuses. De même, qu’il appuie pleinement l’action face à l’urgence climatique. Il a ensuite appelé à accroître les partenariats et la coopération en vue de résoudre, ou tout au moins d’améliorer, certains des besoins les plus pressants dans le monde.
M. MATTHIEU COGNAC, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a observé que les travaux de la Troisième Commission débutent alors qu’environ 8,8% du total des heures de travail, équivalentes aux heures travaillées en un an par 255 millions de travailleurs à temps plein, ont été perdues en 2020. Par rapport aux tendances d’avant-crise, a-t-il précisé, on estime que 75 millions d’emplois auront été perdus en 2021 et 23 millions en 2022, ce qui correspond à une perte de 3 700 milliards de dollars de revenus du travail. Pour le spécialiste, cette situation menace de freiner les progrès en matière de développement social. En effet, la forte augmentation des inégalités et de la pauvreté maintient des millions de personnes dans le « cercle vicieux » du travail informel, où la protection sociale, les salaires minimums et les droits du travail sont « inexistants », a-t-il relevé, ajoutant que les secteurs les plus touchés sont aussi ceux qui emploient les personnes les plus à risque, notamment les femmes et les jeunes, les travailleurs peu qualifiés, les migrants, les membres de minorités ethniques et raciales, les seniors, les personnes handicapées et celles vivant avec le VIH/sida.
Cette crise a non seulement stoppé le développement mais elle met également en danger la vie de ceux dont nous dépendons sur le plus, a alerté M. Cognac. Parmi eux figurent les plus de 1,6 million de gens de mer qui travaillent sur des navires qui transportent plus de 80% du commerce mondial, a-t-il souligné, avant d’appeler à ce que ces derniers puissent travailler dans des conditions décentes et aient accès à la vaccination contre la COVID-19. Il est donc essentiel, a-t-il plaidé, que les États Membres donnent suite à la résolution adoptée, l’an dernier, par l’Assemblée générale sur la coopération internationale face aux difficultés que connaissent les gens de mer en raison de la pandémie et mettent en œuvre la Convention du travail maritime de l’OIT. Selon lui, ne pas le faire entraînerait de nouvelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et saperait la reprise économique.
M. Cognac a, d’autre part, jugé tragique qu’en cette Année internationale de l’élimination du travail des enfants, 160 millions d’entre eux se trouvent dans cette situation, un chiffre en progression pour la première fois depuis des années. D’ici à la fin 2022, 9 millions d’enfants supplémentaires risquent d’y être contraints, a-t-il averti, souhaitant que la Convention de 1999 sur les pires formes de travail des enfants (no 182), qui a obtenu la ratification universelle en 2019, soit soutenue par des mesures législatives au niveau des pays. Il en a profité pour appeler les États à ratifier également la Convention concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail (no 190), y compris la violence et le harcèlement fondés sur le genre, des fléaux que la pandémie a notoirement aggravés.
Avant de conclure, il a noté qu’il « n’existe peut-être pas de vaccin contre le chômage et la pauvreté au travail, mais il existe des solutions quand même », lesquelles prennent la forme de programmes et d’initiatives tels que l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale qui vient d’être lancé par le Secrétaire général, avec pour objectif de créer au moins 400 millions d’emplois d’ici à 2030.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, l’Éthiopie a dénoncé les propos « politisés » de l’Irlande, soulignant avoir déjà expliqué pourquoi certaines mesures ont dû être prises concernant le personnel de l’ONU. Le personnel des Nations Unies doit respecter les principes d’indépendance et d’impartialité dans ses activités, a-t-elle rappelé. Enfin, déplorant que des groupes criminels continuent de s’attaquer aux civils de son pays et d’entraver l’action humanitaire, elle a jugé « encore plus regrettable » que certains pays « minimisent la gravité de ces actes ».
La République arabe syrienne a souhaité répondre à la France, qu’elle a appelée à nommer les États par leur nom. Elle a d’autre part rappelé à cette délégation qu’un rapport du Conseil de sécurité sur le contre-terrorisme indique que plusieurs États Membres auraient exporté le terrorisme vers la Syrie, dont la France. Ces États ont fait entrer en Syrie des combattants terroristes étrangers pour y semer le désordre et la zizanie. Et ce faisant, a-t-elle souligné, ils ignorent leurs propres violations des droits de l’homme.
La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a appelé le Japon à verser des compensations aux victimes des crimes qu’il aurait commis durant la Deuxième Guerre mondiale. Autrement, nos pays ne connaîtront jamais de relations pacifiques, a-t-elle dit. La délégation a également appelé la République de Corée à cesser de critiquer la situation en RPDC. Nos citoyens jouissent du plein respect de leurs droits et des mesures appropriées ont été prises pour faire face à la pandémie de COVID-19.
La représentante du Maroc a souligné que la solution de la question du Sahara marocain ne peut être que « politique, pragmatique et de compromis » et ne pourra être conçu que dans le cadre de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc. Elle a affirmé que l’Algérie cherche à infliger à la population sahraouie le même calvaire que celui qu’elle a imposé aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf. Elle a, à cet égard, dénoncé le détournement « systématique et à grande échelle » de l’aide humanitaire destinée aux populations de Tindouf. « L’Algérie doit avoir honte », a-t-elle dit.
De son côté, le Cambodge a rejeté les allégations erronées de la délégation des États-Unis formulées le 4 octobre dernier. Le Cambodge continue de respecter les principes démocratiques, a souligné la délégation, évoquant les 6 000 organisations de la société civile enregistrées officiellement. Pour la délégation, ces allégations sont une volonté d’ingérence dans les affaires intérieures des États et doivent « cesser immédiatement ».
Le Japon a pris, à son tour la parole, pour réagir aux observations de la RPDC qui se basent sur des « chiffres erronés » loin de la réalité. Il a rappelé à la délégation la promesse faite de lancer une enquête rigoureuse sur les enlèvements et de permettre à toutes les personnes enlevées de regagner le Japon le plus tôt possible. Il a par ailleurs rejeté l’emploi du terme « esclaves sexuelles » en référence aux femmes de réconfort pour ensuite appeler la RPDC à travailler avec « nous pour un avenir radieux ».
L’Algérie a fustigé la « tentative de diversion » opérée par le Maroc sur la question du Sahara occidental, dénonçant un « amalgame affligeant ». Selon elle, l’occupation du Sahara occidental par le Maroc ne relève pas du mensonge mais est un « fait avéré », reconnu et mentionné dans les résolutions pertinentes de l’ONU, lesquelles confirment qu’il est la conséquence d’un processus de colonisation. La délégation s’est également félicitée du récent verdict de la Cour de justice de l’Union européenne qui, en annulant des accords entre l’UE et le Maroc, a reconnu la représentativité du Front Polisario. Elle a par ailleurs réaffirmé que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est un droit inaliénable.
La RPDC a repris la parole pour affirmer que la question des enlèvements a déjà été réglée. Le Japon cherche à souiller l’image de la RPDC en utilisant cette question à des fins politiques. Il l’a également enjoint de présenter des excuses sincères et proposer des dédommagements « aux victimes » ajoutant qu’en l’absence de réparations, « il ne peut y avoir d’avenir radieux dans les relations entre les deux pays ».
Déplorant des propos erronés, le Japon a jugé impératif de surmonter la méfiance mutuelle entre son pays et la RPDC pour réaliser une paix véritable en Asie du Nord-Est et travailler ensemble pour un avenir radieux.
Prenant la parole pour la deuxième fois, le Maroc a invité l’Algérie à appliquer le droit à l’autodétermination du peuple Kabyle, peuple de près de 8 millions de personnes. L’Algérie en mauvaise posture pour parler des droits de l’homme, a ajouté la délégation marocaine. À cet égard, elle a évoqué notamment le soulèvement populaire algérien, les répressions ciblant le Hirak, les centaines d’interpellations de défenseurs des droits humains mais également la dégradation de la liberté de la presse.
L’Algérie a qualifié les allégations de la délégation marocaine de scandaleuses et de déformation de la réalité. Le Maroc pleure sur le sort des personnes qu’elle a poussées à l’exil, et au lieu d’instrumentaliser les droits de l’homme, il devrait se préoccuper de ses propres violations des droits de l’homme à la fois sur son propre territoire et dans le Sahara occidental occupé, a-t-elle dit.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT - A/76/204, A/76/305, A/76/144, A/76/224, A/76/231
Exposé
Notant que cette année qui marque les 25 ans de son mandat, Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a constaté que les conflits, les violations du droit international humanitaire et des droits humains, l’insécurité et la pandémie de COVID-19 ont continué d’avoir un impact négatif sur les droits des enfants. La pandémie, avec la fermeture des écoles et la perte de revenus familiaux, a aggravé un environnement de protection déjà vulnérable pour les enfants dans les situations de conflit. En 2020, les violations graves contre les enfants sont restées à un niveau alarmant, a-t-elle noté, évoquant le recrutement, l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que le refus d’accès humanitaire.
La haute fonctionnaire s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’ampleur des violations graves signalées: plus de 26 400 violations affectant plus de 19 300 enfants dans 21 situations, soit « 72 violations par jour ». De plus, des tendances inquiétantes ont émergé, telles que l’augmentation spectaculaire des enlèvements et des violences sexuelles, tandis que les attaques contre les hôpitaux et les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires, ont continué à être vérifiées en grand nombre, affectant de manière disproportionnée l’éducation des filles, notamment dans la région du bassin du lac Tchad. En 2020, a déploré Mme Gamba, plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés, l’Afghanistan, la République arabe syrienne, le Yémen et la Somalie restant les conflits les plus meurtriers pour les enfants. Face à l’utilisation de mines terrestres ou d’engins explosifs improvisés, elle a appelé les États Membres à signer et à appliquer pleinement les instruments internationaux sur ces armes et à promouvoir le déminage et l’éducation aux dangers des mines.
Malgré cet environnement difficile et instable, des réalisations importantes ont aussi été enregistrées, a relevé la Représentante spéciale, avant de saluer les efforts qui ont conduit en 2020 à la libération de 12 300 enfants et à l’adoption de deux nouveaux plans d’action au Myanmar et au Soudan du Sud, parmi 35 nouveaux engagements pris par les parties au conflit pour mettre fin et prévenir les violations graves contre les garçons et les filles. En 2021, au Mali, la Plateforme, une coalition de mouvements armés, a signé des plans d’action pour mettre fin et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants et d’autres violations graves, s’est-elle félicitée. De même, aux Philippines, les forces armées ont signé un plan stratégique pour prévenir les violations contre les enfants.
Mme Gamba a d’autre part indiqué qu’en dépit des difficultés liées à la pandémie, le suivi et la vérification des violations graves contre les enfants se sont poursuivis conformément aux normes en vigueur. Elle a ajouté qu’afin de mieux saisir l’impact de la COVID-19, son bureau entreprendra une étude de suivi en 2022, comme demandé par les États Membres. Outre l’étude de l’impact des violations sur les objectifs de développement durable et son travail avec l’UNICEF, le Département des opérations de paix (DOP) et le Département des affaires politiques et de consolidation de la paix (DPPA), la Représentante spéciale a dit s’être attelée au renforcement des alliances mondiales pour les enfants, en collaborant avec des organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’OTAN. Elle a aussi intensifié son travail avec des organisations de la société civile et des universités, ainsi qu’avec un large éventail de partenaires au sein du système des Nations Unies. À cet égard, elle a réitéré son appel aux États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.
Avant de conclure, Mme Gamba a souligné l’importance d’investir dans la désagrégation des données et d’améliorer l’analyse des données pour mieux éclairer les efforts de plaidoyer et ainsi prévenir les violations graves. Elle a également invité les États Membres à veiller à ce que les priorités en matière de protection de l’enfance se traduisent en ressources budgétaires et en personnel.
Dialogue interactif
Que pouvons-nous faire de plus pour réduire le risque d’abandon scolaire dans les zones de conflit, a demandé la Croatie qui a constaté que le taux de décrochage scolaire a explosé dans les zones de conflits pendant la pandémie notamment auprès des filles.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les efforts déployés par votre Bureau pour rendre compte sur les enfants laissés pour compte à la suite des mesures de confinement et des restrictions de mouvement? Et quand compte-t-il faire face à l’évolution de la situation en Afghanistan pour veiller à ce que les enfants, en particulier les filles, ne soient pas victimes de ces violations graves, a demandé l’Union européenne. La délégation a aussi demandé les mesures qui sont recommandées pour assurer l’éducation continue des filles.
Comment pouvons-nous saisir l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de votre mandat pour renforcer la prévention de ces graves violations, s’est ensuite enquis la France qui a également soulevé la question de la mise à disposition de ressources suffisantes pour les acteurs de la protection de l’enfance.
L’Inde a appelé à la prudence lorsqu’il est question de situations qui ne sont pas des situations de conflits. « On ne peut élargir le mandat, ça détournerait l’attention des menaces qui pèsent sur les enfants », a-t-il ajouté. Comment les États Membres peuvent-ils mieux réagir et plus rapidement face aux nouveaux défis, a voulu savoir l’Azerbaïdjan qui a insisté sur l’importance des données.
Quelles sont les nouvelles mesures spécifiques à court et long terme préconisées pour ne laisser aucun enfant pour compte, quand on sait que pendant la crise sanitaire nombreux sont ceux qui ont dû délaisser l’école, a demandé le Sénégal. Le Burkina Faso a pour sa part informé que son pays fait face à des actes terroristes et que cette insécurité a une répercussion significative sur la pleine jouissance des droits de l’enfant, notamment le droit à l’éducation et le droit à la santé.
Le Myanmar a voulu savoir comment faire cesser les violations des droits des enfants commises par les milices, l’Algérie a demandé des précisions sur les approches régionales utilisées par votre Bureau pour renforcer la protection des enfants et l’Argentine s’est interrogée sur les mesures à prendre pour renforcer le rôle du personnel focalisé dans la protection des enfants, notamment dans les opérations de maintien de la paix. À ce sujet, la Suisse a souligné l’importance du travail du personnel spécialisé dans la protection de l’enfance sur le terrain. Comment votre bureau prévoit-il renforcer le mécanisme de collecte de données dans un contexte de conflit face à la pandémie, s’est ensuite enquis l’Italie.
Les résultats du rapport sont inquiétants, a constaté le Portugal, tandis que la Pologne a voulu en savoir plus sur les aspects politiques, techniques et financiers et les soutiens nécessaires.
À son tour, la Turquie a soulevé la question du rapatriement des enfants: quelles sont les mesures supplémentaires pouvant être prises pour encourager les pays à prendre des mesures supplémentaires et notamment ceux qui auraient des liens avec l’organisation Daech? Et qu’en est-il des bonnes pratiques concernant les groupes non-étatiques, ont demandé les Philippines. Malgré tous nos efforts, les enfants continuent d’être recrutés de manière illégale par les forces armées et d’être tués, se sont inquiétés les États-Unis qui ont par ailleurs voulu savoir par quel moyen de rapidement déployer des ressources et soutenir les enfants particulièrement touchés par la pandémie de COVID-19.
En quoi les États-Membres peuvent-ils vous aider dans votre action, a alors demandé la Belgique. Le Sri Lanka, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Chine ont fait part de leur engagement à protéger les enfants, notamment dans les situations de conflit armé. Le Royaume Uni s’est inquiété de l’impact du conflit au Yémen sur les enfants, ainsi que des cas de violences sexuelles et d’enlèvements des enfants notamment en Somalie. Le Pakistan est également intervenu.
Dans sa réponse, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a souligné que plus de la moitié des problèmes soulevés sont dus au manque d’opportunités offertes aux enfants, au manque d’éducation et de débouchés. « Ils n’ont aucune alternative que de rejoindre les groupes armés » a-t-elle répondu, ajoutant qu’il en va de même pour la traite des jeunes filles, pendant la pandémie de COVID-19. Elle a également a plaidé pour plus d’efforts pour aider les élèves à rattraper le retard scolaire.
Elle a par ailleurs indiqué que faute de temps, elle répondrait par écrit aux questions soulevées par les délégations.
Exposé
Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a d’entrée de jeu alerté que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants « a été pire que ce que l'on craignait initialement ». Mme M’Jid, qui présentait son rapport annuel axé en particulier sur l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19, les mesures déjà prises pour y répondre et la voie à suivre, a précisé que celle-ci a augmenté les risques de violence à l’encontre des enfants à la maison, dans les communautés et en ligne, ainsi que la violence sexiste.
Elle a expliqué que la pandémie a porté atteinte à la santé mentale et au bien-être des enfants et des personnes qui s’en occupent, et a perturbé la fourniture de services essentiels aux enfants et aux familles. L’impact économique de la pandémie exacerbe les inégalités parmi les plus pauvres et les plus marginalisés. Et nous savons que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination sont des facteurs importants de violence et d’exploitation des enfants, a fait observer la Représentante spéciale.
Mme M’Jid a ensuite indiqué qu’au cours de la période examinée, elle a rencontré les missions permanentes de 38 États Membres qui ont présenté leurs examens nationaux volontaires lors du Forum politique de haut niveau 2021. À cet égard, elle continuera à soutenir les États Membres en développant et en publiant une série d'outils pratiques, notamment un examen des rapports nationaux volontaires 2021 pour identifier et partager les pratiques prometteuses et les leçons rapportées par les pays sur la façon dont ils abordent la violence contre les enfants et ses facteurs. Un guide pratique sur l’implication des enfants dans le processus des rapports nationaux volontaires est également prévu, de même qu’un aperçu du « cas d'investissement » pour les services sociaux intégrés afin d’aborder la violence contre les enfants.
Elle a également indiqué que ses fonctions de Présidente du Groupe de travail interagences des Nations Unies sur la violence contre les enfants et de Présidente du Groupe de travail des Nations Unies sur les enfants privés de liberté sont particulièrement importants pour renforcer la coopération au sein du système de l’ONU.
Huit ans nous sépare des promesses faites dans le cadre du Programme à l’horizon 2030 de mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants, a rappelé la Représentante spéciale, pressant de veiller à ce que les enfants continuent de figurer en bonne place dans les agendas mondiaux, régionaux et nationaux, en tant que groupe prioritaire distinct. Elle a appelé à changer de paradigme et considérer les dépenses consacrées aux services intégrés pour les enfants -y compris l’éducation, la santé physique et mentale, la justice, la protection et la protection sociale durable- comme un investissement judicieux pour un redressement inclusif et durable.
Alors que nous « reconstruisons en mieux », nous devons établir un nouveau contrat social centré sur l’enfant, qui ouvre la voie à des économies plus durables et résilientes et au développement du capital humain, a préconisé Mme M’Jid, avant de conclure sur la nécessité d’impliquer les enfants et les jeunes qui sont déjà actifs dans le monde entier et de les considérer comme faisant partie de la solution.
Dialogue interactif
Le Maroc a souhaité savoir ce que dit le droit international sur l’embrigadement des enfants, et l’Algérie s’est inquiétée, pour sa part, du sort des enfants sous occupation étrangère. Comment mieux intégrer les besoins des enfants dans la prévention et la gestion des crises internationales à venir, notamment en vue d’éviter que les violences engendrées par ces crises se perpétuent au cours de multiples années, s’est enquis le Luxembourg. Plaidant pour une approche globale, la Colombie a milité en faveur d’un renforcement du rôle de l’État et appelé à prendre en compte les situations particulières propre à certains enfants.
L’Union européenne a voulu savoir quelles solutions immédiates les gouvernements peuvent-ils explorer pour atténuer les impacts négatifs de la crise pandémique sur les enfants et en particulier les filles? Pendant les confinements, l’utilisation de plateformes en ligne a permis d’éviter une perte importante d’éducation, mais de nombreux enfants sans accès numérique suffisant ont été laissés pour compte. Quelles mesures recommandez-vous pour améliorer l’accès numérique équitable dans le contexte de l’éducation, a demandé la délégation, tandis que la Malaisie a jugé nécessaire de veiller à la protection des enfants en ligne.
L’Espagne a appelé les États à garantir des soins de santé mentale plus nombreux et de meilleure qualité aux enfants et adolescents, tandis que le Royaume Uni a estimé que les programmes de développement nationaux multisectoriels doivent s’attaquer pleinement aux facteurs de violence contre les enfants. La Hongrie a, quant à elle, partagé les mesures mises en œuvre par son gouvernement pour protéger les enfants contre la prostitution et la traite des enfants.
L’Arabie Saoudite a indiqué avoir mis à jour sa législation et veiller à la mise en œuvre de plusieurs conventions en accordant la priorité à la protection de la famille et la lutte contre violences intrafamiliales. Quant à la Chine, elle a insisté sur l’importance des soins, de la santé et de l’éducation.
Face aux effets dévastateurs de la pandémie sur l’équilibre des enfants, Timor-Leste a défendu le droit des enfants à des mesures de protection spéciale au sein des familles et des communautés. La cessation de la violence est vitale, a insisté à son tour le Japon. Le Tadjikistan a voulu savoir comment la communauté internationale peut apporter une aide pour empêcher la violence contre les enfants en Afghanistan.
Enfin, la Belgique s’est alarmée du nombre d’enfants qui ont été privés de protection, sombrés dans la pauvreté et soumis dans les mariages forcés. L’Uruguay, l’Australie, la Slovénie, le Portugal et le Mexique ont également pris la parole au cours de ce débat interactif.
Répondant à ces questions et commentaires, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a indiqué qu’entre 10 à 30 millions d’enfants, particulièrement des filles, risquent d’être mariés de force dans les 10 prochaines années. Cela, nous le savons car toutes les causes qui existaient avant la pandémie ont été exacerbées après la crise, a fait observer Mme M’Jid, citant pêle-mêle, la pauvreté, l’exclusion sociale, et la déscolarisation. La situation est analogue en ce qui concerne la violence en ligne, exacerbée par la connexion accrue des enfants à Internet durant la crise sanitaire. S’en est suivi, cyberharcèlement et autres persécutions et dangers liés aux réseaux sociaux, a-t-elle expliqué. Si elle reste préoccupée par ce fléau et encourage la protection de la vie privée et des TIC mieux réglementées, elle s’est également dit consciente de la nécessité de combler la fracture numérique. Ce qui est important, c’est d’atteindre et/puis réaliser les ODD.
Se penchant sur la santé mentale, domaine négligé avant la pandémie, elle s’est préoccupée de la fragilité des systèmes de santé mentales et de soutien psychosociale. Seulement 24,6% des enfants bénéficient du système de protection sociale dans le monde, ce qui est vraiment peu, a-t-elle déploré. Elle a cité, à cet égard, une circulaire de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiée aujourd’hui, qui souligne que la violence contre les enfants a augmenté, tout en étant moins visible. Elle a plaidé pour une approche intégrée, soulignant qu’un cadre fragmenté et cloisonné ne permettra pas de mettre fin à la violence contre les enfants.
La Troisième Commission a également dialogué avec M. SANJAY WIJESEKERA, Directeur de l’équipe de leadership du Groupe des programmes de l’UNICEF, dont l’intervention n’a pas pu être couverte en raison de l’interruption des services d’interprétation.
Exposé
Mme MIKIKO OTANI, Présidente du Comité des droits de l’enfant, a noté que la pandémie de COVID-19 a affecté les enfants d’innombrables manières, notamment par le biais de fermetures d’écoles et d’un accès limité aux services essentiels. De plus, la pauvreté des enfants continue d’augmenter à un rythme alarmant et nombre d’entre eux ont signalé des symptômes d’anxiété, de peur et de dépression dus à la pandémie. Dans ce contexte, les États doivent veiller à ce que les enfants puissent reprendre en toute sécurité l’apprentissage en personne et avoir accès au soutien nécessaire à leur bien-être physique et mental, y compris les vaccins et les services essentiels, a-t-elle plaidé. Mme Otani s’est également alarmée du nombre croissant de preuves sur les effets néfastes des dommages environnementaux, de la perte de biodiversité, de la pollution et des changements climatiques sur la trajectoire de vie des enfants ainsi que sur leur pleine et effective jouissance des droits humains.
Constatant à cet égard que les appels des enfants sur les questions environnementales ont été largement ignorés par les décideurs nationaux et mondiaux, Mme Otani a indiqué que le Comité avait décidé d’axer sa prochaine observation générale sur les droits de l’enfant et l’environnement, en mettant particulièrement l’accent sur les changements climatiques. Il s’agit de fournir aux États des orientations mais aussi d’envoyer aux enfants le message que « leur voix compte ». Dans l’immédiat, a-t-elle précisé, les États ont été invités à commenter la note conceptuelle sur l’observation générale et le Comité consacrera l’année prochaine à rédiger celle-ci en étroite consultation avec les enfants et les parties prenantes, dans le but de la finaliser d’ici à 2023. Selon elle, les enfants devraient pouvoir exprimer librement leurs opinions et les voir prises en compte non seulement sur les changements climatiques, mais aussi « sur toutes les questions qui les concernent ».
La Présidente du Comité a ensuite observé qu’alors que la Convention relative aux droits de l’enfant a été ratifiée ou signée par tous les États à l’exception d’un, les États-Unis, le rythme de ratification de ses trois protocoles facultatifs continue d’être lent, avec seulement trois nouveaux États parties. Regrettant le peu de rapports reçus sur ces textes, elle a aussi constaté que de nombreux rapports initiaux restent en souffrance, certains depuis plus de 10 ans. Elle a donc encouragé les États parties dont les rapports sont en retard à utiliser les services fournis par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) pour s’acquitter de leurs obligations en la matière.
Mme Otani a indiqué qu’en raison de la pandémie, le Comité a dû adapter sa méthode de travail aux réalités en ligne, organisant deux de ses sessions virtuellement. La session de septembre s’est cependant tenue en personne à Genève et quatre États parties ont été examinés. Malheureusement, a-t-elle noté, l’examen des rapports de l’Afghanistan au titre de la Convention et du Protocole facultatif concernant les enfants impliqués dans les conflits armés a dû être reporté, ce qui porte à 74 l’arriéré de rapports en attente d’examen. Concernant la procédure de présentation de rapports simplifiée, le Comité a invité 109 États parties à s’en prévaloir et 35 États ont jusqu’à présent décidé d’y participer. Quant au Protocole facultatif établissant une procédure de présentation de communications, le Comité a adopté des décisions sur 30 cas, soit une augmentation de 15% pour la deuxième année consécutive. La Présidente du Comité a cependant regretté que, sept ans après l’entrée en vigueur de ce mécanisme, il n’y ait toujours pas de ressources humaines dédiées pour le soutenir et donner accès à la justice aux enfants victimes au niveau international.
Elle a par ailleurs fait état de l’adoption par le Comité de son Observation générale No 25 sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique, avant d’attirer l’attention de la Commission sur l’Étude mondiale sur les enfants privés de liberté, soumise à l’Assemblée générale en 2019. Regrettant que, contrairement aux études précédentes, aucun mécanisme de suivi spécifique n’ait été mis en place, elle a dit craindre que cela nuise à la mise en œuvre effective des recommandations au niveau national. Alors que les enfants privés de liberté sont « invisibles dans la société », cette étude mondiale souligne le besoin urgent de promouvoir la désinstitutionalisation et la déjudiciarisation, et de mettre fin à la détention d’enfants liée à la migration, a-t-elle souligné. Enfin, Mme Otani a déploré que le budget ordinaire adopté par l’Assemblée générale pour 2021 n’ait pas corrigé le manque de ressources en personnel des organes conventionnels des droits de l’homme. Elle a par conséquent souhaité que le budget 2022 comble ce manque et permette au Comité d’utiliser le temps de réunion auquel il a droit.
Dialogue interactif
La Suisse s’est félicitée que le Comité des droits de l’enfant travaille à un projet d’observation générale sur les droits des enfants et l’environnement, avec un accent particulier sur les changements climatiques. À cet égard, elle a souhaité savoir quelles mesures supplémentaires la Présidente du Comité recommande pour garantir aux enfants un environnement sain. L’Espagne s’est enquise des moyens d’améliorer l’apprentissage numérique tout en prévenant les risques de harcèlement pour les enfants.
Comment accélérer la réouverture des établissements scolaires en prenant en compte l’instabilité des sociétés et les conflits sociaux liés notamment aux effets de la pandémie, a voulu savoir l’Indonésie, qui s’est également déclarée préoccupée par la montée des cas de harcèlement et d’exploitation des enfants en ligne.
Comment pouvons-nous nous assurer de créer des cadres adéquats qui tireront parti des avantages des nouvelles technologies pour tous les enfants, a demandé à son tour l’Union européenne, après avoir appelé à la réouverture rapide et sûre des écoles et à l’inclusion des droits de l’enfant dans tous les plans de relance.
La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit accorder une grande attention à la protection de la santé et de l’éducation des enfants, qui sont « le trésor du pays et les maîtres de son avenir ». Elle a indiqué, à cet égard, que le Comité central du Parti des travailleurs de Corée a décidé, en juin, de fournir à tous les enfants du pays des aliments nutritifs, notamment des produits laitiers, afin que leur état nutritionnel s’améliore. Bahreïn a dit avoir autorisé le recours aux vaccins contre la COVID-19 pour les enfants de 12 à 17 ans et créé des tribunaux spéciaux pour des crimes commis par des enfants de plus de 15 ans au moment des faits.
La République arabe syrienne a, pour sa part, demandé à la Présidente du Comité de prendre position sur la menace que constitue pour les enfants le refus de pays occidentaux de rapatrier les enfants, les épouses et les mères de combattants terroristes étrangers qui se trouvent aujourd’hui en Syrie et en Iraq, tandis que d’autres pays s’opposent au rapatriement d’enfants âgés de moins de 10 ans.
Pour prévenir et combattre la violence à l’encontre des enfants, il convient de s’attaquer aux problèmes systémiques et aux normes sociales néfastes, a souligné le Royaume-Uni. À cette aune, il a voulu savoir quelle action devrait être priorisée pour garantir que des personnels, des services et des politiques sont en place pour créer un environnement protecteur pour les enfants.
La Fédération de Russie a jugé regrettable que le Comité continue d’utiliser des concepts et des termes non agréés au niveau international dans ses documents. Elle a ainsi noté que, dans son Observation générale n°25 sur les droits de l’enfant en lien avec l’environnement numérique, le Comité a inclus « les enfants issus des milieux lesbiens, gays, bisexuels, transgenres et intersexes » dans l’interprétation des « enfants issus de groupes vulnérables », tout en encourageant les États à développer un environnement numérique pour « donner aux enfants les moyens de façonner » leur « identité sexuelle et politique », y compris à travers « l’éducation à la sexualité ». Elle s’est également étonnée de la formulation de la note conceptuelle du projet d’observation générale n°26 sur les « droits des enfants et l’environnement, avec un accent sur les changements climatiques », rappelant qu’un tel droit n’existe pas et observant que le libellé est contraire à l’article 5 de la Convention, selon lequel les parents et les représentants légaux sont tenus « de gérer et de guider correctement l’enfant dans l’exercice des droits reconnus par la Convention ». La délégation a d’autre part exhorté le Comité à abandonner les « tentatives contre-productives » d’imposer des opinions d’experts privés par le biais de commentaires généraux. Selon elle, de telles déclarations ne sauraient imposer aux États d’autres obligations que celles qu’ils ont volontairement assumées en adhérant au traité international pertinent.
Dans le cadre de la pandémie, El Salvador a expliqué avoir favorisé l’accès aux technologies numériques afin d’assurer la continuité de l’enseignement, dans le respect de la santé des enfants. Il a par ailleurs lancé un plan national de soins pour les enfants et adolescents migrants, avec des modalités de protection pour les mineurs non accompagnés. Certes, mais comment s’assurer que le développement des droits des enfants n’est pas affecté par la multiplication des activités en ligne, a demandé la Thaïlande, se disant inquiète, elle aussi, par ce phénomène amplifié par la pandémie.
La Chine a rappelé que sa population compte plus de 250 millions d’enfants. Au titre des politiques dédiées à l’enfance, le pays a mis en œuvre un programme de développement des enfants 2021-2030, a indiqué la délégation, avant d’appeler tous les pays sans exception à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant.
Le Myanmar a rappelé que, sous la direction de son gouvernement civil, le pays a ratifié le Protocole facultatif à la Convention sur l’implication des enfants dans les conflits armés. Tout cela a été déjoué par le coup d’état militaire de février dernier, a déploré la délégation, affirmant que les enfants du Myanmar ne sont désormais plus en sécurité. Elle ainsi indiqué que, depuis ce coup de force, au moins 75 enfants ont été tués, 1 000 autres détenus de façon arbitraire et de nombreux privés de soins médicaux. Dans ce contexte, quelles mesures préventives peuvent être prises pour lutter contre de telles violations des droits de l’enfant, s’est-elle interrogée.
Le Bangladesh s’est, quant à lui, déclaré préoccupé par les retards enregistrés dans la remise de rapports au Comité. Il a souhaité savoir comment celui-ci peut aider les États à présenter leurs rapports dans les temps et veiller à ce que la société civile soit impliquée dans ce processus. L’Éthiopie, le Japon, la Malaisie, les Maldives, l’Inde, l’Algérie et le Qatar ont également participé à ce dialogue interactif.
En réponse aux observations et commentaires, la Présidente du Comité a indiqué accorder une attention particulière aux impacts de la crise actuelle sur la santé mentale des plus jeunes. Selon elle, au-delà des préconisations des organes spécialisés, les États ont beaucoup à apprendre des bonnes pratiques en la matière. S’agissant de la préoccupation exprimée sur l’augmentation du temps passé par les enfants devant les écrans, Mme Otani a estimé que l’observation générale n°25 consacrée aux droits de l’enfant en lien avec l’environnement numérique est opportune car l’environnement numérique peut se révéler négatif pour les enfants. Cela étant, a-t-elle relativisé, « nous ne pouvons pas les protéger de tout, cela fait partie de leur vie ». Plutôt que leur interdire l’accès à Internet, il faut leur apprendre à naviguer en ligne et leur faire prendre conscience des risques que cela implique, a-t-elle professé. Dans ce cadre, l’appui des familles et des enseignants est essentiel pour aider les enfants à mieux se protéger, a insisté la Présidente du Comité.
Elle a aussi salué les remarques relatives à la protection des enfants face aux changements climatiques, rappelant à cet égard qu’une observation générale du Comité est en préparation sur ce thème. À l’instar des impacts de la COVID-19, le traitement de cette question implique une plus grande participation des enfants, a-t-elle plaidé, souhaitant qu’ils soient systématiquement consultés et impliqués sur les problèmes qui les concernent. Les enfants font partie de la société d’aujourd’hui et créeront la société de demain, a fait valoir Mme Otani, avant d’appeler à les inclure dans les plans de relance et les programmes communautaires. Enfin, après avoir remercié les appels en faveur de la ratification de la Convention et de ses Protocoles facultatifs, elle a exhorté les États parties à respecter leurs obligations au titre de la remise de rapports au Comité.
Exposé
Mme MAMA FATIMA SINGHATEH, Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, a indiqué que son rapport jette la lumière sur la dimension de genre dans l’exploitation sexuelle des enfants, en appelant l’attention sur le fait que, bien souvent, il y a une tendance à ignorer les garçons dans cette situation, du moment que les filles courent beaucoup plus de risques. Elle a également souligné la nécessité d’ouvrir un espace pour les enfants et les jeunes qui s’identifient en dehors du binôme/binaire de genre et sur la manière dont ils pourraient s’avérer plus vulnérables et à risque.
L’étude insiste que n’importe quel enfant peut devenir victime d’exploitation sexuelle. Or, comme on a plus tendance à penser que les filles sont exclusivement concernées par ce type d’abus, les mécanismes d’appui, ou autres services, ont été principalement conçus pour traiter la problématique des filles, ce qui a rendu les garçons « invisibles », mais aussi les victimes qui s’identifient en dehors du binaire de genre. Il est nécessaire d’adopter une approche « droits de la personne » pour tous les enfants, a-t-elle conseillé, ce qui pourrait se faire à travers des politiques de l’enfance axées sur l’enfant, qui devra alors être pleinement être informé de ses droits, encouragé à participer aux décisions qui le concerne, et être pris au sérieux. Le rapport comporte aussi des recommandations sur la promotion de la sensibilisation à la différence du genre et à la divulgation d’informations au sein de la société.
La Rapporteuse spéciale recommande en outre de mener des recherches sur les répercussions de l’exploitation sexuelle, y compris lorsque celle-ci est facilitée par les technologies de l’information et la des communications. À cet égard, l’établissement de données ventilées contribuerait à la promotion de mécanismes efficaces de protection de l’enfance. Enfin, la coopération et la coordination entre les différentes parties prenantes aux niveaux national, régional et international, seraient susceptibles de contribuer grandement à prévenir et à mettre fin à cette forme d’exploitation et à garantir l’identification rapide des victimes, par le truchement de mécanismes sensibles aux enfants et à leur genre.
Dialogue interactif
Dans un premier temps, la Fédération de Russie s’est érigée contre certaines parties du rapport, y voyant une tentative d’imposer des notions sociétales, facilement manipulables par le biais des TIC. La délégation a également reproché à la Rapporteuse spéciale de ne pas avoir parlé de l’orientation sexuelle.
Quelles mesures prendre pour prévenir l’exploitation des enfants et comment trouver un juste équilibre entre leur liberté et le contrôle de leurs activités en ligne, a demandé l’Union européenne. Il faut éviter que les victimes le deviennent deux fois, a souligné le Royaume-Uni, qui s’est interrogé sur les moyens d’encourager plus de pays à prendre des mesures plus proactives tendant au renforcement de la prévention de l’exploitation sexuelle des enfants.
La vente et l’exploitation sexuelle sont parmi les pires crimes qui puissent être commis, se sont érigés les Philippines dont le Sénat a relevé l’âge de consentement sexuel de 12 à 16 ans. Les sanctions sont également alourdies lorsque les prédateurs, en ligne ou hors ligne, sont des membres de la famille.
Á leur tour, les États-Unis ont encouragé les États à prendre des mesures sur l’éducation sur l’orientation sexuelle, se disant conscients que les lois comportant un vocabulaire binaire et non binaire est crucial et ont appuyé les droits et la protection des LGBTI.
Le Maroc a voulu en savoir plus sur la situation d’esclavage d’enfants réfugiés, notamment sexuel, tandis que le Mexique a souhaité connaître l’avis de la Rapporteuse spéciale au sujet de la « toxicité masculine », notant que celle-ci « normalise » la violence sexuelle, notamment à l’égard des minorités. En outre, certaines législations sur le genre peuvent-elles criminaliser les victimes de l’exploitation sexuelle en raison de leur choix de sexe?
Notant les dernières actualités qui ont révélé qu’entre 165 000 et 200 000 enfants avaient subi des violences sexuelles au sein de l’église en France, la Chine a pour sa part sommé ce pays de prendre des mesures immédiates pour que les auteurs rendent des comptes pour leur forfait. De son côté, Israël a attiré l’attention sur le phénomène croissant de l’exploitation des enfants sur Internet. Chaque enfant victime d’exploitation sexuelle est « une perte et une faillite » de notre responsabilité, a notamment déclaré la délégation.
Répondant à ces questions et commentaires, la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant a souligné que les enfants non binaires doivent également jouir d’une protection. « Tel est le but de mon rapport, ni plus ni moins », a-t-elle souligné. Pour cela, il faut commencer par examiner, et connaître, l’étendue du problème, ce qui exige des représentants bien formés. Tout le personnel doit bénéficier d’une formation spécialisée et il revient aussi aux États de fournir les ressources adéquates aux services publics pour aider toutes les victimes.
Elle a également appelé à développer des programmes communautaires et scolaires pour que les enfants sachent identifier et détecter un problème d’exploitation. Il en est de même pour les parents qui doivent être éduqués à travers des programmes nationaux sur les questions sexuelles, et ce, aux fins d’éviter toute exploitation sexuelle des enfants, a-t-elle ajouté. Elle a fait observer qu’avec la pandémie de COVID-19, les enfants sont plus souvent en ligne pour étudier ou communiquer avec leurs amis, et sont donc plus exposés à un risque d’exploitation.