En cours au Siège de l'ONU

Soixante-seizième session,
3e séance plénière – après-midi
AG/J/3635

Sixième Commission: conflits et tensions politiques marquent encore la suite du débat sur la lutte contre le terrorisme international

Comme hier, les conflits et les tensions politiques se sont invitées cet après-midi à la Sixième Commission chargée des questions juridiques, pour la suite de son examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Certaines délégations ont replacé les discussions sur le terrain du droit, en réclamant notamment l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international.

Parmi les premières de la trentaine de délégations à prendre la parole, l’Ukraine a dénoncé ces pays qui « ont intégré le terrorisme dans leur politique d’État ».  La Fédération de Russie, utilisant le terrorisme comme outil de son « agression hybride » contre l’Ukraine, a violé la plupart des obligations fondamentales découlant des résolutions du Conseil de sécurité et des conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a dénoncé le représentant ukrainien.

« Ce mot de terrorisme est utilisé par l’Ukraine à des fins de propagande », a rétorqué le représentant de la Fédération de Russie, qui a dénoncé les « insinuations » de l’Ukraine dans un droit de réponse.  Il a aussi accusé le « le régime de Kiev » d’opprimer sa population depuis plusieurs années dans le Donbass, avant d’inviter la délégation ukrainienne à mieux choisir ses termes. 

Le délégué du Yémen a, de son côté, accusé les houthistes, « agents du régime iranien et du Hezbollah », de saper les efforts antiterroristes de son pays et de refuser toute proposition de règlement de la crise.  Son homologue de la République populaire démocratique de Corée a demandé à la communauté internationale de condamner le « double jeu » de certains États qui désignent arbitrairement les pays leur désobéissant comme des « États soutenant le terrorisme ».

D’autres délégations ont, quant à elles, tressé les lauriers de la coopération internationale, à l’instar du Cameroun, qui « subit les assauts du terrorisme avec les atrocités perpétrées par Boko Haram ».  Son délégué a estimé que seule une action multilatérale peut permettre de faire face à la menace transnationale du terrorisme.  « Les succès engrangés dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram est l’expression vivante de la synergie agissante des États de la sous-région », a salué le délégué camerounais.

Son homologue du Togo n’a pas dit autre chose en évoquant la situation au Sahel où Daech et ses groupes affiliés ont diversifié leurs activités.  Il a prôné une réponse internationale menée conformément au droit et aux réalités sociales des zones concernées.  L’« Initiative d’Accra » de 2017, qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso et le Mali, a pour objectif de promouvoir l’échange d’informations et la coopération dans la conduite d’opérations militaires transfrontalières, a complété le délégué ivoirien.

Certaines délégations se sont concentrées sur des enjeux plus strictement juridiques, à l’instar du délégué de l’Ouganda qui a estimé qu’une lutte approfondie contre le terrorisme exige de prendre des « décisions difficiles », y compris en parvenant à une définition du terrorisme.  « C’est un minimum si nous voulons identifier le terrorisme et le différencier des autres luttes légitimes », a-t-il affirmé.

Le délégué a exhorté les pays à surmonter leurs divergences pour parvenir à une convention générale sur le terrorisme international, qui a été réclamée par la Turquie, les Émirats arabes unis ou bien encore la Tunisie.  La représentante de l’Éthiopie est, elle aussi, revenue sur l’absence de définition universellement acceptée du terrorisme, tout en notant que « cela ne nous a pas empêché d’adopter des régimes élaborés pour chaque question spécifique ».

Le délégué haïtien a indiqué que son pays fait face à « des actes de banditisme notoires », notamment des assassinats et enlèvements, qui sont assimilables, par leur cruauté, à des actions terroristes.  « Le combat ne fait que commencer et risque d’être long », a-t-il averti.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 8 octobre 2021, à partir de 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/76/201

Déclarations

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé les mises en garde de l’an passé quant à l’impact de la pandémie, aujourd’hui amplifié par les disparités, notamment en ce qui concerne l’accès aux vaccins contre la COVID-19.  Le Liban, a-t-elle poursuivi, continue d’insister sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes qui contribuent à la propagation du terrorisme.  La déléguée a aussi souligné que le terrorisme ne peut être associé à aucune religion, nationalité ou ethnie et ne doit en aucun cas être confondu avec le droit d’un peuple à résister à l’occupation étrangère.

Mme Mudallali a remercié le système des Nations Unies et les partenaires internationaux pour le soutien apporté a l’Armée libanaise et l’assistance humanitaire.  Elle a ensuite présenté les mesures prises par son pays en matière de lutte contre le terrorisme, telles que la publication d’une liste nationale publique de terroristes ou encore la règlementation pour geler les avoirs.  En outre, a-t-elle rapporté, le Liban élabore depuis l’an dernier une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme qui reposera sur quatre axes: prévention, protection, sécurité et réponse.  Enfin, le Liban reste fermement déterminé à ce que le Tribunal spécial pour le Liban termine ses travaux en 2022, pour faire émerger la vérité et mettre fin à l’impunité au Liban.

Mme HANNA BETACHEW BIRHANU (Éthiopie) a souligné que l’attaque du 11 septembre 2001 avait mis en lumière les périls du terrorisme que certains pays, dont l’Éthiopie, connaissent depuis longtemps.  Depuis 2001, nous avons adopté un changement radical dans la manière dont nous gérons l’immigration, les transactions financières, le commerce et toutes les autres interactions internes et interétatiques, a-t-elle assuré.  La représentante est revenue sur l’absence de définition universellement acceptée du terrorisme.  Cela ne nous a pas empêché d’adopter des régimes élaborés pour chaque méthode spécifique, a-t-elle remarqué.  Elle a toutefois insisté sur l’importance de parvenir à une coopération internationale égale et mutuellement bénéfique.  Mme Birhanu a ensuite estimé qu’une réponse collective et multidimensionnelle était nécessaire.  À cet égard, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies établit une feuille de route destinée principalement aux États Membres afin qu’ils améliorent leurs efforts de lutte contre le terrorisme, a-t-elle rappelé.  Pour sa part, l’Éthiopie a pris des mesures législatives importantes et progressé dans le domaine de la sécurité financière.

M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance du maintien d’un consensus autour de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies malgré les divergences qui peuvent subsister dans d’autres domaines de la lutte antiterroriste.  Il a demandé un front commun des États contre le terrorisme, en évitant toute approche de « deux poids, deux mesures », ainsi que toute politisation.  Il a vu un véritable défi dans le fait que des groupes terroristes peuvent se procurer des armes et lutter contre les forces armées de certains États.  

Les combattants terroristes étrangers demeurent la colonne vertébrale des cellules disséminées de Daech et ils profitent du morcellement de la lutte antiterroriste pour continuer d’agir, a poursuivi le délégué.  Il a insisté sur la menace qu’Al-Qaida fait peser et demandé une meilleure entraide judiciaire entre les États pour contrecarrer les déplacements de ses membres.  Il a estimé que le sort judiciaire des combattants terroristes étrangers tient en deux options, les extrader ou les juger sur place, afin qu’ils soient effectivement punis pour leurs crimes.  D’après lui « les droits de l’homme et la réintégration des combattants ne doivent pas l’emporter sur la certitude de la peine ».  Enfin, le délégué a accusé les pays occidentaux d’introduire dans les débats des notions vagues et loin d’être consensuelles, telles qu’un ordre international fondé sur les règles.

M. LAKOMOV (Ukraine) a estimé que la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme reste un « cadre important » que les États devraient suivre pour lutter contre le terrorisme et prévenir l’extrémisme violent, y compris ses manifestations émergentes.  En tant que coauteur de la résolution 72/165 de l’Assemblée générale, proclamant le 21 août « Journée internationale du souvenir », en hommage aux victimes du terrorisme, et en tant que membre du Groupe des amis des victimes du terrorisme, l’Ukraine reste solidaire des victimes et continue de prôner le respect total et global de leurs droits humains.  Tous les auteurs, organisateurs, mentors et commanditaires d’actes de terrorisme répréhensibles, quels qu’ils soient, doivent être traduits en justice, a demandé le représentant.

Malheureusement, a-t-il déploré, « certains pays ont intégré le terrorisme dans leur politique d’État ».  « La tentative d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, le conflit armé en cours dans la région du Donbass et l’occupation connexe du territoire souverain ukrainien par la Fédération de Russie ont déjà causé des dommages irréparables au peuple ukrainien », dont des milliers de victimes civiles et près de deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.  La Fédération de Russie, utilisant le terrorisme comme outil de son « agression hybride » contre l’Ukraine, a violé la plupart des obligations fondamentales découlant des résolutions du Conseil de sécurité et des conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a dénoncé le représentant.  Il est selon lui « évident » que ce pays, doté d’une puissante machine répressive, ne fait aucun effort pour arrêter l’afflux de combattants dans les zones occupées d’Ukraine, et qu’il encourage plutôt le recrutement et le transfert de main-d'œuvre sur le territoire ukrainien par des canaux contrôlés par l’État.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a déclaré que son pays subit les assauts du terrorisme avec les atrocités perpétrées par la secte islamiste Boko Haram.  Le terrorisme étant une menace transnationale, le Cameroun demeure convaincu que seule une action multilatérale et concertée, déployée au niveau national, régional et mondial peut y faire face, et qu’il est nécessaire d’améliorer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.  Il a notamment insisté sur le fait qu’il est indispensable de pouvoir accéder rapidement à des informations essentielles sur des activités terroristes ou présumées terroristes, telles que des informations provenant de services de renseignement, de données biométriques, de dossiers sur les passagers et d’informations financières.  Le représentant a donc appelé à tout mettre en œuvre pour lever les obstacles à l’échange d’informations, et à appliquer la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité.

M. Nyanid a également appelé à agir sur les causes profondes qui poussent certaines personnes à se laisser séduire par le terrorisme, notamment la pauvreté, les inégalités, l’absence de perspectives et la marginalisation socioéconomique.  Pour lui, la victoire face au terrorisme passe par la sensibilisation et l’implication des communautés locales et des acteurs non gouvernementaux dans l’élaboration de stratégies endogènes adaptées à chaque environnement.  Le Cameroun a ainsi mis en œuvre de nombreux programmes d’éducation et projets de développement qui intègrent et impliquent les jeunes afin de contrer les discours de haine.  Le pays a également adopté une loi portant répression des actes de terrorisme en réponse aux résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) du Conseil de sécurité et a ratifié de nombreux Protocoles de l’ONU relatifs au terrorisme.  Son représentant a souligné la précarité de la situation dans le bassin du Lac Tchad du fait des attaques perpétrées par des groupes terroristes. Face à cette situation, des mécanismes appropriés de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont été activés, notamment le Pacte d’assistance mutuelle entre les États membres de cette sous-région et les dispositions pertinentes du Protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).  Des résultats tangibles ont été atteints, s’est félicité le diplomate camerounais: « les succès engrangés dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram est l’expression vivante de la synergie agissante des États de la sous-région ».

M. ANIL KAYALAR (Turquie) a estimé que le terrorisme continuait à être l’une des plus graves menaces dans le monde.  Les organisations terroristes comme l’État islamique, contre lesquelles lutte la Turquie, fonctionnent avec des camps de formation et des soutiens extérieurs, a-t-il affirmé.  Il a déploré que certains des auteurs d’attentats aient pu se soustraire à la justice.  « La lutte contre une organisation terroriste grâce au soutien d’une autre peut nuire à la lutte contre ce problème », a-t-il ensuite mis en garde.

Évoquant ensuite la lutte contre l’État islamique, il a attiré l’attention sur le problème posé par les combattants terroristes étrangers.  Les familles de ces combattants posent une difficulté supplémentaire, a-t-il estimé.  « Nous pensons que le rapatriement des combattants terroristes dans leurs pays d’origine est de la plus haute importance. »  S’agissant du retour de ces combattants dans des zones de conflit, le représentant a annoncé que tout combattant étranger entrant sur le territoire turc serait confié à ses autorités de tutelle. 

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a condamné le terrorisme et appelé à une réponse robuste pour le vaincre.  Le Yémen a adhéré à la plupart des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, a-t-il dit.  Il a souligné l’importance de parvenir à une définition du terrorisme et d’élaborer une convention générale sur le sujet, afin de distinguer le terrorisme des luttes légitimes.  Il a ensuite détaillé les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme et son financement, en érigeant notamment comme infraction toute participation à une action terroriste. 

Le délégué a dénoncé les milices houthistes qui nuisent aux efforts antiterroristes du Yémen et propagent la haine.  Les houthistes sont « les agents du régime iranien et du Hezbollah », a-t-il accusé en regrettant qu’ils aient rejeté toute proposition de règlement de la crise.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays, malgré les circonstances difficiles qu’il traverse, a réussi à mettre sur pied une unité spécifique dédiée à la lutte antiterroriste.

M. IN CHOL KIM (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a souligné que la crise afghane avait sapé les espoirs et la crédibilité quant aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme.  La question de la lutte contre le terrorisme ne doit pas être instrumentalisée à des fins politiques et économiques, a-t-il mis en garde.  L’ONU ne devrait pas l’autoriser, a-t-il appuyé, appelant également à rejeter les attitudes de « deux poids, deux mesures » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  De même, le représentant a demandé à la communauté internationale de condamner le « double jeu » de certains États qui désignent arbitrairement les pays leur désobéissant comme des « États soutenant le terrorisme », ou bien appellent « acte terroriste » ce qui est en réalité une lutte de libération nationale pour l’indépendance et l’intégrité territoriale.  Rappelant que son pays s’opposait au terrorisme sous toutes ses formes, M. Kim a ajouté que des mesures fortes avaient été prises afin de protéger la sécurité nationale et la vie de la population.  Enfin, il a déclaré que la RPDC avait adhéré à une série de conventions internationales et remplissait ses obligations de bonne foi. 

M. SACKPASEUTH SISOUK (République démocratique populaire lao) a réitéré son soutien et sa coopération avec la communauté internationale pour trouver tous les moyens d’éliminer le terrorisme international.  Selon lui, toutes les mesures prises à cette fin doivent être utilisées conformément aux principes des Nations Unies et du droit international, et dans le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Au plan national, le pays s’est activement engagé dans les mécanismes de coopération à tous les niveaux dans le cadre des conventions internationales contre le terrorisme auxquelles il est partie.  La République démocratique populaire lao a régulièrement amélioré son droit interne pour le rendre conforme aux conventions internationales.  Tous les actes de terrorisme possibles ont été incorporés dans le Code pénal et sont identifiés comme des infractions pénales graves, y compris le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  « Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire. »  M. Sisouk a recommandé de promouvoir, aux niveaux régional et international, l’échange d’expertise et de bonnes pratiques, afin de renforcer les capacités nationales, notamment celles des fonctionnaires et autorités des pays les moins avancés.

Mme LAUZA ALI (Maldives) a déclaré que le terrorisme, en raison de ses caractéristiques, ne peut pas être combattu de front par les moyens militaires.  Il faut plutôt une approche à multiples facettes afin de vaincre les idéologies alimentant ces actes extrêmes.  Compte tenu des menaces potentielles que l’extrémisme violent fait peser sur leur économie vulnérable basée sur le tourisme, les Maldives ont adopté la loi sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme en 2014.  En 2015, la loi sur la prévention du terrorisme a créé le Centre national de lutte contre le terrorisme, qui conseille le Président et le Conseil national de sécurité sur les questions liées au terrorisme et à l’extrémisme violent.  C’est également le point focal national pour toutes les questions liées à la lutte contre le terrorisme.  De plus, en vertu de la loi antiterroriste, les Maldiviens qui partent combattre dans des pays étrangers sont considérés comme des « criminels graves ». 

Sachant que les causes du terrorisme sont souvent complexes, son pays, dont l’Islam définit plusieurs aspects de la vie et de la culture locale, cherche à lutter contre l’extrémisme violent par une approche basée sur l’ensemble de la société, a expliqué Mme Ali.  Les Maldives ont ainsi élaboré une stratégie nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent, qui consiste à construire une société plus cohésive et à s’attaquer à la stigmatisation par le biais de messages positifs en faveur de la solidarité.  Cette stratégie renforce également le dialogue inclusif pour contrer la rhétorique du discours de haine, la xénophobie et les intolérances qui y sont associées.  « Nous visons à enseigner à nos enfants les valeurs de respect et de tolérance.  Mais nous devons également veiller à offrir à nos jeunes des opportunités de réaliser leur plein potentiel », a-t-elle conclu.  

Si l’on discute encore des mesures visant à éliminer le terrorisme international, a déclaré M. WISNIQUE PANIER (Haïti), c’est que les différentes mesures déjà adoptées ainsi que les actions entreprises pour combattre ce fléau n’ont pas encore abouti aux résultats escomptés.  Le combat ne fait que commencer et risque d’être long, a-t-il prévenu, même si la communauté internationale dispose déjà de 55 instruments, dont 19 à caractère universel et 36 à portée régionale.  Le représentant a estimé qu’au-delà des motifs traditionnellement associés aux actions terroristes, il convient aussi de considérer la pauvreté et le chômage comme étant des causes sous-jacentes non négligeables.  La lutte pour l’éradication du terrorisme international est multidimensionnelle: il faut aussi lutter contre le trafic de stupéfiants, l’enrichissement illicite, la contrebande et la corruption qui sont des sources de financement importantes du terrorisme international.

Même si Haïti n’est pas directement touché par le terrorisme international, ses autorités sont très préoccupées par ce fléau, a affirmé M. Panier.  Depuis plus de deux ans maintenant, le pays fait face à « des actes de banditisme notoires », notamment des assassinats et enlèvements.  De telles cruautés sont assimilables à des actions terroristes, a-t-il dit.  Car les objectifs poursuivis par les criminels sont quasiment les mêmes: affaiblir les structures de l’État pour parvenir à leurs fins et porter atteinte à la démocratie et aux droits fondamentaux.  Face à une telle situation, les autorités haïtiennes ont dû prendre des mesures législatives et créer de nouvelles institutions visant à renforcer la sécurité publique dans le pays, dont le renforcement des capacités opérationnelles de la police et du système judiciaire.  Il s’agit là d’une priorité pour le Gouvernement haïtien, a assuré son représentant.  

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) l’a rappelé, la lutte contre ce fléau qu’est le terrorisme ne peut être efficace que par une action globale concertée, sur la base de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité.  L’Argentine a été victime du terrorisme international, avec deux attentats perpétrés à Buenos Aires, en 1992 contre l’ambassade d’Israël, et en 1994 contre le siège de l’Association mutuelle israélite d’Argentine.  Cette expérience, a déclaré le délégué, a renforcé la conviction de l’Argentine que le terrorisme doit être combattu conformément aux principes de la Charte des Nations unies, du droit international et des traités internationaux pertinents. 

L’Argentine a ratifié 14 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et elle est sur le point de ratifier deux instruments supplémentaires.  Le délégué s’est félicité de l’adoption récente de la résolution relative au nouvel examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, document qui doit orienter les actions des États en la matière.  Son pays s’est efforcé de progresser dans la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie, en accordant une attention particulière à la protection des victimes du terrorisme.  Enfin, le délégué de l’Argentine a appelé à travailler ensemble, à percevoir la diversité comme quelque chose de positif et non une menace, et à s’attaquer aux causes du terrorisme en renforçant le tissu social.

M. MUHABI JAMES LUNGU (Zambie) a souligné que les décès liés au terrorisme avaient chuté de 15% en 2019.  Cependant, nous restons préoccupés de l’impact qu’a le terrorisme international sur nos économies, a-t-il déclaré.  Une attaque qui détruit des infrastructures physiques essentielles immobilise souvent d’autres secteurs importants, a-t-il expliqué.  Une attaque terroriste peut provoquer une montée des sentiments xénophobes, du scepticisme des étrangers, et nuire au commerce international et aux investissements directs étrangers, a-t-il également pointé du doigt.  M. Lungu a donc appelé à mettre en place des divisions spécialisées dans la lutte contre le terrorisme international et ses financiers.  La Zambie n’est pas à l’abri des opérations clandestines des organisations terroristes, a-t-il reconnu, avant de détailler les mesures prises par le pays, notamment pour lutter contre le financement du terrorisme.  Le représentant a enfin réclamé une aide supplémentaire pour que la Zambie et d’autres pays en développement améliorent leurs capacités afin de lutter contre le terrorisme.

Pour M. JONATHAN SAMUEL HOLLIS (Royaume-Uni), malgré les efforts et progrès faits depuis 20 ans, la menace du terrorisme continue d’évoluer.  Premièrement, notre travail pour contrer la menace du terrorisme n’est pas achevé, a déclaré M. Hollis.  « Nous ne devons jamais permettre à l’Afghanistan de devenir une base pour le terrorisme.  Nous ne devons pas non plus négliger la propagation du terrorisme ailleurs dans le monde, comme en Afrique subsaharienne », a-t-il indiqué.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, « la science et la technologie ont apporté de nouvelles opportunités mais aussi de nouveaux risques ».  Ces risques incluent l’utilisation d’Internet comme outil de recrutement de terroristes, de radicalisation, de propagande, de financement et de planification d’attaques.  Troisièmement, une coopération internationale inclusive est essentielle, a conclu le représentant.

M. LÉON KACOU ADOM (Côte d’Ivoire) a déclaré que son pays n’échappe pas à ce fléau, pas plus que d’autres pays africains situés à l’ouest du continent et au Sahel et qui voient s’intensifier ces dernières années des attaques terroristes meurtrières contre les civils et les forces de sécurité locales et internationales, y compris les Casques bleus.  Depuis l’attentat « barbare » perpétré le 13 mars 2016 à Grand-Bassam, le territoire ivoirien, dans sa partie septentrionale frontalière du Burkina Faso et du Mali, est « sans cesse la cible d’attaques terroristes ».  Face à cette situation sécuritaire préoccupante, les autorités ivoiriennes ont pris des mesures aux plans national, sous régional et international.  Sur le plan national, a expliqué le représentant, le Gouvernement ivoirien a adapté son cadre juridique, avec le vote en 2015 de la loi portant répression du terrorisme, complétée par celle de 2016 sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.  En 2018, des dispositions traitant de questions liées au financement et à l’organisation de voyages de terroristes, conformément à la résolution 2253 (2015) du Conseil de sécurité.  Dans la même veine, en coopération avec la France, une académie internationale de lutte contre le terrorisme a été ouverte cette année à Jacqueville, à quelques kilomètres d’Abidjan.  Cette institution vise à contribuer au renforcement des capacités des acteurs nationaux et internationaux engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Aux niveaux sous-régional et régional, a poursuivi M. Adom, la Côte d’Ivoire a adhéré aux mécanismes de lutte contre le terrorisme de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine.  Il en est ainsi de « l’Initiative d’Accra », lancée en 2017 et qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Benin, le Togo, le Burkina Faso et le Mali.  Cette initiative a pour objectif de promouvoir l’échange d’informations ainsi que la coopération dans la conduite d’opérations militaires transfrontalières.  Par ailleurs, la Côte d’Ivoire est partie aux 19 instruments internationaux élaborés par la Communauté internationale pour prévenir les actes terroristes et elle est fortement engagée dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes en la matière, a assuré le représentant.  Mais alors que le combat contre ce fléau est « loin d’être gagné », la Côte d’Ivoire plaide pour le renforcement de la solidarité et de la coopération internationales en vue de soutenir les efforts des pays africains pour relever les défis de la paix, de la sécurité et du développement durable, « gages » de l’éradication de terreaux fertiles pour l’expansion du terrorisme.

Mme ANA LORENA VILLALOBOS BRENES (Costa Rica) a invité la Sixième Commission à garder à l’esprit que la prévention et la lutte contre le terrorisme doivent être réalisées dans le respect du droit international, en particulier des droits de l’homme, du droit international humanitaire et du droit international des réfugiés.  Elle s’est également dite préoccupée que des organisations non gouvernementales et en particulier des défenseurs des droits humains soient persécutés et arrêtés sous couvert de terrorisme.  Pour le Costa Rica, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour conclure une convention générale sur le terrorisme international.  Si des conventions isolées ont été approuvées sur des aspects particuliers du terrorisme, il n’existe pas en effet de convention globale pour uniformiser les définitions, les mesures antiterroristes et la coopération internationale.  La déléguée a souhaité que les mesures adoptées, tant au niveau national qu’international, tiennent compte de l’égalité des genres.  « S’il est vrai que les femmes interviennent parfois dans le cadre d’actes terroristes, il est également vrai qu’elles peuvent jouer un rôle fondamental dans la prévention de la violence extrême et du terrorisme. »

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a relevé que la pandémie avait peut-être amplifié les moteurs potentiels du terrorisme.  Le terrorisme continue d’évoluer.  Le représentant a attiré l’attention sur le cyberespace et les nouvelles technologies exploitées à des fins de propagande et de recrutement.  Il a également cité les nouvelles formes et manifestations d’actes terroristes, y compris ceux qui sont sous-tendus par des motivations raciales et ethniques.  Il a évoqué la question de la récidive et du nombre croissant de femmes et de membres de la famille devenant des auteurs d’actes terroristes.  Détaillant les mesures prises par l’Indonésie, le représentant a mis en avant le Plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Il a ensuite évoqué la Stratégie antiterroriste mondiale des Nation Unies, se réjouissant que les menaces nouvelles et émergentes y soient mentionnées, ainsi que l’approche des droits humains dans la lutte de terrorisme. 

M. ADONIA AYEBARE (Ouganda) a indiqué qu’une lutte approfondie contre le terrorisme exige de prendre des « décisions difficiles, y compris en parvenant à une définition du terrorisme ».  C’est un minimum si nous voulons identifier le terrorisme et le différencier des autres luttes légitimes, a-t-il poursuivi.  Il a appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme et réitéré l’importance de conclure une convention générale sur le terrorisme international.  Il a salué la reprise des négociations et exhorté les États Membres à coopérer pour résoudre les questions en suspens; il s’est dit en faveur de la convocation à cette fin d’une conférence sous les auspices de l’Assemblée générale. 

M. Ayebare a ensuite évoqué la lutte menée par son pays contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui, si elle a été vaincue en Ouganda, continue d’infliger des souffrances en République centrafricaine et dans le nord-est de la République démocratique du Congo.  L’Ouganda est aussi en première ligne dans la lutte contre les Chabab.  Enfin, le délégué a appelé à remédier au largage de matières toxiques au large des côtes somaliennes, dont les groupes terroristes pourraient tirer profit.

M. MANZI TCHILABALO KARBOU (Togo) a expliqué que son pays appartient à la sous-région ouest-africaine, une zone où prospèrent malheureusement de plus en plus les groupes terroristes.  En effet, que ce soit au Sahel ou sur la côte ouest-africaine, Daech et ses nombreux groupes affiliés ont diversifié leurs activités, intensifié leurs attaques et élargi leurs zones d’action.  Selon le Togo, les recommandations du Sommet de Pau en 2020 et de celui de N’Djamena en 2021 peuvent servir de base à la réponse internationale globale.  Cette dernière devra, pour une meilleure efficacité, s’inscrire dans une approche holistique menée conformément au droit international et aux réalités sociales des zones concernées.  Il faut donc « faire en sorte que les populations victimes de ces groupes terroristes soient effectivement des parties prenantes à cette lutte », a plaidé le représentant. 

Pour venir à bout de ces groupes qui sèment la mort et la désolation partout dans le monde, a poursuivi M. Karbou, l’ONU doit poursuivre les réformes qui promeuvent une meilleure coordination et cohérence dans les programmes, projets et instruments internationaux dédiés à la lutte contre le terrorisme international.  Toutes les parties prenantes à ce combat doivent également « éviter l’assimilation entre terrorisme et religion » et appuyer toutes les actions sous l’égide des Nations Unies.  Pour sa part, le Togo, outre le fait d’être engagé aux côtés des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, engage des actions au plan national.  Ces actions, a précisé le représentant, portent sur les cadres juridiques, sociaux, éducatifs et sécuritaires.  Ainsi, la loi de programmation militaire (2021-2025), dotée d’un budget d’environ 1,4 milliard de dollars américains, a été adoptée pour le renforcement des équipements des Forces armées togolaises, la mise en place d’une nouvelle unité des forces spéciales et d’un groupe d’intervention léger antiterroriste, avec des équipements modernes et sophistiqués, a conclu M. Karbou. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a indiqué que son pays continue d’axer ses efforts de lutte contre le terrorisme sur des mesures préventives, notamment en renforçant son cadre juridique pour mettre en œuvre les 20 conventions et protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a souligné que le Centre régional de lutte contre le terrorisme d’Asie du Sud-Est continue de s’engager auprès des jeunes par le biais d’initiatives pour contrer les messages extrémistes.  La déradicalisation est aussi un élément clef de la stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de la Malaisie, a poursuivi M. Aidid.  De janvier 2020 à août 2021, 246 programmes de déradicalisation et de réhabilitation des terroristes ont été menés avec la participation du département pénitentiaire, et 83 programmes communautaires de lutte contre le terrorisme ont été menés dans toute la Malaisie.  La Malaisie agit également en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme.  Le délégué a conclu son intervention en déclarant qu’il soutient la convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies. 

M. RASHED JAMAL IBRAHIM IBRAHIM AZZAM (Émirats arabes unis) a fait remarquer que la pandémie de COVID-19 avait rendu la situation plus complexe, citant le recrutement et l’exploitation des femmes, ainsi que les sources de financement pour attaquer des peuples et pays.  Coordonner les efforts internationaux et traiter les causes du terrorisme sont les seuls moyens de s’y opposer, a-t-il affirmé.  Le représentant a rappelé que les Émirats arabes unis avaient fait partie de la coalition contre Daech.  « Nous devons continuer à contenir ce groupe terroriste et empêcher qu’il se répande dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique. »  Le représentant a assuré que son pays continuerait de travailler comme un État modéré au Moyen-Orient et a souligné l’importance de parvenir à une convention générale sur le terrorisme. 

M. RABII ZENATI (Tunisie) a réitéré sa condamnation la plus ferme du terrorisme sous toutes ses formes.  Son gouvernement combat et lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de manière efficace, en tant que menace régionale, sous-régionale et internationale.  En tant que membre du Conseil de sécurité, la Tunisie met également en œuvre les résolutions de cet organe.  Une loi portant sur le blanchiment d’argent a en outre été adoptée.  Cela étant dit, le délégué a estimé aussi que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne doit pas seulement se faire de manière frontale, mais en se penchant également sur les causes de ces phénomènes.  Pour cela, il faut aborder la question des conflits et des situations d’occupation qui perdurent. 

M. MOON DONG KYU (République de Corée) a souligné que la communauté internationale disposait de beaucoup plus d’outils aujourd’hui qu’il y a 20 ans pour lutter contre le terrorisme.  Cependant, la menace est toujours présente, comme l’a prouvé la récente attaque terroriste autour de l’aéroport de Kaboul en Afghanistan, a-t-il rappelé.  Il a incité à poursuivre les efforts en évaluant les menaces terroristes en constante évolution et s’attaquant aux causes profondes de ces menaces. 

M. Moon a ensuite appelé à prêter attention aux technologies nouvelles et émergentes.  Elles ont été utilisées par les terroristes à des fins malveillantes et dans le même temps, par les autorités chargées de lutter contre le terrorisme, a-t-il relevé.  De même, le représentant a souligné l’importance de la coopération et la coordination internationales.  « Nous restons engagés dans les travaux en cours pour finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international. »  Enfin, il a déclaré que les droits humains, l’égalité entre les sexes et la participation de la société civile devaient être les éléments centraux de nos efforts.  Le contre-terrorisme ne doit pas être invoqué comme une excuse pour violer les droits humains, a-t-il martelé, appelant à rechercher la participation pleine des femmes dans les efforts de lutte contre le terrorisme. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a indiqué que la pandémie a aggravé les conflits et favorisé les activités terroristes.  Il a prôné une coordination et une solidarité internationales face au terrorisme.  « Le Soudan est entré dans une nouvelle ère en ce qui concerne la lutte antiterroriste », a-t-il dit, en soulignant l’efficacité des efforts de son pays.  Le délégué a précisé que lesdits efforts visent à renforcer le tissu social et à promouvoir la bonne gouvernance, des emplois décents ou bien encore l’autonomisation des femmes.  Il a insisté sur l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté.  En conclusion, il a invité la communauté internationale à appuyer les mécanismes locaux de lutte contre le terrorisme, dans le respect de la souveraineté des États.

Mme MARIAM SAO (Mauritanie) a souligné la nécessité d’une coopération effective pour lutter contre le terrorisme, « principal défi auquel fait face la communauté internationale aujourd’hui ».  Les États Membres doivent veiller à ce que les responsables d’actes de terrorisme soient appréhendés et poursuivis en justice ou extradés, a-t-elle insisté.  La représentante a ensuite évoqué l’approche « multidimensionnelle » adoptée par la Mauritanie pour traiter le phénomène de l’extrémisme.  L’État a œuvré pour prémunir la jeunesse de la déviation, a-t-elle souligné.  La régression de la violence islamiste radicale observée depuis cinq ans a été attribuée à la méthode mauritanienne, a-t-elle ensuite affirmé, évoquant une répression sécuritaire mêlée à une approche plus douce pour lutter contre l’extrémisme violent. 

Face à la menace qui touche toute la région du Sahel, la Mauritanie a renforcé son dispositif législatif antiterroriste, a ensuite précisé Mme Sao, afin de geler immédiatement les fonds, avoirs financiers de personnes ou entités terroristes.  Le Gouvernement mauritanien a développé une stratégie efficace grâce à une approche comprenant les aspects sécuritaires, le dialogue religieux, les dimensions économiques et sociales.  Cette stratégie devrait bénéficier du soutien de la communauté internationale, a-t-elle appuyé.  Enfin, elle a rappelé que, malgré les progrès réalisés par son pays, le danger était toujours imminent dans la région du Sahel. 

Mme AlSHEROOQI (Bahreïn) a appelé la communauté internationale à se coordonner dans la lutte contre le terrorisme.  Le Bahreïn est un des pays arabes présentant le moins de risques en matière de blanchiment d’argent, a-t-elle affirmé.  « Cela prouve que nous sommes actifs dans ce domaine sur la scène internationale et que nous voulons vraiment déraciner le terrorisme. »  La représentante a ensuite ajouté que l’objectif du Bahreïn était d’unifier les institutions du pays en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Nous devons tarir toutes les sources de financement, identifier et poursuivre tous les terroristes, a-t-elle insisté.  Évoquant la création d’un centre national pour dénoncer les activités terroristes, la représentante a également souligné l’engagement de son pays au sein du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. 

« L’Iraq est l’un des pays qui a le plus souffert du terrorisme », a témoigné M. YAARB AHMED NASER AL-TEMEMY (Iraq).  L’Iraq s’engage à collaborer avec la communauté internationale pour éliminer le terrorisme, a-t-il poursuivi, citant en particulier Daech.  La résolution 2373 (2017) sur la constitution d’une commission d’enquête sur les crimes de Daech vise à identifier, collecter et présenter les preuves contre cette organisation pour que la procédure soit respectée, a rappelé le représentant.  « Nous continuons de fournir des preuves pour contribuer à évaluer les risques que représente Daech. »

L’Iraq refuse que son territoire soit exploité à des fins terroristes, conformément à sa constitution de 2005, a déclaré son délégué, qui a ensuite souligné la nécessité de promouvoir le partage de renseignements entre l’Iraq et les autres membres de la communauté internationale.  L’Iraq continue également de coopérer avec le comité des sanctions créé par la résolution 1526 (2004) du Conseil de Sécurité.  Enfin, l’Iraq attache une grande importance à sa stratégie nationale de lutte contre le terrorisme pour que celle-ci soit conforme à la stratégie mondiale, a conclu le délégué. 

M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a estimé que des attentats terroristes perpétrés dans le cadre de conflit armé peuvent revenir à des crimes de guerre, donnant le droit aux États de prendre des mesures au niveau national.  Nous sommes convaincus qu’aucun pardon et qu’aucune libération précoce ne peuvent être accordés pour des auteurs d’attentats terroristes, a-t-il déclaré.  M. Musayev a ensuite rejeté de façon catégorique les affirmations de l’Arménie « qui souhaite induire en erreur la communauté internationale et cacher des délits terroristes ».  L’Arménie soutient depuis longtemps le terrorisme au niveau étatique, a-t-il ensuite pointé du doigt, affirmant que le pays avait perpétré des attentats terroristes depuis la fin des années 80 contre l’Azerbaïdjan.  Le représentant a ensuite accusé l’Arménie d’avoir recruté des combattants étrangers, tandis que l’Azerbaïdjan est résolu à prendre les actions nécessaires pour lutter contre le terrorisme et à poursuivre les auteurs d’attentats. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a estimé que dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent il n’y a pas de place pour des actions unilatérales, car la coopération conjointe est « le chemin le plus sûr » vers le succès dans ce combat.  L’expérience nous a montré qu’aucun pays, aussi grand ou puissant soit-il, ne peut éradiquer le terrorisme à lui seul sans la coopération des autres États, a-t-il résumé. 

M. Ndong Mba s’est inquiété de la persistance d’actes terroristes dans le monde et en Afrique en particulier.  Cette situation représente un « danger clair » pour le continent, sa stabilité et son développement socioéconomique.  En ce sens, la Guinée équatoriale condamne catégoriquement le financement des terroristes, via des fonds ou la livraison d’armes.  La Guinée équatoriale condamne également la piraterie en mer, qu’elle considère comme une forme de « terrorisme maritime ».  Pour ces raisons, le délégué a salué l’initiative transsahélienne de lutte contre le terrorisme développée par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme et le Centre africain d’études stratégiques des États-Unis.  Il s’est également félicité de la Déclaration et Plan d’action de Madrid pour renforcer le régime juridique de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et centrale.  

M. BASHAR ABDULAH E. R. S. ALMOWAIZRI (Koweït) a souligné la persistance de la menace terroriste et condamné le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations.  Il a souhaité une « convergence » des efforts internationaux face à ce fléau, en soulignant l’importance de remédier à ses causes profondes, telles que la pauvreté.  Il a demandé le respect des religions et de leurs symboles, avant d’apporter son appui à la Stratégie antiterroriste mondiale et ses quatre piliers.  Il a aussi plaidé pour une réponse coordonnée au phénomène des combattants terroristes étrangers.  Le délégué a ensuite détaillé les mesures antiterroristes prises par son pays au niveau national, notamment en vue de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  En conclusion, il a de nouveau rejeté avec force le terrorisme et l’extrémisme violent.

Droits de réponse

Le délégué de la Fédération de Russie a dénoncé les “insinuations” de l’Ukraine, avant d’accuser « le régime de Kiev » d’opprimer sa population depuis plusieurs années et de conduire par ses actions à la mort de ses citoyens dans le Donbass. L’Ukraine devrait mieux choisir ses termes, a-t-il tancé, en indiquant que sa délégation se méprend sur la notion de terrorisme. La délégation ukrainienne a ainsi qualifié de terroristes certains médias russes. Enfin, le délégué a déclaré que ce mot de « terroriste » est utilisé par l’Ukraine à des fins de propagande.

Le représentant de l’Arménie a qualifié la déclaration de l’Azerbaïdjan de « faux discours antiterroriste ».  Selon lui, l’Azerbaïdjan a répété son discours erroné sur le Nagorno-Karabakh pour essayer de prendre en otage la Commission et de la détourner des éléments de preuve qui montrent que l’Azerbaïdjan soutient des organisations terroristes.  Ce recours au terrorisme de la part de l’Azerbaïdjan a été reconnu par plusieurs pays, y compris des membres permanents du Conseil de Sécurité, et documenté par des observateurs indépendants, a poursuivi le délégué arménien.  Il a notamment dénoncé des décapitations « de type État Islamique », des prises d’otages de civils, mais aussi un discours de haine propagé en Azerbaïdjan.  Il a notamment jugé « déshumanisant » le « parc des trophées militaires » à Bakou, qui montre des biens de prisonniers arméniens reflétant le niveau extrême de la radicalisation et de la haine en Azerbaïdjan, l’assimilant à de la « propagande nazie ».

Le représentant de l’Ukraine a dénoncé « le discours manipulateur habituel » de la Fédération de Russie.  La composition terroriste de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est évidente, a-t-il affirmé, l’accusant de continuer à envoyer des armes et combattants en Ukraine.  Nous avons fourni des preuves à la communauté internationale de l’implication de la Russie, notamment en termes de financements des groupes terroristes, a-t-il rappelé.  Il a appelé la Russie à mettre fin à ses agressions contre l’Ukraine et à l’occupation des territoires ukrainiens. 

Pour le représentant de l’Azerbaïdjan, l’Arménie présente une réalité déformée.  Le Nagorno-Karabakh a été créé en Azerbaïdjan et en réponse aux attaques de l’Arménie, l’Azerbaïdjan s’est défendu.  Il a déclaré que l’Azerbaïdjan a agi sur son sol « dans le respect du droit international ».  Des organisations arméniennes ont commis des actes terroristes à travers le monde, a aussi dénoncé le délégué azerbaidjanais, citant plusieurs exemples d’attaques lors desquelles des personnes ont été prises en otage et exécutées, ainsi que des attaques à la bombe.  Les attaques contre l’Azerbaïdjan ont couté la vie à plus de 2 000 Azerbaidjanais.

Le représentant de l’Arménie a encore voulu attirer l’attention de la Commission sur l’attribution malheureuse à l’Arménie d’attentats commis dans les années 1970-80, « piètre tentative » puisque c’était avant son indépendance, a-t-il recadré.

À son tour, le représentant de l’Azerbaïdjan a dénoncé les informations erronées propagées par l’Arménie, soulignant que même des réseaux sociaux tels que Twitter ont retiré de « fausses informations » émanant de l’Arménie. 

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