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Conseil de sécurité: le succès des processus de paix dépend d’une bonne gestion de la diversité et de l’inclusivité

8877e séance
CS/14659

Conseil de sécurité: le succès des processus de paix dépend d’une bonne gestion de la diversité et de l’inclusivité

Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui, sous la houlette du Président du Kenya, M. Uhuru Kenyata, un débat sur la consolidation de la paix, avec un accent sur « la diversité, l’édification de l’État et la recherche de la paix ».  Le Président rwandais, M. Paul Kagame, a en profité pour expliquer que le Rwanda post-génocide est marqué par une attention constante à l’unité nationale et à l’inclusivité.  Aucun processus de paix ne peut réussir sans une implication de toutes les composantes de la société, ont dit en écho les autres intervenants, dont la Vice-Présidente du Parlement afghan et l’ancien Président de l’Afrique du Sud et Président de la Fondation Thabo Mbeki.  

L’histoire récente a démontré que là où l’équilibre fait défaut, où les revendications identitaires et politiques ne sont pas satisfaites, des troubles internes naissent, sous la forme de rebellions, de guerres civiles, de coups d’état et même pire, de génocides.  De la Bosnie-Herzégovine au Rwanda, en passant par le Myanmar, l’on voit comment l’identité peut être « militarisée » pour marginaliser des populations déjà vulnérables, alimenter l’extrémisme, violer les droits de l’homme et déclencher les guerres, ont rappelé en guise d’illustration le Royaume-Uni et le Niger.  

La paix ne se trouve pas sur un morceau de papier.  Elle se trouve chez les gens et, plus précisément, dans une diversité de personnes d’horizons différents qui s’unissent pour tracer une voie commune, a souligné le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Sans l’implication d’un large éventail de voix à chaque étape des processus, la paix ne peut être que de courte durée.  Le Secrétaire général a cité l’étude conjointe ONU-Banque mondiale « Pathways for Peace » qui indique que de nombreux conflits sont profondément enracinés dans les inégalités persistantes.  Les pays qui sortent de plusieurs années d’instabilité ne peuvent se permettre d’ignorer l’opinion de pans entiers de la population au risque d’attiser les rancœurs.    

Comme les autres intervenants, le Secrétaire général a cité les femmes, les jeunes et les plus marginalisés.  Cette idée est au cœur de mon nouvel agenda pour la paix explicité dans « Notre Programme commun », a souligné M. Guterres.  La communauté internationale, a renchéri la Vice-Présidente du Parlement afghan, Mme Fawzia Koofi, doit « clairement » indiquer qu’elle ne collaborera pas avec les « autorités de Kaboul » tant qu’elles ne travailleront pas avec toutes les parties pour tracer une voie claire au respect des droits fondamentaux de tous les segments de la société.

Il faut investir dans la capacité des individus d’obtenir les résultats qu’ils attendent et méritent, a préconisé le Président rwandais, M. Paul Kagame, au nom d’un pays qui place l’unité nationale, l’inclusivité et la prestation des services, au centre de toutes ses politiques.  L’expérience du Rwanda nous a appris que, quelle que soit la gravité de la situation, le succès est toujours possible, a affirmé M. Kagame.  Entre-temps, l’expérience du Cameroun ou de l’Éthiopie illustre l’échec à gérer la diversité de la population, a fait observer l’ancien Président de l’Afrique du Sud et Président de la Fondation Thabo Mbeki (TMF).  

La vérité « incontestable » est que le succès dans la gestion de la diversité ne peut venir et ne viendra pas des armes.  À la fin de la guerre du Biafra en 1970, a rappelé l’ancien Président sud-africain, ceux qui ont remporté la mise ont déclaré qu’il n’y aurait « ni vainqueur ni vaincu », et c’est exactement ce qu’il faut en Éthiopie aujourd’hui.  Il a également conseillé au Conseil de sécurité d’accepter la primauté de la dimension politique pour assurer une paix durable et contribuer à l’édification des États, en relevant le défi de la gestion efficace de la diversité.  

Aux niveaux national et local, l’État doit protéger l’unité et la cohésion nationales, et respecter la différence, a prescrit le Président du Kenya, M. Uhuru Kenyatta.  Il a rappelé qu’alors que le Kenya était confronté, au début de l’année 2018, à une dangereuse division politique, la poignée de main qu’il a échangée avec le chef de l’opposition a rétabli la cohésion et l’unité du pays.  C’était plus qu’un geste politique: nous proposions d’insérer l’unité, la sécurité et la prospérité du Kenya au cœur de notre politique.  

Le Président a réclamé une analyse des institutions internationales pour voir si elles sont aptes à construire un monde plus inclusif et à gérer la diversité.  L’ONU et la Commission de consolidation de la paix doivent inclure la gestion de cette diversité comme composante de la stabilisation d’un État.  Le système des Nations Unies doit travailler en étroite collaboration avec les États et les organisations régionales, conformément à leurs exigences et besoins nationaux.  On ne saurait imposer des solutions de l’extérieur, a martelé le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Shri V. Muraleedharan.   

La gestion de la diversité est un défi encore plus évident en Afrique, où les frontières ont été arbitrairement tracées par les anciennes puissances coloniales, a souligné le Niger dans des propos repris par la Chine et la Fédération de Russie.  La viabilité et la stabilité politique de ces nouvelles entités ont été fonction de la capacité des gouvernants à tenir compte de sensibilités ethniques, raciales et tribales dans un système politique capable de procurer aux citoyens un sentiment d’appartenance et de participation dans la gouvernance politique et économique de leur nation.    

Aujourd’hui, a constaté le Niger, avec les effets de la pandémie de COVID-19 et l’utilisation abusive des nouvelles technologies de l’information, il est démontré que, même dans les pays à tradition démocratique bien établie, la problématique de la gestion de la diversité reste un sérieux problème avec la montée de la xénophobie, le racisme et la stigmatisation des minorités, notamment du fait de la propagation de fausses informations et des discours de haine à travers les médias sociaux.  

CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX

Diversité, édification de l’État et recherche de la paix - S/2021/854

La paix ne se trouve pas sur un morceau de papier, a prévenu M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Elle se trouve chez les gens et, plus précisément, dans une diversité de personnes d’horizons différents qui se réunissent pour tracer une voie commune pour leur pays.  Sans l’implication d’un large éventail de voix à chaque étape des processus, la paix ne peut être que de courte durée.  Les anciens griefs, les inégalités, la méfiance et les divisions sociales ne disparaissent pas quand les combats cessent.  Ils peuvent facilement s’embraser de nouveau et s’aggraver si les personnes et les groupes avides de changement ne voient pas leurs besoins et leur vision de l’avenir pris en compte.  Nous voyons ce cycle se dérouler tout autour de nous, a fait observer le Secrétaire général. 

M. Guterres a relevé la tendance « indéniable » de la forte augmentation du nombre de groupes armés non étatiques au cœur des conflits, composés de rebelles, d’insurgés, de milices, de gangs criminels, de trafiquants armés et de groupes terroristes et extrémistes.  Beaucoup s’unissent autour d’identités communes ou de croyances partagées.  D’autres sont des opportunistes, poussés par le profit du crime ou la tentation du pouvoir.  Nous assistons également, a ajouté le Secrétaire général, à une augmentation des coups d’état militaires.  L’étude conjointe ONU-Banque mondiale « Pathways for Peace » indique que de nombreux conflits sont profondément enracinés dans les inégalités persistantes entre les groupes.  Les gens se sentent exclus et marginalisés et se voient refuser les mêmes opportunités et la même justice que leurs voisins, en raison de leur culture, de leur race, de leur couleur de peau, de leur origine ethnique ou de leurs revenus.  

Si les inégalités existent dans tous les pays, elles sont particulièrement endémiques dans ceux où les services sociaux de base comme la santé, l’éducation, la sécurité et la justice font défaut.  Ces inégalités existent aussi là où les cicatrices du colonialisme sont encore visibles, et quand elles sont combinées à des structures de gouvernance faibles, elles créent un vide facilement exploitable comblé par les voix de l’intolérance et de l’extrémisme qui peuvent conduire à des conflits violents.  Dans ce contexte, a préconisé le Secrétaire général, les pays qui cherchent à construire une paix durable doivent le faire en incluant et en impliquant tous les segments de la population.  Cette idée est au cœur des résolutions jumelles que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont adoptées, en 2015 et en 2020, sur l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU mais aussi au cœur de mon nouvel agenda pour la paix explicité dans « Notre Programme commun », a souligné le Secrétaire général.  

Les institutions et les lois nationales doivent fonctionner pour tout le monde et cela veut dire, protéger et promouvoir les droits de l’homme, y compris les droits à la santé, à l’éducation, à la protection et aux opportunités.  Cela signifie aussi mettre en œuvre des politiques et des lois qui protègent les groupes vulnérables ou encore travailler avec tous les partenaires pour développer des capacités nationales plus fortes.  Parallèlement, les pays devraient envisager de donner plus de place aux régions infranationales.  Ceux qui sortent de plusieurs années d’instabilité ne peuvent se permettre d’ignorer l’opinion de pans entiers de la population au risque d’attiser les rancœurs.  

Les femmes, les jeunes et les plus marginalisés doivent dûment être impliqués.  En tant que communauté mondiale, nous devons continuer à encourager et à soutenir la participation pleine et active des femmes et des jeunes dans ce voyage.  La diversité ne doit pas être considérée comme une menace.  C’est une source de force.  Un ancrage de paix et de stabilité, a conclu M. Guterres.   

La condition préalable à une paix durable est une compréhension commune des causes profondes d’un conflit par tous les segments de la société, a estimé M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda.  Tirant les enseignements de l’expérience du Rwanda, il a souligné que la consolidation de la paix doit être comprise comme un processus continu et une recherche constante de solutions par le dialogue et le consensus.  S’il n’est toujours pas possible d’empêcher entièrement tous les conflits, leur intensité et leur impact peuvent néanmoins être atténués, grâce à des efforts pour satisfaire les besoins et les attentes des populations.  Cela signifie, s’est expliqué le Chef d’État, investir dans la capacité des institutions et des individus d’obtenir les résultats que les citoyens attendent et méritent.

Il n’est pas de modèle universel qui puisse être transféré automatiquement d’un contexte à un autre, a poursuivi M. Kagame.  Les conseils et les exemples de l’extérieur peuvent être utiles pour encourager la réflexion et trouver de nouvelles approches, et le Rwanda a bénéficié de ces partenariats.  Le Président a ensuite attiré l’attention sur la faculté croissante des médias sociaux d’exploiter les vecteurs de division qui peuvent rapidement effilocher le tissu social.  La consolidation de la paix n’est pas une entreprise purement technique, a averti le Président.  Elle est profondément politique et humaine et elle doit tenir compte de l’émotion et de la mémoire collectives que chaque partie met sur la table.

Les organisations multilatérales telles que l’ONU et l’Union africaine jouent un rôle central dans de nombreuses situations.  Les groupes de la société civile, en particulier ceux dirigés par des femmes, jouent également un rôle crucial tout comme les chefs d’entreprise.  Toutefois, a nuancé le Président, même si nous avons eu l’occasion de tirer les leçons des échecs et des succès des processus de consolidation de la paix, la boîte à outils de la communauté internationale n’a guère changé.  Le Rwanda post-génocide est marqué par une attention constante portée à l’unité nationale, à l’inclusion et à la prestation de services.  L’Afrique recèle d’autres exemples positifs, a dit M. Kagame insistant sur le caractère essentiel d’un partenariat pratique et tangible.  Il a terminé en disant que l’expérience du Rwanda nous a appris que, quelle que soit la gravité de la situation, le succès est toujours possible.

M. THABO MBEKI, ancien Président de l’Afrique du Sud et Président de la Fondation Thabo Mbeki (TMF), a attiré l’attention sur l’étude qu’a publiée, il y cinq ans, « World Peace Foundation produced », intitulée « La politique africaine, la paix africaine ».  L’étude dit que placer au centre des réponses de l’Union africaine « la primauté de la dimension politique » est essentiel.  Elle insiste sur cette primauté dans l’élaboration et la mise en œuvre des opérations de paix.  L’étude dit aussi que l’action préventive est la seule tâche essentielle des missions de paix de l’Union africaine et qu’elle exige un accès « exceptionnel » au plus haut niveau du processus de prise de décisions, ainsi que de la crédibilité et de la discrétion.  L’accent mis sur la primauté de la dimension politique, a expliqué M. Mbeki, veut dire que le règlement des conflits ne doit pas seulement être motivé par les considérations sécuritaires.  Cet accent veut dire que le règlement d’un conflit doit comprendre des solutions à leurs causes sous-jacentes, à savoir ne pas se contenter de faire taire les armes mais assurer véritablement une paix durable.

L’ancien Président sud-africain a invoqué sa propre expérience de médiateur pour affirmer que l’échec à gérer la diversité est l’une des causes sous-jacentes des conflits et de la violence.  Citant les cas de la République démocratique du Congo, du Burundi, de la Côte d’Ivoire ou encore du Soudan, M. Mbeki a attiré l’attention sur le Rapport qu’a publié en 2004 la Commission Vérité et Réconciliation de la Sierre Leone qui dit sans ambages que c’est l’échec à gérer la diversité qui a plongé le pays dans une guerre meurtrière de 11 ans.  Aujourd’hui, a dit M. Mbeki, nous voyons les conséquences de cet échec au Cameroun et en Éthiopie.  La vérité « incontestable » est que le succès dans la gestion de la diversité ne peut venir et ne viendra pas des armes. 

En Éthiopie, a préconisé l’ancien Président, les parties prenantes doivent s’engager en faveur d’un cessez-le-feu permanent, se lancer dans un dialogue inclusif et se mettre d’accord sur ce qu’il faut faire pour parvenir à l’objectif noble et important de « l’unité dans la diversité ».  À la fin de la guerre du Biafra en 1970, ceux qui ont remporté la mise ont déclaré qu’il n’y aurait « ni vainqueur ni vaincu » et c’est exactement ce qu’il faut en Éthiopie aujourd’hui, a insisté M. Mbeki.  Il a également conseillé au Conseil de sécurité d’accepter la primauté de la dimension politique pour assurer une paix durable et contribuer à l’édification des États, en relevant le défi de la gestion efficace de la diversité.

Mme FAWZIA KOOFI, Vice-Présidente du Parlement d’Afghanistan, a déclaré que l’avenir de l’Afghanistan est « le dernier test » de notre capacité à nous rassembler pour défendre les principes de la Charte des Nations Unies face à l’adversité.  À l’heure où nous parlons, a-t-elle dit, les femmes et les hommes qui ont consacré leur vie à la réalisation de la paix et à la promotion de l’état de droit, de la justice et de l’égalité, des personnes qui ont sacrifié leur vie pour protéger et servir les autres vivent sous une grave oppression imposée par « le pouvoir d’exclusion et de tyrannie ».  Ce qui se passe en Afghanistan devrait nous préoccuper tous et nous devons nous unir pour tenir les Taliban responsables de ce qui se passe aujourd’hui.  

Mme Koofi a estimé que la situation afghane montre à quel point les déséquilibres du pouvoir sont à l’origine de tant de conflits et d’inégalités.  Les règles du jeu ont été écrites « principalement » pour l’intérêt des hommes et leur permettre de garder plus facilement le pouvoir.  Or, pour construire des sociétés pacifiques, prospères et inclusives, l’égalité des sexes doit être « un objectif en soi » et « la clef » pour atteindre les 16 autres objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nos processus politiques, nos structures et nos méthodes de travail doivent être plus réactifs aux besoins des femmes. 

L’autre domaine où les déséquilibres du pouvoir peuvent faire beaucoup de mal, c’est la mise à l’écart des minorités.  Trop souvent, s’est expliquée la parlementaire, les minorités sont confrontées à de multiples formes de discrimination, entraînant la marginalisation et l’exclusion, au risque de menacer la société tout entière.  La communauté internationale doit « clairement » indiquer qu’elle ne collaborera pas avec les « autorités de Kaboul » tant qu’elles ne travailleront pas avec toutes les parties pour tracer une voie claire au respect des droits fondamentaux de tous les segments de la société, en particulier les femmes et les filles, et tant qu’elles n’assureront pas un retour rapide à l’ordre constitutionnel par le biais d’élections auxquelles chacun doit pouvoir participer.  N’oublions pas qu’un Afghanistan sûr, stable et juste, c’est un monde sûr, a-t-elle résumé. 

La mauvaise gestion de la diversité entraîne de graves menaces pour la paix et la sécurité internationales, a d’emblée alerté M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya.  Les inégalités dans les États et entre eux sont trop souvent le résultat de l’exclusion sur la base de l’identité, une exclusion souvent institutionnalisée dans la gouvernance et les relations économiques nationales et internationales.  Il en résulte un profond sentiment d’injustice et de rancœur exploitable par les populistes et les démagogues lorsqu’il est véhiculé par les médias sociaux.  Le Président y a vu la cause du déficit de confiance dans les institutions et de l’affaiblissement de la légitimité de l’État.  

Les images d’hommes et de femmes désespérés sur des radeaux à la recherche d’opportunités économiques mettent en lumière le caractère inadéquat du système politique et économique international.  Ce système n’est plus adapté à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a averti le Président, dénonçant les modèles préconisés par les institutions internationales qui ne tiennent pas compte de la diversité, des besoins et des différences entre les situations.  Le nationalisme vaccinal, les interdictions de voyager et les listes rouges attisent davantage les divisions entre les États riches et les États pauvres, montrant l’incapacité à faire face à un monde diversifié.  Ce sont aussi des facteurs majeurs dans la plupart des situations de conflit dont le Conseil de sécurité est saisi, a souligné le Président.

« Nous devons nous en occuper », a lancé M. Kenyatta.  Aux niveaux national et local, a-t-il préconisé, l’État doit protéger l’unité et la cohésion nationales, et respecter la différence.  Le Président a rappelé qu’alors que le Kenya était confronté, au début de l’année 2018, à une dangereuse division politique, la poignée de main qu’il a échangée avec le chef de l’opposition a rétabli la cohésion et l’unité du pays.  C’était plus qu’un geste politique: nous proposions d’insérer l’unité, la sécurité et la prospérité du Kenya au cœur de notre politique. 

Parmi ses recommandations, le Président a réclamé une analyse des institutions internationales pour voir si elles sont aptes à construire un monde plus inclusif et à gérer la diversité, en particulier durant cette crise de COVID-19.  Il a aussi dit attendre beaucoup de la COP26 à Glasgow, le mois prochain, qui doit offrir, avec des mesures fortes sur l’adaptation, une voie claire et viable pour une industrialisation verte de l’Afrique et des pays du Sud.  Pour le Président, l’ONU, les organisations régionales et les donateurs devraient se concentrer sur le renforcement des capacités nationales et arrêter de mettre « exclusivement » l’accent sur la bonne gouvernance comme norme universelle.  L’ONU et la Commission de consolidation de la paix doivent inclure la gestion de la diversité comme composante de la stabilisation d’un État.  Le Président a conclu en prônant une approche commune entre les États, le système des Nations Unies et les médias sociaux pour lutter contre le discours de haine.  Il a dit espérer un code de conduite mondial pour détecter les incitations à l’affrontement et faciliter les mesures préventives. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dit qu’il n’y a pas de société, pas de région, pas de pays qui ne soit confronté à du racisme.  Nous ne prétendons pas être parfaits et quand la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a publié un rapport, en juillet 2021, sur le racisme et la brutalité policière contre les personnes d’ascendance africaine, nous avons, a dit la représentante, non seulement reconnu les faits mais nous avons invité les deux rapporteurs spéciaux sur les formes contemporaines de racisme et les droits des minorités.  Lutter contre la brutalité et faire progresser l’équité raciale est une priorité essentielle de l’Administration Biden-Harris, a insisté Mme Thomas-Greenfield. 

Elle a donc exhorté tous les États Membres à faire progresser la diversité et l’inclusion, à être totalement transparents devant ces « formidables » défis et à travailler sans relâche pour mettre fin au racisme, au sexisme, à la discrimination religieuse et à la xénophobie.  Nous devons mettre en place de plus grandes protections pour toutes les minorités raciales, ethniques et religieuses, les personnes handicapées, les personnes LGBTQI+, ainsi que les peuples autochtones, a insisté la représentante.  Elle a souligné la valeur ajoutée des organisations régionales et sous-régionales dans la prévention, le maintien, le rétablissement et la consolidation de la paix ainsi que dans la lutte contre le terrorisme. 

Nous devons, a poursuivi la représentante, tous travailler ensemble pour promouvoir les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit et nous devons le faire en particulier ici, au Conseil de sécurité.  Elle a noté que la Commission de consolidation de la paix a un rôle rassembleur important à jouer dans ce travail, pour mobiliser l’attention et l’engagement en faveur des efforts internationaux de consolidation de la paix.  Des partenariats locaux et une coopération internationale solides sont des éléments essentiels pour favoriser la stabilité et la résilience, en particulier dans les États fragiles.  La représentante a mis l’accent sur le rôle vital du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, en ajoutant que comme les femmes rendent le monde plus pacifique, elles devraient, à ce titre, être habilitées à participer de manière significative aux efforts de paix.  

Sans les femmes, nous ne réaliserons pas les progrès que nous recherchons, a prévenu Mme Thomas-Greenfield avant de s’inquiéter, à son tour, des médias sociaux et de leur capacité d’amplifier les forces négatives, dont les phénomènes de haine.  En travaillant ensemble, nous pouvons vaincre ces forces de la division.  Embrasser la diversité et célébrer son identité et celle des autres, c’est le meilleur moyen de propager la paix et la sécurité dans le monde, a affirmé la représentante. 

M. SHRI V. MURALEEDHARAN, Ministre d’État, en charge des affaires étrangères et des relations avec le Parlement de l’Inde, a déclaré que son pays, qui suit les leçons du père de la Nation, Mahatma Ghandi, a beaucoup à offrir sur la façon dont la diversité des identités, qu’elles soient ethniques, régionales, religieuses, linguistiques ou autres, peuvent se réunir et vivre comme une seule nation.  L’Inde sait aussi que plusieurs pays ont réussi à surmonter les défis postconflit, notamment l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone, le Rwanda et le Burundi, qui ont chacun été des exemples de transition réussie, et le Soudan du Sud qui se lance aujourd’hui dans une transition.  

Ces sociétés sont diverses et elles ont réussi à maintenir la paix grâce à une approche inclusive.  Le défi sera toujours de trouver un compromis entre le court et le long terme.  Le système des Nations Unies doit donc travailler en étroite collaboration avec les États et les organisations régionales, conformément à leurs exigences et besoins nationaux.  On ne saurait imposer des solutions de l’extérieur, a martelé le Ministre.

Il a également souligné que le terrorisme est « une manifestation claire » de la manière dont les forces hostiles à l’unité et à la diversité peuvent chercher à détruire la cohésion sociale et le tissu démocratique, en fomentant, entre autres, la désaffection, la haine et la violence.  La propagation croissante du terrorisme en Afrique devient de ce fait « un grave sujet de préoccupation », d’autant plus « plus regrettable », que ces forces et groupes terroristes reçoivent les encouragements des États Membres qui cherchent à diviser les communautés en légitimant les activités terroristes.  Il devient alors important que les organisations des Nations Unies prennent appui sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et ne donnent aucun encouragement ou excuse, même indirectement, aux efforts des États Membres pour justifier le terrorisme de quelque manière que ce soit, a tranché le Ministre.  

En ce qui concerne les identités religieuses, l’Inde, a-t-il affirmé, constate une nouvelle forme de phobie religieuse.  Alors que l’antisémitisme, l’islamophobie et la christianophobie sont condamnés, l’on ne reconnaît toujours pas qu’il existe des formes « plus virulentes » de phobies religieuses qui émergent et prennent racine, notamment les phobies anti-hindoues, anti-bouddhistes et anti-sikhs.  L’on voit la destruction de temples, la glorification de la destruction d’idoles dans les temples, la violation des locaux des gurudwaras, le massacre de pèlerins sikhs dans les gurudwaras, la destruction des bouddhas de Bamyan et d’autres sites religieux emblématiques.  Or l’incapacité de la communauté internationale à reconnaître ces « atrocités » ne fait qu’encourager les « forces » qui les commettent à penser que leurs actes contre certaines religions sont plus acceptables que celles contre d’autres.  Si nous choisissons d’être sélectifs dans la critique de ces phobies ou de les ignorer, nous le faisons à nos risques et périls, a prévenu le Ministre. 

Qu’il s’agisse aujourd’hui de l’Afghanistan, de la Bosnie-Herzégovine, du Mali ou de la République arabe syrienne, la gestion de la diversité reste un défi pour la stabilité et la viabilité de l’État moderne, a observé à son tour, M. ABDOU ABARRY (Niger).  Cette assertion, a-t-il estimé, est aujourd’hui encore plus évidente en Afrique, où les frontières ont été arbitrairement tracées par les anciennes puissances coloniales.  La viabilité et la stabilité politique de ces nouvelles entités ont été fonction de la capacité des gouvernants à tenir compte de sensibilités ethniques, raciales et tribales dans un système politique capable de procurer aux citoyens un sentiment d’appartenance et de participation dans la gouvernance politique et économique de leur nation.

L’histoire politique récente du continent montre que là où cet équilibre a fait défaut, la non-satisfaction des revendications identitaires, politiques et de participation économique et politique légitimes a conduit à des troubles internes, qui ont pris la forme de rebellions, de guerres civiles, de coups d’état et même pire, des génocides.  Aujourd’hui, avec les effets de la pandémie de COVID-19 et l’utilisation abusive des nouvelles technologies de l’information, il est démontré que même dans les pays à tradition démocratique bien établie, la problématique de la gestion de la diversité reste un sérieux problème avec la montée de la xénophobie, le racisme et la stigmatisation des minorités, notamment du fait de la propagation de fausses informations et des discours de haine à travers les médias sociaux.

Pour faire face à ces défis de gestion de leurs diversités, les États, a conseillé le représentant, doivent résolument s’engager à asseoir un système de gouvernance politique et économique inclusif qui garantisse la participation de toutes les composantes nationales dans la gestion de la chose publique à travers un cadre démocratique.  Tirant les leçons de son passé politique et sécuritaire, le Niger, a affirmé le représentant, s’est résolument engagé à asseoir et consolider ses institutions démocratiques pour donner la chance à tous ses filles et fils de participer à la vie politique et économique.  Il a rappelé la première alternance politique pacifique qui a vu, cette année, la passation de pouvoir entre un président élu et son successeur, lui-même démocratiquement élu.  Le pays a aussi mis en place la Haute autorité de la consolidation de la paix afin d’assurer le suivi et le traitement des causes profondes de conflit de manière durable.  Cette instance, qui se veut un instrument de dialogue entre les communautés nationales et de promotion de l’inclusion et de la participation des communautés à la vie politique et économique, a renforcé la cohésion et l’unité nationales.  Le représentant a conclu en soulignant le rôle des organisations régionales et en arguant que l’implication de la communauté internationale, incarnée par les Nations Unies, dans les conflits internes ne doit intervenir qu’en dernier ressort.  

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que l’histoire a démontré, de la Bosnie au Rwanda, comment l’identité peut être « militarisée » pour marginaliser des populations déjà vulnérables, alimenter l’extrémisme, violer les droits de l’homme et déclencher les guerres.  Au Myanmar, l’exclusion des Rohingya s’est transformée en violences systématiques et en déplacements forcés.  La représentante a fustigé les politiques identitaires et les discours de haine qui divisent les communautés en Éthiopie et exacerbent un conflit qui plonge 400 000 personnes dans la famine.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à ne pas rester « les bras croisés » alors que la violence s’intensifie.   

Mme Woodward a salué l’importance des opérations de paix des Nations Unies, dont la fonction de surveillance des droits de l’homme est critique pour l’alerte précoce.  Elle a rendu hommage aux dirigeants politiques, médiateurs et conseillers des Nations Unies qui facilitent les processus de paix inclusifs.  Elle a noté la pertinence de la Commission et du Fonds de consolidation de la paix.  Elle a tout de même reconnu que le système des Nations Unies peut faire un meilleur travail dans l’anticipation des menaces à la paix.  Elle a conseillé aux entités onusiennes qui s’occupent du développement d’intégrer les approches de consolidation de la paix maintenant, pour éviter les crises humanitaires plus tard.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que c’est « d’abord » par la parole politique au plus haut niveau que se construit la paix.  Pour preuve, l’ancien Président sud-africain et l’actuel Président du Rwanda ont tous deux su, dans leurs pays, trouver les mots justes et prendre les actions nécessaires pour réconcilier et reconstruire, a-t-il relevé.  Pour la France, la lutte contre toutes les formes de discrimination doit s’inscrire dans une approche universelle et indivisible, c’est-à-dire fondée sur l’égalité de tous les individus, sans distinction.  De la même manière, le règlement des conflits « ne peut » passer que par des processus politiques inclusifs, tandis que l’éducation et l’inclusion de toutes les composantes de la société doivent être au cœur de ces efforts pour permettre une réconciliation durable. 

La France estime par ailleurs, a poursuivi le représentant, que la consolidation de la paix doit préserver la diversité.  C’est « d’abord et avant tout », la responsabilité de chaque État.  C’est le sens de la démarche menée par la France pour une compréhension historique partagée du génocide des Tutsis.  C’est aussi le sens de son engagement à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper à la justice, notamment pour les crimes commis en Iraq.  La France soutient le Fonds de consolidation de la paix qui doit continuer à appuyer la redevabilité et la lutte contre l’impunité, comme il le fait déjà en République démocratique du Congo à travers son programme Paix, Justice, Réconciliation et Reconstruction au Kasaï Central.  La France, a conclu le représentant, a multiplié par quatre ses contributions en 2021 pour atteindre 4,6 millions de dollars et continuera de tout mettre en œuvre pour faire de la diversité un facteur de paix. 

S’appuyant sur une étude conjointe des Nations Unies et de la Banque mondiale, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a relevé que les conflits violents ont atteint les niveaux les plus élevés au cours de ces 30 dernières années et qu’il est prévu que, d’ici à 2030, les deux tiers des personnes vivant dans l’extrême pauvreté habiteront dans des situations de fragilité, de conflit et de violence.  L’exclusion, les inégalités, la discrimination systémique, la désinformation et l’incitation à la haine alimentent les cycles de violence, a noté le représentant, avant de rappeler les tensions religieuses ou ethniques qui ont été à l’origine de génocides au Rwanda et à Srebrenica. 

D’autres facteurs, tels que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire, les transformations technologiques incontrôlées qui aggravent l’exclusion, l’extrémisme et le commerce « irresponsable des armes », ainsi que l’extrême pauvreté, exacerbent les conditions propices à la violence et aux conflits.  Les minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, et autres personnes en situation de vulnérabilité, sont souvent les plus touchées par l’exclusion et les conflits.  Il faut donc, a dit le représentant, créer une culture de la coexistence qui valorise la diversité et dans laquelle chacun se sente intégré. 

Soulignant l’importance d’une approche préventive, le représentant a estimé que le respect des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de l’état de droit et de l’inclusion sont des piliers essentiels de la diversité.  Il a appelé au renforcement des mécanismes d’alerte précoce pour identifier les risques et les facteurs de risque.  Il a aussi souligné l’importance d’une participation pleine et effective des femmes, des jeunes et de la société civile au travail de prévention.  Enfin, le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à renforcer le dialogue avec d’autres organes principaux tels que l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC), le Conseil des droits de l’homme et la Commission de consolidation de la paix pour éviter que les problèmes de développement et les violations des droits de l’homme ne se traduisent en conflit.  La paix durable ne peut être atteinte qu’en mettant la prévention des conflits, le développement durable et le respect des droits humains au centre de l’action des Nations Unies et des politiques nationales. 

S’attaquer aux causes des conflits, c’est lutter contre la pauvreté, le chômage et la marginalisation socioéconomique et politique, c’est éradiquer la faim et l’insécurité alimentaire aiguë, et c’est lutter contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, a énuméré Mme HALIMAH AMIRAH FARIDAH DESHONG (Saint-Vincent-et-les Grenadines).  Elle a attiré l’attention sur l’héritage durable du sous-développement et des traumatismes nés des violations des droits de l’homme, y compris les crimes historiques, l’esclavage, le génocide et la colonisation, lesquels ont entraîné un racisme « systémique » qui persiste à ce jour. 

Mme DeShong a demandé aux organes et institutions spécialisés de l’ONU de travailler ensemble pour renforcer et accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Des solutions pratiques, centrées sur les personnes et respectueuses du climat, doivent être mises en œuvre conformément aux besoins particuliers, aux perspectives culturelles et aux priorités nationales de tous les pays concernés.  Les institutions financières internationales et les pays du Nord doivent intensifier leurs initiatives de renforcement des capacités et d’aide au développement, a ajouté la déléguée, qui a aussi réclamé une action multilatérale contre le terrorisme, la cybercriminalité, la COVID-19 et les changements climatiques.  Elle a en outre dénoncé les campagnes de désinformation, de manipulation et les discours de haine qui sapent les processus de consolidation de l’État.  La prévention des conflits et la consolidation de la paix doivent respecter les principes du droit international et être sensibles à la diversité démographique, aux sensibilités culturelles et au niveau de développement de chaque pays, a conclu la représentante.

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a prévenu que, sans inclusion, la diversité peut conduire à des tensions, à des troubles sociaux et même à la violence et aux conflits, compte tenu des incitations, des discours de haine et de la désinformation.  Il a donc voulu que l’on mette l’accent sur la prévention des conflits dont la responsabilité première revient à l’État.  Les États, a-t-il précisé, doit travailler à une stratégie de prévention efficace qui exige des mesures à court et à long terme dans les domaines politique, diplomatique, humanitaire, du développement et des institutions.  En la matière, le rôle des Nations Unies et de la communauté internationale est d’appuyer les efforts nationaux de prévention des conflits et de renforcement des capacités.  

Les États doivent aussi, a poursuivi le représentant, prendre des mesures pour promouvoir la réconciliation et l’unité nationales par un dialogue inclusif avec la participation de tous, y compris des femmes, des jeunes, des personnes âgées et des groupes vulnérables, de manière à réduire le fossé entre les différences ethniques, religieuses et culturelles.  Les États doivent enfin renforcer la coopération avec les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales de consolidation de la paix et accorder toute l’attention requise à la mobilisation des ressources.  Le représentant a appelé à des efforts plus coordonnés, plus cohérents et plus intégrés entre les missions et les équipes de pays des Nations Unies, les organisations régionales et les acteurs du développement.  En toute chose, a-t-il conclu, il faut respecter les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures et l’indépendance politique des États, et garder l’œil sur le niveau de développement des pays, leurs contextes historiques et leurs particularités, a conclu le représentant, au nom d’un pays aux 54 groupes ethniques.

Mme MONA JUUL (Norvège) a d’abord prévenu qu’il n’y aura pas de stabilité, de prospérité et de paix durable en Afghanistan sans une participation significative des femmes.  Elle a donc regretté que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme n’ait pas été en mesure d’intervenir aujourd’hui.  La représentante a ensuite fait état de trois leçons tirées de l’expérience et d’abord que les institutions politiques inclusives sont essentielles au maintien de la paix.  Garantir l’inclusion et la participation peut prévenir l’exploitation de l’éventuelle frustration des groupes marginalisés.  Il faut donc des processus et des mécanismes parfaitement inclusifs, tenant compte des différentes cultures, races, ethnies, langues et religions mais aussi de la voix des femmes, dans toutes les phases des processus de paix. 

La deuxième leçon est l’importance de parler à tous les acteurs concernés pour résoudre les conflits, dont les acteurs armés non étatiques.  Les contacts favorisent la confiance et une meilleure compréhension des intérêts sous-jacents, s’est-elle expliquée, en mettant en avant une méthodologie qui a bien fonctionné avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), les Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC) et l’Armée de libération nationale (ELN) en Colombie et les Maoïstes au Népal.  La troisième leçon est que l’engagement avec les parties ne s’arrête pas à la signature d’un accord de paix.  La représentante a jugé que la Commission de consolidation de la paix est particulièrement bien placée pour comprendre comment les modèles d’exclusion et les revendications d’inclusion sont liés à son travail. 

La représentante a donc jugé utile une collaboration plus étroite entre la Commission et le Conseil de sécurité et de manière plus générale entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  L’inclusion, a-t-elle dit, ce n’est pas dire qui doit ou ne doit pas s’asseoir à la table des négociations.  C’est faire de la place à tous ceux qui veulent participer à la réalisation de la paix.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a reconnu que beaucoup de conflits sont liés à des questions d’identités ethniques, religieuses, sectaires, sexuelles et culturelles ainsi qu’aux inégalités socioéconomiques.   Les efforts de consolidation de la paix en pâtissent, a fait remarquer le représentant, dénonçant, à son tour, les groupes terroristes et extrémistes qui exploitent les divisions et la crise sanitaire provoquée par la COVID-19.  Pour résoudre ces conflits, a suggéré le délégué, il faut mettre la diversité dans tous les aspects des efforts.  Les processus d’édification de l’État doivent être inclusifs et garantir la participation de toutes les parties prenantes à la vie politique, en particulier des femmes.  Le représentant a également demandé un appui en matière de renforcement de capacités pour que les États puissent mieux intégrer la diversité.  

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déclaré que maintenir la stabilité sera encore plus difficile, si l’on ne démantèle pas « à temps » les identités radicalisées, en particulier dans le contexte où des groupes extrémistes utilisent le cyberespace pour mobiliser leurs partisans.  Pour autant, le respect de la diversité ne signifie pas tolérer les tentatives autoritaires de limiter la liberté d’expression et de supprimer d’autres droits de l’homme et libertés fondamentales.  La promotion et la protection des droits de l’homme comptent parmi les moyens les plus efficaces de prévention des conflits, a souligné le représentant.  Non seulement l’Estonie rappelle le rôle important des femmes dans la consolidation de la paix, mais elle appuie pleinement l’Appel à l’action du Secrétaire général pour les droits de l’homme, a souligné le représentant, en estimant que cette vision « transformatrice » sous-tend le travail de l’ensemble du système des Nations Unies.  Le respect des droits de l’homme est essentiel pour s’attaquer aux causes générales de toutes les crises complexes et pour construire des sociétés durables, sûres et pacifiques, a-t-il insisté. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a fustigé la responsabilité et les conséquences de la colonisation qui ont perturbé les processus naturels de formation des États en Afrique où les frontières tracées arbitrairement ont divisé les peuples.  Une telle politique, dont l’imposition de langues et coutumes étrangères, ne pouvait que contribuer à l’émergence des conflits interconfessionnels et interethniques, a estimé le représentant qui a aussi reproché « aux empires coloniaux » d’avoir laissé délibérément derrière eux des lignes de division artificielles, dans l’espoir de maintenir leur influence, selon le principe « diviser pour mieux régner ». 

Ces processus néocoloniaux sont malheureusement toujours en cours dans de nombreux pays africains, caractérisés par un contrôle financier direct ou indirect, ainsi que des relations bilatérales « asymétriques ».  L’exploitation des ressources naturelles se poursuit, conjuguée désormais à de nouvelles règles inventées par l’Occident, dont les sanctions unilatérales, les guerres commerciales et même les « changements de régime » violents.  Les élections et les tribunaux spéciaux « imposés » ne font souvent qu’exacerber les contradictions existantes lorsqu’ils sont utilisés pour consolider la victoire d’une partie aux dépens de l’autre et pour permettre à des puissances étrangères de s’ingérer dans les affaires intérieures d’États affaiblis par les conflits. 

Nous sommes convaincus, a dit le représentant, que l’instauration d’une paix durable n’est pas possible sans la prise en compte des traditions et spécificités locales.  Il a d’ailleurs cité en exemple les juridictions locales comme les gacaca au Rwanda.  Les enjeux de la justice transitionnelle au Conseil de sécurité ne devraient pas conduire à « une formule universelle » mais à un travail concret avec les spécificités des pays.  Le représentant a exhorté l’ONU à éviter de dicter mais plutôt à appuyer et compléter les initiatives nationales.  

Les lois doivent préserver les caractéristiques ethniques et religieuses de tous.  La Fédération de Russie, a-t-il rappelé, est un État multinational et multiconfessionnel qui a traversé des périodes difficiles dans son histoire et qui respecte le droit de chaque nation de choisir sa propre voie de développement, « sans recette imposée de l’extérieur ».  Nous sommes prêts à partager notre expérience « unique et vaste » de la coexistence pacifique entre diverses civilisations, religions et cultures, a assuré le représentant, avant de saluer les efforts de l’Union africaine pour bâtir une société africaine inclusive.  

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dit au Conseil que lorsqu’il cherche à consolider et à maintenir la paix, le plein respect des droits de l’homme de tous les peuples doit être son mot d’ordre, y compris les droits des groupes marginalisés, des femmes, de la communauté LGBTQI+, des groupes ethniques et religieux.  Citant John Hume, artisan de la paix irlandais, la représentante a dit que « la différence est l’essence de l’humanité.  La différence est un accident de naissance et elle ne devrait donc jamais être une source de haine ou de conflit ».  La différence seule ne provoque pas de conflit, a-t-elle ajouté.  Le Conseil doit reconnaître que les violations des droits de l’homme peuvent être le prélude et même le moteur d’un conflit.  La représentante a rappelé que, bien souvent, ce sont des femmes courageuses, comme Fawzia Koofi en Afghanistan, Hala Al Karib au Soudan et Shukria Dini en Somalie, qui vont au-delà des divisions communautaires pour faire la paix, comme l’a d’ailleurs fait la Coalition des femmes d’Irlande du Nord.  Le courage de ces femmes, a déclaré la déléguée, montre que la paix doit être inclusive et fondée sur des partenariats.  

Comme le retrait d’une opération de maintien de la paix est un test décisif pour la durabilité de la paix, toute présence reconfigurée de l’ONU doit, en coopération avec les institutions financières internationales et les organisations régionales et sous-régionales, être prête à intervenir et préserver la paix.  Il s’agit d’un point d’inflexion essentiel, en particulier lorsqu’il s’agit de ne pas rouvrir les plaies de la division, y compris celles fondées sur l’identité.  L’adoption à l’unanimité par le Conseil de la résolution 2594 (2021) est la reconnaissance du fait que les transitions doivent être inclusives, menées et dirigées par les pays eux-mêmes, a rappelé la représentante. 

M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que la diversité est une force perpétuelle qui favorise le développement humain mais qui peut parfois être une source de tensions et de conflits.  Les fragilités de nombreux pays, a-t-il tranché à son tour, sont la conséquence de l’histoire coloniale, dont les frontières tracées arbitrairement et les structures économiques qui sont l’héritage des « empires coloniaux » sans lien aucun avec la réalité et les besoins des pays décolonisés.  Nous devons envisager les moyens de faire de la diversité un vecteur positif, a encouragé le représentant, avant d’appuyer les efforts de développement fondés sur l’unité nationale et le respect de la diversité.  Ces deux objectifs ne s’excluent pas et ne sont pas incompatibles, a-t-il dit.  Il a d’ailleurs estimé que les questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité sont le fruit des identités nationales « affaiblies, en mal de consensus politique ».  

Le représentant a salué l’expérience du Kenya comme l’exemple « louable » d’un pays qui avance vers le développement inclusif.  Il a appelé à une meilleure gouvernance internationale qui permettrait aux pays en développement de bénéficier d’une distribution plus équitable des progrès économiques.  Nous devons appuyer les pays du Sud qui rejettent les ingérences étrangères dans leurs affaires intérieures.  Le représentant a d’ailleurs fustigé les tentatives d’imposer des modèles prétendument démocratiques qui ont plongé la Libye dans le chaos et l’Afghanistan, dans un cercle vicieux.  Chaque pays doit respecter la liberté de l’autre de choisir son propre modèle politique et s’abstenir de manipuler les médias sociaux pour diviser les autres.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: l’élimination des armes de destruction massive est présentée comme la condition d’un monde plus sur et prospère

Soixante-seizième session,
6e séance plénière - matin
AG/DSI/3668

Première Commission: l’élimination des armes de destruction massive est présentée comme la condition d’un monde plus sur et prospère

Les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont poursuivi, ce matin, leur débat général en réaffirmant la nécessité d’abandonner les armes de destruction massive afin de pouvoir construire une société plus sûre et prospère.  À cet égard, l’Afrique du Sud, au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, a déploré que « l’objectif de la première résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, adoptée en 1946 et visant à assurer l’élimination des armes atomiques, reste inachevée 75 ans plus tard ». 

La situation toujours volatile dans la péninsule coréenne a également été évoquée, comme le processus de négociation en cours d’une création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

À l’image de la Lituanie ou de la Tunisie, nombreux sont les intervenants qui ont salué la prorogation du traité américano-russe New START, une contribution « cruciale » à la sécurité et à la stabilité internationales qui devra être complétée d’accords de maîtrise des armements incluant tous les types d’armes nucléaires.  « Les États-Unis ont fait montre de transparence en annonçant récemment la publication d’un rapport sur l’état de leur stock d’armes nucléaires », a précisé le représentant lituanien, qui a appelé la Chine -qui augmente ses capacités d’armes nucléaires- à se joindre aux pourparlers sur le contrôle des armes nucléaires ouverts par l’important dialogue stratégique entre Russes et Américains. 

Son homologue tunisien lui a emboîté le pas, en plaidant pour l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’entrée en vigueur « dans les meilleurs délais » du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  La Tunisie a également souhaité que la deuxième Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive fixe « des modalités claires et un calendrier précis de mise en œuvre des obligations agréées » lors de la Conférence de 2018. 

Le Koweït, qui présidera cette conférence fin novembre, à New York, a assuré que, conformément aux résolutions préparatoires à cette deuxième session, la présidence travaillera de manière transparente et inclusive en vue d’établir une feuille de route claire « nous conduisant au résultat escompté depuis 1995 ».  « Ce processus n’exclut personne, et n’impose aucune restriction ni condition », a-t-il souligné.

La RPDC et le Japon ont exprimé leurs divergences de vue sur l’environnement sécuritaire dans la péninsule coréenne.  « Comment le renforcement de la politique de dissuasion de la RPDC peut-il être qualifié de provocation alors que les activités de l’alliance militaire américano-sud-coréenne ne sont jamais remises en question quand elles provoquent un déséquilibre destructeur dans toute la région? » a demandé le représentant nord-coréen.  La RPDC, « État doté d’armes nucléaires responsable » et attaché à la réalisation de l’objectif onusien d’un monde exempte d’armes nucléaires, a affirmé qu’il utiliserait ces armes si « les forces hostiles » tentent d’avoir recours aux leurs contre lui.

De son côté, le Japon, qui a demandé l’élaboration de mesures concrètes pour réduire le risque d’utilisation accidentelle des armes nucléaires, a exprimé les vives inquiétudes qu’inspire la poursuite d’activités nucléaires « dangereuses » par la RPDC, y compris le renforcement de ses capacités de missiles signalé par le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  « Le Japon réaffirme son ferme engagement à parvenir, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée », a souligné avec force le représentant japonais.

Au chapitre des armes classiques, plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes ont appelé la communauté internationale à intensifier les efforts de lutte contre la circulation illicite d’armes légères et de petit calibre (ALPC), frein persistant à la sécurité collective et au développement socioéconomique d’une région durement frappée par la pandémie de COVID-19.

L’Uruguay s’est dit convaincu que le Traité sur le commerce des armes constituait désormais la « pierre angulaire » d’une réglementation internationale et d’un commerce international plus responsable des armes classiques, « en premier lieu les ALPC, leurs pièces et composants ».  La Tunisie et le Viet Nam ont néanmoins rappelé le droit des États à acquérir, dans ce cadre, les armes nécessaires à la défense de leur sécurité et intégrité nationale. 

Évoquant l’application du plan d’action pour l’exécution durable des mesures prioritaires contre la prolifération illicite des armes à feu et des munitions dans les Caraïbes à l’horizon 2030, la représentante d’Haïti a appelé la Commission à se pencher sur la prolifération de ces armes dans la région, le phénomène y étant aggravé par la précarité des structures frontalières et des ports, qui facilite leur entrée illicite.  Elle a par ailleurs souhaité que le document final adopté à la septième Réunion biennale des États parties au Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC soit considéré comme un instrument des droits de l’homme impliquant plus avant les femmes dans les activités du désarmement. 

En fin de séance, la Fédération de Russie, la RPDC, la Chine, le Japon, la République arabe syrienne et la Turquie ont exercé leur droit de réponse.

La prochaine séance de la Première Commission aura lieu demain, mardi 12 octobre à 10 heures.  La Commission achèvera son débat général et entamera l’examen de son débat thématique.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud), au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, a déclaré que le mécanisme de désarmement jouait un rôle essentiel dans la réalisation du monde envisagé dans la Charte des Nations Unies.  Il est donc essentiel que les composantes du mécanisme de désarmement soient en mesure de remplir leurs mandats respectifs, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, le mécanisme des groupes de travail à composition non limitée est de plus en plus souvent envisagé pour faire avancer les questions clefs.  Ces groupes, a-t-il soutenu, sont inclusifs, transparents et basés sur le consensus.  Il s’est demandé s’il n’était pas temps de revitaliser de manière globale le mécanisme de désarmement afin de répondre aux demandes et aux opportunités de ce millénaire. 

M. Mabhongo a déploré que l’objectif de la première résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, adoptée en 1946, visant à assurer « l’élimination des armes atomiques et de toutes les autres armes importantes pouvant servir à la destruction massive des armements nationaux » reste inachevée 75 ans plus tard.  Il a toutefois estimé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), dont il s’est félicité, était l’un des développements les plus importants vers le désarmement nucléaire depuis 1946.  Le représentant a en outre déclaré que les zones exemptes d’armes nucléaires étaient essentielles aux efforts de désarmement et de non-prolifération et s’est félicité de la convocation de la deuxième session de la Conférence sur la création d’une telle zone au Moyen-Orient. 

Le Plan d’action global commun reste l’une des réalisations diplomatiques les plus importantes dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, a estimé par ailleurs M. Mabhongo, qui a appelé toutes les parties à l’Accord de Vienne, y compris l’Iran et les États-Unis, à reprendre les pourparlers.  Il s’est également déclaré préoccupé par la polarisation continue au sein des organes de décision de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, qui conduit à l’adoption fréquente de décisions par vote plutôt que par consensus.  Il a en outre condamné l’utilisation d’armes chimiques par quiconque, en tout lieu et en toute circonstance.  L’Afrique du Sud, a-t-il conclu, est particulièrement honorée de présenter, avec ses coauteurs, la Colombie et le Japon, le projet de résolution annuelle intitulé « Le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects ».

M. BOŠTJAN MALOVRH(Slovénie) a déclaré que l’un des défis complexes actuels était le fait indéniable que l’architecture mondiale de non-prolifération et de désarmement était sous pression.  Il a de plus spécifié que la récente prolongation de cinq ans du Traité New START représentait l’un des rares développements positifs de ces dernières années.  L’un des principes directeurs de notre politique étrangère est la promotion de l’universalité des instruments internationaux et de la mise en œuvre de ces instruments, ce qui est particulièrement pertinent pour le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il encore ajouté.  Il a de plus estimé que le troisième pilier du TNP en particulier devait faire l’objet d’une attention et d’une visibilité accrues et que l’objectif d’un monde sans armes nucléaires devait être atteint.  M. Malovrh a appelé tous les États qui ne l’avaient pas encore fait à s’engager à signer et à ratifier le traité dès que possible.

Le Représentant s’est également prononcé en faveur des efforts visant à prévenir la course aux armements dans l’espace.  Il s’est de plus félicité des résultats obtenus par le groupe de travail à composition non limitée et le groupe de travail gouvernemental en ce qui concerne les questions liées à la cybernétique.  Avant de conclure, il a précisé que la prochaine sixième Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes conventionnelles ne devait pas être en deçà des attentes croissantes.  Il s’agit notamment de trouver un terrain d’entente sur la question complexe des technologies émergentes dans le domaine des systèmes d’armes létales autonomes, a-t-il encore expliqué.  Il a conclu en soulignant que le travail du GGE était essentiel et a appelé tous les États qui ne l’avaient pas encore fait à adhérer sans plus tarder à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) s’est inquiété de la dégradation de la situation militaire en Europe, évoquant les manœuvres aux frontières, les cyberattaques ou encore l’utilisation des migrants et réfugiés pour faire pression sur les États.  En tant qu’État non nucléaire, la Lituanie réitérait son soutien à une approche inclusive et progressive du désarmement nucléaire et à des mesures significatives pour créer un environnement propice à de nouvelles négociations sur le désarmement nucléaire « afin de parvenir à un monde sans armes nucléaires ».  De tels efforts doivent être fondés sur les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), y compris son Article VI, et basés sur les principes d’efficacité, de vérification et de sécurité non diminuée pour tous, a-t-il précisé.  La Lituanie reste convaincue qu’un contrôle des armes nucléaires réciproque et vérifiable fondé sur les traités et reflétant l’environnement de sécurité existant, peut contribuer à la réduction des armes nucléaires. 

À cet égard, M. Paulauskas a salué la prorogation du Traité New START, « contribution cruciale à la sécurité et à la stabilité internationales ».  Le représentant a considéré que les futurs accords de maîtrise des armements devront inclure « tous les types d’armes nucléaires », les États-Unis ayant selon lui fait montre de transparence en annonçant récemment la publication d’un rapport sur l’état de leur stock d’armes nucléaires.  « Nous appelons la Chine, qui augmente ses capacités d’armes nucléaires, à faire preuve de responsabilité et à se joindre aux pourparlers sur le contrôle des armes nucléaires ouverts par le dialogue stratégique entre Russes et Américains », a-t-il déclaré.  Enfin, le représentant a appelé les États Membres à réaffirmer leur engagement politique à faire respecter les normes de la Convention sur les armes chimiques, s’est dit inquiet de l’utilisation d’une substance chimique dans l’affaire Navalny et a condamné les attaques chimiques en Syrie.  Le représentant a également appuyé les normes établies par la Convention sur les armes biologiques et à toxines, en appuyant le plus largement possible les projets de résolution annuels de la Première Commission sur ces thèmes.

M. ION JINGA (Roumanie) s’est inquiété de l’émergence de nouveaux risques qui mettent à mal un ordre international fondé sur des règles communes.  Pour renforcer la sureté et la sécurité face à la menace nucléaire, le représentant a appelé à respecter le régime de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et ses protocoles additionnels.  Il a également appelé tous les États à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) pour permettre l’entrée en vigueur de ce traité dont on vient de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption et qui représente un pilier de la confiance. 

M. Jinga a en outre salué la prorogation du Traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie et a invité la Chine à se joindre à cette réflexion sur la limitation des stocks d’armes nucléaires.  Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à renoncer à son programme nucléaire et de missiles balistiques de manière irréversible et vérifiable.  Il a appuyé les activités de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avant de s’inquiéter d’un retour de l’utilisation d’armes chimiques dans plusieurs parties du monde. 

Alors que la pandémie de COVID-19 a « mis en lumière nos vulnérabilités face aux armes biologiques », le représentant a appelé toutes les délégations à respecter la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines.   En outre, M. Jinga a exhorté les États Membres à adopter dans l’espace extra-atmosphérique un comportement respectueux des principes de la primauté du droit.  Enfin, après avoir salué la pertinence du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, le représentant a estimé que le Traité sur le commerce des armes était un des cadres les plus adaptés pour faire face à ces menaces.

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a réaffirmé l’attachement de son pays au multilatéralisme, qui permet de faire progresser le dialogue dans la mise en œuvre des instruments internationaux de désarmement et de non-prolifération, lesquels visent à réaliser les aspirations des peuples du monde.  Le Koweït présidera la deuxième Conférence pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et d’autres armes de destruction massive, fin novembre, à New York, a-t-il rappelé.  À ce propos, il a assuré que, conformément aux résolutions préparatoires à la conférence, la présidence travaillera de manière transparente et inclusive en vue d’établir d’une feuille de route claire « nous conduisant au résultat escompté depuis 1995 ».  Ce processus n’exclut personne, et n’impose aucune restriction ni condition, a-t-il souligné.

M.  DINH QUY DANG (Viet Nam) a soutenu le droit de tous les États à bénéficier, aux fins de leur développement socioéconomique, de l’énergie nucléaire mais aussi biologique.  Les États dotés d’armes de destruction massive, en particulier d’armes nucléaires, doivent honorer en ce sens leurs obligations au titre de l’Article VI du TNP touchant à l’élimination des arsenaux et à l’exercice de ce droit fondamental, a-t-il ajouté.  Sur les armes classiques, le représentant a noté que le Traité sur le commerce des armes devait être mis en œuvre en tenant compte du droit légitime de ses membres à la légitime défense, un droit que consacre la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé.

M. GYÖRGY MOLNÁR (Hongrie) s’est particulièrement inquiété des violations répétées, ces dernières années, de la convention d’interdiction des armes chimiques (OIAC), du non-respect par l’Iran du Plan d’action global commun et du manque de progrès dans la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  Il a souhaité que le nouveau dialogue en cours dans le cadre de la prorogation du Traité New START sur la gestion des stocks d’armes nucléaires et de missiles balistiques se traduira par des avancées dans d’autres domaines. 

Après avoir rappelé que son pays présidait le Groupe de travail de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe sur la cybersécurité depuis 2017, le représentant s’est particulièrement félicité que les deux groupes de travail de l’ONU sur la question aient pu conclure leurs travaux par l’adoption par consensus de leurs rapports.  Il a espéré que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) serait un succès.  « Nous devons attacher la plus haute importance aux trois piliers de ce traité, pierre angulaire du désarmement et la non-prolifération », a insisté le représentant. 

Enfin, M. Molnár a indiqué que la Hongrie présenterait à nouveau cette année le projet de résolution annuelle sur la Convention d’interdiction des armes biologiques.  En conclusion, il a tout particulièrement salué la valeur ajoutée de la convention d’interdiction sur certaines armes classiques pour s’attaquer au problème des systèmes d’armes létaux autonomes.   

Mme WISLYNE PIERRE (Haïti) a pris acte de l’engagement du Secrétaire général concernant l’application du plan d’action pour l’exécution durable des mesures prioritaires contre la prolifération illicite des armes à feu et des munitions dans les Caraïbes à l’horizon 2030, « dans le but de prévenir et combattre le trafic d’arme à feu et de munition ».  

Compte tenu de l’incontournable corrélation entre prévention et la réduction des trafics d’armes, Haïti souhaite une issue négociée à ce problème pour parvenir à contrôler la circulation des armes légères et de petit calibre, qui continue à accroître l’incertitude quant à la stabilité des pays et entraver leur développement, a-t-elle ajouté.  La représentante a appelé la Commission à porter un regard particulier sur la prolifération de ces armes détenues et commercialisées illégalement, dans la région des caraïbes, le phénomène étant aggravé par la précarité des structures frontalières et des ports qui facilite leur entrée illicite.  Ces armes à feu causent des crimes violents, aggravent l’insécurité et entraînent le déplacement de millions de personnes, a encore souligné Mme Pierre.   

La représentante a par ailleurs souhaité que le document final adopté à la septième Réunion biennale des États parties au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre soit considéré comme un instrument de droits de l’homme impliquant plus avant les femmes dans les activités du désarmement.  Elle a indiqué que sur le plan national Haïti avait déployé, dans le cadre du programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration, des efforts considérables pour mettre sur pied un mécanisme de gestion des armes et des munitions qui soit conforme aux normes internationales.

M. MOEZZ LAOUANI (Tunisie) a souligné l’importance de réaliser l’universalité du TNP par l’adhésion des États encore non parties et a espéré que la prochaine Conférence d’examen sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient soit couronnée de succès en fixant des modalités claires et un calendrier précis de mise en œuvre des obligations agréées.  Le représentant a réaffirmé son attachement au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et a appelé les États qui ne l’avaient pas encore fait, en particulier ceux visés à l’Annexe 2 du Traité, à le signer et à le ratifier le plus tôt possible.  Il a également salué la prorogation du Traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie pour une nouvelle période de cinq ans.

À propos du commerce illicite, la prolifération et le trafic d’armes classiques, en particulier les armes légères et de petit calibre, M. Laouani a expliqué qu’ils continuaient de représenter une grave menace à la paix et la sécurité internationales.  La Tunisie a soutenu l’adoption du Traité sur le commerce des armes, convaincue de la contribution importante qu’il pouvait apporter à la résolution du problème du commerce illicite des armes classiques, sans préjudice du droit légitime des États à acquérir légalement des armes conventionnelles et des munitions pour leurs besoins d’autodéfense et de sécurité.

Le représentant a dit partager les préoccupations quant à la militarisation croissante des nouvelles technologies, qui contribue à une course aux armements qualitative, y compris au niveau stratégique.  Les efforts de non-prolifération devraient s’accompagner d’engagements crédibles en matière de maîtrise des armements et de désarmement ainsi que du renforcement de la coopération internationale pour l’utilisation pacifique de ces nouvelles technologies et pour l’atténuation des risques que posent leurs utilisations malveillantes, a-t-il enfin spécifié.

M. MUHABI JAMES LUNGU (Zambie) a considéré que le règlement des questions relatives aux armes nucléaires et aux autres armes de destruction massive constituait un préalable à la réalisation des objectifs de développement durable, qui plus est dans le contexte persistant de la pandémie de COVID-19.  Le monde doit se débarrasser de ses armes pour que nos enfants puissent grandir sans crainte d’une destruction de la planète et pour n’avoir plus à se concentrer que sur le développement durable, a estimé le représentant, qui a plaidé pour un transfert sans délai des dépenses militaires vers le financement de cet « espoir commun », formant même le vœu que la présente de l’Assemblée générale soit l’occasion pour les États Membres de lancer un message en faveur d’un monde libéré de « toutes les armes ».

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a dit que l’engagement de son pays en faveur de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire s’était intensifié lorsque, le 20 mars 2020, la Namibie est devenue le trente-sixième pays à adhérer au Traité historique de 2017 sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).  Il a ajouté que ce Traité entré en vigueur en janvier 2021 constituait un impératif éthique et moral dans la quête pour faire avancer le droit international et un grand pas vers l’élimination éventuelle des armes nucléaires.  « La Namibie, qui a adhéré au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) il y a 20 ans, est déçue que le Traité ne soit toujours pas entré en vigueur », a ensuite indiqué le représentant, avant d’ajouter que le TICE restait un pilier essentiel du désarmement nucléaire, qui fournit une base juridique solide contre les essais nucléaires, empêchant ainsi la mise au point de nouveaux types et conceptions d’armes nucléaires.  Il a dit attendre avec impatience la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), dans laquelle la Namibie voit une opportunité de renforcer la transparence et la responsabilité dans le respect des engagements de désarmement pris lors de la Conférence d’examen de 2015.

En tant qu’État partie à la Convention sur les armes à sous-munitions, la Namibie condamne dans les termes les plus forts l’utilisation d’armes à sous-munitions dans les zones de conflit du monde entier, a ensuite déclaré le représentant.  M. Gertze a souligné que la prolifération continue des armes légères et de petit calibre (ALPC) constituait un obstacle au développement.  Pour mettre fin au flux illicite d’ALPC, le représentant a appelé à la pleine mise en œuvre de l’Instrument international de traçage.  Il s’est particulièrement félicité de l’inclusion du programme « Femmes, paix et sécurité » dans le document final de la septième Réunion biennale des États sur le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects et son instrument international de traçage.

Mme GABRIELA LILIÁN GONZÁLEZ HERNÁNDEZ Uruguay) a déclaré qu’à l’heure où la menace de l’utilisation d’armes nucléaires était latente et constituait une menace pour la paix et la sécurité internationales, il convenait de rappeler qu’une telle utilisation ou menace constitue un crime contre l’humanité et une violation grave du droit international et de la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.  Elle s’est félicitée de l’entrée en vigueur, en janvier dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et y a vu une étape importante pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires, ainsi qu’un engagement significatif en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  L’Uruguay, a-t-elle rappelé, est partie au Traité pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes -Traité de Tlatelolco- qui a créé la première zone exempte d’armes nucléaires au monde.

La représentante a, de plus, souligné l’importance de mettre un terme à la prolifération des armes conventionnelles dans les zones de conflit.  À cet égard, l’Uruguay est convaincu que le Traité sur le commerce des armes constitue la pierre angulaire d’une réglementation internationale et d’un commerce international plus responsable des armes conventionnelles, y compris les armes légères et de petit calibre, leurs pièces et leurs composant.  Mme González Hernández a dit être très attachée à la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, leur accumulation déstabilisante et leur mauvaise utilisation.

L’Uruguay souhaite par ailleurs que les États Membres s’engagent à poursuivre un processus inclusif et transparent sur les technologies de l’information et des communications dans le contexte de la sécurité internationale dans le cadre des Nations Unies, notamment par le biais du nouveau groupe de travail pour la période 2021-2025.

Mme González Hernández a lancé un appel pressant aux États pour qu’ils se conforment d’urgence à toutes les obligations en matière de désarmement et de non-prolifération, conformément au cadre juridique international.  Il est de notre responsabilité d’épuiser tous les moyens pour progresser davantage vers l’objectif du désarmement et mettre fin à la prolifération, conformément à la Charte des Nations Unies, a-t-elle conclu.

M. MARCIAL EDU MBASOGO (Guinée équatoriale) a appuyé toutes les initiatives qui nous permettront de nous approcher d’un monde sans armes de destruction massive avant de saluer tout particulièrement l’importance du régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a regretté le manque d’engagement des États dotés de l’arme nucléaire, qui continuent de mener une course aux armements aux dépens de la réalisation des objectifs de développement durable. 

Le représentant a exhorté toutes les puissances nucléaires à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), ajoutant que les essais nucléaires sapaient la paix et la sécurité internationales ainsi que la confiance.  M. Edu Mbasogo a souhaité que le continent africain complète le Traité de Pelindaba pour faire en sorte que le plutonium et l’uranium extraits en Afrique ne puissent plus être utilisés pour la confection d’armes nucléaires.  Enfin, le représentant a appelé à tout mettre en œuvre pour éviter la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a déclaré que l’histoire des deux dernières guerres mondiales, qui a conduit à la création des Nations Unies, montrait que la paix et la stabilité de la communauté internationale dépendent de grandes puissances qui ont une grande influence sur les affaires des nations.  Il a rappelé que 72,6 milliards de dollars avaient été dépensés en 2020 par seulement neuf pays pour leurs armes nucléaires, alors que la pandémie se propageait.  Cela représente 137 666 dollars par minute, a-t-il ajouté, et une augmentation de 1,4 milliard de dollars par rapport à 2019.  Le représentant a regretté que cette somme n’ait pas été utilisée pour financer des mesures d’atténuation des changements climatiques afin d’aider à la fois le Pacifique et la planète.

M. Tito a annoncé que son pays présenterait une déclaration commune sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a dit attendre avec impatience la prochaine Conférence d’examen du TNP, tout en appelant les États dotés d’armes nucléaires à respecter leurs obligations en matière de désarmement.  Le représentant a, de plus, exhorté les États de l’Annexe 2 à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  M. Tito a conclu en expliquant que Kiribati reconnaissait et appréciait l’importance de l’engagement des jeunes dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que les manœuvres militaires des États-Unis dans la péninsule coréenne visaient rien moins qu’à maintenir une hégémonie mondiale qui rappelle le contexte de la guerre froide des années 1960.  Ces faits montrent que la grave crise de sécurité à laquelle le monde est confronté aujourd’hui provient essentiellement du comportement arbitraire et autoritaire des États-Unis et de leurs alliés, qui détruisent les fondements de la paix et de la stabilité internationales, a-t-il accusé.  Le représentant a également rendu les États-Unis responsables de l’aggravation des tensions dans la péninsule coréenne, affirmant que leur politique hostile envers la RPDC prenait la forme d’un incessant chantage nucléaire et d’actions de force particulièrement intimidantes.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, face à de telles menaces et dans un environnement aussi hostile, lesquels perdurent depuis plus de 70 ans, nous avons été contraints d’emprunter la route ardue de la construction d’une dissuasion d’autodéfense, unique moment de défendre notre souveraineté. 

Comment le renforcement de la politique de dissuasion de la RPDC peut-elle être qualifiée de provocation alors que les activités de l’alliance militaire américano-coréenne ne sont jamais remises en question quand elles provoquent un déséquilibre destructeur pour la péninsule coréenne? s’est interrogé M. Song.  Dans l’intérêt du maintien de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne, les États-Unis, premier détenteur d’armes nucléaires, doivent renoncer à leur politique hostile à l’égard de la RPDC et s’abstenir de mener « en permanence » une offensive militaire dans et autour de la péninsule coréenne, affirmé le représentant.  La RPDC, en tant qu’État doté d’armes nucléaires responsable, n’utilisera pas ces armes à moins que les forces hostiles ne tentent d’avoir recours aux leurs contre elle, a-t-il averti, avant d’insister sur le fait que son pays respectait ses engagements en matière de non-prolifération nucléaire et restait attaché à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.

M. YOUSFI (Maroc) a réitéré le ferme attachement de son pays au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ayant assuré notre sécurité collective depuis plus de 50 ans.  Il a rappelé également l’importance d’œuvrer pour l’universalisation de ce Traité et pour la réalisation de ses objectifs et une application équilibrée et universelle de ses trois piliers.  Par ailleurs, il a souligné le rôle crucial des zones exemptes d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive pour la consécration de la paix et de la sécurité régionales et internationales, en particulier au Moyen-Orient.

À cet égard, le représentant s’est félicité de la tenue de la première session de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, en novembre 2019, sous la Présidence de la Jordanie avant de saluer la convocation de la deuxième session, prévue du 29 novembre au 3 décembre 2021 à New York, sous la présidence du Koweït.  M. Yousfi a rappelé que la prorogation du TNP était liée à l’engagement d’éliminer les armes nucléaires au Moyen-Orient, à travers l’adoption de la résolution de 1995 relative au Moyen-Orient.

Inquiet que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur, 25 ans après son ouverture à la signature, le représentant s’est dit fortement préoccupé par le danger que représentent l’acquisition et l’utilisation potentielle de ces armes par les acteurs non-étatiques et les groupes terroristes.  Le Maroc a approuvé le Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives et endossé la Déclaration de principes de l’Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, dont il a assuré la coordination du Groupe de mise en œuvre et d’évaluation, pour la période 2019-2021.

M. Yousfi a par ailleurs exhorté la communauté internationale à faire face aux défis grandissants de la sécurité du cyberespace et de l’espace extra-atmosphérique.  Enfin, le Maroc réitère son ferme appui au Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite d’ALPC.  Le représentant a salué la réussite de la septième Réunion biennale des États sur le Programme d’action des Nations Unies en la matière, tenue en juillet dernier.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déclaré que le statut du droit international restait fragile, car les positions agressives de quelques États visant à se protéger par des moyens militaires avaient un impact négatif sur la sécurité internationale.  Dans notre propre région, la sécurité a été affaiblie par les retraits du Traité « Ciel ouvert » et du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, a-t-elle ajouté.  Elle a de plus regretté que l’espace extra-atmosphérique puisse être rapidement militarisé, au détriment des importantes utilisations pacifiques de la technologie spatiale pour le développement durable, les technologies de l’information et la connectivité.  Elle s’est en revanche félicitée de la prolongation du Traité New START jusqu’en 2026 et de l’intention des parties au Plan d’action global commun de reprendre les pourparlers de Vienne.

Mme Oehri a regretté que les puissances nucléaires continuent à chercher à moderniser et à renforcer leurs capacités au nom de la dissuasion, avec pour effet d’exacerber les tensions et de renforcer la dynamique de la prolifération nucléaire.  Le TNP a un jour tracé la voie de l’élimination des armes nucléaires en rendant leur acquisition illégale, a fait observer la représentante, qui a rappelé que la course aux armes nucléaires allait directement à l’encontre des obligations des États dotés d’armes nucléaires au titre de l’Article VI du TNP et menaçait les gains importants obtenus dans le cadre du pilier de la non-prolifération.  Le vingt-cinquième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a été l’occasion de réfléchir à la contribution évidente de cet instrument à l’établissement d’un moratoire de facto sur les essais nucléaires, mais aussi sur cette réalité frustrante que certains États figurant à l’Annexe 2 continuent d’empêcher sa pleine entrée en vigueur, a poursuivi Mme Oehri.

La représentante a déploré les cyberattaques militarisées contre les infrastructures essentielles, notamment les réseaux de télécommunications, les réseaux électriques, les programmes de santé ainsi que les systèmes politiques et judiciaires, estimant qu’elles sapaient les normes démocratiques et exposaient les institutions étatiques et leurs populations à de grands risques.  L’interdiction du recours à la force, sauf autorisation du Conseil de sécurité ou légitime défense, doit être appliquée partout, y compris dans le cyberespace, a-t-elle insisté.  Mme Oehri a ajouté que le Liechtenstein avait étudié le rôle que la Cour pénale internationale pourrait jouer dans la réglementation de la guerre telle qu’elle évolue dans le cyberespace. 

Enfin, le Liechtenstein est favorable à un nouveau cadre réglementaire pour les systèmes d’armes létales autonomes, sous la forme d’un instrument juridiquement contraignant visant à garantir la présence d’une composante humaine dans les processus de décision de ces systèmes. 

M. MILIKO LABA (Botswana) a soutenu le rôle central de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour faire respecter l’engagement des États à mettre en œuvre des accords de coopération technique destinés à optimiser l’utilisation des progrès scientifiques et technologiques aux fins de développement socioéconomique.  Le Botswana appelle par ailleurs la communauté internationale à accorder une plus grande attention aux risques que les armes légères illicites font peser sur la sécurité collective et le développement, cela en assurant le strict respect des règles édictées par le Traité sur le commerce des armes. 

Par ailleurs, Le Botswana soutient l’inclusion d’une perspective de genre dans le cadre du désarmement, la participation active des femmes mais aussi des jeunes, de la société civile et du secteur privé pouvant aider à mettre au point des solutions innovantes et durables aux problèmes qui entravent le bon fonctionnement du mécanisme onusien de désarmement.

M. OGASAWARA (Japon) a déclaré que le Japon attachait une importance particulière à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et au lancement, dans les meilleurs délais, de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.  Des mesures concrètes doivent être prises pour réduire le risque d’utilisation accidentelle de ces armes, a-t-il insisté, ajoutant que les efforts visant à accroître la transparence et la responsabilisation par le biais de rapports ne pouvaient qu’augmenter la confiance entre les États Membres.

Le représentant s’est dit profondément préoccupé par la poursuite d’activités nucléaires dangereuses par la République populaire démocratique de Corée, y compris le renforcement de ses capacités de missiles signalé par le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Dans ce contexte, le Japon réaffirme son ferme engagement à parvenir, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes nucléaires de la RPDC. 

Au chapitre des armes classiques, le représentant a annoncé que, cette année encore, le Japon présenterait un projet de résolution contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre aux côtés de l’Afrique du Sud et de la Colombie.  En 2020, notre contribution financière à divers projets dans ce domaine s’est élevée à 39 millions de dollars américains, a-t-il précisé.

M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que son pays continuait à soutenir les mesures contre les armes nucléaires et a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a demandé aux États parties aux différents traités d’honorer leurs engagements, et ce, dans la plus grande transparence.  À propos du TNP et du TICE; le représentant s’est dit convaincu que la solidarité mondiale pouvait parvenir aux objectifs souhaités de désarmement par le respect des mesures agréées.  

Mme NELI YAROSLAVOVA BOGOMILOVA-RASHEVA (Bulgarie) a salué le signe positif représenté par la prolongation du Traité New START entre la Fédération de Russie et les États-Unis et a encouragé la Chine à participer aux négociations.  Pour la Bulgarie, le Traité New START est essentiel à la stabilité et à la prochaine Conférence d’examen du TNP.  La représentante a déclaré souscrire à l’objectif final d’un monde sans armes nucléaires, ajoutant que cet objectif n’était réalisable que dans le cadre du TNP, d’où l’importance de garantir le succès de la dixième Conférence d’examen l’année prochaine.  La Bulgarie appelle en outre à redoubler d’efforts, pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) puisse enfin entrer en vigueur.  La représentante a demandé à la République populaire démocratique de Corée d’accepter de dialoguer et s’est dite par ailleurs inquiète du non-respect par l’Iran du Plan d’action global commun.

La représentante a enfin rappelé que son pays mettait tout en œuvre au sein de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour que les pays responsables d’attaques aux armes chimiques rendent des comptes. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a salué la prorogation du Traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie, de même que l’importance du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).  Il s’est félicité de la ténue de la septième Réunion biennale d’examen du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre avant d’espérer que la sixième Conférence d’examen de la Convention sur certains types d’armes classiques permette d’adopter un programme de travail ambitieux. 

Par ailleurs, le représentant a exhorté l’Iran à revenir à la table des négociations du Plan d’action global commun avant d’appeler la République populaire démocratique de Corée à respecter ses obligations internationales, afin de parvenir à une péninsule coréenne dénucléarisée.  Il a demandé que toutes les parties qui ont enfreint la Convention sur l’interdiction des armes chimiques soient tenues responsables de leurs actes.  Il a en outre souhaité l’ouverture de négociations pour parvenir à un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.  Enfin, le Portugal appelle à promouvoir un comportement responsable des États Membres pour éviter la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et du cyberespace.

M. HERINIRINA RAVELONARIVO ANDRIAMASY (Madagascar) a déclaré que les armes nucléaires constituaient encore, à ce jour, la première menace pour l’humanité.  Madagascar appuie tous les efforts de désarmement et de non-prolifération dans le domaine nucléaire et voit dans la dixième Conférence d’examen du TNP une opportunité d’analyser les meilleures manières de rendre le plus efficace possible l’application des mesures qui en découlent.  Madagascar soutient également toute initiative aux fins d’une utilisation de l’énergie nucléaire à des fins de développement.

Le représentant a également reconnu l’importance de la prévention de toute course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et de l’utilisation ce celui-ci à des fins pacifiques et de développement.  Madagascar appelle tous les États, et en particulier ceux dotés des capacités spatiales les plus avancées, à poursuivre leurs efforts afin de faire progresser l’application de toutes les mesures multilatérales pour une démilitarisation de l’espace extra-atmosphérique.  M. Ravelonarivo a jugé nécessaire un encadrement efficace de l’utilisation du cyberespace, dans le respect du droit international et des droits fondamentaux.

Madagascar attache également une importance particulière à la lutte contre le trafic des armes légères et de petit calibre.  M. Ravelonarivo a mis en avant les efforts de son pays dans l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes en Afrique » notamment à travers la collecte et la destruction des armes détenus illégalement sur l’ensemble du territoire national.

En conclusion, M. Ravelonarivo a rappelé les propos tenus lors du débat générale de l’Assemblée générale par le Président de Madagascar sur la nécessité de la solidarité entre les nations, qui doit être la plus solide possible pour l’édification d’un monde en paix et prospère. 

M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo) a déclaré que la seule idée de l’existence d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive devrait déranger notre conscience sur le danger que représentent le stockage et la valorisation de l’arsenal nucléaire.   Le représentant a souhaité que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) donne l’occasion aux États parties de prendre des engagements de manière concrète et équilibrée dans le cadre des trois piliers du TNP.  De même, en tant qu’État partie au Traité de Pelindaba, la République démocratique du Congo appuie les différents instruments internationaux dans le cadre du désarmement et de la sécurité internationale.  M.  Empole a en outre réaffirmé le soutien de la RDC à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et souligné l’importance de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, appelant l’Agence à continuer à promouvoir l’assistance technique et la coopération dans le domaine de la science et du développement.  

Le Représentant a exprimé ses préoccupations face aux mines antipersonnel, à la prolifération des armes légères et de petit calibre, aux engins explosifs improvisés et à d’autres armes classiques, déplorant que l’activité des groupes armés en RDC soit alimentée en armes, munitions et autres effets de guerre, en échange des minerais et d’argent.  Il a dit attacher une grande importance à la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies pour combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre dans tous ses aspects.

M. Empole s’est également inquiété des menaces existantes et émergentes dues à l’utilisation malveillante des technologies de l’information et des communications.  C’est pourquoi la RDC a accueilli favorablement la mise en place du Groupe de travail à composition non limitée qui a permis à tous les États Membres de faire entendre leur voix sur cette question. 

M. MOHAMED DIOP (Mauritanie) a déclaré que la Mauritanie, en tant que siège du Secrétariat du G5 Sahel, faisait énormément d’efforts pour lutter contre le terrorisme international.  Il a salué la tenue annoncée du 29 novembre au 3 décembre, sous la présidence du Koweït, de la deuxième session de la Conférence internationale pour la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Le représentant a en outre insisté sur l’importance d’obtenir l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) avant de saluer celle du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a également salué les résultats de la septième Réunion biennale d’examen du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre.     

M. MUCHINERIPI MUDZVITI (Zimbabwe) a relayé la frustration du Mouvement des pays non alignés face à la hausse des dépenses militaires mondiales et à la modernisation des arsenaux nucléaires et conventionnels, « à un moment où nous cherchons un terrain d’entente sur les modalités de désarmement » et où les ressources militaires pourraient être réaffectées ailleurs dans le contexte sanitaire actuel.

Le représentant s’est dit toutefois encouragé par la décision des États-Unis et de la Fédération de Russie d’étendre les mesures de réduction et de limitation supplémentaires des armements stratégiques offensifs, dans le cadre du Traité New START, souhaitant que cet esprit de dialogue et de compromis perdure dans le cadre de la prochaine Conférence d’examen du TNP, notamment.  Le Zimbabwe tient toutefois à souligner que la poursuite de la non-prolifération ne doit pas porter atteinte au droit inaliénable des États de recourir à la technologie et aux applications nucléaires à des fins pacifiques, l’un des trois piliers du TNP. 

Le représentant s’est ensuite dit convaincu que les zones exemptes d’armes nucléaires étaient des éléments importants du régime de non-prolifération, se disant attaché au respect de ses obligations nationales au titre du Traité de Pelindaba.  Le Zimbabwe souligne enfin la nécessité d’un instrument juridiquement contraignant pour empêcher une course aux armements dans l’espace et combler les vides juridiques existants.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a noté que certains États continuaient de moderniser leurs armes nucléaires en dépit du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, exhortant les États figurant à l’Annexe 2 du TICE à le ratifier.  En même temps, le Saint-Siège considère l’entrée en vigueur en janvier dernier du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires comme un signe d’espoir.  Le Saint-Siège appuie la dixième Conférence d’examen du TNP et invite les États parties à prendre des mesures concrètes.  Il se félicite par ailleurs de la prorogation par les États-Unis et la Fédération de Russie du traité New START sur la réduction des armes stratégiques et de leur engagement renouvelé contre toute guerre nucléaire.  L’Observateur permanent a estimé que la politique de dissuasion nucléaire était dépassée, appelant la communauté internationale à mettre à jour son approche de la paix et de la stabilité.

La Première Commission doit être considérée comme le bon endroit pour mener à bien ce travail, a encore souligné Mgr Caccia.  Il a ajouté que d’autres armes de destruction massive et armes classiques devraient être mieux contrôlées, se félicitant de la Convention sur les mines antipersonnel et de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Il a réaffirmé l’appui du Saint-Siège au Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre et à l’Instrument international de traçage, soulignant que ces instruments « renforcent le respect de la vie et de la dignité de la personne humaine par la promotion d’une culture de paix ».

M. MAJED S. F. BAMYA, observateur de l’État de Palestine, a appelé à progresser vers l’objectif de désarmement nucléaire avant de dénoncer le statut exceptionnel dont jouissent les détenteurs de ces armes.  Il a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) appelait les États dotés à détruire leurs armes et ceux qui ne le sont pas à s’abstenir d’en acquérir.  Il a particulièrement salué la prochaine tenue, sous la présidence du Koweït, de la deuxième session de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, avant de juger inacceptable qu’un pays de la région puisse se doter d’un droit dont il prive les autres.  Il a dénoncé le comportement d’Israël, qui reste pour lui un obstacle systématique à la création d’une telle zone, qualifiant ce « deux poids deux mesures » d’inacceptable.

Droits de réponse

La Fédération de Russie a déclaré que les accusations sans preuves et sans fondements proférées à son égard relevaient de la désinformation et que le pays respectait ses obligations dans le domaine du désarmement.  La modernisation des armements du pays n’est rien d’autre que celui d’armes existantes.  L’équilibre stratégique peut en revanche être sapé par des mesures de développement d’armements comme le système de défense antimissile des États-Unis.  Tout cela est discuté dans le cadre du dialogue stratégique russo-américain.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dénoncé l’atmosphère de pressions imposées par le Japon, qualifié d’« État criminel qui ne cesse de se militariser » et qui a adopté une législation lui permettant de développer des capacités militaires offensives. 

Réagissant à une intervention de plusieurs pays européens, la Chine a déclaré que la responsabilité principale en matière de désarmement nucléaire reposait sur la Fédération de Russie et les États-Unis en tant que principaux détenteurs d’armes de destruction massive.  La Chine est, quant à elle, prête à « poursuivre les discussions sur toute une gamme de sujets dans le souci de contribuer à la promotion de la paix et de la sécurité internationale », a conclu le représentant

Le Japon a déclaré que le programme nucléaire de la RPDC violait les décisions du Conseil de sécurité, lesquelles exigent de la RPDC qu’elle mette fin à ses essais nucléaires.  Pour le Japon, les revendications de la RPDC sont fondées sur des « erreurs factuelles ».

La République arabe syrienne a dit rejeter l’utilisation d’armes chimiques.  Pourtant, le pays continue de subir des accusations non fondées d’utilisation d’armes chimiques.  La Syrie déplore cette tentative de la communauté internationale de détourner l’attention des groupes terroristes qui utilisent de telles armes.  Le représentant a précisé que la République arabe syrienne avait adhéré à la Convention sur les armes chimiques (CIAC) en 2013 et a regretté la politisation des travaux de l’OIAC, qui a mené à des conclusions sans fondement.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a exercé à nouveau son droit de réponse à la suite de l’intervention du Japon, accusé d’avoir « fabriqué » « toutes sortes de traités » en vue d’annexer la Corée.  En outre, la RPDC a accusé le Japon de s’être doté de capacités militaires afin de commettre une agression, notamment en œuvrant à l’élaboration d’un « missile hypersonique » et en consacrant beaucoup de moyens au « spectre électromagnétique ».  La RPDC juge fort inquiétant que le Japon ne reconnaisse pas ses efforts en cours et les dépenses qu’il engage pour développer son arsenal.

La Turquie, réagissant aux propos du représentant du « régime syrien », a accusé ce dernier de crimes contre l’humanité commis à « huit reprises » en se servant de l’arme chimique contre son propre peuple.  La Turquie encourage Damas à respecter ses obligations en vertu de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

Réagissant à son tour, le Japon a appelé à accepter les réalités historiques avec humilité avant de rappeler qu’il était, depuis son adhésion à l’ONU, un acteur de la promotion de la paix.  Le Japon assure par ailleurs que toutes ses activités menées dans l’espace extra-atmosphérique sont exclusivement pacifiques et respectueuses de tous les accords internationaux.

Reprenant la parole, la République arabe syrienne a déclaré que des groupes terroristes avaient eu recours à des armes chimiques sur son territoire avec le concours d’États, ajoutant que ces crimes ne resteraient pas impunis.

Reprenant la parole, la Turquie a estimé qu’au vu des exactions commises, elle ne considérait pas le Gouvernement actuel de la Syrie comme un représentant légitime du peuple syrien et que par conséquent elle ne souhaitait plus lui répondre. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission  débat des conditions de vie des peuples autochtones en zones urbaines et de l’évolution de la lutte contre la criminalité organisée

Soixante-seizième session,
Réunion virtuelle – après-midi
AG/SHC/4321

La Troisième Commission  débat des conditions de vie des peuples autochtones en zones urbaines et de l’évolution de la lutte contre la criminalité organisée

Au-delà des effets conjoncturels de la pandémie de COVID-19, les populations autochtones qui ont migré vers des zones urbaines font face à des défis structurels, au premier rang desquels figurent la pauvreté, le racisme, la marginalisation et le manque de soutien.  C’est ce qu’est venu rappeler, aujourd’hui, le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones aux membres de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, lors d’une séance qui leur a également permis de dialoguer sur l’évolution de la lutte contre la criminalité organisée. 

Plusieurs facteurs sous-tendent la migration urbaine des populations autochtones, a relevé M. Francisco Cali Tzai en présentant son nouveau rapport. D’après lui, ce mouvement vers les villes peut être motivé par la recherche d’opportunités d’emploi et d’éducation, mais aussi par les expulsions forcées, la militarisation, l’instabilité politique et les conflits armés.  Toutefois, les activités extractives et les projets de développement sont « les principaux facteurs qui poussent les peuples autochtones à l’urbanisation », a souligné le Rapporteur spécial, précisant que les droits fonciers de ces derniers sont sapés par la pression accrue des politiques d’État qui favorisent des mégaprojets industriels. 

Ce phénomène est en outre exacerbé par les impacts néfastes des changements climatiques, notamment les incendies de forêt, la déforestation, la sécheresse et l’élévation du niveau de la mer, a fait observer M. Cali Tzai, selon lequel les populations autochtones contraintes de migrer se retrouvent souvent dans des logements précaires de zones urbaines pauvres.  Sur place, elles sont confrontées à toutes sortes d’obstacles pour accéder aux soins de santé, mais aussi à l’eau potable et à l’assainissement, à une éducation « culturellement appropriée » et à l’emploi. 

À ses yeux, il importe aujourd’hui que les États changent d’approche à l’égard de ces peuples et reconnaissent qu’ils peuvent « s’adapter à la vie urbaine », moyennant des initiatives menées par les autochtones eux-mêmes.  Sur ce point, des pays comme l’Australie et les États-Unis ont soulevé l’importance d’une levée des barrières économiques pour les peuples autochtones, le Brésil insistant pour sa part sur la nécessité de systèmes éducatifs plus inclusifs. 

La Commission a ensuite entendu le Directeur de la Division de l’analyse des politiques et des relations publiques de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) lui présenter un compte-rendu de ses travaux de l’année écoulée.  Ces derniers, a-t-il dit, ont notamment porté sur la nouvelle stratégie de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour 2021-2025, destinée à faire face aux menaces émergentes, telles que les crimes qui affectent l’environnement et la faune.  

Après avoir évoqué le lancement par l’ONUDC de sa Vision stratégique pour l’Afrique à l’horizon 2030 et la tenue en mars dernier du 14e Congrès sur le crime à Kyoto, marqué par une Déclaration qui reconnaît, entre autres, la nécessité de faire progresser la réadaptation et la réinsertion des délinquants, M. Jean-Luc Lemahieu a indiqué qu’en 2020, en pleine pandémie, l’Office a fourni une assistance technique sur des traitements de la toxicomanie conformes aux droits de l’homme à 28 pays.  Il a ainsi touché 67 000 personnes souffrant de troubles de la consommation de drogues. 

M. Lemahieu a également fait état du triplement des cas d’enfants victimes de la traite des personnes au cours de la période considérée, tout en relevant que la pandémie n’a pas découragé les trafiquants de migrants.  Enfin, il a fait état de la création d’un comité intergouvernemental spécial d’experts à composition non limitée, chargé d’élaborer une convention internationale globale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles.  L’ONUDC en assurera le secrétariat, a-t-il dit, ajoutant que la première session se tiendrait à New York en janvier prochain. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 12 octobre, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE AU DOCUMENT FINAL DE LA RÉUNION PLÉNIERE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DITE CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES

Exposé

M. FRANCISCO CALI TZAI, Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, a présenté son rapport consacré aux défis auxquels sont confrontées les populations autochtones vivant en zones urbaines, à savoir la pauvreté, le racisme, la marginalisation et le manque de soutien. Selon lui, la migration urbaine de ces personnes peut être motivée par la recherche d’opportunités d’emploi et d’éducation, mais aussi par les expulsions forcées, la militarisation, l’instabilité politique et les conflits armés.  Toutefois, les activités extractives et les projets de développement sont « les principaux facteurs qui poussent les peuples autochtones à l’urbanisation », a-t-il souligné, précisant que les droits fonciers de ces derniers sont sapés par la pression accrue des politiques d’État qui favorisent les « mégaprojets » des industries extractives. Cela étant, a ajouté le Rapporteur spécial, les effets néfastes des changements climatiques, notamment les incendies de forêt, la déforestation, la sécheresse et l’élévation du niveau de la mer, exacerbent également l’urbanisation des peuples autochtones.  Contraints de migrer en raison du dérèglement climatique, ils se retrouvent souvent dans des logements précaires de zones urbaines pauvres, sujettes aux catastrophes naturelles et à la pollution de l’environnement, a-t-il constaté. 

De plus, a poursuivi M. Cali Tzai, les populations autochtones vivent souvent dans des zones urbaines marginalisées dans lesquelles leurs droits et leurs besoins culturels ne sont pas efficacement pris en compte par les politiques publiques ou la planification urbaine.  Qu’elles migrent volontairement ou qu’elles soient déplacées de force, elles rencontrent en zones urbaines des obstacles pour accéder à des soins de santé adéquats, à l’eau potable et à l’assainissement, à une éducation culturellement appropriée, à des opportunités d’emploi et à un logement convenable. Leurs difficultés concernent aussi l’inscription des enfants à l’école et les disparités dans l’enseignement primaire. Pour le Rapporteur spécial, ces problèmes sont imputables au manque d’éducation multilingue basée sur la langue maternelle, à des programmes éducatifs culturellement inappropriés, à des infrastructures médiocres et à des transports publics inadéquats.  Il importe donc que les peuples autochtones soient consultés lors de la conception et de mise en œuvre des programmes et services éducatifs, a-t-il plaidé, non sans rappeler que le droit à l’éducation est étroitement lié à tous les autres droits humains de ces peuples. 

Les populations autochtones vivant dans les zones urbaines ont également du mal à recevoir des soins de santé adéquats, notamment en matière de santé mentale, a encore relevé M. Cali Tzai, qualifiant ces services d’insuffisants et culturellement inappropriés.  À ses yeux, l’impact de la colonisation et les traumatismes intergénérationnels associés remettent profondément en cause le sentiment d’identité des personnes autochtones et le maintien de leur relation culturelle et spirituelle avec la terre et les ressources.  Soulignant à cet égard que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones affirme leur droit à l’autodétermination et à décider de leur développement, de leur autonomie et de leur identité, il a regretté que l’urbanisation menace ces droits, en particulier lorsque les autorités et les systèmes de justice autochtones sont remplacés par des institutions publiques. 

De l’avis du Rapporteur spécial, Il est aussi impératif d’accorder une attention particulière aux droits des groupes autochtones à risque vivant dans des centres urbains.  Les femmes et les filles autochtones y sont exposées à un risque accru de traite des personnes, de travail forcé, de prostitution, d’exploitation sexuelle et de violence sexiste, a-t-il alerté. Les enfants continuent d’être arrachés à leur famille et à leur communauté par le biais des systèmes publics de protection de l’enfance et sont plus exposés à la servitude domestique et au travail forcé.  Quant aux personnes autochtones handicapées, elles souffrent de discrimination et de stigmatisation en termes d’accès à l’éducation.  De fait, a-t-il dit, les États doivent changer d’approche à l’égard de ces peuples et reconnaître qu’ils peuvent « s’adapter à la vie urbaine et ouvrir de nouvelles voies », moyennant souvent des initiatives menées par les autochtones eux-mêmes. Les États, a-t-il conclu, doivent aussi s’acquitter de leurs obligations internationales en matière de droits de l’homme afin de garantir que les peuples autochtones, y compris ceux qui vivent dans les zones urbaines, jouissent pleinement et effectivement de leurs droits individuels et collectifs. 

Dialogue interactif

À l’issue de cet exposé, la Fédération de Russie a jugé essentiel d’analyser le phénomène de l’urbanisation sous l’angle des peuples autochtones, insistant notamment sur les problèmes liés aux expulsions et aux difficultés d’accès à l’éducation.  Elle a également dénoncé l’héritage historique des discriminations à l’endroit de ces peuples au Canada et aux États-Unis. 

« Personne de doit être soumis à des assimilations arbitraires », a souligné l’Éthiopie qui a aussi insisté sur l’importance du financement pour assurer la pleine mise en œuvre de toutes les mesures en faveur des droits des peuples autochtones.  Le pays s’est par ailleurs opposé aux allégations du Rapporteur spécial le concernant. 

L’Australie a conseillé au Rapporteur spécial de préparer un rapport spécial sur les entrepreneurs autochtones, ces derniers pouvant être des acteurs du changement.  Le développement des petites entreprises autochtones exige toutefois de supprimer les barrières d’accès aux marchés, a-t-elle estimé. 

Le Liechtenstein a relevé que l’urbanisation avait été un sujet très conversé lors de l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Qu’en est-il à l’heure actuelle? Comment les jeunes autochtones pourraient-ils mieux réussir en milieu urbain, a demandé le Brésil qui a insisté sur les formations en vue de l’accès à l’université.  De son côté, la Nouvelle-Zélande a annoncé la tenue, en 2022, d’un atelier consacré au renforcement de l’accès des peuples autochtones à leurs droits. 

Vaut-il mieux laisser les peuples autochtones dans leur environnement « où ils sont heureux », ou faut-il les « moderniser », s’est enquis le Sri Lanka.  Le Cameroun a indiqué qu’un projet pilote de logement en faveur des pygmées avait eu des résultats mitigés, ces derniers préférant vivre dans leur habitat naturel.  Dès lors, que faire pour mettre le logement au profit des autochtones?  Relevant que 5,2% des peuples autochtones en Amérique latine et dans les Caraïbes vivent dans des zones urbaines où ils sont en butte à de nombreuses difficultés, le Costa Rica a estimé qu’il vaudrait mieux qu’ils vivent sur leurs terres.  Par ailleurs, comment améliorer le droit au consentement préalable pour que les peuples autochtones deviennent effectivement « acteurs de leur propre avenir »? 

À ce sujet, la Colombie a indiqué que son plan national de développement inclue un chapitre sur les peuples autochtones et que ces derniers sont consultés sur toute décision susceptible d’affecter leur vie.  Comment créer davantage de perspectives commerciales pour ces peuples, se sont enquis les États-Unis, tandis que le Mexique a lui aussi insisté sur l’importance du consentement libre, préalable et éclairé. 

Quelle est la situation des peuples autochtones vivant en zones urbaines comparée à d’autres groupes vulnérables, a demandé l’Union européenne qui a aussi voulu en savoir plus sur la situation des femmes et des filles.  Le Danemark, au nom d’un groupe de pays, a décrié le manque d’accès des peuples autochtones à leurs terres, ainsi que l’augmentation, en 2020, du nombre d’assassinats des défenseurs des droits des peuples autochtones.  « La communauté internationale a encore beaucoup de travail sur la planche. » 

À l’heure actuelle, 40% des peuples autochtones vivent dans des zones urbaines, ce qui exige des politiques et mesures adéquates pour atténuer leurs difficultés, a relevé le Chili qui a expliqué avoir établi des programmes qui prennent en considération la médecine traditionnelle dans les hôpitaux publics.  De son côté, la Malaisie a indiqué que les directives prises dans le contexte de la pandémie de COVID-19 entendent préserver les droits des peuples autochtones et renforcer les programmes qui leur sont destinés. Relevant pour sa part que l’expérience des peuples autochtones n’est pas « homogène », le Canada a appelé à privilégier la publication de données ventilées, précisant que la majorité des peuples autochtones sur son territoire vivent en zone urbaine. 

L’Ukraine a attiré l’attention sur la détérioration des droits de l’homme dans les zones occupées par la Fédération de Russie, notamment en Crimée, précisant qu’une loi datant de juillet 2021 définit les Tatars de Crimée comme peuple autochtone.  La délégation a également appelé à examiner les nombreuses situations discriminatoires à l’endroit des peuples autochtones dans la Fédération de Russie même. 

Le 12 octobre est la Journée nationale de résistance des peuples autochtones auxquels aucune dette n’a été remboursée à ce jour, a affirmé à son tour la République bolivarienne du Venezuela, qui a en outre appelé à mettre fin à l’embargo et aux mesures coercitives unilatérales.  De son côté, la Chine a invité le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones à examiner la problématique des assassinats de membres des communautés d’autochtones, y compris d’enfants, dans certains pays développés.  Enfin, l’Inde a souligné que les États ont différents points de vue sur la « notion de peuples autochtones », certains estimant que celle-ci est axée sur le fait que ces gens ont été spoliés de leurs terres et leur identité du fait de la colonisation. 

Réagissant à ces questions et commentaires, le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, a tout d’abord expliqué avoir spécifiquement mentionné certains pays, dont l’Éthiopie, dans son rapport, non pas pour les montrer du doigt, mais pour apporter plus de clarté. 

Il s’est préoccupé de la marginalisation des peuples autochtones dans les villes, expliquant notamment que lorsqu’ils se rendent dans des centres de vaccination, on leur indique qu’ils doivent aller dans leurs territoires.  Or, a-t-il dit, dans beaucoup de cas, les autochtones vivent dans des villes qui ont été construites sur leur territoire ancestral, d’où la complexité de leur situation.  Il a appelé à soutenir les initiatives positives menées par les peuples autochtones, appuyant notamment leur participation dans la planification urbaine et la création d’emplois.  Trop souvent, les peuples autochtones ne sont pas considérés comme des êtres humains, et il reste encore beaucoup à faire à ce propos, a-t-il ajouté. 

S’agissant de la COVID-19, il a relevé que certaines communautés autochtones ont été durement frappées par la pandémie aux États-Unis où la réponse de certains États, qui leur ont accordé un accès prioritaire au vaccin, a été exemplaire.  Il a par ailleurs estimé que l’obtention d’un consentement libre, préalable et éclairé ne posera aucun problème, relevant en outre que les peuples autochtones n’ont jamais été consultés tout au long de leur histoire. 

Exposé

M. JEAN-LUC LEMAHIEU, Directeur de la Division de l’analyse des politiques et des relations publiques de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a tout d’abord indiqué que l’ONUDC s’est doté d’une stratégie 2021-2025 pour lui permettre d’agir de manière plus efficace et de faire face aux menaces nouvelles et émergentes, telles que les crimes qui affectent l’environnement et la faune.  En février de cette année, l’ONUDC a également lancé sa Vision stratégique pour l’Afrique 2030 qui sera bientôt complétée par la Vision stratégique de l’ONUDC pour l’Amérique latine et les Caraïbes. 

Une autre étape importante a été la tenue, en mars 2021 à Kyoto, du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale couronné par la Déclaration de Kyoto, qui reconnaît notamment la nécessité de faire progresser la réadaptation et la réinsertion des délinquants.  L’année 2021 a également donné un élan au renforcement de la lutte contre la corruption, a dit le haut fonctionnaire, citant la tenue, en juin, de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la lutte contre la corruption qui a notamment été marquée par la présentation du Réseau opérationnel mondial des services de détection et de répression de la corruption. 

M. Lemahieu a également parlé de la tenue de plusieurs Forums de la jeunesse consacrés, entre autres, à la lutte contre la corruption, la prévention de la toxicomanie et la culture de la légalité.  En effet, a-t-il précisé, l’autonomisation des jeunes et la protection de l’enfance est un engagement transversal de la stratégie de l’ONUDC pour 2021-2025.  Il a en outre indiqué que l’augmentation de la représentation et du leadership des femmes dans les forces de l’ordre et le système judiciaire a débouché sur un plus grand nombre d’enquêtes sur les crimes contre les femmes, à de meilleurs résultats en matière de maintien de l’ordre et à des approches réussies axées sur les victimes. 

Le haut fonctionnaire a ensuite fait savoir que l’édition 2021 du Rapport mondial sur les drogues a révélé que la crise de la COVID-19 a contribué à des changements dans la consommation et le commerce de la des drogues.  En outre, l’ONUDC a fourni, en 2020, une assistance technique pour appuyer un traitement de la toxicomanie efficace et respectueux des droits dans 28 pays, et dont ont bénéficié 67 000 personnes. 

Après s’être félicité de la tenue d’un débat de haut niveau sur la criminalité urbaine, et de la participation de l’ONUDC au débat du Conseil de sécurité sur la sécurité maritime, M.  Lemahieu a évoqué le lancement, la semaine dernière, de la boîte à outils de la stratégie de lutte contre la criminalité.  Il a ensuite indiqué que selon le Rapport mondial sur la traite des personnes, publié en février de cette année, le nombre d’enfants identifiés parmi les victimes de la traite a triplé, tandis que la part des garçons a été multipliée par cinq au cours des 15 dernières années. 

En mai de cette année, a-t-il poursuivi, l’ONUDC a lancé l’Observatoire sur le trafic de migrants.  Outre son action dans la lutte contre le terrorisme, l’ONUDC assure le secrétariat du Comité intergouvernemental d’experts à composition non limitée chargé d’élaborer une convention internationale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles. 

Le haut fonctionnaire a ensuite averti qu’alors que la situation en matière de drogue et de criminalité ne fait que gagner en complexité, l’absence d’un budget de base solide continue d’entraver la capacité de réaction de l’ONUDC. 

Dialogue interactif 

Quel est l’impact de la criminalité transfrontalière et transnationale sur le développement des pays, a demandé le Venezuela qui par ailleurs a souhaité que les travaux sur l’élaboration d’une convention relative à la cybercriminalité se déroulent de manière transparente.  Ces négociations doivent également veiller à la protection des droits humains a renchéri l’Union européenne qui a aussi plaidé pour que la société civile et de l’industrie puissent y participer.  Il conviendra aussi de tenir compte des nouveaux défis et de protéger les libertés, avec un Internet utilisable par tous et de façon sûre, ont ajouté les États-Unis

La capacité des organisations criminelles à recourir à des moyens de communication modernes pour commettre leurs méfaits, notamment dans l’espace cybernétique, exige une synergie d’efforts coordonnés, a reconnu la République arabe syrienne qui a souligné que la cybercriminalité touche tout particulièrement les pays en développement en raison de la faiblesse de leurs capacités, lesquelles sont encore amoindries par les mesures coercitives unilatérales imposées par des pays comme les États-Unis. 

Le Nigéria a salué l’assistance fournie par l’ONUDC, cette coopération ayant notamment permis de mettre en place un réseau de professionnels qui fournissent une aide par téléphone aux toxicomanes qui ne peuvent se faire soigner.  Le soutien de l’ONUDC, a également permis d’arrêter plus de 8 000 trafiquants et d’effectuer des saisies de drogues d’une valeur commerciale de 200 millions de dollars. 

Au nom de l’Association des États de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Singapour a indiqué que lors de sa dernière réunion biannuelle au niveau ministériel, l’ASEAN s’est engagée à renforcer ses capacités de coopération dans le cadre de la lutte contre la criminalité transnationale.  Elle a également réitéré sa volonté de sécuriser les communautés contre les trafics illicites de stupéfiants, notamment dans le Triangle d’or. 

Le Mexique a souhaité obtenir de plus amples informations sur les travaux coordonnés que mène l’ONUDC entre Vienne et New York.  Il serait également souhaitable de lancer une réflexion sur les drogues utilisées à titre médical.  Le Bélarus a appelé à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre la traite des personnes, la cybercriminalité, le financement du terrorisme et les nouvelles formes de criminalité organisée.  Mais, selon lui, tous les États Membres doivent pouvoir travailler conformément au droit national. 

À son tour, la Chine s’est félicitée qu’en dépit de la pandémie, de grands progrès aient été réalisés par la justice pénale chinoise, ainsi qu’en matière de lutte contre les stupéfiants.  Si ces objectifs sont communs à tous les pays, chacun a des préoccupations différentes, a-t-elle encore fait valoir, appelant à un partage d’expérience plutôt qu’à des échanges d’accusations. 

Face au problème mondial de la drogue et de la criminalité transnationale organisée, la Colombie a jugé essentiel de renforcer le principe de la responsabilité commune et partagée.  Que projette de faire l’ONUDC pour contrecarrer l’augmentation de la consommation de cannabis, s’est enquis l’Algérie qui a alerté que le trafic de stupéfiants, surtout le cannabis, constitue une « menace pour notre région » où plus de 80 000 tonnes de cannabis ont été saisies en 2020.  Le Maroc a, pour sa part, indiqué avoir saisi en mai 2021 une grande quantité de drogues psychotropes, dont près de 15 000 comprimés qui s’ajoutent à des centaines de milliers de substances synthétiques et psychotropes saisis l’années dernière et provenant principalement des frontières est du Royaume.  Le Qatar a rappelé que Doha a accueilli cette année le premier Forum des jeunes sur la prévention de ce crime et la justice pénale, dont les recommandations ont été présentées au Congrès de Kyoto. 

Répondant aux questions et observations des États Membres, le Directeur de la Division de l’analyse des politiques et des relations publiques de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a tout d’abord suggéré de privilégier un format hybride pour la conduite des travaux sur l’élaboration d’une convention de lutte contre la cybercriminalité, permettant ainsi de travailler aisément entre Vienne et New York, dont le bureau, a-t-il précisé, sera renforcé avec davantage de personnels.  Il a également invité à consulter le programme dédié de lutte contre la cybercriminalité sur le site internet de l’ONUDC.  Quant à la relation entre les droits de l’homme, le secteur privé et la société civile, il a évoqué l’existence d’un ensemble d’instruments qui traite de la question et de bonnes pratiques qui vont « nous permettre de travailler ensemble pour obtenir de très bons résultats ». 

S’agissant du cannabis, il a indiqué que ce stupéfiant illicite est loin d’être « innocent » comme beaucoup pourraient le penser, insistant sur la nécessité de sensibiliser le public à ce sujet.  Il a ensuite évoqué l’action de l’ONUDC en Afghanistan et en Colombie, appelant notamment à aider ce dernier pays à maintenir ses efforts de réduction de la production de coca et à promouvoir d’autres activités agricoles génératrices de revenus.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: sous la double pression des crises sanitaire et climatique, la gageure du développement durable

Soixante-seizième session,
Réunions virtuelles - matin & après-midi
AG/EF/3553

Deuxième Commission: sous la double pression des crises sanitaire et climatique, la gageure du développement durable

Il faudrait l’équivalent de 1,7 de la planète pour absorber les modes de consommation actuels: ce chiffre choc a été donné par Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies, pour combattre la désertification, lors d’une séance de débat virtuel de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) consacrée au développement durable.

Les délégations se sont demandées comment garder le cap de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, alors que la crise sanitaire a entravé leurs efforts et que la crise climatique est ressentie, chaque année, plus intensément.  Les pays en développement sont aux prises avec des problèmes croissants concernant le fardeau de la dette, la démographie, les changements climatiques, la rareté de l’eau potable et la désertification, a résumé l’Égypte.  Et tous ont été aggravés par la pandémie de COVID-19.

De nombreux pays en développement, qui ressentent leur vulnérabilité climatique comme une injustice, ont exprimé leur frustration.  L’Éthiopie a rappelé que « la contribution carbone de l’Afrique est insignifiante », alors que c’est l’un des continents les plus touchés par les effets des changements climatiques.  Le Mexique et l’Équateur ont rappelé l’engagement pris par les pays développés signataires de l’Accord de Paris de mobiliser 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025 dans un fonds vert pour le climat.  Pour El Salvador, « la justice climatique est une nécessité », tandis que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a plus sobrement évoqué le principe des « responsabilités communes, mais différenciées ».

Les États de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), confrontés à la vélocité des ouragans ainsi qu’à l’élévation du niveau de la mer, « ont atteint leurs limites en matière d’adaptation » et « n’ont plus de ressources pour lutter », ont-ils témoigné.  Ils réclament, avec les Fidji, un indice de vulnérabilité multidimensionnel, et un rapport du Secrétaire général présenté ce matin va dans leur sens: il indique en effet que « la communauté internationale ne peut pas continuer à déclarer que les PEID (petits États insulaires en développement) constituent un cas spécial pour le développement durable en raison de leurs vulnérabilités particulières, sans, à tout le moins, répondre à leur demande de longue date d’un tel indice ».

Plusieurs délégations ont réaffirmé leur attachement au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, à l’instar du Mexique dont les efforts de prévention font partie intégrante de son programme de gestion des risques.  Comme ces deux dernières années l’ont montré, se préparer en amont à une crise est plus efficace que de faire face aux répercussions, a pointé le Groupe des États d’Afrique.  Or, fin 2020, 120 pays déclaraient avoir mis en place des stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe, lit-on dans un des rapports étudiés aujourd’hui.  Mais Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a déploré une mise en œuvre trop lente et une coopération internationale insuffisante pour soutenir les efforts des pays en développement.  L’AOSIS n’a pas dit autre chose en réclamant un fonds volontaire pour les catastrophes, afin de justement mettre en pratique le Cadre de Sendai.  En outre, le Forum des îles du Pacifique, l’AOSIS et les Fidji ont réclamé un cadre permettant aux PEID et à l’ONU de mettre en œuvre les Orientations de Samoa.

Du fait de la pression climatique, les États Membres veulent une reprise économique en adoptant des « modes de consommation et de production durables ».  Singapour s’est par exemple déclarée en faveur d’une relance « moins gourmande », appelant à trouver des synergies pour « maximiser l’utilisation des ressources », « minimiser les déchets » tout en créant des opportunités économiques, et passer d’un « modèle linéaire » à des « modèles de consommation durables et circulaires ».  L’Équateur a promu un modèle équatorien de « consommation durable » contre la pollution plastique et pour la défense des énergies renouvelables.  Même son de cloche au sujet de l’énergie, où une volonté de transition vers les énergies renouvelables a été affichée par des délégations telles que l’Éthiopie.  Pâtissant d’un accès difficile à l’électricité, elle compte produire 50 gigawatts d’ici à 2030 notamment grâce à l’énergie éolienne et solaire, dans un effort de diversification de son bouquet énergétique.  Singapour veut, lui, quadrupler les déploiements d’énergie solaire et produire localement 30% de ses besoins nutritionnels, contre moins de 10% aujourd’hui.

Changements climatiques, environnement, désertification ont été évoqués tout au long de la journée.  Le Groupe des États d’Afrique a mentionné le coût des attaques de criquets pèlerins.  En Asie centrale, les catastrophes hydriques coûtent près de 500 millions de dollars par an au Tadjikistan, qui a appelé à une protection accrue des glaciers fondant à une vitesse exponentielle.  La délégation tadjike compte d’ailleurs présenter un projet de résolution sur ce sujet devant l’Assemblée générale.  Pour l’Iraq, à la rareté des ressources hydriques s’ajoutent les tempêtes de sable et de poussière qui endommagent la végétation ainsi que la santé des humains en raison des problèmes respiratoires engendrés.  L’Iraq a réaffirmé sur ce sujet l’importance de mettre en place « un mécanisme juste et coordonné » pour déployer « des mesures transfrontalières ».

La République arabe syrienne, Cuba et l’Iran ont dénoncé des mesures coercitives unilatérales sapant les fondements du multilatéralisme et entravant leurs efforts de réalisation des ODD.  Pour l’Iran, la communauté internationale a la « responsabilité morale » de coordonner des efforts efficaces contre l’unilatéralisme.

La Deuxième Commission se réunira de nouveau demain à 10 heures.

RÉUNION VIRTUELLE SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

M. SHANTANU MUKHERJEE, Chef du Service de l’analyse des politiques intégrées au sein de la Division des objectifs de développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a présenté quatre rapports du Secrétaire Général.

Le premier, intitulé « Les technologies agricoles au service du développement durable: ne laisser personne de côté » (A/76/227), reconnaît que la science et la technologie ont le potentiel d’accélérer le changement transformateur des pratiques agricoles à l’appui du Programme 2030.  Dans ce contexte, le rapport analyse les tendances technologiques en agriculture et les avantages potentiels, les risques et les incertitudes entourant les technologies émergentes.  Des exemples sont donnés de technologies prometteuses, notamment les biotechnologies, les technologies numériques, les énergies renouvelables, la mécanisation et l’avancement des données, qui peuvent contribuer à fournir des solutions intégrées pour les objectifs de développement durable (ODD) en stimulant la production, en améliorant l’efficacité, en minimisant les déchets et en réduisant la pénibilité dans les systèmes agroalimentaires.

Le second rapport, intitulé « Parvenir au développement durable: réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à l’adoption de modes de consommation et de production durables, en faisant fond sur Action 21 » (A/76/212), fait le point sur la mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable.  Dans son évaluation, a poursuivi M. Mukherjee, le rapport note qu’un an après la pandémie de COVID-19, une grande incertitude entoure encore les perspectives économiques mondiales.  Selon les estimations, le PIB mondial a chuté de 4,3% en 2020, ce qui s’est accompagné de l’ajout d’environ 120 millions de personnes dans l’extrême pauvreté.  Dans sa conclusion, le rapport indique que la pandémie a révélé les faiblesses des modèles de développement actuels.  Dans ce contexte, la transformation de nos économies nécessitera de changer la façon dont nous produisons, traitons, utilisons et gérons nos ressources, ainsi que la conception et la mise en œuvre de la politique économique, a souligné le rapporteur.  Cela nécessiterait des « changements systémiques » et un engagement sans précédent de la communauté internationale pour transformer ces modèles.

Le troisième rapport présenté est intitulé « Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement" (A/76/211) et A/76/211/Corr.1). Il passe en revue les progrès réalisés dans la mise en œuvre des Orientations de Samoa au cours de l’année écoulée.

Concernant l’indice de vulnérabilité multidimensionnel, le rapport indique que « la communauté internationale ne peut pas continuer à déclarer que les PEID constituent un cas spécial pour le développement durable en raison de leurs vulnérabilités particulières, sans, à tout le moins, répondre à leur demande de longue date d’un tel indice ».

Enfin, le rapport du Secrétaire général intitulé « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable » (A/76/206), donne un aperçu des progrès accomplis en vue d’assurer l’accès de tous à une énergie abordable, fiable, durable et moderne et met en évidence les mesures prises par les États Membres et les autres parties prenantes à l’appui de cet objectif.  Le rapport fait également le point sur la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’énergie durable pour tous 2014-2024, sur le dialogue de haut niveau sur l’énergie et sur les efforts récents et prévus d’ONU-Énergie à l’appui de l’objectif 7 de développement durable.

Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a présenté « le rapport sur la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030) » (A/75/240), qui recense les progrès accomplis et les bonnes pratiques à même d’aider les pays à surmonter les difficultés que pose une mise en œuvre effective.

La réduction des risques de catastrophe doit être au cœur de « Notre Programme commun » pour une planète prospère et durable pour les générations actuelles et futures, a d’emblée souligné Mme Mizutori.  D’autant plus que le rapport confirme une tendance alarmante à la hausse de ces risques, avec les pertes économiques et les dégâts ou la destruction d’infrastructures essentielles que provoquent les catastrophes.

Fin 2020, plus de 120 pays avaient fait état de stratégies pour la réduction des risques de catastrophe.  Cependant, la mise en œuvre est trop lente, les défis sont nombreux et la coopération internationale pour les pays en développement est à la peine.  En outre, les évaluations des risques doivent aller au-delà des catastrophes naturelles pour intégrer les risques biologiques, environnementaux et technologiques.  La pandémie de COVID-19 a également montré la nécessité d’améliorer la compréhension des vulnérabilités.

Le Secrétaire général appelle les pays à surmonter les difficultés institutionnelles, en termes de capacités et de financement, qui empêchent la cohérence dans le développement, la mise en place et le suivi de la réduction des risques de catastrophe, ainsi que dans l’adaptation aux changements climatiques et aux plans de développement durable, a souligné Mme Mizutori.  Le Secrétaire général reconnaît également qu’une approche inclusive fondée sur les droits de l’homme peut faciliter l’institutionnalisation de la participation multipartite et aider à lutter contre les inégalités.

Une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale en 2023, qui se terminera par l’adoption d’une déclaration politique intergouvernementale, devrait fournir des directives pratiques et des recommandations pour accélérer les mesures durant les sept dernières années du Cadre de Sendai, a conclu la Représentante spéciale

M. IBRAHIM THIAW, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification, a présenté la section II de la note du Secrétaire général intitulée Application des conventions des Nations Unies sur l’environnement (A/76/225), qui présente le « rapport du secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique ».

Il a déclaré que la désertification et la dégradation des sols font partie des « blessures les plus sérieuses que nous nous infligeons à nous-mêmes ».  La sécheresse est l’une des principales menaces à la paix et à la stabilité, a-t-il ajouté.  Il a néanmoins vu une raison d’être optimiste puisque la restauration des sols paraît être l’une des solutions les moins coûteuses pour relever aux défis tels que les changements climatiques et la réduction de la biodiversité.  Il a quand même rappelé qu’il faudrait l’équivalent de 1,7 de la planète pour absorber les modes de consommation actuels.

M. Thiaw a demandé que les sols soient au centre des efforts de développement durable.  Il a appelé à la réalisation de l’objectif 15 de développement durable (préserver et restaurer les écosystèmes terrestres).  « La gestion durable des sols est l’action la plus concrète que la communauté internationale peut entreprendre. »  Il a estimé que cela peut générer des millions d’emplois durables, particulièrement pour les femmes et les jeunes, et atténuer la vulnérabilité des pays les plus pauvres.  Il a ensuite insisté sur les conséquences négatives des sécheresses et exhorté la communauté internationale à les considérer pour ce qu’elles sont: « des urgences mondiales ».  Seule la coopération internationale permet de remédier à ces urgences qui ne connaissent ni frontières ni idéologies politiques, a conclu M. Thiaw.

Mme NANDHINI KRISHNA au nom de Mme ELIZABETH MARUMA MREMA, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, a présenté le « rapport de la Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique » figurant à la section III de la note du Secrétaire général A/76/225.  Elle a indiqué espérer que la COP 15 de la Convention, qui sera convoquée en deux segments en octobre 2021 et avril-mai 2022, débouchera sur une déclaration de Kunming.  Des réunions virtuelles des organes subsidiaires de la Convention ont été organisées pour préparer la COP 15, a-t-elle poursuivi.  La vingt-quatrième session de l’Organe subsidiaire sur les aspects scientifiques, technologiques et techniques, réunie virtuellement, fut très suivie.  La priorité y a été donnée aux questions directement liées au cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 et des recommandations seront formellement adoptées lors de futures réunions physique, a précisé Mme Krishna.

Les préparatifs du cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 sont également à un stade avancé, a-t-elle souligné, avant d’indiquer que les discussions sur le projet de cadre se poursuivront lors d’une session de reprise en janvier 2022 à Genève, pour faire avancer les négociations en vue de sa finalisation et de son adoption, lors de la réunion de la COP 15, en avril-mai 2022.  Enfin, Mme Krishna a informé la Deuxième Commission qu’une réunion virtuelle de haut niveau pré-COP a été organisée par le Gouvernement de la Colombie, en consultation avec le Secrétariat, le 30 août 2021.

Mme Krishna, au nom de la Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, a précisé que le rapport soumis comprend également des détails, comme demandé par la résolution 75/219 de l’Assemblée générale, sur le lien éventuel entre la pandémie de COVID-19 et la biodiversité ainsi que les implications de ce lien sur les efforts de relève à mettre en œuvre.  Elle a conclu son intervention en déclarant que « le recouvrement de la biodiversité doit être considéré comme le défi déterminant de notre temps ».

Mme VIBEKE JENSEN,  au nom de Mme STEFANIA GIANNINI, Secrétaire générale adjointe à l’Éducation au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le « rapport de la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture sur l’éducation au service du développement durable dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/76/228).

Le texte fait le point sur la mise en œuvre de l’éducation au développement durable dans le cadre du Programme 2030, en particulier pour ce qui concerne le lancement de la feuille de route pour l’éducation au développement durable de l’UNESCO.  Il comprend un compte rendu de la Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’éducation en vue du développement durable organisée en mai 2021 à Berlin, ainsi que les conclusions des consultations menées auprès des États Membres, des principales parties prenantes et des organismes des Nations Unies.

Mme Jensen a déclaré qu’il fallait mieux préparer les enseignants et les apprenants à faire face aux changements climatiques, et qu’un travail d’action climatique devait être une composante clef des programmes de tous les secteurs du système éducatif.

Conformément à la déclaration de Berlin, les États membres de l’UNESCO sont appelés à verdir leur programme scolaire.  « Les jeunes sont anxieux et exigent cela », a martelé Mme Jensen.  L’UNESCO va organiser une session spéciale à la COP26 de Glasgow le mois prochain, rassemblant les ministres de l’environnement et de l’éducation de tous les pays pour mettre en œuvre ces changements de programme, a annoncé la Secrétaire générale adjointe.

Les fermetures d’écoles dans de nombreux pays, parfois totales, à cause de la pandémie, créent des dommages incalculables, a-t-elle aussi noté, appelant à ce que tous les plans de relèvement éducatifs soient « sexo-spécifiques ».  « Nous vivons un moment décisif pour faire face à une double crise, éducative et climatique », a conclu Mme Jensen.

M. JAMES GRABERT, Directeur de la Division de l’atténuation de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a fait part, au nom de Mme Patricia Espinoza, Secrétaire exécutive de la CCNUCC, des conclusions de la section I du rapport (A/76/225) du Secrétaire général sur l’application des conventions des Nations Unies sur l’environnement, à savoir le « rapport de la Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques sur les travaux de la Conférence des Parties à la Convention ».

La pandémie de COVID-19 a bouleversé le calendrier de la CCNUCC en 2020 et a eu des retombées importantes sur sa capacité à atteindre ses objectifs, a fait savoir M. Grabert.  L’absence de négociations formelles en 2020 s’est traduite par un manque de décisions formelles sous l’égide de la CCNUCC, a-t-il précisé.  Aussi le Secrétariat de la Convention a-t-il renforcé son soutien juridique et procédural et a facilité les réunions virtuelles afin que les Parties puissent continuer à progresser dans le cadre de la Convention, du Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris.

Une autre réalisation importante en 2020 a été la facilitation de l’entrée en vigueur de l’amendement de Doha, établi par le Protocole de Kyoto en 2012.  En raison du report de la COP26, qui aura lieu à Glasgow en novembre, les présidences des Conférences des Parties et des organes subsidiaires ont organisé des consultations virtuelles avec les Parties et les groupes de négociation sur l’Accord de Paris ou sur le financement de l’atténuation et de l’adaptation.

Nous sommes en retard sur le calendrier fixé par la CCNUCC, a fait observer M. Grabert.  La pandémie a réussi à ralentir les travaux mais elle n’a pas ralenti les changements climatiques, a-t-il prévenu.  En outre, elle a désavantagé les populations qui étaient déjà vulnérables.  Nous devons intensifier et donner un nouvel élan à l’action pour le climat pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et augmenter la résilience, a plaidé M. Grabert.  Nous devons agir de manière décisive et urgente, a-t-il conclu.

M. LIFENG LI, Directeur du Département des sols et de l’eau de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a présenté le « rapport du Secrétaire général sur la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière » (A/76/219).  Il a indiqué que les tempêtes de sable et de poussière sont une préoccupation grandissante pour la communauté internationale.  Ces tempêtes affectent directement la réalisation de l’objectif 11 de développement durable (rendre les villes sûres et durables) et engendrent des coûts économiques, sociaux et environnementaux qui ne cessent de s’accroître, a-t-il expliqué.

Le Directeur a insisté sur le rôle de la Coalition des Nations Unies pour la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière, qui regroupe 15 entités onusiennes et qui en est à la phase de mise en œuvre de son action.  La nature transfrontalière de ces tempêtes a ainsi poussé la Coalition à donner la priorité à l’encouragement des collaborations régionales entre pays touchés par lesdites tempêtes, a-t-il indiqué.  La mobilisation des ressources nécessaires au financement de la réponse à ces phénomènes sera la prochaine étape critique.  Enfin, il a déclaré que de nombreuses lacunes subsistent en ce qui concerne la compréhension de ce phénomène, notamment la collecte de statistiques.  Il convient de combler ces lacunes en vue de contribuer à la réalisation du Programme 2030, a-t-il conclu.

M. JAMIL AHMAD, Directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a présenté le « rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du PNUE » (A/76/25) et le « rapport du Secrétaire général sur le Renforcement de la coopération pour la gestion intégrée des zones côtières aux fins du développement durable » (A/76/354).

Pour le premier, M. Ahmad a rappelé qu’une réunion en ligne a eu lieu en février 2021 lors de laquelle les participants ont souligné les liens inextricables entre la nature et l’homme, la santé, ainsi que les crises climatiques et la pollution.  Il a également indiqué qu’à sa cinquième session, l’Assemblée pour l’environnement a approuvé un message final consensuel, mettant l’accent sur plusieurs priorités: soutenir une reprise après la pandémie de COVID-19 qui soit durable, inclusive et qui protège la planète; stimuler la consommation et la production durables; revitaliser nos économies et créer des emplois décents et durables; réaliser de réels progrès dans l’éradication de la pauvreté; renforcer notre résilience future à des crises semblables; redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba; réaffirmer l’urgence à mener des actions pour mettre en œuvre le Programme 2030; et souligner l’importance cruciale de faire de nouveaux progrès dans toutes les instances multilatérales pour l’environnement.  M. Ahmad a également indiqué qu’un autre résultat important a été l’approbation de la stratégie à moyen terme du PNUE, qui prévoit le renforcement de ses trois objectifs stratégiques: « stabilité climatique », « vivre en harmonie avec la nature », et « vers une planète sans pollution ».

En ce qui concerne le rapport à l’Assemblée générale, il offre une excellente occasion d’intégrer davantage les résultats de la cinquième session de l’Assemblée pour l’environnement dans les travaux et les discussions de l’Assemblée générale, s’est réjoui M. Ahmad.  Il a ainsi invité les États Membres à prendre note du rapport et des trois décisions adoptées par l’Assemblée pour l’environnement à sa cinquième session; à réaffirmer la nécessité d’assurer la durabilité, la prévisibilité et la stabilité du financement du PNUE; à recommander la participation du Président de l’Assemblée générale et du Président du Conseil économique et social à la reprise de la séance de la cinquième session de l’Assemblée pour l’environnement et en session extraordinaire; et à inscrire à l’ordre du jour provisoire de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, au titre du point intitulé « Développement durable », un sous-point intitulé « Rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement ».  L’Assemblée générale souhaitera peut-être également donner suite à l’invitation de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à examiner l’événement approprié pour l’adoption d’une déclaration politique pour une réunion de haut niveau des Nations Unies, a conclu M. Ahmad.

Mme SOFIA GUTIERREZ, Directrice adjointe pour le développement durable du tourisme de l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies (OMT), a présenté le rapport intitulé « Tourisme et développement durable en Amérique Centrale (A/76/217).

Elle a fait remarquer que le tourisme détient un potentiel de développement socioéconomique « énorme », notamment pour les femmes et les jeunes, les milieux ruraux et autochtones.  Attention, cependant, à préserver leur capital culturel, a-t-elle prévenu.

En dépit des nombreux défis liés à la pandémie, beaucoup d’efforts ont été faits pour développer le tourisme durable mais « comme on peut s’y attendre, il n’y a pas eu beaucoup de progrès ces deux dernières années », a-t-elle commenté, tout en reconnaissant que le tourisme doit continuer de contribuer au développement durable essentiel.  La rapporteuse a aussi mis en lumière la nécessité d’une collaboration régionale plus robuste, faisant valoir, à cet égard, le Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA) qui sera utilisé plus activement comme tremplin pour une approche régionale intégrée.  « Les jalons à venir en matière de développement durable donnent aux pays d’Amérique centrale une impulsion pour répondre à toutes ces questions. »

Mme Gutierrez a appelé à encore plus d’ambition pour la lutte contre les changements climatiques, la promotion de la diversification du tourisme à l’aide de partenariats public-privé, la préservation du patrimoine culturel, la promotion du développement durable, et aussi « pour garantir une relève durable, avec de la résilience ».

Elle a enfin signalé que l’OMT propose des rapports moins fréquents, « plutôt tous les 5 ans que tous les 2 ans », et ce, afin de moins utiliser de ressources techniques et administratives.  Cela pourrait, à son avis, constituer un grand pas en avant pour revitaliser les travaux.

M. MOISES VENANCIO, Conseiller régional au Bureau régional pour les États arabes du Programme de développement des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a présenté le « rapport du Secrétaire général relatif à la Marée noire sur les côtes libanaises » (A/76/298).

Le rapport rend compte des progrès accomplis concernant la catastrophe écologique provoquée par la destruction par l’aviation israélienne, le 15 juillet 2006, de réservoirs de stockage de carburant situés à proximité de la centrale électrique de Jiyeh, au Liban, qui a provoqué une marée noire qui s’est répandue sur les deux tiers des côtes libanaises et au-delà.

Dans sa résolution 75/209, l’Assemblée générale avait de nouveau demandé au Gouvernement israélien d’assumer sa responsabilité de dédommager rapidement et convenablement les gouvernements libanais et syrien, pour les dégâts occasionnés.  Or, à ce jour, le Gouvernement israélien n’a toujours pas assumé la responsabilité de l’indemnisation, a fait savoir M. Venancio.  Cette indemnisation est d’autant plus importante que les dommages subis par le Liban se chiffraient en 2014 à 856,4 millions de dollars.

Mme NURZHAN RAKHMETOV(Kazakhstan), au nom des pays en développement sans littoral, a déclaré que la pandémie a accru la vulnérabilité de ces pays face aux catastrophes et réduit leur capacité d’adaptation aux changements climatiques.  Des actions décisives sont nécessaires, a-t-elle souligné.  La représentante a indiqué que, même si les pays en développement sans littoral n’ont pas de terres côtières, les océans déterminent leurs modèles climatiques et météorologiques.  Ils ont ainsi besoin d’un soutien accru pour lutter contre les changements climatiques, a-t-elle plaidé.  « Nous devons renforcer le multilatéralisme inclusif pour garantir qu’aucun pays ne soit laissé pour compte et que les objectifs de développement durable soient pleinement mis en œuvre », a-t-elle insisté.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme MERIEM EL HILALI (Maroc) a souligné que la réalisation des objectifs de développement durable représente un défi majeur en Afrique, notamment en raison de la crise sanitaire et la crise climatique.  Les conséquences des catastrophes climatiques sont également particulièrement marquées en Afrique, a ajouté la représentante, mentionnant le coût des attaques de criquets pèlerins.  Selon elle, la COP26 doit permettre de prendre des décisions audacieuses à la hauteur des objectifs ambitieux.  La pandémie ayant montré combien l’accès à l’énergie est important, la mise en œuvre de l’objectif 7 de développement durable (ODD) est prioritaire en Afrique.  Ces deux dernières années ont en effet montré qu’être préparé à une crise est plus efficace que de faire face à ses répercussions.  À cet égard, le Groupe met en exergue le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

Quant aux petits États insulaires en développement (PEID), ils restent confrontés à d’énormes vulnérabilités face aux conséquences des changements climatiques, ce qui sape leurs efforts de relance et de développement durable.  La coopération internationale et régionale ainsi que la coordination en matière de politique pour le financement de stratégies vertes sont à cet égard essentielles.  En conclusion, la représentante a souligné qu’assurer une éducation de qualité et un enseignement tout au long de la vie sont au centre des priorités pour le Groupe des États d’Afrique.

Selon M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le programme « Vision 2025 » de l’ASEAN et le Programme 2030 se complètent: tous deux donnent la priorité aux approches inclusives du développement durable.  Encourageant l’accélération des efforts visant à atteindre les objectifs de développement durable (ODD), l’ASEAN s’engage à renforcer sa coopération avec l’ONU dans cinq domaines clefs : l’éradication de la pauvreté; l’amélioration des infrastructures et le renforcement de la connectivité; la promotion de la consommation et de la production durables; le renforcement de la gestion durable des ressources naturelles; le renforcement de la résilience.

En tant que région parmi les plus exposées aux catastrophes naturelles dans le monde, qui causent un nombre considérable de décès et des pertes économiques substantielles, l’ASEAN dispose de son propre accord sur la gestion des catastrophes, nommé AADMER.  Il sert, a expliqué M. Manalo, de plateforme commune et de colonne vertébrale de la politique régionale pour la gestion des catastrophes.  « La vulnérabilité et l’impact des changements climatiques constituent une préoccupation majeure pour l’ASEAN: six de ses pays membres figurent parmi les vingt pays les plus vulnérables aux changements climatiques dans le monde ».   Réaffirmant son attachement à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à l’Accord de Paris, en particulier au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, compte tenu des différentes situations nationales, l’ASEAN attendra avec intérêt la COP26.

Le délégué a précisé que l’ASEAN élabore actuellement son plan stratégique pour l’environnement (ASPEN), qui servira de guide pour la prochaine décennie.  Il couvrira les principaux domaines de coopération en matière de protection de lenvironnement et de développement durable, tels que la conservation de la nature et la biodiversité, l’environnement côtier et marin, la gestion des ressources en eau, les villes écologiquement viables, les changements climatiques, les produits chimiques et les déchets, l’éducation à l’environnement et la consommation et la production durables.  Enfin, reconnaissant les liens potentiels entre la perte de biodiversité, la dégradation des écosystèmes et les zoonoses, l’ASEAN s’engage à intégrer la biodiversité dans sa réponse à la COVID-19 et dans la prévention des pandémies futures.

M. SATYENDRA PRASAD (Fiji), Président du Forum des îles du Pacifique, a indiqué que les dirigeants du Forum ont adopté le Cadre en faveur d’un développement résilient dans le Pacifique qui vise à diminuer la vulnérabilité face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.  Nombre des défis que nous connaissons exigent une coopération internationale renforcée, a-t-il dit, en appelant à la mise en œuvre des Orientations de Samoa, du Cadre de Sendai et de l’Accord de Paris.  Il a exhorté les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris.  Il a souligné l’importance des Orientations de Samoa, avant d’appeler à l’achèvement de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

La pandémie a modifié en profondeur le paradigme du développement international, a poursuivi M. Prasad, en appelant à un changement d’approche pour réaliser le Programme 2030.  « Parce que pour la plupart d’entre nous, si ce n’est tous, la route du relèvement sera longue. »  Le lien entre consommation et productions durables, la préservation de la biodiversité, l’atténuation des effets des changements climatiques, l’inclusion des genres et le bien-être des communautés de la région du Pacifique est clair, a ajouté le délégué.  En conclusion, il a appelé à « découpler » la croissance économique de la dégradation environnementale, en plaidant pour une meilleure utilisation des ressources.

M. IAN MC DONALD LIBURD (Saint-Kitts-et-Nevis), au nom de la Communauté des Caraïbes, (CARICOM), a mis en exergue les vulnérabilités uniques qui continuent de faire des États de la CARICOM un « cas particulier » pour le développement durable.  « Nos vulnérabilités préexistantes sont exacerbées, nos économies se détériorent rapidement, notre fardeau de la dette augmente et les impacts des changements climatiques ravagent notre paysage socioéconomique et environnemental », a-t-il précisé.  Or, malgré le mandat élargi établi par les Orientations de Samoa et le Programme 2030 pour soutenir le développement des petits États insulaires en développement, les ressources qui leur sont allouées au sein du Département des affaires économiques et sociales sont restées inchangées, s’est inquiété le représentant.

Les pays de la CARICOM restent pleinement engagés envers les trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique: conservation, utilisation durable, et partage juste et équitable des avantages dérivés de l’utilisation de la biodiversité, a par ailleurs indiqué le représentant.  En conclusion, il a appelé à une action intégrée urgente pour endiguer le rythme accéléré de la perte de la biodiversité et pour ralentir les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

M. TUMASIE BLAIR (Antigua-et-Barbuda), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a confirmé que la pandémie avait mis à mal les systèmes sanitaires des États de l’Alliance.  Favorable à un cadre permettant aux petits États insulaires en développement (PEID) et à l’ONU de mettre en œuvre les Orientations de SAMOA, il s’est dit partisan de l’établissement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel.  L’AOSIS souligne que les PEID sont plus vulnérables aux chocs: l’économie des pays est à l’arrêt; le fardeau de la dette augmente, ainsi que la pauvreté.  La pandémie et les catastrophes rapprochent les pays de l’Alliance d’une crise de la dette et les pays ne peuvent plus répondre aux besoins de leurs habitants, s’est inquiété le représentant.

Favorable à toute stratégie permettant de favoriser les PEID, le représentant a souligné que de nombreux pays reclassés en pays à revenu intermédiaire n’avaient plus accès à des financements.  C’est pourquoi l’AOSIS a lancé un appel pour reconsidérer les processus de reclassement.  Se réjouissant de participer à la Conférence de Doha avec en ligne de mire un nouveau programme d’action, les États membres de l’AOSIS demeurent confrontés à la vélocité des ouragans ainsi qu’à l’élévation du niveau de la mer.  « Ils ont atteint leurs limites en matière d’adaptation » et « n’ont plus de ressources pour lutter », a-t-il ajouté.  Jugeant que la décarbonisation rapide est la seule manière d’éviter une catastrophe, et rappelant que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré ne pourra être atteint sans des mesures urgentes, l’AOSIS appelle à redoubler d’efforts en matière de financement climatique et à respecter l’engagement financier de 100 milliards de dollars pour répondre aux besoins des pays vulnérables.  Un fonds volontaire pour les catastrophes permettrait de mettre en pratique le Cadre de Sendai, a conclu le représentant.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a assuré que le développement durable faisait partie des grandes priorités de son pays.  La pandémie a montré que la vaccination est nécessaire et le Qatar a pris des initiatives aux niveaux national et régional en ce sens, a-t-elle indiqué.  S’agissant du droit à l’éducation, le Qatar a respecté la journée internationale qui lui est dédiée.

Par ailleurs, le Qatar continue à travailler en coopération étroite avec les organisations internationales et régionales, notamment l’ONU, a assuré la représentante.  Parmi les initiatives du Qatar, elle a cité la fourniture de secours d’urgence en 2020, à hauteur de 20 millions de dollars affectés au PNUD et de 44 millions de dollars d’aide à différents pays.

M. AHMED MAGDY MOHAMED RASHAD ABDELAAL (Égypte) a fait valoir la stratégie à l’horizon 2030 élaborée par son gouvernement pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Les pays en développement sont aux prises avec des problèmes qui vont croissant et qui concernent le fardeau de la dette, la démographie, les changements climatiques, la rareté de l’eau potable, la désertification, qui ont été aggravés par la pandémie de COVID-19, a-t-il fait remarquer.  Tous les programmes mis en œuvre doivent être adoptés conformément aux priorités de chaque pays, a souligné le représentant.  Il a insisté sur l’importance d’un travail équilibré en ce qui concerne les changements climatiques, demandant d’agir de manière ciblée.  À ce sujet, l’Égypte souhaite accueillir la COP27, a annoncé le représentant.

Mme PORNRAWE POENATEETAI (Thaïlande) a insisté sur l’importance d’un égal accès aux vaccins contre la COVID-19.  Elle appelé à reconstruire en mieux, en prônant un développement respectueux de la planète.  La Thaïlande devrait parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2065 au plus tard, a-t-elle dit.  Elle a détaillé l’action de son pays pour une gestion durable des océans, avant de plaider pour l’application des Principes de Bangkok sur le statut et le traitement des réfugiés pour que personne ne reste de côté.  La représentante a souligné la nécessité de doter chaque individu de compétences numériques, afin qu’il puisse réaliser son plein potentiel. 

M. SAW YONG KAI (Singapour) a soutenu que placer le développement durable au cœur des efforts de reprise post-COVID-19 permettrait de créer une économie plus résiliente et inclusive à l’avenir.  À cette fin, il s’est prononcé en faveur d’une relance « moins gourmande ».  Nous devons trouver des synergies au niveau des systèmes pour maximiser l’utilisation des ressources, minimiser les déchets et créer des opportunités économiques, a-t-il professé, plaidant pour que le monde passe du modèle linéaire traditionnel de consommation à des modèles économiques plus durables et circulaires.  À Singapour, a-t-il indiqué, nous recourons à la technologie de recyclage des eaux usées et nous étudions la valorisation des déchets.  De plus, le pays travaille au niveau industriel à la transformation des boues d’épuration et des déchets alimentaires en biogaz.

Pour le représentant, il convient aussi de « récupérer plus fort » en se préparant aux chocs et crises à venir.  En tant que petite nation insulaire sans ressources naturelles, Singapour a tiré parti de l’innovation et de la diversification pour améliorer sa sécurité alimentaire, hydrique et énergétique, a-t-il relevé, faisant également état de mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques et de préparation aux pandémies.  Selon lui, le lancement, cette année, du Plan vert 2030 de Singapour témoigne de son engagement à renforcer la résilience par la voie du développement durable.  Le pays va ainsi planter un million d’arbres supplémentaires, quadrupler les déploiements d’énergie solaire et produire localement 30% de ses besoins nutritionnels, contre moins de 10% aujourd'hui.

M. YIREDA (Éthiopie) a rappelé que « la contribution carbone de l’Afrique est insignifiante », alors que c’est l’un des continents les plus touchés par les changements climatiques.  Il a détaillé l’action climatique de son pays, avec notamment la plantation de millions d’arbres.  L’Éthiopie vise à diminuer de 68% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.  Le délégué a rappelé que son pays fait partie des cinq pays connaissant l’accès le plus difficile à l’électricité et compte produire 50 gigawatts d’ici à 2030.  « L’énergie éolienne et solaire sont au cœur de nos efforts pour diversifier notre bouquet énergétique. »  Il a mentionné le rôle du grand barrage de la renaissance éthiopien dans cette production accrue d’électricité

M. CHENGHANG HUA (Chine) a fait valoir que la réalisation des objectifs de développement durable se heurte à de nombreuses difficultés.  Il a ainsi appelé à travailler ensemble pour aller vers un développement plus solide et plus vert.  Il a également déclaré que les pays développés doivent tenir leurs promesses et soutenir davantage les pays en développement.  Le délégué a conclu son propos en soulignant que la Chine défend une vision de développement nouvelle et innovante, un développement vert et partagé.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a souligné les progrès vers le développement durable réalisés par son pays.  Du fait de sa situation, Sri Lanka comprend bien l’importance d’une économie bleue et verte, a souligné son représentant.  Il a illustré son propos en mentionnant l’existence, à Sri Lanka, d’une université sur les océans.  En outre, a-t-il ajouté, le pays a été pionner en introduisant, en 1029, le cadre de Colombo sur l’enseignement supérieur.  « Nous cherchons une transition vers une économie bleue », a déclaré en conclusion le représentant, qui a précisé que son pays vise une énergie renouvelable et cherche à éliminer les centrales à charbon.

M. MHD. MAJD NAYYAL (République arabe syrienne), la pandémie a prouvé que l’on vivait dans un monde interdépendant et qu’aucun pays ne pouvait triompher seul d’un tel défi.  De nombreux obstacles empêchent la réalisation du Programme de développement durable en Syrie.  D’un côté, les attaques terroristes ont renversé des années de progrès . De l’autre, les mesures coercitives unilatérales imposées par « certains États » ont fait ployer les capacités de l’État syrien en matière de développement durable.  Il sera impossible de réaliser le Programme tant que persistent ces mesures « inhumaines » et « illégales » qui impactent les secteurs sanitaire et humanitaire en Syrie, a martelé le délégué.

M. ANDRÉS DAVID CÓRDOVA CHABLA (Équateur) a indiqué que le plan national de développement du pays (2021-2025) correspondait au Programme de développement durable à l’horizon 2030: le pays cherche à reconstruire en mieux après la pandémie.  Dans la lutte contre les changements climatiques, principale menace de notre temps, « il convient, pour tenir nos promesses, de respecter les principes d’équité et de responsabilité communes, mais différenciées », a-t-il fait valoir.  Inquiet que l’engagement des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars n’ait pas été maintenu, il a appelé à riposter rapidement face à l’urgence climatique lors de la COP26 de Glasgow.

Pays riche en biodiversité mais fragile, l’Équateur espère que la prochaine COP15 s’accordera sur un cadre mondial de la biodiversité et inscrira la communauté internationale dans une vision en harmonie avec la nature d’ici à 2050.  Le délégué a promu un modèle équatorien de « consommation durable » contre la pollution plastique et pour la défense des énergies renouvelables.  La prévention et la résilience font figure d’éléments essentiels de la politique de réduction des risques et de catastrophes, a-t-il noté.

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a indiqué qu’en dépit des défis causés par la pandémie, son pays continue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il le fait en harmonisant les stratégies et initiatives nationales dans le cadre du Plan Malaisie 2021-2025.  Face à la crise climatique, a-t-il précisé, le pays a récemment créé un conseil d’action climatique pour le changement, chargé de définir les stratégies en matière d’atténuation et d’adaptation et de stimuler une croissance économique verte.  Ce conseil a, d’ores et déjà, mis en œuvre un plan de développement 2021-2030 qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 165 millions de tonnes de dioxyde de carbone et à réduire les dépenses de carburant de 35 milliards de dollars en 10 ans.  Le pays s’oriente par ailleurs vers une augmentation de l’utilisation de véhicules électriques et un système de transport à faible émission de carbone.

La Malaisie s’est d’autre part fixée pour objectif d’atteindre 40% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici à 2035, a ajouté le délégué, faisant état d’un recours à l’énergie solaire à grande échelle.  Selon lui, il ne fait aucun doute que l’utilisation d’énergies alternatives intensifiera la croissance verte et stimulera la durabilité énergétique.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Malaisie appelle ses partenaires développés à consentir à des transferts de technologie pour soutenir les efforts des pays en développement dans cette transition énergétique.  Le délégué a également évoqué l’action menée par son pays pour préserver la biodiversité, notamment la publication à son journal officiel des aires marines protégées, conformément aux objectifs 14 et 15 de développement durable (ODD).  En outre, la Malaisie a promulgué une loi sur l’accès aux ressources biologiques, qui vise, entre autres, à réglementer l’utilisation des ressources biologiques, lutter contre la biopiraterie et veiller à ce que les avantages monétaires et non monétaires des ressources biologiques soient partagés équitablement.

M. HUMAM LUAI ABDULMUHSEN AL-SHAIKHLI (Iraq) a souligné l’importance de la solidarité internationale pour contrer les effets de la pandémie de COVID-19 à l’heure où le monde est engagé dans la réalisation du Programme 2030.  Concernant les changements climatiques, l’Iraq est l’un des pays dont la situation est précaire, raison pour laquelle la communauté internationale devrait apporter l’aide nécessaire pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, a-t-il plaidé.  Le représentant a aussi évoqué les changements climatiques et la rareté des ressources hydriques qui créeront des défis auxquels l’Iraq devra répondre, ce qui pourrait entraver ses efforts pour le développement durable.

Concernant l’énergie, le représentant a fait savoir que la fourniture d’une énergie à prix raisonnable constitue une priorité pour l’Iraq.  Les tempêtes de sable sont une préoccupation majeure en Iraq, car elles ont un impact sur la végétation et sur le secteur de la santé en raison des problèmes respiratoires que cela engendre, a-t-il expliqué.  D’où l’importance de mettre en place un mécanisme juste et coordonné pour déployer des mesures transfrontalières, a-t-il estimé.

M. ORDAZ TOLEDO (Mexique) a jugé le Programme 2030 « l’instrument le plus important pour le développement durable et la résilience ».  Les programmes du passé ne sont plus utiles et il est l’heure de proposer des solutions novatrices, a-t-il lancé.  Il en a appelé à trouver des synergies entre les conventions relatives à la biodiversité, aux changements climatiques et à la désertification.  Le représentant a aussi appelé à tenir les promesses de 100 milliards de dollars faites au titre de l’Accord de Paris.

Réaffirmant l’attachement du Mexique à l’application du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, le représentant a souligné que la prévention fait partie intégrante de son programme de gestion des risques.  Il a ajouté qu’il faut travailler à une relève après la pandémie.  On ne saurait atteindre les objectifs de développement durable sans que les droits humains ne soient respectés, a-t-il également fait observer.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a souligné la vulnérabilité de son pays aux changements climatiques et dénoncé la faiblesse de l’action internationale pour remédier auxdits changements.  Il a demandé un appui technique et financier aux pays en développement, ainsi qu’une aide publique au développement (APD) accrue.  « La justice climatique est une nécessité », a déclaré le délégué, en appelant à traduire les paroles en actes.  Il a détaillé l’action de son pays pour augmenter la résilience et réduire la vulnérabilité, notamment par une protection des forêts et des mangroves.  Près de 90% du bouquet énergétique d’El Salvador est composé d’énergies renouvelables, s’est-il félicité.

Mme MONICA BOHAM (Ghana) a souligné que la pandémie de COVID-19 a créé de multiples crises -sur les plans sanitaire, social, économique, politique et sécuritaire- avant de déplorer que l’inaction ou la réticence des États Membres à coopérer pour résoudre les défis communs nous rappelle tristement la fragilité des liens de notre humanité commune à l’époque actuelle.  Le Ghana estime qu’il y a trois actions essentielles qui doivent être prises pour corriger la mauvaise trajectoire vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Tout d’abord, a précisé la représentante, il faut une action plus audacieuse, plus claire et collective pour assurer l’accès universel aux vaccins, aux diagnostics et aux thérapies.  Ensuite, a-t-elle poursuivi, il est urgent de combler le déficit de financement des ODD, en particulier pour les pays en développement.  Enfin, a-t-elle estimé, la capacité d’accéder et de déployer des solutions innovantes et de nouvelles technologies accélérera considérablement les progrès vers les objectifs.

Au niveau national, des actions ont été entreprises, a expliqué la déléguée du Ghana.  Notamment, le Gouvernement a été contraint de revoir et d’ajuster considérablement le budget national pour refléter les mesures correctrices nécessaires, et les résultats de ces interventions et la résilience de l’économie ghanéenne commencent à se faire sentir, a-t-elle signalé.

Débat interactif

La représentante du Maroc a fait savoir que son pays avait toujours fait de la lutte contre les changements climatiques et la désertification une priorité.  Elle a demandé aux intervenants quel type de synergies seront établies entre la COP22 et la COP15 et comment parvenir à une coopération plus solide entre les États parties et les autres participants des COP.

M. Grabert a indiqué que le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques travaille en collaboration avec les représentants de la Convention sur la lutte contre la désertification.

Un représentant de la Convention sur la lutte contre la désertification a fait observer que plus on dégrade les terres, plus du carbone se retrouve dans l’atmosphère, raison pour laquelle on ne peut séparer la lutte contre la dégradation des terres de celle contre les changements climatiques.

Mme AL SHAIJI (Émirats arabes unis) a indiqué que le développement durable constitue le fondement de l’ensemble des politiques de son pays.  « Plus de 600 000 milliards de dirhams » ont été investis au profit de l’énergie durable, a-t-elle donné comme exemple.  Elle a précisé que les efforts du pays se basent sur les meilleures pratiques régionales et internationales et que de lourds investissements ont été consacrés à la construction de centrales solaires, dans l’ensemble du pays.  Ces plans en matière d’énergie solaire ont été couronnés de succès, s’est réjouie la représentante, se disant convaincue qu’il s’agit de la solution la moins coûteuse pour produire de l’énergie dans le monde.  Elle a appelé à une stratégie fondée sur le travail collectif pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), améliorer la qualité de vie des personnes, et développer les énergies renouvelables.

Mme TAHMINA HASANOVA (Tadjikistan) a souligné que la pandémie a mis à nu les vulnérabilités, avant de plaider pour une coopération accrue pour se relever « en mieux ».  Les catastrophes hydriques coûtent près de 500 millions de dollars par an au Tadjikistan, a dit la déléguée, en appelant à une protection accrue des glaciers.  Elle a précisé que son pays compte présenter un projet de résolution sur ce sujet devant l’Assemblée générale.  « Nous espérons ainsi insuffler un nouvel élan dans la protection des glaciers qui connaissent une fonte accélérée. »

M. HAJIMOHAMMADI (République islamique d’Iran) s’est alarmé de ce que « les mesures coercitives unilatérales illégales adoptées par quelques-uns sapent les fondements du multilatéralisme ».  Malgré toutes les restrictions et limitations découlant des sanctions unilatérales illégales des États-Unis, la République islamique d’Iran a redoublé d’efforts pour construire un avenir plus prospère pour son peuple, a déclaré le représentant, citant notamment les domaines de l’éducation, de la participation des femmes dans les secteurs sociaux et économiques, de l’énergie durable, de la science et de la technologie.  L’Iran est devenu l’un des principaux fabricants de vaccins COVID-19, a par exemple souligné le délégué.

Le représentant iranien a enfin mentionné que les circonstances particulières de son pays sous sanctions n’ont laissé aucun accès aux moyens de mise en œuvre de l’action climatique au titre de la Convention.  Il a conclu qu’en cette période critique, la communauté internationale a la responsabilité morale de renforcer ses engagements et de coordonner les efforts efficaces contre l’unilatéralisme si elle entend s’assurer que personne ne sera laissé pour compte.

Mme REEM FAHAD O. ALOMAIR (Arabie saoudite) a déclaré que « la finalité des objectifs de développement durable est d’assurer un avenir meilleur pour tout un chacun », avant de mettre en exergue les réalisations de son pays dans les différents secteurs du développement.  Elle a également souligné les aspirations de l’Arabie saoudite à renforcer le secteur du numérique.  Son pays, qui souhaite créer « une Arabie saoudite verte et un Moyen-Orient vert », appuie les efforts du secteur économique dans la lutte contre les changements climatiques, a-t-elle poursuivi.  Son pays est particulièrement conscient des défis tels que la désertification, a-t-elle fait observer.  « Nous pensons que la coopération est essentielle », a enfin déclaré la représentante saoudienne, avant d’indiquer que « le monde n’a d’autre choix que de faire preuve de solidarité pour surmonter les conséquences de la pandémie ».

M. OWEKE (Kenya) s’est inquiété des problèmes générés par les changements climatiques sur lesquels il a recommandé d’agir.  Il a notamment jugé important que le PNUE puisse mettre en œuvre son mandat et aider les pays de manière holistique.  Notant que la crise sanitaire s’est ajoutée à la crise climatique, il a déploré que ce soient les pays en développement qui en aient payé le plus lourd tribut.  En outre, la pandémie accélère la concentration de la pauvreté dans les pays africains, a-t-il fait observer. 

Le représentant a prié les États d’honorer leurs promesses de soutien financier afin que des investissements puissent être débloqués pour aider à financer la production verte dans les pays en développement.  Conscient du rôle essentiel de la protection de la biodiversité, le Kenya accueillera avec le Portugal la Conférence de l’ONU sur la conservation des océans qui aura lieu en juin 2022.  Le représentant a annoncé avec fierté que le Kenya est parmi les premiers producteurs d’énergie géothermique et qu’il a lancé une stratégie de croissance verte.

M. YURI ARIEL GALA LÓPEZ (Cuba) a constaté que la pandémie avait mis à l’épreuve le système multilatéral et l’ONU elle-même.  Dans le même temps, a-t-il déploré, « Cuba a appelé sans succès à l’arrêt des mesures coercitives unilatérales dont souffre actuellement un tiers de l’humanité ».  La conjonction de crises a réduit à néant les grands principes de développement:  « Nous en sommes loin, dans de nombreux domaines », a regretté le délégué.  La communauté internationale et le système multilatéral ne sont pas à la hauteur, a-t-il ajouté, réclamant une « alliance mondiale revitalisée » et des moyens en faveur des pays en développement.  « Les pays développés doivent honorer leurs engagements historiques », a-t-il ajouté.

Expliquant que Cuba est aux prises avec des défis spécifiques, comme « l’imposition systématique d’un blocus commercial et financier », il a décrié de nouvelles mesures qui ont empêché certains dons de fournitures médicales qui auraient servi à faire face à la pandémie.  L’accès aux carburants et à des fonds a également été empêché par ce blocus.  C’est, plus largement, la principale raison de l’échec de Cuba pour réaliser le Programme 2030, a conclu le représentant.  De son côté, malgré le blocus des États-Unis, Cuba a envoyé des médecins dans des dizaines de pays pour des opérations humanitaires, et « créé trois vaccins anti-COVID ».

Au sujet de la pandémie, M NIZAR KADDOUH (Liban) a dit que la communauté internationale ne pourra obtenir de succès si les vaccins restent l’apanage de pays privilégiés.  À cet égard, il en a appelé à davantage de transferts de technologies et à renoncer à certains droits de propriété intellectuelle.  Si le représentant s’est félicité des initiatives concernant la dette, il a souligné que les pays en développement ont besoin de davantage de soutien et que, pour que la relève soit résiliente, il faut aussi une planète en bonne santé.  Au sujet de l’éducation, le représentant s’est inquiété du fort taux de déscolarisation des filles dans le monde.

M. MAHAMADOU BOKOUM (Burkina Faso) a présenté les actions et progrès réalisés par son pays en matière de développement durable.  En suivant le Plan national de développement économique et social pour la période 2016-2020, puis pour 2021-2025, le Burkina Faso a mis en place plusieurs politiques et stratégies relatives à l’agriculture et à l’irrigation durable, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à l’élevage, ainsi que plusieurs initiatives importantes dont les engagements nationaux et l’Initiative Pauvreté–Environnement et l’Initiative pour une économie verte.

M. Bokoum a néanmoins regretté qu’en dépit des progrès réalisés, le secteur de l’environnement continue de faire face à des défis dont les principaux sont, a-t-il listé, la gestion durable des ressources naturelles, la réduction des émissions de carbone, la promotion des modes de consommation et de production durables, la lutte contre l’exploitation anarchique des ressources minières et l’amélioration de la gouvernance de l’environnement.  Enfin, M. Bokoum a souligné que le Burkina Faso fait face à d’énormes défis sécuritaires qui obligent l’État à consacrer d’énormes ressources financières au secteur de la sécurité et de la défense nationale, handicapant l’effort du Gouvernement dans ses interventions au plan social et humanitaire, d’une part, et dans son plan d’investissement au profit du développement durable, d’autre part.  Ce pourquoi son pays sait qu’il doit toujours compter sur ses partenaires, a-t-il finalement déclaré.

M. NIRUPAM DEV NATH (Bangladesh) a relevé que la pandémie avait montré la fragilité de notre système économique, précisant que cela avait poussé des millions de personnes dans la pauvreté et perturbé le marché du travail.  Deux étudiants sur trois sont frappés par la fermeture des écoles, a-t-il ajouté.  Estimant que « l’heure est à l’action », il a souligné l’urgence que provoquent les changements climatiques.  Le délégué a ensuite salué la tenue fructueuse du sommet sur les systèmes alimentaires.  Nous devons nous appuyer sur ces événements pour assurer le succès des COP sur le climat et la biodiversité, a-t-il insisté.  Il a précisé que le Bangladesh avait adopté un plan visant à mettre en place des infrastructures pour assurer la prospérité climatique.  Le secteur privé et les investisseurs devraient se manifester afin de fournir un appui financier et technologique, notamment dans les pays vulnérables, a-t-il appuyé.

La pandémie a montré le caractère inadéquat de la réponse internationale face à l’urgence climatique, a-t-il ensuite estimé, se réjouissant de participer à la COP15 de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.  Le délégué a par ailleurs souligné que la pandémie avait fait la lumière sur le potentiel de la science et de l’innovation pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Nous devons combler la fracture qui existe en matière de distribution des vaccins et nous attaquer aux répercussions de la pandémie, a enfin appelé le représentant.

En tant que petit État insulaire, la Jamaïque se heurte à des vulnérabilités inhérentes entravant nos efforts et notre potentiel de développement, a souligné M BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE.  Mais le pays continue à renforcer son cadre de développement durable national grâce au plan « Vision 2030 Jamaïque ».  Nous sommes convaincus que les Orientations de Samoa constituent un cadre efficace pour tisser des liens à long terme, a ajouté le délégué, appelant le système de l’ONU à renforcer la mise en œuvre de celles-ci.  Il est ensuite revenu sur les difficultés rencontrées par la Jamaïque, ces dernières années, dans la mise en œuvre de son plan Vision 2030, notamment dans les domaines de la sécurité, la sûreté et du développement durable.  Le problème de la Jamaïque n’est pas de mettre en œuvre le Programme à l’horizon 2030 mais de mettre en œuvre des politiques qui permettent d’assurer des progrès pérennes, a-t-il souligné.  Enfin, la Jamaïque accueillera la septième Plateforme régionale pour la réduction des risques de catastrophe dans les Amérique et les Caraïbes du 1er au 4 novembre 2021.  Cette réunion sera l’occasion de réfléchir à la manière dont la crise de COVID-19 peut devenir une opportunité pour parvenir aux objectifs du Cadre de Sendai.

Mme ARAKSYA BABIKYAN (Arménie) a noté que la crise provoquée par la pandémie a amplifié les défis de développement préexistants, ajoutant que cela menace la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Ces objectifs sont devenus une partie intégrante de l’agenda de développement de l’Arménie, a assuré sa représentante, en détaillant ses priorités: l’amélioration du bien-être et des capacités des personnes; la transformation économique « verte »; le renforcement de systèmes de gouvernance pour qu’ils soient réactifs et efficaces; l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Évoquant le rapport du Secrétaire général sur « l’éducation pour le développement durable », la déléguée a attiré l’attention sur les réformes arméniennes visant à moderniser les écoles, les universités et l’enseignement professionnel.

Le statut de l’Arménie (pays en développement enclavé à revenu intermédiaire) exige de donner la priorité aux stratégies de lutte contre les changements climatiques, a estimé Mme Babikyan.  Elle a indiqué que l’Arménie continue de travailler à la mise en œuvre des programmes d’efficacité énergétique et de technologies intelligentes, citant également la « Stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe pour l’Arménie ».  La déléguée a également mentionné les réformes mises en œuvre pour développer les sources d’énergies renouvelables dans le pays, avec pour objectif d’atteindre 15% d’énergie solaire dans la production totale d’électricité d’ici à 2030.

Mme LETICIA MARÍA ZAMORA ZUMBADO (Costa Rica) a évoqué les derniers constats du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et appelé à une transition vers une économie durable et résiliente.  Des synergies entre climat, biodiversité et développement durable existent, et la COP26 constitue une « occasion en or » pour les faire fructifier, a-t-elle observé.  Des solutions fondées sur la nature sont essentielles pour la durabilité des infrastructures costaricaines.  Un plan de décarbonisation, centré notamment sur les secteurs agricoles et industriels, a été entamé et devrait courir jusqu'à 2050.  Toutefois, d’après la représentante, il faudrait à l’échelle mondiale 6 000 milliards de dollars par an de financement jusqu’à 2050 pour parvenir à réaliser les objectifs de développement durable (ODD) et lutter efficacement contre les changements climatiques.

M. SERGE PAMPHILE MEZANG AKAMBA (Cameroun) a jugé regrettable que dans le monde actuel, malgré les progrès sociaux, technologiques et scientifiques, « 9 citoyens sur 10 respirent un air pollué ».  Le Cameroun travaille pour garantir une efficacité économique, un développement social et une durabilité environnementale à ses citoyens.  L’un de ses défis spécifiques est de mettre en œuvre une stratégie de relance rapide, d’augmenter sa capacité en énergies renouvelables de 30% d’ici à 2030, pour fournir à tous une énergie sûre et durable.  Le Cameroun a également lancé un projet pour remettre en état des millions d’hectares de terres.  Le représentant a enfin appelé à un renforcement des partenariats ainsi qu’à un transfert de technologies efficace.

M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) a relevé qu’une grande source de préoccupation est la manière dont nous pouvons accroître la résilience et accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a souligné que le « principe de résilience » nécessite de trouver un équilibre entre les dimensions sociales et socioéconomiques du développement durable.

Selon lui, l’expérience du Brésil dans le domaine énergétique est un bon exemple, car il investit dans des sources renouvelables depuis les années 1970 et les investissements dans l’accès à l’énergie font partie des priorités du Gouvernement.  Faisant observer qu’il n’y a pas de solution universelle en matière de préservation des ressources naturelles, il a donné l’exemple du Brésil qui a adopté des lois parmi les plus strictes au monde, comme son code forestier.  Les changements climatiques sont un autre domaine dont dépend profondément le développement durable, a-t-il relevé, avant de demander de se rappeler du financement climatique, qui est essentiel pour que les pays en développement puissent garantir atténuation et adaptation

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a appelé à agir pour lutter contre les inégalités, y compris en ce qui concerne l’accès aux vaccins, et pour la mobilisation de tous pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  L’engagement pris d’allouer 100 milliards de dollars par an à l’action climatique doit être respecté, a-t-il ajouté, et contribuer à la transition énergétique serait bénéfique pour les pays en développement.  Le représentant a demandé de promouvoir l’inclusivité et le consensus pour le bien de tous plutôt que de poursuivre des intérêts « obtus ».  La solidarité universelle est nécessaire, a-t-il conclus.

À propos de la pandémie, M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a souligné qu’elle affecte les pays les plus vulnérables, notamment les pays d’Afrique.  Des millions de personnes ont été poussées vers la pauvreté, a-t-il déploré, relevant la convergence de la pandémie avec les changements climatiques et les conflits, ce qui éloigne de l’objectif d’éliminer la pauvreté d’ici à 2030.  L’accès aux vaccins pour tous est nécessaire, car plus le virus circulera, plus la crise économique perdurera, a alerté le représentant.  La coopération entre pays, entre générations et entre les secteurs est également nécessaire.  Pour progresser vers les objectifs de développement durable, le Zimbabwe a adopté des plans de stabilisation.  Malheureusement, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) continue à se heurter aux sècheresses mais aussi à des sanctions économiques imposées par des pays occidentaux.  Le représentant a appelé à « réaligner les priorités » pour accélérer les progrès vers les ODD.

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) a dit que « nous ne sommes pas dans la bonne voie pour réaliser le Programme 2030 ».  Il a indiqué que les changements climatiques sont une urgence pour les Maldives, avant d’exhorter les pays à s’acquitter de leurs engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.  Le sort des Maldives est aussi lié à l’océan, a-t-il dit, ajoutant que la pollution et le réchauffement des océans sont une autre grave menace.  Il a précisé que les méthodes de pêches non-durables sont interdites dans son pays.  Il a insisté sur la dévastation du secteur du tourisme, essentiel aux Maldives, en raison de la pandémie, avant d’indiquer que 85% de la population est vaccinée.  La participation des femmes est cruciale pour un relèvement en mieux, a conclu le délégué.

M. OSCAR SICHIMBA (Zambie) a constaté que la pandémie est venue s’ajouter à des difficultés préexistantes en Zambie, telles que les sécheresses et catastrophes climatiques.  Il a décrit le plan de développement national que suit son pays d’ici à 2026, qui s’appuie notamment sur deux piliers: la création d’emplois et la promotion d’un développement durable.  Il a aussi indiqué que son gouvernement s’emploie à promouvoir une diversification des cultures agricoles, afin de sortir de la culture du maïs, et à renforcer l’accès aux marchés.   Enfin, le délégué de la Zambie a déclaré que son pays œuvre à un meilleur accès de la population à l’éducation, aux technologies du numérique ainsi qu’aux réseaux d’assainissement.

La (Fédération de Russie) s’est engagée à respecter les engagements internationaux en matière de climat, et travaille activement à l’amélioration du cadre juridique national pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, a déclaré M. IVAN G. KONSTANTINOPOLSKIY.  Pour lui, l’agenda climatique doit jouer un rôle fédérateur pour les États Membres dans l’intérêt du bien mondial.  En revanche, il est inacceptable de s’en servir pour imposer des restrictions injustifiées au commerce international, a-t-il averti.  Se félicitant des résultats du dialogue de haut niveau sur l’énergie qui s’est tenu en septembre dernier, le délégué russe a espéré que les engagements volontaires annoncés à cette occasion seront tenus.  Soulignant ensuite que les petites exploitations agricoles représentent un peu moins de la moitié de la production agricole totale en Russie, il a expliqué que son gouvernement, guidé par le principe de « ne laisser personne de côté », met en œuvre depuis de nombreuses années des projets publics pour soutenir les petites entreprises, y compris les agriculteurs familiaux, en leur allouant des subventions et en développant leur base matérielle et technique.

Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan) a rappelé que les confinements, pour empêcher la propagation de la COVID-19, ont eu un impact majeur sur la croissance économique, la prospérité, la santé, l’éducation, le tourisme et l’ensemble de la mise en œuvre du Programme 2030.  L’Azerbaïdjan, a-t-elle souligné, a pris une part active à la lutte contre la pandémie et soutenu plus de 30 pays avec une assistance humanitaire, technique et financière.  Au niveau national, a poursuivi la déléguée, l’Azerbaïdjan a approuvé une nouvelle stratégie de développement pour 2021-2030 qui identifie cinq priorités nationales: une économie compétitive durable et en croissance; une société dynamique, inclusive et socialement juste; un capital humain compétitif et une innovation moderne; un retour dans « les zones libérées »; et un environnement propre et une croissance verte.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a fait une déclaration sur le point de l’ordre du jour consacré au développement durable, mais, en raison de la mauvaise qualité du son, l’interprétation n’a pas pu être assurée.

Mme ALENA KAVALEUSKAYA (Bélarus) s’est inquiétée de constater que la pandémie avait ralenti la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Depuis l’adoption du Programme 2030, le Bélarus a été engagé dans sa mise en œuvre, en intégrant ses dispositions au niveau national, a assuré la représentante.  Elle a rappelé que le Bélarus est classé comme un pays à haut taux de développement humain.  Nous avons progressé à l’égard de 80% des ODD selon les classements internationaux, a-t-elle fait valoir.  Cependant, la représentante a regretté que le slogan « Ne laisser personne pour compte » de l’ONU ne soit pas respecté, à cause des sanctions contre le Bélarus.  Il est très important de respecter la trajectoire choisie par les États pour leur sécurité nationale, a-t-elle argué, déplorant que des mesures coercitives fassent obstacle au développement durable mondial.

La représentante a ensuite énuméré les axes prioritaires de la politique de développement de son pays, notamment les modes de consommation durable.  Nous sommes favorables à une transition vers une économie durable sobre en carbone et nous reconnaissons la fiabilité de l’énergie nucléaire, a-t-elle aussi indiqué.  Elle a également plaidé en faveur d’une transition synchronisée à la mobilité électrique, à l’échelle régionale.  Le Bélarus accorde une attention particulière à une coopération régionale et internationale pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, a conclu la représentante.

M. OWOICHO-OCHE AGBO (Nigeria) a appelé à changer de démarche collective pour résoudre les nombreuses difficultés auxquelles le monde est confronté et cesser de reproduire les erreurs du passé.  Il faut une distribution équitable des vaccins et parvenir aux objectifs de vaccination fixés par le Secrétaire général, par le biais d’un nouveau niveau de coopération, a-t-il recommandé.

S’agissant des changements climatiques, le représentant a informé que le Nigeria avait augmenté ses contributions déterminées au niveau national et adopté une approche proactive concernant le Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe.  En juin 2021, le Gouvernement nigérian a annoncé un plan de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a dit le représentant qui a, en conclusion, plaidé pour l’amélioration de l’accès à des données fiables et à un financement pour les petits producteurs agricoles.

Mgr FREDRIK HANSEN Observateur permanent du Saint-Siège s’est alarmé que l’exploitation des êtres humains continue et que la pandémie perturbe l’éducation d’un milliard d’enfants.  Il a demandé un accès universel à une éducation de qualité.  « C’est un droit que chacun doit exercer. »  L’éducation ne doit pas être une marchandise, a-t-il insisté.  Il a plaidé à cet égard pour que soit préservé le principal rôle de la famille, en tant qu’espace d’éducation.  « Les parents sont les premiers éducateurs. »  Le délégué a également demandé de promouvoir une culture du soin et de la fraternité humaine.  L’humanité doit parler la langue de la fraternité, a-t-il dit, en demandant de promouvoir un enseignement embrassant tous les aspects de la personne.

Mme AULTMAN, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a déclaré que son organisation avait créé un fonds inédit de riposte face aux catastrophes qui opère dans 36 pays.  Près de 139 millions de personnes ont été touchées par une catastrophe naturelle pendant la pandémie, a-t-elle en effet expliqué.  Pour réduire toujours plus les risques de catastrophes, elle a demandé l’application intégrale du Cadre de Sendai et insisté sur l’importance d’approches novatrices en ce qui concerne la gestion de risques.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: des États réagissent à « Notre Programme commun », les 12 propositions du Secrétaire général pour hâter l’application des accords existants

Soixante-seizième session,
18e séance – matin
AG/12372

Assemblée générale: des États réagissent à « Notre Programme commun », les 12 propositions du Secrétaire général pour hâter l’application des accords existants

Aujourd’hui à l’Assemblée générale, une vingtaine d’États a réagi au rapport* du Secrétaire général intitulé « Notre Programme commun », lequel fait 12 propositions, sous la forme d’un programme d’action, pour hâter la mise en œuvre des accords existants, notamment les objectifs de développement durable.

La séance a été un avant-goût de la réunion officieuse que l’Assemblée a prévue le 25 octobre, pour examiner en profondeur, « Notre Programme commun » dans lequel le Secrétaire général considère que le moment est venu de renouer avec la solidarité mondiale, de refonder le contrat social entre gouvernants et citoyens et de mettre fin à l’« infodémie » qui fait des ravages aux quatre coins de la planète.

Il estime aussi que le moment est venu de changer la manière de mesurer la prospérité et le progrès économiques, d’en faire plus pour les jeunes générations et les générations futures et de mettre sur pied un système multilatéral plus solide et plus inclusif dont le socle serait le système des Nations Unies.  Le Secrétaire général exprime son intention de convoquer un « Sommet de l’avenir » pour forger un nouveau consensus mondial sur ce à quoi notre avenir devrait ressembler et sur les moyens que nous pouvons déployer aujourd’hui pour le faire advenir.

Les 12 propositions de M. António Guterres, a estimé l’Équateur, sont véritablement le début d’une réponse concrète et pas seulement un thème de discussion pour des enceintes comme celle-ci.  Abondant dans ce sens, le Cameroun a exigé une « action concrète » pour passer de la rhétorique et des promesses non tenues, à des résultats.  Il a plaidé pour un système des Nations Unies crédible, audible et légitime, « dans lequel l’Afrique a toute sa place », y compris au Conseil de sécurité.  Il faut, a acquiescé le Costa Rica, hisser l’ONU à la hauteur des défis et ne pas oublier que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un élément essentiel de « Notre Programme commun », lequel vient renforcer les promesses faites à une planète lasse des conflits, des changements climatiques et désormais d’une pandémie.

L’Union européenne a accueilli ce Programme comme « une contribution tangible » au renforcement du système international, heureuse des prochaines consultations prévues le 25 octobre.  Étant donné que « Notre Programme commun » contient un certain nombre de notions, de terminologies et autres propositions de nature à avoir des incidences « majeures » sur le rôle, le fonctionnement et le travail de l’Organisation, il est impératif que les États puissent l’étudier de manière plus approfondie, a renchéri Cuba.

Nous n’avons toujours pas, a par exemple fait observer la Fédération de Russie, de définition agréée d’un « bien public mondial », alors que le Secrétaire général exprime, dans « Notre Programme commun », son intention de demander à un « Conseil consultatif de haut niveau », dirigé par d’anciens chefs d’État et de gouvernement, de dresser la liste des biens publics mondiaux qui pourraient grandement bénéficier d’une gouvernance améliorée.  La Fédération de Russie a aussi épinglé des conclusions « ambigües », rejetant l’idée d’un lien « inextricable » entre climat et sécurité et d’un rapprochement systématique entre paix et sécurité, droits de l’homme et égalité des sexes.

Le Brésil a, quant à lui, dénoncé le fait que le concept de « développement durable » semble avoir pris une autre tournure, faisant fi des liens avec la croissance économique et le développement social.  « Notre Programme commun », a constaté à son tour la Malaisie, ne met pas suffisamment l’accent sur le règlement des conflits et encore moins sur un mécanisme censé traiter de leurs causes sous-jacentes.  Il fait également très peu mention de la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales: le terrorisme, a martelé l’Inde. 

« Notre Programme commun » appelant à « un multilatéralisme revitalisé », la Fédération de Russie a prévenu que la coopération multilatérale doit s’appuyer sur les décisions des organes statutaires de l’ONU.  Elle s’est dite réticente aux approches dites « multipartites » impliquant, outre les États, les ONG, les entreprises et les municipalités, une tendance visant à brouiller le caractère « interétatique » de l’Organisation.  La Fédération de Russie a aussi insisté sur la répartition des mandats entre les différents organes des Nations Unies.  À ce propos, le Pakistan a jugé « problématique » de vouloir changer la nature du Conseil de tutelle, un organe créé pour accompagner la décolonisation, laquelle reste une tâche inachevée.  Dans « Notre Programme commun », le Secrétaire général se propose en effet de revisiter le rôle du Conseil et d’en faire un organe multipartite chargé de remédier aux problèmes émergents et, surtout, un espace de délibération qui permettrait d’agir au nom des générations futures.

Toujours aujourd’hui, l’Assemble générale a suivi la recommandation** de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires et décidé que les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie seront autorisées à participer à ses votes jusqu’à la fin de cette session, parce que « le non-paiement par ces pays de la totalité du montant minimum requis pour éviter l’application de l’Article 19 de la Charte est dû à des circonstances indépendantes de leur volonté ».  

L’Article 19 dispose qu’un État Membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l’Organisation ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.  L’Assemblée générale peut néanmoins autoriser cet État à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté.

L’Assemblée a prévu une autre séance publique jeudi 14 octobre, à partir de 10 heures, pour élire des membres du Conseil des droits de l’homme et saluer la mémoire d’Abdelaziz Bouteflika, ancien Président de l’Algérie.

* A/75/982
** A/76/383

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie du rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel sur la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016-2025) (A/76/275).  Le rapport fait le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des programmes de la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016 2025) au cours de la période allant de juillet 2020 à juin 2021.  Il décrit les activités et interventions en cours, achevées et nouvelles et présente les étapes franchies et les résultats obtenus jusqu’ici.  Il rend compte des efforts collaboratifs consentis par la communauté internationale pour mobiliser, aux niveaux régional, multilatéral et bilatéral, les ressources financières et non financières nécessaires à l’aboutissement des programmes de la troisième Décennie.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

L’Assemblée générale était saisie d’une note du Secrétaire général sur la coopération internationale face aux difficultés connues par les gens de mer à cause de la pandémie de COVID-19 et en appui aux chaînes d’approvisionnement mondiales (A/76/327).

Le Secrétaire général explique que l’Assemblée générale l’a prié, en collaboration avec l’Organisation maritime internationale (OMI), l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ainsi que les autres entités compétentes du système des Nations Unies, de l’informer de la situation relative aux changements d’équipage pendant la pandémie de COVID-19, dans le cadre du rapport de l’OMI établi à partir des travaux de l’Équipe de gestion des crises pour les gens de mer et de la section spéciale consacrée à la question dans l’Étude sur les transports maritimes de la CNUCED.  Le Secrétaire général renvoie, par conséquent, l’Assemblée au chapitre 5 de l’Étude sur les transports maritimes de la CNUCED (UNCTAD/RMT/2021).

Débat conjoint

La mise en œuvre de la feuille de route qu’est « Notre Programme commun » est, a estimé Mme IMANE BENZIANE (Maroc), une forte reconnaissance que notre Organisation est le cadre de coopération efficace le plus idoine et approprié et la plateforme d’action multilatérale par excellence, pour relever les défis mondiaux et renforcer la solidarité internationale.  Afin de concrétiser les 12 engagements cruciaux du Programme, nous avons besoin de renforcer notre action commune pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, sachant que moins de 10 ans nous séparent du délai de 2030, a pressé la représentante.

La pandémie de COVID-19, a-t-elle poursuivi, a eu un impact très négatif sur toute la planète, et constitue la principale menace à la sécurité humaine.  Elle a revigoré l’attention internationale portée au défi des changements climatiques, tant les liens entre les aires thématiques des changements climatiques, de la dégradation de la biodiversité, et de la sécurité sanitaire sont devenus davantage évidents.  Elle a estimé que le chevauchement de ces deux grandes menaces planétaires, à savoir la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, devrait catalyser l’émergence d’un nouvel agenda multilatéral basé sur une approche holistique aux défis mondiaux.

L’accès équitable et immédiat aux vaccins, par le biais d’un plan de vaccination mondial, comme mentionné dans « Notre Programme commun », est indispensable pour aider tous les pays, en particulier les pays africains et les moins avancés, à surmonter cette phase aiguë de la pandémie.  La représentante a aussi soutenu l’idée que les vaccins soient des biens publics mondiaux.  Le Maroc, qui soutient l’élaboration d’un traité international sur les épidémies, entend, a indiqué la représentante, organiser une conférence internationale, au courant de 2022, sur la préparation et la réponse aux pandémies, en coopération avec le Rwanda, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Banque mondiale.  Elle a également indiqué que son pays a mis en œuvre un projet ambitieux de fabrication locale des vaccins contre la COVID-19.

Aujourd’hui, a ajouté la représentante, nous avons besoin d’un multilatéralisme plus ouvert, efficace, solide et pragmatique, afin d’assurer le renforcement de la solidarité internationale qui devrait encadrer le monde post-COVID-19.  La représentante en a profité pour réitérer la position du Maroc pour une réforme du Conseil de sécurité et son soutien infaillible à la position africaine contenue dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  Le Maroc, a-t-elle ajouté, soutient également les demandes du Groupe arabe.  La représentante a aussi plaidé pour une revitalisation harmonieuse des travaux des grandes Commissions de l’Assemblée générale, en éliminant les lacunes, les chevauchements et les doubles emplois qu’il pourrait y avoir entre les questions inscrites à l’ordre du jour.  L’alignement de l’ordre du jour de l’Assemblée générale avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est « une nécessité impérieuse », a-t-elle souligné, en conclusion.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé à la promotion du multilatéralisme, à un financement adéquat du développement et à la mise à disposition des vaccins contre les pandémies, sans oublier les efforts renouvelés pour la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, a fait observer le représentant, la lutte contre le terrorisme est de la plus grande importance.  Pourtant, s’est-il étonné, le terme « terrorisme » n’apparaît que deux fois dans « Notre Programme commun », alors que l’expression « changements climatiques » y revient une vingtaine de fois.  Pour l’Inde, a souligné le représentant, le terrorisme est bien la plus grande menace à la paix et sécurité internationales et, à ce titre, il mérite plus d’attention.  En ce qui concerne les changements climatiques, l’Inde, a affirmé le représentant, est l’un des rares pays du G20 à respecter ses engagements.  Il est crucial que les pays en développement bénéficient d’une aide plus significative en matière d’adaptation et d’atténuation aux effets des changements climatiques.  Il faut, dans ce cadre, tenir compte de la situation spécifique de chaque pays, tout en se mettant d’accord sur les résultats communs, a prescrit le représentant.

Appuyant fermement le contenu de « Notre Programme commun », M. SYED MOHD HASRIN AIDID (Malaisie) a attiré l’attention sur l’objectif de la Malaisie de devenir un pays à neutralité carbone d’ici à 2050.  Il a ensuite dit espérer, au cours de cette session, une réflexion sur la situation des pays affectés par les mesures unilatérales coercitives lesquelles sont une violation de la Charte et du droit international, compte tenu de leur impact négatif sur la liberté de commerce et le développement.  Il a réitéré l’appel de son pays à la levée de toutes les sanctions, en particulier pendant la pandémie de COVID-19, parce que « le temps est à la solidarité, pas à l’exclusion ».

Le représentant a aussi regretté que « Notre Programme commun » ne mette pas suffisamment l’accent sur le règlement des conflits et encore moins sur un mécanisme censé traiter des causes sous-jacentes des conflits.  Il a aussi relevé l’absence d’un appel à un cessez-le-feu mondial.  Initiatrice de la Déclaration conjointe sur un cessez-le-feu mondial, appuyée par plus de 170 pays, la Malaisie, a dit son représentant, est fermement convaincue que cet appel et cet élan doivent être « solidifiés ».  Le représentant a également appelé à davantage d’efforts contre les crises géopolitiques.  Le risque d’une guerre mondiale n’est pas tout à fait écarté, a-t-il estimé, en réclamant le respect des engagements en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La course aux armements ne saurait faire partie de « Notre Programme commun », a-t-il insisté.  

Le représentant a conclu sur le renforcement des Nations Unies et rappelé les États Membres à leur obligation de payer leur contribution à temps et en totalité.  Ce n’est pas un choix mais une nécessité pour permettre à l’Organisation d’exécuter ses mandats de la manière la plus efficace.  Quant à la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, il a rappelé qu’avec l’Équateur, la Finlande et l’UNITAR, son pays a organisé le premier atelier sur la transition, le mois dernier, pour faciliter un passage sans heurt d’une présidence de l’Assemblée à l’autre et renforcer la mémoire institutionnelle.  La réforme de l’Organisation ne saurait être complète sans celle du Conseil de sécurité, a conclu le représentant, jugeant qu’il faut rendre cette instance plus démocratique, s’agissant de sa composition et de son processus de prise de décisions.

La leçon la plus frappante à tirer des crises actuelles est peut-être la fragmentation de notre système international, a estimé Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica).  « Notre Programme commun » nous invite à nous diriger vers un monde plus inclusif, plus équitable et plus résilient.  Il faut, a-t-elle demandé, hisser l’ONU à la hauteur de ce défi et ne pas oublier que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un élément essentiel de « Notre Programme commun », lequel vient renforcer les promesses faites à une planète lasse des conflits, des changements climatiques et désormais d’une pandémie.  Cette pandémie est grave et continuera sans doute parmi les populations non vaccinées.  Mais, a poursuivi la représentante, la pandémie n’excuse pas le renoncement à nos obligations en vertu des droits de l’homme ni l’affaiblissement de nos normes démocratiques.  La pandémie n’est pas non plus responsable des conflits que nous n’arrivons pas à régler ou que nous tentons de régler avec des résolutions sans effet.  Les sociétés sont surarmées et le système multilatéral perd de sa vitalité.  « Notre Programme commun » nous appelle, a conclu la représentante, à agir.  « Allons-nous maintenir ce cap ou le changer? ».  « Changeons de cap », a-t-elle préconisé.

M. PIEPER, de l’Union européenne, a qualifié « Notre Programme commun » de « contribution tangible » au renforcement du système international.  Il s’est aussi félicité de ce que le Président de l’Assemblée générale se soit proposé pour en assurer le suivi.  Il s’est donc dit favorable à l’adoption d’une résolution « courte ».

Étant donné que « Notre Programme commun » contient un certain nombre de notions, de terminologies et autres propositions de nature à avoir des incidences « majeures » sur le rôle, le fonctionnement et le travail de l’Organisation, il est impératif que les États puissent l’étudier de manière plus approfondie, a plaidé M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba).  Il a donc défendu l’idée de consultations intergouvernementales afin de dégager « un terrain d’entente ».  Nous devons, a-t-il conclu, avancer vers un ordre international plus juste et plus équitable, qui promeut la paix, le développement et la prospérité pour tous.

Au nom d’un groupe de pays, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a salué le fait qu’avant le 25 octobre prochain, les États Membres auront le temps d’examiner en profondeur « Notre Programme commun », au cours de consultations officieuses.  Nous devons analyser les recommandations contenues dans un rapport que nous avons nous-mêmes commandité, a souligné le représentant.

M. EVGENY Y. VARGANOV (Fédération de Russie) a dit souscrire à l’appel du Secrétaire général dans « Notre Programme commun » qui souligne la nécessité de renforcer les relations internationales afin de parvenir à un ordre mondial multipolaire et équitable.  Malheureusement, a alerté le représentant, nous voyons une tendance différente: la désunion s’aggrave au sein de la communauté internationale, menaçant sérieusement la capacité de relever les défis traditionnels et nouveaux comme ceux de la santé, de l’espace numérique, du climat ou encore des inégalités sociales.  Répondant à l’appel à la solidarité du Secrétaire général, la Fédération de Russie, a affirmé le représentant, est prête à coopérer pour renforcer le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC), notamment une interaction plus étroite avec le G20.  Il a appelé à une réforme inclusive du système économique mondial, y compris le système fiscal international.  Il a aussi appelé à une meilleure régulation du secteur de l’intelligence artificielle pour limiter l’influence des géants de la technologie et améliorer la gouvernance de l’Internet.

Poursuivant, le représentant a estimé que certaines conclusions de « Notre Programme commun » ont un caractère « ambigu » et rompent avec le cadre des travaux de l’Organisation.  Il est inapproprié, a-t-il estimé, de lier aussi étroitement les questions des droits de l’homme et d’égalité des sexes à celles de la paix et de la sécurité internationales.  De même, il est contre-productif de vouloir établir un lien « inextricable » entre climat et sécurité.  Le délégué a insisté sur la répartition des mandats entre les différents organes de l’ONU, mettant en garde contre « une confusion » qui ne conduirait qu’à des chevauchements et l’inefficacité globale de l’Organisation.  Sur la question des changements climatiques, il a jugé inopportun d’obliger les pays à aller au-delà des engagements convenus dans l’Accord de Paris.  La tentation de vouloir obtenir « d’un seul coup » des objectifs climatiques plus ambitieux pourrait créer de graves déséquilibres énergétiques et même « des cataclysmes », a pronostiqué le représentant.  En ce qui concerne le désarmement, il s’est agacé de l’accent mis sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires qui ne bénéficie pas d’un soutien universel. 

Pour le représentant, la coopération multilatérale devrait s’appuyer principalement sur les décisions des organes statutaires de l’ONU.  Trop souvent, s’est-t-il encore agacé, des initiatives sont prises pour créer des « plateformes » et discuter des problèmes mondiaux urgents avec des structures non gouvernementales.  Cette approche est contraire aux prérogatives exclusives de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, qui connaissent un certain succès en matière de réunions d’urgence.  La Fédération de Russie, a ensuite prévenu le représentant, n’est pas à ce stade prête à adhérer au concept de « bien public commun » tant promu dans les documents de l’ONU.  Il faut d’abord une discussion intergouvernementale sur le sujet.  De même, le représentant s’est dit réticent aux approches dites « multipartites », impliquant outre les États, les ONG, les entreprises, les municipalités.  Cette tendance tend à brouiller le caractère « interétatique » de l’Organisation qui perdra encore plus en efficacité « avec de telles innovations ».  Les avis des autres parties intéressées ou experts peuvent tout à fait bien être recueillis dans leur pays, a tranché le représentant.

Ne regardons pas les propositions de « Notre Programme commun », « comme on fait son marché », a mis en garde M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), en ajoutant « c’est parfois le cas aux Nations Unies, et ce, depuis des années ».  Le représentant s’est dit déçu de la manière dont est abordée la question du développement, malgré l’engagement de ne laisser personne de côté.  Cet engagement, a-t-il souligné, renvoie à des questions très importantes telles que la lutte contre la pauvreté et la promotion du libre-échange.  Or, ces questions ne sont pas traitées comme il se doit dans « Notre Programme commun ».  Le représentant a dénoncé le fait que le concept de « développement durable » ait pris une autre tournure, faisant fi des liens avec la croissance économique et le développement social.

S’agissant de la pandémie de COVID-19, il s’est réjoui que les propositions du Secrétaire général rejoignent « notre pensée ».  Nous devons nous préparer aux crises de demain et régler le problème des inégalités d’accès aux médicaments et aux vaccins.  Mais, a prévenu le représentant, nous ne devons pas oublier que nous n’avons toujours pas de définition agréée d’un « bien public mondial ».  Il a, à son tour, insisté sur la nécessité de réformer l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité.

Mme ANDJONGO (Cameroun) a jugé que, dans le contexte international actuel, il n’y a que deux options: le chaos ou le sursaut.  Ce chaos est représenté par les crises comme la pandémie actuelle, les changements climatiques et les inégalités créées par ces phénomènes, qui ne sont, ni une fatalité, ni un accident.  La représentante a donc exigé une action concrète, qui fait passer la rhétorique et les promesses non tenues, à des résultats.  Pour cela, il faut une ONU réformée et tournée vers le développement.  « Notre Programme commun » est un programme qui nécessite de l’action, a insisté la représentante qui a plaidé pour un système international inclusif, ayant pour « pierre angulaire » un système des Nations Unies crédible, audible et légitime, dans lequel l’Afrique a sa place, notamment au sein du Conseil de sécurité.  Ce n’est que comme cela que nous vaincrons la pandémie de COVID-19 et assurerons la survie de la planète, a déclaré sa représentante.

M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a salué l’Accord de libre-échange continental en Afrique, même s’il tarde à se mettre en route du fait des retards sur certains points qui n’ont pu être traités du fait de la pandémie de COVID-19.  L’appui à l’Accord est crucial pour permettre aux États africains de renforcer leur résilience, bâtir une économie plus verte et ainsi se relever de la pandémie.  Le Gouvernement éthiopien, a-t-il dit, a placé l’industrialisation au centre de son action, en lui donnant une place de choix dans son Plan de développement décennal.  Il y a deux mois, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a lancé le premier centre de créativité en Éthiopie, afin de favoriser l’industrialisation et l’entrepreneuriat.  Au sujet de « Notre Programme commun », le représentant a souligné l’importance d’un multilatéralisme renforcé, avec l’ONU en son centre.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a indiqué que son pays sera présent à la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow, pour discuter des questions soulevées par « Notre Programme commun » et celles qui n’y figurent pas, afin de faire avancer les enjeux communs.  Ce Programme, a avoué le représentant, « pèche par excès de pessimisme ».  Les actions sont possibles et les États Membres doivent tenir dûment compte des 12 propositions du Secrétaire général et les considérer comme le début d’une réponse concrète et pas seulement comme des thèmes de discussion dans les enceintes comme celle-ci.  Nous sommes disposés à apporter notre contribution à cet objectif, a assuré le représentant. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a indiqué que son pays a mis en place des réformes systémiques afin de réaliser les objectifs de développement durable.  « Ne laisser personne de côté » ne doit pas seulement être un slogan.  Il faut véritablement le mettre en pratique.  Ces objectifs et l’Accord de Paris sur le climat sont « nos boussoles », a affirmé le représentant, en indiquant que son pays compte y travailler comme membre du Conseil économique et social (ECOSOC) et Présidente du G20 l’année prochaine.  Au sujet de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les gens de mer, il a déclaré que son pays s’est engagé à prendre des mesures concrètes pour régler leurs problèmes, dont la mise à disposition de ports pour faciliter le rapatriement des équipages.

Nous sommes prêts à discuter de « Notre Programme commun », a promis Mme JIANG HUA (Chine).  Elle a voulu que l’on tienne compte de l’avis des nombreux pays qui sont encore aux prises avec les difficultés nées de la pandémie ou les changements climatiques.  Il faut, a-t-elle estimé, avancer dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement durable et le développement vert, en tenant dûment compte des besoins et priorités spécifiques de chaque État.  Il est également primordial que les jeunes et la société civile puissent faire entendre leurs voix, afin de garantir un développement inclusif.  Les propositions de « Notre Programme commun » sont bonnes mais il nous faut un consensus, a conclu la représentante.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a souligné que la commémoration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies avait permis de réaffirmer l’attachement de la communauté internationale au multilatéralisme mais aussi d’évaluer les défis actuels et émergents.  La liste des défis est longue, a reconnu la représentante, citant le problème de la dette extérieure, des changements climatiques, des pandémies et de la pauvreté.  L’Argentine, a-t-elle dit, réaffirme une fois encore son soutien inébranlable à toute discussion de nature à renforcer le rôle des Nations Unies et la coordination entre les États, afin de garantir un scénario international plus inclusif.  Le rapport du Secrétaire général n’est pas un document isolé, a rappelé la représentante, ajoutant qu’il doit être lu parallèlement aux instruments pertinents qui traitent des mêmes questions.  « Notre Programme commun » nous propose une feuille de route.  Discutons de ses propositions pour parvenir à un accord car nous, les États Membres, sommes les seuls à pouvoir mener ce processus.  Nous espérons, a conclu la représentante, pouvoir étudier toutes les questions de fond à la prochaine réunion, le 25 octobre.

Bâtir l’avenir ne veut pas dire oublier le passé, a déclaré M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan).  Commençons d’abord par mettre en œuvre les accords passés, dont ceux liés à la gestion des crises, et par nous attaquer aux causes sous-jacentes des inégalités.  L’un des principes de la Charte, a-t-il tenu à rappeler, est la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Le socle de l’ordre international, c’est la souveraineté nationale.  Le représentant a plaidé pour un multilatéralisme « ouvert », défendant, entre autres, l’idée que tous les membres de l’Assemblée générale aient leur mot à dire dans la sélection des ONG qui participent à leurs travaux.  Il a par ailleurs jugé « problématique » de vouloir changer la nature du Conseil de tutelle, un organe créé pour accompagner la décolonisation laquelle reste une tâche inachevée.  En faire « une instance multilatérale » nécessiterait un amendement à la Charte, a prévenu le représentant qui a aussi rappelé que les questions de « l’espace extra-atmosphérique » et de « la gestion des océans » sont déjà examinées par d’autres instances multilatérales.

M. BÁLINT MOGYORÓSI (Hongrie) a dit appuyer le système international, mais dans le respect des intérêts nationaux de chaque État.  Il a rejeté l’idée d’« une gouvernance mondiale centralisée », privilégiant des gouvernements « forts » qui coopèrent sur les grandes questions internationales.  Par exemple, a insisté le représentant, chaque État devrait pouvoir décider de sa politique migratoire, sans pression extérieure.  L’émigration ne doit pas être encouragée et les pays d’origine doivent assumer leurs responsabilités.  La Hongrie, a dit son représentant, continuera de rejeter toute mention du Pacte de Marrakech sur des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont elle n’est pas partie.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a jugé essentiel de lancer un débat sur la manière de faire avancer les engagements clefs contenus dans « Notre Programme commun ».  Il ne fait aucun doute que le monde a beaucoup changé, de même que le multilatéralisme, a-t-elle relevé, ajoutant que la COVID-19 est une épreuve pour l’ensemble du système multilatéral.  Il nous incombe, a dit la représentante, d’orienter notre approche vers l’action car le multilatéralisme est une nécessité et pas une option.  Revenant à la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, elle a estimé qu’une des mesures les plus pragmatiques a été de préserver la primauté du débat général annuel et limiter le nombre des manifestations parallèles.  Un système multilatéral, a poursuivi la représentant, n’est pas possible sans un Conseil de sécurité plus transparent, plus démocratique et plus représentatif.  Les conséquences de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales exigent de renforcer l’inclusivité dans les décisions du Conseil, a-t-elle plaidé, encourageant la promotion de résultats substantiels permettant la modernisation de l’ONU, tout en préservant sa légitimité et son efficacité.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a noté que « Notre Programme commun » contient des concepts qui ne font pas l’unanimité.  Il a promis un avis plus détaillé à la séance prévue le 25 octobre prochain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Quatrième Commission: les défenseurs du droit à l’autodétermination des Sahraouis s’opposent aux représentants issus des dernières élections au Maroc

Soixante-seizième session,
5e séance plénière – après-midi
CPSD/732

​​​​​​​Quatrième Commission: les défenseurs du droit à l’autodétermination des Sahraouis s’opposent aux représentants issus des dernières élections au Maroc

Au troisième et dernier jour des auditions de pétitionnaires à la Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de la décolonisation, c’est encore de l’avenir du Sahara occidental dont il était question.  Malgré les restrictions sanitaires imposées par la pandémie de COVID-19, ils ont été 66 à se déplacer à New York cette année pour s’exprimer sur le sujet, qui oppose toujours les partisans du Front POLISARIO à ceux du plan d’autonomie élargie pour les « provinces du Sud » proposé par le Maroc; les défenseurs du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui à ceux du développement économique et de la légitimité des urnes des représentants élus du « Sahara marocain ».  

Ainsi, la représentante de l’Association américaine de juristes et du Groupe de soutien de New York pour l’indépendance du Sahara occidental, Mme Vanessa Ramos, a affirmé sans ambages que le Sahara occidental est un cas de décolonisation et d’occupation militaire illégal, et que le peuple sahraoui jouit du droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  L’arrêt du Tribunal de l’Union européenne du 29 septembre 2021 confirme la jurisprudence établie dans les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 et du 27 février 2018, a-t-elle argué, rappelant qu’il stipule qu’aucun accord ne peut être appliqué au Sahara occidental sans le consentement libre, préalable et éclairé du peuple sahraoui.

Renchérissant, M. David Lippiatt, de WE International Inc., est allé jusqu’à dire que l’oppression du Maroc au cours des 40 dernières années justifierait un renvoi à la Cour pénale internationale, en vertu de l’article  13(b) du Statut de Rome, pour « les crimes contre l’humanité commis dans le territoire du Sahara occidental ».

Mais c’est l’intervention de M. Mohamed Hichem Radoui, d’American Peace Supporters Association, qui a fait réagir le Maroc, la délégation invoquant une motion d’ordre pour réfuter en bloc « les mensonges », bons « pour la poubelle », colportés devant la Commission par ce pétitionnaire.  Ce dernier avait dénoncé le blocus et l’oppression exercés par le « régime marocain » dans le territoire sahraoui, en évoquant notamment des transferts illégaux de prisonniers marocains et sahraouis et des arrestations de centaines de Sahraouis et de Marocains à la suite de la publication d’une vidéo sur la situation.  Il faut agir et éviter qu’une catastrophe ne se produise, a exhorté ce pétitionnaire, en déplorant l’absence de mécanisme de protection des citoyens sahraouis en raison du refus du Maroc d’autoriser les observateurs.

À ces critiques du Royaume chérifien, sont venus s’opposer des représentants élus des Sahraouis qui vivent « dans le Sahara marocain ».  Qu’il s’agisse de M. M’hamed Abba, Président du Conseil régional de Laâyoune-Sakia Al Hamra ou de M. Mohammed Ayyach, parlementaire de Laâyoune, ils ont tous deux revendiqué leur légitimité tirée des urnes pour représenter leur peuple.  Les Sahraouis des « provinces sahraouies » ont participé avec un taux record aux élections de septembre 2021 au Maroc, pour élire leurs représentants aux niveaux local et parlementaire, a expliqué M. Ayyach.  En tout, ce sont 667 élus locaux et 25 représentants au sein du Parlement marocain qui ont été élus par des scrutins directs sous observation internationale, a-t-il rappelé.

Tenant à préciser que ce sont environ 85% des Sahraouis qui vivent dans le « Sahara marocain » qui ont élu leurs représentants, il a remis en cause la légitimité de ceux qui font partie de la minorité sahraouie résidant dans des camps en Algérie et qui se prétendent, selon lui, être les représentants de leur peuple.  Pour M. Abba, en participant massivement aux élections de 2021, les Sahraouis du « Sahara marocain » ont de facto exercé leur droit à l’autodétermination puisqu’ils représentent la majorité, et ont « choisi de vivre au Maroc ».

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 12 octobre, à 15 heures et abordera les missions politiques spéciales.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION (SUITE)

Pétitionnaires du Sahara occidental (fin)

Mme VANESSA RAMOS, de l’Association américaine de juristes et du Groupe de soutien de New York pour l’indépendance du Sahara occidental, a estimé que le Sahara occidental est un cas de décolonisation et d’occupation militaire illégale, affirmant que le peuple sahraoui jouit du droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  L’arrêt du Tribunal de l’Union européenne du 29 septembre 2021 confirme la jurisprudence établie dans les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 et du 27 février 2018, stipulant qu’aucun accord ne peut être appliqué au Sahara occidental sans le consentement libre, préalable et éclairé du peuple sahraoui.  Les violations des droits humains, la grave situation humanitaire des plus de 170 000 réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, et l’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire à travers des accords entre le Maroc et d’autres États ou sociétés transnationales sont illégales.  Mme Ramos a donc exhorté le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme à prendre des mesures pour mettre fin à cette situation.  Elle a demandé à cette Commission de dépêcher une mission d’observation dans le « territoire occupé du Sahara occidental » avec des experts du Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme.

M. DAVID LIPPIATT, de WE International Inc., a déclaré être allé plusieurs fois dans les camps sahraouis de Tindouf, en Algérie.  Selon lui, le Maroc a continuellement opprimé le peuple sahraoui.  La Cour internationale de Justice, Amnesty International, Human Rights Watch, le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme, l’Union africaine, ainsi que de nombreux États-nations ont conclu qu’il y a un réel besoin pour la MINURSO de disposer d’un volet « droits de l’homme » dans son mandat, comme d’autres missions.  Il est clair, a estimé le pétitionnaire, que le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) est une « farce » qui ne réalisera pas de surveillance impartiale.  M. Lippiatt a estimé que l’oppression du Maroc au cours des 40 dernières années justifierait un renvoi à la Cour pénale internationale, en vertu de l’article 13 (b) du Statut de Rome, pour les crimes contre l’humanité commis dans le territoire du Sahara occidental.

M. MOHAMED ALI ARKOUKOU, de Sahrawi Association in USA, a déclaré qu’on avait menti sur les élections au Sahara occidental.  Celles-ci sont illégales et il se trouve que les élus sont souvent des collaborateurs du régime marocain, a-t-il soutenu.  Il a émis l’espoir que ces collaborateurs tirent des enseignements sur ce qui s’est passé dans d’autres pays comme le Viet Nam ou l’Algérie.  Ainsi, il a estimé que ceux qui ont participé aux élections sont des colons marocains qui sont présents depuis 1975, attirés par l’argent.  Il a, en conclusion, exigé la remise en liberté de tous les détenus politiques sahraouis.

M. STEPHEN BRONNER, de International Council for Diplomacy and Dialogue (ICDD), a déclaré que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) devait reconsidérer sa position, car chercher à progresser sur le plan diplomatique tout en poursuivant des activités relevant de la guérilla était intenable à long terme.  Il a de plus estimé que les investisseurs devaient faire pression sur le Maroc pour qu’il renoue des relations diplomatiques avec l’Algérie.  En outre, le pétitionnaire a présenté trois autres alternatives: une autonomie renforcée qui permettrait à la RASD d’avoir sa propre gouvernance démocratique sans que ses lois soient soumises au veto du Maroc; deux États indépendants sans frontière, laquelle entraverait leur développement économique commun; ou encore rétablir le précédent cadre de règlement global de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) impliquant un cessez-le-feu, le retour des réfugiés, le droit des Sahraouis d’exploiter leurs propres ressources naturelles sans entrave du Maroc, ainsi qu’un référendum sur le statut final.

M. MAALAININE YARA, de Laayoune Online, a exhorté le nouvel Envoyé spécial à examiner la situation des droits de la personne dans le « territoire sahraoui occupé ».  Ce volet des droits humains doit être intégré dans le mandat dans la MINUSRO, a plaidé le pétitionnaire.

M. MOHAMED HICHAM RADOUI, d’American Peace Supporters Association, a dénoncé le blocus et l’oppression exercés par le régime marocain dans le territoire sahraoui.  Les femmes font partie des opprimés, a ajouté le pétitionnaire, en accusant le Maroc de transferts illégaux de prisonniers marocains et sahraouis, des violations qui n’épargnent pas, selon lui, les enfants.  M. Radoui a également déploré l’arrestation de centaines de Sahraouis et de Marocains à la suite de la publication d’une vidéo sur la situation.  Il faut agir et éviter qu’une catastrophe ne se produise, a exhorté l’intervenant, en déplorant l’absence de mécanisme de protection des citoyens sahraouis en raison du refus du Maroc d’autoriser les observateurs.  Ce conflit doit être réglé conformément au droit international, a-t-il ajouté.

M. MOHAMMED AYYACH, parlementaire de Laâyoune, a été élu durant les dernières élections de septembre 2021 au Maroc.  Elles ont connu un taux de participation record dans les provinces sahraouies, a-t-il précisé, mettant en exergue la conscience politique des Sahraouis ainsi que leur volonté de bonne gouvernance et de sauvegarde du patrimoine local dans le cadre de l’identité marocaine.  En tout, ce sont 667 élus locaux et 25 représentants au sein du Parlement marocain qui ont été élus à travers des élections directes sous observation internationale.  Environ 85% des Sahraouis sont des résidents du Sahara marocain, a-t-il rappelé, avant de dire que ce sont eux qui ont élu leurs représentants.  Dès lors, M. Ayyach s’est dit surpris du discours de certains Sahraouis résidant dans les camps en Algérie alors qu’ils représentent la minorité sahraouie et n’ont jamais eu l’occasion de s’exprimer dans les urnes.  Comment peuvent-ils revendiquer une légitimité? s’est-il demandé.

M. M’HAMED ABBA, Président du Conseil Régional de Laâyoune-Sakia Al Hamra, a été élu lors des élections générales de 2021 au Maroc qui ont eu lieu sous observation internationale.  Il a estimé être le véritable représentant du Sahara occidental « qui tire sa légitimité des urnes », contrairement à d’autres ici voulant parler en leur nom.  Le Maroc « a suivi la voie de la sagesse » en se mobilisant en faveur du succès des élections au Sahara marocain, a-t-il fait valoir.  Les jeunes et les femmes ont massivement participé à ces élections (8% de nouveaux électeurs âgés de 18 à 24 ans).  Au Sahara marocain, la participation électorale était de plus de 50% malgré la pandémie, a-t-il noté, signifiant que les citoyens sahraouis ont réalisé leur droit à l’autodétermination et choisi de vivre au Maroc. 

Mme KADIATOU SYLLA a expliqué qu’au Sahara occidental, les citoyens sont pris entre des dirigeants irresponsables et des groupes séparatistes.  Dès lors, il n’est pas étonnant que la violence règne.  Et ce sont les groupes marginalisés qui paient le plus lourd tribut, à savoir les femmes et les enfants.  « J’ai vu des femmes victimes d’exploitation sexuelle, des enfants à qui on enseigne le maniement des armes et des jeunes désœuvrés qui n’ont comme espoir que l’extrémisme », a-t-elle déclaré.  Estimant que les vies de tous les Africains sont importantes, l’intervenante a déclaré que « si nous ne faisons rien, nous nous exposons à des catastrophes », a-t-elle ajouté.  

Le représentant du Maroc est intervenu au titre d’une motion d’ordre, en déclarant qu’on accorde le droit de parole aux pétitionnaires pour parler de sujets spécifiques dans le plein respect des règles de l’Organisation.  Le représentant a estimé que M. Mohamed Hicham Radoui venait de colporter des mensonges contre son pays et recouru à une terminologie qui est inacceptable à l’ONU.  Il a condamné et rejeté « les propos fallacieux de cet individu qui ne sont dignes que de la poubelle ».  Notre Organisation ne peut et doit laisser de telles personnes instrumentaliser la Quatrième Commission, a-t-il ajouté en conclusion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: la Haute-Représentante plaide pour un multilatéralisme inclusif

Réunion virtuelle- matin
AG/DSI/3667

Désarmement: la Haute-Représentante plaide pour un multilatéralisme inclusif

Réunie ce matin en séance virtuelle sous la présidence de M. Sasa Milanovic, Vice-Président, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a de nouveau entendu la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, demander aux délégations de créer l’atmosphère propice à la création d’un « multilatéralisme inclusif », ouvert au secteur privé et à la société civile.  Empruntant ce terme au Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, Mme Nakamitsu a placé les États Membres face à leurs responsabilités, affirmant qu’aucun pays ne pourrait relever seul les défis émergents à la paix et à la sécurité internationales.

La Haute-Représentante a attiré l’attention sur deux défis majeurs, lesquels sont l’objet de deux rapports du Secrétaire général: la réduction des menaces spatiales par des normes, règles et principes de comportements responsables; et la prise en compte des « dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement ».

Répondant à une question de l’Équateur, Mme Nakamitsu a confirmé ce qu’elle avait déclaré lors de l’ouverture du débat général: la sécurisation de l’espace et des usages des biotechnologies passe par l’inclusion du secteur industriel privé dans la réflexion des États Membres sur les moyens innovants à mettre en place pour rendre le monde plus sûr.  « La réalisation des objectifs de développement durable comme les réponses collectives apportées à la pandémie de COVID-19 sont à ce prix », a estimé Mme Nakamitsu, qui a ajouté: « Elles exigent également une participation accrue des femmes et des jeunes aux activités de désarmement », avant de rendre un hommage appuyé à l’implication souple de la société civile auprès des centres régionaux de désarmement de l’ONU pendant la crise sanitaire.  Mme Nakamitsu a d’ailleurs demandé aux pays de maintenir le contact le plus étroit possible avec les ONG mais aussi avec l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), deux sources d’inspiration et de réflexion précieuses pour trouver des solutions à un environnement sécuritaire particulièrement incertain.

La Haute-Représentante a rappelé que les deux rapports du Secrétaire général et son Programme de désarmement contenaient des amorces de solutions techniques et juridiques ainsi que des évaluations de risque qui ne peuvent que nourrir les négociations des experts à New York et à Genève.  Et si elle n’a pas évoqué de façon approfondie la suite donnée aux résolutions et décisions de la Commission, Mme Nakamitsu a une fois encore déploré l’ampleur des dépenses militaires, qui, en 2020 -en pleine pandémie de COVID-19- ont atteint le chiffre démesuré de 2 000 milliards de dollars. 

Concernant le calendrier des réunions à venir des principaux instruments du mécanisme onusien du désarmement et de non-prolifération, la Haute-Représentante a noté que les délégations auront moins de temps en 2022 pour préparer la tenue de nombreux événements reportés depuis près de deux ans.  C’est pourquoi, elle a encouragé les États Membres à se montrer dès à présent créatifs « pour sortir des sentiers battus et s’engager ensemble dans des négociations fructueuses ».

La prochaine séance de la Commission aura lieu, lundi 11 octobre, à 10 heures.  Les délégations poursuivront le débat général sur tous les points à l’ordre du jour.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission se penche sur l’état de droit aux niveaux national et international et ses lacunes, amplifiées par la crise sanitaire 

Soixante-seizième session,
4e & 5e séances plénières- matin & après
AG/J/3636

La Sixième Commission se penche sur l’état de droit aux niveaux national et international et ses lacunes, amplifiées par la crise sanitaire 

Avec près de 60 orateurs, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé aujourd’hui ses échanges sur l’état de droit aux niveaux national et international après avoir terminé l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  La pandémie de COVID-19, ont déploré plusieurs pays, a fait apparaître de profondes inégalités dans l’accès à la justice, la protection des droits humains ou la prestation des services de base, et érodé la confiance des populations. 

Les derniers États à intervenir sur la question du terrorisme ont rappelé, à l’instar du Sénégal, l’importance de mener des programmes de développement à titre préventif, mais aussi, comme l’ont dit l’Espagne et l’Algérie, la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles des États et d’échanger les meilleures pratiques.  Le Saint-Siège et le Comité international de la Croix Rouge se sont inquiétés de l’impact négatif des mesures de lutte contre le terrorisme sur l’action humanitaire, notamment lorsqu’elles interdisent de fournir une aide à ceux qui en ont le plus besoin.  

Le Sous-Secrétaire général à la coordination stratégique, M. Volker Turk, a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement et la coordination de l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit.  M. Turk a donné le ton en expliquant que l’assistance des Nations Unies en la matière jouera un rôle central dans le rétablissement de la confiance dans les institutions, notamment en continuant de permettre de faire face aux effets dévastateurs de la pandémie, dans l’action sur les causes profondes et les moteurs des conflits et dans l’appui au respect du droit international.  L’Assemblée générale, a-t-il en outre rappelé, a proposé à la Commission d’examiner cette année le sous-thème intitulé « Promouvoir un état de droit axé sur l’être humain aux niveaux national et international comme fondement de notre programme commun ».

L’importance fondamentale de l’état de droit a été largement soulignée lors du débat.  La représentante du Canada, s’exprimant au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), l’a qualifié de « pierre angulaire » du progrès économique et social.  Dans la foulée, l’Union européenne a déclaré souhaiter que la communauté internationale continue de protéger et de promouvoir l’état de droit, les principes démocratiques, la bonne gouvernance et les droits de l’homme pour relever les multiples défis mondiaux d’aujourd’hui, regrettant que le respect des principes de l’état de droit et des droits de l’homme reste « un sujet de préoccupation » dans trop de régions du monde.  Pour le Danemark, s’exprimant au nom des pays nordiques, l’état de droit fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et est fondamental pour sa réalisation effective.  Le développement de systèmes de justice inclusifs et responsables et les réformes de l’état de droit fourniront des services de qualité aux populations et renforceront la confiance dans la légitimité de leur gouvernement, a-t-elle espéré.  

Par la voix du Cambodge, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a préconisé d’élargir l’accent mis sur la bonne gouvernance et contre la corruption dans le respect d’une « culture de l’intégrité » à tous les niveaux de l’engagement national.  

Les États baltes ont, comme la Sierra Leone ou la Colombie, marqué leur soutien au système de justice pénale internationale qui joue un rôle important dans la prévention de l’impunité et le respect de l’état de droit.  Le représentant de la Lettonie a ainsi encouragé ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

Par ailleurs, le Mouvement des pays non alignés, représenté par l’Iran, a demandé que soient pris en compte les usages ainsi que la réalité politique et socioéconomique nationale pour éviter l’imposition de modèles préétablis aux États Membres qui pourraient aller à l’encontre de la résolution des problèmes existants dans chaque pays.  « Nous tenons à souligner qu’il n’existe pas de définition unique convenue de l’état de droit », a conclu le délégué iranien.  

La Sixième Commission poursuivra ses travaux mardi 12 octobre, à 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/76/201

Déclarations

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) s’est associé à la déclaration du Mouvement des pays non alignés, condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Il s’est également érigé contre « les politiques ouvertes ou voilées visant à faire tomber des gouvernements légitimes, notamment par des coups d’état ».  Le Nicaragua a été victime du terrorisme d’État, a affirmé le délégué, et il ne permettra jamais que son territoire soit utilisé pour fomenter des coups d’état.  À cette fin, le Gouvernement a adapté une loi qui tend à ancrer le respect de la souveraineté et à favoriser la paix et la sécurité.  

Le Nicaragua appartient à une région de paix et de stabilité, a continué le représentant, attribuant cette réussite à un « modèle familial et communautaire national » qui favorise également le développement.  Il s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, et a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui aspire à promouvoir, entre autres, l’échange d’informations et la lutte contre la collusion entre terroristes.  D’autre part, il a appelé à mettre fin aux mesures coercitives unilatérales illégales qui imposent des souffrances à des millions de victimes, tout comme elles empêchent les pays concernés de bénéficier des ressources dont ils ont besoin.

M. DIAKITE (Sénégal) a déploré que ces dernières années, le continent africain, et en particulier le Sahel, a été « la région la plus touchée par les attaques terroristes ».  Le développement des moyens technologiques et la montée du terrorisme dans certaines régions du monde interpellent tous les pays qui doivent prendre des mesures appropriées.  Malheureusement, l’existence d’un cadre juridique international fort n’a pas encore permis d’endiguer le phénomène, a-t-il regretté.  Il a attiré l’attention sur l’utilisation des moyens technologiques de communication modernes comme outils de propagande.  Il a également souligné que les groupes terroristes, profitant de la crise sanitaire due à la pandémie de COVID-19, avaient élargi leur sphère d’influence en atteignant des cibles plus jeunes et issues le plus souvent de couches défavorisées.  Or, le manque de moyens ne permet pas à de nombreux États de détecter de manière précoce et de combattre la menace terroriste sous ses formes les plus récentes.

Les conséquences humanitaires des attaques terroristes sont encore plus dramatiques dans les pays en développement, a ensuite souligné le représentant, mentionnant les personnes déplacées.  Affirmant que le terrorisme trouvait un terreau fertile dans la pauvreté et l’exclusion sociale, il a cité le « Plan Sénégal Émergent » qui met en place des programmes de développement afin de prévenir l’extrémisme violent.  Des mesures sécuritaires ont aussi été prises, a-t-il ajouté.  En conclusion, il a appelé les États Membres à renforcer leur coopération judiciaire pour rechercher, poursuivre et extrader les auteurs d’actes terroristes, sans oublier la répression du financement du terrorisme.

M. OUMAR IBRAHIM SIDI (Niger) a rappelé que la résolution 1373 (2001) adoptée par le Conseil de sécurité, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, recommande aux États Membres de disposer d’instruments juridiques pour prévenir et réprimer le financement d’actes terroristes.  Dans cet esprit, a-t-il dit, le Niger a pris plusieurs mesures, en coopération avec les entités des Nations Unies, pour améliorer sa stratégie antiterroriste.  Le pays, qui a ratifié 14 instruments universels de lutte contre le terrorisme, a aussi créé plusieurs structures dédiées à ce combat, ainsi qu’une cellule de lutte contre le blanchiment d’argent et une commission de lutte contre la traite des personnes.  Il met par ailleurs en œuvre un programme de déradicalisation d’anciens combattants de Boko Haram.  Toutefois, a constaté le représentant, malgré les progrès réalisés dans cette lutte ces 20 dernières années, les organisations terroristes conservent d’importantes capacités de nuisance, notamment sur le continent africain.  Depuis fin 2019, on recense en effet plus des deux tiers des attaques perpétrées par Daech en Afrique, en particulier au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.  Cette expansion profite de la faiblesse des capacités du continent et de la porosité de ses frontières, a relevé le délégué, saluant à cet égard la création par le Niger et plusieurs de ses voisins de la Force multinationale mixte et de la Force du G5 Sahel.  Mais vaincre le terrorisme et l’extrémisme violent nécessite une approche plus globale, incluant des efforts de bonne gouvernance, a-t-il souligné, non sans rappeler que les populations africaines font face à des défis endémiques qui les rendent vulnérables au terrorisme.  Enfin, jugeant que l’absence d’une définition juridique universelle du terrorisme contribue à entretenir la confusion, il s’est prononcé pour l’élaboration d’une convention sur cette question. 

Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, insistant sur l’importance d’investir dans l’éducation pour prévenir le terrorisme.  La lutte contre le terrorisme devra être relevée collectivement, au moyen d’un humanisme renouvelé, a dit la déléguée, avant d’évoquer le tragique anniversaire, cette année, des attaques du 11 septembre 2001.  Elle a salué le récent examen de la Stratégie antiterroriste mondiale et la place qu’elle accorde aux efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT), en particulier en Afrique, devenue le théâtre d’attaques terroristes nombreuses, notamment dans la bande sahélo-saharienne.  La déléguée a salué l’ouverture de bureaux du BLT au Maroc et au Kenya. 

La pandémie a aggravé les vulnérabilités face aux terroristes qui ont diffusé leur propagande haineuse sur Internet, a-t-elle indiqué.  Le défi posé par le retour des combattants terroristes étrangers devra être au centre de la réponse antiterroriste mondiale.  La déléguée a détaillé la stratégie de son pays en vue de la promotion du dialogue interreligieux et interculturel, le Maroc ayant procédé récemment à une profonde réforme du champ religieux.  Elle a ainsi insisté sur le rôle clef joué par le Conseil supérieur des Oulémas.  Le Maroc dispose d’un arsenal juridique antiterroriste complet dans le respect des droits humains, a conclu la déléguée.

M. AGUSTIN SANTOS MARAVER (Espagne) a souligné que, malgré la pandémie, les groupes terrorisme terroristes continuaient leurs attaques, ajoutant que la communauté internationale était confrontée à de nouvelles formes de terrorisme.  Les mesures multilatérales adoptées par consensus doivent jouer un rôle essentiel, a-t-il ajouté, se félicitant de l’adoption du document final lors du septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Ces efforts constructifs ont permis d’élaborer un instrument commun qui inclut des éléments importants sur les nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés, a-t-il salué.  

Le délégué a ensuite attiré l’attention sur une série de questions importantes dans la lutte contre le terrorisme.  Il faut renforcer les capacités opérationnelles des États, a-t-il encouragé, ajoutant que cela devait s’accompagner d’un effort de prévention.  Il a appelé à inclure l’ensemble de la société dans ces efforts, notamment la société civile.  « Fouler au pied des droits humains est contreproductif à long terme. »  Les victimes du terrorisme sont aussi une priorité absolue, a-t-il poursuivi.  Pour la délégation, il est nécessaire de les dédommager et de travailler à une législation pour reconnaître le droit des victimes, d’autant plus qu’elles peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre le terrorisme.  Enfin, il a évoqué la question du financement du terrorisme et celle des combattants étrangers.  

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a souligné que le terrorisme s’adapte, faisant émerger de nouvelles menaces face auxquelles il faut agir de façon coordonnée, la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme demeurant l’instrument complet pour traiter de ce fléau.  Cette Stratégie doit se concentrer sur les nouveaux défis pour la représentante algérienne, qui a apprécié la référence aux nouvelles technologies et au lien entre terrorisme et criminalité dans son dernier examen.  Selon elle, il faut renforcer les capacités, échanger les meilleures pratiques, tout en respectant le droit international.  Et à cet égard, a-t-elle poursuivi, il convient de s’entendre sur une définition du terrorisme et de ne pas confondre ce fléau avec la lutte de peuples vivant sous le joug du colonialisme.  L’Algérie a également appelé à traiter aussi des causes profondes du terrorisme, en restant axée sur la lutte contre les facteurs d’exclusion et d’injustice sociale.  Les efforts internationaux doivent ainsi être complétés et renforcés, en parachevant la Convention sur le terrorisme international, a conclu la délégation.

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) a rappelé que, depuis 2020 et jusqu’en 2022, la République dominicaine préside le Comité interaméricain contre le terrorisme (CICTE) de l’Organisation des États américains.  Au niveau national, le pays a créé le Comité national antiterroriste et la Direction nationale antiterroriste chargés de prévenir, poursuivre et sanctionner tout acte terroriste, ainsi qu’à établir des politiques publiques de lutte contre ce fléau.  Dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme, le Centre national antiterroriste fusionne les efforts et les informations de plusieurs institutions et organismes publics, dont les services de renseignements, la Direction générale des douanes, la Direction générale des impôts, ou encore l’Unité d’analyse financière.

Dans sa lutte contre le terrorisme, a expliqué le délégué, la République dominicaine maintient une coopération internationale constante en termes de communication avec les institutions d’autres États Membres de l’ONU.  Le pays est également partie à plusieurs traités internationaux sur le terrorisme, et réaffirme son attachement à la Charte et à d’autres normes du droit international, en particulier celles relatives aux droits de l’homme et du droit international humanitaire.  En conclusion, il a salué l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et les efforts « acrobatiques » des cofacilitateurs dans ce processus. 

« Des pays peuvent invoquer la lutte contre le terrorisme pour nuire aux règles fondamentales qui sont au cœur même du droit international », a mis en garde M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l'État de Palestine, évoquant notamment le droit à l’autodétermination des peuples.  Nous ne serons jamais complices de tels efforts, car cela sape l’état de droit, a-t-il accusé.  Rappelant que la Palestine avait conclu des mémorandums d’accord avec plus de 80 pays, le représentant a exprimé sa fierté de faire partie du Groupe des Amis des victimes du terrorisme.  « Nous aspirons à la tenue d’un premier Congrès des victimes du terrorisme. » 

Le représentant a réaffirmé l’importance de ne pas associer le terrorisme à une religion, civilisation ou à un groupe ethnique.  Nous regrettons qu’à des fins électoralistes, de telles associations continuent d’être faites, a-t-il accusé.  Le terrorisme est le terrorisme, indépendamment du visage, de la couleur de la peau ou de la religion, a-t-il asséné.  Il a enfin déclaré que le respect du droit international, les droits humains, la lutte contre la discrimination et l’élimination de la pauvreté étaient essentiels pour nourrir l’espoir plutôt qu’attiser la haine.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a indiqué que « le terrorisme est totalement incompatible avec toute religion véritable ».  Les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international, a poursuivi le représentant.  Tout irrespect de l’état de droit en la matière ne ferait qu’encourager la radicalisation, sapant ainsi les efforts antiterroristes.  Il a noté les préoccupations grandissantes devant un détournement de l’aide humanitaire par les groupes terroristes, avant d’ajouter que ces préoccupations ne doivent pas empêcher une fourniture de ladite aide à ceux qui en ont besoin.  Des activités humanitaires légitimes, y compris celles menées par des organisations d’obédience religieuse, peuvent contribuer à la prévention du terrorisme.  Il est donc fondamental que les mesures antiterroristes n’entravent pas la capacité des organisations humanitaires et caritatives à apporter une aide, a ajouté le délégué.  Enfin, il a jugé essentiel d’engager les organisations et dignitaires religieux dans la lutte contre le terrorisme.

M. CHRISTOPHER BRADLEY HARLAND, un observateur du Comité international de la Croix Rouge (CICR), a jugé « légitime et nécessaire » que les États prennent des mesures réactives pour assurer leur sécurité et celle de leur population.  Mais on a également vu que les mesures de lutte contre le terrorisme peuvent avoir « un impact négatif sur l’action humanitaire », notamment lorsqu’elles interdisent de fournir des ressources économiques à des personnes et entités répertoriées, ou lorsqu’elles incluent des activités humanitaires autorisées par le droit international humanitaire (DIH).  Cela peut, à son tour, avoir des conséquences inattendues, comme interdire aux organisations humanitaires « impartiales » telles que le CICR de réparer les infrastructures d’approvisionnement en eau, de soigner les blessés ou d’aider à vacciner les populations contre la COVID-19.  Lorsque diverses formes de contact avec des personnes et des groupes répertoriés sont carrément interdites, le CICR peut être empêché de rendre visite aux personnes détenues, de faciliter la libération de détenus, de dispenser une formation sur le DIH ou de réunir les personnes disparues avec leurs familles.  En clair, le CICR, comme d’autres organisations humanitaires, peut être empêché de mener les activités humanitaires mandatées par les Conventions de Genève et le DIH, a illustré le délégué.

Or, a poursuivi M. Harland, lorsque les organisations humanitaires sont entravées dans leur mandat, les conséquences sont graves pour les individus désireux d’avoir des nouvelles de leurs proches, les personnes ayant besoin de protection ou les travailleurs humanitaires.  Il faut « rechercher des solutions concrètes pour atténuer les impacts négatifs potentiels des mesures antiterroristes sur l’action humanitaire impartiale ».  Ces dernières années, a-t-il poursuivi, les États Membres ont pris des mesures pour mieux protéger l’espace humanitaire des conséquences indésirables des mesures antiterroristes.  L’Union européenne a exempté de la directive sur la lutte contre le terrorisme les organisations humanitaires impartiales référencées dans les traités de DIH et la « loi modèle africaine antiterroriste » de l’Union africaine protège l’aide humanitaire effectuée de manière impartiale sans distinction défavorable, s’est félicité le délégué.  Pour autant, le CICR recommande aussi d’inclure des exceptions permanentes dans la lutte contre le terrorisme et les sanctions.  Les futures résolutions devraient par exemple exiger des États qu’ils adoptent des mesures concrètes et pratiques pour garantir que les organisations humanitaires impartiales soient autorisées à protéger et à aider les populations dans le besoin.  Enfin, Le CICR appelle à dialoguer avec les parties prenantes pour s’assurer que ceux qui rédigent et mettent en œuvre les mesures de lutte contre le terrorisme sont conscients de leurs conséquences imprévues.

M. INÁCIO VIRGÍLIO CHICO DOMINGOS (Mozambique) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et appelé au respect de la vie.  Les États doivent agir de concert pour répondre à ce fléau.  Il a salué le récent examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui est un instrument majeur dans la lutte antiterroriste.  Le délégué a déclaré que son pays est « en ce moment même » la victime du terrorisme, un groupe perpétrant des attaques dans une province du Mozambique, ayant déjà fait près de 2 000 victimes.  Les motivations de ce groupe ne sont pas claires mais il sème la terreur parmi la population, a-t-il rapporté.  Il a détaillé la stratégie de son pays pour prévenir et contrôler l’extrémisme violent, l’un de ses piliers étant la création d’emplois décents en particulier dans le nord du pays.  Enfin, le représentant du Mozambique a demandé la « consolidation » du cadre juridique international antiterroriste.

L’ÉTAT DE DROIT AUX NIVEAUX NATIONAL ET INTERNATIONAL - A/76/235

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. MOHAMMAD GHORBANPOUR (République islamique d’Iran) a estimé que le respect de l’état de droit aux niveaux national et international est essentiel au maintien de la paix et de la sécurité internationales ainsi qu’à la réalisation du développement socioéconomique.  Poursuivant, il a fait part de l’inquiétude du Mouvement des pays non alignés face à la mise en œuvre de mesures unilatérales.  « Aucun État ou groupe d’États n’a la prérogative de priver d’autres de leurs droits légitimes », a a-t-il souligné.

Le Mouvement des pays non alignés est également inquiet de l’empiètement du Conseil de sécurité sur les fonctions et pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, lorsqu’il se saisit de questions qui relèvent de la compétence de ces deux organes, a ensuite indiqué M. Ghorbanpour.  Aussi, pour le Mouvement des pays non alignés, la communauté internationale doit éviter de remplacer les autorités nationales lorsqu’il s’agit d’établir ou de renforcer l’état de droit au niveau national et ne devrait simplement leur fournir le soutien nécessaire qu’à leur demande.

Pour le groupe, il est également nécessaire de prendre en compte les usages ainsi que la réalité politique et socioéconomique nationale pour éviter l’imposition de modèles préétablis aux États membres qui pourraient aller à l’encontre de la résolution des problèmes existants dans chaque pays.  « Nous tenons à souligner qu’il n’existe pas de définition unique convenue de l’état de droit », a relevé M. Ghorbanpour.  « Les indicateurs de l’état de droit qui n’ont pas été convenus par les États membres dans le cadre de discussions et de consultations ouvertes et transparentes ne sont pas acceptables », a-t-il tranché. 

Le Mouvement des pays non alignés a rappelé que les droits de la personne, l’état de droit et la démocratie sont des notions interdépendantes qui se renforcent mutuellement, le représentant condamnant toute tentative de déstabilisation de l’ordre démocratique et constitutionnel dans tout État membre du Mouvement.  Mohammad Ghorbanpour a enfin réaffirmé le soutien du Mouvement à l’État de Palestine dans sa demande d’adhésion présentée par Mahmoud Abbas le 23 septembre 2011, et qui reste en suspens devant le Conseil de sécurité.

Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc), au nom du Groupe des États d’Afrique, a dit que l’état de droit et le développement se renforcent mutuellement.  Elle a salué les efforts du Secrétaire général en vue du renforcement des capacités des pays en développement pendant la pandémie de COVID-19, y compris pour lutter contre la corruption.  Elle a estimé que les « ingérences » sont dommageables pour l’état de droit au niveau national et appelé la communauté internationale à y remédier. 

Alors que la pandémie a mis à nu les vulnérabilités, la déléguée a souligné la nécessité d’édifier des sociétés inclusives et résilientes.  Elle a salué le recours à la technologie qui a permis de garantir l’accès à la justice malgré les contraintes imposées par la pandémie, grâce notamment à la tenue d’audiences en ligne.  Elle a aussi salué l’aménagement des conditions pénitentiaires et la libération de prisonniers.  

Mme Lahmiri a plaidé pour des approches novatrices face à la corruption et réitéré l’engagement du Groupe africain de combattre ce phénomène sous toutes ses formes et manifestations.  L’état de droit au niveau international implique de garantir un accès égal aux vaccins ainsi qu’à une éducation de qualité.  Le renforcement des capacités est essentiel pour la promotion de l’état de droit, a-t-elle conclu.

Mme SIMONA POPAN (Union européenne) a souhaité que la communauté internationale continue de protéger et de promouvoir l’état de droit, les principes démocratiques, la bonne gouvernance et les droits de l’homme pour relever les multiples défis mondiaux d’aujourd’hui.  Cela renforcera le multilatéralisme, lequel doit se fonder sur le principe de solidarité entre les peuples, les nations, les générations, les personnes et les institutions.  Alors que la pandémie a mis les systèmes de santé, les économies et les sociétés à rude épreuve, nous devons nous assurer que le respect de l’état de droit fait partie de notre réponse, a-t-elle plaidé, en mettant l’accent sur la nécessité de renforcer la gouvernance et les systèmes judiciaires.  À cet égard, elle a estimé que la lutte contre l’impunité et le soutien à tous les mécanismes de responsabilisation, y compris pour la Cour pénale internationale, est d’une importance capitale.  Ce faisant, a souligné la déléguée, l’ONU doit se mettre au service de tous les citoyens du monde.  Elle doit aussi écouter et impliquer la société civile, les jeunes, le secteur privé et le monde universitaire. 

La représentante a ensuite affirmé que l’état de droit est essentiel au fonctionnement même de l’Union européenne, tant pour l’application du droit que pour le bon fonctionnement du marché intérieur, la libre circulation des personnes, le maintien d’un environnement favorable à l’investissement et la confiance mutuelle.  Déterminée dans son engagement, la Commission européenne a annoncé, en 2019, l’établissement d’un mécanisme européen pour l’état de droit, qui définit des actions concrètes visant à renforcer la capacité de l’Union à promouvoir et défendre l’état de droit.  En 2020, a indiqué Mme Popan, la Commission européenne a publié son premier rapport sur l’état de droit, qui évalue la situation dans chaque État Membre.  Le deuxième rapport sur l’état de droit a été publié en juillet dernier.  

Avant de conclure, la déléguée a relevé que le respect des principes de l’état de droit et des droits de l’homme reste un sujet de préoccupation dans trop de régions du monde, où l’on constate un ciblage des partis politiques, des défenseurs des droits et des médias ainsi qu’une montée en puissance de dirigeants autoritaires.  Ces faits, qui sont des « revers majeurs » pour les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit, « ne devraient pas être considérés comme des affaires intérieures », a-t-elle martelé.  « Il est de notre devoir commun d’empêcher qu’ils se produisent et de rester ouvert au dialogue. » 

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SOVANN KE (Cambodge) a souligné que, depuis 1967, l’ASEAN a fait sienne la promotion de l’état de droit sous tous ses aspects.  Les États membres de l’ASEAN continuent d’œuvrer avec la Chine en vue d’arriver à un code de conduite « efficace et substantiel » sur la mer de Chine méridionale, qui soit en harmonie avec le droit international, notamment avec la Convention internationale sur le droit de la mer, dans des délais mutuellement agréés.  Le délégué a indiqué par ailleurs que le sous-point « Mesures pour prévenir et combattre la corruption », discuté l’année dernière, reste une priorité dans la promotion et la contribution au renforcement de l’état de droit aux plans national et international.  L’ASEAN a mis à nouveau l’accent sur la nécessité d’élargir la focalisation sur la bonne gouvernance et sur l’engagement au respect d’une « culture de l’intégrité » et contre la corruption à tous les niveaux de l’engagement national. 

L’ASEAN, a poursuivi M. Ke, croit en un service public transparent et redevable, « colonne vertébrale de la bonne gouvernance », et en un engagement ouvert avec le secteur privé et les organisations de base.  Insistant sur le fait que la corruption est un problème complexe qui sape le développement socioéconomique et a des répercussions négatives sur l’efficacité des institutions démocratiques, compromettant les progrès pour les générations à venir, il a tenu à préciser que ce phénomène affecte tous les pays et qu’il faudrait se garder de l’associer à une culture ou un peuple en particulier. 

Le représentant de l’ASEAN a ensuite pris note de l’idée d’examiner cette année, à la Sixième Commission, le sous-thème intitulé « promouvoir un état de droit axé sur l’être humain aux niveaux national et international comme fondement de notre programme commun ».  Dans cet esprit, il a vanté le document ASEAN Political-Security Community Blueprint 2025 qui devrait contribuer à la réalisation du Programme 2030 dans la région, notamment l’ODD 16 – « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes ».  

Mme MARIE-LOUISE KOCH WEGTER (Danemark), s’exprimant au nom des pays nordiques, à savoir la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Suède et le Danemark, a déclaré que le renforcement de l’état de droit implique le respect des normes du droit international, y compris le recours à la force, et la reconnaissance de la responsabilité première des États de protéger leurs populations contre les atrocités.  Il fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et est fondamental pour sa réalisation effective.  Les pays nordiques considèrent donc qu’il est prioritaire de promouvoir et de maintenir l’objectif de développement durable concernant la paix, la justice et des institutions fortes, tant le développement de systèmes de justice inclusifs et responsables et les réformes de l’état de droit fourniront des services de qualité aux populations et renforceront la confiance dans la légitimité de leur gouvernement.

La représentante a ensuite indiqué qu’en début d’année, un centre pour l’état de droit avait été créé en Finlande.  L’objectif, qui opère au sein de l’Université d’Helsinki, est d’aider les pays en développement à créer et à renforcer les fondements de l’état de droit.  Son appui portera sur les outils destinés à développer les capacités des institutions chargées de l’état de droit et du renforcement de la législation.  Le Danemark accueillera en outre le 18 novembre prochain une conférence internationale -Copenhague: Tech for Democracy 2021-, qui réunira États, secteur technologique, médias, société civile et monde académique pour discuter des moyens spécifiques de faire en sorte que la technologie soutienne l’état de droit et la démocratie au lieu de les saper, a-t-elle dit.

Mme BEATRICE MAILLE (Canada), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a expliqué que l’état de droit sous-tend le système international fondé sur des règles, essentiel à la paix et à la sécurité internationales, ainsi qu’à la stabilité politique.  Il s’agit d’une « pierre angulaire du progrès économique et social », du développement international, et de la protection des droits humains et des libertés fondamentales, a-t-elle assuré.  Le principe de la primauté du droit nécessite que les droits humains soient placés au premier plan et que tous soient responsables de leurs actes de façon égale devant la loi -personnes physiques, sociétés privées, acteurs non étatiques ou États- en temps de paix comme en temps de conflit.  

À une époque où le terrorisme ne connaît pas de frontières, où les conséquences pour l’environnement peuvent être mondiales, où de puissants acteurs non étatiques ou paraétatiques peuvent menacer les objectifs de développement, il est dans notre intérêt commun de construire un ordre solide fondé sur des règles, dans lequel les lois sont promulguées publiquement, font l’objet de décisions prises en toute indépendance, et sont appliquées de façon égale et uniforme, en conformité avec le droit international.  Pour le groupe CANZ, « la primauté du droit doit désormais s’appliquer au-delà des interactions traditionnelles entre États et individus pour intégrer de nouvelles activités et des environnements émergents, tels que la cybercriminalité et autres activités malicieuses dans l’espace numérique ».  C’est pourquoi les trois pays soutiennent le renforcement de la primauté du droit dans le cyberespace. 

Mme Maille a ensuite abordé la question des ressortissants étrangers détenus arbitrairement et utilisés comme « monnaie d’échange » dans les relations internationales.  « La détention arbitraire est contraire au droit international relatif aux droits de l’homme et porte atteinte aux relations amicales entre États. »  Il est temps de faire en sorte que les citoyens de tous les pays soient à l’abri de cette pratique lorsqu’ils vivent, travaillent ou voyagent outremer, a insisté la déléguée, ajoutant que la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État, présentée à Ottawa le 15 février 2021, est un « premier pas » dans cette direction.  Elle exhorte tous les États à prendre des mesures concrètes pour prévenir et éliminer les conditions de détention difficiles, le refus d’accès à un avocat et aux services consulaires, la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. 

M. MARTINS PAPARINSKIS (Lettonie) s’est exprimé au nom de trois États baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie).  Saluant le rôle des Nations Unies dans la promotion du développement progressif du droit international, le représentant a souligné que les États baltes étaient prêts à prendre une part active à ce processus.  Pour la première fois, les États baltes ont désigné conjointement un candidat à la Commission du droit international pour les élections du mois prochain, a annoncé M. Paparinskis.  Il a ensuite ajouté que la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie avaient rejoint les membres fondateurs du Groupe des amis de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Nous souhaitons soutenir la Constitution des océans et relever les défis auxquels sont confrontés les mers et les océans, a-t-il assuré. 

Les institutions judiciaires internationales jouent un rôle essentiel dans l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a rappelé la délégation, soulignant le rôle de premier plan joué par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Le système de justice pénale internationale joue un rôle important dans la prévention de l’impunité et le respect de l’état de droit, a ajouté M. Paparinskis.  Il a ensuite réaffirmé le soutien des États baltes à la Cour pénale internationale, encourageant ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome.  Rappelant les conséquences de la pandémie de COVID-19, le représentant a déclaré que l’éradication de la pauvreté et le développement durable constituaient un objectif commun.  Les efforts de « Building Back Better » doivent être orientés vers le renforcement de l’état de droit, a-t-il appelé.  Cela favorisera un environnement propice à la réduction de la pauvreté et à une croissance soutenue, a-t-il ajouté en conclusion. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a déclaré que son pays est déterminé à renforcer un véritable état de droit et à modifier l’ordre international « injuste » qui est en vigueur aujourd’hui.  Il a souligné que toute assistance apportée par l’ONU à un État Membre doit se faire en accord avec cet État.  Il a ensuite constaté avec inquiétude que le point focal pour l’état de droit s’est vu accordé de nouvelles prérogatives, sans l’accord de la Sixième Commission.  « Un état de droit véritable doit avoir pour point de départ une ONU réformée », a fait valoir le délégué.  Il faut, a-t-il poursuivi, consolider le rôle central de l’Assemblée générale, seul organe universel.  Il faut également réformer le Conseil de sécurité pour en faire un organe inclusif, transparent et démocratique.

Le délégué cubain a ensuite dénoncé le fait que, dans le cadre de leur guerre non conventionnelle contre son pays, les États-Unis utilisent les nouvelles technologies pour déstabiliser l’ordre à Cuba, dans le cadre d’une « politique d’intimidation et de pression ».  Les États-Unis mettent selon lui en péril l’état de droit, et il a exigé que les lois extraterritoriales soient abandonnées.

M. NATHANIEL KHNG (Singapour) a déclaré que la codification du droit international s’est poursuivie malgré la pandémie.  La Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) a ainsi été en mesure d’adopter plusieurs textes lors de sa cinquante-quatrième session, s’est-il félicité.  Il a aussi estimé que la pandémie a incité les systèmes judiciaires dans le monde à améliorer la manière dont ils s’acquittent de leurs tâches.  Il a encouragé le partage des pratiques optimales en vue d’améliorer l’accès à la justice, ainsi que son efficacité et sa transparence.  Il a mentionné le développement dans son pays de captations vidéo des audiences, permettant de concilier accès à la justice et santé du personnel.  Le délégué a salué la poursuite des activités de renforcement des capacités dans le domaine de l’état de droit malgré la pandémie.  Enfin, M. Khng a rappelé que l’année prochaine marquera le quarantième anniversaire de la Convention sur le droit de la mer, l’une des grandes contributions des Nations Unies à la promotion de l’état de droit au niveau international.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a appelé à prendre de manière urgente des mesures pour lutter contre les menaces à la paix, aux personnes et à la planète.  Au niveau national, la Sierra Leone continue d’éliminer les menaces pesant sur les libertés démocratiques et les droits de l’homme, a-t-il déclaré, citant l’abrogation de la peine de mort et le respect des libertés fondamentales d’association, de conscience, d’expression et de la presse.  De même, l’accès à la justice continue à être élargi, y compris grâce aux services d’aide juridique aux personnes indigentes.  M. Kanu a ensuite appelé à une solidarité mondiale en faveur d’un accès à la justice pour les survivants de violences sexuelles, annonçant une résolution en ce sens à l’Assemblée générale.  Il a réaffirmé son attachement au renforcement du système international de responsabilité, en particulier la Cour pénale internationale (CPI) et le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone. 

Intervenant à titre national, M. NASER ASIABIPOUR (République islamique d’Iran) a déclaré que, depuis la création des Nations Unies, le multilatéralisme a été une des grandes réalisations du système onusien, mais qu’au cours des dernières années écoulées, il a été sérieusement attaqué par des actions unilatérales.  Il a donc réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’état de droit, reconnaissant que l’ONU est la principale plateforme pour le faire respecter et pour renforcer l’état de droit dans sa dimension internationale.  Il a également appuyé les principes du droit international, en l’occurrence l’égalité souveraine des États ainsi que leur immunité, en tant que qu’éléments clefs de l’ordre juridique international.

Partant, il a condamné toute interprétation arbitraire du droit international et toute approche exclusive et sélective de ses principes à des fins politiques étroites.  Il s’est ensuite érigé contre l’abus contre les organes de l’ONU par un recours à des résolutions visant un pays spécifique par des campagnes politiques menées contre des États indépendants.  Il a souligné qu’en revanche, l’adoption de résolutions consensuelles joue un rôle fondamental dans le renforcement de l’état de droit dans toutes ses dimensions.

Réaffirmant le principe du consentement en tant que pilier du mode de fonctionnement de la Cour internationale de Justice (CIJ), le représentant iranien a insisté sur le fait que celle-ci est la principale institution judiciaire dans le renforcement de l’état de droit au niveau international, et saisi l’occasion pour inviter les États-Unis au respect de l’avis provisoire de la CIJ, daté du 18 octobre 2018, par lequel elle a unanimement demandé à ce pays de lever toutes les entraves aux importations de denrées alimentaires et de produits agricoles, de médicaments, et d’équipements médicaux, ainsi que sur les pièces détachées et les services nécessaires à la sûreté de l’aviation civile en Iran.

La délégation a insisté quant au fait que chaque nation a le droit souverain d’établir son propre modèle d’état de droit et de développer son système juridique sur la base de ses traditions juridiques, historiques et culturelles.  Ce droit émane des principes de l’égalité souveraine des États et de la non-ingérence dans leurs affaires internes, principes qui, aux côtés du droit à l’autodétermination, sont consacrés dans le droit international et la Charte.  Le représentant a donc conclu en rappelant que les efforts tendant à la mise en œuvre de l’état de droit au niveau national doivent s’inscrire dans le principe de l’appropriation nationale, en prenant en considération les circonstances socioculturelles du pays concerné.

« Il existe une relation bidirectionnelle: l’état de droit favorise le développement et le développement renforce l’état de droit », a estimé Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras).  Pour cette raison, le Honduras considère que l’on ne peut sous-estimer l’ampleur du défi dans la lutte pour garantir l’égalité juridique aux plus vulnérables.  Le pays s’est doté de politiques visant à l’autonomisation juridique des femmes pour qu’elles puissent participer aux processus décisionnels, avoir droit à la propriété ou accéder à des financements.  Par ailleurs, a poursuivi la déléguée, son gouvernement a fait preuve de détermination et d’une ferme volonté politique dans sa lutte contre la corruption et l’impunité.  En janvier 2021, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a ouvert un bureau au Honduras.  Le nouveau Secrétariat à la transparence et les autres institutions nationales de lutte contre la corruption disposent désormais d’un appui technique permanent d’experts en matière de transparence, de lutte contre le narcotrafic et contre le blanchiment d’argent et la criminalité transnationale organisée, s’est-elle réjouie.

Par ailleurs, la déléguée a souligné que pour que l’état de droit existe, nous ne devons pas seulement adopter des lois et avoir des procureurs et des juges qui remplissent leurs responsabilités.  « Un changement dans les valeurs de la société s’impose »: une société doit être consciente, soudée et protéger les opportunités de développement et le bien-être des personnes, a-t-elle conclu. 

Mme AZELA GUERRERO ARUMPAC-MARTE (Philippines) a assuré que son pays reconnaît l’importance du respect de l’état de droit au niveau national.  Soulignant le lien existant entre l’état de droit et les trois piliers de l’ONU, elle a indiqué que les Philippines ont signé cette année le tout premier programme conjoint des Nations Unies sur les droits de l’homme au niveau national.  Selon la déléguée, la coopération entre son pays et l’ONU portera sur le renforcement des mécanismes d’enquête et l’application du principe de responsabilité, la collecte de données sur les violations présumées de la police, les échanges avec la société civile et la Commission des droits de l’homme, le mécanisme national de notification et de suivi, la législation antiterroriste et une approche du contrôle des drogues fondée sur les droits humains.  Sur le plan de la sécurité, a-t-elle poursuivi, les Philippines ont établi un partenariat avec des agences de l’ONU pour la fourniture de conseils politiques et législatifs sensibles au genre, notamment sur la prévention dans les stratégies de réponse pour les femmes et les enfants associés au terrorisme.  Par ailleurs, le pays a continué d’œuvrer à l’amélioration de la sécurité et de la justice pour sa population au cours de la pandémie, par exemple en recourant à la technologie numérique. 

La représentante s’est ensuite félicitée que, malgré la pandémie, l’activité judiciaire et le travail des tribunaux internationaux n’aient pas diminué, contribuant au respect de l’état de droit.  Elle a aussi rappelé que les procédures de règlement des différends visent à clarifier les droits et obligations respectifs.  À cet égard, elle a appelé les États à se conformer à leurs obligations en vertu du droit international, souhaitant que les futurs rapports sur ce sujet examinent la mise en conformité de chacun.  Enfin, elle a indiqué qu’après 20 années d’absence, les Philippines ont présenté leur candidature à la Commission du droit international (CDI).

M. AHMED ABDELAZIZ AHMED ELGHARIB (Égypte) a salué les efforts onusiens pour renforcer l’état de droit, tout en soulignant l’importance que lesdits efforts évitent l’imposition de concepts qui ne font pas l’objet d’un consensus parmi les États Membres.  Il a mentionné deux axes des mesures prises par son pays pour renforcer l’état de droit, à savoir faciliter l’accès à la justice et simplifier le droit, avant de détailler les actions prises pour lutter contre la corruption.  Le délégué a ensuite indiqué que la stratégie nationale pour les droits de l’homme 2021-2026, qui vient d’être adoptée, vise à mettre en conformité le droit interne avec les engagements internationaux de l’Égypte.  Il a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités en ce qui concerne le Grand barrage de la Renaissance éthiopien, qui menace le bien-être de 150 millions d’Égyptiens et de Soudanais.  Le délégué a exhorté l’Éthiopie à se conformer à la récente déclaration présidentielle adoptée par le Conseil sur ce sujet.

Les efforts de la communauté internationale doivent se baser sur des principaux fondamentaux, tels que l’égalité souveraine des États et le principe de non-ingérence, a souligné M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus).  La souveraineté des États est de nature juridique, a-t-il rappelé, ajoutant que « la protection des droits humains ne devait pas être utilisé pour déstabiliser l’ordre constitutionnel des États ».  Les mesures de sanctions unilatérales impactent les droits humains, et avant tout les catégories les plus vulnérables de la population.  L’atteinte à la souveraineté des États par des mesures de contrainte unilatérales créent des foyers de tensions régionaux, où il n’est pas possible de faire respecter l’état de droit, a mis en garde le représentant.  Soulignant que les réformes des États doivent se faire de manière juridique, et non par la violence, il a déclaré que le Bélarus travaillait actuellement à une réforme de la Constitution.  

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a rappelé que la pandémie de COVID-19 a montré de profondes inégalités.  À la suite de cela, les citoyens perdent confiance en la justice et l’état de droit, a-t-il regretté.  L’Afrique du Sud continue à faire respecter l’état de droit: notre justice robuste a permis aux citoyens de s’adresser aux tribunaux lorsqu’ils estimaient que leurs droits avaient été violés pendant la pandémie, a-t-il indiqué.  Le délégué s’est dit convaincu que l’état de droit ne saurait exister sans un système juridique transparent et, pour lui, l’ONU doit appuyer les capacités des États Membres dans ce sens.  Il a encouragé les États à continuer à échanger informations et pratiques optimales.

Mme LUCIA TERESA SOLANO RAMIREZ (Colombie) a dit que son pays est un État de droit et que les instruments internationaux de protection des droits humains font partie de son bloc constitutionnel.  « Les efforts déployés pour renforcer l’état de droit doivent obéir aux priorités des pays. »  Elle a indiqué que l’accord de paix signé en Colombie prévoit la réintégration des anciens combattants, en insistant sur les progrès enregistrés dans sa mise en œuvre.  Des mécanismes de justice transitionnelle ont ainsi été mis en place.  La déléguée a mentionné les dysfonctionnements démocratiques qui peuvent exister en Amérique latine et appelé à y remédier.  Elle a ensuite reconnu l’importance de la Cour pénale internationale (CPI) pour lutter contre l’impunité, avant d’appeler à renforcer les capacités nationales dans ce domaine.  Tout soutien onusien en matière d’état de droit doit venir en complément des efforts des États, a-t-elle conclu. 

M. ALI AHMAD M. A. ALMANSOURI (Qatar)a rappelé que son pays était un fervent partisan du principe de l’état de droit.  Les institutions du Qatar observent l’état de droit et sensibilisent à ce principe, a-t-il assuré.  Le Gouvernement est également en train de transposer les instruments internationaux dans son droit interne.  Les élections législatives organisés au Qatar le 2 octobre dernier sont un pas essentiel sur la voie démocratique, a-t-il ajouté.  Au niveau international, le représentant a souligné que les efforts du Qatar avaient contribué aux règlements de nombreux conflits.  Il a rappelé la création par le Qatar, en 2012, du Centre de l’état de droit et la lutte anti-corruption à Doha avec l’ONU. 

Avant la pandémie de COVID-19, a déclaré M. SINA ALAVI (Liechtenstein), une étude approfondie du Groupe de travail sur l’administration de la justice avait révélé qu’au moins 250 millions de personnes vivaient dans des conditions extrêmes d’injustice, que 1,5 milliard de personnes ne pouvaient pas résoudre leurs problèmes juridiques quotidiens et que 4,5 milliards d’entre elles étaient exclues des opportunités prévues par la loi.  La pandémie a aggravé les choses.  Dans ce contexte, la coopération internationale et un multilatéralisme efficace sont plus que jamais nécessaires pour que nous puissions collectivement prévenir les conflits, maintenir la paix, promouvoir l’état de droit et garantir l’accès à la justice pour tous.  Nous avons donc beaucoup de travail à faire, a reconnu le représentant.  C’est un moment « crucial » pour nous tous pour défendre l’état de droit aux niveaux national et international, a-t-il dit.  

Le Liechtenstein a travaillé d’arrache-pied avec d’autres États pour garantir l’activation de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) sur le crime d’agression, a expliqué le représentant.  En criminalisant les formes les plus graves de l’usage illégal de la force, la CPI promet aux victimes que la justice sera rendue et offre la dissuasion contre l’agression.  Il s’est félicité que 41 États, dont plus de la moitié des membres de l’OTAN, aient ratifié les amendements de la CPI sur le crime d’agression, qui deviennent ainsi les amendements au Statut de Rome les plus largement ratifiés.  Nous continuerons à travailler vers l’objectif de la ratification universelle du Statut de Rome dans sa version amendée, a-t-il conclu.  

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a souhaité mettre en exergue le fait qu’il n’existe pas pour l’instant de définition convenue de l’état de droit, mais des éléments constitutifs, au nombre de trois: la suprématie du droit, l’égalité devant la loi et des procédures régulières.  Après avoir salué le travail de l’ONU, il a évoqué les efforts réalisés par son pays en matière d’état de droit, y compris pour promouvoir la participation des Indonésiens, ainsi que dans la lutte contre la COVID-19. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a déclaré que tout appui onusien en matière de promotion de l’état de droit au niveau national doit recevoir l’aval des gouvernements.  Il a ensuite insisté sur la centralité de l’ONU dans la promotion de l’état de droit au niveau international.  « Le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État est fondamental pour l’état de droit au niveau international. »  Le délégué a rappelé que les États ne doivent pas entraver le droit à l’autodétermination des peuples ou modifier la composition démographique des territoires occupés.  Par ailleurs, il a souligné que la pandémie de COVID-19 a creusé les inégalités entre les nations, avant d’indiquer que le Programme 2030 est la feuille de route pour sortir de la crise.  Enfin, il a détaillé les mesures de création d’emplois et de réduction de la pauvreté prises par le Pakistan.

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao) a estimé que la promotion de l’état de droit contribuait à la paix et la stabilité.  La promotion et l’élaboration d’instruments internationaux doivent faire l’objet de délibérations fondées sur les principes consacrés par la Charte des Nations Unies et le droit international, a-t-elle incité.  Tous les États Membres devraient recevoir l’attention et le soutien requis notamment en ce qui concerne le renforcement de leurs ressources humaines, afin qu’ils puissent mettre en œuvre leurs stratégies nationales, a-t-elle également incité.  La représentante est ensuite revenue sur la stratégie nationale de la République démocratique populaire lao, axée sur la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Des réalisations significatives ont été faites, a-t-elle assuré, citant notamment des mesures pour que le grand public participe au processus de rédaction des lois nationales. 

M. JULIAN SIMCOCK (États-Unis) a jugé préoccupantes et « profondément troublantes » les tendances identifiées par le rapport du Secrétaire général, notamment la politisation des institutions judiciaires et les menaces à leur indépendance.  Dans chaque pays, les institutions judiciaires doivent être autorisées à exercer leurs fonctions sans aucune forme d’ingérence et à appliquer les cadres juridiques nationaux pertinents, même lorsque les décisions d’un gouvernement sont en cause.  En outre, elles doivent être autorisées à effectuer leur travail sans crainte de représailles. 

Tout aussi préoccupantes sont les attaques visant les personnels de l’ONU déployés dans les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales.  Les États-Unis ont condamné « dans les termes les plus énergiques » tous les actes de violence contre le personnel des Nations Unies, qui peuvent constituer des crimes de guerre, a affirmé le représentant.  S’exprimant sur les travaux à venir de la Sixième Commission, les États-Unis espèrent que les délégations parviendront à trouver un consensus sur un sous-thème pour l’année prochaine.  La pratique qui consiste à sélectionner des sous-thèmes peut conduire à des débats plus ciblés et productifs sur l’état de droit, a dit le représentant, insistant sur le fait que lorsque la Sixième Commission se réunit, elle le fait sur la base d’un accord.

Mme YEELA CYTRIN (Israël) a jugé essentiel d’assurer la stabilité et le maintien de l’ordre, même dans les moments les plus incertains, comme pendant cette pandémie.  « En Israël, nous sommes fiers que notre démocratie dynamique, notre législature et notre système judiciaire indépendant soient restés fonctionnels et actifs face aux confinements et restrictions liés à la COVID-19. »  La représentante a mis en exergue les réalisations de son pays en matière de représentation des femmes et des personnes vivant en situation de handicap dont, entre autres, des nominations et élections à des postes de haut niveau.

Mme Cytrin a réitéré l’engagement de son pays à faire respecter le droit national et international, notamment pour prévenir l’impunité et empêcher les crimes les plus graves d’être commis.  « La responsabilité commence avec chaque État, chez lui. »  Poursuivant, elle a dit qu’il est important que les décisions soient prises sans aucune considération ou influence indue.  « Toute institution qui échoue à répondre à ces exigences et succombe aux pressions extérieures sape la validité de ses propres décisions, sa crédibilité et son intégrité, au détriment de la justice et du véritable état de droit », a-t-elle conclu.

Mme ALINA J. LLANO (Nicaragua) a déclaré que l’état de droit aux niveaux national et international se complètent mutuellement pourvu qu’ils soient intégralement respectés, dans le strict respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, ce qui facilite les mesures requises pour le développement durable des peuples.  Elle a estimé à son tour qu’au niveau international, l’état de droit doit être reflété par le respect de ses normes et principes: la Charte des Nations Unies; l’égalité souveraine, la solution pacifique des différends, la non-intervention et la non-ingérence dans les affaires internes des États et dans l’ordre international, l’absence de recours à la menace ou à la force contre l’intégrité territoriale, ou contre l’indépendance politique des États, et la non-imposition de mesures unilatérales, illégales et coercitives.  La représentante a réitéré que la promotion et le renforcement de l’état de droit passent par le respect des institutions juridiques de tous les États; par la reconnaissance du droit souverain des peuples à créer leurs propres institutions juridiques et démocratiques.  Ayant fondé ses relations internationales sur l’amitié, la solidarité et la réciprocité, le Nicaragua reconnaît le principe de la solution pacifique des différends en se servant des moyens offerts par le droit international.  Il a également appuyé la Cour internationale de Justice (CIJ) et réitéré sa confiance en cette institution. 

À l’échelle nationale, le Nicaragua a lancé, en 2007, un processus de modernisation juridique, en vue de la protection des groupes vulnérables, en particulier des personnes vivant dans une situation de pauvreté, des groupes autochtones, des femmes, des filles, des garçons et des adolescents.  Se voulant le défenseur de la Charte des Nations Unies, la représentante a attiré l’attention sur de nouvelles modalités, incompatibles avec les buts de l’ONU, mises en pratique par des grandes puissances pour porter atteinte aux droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance politique des pays en développement.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a estimé que le ciment d’une société plus juste et inclusive est le respect de la personne humaine.  La notion de démocratie ne se cantonne pas au respect des normes liées au droit de vote, mais elle est aussi liée à la représentation politique et à la participation de chacun, a-t-il souligné.  En garantissant l’accès à la justice, l’on gomme les inégalités intersectorielles, la marginalisation et la discrimination. Le représentant a également affirmé qu’une des priorités de son gouvernement était la lutte contre la corruption et l’impunité, avant de souligner l’importance d’une collaboration en ce sens. 

Mme NIDAA HUSSAIN ABU-ALI (Arabie saoudite) s’est intéressée à la vision stratégique d’un monde multilatéral plus inclusif et plus efficace, qui privilégie les systèmes et les institutions agissant au service de tous et toutes, ainsi que l’état de droit comme fondement d’un contrat social revitalisé.  Elle a rappelé le principe de la responsabilité partagée des États pour relever les défis à l’échelle nationale et internationale.  La représentante a dégagé, parmi les priorités, la mise en place d’une bonne gouvernance, la prévention et la lutte contre la corruption, et la redevabilité tant individuelle qu’institutionnelle, ce à quoi l’Arabie saoudite s’emploie par sa stratégie pro-intégrité et de responsabilisation, et par la mise en œuvre de sa Vision 2030. 

L’Arabie saoudite est embarquée dans un train de réformes en profondeur après avoir mis sur pied l’Autorité de surveillance et de lutte contre la corruption, a précisé Mme Abou Ali.  Le pays a mis à jour des systèmes législatifs et juridiques dans l’objectif de combler les lacunes en la matière.  La représentante a en outre mentionné l’Initiative de Ryad du réseau mondial des autorités chargée de lutter contre la corruption, inaugurée, fin mai 2021, au Bureau de l’ONU à Vienne.  L’Arabie saoudite œuvre également à la lutte contre le terrorisme transnational et au retour des familles de combattants étrangers depuis les zones de conflit.  Environ mille familles sont, d’ores et déjà, retournées dans leurs pays d’origine.  

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a indiqué que des audiences vidéo ont été introduites au Ghana à la suite de la pandémie, tandis que des mesures de décongestion des prisons ont également été prises. La question du surpeuplement des prisons est néanmoins toujours d’actualité, a-t-elle dit, en pointant la limitation des ressources disponibles. Une prison de 800 places est en cours de construction.  Soulignant la recrudescence de la violence conjugale pendant la pandémie, elle a redit l’importance pour tous les gouvernements de protéger les droits des femmes et des filles. Au Ghana, une unité se consacre à la lutte contre la violence conjugale et à la protection des victimes, avec l’appui du FNUAP, a indiqué Mme Hackman. Enfin, elle a déclaré que la promotion de l’état de droit exige de démanteler les structures discriminatoires qui empêchent la pleine participation des femmes à la vie publique.

Le développement durable, la poursuite de la paix, l’égalité entre les sexes, la lutte contre la criminalité organisée et la réalisation des droits humains sont autant d’objectifs qui nécessitent des règles claires, a estimé Mme NATALIA JIMÉNEZ ALEGRÍA (Mexique).  Rappelant que les deux dernières années avaient présenté des défis majeurs, elle a souligné que la corruption et la persistance de la criminalité organisée devaient être réglées par les États, tant au niveau national qu’international.  Évoquant la pandémie de COVID-19, elle a relevé que les États étaient contraints de repenser le fonctionnement de leur système judiciaire dans une situation d’urgence. Mais les pays n’ont pas tous été touchés au même degré, a-t-elle observé, soulignant qu’il était crucial d’en être conscient pour formuler la riposte adaptée à cette crise.  Elle a ensuite affirmé que la crise sanitaire était une vraie mise à l’épreuve de la gouvernance mondiale et de la solidité de l’état de droit.  Seul le multilatéralisme pourra offrir une solution, a-t-elle conclu. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a rappelé que la promotion de l’état de droit relève de la « responsabilité commune » des États, passant notamment par la mise en place d’institutions judiciaires inclusives et efficaces.  Il a rappelé que la Constitution de son pays protège les droits des femmes et des minorités ethniques.  Le délégué a déclaré que la séparation des pouvoirs, la sécurité juridique et les garanties procédurales sont autant d’éléments de l’état de droit.  « L’état de droit n’est pas l’apanage du monde occidental et s’applique de manière universelle. »  La loi doit être accessible, claire et prévisible, a poursuivi le délégué.  Il a accusé ces « entités » qui sapent l’état de droit, avant de rappeler que les organisations internationales doivent, elles aussi, respecter l’état de droit.  Enfin, le délégué a mis en garde contre toute « sélectivité » dans l’application du droit, certains pays étant en effet traités différemment que d’autres.

Mme IRINA ALEXANDRA BARBA BUSTOS (Équateur) a rappelé que l’état de droit s’applique à tous les états, sur un même pied d’égalité, ainsi qu’aux organisations internationales, y compris l’ONU et leurs organes principaux, ce qui permet prévisibilité et légitimité.  De la même façon, elle a reconnu les fonctions importantes de la Cour internationale de Justice (CIJ) et sa compétence d’arbitrage des différends entre États.  La déléguée a aussi déclaré que son pays avait toujours défendu la Cour pénale internationale (CPI) dans la lutte contre l’impunité, en tant que composante essentielle en vue d’une paix et d’une réconciliation pérenne.

Elle s’est aussi félicitée des travaux de la CDI et de son rôle dans la codification.  L’Équateur accorde les mêmes droits à ses ressortissants et aux étrangers vivant sur son territoire, et applique le droit international.  S’agissant du sous-thème proposé dans le rapport du Secrétaire général, elle a indiqué que la liberté est le socle de tout état de droit, ce qui permet à chacun d’opérer ses propres choix.  La corruption est un fléau qui ébranle la stabilité et la sécurité économique et politique de nos sociétés, a-t-elle déclaré par ailleurs, ajoutant que la corruption constitue un problème éthique qui menace la réalisation du développement durable, comme elle limite les fonctions de l’État, porte atteinte à la légitimité de ses institutions et sape l’activité économique et la jouissance des droits de l’homme.  Elle a en conséquence rejeté la corruption, les pots de vins, le blanchiment d’argent, et le transfert de fonds illicites à l’étranger ainsi que les avoirs illégalement acquis.  Ces pratiques sont immorales et inacceptables en toutes circonstances, et plus encore dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19, a-t-elle commenté en conclusion.

Les facteurs qui fragilisent les piliers de l’état de droit rendent improbable la réalisation des objectifs de développement durable d’ici à 2030, a estimé M, WENDPANGA JEAN DIDIER RAMDE (Burkina Faso).  Il a donc salué la poursuite des programmes d’assistance technique des Nations Unies au profit de pays qui en avaient besoin, ce qui permet de consolider les socles de l’état de droit.  Rappelant les crises sécuritaire et humanitaire auxquelles le Burkina Faso est confronté, le représentant s’est réjoui de la tenue des élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020.  Il a ensuite évoqué « les réformes ambitieuses » menées par son pays, notamment la formation des forces de défense et sécurité en matière de respect des droits humains ainsi que le recrutement de plus de deux magistrats.  Sur le plan international, le pays poursuit ses efforts dans la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux, a assuré le représentant.  Il est important que les Nations Unies et les institutions spécialisées poursuivent leur appui aux États en voie de développement, afin de les accompagner dans la construction de l’état de droit. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) est revenu sur la grave crise politique traversée par son pays il y a deux ans et la mise en place d’un processus démocratique afin de la surmonter.  Il a ainsi mentionné le référendum d’octobre 2020, par lequel les Chiliens ont décidé que le pays devait se doter d’une nouvelle constitution.  Soulignant l’importance de la parité hommes-femmes dans la vie politique et d’une meilleure représentation des peuples autochtones, le délégué a déclaré que ce processus devrait encore durer neuf mois avant d’aboutir à un projet de constitution.  Ce projet devrait ensuite être soumis à un référendum, a-t-il précisé, en ajoutant que ce processus a reçu l’appui de l’ONU.  Le délégué a estimé que le Gouvernement chilien a honoré ses obligations en garantissant un processus transparent. Malgré les difficultés, le Chili a pris en compte les revendications légitimes de son peuple dans le respect de l’état de droit, a conclu le délégué.

Mme VINCENT OLIVIER RITTENER (Suisse) a noté que de nombreux organes internationaux contribuent au renforcement de l’état de droit.  Elle a mentionné à ce titre la Commission du droit international (CDI), qui a pour mission d’encourager le développement progressif du droit international et sa codification.  Soulignant, par ailleurs, l’importance du règlement pacifique des différends entre États, elle a estimé que la Cour internationale de Justice joue un rôle déterminant à cet égard.  La déléguée a ensuite constaté que, depuis plusieurs années, une pression croissante est exercée sur l’ordre international fondé sur le droit, tandis que des attaques visent le multilatéralisme et les institutions internationales.  Elle a relevé à cet égard que la Cour pénale internationale (CPI) est une composante essentielle de l’architecture multilatérale veillant à préserver la primauté du droit.  La CPI est un symbole fort de justice universelle et un rappel que l’état de droit s’applique à tous, a-t-elle souligné, avant d’encourager les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome.  Elle a ajouté que, dans le domaine de l’impunité, la Suisse soutient des efforts complémentaires à ceux de la CPI, par exemple le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie et le Mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar.  Avant de conclure, elle a insisté sur le fait que la CPI et les autres mécanismes internationaux ont un rôle subsidiaire par rapport à celui des États, lesquels ont la responsabilité première d’enquêter et de poursuivre les crimes les plus graves.  

Mme ALESSANDRA FALCONI (Pérou) a estimé que la défense d’un ordre international fondé sur des règles est essentielle pour que la communauté des nations affronte efficacement les défis mondiaux.  À cet égard, elle a salué l’assistance que fournit l’ONU aux États en matière d’état de droit, notamment dans le cadre de la riposte à la COVID-19.  Sur le plan national, le Pérou entend construire une société démocratique solide dans laquelle la liberté et les droits civils sont garantis, a souligné la représentante, avant d’évoquer certains aspects du système judiciaire national.  Elle a ainsi indiqué que le Pérou s’emploie à réinsérer professionnellement les anciens délinquants et à offrir des alternatives viables à l’incarcération.  De plus, dans le cadre de sa politique de justice pour tous, il travaille à assurer un meilleur accès aux institutions judiciaires et reconnaît le droit à la défense publique en tant que droit humain fondamental.  L’égalité des sexes étant l’une de ses priorités, le Gouvernement péruvien s’efforce également d’éliminer tous les obstacles juridiques, sociaux et économiques qui empêchent les femmes et les filles de pleinement jouir de leurs droits, a poursuivi Mme Falconi. 

S’agissant de la promotion de l’état de droit au niveau international, la déléguée a noté que son pays continue de promouvoir le recours aux moyens de règlement pacifique des différends, conformément aux dispositions de la Charte de l’ONU.  Sur ce point, elle a souligné l’importance de renforcer les capacités des Nations Unies sur la diplomatie préventive et les alertes précoces requises à cet effet.  Enfin, après avoir exprimé sa préoccupation face aux fréquentes violations contemporaines du droit international, elle s’est dite convaincue que la paix et la sécurité internationales ne peuvent être préservées sans respecter l’état de droit.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a réaffirmé son attachement à l’ordre international fondé sur des règles ainsi qu’au droit international, deux ingrédients essentiels pour une coexistence pacifique et une coopération entre les États.  Il a soutenu en particulier le travail et les efforts de la Cour pénale internationale (CPI) et appelé les États Membres qui n’ont pas encore ratifié le Statut de Rome à le faire.  « La Cour reste l’instrument le plus important pour lutter contre l’impunité pour les crimes internationaux les plus graves. »  

La Croatie est fermement résolue à faire progresser l’état de droit aux niveaux national et international, a encore assuré M. Šimonović.  Il a appuyé les nouveaux mécanismes visant à défendre et à promouvoir l’état de droit à l’échelle de l’Union européenne (UE), tels que le rapport annuel sur l’état de droit dans l’UE.  Ce document a une dimension préventive importante, en fournissant un cadre utile pour un dialogue ouvert et constructif sur l’état de droit au sein de l’UE et au-delà.  En outre, la lutte contre la corruption est impérative aux niveaux national, régional et international.  Le délégué a ainsi informé que le mois dernier, son gouvernement a adopté une nouvelle stratégie de prévention de la corruption pour la période 2021-2030.  L’inclusion des citoyens, des médias et de la société civile dans la détection de la corruption aide les autorités publiques à travailler de manière plus responsable et transparente pour réduire ce phénomène. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a souhaité un « dialogue franc et ouvert » sur l’efficacité, la cohérence et la prévisibilité de l’assistance fournie par l’ONU en vue de renforcer l’état de droit au niveau national.  Il a estimé que tout appui doit respecter la souveraineté des États.  Le délégué a déclaré que le développement et l’état de droit sont intimement liés et que l’état de droit et la justice sont les piliers fondamentaux de la prévention des conflits.  La promotion de l’état de droit est de la plus haute importance pour mon pays, a-t-il dit, en citant les organes qui œuvrent à la transparence et à l’établissement des responsabilités.  Il a souligné la centralité de la Cour internationale de Justice dans l’état de droit au niveau international et indiqué que le différend territorial entre le Belize et le Guatemala a été porté devant ladite Cour.  L’état de droit est le socle de la démocratie guatémaltèque, a conclu le représentant.

Le représentant du Japon  a déclaré que son pays continuera de contribuer au maintien et au renforcement de l’état de droit, ce « bien public mondial ».  Le Japon contribue au renforcement du fonctionnement des organisations judiciaires internationales, notamment la Cour internationale de Justice (CIJ), le Tribunal international du droit de la mer (TIDM) et la Cour pénale internationale (CPI), en fournissant des ressources humaines et financières.  Grâce au soutien des États Membres, les juges Iwasawa Yuji de la CIJ, Akane Tomoko de la CPI et Yanai Shunji du TIDM jouent actuellement un rôle actif dans leurs organisations respectives.  Le Japon est également le plus gros contributeur financier à la Cour permanente d’arbitrage (CPA) et à la CPI. 

La primauté du droit dans le domaine maritime est particulièrement importante pour le Japon en tant que nation maritime.  Pour cette raison, le représentant a estimé que les États devraient formuler et clarifier leurs revendications sur la base du droit international et ne pas recourir à la force ou à la coercition pour essayer de faire valoir leurs revendications.  Les États devraient chercher à régler les différends par des moyens pacifiques, conformes au droit international, en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  En outre, le Japon soutient fermement les conclusions du rapport, notamment lorsqu’il appelle les États à respecter les accords internationaux qu’ils ont conclus et les engagements qu’ils ont pris et lorsqu’il les exhorte à accepter la juridiction obligatoire de la CIJ et à retirer les réserves aux traités clauses relatives à l’exercice de sa compétence, a dit le représentant.   

Mme KAJAL BHAT (Inde) a fait remarquer que l’application de l’état de droit au niveau international signifie la protection de l’intégrité des États contre les agressions, y compris le terrorisme transfrontalier.  Le respect de l’état de droit est donc fondamental lorsqu’il s’agit des relations entre les États Membres de l’ONU, a-t-elle appuyé.  Malheureusement, le terrorisme est l’un de ces problèmes graves pour lequel nous n’avons pas été en mesure de développer un état de droit international, a-t-elle regretté.  Évoquant ensuite la crise de la COVID-19, la représentante a déclaré que l’Inde, « la plus grande démocratie du monde », avait assuré un accès continu de son peuple à la justice, en permettant notamment aux tribunaux de fonctionner en ligne.  Un multilatéralisme et un état de droit effectif exigent que les mesures de gouvernance mondiale reflètent les réalités contemporaines, a-t-elle poursuivi.  L’ONU devra améliorer son efficacité et devenir plus fiable, en rendant le Conseil de sécurité plus représentatif, a-t-elle lancé.  Les pays en développement doivent se faire entendre, a-t-elle conclu. 

M. ALAA NAYEF ZAID AL-EDWAN (Jordanie), inquiet de la multiplication des violations du droit international et des droits de l’homme par des États et des groupes, a insisté sur le respect de l’état de droit, crucial pour la réalisation du Programme 2030.  Il a fait remarquer que, ces dernières années, de plus en plus d’appels ont été lancés, partout dans le monde, en faveur de la justice et d’un changement systémique, en veillant à promouvoir l’égalité des genres, faire progresser la justice climatique et relever les défis de la transformation numérique. 

Le représentant jordanien a attiré l’attention sur la question de l’usage de la force dans les conflits armés civils et internationaux et le défi de l’application de l’état de droit dans ces situations.  Il a rappelé qu’au regard du droit international, les règles sur le recours à la force stipulent que celle-ci n’est permise que si elle est compatible avec la Charte, mais que l’on constate souvent que ces règles sont bafouées.  Il a également souligné la nécessité pour toutes les parties aux conflits d’adhérer aux règles du droit international humanitaire.  M. Al-Edwan a appelé tous les membres de la communauté internationale à assumer leurs responsabilités pour ce qui est de l’obligation de rendre compte lorsque sont perpétrés des crimes internationaux graves comme le génocide, l’épuration ethnique et la torture.  Par ailleurs, M. Al-Edwan a jugé que les opérations de maintien et de consolidation de la paix ont démontré leur utilité dans le contrôle des conflits armés, internationaux ou civils, tout en participant à l’instauration de l’état de droit au sortir des conflits.  Ces opérations préservent la paix et la sécurité, promeuvent l’organisation d’élections, aident au désarmement et protègent les droits de l’homme.  

Mme PETRA LANGERHOLC (Slovénie) a noté que le rapport du Secrétaire général de cette année est axé sur l’état de droit en tant que « valeur fondamentale d’un contrat social ravivé ».  À cet égard, elle a souligné que la coopération a pour condition préalable que l’individu fasse confiance au système et aux institutions.  Rappelant ensuite que la Déclaration de la réunion de haut niveau organisée, en 2012, par l’Assemblée générale sur la primauté du droit aux niveaux national et international a défini le cadre fondamental pour la construction de relations sociales et la création d’un ordre social juste, la déléguée a estimé que ce texte et l’objectif 16 de développement durable « constituent le fondement sur lequel les États devraient s’efforcer de recréer l’image de l’état de droit ».  À l’avenir, a-t-elle plaidé, nous devons placer les individus au cœur des systèmes judiciaires et transformer ces systèmes de manière à renforcer les liens sociaux.  À ses yeux, c’est particulièrement important aujourd’hui, alors que nous sommes confrontés à une pandémie et que les États doivent trouver un équilibre entre la prise de mesures visant à garantir la santé publique et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. 

Le renforcement de l’état de droit par le biais de la protection des droits de la personne est au cœur de la politique étrangère de la Slovénie, a assuré la représentante, précisant que son pays soutient la Cour pénale internationale (CPI) parce qu’elle vise à protéger les droits des victimes des pires atrocités.  Nous considérons qu’il est crucial de lutter contre l’impunité et de mettre en œuvre les jugements des juridictions internationales et des tribunaux arbitraux, a-t-elle ajouté, avant de rappeler que la Slovénie est l’un des soutiens de l’Initiative MLA, qui appuie le principe d’un traité multilatéral d’entraide judiciaire afin de faciliter la coopération des États qui procèdent à des enquêtes et des poursuites à l’encontre des crimes internationaux les plus graves. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a formulé des commentaires en se basant sur les différents points abordés dans le rapport du Secrétaire général, lequel a fait ressortir les faiblesses du système international et l’inégalité dans la distribution des richesses et des ressources, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie de COVID-19, et de l’état de droit au niveau national.  Il a affirmé l’attachement de la Syrie au droit international et le rôle unique de l’ONU dans la préservation de l’état de droit, conformément à la Charte et à tous les principes y énoncés.

Le représentant a toutefois mentionné des expériences « douloureuses », passées et présentes, qu’il a attribuées au fait que certains pays bafouent la souveraineté nationale, ou font usage de la force ou de la menace dans les relations internationales.  Il a condamné, en conséquence, toute interprétation agressive du droit international.  À l’instar du Secrétaire général, il a mis en garde contre la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent, y compris du recrutement à des fins terroristes, en cette période de pandémie, tout en estimant que le rapport a omis de mentionner un facteur clef, au rôle négatif: l’imposition de mesures coercitives unilatérales illégales, qui aggrave la situation économique et sociale et a un impact dévastateur sur la population concernée, qui se voit privée de ses besoins élémentaires.  Il a regretté qu’aujourd’hui encore, la communauté internationale n’ait pas été en mesure de convenir d’une définition du terrorisme universellement agréée en raison du refus de certains États, qui préfèrent mener des opérations agressives sous couvert de la lutte contre le terrorisme.

Notant que le rapport souligne la nécessité pour les États affectés par les combattants étrangers et leurs familles de veiller à la mise en place de stratégies globales relatives à leur comparution devant la justice, à leur réadaptation et réinsertion, le représentant syrien s’est interrogé sur les mesures à prendre contre les pays « exportateurs » de combattants étrangers terroristes.  Il a vivement déploré que la Syrie n’ait pas bénéficié, à ce jour, d’un appui international à cet égard; avant de demander aux pays qui exportent des combattants terroristes étrangers sur le territoire syrien de s’abstenir de faciliter leur passage.  Il a également regretté que le rapport fasse une impasse sur la violation de la souveraineté syrienne par d’autres nations ayant militairement envahi et occupé certaines parties de son territoire, et se sont adonnées au pillage et à l’usurpation de ses richesses et de ses ressources.  Ces mêmes pays refusent de faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire et les ressources nécessaires au développement, dans le but de retarder tout progrès dans le retour des réfugiés et déplacés syriens. 

Le représentant a réaffirmé que la Syrie ne reconnaît pas et n’a jamais sollicité l’établissement du Mécanisme international, impartial et indépendant de l’ONU, pour la simple raison que son gouvernement n’a jamais été consulté, d’une part, et n’a pas demandé une assistance juridique ou financière à cet égard, d’autre part.  L’établissement de ce mécanisme viole en fait les Articles 10 à 12 (Chapitre IV) de la Charte.  Il a lu en particulier l’Article 12 qui stipule que « tant que le Conseil de sécurité remplit, à l’égard d’un différend ou d’une situation quelconque, les fonctions qui lui sont attribuées par la présente Charte, l’Assemblée générale ne doit faire aucune recommandation sur ce différend ou cette situation, à moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ».   

Rien ne témoigne plus du mépris total de l’état de droit que le renversement illégal d’un gouvernement démocratiquement élu, a asséné M. KYAW MOE TUN (Myanmar), appelant les Nations Unies à dénoncer sans équivoque de telles actions.  Il a rappelé que les militaires avaient organisé un coup d’état illégal en février 2021 dans son pays sous le prétexte d’allégations de fraude électorale.  Il a ajouté que les brutalités et atrocités commises par la suite par les militaires à l’encontre de manifestants pacifiques ont été généralisées et systématiques.  Le représentant a souligné que les appels de la communauté internationale n’ont rencontré qu’un mépris total de la junte militaire.  Les forces militaires ont assassiné plus de 1 100 civils et continuent de le faire, a-t-il dénoncé.

Il s’est ensuite alarmé que les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les tortures à mort en détention et les disparitions forcées se soient multipliées.  Au 15 juillet, 65 personnes, dont deux enfants, avaient été condamnées à mort, a dénoncé le représentant.  La culture d’impunité dont jouissent les auteurs du coup d’état militaire est la principale cause des violations de l’état de droit, a-t-il ajouté, avant de dire que le rétablissement de l’état de droit au Myanmar doit commencer par la fin de la junte militaire illégitime et l’obligation de rendre des comptes. 

M. PURUSHOTTAM DHUNGEL (Népal) a souligné l’importance d’agir pour que l’état de droit ne soit pas « victime de la pandémie ».  Il a salué le rôle de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Commission du droit international (CDI) dans le développement et la codification du droit.  La Constitution népalaise garantit l’état de droit, les libertés fondamentales, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la tenue régulière d’élections.  Le délégué a estimé que le respect des traités est fondamental pour des relations de bon voisinage et pour le respect de l’état de droit au niveau international.  Il a ensuite mentionné les institutions de justice transitionnelle mises en place dans son pays, avant de souligner l’indépendance de la Commission nationale des droits de l’homme.  L’état de droit est le socle d’un ordre international, juste et équitable, a conclu le délégué du Népal.

Les prisonniers sont parmi les plus vulnérables à la pandémie, a estimé M. SANDRO INASHVILI (Géorgie), ajoutant que son pays prenait des mesures pour prévenir la propagation de la pandémie en milieu carcéral.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur la lutte contre les crimes odieux, y compris la traite des êtres humains.  De même, le représentant a souligné l’importance de la Cour pénale internationale, et assuré que la Géorgie poursuivrait sa coopération.  Le Gouvernement ne peut pas appliquer l’état de droit dans la région occupée d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, a-t-il ensuite souligné.  Il a rappelé que la Cour européenne des droits de l’homme avait indiqué dans une décision qu’il y avait une occupation de ces territoires par la Fédération de Russie.  La Fédération de Russie y est citée pour avoir mené une guerre, semé la mort et la désolation et violé l’accord de cessez-le-feu, a-t-il accusé.  Nous demandons à la communauté internationale d’appeler la Fédération de Russie à cesser toute provocation, a-t-il lancé en conclusion.

M. DANIEL ABRAHAM HADGU (Érythrée) a souligné la nécessité de respecter les principes de souveraineté des États et de non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Il a indiqué que certains États ont une politique étrangère incompatible avec le droit international, avant de demander la levée des sanctions illégales et unilatérales qui frappent certains pays.  Ces sanctions, ciblées ou pas, n’ont aucune base juridique, a-t-il dit.  Le délégué a ensuite mentionné les mesures prises par son pays pour promouvoir l’état de droit au niveau national, citant notamment l’achèvement d’un nouveau code des institutions judiciaires.  En conclusion, il a appuyé les efforts onusiens de promotion de l’état de droit, en soulignant l’importance de leur appropriation nationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission termine son débat général par de nombreux appels à la solidarité mondiale dans la course contre le virus et pour la résilience

Soixante-seizième session,
4e & 5e séances plénières - matin & après-mid
AG/EF/3552

La Deuxième Commission termine son débat général par de nombreux appels à la solidarité mondiale dans la course contre le virus et pour la résilience

« La vaccination n’est pas une course entre les pays mais une course contre le virus », a lancé aujourd’hui un groupe de 75 pays lors de la clôture du débat général de la Deuxième Commission sur le thème « Crise, résilience et reprise -Accélérer les progrès vers le Programme 2030 ».  Toutes les délégations se sont accordées sur la nécessité d’un accès mondial et équitable aux vaccins afin de surmonter cette crise sanitaire, qui a des conséquences catastrophiques sur le développement des pays les plus vulnérables et qui vient se rajouter à la crise climatique.

Les appels aux pays producteurs de vaccins et aux pays riches se sont multipliés, pour qu’ils continuent à faire des dons aux pays à revenu faible et intermédiaire.  « Ce n’est que par le biais d’approches multilatérales, d’une coopération mondiale et de la solidarité que nous aurons une chance de vaincre le virus partout dans le monde », a assuré le Groupe de 75 pays.

Les États-Unis ont fait observer qu’ils avaient consacré 4 milliards de dollars aux mécanismes GAVI et COVAX et qu’ils allaient acheter 500 millions de doses supplémentaires pour porter ainsi à 1 milliard le nombre de doses fournies pour être distribuées équitablement et sans conditions.  Pour sa part, le Royaume-Uni a annoncé avoir utilisé sa présidence du G7 pour mobiliser 1 milliard de doses de vaccins et plus de 10 milliards de dollars de financement pour les dispositifs ACT-A et COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), afin de concrétiser l’engagement des dirigeants du G7 de vacciner le monde au cours de l’année prochaine.

Comme l’a rappelé le Cambodge, les souffrances que la pandémie inflige depuis près de deux ans ont révélé et exacerbé les vulnérabilités sociales et économiques existantes ainsi que l’inégalité du système économique mondial.  Dans ce contexte, les pays surendettés devraient bénéficier d’un allégement de leur dette et les réponses macroéconomiques devraient être adaptées en fonction des circonstances spécifiques de chaque pays, ont plaidé plusieurs délégations, évoquant les responsabilités communes mais différenciées ainsi que les critères multidimensionnels pour identifier les défis structurels devant être surmontés.

La nécessité de renforcer les efforts collectifs, à commencer par le multilatéralisme, a été soulignée à maintes reprises au cours de ce débat général.  Ils demeurent essentiels pour parvenir aux objectifs de développement durable (ODD) du Programme à l’horizon 2030 et relever les défis mondiaux comme la pauvreté, la malnutrition, les risques de catastrophes naturelles ou les effets néfastes des changements climatiques.

Le relèvement, qui doit s’appuyer sur le plein potentiel agricole des pays en développement, ne sera possible que dans le cadre d’un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, a argumenté le Brésil.

Pour l’Iran, les principaux défis mondiaux restent les « deux virus anti-croissance et anti-développement les plus destructeurs », à savoir la COVID-19 et les mesures coercitives unilatérales.  Le représentant a ciblé les « mesures illégitimes » des États-Unis et l’inaction de la communauté internationale à cet égard, qui ont transformé l’idéal commun du développement durable en « une revendication purement décorative, absurde et dénuée de sens ».  Dans la même veine, le Venezuela a dénoncé « une politique de terrorisme économique ».

Sur la question des changements climatiques, nombre de délégations ont dit attendre beaucoup de la COP26, qui se tiendra à Glasgow le mois prochain.  Pour le Royaume-Uni, pays hôte, elle doit marquer un tournant dans nos efforts pour maintenir le plafond de 1,5 degré Celsius de réchauffement de la planète, investir dans l’adaptation, garantir que le financement climatique est versé aux plus vulnérables, reléguer le charbon à l’histoire et stopper la perte de biodiversité.  Le représentant a aussi appelé à un nouveau consensus autour d’objectifs ambitieux sur la conservation des forêts, des terres et des océans avant les négociations de la Convention sur la diversité biologique.

Pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission nette de carbone, la Malaisie a appelé les pays développés à montrer la voie en fournissant une assistance financière et un transfert de technologies adéquats et cohérents pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation.  « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de retarder la transition vers un avenir résilient au climat », a abondé la République de Corée, qui envisage de fermer les centrales au charbon plus tôt que prévu et souhaite accueillir la COP28 en 2023.  Les Émirats arabes unis ont émis le même vœu.

Plusieurs délégations ont fait part d’initiatives pour lutter contre les problèmes liés aux changements climatiques.  Ainsi, pour atténuer les effets de la désertification et de la dégradation des sols, la Mongolie vient de lancer une campagne nationale visant à planter 1 milliard d’arbres d’ici à 2030.

Préoccupé par les changements du cycle hydrologique qui entraînent de graves inondations et sécheresses, le Tadjikistan a proposé une initiative visant à déclarer 2025 « année internationale de la préservation des glaciers » et à créer un fonds international pour la préservation des glaciers.  En outre, il s’est félicité d’avoir lancé la Décennie de l’eau 2018-2028, qui a ouvert la voie à la première conférence des Nations Unies sur l’eau, qui aura lieu en mars 2023 à New York.

Le Costa Rica s’est réjoui de l’adoption à Genève d’une résolution qui reconnaît enfin l’accès à un environnement sain comme un droit fondamental.  Le représentant a rappelé que la coalition pour la nature menée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni veut parvenir à protéger 30% des écosystèmes marins et terrestres.

En tant qu’hôte de la septième session de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, prévue à Bali en mai 2022, l’Indonésie entend travailler avec les États Membres et l’ONU à la construction d’une résilience durable et au renforcement des engagements à atteindre les objectifs du Cadre de Sendai ainsi que ceux du Programme 2030.

La Deuxième Commission se retrouvera lundi, à 10 heures, au cours d’une réunion virtuelle consacrée au développement durable.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Au nom d’un Groupe de 75 pays, M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a insisté sur l’importance de l’accès aux vaccins contre la COVID-19 afin d’assurer une reprise résiliente et durable.  Il s’est dit très inquiet des conséquences dévastatrices et multifacettes de la pandémie sur la vie, les sociétés et les économies, ainsi que des progrès perdus vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Au vu de ces défis, le Groupe de pays a renouvelé son soutien aux solutions multilatérales, convaincu qu’une coopération plus efficace, la solidarité et un système multilatéral fort sont essentiels pour surmonter la pandémie de manière sûre, équitable et durable.

Les vaccins contre la COVID-19 jouent un rôle important dans l’ensemble du programme de développement et il est impératif que le monde entier soit vacciné et que personne ne soit laissé pour compte, a rappelé le Groupe de 75 pays.  À ce propos, le Mécanisme COVAX mis en place par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est essentiel pour distribuer les vaccins de manière efficace, a souligné le représentant, appelant tous les États Membres à y contribuer davantage et à respecter leurs engagements.  S’il a salué les dons d’un nombre important de vaccins, il a regretté que l’accès aux vaccins dans le monde reste très inégal, en particulier pour les pays à revenu faible et intermédiaire.  Face à cette situation, le Groupe a appelé à traiter la vaccination comme un bien public mondial.  En cette époque sans précédent, la solidarité et la coopération doivent se renforcer, a insisté le représentant, précisant que la production de vaccins doit passer à la vitesse supérieure dans le monde par un transfert de technologies et de savoir-faire.

Cela étant dit, il faut aussi regarder au-delà des vaccins, a estimé le Groupe: des systèmes de santé robustes sont essentiels non seulement pour une vaccination réussie mais aussi pour la résilience face aux futures pandémies.  Pour ce faire, la couverture sanitaire universelle est d’une importance capitale, de même que l’immunisation contre d’autres maladies transmissibles.  Le Groupe s’est engagé à travailler pour atteindre l’objectif d’une vaccination de 70% de la population mondiale d’ici à septembre 2022.  Il a aussi promis de travailler à la préparation aux pandémies en tirant les enseignements de celle de COVID-19, afin de mieux prévenir, détecter et répondre aux risques sanitaires mondiaux.

« La vaccination n’est pas une course entre les pays mais une course contre le virus », a conclu le représentant du Mexique.  « Ce n’est que par le biais d’approches multilatérales, d’une coopération mondiale et de la solidarité que nous aurons une chance de le vaincre partout dans le monde. »

M. SERGE PAMPHILE MEZANG AKAMBA (Cameroun) a pris note du rapport du Secrétaire général qui fait le point sur les progrès réalisés en vue d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  On y lit que le taux de pauvreté a augmenté à cause de la pandémie, et que les pays en développement ont payé le plus lourd tribut dans ce domaine.  Souscrivant aux remarques du Secrétaire général sur la nécessité d’une solidarité mondiale, il a recommandé, « pour que l’ONU du futur prenne corps », de fournir le financement nécessaire pour accompagner le développement durable.  De même, les pays développés devraient respecter leurs engagements en matière de transferts de technologie.  La dette des pays en développement doit aussi être prise à bras le corps, a dit le délégué qui a aussi demandé un allongement de la suspension du service de la dette.  Le délégué a également appelé à la réforme du système économique mondial, à agir contre l’évasion fiscale et contre les flux financiers illicites.  Il a loué l’initiative pour un taux de fiscalisation uniforme au niveau mondial, pour que personne ne soit laissé de côté.

Selon l’orateur, chaque jour doit être consacré à mobiliser davantage de ressources concernant la lutte contre le terrorisme, les changements climatiques, la criminalité, les fausses informations, la dégradation des forêts et de l’environnement et la piraterie, entre autres, a-t-il énuméré.  Malgré ces défis, il a appelé à rester déterminé et « droit dans nos bottes » pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme OH HYUNJOO (République de Corée) a appelé la communauté internationale à renouveler son engagement de ne laisser personne de côté, ce qui implique de garantir un accès équitable et abordable pour tous aux vaccins contre la COVID-19.  La République de Corée s’est engagée à renforcer ses efforts pour étendre l’approvisionnement en vaccins, a-t-elle témoigné, à cet égard.  La lutte contre les inégalités est un autre domaine prioritaire alors que nous prévoyons de reconstruire une économie inclusive qui donne la priorité aux personnes, a-t-elle dit.  Le Gouvernement coréen a lancé le New Deal coréen l’année dernière, lequel s’appuie sur trois piliers: le numérique, l’écologie et l’humain (Digital-Green-Human).  Il s’agira, a expliqué la représentante, de se concentrer particulièrement sur les filets de sécurité sociale et d’accroître les investissements dans les personnes.

Dans le cadre de la coopération internationale, la République de Corée entend augmenter le niveau de son aide publique au développement (APD) dans les domaines où la demande augmente pendant la pandémie, tels que l’écologie, le numérique et la santé.  La représentante a ensuite appelé à des mesures immédiates et audacieuses en réponse aux changements climatiques.  « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de retarder la transition vers un avenir résilient au climat. »  La République de Corée envisage de fermer les centrales au charbon plus tôt que programmé, tout en s’engageant à mettre fin au financement public des nouvelles centrales à charbon à l’étranger.  Le pays souhaite accueillir la COP28 en 2023, a aussi annoncé la représentante.  À l’occasion du dixième anniversaire du Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement, elle a insisté pour des partenariats multipartites en faveur du développement.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a d’entrée de jeu souligné que la pandémie de COVID-19 est l’une des raisons pour lesquelles les objectifs de développement durable (ODD) ne pourront pas être mis en œuvre à temps dans son pays.  Elle a expliqué que son gouvernement se voit contraint de détourner les finances prévues pour les ODD afin de lutter contre la pandémie et de rembourser la dette extérieure.  Dans ce contexte, elle a appelé à soutenir l’initiative du moratoire de la dette en vue de lancer des projets de développement durable dans le pays.  Ces projets visent, a-t-elle précisé, à préserver l’intégrité de l’écosystème unique des montagnes, sa biodiversité et les glaciers, qui sont rapidement dégradés par les changements climatiques.  C’est dans ce cadre que le Kirghizstan compte proposer une résolution visant à déclarer 2022 année internationale de la montagne.

Pour finir, Mme Moldoisaeva a souligné que la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences socioéconomiques, la réalisation des ODD et la mise en œuvre de l’Accord de Paris doivent rester la priorité absolue de la communauté internationale.

Selon Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives), la pandémie a mis à nu les asymétries du système international, notamment dans le cadre de l’accès aux matériels de protection et aux vaccins, ainsi que la fracture numérique, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les problèmes de viabilité de la dette et le manque de financement accessible.  « Comment pouvons-nous faire face à ces répercussions qui menacent de défaire des décennies de développement et de progrès? »  Le tourisme étant le plus grand domaine de l’industrie des Maldives, les interdictions de voyager ont paralysé l’économie du pays, a expliqué la représentante.  Rien qu’en 2020, nous avons connu une contraction d’un tiers de notre économie, a-t-elle avoué.

Mme Hussain a demandé de traiter avec une extrême urgence la question des changements climatiques.  Selon elle, ne pas suivre les prescriptions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui demande de limiter le réchauffement à 1,5 degrés et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, scellerait le sort des Maldives.  La déléguée a donc demandé de faire preuve d’audace, appelant à une action climatique mondiale transformatrice.  Pour leur part, les Maldives sont en train d’élaborer un plan de gestion des ressources marines afin d’assurer l’utilisation durable des ressources océaniques.  Les Maldives sont le leader mondial de la pêche thonière durable du fait de l’utilisation continue de la pêche à la canne et à la ligne à main, a expliqué la représentante, assurant que son pays entend continuer à pratiquer des méthodes de pêche responsables et durables.  En conclusion, elle a plaidé pour que les fonds destinés à aider les petits États insulaires en développement (PEID) soient adéquats, prévisibles et accessibles.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a appelé à assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 en notant que la pandémie, qui a fait 4,8 millions de morts dans le monde, présente des risques pour les populations des pays en développement, en particulier les PMA, qui restent sous-vaccinées.  Il a souligné que le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) et le Mécanisme COVAX sont cruciaux pour parvenir à une reprise durable des pays en développement après la pandémie.  Mettant l’accent sur le plan national de riposte à la crise sanitaire de la Malaisie, le représentant a cité un rythme de 500 000 vaccinations par jour, qui a permis de vacciner 87% de la population adulte.

Par ailleurs, le délégué a indiqué que son gouvernement a intégré les objectifs de développement durable (ODD) dans ses plans de développement quinquennaux depuis 2016.  En juillet 2021, la Malaisie a présenté son examen national volontaire au forum politique de haut niveau pour le développement durable et le 27 septembre 2021, le gouvernement malais a dévoilé son douzième plan (2021-2025) pour une nation prospère, inclusive et durable, a indiqué le représentant.  Il a aussi précisé que la Malaisie a renouvelé ses contributions déterminées au niveau national (CDN) en vue d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  Il a appelé les autres pays à en faire de même en espérant que la COP26 sera l’occasion de faire face à la crise climatique grâce à la collaboration entre les gouvernements et la diversité de parties prenantes.  « Pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission nette, la Malaisie appelle les pays développés à montrer la voie en fournissant une assistance financière et un transfert technologique nouveaux, adéquats et cohérents pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation », a demandé le représentant avant de mettre l’accent sur la mobilisation du financement climatique promis de 100 milliards de dollars par an.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a déclaré que le multilatéralisme demeure essentiel pour relever les défis mondiaux comme notamment la malnutrition, les risques de catastrophes naturelles, la lutte contre les changements climatiques et la désertification ou encore la malnutrition.  Annonçant diverses mesures de relèvement prises par son pays après la pandémie de COVID-19, le représentant a demandé à tenir compte de la situation des pays à revenu intermédiaire qui devraient avoir accès à des financements concessionnels.  Déterminé à appliquer le Programme 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, et tous les documents liés au développement durable, l’Équateur, a dit son représentant, est préoccupé que les objectifs de développement durable qui sont loin d’être réalisés. « Les retards s’accumulent. »  Le délégué a annoncé, pour ce qui concerne son pays, que le Plan de l’égalité des chances du Président de l’Équateur met un accent particulier sur l’accès à l’alimentation, la réduction de la malnutrition, le développement agricole, et d’autres objectifs stratégiques.

M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a souligné que la COVID-19 fait payer un lourd tribut au développement socioéconomique de nombreux pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), et que la pandémie empêche de progresser dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Même si la mise au point de vaccins a redonné de l’espoir, le manque de ressources ou de systèmes de santé adaptés de ces pays exige davantage d’efforts concertés et d’actions collectives.  Comme l’a indiqué le Secrétaire général, si la majorité des pays riches sont vaccinés, plus de 90% des Africains attendent toujours leur première dose, a-t-il noté.

Les conséquences des changements climatiques continuent par ailleurs d’exacerber les problèmes socioéconomiques dans de nombreuses régions du monde en développement, en particulier dans les pays qui dépendent de l’agriculture.  Le financement pour le climat requiert plus d’ambitions, a lancé M. Kassaye, appelant au respect des promesses de 100 milliards de dollars pour l’action climatique.

Plus généralement, a-t-il poursuivi, les PMA ont besoin de financement pour le développement et d’un nouveau programme d’action, ce qui passe par l’allègement de la dette et des retombées de la récente émission de 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI).  En outre, les régimes commerciaux spéciaux, tels que la Zone de libre-échange continentale africaine, devraient recevoir l’appui de toutes les entités, y compris des agences des Nations Unies.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a déclaré que son pays continuait de se réformer pour assurer le bien-être de sa population et atteindre les objectifs de développement durable (ODD).

Alors que la communauté internationale demeure confrontée à l’impact de la pandémie, l’orateur a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un accès équitable aux vaccins et pour une réponse mondiale basée sur une coopération multilatérale renouvelée.  La lutte contre les changements climatiques, pour la biodiversité et l’Accord de Paris sont au cœur des priorités de l’Ouzbékistan, qui tente d’assurer sa transition vers les énergies renouvelables, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement prévoit de doubler ses capacités énergétiques d’ici à 2030, et d’augmenter sa part de production d’énergies renouvelables pour qu’elle atteigne 25%, via la construction de centrales solaires et hydroélectriques à haute capacité.

Le Gouvernement ouzbek compte adopter, dans un avenir proche, un nouveau programme sur la biodiversité, et propose d’accueillir la sixième Assemblée de l’environnement sous les auspices des Nations Unies en 2023, a annoncé le délégué.  Il compte aussi élaborer une charte nationale dont le but serait de rationaliser les efforts pour préserver l’environnement.  L’objectif principal de l’Ouzbékistan, a conclu le délégué, serait de rejoindre les pays aux revenus supérieurs à la moyenne d’ici à 2030.

Mme MONA JUUL (Norvège) a affirmé qu’aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’une coopération multilatérale audacieuse et engagée.  Premièrement, en s’attaquant à la COVID-19 en tant que crise sanitaire mondiale, en garantissant l’accès aux vaccins et en faisant face aux conséquences socioéconomiques catastrophiques de la pandémie qui a frappé plus durement les plus vulnérables.  Elle a félicité le système des Nations Unies pour sa réponse à la pandémie, notant que sous la direction des coordonnateurs résidents, la réforme de l’ONU s’est avérée être un catalyseur d’une réponse commune.  Avec l’impact néfaste de la pandémie sur le développement, nous n’avons pas d’autre alternative que de prendre des mesures décisives maintenant et d’augmenter nos efforts pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle plaidé en appelant à financer le développement durable de manière soutenue.  Elle a aussi demandé que les pays surendettés reçoivent un allégement de leur dette de la part des créanciers publics et privés.

En outre, Mme Juul a dit que pour mettre en œuvre les ODD, nous avons besoin d’une planète saine.  « L’océan est notre bien commun, et un océan sain offre une multitude d’opportunités. »  Construire une économie océanique durable est essentiel pour réaliser les ODD, a-t-elle dit.  Elle a souligné que les effets des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement et de la perte de biodiversité affectent les progrès sur tous les ODD et ont un impact sur la sécurité humaine.  Elle a par ailleurs prévenu que les sociétés seront perdantes si les femmes ne sont pas incluses dans toutes les décisions, et si la réponse à la pandémie et les plans de rétablissement sont développés sans l’optique du genre nécessaire.

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a estimé primordial que les efforts de redressement, après la crise actuelle, s’accompagnent de mesures pour reconstruire de manière plus résiliente et durable et réduire les inégalités.  Citant le dernier rapport régional sur le développement humain pour la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, Mme Cedona a révélé que le continent est confronté à une série de défis multidimensionnels qui menacent à la fois les objectifs futurs et les progrès réalisés ces dernières années.

Au niveau national, la redistribution par le biais du système fiscal est un problème persistant, tandis qu’au niveau régional, la pandémie a montré que l’Amérique latine et les Caraïbes restent une région présentant de graves lacunes en matière de santé et de protection sociale, a-t-elle fait observer.  En effet, a noté la représentante, cette phase de la pandémie a montré comment les pays les plus développés ont pu se rétablir et retrouver des niveaux de croissance proches de ceux d’avant, tandis que le monde en développement est freiné, voire paralysé.  Il s’agit « d’une lacune dangereuse et difficile à combler », a-t-elle averti.

M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a axé son intervention sur les défis liés aux changements climatiques qui entravent sérieusement la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)dans son pays.

Avec 93% de son territoire couvert par des montagnes, le Tadjikistan est préoccupé par les changements du cycle hydrologique qui entraînent de graves inondations et sécheresses.  Les catastrophes liées à l’eau coûtent chaque année près de 500 millions de dollars au budget national.  Au cours des 30 à 40 dernières années, le pays a perdu près de 30% de ses glaciers, l’une des principales sources d’eau douce pour le Tadjikistan et la région alentour.

Pour sensibiliser le public à cette question, le Gouvernement tadjik a proposé une initiative visant à déclarer 2025 « année internationale de la préservation des glaciers » et à créer un fonds international pour la préservation des glaciers, sous les auspices des Nations Unies.  Un projet de résolution sera présenté à l’Assemblée, l’an prochain, a précisé le délégué.  En outre, la Décennie de l’eau 2018-2028, lancée par le Tadjikistan, a ouvert la voie à la première conférence des Nations Unies sur l’eau, depuis presque 50 ans, s’est-il félicité.  Le Tadjikistan et les Pays-Bas accueilleront conjointement cette conférence historique qui se tiendra à New York du 22 au 24 mars 2023.  L’orateur a invité les délégations à y assister et à rejoindre le Groupe des amis de l’eau.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) s’est inquiété des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Notant que la pandémie a mis en exergue les faiblesses et les insuffisances des politiques de développement, le représentant a appelé à une meilleure coopération entre tous les acteurs du développement, notamment pour permettre aux pays en développement de profiter des opportunités des Technologies de l’information et des communications (TIC).  Il a aussi jugé indispensable une réforme de la gestion de la dette en prévenant que les pays à revenu intermédiaire ne pourront pas se relever sans un allègement de la dette.

Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur les plans de développement mis en place par son pays pour atteindre les ODD, promouvoir les énergies renouvelables et une économie numérique.  Il a jugé impérieux que tous les États respectent leurs engagements en matière de lutte contre les changements climatiques pour sauver notre planète.  Le délégué a estimé indispensable de réussir la prochaine COP26 et la prochaine Conférence des Parties à la convention sur la diversité biologique, et a appelé à créer des liens forts entre les trois conventions héritées de Rio.  Enfin, il a demandé aux États développés de respecter leurs engagements, s’agissant du financement international de la résilience et de l’adaptation, avant d’appeler à respecter le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) s’est inquiétée des répercussions de la crise engendrée par la COVID-19 et a souligné que le Programme 2030 demeure la feuille de route du relèvement.  À moins d’une décennie avant l’échéance, il faut redoubler les efforts et aider les gouvernements à accélérer la réalisation de leurs objectifs de développement durable (ODD), a-t-il déclaré.

Rappelant que l’Arménie est un pays en développement sans littoral, M. Margaryan a réclamé une aide pour cette catégorie de pays afin de leur permettre de surmonter les problèmes qui leur sont spécifiques et exploiter leurs potentiels uniques.  Il a appelé à une coopération efficace entre les pays enclavés et de transit et au déblocage de tous les moyens de transport régionaux afin d’éliminer les obstacles politiques à la libre circulation des personnes, des biens et des services et faire face aux conséquences de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, des restrictions de voyage et des fermetures de frontières.  Il a décrié les menaces de recours à la force par certains pour créer de « prétendus couloirs », les politiques de blocus et les mesures coercitives unilatérales, les jugeant préjudiciables pour la paix et au développement durable dans sa région.

Le représentant a ensuite indiqué que l’autonomisation économiques des femmes et des jeunes est une importante priorité pour l’Arménie, s’enorgueillissant par ailleurs du fait que son secteur des TIC connaît une participation de 40% de femmes, comparé à 20% à l’échelon international.  Il a également salué le plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable pour l’Arménie et le descriptif de programme de pays 2021-205 établit par le PNUD, notant que ces documents prennent en compte les priorités nationales et la durabilité environnementale.

Mme SOMOLY HENG (Cambodge) a déploré que la pandémie de COVID-19 ait anéanti des décennies de progrès en matière de développement.  Les souffrances qu’elle inflige depuis près de deux ans ont révélé et exacerbé les vulnérabilités sociales et économiques existantes ainsi que l’inégalité systématique du système économique mondial, a-t-elle noté.  Il faudra, selon elle, des années pour en surmonter les impacts, et certains pays devront faire face à d’énormes défis pour maintenir leurs objectifs de développement durable, en particulier pour atteindre le Programme 2030.

Dans ce contexte, elle a estimé que l’accès abordable et équitable à des vaccins efficaces et sûrs contre la COVID-19, en tant que biens publics, est l’outil le plus efficace pour mettre fin à la pandémie, soutenir la reprise économique et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a appelé à saisir l’occasion pour renforcer le système de santé et progresser vers une couverture sanitaire universelle.  Elle a aussi demandé aux pays producteurs de vaccins de continuer à faire des dons et de mettre des vaccins à la disposition des populations dans le besoin, en particulier dans les pays en développement et les pays les moins avancés.  À ce sujet, le Cambodge est le deuxième pays le plus vacciné de l’Asie du Sud-Est, a-t-elle annoncé.

Dans le même temps, le monde doit renforcer le multilatéralisme en maintenant les pays en développement à l’ordre du jour, a plaidé la déléguée.  L’unilatéralisme et les comportements protectionnistes devraient être relâchés, a-t-elle averti, ajoutant que les traitements commerciaux préférentiels sont essentiels pour permettre aux pays en développement et aux pays les moins avancés de reconstruire leurs économies.

En matière d’allègement de la dette, voire d’annulation complète de tous les types de dettes, elle a souhaité que la communauté internationale et les institutions financières internationales prennent des mesures collectives, estimant qu’il est urgent de chercher des solutions durables pour prévenir et résoudre la crise de la dette en incitant l’investissement privé et les flux de capitaux, en favorisant l’investissement direct étranger ainsi que les mécanismes de partenariat public-privé.  Les initiatives d’allègement de la dette et de suspension du service de la dette permettront aux pays d’aller de l’avant avec leur plan de développement, a fait remarquer la déléguée.  Quant à la numérisation du système économique, elle devrait être ouverte aux investissements publics et privés afin de diversifier le système économique et de garantir des normes élevées et des résultats compétitifs.

Pour conclure, la représentante a souligné que mieux reconstruire pour un avenir résilient demande une évaluation approfondie de tous les aspects, y compris l’élaboration de réponses politiques capables de s’adapter à un nouvel environnement, la mobilisation des ressources et le soutien financier au plan de relance pour sortir de la crise actuelle.

Mme LORATO MOTSUMI(Botswana), notant l’aggravation des faiblesses structurelles des pays en développement en raison de la pandémie, a souligné que celle-ci rendait d’autant plus difficile la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Aussi, s’est-elle prononcée en faveur d’un accès aux vaccins pour tous.  Un partenariat productif et un système multilatéral sur la base de l’unité et de la solidarité sont également nécessaires dans ce contexte, a-t-elle prescrit.  La représentante a considéré que les 10 ans du Programme d’action de Vienne pour les États en développement sans littoral sont importants pour que ces pays puissent se relever.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a salué la communauté scientifique mondiale et la collaboration sans précédent qui a permis d’élaborer des vaccins contre la COVID.  Mais elle a aussi sonné l’alarme et parlé de « crise morale » en évoquant les inégalités d’accès à ces vaccins.  Il n’y aura pas de reprise économique si les vaccins ne sont réservés qu’à quelques privilégiés, a-t-elle prévenu.  Compte tenu de ce fait, le Liban, a-t-elle indiqué, a initié la « Déclaration politique sur l’accès équitable aux vaccins » lesquels doivent être considérés comme un bien public mondial.  L’écart vaccinal persiste en effet: moins de 10% de la population africaine est vaccinée.  La représentante s’est réjouie du Mécanisme COVAX, grâce auquel son pays a pu vacciner plus de 20% de sa population, y compris les réfugiés.

Le Liban, a-t-elle aussi indiqué, traverse une crise économique « existentielle », exacerbée par la pandémie et l’explosion au port de Beyrouth.  Cette crise a forcé le pays à réajuster ses priorités pour éradiquer la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire, soutenir l’accès à l’énergie, à l’eau, à l’éducation, à la santé et garantir des vaccins pour tous.  « Le Plan de réponse d’urgence » a été initié et appuyé par le système des Nations Unies et les partenaires pour aider 1,1 million de personnes vulnérables, soutenir les secteurs clefs et renforcer la protection contre la violence fondée sur le sexe.  Le nouveau Gouvernement, a affirmé la représentante, s’efforce de résoudre les multiples problèmes liés à la crise.  Il a élargi le programme de transfert de fonds, en collaboration avec la Banque mondiale et a entamé des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour lancer des négociations sur un programme global d’assistance.  Le Liban est aussi déterminé à explorer le potentiel de ses ressources gazières et pétrolières, tout en déployant des efforts en faveur de l’énergie renouvelable qui devrait représenter 30% de la consommation électrique d’ici à 2030.  Le Liban s’engage aussi à baisser de 20% d’ici à 2030 ses émissions de carbone, a conclu la représentante.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a expliqué que la pandémie a été particulièrement dévastatrice en Syrie du fait de la guerre et des mesures coercitives dont le pays est victime.  Après avoir évoqué la préparation, par son gouvernement, d’un plan de développement à l’horizon 2030, le représentant a regretté que malgré les appels du Secrétaire général de l’ONU, ces mesures inhumaines contre le peuple syrien n’aient pas été levées.  Il a ensuite souligné que les organisations internationales opérant en Syrie doivent mener leurs activités dans leur domaine de compétence, et sans aucune politisation « comme le souhaiteraient certains États. »  Pour le délégué, on ne pourra respecter notre engagement de ne laisser personne de côté qu’en travaillant main dans la main et en respectant les principes du droit international.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) s’est félicitée de l’adoption à Genève d’une résolution soumise notamment par son pays qui reconnaît enfin l’accès à un environnement sain comme un droit fondamental.  La pandémie a prouvé que le bien-être de tous était inexorablement lié à celui de la planète, toutefois les mesures prises pour répondre à ces urgences ont été lentes et contradictoires, a-t-il constaté.  Elle a déploré que le monde continue d’investir dans la destruction de la nature, tout en mettant en évidence les différentes options qui s’offrent à nous, notamment les solutions fondées sur la nature, à travers un renforcement des écosystèmes et une réflexion sur les avantages à long terme.  Ainsi la coalition pour la nature menée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni veut réaliser la protection de 30% des écosystèmes marins et terrestres, a rappelé le représentant.  Elle a plaidé pour une action significative en faveur du climat, avec la participation ambitieuse et active de tous, en particulier en ce qui concerne la promesse d’allouer 100 milliards de dollars d’ici à 2030.

La représentante a aussi indiqué que son pays et d’autres pays en développement ont participé activement aux discussions sur le financement de la relance.  Des propositions ont été soumises en vue de permettre à tous de respecter leurs engagements financiers notamment à l’égard du paiement de la dette.  Elle a aussi évoqué le fonds à hauteur de 500 milliards de dollars, lancé par son pays pour reconstruire après la COVID-19, qui propose des prêts à taux préférentiel et à taux fixe pour les pays en développement.  Bien que le FMI ait crée un plan de relance à hauteur de 2,500 milliards de dollars, seul 1% de ce montant a été mobilisé en faveur des pays en développement, a-t-elle noté.  Poursuivant, elle a évoqué la création de droits de tirage spéciaux (DTS), « une étape dans la bonne direction », mais jugé que cela ne représente même pas la moitié de ce qui serait nécessaire.  C’est pourquoi, elle a exhorté les pays développés à redoubler d’efforts et à faire preuve de responsabilité en allouant des ressources aux différents fonds de relance.

Mme LINOUSE VILMENAY JOSEPH (Haïti) a demandé un changement de paradigme pour ce qui a trait aux questions de politique macroéconomique, d’élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement.  Plus précisément, elle a invité les institutions financières internationales et les partenaires mondiaux en général à renoncer à leur approche à taille unique pour tenir compte des spécificités de chaque pays, afin qu’ils puissent appliquer la stratégie de développement appropriée.

La crise socioéconomique d’Haïti s’est exacerbée après le séisme du 14 août 2021, suivi d’un ouragan qui a pratiquement ravagé la partie sud du pays.  Face à cette réalité, la représentante a déclaré que l’engagement de ne laisser personne de côté doit passer de la parole aux actes.  Elle a plaidé en faveur d’une protection sociale universelle dans les pays aux revenus faible et intermédiaire afin de réduire la pauvreté dans le monde.  Quant aux défis posés par la pandémie de COVID-19, elle a salué l’engagement international à partager les vaccins avec les pays les moins pourvus, le Mécanisme COVAX de l’OMS ainsi que les actions bilatérales de solidarité.  « Ils donnent l’espoir que, tous ensemble, nous pourrons arriver à vaincre cette maladie. »

M. NICHOLAS HILL (États-Unis) a jugé impératif de contrôler la pandémie au plus vite pour assurer la reprise économique, et cela implique d’atteindre les objectifs de vaccination.  Les États-Unis, a-t-il souligné, ont versé la somme de 4 milliards de dollars aux Mécanismes GAVI et COVAX, et confirmé leur intention d’acheter 500 millions de doses de vaccin Pfizer supplémentaires pour porter à un milliard le nombre de doses qu’ils offrent aux pays.  Par ailleurs, le représentant a salué l’Initiative de la suspension de la dette qui devrait aider les pays en développement à poursuivre la mise en œuvre du Programme 2030.  Nous comptons, a-t-il affirmé, accroître notre aide publique au développement (APD) pour soutenir le secteur privé dans ces pays, mais aussi, la démocratie.

Le représentant a aussi exprimé l’intention de son pays de doubler d’ici à 2024 les moyens consacrés à la lutte contre les changements climatiques et de tripler les sommes pour les efforts d’adaptation.  Il a jugé « impératif » de mobiliser les 100 milliards de dollars par an auprès des secteurs public et privé, dont des sources innovantes.  Il a conclu en proposant à la Deuxième Commission de s’attaquer aux vulnérabilités des États fragiles ou frappés par les conflits.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a déclaré que le monde vit dans un état de crise multidimensionnelle inédite, exacerbée par la pandémie de COVID-19.  Ce fardeau sans précédent pèse sur les économies et les communautés et a des conséquences graves sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Le représentant a appelé la communauté internationale à créer des économiques et des sociétés résilientes en mettant l’accent sur la lutte contre la dégradation de l’environnement et des changements climatiques.  Le Programme 2030 doit être notre feuille de route pour reconstruire en mieux, a-t-il affirmé.

Toutefois, le développement durable n’est possible que si l’environnement est protégé, a estimé le délégué qui a attiré l’attention sur la situation des États insulaires menacée par le réchauffement du climat.  Il a appelé à veiller à une réduction de 15% des émissions de carbone d’ici à 2030 ainsi qu’à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Le délégué a également appelé à combler le fossé numérique entre les pays, notant que l’amélioration des technologies numériques offre de nombreuses perspectives pour les pays en développement de diversifier leur économie.  Nous devons exploiter la quatrième révolution industrielle au profit de tous, a-t-il affirmé.  M. Francis s’est en outre préoccupé du déficit de financement des ODD, déplorant que de nombreux petits États insulaires en développement (PIED) continuent de se voir refuser l’accès à un soutien essentiel au relèvement et à un financement concessionnel, sur la seule base de la « mesure archaïque » du revenu par habitant.  Il a insisté sur la nécessité critique d’établir un indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les PEID.

Pour Mme SALOME SUPATASHVILI (Géorgie), la voie vers la résilience et la reprise passe par le respect complet des engagements au titre du Programme 2030 et de l’Accord de Paris.  Puisque la crise dévastatrice provoquée par la COVID-19 a stoppé les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), la communauté internationale devrait se réengager dans la Décennie d’action par des efforts collectifs ainsi qu’un multilatéralisme « revitalisé, en réseau et inclusif », a estimé la représentante.  En outre, si l’économie mondiale commence à rebondir, la persistance de la pandémie et l’inégalité dans l’accès aux vaccins entre les pays continuent de menacer sa reprise résiliente.

Pour sa part, la Géorgie a répondu à la crise sanitaire par une série de mesures ciblées de façon à soutenir la compétitivité et les groupes vulnérables.  Elle reste attachée à une démarche basée sur les droits humains dans la mise en œuvre des ODD.  La représentante a également voulu souligner l’importance de sociétés justes, paisibles et inclusives.

Quant à la triple crise planétaire posée par les changements climatiques, la perte de biodiversité et la hausse du niveau de pollution de l’air et de l’eau, elle est encore plus complexe en raison des impacts dévastateurs de la pandémie, a constaté la représentante.  Pour appuyer l’Accord de Paris, le Gouvernement de Géorgie a mis à jour sa contribution déterminée au niveau national, avec de nouvelles cibles plus ambitieuses, et travaille à une stratégie de développement faible en émissions à long terme.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a expliqué qu’en raison de la COVID-19, l’économie mongole s’est contractée de 4,5% en 2020.  Néanmoins, grâce aux mesures d’aide et aux programmes de relance du gouvernement, l’économie devrait rebondir et croître de 4,8% en 2021-2022.  En Mongolie, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID-19 avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Au lendemain de la pandémie, le Gouvernement se concentre sur les réformes structurelles, la diversification économique, la promotion des investissements et le maintien de la stabilité fiscale et financière afin de créer une croissance respectueuse de l’environnement, durable et inclusive.

Pour atténuer les problèmes environnementaux auxquels le pays est confronté, tels que la désertification, les tempêtes de sable, la perte de biodiversité, la pénurie de ressources en eau et la pollution atmosphérique, la Mongolie applique les leçons de son héritage nomade, en associant le respect de la nature aux réalisations de la science et de la technologie modernes.

La désertification est considérée comme l’une des principales priorités à traiter, 77% du territoire du pays étant touché par ce phénomène ainsi que par la dégradation des sols.  Une campagne nationale visant à planter un milliard d’arbres d’ici à 2030 a été lancée le 4 octobre à Oulan-Bator et par décret, le Gouvernement doit désormais consacrer chaque année au moins 1% du PIB à la lutte contre les changements climatiques et la désertification.

Mme EMILY LEK (Singapour) a estimé que la résilience et la reprise passent par le renforcement du système multilatéral fondé sur des règles.  Il s’agit notamment de redynamiser les institutions multilatérales, afin que nous puissions répondre plus efficacement aux défis mondiaux présents et futurs, a-t-elle expliqué.  Elle a prôné un système multilatéral fondé sur des règles, avec l’ONU en son cœur, estimant que c’est « notre meilleur espoir de construire et maintenir une bonne gouvernance mondiale ».  La représentante a aussi appelé à mobiliser les ressources pour renforcer l’architecture mondiale de la santé et veiller à ce que nous soyons prêts pour la prochaine pandémie.

Singapour soutient également l’appel du Secrétaire général de l’ONU en faveur d’un système commercial multilatéral plus résilient, a-t-elle déclaré.  Nous devrions mettre à jour le règlement intérieur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour tenir compte des nouvelles réalités économiques telles que l’économie numérique, a demandé Mme Lek.  Elle a aussi appelé à maintenir ouverts les marchés et les chaînes d’approvisionnement mondiales.  En tant que centre de transbordement, Singapour a toujours joué sa partition pour laisser les fournitures essentielles être acheminées là où elles sont le plus nécessaires, a assuré la déléguée.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a déploré l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les « ressources limitées » de son pays qui a ainsi vu se compliquer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA.  En outre, ces derniers comme les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays sortant d’un conflit sont de plus en plus vulnérables aux effets des changements climatiques, tels que les inondations, les glissements de terrain, la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement de la planète.  Le Timor-Leste a donc lancé un plan d’adaptation qui fait la part belle à la protection de la biodiversité et des écosystèmes, avec des actions comme le reboisement et la gestion durable des terres.  Pour soutenir cet effort, a conclu le représentant, le Timor-Leste a lancé le Programme « Un citoyen, un arbre » pour une terre plus verte.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a dit la nécessité d’actions multilatérales conjointes pour faire face aux défis des changements climatiques et de la COVID-19, en privilégiant la résilience, pour assurer une reprise durable.

Il a appelé à préserver les principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il a jugé indispensable le succès de la prochaine COP26, a-t-il souligné, déplorant l’insuffisance des moyens financiers consacrés à la crise climatique.  C’est pourquoi, M. Segura Aragon a exhorté les pays développés à respecter leur engagement en matière de financement et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Il a aussi appelé à privilégier des solutions fondées sur la nature.

Le représentant d’El Salvador a par ailleurs souligné l’engagement de son pays à améliorer les conditions de sécurité alimentaire, la nutrition et le bien-être social de sa population, grâce à des politiques étatiques innovantes, humaines et inclusives.  Il a cité le Plan de développement social 2020-2024 d’El Salvador, qui vise à réduire la pauvreté et la faim, ainsi que la récente Stratégie d’alimentation scolaire saine et durable.

M. BADER AZIZ R. M. KH. ALDEHANI (Koweït) a déclaré que sa délégation était prête à reprendre les efforts visant à réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  Sa délégation, a-t-il ajouté, a soutenu et continuera de soutenir les efforts mondiaux dans la lutte contre la pandémie.  Il a rappelé que depuis le début de la crise sanitaire, son gouvernement avait déboursé 320 millions de dollars pour venir en aide aux pays dans le besoin, notamment en matière d’acquisition de vaccins.  Après avoir souligné l’importance du multipartisme dans cette lutte, il a demandé une revitalisation des économies en développement et développées.  Le délégué a également a mis l’accent sur la nécessité de protéger l’environnement.

Réussir la réalisation des ODD est crucial, selon le représentant qui a apprécié que la situation se soit quelque peu améliorée.  Cela devra permettre d’augmenter les recettes et les moyens de la croissance dans les pays en développement.  Cela devra aussi aider à reprendre les activités consacrées au développement.  Avant de conclure, le représentant a fait valoir le rôle du Fonds koweïtien pour le développement qui, depuis sa création, a donné environ 22 milliards de dollars à plus de 100 pays.  Le Fonds continuera son travail en faveur du développement, a promis le délégué.

M. THOMAS RATHMELL WOODROFFE (Royaume-Uni) a fixé trois priorités clefs pour la Deuxième Commission cette année.  Premièrement, a-t-il noté, il y a une opportunité de plus en plus petite de relever les défis existentiels des changements climatiques et de la perte de biodiversité.  Le mois prochain, la COP26 à Glasgow, doit marquer un tournant dans nos efforts pour maintenir le plafond de 1,5 degré Celsius, investir dans l’adaptation, garantir que le financement climatique est versé aux plus vulnérables, reléguer le charbon à l’histoire et stopper et inverser la perte de biodiversité.  La Deuxième Commission doit être un lieu pour faire avancer les résultats de la COP26, a souhaité le Royaume-Uni, en appelant aussi à un consensus supplémentaire autour d’objectifs ambitieux sur la conservation des forêts, des terres et des océans avant les négociations de la Convention sur la diversité biologique.  Nous sommes ravis qu’à ce jour, plus de 100 pays aient approuvé un objectif mondial de « 30 sur 30 » pour étendre les zones protégées des océans mondiaux.  Un engagement similaire sera également nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, a souligné le représentant.

Deuxièmement, alors que le monde est toujours en prise avec sa plus grande crise sanitaire et économique, le Royaume-Uni a utilisé sa présidence du G7 pour mobiliser 1 milliard de doses de vaccins et plus de 10 milliards de dollars de financement pour les installations ACT-A et COVAX, afin de concrétiser l’engagement commun des dirigeants du G7 de vacciner le monde au cours de l’année prochaine.  La deuxième Commission devrait continuer à défendre un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics, et favoriser une reprise durable, inclusive et résiliente après la pandémie.  Pour ce faire, il faudra adopter une approche multipartite et mettre l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles.  Cela inclut d’assurer l’accès à 12 ans d’éducation de qualité à toutes les filles, et l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.

En troisième lieu, le Royaume-Uni a insisté sur les besoins des pays les plus vulnérables –les PMA, les PDSL et les PEID– pour qu’ils soient au cœur des efforts collectifs, aux côtés de la reconnaissance des situations spécifiques des pays en conflit et post-conflit et des pays à revenu intermédiaire.  Les pays vulnérables au climat seront au cœur de la COP26, a assuré le représentant.  Pour le Royaume-Uni il est également clair qu’il faut utiliser efficacement tous les outils financiers internationaux pour soutenir les pays en situation particulière.  Dans le cadre de sa présidence du G7, le Royaume-Uni a réitéré son engagement à mettre en œuvre le cadre du G20 et du Club de Paris pour le traitement de la dette au-delà de l’initiative de suspension du service de la dette, a précisé le représentant.

M. ARB KAPISYZI (Albanie) a expliqué que son pays s’est engagé à atteindre tous les objectifs de développement durable (ODD) et se tient prêt à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).  Dans le cadre de son programme national de développement et d’intégration, l’Albanie a lancé des réformes ambitieuses pour son intégration à l’Union européenne (UE), avec un accent particulier sur l’objectif 16 de développement durable: « Paix, justice et institutions efficaces ».  Il s’agit, a souligné le représentant, d’accélérer l’harmonisation avec l’Union européenne de la lutte contre la corruption, d’assurer un accès équitable au droit et à la justice pour tous et de réaliser l’égalité hommes-femmes dans les domaines social, économique et politique.  L’Albanie souhaite rejoindre la grande famille européenne et espère que ce « rêve » deviendra réalité, a conclu le délégué.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI, (République islamique d’Iran) a déclaré que les principaux défis mondiaux restent les « deux virus anti-croissance et anti-développement les plus destructeurs », à savoir la COVID-19 et les mesures coercitives unilatérales.  Ces mesures illégitimes des États-Unis, y compris l’imposition de sanctions unilatérales illégales aux pays en développement, d’une part, et l’inaction de la communauté internationale à cet égard, d’autre part, ont transformé l’idéal commun du développement durable en une revendication purement décorative, absurde et dénuée de sens, s’est emporté le représentant.  Selon lui, ces mesures sont conçues et exécutées pour priver les gouvernements des moyens essentiels pour parvenir à un développement durable et à des systèmes de santé public viables.

Mais malgré ces mesures, et le retrait unilatéral des États-Unis du Plan d’action global commun (PAGC) suivi de nouvelles sanctions, l’Iran est classé 59e sur 166 pays dans l’indice des objectifs de développement durable selon le « Rapport sur le développement durable 2020 », s’est enorgueilli le représentant.  Cela confirme l’étendue des réalisations de l’Iran malgré toutes les contraintes, a-t-il estimé, citant notamment l’élimination de l’analphabétisme et l’enseignement public gratuit et universel jusqu’à l’école secondaire; ainsi que la participation des femmes dans les secteurs sociaux et économiques.  Il a précisé que ces dernières représentent actuellement 27% des membres du corps professoral, plus de 50% des étudiants universitaires et près de 37% des médecins.  Malgré ces « sanctions injustes », l’Iran a également fait des progrès étonnants dans le domaine de la biotechnologie et des cellules souches et le pays est devenu aujourd’hui l’un des fabricants de vaccins contre la COVID-19.

En termes de lutte contre les catastrophes naturelles, un plan national global a été mis en place pour lutter contre la désertification et la sécheresse et l’Iran coopère avec d’autres pays touchés de la région pour mettre en synergie leurs efforts en vue de faire face à ce problème.  Le représentant a également précisé que son pays a pris des mesures vitales dans le domaine de l’énergie durable et dépensé d’énormes sommes d’argent pour développer l’infrastructure critique pour assurer un accès juste, rentable et durable à celle-ci.  Il a en outre précisé que l’indice d’accès moyen à l’électricité est de plus de 99,80% et de 95% pour le gaz naturel.

Si dans une large mesure, mon pays a pu contenir la propagation de la COVID-19 et renforcer ses systèmes de protection sociale, il a été profondément affecté par les perturbations liées à la pandémie, a indiqué Mme DOMA TSHERING (Bhoutan).  Mon pays, a-t-elle précisé, se livre à la tâche colossale de se relever des problèmes socioéconomiques multidimensionnels et de reconstruire en mieux.  La nécessité d’un leadership fort, d’une approche fondée sur la science et d’une solidarité doublée de l’appui des partenaires a été rendue évidente par la pandémie.  Notre expérience nous dit aussi, a poursuivi la représentante, qu’une percée n’est pas hors de portée, tant que la confiance, la solidarité et la coopération existeront.

Nous ne pouvons, a-t-elle averti, détourner notre regard de la crise climatique et des menaces actuelles à la biodiversité.  Malgré son taux de carbone négatif, le Bhoutan risque comme les autres de subir « la colère » des changements climatiques.  La représentante a donc souligné l’importance de la COP26 à Glasgow pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius.  La Conférence doit aussi concrétiser la promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partager équitablement entre les efforts d’adaptation et de résilience, dont plus de la moitié aux pays vulnérables.

Chez nous, s’est enorgueillie la représentante, le bonheur national brut est depuis longtemps notre boussole.  Elle a donc salué le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun » qui appelle à corriger la manière dont on évalue la prospérité et le progrès économique.  Le Programme 2030 doit rester la feuille de route dont la mise en œuvre doit être évaluée régulièrement.  Indiquant que son pays devrait sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) en 2023, la représentante a voulu que la Conférence de Doha forge un nouveau partenariat mondial en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030 dans les PMA

M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) s’est enorgueilli du « rôle pionnier » qu’a joué son pays dans la fourniture d’une assistance médicale et autres aux États qui en avaient besoin pendant la pandémie de COVID-19.  Il a prôné le renforcement de la coopération internationale face aux crises mondiales et estimé que la coopération numérique est l’un des meilleurs moyens de parvenir à un développement durable pour tous.  Concernant les changements climatiques, le délégué a indiqué que son pays a lancé, ce mois-ci, une initiative « stratégique » pour des solutions vertes, dont la réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément à l’Accord de Paris sur le climat.  Le pays soutient aussi plusieurs projets d’énergie renouvelable dans 70 pays et à ce titre, il se porte candidat pour organiser sur son sol, en 2023, la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

M. MOHAMMAD K. KOBA (Indonésie) a déploré la tendance inquiétante de la discrimination qui sape l’effort global de développement.  Alors que l’on parle de reprise, il a appelé à accélérer le retour aux niveaux d’avant la pandémie.  À l’avenir, les réponses macroéconomiques devraient être adaptées en fonction des circonstances spécifiques de chaque pays, a-t-il plaidé.  Il a conseillé de se focaliser sur des mesures qui favorisent une reprise durable et inclusive des économies, notamment en aidant à restaurer la productivité, en créant des emplois et par le développement et l’expansion de l’économie numérique.

Le délégué a en outre demandé de renforcer la résilience face aux crises futures.  Pour cela, il est crucial de lutter contre les inégalités, de renforcer les systèmes de santé, d’améliorer les capacités d’adaptation et de réduire la vulnérabilité aux changements climatiques, tout en assurant l’intégration des risques de catastrophe et en réduisant la fracture numérique.  En tant qu’hôte de la septième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, prévue à Bali, du 23 au 28 mai 2022, l’Indonésie entend travailler avec les États Membres et l’ONU dans la construction d’une résilience durable et le renforcement des engagements à atteindre les objectifs du Cadre de Sendai ainsi que ceux du Programme 2030.

M. DIEGO BELEVÁN (Pérou) a voulu que le monde redouble d’efforts pour relever certains défis majeurs et objectifs urgents tels que la « fin de la pauvreté » et la « Faim zéro », dont les progrès ont été considérablement retardés par la pandémie de COVID-19.  Il a insisté sur l’importance du Sommet sur les systèmes alimentaires pour progresser vers des systèmes durables et résilients.  Soulignant les besoins et les particularités des pays à revenu intermédiaire comme le sien, le représentant a préconisé de renoncer à l’évaluation monétaire de la richesse des États, comme le fait la Banque mondiale, et de privilégier l’approche plus fine qu’est l’Indice de pauvreté multidimensionnelle du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il a insisté sur la nécessité des réformes visant à remédier aux facteurs « structurels » de la vulnérabilité des sociétés et sur l’importance des investissements dans le renforcement des systèmes de protection sociale, qui peuvent, a-t-il conclu, jouer un rôle clef dans la résilience individuelle et sociétale.

Selon M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), même si des initiatives multilatérales comme COVAX existent, la situation sanitaire demeure très inégalitaire.  Or, le relèvement devrait être juste et équitable pour tous.  La pandémie a des conséquences très larges, particulièrement sur l’insécurité alimentaire, a-t-il mis en garde, relevant que 320 millions de personnes ont perdu l’accès à une alimentation adéquate.  Le relèvement, qui doit s’appuyer sur le plein potentiel agricole des pays en développement, ne sera possible que si l’on a un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, a précisé le délégué.

Il a indiqué que le Brésil consacre seulement 8% de son territoire à l’agriculture mais nourrit plus de 1 milliard de personnes dans le monde.  La feuille de route du Brésil, le Plan ABC+, fait la part belle à l’agriculture résiliente, à la chasse au gaspillage alimentaire, aux repas scolaires et à l’alimentation durable.  Le délégué brésilien a déploré que des propositions de développement agricole « à taille unique », « néo-malthusianistes », reviennent sur le devant de la scène.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que l’un des défis les plus pressants de notre époque est le développement durable.  Le représentant a réaffirmé la nécessité de préserver les systèmes alimentaires d’une manière qui comprenne la restauration des terres dégradées et la lutte contre la désertification afin de mettre à profit des terres plus productives pour la production alimentaire.  La sécurité alimentaire est essentielle pour relever le triple défi de la faim, de la pauvreté et du maintien des moyens de subsistance, a déclaré M. Gertze qui a demandé que tous les obstacles et toutes les « distorsions commerciales », y compris les mesures économiques unilatérales, soient mis de côté pour garantir aux citoyens du monde entier la possibilité de commercer librement et pour donner un coup de pouce à leurs économies.

À l’approche de la COP26 le mois prochain, le délégué a appelé toutes les parties à veiller à ce que les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris soient honorés, notamment en intensifiant leurs efforts pour faciliter l’accès au financement climatique à des fins d’adaptation et d’atténuation.  Il est urgent d’agir pour préserver notre planète, a-t-il lancé.  À cette fin, il a assuré que la Namibie continuera de tirer parti de ses sources d’énergie renouvelables dans le cadre de son programme de transition énergétique grâce à l’industrialisation verte.  Enfin, M. Gertze a exigé l’accès de son pays à des prêts concessionnels pour soutenir la reprise économique.

Mme PHUONG TRA NGUYEN (Viet Nam) a averti qu’au rythme actuel, il est probable que la région Asie-Pacifique atteigne moins de 10% des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.  C’est pourquoi, Mme Nguyen a préconisé de garantir un filet de sécurité sociale fiable dans chaque État Membre et de prévenir les perturbations sociales ou l’instabilité politique qui pourraient résulter d’une défaillance de la sécurité sociale.

Une poursuite résiliente et une réalisation réussie du Programme 2030 est le seul moyen, à son avis, de surmonter les défis imprévisibles.  En vue de respecter ses engagements, le Viet Nam a intégré les ODD dans les priorités politiques nationales et exploite un système statistique multicritère pour suivre et évaluer ses progrès, a dit la représentante.  D’ores et déjà, son pays est prêt à atteindre 5 des 17 objectifs d’ici à 2030, a-t-elle dit, tout en reconnaissant que le pays doit « accélérer et transformer la mise en œuvre » pour atteindre les 12 autres ODD.  Pour finir, la représentante a fait part de l’attachement de son pays au partenariat avec l’ONU et au rôle de celle-ci dans la coordination d’une relance mondiale verte, résiliente et inclusive.

Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan) a dit que son pays avait lancé une campagne de vaccination en janvier 2021 et avait adopté un plan de relance économique doté de 2,7 milliards de dollars.  Outre les efforts nationaux, la représentante a jugé déterminant le multilatéralisme et une coopération internationale renouvelée pour faire face aux défis conjugués de la pandémie et du développement durable.  Elle s’est dite fière de la contribution effectuée par son pays à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à 35 pays pour faire face à la pandémie.  Par ailleurs, elle a indiqué que l’Azerbaïdjan est le premier pays de la région à avoir soumis pour examen son programme national de mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), précisant que son pays est le 55e sur 150 États en matière de réalisation des ODD.  Elle a précisé que l’Azerbaïdjan s’est engagé à une réduction de 35% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035 par rapport aux chiffres de 1990 et que le pays vise des réductions supplémentaires pour 2050.

Mettant l’accent sur les liens entre paix et développement durable, la représentante s’est félicitée de la signature le 10 novembre 2020 d’une déclaration de cessez-le-feu tripartite entre l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Fédération de Russie qui a permis de mettre fin à 30 ans de conflit.  Elle a indiqué que la rencontre trilatérale tenue à Moscou le 11 janvier 2021 avait ouvert des perspectives pour le développement économique des pays de la région et pour la sécurité de toute la région du Caucase du Sud, ainsi que pour la réconciliation des peuples azerbaïdjanais et arménien par le dialogue, le commerce, les investissements mutuels et la coopération économique.  Elle a indiqué que l’Azerbaïdjan prévoit la construction de nouvelles villes dans les zones libérées en s’appuyant sur les concepts architecturaux de villes intelligentes.  Elle a aussi cité la construction d’un aéroport international dans la « zone libérée » et de trois centrales solaires.  À cet égard, elle a indiqué que l’Azerbaïdjan avait atteint un objectif de 17% de production d’énergie d’origine renouvelable, qui devrait atteindre 30% d’ici à 2030.  Elle a dit que la réalisation de la paix et de la réconciliation dans la région sera le meilleur moyen de mettre en œuvre les ODD.

Nous nous trouvons à la croisée des chemins, a souligné M. KYAW MOE TUN (Myanmar), évoquant les conséquences de la pandémie, qui met en péril les efforts consentis par les pays pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  La fin de la pandémie va dépendre de l’accès équitable aux vaccins, car, a-t-il souligné, personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas.

En venant aux changements climatiques, l’orateur a rappelé la mise en garde formulée par le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  Pour relever les défis, la solution la plus pertinente est, selon le représentant, la mise en œuvre rapide et équilibrée du Programme 2030.  Le Myanmar a élaboré un plan en ce sens, qui se concentre sur la paix, la bonne gouvernance, la résilience et l’environnement.

Malheureusement, le coup militaire illégal de février 2021 a changé tous les plans et met en péril la vie de millions d’habitants.  Le peuple du Myanmar est en danger, a-t-il averti.  Les dirigeants militaires irresponsables ont réduit à néant l’état de droit et il est impossible de garantir la gouvernance et d’atteindre les ODD dans ces conditions, a-t-il ajouté.  Il s’est dit déterminé à reconstruire le pays et à le relever de ces multiples crises.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a accusé les milices houthistes d’avoir imposées une guerre injuste qui a provoqué une révolution.  Elles se sont emparées des institutions des pays, confisqué les réserves de change et imposé des taxes, des douanes et des redevances exorbitantes.  Toutes ces mesures ont conduit à la contraction de l’économie et à la baisse du niveau de vie entre 2010 et 2020.  Les soins de santé de base pour les enfants sont sur le point de s’effondrer et la moitié des établissements de santé ne fonctionnent plus en raison d’un manque de personnel ou de fournitures et l’incapacité de couvrir les coûts opérationnels.  Alors que le Yémen vit « la pire crise humanitaire au monde », le représentant a invité les partenaires internationaux à soutenir les efforts gouvernementaux.

M. Al-Saadi a rappelé les dangers entourant le pétrolier SAFER qui menace toute la région de la mer Rouge s’il advenait que le pétrole qu’il contient fuit.  Il a affirmé que les milices houthistes empêchent les experts onusiens d’accéder au navire pour y effectuer les réparations nécessaires.  De plus, la pandémie de COVID-19 est « une crise dans la crise ».  Les populations vivant dans les secteurs sous contrôle des houthistes n’ont pas accès aux informations nécessaires pour se préserver de la pandémie, a-t-il regretté, avant d’inviter la communauté internationale à faire pression sur les milices pour qu’elles arrêtent de nier l’existence de la pandémie et autorisent l’utilisation des vaccins disponibles, en particulier pour les médecins, les infirmières et les travailleurs du secteur de la santé.

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a souligné que la Deuxième Commission jouait un rôle important dans la lutte mondiale contre la pandémie et les efforts de relance.  Il a également estimé que la lutte contre les changements climatiques, de loin le plus gros problème à régler de toute l’histoire de l’ONU, doit se coordonner face à la triple menace du réchauffement, de la perte de biodiversité et de la pollution.  La COP26 et les autres événements de haut niveau à venir doivent se montrer à la hauteur, a affirmé le délégué.

Il a appelé à des investissements dans la numérisation, les sciences et les nouvelles technologies.  La Deuxième Commission devrait, selon lui, accorder toute son attention aux résolutions ayant trait aux technologies de l’information et des communications (TIC) et aux sciences.

L’éducation, c’est ce qui tient les communautés et nous assure un développement futur, a-t-il poursuivi, espérant que le retour des élèves dans les écoles advienne le plus rapidement possible.  Il s’est aussi félicité du rôle joué par les jeunes dans la réalisation du Programme 2030.  Ce serait une erreur de les exclure des processus de décision.  Plus terrifiés que jamais, ils savent que les décisions prises aujourd’hui auront un impact sur leur avenir, a-t-il commenté.

M. DIAMANE DIOME (Sénégal) après avoir énuméré les conséquences de la tragédie de la COVID-19, a indiqué que son gouvernement a investi plusieurs milliards de francs CFA pour appuyer le relèvement.  Il a ensuite annoncé que l’Institut Pasteur de Dakar commencera à produire des vaccins pour la population dans quelques semaines, exhortant dans la foulée à corriger l’inégalité vaccinale dont pâtissent les pays en développement.  Face aux défis mondiaux, M. Diome a souligné la nécessité d’adopter une approche holistique.  Si nous voulons réaliser le Programme 2030, nous devons mutualiser nos forces et investir dans l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation financière des femmes, a appuyé le délégué.  Pour lui, l’éducation, la santé et l’emploi doivent être accessibles à tous.  Il a aussi milité pour la révision des règles d’octroi de crédit pour les pays en développement ainsi que pour des mesures d’allègement de la dette pour leur permettre de disposer des ressources pour réaliser leur développement.  Le délégué sénégalais a également appelé à renforcer l’action climatique, notamment par le biais du financement climatique.  Pour sa part, le Sénégal vise à réduire de 29% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Aujourd’hui, les pays en développement sont confrontés à des problèmes redoutables, a relevé M. ROSALES RAMIREZ (Honduras), citant les effets des changements climatiques, les écarts croissants en termes d’inégalités, l’urbanisation accélérée et la dégradation de l’environnement.  Autant de facteurs qui ont conduit, selon lui, un nombre croissant de personnes à souffrir de la faim et de la pauvreté.

En tant que pays à revenu intermédiaire, le Honduras a de moins en moins de possibilités d’accéder à des sources de financement abordables, a constaté le délégué.  Il a expliqué que le modèle actuel de classification des pays par niveau de revenu ne permet pas d’établir des priorités adéquates dans l’allocation des ressources de coopération au développement, ce qui se traduit par une aide moins efficace.  Il a réitéré, à cet égard, la nécessité de migrer vers des indicateurs multidimensionnels pour mesurer les réalités du développement et être en mesure d’identifier précisément où et comment les efforts et les ressources doivent être dirigés.

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (État plurinational de Bolivie) a indiqué que son pays, outre la pandémie de COVID-19, vient de se relever d’une crise politique sans précédent qui fait suite à une tentative de coup d’état en 2019 s’étant traduite par de terribles violences dont des exécutions extrajudiciaires.  Il s’est félicité que le peuple bolivien ait su rétablir la démocratie et l’état de droit en octobre 2020, pour permettre aujourd’hui à la Bolivie de participer aux travaux des Nations Unies pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) partout dans le monde.  Le représentant a indiqué que l’insuffisance de capacités nationales pour faire face aux crises aigües est le premier frein qui gêne la réalisation des ODD en Bolivie.  C’est pourquoi, il a prévenu que sans financements adéquats et sans transferts de technologies conformes aux priorités nationales, la Bolivie ne pourra pas se relever des crises.

Le représentant a salué la pertinence de la Déclaration d’action du Secrétaire général lors du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en rappelant que l’harmonie entre l’homme et la Terre nourricière n’est pas une option mais une condition sine qua non pour sauver notre planète.  Face aux urgences liées à la crise climatique, le représentant a jugé déterminant que la prochaine COP26 permette d’actionner les « leviers de la justice climatique » dans le respect des principes de responsabilité commune mais différenciée.

La représentante du Chili a relevé que la crise climatique et sanitaire avait mis en exergue l’importance du multilatéralisme pour déployer les efforts mondiaux nécessaires pour parvenir à des résultats plus ambitieux.  En tant que Président de la COP25, le Chili est convaincu qu’il faut faire face aux changements climatiques de façon responsable.  Aussi s’est-il donné pour ambition de parvenir à la neutralité en carbone et à la résilience au plus tard en 2050.  Concernant l’Accord de Paris, la représentante a lancé un appel à tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à présenter des contributions déterminées au niveau national renforcées.  Sur le plan énergétique, l’objectif ambitieux du Chili est de fermer toutes les centrales à charbon d’ici à 2040, de mettre en œuvre une nouvelle loi sur l’efficacité énergétique visant à électrifier la totalité du transport urbain d’ici à 2035, et d’encourager la production et l’utilisation de l’hydrogène vert, un combustible propre et durable qui permettra de réduire fortement les émissions de CO2.  Par ailleurs, il travaille à une transition vers des systèmes alimentaires plus durables.

Concernant le Programme 2030, le Chili est convaincu que la connectivité est une condition nécessaire pour réduire la fracture numérique et aussi atténuer les inégalités socioéconomiques qui déterminent l’accès à l’information, au droit à la santé, à l’éducation et au travail, a indiqué la représentante.  Pour parvenir à une reprise durable et inclusive après la pandémie, elle a appelé également à promouvoir un ordre économique multilatéral ouvert, basé sur des règles universelles, qui favorise le libre-échange et l’intégration.  La coopération Sud-Sud est un outil nécessaire pour faire face aux défis actuels, de même qu’une coopération internationale renouvelée qui tienne compte des besoins des pays à revenu intermédiaire et revoie la mesure du développement au-delà du PIB par habitant pour attribuer des ressources, a-t-elle plaidé.

La représentante du Bahreïn a évoqué la vision économique 2020-2030 de son pays pour parvenir au développement durable et a affirmé qu’il poursuit son travail en ce sens malgré les difficultés posées par la pandémie de COVID-19.  Nous mettons l’accent, a expliqué la représentante, sur la coopération avec les agences de l’ONU à différents niveaux mais nous ne renonçons pas pour autant à fournir une aide aux pays pour limiter la propagation du coronavirus.  Le Bahreïn offre d’ailleurs des vaccins à tous les étrangers sur son sol.  Il envisage aussi d’y ouvrir une représentation de l’OMS.

Face aux changements climatiques, surtout à l’élévation du niveau de la mer, le Bahreïn a adopté des stratégies d’énergies renouvelables, convaincu que le travail multipartite est la meilleure approche en la matière, a encore dit la représentante.

M. VILIAMI VA‘INGA TŌNĒ (Tonga) a souligné que les changements climatiques demeurent la plus grande menace pour la région Pacifique.  L’Indice mondial de risque 2020 a classé les Tonga comme le deuxième pays au monde le plus exposé aux catastrophes naturelles, a-t-il indiqué.  Les impacts des changements climatiques intensifient rapidement les vulnérabilités du pays et érodent rapidement ses capacités de résilience.  Il a assuré que son pays tient à accélérer les actions dans le cadre de la mise en œuvre de l’objectif 13 de développement durable et s’est félicité de la finalisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les PIED, à cet égard.  Soulignant en outre le rôle central des océans dans le développement durable des nations du Pacifique, le représentant a expliqué que leur sécurité alimentaire, leurs moyens de subsistance et leurs écosystèmes sont touchés par la surpêche, l’acidification et la pollution, ce qui explique l’attachement des Tonga à la réalisation de l’objectif 14 des objectifs de développement durable.  Bien que les Tonga contribuent à moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le représentant a expliqué que son pays reste néanmoins déterminé à réaliser un avenir énergétique durable.  Les Tonga se sont ainsi engagées à réduire l’utilisation de carburants importés et à promouvoir les énergies renouvelables.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTÁRAN (Venezuela) a estimé que le monde a les outils pour résoudre les principaux problèmes actuels, y compris les changements climatiques et la pandémie de COVID-19.  En plus de cette pandémie, le délégué a dit que le Venezuela est également confronté à une « pandémie générée par l’agression systématique du Gouvernement des États-Unis d’Amérique par le biais de l’application pénale d’un blocus commercial, économique et financier qui viole de manière flagrante la Charte des Nations Unies, ainsi que toute norme du droit international ».  Il a dénoncé une « politique de terrorisme économique » qui englobe le pillage des ressources souveraines, citant notamment les réserves d’or du Venezuela à la Banque d’Angleterre, ainsi que le pillage des actifs du pays à l’étranger, y compris de la compagnie pétrolière CITGO.

M. Moncada a aussi déploré le refus de droits de tirage spéciaux à son pays par le Fonds monétaire international (FMI), arguant que toutes ces actions s’assimilent à « un acte d’extermination contre le peuple vénézuélien », ce qui constitue selon lui un crime contre l’humanité au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Enfin, il a réitéré la nécessité de renforcer et élargir la coopération Sud-Sud qui est vitale pour la mise en œuvre des ODD et pour parvenir à la réduction des inégalités.  Il a précisé que cette forme de coopération ne peut être qu’un complément et non un substitut à la coopération Nord-Sud.

Évoquant les conséquences dramatiques de la pandémie et des changements climatiques, Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a estimé que c’était l’occasion de penser à des sociétés plus justes et égalitaires.  Des mesures concrètes et novatrices s’imposent, a-t-elle insisté, et les vaccins doivent être considérés comme un bien public mondial.  Une bonne fois pour toutes, des mesures multidimensionnelles doivent être adoptées pour apprécier les mesures de développement et l’éligibilité aux mesures internationales qui en découle.  Relevant que la solvabilité économique et financière est un grand problème, elle a estimé qu’il est temps de promouvoir un accord abordant les processus de restructuration de la dette souveraine.

Concernant les changements climatiques, la représentante a espéré que la COP26 sera un succès.  L’Argentine va améliorer sa contribution nationale à l’Accord de Paris qui avait été présentée en 2016, a-t-elle indiqué, tout en appelant à tenir compte des vulnérabilités et des différences de capacités des économies nationales.  Quant au système alimentaire, l’Argentine estime que la transition vers des systèmes durables doit être graduelle. Il n’existe pas de modèle unique de développement, a-t-elle affirmé.

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao) a indiqué que la pandémie entrave la réalisation des objectifs de développement durable, notamment parmi les pays vulnérables et en situations particulières comme le sien.  La pauvreté et la faim sont en hausse, tout comme la dette, alors que les recettes du tourisme, les investissements et le commerce diminuent, ce qui a entraîné d’énormes pertes de revenus, a-t-elle expliqué.  Elle a indiqué que lors de son examen triennal de 2021, le Comité des politiques de développement a recommandé que la République démocratique populaire lao atteigne les seuils de reclassement des PMA pour la deuxième fois.  Cependant, le pays ayant été fortement touché par la pandémie de COVID-19, le Comité a également recommandé de mettre en place une période préparatoire prolongée de cinq ans avec un suivi et des mesures de soutien à la transition.

Elle a appelé la communauté internationale à assurer une réponse mondiale coordonnée basée sur l’unité et la solidarité afin de venir à bout de la pandémie et de ses conséquences délétères.  La représentante a aussi demandé une évaluation complète de l’impact socioéconomique de la COVID-19 et une assistance technique et financière continue de la part des partenaires de développement, entre autres, pour aider les gouvernements nationaux à faire face aux impacts de cette crise mondiale, protéger les acquis et mieux se préparer aux crises futures.

Selon M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), le développement durable est un engagement de long terme impliquant toute une série de facteurs.  L’Uruguay a présenté trois rapports volontaires sur les objectifs de développement durable (ODD) et prépare son quatrième pour 2022, a-t-il annoncé.  Pour l’Uruguay, la route des ODD passe par le respect de l’état de droit, la lutte contre la corruption et la transparence de la vie publique.  Soulignant le rôle crucial à jouer par les Nations Unies alors que la crise climatique, l’une des principales menaces pour le bien être des peuples, frappe de plein fouet la planète, le délégué uruguayen a appelé à mettre en œuvre de toute urgence l’Accord de Paris.  De même, la COP26 doit engendrer des engagements concrets de la part de la communauté internationale en matière de réduction d’émissions, a-t-il espéré.

Appelant à renforcer les capacités institutionnelles des Nations Unies, l’orateur a relevé que les dialogues nationaux sont essentiels pour élaborer une réflexion, et que les perspectives de genre doivent être prises en compte dans tous les domaines.  Le délégué a enfin invité la communauté internationale à réfléchir sur la manière d’établir les critères de classement des pays en développement, celui du seul PIB étant devenu obsolète.  Il a appelé à l’élaboration d’un critère multidimensionnel, qui permettrait de mieux cerner les besoins d'un pays en développement à haut revenu tel que l’Uruguay.

M. GUILLEM KALLIS BALDRICH (Andorre) a appelé à « moins d’égoïsme » et à « davantage de coopération » dans la lutte contre la COVID-19.  Alors que la pandémie a remis en question les modèles de travail, la crise climatique appelle à un système multilatéral renouvelé et renforcé, a-t-il plaidé.  En Andorre, a-t-il indiqué, la question de la lutte contre les changements climatiques est centrale et les jeunes sont particulièrement mis à contribution dans ce domaine.  La décarbonisation du secteur de l’énergie est une condition clef pour atteindre les objectifs de l’Andorre, dont celui d’atteindre la neutralité carbone en 2050.  Le représentant a également signalé qu’une stratégie nationale de biodiversité a été élaborée, et qu’un projet de loi sur l’économie circulaire sera prochainement présenté devant le parlement andorran.

M. ALFREDO JERRY DOMINIQUE RATSIMANDRESY (Madagascar) a assuré que son pays reste engagé pour le succès de la Décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable (ODD), notamment dans le cadre de son mandat au Conseil économique et social (ECOSOC) pour 2021-2023.  Il a rappelé que Madagascar a présenté son deuxième Rapport national volontaire pour la mise en œuvre des ODD durant la session 2021 du forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Malgré la COVID-19, Madagascar entend poursuivre ses efforts de mise en œuvre des ODD, a assuré le représentant.  Un des objectifs du pays est d’instaurer une santé pour tous, en construisant des hôpitaux et des centres de santé de base dans toutes les régions et districts.  Nous venons de bâtir et d’inaugurer le plus grand stade de football de l’océan Indien, s’est-il par ailleurs enorgueilli, ajoutant que d’autres infrastructures sportives, notamment des stades, des gymnases et une académie nationale de sport de haut niveau, sont prévues.  À cela s’ajoute la construction d’une nouvelle ville, Tana-Masoandro, qui sera la vitrine de l’océan Indien, a fait valoir le délégué avant de mentionner aussi la modernisation du réseau de transport en commun reliant divers points de la capitale.

Sur le plan social, 2 500 000 personnes, soit 500 000 familles, ont bénéficié d’un transfert monétaire durant la crise de COVID-19.  Pour le représentant, cette crise qui perdure est une opportunité pour rectifier le tir, abandonner les initiatives isolées et privilégier le multilatéralisme en gardant à l’esprit la vision de « reconstruire en mieux tout en ne laissant personne de côté ».  Il a rappelé que pendant que le monde luttait contre la pandémie de la COVID-19, la crise climatique a aussi frappé de plein fouet.  Les tragédies climatiques se sont enchaînées, et il ne faut point perdre de vue la préservation de la nature et la protection de l’environnement, a-t-il conclu.

M. AHMED M. A. ABRAHEEM (Libye)a souligné qu’en dépit de ses difficultés, son pays avait veillé à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en incluant leurs cibles et indicateurs dans ses stratégies, plans et priorités nationales.

Poursuivant, il a indiqué que son gouvernement avait fait face à de grands défis du fait de l’instabilité politique et de la fragilité de la situation sécuritaire.  En effet, a-t-il fait observer, il n’y a nul développement durable sans sécurité et vice-versa, sans oublier les divisions dont souffrent les institutions de son pays.  De plus, a-t-il rappelé, l’économie de son pays est une économie de rente qui dépend du pétrole et du gaz, et en tant que tel, toute discontinuité dans de ce secteur se traduit par un handicap du moteur économique.

Le représentant est ensuite revenu sur les souffrances de son pays en raison de l’instabilité politique, citant les grandes vagues de migration illégale, le crime organisé et la traite des êtres humains.  Cette situation a contribué à l’aggravation des conditions sécuritaires, économiques, politiques et sociales dans son pays, a-t-il témoigné.  Dès lors, il a préconisé de se pencher sur les racines et causes de ces phénomènes, et non de s’arrêter aux seuls symptômes, en vue de parvenir à un véritable développement local dans les pays d’origine avec l’aide des pays de destination.

Mme EMILIJA MARINKOV (Serbie) a estimé que la réalisation des objectifs de développement durables (ODD) est aujourd’hui plus indispensable que jamais pour atteindre l’objectif d’un monde stable qui nous serve tous dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  La représentante a mis l’accent sur les initiatives de la Serbie pour obtenir les financements nécessaires à la mise en œuvre des ODD alors que l’Assemblée Nationale a créé un groupe de réflexion pour accélérer cette mise en œuvre.  La représentante a invité les organismes des Nations Unies à réexaminer la pertinence de leurs méthodes de travail afin de mieux répondre aux besoins des pays pour réaliser leurs objectifs de développement.

Elle a ajouté que la pandémie de COVID-19 nous rappelle que nous devons travailler main dans la main pour relever les anciens et nouveaux défis.  La représentante a indiqué que la Serbie avait été le premier pays à vacciner son corps diplomatique et qu’elle avait développé les technologies nécessaires pour produire au moins deux types de vaccin.  Mettant l’accent sur le défi des changements climatiques, elle a souhaité que le relèvement postpandémie soit l’occasion de développer des économiques plus vertes.  Elle a dit que la Serbie avait procédé à d’importants investissements pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

M. T.S. TIRUMURTI (Inde) a appelé la communauté internationale à se rassembler pour combattre la pandémie et construire un système résilient qui stimulera la reprise.  Il a constaté que les institutions internationales ont tardé à réagir mais ont fini par agir de manière plus coordonnée.  Selon lui, les technologies numériques ont déjà changé le jeu et leur utilité pour reconstruire en mieux en cette période ne fera qu’augmenter, avec un effet multiplicateur.  L’Inde les a déjà déployées afin d’assurer un développement inclusif, intégré et équitable.  Elle a comblé la fracture numérique par des solutions technologiques conçues pour autonomiser les citoyens.

La plateforme de fourniture de vaccins CoWIN de l’Inde a soutenu la campagne de vaccination et a été mise à disposition du monde comme un bien public.  Il faut garantir une équité vaccinale, a asséné le représentant.  Pour sa part, l’Inde a fourni une assistance médicale et des vaccins à de nombreux pays du monde et elle va renforcer sa capacité de production de vaccins indiens.

Au sujet des changements climatiques, le représentant a fait observer que l’Inde est le seul pays du G20 en voie d’atteindre les cibles de l’Accord de Paris.  La part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique atteint par exemple 38%.  Selon lui, l’ambition de parvenir à un monde à zéro émission nette devrait être fondée sur le principe d’une responsabilité commune mais différenciée et sur celui de l’équité.  Les pays développés devraient d’abord montrer qu’ils sont en voie d’atteindre leurs engagements pour 2030 avant de parler de 2050, a-t-il estimé.  En outre, la promesse de ces pays de fournir 100 milliards de dollars pour l’action climatique est loin d’être respectée.

Mme ALLA VOLSKA (Ukraine) a estimé que cette session doit être l’occasion d’examiner le problème de l’insécurité alimentaire en conjuguant les connaissances du passé et le développement scientifique d’aujourd’hui.  L’Ukraine a décidé de rejoindre des initiatives pour contribuer à la sécurité alimentaire au niveau mondial, a-t-elle indiqué, précisant que son pays a exporté des produits alimentaires, avant et pendant la pandémie.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’éliminer les obstacles aux échanges commerciaux, pour ensuite suggérer la création d’un mécanisme de prévention de l’insécurité alimentaire et d’alerte rapide en cas de menace à la sécurité alimentaire.

La représentante a également souligné l’importance de la numérisation dans le cadre du développement.  Elle a indiqué que presque la totalité des 70 services du pays sont accessibles en ligne.  Les Ukrainiens ne sont donc plus obligés de faire la queue, de perdre leur temps ou de subir la corruption.  En 2020 un certificat numérique pour les déplacés a été lancé et le Président de l’Ukraine vient par ailleurs de signer une loi portant création du plus grand centre de développement de l’informatique de l’Europe centrale et orientale.  Les services informatiques devraient représenter 12% de notre PIB dans quelques années, a-t-elle ajouté.

M. KUPKUMU (Sierra Leone) est revenu sur l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier pour les pays les moins avancés (PMA) où cette crise a entraîné un recul.  Le représentant a salué la communauté internationale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les Nations Unies pour avoir mis sur pied le Fonds de relance et de relèvement.  Il a réitéré la nécessité d’un soutien continu à l’ONU pour lui permettre d’aider les PMA à atteindre les ODD.  La Sierra Leone, a affirmé le représentant, continue d’appliquer des initiatives concrètes pour la croissance et la stabilité, grâce au Plan national de développement qui accorde la priorité au développement humain.  L’éducation y est à l’honneur, avec 20% des investissements publics pour assurer à tous les enfants gratuité et qualité de l’enseignement.  Mais, a fait observer le représentant, le déclin de l’aide publique au développement (APD) limite l’accès aux liquidités pour des pays, en particulier les PMA, qui ont déjà des problèmes de solvabilité.  Avant de conclure, il a fait remarquer que la pandémie a mis en évidence le caractère incontournable de la révolution numérique, et, par conséquent, il a demandé des moyens pour un transfert accéléré des technologies et le renforcement des capacités des PMA pour combler le fossé numérique.

M. AHMED HAMOOD FAISAL AL BUSAIDI (Oman)a affirmé partager la préoccupation de la communauté internationale au sujet de l’exploitation par Israël des ressources naturelles dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé, un point à l’ordre du jour de la Deuxième Commission.  Il a critiqué les dommages causés aux terres agricoles, aux vergers et aux ressources hydriques, en plus de la confiscation de terres, ce qui a considérablement affecté, a-t-il déploré, les capacités du peuple palestinien et de la population arabe des territoires occupés.

Dès lors, le représentant a appelé Israël, en tant que Puissance occupante, à cesser immédiatement de prendre toutes mesures et actions contraires au droit international, notamment le pillage des ressources naturelles dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé.

M. SONGELAEL W. SHILLA (Tanzanie) a réclamé des efforts coordonnés et l’équité vaccinale pour pouvoir relever les défis conjugués de la pandémie et du développement durable.  À cet égard, il a plaidé pour un système indépendant et apolitique de coordonnateurs résidents des Nations Unies, concentrés sur les priorités du développement durable des pays où ils travaillent.  Depuis 2015, a-t-il affirmé, la Tanzanie intègre le Programme 2030 dans tous ses plans de développement, ce qui lui a permis d’enregistrer une croissance économique « robuste » d’une moyenne de 6 à 7%, sauf pour l’année 2020 où elle a chuté à 4,9%, à cause de la pandémie de COVID-19.  En outre, plusieurs mesures d’atténuation et d’adaptation ont été prises contre les effets des changements climatiques, « l’un des plus grands défis de nos efforts de développement ».

Illustrant la détermination de son pays, le représentant s’est enorgueilli de ce que son pays, en collaboration avec d’autres parties prenantes, ait mis en place un système annuel de reboisement visant à planter 276 millions d’arbres pour constituer un puit de carbone.  Le Gouvernement est sur le point d’interdire le bois de chauffe et le charbon et s’efforce de connecter toute la population au réseau national d’énergie.  Grâce à une production qui est passée de 1 308 mégawatt à 1 602, entre 2015 et 2020, le taux d’accès à l’électricité a bondi de 67,8% à 78,4%.  La centrale hydroélectrique Julius Nyerere en construction devrait produire 2 115 mégawatt, réduire le coût de l’énergie et favorisera l’industrialisation.  Le représentant s’est aussi enorgueilli du succès des réformes qui ont permis de supprimer le chevauchement des mandats parmi les agences de réglementation et d’améliorer le climat des affaires grâce aux plateformes numériques.  La réforme du système fiscal a, quant à elle, attiré les flux d’investissements directs étrangers, s’est aussi réjoui le représentant.

Selon M. MUHABI JAMES LUNGU (Zambie), une des grandes valeurs du nouveau Gouvernement zambien est l’augmentation de la participation des femmes à la gouvernance du pays.  Il a fait savoir que la Zambie a intégré 75% des objectifs de développement durable (ODD) dans son septième plan de développement national ainsi que dans son huitième, le plus récent, courant de 2022 à 2027.

Le pays a enregistré de bons résultats dans le secteur de la santé, de l’éducation et de l’énergie.  Néanmoins, les défis demeurent nombreux, notamment la pandémie, qui a aggravé les inégalités, chamboulé les chaînes d’approvisionnement et les systèmes agricoles, en particulier dans les régions reculées.  Louant les initiatives de l’OMS et d’organisations partenaires visant à faire des vaccins un bien commun, il a indiqué que la Zambie a pour objectif de vacciner 70% de sa population d’ici au troisième trimestre 2022.  En outre, le Gouvernement redouble d’efforts dans sa lutte contre les informations mensongères et les préjugés ayant entraîné une hésitation vaccinale au sein de la population zambienne.

Enfin, concernant l’énergie, l’orateur a déclaré que le secteur privé pouvait engendrer des inégalités d’accès à l’énergie s’il exerçait trop d’influence.  La Zambie veillera donc à ce que ce secteur soit davantage contrôlé.

M. MOHAMED ABDIRAHMAN OMAR (Somalie) a insisté sur l’importance d’adopter des mesures en faveur de la jeunesse, faisant notamment observer que 70% de la population somalienne est jeune.  Il a indiqué que pour éradiquer la pauvreté, le Gouvernement a mené des réformes et élargi son assiette fiscale.  Le pays entend, en outre, préserver la biodiversité et améliorer la gouvernance environnementale, tout en plaçant les changements climatiques au cœur des préoccupations nationales.

M. ALI CHERIF (Tunisie) a relevé que la crise de la COVID-19 avait montré que la communauté internationale avait une destinée commune.  Elle a aussi montré que les mécanismes de coopération et les outils de résilience sont trop fragiles.  Plusieurs pays en développement doivent choisir entre réaliser les objectifs de développement durable (ODD) et se relever après la pandémie, a fait valoir le représentant.  Rappelant que la Tunisie avait présenté son deuxième rapport national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030 cette année, il a indiqué qu’elle s’était engagée à mettre en œuvre ce programme malgré les défis du terrorisme, des migrations et de la pandémie, entre autres.  La Tunisie s’attache à lutter contre la pauvreté et à assurer la sécurité alimentaire de manière prioritaire, a-t-il précisé, appuyant dans la foulée les résultats du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire tenu en septembre.  Le délégué a insisté sur l’impératif du renforcement de la coopération Sud-Sud et d’une architecture mondiale de lutte contre la corruption.  Il faut, en outre, s’engager à agir résolument contre les changements climatiques, a-t-il plaidé, émettant l’espoir que les résultats de la COP26 seront à la hauteur des attentes de la communauté internationale.

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a d’emblée plaidé pour que les vaccins contre la COVID-19 soient traités comme un bien public mondial.  Parallèlement à la pandémie, le représentant s’est également préoccupé de la menace existentielle des changements climatiques et de leur capacité à infliger des destructions encore plus importantes que celles du coronavirus.

Il a appelé à une action ambitieuse de réduction des émissions pour atteindre l’objectif de 1,5 degré Celsius, alertant du grand risque que courent les petits États insulaires en développement et les États à faible revenu.  Les changements climatiques ne sont pas un phénomène futur, mais actuel.  « Nous en ressentons les effets tous les jours. »

À quelques semaines de la COP26 à Glasgow, le représentant s’est inquiété du fait que l’engagement des pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique dans les pays en développement, n’a pas été respecté.  Il a espéré que cette question sera abordée lors de la COP26 et qu’elle ne restera pas sur la longue liste des engagements non tenus.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur du Saint-Siège, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a fait reculer de cinq ans la réalisation des objectifs de développement durable.  D’ici à 2030, la communauté internationale va devoir déployer des efforts énormes et concertés, a-t-il souligné, et il en va de même pour la mise en œuvre d’autres engagements cruciaux, tels que ceux énoncés dans le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Cadre de Sendai.

Pour s’en sortir et mieux se relever, la communauté internationale doit partir d’un sens renouvelé de la fraternité et de la solidarité et miser sur un véritable multilatéralisme, a estimé l’Observateur.  Il a notamment appelé à œuvrer ensemble pour remédier à la situation de ceux qui sont en « marge pharmaceutique » et de ceux qui continuent à endurer des souffrances et des morts inutiles.  C’est particulièrement le cas des vaccins qui doivent être mis à la disposition de tous et partout, a-t-il exigé, appelant par ailleurs à un examen de la fragilité et des insuffisances des systèmes économiques.

Indigné par le fait que les pauvres semblent être devenus presque invisibles, il a appelé à privilégier des modèles économiques centrés sur la personne et le bien commun et qui intègrent aussi des considérations environnementales.  Il a notamment insisté sur l’importance de la protection sociale, y compris pour le secteur informel et les migrants.  Le Saint-Siège souhaiterait, par ailleurs, voir plus de politiques et de programmes axés sur la famille, compte tenu du rôle primordial qu’elle a joué pendant la pandémie.

Pour ce qui est de la Deuxième Commission, le Saint-Siège a appelé à accorder une plus grande attention à la promotion et à la sauvegarde des mandats des différentes entités et forums des Nations Unies, et a dénoncé la tentative de certains de vouloir briser la division utile du travail entre les comités, commissions, réunions et processus, « transformant le tout en organes qui se concentrent sur un nombre limité de questions en litige ».  Plus précisément, a-t-il expliqué, alors que l’importance de respecter les droits de l’homme universels et la dignité humaine dans la promotion du développement humain intégral ne peut être surestimée, la spécificité de ces considérations relève davantage de la Troisième Commission.  Mgr Caccia a également appelé à ne pas perdre de vue le caractère intergouvernemental de la Deuxième Commission, arguant qu’il doit rester la pierre angulaire de ses travaux, y compris de toute délibération sur ses méthodes de travail.  Enfin, il a demandé que le fonctionnement de la Commission pendant la pandémie ne soit jamais utilisé pour modifier de facto son mandat, « qui est et doit continuer d’être la réalisation du développement durable sur ses trois volets intégrés et indivisibles ».

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Arménie a reproché à l’Azerbaïdjan sa rhétorique incendiaire.  Elle a notamment dénoncé ses menaces de recours à la force, mettant en péril la sécurité de la région et cherchant à isoler le Haut-Karabakh du reste du monde.

« L’agression » azérie de 2020 et la destruction d’infrastructures civiles ont été encouragées par un sentiment d’impunité, en violation de la souveraineté du territoire de l’Arménie, selon la délégation, qui a évoqué des « crimes de guerre ».

À son tour, l’Azerbaïdjan a dénoncé les « agressions » et les « attaques délibérées » des forces arméniennes, ayant provoqué de nombreuses victimes civiles, des destructions de maisons, ainsi qu’un « écocide ».  L’Azerbaïdjan n’a fait qu’utiliser son droit à la légitime défense, dans le respect total du droit international, alors que l’Arménie est coupable de « terrorisme environnemental » en exploitant illégalement les ressources naturelles de l’Azerbaïdjan, notamment ses ressources en eau, a affirmé la délégation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: le P5 affirme sa « responsabilité particulière » en matière de désarmement nucléaire, mais ses membres affichent leurs désaccords

Soixante-seizième session,
5e séance – matin
AG/DSI/3666

Première Commission: le P5 affirme sa « responsabilité particulière » en matière de désarmement nucléaire, mais ses membres affichent leurs désaccords

Dans un contexte de sécurité tendu, la poursuite et le renforcement du dialogue entre les membres du P5 –les puissances nucléaires « officielles au titre du Traité sur la non-prolifération- est essentiel à la stabilité stratégique, a affirmé aujourd’hui le représentant de la France, au nom du groupe, qu’elle préside depuis septembre 2020.  Mais au-delà d’un hommage à la « contribution essentielle au désarmement nucléaire et à la non-prolifération » apporté par le TNP, les puissances nucléaires qui ont pris la parole aujourd’hui ont surtout affiché leurs désaccords, amenant un État comme la Suisse à insister sur la nécessité de disposer d’un mécanisme de désarmement « qui fonctionne ».

Au quatrième jour du débat général de la Première Commission (chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale), les désaccords entre les grandes puissances nucléaires, déjà étalés la veille, se sont de nouveau manifestés à plusieurs reprises.  Certes, au nom du P5, la France a pu saluer le rôle du TNP, rappelé la nécessité de renforcer son troisième pilier consacré aux usages pacifiques de l’énergie atomique, mettre en avant la « responsabilité particulière » du P5 dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, afficher son soutien « aux objectifs » de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est et soutenir la négociation d’un traité multilatéral « non discriminatoire, internationalement et effectivement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles utilisées pour produire des armes nucléaires et d’autres dispositifs nucléaires explosifs » - le projet dit de FMCT.  Mais les déclarations et droits de réponse qui se sont ensuivis ont révélé de nombreux désaccords entre ces États, et pas seulement sur la question nucléaire.

Ainsi, en son nom et en celui de la Fédération de Russie, c’est sur la question des armes biologiques que la Chine s’en est prise aujourd’hui aux États-Unis, les accusant de rester « hors du cadre » de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines, à laquelle ils sont partie, et de mener dans leurs laboratoires ou ceux de pays alliés des activités « opaques ».  Ce qui a amené les États-Unis à répondre qu’eux rendaient public le nombre de leurs ogives nucléaires, contrairement à la Russie ou la Chine, reprochant en outre à la seconde de refuser de mettre en place le moratoire sur la production de matières fissiles, et à la première de mettre au point de nouveaux systèmes stratégiques qui pourraient s’avérer en contravention avec le Traité New START qu’États-Unis et Fédération de Russie viennent de proroger pour cinq ans.

Toujours dans le domaine des armes de destruction massive, de nouveaux appels ont été lancés à la République populaire démocratique de Corée pour qu’elle s’abstienne de tout nouvel essai nucléaire, et à l’Iran pour qu’il respecte pleinement le Plan d’action global commun et reprenne au plus vite les pourparlers de Vienne.

D’autres intervenants ont intimé à la Syrie de respecter ses obligations envers l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ce à quoi le représentant syrien a répliqué que son pays s’était « mis rapidement en conformité » avec la Convention sur l’interdiction des armes chimiques après y avoir adhéré en octobre 2013, tout en accusant l’OIAC d’être devenu un instrument politisé d’accusation tous azimuts contre la Syrie.  La Bolivie est venue rejoindre la liste des États qui avaient déjà accusé les jours précédents l’OIAC de politisation. 

C’est aussi la politisation trop fréquente des procédures du mécanisme de désarmement que la Suisse a déplorée, estimant qu’elle empêchait les États d’agir ensemble et de prendre des mesures préventives.

De manière plus positives, les « zones exemptes d’armes nucléaires » ont été souvent citées et saluées comme une contribution importante au désarmement et à la non-prolifération, les pays latino-américains ne manquant jamais de mettre en avant le rôle précurseur du Traité de Tlatelolco, qui avait mis en place la première d’entre elles.  Plusieurs pays arabes ont appelé à la mise en place d’une telle zone au Moyen-Orient, à l’image d’Oman ou du Liban.  Ce dernier pays a déploré qu’Israël, seul pays détenteur de l’arme nucléaire dans la région, ne soit pas signataire du TNP.

Enfin, la question des systèmes d’armes létaux autonomes a été abordée par plusieurs délégations qui se sont dites préoccupées par les dilemmes éthiques, moraux et juridiques considérables qu’ils posaient, à l’instar de l’Irlande et de la Suisse.  Rappelant sa candidature à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024, cette dernière a dit avoir l’intention d’y promouvoir sa propre stratégie de maîtrise des armements en cours d’élaboration et s’est prononcée pour le maintien d’un contrôle humain en dernier ressort sur les systèmes d’armes létaux autonomes, en raison des menaces qu’elles font peser sur le droit international humanitaire.

La séance a été marquée par l’exercice de nombreux droits de réponse de la part de l’Iran, des États-Unis, de la République populaire démocratique de Corée, de la Fédération de Russie, de l’Arabie saoudite, de l’Arménie, de la Chine et de l’Azerbaïdjan.

Demain, vendredi 8 octobre, à 10 heures, la Première Commission tiendra un débat virtuel par visioconférence avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, qui sera suivi d’un dialogue entre les délégations et des organisations non gouvernementales.  Elle reprendra son débat général lundi 11 octobre à 10 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. YANN HWANG (France), au nom des cinq puissances nucléaires au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires –le P5: Chine, États-Unis, Fédération de Russie, Royaume-Uni et France-, a réaffirmé que, 50 ans après son entrée en vigueur, le TNP avait apporté une contribution essentielle au désarmement nucléaire et à la non-prolifération.  La France a succédé au Royaume-Uni en tant que coordonnatrice du P5 en septembre 2020, a rappelé le représentant, qui a expliqué que ses membres attachaient une grande importance au dialogue sur les doctrines et les politiques nucléaires comme moyen de renforcer la prévisibilité, la confiance et la compréhension mutuelle.

M. Hwang a affirmé que le P5 soutenait la négociation d’un traité multilatéral non discriminatoire, internationalement et effectivement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles utilisées pour produire des armes nucléaires et d’autres dispositifs nucléaires explosifs.  Il a également réaffirmé son soutien aux objectifs de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est ainsi que sa volonté d’approfondir les échanges avec les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) concernant le Traité de Bangkok.  Le P5 rappelle en outre la nécessité de renforcer le troisième pilier du TNP, consacré aux usages pacifiques de l’énergie nucléaire.  Il considère par ailleurs qu’il a une responsabilité particulière dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. Hwang a conclu en expliquant que, dans un contexte de sécurité tendu, la poursuite et le renforcement du dialogue entre les membres du P5, ainsi qu’entre États dotés et non dotés, était essentiel à la stabilité stratégique. 

M. GENG SHUANG (Chine), s’exprimant également au nom de la Fédération de Russie, a lu une déclaration commune aux deux pays à propos de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.  Il a notamment indiqué que, pour les deux pays, la Convention représentait un pilier essentiel de la paix et de la sécurité internationale et, qu’à ce titre, ils étaient déterminés à maintenir son statut et sa portée.  La Fédération de Russie et la Chine appellent à consolider le socle de la Convention en la complétant d’un protocole juridiquement contraignant assorti de mécanismes de vérification efficaces.  Évitons de multiplier les dispositifs et créons plutôt des normes opérationnelles pour renforcer en particulier le mécanisme d’enquête existant prévu en cas de violations, a ajouté le représentant. 

M. Geng a ensuite déploré que les États-Unis persistent à rester hors du cadre de la Convention alors que les risques augmentent, liés à la nature à double usage des produits biologiques issus des progrès rapides de la science et des technologies du vivant.  Il a pointé du doigt les nombreux laboratoires américains et de leurs alliés qui se livrent à des activités qu’il qualifiées d’opaques.  La Chine et la Russie leur lancent un appel à la transparence, a dit le représentant, soulignant l’importance de transmettre des informations claires via les rapports soumis à la Convention, rapports qui sont de véritables mesures de confiance

M. ANTONIOS PAPAKOSTAS (Grèce) a déclaré attendre avec impatience les délibérations de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), qui doit se tenir en janvier 2022.  Il a expliqué que la Grèce accordait une grande importance à la mise en œuvre rigoureuse des normes de sûreté et des documents d’orientation de l’AIEA en matière de sécurité nucléaire.  Il a de plus vivement encouragé les États qui ont choisi l’énergie nucléaire dans leur bouquet énergétique à divulguer leurs rapports dans un esprit de transparence.  Un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires (FMCT), associé à l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), constituerait la meilleure façon d’avancer, a-t-il ajouté.

Le Représentant a déclaré que la prochaine Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines, en 2022, constituerait un test décisif pour l’avenir de la coopération internationale et la pertinence continue des traités de désarmement internationaux.  Il a conclu en expliquant que, dans le domaine du désarmement conventionnel, le monde assistait à des avancées par étapes, représentatives d’un dialogue constructif et progressif. 

Mme ALIA AHMED BIN SAIF AL-THANI (Qatar) a rappelé l’émergence et la persistance des conflits armés dans de nombreux pays du monde et a encouragé la communauté internationale à faire plus pour la paix et la stabilité des sociétés.  Concernant la propagation des armes y compris les armes, nucléaires, chimiques, biologiques et autres armes de destruction massive, la représentante a appelé au désarmement à tous les niveaux, pour lutter contre l’intensification des menaces contre l’humanité.  Elle a souligné l’importance d’adhérer à tous les accords et traités relatifs au désarmement afin de parvenir à la paix et à l’espoir.

M. JIM KELLY (Irlande) a déclaré qu’aucun État ni aucune organisation internationale ne serait en mesure de faire face de manière adéquate aux conséquences catastrophiques et humanitaires de la détonation d’une arme nucléaire.  Le TNP reste la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération, a-t-il rappelé, ajoutant que son article VI, ainsi que les résultats des consensus passés, fournissaient un cadre pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, dont la mise en œuvre n’a que trop tardé. 

Plutôt que d’entraver les progrès en matière de désarmement, comme certains le prétendent, les défis actuels en matière de sécurité mondiale renforcent la nécessité d’une action immédiate, a poursuivi M. Kelly.  L’Irlande a expliqué le représentant, soutient fermement le Plan d’action global commun et demande instamment à toutes les parties à l’Accord de retourner à Vienne pour conclure les pourparlers, une coopération totale avec l’AIEA étant essentielle pour que la communauté internationale ait confiance dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.  M. Kelly a également déploré les activités nucléaires et balistiques actuelles de la République populaire démocratique de Corée, qui représentent une menace sérieuse.

S’attaquer aux effets très divers de l’utilisation d’armes explosives dans les zones habitées est une priorité absolue pour l’Irlande, a poursuivi M. Kelly.  Lors de la Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques, l’Irlande soutiendra en outre l’universalisation de la Convention et de ses protocoles.  M. Kelly s’est enfin dit préoccupé par les dilemmes éthiques, moraux et juridiques considérables que posait le développement de systèmes d’armes létaux autonomes.

Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) s’est inquiétée de l’émergence de nouvelles technologies appliquées aux armes des destruction massive.  Face aux insuffisances de l’architecture internationale de désarmement, la représentante a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeurait la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement.  La représentante s’est dite vivement préoccupée par les mesures prises par l’Iran ces derniers temps avant d’exhorter ce pays à revenir aux fondamentaux d Plan d’action global commun.  Elle a aussi jugé inacceptable que la République populaire démocratique de Corée soit dotée de l’arme nucléaire.

Face à la triste réalité de récentes utilisations d’armes chimiques, la représentante des Pays-Bas a dit la nécessité de protéger l’intégrité de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Elle a noté par ailleurs que la pandémie de COVID-19 avait mis en évidence les risques potentiels liés aux armes biologiques.  Elle s’est aussi inquiétée de l’avancée rapide des technologies qui viennent aggraver les risques de prolifération, de tensions et conflits. 

Mettant l’accent sur une utilisation responsable du cyberespace, la représentante des Pays-Bas a salué les contributions du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.  Elle a aussi jugé indispensable une démarche multilatérale pour établir un cadre de prévention face au développement des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA).  En tant que « défenseur de longue date de la lutte contre les mines antipersonnel et cette année en tant que Président de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel », les Pays-Bas appellent tous les États à adhérer à cette convention, a encore déclaré Mme Brandt. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, jugeant qu’il contribuerait sans aucun doute possible à débarrasser la planète de ces armes qui posent une menace existentielle au monde.  Il a indiqué que les autorités de son pays n’avaient pas pu le ratifier cette année en raison « du coup d’État commis par l’armée ».  Il a également annoncé que le projet de résolution de sa délégation sur le désarmement, projet qui est soumis annuellement depuis 1995, sera de nouveau proposé pour une adoption par consensus.  Les mesures concrètes que suggère ce texte aux États dotés et non dotés en faveur du désarmement nucléaire jouissent d’un large appui de la part de la Commission, a-t-il rappelé.  Enfin, le représentant a exhorté les pays producteurs et fournisseurs d’armes à mettre fin à leurs ventes à l’Armée du Myanmar, le gouvernement civil ne pouvant en contrôler le stockage et en empêcher les usages criminels contre le peuple.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que le TNP était la pierre angulaire des efforts communs en matière de désarmement, de non-prolifération et d’utilisation pacifique du nucléaire.  En tant que membre de l’Initiative de Stockholm, la Norvège se réjouit du nombre croissant d’États parties au TNP qui s’alignent sur les recommandations de cette dernière.  La représentante a de plus souhaité l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ainsi que la négociation et la conclusion d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.

Mme Juul s’est déclarée gravement préoccupée par les efforts continus de la République populaire démocratique de Corée pour développer des armes de destruction massive et a demandé au pays d’abandonner ses programmes nucléaire et balistique.  Elle a ensuite déploré le manque de coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et a demandé au pays de se conformer pleinement au Plan d’action global commun.

La représentante a salué la décision de la Fédération de Russie et des États-Unis de prolonger le Traité New START et de reprendre le dialogue stratégique sur la stabilité.  Elle s’est en revanche dite consternée face au refus de la Fédération de Russie de répondre aux appels à une enquête approfondie et transparente sur la tentative d’assassinat d’Alexei Navalny.  Elle s’est en outre dite profondément préoccupée par l’incapacité persistante de la République arabe syrienne à répondre aux questions en suspens depuis sa déclaration initiale sur son programme d’armes chimiques.

La Norvège reste engagée en faveur de la prévention d’une course aux armements dans l’espace, afin d’y maintenir un environnement pacifique, sûr, stable, sécurisé et durable, accessible à tous.  Par conséquent, elle soutient la création d’un groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable des États, comme le propose le Royaume-Uni.  La représentante a conclu en soulignant l’importance d’inclure une perspective de genre dans tous les efforts de contrôle des armes, et a dit soutenir l’intégration du programme pour les femmes, la paix et la sécurité dans ce domaine.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est inquiétée de constater que les dépenses d’armement mondiales ont atteint leur plus haut niveau depuis des décennies alors que de nouveaux types d’armes font peser le risque d’une course technologique aux armements.  « Dans cette perspective, la Suisse développe actuellement sa première stratégie de maîtrise des armements pour les années 2022-2025 », a expliqué Mme Baeriswyl avant de préciser que la Suisse, candidate à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024, souhaite y promouvoir cette stratégie. 

Mettant l’accent sur « trois considérations clefs », la représentante a d’abord souligné la nécessité de promouvoir la stabilité et l’atténuation des risques face à une détérioration de la sécurité internationale liée aux développements technologiques et un affaiblissement de l’architecture de la maîtrise des armements.  La Suisse, dans le cadre de l’Initiative de Stockholm, a proposé un programme d’atténuation des risques pour la prochaine Conférence d’examen du TNP, a expliqué la représentante, qui s’est en outre félicitée que les États-Unis et la Russie aient prorogé le Traité New START et aient amorcé un dialogue sur la stabilité stratégique. 

Deuxièmement, pour la Suisse, le maintien et le renforcement d’un ordre international fondé sur les règles « est une tâche urgente ».  Mme Baeriswyl a souhaité que les instruments et normes existants soient maintenus, intégralement mis en œuvre, respectés et, si nécessaire, universalisés.  Dans ce contexte, elle a estimé que la prochaine Conférence d’examen du TNP devait être l’occasion de réaffirmer les engagements antérieurs.  De même, aux fins de préserver les bénéfices du Plan d’action global commun, la Suisse juge essentiel un retour rapide à sa mise en œuvre intégrale par toutes les parties, y compris l’application provisoire du Protocole additionnel, l’application de toutes les mesures de transparence prévues, et une reprise immédiate d’une collaboration entière et constructive avec l’AIEA.

La représentante a mis en avant la question des systèmes d’armes létaux autonomes, pour lesquels des règles et mesures sont nécessaires, afin d’assurer un contrôle humain sur ces systèmes qui ne peuvent être utilisés conformément au droit international humanitaire.  Elle a par ailleurs salué la proposition de créer un groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique avant d’appeler à développer le cadre normatif existant relatif à l’utilisation du cyberespace. 

Enfin, pour assurer la mise en œuvre des normes existantes et, lorsque nécessaire, le développement de nouvelles normes, la Suisse a insisté sur la nécessité de disposer d’un mécanisme du désarmement qui fonctionne.  « Trop souvent les procédures de notre mécanisme sont politisées, nous empêchant d’agir ensemble et de prendre des mesures préventives », a-t-elle déploré, avant d’appeler à développer des solutions innovantes avec tous les acteurs clefs, dont la société civile, le monde académique et, lorsqu’approprié, l’industrie.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a déclaré que, contrairement à ce qu’affirment les doctrines officielles, la dissuasion faisait le lit de l’escalade.  C’est pourquoi nous restons convaincus que l’élimination totale des armes nucléaires et autres armes de destruction massive offre la seule garantie effective de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que son pays fait partie d’une région qui a établi la première zone exempte d’armes nucléaires, Trinité-et-Tobago faisant, dans ce contexte, preuve d’un engagement de longue date pour le renforcement du régime multilatéral de non-prolifération.  M. Francis s’est en outre réjoui de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des armes nucléaires au début de cette année et a assuré que son pays participerait activement à la première réunion des États parties, qui se tiendra en 2022.

Concernant les armes classiques, M. Francis a souligné le plein engagement de son pays dans la mise en œuvre des instruments onusiens du désarmement en la matière.  Notre gouvernement réaffirme l’importance de promouvoir le rôle des femmes à tous les niveaux du désarmement, de la non-prolifération et le contrôle des armements, a-t-il encore souligné.

Mme NATASCIA BARTOLINI (Saint-Marin) s’est dite très préoccupée par l’érosion de l’architecture de désarmement et de non-prolifération, en particulier par le risque de prolifération des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires.  « Les risques d’escalade et d’erreur de calcul augmentent », a-t-elle insisté avant de souligner les conséquences humanitaires catastrophiques d’une éventuelle explosion nucléaire.  Face à ce constat, elle a jugé essentiel que les États Membres se réengagent fermement à faire avancer le programme de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  

La représentante s’est inquiétée que 25 ans après l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la perspective de son entrée en vigueur ne soit toujours en vue.  Elle a espéré que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP) en 2022 se traduirait par un résultat positif.  « Saint-Marin se félicite de la prorogation du nouveau Traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie et du dialogue bilatéral en cours pour la future maîtrise des armements », a-t-elle par ailleurs ajouté, avant de souligner que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) représentait une étape historique et prouvait que la majorité des pays soutenait une interdiction totale des armes nucléaires.  Mme Bartolini a aussi rappelé que l’utilisation d’armes chimiques ou biologiques par qui que ce soit, à tout moment et en toutes circonstances, était tout simplement inacceptable.

Par ailleurs, Mme Bartolini a dénoncé l’impact dévastateur et aveugle sur les civils de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées avant d’appeler toutes les parties à s’abstenir d’utiliser ces armes dans ces zones et à se conformer pleinement au droit international humanitaire.  « L’utilisation abusive du cyberespace est également très préoccupante », a-t-elle dit, avant d’ajouter que la cybercriminalité constituait l’une des menaces à la sécurité internationale qui se développe le plus rapidement.  Elle a jugé essentiel de soutenir un comportement étatique responsable dans le cyberespace, où l’état de droit, les droits de l’homme et les libertés fondamentales doivent être respectés et mis en œuvre.

Mme SARA AlVARADO (Pérou) a déclaré que le monde se trouvait plongé dans un scénario d’incertitude où persistaient les sources de conflits et les menaces pour la paix et la sécurité internationales, encore accrues en raison de la crise sanitaire mondiale.  Dans ce monde instable où les armes nucléaires constituent à nouveau une menace pour la paix, une action régionale concertée visant à établir des zones exemptes d’armes nucléaires et des zones de paix revêt une importance vitale, a ajouté la représentante.

Mme Alvarado a rappelé que la région d’Amérique latine et des Caraïbes avait été pionnière dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires par le Traité de Tlatelolco, qui a ensuite servi d’inspiration à quatre autres zones exemptes d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Asie centrale et sur le territoire de la Mongolie, regroupant au total 116 États et couvrant plus de 50% de la surface de la planète.  En outre, le Pérou appuie l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

La représentante a considéré qu’il était nécessaire d’adopter un instrument juridiquement contraignant afin de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), ainsi que l’Instrument international de traçage (ITI).  Par ailleurs, le Pérou se félicite du lancement prochain des travaux du nouveau groupe de travail à composition non limitée en vue d’atteindre un instrument juridiquement contraignant qui, a-t-il estimé, nous permettra de parvenir à un cyberespace ouvert, sûr et pacifique. Enfin, Mme Alvarado a déclaré qu’un équilibre était nécessaire entre les ressources allouées aux dépenses militaires et celles allouées au développement

M. VADIM GUSMAN (Azerbaïdjan) a appuyé tous les efforts de désarmement et de non-prolifération.  Il a précisé que l’Azerbaïdjan, en tant qu’État partie à tous les traités pertinents de désarmement, appuyait les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), lesquels doivent être mis en œuvre de manière équilibrée.  L’objectif du désarmement est de garantir la paix et la stabilité, a insisté le représentant, avant de souligner la valeur ajoutée des mécanismes régionaux de désarmement en matière de promotion de la confiance.

Mettant l’accent sur le récent conflit de son pays avec l’Arménie, le représentant de l’Azerbaïdjan a affirmé que son pays avait dû lancer une contre-offensive le 27 septembre 2021 en réponse à une agression de l’Arménie.  Il a ajouté que l’Azerbaïdjan avait fait usage de droit de légitime défense, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  M. Gusman a en outre dénoncé l’utilisation indiscriminée de la force par les forces arméniennes contre des zones densément peuplées en Azerbaïdjan, qui ont fait plus de 400 morts parmi les civils.  Il a dénoncé « l’agressivité de l’Arménie » avant de préciser que les mines antipersonnel disposées par l’Arménie continuaient de tuer des civils innocents en Azerbaïdjan, avant de demander aux dirigeants arméniens de remettre à son gouvernement une carte localisant ces mines.

« Après trois décennies de conflits entre nos deux pays », le représentant a affirmé que la seule priorité du Gouvernement de l’Azerbaïdjan était aujourd’hui la reconstruction des infrastructures, afin de garantir une bonne qualité de vie aux populations qui vont pouvoir rentrer chez elles.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a expliqué que le désarmement était un instrument de prévention des conflits et a souhaité que les travaux visant à créer de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires se poursuivent en mobilisant le plus grand nombre.  Revenant sur le lien entre désarmement et développement, il a expliqué que, malgré les nombreuses preuves indiquant que l’accumulation excessive d’armes détournait les ressources nécessaires au développement et alimentait les conflits armés et la violence, la course aux armements ne ralentissait pas.  Il a d’ailleurs appelé au respect des dispositions de l’Article 26 de la Charte des Nations Unies qui reconnaît le désarmement comme condition préalable au développement. Il existe un lien étroit entre le désarmement et la réalisation de l’objectif 8 de développement durable, relatif à la promotion d’un travail décent et de la croissance économique, a-t-il ajouté.

Le Cameroun soutient l’objectif d’une réduction significative du trafic illicite d’armes, y voyant le reflet de l’importance de la maîtrise des armes pour promouvoir la paix et la sécurité.  Afin de trouver des solutions durables et cohérentes mettant l’accent sur le problème du contrôle des armes légères, véritables armes de destruction massives, M. Nyanid s’est dit favorable au renforcement des capacités institutionnelles des États à prévenir la violence, le terrorisme et la criminalité.  L’éducation en matière de désarmement, qui promeut une culture de la paix et la non-violence, est d’une importance certaine, a poursuivi M. Nyanid.  Le représentant a conclu en disant sa conviction que l’investissement dans le désarmement et la maîtrise des armes était direct à long terme dans la paix et la sécurité et, donc, dans le développement durable.

M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a déclaré que le renforcement des mécanismes multilatéraux de contrôle des armes, de désarmement et de non-prolifération était essentiel au maintien de la sécurité et de la stabilité mondiales.  Il a rappelé que le Tadjikistan faisait partie des cinq pays d’Asie centrale qui avaient créé une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et s’est déclaré convaincu que la création de telles zones était essentielle pour promouvoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération, la paix et la sécurité aux niveaux régional et mondial.  La menace de la prolifération nucléaire reste une source de préoccupation sérieuse, a insisté le représentant, expliquant que le Traité sur la non-prolifération restait sans aucun doute une pierre angulaire de l’architecture de sécurité internationale et du régime de non-prolifération mondial.  Il a appelé à la mise en œuvre des dispositions du TNP, ainsi qu’à l’application rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. HikmatJonibek a dit attacher une grande importance à la mise en œuvre efficace de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, et soutenir le rôle de premier plan joué par les Nations Unies dans la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Il s’est enfin félicité du lancement du processus de négociation dans le format du Groupe de travail à composition non limitée des Nations Unies sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Mme RUTH HILL (Australie) a soutenu la prise de mesures pragmatiques pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  L’implication de la Chine au dialogue stratégique bipartite entre Russes et Chinois est nécessaire pour ouvrir une nouvelle ère de transparence dans la vérification du désarmement et de la non-prolifération nucléaire, a-t-elle ajouté. 

La représentante a ensuite estimé que les installations nucléaires non déclarées de l’Iran constituaient une violation du Plan d’action conjoint, et que la République populaire démocratique de Corée devait prendre sans délais des mesures claires de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de son appareil militaire.  Mme Hill a en outre déclaré que les auteurs d’attaques chimiques en Syrie devraient répondre de leurs actes devant des tribunaux internationaux, la Syrie devant pour l’heure respecter ses obligations envers l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Après avoir plaidé pour une féminisation accrue des activités de désarmement à l’ONU, la représentante a assuré que son pays poursuivait le combat auprès de la Conférence du désarmement à Genève.  Concernant le programme de modernisation des sous-marins de son pays, la représentante a assuré que son gouvernement travaillait main dans la main et de manière constructive avec l’Agence internationale de l'énergie atomique.

M. AHMED DAWOOD ALI AL ZADJALI (Oman) a déclaré être favorable aux relations amicales et à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, ainsi qu’au règlement des différends par des moyens pacifiques en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Oman attache en outre la plus haute importance aux traités internationaux dans le domaine du désarmement, parmi lesquels figurent le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Traité sur les armes biologiques, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le Traité d’interdiction des armes chimiques.

Le représentant a réaffirmé son soutien à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et chimiques et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a de plus affirmé le droit légitime des États parties, sans exception, d’obtenir des matières, équipements et technologies nucléaires à des fins pacifiques, conformément aux dispositions du TNP et dans le cadre des normes et contrôles supervisés par l’Agence internationale pour l’énergie atomique.

Pour le représentant, le monde est à un tournant historique des relations internationales.  L’interdépendance, la compréhension et la coopération constructive sont le moyen de passer du stade de l’instabilité au stade de la coopération et du renforcement de la confiance, afin d’aboutir à un monde exempt de menaces, a-t-il conclu.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a notamment estimé nécessaire que, tant qu’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires ne sera pas conclu, tous les États respectent le moratoire en vigueur sur les matières fissiles.  Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée à s’abstenir de toute provocation et à prendre des mesures concrètes de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de son appareil militaire, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  Après avoir appuyé les travaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et condamné les attaques chimiques de l’aviation syrienne, il a invité instamment la Russie à faire toute la lumière sur l’affaire Nalvany.  Améliorer la biosûreté et la biosécurité est un élément essentiel du mécanisme de désarmement de demain, alors que se multiplient les progrès de la science et des technologies ayant un double usage potentiel, a également fait valoir le représentant.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé qu’il y a 75 ans, la création des Nations Unies avait pour objectif de débarrasser le monde de la menace nucléaire et a déploré que le régime de contrôle des armes nucléaires soit aujourd’hui au plus bas.  La représentante a insisté sur le fait que certains pays avaient augmenté leur armement nucléaire en infraction avec le TNP, tout en relevant deux signes d’espoir: la prolongation de cinq ans du Traité New START par la Fédération de Russie et les États-Unis ainsi que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier dernier.

Mme Mudallali a mis en avant l’importance de la prochaine Conférence d’examen de la TNP afin de promouvoir la dénucléarisation et en a profité pour souligner la nécessité de progresser vers l’élimination des armes nucléaires.  Elle a de plus souligné l’importance de la zone d’exemption nucléaire au Moyen-Orient et a déploré qu’Israël, seul pays détenteur de l’arme nucléaire dans la région, ne soit pas signataire du TNP.  Israël doit se conformer aux normes internationales, a-t-elle insisté.

Le Liban est engagé dans la Convention sur les armes à sous-munitions, a en outre rappelé Mme Mudallali qui a insisté sur la nécessité de l’universalisation de ce Traité.  La représentante a conclu en mettant en avance l’importance de préserver le cyberespace de la course aux armements.

M. CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a déclaré que l’accumulation d’armes légères et de petit calibre pesait tout particulièrement sur la sécurité des femmes, y compris en Afrique.  C’est en ce sens qu’il a appelé à l’universalisation du Traité sur le commerce des armes, appelant les pays producteurs et exportateurs d’armes de s’engager plus en avant dans la mise en œuvre équilibrée de cet instrument.

Mme WANG SHUO (Singapour) a mis en avant l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant que pierre angulaire du régime international de désarmement et de non-prolifération.  La représentante a dit espérer que la dixième Conférence d’examen du TNP se traduirait par des efforts conjoints en vue de solutions communes.  Alors que vient d’être célébré le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), Mme Shuo a exhorté tous les États Membres, particulièrement ceux figurant à l’Annexe 2 du Traité, à le ratifier.

La représentante a aussi exhorté les États Membres à poursuivre les discussions sur l’élaboration de normes internationales pour le transfert d’armes classiques afin de mettre fin à leur commerce illicite et de réglementer les stocks.  Elle a réitéré le soutien de Singapour aux efforts visant à promouvoir une plus grande transparence dans les armements, tels que des rapports réguliers sur les transferts internationaux d’armes et les politiques de contrôle des armements.

Les Nations Unies doivent jouer un rôle de premier plan dans le développement de « cybernormes internationales », a encore déclaré Mme Shuo, qui a par ailleurs plaidé en faveur d’une utilisation exclusivement pacifique de l’espace extra-atmosphérique en appelant à éviter la militarisation de ce « bien commun mondial ».

MEMET MEVLÜT YAKUT (Turquie) a déclaré que son pays saluait la prorogation du Traité New START et a noté que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires restait essentiel au régime multilatéral de non-prolifération.  Il a condamné l’utilisation répétée d’armes chimiques en Syrie, qu’il a qualifiée de crimes contre l’humanité.  Sur les armes classiques, il a rappelé l’attachement à la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa et la Convention sur les armes à sous-munitions, toutes deux comportant une importante dimension humanitaire.

M.  AGUSTIN SANTOS MARAVER (Espagne) a dit que l’extension du traité New START et la reprise des pourparlers de stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie offrent la perspective d’un nouveau cadre de contrôle des armements nucléaires, couvrant tous les vecteurs et tous les types d’armes.  Il a réaffirmé la centralité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui a permis d’importantes avancées en matière de désarmement, de non-prolifération et de promotion des utilisations pacifiques de la technologie nucléaire.  « L’Espagne est attachée à l’Initiative de Stockholm, capable de rassembler différentes sensibilités et de jeter des bases solides pour pouvoir avancer de manière décisive vers un désarmement nucléaire général, complet et irréversible », a insisté Santos Maraver.  Il a aussi réitéré le ferme attachement de l’Espagne à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), avant de saluer la reprise des négociations pour l’adoption d’un traité interdisant la production de matières fissiles.  Il a appuyé la tenue d’une nouvelle session de la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant de qualifier le Plan d’action global entériné par la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, de contribution fondamentale au régime international de non-prolifération nucléaire et à la stabilité régionale. Dans ce contexte, le représentant de l’Espagne a appelé l’Iran à honorer leurs engagements et à reprendre les pourparlers de Vienne dès que possible.

S’inquiétant de l’évolution de la situation en Corée du Nord, le représentant a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, à s’abstenir de nouveaux essais nucléaires et à parier sur le dialogue en vue de leur dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  L’Espagne a aussi réitéré sa condamnation la plus ferme de toute utilisation d’armes chimiques en saluant « le travail extraordinaire de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en réponse à l’utilisation de ce type d’armes dans le conflit en Syrie.  Notant que l’impact de la pandémie s’est armé d’arguments en faveur du renforcement du cadre de la Convention sur l’interdiction des armes bactériologiques ou à toxines, le représentant espagnol a souhaité que la prochaine et neuvième Conférence d’examen de cette convention, soit l’occasion d’adopter des mesures concrètes et pratiques, telles qu’un protocole de vérification efficace.  En outre, il a mis l’accent sur le renforcement des capacités pour aider les États à mettre en œuvre le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action de l’ONU contre la prolifération des armes légères. 

M.DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a expliqué que son pays avait le privilège d’être membre d’une région déclarée zone de paix et que, forte de ce statut, la Bolivie s’opposait à toute modernisation et perfectionnement des armes existantes.  Il a ajouté que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était un élément fondamental du désarmement et de la sécurité internationale, et a dit espérer que la dixième Conférence des États parties se tiendrait comme prévu et permettrait d’avancer.  Le représentant a salué l’Accord conclu entre la Fédération de Russie et les États-Unis pour proroger le Traité New START.  Il a en outre rejeté de manière catégorique l’utilisation d’armes chimiques et salué les travaux réalisés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans ce domaine, en souhaitant qu’ils puissent se poursuivre sans être politisés.

« Nous voulons empêcher la militarisation de l’espace extra-atmosphérique » a par ailleurs affirmé le représentant, qui s’est ensuite inquiété des possibles effets des progrès scientifiques sur la sécurité internationale.  Pour la Bolivie, ces progrès ne doivent pas se traduire par de nouvelles menaces pour la sécurité des États.  M. Diego a également mis en avant l’importance de l’ancien groupe de travail à composition non limitée sur la cybersécurité et a rappelé que la pandémie avait démontré que les défis internationaux ne pouvaient être relevés qu’à travers la coopération internationale.

Mme MAKARABO HYCINTH MOLOELI  (Lesotho) s’est dite préoccupée par l’impasse dans laquelle se trouve le mécanisme de désarmement des Nations Unies.  L’incapacité de la Conférence des Nations Unies sur le désarmement à réaliser des progrès substantiels a sans aucun doute mis en péril la crédibilité de cet organe, a-t-elle regretté.  La représentante a reconnu les quelques progrès réalisés récemment avec la ratification et l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Mais il reste beaucoup à faire, notamment de la part des États dotés d’armes nucléaires, a-t-elle estimé, évoquant le stock massif d’armes nucléaires existant ainsi que la modernisation de ces armes.

Le plein respect des dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est essentiel pour notre programme de désarmement nucléaire, a ensuite poursuivi Mme Moloeli.  La représentante a rappelé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’était toujours pas entré en vigueur, appelant les États qui se sont engagés à le ratifier à le faire réellement.  

Malgré l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, les armes conventionnelles continuent de nous infliger des souffrances indicibles, a également déploré Mme Moloeli, pour qui la mise en œuvre complète du programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre est d’une importance capitale.

LESLIE NORTON (Canada) a déclaré qu’il était profondément préjudiciable à la communauté internationale et à l’humanité dans son ensemble que si peu de progrès aient été accomplis vers un désarmement nucléaire mondial.  Le Canada accueille donc favorablement la prorogation du Traité New START ainsi que l’annonce d’un dialogue stratégique entre la Fédération de Russie et les États-Unis.  Le représentant a en outre mentionné une résolution qui sera présentée par son pays et vise à entamer les négociations d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.  Nous continuerons également à plaider en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il ajouté.

L’adhésion aux principaux accords internationaux sur les armes conventionnelles favorise la stabilité et la coopération, et protège activement les civils contre les conflits armés, a poursuivi M. Norton.  Le représentant a encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à la Convention sur certaines armes classiques et à ses protocoles, à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, à la Convention concernant les armes à sous-munitions et au Traité sur le commerce des armes.

Enfin, le Canada accorde une grande importance à la préservation de l’utilisation pacifique et durable de l’espace extra-atmosphérique pour toutes les nations.  Il accueille favorablement l’élaboration de normes internationales en matière de comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique, notamment la création d’un groupe de travail à composition non limitée proposée dans la résolution intitulée « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable ».

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a déploré le refus d’Israël, « protégé par les États-Unis », de répondre aux appels de tous les États à renoncer à son arsenal d’armes de destruction massive, un comportement qui, à ses yeux, sape le régime de non-prolifération.  Il a également condamné le recours aux armes chimiques, raison pour laquelle la Syrie « s’est mise rapidement en conformité avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».  Malheureusement, la politisation de cette Organisation a abouti à en faire un instrument d’accusation tous azimuts de la Syrie, la prenant pour cible dans tous ses mécanismes, a dénoncé le représentant.  M.  Sabbagh a affirmé que son pays avait adressé des centaines de lettres aux différents organes de l’ONU contenant des informations importantes sur l’utilisation sur son sol de toxines par des groupes terroristes étrangers.  Or, ces communications de la Syrie n’ont jamais été utilisées avec sérieux, a-t-il regretté.

Droits de réponse

La République islamique d’Iran a réagi à certaines accusations faites à son encontre par certains pays européens et l’Arabie saoudite.  La réalité c’est que l’Iran a respecté ses obligations au titre du Plan d’action global commun, a affirmé le représentant, alors que d’autres pays partenaires ne l’ont pas fait.  L’Iran est disposé à continuer à le faire à condition que les autres partenaires de l’Accord respectent également leurs engagements.  Il exhorte les pays européens à faire pression sur les États-Unis pour qu’ils reviennent dans le cadre d’action du Programme et respectent les dispositions de la résolution 2231 (2015).  Quant à l’Arabie saoudite, l’Iran lui reproche de ne manquer aucune occasion pour saper la mise en œuvre efficace du Plan d’action global commun.  Alors que le représentant saoudien soulève des questions sans fondement relatives au programme nucléaire iranien, l’Arabie saoudite elle-même ne coopère pas pleinement avec l’AIEA et accumule massivement des armements sur son sol, ce qui alimente l’insécurité régionale, a affirmé le représentant.

Les États-Unis, ont répondu aux accusations « d’opacité » de la part de la Chine et la Russie.  C’est un comble, a lancé le représentant américain, qui a demandé « Combien d’armes ont la Chine et la Russie? » avant de rappeler que son pays venait une nouvelle fois de publier le nombre de ses propres têtes nucléaires.  Pour les États-Unis, la Chine refuse de mettre en place le moratoire sur la production de matières fissiles.  Quant à la Russie, qui respecte le Traité New START, elle élabore en revanche de nouveaux systèmes stratégiques qui pourraient être en contravention avec celui-ci.  Ce ne sont pas les États-Unis qui entravent les progrès sur une Convention sur les armes biologiques, a également affirmé le représentant.  Pour les USA, il faut éviter toute mesure qui risquerait d’entraîner la reprise de la course aux armements nucléaires.

La République populaire démocratique de Corée a répondu aux « fausses accusations » de nombreux pays, notamment les membres de l’Union européenne, les accusant de se concentrer sur une politique de plus en plus hostile à son égard.  Si ces pays veulent vraiment la paix et la sécurité dans la région, pourquoi restent-ils bras croisés devant la création de l’AUKUS, qui pourrait déclencher une course aux armements? a demandé le représentant, pour qui la communauté internationale doit agir et contrer ses tentatives.

La Fédération de Russie a réagi aux accusations « infondées » de la Pologne concernant le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, lequel a bien a été détruit par les Gouvernements américains successifs avec l’aide d’alliés européens, y compris la Pologne, a affirmé le représentant.  Ainsi, une crise des missiles et une nouvelle course aux armements ont-elles été déclenchées, a déploré la Fédération de Russie, qui appelle les pays de l’OTAN à faire preuve de pragmatisme et à accepter la proposition russe de moratoire sur le déploiement de missiles à longue portée. 

L’Arabie Saoudite a réagi aux propos de la République islamique d’Iran en affirmant respecter ses engagements au niveau international « alors que l’Iran n’a eu de cesse de violer le Plan d’action global commun dès le départ » et de dépasser les quantités convenues dans cet accord.  L’Iran n’a pas mon plus permis l’accès d’inspecteurs de l’AIEA à certaines de ses installations militaires et autres et il a récemment annoncé qu’il révisait à la baisse ses engagements au titre du Plan d’action global commun.   Le représentant saoudien a tenu à rappeler que la résolution 2231 du Conseil de sécurité appelle l’Iran à adhérer au protocole additionnel, « ce qui n’a pas été fait ».  L’Arabie saoudite a en outre répondu aux propos de l’Union européenne sur la situation au Yémen en rappelant que sont les houthistes qui n’ont pas coopéré avec l’initiative de paix saoudienne et que cette milice « soutenue par l’Iran » continue de viser des installations saoudiennes avec des missiles de fabrication iranienne.  L’Arabie Saoudite a également exhorté l’Iran à adopter un comportement responsable, à s’abstenir de telles pratiques et à suivre son exemple en termes de respect des obligations internationales.

L’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir commis une agression préméditée contre elle, et non ce que l’Azerbaïdjan appelle « une contre-offensive ».  Le représentant a cité comme preuves la réalisation de vols provocateurs menés par l’Azerbaïdjan, l’interruption des réseaux sociaux et des médias en ligne ainsi que le déploiement de milliers de soldats. L’Arménie a également accusé l’Azerbaïdjan de ne pas respecter les obligations du Traité sur le commerce des armes, faisant planer une menace sécuritaire sur la région.  Le Nagorno-Karabakh a été privé d’assistance humanitaire ces dernières décennies, a enfin déploré le représentant,  ajoutant que l’Azerbaïdjan empêchait la tenue d’opérations de déminage.

L’Arabie saoudite a réagi aux propos de la République islamique d’Iran en affirmant respecter ses engagements au niveau international « alors que l’Iran n’a eu de cesse de violer le Plan d’action global commun dès le départ » et de dépasser les quantités convenues dans cet accord.  L’Iran n’a pas mon plus permis l’accès d’inspecteurs de l’AIEA à certaines de ses installations militaires et autres et il a récemment annoncé qu’il révisait à la baisse ses engagements au titre du Plan d’action global commun.  Le représentant saoudien a tenu à rappeler que la résolution 2231 du Conseil de sécurité appelle l’Iran à adhérer au protocole additionnel, « ce qui n’a pas été fait ».  L’Arabie saoudite a en outre répondu aux propos de l’Union européenne sur la situation au Yémen en rappelant que sont les houthistes qui n’ont pas coopéré avec l’initiative de paix saoudienne et que cette milice « soutenue par l’Iran » continue de viser des installations saoudiennes avec des missiles de fabrication iranienne.  L’Arabie saoudite a également exhorté l’Iran à adopter un comportement responsable, à s’abstenir de telles pratiques et à suivre son exemple en termes de respect des obligations internationales.

La Chine a condamné les propos des États-Unis à son égard.  L’approche utilitaire des États-Unis vis-à-vis de la paix est dangereuse, elle repose sur la surenchère, ce dont témoigne le déploiement de missiles dans le monde entier menée depuis des années, a ajouté le représentant.  La Chine condamne toute course aux armements, en promouvant activement le contrôle des missiles, exactement comme nous l’avons fait dans le domaine des armes nucléaires, a ajouté le représentant.  Pour la Chine, le moratoire sur les matières fissiles n’est pas clairement défini.  Créer un mécanisme de vérification reste le meilleur moyen d’assurer le fonctionnement efficace de la Convention sur les armes biologiques, mécanisme auquel les États-Unis doivent contribuer de façon transparente et responsable, un comportement qu’adoptent conjointement la Russie et la Chine.

L’Azerbaïdjan a réagi aux « mensonges » de l’Arménie, qui déforme de nouveau la réalité, elle qui a ciblé de nombreux civils à l’artillerie et en usant de mines antipersonnel dans tous les territoires libérés.  L’Arménie prône un dialogue sur la reprise de relations normales, un dialogue dans lequel, en vérité, elle ne s’engage jamais, a déclaré le représentant.

La République islamique d’Iran a répondu aux « accusations infondées » de l’Arabie saoudite, qu’il a rejetées, accusant le pays de refuser de respecter son accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, en dépit de l’intensité de ses activités nucléaires.  Concernant le Plan d’action commun, l’Iran rappelle qu’il permet, lui de changer de comportements en fonction des sanctions qui le visent.  Enfin, pour l’Iran, l’Arabie saoudite parle de paix mais bombarde des civils et est l’un de ceux dont les dépenses militaires sont les plus importantes au monde. 

L’Arabie saoudite a réagi à ces propos en précisant avoir bien signé et ratifié un accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, lequel prévoit à terme une mise en œuvre de garanties généralisées.  L’Iran doit arrêter de soutenir des groupes qui sapent la stabilité de la région, a conclu le représentant saoudien. 

 

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