Première Commission: le P5 affirme sa « responsabilité particulière » en matière de désarmement nucléaire, mais ses membres affichent leurs désaccords
Dans un contexte de sécurité tendu, la poursuite et le renforcement du dialogue entre les membres du P5 –les puissances nucléaires « officielles au titre du Traité sur la non-prolifération- est essentiel à la stabilité stratégique, a affirmé aujourd’hui le représentant de la France, au nom du groupe, qu’elle préside depuis septembre 2020. Mais au-delà d’un hommage à la « contribution essentielle au désarmement nucléaire et à la non-prolifération » apporté par le TNP, les puissances nucléaires qui ont pris la parole aujourd’hui ont surtout affiché leurs désaccords, amenant un État comme la Suisse à insister sur la nécessité de disposer d’un mécanisme de désarmement « qui fonctionne ».
Au quatrième jour du débat général de la Première Commission (chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale), les désaccords entre les grandes puissances nucléaires, déjà étalés la veille, se sont de nouveau manifestés à plusieurs reprises. Certes, au nom du P5, la France a pu saluer le rôle du TNP, rappelé la nécessité de renforcer son troisième pilier consacré aux usages pacifiques de l’énergie atomique, mettre en avant la « responsabilité particulière » du P5 dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, afficher son soutien « aux objectifs » de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est et soutenir la négociation d’un traité multilatéral « non discriminatoire, internationalement et effectivement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles utilisées pour produire des armes nucléaires et d’autres dispositifs nucléaires explosifs » - le projet dit de FMCT. Mais les déclarations et droits de réponse qui se sont ensuivis ont révélé de nombreux désaccords entre ces États, et pas seulement sur la question nucléaire.
Ainsi, en son nom et en celui de la Fédération de Russie, c’est sur la question des armes biologiques que la Chine s’en est prise aujourd’hui aux États-Unis, les accusant de rester « hors du cadre » de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines, à laquelle ils sont partie, et de mener dans leurs laboratoires ou ceux de pays alliés des activités « opaques ». Ce qui a amené les États-Unis à répondre qu’eux rendaient public le nombre de leurs ogives nucléaires, contrairement à la Russie ou la Chine, reprochant en outre à la seconde de refuser de mettre en place le moratoire sur la production de matières fissiles, et à la première de mettre au point de nouveaux systèmes stratégiques qui pourraient s’avérer en contravention avec le Traité New START qu’États-Unis et Fédération de Russie viennent de proroger pour cinq ans.
Toujours dans le domaine des armes de destruction massive, de nouveaux appels ont été lancés à la République populaire démocratique de Corée pour qu’elle s’abstienne de tout nouvel essai nucléaire, et à l’Iran pour qu’il respecte pleinement le Plan d’action global commun et reprenne au plus vite les pourparlers de Vienne.
D’autres intervenants ont intimé à la Syrie de respecter ses obligations envers l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ce à quoi le représentant syrien a répliqué que son pays s’était « mis rapidement en conformité » avec la Convention sur l’interdiction des armes chimiques après y avoir adhéré en octobre 2013, tout en accusant l’OIAC d’être devenu un instrument politisé d’accusation tous azimuts contre la Syrie. La Bolivie est venue rejoindre la liste des États qui avaient déjà accusé les jours précédents l’OIAC de politisation.
C’est aussi la politisation trop fréquente des procédures du mécanisme de désarmement que la Suisse a déplorée, estimant qu’elle empêchait les États d’agir ensemble et de prendre des mesures préventives.
De manière plus positives, les « zones exemptes d’armes nucléaires » ont été souvent citées et saluées comme une contribution importante au désarmement et à la non-prolifération, les pays latino-américains ne manquant jamais de mettre en avant le rôle précurseur du Traité de Tlatelolco, qui avait mis en place la première d’entre elles. Plusieurs pays arabes ont appelé à la mise en place d’une telle zone au Moyen-Orient, à l’image d’Oman ou du Liban. Ce dernier pays a déploré qu’Israël, seul pays détenteur de l’arme nucléaire dans la région, ne soit pas signataire du TNP.
Enfin, la question des systèmes d’armes létaux autonomes a été abordée par plusieurs délégations qui se sont dites préoccupées par les dilemmes éthiques, moraux et juridiques considérables qu’ils posaient, à l’instar de l’Irlande et de la Suisse. Rappelant sa candidature à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024, cette dernière a dit avoir l’intention d’y promouvoir sa propre stratégie de maîtrise des armements en cours d’élaboration et s’est prononcée pour le maintien d’un contrôle humain en dernier ressort sur les systèmes d’armes létaux autonomes, en raison des menaces qu’elles font peser sur le droit international humanitaire.
La séance a été marquée par l’exercice de nombreux droits de réponse de la part de l’Iran, des États-Unis, de la République populaire démocratique de Corée, de la Fédération de Russie, de l’Arabie saoudite, de l’Arménie, de la Chine et de l’Azerbaïdjan.
Demain, vendredi 8 octobre, à 10 heures, la Première Commission tiendra un débat virtuel par visioconférence avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, qui sera suivi d’un dialogue entre les délégations et des organisations non gouvernementales. Elle reprendra son débat général lundi 11 octobre à 10 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
M. YANN HWANG (France), au nom des cinq puissances nucléaires au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires –le P5: Chine, États-Unis, Fédération de Russie, Royaume-Uni et France-, a réaffirmé que, 50 ans après son entrée en vigueur, le TNP avait apporté une contribution essentielle au désarmement nucléaire et à la non-prolifération. La France a succédé au Royaume-Uni en tant que coordonnatrice du P5 en septembre 2020, a rappelé le représentant, qui a expliqué que ses membres attachaient une grande importance au dialogue sur les doctrines et les politiques nucléaires comme moyen de renforcer la prévisibilité, la confiance et la compréhension mutuelle.
M. Hwang a affirmé que le P5 soutenait la négociation d’un traité multilatéral non discriminatoire, internationalement et effectivement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles utilisées pour produire des armes nucléaires et d’autres dispositifs nucléaires explosifs. Il a également réaffirmé son soutien aux objectifs de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est ainsi que sa volonté d’approfondir les échanges avec les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) concernant le Traité de Bangkok. Le P5 rappelle en outre la nécessité de renforcer le troisième pilier du TNP, consacré aux usages pacifiques de l’énergie nucléaire. Il considère par ailleurs qu’il a une responsabilité particulière dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. Hwang a conclu en expliquant que, dans un contexte de sécurité tendu, la poursuite et le renforcement du dialogue entre les membres du P5, ainsi qu’entre États dotés et non dotés, était essentiel à la stabilité stratégique.
M. GENG SHUANG (Chine), s’exprimant également au nom de la Fédération de Russie, a lu une déclaration commune aux deux pays à propos de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques. Il a notamment indiqué que, pour les deux pays, la Convention représentait un pilier essentiel de la paix et de la sécurité internationale et, qu’à ce titre, ils étaient déterminés à maintenir son statut et sa portée. La Fédération de Russie et la Chine appellent à consolider le socle de la Convention en la complétant d’un protocole juridiquement contraignant assorti de mécanismes de vérification efficaces. Évitons de multiplier les dispositifs et créons plutôt des normes opérationnelles pour renforcer en particulier le mécanisme d’enquête existant prévu en cas de violations, a ajouté le représentant.
M. Geng a ensuite déploré que les États-Unis persistent à rester hors du cadre de la Convention alors que les risques augmentent, liés à la nature à double usage des produits biologiques issus des progrès rapides de la science et des technologies du vivant. Il a pointé du doigt les nombreux laboratoires américains et de leurs alliés qui se livrent à des activités qu’il qualifiées d’opaques. La Chine et la Russie leur lancent un appel à la transparence, a dit le représentant, soulignant l’importance de transmettre des informations claires via les rapports soumis à la Convention, rapports qui sont de véritables mesures de confiance
M. ANTONIOS PAPAKOSTAS (Grèce) a déclaré attendre avec impatience les délibérations de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), qui doit se tenir en janvier 2022. Il a expliqué que la Grèce accordait une grande importance à la mise en œuvre rigoureuse des normes de sûreté et des documents d’orientation de l’AIEA en matière de sécurité nucléaire. Il a de plus vivement encouragé les États qui ont choisi l’énergie nucléaire dans leur bouquet énergétique à divulguer leurs rapports dans un esprit de transparence. Un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires (FMCT), associé à l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), constituerait la meilleure façon d’avancer, a-t-il ajouté.
Le Représentant a déclaré que la prochaine Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines, en 2022, constituerait un test décisif pour l’avenir de la coopération internationale et la pertinence continue des traités de désarmement internationaux. Il a conclu en expliquant que, dans le domaine du désarmement conventionnel, le monde assistait à des avancées par étapes, représentatives d’un dialogue constructif et progressif.
Mme ALIA AHMED BIN SAIF AL-THANI (Qatar) a rappelé l’émergence et la persistance des conflits armés dans de nombreux pays du monde et a encouragé la communauté internationale à faire plus pour la paix et la stabilité des sociétés. Concernant la propagation des armes y compris les armes, nucléaires, chimiques, biologiques et autres armes de destruction massive, la représentante a appelé au désarmement à tous les niveaux, pour lutter contre l’intensification des menaces contre l’humanité. Elle a souligné l’importance d’adhérer à tous les accords et traités relatifs au désarmement afin de parvenir à la paix et à l’espoir.
M. JIM KELLY (Irlande) a déclaré qu’aucun État ni aucune organisation internationale ne serait en mesure de faire face de manière adéquate aux conséquences catastrophiques et humanitaires de la détonation d’une arme nucléaire. Le TNP reste la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération, a-t-il rappelé, ajoutant que son article VI, ainsi que les résultats des consensus passés, fournissaient un cadre pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, dont la mise en œuvre n’a que trop tardé.
Plutôt que d’entraver les progrès en matière de désarmement, comme certains le prétendent, les défis actuels en matière de sécurité mondiale renforcent la nécessité d’une action immédiate, a poursuivi M. Kelly. L’Irlande a expliqué le représentant, soutient fermement le Plan d’action global commun et demande instamment à toutes les parties à l’Accord de retourner à Vienne pour conclure les pourparlers, une coopération totale avec l’AIEA étant essentielle pour que la communauté internationale ait confiance dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien. M. Kelly a également déploré les activités nucléaires et balistiques actuelles de la République populaire démocratique de Corée, qui représentent une menace sérieuse.
S’attaquer aux effets très divers de l’utilisation d’armes explosives dans les zones habitées est une priorité absolue pour l’Irlande, a poursuivi M. Kelly. Lors de la Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques, l’Irlande soutiendra en outre l’universalisation de la Convention et de ses protocoles. M. Kelly s’est enfin dit préoccupé par les dilemmes éthiques, moraux et juridiques considérables que posait le développement de systèmes d’armes létaux autonomes.
Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) s’est inquiétée de l’émergence de nouvelles technologies appliquées aux armes des destruction massive. Face aux insuffisances de l’architecture internationale de désarmement, la représentante a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeurait la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement. La représentante s’est dite vivement préoccupée par les mesures prises par l’Iran ces derniers temps avant d’exhorter ce pays à revenir aux fondamentaux d Plan d’action global commun. Elle a aussi jugé inacceptable que la République populaire démocratique de Corée soit dotée de l’arme nucléaire.
Face à la triste réalité de récentes utilisations d’armes chimiques, la représentante des Pays-Bas a dit la nécessité de protéger l’intégrité de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Elle a noté par ailleurs que la pandémie de COVID-19 avait mis en évidence les risques potentiels liés aux armes biologiques. Elle s’est aussi inquiétée de l’avancée rapide des technologies qui viennent aggraver les risques de prolifération, de tensions et conflits.
Mettant l’accent sur une utilisation responsable du cyberespace, la représentante des Pays-Bas a salué les contributions du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale. Elle a aussi jugé indispensable une démarche multilatérale pour établir un cadre de prévention face au développement des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA). En tant que « défenseur de longue date de la lutte contre les mines antipersonnel et cette année en tant que Président de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel », les Pays-Bas appellent tous les États à adhérer à cette convention, a encore déclaré Mme Brandt.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, jugeant qu’il contribuerait sans aucun doute possible à débarrasser la planète de ces armes qui posent une menace existentielle au monde. Il a indiqué que les autorités de son pays n’avaient pas pu le ratifier cette année en raison « du coup d’État commis par l’armée ». Il a également annoncé que le projet de résolution de sa délégation sur le désarmement, projet qui est soumis annuellement depuis 1995, sera de nouveau proposé pour une adoption par consensus. Les mesures concrètes que suggère ce texte aux États dotés et non dotés en faveur du désarmement nucléaire jouissent d’un large appui de la part de la Commission, a-t-il rappelé. Enfin, le représentant a exhorté les pays producteurs et fournisseurs d’armes à mettre fin à leurs ventes à l’Armée du Myanmar, le gouvernement civil ne pouvant en contrôler le stockage et en empêcher les usages criminels contre le peuple.
Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que le TNP était la pierre angulaire des efforts communs en matière de désarmement, de non-prolifération et d’utilisation pacifique du nucléaire. En tant que membre de l’Initiative de Stockholm, la Norvège se réjouit du nombre croissant d’États parties au TNP qui s’alignent sur les recommandations de cette dernière. La représentante a de plus souhaité l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ainsi que la négociation et la conclusion d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.
Mme Juul s’est déclarée gravement préoccupée par les efforts continus de la République populaire démocratique de Corée pour développer des armes de destruction massive et a demandé au pays d’abandonner ses programmes nucléaire et balistique. Elle a ensuite déploré le manque de coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et a demandé au pays de se conformer pleinement au Plan d’action global commun.
La représentante a salué la décision de la Fédération de Russie et des États-Unis de prolonger le Traité New START et de reprendre le dialogue stratégique sur la stabilité. Elle s’est en revanche dite consternée face au refus de la Fédération de Russie de répondre aux appels à une enquête approfondie et transparente sur la tentative d’assassinat d’Alexei Navalny. Elle s’est en outre dite profondément préoccupée par l’incapacité persistante de la République arabe syrienne à répondre aux questions en suspens depuis sa déclaration initiale sur son programme d’armes chimiques.
La Norvège reste engagée en faveur de la prévention d’une course aux armements dans l’espace, afin d’y maintenir un environnement pacifique, sûr, stable, sécurisé et durable, accessible à tous. Par conséquent, elle soutient la création d’un groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable des États, comme le propose le Royaume-Uni. La représentante a conclu en soulignant l’importance d’inclure une perspective de genre dans tous les efforts de contrôle des armes, et a dit soutenir l’intégration du programme pour les femmes, la paix et la sécurité dans ce domaine.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est inquiétée de constater que les dépenses d’armement mondiales ont atteint leur plus haut niveau depuis des décennies alors que de nouveaux types d’armes font peser le risque d’une course technologique aux armements. « Dans cette perspective, la Suisse développe actuellement sa première stratégie de maîtrise des armements pour les années 2022-2025 », a expliqué Mme Baeriswyl avant de préciser que la Suisse, candidate à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024, souhaite y promouvoir cette stratégie.
Mettant l’accent sur « trois considérations clefs », la représentante a d’abord souligné la nécessité de promouvoir la stabilité et l’atténuation des risques face à une détérioration de la sécurité internationale liée aux développements technologiques et un affaiblissement de l’architecture de la maîtrise des armements. La Suisse, dans le cadre de l’Initiative de Stockholm, a proposé un programme d’atténuation des risques pour la prochaine Conférence d’examen du TNP, a expliqué la représentante, qui s’est en outre félicitée que les États-Unis et la Russie aient prorogé le Traité New START et aient amorcé un dialogue sur la stabilité stratégique.
Deuxièmement, pour la Suisse, le maintien et le renforcement d’un ordre international fondé sur les règles « est une tâche urgente ». Mme Baeriswyl a souhaité que les instruments et normes existants soient maintenus, intégralement mis en œuvre, respectés et, si nécessaire, universalisés. Dans ce contexte, elle a estimé que la prochaine Conférence d’examen du TNP devait être l’occasion de réaffirmer les engagements antérieurs. De même, aux fins de préserver les bénéfices du Plan d’action global commun, la Suisse juge essentiel un retour rapide à sa mise en œuvre intégrale par toutes les parties, y compris l’application provisoire du Protocole additionnel, l’application de toutes les mesures de transparence prévues, et une reprise immédiate d’une collaboration entière et constructive avec l’AIEA.
La représentante a mis en avant la question des systèmes d’armes létaux autonomes, pour lesquels des règles et mesures sont nécessaires, afin d’assurer un contrôle humain sur ces systèmes qui ne peuvent être utilisés conformément au droit international humanitaire. Elle a par ailleurs salué la proposition de créer un groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique avant d’appeler à développer le cadre normatif existant relatif à l’utilisation du cyberespace.
Enfin, pour assurer la mise en œuvre des normes existantes et, lorsque nécessaire, le développement de nouvelles normes, la Suisse a insisté sur la nécessité de disposer d’un mécanisme du désarmement qui fonctionne. « Trop souvent les procédures de notre mécanisme sont politisées, nous empêchant d’agir ensemble et de prendre des mesures préventives », a-t-elle déploré, avant d’appeler à développer des solutions innovantes avec tous les acteurs clefs, dont la société civile, le monde académique et, lorsqu’approprié, l’industrie.
M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a déclaré que, contrairement à ce qu’affirment les doctrines officielles, la dissuasion faisait le lit de l’escalade. C’est pourquoi nous restons convaincus que l’élimination totale des armes nucléaires et autres armes de destruction massive offre la seule garantie effective de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté. Le représentant a rappelé que son pays fait partie d’une région qui a établi la première zone exempte d’armes nucléaires, Trinité-et-Tobago faisant, dans ce contexte, preuve d’un engagement de longue date pour le renforcement du régime multilatéral de non-prolifération. M. Francis s’est en outre réjoui de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des armes nucléaires au début de cette année et a assuré que son pays participerait activement à la première réunion des États parties, qui se tiendra en 2022.
Concernant les armes classiques, M. Francis a souligné le plein engagement de son pays dans la mise en œuvre des instruments onusiens du désarmement en la matière. Notre gouvernement réaffirme l’importance de promouvoir le rôle des femmes à tous les niveaux du désarmement, de la non-prolifération et le contrôle des armements, a-t-il encore souligné.
Mme NATASCIA BARTOLINI (Saint-Marin) s’est dite très préoccupée par l’érosion de l’architecture de désarmement et de non-prolifération, en particulier par le risque de prolifération des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires. « Les risques d’escalade et d’erreur de calcul augmentent », a-t-elle insisté avant de souligner les conséquences humanitaires catastrophiques d’une éventuelle explosion nucléaire. Face à ce constat, elle a jugé essentiel que les États Membres se réengagent fermement à faire avancer le programme de désarmement et de non-prolifération nucléaires.
La représentante s’est inquiétée que 25 ans après l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la perspective de son entrée en vigueur ne soit toujours en vue. Elle a espéré que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP) en 2022 se traduirait par un résultat positif. « Saint-Marin se félicite de la prorogation du nouveau Traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie et du dialogue bilatéral en cours pour la future maîtrise des armements », a-t-elle par ailleurs ajouté, avant de souligner que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) représentait une étape historique et prouvait que la majorité des pays soutenait une interdiction totale des armes nucléaires. Mme Bartolini a aussi rappelé que l’utilisation d’armes chimiques ou biologiques par qui que ce soit, à tout moment et en toutes circonstances, était tout simplement inacceptable.
Par ailleurs, Mme Bartolini a dénoncé l’impact dévastateur et aveugle sur les civils de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées avant d’appeler toutes les parties à s’abstenir d’utiliser ces armes dans ces zones et à se conformer pleinement au droit international humanitaire. « L’utilisation abusive du cyberespace est également très préoccupante », a-t-elle dit, avant d’ajouter que la cybercriminalité constituait l’une des menaces à la sécurité internationale qui se développe le plus rapidement. Elle a jugé essentiel de soutenir un comportement étatique responsable dans le cyberespace, où l’état de droit, les droits de l’homme et les libertés fondamentales doivent être respectés et mis en œuvre.
Mme SARA AlVARADO (Pérou) a déclaré que le monde se trouvait plongé dans un scénario d’incertitude où persistaient les sources de conflits et les menaces pour la paix et la sécurité internationales, encore accrues en raison de la crise sanitaire mondiale. Dans ce monde instable où les armes nucléaires constituent à nouveau une menace pour la paix, une action régionale concertée visant à établir des zones exemptes d’armes nucléaires et des zones de paix revêt une importance vitale, a ajouté la représentante.
Mme Alvarado a rappelé que la région d’Amérique latine et des Caraïbes avait été pionnière dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires par le Traité de Tlatelolco, qui a ensuite servi d’inspiration à quatre autres zones exemptes d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Asie centrale et sur le territoire de la Mongolie, regroupant au total 116 États et couvrant plus de 50% de la surface de la planète. En outre, le Pérou appuie l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.
La représentante a considéré qu’il était nécessaire d’adopter un instrument juridiquement contraignant afin de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), ainsi que l’Instrument international de traçage (ITI). Par ailleurs, le Pérou se félicite du lancement prochain des travaux du nouveau groupe de travail à composition non limitée en vue d’atteindre un instrument juridiquement contraignant qui, a-t-il estimé, nous permettra de parvenir à un cyberespace ouvert, sûr et pacifique. Enfin, Mme Alvarado a déclaré qu’un équilibre était nécessaire entre les ressources allouées aux dépenses militaires et celles allouées au développement
M. VADIM GUSMAN (Azerbaïdjan) a appuyé tous les efforts de désarmement et de non-prolifération. Il a précisé que l’Azerbaïdjan, en tant qu’État partie à tous les traités pertinents de désarmement, appuyait les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), lesquels doivent être mis en œuvre de manière équilibrée. L’objectif du désarmement est de garantir la paix et la stabilité, a insisté le représentant, avant de souligner la valeur ajoutée des mécanismes régionaux de désarmement en matière de promotion de la confiance.
Mettant l’accent sur le récent conflit de son pays avec l’Arménie, le représentant de l’Azerbaïdjan a affirmé que son pays avait dû lancer une contre-offensive le 27 septembre 2021 en réponse à une agression de l’Arménie. Il a ajouté que l’Azerbaïdjan avait fait usage de droit de légitime défense, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international. M. Gusman a en outre dénoncé l’utilisation indiscriminée de la force par les forces arméniennes contre des zones densément peuplées en Azerbaïdjan, qui ont fait plus de 400 morts parmi les civils. Il a dénoncé « l’agressivité de l’Arménie » avant de préciser que les mines antipersonnel disposées par l’Arménie continuaient de tuer des civils innocents en Azerbaïdjan, avant de demander aux dirigeants arméniens de remettre à son gouvernement une carte localisant ces mines.
« Après trois décennies de conflits entre nos deux pays », le représentant a affirmé que la seule priorité du Gouvernement de l’Azerbaïdjan était aujourd’hui la reconstruction des infrastructures, afin de garantir une bonne qualité de vie aux populations qui vont pouvoir rentrer chez elles.
M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a expliqué que le désarmement était un instrument de prévention des conflits et a souhaité que les travaux visant à créer de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires se poursuivent en mobilisant le plus grand nombre. Revenant sur le lien entre désarmement et développement, il a expliqué que, malgré les nombreuses preuves indiquant que l’accumulation excessive d’armes détournait les ressources nécessaires au développement et alimentait les conflits armés et la violence, la course aux armements ne ralentissait pas. Il a d’ailleurs appelé au respect des dispositions de l’Article 26 de la Charte des Nations Unies qui reconnaît le désarmement comme condition préalable au développement. Il existe un lien étroit entre le désarmement et la réalisation de l’objectif 8 de développement durable, relatif à la promotion d’un travail décent et de la croissance économique, a-t-il ajouté.
Le Cameroun soutient l’objectif d’une réduction significative du trafic illicite d’armes, y voyant le reflet de l’importance de la maîtrise des armes pour promouvoir la paix et la sécurité. Afin de trouver des solutions durables et cohérentes mettant l’accent sur le problème du contrôle des armes légères, véritables armes de destruction massives, M. Nyanid s’est dit favorable au renforcement des capacités institutionnelles des États à prévenir la violence, le terrorisme et la criminalité. L’éducation en matière de désarmement, qui promeut une culture de la paix et la non-violence, est d’une importance certaine, a poursuivi M. Nyanid. Le représentant a conclu en disant sa conviction que l’investissement dans le désarmement et la maîtrise des armes était direct à long terme dans la paix et la sécurité et, donc, dans le développement durable.
M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a déclaré que le renforcement des mécanismes multilatéraux de contrôle des armes, de désarmement et de non-prolifération était essentiel au maintien de la sécurité et de la stabilité mondiales. Il a rappelé que le Tadjikistan faisait partie des cinq pays d’Asie centrale qui avaient créé une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et s’est déclaré convaincu que la création de telles zones était essentielle pour promouvoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération, la paix et la sécurité aux niveaux régional et mondial. La menace de la prolifération nucléaire reste une source de préoccupation sérieuse, a insisté le représentant, expliquant que le Traité sur la non-prolifération restait sans aucun doute une pierre angulaire de l’architecture de sécurité internationale et du régime de non-prolifération mondial. Il a appelé à la mise en œuvre des dispositions du TNP, ainsi qu’à l’application rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
M. HikmatJonibek a dit attacher une grande importance à la mise en œuvre efficace de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, et soutenir le rôle de premier plan joué par les Nations Unies dans la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Il s’est enfin félicité du lancement du processus de négociation dans le format du Groupe de travail à composition non limitée des Nations Unies sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.
Mme RUTH HILL (Australie) a soutenu la prise de mesures pragmatiques pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. L’implication de la Chine au dialogue stratégique bipartite entre Russes et Chinois est nécessaire pour ouvrir une nouvelle ère de transparence dans la vérification du désarmement et de la non-prolifération nucléaire, a-t-elle ajouté.
La représentante a ensuite estimé que les installations nucléaires non déclarées de l’Iran constituaient une violation du Plan d’action conjoint, et que la République populaire démocratique de Corée devait prendre sans délais des mesures claires de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de son appareil militaire. Mme Hill a en outre déclaré que les auteurs d’attaques chimiques en Syrie devraient répondre de leurs actes devant des tribunaux internationaux, la Syrie devant pour l’heure respecter ses obligations envers l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
Après avoir plaidé pour une féminisation accrue des activités de désarmement à l’ONU, la représentante a assuré que son pays poursuivait le combat auprès de la Conférence du désarmement à Genève. Concernant le programme de modernisation des sous-marins de son pays, la représentante a assuré que son gouvernement travaillait main dans la main et de manière constructive avec l’Agence internationale de l'énergie atomique.
M. AHMED DAWOOD ALI AL ZADJALI (Oman) a déclaré être favorable aux relations amicales et à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, ainsi qu’au règlement des différends par des moyens pacifiques en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. Oman attache en outre la plus haute importance aux traités internationaux dans le domaine du désarmement, parmi lesquels figurent le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Traité sur les armes biologiques, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le Traité d’interdiction des armes chimiques.
Le représentant a réaffirmé son soutien à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et chimiques et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Il a de plus affirmé le droit légitime des États parties, sans exception, d’obtenir des matières, équipements et technologies nucléaires à des fins pacifiques, conformément aux dispositions du TNP et dans le cadre des normes et contrôles supervisés par l’Agence internationale pour l’énergie atomique.
Pour le représentant, le monde est à un tournant historique des relations internationales. L’interdépendance, la compréhension et la coopération constructive sont le moyen de passer du stade de l’instabilité au stade de la coopération et du renforcement de la confiance, afin d’aboutir à un monde exempt de menaces, a-t-il conclu.
M. STEFANO STEFANILE (Italie) a notamment estimé nécessaire que, tant qu’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires ne sera pas conclu, tous les États respectent le moratoire en vigueur sur les matières fissiles. Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée à s’abstenir de toute provocation et à prendre des mesures concrètes de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de son appareil militaire, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Après avoir appuyé les travaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et condamné les attaques chimiques de l’aviation syrienne, il a invité instamment la Russie à faire toute la lumière sur l’affaire Nalvany. Améliorer la biosûreté et la biosécurité est un élément essentiel du mécanisme de désarmement de demain, alors que se multiplient les progrès de la science et des technologies ayant un double usage potentiel, a également fait valoir le représentant.
Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé qu’il y a 75 ans, la création des Nations Unies avait pour objectif de débarrasser le monde de la menace nucléaire et a déploré que le régime de contrôle des armes nucléaires soit aujourd’hui au plus bas. La représentante a insisté sur le fait que certains pays avaient augmenté leur armement nucléaire en infraction avec le TNP, tout en relevant deux signes d’espoir: la prolongation de cinq ans du Traité New START par la Fédération de Russie et les États-Unis ainsi que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier dernier.
Mme Mudallali a mis en avant l’importance de la prochaine Conférence d’examen de la TNP afin de promouvoir la dénucléarisation et en a profité pour souligner la nécessité de progresser vers l’élimination des armes nucléaires. Elle a de plus souligné l’importance de la zone d’exemption nucléaire au Moyen-Orient et a déploré qu’Israël, seul pays détenteur de l’arme nucléaire dans la région, ne soit pas signataire du TNP. Israël doit se conformer aux normes internationales, a-t-elle insisté.
Le Liban est engagé dans la Convention sur les armes à sous-munitions, a en outre rappelé Mme Mudallali qui a insisté sur la nécessité de l’universalisation de ce Traité. La représentante a conclu en mettant en avance l’importance de préserver le cyberespace de la course aux armements.
M. CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a déclaré que l’accumulation d’armes légères et de petit calibre pesait tout particulièrement sur la sécurité des femmes, y compris en Afrique. C’est en ce sens qu’il a appelé à l’universalisation du Traité sur le commerce des armes, appelant les pays producteurs et exportateurs d’armes de s’engager plus en avant dans la mise en œuvre équilibrée de cet instrument.
Mme WANG SHUO (Singapour) a mis en avant l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant que pierre angulaire du régime international de désarmement et de non-prolifération. La représentante a dit espérer que la dixième Conférence d’examen du TNP se traduirait par des efforts conjoints en vue de solutions communes. Alors que vient d’être célébré le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), Mme Shuo a exhorté tous les États Membres, particulièrement ceux figurant à l’Annexe 2 du Traité, à le ratifier.
La représentante a aussi exhorté les États Membres à poursuivre les discussions sur l’élaboration de normes internationales pour le transfert d’armes classiques afin de mettre fin à leur commerce illicite et de réglementer les stocks. Elle a réitéré le soutien de Singapour aux efforts visant à promouvoir une plus grande transparence dans les armements, tels que des rapports réguliers sur les transferts internationaux d’armes et les politiques de contrôle des armements.
Les Nations Unies doivent jouer un rôle de premier plan dans le développement de « cybernormes internationales », a encore déclaré Mme Shuo, qui a par ailleurs plaidé en faveur d’une utilisation exclusivement pacifique de l’espace extra-atmosphérique en appelant à éviter la militarisation de ce « bien commun mondial ».
MEMET MEVLÜT YAKUT (Turquie) a déclaré que son pays saluait la prorogation du Traité New START et a noté que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires restait essentiel au régime multilatéral de non-prolifération. Il a condamné l’utilisation répétée d’armes chimiques en Syrie, qu’il a qualifiée de crimes contre l’humanité. Sur les armes classiques, il a rappelé l’attachement à la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa et la Convention sur les armes à sous-munitions, toutes deux comportant une importante dimension humanitaire.
M. AGUSTIN SANTOS MARAVER (Espagne) a dit que l’extension du traité New START et la reprise des pourparlers de stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie offrent la perspective d’un nouveau cadre de contrôle des armements nucléaires, couvrant tous les vecteurs et tous les types d’armes. Il a réaffirmé la centralité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui a permis d’importantes avancées en matière de désarmement, de non-prolifération et de promotion des utilisations pacifiques de la technologie nucléaire. « L’Espagne est attachée à l’Initiative de Stockholm, capable de rassembler différentes sensibilités et de jeter des bases solides pour pouvoir avancer de manière décisive vers un désarmement nucléaire général, complet et irréversible », a insisté Santos Maraver. Il a aussi réitéré le ferme attachement de l’Espagne à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), avant de saluer la reprise des négociations pour l’adoption d’un traité interdisant la production de matières fissiles. Il a appuyé la tenue d’une nouvelle session de la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant de qualifier le Plan d’action global entériné par la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, de contribution fondamentale au régime international de non-prolifération nucléaire et à la stabilité régionale. Dans ce contexte, le représentant de l’Espagne a appelé l’Iran à honorer leurs engagements et à reprendre les pourparlers de Vienne dès que possible.
S’inquiétant de l’évolution de la situation en Corée du Nord, le représentant a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, à s’abstenir de nouveaux essais nucléaires et à parier sur le dialogue en vue de leur dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible. L’Espagne a aussi réitéré sa condamnation la plus ferme de toute utilisation d’armes chimiques en saluant « le travail extraordinaire de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en réponse à l’utilisation de ce type d’armes dans le conflit en Syrie. Notant que l’impact de la pandémie s’est armé d’arguments en faveur du renforcement du cadre de la Convention sur l’interdiction des armes bactériologiques ou à toxines, le représentant espagnol a souhaité que la prochaine et neuvième Conférence d’examen de cette convention, soit l’occasion d’adopter des mesures concrètes et pratiques, telles qu’un protocole de vérification efficace. En outre, il a mis l’accent sur le renforcement des capacités pour aider les États à mettre en œuvre le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action de l’ONU contre la prolifération des armes légères.
M.DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a expliqué que son pays avait le privilège d’être membre d’une région déclarée zone de paix et que, forte de ce statut, la Bolivie s’opposait à toute modernisation et perfectionnement des armes existantes. Il a ajouté que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était un élément fondamental du désarmement et de la sécurité internationale, et a dit espérer que la dixième Conférence des États parties se tiendrait comme prévu et permettrait d’avancer. Le représentant a salué l’Accord conclu entre la Fédération de Russie et les États-Unis pour proroger le Traité New START. Il a en outre rejeté de manière catégorique l’utilisation d’armes chimiques et salué les travaux réalisés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans ce domaine, en souhaitant qu’ils puissent se poursuivre sans être politisés.
« Nous voulons empêcher la militarisation de l’espace extra-atmosphérique » a par ailleurs affirmé le représentant, qui s’est ensuite inquiété des possibles effets des progrès scientifiques sur la sécurité internationale. Pour la Bolivie, ces progrès ne doivent pas se traduire par de nouvelles menaces pour la sécurité des États. M. Diego a également mis en avant l’importance de l’ancien groupe de travail à composition non limitée sur la cybersécurité et a rappelé que la pandémie avait démontré que les défis internationaux ne pouvaient être relevés qu’à travers la coopération internationale.
Mme MAKARABO HYCINTH MOLOELI (Lesotho) s’est dite préoccupée par l’impasse dans laquelle se trouve le mécanisme de désarmement des Nations Unies. L’incapacité de la Conférence des Nations Unies sur le désarmement à réaliser des progrès substantiels a sans aucun doute mis en péril la crédibilité de cet organe, a-t-elle regretté. La représentante a reconnu les quelques progrès réalisés récemment avec la ratification et l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Mais il reste beaucoup à faire, notamment de la part des États dotés d’armes nucléaires, a-t-elle estimé, évoquant le stock massif d’armes nucléaires existant ainsi que la modernisation de ces armes.
Le plein respect des dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est essentiel pour notre programme de désarmement nucléaire, a ensuite poursuivi Mme Moloeli. La représentante a rappelé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’était toujours pas entré en vigueur, appelant les États qui se sont engagés à le ratifier à le faire réellement.
Malgré l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, les armes conventionnelles continuent de nous infliger des souffrances indicibles, a également déploré Mme Moloeli, pour qui la mise en œuvre complète du programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre est d’une importance capitale.
LESLIE NORTON (Canada) a déclaré qu’il était profondément préjudiciable à la communauté internationale et à l’humanité dans son ensemble que si peu de progrès aient été accomplis vers un désarmement nucléaire mondial. Le Canada accueille donc favorablement la prorogation du Traité New START ainsi que l’annonce d’un dialogue stratégique entre la Fédération de Russie et les États-Unis. Le représentant a en outre mentionné une résolution qui sera présentée par son pays et vise à entamer les négociations d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles. Nous continuerons également à plaider en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il ajouté.
L’adhésion aux principaux accords internationaux sur les armes conventionnelles favorise la stabilité et la coopération, et protège activement les civils contre les conflits armés, a poursuivi M. Norton. Le représentant a encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à la Convention sur certaines armes classiques et à ses protocoles, à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, à la Convention concernant les armes à sous-munitions et au Traité sur le commerce des armes.
Enfin, le Canada accorde une grande importance à la préservation de l’utilisation pacifique et durable de l’espace extra-atmosphérique pour toutes les nations. Il accueille favorablement l’élaboration de normes internationales en matière de comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique, notamment la création d’un groupe de travail à composition non limitée proposée dans la résolution intitulée « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable ».
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a déploré le refus d’Israël, « protégé par les États-Unis », de répondre aux appels de tous les États à renoncer à son arsenal d’armes de destruction massive, un comportement qui, à ses yeux, sape le régime de non-prolifération. Il a également condamné le recours aux armes chimiques, raison pour laquelle la Syrie « s’est mise rapidement en conformité avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ». Malheureusement, la politisation de cette Organisation a abouti à en faire un instrument d’accusation tous azimuts de la Syrie, la prenant pour cible dans tous ses mécanismes, a dénoncé le représentant. M. Sabbagh a affirmé que son pays avait adressé des centaines de lettres aux différents organes de l’ONU contenant des informations importantes sur l’utilisation sur son sol de toxines par des groupes terroristes étrangers. Or, ces communications de la Syrie n’ont jamais été utilisées avec sérieux, a-t-il regretté.
Droits de réponse
La République islamique d’Iran a réagi à certaines accusations faites à son encontre par certains pays européens et l’Arabie saoudite. La réalité c’est que l’Iran a respecté ses obligations au titre du Plan d’action global commun, a affirmé le représentant, alors que d’autres pays partenaires ne l’ont pas fait. L’Iran est disposé à continuer à le faire à condition que les autres partenaires de l’Accord respectent également leurs engagements. Il exhorte les pays européens à faire pression sur les États-Unis pour qu’ils reviennent dans le cadre d’action du Programme et respectent les dispositions de la résolution 2231 (2015). Quant à l’Arabie saoudite, l’Iran lui reproche de ne manquer aucune occasion pour saper la mise en œuvre efficace du Plan d’action global commun. Alors que le représentant saoudien soulève des questions sans fondement relatives au programme nucléaire iranien, l’Arabie saoudite elle-même ne coopère pas pleinement avec l’AIEA et accumule massivement des armements sur son sol, ce qui alimente l’insécurité régionale, a affirmé le représentant.
Les États-Unis, ont répondu aux accusations « d’opacité » de la part de la Chine et la Russie. C’est un comble, a lancé le représentant américain, qui a demandé « Combien d’armes ont la Chine et la Russie? » avant de rappeler que son pays venait une nouvelle fois de publier le nombre de ses propres têtes nucléaires. Pour les États-Unis, la Chine refuse de mettre en place le moratoire sur la production de matières fissiles. Quant à la Russie, qui respecte le Traité New START, elle élabore en revanche de nouveaux systèmes stratégiques qui pourraient être en contravention avec celui-ci. Ce ne sont pas les États-Unis qui entravent les progrès sur une Convention sur les armes biologiques, a également affirmé le représentant. Pour les USA, il faut éviter toute mesure qui risquerait d’entraîner la reprise de la course aux armements nucléaires.
La République populaire démocratique de Corée a répondu aux « fausses accusations » de nombreux pays, notamment les membres de l’Union européenne, les accusant de se concentrer sur une politique de plus en plus hostile à son égard. Si ces pays veulent vraiment la paix et la sécurité dans la région, pourquoi restent-ils bras croisés devant la création de l’AUKUS, qui pourrait déclencher une course aux armements? a demandé le représentant, pour qui la communauté internationale doit agir et contrer ses tentatives.
La Fédération de Russie a réagi aux accusations « infondées » de la Pologne concernant le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, lequel a bien a été détruit par les Gouvernements américains successifs avec l’aide d’alliés européens, y compris la Pologne, a affirmé le représentant. Ainsi, une crise des missiles et une nouvelle course aux armements ont-elles été déclenchées, a déploré la Fédération de Russie, qui appelle les pays de l’OTAN à faire preuve de pragmatisme et à accepter la proposition russe de moratoire sur le déploiement de missiles à longue portée.
L’Arabie Saoudite a réagi aux propos de la République islamique d’Iran en affirmant respecter ses engagements au niveau international « alors que l’Iran n’a eu de cesse de violer le Plan d’action global commun dès le départ » et de dépasser les quantités convenues dans cet accord. L’Iran n’a pas mon plus permis l’accès d’inspecteurs de l’AIEA à certaines de ses installations militaires et autres et il a récemment annoncé qu’il révisait à la baisse ses engagements au titre du Plan d’action global commun. Le représentant saoudien a tenu à rappeler que la résolution 2231 du Conseil de sécurité appelle l’Iran à adhérer au protocole additionnel, « ce qui n’a pas été fait ». L’Arabie saoudite a en outre répondu aux propos de l’Union européenne sur la situation au Yémen en rappelant que sont les houthistes qui n’ont pas coopéré avec l’initiative de paix saoudienne et que cette milice « soutenue par l’Iran » continue de viser des installations saoudiennes avec des missiles de fabrication iranienne. L’Arabie Saoudite a également exhorté l’Iran à adopter un comportement responsable, à s’abstenir de telles pratiques et à suivre son exemple en termes de respect des obligations internationales.
L’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir commis une agression préméditée contre elle, et non ce que l’Azerbaïdjan appelle « une contre-offensive ». Le représentant a cité comme preuves la réalisation de vols provocateurs menés par l’Azerbaïdjan, l’interruption des réseaux sociaux et des médias en ligne ainsi que le déploiement de milliers de soldats. L’Arménie a également accusé l’Azerbaïdjan de ne pas respecter les obligations du Traité sur le commerce des armes, faisant planer une menace sécuritaire sur la région. Le Nagorno-Karabakh a été privé d’assistance humanitaire ces dernières décennies, a enfin déploré le représentant, ajoutant que l’Azerbaïdjan empêchait la tenue d’opérations de déminage.
L’Arabie saoudite a réagi aux propos de la République islamique d’Iran en affirmant respecter ses engagements au niveau international « alors que l’Iran n’a eu de cesse de violer le Plan d’action global commun dès le départ » et de dépasser les quantités convenues dans cet accord. L’Iran n’a pas mon plus permis l’accès d’inspecteurs de l’AIEA à certaines de ses installations militaires et autres et il a récemment annoncé qu’il révisait à la baisse ses engagements au titre du Plan d’action global commun. Le représentant saoudien a tenu à rappeler que la résolution 2231 du Conseil de sécurité appelle l’Iran à adhérer au protocole additionnel, « ce qui n’a pas été fait ». L’Arabie saoudite a en outre répondu aux propos de l’Union européenne sur la situation au Yémen en rappelant que sont les houthistes qui n’ont pas coopéré avec l’initiative de paix saoudienne et que cette milice « soutenue par l’Iran » continue de viser des installations saoudiennes avec des missiles de fabrication iranienne. L’Arabie saoudite a également exhorté l’Iran à adopter un comportement responsable, à s’abstenir de telles pratiques et à suivre son exemple en termes de respect des obligations internationales.
La Chine a condamné les propos des États-Unis à son égard. L’approche utilitaire des États-Unis vis-à-vis de la paix est dangereuse, elle repose sur la surenchère, ce dont témoigne le déploiement de missiles dans le monde entier menée depuis des années, a ajouté le représentant. La Chine condamne toute course aux armements, en promouvant activement le contrôle des missiles, exactement comme nous l’avons fait dans le domaine des armes nucléaires, a ajouté le représentant. Pour la Chine, le moratoire sur les matières fissiles n’est pas clairement défini. Créer un mécanisme de vérification reste le meilleur moyen d’assurer le fonctionnement efficace de la Convention sur les armes biologiques, mécanisme auquel les États-Unis doivent contribuer de façon transparente et responsable, un comportement qu’adoptent conjointement la Russie et la Chine.
L’Azerbaïdjan a réagi aux « mensonges » de l’Arménie, qui déforme de nouveau la réalité, elle qui a ciblé de nombreux civils à l’artillerie et en usant de mines antipersonnel dans tous les territoires libérés. L’Arménie prône un dialogue sur la reprise de relations normales, un dialogue dans lequel, en vérité, elle ne s’engage jamais, a déclaré le représentant.
La République islamique d’Iran a répondu aux « accusations infondées » de l’Arabie saoudite, qu’il a rejetées, accusant le pays de refuser de respecter son accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, en dépit de l’intensité de ses activités nucléaires. Concernant le Plan d’action commun, l’Iran rappelle qu’il permet, lui de changer de comportements en fonction des sanctions qui le visent. Enfin, pour l’Iran, l’Arabie saoudite parle de paix mais bombarde des civils et est l’un de ceux dont les dépenses militaires sont les plus importantes au monde.
L’Arabie saoudite a réagi à ces propos en précisant avoir bien signé et ratifié un accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, lequel prévoit à terme une mise en œuvre de garanties généralisées. L’Iran doit arrêter de soutenir des groupes qui sapent la stabilité de la région, a conclu le représentant saoudien.