Conseil de sécurité: les délégations se déclarent préoccupées par les allégations de trafic d’organes humains au Kosovo

CS/10177

Conseil de sécurité: les délégations se déclarent préoccupées par les allégations de trafic d’organes humains au Kosovo

16/02/2011
Conseil de sécuritéCS/10177
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6483e séance – après-midi


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LES DÉLÉGATIONS SE DÉCLARENT PRÉOCCUPÉES PAR LES ALLÉGATIONS DE TRAFIC D’ORGANES HUMAINS AU KOSOVO


Le Ministre serbe des affaires étrangères, M. Vuk Jeremić, a demandé, cet après-midi, une enquête criminelle indépendante sur les allégations de trafic d’organes d’êtres humains, devant le Conseil de sécurité, qui examinait la situation au Kosovo au cours des trois derniers mois, marquée par la tenue d’élections parlementaires le 12 décembre 2010.


« Une approche cohérente de la question des crimes de guerre est indispensable pour parvenir à la paix et la réconciliation », a souligné M. Jeremić, en faisant référence aux allégations citées dans le rapport intitulé « Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d’organes humains au Kosovo », approuvé par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le 25 janvier dernier. 


« Compte tenu de la gravité de ces allégations », Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, a assuré que les autorités de Pristina insistaient pour qu’une enquête soit rapidement menée par le procureur de la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), qui avait l’expertise et la juridiction en la matière.


Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUK, M. Lamberto Zannier, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation au Kosovo entre le 19 octobre 2010 et le 15 janvier 2011, a néanmoins attiré l’attention sur les difficultés budgétaires croissantes et les difficultés économiques qui risquent d’affaiblir les progrès politiques enregistrés à ce jour.  Il a précisé que selon le Fonds monétaire international (FMI), le Kosovo ne pourra pas respecter les promesses qu’il avait faites pendant la campagne électorale d’augmenter les salaires des enseignants et autres fonctionnaires et s’est inquiété des faibles investissements étrangers directs (IED), de l’existence d’un déficit commercial de 1,8 milliard de dollars, alors que les exportations du Kosovo ne représentent que 14% des importations.  Plusieurs délégations ont ainsi souhaité que ces questions économiques et budgétaires soient réglées le plus rapidement possible, afin d’éviter qu’elles ne constituent un nouvel élément d’instabilité.


S’agissant de la situation d’ensemble, les délégations de la Serbie, de la Fédération de Russie et du Gabon ont déclaré qu’elles ne reconnaissaient pas la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, en regrettant que les premières élections législatives organisées par les autorités autoproclamées du Kosovo n’aient été ni organisées, ni supervisées par la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), comme le recommande la résolution 1244 (1999). 


De leur côté, les représentants des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France ont félicité le Kosovo, qui célébrera demain 17 février, le troisième anniversaire de son indépendance, deux jours après la fête nationale de la Serbie.  Ils ont salué les progrès réalisés par ce pays reconnu désormais par 75 États Membres de l’ONU, tout en notant qu’il devrait progresser dans bien des domaines, notamment dans le domaine de l’état de droit. La plupart des intervenants ont souhaité qu’un dialogue soit engagé entre la Serbie et le Kosovo sous l’égide des institutions européennes, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité de la région et de son intégration européenne.


RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITÉ


Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2011/43)


Ce rapport, établi en vertu de la résolution 1244 (1999), fait le point des activités menées par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et de l’évolution de la situation entre le 19 octobre 2010 et le 15 janvier 2011.  Il comporte en annexe le rapport de la Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Secrétaire général sur les activités de la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo.


Le Secrétaire général rappelle que le 2 novembre, le gouvernement minoritaire dirigé par le Parti démocratique du Kosovo (PDK), qui s’est imposé en octobre à la suite du retrait de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) du gouvernement de coalition, a perdu le vote sur une motion de censure à l’Assemblée du Kosovo.  Le Président par intérim Krasniqi a donc pris un décret portant dissolution de l’Assemblée ainsi que la décision de tenir des élections extraordinaires le 12 décembre 2010.  À l’issue de ces élections, la Commission électorale centrale a déclaré que 47,8% des 1 630 000 électeurs inscrits avaient participé au scrutin, soit une progression de 18,3% par rapport aux élections de 2007.  L’activité des 2 280 bureaux de vote répartis dans tout le Kosovo a été suivie par 32 052 observateurs accrédités par la Commission électorale centrale. 


La Commission électorale centrale a estimé que plus de 21 000 Serbes du Kosovo avaient participé au scrutin au sud du fleuve Ibër/Ibar, soit la plus forte participation depuis les élections de 2001.  Au nord du fleuve Ibër/Ibar, la participation des Serbes a été nulle.  Certains bureaux de vote ont été la cible d’engins pyrotechniques ou ont été bloqués à l’aide de véhicules.  Les membres de l’Assemblée de l’Union des municipalités de la province autonome du Kosovo-Metohija ont exhorté le Gouvernement de Belgrade à appliquer des sanctions à ses fonctionnaires serbes du Kosovo inscrits sur les listes électorales. 


Le 10 janvier 2011, la Commission électorale centrale a annoncé les résultats préliminaires des élections pour tout le Kosovo, qui excluaient la municipalité de Mitrovica mais prenaient en compte les résultats des nouveaux scrutins qui s’étaient déroulés la veille dans cinq municipalités.  Le PDK est arrivé en tête avec 32% des suffrages, tandis que la LDK obtenait 24,7% des voix, Vetëvendosje 12,6%, l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) 11,2% et l’Alliance pour un nouveau Kosovo (AKR) 7,3%.  Les résultats définitifs seront annoncés après le décompte du scrutin de Mitrovica (Sud) et l’examen des plaintes.  S’agissant du dialogue entre Pristina et Belgrade et dispositions pratiques, le Secrétaire général précise que l’effondrement de la coalition gouvernementale au Kosovo et la convocation d’élections extraordinaires ont retardé la mise en route du dialogue facilité par l’Union européenne, que l’Assemblée générale avait préconisé dans sa résolution 64/298 du 9 septembre 2010.  À la date de publication du présent rapport, fait remarquer le Secrétaire général, les représentants de Belgrade et de Pristina ne se sont pas encore rencontrés, bien que les représentants désignés par l’Union européenne pour faciliter le dialogue aient tenu plusieurs réunions préparatoires avec les deux parties.  Avec l’aide de la MINUK, Belgrade et Pristina ont continué de coopérer au sujet des problèmes relatifs aux personnes portées disparues, par le biais du Groupe de travail sur la recherche des personnes portées disparues, présidé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et au sujet des problèmes relatifs au patrimoine religieux et culturel, par l’intermédiaire de la Commission chargée de la reconstruction des édifices faisant partie du patrimoine orthodoxe serbe au Kosovo, présidée par le Conseil de l’Europe.  Au cours de la période à l’examen, ce Groupe a tenu deux réunions d’information à l’intention des familles des personnes portées disparues, l’une à Pristina, le 19 novembre, pour les représentants des familles albanaises du Kosovo et l’autre à Belgrade, le 3 décembre 2010, pour les représentants des familles serbes.  Si des progrès ont été accomplis, ce problème continue à hypothéquer lourdement les efforts de réconciliation entre les communautés et à perturber les retours.  Les restes de 14 personnes ont été identifiés, ce qui porte le nombre des personnes encore portées disparues au 16 décembre à 1 823, selon le CICR.


Pour ce qui est de la situation au Kosovo du Nord, le Secrétaire général constate avec regret que depuis le 19 octobre dernier, certains médias de Pristina ont continué de se livrer à une présentation déformée des activités de la MINUK dans cette région.  La MINUK a été décrite comme étant le principal obstacle que rencontrait Pristina dans l’exercice de son autorité au Nord.  En matière de sécurité, le rapport indique que si la situation a été calme dans l’ensemble, elle est restée cependant explosive.  Le nombre de meurtres et de cas de détention illégale d’armes et de fusillades est resté élevé.  Les membres de la communauté internationale ont été victimes de 25 incidents, intimidations, menaces, actes de harcèlement, vols simples et de vols à main armée. 


S’agissant du domaine de l’état de droit, le rapport rappelle que la MINUK continue de faciliter la communication entre les autorités serbes et d’autres États qui ne reconnaissent pas le Kosovo et le Ministère de la justice du Kosovo et, notamment, de recevoir et de transmettre des demandes d’entraide judiciaire.  Le Ministère de la justice du Kosovo ne donne pas suite aux demandes de la Serbie et n’adresse pas de demandes à la Serbie.  De même, la Serbie ne donne pas suite aux demandes qu’elle reçoit directement des autorités du Kosovo.  Concernant la situation en matière de droits de l’homme, le Secrétaire général fait observer que le nombre de dossiers traités par le Groupe consultatif sur les droits de l’homme a triplé en 2010: 32 affaires avaient été classées à la fin du mois de novembre, contre 11 en 2009.  Le Groupe continue cependant à faire face à un retard important dans l’examen des dossiers, 460 étant toujours en suspens.  Pour ce qui est de la représentation à l’étranger et la coopération régionale, la MINUK a continué d’aider le Kosovo à participer à des conférences régionales et internationales.  Toutefois, le manque d’enthousiasme des autorités du Kosovo à l’égard du rôle de facilitation que joue la MINUK s’est traduit par le refus d’assister à un certain nombre de réunions internationales.


Le Secrétaire général estime que le renforcement des relations intercommunautaires et des contacts interconfessionnels peut être très bénéfique pour la sécurité et la pérennité des sites orthodoxes serbes qui subsistent au Kosovo et que la Commission chargée de la reconstruction des édifices, qui relève du Conseil de l’Europe, s’est révélée être un mécanisme extrêmement utile pour la remise en état des sites orthodoxes serbes au Kosovo.


Au 15 janvier 2011, la composante police de la MINUK avait un effectif de huit personnes et celle de liaison militaire comprenait neuf personnes.



Déclarations


M. LAMBERTO ZANNIER, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a déclaré que l’instabilité politique et des incertitudes ont caractérisé la situation au Kosovo ces trois derniers mois.  Il s’est réjoui que la participation des Serbes du Kosovo aux dernières élections ait été la plus importante jamais observée.  Après la certification des résultats définitifs des récentes élections, les dirigeants du Kosovo peuvent se consacrer à la formation d’un nouveau gouvernement, a-t-il ajouté.  Il a également précisé que le Rapporteur spécial de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty, avait fait mention dans son rapport d’allégations d’activités criminelles organisées dont un trafic d’organes humains par des membres de l’Armée de libération du Kosovo en 1999.  Il a rappelé que le 25 janvier 2011, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe avait appelé à une enquête sur le « Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d’organes humains au Kosovo ».  Il a estimé qu’une protection adéquate devrait être assurée aux témoins, en précisant qu’il avait discuté de cette question avec le Chef de la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), M. Xavier Bout de Marnhac.  Ce dernier a assuré que la Mission EULEX avait l’expertise et la juridiction pour mener une telle enquête.


La situation en matière de sécurité au Kosovo n’a guère changé dans les grandes lignes depuis octobre dernier, a assuré M. Zannier.  En revanche, le Kosovo est confronté à des difficultés budgétaires et économiques qui risquent d’anéantir les progrès politiques.  Il a précisé que selon le Fonds monétaire international (FMI), le Kosovo ne pourra pas concrétiser les promesses, faites pendant la campagne électorale, d’augmenter les salaires des enseignants et autres fonctionnaires.  Il s’est inquiété par ailleurs des faibles investissements étrangers directs (IED), de l’existence d’un déficit commercial de 1,8 milliard de dollars, alors que les exportations du Kosovo ne représentent que 14% des importations.  Il a précisé que 20% des foyers vivaient grâce à des fonds reçus de l’étranger, représentant au total 11% du PIB.  


M. Zannier a rappelé que la MINUK continuait d’aider le Kosovo à participer à des conférences régionales et internationales.  Il a précisé que la MINUK/Kosovo assurait cette année la présidence tournante de l’Accord de libre-échange d'Europe centrale (CEFTA).  Il a exhorté les parties prenantes à œuvrer en vue de régler les problèmes économiques pressants auxquels fait face le Kosovo et revoir les prévisions budgétaires du Kosovo le plus rapidement possible.  Une situation économique faible est l’un des principaux obstacles au processus de retour, a-t-il fait remarquer. 


Des incidents récents contre des personnes appartenant à des minorités, notamment dans la municipalité d’Istog/Istok, ne peuvent que dissuader les autres personnes de rentrer chez elles, s’est inquiété M. Zannier.  Il a cité à cet égard des incidents dans le nord du Kosovo, notamment le meurtre d’un Bosniaque du Kosovo dont la maison devait être utilisée comme bureau de vote.  L’opposition des Serbes du Kosovo du Nord de participer aux élections se poursuit par d’autres formes d’opposition, a-t-il dit, en citant l’annulation de l’inauguration d’un aire de jeu à Mitrovica-Nord.  M. Zannier a précisé que la MINUK continuait de travailler avec les communautés du Kosovo-Nord.  Il a noté que la municipalité de Mitrovica-Sud a décidé de ne pas participer à la phase suivante de la construction de maisons d’accueil pour les rapatriés albanais dans le nord du Kosovo.  Il a espéré que le projet de recensement pourra se faire comme prévu au Kosovo, malgré les oppositions qui existent dans la région nord du fleuve Ibër/Ibar. 


M. VUK JEREMIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a réaffirmé d’emblée la position de son gouvernement à l’égard de la « déclaration unilatérale d’indépendance » des autorités albanaises de « notre province du Sud, le Kosovo, et de Metohija », qualifiant celle-ci de « nulle et non avenue ».  « Nous ne reconnaissons ni maintenant, ni à l’avenir, la déclaration unilatérale d’indépendance de Pristina, explicitement ou implicitement », a-t-il déclaré, précisant que cette position reflétait la volonté du peuple serbe et était consacrée dans la Constitution du pays.  Le Chef de la diplomatie serbe a rappelé qu’une majorité importante des États Membres des Nations Unies, ainsi que des membres du Conseil de sécurité, continuaient de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Serbie, conformément aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et de l’Acte final d’Helsinki.


Exhortant ces États à maintenir leur position de principe, M. Jeremić a ajouté que la Serbie demeurait fermement engagée en faveur du dialogue entre Belgrade et Pristina.  Il a souligné que la République de Serbie avait annoncé à l’automne dernier qu’elle était prête à entamer le dialogue, mais qu’elle attendait toujours des nouvelles de Pristina.  De nombreuses questions devront être discutées, certaines étant compliquées, a-t-il dit.  Des résultats ne pourront être obtenus que si les parties manifestent leur bonne foi et travaillent dur pour trouver des arrangements dont bénéficieront tous les habitants du territoire, a-t-il estimé.


Le Ministre a déploré le fait que les autorités de Pristina continuaient d’encourager la construction illégale de nouvelles colonies ou l’expansion de celles existantes, ce qui, a-t-il fait remarquer, constitue un défi direct à l’autorité de l’administration de la MINUK à Mitrovica.  Selon M. Jeremić, la neutralité du statut des Nations Unies, et celle de toutes les organisations qui opèrent sous son autorité, comme la KFOR, la Mission EULEX et la Mission de l'OSCE au Kosovo (OMIK), demeurent le seul cadre acceptable au sein duquel chacun pourra œuvrer à améliorer les conditions de vie des gens ordinaires du Kosovo, quelle que soit leur ethnicité. 


Le Ministre a ensuite attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire des personnes déplacées.  Il a souhaité que des moyens soient trouvés pour permettre aux Serbes déplacés du Kosovo d’exercer leur droit au retour, immédiatement et sans condition.  M. Jeremić a également mis l’accent sur la question de l’héritage culturel et religieux serbe au Kosovo.  Il a déploré que l’impunité se poursuive en ce qui concerne les attaques contre des lieux qui représentent le cœur de l’identité nationale serbe.  Il a appelé les autorités compétentes à diligenter des enquêtes sur ces faits.


Par ailleurs, le Ministre serbe des affaires étrangères a demandé une enquête criminelle indépendante sur les allégations de trafic d’organes d’êtres humains qui émanent d’un rapport approuvé par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe le 25 janvier, intitulé « Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d’organes humains au Kosovo ».  Le rapport, a-t-il dit, identifie explicitement le Premier Ministre en exercice du Kosovo, M. Hashim Thaci, comme chef du groupe responsable de divers trafics, dont celui d’organes humains, et dresse une liste de personnalités importantes, y compris Xhavit Haliti, Azem Syla et Fatmir Limaj, ayant joué un rôle essentiel dans diverses activités criminelles.  Pour M. Jeremić, une telle enquête doit avoir un mandat international.  Une seule autorité doit coordonner le processus d’enquête, gérer les questions d’ordre juridictionnel et assurer l’administration adéquate de la justice, a-t-il déclaré.  La solution réside, a-t-il dit, dans l’établissement d’un mécanisme d’enquête

spécial créé par le Conseil de sécurité, et relevant de cet organe.  Une telle enquête, a-t-il insisté, ne devra être ni politisée, ni liée à des désaccords diplomatiques concernant le Kosovo.


Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo, a rappelé que les représentants démocratiquement élus du Kosovo avaient déclaré l’indépendance du Kosovo, il y a déjà trois ans.  « N’oublions jamais, a-t-elle dit, que c’est Milosevic qui a démarré une campagne de terreur en 1989 et que son objectif d’une grande Serbie a coûté la vie à des milliers de personnes innocentes au Kosovo ».  Elle a déclaré que le verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, à La Haye, reconnaissait que le peuple du Kosovo était un peuple réprimé.  Elle a fustigé les oppositions aux dernières élections au Kosovo, en rappelant que 200 plaintes avaient été déposées dans un temps record.  Toutes les mesures et procédures juridiques ont été assurées de façon à ce que la volonté du peuple soit respectée, a-t-elle affirmé. 


« Toutes les parties du Kosovo ont accepté les résultats définitifs hier et nous sommes prêts à former un nouveau gouvernement en tenant compte des minorités », a assuré Mme Çitaku.  Elle a précisé que les autorités du Kosovo rejetaient fermement les allégations présentées dans le rapport du Rapporteur spécial de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty, sur un prétendu trafic d’organes humains qui, a-t-elle dit, portent atteinte à la réputation internationale du Kosovo.  Compte tenu de la gravité de ces allégations, le Kosovo va demander qu’une enquête soit rapidement menée par le procureur d’EULEX qui, selon Mme Çitaku, dispose de l’expertise et des compétences juridiques nécessaires. 


Aucun rapport ou allégations ne pourront changer ou modifier une situation qui existe entre un oppresseur et un opprimé, a souligné Mme Çitaku.  Voiler cette distinction ne sert pas le processus de réconciliation, a-t-elle ajouté, en précisant que cette position était appuyée par le Gouvernement de l’Albanie.  Elle s’est réjouie qu’un nombre important d’électeurs serbes ait participé aux élections du Kosovo.  Elle a indiqué que les Serbes du Kosovo avaient obtenu plus de 10% des sièges et qu’un Serbe du Kosovo allait devenir Vice-Premier Ministre dans le nouveau gouvernement du Kosovo.  Avec l’aide de la communauté internationale, le Kosovo procèdera, en avril prochain, à son premier recensement depuis 1981, s’est-elle félicitée, en espérant que les Serbes du Kosovo participeront à ce recensement, notamment à Mitrovica-Nord.


Mme Çitaku a rappelé qu’en 2005, lors des pourparlers de Vienne, une bonne volonté a permis de donner une autorité aux Serbes du Kosovo.  Elle a regretté la persistance d’une autorité parallèle de Serbes du Kosovo.  « Nous perdons 40 millions d’euros par an en raison de contrebande dans les point de passage 1 et 31, a-t-elle regretté, par ailleurs.  Elle a exhorté la République de Serbie à faire preuve de maturité et à reconnaître l’indépendance du Kosovo.  Le cadre dans lequel le Kosovo opère en tant qu’État doit être respecté, y compris la résolution 1244 du Conseil de sécurité, a-t-elle insisté.  Elle a estimé que la situation stable au Kosovo permettra à la KFOR de réduire ses effectifs à moins de 5 000 personnes.  Mme Çitaku a appelé à mesurer le chemin parcouru par le Kosovo, en rappelant que 70 000 militaires et civils étaient présents au Kosovo.  « Nous ne pouvons modifier la géographie et le Kosovo et la Serbie sont condamnés à vivre côte à côte immédiatement et pour l’éternité », a-t-elle ajouté, en demandant à la Serbie de « s’engager à contribuer à l’édification d’un avenir meilleur pour nos enfants et d’une région pacifique et prospère ». 


Mme CAROLINE ZIADE (Liban) s’est félicitée des efforts entrepris par l’Administration intérimaire pour faciliter le dialogue au Kosovo.  Il faut répondre aux besoins sociaux des différents groupes, en particulier dans le nord du Kosovo, a-t-elle déclaré.  La représentante a également exhorté toutes les parties à fournir l’appui nécessaire à la MINUK pour qu’elle puisse mettre en œuvre son mandat.  Elle s’est félicitée de la coordination entre les Nations Unies et la Mission EULEX de l’Union européenne dans le cadre de la neutralité, prévue par la résolution 1244 (1999).  La représentante s’est dite préoccupée par la situation précaire dans le nord du Kosovo, qui crée des tensions et des sentiments de méfiance entre les différents groupes.  La représentante du Liban a également mis l’accent sur la nécessité, après les récentes élections, de se concentrer sur la formation d’un gouvernement qui reflète les aspirations de la population et améliore le niveau de vie des habitants.  Enfin, la déléguée a dit espérer que des moyens juridiques appropriés seront trouvés pour rechercher la vérité dans les allégations de trafic d’organes humains.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que la promotion du dialogue et de la réconciliation constitue une partie intégrale de la mise en œuvre du mandat de la MINUK, et de l’instauration de la sécurité et d’une paix durable.  Il a ensuite exhorté l’ensemble des parties à entamer un dialogue direct constructif afin de résoudre les questions en suspens comme le demande la résolution 64/298 de l’Assemblée générale des Nations Unies.  M. Sangqu a également considéré comme cruciale la poursuite des activités menées par la MINUK dans le cadre de la promotion de la réconciliation, notamment en ce qui concerne la question des personnes disparues et celle du retour des personnes déplacées.  Il s’est par ailleurs dit préoccupé par les attaques menées contre la MINUK dans les médias du Kosovo, ainsi que par toutes les attaques visant la légitimité de cette Mission, établie par le Conseil de sécurité.  C’est pourquoi, il a appelé les parties à continuer à appuyer la MINUK dans l’accomplissement de son mandat.  Tout en se félicitant des progrès accomplis dans le domaine du retour des personnes déplacées, le représentant s’est dit préoccupé par le manque de ressources permettant d’assurer les retours au Kosovo.  « Beaucoup plus reste à faire pour répondre aux défis actuels », a-t-il noté, en faisant remarquer que les progrès enregistrés en matière de stabilité risquent d’être affaiblis par la situation volatile qui sévit actuellement à Mitrovica, dans le nord du Kosovo.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé que la coopération régionale doit être un moyen déterminant pour rapprocher Belgrade et Pristina et offrir les perspectives les plus larges « afin de régler les différends entre les deux pays ».  Il a souligné à cet égard la nécessité pour la MINUK, l’EUFOR et la KFOR de renforcer leur coopération et de coordonner leurs efforts.  « Dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit appuyer pleinement le dialogue entre les deux parties tout en continuant de promouvoir des actions en faveur de la stabilité multiculturelle, sociale et politique au Kosovo ».  « Il est impératif que les autorités kosovares permettent à la MINUK de mettre en œuvre son mandat dans l’ensemble du territoire, y compris le nord du Kosovo », a ajouté le représentant de la Colombie.  M. Osorio s’est par ailleurs dit préoccupé par les références dans le rapport du Secrétaire général concernant une commission qui serait chargée d’enquêter sur un trafic d’organes humains au Kosovo.  « Le Conseil doit examiner cette question et la marche à suivre en tenant compte des objectifs et principes de la Charte des Nations Unies », a-t-il estimé.


M. LI BAODONG (Chine) a déclaré que la situation au Kosovo était calme mais complexe et fragile.  Il s’est dit préoccupé par les tensions intercommunautaires au Kosovo.  La Chine, a-t-il ajouté, respecte la souveraineté et l’intégrité territoriales du Kosovo.  Il appartient donc aux parties concernées de trouver une solution négociée et acceptable dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La résolution 1244 (1999) reste valable et continue d’être un instrument essentiel pour résoudre les problèmes du Kosovo, a-t-il précisé.  Le représentant a également souligné que toutes les parties concernées devraient assurer la sécurité du personnel de la MINUK et faciliter l’exercice de son mandat.  M. Li Baodong s’est enfin déclaré préoccupé par le trafic illicite d’organes humains, toute violation du droit international étant, selon lui, intolérable.  La Chine, a-t-il conclu, soutient l’ouverture par les Nations Unies d’une enquête sur cette affaire.


Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a estimé qu’il était important, compte tenu de la situation actuelle, que toutes les parties prenantes gardent une approche positive et constructive du dialogue sur les questions en suspens.  Elle s’est dite profondément préoccupée par les informations recueillies par le Rapporteur spécial sur les traitements inhumains et le trafic illicite des organes humains.  Elle s’est dite rassurée que la Mission EULEX puisse contribuer à toute enquête éventuelle.  La représentante s’est d’abord félicitée de l’évolution de la situation dans les cinq municipalités décentralisées à majorité serbe, puis de la tendance observée dans le nombre des retours.  La stabilité et la sécurité au Kosovo, a-t-elle souligné, sont des éléments fondamentaux pour la paix et la prospérité dans la région.  La communauté internationale doit continuer à jouer son rôle important, en appuyant les aspirations des pays de la région à une intégration dans les structures européennes et euro-atlantiques, a estimé la représentante avant de conclure.


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a félicité le Kosovo, qui célébrera demain 17 février, le troisième anniversaire de son indépendance, deux jours après la fête nationale de la Serbie.  Elle a salué l’aspiration des deux pays à une paix durable et à une intégration européenne.  Elle s’est félicitée des progrès accomplis par le Kosovo pour mettre en place une démocratie au cours de ces trois dernières années, avec une participation croissante des communautés minoritaires.  Elle a salué l’importante participation des Serbes du sud du fleuve Ibër/Ibar au processus électoral, tout en estimant qu’il faudrait progresser davantage dans le domaine des réformes électorales.  La participation de la communauté serbe n’est pas encourageante au nord du fleuve Ibër/Ibar, a-t-elle ajouté, en regrettant que des Serbes du Kosovo aient créé des organisations parallèles qui ont recours à l’intimidation.  La représentante a dit qu’il était inacceptable que des travailleurs internationaux soient de plus en plus la cible d’attaques dans le nord du Kosovo.  Elle a indiqué que les États-Unis prenaient très au sérieux les allégations contenues dans un rapport approuvé par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe le 25 janvier, intitulé « Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d’organes humains au Kosovo ».  Elle a rappelé que la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) disposait des moyens nécessaires pour engager une enquête.  « Nous ne pensons pas qu’un mécanisme spécial de l’ONU soit nécessaire en ce domaine », a-t-elle estimé.  Par ailleurs, la représentante s’est dite encouragée de noter que les retours volontaires avaient doublé en 2010 par rapport à 2009.


M. GÉRARD ARAUD (France) a rappelé que le Kosovo célèbrerait, demain, le troisième anniversaire de son indépendance.  La crainte d’un chaos, agitée par certains au moment de la déclaration d’indépendance, était infondée, a-t-il affirmé.  Le représentant de la France a souligné que des élections législatives avaient eu lieu en décembre dernier et qu’elles s’étaient bien déroulées dans l’ensemble, avec un taux élevé de participation.  À ce jour, a-t-il poursuivi, 75 États ont reconnu le Kosovo.  Mais le Kosovo doit progresser davantage dans bien des domaines, notamment dans le domaine de l’état de droit, a-t-il rappelé.  M. Araud a déploré les violences commises aussi bien contre des Serbes du Kosovo, que par des extrémistes serbes.  Le représentant a également déclaré que l’Union européenne était prête à faciliter le dialogue entre Belgrade et Pristina, souhaitant que ce dialogue sera engagé dès que le Kosovo formera son nouveau gouvernement.  S’agissant des allégations concernant un trafic d’organes humains, le représentant a souhaité que toute la lumière soit définitivement faite et que toutes les preuves soient transmises à la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX), laquelle, a-t-il précisé, dispose de tous les moyens nécessaires. 


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a félicité le Kosovo qui célébrera, demain 17 février, le troisième anniversaire de son indépendance.  Il a salué la manière efficace et responsable dont la Commission électorale a répondu aux plaintes dont elle était saisie.  Il s’est félicité de la participation accrue de la population serbe du Kosovo, en notant qu’il y aura 25 sièges pour les minorités à l’Assemblée du Kosovo, ce qui est dépasse largement les 20 sièges qui leur étaient réservés.  Il faut améliorer les conditions économiques et procéder aux réformes nécessaires dans le cadre des efforts d’intégration européenne, a-t-il insisté.  Le représentant a souligné que le dialogue était essentiel pour améliorer les relations entre le Kosovo et la Serbie.  Il a appuyé les conclusions et recommandations du rapport du Secrétaire général qui mettent l’accent sur l’excellent travail réalisé concernant les questions des personnes disparues et du patrimoine culturel et religieux.  Il a émis l’espoir que les allégations concernant un trafic illicite d’organes humains au Kosovo, figurant dans un rapport approuvé par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, seront traitées avec toute la diligence nécessaire. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a rappelé que le Kosovo célèbrera demain, 17 février, le troisième anniversaire de son indépendance.  L’Allemagne défend un Kosovo libre, multiethnique et dynamique dont l’avenir se fera en Europe, a-t-il déclaré.  Le représentant a considéré que la reconnaissante de l’indépendance du Kosovo par 75 États constituait un signe de stabilité du pays.  Il a demandé aux États qui ne l’ont pas encore fait de reconnaître le Kosovo.  M. Wittig s’est félicité du déroulement pacifique des dernières élections législatives, déplorant néanmoins les irrégularités relevées.  Il a espéré qu’un président de la République sera prochainement élu.  M. Wittig a par ailleurs jugé choquantes les allégations contenues dans le rapport du Rapporteur spécial de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty, et a précisé que son pays les prenait au sérieux.  Ces allégations doivent faire l’objet d’une enquête afin que des preuves soient établies.  La Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) dispose de moyens suffisants, des compétences et de la juridiction appropriées pour mener cette enquête, a-t-il assuré. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a regretté « le manque d’objectivité dont a fait preuve Mme Çitaku.  Il a émis l’espoir que la résolution 1244 s’appliquera de manière contraignante à toutes les parties.  Le représentant a estimé qu’il était important pour les parties concernées de reprendre le dialogue afin de régler la question du Kosovo, réaffirmant que les actes unilatéraux étaient inacceptables.  Il a déclaré que les élections du 12 décembre dernier n’étaient pas légitimes car elles étaient organisées par les autorités autoproclamées du Kosovo et non pas par le Secrétaire général de l’ONU comme le prévoit la résolution 1244.  Il a rappelé que les Serbes du Kosovo avaient boycotté ces élections qui, selon les observateurs, ont fait l’objet de graves irrégularités.  Le représentant s’est dit également préoccupé par les résultats des partis radicaux du Kosovo et, notamment, de ceux qui souhaitent l’avènement d’une grande Albanie.  Il a partagé les préoccupations des autorités serbes au sujet du transfert, par le KFOR à la police du Kosovo, des fonctions de protection du patrimoine culturel serbe.  La situation des retours des personnes déplacées n’est toujours pas satisfaisante, y compris pour la population serbe, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a aussi dénoncé les intimidations et les campagnes contre le personnel de l’ONU qui les empêchent de s’acquitter de leur fonction.  Avant de conclure, il a souligné qu’il était important de donner suite aux allégations d’activités criminelles organisées dont un trafic d’organes humains, comme l’indique le rapport du Rapporteur spécial de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty. 


M. ALFRED MOUNGARA MOUSSOTI (Gabon) a regretté que les premières élections législatives, que le Kosovo a tenues depuis sa déclaration unilatérale d’indépendance, n’aient été ni organisées, ni supervisées par la MINUK, comme le recommande la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  « La publication du rapport du Rapporteur spécial de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty, faisant mention d’allégations de trafic d’organes humains, est un sujet de préoccupation pour la délégation gabonaise », a ensuite indiqué M. Moussoti.  Le Gabon, a-t-il poursuivi, souligne la nécessité pour le Conseil de sécurité de mettre en place un mécanisme d’investigation responsable devant lui faire la lumière sur les faits révélés par le rapport de M. Dick Mayer.  Le représentant a par ailleurs déploré la dégradation du climat au Kosovo, notamment au Nord, où la MINUK fait l’objet d’une publicité non justifiée de la part de certains médias, a-t-il dit.  Sur le plan de la sécurité, M. Moussoti s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de meurtres et de cas de détentions illégales d’armes, soulignant que la criminalité organisée et la contrebande contribuaient à l’instauration d’un climat peu sécurisé.  Il a d’autre part invité les deux parties à poursuivre leurs discussions sur la question des personnes disparues et à continuer leur coopération sur la question du patrimoine religieux et culturel.  Il a également appelé la communauté internationale à apporter une assistance conséquente « afin d’encourager le retour des personnes déplacées dans leur foyer d’origine ».  Dans le cas du Kosovo, le Gabon rejette toute déclaration unilatérale d’indépendance et demeure attaché au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie, a-t-il conclu.


M. KIO S. AMIEYEOFORI (Nigéria) a mis l’accent sur les défis redoutables qui persistent au Kosovo, soulignant l’importance de mettre en œuvre la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  La MINUK doit jouer un rôle clef et son appui est nécessaire pour aider à surmonter les difficultés, a-t-il dit.  Les auteurs de crimes doivent être traduits en justice et des efforts doivent être fournis pour venir en aide aux victimes, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné qu’un dialogue soutenu était indispensable pour parvenir à un accord mutuellement acceptable par les parties.  Il a exhorté les parties à redoubler d’efforts pour commencer le processus le plus rapidement possible.  Enfin, le délégué a estimé que le trafic illicite d’organes humains au Kosovo était un problème grave des droits de l’homme et que les allégations de trafic d’organes humains mentionnées par le Rapporteur spécial dans le rapport présenté à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, M. Dick Marty, exigeaient une enquête internationale.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) s’est félicité des progrès importants en faveur d’une intégration européenne.  Il a jugé indispensable que les institutions du Kosovo et la communauté internationale continuent de travailler ensemble pour renforcer les institutions démocratiques au Kosovo.  Les problèmes économiques et financiers qui ont été soulignés par M. Zannier doivent, a-t-il estimé, être réglés le plus rapidement possible, afin d’éviter qu’ils deviennent un élément supplémentaire d’instabilité.  Au-delà des élections, beaucoup reste encore à faire, a–t-il dit, en s’inquiétant des incidents qui exacerbent les tensions.  Il a souligné l’importance de la collaboration entre la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) et le Kosovo en ce qui concerne l’état de droit.  Concernant le rapport que M. Dick Marty a présenté au Conseil de l’Europe citant les allégations de trafic d’organes humains, le représentant a souligné que cette question avait une dimension régionale et qu’il était nécessaire de protéger les témoins.  Il s’est félicité que le Kosovo et l’Albanie soient prêts à collaborer aux enquêtes.  L’impunité n’est pas seulement intolérable mais constitue une menace pour la paix, a-t-il dit.  Il est important que le Kosovo et la Serbie entament des pourparlers sous l’égide de l’Union européenne pour que nous puissions définitivement tourner la page de cette histoire, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité dans les Balkans, a-t-il insisté. 


M. VINAY KUMAR (Inde) a affirmé que la MINUK devrait continuer de faciliter la communication entre les deux parties, à savoir les autorités de Pristina et celles de Belgrade.  Il a estimé que des actes isolés et la criminalité organisée rendaient la situation précaire.  S’agissant des allégations de trafic d’organes humains, il a souhaité qu’une enquête approfondie et impartiale soit menée par une entité chargée d’examiner tous les aspects de la question afin d’établir la vérité.  La situation au Kosovo doit pouvoir être résolue grâce à la consultation et au dialogue, a-t-il ajouté, approuvant la prorogation du mandat de la MINUK.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) s’est félicitée des efforts réalisés dans la région pour faciliter son intégration européenne.  Elle s’est dite convaincue qu’une solution juste et durable pourra être réalisée sous les auspices du Conseil de sécurité.  Elle s’est dite préoccupée par le fait que la MINUK n’ait pas participé à l’organisation des élections, en rappelant qu’en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, l’organisation de ces élections revient à la communauté internationale.  Bien que le rapport du Secrétaire général estime que la situation au Kosovo est demeurée dans l’ensemble calme, la représentante du Brésil a jugé inacceptable la persistance d’attaques ciblées contre le personnel international.  Par ailleurs, elle a souligné qu’il était important d’assurer que le suivi des allégations de trafic d’organes humains se passe en conformité avec la résolution 1244.  En conclusion, elle s’est dite convaincue que le Conseil de sécurité devrait continuer de surveiller de près l’évolution de la situation politique au Kosovo.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le Conseil de sécurité autorise le transfert de la MINUL vers l’ONUCI de trois compagnies d’infanterie et de cinq hélicoptères

CS/10176

Le Conseil de sécurité autorise le transfert de la MINUL vers l’ONUCI de trois compagnies d’infanterie et de cinq hélicoptères

16/02/2011
Conseil de sécuritéCS/10176
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6482e séance – après-midi                                  


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ AUTORISE LE TRANSFERT DE LA MINUL VERS L’ONUCI

DE TROIS COMPAGNIES D’INFANTERIE ET DE CINQ HÉLICOPTÈRES


Le Conseil de sécurité a autorisé le Secrétaire général, cet après-midi, à prolonger de trois mois au plus le transfert, à titre temporaire, de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), de trois compagnies d’infanterie, d’une unité aérienne constituée de deux hélicoptères de transport militaires ainsi que de trois hélicoptères armés et de leur équipage.


Le Conseil de sécurité, par la résolution 1968 (2011), adoptée à l’unanimité, et dont le projet avait été présenté par la France, a sollicité, à cet égard, l’aide des pays qui fournissent des effectifs militaires ou de police.



LA SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE


Texte du projet de résolution S/2001/75


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions antérieures, en particulier les résolutions 1967 (2011), 1962 (2010), 1951 (2010), 1946 (2010), 1942 (2010) et 1933 (2010), et les déclarations de son président relatives à la situation en Côte d’Ivoire et dans la sous-région,


Rappelant les arrangements de coopération entre missions prévus aux paragraphes 4 à 6 de sa résolution 1609 (2005) et au paragraphe 6 de sa résolution 1938 (2010), et rappelant en outre les paragraphes 3 et 4 de sa résolution 1967 (2011) et le paragraphe 7 de sa résolution 1962 (2010),


Rappelant son intention d’envisager d’autoriser le Secrétaire général à redéployer à titre temporaire d’autres effectifs, selon que de besoin, entre la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et conscient de la nécessité d’aider la MINUL à s’acquitter de son mandat,


Rappelant la lettre datée du 7 janvier 2011 (S/2011/5), dans laquelle le Secrétaire général souligne le rôle essentiel joué par les ressources transférées de la MINUL à l’ONUCI dans les circonstances difficiles actuelles en Côte d’Ivoire,


Réaffirmant son plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général en Côte d’Ivoire dans l’accomplissement de son mandat,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


Décide d’autoriser le Secrétaire général, en application des paragraphes 3 et 4 de sa résolution 1967 (2011), du paragraphe 6 de sa résolution 1962 (2010), de sa résolution 1951 (2010) et des paragraphes 4 et 6 de sa résolution 1609 (2005), à prolonger de trois mois au plus le transfert à titre temporaire, de la MINUL à l’ONUCI, de trois compagnies d’infanterie, d’une unité aérienne constituée de deux hélicoptères de transport militaires ainsi que de trois hélicoptères armés et de leur équipage;


Sollicite l’aide des pays qui fournissent des effectifs militaires ou de police à cet égard;


Décide de rester activement saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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L’ECOSOC place l’Examen ministériel de sa session de fond 2011 sous le signe des objectifs internationaux en matière d’éducation

ECOSOC/6464

L’ECOSOC place l’Examen ministériel de sa session de fond 2011 sous le signe des objectifs internationaux en matière d’éducation

15/02/2011
Conseil économique et socialECOSOC/6464
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session d’organisation de 2011

2e séance – matin                                          


L’ECOSOC PLACE L’EXAMEN MINISTÉRIEL DE SA SESSION DE FOND 2011 SOUS LE SIGNE

DES OBJECTIFS INTERNATIONAUX EN MATIÈRE D’ÉDUCATION


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi sa session d’organisation qui sera émaillée de plusieurs réunions d’information cette semaine.  Ce matin, l’ECOSOC a adopté son programme de travail de base pour 2011 et 2012* qui prévoit qu’à la session de fond du mois de juillet à Genève, l’Examen ministériel annuel (EMA) soit consacré à la « Mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris sur le plan international en matière d’éducation ».  


L’ECOSOC tiendra sa prochaine réunion jeudi 17 février à partir de 11 heures.


Avant l’adoption du programme de travail, le Président de l’ECOSOC, M. Lazarous Kapambwe, de la Zambie, a constaté que plus de deux ans après la « pire crise financière et économique mondiale », une « surveillance vigilante de l’économie demeure critique ».  Il a annoncé que le Département des affaires économiques et sociales (DESA) viendra, cette semaine même, présenter l’édition 2011 du rapport sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale, publié le mois dernier. 


Le Président a aussi indiqué que vendredi prochain, les experts de l’ECOSOC discuteront de l’évolution de la crise alimentaire, avec le retour de la hausse des prix de la nourriture. 


Lazarous Kapambwe a attiré l’attention sur d’autres réunions et d’abord celle prévue, jeudi après-midi, avec la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes et le Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) pour parler de la mise en œuvre de la résolution 64/289 sur la cohérence à l’échelle du système de l’ONU.


Le Président a dit voir dans la réunion des 10 et 11 mars avec les institutions de Bretton Woods, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’occasion parfaite de poursuivre sur l’élan donné par le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha sur le financement du développement.


Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Hongrie a demandé au Président du Conseil de faire en sorte que la réunion se déroule de manière « réellement interactive et dynamique ».


Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, a interpellé le Conseil sur trois points.  Il a d’abord demandé que l’ECOSOC fasse figurer la question de l’insécurité alimentaire dans son programme de travail.  Il a ensuite réaffirmé l’urgence qu’il y a à ce que l’ONU joue un rôle central dans la gouvernance économique mondiale et a enfin rappelé qu’en 2011 et en 2012, l’ECOSOC devra élaborer un ordre du jour ambitieux pour améliorer la situation des pays les moins développés (PMA) qui sera l’objet de la Conférence d’Istanbul, au mois de mai prochain. 


L’ECOSOC doit aussi contribuer au succès de la Conférence internationale sur le développement durable (Rio+20), en particulier les volets consacrés à l’économie verte et à l’élimination de la pauvreté. 


Pour la session de fond 2011 qui commencera au mois de juillet à Genève**, le Conseil a décidé que le thème de l’Examen ministériel annuel, qui aura lieu le vendredi 8 juillet 2011, serait la « Mise en œuvre des objectifs et des engagements convenus au niveau international en ce qui concerne l’éducation ». 


Le segment de coordination, qui se tiendra du lundi 11 juillet au jeudi 14 juillet 2011, aura pour thème la « Déclaration ministérielle de 2010 sur la mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris au niveau international en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation de la femme ». 


Le débat sur les activités opérationnelles se tiendra du jeudi 14 juillet au lundi 18 juillet et celui sur les affaires humanitaires, du mardi 19 juillet au jeudi 21 juillet.  Enfin, le débat général de la session se tiendra du vendredi 22 juillet au jeudi 28 juillet.


Le Président de l’ECOSOC a proposé que la question du financement du développement soit de nouveau examinée au cours du segment de coordination, ainsi que le Rapport annuel du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CEB). 


Il a rappelé aux délégations qu’elles doivent se prononcer, cette semaine, sur la répartition des sièges au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM); la proposition faite par la Bolivie d’amender la Convention unique sur les stupéfiants de 1961; l’élargissement de la composition du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti; et l’élection des membres au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains.


Le Président a aussi proposé que les thèmes des examens ministériels annuels, après 2011, portent sur l’interdépendance des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


*E/2011/1

  **E/2011/L.1


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La présidence lituanienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présente au Conseil de sécurité ses priorités pour 2011

CS/10175

La présidence lituanienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présente au Conseil de sécurité ses priorités pour 2011

15/02/2011
Conseil de sécuritéCS/10175
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6481e séance – matin


LA PRÉSIDENCE LITUANIENNE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION

EN EUROPE (OSCE) PRÉSENTE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ SES PRIORITÉS POUR 2011


Le Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, M. Audronius Ažubalis, dont le pays assure la présidence tournante de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a présenté, ce matin, aux membres du Conseil de sécurité les priorités pour 2011.


Le Président en exercice de l’OSCE a insisté sur la nécessité d’obtenir des progrès tangibles dans les conflits prolongés, d’améliorer la réalisation des engagements en matière de liberté de la presse, de renforcer l’action de l’Organisation face aux menaces transnationales, d’accroître son rôle dans le domaine de la sécurité énergétique et de promouvoir la tolérance par l’éducation.


M. Ažubalis a souligné que lors du Sommet de l’OSCE à Astana, au Kazakhstan, en décembre dernier, les chefs d’État et de gouvernement des membres de l’OSCE s’étaient engagés à nouveau en faveur de la vision d’une communauté de sécurité « libre, démocratique et indivisible ».  Il a indiqué, en particulier, que l’OSCE s’attacherait à participer activement au processus politique visant à régler le conflit en Transnistrie.  Il a souligné le rôle de l’Organisation dans le règlement du conflit au Nagorno-Karabakh, grâce à un engagement plus fort des coprésidents du Groupe de Minsk. 


La présidence lituanienne demeure en outre déterminée, a-t-il ajouté, à préserver l’engagement actif de l’OSCE dans le cadre des Discussions internationales de Genève sur la Géorgie visant à réduire les tensions et à établir la confiance parmi les communautés affectées.  Ces Discussions, a-t-il dit, représentent un forum unique dans la mesure où trois acteurs internationaux importants, à savoir l’Union européenne, l’OSCE et les Nations Unies, plus les États-Unis et la Fédération de Russie, travaillent étroitement pour la sécurité et la stabilité dans la région. 


M. Ažubalis a également affirmé son intention de placer la liberté de la presse en général et la sécurité des journalistes en particulier, parmi les principales priorités de sa présidence en 2011.  Il a ainsi annoncé la tenue d’une conférence sur la sécurité des journalistes à Vilnius, au mois de juin prochain.  Il a cependant regretté que le Gouvernement du Bélarus ait décidé de fermer le bureau de l’OSCE à Minsk.


Lors du débat qui a suivi l’exposé du Président en exercice de l’OSCE, les membres du Conseil ont mis l’accent sur l’importance pour l’ONU de renforcer sa coopération non seulement avec l’OSCE, mais aussi avec les autres organisations régionales et sous-régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


La représentante des États-Unis a notamment estimé que l’OSCE, en raison de son expérience, était un partenaire important pour faire face aux défis mondiaux liés à la paix et la sécurité internationales.  Dans la région des Balkans, a-t-elle dit, l’OSCE est un pilier de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et joue un rôle prédominant dans le relèvement du Kosovo, en appuyant les efforts pour la transparence et la bonne gouvernance locales.


Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé qu’il incombait en premier lieu au Conseil de sécurité d’exercer ses responsabilités dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Pour sa part, le délégué de la France a estimé que l’ONU et l’OSCE pouvaient être complémentaires dans les domaines de la lutte contre la criminalité transnationale organisée, la sécurité énergétique, la lutte contre le terrorisme, la liberté d’expression et la liberté des médias.


Le représentant de l’Inde a, quant à lui, salué la contribution importante de l’OSCE pour assurer la sécurité des frontières afghanes et la surveillance des dernières élections dans ce pays.


Les mécanismes africains de prévention et de résolution des conflits gagneraient à bénéficier de la riche expérience de l’OSCE, a estimé le représentant du Gabon.  Il en va de même, a-t-il estimé, pour la Force africaine en attente, dont les différentes composantes sont basées dans les cinq sous-régions du continent africain.


Enfin, plusieurs délégations, comme celles de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, ont regretté la fermeture par les autorités du Bélarus du Bureau de l’OSCE à Minsk.


EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE


M. AUDRONIUS AŽUBALIS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, qui s’exprimait en tant que Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a rappelé qu’avec 56 États membres couvrant les régions atlantique et eurasienne de l’Europe, l’OSCE était la plus grande organisation régionale du monde au titre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il a dit apprécier hautement la coopération étroite entre l’OSCE et l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  M. Ažubalis a souligné que lors du Sommet de l’OSCE à Astana, l’an dernier, l’Organisation avait établi une direction stratégique.  Les chefs d’État et de gouvernement des membres de l’OSCE se sont engagés à nouveau en faveur de la vision d’une communauté de sécurité « libre, démocratique, commune et indivisible », enracinée dans des « principes reconnus, des engagements partagés et des buts communs ».


Le Président en exercice de l’OSCE a ensuite présenté les priorités de l’OSCE pour l’année en cours, visant à assurer des progrès tangibles dans les conflits prolongés, une mise en œuvre améliorée des engagements en matière de liberté de la presse, un renforcement de l’action de l’OSCE face aux menaces transnationales, y compris celles venant de l’extérieur de la zone OSCE, un renforcement du rôle de l’Organisation dans le domaine de la sécurité de l’énergie, et la promotion de la tolérance par l’éducation dans la zone de l’OSCE.


M. Ažubalis a indiqué en premier lieu que l’OSCE s’attacherait à participer activement au processus politique visant à régler le conflit en Transnistrie sur la base du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriales de la République de Moldova.  De même, le Président en exercice a mis l’accent sur le rôle de l’Organisation dans le règlement du conflit au Nagorno-Karabakh, grâce à un engagement plus fort des coprésidents du Groupe de Minsk.  Il a invité les parties au conflit et d’autres États membres de l’OSCE à envisager des options pour établir des mesures de renforcement de la confiance et de consolidation des activités de contrôle de l’Organisation, notamment à la lumière des tensions croissantes sur le terrain.


La présidence lituanienne de l’OSCE demeure déterminée, a ajouté M. Ažubalis, à préserver l’engagement actif de l’OSCE dans le cadre des Discussions internationales de Genève sur la Géorgie visant à réduire les tensions et à établir la confiance parmi les communautés affectées.  Genève, a-t-il dit, représente un forum unique au sens où trois acteurs internationaux importants, à savoir l’Union européenne, l’OSCE et les Nations Unies, plus les États-Unis et la Fédération de Russie, travaillent étroitement pour la sécurité et la stabilité dans la région.  Il a exhorté tous les participants à tirer pleinement avantage du cadre de Genève pour développer des mesures visant à améliorer la sécurité et à satisfaire les besoins humanitaires. 


M. Ažubalis, lui-même ancien journaliste, a déclaré qu’il plaçait la liberté de la presse en général et la sécurité des journalistes en particulier, parmi les principales priorités de sa présidence en 2011.  Il a ainsi souligné qu’une conférence sur la sécurité des journalistes serait organisée à Vilnius en juin prochain, souhaitant une participation active des Nations Unies à cet événement.  Le Ministre a en outre dit regretter la décision du Gouvernement du Bélarus de fermer le bureau de l’OSCE à Minsk.  Il a affirmé qu’il restait déterminé à poursuivre des consultations avec les autorités du Bélarus pour examiner les moyens par lesquels l’OSCE peut continuer à soutenir le Gouvernement et le peuple de ce pays.


Le Chef de la diplomatie lituanienne a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité urgente, à la lumière des crises et conflits de ces dernières années dans la région de l’OSCE, de renforcer les capacités de l’Organisation à agir efficacement tout au long du cycle d’un conflit.  De même, M. Azubalis s’est attaché à souligner le partenariat entre l’OSCE et les Nations Unies, en citant l’exemple du succès de cette coopération au Kosovo. 


Le Président en exercice a conclu en assurant que l’OSCE continuerait de partager la richesse de son expérience dans le domaine de la sécurité transdimensionnelle avec d’autres organisations régionales, telles que l’Union africaine, la Ligue des États arabes, la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), le Forum régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et l’Organisation des États américains (OEA).


Déclarations


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a estimé que l’OSCE, en raison de son expérience, était un partenaire important pour faire face aux défis mondiaux liés à la paix et la sécurité internationales.  Dans la région des Balkans, a-t-elle dit, l’OSCE est un pilier de la MINUK et joue un rôle prédominant dans le relèvement du Kosovo en appuyant la transparence et la bonne gouvernance locales. 


Elle a souligné les efforts de soutien de la communauté internationale en Afghanistan, précisant notamment la contribution de l’OSCE en matière de sécurisation des frontières et de lutte contre le trafic de stupéfiants et la promotion du développement.  Elle a encouragé l’OSCE à poursuivre ses efforts en faveur de la promotion de la participation des femmes à tous les niveaux.


La représentante a mis l’accent sur l’expérience de l’OSCE, notamment en matière de facilitation.  Elle a souhaité que la présence de l’OSCE en Géorgie soit rétablie.  Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, se félicitent des efforts conjoints de l’OSCE et de l’ONU dans la gestion des Discussions internationales de Genève sur la Géorgie, qui comprennent la Fédération de Russie, la Géorgie et les autorités de facto de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.  La représentante a demandé que l’OSCE exhorte les parties concernées à se réunir régulièrement, afin d’avancer sur la question des mesures de confiance.  Elle a salué le rôle de l’OSCE face à l’émergence de violences au Kirghizistan.  Elle s’est félicitée des efforts de la présidence lituanienne de l’OSCE, qui visent notamment à promouvoir la liberté des médias et les technologies de l’information et des communications.  Elle s’est également félicitée de l’accent mis sur les menaces transnationales et la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes. 


M. PHILIP JOHN PARHAM (Royaume-Uni) a remercié le Président en exercice de l’OSCE pour son programme de travail dans le domaine de la bonne gouvernance et des droits de l’homme.  Le représentant s’est également félicité du rôle de l’OSCE visant à faire progresser le dialogue dans le conflit en Transnistrie, ainsi que dans le règlement du conflit dans le Haut-Karabakh.  M. Parham a également salué les efforts constants déployés par l’OSCE en vue de tenter de régler le conflit en Ossétie du Sud.  Après avoir mis l’accent sur le rôle de la société civile dans la zone de l’OSCE, il a regretté la fermeture du Bureau de l’Organisation à Minsk.  Il a réitéré l’appel lancé par le Royaume-Uni au Gouvernement du Bélarus pour reconsidérer sa position.  M. Parham a en outre déploré le fait que trop de journalistes dans plusieurs États membres de l’OSCE font souvent l’objet de menaces, y compris la menace de mort. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a déclaré que l’Allemagne partageait les priorités de la présidence lituanienne de l’OSCE.  Mettant l’accent sur les conflits persistants en Europe orientale et dans le Caucase, le représentant de l’Allemagne a rappelé qu’aucun succès ne saura être obtenu sans la volonté politique des parties prenantes en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan.  Il a salué les efforts de l’OSCE visant à relancer les négociations à « 5+2 » (République de Moldova, Transnistrie, OSCE, Fédération de Russie, Ukraine plus États-Unis et Union européenne) pour résoudre le conflit de Transnistrie, dans la République de Moldova, ainsi que les initiatives visant à résoudre le conflit dans le Haut-Karabakh.  Le représentant a insisté sur la nécessité de la présence de l’OSCE en Géorgie, saluant à cet égard le dialogue en cours à Genève dans le souci de soulager les populations affectées par ce différend.  L’Allemagne est préoccupée par la fermeture du bureau de l’OSCE à Minsk qui, a-t-il rappelé, contribuait de manière importante à la bonne gouvernance au Bélarus.  Il a appuyé l’expérience de l’OSCE en matière de stabilisation, de reconstruction et d’édification de la paix en souhaitant un renforcement de la coopération entre l’OSCE et l’ONU. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a plaidé en faveur du développement et du renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les mécanismes régionaux et sous-régionaux en matière de sécurité, y compris l’OSCE.  Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé qu’il incombe en premier lieu au Conseil de sécurité d’exercer ses responsabilités dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  M. Churkin a dit partager la vision de l’OSCE concernant le conflit dans le Caucase, saluant en particulier son engagement dans le cadre des Discussions internationales de Genève sur la Géorgie en vue de réduire les tensions.  Il s’est en outre félicité des activités de l’Organisation au Kosovo. 


Le représentant a par ailleurs attiré l’attention des membres du Conseil de sécurité sur le trafic de stupéfiants qui, à ses yeux, constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Il a souhaité la réalisation du concept de l’OSCE dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et la production de précurseurs chimiques.  L’Ambassadeur Churkin a espéré que la vision présentée par le Président en exercice de l’OSCE permettra à l’Organisation de surmonter la crise de ces dernières années et de s’adapter aux réalités de la période actuelle.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que l’OSCE était une composante clef pour la sécurité en Europe et pour le renforcement de son rôle de coopération.  Elle a souhaité une coopération plus accrue entre l’ONU et l’OSCE pour la prévention et la gestion des conflits, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  La représentante du Nigéria a salué le rôle de l’OSCE au Kirghizistan et au Kosovo et appuyé les grandes priorités évoquées par le Président en exercice, M. Audronius Azulalis, pour résoudre les conflits de la région, y compris dans la région de Transnistrie, en République de Moldova, et dans le Haut-Karabakh.  La représentante a souligné qu’il était nécessaire pour l’ONU de participer activement aux Discussions internationales de Genève sur la Géorgie.  La Conférence de Vilnius sur la liberté de la presse et les menaces à la liberté était très utile, a-t-elle dit.  La représentante a également estimé qu’il était nécessaire de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en matière de paix et de sécurité internationales, en estimant que la vision du Président en exercice de l’OSCE laissait entrevoir un avenir très prometteur pour promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité dans le monde.


M. NAWAF SALAM (Liban) a affirmé que le rôle des Nations Unies complétait le rôle des organisations régionales en matière de maintien de la paix et de la sécurité.  Il s’est félicité des efforts entrepris par l’OSCE pour contribuer à faire face à des menaces en Asie, notamment en Afghanistan.  M. Salam a salué le rôle de l’OSCE en matière de prévention des conflits.  Le représentant a également appelé l’OSCE à accorder une importance particulière au respect des droits de l’homme, de l’état de droit, du dialogue entre les cultures et les religions.  Il a également mis l’accent sur le rôle de l’OSCE dans la lutte contre le terrorisme, pour l’élimination des armes de destruction massive et des armes légères et de petit calibre.


M. NESTOR OSORIO (Colombie) a mis l’accent sur l’ensemble de principes et objectifs qui unissent l’ONU et l’OSCE en matière de liberté, de démocratie et de droits de l’homme, ainsi que pour la promotion de la paix et de la sécurité.  Il a précisé que la sécurité était une priorité pour la Colombie, en estimant qu’elle constituait la base essentielle pour la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie.  Il a souligné le rôle de l’OSCE pour la coopération régionale et sous-régionale en vue de garantir la paix entre les peuples.  S’agissant de la coopération entre l’ONU et l’OSCE, le représentant a salué la contribution de cette organisation européenne à la mise en œuvre de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Il a souligné l’importance de la coopération de l’OSCE en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Il a particulièrement salué l’expérience de l’OSCE et sa contribution à la stabilisation de l’Afghanistan en contrant les menaces transnationales qui pourraient naître dans ce pays. 


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) s’est félicité en particulier de l’intention de la présidence lituanienne de l’OSCE de se concentrer sur des mesures concrètes pour traiter des questions régionales.  Le représentant a souligné l’importance d’établir une étroite coopération entre l’OSCE et les autres organisations régionales dans les domaines d’intérêt commun.  Il a mis l’accent sur le travail effectué en matière de contrôle des armes classiques en Europe, de non-prolifération et, en particulier, sur le rôle de l’OSCE dans la lutte contre les menaces transnationales, comme la traite des personnes ou le trafic des stupéfiants.  Il a estimé à cet égard que l’interaction entre l’OSCE et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) avait un potentiel considérable. 


M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a rappelé que l’Article 54 de la Charte des Nations Unies engageait les organisations régionales à maintenir le Conseil de sécurité informé de leurs initiatives dans le domaine de paix et de la sécurité internationales.  Il a déclaré que l’OSCE avait joué un rôle déterminant pour régler les problèmes les plus importants après la fin de la guerre froide.   Au cours de ces 10 dernières années, l’OSCE a élargi ses activités en Asie centrale pour contribuer à la lutte mondiale contre le trafic des stupéfiants, s’est félicité le représentant de l’Inde.  Il a également salué la contribution importante de l’OSCE pour assurer la sécurité des frontières afghanes et la surveillance des dernières élections dans ce pays. 


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) s’est dit convaincu que le multilatéralisme se renforçait grâce à une coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Chaque organisation régionale, de par sa nature et ses compétences, est unique à la fois pour contribuer à répondre aux défis qui se posent et pour contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il dit.  Le représentant a estimé qu’à cet égard, les efforts de ces organisations se complétaient avec les activités du Conseil de sécurité.  Il a assuré l’OSCE de l’appui de son pays pour tous les efforts qu’elle déploie.


M. WANG MIN (Chine) a déclaré que les organisations régionales et l’ONU devraient tirer parti de leurs expériences complémentaires pour promouvoir la paix et la sécurité internationales.  Il a mis l’accent sur l’expérience de l’OSCE en matière de diplomatie préventive et de lutte contre le terrorisme.  Le représentant de la Chine a demandé à l’OSCE de poursuivre ses efforts pour promouvoir la stabilité régionale.  L’OSCE devrait, a-t-il souligné, renforcer sa coopération avec l’ONU pour promouvoir la paix et la sécurité internationales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


Mme MIRSADA ČOLAKOVIC (Bosnie-Herzégovine) a mis l’accent sur l’importance du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Elle a encouragé, dans ce cadre, un renforcement des liens de coopération entre l’ONU et l’OSCE.  La représentante a également mis l’accent sur la nécessité d’axer les efforts sur la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le trafic des organes, la lutte contre la corruption, sur le contrôle des armements et sur le respect des droits de l’homme.  La représentante a assuré que son pays était pleinement attaché à contribuer activement à la prévention des conflits dans les zones de compétence de l’OSCE.  Le Sommet de l’OSCE d’Astana, en décembre dernier, a confirmé le fait qu’il existe des menaces pressantes auxquelles doivent faire face les États, a-t-elle fait observer.  Le Sommet d’Astana, a-t-elle ajouté, a exprimé, dans sa déclaration finale, des attentes élevées pour faciliter la coopération entre les États membres de l’OSCE.


M. EMMANUEL BONNE (France) a indiqué que les 56 États membres de l’OSCE partageaient un même objectif de sécurité régionale, mais aussi de développement économique et humain et de respect des droits de l’homme.  Il a rappelé que le Sommet d’Astana, qui s’est tenu en décembre 2010, a réaffirmé ces objectifs communs et ouvert la voie à de nouveaux partenariats.  Il a estimé que l’ONU et l’OSCE pouvaient être complémentaires dans les domaines de la lutte contre la criminalité transnationale organisée, la sécurité énergétique, la lutte contre le terrorisme, la liberté d’expression et la liberté des médias.  Il a précisé que le Secrétaire général de l’OSCE, M. Marc Perrin de Brichambaut, viendra présenter ses initiatives, la semaine prochaine à l’ONU, devant le Comité contre le terrorisme, faisant observer qu’il s’agit là d’un bel exemple de coopération.  Après avoir mis l’accent sur la contribution de l’OSCE en Afghanistan et au Kosovo, il a rappelé qu’en Asie centrale, la connaissance de terrain que l’OSCE a acquise lui a permis de réagir efficacement à la crise qui a secoué le Kirghizistan en juin 2010, de concert avec l’ONU et l’Union européenne. 


Le représentant de la France a cependant regretté que les missions de l’ONU et de l’OSCE aient été forcées de quitter la Géorgie à la suite de la guerre de l’été 2008, alors que leur présence contribuait à instaurer la stabilité dans la région.  Il a jugé préoccupante la situation en Géorgie, en particulier en Abkhazie et en Ossétie du Sud.  La situation au Bélarus est également préoccupante depuis les élections de décembre dernier, a-t-il dit, citant notamment les atteintes à la liberté de la presse et l’arrestation d’opposants.  C’est pourquoi, le représentant de la France a exhorté le Bélarus à respecter les droits de l’homme et, en particulier les droits civils et politiques sur son territoire.  Il a regretté la fermeture de bureau de l’OSCE à Minsk, qu’il a jugée très dommageable pour la promotion des valeurs de l’Organisation qui, a-t-il fait remarquer, sont aussi celles auxquelles le Bélarus a souscrit. 


M. ALFRED MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a salué les efforts de l’OSCE visant à relancer les négociations à « 5+2 », afin de résoudre le conflit de Transnistrie, en République de Moldova, et faire respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de la République de Moldova.  Il a estimé que le renforcement du rôle des organisations régionales en vue de les rendre plus opérationnelles et plus aptes à répondre aux diverses crises doit demeurer au centre des priorités du Conseil.  C’est pourquoi, il a félicité l’OSCE de prendre en compte cette préoccupation, à travers ses organes, ses mécanismes, de même que ses institutions spécialisées.  Au niveau de l’Afrique centrale, a-t-il dit, des mécanismes de promotion des mesures de confiance ont été mis en place.  La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) entend renforcer ses capacités pour répondre aux défis de la paix et de la sécurité dans la région.  Le représentant du Gabon a estimé que ces mécanismes de prévention et de résolution des conflits, notamment le Mécanismes d’alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC) et le Conseil de la paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) gagneraient à bénéficier de la riche expérience de l’OSCE dans tous ces domaines.  De même, a-t-il estimé, la Force africaine en attente, dont les différentes composantes sont basées dans les cinq sous-régions du continent africain pourrait, pour son fonctionnement, s’appuyer sur l’expertise de l’OSCE.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que la coopération entre l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’ONU était un exemple concret de partenariat qui a aidé à promouvoir la paix et la sécurité eu Europe de l’Est, au Caucase et en Asie centrale, ainsi qu’à combattre le terrorisme.  En Afghanistan, l’OSCE a été impliquée dans les efforts visant à promouvoir le dialogue politique, le développement des capacités nationales et l’appui au processus démocratique, a-t-elle rappelé.  Le Brésil, a ajouté Mme Ribeiro Viotti, note avec satisfaction l’étroite collaboration entre l’OSCE et la Mission des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), ainsi que l’appui apporté au Gouvernement afghan dans le domaine de la sécurité aux frontières, la formation de la police et la lutte contre le trafic de stupéfiants.  Au Kirghizistan, a-t-elle précisé, l’OSCE a joué un rôle constructif l’année dernière, en coopération étroite avec l’ONU et l’Union européenne, dans un contexte politique difficile.  Faisant écho à la déclaration du Président en exercice de l’OSCE, M. Audronius Azubalis, la représentante s’est dite heureuse d’entendre qu’outre l’engagement renouvelé en faveur de la démocratie, la bonne gouvernance et la primauté du droit, la présidence lituanienne de l’OSCE cherchera de nouveaux moyens de promouvoir la sécurité énergétique, la liberté de la presse et une éduction tolérante. 


Reprenant la parole, le Président en exercice de l’OSCE a émis l’espoir que l’appui unanime exprimé par les délégations se traduira par une forte volonté politique en faveur d’actions concrètes pour mettre en œuvre le programme de l’OSCE.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social débat des mérites de la mise en place d’un socle de protection sociale dans chaque pays

SOC/4774

La Commission du développement social débat des mérites de la mise en place d’un socle de protection sociale dans chaque pays

14/02/2011
Conseil économique et socialSOC/4774
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social

Quarante-neuvième session

8e et 9e séances – matin et après-midi                      


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL DÉBAT DES MÉRITES DE LA MISE EN PLACE

D’UN SOCLE DE PROTECTION SOCIALE DANS CHAQUE PAYS


La Commission du développement social a mené, aujourd’hui, une vaste réflexion sur le rôle bienfaiteur que peut jouer le « socle de protection sociale » comme vecteur de croissance économique et de développement, à l’issue d’un débat animé sur la situation dans laquelle vivent certains groupes sociaux, dont les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées.


« Une bonne politique sociale n’est pas simplement une protection des pauvres en période de crise, mais elle peut contribuer au développement et à la cohésion sociale, grâce notamment à l’investissement en capital humain dont elle est porteuse », a notamment déclaré Mme Sarah Cook, Directrice de l’Institut de recherche pour le développement social des Nations Unies (UNRISD), qui était un des trois experts invités à débattre avec les membres de la Commission de la question de la protection sociale.


Autre expert invité à cette Table ronde, M. Michael Morass, Directeur adjoint de l’Unité des relations extérieures, du voisinage, de l’élargissement et des instruments pour l’assistance préaccession, de la Commission européenne, a argué que la sécurité sociale était un facteur de croissance car elle assure la formation des personnes et, de ce fait, leur capacité à intégrer le marché du travail.


Un « cycle de développement vertueux » est généralement un des résultats obtenus quand on dispose d’un cadre de sécurité sociale, a estimé M. Michael Cichon, Directeur du Département de la sécurité sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Ce dernier a en effet expliqué qu’alors que 80% de la population n’ont pas accès à une sécurité sociale adéquate, l’investissement dans un socle de protection sociale permettra d’assurer aux personnes un accès à l’éducation et à la santé et, par conséquent, la pertinence et la compétitivité des individus sur le marché du travail.


« Élargir la protection sociale n’est pas seulement un impératif politique car en permettant plus de consommation et d’investissements, la protection sociale entraîne des effets positifs pour l’économie mondialisée », a constaté M. Morass.  M. Cichon a d’autre part précisé qu’en investissant 4% du PNB d’un pays dans des transferts sociaux de base, il serait possible de réduire de 40% le taux de « pauvreté alimentaire » des pays à faible revenu. 


Revenant sur la question de l’élimination de la pauvreté, thème central des travaux de la session actuelle de la Commission, Mme Cook a observé que les pays qui avaient réussi à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions sociales de leur population sur une grande échelle étaient ceux qui avaient aussi adopté des politiques globales de protection sociale dans leurs programmes de développement.


Au cours du débat qui a suivi les présentations de ces trois experts, plusieurs États Membres se sont interrogés sur le meilleur moyen de financer les prestations de protection sociale suite, notamment, aux mesures d’austérité adoptées après la crise.  Le représentant du Maroc a demandé si la politique sociale était appelée à jouer uniquement un rôle de régulation sociale, ou si elle pouvait également être utilisée pour réglementer le marché du travail.  Son homologue des Pays-Bas s’est quant à lui inquiété d’une éventuelle dépendance des chercheurs d’emploi aux prestations sociales.  L’idée de la fragmentation des prestations sociales a également été commentée.


Ce matin, le débat sur l’« Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux » a été l’occasion pour la vingtaine de délégations qui sont intervenues de passer en revue les initiatives lancées sur le plan national par leurs gouvernements respectifs pour appuyer les jeunes, les personne âgées, ou encore celles handicapées.


Alors que l’Année internationale de la jeunesse est célébrée cette année, de nombreuses délégations avaient à l’esprit la situation des jeunes et plus précisément leurs perspectives d’avenir.  Le représentant de la Hongrie, parlant au nom de l’Union européenne, s’est notamment préoccupé du sort des cinq millions de jeunes au chômage que recense la région européenne et de la précarité des contrats offerts à ceux ayant réussi à obtenir un travail.  De son côté, la représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a fait savoir qu’en 2008, 152 millions de jeunes avaient un emploi mais n’avaient pas pu pour autant sortir de l’extrême pauvreté.


« Le meilleur investissement qu’un pays puisse faire pour son avenir consiste à intégrer les jeunes dans la société et à leur permettre d’accéder à une instruction et à une formation de qualité », a commenté le représentant de la Suisse.  « Les jeunes d’aujourd’hui ont démontré qu’ils n’acceptaient plus d’être privés d’éducation, d’opportunités et d’emplois ».


La question du vieillissement de la population a également été soulevée par de nombreuses délégations soucieuses d’assurer le bien-être et d’utiliser le potentiel de ce segment croissant de la population.  La représentante de l’OIT a en effet indiqué qu’en 2050, la planète comptera deux milliards de personnes âgées de plus de 60 ans et que 80% d’entre elles vivront dans les pays en développement.


Les délégations du Japon, de la République de Corée et de l’Italie ont ainsi fait part de l’intention qu’ont leurs Gouvernements d’augmenter les perspectives d’emploi de la force de travail la plus âgée.  De son côté, le représentant de la Hongrie a annoncé qu’en 2012, l’Union européenne célébrera l’« Année européenne pour un vieillissement actif ».


Plusieurs délégations ont également affirmé leur intention d’assurer la formation et l’emploi des personnes handicapées, conscientes du fait que 450 millions de personnes handicapées en âge de travailler sont au chômage.


La Commission du développement social poursuivra ses travaux mercredi 16 février, à partir de 10 heures.


SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE(E/CN.5/2011/2 ET E/CN.5/2011/4)


Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux (A/66/61-E/2011/3, A/66/62-E/2011/4 , E/CN.5/2011/7 et E/CN.5/2011/9)


i)    Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées

ii)   Programme d’action mondial pour la jeunesse

iii)  Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement (2002)

iv)   Questions, politiques et programmes relatifs à la famille


Rapport du Secrétaire général sur la « suite donnée à la résolution 2010/12 du Conseil économique et social intitulée: promouvoir l’intégration sociale » E/CN.5/2011/2.


Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte des politiques et programmes en faveur de l’intégration sociale adoptés au plan national, dans différentes régions, et de leurs incidences sur l’élimination de la pauvreté.  Il fait une large place à la protection sociale, à l’emploi, aux interventions ciblant des groupes donnés, ainsi qu’à la participation générale de la population, qui sont autant de moyens d’intégration sociale.  Il relève les limites de certaines interventions et expose les problèmes restant à régler.  Il montre qu’il importe d’intensifier les échanges concernant les pratiques et politiques optimales en la matière.  Enfin, il présente des recommandations sur les mesures à prendre pour aller de l’avant.


Rapport du Secrétaire général sur « les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » E/CN.5/2011/4


Dans ce rapport, le Secrétaire général décrit les initiatives et activités menées sur la question des aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Il en étudie les aspects sociaux et examine les difficultés de mise en œuvre des priorités du programme de Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique de l’Union africaine et formule des recommandations.


Le Secrétaire général relève notamment dans ce document que la crise financière et économique mondiale a compromis de diverses façons la mise en œuvre des priorités du NEPAD.  Il indique que la plupart des pays d’Afrique ne disposent pas de la marge de manœuvre budgétaire et politique nécessaire pour entreprendre des grands projets de développement.  Ban Ki-moon estime impératif que les pays donateurs fournissent l’aide promise, en particulier celle qui est destinée aux secteurs productifs, et il engage en outre les pays d’Afrique à faire en sorte que les institutions de développement régionales, sous-régionales et nationales disposent de ressources suffisantes et travaillent dans l’intérêt des populations.


Débat général


M. IMRE NYITRAI (Hongrie) qui parlait au nom de l’Union européenne (UE) a expliqué que la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées est le principal cadre juridique dans l’Union européenne, où elle est entrée en vigueur le 22 janvier 2011, pour assurer le respect et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales des handicapés.  Il a précisé que l’Union européenne a adopté la Stratégie européenne sur le handicap 2010-2022, qui définit un certain nombre de mesures à prendre au niveau de l’Union européenne pour compléter celles prises au niveau national par ses États membres.  La Stratégie prévoit la mise en place de mécanismes de mise en œuvre de la Convention des Nations Unies.  Les personnes handicapées doivent participer à l’application de cette Stratégie, a expliqué M. Nyitrai, dans le cadre des initiatives mises en place par les États membres de l’UE.  L’Union européenne salue aussi la célébration de l’Année des Nations Unies pour la jeunesse et soutient les valeurs qu’elle sous-tend.  Au cours des deux dernières années, le chômage des jeunes a augmenté et un million d’entre eux sont venus s’ajouter au nombre de chômeurs dans les pays de l’Union européenne.  Il y a donc maintenant cinq millions de jeunes au chômage dans la région, a-t-il indiqué.  En outre, les jeunes actuellement employés le sont souvent sur des contrats précaires à durée déterminée, a-t-il regretté.  Il a ensuite mentionné le programme « Youth on the Move », qui est le nouveau cadre de l’Union européenne pour 2010-2018 destiné à améliorer la formation des jeunes et à encourager la solidarité et l’inclusion sociale des jeunes.


En ce qui concerne le vieillissement, la population européenne vit de plus en plus longtemps, a indiqué M. Nyitrai, ce qui représente à la fois un progrès et un défi pour les services publics et les systèmes de santé et de promotion du bien-être des personnes.  Il faut utiliser le potentiel de ces personnes âgées, et nous allons nous concentrer sur le vieillissement actif, a-t-il dit, en cherchant à rendre les personnes âgées autonomes le plus longtemps possible.  L’année 2012 sera donc l’« Année européenne pour un vieillissement actif », a-t-il indiqué.  Il a ajouté que l’Union européenne a lancé un débat sur la durabilité des pensions et la sécurité des plans et programmes privés de pensions de retraite.  Il est crucial que la dignité des personnes âgées soit reconnue et préservée; et que celles-ci soient traitées avec respect lorsqu’elles nécessitent des soins de santé.  En ce qui concerne les familles, il a expliqué que les enfants du « baby boom » représentent un défi pour la durabilité économique des pays.  La plupart des États membres de l’UE sont parvenus à atteindre des taux d’emploi des femmes d’au moins 60%, a-t-il poursuivi, précisant que ces pays sont aussi ceux qui ont le plus haut taux de fertilité, grâce aux programmes permettant aux femmes de concilier vie familiale et vie professionnelle.


M. ENOCH TEYE MENSAH, Ministre de l’emploi et de la promotion du bien-être social du Ghana, a indiqué qu’à l’issue de l’adoption de la Déclaration de Windhoek, son pays avait mis sur pied un cadre complet en matière de politique sociale qui comprend trois institutions de formation professionnelle destinées aux jeunes issus de milieux défavorisés, notamment l’Institut national de formation professionnelle, qui cible les personnes qui ne sont pas formellement qualifiées pour suivre une éducation tertiaire, ainsi que les Centres communautaires intégrés pour les compétences professionnelles, qui ciblent, quant à eux, les personnes déscolarisées, notamment les jeunes mères célibataires.  Le Ministre a également évoqué l’adoption, en 2006, d’une loi sur les personnes handicapées, qui est assortie d’un plan stratégique pour la période 2010-2104.  Ce plan vise la création d’un environnement favorable à la pleine intégration des personnes handicapées.  De plus, 2% du Fonds commun des Assemblées de districts du budget national sont alloués à la promotion de l’emploi des personnes handicapées.


M. Mensah a ensuite annoncé qu’en juin 2010, le Ghana, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avait finalisé sa nouvelle politique en matière de vieillissement qui accorde une attention particulière à l’autonomisation, à la santé et à la participation des personnes âgées à la vie socioéconomique.  Il a également mentionné la Stratégie nationale de protection sociale du Ghana, qui a été mise sur pied pour répondre aux cas de pauvreté extrême.  Les orphelins, les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes très handicapées peuvent ainsi recevoir des subventions, a-t-il précisé.  Le Ministre a par ailleurs évoqué l’adoption d’une loi destinée à éliminer les pires formes de travail d’enfants, qui comprend un Programme pour l’élimination du travail d’enfants dans le secteur de la production du cacao.


M. AUGUSTIN TANG ESSOMBA (Cameroun) a indiqué que l’État camerounais a mis en place un système de protection sociale pour améliorer le bien-être de la population.  Parmi les secteurs dans lesquels l’État assure le versement de prestations, il a cité ceux concernant la vieillesse, la maladie, les familles, la maternité et l’invalidité.  L’État a aussi créé un cadre d’assistance spécifique pour les personnes handicapées, les personnes âgées et les enfants, a ajouté le représentant.  Ainsi, a-t-il précisé, le Cameroun a adopté la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2008, qui a été suivie d’une loi d’application pour en transposer les dispositions en droit interne.  La carte nationale d’invalidité permet de bénéficier de protection et de mesures de réinsertion sociale, a-t-il aussi expliqué, et elle donne droit à des réductions des tarifs dans les hôpitaux.  Il a ajouté que le Gouvernement camerounais a mis en place des mécanismes pour faciliter la participation de la société civile dans la protection des personnes handicapées, notamment en ce qui concerne leur formation aux technologies de l’information et de la communication.


Parmi les autres mesures prises en faveur des personnes handicapées au Cameroun, le représentant a mentionné la création du Centre national de prise en charge psychosocial des personnes handicapées.  En outre, la fonction publique camerounaise s’attache à recruter des personnes handicapées, a-t-il ajouté.  En ce qui concerne les enfants, ils sont aussi objets de mesures sociales, qui sont notamment prises en faveur des enfants de la rue.  Pour les personnes exclues sur le plan social en général, le représentant a évoqué l’existence de projets de protection environnementale et sociale, qui visent le secteur de l’énergie et les forêts.  Le Chef de l’État du Cameroun a fait de la protection sociale une priorité élevée, a-t-il dit en concluant, mais tous ces efforts nationaux doivent être renforcés avec l’aide de la communauté internationale.  Le représentant a enfin appelé à la mise en œuvre du Pacte mondial pour l’emploi, adopté par l’Organisation internationale du Travail (OIT).


M. IBRAGIM DJUNUSOV, Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, a indiqué qu’il restait encore beaucoup à faire pour assurer le développement durable et l’élimination de la pauvreté dans les régions montagneuses de son pays.  On peut évoquer certains progrès, mais il est encore trop tôt pour parler de succès, car de nombreux problèmes persistent, a indiqué M. Djunusov.  Il a évoqué le manque d’infrastructures pour soutenir le développement rural et, notamment, l’insuffisance de routes et de systèmes d’adduction d’eau, ce qui provoque l’isolation sociale des populations pauvres vivant en zone montagneuse reculée.  Les fonds versés par l’État sont modestes et leur impact sur l’amélioration des conditions de vie des populations rurales est insuffisant, mais le Gouvernement ne ménage aucun effort pour surmonter ces problèmes, a-t-il dit en substance.


Le Vice-Premier Ministre kirghize a précisé que 40% du budget de l’État étaient alloués au secteur social et que des mesures pratiques avaient été adoptées pour atténuer la pauvreté et assurer le respect des droits fondamentaux de la population.  Un mécanisme de compensation pour une catégorie préférentielle de la population est en cours d’élaboration, ainsi que la mise en place d’un processus de « passeportisation » sociale des familles défavorisées, a-t-il notamment indiqué.  M. Djunusov a ajouté qu’un million de personnes étaient couvertes par une forme d’appui social ou une autre et que 51 000 personnes recevaient des compensations monétaires au lieu de subventions.  Le Vice-Premier Ministre a ensuite rappelé que le Kirghizistan était à l’origine de la célébration de la Journée mondiale de la justice sociale et a annoncé que son pays, l’Organisation internationale du Travail et le Département de l’information de l’ONU organiseraient, le 17 février, une Table ronde intitulée « Comment réaliser la protection sociale pour tous ».


M. IGOR SHAPOVALOV (Fédération de Russie) a expliqué que le Gouvernement russe, par le biais de son programme de développement social, s’emploie à mettre en œuvre toutes les recommandations faites par les Nations Unies dans ce domaine, notamment celles en faveur des jeunes, des femmes et des enfants.  Ainsi, a-t-il indiqué, des programmes en matière de santé et d’éducation ont permis d’atteindre de bons résultats.  La mortalité a diminué et la natalité a connu une nette augmentation, a-t-il notamment précisé.  Le représentant a aussi mentionné la mise en place d’une stratégie destinée à l’amélioration de la vie des jeunes russes, dont les dispositions visent notamment à leur donner accès au système de santé.  Nous accordons aussi une grande importance aux familles et leur offrons des subventions, a-t-il ajouté.  Le représentant a ajouté que le système de santé de la Fédération de Russie est en cours de modernisation et qu’une initiative a été lancée en 2010 en faveur de l’éducation des enfants.


Pour ce qui est des jeunes, nous avons beaucoup investi dans cette catégorie de la population, a souligné le représentant de la Fédération de Russie.  En ce qui concerne les personnes âgées, nous avons adopté un plan destiné à améliorer leur bien-être et leurs conditions de santé.  Un débat a aussi été lancé en 2008 sur l’amélioration des conditions socioéconomiques des catégories vulnérables.  Il porte notamment sur l’amélioration des infrastructures sociales, a indiqué le représentant.  Nous aidons les personnes âgées grâce à des programmes et des institutions, sans oublier les prestations d’aide à domicile, a-t-il précisé.  Enfin, il a rappelé que la Fédération de Russie a signé la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2008 et indiqué que la ratification de ce texte par la Douma est en bonne voie.


Mme LUCIA CORGRIEL (Argentine) a passé en revue les initiatives lancées par les pays d’Amérique latine pour favoriser l’intégration sociale des personnes handicapées.  Elle a notamment évoqué la tenue d’un séminaire technique sur les statistiques et les handicaps auquel ont participé de nombreux pays de la région.  Elle a également rappelé l’existence de la Décennie des Amériques pour le bien-être des personnes handicapées 2006-2016.  La représentante a par ailleurs indiqué que l’Argentine, conjointement avec le Brésil, avait accordé un appui technique à Haïti.  Toutes ces initiatives prouvent que les pays de l’Amérique latine peuvent travailler ensemble et mener des actions coordonnées pour aborder de manière transversale la question du handicap, a-t-elle observé.


Mme YOU JIA (Chine) a estimé que tous les pays devraient concentrer leurs efforts sur le développement et faire en sorte que tous les peuples puissent en bénéficier.  La protection des groupes vulnérables devrait être renforcée, a-t-elle précisé, soulignant l’importance de l’intégration dans les activités économiques et sociales des personnes handicapées, des populations autochtones et des migrants.  L’établissement de services pour satisfaire des besoins de base comme la nutrition, la santé et le logement, devrait être rendu universel, ceci en vue de promouvoir une plus grande justice sociale, a-t-elle ajouté.  Mme You Jia a invité la communauté internationale à augmenter son aide au développement et a souhaité que les Nations Unies continuent à œuvrer pour favoriser plus de coopération dans ce domaine.  Elle a à cet égard notamment mentionné l’importance du partage des technologies et des expériences réussies.  En Chine, a indiqué Mme You Jia, nous avons réduit nos insuffisances dans le secteur des soins de santé et nous aspirons à faire vivre la population de manière toujours plus harmonieuse.  Nous appliquons notamment le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, a-t-elle aussi assuré.  En ce qui concerne les migrants, nous leur assurons des prestations qui leur permettent de sortir de la pauvreté.


M. TETSUYA KIMURA (Japon) a indiqué que la loi japonaise sur la promotion du développement pour l’appui aux enfants et aux jeunes était entrée en vigueur au mois d’avril dernier.  Il a expliqué que ce texte met l’accent sur la santé des enfants et des jeunes, sur leur éducation et sur leur emploi.  Il prévoit le versement d’aides sociales pour les jeunes qui vivent dans des circonstances difficiles et ambitionne d’améliorer l’environnement social des enfants et des jeunes en favorisant, notamment un meilleur accès à l’Internet.  De plus, plusieurs lois sur l’assistance en matière d’éducation ont également été adoptées et mises en œuvre, a ajouté le représentant.


M. Kimura a ensuite évoqué la création, en 2010, d’un Comité pour la promotion des réformes systémiques destinées aux personnes handicapées.  Il a également fait savoir que le Japon participait à l’organisation de la Réunion intergouvernementale de haut niveau pour l’examen final de la Décennie Asie-Pacifique pour les handicapés 2003-2012, qui aura lieu en 2012 en République de Corée.  Le représentant a par ailleurs indiqué que plus de 23% de la population du Japon étaient âgés de plus de 65 ans, et que le Gouvernement japonais ambitionnait de renforcer et d’augmenter les perspectives d’emploi pour les personnes âgées souhaitant travailler au-delà de l’âge de la retraite.


M. GEOVANNY RIVADENEIRA (Équateur) a indiqué que le Gouvernement équatorien a lancé en 2007 un programme pour la mise en place de mesures en faveur des personnes handicapées, ainsi que pour l’adoption de dispositions favorisant la lutte contre la discrimination envers ces personnes.  Nous aidons aussi les familles qui soutiennent les personnes handicapées et les amis de ces gens âgés, a-t-il ajouté.  De juillet 2009 à novembre 2010, des médecins équatoriens et cubains ont recensé en Équateur une population handicapée de 294 166 personnes, avant de réaliser 825 576 consultations médicales et de dispenser une assistance technique à 77 000 personnes handicapées, a-t-il indiqué.  Il a évoqué la mission « Joaquin Gallegos Lara » qui a permis, en 2010, d’identifier 2 451 Équatoriens qui ne pouvaient jusque là faire valoir leurs droits, ce qui a permis de leur accorder des subsides financiers et d’autres formes d’assistance.  Le représentant a aussi indiqué que l’Équateur a adopté une stratégie intersectorielle en matière d’intégration économique des personnes handicapées dont l’objet est de parvenir à un taux d’occupation de 40% des personnes handicapées d’ici à 2013.  Il a enfin indiqué que son pays a adhéré à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, notant que ce traité a donné un élan important au travail mené par le Gouvernement dans ce domaine.


À l’occasion de la célébration de l’Année internationale de la jeunesse, M. JONAS HERTNER (Suisse) a engagé les délégations à impliquer de jeunes délégués dans leurs prochaines activités.  Il a évoqué le Programme d’action pour la jeunesse et a fait observer que les enfants et les jeunes étaient les premiers fragilisés par les crises alimentaire, énergétique et financière mondiales, ainsi que par les conflits armés.  L’accès universel à une instruction de qualité constitue la voie royale pour éradiquer la pauvreté et la première étape à atteindre vers la réalisation de l’OMD, a-t-il affirmé, relevant par ailleurs que si tous les élèves des pays à faible revenu savaient lire et écrire au terme de leur scolarité, plus de 170 millions de personnes seraient épargnées par la misère.  Cela équivaudrait à une réduction de 12% de la pauvreté, a-t-il souligné.  Le représentant a cependant estimé que la communauté internationale était « encore loin » de tenir la promesse qu’elle a faite de garantir une éducation de qualité pour tous d’ici à 2015.  L’absence ou l’insuffisance d’instruction et de formation ferment toute perspective de réussite à ceux qui en sont victimes, et les jeunes d’aujourd’hui ont démontré qu’ils n’acceptaient plus d’être privés d’éducation, d’opportunités et d’emplois, a relevé M. Hertner.  Il a estimé que le meilleur investissement qu’un pays peut faire pour son avenir consiste à intégrer les jeunes dans la société et à leur permettre d’accéder à une instruction et à une formation de qualité.  L’éducation, a-t-il ajouté, est indispensable à l’exercice des autres droits fondamentaux.


Le représentant a ensuite invité la Commission à accorder une attention particulière à la question de l’accès universel à l’éducation et à la formation.  Il a notamment souhaité que la résolution de la Commission sur la jeunesse comprenne des recommandations qui « reflètent les réalités de notre époque » et que ses recommandations contiennent des stratégies pour la réalisation des objectifs du Programme d’action mondial pour la jeunesse qui aillent au-delà de 2015.


Mme VERONICA CALCINARI VAN DER VELDE (Venezuela) a indiqué que son pays a ouvert de vastes espaces d’intégration sociale pour les personnes handicapées et pour tous ceux qui prennent soin d’elles afin de les faire participer aux activités dans tous les domaines sociaux.  Nous avons créé de nombreux programmes et des missions pour réintégrer les personnes victimes d’exclusion et édifier une société basée sur la justice sociale, ce qui comprend la protection sociale des personnes handicapées, a souligné la représentante.  En 2010, le Venezuela a accordé 787 000 aides économiques à 323 000 personnes, a-t-elle précisé.  Elle a aussi parlé de la création d’un centre d’analyses génétiques qui offre gratuitement des diagnostics pré et postnataux dans ce domaine.  Un autre programme vise à offrir une éducation à tous les Vénézuéliens, et notamment aux enfants, quelle que soit leur santé physique et mentale.  Elle a en outre signalé l’existence, au Venezuela, d’instituts qui dispensent une éducation spécialisée aux enfants handicapés de 4 à 14 ans, précisant qu’il y existe aussi des centres de formation pour les adultes handicapés âgés de 14 à 35 ans.  Enfin, la représentante a lancé un appel pour que soient combattues et éliminées les idées erronées qui existent concernant l’exercice de leurs droits sexuels et génésiques par les personnes handicapées et elle a invité les États à guider ces personnes quand elles veulent vivre une vie de couple et fonder une famille.


Mme KIM HYEJIN (République de Corée) a passé en revue les efforts déployés par son pays pour répondre à la question du vieillissement de sa population.  Elle a notamment évoqué l’existence d’un plan quinquennal pour la mise en œuvre d’une politique en matière de vieillissement et en faveur de la population âgée.  Un plan de retraite et de pensions de base permet aujourd’hui à la République de Corée de verser des allocations à 70% de la population âgée de plus de 65 ans; et le Gouvernement entend promouvoir les perspectives d’emploi pour la génération des « baby boomers » en créant 500 000 emplois à leur intention d’ici à 2015, a précisé Mme Kim.  Le Gouvernement coréen s’inquiète également de la situation des personnes âgées qui vivent seules et qui représentent 20% de cette catégorie de personnes, a-t-elle indiqué.  Mme Kim a par ailleurs évoqué l’adoption, en décembre 2010, d’une loi sur le versement de pensions aux personnes handicapées qui vise à améliorer leur intégration sociale.  Elle a aussi expliqué que le Gouvernement coréen s’efforce de créer des emplois dans le secteur public destinés aux handicapés.


M. SONG MIN-KYU, Délégué des jeunes, a souligné l’importance de l’éducation, qui est le meilleur moyen, selon lui, de rompre nombre de cercles vicieux qui entravent l’essor des jeunes et d’éviter la criminalité.  Il a qualifié de « fondamentale » la participation des jeunes aux processus de prise de décisions, notamment en ce qui concerne les mesures les concernant directement.


M. FILIPO CINTI (Italie) a rappelé que 80% des personnes handicapées vivaient dans des pays en développement, ce qui rend indispensable l’assistance internationale si on veut aider la promotion de leurs droits.  M. Cinti a précisé qu’après la ratification en 2009 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, de nouvelles directives avaient été adoptées en Italie afin d’intégrer le handicap dans les activités et les politiques en matière de coopération pour le développement.  Le Gouvernement italien, a-t-il ajouté, a en outre accordé la priorité à la levée des obstacles qui persistent sur le marché du travail et qui concernent en particulier la force de travail la plus âgée.  Des politiques favorisant la participation des jeunes au marché du travail ont également contribué à assurer la durabilité du système de pension, a-t-il dit.  Enfin, pour assurer le bien-être des familles, un plan national pour le développement des services d’éducation et de soins a été adopté en 2007, a-t-il expliqué.


Mme SARANPAT ANUMATRAJKIJ (Thaïlande) a indiqué que le Gouvernement thaïlandais est parvenu à un accord sur l’adoption d’un nouveau ratio qui permettra que sur 100 salariés, tant dans le secteur public que dans le privé, au moins une personne handicapée soit recrutée.  À l’heure actuelle, près d’un million de personnes handicapées reçoivent une aide mensuelle d’environ 17 dollars.  Au niveau régional, a aussi indiqué la représentante, les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) vont proclamer la première Décennie de l’ANASE pour les personnes handicapées - 2011-2020.  La Thaïlande appuie la nomination de Monthian Buntan, un sénateur thaïlandais non voyant, comme membre du Comité sur les droits des personnes handicapées, pour 2013-2016, a par ailleurs indiqué Mme Anumatrajkij.


M. BRIAN KIDWELL (États-Unis) a relevé que la pauvreté touche trop souvent les personnes âgées.  Il a indiqué que le Gouvernement des États-Unis travaille avec des partenaires locaux et nationaux pour faciliter la protection de ces personnes.  En ce qui concerne la santé, l’État américain s’est engagé à couvrir la part importante de la population qui n’est pas couverte par une assurance santé, notamment les personnes âgées.  Celles-ci doivent pouvoir souscrire à une couverture médicale sans que des frais supplémentaires leur soient imposés et sans être pénalisées par des considérations ayant trait à des conditions préexistantes, a-t-il précisé.  Il a aussi mentionné l’existence de programmes qui visent le développement des enfants ainsi que la promotion du bien-être de toutes les personnes vulnérables, notamment les migrants.  La nutrition des enfants est un autre domaine d’action du Gouvernement des États-Unis, a ajouté le représentant.  Ainsi, les enfants scolarisés doivent bénéficier de programmes de nutrition gratuits.  Par ailleurs, 2010 a été déclarée Année pour les personnes handicapées aux États-Unis, afin d’assurer à ces personnes une vie digne au sein de la communauté nationale.  M. Kidwell a enfin signalé que la Coalition pour le droit à l’éducation offre des informations destinées aux familles qui ont des enfants handicapés, ainsi que des services sociaux et une formation à l’usage des nouvelles technologies.


Mme NURY PRESBOT DE MICHEL (République dominicaine) a tout d’abord évoqué la participation de son pays à de nombreuses initiatives lancées sur le plan régional pour améliorer la situation des personnes âgées.  Elle a également indiqué que son pays disposait d’un Conseil national des personnes âgées qui vise à rendre meilleure la qualité de vie de cette tranche de la population.  Elle a expliqué que 29 personnes âgées de plus de 60 ans sur 100 étaient victimes de pauvreté et que la République dominicaine avait mis en place des programmes de protection pour les personnes du troisième âge souffrant de pauvreté extrême, ce qui permet de venir en aide à plus de 82 000 d’entre elles.  Dans notre pays, il existe également des programmes d’alimentation et de versement de subventions, a-t-elle fait savoir.  Mme De Michel a ensuite indiqué que le Gouvernement dominicain mettait actuellement sur pied une stratégie nationale de développement, dont la mise en œuvre s’étalera sur les 20 prochaines années, et qui comprendra la garantie d’un système unique et universel de sécurité sociale qui protègera les populations les plus vulnérables tout en assurant leur intégration sociale.


M. ANNE-METTE KJAER (Danemark) a déclaré que le concept de système de protection universelle était une composante clef de la protection sociale au Danemark.  Elle a indiqué que la législation danoise sur la protection sociale stipulait que tous les adultes souffrant de handicaps physiques ou mentaux, ou de tous autres problèmes sociaux, avaient droit à une assistance qui est mesurée sur la base d’une évaluation individuelle.  Elle a précisé que le Danemark examinait les moyens qui pourraient permettre de mieux soutenir les personnes âgées et de favoriser leur contribution à la société.  Mme Kjaer a dit que l’approche danoise s’appuyait sur trois éléments: utiliser pleinement le potentiel de la société civile dans le secteur social; appuyer les opportunités que peuvent avoir les personnes âgées de rester plus longtemps sur le marché du travail; et investir dans de nouvelle solutions permettant de leur assurer des soins à long terme, y compris les technologies relatives à l’assistance sociale.  Elle a mis l’accent sur la contribution que représente le bénévolat exercé par la société civile, notamment celui que pratiquent des personnes âgées en bonne santé.  Elle a cité l’existence d’une étude, qui est en cours, auprès de 4 000 personnes, et qui vise à identifier les obstacles, freins et barrières à la rétention des personnes âgées sur le marché du travail.  Elle a également évoqué l’amendement de la loi danoise sur les pensions de retraites, qui a été apporté en 2008, et qui vise à encourager, par le biais d’incitations, les personnes âgées à continuer à travailler.  Elle a souligné le souci du Danemark d’adapter son modèle de protection sociale, développé au cours des dernières décennies, à ses nouvelles réalités démographiques.    


M. ALDO ALDAMA BRETÓN (Mexique) a prôné une plus grande coresponsabilité des acteurs financiers et politiques dans chaque pays pour y garantir un contexte social plus équitable et stable.  Afin de progresser dans ce sens, les différents secteurs gouvernementaux doivent s’engager à lutter contre la corruption et à respecter tous les droits fondamentaux de la population.  En ce qui concerne les jeunes, il faut leur offrir des niveaux minimums de prestations de santé, d’éducation et de formation, afin de leur permettre de vivre dans la dignité, a-t-il préconisé.  Il faut aussi leur offrir des possibilités d’emplois décents et compétitifs, a-t-il ajouté.  M. Bretón a indiqué que son pays, en collaboration avec le FNUAP, l’UNIFEM, le PNUD et l’UNESCO, a lancé une invitation à tous les États Membres pour organiser la Conférence mondiale de la jeunesse, qui a eu lieu en août 2010 au Mexique et a permis la tenue d’un dialogue instructif entre les représentants d’États Membres, de la société civile et d’organisations de jeunes.  La Déclaration de Guanajuato constitue un document de référence dans le cadre de la célébration de l’Année internationale de la jeunesse, a-t-il remarqué.


Abordant la question du vieillissement, M. Bretón a noté le défi que représente le changement démographique pour le développement.  En ce qui concerne les personnes handicapées, il a invité les gouvernements à inclure le handicap dans tous les programmes de développement et de lutte contre la pauvreté, ainsi que dans le domaine de la coopération bilatérale et multilatérale.  Il a aussi préconisé de créer des systèmes d’enquête nationale sur le handicap afin de disposer de davantage de statistiques.  Enfin, il a appelé à réviser les politiques adoptées par les États il y a déjà un certain temps, en vue de les adapter à l’esprit de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.


M. DENZIL THORPE (Jamaïque) a estimé que les crises économique et financière mondiales ont mises en exergue l’importance du rôle joué par les mesures de protection sociale dans l’amélioration et la préservation de la qualité de vie des citoyens.  « Des mesures de protection effectives peuvent et doivent servir comme “amortisseurs״ en faveur des citoyens, non seulement contre l’impact de ces crises, mais également contre les catastrophes majeures telles que les désastres naturels », a-t-il précisé, avant de présenter les principes essentiels du système de protection sociale de la Jamaïque que sont l’assurance sociale, l’assistance sociale et la réglementation en matière de travail et d’emploi.


Pour la Jamaïque, a poursuivi M. Thorpe, la rareté des ressources constitue un frein important dans l’objectif d’étendre la protection sociale.  Mais en dépit de cette situation, le Gouvernement jamaïcain reste déterminé dans son engagement à s’assurer que les systèmes mis en place sont constamment revus et améliorés en vue d’atteindre l’objectif global de réduction de la pauvreté.  Le représentant a, à ce propos, révélé que les financements reçus par son pays avaient été alloués à l’amélioration des services offerts aux personnes handicapées.  Ce projet majeur a notamment pour but le renforcement institutionnel des agences responsables de l’éducation et du développement social et économique des personnes souffrant d’un handicap, a dit le représentant.  M. Thorpe a, d’autre part, indiqué qu’il était impératif que la communauté internationale prenne en considération l’impact de maladies comme le diabète et le cancer dans ses efforts destinés à éradiquer la pauvreté et parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. MANSOUR SALSABILI (République islamique d’Iran) a affirmé que la question des droits de l’homme résidait au cœur de la situation des personnes handicapées et des solutions à lui apporter.  Il a estimé que les handicaps étaient souvent provoqués suite à une violation du droit humanitaire et que nombre de ces personnes n’avaient pas accès à des soins de santé adéquats.  Le représentant a engagé la communauté internationale à coopérer davantage pour améliorer le sort de cette tranche de la population mondiale.  Il a également réclamé la pleine application de la Conventions relative aux droits des personnes handicapées.


M. Salsabili a poursuivi son intervention en déclarant que l’Iran avait toujours accordé une grande attention à la situation et au bien-être des personnes handicapées.  Il a précisé qu’il y a 3 000 personnes sévèrement handicapées en Iran, la plupart victimes de la guerre et d’actes terroristes, et que de nombreux programmes d’aide leurs étaient destinés.


Mme BELEN SAPAG (Chili) a assuré que le Gouvernement chilien met en œuvre les recommandations des Nations Unies en matière de vieillissement ainsi que le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement et la Déclaration de Brasilia.  Nous espérons que la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) fera, en 2011 et 2012, des progrès dans ce domaine afin de permettre la participation inclusive des différents acteurs dans les politiques en faveur des personnes âgées.  Le Chili se félicite de la création, par l’Assemblée générale des Nations Unies, du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement, qui permet notamment de débattre d’un projet de convention sur les personnes âgées, a dit la représentante.  Notant que de nombreuses personnes âgées sont atteintes de maladies chroniques, la représentante s’est félicitée de la convocation d’un débat sur les maladies non transmissibles en septembre 2011 à l’Assemblée générale, ainsi que de la publication d’un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur ces questions.  Pour ce qui est de son pays, elle a indiqué que le Sénat chilien a prévu un programme d’aide aux adultes handicapés pour leur fournir notamment un logement.  En mars 2010, nous avons promulgué une loi sur le mauvais traitement des personnes âgées; et nous avons mis en place d’autres dispositions spécifiques, comme celles sur les personnes âgées touchées par un tremblement de terre.  Enfin, la représentante a tenu à saluer la participation de la société civile à la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid. 


Mme JANE STEWART, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué qu’il y avait en 2008 environ 152 millions de jeunes qui avaient un emploi, sans pour autant pourvoir sortir de l’extrême pauvreté.  Les crises financière et économique mondiales ont fait grimper les niveaux de chômage des jeunes à un degré sans précédent, a-t-elle aussi expliqué.  Elle a donc invité les États à agir de manière urgente pour relancer les opportunités du marché du travail des jeunes.  En 2009, a-t-elle rappelé, les pays membres de l’OIT ont signé le Pacte mondial du travail, qui invite notamment la communauté internationale à prendre des mesures afin d’atténuer l’impact des crises sur le travail des jeunes.  Mme Stewart a aussi signalé qu’il y aura en 2050 environ deux milliards de personnes de plus de 60 ans, dont 80% vivront dans les pays en développement.  Elle a donc suggéré de mettre en place des mesures et des politiques appropriées en matière de travail et de protection sociale pour faire face à ce processus inévitable.  Elle a soutenu à cet égard le concept de « plancher de protection sociale ».  En ce qui concerne le handicap, il signifie souvent que la personne qui en est affectée est exclue de la vie économique et sociale et du monde du travail, a-t-elle regretté.  Elle a aussi signalé que 450 millions de personnes handicapées en âge de travailler sont au chômage.  L’OIT travaille avec d’autres parties prenantes pour que le programme de travail décent soit appliqué par le biais de stratégies de développement durable, a-t-elle indiqué.


M. PAULO SAAD, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que la Division pour la population de la CEPALC avait renforcé ses activités relatives à la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, notamment en ce qui concerne le suivi sur le plan régional de la Déclaration de Brasilia.  Trois réunions de suivi ont été organisées à Rio de Janeiro, à Buenos Aires et à Santiago du Chili, a-t-il notamment fait savoir.  Le représentant a également indiqué que la Division avait fourni un appui technique à cinq pays en ce qui concerne l’aspect législatif, le plaidoyer, et l’évaluation des politiques et programmes destinés aux personnes âgées, et qu’elle participait à de nombreux projets de recherche.  M. Saad a aussi fait savoir que plusieurs activités avaient également été organisées dans le cadre du Groupe interinstitutionnel sur le vieillissement.  Le représentant a par ailleurs évoqué la résolution 657 de la CEPALC, qui aborde la question de l’organisation d’une réunion régionale pour la célébration du second cycle d’examen de l’évaluation du Plan d’action international de Madrid.


Mme JOAN POWER, International Presentation Association, a attiré l’attention de la Commission sur le fait que la mondialisation de l’économie et des affaires est davantage motivée par le profit que par le souci du bien-être des individus, et elle a invité les milieux d’affaires et les gouvernements à placer les personnes au centre du développement.  Elle a aussi dénoncé le fait que certains monopolisent les ressources de la terre au lieu de partager les recettes tirées de l’exploitation de ces biens.  L’un des succès actuels de la société civile est la lutte menée par des femmes d’une tribu en Inde contre une des plus grandes firmes mondiales, à savoir la compagnie Coca-Cola, a-t-elle indiqué.  Mme Power a enfin recommandé d’envisager d’établir un cadre juridique contraignant pour les entreprises nationales et transnationales visant à mettre en place une société durable.


Mme LILA PROUNIS, Conseil de l’archidiocèse orthodoxe grec d’Amérique du Nord et du Sud, a relevé, à l’instar du Secrétaire général, que les familles pauvres souffraient généralement de la faim et de la malnutrition, entre autres maux.  Elle a également indiqué que les enfants pauvres étaient plus susceptibles de connaître un taux élevé de retard cognitif et développemental.  Elle a également observé que les familles les plus pauvres vivaient dans des régions rurales.  Mme Prounis a ensuite expliqué que son organisation participait à un effort régional destiné à aider les petits exploitants albanais vivant en zone rurale à augmenter leurs revenus et à améliorer l’accès durable de leur famille à la nourriture.  Les agriculteurs apprennent également comment élargir les perspectives de commercialisation de leurs produits, a-t-elle ajouté.


Mme MAY AKALE, Ba’hai International, a souhaité que les personnes puissent contribuer à leur propre développement individuel au sein des familles et des communautés.  Elle a regretté que, souvent, les choix des jeunes soient orientés par les structures de pouvoir et la seule autosatisfaction.  En ce qui concerne les institutions sociales, elle leur a conseillé de gagner la confiance et l’appui de ceux qu’elles servent en prenant en compte leurs aspirations.  Le développement des capacités humaines permet de resserrer les liens de confiance qui caractérisent la vie communautaire, a-t-elle d’autre part expliqué.  Elle a souligné que les communautés peuvent contribuer à l’amélioration de la vie économique et sociale de la population, et jouer ainsi un rôle dans la création d’une société plus juste et inclusive.


Questions nouvelles


Table ronde sur le thème: « Protection sociale »


Présentations liminaires


M. MICHAEL CICHON, Directeur du Département de la sécurité sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a affirmé que le socle de protection sociale, promu par l’ONU, ne devait pas être considéré comme un plafond mais devait au contraire servir de base à l’élaboration d’un système systématique de protection sociale lorsqu’il y a une croissance de la marge de manœuvre budgétaire.  En investissant 4% du PNB national dans des transferts sociaux de base, le taux de « pauvreté alimentaire » des pays à faible revenu pourra être réduit de 40%, et il pourrait être réduit de 20% de plus si des investissements sont opérés dans le secteur des soins de santé de base, a-t-il notamment indiqué.  L’expert a ensuite expliqué que le socle de protection sociale devait viser en premier lieu l’accès de tous les citoyens à des soins de santé; la sécurité des revenus pour les enfants, les personnes âgées et les handicapés; et l’appui aux personnes sans emploi, sous-employées ou pauvres.  Il en résultera la création d’un « cycle de développement vertueux », a-t-il souligné, l’investissement dans un socle de protection sociale permettant d’assurer l’éducation et la santé d’une personne et donc sa pertinence et sa compétitivité sur le marché du travail.  Les impôts versés par cette dernière suite à son accession à l’emploi dans le secteur formel permettront ensuite d’assurer un niveau plus élevé de protection sociale, a indiqué l’expert.  Si on n’investit pas dans la sécurité sociale de base, il n’y aura pas d’enfants bien alimentés, éduqués et capables de contribuer à l’essor général de la société.  Ils ne sortiront par conséquence jamais de la pauvreté, a-t-il averti.


M. Cichon s’est ensuite penché sur le rôle des filets de sécurité sociale, expliquant que ces derniers étaient essentiellement des réponses transitoires à mettre en place et à appliquer en temps de crise ou de réforme, tandis que le socle de protection sociale est une mesure qui permet de combattre la vulnérabilité des personnes menacées par la pauvreté.  Il a également fait savoir que 80% de la population n’avaient pas accès à une sécurité sociale adéquate.  Pour assurer la création d’un socle de protection sociale de base, M. Cichon a préconisé la création dans chaque État d’une équipe spéciale qui évaluerait la situation sociale du pays, établirait des politiques qui prennent en compte la situation qui y prévaut par le biais d’un dialogue national, et permettrait de procéder à une analyse du coût et des bénéfices des différentes options politiques.  L’expert a également évoqué l’importance du rôle que peuvent jouer les capacités nationales et de celui de la création d’un mécanisme de suivi.  L’expert s’est ensuite penché sur la situation du Viet Nam qui, a-t-il expliqué, parviendra à établir une couverture sociale opérationnelle en 2014. 


Mme SARAH COOK, Directrice de l’Institut de recherche pour le développement social des Nations Unies (UNRISD), a expliqué que cet Institut, créé en 1963, mène de manière indépendante des recherches sur des problèmes sociaux actuels, action que l’UNRISD mène en lien avec les priorités fixées par les Nations Unies.  La politique sociale n’est pas simplement une protection des pauvres en période de crise, mais elle peut contribuer au développement et à la cohésion sociale, grâce notamment à l’investissement en capital humain, a-t-elle affirmé.  La protection sociale a donc une fonction de promotion du développement, a-t-elle précisé.  Elle a donc appelé les délégations à adopter une vision générale du système de protection sociale.  Abordant le rôle de la protection sociale dans la lutte contre la pauvreté, elle a expliqué que, dans les pays à faible revenu, la population dépend de plus en plus de la protection sociale.  Les pays qui ont réussi à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions sociales de leur population sur une grande échelle sont ceux qui ont adopté des politiques globales de protection sociale dans leurs programmes de développement, couvrant ainsi la majorité de leur population, a fait remarquer Mme Cook.  En outre, les systèmes de filets de sécurité sociale permettent d’absorber les chocs économiques ou financiers auxquels peut être soumis un pays, a expliqué Mme Cook.


Il y a en ce moment de grandes attentes en matière de protection sociale, a poursuivi l’experte.  Cette protection doit pouvoir amortir les conséquences des différents risques ou crises; elle doit permettre de réduire la pauvreté, de développer le capital humain, de transformer les relations sociales en éliminant les discriminations; et elle doit aussi contribuer à l’intégration sociale et à la promotion de la justice sociale.  Mais quels sont les instruments permettant d’atteindre ces objectifs? s’est interrogée Mme Cook.  Pour répondre à cette question, elle a parlé notamment des lois sur les revenus minimums et de celles qui règlementent le marché du travail.


La protection sociale est devenue un élément important du programme de développement, aussi bien dans les pays riches que dans les pays à faible revenu, a-t-elle ensuite observé.  Les pays qui ont réussi à réduire la pauvreté l’ont fait par le biais de programmes de protection sociale intégrés dans des stratégies plus larges de développement économique et social, a relevé l’experte.  Au contraire, les pays qui ont misé sur des instruments orientés sur les marchés ont limité les interventions qu’ils pouvaient faire en vue de réduire la pauvreté.  La protection sociale universelle peut être définie par l’établissement d’un niveau minimum de revenu ou de consommation, qui serait garanti par l’État pour tous les citoyens, a précisé Mme Cook.  Cela nous ramène aux notions de solidarité et de bien-être social, a-t-elle dit.


L’experte a ensuite décrit ce qui se passe dans certains pays, comme le Costa Rica, qui a pris des engagements importants en matière de santé et a réussi à couvrir à cet égard des groupes traditionnellement difficiles à atteindre.  Au Brésil, le Gouvernement a mené des réformes visant à améliorer l’inclusion sociale, a-t-elle indiqué, citant notamment le programme « Bolsa Familia » et l’attribution de pensions sociales à plus de sept millions de personnes.  En Inde et en Tanzanie, où il existe de multiples programmes sur le terrain, et donc une certaine fragmentation, il faut réfléchir à la consolidation de ces programmes pour créer un seul système de sécurité sociale, a-t-elle par ailleurs préconisé.  En conclusion, elle a invité les délégations et la Commission à poursuivre l’objectif d’établir des systèmes de redistribution des revenus, ceci dans le cadre d’un pacte social ou d’un consensus national autour des politiques sociales.


« Les temps de crise mettent en relief les lacunes en matière de protection sociale », a déclaré M. MICHAEL MORASS, Directeur adjoint de l’Unité des relations extérieures, du voisinage, de l’élargissement et des instruments pour l’assistance préaccession de la Commission européenne.  Il a constaté l’existence d’un élan pour la création d’un consensus favorable à la création d’un socle de protection sociale tel que préconisé par l’ONU.  Il a estimé que ce débat illustrait les relations qui existent entre la consolidation budgétaire et la protection sociale, d’une part, et entre les politiques du marché du travail et les politiques de protection sociale, de l’autre.  Il a affirmé qu’en Europe, l’adoption de politiques de protection sociale avait permis d’amortir de nombreux effets de la crise actuelle.  Il a également indiqué que les pays qui disposaient déjà d’un système de protection sociale avant la crise avaient un espace de manœuvre budgétaire large et avaient réussi à mieux protéger les personnes les plus vulnérables de la société.  M. Morass a expliqué qu’afin d’assurer la stabilisation économique, les dépenses en protection sociale devaient diminuer par rapport au PIB pendant la reprise économique.


L’expert a ensuite fait savoir que l’Europe s’était fixée pour objectif d’assurer l’emploi de 75% de sa population active, et la réduction de la pauvreté et de l’exclusion sociale de 20 millions de personnes d’ici à 2020.  L’Europe ne prévoit pas un seul mais une multitude de systèmes respectant les diverses traditions nationales de ses États membres, a-t-il ajouté, précisant que les dépenses en protection sociale pouvaient aller de 13% en Estonie à 35% du budget en Suède.  Soulevant ensuite la question de l’espérance de vie, il a indiqué qu’en Europe, celle-ci avait augmenté de 4 ans au cours des 20 dernières années, tandis que l’âge de la retraite a diminué, mettant ainsi à mal la durabilité du système actuel de pension.  Il sera nécessaire d’augmenter la participation des travailleurs âgés et d’éliminer les retraites anticipées, a-t-il indiqué.  Il a ensuite expliqué que l’Union européenne espérait établir un système commun pour répondre à ces défis.  L’expert a par ailleurs estimé que les systèmes de protection sociale devaient également tenir compte du travail à temps partiel et des interruptions de carrière.


Le chômage structurel à long terme pose toujours problème, a poursuivi M. Morass pour qui, il faut éviter la dépendance aux indemnités tout en assurant un soutien aux personnes qui en ont besoin.  L’expert a ensuite argué que la sécurité sociale pouvait être un facteur de croissance car elle assure la formation des personnes et, par conséquent, leur capacité à intégrer le marché du travail.  Élargir la protection sociale n’est pas seulement un impératif politique car, en permettant plus de consommation et d’investissement, la protection sociale a des effets positifs pour l’économie mondialisée, a-t-il argué.  L’expert a par ailleurs souligné l’importance d’adopter des stratégies intégrées en la matière.


Dialogue interactif


Au cours du débat qui a suivi les présentations des experts, les délégations leur ont posé de nombreuses questions, qui portaient notamment sur le financement de la protection sociale.  Ainsi, la délégation de la Chine a voulu connaître leurs recommandations pour faire face au manque de ressources financières et aux mesures d’austérité prises après la crise, qui continuent de ralentir les progrès dans le domaine de la protection sociale.  Dans quel cas faut-il subordonner les prestations sociales au niveau des ressources à leur dédier? a aussi demandé le représentant de la Namibie.  De son côté, le représentant du Maroc a voulu savoir comment on pouvait assurer la durabilité du financement de la redistribution.  Au Royaume-Uni, une réforme du système de sécurité sociale est actuellement en cours, a indiqué le représentant de ce pays, en soulignant son coût assez lourd en période de restriction budgétaire.


Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Hongrie a appuyé la promotion d’une protection sociale visant à garantir des services vitaux pour la dignité de l’individu.  L’Union européenne s’est engagée à renforcer la collaboration entre ses États membres dans ce domaine, a-t-il précisé.  Il a demandé aux experts si les pays ont réussi à contrôler les effets de la crise sur la pauvreté, indiquant qu’il voulait notamment connaître le rôle des systèmes de protection sociale à cet égard.


En ce qui concerne l’universalité des programmes de protection sociale, la délégation de l’Union africaine a demandé des explications sur l’idée de la fragmentation des prestations sociales.  La représentante de l’Inde a demandé comment traduire les programmes ciblés dans un programme élargi et plus universel.  La Directrice de l’UNRISD a estimé que tous les programmes ne peuvent pas être universels mais qu’il faut viser l’objectif d’un cadre global qui bénéficie à tout le monde.  L’expert de l’OIT a estimé que l’existence d’un socle de protection sociale est une condition sine qua non de tout programme de développement et il a appelé la Commission et les pays à intégrer le secteur informel dans la protection sociale.


Le représentant de l’Algérie a demandé des explications sur la dimension sociale de la mise en œuvre des programmes des institutions de Bretton Woods, notamment ceux d’allègement de la dette des pays pauvres très endettés.  La Directrice de l’UNRISD a reconnu qu’il y avait une certaine contradiction entre les politiques macroéconomiques qui visent la stabilité fiscale et les politiques sociales.  Le cadre macroéconomique doit être équilibré afin de permettre la protection sociale, a-t-elle dit.


En matière d’emploi, la délégation des Pays-Bas a demandé comment on pouvait inciter les personnes qui bénéficient de ressources de protection sociale à retrouver un travail.  Le représentant du Botswana a demandé aux experts comment on pouvait concilier le désir de maintenir des personnes dans leurs postes et la volonté de créer des emplois pour les jeunes.  Quels sont les mécanismes de politique économique et sociale qui permettent d’assurer une règlementation du marché du travail pour arriver à une politique sociale inclusive, a aussi demandé le représentant du Maroc.


L’expert de la Commission européenne a souligné l’importance du maintien des travailleurs dans leur emploi jusqu’à un certain âge, ceci en termes de revenus comme d’intégration sociale.  Pour sa part, la Directrice de l’UNRISD a reconnu qu’il fallait veiller à ce que des personnes ne deviennent pas dépendantes des mesures de protection sociale.  Elle a aussi qualifié d’« exemplaire » le cadre de politique sociale de l’Union européenne.


Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que, par le biais de son programme d’aide bilatérale au cours des quatre prochaines années, le Royaume-Uni devrait apporter une contribution importante aux mesures de protection sociale telles que le transfert d’espèces dans certains pays à faible revenu.  Il s’est félicité à cet égard d’une meilleure coordination entre les organismes de l’ONU et d’autres organisations, grâce à l’initiative de « plancher de protection sociale » des Nations Unies. 


Le représentant de la République de Corée s’est inquiété de la diminution récente de la protection sociale dans certains pays.  Il a estimé qu’une attention particulière devrait être accordée aux femmes et a demandé aux experts de s’exprimer à cet égard.


Le représentant de l’organisation non gouvernementale World Youth Alliance a réaffirmé l’importance de la famille en tant qu’unité fondamentale de la société et appelé à lui accorder l’importance politique et culturelle qu’elle mérite.  Le représentant a aussi plaidé en faveur de la protection de la jeunesse et des personnes handicapées, invitant les États et le public à éliminer les discriminations à leur égard.  Pour ce qui est des personnes âgées, il a lancé un avertissement contre les tentations à la reconnaissance des pratiques d’euthanasie et appelé à lutter contre cette tendance.


Se souciant aussi de ces personnes vulnérables, le représentant du Nigéria a demandé comment on pouvait prévoir des programmes durables pour les personnes handicapées ou âgées qui se trouvent en dehors du secteur formel.  La représentante de la Fédération internationale des adultes majeurs a, elle aussi, souligné les besoins particuliers des personnes âgées sur lesquels on ne dispose pas de données suffisantes.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres de la Commission du développement social prônent une lutte contre la pauvreté centrée sur le respect de la personne humain

SOC/4773

Les membres de la Commission du développement social prônent une lutte contre la pauvreté centrée sur le respect de la personne humain

11/02/2011
Conseil économique et socialSOC/4773
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social

Quarante-neuvième session

6e et 7e séances – matin et après-midi                      


LES MEMBRES DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL PRÔNENT UNE LUTTE CONTRE

LA PAUVRETÉ CENTRÉE SUR LE RESPECT DE LA PERSONNE HUMAINE


Des experts indépendants suggèrent que la question soit abordée sous l’angle

des droits de l’homme et que les personnes handicapées reçoivent plus d’attention


Les droits de l’homme doivent guider toutes les politiques relatives à l’élimination de la pauvreté, a affirmé ce matin, l’Experte indépendante chargée de la question des droits de l’homme et de la pauvreté extrême, Mme Sepúlveda Carmona, devant la Commission du développement social.  Poursuivant aujourd’hui son débat général sur l’élimination de la pauvreté, entamé mercredi, la Commission a ensuite débattu cet après-midi des mesures de lutte antipauvreté visant les personnes handicapées, après l’intervention du Rapporteur spécial pour les personnes handicapées, M. Shuaib Chalklen.


En matinée, Mme Sepúlveda Carmona, dont les recommandations ont reçu l’appui de nombreuses délégations, a appelé la communauté internationale à adopter des programmes de protection sociale mettant en valeur les principes essentiels du respect des droits de l’homme, notamment l’égalité, la non-discrimination, la participation et l’accès à l’information.  Les droits de l’homme ne sont pas une option dont on pourrait se passer, mais une obligation à remplir, a-t-elle insisté.  Elle a invité les États Membres à intégrer le droit à la protection sociale au sein de leurs lois nationales et même dans leur Constitution. 


Mme Carmona a par ailleurs abordé la situation des femmes et a estimé qu’il est nécessaire d’intégrer une dimension sexospécifique dans tous les programmes de protection sociale.  Elle a également plaidé pour la création de mécanismes destinés à aider les familles.  Les personnes doivent être placées au centre des politiques de protection sociale et les principes des droits de l’homme doivent permettre de solidifier le consensus social nécessaire à l’élargissement des programmes de protection sociale, a préconisé l’experte indépendante sur la question des droits de l’homme et de l’extrême pauvreté.


Au cours du débat général, toutes les délégations ont été unanimes à reconnaître que la pauvreté ne peut être combattue seulement par la promotion de la croissance économique et par l’emploi.  La personne humaine doit être placée au centre des politiques sociales, et on doit lui garantir une protection sociale efficace et accorder une attention particulière aux catégories vulnérables de la population, comme les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les migrants et les autochtones, ont recommandé les délégations.


Le Rapporteur spécial pour les personnes handicapées, M. Shuaib Chalklen, a constaté que si de nombreux pays se basent sur les dispositions de la Convention relative aux droits des personnes handicapées lorsqu’ils formulent et mettent en œuvre leurs politiques relatives à cette catégorie de personnes, il reste cependant encore beaucoup à faire pour conscientiser davantage le public sur la situation des handicapés.


Il a notamment soulevé le problème du manque de statistiques que l’on observe dans ce domaine.  Il a également recommandé la mise en commun des meilleures pratiques des États Membres et la création d’un fonds d’affectation spéciale multidonateurs pour appuyer les mesures visant à assurer le respect des droits des handicapés dans le cadre du développement.  Le Rapporteur spécial a par ailleurs annoncé qu’il convoquerait prochainement une réunion de haut niveau sur le développement inclusif en Afrique.


Chacune des 20 délégations d’États Membres qui se sont exprimées aujourd’hui a tenu à préciser les stratégies, plans d’action, programmes, initiatives et projets d’élimination de la pauvreté mis en œuvre par son gouvernement.  À cet égard, celle du Mexique, a expliqué la stratégie du « Mieux vivre » qui est mise en œuvre dans ce pays, tandis que celle de la Zambie a parlé de la « Vision 2030 » que ce pays a adoptée sur la création d’emplois décents.  En outre, plusieurs représentants d’organisations internationales ont présenté leur point de vue sur la manière dont a été conçue et appliquée la lutte contre la pauvreté, et comment elle pourrait être améliorée.  L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a notamment recommandé d’assurer aux pauvres un meilleur accès aux services, aux terres, aux technologies et aux marchés pour leur permettre de devenir des acteurs économiques productifs et de sortir de l’isolement dans lequel ils sont souvent relégués.


La prochaine séance de la Commission aura lieu lundi 14 février, à 10 heures.



SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE(E/CN.5/2011/2 ET E/CN.5/2011/4)


Exposé de l’Experte indépendante sur la question des droits de l’homme et de l’extrême pauvreté


Mme MAGDALENA SEPÚLVEDA CARMONA, Experte indépendante chargée de la question des droits de l’homme et de la pauvreté extrême, a estimé que la pauvreté ne pouvait être simplement caractérisée par l’insuffisance de revenu, l’inégalité sociale et les défaillances structurelles étant également à l’œuvre.  Après avoir brièvement passé en revue le rôle du mandat de l’ONU en matière de promotion et de respect des droits de l’homme, l’experte a estimé que les droits de l’homme devaient guider toutes les politiques relatives à l’élimination de la pauvreté.  Les programmes de protection sociale doivent faire valoir les principes essentiels du respect des droits de l’homme, notamment l’égalité, la non-discrimination, la participation, la transparence, l’accès à l’information et la responsabilisation.  Les droits de l’homme ne sont pas une option, mais une obligation, a-t-elle souligné.  L’experte a également insisté sur la nécessité d’établir des cadres institutionnels et juridiques adéquats en matière de protection sociale, et d’intégrer le droit à la protection sociale au sein de la Constitution et des lois nationales.  La protection sociale n’est pas une panacée mais un des éléments d’une stratégie élargie en matière d’élimination de la pauvreté, a-t-elle également observé.


Mme Sepúlveda Carmona a par ailleurs abordé la situation des femmes, estimant nécessaire d’intégrer une dimension sexospécifique à tous les programmes de protection sociale.  Le respect des droits de l’homme ne sera pas compromis par la création de programmes ciblés qui visent à améliorer le sort des personnes les plus vulnérables, a-t-elle indiqué.  Elle a également plaidé pour la création de mécanismes destinés à aider les familles.  L’impunité ne saurait en aucun cas être tolérée, a par ailleurs ajouté l’experte pour qui la transparence et l’accès à l’information revêtent une importance notable pour assurer la responsabilisation des personnes dans le cadre des programmes de protection sociale.  Elle a également expliqué que les bénéficiaires devaient pouvoir participer aux programmes de protection sociale afin d’éviter une éventuelle manipulation politique, d’une part, et pour assurer la cohésion sociale, d’autre part.  Les personnes doivent être placées au centre des politiques de protection sociale, et les principes des droits de l’homme doivent permettre de créer et de solidifier le consensus social nécessaire au niveau national afin d’assurer la mise en œuvre et l’élargissement des programmes de protection sociale, a préconisé Mme Sepúlveda Carmona. 


Dialogue interactif


Au cours du débat interactif qui a suivi la présentation de l’experte indépendante, la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies a rappelé que plusieurs régions de l’Union européenne avaient connu une grande pauvreté, soulignant ainsi que ce n’est pas une situation qui touche seulement les pays en développement.  Elle a voulu en savoir plus sur les pratiques optimales qui permettraient de favoriser la relance sans aggraver la pauvreté.  Comment envisagez-vous le rôle de la société civile dans la lutte contre la pauvreté? a demandé la délégation de l’Union européenne.


L’Experte indépendante sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté a indiqué que la session de juin du Conseil des droits de l’homme allait aborder ces questions.  Indiquant s’être rendue récemment en Irlande, elle a évoqué la conduite d’une évaluation de la pauvreté en Irlande, dont les travaux sont orientés de manière à ce qu’il soit tenu compte des droits de l’homme.


L’experte indépendante a souligné par ailleurs que si certaines mesures peuvent résoudre les problèmes de la dette sur le court terme, elles peuvent cependant aggraver la pauvreté sur le long terme.  Elle a relevé avec satisfaction que certains pays à revenu moyen, comme le Brésil ou le Mexique, ou à faible revenu, ont mis en place des mécanismes de participation de membres de la société civile à la conception et à la mise en place des politiques.  Mais pour que des mécanismes de ce genre fonctionnent bien, a-t-elle ajouté, il faut éliminer les barrières linguistiques, afin de permettre aux autochtones et aux migrants de participer.


Pour sa part, le représentant du Maroc a souligné combien il est difficile de concilier l’impératif d’une croissance équilibrée et le besoin de relever l’enjeu de la lutte contre la pauvreté.  Comment peut-on concilier la distribution des fruits de la croissance dans une optique des droits de l’homme? a-t-il demandé.  L’Experte indépendante a jugé qu’il est possible de promouvoir la croissance tout en respectant la composante des droits de l’homme dans les politiques économiques et sociales.  Cela est indispensable pour s’assurer que les pauvres bénéficient des fruits de la croissance, a-t-elle dit.


De son côté, le Ministre chargé de la promotion du bien-être au sein du Gouvernement du Ghana s’est inquiété du rôle que jouent le Fonds monétaire international et la Banque mondiale et de l’impact que les décisions de ces institutions ont sur les pays.  « À chaque fois que les institutions de Bretton Woods interviennent dans des pays, il en résulte davantage de pauvreté », a-t-il affirmé, en soulignant notamment que les politiques qu’elles imposent aux gouvernements les obligent à réduire leurs dépenses publiques et leurs investissements sociaux.  En Afrique en général et notre région en particulier, le secteur privé n’est pas aussi solide et dynamique qu’il peut l’être dans d’autres régions du monde, a-t-il fait observer.  Les États qui ont des droits de vote décisif au sein de ces institutions ont une responsabilité vis-à-vis des pays pauvres, a répondu l’Experte indépendante.


Enfin, la délégation du Zimbabwe a noté l’avis de l’experte selon lequel la protection sociale ne devait pas être perçue comme quelque chose de facultatif ou de volontaire, et qu’il faudrait peut-être l’inclure dans les Constitutions.  La protection sociale peut-elle être considérée comme un droit opposable? a-t-il d’autre part demandé.  Ce fardeau est-il laissé au seul État?  Et quelles en sont les incidences?  Cette obligation résulte des grands textes internationaux sur les droits de l’homme ainsi que de conventions spécialisées, telles que la Convention relative aux droits de l’enfant et celle relative aux droits de personnes handicapées, a précisé l’Experte indépendante.  Il est important que chaque pays s’approprie la protection sociale et les programmes mis en place à cet égard, a-t-elle recommandé.  Les États doivent aussi se doter de systèmes fiscaux qui soutiennent le système de protection sociale, a-t-elle ajouté.


Suite du débat général


M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZÁLEZ (El Salvador) a indiqué que son pays accordait beaucoup d’attention à la lutte contre la pauvreté comme moyen de parvenir à la réalisation des OMD.  En la matière, les gouvernements doivent faire en sorte que les populations puissent s’approprier un projet collectif, a-t-il estimé.  Il a expliqué que le Gouvernement salvadorien avait mis en place un plan quinquennal de développement.  Tournant son attention sur le problème de la faim, qui présente un « défi éthique » à relever, M. González a expliqué qu’El Salvador promouvait une politique d’agriculture familiale comme base d’un modèle de développement rural viable.  Un programme permet par ailleurs de fournir un revenu pendant un mois aux chefs de familles de sexe féminin, et le Gouvernement salvadorien cherche également á assurer la stabilité macroéconomique du pays.  Le représentant a par ailleurs affirmé que l’inclusion et la cohésion sociale jouaient un rôle essentiel dans l’élimination de la pauvreté, et il a souligné combien il est important d’investir dans le capital humain.


M. WAHEED AL-SHAMI (Yémen) a indiqué qu’au cours des années 90, le Yémen a fait face à des défis intérieurs et extérieurs qui ont aggravé la pauvreté de sa population.  Le Gouvernement yéménite a donc pris différentes mesures, telles que des réformes administratives et financières, adoptées en 1995.  Il a aussi créé un réseau de protection sociale et des mécanismes de financement pour venir en aide aux plus pauvres.  En outre, l’État a fait des investissements pour créer des emplois, a ajouté le représentant.  On a aussi adopté plusieurs stratégies et plans d’actions contre la pauvreté, le dernier étant le Plan quinquennal 2011-2015.  Il reste cependant de nombreux obstacles qui se posent sur la voie qui mène vers l’élimination de la pauvreté, a reconnu le représentant.  Mais le Yémen est un des premiers pays à avoir signé et ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, et il veille à appliquer les dispositions de ce texte, a-t-il poursuivi, mentionnant la création d’un comité national et d’un fonds de protection pour les handicapés.  En ce qui concerne les jeunes, qui constituent le pilier du développement, le Gouvernement du Yémen a promulgué plusieurs lois et mis en place des projets en leur faveur, a indiqué le représentant.  Le Yémen assure aussi la protection des personnes âgées, en souscrivant notamment au Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, ainsi qu’en favorisant des programmes qui bénéficient à la famille, qui joue un rôle important dans l’élimination de la pauvreté.


Mme SHERRY THOLE (Zambie) a indiqué que son pays est en train de mettre en œuvre son sixième Plan national de développement (PND) placé sous le signe d’une croissance économique soutenue et de la réduction de la pauvreté.  En 2010, la Zambie a enregistré un taux de croissance de 7,1% qui malheureusement, a reconnu la représentante, n’a pas conduit à une réduction significative de la pauvreté.  En conséquence, le PND a été réorienté vers des programmes à impact plus grand sur la population tant du point de vue économique que social.  Le Programme national sur l’emploi décent a aussi été aligné sur la Vision 2030 qui fait de la création d’emplois la priorité du pays. 


La représentante a attiré l’attention sur le Plan d’action des jeunes entrepreneurs, élément essentiel dans un pays doté d’une population très jeune, inexpérimentée mais éduquée.  Après avoir passé en revue les programmes mis en place pour les femmes, les enfants et les personnes handicapées, la représentante a appelé la communauté internationale à maintenir son appui aux programmes mis en œuvre par les pays en développement. 


Mme XIOMARA CHAVEZ RIVERA (Équateur) a indiqué que la pauvreté avait reculé au cours des quatre dernières années en Équateur, y étant passé de 37,6% en 2006 à 36,8% de la population en 2010.  Elle a également précisé que la pauvreté avait reculé de 3,5 points de pourcentage en zone urbaine.  Elle a expliqué qu’une réforme en vue d’instaurer plus d’équité fiscale a été adoptée en 2008 et que le Gouvernement entendait répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables afin d’améliorer leur situation.  La représentante a insisté sur l’importance de l’emploi décent et d’un salaire digne.  Elle a ensuite indiqué que le 16 mars 2010, une campagne avait été lancée en Équateur en faveur des employées domestiques pour que ces dernières se voient octroyées un salaire mensuel.  Vingt-deux virgule sept pourcent des travailleurs domestiques équatoriens disposent maintenant d’une assurance, s’est-elle félicitée.  Par ailleurs, d’autres projets garantissent l’accès du public à des programmes sociaux, et une stratégie intersectorielle en matière de santé, de logement et de formation, qui vise les mères, a été mise en place, a fait savoir la représentante.


Mme SUTAPA MAJUMDAR, Directrice de la Commission de la planification de l’Inde, a affirmé que les gains réalisés sur le terrain de l’élimination de la pauvreté étaient consolidés depuis l’indépendance de l’Inde afin que nul ne soit laissé sur le bord de la route du progrès social.  Elle a précisé que l’économie de l’Inde avait montré une forte résilience lors des récentes crises économique et financière.  Depuis le lancement d’une politique de libéralisation économique au début des années 90, une croissance soutenue a permis au pays de connaître une prospérité qui le place parmi les plus grandes économies du monde.


Mme Majumdar a souligné que la pauvreté ne pouvait être combattue seulement par la croissance économique et l’emploi.  Les programmes, politiques et les stratégies adoptés devraient également se concentrer sur d’autres éléments importants du développement social, y compris l’éducation, la santé, le développement rural, l’autonomisation des femmes, la bonne gouvernance et la durabilité de l’environnement, a-t-elle estimé.  Elle a ainsi mis l’accent sur la phase finale de la mise en œuvre du onzième Plan de développement quinquennal de l’Inde, qui couvre la période 2007-2012, la croissance inclusive en étant un élément essentiel, afin que les gains de la croissance économique puissent atteindre toutes les couches de la population.


M. AMAN HASSEN (Éthiopie) a estimé impératif de renforcer le partenariat mondial pour l’élimination de la pauvreté et d’adopter une approche holistique pour faire face aux dimensions économique, sociale, politique, environnementale et institutionnelle de la pauvreté.  L’apport d’un appui financier adéquat aux secteurs de la production, de l’économie et de l’infrastructure sociale, ainsi que la création de filets de sécurité pour les groupes les plus vulnérables, revêtent une importance critique pour pouvoir créer des perspectives d’emplois et pour éliminer la pauvreté extrême, a-t-il observé.


M. Hassen a ensuit expliqué que l’Éthiopie avait mis en œuvre un plan pour le développement durable et que le pays en a accéléré la mise en œuvre en vue d’éliminer la pauvreté.  Le plan met l’accent sur l’éducation, l’infrastructure et la compétitivité.  M. Hassen a précisé qu’au cours des sept dernières années, le Gouvernement éthiopien avait investi plus de 60% de son budget de lutte contre la pauvreté dans les secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, de l’approvisionnement en eau et de la création de réseaux routier.  Il a ajouté que la croissance du secteur agricole et des zones rurales se trouvait au centre de l’agenda d’élimination de la pauvreté de l’Éthiopie.  De plus, un programme de création de filets de sécurité vise à combler l’écart de revenu dont pâtissent 8,29 millions de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire chronique.


M. ZWELETHU MNISI (Swaziland) a déclaré que la crise économique et financière actuelle, ainsi que les défis découlant de la crise alimentaire, de la crise de l’énergie et des changements climatiques, avaient eu un impact négatif sur l’élimination de la pauvreté, et que le Royaume du Swaziland et d’autres pays en développement n’avaient pas été épargnés.  Le représentant a expliqué que son gouvernement avait élaboré une Stratégie de réduction de la pauvreté et un Plan d’action, une initiative nationale, visant à diminuer le taux de pauvreté de 50% d’ici à 2015 et de l’éliminer d’ici à 2022. 


Dans le cadre de cette Stratégie, un Fonds de réduction de la pauvreté a été établi, lequel a changé le paysage rural du Swaziland en fournissant aux campagnes les infrastructures de développement nécessaires et en créant des emplois pour un nombre de personnes significatif dans les zones rurales où vit la majorité de la population swazie.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que le Royaume du Swaziland avait développé des initiatives importantes dans le cadre de sa stratégie nationale multisectorielle contre l’épidémie de VIH/sida.


Mme MARÍA CLARISA SOLÓRZANO ARRIGADA (Nicaragua) a expliqué que le Gouvernement nicaraguayen, dans sa stratégie de réduction de la pauvreté et des inégalités, a ciblé en particulier la promotion des petites et moyennes entreprises.  Elle a souligné l’importance de cette catégorie d’entreprises qui emploient, au Nicaragua, 70% de la population active.  Elle a mentionné les différents programmes de redistribution des revenus nationaux, qui ont eu des incidences positives sur les familles.  Ainsi, par exemple, le programme de nutrition scolaire mis en place au Nicaragua a bénéficié à 995 114 enfants chaque année.  Les autres programmes s’attaquent notamment aux problèmes de la faim, du crédit et du logement social, a-t-elle dit.  Tous ces programmes démontrent le niveau élevé d’engagement du Gouvernement nicaraguayen envers la reconstruction et le renforcement de l’unité nationale, ceci en faveur des secteurs les plus vulnérables.  La représentante a aussi indiqué que son pays est membre de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) et compte ainsi sur la solidarité avec ses pays frères, pour qu’ils mettent ensemble en place une société fondée sur la justice et l’équité. 


M. A. K. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a indiqué que son pays avait réussi à réduire les poches de la pauvreté la plus abjecte au sein de sa population, mais qu’il était encore loin de pouvoir réaliser l’OMD nº1.  Il a évoqué les raisons de ce retard en citant notamment des ressources inadéquates, l’augmentation de la fréquence et de l’impact des changements climatiques, la croissance démographique et l’insécurité alimentaire.  M. Abdul Momen a également convenu que le développement, au sein du Bangladesh, avait été inégal.  Même le succès des programmes de microcrédit n’a pas permis d’améliorer le sort des personnes vivant dans la plus grande pauvreté, a ajouté le représentant qui a par ailleurs expliqué que le Gouvernement bangladais avait établi des programmes d’alimentation pour les plus vulnérables et l’octroi de subventions aux personnes âgées, aux veuves et aux personnes handicapées.


M. Abdul Momen a ensuite abordé la question de la migration.  Il a indiqué que la hausse du niveau des mers avait poussé des milliers de personnes à migrer vers les villes, ce qui y aggravait le chômage, la pauvreté et la difficulté de la vie dans les bidonvilles.  Il a néanmoins affirmé que les envois de fonds depuis l’étranger avaient contribué à la création d’emplois et à l’élimination de la pauvreté.  Il a par ailleurs dénoncé le fait que dans de nombreuses sociétés, les travailleurs migrants n’étaient pas autorisés à participer à la vie sociale ou à s’intégrer dans leur société d’accueil.  Le représentant a également estimé qu’une attention particulière devait être accordée au problème du chômage chez les jeunes.


M. YAHYA IBRAHEEM FADHIL AL-OBAIDI (Iraq) a appelé tous les États à consentir de plus grands efforts pour atteindre l’objectif de l’élimination de la pauvreté dans le monde.  La pauvreté a pris des formes diverses, comme le manque d’accès aux services sociaux de base ou le recul de l’éducation, a-t-il expliqué, ajoutant que la pauvreté fait partie des problèmes qui requièrent des solutions dans la durée et que c’est une lutte de longue haleine.  En Iraq, a-t-il précisé, une Commission a été créée pour mettre en œuvre une stratégie de réduction de la pauvreté, sur la période 2010-2015.  Ce plan s’oriente sur six axes principaux, a-t-il dit.  Il s’agit ainsi d’améliorer les capacités et potentialités de travail des pauvres, d’améliorer leur santé, leur niveau d’éducation et leurs conditions de logement; de leur accorder une protection sociale efficace et de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes pauvres.  Le Ministère du travail et des affaires sociales iraquien a mis en œuvre un système de protection sociale qui accore des subsides aux familles qui en ont besoin, a encore précisé le représentant.  Ce Ministère a aussi créé un grand nombre d’emplois par le biais des centres de formation présents dans tous le pays.  Le représentant a signalé que tous ces efforts ont permis d’augmenter le revenu net par habitant, depuis le changement de régime.  Il a enfin appelé la communauté internationale à appuyer les initiatives nationales et régionales visant à réduire la pauvreté. 


M. ISLAM SALUM (République-Unie de Tanzanie) a commenté le lien qui existe entre l’élimination de la pauvreté et les autres OMD, estimant que c’était le principal défi que devait relever la communauté internationale.  Il a relevé que l’indice de développement humain était très faible en Afrique et que la majorité de la population du continent vivait dans des zones rurales.  Le représentant a expliqué que la Tanzanie avait mis en œuvre un programme destiné à améliorer la productivité agricole.  Le Gouvernement tanzanien accorde également une attention particulière au développement des infrastructures, a-t-il ajouté.  De plus un projet de loi espère favoriser les partenariats internationaux en matière de construction de réseaux routiers.  Nos efforts nationaux ne suffisent cependant pas à régler le problème de la pauvreté, a-t-il néanmoins fait remarquer.  Il a réclamé une plus grande coopération internationale en matière de lutte contre la pauvreté, notamment une hausse de l’aide publique au développement au niveau promis; l’allègement de la dette et le transfert des technologies, ainsi que l’élimination des subventions agricoles versées dans les pays développés et la levée des barrières posées aux échanges.  Le représentant a par ailleurs estimé que les personnes handicapées devaient être intégrées à tous les programmes de lutte contre la pauvreté.


Mme LENA TERZIKIAN (Arménie) a estimé que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociales doit reposer sur l’application des droits de la personne.  Le Gouvernement de l’Arménie cherche à parvenir à l’instauration de l’inclusion sociale de tous ses citoyens, a-t-elle assuré, citant les efforts de création d’emplois déployés par l’Arménie et les politiques sociales adoptées au début des crises récentes, qui ont permis au Gouvernement de ne pas réduire les dépenses sociales.  L’Arménie est entrée dans le groupe des pays à revenu intermédiaire, a-t-elle aussi indiqué, expliquant que le pays a connu en 2010 un redressement économique lent, mais sûr.  Cela a contribué à la réduction de la pauvreté, a-t-elle expliqué, ajoutant que le Gouvernement arménien poursuit la mise en œuvre de son plan d’action 2009-2012 dans ce domaine.  Une plus grande égalité des sexes, et la promotion du développement durable figurent parmi les éléments de ce plan.  Le Gouvernement arménien a aussi lancé des programmes de protection des personnes handicapées et de l’enfance, a signalé la représentante.  Elle a enfin jugé qu’il est impératif que chacun exerce sa responsabilité individuelle au milieu de la responsabilité collective de toute la société en matière de lutte contre la pauvreté, afin de parvenir à une société plus cohérente et équitable.


Mme BLANCA LILIA GARCÍA LÓPEZ (Mexique) a tout d’abord passé en revu le fonctionnement de la stratégie du « Mieux Vivre », qui symbolise la politique sociale du Mexique et qui est axée sur le développement des capacités, la création d’un réseau de protection sociale et l’amélioration de l’environnement physique et social.  Elle a affirmé qu’une approche fragmentée ne permettrait pas d’atteindre des résultats concrets dans la lutte contre la pauvreté.  La représentante a ensuite expliqué qu’en 2010, six millions de famille mexicaines vivant en milieu rural bénéficiaient des subventions et de l’appui social du programme « Oportunidades », qui adopte une approche sexospécifique en matière d’éducation, de santé et d’alimentation.  La couverture médicale universelle est promue par le biais de l’assurance populaire, qui elle-même cible en premier lieu les personnes sans couverture médicale, a également indiqué Mme Garcia López.  Selon la représentante, l’élimination de la pauvreté exige des institutions solides, un cadre juridique capable d’appuyer une action à long terme, la protection des droits de l’homme, ainsi qu’un financement durable.  Elle a par ailleurs fait savoir que depuis 2009, le Mexique mettait en œuvre une méthodologie destinée à mesurer la pauvreté à partir d’une perspective multidimensionnelle.


Mme CELINE PARAMUNDA (Organisation des missionnaires médicaux catholiques) a souligné que l’un des meilleurs moyens d’éliminer la pauvreté est d’améliorer l’accès aux ressources financières des pauvres par le microcrédit.  Elle a relevé que les dépenses militaires augmentent à un taux alarmant.  Aux États-Unis, par exemple, pour 41 dollars consacrés aux dépenses militaires, un seul dollar est dépensé dans le domaine de l’adaptation aux conséquences des changements climatiques.  Chaque année, le monde dépense 1 400 milliards de dollars en armes, alors qu’une petite partie de ces ressources suffirait à résoudre plusieurs problèmes liés à la pauvreté, a déploré l’intervenante.  Elle a donc lancé un appel aux dirigeants du monde pour qu’ils diminuent leurs dépenses militaires afin de consacrer davantage de ressources à la lutte contre la pauvreté.


Exposé du Rapporteur spécial de la Commission du développement social chargé d’étudier la situation des handicapés


M. SHUAIB CHALKLEN, Rapporteur spécial pour les personnes handicapées, a indiqué que les missions qu’il avait effectuées au cours des neuf derniers mois lui ont permis de constater que de nombreux pays se basent sur les dispositions de la Convention relative aux droits des personnes handicapées lorsqu’ils formulent et mettent en œuvre leurs politiques relatives à cette catégorie de personnes.  Il a également observé que la collecte de données revêtait une importance particulière pour évaluer la situation dans laquelle se trouvent les personnes handicapées.  Il a néanmoins estimé qu’il reste beaucoup à faire pour conscientiser davantage le public sur la situation des handicapés et pour adopter des mesures concrètes en vue de réaliser les OMD.  Le Rapporteur spécial a ensuite passé en revue les diverses initiatives prises par l’ONU en matière de handicap, précisant, par exemple, que le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU avait organisé plusieurs évènements autour du thème des personnes handicapées et du développement, en plus d’établir une équipe interne visant à rendre l’ONU plus accessible aux handicapés.


M. Chalklen a ensuite indiqué que la Décennie africaine des personnes handicapées, dont le siège du Secrétariat est en Afrique du Sud, avait « désespérément » besoin de ressources financières et humaines.  Au cours de mes missions, a-t-il poursuivi, je n’ai cessé de souligner l’urgence d’intégrer les handicapés dans la coopération pour le développement.  Le Rapporteur spécial a annoncé qu’il organiserait fin mars, avec le Gouvernement de la Norvège, un séminaire sur l’intégration des handicapés dans les programmes de développement.  Les pays bénéficiaires ne reconnaissent souvent pas l’urgence d’adopter une politique inclusive, a-t-il observé, pour ensuite déplorer l « écart constant » qui existe entre les engagements pris et les pratiques relatives aux personnes handicapées.  Il a souhaité que plus d’effort soient déployés afin d’intégrer les personnes handicapées au programme d’action en matière de développement. 


M. Chalklen a ensuite appelé l’ONU à examiner d’urgence le problème du manque de statistiques sur les personnes handicapées et à prendre des mesures pour renforcer les systèmes de collecte de données.  Il a également recommandé la mise en commun des meilleures pratiques des États Membres et la création d’un fonds d’affectation spéciale multidonateurs destiné à appuyer les mesures visant à assurer le respect des droits des handicapés dans le cadre du développement.  Il a aussi réclamé la création de points focaux sur les handicapés dans chacune des agences de l’ONU, ainsi qu’une meilleure coordination entre les coalitions de personnes handicapées.  Le Rapporteur spécial a par ailleurs annoncé qu’il convoquerait prochainement une réunion de haut niveau sur le développement inclusif en Afrique.


Dialogue interactif


Ouvrant le débat après l’exposé du Rapporteur spécial pour les personnes handicapées, le représentant du Mexique a signalé l’élan politique qui existe dans son pays en faveur du respect et de la promotion des droits des personnes handicapées depuis l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies relative aux droits de ces personnes.  Le Rapporteur spécial est bien placé pour faire la promotion des mesures à prendre en faveur des ces droits, a-t-il dit, souhaitant aussi que les initiatives se renforcent mutuellement.  Comment encouragez-vous les États à prendre des mesures en faveur des droits des personnes handicapées? a ensuite demandé la représentante du Qatar.  Le Rapporteur spécial a expliqué qu’il prodiguait des conseils sur les différentes manières dont les pays peuvent parvenir à la ratification de la Convention, par exemple, en fonction des dispositions constitutionnelles ou législatives qui sont en vigueur dans chacun d’entre eux.


La Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées a été ratifiée par l’Union européenne le 24 janvier 2011, a signalé la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies.  Rappelant que les membres de la Commission du développement social, lors de sa quarante-septième session, avaient débattu des pratiques de référence relatives à la coopération sur le terrain visant l’intégration des personnes handicapées à la société, la représentante de l’Union européenne a demandé quels étaient les aspects pratiques et les résultats obtenus à travers cette démarche.  Elle a aussi voulu savoir ce que proposait le Rapporteur spécial pour trouver des remèdes et solutions au problème de l’isolement, que rencontrent généralement les personnes handicapées.  Le Rapporteur spécial a recommandé à cet égard d’adopter des politiques d’inclusion, qui doivent être incorporées dès le stade de la planification des programmes et politiques à mettre en œuvre.  Les personnes handicapées sont souvent bien traitées chez elles mais ce fait à lui seul ne leur permet pas de sortir du cadre familial, a-t-il remarqué.  Il faut aussi renforcer le système de suivi de la mise en œuvre des mesures prises en faveur des personnes handicapées, a-t-il préconisé.


De son côté, la délégation de l’Union africaine (UA) a parlé du Plan d’action de l’Union africaine pour la Décennie des personnes handicapées, au cours de la période 1999-2009.  L’évaluation de ce Plan a permis de constater que 2% seulement des personnes handicapées vivant en Afrique avaient accès aux soins et à la réhabilitation sociale.  En ce qui concerne le projet de création d’un forum africain sur le handicap, nous souhaitons travailler avec vous, a assuré la délégation.  Nous sommes en train de créer, avec la société civile, une organisation panafricaine de personnes handicapées, a-t-elle ajouté.


Le représentant du Botswana a, lui aussi, présenté les efforts déployés par son gouvernement en faveur des personnes handicapées, évoquant notamment la création d’un bureau national chargé de ces questions.  Il a soulevé en particulier les problèmes particuliers auxquels font face les femmes handicapées et celui de l’éducation des enfants handicapés.


En ce qui concerne les activités futures du Rapporteur spécial, le représentant de la Suisse a demandé quelles étaient ses priorités.  Il a apprécié que le Rapporteur cherche á établir des liens avec les autres titulaires de mandats thématiques relatifs aux droits de l’homme et a demandé des précisions à cet égard.  Le Rapporteur spécial a confirmé son intention de travailler en étroite collaboration avec ses homologues.


Pour répondre à la délégation de l’Australie, qui demandait des informations sur les préparatifs de la Réunion de haut niveau qui se tiendra en 2012 sur la question des personnes handicapées, le Rapporteur spécial a assuré qu’il coopérait activement avec les entités chargées de l’organisation de cette rencontre.


Suite du débat général


M. AMADOU ROUAMBA (Mali) a indiqué que le Mali avait développé un cadre stratégique pour la lutte contre la pauvreté et mis sur pied diverses stratégies de développement.  À l’instar du Secrétaire général, il a estimé que l’élimination de la pauvreté passe par une croissance économique forte et soutenue, le plein emploi et une protection sociale efficace.  Le représentant a expliqué que le Mali accordait une attention particulière à la croissance du secteur agricole et de l’industrie, ainsi qu’à la question du plein emploi.  Il a ainsi précisé que le Programme national pour l’emploi du Mali cible, entre autres, les femmes, les personnes vivant en milieu rural, les travailleurs du secteur informel et les personnes handicapées.  Un programme pour l’emploi des jeunes a également été créé, a indiqué le représentant.  Le travail décent est un instrument privilégié par lequel la majorité de la population pourra s’affranchir dignement de la pauvreté, a souligné le représentant.


M. Rouamba a également fait savoir que la stratégie malienne d’expansion de la protection sociale entend réformer les institutions de sécurité sociale et créer un système d’assurance médicale obligatoire, entre autres.  Il a ajouté qu’une étude sur la nécessité de mettre en place un programme de filets de sécurité pour les plus vulnérables devrait être achevée en juin 2011.  Le représentant a conclu son intervention en appelant les pays développés à honorer leur engagement en matière d’APD.


M. MOTLATSI RAMAFOLE (Lesotho) a expliqué qu’en 2001, le Gouvernement du Lesotho avait adopté une stratégie nommée « Vision nationale 2020 » destinée à assurer la croissance durable du pays.  « Vision nationale 2020 » reconnaît que la solution à la question du développement dépend aussi de l’élimination de la pauvreté.  Une stratégie de réduction de la pauvreté pour la période 2004-2007 a également été adoptée.  Elle met l’accent sur la création d’emplois, entre autres, a indiqué M. Ramafole.  Dans ce cadre, a-t-il précisé, le Gouvernement a mis en place des stratégies de protection sociale, notamment un système d’éducation gratuite et obligatoire aux niveaux primaire et secondaire; un système de distribution de fonds de pension aux personnes âgées et un programme d’autonomisation des personnes handicapées afin de leur permettre de participer au marché du travail.


M. Ramafole a ensuite fait état de la persistance de nombreux défis au Lesotho.  Un quart de la population du pays est infectée par le VIH/sida et le nombre d’orphelins du VIH/sida ne cesse d’augmenter.  Par conséquent nombre d’enfants se retrouvent dans le rôle de chef de famille, a notamment indiqué le représentant.  Il a expliqué qu’afin de faire face à cette situation, le Gouvernement fournissait des médicaments aux malades et assurait l’accès des orphelins à l’éducation, tandis que la distribution de subventions leur est assurée.


M. ARNAUD LORETI (Belgique) est intervenu sur la question spécifique des enfants et des jeunes vivant en situation de pauvreté, précisant qu’en Belgique, 17% des enfants vivent sous le seuil de pauvreté.  Les enfants qui vivent dans des familles précarisées connaissent un taux de placement plus élevé dans les institutions sociales et sont davantage orientés vers une éducation spécialisée, a-t-il indiqué.  Il a estimé que le travail des enfants devrait être interdit et a souhaité que, pour les pays où il est impossible de l’interdire, ce travail soit règlementé de manière stricte.  Le représentant a aussi dénoncé les emplois précaires proposés aux jeunes diplômés, ainsi que toute discrimination à leur égard dans le secteur de l’emploi.  Il a espéré que les initiatives prises par l’Union européenne en matière de lutte contre la pauvreté seront rapidement suivies d’effet.  Enfin, il a plaidé en faveur de la redistribution des richesses, au plan national comme au plan international.


M. HASSAN EL MKHANTAR (Maroc) a indiqué que les récentes réformes entreprises dans son pays avaient permis la mise en œuvre d’une politique sociale fondée sur une approche participative, tandis que l’amorce d’un dialogue social a permis d’aboutir à des résultats positifs en matière de Code du travail, de salaires et d’habitat social.  Il a expliqué que le Maroc avait également mis en place une stratégie annuelle pour l’alphabétisation, qui touche un million de personnes, et qui vise à réduire le taux d’analphabétisme « de manière quasi définitive » à l’horizon 2015.  Afin de parer à la déperdition scolaire des jeunes filles en milieu rural, a-t-il ajouté, le Maroc a lancé le programme « foyer des étudiantes » qui prévoit la prise en charge totale de 4 500 filles scolarisées issues de familles rurales démunies.  Il a également fait savoir que le Maroc avait ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées en avril 2009.


Ma délégation, a poursuivi M. El Mkhantar, est d’avis que les impératifs de lutte contre la pauvreté et la création d’emplois ne peuvent être mis en place qu’à travers des projets de grande envergure.  Il a notamment indiqué que l’Initiative nationale de développement humain, lancée en 2005, disposait d’un budget de plus d’un milliard de dollars pour la période 2006-2010.  Par ailleurs, des services sociaux de proximité sont destinés aux différentes catégories vulnérables de la population, dont les personnes âgées.


M. RAFF BUKUN-OLUN WOLE ONEMOLA (Nigéria) a indiqué que son pays reste engagé à éliminer la pauvreté, grâce aux efforts de son Agence nationale pour le programme d’élimination de la pauvreté.  Nous continuons de faire des efforts pour améliorer la situation des groupes sociaux fragiles, comme les handicapés, les personnes âgées, les familles et les jeunes, a-t-il dit.  Il a précisé que le Nigéria a ratifié la Convention 159 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur l’emploi des personnes handicapées.  En outre, le Nigéria a mené une enquête pour obtenir des données nationales sur cette catégorie de personnes, en vue d’améliorer leur bien-être.   Nous avons accueilli la Conférence internationale sur la réhabilitation, qui s’est tenue à Abuja en octobre 2010, a-t-il aussi indiqué.  En matière de vieillissement, le représentant a assuré que son pays est engagé à mettre en œuvre le Plan d’action de Madrid sur cette question.  M. Onemola a ensuite expliqué qu’il existe au Nigéria plusieurs structures familiales, reconnaissant aussi que la famille représente l’institution de base qu’il faut protéger et promouvoir dans le cadre du développement de la société.  Il a aussi mentionné le programme d’intégration des personnes et familles défavorisées qui sont vulnérables et au bord de la pauvreté extrême. 


M. SHANKER D. BAIRAGI (Népal) a estimé qu’il fallait adopter une approche holistique en matière de lutte contre la pauvreté, par le biais d’une croissance économique soutenue, du développement durable et de politiques de développement inclusives et favorisant les pauvres.  Il a estimé que la prochaine Conférence des pays les moins avancés (PMA) aurait un rôle important à jouer dans la conception d’une nouvelle architecture d’appui destinée à aider ces pays à éliminer la pauvreté et la faim.  Le représentant a ensuite expliqué que la stratégie de lutte contre la pauvreté du Népal ciblait le secteur agricole, les zones rurales et reculées, et les groupes de personnes vulnérables, notamment les femmes et les enfants, par le biais de programmes de formation et de microcrédits, entre autres.  M. Bairagi a également évoqué l’existence d’un programme d’octroi de soins de santé destiné aux personnes âgées victimes de conflits, et a fait savoir que le secteur public était en cours de réforme afin d’assurer une meilleure distribution des services de base. 


Suite à ces initiatives, s’est-t-il félicité, le niveau de pauvreté est passé de 42% de la population du Népal en 1996 à 25,4% en 2009.  Il a également indiqué que la pauvreté en zone urbaine était passée de 10% en 2004 à 8% en 2010, tandis que le niveau de pauvreté en milieu rural était passé de 35% à 22% pour la même période.  Malgré ces avancées, a fait savoir le représentant, le Népal demeure néanmoins prisonnier d’un cercle vicieux de pauvreté et de sous-développement.  Une solide base industrielle fait toujours défaut au pays, et le Népal dépend d’un système traditionnel d’agriculture et souffre de son incapacité à devenir un exportateur de biens, tandis qu’en même temps, l’écart entre les riches et les pauvres menace de mettre à mal la cohésion sociale du pays, a-t-il notamment expliqué.


Mme LINYI BAIDAL SEGUEIRA (Costa Rica) a estimé que le combat contre la pauvreté passe par le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’exclusion.  Le processus de développement social basé sur la sécurité des individus doit se concentrer sur la participation de chaque personne à la construction nationale, a-t-elle dit.  Elle a souligné l’interdépendance des Objectifs du Millénaire pour le développement et des droits de l’homme, qui se renfoncent mutuellement.  Le Costa Rica suit un chemin de développement qui devrait le rendre plus prospère, avec comme objectif d’améliorer la qualité de vie de sa population.  Nous avons consacré beaucoup de ressources à la protection sociale, a indiqué la représentante, précisant que la couverture médicale bénéficie à 89% de la population.  Il est maintenant nécessaire de garantir la pérennisation de ces acquis, sans oublier de gérer la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles.  Le Costa Rica étant une économie ouverte au monde et à la concurrence, nous avons misé sur l’éducation et le développement social, a-t-elle expliqué.  Cela implique des politiques ciblées de distribution de la richesse, a-t-elle observé.  Elle a en outre souligné l’importance de renforcer l’autonomisation économique des femmes et de combler les écarts de salaires entre les hommes et les femmes.


M. ALPHEUS MUHEUA (Namibie) a fait savoir que son pays s’apprêtait à réviser sa Stratégie de réduction de la pauvreté et à préparer son quatrième Plan de développement national.  Il a indiqué que la proportion des ménages souffrant de pauvreté extrême était passée de 9% à 4% entre 1993-1994 et 2003-2004, et que la Namibie avait adopté une nouvelle définition du seuil de pauvreté basée sur le coût des besoins de base.  Évoquant l’écart important entre les riches et les pauvres, le représentant a indiqué que son gouvernement avait introduit un vaste éventail de filets de sécurité sociale comme, par exemple, l’octroi de subventions destinées aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux enfants et aux anciens combattants.  Il a également évoqué l’existence d’un programme de discrimination positive en matière de prêts qui permet aux personnes marginalisées d’acheter des terres, du bétail ou des équipements agricoles.  De plus, un système de microcrédit destiné aux jeunes leur permet de créer des petites entreprises.  M. Muheua a par ailleurs indiqué que le taux de chômage en Namibie était de 51,2%, et qu’un Sommet national pour la création d’emploi avait été mis sur pied dans le but de remédier à la situation.


Mgr FRANCIS ASSISI CHULLIKAT, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que sans une dimension éthique et sociale, le développement social ne reposera pas sur des fondations solides.  La fondation éthique, a-t-il dit, doit lier les individus, les familles, les générations et les peuples, dans un objectif commun de sauvegarder la dignité humaine.  Insistant sur l’institution sociale fondamentale qu’est la famille humaine, fondée sur le mariage, le prélat s’est opposé à l’assertion selon laquelle la croissance démographique nuirait au développement. 


Il a cité l’exemple des régions développées, qui luttent pour maintenir les services sociaux et la croissance économique alors que le rapport entre travailleurs et retraités s’inverse.  Il a dit craindre que les pays en développement, où les taux de fertilité diminuent également, « ne vieillissent avant de devenir riches ».  La pauvreté vient non pas d’un trop grand nombre d’enfants, mais bien d’un investissement insuffisant dans le bien-être de l’enfant, a dit Mgr Chullikat. 


L’Observateur permanent du Saint-Siège a ensuite parlé de l’intégration sociale dont les premiers défis à relever sont ceux de l’inégalité dans les revenus, dans le capital, l’éducation et dans le manque d’accès des pauvres et des autres personnes vulnérables à tous les secteurs de la société.  Il a aussi parlé du sort des migrants, en appelant au respect de leurs droits et de leur dignité.  


M. SALIMA HAMID, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a estimé que face à une population mondiale de près de 7 milliards de personnes, des investissements massifs sont nécessaires pour améliorer le bien-être des jeunes et des personnes âgées.  Aujourd’hui, près de la moitié de la population mondiale est âgée de moins de 25 ans, et quand ces jeunes peuvent exercer leur droit à l’éducation, à la santé et à un travail décent, ils deviennent un moteur puissant du développement, a dit le représentant.  C’est la raison pour laquelle, le FNUAP met un accent particulier sur les jeunes gens.  Le Fonds travaille avec les équipes de pays des Nations Unies pour répondre aux besoins et aux droits des jeunes.  Faire passer de 12 à 24 milliards de dollars les investissements actuels dans la santé reproductive, y compris la planification familiale, peut faire baisser significativement le taux de mortalité chez les femmes et les nouveau-nés et placer le monde dans une voie plus prospère et plus durable.  Le représentant a aussi plaidé pour l’accès des personnes âgées à la protection sociale.


Mme RHITU SIDDHARTH, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO), a indiqué que 925 millions de personnes souffraient de la faim et de la malnutrition en 2010 à travers le monde, selon les dernières données disponibles.  La flambée des prix des produits alimentaires deux ans après la crise alimentaire de 2007-2008 révèle la fragilité du système alimentaire mondial, a-t-elle expliqué.  Il est temps de traiter des causes profondes de l’insécurité alimentaire, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué que, selon la FAO, il faudrait que la production agricole augmente de 70% dans le monde en général, et qu’elle double dans les pays en développement, pour permettre de nourrir la population croissante.  Parmi les mesures à prendre, elle a recommandé d’assurer aux pauvres un meilleur accès aux services, aux terres, aux technologies et aux marchés.  Il faut aussi adopter des politiques commerciales justes, a-t-elle souhaité.  Elle a averti, en outre, qu’aucune initiative ne peut réussir sans tenir compte de la dimension sexospécifique et a appelé notamment la communauté internationale à faire participer les femmes des zones rurales aux prises de décisions et à leur donner accès aux ressources.


M. FREDERICO NETO, Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a rappelé que la région de l’Asie occidentale est classée parmi les trois dont les pays ne réaliseront probablement pas, d’ici à 2015, l’Objectif visant à réduire de moitié la pauvreté –OMD no1-.  La proportion des gens pauvres vivant dans la région de la CESAO a triplé entre 1990 et 2005, a-t-il regretté.  Le rythme de la croissance démographique a fait que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue est passé de 3 à 11 millions durant la même période.  Après avoir souligné l’importance, pour l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, il a souligné le caractère crucial de l’emploi pour la région. 


En Asie occidentale, plusieurs programmes ont répondu à la crise économique mondiale en stimulant l’emploi par des investissements dans les infrastructures.  Certains gouvernements ont aussi adopté des mesures pour appuyer les travailleurs, comme notamment des mesures de formation et le renforcement des systèmes de protection sociale, et dans ce cadre, la CESAO s’emploie à faciliter l’échange des pratiques exemplaires, a indiqué M. Neto.


M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES (Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte) a expliqué que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, la reconnaissance et l’affirmation de la dignité sont au cœur même des activités de l’Ordre souverain et hospitalier de Malte depuis plus de 900 ans.  Sa mission est de venir en aide à toute détresse, sans distinction de race, d’origine ou de religion, a indiqué M. de Looz Karageorgiades.  Seule compte la dignité de l’homme, a-t-il souligné.  Il a précisé que l’Ordre de Malte, qui compte 12 500 membres, 80 000 bénévoles permanents et un personnel médical salarié, intervient dans plus de 120 pays.  « Cette force, cette armée, toute pacifique, de bérets noirs à la croix blanche et rouge, est toujours à la disposition de la communauté internationale et de l’ONU en particulier », a-t-il assuré.  M. de Looz Karageorgiades a cité le pape Benoît XVI qui, dans sa première encyclique, avait attiré l’attention du monde sur un aspect de la pauvreté souvent négligé, à savoir l’isolement dont souffrent les personnes démunies.  L’élimination de la pauvreté n’est pas un acte de charité, mais bien plutôt une obligation de la communauté internationale, a souligné le représentant de l’Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte. 


M. UFUK GOKCEN, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a expliqué que le Programme d’action décennal de l’OCI a engagé ses États membres à participer aux efforts internationaux d’appui aux programmes d’atténuation de la pauvreté et de renforcement des capacités des pays les moins avancés.  Il a également indiqué que le Fonds de solidarité islamique avait pour objectifs principaux la réduction de la pauvreté, l’élimination de l’analphabétisme, l’élimination de maladies transmissibles comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, et le renforcement des capacités humaines et productives.  Cette structure a également établi deux programmes quinquennaux sur la microfinance et la formation professionnelle.


M. Gokcen a poursuivi son intervention en affirmant que l’élimination de la pauvreté devait cibler en premier lieu l’élimination des inégalités entre hommes et femmes.  Il a rappelé la tenue en 2006 et 2008 de la Conférence ministérielle sur le rôle des femmes dans le développement de l’OCI.  Le représentant a également estimé qu’une attention particulière devait être accordée aux problèmes qu’affrontent les pays les moins avancés.


Mme JANE STEWART, Organisation internationale du Travail (OIT), a estimé que les États Membres devaient reconnaître la nécessité d’établir une relation beaucoup plus rapprochée entre le développement social, le marché du travail et les politiques macroéconomiques.  Le succès des politiques macroéconomiques à lui seul est trop limité pour créer les conditions nécessaires pour une croissance rapide et durable, comme en témoigne le taux important de chômage, a-t-elle fait observer.  Le plein emploi et un travail décent doivent figurer parmi les principaux objectifs des stratégies macroéconomiques qu’appliquent les pays, au même titre qu’une faible inflation et que l’adoption de mesures fiscales solides, a ajouté la représentante.


Mme Stewart a par ailleurs estimé qu’un cadre cohérent était nécessaire pour assurer une bonne transition vers une économie à faible émission de carbone basée sur le travail décent et des politiques de protection sociale comme principes.  La garantie d’une protection sociale de base est un droit fondamental, ainsi qu’une nécessité économique, a-t-elle souligné.  Elle a notamment relevé que les programmes de protection sociale créés par les pays en développement avaient démontré que l’impact sur la pauvreté, la vulnérabilité et l’inégalité d’un seuil minime de protection sociale pouvait être notable et progressivement abordable, même pour les pays les moins avancés.  Mme Stewart a appelé la Commission à accorder une attention particulière à cette question.


Mme ANKE STRAUSS, Organisation internationale pour les migrations(OIM), a indiqué que les migrants, les diasporas et les rapatriés étaient des acteurs importants pour le développement car ils sont capables de générer des richesses à a travers les envois de fonds qu’ils font à leurs familles notamment.  Elle a estimé que les liens entre la migration et l’élimination de la pauvreté demeuraient complexes.  La représentante est ensuite revenue sur les envois de fonds qui, a-t-elle affirmé, permettent d’alléger la pauvreté en fournissant aux familles des pays d’origine des migrants une source de revenu supplémentaire, voire même essentielle.  L’année dernière, a-t-elle indiqué, les envois de fonds des migrants et expatriés représentaient 316 milliards de dollars.  Pour la douzaine de pays où les envois de fonds représentent 30% ou plus du PNB, la migration peut être un facteur déterminant pour la réalisation de l’OMD nº1, a souligné Mme Strauss.  Lorsque la migration est gérée humainement, a poursuivi la représentante, elle peut appuyer le droit au développement et l’élimination de la pauvreté.  Elle a ensuite passé en revue les différentes initiatives lancées par l’OIM dans le but d’intégrer la migration dans la planification du développement.


M. SETHURAMIAH RAO, Partners in Population and Development(PPD, a expliqué que son organisation regroupe 25 pays en développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine engagés dans la promotion de la coopération Sud-Sud dans les domaines de la population, de la santé reproductive, de la sexospécificité et du développement.  Il a expliqué que la planification familiale permet d’améliorer la santé maternelle, de réduire la mortalité maternelle et de ralentir la croissance démographique.  Cela permet aussi d’atténuer la pauvreté et de contribuer au développement économique.  M. Rao a indiqué que le PDD encourage la coopération Sud-Sud dans ses pays membres par le biais de la formation et du renforcement des capacités, ainsi que par le partage de connaissances en ce qui concerne la santé reproductive, grâce notamment au soutien du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité reconnaît la nécessité de tenir compte des dimensions socioéconomiques des conflits pour faciliter la transition vers la paix

CS/10172

Le Conseil de sécurité reconnaît la nécessité de tenir compte des dimensions socioéconomiques des conflits pour faciliter la transition vers la paix

11/02/2011
Conseil de sécuritéCS/10172
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6479e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RECONNAÎT LA NÉCESSITÉ DE TENIR COMPTE DES DIMENSIONS

SOCIOÉCONOMIQUES DES CONFLITS POUR FACILITER LA TRANSITION VERS LA PAIX


Ban Ki-moon appelle à la mise en œuvre de moyens innovants

pour affermir les institutions nationales des pays les plus fragiles


Le Conseil de sécurité a souligné, aujourd’hui, que sécurité et développement étaient étroitement liés et interdépendants et qu’ils constituaient des conditions essentielles pour instaurer une paix durable. 


Lors d’un débat, marqué par la participation d’une soixantaine de délégations dont neuf au niveau ministériel, les membres du Conseil de sécurité ont ainsi reconnu que, pour aider un pays à retrouver la paix, il est nécessaire de prendre en considération les dimensions économique, politique et sociale des conflits.


Dans une déclaration lue par le Ministre brésilien des affaires étrangères, M. Antonio de Aguiar Patriota, qui présidait la séance, le Conseil affirme également que la prise en main de leurs intérêts et l’exercice de leurs responsabilités par les États est une condition essentielle de l’instauration d’une paix durable. 


Avant la lecture de ce document, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, avait souligné la nécessité, « pour faciliter l’appropriation des programmes de développement par les pays les plus fragiles », de renforcer la cohérence du fonctionnement des institutions multilatérales pertinentes et la mise en œuvre de moyens innovants pour construire et affermir les institutions nationales de ces pays.


La Directrice pour le Rapport 2011 de la Banque mondiale sur le développement dans le monde, Mme Sarah Cliffe, a appuyé ces propos en soulignant que le renforcement des institutions était élémentaire pour éviter le retour de la violence et de l’instabilité.  « Il y a urgence à relever les défis évoqués afin d’empêcher des nouveaux cycles de violence et l’affaiblissement des institutions, qui privent les pays touchés d’une croissance de leur PIB pendant 30 ans et entravent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a-t-elle ainsi relevé.  Un milliard et demi de personnes vivent dans des régions où il n’est pas possible de mener une vie normale ou d’envoyer les enfants en toute sécurité à l’école, a-t-elle déploré. 


Mme Cliffe a par ailleurs noté que les processus de changement les plus efficaces sur la durée avaient contribué à améliorer l’accès à la justice et la conduite de réformes politiques et économiques profondes.  « Un tel effort prend du temps, en moyenne 20 à 30 ans », a-t-elle fait observer.  Elle a également insisté sur l’importance de restaurer la confiance entre les dirigeants et les citoyens en créant une base nationale inclusive donnant à tous les acteurs la possibilité de participer au développement et à la sécurité de leur pays. 


Les délégations, parmi lesquelles celle de la France, ont plaidé pour que les opérations de maintien de la paix soient engagées dans des activités liant sécurité et développement. 


« Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent prévoir, dès les phases de leur préparation par le Conseil de sécurité, des activités liant sécurité et développement », a ainsi demandé l’Ambassadeur Gérard Araud.  Celui-ci a estimé que le désarmement et la réintégration, par exemple, ne peuvent être efficaces que s’ils contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations. 


En écho à ces propos, la déclaration présidentielle du Conseil souligne qu’il importe de définir clairement les rôles et responsabilités respectifs des opérations de maintien de la paix, des équipes de pays de l’ONU et des autres acteurs, « condition d’un soutien rationnellement intégré qui réponde aux priorités et aux besoins de consolidation de la paix de chaque pays, tels qu’ils ont été définis par les autorités nationales ».  À cette aune, le Conseil, répondant au souhait du Brésil, qui assure sa présidence pendant le mois de février,s’engage à examiner comment les opérations peuvent aider au mieux les autorités nationales à définir lesdites priorités.


Les délégations se sont ralliées au Secrétaire général de l’ONU, qui a affirmé que le développement doit être inclusif.  Elles ont ainsi rendu hommage aux travaux de la Commission de consolidation de la paix (CCP), représentée lors du débat par son Président, M. Eugène-Richard Gasana (Rwanda), en mettant en exergue son rôle de promoteur en faveur de l’intégration des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de développement des sociétés.  M. Ban n’a pas manqué de saluer le fait que la CCP « rapproche efficacement divers acteurs –la société civile, l’ECOSOC, les contributeurs de troupes, les donateurs, la Banque mondiale et le FMI »- autour de stratégies communes de développement.


Le Secrétaire général de l’ONU a également considéré qu’il ne sera pas possible de réaliser la sécurité internationale sans une gestion efficace des risques associés aux changements climatiques, dont « les effets ont un impact nocif croissant sur le développement », et sans une réduction de la violence criminelle, alimentée par la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC).  C’est pourquoi, il a demandé au Conseil de sécurité d’intensifier sa collaboration avec l’Assemblée générale dans le domaine du désarmement de ces arsenaux. 


Le représentant de la France s’est cependant dit préoccupé par « les effets déstabilisateurs de l’insécurité alimentaire », annonçant que la lutte contre ce phénomène serait une priorité de la France dans le cadre de sa présidence du G-20. 


MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Relations d’interdépendance entre sécurité et développement


Lettre datée du 2 février 2011 adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente du Brésil auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/50)


Dans ce document adressé au Secrétaire général, la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois de février, l’Ambassadeur Maria Luiza Ribeiro Viotti, du Brésil, souligne que l’expérience de l’ONU dans des situations de conflit a montré qu’une paix durable exige une approche globale de la sécurité, associant une analyse des causes profondes de la violence ainsi que de la situation sociale et économique sur le terrain.  Elle estime qu’il est temps que les membres du Conseil de sécurité déterminent si cette question relève de la compétence du Conseil et comment les opérations de maintien de la paix doivent être engagées dans des activités liant sécurité et développement. 


Notant la relation complexe entre la sécurité et le développement, Mme Ribeiro Viotti indique également, sur la base des constatations faites dans plusieurs déclarations présidentielles, que la stabilité doit être considérée comme un moyen de renforcer le développement social et économique.  « La consolidation de la paix s’est imposée comme le principal instrument permettant de contribuer à rapprocher le maintien de la sécurité et l’aide au développement », relève-t-elle encore, regrettant toutefois qu’une stratégie d’ensemble des Nations Unies fasse toujours défaut. 


Elle préconise, dans ce contexte, que le Conseil de sécurité veille à ce que les activités initiales de consolidation de la paix soient mises en œuvre par des opérations de maintien la paix ou avec leur appui.  Pour Mme Ribeiro Viotti, les questions de développement relèvent bien de la compétence du Conseil lorsqu’il doit s’acquitter de sa responsabilité première de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle rappelle cependant que le Conseil de sécurité ne devrait pas pour autant se charger des tâches incombant à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social, ou empiéter sur celles de la Commission de consolidation de la paix.  « Le Conseil de sécurité doit donc tenir compte des questions sociales et de développement dans ses délibérations, afin de garantir une transition plus efficace vers la paix », considère-t-elle.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales que lui confère la Charte des Nations Unies et sa volonté de travailler à l’instauration d’une paix durable dans la recherche d’une issue à toutes les situations qui sont inscrites à son programme de travail.


Le Conseil souligne que sécurité et développement sont étroitement liés et interdépendants et sont des conditions essentielles d’une paix durable.  Il a conscience que les corrélations qui existent entre eux sont multiples et complexes et varient selon les cas.


Le Conseil réaffirme que, pour aider un pays au sortir d’un conflit à retrouver durablement la paix, il faut adopter une démarche globale et intégrée, qui exploite et renforce la confluence des actions d’ordre politique et de celles portant sur la sécurité, le développement, les droits de l’homme et l’instauration de l’état de droit et vise les causes profondes du conflit.  Il affirme à cet égard qu’il est nécessaire de prendre en considération les dimensions économique, politique et sociale des conflits.


Le Conseil affirme que la prise en main de leurs intérêts et l’exercice de leurs responsabilités par les États est une condition essentielle de l’instauration d’une paix durable.  Il réaffirme que, lorsqu’un pays émerge d’un conflit, c’est avant tout aux autorités nationales qu’il incombe de définir les priorités et la stratégie de consolidation de la paix dans une perspective de prise en main du sort du pays.


Le Conseil souligne à nouveau qu’il importe de prévoir et de lancer des activités de consolidation de la paix dès les premiers stades de la planification et de l’exécution des opérations de maintien de la paix, ce qui implique notamment que celles-ci doivent avoir un mandat clairement défini et réalisable.  Il souligne l’importance d’une définition claire des rôles et des responsabilités respectifs des opérations de maintien de la paix, des équipes de pays des Nations Unies et des autres acteurs, condition d’un soutien rationnellement intégré qui réponde aux priorités et aux besoins de consolidation de la paix de chaque pays tels qu’ils ont été définis par les autorités nationales.  Il recommande de prêter une attention particulière au renforcement de l’intégration de l’action des Nations Unies lorsqu’une mission de maintien de la paix se déroule en même temps que des activités de consolidation de la paix entreprises par d’autres acteurs des Nations Unies, comme c’est le cas en République démocratique du Congo et au Soudan.


Le Conseil note que, pour mener à bien les multiples activités que peut prévoir le mandat d’une opération de maintien de la paix, qu’il s’agisse de la réforme du dispositif de sécurité, du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, de l’instauration de l’état de droit ou de la défense des droits de l’homme, il est indispensable d’adopter une perspective tenant compte de l’étroite corrélation qui existe entre sécurité et développement.  Il apprécie à cet égard les mesures de consolidation de la paix prises à un stade précoce des missions de maintien de la paix, qui consistent notamment à créer des conditions favorables au relèvement de l’économie et à fournir des services essentiels.  Il considère que de telles mesures sont de nature à inspirer une confiance croissante dans les missions.


Le Conseil s’engage à examiner comment les opérations de maintien de la paix peuvent, dans les cas appropriés, aider au mieux les autorités nationales à définir leurs priorités de consolidation de la paix et, en respectant ces priorités, aider les autres acteurs nationaux et internationaux à exécuter des activités de consolidation de la paix et à entreprendre eux-mêmes certaines tâches qui contribuent à la consolidation de la paix.  Il souligne que la reconstruction, le relèvement économique et le renforcement des capacités sont des conditions essentielles du développement à long terme des pays en situation postconflictuelle, et d’une paix durable; il considère qu’il importe particulièrement que les pays prennent leur sort en main, tout en soulignant le rôle notable de l’assistance internationale.


Le Conseil note que, pour le règlement des questions touchant le maintien de la paix et de la sécurité internationales qui sont soumises à son examen, il importe d’analyser les conflits et de prendre en considération des informations sur leur contexte, notamment les problèmes sociaux et économiques, lorsque de tels problèmes sont source de conflits, risquent de compromettre l’exécution des décisions du Conseil ou mettent en péril le processus de consolidation de la paix.  Il prie donc le Secrétaire général de veiller à ce que les rapports qu’il lui présente contiennent de telles informations contextuelles.


Le Conseil souligne l’importance qu’il attache à la durabilité de la paix dans les situations postconflictuelles.  Il réaffirme à cet égard que l’objectif ultime d’une mission de maintien de la paix doit être de créer sur le terrain les conditions nécessaires à la sécurité et à l’instauration d’une paix durable, conditions qui permettent la reconfiguration ou le retrait de la mission.


Le Conseil rappelle que l’exploitation illicite des ressources naturelles a contribué et contribue encore à entretenir des conflits.  Il considère qu’à cet égard les Nations Unies peuvent jouer un rôle en aidant comme il convient les États concernés, à leur demande et en respectant rigoureusement leur souveraineté sur leurs ressources naturelles et leur souci de prendre leurs intérêts en main, à empêcher l’accès illicite aux ressources et à jeter les bases de leur exploitation licite en vue de favoriser le développement, cette aide pouvant consister en particulier à donner les moyens aux pays en situation postconflictuelle de mieux gérer leurs ressources. 


Le Conseil, afin d’être mieux à même de jouer son rôle face aux conflits et aux situations postconflictuelles dans l’exercice des responsabilités que lui confère la Charte des Nations Unies, encourage les organismes des Nations Unies à coopérer étroitement entre eux et avec les organisations régionales et sous-régionales et d’autres organisations, tant au Siège que sur le terrain, et il se dit disposé à examiner les moyens d’améliorer cette coopération.


Le Conseil souligne que l’action intégrée menée sur le terrain en matière de sécurité et de développement doit être coordonnée avec les activités du gouvernement du pays et que cette action peut contribuer dans une mesure importante à la stabilisation et à l’amélioration de la situation sur le plan de la sécurité et à la protection des civils.  Il note l’importance que revêt, à cet égard, la coopération avec la société civile.  Il affirme qu’il ne saurait y avoir de paix et de développement durables sans la participation de toutes les parties prenantes et souligne qu’il faut que les femmes participent activement à tous les stades de la consolidation de la paix, de la conclusion des accords de paix et des programmes de développement.  Il se dit prêt à engager au besoin un dialogue avec d’autres acteurs, dont les organismes, fonds et programmes des Nations Unies et les institutions financières internationales, au sujet de telle ou telle situation inscrite à son programme de travail. 


Le Conseil encourage les États Membres, en particulier ceux qui sont représentés dans les organes directeurs des organismes, fonds et programmes des Nations Unies, à promouvoir la cohérence de l’action menée par les Nations Unies dans les situations conflictuelles et postconflictuelles.


Le Conseil réaffirme son soutien aux travaux de la Commission de consolidation de la paix et se dit de nouveau prêt à mettre la Commission davantage à contribution dans son rôle consultatif.  Il a conscience de la nécessité d’une bonne coordination avec la Commission et d’un dialogue avec elle.  Il engage la Commission à continuer de promouvoir une conception intégrée et cohérente de la consolidation de la paix et à veiller à ce que les activités que les Nations Unies soutiennent en matière de développement et de sécurité se renforcent mutuellement.


Le Conseil insiste sur la contribution que le Conseil économique et social peut apporter en traitant de questions économiques, sociales, culturelles et humanitaires, et il souligne l’importance d’une étroite coopération, conforme à l’Article 65 de la Charte des Nations Unies.


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a souligné que les récents événements dans le monde avaient souligné la nécessité d’ancrer la stabilité politique dans la paix et un cadre de vie décent.  « La paix, la sécurité et le développement sont interdépendants », a-t-il dit, indiquant que neuf des 10 pays ayant l’indice de développement humain le plus faible avaient été confrontés à un conflit au cours des 20 dernières années. 


« Si le manque de développement peut alimenter les flammes du conflit, les progrès économiques et sociaux  peuvent aider à prévenir ce dernier et assurer la paix », a encore avancé le Secrétaire général.  Un développement élargi doit, a-t-il estimé, contribuer à appréhender les causes des conflits, tout en garantissant un partage équitable des ressources, un meilleur accès aux terres cultivables, et en renforçant la gouvernance et l’accès à la justice pour tous.  « Avant tout, le développement doit être inclusif », a insisté M. Ban.  Il a ainsi fait référence à l’intégration des femmes dans les processus de paix et à la participation active des jeunes qui, a-t-il rappelé, possèdent un potentiel immense de contribution à l’essor des sociétés. 


Le Secrétaire général a ensuite rendu hommage aux travaux de la Commission de consolidation de la paix (CCP), laquelle « rapproche efficacement divers acteurs –la société civile, l’ECOSOC, les contributeurs de troupes, les donateurs, la Banque mondiale et le FMI »- autour d’approches communes de développement.  Évoquant la voie à suivre pour, notamment, faciliter l’appropriation des programmes de développement par les pays hôtes, M. Ban a appelé à renforcer la cohérence du fonctionnement des institutions multilatérales pertinentes et à la mise en œuvre de moyens innovants pour construire et affermir les institutions nationales des pays les plus fragiles. 


« Comme l’a souligné le débat du mois dernier du Conseil sur la construction des institutions, des institutions et une appropriation nationales fortes sont déterminantes pour garantir une paix durable ».  Le Secrétaire général a également considéré qu’il ne sera pas possible de réaliser la sécurité internationale sans une gestion efficace des risques associés aux changements climatiques, dont « les effets ont un impact nocif croissant sur le développement », et sans une réduction significative de la violence criminelle, « qu’alimente la prolifération des armes légères et de petit calibre et leurs munitions ».  Sur ce dernier point, il a estimé que le Conseil de sécurité doit envisager de renforcer sa collaboration avec l’Assemblée générale pour améliorer sa stratégie de désarmement des armes classiques. 


M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a estimé que les actions et les mesures conçues pour orienter l’engagement des Nations Unies en matière de sécurité et de développement avec les pays émergeant d’un conflit devraient être conçues et mises en place suffisamment tôt après la cessation des hostilités, avec la pleine participation des parties prenantes nationales.  Il a également noté que le Conseil de sécurité jouait un rôle important pour faciliter un engagement rapide visant à renforcer la sécurité et le développement dans les diverses activités postconflit, surtout grâce à des mandats multidimensionnels des missions de maintien de la paix.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de favoriser une cohérence et une intégration des efforts entre les missions, les équipes de pays des Nations Unies et d’autres acteurs de développement, y compris la Banque mondiale.


M. Gasana a de même constaté que la présentation du prochain rapport de la Banque mondiale sur le développement dans le monde témoignait du fait que la Banque mondiale était en constante évolution et apparaissait comme un partenaire incontournable des Nations Unies dans notre quête commune vers une paix durable dans le monde.  Il a affirmé à cet égard que la CCP constituait une instance politique souple et inclusive de nature à renforcer ce partenariat avec la Banque mondiale, ainsi qu’avec les autres acteurs du développement sur le terrain.  Dans ses différentes formations pays, la CCP a d’ailleurs fait de ce partenariat une priorité essentielle.


Lorsque le Conseil de sécurité examine le mandat, la structure et la configuration des missions de maintien de la paix, il peut s’appuyer sur les avis de la Commission de consolidation de la paix afin d’optimiser la contribution de ces missions à la reconstruction et au développement, souligné M. Gasana.  Selon le Président de la Commission, le Conseil devra bénéficier d’une appréciation rapide et continue de la situation sécuritaire sur le terrain, ainsi que des facteurs d’une consolidation effective de la paix. 


La Commission de consolidation de paix, a-t-il dit, est la mieux placée à mener une analyse holistique approfondie des causes et des facteurs de conflits afin de permettre au Conseil d’adapter constamment sa stratégie, de concevoir des critères réalistes pour mesurer et surveiller les progrès vers la consolidation de la paix et ainsi atténuer les risques de rechute vers le conflit.  Cette analyse aidera également le Conseil à élaborer une stratégie réaliste de sortie, que ce soit de la mission de maintien de la paix ou celle de la consolidation de la paix.


Mme SARAH CLIFFE, Représentante spéciale et Directrice pour le Rapport 2011 de la Banque mondiale sur le développement dans le monde, a salué la contribution de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et des fonds et programmes de l’ONU à la préparation de ce document.  « Son message est clair: le renforcement des institutions est élémentaire pour éviter le retour de la violence et de l’instabilité », a-t-elle affirmé.  Mme Cliffe a tout d’abord fait observer que le Rapport de la Banque mondiale indique un succès global en ce qui concerne la réduction des violences dans le monde.  « Mais c’est bien la persistance des guerres civiles et l’éclatement des crises politiques qui représentent aujourd’hui les obstacles les plus sérieux sur la voie du développement », a précisé Mme Cliffe.  Elle a expliqué qu’un milliard et demi de personnes vivent dans des régions où il n’est pas possible de mener une vie normale ou d’envoyer les enfants en toute sécurité à l’école.  « Ces situations sapent en outre les résultats des processus de paix dans les pays sortant d’un conflit et accentuent la faiblesse des institutions », a-t-elle expliqué, soulignant les risques élevés que fait naître la combinaison des faiblesses institutionnelles et des hauts niveaux de tensions internes et externes.  Elle a assuré que si les causes sous-jacentes aux crises sont liées aux contextes historiques et sociaux des pays concernés, « la faiblesse institutionnelle est un facteur commun limitant partout les perspectives d’émancipation, d’emploi et de participation à la vie publique des citoyens ». 


Mme Cliffe a ensuite noté que les processus de changements les plus efficaces sur la durée, qui sont présentés dans le Rapport de la Banque mondiale sur le développement dans le monde, avaient contribué à améliorer l’accès à la justice et la conduite « énergique et courageuse » des réformes politiques et économiques.  « Un tel effort prend du temps, en moyenne 20 et 30 ans », a-t-elle fait observer, insistant sur l’importance de restaurer la confiance entre les dirigeants et les citoyens en créant une base nationale inclusive donnant à tous les acteurs la possibilité de contribuer au développement à la sécurité de leur pays.  La Représentante spéciale de la Banque mondiale a par ailleurs mis en garde contre la tentation d’importer des modèles de changement préétablis, car « ce qui marche quelque part à un moment donné ne fonctionnera pas automatiquement ailleurs ».  Elle a estimé que si le lien entre sécurité et développement est complexe, « il est cependant remarquable que la solution passe nécessairement par le renforcement de l’accès à la justice et à l’emploi décent », soit « les meilleurs moyens pour réduire les risques d’éclatement ou de reprise de la violence ».  Elle a ainsi préconisé de concentrer davantage l’aide internationale sur ces domaines clefs.  « L’aide doit être fournie en amont des crises et non pas au lendemain des guerres civiles et c’est pourquoi, il est important de privilégier, comme l’a recommandé le Secrétaire général dans sa déclaration, une approche cohérente à l’intérieur de tout le système multilatéral », a-t-elle souligné.  Mme Cliffe a également suggéré qu’au niveau régional, l’appui de la communauté internationale aux pays et zones fragiles soit axé sur le renforcement des capacités des institutions régionales « pour faciliter les programmes de développement frontaliers et lutter contre tous les flux illicites par le biais de procédures robustes ».  « Il y a urgence à relever les défis évoqués afin d’empêcher des nouveaux cycles de violence et l’affaiblissement des institutions, qui coûtent 30 années de PNB de croissance en moyenne aux pays touchés et entravent considérablement la réalisation des OMD », a-t-elle dit avant de conclure.


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé en premier lieu que la situation au sud de la Méditerranée convenait parfaitement au sujet de la discussion d’aujourd’hui.  L’Égypte est un grand pays, a-t-il dit.  Le peuple égyptien mérite de bénéficier de la transformation pacifique de sa société et il appartient aux Égyptiens de déterminer qui dirigera leur pays, a-t-il fait observer.  Les personnes qui manifestent dans les rues du Caire ne demandent pas la liberté ou des emplois, mais les deux en même temps, a-t-il estimé.  Les deux sont liés, a-t-il dit, ajoutant que la répression de la participation politique, la répression des droits de l’homme et de la liberté économique conduiront à l’instabilité.  Ce que peut proposer la communauté internationale, c’est d’apporter son soutien à la transition démocratique, a-t-il poursuivi, en précisant que l’Europe avait offert un partenariat pour la transformation.


Le Ministre allemand des affaires étrangères a également évoqué plusieurs situations illustrant les liens entre paix et sécurité, développement et droits de l’homme, comme celles prévalant en Afghanistan, en République démocratique du Congo (RDC) ou au Soudan.  L’Allemagne, a-t-il dit, encourage le Conseil de sécurité à s’attaquer à la question de la consolidation de la paix le plus tôt possible.  L’idée de consolidation de la paix doit guider ses travaux lorsqu’il s’agit d’établir le mandat d’une opération de maintien de la paix, son extension ou sa réduction.  À cet égard, la Commission de consolidation de la paix peut être d’un conseil avisé.  M. Westerwelle a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’autonomiser les acteurs du secteur privé afin qu’ils puissent être en mesure de créer des opportunités en vue d’offrir un avenir meilleur.


Mme MARIA ANGELA HOLGUÍN CUELLAR, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a estimé qu’en formulant ses mandats, le Conseil de sécurité devrait mettre l’accent sur le renforcement des activités et des structures de coordination ayant un impact important sur le développement des capacités nationales.  Ce type d’activités n’est pas nouveau dans le contexte des opérations de maintien de la paix, a-t-elle dit.  Celles qui visent à renforcer les institutions de sécurité, le système judiciaire, l’état de droit, l’institutionnalisation de la protection des civils, et celles qui sont entreprises en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration représentent déjà une contribution substantielle aux bases du développement. 


Une coordination des activités orientées vers le développement par des institutions des Nations Unies avec une présence sur le terrain est essentielle, a ajouté Mme Cuellar.  Le Conseil pourrait ainsi, selon elle, ajuster les mandats des opérations de maintien de la paix afin de prendre en compte ces questions et éviter une dispersion des efforts entrepris en faveur du développement à long terme des pays.  Le Président du Conseil de sécurité pourrait établir à cet égard un dialogue stratégique avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et, à travers elle, avec la Banque mondiale et d’autres acteurs, sur des questions liées aux situations spécifiques de préoccupation.  De même, le Conseil, dans ses activités de maintien de la paix, pourrait bénéficier de la pratique du Conseil économique et social (ECOSOC), de l’Assemblée générale, ainsi que des leçons tirées du travail de la CCP.


M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a jugé important d’avoir une bonne compréhension des mécanismes qui régissent le nœud sécurité-développement.  Ce nœud appelle aussi à une réévaluation des frontières entre ces deux questions.  Au cœur de la problématique se trouve la capacité de contribuer sur le terrain à la prévention des conflits et à la création d’un environnement favorable à une paix durable.  Touchant ainsi au fondement même de la consolidation de la paix, le Ministre a fait part de son sentiment que pour traiter du lien sécurité-développement, il faut se concentrer sur le renforcement des institutions nécessaires.  Il a aussi souligné l’importance de ressources et de l’aide.  A cet égard, il a jugé essentielle une meilleure coopération entre les donateurs et les institutions financières internationales. 


Résumant sa pensée, le Ministre a souligné l’importance d’une approche intégrée, globale et coordonnée qui inclut la bonne gouvernance, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, le renforcement des institutions, la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction économique et le développement, et ce, pour une paix durable et irréversible. 


M. LUIS AMADO, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a cité l’exemple de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) pour illustrer le fait qu’une opération qui lie sans équivoque sécurité et développement garantit aussi le succès des efforts déployés au niveau des institutions et des individus.  Rappelant le Partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’Union africaine, scellé à Lisbonne en 2007, il a estimé que cette convergence entre volonté politique et mise à disposition des ressources est cruciale pour répondre aux besoins des États fragiles, pas seulement en Afrique mais aussi dans d’autres continents.


Le Ministre s’est attardé sur la Stratégie nationale pour la sécurité et le développement qui met l’accent sur deux éléments répondant au mieux à l’interface entre sécurité et développement.  Il a cité la promotion du rôle de la femme, en tant qu’agent du développement, dans la prévention et le règlement des conflits; et la promotion de l’emploi des jeunes.  


M. S. M. KRISHNA, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a estimé que la mise en œuvre d’un accord de paix doit toujours s’accompagner d’une aide humanitaire mais aussi de la relance économique et de la création d’institutions politiques et administratives susceptibles d’améliorer la gouvernance et de faire participer toutes les parties prenantes, en particulier les plus faibles et les plus marginalisés.  Relevant que le budget des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, estimé à 8 milliards de dollars par an, est supérieur aux budgets combinés du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Ministre a jugé évident qu’il est temps d’augmenter les ressources du développement si l’on veut qu’il atténue les problèmes de sécurité. 


Le Ministre a tout de même insisté sur le fait que la communauté internationale peut encourager, motiver et faciliter mais qu’elle ne peut en aucun cas imposer des solutions.  La tentation de créer une nouvelle orthodoxie consistant à être condescendant plutôt qu’à l’écoute, doit à tout prix disparaître.  Le Ministre a indiqué que dans le cadre de l’IBSA – Inde, Brésil et Afrique du Sud-, son pays travaille avec l’Union africaine et d’autres groupements du continent pour promouvoir une perspective sud-sud du développement et de la sécurité.  La structure internationale actuelle du maintien et de la consolidation de la paix doit être réformée.  Les détenteurs du pouvoir et de la capacité de résoudre les problèmes sont bien plus nombreux qu’il y a 60 ans, a fait observer le Ministre.


M. PAUL BUNDUKU-LATHA, Ministre délégué auprès du Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la Francophonie du Gabon, a souligné que le projet de société de son Président axé sur le triptyque « Paix, développement, partage » demeure la parfaite illustration du lien indissociable entre sécurité et développement.  L’actualité internationale récente, a-t-il indiqué, révèle avec force à quel point la précarité peut engendrer des revendications porteuses de mutations sociales et politiques profondes.  On a vu ainsi, s’est-il expliqué, des émeutes de la faim dégénérer en révolte populaire aux effets déstabilisants pour la paix et la sécurité. 


La bonne gouvernance, la justice sociale, l’état de droit, le respect de la légalité républicaine et des droits de l’homme, la liberté d’expression, la démocratie pluraliste et l’acceptation des résultats électoraux issus de scrutins libres et transparents constituent assurément des facteurs indispensables à la stabilité des États et à la dynamique du développement, a ajouté le Ministre.  Il a aussi souligné l’importance d’une meilleure coordination entre tous les organes du système des Nations Unies.  


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a rappelé que la plupart des conflits contemporains trouvaient leur source dans des différends liés au développement économique, notamment à cause du contrôle des ressources naturelles, d’un accès disproportionné à la richesse et au pouvoir, du népotisme, de la corruption ou de la faible participation de la population au processus démocratique.  Il a rappelé que les pays en situation de postconflit ne disposent pas des moyens nécessaires pour réaliser les objectifs de développement.  Il a souligné l’importance de la création de la Commission de consolidation de la paix (CCP) en 2005 qui, a-t-il dit, met l’accent sur l’interdépendance entre sécurité et développement.  Il a exhorté le Conseil à s’appuyer sur l’expérience de la Commission pour toutes les questions économiques et sociales.  Il a également souligné l’importance du rôle des organisations régionales et sous-régionales pour traiter des relations d’interdépendance entre sécurité et développement en mettant l’accent sur l’importance du NEPAD et du nouveau  programme de l’Union africaine pour la reconstruction et développement après un conflit.  La création de communautés économiques régionales (RECs) au niveau sous-régional et le développement de mécanismes de résolution de conflits au sein de ces structures est une étape cruciale vers la paix durable par le biais du développement économique durable, a estimé le représentant.  Il a précisé que l’Afrique du Sud, par le biais de la coopération Sud-Sud et du Dispositif IBAS pour l’atténuation de la pauvreté et la lutte contre la faim (Inde-Brésil-Afrique du Sud) jouait un rôle important pour le développement à travers des projets menés en Haïti, Burundi, Palestine, Guinée Bissau et Sierra Leone.       


M. LI BAODONG (Chine) a assuré, à son tour, que la sécurité et le développement sont étroitement liés, « la première étant une condition préalable à la réalisation du second ».  Le maintien de la paix, la sécurité et l’aide au développement sont des domaines définis par la Charte des Nations Unies et, par conséquent, relèvent de la compétence du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  Le représentant a souhaité que le Conseil s’attache plus activement à éliminer les sources de conflit, « la pauvreté et le sous-développement, qui contribuent à alimenter le terrorisme ».  Il a en outre préconisé d’alléger la dette des pays en développement pour les aider à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aussi vite que possible, le Conseil de sécurité et les Nations Unies devant promouvoir à cette fin une véritable culture de la paix.  En effet, a-t-il dit, les États doivent éviter à tout prix de menacer d’utiliser ou de recourir à la force, car cela tue, même avant de les lancer, les processus de réconciliation nationale nécessaires à la restauration de la confiance.  Le représentant de la Chine a par ailleurs souligné la nécessité que l’ONU, le Conseil de sécurité et les institutions financières internationales, axent plus particulièrement leur action sur le renforcement du lien entre sécurité et développement en Afrique, « où l’essor économique, plus qu’ailleurs, ne peut aller sans stabilité politique durable ».  « Cela suppose un appui plus dynamique de notre part aux activités de l’Union africaine », a-t-il conclu. 


Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que les dirigeants du monde, lors du Sommet de 2005, avaient souligné la nécessité de traduire en actions concrètes la compréhension conceptuelle de l’interdépendance entre sécurité, développement et droits de l’homme, le Conseil de sécurité étant bien placé pour promouvoir ce processus.  En soutenant les efforts de développement, conjointement avec les activités directement liées à la paix et à la sécurité, les objectifs de prévention des conflits, qui sont au cœur des obligations découlant de la Charte des Nations Unies, peuvent être atteints, a-t-elle assuré.  


La représentante a mis l’accent également sur le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), citant la situation de la Sierra Leone comme exemple concret de stratégie de consolidation de la paix à long terme avec la participation de tous les acteurs internationaux et nationaux pertinents.  Elle a ainsi souhaité un renforcement du partenariat entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Mme Ogwu a par ailleurs estimé que l’examen aujourd’hui du paradigme développement-sécurité par le Conseil de sécurité ne devait en aucun cas être perçu comme une tentative du Conseil de se substituer à l’Assemblée générale ou au Conseil économique et social (ECOSOC).


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis), après avoir souligné à son tour l’impact négatif de l’insécurité sur le développement des pays, en particulier les pays en développement, a insisté sur le fait que les femmes doivent participer à la prise de décisions pour sortir les sociétés de cet engrenage.  Elle a notamment pris pour exemple les initiatives efficaces mises en œuvre au Libéria, en République démocratique du Congo (RDC), en Afghanistan et en Haïti.  Elle a ensuite rappelé qu’il y a cinq ans, le Conseil de sécurité incluait la question du lien entre sécurité et le développement dans les mandats d’opération de la paix. Aujourd’hui, la CCP s’est imposée comme le principal instrument permettant de contribuer à rapprocher le maintien de la sécurité et l’aide au développement, a-t-elle ajouté.  La représentante a cependant déploré qu’à l’heure actuelle, 90% des conflits en cours ont lieu  dans des pays où la consolidation de la paix a échoué.  C’est pourquoi, nous devons faire beaucoup plus, en aidant en premier lieu les pays à assumer les efforts de reconstruction, a également estimé Mme DiCarlo.  Elle a conclu en soulignant la nécessité que les opérations de maintien de la paix aient un impact positif dans les communautés et que le Conseil de sécurité se montre plus ouvert à de « nouvelles idées » sur une question de plus en plus souvent débattue lors de ses réunions publiques. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné qu’il était nécessaire d’utiliser la possibilité offerte par la Charte des Nations Unies de soumettre au Conseil de sécurité des rapports spéciaux du Conseil économique et social (ECOSOC).  La prérogative fondamentale du Conseil de sécurité consiste à maintenir la paix et la sécurité internationales à l’aide de tous les instruments mis à sa disposition, a-t-il affirmé, insistant sur l’importance pour les Départements et institutions des Nations Unies concernés de communiquer, à cette fin, au Conseil des informations aussi complètes et à jour que possible. 


Le représentant a en outre mis l’accent sur l’importance des efforts adéquats de rétablissement de l’économie à mener dans les pays émergeant d’un conflit, les garantissant ainsi contre une résurgence de nouvelles crises.  La réduction ordonnée de la présence des missions de maintien de la paix au fur de l’amélioration de la situation exigent parallèlement des mesures concrètes dans le domaine de la consolidation de la paix, a-t-il ajouté.  Le délégué de la Fédération de Russie a également plaidé en faveur du renforcement des fonctions de représentant spécial du Secrétaire général à la tête des missions de maintien de la paix des Nations Unies.


M. NAWAF SALAM (Liban) a souligné l’importance des activités de consolidation de la paix pour renforcer le lien entre les efforts de sécurité et les efforts de développement.  Il a cité, à cet égard, l’amélioration des mandats de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC) qui, a-t-il dit, ont progressivement incorporé un nombre croissant de tâches pour la consolidation de la paix, notamment l’appui à l’état de droit, la protection des civils, la réforme du secteur de la sécurité, les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), l’organisation d’élections et le renforcement du système judiciaire.  « De toute évidence, il est vital de promouvoir le développement durable pour réaliser une paix elle-même durable », a-t-il constaté.  M. Salam a poursuivi en insistant sur le fait que la paix ne peut être préservée sans création d’emplois et un partage équitable des richesses du pays.  Évoquant enfin la situation dans son pays, le représentant du Liban a indiqué que la mise en œuvre de l’Accord de Taëf de 1989 illustrait la manière dont le développement peut jouer un rôle déterminant dans les phases de relèvement et de consolidation de la paix après une guerre civile.  


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a affirmé que les liens entre la sécurité et le développement étaient évidents.  Il faut, a-t-il dit, bâtir des liens solides entre sécurité et développement, une tâche essentielle pour prévenir les conflits et établir une paix durable.  Le représentant a notamment mis l’accent sur la nécessité de renforcer le rôle de la Commission de consolidation la paix (CCP).  Il a aussi insisté sur l’importance d’établir la confiance avec les populations concernées, soulignant qu’il faudrait, à cette fin, créer des institutions capables d’assurer la justice et des emplois.  Les États doivent également pouvoir répondre aux attentes du public et être tenus responsables de leurs actes. 


De même, le délégué a souligné qu’il était important d’assurer une meilleure intégration des efforts, en se fondant sur une évaluation des réalités des actions et des compétences.  Il faut déterminer les rôles et les responsabilités de tous les secteurs de la consolidation de la paix, a-t-il déclaré, estimant par exemple que les agents de la paix ne doivent pas s’acquitter de fonctions relevant du domaine du développement.  Les partenaires pour le développement devraient pouvoir  s’engager rapidement.  Il faut veiller, a dit M. Grant, à ce que les institutions aient la marge de manœuvre nécessaire pour engager rapidement des actions sur le terrain. 


M. GÉRARD ARAUD (France) a indiqué que la répartition inégale des richesses était souvent la cause d’éclatement de conflits intra-étatiques.  Le représentant a ensuite évoqué deux nouvelles menaces à la sécurité, les changements climatiques et l’insécurité alimentaire, « qui a de graves effets déstabilisateurs ».  Sur ce dernier point, il a indiqué que la lutte contre ce phénomène serait une priorité de la France dans le cadre de sa présidence du G-20.  « Dans les situations postconflit, il convient de renforcer les capacités nationales en matière de sécurité afin de créer les conditions favorables au développement économique », a également souligné l’Ambassadeur Araud.  La préservation de la sécurité doit être prise en compte dans les stratégies des acteurs du développement, afin de limiter le risque d’apparition ou d’extension des conflits, a-t-il dit.  « L’ONU doit améliorer l’efficacité et la coordination de son action sur le terrain », a-t-il également souligné, en rappelant que l’Union européenne, avec 60% de l’aide internationale versée par les pays membres de l’OCDE, était le premier donateur mondial de l’aide publique au développement.  Le représentant de la France a ensuite déclaré qu’il incombait en premier lieu aux États de maintenir la stabilité, par le biais d’une bonne gouvernance, du renforcement de la société civile et de l’intégration économique des populations marginalisées.  M. Araud a ensuite préconisé que les mandats des opérations de maintien de la paix prévoient, dès les phases de leur préparation par le Conseil de sécurité, des activités liant sécurité et développement.  Le désarmement et la réintégration, par exemple, ne peuvent être efficaces que s’ils contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations, a-t-il fait remarquer, avant de souligner qu’il était  essentiel de clarifier les tâches et responsabilités de chacun dans le cadre d’une stratégie cohérente et globale.


« Nous pouvons faire plus et nous devrons être capables de faire mieux », a dit M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA, Ministre des relations extérieures du Brésil, au Conseil qui, a-t-il reconnu, a, à juste titre, déjà incorporé des activités de reconstruction dans certains mandats de maintien de la paix.   Le propos, a-t-il précisé, n’est pas de reconfigurer les responsabilités des différents organes et agences de l’ONU ni de transformer le Conseil en un programme de développement.  Le débat d’aujourd’hui atteindra son objectif, a-t-il estimé, s’il arrive à convaincre de l’importance d’associer développement et sécurité dans les stratégies conçues pour une paix durable.  C’est particulièrement le cas pour des situations comme Haïti. 


Une paix durable exige une approche globale de la sécurité, a poursuivi le Ministre.  Sans une relance économique, le désarmement, la démobilisation et la réintégration peuvent rarement produire les résultats escomptés.  Des activités telles que la promotion de l’emploi des jeunes ou la réhabilitation des services sociaux de base jouent un rôle essentiel dans l’appui aux opérations de maintien de la paix et en conséquence, dans la stabilité politique sur le terrain.  La réputation de l’ONU dans les pays où elle opère peut véritablement s’améliorer si le Conseil se concentre un peu plus sur l’impact positif d’une stratégie bien exécutée par les agences, les fonds, les programmes et les institutions financières internationales.  Dans ce contexte, une coopération accrue entre le Conseil, l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix est nécessaire, a conclu le Ministre.


M. RENE CASTRO SALAZAR, Ministre des affaires étrangères de Costa Rica,  s’est dit fermement convaincu qu’une meilleure approche des défis du développement génère une plus grande sécurité tout comme une approche de la sécurité plus équilibrée et plus orientée par les activités civiles conduit au développement.  Les problèmes de développement et de sécurité dans les pays du Sud sont énormes mais leurs ingrédients ne sont pas seulement endogènes.  Les armes qui tuent et mutilent des innocents sont fabriqués dans les pays développés, a rappelé le Ministre.  Il ne s’agit de se livrer au jeu de la délation, a-t-il poursuivi, mais les responsabilités doivent être partagées.  Le devoir de promouvoir les trois piliers de l’ONU incombe à tous ses États Membres, a insisté le Ministre. 


Ces 10 dernières années, les dépenses militaires ont augmenté de 45% totalisant 1 531 milliards de dollars en 2009.  Utilisée autrement, une ponction de 10% sur ces ressources, a plaidé le Ministre, pourrait contribuer à une réalisation presque complète des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  C’est la raison pourquoi, a-t-il dit, le Costa Rica insiste tant sur l’adoption d’instruments tels que le Traité sur le commerce des armes.  Le pays, qui a renoncé aux dépenses militaires, fonde son système de sécurité sur deux fondamentaux, à savoir, au plan interne, la cohésion sociale et l’adhésion collective à la démocratie, aux droits de l’homme, au développement durable et au renforcement des capacités.  Au plan externe, il le fonde sur le droit international, en particulier les mécanismes de sécurité collective et les cours internationales.


M. SAMUEL ŽBOGAR, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a estimé que les Casques bleus devraient être en mesure de contribuer aux premiers stades de la consolidation de la paix.  Une conjugaison bien coordonnée et en temps voulu de mesures dans les domaines du politique, du développement, de la sécurité et de l’humanitaire est nécessaire pour répondre à plusieurs situations aujourd’hui dans le monde.  Soulignant, à son tour, le rôle de la Commission de consolidation de la paix et saluant le rapport du Secrétaire général sur les capacités civiles internationales, il a mis l’accent sur la nécessité de bien comprendre les contextes local et national des pays pour renforcer l’efficacité des efforts de règlement de conflit et de consolidation de la paix.  Toutefois, a-t-il prévenu, il ne faut pas oublier que les conditions politiques d’un pays sont toujours spécifiques et qu’il n’existe pas de solution applicable à tous.  Il a souligné l’importance de l’appropriation nationale dans les efforts de paix et de développement, qui exige la participation de toute la société civile, y compris les femmes. 


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande), qui s’exprimait au nom du Réseau de sécurité humaine, a estimé qu’une approche globale de la sécurité signifiait que la consolidation de la paix postconflit devrait être étroitement liée aux responsabilités principales du Conseil de sécurité.  Il est largement admis aujourd’hui que le maintien et la consolidation de la paix ne constituent pas un processus linéaire mais devraient, l’un et l’autre, fonctionner de pair.  Les différents acteurs dans ces domaines sont obligés de coopérer étroitement, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est félicité, à cet égard, des efforts actuels entrepris par le Secrétariat en vue de développer rapidement une stratégie de consolidation de la paix pour les Casques bleus, lesquels devraient également œuvrer à faciliter une transition souple des missions de maintien de la paix vers d’autres formes d’engagement de la part des Nations Unies.  De même, l’appropriation nationale, a-t-il estimé, devrait représenter un élément essentiel de tout mandat ou mission de maintien de la paix ou de consolidation de la paix.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur la nécessité pour le Conseil de sécurité d’examiner de plus en plus les causes profondes et la dynamique économique et sociale de toute situation de conflit inscrite à son ordre du jour.


M. SHIGEKI SUMI (Japon) a jugé que les rapports du Secrétaire général devraient comprendre une analyse plus détaillée de l’état actuel du processus d’intégration et des éléments socioéconomiques qui affectent la sécurité afin d’offrir aux États Membres des directives sur la manière de mieux cibler les efforts vers un nombre réduit de priorités et sur les domaines vers lesquels il faut diriger les ressources et l’attention.  Le représentant a aussi jugé important d’accélérer les efforts pour instituer un système visant à renforcer, en plus de déployer, les capacités civiles sur le terrain. 


En l’occurrence, il a insisté sur la nécessité de promouvoir l’emploi des jeunes et d’éviter ainsi un cycle vicieux où des jeunes désœuvrés recourent aux armes et à la violence.  Pour éviter la résurgence des conflits, il faudrait peut-être aussi, a suggéré le représentant, renforcer la coopération entre les missions de maintien de la paix et les panels d’experts sur les sanctions.  Concluant sur l’importance du rôle que les femmes peuvent jouer, il a estimé qu’un des moyens pratiques de faire la différence serait d’augmenter le nombre de femmes militaires et de policières dans les opérations de maintien de la paix.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a souligné qu’il était impératif de s’attaquer plus activement et de manière coordonnée aux causes sous-jacentes des conflits.  Le maintien et la consolidation de la paix sont des disciplines spécialisées ayant en commun l’objectif de prévenir la reprise des conflits, a-t-il rappelé, en plaidant pour un renforcement de l’équilibre entre ces deux domaines clefs.  « La situation actuelle donne ainsi la fâcheuse impression que ces disciplines sont en concurrence pour obtenir des ressources et être reconnues, alors qu’il faudrait au contraire conjuguer les efforts », a noté le représentant du Pakistan.  Il a estimé que, dans ce contexte, la Commission de consolidation de la paix a un rôle précieux à jouer pour coordonner les activités de maintien et de consolidation de la paix et éviter ainsi tout chevauchement. 


Mme MARY E. FLORES (Honduras) a plaidé pour que les fonds et la coopération requis dans la lutte continuelle pour le bien-être ne soient jamais refusés à aucune nation.  Bien au contraire, les ressources gaspillées, les fonds perdus, l’argent dépensé dans des choses superflues doivent être consacrés au développement, en particulier aux plus vulnérables et aux secteurs les plus fragiles.  La représentante a suggéré la création d’un groupe de travail doté d’assez de pouvoir et de discrétion pour identifier les ressources existantes et recommander leur réaffectation lorsqu’il s’est avéré qu’elles sont mal utilisées.  L’impatience provoque l’angoisse et la possibilité d’un changement donne de l’espoir.  Nos peuples veulent savoir comment améliorer leur destin et rendre leur avenir plus radieux, a prévenu la représentante.


M. GARY QUINLAN (Australie) a affirmé que le Conseil de sécurité avait un rôle décisif à jouer, l’invitant notamment à se pencher davantage sur les racines des problèmes.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renouveler constamment les approches adoptées, notamment en renforçant les liens avec la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Le développement économique peut éviter qu’un pays ne se replonge dans le conflit, a-t-il ainsi souligné.  Il faut, a estimé le représentant de l’Australie, faire de son mieux pour atteindre les objectifs de développement, le Conseil de sécurité devant continuer d’orienter les décisions en matière de maintien de la paix et accorder toute son attention au renouvellement des mandats.  Il a en outre souligné la nécessité de mieux définir les rôles et les responsabilités au sein du système des Nations Unies dans le domaine clef de la consolidation de la paix.  Il a invité les responsables des formations de pays au sein de la Commission de consolidation de la paix à travailler plus étroitement avec le Conseil de sécurité et a souhaité une coopération plus grande entre le Conseil de sécurité et la Banque mondiale.


M. JAN GRAULS (Belgique), intervenant au nom des Présidents des Formations-pays de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a souligné qu’une conjugaison intégrée et cohérente entre les activités de maintien de la paix et celles de consolidation de la paix est essentielle pour la sécurité et le développement.  La CCP a un rôle unique à jouer puisque qu’elle s’efforce de jeter les bases d’une société protégée de résurgence des conflits tout en semant les graines d’un développement durable.  En conséquence, les activités de consolidation doivent commencer dès les premières phases de l’engagement de l’ONU.


Le rôle unique de la CCP, a insisté le représentant, fait d’elle un précieux interlocuteur dans un dialogue stratégique et approfondi avec le Conseil de sécurité, sur une approche globale de la sécurité.  Il faut faire plus pour renforcer cette relation de travail, a estimé le représentant, en promettant qu’au fur et à mesure que la CCP accumulera de l’expérience et interviendra dans davantage de pays, elle sera progressivement en meilleure posture pour fournir des conseils plus pratiques et plus riches au Conseil de sécurité.


M. JOHN MCNEE (Canada) a souligné qu’un des principaux défis en matière de sécurité et de développement était d’ordre organisationnel.  L’adoption par le Canada d’une approche paragouvernementale en Haïti, au Soudan et en Afghanistan a montré qu’il est rentable de déployer un effort cohérent, a-t-il précisé.  Le représentant a ainsi noté que le succès d’une intégration passe par la délimitation claire des rôles et des responsabilités, « notamment entre les acteurs civils et militaires ».  Les missions sur le terrain doivent aussi pouvoir réagir rapidement à l’évolution des circonstances, a-t-il ajouté, déplorant que la mobilisation de l’appui par les hauts fonctionnaires du Secrétariat de l’ONU pour les activités sur le terrain était souvent trop lente ou mal adaptée aux besoins.  Le représentant du Canada a aussi estimé que les efforts de consolidation de la paix et de renforcement des institutions de l’État ne seront efficaces que dans la mesure où les pays se les approprieront.  La communauté internationale doit mieux harmoniser l’aide avec les priorités nationales, de manière à en améliorer l’efficacité, à accroitre la coopération et à réduire le lourd fardeau imposé à des États fragiles, a-t-il considéré.  En outre, il a estimé que la Commission de consolidation de la paix, en commençant à collaborer avec des partenaires de développement, y compris la Banque mondiale et des organisations régionales, était devenue l’instance idéale pour faire converger sécurité et développement. 


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a mis en garde contre la tentation d’adopter des approches ou de généraliser de manière simpliste alors que les interactions entre la paix, la sécurité et le développement dépendent d’un ensemble complexe de questions.  De même, a-t-il dit, chaque situation de conflit a sa propre dynamique et ses particularités qui, a-t-il dit, doivent être prises en compte au moment où les décisions politiques sont prises.  Pour aboutir à une sécurité et un développement durables, il faudrait que toutes les parties locales concernées s’engagent à y contribuer de manière active.  L’appropriation nationale et les responsabilités nationales sont des facteurs clefs d’une paix durable, a-t-il dit.  Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) que la Turquie organisera à Istanbul, au mois de mai prochain.  Il a espéré que cette Conférence contribuera à apporter un souffle nouveau au processus de coopération de développement en aidant les PMA sur la voie d’une croissance économique et d’un développement durables.


M. PEDRO NÚÑEZ MOSQUERA (Cuba) a estimé que tous les problèmes liés à l’insécurité, au sous-développement et à la pauvreté étaient la conséquence d’un ordre économique mondial « injuste » imposé à tous.  Il a ainsi blâmé le modèle libéral « qui a fait croire aux pays du tiers-monde qu’une meilleure croissance économique donnerait lieu à de véritables progrès macroéconomiques ».  « Or, aujourd’hui, nous constatons que le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi profond et que la vulnérabilité des pauvres est exacerbée par la montée de nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, notamment les effets des changements climatiques », a-t-il ajouté.  « Il y a quatre ans, la liste des pays les moins avancés (PMA) comportait 24 États, aujourd’hui elle en compte 50 », a-t-il fait observer, soulignant que si l’engagement pris, il y a 40 ans, de consacrer chaque année 0,7% du PIB des pays développés à l’aide publique au développement avait été honoré, le montant de l’assistance internationale s’élèverait à 160 milliards de dollars, « soit plus de deux fois le montant qui prévaut actuellement ».  Le représentant a ensuite plaidé pour le transfert d’une partie du budget militaire mondial « astronomique » à l’aide au développement.  « La pauvreté gagne aujourd’hui les sociétés occidentales les plus nanties, a-t-il fait remarquer, et avec un peu plus de la moitié des 1 400 milliards de dollars que consacre annuellement les grandes puissances à l’armement, les OMD pourraient être réalisés dans les temps par tous les pays, et contribuer ainsi véritablement à renforcer la paix et la sécurité internationales », a-t-il conclu.


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a estimé que le Conseil de sécurité devrait garder à l’esprit la nécessité d’assurer, en priorité, la sécurité des personnes.  La représentante s’est dite convaincue que le Conseil de sécurité devrait continuer de renforcer les activités de prévention des conflits et de faciliter des réponses en temps opportun aux crises nouvelles qui apparaissent.  Le développement joue un rôle décisif à cet égard, a-t-elle assuré.  La déléguée du Mexique a mis l’accent sur la nécessité d’établir une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, la prise en compte des contributions de cette dernière dans les opérations de maintien de la paix étant impérative.  La consolidation de la paix doit être obligatoirement liée aux priorités nationales de chaque pays, a-t-elle ajouté. 


M. BENEDICT LUKWIYA (Ouganda) a appelé les Nations Unies à intensifier les efforts pour une approche plus efficace et plus cohérente du maintien et de la consolidation de la paix.  À cet égard, il a estimé que la CCP joue un rôle important et qu’elle doit davantage se concentrer sur les dividendes tangibles de la paix comme la fourniture des services sociaux de base, la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie, en général.  Il a ajouté qu’une réforme fondamentale de l’architecture internationale de la paix, de la sécurité et du développement est urgente et nécessaire pour assurer une plus grande représentation et une plus grande participation de tous les pays, en particulier les pays en développement. 


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé que depuis 2000, son pays figure parmi ceux qui respectent l’objectif de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement.  Depuis 2009, l’aide luxembourgeoise a franchi le seuil de 1%, a souligné la représentante.  Si le Conseil veut définir des stratégies durables de sortie de conflit, a-t-elle estimé, il est indispensable qu’il prenne en considération les analyses et les travaux des organes et acteurs du développement et veille à une bonne coordination avec ces acteurs.  La consolidation de la paix, a-t-elle insisté, est l’étape essentielle entre le retour de la sécurité et le redémarrage socioéconomique.  À ce titre, elle a encouragé le Conseil à dynamiser ses relations avec la CCP.  Une analyse fine des causes profondes d’un conflit doit précéder toute démarche sécuritaire pour que les meilleurs moyens soient définis d’un commun accord entre toutes les parties prenantes. 


Des questions à ne pas négliger, dans ce cadre, sont par exemple, la gestion des ressources naturelles et les problèmes liés à la propriété foncière.  À cet égard, il est essentiel que le Conseil reçoive des rapports du Secrétaire général qui prennent en compte les points de vue et analyses de tous les départements pertinents.  Parmi les organes principaux, elle a estimé que l’ECOSOC est idéalement placé.  Une meilleure coopération entre l’ECOSOC et la CCP peut de cette manière approfondir la cohérence dans l’action du système onusien.  En concluant, la représentante a souligné la nécessité d’envisager les changements climatiques comme des « multiplicateurs de menaces ». 


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a déclaré que la spirale de violence qui a frappé sa région était davantage imputable à la polarisation idéologique qui sévissait pendant la Guerre froide qu’à la pauvreté ou à l’injustice mais, a-t-il admis, la présence de ces deux facteurs a mis le feu aux poudres.  Il faut donc, a-t-il dit, traiter à la fois des causes sous-jacentes du conflit mais aussi de tous les autres facteurs plus complexes qui pourraient alimenter les tensions.  Le pire scenario se présente quand des frustrations accumulées sont ignorées et quand elles ne peuvent même pas s’exprimer librement pour pouvoir influencer les réponses des dirigeants.  L’examen de tout lien entre sécurité et développement doit mener à la question de l’amélioration des institutions et du renforcement de l’état de droit.  Le représentant a conclu en se félicitant de la nouvelle architecture de consolidation de la paix mise en place aux Nations Unies. 


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte), qui intervenait au nom du Mouvement des pays non alignés (MNA), a souligné d’emblée que le Conseil de sécurité  n’avait, en vertu de la Charte de l’ONU, « aucune autorité sur les institutions spécialisées, fonds et programmes de développement des Nations Unies ».  « Les questions économiques et sociales relèvent de la compétence de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC », a-t-il rappelé.  Il a toutefois reconnu qu’une stabilité et un développement durables étaient essentiels pour mener au succès les efforts internationaux de promotion de la paix et du développement partout dans le monde.  « Les pays non alignés ont la conviction que l’ONU doit développer une vision commune devant permettre aux opérations de maintien de la paix de recevoir tout l’appui logistique, financier et surtout politique, requis pour la pleine réalisation de leur mandat ».  « En outre, nous sommes d’avis que les activités de consolidation de la paix postconflit doivent être conduites en se basant sur des processus continus de consultation au sein des principaux organes compétents de l’ONU », a-t-il déclaré.  Le représentant de l’Égypte a également souligné la nécessité que ces acticités soient examinées de manière approfondie et régulière par la Commission de consolidation de la paix, en coopération avec les autorités nationales concernées. 


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a souligné le caractère impératif des mesures de confiance s’agissant du politique, du développement et du social.  La création de la Conférence sur l’interaction et les mesures d’établissement de la confiance en Asie est un excellent exemple en ce sens, a-t-elle dit.  Le Conseil et les opérations de maintien de la paix qu’il déploie, a-t-elle poursuivi, peuvent tirer parti des acteurs du développement au sein du système des Nations Unies.  Elle a conclu en rappelant l’appui de son pays aux efforts visant à promouvoir la paix comme la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et la promotion d’un dialogue à l’OSCE et l’OCI sur la paix, la sécurité et le développement.


M. ROBERTO RODRÍGUEZ ARNILLAS (Pérou) a souligné l’importance de la complémentarité et de la synergie entre les activités de sécurité, de développement et des droits de l’homme, celle-ci devant se traduire par des actions sur le terrain.  Il faut adopter une approche globale intégrée de la sécurité et du maintien et de la consolidation de la paix, ce qui suppose, a-t-il dit, une analyse des causes sous-jacentes de la violence et de ses dimensions économiques et sociales.  Le représentant a souligné le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) en tant qu’organe catalyseur.  C’est pourquoi, il faut renforcer le rôle de la CCP.  Il est clair, a estimé le représentant, que les dimensions de sécurité et de développement doivent orienter les mandats de maintien de la paix et de consolidation de la paix, tous les organismes et institutions des Nations Unies devant accorder une attention particulière aux activités de développement.  Il a ainsi plaidé en faveur d’une coopération efficace et étroite entre tous ces organismes et institutions.


M. PETER THOMSON (Fidji), qui intervenait au nom des petits États insulaires en développement de la région du Pacifique, a déclaré que ces pays connaissent combien le fait de ne pas comprendre l’interdépendance entre sécurité et développement peut créer des risques.  « La création d’emplois, l’édification et le renforcement des infrastructures fournissant les services de base, les mesures pour faire face aux défis en matière d’environnement contribuent, a-t-il dit, à empêcher la reprise des conflits et à stabiliser les sociétés ».  « Le développement durable et respectueux de l’environnement et la sécurité font partie intégrante des activités de consolidation de la paix dans nos pays », a-t-il également assuré.  Le représentant a ensuite évoqué les effets négatifs des changements climatiques qui, « dans les pays les plus fragiles de la région du Pacifique, représentent la plus grave menace à la sécurité et au développement ».  « Il est urgent que la communauté internationale redouble d’efforts pour renforcer les moyens de résilience de nos États », a-t-il déclaré, en mettant l’accent sur la nécessité de financer les projets déjà définis.  « Cet effort pour préparer l’avenir des États les plus fragiles de la région doit aller de pair avec la réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre », a-t-il insisté. 


M. PAUL SEGER (Suisse) a jugé important, compte tenu de leurs liens, que les processus de réforme des Nations Unies touchant à la paix et à la sécurité, au système opérationnel de développement et aux droits de l’homme avancent de façon coordonnée.  Il a aussi jugé qu’une coopération stratégique entre les Nations Unies et la Banque mondiale est essentielle.  Il est également essentiel, a-t-il conclu, que les ressources que le Conseil octroie aux opérations sur le terrain viennent compléter et renforcer celles des acteurs du développement, en appui aux acteurs nationaux.  Pour ce faire, une approche différente est fondamentale afin que ces missions ne se substituent pas mais contribuent au contraire à renforcer les capacités nationales. 


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a estimé que la persistance des conflits, en particulier en Afrique, les coûts humain et financier qu’ils génèrent et les impératifs de la stabilité dans la phase postconflit commandaient une interaction précoce entre la phase de maintien et celle de consolidation de la paix.  L’avènement d’une paix pérenne passe impérativement par une gestion judicieuse de la phase critique de transition entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix.  Dans cette phase de transition, il importe d’adopter une approche alliant les impératifs sécuritaires à des actions de développement, susceptibles de stabiliser l’État sortant d’une situation de conflit.  De l’avis de sa délégation, la présence des Nations Unies dans un contexte postconflit doit veiller à l’instauration de stratégies nationales avec les pays hôtes, ciblant les axes prioritaires.  Il est important, a-t-il également souligné, de promouvoir une approche intégrée pour mieux appréhender l’interface « sécurité et développement », en créant les synergies et la coordination nécessaires entre les structures nationales, onusiennes et internationales et en mobilisant les ressources nécessaires à long terme.


M. PEDRO SERRANO, Chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a expliqué que la sécurité était une condition préalable du développement; le développement une condition préalable de la sécurité; et le respect des droits de l’homme une condition préalable tant de la sécurité que du développement.  Il a indiqué que dans ce cadre, l’Union européenne restait engagée à améliorer, aussi bien au Siège que sur le terrain, le fonctionnement des opérations de maintien de la paix.  À New York, nous coopérons étroitement avec la CCP, qui devrait être en mesure de conseiller plus fréquemment le Conseil de sécurité sur la manière dont les activités des missions de l’ONU seraient associées aux efforts élargis de consolidation de la paix, a-t-il indiqué.  M. Serrano a ajouté qu’en matière d’appui aux missions, l’Union européenne consacrait des ressources importantes à la mise en œuvre de projets connexes aux opérations de maintien de la paix.  Cet effort a permis par exemple à la MINUSTAH de produire des manuels de police et de justice en Haïti et à la MINUAD d’accélérer la réintégration sociale d’ex-combattants au Darfour, a-t-il fait remarquer.  Par ailleurs, M. Serrano a estimé que davantage d’efforts doivent être entrepris pour optimiser le potentiel économique que représente la présence des Nations Unies dans les pays hôtes.  Il a, en conclusion, assuré que l’Union européenne soutenait les initiatives menées par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour intégrer la problématique des droits de l’homme dans toutes les composantes des opérations de maintien de la paix. 


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a affirmé que la problématique du développement et les conditions sociales d’un pays donné étaient des éléments que le Conseil de sécurité devrait prendre en compte et évaluer au moment il élabore les mandats des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a insisté sur le travail de coordination et de cohérence entre les différents organes pertinents des Nations Unies.  Les travaux du Conseil de sécurité doivent également prendre en compte les perspectives de développement, a-t-il dit.  S’agissant de l’Afrique, le Conseil de sécurité, a ajouté le représentant, doit continuer à poursuivre les efforts pour adopter une approche globale et intégrée qui renforce le lien entre développement économique et social et paix et sécurité.


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a déclaré que la démilitarisation graduelle des doctrines de politique étrangère d’un certain nombre de pays a une incidence positive sur la sécurité et le développement.  Le représentant s’est réjoui que des ressources de plus en plus importantes soient consacrées à l’agenda pour le développement, à la création des institutions et une gouvernance fortes, à la promotion du droit et la protection des droits de l’homme.  Il a également salué les mesures visant à faire du développement une priorité, ce qui démontre la volonté d’États Membres d’offrir une réponse individuelle ou collective aux problèmes du développement et de l’insécurité.  Nous sommes persuadés, a-t-il conclu, que l’aide au développement est de loin la réponse la plus appropriée et durable à l’insécurité.  Elle apporte des résultats importants, soutient les pays de manière durable et prévient des éventuels effondrements.  Il a indiqué que les gains du développement étaient le meilleur moyen de garantir un environnement politique sûr et stable.    


M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a demandé au Conseil de sécurité de répondre aux demandes de l’Assemblée générale, « qui, dans plusieurs résolutions, l’a invité à examiner les implications en matière de sécurité des effets néfastes des changements climatiques ».  « Le Conseil de sécurité doit se saisir d’urgence de la question », a-t-il dit.  « La quatrième Conférence des pays les moins avancés, qui se tiendra en mai prochain à Istanbul, doit être l’occasion d’abandonner les politiques adoptées jusqu’à ce jour et qui n’ont abouti à aucun résultat », s’est-il ensuite exclamé.  Il a regretté qu’après trois décennies de mise en œuvre, « les programmes d’action pertinents n’aient pas donné les résultats escomptés ».  « Le programme qui sera adopté à la Conférence d’Istanbul devra permettre de répondre réellement et rapidement aux aspirations des pays concernés », a-t-il insisté. 


M. OMBENI Y. SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que pour les sociétés postconflit, les dividendes de la paix et du développement sont les meilleures garanties pour empêcher la reprise d’une guerre.  « Les populations doivent être parties prenantes des processus de paix et être concernées par le partage des fruits de la croissance et de la prospérité », a-t-il estimé, en expliquant que c’est par ce moyen que les États, notamment d’Afrique, pourront stabiliser leurs sociétés, améliorer, dans un climat de confiance, la gouvernance et promouvoir efficacement les droits de l’homme.  À son tour, il a souligné l’urgence que le Conseil de sécurité s’attaque aux causes économiques et sociales sous-jacentes des conflits.  « Nous ne demandons pas au Conseil d’excéder son mandat ou d’empiéter sur le territoire des institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies, nous lui demandons juste de développer une stratégie pour appuyer les efforts de développement entrepris par ces entités », a-t-il précisé. 


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a mis l’accent sur la nécessité pour le Conseil de sécurité de mieux cibler son approche en matière de sécurité et de développement par la promotion de politiques efficaces et de solutions pratiques.  L’expérience des organisations internationales œuvrant dans les situations de conflit a montré qu’une paix durable exigeait des solutions globales et une approche de la sécurité qui tiennent compte à la fois des causes des conflits et des situations économiques sur le terrain.  Le représentant a souligné que la région du Caucase du Sud souffrait d’un manque de coopération et ne bénéficiait pas pleinement d’une ressource essentielle pour se rapprocher de la paix, à savoir le développement durable.  L’expérience des deux dernières décennies dans le Caucase du Sud témoigne du fait que le rejet d’une coopération économique régionale et l’imposition de frontières fermées ne contribuaient pas à créer des solutions pacifiques.


M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a déclaré que le Conseil de sécurité ne devait pas s’approprier les responsabilités d’autres organes de l’ONU, comme l’Assemblée générale, l’ECOSOC ou la Commission de consolidation de la paix, sur la question de l’interdépendance entre sécurité et développement.  Il a souligné qu’il était essentiel que les États Membres se penchent sur les moyens d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité et ses relations avec l’Assemblée générale, dans le souci de promouvoir une interaction plus transparente avec les autres organismes de l’ONU dont le mandat couvre les questions de développement.  Par ailleurs, il a cité le projet commun du Pérou et de l’Argentine qui ont décidé de créer une entreprise de génie militaire conjointe qui sera déployée en Haïti afin d’offrir à la population l’accès le plus large possible à l’eau potable et des routes.  Il a également précisé que l’Argentine avait activement participé à l’adoption d’une déclaration sur la « paix, la sécurité et la coopération dans les Amériques » lors de la dernière assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA).  Cette déclaration, s’est-il félicité, souligne les valeurs partagées entre les pays de l’hémisphère Sud en matière de droits de l’homme et ses relations avec la société démocratique, le développement, la paix et la sécurité, qui constituent toutes les bases du bien-être collectif d’une région.


M. FEDERICO ALBERTO CUELLO CAMILO (République dominicaine) a affirmé que le développement humain durable créait les conditions d’une paix durable.  La sécurité juridique reposant sur un cadre constitutionnel garantit non seulement la stabilité politique, mais aussi économique, a-t-il ajouté.  En Haïti, l’absence d’un développement durable éloigne le pays, a-t-il dit, d’une paix durable.  L’inégalité des chances est la principale source d’instabilité en Haïti, a-t-il estimé.  Le déboisement à 98% du territoire haïtien et l’absence d’emplois décents empêchent une amélioration de la situation économique et contribuent à accentuer les injustices sociales dans le pays, a-t-il précisé.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a estimé qu’il était opportun, pour s’attaquer de manière globale aux causes profondes des conflits et instaurer une paix durable, de mettre l’accent sur certaines actions prioritaires.  Parmi elles, il a cité la nécessité de veiller à ce que la prévention puisse englober des activités de développement en plus des décisions politiques et des actions humanitaires.  Il a également suggéré de tenir compte, dans le cadre des programmes de relèvement et de consolidation de la paix, des priorités définies par les pays concernés.  Il a jugé nécessaire de créer les conditions d’une coopération efficace entre toutes les parties prenantes.  Le représentant a également préconisé de définir des cadres stratégiques pour la reconstruction et le développement après le conflit.  Il faut lutter contre toutes les menaces à la paix et à la sécurité qui risquent de saper les fondements de l’État, a-t-il insisté, en citant le trafic de drogues, la prolifération des armes légères et de petit calibre et le terrorisme.  Avant de conclure, il a jugé utile de renforcer la collaboration entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix pour que cette dernière joue pleinement son rôle d’organe consultatif. 


M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a souligné que les caractéristiques de la plupart des pays dans le monde font qu’ils vivent dans un environnement hautement explosif du point de vue politique et social.  C’est un fait, a-t-il regretté, que le Conseil de sécurité et d’autres organes internationaux perdent parfois de vue, composés de pays politiquement et économiquement stables et historiquement privilégiés.  Cela est particulièrement vrai quand la « course à la sécurité » semble faire oublier la nécessité d’une appréciation soigneuse et approfondie d’une situation donnée et des conditions historiques qui caractérisent les sociétés fracturées, les démocraties fragiles et les économies en transition. 


Parfois, l’inverse est aussi vrai, a dit avoir constaté le représentant, quand les menaces à la sécurité sont ignorées pour mieux faire la publicité des valeurs comme « la bonne gouvernance ».  Démocratie et libertés sont des processus délicats souvent marqués par des revers et des déceptions, a dit le représentant.  Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces revers et ces déceptions sont inhérents à la nature même des démocraties.  En conséquence, entamer une course effrénée pour les supprimer ou les atténuer par des moyens extérieures, les pressions des institutions internationales ou par la force peut conduire à l’arrêt du processus démocratique et à la résurgence de l’insécurité.  Chaque pays doit pouvoir  trouver sa propre voie.  Le Conseil de sécurité devrait s’en souvenir.


M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a estimé que la Rapport de la Banque mondiale envisage la question de la sécurité à partir d’une perspective un peu plus large que celle à laquelle le Conseil nous a habitués.  Le prisme de l’analyse considère le conflit, la fragilité, le terrorisme et la criminalité organisée comme des sources de violence qui affectent gravement le développement.  La Somalie et le phénomène de la piraterie en sont les exemples les plus concrets, a estimé le représentant.  En la matière, la diplomatie préventive et l’adoption d’une approche plus souple des conflits se révèleront bien plus efficaces que l’engagement militaire.  Elles exigent toutefois une perspective totalement différente de la paix et de la sécurité, a prévenu le représentant.


M. JARMO VIINANEN (Finlande) a estimé qu’il était essentiel de faire participer les femmes aux efforts de paix et de consolidation de la paix.  « L’autonomisation des femmes est une condition préalable d’un développement et d’une paix durable », a-t-il dit.  « L’architecture onusienne de consolidation de la paix a été mise en place pour combler le fossé entre stabilisation et développement durable », a-t-il ensuite rappelé, regrettant que, « trop souvent, le manque de synchronisation entre les opérations de maintien de la paix et la mise en œuvre des programmes de développement conduise à des échecs ».  « Le manque de cohérence est une lacune récurrente », a-t-il fait remarquer, estimant que ce problème sera réglé le jour où les donateurs et les États Membres s’acquitteront véritablement de leurs engagements.  « Nous devons ainsi nous assurer que le financement des opérations de maintien de la paix, dotées de mandats élargis, est garanti afin de permettre leur pleine mise en œuvre », a également insisté M. Viinanen.  Avant de conclure, il a estimé que l’aide à la nouvelle nation du Sud-Soudan serait un test important pour la capacité de la communauté internationale et celle du Conseil de sécurité de contribuer à réduire la vulnérabilité d’un peuple, affecté pendant des décennies, par les ravages de la guerre. 


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que le Conseil de sécurité devrait accorder davantage d’attention aux questions de développement dans son approche et ses délibérations.  Il est révolu le temps où la sécurité n’était appréhendée que dans l’unique optique politico-militaire, a-t-il dit.  Il faut désormais intégrer, a-t-il estimé, les dimensions nouvelles de la sécurité qui concourent au plein épanouissement de l’être humain.  La prévention doit, dans ce cadre, avoir toute sa place dans les stratégies mises en place pour assurer la paix et la sécurité à travers la promotion d’un développement durable, l’accès équitable aux fruits de la croissance, y compris l’emploi pour les jeunes et la pleine jouissance de leurs droits pour les femmes.  Le représentant a également jugé que le maintien de la paix et la consolidation de la paix devraient être au centre des actions menées par l’ONU et la communauté internationale dans son ensemble.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a estimé que la sécurité et le développement étaient des domaines séparés.  L’agenda des Nations Unies pour le développement relève de la compétence de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC, a-t-il rappelé  Tout en reconnaissant que l’éradication de la pauvreté, l’élimination des inégalités et de l’oppression sont essentielles pour parvenir à la paix, le représentant a déclaré qu’il était cependant préoccupé par les conclusions selon lesquelles les pays pauvres, marginalisant des populations politiquement ou socialement, posent des menaces à la paix et à la sécurité qui exigeraient une intervention extérieure.  Les causes structurelles de la pauvreté, qui alimentent la violence, résultent d’abord des politiques imposées par les grandes puissances, qui ont une responsabilité écrasante dans la réduction du bien-être des peuples des pays en développement, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité, s’il veut s’attaquer aux causes de la pauvreté, doit éliminer en premier lieu les relations de pouvoir inégales entre ces pays et les pays riches et ce ne sera qu’à ce moment-là qu’il aura le plein appui de la République bolivarienne du Venezuela », a conclu M. Valero Briceño. 


M. SAIFUL AZAM ABDULLAH (Malaisie) a appelé à une structure où les soldats de la paix rempliraient leur mandat pendant que la CCP et d’autres acteurs du développement du système de l’ONU, travailleraient à des projets générateurs d’emplois et de revenus.  Appelant à un appui résolu en faveur de la CCP, le représentant a souligné que cette Commission jette un pont entre la sécurité et le développement.  Aujourd’hui, a-t-il rappelé, de nombreux pays font face à des révoltes internes causées par la hausse du prix des denrées alimentaires, des taux élevés de chômage parmi les jeunes et la pauvreté. 


En coopération avec la CCP, l’ECOSOC, la Banque mondiale, le FMI, la FAO et d’autres agences pertinentes du système des Nations Unies, le Conseil de sécurité pourrait examiner les différents scenarii et proposer aux États Membres concernés les moyens de tarir les sources d’instabilité.  Les derniers évènements au Moyen-Orient ont prouvé à suffisance comment une hausse soudaine des prix alimentaires conjuguée à un chômage généralisé peut déstabiliser un pays.  La stabilité politique est une condition sine qua non au développement économique et à la prospérité, a insisté le représentant.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a estimé que si tous les instruments mis à notre disposition étaient utilisés pour promouvoir le développement économique, il serait possible de prévenir le retour à un conflit qui risque de saper des décennies d’efforts et d’investissements humains et matériels en faveur de la paix.  Le représentant a souligné également qu’il était essentiel qu’une mission de maintien de la paix œuvre dès le départ au renforcement des capacités nationales en vue de régler les problèmes de façon pacifique.  Le délégué a également mis l’accent sur l’importance du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des anciens combattants, qui constituent d’autres facteurs clefs pour instaurer la stabilité et ouvrir la voie au développement.  Il a en outre insisté sur la reconstruction des infrastructures qui a des effets multiplicateurs pour les pays sortant d’un conflit


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a regretté que le Conseil de sécurité ait échoué à s’attaquer aux causes « bien connues » des conflits, l’extrême pauvreté, l’exclusion et la marginalisation ainsi que « les interventions étrangères, les incursions militaires et l’occupation ».  Le Conseil était conscient des enjeux, mais les considérations politiques de certains de ses membres les plus puissants ont toujours empêché cet organe de prendre des actions déterminantes pour lutter contre ces causes et ouvrir ainsi la voie à un développement durable et à la prospérité économique du plus grand nombre, a-t-il ensuite accusé.  Le représentant a estimé qu’il était temps que les responsables reconnaissent leurs torts et agissent de manière plus transparente.  Il a ensuite stigmatisé les sanctions économiques « illégitimes et punitives » imposées par le Conseil de sécurité, et qui compromettent la croissance économique et l’essor des sociétés les plus fragiles, entravant les droits des peuples à l’éducation, à la santé, à un emploi décent et au développement de leurs capacités.  En conclusion, le représentant a estimé que les mesures constructives destinées à prévenir les conflits et à accélérer le développement devraient être prises en tenant dûment compte des spécificités de chaque pays ou région. 


M. SHALVA TSISKARASHVILI (Géorgie) a affirmé que son pays incarnait l’exemple selon lequel l’instabilité avait un effet néfaste sur tous les aspects du développement national.  Il a estimé que l’absence de sécurité, de droit, une atmosphère générale de chaos et des violations flagrantes des droits de l’homme, ainsi que la criminalité organisée dans les territoires occupés de la Géorgie avaient un effet délétère sur tous les programmes de développement national.  La Géorgie a décidé unilatéralement de ne pas recourir à la force et de faciliter l’établissement des conditions propices à la sécurité dans ces territoires occupés.  Le représentant a précisé que son gouvernement avait adopté une « Stratégie d’État pour les territoires occupés », portant sur l’engagement par le biais de la coopération, et un plan d’action qui envisage le développement et l’amélioration de tous les champs de la vie sociale.


M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a estimé que la prise en compte effective des liens entre sécurité et développement dépendait pour l’essentiel de la capacité des États à répondre, de façon appropriée, aux besoins des populations en matière de participation politique, d’intégration sociale et de justice.  « La sécurité et le bien-être collectif vont de pair et se renforcent même mutuellement », a-t-il ajouté.  Il a souhaité que le Conseil adopte une approche globale et intégrée dans le domaine de la paix et de la sécurité, en vue de permettre aux États Membres de répondre collectivement aux nombreuses questions complexes auxquelles sont confrontés les pays contraints de vivre dans le sous-développement. 


Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a affirmé que les questions relatives au développement relevaient de la compétence de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC), les questions de paix et de sécurité relevant, quant à elles, du Conseil de sécurité.  La représentante a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la Commission de consolidation de la paix (CCP) et d’améliorer la coordination avec les États, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, l’ECOSOC et les institutions des Nations Unies.  Elle a également relevé qu’après la signature des accords de paix, les fonds consacrés au développement de sa région avaient été moindres et moins rapides que les fonds consacrés à la guerre, un phénomène que l’on peut également observer, selon elle, dans d’autres régions.  Seul le développement durable garantira la stabilité et la paix durables, a-t-elle assuré avant de conclure.


M. DAFFA-ALLA ELHAG ALI OSMAN (Soudan) a rappelé, à son tour, que le Conseil de sécurité était chargé, en vertu de la Charte des Nations Unies, des questions de paix et de sécurité internationales.  Le développement relève, quant à lui, de la compétence de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et d’autres institutions spécialisées, fonds et programmes du système des Nations Unies.  Il a toutefois admis que grâce à l’action de l’ONU dans le monde, l’opinion publique était aujourd’hui plus consciente des liens entre sécurité et développement.  Il a considéré en outre que les opérations de maintien de la paix strictement militaires étaient systématiquement vouées à l’échec.  Le représentant a ainsi souhaité que la communauté internationale contribue à s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits, en particulier les guerres civiles, « toujours imputables au sous-développement, voire, dans certains cas, aux effets néfastes des changements climatiques ».  « Notre gouvernement, conscient du lien entre sécurité et développement, a adopté une stratégie globale afin de parvenir rapidement au règlement complet de la crise au Darfour », a-t-il assuré.


M. SHIN BOONAM (République de Corée), estimant que le sous-développement étant la cause profonde de l’insécurité et des conflits, a mis l’accent sur la nécessité d’adopter, en vue de maintenir la paix et la sécurité à travers le monde, une approche globale et intégrée.  Le sous-développement, a-t-il ajouté, doit susciter l’intervention des différents acteurs concernés, y compris le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les institutions financières internationales et la société civile.  Le développement et, en particulier, le développement économique, doit être poursuivi de manière soutenue, inclusive et équitable, a-t-il estimé. 


Mme ALICE A. MUNGWA, Observatrice permanente adjointe de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a noté entre autres que la réussite des opérations de paix menées au Burundi, au Tchad et en Somalie montrait qu’une action militaire et de sécurité peut être combinée aux efforts internationaux de stabilisation.  Il faut que la communauté internationale parvienne à faire bénéficier les peuples des dividendes de la paix lorsque celle-ci est instaurée, a-t-elle ajouté, estimant que la confiance et la réconciliation sont des conditions essentielles pour poser les fondations d’un développement véritablement durable.  Mme Mungwa a ensuite mis en avant l’efficacité du système d’alerte rapide à l’échelle du continent, destiné à assurer que les tensions susceptibles de saper les efforts en cours de développement en Afrique, ou de faire basculer un pays dans l’insécurité, sont détectées en amont et appréhendées de manière préventive.  C’est ainsi qu’elle a souligné l’importance du partage d’information et de la communication entre États d’une même région pour mieux traiter des liens entre la sécurité et le développement. 


M. PALITHA T. B. KOHONO (Sri Lanka) a affirmé que les gouvernements successifs de son pays ont toujours compris que le développement était la clef pour confronter la menace à la sécurité posée par le groupe terroriste, LTTE.  À la fin du conflit, le Gouvernement s’est montré encore plus conscient de la nécessité d’accélérer le développement et a accordé une attention particulière à la réhabilitation et à la reconstruction.  En fait, pendant le conflit, la stabilité et le développement économique ont été utilisés comme des mesures d’incitation pour encourager les civils tamouls à se soustraire aux griffes du LTTE. 


L’accès à une bonne éducation, l’avancement social et le développement économique sont les clefs pour traiter des causes sous-jacentes de la violence.  Le Sri Lanka maintiendra le niveau de ses investissements dans ces domaines, a assuré le représentant, en appelant l’ONU à renforcer sa coordination et son efficacité pour appuyer les efforts de développement et donc de la sécurité.


M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a exprimé l’attachement de son pays en vue de renforcer la coopération globale dans tous les domaines, en accordant une attention particulière à la nécessité de répondre aux besoins spécifiques et aux vulnérabilités de personnes qui souffrent des conflits ou des conséquences des catastrophes naturelles.  En dépit du fléau de la guerre et des conséquences dévastatrices de l’agression militaire, l’Azerbaïdjan est pleinement engagé à faire des efforts soutenus en vue de maintenir la paix internationale, la sécurité, la stabilité et le développement.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer à régler les racines des conflits, en prenant en compte le fait que le développement, la paix, la sécurité, les droits de l’homme et l’état de droit étaient étroitement liés et se renforçaient mutuellement.  Enfin, le représentant a déclaré que la résolution du conflit dans le Caucase du Sud, qui passe, selon lui, par la fin de l’occupation des territoires de l’Azerbaïdjan et le retour des populations déplacées par la force dans leurs foyers d’origine, était une condition préalable essentielle de la mise en place d’une coopération et de stratégies de développement mutuellement bénéfiques.


Le représentant de la Fédération de Russie a repris la parole pour répondre à la Géorgie « qui, dans son intervention, a parlé ´d’occupation du territoire’ ».  « Si l’on parle de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, il s’agit de pays qui, au début des années 1990 et en 2008 ont été victimes de l’agression de la Géorgie. »  « La Fédération de Russie assure la sécurité de ces pays et leur souveraineté, il n’existe pas, à notre connaissance, de régime d’occupation », a-t-il ajouté.  « La politique doit être faite dans l’intérêt des peuples, un principe qu’a remis en cause le Président géorgien lorsqu’il a attaqué et occupé l’Ossétie », a conclu le représentant russe.


Le représentant de la Géorgie, répondant au représentant de la Fédération de Russie, a affirmé que ce pays devrait respecter ses obligations en vertu du droit international.  C’est la Fédération de Russie qui viole l’intégrité territoriale de la Géorgie, a-t-il assuré.  Il a ajouté que la Fédération de Russie avait commis une agression contre son pays en août 2008, qui a donné lieu à l’occupation de 20% du territoire de la Géorgie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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La Commission du développement social débat du bien-fondé du nouveau paradigme du « développement pour tous » dans la lutte contre la pauvreté

SOC/4772

La Commission du développement social débat du bien-fondé du nouveau paradigme du « développement pour tous » dans la lutte contre la pauvreté

10/02/2011
Conseil économique et socialSOC/4772
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social

Quarante-neuvième session

4e et 5e séances – matin et après-midi                      


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL DÉBAT DU BIEN-FONDÉ DU NOUVEAU PARADIGME

DU « DÉVELOPPEMENT POUR TOUS » DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ


Au deuxième jour des travaux de sa quarante-neuvième session, la Commission du développement social s’est penchée sur le nouveau paradigme du « développement pour tous » et a débattu du bien-fondé du concept relatif à la redistribution équitable des richesses et de celui du cadre macroéconomique libéral dominant et appliqué à ce jour à l’économie mondiale, entre autres sujets.


Le paradigme du « développement pour tous » a notamment été évoqué par Mme Isabel Ortiz, Directrice adjointe des politiques au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui était un des quatre experts invités à participer, ce matin, à une table ronde de haut niveau organisée autour du thème de l’élimination de la pauvreté.  « La conception traditionnelle du développement met l’exigence de la croissance au premier plan, alors que le nouveau paradigme en voie d’apparition considère que les politiques sociales sont en elles-mêmes un investissement », a notamment expliqué Mme Ortiz.


Elle a indiqué que, si traditionnellement on a porté beaucoup d’attention des dernières décennies aux réductions fiscales et à la réduction des dépenses publiques, nombre de pays veulent maintenant beaucoup plus promouvoir le bien-être de leurs populations et par conséquent augmenter leurs dépenses sociales.  « Le concept de redistribution des ressources et des bénéfices du développement réapparait dans les stratégies de développement, avec notamment l’attention portée au concept de « plancher de protection sociale pour tous », a-t-elle précisé. 


Autre expert invité à cette table ronde, le Professeur Jimi Adenisa a argué que les stratégies de redistribution étaient seulement efficaces dans les sociétés où 10%, ou moins, du total de la population vivent dans la pauvreté.  « Dans les sociétés où 50% ou 75% de la population vivent dans la pauvreté, il importe avant tout d’adopter des politiques sociales basées sur la promotion de l’égalité et de la solidarité, et de prôner des politiques de lutte contre la pauvreté capables de cibler l’ensemble de la population afin de renforcer la cohésion sociale », a-t-il affirmé.  « L’histoire a montré que plus on met l’accent seulement sur les pauvres, moins on est capable de réduire la pauvreté », a-t-il ajouté.  Le Professeur Adenisa a par ailleurs déploré la diminution du rôle de l’État imposée par les institutions financières internationales et les politiques de libre marché, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures et de l’emploi.


Appuyant les propos de ce dernier, le représentant de la Namibie a en effet observé que les politiques actuelles ne permettent aux gouvernements que d’essayer de traiter les symptômes de la pauvreté, au lieu de s’attaquer à ses causes premières. 


Cet après-midi, dans le cadre du débat général, le représentant du Mozambique, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a engagé les délégations à se départir d’un cadre politique macroéconomique qui ne cherche qu’à contrôler l’inflation et les déficits budgétaires et de favoriser au contraire la dimension sociale du développement.


Allant plus loin dans la critique du cadre économico-financier mondial actuel, son homologue du Venezuela a soutenu que l’élimination de la pauvreté passe par un remplacement pur et simple des structures capitalistes, et il a plaidé en faveur de la mise en place d’une structure sociale « inclusive, socialiste, humaniste », et qui soit assortie d’un système solide de protection sociale.


Tout au long de cette journée de débats, un grand nombre de délégations ont souligné les mérites de l’accès universel à la santé et à l’éducation, comme moyen d’assurer d’une part, l’intégration et la stabilité sociale, et de l’autre, de réduire la vulnérabilité temporaire et générationnelle des populations à la pauvreté chronique.


La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, vendredi 11 février, à partir de 10 heures.



SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE(E/CN.5/2011/2 ET E/CN.5/2011/4)


Table ronde sur le thème « Thème prioritaire: élimination de la pauvreté » E/CN.5/2011/3)


Déclarations liminaires


Le Président de la Commission du développement social, M. JORGE VALERO BRICEÑO, du Venezuela, a invité les participants à la Table ronde à réfléchir, au cours de cette rencontre, aux obstacles qui ont empêché l’accomplissement de progrès notables en matière d’élimination de la pauvreté dans certains pays.  M. Valero Briceño les a aussi invités à présenter les mesures prises pour faciliter la mobilisation de ressources publiques dans ce domaine et à examiner si et comment les gouvernements ont accordé la priorité à l’adoption et à la mise en œuvre de stratégies d’élimination de la pauvreté.  Le Président de la Commission du développement social a aussi proposé que les participants à la Table ronde mesurent les progrès accomplis à ce jour en vue d’identifier ou de proposer des actions qui pourraient être lancées après la date butoir de 2015.


M. LU MAI, Secrétaire général de la « China Development Research Foundation », a présenté la situation prévalant en Chine en matière de pauvreté, un fléau qui affecte encore 150 millions de Chinois si l’on applique au pays le critère adopté par les Nations Unies, qui estiment que toute personne vivant avec un dollar par jour est dans un état de pauvreté.  M. Lu a précisé que 85% des pauvres en Chine vivent dans les zones rurales.  Il a ensuite parlé des trois piliers de la politique menée par le Gouvernement de la République populaire de Chine pour éliminer la pauvreté, qui sont la promotion soutenue du développement, la mise en place d’un filet de sécurité sociale et le développement du capital humain.  Pour ce qui concerne le développement, le Gouvernement met l’accent sur les infrastructures rurales et cherche actuellement à éliminer la pauvreté dans 148 000 villages à travers la Chine.  Le système de sécurité sociale permet d’aider les pauvres des zones rurales et urbaines, en leur offrant une subvention mensuelle minimale, a indiqué M. Lu.  En outre, 95% des habitants des zones rurales font partie d’une coopérative médicale et ne paient que 20% des frais médicaux pour les soins qui sont leur prodigués.  S’agissant du capital humain, le Gouvernement a énormément investi dans les secteurs de l’éducation et de la santé.  Il a ainsi élaboré un programme qui subventionne les besoins d’éducation de 12 millions d’étudiants des zones rurales, a indiqué M. Lu Mai.


L’expert chinois a ensuite expliqué le programme mené par la « China Development Research Foundation », qui a pour but d’améliorer le sort des enfants en bas âge vivant dans les zones rurales, cette catégorie de la population étant encore très touchée par la pauvreté, dont les impacts sur l’enfance se traduisent par des maladies telles que l’anémie et une situation de sous-alimentation et de malnutrition.  Les efforts déployés en Chine portent donc essentiellement sur l’éducation, a indiqué M. Lu en soulignant les difficultés que rencontrent les enfants des zones rurales pour aller régulièrement à l’école.  Le programme de la fondation a pour but l’amélioration de l’alimentation des enfants et des femmes enceintes et propose aussi aux femmes et à celles qui sont déjà mères de se former aux questions concernant la maternité.  Aux femmes qui se rendent aux « écoles pour mamans », nous offrons un accouchement à l’hôpital, a-t-il expliqué.  Nous envoyons aussi des équipes de volontaires dans les villages pour dispenser une éducation préscolaire aux jeunes enfants, a-t-il ajouté.  M. Lu Mai a ensuite expliqué les propositions faites par sa fondation pour mettre en place un « Plan 2100 », dont les modalités sont notamment destinées à promouvoir une nutrition de qualité aux femmes et aux enfants pendant 1 000 jours entre le début d’une grossesse et le deuxième anniversaire de l’enfant après sa naissance.  Ce Plan se concentre aussi sur l’éducation des enfants de moins de 5 ans, qui est extrêmement importante pour le développement des capacités cognitives des nouveau-nés.


M. JIMI ADENISA, Professeur de sociologie à l’Université de Rhodes, en Afrique du Sud, et Chercheur à l’Institut nordique-Afrique de l’Université d’Uppsala, en Suède, a argué qu’à l’heure actuelle, il existe une discordance entre, d’un coté, ce que l’on sait au sujet de la pauvreté, et de l’autre, les actions menées et les objectifs fixés en matière de lutte contre la pauvreté.  Il a commenté le « caractère problématique » du consensus actuel, qui fait de la pauvreté abjecte le centre de toutes discussions et des politiques préconisées ou adoptées.  Se donner pour objectif d’atteindre au moins 1,25 dollars par jour et par personne comme mesure de succès de la lutte contre ce fléau pose problème, a affirmé M. Adenisa, tout en remarquant que l’élimination de la faim à elle seule ne suffit pas pour proclamer qu’on a vaincu la pauvreté.  Les êtres humains ont également besoin de se vêtir et de disposer d’abris décents.  L’objectif d’atteindre 1,25 dollar de revenu quotidien par habitant, a-t-il argué, va ainsi à l’encontre des analyses des documents fondamentaux de l’ONU qui stipulent que chaque individu a droit à un niveau de vie qui le rende capable d’assurer sa santé et son bien-être.


L’expert a engagé les délégations à prêter attention à la situation des gens classées comme non-pauvres, mais qui vivent en situation précaire, c’est-à-dire aux personnes qui sont susceptibles de sombrer dans la pauvreté au moindre choc ou imprévu, car « ne pas prêter attention à cette catégorie provoque une illusion de réussite en matière de lutte contre la pauvreté ».  Attirant l’attention sur le fait que la majorité de la population du continent africain pouvait être regroupée dans cette catégorie, l’expert a appelé la Commission à établir un nouveau consensus en matière de protection sociale.


Il a notamment estimé que dans les sociétés où 10%, ou moins, de la composante de la population vit dans la pauvreté, il était possible de combattre ce fléau par le biais de stratégies de redistribution, mais que dans les sociétés où 50% ou 75% de population vivent dans la pauvreté, il importe avant tout d’adopter des politiques sociales basées sur la promotion de l’égalité et de la solidarité.  Or, on ne peut avoir un programme de politique sociale qui prône la solidarité si les politiques économiques vont dans une toute autre direction, a-t-il notamment fait remarquer. 


« L’histoire a montré que plus on met l’accent sur les pauvres, moins on est capable de réduire la pauvreté », a poursuivi M. Adenisa qui a dénoncé la « pauvreté des discours centrés sur la pauvreté ».  On laisse les pauvres à la merci des non-pauvres et les services qui leur sont destinés ont souvent tendance à devenir des services de mauvaise qualité, a-t-il relevé.  Il a préconisé l’adoption de politiques de lutte contre la pauvreté capables de cibler l’ensemble de la population.  Il faut permettre à l’ensemble de la population de prendre part au contrat social, et ce faisant, on parviendra à éviter, par exemple, le ressentiment éprouvé par des personnes qui paient leurs impôts mais qui ne peuvent profiter des nouvelles politiques sociales, ce qui permettra par ailleurs de renforcer la cohésion sociale, a-t-il notamment expliqué.


Le Professeur Adenisa a également invité les membres de la Commission à surmonter l’idée que la protection sociale devait être centrée sur la question de l’emploi.  Se préoccuper uniquement de la situation des pauvres n’est pas non plus très efficace en matière de lutte contre la pauvreté abjecte ou contre les vulnérabilités qui en sont la cause, a estimé M. Adenisa qui a au contraire prôné l’adoption de mesures destinées à augmenter la production, la consommation des ménages, ou encore le financement des programmes visant à les aider.


Il a également souligné les mérites de l’investissement social universel dans les domaines de la santé et de l’éducation qui permet, a-t-il indiqué, de réduire la vulnérabilité temporaire et générationnelle tout en ayant des retombées positives sur l’économie.  Selon M. Adenisa, les stratégies efficaces de lutte contre la pauvreté doivent adopter des cadres capables d’aborder le problème de la vulnérabilité en amont, et non pas après coup, et elles doivent être basées sur le développement économique et non pas sur la seule notion de « croissance économique ».


Il faut assurer une plus grande efficacité des marchés tout en réduisant le coût des activités économiques, a dit l’expert pour qui un calendrier de lutte durable contre la pauvreté exige l’adoption d’une vision plus large en matière de politique sociale.  Il a souhaité la création d’instruments polyvalents axés sur la protection, la reproduction et la cohésion sociale, entre autres.  On n’a pas encore démontré qu’une politique sociale unidimensionnelle puisse être efficace, a souligné M. Adenisa.  Il a également préconisé plus de changements dans les politiques économiques et sociales.  Il est par ailleurs impératif de comprendre que les instruments de politique sociale ne sont jamais neutres du point de vue du genre, a-t-il ajouté.


Mme ISABEL ORTIZ, Directrice adjointe des politiques au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a rappelé que 80% des ressources et des biens mondiaux sont entre les mains de la frange de la population mondiale la plus riche, qui ne représente cependant que 20% du total de la population de la planète.  Commentant les chiffres mondiaux sur la pauvreté, elle a remarqué que, si l’on exclut la Chine qui a réussi à sortir du besoin une part appréciable de sa population, le nombre de pauvres à travers le monde n’a pas baissé et reste stable, ce qui révèle le peu de progrès accomplis dans ce domaine.  Mme Ortiz a indiqué que 22 millions de pauvres vivent avec 25 centimes de dollar par jour et que près de 50 millions survivent avec moins de 34 centimes.  Pour relever les défis de la pauvreté, elle a appelé tout d’abord la communauté internationale à éliminer les inégalités hommes-femmes, soulignant que dans les pays en développement les femmes passent plus de temps au travail que les hommes chaque jour.  Elles produisent entre 60% et 80% des produits alimentaires dans la plupart de ces pays, a-t-elle estimé.  Les emplois pour les jeunes doivent aussi être une priorité, a-t-elle dit, notant qu’en 2010 il y a moins de jeunes occupant un emploi qu’il y a quelques années.  Mme Ortiz a aussi mentionné l’impact cumulatif des différentes crises « mondiales », rappelant notamment la flambée des prix alimentaires qu’elles ont causée en 2008.


Une des conséquences de ces crises est que les pays diminuent leurs dépenses publiques, a expliqué Mme Ortiz, avant d’expliquer le nouveau paradigme de « développement pour tous » qui prend en compte l’impact social des politiques économiques adoptées.  La conception traditionnelle du développement met la croissance au premier plan, alors que le nouveau paradigme en voie d’apparition considère que les politiques sociales sont un investissement, a expliqué Isabel Ortiz.  Si traditionnellement on porte beaucoup d’attention aux réductions fiscales et à la réduction des dépenses publiques, beaucoup de pays veulent néanmoins maintenant augmenter leurs dépenses sociales, a-t-elle remarqué.  Le concept de redistribution réapparaît dans les stratégies de développement, avec notamment l’attention portée au concept de « plancher de protection sociale pour tous ».  En matière de justice sociale, l’équité contribue à la croissance, a-t-elle expliqué.  Parmi les mesures sociales à prendre, il faut promouvoir les petites et moyennes entreprises, ainsi que les entreprises familiales, ce qui permettrait de réduire la vulnérabilité des pays et des populations aux crises, a préconisé Mme Ortiz.  Elle a aussi appelé à examiner les sources de conflit afin de mettre en place des systèmes de prévention et d’alerte précoce.


En ce qui concerne la fiscalité, Mme Ortiz a mentionné diverses possibilités dont l’application permettrait d’assurer un financement du développement social, comme par exemple une taxation sur l’exploitation des ressources naturelles.  Elle a donné l’exemple de la Mongolie, qui utilise les revenus de l’exportation du cuivre pour alimenter un fonds d’aide au développement.  Elle a aussi indiqué que, selon certaines informations, dans certains pays d’Afrique subsaharienne, 36% des montants de l’aide publique au développement étaient jusqu’à maintenant conservés dans les banques centrales, comme réserves, s’interrogeant sur les raisons de la non-utilisation de ces fonds.  Elle a par ailleurs mentionné le cas du Cameroun, pays où le déficit fiscal a été éliminé, passant de -0,7% à +0,7% en 3 ans, ce qui a permis au Gouvernement de doubler le niveau des dépenses publiques.


M. PEDRO SASSONE, Représentant auprès du Conseil des délégués de l’Union des nations de l’Amérique du Sud, du Ministère du pouvoir du peuple pour les affaires étrangères du Venezuela, a déploré le manque de vigueur des politiques actuelles de lutte contre la pauvreté.  Il a estimé que la question de la protection sociale devait être abordée comme idée transversale et qu’il ne pouvait y avoir de développement économique sans que l’accent ne soit mis sur le secteur social.  Pour M. Sassone, il faut reposer la question de la productivité.  À travers le monde, il y a une grande contradiction dans le fait que l’augmentation de la productivité ne s’est pas traduite par une amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs, a-t-il notamment estimé.  Il a invité la Commission à repenser ce que doit être la notion d’action « sociale » et à rétablir le concept de l’État comme étant le garant de la justice sociale.  L’État doit être à la hauteur de ses responsabilités et la politique sociale doit être « re-politisée » car, a-t-il estimé, il ne peut y avoir de politique sans légitimité.  Le représentant s’est également dit partisan d’une « re-polarisation » des politiques sociales afin de garantir la participation directe de tous les citoyens à la vie nationale.


M. Sassone s’est ensuite interrogé sur l’existence présumée d’un « seuil d’amélioration des indicateurs », estimant qu’il serait préférable de se pencher sur les rapports sociaux et leur amélioration.  Comment améliorer les indicateurs si on n’améliore pas la structure sociale? a-t-il notamment demandé.  En Amérique latine, a-t-il ajouté, il existe au sein des pays, une structure fondamentale qui favorise l’exploitation de la majorité par la minorité, et la pauvreté est une conséquence de l’exclusion sociale, a souligné M. Sassone.  Il a également fait observer qu’un programme de lutte contre la pauvreté ne pouvait exister si les politiques sociales sont elles-mêmes inexistantes ou inadaptées.  Parlant du système capitaliste, il a affirmé que l’inégalité en est la caractéristique intrinsèque et que la pauvreté ne pouvait pas en être éliminée, à moins d’y imposer un changement structurel fondamental.  La protection sociale universelle ne verra jamais le jour dans ce genre de système si on ne résout pas le problème de l’inégalité entre le capital et le travail, et entre les intérêts privés et les travailleurs, a indiqué le panéliste.  M. Sassone a par ailleurs recommandé que soit mis en place un système qui assurerait une meilleure distribution des richesses au sein de chaque société et entre les différents pays.  Il a relevé que l’Amérique latine était le continent où on voit le plus d’inégalité sociale.  M. Sassone a ensuite parlé de la politique sociale du Venezuela.  Il a déclaré que la pire conséquence des politiques néolibérales avait été le démantèlement de la structure étatique qu’elles ont imposée aux quatre coins du monde.


Débat interactif


Ouvrant le débat interactif après les présentations des panélistes, la représentante de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies a demandé comment les pays traitaient des différences qui existent entre pauvreté rurale et pauvreté urbaine.  Constatant que les pays qui ont accompli le plus de progrès dans l’élimination de la pauvreté sont ceux qui ont augmenté leurs gains en productivité agricole et qui ont développé des initiatives de travail décent en zones rurale et urbaine, elle a demandé à la représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) quels sont les défis majeurs que rencontre cette organisation et quel rôle peut effectivement jouer l’éducation dans l’élimination de la pauvreté.


Relevant que la représentante de l’UNICEF invitait la communauté internationale à promouvoir une politique économique ciblant l’emploi, au lieu d’adopter des politiques ciblant le contrôle de la seule inflation, le représentant du Maroc a estimé que le genre de politique de l’emploi préconisé n’est pas envisageable dans les pays en développement.  Répondant à ces questions, Mme ORTIZ a expliqué que l’étude qu’elle a évoquée se basait sur les travaux menés par plusieurs organismes de l’ONU, notamment le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Elle a indiqué qu’il revenait à chaque pays d’évaluer les options dont il dispose, au cas par cas.  L’UNICEF travaille avec les gouvernements et fournit des services, notamment en matière de santé et de nutrition, a-t-elle expliqué.


Concernant l’aide publique au développement (APD), le représentant du Maroc a rappelé qu’elle avait été conçue pour permettre aux pays en développement de jeter et d’asseoir les bases d’une économie productive.  Ce n’est que par la suite que les bénéfices de l’APD se sont révélés limités par la nécessité d’assurer le rétablissement des déséquilibres macroéconomiques dont souffraient les pays récipiendaires.


Appuyant les propos de M. Sassone, le représentant de la Namibie a observé que les politiques actuelles ne permettent aux gouvernements que d’essayer de traiter les symptômes de la pauvreté au lieu de s’attaquer à ses causes premières.  Pour faire face au fléau, il faut modifier la structure sociale de la société, sans quoi il ne sera pas possible de surmonter la pauvreté, a confirmé M. SASSONE.  Il a réaffirmé notamment que la qualité de l’emploi dont peuvent jouir les individus était un élément essentiel d’une vraie lutte contre la pauvreté et ses conséquences.


S’adressant à M. Adesina, une représentante de la société civile a demandé comment on pouvait parvenir à adopter et mettre en place une politique contraignante et intégrée de lutte contre la pauvreté.  C’est seulement en ciblant les pauvres et les plus vulnérables que l’on parviendra à réduire la pauvreté, a estimé de son côté la représentante de l’Éthiopie.  Le représentant du Zimbabwe a demandé pour sa part à M. Adesina de définir et expliquer de manière détaillée les fondements du concept de protection sociale basée sur un pacte social.  Il lui a aussi demandé des explications sur son avis selon lequel les transferts d’argent en espèces ne contribuent pas efficacement à la lutte contre la pauvreté.


M. ADESINA a expliqué que les vraies mesures antipauvreté ne sont pas celles qui sont couramment perçues comme visant l’élimination de la pauvreté.  En Afrique, ces 20 dernières années, on ne parlait pas de la pauvreté en tant que telle.  Mais en y mettant l’accent sur l’éducation, les soins de santé, les infrastructures et l’emploi, on y faciliterait la réduction de la pauvreté.  Mais, a-t-il déploré, si l’État n’est plus capable d’intervenir dans ces secteurs, rien ne peut vraiment être fait de manière efficace, a-t-il dit, faisant allusion à la diminution du rôle de l’État, imposée par les institutions financières internationales et les politiques de marché.  Il a donc invité les États à mettre l’accent sur l’établissement d’un « pacte social », et a par ailleurs réaffirmé que les transferts en espèces, tels que le font les travailleurs migrants et autres, ne peuvent régler tous les problèmes de pauvreté dont souffrent les familles.


En guise de conclusion, M. LU MAI a invité la Commission et les pays à tirer parti des possibilités de la mondialisation.  En ce qui concerne l’urbanisation croissante, il a souligné la nécessité d’aider les migrants à s’installer et à bénéficier pleinement des avantages sociaux disponibles.


Suite du débat général


M. DANIEL ANTÓNIO (Mozambique), intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que l’accès universel à la santé et à l’éducation était essentiel pour briser le cycle de la pauvreté.  Il a expliqué que comme preuve de leur engagement à accélérer le développement social durable du contient, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avait adopté en 2009 le Cadre de politique sociale pour l’Afrique.  Le représentant a indiqué que malgré les efforts considérables déployés par les pays du continent, la « crise de développement » de l’Afrique n’avait pas fondamentalement changé à cause des crises économique, financière et alimentaire, des changements climatiques, des conflits, et de la pandémie de VIH/sida et d’autres maladies. 


Le représentant du Mozambique a ensuite expliqué que la question de l’emploi avait mobilisé une attention de haut niveau au niveau politique en Afrique.  Il a rappelé qu’en 2004, l’Assemblée extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avait adopté la Déclaration de Ouagadougou sur l’emploi et l’atténuation de la pauvreté.  En mars 2010, a-t-il ajouté, le Comité des experts africains s’est réuni à Lilongwe, au Malawi, pour étudier comment les pays africains pouvaient réaliser une croissance de qualité en adoptant des politiques de développement axées sur la promotion du développement lui-même.  Ces efforts soulignent la reconnaissance du fait que la stagnation des taux de chômage au cours des trois dernières décennies en Afrique témoigne des limites des politiques de développement qui ont été préconisées au continent, a estimé M. António.  Le représentant a ensuite réclamé un appui financier adéquat à l’Afrique, l’adoption de politiques cohérentes et durables, tant au niveau national qu’international, ainsi que le renforcement des partenariats.  Il faut se départir qu’un cadre politique macroéconomique qui cherche essentiellement à assurer le contrôle de l’inflation et des déficits budgétaires et favoriser la dimension sociale du développement, a estimé M. António.  De plus, a-t-il ajouté, les politiques fiscales doivent permettre aux pays de répondre à l’impact humain et social des crises, et de fournir à leurs populations une protection sociale capable de remettre l’Afrique sur la voie de la réalisation des OMD.


M. CONROD HUNTE (Antigua-et-Barbuda) a pris la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et a relevé, dans le rapport du Secrétaire général sur l’élimination de la pauvreté, que les petites et moyennes exploitations agricoles fournissent des emplois à une majorité de la population des pays en développement.  Il a aussi noté l’importance des marchés nationaux pour stimuler la productivité agricole.  Cela correspond à ce qui se passe dans de nombreux pays de la CARICOM, a-t-il indiqué, où la production agricole est liée non seulement aux marchés urbains mais aussi au marché du tourisme.  Il reste cependant encore beaucoup à faire pour que nos peuples reconnaissent l’importance de l’agro-industrie et de son potentiel, a dit le représentant.  M. Hunte a aussi remarqué que les petites et moyennes entreprises emploient une bonne part de la main-d’œuvre urbaine et rurale, et ce, dans de nombreux pays.  Ce fait doit nous inciter à intégrer davantage de personnes dans les industries du tourisme dans les Caraïbes, a-t-il dit.


Le représentant a ensuite souligné l’importance du rôle que jouent les familles pour bâtir des sociétés fortes.  Il a constaté la tendance à la féminisation de la pauvreté et a lancé un appel pour que les personnes et leurs vies soient mises au centre des objectifs de développement.  M. Hunte a souligné la nécessité pour chaque pays de faire participer ses citoyens à la réalisation de ces objectifs.  En matière de santé, il a reconnu le défi croissant que posent les maladies non transmissibles, telles que le diabète ou le cancer, qui entraînent notamment une réduction de la productivité en milieu de travail.  Si ces maladies peuvent être prévenues et contrôlées, nos États ne peuvent cependant pas y arriver seuls, a-t-il expliqué.  Il a donc dit attendre avec intérêt la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les maladies infectieuses qui se tiendra en septembre 2011.  Enfin, M. Hunte a appelé à une coordination accrue entre les institutions des Nations Unies qui travaillent sur les questions de la jeunesse.


« Au lieu de gérer la pauvreté et ses conséquences, nous devons offrir aux populations une voie pour sortir de la pauvreté », a déclaré M. ROBERT MARKS (États-Unis).  Il a expliqué que son pays s’était engagé à développer des partenariats tendant à opérer un changement radical dans les paradigmes économiques et sociaux actuels et susceptibles de déboucher sur une croissance économique mondiale.  Les pays qui ont atteint l’objectif d’une croissance économique de bonne facture ont également réalisé des progrès notables sur le plan de la lutte contre la pauvreté, a-t-il relevé.  Le représentant a également souligné l’importance d’investir dans les systèmes d’éducation et de santé.  La démocratie ainsi qu’une gouvernance transparente et responsable sont également des éléments essentiels, a-t-il ajouté.


M. SULJUK MUSTANSAR TARAR (Pakistan) a noté que les multiples crises financière, énergétique et alimentaire qui ont affecté le monde ont eu des répercussions sérieuses sur tous les pays, et notamment au Pakistan.  Notre gouvernement a vu les montants des investissements directs dont bénéficiait le Pakistan baisser, a-t-il notamment expliqué.  En outre, les inondations de l’an dernier ont causé des pertes de vies et des destructions d’infrastructures importantes.  Le Pakistan a présenté quatre rapports sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a poursuivi le représentant.  En dépit de nombreuses difficultés, il a assuré que le Gouvernement pakistanais continue à mettre les pauvres au cœur de ses stratégies de croissance.  Il a cité les objectifs que s’assigne le pays dans ce domaine, comme l’amélioration de la gouvernance par la consolidation de la démocratie, la poursuite de la stabilité macroéconomique en mettant l’accent sur l’agriculture, l’investissement dans le capital humain pour assurer les services sociaux nécessaires, ou encore l’amélioration de l’autonomisation des femmes.  Nous avons plusieurs programmes de protection sociale, a ajouté le représentant, citant par exemple le Programme Benazir d’appui au renforcement des revenus, qui permet de transférer des sommes d’argent en espèces aux plus pauvres.  Ce Programme devrait bénéficier à 5 ou 7 millions de familles d’ici à 2012.


M. HATEM TAG-ELDIN (Égypte) a estimé que la session actuelle de la Commission devait mettre l’accent sur la nécessité de traduire les décisions prises lors du Sommet de Copenhague en résultats concrets sur le terrain, par le truchement, notamment, de programmes d’élimination de la pauvreté et de lutte contre le chômage.  Il a également appelé la Commission à multiplier l’appui aux politiques nationales en la matière et à adopter des stratégies effectives pour assurer la mise en œuvre des plans d’action de l’ONU relatifs à la famille, aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes handicapées, tout en favorisant la coopération régionale et internationale.


Le représentant a ensuite indiqué que le Gouvernement égyptien avait fait de l’élimination de la pauvreté une de ses plus importantes priorités.  Il a notamment évoqué l’adoption, en juin 2010, d’une loi sur l’assurance et les retraites, dont les dispositions visent la réforme du système de sécurité sociale du pays.  De nouvelles perspectives d’emploi ont été créées avec la coopération du secteur privé, tandis que le système d’octroi de microcrédits a été renforcé, a-t-il ajouté.  M. Tag-Eldin a également expliqué que les denrées de base destinées aux pauvres et aux personnes marginalisées étaient subventionnées.  Il a aussi fait savoir que le nouveau Ministère pour la famille et la population assurait la mise en œuvre des plans d’action de l’ONU relatifs à la famille, aux jeunes et aux enfants.


M. LAUTARO OVALLES (Venezuela) a expliqué que l’élimination de la pauvreté passe par un remplacement des structures capitalistes.  Le capitalisme entraîne un système de commerce injuste qui approfondit les inégalités entre pays développés et pays en développement, a-t-il jugé.  Le représentant a ainsi plaidé en faveur de la mise en place d’une structure sociale inclusive, socialiste, humaniste, et disposant d’un système solide de protection sociale.  En 12 ans de révolution bolivarienne, le Gouvernement d’Hugo Chavez a réussi à consolider les progrès sociaux au Venezuela grâce à une politique de création d’emplois, une politique de santé pour tous et une politique d’investissement social, a-t-il indiqué.  Le représentant a aussi parlé de la politique de sécurité alimentaire pour tous menée par le Gouvernement vénézuélien.  Les droits des populations autochtones, des personnes âgées et des personnes handicapées ont en outre été renforcés, a-t-il indiqué.  Il a signalé que le taux de chômage est passé de 15% en 1998 à 6,6% en décembre 2009.  Le représentant s’est, d’autre part, félicité que le Venezuela soit le pays où les inégalités sociales ont connu la plus grande diminution.  Au niveau régional, il a mentionné les efforts menés avec « les pays frères », mentionnant par exemple l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), et l’Alliance pétrolière Petrocaribe.


M. WILLEM RAMPANGILEI (Indonésie) a réclamé l’adoption de mesures capables de protéger les acquis des pays en matière de développement.  Il a estimé que la promotion de l’emploi était une manière importante de s’attaquer à la pauvreté et a ensuite souligné l’importance d’assurer une bonne productivité du secteur agricole, et de donner aux pays en développement l’accès dont ils ont besoin aux marchés internationaux.  Le représentant a également appelé la Commission à examiner toutes les facettes de la protection sociale et à accorder une attention particulière à l’assistance sociale. 


Le représentant de l’Indonésie a ensuite expliqué qu’en matière de lutte contre la pauvreté, le Gouvernement de l’Indonésie centrait ses efforts sur un programme de développement qui favorise les pauvres, la création d’emplois et la protection de l’environnement.  Il a également évoqué l’existence de programmes de microfinancement et d’un vaste éventail de programmes de protection sociale.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a indiqué que sur une population de 14 millions d’habitants dans son pays, 54% vivent en zone rurale au Guatemala.  Près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et un cinquième dans la pauvreté extrême, a-t-il ajouté.  Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, il a expliqué que le Gouvernement guatémaltèque a adopté des politiques d’autonomisation des groupes les plus vulnérables de la population, et en particulier, des autochtones.  Il a parlé du Conseil de cohésion sociale du Guatemala, qui accorde la priorité au développement humain au profit des familles.  En outre, nous sommes intervenus dans les domaines essentiels de la nutrition, de l’éducation et de la santé, a-t-il dit.  Tous nos programmes ont eu des incidences modestes, a cependant reconnu le représentant, la pauvreté ayant reculé lentement.  Les progrès les plus importants ont été constatés dans le domaine de la malnutrition, qui a nettement reculé, et dans le secteur de l’éducation, avec une forte augmentation du taux de scolarisation.  Parmi les défis à relever, il a expliqué qu’il fallait surmonter la faiblesse fiscale de l’État et renverser le processus de dégradation de l’environnement.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a préconisé l’adoption d’une approche fondée sur l’équité qui prenne en compte les besoins des populations exclues et vulnérables, tout en s’attaquant aux causes profondes de la pauvreté.  Il est essentiel d’adopter des politiques axées sur les principes d’égalité et de transparence et fondées sur le cadre juridique du pays concerné, a-t-il recommandé.  M. Gutiérrez a également appelé la communauté internationale à prêter une attention particulière à la situation des migrants.  Il a ensuite expliqué que le Gouvernement péruvien assurait l’approvisionnement en eau et en électricité des zones les plus reculées du pays, tandis qu’un programme de carte nationale d’identité permettra de suivre la nutrition et la santé des enfants.  Il a également fait savoir que le Pérou avait assorti ses politiques d’ouverture aux investissements et de création d’emplois à des politiques de cohésion sociale.  Un programme de lutte contre la malnutrition chronique des enfants a également été mis sur pied.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a demandé que soient honorés les engagements pris dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement et au cours des grandes Conférences sur le développement social sur la question de la lutte contre la pauvreté dans le monde.  Il a expliqué que les efforts menés au Qatar dans ce domaine ont conduit le pays à un développement rapide et durable, après une étude d’ensemble réalisée en 2008 qui a précisé la vision du Gouvernement qatari jusqu’en 2030.  Cette vision comporte trois piliers d’action, le deuxième concernant la protection sociale.  Nous préparons maintenant une stratégie nationale pour 2011-2016, qui est très ambitieuse et qui comprend une aide pour les petites et moyennes entreprises, a ajouté le représentant.  Il a aussi mentionné une autre stratégie destinée aux familles, prévue au cours de la même période, et qui souligne l’identité arabe et islamique des familles qataries.  Elle vise à renforcer la participation des familles au développement ainsi que la protection contre toutes les formes d’abus, a-t-il expliqué.  « Concernant les personnes handicapées, nous avons créé une commission conjointe qui regroupe des représentants de nombreux ministères », a indiqué le représentant.  L’État du Qatar n’a pas seulement aidé les citoyens qataris, a ajouté le représentant qui a évoqué l’aide humanitaire et l’assistance au développement qu’a fournies son pays à de nombreux pays, en y consacrant 2 milliards de dollars pendant la période 2005-2009. 


M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) a déploré « l’injustice et l’exclusion engendrées par l’ordre économique actuel et qui, de surcroit, laisse une part notable des pays du Sud aux marges de la communauté internationale ».  Il a notamment évoqué la question de l’accès aux marchés et le problème de la dette, ainsi que la prévalence de l’analphabétisme.  Il s’est ensuite insurgé contre les sommes faramineuses versées par les pays industrialisés à l’industrie de l’armement, et qui vont notamment à l’entretien de 23 000 armes nucléaires, alors que des millions de personnes continuent de vivre avec moins d’un dollar par jour.


Le représentant a ensuite fait savoir que Cuba avait réalisé de nombreuses avancées pour réaliser les OMD, « et ce malgré le blocus unilatéral criminel et injuste imposé à son encontre par les États-Unis », et de nombreuses catastrophes naturelles.  Le taux de mortalité infantile à Cuba est de 4,5 pour mille naissances vivantes, et c’est un des plus bas au monde, s’est-il notamment félicité.  L’analphabétisme est inexistant dans le pays, a-t-il souligné.  Il faut encourager avant tout une solidarité sans condition aux niveaux mondial et national et faire valoir les principes de justice, d’équité et de respect, a-t-il recommandé.


M. KIM SOO-GWON (République de Corée) a salué l’importance du rapport du Secrétaire général sur l’élimination de la pauvreté (E/CN.5/2011/3) qui met l’accent sur l’existence d’un cycle vicieux de la pauvreté, qui est amplifié par l’insuffisance d’accès aux services de santé et d’éducation.  Il s’est félicité que ce rapport souligne les liens entre changements climatiques et pauvreté.  M. Kim a notamment relevé que l’investissement dans les métiers « verts » est une stratégie d’atténuation importante de la pauvreté, et elle est également susceptible de réduire la pauvreté et de faciliter l’instauration de la stabilité sociale grâce à la création d’emplois.  Présentant les initiatives de son pays, il a dit que la République de Corée avait lancé en 2000 son « Système national de subsistance de base » et avait décidé d’une pension de base pour les personnes âgées, en 2008, et pour les personnes handicapées, en 2010.  Il a également cité la mise en place, en 2010, d’une base de données informatiques concernant toutes les personnes ayant reçu une aide sociale.  M. Kim a indiqué que le thème du développement a été abordé pour la première fois par le G-20 l’année dernière à l’initiative de son pays lors du Sommet de Séoul.  Il a également précisé que la République de Corée était devenue, en 2010, le vingt-quatrième membre du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le premier qui ait, autrefois, fait partie du groupe des pays les moins avancés (PMA).  Il a rappelé que son pays accueillera en novembre le quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement, (HLF-4) en précisant que son expérience d’ancien PMA lui sera très utile pour renforcer la coopération aux fins de la lutte contre la pauvreté.


M. NARCÍS CASAL DE FONSDEVIELA (Andorre) a appelé la communauté internationale à trouver des réponses globales à la pauvreté, expliquant que le fait d’atteindre l’OMD nº1 permettrait de progresser dans d’autres objectifs, comme ceux ayant trait à la faim et à la santé.  La lutte contre la pauvreté ne peut pas se limiter à la croissance économique, a-t-il ajouté.  Il faut notamment arriver à créer des emplois et à éliminer les inégalités sociales qui perpétuent la pauvreté.  En ce qui concerne la Principauté d’Andorre, la crise financière a eu un impact important sur son système économique, a-t-il reconnu.  Il a expliqué comment le Gouvernement andorran s’est efforcé de répondre aux nouveaux problèmes qui se sont posés en améliorant les services sociaux offerts à sa population.  Nous avons approuvé un plan d’ensemble de lutte contre le chômage, ainsi qu’un plan d’action contre l’inégalité, et nous avons réorganisé nos services de santé.  Andorre a aussi adopté des mesures transversales et cherche à réduire les inégalités entre les citoyens, a dit le représentant.  En outre, le pays consacre une part de son budget à l’aide au développement afin de participer, à son échelle, et selon ses capacités, au développement d’autres pays, comme la République dominicaine, et à l’aide humanitaire, notamment en Haïti et au Pakistan. 


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a estimé que la situation actuelle illustrait ce qui n’allait pas avec l’architecture financière et économique mondiale.  Ce sont les pauvres qui souffrent le plus de l’adoption de politiques néolibérales, erronées et irresponsables, s’est-il indigné, pour réclamer ensuite le transfert de technologies créatrices d’emplois et la levée des subventions agricoles des pays développés.  Il a engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour s’assurer que l’ensemble des segments de la société, notamment les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées, puissent réaliser tout leur potentiel.


M. Khazaee a ensuite fait savoir que le Gouvernement iranien accordait une attention particulière à l’élimination de la pauvreté, en tant qu’élément central de l’amélioration du développement humain.  Il a notamment expliqué que l’Iran cherchait à augmenter la sécurité de l’emploi par le biais de l’augmentation de l’assurance chômage et qu’il facilitait l’accès à l’éducation et la construction de logements bon marché, entre autres mesures.  Le représentant a également fait savoir qu’entre 1990 et 2005, l’Iran avait réussi à diviser par 2 le nombre de personnes souffrant de la faim sur son territoire.


M. LOETO DILAMPI (Botswana) a indiqué que si son pays a accompli des progrès modestes en termes de croissance économique et de développement humain depuis 40 ans, la pauvreté y demeure néanmoins un défi majeur, avec un tiers de la population qui y vit en dessous du seuil de pauvreté.  La pauvreté est plus marquée en zone rurale, a-t-il précisé.  Outre les facteurs classiques de pauvreté, il a mentionné les sécheresses et la pandémie de VIH/sida qui aggravent la situation des pauvres.  Le Gouvernement du Botswana a donc développé une Stratégie nationale pour l’élimination de la pauvreté qui se concentre sur la sécurité alimentaire, la fourniture de moyens de subsistance et le renforcement des capacités pour les pauvres, grâce à un investissement social dans les services et les infrastructures, comme les écoles et les hôpitaux, a indiqué M. Dilampi.  Il a aussi dit que le Gouvernement a mis en place un filet de sécurité sociale et qu’il a ciblé en particulier les jeunes, en leur offrant notamment des possibilités d’emploi.  En outre, le Botswana a engagé le secteur privé à entreprendre des initiatives de lutte contre la pauvreté.  M. Dilampi a aussi mentionné les efforts menés en matière d’éducation pour augmenter le nombre d’étudiants à l’université.


Mme NOA FURMAN (Israël) a insisté sur l’importance de l’accès à la santé et à l’éducation comme outils efficaces de lutte contre la pauvreté.  En matière d’aide au développement, la représentante a indiqué qu’Israël centre ses efforts en premier lieu sur le renforcement des capacités des pays qu’il assiste.  Tournant ensuite son attention sur le phénomène de la féminisation de la pauvreté, la représentante a affirmé que l’autonomisation des femmes était un élément central de la lutte contre la pauvreté.  Elle a ensuite évoqué les activités du Centre de formation international Golda Meir-Mount Carmel, qui va accueillir, en 2011, en partenariat avec l’UNESCO, une conférence sur les femmes dirigeantes.


M. JAROSLAV KOVÁČ, Ministre du travail, des affaires sociales et de la famille de la Slovaquie, a indiqué que pour combattre la pauvreté et l’exclusion sociale, le Gouvernement slovaque a créé un espace pour mieux lier l’intégration sociale et la protection sociale, d’une part, et l’emploi et une coopération renforcée avec toutes les parties prenantes, dont la société civile, d’autre part.  Il a détaillé les efforts nationaux que déploie le Gouvernement slovaque et qui sont résolument inscrits dans la politique plus générale de l’Union européenne.  La Slovaquie, a-t-il souligné, s’est fixée pour objectif de sortir au moins 170 000 personnes de la pauvreté et de l’exclusion sociale d’ici à 2020.  En 2008, 1,1 million de personnes étaient déjà dans ce cas, soit 20,6% de la population nationale, a dit M. Kovač.


Toutefois, a-t-il reconnu, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale demeure un défi commun à relever pour l’administration publique, les autorités locales, les organisations non gouvernementales (ONG), les associations de la société civile et l’Église.  Il est important, a-t-il dit, que l’Année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, proclamée en 2010, ne s’arrête pas à la fin de 2011.  Elle doit, au contraire, devenir un point de départ pour la mobilisation de la société dans son entier. 


Mme MONIA ALSALEH (République arabe syrienne) a expliqué les mesures prises par son pays pour remédier à la pauvreté et visant en particulier à atteindre l’objectif de créer une économie équilibrée permettant une répartition juste de la richesse.  Ces mesures cherchent notamment à élever le niveau de vie dans les zones les plus défavorisées.  Le Gouvernement syrien s’est attaché à développer les infrastructures et à mettre en œuvre des programmes visant toutes les catégories vulnérables de la société, comme les jeunes, les personnes handicapées, les migrants et les réfugiés, a expliqué la représentante.  Le Gouvernement syrien travaille aussi à offrir davantage de possibilités à chaque famille syrienne et à donner à chacun la possibilité de trouver un travail décent.  La représentante a regretté que les rapports du Secrétaire général sur la pauvreté, qui sont soumis à la Commission, ne mentionnent pas les effets négatifs qu’a sur le développement social l’occupation par Israël de plusieurs territoires arabes, et notamment l’utilisation contre les populations d’armes comme les bombes à fragmentation. 


M. BUI THE GIANG (Viet Nam) s’est dit préoccupé par l’inégalité qui caractérise la distribution des ressources non monétaires et par la perspective que d’ici à 2015, des centaines de millions de personnes à travers le monde vivront dans une pauvreté extrême même quand leur pays aura réalisé des avancées notables en matière de développement ou de lutte contre la pauvreté.  Il a préconisé l’adoption de politiques qui favorisent la création d’emplois et qui s’attaquent aux problèmes posés par les changements climatiques, entre autres.  Le représentant a indiqué que le Gouvernement du Viet Nam avait décidé d’ajuster le critère de définition du statut de pauvreté entre 2011 et 2015, ce qui a placé le taux actuel de pauvreté dans le pays à 15%.  Il a ensuite passé en revue les diverses politiques de lutte contre la pauvreté lancées dans son pays, notamment des programmes de subventions scolaires et de logement bon marché qui ont permis au Viet Nam d’enregistrer une croissance de 6,78%.  Il a également signalé que l’éducation pour tous jouait un rôle critique pour assurer l’intégration et la stabilité sociale.  M. Bui a également cité les mérites de l’échange d’expertise et du transfert de technologies dans la lutte contre la pauvreté.


M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) s’est dit très préoccupé par les vulnérabilités et difficultés que rencontrent les pays les moins avancés (PMA).  L’Australie, en tant que vice-présidente du Comité préparatoire intergouvernemental de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tiendra en mai prochain à Istanbul, espère que le futur programme d’action d’Istanbul soulignera l’importance d’une appropriation nationale et d’un leadership national en matière de lutte contre la pauvreté, a-t-il dit.  Le représentant a préconisé de renforcer les capacités productive et commerciale des PMA et à axer les efforts dans ces pays sur le développement humain.  Il a jugé important de renforcer les mesures qui permettront aux PMA de parvenir à une croissance économique équitable.  Cela passe par l’amélioration de la qualité et de la quantité des infrastructures, l’amélioration des conditions d’investissement aux niveaux national et international, et un meilleur accès des produits des PMA aux marchés internationaux.  La productivité agricole et le développement rural sont aussi des éléments essentiels de la lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  L’Australie, qui est aussi un pays agricole, va dépenser 1,8 milliards de dollars pour assurer la sécurité alimentaire mondiale au cours des cinq prochaines années, a-t-il indiqué.  Nous sommes en passe de devenir un des plus grands donateurs de l’OCDE, a-t-il ensuite annoncé, avant de rappeler que l’Australie fournit aux PMA un accès libre à ses marchés, sans taxe ni droit de douane, depuis 2003.


M. KURT BODEWIG, du Forum des pays baltes, a expliqué que son organisation travaille en faveur de la promotion de la croissance et de la stabilité au sein des nations.  Lutter contre la pauvreté, c’est promouvoir les droits de l’homme, a-t-il affirmé.  Notre stratégie consiste à aider les pays à réaliser leurs objectifs à long terme en matière de développement en adoptant un model économique durable capable de créer des moyens d’existence plus durables au bénéfice de leurs populations, a-t-il expliqué.  Il a cité les mérites de la coopération dans le domaine de la santé, relevant que la mauvaise santé était une des conséquences de la pauvreté et une cause et un facteur de ralentissement de l’économie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La lutte contre la pauvreté a besoin d’actions urgentes, soulignent les délégations à l’ouverture de la 49e session de la Commission du développement social

SOC/4771

La lutte contre la pauvreté a besoin d’actions urgentes, soulignent les délégations à l’ouverture de la 49e session de la Commission du développement social

09/02/2011
Conseil économique et socialSOC/4771
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social

Quarante-neuvième session

2e et 3e séances – matin et après-midi                      


LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ A BESOIN D’ACTIONS URGENTES, SOULIGNENT LES DÉLÉGATIONS

À L’OUVERTURE DE LA 49E SESSION DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL


La Commission complète la composition de son Bureau et adopte son ordre du jour


Cinq ans avant la date butoir de 2015 fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et notamment le premier d’entre eux (OMD nº1), dont l’atteinte devait permettre de réduire de moitié le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour à travers le monde, la Commission du développement social se penchera, au cours de sa quarante-neuvième session dont les travaux ont débuté ce matin, sur le thème prioritaire de la lutte contre la pauvreté et lancera notamment un débat sur le thème émergent de la protection sociale.


Même si l’OM nº1 était atteint, près de 900 millions de personnes continueraient toujours de vivre dans l’extrême pauvreté en 2015, indique le Secrétaire général dans son rapport sur l’élimination de la pauvreté.  Dans une région comme l’Afrique australe, environ 45% de la population vivent avec 1,25 dollar par jour, a précisé le représentant de la Namibie, qui s’exprimait au nom des États de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).


Cette session de la Commission du développement social, qui se tient au Siège de l’ONU, à New York, du 9 au 18 février, « est un moment opportun pour faire le bilan des stratégies adoptées ces dernières années pour éradiquer la pauvreté », a estimé M. Jorge ValeroBriceño, du Venezuela, qui préside la Commission.  Il a rappelé qu’il fallait évaluer les résultats du Sommet de Copenhague et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, tout en réfléchissant aux véritables causes de la pauvreté.


Parmi celles-ci, plusieurs intervenants, comme M. Lazarous Kapambwe, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), ont souligné le lien qui existe entre le manque d’éducation et la perpétuation de la pauvreté.  Or, à moins que nous ne prenions des mesures d’urgence, 56 millions d’enfants ne seront pas scolarisés en 2015, a prévenu le Président de l’ECOSOC.


Au cours du débat général qui a commencé aujourd’hui et auquel ont participé plusieurs ministres et membres de gouvernements d’États Membres, beaucoup de délégations ont remarqué combien l’élimination de la pauvreté dépendait de l’adoption de politiques inclusives. 


Le Ministre d’État à l’inclusion sociale de la Hongrie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a parlé de la Plate-forme européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale, adoptée en décembre dernier, qui vise à mobiliser l’action politique dans les domaines de la protection sociale, de l’emploi et de l’éducation.  En ce qui la concerne, sur ces questions, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) dispose d’une feuille de route pour la période 2009-2015 qui entend assurer le bien-être et le développement des populations de la région, a expliqué le Vice-Ministre chargé de la coordination des politiques de promotion du bien-être de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom des États membres de l’ANASE.


Le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, qui sera célébré en 2014, a été évoqué à plusieurs reprises comme étant une occasion de renforcer le rôle des familles comme source de protection sociale dans les pays pauvres.  Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a annoncé à cet égard que les pays de ce Groupe présenteront un projet de résolution sur les préparatifs de cette célébration.


Ce matin, Mme Catherine Ferguson, Présidente du Comité des organisations non gouvernementales pour le développement social, a présenté le document élaboré hier par le Forum de la société civile, qui appelle à modifier le modèle actuel de développement, en tenant compte des besoins particuliers de chaque pays ou société humaine, ce qui n’a pas été le cas des politiques imposées à ce jour.


Dans l’après-midi, dans le cadre d’une Table ronde, une discussion interactive a eu lieu après une intervention de Mme Ana Maldonado, Ministre adjointe au Ministère du pouvoir populaire pour les communes et la protection sociale du Venezuela, qui a affirmé qu’au rythme actuel l’OMD nº1 serait réalisé, non pas en 2015 comme préconisé, mais en 2200.  Mme Maldonado a donc appelé les délégations à s’attaquer aux principaux obstacles qui entravent l’accession des populations à une vie digne, notamment le système actuel de commerce multilatéral qui, selon elle « vise à promouvoir seulement les intérêts des pays les plus développés ».  M. Donald Lee, Chef de la branche des perspectives sociales sur le développement de la Division pour la politique sociale et le développement, au Département des affaires économiques et sociales, a présenté les différents rapports soumis aujourd’hui à la Commission.


Au cours de cette session, dont l’ordre du jour provisoire a été adopté ce matin, les membres de la Commission discuteront aussi de la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse et du Cadre stratégique pour le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, adopté en 2002.  Les membres de la Commission s’entretiendront également avec le Rapporteur spécial chargé d’étudier la situation des personnes handicapées.


En début de séance, la Commission du développement social a élu M. Eduardo Meñez (Philippines), Mme Olisu Cifligu (Albanie) et Mme Susanne Fries-Gaier (Allemagne) aux sièges de Vice-Présidents de son Bureau.  Le quatrième Vice-Président est Mme Najla Abdelrahman (Soudan), qui avait été élue lors de la première séance de la quarante-neuvième session de la Commission, le 19 février 2010.  Mme Susanne Fries-Gaier assumera aussi les fonctions de Rapporteur de la Commission.


La Commission du développement social (CDS), commission fonctionnelle de l’ECOSOC créée en 1946, est devenue l’organe clef de l’ONU chargé du suivi et de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, tenu en 1995.  Elle compte 46 membres, élus pour un mandat de quatre ans.


La prochaine séance de la Commission aura lieu demain, jeudi 10 février, à 10 heures.


SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Suite donnée à la résolution 2010/12 du Conseil économique et social intitulée « Promouvoir l’intégration sociale » (E/CN.5/2011/2)


Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte des politiques et programmes en faveur de l’intégration sociale adoptés au plan national, dans différentes régions, et de leurs incidences sur l’élimination de la pauvreté.  Il fait une large place à la protection sociale, à l’emploi, aux interventions ciblant des groupes donnés, ainsi qu’à la participation générale de la population, qui sont autant de moyens d’intégration sociale.  Il relève dans ce rapport les limites de certaines interventions et expose les problèmes restant à régler.  Il montre qu’il importe d’intensifier les échanges concernant les pratiques et politiques optimales en la matière.  Enfin, il présente des recommandations quant aux mesures à prendre pour aller de l’avant.


Parmi celles-ci, il invite les autorités nationales à formuler et mettre en œuvre des politiques et programmes destinés à promouvoir l’intégration sociale, et à les inclure dans les politiques et stratégies nationales de développement.  Les autorités nationales devraient aussi continuer à consolider les politiques et interventions ciblant des groupes sociaux spécifiques et, parallèlement, faire en sorte que l’intégration sociale soit systématiquement prise en compte dans toutes les politiques et tous les programmes.


Le Secrétaire général recommande aussi que les autorités nationales formulent des programmes de protection sociale dans le cadre d’une stratégie globale visant à réduire les inégalités et à faire reculer l’exclusion sociale et qu’elles favorisent l’accès universel aux services sociaux de base, ceci étant un moyen de faire progresser l’intégration sociale.  Les autorités nationales devraient aussi privilégier des politiques et stratégies en faveur du plein emploi et du travail décent de sorte à faciliter l’intégration sociale des groupes vulnérables et l’égalité entre les sexes, recommande Ban Ki-moon.


En outre, ajoute le Secrétaire général, les autorités nationales devraient intensifier la participation de la population et des collectivités à la planification et la mise en œuvre des politiques et stratégies d’intégration sociale, abattre les obstacles qui l’entravent et consolider les dispositifs institutionnels visant à la promouvoir.  Elles pourraient envisager d’échanger systématiquement des informations relatives aux pratiques optimales en matière d’intégration sociale, recommande enfin le Secrétaire général.


Thème prioritaire: élimination de la pauvreté (E/CN.5/2011/3)


Dans le présent rapport, le Secrétaire général décrit les tendances actuelles en matière de pauvreté et donne un aperçu général des principaux obstacles qui se posent à l’élimination de la pauvreté.  En dépit de la crise, le monde est bien parti pour diminuer de moitié la proportion de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour d’ici à 2015, souligne-t-il.  Cependant, le fait d’atteindre la cible fixée en matière de pauvreté dans les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’est qu’une étape vers son élimination –engagement pris lors du Sommet mondial pour le développement social– puisque, même si cette cible est atteinte, près de 900 millions d’individus à travers le monde vivront encore dans la pauvreté extrême en 2015.  De plus, même dans les pays qui ont réussi à faire reculer la pauvreté due à l’insuffisance des revenus, il reste encore des obstacles de taille à lever pour garantir à tous l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’alimentation et à d’autres biens et services de base, constate Ban Ki-moon.


Le Secrétaire général note que les tendances régionales dissimulent la diversité des situations nationales, même dans des pays dont le revenu individuel des personnes est similaire.  Dans certains pays, une croissance économique viable, allant de pair avec un accroissement suffisant de l’emploi productif et du travail décent, a entraîné un déclin rapide de la pauvreté.  Dans de nombreux autres pays, cependant, le travail n’est pas un vecteur de sécurité des revenus ou de protection sociale.  L’évolution économique n’a pas abouti à une croissance économique soutenue, sans exclusive et équitable, nécessaire pour faire reculer la pauvreté, déplore M. Ban.


L’accroissement des inégalités en termes de revenus, qui s’ajoute aux inégalités entre les sexes et à d’autres formes de marginalisation et d’exclusion sociale, vient encore atténuer l’influence positive de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté.  Enfin, les conflits, les catastrophes dues aux phénomènes atmosphériques et les autres conséquences des changements climatiques, constituent un frein supplémentaire à la croissance économique des pays qui en sont les victimes.  Les conséquences sociales de tels chocs ont été les plus graves dans les pays où les systèmes de protection sociale étaient le moins développés, relève Ban Ki-moon.


Globalement, les pays qui sont parvenus à réduire la pauvreté due à l’insuffisance des revenus et ont obtenu une amélioration à grande échelle de la situation sociale de leur population avaient conçu des politiques de protection sociale intégrées destinées à la majorité de leurs habitants.  Les données dont on dispose indiquent qu’un socle de protection sociale est économiquement accessible et que les conséquences du refus d’investir dans la protection sociale sont lourdes.  Sans dispositifs de base de transferts sociaux qui donnent accès aux soins de santé, à l’éducation et à une nutrition adéquate, et qui favorisent la stabilité sociale, un pays ne peut pas débloquer son potentiel productif, souligne le rapport.  Les réponses à la crise économique la plus récente suggèrent qu’il existe une dynamique politique en faveur des investissements dans la protection sociale et dans l’amélioration des services sociaux.  Il faut donc s’employer à préserver « l’enveloppe sociale », préconise le Secrétaire général.


Ce sont les pays où la croissance économique a entraîné des gains de productivité agricole et une amélioration durable sur le plan de l’emploi décent qui ont le plus progressé sur la voie de la réduction de la pauvreté, note le rapport.  Dans les pays dotés d’un secteur agricole développé qui se concentrent sur l’augmentation de la productivité des petits exploitants, dans le domaine agricole et dans d’autres, en leur facilitant l’accès aux intrants, aux infrastructures, à l’information et aux marchés, la production agricole croît notablement et la pauvreté décline de manière significative tant dans les villes qu’à la campagne, note le Secrétaire général.


Les succès enregistrés dans la lutte contre la pauvreté montrent que les politiques sociales doivent faire partie intégrante d’une stratégie de développement plus vaste pour apporter des remèdes aux situations qui sont la cause de cette pauvreté et qui la pérennisent.  L’accès universel à une protection sociale et à des services sociaux de base, en particulier en matière de santé et d’éducation, est une nécessité pour que le cycle de la pauvreté qui se perpétue de génération en génération soit brisé et pour que la cohésion sociale maintenue et le contrat social renforcé.


Cependant, toutes ces initiatives n’auront qu’un impact limité sur la pauvreté et sur la vulnérabilité si elles ne s’accompagnent pas d’interventions de portée plus vaste, qui aient pour effet d’améliorer l’accès aux ressources et leur redistribution, conclut le Secrétaire général.


Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de groupes sociaux (A/66/62-E/2011/4, A/66/61-E/2011/3, E/CN.5/2011/7 et E/CN.5/2011/9)


Rapport du Rapporteur spécial de la Commission du développement social chargé d’étudier la situation des handicapés sur le suivi de l’application des Règles pour l’égalisation des chances des handicapés (E/CN.5/2011/9)


Une note du Secrétaire général soumet à la Commission et aux délégations le Rapport du Rapporteur spécial de la Commission du développement social chargé d’étudier la situation des handicapés sur le suivi de l’application des Règles pour l’égalisation des chances des handicapés.  Ce rapport rappelle que le Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées (1982) a jeté les bases des droits et du développement des handicapés.  Depuis, l’élaboration d’un certain nombre d’instruments importants a façonné le discours politique international sur les personnes handicapées, qui se traduit notamment à travers les Règles pour l’égalisation des chances des handicapés (1993) et la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006).  Les trois instruments mentionnés ci-dessus constituent le cadre normatif international central de toute action visant à promouvoir les droits des personnes handicapées dans le monde, rappelle le rapport.


Le Rapporteur spécial indique qu’au cours des neuf mois que couvre le rapport, il a effectué des missions dans plusieurs pays et noté que l’on porte une attention croissante à la question des personnes handicapées, comme en attestent la signature et la ratification rapides de la Convention les concernant.  Au 15 novembre 2010, 96 pays l’avaient ratifiée, précise-t-il.  Toutefois, il indique qu’il a pu aussi constater que davantage doit être fait pour traduire les engagements concernant les droits des personnes handicapées en mesures et en pratiques concrètes pour assurer que les personnes handicapées jouissent de tous les droits fondamentaux universels.


Le rapport indique qu’il est fermement convaincu de la nécessité de placer fermement les questions relatives au handicap au centre des programmes de développement.  La mise en œuvre intégrale et effective des Règles pour l’égalisation des chances des handicapés, conformément à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, peut continuer de jouer un rôle important dans les efforts des États Membres visant à égaliser les chances des handicapés par rapport à celles des autres catégories de personnes et à assurer leur pleine participation à tous les aspects du développement, ajoute-t-il.


Le Rapporteur spécial cite les obstacles les plus courants à un développement qui prendrait en compte les handicapés: attitudes négatives à leur égard, manque de ressources, absence de volonté politique pour leur venir en aide, faiblesse du soutien pour l’intégration des handicapés parmi les spécialistes du développement, absence de cadre juridique clair et insuffisance des capacités de mise en œuvre des politiques qui sont éventuellement prises en leur faveur.  Il manque aussi un mécanisme efficace d’échange de renseignements et de connaissances sur les meilleures pratiques pro handicapés entre les États Membres, relève le Rapporteur spécial.


Il note aussi qu’en adoptant la résolution intitulée « Réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs aux personnes handicapées d’ici à 2015 et au-delà », l’Assemblée générale a réaffirmé son engagement ferme de promouvoir les droits des personnes handicapées dans le programme d’action mondial en faveur du développement, et de promouvoir un développement qui les intègre.


Le Rapporteur spécial recommande aux États Membres et au système des Nations Unies d’aborder d’urgence la question du manque de statistiques et de données sur les personnes handicapées et celle concernant l’analyse de leur situation dans le développement économique et social.  Il leur recommande aussi d’échanger les bonnes pratiques et exemples relatifs à la promotion d’un développement tenant compte des handicaps et de l’intégration des personnes handicapées dans le développement.  En outre, le Rapporteur spécial propose de créer, dans le cadre des Nations Unies, un fonds d’affectation spéciale à donateurs multiples ou toute entité qui soit similaire.  Des points de coordination pour les questions de handicap devraient être établis dans chacun des organismes des Nations Unies, préconise-t-il.  Il faut aussi autonomiser et soutenir les personnes handicapées et leurs organisations et faciliter une meilleure coordination entre les alliances de personnes handicapées, poursuit-il.  Enfin, il suggère d’intégrer la question des personnes handicapées dans les politiques, programmes et projets internationaux de coopération pour le développement par le truchement de partenariats mondiaux.


Mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse: coordination et collaboration des organismes des Nations Unies pour leurs activités concernant les jeunes » (A/66/61–E/2011/3)


Dans son rapport, le Secrétaire général énonce les mécanismes de coordination et de collaboration des entités compétentes des Nations Unies pour leurs activités visant les jeunes.  À cet égard, le Réseau interinstitutions des Nations Unies pour l’épanouissement des jeunes est le principal mécanisme des programmes à appliquer.  Il existe d’autres mécanismes au sein d’ONUSIDA, ainsi que le Réseau pour l’emploi des jeunes; l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies pour les adolescents; l’Initiative-cadre conjointe des Nations Unies sur les enfants, les jeunes et le changement climatique; le Réseau interinstitutions de l’éducation dans les situations d’urgence, et le Groupe d’action pour la protection des enfants dans le tourisme.  Au niveau régional, par exemple, le rapport mentionne que le Paraguay, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) coopèrent avec 12 organismes gouvernementaux dans le cadre d’un projet intitulé « Jeunesse: capacités et possibilités économiques au profit de l’insertion sociale au Paraguay ».


Le Secrétaire général note que la collaboration sur des questions relatives à la jeunesse au sein du système des Nations Unies s’est considérablement développée au cours des dernières années.  Cette collaboration accrue a conduit à l’adoption d’approches plus stratégiques de la promotion du développement de la jeunesse ainsi que, de plus en plus souvent, à la mise en œuvre de programmes communs au sein du système.  Mais beaucoup reste à faire pour bénéficier pleinement des avantages de la coordination interorganisations, indique M. Ban Ki-moon.


Il recommande à l’Assemblée générale de prier les organismes concernés du système des Nations Unies de continuer à coordonner davantage l’action qu’ils mènent en faveur de la jeunesse et de poursuivre leur collaboration dans ce domaine.  L’Assemblée générale devrait aussi prier les mécanismes de coordination régionale des Nations Unies d’adopter et/ou de mettre en œuvre des plans d’action régionaux interorganisations visant à appuyer les efforts déployés par les États Membres en vue de définir des politiques en faveur de la jeunesse qui soient globales et intégrées et qui se fondent sur le Programme d’action mondial.  Enfin, le Secrétaire général recommande de prier les organisations concernées du système des Nations Unies de continuer à mettre au point des mécanismes accessibles et n’excluant personne qui permettent aux jeunes de participer aux projets interorganisations concernant le développement de leur classe d’âge.


Rapport sur les modalités du deuxième cycle d’examen et d’évaluation de la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement (2002) (E/CN.5/2011/7)


Dans le présent rapport, le Secrétaire général passe en revue ces modalités qui seront appliquées lors du Deuxième cycle d’examen et d’évaluation, et il donne un premier aperçu des projets des organismes des Nations Unies et de la société civile.  Il met également en lumière les enseignements tirés de l’expérience et les questions que le Deuxième cycle d’examen et d’évaluation devra approfondir.


La Commission a décidé de procéder à l’examen et à l’évaluation du Plan d’action de Madrid tous les cinq ans.  Elle a en outre prié les commissions régionales de promouvoir et de faciliter à l’échelon régional l’application, l’examen et l’évaluation du Plan d’action de Madrid, ainsi que la diffusion de données sur la question.


Le présent rapport du Secrétaire général contient notamment une liste et un calendrier préliminaires des initiatives envisagées par les organismes des Nations Unies et la société civile dans le cadre des préparatifs du deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action de Madrid.  Il expose les enseignements tirés du deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action, comme le manque de capacités en matière de collecte de données qualitatives et quantitatives, et présente le projet de calendrier du Deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action.


Le Secrétaire général invite la Commission du développement social à demander aux gouvernements de commencer à recenser les actions qu’ils ont engagées depuis le premier cycle d’examen et d’évaluation afin de présenter ces informations à la Commission à sa cinquantième session en 2012.  La Commission voudra peut-être également prier les gouvernements de constituer un organe ou mécanisme national de coordination dont fera partie l’organisme chef de file –ou renforcer l’organe ou le mécanisme en place– afin de faciliter la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid, ainsi que son examen et son évaluation, indique M. Ban Ki-moon.


La Commission voudra d’autre part peut-être inciter les États Membres à recourir davantage à une approche participative de l’examen et de l’évaluation qui parte de la base, poursuit le Secrétaire général.  Elle désirera peut-être en outre encourager les États Membres qui le souhaitent à utiliser la méthode de coordination ouverte lors du processus national d’examen et d’évaluation.  Le Secrétaire général encourage aussi la Commission « à inciter les commissions régionales à continuer de faciliter le processus d’examen et d’évaluation au niveau régional », notamment par l’intermédiaire de leurs organes intergouvernementaux, en favorisant le travail en réseau et la mise en commun des informations et données d’expérience; en aidant les gouvernements à rassembler, diffuser et analyser les informations et à présenter les résultats des processus nationaux d’examen et d’évaluation et en leur donnant des conseils à cet effet; et en conduisant une analyse régionale et arrêtant les priorités des initiatives à venir.


La Commission pourrait décider de prier le système des Nations Unies de soutenir les actions engagées par les pays aux fins de l’examen et de l’évaluation en leur fournissant, à leur demande, une aide technique au renforcement des capacités, indique M. Ban.  Le Secrétaire général propose aussi à la Commission d’encourager les États Membres et les organismes des Nations Unies, le cas échéant, à fournir un appui aux commissions régionales pour faciliter le processus d’examen et d’évaluation et organiser des conférences régionales pour dresser le bilan des résultats des processus nationaux d’examen et d’évaluation en 2012.


Suite donnée à la célébration du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille et au-delà » (A/66/62–E/2011/4)


Le rapport du Secrétaire général sur lasuite donnée à la célébration du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille et au-delà se penche sur la lutte contre la pauvreté des familles, la promotion de la solidarité entre les générations, la conciliation du travail et de la vie de famille et la collecte de données nationales et régionales sur le bien-être des familles.


Dans ce rapport, le Secrétaire général invite les États Membres, dans le cadre de la prochaine célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, à examiner le respect des engagements pris envers la famille au niveau international dans les instruments relatifs aux droits de l’homme et les documents finaux des grandes conférences et réunions au sommet.  Ce sera une occasion sans précédent de replacer la famille au cœur des objectifs de développement, estime Ban Ki-moon.


Le succès des initiatives prises dans le cadre de la célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, juste un an avant l’échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, dépendra de la volonté des États Membres de soutenir les objectifs fixés dans le cadre de cette Année internationale et de l’application de son processus de suivi.  Le soutien concret qu’apporte la communauté internationale à la famille témoigne de sa volonté d’atteindre les objectifs fixés en matière de développement social, notamment en ce qui concerne la cohésion sociale et la solidarité entre les générations, estime le Secrétaire général.


Il propose à la Commission du développement social de recommander l’adoption des mesures appropriées aux niveaux national, régional et international pour les préparatifs de la célébration du vingtième anniversaire.  La Commission pourra appuyer l’adoption des grands thèmes suivants dans le cadre des préparatifs du vingtième anniversaire, conformément aux trois grands objectifs fixés lors de la Conférence de Copenhague que sont la réduction de la pauvreté: lutte contre la pauvreté des familles et l’exclusion sociale; le plein emploi et le travail décent: conciliation de la vie professionnelle et de la famille; et l’intégration sociale: promotion de l’intégration sociale et de la solidarité entre les générations au sein des familles et des communautés.


Le Secrétaire général propose aussi à la Commission du développement social de demander aux gouvernements, aux organismes et organes des Nations Unies, aux organisations de la société civile et aux établissements universitaires de partager de bonnes pratiques et échanger des données en ce qui concerne la formulation, l’application, et le suivi des politiques axées sur la famille et le bien-être de la famille.


Déclarations liminaires


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela), Président de la Commission du développement social, a relevé que le modèle économique et social actuel empêche le développement social de toute la population et complique le processus d’élimination de la pauvreté.  Le droit au travail et le droit à la santé sont bien souvent violés, ainsi que le droit à l’alimentation, qui est soumis aux spéculations du marché international des produits alimentaires, a-t-il constaté.  Nous devons faire un choix: soit on promeut un développement assorti d’équité et de justice sociale, soit on promeut des politiques économiques et financières qui aggravent les inégalités, a-t-il expliqué.  Il faut plus que jamais concrétiser nos idéaux de justice et de solidarité, a-t-il dit.  M. Valero a estimé que cette quarante-neuvième session de la Commission du développement social est un moment opportun pour faire le bilan des stratégies adoptées ces dernières années pour éradiquer la pauvreté.  Il nous incombe d’examiner les résultats du Sommet de Copenhague et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, soulignant que c’est l’occasion de lancer un débat en profondeur sur les véritables causes de la pauvreté.  Le Président de la Commission a espéré voir tous les pays dotés de systèmes de protection sociale permettant d’éliminer la pauvreté et les inégalités, ce qui implique de répartir mieux les gains économiques afin d’en faire profiter toute les populations.  Il nous faut aussi garantir un accès à la santé, à l’éducation, à un travail décent et à un logement, a-t-il notamment estimé. 


M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué qu’il favorisait une coopération renforcée entre le Conseil économique et social (ECOSOC) et ses différentes commissions, afin de travailler de manière plus stratégique, ambitieuse et tournée vers l’avenir.  Un succès de la lutte contre la pauvreté nous semble encore bien lointain, a-t-il enchaîné, relevant que de nombreux pays ne réaliseraient pas le premier Objectif du Millénaire pour le développement qui vise à diviser par deux le nombre de pauvres à travers le monde.  Neuf cent millions de personnes vivront toujours dans la pauvreté en 2015, a-t-il notamment relevé.  Rappelant que le prochain Examen ministériel annuel (EMA) de l’ECOSOC serait axé sur l’éducation, il a souligné l’interdépendance entre l’éducation et la pauvreté.  L’éducation, a-t-il observé, est nécessaire afin de pouvoir s’extirper de la pauvreté.  Selon le Président de l’ECOSOC, des progrès notables ont été réalisés dans le domaine de l’éducation primaire, mais beaucoup reste encore à faire.  À moins de prendre des mesures d’urgence, a-t-il notamment relevé, 56 millions d’enfants ne seront pas scolarisés en 2015.  M. Kapambwe a par ailleurs estimé que trop peu d’attention avait été accordée à la qualité de l’éducation.  Il a engagé la Commission du développement social à formuler des recommandations quant au rôle essentiel que joue l’éducation en matière de lutte contre la pauvreté.  Selon lui, il importe notamment de trouver de nouvelles sources de financement de l’éducation par le truchement de partenariats novateurs.  Il a également appelé les délégations à mettre l’accent sur l’adoption de mesures politiques concrètes.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général chargé des questions du développement, intervenant au nom de M. Sha Zukang, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que la fragilité de l’environnement social et économique actuel avait rendu la lutte contre les dimensions multiples de la pauvreté d’autant plus difficile.  Il a notamment évoqué l’adoption de mesures d’austérité fiscale et l’émergence d’une nouvelle crise alimentaire.  Le Sous-Secrétaire général a ensuite affirmé que l’élimination de la pauvreté dépendait de l’adoption de politiques inclusives et équitables répondant aux besoins des groupes les plus vulnérables, notamment les jeunes, les personnes âgées, les autochtones et les personnes handicapées.  Il a engagé les gouvernements à profiter de la célébration, cette année, de l’Année internationale de la jeunesse, pour mobiliser une action aux plans national et international pour répondre aux besoins et ambitions des jeunes.  Il a également fait savoir que la Commission était particulièrement concernée par le lancement de la seconde évaluation du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  M. Sundaram a aussi engagé les délégations à reconnaître le fait que la question du handicap est une question transversale de la problématique du développement en général.


Le Sous-Secrétaire général a par ailleurs relevé que les pays qui avaient réussi à réduire leurs taux de pauvreté et à améliorer les conditions sociales de leurs populations sur une large échelle avaient mis sur pied des programmes exhaustif de protection sociale.  Les gouvernements devraient donc envisager d’établir des systèmes de protection sociale, a-t-il préconisé.  Remarquant par ailleurs que les familles sont les principales sources de protection sociale dans les pays pauvres, M. Sundaram a engagé les gouvernements à promouvoir la célébration, en 2014, du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille.  Il a également évoqué le lancement, en 2012, de l’Année internationale des coopératives et a appelé la Commission à se joindre aux efforts tendant à renforcer le rôle des coopératives, ces dernières contribuant notamment à la création d’emplois et à la cohésion sociale.


Mme CATHERINE FERGUSON, Présidente du Comité des organisations non gouvernementales pour le développement social, a présenté les résultats du Forum de la société civile qui s’est tenu hier, le 8 février 2011, et a donné lieu à la rédaction d’un document.  Ce document explique d’abord que l’élimination de la pauvreté s’est révélée illusoire, malgré son inclusion dans l’ordre du jour international, a indiqué Mme Ferguson.  Le modèle de développement dominant a mis en danger l’avenir durable des populations du monde par les émissions de gaz à effet de serre qu’il génère et a favorisé les riches par rapport aux pauvres.  Le manque de revenu ne peut pas à lui seul servir d’étalon de mesure ou permettre de mesurer la pauvreté, a expliqué Mme Ferguson.  Par ailleurs, elle a souligné l’importance des investissements visant à mettre à la disposition de tous les pays les technologies qui leur permettraient de faire face aux défis actuels.


Le document de la société civile appelle à modifier le modèle actuel de développement, en tenant compte des besoins particuliers de chaque pays ou société humaine et en faisant participer les personnes qui vivent dans la pauvreté aux politiques de développement et à leur mise en œuvre.  Il faut aussi réformer l’architecture financière internationale, ajoute-t-il, notant que les institutions de Bretton Woods ne sont pas appropriées.  En outre, il est important de réduire les dépenses militaires et de redistribuer les sommes ainsi rendues disponibles dans des secteurs tels que ceux de l’éducation et de la santé.


Parmi les secteurs principaux dans lesquels il faut progresser pour réduire la pauvreté, le document cite l’éducation, l’égalité entre les sexes, l’égalité des droits fonciers, un emploi productif avec une protection des travailleurs dans les secteurs formel et informel, ainsi que tout ce qui a trait à l’inclusion sociale, a précisé Mme Ferguson.  Nous réaffirmons que les pays doivent mettre au point différents modèles de développement et modes d’action en tenant compte des situations qui prévalent au niveau local.  L’élimination de la pauvreté exige aussi une gouvernance transparence et la participation de chaque communauté locale, a ajouté Mme Ferguson.  Elle a enfin souligné l’utilité du « Projet de principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme », élaboré par le Conseil des droits de l'homme.


Débat général


M. ZOLTAN BALOG, Ministre d’État à l’inclusion sociale de la Hongrie, intervenant au nom de l’Union européenne, a indiqué qu’en 2008, 80 millions de personnes, dont 20 millions d’enfants, vivaient en dessous du seuil de pauvreté en Europe, plus de la moitié d’entre elles étant des femmes.  Il a également fait savoir que 8% des Européens vivaient dans des conditions matérielles précaires et que 8% de la force de travail étaient constitués de travailleurs vivant dans de situations d’emplois précaires.  M. Balog a estimé que l’intégration sociale des personnes vulnérables ainsi que dans le monde du travail était un élément clef pour assurer une croissance durable et inclusive.  Il a ensuite expliqué qu’à l’occasion de la célébration, en 2010, de l’Année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, l’UE s’était accordée, pour la première fois, sur l’objectif de réduire, d’ici à 2020, d’au moins 20 millions le nombre de personnes susceptibles de sombrer dans la pauvreté et l’exclusion sociale sur le sol européen.  Le représentant hongrois a également indiqué que la Plate-forme européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui a été adoptée en décembre dernier, entend mobiliser l’action politique dans les domaines de la protection sociale, de l’emploi et de l’éducation.


M. Balog a ensuite indiqué que depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, l’Union européenne appuyait de plus en plus les efforts déployés par les pays en développement pour lutter contre la pauvreté.  Ma délégation, a-t-il ajouté, estime au nom des pays européens membres de l’UE, que les OMD pourront être réalisés si les parties font preuves de suffisamment de volonté politique et adoptent des mesures politiques concrètes.  Le représentant a également évoqué l’importance d’identifier des sources de financement novatrices et de mobiliser les ressources domestiques des pays en développement.  Les politiques de développement doivent servir de catalyseur pour renforcer les capacités des pays en développement, notamment leurs propres ressources économiques, naturelles et humaines, a-t-il souligné.  M. Balog a par ailleurs estimé que la création d’emplois devait bénéficier de davantage d’attention en matière de coopération au développement.  Il a également cité les mérites de l’élargissement des systèmes de protection sociale.


M. DIEGO LIMERES (Argentine), qui a pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a noté qu’en dépit des progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté depuis le Sommet sur le développement social, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.  La pauvreté est une question complexe qu’il n’est pas possible de résoudre uniquement par la croissance économique, a-t-il relevé.  Les mesures prises dans la poursuite de cet objectif doivent soutenir une croissance favorable aux pauvres et à la protection sociale, a estimé M. Limeres.  Il s’est préoccupé en particulier des obstacles à la lutte contre la pauvreté que posent les crises mondiales actuelles.  Depuis l’Année internationale de la famille en 1994, la communauté internationale a lancé de nombreuses activités pour mettre en œuvre les programmes qui permettraient d’atteindre les objectifs fixés dans ce domaine, a-t-il rappelé.  Alors que le vingtième anniversaire de cette Année approche, a-t-il dit, le Groupe des 77 tient à annoncer qu’il présentera un projet de résolution sur les préparatifs de la célébration de cet anniversaire.


Notant aussi que la population mondiale vieillit, le représentant a appelé à mettre pleinement en œuvre le Plan d’action de Madrid sur le vieillissement, dont l’application n’en est encore qu’a ses débuts.  Nous espérons pouvoir débattre des moyens les plus appropriés pour garantir le plein exercice des droits des personnes âgées, a dit M. Limeres.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance qu’il y a à surmonter les obstacles qui entravent l’exercice par certains peuples de leurs droits à l’autodétermination.  Le représentant a ensuite souligné que les efforts nationaux ne suffisent pas, dans bien des cas, à surmonter les obstacles qui se posent à l’élimination de la pauvreté.  Il nous faut nous attaquer aux causes mêmes de la pauvreté, a-t-il dit, en citant notamment les blocages dus à des causes structurelles au sein de chaque société.  L’élimination de la pauvreté ne sera une réalité que si la communauté internationale unit ses forces, a ajouté M. Limeres en plaidant en faveur d’une coopération internationale accrue dans ce domaine.  Cette coopération devrait permettre d’alléger la dette des pays en développement, de donner à ceux-ci un accès aux marchés, de les aider à renforcer leurs capacités et de leur fournir un appui technique, a-t-il préconisé.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), intervenant au nom du Groupe de Rio, a relevé que la lutte contre la pauvreté représentait un défi éthique, politique et économique pour tous, et qu’il était donc nécessaire d’établir et de promouvoir de nouvelles formes de coopérations et de solidarité internationales afin d’appuyer les efforts déployés sur le plan national.  Le Groupe de Rio, a-t-il ajouté, est convaincu de la nécessité de concentrer les efforts de politique sociale sur les segments les plus vulnérables de la société afin de répondre aux défis posés par la pauvreté, l’iniquité et la faim, et ce, sur la base de la reconnaissance de la personne humaine en tant qu’entité juridique.  M. Errázuriz a notamment estimé que l’accès universel aux services de protection sociale de base et l’augmentation des investissements opérés dans ce secteur auraient un impact limité, à moins d’être accompagnés d’interventions en matière de lutte contre la discrimination, d’accès et de redistribution équitable et juste des ressources.  M. Errázuriz a ajouté que l’investissement dans les mères, les enfants et les jeunes était essentiel pour briser le cycle générationnel de la pauvreté et de l’exclusion.


Le représentant a ensuite indiqué que la prévalence de la féminisation de la pauvreté demeurait un important défi à relever et qu’il importait donc d’intégrer une perspective sexospécifique dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de tous les programmes sociaux, politiques ou économiques.  Il a expliqué que dans le cadre du Consensus 2010 de Brasilia, les membres de la Communauté économique des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CEPALC) s’étaient engagés à promouvoir des politiques d’emploi qui favorisent la participation des femmes au marché du travail et leur présence à des postes de prise de décisions.  Ma délégation, a-t-il poursuivi, estime au nom du Groupe de Rio que la promotion d’un cadre favorable à l’emploi décent est l’une des stratégies les plus efficaces d’élimination de la pauvreté, et pour ce faire, un plus grand investissement dans l’éducation et la formation est nécessaire.  M. Errázuriz a par ailleurs affirmé que l’incertitude de l’environnement économique actuel appelait au renforcement de l’action en faveur de la cohésion sociale.  Il a qualifié d’essentiel le respect de l’engagement pris par les pays développés de verser 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD) et a estimé que les accords commerciaux régionaux et internationaux devaient prendre en compte les besoins de développement, assurer aux populations pauvres l’accès à des aliments nutritifs et promouvoir la mise en œuvre durable des programmes permettant de parvenir aux OMD.


M. WILFRIED EMVULA (Namibie), a pris la parole au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et a rappelé que sa région est une des moins développées au monde, bien que dotée de grandes ressources humaines et naturelles.  Environ 45% de la population de cette région vivent avec 1,25 dollar par jour, a-t-il indiqué.  Il a expliqué que la pauvreté, due essentiellement au faible niveau de développement économique et social, est aggravée par les catastrophes naturelles, les pandémies et des facteurs humains tels que les politiques de colonialisme et d’apartheid, qui ont isolé et marginalisé l’Afrique et la région de la SADC dans le passé.  La pauvreté a réduit les options de subsistance des personnes vulnérables, comme les femmes et les personnes handicapées, qui sont les plus touchées par le chômage, a-t-il aussi relevé.  La pauvreté dépend aussi de la présence ou non de ressources naturelles sur le territoire d’un pays et de la gestion macroéconomique mise en œuvre dans un pays.


M. Emvula a en outre rappelé que la région de l’Afrique australe est également la plus touchée par le VIH/sida, pandémie qui est l’origine de taux de mortalité élevés et qui est responsable de grandes dépenses en matière de santé.  Ce fléau réduit le nombre et la qualité de la population active et ralentit le développement économique, a-t-il ajouté.  La région de la SADC est aussi frappée par le paludisme et la tuberculose, a indiqué le représentant.  Il a regretté que les politiques adoptées visent avant tout les seuls traitements médicaux en oubliant souvent les besoins sociaux qu’impliquent ces maladies, comme l’accès à l’eau salubre.


La SADC met au point un plan de développement régional qui identifie la pauvreté comme un obstacle majeur au développement, a poursuivi M. Emvula.  Son but est de réduire de moitié la population vivant avec moins d’un dollar par jour entre 1990 et 2015.  Ce plan a aussi permis de mettre en place une zone de libre-échange, en 2008, et vise l’établissement d’un marché commun en 2015 et d’une union monétaire en 2016, avec l’adoption d’une monnaie régionale dès 2018.  Cela devrait permettre une amélioration du niveau de vie, a-t-il espéré, en se basant sur les valeurs communes aux pays de la région.  La SADC s’attend à recevoir une aide de la part de ses partenaires et nous demandons aux pays développés de respecter leurs promesses en matière d’aide au développement, a conclu le représentant. 


M. WILLEM RAMPANGILEI, Vice-Ministre chargé de la coordination des politiques de promotion du bien-être de la population de l’Indonésie, est intervenu au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).  Il a déclaré qu’en matière de lutte contre la pauvreté, sa délégation mettait l’accent sur le développement de communautés rurales « progressistes, prospères, et autonomes ».  Il a indiqué que la Déclaration de l’ANASE, contenue dans la feuille de route de la Communauté de l’ANASE pour la période 2009-2015, entendait assurer le bien-être et le développement de toutes les populations de l’ANASE et notamment des groupes les plus vulnérables et les plus défavorisés.  Du point de vue de l’ANASE, a-t-il ajouté, la paix et la stabilité économique et politique, appuyées par un partenariat énergique en matière de développement, sont les éléments fondamentaux de la lutte contre la pauvreté.  Le Vice-Ministre a évoqué les mérites de la création de partenariats régionaux visant à promouvoir la croissance des segments les plus pauvres de la société et à assurer des perspectives d’emploi pour tous.  Ceci est essentiel pour trouver des réponses à la situation des pays connaissant des défis en matière de réalisation des OMD, a-t-il ajouté.


Le Vice-Ministre a ensuite expliqué qu’afin de réaliser les OMD, les États membres de l’ANASE axaient leur action sur le plaidoyer, l’acquisition et l’utilisation des connaissances, la recherche de ressources et de l’expertise, ainsi que la coopération régionale.  Il a également évoqué la création, par les membres de l’ANASE, d’un Plan-cadre d’action pour le développement rural et l’élimination de la pauvreté pour la période 2004-2010.  Consciente de l’augmentation de la population âgée sur le plan mondial, l’ANASE déploie de nombreux efforts pour réduire les risques que connait cette tranche de la population par le biais de la création de systèmes d’appuis sociaux et de l’amélioration de la capacité des familles à s’occuper des personnes âgées.


Mme ISABEL MARTINEZ, Ministre des affaires sociales de l’Espagne, a expliqué que le Gouvernement espagnol a présenté un projet de réforme pour 2011 afin de poursuivre sa lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.  Nous relancerons ainsi un plan d’inclusion sociale en nous basant sur la croissance, l’emploi, l’amélioration de l’éducation, ainsi que sur l’égalité homme-femme.  Des mesures sont prévues pour accroître les revenus des foyers dont les membres sont au chômage, ainsi que pour les victimes d’exclusion sociale, a indiqué Mme Martinez.  Nous avons lancé une réforme des politiques d’emploi et déployé un personnel spécialisé chargé de se pencher sur les groupes les plus exclus, a-t-elle ajouté.  Pour les personnes âgées de puis de 65 ans, nous garantissons des pensions minimales, a-t-elle aussi indiqué.  La Ministre a également mentionné que l’Espagne dispose d’une loi sur l’autonomie et sur les soins aux personnes qui sont dépendantes du fait de leur âge.  « Notre système d’éducation publique obligatoire a par ailleurs permis d’accroître fortement le taux de scolarisation », a-t-elle souligné.  Mme Martinez a enfin expliqué que des mesures avaient permis d’augmenter le taux d’emploi des personnes handicapées.  Elle a aussi signalé la politique de logement du Gouvernement espagnol.


La Ministre des affaires sociales de l’Espagne a cependant reconnu la difficulté de concilier l’austérité budgétaire et le maintien de bonnes politiques sociales, mais elle a assuré que le Gouvernement espagnol faisait son possible pour ne pas laisser les espagnols perdre leurs acquis sociaux et maintenir tous les bénéfices qu’apporte une cohésion sociale.  D’autre part, elle a relevé la portée mondiale des incidences sociales de l’actuelle crise financière et économique, et a demandé que tous les gouvernements préservent leurs politiques sociales.  Elle a enfin salué la création d’ONU-Femmes, « un organe qui contribuera à l’élimination de la pauvreté féminine », a-t-elle espéré.


M. YURI VIKTOROVICH VORONIN (Fédération de Russie) a expliqué que malgré la crise, la Fédération de Russie avait pu maintenir un taux de croissance favorable et avait même réussi à augmenter ses dépenses dans le secteur social afin d’assurer la protection de sa population.  Il a précisé que les principales mesures prises étaient axées sur la création d’emplois, par le biais notamment d’un programme de recyclage professionnel destiné aux personnes susceptibles d’être licenciées.  La politique anticrise a permis à l’économie russe de se redresser rapidement, s’est-il félicité.  Il a par ailleurs indiqué que la couverture médicale des personnes était dorénavant obligatoire et que le niveau des retraites avait augmenté.  Il a également évoqué l’existence de projets nationaux destinés à améliorer la situation en matière d’éducation et de logement.  M. Viktorovich Voronin a ensuite assuré que les dépenses sociales de la Fédération de Russie continueraient d’augmenter en fonction de l’essor de l’économie nationale.


M. ENOCH TEYE MENSAH, Ministre de l’emploi et du bien-être social du Ghana, a estimé qu’à l’heure de la mondialisation, les pays devaient s’entraider en partageant leurs ressources, leurs compétences, leurs connaissances et les meilleures pratiques en matière de lutte contre la pauvreté.  Le Ghana poursuit depuis des années des politiques et des programmes visant cet objectif, a-t-il assuré.  La part de la population rurale vivant en dessous du seuil de la pauvreté au Ghana a baissé, ainsi que l’extrême pauvreté, a-t-il dit.  Ceci permet au pays d’atteindre, avant 2015, l’Objectif nº1 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Mais malgré ces progrès, nous continuons à nous concentrer sur des stratégies visant les personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté, grâce à des mesures de protection sociale spécifiques, a poursuivi M. Teye Mensah.  Le Ghana a également mis en œuvre un programme pilote pour la promotion du travail décent, en collaboration avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), a-t-il ajouté.  Le Ministre a par ailleurs souhaité voir renforcer les partenariats internationaux en matière d’aide au développement.  Il a enfin appuyé le concept de « seuil de protection sociale » en tant que stratégie d’élimination de la pauvreté.


M. WANG MIN (Chine) a affirmé qu’en matière de lutte contre la pauvreté, il était essentiel de promouvoir un environnement pacifique et stable, tant au niveau local qu’international.  Il a appelé les États Membres à œuvrer au maintien de la paix internationale et à adhérer aux principes de solidarité internationale pour le bénéfice de chacun.  M. Wang a également estimé qu’en matière de promotion de la coopération internationale relative à la réduction de la pauvreté, les pays en développement devaient mettre l’accent sur l’autonomie, être adeptes d’efforts autocentrés et « durs à la tâche», ce qui implique de savoir tirer parti du potentiel que représentent leurs propres populations.  M. Wang a par ailleurs souligné le rôle que jouent les organisations internationales en matière de lutte contre la pauvreté et les a engagées à promouvoir la coopération Nord-Sud et à renforcer la coopération Sud-Sud.


Rappelant les avancées remarquables réalisées par la Chine en matière d’élimination de la pauvreté, le représentant a précisé que le nombre de pauvres en milieux ruraux y était passé de 250 millions en 1978 à 35,97 millions en 2009.  Il a expliqué que le Gouvernement de la République populaire de Chine mettait un accent particulier sur la création d’emplois, la promotion des petites et moyennes entreprises, et la création de perspectives d’emplois pour les diplômés, les travailleurs migrants des zones rurales et les citadins à faible revenu.  La Chine s’efforce également d’accélérer la réforme institutionnelle du secteur de la santé et d’élargir son système de couverture sociale, a fait savoir M. Wang, qui a par ailleurs ajouté que le douzième plan quinquennal chinois serait lancé cette année.  L’élimination de la pauvreté, le renforcement de la protection sociale et l’amélioration des moyens de subsistance de la population seront prioritaires, a-t-il précisé.


M. TETSUYA KIMURA (Japon) s’est dit préoccupé par le fait qu’à travers le monde, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême et souffrant de la faim dépasse un milliard.  La pauvreté revêt des formes multiples, a-t-il noté, citant, entre autres manifestations de ce fléau, le manque de revenus suffisants, la faim, l’accès limité à l’éducation, une faible participation à la prise de décisions et à la vie civile et culturelle.  Il a souligné l’importance des services de protection sociale pour rompre le cycle de la pauvreté, ainsi que le caractère indispensable de la création d’emplois.  Le programme promu par le Japon en matière d’emplois repose sur trois piliers, a-t-il précisé: connexion, création et protection.  Signalant que le nombre d’emplois à plein temps obtenus par les diplômés de l’université est en diminution au Japon, il a expliqué que le Gouvernement japonais a pris à cet égard des mesures pour examiner comment et par quels moyens on pourrait trouver des solutions à ce problème.  Le Gouvernement a aussi accru le nombre de bourses accordées aux étudiants de l’université, a précisé M. Kimura.  Le Japon a toujours soutenu la promotion d’une croissance économique durable et accorde une priorité absolue à l’éducation, au bien-être des personnes, à l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’agriculture, a encore précisé M. Kimura.  Nous avons également une politique en matière d’aide publique au développement (APD) qui vise la sécurité humaine, a ajouté le représentant.  Le Japon continuera de contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015, a-t-il assuré en ajoutant que son pays continuera de travailler en collaboration étroite avec le reste de la communauté internationale.


Table ronde de la Commission du développement social: élimination de la pauvreté


Mme ANA MALDONADO, Ministre adjointe de l’économie communale et Ministre du pouvoir du peuple pour les communes et la protection sociale du Venezuela, a affirmé qu’au rythme actuel, l’OMD nº1, qui préconise que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté à travers le monde soit réduit de moitié serait réalisé, non pas en 2015 comme préconisé, mais en 2200. 


Elle a donc appelé les délégations à adopter des mesures efficaces afin de s’attaquer aux principaux obstacles qui entravent l’accession des populations à une vie digne.  Elle les a notamment engagées à lancer une réflexion sur le fait que le système actuel de commerce multilatéral vise à promouvoir seulement les intérêts des pays les plus développés.  On essaie de négocier en vain depuis 10 ans, dans le cadre des négociations du Cycle de Doha, un meilleur accès aux marchés, surtout en ce qui concerne les produits agricoles, mais en vain a-t-elle déploré.  L’adoption de politiques sociales justes et non exclusives doit devenir partie intégrante de toute politique de développement, a-t-elle recommandé.  Dans cette quête de politique de justice sociale, a-t-elle ajouté, il faut adopter des mesures concrètes visant les groupes de personnes les plus vulnérables, notamment les femmes, les personnes âgées et les autochtones.


Mme Maldonado, qui était l’oratrice de marque de la Table ronde, s’est ensuite attardée sur le domaine de la santé, arguant que l’utilisation de termes comme « accès » et « services » posait problème.  Il faut percevoir les besoins humains comme un droit à avoir des droits et à pouvoir en jouir, a-t-elle préconisé.  Si on estime que ce sont des services, on risque de confondre citoyen et client, et ce serait la problématique du « citoyen-sujet » face au « citoyen-consommateur », a argué la Ministre adjointe du Venezuela, pour qui le système économique actuel entrave la jouissance de ces droits.  Elle a réclamé l’adoption de mesures structurelles pour briser le cercle vicieux de la pauvreté et assurer une meilleure distribution des revenus.  Il ne faut pas s’attacher à la thèse selon laquelle la croissance économique peut seule générer des bénéfices.  Si elle n’est pas assortie de davantage d’inclusion sociale, elle ne sert à rien, car on ne peut alors ni diminuer, ni éliminer la pauvreté dans aucun pays, a-t-elle affirmé.  Il ne faut pas soutenir un modèle dont nous savons tous qu’il a un potentiel destructif illimité, a-t-elle insisté.


Suite à cette intervention, le représentant de l’Union européenne a voulu avoir des précisions sur le rôle que pouvait jouer la protection sociale dans l’élimination de la pauvreté.  Comment garantir l’efficacité des mécanismes d’intégration et parvenir à briser le cycle générationnel de la pauvreté? a-t-il notamment demandé.  À l’instar de son homologue de l’Uruguay, il a également voulu en savoir davantage sur l’expérience nationale du Venezuela en la matière.  Le représentant de la société civile a pointé du doigt, quant à lui, l’iniquité des systèmes d’impositions fiscales existant dans de nombreux pays qui frappent davantage les pauvres, et s’est dit partisan de la création d’un système de contributions qui soient proportionnelles au revenu de chacun.  Il a également attiré l’attention sur les répercussions humaines négatives de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).  L’élimination des tarifs a permis à du maïs américain bon marché d’inonder les marchés du Mexique, provoquant ainsi la faillite de nombreux petits agriculteurs, a-t-il rappelé.  Certains ont bénéficié de l’ALENA mais, du point de vue des droits de l’homme, le coût de cet accord libéral a été énorme, a-t-il constaté.


« Il faut démystifier l’idée selon laquelle une personne qui a un emploi n’est pas une personne pauvre » a réagi Mme Ana Maldonado, Vice-Ministredu Venezuela.  Le plein emploi doit se faire dans des conditions décentes, a-t-elle souligné.  Elle a fait savoir que le Gouvernement vénézuélien luttait toujours pour prendre en charge l’orientation politique économique et sociale de son pays, par le truchement de la réalisation des OMD, de la démocratie et de la justice sociale.  Elle a notamment évoqué l’existence de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), qui permet d’assurer aux peuples de la région un autre degré d’intégration en privilégiant, outre l’intégration économique, l’aspect social, politique et humain, ainsi que l’échange d’expériences en matière de protection sociale.  Parlant des accords de libre-échange imposés par le cadre ultralibéral de l’économie de marché, elle a ajouté qu’il est inacceptable que, dans certains de ces traités, on constate qu’il a été délibérément fait « que les marchandises aient plus de valeur que les êtres humains ».  Mme Maldonado a également commenté le rôle important que jouent les petites entreprises dans la chaine de production.


Mme CATHÉRINE BAKANG MBOCK, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a mentionné les outils élaborés par le Gouvernement camerounais pour lutter contre la pauvreté.  Elle a ainsi cité le Document de stratégie de réduction de la pauvreté, le Document de la « Vision du développement du Cameroun à l’horizon 2035 », ou encore le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi.  La lutte contre la pauvreté au Cameroun intègre aussi les femmes et les personnes handicapées, a-t-elle dit.  Elle a également indiqué que le Gouvernement du Cameroun a affiné le concept de « stratégie du social rentable », qui vise à faire de l’intégration sociale un investissement pour la croissance.  Des journées de l’action sociale sont organisées au Cameroun, souvent sous le patronage de la Première Dame du pays, a aussi indiqué Mme Bakang Mbock.


La Ministre des affaires sociales du Cameroun a ensuite mentionné les progrès accomplis par son pays, grâce à l’aide de ses partenaires, dans des domaines comme le développement rural, la gratuité de l’école primaire, ou encore les prestations gratuites de traitement du paludisme pour les enfants de moins de 5 ans.  En outre, a-t-elle ajouté, il existe au Cameroun une politique de protection des personnes handicapées.  Le Chef de l’État camerounais, M. Paul Biya, a mis en place des chantiers économiques et industriels qui doivent faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon de 2035, a-t-elle également précisé.  Enfin, elle a réitéré les différents appels lancés par le Président Biya à la tribune de l’ONU pour une « solidarité internationale agissante » dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Mme Bakang Mbock a d’autre part soulevé la question de la « gestion participative de la diaspora » qui doit être incluse dans le système mondial de l’Organisation internationale du Travail.


M. GUSTAVO PACHECO (Uruguay) a indiqué que son pays cherchait à mettre l’économie au service de la politique et la politique au service de sa population.  Il a expliqué qu’en 2007, le Gouvernement uruguayen avait lancé un plan d’urgence social et créé un Ministère des affaires sociales.  Un plan d’équité a également été mis sur pied sur la base d’une réforme structurelle de l’imposition et de taxation, et la création d’un réseau de protection sociale amélioré et plus performant, qui cible, entre autres, les personnes âgées et les personnes handicapées, a dit M. Pacheco.  Il a ensuite indiqué que l’Uruguay connaissait actuellement une « alerte démographique » et que le secteur de l’éducation avait besoin d’être amélioré.  Des mesures de lutte contre le chômage, chez les jeunes notamment, sont également nécessaires, a-t-il indiqué.  Le représentant a également évoqué la nécessité de promouvoir l’égalité des salaires et de résoudre le problème de la violence faite aux femmes, tout en assurant aux Uruguayens une meilleure distribution des richesses nationales.


M. LUCA ZELIOLI (Italie) a signalé que le nombre de femmes sur le marché du travail décroit en Italie, tandis que le taux de chômage des jeunes y reste élevé (25%).  Selon les statistiques nationales, la pauvreté est quatre fois plus élevée dans le sud du pays, a indiqué M. Zelioli.  Nous nous concentrons donc sur l’appui aux personnes qui vivent dans les conditions les plus difficiles et cherchons à faciliter l’accès au travail des chômeurs les plus pauvres, a-t-il dit.  Il a mentionné un programme adopté par le Gouvernement italien qui vise à inclure les femmes sur le marché du travail, en leur permettant de concilier plus facilement travail et vie de famille.  Le Gouvernement promeut aussi l’embauche des jeunes par différentes mesures d’incitation, a-t-il ajouté.  M. Zelioli a d’autre part évoqué les directives datant de 1999 et qui portent sur la lutte contre la pauvreté.  Elles sont en cours de révision afin d’y inclure l’égalité entre les sexes, l’intégration sociale et la lutte contre la discrimination et l’intolérance.  Une autre initiative prise en Italie consiste à réduire le coût des envois internationaux de fonds, afin d’en faire bénéficier les travailleurs migrants et leurs familles, a-t-il expliqué.  Il a enfin soutenu l’initiative sur l’établissement de mesures de « plancher social » lancée par l’ONU et l’OMS.


Mme MARJA VAARAMA (Finlande) a estimé qu’il serait préférable de se concentrer sur l’interdépendance de tous les OMD plutôt que sur des projets isolés de lutte contre la pauvreté.  Elle a également convenu que la protection sociale était nécessaire pour réaliser des avancées dans le domaine social et économique.  Elle a ensuite expliqué que le processus de marginalisation de nombreux jeunes Finlandais avait commencé suite à l’adoption par le Gouvernement de mesures d’austérité fiscale pour faire face à la récession du début des années 90.  Le Gouvernement actuel de la Finlande a cependant décrété que les familles et les enfants seraient protégés des mesures d’austérité actuelle, a-t-elle indiqué.


Mme Vaarama a par ailleurs insisté sur l’importance de l’appropriation nationale en matière de développement, estimant notamment que si la coopération internationale est importante, son rôle principal devrait être celui de catalyseur, car elle ne peut tout faire.  Elle a également fait savoir que la Finlande avait l’intention d’augmenter le niveau de son aide publique au développement (APD).  La représentante a par ailleurs estimé que l’investissement dans les enfants devait être considéré comme un élément central du développement durable.  La gouvernance mondiale doit réagir à l’appel lancé en faveur de l’équité et de la protection sociale pour tous, a-t-elle souligné.


Mme NAJLA A. H. ABDELRAHMAN(Soudan) a rappelé que les crises récentes n’avaient pas permis aux États de réduire suffisamment le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, malgré les efforts considérables déployés par certains pays en développement.  Au Soudan, nous avons créé un Conseil chargé de cette question en 1999 et nous avons adopté un plan stratégique dont la mise en œuvre s’étale sur 25 ans (2008-2031) afin d’investir dans le service public et le développement économique, a indiqué la représentante.  Les dépenses du pays en faveur des pauvres ont augmenté de 9%, a-t-elle précisé.  Grâce aux dividendes de la paix et aux ressources tirées du pétrole, le PIB du Soudan a augmenté ces dernières années, a-t-elle ajouté, précisant que le revenu par habitant a ainsi atteint 1 400 dollars en 2009.  Nous avons aussi réduit le taux de chômage des jeunes en cherchant à leur créer des opportunités de travail décent, a-t-elle ajouté.  Elle a par ailleurs reconnu les disparités de niveau de vie selon les régions, certaines restant encore très pauvres.  En ce qui concerne l’éducation, elle a précisé qu’elle est obligatoire et gratuite au Soudan.  La représentante a enfin plaidé en faveur de la solidarité internationale, soulignant l’importance pour les donateurs de respecter les engagements pris envers les pays sortant de conflit.


M. ELMAR D. LEDERGERBER (Suisse) a indiqué que sa délégation estimait que la Commission devait traiter en priorité des relations et des interactions entre la lutte contre la pauvreté et l’élimination de la pauvreté d’une part, et d’autre part, de l’intégration sociale, de l’emploi productif et du travail décent.  À l’instar des faits énoncés dans le rapport du Secrétaire général, il a estimé que la croissance économique était une condition nécessaire, mais pas suffisante pour réduire la pauvreté.  L’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale et la promotion de leur croissance durable constitue un but important de la coopération au développement de la Suisse, a-t-il dit.  Il a estimé que cette croissance devait générer de nouvelles opportunités d’emplois et de revenus, et que le but de la création d’emplois productifs et d’un travail décent devait figurer au centre des politiques macroéconomiques.  Il faut aussi améliorer l’accès des pauvres aux ressources productives, a-t-il ajouté.


M. Ledergerber a ensuite expliqué que la Suisse avait adopté, en 2010, une Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté qui met l’accent sur les enfants de familles touchées par la pauvreté, ainsi que sur la transition entre l’école et la formation et la formation et l’emploi.  Cette Stratégie prend également en compte la pauvreté des familles et cherche à prévenir le chômage de longue durée et à assurer l’autonomie et l’intégration des personnes âgées.


Mme MARY MORGAN MOSS (Panama) a constaté que la pauvreté est multidimensionnelle et influencée par de nombreux facteurs tels que la géographie, les limites dues à l’âge, ou encore le manque d’accès à la vie socioéconomique.  La pauvreté extrême marginalise l’être humain, a-t-elle déploré.  Elle a expliqué la politique sociale adoptée par le Gouvernement du Panama, qui cible les groupes prioritaires tels que les jeunes enfants et les populations autochtones.  Pour les enfants de moins de 6 ans, par exemple, le Gouvernement panaméen a fait de gros investissements sociaux et adopté une politique publique de prise en charge de la petite enfance, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi parlé du système de bourses universelles, qui bénéficie à tous les élèves des écoles publiques. Mme Morgan Moss a aussi mentionné la politique sociale mise en place par son pays en faveur des personnes âgées, des populations autochtones, des femmes et des familles.


M. VUSI MADONSELA (Afrique du Sud) a indiqué que la lutte contre la pauvreté était la pierre angulaire de la stratégie de développement du Gouvernement sud-africain.  Il a expliqué que le Programme d’action de l’Afrique du Sud en la matière était axé sur la promotion d’une croissance économique soutenue et l’amélioration de la coopération internationale.  Un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté a également été mis sur pied afin d’élargir les perspectives d’emploi et de fournir des filets de sécurité aux personnes les plus vulnérables, afin de minimiser l’impact de la crise économique, a-t-il fait savoir.  En matière de lutte contre le cycle générationnel de la pauvreté, M. Madonsela a indiqué que 10 millions d’enfants sud-africains issus de familles pauvres avaient accès à des programmes d’éveil, d’éducation de base, de santé et d’alimentation.  Les effets cumulatifs de ces programmes ont débouché sur la levée des frais de scolarisation des enfants issus de familles pauvres dans le cycle primaire, s’est-il félicité.


Le représentant a ensuite indiqué que son gouvernement avait adopté à la fin de l’année 2010 une nouvelle stratégie de développement économique, la « New Growth Path », qui met l’accent sur l’interaction entre les politiques économiques et sociales, ceci afin de répondre au problème de l’iniquité et du chômage qui lui a été légué par le régime de l’apartheid.  L’accès universel aux services sociaux de base, et la promotion du plein emploi sont sur la bonne voie, a-t-il assuré.


M. SIDNEY MHISHI (Zimbabwe) a signalé que le Zimbabwe avait eu de mauvaises performances en ce qui concerne les principaux indicateurs économiques, qui révèlent une pauvreté encore présente et qui a même augmenté au cours de ces dernières années.  Le Gouvernement zimbabwéen a donc mis en place une stratégie générale de lutte contre la pauvreté ainsi que des programmes spécifiques dans des domaines tels que la santé.  Nous investissons dans le capital humain, a-t-il ajouté, citant notamment les grandes améliorations apportées aux secteurs de la scolarisation et de l’alphabétisation des enfants.  Des efforts sont également faits en faveur des enfants handicapés, a-t-il dit.  En ce qui concerne le système de santé, il a indiqué que le traitement des femmes et des enfants était gratuit en zone rurale comme en zone urbaine.  Il a aussi parlé des efforts accomplis pour améliorer l’accès aux médicaments antirétroviraux.  Le Gouvernement agit aussi dans le secteur agricole en faveur de la redistribution des terres, a-t-il ajouté.  Le programme de travail décent pour tous est une autre priorité du Gouvernement du Zimbabwe, a indiqué M. Mhishi.


M. WIM BEL (Pays-Bas) a indiqué que son pays avait mis en œuvre une politique nationale de lutte contre la pauvreté assortie de mesures ciblant les politiques applicables au marché du travail et le système de sécurité sociale.  La politique néerlandaise se fonde sur la conviction qu’un emploi décent est un élément clef de la lutte contre la pauvreté extrême, a fait savoir le représentant, pour qui le plein emploi et l’emploi décent devraient bénéficier de la plus haute priorité lors des travaux de la Commission.  Il a ajouté que l’emploi des jeunes et la lutte contre le travail des enfants méritaient une attention particulière car, a-t-il expliqué, là où la pauvreté sévit, les enfants sont obligés de travailler et, de ce fait, ne peuvent recevoir une bonne éducation.  En matière d’emploi des jeunes, M. Bel a estimé qu’une attention particulière devait être accordée à l’éducation et à la formation ainsi qu’à la transition vers le marché du travail.  Le représentant s’est également attardé sur l’importance des seuils de protection sociale préconisés par l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Ces seuils doivent garantir un minimum de sécurité aux populations pauvres et vulnérables, en garantissant notamment l’accès à des services de base, sans pour autant imposer un modèle qui prétendrait imposer une politique ou une taille uniques, a-t-il estimé.


Mme AMNA ALI ALMUHAIRY (Émirats arabes unis) a estimé que l’élimination de la pauvreté doit être une réalisation collective et qu’elle concerne donc tous les pays.  C’est pourquoi les Émirats arabes unis (EAU) prennent une part active aux efforts de lutte contre la pauvreté à tous les niveaux, a-t-elle expliqué.  Dans notre pays, nous avons pu éliminer complètement la pauvreté et atteindre un revenu par habitant qui figure parmi les plus élevés au monde, a-t-elle affirmé.  Elle a mentionné la stratégie adoptée à cet égard, qui a été mise en œuvre par le biais de politiques économiques et sociales conformes aux recommandations du Sommet du Millénaire et à celles issues du Sommet de Copenhague.  Dans les politiques sociales des EAU, l’individu a fait l’objet d’une attention particulière, a précisé la représentante.  Le Gouvernement des Émirats assure l’éducation gratuite, des services de santé et une alimentation saine à tous les membres de la société.  « Nous garantissons aussi l’égalité des sexes et la promotion de la femme », a-t-elle souligné.  La représentante a en outre parlé de la loi sur la sécurité sociale, qui assure la protection des personnes âgées, avant de mentionner les dispositions favorables aux personnes handicapées.  La représentante a en outre fait valoir que les EAU font partie des grands donateurs internationaux en matière d’aide publique au développement, cette aide représente 1% de leur PNB et dépasse ainsi l’objectif fixé sur le plan international, qui est de 0,7% du PIB.


M. JOÃO ALBERTO DOURADO QUINTAES (Brésil) a indiqué que son pays avait réalisé d’importantes avancées en matière de lutte contre la pauvreté, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême au Brésil ayant chuté de 25% à 5% depuis 1990.  M. Quintaes a également fait état d’une réduction des disparités internes au niveau régional, d’une baisse substantielle des inégalités dues à des considérations raciales et d’une réduction de l’écart entre les milieux ruraux et les milieux urbains.  Le représentant a ensuite passé en revu le fonctionnement de « Bolsa Familia », un programme de subventions destinées aux familles pauvres créé en 2003 et qui a profité à presqu’un quart de la population du Brésil.  Le représentant a également expliqué que son pays avait haussé le niveau de son salaire minimum en l’ajustant à l’inflation annuelle et en y incorporant le taux de croissance du PNB brésilien.  Le pouvoir d’achat d’un récipiendaire du salaire minimum a augmenté de 60% depuis 2003, a-t-il précisé.  M. Quintaes a par ailleurs estimé que les programmes de protection sociale étaient des instruments efficaces de promotion de l’égalité et de l’inclusion sociale.


M. KAMEL CHIR (Algérie) a indiqué que le Gouvernement algérien a adopté une série de réformes visant à assurer la durabilité de son processus de développement, à préserver la cohésion sociale et à garantir la répartition équitable des bénéfices de la croissance au sein de la population.  Il a précisé notamment que deux plans quinquennaux de développement ont ainsi été mis en place, avec un investissement de 200 milliards de dollars.  Ces investissements ont favorisé la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales, a-t-il indiqué, précisant que le PIB par habitant de l’Algérie est passé de 1 801 dollars en 2000 à 5 021 dollars en 2008, soit une hausse de 11% par an, en moyenne.  Le représentant a ensuite expliqué que les dépenses sociales de l’État dans les secteurs de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle ont vu leurs montants budgétaires doubler tous les cinq ans.  Il a aussi mentionné les efforts accomplis sur le plan de la santé publique et dans le secteur de l’emploi, signalant notamment la forte baisse du taux de chômage.  M. Chir a également parlé du Plan national de développement agricole et rural, lancé en 2000.  En matière de protection sociale, il a mentionné plusieurs initiatives visant les personnes handicapées et les personnes âgées.


Mme PRICE, de la Compagnie des Filles de la Charité de St Vincent de Paul, a estimé que le problème de l’inégalité était de plus en plus souvent absent des débat sur la pauvreté.  Elle a indiqué que les femmes, notamment celles vivant en milieu rural, étaient vulnérables à une multitude de formes d’inégalités.  Elle a notamment évoqué certaines perceptions culturelles et pratiques traditionnelles, notamment l’absence d’identité juridique, de droit à la propriété ou à l’héritage, ou encore l’exclusion des femmes du processus de prise de décisions.  En milieu rural, en l’absence de droit à la propriété et à l’héritage foncier, l’indépendance et la sécurité économique des femmes sont très limitées, a relevé la représentante.  La garantie d’une citoyenneté pleine et équitable est une voie à suivre en matière d’élimination de la pauvreté, a-t-elle ajouté.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande l’octroi d’un statut consultatif spécial à 24 ONG, ainsi qu’un reclassement, et reporte les dossiers de 46 autres

ECOSOC/6463-ONG/717

Le Comité des ONG recommande l’octroi d’un statut consultatif spécial à 24 ONG, ainsi qu’un reclassement, et reporte les dossiers de 46 autres

09/02/2011
Conseil économique et socialECOSOC/6463
ONG/717
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LE COMITÉ DES ONG RECOMMANDE L’OCTROI D’UN STATUT CONSULTATIF SPÉCIAL À 24 ONG,

AINSI QU’UN RECLASSEMENT, ET REPORTE LES DOSSIERS DE 46 AUTRES


Il prend note du changement de nom de six ONG, retire 24 ONG de la liste des ONG

examinées et décide de tenir une session supplémentaire pour adoption du projet de rapport


Le Comité des organisations non gouvernementales (ONG) a conclu aujourd’hui la première partie de sa session ordinaire de 2011, réunie depuis le 31 janvier, en recommandant au Conseil économique et social (ECOSOC) l’octroi d’un statut consultatif spécial à 24 ONG et le reclassement de l’ONG International Union against Cancer (UICC) du statut de Liste au statut consultatif spécial.


Il a reporté l’examen des demandes de 46 autres dans l’attente des réponses aux questions posées par les délégations.  Par ailleurs, il a pris note du changement de nom de six ONG dotées d’un statut consultatif et retiré 24 autres de la liste des ONG examinées par le Comité.  Ces ONG, en dépit de trois rappels, n’avaient pas répondu aux questions posées. 


Le Comité a décidé de consacrer, à une date qui sera publiée dans le Journal des Nations Unies, une journée supplémentaire pour examiner et adopter le projet de rapport* sur les travaux de ces deux dernières semaines.


Dans ses remarques de clôture, M. Andrei Abramov, Chef de la Section des ONG, a déclaré que le Comité a accompli, au cours de cette première partie de session, des travaux importants en recommandant l’octroi d’un statut consultatif à 112 ONG contre 77 l’année dernière.  Il a également précisé que le Comité avait pris note de plus de 200 rapports quadriennaux et retiré de la Liste des demandes 24 ONG qui n’ont pas répondu aux questions du Comité, malgré trois rappels.


*     E/C.2/2011/L.2


EXAMEN DES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF DONT L’EXAMEN AVAIT ÉTÉ REPORTÉ


Le Comité a décidé de recommander à l’ECOSOC l’octroi d’un statut consultatif spécial aux 13 ONG suivantes: Framework Convention Alliance for Tobacco Control (Suisse); HYDROAID Water for development Institute (Italie); International Police Executive Symposium (États-Unis);International Solidarity and Human Rights Institute (États-Unis); Movement against Atrocities and Repression (Suisse); New York and New Jersey Asian American Law Enforcement Advisory Committee (États-Unis); Niall Mellon Township Trust(Irlande); Not for Sale Campaign (États-Unis); Pro-Life Campaign (Irlande);  Society for Industrial and Organizational Psychology (États-Unis); Soroptimist International of Europe (Suisse); UNIFEM nationell kommitté - Sverige (Suède); United Kingdom Association for the United Nations Development Fund for Women (Royaume-Uni).  


EXAMEN DES NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF


Entament l’examen des nouvelles demandes d’admission au statut consultatif, le Comité a recommandé l’octroi d’un statut consultatif aux 11 ONG suivantes: Agewell Foundation; Association pour le développement durable; Instituto para la Participation y el Desarrollo INPADE – Asociacion Civil; Univers de Solidarité et de développement; Women Watch Africa; Muhammadiyah Association; Rufaida Health Foundation (RHF); Social Initiative support Found; Terra-1530; OceanCare; United Help for International Children. 


DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF OU DE RECLASSEMENT DONT LE COMITÉ A DECIDÉ DE REPORTER L’EXAMEN LORS DE SESSIONS ANTÉRIEURES –– RÉPONSES REÇUES (E/C.2/2011/CRP.1 ET E/C.2/2011/CRP.3)


Le Comité des ONG a décidé, ce matin, de reporter une nouvelle fois l’examen de 30 demandes d’ONG dans l’attente de précisions demandées par les 19 États membres de ce Comité.  


Cet examen a débuté avec un débat contradictoire sur l’opportunité ou non de recommander un statut consultatif à l’organisation Defense Small Arms Advisory Council.  Si les représentants du Venezuela, du Pakistan et de Cuba se sont étonnés qu’une organisation qui se consacre aux armes légères et aux relations entre les entreprises d’armement et des entités gouvernementales puisse solliciter un tel statut, la représentante des États-Unis a rappelé que l’ECOSOC disposait de nombreux comités dont le mandat couvre des domaines d’action divers comme la prévention du crime ou la lutte contre la drogue.  Un représentant du Secrétariat a précisé que parmi les ONG dotées du statut consultatif figurent des ONG qui défendent aussi les intérêts des petites et moyennes entreprises ou entreprises commerciales


L’examen des demandes de Dharma Drum Mountain Buddhist Association; European Humanist Federation et deFoundation for GAIA a été reporté, à la demande dureprésentant de la Chine qui a souhaité des précisions sur les activités à Hong Kong et les activités menées en 2010 par la première et des informations budgétaires et administratives concernant les deux suivantes. 


Si l’examen de la demande de l’ONG chypriote Erevna International Peace Center Inc.(EIPC) a été reporté dans l’attente de renseignements sollicités par la délégation de la Turquie, celui de Freedom Now l’a été dans l’attente de précisions sollicitées par les représentants du Nicaragua, de la Chine, de Cuba et du Venezuela sur les activités, structure et objectifs de cette ONG, notamment sa participation au Conseil des droits de l’homme. 


Le Comité a également décidé de reporter l’examen dela demande de  Freemuse - The World Forum on Music and Censorship, à la requête des représentants de la Chine et du Soudan.  Tandis que le premier a demandé des informations sur les activités éducatives dans le domaine des droits de l’homme, le second a souhaité savoir si l’ONG menait des activités en Afrique. 


Le Comité a également reporté l’examen de la demande deGlobal AIDS Alliance à la requête du représentant du Pakistan qui s’est étonné que cette ONG soit une ONG « nationale », alors qu’elle prétend intervenir dans d’autres pays.  Ce dernier a également demandé si l’intervention de cette ONG dans le domaine de la santé génésique et sexuelle comprenait le droit à l’avortement. 


Par ailleurs, l’examen des demandes des organisations Global Family for Love and Peace; IOGT International; International Confederation of the Society of St. Vincent de Paul etGreat Tao Foundation of America a été reporté à la demande du représentant de la Chinequi a exhorté les trois premières à respecter la terminologie officielle de l’ONU en ce qui concerne la dénomination de provinces chinoises et sollicité des précisions sur les activités récentes de la dernière. 


Le Comité a reporté également l’examen de la demande deHuman Rights House Foundation afin de permettre à cette ONG de répondre aux questions qui lui ont été posées hier après-midi dans le cadre d’un échange avec les délégations.  Le Comité a également décidé de reporterl’examen de la demande de Institute of Noahide code - 7 Laws for 70 Nations, à la requête du représentant du Pakistan qui a demandé d’indiquer comment cette ONG compte contribuer aux travaux de l’ECOSOC.


Le Comité a également reportél’examen de la demande de l’ONG International Action Network on Small Arms, la représentante de la Chine ayant demandé des précisions sur les relations entre cette ONG avec « Amnesty international ».  Elle a également souhaité qu’elle respecte la terminologie officielle de l’ONU en ce qui concerne la dénomination de la province chinoise de Taiwan. 


En outre, le Comité a reporté l’examen de la demande de « International Campaign to Ban Landmines », dans l’attente de précisions sollicitées parla représentante de la Turquie sur les relations de cette ONG avec des acteurs non étatiques et d’éventuelles relations avec l’organisation européenne des droits de l’homme au Kurdistan. 


L’examen de la demande del’ONG International Council for Human Rights a aussi été reporté, dans l’attente de précisions administratives et budgétaires sollicitées par les représentants de la Chine et de l’Indeet d’informations demandées par le représentant du Soudan sur les activités menées par cette ONG dans son pays.  Le Comité a aussi reporté l’examen de la demande de High Atlas Foundation, dans l’attente de précisions budgétaires sollicitées par le représentant du Soudan


Le Comité a reporté l’examen de la demande de l’ONGInternational Dalit Solidarity Network dans l’attente de précisions sollicitées par le représentant de l’Inde.  Ce dernier a demandé si l’ONG considérait que les personnes appartenant à différentes castes appartiennent à différentes races.  Il a aussi demandé de préciser la position de l’ONG sur la nécessité de revoir les politiques d’immigration incompatibles avec les droits de l’homme. 


Il a de même reporté l’examen de la demande deInternational Federation of Liberal Youth dans l’attente d’informations demandées par les représentants de la Chine, du Venezuela et de Cuba et de l’ONGInternational Foundation for Electoral Systems, Inc. (IFES) dans l’attente de précisions sollicitées par les représentants du Nicaragua et de Cuba.


L’examen des demandes des ONG International Prison Chaplains’ Association et International Senior Lawyers Project a aussi été reporté,la représentante de la Chine ayant demandé de préciser les activités par lesquelles la premièreONG contribuait à réduire le taux de récidive des prisonniers libérés et la nature des activités de la seconde en Chine. 


L’examen de la demande de l’ONG International Reading Association a été reporté, à la requête du représentant de Cuba qui a souhaité obtenir la liste des membres de l’ONG à Cuba.  L’examen de la demande de l’ONG Kashmiri American Council a été reporté, à la demande du représentant de l’Inde qui a souhaité que l’on rappelle à cette ONG qu’elle n’avait toujours pas répondu aux questions posées l’année dernière. 


De même, l’examen des demandes de Kita Chosen Nanmin Kyuen Kikin et de Law Council of Australia a été reporté, la représentante de la Chine ayant estimé insuffisantes les réponses fournies par la première.  Elle a souhaité des précisions sur les relations de la seconde avec des associations chinoises.  


L’examen de la demande de l’ONG Mediators Beyond Borders a été reporté, comme le souhaitait la représentante du Venezuela qui a voulu savoir comment cette ONG a pu participer à des conférences de l’ONU sans être dotée d’un statut consultatif. 


Si la représentante de la Chine a souhaité des précisions sur les activités de l’ONG Mundo Sin Guerras basée en Espagne, l’observatrice de l’Espagne a espéré que le Comité pourra accorder un statut consultatif aussi vite que possible à cette ONG, compte tenu de la qualité de ses activités.  Le Comité a aussi reporté l’examen des demandes de Murder Victims’ Families for Human Rights, dans l’attente de précisions sollicitées par la représentante de la Chine sur la participation de cette ONG à la Commission des droits de l’homme par le passé. 


Poursuivant cet après-midi l’examen des demandes d’admission au statut consultatif reportées lors de sessions antérieures, le Comité a décidé de reporter l’examen de 16 demandes supplémentaires, dans l’attente de précisions sollicitées par les délégations. 


Le Comité a ainsi décidé de reporter l’examen de la demande de The Peacebuilders, comme le souhaitait la représentante de la Chine qui a voulu des précisions sur les liens de cette ONG avec le Dalaï Lama et l’utilisation des moyens obtenus auprès du Gouvernement du Japon. 


Il a également reporté l’examen de la demande de Redress Trust dans l’attente de précisions sollicitées par la représentante du Venezuelasur les buts et objectifs de cette ONG et sa participation à la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques. 


Le Comité a aussi reporté l’examen de l’ONG Scholars at Risk Network, la représentante de la Chine ayant demandé de préciser la nature des informations que cette ONG souhaite échanger avec les organismes de l’ONU.  Pour sa part, la représentante de Cuba a demandé comment cette ONG choisissait quels savants étaient menacés par des catastrophes naturelles. 


De même, il a décidé de reporter l’examen de la demande de l’ONG Sexuality Information and Education Council of the United States dans l’attente de précisions sollicitées par le représentant du Pakistan sur les documents de l’ONU sur lesquels cette ONG s’appuie dans ses travaux.  Il a également demandé à l’ONG si elle considérait l’avortement comme partie intégrante des droits à la santé génésique. 


Le Comité a aussi reporté l’examen de la demande de l’ONG Solicitors International Human Rights Group (Royaume-Uni) dans l’attente de précisions que souhaitait obtenir la représentante de la Chine sur la participation de cette ONG aux travaux du Conseil des droits de l’homme en 2009, sous l’égide de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).  De son côté, le représentant du Pakistan a demandé des détails sur les missions menées à l’étranger, notamment en Asie du Sud. 


La demande de l’ONG Soroptimist International of the Americas sera examinée ultérieurement, en attendant les précisions sollicitées par la représentante de la Chine sur la présence de cette ONG dans 19 pays et sur ses activités dans la province de Hong Kong.


À la demande de la représentante de la Chine, l’examen de la demande de Sri Swami Madhavananda World Peace Council (Autriche) sera reporté, dans l’attente de renseignements sur la participation de cette ONG au Sommet mondial de la paix en 2010.  Appuyant la demande de cette ONG, l’observatrice de l’Autriche a salué la contribution de cette ONG en matière de promotion du dialogue international dans le domaine de la paix, de la spiritualité, de la jeunesse et du développement durable, afin d’encourager notamment la tolérance entre les religions.  Elle s’est dite convaincue que les travaux de cette ONG pouvaient hautement contribuer aux travaux de l’ECOSOC.  Par ailleurs, le Comité a reporté l’examen de l’ONG Syrian Center for Media and Freedom of Expression dans l’attente de précisions sollicitées par les délégations de Cuba, Venezuela, Maroc, Inde et Pakistan.  La représentante de Cuba a demandé des précisions sur les liens de cette ONG avec « Arab Organization for Peace and Freedom ».  Celle du Venezuela a demandé, quant à elle, si cette ONG obtenait des financements de la part du Gouvernement syrien.  Intervenant à son tour, le représentant du Maroc a demandé si cette ONG était enregistrée en Syrie ou en France, ainsi que des précisions sur les activités que cette ONG menait au Maroc.  Le représentant de l’Inde a, pour sa part, demandé des informations sur les fonds obtenus ces trois dernières années ainsi que les liens de cette ONG avec « International Media Support ».  Compte tenu du caractère national de cette ONG qui est basée en France, est-ce que l’ONG a pour objectif de promouvoir les droits des médias en France? a demandé le représentant Pakistan.   


Intervenant à ce sujet, l’observatrice de la Syrie s’est étonnée que cette ONG était baptisée « Centre syrien » alors qu’elle est basée en France.  Elle a fait remarquer que la présence de cette ONG en Syrie était illégale et qu’il n’existait aucune relation entre cette ONG et le Gouvernement syrien.  Réagissant à cette intervention, le représentant du Soudan a demandé que cette ONG fournisse au Comité une copie des documents qu’elle indique avoir obtenus du Gouvernement syrien. 


Le Comité a reporté l’examen de la demande des ONG Thin and High; WITNESS et World Buddhist Supreme Tathagata Followers Peace Foundation, à la requête la représentante de la Chine qui a demandé des informations sur l’existence juridique de la première, exhorté la seconde à respecter la terminologie officielle de l’ONU concernant les provinces chinoises de Taiwan et du Tibet, et demandé des précisions sur les activités, autres que religieuses, de la troisième. 


Il a également reporté l’examen de la demande de l’ONG Widows for Peace Through Democracy, dans l’attente de précisions sollicitées par la Turquie, ainsi que celle de World Igbo Congress dans l’attente de précisions sollicitées par les représentants du Burundi et du Sénégal


L’examen de la demande de l’ONG Yale International Relations Association a été reporté dans l’attente de précisions sollicitées par la représentante du Burundi sur les projets concrets de cette ONG de nature à contribuer aux objectifs de l’ECOSOC.  L’examen de la demande de Yoga in Daily Life USA a été reporté, comme le souhaitait la représentante dans l’attente de précisions sur les relations de l’ONG avec d’autres ONG, dont « Yoga in Daily Life International ».  


Enfin, le Comité a décidé de reporter l’examen de l’ONG « E 8», dans l’attente de précisions sollicitées par les représentants de l’Inde et du Venezuela


DEMANDE DE RECLASSEMENT


Le Comité a décidé de recommander le reclassement de l’ONG de International Union against Cancer (UICC) de la Liste au Statut Consultatif spécial.


EXAMEN DES MÉTHODES DE TRAVAIL DU COMITÉ: APPLICATION DE LA RÉSOLUTION 1996/31 DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


En fin de journée, le Comité des ONG a examiné le point à son ordre du jour intitulé « Examen des méthodes de travail du Comité: application de la résolution 1996/31 du Conseil économique et social », en portant son attention sur la question des ONG qui ont changé de nom en prenant note du changement de nom de six ONG.


Le Comité a décidé de prendre note de six demandes de changement de nom  présentées par des ONG dotées d’un statut consultatif.  Il s’agit de « United States Trademark Association » qui devient International Trademark Association; « Soap and Detergent Association » qui devient American Cleaning Institute; «  Hariri Foundation » qui devient Hariri Foundation for Sustainable Human development; « Friends of the Earth » qui devient Friends of the Earth International; « Korea Freedom League » qui devient Korea Freedom International; et « Izza Peace Foundation » qui devient International Peace and Development. 


Le représentant de la Fédération de Russie a souhaité que toute décision visant à remplacer le nom de « Feminist Club », qui est doté du statut consultatif spécial depuis 2006 par celui de Caucasian Feminist Initiative soit reportée à une session ultérieure.


Le Président du Comité, M. AYDAN KARAMANOGLU (Turquie), a ensuite donné lecture d’une liste de 24 ONG qui n’ont pas répondu aux questions malgré trois rappels, proposant que leurs demandes soient retirées de la liste des ONG à l’examen. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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