Conseil de sécurité: débat public sur la situation au Moyen-Orient
(Le compte rendu de la réunion sera disponible ultérieurement.)
Le Conseil de sécurité tient, aujourd’hui, un débat public sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.
La séance sera marquée par l’intervention du Secrétaire général, M. António Guterres, et présidée par le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Noël Barrot.
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La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne
Exposé
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que le Moyen-Orient se trouve à un moment charnière de son histoire et que toute paix vraiment durable dans la région dépend d’une solution à deux États, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États. Reste que cette promesse court aujourd’hui le risque de « s’effilocher au point de disparaître » et que l’engagement politique en faveur de cet objectif de longue date n’a jamais été aussi ténu, a-t-il déploré, observant que, depuis les effroyables attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, la situation s’est aggravée sur tous les fronts.
Elle s’aggrave dans la bande de Gaza, où les habitants sont la cible d’attaques à répétition et sont confinés dans des espaces de plus en plus réduits et privés d’une aide vitale. De même en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, où les opérations militaires israéliennes, les déplacements forcés, les démolitions, les restrictions de circulation et l’expansion des colonies transforment radicalement les réalités démographiques et géographiques. Et alors que la violence exercée par les colons se poursuit dans un climat d’impunité, parfois avec la complicité de soldats israéliens, les attaques menées par des Palestiniens contre des Israéliens en Israël et en Cisjordanie occupée se poursuivent également, a ajouté le Chef de l’ONU, pour qui, face à cette situation, les dirigeants politiques ont le choix: « se taire, acquiescer ou agir ».
Rappelant que la lueur d’espoir suscitée par le cessez-le-feu à Gaza s’est éteinte le 18 mars avec la reprise des frappes et des opérations militaires israéliennes, qui ont fait près de 2 000 morts parmi les Palestiniens de l’enclave, il a également noté que le Hamas continue de tirer des roquettes sur Israël sans discernement, tandis que les otages sont toujours détenus dans des conditions épouvantables. Dans ce contexte, la situation humanitaire, déjà mauvaise, « n’a fait qu’empirer et dépasse aujourd’hui l’entendement ».
Depuis près de deux mois, Israël bloque les livraisons de nourriture, de carburant, de médicaments et de marchandises, privant ainsi plus de 2 millions de personnes d’une aide vitale, a dénoncé M. Guterres. Se disant alarmé par les déclarations de représentants d’Israël sur l’utilisation de l’aide humanitaire comme moyen de pression militaire, il a réaffirmé que cette aide « n’est pas négociable » et qu’Israël est tenu d’en faciliter l’acheminement. De même, la sécurité du personnel des Nations Unies et des partenaires humanitaires doit être garantie et les entités de l’ONU, à commencer par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), doivent pouvoir travailler dans le plein respect des principes humanitaires.
Ces points, a-t-il précisé, sont repris dans la déclaration orale faite hier devant la Cour internationale de Justice (CIJ) par la Conseillère juridique de l’ONU au nom du Secrétaire général, dans le cadre de la procédure consultative engagée devant cette juridiction sur les obligations d’Israël, Puissance occupante et Membre de l’ONU, en ce qui concerne la présence et les activités des entités des Nations Unies dans le Territoire palestinien occupé et en lien avec celui-ci. M. Guterres a insisté sur l’obligation faite en droit international de respecter les privilèges et immunités des Nations Unies et de leur personnel, ainsi que l’immunité de juridiction des Nations Unies, laquelle « s’applique à toutes les entités des Nations Unies dans le Territoire palestinien occupé, y compris l’UNRWA, organe subsidiaire de l’Assemblée générale ».
Pour le Chef de l’ONU, les États Membres doivent énoncer clairement comment ils concrétiseront l’engagement qu’ils ont pris et la promesse qu’ils ont faite quant à la solution des deux États. « Le temps presse », a-t-il déclaré, appelant à ne pas « laisser les extrémistes de tout bord saper ce qu’il reste du processus de paix ». À cet égard, la conférence de haut niveau qui se tiendra en juin, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, est à ses yeux une « véritable occasion de revitaliser le soutien international ». Encourageant les États Membres à traduire les paroles en actes et à réfléchir de manière créative aux mesures concrètes qu’ils prendront pour soutenir une solution viable à deux États « avant qu’il ne soit trop tard », il a aussi estimé que l’Autorité palestinienne a besoin d’un soutien accru et durable, tant sur le plan politique que financièrement parlant, notamment pour exercer de nouveau toutes ses responsabilités dans la bande de Gaza.
À ce moment charnière de l’histoire pour les peuples du Moyen-Orient et vis-à-vis de cette question dont dépendent tant de choses, les dirigeants doivent concrétiser leur promesse, a-t-il conclu, demandant à ces derniers de faire preuve de courage et de volonté politiques « pour les Palestiniens, les Israéliens, la région et l’humanité tout entière ».