En cours au Siège de l'ONU

Réunion de haut niveau à l’Assemblée générale pour célébrer les 20 ans du Programme d’action mondial pour la jeunesse et appeler à poursuivre les efforts

Soixante-neuvième session, Manifestation de haut niveau,
matin & après-midi
AG/11648

Réunion de haut niveau à l’Assemblée générale pour célébrer les 20 ans du Programme d’action mondial pour la jeunesse et appeler à poursuivre les efforts

Une « manifestation de haut niveau » s’est tenue aujourd’hui à l’Assemblée générale pour marquer les 20 ans d’application du Programme d’action mondial pour la jeunesse adopté par les États Membres de l’ONU en 1995.  Cet évènement, qui a réuni de nombreux ministres et jeunes délégués en séance plénière et dans le cadre de tables rondes interactives, a été l’occasion de faire le bilan des actions menées en faveur des jeunes depuis 20 ans et d’envisager le rôle que ce programme devrait jouer pour l’avenir.

« Cet anniversaire arrive à point nommé », a remarqué le Secrétaire général de l’ONU, en notant que l’année 2015 offrait l’occasion d’ouvrir la voie vers un avenir plus durable et plus équitable.  M. Ban Ki-moon a en effet rappelé que la communauté internationale pourrait, en adoptant en septembre 2015 une nouvelle série d’objectifs de développement durable, « changer le cours de l’histoire ».  Le programme de développement durable, qui régira les actions de la communauté internationale dans ce domaine dans les 15 prochaines années, devra mettre les jeunes au cœur de ses préoccupations, a estimé le Secrétaire général.

Le Secrétaire général a aussi déploré la violence et la discrimination qui touchent les filles et les jeunes femmes, les 14 millions de jeunes déplacés pour cause de conflits et de catastrophes naturelles, et les 3 000 nouveaux cas quotidiens d’infection par le virus du sida chez les jeunes, affirmant qu’il était temps de mettre un terme à ces souffrances.

Étant donné que vous constituez la génération de jeunes la plus nombreuse de l’histoire de l’humanité, soit 1,2 milliard de personnes, « vous avez en main les rênes du changement », a lancé M. Ban aux jeunes rassemblés dans la salle de l’Assemblée générale.  « Vous êtes la première génération qui a la possibilité de mettre fin à la pauvreté et la dernière à pouvoir agir pour éviter les pires effets des changements climatiques », leur a-t-il dit.

Depuis l’adoption du Programme d’action mondial pour la jeunesse, 127 pays ont mis en place des politiques nationales de la jeunesse, s’est pour sa part félicité le Représentant permanent du Portugal qui présidait la séance au nom du Président de l’Assemblée générale.  Il a aussi salué le premier Forum mondial sur les politiques de jeunesse qui s’est déroulé en octobre dernier à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan.

Les ministres présents ont souligné la nécessité d’adopter des stratégies et des politiques en faveur de la jeunesse, en énumérant les actions entreprises par leurs gouvernements dans ce domaine.  Dans certains cas, des organismes publics ont été créés pour centraliser les efforts, comme le Conseil national de haut niveau pour la jeunesse en Bulgarie.  Pour sa part, le représentant de la France a estimé nécessaire la prise de mesures transversales en faveur des jeunes, comme le comité interministériel de la jeunesse créé dans son pays.

D’autres intervenants, comme le Ministre de la jeunesse, des sports et des affaires religieuses de la Grenade, ont insisté sur la nécessité de renforcer les associations de jeunes en faisant valoir que ces derniers avaient besoin de structures organisées pour se développer.  Un Conseil de la jeunesse a ainsi été créé à Madagascar en 2006 pour regrouper toutes les associations de jeunes du pays, a indiqué à ce sujet le représentant de ce pays, alors que son homologue de l’Azerbaïdjan a déclaré qu’un premier Forum mondial sur les politiques de jeunesse s’était déroulé en octobre dernier à Bakou, capitale du pays.

De leur côté, « les jeunes sont décidés à changer leur quotidien et à améliorer leur existence », car ils ont le « potentiel pour transformer les aspects sociaux et économiques de leurs communautés », a remarqué l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi.

Les intervenants se sont félicités de la campagne que le bureau de M. Alhendawi a lancée sur les médias sociaux, intitulée #YouthNow, qui constitue une plateforme de discussion sur les questions relatives à la jeunesse.  Quatre mois après son lancement, la campagne a déjà suscité 500 millions de commentaires.

D’autres orateurs ont aussi souligné l’importance du sport dans la vie des jeunes, comme la Ministre de la jeunesse et des sports de la Roumanie qui a annoncé l’organisation de 1 500 manifestations sportives consacrées à la jeunesse cette année à Cluj-Napoca, capitale européenne de la jeunesse 2015.

Ces exemples montrent que les jeunes à travers le monde sont disposés à s’impliquer pour leur avenir, ont affirmé une majorité de délégations, appelant la communauté internationale à faciliter l’accès des jeunes à l’éducation et aux connaissances, leur permettant ainsi de s’épanouir sur le plan personnel et professionnel.

À ce propos, les ministres se sont montrés particulièrement préoccupés par le nombre important de jeunes sans emploi, environ 73 millions dans le monde, soit un chiffre trois fois supérieur à celui des adultes.

Pour sa part, Mme Vivian Onano, qui est intervenue à l’ouverture de cette journée en tant que membre du Groupe consultatif mondial de la société civile d’ONU-Femmes, a rappelé que 58 millions d’enfants ne sont pas scolarisés dans le monde, dont une grande majorité de filles.  Elle a aussi déploré que 123 millions de jeunes, âgés de 15 à 24 ans, ne savent ni lire ni écrire, dont 61% sont des jeunes femmes et filles.

L’éducation est aujourd’hui la cible de groupes terroristes, a-t-elle déploré, rappelant plusieurs cas d’enfants enlevés ou tués pour avoir voulu suivre leur scolarisation.  « L’accès à une éducation sûre et de qualité ne devrait pas constituer une question de vie ou de mort », a-t-elle affirmé.

Le matin, la cérémonie d’ouverture s’est terminée sur un spectacle de poésie et de musique offert par des jeunes artistes.

Cette réunion sera suivie et complétée par une autre « manifestation de haut niveau » de l’Assemblée générale, lundi 1er juin, qui portera sur le dividende démographique et sur l’emploi des jeunes.

MANIFESTATION DE HAUT NIVEAU POUR LE PROGRAMME D’ACTION MONDIAL POUR LA JEUNESSE

Déclarations

M. ALVARO JOSÉ DE MENDONÇA E MOURA (Portugal)  s’exprimant au nom du Président de l’Assemblée générale de l’ONU, a salué le fait que depuis l’adoption du Programme d’action mondial pour la jeunesse il y a 20 ans, un nombre croissant de gouvernements avaient lancé des politiques en faveur de l’épanouissement des jeunes, soulignant que, selon des chiffres de l’année dernière, 127 pays avaient mis en place des politiques nationales de la jeunesse.  Il a néanmoins déploré le fait que de nombreux jeunes se heurtaient encore à une multitude d’obstacles, relevant ainsi que le nombre de jeunes sans emploi était trois fois supérieur à celui des adultes.  Il a aussi affirmé qu’en dépit de l’amélioration de l’accès à l’éducation primaire, de nombreux jeunes manquaient toujours des capacités de base nécessaires pour trouver un emploi et déploré le fait que l’accès à l’éducation soit toujours pavé de nombreux obstacles pour les jeunes filles.

M. Moura a par ailleurs fait observer que de plus en plus de jeunes s’exprimaient sur des questions les concernant, rappelant que le premier Forum mondial sur les politiques de jeunesse, qui a eu lieu à Bakou, en Azerbaïdjan en octobre dernier, a constitué une occasion idoine pour les jeunes d’avoir des échanges sur leur situation.  Il a par ailleurs noté que la campagne, lancée à travers les médias sociaux par le bureau de l’Envoyé du Secrétaire général sur la Jeunesse, et intitulée #YouthNow, constitue aussi une plateforme d’échanges sur les questions de jeunesse et s’est félicité du fait qu’à peine quatre mois après son lancement, la campagne avait déjà mobilisé 500 millions de commentaires sur Internet.  Il a par ailleurs relevé qu’avec 1,2 milliard de personnes, les jeunes représentaient la proportion la plus importante de la population mondiale, affirmant qu’il restait encore beaucoup à faire pour résoudre leurs problèmes en matière d’emploi, d’éducation, de participation et d’égalité des genres.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité de la célébration, aujourd’hui, des 20 ans du Programme d’action mondial pour la jeunesse en présence de nombreux jeunes et responsables gouvernementaux chargés de questions de la jeunesse.  Cet anniversaire arrive à point nommé, a-t-il souligné, en notant que l’année 2015 offrait la possibilité d’adopter une nouvelle série d’objectifs de développement durable et changer le cours de l’histoire.

Après avoir souligné que la population mondiale d’aujourd’hui comptait la plus forte proportion de jeunes dans l’histoire de l’humanité, le Secrétaire général a souligné devant l’audience de jeunes rassemblés dans la salle de l’Assemblée générale qu’ils formaient la première génération qui a la possibilité de mettre fin à la pauvreté, et la dernière à pouvoir agir pour éviter les pires effets des changements climatiques.  Votre voix et vos actions sont essentiels, a-t-il lancé.

M. Ban a rappelé que les jeunes du monde entier avaient été frappés de manière disproportionnée par les crises économiques et la récession, évoquant les 73 millions de jeunes chômeurs dans le monde et le fait que les jeunes risquaient trois fois plus que les adultes de se retrouver sans emploi.  Il a aussi évoqué la violence et la discrimination qui touchent les filles et les jeunes femmes, ainsi que des 14 millions de jeunes déplacés en raison des conflits et des catastrophes naturelles.  En outre, a-t-il précisé, 3 000 jeunes sont infectés tous les jours par le virus du sida.

Le Secrétaire général a estimé qu’il restait encore beaucoup à faire pour offrir aux jeunes les possibilités et les moyens nécessaires à leur épanouissement, a prévenu le Secrétaire général.  Il a évoqué l’importance du Plan d’action mondial pour la jeunesse, qui vise à placer les jeunes au cœur des plans de développement nationaux, ce qui implique leur participation à l’élaboration de ceux-ci.  Les politiques en faveur de la jeunesse doivent être inclusives, participatives, responsables en matière de genre, complètes, fondées sur les connaissances, éclairées par des preuves, intégralement financées et responsables, a affirmé M. Ban.

Le Secrétaire général a aussi invité les jeunes à travailler de concert pour établir un avenir durable pour tous, fondé sur la dignité et le respect de tous les peuples.  Il a exhorté les gouvernements à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Programme d’action mondial pour la jeunesse dans le cadre du nouveau programme de développement pour l’après-2015, les encourageant à inclure des jeunes dans les délégations qui se réuniront pour le Sommet de septembre.  Aux jeunes du monde entier, il a demandé de prendre les devants et d’agir avec courage.  Nos efforts communs seront cruciaux pour garantir le succès de la nouvelle génération d’objectifs de développement durable et offrir à tous la chance de vivre dans la dignité, a dit en conclusion le Secrétaire général.

M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, a déclaré que le Programme d’action mondial pour la jeunesse faisait des besoins et droits des jeunes une priorité grâce aux 15 objectifs et domaines d’action qui se renforcent mutuellement.  Il a aussi indiqué que le Programme d’action était le document de base duquel découlent les politiques nationales de la jeunesse.  Il a salué le fait que le nombre de pays ayant mis en place une politique nationale, des législations ou encore des programmes sur la jeunesse augmentait constamment et s’est également félicité des progrès d’autonomisation des jeunes dans le monde, tout en soulignant les nombreux défis auxquels ceux-ci se heurtaient.

L’Envoyé pour la jeunesse a révélé que les préoccupations des jeunes pour leur avenir sont véritablement similaires partout dans le monde.  Il a cité en exemple des voyages qu’il a effectués à Gaza, en République dominicaine, au Kenya et en Somalie, ou à Genève, affirmant que les jeunes qu’il a rencontrés à cette occasion étaient décidés à changer leur quotidien et à améliorer leur existence.  « Ils ont le potentiel pour transformer les aspects sociaux et économiques de leurs communautés », a-t-il dit, invitant les gouvernements et le secteur privé à considérer comme prioritaire la création d’emplois en faveur des jeunes, et d’encourager les jeunes entrepreneurs qui œuvrent dans l’innovation.

M. Alhendawi a par ailleurs rappelé qu’en septembre prochain, les chefs d’États et de gouvernement des États Membres des Nations Unies adopteront le programme de développement qui sera en vigueur pour les 15 prochaines années.  Il a ainsi souhaité que la volonté politique soit manifestée, afin de faire que la jeunesse soit une priorité dans chaque pays.  Il a en outre souligné que la campagne intitulée « #YouthNow », qui vise à mobiliser les jeunes du monde entier sur les questions de développement à travers les médias sociaux, n’est pas seulement un slogan, mais un appel à l’action immédiate.

Mme VIVIAN ONANO, Oratrice principale et membre du Groupe consultatif mondial de la société civile d’ONU-Femmes, a déclaré que c’est grâce à l’éducation qu’elle a reçue qu’elle peut aujourd’hui bénéficier de cette exposition internationale.  Elle a en revanche regretté que 58 millions d’enfants ne vont pas à l’école à travers le monde, dont une grande majorité de filles.  Sans possibilité d’aller à l’école, a-t-elle noté, les jeunes ne peuvent développer leurs capacités et s’informer des sujets touchant directement leur vie.  Elle a aussi déploré le fait que 123 millions de jeunes, âgés de 15 à 24 ans ne savent ni lire ni écrire, dont 61% sont des jeunes femmes et filles.  Elle a en outre souligné que l’éducation est aujourd’hui la cible de groupes terroristes, rappelant à ce propos l’histoire des « filles de Chibok » enlevées dans le nord du Nigéria, tout comme les 142 enfants tués dans leur école de Peshawar au Pakistan, ou encore le massacre de 147 étudiants dans une université de l’est du Kenya.  « L’accès à une éducation sûre et de qualité ne devrait pas constitué une question de vie ou de mort », a-t-elle regretté.

Mme Onano a ensuite relevé que sans accès à l’éducation, il n’est pas possible de réaliser l’égalité des genres, ajoutant que cette égalité allait au-delà du principe mathématique de « 50-50 », pour signifier le respect des droits fondamentaux des femmes.  Elles doivent se voir offrir la possibilité de participer pleinement au développement socioéconomique et politique de leur pays, a-t-elle dit.  Pour ce faire, il faudrait à son avis gérer les questions du mariage précoce, du trafic des êtres humains et de l’esclavage sexuel, ou encore des défis tels que l’accès à l’eau potable et aux sanitaires, les mutilations génitales féminines, l’autonomisation économique des femmes et les violences qui les ciblent. 

L’oratrice principale a invité les hommes à s’engager en faveur de l’égalité des genres, expliquant qu’en défendant les droits des femmes, les hommes préservent en fait leur dignité.  Elle les a notamment invités à soutenir la campagne d’ONU-Femmes en faveur des droits des femmes, une campagne intitulée « HeforShe », qui a inspiré le jeune Max Bryant du New Jersey, aux États-Unis, à collecter des fonds pour la scolarisation de 18 filles. 

Elle a également estimé qu’il ne serait pas possible de réaliser le développement durable tant que l’égalité des genres n’aura pas été réalisée.  Elle a en outre indiqué que l’Afrique comptait 200 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans, précisant que ces jeunes n’étaient pas simplement des statistiques, mais des personnes vivant dans l’espoir de réussir, en dépit du chômage ambiant.  Elle a souhaité que des emplois soient créés en faveur des jeunes, soulignant que ceux-ci sont aujourd’hui très imaginatifs et pleins de ressources, mais privés du soutien nécessaire en matière de capital, de modèle, de mécénat et de connaissances sur le financement.  Elle a invité le secteur privé à jouer un rôle majeur pour trouver des solutions à la crise de l’emploi des jeunes et appelé les États Membres à adopter une résolution « à l’unanimité », afin de rendre obligatoire la présence d’au moins un jeune dans chaque délégation nationale participant au débat général de l’Assemblée au mois de septembre.  Elle a aussi souhaité que les jeunes soient impliqués à tous les niveaux d’élaboration et de mise en œuvre du futur programme de développement.  « Rien ne doit se faire pour les jeunes sans leur participation », a-t-elle lancé à l’endroit des États Membres.

Le représentant de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a déploré que le potentiel des jeunes en matière de participation ne se soit pas encore pleinement exprimé.  Il a aussi regretté le fort taux de chômage des jeunes à travers le monde, déplorant aussi que tous les jeunes n’ont pas la possibilité de bénéficier des avantages de l’éducation.  Il a estimé que les problèmes des jeunes devaient être abordés selon une approche coordonnée, soulignant que la responsabilité première de la prise en charge des questions de jeunesse incombait en premier lieu aux États Membres.  Il a souhaité également que les jeunes puissent bénéficier des soins de santé adéquats, notamment dans le cadre de la lutte contre la pandémie du VIH/sida.  Le représentant a en outre appelé à une meilleure protection des jeunes contre la criminalité, y compris la criminalité liée aux stupéfiants et condamné l’utilisation des jeunes dans des conflits armés.  En ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, il a indiqué que le G77 souhaitait qu’il prenne en compte les préoccupations des jeunes et qu’il les associe à cet effet au processus d’élaboration.

Le représentant du Nigéria, parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que ce continent était le plus jeune du monde.  Les jeunes en Afrique peuvent constituer un moteur pour le développement, la paix et la stabilité de la région, a-t-il souligné, indiquant que l’Union africaine avait adopté en 2004 la Déclaration de Ouagadougou et son Plan d’action sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique, qui prévoit la création d’emploi, un travail décent et une rémunération appropriée.  L’Union africaine a en outre adopté en 2006 une Charte des jeunes qui met l’accent sur les conditions nécessaires à une vie digne, a-t-il précisé, et un objectif de réduction du chômage a également été fixé en 2011.  Le représentant a aussi évoqué le deuxième plan d’action pour l’éducation adopté pour l’Afrique et indiqué que l’UA s’était également dotée d’autres outils pour promouvoir la jeunesse africaine. 

Le représentant a prôné l’égalité des sexes dans l’éducation, l’emploi et les services essentiels, affirmant qu’il fallait aussi donner aux jeunes un accès aux soins de santé de qualité au moyen d’une couverture universelle à un coût abordable.  Il s’est par ailleurs félicité de la mise en place d’un partenariat mondial de la jeunesse dans le cadre du futur programme de développement pour l’après-2015.

M. SALAM SABAH ALSALEM H. AL SABAH, Ministre de l’information et Ministre d’État pour la jeunesse du Koweït, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a salué les progrès accomplis en faveur des jeunes dans le monde arabe mais les a jugés insuffisants en termes de justice sociale.  Il a rappelé que cette population connaît un des taux de croissance démographique les plus élevés du monde: plus de 50% de la population arabe est âgée de moins de 25 ans, a-t-il indiqué, alors que le taux de chômage dans cette tranche démographique reste élevé à 27%.  Les tensions, les conflits internes et l’instabilité économique ont des conséquences importantes sur les jeunes de plusieurs pays, a-t-il aussi souligné, notamment pour ce qui concerne les déplacements de population.  Notant l’importance des politiques nationales en faveur des jeunes, le représentant a annoncé que son pays verserait 1,5 million de dollars pour appuyer les activités de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse.

M. ISMANTO ADNA, Ministre des sports et de la jeunesse du Suriname, s’exprimant au nom des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a évoqué le Plan d’action 2012-2017 des Caraïbes pour le développement de la jeunesse, qui vise notamment à faciliter l’accès à l’éducation et à la participation des jeunes à la vie politique.  Il a aussi évoqué un projet qui encourage l’esprit d’entreprise des jeunes de 15 à 29 ans, qui a été lancé dans une dizaine d’États.  Les domaines d’action en faveur des jeunes dans la région concernent notamment la santé sexuelle précoce, les abus sexuels et physiques, l’abandon scolaire, le crime et l’abus de drogues, a précisé le représentant, exprimant également sa préoccupation face aux taux d’obésité croissants, qui touche un quart, voire un tiers des jeunes, et qui a des effets négatifs sur leur éducation, leur santé physique et mentale, ainsi que sur leur future recherche d’emploi.  Le représentant s’est ensuite félicité du premier échange de haut niveau qui a eu lieu entre l’UNASUR et la CARICOM et qui a permis de s’entretenir notamment des défis relatifs au leadership des jeunes. 

Le représentant de l’Union européenne a prévenu que si rien n’était fait pour améliorer le sort des jeunes dans le monde, cette génération de jeunes risquait d’être une génération perdue.  Il a souligné que l’Union européenne avait lancé de nombreux programmes pour favoriser l’épanouissement des jeunes et affirmé que le programme de développement pour l’après-2015 devait tenir compte des préoccupations de la jeunesse, afin de ne pas créer des laissés-pour-compte.

Mme GABRIELA SAZBO, Ministre de la jeunesse et des sports de la Roumanie, a jugé indispensable d’accorder une attention spéciale aux jeunes particulièrement vulnérables, comme les jeunes handicapés ou les jeunes issus de l’immigration.  Elle a fait part de l’attention accordée par les autorités de son pays aux investissements dans des programmes visant à favoriser l’emploi des jeunes, donnant pour exemple l’investissement dans des infrastructures scolaires et le financement de bourses.  Elle a appelé à prendre conscience de l’importance du sport pour aider les jeunes à se forger une personnalité et à devenir autonomes, affirmant que le sport constituait le plus important catalyseur de changement social dans le monde par sa capacité à unir les jeunes, en dépit de leurs différences culturelles, religieuses, ethniques et sociales.  Elle a précisé que 1 500 manifestations sportives consacrées au fléau du chômage, qui touche particulièrement les jeunes, qu’ils soient urbains ou ruraux, hommes ou femmes, se tiendraient tous les ans dans la ville de Cluj-Napoca, capitale européenne de la jeunesse 2015. 

M. MAME MBAYE NIANGA, Ministre de la jeunesse et de l’emploi du Sénégal, a jugé insuffisant les progrès accomplis pour atteindre les 15 priorités de l’agenda commun pour les jeunes, notamment dans les domaines de l’éducation, l’emploi et la santé.  Se plaignant du nombre de jeunes sans emploi dans son pays, il s’est aussi inquiété des conséquences néfastes de la délinquance juvénile, des conflits armés et du VIH/sida sur cette frange de la population.  Il a également jugé important de s’accorder sur des objectifs de réduction du chômage de ces jeunes, en renforçant leur participation au processus de négociation et de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Le Sénégal vise en priorité l’amélioration des capacités agricoles, des infrastructures, de la résistance face aux changements climatiques et l’autonomisation des jeunes et des femmes, a-t-il précisé, affirmant que l’emploi avait reçu une place de choix dans le plan de développement économique et social de son pays.

M. JEAN ANICET ANDRIAMOSARISOA (Madagascar) a énuméré plusieurs réalisations pour la promotion et la protection de la jeunesse dans son pays depuis 20 ans et pour l’adoption du Programme d’action mondial pour la jeunesse.  Il a expliqué que la politique nationale de la jeunesse adoptée en 2004 était en cours d’actualisation sur la base des recommandations obtenues auprès des jeunes lors d’un symposium tenu en 2014.  Il a indiqué que le conseil de la jeunesse créé par décret en 2006 regroupait toutes les associations de jeunes du pays et cité des programmes de santé destinés aux jeunes qui mettent l’accent sur les menaces liées au VIH/sida.  Il a indiqué que tous les jeunes de 15 à 24 ans recevaient chaque année une formation sur les techniques de communication fondée sur la santé de la reproduction.  Il a également précisé qu’un programme national de protection de la jeunesse était en gestation, avant de citer la mise en place de structures d’accompagnement en matière d’insertion socioéconomique. 

Mme COUMBA BA, Ministre de la jeunesse et des sports de la Mauritanie, a déclaré que son pays a adopté une stratégie nationale de la jeunesse et des sports pour la période 2015-2020.  Elle a indiqué que son pays avait mobilisé pas moins de 2 500 jeunes, et 100 000 autres virtuellement par le biais de l’Internet, pour qu’ils s’expriment sur les questions qui les concernent.  La Ministre a énuméré un certain nombre d’actions prioritaires que son gouvernement entendait mener en faveur des jeunes, assurant que la Mauritanie a décidé d’engager la participation des jeunes dans la résolution de leurs problèmes, notamment en les accompagnant dans le monde professionnel.

M. SALIFOU DEMBELE, Ministre de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi du Burkina Faso, a indiqué que le Gouvernement de transition avait décidé d’accorder une place de choix à la jeunesse, notamment pour améliorer leur taux d’emploi et renforcer l’éducation, la citoyenneté et les droits de l’homme.  Il a appelé les États Membres de l’ONU à prendre l’engagement solennel de consacrer les droits fondamentaux de l’homme, pas seulement sur le papier, mais par des mesures concrètes et des budgets adéquats.  Il a aussi recommandé de renforcer les capacités des mouvements de jeunes, soulignant que ce sont des partenaires privilégiés des gouvernements.  Le Burkina Faso organise à cet effet des « assises nationales de la jeunesse » qui se tiendront en juin prochain, a-t-il indiqué, en mettant l’accent sur l’importance accordée à l’auto-emploi des jeunes, qu’ils soient des zones rurales comme urbaines, qu’ils soient diplômés ou non.  Il a aussi prévenu des dangers que font peser sur la jeunesse les menaces terroristes dans la région, s’inquiétant notamment des déplacements de jeunes que cela entraîne.

M. VANJA UDOVICIC, Ministre de la Jeunesse et des sports de la Serbie, a indiqué que plus de 130 municipalités de la Serbie avaient des sections chargées des questions de jeunesse.  Il a déploré le fait que près de la moitié des jeunes serbes étaient au chômage, ce qui les incite souvent à quitter le pays.  Il a indiqué avoir engagé un dialogue avec les jeunes pour que des mesures efficaces soient prises en leur faveur, rappelant que les actions semblables prises dans le passé n’avaient pas toujours répondu aux attentes des jeunes.

M. MUSTAPHA AHMED, Ministre de la jeunesse et des sports du Ghana, a déclaré que son gouvernement avait mis en place une agence pour l’emploi des jeunes et créé un fond de soutien aux jeunes entrepreneurs.  Il a aussi souligné que le Gouvernement entendait encourager l’emploi des jeunes dans les domaines des nouvelles technologies et dans l’agriculture, énumérant plusieurs initiatives de jeunes ghanéens dans les domaines de l’informatique.   

Mme EVELYN ANITE, Ministre d’État du genre, du travail et du développement social chargée des affaires de la jeunesse de l’Ouganda, a souhaité que tous les jeunes puissent participer efficacement au développement économique de leurs sociétés.  Le taux de chômage des jeunes est de 53,4% dans mon pays, a-t-elle regretté, notant le manque de compétences des jeunes en raison, notamment, des carences du système éducatif.  Ce chômage oblige à prendre des directives nationales et internationales, a-t-elle affirmé, avant d’énumérer les mesures prises par l’Ouganda pour améliorer l’emploi des jeunes, notamment la création de coopératives d’économie et de crédit pour les jeunes des zones rurales.  Enfin, elle a assuré que son gouvernement faisait son possible pour associer les jeunes à la vie civique et aux processus de prise de décisions. 

Mme NADIA AROP DUDI, Ministre de la culture, de la jeunesse et des sports du Soudan du Sud, après avoir rappelé que son pays était une nouvelle nation, a souligné le rôle des jeunes dans les conflits, imputable à leur manque d’éducation et à l’analphabétisme.  Elle a aussi exprimé sa préoccupation quant au fort taux de chômage des jeunes dans des pays comme le sien, estimant qu’il fallait adopter et mettre en œuvre des politiques en faveur des jeunes, en particulier dans un pays nouveau comme le Soudan du Sud.  Enfin, elle a prévenu que les problèmes auxquels se heurtent les jeunes du Soudan du Sud concernaient également le reste de la jeunesse du Soudan.

M. JORGE MINAYA, Ministre de la culture, de la jeunesse et des sports de la République dominicaine, a indiqué que son Gouvernement a lancé des actions permettant l’épanouissement des jeunes.  Il a noté que les programmes mis en place en faveur des jeunes ne tenaient pas toujours compte du développement social, déplorant par exemple que des innovations technologiques réduisaient le nombre d’emplois offerts aux jeunes sans formation. Il a aussi affirmé que son pays souhaitait lancer un plan d’action pour les jeunes qui s’accompagne d’indicateurs clairs pour mesurer les succès engrangés.

M. JEAN-MICHEL SAMA LUKONDE KYENGE, Ministre de la jeunesse, des sports et de la recréation de la République démocratique du Congo, a indiqué, en tant que Président des Ministres de la jeunesse et des sports de l’Organisation internationale de la Francophonie, que la stratégie de la jeunesse de la Francophonie pour la période 2015-2022 avait été adoptée.  Il a déploré que les jeunes soient dupés par des « vendeurs d’illusions » qui les entraînent dans des embarcations vers l’Europe ou dans des groupes rebelles et terroristes, tout en affirmant que ce phénomène pouvait se justifier, en partie, par les perspectives limitées de ces jeunes qui manquent d’encadrement, notamment dans les domaines scolaire et professionnel.  Il s’est également prononcé pour la participation des jeunes, notamment des jeunes femmes, à la vie économique, politique et sociale des pays où ils vivent.

Mme EMMALIN PIERRE, Ministre de la jeunesse, des sports et des affaires religieuses de la Grenade, a défini les politiques en faveur de la jeunesse comme un « contrat social pour les jeunes ».  Outre ces politiques, elle a prôné le renforcement des associations de jeunes en faisant valoir que ces derniers ont besoin de structures organisées pour se développer.  Le Gouvernement de la Grenade est à l’écoute des jeunes, a-t-elle assuré, avant d’indiquer qu’il continuait d’investir dans la jeunesse.  Les jeunes sont des agents de changement que nous voulons garder au centre de notre plan de développement, a-t-elle indiqué, précisant qu’elle a souhaité voir une concertation internationale se développer pour l’après-2015 permettant aux jeunes de tirer parti des efforts de développement. 

Mme YUNIASKY CRESPO BAQUERO, Ministre de la jeunesse de Cuba, a affirmé que la jeunesse cubaine, soit 26% de la population, était considérée en priorité dans les politiques sociales menées par son gouvernement.  La grande majorité des 15 à 30 ans à Cuba ont suivi et achevé une éducation secondaire, a-t-elle indiqué, en se prévalant du nombre important d’entre eux qui ont un diplôme de maîtrise ou un doctorat.  Beaucoup de jeunes travaillent dans le secteur de la santé, a-t-elle aussi indiqué.  Tous ces facteurs permettent de garantir une espérance de vie de 78,4 ans à Cuba, a-t-elle fait valoir.  Elle a aussi fait part des efforts menés dans son pays pour lutter contre les changements climatiques, en vue de garantir aux jeunes un avenir plus favorable.  La Ministre a par ailleurs déploré le blocus imposé à Cuba qui obscurcit l’avenir des jeunes et regretté le manque d’engagement et de résultats par rapport aux obligations prises au niveau international.

M. ALIMAMY KAMARA, Ministre de la jeunesse de la Sierra Leone, a énuméré toutes les politiques et tous les organes nationaux qui se penchent sur les questions de la jeunesse et prennent des mesures en leur faveur.  Évoquant notamment un mécanisme qui vise l’autonomisation des jeunes.  Ceux-ci sont bien représentés au Gouvernement et au Parlement, a-t-il précisé.  Le Ministre a par ailleurs présenté le système de bourses scolaires qui permet aux jeunes d’accéder aux études supérieures, et les programmes d’enseignement supérieur destinés aux jeunes handicapés.  Le pays offre aussi la gratuité dans l’enseignement secondaire, a-t-il indiqué, tout en s’inquiétant du fléau du chômage qui touche particulièrement les jeunes, dans les zones urbaines et rurales, hommes et femmes.  Les jeunes de la Sierra Leone n’ont ménagé aucun effort pour lutter contre l’Ebola, a poursuivi le Ministre, avant de remercier les acteurs qui ont contribué à la lutte contre ce fléau. 

M. BADOUL HASSAN BAOUL, Secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports de Djibouti, a salué les initiatives de coopération régionale et sous-régionale en Afrique en faveur des jeunes.  Il a affirmé que l’Afrique s’imposait désormais comme un continent en pleine croissance capable de prendre en charge sa jeunesse.  Il a rappelé que son pays avait récemment mis en place une politique de la jeunesse, la troisième du genre, qui a été adoptée avec l’assistance technique de l’ONU.  Il a précisé que son gouvernement était engagé pour trouver des solutions à la question de l’emploi des jeunes.  « Donnons des ballons à nos jeunes, et non des balles, offrons-leur des plumes et non des fusils », a-t-il conclu.

M. SERGEY POSPELOV, Chef de l’agence fédérale des questions de jeunesse de la Fédération de Russie, a affirmé que son pays avait une vaste expérience de travail systématique avec les jeunes, plaidant afin que tous les jeunes aient les mêmes chances de réussite dans la société et souhaitant que les organisations de jeunesse aient davantage voix au chapitre dans ce domaine.  Il s’est en outre félicité de la création du Conseil des jeunes de l’Arctique, à la suite du premier Forum des jeunes de l’Arctique en janvier dernier dans son pays.  Il a enfin souhaité que les jeunes soient des agents du changement et des chantres de la paix.

M. INTIQAM BABAYEV, Vice-Ministre de la jeunesse et des sports de l’Azerbaïdjan, a relevé que 30% de la population de son pays est constitué de jeunes âgés de 14 à 29 ans.  Bien éduqués et bien équipés, ils représentent la ressource la plus précieuse de nos pays, a-t-il affirmé, ajoutant que leur valeur est « mille fois supérieure à celle des autres biens nationaux ».  Il a ensuite évoqué les nombreux investissements réalisés par son gouvernement en faveur des jeunes, expliquant que ces actions visaient aussi à résorber le chômage qui touche 20% de la population nationale, en majorité des jeunes.  Il a par ailleurs rappelé qu’en octobre dernier, l’Azerbaïdjan a organisé, à Bakou, le premier Forum mondial sur les politiques de jeunesse qui a connu une grande participation des jeunes et des décideurs.  Il a invité la communauté internationale à suivre l’esprit de Bakou en agissant dans l’unité en faveur des jeunes.

M. BORATH SEAN, Secrétaire d’État du Cambodge, a souligné l’importance du développement du capital humain en la période de transition que traverse son pays.  Le Gouvernement a mis en œuvre des stratégies en faveur des jeunes qui sont conformes aux objectifs du Plan d’action mondial, a-t-il indiqué.  Il a réaffirmé l’appui et l’engagement des autorités de son pays pour la réussite du Plan d’action mondial.

M. WAN XUEJUN, Président adjoint de la Fédération de la jeunesse de toute la Chine, a indiqué que son pays avait mis en place des conditions qui favorisent la réussite des jeunes.  La Chine a éliminé l’analphabétisme chez les moins de 40 ans, s’est-il félicité, indiquant qu’il n’y avait que 2% de chômeurs parmi les jeunes diplômés de l’université.  Il a en outre mentionné les efforts menés pour offrir des microcrédits aux jeunes.  Ceux-ci font aussi l’objet d’une attention particulière dans la lutte contre la criminalité, a-t-il ajouté, précisant que sa fédération travaillait aussi à l’amélioration de l’environnement social dans lequel évoluent les jeunes.  Active aussi sur le plan international, la Chine a envoyé des jeunes à l’Assemblée mondiale des jeunes, a-t-il indiqué.

M. ZULEMA SUCRE, Vice-Ministre du développement social du Panama, a indiqué que son pays avait participé au quatrième Forum de la jeunesse des Amériques, réunion qui a traité de sujets importants comme l’emploi et l’innovation.  En matière d’éducation, nous travaillons à renforcer les capacités techniques et la formation des jeunes, a-t-il dit.  Le Vice-Ministre a également indiqué que son pays renforçait également le rôle du Conseil national des jeunes, dont les membres sont consultés sur des questions ayant trait à la gouvernance du pays.  Mon pays vise par ailleurs à améliorer ses politiques en matière de contrôle des naissances et de soins prénataux, a indiqué le Vice-Ministre, affirmant que les mesures prises en faveur de la jeunesse avaient pour objectif de garantir aux jeunes la pleine jouissance de leurs droits fondamentaux.

M. JUAN CARLOS REYES CANON, Directeur du système national de la jeunesse de la Colombie, a salué la participation des jeunes Colombiens dans la mise en place des politiques nationales en leur faveur.  Il a salué également le fait que l’éducation soit gratuite jusqu’à la onzième année scolaire en Colombie, ajoutant que des mesures incitatives accompagnaient des jeunes défavorisés dans leurs études supérieures.  Il a également plaidé en faveur d’un plus grand engagement des jeunes dans les débats les concernant.

M. NETO ZARZAR LIGHE SR., Ministre du travail du Libéria, a rappelé que la population mondiale rajeunissait de plus en plus et estimé que, 20 ans après l’adoption du Programme d’action mondial pour la jeunesse, il était temps d’en faire le bilan, notamment pour ce qui concerne ses carences.  Il a cité un certain nombre d’actions en faveur de la jeunesse mises en place dans son pays, affirmant que les jeunes devaient se voir davantage impliqués dans la résolution de leurs problèmes.

M. ANTOINE COLLINET MAKOSSO, Ministre de la jeunesse et de l’éducation civique du Congo, a salué la tendance à la baisse de la proportion des pauvres dans son pays grâce aux efforts consentis par le gouvernement.  Il a estimé que l’amélioration du système éducatif national restait le défi majeur à relever pour permettre à la jeunesse congolaise d’utiliser des moyens modernes de communication.  Il a appelé à une large mobilisation des ressources pour que le développement et l’épanouissement des jeunes Africains soient pris en compte dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. EMRE KACAR, Directeur général du Département de la jeunesse au Ministère de la jeunesse et des sports de la Turquie, a évoqué les mesures prises en faveur des jeunes par son pays, à commencer par la création de ce Ministère en 2011.  Nous avons soutenu des projets pour le développement économique et l’insertion sociale des jeunes, ainsi que pour le développement de l’art au profit des jeunes, a-t-il indiqué.  Il a aussi mentionné la création de 200 centres de la jeunesse en Turquie et lancé un appel à la communauté internationale pour investir ensemble dans la jeunesse en vue de leur offrir un meilleur avenir.

M. JOSÉ MANUEL ROMERO, Directeur général de l’Institut de la jeunesse du Mexique, a rappelé le programme adopté par son pays en faveur des jeunes, ainsi que les mesures concrètes qui ont été prises dans ce domaine, en tenant compte des recommandations des groupes dynamiques de jeunes.  Le Mexique compte 38 millions de jeunes de 12 à 29 ans, a-t-il précisé, en soulignant que cette répartition démographique offrait de nouvelles perspectives.  Les jeunes ont contribué à l’élaboration du document central de politique publique les concernant, par le biais d’une concertation publique, a-t-il indiqué, précisant en outre que le Gouvernement avait lancé des programmes de mobilité et de bourses pour stimuler l’emploi des jeunes.  Il a également affirmé que les autorités mexicaines menaient un combat sans merci contre les discriminations fondées sur le genre, qui touchent les jeunes.

Mme MAHA ISA AL RUMAIHI, Directrice du Département de la planification et de la qualité au Ministère de la jeunesse et des sports du Qatar, a appelé à utiliser au maximum le potentiel des jeunes pour qu’ils deviennent les dirigeants de demain.  Le Qatar a créé un Ministère de la jeunesse en 2011, a-t-elle dit, avant d’évoquer le Forum pour l’autonomisation des jeunes qui s’est tenu ce mois-ci et la conférence de la jeunesse organisée en avril dernier.  En outre, le Qatar organisera en septembre une conférence sur la jeunesse et l’humanitaire, a-t-elle indiqué, affirmant que les universités de son pays étaient ouvertes aux jeunes du monde entier.

M. RUBEN ROSA SANCHZ, Directeur général de l’Institut de la jeunesse de l’Espagne, a lancé un appel pour que les objectifs de développement durable incluent des indicateurs transversaux sur les jeunes afin que ceux-ci ne soient pas oubliés.  Environ 50% des jeunes espagnols de moins de 25 ans sont au chômage, a-t-il indiqué, ce qui a poussé le Gouvernement à adopter des stratégies spéciales pour promouvoir l’emploi.  Les jeunes sans emploi peuvent ainsi recevoir une formation, a-t-il indiqué, ajoutant que cette situation devrait inciter les Nations Unies à proclamer une décennie de l’ONU pour l’emploi des jeunes.

Mme USANEE KANGWANJIT, Directrice générale du Département de l’enfance et de la jeunesse au Ministère du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, s’est félicitée de la réalisation de plusieurs OMD par son pays, comme l’éducation gratuite pendant 12 ans.  Il reste cependant encore beaucoup à faire pour réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle, a-t-elle reconnu.  Invitant les jeunes à être plus actifs dans les politiques nationales, elle a affirmé la volonté de son gouvernement à inclure les jeunes dans l’élaboration de ces politiques.  Enfin, elle a remercié les Nations Unies pour leur rôle dynamique en vue de faire avancer encore plus la cause des jeunes. 

M. ARTSIOM SIARHEI, Ministre de l’éducation du Bélarus, a plaidé pour que les jeunes puissent faire fructifier leurs talents, notamment en obtenant un emploi.  Il faut aussi des garanties sociales offertes par l’État dans les domaines de l’éducation et de la santé, notamment pour les jeunes handicapés, a-t-il précisé, avant d’évoquer le repos et les loisirs qui doivent être considérés, à son avis, comme des droits permettant l’épanouissement des jeunes.  Une jeune déléguée du Bélarus a pris la parole pour indiquer que les jeunes de son pays avaient réussi à augmenter leur niveau de compétitivité, notamment grâce à un programme de jeunes talents intitulé « 100 idées pour le Bélarus ».  Elle a proposé d’élargir cette initiative en adoptant « 100 idées pour la planète ».

M. JEAN-BENOIT DUJOL, Directeur de la jeunesse, de l’éducation informelle et des organisations bénévoles au Ministère des politiques urbaines, de la jeunesse et des sports, et Délégué interministériel pour la jeunesse de la France, a précisé qu’une réunion était organisée tous les ans au sein du comité interministériel de la jeunesse.  La France s’est en outre dotée en 2013 du Plan priorité jeunesse, qui repose sur une logique d’autonomie et d’émancipation.  Ce Plan recouvre les domaines du logement, de la santé, de l’emploi et des loisirs, et d’informer les jeunes sur leurs droits, dont la santé sexuelle et reproductive, a-t-il ajouté.  Le représentant a par ailleurs souligné la collaboration interministérielle permanente sur les questions des jeunes et a fait part des efforts déployés pour faire participer davantage les jeunes à la vie publique. 

M. NIKOLAS DUCHARME, Vice-Ministre adjoint à la jeunesse au Conseil exécutif du Québec (Canada), a indiqué que la jeunesse était un dossier prioritaire dans les différents États du Canada, et notamment celui du Québec.  Il a affirmé que le Plan d’action mondial avait donné une impulsion au Québec pour prendre des mesures en faveur des jeunes, mesures directement liées aux domaines prioritaires du Plan d’action mondial.  Cette politique a servi de guide à la mise en œuvre de trois plans d’action jeunesse, qui ont permis le financement de projets innovants, s’est-il félicité.  Il a par ailleurs indiqué que le Québec s’engageait aujourd’hui dans le renversement de sa pyramide démographique.  La politique jeunesse sera bientôt renouvelée pour la rendre plus dynamique, a-t-il indiqué.

M. KAIRAT ABDRAKMANV (Kazakhstan) a salué la politique officielle de son pays en faveur des jeunes qui vise à développer leur potentiel culturel, spirituel et physique.  Pour faire face au chômage des jeunes, un portail d’information a été lancé en 2013, a-t-il dit.  Il a aussi évoqué une feuille de route pour les affaires, qui accorde une aide aux jeunes entrepreneurs, de même que les bourses offertes aux jeunes pour qu’ils puissent mener des études supérieures.  Il a indiqué que son pays publierait désormais un rapport annuel sur la condition des jeunes.

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a indiqué que son pays a adopté une stratégie nationale pour la jeunesse qui a pour objectif de lancer des programmes d’action dans ce domaine et d’intégrer la dimension jeunesse dans tous les secteurs publics d’activité.  En 2013, un conseil national de haut niveau pour la jeunesse a été créé, a-t-il dit, avant d’évoquer les réalisations accomplies au niveau local.  Le représentant a par ailleurs souligné la nécessité de garantir aux jeunes la jouissance de leurs droits fondamentaux.  Depuis 2007, a-t-il précisé, le pays inclut des jeunes délégués dans les réunions de la Troisième Commission de l’Assemblée générale et de la Commission du développement social de l’ONU. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a appelé à éviter la marginalisation des jeunes, une préoccupation déjà contenue dans le Programme d’Action mondiale pour la jeunesse adoptée il y a 20 ans, a-t-il rappelé.  Il a aussi indiqué que l’emploi des jeunes est crucial pour toute société, appelant à une alliance entre secteurs public et privé pour créer des emplois en faveur des jeunes.  Il a aussi invité la communauté internationale à comprendre les aspirations des jeunes afin de les intégrer dans les programmes de développement. 

Mme GONZALO KONCKE (Uruguay) a plaidé pour l’autonomisation des jeunes en vue de les aider à s’insérer dans le monde de l’emploi.  Elle a déploré le taux de chômage élevé des jeunes uruguayens, indiquant qu’une nouvelle loi en matière d’éducation et d’emploi avait été mise en place en faveur des jeunes.  La participation des jeunes doit être au cœur de l’ensemble des politiques de développement, a-t-elle prôné.

Le représentant de l’Algérie a déploré que les jeunes des pays en développement doivent faire face à de nombreux problèmes, ce qui les pousse à migrer des zones rurales aux villes, et parfois même à quitter leur pays.  Il a indiqué que plus de 73% de la population de son pays était âgé de moins de 30 ans, qui posent de nombreux problèmes concernant l’encadrement des jeunes.  Il a affirmé que le premier défi était la scolarisation des jeunes, suivie de leur formation professionnelle et insertion dans le monde du travail.  Il a évoqué des programmes publics visant à octroyer des microcrédits aux jeunes, et à les soutenir dans leur volonté de créer des emplois. 

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a déclaré que les jeunes de son pays avaient joué un rôle historique pour garantir l’indépendance de l’Érythrée et continuaient d’occuper une place importante dans son développement social, politique, économique et sécuritaire.  Les jeunes sont organisés dans le cadre de l’Union nationale de la jeunesse et des étudiants érythréens et de centres de la jeunesse implantés dans tout le pays.  L’accent est mis notamment sur la santé reproductive, et le taux de prévalence du VIH étant passé de 3% à 0,93% en 15 ans, a-t-elle indiqué.   

La représentante a fait valoir que le service national obligatoire constituait « une expérience unique » qui enseigne la tolérance et l’unité dans tous les secteurs de la société et apprenait aux jeunes à « penser de façon critique » et à devenir des individus « responsables et disciplinés ».  Préoccupée par l’augmentation de l’immigration irrégulière vers l’Europe et l’Amérique, elle a demandé à la communauté internationale de se pencher sérieusement sur les causes profondes de l’immigration et du trafic des êtres humains.  L’Érythrée, a-t-elle assuré, s’est engagée à combattre ces phénomènes, à travers l’éducation et l’emploi de jeunes, et par des moyens juridiques.

Le représentant de la République de Corée a jugé nécessaire d’impliquer les organisations de jeunesse dans le processus d’élaboration du programme de l’après-2015.  Les jeunes ne doivent pas être seulement bénéficiaires de ce programme, mais y participer activement, a-t-il expliqué.  Reconnaissant la vulnérabilité particulière des jeunes, le représentant a demandé de garantir leur participation pleine et entière au fonctionnement de la société.  Il a ensuite parlé du Forum mondial de l’éducation organisé récemment par son pays, qui a permis aux participants de partager leurs connaissances sur les technologies qui leur sont utiles.  Il a aussi salué l’initiative « Impact universitaire des Nations Unies » lancée par le Secrétaire général, un réseau qui promeut les objectifs et valeurs des Nations Unies.

M. T. KYDYROV (Kirghizistan) a souligné l’importance essentielle du financement et des partenariats internationaux pour soutenir les politiques en faveur de la jeunesse.  Une loi et une stratégie nationales ont été adoptées dans son pays pour créer des conditions propices à l’emploi des jeunes, a-t-il indiqué.  Son gouvernement accorde en outre une attention particulière à la participation des jeunes à la vie publique.  Un ministère de la jeunesse a été créé, a-t-il aussi indiqué, avant de signaler qu’il y avait 300 organisations de jeunes dans son pays.  En outre, un quota de 15% de jeunes a été fixé pour les prochaines élections législatives.  Le représentant a par ailleurs fait valoir l’initiative lancée pour investir dans le développement humain des jeunes, qui fait actuellement l’objet d’un projet de loi.  Il a également conseillé de donner une plus grande importance au rôle de la famille.

Le représentant du Maroc a salué le Programme d’action pour la jeunesse adopté il y a 20 ans et les mesures prises par les différents gouvernements pour l’appliquer.  Alors que l’on est en train d’élaborer un nouveau programme de développement pour l’après-2015, il a demandé d’inclure les jeunes dans ce processus.  La jeunesse a toujours été un enjeu majeur pour le Maroc, a-t-il dit, en soulignant ce qui est fait pour assurer sa formation et son insertion sociale et professionnelle.  Il a énuméré les autres engagements pris par son pays en faveur de la jeunesse dans des domaines comme le sport ou les technologies de l’information et de la communication.  Une fête de la jeunesse est également organisée au Maroc, a-t-il signalé.

M. AMR ABUL ATTA (Égypte) a déclaré que son pays, dont les jeunes de 18 à 29 ans représentent 23,5% de la population, considère que ceux-ci sont des agents du changement social, du développement économique et de l’innovation technologique.  Le Ministère égyptien de la jeunesse a lancé une série d’initiatives liées à l’emploi, à l’alphabétisation et au renforcement des capacités des jeunes.  En avril dernier, une campagne intitulée « Notre futur entre nos mains » a été lancée pour leur autonomisation politique, avec la participation active de diverses organisations non gouvernementales, a-t-il précisé.   

M. JEFFREY SALIM WAHEED (Maldives) a dit que son gouvernement entendait intégrer les défis liés à la jeunesse dans toutes ses politiques nationales, de manière transversale.  Il a déploré le fait que le quart des jeunes des Maldives âgés de 18 à 35 ans soient sans emploi, d’où le besoin d’œuvrer davantage à la création d’emplois en leur faveur.  Il a aussi indiqué que le Gouvernement des Maldives promeut la participation des jeunes aux activités sportives, une manière de les encourager à faire étalage de leur plein potentiel.

La représentante de la Somalie a noté que son pays comptait 74% de jeunes dont la plupart sont sans emploi.  Elle a expliqué que ces jeunes sont exposés à la radicalisation extrémiste, mais affirmé que ces derniers sont prêts à s’engager dans des initiatives de développement.  Les jeunes somaliens veulent se réapproprier le terme de jeune, afin que celui-ci ne soit plus seulement apparenté à Al-Chabab, a-t-elle encore déclaré, avant de conclure en affirmant que les jeunes somaliens souhaitaient s’engager également dans le processus de recherche de la paix dans leur pays.

Mme KADIATOU SALL-BEYE, s’exprimant au nom du Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a salué le fait que les jeunes soient les plus à mêmes d’embrasser les évolutions technologiques que connaît le monde, notamment en matière de technologie de l’information et de la communication (TIC).  Elle a souligné que l’UIT encourageait les États Membres à soutenir le développement des petites et moyennes entreprises (PME) du secteur des TIC, car elles ont une grande capacité de contribuer au développement socioéconomique.  Fort de ce constat, a-t-elle relevé, l’UIT entend créer un réseau mondial qui regrouperait les entrepreneurs du domaine des TIC et les PME des pays en développement. 

Mme FRANCINE NUYUMBA, Présidente de l’ONG Pan African Youth Union, a plaidé pour l’amélioration de la participation des jeunes dans la prise de décisions.  Elle a aussi appelé au renforcement du dialogue intergénérationnel.  Notre génération est marquée par la crise des migrations, a-t-elle indiqué, regrettant notamment que « la mer Méditerranée devienne aujourd’hui le plus grand cimetière pour les jeunes notamment ».  Elle a également appelé la communauté internationale à agir également contre les atrocités commises par des groupes terroristes comme Boko Haram et Al-Chabab.

Le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a affirmé que 1,8 milliard de jeunes du monde représentait aussi 1,8 milliard de possibilités.  Il a déclaré que pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, il faudrait des investissements ciblant les jeunes.  Il a déclaré que le FNUAP soutient des programmes dans plus 156 pays afin que les jeunes puissent s’épanouir.

Le représentant de l’ONUSIDA a affirmé que les jeunes filles et femmes étaient plus touchées que les jeunes hommes par le VIH, ce qui témoigne encore des inégalités de genre entre les jeunes.  Il a appelé à des stratégies spécifiques de lutte contre le VIH/sida qui ciblent particulièrement les jeunes filles et adolescentes et invité la communauté internationale à agir afin que chaque fille et adolescente puisse vivre et s’épanouir pleinement.

Les pays et organisations ci-après se sont également exprimés en début d’après-midi alors que les services d’interprétation étaient suspendus: Inde; Pays-Bas; Bulgarie (au nom du Groupe des amis des jeunes); Sri Lanka; Italie; République islamique d’Iran; Israël; Portugal; Kenya; Philippines; Indonésie; Commonwealth; et Organisation internationale du Travail (OIT).

Observation de clôture

M. ALVARO JOSÉ DE MENDONÇA (Portugal), s’exprimant au nom du Président de l’Assemblée générale, s’est félicité du fait que cette réunion ait permis d’examiner les succès atteints au cours des 20 années de mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse.  La discussion a aussi mis en évidence les défis qu’il reste à relever, notamment en matière d’éducation, d’emploi, d’égalité des sexes, de violence et de conflit, et de participation dans les sphères politiques et socioéconomiques, a-t-il déclaré, relevant en particulier la nécessité exprimée par les délégations d’adopter des politiques fortes en faveur de la jeunesse et de faire participer les jeunes aux processus décisionnels à tous les niveaux.

Le rôle de l’éducation dans l’autonomisation des jeunes a été souligné, a aussi noté M. de Mendonça, affirmant qu’il fallait élever le niveau de qualité de l’enseignement et garantir la sécurité des élèves.  Pour faciliter l’esprit d’entreprise des jeunes, il fallait prévoir de faciliter leur accès à des crédits abordables.  Il est temps de donner aux jeunes une place à la table des grands, afin de pouvoir combler leurs aspirations, a indiqué M. de Mendonça, en reprenant les arguments de nombreux représentants.  Il a également salué le soutien exprimé aujourd’hui par les États Membres, la société civile et les jeunes eux-mêmes en faveur de mesures concrètes visant à améliorer la situation des jeunes dans le monde entier.  Ceux-ci doivent jouer un rôle important dans les efforts de réalisation du développement durable au moment de l’élaboration d’un programme ambitieux en la matière pour l’après-2015, a-t-il conclu.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité encourage les États à prendre des mesures en vue d’éliminer la menace posée par les combattants terroristes étrangers

7453e séance – matin
CS/11912

Le Conseil de sécurité encourage les États à prendre des mesures en vue d’éliminer la menace posée par les combattants terroristes étrangers

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, appelle les États Membres à renforcer leur coopération et à assurer des échanges d’informations

Réuni pour la première fois au niveau des ministres de l’intérieur ou leurs équivalents, le Conseil de sécurité, profondément préoccupé face à la menace persistante et complexe à la paix et à la sécurité internationales que font peser les combattants terroristes étrangers, a, ce matin, encouragé les États à définir des actions prioritaires spécifiques en s’attaquant à l’ensemble des causes du phénomène.

Le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle, a ainsi insisté sur la nécessité, notamment, d’« empêcher la radicalisation pouvant conduire au terrorisme », de « juguler le recrutement », d’« interdire aux combattants terroristes étrangers de voyager », de « bloquer l’aide financière qu’ils reçoivent », de « lutter contre l’extrémisme violent » et de « promouvoir la tolérance politique et religieuse, le développement économique et la cohésion et l’intégration sociales ».

« Aucun pays ne peut seul relever ce défi », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son exposé sur l’étendue du problème des combattants terroristes étrangers, son incidence sur les conflits en cours, et l’action menée par l’Organisation pour y remédier. 

Le Secrétaire général a appelé les États Membres à améliorer leur coopération et à échanger des informations, à effectuer des contrôles aux frontières efficaces et à renforcer leurs systèmes de justice pénale, conformément aux normes de l’état de droit et des droits de l’homme.  « Le plein respect du droit international est essentiel au succès » de l’entreprise, a-t-il ajouté, citant en particulier les droits de l’homme, le droit des réfugiés et le droit international humanitaire.

Présidée par le Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, M. Linas Linkevičius, cette séance d’information*, au format d’un genre nouveau, visait à définir des actions prioritaires spécifiques en vue de l’application intégrale de la résolution 2178 (2014).

Le 24 septembre 2014, lors d’un sommet tenu au niveau des chefs d’État et de gouvernement et présidé par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, le Conseil avait adopté la résolution 2178 (2014) en réponse à la menace terrible et nouvelle que représentent les combattants terroristes étrangers.

Depuis, les États Membres, l’ONU elle-même, ainsi que d’autres organisations internationales, régionales et sous-régionales ont beaucoup fait pour lutter contre la menace que représentent ces combattants.  Néanmoins, des études et évaluations récentes montrent que l’afflux de combattants terroristes étrangers vers les zones de conflit n’a ni cessé ni diminué, et que davantage d’efforts sont nécessaires pour enrayer ce phénomène.

Le flux des combattants terroristes étrangers qui ont rejoint les rangs de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et d’autres groupes terroristes, continue de croître, a ainsi expliqué le Secrétaire général, précisant que l’on estimait à 70% l’augmentation du nombre de ces combattants entre la mi-2014 et mars 2015.

Les Présidents du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1267 (1999) concernant Al-Qaida, les Taliban et les personnes et entités qui leur sont associées, M. Gerard van Bohemen (Nouvelle-Zélande), et du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste, Mme Raimonda Murmokaitė (Lithuanie), ont informé le Conseil de leurs efforts dans ce domaine, notamment la conduite d’évaluations de la menace que représentent les combattants terroristes étrangers par l’Équipe de surveillance et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, ainsi que des mesures qu’il reste à prendre.

De son côté, le Secrétaire général de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), M. Jürgen Stock, a présenté les activités menées par son organisation pour empêcher la circulation des combattants terroristes étrangers, en termes d’aide et de services fournis aux États Membres.

« Nous devons partager les informations de manière plus efficace », a déclaré M. Stock, affirmant que les renseignements traversaient les frontières moins rapidement que les combattants terroristes étrangers ne le font.  Ces combattants viennent de plus de 100 pays, soit un nombre supérieur à celui des pays contribuant à la base de données d’Interpol, a-t-il dit, appelant au renforcement des capacités de certains États afin de mieux sécuriser les frontières internationales. 

Lors de la discussion, ministres et représentants ont notamment examiné les difficultés auxquelles leurs pays font face pour renforcer la sécurité aux frontières afin d’empêcher la circulation des combattants terroristes étrangers et de poursuivre les individus cherchant à rejoindre des organisations terroristes. 

Les ministres de l’intérieur des États Membres doivent diriger les efforts à déployer pour faire face à cette menace internationale qui a évolué, a assuré le Secrétaire à la sécurité intérieure des États-Unis, M. Jeh Johnson, lequel a exhorté les États Membres à participer à la prochaine réunion extraordinaire du Comité contre le terrorisme pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers, qui se tiendra à Madrid, en Espagne, les 27 et 28 juillet.

Soulignant la nécessité d’inciter les jeunes à « faire des choix fondés sur la réalité et non sur des fantasmes, cette réalité devant se prolonger désormais dans le territoire virtuel de l’Internet », le Secrétaire permanent à la sécurité intérieure du Royaume-Uni, M. Mark Sedwill, a pour sa part invité les entreprises concernées « à faire en sorte que leurs services ne soient pas utilisés par les criminels et les terroristes pour échanger des vidéos d’enfants victimes d’abus, pour blanchir de l’argent, acheter ou fabriquer des armes, planifier des attaques, ou radicaliser les personnes vulnérables ».

Le Ministre de l’administration territoriale et de la sécurité publique du Tchad, M. Abderahim Biremé Hamid, a appelé tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à continuer d’apporter leur appui matériel et financier aux pays affectés par des activités terroristes.

Le Secrétaire permanent du Ministère de l’intérieur du Nigéria, M. Abubakar G. Magaji, a mis l’accent sur la menace que font planer les groupes terroristes en Afrique de l’Ouest, notamment dans le nord du Mali, et a plaidé pour que les États Membres s’attèlent à promouvoir l’instauration d’un climat favorable à l’inclusion politique et économique de toutes leurs communautés.

 

* S/2015/324

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME: COMBATTANTS TERRORISTES ÉTRANGERS

Lettre datée du 8 mai 2015, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente de la Lituanie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/324)

Lettre datée du 13 mai 2015, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par la Présidente du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste (S/2015/338)

Lettre datée du 19 mai 2015, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) concernant Al-Qaida et les personnes et entités qui lui sont associées (S/2015/358)

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité réaffirme que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment et les auteurs.

Le Conseil réaffirme que conformément à la Charte, il respecte la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États.

Le Conseil souligne que le terrorisme ne peut et ne saurait être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation.

Le Conseil réaffirme que les États Membres sont déterminés à continuer à faire tout leur possible pour régler les conflits et empêcher les groupes terroristes de s’implanter et de créer des sanctuaires, et lutter ainsi plus efficacement contre la menace grandissante que constitue le terrorisme.

Le Conseil redit sa profonde préoccupation face à la menace persistante que font peser les combattants terroristes étrangers, individus qui se rendent dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité afin de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme ou d’y participer, ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme, notamment à l’occasion d’un conflit armé, et se déclare résolu à écarter cette menace.

Le Conseil note avec une vive préoccupation que des combattants terroristes étrangers continuent d’être recrutés en grand nombre par des entités telles que l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), le Front el-Nosra et d’autres cellules, filiales, émanations ou groupes dissidents d’Al‑Qaida, désignés par le Comité créé en application des résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011), et par des groupes qui ont prêté allégeance à l’État islamique d’Iraq et du Levant, et de rejoindre ces entités.

Le Conseil se dit profondément préoccupé par le fait qu’il y a maintenant plus de 25 000 combattants terroristes étrangers, de plus de 100 pays, qui ont voyagé pour rejoindre des entités terroristes associées à Al-Qaida, dont l’État islamique d’Iraq et du Levant et le Front el-Nosra, et combattre pour elles, et note que ces combattants se rendent principalement mais non exclusivement en République arabe syrienne et en Iraq, d’après le rapport (S/2015/358) de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions (l’« Équipe de surveillance »).

Le Conseil constate à nouveau avec inquiétude que les combattants terroristes étrangers contribuent à intensifier les conflits, à les prolonger et à en compliquer singulièrement le règlement, et qu’ils peuvent aussi être une menace considérable pour les États dont ils viennent, ceux par lesquels ils transitent et ceux où ils se rendent, ainsi que les États qui jouxtent les zones de conflit armé où ils combattent et qui doivent faire face à d’importants problèmes de sécurité, note que la menace que représentent les combattants terroristes étrangers peut se porter sur toutes les régions et tous les États Membres, même ceux qui sont éloignés des zones de conflit, et se dit profondément préoccupé de voir que les combattants terroristes étrangers se servent de leur idéologie extrémiste pour faire l’apologie du terrorisme,

Le Conseil considère que, pour faire pièce à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, il faut s’attaquer à l’ensemble des causes du phénomène, ce qui exige notamment d’empêcher la radicalisation pouvant conduire au terrorisme, de juguler le recrutement, d’interdire aux combattants terroristes étrangers de voyager, de bloquer l’aide financière qu’ils reçoivent, de lutter contre l’extrémisme violent qui peut déboucher sur le terrorisme, de combattre l’incitation à la commission d’actes terroristes motivés par l’extrémisme ou l’intolérance, de promouvoir la tolérance politique et religieuse, le développement économique et la cohésion et l’intégration sociales, de faire cesser et de régler les conflits armés, et de faciliter la réintégration et la réinsertion,

Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur fait le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, souligne que les mesures antiterroristes efficaces et le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’état de droit sont complémentaires et se renforcent mutuellement, et que tous sont des éléments essentiels au succès de la lutte contre le terrorisme, note qu’il importe de respecter l’état de droit pour prévenir et combattre efficacement le terrorisme et note également que le fait de se soustraire à ces obligations internationales particulières comme à d’autres, dont celles résultant de la Charte des Nations Unies, est un des facteurs contribuant à une radicalisation accrue et favorise le sentiment d’impunité.

Le Conseil salue les efforts extraordinaires déployés à ce jour pour appliquer la résolution 2178 (2014) sur les combattants terroristes étrangers depuis son adoption le 24 septembre 2014 et la déclaration de son président (SPRST/2014/23) adoptée le 19 novembre 2014, ainsi que les autres résolutions pertinentes, y compris les résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005). Il se déclare préoccupé par le fait que de nombreux individus continuent de se rallier au terrorisme par la radicalisation et de se rendre dans les zones de conflit en tant que combattants terroristes étrangers, constituant ainsi une grave menace, et que les États Membres doivent améliorer leurs actions de prévention, d’interdiction et de répression en intensifiant l’échange d’informations et la coordination rapide pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers. Il souligne que les États Membres doivent intensifier ces efforts, et concevoir et mener dès que possible des actions prioritaires, en particulier celles mentionnées dans la présente déclaration, le cas échéant avec l’assistance de tiers. Le Conseil souligne une fois de plus la nécessité de mettre en œuvre tous les aspects de la résolution 2178 (2014), y compris en luttant contre l’extrémisme violent et en s’occupant des combattants terroristes étrangers rapatriés.

Le Conseil souligne qu’il importe au plus haut point que les États Membres s’acquittent pleinement de leurs obligations internationales, notamment celles, concernant la lutte contre le terrorisme, qui sont énoncées au paragraphe 6 de la résolution 2178 (2014), et veillent à ce que la qualification des infractions pénales dans leur législation et leur réglementation permettent de poursuivre et de réprimer proportionnellement à leur gravité les infractions commises. À cet égard, il félicite les nombreux États Membres qui ont récemment examiné et, le cas échéant, révisé leur législation pour faire face au phénomène des combattants terroristes étrangers mais note que beaucoup d’autres États Membres ne l’ont pas encore fait suffisamment, et demande aux États Membres de s’acquitter pleinement, dès que possible, de leurs obligations énoncées au paragraphe 6 de la résolution 2178 (2014). Rappelant l’obligation internationale visée au paragraphe 5 de la résolution 2178 (2014), de prévenir et éliminer les activités de recrutement, d’organisation, de transport ou d’équipement de combattants terroristes étrangers, il demande aux États Membres de s’acquitter de ces obligations en appliquant des lois en ce sens, notamment en poursuivant et en punissant les combattants terroristes étrangers pour les empêcher et les dissuader de se déplacer.

Le Conseil note avec une vive préoccupation que de nombreux États Membres n’ont toujours pas exigé des compagnies aériennes opérant sur leur territoire qu’elles communiquent aux autorités nationales compétentes des renseignements préalables sur les voyageurs afin de détecter le départ de leur territoire ou la tentative d’entrée ou de passage en transit sur leur territoire, à bord d’appareils civils, de personnes désignées par le Comité créé par les résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011), comme il le demande au paragraphe 9 de la résolution 2178 (2014).

Le Conseil note qu’à ce jour, d’après le rapport (S/2015/377) établi par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), seuls 51 États Membres utilisent les renseignements préalables sur les voyageurs à l’appui de procédures de contrôle des voyageurs et d’évaluation des risques reposant sur des observations factuelles, telles que la collecte et l’analyse de données relatives aux voyages, sans toutefois procéder à un profilage sur base de stéréotypes fondés sur des motifs de discrimination interdits par le droit international, comme il les y encourage au paragraphe 2 de la résolution 2178 (2014), et encourage vivement les États Membres à commencer immédiatement à le faire, et les encourage en outre à envisager d’utiliser les données des dossier passagers pour renforcer le contrôle des voyageurs. Il note que de telles mesures peuvent être particulièrement efficaces pour réduire l’aptitude des combattants terroristes étrangers à éviter la détection aux frontières.

Le Conseil souligne qu’il faut impérativement que les États Membres accroissent sensiblement leurs activités de gestion des frontières en vue d’appliquer la résolution 2178 (2014), notamment en renforçant les mesures de contrôle aux frontières et en intensifiant la coopération policière, ainsi que la collecte et l’échange entre autorités nationales, régionales et locales, de données d’identité sur les terroristes, aux fins du contrôle. Il souligne à cet égard qu’il importe que les agents de la sécurité des frontières et des douanes des États collaborent au niveau international, en particulier en ce qui concerne les voyages aériens et terrestres, et qu’ils disposent des outils et des pouvoirs nécessaires pour contrôler et empêcher effectivement les déplacements de combattants terroristes étrangers.

Le Conseil demande à nouveau aux États Membres d’améliorer la coopération internationale, régionale et sous-régionale pour empêcher les combattants terroristes étrangers de quitter leur territoire ou de le traverser. Reconnaissant qu’en l’absence de renseignements fiables, les pays de transit ont d’énormes difficultés à empêcher l’accès aux zones de conflit, il demande aux États Membres d’intensifier et d’améliorer les échanges intrarégionaux et interrégionaux de renseignements entre pays d’origine et de transit dans les meilleurs délais. Il demande également aux États Membres de se coordonner davantage entre eux et avec les parties prenantes du secteur privé telles que les compagnies aériennes et les agences de voyages pour mieux endiguer le flux de combattants terroristes étrangers. Il note par ailleurs que les partenariats public-privé et les acteurs de la société civile peuvent contribuer substantiellement à des actions de prévention et de lutte contre le terrorisme.

Le Conseil note de nouveau avec satisfaction l’action qu’Interpol continue de mener contre la menace que constituent les combattants terroristes étrangers. Il se déclare cependant préoccupé de ce que la base de données d’Interpol sur les combattants terroristes étrangers ne contienne toujours qu’une partie des données d’identification de base des combattants terroristes étrangers connus, note que l’utilisation mondiale pourrait en être substantiellement accrue et demande aux États Membres d’échanger davantage de renseignements par l’intermédiaire de cette base de données et d’y recourir davantage pour aider à identifier, contrôler et empêcher le transit de combattants terroristes étrangers, et d’améliorer et de compléter les accords bilatéraux et régionaux et les autres accords internationaux d’échange d’information et les bases de données aux fins de lutter contre les combattants terroristes étrangers. Cette communication de renseignements peut notamment consister à fournir des données d’identification de base des combattants terroristes étrangers connus pour compléter celles figurant dans la base de données, ainsi qu’à signaler systématiquement à Interpol les vols et pertes de documents de voyage et à utiliser intensivement le réseau I-24/7 d’Interpol aux ports d’entrée. Le Conseil encourage Interpol à continuer d’intensifier son action face à la menace que constituent les combattants terroristes étrangers, et demande à la communauté internationale de renforcer les capacités d’Interpol d’appuyer les activités des États Membres à cet égard, et de mettre en place une assistance au renforcement des capacités à l’intention des États Membres afin de permettre une utilisation plus large du réseau I-24/7 d’Interpol et de sa base de données sur les documents de voyage perdus ou volés.

Le Conseil constate avec préoccupation que le recrutement à des fins terroristes, en particulier les efforts déployés en ce sens par l’État islamique d’Iraq et du Levant, semble viser de plus en plus les femmes et les jeunes, et insiste sur le fait que les États Membres doivent identifier les populations locales et les responsables de la société civile concernés et collaborer plus efficacement avec eux en vue d’élaborer des solutions globales face à la menace du recrutement et de la radicalisation conduisant à la violence, notamment par l’instauration de programmes à cette fin dans les écoles et les établissements pénitentiaires et la prise en compte du rôle que les victimes du terrorisme peuvent jouer dans la lutte contre la radicalisation, et de mettre au point des campagnes dans les médias sociaux et des contre-messages puissants afin de neutraliser le discours terroriste et les activités de recrutement en ligne.

Le Conseil s’inquiète du fait que les terroristes et leurs partisans utilisent de plus en plus les nouveaux moyens de communication, dont Internet, à des fins de ralliement par la radicalisation, de recrutement, d’incitation à la commission d’actes terroristes et de financement et d’organisation des voyages et des activités des combattants arrivés à destination, et souligne que les États Membres doivent agir dans un esprit de coopération pour empêcher les terroristes de tirer parti de la technologie, des moyens de communication et d’autres ressources à des fins d’incitation à la perpétration d’actes de terrorisme, tout en respectant les droits de l’homme et les libertés fondamentales, ainsi que les autres obligations édictées par le droit international.

Le Conseil se déclare également préoccupé par le fait que les réseaux de facilitation continuent de fonctionner et de permettre aux combattants terroristes étrangers, venant de nombreuses régions du monde, de se rendre régulièrement en Syrie et en Iraq, ce qu’il faut endiguer au plus vite. Il réaffirme que, conformément au paragraphe 6 de sa résolution 2178 (2014), les États Membres doivent prévenir et réprimer le financement des voyages et des activités des combattants terroristes étrangers, rappelle qu’il a décidé dans sa résolution 1373 (2001) que tous les États Membres devaient veiller à ce que toute personne participant au financement d’actes de terrorisme ou y apportant un appui soit traduite en justice, et insiste sur le fait qu’il importe de neutraliser et démanteler les réseaux de facilitation, dans le respect du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire.

Le Conseil a conscience qu’il convient d’évaluer les progrès accomplis au niveau mondial dans l’exécution des obligations internationales découlant de la résolution 2178 (2014), afin d’aider la communauté internationale à mobiliser son attention et ses ressources pour lutter contre un des plus grands fléaux que connaissent les États Membres aujourd’hui, en particulier ceux qui se trouvent dans les régions les plus touchées. Il demande par conséquent à l’Équipe de surveillance et à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme de présenter ensemble à une réunion conjointe du Comité des sanctions contre Al-Qaida et du Comité contre le terrorisme une étude d’impact des mesures prises à ce jour par les États pour la mise en œuvre de la résolution 2178 (2014), comprenant des évaluations tant quantitatives que qualitatives des tendances et paramètres de la menace liée aux combattants terroristes étrangers, des mesures prises par les États pour lutter contre ce phénomène (interdictions ou poursuites), et d’autres informations liées aux résultats sur les mesures récentes prises par les États Membres, recueillies au moyen des outils d’évaluation habituels de l’Équipe de surveillance et de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, et de visites dans les pays les plus touchés. Le Conseil prie les deux comités, comme suite à la demande formulée au paragraphe 26 de la résolution 2178 (2014), de convoquer cette réunion en prévision de la réunion du Conseil qui se tiendra un an après l’adoption de ladite résolution.

Le Conseil prie le Comité des sanctions contre Al‑Qaida et le Comité contre le terrorisme de continuer de suivre les mesures concrètes prises par les États Membres pour appliquer la résolution 2178 (2014), notamment la mise en place de lois, de forces de l’ordre et d’instruments nouveaux ou l’amélioration de ceux qui existent déjà, les initiatives nationales et multilatérales de collecte et de partage d’informations, les programmes et les moyens de gestion des frontières et l’assistance en matière de renforcement des capacités à l’intention des États Membres les plus touchés par le phénomène des combattants terroristes étrangers, tout en veillant à s’acquitter des autres tâches qui leur incombent au titre de leur mandat.

Le Conseil accueille avec satisfaction le rapport (S/2015/358) de l’Équipe de surveillance qui lui a été communiqué par le Comité des sanctions contre Al-Qaida ainsi que les rapports sur les combattants terroristes (S/2015/338 et S/2015/377), établis par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, qui lui ont été communiqués par le Comité contre le terrorisme. Il recommande fortement au Bureau de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, agissant en étroite concertation avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, sur la base des analyses et rapports approuvés par son Comité contre le terrorisme et en tenant compte des rapports analytiques approuvé par le Comité des sanctions contre Al-Qaida et établis par l’Équipe de surveillance, de mettre au point un plan de renforcement des capacités de l’ONU à lutter contre le flux de combattants terroristes étrangers, par l’intermédiaire du Groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers. Il recommande également fortement au Bureau de l’Équipe spéciale d’inscrire dans ce plan ses recommandations prioritaires concernant les besoins d’assistance en matière de renforcement des capacités des États Membres les plus touchés et d’établir, par ordre de priorité, une liste de programmes de renforcement des capacités et d’assistance technique à mettre en œuvre au cours des 24 prochains mois par les entités de l’Équipe spéciale et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.

Le Conseil souligne qu’il importe que l’Équipe spéciale s’attache à exécuter ces programmes de renforcement des capacités en se concertant et en coopérant avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Interpol, l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’Organisation mondiale des douanes, l’Organisation internationale pour les migrations et les autres institutions compétentes qui sont en mesure de fournir les avis techniques nécessaires, y compris l’Association du transport aérien international, le Forum mondial de lutte contre le terrorisme et l’Institut international pour la justice et l’état de droit, et encourage les États Membres à fournir à l’Équipe spéciale et au Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme l’aide financière ou autre dont ils auront besoin.

Le Conseil engage instamment les États Membres qui sont en mesure de le faire à prêter leur concours aux activités de renforcement des capacités et d’assistance techniques à fort impact dont les États les plus touchés ont besoin, surtout ceux qui sont tenus de dégager des ressources extraordinaires pour lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers, plus particulièrement les pays voisins de zones en conflit où ceux-ci opèrent, notamment en favorisant le partage des enseignements tirés et l’adoption de bonnes pratiques concernant toutes les mesures requises dans les résolutions 2178 (2014) et 1373 (2001) aux fins de la lutte contre le flux de combattants terroristes étrangers. Il encourage les États Membres à coordonner leur action avec celle de l’Équipe spéciale, selon qu’il convient, afin que l’assistance technique soit fournie de manière plus efficace et efficiente.

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que depuis l’adoption de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, le flux des combattants terroristes étrangers qui ont rejoint les rangs de l’État islamique (Daech) et d’autres groupes terroristes continue de croître.  On estime à 70% l’augmentation du nombre de ces combattants entre la mi-2014 et mars 2015.

Aucun pays ne peut seul relever ce défi, a-t-il déclaré, appelant les États Membres à améliorer leur coopération et à échanger des informations, à effectuer des contrôles aux frontières efficaces et à renforcer leurs systèmes de justice pénale, conformément aux normes de l’état de droit et des droits de l’homme.  Le plein respect du droit international est essentiel au succès de l’entreprise, a-t-il ajouté, citant en particulier les droits de l’homme, le droit des réfugiés et le droit international humanitaire.

Lorsque les efforts de la lutte contre le terrorisme ignorent l’état de droit et violent les droits fondamentaux, non seulement ils trahissent les valeurs qu’ils visent à défendre, mais contribuent également à alimenter l’extrémisme violent.  Pour assurer une cohérence avec les principes des droits de l’homme, a prévenu le Secrétaire général, les mesures de mise en œuvre de la résolution 2178 (2014) doivent être claires et précises et doivent rester telles que requises par le principe de la légalité.

Les restrictions légales exceptionnelles imposées aux droits des personnes doivent être spécifiques, nécessaires et proportionnées, a estimé le Secrétaire général, qui a proposé l’assistance des Nations Unies aux États Membres dans la mise en œuvre de ces normes.

M. Ban a mis l’accent sur la nécessité d’éliminer les conditions qui conduisent des jeunes hommes et femmes à être attirés par l’extrémisme violent.  L’établissement d’une gouvernance et d’institutions efficaces, responsables et inclusives est un élément important des efforts de prévention, a-t-il dit, précisant que les jeunes d’aujourd’hui formaient le groupe le plus enclin à céder à la radicalisation, à l’extrémisme violent et au recrutement en tant que combattants terroristes étrangers.

Il s’est félicité de l’accent mis de plus en plus sur le traitement des causes sous-jacentes de l’extrémisme violent aux niveaux mondial, régional, national et local pour prévenir la radicalisation.  Il a exprimé son intention de présenter un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent lors des travaux de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, qui ouvrira ses portes plus tard cette année.

Il a également accueilli avec satisfaction d’autres initiatives du Conseil, y compris la prochaine réunion extraordinaire du Comité contre le terrorisme pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers, qui se tiendra à Madrid les 27 et 28 juillet.

À l’appui de la mise en œuvre de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, M. Ban a indiqué avoir chargé l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme au sein du Département des affaires politiques d’établir un groupe de travail interinstitutions sur les combattants terroristes étrangers afin de coordonner les activités de toutes les entités compétentes des Nations Unies.

Le Secrétaire général a en outre dit sa préoccupation face aux événements récents, en particulier ceux survenus en Iraq et en Syrie, qui ont vu la progression de Daech et d’autres groupes avec le soutien croissant de combattants terroristes étrangers, démontrant que ce phénomène constitue une menace croissante pour la paix et la sécurité internationales.  Faire face à ce phénomène nécessite une action de la communauté internationale encore plus concertée, a dit le Secrétaire général.

L’ONU continuera de travailler activement avec les États Membres en vue de forger des approches plus globales et créatives pour lutter contre cette menace multidimensionnelle, ceci en mettant l’accent sur l’importance qu’il convient de faire en sorte qu’elles soient pleinement ancrées dans l’état de droit et les droits de l’homme.

M. GERARD VAN BOHEMEN, Président du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) concernant Al-Qaida et les personnes et entités qui lui sont associées en application du paragraphe 23 de la résolution 2178, a indiqué que le Comité continuait d’accorder une attention particulière à la question des combattants terroristes étrangers.  À cet égard, a-t-il souligné, le régime de sanctions ciblées contre Al-Qaida est « une composante importante de la boîte à outils » à employer.

M. Van Bohemen a rappelé que les mesures imposées contre les individus et les entités désignés par le Comité des sanctions contre Al-Qaida sont de trois ordres: gel des avoirs, interdiction de voyager et embargo sur les armes.  De plus, tout individu et toute entité qui leur fournissent un appui financier ou matériel, y compris des armes ou des recrues, sont susceptibles d’être inscrits sur la liste des sanctions contre Al-Qaida.  Cette année, a-t-il expliqué, le Comité a identifié plusieurs entités dans le cadre de la lutte contre les combattants terroristes étrangers et contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EILL).  À ce sujet, la coopération entre le Comité et Interpol est un facteur clef pour améliorer l’application des sanctions, a dit M. Van Bohemen.

Le rapport de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, établi en application du paragraphe 23 de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, et qui porte sur la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, a été publié le 26 mai dernier, a précisé le Président du Comité contre Al-Qaida.  D’après ce rapport, les différentes entités associées à Al-Qaida dans le monde entier, y compris l’EIIL, comptent plus de 25 000 combattants terroristes étrangers, venus de plus de 100 États Membres.  Le flux de combattants se fait principalement vers la Syrie et l’Iraq, a relevé M. Van Bohemen.  Le rapport analyse les menaces actuelles et futures, y compris l’évolution démographique, le recrutement et le financement, et les défis, notamment l’échange d’informations et les contrôles aux frontières.  L’Équipe y formule une série de recommandations destinées à répondre directement à la menace et à faire respecter les obligations qui incombent à tous les États Membres en vertu de la résolution 2178, a conclu M. Van Bohemen.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ, Présidente du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, a expliqué que la Direction exécutive du Comité avait recensé les 67 États Membres qui sont les plus touchés par la menace que posent les combattants terroristes étrangers.  Il s’agit d’États d’origine, de transit, de destination ou d’États voisins de pays où vont les recrues et futurs terroristes.  Après avoir examiné la façon dont un premier groupe de 21 États avait mis en œuvre la résolution 2178 (2014), la Direction exécutive a soumis au Conseil, le 13 mai dernier, un rapport sur la question.  Ce rapport est le premier d’une série qui sera consacrée aux moyens dont disposent les États Membres face à ce danger.

Sur les 21 États examinés, seulement 5 ont adopté une législation visant à pénaliser les actes conduits en vue de commettre des actes terroristes en dehors de leur territoire, a regretté Mme Murmokaité.  De même, seulement cinq États demandent aux compagnies aériennes des renseignements préalables concernant les voyageurs.

S’agissant du financement des activités terroristes, la Présidente du Comité a fait remarquer que la plupart des 21 États concernés pouvaient appliquer aux combattants terroristes étrangers les mécanismes qu’ils ont déjà mis en place pour prévenir le financement de telles activités.  Elle s’est dite préoccupée par la capacité des États à geler les avoirs terroristes conformément à la résolution 1373.  La Direction exécutive du Comité contre le terrorisme collabore étroitement avec le Groupe d’action financière pour développer des indicateurs d’alerte à l’intention des institutions financières, a-t-elle annoncé.

D’autres priorités identifiées dans le rapport incluent l’échange centralisé et coordonné d’informations sur l’application de la loi au niveau national, et la mise en place d’un système d’alerte fonctionnant 24 heures par jour et 7 jours sur 7, destiné aux officiers de police et autres officiels qui se trouvent en première ligne, comme les agents de l’immigration ou des douanes.

La Présidente du Comité contre le terrorisme s’est ensuite félicitée des bonnes pratiques déjà mises en œuvre par les États touchés par ce phénomène.  Presque tous ont ainsi pris des mesures pour interdire légalement l’incitation à commettre un acte terroriste, conformément à la résolution 1624 (2005), s’est-elle félicitée.  Ces mesures, a-t-elle reconnu, peuvent contribuer à contenir le flux des combattants terroristes étrangers, qui sont souvent inspirés par les appels à la violence lancés par d’autres individus, soit en personne, soit sur Internet ou à travers les médias sociaux. 

M. JURGEN STOCK, Secrétaire général d’Interpol, a indiqué que le cercle de la radicalisation devait à tout prix être brisé.  Il a souligné les progrès remarquables enregistrés depuis l’adoption de la résolution 2178 (2014).  « Moins de 900 combattants terroristes étrangers étaient identifiés en septembre 2014.  Aujourd’hui des données d’identification existent pour 4 000 de ces combattants », s’est-il félicité.  M. Stock a ensuite encouragé les États Membres à se montrer ambitieux pour remédier au défi posé par les combattants terroristes étrangers. 

Il a souligné la liberté dont disposent les États en ce qui concerne l’accès à la base de données d’Interpol afin d’y insérer les données qu’ils ont collectées, ainsi qu’en ce qui concerne les échanges de données avec les autres pays.  « Cette souplesse a fait ses preuves sur le terrain », a-t-il dit.  Le Secrétaire général d’Interpol a ainsi expliqué que deux pays avaient récemment pu identifier le même individu en croisant leurs informations.  De plus en plus de pays font confiance à Interpol, s’est-il réjoui.  Il a affirmé que toutes les informations reçues par Interpol étaient recoupées, tandis que les méthodes des groupes terroristes sont systématiquement analysées.  Il a aussi mentionné l’utilité des notices spéciales d’Interpol.

« Nous devons partager les informations de manière plus efficace », a néanmoins reconnu M. Stock.  Il a souligné que les renseignements traversaient les frontières moins rapidement que les combattants terroristes étrangers le font.  Ces combattants viennent de plus de 100 pays, soit un nombre supérieur à celui des pays contribuant à la base de données d’Interpol, a-t-il déclaré.  Il faut aussi veiller à la circulation des données à l’échelle régionale, lesquelles devraient être regroupées au sein d’une base régionale globale, afin d’éviter les doublons, a-t-il fait remarquer.  En 2015, 80 millions de recherches additionnelles de personnes ont été faites à travers le monde avec l’appui d’Interpol, a-t-il précisé.  Il a ensuite déploré que les contrôles systématiques aux frontières ne soient en vigueur que dans certains pays et a souligné le fait que de nombreux États manquent à cet égard de capacités.

M. Stock a donc appelé au renforcement de leurs capacités afin de mieux sécuriser les frontières internationales.  Laisser les États les plus exposés à eux-mêmes n’est dans l’intérêt de personne, a-t-il averti.  Le Secrétaire général d’Interpol a ensuite indiqué qu’Interpol était une plateforme neutre d’échanges d’informations et servait de passerelle entre les États et le secteur privé afin notamment de contrecarrer les visées des terroristes sur Internet.

M. LINAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, qui présidait cette réunion du Conseil de sécurité, a fait remarquer que l’existence de plus de 25 000 combattants terroristes étrangers originaires de plus de 100 pays constituait une menace grandissante et complexe.  Cette menace met à l’épreuve les mesures prises pour lutter contre le terrorisme.  Le phénomène, a-t-il estimé, doit être abordé de façon systématique et cohérente, en impliquant les pays d’origine, de transit et de destination des combattants étrangers allant se joindre à des groupes terroristes, ainsi que les pays voisins de ceux où ont lieu les conflits. 

Le Ministre lituanien a jugé prioritaire la mise à jour des lois pénales nationales conformément aux termes de la résolution 2178.  Il a également estimé qu’il fallait renforcer la protection et la sécurité des frontières, améliorer la collecte et le partage des données concernant les voyageurs, et mieux utiliser les services et les outils d’organismes pertinents tels qu’Interpol, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), le Groupe d’action financière (GAFI), l’Organisation mondiale des douanes ou l’Organisation mondiale du tourisme.

« Aucun pays n’est immunisé contre la menace posée par les combattants terroristes étrangers », a averti M. Linkevičius.  Le Code pénal lituanien punit déjà diverses activités liées à ce phénomène.  Ceux qui commettent des actes interdits par des accords internationaux, y compris des actes terroristes, peuvent ainsi être tenus pour responsables, indépendamment de leur citoyenneté, de leur résidence, du lieu où a été perpétré le crime, ou du fait que l’acte soit punissable ou non en vertu des lois du lieu où il a été commis, a précisé le Ministre.

En outre, M. Linkevičius a fait valoir que, dans la lutte contre le terrorisme, « il est crucial de s’attacher non seulement aux conséquences, mais aussi aux facteurs sous-jacents de la radicalisation ».  Il a suggéré l’adoption d’une approche globale multisectorielle pour contrer la radicalisation et l’extrémisme violent, y compris à travers le respect des droits de l’homme pour tous, la promotion de l’inclusion et de la tolérance, l’éducation, et le développement.      

M. JEH JOHNSON, Secrétaire à la sécurité intérieure des États-Unis, a déclaré que cette séance du Conseil de sécurité réunissant les ministres de l’intérieur des membres du Conseil de sécurité était un événement sans précédent.  Il a souligné que la résolution 2178 (2014) constituait un cadre juridique pour l’action internationale visant à enrayer le phénomène du terrorisme transfrontières.

Cette menace a pris de l’ampleur, a-t-il dit, évoquant les événements récents en Syrie, en Iraq ou en Libye.  M. Johnson a énoncé les priorités incitant à la rapide mise en œuvre des dispositions de la résolution 2178 (2014).  Il faut enrayer le flux des combattants terroristes étrangers, a-t-il dit, notant par exemple que plus de 22 000 d’entre eux avait rejoint le conflit en Syrie depuis le début de cette crise. 

Le Secrétaire américain chargé de la sécurité intérieure a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes sous-jacentes de ce phénomène, qui pose désormais une menace à l’échelle mondiale.  Les partenariats sont essentiels, a-t-il affirmé, faisant état de ceux développés par son pays, en particulier avec Interpol.  Il a ainsi exhorté tous les partenaires des États-Unis à échanger des informations de manière active avec la cellule d’Interpol chargée de la lutte contre le terrorisme.

Le Bureau fédéral d’investigation des États-Unis (FBI) continue de mener des enquêtes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme de manière agressive à l’intérieur des États-Unis, a indiqué M. Johnson.  De même, des mécanismes de gels d’avoirs visant ceux qui apportent un appui aux réseaux terroristes ont été mis en place, a-t-il également indiqué au nombre des mesures prises pour lutter contre cette menace.  Les États-Unis sont résolus à aider leurs partenaires internationaux dans le cadre de ces efforts, a-t-il assuré. 

Entre autres mesures, M. Johnson a souligné l’importance de pénaliser en les interdisant de voyager toutes les personnes qui risquent de rejoindre des combattants terroristes.  Les États Membres, a-t-il dit, doivent travailler ensemble sur la sécurité des frontières.  Il est important que le système des Nations Unies et les bailleurs de fonds apportent une assistance technique aux États dans le cadre de la lutte contre les combattants terroristes étrangers, a recommandé l’officiel du Gouvernement des États-Unis. 

Les ministres de l’intérieur des États Membres doivent diriger les efforts à déployer pour faire face à cette menace internationale qui a évolué, a-t-il déclaré.  Le Secrétaire à la sécurité intérieure des États-Unis a, enfin, exhorté les États à participer à la prochaine réunion extraordinaire du Comité contre le terrorisme pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers.  Cette réunion se tiendra en Espagne au mois de juillet, a rappelé M. Johnson.

M. AHMAD ZAHID HAMIDI, Ministre de l’intérieur de la Malaisie, a indiqué que, depuis l’adoption de la résolution 2178, la Malaisie avait pris plusieurs mesures concrètes pour répondre à la menace du terrorisme.  La loi malaisienne contre la prévention du terrorisme, qui est en passe d’être adoptée, vise ainsi à prévenir des actes terroristes impliquant des organisations terroristes étrangères, a précisé M. Hamidi.  Ce texte contient également des dispositions sur la réhabilitation et la déradicalisation.  La Malaisie, a-t-il insisté, juge important d’aider les individus qui sont prêts à réintégrer la société et d’empêcher leur « rechute » dans l’extrémisme.

Depuis février 2013, a indiqué M. Hamidi, 107 personnes, dont 16 étrangers, soupçonnées d’avoir des liens avec Daech ont été arrêtées en Malaisie.  En outre, la Malaisie surveille activement 63 Malaisiens qui sont allés combattre en Syrie ou en Iraq.  Le Gouvernement est en train d’améliorer son système de renseignements préalables concernant les voyageurs, et de mettre au point un système de contrôle renforcé des voyageurs aux frontières.  Enfin, la ville de Kuala Lumpur accueillera le 2 octobre prochain une réunion ministérielle extraordinaire de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) consacrée à la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent, a annoncé le Ministre.

M. CHRISTOPHER FINLAYSON, « Attorney general » de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que les autorités de son pays avaient reçu des prérogatives qui leur permettent d’empêcher des combattants terroristes étrangers de rejoindre des zones de conflit, que ce soit de leur propre chef ou en coopération avec les autorités d’autres pays.  « Mais nous axons nos efforts d’abord sur la prévention de la radicalisation », a-t-il affirmé.  Il a indiqué que la stratégie de son pays visait à soutenir les individus et les communautés dans le rejet des idéologies qui promeuvent la violence.  « L’élément clef est d’intégrer les gens, pas de les marginaliser », a-t-il souligné.  En ce qui concerne les mesures à prendre contre la menace posée par ces combattants, il a souligné la nécessité de disposer d’informations plus précises, en temps réel, en particulier aux frontières.  Cela ne peut être réalisé que grâce au renforcement de la coopération entre les États, a déclaré M. Finlayson.

Il a indiqué que le phénomène des combattants terroristes étrangers avait des conséquences disproportionnées pour les pays faiblement peuplés, avant de souligner qu’il est important qu’une assistance technique conséquente leur soit apportée.  Dans la région Asie-Pacifique, la Nouvelle-Zélande a prêté son soutien à de nombreux pays, notamment en ce qui concerne le contrôle aux frontières et le blanchiment d’argent, a-t-il dit.  M. Finlayson a ensuite invité le Conseil de sécurité à garder à l’esprit les contraintes réelles auxquelles font face les petits pays en développement, en particulier les pays insulaires, dans l’application des mesures visant à répondre à la menace posée par les combattants terroristes étrangers.  « Le renforcement de leurs capacités est essentiel, mais dans certains cas il y a des limites évidentes concernant ce qui peut être raisonnablement attendu de très petits États », a-t-il conclu.

M. ABDERAHIM BIREMÉ HAMID, Ministre de l’administration territoriale et de la sécurité publique du Tchad, a constaté que la menace posée par les combattants étrangers dans les zones de conflit, en particulier en Iraq et en Syrie, s’était aggravée au cours des dernières années.  Le Tchad est préoccupé de l’extension de cette menace à des pays qui lui sont voisins, comme la Libye, a dit M. Biremé Hamid.

Il a fait état des mesures prises par le Tchad aux niveaux national et régional pour lutter contre le fléau du terrorisme sous toutes ses formes.  Le Tchad a notamment mis en place et déployé des forces pour renforcer la sécurité des frontières avec le Soudan et la Libye.  La chute de Mouammar Qadhafi en 2011 a créé un chaos, et la Libye est aujourd’hui sous l’emprise de groupes terroristes et criminels en tous genres, dont les activités posent des menaces à la paix au niveau sous-régional, a dit le Ministre tchadien.

Le Tchad est intervenu au Mali en janvier 2013, avec plus de 2 000 hommes, ce qui a permis de neutraliser des terroristes notoires figurant sur les listes établies par le Conseil de sécurité.  Il intervient aussi militairement depuis janvier 2015 contre le groupe terroriste Boko Haram dans le nord-est du Nigéria en particulier.  Il a contribué à réduire de façon significative la capacité de nuisance de ce groupe terroriste, a dit le Ministre. 

M. Biremé Hamid a invité tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à continuer d’apporter leur appui matériel et financier aux pays affectés par des activités terroristes.

M. FRANCISCO MARTÍNEZ VÁZQUEZ, Vice-Ministre de la sécurité intérieure de l’Espagne, a plaidé pour une action policière constante et un engagement politique sans faille dans la lutte contre le fléau posé par les combattants étrangers qui se joignent aux groupes terroristes dans les zones de conflit et rentrent ensuite dans leurs pays d’origine.  « C’est ce qui a permis à l’Espagne de vaincre le terrorisme sur son sol », a-t-il rappelé.

Il a demandé l’établissement d’une coopération internationale renforcée.  Puis, il a insisté sur l’importance des efforts de prévention et du développement d’un discours permettant de faire pièce aux discours des extrémistes.  M. Martínez a ensuite affirmé que l’Espagne avait arrêté 568 personnes depuis l’attentat qui avait frappé Madrid en 2004.  Nous devons bâtir la confiance et renforcer la coopération afin d’identifier les combattants terroristes étrangers qui reviendront dans leurs pays encore plus radicalisés qu’ils ne l’étaient avant leur départ, a-t-il recommandé.

Le Vice-Ministre a indiqué que son pays avait créé, en application de la résolution 2178 (2014), un nouveau centre de renseignement contre la criminalité organisée et le terrorisme, qui a fusionné les deux entités qui traitaient chacune de ces questions.  Il a aussi mentionné les efforts menés par son pays en vue de remédier à la menace posée par les « loups solitaires », qui n’appartiennent à aucun groupe terroriste et agissent seuls.  M. Martínez a indiqué que l’endoctrinement extrémiste et la glorification du terrorisme avaient été érigés en infractions pénales en Espagne.  Il s’est aussi dit conscient de la nécessité de renforcer le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes de l’Espagne.  Enfin, il a rappelé que son pays allait accueillir en juillet une réunion internationale contre le terrorisme.

M. MARK SEDWILL, Secrétaire permanent à la sécurité intérieure du Royaume-Uni, a rappelé que lors de la réunion au sommet du Conseil de sécurité en septembre dernier, le Premier Ministre David Cameron avait souligné la menace mortelle que constitue Daech, un groupe terroriste qui a tué des centaines de civils, musulmans pour la plupart, qui ont refusé de déclarer leur allégeance à son extrémisme violent.

M. Sedwill a mis l’accent sur la nécessité de veiller à ce que la réponse face à cette menace soit collective, complète et cohérente aux niveaux national et international, et il a indiqué que le Royaume-Uni avait pris des mesures pour mettre en œuvre la résolution 2178 (2014), notamment en ce qui concerne le renforcement de la sécurité aux frontières.  De même, afin de s’attaquer aux racines du terrorisme, 2 millions de fonctionnaires exerçant leurs activités dans des milliers de services publics ont désormais l’autorité légale pour tenter d’empêcher des personnes d’être attirées par le terrorisme.

Davantage doit être fait pour régler le problème de la radicalisation, a poursuivi le Secrétaire permanent, soulignant la nécessité d’inciter les jeunes à faire des choix fondés sur la réalité et non sur des fantasmes, cette réalité devant se prolonger désormais dans le territoire virtuel de l’Internet.

L’Internet et les médias sociaux permettent aux gens, à travers le monde entier, et grâce aux nouvelles technologies, de faire tomber les barrières entre les personnes et les peuples, et de renforcer ainsi l’autonomisation du citoyen et le processus démocratique, a dit M. Sedwill.

Il a appelé les entreprises concernées à faire en sorte que leurs services ne soient pas utilisés par les criminels et les terroristes pour échanger des vidéos d’enfants victimes d’abus, pour blanchir de l’argent, acheter ou fabriquer des armes, planifier des attaques, ou radicaliser les personnes vulnérables.

M. Sedwill a également exprimé le soutien du Royaume-Uni aux efforts que mènent les Nations Unies et le Secrétaire général en vue de régler politiquement les conflits en Syrie, en Iraq, en Libye et au-delà.  Il a demandé instamment à la communauté et aux acteurs du développement de redoubler leurs efforts afin d’accentuer la lutte contre les facteurs de conflit dont le terrorisme, l’extrémisme, le sectarisme, la violence ou la criminalité.  Il faut, a-t-il ajouté, redynamiser et reconcentrer les efforts menés en vue de finaliser les objectifs de développement durable.

M. ABUBAKAR G. MAGAJI, Secrétaire permanent du Ministère de l’intérieur du Nigéria, a rappelé que la nébuleuse terroriste Boko Haram avait prêté allégeance à Daech au début de cette année.  « Boko Haram s’est rallié à Daech parce qu’il a été affaibli par nos efforts », a-t-il expliqué.  Il a indiqué que si Boko Haram appartient au djihad mondial, il continuait cependant à frapper surtout le Nigéria.  Il a souligné la nécessité de contrecarrer les efforts de recrutement de Boko Haram.  Puis, il a insisté sur la menace que font planer les groupes terroristes en Afrique de l’Ouest, notamment dans le nord du Mali.  « Il faut mettre en œuvre la résolution 2178 de manière intégrale et entraver le déplacement d’une zone à l’autre des combattants terroristes étrangers », a-t-il demandé.  Puis, il a souligné la nécessité que les États Membres s’attèlent à promouvoir l’instauration d’un climat favorable à l’inclusion politique et économique de toutes les communautés de leur pays, avant de mentionner les efforts que fait le Nigéria à cette fin.  En conclusion, M. Magaji a plaidé en faveur d’une coopération internationale renforcée pour faire face à la menace que posent les combattants terroristes étrangers.

M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé que le terrorisme était l’ennemi commun de l’humanité et du monde entier, la communauté internationale devant agir ensemble et de façon conjointe pour faire face à ce phénomène.  La lutte contre le terrorisme doit être menée dans le respect de la Charte des Nations Unies et de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, a préconisé M. Liu.  L’échange d’informations doit être renforcé, a-t-il dit en ajoutant qu’il convient aussi de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme.

Le représentant de la Chine a insisté sur l’importance de renforcer la coopération internationale par le biais de mécanismes multilatéraux et internationaux, de mobiliser les Nations Unies pour constituer des bases de données en vue de rassembler des informations pertinentes, de renforcer la réglementation financière pour priver les terroristes de sources de financement, et de bloquer l’accès à Internet aux organisations terroristes. 

Il faut se montrer vigilant quant au retour des combattants qui sont allés se battre dans les rangs des groupes terroristes, car ils constituent une menace extrême posée non seulement aux États où ils sont allés combattre, mais aussi aux pays dont ils sont originaires, a averti le représentant de la Chine.  M. Liu a ensuite lancé un appel encourageant la tolérance, l’ouverture et le dialogue entre les civilisations.  Il faut favoriser une coexistence harmonieuse entre les communautés, a-t-il préconisé. 

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a dit que les combattants terroristes étrangers représentaient une menace pour la paix et la sécurité internationales.  L’ampleur aujourd’hui de la participation de jeunes aux activités des groupes terroristes est sans précédent, a-t-il constaté.  « Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans notre monde actuel », a-t-il souligné, relevant la « montée de l’obscurantisme » dans le monde aujourd’hui.  « Qu’avons-nous fait pour que des jeunes souhaitent rejoindre des groupes extrémistes qui commettent des actes insensés? » s’est interrogé tout haut M. Gaspar Martins.

Il faut mener une lutte idéologique contre la vision nihiliste des groupes terroristes et le cauchemar que ces jeunes sèment derrière eux, a-t-il poursuivi.  Soulignant que 25 000 combattants terroristes étrangers se trouvaient actuellement en Iraq et en Syrie, il a indiqué que, huit mois après l’adoption de la résolution 2178, la menace était aujourd’hui plus grande que jamais. 

Le représentant a ensuite détaillé les efforts menés par l’Angola pour lutter contre le fléau des combattants terroristes étrangers, mentionnant notamment la récente création d’un observatoire antiterroriste et la participation de l’Angola à la formulation d’une stratégie antiterroriste pour l’Afrique centrale.  La collaboration de toute personne aux activités d’un groupe

terroriste, que ce soit la fourniture d’information, de lieux de réunion, d’armes, a été érigée en infraction pénale, a-t-il précisé.  En conclusion, M. Gaspar Martins a appelé le Conseil de sécurité et les États Membres à s’attaquer aux causes profondes du phénomène des combattants terroristes étrangers.

M. EIHAB OMAISH (Jordanie) a indiqué que son pays avait mis en place une législation érigeant en infraction le recrutement de personnes qui souhaitent rejoindre des organisations terroristes à l’intérieur ou à l’extérieur du Royaume de Jordanie.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’élargir et de renforcer la coopération régionale pour faire face à ce phénomène.  Il est important que les services de renseignement coopèrent, a-t-il recommandé. 

Il a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de ce fléau, la prévention étant la pierre angulaire des efforts menés par la Jordanie.  La jeunesse étant le secteur de la société le plus visé par les manœuvres de recrutement de terroristes, il a rappelé le débat organisé le mois dernier par le Conseil de sécurité sous la présidence du Prince héritier de Jordanie Al Hussein Bin Abdallah, et consacré au rôle des jeunes dans la lutte contre l’extrémisme violent. 

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a déclaré qu’il fallait œuvrer à la pleine application de la résolution 2178 (2014), en renforçant notamment le contrôle aux frontières internationales.  Il a ensuite mentionné les efforts que fait son pays pour combattre le fléau des combattants terroristes étrangers, citant notamment la tenue de listes actualisées sur les personnes qui sont jugées comme présentant le risque de se joindre à des groupes terroristes.  « La coopération internationale est cruciale pour répondre à la menace posée par les combattants terroristes en provenance de pays étrangers qui, après leurs activités avec les groupes auxquels ils se sont joints, rentrent ensuite dans leur pays d’origine, formés au maniement des armes et des explosifs », a-t-il averti avant de souligner la nécessité de s’attaquer aux causes profondes d’un tel phénomène.  Le représentant a ainsi insisté sur la nécessité de lutter contre la marginalisation socioéconomique des jeunes qui, ensuite, sont tentés de rejoindre les rangs des groupes terroristes qui les endoctrinent et les radicalisent en ligne.  « L’édification d’une société inclusive est cruciale pour éradiquer ce fléau », a-t-il souligné.  Le représentant du Chili a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’entente entre les cultures, afin de réduire la marge de manœuvre de ceux qui veulent « instrumentaliser nos différences pour semer la destruction ».

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a estimé que l’action des organes subsidiaires du Conseil de sécurité constitue une contribution précieuse à la coordination des moyens de lutte contre le terrorisme.  Il s’est dit préoccupé par la situation en Iraq et en Syrie, ainsi que par celle qui prévaut en Libye ou en Afghanistan.  Il a souligné l’importance d’agir contre le terrorisme en adoptant des mesures de prévention, tout en évitant la politisation et la pratique du deux poids deux mesures. 

Le représentant de la Fédération de Russie a jugé utile d’utiliser les banques de données d’Interpol pour améliorer la lutte contre le terrorisme, d’intensifier la coopération bilatérale, et de dynamiser la coordination entre les organismes financiers.  Le représentant a appelé les États à adapter leurs législations nationales aux exigences du combat contre le terrorisme, afin de pouvoir mieux lutter contre les nouvelles menaces liées aux combattants étrangers.  Il a, à cet égard, énuméré certaines des mesures prises par son propre pays pour faire face aux dangers actuels.

M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARREÑO (Venezuela) a indiqué qu’il n’y avait pas de bon ou de mauvais terroriste.  Nous ne pouvons faire preuve de tolérance vis-à-vis de certains groupes terroristes, a-t-il noté, ajoutant que tous ces groupes instrumentalisaient la religion à des fins sectaires.  Il a souligné que l’adoption de la résolution 2178 avait marqué un jalon important, avant d’expliquer que la lutte contre la menace posée par les combattants terroristes étrangers exigeait à la fois l’adoption d’une approche répressive et celle d’une démarche préventive.  « Ces deux approches peuvent parfois trouver leurs limites dans les différences de vision entre États Membres et dans les disparités existant en termes de capacités », a relevé le représentant avant d’indiquer que ces deux approches se complétaient mutuellement.  « Il faut s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène », a-t-il ajouté.  Le délégué du Venezuela a souligné la nécessité de privilégier le règlement politique des conflits, avant de regretter que la résolution 2220 (2015), adoptée la semaine dernière, n’ait pas prévu l’interdiction expresse de la fourniture d’armes légères à des groupes et acteurs non étatiques.  Enfin, il a souligné l’importance de la promotion d’une culture de la paix et de la tolérance.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déploré que, malgré la mobilisation de la communauté internationale, le nombre de combattants étrangers se joignant à des entités terroristes continuait de croître.  « Près de 1 700 Français ou de personnes ayant un statut de résidents en France sont impliqués dans les filières terroristes iraqo-syriennes, et 470 d’entre eux sont actuellement en Syrie et en Iraq », a-t-il indiqué.  Face à ce défi, la France met en œuvre un plan de lutte contre la radicalisation, a-t-il poursuivi.  « La loi du 13 novembre 2014 a créé une procédure d’interdiction de quitter le territoire qui s’applique aux individus suspectés de vouloir se rendre à l’étranger dans le but de rejoindre une organisation terroriste », a annoncé M. Delattre.  Il a précisé que cette loi permettait également de demander aux fournisseurs d’accès à l’Internet le blocage des sites qui font l’apologie du terrorisme.

Le représentant de la France a ensuite jugé indispensable d’intensifier l’action de la communauté internationale pour faire face à la menace actuelle.  M. Delattre a notamment appelé de ses vœux la création rapide d’un « Passenger Name Record » européen, qui serait un système d’enregistrement des identités des passagers permettant de renforcer les dispositifs de contrôles aux frontières extérieures de l’Union européenne.  Enfin, il a jugé important que les organes compétents des Nations Unies, en particulier les Comités contre le terrorisme et contre Al-Qaida, s’assurent que les États mettent en œuvre leurs obligations internationales.  « Sur la base des évaluations réalisées, des programmes de renforcement des capacités doivent être mis en place lorsque cela est nécessaire », a recommandé le représentant de la France.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission entérine les propositions, recommandations et conclusions dont elle était saisie par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Soixante-neuvième session,
26e séance – après-midi
CPSD/577

La Quatrième Commission entérine les propositions, recommandations et conclusions dont elle était saisie par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Elle reporte du 1er au 7 octobre 2015 l’ouverture de ses travaux pour éviter tout chevauchement avec le débat général de l’Assemblée, qui s’ouvrira le 28 septembre

La Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a aujourd’hui adopté à l’unanimité de ses membres un projet de résolution* par lequel elle recommande à l’Assemblée générale d’approuver les propositions, recommandations et conclusions faites par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui résultent de sa session, tenue du 17 février au 13 mars 2015.

Par ailleurs, rappelant qu’il est impossible, conformément à la résolution 51/241 de l’Assemblée générale, de mener en parallèle des réunions des grandes commissions et le débat de l’Assemblée générale, la Quatrième Commission a aussi décidé** de reporter du 1er au 7 octobre 2015 l’ouverture de ses travaux de la soixante-dixième session de l’Assemblée afin d’éviter tout chevauchement avec le débat général de l’Assemblée générale qui ne s’ouvrira cette année que le 28 septembre 2015.  À l’instar des années précédentes, l’Assemblée générale avait, le 5 décembre dernier, fixé l’ouverture des travaux de la Quatrième Commission au 1er octobre.  Mais le 29 décembre, elle a décidé de fixer l’ouverture de son débat général au 28 septembre, ouvrant ainsi ce segment plus tard que d’habitude.

S’agissant des propositions, recommandations et conclusions, énoncées aux paragraphes 17 à 326 du rapport*** du Comité spécial, elles couvrent toute une série de questions, dont celles relatives aux thèmes « principes directeurs, définitions et exécution du mandat des opérations », « restructuration des opérations de maintien de la paix », « sûreté et sécurité », « déontologie et discipline », « coopération avec les pays fournisseurs de contingents », « coopération tripartite entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournissant des contingents ou des effectifs de police », « coopération avec les mécanismes régionaux », « renforcement des capacités africaines de maintien de la paix » ou encore, « mise en place d’un dispositif d’appui aux missions des Nations Unies plus solide ».

Concernant l’appui à apporter aux capacités africaines de maintien de la paix, le Comité spécial considère notamment que, parallèlement au partenariat existant entre l’ONU et l’Union africaine dans les opérations en cours, il faut continuer à épauler la Commission de l’Union africaine dans le domaine de la planification, à lui fournir un appui opérationnel, et à l’aider à renforcer ses capacités pour ses opérations de paix, ceci au titre du Programme décennal de renforcement des capacités.

S’agissant de la mise en place d’un dispositif d’appui plus solide aux missions des Nations Unies, le Comité demande notamment au Secrétariat de présenter une évaluation détaillée des résultats obtenus des enseignements tirés et des meilleures pratiques découlant de l’élaboration et de la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions.  Cet exposé devrait également comporter des informations sur la manière d’accélérer encore plus le démarrage des missions et d’améliorer le déploiement de toutes les catégories de personnel, de la logistique et du matériel.

Au chapitre du personnel, le Comité spécial prie le Secrétaire général de prendre les mesures voulues pour que les candidats choisis pour occuper des postes de direction et de décision soient les mieux qualifiés, en tenant dûment compte de la diversité géographique, pour permettre de renforcer le partenariat de maintien de la paix.  Il rappelle aussi que l’anglais et le français sont les deux langues de travail du Secrétariat de l’ONU, et qu’il importe de veiller à une interaction efficace entre le Siège et le terrain pour assurer de bonnes communications et la sûreté de l’ensemble du personnel de maintien de la paix.  À ce sujet, le Comité spécial encourage le Secrétaire général à prendre les mesures voulues pour employer, au Département des opérations de maintien de la paix et au Département de l’appui aux missions, du personnel pouvant utiliser avec compétence les deux langues de travail du Secrétariat.

Par le texte adopté aujourd’hui, la Quatrième Commission réaffirme que les États Membres qui fourniront du personnel aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans les années à venir, ou qui participeront aux travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix en qualité d’observateurs pendant trois années consécutives, deviendront membres du Comité spécial à la session suivante sur demande adressée par écrit au Président du Comité.

Le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et le projet de résolution y afférent ont été présentés à la Quatrième Commission par le Rapporteur du Comité spécial, M. Amr Aljowaily, de l’Égypte.  Il a indiqué que 11 États et organisations ont participé en qualité d’observateurs aux travaux du Comité spécial qui compte désormais 151 membres avec les récentes adhésions du Bhoutan, du Libéria et du Myanmar. 

Le Président de la Quatrième Commission, M. Durga P. Bhattarai, du Népal, a indiqué que la prochaine réunion de la Quatrième Commission aura lieu lundi, le 15 juin, en vue d’élire son Président et son Bureau pour la soixante-dixième session de l’Assemblée générale.

 

*     A/C.4/69/L.19
**    A/C.4/69/L.20
**   A/69/19

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: l’ONG française « Perfect Union » obtient le statut consultatif général et 27 autres organisations, le statut consultatif spécial

Comité des organisations non gouvernementales - session de 2015,
20e & 21e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6692-ONG/810

Comité des ONG: l’ONG française « Perfect Union » obtient le statut consultatif général et 27 autres organisations, le statut consultatif spécial

Le Comité des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à l’ONG française « Perfect Union », et le statut consultatif spécial à 27 autres organisations dont la grande majorité est originaire des pays en développement.

« Perfect Union » est une association qui a pour moteur le développement durable et équilibré pour tous.  Avec son statut consultatif général, elle est désormais classée dans la première catégorie des organisations accréditées auprès de l’ECOSOC, soit celles qui poursuivent des activités couvrant la plupart des domaines d’activité du Conseil économique et social et qui sont autorisées à soumettre à ce dernier des communications écrites et des pétitions et à lui proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Parmi les 27 ONG qui ont obtenu aujourd’hui leur statut consultatif spécial, les françaises, « International Union for Railways (UIC) », l’américaine « World Animal Net, Inc. » et la chinoise « World Organization for Early Childhood Education » ont fait l’objet d’un reclassement.  D’ONG seulement habilitées à soumettre des communications écrites au Conseil, elles passent au statut des organisations internationalement reconnues pour leur compétence particulière dans certains domaines d’activité de l’ECOSOC et qui, à ce titre, peuvent soumettre à ce dernier non seulement des communications écrites mais aussi des pétitions.

Le Comité a reporté sa décision sur une trentaine de demandes de statut dans l’attente des précisions exigées par ses membres.  L’américaine « World Without Genocide » a fait l’objet d’un long échange entre une dizaine de délégations, le représentant du Soudan jugeant « inacceptable » que cette ONG utilise le terme « génocide » pour qualifier la situation au Darfour.  Après près de deux heures de débat et 10 minutes de suspension de séance, le Comité a décidé d’envoyer à l’ONG une note lui rappelant les buts et objectifs des Nations Unies et lui demandant de s’expliquer sur l’utilisation du terme « génocide ».  L’ONG est priée d’expliquer comment elle peut concilier sa démarche et son travail avec la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 qui propose une définition claire du terme « génocide ».  

La danoise « International Dalit Solidarity Network » n’a pas non plus obtenu satisfaction aujourd’hui.  Elle a tout de même rappelé qu’ayant présenté sa demande en 2007, elle doit être le dossier le plus ancien sur la table du Comité.  L’ONG a dénoncé le fait qu’une délégation lui a envoyé 64 questions en 50 pages.  Le Président du Comité s’est dit préoccupé devant une situation qui se présente pour la huitième fois.  « International Dalit Solidarity Network » a indiqué qu’elle milite contre toutes les formes de discrimination en général et contre celle à l’égard des Dalit –les intouchables-, en particulier.

Le Comité chargé des ONG reprendra ses travaux demain vendredi 29 mai à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES DE STATUT CONSULTATIF SPÉCIAL AUPRÈS DE L’ECOSOC

Le Comité a recommandé l’octroi du statut consultatif spécial aux ONG suivantes:

  1. Mountain Area Information Network (États-Unis);
  2. Social Welfare Corporation, « Miral Welfare Foundation » (République de Corée)
  3. Active Help Organization (Pakistan)
  4. Development Generation Africa International (DGAI) (Nigéria)
  5. Disease Management Association of India (Inde)
  6. Global Academy Institute of Technology Foundation Inc. (Philippines)
  7. Healthy Start Initiative (Nigeria)
  8. Managing Committee of Kalinga Istitute Social Science (Inde)
  9. Martine center for Sustainable development (Nigéria)
  10. Muzaffarabad Poverty Alleviation Programme (MPAP) (Jammu and Kashmir)
  11. National Women’s Welfare Society Darha, Distt. Yavatmal (India)
  12. Peace and Life enhancement Initiative International (Nigeria) 
  13. Pukar Foundation (Pakistan)
  14. Rajasthan Samgrah Kalyan Sansthan (Inde)
  15. Samarthanam Trust for the Disabled (Inde)
  16. Sambhali Trust (Inde)
  17. Shivi Development  Society (Inde)
  18. Support to Deprived Peoples (S.D.P) (Pakistan)
  19. Sustainable Environment development Initiative (Nigéria)
  20. Warbe Development Foundation (Bangladesh)
  21. Youth Foundation of Bangladesh (Bangladesh) 
  22. Advocates for International Development (Royaume-Uni)
  23. Centre catholique international de Genève (CCIG) (Suisse)
  24. Ecumenical Alliance for Human Rights and Development (EAHRD) (Suisse)

REPORT DE L’EXAMEN DE NOUVELLES DEMANDES

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reporté dans l’attente des réponses aux questions posées aujourd’hui par les membres du Comité.

Le Comité a décidé de reporter sa décision sur la demande de Kirkon Ulkomaanavun Säätiö (Finlande); le représentant d’Israël s’interrogeant sur le financement de l’ONG.  C’est celui de la Chine qui s’est inquiété des sources financières de Public Interest Advocacy Centre Ltd (Australie) et d’Utah China Friendship Improvement Sharing Hands Development and Commerce (États-Unis), plus précisément sur les fonds des gouvernements s’agissant de la première ONG.

Le représentant de la Chine a aussi obtenu du Comité le report de la décision sur la demande de Specified Non-profit Corporation, Health and Global Policy Institute (Japon) qui ne mentionne pas le nom officiel de province chinoise de Taiwan.

World Without Genocide (États-Unis) devra aussi patienter au regard des inquiétudes exprimées par les délégations de l’Afrique du Sud, de l’Iran, de la Chine et du Soudan sur l’utilisation du terme « génocide ».  Après près de deux heures de débats et 10 minutes de suspension de séance pour des consultations, les délégations se sont mises d’accord pour envoyer à l’ONG une note lui rappelant les buts et objectifs des Nations Unies et lui demander de s’expliquer sur l’utilisation du terme « génocide » s’agissant de la situation au Soudan.  L’ONG est priée d’expliquer comment elle peut concilier sa démarche et son travail avec la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par l’Assemblée générale le 9 décembre 1948 et qui propose une définition claire du terme « génocide ».

L’ONG doit aussi dire pourquoi elle ne s’occupe que du Soudan et comment elle ventile son budget, a voulu savoir le représentant du Soudan, selon lequel l’utilisation du terme « génocide » pour qualifier la situation dans son pays est « une menace à l’intégrité territoriale ».  Son homologue de l’Afrique du Sud a souhaité savoir pourquoi l’ONG ne parle pas de la traite des esclaves et du colonialisme en Afrique qui constituent aussi « des formes historiques » de génocide.  Avec les représentants de Cuba et de la Turquie, il a exhorté l’ONG à prendre en compte tous les documents finaux de la Conférence mondiale contre le racisme et la discrimination raciale de 2001.

Une ONG n’est pas une organisation intergouvernementale et on ne peut s’attendre à ce qu’elle applique à la lettre toutes les résolutions des Nations Unies, ont argué les délégations des États-Unis et de la Grèce qui se sont, tout au long du débat, opposées à ce que l’on demande à l’ONG de renoncer au terme « génocide ».  Il n’appartient pas au Comité de demander aux ONG de changer leur champ d’activité.  La spécificité même de la société civile et des ONG est d’apporter une voix dissonante et de porter la contradiction aux États Membres, ont plaidé les deux délégations.  Mais nous devons, s’est défendu le représentant du Soudan, expliquer à cette organisation qu’elle est en contradiction avec les conventions des Nations Unies.  Le Comité peut-il vraiment imposer ses vues aux ONG? s’est demandé, à son tour, son homologue de la Mauritanie.  Les ONG sont tenues de respecter les principes de la Charte et les résolutions des Nations Unies, a argué le représentant de la Chine.  Et d’ailleurs, pourquoi l’ONG consacre plus de fonds aux salaires qu’aux activités? s’est impatienté le représentant du Soudan.

Invitons l’ONG à répondre à nos questions pour pouvoir avancer, a conseillé le représentant d’Israël.  Après une heure de débats, le représentant du Pakistan, appuyé par celui de la Mauritanie et de l’Inde, a en effet reconnu l’impasse.  Puisqu’il n’y a pas consensus sur la possibilité de demander à l’ONG de retirer le terme « génocide » de son commentaire, peut-être devrions-nous lui demander de dire ce qu’elle entend par ce terme, a-t-il suggéré, devant le refus de la représentante des États-Unis de voir le Comité exiger de l’ONG un nouveau dossier, comme l’avait proposé son homologue de l’Inde.

À la demande de plusieurs délégations, le secrétariat du Comité des ONG a précisé que le Comité est habilité à recommander au Conseil économique et social (ECOSOC) l’octroi ou le retrait d’un statut consultatif.

Le Comité a aussi décidé de reporter sa décision sur la demande de Youth Service America (États-Unis), le représentant du Nicaragua voulant savoir dans lesquels des 110 pays mentionnés dans le dossier, l’ONG travaille vraiment.  Le délégué de l’Afrique du Sud a demandé pourquoi l’ONG qualifie les enfants de 5 ans de « jeunes »?

Le Comité a également reporté sa décision sur la demande d’ELA-Equipo Latinoamericano de Justicia y Género (Argentine), le représentant du Nicaragua s’interrogeant sur les activités de l’ONG en Amérique latine.  Ethnic Community Development Organization (ECDO) (Bangladesh) devra répondre au représentant de l’Inde sur la manière dont elle compte contribuer aux travaux de l’ECOSOC.  Le représentant de l’Afrique du Sud a demandé à Heavenly Shower of Peace Church of God (Nigéria) d’être plus explicite dans l’énumération de ses objectifs.

Human Rights Sanrakshan Sansthaa (Inde) devrait faire preuve de patience après que le délégué du Pakistan lui a demandé pourquoi il y a tant de fonctionnaires dans son Conseil d’administration.  Ces membres sont-ils nommés ou élus? a demandé son homologue de l’Inde.  Le délégué du Pakistan a aussi voulu des précisions sur les activités régionales d’India Water Foundation (Inde) notamment au Bangladesh, au Myanmar et au Bhoutan.  Ce dernier a aussi relevé des informations contradictoires dans les sources de financement d’Insan Dost Association (Pakistan) qui a très peu de membres.

Instituto Igarapé (Brésil) a été prié d’expliquer l’absence apparente de membres au représentant de l’Afrique du Sud.  Également reporté l’examen de la demande de l’ONG International Human Rights Commission Relief Fund Trust (Pakistan) dans l’attente de précisions sollicitées par le représentant de l’Inde.

International Police Commission Philippine Command Association Inc. s’est heurté aux « graves préoccupations » de la représentante des Philippines qui a estimé que l’ONG se présente abusivement comme membre de l’ECOSOC et arbore sur son site des logos de l’ONU.  Elle a aussi indiqué que certains membres de l’ONG se font passer pour des policiers tout en menant des activités criminelles.  Le représentant de la Fédération de Russie a exigé des explications, avant que son homologue de l’Afrique du Sud ne se demande comment l’ONG peut prétendre collaborer avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), alors qu’elle n’a pas encore de statut consultatif auprès des Nations Unies.

Comment Kaushalya Gramodyog Sansthan (Inde) préserve-t-elle son indépendance alors qu’elle reçoit des financements du Gouvernement indien? s’est interrogé le représentant du Pakistan.  Et comment Liberia Youth Initiative for Peace and Sustainable Development (Liberia) peut-elle fonctionner sans membre? s’est inquiété le représentant de l’Afrique du Sud.

À la demande du représentant du Soudan, Light House (Bangladesh) doit clarifier son mode de financement et décrire ses activités futures.  Comment organise-t-elle tant d’activités avec aussi peu de membre? a douté la déléguée de l’Iran.  Quelles sont les sources de financement de National Development Youth Club, Jaran Wali Gali Poonch (Jammu and Kashmir)? a demandé le représentant de l’Inde.

Quelle sorte de relations New Era Educational and Charitable Support Initiative (Nigéria) entretient avec le « Centre africain pour la paix et travailleurs pour la paix »? a voulu savoir la représentante de la Chine.  Peut-on en savoir plus sur les activités de NGOs Computer Literacy Shelter Welfare, Rawalpindi Cantt (Pakistan)? a demandé le représentant du Pakistan qui s’est étonné qu’une organisation dont le nom indique une expertise d’informatique mène des activités dans les domaines de la santé et de la protection de l’environnement.

Le Comité a décidé de reporter sa décision relative à la demande de l’ONG Nigerian Diaspora Youth Movement for Peace and Development International Organization (Cameroun) et Publication and Coordination Center of Islamic Ideology and Sufi-ism (Bangladesh). Le représentant de la Chine a demandé si la première avait bien organisé la Conférence régionale dont elle fait mention et si la deuxième pouvait présenter un certificat d’enregistrement au Bangladesh.

Une ventilation des dépenses a été demandée à Shah Maqeem Trust (Pakistan) par le représentant du PakistanSwadhikar (Inde) et The Kuki Organization For Human Rights Trust (Inde) devront répondre au représentant de l’Inde qui a voulu savoir pourquoi la première prétend qu’il faut entre six mois à un an pour se faire enregistrer en Inde et indique que le nombre de ses membres varie entre 33 et 110.  À la seconde, il a demandé des précisions sur ses sources de financement.

La même question a été posée à Takal Welfare Organization (Pakistan) par le représentant du Pakistan.  West Africa Centre for Peace Foundation (Ghana) doit préciser sa position sur le Tibet, à la demande de la représentante de la Chine.  À la demande de la représentante de l’Iran, Youth Foundation of Bangladesh (Bangladesh) doit s’expliquer sur ses dépenses, en particulier la part consacrée aux dépenses administratives.

NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Le Comité chargé des ONG a recommandé au Conseil économique et social de faire passer du statut consultatif spécial au statut consultatif général « Perfect Union » (France).  International Union for Railways (UIC) (France), World Animal Net, Inc. (États-Unis) et World Organization for Early Childhood Education (Chine) devraient aussi passer de l’inscription sur la Liste au statut consultatif spécial.

NOUVEAU REPORT DE L’EXAMEN DES DEMANDES

Les ONG suivantes ont vu une nouvelle fois l’examen de leur demande reporté dans l’attente des réponses aux questions posées aujourd’hui par les membres du Comité:

Le Comité a décidé de reporter sa décision sur la demande d’Ambedkar Center for Justice and Peace (Inde), le représentant de l’Inde s’interrogeant sur le travail fait pour les droits de l’homme des groupes marginalisés.  Ces groupes sont-ils des populations autochtones?  Quel est le rôle des fonctionnaires du Gouvernement au sein de l’ONG?  À Dalit Foundation (Inde), le représentant a demandé comment elle arrive à préserver son indépendance vis-à-vis du Gouvernement?  Peut-on avoir une des sources de revenus?

Le Comité a décidé de reporter sa décision sur la demande d’Avocats Sans Frontières (Belgique) après que la représentante de la Chine a lui demandé de revenir au nom officiel du Tibet.  Son homologue de Cuba a souhaité des informations sur les travaux des bureaux internationaux de l’ONG.  Le représentant de la Fédération de Russie a demandé dans quelles instances des Nations Unies Azerbaijani American Cultural Association, Inc. (États-Unis) a l’intention de travailler.  Quelles sont les relations entre le Bureau international pour le respect des droits de l’homme au Sahara Occidental (Suisse) et les gouvernements qui travaillent avec elle.

Le Center for Media & Peace Initiative Inc. (États-Unis) devra répondre à la représentante du Nicaragua sur le dernier atelier qu’il a organisé.  La représentante de la Chine a voulu savoir si la Coordination des Associations et des Particuliers pour la Liberté de Conscience (France) est une organisation nationale ou régionale.

DIALOGUE ENTRE LE COMITÉ ET LES ONG

Aux termes du dialogue, le Comité des ONG a décidé de recommander l’octroi du statut consultatif spécial à « Connecting.NYC. Inc. » (États-Unis).

Par contre, le Comité a reporté sa décision sur la demande d’International Dalit Solidarity Network (Danemark) après les questions du représentant de l’Inde qui a voulu une réponse écrite sur les activités de l’ONG.  À quel réseau d’ONG appartient-elle?  L’ONG a indiqué qu’elle milite contre toutes les formes de discrimination en général et contre celle à l’égard des Dalit, en particulier.  Elle a rappelé que sa demande a été déposée en 2007 et examinée, pour la première fois, en 2008.  C’est la demande la plus ancienne que le Comité examine aujourd’hui, a souligné l’ONG qui a dénoncé le fait qu’elle a reçu 64 questions en 50 pages de la part d’une seule délégation.  Mais les délégations ont le droit de poser toutes les questions qu’elles veulent, a tranché le représentant du Soudan, en conseillant patience à l’ONG.

La représentante de Cuba a demandé des détails sur les relations entre The Kuki Organization for Human Rights Trust (Inde) et l’ONG « Campaign Foundation » du Bangladesh.  Son homologue de l’Iran a voulu connaître le nom du site Internet de l’ONG.  Quelles sont les activités futures de l’ONG? s’est enquis le délégué de l’IndeThe Kuki Organization for Human Rights Trust a répondu que depuis sa création, elle milite pour le respect des droits de l’homme du peuple kuki et « rien d’autre ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Chef des opérations humanitaires de l’ONU exhorte les membres du Conseil de sécurité à mettre de côté leurs différends afin de remédier à la situation « extrêmement grave » en Syrie

7452e séance – après-midi
CS/11911

La Chef des opérations humanitaires de l’ONU exhorte les membres du Conseil de sécurité à mettre de côté leurs différends afin de remédier à la situation « extrêmement grave » en Syrie

Mme Valerie Amos, qui s’exprimait pour la dernière fois devant le Conseil en tant que Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence du système de l’ONU, a dressé cet après-midi un tableau sombre de la situation en Syrie, qui continue de se détériorer jour après jour.

« 12,2 millions de personnes sont dans le besoin urgent d’une assistance humanitaire, et le nombre de personnes déplacées dépasse les 8 millions », a-t-elle dit.  À cette aune, Mme Amos a exhorté les membres du Conseil à mettre de côté leurs différends politiques et à rechercher une solution à ce qui semble être une série de défis insurmontables.

Au cours de la séance, consacrée à l’examen du rapport* du Secrétaire général relatif à l’application des résolutions 2139, 2165 et 2191 adoptées par le Conseil en 2014, Mme Amos a indiqué que la descente aux enfers de la Syrie pendant quatre ans avait dépassé en gravité les pronostics les plus sombres des observateurs.  « La situation à travers le pays est extrêmement grave et se détériore jour après jour », a-t-elle dit, ajoutant que les actes haineux se multipliaient en Syrie.  « Des hommes, des femmes, des enfants innocents sont tués, mutilés, déplacés et soumis à une sauvagerie qu’aucun être humain ne devrait endurer », a déploré la Secrétaire générale adjointe.

Elle a rappelé que la résolution 2139 (2014) avait formulé des demandes claires aux parties: elle leur enjoignait de mettre fin aux violences, de se conformer au droit international et de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  « Malheureusement, au cours des 15 derniers mois, le Secrétaire général a systématiquement fait état de l’irrespect continu des parties envers les demandes que leur avait faites le Conseil », a regretté Mme Valerie Amos.  Elle a ensuite déclaré que l’utilisation du chlore comme arme de guerre se poursuivait, tuant, blessant et terrorisant les civils, et que les écoles et hôpitaux continuaient d’être attaqués.  Elle a précisé que 422 000 personnes, soit près de deux fois plus qu’au moment de l’adoption de la résolution 2139 (2014), se trouvaient dans des zones assiégées.

« Si j’avais mentionné un tel chiffre lors du début du conflit, je suis sûre que les membres du Conseil ne l’auraient pas cru possible », a-t-elle dit.  Elle a ajouté qu’en avril, l’ONU et ses partenaires n’avaient pu atteindre aucune des zones en état de siège.  L’introduction par le Gouvernement syrien de nouvelles règles empêche l’acheminement de l’aide humanitaire auprès des personnes qui sont dans un besoin désespéré, a-t-elle déploré.  

« L’avancée de Daech en Syrie se traduit par un degré inédit de sauvagerie, avec la perpétration de manière indiscriminée de meurtres, de mutilations, de viols et de destructions », a-t-elle dit.  La Coordonnatrice des secours d’urgence du système de l’ONU a indiqué que Daech enrôlait de force des enfants dans ses rangs et rendait par ses agissements l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones qui sont sous son contrôle de plus en plus difficile.

« Aujourd’hui, plus de 12,2 millions de personnes sont dans le besoin urgent d’une assistance humanitaire en Syrie, soit une augmentation de près d’un tiers par rapport au jour de l’adoption de la résolution 2139 », a-t-elle dit.  Elle a précisé que 540 000 personnes avaient été contraintes de se déplacer cette année, venant s’ajouter aux 7,6 millions de personnes déplacées que compte d’ores et déjà le pays.  Près de 4 autres millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins de la Syrie, a-t-elle précisé.

Au vu de cette situation, la Secrétaire générale adjointe a exhorté le Conseil à prendre les mesures nécessaires afin de protéger les civils et faire en sorte que les parties respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, en facilitant l’acheminement de l’aide humanitaire.

Elle a aussi demandé aux membres du Conseil qu’ils considèrent toutes les options possibles afin que les auteurs de violations du droit international répondent de leurs actes.  Le Conseil de sécurité devrait également veiller à intensifier l’effort financier en appui de la réponse humanitaire, et il devrait s’assurer à ce que soit respectée la nature non politique de l’aide humanitaire, a-t-elle ajouté.

Consciente des difficultés à surmonter, Mme Valerie Amos a néanmoins indiqué que la communauté internationale ne pouvait se permettre d’abandonner les Syriens à leur désespoir.  « Pour le bien de la Syrie et des générations futures, le Conseil doit mettre de côté les différends politiques existant en son sein et rechercher une solution à ce qui semble être devenu un problème insurmontable », a souligné Mme Amos en rappelant que l’adoption des résolutions 2139 et 2165 attestait de ce qui pouvait être fait lorsque les États membres du Conseil agissent de concert et parlent d’une seule voix.

S’exprimant à la suite de la Coordonnatrice des secours d’urgence, le représentant de la République arabe syrienne, M. Bashar Ja’afari, a rappelé que la crise humanitaire ne saurait s’achever sans que soit réglé le problème qui est à sa racine, à savoir l’éradication du terrorisme appuyé par l’étranger et l’instauration d’un dialogue entre Syriens sans ingérence extérieure.

« Il s’agit là de la seule manière sérieuse de régler le conflit et d’améliorer la situation humanitaire », a souligné le représentant.  Les résolutions du Conseil sur la lutte contre le terrorisme doivent être mises en œuvre, en coordination avec le Gouvernement de la Syrie, afin de mettre un terme aux soutiens apportés par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar aux groupes terroristes en Syrie, a-t-il indiqué.

M. Ja’afari a dénoncé l’attitude de la Turquie, dont le Ministre des affaires étrangères a affirmé, il y a quelques jours, que son pays était d’accord avec les États-Unis pour qu’un appui aérien soit assuré aux groupes terroristes en Syrie.  « Il n’existe pas de terrorisme modéré en Syrie », a souligné le représentant en indiquant que les groupes terroristes actifs dans son pays y menaient des actions atroces, soutenues par des pays étrangers.

Les sanctions économiques unilatérales injustement imposées au peuple syrien restent une source de souffrance supplémentaire, a-t-il ajouté, précisant que celles-ci devaient être levées.  Enfin, il a souligné que le Gouvernement de Damas avait coopéré avec l’ONU et facilité un accès à l’assistance humanitaire dans tous les points chauds du pays jusqu’au 9 avril dernier.

 

 

*     S/2015/368

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUSS jusqu’au 30 novembre 2015

7451e séance – après-midi
CS/11910

Soudan du Sud: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUSS jusqu’au 30 novembre 2015

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) jusqu’au 30 novembre 2015.

Par la résolution 2223 (2015), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité a ainsi suivi la recommandation que lui a faite le Secrétaire général dans son dernier rapport* sur le Soudan du Sud.

Aux termes de la résolution adoptée cet après-midi, le Conseil autorise également la MINUSS à « user de tous moyens nécessaires » pour s’acquitter de tâches dans les domaines de la protection des civils, de la surveillance et des enquêtes en matière de droits de l’homme, de l’instauration des conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire, et de l’appui à la mise en œuvre de l’Accord de cessation des hostilités.

Par ce texte, le Conseil de sécurité approuve la recommandation faite par le Secrétaire général dans son rapport du 29 avril 2015 de maintenir l’effectif global de la MINUSS à l’appui de son mandat.  Il décide que la Mission sera constituée d’une composante militaire comptant jusqu’à 12 500 hommes, tous grades confondus, et d’une composante de police comprenant un nombre approprié d’unités de police constituées et comptant jusqu’à 1 323 hommes, et que la composante civile sera réduite conformément à ses tâches.

Aux termes de la résolution, le Conseil exige de toutes les parties au conflit qu’elles permettent, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs des Nations Unies concernant l’aide humanitaire, le plein accès en toute sécurité et liberté du personnel de secours, du matériel et des fournitures à tous ceux se trouvant dans le besoin, et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire, en particulier aux déplacés et aux réfugiés.

* S/2015/296

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud (S/2015/296)

Texte du projet de résolution (S/2015/380)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1996 (2011), 2046 (2012), 2057 (2012), 2109 (2013), 2132 (2013), 2155 (2014), 2187 (2014) et 2206 (2015), et les déclarations de son président publiées sous la cote S/PRST/2014/16, S/PRST/2014/26 et S/PRST/2015/9,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la République du Soudan du Sud, et rappelant l’importance des principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale,

Rappelant sa résolution 2086 (2013) et réaffirmant les principes fondamentaux du maintien de la paix, y compris le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat, et conscient que le mandat de chaque mission de maintien de la paix est déterminé en fonction des besoins et de la situation du pays concerné,

Se disant profondément alarmé et préoccupé par l’aggravation de la crise politique, sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud, découlant du différend politique au sein du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) et des violences qui en résultent du fait des dirigeants politiques et militaires du pays,

Condamnant énergiquement les violations des droits de l’homme, les atteintes à ces droits et les violations du droit international humanitaire, notamment les exécutions extrajudiciaires, les violences pour des motifs ethniques, les viols et les autres formes de violence sexuelle et sexiste, le recrutement et l’utilisation d’enfants dans le conflit armé, les disparitions forcées, les arrestations et les détentions arbitraires, la violence visant à semer la terreur parmi la population civile et les attaques contre des écoles, des lieux de culte et des hôpitaux et contre des membres du personnel des Nations Unies et du personnel associé de maintien de la paix, qui ont été signalées et qui continuent d’être commises par toutes les parties, dont des groupes armés et les forces de sécurité nationales, ainsi que les actes d’encouragement à commettre de telles violations et atteintes,

Condamnant également le fait que les membres de la société civile, le personnel humanitaire et les journalistes sont harcelés et pris pour cible, et soulignant que quiconque est responsable de violations du droit international humanitaire, de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits doit répondre de ses actes et qu’il incombe au premier chef au Gouvernement sud-soudanais de protéger sa population, y compris contre d’éventuels crimes contre l’humanité et crimes de guerre,

Se déclarant profondément alarmé et préoccupé par le fait que plus de deux millions de personnes ont été déplacées et par l’aggravation de la crise humanitaire, soulignant que toutes les parties au conflit sont responsables des souffrances du peuple sud-soudanais et qu’il est nécessaire de répondre aux besoins fondamentaux de la population, et saluant les efforts déployés par les organismes humanitaires des Nations Unies, leurs partenaires et les donateurs pour apporter une assistance immédiate et coordonnée à la population,

Rappelant que toutes les parties au conflit doivent autoriser et faciliter pleinement l’accès du personnel, du matériel et des fournitures humanitaires, sans entrave et en toute sécurité, à tous ceux qui en ont besoin, et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire, en particulier aux personnes déplacées et aux réfugiés, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs des Nations Unies régissant l’aide humanitaire,

Condamnant toutes les attaques lancées contre le personnel et les installations humanitaires, et rappelant que le fait de mener des attaques contre du personnel humanitaire et le fait de priver des civils de biens indispensables à leur survie peuvent constituer des violations du droit international humanitaire,

Remerciant l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) de s’être employée sans relâche, avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies et de l’Union africaine, à créer un espace de dialogue sur les questions de politique et de sécurité, à mettre en place et faire fonctionner le Mécanisme de surveillance et de vérification prévu par l’Accord sur la cessation des hostilités et à conduire des négociations politiques multipartites en vue d’aboutir à la formation d’un gouvernement provisoire d’unité nationale,

Condamnant énergiquement les violations continuelles, par toutes les parties, de l’Accord de cessation des hostilités, qui sapent les efforts de paix, tout en soulignant l’importance que continuent d’avoir les initiatives prises sous l’égide de l’IGAD, à savoir la conclusion, le 23 janvier 2014, de l’Accord de cessation des hostilités et de l’Accord sur le statut des détenus, l’adoption par consensus de la Déclaration de principes entre les parties, la création du Mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, la conclusion, le 9 mai 2014, de l’Accord de règlement de la crise au Soudan du Sud, l’adoption, le 9 novembre 2014, des modalités de réengagement et d’application de l’Accord de cessation des hostilités, et la signature, le 1er février 2015, des Domaines d’accord sur l’établissement d’un gouvernement d’union nationale de transition en République du Soudan du Sud,

Prenant note du message que le Premier Ministre éthiopien et Président de l’IGAD, Hailemariam Dessalegn, a adressé au peuple sud-soudanais le 6 mars 2015, et regrettant vivement que les parties ne soient pas parvenues à s’entendre sur les dispositions prévues dans les Points d’accord sur la mise en place du Gouvernement d’union nationale de transition en République du Soudan du Sud, en date du 1er février 2015,

Attendant avec intérêt que l’IGAD, épaulée par les amis d’Afrique et de l’extérieur du Soudan du Sud, dont l’Organisation des Nations Unies, redouble d’efforts pour appliquer un plan commun et trouver une solution raisonnable et globale à la crise au Soudan du Sud, invitant toutes les parties à s’engager effectivement dans la voie du processus de paix de manière à parvenir à un règlement politique de la crise et à mettre fin à la violence, se félicitant, à cet égard, que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ait décidé, le 24 mars 2015, de créer le Comité ad hoc de haut niveau de l’Union africaine sur le Soudan du Sud et encourageant la poursuite d’une coopération étroite entre l’Organisation des Nations Unies, l’IGAD et l’Union africaine dans le cadre des efforts de médiation et des négociations de paix,

Exprimant sa profonde gratitude envers le personnel de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et les pays qui fournissent des contingents et du personnel de police pour les mesures qu’ils prennent en vue de protéger les civils, y compris les ressortissants étrangers, qui vivent sous la menace de violences physiques et de stabiliser la situation sur le plan de la sécurité dans les camps de la Mission et au-delà, remerciant la MINUSS pour les efforts qu’elle déploie pour venir en aide aux déplacés qui recherchent protection dans ses camps, tout en soulignant qu’il faut trouver des solutions durables pour les déplacés, notamment dans des lieux de remplacement sûrs, conformément aux Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays,

Prenant note avec intérêt des différents rapports traitant de la situation des droits de l’homme au Soudan du Sud, notamment le rapport en date du 11 décembre 2014 sur la situation des enfants dans les conflits armés, le rapport en date du 19 décembre 2014 sur l’attaque perpétrée contre Bentiu le 20 octobre 2014 et le rapport en date du 9 janvier 2015 sur les attaques lancées contre des civils à Bentiu et Bor en avril 2014, ainsi que le rapport d’étape de la MINUSS sur la situation des droits de l’homme en date du 21 février 2014 et son rapport sur la situation des droits de l’homme en date du 8 mai 2014,

Se déclarant profondément préoccupé par le fait que, d’après ces rapports, il existe des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l’humanité, y compris des exécutions extrajudiciaires, des viols et autres actes de violence sexuelle, des disparitions forcées, l’utilisation d’enfants dans le conflit armé et des arrestations et des détentions arbitraires, ont été perpétrés tant par les forces gouvernementales que par les forces de l’opposition, et que des crimes de guerre ont été commis et notant que ces actes menacent la paix, la sécurité et la stabilité au Soudan du Sud,

Soulignant qu’il est de plus en plus urgent et indispensable de mettre fin à l’impunité au Soudan du Sud et de traduire en justice les auteurs de tels crimes et qu’en outre, l’application du principe de responsabilité, la réconciliation et l’apaisement jouent un rôle important s’agissant de mettre fin à l’impunité et d’instaurer une paix durable,

Insistant sur le fait que les personnes ou entités responsables ou complices d’activités ou de politiques faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité au Soudan du Sud, ou ayant pris part, directement ou indirectement, à de telles activités ou politiques, pourront faire l’objet de sanctions ciblées conformément à la résolution 2206 (2015), rappelant qu’il est prêt à imposer des sanctions ciblées et notant avec intérêt le communiqué de presse en date du 22 mai 2015 du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, dans lequel celui-ci demande qu’il soit procédé d’urgence à la désignation des personnes et des entités faisant l’objet des mesures prévues dans la résolution 2206 (2015),

Se félicitant des travaux de la Commission d’enquête de l’Union africaine sur la conduite d’activités indépendantes et publiques de surveillance, d’enquête et d’établissement de rapports en matière de droits de l’homme, et de son rapport intermédiaire sur le Soudan du Sud en date du 27 juin 2014, attendant avec intérêt ses conclusions et recommandations et l’invitant à publier dès que possible son rapport final sur la question,

Condamnant fermement la diffusion dans les médias de discours de haine et de messages incitant à commettre des violences contre un groupe ethnique donné, qui pourrait contribuer à entraîner des violences massives et à exacerber le conflit, demandant au Gouvernement sud-soudanais de prendre les mesures qui s’imposent pour prévenir de telles pratiques et engageant instamment toutes les parties à s’abstenir d’y recourir et à œuvrer plutôt pour la promotion de la paix et de la réconciliation entre les communautés,

Conscient du rôle important que jouent les organisations de la société civile, les chefs religieux, les femmes et les jeunes au Soudan du Sud, soulignant qu’il importe qu’ils participent, au même titre que les anciens détenus membres du MPLS et d’autres partis politiques, à la recherche d’une solution durable à la crise qui sévit dans le pays, et notant avec préoccupation les efforts que déploient toutes les parties pour limiter cette participation, notamment en empêchant certaines personnes de se rendre aux pourparlers et en multipliant les atteintes à la liberté d’expression,

Soulignant que les obstacles qui continuent d’entraver la pleine application de la résolution 1325 (2000) ne pourront être éliminés que moyennant un engagement résolu en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes ainsi que de l’exercice par celles-ci de leurs droits fondamentaux, dans le cadre d’initiatives concertées et grâce à des informations, des mesures et un appui cohérents visant à accroître la participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux,

Exprimant sa vive préoccupation face aux restrictions qui continuent d’entraver les mouvements et les activités de la MINUSS, sous la forme notamment de violations répétées de l’Accord sur le statut des Forces et d’obstacles au déploiement du matériel et des autres ressources essentielles, et soulignant qu’il importe que la MINUSS et le Gouvernement coopèrent étroitement et communiquent en vue de résoudre ces problèmes,

Condamnant fermement les attaques commises contre le personnel et les installations des Nations Unies par les forces gouvernementales, les forces de l’opposition et d’autres groupes, notamment la destruction, en décembre 2012, d’un hélicoptère des Nations Unies par l’Armée populaire de libération du Soudan, l’attaque d’avril 2013 contre un convoi des Nations Unies, l’attaque de décembre 2013 contre le camp de la MINUSS à Akobo, la destruction, en août 2014, d’un hélicoptère des Nations Unies par des groupes armés non identifiés, l’arrestation et la détention, en août 2014, d’une équipe de surveillance et de vérification de l’IGAD, les détentions et les enlèvements de membres du personnel des Nations Unies et du personnel associé, les multiples attaques contre les camps de la Mission à Bor, Bentiu, Malakal et Melut, et la disparition, imputée à l’Armée populaire de libération du Soudan, de deux agents d’un organisme des Nations Unies recrutés sur le plan national et d’un vacataire recruté sur le plan national dans l’État du Haut-Nil, et demandant au Gouvernement sud-soudanais de mener à bien en toute diligence les enquêtes qu’il a ouvertes sur ces attaques et d’en poursuivre les responsables en justice,

Demandant à nouveau à la MINUSS de prendre des mesures supplémentaires, selon qu’il conviendra, pour assurer la sécurité de ses opérations aériennes au Soudan du Sud et de lui faire rapport à ce sujet,

Soulignant qu’il importe, pour que la MINUSS s’acquitte de son mandat de protection des civils, qu’elle établisse effectivement des contacts et une liaison avec les populations locales, à l’intérieur comme à l’extérieur des sites de protection des civils,

Se déclarant profondément préoccupé par les menaces visant des installations et des sociétés pétrolières et leurs employés, et engageant vivement toutes les parties à garantir la sécurité de l’infrastructure économique,

Rappelant sa résolution 2117 (2013) et exprimant sa vive préoccupation face à la menace que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre font peser sur la paix et la sécurité au Soudan du Sud,

Prenant note avec une vive inquiétude des informations données par le Service de la lutte antimines de l’ONU dans l’État du Jongleï en février 2014, selon lesquelles les parties au conflit font un usage aveugle d’armes à sous-munitions, demandant instamment à toutes les parties de s’abstenir d’utiliser de telles armes à l’avenir, et exprimant sa profonde préoccupation face à l’accroissement du nombre de munitions non explosées,

Se félicitant de ce que l’IGAD continue d’assurer le fonctionnement du Mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, demandant de nouveau le redéploiement et/ou le retrait progressif des groupes armés et des forces alliées aux deux parties, conformément à l’Accord de cessation des hostilités du 23 janvier 2014, et mettant en garde contre les graves conséquences que la régionalisation du conflit pourrait entraîner,

Réaffirmant ses résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé, ses résolutions 1502 (2003) et 2175 (2015) sur la protection du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire, ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2068 (2012) et 2143 (2014) sur le sort des enfants en temps de conflit armé, ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013) et 2122 (2013) sur les femmes et la paix et la sécurité, sa résolution 2150 (2014) sur la prévention et la lutte contre le génocide, sa résolution 2151 (2014) sur la réforme du secteur de la sécurité et sa résolution 2171 (2014) sur la prévention des conflits,

Prenant note des rapports du Secrétaire général en date du 17 février 2015 (S/2015/118) et du 29 avril 2015 (S/2015/296), et des recommandations qui y figurent,

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Approuve de nouveau l’Accord de cessation des hostilités accepté et signé par le Gouvernement et le Mouvement/l’Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS) dans l’opposition le 23 janvier 2014 ainsi que l’Accord de règlement de la crise au Soudan du Sud signé par le Gouvernement et le M/APLS dans l’opposition le 9 mai 2014, approuve les modalités de réengagement et d’application de l’Accord de cessation des hostilités adoptées le 9 novembre 2014, demande aux deux parties d’appliquer immédiatement et intégralement les accords, et se déclare décidé à envisager de prendre toutes les mesures voulues contre ceux dont les agissements remettent en cause la paix, la stabilité et la sécurité au Soudan du Sud, y compris ceux qui font obstacle à l’application de ces accords, comme en témoigne l’adoption, à l’unanimité, de sa résolution 2206 (2015);

2.    Demande instamment aux parties d’engager un dialogue national inclusif et ouvert à tous dans le but d’asseoir une paix durable, la réconciliation et la bonne gouvernance, en y assurant notamment la participation pleine et active de représentants des jeunes, des femmes, des diverses communautés et groupes confessionnels, de la société civile et des dirigeants du MPLS précédemment détenus, encourage l’IGAD et l’Organisation des Nations Unies à continuer d’œuvrer à la conclusion d’un accord de paix entre les parties, et prie instamment ces parties de faire une place dans toutes négociations et tous accords de paix à des dispositions de protection de l’enfance;

3.    Décide de proroger le mandat de la MINUSS jusqu’au 30 novembre 2015;

4.    Décide d’assigner à la MINUSS le mandat suivant, et l’autorise à user de tous moyens nécessaires pour s’acquitter des tâches suivantes :

      a)    Protection des civils :

      i)    Protéger les civils sous la menace de violence physique, quelle qu’en soit la source, dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement, et particulièrement les femmes et les enfants, notamment en utilisant continuellement ses conseillers pour la protection des enfants et ses conseillers pour la protection des femmes;

      ii)   Dissuader de toute violence contre les civils, y compris les étrangers, en particulier en procédant à des déploiements préventifs et en patrouillant activement, en accordant une attention particulière aux civils déplacés, notamment, mais non exclusivement, ceux se trouvant dans des sites de protection et des camps de réfugiés, au personnel humanitaire et aux défenseurs des droits de l’homme, et en identifiant les menaces et attaques contre la population civile, notamment en consultant régulièrement la population civile et en œuvrant en étroite collaboration avec les organisations humanitaires, de défense des droits de l’homme et de développement, dans les zones à risque de conflit élevé, notamment, le cas échéant, les écoles, lieux de culte, hôpitaux et installations pétrolières, en particulier là où le Gouvernement sud-soudanais est incapable d’assurer une telle sécurité ou ne le fait pas;

      iii)  Mettre en œuvre à l’échelle de la Mission une stratégie d’alerte rapide coordonnant la collecte, le contrôle, la vérification et la diffusion des informations, l’alerte rapide et les mécanismes de réaction, pour notamment parer à l’éventualité d’attaques futures contre le personnel et les installations des Nations Unies;

      iv)   Préserver la sûreté et la sécurité publiques à l’intérieur et autour des sites de protection des civils de la MINUSS;

      v)    User de bons offices et de mesures de confiance et d’encouragement pour appuyer la stratégie de protection de la Mission, en particulier en ce qui concerne les femmes et les enfants, notamment en aidant à la prévention, à l’atténuation et au règlement des conflits intercommunautaires pour favoriser une réconciliation durable à l’échelle locale et nationale, élément essentiel de la prévention de la violence et de l’édification de l’État à long terme;

      vi)   Créer les conditions de sécurité propices à terme au retour volontaire en toute sécurité des déplacés et des réfugiés, notamment, dans le strict respect de la Politique de diligence voulue des Nations Unies en matière de droits de l’homme, en surveillant les services de police et les acteurs de la société civile, en veillant à ce qu’ils appliquent les normes internationales relatives aux droits de l’homme et en procédant avec eux à une coordination opérationnelle ciblée en matière de protection en menant notamment des activités de sensibilisation aux questions de violence sexuelle et sexiste, le but étant de renforcer la protection des civils;

      b)    Surveillance et enquêtes en matière de droits de l’homme :

      i)    Surveiller les atteintes et violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, enquêter sur toutes atteintes et violations, les constater et en rendre compte publiquement et régulièrement, notamment lorsqu’elles sont susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre;

      ii)   Suivre particulièrement les violations et sévices commis à l’encontre d’enfants et de femmes, y compris toutes formes de violence sexuelle et sexiste commises en période de conflit armé, enquêter sur celles-ci, les confirmer et en rendre compte spécifiquement et publiquement en accélérant la mise en œuvre des dispositifs de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur la violence sexuelle liée aux conflits et en renforçant le mécanisme de surveillance et de communication de l’information concernant les violations graves commises à l’encontre d’enfants;

      iii)  Agir en coordination avec la Commission d’enquête de l’Union africaine pour le Soudan du Sud tout en lui apportant un concours technique, selon que de besoin;

      c)    Instauration des conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire :

      i)    Contribuer, en étroite coordination avec les acteurs humanitaires, à créer les conditions de sécurité propices à l’acheminement de l’aide humanitaire, en usant de bons offices et de mesures de confiance, afin de permettre, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs des Nations Unies concernant l’aide humanitaire, l’accès complet en toute sécurité et sans entrave du personnel de secours à tous ceux se trouvant dans le besoin au Soudan du Sud et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire, en particulier aux déplacés et aux réfugiés;

      ii)   Garantir la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et du personnel associé, le cas échéant, et la sécurité des installations et du matériel nécessaire à l’exécution des tâches prescrites;

      d)    Appui à la mise en œuvre de l’Accord de cessation des hostilités :

      i)    Assurer la coordination voulue avec le Comité technique mixte, le Mécanisme de surveillance et de vérification et les équipes de surveillance et de vérification, selon qu’il conviendra;

      ii)   Fournir au Mécanisme de surveillance et de vérification de l’IGAD des services de sécurité mobile et de sécurité des sites, conformément aux décisions prises par l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’IGAD à ses réunions des 31 janvier et 13 mars 2014; et

      iii)  Appuyer le Mécanisme de surveillance et de vérification dans l’exercice des fonctions qui lui sont assignées par l’Accord de cessation des hostilités;

5.    Souligne que la protection des civils visée au paragraphe 4 a) doit être la priorité dans les décisions concernant l’utilisation des capacités et ressources disponibles de la Mission;

6.    Prie le Secrétaire général de continuer, par l’intermédiaire de son Représentant spécial, à diriger les opérations d’une MINUSS intégrée, à coordonner toutes les activités du système des Nations Unies en République du Soudan du Sud et à appuyer une action internationale cohérente en vue d’instaurer la paix en République du Soudan du Sud et préconise de recourir aux bons offices de l’Organisation des Nations Unies auprès des parties et des autres parties prenantes;

7.    Approuve la recommandation faite par le Secrétaire général dans son rapport du 29 avril 2015 de maintenir l’effectif global de la MINUSS à l’appui de son mandat, énoncé au paragraphe 4 de la présente résolution;

8.    Décide que la MINUSS sera constituée d’une composante militaire comptant jusqu’à 12 500 hommes, tous grades confondus, et d’une composante de police comprenant un nombre approprié d’unités de police constituées et comptant jusqu’à 1 323 hommes, et que la composante civile sera réduite conformément aux tâches décrites au paragraphe 4; prie le Secrétaire général de lui fournir, notamment dans ses rapports périodiques, des informations détaillées sur la constitution des forces, la restructuration de la force de la MINUSS, l’appui logistique et les éléments habilitants; et prie le Secrétaire général d’examiner les besoins sur le terrain et d’établir une évaluation actualisée des opérations, du déploiement et des besoins futurs de la force dans les rapports périodiques qu’il lui présentera;

9.    Prie la MINUSS de continuer de concentrer et de rationaliser les activités de ses composantes militaire, de police et civile afin d’aller de l’avant dans l’exécution des tâches décrites au paragraphe 4, et reconnaît qu’il devra donc être mis fin à certaines tâches de la Mission;

10.   Exprime l’intention de continuer à examiner activement les besoins des composantes de la MINUSS et leur composition, d’examiner le présent mandat et d’y apporter tout ajustement nécessaire à un stade approprié de la mise en œuvre par les parties d’un accord de paix crédible;

11.   Autorise le Secrétaire général à prendre, conformément au paragraphe 8, les mesures nécessaires pour procéder rapidement à la constitution de forces et de matériel;

12.   Prie la MINUSS d’intensifier sa présence et de patrouiller plus activement dans les zones à risque de conflit élevé et à forte concentration de déplacés, notamment dans le cadre de l’exécution de sa stratégie d’alerte rapide, dans les zones contrôlées aussi bien par le Gouvernement que par l’opposition, et sur les principaux itinéraires de mouvements de population, et d’examiner périodiquement son déploiement géographique de manière à disposer ses forces au mieux pour protéger les civils, et prie le Secrétaire général de lui présenter en août 2015, dans son prochain rapport, des renseignements à jour sur la façon dont la Mission s’emploie à exécuter ses obligations en matière de protection des civils, en procédant notamment, mais pas exclusivement, à des patrouilles dans de nouvelles zones et à un déploiement plus actif, ainsi que sur les mesures qui seront prises pour que la Mission s’acquitte de son mandat de façon plus efficiente et efficace, et de lui présenter ultérieurement, dans ses rapports périodiques, des informations actualisées sur ces examens;

13.   Prie également la MINUSS de continuer de veiller au plein respect de la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles et de tenir le Conseil pleinement informé des progrès de la Mission à cet égard, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment de dispenser une formation de sensibilisation avant déploiement et d’amener les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes à en répondre pleinement;

14.   Engage la MINUSS à appliquer pleinement la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme et prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès accomplis en ce sens dans les rapports qu’il lui adressera;

15.   Prie la MINUSS, dans la limite des ressources disponibles, d’aider le Comité créé en application du paragraphe 16 de la résolution 2206 (2015) et le Groupe d’experts créé par la même résolution; demande instamment à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts, et prie instamment tous les États Membres concernés d’assurer la sécurité des membres du Groupe d’experts et de leur donner libre accès aux personnes, documents et sites pour permettre au Groupe de s’acquitter de son mandat;

16.   Condamne avec la plus grande fermeté toutes attaques et menaces contre le personnel de la MINUSS et les installations des Nations Unies, ainsi qu’à l’encontre du personnel et des installations de l’IGAD, comme la destruction en vol d’un hélicoptère des Nations Unies par des groupes armés non identifiés en août 2014, l’arrestation et la détention en août 2014 d’une équipe de surveillance et de vérification de l’IGAD, les détentions et enlèvements du personnel des Nations Unies et du personnel associé et les attaques répétées contre les camps de la MINUSS à Bor, Bentiu et Malakal, souligne que de telles attaques peuvent constituer des violations de l’Accord sur le statut des forces ou des crimes de guerre, exige de toutes les parties qu’elles respectent l’inviolabilité des locaux des Nations Unies et s’abstiennent immédiatement de toute violence contre les personnes qui y sont rassemblées, et exige en outre la libération immédiate et en toute sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé enlevé et détenu;

17.   Rappelle les critères de désignation détaillés au paragraphe 7 de la résolution 2206 (2015), souligne le caractère sacré des sites de protection de l’ONU, et, en particulier, insiste sur le fait que les individus ou les entités qui sont responsables d’attaques contre des missions des Nations Unies, des présences internationales de sécurité, d’autres opérations de maintien de la paix ou des membres du personnel humanitaire, qui sont complices de ces attaques ou qui y ont participé directement ou indirectement, menacent la paix, la sécurité et la stabilité du Soudan du Sud et peuvent de ce fait répondre aux critères de désignation;

18.   Demande à nouveau à la MINUSS de prendre des mesures supplémentaires, selon qu’il conviendra, pour assurer la sécurité de ses opérations aériennes au Soudan du Sud et de lui faire rapport à ce sujet;

19.   Exige du Gouvernement de la République du Soudan du Sud et de toutes les parties concernées qu’ils coopèrent pleinement au déploiement et aux opérations de la MINUSS ainsi qu’à ses missions de surveillance, de vérification et d’établissement de rapports, notamment en garantissant la sûreté, la sécurité et l’entière liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé sur tout le territoire de la République du Soudan du Sud, et demande en outre au Gouvernement sud-soudanais d’assurer la liberté de circulation des déplacés, notamment ceux qui quittent des sites de protection des civils ou y entrent, et de continuer d’appuyer la MINUSS en lui attribuant des terrains pour ces sites;

20.   Exige de toutes les parties qu’elles permettent, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs des Nations Unies concernant l’aide humanitaire, le plein accès en toute sécurité et liberté du personnel de secours, du matériel et des fournitures à tous ceux se trouvant dans le besoin, et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire, en particulier aux déplacés et aux réfugiés, et souligne que tout retour ou toute autre solution durable pour les déplacés ou les réfugiés doit se faire volontairement, en connaissance de cause et dans la dignité et la sécurité;

21.   Exige en outre de toutes les parties qu’elles mettent immédiatement fin à toutes formes de violence, de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, aux violations du droit international humanitaire, notamment aux viols et aux autres formes de violence sexuelle et sexiste;

22.   Condamne toutes les violations du droit international applicable, notamment les violations du droit international humanitaire et les violations du droit international des droits de l’homme de la part de toutes les parties au conflit, en particulier à l’encontre des enfants, notamment celles qui ont trait au recrutement et à l’utilisation, aux assassinats, aux mutilations et aux enlèvements d’enfants, ainsi qu’aux attaques contre les écoles et les hôpitaux, exhorte toutes les parties au conflit à mettre en œuvre les Conclusions sur le sort des enfants touchés par le conflit armé au Soudan du Sud adoptées le 8 mai 2015 par le Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, demande instamment au Gouvernement de mettre en œuvre intégralement et immédiatement son plan d’action révisé visant à faire cesser et à prévenir les violations commises contre des enfants et demande en outre instamment au M/APLS dans l’opposition de mettre en œuvre intégralement et immédiatement l’engagement pris de mettre un terme aux violations graves commises à l’encontre d’enfants, signé le 10 mai 2014; note que le Gouvernement a lancé le 29 octobre 2014 la campagne « Des enfants, pas des soldats » au niveau national, et se félicite de la libération d’enfants par la faction Cobra du SSDM/A;

23.   Se déclare gravement préoccupé par les constatations faites par la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit au sujet de la violence sexuelle endémique, et salue le Communiqué conjoint signé le 11 octobre 2014 par le Gouvernement du Soudan du Sud et l’Organisation des Nations Unies sur la lutte contre les violences sexuelles liées au conflit, le communiqué publié de manière unilatérale en décembre 2014 par le M/APLS sur la prévention des violences sexuelles liées au conflit, la nomination par le Gouvernement sud-soudanais d’un coordonnateur de haut niveau en ce qui concerne la lutte contre les violences sexuelles liées au conflit, et la création du Groupe de travail technique et ses travaux, demande aux deux parties de mettre au point d’urgence des plans d’action en vue d’exécuter les engagements qu’elles ont pris dans leurs communiqués respectifs, exhorte le Gouvernement sud-soudanais à honorer sans tarder les engagements pris en vertu des résolutions 1960 (2010) et 2106 (2013) et demande aux deux parties de souscrire expressément à l’engagement de combattre la violence sexuelle, dans des délais précis, conformément aux résolutions 1960 (2010) et 2106 (2013);

24.   Demande au Gouvernement sud-soudanais de mener à bien en toute diligence et transparence les enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme dans le respect des normes internationales et l’invite à publier les comptes rendus de ces enquêtes;

25.   Demande en outre au Gouvernement sud-soudanais d’amener tous les responsables de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire à répondre de leurs actes, de garantir à toutes les victimes de violences sexuelles l’égale protection de la loi et l’égal accès à la justice, et de garantir l’égal respect des droits des femmes et des filles à l’occasion de ces procédures;

26.   Souligne qu’il importe que les femmes participent pleinement et effectivement, à tous les niveaux, à la mise en œuvre des accords et à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu’à la consolidation de la paix plus généralement, engage les parties à assurer un rôle de premier plan et la participation pleine et effective des femmes dans les efforts de règlement des conflits et de consolidation de la paix, notamment dans le cadre de la reprise des pourparlers de paix et en soutenant les organisations de femmes, se félicite de la désignation par l’IGAD de conseillers pour la problématique hommes-femmes, encourage le déploiement rapide de ces derniers ainsi que la pleine intégration des questions d’égalité entre les sexes dans les futurs accords de paix, et encourage les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police à entreprendre d’augmenter la proportion de femmes dans les composantes militaire, civile et de police de la Mission, et réaffirme qu’il importe de procurer à toutes les missions établies par le Conseil de sécurité les compétences techniques et la formation appropriées en ce qui concerne l’égalité des sexes;

27.   Condamne les attaques contre les installations pétrolières, les compagnies pétrolières et leurs employés, ainsi que la poursuite des combats autour de ces installations, et prie instamment toutes les parties d’assurer la sécurité de leur infrastructure économique;

28.   Prie le Secrétaire général de lui rendre compte de l’exécution du mandat de la MINUSS, en lui présentant deux rapports, au plus tard le 17 août 2015 et le 30 octobre 2015, respectivement;

29.   Décide de rester activement saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale demande l’arrêt immédiat de la destruction délibérée du patrimoine culturel de l’Iraq, « berceau de la civilisation mésopotamienne »

Soixante-neuvième session,
91e séance plénière - matin
AG/11646

L’Assemblée générale demande l’arrêt immédiat de la destruction délibérée du patrimoine culturel de l’Iraq, « berceau de la civilisation mésopotamienne »

L’Assemblée générale a condamné, ce matin, les actes barbares de destruction et de pillage perpétrés par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) contre le patrimoine culturel de l’Iraq, « berceau de la civilisation mésopotamienne », et a déploré la multiplication des attaques intentionnelles visant le patrimoine culturel des pays touchés par un conflit armé.

En adoptant sans vote la résolution* intitulée « Sauvegarde du patrimoine culturel de l’Iraq », l’Assemblée a également demandé « l’arrêt immédiat de la destruction délibérée du patrimoine culturel iraquien, y compris celle de ses sites et objets religieux ».  Les attaques contre ce patrimoine s’inscrivent « dans une tactique de guerre visant à propager la terreur et la haine, attiser les conflits et imposer des idéologies extrémistes violentes », constatent avec une profonde indignation les États Membres de l’Assemblée générale dans cette résolution.  

Ils notent avec préoccupation que l’EIIL et d’autres personnes et groupes associés à Al-Qaida génèrent des revenus grâce au pillage et au trafic d’objets appartenant au patrimoine culturel iraquien, « qui sont ensuite utilisés pour financer leurs efforts de recrutement ou pour améliorer leurs capacités opérationnelles de mener des attentats terroristes ».

Aux termes de cette résolution, présentée par Mme Maria Bohmer, Ministre d’État au sein de l’Office des affaires étrangères de l’Allemagne, l’Assemblée demande également à tous les États « d’aider les autorités iraquiennes à lutter contre le trafic de biens culturels illégalement exhumés de sites archéologiques et enlevés de musées, bibliothèques, archives et collections de manuscrits ».

« Les actes de destruction visant le patrimoine culturel iraquien constituent une tentative insensée d’effacer notre mémoire collective », s’est indigné le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui s’est exprimé aux côtés du Vice-Président de l’Assemblée générale, de la Directrice de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO, Mme Irina Bokova, et des représentants de l’Iraq, de la Pologne et de la République arabe syrienne.

M. Eliasson a indiqué que de tels actes étaient rares dans le passé.  « La multiplication de ces attaques intentionnelles en dit long sur l’état de notre monde aujourd’hui », a-t-il ajouté.  Dans le droit fil de la résolution, M. Eliasson a exhorté les États Membres à coopérer avec INTERPOL pour empêcher le commerce de biens extraits illégalement du patrimoine culturel iraquien.  

Faisant écho aux mots de M. Eliasson, le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Álvaro José De Mendonça E Moura, du Portugal, a souligné la « fréquence alarmante » avec laquelle se produisent ces attaques barbares et insensées, « non seulement en Iraq, mais en Afghanistan, en Syrie, au Mali et ailleurs ».

De son côté, Mme Bohmer a indiqué que les actes de pillage et de destruction commis en Iraq, comme ceux perpétrés à Tombouctou, au Mali, et à Bâmiyân, en Afghanistan, constituaient des crimes de guerre.  Dans la présente résolution, l’Assemblée affirme que « les attaques intentionnelles visant des bâtiments consacrés à la religion, à l’éducation, aux arts, aux sciences ou à des fins caritatives ou des monuments historiques peuvent constituer des crimes de guerre ».

Ce point de vue a été partagé par le Représentant permanent de l’Iraq, qui a déclaré que la destruction du patrimoine culturel de son pays était un acte tout aussi barbare que le meurtre des Iraquiens commis par les mêmes groupes terroristes.  « Elle vise à effacer l’histoire multiculturelle de notre pays », a-t-il dit, avant d’indiquer que l’Iraq avait besoin de la communauté internationale pour récupérer les biens illégalement enlevés du patrimoine culturel du pays.

Le Représentant permanent de la Pologne, qui s’exprimait au nom du Chili, de l’Éthiopie, de l’Indonésie et de l’Italie, a, quant à lui, déclaré que la communauté internationale devait prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver le caractère unique du patrimoine historique de l’humanité.

De son côté, le représentant de la République arabe syrienne a exhorté certains gouvernements à cesser de soutenir les groupes terroristes opérant en Syrie, ajoutant que la contrebande de biens appartenant au patrimoine culturel syrien se faisait avec l’aide de ces gouvernements.

Enfin, la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a souligné que la résolution adoptée ce jour par l’Assemblée était « un signal retentissant montrant que la destruction délibérée du patrimoine n’était pas un dégât collatéral, mais bel et bien un crime de guerre ».  « Il y aura un avant et un après la présente résolution », a-t-elle affirmé.

Au cours de la réunion de ce matin, l’Assemblée générale s’est également penchée sur certains points relatifs à l’organisation de ses travaux et à l’adoption de son ordre du jour.  Elle a ainsi approuvé la demande d’inscription d’une question subsidiaire additionnelle à l’ordre du jour de la soixante-neuvième session intitulée « Élection de membres de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international ».**

Après avoir pris connaissance d’une note du Secrétaire général***, l’Assemblée a élu par consensus le Royaume-Uni en tant que membre du Comité du programme et de la coordination, pour un mandat prenant effet ce jour et devant venir à expiration le 31 décembre 2017.

 

*     A/69/L.71
**    A/69/231
***   A/69/291

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC souligne l’importance des partenariats « transparents, inclusifs et conformes aux valeurs de l’ONU » pour le futur programme de développement durable

Forum des partenariats,
Matin & après-midi
ECOSOC/6691

L’ECOSOC souligne l’importance des partenariats « transparents, inclusifs et conformes aux valeurs de l’ONU » pour le futur programme de développement durable

De nombreux spécialistes se sont réunis aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) pour assister à la deuxième phase, après celle du mois de février, du débat du Forum des partenariats sur le rôle de ces partenariats dans le futur programme de développement pour l’après-2015.  L’ECOSOC en a profité pour lancer le « Réseau global en vue de promouvoir l’utilisation des technologies numériques au service du développement durable ».

2015 est une année charnière entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le futur programme de développement pour l’après-2015 porteur de transformations, a rappelé le Président du Conseil économique et social.  Pour mettre en œuvre ce futur programme, il a souligné le rôle « capital » des partenariats avec des acteurs multiples, comme le monde des affaires, les fondations, la société civile et le milieu universitaire.  Le Président a fait remarquer que, depuis 20 ans, on met de plus en plus l’accent sur les partenariats mais aussi sur la nécessité de normes claires afin de garantir une plus grande redevabilité et une plus grande transparence.  Nous devons trouver des moyens d’évaluer l’impact des initiatives par des mécanismes plus efficaces de suivi et de contrôle.  Il nous faudra aussi plus de cohérence, sans oublier de mettre un accent plus fort sur les rapports nationaux de mise en œuvre, a insisté le Président. 

Les partenariats ne fonctionneront vraiment que s’ils sont transparents, inclusifs et conformes aux valeurs et principes des Nations Unies, a acquiescé le Vice-Secrétaire général de l’ONU, alarmé devant un paysage mondial « sombre et complexe » caractérisé par la propagation de l’extrémisme violent et du terrorisme, la menace « existentielle » des changements climatiques, sans oublier l’épidémie d’Ebola.  Une chose est claire: aucune entité, aucune nation, aucune organisation ne peut résoudre seule les problèmes d’aujourd’hui.  Il nous faut trouver, a-t-il dit, un nouveau modèle de résolution des problèmes, les mettre au centre et mobiliser tous les acteurs pour un changement réel.  Nous devons passer de l’approche verticale et compartimentée, à l’approche horizontale et transversale.

« Comment profiter des partenariats pour créer demain des systèmes de santé forts et résilients? » s’est demandé la Ministre de la santé et de la protection sociale du Libéria, un pays touché par l’épidémie d’Ebola et qui a besoin de l’assistance technique et financière de ses partenaires.  « Nos pays sont à genoux », a alerté le Ministre guinéen de la santé et de l’hygiène publique.  « Nous avons besoin de tout l’appui possible ».  « Ne quittez pas notre pays trop vite », a plaidé, à son tour, la Vice-Ministre de la santé et de l’assainissement de la Sierra Leone.

Relayant ces appels à l’aide, le Président de la « Clinton Foundation » et ancien Président des États-Unis a fait observer que si les pays touchés par Ebola édifient des systèmes de santé solides, ils n’auront plus besoin de l’aide de la communauté internationale pour circonscrire une autre épidémie.  Il faut, a-t-il prôné, consacrer 15% de l’aide publique au développement (APD) au secteur de la santé de ces pays.  Ce serait un investissement bénéfique sur le long terme, tant pour les pays bénéficiaires que pour les bailleurs de fonds. 

Qu’en est-il de la place du secteur privé?  Il a trois approches, a répondu le représentant de « Global Health, Becton, Dickinson and Company »: celle, purement philanthropique, consistant à collecter des dons et à les redistribuer dans les pays qui en font la demande; celle d’investir dans le cadre de la responsabilité citoyenne des entreprises, et celle d’engranger des profits tout en répondant aux besoins de la santé publique.  Est-ce que l’ONU est vraiment prête à développer des partenariats public-privé? s’est demandé le Représentant permanent du Brésil, en estimant que l’Organisation « n’a pas de mécanisme solide de dialogue avec le secteur privé ».  L’ECOSOC est une instance « bureaucratique », « une belle au bois dormant » selon son Président, qu’il faut adapter aux nouveaux défis.

Les partenariats, a promis la Présidente-Directrice générale de « Save the Children », permettront un meilleur rapport qualité-prix des efforts de développement, compte tenu d’une meilleure répartition des coûts.  Les partenariats permettront aussi d’atteindre l’excellence et de responsabiliser les États.  Ils contribueront également, a ajouté, le Directeur général du CERN, à instaurer une « entente internationale » en jetant des ponts entre les cultures.

Justement, le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT) a annoncé le lancement du « Réseau global en vue de promouvoir l’utilisation des technologies numériques au service du développement durable », une initiative née du partenariat entre l’ECOSOC, ONU-Habitat et l’organisation Talal Abu-Ghazaleh.

LE RÔLE DES PARTENARIATS DANS LA RÉALISATION DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015: PASSER AUX ACTES

Déclarations

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a rappelé que 2015 est une année charnière entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le futur programme de développement pour l’après-2015 porteur de transformations.  Pour mettre en œuvre ce futur programme, il a souligné le rôle « capital » des partenariats avec des acteurs multiples, comme le monde des affaires, les fondations, la société civile et le milieu universitaire.  M. Sajdik a souligné que le débat d’aujourd’hui a un but assez simple.  Il s’agit de s’écarter des sentiers battus et d’émettre de nouvelles idées sur la manière de mobiliser le plus large éventail d’acteurs pour appuyer les objectifs de développement.  Les enseignements tirés du processus lié aux OMD peuvent être une source d’inspiration.  Le Président a fait remarquer que, depuis 20 ans, on met de plus en plus l’accent sur les partenariats mais aussi sur la nécessité de normes claires afin de garantir une plus grande redevabilité et transparence.  Nous devons trouver des moyens d’évaluer l’impact des initiatives par des mécanismes plus efficaces de suivi et de contrôle.  Il nous faudra aussi plus de cohérence, sans oublier de mettre un accent plus fort sur les rapports nationaux de mise en œuvre, a insisté le Président. 

En février dernier, a-t-il aussi rappelé, l’ECOSOC s’est lancé dans de premières discussions sur ces thèmes qui devraient sous-tendre celles d’aujourd’hui.  La réunion d’aujourd’hui, a-t-il insisté, permettra d’analyser de manière plus approfondie la question des partenariats en matière de santé, en particulier les partenariats en appui au renforcement de systèmes de santé.  Comme l’a rappelé la crise d’Ebola, il faudra de nouveaux partenaires pour résoudre toutes les questions sociales et économiques de cette épidémie, a-t-il dit.  La crise a mis en évidence les lacunes des services de santé de base et de la réponse d’urgence aux pandémies. 

Nous vivons sans doute la période la plus éprouvante depuis la création de l’ONU qui fête cette année ses 70 ans, a déclaré M. JAN ELIASSON.  Le Vice-Secrétaire général de l’ONU a cité l’épidémie d’Ebola, la propagation de l’extrémisme violent et du terrorisme et la menace « existentielle » des changements climatiques.  Le paysage mondial est « sombre et complexe », a-t-il commenté.  Mais, a-t-il poursuivi, une chose est claire: aucune entité, aucune nation, aucune organisation ne peut résoudre seule les problèmes d’aujourd’hui.  Il nous faut trouver un nouveau modèle de résolution des problèmes, les mettre au centre et mobiliser tous les acteurs pour un changement réel.  Nous devons passer de l’approche verticale et compartimentée, à l’approche horizontale et transversale, a-t-il prôné.

M. Eliasson a souligné le caractère « crucial » des mois à venir: en juillet, les États se retrouvent à Addis-Abeba pour convenir d’un cadre global pour le financement du développement, en septembre, l’ONU convoque un Sommet extraordinaire pour l’adoption d’un agenda du développement durable porteur de transformations, et en décembre, la communauté internationale met en œuvre son engagement à finaliser un accord significatif et universel sur les changements climatiques.  La réalisation de tous ces objectifs, a prévenu le Vice-Secrétaire général, exige des partenariats inclusifs à tous les niveaux, local, national, régional et international. 

À cet égard, il a estimé que le programme de développement pour l’après-2015 doit être « enrobé » de sciences et de technologies car tous les jours, nous voyons comment ces dernières ouvrent de nouvelles opportunités pour le développement durable.  Les partenariats pour l’éducation sont « un must », a poursuivi le Vice-Secrétaire général, en soulignant le fait que des initiatives telles que « L’éducation avant tout » se fondent sur de fortes coalitions entre États Membres, monde des affaires, société civile, fondations, milieu universitaire et agences, fonds et programmes des Nations Unies.  Le Vice-Secrétaire général n’a pas oublié de mentionner que désormais des millions d’entreprises participante au Pacte mondial, l’initiative de l’ONU sur la responsabilité citoyenne des entreprises dans la protection de l’environnement. 

Au lendemain de la crise d’Ebola, a rappelé le Vice-Secrétaire général, le Secrétaire général a composé un Groupe de travail de haut niveau sur la réponse mondiale aux crises de santé.  En outre, le 10 juillet, l’ONU accueillera une Conférence internationale sur la reconstruction après Ebola, alors que l’Union africaine organisera une Conférence internationale sur la lutte de l’Afrique contre Ebola, les 20 et 21 juillet à Malabo.  Avant de conclure, le Vice-Secrétaire général a tenu à prévenir que les partenariats ne fonctionneront que s’ils sont transparents, inclusifs et comptables de leurs actes conformément aux valeurs et principes des Nations Unies.

M. BILL CLINTON, Ancien Président des États-Unis et Fondateur de la « Clinton Fondation » et de la « Clinton Global Initiative », a rappelé que sa Fondation travaille depuis plusieurs années avec le Libéria où les infrastructures de santé étaient déjà fragiles avant le déclenchement de l’épidémie à virus Ebola.  Aujourd’hui, la situation est encore pire qu’avant, s’est désolé l’ancien Président qui a souligné que la « Clinton Health Access Initiative », un programme mis en place par sa Fondation, était au Libéria pendant l’épidémie, aux côtés d’autres ONG et partenaires du pays. 

Maintenant, a convenu M. Clinton, il faut passer de la réaction d’urgence à la mise en place de structures de santé prêtes à faire face à ce genre de situation sur le long terme.  Cette exigence est importante pour le Libéria et les pays touchés par l’épidémie d’Ebola, mais aussi pour tous les autres pays en développement du continent africain.  Si les systèmes de santé de ces pays ne sont pas renforcés, nous nous retrouverons dans quelques années à discuter de nouveau de situations semblables, a prévenu l’ancien Président.

Le Président Clinton a plaidé afin que les fonds demandés par les trois pays touchés par Ebola soient débloqués.  Un taux de 15% de l’aide publique au développement (APD) à ces pays doit être consacré à la résilience du secteur de la santé, car un tel investissement serait bénéfique sur le long terme tant pour les pays bénéficiaires que pour les bailleurs de fonds.  Il faut donc, a dit, à son tour, l’ancien Président, des partenariats dont l’objectif serait de renforcer les capacités de ces pays pour réduire leur dépendance à l’aide. 

L’ancien Président a parlé d’un vaste programme de construction de centres de santé et de formation du personnel médical que mène la « Clinton Health Access Initiative » au Rwanda, avec le soutien de donateurs.  Ce programme, s’est-il félicité, a permis d’édifier le seul Centre régional de prise en charge des patients atteints de cancer en Afrique australe.  Si les pays touchés par Ebola édifient des systèmes de santé solides, ils n’auront plus besoin de l’aide de la communauté internationale pour circonscrire une autre épidémie, a insisté M. Clinton, prenant l’exemple du Nigéria et des États-Unis qui ont pu éviter la propagation du virus grâce à des systèmes de santé solides.

Mme BERNICE DAHND, Ministre de la santé et de la protection sociale du Libéria, a relevé que son pays, qui a connu un long conflit, a commencé à remettre sur pied son système de santé en 2006.  Il a ainsi pu atteindre l’OMD 4 sur la réduction de la mortalité infantile, trois ans avant la date prévue.  Le nombre des cas de paludisme, de sida et de tuberculose a considérablement baissé.  Ebola n’a pas seulement touché le système de santé mais a aussi causé une « perturbation » sociale importante. 

« Comment profiter aujourd’hui des partenariats pour créer demain des systèmes de santé forts et résilients? »  La Ministre a voulu tout d’abord donner la définition d’un système de santé fort et résilient: c’est un système qui doit donner à la population les moyens de répondre à une crise tout en préservant les services essentiels.  La Ministre a fait remarquer que les programmes horizontaux et les mesures diagonales avaient permis d’arriver à de bons résultats, le Libéria ne comptant plus un seul cas à ce jour.  Mais, a-t-elle prévenu, l’intervention extérieure devrait arriver plus tôt pour réduire l’impact des crises sanitaires et sauver des vies.

Le Plan d’investissement développé par le Libéria pour créer un système de santé résilient se base sur une main-d’œuvre « très motivée ».  Dans cet effort, le Libéria a besoin de ses partenaires, a reconnu la Ministre qui a lancé à ces derniers un appel à l’assistance technique et financière.  La Ministre a en effet estimé que le budget annuel du secteur de santé du Libéria, qui est inférieur à 500 millions de dollars, méritait d’être étoffé par l’aide extérieure.

M. REMY LAMAH, Ministre de la santé et de l’hygiène publique de la Guinée, a énuméré les documents adoptés par la Guinée pour améliorer son secteur de santé, à savoir une politique nationale de santé, un plan de développement sanitaire 2015-2024 et un plan de santé post-Ebola.  Le premier objectif est de réduire le taux de mortalité due aux maladies transmissibles, sans oublier pour autant les maladies non transmissibles et les crises sanitaires d’urgence.  Les autres objectifs sont d’améliorer le niveau de santé générale et les performances des services de santé.  

En ce qui concerne la lutte contre Ebola, il a souligné notamment l’importance qu’il y a à engager les communautés et à communiquer.  Il a aussi souligné l’importance du soutien nutritionnel et social aux familles qui sont en contact avec les patients.  La mobilité d’un « contact » reste un problème, a-t-il reconnu, tout en assurant que les partenaires de santé étaient tous mobilisés pour maîtriser la situation.  Sur le plan nutritionnel et social, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Gouvernement arrivent à fidéliser les familles placées en quarantaine.  Le Ministre a aussi parlé des difficultés à trouver des cas dans certaines zones.

Il a reconnu la nécessité de renforcer la formation initiale du personnel de santé et prévenu de la pénurie de ressources humaines qualifiées.  Il faut aussi donner plus de ressources aux laboratoires, a-t-il ajouté.  « Nos pays sont à genoux » sur le plan économique et sur le plan social, de nombreuses personnes ayant perdu leur emploi, a dit le Ministre en tirant une sonnette d’alarme: nous avons besoin de tout l’appui possible. 

Mme MADINA RAHMAN, Vice-Ministre de la santé et de l’assainissement de la Sierra Leone, a annoncé que trois nouveaux cas d’Ebola ont été diagnostiqués hier dans le pays, et un autre cas aujourd’hui.  « Ne quittez pas notre pays trop vite », a-t-elle lancé aux partenaires internationaux, ajoutant que « la Sierra Leone n’est pas encore tirée d’affaire ».  La Vice-Ministre a aussi plaidé pour que la communauté internationale soutienne la reconstruction du système national de santé.  Elle a demandé des équipements médicaux, des meilleurs systèmes de gestion des déchets, de meilleurs moyens de communication pour sensibiliser les malades et le public, surtout dans un contexte social où la culture et les préjugés ont fait le lit de l’épidémie.  Elle a également demandé une aide à l’amélioration de la gestion des systèmes de santé.

Nous sommes en phase de transition, mais nous devons fournir davantage d’efforts pour arriver à zéro nouveau cas, a-t-elle encore lancé.  Les 3 545 survivants d’Ebola doivent pouvoir compter sur notre soutien, a souligné Mme Rahman, expliquant que certains de ces patients souffrent aussi de problèmes mentaux.  En outre, a-t-elle regretté, le confinement dû à l’épidémie d’Ebola a eu pour conséquence une augmentation des cas de grossesses chez les adolescentes.  La Vice-Ministre a aussi parlé de la nécessité de protéger les centaines de milliers d’enfants qui retournent à l’école après des mois de quarantaine.  Dans le secteur de l’agriculture, environ 100 000 fermiers ont perdu leur emploi, a-t-elle également fait observer, en appelant la communauté internationale à ne pas abandonner la Sierra Leone en ce moment critique.  Si l’épidémie n’est pas complètement vaincue en Sierra Leone, aucun pays ne sera à l’abri.

Dialogue sur les partenariats en faveur du renforcement des systèmes de santé: renforcer la capacité de résistance aux pandémies

Il faut se montrer crédible dans les actions menées pour améliorer les systèmes de santé, a prévenu le Professeur PAUL FARMER, Conseiller spécial du Secrétaire général pour la médecine de proximité et les enseignements tirés de la situation en Haïti, cofondateur de « Partners in Health » et le Président du Département de santé publique et de médecine sociale de la Faculté de médecine de l’Université Harvard.  Les efforts doivent couvrir tous les aspects de la santé, a-t-il recommandé, en utilisant la métaphore du champ visuel qui ne doit pas souffrir d’aucune cécité partielle.  Ce n’est pas parce que le produit national  brut (PNB) s’élève que le secteur de la santé s’améliore.  Il faut donc mobiliser des ressources suffisantes.  L’Afrique a les ressources humaines, ce qu’il faut, c’est la former.

Les soins prodigués aux patients d’Ebola nécessitent des moyens importants, a prévenu, le Docteur ANTHONY FAUCI, Directeur à l’Institut américain de l’allergie et des maladies infectieuses, en ajoutant que la capacité d’enrayer la propagation dépend de celle du système de santé d’identifier et d’isoler les cas.  Outre l’identification et l’isolement, il faut aussi un système qui sache tracer les personnes qui ont été en contact avec les malades.  Comme exemple de succès, le Docteur Fauci a mentionné le Plan présidentiel d’urgence contre le SIDA (PEPFAR), une initiative d’appui à la lutte contre le VIH/sida dans le monde.

Mais avant de se lancer à la quête du soutien international, les pays en développement doivent eux-mêmes investir dans le secteur de la santé, a tranché Mme MATSHIDISO REBECCA MOETI, Directrice régionale pour l’Afrique à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui intervenait par visioconférence depuis Genève.  Comment financer un tel système, en sachant, a-t-elle reconnu, que les bailleurs de fonds ne sont pas souvent prompts à investir dans la santé?  Le premier défi est donc de les convaincre. 

Le secteur privé peut investir selon trois approches particulières dont la première, purement philanthropique, consiste à la collecte des dons et à leur redistribution dans les pays qui en font la demande, a expliqué M. GARY COHEN, Vice-Président exécutif et Président de Global Health, Becton, Dickinson and Company.  La deuxième option est d’investir dans le cadre de la responsabilité citoyenne des entreprises et la troisième consiste à engranger des bénéficies tout en répondant aux besoins de la santé publique.  Ebola a montré qu’il faut investir « en amont » pour avoir des systèmes de santé plus résilients, a-t-il reconnu.  Les partenariats public-privé initiés par la « Clinton Foundation » ont, par exemple, permis de faire baisser considérablement le prix des tests de dépistage du VIH en Afrique.  Il faut, a-t-il plaidé, valoriser ce type de financements « mixtes », qui mettent en branle les fonds publics et privés dans un objectif commun.

On peut financer le secteur de la santé publique en faisant appel au secteur de l’agriculture et de l’industrie extractive, a acquiescé M. JEFFREY WRIGHT, Fondateur d’« Ebola Survival Fund », en préconisant aussi des ponctions dans l’aide reçue lors des crises et des conflits.  Revenant tout juste de la Sierra Leone, M. Wright a dit avoir travaillé dans les zones rurales contre Ebola, en collaboration avec les organisations locales et les fondations.  En 2012, il était au Rwanda où il a été « ébahi » par la modernité des structures de santé.  Les outils sont là, y compris contre l’Ebola, il faut seulement avoir des moyens pour les déployer, en a-t-il conclu.  Imaginez ce que peut faire une communauté avec 10 000 dollars? 

Ce qu’Ebola nous a surtout montré, c’est l’importance des investissements dans le système de santé, a tranché le Professeur RIFAT ATUN spécialiste des systèmes de santé dans le monde au Département de la santé publique et de la population de l’Université Harvard.  Le Rwanda et l’Éthiopie ont su utiliser les décaissements du Fonds mondial de lutte contre le sida, fruit du partenariat mondial, pour améliorer leurs systèmes de santé non seulement pour le sida mais aussi pour la tuberculose, la malaria et les maladies infantiles.  Mais il a prévenu que les systèmes de santé ne peuvent devenir durables et résilients sans la participation de la société civile, qui contribue à la santé de proximité.  Il nous faut de nouveaux modèles d’investissements car si l’épidémie d’Ebola revient dans 10 ans, non seulement en Afrique de l’Ouest mais aussi en Afrique de l’Est, il sera trop tard pour regretter de n’avoir pas investi suffisamment dans les systèmes de santé.

La recherche d’un vaccin contre Ebola est une priorité de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (Gavi), a affirmé sa représentante.  Le secteur privé peut faire mieux, a souligné le représentant du Forum économique mondial.  Le principe de la responsabilité citoyenne peut servir de fondement à des interventions plus concrètes de ce secteur privé dans les soins de santé.  Une entreprise n’a pas forcément besoin d’être dans un pays pour y investir socialement, a-t-il même argué.  Le secteur privé peut investir dans l’assainissement, dans l’informatisation des systèmes de santé et dans l’électrification des centres de santé.

Les besoins sont connus et il est temps que le secteur privé pense à autre chose qu’à ses profits, a poursuivi le panéliste de Becton, Dickinson and Company.  Il doit comme citoyen responsable tenir compte de l’impact social de ses actions et d’ailleurs les investissements sociaux sont tout à fait capitalisables en termes monétaires.  Les ressources fiscales doivent être affectées au secteur de la santé, a insisté le panéliste d’« Ebola Survival Fund ».

Investir dans de ce secteur est peut-être important, mais sans appropriation nationale, les efforts risquent de rester vains, a averti le représentant de la Suède.  En plus des fonds, il faut former les professionnels de la santé et combattre la corruption dans l’administration publique.  L’appropriation nationale est importante pour les systèmes de santé, en particulier, et pour tous les programmes de développement, en général, a acquiescé le panéliste de l’Institut américain de l’allergie et des maladies infectieuses.

Partenariats pour l’après-2015: confrontation à la réalité

Comment obtenir des partenariats multipartites qu’ils appuient la réalisation des objectifs de développement durable? a demandé Mme BRENDA KILLEN, Directrice adjointe de la Direction de la coopération pour le développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Tout doit partir du postulat que les partenariats internationaux doivent soutenir et financer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Le nouveau cadre de développement devra donc être clair sur la participation des parties prenantes.

Nous avons besoin de la participation financière de tous les acteurs du développement, a insisté, Mme CAROLYN MILES, Présidente-directrice générale de l’organisation Save the Children, prévenant que les promesses resteront vaines si les besoins en financement ne sont pas satisfaits.  Elle a salué les partenariats innovants tels que l’initiative du Secrétaire général de l’ONU « Chaque femme chaque enfant », ou encore l’Alliance du vaccin (GAVI).  Elle a dit placer beaucoup d’espoir dans la Conférence internationale sur le financement du développement prévue en juillet prochain, qui sera l’occasion de mobiliser des engagements financiers pour les 15 prochaines années. 

Elle a appelé à la mise en place d’un fonds de financement pour la santé génésique, maternelle, infantile et adolescente et à un partenariat en faveur de l’éducation.  Il faut aussi un partenariat mondial pour la collecte de données ventilées, avec la participation des communautés.  Les partenariats permettront un meilleur rapport qualité-prix des mesures, car le coût de la mise en œuvre des objectifs de développement durable serait mieux réparti.  Ces partenariats permettront aussi d’atteindre l’excellence et de responsabiliser les États. 

Les partenariats contribueront en outre à instaurer une « entente internationale » en jetant des ponts entre les cultures, a ajouté le Professeur ROLF-DIETER HEUER, Directeur général de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, qui a décrit son Centre d’excellence, créé après la Deuxième Guerre mondiale et où plus de 3 000 scientifiques soumis à la concurrence et à la pression arrivent à travailler ensemble.  Les objectifs de développement durable doivent prévoir un minimum de cibles pour les investissements publics et privés dans la recherche. 

M. G. S. KRISHNAN, Président de Novozymes en Inde, a précisément parlé de sa multinationale portée sur l’innovation biotechnologique et présente dans 130 pays dans le monde.  Adepte des partenariats « mixtes » pour le développement durable, il s’est enorgueilli de celui qui lie Novozymes à l’ONU dans le domaine de l’énergie durable. 

Dans le domaine des vaccins, Mme MERCY AHUN, en sa qualité de Représentante spéciale des pays remplissant les conditions pour bénéficier d’une aide de GAVI, a dit que grâce à l’Alliance, plus de 500 millions d’enfants ont pu être vaccinés dans le monde.  Elle a salué ce partenariat « inédit » qui a su créer des synergies tout en évitant les doubles emplois.  La clef du succès aura été de faire que les pays en développement, bénéficiaires de l’initiative, se l’approprient et y jouent un rôle de premier plan.

Mme Ahun a pris un exemple concret du succès de GAVI: un vaccin contre la diarrhée du nourrisson a pu être commercialisé au prix de 2,5 dollars dans les pays en développement, alors que le même produit est vendu à 75 dollars pièce aux États-Unis.  Cela a été possible grâce à l’entremise du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui a su mobiliser le secteur privé.  Mme Ahun a invité les entreprises à s’impliquer davantage dans ce type de partenariat, en y apportant des fonds et des compétences.  Elle a souligné que dans tout partenariat, « la transparence est une valeur cardinale ».

La transparence des partenariats existants et la possibilité d’harmoniser les différentes initiatives doivent être étudiées de près, a reconnu M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA, Représentant permanent du Brésil.  Est-ce que l’ONU est vraiment prête à développer des partenariats public-privé? c’est la question qu’il faut poser, a estimé M. de Aguiar Patriota.  Sa sentence n’a pas tardé: « je crois que nous n’avons pas de mécanisme solide à l’ONU qui permet de dialoguer avec le secteur privé ».  L’ECOSOC, a-t-il déploré, est une instance « bureaucratique » qui rend difficile un tel dialogue.  Il a prôné un dialogue « systématique » avec le monde des affaires.  Le Président de l’ECOSOC et Président du Forum politique de haut niveau a reconnu le côté bureaucratique de l’ECOSOC.  Il faut, a-t-il dit, « dépoussiérer » un organe qui a été pendant des années « la belle aux bois dormant ».  Il faut adapter l’ECOSOC aux nouveaux défis.  La transparence, des dates butoirs et un calendrier clair, tels sont les facteurs du succès, a dit le Président de Novozymes.  Il faut ajouter une bonne répartition des rôles dans les partenariats, a précisément ajouté le Professeur du CERN.

L’ONU devrait envisager la création d’un fonds d’innovation relatif aux objectifs de développement durable, auquel participerait des entrepreneurs prêts à contribuer à la solution, a estimé le représentant du Forum mondial pour les partenariats.  Nous comptons créer un portail de partenariats pour recenser l’offre et la demande dans ce domaine, a-t-il annoncé, tout en prévenant que les pays donateurs ne devraient pour autant pas rester sourds aux appels à une augmentation de l’aide publique au développement (APD).  Un fonds d’innovation serait une bonne idée à priori mais il faudra éviter les pièges sans quoi il risque de ne servir à rien, a prévenu le professeur du CERN

La relance des partenariats aiderait les pays en développement à relever les grands défis, a tenu à souligner le représentant de l’Indonésie.  En effet, les partenariats ne sont pas nouveaux, il faut simplement les développer, a ajouté le représentant d’une Coalition sur la sécurité routière.  Celui de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s’est félicité des partenariats mis en place dans le domaine de la lutte contre la criminalité transnationale.  Un autre représentant de la société civile a vanté les mérites de la télémédecine en Chine qui permet d’offrir aux régions pauvres l’expertise médicale des grands hôpitaux.

Lancement du Réseau global en vue de promouvoir l’utilisation des technologies numériques au service du développement durable

M. JOAN CLOS, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT), a déclaré qu’avec l’urbanisation croissante, il est essentiel d’exploiter tout le potentiel des villes pour le développement durable.  Il a annoncé le lancement du Réseau global en vue de promouvoir l’utilisation des technologies numériques au service du développement durable, une initiative découlant d’un partenariat entre l’ECOSOC, ONU-Habitat et l’Organisation Talal Abu-Ghazaleh.  De nouvelles façons d’intégrer la technologie seront en effet nécessaires pour s’attaquer à la nouvelle configuration des villes et fournir les services nécessaires aux citadins.  L’intégration est le mot clef d’une urbanisation durable et les technologies numériques vont permettre de générer des recettes, de créer de l’emploi et de renforcer la participation citoyenne à la prise de décisions.  Cette participation, qui garantira la transparence dans la gestion des villes, donnera une légitimité sociale à la gouvernance. 

Le Réseau entend démontrer que l’urbanisation est un moteur du développement et le futur moteur du développement durable, a affirmé M. Clos.  

L’intégration est en effet la seule approche pour le succès des projets et programmes de développement durable, a confirmé M. TALAL ABU-GHAZALEH, Président et Fondateur de l’Organisation Talal Abu-Ghazaleh.  Il faut désormais un « urbanisme raisonné et intelligent » tourné vers le long terme.  Le Réseau devrait servir de plateforme entre le public et le privé, ainsi qu’avec la communauté des chercheurs, afin d’apprendre aux uns et aux autres ce qu’être citadin signifie aujourd’hui.  Il a annoncé que le premier Forum sur les technologies et l’urbanisation aura lieu à Dubaï.

Le Directeur des opérations de TEKsystems a reconnu qu’il ne fallait pas recommencer à zéro mais plutôt utiliser ce qui existe déjà dans les villes et le multiplier.

Résumant les discussions de la journée, le Président du Conseil économique et social a relevé que les partenariats doivent être fondés sur la confiance.  L’idée de créer un fonds d’innovation de l’ONU pour les objectifs de développement durable doit être transmise aux « délégations de la salle d’à côté » qui négocient le document final de la Conférence internationale sur le financement du développement prévue en juillet à d’Addis-Abeba.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: la demande de statut des ONG américano-philippine « Voice » et américaine « Khmers Kampuchea-Krom Federation » se heurte au refus du Viet Nam

Comité des organisations non gouvernementales - session de 2015,
18e & 19e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6690-ONG/809

Comité des ONG: la demande de statut des ONG américano-philippine « Voice » et américaine « Khmers Kampuchea-Krom Federation » se heurte au refus du Viet Nam

Si le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 40 ONG, il a reporté sa décision sur la demande de 62 organisations dont l’Américano-philippine « Vietnamese overseas initiative for conscience empowerment (VOICE) » et l’Américaine « Khmers Kamuchea-Krom Federation ».

Ces deux ONG se sont heurtées à l’opposition du représentant du Viet Nam pour lequel le Comité ne devrait même pas examiner les dossiers.  VOICE, a-t-il argué, est une ONG partenaire du « Parti de la réforme », un groupe armé clandestin fondé en 1980 pour renverser le Gouvernement vietnamien.  En s’alliant à ce groupe, l’ONG viole la lettre et l’esprit de la Charte des Nations Unies, a argué le représentant.

VOICE s’est donnée pour mission de contribuer au renforcement des capacités de la société civile au Viet Nam et à la réinstallation des anciens réfugiés vietnamiens.  L’ONG promeut l’état de droit et apporte un appui aux jeunes leaders.  Les représentants de l’Afrique du Sud, de Cuba, de la Fédération de Russie, de l’Inde, de l’Iran et du Soudan ont posé tour à tour des questions.  Pourquoi l’ONG est-elle enregistrée aux Philippines si elle s’occupe du Viet Nam?  A-t-elle un statut national ou international?  Qui sont ses bailleurs de fonds?  Pourquoi 75% de son budget est englouti dans les réunions et les voyages?

« Khmers Kamuchea-Krom Federation » dont le représentant a dialogué avec les membres du Comité a aussi été confrontée à un barrage de questions.  L’ONG se propose de recourir à des mesures pacifiques et au droit international pour obtenir liberté, justice et respect du droit à l’autodétermination pour les peuples autochtones khmer-krom du Kampuchea-Krom dans le sud du Viet Nam.

Le représentant vietnamien a manifesté son « opposition formelle » à la demande de statut de l’ONG, l’accusant aussi de violer les principes de la Charte des Nations Unies par ses actes politiquement motivés qui représentent une menace à l’intégrité territoriale du Viet Nam.  Cette ONG, a-t-il accusé, n’a qu’un seul objectif: la création d’un État khmer indépendant et donc la scission du pays.

Son homologue de la Fédération de Russie a rappelé que la demande de l’ONG avait déjà été rejetée en 2012 par le Conseil économique et social (ECOSOC) qui avait appris qu’elle menait effectivement des activités séparatistes.  L’ONG méritait déjà son statut en 2012, a plaidé la représentante des États-Unis, en mettant en avant le pacifisme de son combat.  Le fait que les ONG critiquent les gouvernements ne signifie pas qu’il faille les empêcher d’accéder à un statut consultatif.  Cette ONG, a renchéri son homologue de la Grèce, ne peut être indéfiniment punie pour des faits qui remontent à 2012.    

La plupart des 62 ONG qui ont été recalées aujourd’hui l’ont été pour un manque de précisions sur leur financement.  Le délégué de la Chine s’est par exemple étonné d’un budget de 9 millions de dollars chez l’ONG américaine « Electronic Frontier Foundation, Inc. ».  S’agit-il vraiment d’une association à but non lucratif?  Pourquoi la totalité du budget de l’Australienne « Kaurareg Aboriginal Land Trust » va aux dépenses administratives?  Qu’en-est-il de ses projets, a demandé le représentant chinois.  Comment fait l’Allemande « Stiftung Wissenschaft und Politik » pour préserver son indépendance vis-à-vis du Gouvernement de son pays qui lui octroie 80% de son budget? s’est demandée la représentante de Cuba. 

Le Comité chargé des ONG peut recommander trois types de statut auprès de l’ECOSOC auquel revient la décision finale : le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le statut consultatif général concerne les ONG qui poursuivent des activités couvrant la plupart des domaines d’activité de l’ECOSOC.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour du Conseil et de ses organes subsidiaires.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG qui sont internationalement reconnues pour leur compétence particulière dans certains domaines d’activité de l’ECOSOC et, à ce titre, elles peuvent soumettre à ce dernier des communications écrites et des pétitions.  L’inscription sur la Liste concerne les ONG qui contribuent de temps à autre aux travaux du Conseil.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites.

Le Comité chargé des ONG reprendra ses travaux demain jeudi 28 mai à partir de 10 heures.

 NOUVELLES DEMANDES DE STATUT CONSULTATIF SPÉCIAL AUPRÈS DE L’ECOSOC

Le Comité a recommandé l’octroi du statut consultatif spécial aux ONG suivantes:

  1. Darüşşafaka Cemiyeti (Turquie)
  2. Diplomatic Council e.V. (Allemagne)
  3. East and Central African Association for Indigenous Rights Inc. (Canada)
  4. Engage Now Africa Inc. (États-Unis)
  5. EuroChild (Belgique)
  6. Euthanasia Prevention Coalition (Canada)
  7. FEMM Foundation (États-Unis)
  8. Fielding Graduate University (États-Unis)
  9. Forum Réfugiés-Cosi (France)
  10. Gadejuristen (Danemark)
  11. Global Bioethics Initiative, Inc. (États-Unis)
  12. Global Partnership for Local Action (Autriche)
  13. Help Me See, Inc. (États-Unis)
  14. Human In Love Corporation (République de Corée)
  15. International Center for Ethno-Religious Mediation, Inc. (États-Unis)
  16. International Veterinary Students Association (Ivsa) (Danemark)
  17. International Women & Family Foundation (République de Corée)
  18. Japan National Assembly of Disabled Peoples’ International (Japon)
  19. Japan Overseas Cooperative Association (Japon)
  20. L’Arche internationale (France)
  21. Manhattan Multicultural Counseling (États-Unis)
  22. National Aboriginal Circle Against Family Violence (Canada)
  23. Noahs Arc Foundation (États-Unis)
  24. Non-for-profit organization « International Association of Technical Survey and Classification Institutions » (Fédération de Russie)
  25. Oil Change International (États-Unis)
  26. Organizzazione Mondiale Degli Agricoltori (Italie)
  27. Roundtable Association of Catholic Diocesan Social Action Dir (États-Unis)
  28. Sahyog International Foundation (États-Unis)
  29. Stichting African Sky (Pays-Bas)
  30. Tabernacle Worship and Prayer Ministry Inc. (États-Unis)
  31. The United Kingdom Grand Priory of the International Knightly Order Valiant of St. George (Royaume-Uni)
  32. Toplumsal Haklar ve Araştirmalar Derneği (TOHAD) (Turquie)
  33. UN Women for Peace Association Inc. (États-Unis)
  34. United States Sustainable Development Corporation (États-Unis)
  35. Wash United gGmbh (Allemagne)
  36. Wiener Drogen Komitee (Vienna NGO Committee on Drugs) (Autriche)
  37. Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement (Maroc)
  38. Fondation Institut de recherche pour le développement durable et les relations internationales (France)
  39. Fondazione Giovanni Paolo II - Onlus per il dialogo, cooperazione e sviluppo (CC) (Italie)

REPORT DE L’EXAMEN DE NOUVELLES DEMANDES

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reportée dans l’attente des réponses aux questions posées aujourd’hui par les membres du Comité.

La représentante du Nicaragua a demandé à Connecting.nyc Inc. (États-Unis) son vrai statut: national ou international?  Le représentant de la Chine a exigé de Days for Girls International (États-Unis) de rectifier sa position sur le Tibet sur son site Internet.  Que Digital Opportunity Trust (Canada) donne les noms des pays où elle est active et la liste de ses projets en Amérique latine, a dit la déléguée de Cuba.

Comment sont dépensés 40% des 445 000 dollars de revenus d’École de la Paix (France), a interrogé le représentant de la Chine qui s’est aussi étonné d’un budget de 9 millions de dollars à Electronic Frontier Foundation, Inc. (États-Unis).  Cette ONG est-elle réellement à but non lucratif?  Toujours à la demande de la Chine, EMERGENCY - Life Support for Civilian War Victims (Italie) devra donner des informations supplémentaires sur ses activités en Afrique.

Le même représentant a voulu des explications sur la différence entre des revenus de 1 million de dollars et des dépenses administratives de 2 000 dollars chez Ensemble contre la Peine de Mort (France).  Eurasia Foundation (The) (États-Unis) a été priée par le délégué de la Fédération de Russie de dire si elle avait pris part aux préparations « des révolutions de couleurs » dans la Communauté des États indépendants (CEI)?  Dans quels pays et quand?  Son homologue de la Chine a voulu des détails sur les activités de l’ONG en Chine.

La représentante du Venezuela a constaté un déficit de 100 000 dollars dans le budget de Fairfood International (Pays-Bas).  Cela a-t-il des conséquences sur les activités en Amérique latine?  Quelle est l’adresse de l’organisation à Johannesburg, a demandé le représentant de l’Afrique du Sud.  Quels sont les contrats générateurs de revenus de la Fondation des jeunes pour un développement durable (Canada), a interrogé le délégué du Soudan.  Il a également demandé à la Fondation pour l’éradication du travail des enfants dans la culture du tabac (Suisse) pourquoi l’argent consacré à la gestion est le double de celui affecté aux projets?  Dans quels pays africains l’ONG travaille?

La représentante du Nicaragua a demandé à Forum Europeen pour les Roms et les Gens du Voyage (FERV) (France) si elle travaille avec d’autres ONG qui ont un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.  Quelles sont les activités internationales de Fundación Novia Salcedo (Espagne)?  Dans quels pays est-elle présente? Qui sont les bénéficiaires du programme « Professional Internship Programme », a demandé la représentante de Cuba.  Son homologue de l’Iran a voulu savoir de Gain International (États-Unis) comment elle compte contribuer au travail de l’ECOSOC.  Elle a aussi demandé que l’on corrige le nom donné au Golfe persique sur le site Internet.

Quelles sont les activités de Global Network of Civil Society Organisations for Disaster Reduction (Royaume-Uni) en Amérique latine?  Peut-elle donner des précisions sur le travail de son bureau au Chili, a demandé la représentante de Venezuela.  Son homologue du Burundi a prié Global Partnership for Afghanistan (États-Unis) d’apporter des précisions sur les contributions financières des gouvernements.  Le représentant du Soudan a demandé à Health Squared Limited (Royaume-Uni) quelles sont ses activités au Soudan et en Afrique de l’Est.  Peut-elle donner des détails sur le soutien qu’elle reçoit du secteur privé?  Qui sont ces entreprises?

Le représentant de la Chine a voulu des précisions sur la relation entre l’Institut de la démocratie et de la coopération (France) et ses partenaires qui lui apportent des financements.  Les dépenses de l’Institute of the Blessed Virgin Mary - Loreto Generalate (Italie) dépassent ses revenus, a constaté le représentant de l’Afrique du Sud.  Peut-on enregistrer les écoles, notamment les écoles catholiques, comme des ONG?

Intersections International Initiative, Inc. (États-Unis) est-elle une organisation internationale ou nationale, a interrogé la représentante du Nicaragua.  Pourquoi la totalité du budget de Kaurareg Aboriginal Land Trust (Australie) va aux dépenses administratives et rien aux projets?  Au Collectif de la Paix au Sri Lanka (France), le représentant de l’Inde a demandé dans quels pays d’Afrique elle était présente?

Quelle est la relation entre le Gouvernement du Luxembourg et Luxembourg Income Study (Luxembourg)?  Comment l’ONG dépense-t-elle son budget, a demandé le représentant de la Chine.  Celle de Cuba a voulu savoir si México Unido contra la Delincuencia, A.C. (Méxique) a des projets pour les autres pays d’Amérique latine.  Le représentant de la Chine a interrogé Mouvement de la Paix (France) sur sa position sur le Tibet.  

Son homologue de Cuba a posé trois questions à New Jersey Minority Educational Development NJ-MED (États-Unis): comment elle compte contribuer au travail de l’ECOSOC?  Quel est le bilan de son travail sur l’éducation?  Quels sont ses projets pour les années à venir?  Le délégué de l’Afrique du Sud a demandé comment cette ONG fait-elle pour parvenir à l’éducation universelle?

Le représentant du Soudan a souhaité davantage d’informations sur les activités d’Oromia Support Group in Australia Inc. (Australie) en Afrique orientale.  Peut-elle donner son certificat d’enregistrement au Soudan? Quel est l’origine de ses revenus?  Le représentant de la Chine a voulu des détails sur les activités du Plan International (UK) (Royaume-Uni) en Chine.

La déléguée du Nicaragua a demandé à Stiftelsen Stockholm International Water Institute (Suède) quels sont ses projets en Amérique centrale et au Nicaragua.  La représentante de Cuba a eu deux questions pour Stiftung Wissenschaft und Politik (Allemagne): comment l’ONG est-elle parvenue à préserver son indépendance vis-à-vis du Gouvernement qui lui octroie 80% de son budget?  Quels sont les projets menés avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)?

Le représentant de la Chine a demandé à STUF United Fund Inc. (États-Unis) les détails de ses activités en Amérique du Nord ainsi que la composition de ses membres.  Celle de Cuba a voulu savoir si Sukyo Mahikari (États-Unis) avait des représentants dans son pays.  Le délégué de la Chine a prié The Acton Institute for the Study of Religion and Liberty (États-Unis) de corriger le nom de Taiwan.

La représentante de Cuba a souhaité que The Aspen Institute, Inc. (États-Unis) précise son statut: national ou international.  Comment fait The Bianca Jagger Human Rights Foundation (Royaume-Uni) pour faire face à son déficit budgétaire? a demandé le représentant de la Chine qui a exigé de The Children's Investment Fund Foundation (UK) (Royaume-Uni) des informations détaillées sur sa présence en Chine.

La représentante de Cuba a noté la multitude d’activités chez The Death Penalty Project Limited (Royaume-Uni).  Comment finance-t-elle ces activités?  The New Zealand Drug Foundation (Nouvelle-Zélande) devra répondre au délégué de la Chine qui a affirmé avoir vu deux dossiers de candidature déposés.  Lequel de ces dossiers est le bon?  La représentante de la Grèce a demandé à Uçan Süpürge Kadın iletişim ve Araştırma Derneği (Turquie) pourquoi elle dépense 30% de ses revenus pour l’administration?

Quel genre de contrat Universal Cultural Society Inc. (États-Unis) propose-t-elle à ses clients pour avoir de tels revenus? a demandé la représentante de Venezuela.  Quelles sont les activités de US-Africa Synergy Inc. (États-Unis) en Afrique?  Avec quels partenaires?  Avec quels gouvernements, a interrogé le représentant du Soudan.  Peut-on savoir quels événements We Care for Humanity (États-Unis) propose en guise de contribution au travail de l’ECOSOC? a interrogé la représentante de l’Afrique du Sud.

Son homologue du Soudan a demandé les détails de l’aide gouvernementale reçue par Women for Water Partnership (Pays-Bas).  La représentante de l’Afrique du Sud a voulu savoir de Work In Progress (France) la forme de ses relations avec les artistes qui viennent des zones de conflit.  Que fait cette ONG en Algérie? a enchaîné le délégué du Soudan.  Quelles sont les relations entre le Gouvernement du Brésil et Conselho Indigenista Missionário CIMI (Brésil), a interrogé le représentant de la Chine.

Celle de la Grèce a demandé à Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie) la nature de ses relations avec le Gouvernement et le Parlement albanais.  Le représentant de la Turquie a voulu qu’Helsinki Citizens’ Assembly Vanadzor Office (Arménie) précise son statut: national ou international.  Son homologue de la Chine a exigé une réponse écrite de Nouveaux droits de l’homme (NDH) (Cameroun) sur l’origine de ses financements.

Le représentant de l’Afrique du Sud a demandé où est enregistrée VOICE (Vietnamese Overseas Initiative for Conscience Empowerment) (Philippines): aux Philippines ou au Viet Nam?  A-t-elle un statut national ou international, a ajouté le représentant de l’Inde.  Son homologue de l’Iran a voulu un état financier actualisé.  La représentante de Cuba a souhaité davantage d’informations sur les relations de l’ONG avec ses bailleurs de fonds.  Celui de la Fédération de Russie a voulu savoir de quels refugiés s’occupe cette ONG?  Est-elle présente effectivement au Viet Nam?  Son homologue du Soudan a demandé quels sont les réunions et les voyages qui absorbent 75% du budget.  Quel est le « plan stratégique » de VOICE pour les années à venir?  Le représentant du Viet Nam s’est opposé à la demande de statut consultatif.  C’est une ONG partenaire du « Parti de la réforme », fondé en 1980 comme groupe armé clandestin et qui vise à renverser le Gouvernement du Viet Nam.  Cette ONG viole la Charte des Nations Unies et la résolution 1996 de l’ECOSOC.  VOICE ne peut en aucun cas contribuer au travail de l’ECOSOC, a tranché le représentant vietnamien.

Son homologue d’Israël a voulu que l’Agence pour les droits de l’homme (Suisse) précise son vrai statut: national ou international.  Bulgarian Gender Research Foundation (Bulgarie) devra dire si elle a ou non des membres, a indiqué le représentant de l’Inde.  Le délégué de la Chine a constaté un déficit de 82 000 dollars dans le budget de Promotion pour le Développement (PROMODEV) (Haïti).  Que fait-elle pour inverser cette tendance?

Les représentants de la Chine et de l’Afrique du Sud ont prié Child Soldiers International (Royaume-Uni) de préciser son statut: national ou international.  Leur homologue du Soudan a voulu des explications sur les relations de l’ONG avec les Nations Unies.  Quelles sont les activités prévues en Afrique?  Comment sont-elles financées?  Le représentant de l’Inde a souhaité des explications sur les activités de cette ONG en tant qu’« entreprise ».  A-t-elle le droit d’être accréditée auprès de l’ECOSOC?

Comment ELIGE Red de Jóvenes por los Derechos Sexuales y Reproductivos, A.C. (Mexique) fait son travail alors que son budget est déficitaire, a demandé la représentante du Nicaragua.  Son homologue de la Chine a voulu savoir quelles activités d’Engineers Without Borders – International (États-Unis) sont liées aux objectifs de développement durable.  Il a aussi demandé pourquoi 62% du budget de Fountain House, Inc. (États-Unis) viennent des gouvernements?  Le représentant de l’Afrique du Sud a souhaité obtenir le bilan de ce qu’a fait cette ONG dans les 30 pays où elle se dit présente.

Après avoir constaté que Global Migration Policy Associates (GMPA) (Suisse) n’avait jusqu’à présent mené aucune activité, la représentante de l’Uruguay s’est interrogée sur les futurs projets.  Celle de Cuba a souhaité recevoir d’Institute for Multi-track Diplomacy (États-Unis) la liste de ses projets sur le maintien de la paix et la ventilation de ses activités par pays.  Le délégué de la Fédération de Russie a demandé à Interregional Non-governmental Organization « Committee against Torture » (Fédération de Russie) si elle a l’intention de mener à bien la défense des droits de l’homme et en particulier ceux des populations russophones à l’étranger ou encore des individus russophones incarcérés à l’étranger.

DIALOGUE AVEC LES ONG

Aux termes du dialogue, le Comité des ONG a décidé de recommander l’octroi du statut consultatif spécial à « EMERGENCY: Life support for Civilian War Victims » (Italie) une ONG qui fournit des soins médicaux gratuits aux victimes de la guerre et de la pauvreté.

Par contre, le Comité a reporté sa décision sur les demandes des ONG  « Concepts of Truth, Inc. » (États-Unis), « Islamic Help » (Royaume-Uni), et « Khmers Kampuchea-Krom Fédération » (États-Unis).  L’examen de la demande de cette dernière a fait l’objet d’un long débat, après que le représentant du Viet Nam a argué que les activités séparatistes de cette ONG étaient en contradiction avec sa demande de statut consultatif auprès de l’ECOSOC.  Les délégations des États-Unis, d’Israël et de la Grèce ont dit ne pas comprendre, estimant que les activités de cette ONG sont légitimes tant qu’il n’y a pas d’incitations à la violence et que les objectifs restent compatibles avec les principes de la Charte de l’ONU.  

Répondant au représentant de l’Afrique du Sud, « Concepts of Truth, Inc. » (États-Unis), a indiqué qu’elle mettait l’accent sur les liens entre vérité et santé reproductive.  Il s’agit d’une organisation chrétienne dont les activités sont ouvertes à toutes les communautés.  L’ONG reçoit une subvention annuelle fixe de la part du Gouvernement de l’Arizona correspondant aux frais de recrutement du personnel local.

À la représentante de l’Iran qui s’inquiétait de la situation financière et des activités en Iraq, l’ONG a indiqué que des personnes basées en Iraq appelaient sa ligne rouge lorsqu’elles estiment qu’elles ont besoin d’aide et qu’elles sont dans un état de souffrance.  Faute de temps, l’ONG a été invitée à répondre par écrit à la question du représentant du Soudan sur sa capacité à concilier le point de vue des différentes cultures sur les questions de santé reproductive.

Au représentant de la Chine et à sa question sur les activités au Soudan et en Centrafrique, « EMERGENCY: Life support for Civilian War Victims » (Italie) a indiqué qu’elle fournit des soins médicaux gratuits aux victimes de la guerre, des mines et de la pauvreté.  L’ONG affirme avoir répondu aux besoins de 6 millions de personnes dans le monde depuis 1994 et 389 000 personnes au Soudan depuis 2004.  Le représentant du Soudan a particulièrement salué les activités de cette ONG et son aide précieuse aux pays africains et au Soudan, en particulier.

Le comité a aussi décidé de reporter sa décision sur la demande d’« Islamic help » dans l’attente de précisions sollicitées par le représentant d’Israël sur la nature des activités de plaidoyer.  « Japan Fédération of Democratic Medical Institutions » a été priée de répondre à la question du représentant de la Chine sur ses activités auprès de l’ECOSOC depuis 1970.

« Khmers Kampuchea-Krom Federation » (États-Unis) s’est heurtée à une question du représentant du Venezuela sur sa participation aux travaux de l’Instance permanente sur les questions autochtones.  Le délégué de l’Afrique du Sud a demandé de précisions sur les objectifs de l’ONG s’agissant de l’autodétermination du peuple Khmer.  Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé qu’il y a eu en 2012 des objections sérieuses à la demande de statut consultatif de cette ONG.  À l’instar du représentant de l’Inde, il a demandé si les sources et les causes de ces objections avaient été surmontées depuis. 

Le représentant du Viet Nam a dit son « opposition formelle » à la demande de cette ONG qui, selon lui, viole les principes de la Charte des Nations Unies, en posant des actes politiquement motivés qui représentent une menace pour l’intégrité territoriale du Viet Nam.  Cette ONG, a-t-il accusé, a pour objectif la création d’un État khmer indépendant, donc une scission du pays. 

La représentante des États-Unis s’est dite convaincue que cette ONG méritait déjà son statut 2012.  L’ONG, a-t-elle plaidé, prône la non-violence et le fait qu’elle et ses consœurs critiquent les gouvernements ne signifie pas qu’il faille les empêcher d’accéder à un statut consultatif.  L’ONG, a encore plaidé la représentante américaine, s’est vue refuser un statut à l’ECOSOC alors qu’elle avait obtenu une recommandation unanime du Comité des ONG.

L’ECOSOC s’est abstenu d’octroyer le statut après avoir appris que cette ONG menait des activités séparatistes au Viet Nam, a rectifié le représentant de la Fédération de Russie.  On ne peut aller contre la décision de l’ECOSOC, a renchéri son homologue de l’Afrique du Sud devant le dossier d’une ONG qui est, aux yeux de la déléguée de l’Iran, une organisation d’opposition politique.  Elle relève donc de la Quatrième Commission chargé des questions politiques spéciales et de la décolonisation et non du Comité des ONG.

Une ONG dont la demande de statut a été rejetée a tout à fait le droit de présenter une nouvelle demande après un délai de trois ans, a souligné le représentant d’Israël.  Sur le fond, il a constaté, à la lecture du site Internet, que l’ONG prône en fait des changements pacifiques.  Cette ONG ne peut être punie indéfiniment pour des faits qui remontent à 2012, a plaidé, à son tour, le représentant de la Grèce.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande le renforcement de la protection des journalistes, de plus en plus victimes d’attaques meurtrières dans les zones de conflit

7450e séance – matin & après-mid
CS/11908

Le Conseil de sécurité demande le renforcement de la protection des journalistes, de plus en plus victimes d’attaques meurtrières dans les zones de conflit

En présence de Mariane Pearl, veuve de Daniel Pearl, journaliste du Wall Street Journal enlevé et décapité au Pakistan en 2002, qui a pris part au débat, le Conseil de sécurité a demandé aujourd’hui le renforcement de la protection des journalistes en période de conflit, après avoir entendu une soixantaine de délégations souligner l’importance et les périls toujours plus grands auxquels ils font face dans l’exercice de leur métier.  « Les journalistes sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain », a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, M. Linas Linkevičius, qui présidait cette réunion du Conseil consacrée à la protection des journalistes dans les situations de conflit.  Entre 2006 et 2014, 334 journalistes ont été tués dans les différentes zones de conflit à travers le monde, ont rappelé de nombreux intervenants. 

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2222 (2015) portant sur le thème débattu, le Conseil de sécurité a condamné les violations et abus commis contre les journalistes, ainsi que l’impunité persistante dont bénéficient les auteurs de tels sévices.  Selon le document de réflexion* distribué par la présidence lituanienne du Conseil, aucune condamnation n’est prononcée dans 90% des affaires ayant trait à des assassinats de journalistes.

Aux termes du texte adopté, reconnaissant que les journalistes peuvent jouer un rôle important dans la protection des civils et la prévention des conflits « en agissant en tant que mécanisme d’alerte rapide », le Conseil demande également aux États Membres d’instaurer des conditions de sécurité leur permettant de faire leur travail « de façon indépendante et sans ingérence excessive ».  Dans cette résolution, qui est la deuxième à être axée sur la protection des journalistes après la résolution 1738 (2006), le Conseil affirme en outre que les activités d’un organe d’information libre et indépendant constituent l’un des fondements d’une société démocratique, et, « de ce fait, peuvent contribuer à la protection des civils ».  Il souligne que les missions des Nations Unies devraient inclure dans leurs rapports des informations sur les actes de violence spécifiques perpétrés contre des journalistes et demande instamment la libération immédiate et sans condition des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé qui ont été enlevés ou pris en otage pendant un conflit armé.

Une situation de conflit et un environnement peu sûr ne doivent jamais servir de prétextes pour réduire des journalistes au silence, a déclaré, en ouvrant ce débat public du Conseil, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson.  « Au contraire, c’est précisément dans ces situations que les voix des sans-voix et les reportages tournés sur la ligne de front doivent être entendus haut et fort », a-t-il indiqué.  Soulignant les défis distincts auxquels doivent faire face les journalistes, qu’ils soient correspondants étrangers ou journalistes locaux, femmes ou hommes, le Vice-Secrétaire général a encouragé le Conseil à explorer plusieurs pistes pour promouvoir leur sécurité.  Il a ainsi plaidé pour la tenue de réunions régulières sur le sujet et l’inclusion de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes dans les réformes relatives au secteur judiciaire et aux droits de l’homme promues par les missions de l’ONU. 

« Il est historique que le Conseil de sécurité fasse pour la première fois le lien entre le droit à la liberté d’expression et la nécessité de protéger les journalistes », s’est pour sa part félicité le Directeur général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), M. Christophe Deloire.  Il a suggéré la création à l’ONU d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général sur la protection des journalistes, lequel serait chargé de contrôler le respect des deux résolutions précitées.  « Le mandat de ce représentant spécial pourrait être défini sur le modèle de celui du Représentant spécial pour le sort des enfants en temps de conflit armé », a préconisé M. Deloire.  Le Directeur général de RSF s’est inquiété de la situation en Syrie et en Iraq, où, dans les zones sous contrôle de Daech, un véritable « trou noir » de l’information s’est constitué.  Il a indiqué qu’au cours des quatre années de conflit, 45 journalistes ont été tués en Syrie.

De son côté, Mme Pearl a assuré, au cours de son intervention, que les journalistes faisaient tout leur possible pour démanteler la base sur laquelle opèrent les terroristes, qui est celle de la haine.  « Dans mon cas, cela s’est traduit par 13 années de combat au quotidien pour lutter contre la haine, la violence et l’ignorance, par l’empathie, la compassion et l’éducation », a-t-elle précisé.  Estimant que Daech n’était que « la partie immergée de l’iceberg de l’intolérance », la journaliste a dénoncé le comportement de nombreux gouvernements.  « Soixante pour cent des journalistes emprisonnés sont accusés d’avoir lutté ou incité à la lutte contre l’État qui s’en prend à eux », a-t-elle fait remarquer. 

Si la Syrie continue d’être le lieu le plus meurtrier au monde pour les journalistes, a relevé le Ministre lituanien des affaires étrangères, les deuxième et troisième places en termes de danger « reviennent à l’Iraq et à l’Ukraine, en raison de la guerre parrainée par la Russie ».  À l’instar d’un certain nombre de participants au débat, M. Linkevičius a souligné l’urgence de renforcer la mise en œuvre des normes juridiques existantes pour lutter contre l’impunité.

Plusieurs délégations ont avancé des propositions visant à améliorer la protection des journalistes, dont celle de l’Espagne, au nom de laquelle s’exprimait le Vice-Ministre des affaires étrangères du Gouvernement espagnol qui a souhaité que les attaques commises contre les journalistes dans des zones de conflit soient considérées comme des crimes de guerre.  Ce point de vue a été partagé par le représentant de la France qui a expliqué qu’au titre des Conventions de Genève, les journalistes étaient des civils.

La délégation du Royaume-Uni a, pour sa part, invité le Conseil à « mettre à jour son concept du journalisme » au regard de la multiplication des sources d’information telles que les médias sociaux.  « Il faut défendre les bloggeurs », a-t-il souligné, rappelant qu’au Bangladesh trois bloggeurs ont été assassinés cette année, ce qui a créé dans ce pays une culture de peur.

Plusieurs délégations se sont également alarmées du sort subi par des journalistes ressortissants de leurs pays.  Parmi elles, celle de la Fédération de Russie a déploré que les correspondants des médias russes en Ukraine soient régulièrement mis dans des situations de danger extrême, certains ayant même perdu la vie, victimes d’attaques délibérées contre eux.  Pour sa part, l’Envoyé spécial du Ministère des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a déclaré que « la guerre menée par l’Arménie contre l’Azerbaïdjan avait fait des dizaines de milliers de victimes parmi les civils, y compris des journalistes, alors qu’ils effectuaient leur travail dans la zone de conflit ».

Le représentant du Tchad a condamné les crimes contre la presse tout en invitant les journalistes à respecter la déontologie de leur métier, notamment les principes d’impartialité et d’objectivité dans l’exercice de leurs fonctions.  « Les médias doivent bien évaluer les risques qui se posent sur le terrain avant d’envoyer des correspondants dans des zones de conflit », a-t-il d’autre part ajouté.  À cet égard, Mme Pearl a, en début de réunion, conseillé aux médias et aux organes de presse de se livrer à une « introspection », et elle a souligné la « grande confusion qui règne actuellement au sein de la profession de journaliste, en raison de la concurrence sur Internet et de la course aux scoops ». 

La prochaine réunion du Conseil de sécurité aura lieu demain, jeudi 28 mai à 15 heures.

 

*     S/2015/307

 

LA PROTECTION DES JOURNALISTES DANS LES SITUATIONS DE CONFLIT

Protection des civils en période de conflit armé

Lettre datée du 1er mai 2015, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente de la Lituanie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/307)

Texte du projet de résolution (S/2015/375)

Le Conseil de sécurité,

Ayant présent à l’esprit la responsabilité principale que la Charte des Nations Unies lui a assignée de maintenir la paix et la sécurité internationales, et soulignant qu’il importe de prendre des mesures pour prévenir et régler les conflits,

Réaffirmant ses résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé et sa résolution 1738 (2006) sur la protection des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé, ainsi que ses autres résolutions et les déclarations de son Président ayant trait à la question,

Réaffirmant son attachement aux buts énoncés aux paragraphes 1 à 4 de l’Article 1 de la Charte des Nations Unies et aux principes énoncés aux paragraphes 1 à 7 de l’Article 2 de la Charte, notamment son attachement aux principes d’indépendance politique, d’égalité souveraine, d’intégrité territoriale et de respect de la souveraineté de tous les États,

Rappelant les Conventions de Genève en date du 12 août 1949, en particulier la troisième Convention de Genève en date du 12 août 1949 relative au traitement des prisonniers de guerre et les Protocoles additionnels du 8 juin 1977, en particulier l’article 79 du Protocole additionnel I relatif à la protection des journalistes en mission professionnelle périlleuse dans les zones de conflit armé,

Reconnaissant que le travail des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé, les exposent souvent à des risques spécifiques tels qu’actes d’intimidation et harcèlement ainsi qu’à la violence en période de conflit armé,

Réaffirmant qu’il incombe au premier chef aux parties à un conflit armé de prendre toutes les mesures voulues pour assurer la protection des civils touchés, y compris ceux qui, dans l’exercice de leur droit à la liberté d’expression, recherchent, reçoivent et diffusent des informations par différents moyens, tant en ligne qu’hors ligne, conformément à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques,

Conscient du rôle important que joue le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient, dans le domaine de la protection des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé n période de conflit armé,

Considérant que c’est aux États qu’il incombe au premier chef de respecter et de garantir les droits fondamentaux de leurs citoyens, ainsi que de toutes les personnes se trouvant sur leur territoire, comme le prescrit le droit international applicable,

Rappelant le droit à la liberté d’expression énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale en 1948 (« la Déclaration universelle ») et à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté par l’Assemblée générale en 1966 (« le Pacte »), et le fait que toute restriction dont il serait l’objet doit être édictée par la loi et être nécessaire pour les motifs exposés au paragraphe 3 de l’article 19 du Pacte,

Gravement préoccupé par la fréquence des actes de violence perpétrés dans de nombreuses régions du monde contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé dans les conflits armés, en particulier les attaques délibérées commises en violation du droit international humanitaire,

Soulignant qu’il existe en droit international humanitaire des règles prohibant les attaques dirigées intentionnellement contre des civils qui, en période de conflit armé, constituent des crimes de guerre, et rappelant qu’il est impératif que les États mettent un terme à l’impunité des auteurs de ces attaques,

Ayant présent à l’esprit que l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes commis contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé en période de conflit armé demeure un obstacle important à leur protection, et que garantir l’établissement des responsabilités pour les crimes commis à leur encontre est un élément clef en vue de prévenir de futurs attentats,

Reconnaissant que les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé peuvent jouer un rôle important dans la protection des civils et la prévention des conflits en agissant en tant que mécanisme d’alerte rapide pour détecter et signaler les situations qui pourraient déboucher sur un génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique,

Réaffirmant qu’il condamne toutes les incitations à la violence contre des civils en période de conflit armé, et condamnant l’utilisation des médias aux fins d’inciter à la violence, au génocide, à des crimes contre l’humanité et à d’autres violations graves du droit international humanitaire,

Rappelant que les États parties aux Conventions de Genève ont l’obligation de rechercher les personnes présumées avoir commis, ou avoir donné l’ordre de commettre, une infraction grave auxdites Conventions et qu’ils doivent les déférer devant leurs propres tribunaux, quelle que soit leur nationalité, ou peuvent, s’ils le préfèrent, les remettre pour jugement à un autre État intéressé à la poursuite, pour autant que celui-ci ait retenu contre lesdites personnes des charges suffisantes,

Rappelant en outre que tous les États Membres doivent respecter l’obligation qui leur incombe de mettre fin à l’impunité, d’enquêter sur les cas de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et autres violations graves du droit international humanitaire et d’en poursuivre les auteurs, et notant que la lutte contre l’impunité des crimes de droit international les plus graves, commis à l’encontre de civils, a été renforcée grâce à l’action et aux poursuites engagées contre les auteurs de ces crimes par la Cour pénale internationale conformément au principe de la complémentarité avec les juridictions nationales tel qu’énoncé dans le Statut de Rome, les tribunaux spéciaux et mixtes et les chambres spécialisées de juridictions nationales,

Se déclarant profondément préoccupé par la menace croissante que représente les groupes terroristes pour la sécurité des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé et condamnant fermement les meurtres, les enlèvements et les prises d’otages perpétrés par des groupes terroristes, quel qu’en soient les motifs, y compris lever des fonds ou obtenir des concessions politiques, et se déclarant déterminé à prévenir les enlèvements et les prises d’otages perpétrés par des groupes terroristes et à faire en sorte que les otages soient libérés sains et saufs sans qu’il soit versé de rançon ou accordé de concessions politiques, dans le respect du droit international applicable,

Mettant l’accent sur la contribution que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales, s’il y a lieu, peuvent apporter aux efforts internationaux de promotion et de protection des droits de l’homme, ainsi qu’à la protection des civils, y compris des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé, notamment par le biais de la surveillance et du signalement des violations et des sévices ainsi que par la fourniture d’un appui aux gouvernements dans les efforts qu’ils déploient pour promouvoir et protéger les droits de l’homme, et aux fins du renforcement de la lutte contre l’impunité pour les crimes commis à l’encontre de civils, y compris les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé,

Conscient de l’importance que revêt, pour la protection des civils en période de conflit armé, une démarche globale, cohérente et privilégiant l’action, y compris au début des préparatifs. Soulignant à cet égard la nécessité d’adopter une stratégie générale de prévention des conflits, qui s’attaque aux causes profondes des conflits armés de manière exhaustive afin d’améliorer durablement la protection des civils, y compris par la promotion du développement durable, de l’élimination de la pauvreté, de la réconciliation nationale, de la bonne gouvernance, de la démocratie, de l’état de droit et du respect et de la protection des droits de l’homme,

Reconnaissant l’importance du rôle que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer en assurant la protection des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé et l’importance d’une bonne coopération entre l’Organisation des Nations Unies et ces organisations,

Reconnaissant également les risques spécifiques auxquels sont exposés les femmes journalistes, les professionnelles des médias et le personnel associé dans l’exécution de leurs fonctions, et soulignant, dans ce contexte, qu’il importe de prendre en compte la problématique hommes-femmes dans les mesures visant à assurer leur sécurité en période de conflit armé,

Déclarant que s’il examine la question de la protection des journalistes en période de conflit armé, c’est parce que c’est une question urgente et importante, et estimant que le Secrétaire général peut jouer un rôle utile en fournissant des renseignements supplémentaires sur la question,

1.    Condamne toutes les formes de violations et d’abus commis contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé en période de conflit armé et demande à toutes les parties à des conflits armés de mettre fin à de telles pratiques;

2.    Affirme que les activités d’un organe d’information libre et indépendant constituent l’un des fondements essentiels d’une société démocratique et, de ce fait, peuvent contribuer à la protection des civils;

3.    Rappelant à cet égard que les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé qui accomplissent des missions professionnelles périlleuses dans des zones de conflit armé doivent être considérés comme des civils, et doivent être respectés et protégés en tant que tels, à la condition qu’ils n’entreprennent aucune action qui porte atteinte à leur statut de personnes civiles, et cela sans préjudice du droit des correspondants de guerre accrédités auprès des forces armées de bénéficier du statut de prisonnier de guerre prévu par l’article 4.A.4 de la troisième Convention de Genève;

4.    Condamne fermement la persistance de l’impunité des auteurs de violations et de sévices commis à l’encontre de journalistes, de professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé, laquelle impunité peut contribuer à la répétition de ces crimes;

5.    Souligne que les États ont la responsabilité de s’acquitter de l’obligation que leur fait le droit international de mettre fin à l’impunité et de traduire en justice quiconque est responsable de violations graves du droit international humanitaire;

6.    Exhorte les États Membres à prendre les mesures voulues pour traduire en justice les auteurs de crimes commis contre des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé en menant des enquêtes impartiales, indépendantes et efficaces sur le territoire relevant de leur juridiction;

7.    Rappelle l’injonction qu’il a adressée à toutes les parties à un conflit armé de se conformer strictement aux obligations mises à leur charge par le droit international concernant la protection des civils, y compris les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé;

8.    Demande instamment la libération immédiate et sans condition des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé qui ont été enlevés ou pris en otage pendant un conflit armé;

9.    Demande également instamment à toutes les parties concernées, en période de conflit armé, de respecter l’indépendance professionnelle et les droits des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé qui sont des civils;

10.   Rappelle que le matériel et les installations des médias sont des biens de caractère civil et, en tant que tels, ne doivent être l’objet ni d’attaque ni de représailles, tant qu’ils ne constituent pas des objectifs militaires;

11.   Reconnaît que l’éducation et la formation au droit international humanitaire peuvent jouer un rôle important en appuyant les efforts visant à prévenir ou à faire cesser les attaques contre les civils touchés par les conflits armés, y compris les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé;

12.   Souligne que les missions de maintien de la paix des Nations Unies et les missions politiques spéciales, lorsqu’il y a lieu, devraient inclure dans les rapports qu’elles doivent établir des informations sur les actes de violence spécifiques perpétrés contre des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé;

13.   Demande instamment à toutes les parties à un conflit armé de tout faire pour empêcher que des violations du droit international humanitaire soient commises contre des civils, y compris les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé;

14.   Demande aux États Membres d’instaurer et de préserver, en droit et en fait, des conditions de sécurité permettant aux journalistes, aux professionnels des médias et au personnel associé de faire leur travail de façon indépendante et sans ingérence excessive;

15.   Insiste sur la nécessité de garantir une coopération et une coordination plus étroites au niveau international, y compris entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations internationales, régionales et sous-régionales concernées, notamment en fournissant une assistance technique et un renforcement des capacités, pour ce qui est de promouvoir et d’assurer la sécurité des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé;

16.   Encourage l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à échanger des données d’expérience sur les bonnes pratiques et les enseignements tirés en matière de protection des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé et, en étroite coopération, d’améliorer l’application cohérente et effective du droit international humanitaire applicable et de ses résolutions pertinentes, y compris celles relatives à la protection des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé en période de conflit armé;

17.   Invite les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de devenir parties dès que possible aux Protocoles additionnels I et II de 1977 se rapportant aux Conventions de Genève;

18.   Réaffirme qu’il continuera d’examiner la question de la protection des journalistes en période de conflit armé;

19.   Prie le Secrétaire général de consacrer systématiquement en tant que point subsidiaire dans ses rapports sur la protection des civils en période de conflit armé une section à la question de la sûreté et de la sécurité des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé, y compris aux mesures prises pour les protéger face à une menace imminente, et de veiller à ce que les informations sur les attaques et violences perpétrées contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé et les mesures préventives qui ont été prises pour empêcher tout incident de ce genre figurent expressément dans les rapports de pays pertinents.

Déclarations

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que les années qui viennent de s’écouler ont vu une augmentation préoccupante du nombre de journalistes tués dans des situations de conflit.  « Sur les 593 cas de journalistes tués entre 2006 et 2013, 273 l’ont été dans des zones de conflit », a-t-il dit, ajoutant que les journalistes étaient de plus en plus visés et menacés par des groupes terroristes et criminels.  S’il a affirmé que les récents assassinats de journalistes, dont des journalistes occidentaux en Syrie, ont retenu l’attention du monde, il a rappelé que 95% des journalistes tués dans des zones de conflit étaient des journalistes locaux, dont la mort était moins médiatisée.

Une situation de conflit et un environnement peu sûr ne doivent jamais servir de prétextes pour réduire des journalistes au silence, a-t-il dit.  « Au contraire, c’est précisément dans ces situations que les voix des sans-voix et les reportages tournés sur la ligne de front doivent être entendus haut et fort. »  Le Vice-Secrétaire général a ensuite indiqué que la protection des journalistes exigeait une approche multifactorielle, les défis auxquels font face les journalistes de guerre étant par exemple différents de ceux que rencontrent les autres journalistes.  « Les préoccupations sécuritaires des correspondants étrangers diffèrent de celles des journalistes locaux, et les femmes journalistes sont confrontées à des difficultés très différentes de celles que rencontrent leurs collègues masculins », a dit M. Eliasson.  Il a également déclaré qu’il fallait aussi remédier à la corruption, à l’intimidation et à la faiblesse des systèmes judiciaires.  « Les menaces et attaques contre les journalistes sont commises par des acteurs étatiques et non étatiques », a-t-il souligné, ajoutant que la sécurité des journalistes dans des zones exemptes de conflit était également une source de préoccupation.

« Le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité vise à répondre à ces défis », a indiqué M. Eliasson, précisant que ce Plan était implanté dans plusieurs pays dont l’Iraq, le Népal, le Pakistan et le Soudan du Sud.  Le Vice-Secrétaire général a ensuite souligné le rôle critique que pouvait jouer le Conseil pour promouvoir la sécurité des journalistes et l’a invité à explorer cinq pistes à cette fin.

« Premièrement, le Conseil doit condamner sans équivoque et fermement le meurtre de journalistes dans des situations de conflit, y compris celui de journalistes locaux. »  En second et troisième lieu, M. Eliasson a invité le Conseil à tenir des réunions régulières sur la protection des journalistes et à prévoir dans le mandat de ses missions, et notamment dans leur volet consacré à la protection des civils, des dispositions relatives à la sécurité des journalistes.  Les missions autorisées par le Conseil doivent aussi faire en sorte que la liberté d’expression et la sécurité des journalistes fassent partie intégrante des réformes relatives au secteur judiciaire et à la promotion des droits de l’homme, a-t-il préconisé, au titre de son quatrième point.  Enfin, M. Eliasson a encouragé le Conseil de sécurité à avaliser et soutenir le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité.

M. Eliasson a conclu son intervention en indiquant que le système de l’ONU continuerait d’appuyer le Conseil dans ses efforts, y compris en attirant son attention sur les situations préoccupantes et ce, « de manière rapide et proactive ».  « Il est de notre responsabilité de protéger les voix de ceux qui tirent la sonnette d’alarme et informent le monde sur les situations portant atteinte à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il dit.

M. CHRISTOPHE DELOIRE, Directeur général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), a entamé son intervention en citant l’exemple de Raad Mohamed Al-Azaoui, un caméraman qui a été assassiné en public à Samarra, le 10 octobre 2014, aux côtés de son frère et de deux autres civils.  Il est, a dit M. Deloire, un des 66 journalistes tués l’an dernier dans l’exercice ou en raison de leurs fonctions.

Ce jour est historique pour la protection des journalistes, mais au-delà, pour la liberté de la presse, a-t-il estimé, précisant que le texte que s’apprêtait à approuver le Conseil de sécurité faisait référence au droit à la liberté d’expression, tel que prévu par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Il est historique, a-t-il dit, que le Conseil de sécurité fasse pour la première fois le lien entre le droit à la liberté d’expression et la nécessité de protéger les journalistes.  En 10 ans, plus de 700 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, a ajouté M. Deloire, jugeant que la résolution 1738 (2006) n’a pas suffi à résoudre le problème de l’insécurité dans laquelle travaillent les journalistes.  Reporters sans frontières demande ainsi la mise en place d’un mécanisme de contrôle efficace, a-t-il poursuivi.

En outre, l’ONG sollicite la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général sur la protection des journalistes, lequel sera chargé d’assurer le suivi et de contrôler le respect par les États Membres des obligations fixées par la résolution 1738 (2006) et la résolution que le Conseil de sécurité va adopter aujourd’hui.  Le mandat de ce représentant spécial, a-t-il précisé, pourra être défini sur le modèle du Représentant spécial pour le sort des enfants en temps de conflit armé.

Rappelant en particulier que plus de 90% des crimes commis contre les journalistes demeurent impunis, M. Deloire a considéré que l’ONU pouvait diligenter de véritables enquêtes.  Il s’est dit satisfait que la nouvelle résolution fasse mention du rôle de la Cour pénale internationale (CPI) dans la poursuite et le jugement des auteurs de crimes de guerre.

Le Directeur général de RSF a également expliqué qu’en Syrie et en Iraq, dans la zone sous contrôle de Daech, un « trou noir » de l’information s’est constitué.  De la même manière que des trous noirs de l’univers, la lumière ne saurait sortir, les journalistes ne parviennent plus à y effectuer de reportages ni à y diffuser leurs informations. 

Au cours des quatre années de conflit, 45 journalistes ont été tués en Syrie, et, depuis l’été 2014, au moins 3 journalistes y ont été tués, 15 sont morts depuis 2013, et de nombreux professionnels de la presse ont été victimes d’enlèvements, de prises d’otages ou de disparitions forcées.

Les États membres du Conseil de sécurité doivent faire preuve de cohérence avec le vote qu’ils vont exercer aujourd’hui et initier un processus concret visant à faire comparaître les auteurs de crimes contre les journalistes devant la justice internationale, a déclaré M. Deloire.

Ce projet de résolution évoque, et c’est un point positif, la liberté de l’information « en ligne » et « hors ligne ».  Mais, a-t-il ajouté, il convient d’étendre explicitement le champ à tous les journalistes dignes de ce nom.

Par ailleurs, a estimé M. Deloire, le Conseil de sécurité devra assigner des obligations aux États au-delà des situations de conflit armé.  Plus de 150 journalistes professionnels et 170 journalistes non professionnels sont en prison à travers le monde pour avoir simplement voulu lever un coin du voile sur la réalité de leur pays et celle du monde, a-t-il expliqué.

Tant qu’ils sont derrière les barreaux, ce sont des millions de personnes, et même des centaines de millions, qui sont privés de leurs enquêtes et de leurs reportages, a-t-il noté, avant de conclure: « le journalisme doit permettre aux êtres humains d’envisager l’altérité et de saisir la logique de l’autre.  Sans cela aucune paix digne de ce nom n’est envisageable ».

Mme MARIANE PEARL, veuve de Daniel Pearl, journaliste du Wall Street Journal enlevé et décapité au Pakistan en 2002, a décrit les journalistes comme des personnes déterminées « qui supportent de plus en plus à elles seules le poids de nos démocraties ».  Elle a salué le courage de ces professionnels, au moment où ils ne bénéficient plus de l’ancienne règle tacite qui voulait qu’ils soient perçus comme des gens exerçant une profession neutre aux points de vue équitables.  Nous sommes en danger, a-t-elle prévenu en invitant à s’interroger « pour quelle forme de journalisme acceptons-nous de mourir finalement? ».  Elle a souligné le côté invisible du courage dont font preuve les journalistes, et a nié qu’ils soient en quête d’une quelconque forme de célébrité ou en quête de poussées d’adrénaline. 

Aujourd’hui, la confusion est grande dans notre profession, a dit Mme Pearl, invoquant la concurrence qui existe sur Internet et la course aux scoops.  Elle a conseillé aux médias et aux organes de presse de se livrer à une introspection.  Elle a dit qu’elle voulait s’adresser aux journalistes qui ont le courage de confronter la réalité, ceux qui veulent honorer les valeurs essentielles de leur métier, comme celle de donner une voix à ceux qui ne sont pas entendus et résister à l’influence des pouvoirs établis.  « Nous sommes ceux qui informent le public et les décideurs politiques pour qu’ils fassent des choix informés, ceux qui informent le monde sur les atrocités commises par Daech en Iraq et en Syrie, par Boko Haram au Nigéria et dans les pays avoisinants, et par les cartels de drogue au Mexique et en Amérique centrale. »

Au-delà de nos différences, nous partageons un terreau commun que les terroristes essaient de détruire, a prévenu la journaliste.  Elle a dénoncé le discours de ces terroristes et les slogans et étiquettes qu’ils placardent, et elle s’est inquiétée surtout qu’ils profitent des faiblesses des sociétés humaines actuelles.  « Nous faisons face à un groupe de militants suffisamment déshumanisés pour s’attaquer à des journalistes innocents », a souligné Mariane Pearl. 

Mme Pearl a assuré que les journalistes faisaient tout leur possible, avec les outils à leur disposition, pour démanteler et détruire la base sur laquelle opèrent les terroristes, c’est-à-dire la haine.  Dans mon cas, a-t-elle indiqué, cela s’est traduit par 13 années de combat au quotidien pour lutter contre la haine, la violence et l’ignorance, par l’empathie, la compassion et l’éducation.  Elle a regretté que les journalistes soient trop souvent traités comme des combattants ennemis et des espions.  Ce phénomène affecte en majorité les journalistes jeunes et indépendants qui vont hors des sentiers battus et font un travail que les médias de masse sont réticents à faire, a-t-elle fait observer.  En outre, a-t-elle ajouté, les femmes exerçant ce métier fournissent plus de la moitié des nouvelles reçues par le grand public mais, ce faisant, elles souffrent de la violence sexuelle, des cyberattaques et de menaces visant leurs familles et leurs enfants.

Estimant que Daech n’est que la partie immergée de l’iceberg de la haine et de l’intolérance, la journaliste a montré du doigt le comportement de nombreux gouvernements: 60% des journalistes emprisonnés sont accusés d’avoir lutté ou incité à la lutte contre l’État, a-t-elle indiqué.  En 2014, l’impunité couvrant les meurtres de journalistes a atteint le taux effrayant de 96% de journalistes tués sans qu’aucune poursuite ne soit engagée contre leurs assassins, a-t-elle dénoncé.  Elle a aussi déploré les lois antiterroristes qui, dans la plupart des pays du monde, sont utilisées pour museler la presse.

Mme Pearl a ensuite évoqué les cas de la journaliste russe Anna Politkovskaya, assassinée devant son domicile en 2006, de l’américaine Marie Colvin tuée à Homs, en Syrie en 2012, et de la mexicaine Lydia Cacho, qui a révélé le scandale de la pédophilie au Mexique et subi de ce fait un viol, des actes de torture, avant d’être menacée de mort.  Elle a aussi cité la photographe Nicole Tung qui, assurant la couverture du conflit en Syrie, a expliqué les risques multiples courus par les reporters sur le terrain.

Mme Pearl a regretté que les journalistes puissent de moins en moins travailler de manière indépendante, à cause de la propagande des gouvernements et des groupes terroristes.  Elle a constaté que des journalistes sont souvent pris pour cible et tués pour leur couverture du terrorisme, tandis que d’autres sont censurés et emprisonnés par les gouvernements qui cherchent à combattre ce même terrorisme.  Cette année, 25 journalistes sont morts, la majorité d’entre eux victimes d’assassinats, a précisé Mariane Pearl.  Elle a donc plaidé pour que soit mis fin à l’impunité et, tout en saluant les efforts de États Membres qui se sont mis d’accord sur la question de la sûreté des journalistes par le biais de résolutions, elle a demandé que davantage soit fait dans ce sens.  Elle a ainsi demandé au Conseil de sécurité d’avertir les États qu’ils ne peuvent pas se servir de la question de leur sécurité nationale comme prétexte pour emprisonner, harceler ou censurer les journalistes.

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a noté que l’on dépend de plus en plus d’une information en temps réel pour prendre des décisions, réagir aux situations urgentes et mobiliser l’assistance sur le plan international.  « Les journalistes sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain », a-t-il dit tout en déplorant qu’ils travaillent de plus en plus en mettant leur vie en péril.  Depuis 1992 en effet, 129 journalistes sont morts dans l’exercice de leur métier.  Ces professionnels jouent le rôle de mécanisme d’alerte précoce, car les violations de droits de l’homme prédisent souvent des conflits qui couvent et ensuite explosent, a remarqué le Ministre.

Faisant remarquer que les reporteurs doivent se placer au cœur de l’action pour faire leur travail, il a souligné qu’ils repoussent constamment les limites de leur propre sécurité.  En outre, la propagation de l’extrémisme radical et du terrorisme repousse toujours plus loin cette limite, a-t-il dit en citant les cas de journalistes qui ont été décapités comme Daniel Pearl, James Foley, Steven Sotloff et Kenji Goto, tous victimes de la barbarie la plus immonde.  M. Linkevičius a aussi parlé des femmes journalistes qui sont particulièrement exposées aux risques, ainsi que les journalistes locaux qui représentent 90% de ceux qui sont tués dans les situations de conflit.  La Syrie continue d’être le lieu le plus meurtrier au monde pour les journalistes, a constaté M. Linkevičius en rappelant les 80 journalistes qui y sont morts en couvrant le conflit depuis 2011.  Les deuxième et troisième places en termes de danger « reviennent à l’Iraq et à l’Ukraine, en raison de la guerre parrainée par la Russie », a-t-il ajouté. 

Invoquant « la nécessité de garantir la liberté de la presse et la liberté d’expression », le Ministre lituanien a demandé que soit renforcé le cadre juridique international de protection des journalistes.  Il a aussi souligné l’urgence de renforcer la mise en œuvre des normes juridiques pour combler les lacunes existant en termes de reddition de la justice.  Il a appelé les États à respecter leurs obligations afin d’éviter l’impunité, ce qui implique une obligation d’enquêter, de poursuivre et de punir les attaques contre les journalistes.  La responsabilité des agences de presse et des médias devrait aussi être renforcée, a ajouté le Ministre, notamment en ce qui concerne les journalistes indépendants et le personnel local dont la sécurité doit être assurée.  Il en est de même en ce qui concerne les « bloggers » qui sont de plus en plus pris pour cible.

« Les attaques contre les journalistes sont, comme toute attaque contre des civils, des attaques contre l’humanité », a estimé le Ministre lituanien.  Il a remercié l’appui manifesté envers le projet de résolution proposé par sa délégation, soulignant le devoir qu’a le Conseil de « protéger tous ceux qui risquent leur vie pour divulguer la vérité ».  Il a ensuite dénoncé « la propagande et les restrictions aux activités des médias qui entrainent la désinformation ».  La propagande ciblée devient une arme de guerre supplémentaire, a-t-il prévenu.  Il a conclu en citant le philosophe français Helvétius qui avait dit: « limiter la liberté de la presse, c’est insulter une nation; interdire la lecture de certains livres, c’est déclarer que les habitants sont soit des imbéciles soit des esclaves ».

M. IGNACIO YBÁÑEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a indiqué que la liberté d’expression et d’informer était l’oxygène des sociétés démocratiques.  Il a souligné les difficultés que rencontrent les journalistes dans leur travail, leur quête de vérité pouvant entrer en conflit avec les intérêts des pouvoirs en place.  Très souvent, les journalistes sont la seule voix dont disposent les victimes d’abus et de violences, a-t-il dit.  Le Vice-Ministre a aussi rappelé que les journalistes avaient modifié l’ordre du jour du Conseil de sécurité, en attirant l’attention du monde sur la protection des civils par temps de conflit et les violences sexuelles.

En 2014, le nombre d’enlèvements de journalistes a augmenté de 30%, a-t-il déploré.  M. Ybáñez a indiqué que les groupes terroristes ciblaient les journalistes en raison de leur détestation du pluralisme et de leur aspiration à créer des États totalitaires.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne a ensuite souhaité que le travail des médias soit publiquement reconnu, et il a salué à ce titre la tenue de la réunion de ce jour par le Conseil de sécurité.  Puis, il a demandé la ratification, par tous les États, des instruments internationaux pertinents relatifs à la protection des journalistes.

« Il est essentiel que nous prenions en compte les propositions des médias concernant les mesures à adopter pour améliorer leur protection », a dit M. Ybáñez.  Il a avancé l’idée que les attaques commises contre les journalistes dans des zones de conflit soient considérées comme des crimes de guerre.  « À cet égard, il faudrait plus d’échanges entre le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) et ce Conseil », a-t-il estimé.  Il a ensuite attiré l’attention sur « l’exode forcé » auquel sont soumis les journalistes en raison des menaces de violence et d’intimidation formulées à leur endroit dans de nombreuses parties du monde.  M. Ybáñez a en outre demandé que la protection des médias soit intégrée dans les mandats des missions de paix autorisées par le Conseil.  En conclusion, il a invité les États Membres à évaluer l’efficacité des efforts de l’ONU relatifs à la protection des journalistes.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a salué le courage dont ont fait preuve Mme Marianne Pearl, la veuve du journaliste assassiné Richard Pearl, et son fils, qui était également présent dans la salle du Conseil de sécurité.  Elle a rappelé que des journalistes sont tués aujourd’hui en Syrie et en Iraq.  « Le régime d’Assad et des acteurs non étatiques, comme Daech, visent les journalistes », a accusé Mme Power. 

Une forte présence de la presse peut jouer un rôle dans la médiation des conflits et relater les violations des droits de l’homme, comme on le voit aujourd’hui au Burundi, a-t-elle expliqué.  La représentante des États-Unis a mis l’accent sur la nécessité de condamner les gouvernements ou les acteurs non étatiques qui s’attaquent aux journalistes, ainsi que les lois qui sapent la liberté de la presse. 

De même, convient-il, a-t-elle estimé, de donner aux journalistes les outils nécessaires pour qu’ils puissent assurer leur propre protection.  Enfin, il faut faire en sorte que les auteurs d’attaques contre les journalistes soient traduits en justice, et il faut aider à mettre en œuvre des programmes pour protéger des journalistes dans les zones de conflit, où ils sont particulièrement visés, a préconisé la représentante des États-Unis.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a dit que son pays condamnait de la façon la plus énergique les actes de violence commis contre les journalistes en temps de conflit armé.  Pendant les 51 jours qu’a duré l’agression israélienne contre la bande de Gaza au cours de l’été 2014, 17 des 2 220 civils tués étaient des journalistes, a-t-il rappelé. 

Le représentant a souligné que la protection des journalistes était une priorité du Venezuela.  M. Ramirez a dénoncé les grands groupes médiatiques qui, a-t-il dit, monopolisent l’information, notamment dans les zones de conflit et la diffusent en tout en la déformant afin de manipuler l’opinion.  Il a appelé à établir une différence claire entre les journalistes et les grands groupes de médias.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a indiqué que lancer des poursuites effectives contre les acteurs non étatiques responsables d’attaques contre des journalistes était un moyen efficace de lutter contre l’impunité.  L’adoption de la résolution 1738 (2006) a suscité beaucoup d’espoir, même si son application n’a pas répondu à toutes les attentes, a-t-il dit.  « Les violences contre les journalistes n’ont malheureusement pas diminué », a poursuivi le délégué du Tchad, rappelant que 61 journalistes ont perdu la vie au cours de la seule année 2014.  Il a déclaré que l’adoption de la résolution aujourd’hui soumise au Conseil de sécurité était un signal fort, et il a souligné l’importance du rôle que jouent les organisations internationales dans le renforcement de la protection des journalistes.  À ce titre, le représentant du Tchad a salué l’attention accordée par l’UNESCO et le Conseil des droits de l’homme à cette question.  Il a ensuite invité les journalistes à respecter les principes d’impartialité et d’objectivité dans l’exercice de leurs fonctions.  « Les médias doivent bien évaluer les risques qui se posent sur le terrain avant d’envoyer des correspondants dans des zones de conflit », a ensuite recommandé le représentant en concluant son intervention.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que depuis l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1738 (2006) portant sur la protection des journalistes, plus de 60 journalistes en moyenne sont tués chaque année, la plupart du temps au cours de conflits.  Il a aussi déploré le fait que 25 journalistes aient déjà trouvé la mort en cette année 2015, plaidant pour la fin de l’impunité qui entoure trop souvent le meurtre de journalistes, et regrettant que dans 9 cas sur 10, il n’y ait pas d’action judiciaire lancée contre les responsables de ces crimes. 

M. Van Bohemen a relevé que la responsabilité de lancer une action judiciaire contre les auteurs de crimes de journalistes incombe d’abord aux autorités nationales des États où se produisent ces meurtres, et il a indiqué qu’en temps de conflit ou si un État Membre est dans l’incapacité d’agir, il existe des mécanismes d’assistance, y compris par le biais d’organisations régionales.  Le représentant a salué le renforcement du suivi de la protection des journalistes par l’ONU, notant en outre que les journalistes locaux sont parmi les plus vulnérables, et représentant ainsi la majorité des victimes.  M. Van Bohemen a par ailleurs fait observer que se produisent des mutations inhérentes au métier de journaliste, avec notamment l’émergence de « journalistes citoyens » qui sont souvent la seule source d’information dans des zones placées sous le contrôle de terroristes et d’autres acteurs non étatiques.  Il a souhaité que leur travail soit également pris en compte, rappelant par exemple qu’en Syrie, pas moins de 130 « journalistes citoyens » ont été tués depuis le début du conflit.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a rappelé que le 7 janvier dernier, « deux terroristes ont attaqué à l’arme lourde le siège du journal Charlie Hebdo, assassinant 12 personnes et en blessant 11 autres ».  Il a ensuite indiqué que « quand un journaliste est assassiné, c’est la liberté d’expression qui est visée », ajoutant qu’une presse libre et indépendante constitue un des fondements essentiels des sociétés démocratiques.  Le représentant a également rappelé qu’une centaine de journalistes, professionnels ou non, ont été tués en Syrie depuis le début du conflit, dont 4 Français.  Il a ajouté qu’« aux persécutions du régime s’ajoutent désormais la barbarie de Daech », un groupe terroriste qui n’hésite pas à médiatiser des exécutions de journalistes.  Si les terroristes s’attaquent à eux, a-t-il poursuivi, c’est que les journalistes représentent tout ce que Daech cherche à éradiquer: la liberté, le pluralisme, la culture, la démocratie.  En Iraq et en Syrie, « ils cherchent à créer un trou noir, d’où l’information ne peut plus sortir ».

M. Delattre a par ailleurs souligné qu’il est de la responsabilité première des gouvernements de protéger les journalistes, et de leur permettre d’accomplir leur travail sans entrave et de façon indépendante.  Cela passe notamment par la lutte contre l’impunité pour les auteurs de violences, a-t-il plaidé.  Il a déclaré que les États doivent systématiquement enquêter, appréhender et juger les responsables de crimes contre la presse.  « La Cour pénale internationale peut aussi jouer un rôle », a ajouté le représentant qui a expliqué qu’au titre des Conventions de Genève, les journalistes sont des civils, et que de ce fait, « leur assassinat peut donc constituer un crime de guerre en vertu du Statut de Rome ».  Il a aussi invité la communauté internationale, et notamment le Conseil de sécurité, à réfléchir et agir pour protéger les journalistes, plaidant par exemple afin que les opérations de maintien de la paix assurent la protection des journalistes, en tant que civils menacés.  Il a aussi fait observer que la majorité des persécutions contre les journalistes interviennent dans des pays en paix, estimant qu’au vu de cette réalité, le Plan d’action des Nations Unies pour la sécurité des journalistes, élaboré sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en 2012, est une excellente initiative qui doit être mise en œuvre par l’ensemble du système des Nations Unies.  M. Delattre a également rappelé que la liberté d’informer est au cœur de toute démocratie. 

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a indiqué que l’adoption de la résolution soumise aujourd’hui au Conseil de sécurité permettrait de renforcer la protection des journalistes en période de conflit.  Elle a salué « le travail remarquable accompli par les journalistes au service de la vérité ».  Puis, elle s’est dite très préoccupée par les attaques contre des journalistes commises de manière délibérée par des acteurs non étatiques, dont le groupe terroriste Daech.  La prévalence d’une culture d’impunité est un facteur clef qui encourage la commission de violence contre les journalistes, a-t-elle dit.  Elle a rappelé qu’un certain nombre de journalistes sont déjà morts en cette année 2015.  « Les journalistes contribuent à la protection des civils en documentant les violences commises à leur endroit en période de conflit et en étayant les demandes de réparation qui peuvent être émises contre les responsables », a dit la représentante de la Malaisie en invitant le Conseil à poursuivre les efforts qu’il mène en vue de l’amélioration de la protection des journalistes en période de conflit.

M. EIHAB OMAISH (Jordanie) a constaté que le monde était témoin d’une augmentation sans précédent du nombre de professionnels de la presse victimes de violences, précisant que les journalistes de sexe féminin étaient la cible des pires violences sexuelles et physiques imaginables.  La cause de ces attaques est la nature même du travail qu’effectuent les journalistes, a-t-il estimé.

Le représentant de la Jordanie a mis l’accent sur la nécessité de relever le défi que pose la lutte contre l’impunité des auteurs d’attaques contre les journalistes et les médias.  La communauté internationale doit créer des commissions d’enquête, de contrôle et de collecte d’informations sur la question, a-t-il recommandé.  Il est temps d’étudier à nouveau le projet de convention internationale sur la protection des journalistes et des professionnels qui mènent des tâches dangereuses liées à la collecte et la diffusion de l’information, a préconisé le représentant.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que la protection des journalistes en période de conflit ou de paix était une nécessité.  Il s’est dit préoccupé par le harcèlement grandissant dont sont victimes les journalistes, comme cela est le cas au Burundi.  Plus de journalistes sont morts en France lors de l’attaque contre les locaux de Charlie Hebdo que dans n’importe quelle zone de conflit, a-t-il ensuite affirmé.  Le délégué du Royaume-Uni a déploré que dans 95% des cas de meurtres de journalistes les auteurs de ces crimes ne soient pas poursuivis et condamnés.

Il a ensuite invité le Conseil à « mettre à jour son concept du journalisme » au regard de la multiplication des sources d’information telles que les médias sociaux.  « Il faut défendre les bloggeurs », a-t-il souligné, rappelant qu’au Bangladesh trois bloggeurs ont été assassinés cette année, ce qui a créé dans ce pays une culture de peur.  Le délégué du Royaume-Uni s’est ensuite félicité que la résolution adoptée ce jour reconnaisse la contribution des journalistes à la protection des civils.  Ils braquent en effet leurs projecteurs sur les souffrances des civils, comme c’est le cas en Syrie, a-t-il dit. « La protection des journalistes est dans l’intérêt de tous », a-t-il ajouté, estimant, en conclusion, qu’un pas important avait été franchi aujourd’hui avec l’adoption de la résolution.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que les États avaient la responsabilité principale d’assurer la protection des civils, y compris celle des journalistes, mais que la communauté internationale avait un rôle auxiliaire important à jouer.  Les femmes journalistes font face à un danger supplémentaire, ce qui nécessite de considérer la question de la protection des journalistes sous la perspective hommes-femmes, a estimé le représentant.

M. Gaspar Martins a constaté que les violences commises contre les journalistes se perpétuaient et que leurs auteurs continuaient de jouir de l’impunité, un défi qu’il faut relever.  Le délégué angolais a souligné le rôle qui incombe aux organisations régionales et sous-régionales pour garantir la protection des journalistes dans les zones de conflit et a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération avec l’ONU. 

Mme JOY OGWU (Nigéria) a indiqué que les journalistes bénéficiaient en théorie de la même protection que les civils en période de conflit.  « Toutefois, les normes du droit international n’ont pas réussi à protéger les journalistes sur le terrain », a-t-elle regretté.  Elle a ensuite indiqué que l’impunité dont jouissent les auteurs d’attaques contre les journalistes encourageait la commission d’agressions supplémentaires contre la presse.  Elle a déclaré que l’adoption de la résolution 1738 (2006) avait été un jalon important, avant d’ajouter que la résolution de ce jour contenait un cadre adéquat en vue du renforcement de la protection des journalistes.  La déléguée du Nigéria a ensuite relevé en le soulignant que la résolution adoptée ce jour prévoyait l’inclusion de la protection des journalistes dans le mandat des missions autorisées par le Conseil.  Le Nigéria est très attaché à la liberté de la presse, a-t-elle dit, rappelant qu’une loi a été récemment adoptée dans son pays qui vise à renforcer davantage cette liberté.  Enfin, elle a rappelé que la protection des journalistes exigeait un effort mondial concerté et l’engagement robuste de la communauté internationale.

M. WANG MIN (Chine) a déclaré que la Chine condamnait résolument tout acte commis contre les journalistes et professionnels des médias dans les zones de conflit, en particulier les attaques délibérées et les assassinats dont ils sont victimes.  La protection des journalistes en temps de conflit armé fait partie intégrante de la protection des civils, a-t-il dit.  Les parties belligérantes doivent faire montre de vigilance, et doivent respecter les Conventions de Genève et le droit international.

D’autre part, a poursuivi le représentant, les professionnels des médias doivent faire preuve d’éthique et de déontologie et respecter les coutumes locales, ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale et les lois dans les pays où ils se trouvent, tout en évitant d’être parties à un conflit ou de se faire le porte-voix d’une des parties belligérantes.  En outre, la communauté internationale doit coordonner sa lutte contre les attaques commises contre les journalistes, a préconisé le représentant. 

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a déclaré que la résolution dont était aujourd’hui saisi le Conseil soulignait l’importance du travail accompli par les journalistes en période de conflit.  Les agressions commises contre les journalistes constituent des attaques directes contre les droits de l’homme, a-t-il estimé.  Il a jugé inacceptable l’impunité dont bénéficient trop souvent les auteurs de crimes contre les professionnels de la presse.  L’application du Plan des Nations Unies sur la protection des journalistes et la question de l’impunité est une mesure essentielle dont la mise en œuvre systématique permettrait de remédier aux abus actuels, a estimé le délégué du Chili.

Il a ensuite déclaré que la liberté de la presse participait au renforcement de la démocratie en éclairant les citoyens.  Il a ajouté que le Chili est en faveur de l’inclusion de dispositions relatives à la protection des journalistes dans le mandat des missions autorisées par le Conseil de sécurité.  En conclusion, il a salué la présidence lituanienne du Conseil de sécurité pour avoir inscrit la question cruciale de la protection des journalistes à l’ordre du jour du Conseil.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a estimé que dans les situations de conflit armé, la profession de journalistes restait l’une des plus dangereuses à exercer.  La résolution 2222 (2015) qui vient d’être adoptée est le prolongement du texte fondateur dans ce domaine, qui est la résolution l738 (2006), a-t-il souligné, précisant que la protection des journalistes devait faire l’objet d’une attention particulière.  Avec l’intégration d’internautes, la dilution de la notion de journaliste ne contribuera pas à améliorer les choses, a-t-il cependant prévenu.

Le représentant de la Fédération de Russie a dit que sa délégation était préoccupée par les enlèvements de journalistes par Daech et des groupes qui lui sont affiliés.  Il a également exprimé sa préoccupation concernant la situation en Ukraine, où des journalistes, en particulier les correspondants des médias russes, sont non seulement mis en danger, mais aussi contraints de travailler dans des conditions de discrimination flagrantes, ce qui constitue des violations de leurs droits qui cependant passent inaperçues aux yeux des organisations qui devraient les protéger.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a rappelé que le Conseil de sécurité a adopté en 2006 la résolution 1738 appelant à l’action en matière de protection des journalistes.  Il a salué les initiatives du Conseil des droits de l'homme et de l’UNESCO dans ce domaine.  Il s’est particulièrement félicité de l’adoption d’un Plan d’action des Nations Unies pour la sécurité des journalistes, élaboré sous l’égide de l’UNESCO en 2012, qu’il a qualifié « d’outil de changement ».  Le Ministre letton a dit que les attaques contre les journalistes constituaient une entrave au droit international humanitaire.  Il a tout particulièrement souligné le défi que constituent les menaces croissantes lancées par les groupes terroristes contre les journalistes. 

M. Rinkēvičs a espéré que la résolution adoptée aujourd’hui par le Conseil aidera à traduire les engagements à protéger les journalistes en réalité.  Il a souligné la nécessité de mettre fin à l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes contre les journalistes en relevant le rôle que peut jouer à cet égard la Cour pénale internationale (CPI).  Il a mis l’accent sur quatre éléments essentiels, qui sont: premièrement la volonté politique; ensuite en deuxième lieu, la nécessité d’une approche cohérente orientée vers l’action en matière de protection des civils, dont les journalistes; troisièmement, l’adoption d’une stratégie large de prévention des conflits s’appuyant sur les principes de la liberté d’expression et d’information et, enfin, quatrièmement, le renforcement du rôle des missions de maintien de la paix et de la coopération internationale et régionale aux fins de la protection des journalistes.

M. TOFIG F. MUSAYEV, Envoyé spécial du Ministère des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a déclaré que l’augmentation du niveau de la brutalité dans les conflits armés et le changement de la nature de la guerre et des menaces séparatistes et terroristes exigeaient que soient prises des mesures de protection des journalistes aux niveaux national et international.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’accroître la lutte contre l’impunité des auteurs de violations du droit international humanitaire.

L’Envoyé spécial du Ministère des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a également déclaré que « la guerre menée par l’Arménie contre son pays avait fait des dizaines de milliers de victimes parmi les civils, y compris des journalistes, victimes d’attaques délibérées alors qu’ils effectuaient leur travail dans la zone de conflit ».  M. Musayev a dit que les auteurs de ces violations, dont des responsables politiques et militaires de l’Arménie, continuaient de jouir de l’impunité.  Il a appelé la communauté internationale à jouer un rôle plus actif lorsque les autorités ne parviennent pas à prendre les mesures nécessaires pour garantir la reddition de comptes des auteurs de crimes de ce genre.  M. Musayev a par ailleurs dénoncé l’intervention de la représentante des États-Unis concernant la situation des journalistes en Azerbaïdjan.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a indiqué qu’il fallait redoubler d’efforts pour lutter contre toute impunité dont pourraient jouir les auteurs d’attaques contre des journalistes.  « Lorsque des médias sont mis en danger dans des situations de conflit, le Conseil a un rôle clef à jouer », a-t-il dit, ajoutant qu’il en allait autrement par temps de paix, d’autres organes de l’ONU jouant les premiers rôles.  Puis, il a appelé à la préservation du principe d’anonymat des sources des journalistes.  Le délégué du Brésil a souligné les dangers que posent à la vie privée les programmes de surveillance électronique.  Il a, à ce titre, salué la résolution du Conseil des droits de l’homme qui établit un poste de Rapporteur spécial sur la vie privée.  La première victime de la guerre est la vérité, a noté M. De Aguiar Patriota, soulignant qu’il est important de distinguer l’information de la propagande.  Il a ensuite déploré le grand nombre de journalistes tués en période de conflit.  « Nous avons tous un rôle à jouer pour améliorer la protection des journalistes », a-t-il conclu.

M. OLOF SKOOG (Suède) a relevé que la situation en Syrie est une illustration tragique des périls associés au travail de journaliste quand il est mené dans des zones de conflit dans lesquelles les violations des droits de l’homme ne sont pas documentées.  Il a fait état de l’enlèvement, puis de la libération de deux journalistes suédois près de la localité de Yabroud en Syrie en 2013, déplorant que d’autres reporters étrangers n’aient pas eu la même chance.  Il a invité la communauté internationale à s’assurer que les journalistes sont protégés, plaidant par exemple pour que cette protection soit introduite dans les mandats des missions de maintien de la paix et de consolidation de la paix.  M. Skoog a aussi indiqué que l’impunité ne doit pas être tolérée, appelant les États à protéger les journalistes et à poursuivre les auteurs des crimes contre la profession devant les tribunaux et cours de justice.  M. Skoog a également souhaité que les causes profondes de la violence à l’encontre des journalistes soient examinées.  Il a déclaré que parfois, les abus que subit la presse peuvent apparaître comme des signes avant-coureurs d’un conflit naissant.

M. DAVID DONDUA (Géorgie) a indiqué que des journalistes étaient morts en 2008 dans son pays lors de la guerre entre la Géorgie et la Fédération de Russie.  « Trois journalistes ont été tués et quatre blessés, y compris un journaliste néerlandais tué par un tir de missile russe sur des cibles civiles le 12 août 2008 », a dit le représentant.  Il a rappelé qu’en avril 2014 les « troupes d’occupation » avaient illégalement détenu trois journalistes d’une chaîne de télévision géorgienne. « Aucun de ces cas n’a fait l’objet d’une investigation adéquate en raison du manque de volonté politique des auteurs », s’est-il plaint.  Il s’est ensuite dit vivement préoccupé par les tentatives de manipulation de l’information et par l’impunité dont bénéficient les auteurs d’attaques contre les journalistes.  « Nous pensons que l’ONU doit contrecarrer une tendance aussi inquiétante en déclarant sans équivoque qu’un régime d’occupation militaire ne saurait absoudre les parties prenantes de leur responsabilité de promouvoir un environnement permettant aux journalistes de travailler en toute indépendance », a dit le représentant.  Enfin, il s’est dit en faveur de la protection particulière de journalistes, qui devrait être inscrite dans les mandats des missions de l’ONU.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est félicité de l’adoption aujourd’hui par le Conseil de sécurité d’une nouvelle résolution sur la protection des journalistes alors que 27 d’entre eux ont déjà été tués depuis début de l’année 2015, selon les informations fournies par le Comité pour la protection des journalistes.  Rappelant que le mandat de protection des civils est partie intégrante des mandats de 10 missions de maintien de la paix, le représentant du Japon a dit que les journalistes étaient d’abord des civils.  Il a jugé essentiel que les opérations de maintien de la paix (OMP) s’appliquent à protéger les journalistes en rappelant qu’ils doivent être protégés aussi aux titres des Conventions de Genève et de leur Protocole additionnel numéro I.  Il a jugé indispensable que les rapports du Secrétaire général sur les missions de maintien de la paix et la protection des civils incluent également la protection des journalistes.  M. Okamura a indiqué que le Japon avait accordé une aide de 200 millions de dollars aux pays touchés par Daech en ajoutant qu’il était important que la communauté internationale fasse une priorité de la lutte contre le terrorisme afin de préserver les valeurs fondamentales de la démocratie. 

Mme EMILIA GATTO (Italie) a rappelé que des journalistes italiens ont perdu la vie dans des zones de conflit, notamment en Ukraine, à Gaza et en Afghanistan.  Elle a rappelé l’importance de ne pas oublier le sacrifice des journalistes locaux qui paient aussi parfois de leur vie les activités qu’ils mènent, notant, globalement, que le travail des journalistes permet parfois d’orienter les travaux et le programme de travail du Conseil de sécurité.  Elle a plaidé pour que les journalistes reçoivent la protection nécessaire, du fait de leur statut de civils, conformément au droit international humanitaire.  Elle a aussi plaidé pour la protection des journalistes qui représentent des sources variées d’information, promouvant ainsi le pluralisme.  Elle a aussi appelé à une protection spéciale en faveur des femmes journalistes, et a déploré que la profession ne fasse plus assez d’émules du fait des risques encourus par ses praticiens et professionnels.

M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a indiqué que 69 journalistes avaient été tués en 2014, 79 en 2013 et 87 en 2012 selon Reporters sans frontières.  Il a dit que le Conseil de sécurité avait un rôle important à jouer pour protéger les journalistes en rappelant combien le Conseil avait besoin des informations collectées par les journalistes pour mener son travail.  Il a souligné l’importance du Plan d’action des Nations Unies pour la sécurité des journalistes, rappelant que le Plan a été élaboré sous l’égide de l’UNESCO en 2012.  M. Barriga a indiqué que les attaques contre des journalistes ne constituent pas seulement une violation du droit international humanitaire, mais aussi une attaque contre la liberté d’expression.  Il a dit que les gouvernements ont l’obligation de protéger les journalistes, notamment au regard des droits de l'homme, et en particulier pour assurer le respect des termes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  Le représentant a indiqué qu’il est nécessaire de lutter contre l’impunité et a relevé l’importance, pour les organisations de médias, d’assurer la protection de leurs personnels envoyés en zones de conflit.

Le représentant de l’Union européenne, M. IOANNIS VRAILAS, a évoqué l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui est un article relatif à la liberté d’opinion et d’expression.  Il a estimé que les attaques contre les journalistes sont également des attaques contre la nature même de l’Article 19.  Il a appelé les États à prendre des mesures pour prévenir la violence à l’encontre des journalistes.  Il a noté que les journalistes de sexe féminin sont davantage exposées au harcèlement sexuel que leurs confrères hommes.  Il a fait part d’un programme financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Reporters sans frontières dans le but de protéger les journalistes et les blogueurs, notamment ceux qui sont encore jeunes et sans grande expérience.  Ledit programme apporte un appui judiciaire aux journalistes et blogueurs qui font face à la justice, a-t-il expliqué.  Le délégué a aussi fait mention d’un programme de l’Union européenne qui aide les « cyber dissidents », notamment les journalistes citoyens, les blogueurs et les activistes des médias sociaux.

M. Vrailas a en outre rappelé que les journalistes qui travaillent dans des zones de conflit doivent être considérés comme des civils, et doivent de ce fait bénéficier de la protection due à leur statut.  Il a aussi plaidé pour la protection des journalistes en dehors des zones de conflit.  Il a souligné que le Plan d’action des Nations Unies pour la sécurité des journalistes, élaboré sous l’égide de l’UNESCO, est un document idoine en matière de protection des journalistes par les Nations Unies.  Le représentant a en outre précisé que la question de la protection des journalistes ne se pose pas du fait de l’inaction des Nations Unies, mais plutôt parce que les États Membres ne font pas assez pour promouvoir un environnement de travail sain et sécurisé pour la presse et les journalistes.

M. CHAYAPAN BAMRUNGSPHONG (Thaïlande) a déclaré que l’article 34 du droit international humanitaire coutumier indique que les journalistes engagés dans des zones de conflit doivent être respectés et protégés tant qu’ils ne prennent pas directement part aux hostilités.  Il a dit que l’impunité encourageait les criminels à poursuivre leurs actes.  Il a dit que la lutte contre l’impunité devait commencer au niveau national, et a ajouté que la coopération et le partage d’information entre les autorités doivent devenir une réalité à tous les niveaux.  Le représentant a jugé indispensable pour les missions de maintien de la paix (OMP) de protéger les journalistes, et il a invité les journalistes à respecter les consignes que leur donnent les responsables des OMP pour leur propre sécurité.  Il a suggéré de remplacer la présence des journalistes par des technologies et équipements modernes de transmission de données et d’information dans les zones trop dangereuses.   

M. ZSOLT HETESY (Hongrie) a déclaré que la question de la violence contre les journalistes ne pourra être traitée que par la coopération des États, des agences des Nations Unies et des parties prenantes pertinentes.  Le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité est le premier effort holistique visant à s’attaquer à ce problème, a-t-il dit, saluant, à cet égard, le travail de coordination accompli par l’UNESCO.

Le représentant hongrois a souligné que l’UNESCO, en vue de renforcer cette coopération, organiserait des ateliers afin d’établir un programme de recherche universitaire sur la sécurité des journalistes.  La première session spéciale aura lieu, en collaboration avec la Conférence de l’Association mondiale de communication, à Berlin, en Allemagne, du 16 au 19 juillet 2015.

M. TÉTE ANTONIO, de l’Union africaine, a déclaré que le problème de la protection des journalistes ne tient pas à un manque de normes internationales mais plutôt à la faible application de ces dernières, y compris dans les zones contrôlées par les acteurs non étatiques.  La situation critique des journalistes dans les zones de conflit en Afrique demeure une source de préoccupation majeure pour l’Union africaine, qui y voit non seulement une atteinte à la liberté d’expression, mais également un affront aux valeurs démocratiques partagées et aux droits humains. 

Le représentant a assuré que la Commission de l’Union africaine était pleinement engagée aux côtés de la société civile et des représentants des médias dans la lutte contre les restrictions imposées aux journalistes dans les situations de conflit, notamment par la sensibilisation des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux.  À cet égard, elle a organisé en septembre 2010, un atelier sur « la sécurité et la protection des journalistes africains » qui a rassemblé les États et les représentants des médias.  La question des attaques perpétrées contre les journalistes en période de conflit bénéficie d’une attention particulière de la part de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) qui a, dès 2002, adopté la « Déclaration des principes sur la liberté d’expression en Afrique ».  Le représentant a aussi indiqué que lors de sa quarante-neuvième session ordinaire, du 28 avril au 12 mai 2011, à Banjul, en Gambie, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a adopté une résolution consacrée exclusivement à la sécurité des journalistes et des professionnels des médias en Afrique. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a mis en avant le droit de la société à une information objective, ce qui est la seule façon pour les médias de contribuer au bien commun.  Il a estimé que, dans un monde interconnecté, le rôle des journalistes ne cessait de croître du fait de l’appétit croissant du public pour des informations à jour concernant l’évolution de la situation dans les zones de conflit.  Le Nonce apostolique a cependant regretté qu’il devienne de plus en plus difficile pour les décideurs politiques d’évaluer l’objectivité des informations reçues, celles provenant des parties à un conflit n’étant évidemment pas objectives.  Mgr Auza a estimé que les politiques et stratégies de protection militaire et les mécanismes judiciaires visant à punir les attaques contre les journalistes étaient encore insuffisants et souvent même inexistants.  Il a donc conseillé de réexaminer la pertinence des droits dont bénéficient actuellement les journalistes dans les situations de conflit.  Comme les conflits sont souvent des symptômes de problèmes plus profonds, il a recommandé à la communauté internationale de fournir une aide technique et financière aux pays qui en ont besoin afin qu’ils améliorent leurs politiques de protection des journalistes et de réponse aux violations de leurs droits.  L’Observateur permanent du Saint-Siège a aussi souligné les devoirs qui incombent aux organes de presse, ainsi que ceux des journalistes qui doivent veiller à agir avec tact, équité et objectivité.

M. KAI SAUER (Finlande) a exhorté le Conseil de sécurité à enquêter sur toute attaque dont sont victimes des journalistes, afin d’en traduire en justice les auteurs.  L’impunité n’est pas une option acceptable, a-t-il souligné.  Il a indiqué que la Finlande soutenait le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, lancé et coordonné par l’UNESCO.  Soulignant la vulnérabilité particulière des femmes journalistes face à la violence et la discrimination, M. Sauer a demandé aux gouvernements de leur garantir un environnement de travail sûr.  Il faut avant tout prévenir en premier la survenance des conflits, a recommandé M. Sauer, ce qui nécessite la mise en place de sociétés pacifiques et stables, basées sur le respect des droits de l’homme, la démocratie, la transparence et l’état de droit.

La Finlande est fière d’avoir été classée pendant 5 ans à la première place dans le cadre de l’index de la liberté de la presse mondiale, a ajouté le représentant.  Il a ensuite salué le cadre du Conseil de l’Europe qui promeut la protection des journalistes sur une page Internet, celle-ci étant accessible aux organisations pour qu’elles puissent y poster des alertes.  Le représentant a aussi plaidé en faveur du respect des droits de l’homme sur l’espace Internet.  La Finlande, a-t-il ajouté, soutient le programme de l’UNESCO de promotion de la liberté d’expression et de la presse dans six pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.  Elle accueillera en outre un évènement en mai 2016 pour marquer la Journée mondiale de liberté de la presse de l’UNESCO.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que le Gouvernement syrien avait toujours traité de manière ouverte avec les médias depuis le début du conflit qui affecte son pays.  Il continue d’accueillir des journalistes étrangers, par le biais des points de passages légaux, a-t-il souligné.  Le Gouvernement demande aux journalistes d’éviter les points de passage illégaux et les zones où sévissent des terroristes, a indiqué le représentant.

Il a regretté le fait que des journalistes franchissent illégalement les frontières de la Syrie avec l’aide de groupes armés ou de pays voisins.  Des canaux de télévision ou des médias électroniques sont utilisés pour propager le terrorisme et en faire l’apologie ou recruter des terroristes, a-t-il également dénoncé. 

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a fait remarquer que la transparence est souvent la première victime d’un conflit.  Il a souligné l’ironie qui veut que, alors que les libertés de la presse et d’expression sont aujourd’hui considérées comme des éléments essentiels des sociétés démocratiques, la désinformation est encore utilisée par des acteurs qui ont intérêt à masquer la vérité.  Invoquant le droit international qui prévoit clairement la protection des journalistes dans les conflits armés, au même titre que tout autre civil, il a averti que les attaques lancées contre eux peuvent constituer des crimes de guerre, ceci conformément au Statut de Rome.  Le problème est que les conflits actuels n’impliquent pas toujours des parties sujettes au droit international comme les États-nations, car ce sont des acteurs non étatiques armés qui se rendent coupables de nombreux crimes, a fait remarquer le représentant.  Il a plaidé en faveur d’enquêtes efficaces contre les auteurs d’attaques contre des journalistes.  De leur côté, les organes de presse doivent coopérer avec les États et l’ONU pour améliorer la protection des journalistes, ceux-ci devant en outre être bien informés de leurs droits.  Il a enfin prôné une bonne formation du personnel des missions de maintien de la paix sur ces questions.

M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a indiqué que 30 journalistes ont été tués depuis le début de l’année 2015 selon les données fournies par International Press Institute.  Ils sont morts soit en raison de leurs reportages ou tout simplement du seul fait de leur statut de journaliste, a déploré M. Riecken.  Il a rappelé que la plupart des attaques contre les journalistes n’interviennent pas en situation de conflit armé.  Il a précisé que les journalistes qui enquêtent sur la criminalité organisée, la corruption, et couvrent des manifestations et des soulèvements populaires deviennent facilement l’objet d’agressions et d’arrestations arbitraires.  Outre les résolutions adoptées ces dernières années par l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme condamnant les attaques contre les journalistes, le représentant de l’Autriche a particulièrement salué les efforts significatifs menés par l’UNESCO pour mettre en œuvre le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. 

Il a invité le Conseil de sécurité à condamner les attaques contre les journalistes dès qu’elles se produisent, parce qu’elles constituent une menace directe à toutes les sociétés libres et démocratiques.  Il a invité aussi le Secrétaire général à inclure plus de détails sur la question des menaces dont sont victimes les journalistes dans son prochain rapport sur la protection des civils.  Par ailleurs, le représentant de l’Autriche a estimé que les organismes, fonds, programmes et missions des Nations Unies devaient être mieux préparés à devenir le premier point de contact pour les journalistes victimes de menaces.  Il a dit que l’Autriche avait mis en place une carte d’identité pour les journalistes travaillant en zones de conflit conformément au Protocole additionnel aux Conventions de Genève de 1949.  Il a appelé à lutter contre l’impunité en notant que 9 crimes sur 10 commis contre les journalistes restaient impunis.  

M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a dit que son pays avait tiré les leçons des attaques portées contre la démocratie dans le passé, des faits qui ont mis en évidence l’importance fondamentale du journalisme pour informer l’opinion sur les conflits locaux et mondiaux.  Au cours des années 1980 et 1990, a-t-il rappelé, alors que l’État colombien luttait de manière frontale contre les structures transnationales de la mafia du trafic de drogues, ce furent les journalistes qui osèrent dénoncer les activités criminelles de cette mafia en première page de journaux comme El Espectador.  Les conséquences pour cette publication furent l’assassinat de son directeur, Don Guillermo Cano, et de plusieurs de ses journalistes, a-t-il déploré.  Le représentant a ensuite assuré que le Gouvernement colombien assurait la promotion et la protection de la liberté de la presse.  Il a mentionné plusieurs mesures prises à cet effet, comme la création de l’Unité nationale de protection, qui a apporté une aide à 137 journalistes qui recevaient des menaces, afin de les protéger. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a fermement condamné tout acte visant à supprimer la liberté de la presse, dont le meurtre brutal de journalistes commis par des groupes terroristes en Iraq et en Syrie, les attaques meurtrières contre des journaux comme Charlie Hebdo, sans oublier les enlèvements de journalistes et du personnel des médias par des groupes militants en Ukraine.  Comme les auteurs des attaques contre les journalistes ont rarement affaire à la justice, le représentant a dit que son pays appuie fermement les efforts du Conseil des droits de l’homme et du Conseil de sécurité pour offrir aux journalistes une protection plus efficace et élaborer une approche unique, stratégique et harmonisée de la question de la sécurité des journalistes et de l’impunité des auteurs des crimes contre eux.  Il faut une totale coopération entre les mécanismes existants, en particulier entre les Rapporteurs et Représentants spéciaux concernés qui jouent un rôle crucial dans l’examen des différents aspects de la sécurité des journalistes, a dit M. Drobnjak.  La Croatie appuie le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, adopté en 2012.  Nous devons continuer, a conclu le représentant, à reconnaître la vulnérabilité des journalistes dans les résolutions de l’ONU sur les situations de crise. 

M. PAWEŁ RADOMSKI (Pologne) s’est souvenu du cas de Waldemar Milewicz, un journaliste polonais qui se déplaçait en Iraq dans un véhicule clairement identifiable et qui a pourtant succombé instantanément à une attaque commise par un groupe armé.  Un autre passager, éditeur et traducteur algéro-polonais du nom de Mounir Bouamrane a été tué par une autre série de tirs lorsqu’il a quitté le véhicule.  Il y a tant d’histoires tragiques d’hommes et de femmes dévoués et prêts à risquer leur vie pour apporter la vérité sur les horreurs de la guerre, s’est désolé le représentant.  Il devient urgent, a-t-il estimé, de traiter des causes-jacentes de la violence contre les journalistes et leurs sources.  Des mécanismes de prévention doivent être mis en place et le partage des meilleures pratiques doit être encouragé ainsi que la formation et la sensibilisation des services de sécurité et des journalistes eux-mêmes.  N’oublions pas ce faisant, d’insister sur la responsabilité individuelle ou collective, a dit le représentant.  Les auteurs des attaques contre des journalistes rendent rarement compte de leurs actes à la justice.  La Pologne, a conclu le représentant, a toujours appuyé le Fonds européen pour la démocratie depuis sa création en 2013 et se félicite que parmi les États, l’on y compte certains pays du Moyen-Orient comme le Liban et la Jordanie, ou encore des voisins de l’Europe de l’Est comme l’Arménie ou l’Ukraine. 

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a rappelé qu’en 2013, la Grèce et des États de sa région et au-delà ont présenté une résolution proclamant le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes.  La résolution, qui a été adoptée pour la seconde fois en 2014, condamne toutes les attaques et tous les actes de violence commis contre les journalistes et les professionnels des médias.  Mais, a reconnu la représentante, la sensibilisation et les progrès normatifs ne suffisent pas.  Il est nécessaire d’engager toutes les parties prenantes, car seule une approche globale impliquant les agences de l’ONU, les missions de maintien de la paix, la société civile et les États pourra contribuer à briser le cercle vicieux actuel de l’impunité. 

La formation est nécessaire, a poursuivi la représentante, car dans les zones de conflit, les journalistes doivent arriver dans une bonne forme physique, émotionnellement préparés, adéquatement équipés et proprement assurés.  Ces critères sont rarement remplis, a-t-elle estimé, en particulier chez les journalistes free-lance ou autres professionnels indépendants.  Les médias devraient être encouragés à fournir à leurs employés la formation qu’il faut avant de les envoyer « au front ».  Les journalistes doivent savoir comment éviter les risques et les dangers et comment s’administrer ou administrer les premiers secours, a préconisé Mme Boura.  À cet égard, les États pourraient offrir leur expertise.  La Grèce tient à souligner que le Centre hellénique de formation aux opérations multinationales d’appui à la paix prévoit déjà de lancer des cours de formation aux situations de conflit à l’intention des journalistes et professionnels des médias. 

M. DAVID ROET (Israël) a affirmé que le Moyen-Orient était la région du monde la plus dangereuse pour les journalistes.  De l’Arabie saoudite à l’Iraq, et de Gaza à l’Iran, la liberté de la presse est assiégée, a-t-il déclaré.  L’espoir de nouvelles libertés s’est effondré sous la dure réalité des autocrates et théocrates du Moyen-Orient, lesquels, a-t-il dit, « sont déterminés à utiliser tous les moyens à leur disposition pour imposer le silence à ceux qui mettent en question leur légitimité ».

Le délégué israélien a ainsi cité des exemples de violations qui auraient été commises contre les journalistes et la presse à Gaza, sous la poigne de fer du Hamas.  Une seule exception subsiste au Moyen-Orient, a-t-il déclaré, soulignant « qu’Israël est le seul pays de la région à disposer d’une presse libre ».  Il est de la responsabilité de la communauté internationale d’œuvrer ensemble à protéger les journalistes à travers le monde, a dit M. Roet.

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a noté le nombre important de journalistes enlevés et tués dans les zones de conflit, s’inquiétant aussi du nombre indéterminé de journalistes locaux réduits au silence dans les prisons ou à cause des intimidations, et de la violence sexuelle infligée aux femmes journalistes.  Il a regretté qu’aucun responsable ne soit traduit en justice et que l’impunité aille croissante.  Il a proposé que l’UNESCO, l’OSCE, le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, les Nations Unies et ses équipes de pays assurent, avec les grands organes de presse, que les gouvernements et les acteurs non étatiques appliquent le droit existant, à savoir les Conventions de Genève, le Statut de Rome, le Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité, la résolution 1738 (2006) et les Déclarations de l’UNESCO de Berlin et de Medellin.  Il a aussi encouragé l’ONU à travailler avec des ONG telles que la Fédération internationale des journalistes, Reporters sans frontières et l’Institut international de la presse.  Le Kazakhstan, a-t-il affirmé, permet au public de participer à l’élaboration des nouvelles lois contre les obstacles administratifs au travail des journalistes.  Le représentant a aussi mentionné ce qui est fait au niveau régional, par le biais du Forum international de médias eurasiens qui se tient chaque année à Astana.

M. WOUTER ZAAYMAN (Afrique du Sud) a rappelé que la protection des civils en temps de conflit armé, y compris des journalistes, était au cœur du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’Afrique du Sud, a-t-il dit, est pleinement engagée dans la protection des civils en temps de conflit armé et continue d’appuyer un cadre juridique et normatif pour renforcer cette protection.  Le délégué a ajouté que son pays soutenait également l’idée d’accroître les mesures de reddition de comptes, notamment en améliorant les institutions judiciaires nationales et en assurant que le Statut de Rome réponde aux défis d’aujourd’hui.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dénoncé la culture de l’impunité qui met en danger le travail des journalistes dans les situations de conflit et a demandé que l’on y mette fin.  Condamnant les attaques et la violence contre les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, elle a dit apprécier que la résolution 1738 (2006) appelle à mettre fin à l’impunité.  Elle a également dit apprécier que le Conseil des droits de l’homme ait pris la tête du mouvement en faveur du renforcement des normes juridiques et des mécanismes d’application du droit international.  Même si le cadre juridique international est solide, la violence contre les journalistes augmente.  Il faut donc, a dit la représentante, suivre des approches novatrices.  Elle a prôné une plus grande sensibilisation au droit et à la protection, une meilleure coordination des campagnes de sensibilisation et la traduction en justice des auteurs de la violence.  Il faut également, a-t-elle ajouté, que les gouvernements et les autorités locales partagent les informations afin d’avoir une meilleure idée de la situation en matière de sécurité.  De leur côté, les journalistes doivent tenir davantage compte des informations données par les autorités officielles et être bien formés à la situation dans laquelle ils vont travailler.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a noté qu’alors que les civils fuient les zones de conflit, les journalistes, pour leur part, s’exposent aux dangers dans le but d’informer la communauté internationale.  Il a déclaré que l’Égypte condamne fermement tout acte d’intimidation et de violence à l’encontre des journalistes dans des situations de conflit.  Il a affirmé que la responsabilité première de protection des civils, y compris des journalistes incombe à chaque État Membre.  Il a noté que cette responsabilité incombe aussi aux acteurs non étatiques, car, a-t-il justifié, toutes les parties en conflit ont l’obligation de respecter les Conventions de Genève.  Il a plaidé afin que le droit international humanitaire soit respecté, ajoutant que les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales pourraient également contribuer à la protection des journalistes.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a remarqué que lorsque les journalistes sont pris pour cible, c’est souvent le signe avant-coureur de crimes de masse contre les civils.  Elle a déploré les récents assassinats de réalisateurs d’émissions radiophoniques, Daud Ali Omar en Somalie, et Pow James Raeth au Soudan du Sud.  Elle a aussi regretté que la plupart des chaines de télévision locales aient dû arrêter d’émettre dans les parties de la Syrie et de l’Iraq occupées par Daech, parce que leurs employés sont détenus, enlevés ou menacés, sans parler de ceux qui ont été exécutés en public.  Viser les journalistes, c’est une façon de manipuler les médias, a-t-elle expliqué, avant de parler également du Gouvernement syrien, qu’elle a accusé d’avoir visé et emprisonné des journalistes. 

L’Australie estime que la violence contre les journalistes continuera tant que ses auteurs ne paient pas les conséquences de leurs actes, a dit Mme Bird.  Elle a regretté que l’impunité dans ce domaine soit si courante, invitant les États à renforcer la protection des journalistes et à mettre fin à l’impunité pour les auteurs de crimes commis contre les civils et notamment les journalistes.  Mme Bird a aussi appelé à reconnaitre les besoins particuliers des femmes journalistes.  L’Australie, a dit la représentante, soutient le Plan d’action de l’ONU visant à améliorer la sécurité des journalistes et mettre fin à l’impunité.  Elle a demandé au Conseil de sécurité de condamner les attaques menées contre les journalistes et d’inclure des dispositions sur la protection des civils dans les mandats qu’il confie aux missions de maintien de la paix ou aux missions politiques spéciales.  Les Nations Unies devraient en outre s’assurer que les Casques bleus soient formés à cette protection, a-t-elle ajouté.

M. OLIVIER ZEHNDER (Suisse) a considéré la violence contre les journalistes comme une attaque lancée contre la société dans son ensemble.  La protection des journalistes ne devrait pas se limiter aux situations de conflit armé, a-t-il ensuite estimé.  Il a noté en effet que, selon Reporters sans frontières, un journaliste sur trois a été tué dans une zone non touchée par un conflit armé, et que plus de 1 800 journalistes ont été menacés ou attaqués en 2014.  Il faut donc s’attaquer à toutes les formes de restrictions posées à la liberté des médias et garantir, en toutes circonstances, la sécurité des journalistes, a dit M. Zehnder.  La Suisse est en outre convaincue que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales est vitale pour améliorer la mise en œuvre des règles et des normes internationales s’appliquant dans les domaines des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit.  Il a apprécié, à cet égard, la Déclaration conjointe sur la liberté d’expression et les réponses à apporter aux situations de conflit, qui a été présentée au début du mois par les rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression de l’ONU, de l’Organisation des États américains (OEA), de l’OSCE et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine. 

Le représentant de la Suisse a également indiqué qu’il était impérieux de traduire en justice les auteurs de violations des droits des journalistes.  Ces derniers sont protégés au même titre que les civils par le droit international humanitaire, a-t-il rappelé.  Il a indiqué que son pays soutient, par le biais de son aide au développement, la création de médias indépendants dans des pays touchés par des conflits.  Il a donné le cas de ce qui a été ainsi réalisé, par l’intermédiaire de la Fondation Hirondelle, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et en République centrafricaine.  Enfin, M. Zehnder a demandé aux États d’adopter des mesures législatives et règlementaires claires, afin de permettre aux journalistes d’effectuer leur travail sans entraves et sans risques pour leur sécurité.  La Suisse, a-t-il indiqué, a participé à la mise en place de cadres règlementaires favorables aux médias et elle a aidé des journalistes à développer leurs capacités, notamment en Tanzanie, dans la région des Grands Lacs et en Tunisie.

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a regretté que, malgré l’attention accrue portée aux meurtres de journalistes, peu de progrès aient été accomplis pour les protéger.  Elle a donc souhaité que soient réaffirmés les principes contenus dans la résolution 1738 (2006).  Elle s’est aussi offusquée que des acteurs étatiques demeurent responsables de la majorité des actes de violence commis envers les journalistes, avant de rappeler aux États la responsabilité qui leur incombe en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme de respecter et de promouvoir la liberté d’expression.  La Belgique est convaincue qu’il faut investir dans la prévention pour lutter contre toutes les formes de violence à l’encontre des journalistes, en coopération avec les ONG et les associations professionnelles, a dit Mme Frankinet.  Elle a proposé de créer un cadre de soutien structurel aux journalistes par le biais des ONG actives dans ce domaine.  À l’ère du numérique, a-t-elle ajouté, il s’agit aussi de sensibiliser les journalistes à la protection de leurs sources d’information.  Enfin, Mme Frankinet, notant l’évolution du paysage médiatique, a attiré l’attention sur la nécessité de protéger les journalistes et blogueurs qui travaillent de façon indépendante, ainsi que leurs collègues de la presse locale qui sont plus exposés aux persécutions et aux violences.

M. KAREL J. G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a souligné le rôle indispensable des journalistes avant, pendant et après un conflit.  Il est essentiel, a-t-il dit, qu’ils puissent travailler librement, sans interférence et sans crainte, en particulier dans des situations difficiles comme aujourd’hui au Burundi.  La liberté de la presse est un élément clef de l’approche intégrée que l’on cherche à établir, en combinant diplomatie, défense et développement, a-t-il expliqué.

Le représentant néerlandais a également mis l’accent sur la nécessité de poursuivre les auteurs d’actes violents contre les journalistes.  Il s’est ainsi félicité du fait que plusieurs États Membres aient répondu à la demande de l’UNESCO d’actualiser le statut des enquêtes judiciaires menées dans chaque cas de meurtre de journaliste.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a rappelé que la Journée internationale de la presse avait été célébrée le 3 mai dernier, cette liberté de la presse représentant un droit fondamental de la personne humaine, mentionné dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.  La déléguée a fait état des souffrances imposées aux journalistes au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, dénonçant les assassinats et les disparitions forcées pratiqués par un régime barbare et les groupes terroristes qui partagent un objectif commun.

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a indiqué que les récentes décapitations de journalistes par des organisations terroristes viennent rappeler au monde la brutalité à laquelle sont confrontés les professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions.  Il a relevé que la nature même du travail des journalistes les expose à des situations dangereuses, ajoutant que ce qui inquiète, c’est l’augmentation d’actes de violence délibérés à leur encontre, y compris des enlèvements, des emprisonnements arbitraires et des cas de torture, actes qui sont en contradiction avec le droit international humanitaire.  Il a regretté que la résolution 1738 (2006) du Conseil de sécurité, relative à la protection des journalistes, ne soit pas pleinement appliquée, déplorant en outre que les auteurs de crimes contre les journalistes ne soient pas toujours traduits en justice.  Il a plaidé pour plus de reddition de comptes en cas de crime contre les journalistes, notant que les États Membres ont un rôle majeur à jouer dans cette optique.

M. IB PETERSEN (Danemark) a déclaré que les droits des journalistes et la liberté de la presse doivent être protégés partout dans le monde, afin que les journalistes soient à même de remplir leur mission sans crainte.  Il a regretté que dans de nombreux pays, l’État utilise des lois pour museler la presse.  Il a noté que ce phénomène n’est pas nouveau, mais a estimé que ce qui l’est, c’est de voir que les journalistes sont délibérément ciblés, non seulement par des régimes oppressifs, mais également par des organisations terroristes et des milices tels que Daech.  Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a poursuivi le représentant, nous n’avons pas été témoins de tant de conflits entre et au sein des pays, ajoutant que cela va de pair avec le nombre croissant de journalistes tués.  M. Petersen a rappelé qu’au cours du « Global Media Freedom Conference 2015 » tenue à Copenhague le mois dernier, le Ministre danois du commerce et du développement a lancé deux initiatives visant à renforcer la liberté de la presse dans les pays en développement et les États fragiles, en mettant l’accent sur la protection des journalistes.  Une somme de 2,7 millions de dollars a été promise à cette occasion.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a rappelé que la protection des journalistes dans toutes les situations incombait à chaque État.  Sur le plan national, la Constitution indienne préserve la liberté d’expression et de la presse « en ligne » et « hors ligne », a-t-il notamment souligné.  Le Conseil de sécurité, en tant qu’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, doit agir avec vigueur en utilisant les instruments de droit disponibles pour que les États agissent contre les acteurs non étatiques auteurs de violations contre les journalistes, a également souligné le délégué indien. 

M. MICHAEL BONSER (Canada) a souligné l’importance de voir les responsables de crimes contre les journalistes dans les situations de conflit comparaître plus souvent en justice.  Il a relevé que de plus en plus, les citoyens et les journalistes des médias sociaux s’exposent à de nombreux dangers.  Le problème, a-t-il fait observer, n’est pas l’absence de règles pour protéger les civils, mais plutôt le fait de ne pas appliquer ces règles, et de ne pas s’employer systématiquement à enquêter sur les violations, à traduire en justice leurs auteurs et à les punir, en vertu du droit international humanitaire.  Le représentant s’est montré préoccupé par le fait que les professionnels des médias soient obligés de quitter le Burundi du fait des tensions.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) s’est remémoré les images brutales des décapitations de journalistes en 2014 et celles de l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015.  Mais le plus souvent, ces attaques passent inaperçues parce que la plupart des victimes sont des journalistes locaux dont le sort se confond avec celui de centaines d’autres civils tués, a-t-elle fait observer.  Elle a rappelé que des centaines d’autres journalistes sont oubliés parce qu’ils croupissent dans des prisons où ils sont souvent torturés.  Déplorant que la grande majorité de ces crimes restent impunis, Mme Lucas a rappelé que les journalistes qui travaillent en temps de conflit devaient être considérés comme des civils et protégés en tant que tels.  La lutte contre l’impunité, a-t-elle souligné, doit être au centre des efforts menés par les États en faveur de la protection des journalistes en période de conflit.  Elle a salué à cet égard la proclamation de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, par une résolution dont son pays était coauteur.  La représentante a encouragé tous les acteurs à collaborer pour arriver à changer les choses sur le terrain et à garantir la liberté d’expression.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a rappelé que les États étaient les principaux responsables de la protection des journalistes et de la conduite d’enquêtes sur des violations commises sur leurs territoires.  Le représentant slovène a mis l’accent sur la nécessité de ne pas permettre que les zones de conflit deviennent des « trous noirs » en matière d’information. 

Il a souligné également l’importance de la problématique hommes-femmes sur les questions concernant la protection des journalistes en temps de conflit armé, et a appelé à l’adoption d’une politique de tolérance zéro face à toutes les formes de violences commises contre des journalistes.

M. THOMAS SCHIEB (Allemagne) a noté qu’avec la montée du journalisme citoyen, des blogueurs, ainsi que des pigistes, il s’avère de plus en plus difficile d’assurer leur protection, car ils manquent souvent de matériels élémentaires pour leur travail ou encore du soutien institutionnel que leur procurerait un employeur fixe.  Le représentant a souligné que dans le contexte de conflits armés dans lesquels sont impliqués des acteurs non étatiques, les journalistes sont très exposés, alors que leur travail est plus que nécessaire, car ils servent de principale source indépendante d’information dans ces « environnements marqués par l’anarchie ».

M. Schieb a ainsi plaidé afin que les États puissent apporter la protection nécessaire aux journalistes exerçant sur leur territoire national, y compris dans les zones de conflit.  Il a aussi souhaité que les États s’assurent que tous les auteurs de crimes contre les journalistes soient poursuivis en justice.  Il a également préconisé que seuls les journalistes formés soient envoyés dans des zones de conflit, indiquant que la « Deutsche Welle Academy », l’institut d’État de formation des journalistes en Allemagne, soutient un certain nombre de projets sur la sécurité des journalistes.  Il a par ailleurs relevé que l’attaque contre Charlie Hebdo vient rappeler au monde que la liberté d’expression et les journalistes ne sont pas seulement menacés dans les seules zones de conflit.

M. MARGUS KOLGA (Estonie) a fait remarquer que lorsqu’éclate un conflit armé, la première victime est la vérité, soulignant qu’il est important que les journalistes fassent des reportages impartiaux et véridiques de la situation dans les zones de conflit, afin de faire connaître au plus vite la vérité au public.  Mais cette exigence a un coût, a-t-il relevé, déplorant que des journalistes, notamment ceux qui évoluent dans les zones de conflit, soient devenus les cibles d’attaques brutales.  Ces attaques peuvent aussi intervenir dans le cadre paisible des salles de rédaction comme on l’a vu avec Charlie Hebdo en France en janvier dernier, s’est-il alarmé.  Il a invité les organisations internationales, les gouvernements, les médias et toutes les personnes de bonne volonté à s’unir pour renforcer la sécurité des journalistes et traduire en justice les auteurs de ces attaques.  Il a relevé que les actions pour répondre à ce genre d’acte sont du ressort des autorités nationales, mais il a estimé que le Conseil de sécurité pourrait également se saisir de tels abus et les référer à la Cour pénale internationale (CPI).

M. YEHOR PYVOVAROV (Ukraine) a souligné la pertinence du sujet traité aujourd’hui pour son pays « qui continue de souffrir de l’agression russe ».  Regrettant que les mécanismes juridiques actuels soient « imparfaits et ne protègent pas suffisamment les journalistes », il a prôné leur renforcement.  Il a ainsi plaidé en faveur de la pleine mise en œuvre des principes du Plan d’action de l’ONU sur la protection des journalistes.  Le renforcement des activités des ONG pourrait contribuer également à cette protection, a-t-il estimé, en ce qu’elles apportent des preuves de ce qui se passe sur le terrain.  En Ukraine, malgré les difficultés actuelles, nos journalistes représentent toutes les opinions, a-t-il assuré en soulignant que la presse avait été un des éléments « qui avaient inspiré la révolution de la dignité il y a un peu plus d’un an ».  Les journalistes ukrainiens « avaient en effet permis de découvrir la corruption du gouvernement précédent », a-t-il expliqué.  Il a aussi mentionné l’adoption, le 14 mai, d’une loi qui amende celle sur le journalisme pour offrir des garanties supplémentaires à ces professionnels.  Évoquant enfin « l’agression de la Russie » contre son pays, il a expliqué que « cela avait des conséquences sur le travail des journalistes ».  Il y a eu des nombreux cas de violence contre des professionnels des médias, « dans le Donbass et en Crimée », s’est-il plaint.  Il a aussi dénoncé ce qu’il a qualifié de « falsification des informations par les médias russes qui diffusent une propagande ».

M. LEVENT ELER (Turquie) a déclaré que les actes répugnants perpétrés contre les journalistes par des organisations terroristes comme Daech exigeaient des mesures fermes pour assurer la protection des professionnels des médias.  L’impunité face à ces crimes est une difficulté énorme qu’il faut surmonter, a-t-il dit, se félicitant, notamment, du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes. 

Le représentant a souligné que son gouvernement assurait la protection et la sécurité des journalistes qui, à la frontière, tentaient d’exercer leur métier d’informer sur le conflit en Syrie et en Iraq.  Le délégué turc a insisté sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour empêcher les intimidations, les menaces et les violences contre les journalistes.

Mme EDITA HRDA (République tchèque) a souligné la force du travail des journalistes qui ont la possibilité de « jeter la lumière sur les abus des droits de l’homme ».  Elle a dit que son pays appuyait le « renforcement des médias démocratiques, indépendants et professionnels ».  Elle s’est félicitée « des meilleures pratiques développées en termes de prévention et de protection de la sécurité » de leur travail, avant de rendre hommage à ceux qui ont payé de leur vie l’exercice de cette profession et ainsi sensibilisé sur la nécessité d’améliorer leurs conditions de travail. 

M. FRANCISCO JAVIER DE ANTUENO (Argentine) a rappelé la législation internationale qui assimile les journalistes à des civils, lesquels doivent donc être protégés en temps de conflit.  Il a mis en particulier l’accent sur la nécessité de lutter contre l’impunité des auteurs de crimes contre les journalistes, espérant notamment que le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes renforcera la protection de ceux-ci en temps de conflit et aidera à garantir la reddition de comptes quand des crimes sont commis contre eux.

Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, doit demeurer engagé à assurer la protection des civils en temps de conflit armé et garantir le respect du droit humanitaire et des droits de l’homme.

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a salué les résolutions adoptées précédemment en ce qui concerne la protection des journalistes, mais a regretté que ces textes n’aient pas été suffisamment appliqués.  Il a noté que l’exercice du droit de veto a contribué aux violations des droits des civils et à l’augmentation du nombre de réfugiés dans le monde.  La protection des civils est liée à l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il remarqué.  Le représentant a recommandé de sensibiliser toutes les parties à un conflit armé aux violations des droits de l’homme, et il a demandé de mener des enquêtes internationales et de créer des tribunaux spéciaux pour en juger les auteurs.  Il a aussi parlé de l’occupation par Israël des territoires occupés, où se poursuivent les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  En ce qui concerne la Syrie, il s’est prévalu de ce que fait son pays pour organiser des conférences de donateurs afin d’alléger les souffrances du peuple syrien.  S’agissant du Yémen, la situation qui y règne menace la sécurité de la région du Golfe et entraine une détérioration de la situation humanitaire, a fait remarquer le représentant.  Il a enfin demandé de ne pas utiliser la protection des civils comme un outil politique.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a relevé que les journalistes se trouvent dans une situation extrêmement vulnérable dans les zones de conflit, ajoutant que la récente exécution barbare des journalistes par les terroristes de Daech est l’expression la plus flagrante de cette vulnérabilité.  Il a proposé qu’une formation soit envisagée en direction des forces armées et des organisations des médias, notamment sur les obligations définies par le droit international applicable pendant les conflits armés.  « Toute violence commise contre un journaliste et qui reste impunie ouvre la porte à d’autres violences », a souligné le représentant qui a annoncé que le Maroc s’apprête à adopter une nouvelle génération de reformes du secteur de la presse et des medias, afin de garantir, a-t-il justifié, le droit d’accès à l’information et assurer que la liberté de la presse ne soit limitée par aucune forme de censure préalable.

M. TIM MAWE (Irlande) a affirmé que l’appui à la liberté d’action de la société civile fut un des éléments clefs de l’engagement de la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme.  À cet égard, a-t-il dit, l’Irlande a défendu la résolution du Conseil des droits de l’homme sur la sécurité des journalistes lors de sa vingt-septième session, en septembre dernier.

Le représentant irlandais a également souligné l’importance de mettre un terme à l’impunité des auteurs d’attaques contre les journalistes et la liberté d’expression, évoquant la possibilité de saisir, dans certains cas, la Cour pénale internationale (CPI).

Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a indiqué que son pays s’était lancé dans l’élaboration d’une stratégie pour renforcer la liberté d’expression et celle de la presse.  L’objectif principal est de protéger les journalistes, en particulier les journalistes femmes et les autres employés des médias.  Même si ces professionnels sont protégés en vertu du droit international humanitaire, ils sont, a-t-elle regretté, attaqués à cause de ce qu’ils écrivent, réduits au silence par ce qu’ils sont témoins d’actes commis illégalement, et enlevés pour attirer l’attention.  Elle a souligné cependant que la majorité des attaques contre les journalistes interviennent en dehors de conflits armés, et que l’essentiel des crimes restent impunis.  La Norvège, a-t-elle assuré, continuera de lutter contre cette impunité.  Mme Stener a aussi indiqué que son pays soutient la formation des journalistes en matière de sécurité. 

M. ZELJKO PEROVIĆ (Monténégro) a estimé que la protection des journalistes était un élément essentiel d’une société ouverte et d’une démocratie efficace.  Il a exprimé la ferme détermination de son pays en faveur de la protection des civils, notamment des journalistes, en temps de conflit armé.  La culture d’impunité des auteurs de violences contre les journalistes doit cesser, a-t-il dit, appelant à un renforcement des mécanismes pertinents à cet égard.

M. Perović a mis l’accent en outre sur l’importance du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes, encourageant les États Membres, en collaboration avec l’Organisation, à le mettre en œuvre.

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a invité à renouveler l’engagement en faveur de la liberté d’expression et de presse, et à renforcer la présence de médias indépendants et pluralistes.  Déplorant le nombre de journalistes tués dans l’exercice de leur métier, il a noté que la majorité des décédés provient des organes de la presse locale.  Environ 68% des journalistes tués en 2014 couvraient des sujets politiques, a-t-il aussi fait remarquer.  Il faut, a-t-il conseillé, que les gouvernements redoublent d’efforts pour prévenir la violence contre ces professionnels et instaurer un environnement propice à leur travail.  Il a aussi jugé inacceptable que la majorité des assassinats de journalistes restent impunis.  Le représentant a demandé aux Nations Unies de jouer leur rôle dans les efforts mondiaux de protection des journalistes et de promotion de la liberté de la presse, en mettant fin à la quasi-impunité dont jouissent les auteurs des crimes visant ces professionnels.  Le Conseil de sécurité peut engager un dialogue actif et s’élever contre ces atteintes, a-t-il dit.

Le représentant de la République d’Iran a exercé son droit de réponse et a dénoncé l’intervention du délégué d’Israël, et des propos tenus contre son pays.  Il a rappelé les crimes commis par Israël lors de son opération contre Gaza, l’été dernier.

Le représentant de la Jordanie a rejeté les allégations qu’il a qualifiées de « mensongères » faites aujourd’hui par le représentant de la Syrie.  Ces tentatives de détournement de l’attention de la communauté internationale des pratiques du Gouvernement syrien sont vaines, a-t-il dit.  Celui-ci doit protéger les journalistes en vertu du droit international, a-t-il estimé.

Le représentant de la Fédération de Russie, reprenant la parole, a exercé son droit de réponse et a dénoncé l’opération militaire lancée par les autorités de Kiev, il y a un an, contre des régions qui n’étaient pas d’accord avec elles.  Des journalistes, en particulier russes, ont été victimes des agissements de Kiev, a-t-il accusé.  Il a ainsi cité les noms de journalistes russes enlevés par les forces spéciales ukrainiennes.  Il a également fustigé la violation par l’Ukraine de l’obligation de défendre les journalistes et la liberté d’expression.

La déléguée d’Israël a exercé son droit de réponse et dit, en parlant de l’Iran,  qu’il était absurde d’entendre une des tyrannies les plus répressives parler de la liberté d’expression.  Elle a fait état de nombreux cas d’arrestation et de détention de journalistes en Iran.

Le représentant de l’Ukraine a repris la parole dans le cadre des droits de réponse et a dit qu’il y avait eu « 300 morts et disparitions de journalistes en Russie depuis 1993 dont les auteurs n’ont pas été traduits en justice dans la plupart des cas ».  La Russie est l’un des pays les plus dangereux à cet égard dans la région de l’OSCE, a-t-il dit.  Il a dénoncé « les restrictions imposées à la presse par la Russie qui affectent le pluralisme des médias ».  Le code pénal, par exemple, augmente le contrôle de l’Internet par le Gouvernement, a dit le représentant en traitant de « discours de propagande » l’intervention de la délégation russe aujourd’hui.

 

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