L’Assemblée générale demande l’arrêt immédiat de la destruction délibérée du patrimoine culturel de l’Iraq, « berceau de la civilisation mésopotamienne »
L’Assemblée générale a condamné, ce matin, les actes barbares de destruction et de pillage perpétrés par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) contre le patrimoine culturel de l’Iraq, « berceau de la civilisation mésopotamienne », et a déploré la multiplication des attaques intentionnelles visant le patrimoine culturel des pays touchés par un conflit armé.
En adoptant sans vote la résolution* intitulée « Sauvegarde du patrimoine culturel de l’Iraq », l’Assemblée a également demandé « l’arrêt immédiat de la destruction délibérée du patrimoine culturel iraquien, y compris celle de ses sites et objets religieux ». Les attaques contre ce patrimoine s’inscrivent « dans une tactique de guerre visant à propager la terreur et la haine, attiser les conflits et imposer des idéologies extrémistes violentes », constatent avec une profonde indignation les États Membres de l’Assemblée générale dans cette résolution.
Ils notent avec préoccupation que l’EIIL et d’autres personnes et groupes associés à Al-Qaida génèrent des revenus grâce au pillage et au trafic d’objets appartenant au patrimoine culturel iraquien, « qui sont ensuite utilisés pour financer leurs efforts de recrutement ou pour améliorer leurs capacités opérationnelles de mener des attentats terroristes ».
Aux termes de cette résolution, présentée par Mme Maria Bohmer, Ministre d’État au sein de l’Office des affaires étrangères de l’Allemagne, l’Assemblée demande également à tous les États « d’aider les autorités iraquiennes à lutter contre le trafic de biens culturels illégalement exhumés de sites archéologiques et enlevés de musées, bibliothèques, archives et collections de manuscrits ».
« Les actes de destruction visant le patrimoine culturel iraquien constituent une tentative insensée d’effacer notre mémoire collective », s’est indigné le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui s’est exprimé aux côtés du Vice-Président de l’Assemblée générale, de la Directrice de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO, Mme Irina Bokova, et des représentants de l’Iraq, de la Pologne et de la République arabe syrienne.
M. Eliasson a indiqué que de tels actes étaient rares dans le passé. « La multiplication de ces attaques intentionnelles en dit long sur l’état de notre monde aujourd’hui », a-t-il ajouté. Dans le droit fil de la résolution, M. Eliasson a exhorté les États Membres à coopérer avec INTERPOL pour empêcher le commerce de biens extraits illégalement du patrimoine culturel iraquien.
Faisant écho aux mots de M. Eliasson, le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Álvaro José De Mendonça E Moura, du Portugal, a souligné la « fréquence alarmante » avec laquelle se produisent ces attaques barbares et insensées, « non seulement en Iraq, mais en Afghanistan, en Syrie, au Mali et ailleurs ».
De son côté, Mme Bohmer a indiqué que les actes de pillage et de destruction commis en Iraq, comme ceux perpétrés à Tombouctou, au Mali, et à Bâmiyân, en Afghanistan, constituaient des crimes de guerre. Dans la présente résolution, l’Assemblée affirme que « les attaques intentionnelles visant des bâtiments consacrés à la religion, à l’éducation, aux arts, aux sciences ou à des fins caritatives ou des monuments historiques peuvent constituer des crimes de guerre ».
Ce point de vue a été partagé par le Représentant permanent de l’Iraq, qui a déclaré que la destruction du patrimoine culturel de son pays était un acte tout aussi barbare que le meurtre des Iraquiens commis par les mêmes groupes terroristes. « Elle vise à effacer l’histoire multiculturelle de notre pays », a-t-il dit, avant d’indiquer que l’Iraq avait besoin de la communauté internationale pour récupérer les biens illégalement enlevés du patrimoine culturel du pays.
Le Représentant permanent de la Pologne, qui s’exprimait au nom du Chili, de l’Éthiopie, de l’Indonésie et de l’Italie, a, quant à lui, déclaré que la communauté internationale devait prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver le caractère unique du patrimoine historique de l’humanité.
De son côté, le représentant de la République arabe syrienne a exhorté certains gouvernements à cesser de soutenir les groupes terroristes opérant en Syrie, ajoutant que la contrebande de biens appartenant au patrimoine culturel syrien se faisait avec l’aide de ces gouvernements.
Enfin, la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a souligné que la résolution adoptée ce jour par l’Assemblée était « un signal retentissant montrant que la destruction délibérée du patrimoine n’était pas un dégât collatéral, mais bel et bien un crime de guerre ». « Il y aura un avant et un après la présente résolution », a-t-elle affirmé.
Au cours de la réunion de ce matin, l’Assemblée générale s’est également penchée sur certains points relatifs à l’organisation de ses travaux et à l’adoption de son ordre du jour. Elle a ainsi approuvé la demande d’inscription d’une question subsidiaire additionnelle à l’ordre du jour de la soixante-neuvième session intitulée « Élection de membres de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international ».**
Après avoir pris connaissance d’une note du Secrétaire général***, l’Assemblée a élu par consensus le Royaume-Uni en tant que membre du Comité du programme et de la coordination, pour un mandat prenant effet ce jour et devant venir à expiration le 31 décembre 2017.
* A/69/L.71
** A/69/231
*** A/69/291