En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale proclame le 29 juin « Journée internationale des tropiques » et pourvoit 18 sièges vacants au Conseil économique et social

Soixante-dixième session,
104e séance plénière - après-midi
AG/11793

L’Assemblée générale proclame le 29 juin « Journée internationale des tropiques » et pourvoit 18 sièges vacants au Conseil économique et social

L’Assemblée générale a adopté, sans vote, cet après-midi une résolution* par laquelle elle proclame le 29 juin, « Journée internationale des tropiques » et a pourvu 18 sièges vacants au Conseil économique et social (ECOSOC).

« Consciente des difficultés particulières auxquelles se heurtent les zones tropicales et des profondes incidences des problèmes touchant ces zones dans le monde entier, ainsi que de la nécessité de sensibiliser l’opinion à tous les niveaux et de souligner le rôle important que les pays des tropiques joueront dans la réalisation des objectifs de développement durable », l’Assemblée générale a décidé de proclamer le 29 juin « Journée internationale des tropiques ».   

Elle a en outre pourvu 18 sièges vacants au Conseil économique et social (ECOSOC) qui compte 54 membres.  Ont été élus aujourd’hui à la majorité des deux tiers des 185 votants, le Cameroun, le Bénin, le Swaziland et le Tchad, pour l’Afrique; la Chine, les Émirats arabes unis, la République de Corée et le Tadjikistan, pour l’Asie et le Pacifique; l’Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine et la Fédération de Russie, pour l’Europe orientale; Saint Vincent et les Grenadines et le Venezuela, Andorre, l’Irlande, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède, pour l’Europe occidentale.       

En adoptant le rapport de sa Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, l’Assemblée fait siennes les propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial chargé de l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects**.

*A/70/L.53

**A/70/498/Add.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale un budget de 7,86 milliards de dollars pour 15 missions de maintien de la paix

Cinquième Commission - Soixante-dixième session,
39e séance – après-midi
AG/AB/4201

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale un budget de 7,86 milliards de dollars pour 15 missions de maintien de la paix

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a conclu cet après-midi sa session de mai, avec 12 jours de retard, en adoptant un budget total de 7,86 milliards de dollars pour financer 15 opérations de maintien de la paix, du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017.  L’Assemblée générale se réunira demain matin pour prendre une décision finale sur ce budget. 

La représentante des États-Unis s’est félicitée d’une réduction de 5% du budget 2016-2017 par rapport au budget précédent de 8,3 milliards.  Cette baisse reflète la diminution responsable du déploiement du personnel en uniforme.  

Trois missions ont été dotées d’un budget de plus d’un milliard de dollars pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017: la Mission en République démocratique du Congo (MONUSCO) avec 1,3 milliard de dollars, la Mission au Soudan du Sud avec presque 1,2 milliard et l’Opération au Darfour (MINUAD) avec 1,1 milliard.  Avec la Mission au Mali (MINUSMA) qui hérite d’un budget de 989 millions de dollars et la Mission en Centrafrique qui hérite de 976 millions, ces cinq missions représentent à elles seules 70% des 7,86 milliards de dollars recommandés à l’Assemblée générale cet après-midi. 

Les huit délégations, qui ont pris la parole, se sont félicitées de l’adoption, pour la deuxième année consécutive, d’une résolution sur les questions transversales des opérations de maintien de la paix, en particulier a présentation du budget et la gestion financière; les questions du personnel; les besoins opérationnels; et les mesures spéciales de protection contre l’exploitation et les abus sexuels. 

Tous les 25 projets de résolution ont été adoptés par consensus sauf un, celui sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  À l’issue du vote demandé par Israël, le texte a été adopté par 146 pour voix, et l’opposition du Canada, des États-Unis et d’Israël.  Les opposants au texte lui reprochaient « la nature politique » de certains de ses éléments, lesquels insistent sur le non-respect par Israël des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, dont le non-paiement de la somme d’un million après l’incident de Cana du 18 avril 1996 et la destruction des locaux de l’ONU.

Notant que cette session s’est à nouveau terminée en retard, cette année 12 jours après les délais impartis, le représentant de l’Union européenne a estimé qu’il fallait se rendre à l’évidence et constaté que quatre semaines ne suffisent pas pour traiter des questions complexes associées au financement des opérations de maintien de la paix.  

L’ensemble des intervenants a regretté que la Cinquième Commission ne soit pas parvenue à s’entendre sur le financement des tâches que doit effectuer le Secrétariat de l’ONU en appui au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et espéré que cette question verra un dénouement heureux à la prochaine session.  En revanche, les délégations se sont félicitées qu’avec la création de neuf postes au Département des affaires politiques, la Commission ait renforcé la capacité du secrétariat dans le domaine de la médiation.

En début de séance, la Cinquième Commission a élu pour sa prochaine session deux de ses trois Vice-Présidents, MM. Márcio Burity, de l’Angola et Stefan Pretterhofer, de l’Autriche et sa Rapporteure, Mme Diana Lee, de Singapour.  

Élection des bureaux des grandes commissions

L’élection du Président de la Cinquième Commission, pour la soixante-onzième session, a été renvoyée à une date ultérieure, dans l’attente des résultats des consultations qui ont cours au sein du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  De même, le Groupe des États d’Europe orientale n’a pas encore conclu les négociations pour désigner un candidat au poste de Vice-Président.

Par contre, la Commission a élu M. Márcio Burity, de l’Angola et M. Stefan Pretterhofer, de l’Autriche, comme Vice-Présidents.  Mme Diana Lee, de Singapour, a été élue Rapporteure de la Commission.

Rapports financiers et états financiers vérifiés et rapports du Comité des commissaires aux comptes (A/C.5/70/L.37)

La Cinquième commission a adopté sans vote le projet de résolution par lequel l’Assemblée générale devrait s’inquiéter des insuffisances qui persistent en ce qui concerne l’élaboration et l’exécution des budgets, la gestion des biens, la gestion des voyages, les achats et la passation des marchés, la gestion des projets de construction, les technologies de l’information et des communications et la stratégie globale d’appui aux missions et prie le Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour y remédier, à titre prioritaire, en tenant compte des commentaires, observations et recommandations du Comité des commissaires aux comptes.

Financement de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (A/C.5/70/L.39)

La Commission recommande à l’Assemblée de doter la Force d’un budget, la Cinquième commission recommande un budget de 284 829 000 dollars.

Financement de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (A/C.5/70/L.34)

La Commission recommande à l’Assemblée générale de supprimer de son ordre du jour cette question, non sans avoir porté au crédit des États Membres qui se sont acquittés de leurs obligations financières la part de chacun dans le montant net disponible de 35 052 000 dollars. 

Financement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine  (A/C.5/70/L.40)

L’Assemblée générale devrait allouer un budget de 976 272 200 dollars à la Mission.

Financement de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (A/C.5/70/L.41)

La Commission recommande à l’Assemblée d’allouer un budget de 161 306 400 dollars à l’Opération.

Financement de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (A/C.5/70/L.42)

La Force devrait se voir doter d’un budget de 57 810 300 dollars.

Financement de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (A/C.5/70/L.43)

La Mission devrait rester l’opération la plus chère avec un budget de 1 310 269 800 dollars.

Financement de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (A/C.5/70/L.35)

La Mission recevrait un budget de 9 065 000 dollars. 

Financement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) (A/C.5/70/L.44)

La Commission recommande à l’Assemblée un budget de 364 597 500 dollars

Financement de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (A/C.5/70/L.45)

La Mission devrait recevoir un budget de 38 456 300 dollars.

Financement de la Mission des Nations Unies au Libéria (A/C.5/70/L.46)

Pour cette Mission, ce serait un budget de 197 240 200 dollars

Financement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (A/C.5/70/L.47)

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale un budget de 989 720 400 dollars.

Financement de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (A/C.5/70/L.48)

Pour cette Force, la Commission parle d’un budget de 50 289 400 dollars.

Financement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (A/C.5/70/L.38)

L’Assemblée générale devrait débloquer un montant de 515 067 900 dollars après un vote de 146 voix pour et 3 voix contre (Canada, États-Unis et Israël).

La représentante d’Israël a déploré le traitement spécial réservé au budget de la Force avec laquelle d’ailleurs son pays entretient de bonnes relations.  Mais, a-t-elle dit, Israël s’oppose au libellé de l’alinéa 4 du préambule et des paragraphes 4, 5 et 13 du dispositif.

Ces passages ont fait l’objet d’un vote séparé par 94 voix pour, 3 voix contre (Canada, États-Unis, Israël) et 50 abstentions. 

Le délégué des États-Unis a relevé qu’utiliser des résolutions financières pour lancer des accusations contre un État Membre ne saurait être conforme à la procédure.  « C’est pourquoi nous nous sommes opposés aux résolutions antérieures de l’Assemblée sur le même sujet puisqu’elles exigent qu’Israël endosse les coûts découlant de l’incident de Cana en 1996 », a-t-il dit.  La procédure veut que ce soit le Secrétaire général qui présente et poursuive le règlement des allégations formulées contre un ou plusieurs États, a-t-il noté.  La manipulation des résolutions financières ne saurait être acceptée, sans compter qu’elle politise le travail de la Commission, a-t-il tranché, en espérant que cela soit évité à l’avenir.

Au nom de l’Union européenne, le représentant des Pays-Bas s’est dit préoccupé par l’absence de consensus sur ce projet.  Il a déploré l’interférence de considérations politiques, ce qui explique l’abstention des pays européens.  Tel qu’il est rédigé, le texte n’est pas approprié, a-t-il estimé, avouant qu’il aurait souhaité que les discussions se limitent aux aspects budgétaires.

Ce texte n’a rien de politique, a estimé le représentant du Liban, arguant que demander des dédommagements à Israël pour des dégâts qu’il a causés par ses bombardements n’est que logique.

Financement de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud /A/C.5/70/L.49)

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale un budget de 1 147 048 800 dollars.

Financement de la Mission de supervision des Nations Unies en République arabe syrienne (A/C.5/70/L.36)

L’Assemblée devrait supprimer ce point de son ordre du jour, non sans avoir porté au crédit des États Membres qui se sont acquittés de leurs obligations financières au titre de la mission la part de chacun dans le montant net disponible de 1 818 000 dollars. 

Financement de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (A/C.5/70/L.50)

La Mission devrait avoir un budget de 55 386 800 dollars.

Financement de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (A/C.5/70/L.51)

Un budget de 1 102 287 000 dollars devrait revenir à l’Opération.

Financement des activités découlant de la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité (A/C.5/70/L.52)

Le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie serait doté d’un budget de 608 950 700 dollars.

Aspects administratifs et budgétaires du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies

Le texte sur les questions transversales (A/C.5/70/L.53) porte sur la présentation du budget et la gestion financière; les questions du personnel; les besoins opérationnels; et les mesures spéciales de protection contre l’exploitation et les abus sexuels. 

Le projet de résolution sur le financement du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix (A/C.5/70/L.54) fixe le montant à 327 380 300 dollars pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017. 

Quant au financement de la base logistique de Brindisi (A/C.5/70/L.55) le montant est de 82 857 800 dollars pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017

Celui de la base logistique d’Entebbe (A/C.5/70/L.56) est de 39 203 600 dollars pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017.

Projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2016-2017 (A/C.5/70/L.57)

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de créer neuf postes au sein du Département des affaires politiques conformément à la recommandation du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies.

Examen de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation des Nations Unies (A/C.5/70/L.58)

La Commission a décidé de reporter à sa prochaine session l’examen de 10 rapports relatifs à des missions de maintien de la paix clôturées.

Déclarations de clôture

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de la Thaïlande a souligné les retards pris lors de cette session, tout en rappelant que les travaux ont été conclus avec 11 jours d’avance par rapport à 2015.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution sur les questions transversales qui reconnaît la complexité croissance des opérations de maintien de la paix.  Il s’est félicité, dans ce cadre, des mesures prises pour assurer la pleine mise en œuvre de la politique de tolérance zéro s’agissant de l’exploitation et des abus sexuels.  Il a salué l’élargissement de la portée de cette politique aux forces non onusiennes opérant en vertu d’un mandat du Conseil de sécurité, y compris s’agissant du recensement de ces allégations dans le futur rapport du Secrétaire général.

Il a salué l’adoption de la résolution relative au Centre de services régional d’Entebbe et souhaité le transfert du service d’entraînement intégré au sein de ce Centre. Il a en revanche déploré l’absence, cette année encore, d’un accord sur les opérations de maintien de la paix clôturées, malgré les nouvelles options dont dispose la Commission pour trouver une solution durable aux créances des États Membres, en particulier les pays contributeurs de troupes.

Le délégué a également dit sa préoccupation s’agissant de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Notre Groupe attend une proposition approfondie du Secrétaire général pour la bonne exécution des mandats en appui des deux Programmes, et ce, le plus tôt possible, a-t-il dit.  « Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre du temps pour appuyer leur mise en œuvre », a-t-il conclu.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a salué les nouvelles dispositions sur les questions transversales, le Centre régional des services d’Entebbe ainsi que l’accent mis sur certaines missions spécifiques, comme le soutien au processus électoral à Haïti, en RDC et en Somalie et la question du recours aux nouvelles technologies dans des missions comme celle au Soudan du Sud.  Il a appelé aussi à traiter des anomalies ayant trait aux indemnités de fin de contrat du personnel de maintien de la paix. 

S’agissant du financement des capacités de médiation, il a noté que les quelques capacités adoptées aujourd’hui auront quelques incidences positives.  Cependant il a appelé à investir davantage sur les capacités de prévention et de médiation plutôt que dans le maintien de la paix.  Pour ce qui est des discussions en cours sur les méthodes de travail, il a souhaité que cela ne se limite pas aux travaux de la Cinquième Commission mais s’élargisse à l’ensemble des organes de l’Assemblée générale.  Le Groupe africain voudrait décourager les pratiques d’un petit de nombre de délégations qui par leurs tactiques créent une méfiance qui a une incidence négative sur le travail et la collaboration entre les délégations.

Le représentant de l’Union européenne a souligné l’importance d’une stricte discipline budgétaire et de la garantie que les ressources soient utilisées de manière efficiente, responsable et transparente.  Il a salué l’adoption, au cours de cette session, d’une résolution sur les questions transversales.  Un texte, a-t-il rappelé, qui aborde, entre autres, la question de l’exploitation et des abus sexuels dans une perspective « globale et transparente », et qui propose des outils pour appliquer la politique de tolérance zéro sur une question qui met à mal l’intégrité de l’ensemble de l’ONU, a-t-il expliqué.

Le délégué a ensuite dit regretter qu’une solution n’ait pu être trouvée sur la question du remboursement des contributions financières des États Membres, et sur le payement des pays contributeurs de troupes, notamment à la suite de la fermeture des opérations de maintien de la paix.  Il a souhaité qu’une solution appropriée soit trouvée à cette question l’année prochaine.  Il a également déploré le fait qu’une fois encore, cette session se soit terminée avec retard, faisant part d’un sentiment partagé par des délégations sur le fait que quatre semaines ne soient pas suffisantes pour statuer sur ces questions complexes.  Il a ajouté que l’organisation, dos-à-dos, de la session de la Commission et de celle du Comité du programme et de la coordination (CPC) a plombé l’efficacité organisationnelle de la Cinquième Commission et de son secrétariat.

Le représentant a également rappelé que les atermoiements de la Commission ont un impact sur la vie du personnel de l’Organisation laquelle dépend des décisions budgétaires, mais également sur les recrutements et les procédures d’achats qui peuvent être mises en danger, du fait du temps court entre les prises de décisions par la Commission et le moment des vacances annuelles du personnel des missions de maintien de la paix.  Il a proposé que la durée de cette seconde reprise de session soit désormais de cinq à six semaines, commençant au début du mois de mai et prenant fin par une échéance politique ferme à la mi-juin.  Il a par ailleurs estimé que la tenue simultanée des sessions de la Cinquième Commission et de la CPC a un impact négatif sur les travaux des deux organes.  Il s’est aussi demandé pourquoi avant l’année 2011, le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) ne recevait que les rapports relatifs aux opérations de maintien de la paix au cours des quatre premiers mois de l’année, alors que ce n’est plus le cas en ce moment.  Il a souhaité que les futurs bureaux insistent sur une plus grande discipline sur cette question.

La représentante de la Chine a rappelé que la session principale et la première reprise de session de la Cinquième commission ont terminé leurs travaux dans les délais impartis.  Elle s’est félicitée de l’efficacité de cette deuxième reprise de session qui est parvenue à s’entendre sur un budget de 7,18 milliards de dollars pour les opérations de maintien de la paix.  Elle a insisté sur le fait que la budgétisation des OMP doit se baser sur de véritables besoins.  Elle a apprécié qu’il ait été pris le plus grand compte des avis des pays africains hôtes de missions de maintien de la paix.  En outre, elle a regretté que la Cinquième Commission n’ait pas encore pu adopter le budget de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de la décolonisation: accusations de Gibraltar et rejet de la demande d’audition d’un pétitionnaire du Sahara occidental

Comité spécial de la décolonisation,
3e séance – après-midi
AG/COL/3293

Comité de la décolonisation: accusations de Gibraltar et rejet de la demande d’audition d’un pétitionnaire du Sahara occidental

L’ouverture de la session 2016 du Comité spécial de la décolonisation a été marquée par un discours vindicatif du Ministre principal de Gibraltar qui a accusé le Comité de « trahir » les intérêts de son peuple et par un long échange entre le représentant du Maroc et le Président du Comité qui a fini par rejeter la demande d’audition d’un pétitionnaire du Sahara occidental au motif qu’il s’est présenté comme un représentant du territoire.  Le Comité a aussi adopté sans vote des projets de résolution sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes et sur la diffusion d’informations relatives à la décolonisation.

En attendant que soit parachevé le projet de résolution sur Gibraltar, le Ministre principal du territoire, M. Fabian Picardo, s’en est vivement pris au Comité, qu’il a d’abord accusé d’« échouer de manière spectaculaire » dans sa mission de protéger et de promouvoir les intérêts des peuples des territoires non autonomes.  Le Comité spécial n’est pas là pour jouer les arbitres dans les différends territoriaux entre États, a-t-il affirmé, en lui reprochant d’avoir refusé de se rendre à Gibraltar, comme il le lui avait demandé, pour constater la situation sur place et donner son avis sur l’ordre constitutionnel de Gibraltar.  Le Président du Comité avait décliné l’invitation en invoquant un « différend territorial » mais pour le Ministre principal, c’est soumettre le Comité à la « revendication spécieuse » de l’Espagne et c’est « trahir » les droits du peuple de Gibraltar que le Comité doit au contraire protéger.  M. Fabian Picardo a prévenu qu’il ne laissera pas cette attitude « sans précédent » passer inaperçue.

Le Ministre principal a rappelé que 98% de la population du rocher a déjà dit « non » à la cosouveraineté hispano-britannique lors d’un référendum en 2002.  L’Espagne, a-t-il fait valoir, a renoncé « pour toujours » à Gibraltar lorsqu’il a signé le Traité d’Utrecht de 1713 signé avec l’Angleterre.  Ce qui doit compter pour le Comité, a estimé le Ministre principal, c’est le souhait du peuple de Gibraltar: « C’est ce pour quoi vous êtes ici, c’est ce que la Charte attend de vous, c’est ce que nous attendons », a-t-il lancé.  Au nom du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, M. Richard Buttigieg, a lui aussi accusé le Comité de n’avoir « rien fait » sur Gibraltar depuis un an.

La représentante de l’Espagne a réitéré la position de son pays, selon laquelle Gibraltar représente un cas de « colonialisme consenti ».  Pour elle, la résolution 2353 (XXII) du 22 décembre 1967 de l’Assemblée générale établit très clairement que le processus qui doit régir la décolonisation de Gibraltar « n’est pas celui de la libre détermination mais celui de la restitution de l’intégrité territoriale » de l’Espagne.  Tout en reprochant aux autorités du territoire un comportement « irresponsable » dans de nombreux domaines –pêche, fiscalité « opaque », « trafics » divers– la représentante de l’Espagne a insisté sur le fait que les questions de souveraineté ne pourront être discutées que dans un cadre bilatéral entre l’Espagne et le Royaume-Uni.

« L’agressivité » que le Président du Comité a relevée dans les propos du Ministre principal ne s’est pas arrêtée là.  Il a eu un échange long et vigoureux avec le représentant du Maroc, à propos de la demande d’audition de M. Mohamed Abba, un pétitionnaire sahraoui vivant au Sahara occidental et élu comme représentant de ce territoire lors des premières élections régionales.  M. Abba, qui souhaitait s’exprimer au nom des Sahraouis, a vu sa demande rejetée par le Comité, dont la position est claire: le Comité n’est pas habilité à modifier les résolutions de l’Assemblée générale, pour laquelle l’unique représentant du peuple sahraoui est le Front Polisario.  Cette position a été contestée par le représentant du Maroc pour lequel on cherche à empêcher un représentant élu d’un territoire non autonome de s’exprimer devant le Comité.  « Les Nations Unies essaient d’inverser les règles de la démocratie.  On nie le droit à des Sahraouis d’exister parce qu’ils ne sont pas séparatistes.  Ce Comité se discrédite en bâillonnant une personne légitimement élue », a encore plaidé le représentant.  « La seule élection qu’on attend, c’est le référendum », a tranché le Président du Comité.

Le Comité a adopté aujourd’hui sans vote deux projets de résolution dont le premier sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes* recommande à l’Assemblée générale de prier les puissances administrantes de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables.

Autre texte annuel, le projet de résolution relatif à la diffusion d’informations sur la décolonisation recommande à l’Assemblée générale de prier le Département des affaires politiques et le Département de l’information de continuer d’utiliser tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet- pour faire connaître l’action de l’ONU dans le domaine de la décolonisation. 

Le Comité tiendra sa prochaine réunion publique demain, 14 juin à partir de 10 heures, pour poursuivre l’examen de la question de Gibraltar.

* A/AC.109/2016/L.3

** A/AC.109/2016/L.4

DEMANDES D’AUDITION (AIDE-MEMOIRES)

Le représentant du Venezuela a demandé au Comité de rejeter la demande d’audition de M. Mohamed Abba, pétitionnaire du Sahara occidental, au motif qu’elle constitue une violation des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Cette intervention vient trop tard, a objecté son homologue du Maroc.  Il a expliqué que si le pétitionnaire se présente comme un « élu », c’est parce qu’une partie de la population sahraouie vit dans le Sahara marocain où des élections ont eu lieu, sous observation internationale.  La responsable de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un referendum au Sahara occidental (MINURSO) a d’ailleurs déclaré devant le Conseil de sécurité que ces élections locales s’étaient déroulées dans le calme et le respect des règles.  « Une élection générale s’inscrit dans l’espace et dans le temps et ne concerne pas les populations de Tindouf » où l’autre partie de la population vit, a souligné le représentant, ajoutant que M. Christopher Ross, Envoyé personnel du Secrétaire général, a lui aussi estimé que ces élections « pour la première fois régionales » s’étaient déroulées sans incident. 

Par conséquent aux yeux du Maroc, M. Abba représente légitimement la population sahraouie et peut donc se présenter devant le Comité pour présenter la situation sur place.  « Nous ne sommes pas là pour dire qui représente qui. Nous sommes là pour écouter des rapports », a estimé le représentant qui a invoqué les règles, les résolutions des Nations Unies et les rapports du Secrétaire général pour plaider la cause du pétitionnaire.  Pour le Maroc, les résolutions invoquées parlent de « représentant » et non pas de « représentant légitime » et par conséquent M. Abba devrait être autorisé à s’exprimer devant le Comité dans la mesure où c’est bien un Sahraoui, même s’il ne vit pas dans les camps de Tindouf.

Le Président du Comité a noté que M. Abba a soumis sa demande en tant que représentant du peuple du Sahara occidental et exhibé un cachet du Ministère marocain de l’intérieur du Maroc.  La position du Bureau est claire: le Comité, n’étant pas habilité à modifier les résolutions de l’Assemblée générale, l’unique représentant du peuple sahraoui est le Front Polisario.  Le Président a reconnu qu’il s’agit d’une question « très délicate ».  La question n’est pas d’autoriser l’un ou l’autre à s’exprimer mais de respecter les règles et les résolutions en vigueur, a-t-il dit.  Les résolutions sont très précises, a insisté le représentant du Venezuela: le Front Polisario est le représentant du peuple sahraoui.  Le représentant du Bureau des affaires juridiques des Nations Unies a précisé, à son tour, qu’outre les membres du Comité et les États observateurs, seuls les observateurs des territoires non autonomes et les pétitionnaires sont autorisés à parler devant ce Comité.  Le représentant du Maroc a insisté sur le fait qu’on ne peut pas contester la demande de M. Mohammed Abba car il a été élu par une population faisant partie de la population du Sahara marocain.  M. Abba ne prétend pas représenter toute la population, mais il a le droit, en tant que représentant élu, d’être auditionné.  Quelle est la différente entre « le représentant » et « un représentant »? a demandé le représentant du Maroc en affirmant qu’il ne cherche pas à changer les résolutions mais bien à obtenir leur respect.  « Les termes juridiques sont clairs. »

On semble utiliser tous les moyens et toutes les méthodes pour saboter une réunion, ce qui « est aussi un art », s’est impatienté le Président du Comité.  Ce qui plaide contre l’audition de M. Abba, a-t-il répété, c’est le fait que les résolutions sont très claires sur l’unique représentant du peuple vivant sur le territoire du Sahara occidental, à savoir, le Front Polisario.  Il a demandé au représentant du Maroc de soulever la question de l’interprétation des résolutions à la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.    

Notre intention n’est pas de saboter la réunion, s’est défendu le représentant du Maroc, mais de « l’orienter ».  Le Maroc respecte la position politique du Venezuela mais ne peut accepter qu’il l’impose au Comité.  On n’est pas ici pour discuter de la représentativité et « je sais que vous avez un problème avec les élections, avec la légitimité des droits de l’homme, mais vous ne pouvez imposer ce point de vue au Comité », a-t-il ajouté.  Le Président a confisqué la parole au représentant du Maroc et lui a demandé de respecter « sa personne ».  On cherche, a insisté le représentant du Maroc, à empêcher un représentant élu d’un territoire non autonome de s’exprimer devant le Comité.  « Les Nations Unies essaient d’inverser les règles de la démocratie.  On nie le droit à des Sahraouis d’exister parce qu’ils ne sont pas séparatistes.  Ce Comité se discrédite en bâillonnant une personne légitimement élue, a encore plaidé le représentant.  Le Président a rappelé que la seule élection à attendre, « c’est le référendum ».

Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e) de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies (A/71/68)

Au terme du projet de résolution A/AC.109/2016/L.3, adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait les puissances administrantes concernées de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question, notamment sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la puissance administrante, dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires. 

L’Assemblée générale prierait aussi le Secrétaire général de continuer à veiller à ce que les renseignements voulus soient tirés de toutes les publications disponibles au moment où sont rédigés les documents de travail sur les territoires concernés.

La représentante de Cuba a estimé que les informations sur les territoires non autonomes constituaient un outil utile pour l’analyse de la situation de chaque territoire.  D’après le rapport du Secrétaire général, il est évident que certaines puissances administrantes n’ont pas soumis ces informations pour l’année 2016.  Le représentant les a donc exhortées à le faire sans plus tarder et à coopérer avec le Comité.

Question de la diffusion d’informations sur la décolonisation

Par ce projet de résolution A/AC.109/2015/L.4, adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait le Département de l’information de continuer de mettre à jour les informations affichées sur le site Web concernant les programmes d’aide destinés aux territoires non autonomes.  Elle le prierait aussi ainsi que le Département des affaires politiques de mettre en œuvre les recommandations du Comité spécial et de continuer à prendre les mesures voulues en utilisant tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet –pour faire connaître l’action de l’Organisation dans le domaine de la décolonisation.

Il s’agit notamment d’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser, en particulier à destination des territoires non autonomes, de la documentation de base sur les questions relatives à l’autodétermination des peuples de ces territoires; ce faisant, de chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes; d’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration avec les points de contact des gouvernements des territoires pour les questions de décolonisation, notamment dans le Pacifique et les Caraïbes, de façon à améliorer l’échange d’informations; et d’encourager les ONG et les territoires à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation et les territoires non autonomes à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation.  L’Assemblée générale prierait aussi tous les États, y compris les puissances administrantes, d’accélérer la diffusion des dites informations.

Mme MARGARET NOVICKI, Directrice de la Division de la sensibilisation du public du Département de l’information des Nations Unies (DPI) a présenté le Rapport du Secrétaire général (A/AC.109/2016/18) qui couvre la période allant d’avril 2015 à mars 2016.  Pendant cette période, le DPI a publié 33 communiqués de presse sur le travail lié à la décolonisation de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation et du Comité spécial de la décolonisation.  Le DPI continue de maintenir à jour le site Internet de la décolonisation dans les six langues officielles, lequel site a enregistré près de 345 000 visites entre janvier et décembre 2015.  Les activités liées à la décolonisation se retrouvent également sur d’autres sites Internet gérés par le Département ainsi que sur les médias sociaux.  La télévision des Nations Unies a elle aussi couvert les réunions officielles du Comité, les sessions liées à la décolonisation de la Quatrième Commission et l’adoption des résolutions par l’Assemblée générale.  Le Groupe de la photographie a également couvert un certain nombre de manifestations et la Radio des Nations Unies a continué de retransmettre dans les six langues officielles, ainsi qu’en portugais et en swahili, les activités des Nations Unies liées à la décolonisation.

Par ailleurs, à l’occasion de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, le Centre des nouvelles a produit, en anglais et en français, 34 reportages sur la décolonisation.  Enfin, les 190 000 personnes qui ont suivi des visites guidées au Siège de New York ont été informées du travail du Conseil de tutelle et des activités de décolonisation du système des Nations Unies.  Les 114 000 visiteurs du Bureau de Genève ont eux aussi été informés de ces activités.  Les sièges de Vienne et de de Nairobi parlent aussi de la décolonisation au cours des visites guidées.

La représentante de Cuba a salué le travail du Département et l’a exhorté à poursuivre ses efforts en mettant l’accent sur les options d’autonomie offertes  aux peuples non autonomes. Il faut davantage insister sur les travaux du Comité, a estimé le représentant. Il a aussi demandé que la mise à jour du site internet soit faite le plus rapidement possible et dans les six langues officielles des Nations Unies. Or, certains contenus sont disponibles en anglais mais pas en espagnol, comme par exemple les comptes rendus du Séminaire régional qui vient de se tenir à Managua, et ce, alors que le site Web en espagnol des Nations Unies a été le deuxième site le plus consulté du système des Nations Unies en 2015.

Le représentant du Chili a appuyé les propose de Cuba.  Il a demandé des informations sur la numérisation des archives, avant de souligner que les gens susceptibles d’être intéressées par les informations sur la décolonisation n’ont pas accès aux documents numérisés.  Comment faire pour diffuser l’information auprès des populations des territoires non autonomes?  Il a aussi demandé que soit davantage expliqué au grand public le contexte juridique dans lequel opère le Comité spécial.

Le Comité devrait justement inscrire ses travaux dans le cadre du Programme du développement durable à l’horizon 2030, a suggéré le représentant de l’Indonésie.  Avec 17 territoires toujours non autonomes, il faut tout faire pour mettre en œuvre la troisième Décennie de la décolonisation, a-t-il insisté, en remerciant le Nicaragua pour avoir accueilli, pour la deuxième année consécutive, le Séminaire régional qui a d’ailleurs noté avec satisfaction la bonne volonté de certaines puissances administrantes.  Ce n’est qu’avec une participation active et une compréhension mutuelle entre le Comité et les puissances administrantes que l’on pourra progresser, a souligné le représentant.

La Directrice du Département de la sensibilisation du public, a pris dûment note des observations de Cuba et du Chili et a rappelé que ses services ne ménageraient aucun effort pour diffuser les travaux des Nations Unies en matière de décolonisation, en utilisant tous les médias disponibles, y compris Internet.  Le projet de numérisation a deux objectifs: élargir l’accès aux documents des Nations Unies et préserver les documents d’origine qui forment « le patrimoine historique de l’Organisation ».

Mme JOSIANE AMBIEHL, Chef de l’Unité de la décolonisation au Département des affaires politiques, a informé le Comité spécial des travaux de son Département relatifs à la dissémination de l’information sur la décolonisation entre juin 2015 et mai 2016, conformément à la résolution 70/103 du 9 décembre 2015 de l’Assemblée générale.  Elle a précisé qu’au cours de la période examinée, son Unité a continué de travailler avec le Département de l’information pour que le site Internet soit mis à jour régulièrement. 

Le Département des affaires politiques est également chargé de la préparation annuelle des documents de travail du Secrétariat concernant chacun des 17 territoires non autonomes sous la supervision du Comité spécial, a rappelé Mme Ambiehl, qui a souligné que la base de ces documents est faite des informations transmises par les puissances administrantes, qui sont ensuite complétées par des informations d’origine publique en matière politique, constitutionnelle, socioéconomique ou de développement.  L’Unité de la décolonisation a veillé à ce que tous les documents de travail soient postés sur le site Internet durant le premier trimestre de 2016 et immédiatement après avoir été rendus disponibles.

Mme Ambiehl a également mis l’accent sur le rôle des médias sociaux tels que Twitter, qui a servi à diffuser en temps réel des informations sur le Séminaire de Managua.  Rappelant que le compte Twitter des affaires politique UN­_DPA compte 171 000 adhérents, elle a précisé, démonstration à l’écran, qu’un tweet avait été envoyé pour annoncer l’ouverture de la présente réunion. 

Mme Ambiehl a par ailleurs rappelé que son Unité est également chargée d’apporter un soutien concret aux séminaires régionaux annuels et à leur suivi.  Cette année encore, le séminaire s’est tenu à Managua, du 31 mai au 2 juin.  Dès leur retour de Managua, les membres de l’Unité ont travaillé en étroite collaboration avec le Département de l’information pour veiller à ce que les déclarations faites lors du séminaire, y commis les documents présentés par les experts et la société civile ainsi que les communiqués de presse sur les trois jours de réunion, soient postés sur le site Internet.  Mme Ambiehl a présenté une sélection de photos prises par le Groupe de la photographie.  Elle a conclu en réaffirmant l’engagement de son Unité à publier l’information disponible sur la décolonisation sur tous les médias disponibles afin de faire connaître le travail des Nations Unies dans ce domaine.

La représentante du Nicaragua a remercié tous ceux qui ont participé au séminaire de Managua lequel a permis de renouveler l’engagement du Comité à lutter jusqu’à ce que tous les territoires non autonomes inscrits sur sa liste soient décolonisés.  Le Nicaragua espère devenir le siège permanent du Séminaire régional, a-t-elle ajouté. 

Missions de visite dans les territoires non autonomes

Le Président du Comité a expliqué que le projet de résolution A/AC.109/2016/L.5 n’est pas encore prêt et qu’il ne peut donc pas être adopté.  Il a indiqué que le Comité souhaiterait pouvoir organiser au moins deux missions par an.  Ne faut-il pas créer un groupe de travail officieux pour travailler sur ce projet de résolution? s’est demandé le représentant de l’Iran.  Le cadre le plus adéquat est le Bureau du Comité, a répondu le Président, auquel tous les membres du Comité sont invités.  Dans les autres Comités des groupes de travail officieux, a fait observer le représentant iranien, en faisant là une suggestion que le Président a trouvée « intéressante et constructive ».

Question de Gibraltar (A/AC.109/2016/8)

M. FABIAN PICARDO, Ministre principal de Gibraltar, a déclaré que son peuple ne souffrait pas aujourd’hui du joug du colonialisme mais de la suppression de ses droits inaliénables au regard du droit international du fait d’une inaction délibéré de ce Comité.  Il faut être clair, a-t-il ajouté: ce Comité a été créé pour protéger et promouvoir les intérêts des peuples des territoires non autonomes.  « Vous échouez de manière spectaculaire », a-t-il lancé.

M. Picardo a également estimé que le Comité n’était pas là pour jouer les arbitres dans les différends territoriaux ou autres entre États.  Certes, a-t-il ajouté, l’an dernier, le Président du Comité nous a appelés à faire preuve de patience et à comprendre le pouvoir limité du Comité, arguant que demander à ce dernier de se rendre à Gibraltar pour donner son avis sur l’ordre constitutionnelle consistait déjà à outrepasser ce pouvoir.  « Il avait, bien sûr, tort », a taclé M. Picardo, pour qui une telle réponse démontre combien le Comité nuit à l’ordre juridique international.  Aux termes de la Charte et des autres textes qui définissent son rôle, le Comité a le droit d’effectuer des visites dans les territoires non autonomes, a poursuivi le Ministre principal, expliquant que c’est pourquoi il avait l’an dernier lancé cette invitation.  « Venez à Gibraltar, venez voir la réalité de notre vie. »

M. Picardo a tout de même « remercié » le Président du Comité pour sa franchise, s’agissant en particulier de l’impossibilité du Comité d’organiser un Séminaire régional à Gibraltar, comme le territoire le lui proposait.  En évoquant un « différend territorial », le Président du Comité se soumettait à la revendication « spécieuse » de l’Espagne et ce de manière totalement « inappropriée », a accusé le Ministre principal qui s’est interrogé: « Si l’Espagne pensait qu’une visite du Comité à Gibraltar le convaincrait de la véracité de ses arguments, ne pensez-vous qu’il vous aurait déjà invité? »

M. Picardo a incité le Comité à lire « sérieusement » le jugement qui sera prochainement rendu par la Cour d’arbitrage du sport dans l’affaire portée devant lui par l’Association de football de Gibraltar contre la Fédération internationale de football association (FIFA).  La Cour a rejeté les objections de l’Espagne sur l’entrée de Gibraltar à la Fédération, a-t-il expliqué en estimant qu’il n’y a pas de différend légitime de souveraineté sur Gibraltar ni de différend juridique au regard du droit international.  Cela fait 50 ans cette année que le Royaume-Uni a défié l’Espagne de faire valoir sa souveraineté sur Gibraltar devant la Cour internationale de Justice, a ajouté M. Picardo.  Un demi-siècle plus tard, l’Espagne n’a toujours pas fait cette démarche.  Pour le Ministre principal, l’Espagne sait très bien qu’elle ne peut l’emporter devant une cour.

M. Picardo a accusé le Comité spécial de « prendre en fait le parti de l’Espagne contre nous » et de « conspirer avec l’Espagne contre les intérêts du peuple de Gibraltar ».  Il l’a accusé de tenter de déformer les rapports du séminaire en ne reflétant pas les propos tenus.  Accusant carrément le Comité de « trahir » les droits du peuple de Gibraltar qu’il doit au contraire, aux termes de son mandat, protéger, M. Picardo a prévenu qu’il ne laissera pas cette attitude « sans précédent » passer inaperçue.

Rappelant que Gibraltar votera la semaine prochaine comme le Royaume-Uni sur l’appartenance à l’Union européenne, le Ministre principal a déclaré que le chef du Gouvernement espagnol par intérim est déjà en train de menacer de fermer la frontière si le Royaume-Uni choisit de quitter l’Union.  M. Picardo a également jugé « infantile » le chantage selon lequel, en cas de Brexit, Gibraltar devrait, pour conserver un accès au marché unique européen, accepter une souveraineté conjointe du Royaume-Uni et de l’Espagne.  Le peuple de Gibraltar souhaite l’amitié et la coopération avec le peuple espagnol, mais il a déjà dit « non » à la cosouveraineté lors d’un référendum en 2002, à 98%.  On ne répétera pas cette tentative, a averti M. Picardo, pour qui « Gibraltar n’est pas à vendre et son peuple ne se laissera pas soudoyer, il ne se rendra jamais et il ne sera jamais, jamais, espagnol ».  Répétant que l’Espagne a renoncé à Gibraltar « pour toujours » par le Traité d’Utrecht de 1713, M. Picardo a conclu en affirmant que le souhait du peuple de Gibraltar est ce qui doit compter pour le Comité spécial si tant est qu’il veut honorer ses obligations: « C’est ce pour quoi vous êtes ici, c’est ce que la Charte attend de vous, c’est ce que nous attendons ».

Le Président du Comité a dit avoir entendu « avec respect » une déclaration « un peu agressive », avant de passer la parole à l’Espagne.

Mme FRANCISCA MARÍA PEDROS CARRETERO (Espagne) a affirmé son appui et son attachement aux travaux du Comité spécial avant de parler de la « situation anachronique » dans laquelle se trouve son pays au regard de Gibraltar.  Elle a affirmé que la résolution 2353 (XXII) du 22 décembre 1967 établit très clairement que le processus qui doit régir la décolonisation de Gibraltar n’est pas celui de la libre détermination mais celui de la restitution de l’intégrité territoriale de l’Espagne.

Pour Mme Pedros Carretero, Gibraltar représente un cas de « colonialisme consenti ».  Elle a rappelé que les « habitants authentiques » de Gibraltar avaient été contraints de quitter le pays après le Traité de 1713 et a fait un long historique de la situation de Gibraltar depuis le Traité d’Utrecht.

En violation du droit international, le Royaume-Uni a occupé des espaces qui ne lui appartenaient pas et que l’Espagne continue de revendiquer, a poursuivi Mme Pedros Carretero.  Ce que l’Espagne revendique devant le Comité spécial, c’est le respect du droit international, a-t-elle ajouté.  La solution exige la reprise immédiate d’un dialogue bilatéral avec le Royaume-Uni lequel l’avait accepté en 1984 mais n’a jamais rien fait.  Le Royaume-Uni refuse depuis des années de dialoguer avec l’Espagne sur l’avenir de Gibraltar en tenant compte des intérêts de la population du territoire.

Insistant sur la « relation coloniale de soumission et de dépendance de Gibraltar avec la métropole », la représentante a énuméré des « difficultés au quotidien du fait des autorités irresponsables de Gibraltar », que ce soit dans le domaine de la pêche ou du régime financier « opaque » que Mme Pedros Carretero a présenté comme un « paradis fiscal » caractérisé par des trafics de toute sorte, dont la contrebande du tabac qui est devenue un problème majeur.

Malgré ces difficultés, l’Espagne réaffirme sa bonne volonté mais estime que les questions de souveraineté ne peuvent être discutées que de manière bilatérale entre l’Espagne et le Royaume-Uni, par une coopération entre les habitants des deux côtés de la grille.  En face, Gibraltar continue de proférer des « accusations calomnieuses » à l’égard du Comité, a accusé la représentante, qui a demandé une fois de plus au Comité de respecter le processus de décolonisation de Gibraltar.

M. RICHARD BUTTIGIEG, Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, a, à son tour, accusé le Comité de n’avoir « rien fait » depuis un an.  Il a reproché au Comité de refuser d’envoyer une mission à Gibraltar pour témoigner de la situation.  Si le Comité venait sur place, il verrait comment l’Espagne continue de violer les eaux territoriales de Gibraltar en prétendant qu’il s’agit de ses eaux.  L’Espagne a empêché un avion transportant le Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères de passer par l’espace aérien de Gibraltar, en prétendant qu’il s’agissait de l’espace espagnol.  M. Buttigieg a aussi insisté sur les efforts de Gibraltar pour lutter contre la contrebande de tabac.  Il a également insisté sur les « menaces » de l’Espagne à l’encontre de Gibraltar, y compris les risques de blocage dans l’hypothèse où le Royaume-Uni déciderait le 23 juin de sortir de l’Union européenne.  Le représentant a aussi rappelé que l’Espagne ne veut pas saisir la Cour internationale de Justice, y voyant une preuve du caractère non démocratique de ce pays.  Il s’est défendu d’être un sécessionniste.  Gibraltar veut seulement être un peuple qui veut décider de son propre avenir et sa détermination est aussi dure que le rocher sur lequel il vit, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL)

7712e séance – matin
CS/12398

Le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL)

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 15 décembre 2016 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL). 

Le Conseil, par la résolution 2291 (2016), adoptée à l’unanimité, charge la Mission en tant que mission politique spéciale intégrée d’appuyer, « dans le strict respect du principe de l’appropriation nationale », la mise en œuvre de l’Accord politique libyen, la formation du Gouvernement d’entente nationale, la mise en place du dispositif de sécurité et les étapes ultérieures de la transition libyenne.

Constatant que, depuis le 30 mars 2016, la MANUL assure une présence constante en Libye pour appuyer le Conseil de la présidence et le Comité de sécurité temporaire, le Conseil invite la Mission à rétablir une présence permanente en Libye « par un retour échelonné ».   

Dans son rapport sur l’évolution récente de la situation politique et des conditions de sécurité en Libye*, le Secrétaire général note qu’il reste beaucoup à faire pour mobiliser des soutiens supplémentaires à la mise en œuvre de l’Accord politique libyen, signé le 17 décembre 2015 au Maroc, et appuyer les nouvelles institutions de transition dans l’exercice de leurs fonctions. 

Le Secrétaire général rappelle que les autorités libyennes doivent faire face « de toute urgence » à un problème crucial, à savoir lutter contre la prolifération massive d’armes et le grand nombre de groupes armés actifs dans le pays.  Il reste également alarmé par la menace que font peser sur la Libye et sur la région les groupes extrémistes et terroristes, en particulier l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL).

Le Secrétaire général recommande donc que la MANUL continue à appuyer les autorités pendant qu’elles s’établissent dans le pays et qu’elle s’entretienne avec elles des priorités autour desquelles devrait être organisée l’aide internationale.      

*S/2016/452

LA SITUATION EN LIBYE

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (S/2016/452)

Texte du projet de résolution S/2016/528

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Prenant note du rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) (S/2016/452),

Exprimant son soutien aux efforts que continuent de faire la MANUL et le Représentant spécial du Secrétaire général pour faciliter, sous l’égide de la Libye, un règlement politique des problèmes auxquels se heurte la Libye,

Rappelant sa résolution 2259 (2015), dans laquelle il fait sien le Communiqué de Rome du 13 décembre 2015 par lequel le Gouvernement d’entente nationale est reconnu comme seul gouvernement légitime de Libye, et se félicitant de l’arrivée à Tripoli, le 30 mars 2016, des membres du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, dirigé par le Premier Ministre Fayez Serraj,

Réitérant son appui à la pleine mise en œuvre de l’Accord politique libyen de Skhirat (Maroc), signé le 17 décembre 2015, qui prévoit la formation d’un Gouvernement d’entente nationale composé du Conseil de la présidence et du Cabinet, appuyés par les autres institutions de l’État, dont la Chambre des représentants et le Conseil d’État,

Saluant l’adoption de principe de l’Accord politique libyen par la Chambre des représentants, le 25 janvier 2016, et se félicitant de la réunion, tenue le 10 mars 2016, au cours de laquelle les participants au dialogue politique libyen ont réaffirmé leur engagement de respecter l’Accord,

Conscient qu’il importe que le processus demeure ouvert à tous, encourageant vivement le Gouvernement d’entente nationale à appuyer la réconciliation et à renforcer les activités de communication politique dans toute la Libye, et soulignant qu’il importe que toutes les parties en présence en Libye œuvrent de façon constructive, en toute bonne foi et avec une volonté politique soutenue, à l’application de l’Accord politique libyen,

Demandant instamment la participation pleine et effective des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les activités ayant trait à la transition démocratique, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 1325 (2000), 2122 (2013) et 2242 (2015),

Prenant note du Communiqué de Vienne du 16 mai 2016, dans lequel toutes les parties sont exhortées à œuvrer de façon constructive en vue de l’achèvement du cadre institutionnel de transition et la création de la garde présidentielle par le Conseil de la présidence, et soulignant qu’il faut confier la protection et la défense de la Libye contre le terrorisme à des forces nationales de sécurité unifiées et renforcées, placées sous la seule autorité du Gouvernement d’entente nationale, comme le prévoit l’Accord politique libyen,

Engageant le Gouvernement d’entente nationale à mettre en place les dispositions de sécurité transitoires requises pour stabiliser la situation en Libye, étape essentielle pour s’attaquer aux défis politiques, humanitaires, économiques et institutionnels et lutter contre l’insécurité qui y règne, et pour contrer la menace que représente le terrorisme,

Se déclarant gravement préoccupé par la rapide détérioration de la situation humanitaire en Libye,

Redemandant à tous les États Membres d’appuyer sans réserve les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général et de collaborer avec les autorités libyennes et la MANUL afin d’élaborer un plan coordonné d’aide destiné à renforcer les capacités du Gouvernement d’entente nationale, conformément aux priorités libyennes et en réponse aux demandes d’aide, et redemandant également à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MANUL, notamment en prenant les mesures voulues pour garantir la sécurité et une totale liberté de circulation au personnel des Nations Unies et au personnel associé,

Rappelant qu’il a établi, dans sa résolution 2213 (2015), que la situation en Libye continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 décembre 2016 le mandat de la MANUL, qui restera placée sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général, et de charger la Mission en tant que mission politique spéciale intégrée d’appuyer, dans le strict respect du principe de l’appropriation nationale, la mise en œuvre de l’Accord politique libyen, la formation du Gouvernement d’entente nationale, la mise en place du dispositif de sécurité et les étapes ultérieures de la transition libyenne par des activités de médiation et des missions de bons offices et en outre, et dans la mesure où les contraintes opérationnelles et les conditions de sécurité le permettront, de faire ce qui suit :

i)    Surveiller la situation des droits de l’homme et établir des rapports à ce sujet;

ii)   Appuyer la sécurisation des armes incontrôlées et du matériel connexe et lutter contre la prolifération;

iii)  Apporter une assistance aux principales institutions libyennes;

iv)   Appuyer, sur demande, la prestation de services essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire, dans le respect des principes humanitaires;

v)    Coordonner l’aide internationale;

2.    Constate que, depuis le 30 mars 2016, la MANUL assure une présence constante en Libye pour appuyer le Conseil de la présidence et le Comité de sécurité temporaire, et invite la Mission à rétablir une présence permanente en Libye par un retour échelonné, au fur et à mesure que les conditions de sécurité le permettront, et de prendre les dispositions en matière de sécurité requises à cette fin;

3.    Prie le Secrétaire général de continuer de lui faire rapport tous les 60 jours au moins sur la mise en œuvre de la présente résolution;

4.    Prie le Secrétaire général de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, suivant la tenue de consultations avec les autorités libyennes sur les recommandations concernant l’appui que doit apporter la MANUL aux étapes ultérieures de la transition libyenne et les dispositions visant à assurer la sécurité de la Mission;

5.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

M. Peter Thomson, de Fidji, est élu Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale

Soixante-dixième session,
103e & 104e séances plénières - Matin & après-midi
AG/11791

M. Peter Thomson, de Fidji, est élu Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale

Pour la première fois, l’Assemblée générale aura à sa tête un représentant des petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique.  M. Peter Thomson, de Fidji, a en effet été élu, aujourd’hui, Président de sa soixante et onzième session, qui débutera en septembre prochain.

Cette élection « représente un grand moment pour les petits États insulaires en développement du Pacifique », a déclaré M. Thomson, qui a promis de s’exprimer « beaucoup sur les changements climatiques ».

M. Thomson a été élu dès le premier tour, mais avec une seule voix au-delà de la majorité simple, face à M. Andreas Mavroyiannis, de Chypre.  Les deux candidats ont recueilli respectivement 94 et 90 voix.  L’Assemblée a aussi élu 16 de ses 21 vice-présidents et composé les bureaux de ses six Grandes Commissions.

La séance de l’Assemblée avait débuté par le témoignage de solidarité du Président de la présente session, M. Mogens Lykketoft, au peuple et au Gouvernement des États-Unis après la tuerie de masse qui a eu lieu dimanche matin à Orlando, en Floride.  « Cette attaque montre une fois de plus la nécessité pour chaque membre de cette Assemblée de continuer à œuvrer afin de combattre la haine, de lutter contre la discrimination et de prévenir l’extrémisme violent », a-t-il déclaré.

Le représentant des États-Unis, le pays hôte, a estimé qu’il était temps, après ce carnage perpétré dans un « bar gay », que l’Assemblée générale mette fin à sa « bataille rangée sur les droits sexuels » et œuvre à leur protection.  

Chaleureusement félicité par M. Lykketoft, le Président élu de l’Assemblée générale, dont la candidature était appuyée par le Groupe des 77 et la Chine, a assuré que sa présidence « serait une présidence pour tous ».  « Nous devons donner l’élan en faveur de l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et surmonter, à cette fin, les barrières structurelles », a-t-il annoncé. 

M. Thomson s’est engagé à servir l’Assemblée « à tout moment, dans un esprit de fidélité et d’engagement, pour le bien commun et dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies ».

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a jugé de son côté que M. Thomson ferait valoir à son nouveau poste le précieux point de vue des petits États insulaires en développement.  M. Ban a souligné l’expérience de M. Thomson dans le domaine international.  

Représentant permanent, il a marqué de son empreinte la présidence du Groupe des 77 et de la Chine, a-t-il dit, notant qu’il avait également été Président des conseils d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets.  M. Thomson avait aussi été Vice-Président de l’Assemblée générale de 2010 à 2011.

« Je compte sur lui pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat », a affirmé le Secrétaire général.  Faisant siens les mots prononcés par le passé par M. Thomson, M. Ban a rappelé que « les progrès des Nations Unies n’émanaient pas de points de vue antagonistes mais de la coopération de ceux qui trouvent un terrain d’entente ».

M. Thomson a aussi été félicité par les représentants des cinq groupes régionaux et celui des États-Unis. 

En outre, conformément à la pratique, au cours d’un tirage au sort effectué par le Secrétaire général, la Bolivie occupera dans la salle de l’Assemblée générale le siège au premier rang à partir duquel seront disposés les autres États par ordre alphabétique en anglais. 

Les 16 Vice-Présidences de l’Assemblée générale seront assurées par le Congo, la Côte d’Ivoire, Djibouti, la Mauritanie, le Nigéria et la Zambie pour le Groupe des États d’Afrique; le Bangladesh, le Népal, les Îles Salomon et le Turkménistan pour le Groupe des États d’Asie; l’Arménie pour le compte du Groupe des États d’Europe orientale; Bahamas, Belize et El Salvador, pour le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes; et la Belgique et l’Allemagne, pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États. 

Les cinq derniers sièges sont attribués, comme le veut le règlement, aux membres permanents du Conseil de sécurité: Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni.

ÉLECTIONS DES PRÉSIDENTS ET DES BUREAUX DES GRANDES COMMISSIONS POUR LA SOIXANTE ET ONZIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Les bureaux de quatre des six grandes Commissions de l’Assemblée générale ont été constitués par acclamation.  La désignation du Président de la Sixième Commission a, quant à elle fait l’objet d’un vote.  Le bureau de la Cinquième Commission sera approuvé par l’Assemblée générale ultérieurement.

La Première Commission, chargée des questions du désarmement et de sécurité internationale, sera présidée par M. Sabri Boukadoum, de l’Algérie.  Les Vice-Présidents seront M. Kamapradipta Isnomo, de l’Indonésie; M. Rene Zeleny, de la République tchèque; et Mme Maria Soledad Uruella Arenales, du Guatemala.  M. Darren Hansen, de l’Australie, sera le Rapporteur.

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, sera présidée par M. Vladimir Drobnjak, de la Croatie.  Les Vice-Présidents seront M. Wouter Poels, de la Belgique; M. Juan Antonio Bernard, du Guatemala; et M. Hossein Maleki, de la République islamique d’Iran.  L’élection du Rapporteur aura lieu à une date ultérieure.

La Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, aura pour Président, M. Dian Trianshyah Djani, de l’Indonésie, tandis que les Vice-Présidents seront M. Arthur Andambi, du Kenya; Mme Galina Nipomica, de la République de Moldova; et M. Ignacio Diaz de la Guardia Buena, de l’Espagne.  Le Rapporteur sera M. Glauco Seoane, du Pérou.

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sera présidée par Mme Emma Mejia, de la Colombie, tandis que les Vice-Présidents seront M. Masni Eriza, de l’Indonésie; Mme Karina Wegrzynowska, de la Pologne; et M. Andreas Glossner, de l’Allemagne.  Mme Cécile Mbala Eyenga, du Cameroun, sera la Rapporteuse.

Pour la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, un vote avait été demandé par le Yémen, au nom du Groupe des États arabes, la République arabe syrienne et le Koweït, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

M. Danny Danon, d’Israël, a été élu Président par 109 des 152 États votants et 23 abstentions.  Vingt voix sont allées à des États qui n’étaient pas candidats.  M. Bilal Ahmad, du Pakistan; M. Zoltan Turbek, de la Hongrie; et M. Kaswamu Katota, de la Zambie, ont été désignés par acclamation Vice-Présidents.  M. Isaias Arturo Medine Mejias, du Venezuela, a été désigné Rapporteur.

M. Danon, qui a indiqué être le premier israélien élu à ce poste, a promis de développer et de faire progresser le droit international.  Le représentant du Yémen a rappelé la position de son Groupe selon laquelle Israël viole de nombreuses résolutions des Nations Unies et reste la Puissance occupante des territoires palestiniens.  Par conséquent, a dit son représentant, Israël ne méritait pas de présider la Commission chargée des questions juridiques. 

La représentante de la Norvège, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a regretté le vote demandé par le groupe arabe, qui, selon elle, risque de créer un précédent regrettable pour les élections des présidents de Commissions dans le futur. 

Le représentant de la Turquie a estimé que les États Membres avaient le droit de demander un vote sur cette candidature.  Pour la déléguée des États-Unis, cette désignation aurait dû se dérouler normalement, à l’unanimité, « comme ce fut le cas pour toutes les élections de ce matin ».  « Mais, a-t-elle ajouté, comme Israël n’est jamais traité comme les autres États aux Nations Unies, il a fallu passer au vote.  Cette situation doit changer.  Les Nations Unies doivent montrer l’exemple de la non-discrimination et cesser de repousser systématiquement Israël qui a montré par de nombreuses occasions son appartenance à la communauté internationale. »

Le représentant de la République islamique d’Iran a regretté l’élection à la tête de la Sixième Commission d’un « représentant d’un régime sans foi ni loi ».  « Israël n’a jamais cessé de violer la Charte des Nations Unies depuis des décennies, notamment le droit à l’autodétermination des Palestiniens », a-t-il estimé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Fin de la session du Comité des ONG: 206 octrois de statut consultatif auprès de l’ECOSOC, 235 reports et rejet du « Committee to Protect journalists »

Comité des Organisations non gouvernementales - Reprise de la session de 2016,
30e séance - matin
ECOSOC/6772-ONG/839

Fin de la session du Comité des ONG: 206 octrois de statut consultatif auprès de l’ECOSOC, 235 reports et rejet du « Committee to Protect journalists »

Le Comité des ONG a adopté aujourd’hui le rapport sur sa session de 2016, tenue en deux parties, du 25 janvier au 16 février puis du 23 mai au 1er juin, sous la Présidence de M. Jorge Dotta de l’Uruguay.  Le rapport a été présenté par le Rapporteur, M. Farid Jabrayilov de l’Azerbaïdjan.

Au total, le Comité des ONG a décidé de recommander au Conseil économique et social (ECOSOC), d’octroyer un statut consultatif à 206 ONG et décidé par ailleurs de reporter l’examen de 235 autres demandes à sa session de 2017.  Il a en outre recommandé à l’ECOSOC de prendre acte du changement de nom de cinq ONG, de clore les demandes d’admission au statut consultatif présentées par 24 autres, de retirer, à sa demande, le statut consultatif d’une organisation et de réadmettre au statut consultatif une ONG qui a présenté son rapport quadriennal resté jusque-là en souffrance.

La session du Comité des ONG a été marquée notamment par le refus du Comité de recommander l’octroi du statut consultatif à deux organisations, l’Américaine « Committee to Protect journalists et la Canadienne « Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) ».

Avant l’adoption du rapport, certains délégués ont exprimé des préoccupations au sujet des recommandations visant à améliorer les méthodes de travail.  Le représentant de l’Inde a déclaré que la question n’avait été abordée que dans des réunions informelles et a souligné la nécessité de discuter dans un cadre formel.  De même, le délégué de la Fédération de Russie a regretté que l’incapacité du Comité à prendre une décision ait créé une pile de travail.  Le rapport final note que « des délégations ont demandé plus de temps pour réfléchir aux éléments susceptibles de contribuer à améliorer les méthodes de travail du Comité » et précisent que « des consultations se tiendront à cette fin ultérieurement ».

D’autres délégations sont revenues sur les déclarations faites par les ONG.  Le représentant de la Chine a suggéré de supprimer la mention faite « à l’appui d’une lettre au nom de 230 organisations de la société civile de 45 pays » lors de l’intervention, le 1er juin dernier, de l’ONG « International service For Human Rights ».  La Directrice de cette ONG avait accusé le Comité d’user de « tactiques procédurières » pour retarder, voire empêcher, l’octroi d’un statut consultatif aux organisations des droits de l’homme, avant de lui demander de travailler de manière « apolitique, juste, transparente, non discriminatoire, cohérente et rapide », plutôt que de se faire l’écho des restrictions toujours plus nombreuses imposées à la société civile dans certains pays, alors même que de telles restrictions rendent plus « crucial encore » leur accès à l’ONU.  Pour la Chine, c’était la première fois qu’une ONG a fait une déclaration générale, et le Comité devrait réduire sa couverture sur le rapport.  Cuba a également jugé cette mention problématique. 

Le représentant de la Grèce a au contraire exprimé son soutien à la décision d’inclure cette déclaration dans le rapport.  De même, son homologue d’Israël a rejeté toute accusation de biais dans le rapport, qui reflète selon lui le travail effectué lors de la session.

Composé de 19 membres élus sur la base d’une représentation géographique équitable, le Comité des ONG est un organe permanent du Conseil économique et social depuis sa création en 1946.  Il examine les demandes de statut consultatif et demandes de reclassement présentées par des organisations non gouvernementales.  Une fois qu’une demande a été examinée et approuvée par le Comité, elle est considérée comme recommandée pour le statut consultatif.  Les organisations qui obtiennent le statut général ou spécial peuvent assister aux réunions de l’ECOSOC et faire des déclarations, tandis que seules celles qui disposent du statut général peuvent en outre s’exprimer lors des réunions et proposer des points de l’ordre du jour.  Quant aux ONG qui sont seulement inscrites sur « la Liste », elles n’ont le droit que de soumettre à l’ECOSOC des communications écrites, compte tenu de leur tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent assister à des réunions.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour protéger les civils en période de conflit armé, souligne Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité

7711e séance – matin
CS/12396

Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour protéger les civils en période de conflit armé, souligne Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité, présidé par le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Jean-Marc Ayrault, a organisé aujourd’hui un débat public de haut niveau sur le thème de la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix.

Aujourd’hui, dans la majorité des conflits armés, ce sont les civils qui sont les plus durement touchés, se sont alarmés les 74 intervenants, dont le Président de la République centrafricaine et six ministres africains.

Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour protéger les civils en période de conflit armé, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU.  M. Ban Ki-moon a attiré l’attention des participants sur les recommandations formulées dans son dernier rapport sur cette question qui, a-t-il rappelé, a été placée au cœur du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul et de son Programme d’action pour l’humanité.

Le Secrétaire général a ainsi exhorté le Conseil de sécurité à privilégier une stratégie politique et des approches d’ensemble lorsque sont étudiés les mandats de protection des civils.  De son côté, le Secrétariat est en train d’examiner ses procédures administratives et logistiques afin de voir comment il peut mieux appuyer les opérations de maintien de la paix et accroître sa souplesse et sa capacité de réponse, a-t-il informé.  « Nous continuerons d’exercer une pression sur les gouvernements et les parties aux conflits pour qu’ils se conforment à leurs responsabilités en matière de protection et respectent le droit international », a par ailleurs assuré le Secrétaire général.  Toutefois, « la seule manière de protéger les civils dans les conflits, a souligné M. Ban, est de trouver une solution politique durable fondée sur l’état de droit et les normes des droits de l’homme ».

La situation dans laquelle se trouvent les civils en période de conflit est si grave que le Secrétaire général a publié une déclaration conjointe inédite avec le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), M. Peter Maurer, le 31 octobre 2015, demandant que des mesures urgentes soient prises pour faire respecter le droit international et atténuer les souffrances humaines.  Ce matin, le Président du CICR a rappelé qu’il était très important pour le CICR d’être perçu et compris comme « une organisation humanitaire strictement neutre, indépendante et impartiale ».  Toute sorte de confusion ou de flou entre le mandat politique des missions de maintien de la paix et des principes du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge risque d’entraver notre accès aux populations dans le besoin et de mettre en péril la vie de nos collègues.  Le CICR continuera à assister au mieux les victimes des conflits, a-t-il assuré, en demandant au Conseil et aux Casques bleus de l’ONU d’en faire de même.

Invité à prendre la parole en début de séance, le Président de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadera, a affirmé que, malgré les succès stratégiques enregistrés dans son pays, les capacités de la Mission de maintien de la paix, combinées à celles des Forces de sécurité centrafricaines, n’étaient pas suffisantes pour mettre un terme à la violence contre les civils.

« Nous avons tous en tête les échecs de Srebrenica et du Rwanda », a affirmé le Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France.  Pourtant les Nations Unies ont pris la mesure du défi de la protection des civils, a estimé M. Jean-Marc Ayrault en citant les exemples de la République centrafricaine, de la Côte d’Ivoire et du Mali.  Dans cet effort collectif, le premier engagement de la France est de « continuer à pousser inlassablement pour une action précoce du Conseil lorsqu’il existe un risque d’atrocités de masse ».  M. Ayrault a ainsi demandé une action plus ferme du Conseil pour mettre fin à la guerre effroyable menée par le régime syrien contre son propre peuple.  Il a annoncé la tenue, en février 2017, à Paris, d’une conférence ministérielle sur la protection des enfants dans les conflits armés.

Préoccupé par la crise au Mali dont son pays subit les effets collatéraux, le Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur, M. Alpha Barry, a salué la recommandation faite par le Secrétariat d’augmenter les effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  « Comment des soldats de la paix qui ne sont pas en mesure de se protéger pourraient-ils assurer leur mission de protection des civils? » s’est interrogé, à son tour, le Ministre des affaires étrangères du Tchad, M. Moussa Faki Mahamat, en appelant à ce que la MINUSMA soit dotée des moyens nécessaires et de règles d’engagement « en adéquation avec les réalités du terrain ».

Dans le même esprit, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, M. Aurélien Agbenonci, a demandé que les mandats donnés par le Conseil et les moyens déployés pour leur mise en œuvre répondent aux menaces qui existent sur le terrain.  Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères, de la coopération, des intégrations africaines et des Nigériens de l’extérieur, M. Ibrahim Yacoubou, a déclaré que face à l’évolution de la nature des conflits, il était nécessaire d’assurer une « double protection des civils ».  Il faut, d’une part, éviter de faire des victimes innocentes dans les conflits armés et, d’autre part, veiller à ce que les populations civiles affectées par les conflits soient protégées et préservées dans leur dignité d’êtres humains.

La Secrétaire d’État en charge des affaires étrangères du Nigéria, Mme Khadija Bukar Ibrahim, a assuré que la priorité de son gouvernement était de retrouver toutes les personnes prises en otage par Boko Haram et les groupes terroristes associés.  Elle a jugé impératif que les personnes déplacées et personnes vulnérables de la région disposent de la protection adéquate face à la menace que constitue Boko Haram.  L’importance de former les Casques bleus avant et pendant les missions a été soulignée par le Ministre d’État chargé de la coopération du Rwanda, M. Eugène-Richard Gasana.  Ces formations devraient comprendre la protection des civils et la lutte contre les abus et violences sexuels.  De plus, une chaîne de commandement efficace doit être développée pour répondre à toute menace ou danger contre les civils.  Depuis 2003, l’Union africaine a mandaté le déploiement de plus de 70 000 personnels en uniformes et près de 1 500 civils dans le cadre de neuf opérations de maintien de la paix, a souligné l’Observateur permanent de l’Union africaine, avant de plaider pour un modèle de coopération plus consolidé entre l’ONU et l’Union africaine.  Enfin, tous les participants ont été d’avis que les Casques bleus chargés de la protection des civils doivent avoir une conduite irréprochable.

PROTÉGER LES CIVILS DANS LE CADRE DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Protection des civils en période de conflit armé

Rapport du Secrétaire général sur la protection des civils en période de conflit armé (S/2016/447)

Lettre datée du 27 mai 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies (S/2016/503)

Déclarations

Il est urgent, a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, de prendre des mesures concrètes pour protéger les civils en période de conflit armé.  Il a attiré l’attention des participants sur les recommandations formulées dans son dernier rapport sur cette question qui, a-t-il rappelé, a été placée au cœur du Sommet humanitaire mondial et de son Programme d’action pour l’humanité.  C’est aussi un thème devenu dominant dans l’examen des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de consolidation de la paix, et du cadre femmes, paix et sécurité.

Le Secrétaire général a souligné « le rôle certes modeste mais vital » que les opérations de maintien de la paix peuvent jouer pour protéger les civils.  La protection des civils est une responsabilité qui engage les fonctions essentielles des Nations Unies: droits de l’homme, aspects humanitaires, politiques et de maintien de la paix.

« Les opérations de maintien de la paix sont plus efficaces en matière de protection des civils lorsque la protection est considérée comme une activité qui englobe toute la mission et repose sur une stratégie politique solide », a fait valoir M. Ban.  Le personnel civil joue aussi un rôle essentiel, en participant notamment aux enquêtes sur les abus commis, et la Police des Nations Unies apporte une contribution majeure, en protégeant des dizaines de milliers de personnes déplacées au Soudan du Sud.

Le Secrétaire général a exhorté le Conseil de sécurité à privilégier une stratégie politique et des approches d’ensemble lorsque sont étudiés les mandats de protection des civils.

Pour sa part, le Secrétariat de l’ONU œuvre à apporter des analyses plus rigoureuses des menaces et à mieux conseiller la marche à suivre, en fonction du contexte.

« Nous sommes en train d’examiner nos procédures administratives et logistiques afin de voir comment nous pouvons mieux appuyer les opérations de maintien de la paix et accroître notre souplesse et notre capacité de réponse », a informé M. Ban.

Le Secrétariat fait de son mieux pour appuyer les missions en mettant l’accent sur la performance et la réalisation, a-t-il précisé.  « Nous poursuivrons nos efforts pour prévenir les violations commises par les soldats de la paix et y remédier », a-t-il assuré.

L’ONU a besoin de contingents bien formés et équipés, et les États Membres ont un rôle critique à jouer en fournissant des troupes prêtes à remplir des fonctions de protection, a ajouté le Secrétaire général.  Il a ainsi appelé tous les États à appliquer les Principes de Kigali qui fixent des normes cruciales à cet égard.

« Protéger les civils est une responsabilité à l’échelle du système, mais c’est aux parties au conflit, aux États non belligérants et au Conseil qu’elle appartient au premier chef », a souligné M. Ban.

Son Programme d’action pour l’humanité, a-t-il rappelé, définit des responsabilités, des principes, des actions et des cibles ambitieuses pour améliorer la protection des civils.  Il a annoncé qu’il ferait rapport plus tard à l’Assemblée générale pour proposer des mesures concrètes en vue de mettre en pratique les engagements pris lors du Sommet humanitaire mondial.

De plus, les Nations Unies doivent renforcer leur engagement avec la société civile, les organisations non gouvernementales et les partenaires régionaux.  En République centrafricaine, par exemple, les Nations Unies coordonnent un groupe de partenaires internationaux pour promouvoir la paix et la stabilité. 

« Nous continuerons d’exercer une pression sur les gouvernements et les parties aux conflits pour qu’ils se conforment à leurs responsabilités en matière de protection et respectent le droit international, et qu’ils empêchent que les civils ne subissent les effets nuisibles des conflits, notamment en réduisant au minimum l’impact des explosifs dans les zones peuplées », a promis M. Ban.  Les gouvernements et les parties aux conflits ont l’obligation de pourvoir aux besoins les plus élémentaires des civils, a-t-il insisté.  Si ce n’est pas le cas, « il est essentiel que nous utilisions tous les moyens à notre disposition pour faire en sorte qu’ils rendent des comptes », a-t-il averti.

« Même le maintien de la paix le plus efficace ne peut pas vraiment protéger les civils », a toutefois reconnu le Secrétaire général.  Quelles que soient les stratégies, les ressources et la reddition de comptes, cela n’atténuera pas les conséquences tragiques de la guerre pour les civils. 

« La seule manière de protéger les civils dans les conflits est de trouver une solution politique durable fondée sur l’état de droit et les normes des droits de l’homme », a conclu M. Ban. 

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine, a affirmé que, malgré les succès stratégiques enregistrés dans son pays, les capacités de la mission de maintien de la paix, combinées à celles des forces de sécurité centrafricaine, n’étaient pas suffisantes pour mettre un terme à la violence contre les civils.  La présence continue des groupes armés, anti-balaka ou ex-Seleka, mais également de l’Armée de résistance du Seigneur, pose un défi quotidien, a-t-il dit, en mentionnant également les tensions intercommunautaires et les violences commises contre les femmes et les enfants.  « Nous devons, ensemble, faire plus et mieux pour assurer la protection de la population sur l’étendue du territoire. »

Le Président a affirmé que son pays avait besoin du soutien indéfectible de la communauté internationale, en particulier de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), pour protéger les populations.  La protection des civils, a-t-il souligné, doit rester le mandat prioritaire de la Mission.  Il a demandé un soutien particulier de la communauté internationale « pour former et équiper nos personnels et leur permettre d’assurer leur responsabilité première en matière de protection et de sécurité ».  « Mon pays doit remettre son armée, sa gendarmerie, sa police, mais aussi le système judiciaire, sur place », a-t-il déclaré.

Le Président Touadéra a également souhaité une coordination accrue des opérations sécuritaires et la conduite d’opérations conjointes, en précisant que ces opérations sécuritaires devront s’effectuer en soutien à un processus politique afin de réduire la présence des groupes armés.  Il a plaidé pour « un travail continu en vue de la réconciliation nationale, de la justice et la lutte contre l’impunité, et plus largement de la restauration de l’autorité de l’État et de la promotion des droits de l’homme».  « Ces actions doivent figurer en priorité dans le mandat de la MINUSCA », a-t-il insisté.  Le Président a relevé que le renforcement des capacités de la police et de la gendarmerie demeurait une priorité.

Insistant sur les initiatives de son gouvernement pour encourager la réconciliation, M. Touadéra a indiqué que la République centrafricaine venait d’ouvrir une voie nouvelle en matière de lutte contre l’impunité, en combinant renvoi à la Cour pénale internationale (CPI) et création d’un mécanisme national spécifique renforcé.  Il est important, a-t-il dit, que la communauté internationale mette à notre disposition, dans les meilleurs délais, des experts et des magistrats expérimentés.  Il a aussi promis une lutte sans merci contre la fraude et la corruption.

Le Président de la République centrafricaine a affirmé que l’accompagnement international de son pays devrait se poursuivre dans un « cadre d’engagement mutuel » afin d’appuyer son gouvernement et son peuple.  « Notre souhait est que ce cadre porte sur les défis immédiats », a-t-il déclaré, avant d’indiquer qu’une évaluation du relèvement et de la consolidation de la paix sera menée avec un appui de l’ONU, de l’Union européenne et de la Banque mondiale.  Il a affirmé, en conclusion, que cette évaluation permettra de formuler un plan d’action national prioritaire de relèvement et de la consolidation de la paix qui sera présenté lors de la réunion des donateurs organisée par l’Union européenne à Bruxelles en novembre 2016.

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que comme les Casques bleus et les travailleurs humanitaires agissent sur le terrain, il est très important pour le CICR d’être perçu et compris comme une organisation humanitaire strictement neutre, indépendante et impartiale.  Toute sorte de confusion ou de flou entre le mandat politique des missions de maintien de la paix et des principes du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge risque d’entraver notre accès aux populations dans le besoin et de mettre en péril la vie de nos collègues.  M. Maurer a ajouté que le CICR continuera de protéger sa particularité et de veiller à assister au mieux les victimes des conflits.  Il a demandé au Conseil et aux Casques bleus d’en faire de même.

Le CICR continuera de respecter son propre protocole de sécurité qui est basé sur l’engagement et le consensus avec les belligérants, la transparence concernant son action fondée strictement sur la nécessité de répondre à des besoins.  Le CICR veut continuer de travailler avec les missions de maintien de la paix, les pays contributeurs de police et de troupes et le Secrétariat de l’ONU pour bâtir une coopération fructueuse établie depuis des décennies.  Il est prêt à accroître en volume et de manière approfondie les programmes de formation sur le droit international humanitaire et la protection des civils pour les Casques bleus avant le déploiement et sur le terrain, et à renforcer la protection du dialogue avec toutes les parties.  Le CICR est prêt à aller sur les lignes de front du conflit et avec tous les porteurs d’armes, pour trouver des arrangements grâce auxquels les civils pourront être protégés et le droit international humanitaire respecté.  Souvent, la première étape vers une meilleure protection est de restaurer une confiance minimum entre les belligérants dans les lignes de contact.

Riche de sa longue expérience dans le domaine de la détention, le CICR peut aider le Conseil pour ces moments où les Casques bleus auront probablement à arrêter et mettre en détention des individus, a estimé M. Maurer.  Avant de terminer, il a mis l’accent sur les mesures que le Conseil peut prendre pour assurer une protection efficace des civils, à savoir: augmenter la présence des Casques bleus quand c’est nécessaire pour prévenir la violence, former, équiper et donner des ressources adéquates aux Casques bleus pour qu’ils puissent faire leur travail, élaborer des modèles de procédures d’intervention pour les missions de maintien de la paix mixtes, assurer des normes les plus élevées de comportement et respecter et assurer le respect du droit international humanitaire, en tout temps, y compris l’action humanitaire neutre, indépendante et impartiale.

« Nous avons tous en tête les échecs de Srebrenica et du Rwanda », a affirmé M. JEAN-MARC AYRAULT, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France.  Il a souligné, à la suite du Secrétaire général, que le droit international humanitaire était de plus en plus ignoré par les parties au conflit et que les civils en payaient le prix.  Pourtant les Nations Unies ont pris la mesure du défi de la protection des civils, a-t-il dit, en citant les exemples de la République centrafricaine, de la Côte d’Ivoire et du Mali.

« Face à ceux qui doutent de l’ONU », a-t-il soutenu, ces succès montrent que l’Organisation peut réussir à protéger les civils, en réunissant trois conditions.  La première condition est l’exemplarité, a-t-il dit, en ajoutant que les violences commises par les forces sous mandat des Nations Unies devraient être combattues avec la fermeté la plus absolue.  « En tant que pays contributeur de troupes, il est de notre devoir de saisir immédiatement la justice de toute allégation étayée portée à notre connaissance et de prendre les mesures conservatoires qui s’imposent, tout en respectant la présomption d’innocence », a-t-il souligné.

Mentionnant l’efficacité comme deuxième condition, M. Ayrault a indiqué que celle-ci consistait à fixer un mandat clair sur la protection des civils, « le cas échéant en prévoyant toutes les mesures nécessaires pour les défendre ».  Un mandat clair ne sera efficace que s’il est pleinement mis en œuvre par ceux, civils et militaires, qui doivent le faire respecter, a-t-il dit, en notant là aussi des progrès grâce au dialogue régulier entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes.  Il a souligné également la nécessité de moyens modernes pour les missions opérant dans un environnement sécuritaire dangereux.  « Tirons les leçons de l’histoire: face aux difficultés, le retrait n’est pas une option ».  M. Ayrault a plaidé en faveur du déploiement d’experts judiciaires et des droits de l’homme sur le terrain, ainsi que d’un partenariat avec les autorités judiciaires afin que les criminels arrêtés par les Casques bleus soient bien traduits en justice.

Au titre de la troisième condition, le Ministre a cité l’indispensable volonté politique des pays concernés et de la communauté internationale pour résoudre les causes profondes des conflits et faire prévaloir des solutions politique inclusives et durables.

M. Ayrault a ensuite détaillé la part de la France dans cet effort collectif, en indiquant que son premier engagement était de continuer à pousser inlassablement pour une action précoce du Conseil lorsqu’il existe un risque d’atrocités de masse.  C’est le sens de notre initiative avec le Mexique, mais aussi celle du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), sur l’encadrement du recours au veto lorsque les civils font face à des crimes qui choquent la conscience universelle, a-t-il affirmé.  Le Ministre a demandé une action plus ferme du Conseil pour mettre fin à la guerre effroyable menée par le régime syrien contre son propre peuple.  Il s’est félicité que plus de la moitié des États Membres aient déjà apporté leur soutien à l’initiative précitée, précisant qu’en février 2017 à Paris, une conférence ministérielle sur la protection des enfants dans les conflits armés sera organisée.  La lutte contre l’impunité doit se traduire par un soutien sans faille à la CPI, a-t-il dit.

« Notre deuxième engagement, c’est de défendre une posture robuste dans le maintien de la paix, au service des populations », a-t-il dit.  Au titre du troisième engagement, le Ministre s’est engagé à maintenir la participation de son pays, qui est le deuxième pourvoyeur de troupes parmi les cinq membres permanents du Conseil, aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Encourageant les partenaires à s’engager en faveur de telles opérations, il s’est réjoui « du retour en force » de l’Europe et du Canada.  M. Ayrault a dit la détermination de la France à former 20 000 soldats africains par an et annoncé l’organisation à l’automne à Paris d’une réunion ministérielle sur le maintien de la paix dans les pays francophones.  L’objectif de cette réunion est d’obtenir des promesses concrètes pour la mise à disposition et la formation de personnels servant en pays francophones, a-t-il dit.  M. Ayrault a affirmé que le quatrième engagement de son pays était d’œuvrer pour la tolérance zéro dans les opérations onusiennes.  Chaque fois que nécessaire, la justice doit être rendue sur les allégations de violences et nous appliquerons, comme nous le faisons déjà, cette règle à nos propres forces, a-t-il dit.

« Dénoncer et agir.  Dénoncer pour agir.  Voilà notre responsabilité collective pour être à la hauteur des idéaux qui ont servi d’inspiration à la Charte des Nations Unies », a conclu le Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France.

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, a déclaré que le souci de la protection des civils demeure toujours l’axe majeur dans l’implication du Sénégal dans les opérations de maintien de la paix.  C’est ainsi qu’il a rappelé que son pays avait signé les Principes de Kigali sur la protection des civils et pris, depuis longtemps, un ensemble de dispositions dans le cadre de la protection des civils.  Le Ministre a tenu à souligner la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser davantage en faveur de la protection des civils en période de conflits armés.  Pour ce faire, il importe de renforcer, sous toutes ses formes, la culture de la prévention des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et de lutter contre l’impunité de leurs auteurs quels qu’ils soient. 

Concernant la réforme des opérations de maintien de la paix, le Ministre a indiqué qu’il faudrait continuer et accélérer le processus pour mieux adapter les opérations aux besoins et pressants défis, actuels et futurs.  Pour être efficaces, les opérations de maintien de la paix doivent non seulement s’appuyer sur des mandats clairs, mais aussi être pourvues en ressources financières et en équipement suffisants.  Pour le cas du Mali, a insisté M. Ndiaye, le mandat de la MINUSMA doit être plus robuste, avec des équipements adaptés au contexte de menaces et d’attaques terroristes meurtrières presqu’au quotidien contre les troupes ainsi que des moyens renforcés en logistique et en troupes.  Il a en outre plaidé en faveur d’un plus grand soutien de la communauté internationale à l’Architecture de paix et de sécurité en Afrique pour une meilleure prise en mains par les Africains des conflits qui sévissent en Afrique. 

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a commencé par saluer la décision du Président Hollande d’envoyer des forces au Mali et en République centrafricaine.  Cette réunion intervient à un moment important, où « les Casques bleus prennent des risques énormes dans des régions très dangereuses du monde entier », a-t-elle souligné en évoquant les dernières attaques terroristes contre des soldats de la paix au Mali ou en Somalie.  Elle a aussi dénoncé les violations qu’ils peuvent commettre « lorsqu’ils trahissent la confiance qui leur est accordée ».

S’agissant de l’exécution extrajudiciaire de civils en République centrafricaine par d’anciens soldats, il faut faire en sorte que la commission d’enquête fasse son travail et que les auteurs soient traduits en justice, a ajouté Mme Power.

La représentante a souligné trois moyens par lesquels le Conseil de sécurité pourrait « remédier aux défaillances chroniques en matière de protection des civils ».  Il faut commencer par signaler immédiatement au Conseil les incidents, a-t-elle recommandé. 

À cette fin, il est nécessaire d’améliorer la performance des opérations de maintien de la paix, en dispensant des formations ciblées.  Pour Mme Power, le Secrétaire général doit pouvoir « rapatrier des contingents qui ne sont pas à même ou ne veulent pas protéger des civils ».  Par exemple, a-t-elle rappelé, le Gouvernement soudanais continue de bloquer la fourniture de vivres.  « Si les soldats de la paix ne peuvent se protéger eux-mêmes, comment pourraient-ils protéger des civils? » a-t-elle demandé.  « Le Conseil de sécurité doit faire davantage pour que le Gouvernement soudanais s’acquitte de ses obligations », a-t-elle insisté. 

Ensuite, a précisé la représentante, le Conseil doit améliorer sa planification et anticiper les menaces sur le terrain.  « Nous devons améliorer notre aptitude à faire correspondre la volonté et la capacité avec les mandats », a-t-elle résumé.  Il faut établir un modèle d’intervention dans les situations de crise, notamment pour ce qui est de la protection des civils.  Elle a ainsi proposé de renforcer les pouvoirs du commandant de la force car, a-t-elle fait remarquer, « s’il doit attendre des instructions pendant des heures, il n’est pas en mesure d’agir immédiatement pour repousser une attaque contre un village ».

Mme Power a ensuite encouragé tous les pays fournisseurs de contingents à adhérer aux Principes de Kigali.  Elle a également exhorté l’ONU à y accorder la plus haute importance lors de la sélection d’unités qui seront déployées dans des zones instables.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a souhaité un engagement du Conseil de sécurité dès les premiers signes d’un conflit et appuyé l’idée d’une expansion des missions du Conseil sur le terrain.  Tout en comprenant que l’ONU ne peut pas répondre aux violences contre les civils dans un pays dont le gouvernement n’a pas donné son accord à une intervention onusienne, il a indiqué que l’inaction du Conseil était beaucoup plus difficile à expliquer lorsque la demande de déploiement d’une mission a été formulée par un pays.  Nos appels pour une telle action du Conseil en Ukraine, pays où la population civile continue de souffrir d’une agression militaire étrangère, n’ont pas été entendus, a-t-il regretté.

Dénonçant la guerre menée par des groupes armés illégaux appuyés par les forces militaires russes dans certaines zones du territoire ukrainien, le Ministre adjoint a rappelé que depuis 2014, 90 371 personnes avaient été tuées dans l’est de l’Ukraine.  « Dans une situation où le Conseil est incapable d’assumer ses responsabilités directes, a-t-il fait remarquer, l’Ukraine est obligée d’user d’autres moyens au niveau régional pour établir une présence internationale armée dans les territoires occupés afin de protéger les civils et d’assurer la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk ».

Le Ministre adjoint a ensuite fait part de sa conviction que les opérations de maintien de la paix devraient être dotées de mandats robustes dans le domaine de la protection des civils.  Il a souhaité un renforcement du partenariat stratégique entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine.  L’objectif commun de protection des civils de l’ONU et de l’Union africaine doit se décliner tout au long des activités de maintien de la paix, a-t-il dit.  En conclusion, M. Kyslytsya a souhaité une interaction similaire de l’ONU et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en particulier une contribution de l’ONU aux activités de paix conduites par l’OSCE sur le terrain, lorsque la situation en matière de sécurité est difficile.

M. JOSÉ LUIS CANCELA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Uruguay, a souligné que la tâche de protection des civils ne représentait que le sommet d’une pyramide à la base de laquelle on trouve les efforts réalisés pour examiner les causes sous-jacentes des conflits et renforcer les institutions en vue d’une une paix durable.  « Aucune considération politique ne doit pas primer sur la dimension humaine de la protection des civils », a-t-il ajouté.  Cette tâche doit devenir l’une des pierres angulaires des mandats confiés aux opérations de maintien de la paix.  Il y va de la crédibilité de l’ONU.  

Le représentant a jugé essentiel d’adapter les capacités des opérations de paix aux nouveaux défis.  « Protéger les civils est une tâche pluridimensionnelle qui fait intervenir plusieurs acteurs et n’est pas seulement synonyme du recours à la force.  Cette tâche va beaucoup plus loin que les stratégies d’engagement? », a-t-il estimé.  Pour M. Cancela, la capacité des Casques bleus d’exécuter des tâches de protection dépend de leur aptitude à établir des relations de confiance avec les populations locales et à mettre en place des réseaux de communication, comme le réseau d’alerte rapide de la MONUSCO, et un climat propice à la paix.

Dans des situations extrêmes qui exigent des mesures de protection physique, les soldats déployés doivent être mentalement préparés, convenablement formés et équipés, a ajouté le Ministre adjoint des affaires étrangères.  L’Uruguay adhère aux Principes de Kigali et promeut la mise en œuvre des recommandations découlant du rapport Ramos-Horta, a-t-il souligné.  Le Conseil, a-t-il estimé, doit renforcer sa coopération avec la Cour pénale internationale (CPI).  Il devrait également tenir « un registre des victimes d’attaques de masse », a-t-il ajouté avant de conclure. 

M. IGNACIO YBÁÑEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, s’est dit préoccupé par les attaques accrues perpétrées contre les hôpitaux et centres de soin dans les zones de conflit et a appuyé la récente action du Conseil dans ce domaine.  Les partis au conflit doivent assurer un accès sûr et constant à la population civile, a-t-il dit.  Évoquant la protection des journalistes par temps de conflit armé, le Vice-Ministre a appuyé la nomination d’un représentant spécial pour traiter de cette question.

Les opérations de maintien de la paix, a-t-il insisté, doivent avoir pour objectif prioritaire la protection des civils.  Il a également affirmé que les victimes de conflit devraient être au cœur des efforts de protection, avant de souligner la centralité des solutions politiques pour régler un conflit.  Il a apprécié l’orientation générale des efforts dans le cadre de l’examen des opérations de maintien de la paix de l’ONU, avant de d’assurer que l’Espagne était attachée au programme femmes, paix et sécurité.  Les femmes sont les principales victimes des conflits, a–t-il rappelé, avant d’appuyer le déploiement de conseillers sur les violences sexospécifiques dans toutes les opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Le Ministre adjoint espagnol des affaires étrangères et de la coopération a apporté l’appui de son pays à l’organisation, à l’automne à Paris, d’une réunion ministérielle sur le maintien de la paix dans les pays francophones.  Il a souhaité le renforcement des capacités des Casques bleus, l’élaboration de règles d’engagement claires, ainsi que la nomination des personnes les plus compétentes à la tête des missions de l’ONU.  Il est essentiel, a-t-il souligné, d’éradiquer les violences commises par les Casques bleus.  « Nous devons passer d’une politique de tolérance zéro à une réalité d’incidence zéro », a-t-il dit avant de conclure.

M. MASAKAZU HAMACHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a reconnu l’existence de fossé entre les mandats du Conseil de sécurité et leurs mises en œuvre sur le terrain.  Saluant les efforts des Nations Unies pour faire face à ce problème, le Ministre a ajouté que ces efforts devraient comprendre l’élaboration de lignes directrices et les programmes de formation visant à améliorer la mise en œuvre des mandats sur le terrain par la promotion d’une compréhension commune des actions concrètes sur le terrain.  La protection des civils devrait être entreprise par la mission toute entière, y compris non seulement par les Casques bleus mais aussi la police et le personnel civil. 

Le Japon, a assuré M. Hamachi, reconnaît aussi que le renforcement de capacités du personnel est essentiel pour une mise en œuvre efficace de la protection des civils.  À cette fin, le Japon a octroyé un appui financier aux cours de formations de formateurs des Nations Unies sur la protection des civils.  Il a tenu également à rappeler qu’il revient aux pays hôtes d’assurer la responsabilité de la protection des civils.  Le harcèlement des civils par ces pays hôtes n’est pas acceptable.  Il est ainsi important de clarifier et de promouvoir la compréhension des communautés locales sur ce que peuvent faire et ne peuvent pas faire les Nations Unies, a suggéré le Ministre.  Concernant le retrait futur des opérations de maintien de la paix, il est important de renforcer l’appropriation nationale par le pays hôte et de soutenir le renforcement de capacité, a-t-il souligné.  À cet égard, le renforcement des institutions, y compris la réforme du secteur de la sécurité est essentiel.  Avant de terminer, le Ministre a annoncé que le Japon organisera le mois prochain un débat ouvert sur le thème de la « consolidation de la paix en Afrique ».

M. LIU JIEYI (Chine) a noté que l’opération de maintien de la paix au Mali avait subi des attaques à la bombe et qu’un jeune Casque bleu chinois y avait trouvé la mort le mois dernier.  La Chine, a-t-il poursuivi, appuie le cadre juridique établi pour la protection de civils en période de conflit armé.  Au moment de mettre en œuvre le mandat de protection des civils, les opérations de maintien de la paix doivent « respecter le rôle du pays hôte et maintenir leur objectivité et leur neutralité », a fait valoir le représentant.  Elles ne peuvent pas remplacer les responsabilités et les devoirs des gouvernements et des pays hôtes ou des parties au conflit.  « Elles doivent éviter de devenir une partie à un conflit », a-t-il averti.

Selon le représentant, le Conseil de sécurité devrait prendre en compte les circonstances qui règnent dans les pays hôtes et veiller à ce que les mandats des opérations soient clairs, réalistes et ciblés.  De plus, ils doivent pouvoir être « aménagés selon l’évolution de la situation ».  À cette fin, il faut renforcer les capacités des pays fournisseurs de contingents.

La Chine considère que « la promotion du règlement politique des problèmes dans les foyers de tension est la meilleure façon d’atteindre l’objectif de protection des civils ».  Les opérations de maintien de la paix, a-t-il estimé, devraient donc promouvoir activement le règlement pacifique des différends et mettre en place un environnement propice à la paix.  La protection des civils, a précisé le représentant de la Chine, nécessite de mettre l’accent sur le rôle de l’Union africaine et des organisations régionales et sous-régionales « qui comprennent mieux la réalité en Afrique ».  Il faut également lutter contre les atteintes sexuelles commises par les Casques bleus de l’ONU en appliquant le principe de « tolérance zéro » pour défendre « l’image de marque » et la réputation des opérations de l’Organisation. 

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a mis l’accent sur quatre domaines dans lesquels, a-t-il estimé, des actions sont nécessaires pour améliorer la performance des Nations Unies en matière de protection de civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Les mandats doivent tout d’abord être clairs, réalistes, adaptés aux objectifs et faire part d’une stratégie politique cohérente.  Il faut éviter d’exposer les Casques bleus à des niveaux inacceptables de risques ou établir des attentes en matière de protection qu’ils ne peuvent pas atteindre.  Il faudrait ensuite une bonne compréhension entre toutes les parties prenantes sur la façon de mener les mandats de protection.  La faible coordination reste l’un des principaux problèmes, a-t-il fait observer. 

Les décideurs à tous les niveaux doivent aussi recevoir des informations fiables et au moment opportun concernant les menaces émergeantes et les besoins de protection en cours.  Sur le terrain, cela exige des contacts étroits avec les populations à risque et une compréhension sur le fait que les civils sont pris pour cibles.  Enfin, les mandats de protection doivent être soutenus par la volonté politique nécessaire pour leur permettre de réussir.  Cela signifie pour le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale qu’il faut donner aux missions les ressources et le soutien politique dont elles ont besoin pour remplir leurs mandats.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a estimé que la prévention des conflits était l’approche la plus efficace pour protéger les civils.  Il a rappelé que 60 millions de personnes étaient déplacées dans le monde en raison des conflits et déploré le fait que le personnel humanitaire soit de plus en plus pris pour cible.  Les parties à un conflit agissent en violation du droit international humanitaire, qui a pour principe essentiel la protection des civils, a-t-il regretté.  La crédibilité d’une mission de paix dépend, a-t-il rappelé, de sa capacité à agir lorsque les civils sont menacés.  Rappelant que les opérations de maintien de la paix de l’ONU étaient principalement déployées en Afrique, le représentant de l’Angola a insisté sur la nécessité de renforcer le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  Il s’est ensuite félicité de l’adoption des Principes de Kigali de 2015 sur la protection des civils et appuyé le déploiement de conseillers spécialisés dans le domaine de protection des civils dans chaque mission de l’ONU.  Enfin, il a appuyé sans réserve la recherche de solutions politiques à des conflits dans le cadre de la Charte des Nations Unies.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a constaté que les souffrances des civils dépassaient largement celles des combattants au Moyen-Orient ou en Afrique.  Les civils sont devenus les cibles d’attaques, notamment terroristes, en Syrie, en Iraq, au Yémen, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan, au Soudan du Sud, sans oublier la Palestine.  Ces pratiques odieuses continuent d’être le résultat de l’intolérance et de l’extrémisme et elles sont des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide, dont les responsables doivent être traduits en justice.

À ce jour, 60 millions de personnes sont déplacées à cause des conflits, et on compte plus de 20 millions de réfugiés, a rappelé le représentant.  Les processus d’examen entrepris par l’ONU ont souligné la nécessité de prévenir les crises plutôt que d’intervenir après qu’elles n’éclatent.  Pour sa délégation, les opérations de maintien de la paix doivent jouer un rôle plus actif, et « les stratégies non armées doivent être à l’avant-garde de la protection des civils ».

« La recherche d’une solution politique doit guider l’élaboration, le déploiement et le retrait des opérations de l’ONU sur le terrain », a insisté M. xx        .  Il faut également mettre l’accent sur les capacités des communautés locales pour créer un environnement propice à la protection des civils, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite condamné les pratiques de siège imposées par les parties aux conflits qui font obstacle à l’acheminement d’approvisionnements vitaux.  Toutefois, dans les situations où la population civile est menacée d’une attaque imminente, les troupes doivent être prêtes « à agir de façon robuste ».  Enfin, a conclu le représentant, « la protection des civils ne saurait être utilisée en aucune circonstance pour saper la souveraineté et l’indépendance des États ».  Avant de conclure, il a plaidé en faveur d’un système de protection international pour les populations des territoires palestiniens occupés.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné les échecs enregistrés par l’ONU dans sa mission de protection des civils.  Il n’y a pas d’accord parmi les États Membres de l’ONU sur l’usage de la force par une mission de paix pour protéger les civils, a-t-il rappelé.  Tout en saluant les efforts de la MONUSCO et de sa Brigade d’intervention, il a fait remarquer que la Mission n’avait pas réussi à s’acquitter pleinement de son mandat de protection des civils dans l’est de la RDC.  Il a aussi souligné la difficulté du maintien de l’ordre dans les bases de l’ONU au Soudan du Sud.

Le délégué a souhaité que les missions onusiennes participent à l’instauration d’un environnement favorable à la recherche d’une solution pacifique et contribuent au renforcement du secteur de la sécurité des pays hôtes.  Il a demandé la clarification des règles d’engagement des missions et une participation accrue des pays contributeurs de troupes à la planification des opérations de maintien de la paix.  Le représentant égyptien a, en outre, défendu des actions précoces de ces missions, dès que des violences sont commises contre les civils.  La seule garantie d’une protection efficace des civils est de mettre fin aux conflits, a-t-il estimé, avant de souligner l’importance de solutions politiques aux causes profondes des conflits.

M. VLADIMIR CHURKIN (Fédération de Russie) constatant de nouveaux phénomènes de plus en plus alarmants, a considéré que, pour remédier aux difficultés en matière de protection des civils, « il faut éviter toute mesure unilatérale et faire en sorte que toutes les parties au conflit respectent les décisions du Conseil de sécurité ».  Il est essentiel de trouver des solutions politiques aux crises, a-t-il insisté.   En outre, ce sont les parties au conflit qui sont les premières responsables, mais les pays hôtes ne sont pas toujours en mesure de s’acquitter de cette tâche, a-t-il reconnu.

Le représentant est parti du principe que « les opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent être globales », avec une coordination étroite entre les aspects militaires, politiques et civils.  Il a rappelé les principes fondamentaux du consentement des parties, de l’impartialité, et du non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, « des principes qui malheureusement sont considérés par certains pays comme une entrave ».

Dans certains cas, a estimé M. Churkin, « il est difficile de différencier les civils des combattants » et c’est pourquoi, il est important d’agir avec impartialité.  Si la sécurité des civils est une priorité, la sécurité des soldats de la paix en est une autre.  Il a dénoncé « le risque de lier des missions de maintien de la paix à des opérations ou à des offensives antiterroristes qui ne peuvent être réalisées que par des forces de sécurité nationales ».

Le comportement des soldats de la paix doit, par ailleurs, être irréprochable, a poursuivi le représentant.  Des atteintes sexuelles sont signalées de plus en plus souvent, a déploré M. Churkin en rappelant que c’est le pays qui envoie ses contingents qui est responsable.  « Le fait de dispenser certaines parties de leur responsabilité en la matière est inacceptable », a-t-il tranché.

Enfin, l’Ambassadeur Churkin a signalé au représentant de l’Ukraine que le Conseil de sécurité n’avait pas discuté d’une demande de déployer une opération de l’ONU dans son pays.  Il a reproché à Kiev de ne pas respecter les Accords de Minsk et a demandé aux autorités ukrainiennes d’arrêter de bombarder les institutions civiles du Donbass.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a dénoncé le sentiment d’impunité des parties au conflit qui perpètrent désormais la plus grande barbarie sans être inquiétées.  Il a souligné l’importance et la pertinence des mandats multidimensionnels dont sont désormais dotées les missions de l’ONU, aux fins d’une meilleure protection des civils.  Le programme de protection des civils est désormais fermement ancré au sein de l’ONU et doit être désormais pleinement mis en œuvre, a-t-il dit.  Pointant les tensions entre les impératifs de maintien de l’ordre et de protection des civils, il a invité le Conseil à modifier les mandats des missions, dès lors que la situation le justifie.  Les mandats doivent être réalistes, a-t-il rappelé. En faveur d’un meilleur dialogue avec le pays hôte, il faudrait conclure des « pactes » avec les pays hôtes comme ce fut le cas, récemment, avec la République centrafricaine.  Il a appuyé l’initiative du Secrétaire général « Les droits de l’homme avant tout » en vue d’améliorer la prévention des conflits.  Enfin, le délégué de la Malaisie a souligné l’importance d’un renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, et encouragé la coopération entre les missions de maintien de la paix. 

« Nous échouons à secourir les plus vulnérables », a constaté M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni).  L’ONU a inventé le maintien de la paix, mais trop souvent il n’est pas la hauteur des normes élevées qu’exige, à juste titre, la protection des civils.  Le représentant a recommandé de mieux préparer et équiper les Casques bleus.  L’ONU, a-t-il estimé, a besoin d’« un mécanisme lui permettant de ne choisir que les contingents qui peuvent protéger les civils avec efficacité et de remplacer ceux qui n’ont pas les moyens ou la volonté de s’acquitter de leurs tâches prescrites ».

Les tragédies en Syrie, au Soudan du Sud et au Yémen indiquent qu’il faudrait mieux respecter le droit international humanitaire, a poursuivi le représentant.  Il a dénoncé la famine qui résulte des sièges, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les souffrances inimaginables endurées par les civils et le fait que des pays entiers se trouvent au bord de l’abîme.  Pour dissuader les infractions futures, il faudrait une meilleure application du principe de la responsabilité de protéger, a-t-il estimé.  Les États doivent enquêter sur les crimes perpétrés sur leur territoire et, quand cela n’est pas possible, la Cour pénale internationale a un rôle important à jouer.  Il faudrait déployer des observateurs indépendants au sein des missions de l’ONU et établir un système de rapports au Conseil, a recommandé M. Rycroft.   

« La protection des civils s’étend aux personnes qui risquent tout pour trouver un refuge », a-t-il tenu à préciser, en appelant de ses vœux un cadre pour une meilleure gestion mondiale des migrations.

Mme ISABELLA LOVIN, Vice-Premier Ministre et Ministre pour le développement international, la coopération et le climat de la Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques, a estimé que les opérations de maintien de la paix devraient être dotées des ressources nécessaires à l’exécution de leur mandat.  Le personnel des Nations Unies doit recevoir, avant son déploiement, une formation adéquate dans les domaines de la protection des civils, de la protection des enfants et de la prévention des violences sexuelles, a-t-elle dit, avant d’ajouter que cette formation devrait se poursuivre tout au long du déploiement.  Elle a également souhaité une intensification des efforts de prévention, menés dans la bonne compréhension des réalités locales, voyant dans la prévention un « antidote aux atrocités ».

Mme Lovin a recommandé que les femmes et les filles soient pleinement associées aux stratégies de protection des civils.  Il est nécessaire, a-t-elle dit, de renforcer les normes qui protègent l’humanité.  La Ministre a ensuite condamné les actes de violence commis contre les personnes blessées et le personnel médical.  Enfin, Mme Lovin a appelé à renforcer les efforts humanitaires pour répondre aux crises, en se disant convaincue que les engagements pris lors du  Sommet humanitaire qui s’est récemment tenu à Istanbul constituaient un excellent point de départ.

M. BHIM RAWAL, Vice-Premier Ministre et Ministre de la défense du Népal, a assuré que son pays avait un processus très rigoureux de sélection des soldats de la paix.  Les principes du consentement des parties, de l’impartialité et du non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, doivent être pleinement respectés, a-t-il par ailleurs souligné.  M. Rawal a jugé important d’établir un meilleur équilibre entre ces principes, les réalités sur le terrain et la responsabilité de protéger les civils en période de conflit armé.

Les Casques bleus népalais, a précisé le Vice-Premier Ministre, sont préparés à protéger les civils, en particulier les femmes et les filles, pendant et après les conflits.  Ils reçoivent une formation contre les abus sexuels et développent les meilleures relations possibles avec la population civile, à travers des services communautaires et d’autres mesures de renforcement de la confiance.  Le Népal applaudit la coopération croissante entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de troupes.  Il a souhaité l’allocation de ressources supplémentaires pour les missions dotées de mandats de protection des civils, notamment lorsqu’il s’agit d’héberger de nombreux réfugiés et personnes déplacées.  Enfin, il a mis en garde contre une escalade de la protection qui conduirait à ce que les soldats de la paix de l’ONU ne soient plus perçus comme étant neutres.  

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale du Tchad, a affirmé que la protection des civils, dans des contextes marqués par une insécurité totale, nécessitait « un engagement beaucoup plus proactif allant au-delà de la simple présence des Casques bleus, en s’impliquant davantage dans la prévention, la mobilité et l’intervention active ».  Évoquant la situation au Mali, il a demandé que la MINUSMA soit dotée des moyens nécessaires et de règles d’engagement en adéquation avec les réalités du terrain.  « Comment des soldats de la paix qui ne sont pas en mesure de se protéger pourraient-ils assurer leur mission de protection des civils? »

Le Ministre a invité le Conseil à adapter chacune de ses missions à l’évaluation du contexte dans lequel elles opèrent, en y intégrant la dimension de protection des civils sous toutes ses formes.  L’efficacité des opérations de maintien de la paix passe par une coopération accrue avec les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il affirmé.  Soulignant la nécessité d’une impartialité des missions, le Ministre a déclaré que l’ONU devrait éviter que le concept de protection des civils ne serve de prétexte pour justifier un changement de régime ou une intervention militaire.  Enfin, M. Mahamat a estimé que l’efficacité de la protection des civils demandait un « partenariat exemplaire » entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes et de police.

M. DION (Canada) a annoncé son appui à deux initiatives importantes qui visaient directement la nécessité d’une action rapide et décisive du Conseil de sécurité en cas de violations massives des droits de l’homme.  Tout d’abord, le Canada se joint à la Déclaration politique, présentée par la France et le Mexique, sur la suspension du veto au Conseil de sécurité, en cas d’atrocités de masse.  Le Canada appuie le code de conduite mis en avant par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence concernant les mesures contre les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. 

Le représentant a ajouté que la première responsabilité en matière de protection des civils est de bien évaluer la mise en œuvre des mandats de protection des civils dans les opérations de paix.  Il faut bâtir sur ce qui a déjà été fait.  Ainsi, l’adoption par les Nations Unies de mécanismes plus rigoureux de rendement et de reddition de comptes est un pas dans la bonne direction.  Il en est de même de l’engagement du Secrétaire général à signaler au Conseil de sécurité les échecs de protection des civils.  Ce sont des mesures qui servent l’objectif de l’ONU de lutter, entre autres, contre le fléau de l’exploitation et la violence sexuelles.  « Notre deuxième responsabilité est de s’assurer que les Casques bleus de l’ONU comprennent parfaitement leurs obligations en matière de protection des civils », a indiqué le représentant pour qui les mandats de protection des civils doivent être clairs.  En fonction de l’expérience acquise par les Casques bleus, le Conseil devrait clarifier les mandats afin qu’ils soient compréhensibles tout en reflétant la complexité des missions, a-t-il suggéré. 

M. IBRAHIM YACOUBOU, Ministre des affaires étrangères, de la coopération, des intégrations africaines et des Nigériens de l’extérieur, a déclaré que face à l’évolution de la nature des conflits, il était nécessaire d’assurer une « double protection des civils ».  Il faut, d’une part, éviter de faire des victimes innocentes dans les conflits armés et, d’autre part, veiller à ce que les populations civiles affectées par les conflits soient protégées et préservées dans leur dignité d’êtres humains.  Les personnes réfugiées, déplacées ou celles qui sont retournées dans leur foyer d’origine ont droit à la protection, a-t-il rappelé.  Ceci doit rester une action prioritaire et une valeur constante pour les États.  Pour réussir la mission de protection des civils dans le cadre des conflits actuels, il est indispensable que toutes les opérations de maintien de la paix soient capables d’assurer, de garantir et de défendre la sécurité et la vie des citoyens, civils et militaires, vivant dans les zones d’opération.

Il faut aussi un mandat offensif approprié et spécifique à chaque contexte, a estimé le Ministre, avant d’ajouter qu’il incombait en premier chef aux États de garantir la protection de leurs populations.  Dans cette optique, l’ONU doit davantage travailler au renforcement de leurs capacités d’action et de celles des organisations régionales en la matière.  S’agissant du contenu de la protection des civils en cas de conflit, la protection doit s’entendre comme étant l’accès aux services sociaux de base et la promotion de la résilience des populations dans les zones de conflit.  Le coût de la protection des civils doit comporter le coût des services sociaux minimums à même de garantir une vie décente pour chaque citoyen.  Pour M. Yacoubou, l’action ou les interventions des ONG ne doivent se faire au détriment de la souveraineté des États et de leur responsabilité première en la matière. 

M. IOANNIS KASOULIDES, Ministre des affaires étrangères de Chypre, a rappelé que le rôle de l’ONU ne devrait pas faire oublier que la protection des civils relève avant tout de la responsabilité des États.  Le Ministre a ajouté que son pays accueillait, depuis 1964, une opération de maintien de la paix, l’UNFICYP, dont le mandat comprend des dispositions concernant des activités humanitaires.  L’expérience collective sur les opérations de maintien de la paix a révélé des défis persistants en ce qui concerne la protection des civils.  Dans le même temps, elle a montré que les attentes concernant les capacités des missions sont souvent irréalistes.  Des mesures pour améliorer la situation doivent inclure des évaluations de la menace, la planification et des capacités adéquates, y compris des capacités de déploiement rapide.  Le Ministre a ensuite indiqué que l’efficacité était aussi associée aux mandats qui doivent être liés aux solutions politiques et doivent comprendre des stratégies de sortie viables, toujours guidées par la situation sur le terrain. 

Les mandats devraient être clairs, cohérents et concis, avec des dispositions réalistes, être accompagnés de directives opérationnelles et inclure les dispositions concernant les droits de l’homme là où elles sont pertinentes.  De plus, la nécessité de la formation sur les questions de protection des civils, la violence sexuelle dans les conflits et la protection des enfants, ne peuvent pas être surestimées.  En outre, le personnel d’une mission doit respecter lui-même des normes strictes des droits de l’homme, a souligné  M. Kasoulides.  Le Ministre a ensuite soutenu la politique de tolérance zéro du Secrétaire général pour les abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix.  Les relations de confiance avec les communautés et les organisations locales peuvent contribuer à la prévention des crimes contre les civils, voire des atrocités, et à faire face aux conséquences des violations contre les civils, a-t-il estimé.  Les missions de maintien de la paix pourraient aussi aider un pays d’accueil à mettre en œuvre sa « responsabilité de protéger » et aider le travail de la Cour pénale internationale lorsque celle-ci est impliquée dans un pays d’accueil, a-t-il dit avant de conclure. 

Avec près de 3 000 soldats et policiers déployés dans diverses opérations de la paix, le Burkina Faso occupe le seizième rang mondial dans le classement des pays contributeurs, s’est félicité M. ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur du Burkina Faso.  Dans toute situation de conflit, a-t-il dit, il est important pour les belligérants, qu’ils soient étatiques ou non étatiques, de remplir leurs obligations vis-à-vis du droit international.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit élaborer des mandats clairs en matière de protection des civils et s’assurer que les missions sont dotées de ressources suffisantes pour pouvoir les exécuter.  Il est également important de « faire preuve de réalisme et de souplesse » et d’apporter les ajustements nécessaires aux mandats sur le terrain.   

M. Barry a signalé que les soldats burkinabè déployés au Soudan du Sud manquaient de nourriture et que leur moral en était affecté.  Préoccupé par la situation au Mali, il a salué la recommandation faite par le Secrétariat d’augmenter les effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont le mandat devrait selon lui être renforcé.  « Cette demande est d’autant plus importante que le Burkina Faso subit les effets collatéraux de la crise qui perdure au Mali », a déclaré le Ministre.  Il a rappelé qu’en l’espace d’une année, son pays avait subi une dizaine d’attaques terroristes à ses frontières et à Ouagadougou, en janvier dernier.   

M. AURELIEN AGBENONCI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, a demandé qu’il y ait une adéquation entre les menaces réelles, les mandats donnés par le Conseil et les moyens déployés pour leur mise en œuvre.  La question de la protection des civils doit être constamment abordée comme une préoccupation transversale et multidimensionnelle, a-t-il recommandé, avant de plaider pour des actions de médiation pour contenir l’escalade de la violence.  Le Ministre a prévenu que les relations avec les acteurs locaux et les ONG devraient être abordées « avec une forte dose de circonspection » pour qu’elles deviennent un facteur de stabilisation des situations à risque.  Les ONG méritent d’être considérées comme des partenaires à part entière sur le terrain, a-t-il estimé.  M. Agbenonci a jugé nécessaire que les mandats des missions soient régulièrement évalués pour les adapter aux situations nouvelles qui pourraient survenir.  Les troupes doivent recevoir une formation appropriée, a-t-il préconisé, en déclarant que le Bénin adhérait aux Principes de Kigali.  Enfin, le Ministre a souhaité que la question de la protection des civils reste inscrite à l’ordre du jour du Conseil compte tenu de son importance pour la crédibilité de l’ONU.

Mme LILIANA PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur et de la coopération pour le développement des Pays-Bas, a proposé que pour combler les lacunes entre les principes et la pratique de la protection des civils, il faut être réaliste.  Des stratégies de protection de civils et des plans d’action spécifiques devraient être mis en place après l’adoption des mandats des missions et avant leur déploiement.  Concernant la mise en œuvre des mandats qui est la clef de leur réussite, le Groupe d’experts informel du Conseil de sécurité sur la protection des civils devrait se réunir de manière régulière pour discuter de missions spécifiques.  Il devrait conseiller de façon proactive le Conseil et faire des propositions pour améliorer la protection. 

En outre, il faut un lien fort entre les acteurs sur le terrain et ceux de New York.  Le Conseil de sécurité devrait adopter un nouveau système pour des réunions régulières et transparentes avec les pays contributeurs de troupes ainsi que les organisations non gouvernementales. 

La Ministre a ajouté que les Principes de Kigali méritaient un appui total car ils constituent un engagement politique par les pays contributeurs de troupes et de police à mieux former et équiper leurs Casques bleus, tenir pour responsables ceux qui ne respectent pas leurs mandats.  Le 11 mai 2016, les Pays-Bas ont organisé une manifestation de haut niveau qui a vu 20 pays rejoindre les neuf pays originaux qui ont signé les Principes de Kigali.  Elle a appelé les autres pays contributeurs de troupes et de police à adopter ces Principes.

Mme KHADIJA BUKAR IBRAHIM, Secrétaire d’État en charge des affaires étrangères du Nigéria, a salué les progrès réalisés en matière de protection des civils depuis que le Conseil de sécurité a pris la décision historique, en 1999, de placer la protection des civils au cœur de son mandat et de celui des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Elle a rappelé l’importance de la résolution 1894 (2009) du Conseil de sécurité qui, en exigeant une affectation des ressources à la protection des civils, a permis de traduire en engagements concrets les normes en manière de protection des civils.  

Il est important que les Casques bleus agissent lorsque les civils sont menacés, a-t-elle insisté, en exhortant les États contributeurs de troupes à fournir à ces troupes les formations requises avec le déploiement en matière de protection des civils.  Par ailleurs, elle a dit que la priorité de son gouvernement était de retrouver toutes les personnes prises en otage par Boko Haram et les groupes terroristes associés.  Elle a précisé que 1 000 civils, dont de nombreux enfants et femmes, avaient été repris à Boko Haram.  Elle a jugé impératif que les personnes déplacées et personnes vulnérables de la région disposent de la protection adéquate face à la menace que constitue Boko Haram.  

M. MD SHAHRIAR ALAM, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a réitéré la volonté de son pays de rester l’un des premiers à répondre aux appels à contribution de l’ONU pour des troupes, de police et des moyens.  Le Ministre a souligné l’importance de disposer des renseignements et des technologies qui servent les intérêts vitaux des troupes sur le terrain, en particulier pour améliorer leur capacité à protéger les civils et à assurer leur propre sécurité.  Le Bangladesh est prêt à soutenir l’élaboration de cadre politique et opérationnel sur ces questions d’une manière transparente et constructive.  M. Alam a ajouté qu’il serait irréaliste de penser que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies seront la seule réponse à la protection des civils.  Il est impossible pour les Casques bleus de s’approprier le fardeau de protéger les civils qui est essentiellement une responsabilité des gouvernements nationaux. 

Il est important que les Casques bleus sachent qui protéger, où protéger, et avec quels partenaires.  Le Conseil et les responsables des missions ont la responsabilité de gérer les attentes et de disséminer les bonnes informations pour éviter la confusion, en particulier au sein des populations locales.  En outre, il est très important pour les Casques bleus de l’ONU et les organisations humanitaires de travailler en tandem en cas de crise de protection afin de répondre aux besoins spécifiques des personnes affectées, spécialement les femmes, les enfants et les personnes âgées.  Concernant le rôle des Casques bleus dans la protection des civils en vue d’établir une paix durable, le Ministre a déclaré que les Casques bleus peuvent être chargés d’éteindre les incendies, en cas d’urgence, mais les menaces de ces crises risquent de durer aussi longtemps que les facteurs politiques sous-jacents à ces conflits ne sont pas traités efficacement. 

M. EUGÈNE-RICHARD GASANA, Ministre d’État chargé de la coopération du Rwanda, a déclaré qu’au niveau stratégique, des améliorations étaient nécessaires pour que les missions de maintien de la paix puissent produire des mandats clairs et réalisables.  Il a mis l’accent sur une évaluation des besoins sur le terrain, ainsi que des rôles et responsabilités des Casques bleus.  Puis, le Conseil de sécurité doit intégrer le fait que toutes les phases d’un mandat comprennent des solutions politiques qui permettraient aux pays d’aller de l’avant avec la garantie que la rechute n’est plus imminente.  En outre, les Casques bleus doivent se voir assigner des tâches claires et intelligibles pour protéger les civils.  

Le Ministre a souligné l’importance de former les Casques bleus avant et pendant les missions.  Ces formations devraient comprendre la protection des civils et la lutte contre les abus et violences sexuels.  De plus, la direction des missions doit être renforcée pour qu’une chaîne de commandement efficace puisse être développée et répondre à toute menace ou danger contre les civils.  M. Gasana a dit que « nous devons être centrés sur les personnes si nous voulons entreprendre des missions avec des mandats qui visent à protéger les populations ».

M. CARLOS FORADORI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, a mis l’accent sur le rôle fondamental des femmes et des jeunes dans la protection des civils, le maintien de la paix et la consolidation de la paix.  Il a dit l’importance des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix en matière de protection des civils. 

Il a dit que la protection des civils ne devait pas se limiter à des options militaires et a souligné l’importance de stratégies non armées de protection des civils.  Le plus important est la formation spécifique des contingents, a-t-il insisté, en souhaitant que les pays hôtes et pays fournisseurs de contingents soient consultés sur les manières d’appliquer les activités de protection des civils des civils.  Il a appuyé aussi le recours aux nouvelles technologies pour la protection des civils conformément à la Charte des Nations Unies. 

En outre, il a mis l’accent sur le principe de « non-indifférence des États » avant de souligner la responsabilité collective et proactive de ces derniers dans la mise en œuvre des mesures de protection des civils. 

M. CHOI JONG-MOON (République de Corée) a affirmé que les mandats des missions devaient être adaptés aux réalités locales et ne pas suivre un modèle unique.  Il a défendu un engagement renforcé avec les parties prenantes, y compris les communautés locales, et a invité le Conseil à élaborer des mandats séquencés, permettant une application plus réaliste de ses résolutions. 

Le délégué a souhaité une responsabilisation accrue des troupes onusiennes, en particulier en ce qui concerne les récents cas de violence sexuelle, « une source de préoccupation pour tous ».  Le délégué de la République de Corée a dit sa vive préoccupation devant le manque de protection des civils dans les zones assiégées en Syrie.  Enfin, il a appuyé l’initiative franco-mexicaine visant à suspendre l’usage du droit de veto en cas d’atrocités de masse et exhorté le Conseil à prendre les mesures nécessaires à la protection des civils dans les zones de conflit.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a dit que la protection des civils était l’une des missions les plus urgentes du maintien de la paix.  Afin de la remplir, quatre axes essentiels s’imposent du point de vue allemand.  Premièrement, il relève de la responsabilité du Conseil de sécurité d’ancrer profondément la protection des civils dans les mandats des opérations de maintien de la paix et de soutenir ces opérations sur le plan politique et opérationnel lorsqu’une menace accentuée de civils est évidente.  Deuxièmement, le personnel de maintien de la paix doit être suffisamment protégé pour pouvoir s’engager de manière efficace pour la protection des civils.  Troisièmement, il faut adopter de bonnes pratiques par les opérations de maintien de la paix. 

L’Allemagne salue l’élaboration des Principes de Kigali sur la protection des civils, qui représentent un engagement politique important de la part des États en faveur de la protection des civils lors des opérations de maintien de la paix.  La Mission de l’Allemagne a transmis hier même une note verbale à propos des Principes de Kigali à la représentation permanente du Rwanda auprès des Nations Unies.  Quatrièmement, il faut renforcer les activités policières.  Les services de police jouent un rôle crucial lors des opérations de maintien de la paix, surtout en ce qui concerne la protection des civils dans des conflits armés.  En rétablissement ou en maintenant l’ordre public, les services de police créent les conditions permettant aux populations civiles de retrouver leur quotidien.  La Police des Nations Unies permet également aux gouvernements hôtes d’assumer leurs responsabilités quant à la protection des civils. 

Mme KUSPAN (Kazakhstan) a jugé nécessaire, pour améliorer l’efficacité des missions de maintien de la paix, d’assurer une synergie étroite du Conseil avec ces missions, et ce, bien avant d’établir leurs mandats.  Le Conseil devrait adopter une stratégie focalisée sur la planification de la gestion des crises, « une planification impliquant le personnel militaire et appuyée par la suite par le Département des affaires politiques », a-t-elle dit.  Elle a souhaité que les représentants spéciaux disposent d’un mandat clair et fort.

La déléguée a estimé qu’il était primordial de concentrer les efforts sur le renforcement des capacités des pays d’accueil, « tout en adoptant une feuille de route sur la protection des civils aux niveaux national et local ».  Cela demande des ressources adéquates et des formateurs compétents, a-t-elle poursuivi.  Elle a indiqué que le comportement des Casques bleus devait être irréprochable et prôné la tolérance zéro en ce qui concerne les abus sexuels.  Enfin, elle a rappelé que son pays fournissait des observateurs militaires à la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KOBSAK CHUTIKUL, Envoyé spécial du Premier Ministre de la Thaïlande, a déclaré qu’une des conclusions clefs du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix est qu’il était important que les capacités des opérations de maintien de la paix soient à la hauteur des ambitions en matière de protection des civils.  Comme souligné par la Commission de consolidation de la paix (CCP), il est indispensable de consolider la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de troupes et le Secrétariat. 

Par ailleurs, il a déclaré que la protection des civils ne pouvait se résumer au recours à la force mais devait aussi s’appuyer sur des stratégies non armées de protection des civils dans les missions de maintien de la paix.  Parmi ces mesures non armées, il a cité la mise en place de mécanismes d’alerte précoce des risques et le renforcement des capacités des pays hôtes en termes de protection des civils.  Il a jugé particulièrement fondamental de renforcer de manière durable le secteur de la sécurité des pays hôtes, en particulier des forces armées et de la police.  

M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne de Monténégro, a proposé deux voies pour remédier à la violence qu’endurent les populations civiles et les violations du droit international.  La première voie est la prévention et la résolution pacifique des conflits.  La deuxième voie consiste à focaliser sur la conception et la mise en œuvre des mandats de protection civile.  Les mandats doivent être adaptés aux conditions sur le terrain. 

Les Casques bleus doivent être pourvus des ressources et des capacités nécessaires pour agir plus efficacement.  En outre, les nouvelles technologies peuvent aussi aider à améliorer la sécurité des Casques bleus ainsi que la capacité des Nations Unies à protéger les civils et à mettre en œuvre plus efficacement les mandats.

M. TANMAYA LAL (Inde) a déclaré que la protection des civils devait revenir aux professionnels qui sont formés pour cela.  Mais la principale responsabilité de protéger les civils revient aux gouvernements nationaux.  Le représentant a ajouté qu’en cas d’effondrement des institutions étatiques, il faut concevoir des solutions robustes pour protéger les civils.  Dans ces situations, les opérations de maintien de la paix doivent avoir des mandats clairs.  Elles devraient pouvoir agir en fonction d’informations très précises, et mener des actions offensives.

Après avoir évoqué les inconvénients de ces approches, le représentant a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’avoir des consultations régulières sur ces questions.  Mais en définitive, a ajouté le représentant, la résolution de conflits est une question politique qui doit être abordée avec une approche politique.  Avant de terminer, le représentant a énuméré la contribution de son pays à la protection des civils et aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis le début.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a fait état d’un bilan mitigé de l’efficacité du Conseil de sécurité et de l’ONU en général en matière de protection des civils, en regrettant que des États Membres de l’ONU aient empêché des interventions qui auraient pu préserver des vies.  Il a ajouté que le respect des principes du droit international humanitaire, du droit des réfugiés et des droits de l’homme en général était une condition préalable au renforcement de la protection des civils. 

Il a dit la nécessité de faciliter la participation des acteurs locaux dans toutes les stratégies de protection des civils dans le but, notamment de développer des mécanismes d’alerte précoce et d’anticiper.  Il a souligné l’importance du déploiement de conseillers en protection des civils au sein des missions de maintien de la paix, avant de juger essentielle la participation de femmes Casques bleus.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a appelé à exploiter tout le potentiel qui existe entre la non-action et l’emploi de la force en matière de protection des civils.  Il a affirmé que l’expérience montrait que les mesures militaires n’étaient pas toujours la meilleure solution.  Il a appelé à des mesures judicieuses, proportionnelles qui se limitent aux mandats des missions.  Parmi les mesures non militaires de protection des civils, il a notamment cité la promotion du dialogue avec les acteurs locaux. 

Il a salué la décision du Secrétaire général de déployer des conseillers de haut rang en matière de protection des civils dans les missions de maintien de la paix.  Il a indiqué que les troupes et policiers brésiliens déployés dans 10 missions de maintien de la paix et missions politiques spéciales allaient continuer d’être formés pour être en mesure de s’acquitter de leurs responsabilités en matière de protection des civils.  

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a déclaré que 2016 devrait être l’année de l’évaluation et de l’amélioration de la protection des civils au sein des Nations Unies.  Il a ajouté que la protection des civils en temps de conflit revenait en premier aux gouvernements nationaux.  Dans le cadre du déploiement de missions de protection de civils, les Nations Unies et les pays contributeurs de troupes doivent collaborer étroitement avec les pays hôtes dans l’élaboration du mandat de la mission.  Pour le représentant, le recours à la force doit être la dernière solution et devrait se faire en consultation avec le pays hôte.

Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par les abus sexuels commis par les Casques bleus dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Il a appelé à rendre plus efficace l’action de Secrétariat sur le suivi du personnel impliqué dans ces abus.  En outre, il faut renforcer les mécanismes de réaction rapide contre ces abus.  Plus globalement, le représentant a suggéré que les missions de protection des civils et les opérations de maintien de la paix devraient être intégrées dans le système des Nations Unies dans leur ensemble.  Il a aussi mis l’accent sur l’importance d’une meilleure communication et de la nécessité d’améliorer la coopération entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité, les pays hôtes et les pays contributeurs de troupes.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a avoué être préoccupé par le fait que certaines parties aux conflits persistent à violer les droits fondamentaux des civils pendant les conflits armés.  Il a fermement dénoncé le refus de l’accès des civils à l’aide humanitaire.  Il a préconisé que pour remédier à ces situations, il faut une bonne coordination du travail de protection des civils entre les Nations Unies et les pays hôtes.  Les missions de maintien de la paix devraient être dotées de mandat clair, a ajouté le représentant pour qui la protection civile revient en premier aux États. 

Mais les Nations Unies doivent aider les efforts des pays d’accueil afin d’aider les gouvernements nationaux dans l’élaboration de mission de protection des civils.  Il a aussi suggéré le renforcement de la reddition des comptes afin de tenir responsables les auteurs de violations du droit international humanitaire.  Enfin, il a exhorté à encourager les parties au conflit à s’engager sur la voie de la résolution pacifique des conflits.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a dit que les attaques aveugles contre les civils étaient largement répandues dans de nombreux conflits contemporains alors que des acteurs méprisaient les normes internationales en matière de protection des civils.  Il a précisé que le récent Sommet humanitaire mondial d’Istanbul avait été l’occasion de réitérer le fait que le droit international humanitaire, les droits de l’homme et le droit des refugiés étaient plus pertinents que jamais.  « Établir les responsabilités est une question centrale pour avancer dans le domaine de la protection des civils », a-t-il affirmé. 

Il a dit la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de lutter contre l’impunité et d’appuyer les travaux de la Cour pénale internationale (CPI).  Le représentant de la Suisse a souligné l’importance de mandats qui comprennent des lignes directrices claires s’agissant des mandats de protection des civils.  À cet égard, il a salué la décision du Secrétaire général de créer des postes de conseillers en protection des civils auprès des opérations de maintien de la paix.  

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que la conduite des opérations de maintien de la paix devait être régie par les conditions propres à chaque mission et non par des considérations politiques ou financières.  Elle a souligné que la protection des civils ne devait pas uniquement être abordée à la lumière de considérations militaires. 

Elle a déclaré que la protection des civils devait être examinée sous l’angle d’actions politiques et du renforcement des capacités des acteurs nationaux.  En tant qu’un des principaux pays fournisseurs de troupes de maintien de la paix du monde, la représentante du Pakistan a fait observer que l’expérience de son pays montrait que l’on pouvait protéger les civils grâce à la dissuasion, sans recours à la force. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré que le triste constat qui s’imposait à nous était que les populations civiles sont les principales victimes des conflits.  Elle a ajouté que le corolaire de ce constat est la nécessité absolue pour le Conseil de sécurité de faire montre de détermination et de cohérence pour assurer le respect du droit international et la protection des civils.  Elle s’est félicitée du cadre normatif et des mandats ambitieux développés par le Conseil de sécurité en relation avec les groupes les plus vulnérables: les enfants et les femmes.

Elle a cité le développement depuis 2000 du programme « Enfants et conflits armés » et du programme « femmes et paix et sécurité ».  Elle a dit l’importance de la politique de tolérance zéro en matière d’exploitation et d’abus sexuels avant de saluer la décision du Secrétaire général d’exclure des opérations de maintien de la paix les forces nationales visées à l’annexe de ses rapports. 

Pour marquer son engagement, le Luxembourg a décidé de faire une contribution volontaire de 135 000 euros, soit environ 150 000 dollars, pour soutenir le travail de la Coordonnatrice spéciale, Mme Jane Holl Lute, et de son équipe, en vue d’améliorer les moyens d’action de l’ONU face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a rappelé que la protection des civils, qui est une responsabilité des gouvernements, est un principe fondamental du droit international humanitaire, et une obligation des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  La crédibilité et la légitimité des Casques bleus dépendent largement de leur volonté et de leur capacité à agir lorsque des civils sont sous la menace. 

Mais en dépit des progrès dans les normes et les cadres de protection des civils, la performance de l’ensemble des opérations de maintien de la paix est mitigée.  La mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix offre une importante occasion d’incorporer la protection des civils au cœur du maintien de la paix. 

Le Groupe souligne que les mandats de protection sont une tâche à l’échelle de la mission impliquant les troupes, la police et le personnel civil et utilisant tous les moyens à leur disposition.  Mme Bird a, enfin, mis l’accent sur l’importance de la reddition de compte dans l’amélioration de la protection des civils par les opérations de maintien de la paix.   

Mme BENEDICTE FRANKINET (Belgique) a dit que la crédibilité des opérations de maintien de la paix dépendait largement de la volonté politique et de la capacité d’agir lorsque des civils étaient menacés.  À cet égard, elle a fait trois remarques.  Premièrement, elle a jugé indispensable d’adopter les Principes de Kigali sur la protection des civils auxquels la Belgique a souscrit récemment, par lesquels les États Membres se sont engagées à s’acquitter pleinement des mandats relatifs à la protection des civils. 

Ensuite, elle a appelé à faire davantage pour veiller à ce que tous les membres du personnel soient mieux préparés à protéger les civils.  À cet égard, elle a expliqué que la Belgique prendrait la direction de la mission européenne au Mali pour l’entrainement des troupes maliennes à partir de l’été 2016 en étroite collaboration avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Enfin, elle a dit qu’une meilleure protection des civils lors des conflits armés impliquait d’anticiper la survenance de ces derniers.  Elle a ajouté que l’initiative « Les droits de l’homme avant tout » du Secrétaire général apportait une contribution significative en ce domaine.   

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a réitéré l’appui de sa délégation à l’initiative française de limiter le veto dans le cas d’atrocités de masse et a appelé les autres membres permanents du Conseil à en faire autant.  Saluant la reconnaissance par le Conseil du fait que l’obligation de protéger incombe aux États, le représentant a ajouté cela signifie qu’il faut accorder plus d’attention à la protection des civils dans le processus d’élaboration des résolutions du Conseil de sécurité. 

Les mandats des missions de maintien de la paix devraient être faits sur mesure et les ressources devraient correspondre aux défis sur le terrain.  Les mandats devraient être revus quand le besoin se fait sentir sur la base de l’évaluation de la situation sur le terrain.  Cela requiert une étroite coopération avec les pays contributeurs de troupes et de police et le Secrétariat ainsi que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix dans la phase de mise en œuvre du mandat.

La formation des Casques bleus demande aussi une plus grande attention.  Elle devrait les doter d’une vision claire des priorités de la mission avec un objectif général de protéger les plus vulnérables.  C’est pourquoi la Pologne a décidé de signer les Principes de Kigali sur la protection des civils et appelle tous les pays contributeurs de troupes et de police à les endosser aussi. 

Le représentant a également appelé pour la stricte mise en œuvre de la politique de tolérance zéro envers les actes d’exploitation et d’abus sexuels commis par le personnel de maintien de la paix.  Il a souligné la nécessité du partenariat avec les acteurs locaux et régionaux présents sur le terrain. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a estimé qu’une protection des civils efficace requiert des mandats clairs, avec des priorités, des troupes bien formées, des équipements adéquats, et un rôle renforcé des organisations régionales.  Les mandats doivent être clairs pour permettre aux missions de travailler et faire tout en même temps sans risque d’échouer.  La formation devrait notamment inclure des cours sur la protection et la promotion des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Concernant les organisations régionales, l’Italie continuera la relation entre les Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine qui a renforcé sa capacité à gérer les crises. 

S’agissant de la prévention, des solutions politiques négociées, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le pouvoir de prévention de la justice, le renouveau de la diplomatie préventive sont les meilleurs moyens de garantir une protection efficace des populations civiles.  Le représentant a aussi souligné l’importance des mécanismes d’alerte précoce comme le cadre d’analyse des atrocités criminelles et l’initiative « Les droits avant tout ».

M. IOANNIS VRAILAS, de la délégation de l’Union européenne, a indiqué que les besoins spécifiques de femmes et des enfants nécessitaient une attention particulière, ces derniers étant les plus affectés par les conflits.  Il a rappelé que 10 missions de l’ONU sur 16 étaient dotées d’un mandat comprenant des dispositions sur la protection des civils.  Il a indiqué qu’une meilleure exécution de ces mandats exigeait une planification améliorée des missions et une compréhension plus fine de la manière dont les pays hôtes peuvent être soutenus dans leurs efforts visant à la protection des civils.

Le délégué a défendu une coordination plus étroite entre l’ONU et les organisations régionales.  Le mandat des opérations de maintien de la paix doit être clair, cohérent et réaliste, a-t-il dit.  Il a souligné l’importance d’une formation appropriée pour le personnel onusien et prôné une politique de tolérance zéro pour les abus sexuels que les membres de ce personnel pourraient commettre. 

Enfin, M. Vrailas a affirmé que les opérations de maintien de la paix devaient jouer un rôle critique dans l’appui à apporter aux pays hôtes dans la mise en œuvre de leur responsabilité de protéger.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a regretté que les plus terribles violations des droits de l’homme se déroulent dans les situations de conflit et frappent majoritairement les femmes et les enfants.  Il a appelé à des efforts renouvelés pour que les opérations de maintien de la paix deviennent plus efficaces dans le domaine de la protection des civils et de l’aide humanitaire en général. 

Il a appuyé la proposition de la France du supprimer le droit de veto dans tous les cas concernant des massacres de masse.  Il a jugé irresponsable le veto auquel a recouru un État Membre au printemps 2009 qui a amené au démantèlement d’une mission de maintien de la paix en Géorgie.

M. JON JINGA (Roumanie) a dit que la protection des civils était un défi majeur alors que 93% des victimes des conflits sont aujourd’hui des civils.  Il a ajouté que la réalité des nombreux conflits en cours devait nous presser de rappeler que la responsabilité de protéger est d’abord du ressort des pays hôtes. 

Il a appuyé l’initiative de la France et du Mexique visant à encadrer le recours du veto au Conseil de sécurité pour des situations connaissant des atrocités de masse.  Il a estimé qu’il incombait aux pays hôtes des missions et à la communauté internationale de fournir aux personnels des opérations de maintien de la paix les moyens de déceler les indicateurs de possibles massacres.  Il a précisé qu’au cours des 25 dernières années, 10 000 Casques bleus roumains avaient participé à des missions de maintien de la paix sans jamais être impliqués dans des abus de droits de l’homme. 

M. TÉTE ANTONIO, de l’Union africaine, a affirmé que la pratique de l’Union dans le domaine du maintien de la paix était basée sur le principe de « non-indifférence à la souffrance humaine ».  Depuis 2003, l’Union africaine a mandaté le déploiement de plus de 70 000 personnels en uniforme et près de 1 500 civils dans le cadre de neuf opérations de maintien de la paix, a-t-il dit.  L’Union s’attelle aussi au renforcement de ses capacités à long terme à travers l’opérationnalisation de la Force africaine en attente qui prévoit une capacité de déploiement rapide en cas de génocide, de crime de guerre ou de crime contre l’humanité. 

Il a précisé que cette intervention pouvait se dérouler avec ou sans le consentement de tout État Membre dont la vie des populations se trouve menacée.  Enfin, il a plaidé pour un modèle de coopération plus consolidé entre l’ONU et l’Union africaine et demandé la consolidation du partage de responsabilités en train d’émerger, dans lequel l’Union agit comme premier intervenant pour stabiliser la situation, créant les conditions pour le déploiement d’une OMP de l’ONU.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a souligné la nécessité, aux fins d’une meilleure protection des civils, de faire en sorte que toutes les parties s’acquittent de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  L’initiative « les droits humains avant tout » et la responsabilité de protéger sont des instruments de prévention essentiels qui doivent être utilisés pour renforcer les capacités nationales de détection et de réponse aux signes précoces de la commission de crimes atroces.

Il a appuyé l’initiative franco-mexicaine de suspension du droit de veto en cas d’atrocités de masse, avant de juger cruciale l’élaboration de stratégies de protection des civils en étroite coopération avec le pays hôte, les pays contributeurs et tout autre acteur pertinent.  Enfin, le délégué a affirmé qu’une plus grande représentation des femmes parmi le personnel onusien était essentielle pour combattre la violence sexuelle et promouvoir l’égalité entre les genres auprès de la population du pays hôte.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a recommandé que l’action de la communauté internationale en faveur des civils aille au-delà du maintien de la paix traditionnel et du recours à la force.  Il est essentiel de relever les défis sociaux et économiques reflétés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ensuite, a-t-il souligné, la priorité doit être de régler les conflits de manière pacifique, impartiale et non sélective.  Il a dénoncé « l’échec » du Conseil de sécurité concernant les dossiers de la Palestine et du Sahara occidental, qui « sape sa crédibilité ».

De plus, a recommandé le représentant, il faut prendre des mesures afin de renforcer la reddition de comptes pour les crimes commis contre des civils.  Quant aux opérations de maintien de la paix, elles doivent être correctement équipées et financées.  Les opérations dotées d’un mandat explicite de protection des civils doivent pouvoir utiliser la force en dernier recours contre ceux qui obstruent le processus de paix et menacent les civils.  Il a cité en exemple la brigade d’intervention de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Saluant aussi les efforts de l’Union africaine au Darfour et en Somalie, il a rappelé combien il lui est important de pouvoir compter sur des ressources prévisibles.   

M. PHILIPP CHARWATH (Autriche) a souligné la nécessité que la protection des civils soit placée au centre du mandat des opérations de maintien de la paix, ajoutant que leur mandat ne pouvait pas être interprété à travers le seul prisme militaire et policier.  Le personnel onusien doit recevoir une formation appropriée, a-t-il dit, invitant les pays contributeurs de troupes à améliorer leurs pratiques en la matière.

Il a ajouté que ces formations devaient faire l’objet d’une certification.  Dans les pays où il n’y a pas d’opérations de maintien de la paix, le délégué de l’Autriche a plaidé pour le plein respect du droit international humanitaire et une lutte résolue contre l’impunité, la Cour pénale internationale (CPI) devant jouer à ce titre un rôle de premier plan.  Enfin, il a mis l’accent sur le renforcement de la capacité de médiation et de prévention des conflits de l’ONU.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a accordé une importance particulière aux besoins des femmes et des enfants en période de conflit armé.  Dans le cadre des opérations de maintien de la paix, il a jugé cruciales les relations avec les acteurs locaux et les organisations non gouvernementales, et la coopération avec les organisations internationales et régionales, dans la confiance et la transparence. 

Préoccupé par le mépris du droit international humanitaire manifesté par certains États et groupes armés non étatiques, le représentant a dit qu’il était essentiel que des organisations comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Mouvement du Croissant-Rouge et Médecins sans Frontières (MSF) puissent aider les civils dans le besoin sans devenir elles-mêmes des cibles.  Enfin, l’Estonie appuie la formation de toutes les troupes pour mieux faire comprendre le besoin de protéger les civils et l’idée d’avoir des conseillers pour la problématique hommes-femmes dans toutes les opérations de maintien de la paix.      

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés, a indiqué que la priorité devait être donnée à l’observation par les États Membres de leurs obligations qui découlent de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire, en particulier les quatre Conventions de Genève de 1949.  Il a condamné les attaques accrues perpétrées contre le personnel humanitaire et jugé essentiel qu’un pays donne son consentement à la conduite d’opérations humanitaires sur son sol.

Il a rappelé que la responsabilité de la protection des civils incombait au premier chef au pays hôte, ajoutant que les efforts de l’ONU ne venaient qu’en complément de ceux des autorités nationales.  « Nous reconnaissons une nouvelle fois l’importance que les opérations de maintien de la paix de l’ONU soient menées, s’agissant de la protection des civils, en coordination avec les pays hôtes, y compris avec les autorités locales, a-t-il dit. 

En conclusion, M. Khoshroo a appuyé l’appel lancé par la Palestine pour une protection du peuple palestinien.

Mme KADRA AHMED HASSAN (Djibouti) a expliqué que son pays ne disposait pas encore de structures dédiées au droit international humanitaire, mais qu’il avait commencé à renforcer les capacités de ses troupes déployées à l’extérieur.  « Djibouti, en tant qu’État partie à la Convention de Genève, a participé aux consultations initiées par le Gouvernement Suisse et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) entre 2012 et 2015 visant à identifier les moyens de renforcer le respect du droit international et humanitaire », a-t-elle précisé. 

La représentante de Djibouti a remercié la Suisse et le CICR pour les différentes options et recommandations soumises à l’examen des membres de la trente-deuxième Conférence internationale du CICR qui s’est réunie en décembre 2015.  Elle a formé le vœu que le processus intergouvernemental entamé pour parvenir à un accord sur les fonctions et modalités d’un forum des États pour le droit international humanitaire produise les résultats escomptés. 

M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a déclaré que la souffrance des populations civiles dans les conflits armés continuait sans relâche.  Les appels aux parties en conflit à respecter les normes qui préservent l’humanité doivent être suivies d’actions concrètes par le Conseil de sécurité.  Plus important encore, a ajouté le représentant, le Conseil devrait référer les situations d’impunité à grande échelle, comme en Syrie, à la Cour pénale internationale et assurer un suivi.  Il a appelé les États Membres à ratifier le Statut de Rome, à fournir un appui politique, technique et financier adéquat à la Cour pénale internationale. 

Il a ajouté que les Nations Unies et la CPI étaient des organisations complémentaires partageant les mêmes valeurs.  Le Conseil devrait toujours charger les missions de paix à soutenir le travail de la Cour sur le terrain.  Il est aussi essentiel que les missions de maintien de la paix appliquent la politique du Secrétaire général en évitant les contacts non essentiels avec les fugitifs de la justice pénale internationale.  Elles peuvent aussi jouer un rôle important en prévenant et en mettant fin aux crimes d’atrocités.

M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé que la protection des civils incombe en premier lieu aux États.  Néanmoins, « force est de constater qu’en période de conflit, les capacités de ces États sont insuffisantes, voire inexistantes ».  Dans ce cas, a-t-il dit, la communauté internationale a la responsabilité de les soutenir, soit en renforçant leurs capacités et en leur accordant les moyens nécessaires, soit en déployant une opération de maintien de la paix.  À cet égard, toute intervention doit respecter les principes d’égalité, d’indépendance, de souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.

M. Hilale a jugé souhaitable de privilégier une approche préventive.  C’est-à-dire que les missions devraient déployer des dispositifs de protection afin que les civils ne soient pas les cibles des groupes armés.  En outre, il a conseillé d’adopter la composition de la force en fonction des différentes phases de protection.  Ensuite, le soutien à l’acheminement de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin doit demeurer une des priorités des missions. 

Enfin, la présence d’une opération de maintien de la paix doit pouvoir faciliter la mise en place d’un environnement propice à la protection des civils, en contribuant notamment au renforcement de l’état de droit.  Par ailleurs, les Casques bleus chargés de la protection des civils doivent avoir une conduite irréprochable, a insisté le représentant.  Les troupes marocaines déployées avec l’ONU depuis plus de 60 ans ont toujours pris en considération la protection des civils, a-t-il assuré.

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a souhaité le déploiement de missions de maintien de la paix pour prévenir une explosion de conflits latents et pour empêcher une résurgence de la violence dans les pays émergeant d’un conflit.  Il a également mis en garde contre un retrait précipité d’une mission qui peut s’avérer « très coûteux ».  Mgr Auza a appelé les pays producteurs d’armes d’en limiter la fabrication et la vente.

Au nom du pape François, il a dit son appréciation du travail accompli par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), mission qui a contribué à la pacification de la situation, « même si les allégations graves de violations commises par les soldats de la paix ne peuvent être ignorées ».  Le mandat multidimensionnel de la MINUSCA est de bon augure pour les efforts de relèvement et de renforcement des capacités de la République centrafricaine, a-t-il conclu, avant de remercier la Mission pour l’aide apportée lors de la visite du pape François à Bangui.

M. MARCELO SCAPPINI RICCIARDI (Paraguay) a estimé que le Conseil de sécurité devait inclure de façon claire et explicite la protection des civils, y compris contre la violence sexuelle, dans les mandats des opérations de maintien de la paix.  Une telle protection doit selon lui revêtir un caractère d’urgence « dans les situations où les civils courent un risque de violence élevé ».  Il faut améliorer le système de protection existant, et renforcer notamment la formation au droit international humanitaire.

Le Paraguay contribue actuellement à six opérations de maintien de la paix, a précisé le représentant.  Ses troupes reçoivent un entrainement spécifique portant sur la protection des civils, la coordination entre les secteurs civils et militaires et la violence et la discrimination sexiste. 

Par ailleurs, il a appelé les pays à adhérer à la Déclaration d’Oslo sur des écoles sûres, adoptée en 2015, et à ratifier le Traité sur le commerce des armes légères.  Il les également invités à participer à l’élaboration d’une déclaration politique sur l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées.  Enfin, au niveau régional, il a salué l’accord conclu entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé essentiel que les mandats des opérations de maintien de la paix soient bien définis, réalistes et élaborés, plus largement, en lien avec le processus politique en cours.  Les missions doivent être dotées des ressources nécessaires à l’exécution de leur mandat, a-t-il poursuivi.  Il a rappelé que la responsabilité première de la protection des civils incombait aux pays hôtes des missions.  Le rôle joué par les femmes policières au sein des opérations de maintien de la paix doit être reconnu, a-t-il affirmé.

Rappelant les trois principes qui doivent guider la conduite des opérations de maintien de la paix –consentement des parties, impartialité et non-recours à la force sauf cas de légitime défense et de défense du mandat-, le délégué a rappelé que l’usage de la force dans les opérations de maintien de la paix ne pouvait s’envisager qu’en tant que dernier recours.  Enfin, il a souhaité que la prévention des conflits fasse partie des plus hautes priorités des opérations de maintien de la paix.

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a estimé que la protection des civils devait être au cœur des activités de toutes les missions même si seulement 10 des 16 missions de maintien de la paix en activité disposaient maintenant de mandats spécifiquement consacrés à la protection des civils.  Il a dit la nécessité d’améliorer la définition des mandats pour placer les besoins au centre des préoccupations de l’ONU. 

Il a jugé indispensable que les efforts de maintien de la paix et de protection des civils s’appuient sur le respect du droit international.  Il a estimé que la mise en œuvre du programme « les femmes la paix et la sécurité » était un outil important pour promouvoir la protection des civils.  Il s’est dit persuadé du fait que le phénomène de l’exploitation et des abus sexuels par des Casques bleus pouvait être éliminé, notamment par le renforcement de la formation prédéploiement.  

M. AHMED SAREER (Maldives) a estimé que le Conseil de sécurité et les États Membres devaient établir des directives précises pour identifier les menaces vis-à-vis des civils en fonction du contexte local et trouver des stratégies de réponse appropriées.  Les opérations de maintien de la paix doivent travailler en coopération étroite avec les communautés et les gouvernements locaux dans les zones affectées par les conflits. 

Ayant récemment signé un accord avec l’ONU en vue de contribuer au maintien de la paix, les Maldives reconnaissent l’importance de former les troupes à la protection des civils et aux principes du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il est également essentiel de suivre et d’évaluer les performances des Casques bleus.  Le représentant a soulevé la question de la protection des infrastructures civiles, en particulier les écoles et les hôpitaux.   

M. RY TUY (Cambodge) a prôné une politique de tolérance zéro s’agissant des crimes graves commis par les Casques bleus.  La protection des civils doit être la priorité des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit.  Affirmant que les pays hôtes avaient la responsabilité première de la protection des civils, il a appelé ces pays à promouvoir l’état de droit, avant de souligner la nécessité que le personnel onusien reçoive une formation sur les enjeux de la protection des civils.

Le délégué du Cambodge a ensuite affirmé que son pays avait contribué à hauteur de 3 000 hommes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  En conclusion, il a indiqué qu’une meilleure protection des civils passait par l’élaboration de mandats clairs et par la fourniture d’un soutien financier et logistique adéquat aux missions.

M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCIA (Costa Rica) a invité le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour combattre le terrorisme et les actes de barbarie, en utilisant de manière plus efficace les comités des sanctions.  Rappelant que l’ONU représente souvent « le dernier espoir » pour les communautés et les victimes en période de conflit armé, il a condamné les abus sexuels commis par des soldats ou des fonctionnaires de l’Organisation.  La protection des civils doit être une priorité, a-t-il ajouté.

Le représentant a souhaité que les États agissent pour enrayer la prolifération et la vente d’armes, d’explosifs et de munitions, à travers la ratification des traités pertinents, et qu’ils renforcent la Cour pénale internationale (CPI) et coopèrent avec elle.  Il a également mis l’accent sur les objectifs du Programme 2030 pour ne laisser personne de côté.      

Mme MAHLET HAILU (Éthiopie) a affirmé que le génocide du Rwanda avait précipité un changement de paradigme du principe de non-ingérence au principe de non-indifférence en cas de crimes contre l’humanité et de violations graves.  Cela est clairement consacré dans l’acte fondateur de l’Union africaine, a-t-elle dit.  Elle a affirmé qu’il restait encore beaucoup à faire pour doter les opérations de maintien de la paix de mandats clairs et succincts, avant de souligner la nécessité de remédier « aux lacunes énormes » dans les capacités des opérations de maintien de la paix dans l’exécution de leur mandat. 

Rappelant que l’Éthiopie faisait partie des principaux pays contributeurs de troupes, elle a indiqué que son pays avait adhéré aux Principes de Kigali.  « Cela n’a pas été difficile dans la mesure où nos Casques bleus appliquaient d’ores et déjà ces principes », a-t-elle conclu.

M. SILVA (Portugal) a dit que l’incapacité de mettre fin aux violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme mettait en évidence l’importance d’accorder la priorité à la prévention et la lutte contre l’impunité.  Nous devons poursuivre nos efforts pour traduire les progrès normatifs en améliorations concrètes dans la protection des civils sur le terrain.  Le représentant a ajouté que si les États Membres avaient la responsabilité première d’assurer la promotion et la protection des droits de l’homme et du droit international humanitaire, il était crucial de renforcer la responsabilisation et d’améliorer le respect de leurs obligations par les parties aux conflits armés internationales.

Lorsque les autorités nationales ne parviennent pas à prendre les mesures nécessaires pour assurer leur responsabilité, le Conseil de sécurité peut, le cas échéant, jouer un rôle plus proactif.  Le représentant a rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) pouvait jouer un rôle dissuasif fondamental, complémentaire à celui des tribunaux, aux niveaux national et international.  En outre, il a réitéré l’engagement de son gouvernement de continuer à mener des programmes de formation pour le personnel et les membres des forces armées et de sécurité nationales, affectés à des missions internationales de maintien de la paix, sur l’égalité des sexes et de la violence contre les femmes et les filles, y compris la violence sexuelle, la violence fondée sur le sexe et la traite des êtres humains.

C’est sur la base du principe de la responsabilité de protéger que le Conseil de sécurité a donné à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) « le mandat nécessaire pour assurer la pleine protection des populations civiles face aux atrocités enregistrées dans le pays », a rappelé M. MOUSSA (Côte d’Ivoire).  Il a apporté son soutien à la proposition de la France et du Mexique visant à ce que les membres permanents du Conseil de sécurité suspendent leur droit de veto lorsqu’une situation de crime de masse est constatée.

Le représentant a souligné que le déploiement d’une mission de maintien de la paix implique de nombreux acteurs.  « Il importe dès lors que soit engagé un effort organisé et une responsabilité partagée », a-t-il souligné.  À ce titre, le Conseil devrait définir des mandats suffisamment clairs et précis.  Le Gouvernement hôte devrait faire de la protection des civils une priorité et en faciliter la mise en œuvre. 

Le Département des opérations de maintien de la paix devrait s’assurer que les moyens déployés sont suffisants et les pays fournisseurs de contingents devraient s’assurer que leurs troupes sont non seulement bien entraînées pour la mission, mais également bien formées dans les domaines du droit humanitaire, du droit international et des droits de l’homme, et du droit des réfugiés.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a affirmé que les dispositions des mandats des opérations de maintien de la paix relatives à la protection des civils devaient être claires et réalistes, tandis que les Casques bleus devaient être dotés des équipements nécessaires à l’accomplissement de leur mandat.  L’occupation de territoires azerbaidjanais par l’Arménie s’est accompagnée d’attaques délibérées contre les civils et d’un nettoyage ethnique, a-t-il dit. 

Il a mentionné les cas de deux civils azerbaïdjanais pris en otage en Arménie alors qu’ils se rendaient sur la tombe de leurs parents dans la région occupée de Kalbajar.  Le représentant a appelé les acteurs internationaux pertinents à œuvrer à leur libération, a-t-il dit.  Il a également affirmé, qu’en dépit de l’accord de cessez-le-feu signé le 5 avril 2016, l’Arménie menaçait son pays d’utiliser « des bombes sales ».  Enfin, il a souligné les efforts consentis par son pays pour améliorer les conditions de vie des personnes déplacées qui s’y trouvent en raison de l’occupation arménienne.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a souligné que les informations obtenues grâce aux nouvelles technologies, notamment sur les mouvements de troupes et les risques d’attaques, pouvaient contribuer à la prise de décisions dans les missions de maintien de la paix et sauver des vies.  Elle a préconisé de « véritables dialogues interactifs » entre les commandants des troupes et de la police. 

La protection des civils dépend également des relations de confiance avec les communautés locales.  À cet égard, la représentante a condamné le comportement de quelques « prédateurs » qui entachent l’image de milliers de Casques bleus.  Elle a rappelé que les premiers cas d’abus sexuels déclarés remontaient à l’opération de l’ONU au Cambodge en 1992.

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a affirmé que son pays adhérait au principe de la responsabilité de protéger qui est un cadre naturel visant au renforcement de la souveraineté nationale tout en mettant l’accent sur la responsabilité de ceux qui ont le pouvoir de protéger.  Il a demandé le renforcement des capacités des missions afin qu’elles puissent s’acquitter de leur mandat. 

Une formation adéquate doit être apportée à leur personnel avant, pendant et après leur déploiement, a-t-il estimé.  Il a indiqué que son pays adhérait aux Principes de Kigali et demandé une application de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité.  Enfin, M. Nkoloi a souligné l’importance de la Cour pénale internationale (CPI) dans la lutte contre l’impunité.

M. EFE CEYLAN (Turquie) a déclaré que les Nations Unies devaient, dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, assumer la responsabilité de la protection des civils lorsque l’État hôte était défaillant.  Il a souligné le rôle de la police de l’ONU pour renforcer les capacités locales et l’état de droit aux fins de la protection des populations.  Il a fait sien l’avis du Comité spécial des opérations de maintien de la paix selon lequel conférer aux opérations de maintien de la paix des mandats et objectifs clairement définis, des structures de commandement adéquats, des ressources en phase avec les besoins évalués de manière réaliste était décisif pour garantir l’efficacité de la protection des civils. 

Au-delà des moyens militaires, le représentant de la Turquie a dit l’importance pour les Nations Unies de recourir à des mécanismes d’alerte précoce, à la diplomatie préventive et la médiation pour prévenir les conflits et les souffrances qui en découlent.

Reprenant la parole, le représentant de l’Ukraine a reproché à la Fédération de Russie d’avoir « proféré des mensonges » en disant que ce Conseil n’avait pas reçu de demande de la part de l’Ukraine pour le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU.  Or, a-t-il assuré, en produisant une lettre datée du 2 avril 2015, l’Ukraine a officiellement demandé l’envoi d’une mission d’évaluation préliminaire.  La Fédération de Russie appuie des forces séparatistes qui mettent en danger la population civile dans l’est de l’Ukraine, a-t-il ajouté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Souffrances et exclusion » mais aussi « espoir et opportunités »: l’Assemblée générale achève sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida

Soixante-dixième session, Réunion de haut niveau sur le VIH/sida
101e & 102e séances plénières-matin & après-midi
AG/11790

« Souffrances et exclusion » mais aussi « espoir et opportunités »: l’Assemblée générale achève sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida

« Des souffrances et de l’exclusion » mais aussi « de l’espoir et des opportunités »: c’est ce que le Président de l’Assemblée générale, Mogens Lykketoft, a voulu retenir de la Réunion de haut niveau qu’il a organisée pour accélérer la riposte mondiale contre le VIH/sida et mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  La Réunion a été marquée par l’adoption, mercredi dernier, d’une nouvelle Déclaration politique qui prévoit de ramener d’ici à 2020, à moins de 500 000 par an le nombre des nouvelles infections, contre 1,4 million l’an dernier.

Pour parvenir à cet objectif, le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft a rappelé que la connaissance, la technologie, les ressources et le pouvoir sont là.  « La question est maintenant de savoir si nous avons la volonté et l’humanité d’y parvenir », a-t-il ajouté, en se voulant optimiste à l’issue de trois jours d’une Réunion de haut niveau marquée par la présence de deux chefs d’État, ceux du Burkina Faso et de la République centrafricaine, et de très nombreux ministres, dont plusieurs dizaines de ministres de la santé.

À l’appui de cet optimisme, le représentant d’Israël a annoncé aujourd’hui que deux chercheurs de la « Hebrew University » croient avoir trouvé un traitement prometteur qui pourrait totalement détruire les cellules infectées du VIH.  Au lieu de se contenter de prévenir la réplication du virus, le nouveau traitement le détruirait complètement, a expliqué le représentant, qui a lancé: « Imaginez un monde où l’humanité aurait éradiqué le VIH/sida et où le virus ne serait plus une menace ». 

Pour que tout ceci ne reste pas « une douce utopie », science et action doivent s’accompagner d’un engagement contre la discrimination et l’injustice, a averti la Belgique, qui a rappelé, après bien d’autres, que l’épidémie de VIH/sida n’est pas seulement une crise sanitaire mondiale, mais aussi une crise des droits de l’homme et de justice sociale.

C’est aussi une question d’argent et il aura été beaucoup question de financement lors de ces trois jours.  Le Luxembourg a annoncé aujourd’hui qu’il augmentera de 8% ses contributions à la cinquième reconstitution du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2017-2019.  Hier, sous les applaudissements, les États-Unis avaient annoncé la création d’un nouveau fonds de 100 millions de dollars pour soutenir des approches novatrices, ciblées et communautaires en faveur des « populations clefs ».  La France a quant à elle rappelé sa proposition de créer une taxe sur les transactions financières pour générer 35 milliards de dollars par an. 

L’argent, c’est aussi le coût des traitements, lequel a pourtant chuté de quelque 15 000 dollars par an et par personne à 80, 100 ou 200 dollars aujourd’hui.  Mercredi, l’Inde s’était enorgueillie de son statut de « pharmacie du monde », rappelant que plus de 80% des antirétroviraux (ARV) dans le monde sont fournis par sa filière pharmaceutique, ce qui a permis de sauver des millions de vie dans le monde, en particulier dans les pays en développement.  Aujourd’hui, le Brésil a mis l’accent sur son rôle pionnier dans l’accès à des traitements abordables, avant d’insister sur les « flexibilités » de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et de les présenter comme « les héros silencieux » de la baisse des prix et des politiques nationales et internationales d’accès aux médicaments.

Les préoccupations sur le financement restent pourtant nombreuses.  Si le Nicaragua a dit financer entièrement sur son fonds propre les ARV, que le Niger a pu s’enorgueillir, jeudi dernier, d’avoir porté la part nationale de la lutte contre le VIH/sida de 6,72% en 2011 à 55,81% en 2015 et que beaucoup d’autres États ont fait valoir leurs efforts financiers, plus nombreux encore ont été ceux qui se sont alarmés du risque qu’une baisse de l’aide extérieure et en particulier, les pays à revenu intermédiaire qui ont dénoncé leur manque d’accès aux subsides du Fonds mondial.  Ils ont demandé plus de souplesse « au moins jusqu’en 2020 » comme l’a dit la Jamaïque.

Les déclarations ont aussi mis en évidence la persistance des réticences et divergences sur la notion de « populations clefs », définies dans la Déclaration comme les usagers de drogues injectables, les travailleurs du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, les transgenres et les prisonniers.  Aujourd’hui encore, le Soudan a dit appuyer la Déclaration politique « à l’exception de certains points qui vont à l’encontre des valeurs culturelles et éthiques ».  Auparavant, l’Indonésie avait estimé qu’il revient à chaque pays de définir ses populations les plus à risque et le Bangladesh a insisté sur l’importance d’une reconnaissance des normes sociales, culturelles et religieuses de chaque État.  À l’opposé, de nombreuses délégations ont dénoncé le « leurre » qui consisterait à penser qu’on pourra éradiquer le sida sans chercher à atteindre ces « populations clefs ». 

La réunion l’a toutefois montré: le pragmatisme fait des progrès.  Ainsi, c’est en tant que « pays musulman pragmatique » que la Malaisie cherche à mettre un terme à l’épidémie « dans une perspective musulmane ».  De même, les Seychelles ont rappelé deux mesures « historiques » prises l’an dernier: la dépénalisation de l’homosexualité et la création d’un programme d’échange de seringues.

La réunion a aussi beaucoup mis l’accent sur la protection des jeunes.  Nombreux ont été ceux qui ont plaidé en faveur d’une éducation sexuelle et du plein accès à la santé sexuelle et reproductive, notamment pour les adolescentes.  « Comment peut-on considérer une fille assez mûre pour être mariée, mais pas assez pour être éduquée sur sa sexualité? » s’est indigné le représentant du Danemark lors d’une table ronde consacrée spécifiquement à la prévention chez les jeunes.  Ce sont du reste les adultes qui sont les premiers responsables de la contamination des adolescentes et des jeunes femmes au Kenya, a constaté le représentant de ce pays.  Il n’en reste pas moins un grand écart entre des États qui, comme la France, proposent aux adolescents un dépistage sans consentement parental et l’Indonésie, pour qui toute mesure en faveur des adolescents doit être prise avec l’accord des parents.

Mais comment peut-on prétendre travailler pour les jeunes quand ils ne sont même pas invités à parler, a relevé le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Une jeune femme de l’ONG « All Ukrainian Network of People Living with HIV » a encouragé ses congénères à s’exprimer publiquement sur leur séropositivité pour faire « bouger les lignes ».

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA A/70/L.52

Débat général

M. PERRY GOMEZ, Ministre de la santé des Bahamas, a expliqué que son gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre la riposte accélérée pour les cinq prochaines années et est déjà, au niveau régional, classé premier s’agissant de la couverture santé universelle.  Les objectifs sont ambitieux et requièrent de nouveaux efforts dans la sensibilisation, la prévention et le traitement.  La riposte accélérée, a prévenu le Ministre, exigera une approche multisectorielle alliant gouvernements, partenaires au développement, Fonds mondial et société civile, société civile et autres.  Au titre des obstacles, le Ministre a cité le financement et ou encore la mauvaise gestion des ressources disponibles. 

M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales du Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a déclaré que le taux actuel de prévalence du VIH/sida dans le pays est de 0,017%.  Mais la tendance régionale indique un risque de propagation rapide du virus si la prévention au sein des groupes les plus à risque n’est pas améliorée.  Le nombre cumulé de personnes vivant avec le VIH depuis 1989 est de 194 sur lesquelles 99 ont développé le sida et 47 en sont décédées.  La réponse nationale doit être intensifiée afin de donner un accès universel aux interventions clefs dans le domaine de la prévention et du traitement.  Le Monténégro cherche à répondre aux défis de la stigmatisation et de la discrimination, et du manque de données, d’expertise technique et de ressources humaines.  Le but est de pouvoir lancer les activités stratégiques à long terme.  À cette fin, une nouvelle stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida pour la période 2015-2020 a été adoptée dont l’objectif est de garder un taux de prévalence faible, assurer l’accès universel à la prévention et au traitement et améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH par une réponse multisectorielle coordonnée.  La Stratégie a cinq programmes qui se concentrent sur la création d’un environnement sûr et favorable débarrassé des préjugés et de la discrimination, la prévention, le traitement, les soins et l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH, la surveillance, la coordination et les partenariats. 

M. ZVONKO MILENKOVIKJ, Coordonnateur national pour le VIH/sida de l’Ex-République yougoslave de Macédoine, a expliqué que son pays rédige actuellement une nouvelle stratégie nationale pour les cinq prochaines années, qui prévoit une approche multisectorielle.  Le pays a une prévalence faible et concentrée du VIH, a-t-il expliqué.  Le nombre de personnes séropositives a toutefois augmenté ces dernières années et l’on voit une prévalence nettement plus forte chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, ou encore les toxicomanes utilisant des drogues par injection.  En outre, il existe un problème de dépistage, qui est souvent trop tardif: plus de 41% des personnes séropositives ont déjà développés le sida, ce qui réduit les possibilités d’un traitement efficace et donc leur chance de survie.

La nouvelle stratégie, qui doit entrer en vigueur l’an prochain, est mise en place dans un contexte financier « différent et préoccupant », a précisé M. Milenkovikj, qui a fait remarquer que la réduction de l’aide internationale est un défi pour la viabilité du programme national.  L’interruption de l’appui international sans une augmentation des ressources nationales aurait des répercussions graves sur la lutte contre le VIH.  Le pays doit donc trouver des sources de financement alternatif pour pouvoir investir davantage les traitements antirétroviraux et la prévention auprès des groupes les plus à risque.  Avec un financement adapté, le pays pourrait éviter 760 nouveaux cas et environ 290 décès d’ici à 2030.

Mme ESPERINA NOVELLO NYILOK, Présidente de la Commission nationale sur le sida du Soudan du Sud, a expliqué qu’avec une population de 12 millions de personnes, dont plus de 51% de jeunes de moins de 18 ans et 70% de moins de 30 ans, son pays a un taux de prévalence de 2,6%; 16 000 nouveaux cas ayant été enregistrés en 2015.  Il existe une véritable disparité d’un État à l’autre, mais la réponse a été efficace.  Aujourd’hui, 19 000 personnes sont sous traitement par rapport à 3 512 en 2011 et le nombre des enfants sous traitement est passé de 164 en 2012 à 726 en 2015.  Les services de prévention et de traitement assurent désormais une couverture de 41% par rapport à 18% grâce à l’option B+ qui a été lancée en 2012.  Toutefois, ces nombres sont loin de permettre la réalisation des objectifs fixés pour 2015, a reconnu Mme Nyilok qui a expliqué cela en partie par les conséquences de la guerre civile et le nombre important de personnes déplacées.  Le Gouvernement s’engage à redoubler d’efforts et certains ministères, dont ceux de l’éducation et de la défense, ont déjà intégré des programmes de lutte contre le VIH dans leurs programmes.  Des services sont également fournis aux personnes déplacées et l’environnement propice à une riposte efficace est en train d’être mis en place.  Pour la Ministre, l’autre priorité reste la lutte contre la stigmatisation, la violence sexuelle et l’exercice par les jeunes de leurs droits sexuels.  Le Gouvernement s’engage à mettre fin aux mariages précoces d’ici à 2030. 

M. MALIK SENE (Mali) a déclaré que son pays fait de la lutte contre le VIH/sida une priorité depuis 35 ans et est parvenu à ramener la prévalence à 1,1% grâce à des progrès importants en termes de prévention, de traitement et de protection des droits de l’homme.  Sans la crise que le pays connait dans sa partie nord, ce taux serait même inférieur à 1%, a-t-il affirmé.  Les priorités du pays portent sur la prévention de la transmission mère-enfant, la protection des populations fortement précarisées dans les zones de conflits, l’accélération de la réponse dans les zones de pauvreté des grandes villes où l’accès aux services de santé de base reste limité, la protection des droits de l’homme des personnes séropositives et des minorités sexuelles face aux risques d’exclusion, de stigmatisation et de discrimination, et la protection des populations dans les zones d’orpaillage.  Le représentant a en effet attiré l’attention sur les dangers, voire les menaces, que peut constituer l’orpaillage traditionnel, dont les sites se multiplient sur un terrain de pauvreté généralisée, rassemblent de fortes concentrations de populations à risque venant de diverses régions du pays et de pays voisins et constituent des « lieux de commerce de toutes sortes ».

Le Mali prépare sa propre Déclaration politique sur l’élimination du sida dans les 15 prochaines années comme menace à la santé publique, qui sera mise en œuvre dans le cadre de plans d’action quinquennaux.  Pour sa mise en œuvre, le Mali entend faire un effort exceptionnel de mobilisation des ressources internes à travers un fonds national de lutte contre le sida.  Dans le contexte de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de la présence de la Mission de l’ONU, M. Sene a demandé au Secrétaire général de prendre les mesures voulues pour former le personnel des opérations de maintien de la paix à la prévention du sida.

M. KESETEBIRHAN ADMASU, Ministre de la santé de l’Éthiopie, a indiqué que dans son pays, le taux de prévalence s’est stabilisé à 1,1%, ce qui représente 769 600 personnes dont 400 000 sous traitement.  L’Éthiopie a pris des mesures politiques, institutionnelles, administratives et juridiques qui ont porté leurs fruits: en moins de 10 ans, le nombre des nouvelles infections a baissé de plus de 90% et celui des décès de 70%.  Le Ministre a imputé ces succès à une forte volonté politique, à un partenariat « sincère » avec la communauté internationale et à « nos parties prenantes essentielles ».  Il n’a pas caché les variations importantes entre les groupes de populations et les zones géographiques.  Le pays a donc opté pour une approche d’investissements ciblée axée sur la prévention, le traitement et les soins.  Cette approche devrait permettre d’ici à 2020 d’éviter 70 000 à 80 000 nouvelles infections et de sauver la vie de plus d’un demi-million de personnes, ce qui répond en grande partie à la cible 90-90-90 d’ONUSIDA. 

M. THEOFILOS ROSENBERG (Grèce) a déclaré que, lors de la Réunion de haut niveau précédente il y a cinq ans, son pays connaissait une hausse sans précédent des cas de VIH parmi les toxicomanes, dans un contexte de crise économique aiguë. Aujourd’hui, le Gouvernement a inversé la tendance grâce à un travail avec les communautés locales, la société civile et les partenaires internationaux et des efforts renouvelés dans les domaines du dépistage et du traitement.  Nous savons aujourd’hui ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, a ajouté M. Rosenberg, qui a salué le travail d’ONUSIDA et sa cible 90-90-90 et appelé la communauté internationale à aller au-delà des discours et à intensifier ces actions en faveur des « populations clefs ».

À cet égard, M. Rosenberg s’est dit préoccupé, tout comme la société civile, par la terminologie utilisée dans la Déclaration politique adoptée par l’Assemblée générale.  La lutte contre la stigmatisation et la discrimination doit être quotidienne, dans le travail de terrain comme dans le langage utilisé. En Grèce comme partout dans le monde, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes sont affectés de manière disproportionnée par le VIH, a rappelé M. Rosenberg.

M. LOKMAN HAKIM SULAIMAN, Directeur général adjoint au Ministère de la santé de la Malaisie, a rappelé qu’au départ les usagers de drogues par injection étaient les premières victimes du VIH/sida en Malaisie.  En 2000, ce groupe représentait 80% des nouveaux cas.  Grâce au programme lancé en 2005, il a été possible de réduire le taux des nouvelles infections à 16,8% en 2015.  Actuellement le défi à relever est celui de l’augmentation des cas de VIH/sida transmis par voie sexuelle.  En tant que pays musulman « pragmatique », la Malaisie cherche à mettre un terme à l’épidémie « dans une perspective musulmane ».  Elle a créé, pour ce faire, un large partenariat entre imams, leaders communautaires, médecins, ONG et personnes touchées par la maladie et développé un module qu’elle est prête à partager avec d’autres pays intéressés.  Ce module, qui existe en différentes langues locales, en anglais et en arabe, a pour mission de sensibiliser et informer sur le VIH/sida et de donner les outils aux imams pour jouer un rôle de plaidoyer, en particulier pour lutter contre la stigmatisation des malades.  Le nouveau plan stratégique à long terme se base essentiellement sur le dépistage, et l’accès aux ARV et aux soins parallèles, a précisé M. Sulaiman.

M. SYED MOJURUL ISLAM (Bangladesh) a insisté sur l’importance qu’il y à reconnaître les normes sociales, culturelles et religieuses de tous les États Membres.  Le Bangladesh, a-t-il dit, a un faible taux de prévalence de 0,1% de la population, majoritairement chez les toxicomanes qui vivent dans la capitale.  Par des mesures de prévention, de soins et de traitements, le Bangladesh a réussi durant deux décennies à stabiliser le taux de prévalence alors qu’il augmente dans les pays voisins.  Mettre fin au sida est une responsabilité collective mondiale et les partenaires doivent continuer d’appuyer les effort nationaux, a poursuivi le représentant, qui a préconisé d’intégrer les services de prévention dans les infrastructures médicales et de répondre aux besoins spécifiques des femmes enceintes, des adolescentes, des jeunes, des migrants et autres groupes de population vulnérables.

M. SHANTA BAHADUR SHRESTHA, Secrétaire d’État à la santé du Népal, a dit que la lutte contre le VIH/sida a été reconnue comme une des priorités de la Stratégie nationale du secteur de la santé (2016-2021).  Il a cité le développement d’un programme quinquennal nommé VIH HORIZON 2020 qui vise à intégrer toute la force de la société civile dans la réponse au VIH.  Au Népal, s’est-il félicité, le nombre de nouvelles infections et celui des décès liés au VIH a été réduit de 50% depuis 2010.  Soulignant que « mieux vaut prévenir que guérir », M Shrestha a expliqué que la prévention était au cœur des efforts de son pays. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg), qui s’est félicité des résultats obtenus après la Déclaration politique de 2011, a appelé à ne pas relâcher les efforts. « Nous connaissons les obstacles et les défis qui persistent; prenons les décisions qui s’imposent », a-t-elle déclaré en rappelant que le Luxembourg est un des parrains de l’initiative 90-90-90 d’ONUSIDA et qu’il a particulièrement à cœur le sort des enfants touchés par le sida.  En dépit des progrès réalisés dans la prévention de la transmission mère-enfant, un enfant sur deux infecté par le sida est condamné à mourir dans les deux ans en l’absence de traitement, ce qui n’est « pas acceptable ».  La représentante a demandé une réponse urgente pour améliorer le diagnostic précoce, des formules pédiatriques adaptées des antirétroviraux, l’intégration des services et l’observance thérapeutique.

Le Luxembourg est également préoccupé par la situation des jeunes, et notamment des jeunes filles et jeunes femmes, qui représentent le seul groupe d’âge pour lequel le taux des nouvelles infections a augmenté.  Il faut donc  garantir et promouvoir le plein respect des droits sexuels et procréatifs et assurer la liberté d’accès aux services de santé sexuelle ainsi qu’une éducation sexuelle complète, a affirmé la représentante.  Mme Lucas a en outre rappelé qu’il ne sera pas possible d’éradiquer le sida si on continue d’ignorer les besoins spécifiques des différentes populations clefs, alors que leur accès aux soins reste limité.  Il faut aussi assurer les ressources financières nécessaires, a poursuivi Mme Lucas, qui a annoncé que le Luxembourg augmentera de 8% ses contributions à la cinquième reconstitution des ressources du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2017-2019.  Elle a souhaité que d’autres États suivent ce mouvement car « nous n’avons pas seulement la possibilité de mettre fin à l’épidémie de VIH/sida, nous en avons le devoir moral.  Si nous ne saisissons pas l’opportunité qui s’offre à nous aujourd’hui, les générations futures ne nous le pardonneront pas, et elles auraient raison », a conclu Mme Lucas.

Éliminer le sida serait un triomphe du multilatéralisme fondé sur la science, a déclaré M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein).  Ce serait la plus belle illustration du dévouement aux engagements pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En 15 ans, a dit le représentant, nous avons appris ce qui marche et ce qui ne marche pas.  Nous savons maintenant que la recette du succès est une approche fondée sur les preuves et la science.  Le temps n’est pas à la complaisance, a-t-il estimé, en se félicitant de la riposte accélérée pour réaliser la cible 90-90-90 d’ONUSIDA.  Le risque, y compris en Europe, est de croire que le VIH/sida n’est plus une menace et un des enseignements de ces 15 dernières années, est que la prise en compte de la dimension des droits de l’homme est la clef du succès.  La stigmatisation et la discrimination, s’est expliqué le représentant, continuent de poser une grave menace au plein exercice des droits des personnes séropositives et d’être un obstacle à une riposte efficace.  Le représentant a donc estimé que la Déclaration politique aurait dû dire clairement que la victoire sur le VIH/sida ne sera possible que si l’on met fin aussi à la marginalisation voire à la criminalisation de certains groupes.  Compte tenu de cette réalité, il a regretté que l’on n’ait pas insisté sur l’abrogation des lois discriminatoires et punitives. 

Notre réponse doit aussi se concentrer sur ceux qui sont les plus touchés par l’épidémie, en particulier les femmes et les enfants, a poursuivi le représentant qui a dénoncé la violence fondée sur le sexe, les normes préjudiciables et les relations de pouvoir, comme des facteurs qui rendent les femmes et les jeunes filles plus vulnérables au VIH.  L’éradication du VIH/sida et l’autonomisation des femmes sont « inextricablement liées »et en la matière, l’éducation sexuelle et l’accès aux services de prévention sont les clés.  Le représentant a donc regretté que la Déclaration ne parle ni de l’éducation sexuelle complète ni des droits et de la santé sexuels et reproductifs.  La fenêtre d’opportunités pour changer radicalement la trajectoire de l’épidémie est « étroite », a-t-il prévenu. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) s’est dite convaincue que l’ambition visionnaire de mettre fin à l’épidémie de sida ne se réalisera que si tous les États, quel que soit le niveau auquel ils sont affectés, décident de pratiquer une politique adaptée à la réalité du terrain.  Le sida n’est pas seulement une crise sanitaire mondiale.  Il est aussi une crise des droits de l’homme et de justice sociale.  Pour que l’engagement pris il y a 15 ans de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030 ne reste pas « une douce utopie »,  il est plus que temps de faire preuve de volonté politique en adoptant les stratégies qu’il faut.  La science et l’action doivent s’accompagner d’un engagement en faveur des droits de l’homme et de la lutte contre l’injustice, a averti la représentante. 

La Belgique soutient le rôle central de coordination joué par l’ONUSIDA, qui doit être conservé, voire renforcé, a poursuivi la représentante.  Elle a préconisé des politiques davantage fondées sur les données scientifiques et focalisées sur des populations clefs, telles que les jeunes filles, les travailleurs du sexe, les toxicomanes utilisant des drogues par injection ou les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.  Elle a jugé important d’éviter de favoriser la constitution de « zones d’épidémie cachées » pouvant résulter du refus de voir certains groupes ou de leur accorder des droits.  La Belgique demande également que soient condamnées toutes les formes de violences sexuelles et domestiques, à l’encontre des enfants ou des femmes.  Elle réclame que soit accordée une éducation sexuelle complète et un plein accès aux soins de santé sexuelle aux jeunes, en particulier les jeunes filles. 

Le secteur privé, et notamment le secteur pharmaceutique, peut aussi jouer un rôle important, comme c’est le cas avec des entreprises pharmaceutiques belges qui fournissent des traitements à moindre coût à certains pays partenaires.  La lutte contre le sida fait partie intégrante de l’appui de la coopération belge à l’amélioration des systèmes de santé, a rappelé la représentante.  La Belgique, qui est un des 10 premiers contributeurs à l’ONUSIDA, estime que la part du financement international dans la lutte contre le sida doit pouvoir être progressivement diminuée à mesure que la part du financement national augmente.

M. MAHMADAMIM MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a expliqué que pour lutter contre le VIH/sida, son pays coopère activement avec la communauté internationale bilatéralement et multilatéralement.  L’une des réalisations significatives a été l’élimination, en 2014, de toutes les restrictions d’entrée pour les étrangers indépendamment de leur statut de séropositivité.  Ils ont désormais comme les Tadjiks un libre accès à la santé.  Le représentant a affirmé que l’épidémie était « contrôlée » au Tadjikistan et que les actions sont ciblées sur les groupes clefs les plus à risque.  Actuellement, le Tadjikistan compte 6 117 personnes infectées dont la moitié est sous traitement ARV gratuitement, grâce au soutien du Fonds mondial et au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Ces dernières années, grâce aux mesures préventives, le nombre de nouveaux cas a baissé de moitié parmi les populations clefs ainsi que celui des décès.  La stratégie d’ONUSIDA sur la riposte accélérée vient à point nommé, a estimé le représentant, dans la mesure où elle s’inscrit directement dans les objectifs de développement durable.  Le Gouvernement tadjik est d’ailleurs en train d’intégrer et d’adapter ces nouvelles cibles et directives dans ses plans et politiques nationaux.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a rappelé que la Jordanie est un pays à revenu intermédiaire, qui pâtit de l’instabilité régionale et de la crise économique mondiale, d’autant plus qu’il doit faire face aux mouvements de population les plus importants depuis la Seconde Guerre mondiale.  La prévalence du VIH/sida reste toutefois faible, a déclaré la représentante, qui a remercié l’ONUSIDA pour son soutien. Elle a expliqué que la stratégie nationale se base sur une meilleure collecte des données stratégiques, le renforcement de la prévention en se concentrant sur les personnes les plus exposées, l’amélioration des soins, la création d’un environnement favorable aux séropositifs et le renforcement des capacités institutionnelles et techniques.  La représentante a souligné le fort impact négatif du sida sur l’économie, du fait que l’épidémie frappe fortement les personnes en âge de travailler.  La Jordanie a adhéré à la Stratégie arabe de lutte contre le sida, qui vise notamment à diminuer de 50% les nouvelles infections d’ici à 2020, à fournir un accès aux traitements antirétroviraux à plus de 80% des personnes affectées et à éliminer totalement la transmission de la mère à l’enfant.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a indiqué que son pays a jusqu’ici opté pour une réponse « pragmatique » à l’épidémie, notamment par le biais d’un programme de réduction des risques mis en œuvre avec le concours de la société civile, auprès des toxicomanes en particulier.  Cette riposte est cependant en évolution compte tenu des nouvelles formes de contamination qui exigent une approche multisectorielle coordonnée, a expliqué le représentant.  L’Iran tient compte dûment des apports scientifiques dans sa stratégie nationale qui est « culturellement appropriée ».  Elle inclut la cible 90-90-90 d’ONUSIDA et devrait permettre d’éliminer le VIH d’ici à 2030.

Actuellement, 95% des dépenses pour la lutte contre le VIH proviennent des ressources nationales, a précisé le représentant qui a dit espérer des transferts de technologie, notamment pour pouvoir offrir des traitements abordables.  Remarquant que la réponse au VIH, qu’elle soit nationale, régionale, ou internationale, dépend d’un leadership fort, il a souligné que dans la région MENA il y a une concurrence féroce entre les questions pressantes, ce qui pose un risque pour le succès de la lutte contre le VIH/sida.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a déclaré que la mise en place dès les années 90 d’un service de contrôle du VIH/sida et d’un partenariat avec la société civile a permis d’éviter la propagation de l’épidémie et les conséquences humaines et économiques qui en auraient découlé.  Il a expliqué que la Stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida a été réévaluée en 2015 pour passer d’une réponse au VIH/sida financée par des donateurs à une réponse assumée par le budget national. Le budget consacré à la lutte contre le VIH/sida a augmenté de 100% depuis 2011 pour atteindre 8,7 millions de dollars en 2015.  Bien que seulement 5 700 cas d’infections au VIH/sida aient été enregistrés officiellement, la Géorgie estime que la réalité devait être plus proche des 9 000.   

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a rappelé que son pays a été dès les années 90 « le pionnier » de l’accès au traitement.  Le Brésil a aussi été le premier pays à adopter l’approche « le traitement en tant que prévention » recommandant la thérapie antirétrovirale dès le début de l’infection indépendamment de la charge virale et ce n’est que deux ans plus tard que l’OMS a préconisé cette pratique.  Aujourd’hui, 474 000 personnes bénéficient d’une thérapie antirétrovirale et en l’occurrence, a dit le représentant, il faut souligner le rôle de l’État qui a su créer des mécanismes de réduction des prix des médicaments, comme la réforme des politiques d’achat, la création d’un marché des génériques et le lancement de politiques industrielles en faveur du secteur pharmaceutique.  Aujourd’hui, s’est-il enorgueilli, 11 des 22 ARV utilisés au Brésil sont produits localement.  Les prix pratiqués sont bien plus bas que dans le reste du monde et de nombreux partenariats ont été établis pour faciliter le transfert des technologies. 

Le représentant a voulu que l’on reconnaisse que des mécanismes comme le Fonds mondial, GAVI et UNITAID ont eu un impact énorme, en contribuant à surmonter les obstacles institutionnels et commerciaux à la baisse des prix des médicaments et en conséquence, à l’accès aux traitements.  Ceci dit, a-t-il poursuivi, il est important de souligner le rôle joué par les « flexibilités » de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) car elles ont été « les héros silencieux » de la baisse des prix et des politiques nationales et internationales d’accès aux médicaments.  Aujourd’hui, il faut tout faire pour éviter un recul, a insisté le représentant, en estimant que l’accent mis sur « les populations clefs » n’est pas seulement une question d’efficacité mais bien une question de promotion des droits de l’homme.  Depuis deux ans au Brésil, la discrimination contre les séropositifs est un « crime » passible d’une peine d’emprisonnement et d’amendes.  Pour mettre fin au sida d’ici à 2030, a conclu le représentant, les connaissances ne suffiront pas si on ne consent pas aux investissements financiers qu’il faut.

M. OMAR HILALE (Maroc) a précisé que le Royaume du Maroc a concrétisé l’OMD 6 relatif au VIH/sida et fait de la lutte contre ce fléau l’une de ses priorités.  Conscient de l’importance de la prévention, le pays a mis en place plusieurs programmes qui ont fait qu’aujourd’hui 150 000 personnes issues des populations marginalisées ont bénéficié de programmes de prévention en 2015.  Le Maroc a aussi mis en place une Stratégie nationale de dépistage qui a permis l’intégration des activités de dépistage dans les établissements de soins de santé primaires, dans les structures d’accouchement et en milieu associatif communautaire.  Cette dynamique a permis de multiplier par 10 le nombre de personnes conseillées et testées entre 2011 et 2015. 

S’agissant de la Stratégie nationale concernant l’accès gratuit aux soins et au traitement adoptée en 1997, le représentant a indiqué que l’accès gratuit à la trithérapie antirétrovirale (ARV) et le suivi biologique a été généralisé depuis 2003.  L’accès au traitement ARV a été renforcé avec l’adoption en mai 2015 des nouvelles recommandations de l’OMS relatives à l’approche « Tester Traiter ».  En outre, une Stratégie nationale sur les droits de l’homme et le VIH a pour objectif de promouvoir les droits des personnes vivant avec le VIH et de lutter contre la discrimination et la stigmatisation auxquelles elles font face.  Le Maroc a mis au point un « Plan Stratégique national de lutte contre le sida 2017-2021 » visant à assurer l’accès au traitement à tous, à capitaliser sur les acquis et à intégrer la vision nationale en matière de VIH/sida dans le cadre de l’agenda 2030 du développement. 

Mme MARIE-LOUISE POTTER (Seychelles) a rappelé que son pays est un petit État insulaire en développement qui, malgré des progrès importants, n’a pu atteindre l’OMD 6 sur le VIH/sida.  Le nombre des personnes infectées l’an dernier a augmenté de 13% par rapport à 2014, les toxicomanes représentant la part principale des nouvelles infections.  Les Seychelles reconnaissent que le VIH/sida n’est pas seulement une question sanitaire mais aussi une question de droits de l’homme et de justice sociale.  Le pays s’assure que le dépistage et l’accès aux traitements ARV soient universels et sans discrimination.  Les deux plus grandes réussites de l’an passé sont la création d’un programme d’échange de seringue et la dépénalisation de l’homosexualité, mesure que la représentante a jugée « historique ».  Ces efforts sont la preuve de l’engagement du pays en faveur de l’éradication de l’épidémie d’ici à 2030.  Les Seychelles entendent mettre en œuvre la riposte accélérée dans les cinq prochaines années.  Toutefois, en tant que petit État insulaire en développement, le pays a encore besoin d’une assistance financière, alors qu’il n’a pas à ce jour pu bénéficier de l’appui du Fonds mondial même s’il a eu droit à la coopération régionale.  La représentante a donc demandé plus de souplesse dans la gestion du Fonds mondial.

Pour M. DAVID YITSHAK ROET (Israël), mettre fin à l’épidémie exige bien plus que doubler le nombre des personnes qui ont accès aux traitements.  Les jeunes filles et les femmes doivent avoir accès à l’éducation et à la santé sexuelles et reproductives.  Les populations clefs doivent avoir un plein accès aux services de santé, dans la dignité et le respect.  Des innovations doivent être faites dans les domaines scientifique et technologique pour offrir médicaments et services au plus grand nombre.  D’ores et déjà, a relevé le représentant, les prix des traitements sont passés de 15 000 dollars par an à seulement 80 dollars.  Les doses quotidiennes, qui étaient de 18 cachets, ne sont plus que d’un seul et bientôt on parlera d’une seule injection tous les quatre mois. 

Israël, a souligné le représentant, a la chance d’avoir certains des meilleurs centres de recherche-développement au monde.  « Imaginez un monde où l’humanité aurait éradiqué le VIH/sida et où le virus ne serait plus une menace », a-t-il dit, en annonçant que deux chercheurs de la « Hebrew University » travaillent sans relâche pour parvenir à un tel monde.  Les Professeurs Abraham Loyter et Assaf Friedler croient avoir trouvé un traitement prometteur qui pourrait totalement détruire les cellules infectées du VIH.  Au lieu de se contenter de prévenir la réplication du virus, le nouveau traitement le détruirait complètement.  Sur le front de la prévention, l’entreprise israélienne « Cric Med-tech » a développé « Prepex », une méthode non chirurgicale de circoncision laquelle montre qu’elle peut réduire de 60% les risques de contamination.  « Prepex » a été utilisé plus de 100 000 fois dans 12 pays d’Afrique et d’Asie et a reçu le prix prestigieux « Oscars of Silicon Valley » comme innovation vitale, a dit le représentant, portant lui-même au poignet un bracelet « Prepex ».  Ce type d’avancées significatives montre qu’il faut continuer à investir dans la recherche, a-t-il conclu.

M. ANDREI DAPKIUNAS (Belarus) a déclaré que la santé d’une nation était la clef de sa prospérité et de son développement durable.  Le Belarus a donc renforcé ces dernières années ses dépenses de santé, faisant de la prévention et de la lutte contre la propagation du VIH/sida des priorités de la politique de santé publique.  Les efforts nationaux sont renforcés grâce à la coopération avec l’OMS, le Fonds mondial et ONUSIDA, dont le pays entend appliquer la cible 90-90-90.  Le Belarus, qui demande à la communauté internationale de continuer à appuyer ces institutions, entend lutter contre la stigmatisation et la discrimination, en travaillant avec les groupes les plus vulnérables.  Le pays préconise une approche globale et multisectorielle, avec le secteur privé et la société civile, sans oublier la famille fondée sur des valeurs traditionnelles.  Le Gouvernement soutient les aspirations de sa jeunesse à mener une vie saine dans le cadre d’une famille saine.  Les jeunes doivent avoir la volonté et se voir offrir la possibilité de fonder une famille.  Dans ce cadre, le Belarus renforce sa lutte contre la consommation de stupéfiants.

Pour M. CARLOS ARTURO MORALES LOPEZ (Colombie), le sida continue à être un problème de santé publique et de développement.  Avec un taux de prévalence de 0,47%, la Colombie connait toutefois des taux de 5% dans les groupes les plus à haut risque comme les homosexuels, les transgenres et les professionnels du sexe.  Le Gouvernement est déterminé à relever la qualité de leur prise en charge, sachant que 63% ont une charge virale indétectable.  Le pays s’est engagé à réaliser la cible des trois 90 d’ONUSIDA et étudie les moyens d’assurer un traitement immédiat à toute personne dépistée séropositive.  L’accent est également mis sur la prévention, avec la fourniture de préservatifs et de seringues jetables.  Les actions doivent se concentrer sur des facteurs clefs comme l’accès à des médicaments abordables et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, sans oublier que la santé sexuelle et reproductive est essentielle tout comme la sensibilisation.  La Colombie a opté pour une réponse conjointe de l’État et la société civile et appelle à des stratégies et à des partenariats pour surmonter l’obstacle des prix des médicaments, en créant une production locale sûre et efficace.  S’agissant du financement, des fonds propres de 130 millions de dollars ont été débloqués en plus des 6 millions du Fonds mondial.

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a souligné, à son tour, que pour ne laisser personne sur le côté, il faut mettre l’accent sur les populations les plus exposées.  La Bulgarie estime en outre que la lutte contre la violence faite aux femmes et pour leur autonomisation, l’égalité entre les sexes et l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive, y compris les adolescentes, doivent être au premier plan des mesures prises.  Il est inacceptable que les jeunes ne sachent que peu de choses sur les risques de contamination et les mesures de prévention.  La Bulgarie a enregistré à ce jour 2 350 cas de VIH/sida, a déclaré M. Tafrov, qui a fait observer que son pays était situé en Europe de l’Est, une région où l’épidémie s’est développée de manière importante durant les 10 dernières années.  Il est donc prioritaire pour la Bulgarie de prendre des mesures préventives efficaces, afin que le pays conserve une prévalence faible.  Cette année, le pays a mis en place son troisième Programme national pour la prévention et le contrôle du VIH, qui intègre la stratégie mondiale de l’OMS, celle de l’Union européenne et les indicateurs clefs de la cible 90-90-90 d’ONUSIDA.

Le Ministère de la santé débloque les fonds nécessaires pour l’achat des médicaments antirétroviraux auxquels toute personne infectée a un accès égal et gratuit indépendamment qu’elle ait ou non une assurance-maladie.  Il existe en outre un important réseau de 50 ONG et 35 centres de santé préventifs, des cabinets permettant des tests anonymes et gratuits et des unités médicales mobiles, ainsi que des clubs de jeunes qui offrent un apprentissage par les pairs.  Des services médicaux sont offerts à plus de 50 000 personnes considérées comme plus vulnérables et plus de 110 000 enfants et jeunes à risque sont couverts par des activités spéciales.  M. Tafrov a souligné l’importance de la prestation de services intégrés, holistiques et de haute qualité, qui assure le respect du droit à la santé pour tous.  Il a ajouté que le soutien aux organisations de défense des femmes, aux réseaux communautaires, aux organisations de personnes vivant avec le VIH, aux organisations de défense des droits de l’homme et aux clubs de jeunes joue un rôle crucial dans le renforcement des systèmes de santé.

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a expliqué que le Gouvernement sandiniste a mis en place une politique de lutte contre le sida qui rend gratuit l’accès au dépistage et aux soins de santé, y compris avec le soutien du secteur privé, ce qui permet au pays d’être un exemple dans la région.  Le nombre des services traitant du VIH a été augmenté et des campagnes de prévention et d’information, y compris pour la jeunesse, ont été lancées.  Le 18 mai a été décrétée Journée nationale de solidarité avec les personnes vivant avec le VIH, après l’adoption d’une loi de défense des droits de l’homme face au sida.  Aujourd’hui, tous les kits de dépistage du VIH sont financés par le budget national, ce qui permet au pays de ne plus dépendre de l’extérieur, s’est félicitée la représentante.  Sur les 360 000 personnes testées chaque année, environ 1 200 cas d’infection sont découverts, a déclaré Mme Chamorro, qui a insisté sur les progrès réalisés dans la lutte contre la transmission mère-enfant: aujourd’hui seuls 2 enfants sur 100 sont contaminés, a-t-elle affirmé.

M. FERNANDO WAHNON FERREIRA (Cabo Verde) a indiqué que son pays a enregistré des progrès significatifs, principalement avec l’arrivée en 2004 des traitements antirétroviraux.  Le taux de prévalence est de 0,8% mais présente un profil concentré.  Le pays a mis en place des plans stratégiques fondés sur une approche multidimensionnelle qui inclut aussi la société civile et le secteur privé tout en développant des mesures d’appui aux populations les plus vulnérables, particulièrement les populations clefs.  Parmi d’autres mesures, des éléments essentiels de sensibilisation ont été introduits dans le cursus scolaire et les activités de proximité à l’intention des jeunes ont été renforcées, de même que les programmes de promotion et de distribution des préservatifs.  La promotion de l’accès aux services et soins de santé sexuelle et génésique a permis de réduire la transmission mère-enfant: plus de 96% des femmes enceintes font un test de dépistage et l’accès des concernées aux traitements antirétroviraux a atteint les 100%.

Le représentant s’est félicité que la Déclaration politique prenne en considération les priorités des petits États insulaires en développement, des pays à revenu intermédiaire et de ceux qui viennent d’être retirés de la liste des PMA.  Les besoins de financement étant bien réels, ils en appellent à une coopération internationale fondée sur le principe de responsabilité partagée et de la solidarité internationale.

Mme CRISTINA CARRION (Uruguay), a rappelé que l’Amérique latine était la deuxième région la plus touchée par le VIH après l’Afrique et que l’heure n’était pas à la complaisance puisque l’épidémie est toujours une menace pour des millions de personnes.  Il faut par conséquent pouvoir compter sur la coopération internationale pour maintenir et augmenter les financements pour que tous les séropositifs puissent avoir accès aux traitements ARV.  Ces dernières années, l’Uruguay a connu des avancées substantielles grâce à des actions stratégiques qui ont stabilisé le taux de mortalité depuis 2012 et fait baisser le nombre des nouveaux cas d’infection depuis 2013.  Les diagnostics tardifs sont également en net recul et les taux de transmission verticale de la syphilis et du VIH diminuent.  Il s’agit là de deux problèmes critiques pour le Ministère de la santé qui accorde la priorité au dépistage précoce, à l’accès des séropositifs aux ARV et à la réduction de la transmission verticale du VIH.

L’Uruguay reconnait la vulnérabilité particulière de certaines « populations clefs » et cherche à promouvoir une politique en leur faveur.  La représentante a en outre plaidé pour une forte implication du secteur de l’éducation, de la démédicalisation du diagnostic et l’accès gratuit aux préservatifs.  Pour conclure, elle a réitéré la volonté de l’Uruguay de réaliser la cible 90-90-90 d’ONUSIDA d’ici à 2020.

M. JIRI ELLINGER (République tchèque) a expliqué que le pays a renforcé son système national de prévention et de lutte contre le VIH/sida.  La République tchèque prépare actuellement une nouvelle version de son Programme national pour la gestion du VIH/sida, qui constitue son principal cadre d’action.  Elle prendra à cette fin en compte tous les acteurs et se fondera sur la base des données collectées aux plans national et international.  La République tchèque est toutefois convaincue de l’efficacité des mesures déjà prises.  Elle soutient ainsi le renforcement de l’éducation à la santé dès la petite enfance, développe l’accès aux services de dépistage anonyme, et améliore l’accessibilité à des traitements abordables et protège les populations les plus vulnérables, y compris en évitant la transmission de la mère à l’enfant ou en promouvant les droits humains des personnes vivant avec le sida ou particulièrement exposées.  Le pays veille ainsi à prévenir toute stigmatisation à l’encontre des groupes vulnérables.  C’est dans cet esprit que la République tchèque fait sienne la Déclaration adoptée avant-hier, dont elle compte utiliser les principes pour relever les défis de la prévention.  La République tchèque est toutefois convaincue qu’il faut des réponses adaptées aux contextes régional et national.

M. GUSTAVO MEZA-CUADEA VELASQUES (Pérou) a salué la Déclaration politique sur le VIH/sida et a plaidé pour que les efforts de la communauté internationale soient axés sur les populations clefs.  Il faut leur garantir une couverture de santé intégrale et l’accès aux traitements ARV, a-t-il estimé.  Au Pérou, il existe un autre groupe à haut risque d’infection qui est celui des populations autochtones de l’Amazonie, a-t-il expliqué en précisant qu’elles connaissent des taux de prévalence du sida de l’ordre de 1 à 2%.  Les barrières géographiques rendent le suivi et l’accompagnement médical de ces populations difficiles.  Dès 1996, le Pérou s’est doté d’une politique de lutte contre le sida, CONTRASIDA, et désormais les tests de dépistage sont volontaires et gratuits ainsi que l’accès aux traitements ARV et aux préservatifs.  Le Pérou évalue actuellement la mise en œuvre future de la prophylaxie préexposition dans le cadre de son plan stratégique multisectoriel contre les maladies sexuellement transmissibles.  S’agissant de la sensibilisation, le 10 juin a été décrété Journée nationale de lutte contre le sida.  Le représentant n’a pas oublié de mentionner que la transmission de la mère à l’enfant est tombée de 10 à 4% en 10 ans.  Il va falloir renforcer toutes ces actions pour venir à bout de l’épidémie d’ici à 2030, ce qui suppose des investissements dans les infrastructures de santé.

M. FADUL MOHAMED (Soudan) a dit le souci de son pays d’être à la hauteur de ses engagements, en cherchant à promouvoir une paix qui contribuera à l’amélioration de la santé.  Il a salué les efforts de la société civile et appuyé la Déclaration politique, « à l’exception de certains points qui vont à l’encontre des valeurs culturelles et éthiques ».  Il a insisté sur ces valeurs et sur le rôle de la famille.  Il a profité du débat pour dénoncer les sanctions internationales qui frappent son pays, estimant qu’elles sapent les efforts en faveur des droits de l’homme dont le droit à la santé et les efforts de lutte contre le VIH/sida.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a indiqué que son pays s’emploie à généraliser le dépistage et à mettre en place une approche holistique centrée sur le patient qui assure des services combinés sur le VIH et la tuberculose et sur le VIH et la thérapie de substitution aux opiacés.  Tous les services sont financés sur fonds propres, a précisé le représentant qui a ajouté que dans le même temps, l’Estonie s’efforce de trouver des solutions novatrices et de promouvoir, dans ce cadre, le recours à la technologie.  Après la mise en place d’un système de santé électronique, le pays cherche des solutions pour relever les défis spécifiques du VIH/sida.  Le représentant a rappelé que la région d’Europe de l’Est est la seule région au monde où le nombre des nouvelles infections augmente.  Les consommateurs de drogues par intraveineuse représentent la moitié des nouvelles infections en Europe de l’Est et en Asie centrale.  Or, comme l’épidémie de VIH/sida ne peut être stoppée sans rogner sur les fonds destinés à l’élargissement de l’accès à la santé et aux services sociaux, ces pays ont donc besoin de l’aide d’ONUSIDA.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a salué le fait que la Déclaration politique sur le VIH/sida comprend une clause de souveraineté nationale qui invite à l’appropriation nationale et au leadership des gouvernements dans la riposte au sida.  Cette réponse doit se faire dans le strict respect des lois et valeurs culturelles et religieuses de chaque pays ainsi que de leurs priorités de développement.  Le Cameroun, qui a un taux de prévalence de 4,3% chez les adultes de 15 à 49 ans, est toujours dans une situation d’épidémie généralisée bien que celle-ci se soit stabilisée avec une baisse de 20% entre 2004 et 2011.  La lutte contre le VIH/sida reste une priorité nationale et, grâce aux efforts conjugués du Gouvernement, des partenaires au développement et de la société civile, il a été possible d’élargir l’accès au traitement, aux soins et au soutien des personnes infectées, et de réduire la transmission du virus de la mère à l’enfant grâce à l’option B+, ainsi que les nouvelles infections.  La réponse du Cameroun passe par un engagement politique fort marqué par l’accroissement des ressources nationales allouées à la lutte contre le sida qui sont passées de 1,5 million d’euros en 2002 à 15 millions en 2015, ce qui a notamment permis la gratuité des traitements ARV.  Un certain nombre d’activités sont menées pour inverser les tendances et réduire l’impact négatif du sida sur la population générale notamment dans le domaine de la prévention par la communication et l’éducation. 

Par ailleurs, les campagnes de dépistage ont été renforcées et la disponibilité et l’accessibilité de préservatifs gratuits a augmenté significativement.  Pour ce qui est de l’accès aux soins et au traitement, les efforts du Gouvernement vont dans le sens de la décentralisation de la prise en charge médicale avec une extension progressive des sites de prise en charge et la création de 10 cellules régionales de coordination et d’approvisionnement en ARV.  Les malades peuvent également bénéficier de soutien psychologique, social et économique compte tenu du fait que la stigmatisation reste une préoccupation majeure pour le programme de lutte contre le sida.  Pour le représentant, le défi majeur actuellement est la mobilisation des fonds nécessaires dans un environnement de crise financière et économique.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) s’est félicité du fait que les autorités nationales aient doublé la part nationale des fonds consacrés à la lutte contre le VIH/sida, ce qui a notamment permis d’offrir des traitements gratuits à toutes les personnes infectées.  Il a aussi annoncé que des réformes législatives sont en cours afin de mettre fin à la stigmatisation et la discrimination.  Il a relevé que l’épidémie semble s’étendre en Mongolie, prédisant même que le taux de prévalence pourrait tripler au cours des 5 prochaines années.  Il a déploré la crise du financement dans la lutte contre le VIH/sida, étant donné que les donateurs négligent des pays comme la Mongolie, classée parmi les pays à revenu intermédiaire.  Les programmes en faveur des populations clefs sont pour la plupart menés par la société civile, faute de moyens publics.  Il a invité l’ONUSIDA et les partenaires internationaux à financer les pays à revenu intermédiaire dans lesquels vivent 70% des personnes infectées dans le monde.

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice) a plaidé pour le renforcement des mesures préventives en faveur des populations clefs.  Il a expliqué qu’à Maurice, la prévalence du VIH est de 0,8%, mais quand on regarde la situation de certaines populations clefs tels que les toxicomanes, la prévalence avoisine les 5%.  Maurice est engagé à mettre en œuvre l’approche 90-90-90, et des activités de sensibilisation sont lancées en direction des populations clefs comme les jeunes.  Il a également relevé que la prévalence de la transmission mère-enfant est d’1%, le pays espérant être le premier pays africain à avoir un taux nul.  Le Gouvernement finance plus des deux tiers de la lutte contre le VIH/sida et espère recevoir 5 millions de dollars du Fonds mondial d’ici à 2020.

Mme SHARON APPLEYARD (Australie) a expliqué que son pays aurait souhaité que la Déclaration politique mette encore plus l’accent sur les populations clefs.  Elle a indiqué que son gouvernement a consacré pas moins d’un milliard de dollars à la lutte contre le VIH/sida dans la région du Pacifique, une région où l’épidémie frappe particulièrement les populations victimes de discrimination.

M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a expliqué que le taux de prévalence dans son pays est bas avec 2 309 cas depuis 2005.  Cependant, il y a eu 68 nouveaux cas au premier trimestre 2016 et tout porte à penser qu’il ne s’agit que d’une fraction des personnes séropositives dans le pays.  Si cette maladie touche essentiellement les groupes les plus à risque, il n’en demeure pas moins qu’elle est souvent transmise désormais par des rapports sexuels entre hommes et femmes.  Les hôpitaux offrent des services de dépistage et de traitements ARV dans 14 centres.  Le représentant a indiqué que le Sri Lanka compte s’inspirer des pays qui ont réussi leurs campagnes de prévention grâce à l’information et à l’éducation, au dépistage et à la distribution gratuite de préservatifs.  Toutefois, toute politique se heurtera à l’obstacle de taille qui est le prix des médicaments.

M. AHMED SAREER (Maldives) a expliqué que pour son gouvernement, la réponse à l’épidémie du VIH/sida est une question de santé publique même si le taux de prévalence reste faible, avec moins d’1%.  En 2013, il n’y avait que 23 cas connus dont 12 sont morts du sida.  Les autres 9 personnes séropositives sont actuellement sous ARV.  Le pays a opté pour une politique de dépistage et de traitement avec une prise en charge totale et à vie des malades.  Cependant, de nouvelles tendances pourraient contribuer à accroitre le taux de prévalence du sida et d’autres MST, d’où l’importance des efforts de prévention, en particulier auprès des groupes les plus à risque et chez les jeunes.  Les Maldives s’orientent également vers de meilleurs systèmes d’information stratégiques pour pouvoir mieux surveiller les programmes de prévention, de soins et de traitement.  L’un des principaux obstacles reste la dispersion géographique du pays qui fait qu’il est difficile et coûteux de fournir les services nécessaires sur tous les atolls.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a expliqué que le succès de la mise en œuvre de la Déclaration politique repose sur trois éléments clefs.  Le premier est d’accélérer l’accès aux services de prévention, d’examen et de traitement du VIH dans les pays à incidence élevée.  Le second est de considérer comme prioritaire la question des populations clefs qui sont les plus vulnérables, et qui méritent des actions ciblées afin de réduire les nouveaux cas d’infection.  Il a ainsi cité, entre autres, les adolescentes et les jeunes femmes, les populations autochtones du monde entier, les LGBT et les personnes s’injectant de drogues.  Le troisième point est l’innovation afin de rendre les traitements moins coûteux et plus efficaces, et de trouver le moyen de guérir de la maladie, a-t-il argué.  Il a aussi souligné que le Fonds mondial est une manière innovante de mobiliser les fonds, indiquant que le Canada entend augmenter son apport de 20%, soit un financement de 785 millions de dollars pour la période de 2017 à 2019.

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a indiqué que son gouvernement a lancé une campagne contre la discrimination et les obstacles juridiques qui empêchent au pays d’atteindre l’objectif 90-90-90 d’ONUSIDA.  Il a déploré le manque de ressources dans cette lutte, appelant à des actions concertées à l’échelle internationale afin de parvenir au stade de zéro infection dans le monde.  Il a remercié l’ONUSIDA et le Fonds mondial pour l’appui apporté à son pays.

Pour M. JOUNI LAAKSONEN (Finlande), la réalisation des objectifs de développement durable, y compris la fin de l’épidémie du sida, exige une responsabilité universelle, une approche cohérente et la ferme volonté de ne laisser personne sur le côté.  La Finlande soutient pleinement l’approche fondée sur les droits de l’homme et préconise une riposte inclusive qui tienne compte des besoins des personnes les plus touchées par l’épidémie et les plus à risque.  Pour cela, il faut pouvoir garantir un accès égal et non discriminatoire de tous aux traitements et au dépistage sans quoi il ne sera pas possible de venir à bout de l’épidémie.  Si les personnes les plus touchées par cette maladie restent en marge de la riposte au sida, et en particulier les adolescentes et les femmes, nous courons le risque d’échouer à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  Par conséquent, le représentant a estimé qu’il faut miser sur l’éducation sexuelle et sur la santé sexuelle et reproductive.  Les systèmes de santé doivent être solides et prévoir des services de proximité.

L’Archevêque BERNARDITO AUZA, Observateur du Saint-Siège, a indiqué que les organisations d’inspiration catholique font souvent état d’obstacles persistants comme le manque d’accès au dépistage et aux traitements, et aux médicaments dosés pour les enfants.  Les obstacles comprennent aussi les changements qu’imposent les donateurs et les agences dans l’affectation des fonds, les fréquentes pénuries de médicaments et de matériel de dépistage et les interruptions du traitement, surtout chez les femmes et les jeunes qui ont peur des préjugés, de la discrimination et des abus physiques et émotionnels.  Les cibles et les objectifs internationaux doivent donc être ancrés dans la réalité et tenir compte des véritables problèmes des pays.  La discrimination et la stigmatisation ne peuvent être une excuse pour laisser les gens sur le côté.  Il faut faire la part des choses entre les politiques qui encouragent la stigmatisation et celles qui découragent les comportements à risque, en privilégiant les relations responsables et saines, surtout parmi les jeunes.

La communauté internationale doit trouver la volonté, l’expertise technique, les ressources et les méthodes pour élargir l’accès de tous, surtout des enfants, au dépistage et aux traitements.  Le Saint-Siège vient de convoquer deux réunions avec les patrons de l’industrie pharmaceutique pour réfléchir à une meilleure riposte au VIH/sida et à la tuberculose chez les enfants.  Les participants se sont mis d’accords pour lever les obstacles à l’accès aux médicaments et au dépistage. 

M. ALASAN SENGHORE, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a plaidé pour le renforcement des systèmes de santé communautaires dans les pays en développement, notamment en zone rurale et dans des régions enclavées où les services de santé et les infrastructures de base sont rares ou inexistants.  Ce faisant, a-t-il expliqué, la résilience des communautés va non seulement être renforcée s’agissant de la lutte contre le VIH, mais aussi pour tous les risques sanitaires et autres situations à risque.  La communauté internationale doit agir davantage en faveur de ceux qui se retrouvent dans des situations d’urgence, parmi lesquels une personne sur 19 est infectée par le VIH.  Il faut combattre la discrimination dont ils font l’objet, notamment du fait de la violence sexiste ou sexuelle, ou par manque de traitements essentiels.

Mme PATRICIA ANN TORSNEY, Union interparlementaire, a déclaré que les parlementaires doivent, en tant que représentants du peuple, assurer le lien indispensable entre les populations et les divers acteurs et prestataires dans la lutte contre le VIH/sida.  Dans trop de pays encore, la discrimination apparaît comme un grand obstacle à la lutte contre le VIH/sida.  Le succès ne saurait être garanti si les parlementaires ne jouent pas leur partition, en offrant une nouvelle vision, a-t-elle averti, et en précisant que l’action des parlementaires doit prendre en compte tous les groupes sociaux sans exclusion.

M. AHMED FATHALLA, Ligue des États arabes, a rappelé qu’en mars 2014, le Conseil des Ministres de la santé de la Ligue a adopté une Stratégie arabe de lutte contre le VIH/sida qui est le fruit de deux années de travail avec le concours d’ONUSIDA.  Parmi les objectifs de cette Stratégie figure notamment la réduction de la transmission par voie sexuelle de 50% d’ici à 2020; l’éradication du VIH chez les enfants et la réduction de la transmission mère-enfant; l’accès aux ARV; l’égalité d’accès aux services, et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination.  Cette Stratégie tient compte de la diversité des pays arabes et adapte ses méthodes au « contexte arabe ».  Elle a pour but d’encourager les activités qui visent à intégrer les campagnes de lutte contre le sida dans l’approche plus large de la santé.  Une initiative régionale pour lutter contre les nouveaux cas d’infection chez les enfants a aussi été lancée.

M. MOHAMMAD NURUL ALAM, Observateur de « Partners in population and development » (PPD), qui est une alliance de 26 pays, a salué l’adoption de la Déclaration politique et souligné le lien entre VIH et développement, progrès et stabilité des communautés dans le monde.  Il a souhaité une réponse forte, coordonnée et holistique de la communauté internationale pour venir à bout de cette épidémie d’ici à 2030.  Le VIH est souvent la cause et la conséquence de la pauvreté et des inégalités et, par conséquent, il doit avoir une composante intrinsèque de toute stratégie de réalisation des objectifs de développement durable.  Sur la base de l’expérience, l’on sait qu’il faut une approche holistique et intégrée pour garantir le droit de tous à la santé et aux soins, y compris un accès universel à la santé sexuelle et reproductive.  Le PPD dénonce le faible taux de dépistage et de traitement chez les enfants dans le monde en développement et le manque d’assistance technique pourtant essentiel pour réussir le pari de l’élimination de la transmission mère-enfant.  Une autre cause d’inquiétude est le fait que le sida soit aujourd’hui l’une des premières causes de décès chez les adolescentes dans le monde.  Pour le PPD, l’aide publique au développement (APD) restera essentielle.  Les donateurs doivent maintenir leurs engagements actuels voire les augmenter.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a insisté sur une protection « vigoureuse et effective » des droits du travail.  Le droit de travailler et de choisir librement sa vocation, le droit à la vie privée et à la confidentialité, le droit d’émigrer pour rechercher un emploi, l’égalité entre les sexes dont la protection contre la violence et le harcèlement au travail, et l’exercice des droits sexuels et reproductifs, sont tous des droits « fondamentaux », a—il insisté.  L’objectif 8 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur la croissance inclusive et le travail décent est « inextricablement » lié à un certain nombre d’autres objectifs de développement durable, y compris ceux que souligne la Stratégie 2016-2021 d’ONUSIDA, en particulier les objectifs sur la santé, l’égalité entre les sexes, la réduction des inégalités, les sociétés pacifiques et inclusives et l’accès à la justice. 

Le représentant a rappelé que 2016 marque le 20e anniversaire des Directives internationales sur les VIH/sida et les droits de l’homme.  Après ces directives, l’OIT a adopté des normes dont la recommandation 200 sur le VIH/sida qui interdit par exemple le dépistage obligatoire avant un recrutement.  Quand un employé croit que son statut sérologique aura des conséquences négatives, il est moins enclin à se faire dépisté ou à se soumettre à un traitement, alors que le lieu de travail est justement l’endroit où on peut toucher 90% de personnes affectées.  C’est la raison pour laquelle l’OIT a lancé en 2013, l’Intiative « VCT@work » qui a, à ce jour, déjà bénéficié à 3 millions de travailleurs qui ont ainsi eu, à titre confidentiel, accès à des services d’accompagnement, de dépistage et de soins.  La Déclaration politique de 2011 reconnaissait d’ailleurs l’importance du lieu de travail dans la riposte nationale au VIH/sida et depuis 2010, la recommandation 200 de l’OIT a déjà influencé des législations et des politiques nationales.  Elle a été invoquée par au moins 12 cours et tribunaux dans différents pays et citée, plusieurs fois, comme source de droit par le Rapporteur spécial sur les droits des migrants. 

Mme RITA WAHABM, MENAROSA du Liban, a indiqué que 17% seulement des personnes vivant avec le VIH dans sa région reçoivent un traitement, ce qui en fait la région où l’accès aux traitements est le plus faible au monde.  Elle a décrié un système culturel qui met en danger les populations clefs.  Elle a rappelé que le Liban accueille une population de réfugiés représentant pratiquement le tiers de sa propre population, alors que la région ne semble pas être la priorité des bailleurs quand il s’agit de la lutte contre le VIH/sida.  

M. MIDNIGHT POONKASETWATTANA, APCOM, Thaïlande, s’est dit déçu, en tant qu’homosexuel, et fier de l’être, de voir la manière dont la Déclaration politique traite des populations clefs, en particulier leur énumération.  Il a reproché aux États de fermer les yeux sur une réalité qu’on ne peut nier, ajoutant même que certains ont tout fait pour que les représentants de ces populations clefs ne participent pas à la Réunion de haut niveau.

Il a ensuite relevé que l’Asie du Sud-Est est la zone la plus touchée par le VIH en dehors de l’Afrique subsaharienne.  Il a déclaré que les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes y sont les plus infectés, déplorant en outre que 18 pays sur les 36 que compte la région ont des lois qui criminalisent les activités homosexuelles.  Il s’est également plaint de la diminution croissante des fonds que reçoivent les associations comme la sienne.

Pour M. KIERAN DALY, Fondation Bill et Melinda Gates, « il faut révolutionner la riposte au sida ».  Il a reconnu que depuis 35 ans, les progrès ont été « impressionnants », mais que « nous sommes à un tournant où il faut accélérer les progrès de manière plus intelligente ».  Il est clair, s’est-il expliqué, qu’il va falloir miser sur la prévention, parvenir à une circoncision et assurer le plus large accès possible aux préservatifs.  Il faut également adapter l’acheminement des soins de santé vers les personnes les plus à risque et trouver le moyen d’adapter la riposte aux besoins individuels des personnes à risque, infectées ou de la population générale.  À titre d’exemple, il a parlé des jeunes femmes en Afrique subsaharienne qui bien souvent n’ont aucun moyen de se protéger contre le virus.  Il faut, a-t-il insisté, investir dans la santé des femmes et des filles et redoubler d’efforts pour collecter des données fiables pour affiner les politiques.  Au-delà des outils existants, il faut investir dans des domaines ciblés voire changer les outils de prévention par la recherche d’un vaccin.  Commençons déjà par financer le Fonds mondial, a conclu le représentant.

Table ronde 5: « Les enfants, les adolescentes et les jeunes femmes: prévention des nouvelles infections au VIH »

La table ronde était coprésidée par Mme AVA ROSSANA GUEVARA PINTO, Vice-Présidente du Honduras, et M. MOTHETJOA METSING, Vice-Premier Ministre du Lesotho.  Dans son propos liminaire qui a permis de planter le décor, ce dernier a salué l’annonce, faite par ONUSIDA, de la baisse de 50% des nouvelles infections chez les enfants depuis 2009.  Dans le même temps, le traitement des enfants infectés s’est intensifié, ce qui fait que les décès au VIH/sida ont diminué de 44% entre 2009 et 2015.  Il a félicité les quatre pays -Cuba, Thaïlande, Arménie et Moldova- qui ont pu éliminer complètement la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

Le Vice-Premier Ministre du Lesotho a déploré que le sida et les accouchements soient les deux principales causes de décès chez les adolescentes et les jeunes femmes d’Afrique subsaharienne.  En 2014, plus de la moitié des nouvelles infections chez les jeunes de 15 à 24 ans concernait les adolescentes et les jeunes femmes.  Toutes ces morts sont évitables car elles sont imputables au manque d’éducation et de choix chez les jeunes femmes, sans oublier la culture dominante des inégalités entre les sexes et la violence sexiste.

C’est la raison pour laquelle, a indiqué le Ministre de la santé d’Afrique du Sud, M. AARON MOTSOALEDI que le Gouvernement sud-africain entend lancer, le 24 juin, une vaste campagne de sensibilisation auprès des adolescents et des jeunes sur la réalité du VIH/sida.  Ce sera une campagne de trois ans qui a pour objectifs de faire baisser les nouveaux cas d’infection et la violence sexiste, et de multiplier les opportunités économiques des jeunes.  

Au Zimbabwe, 250 filles sont infectées chaque semaine, a avoué le Ministre zimbabwéen de la santé et de l’enfance, M. PAGWESESE DAVID PARIRENYATWA.  Le taux de prévalence est tout de même passé de 29 à 15%, et des efforts sont en cours pour stopper les nouvelles infections chez les jeunes.  Une éducation sexuelle est dispensée dès l’âge de 10 ans et quelque 10 000 enseignants ont été formés à cette mission.  Les mariages précoces sont bannis, depuis trois mois, dans un pays, s’est enorgueilli le Ministre, où 133 millions de préservatifs sont utilisés par an.  « Le Zimbabwe en est l’un des plus grands consommateurs en Afrique.·

En Côte d’ivoire, l’objectif est de faire passer le taux de prévalence de 3,7% à 1% d’ici à 2020, a indiqué Mme RAYMONDE GOUDOU COFFIE, Ministre ivoirienne de la santé et de l’hygiène publique.  Pour y parvenir, des campagnes de communication de masse sont organisées, les préservatifs sont distribués gratuitement et des partenariats sont menés avec les populations à risque telles que les travailleuses du sexe.  Les élèves sont également sensibilisés grâce aux centres de santé scolaires, et les étudiantes sont prévenues contre la prostitution.

À cet égard, M. JOSEPH KASONDE, Ministre de la santé de la Zambie, a insisté sur le rôle des médias traditionnels pour la sensibilisation des jeunes même si dans son pays, des campagnes sont également menées à travers les médias sociaux. 

Pour véritablement toucher ces jeunes, il faut renforcer l’éducation sexuelle et leur ouvrir l’accès à la santé sexuelle et reproductive, a plaidé la représentante de l’Allemagne.  Oui, a acquiescé le délégué du Danemark, la lutte contre le VIH/sida chez les adolescentes et jeunes femmes passe par le respect de leurs droits à la santé sexuelle et reproductive.  « Comment peut-on considérer une fille assez mûre pour être mariée, mais pas assez pour être éduquée sur sa sexualité? » s’est indigné le représentant qui a d’ailleurs constaté que les participants à ce débat sont tous des adultes.

Des adultes qui au Kenya, s’est plaint son représentant, sont les premiers responsables de la contamination des adolescentes et des jeunes femmes.  C’est pour cette raison qu’il ne faut pas négliger le rôle des hommes et des garçons, a expliqué le délégué de la Suède qui a insisté sur le fait que le changement des comportements et des mentalités chez les hommes et les garçons peut faire toute la différence pour les adolescentes et les jeunes femmes qui, en période de crise humanitaire, doivent être particulièrement protégées, a poursuivi la représentante du Royaume-Uni.

En effet, son homologue d’Haïti a avoué que les jeunes femmes ont été abandonnées à leur sort après le tremblement de terre de 2010, avec des conséquences désastreuses pour leur santé puisque certaines se sont vues obligées de se prostituer pour survivre.

Nous avons entendu tant et tant de promesses depuis des lustres, mais êtes-vous vraiment prêts à agir? a lancé, dépitée, une jeune séropositive ukrainienne.  Comment on peut prétendre travailler pour les jeunes quand ils ne sont même pas invités à parler, a relevé, à son tour, le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. BABATUNDE OSOTIMEHIN.  À l’avenir, chaque délégation devrait avoir au moins une adolescente, a proposé la représentante de la Gambie.  Vos discours ne valent rien si vous n’avez pas un jeune parmi vous, s’est indigné un jeune de la délégation de Namibie.

Le Directeur exécutif du FNUAP a parlé de l’Afrique où le pouvoir est détenu par les adultes alors que la grande majorité de la population est jeune, sans compter que c’est « l’irresponsabilité » des adultes qui est la cause de la contamination des adolescentes et des jeunes femmes.  On a trop politisé la question de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, s’est-il impatienté: il est tout simplement question d’affirmer le droit de tout individu d’user de son corps comme bon lui semble.  Le Directeur exécutif s’est dit inquiet de « l’épidémie » de la violence sexuelle qui affecte une femme sur trois dans le monde.  L’égalité des sexes est « primordiale ».  Un membre du secteur privé a parlé des partenariats que son entreprise a mis sur pied pour lutter contre la violence sexuelle.  Après un viol, a-t-il expliqué, une fille à 72 heures pour prendre un traitement prophylactique et 120 heures pour prendre la pilule du lendemain.  Je suis fatigué de ces drames, de ces jeunes femmes violées dans le monde entier.  Il faut que cela cesse, a-t-il lancé, sous les applaudissements.

Mme OLENA STRYZHAK, de « All Ukrainian Network of People Living with HIV », a encouragé les jeunes femmes comme elle à s’exprimer publiquement afin de faire « bouger les lignes », après avoir confié: « il y a 16 ans, quand j’ai appris que j’avais le VIH, je n’osais pas en parler ».  M. CHIP LYONS, Président-Directeur général d’Elizabeth Glaser Pediatrics AIDS Foundation a plaidé pour que tous les enfants soient testés à la naissance.  Le temps presse compte tenu du niveau élevé de mortalité chez les enfants infectés par le VIH.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Procureure de la Cour pénale internationale exhorte le Conseil de sécurité à mettre fin à son inaction s’agissant des crimes commis au Darfour

7710e séance – matin
CS/12393

La Procureure de la Cour pénale internationale exhorte le Conseil de sécurité à mettre fin à son inaction s’agissant des crimes commis au Darfour

Sur un ton résolument combatif, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, a demandé, aujourd’hui, au Conseil de sécurité de rompre son « silence assourdissant » et d’agir pour remédier à la violation « flagrante » par le Soudan de la résolution 1395 (2005), par laquelle le Conseil a déféré la situation du Darfour à la CPI.

En 2009, la Cour a émis des mandats d’arrêt contre le Président du Soudan Omar Al-Bashir et d’autres hauts responsables accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre au Darfour, qui n’ont toujours pas été exécutés.

« Quel message envoyons-nous si ceux qui sont visés par des mandats d’arrêt peuvent se déplacer librement? » a interrogé Mme Bensouda.  Venue présenter le vingt-troisième rapport de la Cour sur la situation au Darfour, elle s’est étonnée du fait que les cas signalés par la Cour de non-coopération de pays en vue de l’exécution de ces mandats d’arrêt n’aient pas incité le Conseil à agir.  « Le Conseil ne doit pas et ne peut pas rester silencieux », a-t-elle martelé.

« L’irrespect des décisions de la Cour a encouragé certains États à exprimer publiquement leur fierté de ne pas se soumettre à l’autorité du Conseil », a poursuivi Mme Bensouda, ajoutant que cet état de fait ne faisait qu’exacerber les frustrations des victimes.  Malgré ces difficultés, la Procureure a promis « qu’elle ne baisserait pas les bras ».  « Nous ne prendrons pas de repos tant que M. Al-Bashir et tous ceux qui sont visés par un mandat d’arrêt ne seront pas jugés à La Haye », a-t-elle dit.

Dans le débat qui a suivi, plusieurs délégations ont concentré leurs critiques sur Mme Bensouda, à l’instar de la Fédération de Russie, dont le représentant s’est étonné « du ton des exigences adressées au Conseil de sécurité par la Procureure ».  « Nous attendions d’elle un rapport détaillé sur son action et non pas son avis sur ce que fait le Conseil », a-t-il regretté.

De leur côté, les délégations de l’Angola et de l’Égypte ont tenu à rappeler la position de l’Union africaine, qui a demandé la suspension des procédures lancées contre M. Al-Bashir et la fin de la saisine de la Cour.  « Nous rejetons toute mesure visant à l’arrestation de M. Al-Bashir », a affirmé le représentant de l’Égypte.

Exprimant son « vif mécontentement » devant le refus du Conseil d’accéder à la demande de l’Union africaine, il a exhorté la Cour à s’abstenir de toute mesure qui pourrait porter atteinte à la dignité des pays africains.  Le délégué du Sénégal s’est dit, lui, convaincu que le changement de la perception négative de la Cour par certaines populations africaines et la prise en charge efficace de leurs préoccupations passaient inéluctablement par un dialogue franc et une coopération étroite.

Mais c’est le représentant du Soudan qui a eu les mots les plus durs pour Mme Bensouda en accusant celle-ci d’être devenue « arbitre et partie » sur le dossier du Darfour.  Il a estimé que l’article 13 (b) du Statut de Rome ne s’appliquait en aucune manière aux États qui ne sont pas parties au Traité, tels que le Soudan.  « L’application sélective de cet article par la Cour a ouvert la porte à des manipulations politiques et à des jeux de pouvoir et d’influence qui sapent le statut du continent africain », a-t-il affirmé.

Un point de vue balayé par Mme Bensouda qui, dans une reprise de parole, a dénoncé l’entreprise de « désinformation » du représentant du Soudan.  La Procureure a, en revanche, reçu le soutien appuyé de plusieurs délégations, dont celles des États-Unis, du Japon, de la France ou encore de l’Espagne.  « Votre travail portera un jour ses fruits et justice sera rendue », a affirmé le délégué de l’Espagne, qui a également demandé au Conseil d’agir.

« À 11 reprises, la Cour a porté des cas de non-coopération à l’attention du Conseil et 11 fois le Conseil a été incapable d’agir », a-t-il déploré.  Félicitant la Procureure pour les progrès réalisés par son Bureau afin de faire avancer les enquêtes, la déléguée du Royaume-Uni a également estimé que le Conseil devait prendre des mesures de suivi « efficaces ».

À cet effet, le représentant de la Nouvelle-Zélande a proposé une approche plus « structurée » du Conseil dans son examen des cas de non-coopération.  « Lorsque le Conseil constate un cas de non-coopération, il devrait discuter notamment des moyens dont il dispose pour y faire face, en adoptant une résolution, une déclaration ou par le biais d’une lettre du Conseil ou en tenant une réunion avec le pays concerné », a-t-il dit.

Le délégué a ainsi invité le Conseil à déterminer, au cas par cas, la réponse la plus appropriée.  « Continuer d’ignorer cette question n’est ni productif ni crédible », a-t-il relevé.  Cette proposition néo-zélandaise a reçu le plein appui de la Procureure de la CPI.  « C’est la moindre des choses que nous pouvons faire pour rappeler aux victimes du Darfour qu’elles ne sont pas oubliées », a–t-elle affirmé.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

La quête des victimes du Darfour pour la justice, entamée il y a 11 ans, est loin de s’être réalisée, a affirmé Mme FATOU BENSOUDA, Procureure de la Cour pénale internationale (CPI).  « Encore plus préoccupant, de graves crimes continuent d’être commis au Soudan », a-t-elle poursuivi, ajoutant que « toutes les personnes de bonne volonté devraient déplorer cette réalité ».  Elle a rappelé le message « clair, constant et de principe » de son Bureau concernant l’irrespect flagrant par le Soudan des résolutions du Conseil.  « Malheureusement, mes innombrables appels afin que vous agissiez pour remédier à l’incapacité persistante du Soudan de s’acquitter de ses obligations internationales n’ont pas été entendus », a déploré Mme Bensouda.  Elle a noté que le Conseil avait fait montre du même « silence assourdissant » concernant le non-respect par le Soudan de ses propres résolutions.

Elle a tiré les conséquences négatives de l’inaction du Conseil, rappelant tout d’abord que ce faisant, il encourageait M. Al-Bashir à se déplacer d’un pays à un autre malgré les deux mandats d’arrêt délivrés par la Cour à son encontre.  L’échec du Conseil à répondre aux 11 cas de non-coopération signalés par les juges de la CPI a encouragé les États parties au Statut de Rome comme non parties à faciliter non seulement les déplacements de M. Al-Bashir mais aussi à l’accueillir.  Combien de cas de non-coopération devront être signalés par la Cour pour inciter le Conseil à agir? a-t-elle demandé.  « Quel message envoyons-nous si ceux qui sont visés par des mandats d’arrêt peuvent se déplacer librement? »

« Par-dessus tout », a poursuivi Mme Bensouda, « l’irrespect des décisions de la Cour a encouragé certains États à exprimer publiquement leur fierté de ne pas se soumettre à l’autorité du Conseil ».  Elle a estimé que cette tendance au non-respect des résolutions du Conseil adoptées en vertu du Chapitre VII de la Charte, qui continue d’exacerber les frustrations des victimes, devrait être une source de préoccupations pour tous.  La violation de ces résolutions est devenue routinière, sans que cela n’entraîne une condamnation ou une action appropriée du Conseil.

Mme Bensouda a jugé impératif que ce Conseil apprécie pleinement et accepte sa relation interinstitutionnelle avec la Cour dans le cadre du Statut de Rome et respecte pleinement l’indépendance de ces deux importantes institutions.  « Le Conseil doit reconnaître que lorsqu’un cas de non-coopération a été signalé en application de l’article 87.7 du Statut de Rome, il doit agir », a-t-elle dit, indiquant qu’en cas contraire, cet article se trouverait sans objet et la confiance envers ce Conseil serait encore davantage érodée.  « Le Conseil ne doit pas et ne peut pas rester silencieux. »

Elle a souhaité que le Conseil examine avec attention la proposition constructive avancée par la Nouvelle-Zélande pour une « approche structurée » pour remédier à ces cas de non-coopération.  Une coopération accrue entre mon Bureau et le Conseil nous permettra d’avancer sur des propositions visant à renforcer notre relation interinstitutionnelle et à la rendre plus fructueuse, a-t-elle dit.  « C’est la moindre des choses que nous pouvons faire pour rappeler aux victimes du Darfour qu’elles ne sont pas oubliées. »

Mme Bensouda a ensuite rappelé le rôle crucial du Conseil dans la mise en œuvre des résolutions adoptées en vertu du Chapitre VII et indiqué que le refus du Soudan de coopérer avec la Cour équivalait à la violation de la résolution 1593 (2005) du Conseil.  En vertu de cette résolution, le Soudan tombe dans le champ d’application du Statut de Rome, a-t-elle dit. 

Elle a précisé que les États non parties qui ne coopèrent pas en vue de l’arrestation de suspects visés par des mandats d’arrêt violaient la résolution précitée, tandis que les États parties qui ne coopèrent également pas violent le Statut de Rome.  Ces violations sapent la justice pénale internationale et sont une attaque directe contre la crédibilité de ce Conseil, a affirmé Mme Bensouda.

« Malgré ces difficultés, nous ne baisserons pas les bras », a promis la Procureure.  « Nous ne prendrons pas de repos tant que M. Al-Bashir et tous ceux qui sont visés par un mandat d’arrêt ne seront pas jugés à La Haye ».  Déplorant la recrudescence d’incidents au Darfour –400 civils ont trouvé la mort et plus de 200 villages ont été détruits–, elle a indiqué que le modus operandi des attaques perpétrées par le Gouvernement soudanais était similaire à celui employé en 2003 et 2004.  La poursuite des attaques militaires du Gouvernement soudanais au Darfour doit être stoppée, a-t-elle dit, ajoutant que l’arrestation de M. Al-Bashir et des autres personnes accusées pourrait contribuer à ce but.

En conclusion, exhortant le Conseil à agir, elle lui a demandé d’accorder toute son attention à la proposition de la Nouvelle-Zélande.  La justice pour les graves crimes visés au Statut de Rome ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de considérations politiques, a conclu la Procureure de la CPI.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) s’est dit « étonné du ton des exigences adressées au Conseil de sécurité par la Procureure » sur les mesures de suivi.  « Nous attendions d’elle un rapport détaillé sur son action et non pas son avis sur ce que fait le Conseil », a-t-il regretté.  Il a également exprimé sa perplexité face à un tel dialogue entre le Conseil et la CPI.

Le représentant a constaté qu’il n’y avait pas d’unanimité au sein même des parties au Statut de Rome, notamment en ce qui concerne l’immunité des chefs d’État.  Estimant fondées les préoccupations des pays africains à cet égard, il a appuyé l’idée de créer un comité ministériel spécial au sein de l’Union africaine pour y répondre et d’organiser un dialogue avec les représentants d’un tel comité et le Conseil.

Dans le rapport de la Procureure, le représentant a relevé « des informations non vérifiées sur le nombre de victimes au Darfour ».  Il a rappelé que des opérations sont menées au Darfour contre l’Armée de libération du Soudan qui refuse tout pourparlert avec Khartoum.  « D’autres groupes au Darfour suivent aussi une ligne destructrice en refusant de signer la feuille de route africaine », a-t-il ajouté.  Les experts du Comité des sanctions du Conseil de sécurité confirment les violations du droit international humanitaire commises par les rebelles soudanais, or, a-t-il critiqué, la Procureure ignore ces faits dans son rapport « qui vise exclusivement les autorités légitimes du Soudan ».

Mme AHILA SORNARAJAH (Royaume-Uni) s’est dite vivement préoccupée par l’augmentation de la violence au Darfour cette année.  « Un accord de paix durable est attendu depuis trop longtemps », a-t-elle rappelé.  Évoquant les allégations généralisées d’affrontements intercommunautaires, les crimes sexistes et sexuels, et l’impunité qui règne dans la région, elle a estimé que la CPI avait un rôle important à jouer.

Le Royaume-Uni, a poursuivi sa représentante, est contrarié par le fait que « les fugitifs continuent de voyager en toute impunité », notamment dans des États Parties au Statut de Rome.  Il attend que les mandats d’arrêt soient mis à exécution pour tous les inculpés, y compris le Président Omar Al-Bashir. 

Le Gouvernement soudanais n’a jamais honoré ses obligations en vertu de la résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité, ce qui affaiblit la Cour, a-t-elle regretté.  Selon elle, la Procureure devrait être félicitée pour les progrès réalisés par son Bureau afin de faire avancer les enquêtes.  Quant au Conseil, il doit prendre des mesures de suivi efficaces en cas de non-coopération avec la CPI.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a déclaré qu’il était convaincu que le changement de la perception négative de la Cour pénale internationale (CPI) par certaines populations africaines et la prise en charge efficace de leurs préoccupations passaient inéluctablement par un dialogue franc et une coopération étroite, seul gage d’une synergie d’action dans la lutte contre l’impunité.  Le représentant a ajouté qu’il n’y avait pas de solution militaire au Darfour et que la seule voie pour parvenir à une paix globale et durable passait par le dialogue et la réconciliation.

Le représentant a ensuite lancé un appel à toutes les parties pour mettre un terme aux hostilités.  Il est aussi nécessaire que la communauté internationale prenne en charge la question des crimes commis en vue de trouver une solution à l’impunité.  En outre, il a condamné toutes les formes de violences contre les civils, en particulier les femmes et les enfants au Darfour.  De plus, a-t-il poursuivi, les attaques contre les travailleurs humanitaires et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) sont inacceptables.  Leurs auteurs doivent répondre de leurs actes, a exigé le représentant.      

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a appuyé les efforts de la Procureure visant à garantir l’administration de la justice et à lutter contre l’impunité, et il a encouragé tous les États Membres à adhérer au Statut de Rome.  Notant le peu de progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité, il a fait part de son inquiétude quant à la violence qui persiste.

Après avoir insisté sur la nécessité de voir ceux qui sont à l’origine des violations du droit international humanitaire traduits en justice, le représentant a préconisé un dialogue effectif entre la CPI et l’Union africaine.  « Préoccupé par les tentatives de politisation du travail de la Cour », il a souhaité que la CPI évalue la situation de façon impartiale et qu’elle œuvre de façon équilibrée à la promotion de la justice.  Enfin, il a estimé que le mandat d’arrêt émis contre le Président Al-Bashir affaiblissait le droit à l’immunité des chefs d’État en exercice.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a réitéré les deux propositions de sa délégation qui pourraient contribuer à mettre fin au malaise dans l’examen par le Conseil de la question de la coopération de la Cour pénale internationale avec le Soudan.  Le Conseil devrait être plus structuré dans son examen des cas de non-coopération.  Il n’y a pas de pratique constante pour faire face à ces cas.  Dans la plupart des cas, le Conseil n’en a même pas discuté. 

Selon le représentant, lorsque le Conseil constate un cas de non-coopération, il devrait discuter notamment des moyens dont il dispose pour y faire face, en adoptant une résolution, une déclaration ou par le biais d’une lettre du Conseil ou en tenant une réunion avec le pays concerné.  Il devrait aussi déterminer, au cas par cas, la réponse la plus appropriée.  Continuer d’ignorer cette question n’est ni productif ni crédible.  Il y va de l’efficacité du Conseil et de sa volonté de respecter sa propre décision, a—t-il dit.

M. Taula a ajouté que le Conseil devrait aussi réfléchir sérieusement à la manière d’établir une relation plus productive avec le Gouvernement du Soudan.  Les Nations Unies et le Conseil ont un besoin évident d’étudier ce qui peut être fait pour changer la nature du partenariat actuel avec Khartoum partant d’une bonne compréhension de la situation actuelle.  « Nous sommes encouragés par les progrès initiaux faits par l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), en particulier avec les réunions tripartites entre le Gouvernement, l’Union africaine et les Nations Unies », a-t-il déclaré.  Le Conseil a un rôle à jouer en appuyant davantage les progrès à cet égard, y compris par une visite au Soudan.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a réitéré la position de l’Union africaine concernant les relations entre la Cour et les chefs d’État africains.  L’Union africaine a demandé la suspension des procédures lancées contre le Président soudanais et invité le Conseil à mettre fin à la saisine de la CPI, a-t-il dit.  Il a ajouté que l’Union africaine souhaitait rencontrer le Conseil afin de lui transmettre ses préoccupations vis-à-vis de la Cour.  

« Nous espérons qu’une position plus constructive sera établie entre le Conseil et l’Union africaine sur la relation avec le CPI », a—t-il dit.  Le délégué de l’Angola a indiqué que, « dans le même temps », son pays défendait l’idée d’un « dialogue ouvert » pour régler le différend au Darfour.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a condamné les bombardements aériens et les offensives au sol qui font de nombreuses victimes civiles, ainsi que les attaques commises contre les travailleurs humanitaires.  Selon lui, l’article 27 (1) du Statut de Rome s’applique à toutes les personnes sans aucune distinction fondée sur leur qualité officielle.  Ainsi les mandats d’arrêt délivrés contre des suspects doivent-ils être exécutés.  Il a également déploré le fait que certaines parties au Statut ne respectent pas leurs obligations et engagé tous les États à promouvoir la coopération avec la CPI.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a exhorté le Soudan à coopérer avec la Cour et à respecter ses obligations, qui découlent de la résolution 1593 (2005) du Conseil.  « Nous vivons dans un monde où les violations des droits de l’homme sont la norme et l’impunité, une réalité honteuse », a-t-il dit. « Or, nous n’avons jamais disposé d’autant de moyens pour mettre un terme à cet état de fait », a-t-il poursuivi, ajoutant que ces moyens étaient insuffisants en raison du manque de volonté politique.

Il a déploré l’absence d’appui du Conseil à la CPI et le manque de coopération de certains États parties.  Le Conseil doit réagir, a-t-il affirmé.  Il a rappelé qu’à 11 reprises, la Cour avait porté des cas de non-coopération à l’attention du Conseil et que 11 fois le Conseil avait été incapable d’agir.  Le Conseil n’en a même pas discuté, a-t-il déploré.  Il a ensuite déclaré qu’Abdallah Banda, qui est visé par un mandat d’arrêt de la Cour, avait été identifié comme l’auteur de l’attaque perpétrée en 2007 contre un contingent de l’Union africaine.  Le Conseil doit se montrer cohérent, a-t-il affirmé.  S’adressant directement à Mme Bensouda, il l’a invitée à poursuivre ses efforts.  « Votre travail portera un jour ses fruits et justice sera rendue. »

Le représentant de l’Espagne a enfin souhaité que le Conseil en fasse plus pour que le Soudan s’acquitte de ses obligations.  « Nous demandons aux États de ne pas faciliter les déplacements des personnes visées par un mandat d’arrêt », a-t-il dit, soulignant, en conclusion, la nécessité que ces mandats soient exécutés.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé que toutes les parties au conflit devaient se voir rappeler leurs obligations en vertu du droit international.  Selon lui, le Gouvernement soudanais doit se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Il n’y a pas de solution militaire au conflit, a insisté le représentant.  Il a appuyé la feuille de route pour la paix au Darfour et salué la reprise des activités du groupe de travail conjoint chargé d’examiner la coopération avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé « la position de l’Afrique sur la Cour ».  L’Afrique s’engage à lutter contre l’impunité conformément à l’acte fondateur de l’Union africaine, a-t-il dit, avant de demander la suspension des poursuites contre M. Al-Bashir.  Il a exprimé son vif mécontentement devant le refus du Conseil d’accéder à une telle demande, formulée par l’Union africaine, avant d’exhorter la Cour à s’abstenir de toute mesure qui pourrait porter atteinte à la dignité des pays africains.  La Cour doit également tenir compte du principe d’immunité des chefs d’État en exercice, a-t-il déclaré.  En conclusion, le délégué de l’Égypte a rejeté toute mesure visant à l’arrestation de M. Al-Bashir.

M. SHEN BO (Chine) a souhaité que la feuille de route et le Document de Doha pour la paix au Darfour soient signés rapidement.  Selon lui, la communauté internationale devrait « jouer un rôle constructif et mettre en place des conditions extérieures propices à un règlement politique au Darfour ». 

Le représentant a en outre appuyé le dialogue entre le Conseil ministériel de l’Union africaine et le Conseil de sécurité pour répondre aux préoccupations « légitimes » de l’Union africaine sur la CPI. 

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a rappelé que 68 000 personnes avaient été déplacées depuis janvier 2016 au Darfour.  Deux millions et demi de personnes ont été déplacées depuis le début du conflit.  Il a dénoncé les obstructions apportées à l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que les difficultés « très préoccupantes » rencontrées par l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Un avion de la Mission a dû renoncer à son plan de vol à la demande du Gouvernement soudanais, sous peine d’être abattu, a-t-il dit.

Il a critiqué les refus d’octroi de visas opposés par Khartoum à certains membres de la Mission, ainsi que le renvoi du responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Darfour.  Ces agissements n’ont entraîné aucune réaction du Conseil, s’est-il étonné.  Il a expliqué que la non-application des résolutions du Conseil ne faisait qu’aggraver l’injustice. Contrairement à ce qu’ont pu récemment écrire les Présidents soudanais et sud-soudanais dans une tribune dans le « New York Times », le délégué a estimé que la recherche de la justice et les efforts de réconciliation n’étaient pas incompatibles mais qu’ils se renforçaient mutuellement.  En conclusion, il a remercié Mme Bensouda pour ses efforts inlassables.

Réaffirmant son appui total aux travaux de la CPI, M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a lancé un appel aux États Membres qui ne sont pas encore parties au Statut de Rome pour qu’il y adhérent.  Il a partagé les préoccupations exprimées par la Procureure dans son dernier rapport, concernant la détérioration de la situation au Darfour et les attaques et menaces visant le personnel humanitaire et celui de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).

Le représentant a constaté avec regret que « les mandats d’arrêt émis par la Cour ne sont toujours pas exécutés » et que les personnes concernées continuent d’occuper des postes de rang élevé au sein du Gouvernement soudanais.  Face à « l’absence manifeste de coopération avec la CPI », il a considéré que le Conseil de sécurité devrait jouer un rôle plus actif. 

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a appuyé sans réserve le travail du Bureau du Procureur, en rappelant que son pays avait appuyé la saisine de la Cour s’agissant de la situation au Darfour en 2005.  « Nous étions convaincus que la CPI avait un rôle à jouer », a-t-il poursuivi, ajoutant que son pays respectait l’indépendance de la Cour.  Il a jugé regrettable que justice n’ait pas été rendue aux victimes du Darfour et demandé la pleine application de la résolution 1593 (2005).

Le Conseil doit donner suite aux demandes de la Cour, en particulier sur le dossier Banda, tel que cela a été communiqué au Conseil le 11 décembre 2015.  Le représentant a plaidé pour le dialogue politique pour ramener la paix au Darfour, « la seule option possible », et a demandé une amélioration dans l’acheminement de l’aide humanitaire.  Enfin, il a déploré les difficultés logistiques rencontrées par l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) dans l’exécution de son mandat.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré que l’objectif de lutte contre l’impunité restait non seulement valide, mais pleinement nécessaire.  La situation au Darfour reste marquée par la poursuite des violences.  Les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire se poursuivent.  La reprise des combats dans le Djébel Marra a conduit plus de 129 000 hommes, femmes et enfants à fuir leurs foyers et à se joindre aux plus de 2,6 millions de personnes déplacées que compte aujourd’hui le Darfour. 

Dans ce contexte, la justice doit être rendue et les responsabilités établies afin de prévenir et de dissuader de tels agissements.  L’impunité des crimes passés et ce qu’elle signifie pour la possible commission de crimes futurs sont inacceptables.  Le représentant a ensuite déploré que les mandats d’arrêt délivrés par la CPI demeurent inexécutés.

Il a ajouté que les axes à suivre et les décisions à prendre pour permettre au Darfour de retrouver la paix et la stabilité sont connus du Conseil et de la communauté internationale.  En premier lieu, il ne peut exister de solution militaire à ce conflit.  En deuxième lieu, la protection des civils doit être pleinement assurée et en troisième lieu, l’accès humanitaire sans entrave aux populations civiles et aux déplacés doit être facilité et garanti. 

L’expulsion du responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies au Soudan est, à cet égard, préoccupante.  En quatrième lieu, a continué le représentant, il demeure essentiel que les auteurs des crimes commis soient poursuivis et que la justice soit rendue. 

M. Lamek a rappelé la double responsabilité du Conseil de sécurité: il faut rendre effective la coopération avec la Cour pénale internationale et veiller à ce qu’il soit procédé à l’exécution des mandats d’arrêt, et poursuivre les efforts pour obtenir la cessation des violences contre les civils et la recherche d’une solution politique inclusive.

M. OMAR DAHAB MOHAMED (Soudan) a fait valoir que son pays n’avait aucun lien avec la Cour pénale internationale (CPI).  Se référant à la résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité qui a déféré la situation du Darfour à la CPI, il a rappelé que le paragraphe 6 du dispositif avait fait, lors de son adoption, l’objet d’un certain nombre de critiques, et qu’il avait rendu la résolution « nulle et non avenue ».

L’article 13 (b) du Statut de Rome ne s’applique en aucune manière aux États qui ne sont pas parties au Traité, a martelé le représentant.  Selon lui, l’application sélective de cet article par la Cour « a ouvert la porte à des manipulations politiques et à des jeux de pouvoir et d’influence » qui sapent le statut du continent africain. 

M. Mohamed a cité en exemple l’Afrique du Sud qui a, selon lui, réussi à créer un système exemplaire de justice et de paix.  Par contraste, le continent africain est assujetti aux efforts inlassables du Bureau du Procureur « qui cherche à établir ses prérogatives et compétences sur tout le continent ».  L’Union africaine, a-t-il rappelé, a condamné la pratique qui vise les dirigeants africains.  Or ceux-ci souffrent d’un traitement discriminatoire « pire aujourd’hui qu’à l’époque coloniale ».

Le représentant a demandé pourquoi aucune enquête concernant l’Afghanistan, l’Iraq ou la Palestine n’est ouverte.  Les pays africains, s’est-il ensuite défendu, ont, en tant qu’États souverains et indépendants, reçu le Président soudanais.  Il a aussi fait valoir que le Soudan avait coopéré avec l’ONU, permettant la signature de l’Accord d’Abuja en 2006, qui a été rejeté par la suite.

« Vous dites que le règlement politique est la seule solution », a dit M. Mohammed.  Or, a-t-il critiqué, la détérioration de la situation au Darfour est utilisée comme alibi et la Cour va « jusqu’à mentir » pour justifier sa compétence sur le Soudan.  Il a cité le rapport récent du Groupe de travail conjoint entre les Nations Unies, l’Union africaine et le Gouvernement du Soudan qui reconnait, notamment, qu’un dernier pas a été franchi vers la mise en œuvre de l’Accord de Doha de 2011 pour la paix au Darfour grâce aux procédures établies pour un référendum administratif au Darfour.  En conclusion, le représentant a dénoncé la nature « fallacieuse » du rapport de la Procureure de la CPI.

La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a rejeté toute allégation de sélectivité et regretté la désinformation flagrante opérée par le délégué du Soudan sur la situation au Darfour.  Reconnaissant la tension entre les articles 27 et 98 du Statut de Rome, elle a indiqué que la question se posait en effet sur leurs interprétations.  Elle a ajouté néanmoins qu’il incombait à la seule Cour de trancher cette question.  Lorsqu’un État est partie au Statut de Rome, il est lié par ce Statut et doit appliquer les décisions de la Cour, a-t-elle dit.  Elle a affirmé que ce n’était pas à un État partie, à ce Conseil ou aux universitaires de trancher le litige évoqué mais à la seule Cour.

La Cour est la seule à trancher le litige relatif à l’immunité de M. Al-Bashir, a-t-elle poursuivi, indiquant que sa décision était contraignante pour les États parties au Statut.  Les États parties ont l’obligation d’arrêter M. Al-Bashir, c’est pourquoi la Cour signale les cas de non-coopération, a-t-elle dit.  Il n’y a pas d’ambigüité sur les obligations que l’article 27 fait peser concernant la remise à la Cour de M. Al-Bashir par les États parties comme l’Afrique du Sud, a-t-elle dit.  Elle a ajouté que les États parties qui n’étaient pas d’accord avec cette décision devaient introduire un recours devant la Cour et non pas chercher à l’annuler par d’autres moyens.  « C’est la seule façon légitime de procéder. »

Le délégué du Soudan a repris la parole pour affirmer que la Procureure était devenue arbitre et partie sur le dossier du Darfour.  Quels crimes a commis M. Al-Bashir en se rendant en Afrique du Sud, a-t-il demandé à Mme Bensouda.  Revenant sur le conflit d’interprétations entre les deux articles précités, il a évoqué l’avis d’un ancien Procureur de la Cour pour lequel il y a une contradiction et une ambiguïté constructive entre ces deux articles.  Aujourd’hui, cette ambiguïté est exploitée pour s’en prendre à des chefs d’État et à des États qui n’ont pas d’influence dans le monde, a-t-il conclu.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le VIH/sida: énumération des moyens pour financer la cible 90-90-90 d’ONUSIDA

Soixante-dixième session, Réunion de haut niveau sur le VIH/sida,
99e & 100e séances plénières matin & après-midi
AG/11788

Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le VIH/sida: énumération des moyens pour financer la cible 90-90-90 d’ONUSIDA

L’Assemblée générale a entendu aujourd’hui plusieurs délégations parler des moyens de financer la cible « 90-90-90 » d’ONUSIDA entérinée dans la Déclaration politique adoptée hier au premier jour de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qui devrait s’achever demain.  Les États-Unis ont annoncé un fond de 100 millions de dollars pour les « populations clefs » et la France a confirmé sa proposition de créer une taxe sur les transactions financières.

La cible 90-90-90 d’ONUSIDA vise d’ici à 2020, à ce que 90% des personnes qui vivent avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% d’entre elles reçoivent un traitement et 90% de ces dernières parviennent à une charge virale nulle.  Dans la Déclaration politique qu’ils ont adoptée hier, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à faire en sorte que d’ici à 2020, 30 millions de personnes vivant avec le VIH accèdent à « un traitement de qualité, d’un coût abordable et accessible » à même de réduire la charge virale et soulignent, à cet égard, qu’il est urgent de rattraper le retard pris en matière de dépistage.

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin a fait observer que cet engagement requiert un effort financier soutenu, dans un contexte marqué par l’amenuisement des financements internationaux, ce qui constitue une « situation paradoxale » au regard des exigences de la Déclaration dans laquelle les États s’engagent à mobiliser un montant de 13 milliards de dollars dans le cadre de la cinquième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Le problème, a souligné le Ministre de la santé de la Jamaïque, comme beaucoup de ses homologues des petits États insulaires en développement, c’est que le Fonds mondial n’est pas ouvert aux pays à revenu intermédiaire.  Déterminer le statut d’un pays en se fondant uniquement sur le revenu par habitant est particulièrement dangereux pour la riposte au sida car ce statut peut barrer l’accès aux donateurs.  Le Ministre a donc réitéré son appel pour que des pays comme le sien restent éligibles à une aide « au moins jusqu’en 2020 ».

Plaidant « l’innovation dans les financements », la Ministre des affaires sociales et de la santé de la France a rappelé que le Président François Hollande a proposé la création d’une taxe sur les transactions financières pour participer à l’effort de lutte contre les grandes pandémies.  La proposition devrait être discutée la semaine prochaine à Bruxelles, annonçait hier, le Président de la Facilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID), soulignant qu’une telle taxe génèrerait 35 milliards de dollars par an. 

La Ministre de la santé de l’Afrique du Sud a plutôt dit attendre beaucoup de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  L’ancien Ministre des affaires étrangères du Brésil a en effet souligné l’importance de la Déclaration de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a consacré des « flexibilités » permettant de sortir les questions de santé de l’ADPIC et de mieux lutter contre le sida au Brésil.  Il a d’ailleurs suggéré d’inscrire la question du droit à la santé au regard de l’ADPIC dans l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme. 

L’accès aux traitements est crucial pour l’Afrique qui importe 98% de ses médicaments antirétroviraux, un marché de plus en plus caractérisé par des monopoles et l’absence de concurrence, selon ONUSIDA*.  Deux fabricants se partagent 71% du marché africain, dont GlaxoSmithkline.  Son Président Directeur général a reconnu aujourd’hui que de nombreuses entreprises se sont désintéressées de la recherche en matière de VIH/sida.  Comme « Glaxo » dépense beaucoup pour la recherche, elle est en droit d’engranger des bénéfices, s’est-il justifié, expliquant tout de même que les prix sont naturellement plus élevés dans les pays du Nord.  La solution pour l’Afrique est de fabriquer ses propres médicaments, a estimé le représentant du Malawi.

C’est ce genre de leadership qu’a demandé le délégué de la Norvège en parlant de la notion d’appropriation nationale.  Les financements internationaux ne devant être vus que comme les catalyseurs des financements nationaux, a-t-il argué. 

Les États-Unis ont provoqué une salve d’applaudissements en annonçant la création d’un nouveau fonds d’investissements de 100 millions de dollars pour les « populations clefs » -les hommes qui ont des relations avec les hommes, les transgenres, les usagers de drogues par injection, les travailleurs du sexe et les prisonniers-.  Ce fonds qui s’inscrit dans le cadre du Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR) va soutenir des approches novatrices, ciblées et communautaires et combler les fossés qui existent chez ces populations clefs, s’agissant de la riposte au VIH/sida.

La question de la stigmatisation et de la discrimination des populations clefs a beaucoup retenu l’attention.  Croire que le sida va être éradiqué sans atteindre ces populations est « un leurre », a prévenu la Ministre française des affaires sociales et de la santé.  Soyons francs, a renchéri la Présidente de l’association tunisienne de la prévention positive, ni la religion et encore moins la culture dominante ne saurait cacher la réalité de ces populations dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.  « Votre Dieu et le mien célèbrent la vie.  Le sida c’est la mort », a lancé la Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas.

L’Assemblée générale devrait fermer les portes de sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida demain vendredi 10 juin.  Elle tiendra sa première séance à partir de 10 heures.

*Document ONUSIDA

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA A/70/L.52

Débat général

Au nom de l’Union européenne, Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a salué les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida et rendu hommage à tous ceux qui ont contribué à ce succès.  Le VIH, a-t-elle prévenu, n’en reste pas moins une maladie grave et les efforts doivent être renouvelés si on veut mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  Elle a appelé à des réponses nationales et régionales, soulignant que l’Union européenne soutient une approche inclusive respectueuse des droits de l’homme et en faveur des personnes les plus touchées et de celles qui font face à des formes multiples de discrimination comme les femmes, les enfants, les migrants, les travailleurs du sexe, les LGBT et les prisonniers.  L’Union européenne aurait d’ailleurs aimé des références plus fermes à cet égard dans la Déclaration adoptée hier.

L’Union européenne, a poursuivi la Ministre, s’est engagée dans la promotion, la protection et la pleine réalisation du Programme d’action de Beijing sur les femmes et de celui du Caire sur la population et le développement.  L’Union européenne réaffirme donc son engagement en faveur de la santé reproductive et sexuelle et du droit de chacun à contrôler « totalement » sa sexualité sans discrimination, sans violence ou autre contrainte.  Mme Ploumen a rappelé que l’Afrique subsaharienne reste affectée de manière disproportionnée par le VIH sida et que l’Europe de l’Est est une des régions où le nombre d’infections et les maladies liées au VIH, comme la tuberculose et les hépatites B et C, continue d’augmenter, « ce qui est inquiétant ».  La Ministre a plaidé pour des systèmes de santé robustes et souligné qu’il faut pour cela augmenter les dépenses de santé, notamment dans les pays à revenu intermédiaire. 

L’Union européenne serait heureuse de partager son expérience, a affirmé Mme Ploumen.  Dans l’Union, le seul segment de la population qui enregistre une augmentation du nombre des nouvelles infections est celle des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes et les États membres prennent des mesures pour inverser cette tendance.  Dans les pays de l’Union, des réseaux s’activent pour faire avancer la recherche, en particulier sur un vaccin contre le VIH.  Mme Ploumen a insisté sur le rôle de la société civile et regretté à cette occasion que la sélection des ONG invitées à cette Réunion de haut niveau n’ait pas été transparente.

En sa capacité nationale, la Ministre s’est attardée sur le fait que 19,7 millions de personnes infectées par le VIH ne reçoivent pas de traitements antirétroviraux, non pas à cause des obstacles techniques mais à cause des inégalités sociales, culturelles, économiques ou encore fondées sur le genre.  Les victimes de viols courent un risque plus grand d’infection et pourtant bien souvent, elles n’ont pas accès aux médicaments, parce qu’elles sont pauvres ou craignent la stigmatisation.  Elles gardent le silence sur leur viol et leur contamination, et meurent.  La Ministre a rappelé un autre phénomène alarmant: alors que les inégalités entre pays tendent à s’affaiblir, les inégalités à l’intérieur des pays, elles, augmentent.  Il est temps, a-t-elle dit, que les gouvernements travaillent avec leur propre société civile pour lutter contre les discriminations qui empêchent ceux qui sont infectés par le VIH de parler et de demander un traitement.  Nous savons ce qu’il faut faire, a-t-elle ajouté: il suffit que nous nous regardions les uns les autres.  Mme Ploumen a ainsi fait observer que, grâce à une politique très active, l’industrie du sexe a réussi en 15 ans à réduire de trois-quarts le nombre des nouvelles infections dans des pays tels que la Thaïlande ou l’Inde.

De même, des programmes au profit des toxicomanes ont permis d’obtenir des résultats spectaculaires en Asie ou encore au Kenya.  Elle a cité comme autres exemples ayant facilité la lutte contre le sida, la dépénalisation de la prostitution en Nouvelle-Zélande et celle de la consommation de drogues au Portugal, où le nombre des infections a été divisé par 14 en autant d’années.  Les Pays-Bas aussi ont fait des progrès, a expliqué la Ministre: les personnes séropositives peuvent désormais contracter des assurances-vie.  Rappelant que la prochaine Conférence internationale sur le VIH/sida aura lieu en 2018 à Amsterdam, avec pour thème centrale, les personnes les plus marginalisées, la Ministre a insisté sur le fait que « le sida reste une manifestation des inégalités, qui résultent elles-mêmes des choix politiques ».  C’est toujours aux gouvernements qu’il incombe de donner aux personnes les plus exposées une voix.  Il leur revient de placer les femmes au-delà des croyances culturelles et de reconnaître leurs droits ainsi que ceux des LGBT.  Il leur revient, a ajouté la Ministre, d’autoriser l’éducation sexuelle complète, de donner aux plus pauvres l’accès aux traitements et de ne pas opposer à l’utilisation des préservatifs des arguments religieux.  « Votre Dieu et le mien célèbrent la vie.  Le sida c’est la mort », a-t-elle lancé la Ministre.  « Que chacun fasse ce qu’il dit. »

Mme ELVIA VIOLETA MENJIVAR ESCALANTE, Ministre de la santé d’El Salvador, a indiqué que, grâce à la ferme volonté politique de son gouvernement, le combat contre le Sida commence à porter ses fruits ce dont témoigne le fait qu’il y ait eu, au cours des cinq dernières années, une baisse continue du nombre des nouvelles infections et un véritable effort de dépistage.  La transmission mère-enfant a baissé de 94% et les traitements antirétroviraux (ARV) sont offerts gratuitement, sans « liste d’attente ».  La Ministre a dit disposer d’un personnel qualifié et formé conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Le pays s’est doté d’un système d’information qui lui permet de mieux comprendre l’épidémie et donc de prendre des décisions informées.  Une Commission nationale de lutte contre le sida a été mise en place qui est un mécanisme de coordination des efforts nationaux reposant sur une approche multisectorielle. 

La Ministre a également précisé que 80% de la riposte au sida est financée sur fonds propres, ce qui permet d’en garantir la durabilité.  Elle est également revenue sur la réforme approfondie du système de santé qui a été lancée au Salvador il y a 6 ans qui se base sur une approche transversale, une participation sociale et les droits de l’homme.  L’objectif de cette réforme est de garantir un accès à des soins de qualité à tous sans aucune discrimination ou stigmatisation.  Par ailleurs, une nouvelle loi nationale sur le VIH est en cours de préparation qui permettrait d’aborder la question du point de vue de la jeunesse, du marché du travail et autres facettes.  Avant de conclure, elle a lancé un appel aux donateurs pour qu’ils maintiennent leur aide technique et financière à sa région.

Pour M. IOANNIS KASOULIDES, Ministre des affaires étrangères de Chypre, la Déclaration politique adoptée hier est un document « historique » avec des cibles ambitieuses assorties d’échéances.  L’épidémie du VIH/sida reste encore limitée à Chypre malgré une légère augmentation du nombre des nouvelles infections.  Il va falloir redoubler d’efforts pour contenir l’épidémie en allant au-devant des groupes les plus vulnérables.  L’accès aux traitements ARV, au dépistage et au suivi psychologique est gratuit, conformément au Plan d’action du Comité national pour la prévention et la lutte contre le VIH.  En optant pour une approche inclusive fondée sur les droits et des partenariats multisectoriels, Chypre cherche à lutter également contre la stigmatisation.  La riposte plurisectorielle au sida passe par tous les objectifs de développement durable, a expliqué le Ministre qui a insisté sur la nécessité d’apporter un appui financier et technique aux pays à faible et moyen revenue intermédiaire au risque de voir leur échec à mettre le monde à l’abri du sida à l’horizon 2030.

M. TERRENCE DEYALSINGH, Ministre de la santé de Trinité-et-Tobago, a expliqué que le Comité national chargé de la lutte contre le sida vient d’être rattaché aux services du Premier Ministre, ce qui témoigne de l’importance accordée à la question.  Il a aussi expliqué la Stratégie nationale de lutte contre le sida et fait état d’une baisse de 80% des nouvelles infections et de 70% des décès, entre 2005 et 2014.  La transmission mère-enfant a été considérablement réduite et plus de 70% des personnes vivant avec le VIH reçoivent des traitements antirétroviraux.  Le Ministre n’a pas nié les défis importants.  Il a cité la crise économique mondiale et a ajouté les problèmes de capacités.  En effet, la capacité du pays à tester les groupes les plus à risque ou stigmatisés reste très limitée, ce qui empêche de réaliser celui des trois objectifs qui est peut-être le plus important: faire en sorte que 90% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique.  Trinidad-et-Tobago n’en est pas moins engagé à consolider les acquis et à honorer ses obligations au titre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il compte sur le soutien de ses partenaires. 

Depuis le premier Sommet mondial de 1994, M. VU DUC DAM, Premier Ministre adjoint du Vietnam, a constaté un « profond » changement dans la manière dont on perçoit le VIH/sida.  Il a noté une baisse de stigmatisation, une hausse de la prévention et une augmentation de l’espérance de vie des maladies grâce aux nouveaux traitements.  Au Vietnam, la prévention et la maitrise de l’épidémie sont une des priorités du Gouvernement.  L’infection au VIH n’est plus perçue comme un « pêché » et les séropositifs sont enfin considérés comme des patients en besoin de traitement.  L’épidémie est aujourd’hui stabilisée et le Vietnam a été le premier pays de la région à s’engager en faveur de la cible 90-90-90.  Le pays compte toutefois sur une aide internationale et un partenariat fort pour y arriver sans quoi « on risque de voir l’épidémie regagner du terrain au Vietnam et ailleurs dans les pays démunis ».  « Évitons la complaisance » car il s’agit d’un défi mondial et les pays les plus vulnérables ne peuvent être laissés de côté, a insisté le Ministre.  Présentant Mme Thanh qui l’accompagne, une femme qui vit avec le VIH dans un petit village de montagne, il a expliqué que cette femme et son mari, qui reçoivent un traitement ARV, ont aujourd’hui une petite fille en bonne santé.  « Ce miracle a été possible grâce au partenariat international sans lequel elle ne serait peut-être plus là », a reconnu le Ministre pour lequel « nous n’avons pas le droit de réduire l’aide à ces personnes ».  Lui cédant la parole, Mme Thanh a juste dit « merci à tous pour m’avoir redonné de l’espoir et un avenir ».

M. GEORGE NORTON, Ministre de la santé de Guyana, a expliqué que son pays a connu une réduction importante du taux de prévalence du VIH/sida qui est passé de 3,4% à 1,4% entre 2013 et 2014.  En 2014, le Guyana avait répertorié 751 personnes vivant avec le VIH contre 758 l’année précédente, ce qui représente une réduction significative comparé aux 1 176 cas de 2009.  Le Ministre a aussi parlé de la diminution des maladies sexuellement transmissibles qui sont passées de 6 777 cas en 2013 à 5 127 en 2014.  Il a précisé que 42% des cas concernent le groupe des 15-24 ans.  Malgré ces succès, le Ministre a relevé que les Caraïbes sont toujours la région la plus touchée par le VIH/sida après l’Afrique subsaharienne.  Il a donc regretté que des pays de la région soient exclus de tout financement concessionnel en raison de leur niveau de revenu par habitant. 

M. AURELIEN AGBENONCI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, a affirmé que son pays avait depuis longtemps fait de la lutte contre le VIH/sida une priorité politique, l’inscrivant dans les stratégies et programmes de développement, en raison des effets dévastateurs de la pandémie sur les efforts de promotion d’un développement durable.  Les plans stratégiques ont permis de réduire la transmission de la mère à l’enfant et de stabiliser la prévalence à 1,2%.  M. Agbenonci a rappelé que la prévalence était plus élevée en milieu urbain et a noté une tendance préoccupante à la féminisation de l’épidémie que le Gouvernement essaie de corriger par des campagnes d’éducation sexuelle centrée sur la prévention et la santé reproductive.  Le nouveau Plan stratégique 2015-2017 s’inscrit résolument dans l’optique « l’Objectif Zéro » et fixe comme objectif une réduction de 30% des nouvelles infections et de 75% de la transmission de la mère à l’enfant, tout en visant la couverture de 60% en antirétroviraux pour les personnes infectées et les orphelins du sida.

Le Ministre a rappelé que son pays prend toute sa part dans les efforts de mobilisation de la communauté internationale et a, au plan régional, été au premier plan de l’adoption de la Feuille de route de l’Union africaine sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale pour accélérer la riposte au VIH/sida.  Il a toutefois noté que les progrès réalisés restent fragiles, ajoutant que la poursuite de la lutte requérait un effort financier soutenu alors que le contexte actuel est celui d’un amenuisement des financements internationaux, ce qui constitue une « situation paradoxale » au regard des exigences de la Déclaration adoptée hier.  M. Agbenonci a donc lancé un appel à tous les partenaires techniques et financiers, aux organisations de la société civile nationale et internationale et aux personnes morales et physiques qui accompagnent son pays.

Mme JANETTE LORETO GARIN, Secrétaire d’État à la santé des Philippines, a rappelé que son pays a lancé en 2015 la stratégie « High Impact 5 » qui est une « stratégie d’accélération » pour réaliser les objectifs de santé du Programme 2030 et au bout du compte, l’ensemble du Programme.  Une des interventions clefs est l’élargissement de l’accès des groupes les plus à risque au dépistage, aux services d’accompagnement et aux traitements ARV.  Le budget du programme national antisida a été doublé, passant à 13 millions de dollars en 2016, entièrement financé sur fonds propres.  Ce faisant, les Philippines s’emploient à mettre en œuvre les recommandations d’ONUSIDA, à actualiser les données, à sensibiliser les jeunes, à améliorer le sort des migrants étant donné que plus de neuf millions de Philippins vivent en dehors du pays, à élargir l’accès aux traitements et à la prévention et à privilégier une approche multisectorielle.

M. MYINT HTWE, Ministre de la santé et des sports du Myanmar, a indiqué qu’ONUSIDA a sélectionné son pays pour faire partie de son programme « d’accélération de la riposte » -Fast Track- compte tenu de la grave épidémie qui y sévit et du fait que Rangoon est une ville importante de la région d’Asie-Pacifique.  Dans ses efforts, le pays compte accorder l’importance qu’il faut aux porteurs du VIH et aux organisations communautaires.  À ce stade, a dit le Ministre, il serait « imprudent » que les donateurs et les partenaires au développement réduisent leurs financements.  Le Gouvernement du Myanmar a montré son fort engagement politique en faisant du VIH une des priorités de son Plan de santé 2011-2016.  Il s’engage à inclure la Déclaration politique adoptée hier par l’Assemblée générale dans son nouveau Plan 2016-2020. 

M. LUIS GOMES SAMBO, Ministre de la santé de l’Angola, a rappelé que l’Afrique subsaharienne reste la région du monde la plus affectée par le sida avec quelque 70% des cas.  Comme la prévalence du sida dans le monde montre la diversité du monde et la complexité du problème, les efforts conjoints de la communauté internationale doivent s’appuyer sur une approche holistique et des solutions créatives, qui tiennent compte à la fois des perspectives mondiales et locales.  Le Ministre a rappelé que la prévalence du sida en Angola est d’environ 2,4%, ce qui représente environ 500 000 personnes qui vivent avec le VIH.  Le Programme national de contrôle est donc une priorité pour le pays et la réponse nationale est multisectorielle, impliquant plusieurs ministères.  Le Ministre a estimé que, malgré quelques aspects discutables, la Déclaration politique adoptée hier représente un « outil puissant » pour guider les efforts nationaux.  L’Angola travaillera avec les acteurs nationaux et internationaux à la traduire en actions concrètes. 

Pour M. FRANCIS KASAILA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi, il sera possible de venir à bout du sida d’ici à 2030 si l’on privilégie l’investissement dans la riposte et l’on adopte l’approche accélérée proposée par ONUSIDA dans les 5 prochaines années.  Rappelant que le Malawi est l’un des pays les plus frappés par cette épidémie puisque 1,1 million des 16 millions de personnes atteintes par le VIH/sida dans le monde sont Malawiens, le pays a fait siennes la cible 90-90-90 d’ONUSIDA dans son Plan stratégique 2015-2020.  À ce jour, le Malawi offre déjà un traitement à vie aux femmes qui allaitent et aux femmes enceintes atteintes et à leurs partenaires. 

Depuis son lancement en 2011, ce Programme a connu un franc succès puisqu’il a contribué à faire baisser la transmission mère-enfant de 67% par rapport à 2009; la couverture ARV des femmes enceintes se situant autour de 80%.  Le Malawi a aussi développé une Stratégie nationale de prévention et un cadre spécifique pour le personnel chargé du dépistage.  Il a opté pour l’approche « dépister et traiter ».  Aussi en 2015, plus de 600 000 personnes séropositives étaient-elles sous traitement par rapport à seulement 23 000 en 2005.  Le coût annuel par patient est de 136 dollars, ce qui en fait l’un des programmes de traitement les plus efficaces dans le monde.  Face à la féminisation de l’épidémie, le Malawi demande un accès aux financements concessionnels.

Il faut innover, a encouragé Mme MARISOL TOURAINE, Ministre des affaires sociales et de la santé de la France.  Innover dans notre manière de prévenir la maladie, s’est-elle expliquée, indiquant que son pays cible par des actions spécifiques les publics qui restent en marge des actions de prévention.  La Ministre a annoncé sa décision d’étendre dès demain la prescription, toujours prise en charge à 100%, de la prophylaxie préexposition par le Truvada dans les centres associatifs de proximité.  La France a également choisi de proposer aux mineurs des dépistages sans autorisation parentale.  La Ministre a indiqué qu’elle présenterait prochainement une stratégie nationale globale de santé sexuelle pour apprendre aux plus jeunes les gestions qui protègent et pour garantir les droits sexuels et reproductifs.  La France souhaite que ce type d’approche ciblée s’applique partout dans le monde.  Croire que le sida va être éradiqué sans atteindre les hommes qui ont des rapports avec des hommes, les usagers de drogues, les prostituées, les détenus, les migrants, les femmes transgenres est « un leurre », a insisté la Ministre. 

Innover pour mieux traiter le sida, a-t-elle poursuivi.  Notre grand défi est de parvenir à améliorer la couverture antirétrovirale et, enfin, développer un vaccin.  Pour cela, il faut renforcer les moyens alloués à la recherche.  L’Agence française de recherche sur le sida et les hépatites virales occupe la deuxième place mondiale en termes de productions scientifiques sur le sida, s’est enorgueillie la Ministre.  La Conférence « HIV Science » que la France accueillera en juillet 2017 aux côtés de l’« International AIDS Society » sera une étape importante sur ces sujets. 

Innover dans les financements, a conclu la Ministre.  La France, a-t-elle rappelé, est un des principaux contributeurs du Fonds mondial et d’UNITAID et entend le rester.  Mais le Président Hollande a proposé la création d’une taxe sur les transactions financières pour participer à l’effort de lutte contre les grandes pandémies.  La lutte contre le sida est une formidable illustration du pouvoir de la solidarité, a affirmé la Ministre, pour qui « d’un mal destructeur, nous avons su faire émerger un des mouvements les plus fédérateurs de notre histoire ».  La victoire dépendra de la volonté politique d’agir ensemble, des moyens qui y seront consacrés et de la détermination à protéger les droits de tous les individus sans distinction ni jugement, a conclu la Ministre.

M. STEVEN BLACKETT, Ministre des affaires sociales de l’autonomisation et du développement communautaire de la Barbade, a indiqué que son pays met en place un Plan stratégique national qui identifie trois groupes prioritaires, les hommes en général, les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes et les travailleurs du sexe.  Ce Plan est intégré aux objectifs de développement national, eux-mêmes alignés sur les objectifs de développement durable.  Parmi les priorités figurent la lutte contre la pauvreté, l’accès à la santé et à l’éducation, la justice, l’équité et l’intégration sociales.  Le pays vient d’adopter les dernières recommandations de l’OMS visant à ce que chaque personne avec le VIH/sida ait accès gratuitement à une thérapie quelle que soit l’avancée de la maladie. 

La riposte au VIH a été entièrement financée sur fonds propres.  « C’est louable mais ce n’est pas notre choix », a souligné le Ministre.  Le classement de la Barbade parmi les pays à revenu intermédiaire a en effet rendu inaccessible les financements du Fonds mondial et tout autre financement concessionnel.  Or ce classement ne tient pas compte des défis auxquels les petits États insulaires en développement font face, dont un ratio dette/PNB très élevé, l’impact des crises économiques et financières mondiales et celui des maladies non transmissibles et autres maladies infectieuses émergentes.  La Barbade appelle donc à la révision des critères d’éligibilité aux financements concessionnels qui doivent tenir dûment compte des besoins et de la situation spécifiques de chaque pays. 

Pour Mme AWA MARIE COLL SECK, Ministre de la santé et de l’action sociale du Sénégal, la détermination de la communauté internationale, depuis près de 30 ans, a facilité la mobilisation exceptionnelle d’investissements qui ont permis d’obtenir des résultats probants dans la prévention, notamment auprès des groupes vulnérables, ainsi que dans la prise en charge par un accès accru aux traitements.  Néanmoins il faudra des actions plus fortes à l’avenir pour accroitre l’accès des jeunes aux services IST/sida, a poursuivi la Ministre.  Elle a lancé un appel à l’unité de tous en Afrique et au-delà, pour une meilleure prise en compte du sida dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et les stratégies sanitaires internationales.

À l’instar de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, le Sénégal est à un tournant décisif dans la lutte contre le sida.  La prévalence y est faible avec un taux de 0,7% depuis 10 ans et une baisse des nouveaux cas d’infection de 50%.  Ces résultats ont pu être possibles grâce à l’engagement continu et au leadership du Président Sall, qui est aussi parrain du Fonds mondial, a expliqué la Ministre.  La vision d’un Sénégal sans sida doit pouvoir s’adosser sur des systèmes forts, pérennes et en parfaite cohérence avec les politiques nationales et les objectifs de développement durable.

M. MOUTARI KALLA, Ministre de la santé publique du Niger, a salué la stratégie 2011-2015 d’ONUSIDA, qui a permis de galvaniser les efforts mondiaux et nationaux afin de réduire l’épidémie de sida et d’inverser la tendance.  Le Niger n’est pas en reste et les indicateurs font état d’une baisse constante de la prévalence du VIH, tandis que le nombre de personnes sous traitements antirétroviraux est en constante augmentation, a fait observer le Ministre, pour qui cette situation a été rendue possible grâce notamment à l’adoption d’un Plan stratégique national 2013-2017 et à l’initiative nigérienne d’accès aux antirétroviraux.  Le Ministre a insisté sur la mobilisation des ressources de l’État dans le cadre de la politique de responsabilité partagée prônée par ONUSIDA.  Ainsi, a-t-il expliqué, la part contributive du pays est passée de 6,72% en 2011 à 55,81% en 2015, reléguant ainsi au deuxième plan les financements extérieurs.

Face à la persistance du défi, M. Kalla a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre d’immenses possibilités.  Il faut donc saisir cette occasion pour mettre en place un système de santé solide capable d’intégrer les patients à tous les niveaux de la chaine des services et de prise en charge du VIH.  Pour le Niger, cela implique aussi une baisse considérable des comportements à risque et de la vulnérabilité, notamment chez les filles, les jeunes femmes, les mineurs, les détenus, les migrants et les populations déplacées.  Notant la difficulté à obtenir un consensus sur la notion de « populations clefs », M. Kalla a estimé qu’il fallait laisser à chaque État la latitude de définir sa « population clef » selon son contexte et ses réalités, pour ne laisser personne à la traîne.  En tout état de cause, a-t-il ajouté, il est indispensable d’apporter un appui adéquat aux États en développement, et notamment aux pays les moins avancés, afin qu’ils prennent mieux en compte le VIH dans leurs politiques et stratégies nationales en vue d’atteindre les objectifs de développement durable.

Mme RUXANDA GLAVAN, Ministre de la santé de la République de Moldova, a dit que son pays a développé quelques « pratiques exemplaires » qui démontrent clairement que la seule approche viable est celle qui se concentre sur les personnes infectées, les plus à risque et affectées.  Un des principaux défis nationaux est la prévisibilité financière car en tant que pays à revenu intermédiaire, la République de Moldova pourrait manquer les cibles si des investissements suffisants ne sont pas sécurisés.  Le Ministre a donc appelé à un équilibre entre la solidarité nationale et les engagements nationaux. 

Mme NAZIRA VALI ABDULA, Ministre de la santé du Mozambique, a expliqué que son pays a adapté les cibles proposées dans la Déclaration politique de 2011 à son contexte national grâce à un Plan stratégique national qui s’est traduit par des résultats concrets, soit une baisse de 50% de la transmission par voie sexuelle, l’élimination des infections chez les enfants et une baisse substantielle de la mortalité maternelle liée au sida.  La transmission mère-enfant est passée de 11,9% en 2013 à 6,2% en 2015 et 53% des séropositifs sont sous traitement ARV soit, 800 000 personnes.  Le Mozambique a opté pour une riposte décentralisée et sa stratégie de financement de la santé est divisée entre santé, en général et sida, en particulier, avec un accent sur la mobilisation des ressources nationales.  Le Mozambique s’est également dotée d’une loi, en 2014, qui a une portée multisectorielle et vise à renforcer le combat contre la stigmatisation et la discrimination.  Le pays appuie la Déclaration politique de 2016 et souligne que « chaque nouvelle infection en est une de trop ».  Avec 2 millions de nouveaux cas par an, il faut redoubler d’efforts et augmenter les investissements, a estimé la Ministre.

M. MICHAEL B. MALABAG, Ministre de la santé et du VIH/sida de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a précisé que son pays représente 70% de la population des îles du Pacifique et 95% des cas de VIH.  Selon les estimations, 40 000 personnes vivent avec le VIH dans le pays et le taux de prévalence dans le groupe des 15-49 ans est un véritable défi du développement.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée a augmenté son budget de la santé après avoir décidé en 2010 de financer l’accès aux ARV.  Depuis cinq ans, le Gouvernement consacre chaque année environ 5 millions de dollars à l’achat des médicaments.  

M. CHRISTOPHER TUFTON, Ministre de la santé de la Jamaïque, a salué le rôle dirigeant d’ONUSIDA ainsi que les partenariats offerts par le Fonds mondial, le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR, partenariat des États-Unis) et par la société civile.  Ces partenariats témoignent de l’approche à adopter pour parvenir à éliminer le sida d’ici à 2030, a-t-il affirmé.  La Jamaïque a fait des progrès importants, a affirmé le Ministre.  Elle a ainsi réduit de 25% le nombre des nouvelles infections, réduit la prévalence du sida parmi les travailleurs du sexe de 9% en 2005 à 2,9% en 2014, et est parvenu à éliminer la transmission mère–enfant, tout en élargissant l’accès aux antirétroviraux.  Il reste néanmoins beaucoup à faire, notamment contre la stigmatisation et la prévalence du VIH parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes et les personnes transgenres.  Le pays a eu du mal à faire passer des réformes législatives dans un environnement marqué par une résistance importante, a reconnu M. Tufton.

Pays à revenu intermédiaire mais aussi petit État insulaire en développement, la Jamaïque souffre de vulnérabilités qui requièrent une attention particulière, a plaidé M. Tufton, qui a redit que déterminer le statut de pays à revenu intermédiaire en se fondant uniquement sur le revenu par habitant ne saurait refléter la situation économique réelle d’un État.  C’est particulièrement dangereux pour la riposte au sida car ce statut a souvent pour effet de barrer l’accès aux donateurs.  Néanmoins, a-t-il assuré, la Jamaïque s’engage à maintenir ses services essentiels pour éviter que ne soit perdu l’élan actuel.  Elle réitère néanmoins son appel aux pays donateurs pour que des pays comme le sien restent éligibles à une aide au moins jusqu’en 2020.

Mme MOUMINA HOUMED HASSAN, Ministre de la femme et de la Famille de Djibouti, a fait part des progrès considérables que son pays a enregistré au cours de ces dernières années en admettant que malgré les efforts consentis, l’épidémie demeure encore une menace avec un taux de prévalence estimée à 1,67% en 2015.  Mais le Gouvernement s’est engagé dès le début à financer l’accès gratuit aux ARV pour toutes les personnes affectées de manière discriminatoire.  Il est le premier de la région à avoir mis en place dès 2007, une loi sur des mesures de protections adaptées à la situation des personnes vivant avec le VIH et des groupes en situation vulnérable.  Il est aussi le premier à avoir ratifié en 2015 la Convention arabe pour la prévention du VIH/sida et la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. 

Djibouti a élaboré des politiques et des cadres stratégiques pour réussir une transformation sociale et un développement durable à l’horizon 2030, conscient qu’il doit assurer une participation effective de tous les secteurs.  La Ministre a souhaité le développement et la mise en œuvre de plans sous-régionaux et de soutien technique.  Elle s’est félicitée des « bonnes intentions » de la Déclaration politique adoptée hier mais a réitéré que la communauté internationale se doit de repenser à une stratégie novatrice ancrée dans le strict respect des valeurs socioculturelles et religieuses des uns et des autres.  C’est la meilleure voie pour faire reculer le VIH/sida et mettre fin à l’épidémie à l’horizon 2030, a-t-elle estimé.

M. ISAAC ADEWOLE, Ministre de la Santé du Nigéria, a rappelé que son pays a l’un des plus importants programmes de traitements antirétroviraux en Afrique subsaharienne avec quelque 750 000 bénéficiaires, contre moins de 10 000 en 2002.  L’objectif est de couvrir 2,5 millions de personnes supplémentaires dans trois ans, a ajouté le Ministre.  Le Nigéria a adopté une loi qui pénalise la discrimination à l’encontre de personnes affectées par le sida, prévoyant des peines allant jusqu’à 14 ans de prison, a précisé le Ministre, qui a ensuite détaillé les mesures du Plan stratégique 2010-2015 et rappelé le rôle important joué par le Nigéria pour faire progresser les mécanismes régionaux et sous régionaux de lutte contre le VIH/sida. 

Tout en reconnaissant l’importance des cinq populations clefs identifiées dans la Déclaration, le Ministre a estimé que la course à l’éradication du sida d’ici à 2030 sera incomplète si une large proportion des groupes vulnérables ou les plus à risque que sont les femmes et les enfants lesquelles représentent une large part de la population infectée en Afrique subsaharienne, ne sont pas spécifiquement identifiées.

Mme BERNICE DAHN, Ministre de la santé du Libéria, a rappelé que l’Afrique s’est exprimée de manière collective pour dire sa détermination à vaincre l’épidémie du VIH/sida qui la frappe de plein fouet.  Depuis la Déclaration politique de 2011, le Libéria a enregistré des résultats tangibles puisque le nombre de nouvelles infections et de décès liés au sida a baissé.  La transmission de la mère à l’enfant est passée de 24% à 16% en 2013 et le nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement ARV a augmenté de 12,6% à 25,6%.  Consciente du terrible impact du VIH/sida sur le développement, la Ministre a assuré qu’au cours des dernières années les investissements dans la riposte à ce fléau ont augmenté. 

Toutefois, l’épidémie d’Ebola de 2014-2015 a fragilisé le système sanitaire du Libéria et provoqué la fermeture de nombreux centres de premiers soins, y compris ceux pour le VIH/sida.  De nombreux acquis ont été perdus, a-t-elle regretté.  La priorité est de reconstruire un système de santé fort et résilient pour pouvoir accélérer la riposte au sida.  Il est crucial d’élargir l’accès aux traitements ARV et de booster les efforts de dépistage, ce qui suppose des moyens mais ce qui aura aussi un effet domino positif sur d’autres activités dans le domaine de la santé, a poursuivi la Ministre.

M. ABDOURAHMANE DIALLO, Ministre de la santé de la Guinée, a rappelé que son pays émerge d’une crise dévastatrice causée par l’épidémie à virus Ebola qui a fait au moins 2 544 morts pour 3 814 cas déclarés, soit une létalité de 67%.  Les quelque 1 270 malades guéris restent une préoccupation en matière de surveillance.  Cette épidémie a pu être stoppée grâce à l’aide de la communauté internationale mais a mis en lumière les faiblesses du système de santé, tout en l’affaiblissant, a expliqué le Ministre.  La baisse dans l’utilisation des services de santé s’est répercutée sur les services de dépistage volontaire et la prévention de la transmission mère-enfant dans le cadre de la consultation prénatale.  C’est pourquoi, a poursuivi M. Diallo, les organisations internationales qui ont lutté contre Ebola et qui contribuent aujourd’hui à redresser le système de santé doivent inclure les efforts nécessaires pour compenser les revers subis par les plans de lutte contre le sida.

Après avoir rappelé que son pays soutenait la Déclaration adoptée hier et présenté le bilan de son pays, le Ministre a indiqué qu’actuellement, plus de 35 000 personnes séropositives bénéficient de traitements antirétroviraux, 442 000 femmes enceintes sont conseillées et testées et plus de 13 150 femmes enceintes séropositives ont reçu un traitement prophylactique.  Ces résultats sont toutefois en dessous des objectifs, a reconnu le Ministre, qui a rappelé que, vu la dépendance du pays à l’égard des financements extérieurs, la crise économique mondiale et la pauvreté des États africains, la pérennisation des acquis est menacée.  La lutte contre le VIH/sida est néanmoins une des priorités concrètes du Gouvernement guinéen, a poursuivi M. Diallo, qui a affirmé que son pays est engagé dans la mise en œuvre de la nouvelle approche d’accélération de la riposte.  C’est pourquoi il a lancé un appel à tous, et notamment aux États africains, pour la recherche de solutions novatrices au financement.

M. CHRISTOPHER FEARNE, Ministre de la santé de Malte, a annoncé que lorsqu’il prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne en 2017, son pays entend organiser une réunion technique sur le VIH en collaboration avec le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies.  Le but est de réunir les plus grands spécialistes pour trouver comment réaliser les objectifs du Programme de développement à l’horizon 2030, de la Stratégie de la santé de l’OMS et des autres mesures agréées par l’Assemblée générale de l’ONU.  La réunion donnera lieu à une déclaration d’engagement, étant entendu qu’un engagement politique de haut niveau en faveur d’une riposte accélérée est « essentiel ».  Le Ministre a donc dit son intention d’en discuter avec ses homologues européens à la réunion ministérielle prévue à Malte en mars 2017. 

M. MOLWYN JOSEPH, Ministre de la santé d’Antigua et Barbuda, a mis en avant les efforts consentis par son pays pour lutter contre le VIH/sida, indiquant que le nombre des personnes qui reçoivent un traitement a doublé entre 2011 et 2015.  Il a aussi rappelé que ces efforts avaient un coût élevé, à un moment où la « petite » économie du pays est frappée par des chocs extérieurs.  Le Ministre a ainsi déclaré que le fait de présenter la région des Caraïbes comme région « à haut risque » pour les services financiers a déjà eu des effets négatifs sur le secteur bancaire du pays.  À cette situation, il faut ajouter les effets des changements climatiques alors qu’Antigua-et-Barbuda est un des plus petits pollueurs de la planète.  Tout cela ne diminue en rien l’engagement contre le VIH/sida mais montre les barrières qui sont érigées injustement.  Le Ministre a plaidé pour des ressources additionnelles et ciblées de la part de la communauté internationale.

Cela ne veut pas dire que nous restons passifs, a dit le Ministre, en faisant valoir l’accès aux ARV que son gouvernement a pu élargir, ce qui a permis de réduire de 50% le nombre de décès liés au VIH entre 2011 et 2015, alors que la coopération avec les ONG et la société civile aura permis d’améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le sida.  Mais, a-t-il rappelé, un seul ouragan peut balayer des acquis de la croissance « durement engrangés ».  Le pays attend donc « avec angoisse » les quatre mois à venir à savoir, la saison des cyclones, les changements climatiques ayant rendu les phénomènes météorologiques « imprévisibles, puissants et destructeurs ».

M. AARON MOTSOALEDI, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a déclaré que son pays avait le plus large programme du VIH/sida du monde, avec plus de 3,4 millions de personnes en cours de traitement antirétroviral.  « Nous allons redoubler d’efforts pour prévenir de nouvelles infections à travers une approche multisectorielle, biomédicale, socioéconomique, culturelle et comportementale », a-t-il assuré.  Si l’Afrique du Sud finance elle-même 60% de ces efforts, elle bénéficie également de l’appui crucial du Fonds mondial.

Saluant la baisse du prix des antirétroviraux, le Ministre a souhaité davantage de progrès sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et la santé publique, s’agissant des médicaments pédiatriques et de la polythérapie contre la tuberculose multi-résistante.  Préoccupé par le fait que les inégalités entre les hommes et les femmes entretiennent l’épidémie, il a mis l’accent sur l’autonomisation des femmes et des adolescentes et la lutte contre la violence sexuelle et sexiste.  Une nouvelle campagne va cibler les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans et les hommes généralement âgés de 24 à 35 ans qui les infectent.   

M. PATRICK PENGEL, Ministre de la santé du Suriname, a indiqué que son gouvernement entend redynamiser les procédures accélérées d’éradication du VIH/sida.  Le pays, qui finance à hauteur de 60% la lutte contre l’épidémie, patine dans la réalisation de la cible 90-90-90.  Une franche collaboration avec la société civile est cruciale pour toucher les populations clefs et une coopération multisectorielle doit être intégrée dans toutes les politiques de lutte contre le VIH/sida.  Le Ministre a souligné que la coopération Sud-Sud et la collaboration internationale sont des chances à saisir.  Il a enfin reconnu que la lutte contre la stigmatisation et la discrimination est un prérequis pour atteindre la cible 90-90-90.

Depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing en 1995, le fait est que la situation des femmes et des filles dans le monde, en particulier en Afrique, n’a pas évolué assez vite, a reconnu M. OMAR SEY, Ministre de la santé de la Gambie.  Trop de filles et de jeunes femmes sans emploi se retrouvent dans le commerce du sexe qui les expose au risque d’infection par le VIH.  De plus, dans beaucoup de sociétés, les mariages précoces et les pratiques traditionnelles néfastes restent monnaie courante.  En Afrique subsaharienne, a précisé le Ministre, une nouvelle infection sur cinq touche les filles et les jeunes femmes, qui courent un risque trois fois plus élevé que leurs partenaires masculins. 

Pour sa part, la Gambie a interdit la mutilation génitale féminine, a expliqué M. Sey.  De même, la parité des sexes est garantie dans l’éducation primaire et secondaire qui est gratuite pour tous.  Il a souligné l’importance de la prévention de l’infection de la mère à l’enfant.  La croissance économique bénéficie des femmes en bonne santé et c’est un moteur pour réduire la pauvreté, une des causes profondes de la vulnérabilité des femmes au VIH, a-t-il conclu, avant de saluer le réseau d’organisations qui, dans son pays, aide les personnes vivant avec le VIH/sida.

M. MAMY LALATIANA ANDRIAMANARIVO, Ministre de la santé du Madagascar, a expliqué que la prévalence du VIH/sida se situe autour de 0,3% dans la population générale des 15 à 49 ans, mais a insisté sur le fait que les populations clefs sont les homosexuels avec 14,8%, les consommateurs de drogues injectables avec 7,1% et les professionnels du sexe avec 1,3%).  Selon le Ministre, les facteurs de vulnérabilité sont bien réels comme l’âge précoce des premiers rapports sexuels, l’incidence élevée des infections sexuellement transmissibles et la multiplication des partenaires sexuels ainsi que la faible utilisation des préservatifs.  Compte tenu de ces éléments, le Ministre a estimé que Madagascar n’est pas à l’abri d’une explosion de l’épidémie et pour l’éviter, il a préconisé de se focaliser sur les interventions à fort impact; l’intégration de la riposte dans tous les secteurs de développement national et le renforcement du système de santé.  Madagascar a mis en place un Comité national de lutte contre le sida et un Plan national de développement conforme aux objectifs de développement durable qui offrira les conditions nécessaires à l’intégration et à l’accélération de la riposte multisectorielle.  D’ici à 2017, ce Plan devrait permettre de réduire de moitié le nombre des nouvelles infections parmi les populations clefs et dans la population en général, et de faire passer le taux de transmission de la mère séropositive à l’enfant à 5%.

M. FELIX KABANGE, Ministre de la santé de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé que l’épidémie du VIH/sida a connu une baisse notable dans le monde, y compris dans son pays qui compte désormais une prévalence au VIH de 1,2%.  Il a ainsi salué le soutien consenti par la communauté internationale, notamment à travers le Fonds mondial et le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida des États-Unis (PEPFAR).  Il a relevé que les enfants sont durement affectés par la maladie, promettant que la RDC va s’atteler à faire baisser la transmission de la mère à l’enfant.  Il a en outre relevé que l’expérience de la lutte contre le VIH/sida pourrait s’étendre à d’autres épidémies comme Ebola que le pays a vaincu par le passé, à sept reprises, s’est-il enorgueilli.  Ce succès, a-t-il expliqué, s’appuie sur une politique nationale qui place les communautés au centre de la réaction nationale.  Il a aussi affirmé que la RDC a lancé l’initiative 90-90-90 depuis décembre 2015, ajoutant que la lutte contre le VIH avait commencé en RDC avec la découverte des 53 premiers cas.  « La fin du VIH partira également de la RDC », a promis le Ministre, en indiquant que son pays entend désormais octroyer 100 000 dollars par an à l’ONUSIDA, et ce dès cette année.

Au nom du Conseil de coopération du Golfe, M. SALAH ALAMR, Vice-Ministre de l’économie et de la planification de l’Arabie saoudite, a appelé la communauté internationale à assumer sa responsabilité collective pour mettre un terme au Sida.  Il a expliqué que les pays du Golfe n’étaient que peu touchés par cette maladie, grâce aux valeurs religieuses et culturelles.  Cela n’a pas empêché le Qatar d’adopter un Programme national de lutte contre le VIH/sida qui est fortement axé sur la prophylaxie et le dépistage tout en luttant contre la stigmatisation des personnes qui vivent avec cette maladie.  Les Émirats arabes unis ont également mis en place un programme de prévention et le Koweït assure un traitement gratuit aux personnes infectées, a expliqué le Ministre.  Au Bahreïn, un Comité national de prévention a été créé et le pays s’est doté d’une stratégie multisectorielle alors que l’Arabie saoudite s’engage à traiter les personnes infectées de manière confidentielle.  À Oman, il existe un programme national de lutte contre le VIH/sida qui met l’accent sur le dépistage précoce et la lutte contre la discrimination.  Dans l’ensemble, les pays du Golfe respectent la Charte de Riad qui exige que l’on apporte les soins requis aux personnes atteintes par le VIH/sida, a encore précisé M. Alamr.

M. MASAKAZU HAMACHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays avait toujours plaidé en faveur du concept de la sécurité humaine et d’une couverture sanitaire universelle, qui fait d’ailleurs partie des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut que la prévention du VIH et de la coinfection VIH/tuberculose soit accessible au monde entier, à travers l’usage des préservatifs, l’éducation, le diagnostic et les soins de santé.  Le Vice-Ministre a également souligné l’importance de répondre aux besoins des populations les plus affectées par l’épidémie du VIH/sida, comme les travailleurs du sexe et les toxicomanes, en mobilisant d’importantes ressources financières et humaines, y compris dans les pays en développement. 

Lors du Sommet du G8 de 2000 qui s’est tenu à Kyushu-Okinawa, a rappelé M. Hamachi, le Japon a inscrit pour la première fois le contrôle des maladies infectieuses à l’ordre du jour, ouvrant ainsi la voie à la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Le mois dernier, s’est-il félicité, le Japon a accueilli le Sommet du G7 à Ise Shima, à l’occasion duquel les participants se sont engagés à renforcer l’architecture mondiale de la santé et la réponse aux situations sanitaires d’urgence. 

Pour Mme TONE SKOGEN, Ministre des affaires étrangères adjointe de la Norvège, les déterminants de l’épidémie du sida sont la pauvreté, les inégalités, l’exclusion sociale, la discrimination, les inégalités entre les sexes et les normes et perceptions de la masculinité.  La nouvelle stratégie proposée par ONUSIDA apporte, selon elle, la direction à suivre pour contrecarrer ces facteurs.  Au cours des 15 dernières années, la Norvège n’a cessé d’investir dans la santé à l’échelle mondiale, notamment par son soutien au Fonds mondial, à ONUSIDA, à UNITAID et aux organisations de la société civile.  Elle s’est également associée à la stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents partant du principe que mettre un terme à l’épidémie du sida est un facteur important pour atteindre les objectifs de la stratégie mondiale.  La Ministre a rappelé que le mécanisme de financement de la campagne « Chaque femme, chaque enfant » a été mis en place pour combler le déficit financier dans les pays les plus touchés et leur permettre de réaliser ces cibles.  Ce Fonds est conçu pour encourager les investissements nationaux tout en mobilisant les ressources internationales, a–t-elle expliqué. 

Pour la Norvège, la notion d’appropriation nationale est importante pour le succès des programmes antisida, les financements internationaux ne devant être vus que comme les catalyseurs des financements nationaux.  La Ministre a salué le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 intègre la lutte contre le VIH/sida dans une perspective plus large et la sorte ainsi de son isolement.  La Norvège plaide en outre en faveur d’une éducation de qualité, ce que la Ministre a justifié par le fait que lorsque la fréquentation scolaire est élevée, les taux d’infection par le VIH des jeunes baissent, indépendamment du sexe.  Par bonne éducation, elle a dit entendre également éducation sexuelle et sur la santé reproductive.  D’ailleurs la Norvège insiste sur la nécessité d’associer les jeunes au travail de lutte contre cette pandémie.  « Nous sommes à un virage décisif dans la lutte contre le sida.  Au cours des prochains jours, unissions nos forces et engageons-nous à finir ce que nous avons commencé », a conclu la Ministre.

Mme DEBORAH BIRX (États-Unis) a évoqué des initiatives nationales telles que le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR).  Mais, a-t-elle prévenu, des segments de la population courent le risque d’être laissés de côté dans la riposte mondiale au VIH/sida, a-t-elle déclaré, citant ainsi les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes, les transgenres, les travailleurs du sexe, les gens qui s’injectent de drogues et les prisonniers.  Il faut lever les barrières qui se dressent devant elles: le déni de leurs droits humains; l’absence de contrôle de la stigmatisation et de la discrimination; celle de services de qualité; le manque de capacités des communautés de base pour non seulement plaider pour le changement des politiques mais aussi pour gérer directement les services.

La représentante s’est dite « fière » d’annoncer que les États-Unis vont créer, dans le cadre du Plan présidentiel, un nouveau fonds d’investissements de 100 millions de dollars pour les « populations clefs ».  Ce fonds, a-t-elle expliqué, va soutenir des approches novatrices, ciblées et communautaires pour faire face aux questions essentielles et combler les fossés qui existent chez ces populations clefs, s’agissant de la riposte au VIH/sida.  Ce fonds d’investissement va s’atteler à identifier, mesurer et changer la dynamique complexe de la stigmatisation et de la discrimination.  Le fonds va financer des approches globales pluriannuelles.  La représentante a encouragé d’autres donateurs des secteurs public et privé à rejoindre cet effort unique.  Elle a par ailleurs souligné que le système d’assurance médicale de l’État américain a permis de prendre en charge des millions de gens, y compris ceux infectés par le VIH.  Elle s’est félicitée du fait que 87% des personnes infectées connaissent leur statut sérologique aux États-Unis, notant également que les cas de nouvelles infections ont baissé de 20% au cours de la dernière décennie, même si des discriminations sont toujours visibles au sein de la population homosexuelle, des hommes bisexuels, des Africains-américains, les personnes d’origine latine, les femmes transgenres et les personnes vivant avec le VIH, notamment dans le sud du pays.

Pour M. MARTIN BILLE HERMANN, Secrétaire d’État pour les politiques de développement du Danemark, la riposte globale au VIH/sida est à un tournant important qui ne se négociera pas automatiquement.  Il est important de mettre l’accent sur les efforts de prévention, puisque les traitements s’améliorent, même s’ils ne sont toujours pas accessibles à tout le monde.  Constatant que le nombre de nouveaux cas dans le monde ne baisse pas, il a insisté sur la prévention, en particulier dans les populations les plus à risque et sur l’information de la population générale.  Il faut, a insisté M. Hermann, répondre à la demande d’informations et de services, y compris de contraception.  Les populations les plus à risques doivent pouvoir accéder aux services nécessaires sans aucune discrimination.  « Ne laissons pas les tabous d’hier entraver les résultats de demain », a déclaré M. Hermann.  S’agissant des jeunes, et surtout des jeunes femmes, les plus concernés par les nouveaux cas d’infections, il a insisté sur le rôle de l’école et autres pour les sensibiliser aux risques et aux moyens de se protéger.  Le Danemark reste engagé à travailler avec tous les partenaires de la lutte contre le Sida, y compris la société civile, a-t-il assuré.

M. ALEXEY TSOY, Vice-Ministre de la santé et du développement social du Kazakhstan, a mentionné l’augmentation nette de nouvelles contaminations dans la région d’Asie centrale, principalement chez les usagers de drogues par injection, avant d’indiquer que le taux de prévalence du VIH dans son pays est stable, à 0,2%.  Cela a été rendu possible grâce à l’intervention précoce du Gouvernement du Kazakhstan et à ses politiques appropriées, a-t-il dit, assurant de la détermination de son pays à partager son expérience avec les autres pays en développement.  Il a précisé que les traitements sont entièrement pris en charge par l’État, sans aide internationale, depuis que le Kazakhstan était entré dans la catégorie des pays à revenu moyen supérieur.

Nous nous sommes assigné des objectifs ambitieux dans la fourniture de services et l’élargissement de l’accès aux traitements, a-t-il déclaré.  Indiquant que son pays était prêt à aider les pays en transition, M. Tsoy a affirmé que ces derniers auront besoin d’aide pour mettre en œuvre les recommandations de l’OMS et d’ONUSIDA mais aussi pour combattre la marginalisation des personnes malades grâce à des programmes de prévention et de sensibilisation.  Les populations les plus à risque au Kazakhstan se voient offrir gratuitement des seringues, des préservatifs et des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles, la tuberculose et l’hépatite B.  Le Kazakhstan a les capacités et la volonté politique d’atteindre les objectifs de la Déclaration politique, a conclu le Vice-Ministre.

M. MIGUEL MAYO, Vice-Ministre de la santé de Panama, a rapporté 23 736 cas de VIH dans son pays, de 1984 à 2015.  Pour compléter le plan multisectoriel national, le pays compte sur l’appui indispensable de la société civile.  Au titre des stratégies mises en œuvre, le Vice-Ministre a cité la création de 15 cliniques de thérapie antirétrovirale, l’expansion prochaine des services destinés aux personnes vivant avec le VIH, ou encore le suivi médical gratuit des patients.

Le dépistage des femmes enceintes a permis de faire passer la prévalence de la transmission de la mère à l’enfant à 3,7% en 2015, a continué le Vice-Ministre.  Il a jugé crucial l’accès de la femme à l’éducation, et précisé que l’âge légal du mariage avait été repoussé.  De plus, l’État finance à 100% huit cliniques qui accueillent des homosexuels, des prostituées et des femmes transsexuelles.  Il a souligné que la Première Dame du Panama, Mme Lorena Castillo, est Ambassadrice de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes.     

M. MARIO GIRO, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, a salué les progrès des 15 dernières années de la campagne globale contre le VIH/Sida, mais s’est dit conscient du risque d’un recul si on rate les dernières étapes de cet effort.  Il a salué le changement d’approche qui découle des objectifs de développement durable dans la mesure où le Programme 2030 intègre la lutte contre le sida dans la perspective plus large de développement.  Il a rappelé que dans son pays cette lutte est toujours une priorité nationale.  D’ailleurs, l’Italie fait partie des pays qui soutiennent le Fonds mondial et envisage d’augmenter sa contribution de 30% à partir de cette année, ce qui sera annoncé officiellement en septembre prochain.  L’Italie soutient également la notion de renforcement de la résilience des systèmes de santé et insiste sur les investissements nécessaires dans le capital humain qui doivent s’accompagner d’un accès généralisé aux médicaments.  Le Ministre est conscient des problèmes d’approvisionnement en ARV pour les pays du Sud et a encouragé la recherche de solutions, compte tenu des conséquences économiques et sociales du VIH/Sida.  Il a aussi encouragé les alliances globales entre gouvernements, société civile, secteur privé, communauté scientifique et chercheurs pour réussir à relever le pari de la riposte mondiale au VIH/sida à l’horizon 2030.

Mme MARIA TERESA BARAN, Vice-Ministre de la santé publique du Paraguay, a mis en avant le programme national de contrôle du VIH/sida lancé dès 1988 dans son pays.  Les dernières études y révèlent que c’est par voie sexuelle que se transmet le plus fréquemment l’infection, chez les jeunes âgés de 20 à 34 ans.  Elle touche plus d’hommes que de femmes, en majorité dans la capitale, la zone métropolitaine et frontalière. 

Toutefois, grâce à des services intégrés et aux traitements antirétroviraux, le Paraguay a réussi à stabiliser les taux d’infection et de mortalité, a expliqué la Vice-Ministre.  Il est fondamental, a-t-elle dit, que les personnes les plus affectées par l’épidémie de VIH et le sida, notamment les homosexuels, les travailleurs du sexe, les toxicomanes, les personnes transgenres, les détenus et les peuples autochtones, se voient garantir l’accès à des services de santé de qualité et sans discrimination.  Elle a lancé un appel pour que soient augmentés les investissements mondiaux afin de prévenir et de traiter le VIH.  

M. CARLOS FORADORI, Vice-Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, a assuré que son pays appliquait pleinement la stratégie 2016-2021 de l’ONUSIDA.  Il s’est dit convaincu que la promotion et la protection des droits des femmes et des filles, leur autonomisation et l’égalité des sexes étaient des conditions fondamentales pour mettre fin à l’épidémie.  De même, une couverture de santé universelle, la protection de la santé sexuelle et génésique des jeunes et des adolescentes, l’éducation sexuelle et l’accès aux médicaments et à des services de santé de qualité sont essentiels pour prévenir et combattre l’épidémie.  

L’Argentine a mis au point une politique publique de prévention et d’accès tant au diagnostic qu’aux traitements, a poursuivi le Vice-Ministre.  La réponse au VIH implique de multiples acteurs de la société civile, y compris des personnes vivant avec le VIH et les populations clefs.  Il a indiqué que sa délégation comprenait « la première fonctionnaire ouvertement transgenre de l’Argentine ».

« Il faut accélérer et intensifier notre réponse au VIH », a lancé Mme TANIA DUSSEY-CAVASSINI, Secrétaire d’État à la santé de la Suisse.  D’après elle, il faut davantage prendre en considération les déterminants sociaux, économiques et politiques de l’épidémie, tels que la pauvreté, l’inégalité, l’exclusion sociale, la discrimination, dont la pénalisation des rapports sexuels entre personnes du même sexe ou des usagers de drogues par injection.

« Nous devons renforcer les systèmes de santé », a poursuivi la Secrétaire d’État.  En 2015, a-t-elle précisé, la Suisse a contribué à ce que 1 million de jeunes femmes et hommes en Afrique australe accèdent à des services de santé sexuelle et reproductive, y compris en matière de VIH/sida.  Ensuite, il faut « poursuivre systématiquement une approche centrée sur les droits de l’homme » et « adopter une approche ciblée », axée sur les lieux et les populations qui sont les plus touchées par l’épidémie.  La Suisse, par exemple, a eu des succès dans sa lutte contre la propagation du virus grâce à une action politique ciblée avec les consommateurs de drogues par injection. 

M. JAROSLAW PINKAS (Pologne) a insisté sur le rôle actif joué par la Pologne dans le développement et le processus d’adaptation d’ONUSIDA pour les années 2016 à 2021.  Il a rappelé que la Pologne fait partie des premiers pays d’Europe de l’Est à avoir offert un traitement antirétroviral et des soins aux personnes vivant avec le virus.  Le taux de prévalence du virus est très bas en Pologne, a-t-il dit, ajoutant qu’un millier de nouveaux cas était recensé chaque année dans son pays.  Le représentant a affirmé que le programme de la Pologne visant à combattre le VIH/sida était basé sur les principes de la dignité humaine et du respect des droits humains, avant de préciser que le budget consacré aux traitements antirétroviraux s’était élevé en 2015 à 75 millions de dollars.  Il a également affirmé que le taux de contamination intra-utérine était passé de 23% en 1989 à zéro aujourd’hui.  En Pologne, les tests de détection sont gratuits, anonymes et accessibles à tous, y compris aux migrants, a-t-il dit.  Enfin, M. Pinkas a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la stratégie visant à mettre un terme à l’épidémie du VIH/sida d’ici à 2030.

Mme VERONICA ESPINOZA, Vice-Ministre de la gouvernance et du contrôle sanitaire de l’Équateur, a mis l’accent sur la nécessité de réaliser tous les droits de l’homme et de préserver la dignité de toutes les personnes qui vivent avec le VIH, de celles qui risquent d’être infectées ou sont touchées ainsi que leur famille.   Elle a dit les efforts faits par son pays pour garantir une couverture médicale universelle à tous ses habitants, dont un accès gratuit aux traitements antirétroviraux à toute personne vivant avec le VIH.  Les investissements de l’Équateur ont permis de réduire de 43% le nombre de personnes touchées par le VIH/sida.  En la matière, le pays reconnaît l’importance « décisive » de la collaboration entre le Gouvernement et la société civile.  L’histoire parlera de nos succès mais aussi de nos échecs, a prévenu la Vice-Ministre, ajoutant que la société aura des comptes à rendre aux générations futures si elle laisse les lobbies freiner l’accès universel aux traitements antirétroviraux « pour des raisons bassement financières ».  Mme Espinoza a particulièrement fustigé les sociétés transnationales responsables quotidiennement de violations des droits de l’homme.  

M. JUNG KI-SUCK (République de Corée) a plaidé pour un renforcement des programmes de prévention, rappelant que seules 50 000 personnes parmi les 3 millions qui ont un risque très élevé d’exposition au VIH/sida prenaient des médicaments préventifs, avant toute exposition au virus.  Nous devons investir dans la recherche afin de soutenir la demande de médicaments préventifs, a-t-il dit.  Il a estimé que la cible de 90-90-90 ne pourra être atteinte que par la fourniture universelle de traitements et soins.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, prend à sa charge les coûts des thérapies antirétrovirales depuis 1989.  Le taux d’accès aux traitements sur les trois dernières années était de 92%.

Le représentant a jugé essentiel de réviser les politiques et législations afin d’éliminer les discriminations qui frappent les personnes malades et d’investir dans les efforts de recherche afin d’améliorer les diagnostics et les vaccins thérapeutiques.  L’innovation sera cruciale pour mettre un terme à l’épidémie de VIH/sida, a-t-il insisté, avant de revenir sur les mesures prises pour lutter contre l’épidémie du VIH/sida dans son pays, malgré le faible taux de prévalence, indiquant notamment que des centres de dépistage anonymes et gratuits ont été mis en place et que les thérapies antirétrovirales sont accessibles à toutes les personnes malades.

M. PATRICK NDIMUBANZI, Ministre de la Santé publique du Rwanda, a dit que les progrès observés aujourd’hui en matière de lutte contre le VIH/sida sont le fruit de la solidarité mondiale.  Pour atteindre les objectifs fixés en matière de prévention et la cible 90-90-90 d’ONUSIDA d’ici à 2020 et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030, il faudra pouvoir compter sur des ressources prévisibles, a prévenu M. Ndimubanzi.  À cet égard, il a dit la nécessité d’assurer une transition souple entre les financements internationaux et nationaux.  Nous ne pourrons atteindre la cible 90-90-90 que si nous adoptons des approches novatrices, notamment l’approche dépistage-traitement mais l’approche « spécificité des contextes nationaux », a-t-il insisté.

M. OLEG GORIN, Ministre adjoint de la santé du Kirghizistan, a indiqué que malgré des acquis considérables, le nombre de nouveaux cas de sida augmente de 10% chaque année, ce qui est inquiétant.  Il a constaté une féminisation du sida, ainsi qu’une augmentation significative chez les enfants de moins de 15 ans qui sont souvent usagers de drogues par injection et dont le taux de prévalence se situe autour des 5%.  Il a reconnu que le dépistage se fait malheureusement souvent à une étape avancée du VIH, ce qu’il a imputé à la stigmatisation persistante.  Le Gouvernement a opté pour une approche multisectorielle, mais le Ministre a déploré un manque de ressources pour financer le programme national.  37% des adultes et 79% des enfants séropositifs ont toutefois accès aux ARV grâce à l’aide internationale, a-t-il expliqué, et des progrès importants ont été enregistrés dans les tendances des nouvelles infections.  Cependant, sans un soutien financier continu, ces acquis seront perdus, a-t-il averti, en invoquant notamment la problématique plus large au niveau de toute la région.  Il a proposé de se concentrer sur les efforts concernant les défis auxquels se heurte cette région.

M. VICTOR TERRERO ENCARNACION (République dominicaine) a indiqué que l’île d’Hispaniola comptait 80% des cas de VIH/sida enregistrés dans la région des Caraïbes et qu’il fallait absolument intensifier les efforts pour contrôler l’épidémie, en prêtant une attention particulière aux communautés LGBT, aux travailleurs du sexe, aux femmes peu scolarisées, aux toxicomanes, aux handicapés et aux migrants.

La République dominicaine lutte contre la stigmatisation et la discrimination, en particulier sur le lieu de travail, conformément à la recommandation 200 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a assuré le représentant.  Un groupe national pour l’élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination a d’ailleurs été créé en vue d’élaborer une loi pour protéger les droits de l’homme des personnes à risque.  Le pourcentage de personnes recevant un traitement antirétroviral a également augmenté, notamment chez les femmes enceintes, ce qui contribue à la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. 

M. TAREK SALMAN, Vice-Ministre de la santé de l’Égypte, à assurer des efforts de son pays pour accélérer la riposte contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.  Il a cité la stratégie nationale 2015-2020 basée sur les droits de l’homme, le droit à la protection de tous, l’accès aux méthodes de prévention et de traitement et l’égalité des sexes devant les services de santé.  Nous avons aussi lancé des programmes d’éducation et de sensibilisation pour les plus vulnérables », a dit le Vice-Ministre, avant de parler des efforts de coopération avec les voisins arabes et africains.  Il a invité tous les partenaires à redoubler d’efforts pour combler le fossé qui sépare le continent africain du reste du monde en matière de financement.  Nous essayons d’élargir nos services de prévention et de traitement afin que ceux qui sont touchés par le VIH/sida puissent vivre plus longtemps, a-t-il ajouté.  Le Ministre n’a pas manqué de fustiger ce qu’il a nommé « les pratiques dangereuses » comme l’homosexualité et la prostitution, en estimant que « ces phénomènes » font partie du problème et non de la solution.  

M. HAMISI A. KIGWANGALLA, Ministre adjoint de la santé, du développement communautaire, du genre, des personnes âgées et de l’enfant de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que l’Afrique subsaharienne reste la région la plus frappée par l’épidémie et a appelé à une action urgente et exceptionnelle pour infléchir son impact désastreux, en particulier sur le développement.  Avec 1,5 million de personnes infectées en Tanzanie, dont une grande proportion de femmes et d’adolescents (surtout des filles), le Ministre a dit vivre de près cette réalité.  Il a fait état des acquis significatifs en termes de réduction des nouvelles infections et des décès liés au sida, soit 40% entre 1990 et 2014.  Le nombre de personnes sous traitement a augmenté régulièrement pour se situer autour de 60% avec un pic chez les enfants grâce à l’option B+6. 

Le Gouvernement a également mis en place un Fonds de lutte contre le sida pour augmenter la part des financements propres, publics et privés, dans la riposte nationale.  Par ailleurs, le programme « dépister et traiter » a été lancé dans certains district, en attendant de pouvoir le faire à l’échelle nationale de manière progressive, en attendant le renforcement des capacités du personnel sanitaire et des systèmes logistiques, a précisé le Ministre.  Il s’est dit confiant qu’avec l’aide du Fonds présidentiel d’urgence de lutte contre le sida, du Fonds mondial, de la famille onusienne et des partenaires bilatéraux, la Tanzanie sera en mesure d’atteindre la cible 90-90-90 d’ici à 2020 et de venir à bout du sida d’ici à 2030.  Pour cela, il va falloir assurer une éducation préventive, garantir l’accès aux médicaments abordables et efficaces; développer un vaccin; assurer la couverture de santé universelle; réduire le nombre des décès dus à la tuberculose liés au VIH, et produire localement les médicaments contre le VIH/sida.

M. DARSHAN PUNCHI, Ministre de la santé du Pakistan, a affirmé que la prévalence du VIH/sida au Pakistan reste « heureusement » en deçà de 1% dans la population générale et que les personnes qui sont principalement touchées sont les utilisateurs de drogues injectables pour lesquels ce taux se situe autour de 27,2%, puis les professionnels du sexe transgenre, 5,2% et les femmes professionnelles du sexe, 0,6%.  Ces groupes les plus à risque sont essentiellement présents dans les zones urbaines.  La riposte nationale du Pakistan, à la fois en termes de prévention et de traitement, a commencé avec la mise en place d’un Cadre stratégique national qui s’adosse sur une volonté politique ferme du Gouvernement.  Le Plan stratégique III met l’accent sur des interventions ciblées de qualité auprès des groupes les plus à risque.  Il s’agit d’une approche coordonnée et multisectorielle qui cible tout vecteur et conséquence potentielle, a expliqué le Ministre qui a estimé qu’il s’agit d’une véritable question transversale de développement.  Il a ajouté que la pauvreté contribue beaucoup à la propagation de la maladie.  Par conséquent, la lutte contre le sida et l’élimination de la pauvreté doivent être menées ensemble, et cela ne peut se faire sans une coopération active et déterminée de la part de la communauté internationale qui doit venir en aide aux pays en développements.  Le Pakistan soutient la nouvelle Déclaration politique et s’engage à réaliser la cible 90-90-90 fixée par ONUSIDA.

« Qui aurait cru que 17 millions de personnes seraient un jour sous traitement antirétroviral?» s’est réjouie Mme FELICITY HARVEY, Directrice générale du Département de la santé du Royaume-Uni, insistant sur les progrès « remarquables.  Mais tout en saluant le succès que constitue la Déclaration politique adoptée hier, elle a rappelé qu’en 2015, 22 millions de personnes séropositives n’avaient toujours pas accès au traitement antirétroviral.  Il faut donc s’attaquer aux obstacles sociaux et structurels à l’accès à la santé, y compris la mauvaise qualité des soins, les difficultés économiques, la stigmatisation et la discrimination, les pratiques et les croyances néfastes, l’inefficacité des systèmes de prestation de services, la malnutrition et le manque de nourriture.  Pour éliminer le sida d’ici à 2030, la représentante du Royaume-Uni a souligné qu’il faut se concentrer sur les personnes et les pays qui ont le plus besoin d’aide.  Elle a voulu que l’on continue à exercer des pressions sur les gouvernements pour qu’ils s’occupent de la santé de leurs citoyens.

Pour M. XIA GANG (Chine), le sida est non seulement une question de santé publique mais aussi une question sociale.  La Chine a mis en place les mécanismes nécessaires pour contenir cette épidémie, l’objectif étant de garantir aux personnes infectées leur droit à la santé.  La riposte nationale a permis de limiter les nouveaux cas et de faire baisser les taux de mortalité liés au sida ainsi que les taux de transmission de la mère à l’enfant.  Les malades reçoivent des soins médicaux gratuits, a encore précisé l’intervenant, saluant l’approche d’ONUSIDA pour une riposte accélérée avec sa cible 90-90-90 d’ici à 2020 qui donne des directives claires d’ici à 2030.  La Chine appuie l’adoption de la Déclaration politique adoptée hier et appelle à une mobilisation collective de la communauté internationale pour garantir son succès.

Il faut pour ce faire relever les défis en associant les pays en développement à la riposte et leur garantir des financements et des appuis techniques nécessaires.  Il faut aussi répondre à la demande de traitement et de dépistage et débloquer les financements nécessaires.  La Chine demande aux sociétés pharmaceutiques de prendre les mesures qui s’imposent pour faire baisser le prix des médicaments et dénonce les risques de monopole.  Pour sa part, le Gouvernement chinois s’est doté d’un Plan d’action multisectoriel de prévention et de traitement et vise à instaurer une couverture médicale universelle.

M. JORGE LASTRA TORRES, Directeur des réseaux d’assistance du Ministère de la santé du Chili, a salué les nouveaux outils de la coopération internationale, comme l’Initiative sur la communauté de brevets de médicaments lancée par ONUSIDA.  Le Chili participe aux efforts visant à rendre les traitements plus accessibles aux moins fortunés, a-t-il assuré, en soulignant le fossé économique qui existe entre pays aux divers niveaux de développement et à l’intérieur des pays eux-mêmes.  Il a également jugé nécessaire d’approfondir la coopération entre les gouvernements et la société civile. 

Le Directeur a préconisé de s’adapter aux réalités épidémiologiques, sociales et culturelles des pays et de leurs communautés, y compris les autochtones.  De même, aux niveaux national et international, il faut « des politiques qui favorisent le développement humain et la solidarité et qui reconnaissent la diversité comme une richesse culturelle ».  Pour le Gouvernement chilien, le respect des droits des personnes qui vivent avec le VIH et se trouvent dans des situations de grande vulnérabilité constitue non seulement un impératif éthique mais une condition essentielle pour contrôler l’épidémie, a-t-il conclu.  En outre, la prévention fait partie de la stratégie nationale de santé.  

Table ronde 3: « Devancer la crise imminente des traitements: un plan d’action pour atteindre la cible 90-90-90 »

Cette table ronde était coprésidée par le Premier Ministre du Swaziland, M. BARNABAS S. DLAMINI, et son homologue de l’Ouganda, M. RUHAKANA RUGUNDA. 

La cible 90-90-90, qui était au centre des échanges, fait référence aux cibles que l’ONUSIDA a établi en 2014: d’ici à 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, 90% des personnes conscientes de leur séropositivité ont accès au traitement, et 90% des personnes sous traitement n’ont plus de charge virale.

En Algérie, a affirmé M. ABDELMALEK BOUDIAF, Ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de l’Algérie, la couverture médicale est universelle et garantie par la Constitution.  La prise en charge des personnes infectées par le VIH est faite par l’État, y compris les étrangers qui n’ont pas de statut légal dans le pays.  Il faut tout faire pour que les obstacles financiers et géographiques n’empêchent pas les populations les plus vulnérables d’accéder aux soins.

90% des antirétroviraux utilisés dans le monde sont fabriqués en Inde, s’est enorgueilli M. JAGAT PRAKASH NADDA, Ministre indien de la santé et de la famille.  Nous sommes « la pharmacie du monde », a-t-il déclaré, avant de révéler que c’est grâce aux accords signés entre son gouvernement et les compagnies pharmaceutiques que l’Inde peut offrir des médicaments à moindre coût au reste du monde. 

Le Nigéria travaille avec l’aide du Fonds mondial, a indiqué M. ISAAC FOLORUNSO ADEWOLE, Ministre nigérian de la santé publique, dont le pays compte plus de deux millions de personnes qui vivent avec le VIH.  Faute de moyens importants, les autorités ciblent trois États chaque année pour des campagnes de dépistage et de prise en charge des personnes infectées, avec l’objectif d’assurer des soins à 3 millions 200 000 personnes d’ici à 5 ans.

Au dernier Sommet du G7 au Japon, a rappelé M. HERMAN GROHE, Ministre de la santé de l’Allemagne, les participants se sont engagés à soutenir la lutte contre le VIH/sida dans 76 pays.  Dans cette optique, l’Allemagne a accru sa contribution au Fonds mondial, mais pour atteindre toutes les populations clefs à travers le monde, notamment les victimes de la discrimination, il faudra que les gouvernements prennent leurs responsabilités. 

En Haïti, nous devons renforcer les capacités du personnel médical, a reconnu son représentant.  Au Bénin, seul 43% des personnes connaissent leur statut sérologique, ce qui est bien loin de l’objectif de 90%, a reconnu à son tour, le représentant béninois.  Au Chili, a expliqué sa déléguée, le Gouvernement a tous les problèmes du monde à assurer la prise en charge thérapeutique des personnes infectées à cause des restrictions imposées par les entreprises pharmaceutiques.  Elle les a invitées à agir de « manière éthique ».  La plupart des fabricants d’antirétroviraux se détournent du secteur qui, soumit à des règles particulières, ne génère plus de profits colossaux, a constaté un membre de la société civile, voyant là le risque d’une concentration de la production entre deux ou trois acteurs.

Fier que GlaxoSmithkline ait été le premier à fabriquer un médicament contre le VIH, son Président Directeur général, M. ANDREW WITTY, a reconnu que de nombreuses entreprises se sont désintéressées de la recherche en matière de VIH/sida, alors qu’il faut justement innover pour simplifier les traitements et trouver éventuellement un vaccin.  GlaxoSmithkline entend mettre sur le marché des médicaments plus puissants que l’on pourrait par exemple prendre une fois par trimestre, et plus chaque jour comme c’est le cas en ce moment.  Comme « Glaxo » dépense beaucoup pour la recherche, elle est en droit d’engranger des bénéfices.  Ses prix sont naturellement plus élevés dans les pays du Nord, renonçant au profit dans les pays en développement.

La baisse des prix des médicaments devrait aussi s’appliquer aux traitements dits de nouvelles générations, a estimé le représentant du Maroc, tandis que la déléguée du Brésil s’est réjouie du fait que son pays produit 11 antirétroviraux différents.  Le représentant du Malawi en a conclu que « l’Afrique doit produire ses propres médicaments ».

L’appui des politiques aux scientifiques est crucial, a estimé le représentant de l’Italie afin de mettre en place de nouveaux modèles de traitements et de prise en charge, s’appuyant sur les communautés locales.  Sous les applaudissements nourris de la salle, Mme DEBORAH BIRX, Coordonnatrice de la lutte contre le VIH aux États-Unis, a annoncé que son gouvernement va créer un nouveau fonds pour les populations clefs, à savoir les hommes qui ont des relations avec les hommes, les transgenres et les travailleurs du sexe.  Soyons francs, a renchéri, Mme SOUHAILA BENSAID, Présidente de l’association tunisienne de la prévention positive, ni la religion et encore moins la culture dominante ne saurait cacher la réalité de ces populations.  Une seule personne sur cinq dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a accès aux traitements, a-t-elle dénoncé, regrettant que le Fonds mondial ait « délaissé » la région, tout comme le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida.  L’OMS, par la voix de ses sous-Directeurs, M. REN MINGHUI, a annoncé des recherches sur l’auto dépistage. 

Table ronde 4: « Ne laisser personne sur le bord de la route: mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination grâce à la justice sociale et à des sociétés inclusives »

Coprésidée par MM. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, et PAUL BIYOGE MBA, Premier Vice-Premier Ministre du Gabon, la table ronde avait pour objectif d’explorer l’opportunité offerte par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour réaliser la vision.  Il s’agissait aussi de passer en revue les engagements pris pour faire avancer les principes d’égalité et d’inclusion et atteindre les objectifs de santé pour les personnes vivant avec, touchées et à risque.

Les principaux panélistes étaient M. PIYASAKOL SAKOLSATAYADORN, Ministre de la santé publique de la Thaïlande, Mme MARISOL TOURAINE, Ministre des affaires sociales et de la santé de la France, Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. CELSO AMORIM, ancien Ministre des affaires étrangères du Brésil et Coprésident du Groupe de haut niveau sur la réponse mondiale aux crises sanitaires, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, M. OCHONYE BARTHOLOMEW BONIFACE, Directeur de pays de « Heartland Aliiance Nigéria » et M. LAXMI NARAYAN TRIPATHI, Président de « Astitva Transgender Network ».

Le Premier Vice-Premier Ministre du Gabon a rappelé que le sida avait dévoilé les fractures et les écarts sociaux et juridiques entre les nations et au sein des communautés.  Les individus et communautés vulnérables et marginalisés ont été durement touchés, car le sida a aggravé les préjugés, la discrimination et même les violences les plus vulnérables.  Face à ces défis, les personnes vivant avec le VIH ont engagé la lutte contre la discrimination et la stigmatisation.  Elles ont démontré l’importance de la protection juridique et des valeurs d’inclusion et prouvé qu’une épidémie telle que le sida pouvait être transformée en catalyseur de la lutte contre les inégalités structurelles et les vulnérabilités.

Le monde a reconnu l’impact négatif de la discrimination et la stigmatisation et, dans de nombreux pays, des réformes juridiques ont permis de faire progresser la justice sociale comme élément de réponse essentiel à l’épidémie.  Et pourtant, a reconnu l’orateur, l’exclusion et la marginalisation perdurent et elles gênent la réalisation de l’objectif 90-90-90, a poursuivi le Ministre de la santé publique de la Thaïlande, où la stigmatisation perdure malgré les progrès.  Le pays a notamment décidé de renforcer la lutte contre la discrimination du personnel de santé à l’égard des personnes séropositives, y compris les jeunes mères séropositives, en tenant compte du fait que les professionnels de la santé jouent un rôle très important dans la perception que la population en général a des personnes séropositives.

La lutte contre le sida n’est pas seulement une affaire médicale, mais aussi une question politique et de droits de l’homme, a acquiescé la Ministre des affaires sociales et de la santé de la France.  Elle a rappelé que le sida symbolise la double fracture des épreuves sociales et des exclusions.  Il faut nommer les personnes des groupes les plus à risques, a-t-elle dit, expliquant que sa politique consiste à apporter une réponse spécifique adaptée à chacun de ces groupes, comme les salles de consommation à moindre risque pour les utilisateurs de drogues ou encore la proposition faite aux mineurs de faire des tests de dépistage sans autorisation parentale.  Nous ne pouvons plus accepter que l’on refuse des soins, a ajouté la Ministre, qui a rappelé qu’une étude avait révélé l’an dernier qu’en France, un dentiste sur trois refuse de soigner un séropositif.  La France interdit désormais que l’on refuse aux hommes qui ont des relations avec des hommes de faire donner leur sang, ce qui était « une présomption de séropositivité à l’égard des homosexuelles ». 

Aux Pays-Bas, la décision prise de permettre aux séropositifs de contracter une assurance-vie n’est pas seulement un geste de solidarité mais aussi une mesure prise sur la base de données objectives, a souligné la Ministre néerlandaise des affaires étrangères des Pays-Bas.  Pour que les choses changent, il faut que les paroles soient suivies d’effet et les Pays-Bas sont fiers d’avoir pris de mesures qui concrétisent leurs engagements.

Parlant d’engagements, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a mis l’accent sur celui en faveur de la lutte pour l’égalité entre les sexes car en situation d’infériorité et dépendantes de leur partenaire, y compris économiquement, les femmes sont tentées de dissimuler leur séropositivité audit partenaire, ce qui peut contribuer à répandre l’épidémie.  Il faut mettre l’accent sur la « masculinité positive ».

La nécessité de ne laisser personne de côté doit être considérée à la fois comme un impératif moral et une question de santé publique, a souligné le Directeur de pays de « Heartland Aliance Nigeria ».  Rappelant les mesures anti-homosexualité au Nigéria, il les a expliquées par les traditions mais « la peur ».  Quand un État –il y en a 75- pénalise les populations clefs, celles-ci se réfugient quand elles le peuvent dans la clandestinité, ce qui contribue à augmenter la prévalence du sida.  La société civile a joué un rôle essentiel mais que se passerait-il si elle, société civile disparaissait?  Le Directeur a réclamé la dépénalisation du travail sexuel, de la consommation de drogues et le respect de l’orientation sexuelle de chacun.  

Transgenre vivant en Inde, le Président de « Astitva Transgender Network » s’est dit très choqué par les propos de certains pays.  Ils auraient dû avoir « le courage » de mettre dans la Déclaration adoptée hier ce qu’ils pensent vraiment.  Très souvent considéré comme « invisible », il a dit craindre de se retrouver dans les 10% restants de la cible 90-90-90.  Tout autant que les autres, les personnes transgenres ont le droit de vivre dans la dignité sur cette planète.  L’Inde compte d’ailleurs au Parlement un député transgenre, a-t-il souligné.

La lutte contre le sida doit être le reflet des politiques qui placent la personne au centre des préoccupations, a commenté Cuba.  La politique générale d’égalité homme-femme, d’éducation, d’une santé de qualité et de non-discrimination de Cuba à améliorer la lutte contre le sida, même s’il faut poursuivre les efforts et les comportements traditionnels.  Depuis plus de 20 ans, Cuba accepte les différentes orientations sexuelles, ce qui a permis de renforcer le respect des personnes qui vivent avec le VIH.  Maurice a adopté en 2015, les principes de l’OMS après la loi en 2008, sur la protection de la personne, ce qui a permis d’élargir le programme de prévention et de gestion du VIH à la lutte contre la discrimination et la stigmatisation.  La Mongolie a levé toutes les restrictions aux déplacements des personnes séropositives et introduit la pénalisation de la discrimination à l’égard des minorités sexuelles.  Mais les préjugés restent très prégnants au sein de la population.

Au nom de la société civile, le Conseil mondial des Églises a rappelé que, si les groupes religieux sont souvent considérés comme des obstacles, il existe aussi de nombreuses organisations d’inspiration religieuse qui luttent contre toutes les formes de discriminations et de stigmatisation.  Le Conseil souhaite un renforcement de la coopération entre ces groupes et tous les autres acteurs pour qu’enfin vienne le jour où il n’y aura plus besoin d’organiser une table ronde sur la stigmatisation ou la discrimination dans le contexte du VIH/sida.

Ce jour n’est pas encore là puisque la Déclaration adoptée hier viole les droits des homosexuels, a tranché l’ONG « Somos gay », réseau des homosexuels en Amérique latine.  La Déclaration montre quelques progrès mais elle ne fait rien pour le respect de tous les droits des homosexuels partout dans le monde.  Pour parvenir aux objectifs définis, il faudra davantage de transparence.  La question des « populations clefs » - les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes, les travailleurs du sexe, les usagers de drogues par injection, les prisonniers et les transgenres, dont la Déclaration traite a été largement abordée.  

Un membre de la société civile de la région Asie-Pacifique, a jugé « décourageant » de voir la Déclaration « oublié » les populations clefs, lesquelles auraient dû être définies explicitement, comme elles le sont par ONUSIDA.  La stigmatisation et la discrimination doivent être un élément fondamental de la lutte contre le sida, mais les mesures doivent être adaptées au contexte religieux et socioculturel des pays, a estimé le Maroc qui a salué le rôle de la société civile, sans oublier d’ajouter que d’autres secteurs, comme le secteur religieux, peuvent aussi jouer un rôle très important.  Ainsi au Maroc, les dirigeants religieux, très influents, sont très efficaces pour faire passer des messages de lutte contre la discrimination et la stigmatisation.  Au Soudan, il s’agit en effet de bâtir les piliers d’une société inclusive sans stigmatisation ni discrimination mais dans le cadre des préceptes religieux.  Les mesures tiennent compte de l’avis des imams et autres représentants communautaires, ce qui a des effets positifs.

S’il faut respecter « évidemment » les droits souverains des États, il faut néanmoins souligné, a argué le Royaume-Uni, que pour progresser réellement, il faut adopter une approche pragmatique et respecter les droits de l’homme de tous les groupes vulnérables.  Le Royaume-Uni a aussi mis l’accent sur la qualité des interventions des membres de la société civile, y voyant un témoignage de plus de la nécessité d’entendre la voix de telles organisations au sein de telles assemblées.

Le sida permet de réfléchir sur certains aspects de la vie sociale, a commenté la Colombie car on voit bien que la maladie stigmatise moins les personnes séropositives que les comportements sociaux.  Le Chili a d’ailleurs mis en place un groupe composé de membres élus des populations clefs.  Il est vrai qu’au Malawi, les travailleurs du sexe et les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes sont des groupes pour lesquels les progrès sont le plus lents.  Le pays a adopté un moratoire sur la répression pénale de l’homosexualité et appelle les États à prendre de mesures pour que les personnes les plus exposées puissent sans crainte ni risque avoir accès à la santé. 

Le sexisme, l’homophobie et autres sont en effet les véritables obstacles à l’accès aux traitements et services d’accompagnement, freinant la réalisation des objectifs fixés, a ajouté le Canada.  La lutte contre les discriminations doit être inclusive et impliquer les populations clefs.  Parmi ces populations clefs, il faut compter les femmes, a plaidé l’ONG « MENA Rosa », parlant des régions de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où quand on se rend dans un centre de santé sexuelle, la première question est « Êtes-vous mariée? » ce qui est une forme de stigmatisation.  « MENA Rosa » est un groupe de femmes qui vivent avec le VIH dans la région MENA, où quelque 220 000 personnes sont séropositives.  En revanche, pour la Fédération de Russie, il faut avant tout assurer le droit à la santé pour tous, ce qui permettra de régler « très simplement » la question des personnes ou groupes vulnérables.

Un membre de la société civile, ancien toxicomane ukrainien et militant de la lutte anti-drogue, s’est dit préoccupé que la Déclaration ne mentionne pratiquement pas les thérapies de substitution.  On ne pourra pas mettre fin au sida si les toxicomanes ne peuvent pas recevoir des traitements de substitution, a-t-il estimé, en demandant que soient encouragées ces thérapies.

À propos d’accès aux traitements, l’ancien Ministre des affaires étrangères a souligné l’importance de la Déclaration de Doha qui a transformé les ambiguïtés de l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  Les « flexibilités » ont permis de sortir la question de la santé d’ADPIC et de mieux lutter contre le sida au Brésil, qui a suggéré d’inscrire la question du droit à la santé au regard de l’ADPIC dans l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme.  L’Équateur a expliqué que sa Constitution laisse entendre que les questions de santé doivent l’emporter sur les droits de propriété intellectuelle.  Le pays s’oppose à ce qu’on oblige des États à adhérer à des accords qui pourraient devenir de « véritables instruments d’extorsion ».  La question ne se limite pas aux pays à bas revenu.  La prééminence du droit à la santé sur les droits de propriété intellectuelle doit faire partie des mesures prises au cours de cette Réunion de haut niveau.  

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