Des échanges « peu constructifs » au Conseil de sécurité à l’occasion de l’examen trimestriel de la situation au Kosovo
Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui son débat trimestriel sur la situation au Kosovo, marqué une nouvelle fois par la présentation de points de vues opposés entre les délégations de la Serbie et du Kosovo et leurs soutiens respectifs au sein du Conseil, que ce soit sur le calme apparent qui prévaut sur place, sur l’état des discussions entre Belgrade et Pristina ou encore l’avenir de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).
Jugés « peu constructifs » par la Malaisie, qui assure ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité, les échanges sur cette situation ont été illustrés de remarques sur la première médaille d’or remportée par le Kosovo aux Jeux olympiques, une bagarre sur un parking et l’état d’une église serbe transformée en toilettes.
Pour le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUK, M. Zahir Tanin, le Kosovo a été plus stable durant les trois derniers mois que durant les périodes précédentes, mais les tensions politiques internes et les menaces à la sécurité restent sous-jacentes. M. Tanin, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur les activités de la Mission*, a toutefois estimé que les dirigeants politiques du Kosovo comprennent mieux la nécessité de faire preuve de réalisme, ajoutant qu’au niveau local aussi s’exprimait un désir de meilleures relations et d’une plus grande confiance entre les différentes communautés ethniques.
Pour lui, les jeunes nés après le déchirement de l’ex-Yougoslavie et atteignant l’âge de voter sont moins sensibles aux dissensions politiques et plus préoccupés par la lutte contre la corruption ou les questions économiques, éducatives et de santé ou autres, qui créent aujourd’hui plus de fractures que les divisions ethniques.
Minimisant par ailleurs les incidents interethniques, le Chef de la MINUK a en revanche insisté sur l’accent mis par les dirigeants de Belgrade sur la coopération régionale et le dialogue mené sous les auspices de l’Union européenne, ainsi que sur le désir des autorités de Pristina de voir ce dialogue réussir, d’autant qu’à ses yeux, la perspective européenne reste pour la région entière un des moteurs des réformes dans des domaines aussi essentiels que l’état de droit, la bonne gouvernance et les droits de l’homme.
La Serbie poursuivra ce dialogue « dans l’intérêt de la stabilité régionale et de l’amélioration des relations serbo-albanaises », a assuré le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Ivica Dačíc, qui a toutefois regretté de manquer souvent d’un « interlocuteur avec lequel partager la vision d’une région prospère et politiquement tournée vers l’avenir ».
M. Dačić a en outre, une nouvelle fois, appelé à la mise en œuvre de l’accord de Bruxelles du 19 avril 2013, et en particulier la création de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe – qui en est un élément fondamental.
Le dirigeant serbe a par ailleurs dénoncé les persécutions ethniques et religieuses menées contre des Serbes et autres communautés non albanaises, en citant notamment le cas de l’église orthodoxe du Christ-Sauveur, au cœur de Pristina, « transformée en toilettes et en un lieu de diffusion de vidéos montrant des chanteuses légèrement vêtues ». « Tous les rapports du Secrétaire général, y compris celui-ci, ont en commun d’échouer à caractériser les incidents au Kosovo et à Mitrovica comme étant ethniquement motivés », a accusé M. Dačíc.
Tout au contraire, au nom du Kosovo, Mme Vlora Çitaku a insisté sur la volonté de son pays d’aller de l’avant malgré les défis, citant en exemple la judoka Majlinda Kelmendi, qui a rapporté au Kosovo des Jeux olympiques de Rio la première médaille d’or de son histoire après avoir décliné les points d’or que lui avaient proposé d’autres pays. L’exemple a été repris par plusieurs États membres du Conseil.
Mme Çitaku a par ailleurs réaffirmé l’engagement du Kosovo à lutter contre le terrorisme, particulièrement contre le phénomène des combattants terroristes étrangers et la radicalisation, alors que le représentant de la Fédération de Russie a une nouvelle fois reproché au Kosovo d’être une « zone grise au centre de l’Europe » qui profite à la criminalité internationale mais aussi aux terroristes islamistes.
Mme Çitaku a aussi estimé que la situation du Kosovo ne justifiait pas l’organisation d’une réunion trimestrielle du Conseil de sécurité et que les millions de dollars dépensés chaque année pour le maintien de la MINUK pourraient être mieux utilisés ailleurs. Elle a ainsi ironisé sur un incident cité dans le rapport concernant une « bagarre entre un Kosovar d’origine serbe et un autre d’origine albanaise au sujet d’une place de parking », ajoutant que la plupart des incidents recensés par le rapport n’avaient pas de lien avec des violences interethniques.
Cette position a été soutenue lors du débat par plusieurs membres du Conseil, en particulier, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et la France. Ainsi, pour la France, l’avenir du Kosovo ne se joue plus désormais prioritairement au sein du Conseil de sécurité, mais plutôt dans le cadre du dialogue politique mené sous les auspices de l’Union européenne.
Quant aux États-Unis, ils estiment que la MINUK a réalisé son mandat et devrait être de nouveau reconfigurée, tandis que les rapports de la Mission au Conseil devraient devenir semestriels. Le représentant de la Malaisie a lui aussi estimé que, bien que la MINUK continue de jouer un rôle central au Kosovo, la situation sur place ne justifie pas un examen trimestriel, d’autant que les échanges qui s’y déroulent ne « sont pas constructifs » et contrastent avec l’amélioration de la situation sur le terrain.
En revanche, pour la Serbie, appuyée notamment par la Fédération de Russie, la Chine et le Venezuela, la résolution 1244 (1999), en vertu de laquelle le Kosovo et Mitrovica, placés sous l’administration provisoire des Nations Unies, font partie de la Serbie, reste la seule base juridique du régime du Kosovo, qui ne pourra être modifiée que par une autre résolution du Conseil de sécurité.
RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2016/666)
Déclarations
M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a présenté, en l’actualisant, le dernier rapport (S/2016/666) en date du Secrétaire général, en estimant que la situation au Kosovo avait été plus stable durant les trois derniers mois que durant les périodes précédentes. Il a toutefois aussitôt ajouté que les tensions politiques et les menaces à la sécurité restaient sous-jacentes.
La dernière cause de tensions politiques, a été la ratification de l’accord de délimitation de la frontière avec le Monténégro, qui a entraîné des obstructions à l’Assemblée du Kosovo et retardé l’examen d’autres questions plus urgents. Bien qu’il ait obtenu le soutien informel de la communauté internationale, cet accord a dû être reporté, a regretté M. Tanin.
Si les dirigeants politiques ont fait de nouveaux efforts pour tenter de trouver des solutions aux différends politiques, certains partis d’opposition continuent de créer et d’exploiter des moments de « crise », a poursuivi le Représentant spécial, qui a toutefois estimé que ces partis semblaient conscients de l’aspect contreproductif de toute violence. Cela n’a pas empêché trois nouveaux incidents durant lesquels des explosifs ont été utilisés, ce qui est absolument inacceptable. M. Tanin a néanmoins dit avoir le sentiment que les dirigeants comprennent la nécessité de faire preuve de davantage de réalisme et d’esprit pratique.
M. Tanin a ajouté qu’il avait eu le même sentiment à l’occasion de ses visites dans les diverses municipalités et communautés du Kosovo, lors de ses entretiens avec les dirigeants locaux. Il a notamment dit avoir entendu s’exprimer un désir de meilleures relations et d’une plus grande confiance entre les différentes communautés ethniques. Au-delà, il apparaît clairement que les questions économiques, éducatives et de santé, de même que la lutte contre la corruption sont les préoccupations principales de la population, et non les questions interethniques, a affirmé le Représentant spécial. Cela est particulièrement vrai au sein de la jeune génération née après le déchirement de l’ex-Yougoslavie, souvent diplômée de l’université et qui a atteint l’âge de voter. Peu de jeunes connaissent vraiment la vie publique et ont besoin de direction plus claire et davantage d’opportunités en tant que citoyens du monde. Le Représentant spécial estime que la pauvreté, la corruption et les inégalités économiques créaient plus de fractures que les divisions ethniques.
Le Représentant spécial s’est également dit frappé par l’accent mis par les dirigeants de Belgrade sur la coopération régionale et d’une meilleure compréhension des positions des différentes parties. Le Premier Ministre Aleksandar Vučić, en particulier, a estimé que trop de temps avait été perdu et qu’il fallait davantage d’engagements en faveur du dialogue mené sous les auspices de l’Union européenne. De même, les dirigeants de Pristina mettent l’accent sur la nécessité d’un succès du dialogue. Ce dernier reste la pierre angulaire sur le chemin de la réconciliation, a ajouté M. Tanin.
La perspective européenne reste pour la région entière un des moteurs des réformes dans des domaines aussi essentiels que l’état de droit, la bonne gouvernance et les droits de l’homme.
Il reste toujours 16 000 personnes déplacées au Kosovo et beaucoup plus en dehors, a relevé le Représentant spécial. Si beaucoup ont reconstruit leur vie à l’extérieur, leur droit à un retour sûr, volontaire et dans des conditions dignes reste fondamental et doit être mis en avant par la communauté internationale, y compris sous la forme d’un soutien financier pour les gens qui rentrent et les communautés qui les accueillent. Pour M. Tanin, qui a rappelé qu’il n’y avait pas eu, lors des trois derniers mois, de troubles interethniques significatifs, un certain nombre de groupes vulnérables restent néanmoins soumis à des intimidations et on compte chaque mois environ 25 incidents « possiblement motivés ethniquement » qui affectent toutes les communautés.
M. Tanin a par ailleurs rendu hommage au « geste courageux » du Président Hashim Thaçi, qui s’est rendu le 21 juillet au mémorial de Staro Gradsko élevé à la mémoire de 14 Serbes du Kosovo tués dans ce village peu après la fin des hostilités, avant de visiter un autre mémorial élevé à la mémoire de Serbes du Kosovo victimes de crimes non élucidés à Goradhzevac, où des enfants qui nageaient avaient été assassinés en 2003.
Ces visites rappellent que tous les dirigeants partagent la responsabilité solennelle de résoudre les affaires non encore élucidées concernant des personnes disparues lors du conflit, a poursuivi M. Tanin, qui a également rappelé que le sort de 1 600 personnes reste inconnu 17 ans après le conflit et que toutes les communautés sont affectées.
Dans le contexte mondial de l’extrémisme violent, la présence d’éléments islamistes et d’organisateurs au Kosovo est connue, a déclaré M. Tanin, qui a ajouté que les autorités locales avaient pris des mesures fermes pour réduire la menace mais que la présence d’éléments qui ont participé à de récentes guerres étrangères incitait à la plus grande vigilance. M. Tanin a noté que les autorités étaient aussi conscientes de la nécessité d’un traitement économique de certaines causes de l’extrémisme, ainsi que de l’importance du rôle de la communauté internationale, dont l’assistance doit être bien coordonnée.
Après avoir répété qu’il avait renforcé récemment l’engagement constructif de plusieurs hauts dirigeants kosovars, dont le Président, le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères, M. Tanin a jugé essentiel son engagement avec les dirigeants de Belgrade pour garantir le rôle équilibré et objectif de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). Les activités de la Mission ont été examinées en profondeur durant les derniers mois et ont permis de créer une nouvelle atmosphère qui lui permet de s’engager de manière plus efficace, a assuré M. Tanin en conclusion.
M. IVICA DAČÍC, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a affirmé que les représentants de son pays s’étaient toujours exprimés devant le Conseil de manière constructive, avec pour objectif de contribuer au processus de réconciliation et de stabilité dans la région. Les représentants de Pristina, en revanche, continuent d’abreuver ce Conseil de mensonges et d’affirmations erronées et se sont dernièrement engagés dans une véritable propagande, a-t-il dit.
Il a dénoncé plusieurs de ces mensonges, en particulier celui selon lequel il y aurait eu un génocide et nettoyage ethnique. Il ne peut y avoir de génocide alors que la communauté censée avoir perpétré ce génocide est 10 fois moins nombreuse qu’auparavant et que la communauté contre laquelle ce génocide aurait été commis est beaucoup plus importante, a-t-il affirmé. Le Vice-Premier Ministre a rappelé que les Serbes ont été expulsés de 311 localités sur 427 et que, si 43 875 Serbes vivaient à Pristina en 1981, ils n’étaient plus que 430 en 2011.
M. Dačić a ensuite regretté que le rapport ne fasse qu’une allusion passagère à l’Association/communauté des municipalités serbes, laquelle n’a d’ailleurs pas encore été créée. Il a indiqué que cette Association, qui doit protéger « institutionnellement et systématiquement » les Serbes du Kosovo et de Mitrovica, était l’une des raisons essentielles qui avaient conduit aux accords de Bruxelles.
Au lieu d’être la question centrale à régler rapidement, la création de cette Association/communauté des municipalités serbes est devenue l’objet d’un chantage politique, a-t-il regretté. M. Dačić a cité le Vice-Président des États-Unis, M. Joe Biden, qui a déclaré, lors d’une récente visite, que cette Association devait être rapidement créée. Le Vice-Premier Ministre a également déploré que le rapport ne fasse pas mention de la situation des Serbes et des autres communautés au sud de la rivière Ibar, où la majorité des Serbes du Kosovo et de Mitrovica vivent.
M. Dačić a tenu à expliquer les raisons concrètes qui expliquent le niveau très faible des retours, puisque seules 4 000 personnes sont revenues au Kosovo, soit 1,9% du total des personnes déplacées. Il a notamment cité les obstacles administratifs, institutionnels et juridiques opposés à ces retours ou bien encore l’insécurité. La question des retours est liée de manière indissociable à la protection et à l’exercice des droits de propriété de la population serbe, y compris les personnes déplacées.
Le Vice-Premier Ministre a dénoncé la persécution sur une base ethnique et religieuse des Serbes et autres communautés non albanaises du Kosovo et fustigé les déprédations commises contre les biens appartenant au patrimoine culturel et religieux serbe. L’église orthodoxe du Christ-Sauveur à Pristina a été transformée en toilettes et en un lieu de diffusion de vidéos montrant des chanteuses légèrement vêtues, ce qui montre bien l’attitude de Pristina vis-à-vis de ce patrimoine, a-t-il affirmé. M. Dačić a souligné la nécessité de créer les conditions, notamment sécuritaires, permettant aux personnes déplacées de décider dans les faits de revenir ou de s’intégrer localement.
« Tous les rapports du Secrétaire général, y compris celui-ci, ont en commun d’échouer à caractériser les incidents au Kosovo et à Mitrovica comme étant ethniquement motivés », a estimé le Vice-Premier Ministre serbe, en déplorant que les attaques perpétrées contre les Serbes soient dépersonnalisées et réduites à des statistiques. Il a souligné que la conséquence la plus dangereuse de cette approche était l’acceptation graduelle par la communauté internationale d’une quasi-impunité pour tous les actes criminels commis contre les Serbes et les non-Albanais, y compris des meurtres, a-t-il affirmé.
Jugeant que la sécurité au Kosovo et à Mitrovica avait toujours été instable, M. Dačić a affirmé que la radicalisation du climat politique et la montée de l’extrémisme religieux et politique ne faisaient qu’ajouter à cette instabilité. Il a rappelé qu’en comparaison de leur nombre total, les Albanais du Kosovo et de Mitrovica constituaient l’un des plus gros contingents de combattants enrôlés dans les rangs de Daech.
« Dans l’intérêt de la stabilité régionale et de l’amélioration des relations serbo-albanaises, la Serbie va poursuivre le dialogue entre Belgrade et Pristina », a-t-il affirmé, en appelant à une normalisation « responsable » de ces relations et à la mise en œuvre des accords de Bruxelles. La question du Kosovo et de Mitrovica est la question cruciale qui définira sur le long terme les relations serbo-albanaises, dont la stabilité et les perspectives économiques de la région entière dépendent, a-t-il affirmé.
Il a déclaré que son gouvernement ferait en sorte que cette question ne menace pas la stabilité de la Serbie et de la région, tout en regrettant de manquer souvent « d’un interlocuteur avec lequel partager la vision d’une région prospère et politiquement tournée vers l’avenir ».
Le Vice-Premier Ministre a ensuite appelé tous les pays qui n’ont pas reconnu la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo à persévérer dans ce respect scrupuleux du droit international, malgré les pressions auxquelles nombre de ces pays sont soumis. Un changement dans la position de ces États affecterait négativement la poursuite d’une attitude constructive des parties dans le dialogue mené et la mise en œuvre des accords agréés jusqu’à présent, a-t-il affirmé.
En conclusion, M. Dačić a rappelé que la résolution 1244 (1999), en vertu de laquelle le Kosovo et Mitrovica, placés sous l’administration provisoire des Nations Unies, font partie de la Serbie, continuait d’être la seule base juridique du régime administratif en vigueur, laquelle ne peut être modifiée que par une autre résolution du Conseil de sécurité qui n’a jusqu’à présent pas été adoptée.
Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo, a affirmé que le Kosovo faisait face à des défis, mais a estimé que cela ne nécessitait pas l’organisation d’une réunion trimestrielle alors que d’autres sujets plus importants méritent l’attention du Conseil de sécurité. Elle a déclaré que les millions de dollars qui sont dépensés chaque année pour le maintien de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) pourraient connaître une meilleure utilisation.
Elle a fait état du rapport du Secrétaire général présenté ce jour, relevant un incident concernant une « bagarre entre un Kosovar d’origine serbe et un autre d’origine albanaise au sujet d’une place de parking ». Ironisant, Mme Çitaku a estimé que si le Conseil de sécurité devait tenir une réunion chaque fois qu’un tel incident se produisait à New York ou dans tout autre lieu du monde, alors celui-ci n’aurait plus de temps à consacrer à un autre sujet. Elle a indiqué que la plupart des incidents recensés par le rapport du Secrétaire général n’avaient pas de lien avec des violences interethniques.
Elle a ensuite déclaré que le Kosovo est prêt à aller de l’avant et à oublier les atrocités du passé, mais que la Serbie devrait également être prête à faire de même. Elle a néanmoins dit que le Kosovo allait continuer à demander que justice soit rendue, notamment pour les 1 262 enfants tués pendant la guerre par des troupes militaires et paramilitaires serbes.
Elle a noté que la Serbie envisageait d’ériger une statue en l’honneur de Slobodan Milošević. « Quel message la Serbie veut-elle envoyer aux victimes de Vukovar, de Srebrenica et du Kosovo? » a-t-elle demandé. « Après tout, nous sommes voisins et nous sommes engagés à dialoguer à Bruxelles, mais nous pensons également que ce processus devrait devenir plus dynamique et davantage orienté vers des résultats », a-t-elle dit.
Elle a promis que son gouvernement entendait mettre en œuvre tout accord arrêté à Bruxelles. Elle a néanmoins déploré le fait que la Serbie continue, de son côté, à financer des institutions parallèles dans le Kosovo, et essaye de construire des colonies dans le nord du Kosovo, violant ainsi la constitution kosovare et la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité. Elle a accusé la Serbie de jouer un double jeu en mettant en œuvre les accords de Bruxelles tout en maintenant des structures parallèles au Kosovo.
Mme Çitaku a souligné que les municipalités à majorité serbe du nord du Kosovo avaient reçu 10 millions d’euros supplémentaires du fonds spécial établi pour améliorer la qualité de vie des citoyens qui s’y trouvent. En outre, l’Union européenne seule à investi plus de 54 millions d’euros dans différents projets dans cette région au cours des trois dernières années.
Elle a par ailleurs dit l’engagement du Kosovo à lutter contre le terrorisme, particulièrement contre le phénomène des combattants terroristes étrangers et la radicalisation. Elle a affirmé que 19 organisations non gouvernementales qui promouvaient la radicalisation et qui recevaient des fonds douteux avaient été fermées. Près de 50 Kosovars sont aujourd’hui présents en Syrie et en Iraq, a-t-elle reconnu, saluant l’efficacité des mesures prises par les autorités kosovares, ce qui fait que le nombre de combattants terroristes étrangers originaires du Kosovo et qui ont rejoint Daech au cours des 12 derniers mois est de zéro.
Elle a salué le fait que malgré les dissensions politiques, les différents partis ont tous condamné les actes de violence de ces dernières semaines, notamment au sein du Parlement et de l’office de radiotélévision publique RTK.
Même si le ciel apparaît souvent gris, il y a de l’espoir pour le Kosovo, a-t-elle lancé, expliquant que les jeunes Kosovars leur montraient des exemples positifs chaque jour. Elle a ainsi cité l’exemple des jeunes Kosovares Doruntina Sylejmani, qui a remporté une médaille aux Olympiades de mathématiques, et Majlinda Kelmendi, médaillée d’or aux derniers Jeux olympiques de Rio. Elle a rappelé que cette dernière avait décliné des millions de gains offerts par d’autres nations afin de pouvoir porter les couleurs du Kosovo.
Elle a salué ces nouvelles héroïnes qui enseignent au peuple kosovar qu’il n’y a pas d’excuse à l’échec, et qu’aucun rêve n’est trop grand, et qu’aucun espoir n’est démesuré si nous travaillons dur et mettons notre cœur à l’ouvrage.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la déclaration du Représentant spécial montrait que la situation dans la région était loin d’être normale et révélait même parfois une dégradation. Il a jugé la situation instable et mis l’accent sur l’insécurité dans laquelle vivent les Serbes du Kosovo, victimes d’agression avec « la quasi-complicité » des autorités kosovares. Il s’est dit inquiet pour la protection du patrimoine culturel et religieux serbe du Kosovo, notamment l’église Saint-Sauveur à Pristina, et a réclamé des garanties plus importantes, notamment juridiques. Le représentant a également jugé totalement bloqué le dialogue entre Belgrade et Pristina, en particulier en ce qui concerne la création de l’Association/communauté des municipalités serbes.
Le représentant s’est dit inquiet des arguments déployés à l’occasion de l’examen de l’accord sur la délimitation de la frontière avec le Kosovo et a dénoncé les discours tendant à unifier toutes les terres albanaises. Il a accusé les chambres spéciales de perdre du temps et de permettre ainsi aux coupables d’exactions de bénéficier de l’impunité. Il a qualifié le Kosovo de « zone grise au centre de l’Europe » qui profite à la criminalité internationale mais aussi aux terroristes islamistes. Les mesures prises dans ce domaine sont insuffisantes, a-t-il affirmé.
Il a exprimé ses regrets face au refus des commandants de la Force de paix au Kosovo (KFOR) de rencontrer des responsables russes qui se sont rendus au Kosovo et a demandé au Représentant spécial de tenir compte de cet incident dans son prochain rapport. Niant que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) soit sous influence russe, le délégué a rappelé que la Fédération de Russie était convaincue de la nécessité de maintenir une forte présence de l’ONU au Kosovo, d’accorder un financement suffisant à la MINUK et de poursuivre le rythme trimestriel des rapports du Secrétaire général sur le Kosovo.
M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué les succès remportés par les athlètes du Kosovo lors des Jeux olympiques de Rio. Le Kosovo est un véritable acteur sur la scène sportive et est en train de s’intégrer de manière irréversible sur la scène internationale, a-t-il affirmé, rappelant que le Kosovo était désormais membre de la Fédération internationale de football association (FIFA). Cette vision positive contraste avec la vision négative qui est souvent avancée lors des séances du Conseil, a-t-il affirmé.
Le délégué s’est félicité du retour de l’opposition à l’Assemblée du Kosovo, a salué la réduction des effectifs de la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) et a souhaité une revitalisation des efforts de normalisation des relations entre Pristina et Belgrade. Il a ensuite souhaité remettre « les choses en perspective » en comparant les incidents de faible intensité au Kosovo avec la situation dramatique à Alep, dont le Conseil a débattu plus tôt dans la semaine.
Le Conseil doit-il débattre d’une manifestation pacifique de chauffeurs de taxi, a-t-il demandé, jugeant que la situation au Kosovo ne devrait plus être inscrite à l’ordre du jour du Conseil. Il a également demandé une réduction du nombre des séances consacrées à cette question. Cela nous permettrait de recevoir de meilleurs rapports de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et de nous concentrer sur des situations autrement plus préoccupantes, a conclu le délégué du Royaume-Uni.
M. WU HAITAO (Chine) a rappelé que son pays soutenait l’intégrité territoriale de la Serbie et partageait ses préoccupations concernant le Kosovo. Elle estime que la résolution 1244 (1999) est la base appropriée pour discuter de la situation au Kosovo.
La Chine souhaite que les parties continuent leur dialogue de haut niveau et s’attachent à maintenir la paix et la sécurité dans les Balkans. Ainsi, si la situation générale au Kosovo est calme, les parties doivent persévérer dans leurs efforts pour assurer la bonne coexistence des différentes communautés. La Chine espère que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) et la Force de paix au Kosovo (KFOR) collaboreront activement et contribueront à l’amélioration de la situation.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a salué la médaille d’or obtenue par la judokate kosovare Majlinda Kelmendi aux derniers Jeux olympiques, estimant que cet exploit a envoyé un message d’espoir au peuple du Kosovo. Il a ensuite ironisé en arguant que le dernier rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) lui donnait l’impression que le Kosovo n’obtenait, a contrario, aucune médaille dans le cadre de son défi de renforcement des institutions. « Le Kosovo aura été un bon compétiteur, mais il ne mérite pas encore de médaille pour ses efforts postconflit », a-t-il ajouté, en précisant que pour éradiquer la violence et la terreur, il était nécessaire de former les forces de police au sein des communautés.
Il a aussi estimé que le renforcement de l’état de droit et des droits de l’homme pourrait se faire par le biais du renforcement des capacités des institutions légales. Le représentant a plaidé pour des améliorations du secteur agricole du Kosovo, ainsi que pour le renforcement du système de taxation et de sécurité sociale, souhaitant que le Kosovo puisse remporter la médaille d’or dans le domaine du renforcement des institutions, afin d’être un État solide sur ses fondations.
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a regretté la mise en œuvre encore incomplète des accords de Bruxelles et a appelé Pristina et Belgrade à mettre leurs différences de côté et à se concentrer sur l’application de ces accords, y compris en vue de la création d’une communauté de communes serbes. Le retour des personnes déplacées est une question importante pour l’Ukraine qui compte également un nombre important de personnes déplacées depuis l’agression extérieure perpétrée contre elle, a-t-il affirmé, en espérant le règlement rapide de cette question.
Il a également appelé à la préservation du patrimoine culturel et religieux serbe au Kosovo. Enfin, le délégué de l’Ukraine a appuyé le travail de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et s’est félicité de la prorogation du mandat de la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX), laquelle joue un rôle crucial dans les efforts de réconciliation entre les communautés au Kosovo.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) s’est félicité de l’amélioration globale du climat politique au Kosovo. L’accord de démarcation de la frontière avec le Monténégro est aujourd’hui la question la plus controversée, a-t-il dit, avant de souligner les difficultés rencontrées dans le projet de création d’une communauté de communes serbes.
Le délégué de l’Angola a dit sa confiance envers les dirigeants serbes et kosovars dans la conduite d’un dialogue de bonne foi et la mise en œuvre des accords de Bruxelles. En conclusion, il a rappelé que la résolution 1244 (1999) demeurait le cadre juridique d’un règlement global de la situation au Kosovo.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a salué la première participation du Kosovo sous ses couleurs aux Jeux olympiques de Rio et la médaille d’or de la judokate kosovare Majlinda Kelmendi, fruit d’années d’efforts. La communauté internationale a elle aussi consenti des années d’efforts au Kosovo et il est clair que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a réalisé son mandat, a estimé la représentante. Les rapports de la Mission sont excellents, mais ses tâches exigent-elles le niveau de personnel des Nations Unies qui est le sien, a-t-elle demandé, appelant à une nouvelle reconfiguration de la Mission.
Les États-Unis demandent aussi au Conseil d’ajuster la fréquence des rapports de la MINUK et de les rendre semestriels. Cela ne devrait pas être considéré comme un désintérêt de la communauté internationale et des États-Unis à l’égard du Kosovo, a affirmé la représentante. Au contraire, les États-Unis saluent les efforts du Kosovo et ceux de Belgrade pour améliorer leurs relations dans le cadre du dialogue mené sous les auspices de l’Union européenne, tout en regrettant un certain ralentissement dans la normalisation des relations.
La représentante s’est également félicitée des travaux en cours sur le pont de Mitrovica, qui permettront de faciliter la circulation entre les communautés. Les dirigeants kosovars doivent en outre continuer de travailler avec leurs voisins. Avec le Monténégro, le Kosovo doit ratifier l’accord sur la délimitation de la frontière. Le Gouvernement doit aussi faire davantage pour lutter contre la corruption et améliorer la bonne gouvernance et l’état de droit. À cet égard, les États-Unis se félicitent de la reconduction du mandat de la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX).
Les États-Unis estiment que les violences politiques n’ont pas de place dans une démocratie. Ils félicitent le Président Hashim Thaçi pour ses efforts personnels en faveur de la réconciliation. Ils saluent aussi les efforts du Kosovo pour lutter contre la présence de combattants islamistes dans le pays. La représentante a conclu en demandant à tous les États des Nations Unies de reconnaitre le Kosovo et de l’accueillir au sein de l’Organisation. Ce sera un bien pour le monde et c’est inévitable, a-t-elle affirmé.
Mme BEATRIZ NUÑEZ (Uruguay) considère que la résolution 1244 (1999) constitue la base juridique internationalement acceptée pour résoudre la question du Kosovo, y compris dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Serbie. La représentante a pris note du calme d’ensemble qui règne au Kosovo mais aussi des tensions et des incidents qui affectent en premier lieu les communautés minoritaires, dont les Serbes. Elle a jugé décourageante l’absence de progrès significatifs dans l’application des accords conclus entre Belgrade et Pristina dans le cadre du dialogue mené sous les auspices de l’Union européenne.
L’Uruguay, qui accorde une importance fondamentale aux droits de l’homme, se félicite de la dernière séance de travail en date entre Belgrade et Pristina concernant les personnes disparues. Ces échanges soulagent les familles et peuvent contribuer à la justice et la réconciliation. L’Uruguay est en outre préoccupé par le nombre des personnes déplacées au Kosovo. L’Uruguay se félicite du rôle de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) dans le domaine des droits de l’homme et salue les contributions de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de la Force de paix au Kosovo (KFOR) et des agences des Nations Unies sur place.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a souligné l’amélioration de la situation politique et la diminution globale des incidents sécuritaires au Kosovo. Il a souhaité la poursuite de cette dynamique d’amélioration et a appelé les acteurs du Kosovo à œuvrer en vue d’instaurer un climat politique apaisé, dont la réussite du dialogue entre Pristina et Belgrade dépend. Il a par ailleurs souhaité que ce dialogue soit mené au plus haut niveau.
Le délégué du Sénégal a également salué les efforts du Gouvernement kosovar en vue de la promotion de l’état de droit. La prorogation de deux ans du mandat de la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) est salutaire et permettra de consolider les acquis en matière de droits de l’homme, a-t-il affirmé, avant de saluer le travail de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). Enfin, il a appelé les acteurs à poser d’autres jalons allant dans le sens de l’apaisement et de la mise en œuvre des accords de Bruxelles.
M. MOHAMMAD ABOULWAFA (Égypte) a demandé la pleine application des accords signés par Pristina et Belgrade et souhaité à cette fin la création d’un environnement favorable à l’échelle régionale. Il faut aller de l’avant dans la mise en œuvre des accords d’août 2015 en vue de parvenir à un règlement final de la situation du Kosovo, a-t-il affirmé.
Le délégué de l’Égypte a demandé une intensification des efforts de Pristina s’agissant de la protection du patrimoine culturel et religieux serbe, du retour des personnes déplacées, de la protection des droits des minorités, de la promotion de l’état de droit et de la lutte contre la propagation de l’extrémisme religieux. Enfin, le représentant a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre de la résolution 1244 (1999).
M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATERO (Venezuela) a rappelé que le respect du droit international était un élément essentiel pour la paix et la sécurité internationales. La résolution 1244 (1999) continue d’être la base juridique internationale applicable pour trouver une solution à la question du Kosovo et le Venezuela appelle au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie.
Il juge essentiel le rôle de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), ainsi que ceux de la Mission État de droit menée par l’Union européenne (EULEX) et de la Force de paix au Kosovo (KFOR), qui doivent continuer à jouer un rôle neutre. Le dialogue entre Belgrade et les autorités locales du Kosovo doivent se poursuivre pour parvenir à une solution mutuellement acceptable et le Venezuela regrette l’absence de progrès.
Il juge notamment importante la mise en place, convenue à Bruxelles, de l’Association/communauté des municipalités serbes et rappelle qu’il est essentiel d’assurer le droit au retour dans leurs foyers d’origine de toutes les personnes déplacées. Le Venezuela est également préoccupé par les harcèlements et agressions dont sont victimes des membres de la minorité serbe.
Il estime en outre que le groupe de travail sur les disparus puisse continuer son travail et se félicite à cet égard des conclusions de la dernière réunion du groupe. Le représentant a encore souhaité des mesures pour la protection du patrimoine religieux et culturel serbe ainsi qu’une entrée en fonctions rapide des Chambres spéciales sur les crimes de guerre.
Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) s’est félicitée des progrès dans la situation politique au Kosovo et notamment des améliorations dans le dialogue politique interne. Dans un climat de désillusion politique, il est important que les jeunes se voient assurer de pouvoir jouer un rôle dans l’avenir du Kosovo, a-t-elle ajouté. La représentante a également souhaité que des accords puissent être conclus entre Pristina et Belgrade dans divers domaines, y compris l’énergie et l’Association/communauté des municipalités serbes.
Les efforts de réconciliation seront facilités si le Kosovo fait face à son passé, a déclaré la représentante, qui a donc souhaité que les Chambres spéciales puissent commencer rapidement leurs travaux. Enfin, la Nouvelle-Zélande souhaite que le Conseil de sécurité puisse examiner de manière plus souple la situation au Kosovo, y compris eu regard de son programme de travail chargé.
M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré que l’avenir du Kosovo et de son intégration régionale ne se jouait désormais plus prioritairement au sein du Conseil de sécurité, mais bien dans le cadre du dialogue politique mené sous les auspices de l’Union européenne. Il a dit attendre que l’ensemble des engagements souscrits dans le cadre des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne soient mis en œuvre dans les meilleurs délais, y compris la création de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe. Il s’agit d’un élément clef du dialogue, a-t-il précisé, ajoutant qu’il importait que le dialogue au niveau politique puisse reprendre dans les meilleurs délais.
La normalisation des relations entre Belgrade et Pristina reste une condition indispensable pour leurs avancées respectives sur le chemin de l’intégration européenne, a souligné le représentant.
M. Lamek a ensuite indiqué que la poursuite des efforts engagés pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo devait demeurer une priorité. Cela concerne d’abord la lutte contre l’impunité, a-t-il dit, tout en encourageant les autorités kosovares à permettre à toutes les composantes des Chambres spéciales de commencer à fonctionner au plus vite, et d’engager des poursuites contre les responsables des crimes dénoncés dans le rapport Marty.
La France se réjouit également de la relative baisse des tensions enregistrée sur la scène politique intérieure kosovare depuis l’élection présidentielle du 26 février. La violence, la rhétorique de haine ou encore les perturbations du fonctionnement de l’Assemblée légitimement élue n’ont pas leur place dans la société à laquelle aspire l’écrasante majorité des citoyens du Kosovo, a-t-il fait observer. Il a en outre fait part de sa préoccupation au vu de la persistance d’incidents visant les membres de communautés minoritaires ou des sites du patrimoine religieux et culturel.
Le représentant a aussi affirmé que la France continuait d’apporter son soutien aux efforts menés par les autorités kosovares en faveur de la reconnaissance internationale de leur État, saluant au passage la participation du Kosovo aux Jeux olympiques de Rio, laquelle fut couronnée par l’obtention d’une première médaille d’or en judo.
Il a enfin souhaité la poursuite du transfert progressif des compétences de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) aux autorités kosovares, ainsi que la révision du rythme d’examen par le Conseil de la situation au Kosovo, au regard des progrès continus en ce qui concerne la consolidation des institutions kosovares et le dialogue bilatéral entre le Kosovo et la Serbie, a-t-il affirmé.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a affirmé que son pays, sans préjudice de sa position de principe bien connue, a toujours appuyé les mesures compatibles avec ladite position afin d’améliorer les conditions de vie de la population kosovare. C’est dans ce contexte que l’Espagne appuie le dialogue entre Pristina et Belgrade, mené sous les auspices de l’Union européenne, a-t-il dit, en appelant à la pleine mise en œuvre des accords signés à Bruxelles. Il a souligné que les différents cycles électoraux expliquaient l’absence ces derniers mois de réunions de haut niveau dans le cadre de ce dialogue. Il est logique que ce dialogue ne satisfasse pas toutes les parties mais il constitue un progrès important, dont les bénéfices sont tangibles pour la population du Kosovo, a-t-il déclaré.
Le délégué de l’Espagne a jugé essentiel que l’Association/communauté de municipalités serbes voit le jour et regretté que ce projet soit toujours en souffrance. Il a ensuite salué l’amélioration du climat politique à Pristina, même si le chemin vers l’apaisement sera encore long. Les exposés sur la situation au Kosovo devant ce Conseil doivent être présentés dans un esprit constructif, a-t-il affirmé, en soulignant l’importance des débats du Conseil sur ce sujet, ainsi que leur régularité.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est dit encouragé par l’amélioration de la situation politique et économique au Kosovo. Il a pris note de la réduction du nombre de manifestations violentes au Kosovo et salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre des accords de Bruxelles. Le délégué a souhaité la pleine mise en œuvre de ces accords, y compris en vue de la création de l’Association/communauté de municipalités serbes.
Il a également salué les efforts du Kosovo dans la lutte contre la criminalité et l’extrémisme violent. Enfin, il a reconnu la pertinence des appels pour une réduction des séances du Conseil consacrées à ce sujet. La situation au Kosovo ne le justifie pas, a-t-il affirmé, en soulignant le caractère peu constructif des échanges de vue lors de ces séances. En conclusion, le représentant de la Malaisie a appuyé le travail de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) qui continue de jouer un rôle central au Kosovo.