7751e séance – après-midi
CS/12468

Le Conseil décide une prorogation technique du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud jusqu’au 12 août 2016

Le Conseil de sécurité a décidé, cet après-midi, à l’unanimité de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) jusqu’au 12 août 2016.  Par sa résolution 2302 (2016), en application du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil a également autorisé la Mission à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de ses tâches.

Il s’agit d’une prorogation technique de la Mission, dont le mandat expire le 31 juillet.

Dans son dernier rapport en date, publié le 20 juin, le Secrétaire général préconisait une prorogation de la MINUSS pour une période de six mois, pendant laquelle la Mission et le Siège auraient procédé à la deuxième phase de l’évaluation de l’appui susceptible d’être apporté par la Mission à la consolidation de la paix et de la sécurité au Soudan du Sud, en tenant dûment compte des priorités nationales.  Mais ce rapport se plaçait dans un contexte politique d’un optimisme prudent, marqué par des « progrès importants » dans la mise en œuvre de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, en particulier le retour à Juba, la capitale sud-soudanaise, de Riek Machar, le Premier Vice-Président du pays mais aussi Président du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition).

Après la reprise des hostilités entre les forces gouvernementales du Président Salva Kiir et celles de Riek Machar à Juba le 7 juillet, la situation a changé, provoquant dès le 8 juillet, une vive réaction du Secrétaire général, qui y voyait « une autre illustration du manque de sérieux dans l’engagement des parties en faveur du processus de paix et une autre trahison pour le peuple sud-soudanais qui a souffert d’atrocités inconcevables depuis décembre 2013 ».  Après la publication par le Conseil de sécurité de deux déclarations à la presse les 9 juillet et les 10 juillet, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, avait proposé au Conseil de sécurité, le 13 juillet, un renouvellement technique d’un mois, à compter de la fin juillet, afin de permettre au Secrétariat de procéder à un examen rapide de la situation, de consulter les acteurs régionaux, notamment l’Union africaine, et de présenter des recommandations au Conseil de sécurité.

Les combats à Juba ont cessé le 11 juillet mais ont provoqué de nouveaux déplacements de population, dont l’arrivée de quelque 26 000 réfugiés au Rwanda, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), alors que des entrepôts du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) étaient pillés.  

Quatre membres du Conseil ont pris la parole après l’adoption de la résolution.

Mme Samantha Power (États-Unis) a jugé terrifiante la reprise des combats du 7 juillet, qui a fait en quelques jours 300 morts, des milliers de personnes déplacées et 4 500 tonnes de nourriture représentant de quoi nourrir 220 000 personnes pendant un mois.  Pourtant, ces événements étaient prévisibles car les dirigeants du Soudan du Sud n’ont pas été capables de faire passer les intérêts de leur peuple avant le leur, a-t-elle accusé.  Mme Power a constaté que les pays de la région demandaient que des forces militaires régionales contribuent à la MINUSS.  Les États-Unis estiment qu’il faudrait les entendre.  C’est indispensable pour rétablir la sécurité, a souligné Mme Power.  Cela suppose aussi un examen approfondi des propositions faites en coopération avec les pays fournisseurs de contingents et les membres du Conseil.

Mais le temps n’est pas de notre côté, a poursuivi la représentante des États-Unis, pour qui les événements des dernières semaines montrent que la violence peut reprendre à tout instant.  Elle a d’ailleurs dit avoir reçu des informations alarmantes concernant des flambées de violence dans l’État d’Equatoria.  Elle a invité le Conseil de sécurité à demeurer vigilant, y compris durant le week-end.  Pour Mme Power, la résolution qui vient d’être adoptée donne plus de temps aux dirigeants régionaux pour travailler avec le Gouvernement du Soudan du Sud et permet aussi au Conseil d’étudier plus avant les différentes options.

À son tour, M. Amr Abdellatif Aboulatta (Égypte) a expliqué que sa délégation avait voté en faveur de la prorogation technique de la MINUSS parce que son mandat devait s’achever à la fin ce mois.  Pour l’Égypte, la réponse rapide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) reflète la volonté des pays africains de la région de mettre fin au conflit.  L’Égypte aurait, toutefois, aimé disposer de plus de temps pour étudier en profondeur les propositions.  Une chose est sûre: il ne pourra y avoir de paix au Soudan du Sud sans la coordination effective des efforts du Conseil de sécurité et de ceux des pays de la région.  Toute autre solution ne pourrait constituer qu’un palliatif temporaire.  M. Aboulatta a souhaité que le Sommet de l’IGAD, prévu la semaine prochaine, permette de parvenir rapidement à une solution.

Les parties doivent mettre en œuvre l’accord visant à un règlement du conflit, a souhaité M. Liu Jieyi (Chine), qui réaffirme que son pays attache la plus grande importance aux efforts des pays de la région pour parvenir à la paix et appuie les efforts de l’IGAD.  Le plus urgent est désormais de parvenir à la paix, en tenant compte de la situation économique du Soudan du Sud et dans le respect de la souveraineté nationale de ce pays.  Le représentant a également rappelé que deux ressortissants chinois de la MINUSS avaient récemment perdu la vie.  Le Conseil de sécurité et la MINUSS, a estimé le représentant, devraient renforcer la concertation avec les pays de la région.  Pour sa part, la Chine y est prête, a-t-il assuré.

Attirant l’attention du Conseil sur le délai de distribution des projets de résolution, M. Elbio Rosselli (Uruguay) a fait remarquer que le texte qui vient d’être adopté avait été présenté mercredi et « mis en bleu » hier, faisant abstraction des commentaires formulés par certaines délégations.  Ce texte a ensuite été modifié quelques heures seulement avant son adoption, a-t-il noté.  Selon la raison avancée, les membres du Conseil devaient disposer de davantage de temps pour négocier une nouvelle résolution qui modifierait le mandat de la MINUSS, a-t-il relevé, avant de préciser qu’un projet de résolution était actuellement examiné par un « groupe très restreint » de membres du Conseil.  Cette façon de faire nous met devant un fait accompli et ne laisse plus d’autre choix que de le mettre aux voix en votant soit pour, soit contre, ou encore en s’abstenant.  Il a averti que les trois options étaient toutes envisageables si de telles pratiques devaient continuer à être appliquées.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur le Soudan et le Soudan du Sud (S/2016/552)

Texte du projet de résolution S/2016/660

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1996 (2011), 2046 (2012), 2057 (2012), 2109 (2013), 2132 (2013), 2155 (2014), 2187 (2014), 2206 (2015), 2223 (2015), 2241 (2015) et 2252 (2015) ainsi que les déclarations de son Président publiées sous les cotes S/PRST/2014/16, S/PRST/2014/26, S/PRST/2015/9, S/PRST/2016/1 et S/PRST/2016/3,

Considérant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), tel que défini dans la résolution 2252 (2015) jusqu’au 12 août 2016, et autorise la Mission à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de ses tâches;

2.    Décide de rester activement saisi de la question.

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