7753e séance – matin 
CS/12470

Le Secrétaire général de l’ONU appelle les États Membres à faire preuve d’une plus grande volonté politique pour protéger les enfants en temps de conflit armé

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le Directeur exécutif de l’UNICEF, M. Anthony Lake, et la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, Mme Leila Zerrougui, ont lancé aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, un vibrant appel pour que les États Membres et les parties à un conflit fassent preuve d’une plus grande volonté politique en vue de mieux protéger les quelque 250 millions d’enfants qui vivent dans un pays touché par un conflit armé.  En Iraq, au Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen, les enfants vivent « un véritable enfer », tandis que la moitié des 60 millions de personnes déplacées dans le monde en raison des conflits armés sont des enfants.

« Si vous voulez protéger votre image, protégez les enfants », a lancé le Secrétaire général, qui est revenu sur sa « difficile décision » de retirer la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen de l’annexe de son rapport* annuel sur le sort des enfants en temps de conflit armé qu’il présentait aujourd’hui.  Cette annexe établit la liste des parties recrutant, utilisant, tuant, mutilant, enlevant, violant des enfants ou attaquant des écoles ou hôpitaux en temps de conflit.  « Le contenu du rapport n’est pas remis en cause en tant que tel », a-t-il néanmoins assuré.  De nombreuses délégations, parmi les 70 qui se sont exprimées aujourd’hui, ont critiqué cette décision tandis que d’autres ont regretté l’absence d’Israël de cette même annexe.

« Le paysage mondial sécuritaire continue à changer de façon spectaculaire, mais une triste réalité ne change pas: les enfants paient toujours le prix le plus élevé en temps de guerre », a déclaré M. Ban Ki-moon.  Des milliers d’enfants syriens ont été tués depuis le début du conflit et l’Afghanistan a enregistré son taux le plus élevé d’enfants victimes depuis 2009, a rappelé le Secrétaire général, avant de préciser qu’au Yémen, le nombre d’enfants tués ou mutilés en 2015 a été multiplié par six par rapport à l’année précédente.

Pour y remédier, a préconisé M. Ban, il est nécessaire de placer les droits de l’homme au centre de la stratégie visant à combattre les groupes extrémistes violents, de mieux protéger les hôpitaux et les écoles et de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés.  « Je demande au Conseil et à tous les pays d’étayer leurs mots par des actions qui protègent les enfants contre le fléau des conflits aujourd’hui et épargnent les autres à l’avenir », a exhorté le Secrétaire général.  Un appel appuyé par Mme Zerrougui qui a estimé que les « Nations Unies ne peuvent rien contre le manque de volonté politique ».

La Représentante spéciale a néanmoins insisté sur les développements positifs survenus depuis l’adoption, il y a 20 ans, du rapport Graça Machel qui a marqué le début de l’action internationale collective visant à protéger les enfants en temps de conflit**.  Depuis cette date, 115 000 enfants soldats ont été libérés grâce aux quelque 25 plans d’action signés par des parties en conflit, a-t-elle précisé.  L’ONU, a-t-elle ajouté, a signé un plan d’action avec l’ensemble des États Membres placés sur la liste des groupes ou États qui ont recours aux enfants soldats.  « J’appelle tous les gouvernements et tous ceux qui ont une influence sur les différentes parties à tout faire pour que les plans d’action soient effectivement appliqués. »

De son côté, le Directeur exécutif de l’UNICEF a demandé un soutien aux anciens enfants soldats afin de les aider à reconstruire leur vie.  À l’instar de nombreux représentants, dont celui de la Malaisie, il a demandé que ces enfants soient traités en tant que victimes.  Les parties à un conflit à ne pas utiliser d’armes explosives dans des zones densément peuplées parce que ces armes, non seulement tuent et blessent des enfants, mais les rendent également handicapés.  « La communauté internationale doit aider ces jeunes vies humaines à émerger de l’ombre de la guerre », a-t-il dit car, a-t-il fait remarquer, il ne suffit pas de s’indigner, il faut surtout agir.

Si les États Membres ont appuyé les appels de ces trois hauts responsables de l’ONU, certains d’entre eux n’ont pas ménagé leurs critiques contre la décision, de retirer la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen de l’annexe, prise par le Secrétaire général après « un examen très attentif ».  « Les pressions font obstacle à l’efficacité des instruments de l’ONU », a affirmé le délégué de l’Uruguay, tandis que son homologue de l’Iran a estimé que cette décision était « une trahison contre les enfants yéménites ».  Le représentant du Liechtenstein s’est, quant à lui, dit profondément préoccupé par les pressions exercées pour la deuxième fois consécutive sur le Secrétariat pour qu’il modifie son rapport.

« Mon pays regrette les informations biaisées qui ont conduit à inscrire la coalition sur cette liste », leur a répondu le représentant saoudien, en saluant, à l’instar de son homologue du Koweït, la « décision courageuse du Secrétaire général ».  Il a également promis que son pays transmettrait le plus tôt possible le résultat de ses enquêtes aux Nations Unies.  Le Secrétaire général a, pour sa part, assuré qu’il était engagé à ce que des mesures concrètes soient mises en œuvre pour protéger les enfants au Yémen.

D’autres délégations se sont également étonnées de l’absence d’Israël de cette liste, à commencer par le délégué de l’Iran qui a déploré les « pressions indues exercées par certains États Membres » et rappelé que Israël avait pris pour cibles des enfants à Gaza.  Au cours de son intervention, le Secrétaire général a appelé Israël à assumer ses responsabilités.  Réagissant à cet appel, le représentant d’Israël a souhaité que la communauté internationale envoie un message clair aux dirigeants palestiniens pour assurer la sécurité et le bien-être des enfants des deux côtés.

Le rapport, a regretté le représentant de l’Ukraine, ne fait pas référence à la situation des enfants ukrainiens touchés par le conflit dans la région du Donbass en Ukraine.  « Les opérations militaires de l’Ukraine dans le Donbass ont des conséquences sur les enfants », lui a répondu le délégué de la Fédération de Russie, en demandant aux autorités ukrainiennes de cesser « ses provocations ».  Enfin, de nombreuses délégations ont tenu à saluer l’annonce d’un programme de réintégration pour les anciens enfants soldats des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire, obtenu grâce aux pourparlers de paix en Colombie.

*A/70/836–S/2016/360

**S/2016/662

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

Déclarations

« Le paysage mondial sécuritaire continue à changer de façon spectaculaire, mais une triste réalité ne change pas: les enfants paient toujours le prix le plus élevé en temps de guerre », a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU.

Il a rappelé que les jeunes garçons et filles étaient directement ciblés, enrôlés, torturés, mutilés, emprisonnés, affamés, soumis à des abus sexuels ou tués et assistent tristement à la destruction de leur maison ou de leur école.

Dans des endroits comme l’Iraq, le Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen, les enfants vivent un enfer, s’est-il indigné, en ajoutant que la situation s’aggravait.  Des milliers d’enfants syriens ont été tués depuis le début du conflit et des millions d’autres sont traumatisés.  L’année dernière, l’Afghanistan a enregistré son taux le plus élevé d’enfants victimes depuis 2009, tandis qu’en Somalie, les violations ont augmenté de 50% de 2014 à 2015.  Au Soudan du Sud, les enfants continuent à payer le prix le plus lourd de l’échec des dirigeants à s’engager en faveur de la paix et au Yémen six fois plus d’enfants ont été tués et mutilés en 2015 par rapport à l’année précédente.  Il a également indiqué que la violence continuait de faire des ravages auprès des enfants palestiniens et israéliens, avant d’appeler Israël à assumer ses responsabilités.

Plus de la moitié des réfugiés dans le monde sont des enfants vivant dans la peur, a souligné le Secrétaire général, qui a appelé à s’attaquer de toute urgence aux causes profondes des déplacements.  Dans le même temps, nous devons faire face à cette énorme crise, a-t-il déclaré, en mettant l’accent sur la tenue du Sommet des Nations Unies sur les réfugiés et les migrants le 19 septembre prochain.  « Je demande instamment à tous les gouvernements de proposer des idées et des engagements en axant les efforts en particulier sur la protection des enfants. »

Le Secrétaire général a affirmé que les groupes extrémistes violents torturaient, emprisonnaient et tuaient les enfants, les envoyaient commettre des attaques suicides et les vendaient comme esclaves sexuels.  Il a estimé que pour répondre efficacement à ce grave problème, il faudrait placer le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire au centre de nos efforts, en précisant que cela inclue la protection des enfants pendant et après les opérations militaires - quelle que soit leur affiliation.  « Je suis profondément préoccupé par le fait que de plus en plus d’enfants sont arrêtés, détenus ou même tués dans des opérations de contre-terrorisme », a-t-il dit.  Le Secrétaire général s’est également dit alarmé par les violations du droit international humanitaire résultant de bombardements aériens.

Faisant remarquer que même les guerres sont régies par des règles, M. Ban a insisté pour que les hôpitaux et les écoles soient protégés et les civils épargnés.  Les enfants ne doivent pas être utilisés pour combattre, a-t-il ajouté.  Estimant que le maintien de la paix repose également sur des règles, il a souligné l’urgence de mettre fin au scandale de l’exploitation et abus sexuels commis par les Casques bleus des Nations Unies, le personnel de l’ONU et les forces non onusiennes.  Il a remercié le Conseil de sécurité d’avoir approuvé sa décision de rapatrier les unités lorsque des preuves crédibles ont été amassées contre elles.

« Encore une fois cette année, des objections au rapport annuel m’ont poussé à prendre une décision difficile », a affirmé M. Ban.  Après « un examen très attentif », la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a été retirée des annexes, en attendant les conclusions d’un examen en cours, a-t-il assuré.

« J’ai eu des entretiens avec l’Arabie saoudite au plus haut niveau possible, y compris lors de réunions à New York avec le Vice-Prince héritier et le Ministre des affaires étrangères, pour exprimer mes sérieuses préoccupations quant à la situation sur le terrain et à ses conséquences dévastatrices sur les enfants. »

S’il a reçu, depuis, des informations sur les mesures prises par la coalition pour prévenir et mettre fin à des violations graves commises contre les enfants, le Secrétaire général a indiqué qu’il était encore très préoccupé par la protection des enfants yéménites.  Le sort de ces enfants doit primer sur toute autre considération, a-t-il dit.  La situation sur le terrain continuera d’être surveillée de près, a-t-il ajouté, en assurant qu’il restera engagé pour que des mesures concrètes soient mises en œuvre afin de protéger les enfants.  « Mais je tiens à le répéter: le contenu du rapport n’est pas remis en cause. »  Il a indiqué que ce rapport et ses annexes n’ont pas pour but de mettre dans l’embarras mais de protéger les enfants.  « Aujourd’hui, je renouvelle mon appel à tous les États Membres et à toutes les parties au conflit: si vous voulez protéger votre image, protégez les enfants! »

Convaincu qu’une plus grande volonté politique est nécessaire pour mieux protéger les enfants, le Secrétaire général a déclaré que les engagements finissent par donner leurs fruits.  En 2015, a-t-il fait observer, plus de 8 000 enfants soldats avaient été libérés.  De nombreux pays ont également adopté des lois protégeant les enfants contre le recrutement, a-t-il ajouté.  Le but ultime, qui consiste à mettre fin aux graves violations des droits des enfants, exige de mettre fin aux conflits et d’instaurer la paix, a-t-il soutenu.

« C’est pourquoi, je demande au Conseil et tous les pays à faire tout leur possible pour étayer leurs mots avec des actions qui protègent les enfants contre le fléau des conflits armés aujourd’hui et épargnent les autres à l’avenir », a-t-il conclu.

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a rappelé que le fait que les enfants soient les principales victimes des conflits, comme vient de le rappeler le Secrétaire général, était déjà la plus troublante des conclusions du rapport de Mme Graça Machel, il y a 20 ans.  Malheureusement et, malgré des efforts concertés et des progrès significatifs, cette situation n’a pas changé.  De nombreux conflits complexes et de longue durée ont un impact très fort chez les enfants, dans la violation du droit international et dans l’impunité.  En 2015, des forces gouvernementales et des groupes armés ont recruté et utilisé ou abusé sexuellement des dizaines de milliers d’enfants et de filles.  Certains enfants perdent leurs parents ou sont affectés par des maladies soignables parce qu’ils sont pris dans des conflits armés.  D’autres enfants sont torturés et tués par des groupes extrémistes violents, comme l’État islamique.

Les réponses sécuritaires dans le cadre de lutte contre le terrorisme apportent des souffrances supplémentaires et violent souvent le droit international, a poursuivi Mme Zerrougui, qui s’est dite très préoccupée par le siège de populations civiles par des forces gouvernementales et l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées, ou encore par les exécutions extra-judiciaires commises dans les territoires récemment libérés de groupes armés.  Elle a rappelé que le Gouvernement utilisait de plus en plus souvent des milices pour appuyer leurs forces.  Or, de tels groupes ne respectent pas le droit international et, parfois, ne le comprennent même pas.  Les rapports faisant état de l’utilisation d’enfants par de tels groupes sont eux aussi préoccupants.  De même, la Représentante spéciale s’est inquiétée de l’application très large de la législation antiterroriste dans de nombreux pays, où des enfants sont arrêtés et détenus sans jugement pendant des mois -voire des années- ou encore jugés par des tribunaux spéciaux ou militaires, sans garantie pour les droits de la défense, parfois condamnés à mort, comme ce fut le cas pour deux enfants en Somalie.  Or, la condamnation à mort pour des enfants qui viennent d’être libérés de groupes comme les milices al-Chabab n’est pas une issue acceptable, a ajouté Mme Zerrougui.  Beaucoup de ces enfants ont été enlevés et recrutés de force.

La Représentante spéciale s’est également dite alarmée par les violations du droit international humanitaire au-delà des zones de conflits armés.  Les enfants déplacés sont de plus en plus nombreux et la réponse apportée par les États ne tient pas toujours compte des intérêts prioritaires des enfants concernés.  Elle a appelé à faire plus, y compris en appuyant le petit nombre d’États qui accueillent 90% de la population réfugiée, afin qu’ils puissent apporter à tous et donc aux enfants les services de base dont ils ont besoin.

Si le tableau global n’est pas positif, on ne peut oublier que des progrès ont été réalisés, a poursuivi Mme Zerrougui, qui a rappelé que plus de 115 000 enfants soldats avaient été libérés depuis 20 ans grâce au dialogue et aux quelque 25 plans d’actions signés par des parties en conflit.  Neuf de ces parties ont pleinement rempli leurs obligations et ont été retirées de la liste des groupes ou États qui ont recours aux enfants soldats, a ajouté Mme Zerrougui, qui a précisé que ces parties se trouvaient au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Népal, au Sri Lanka et en Ouganda.  La campagne « Des enfants, pas des soldats » a aidé à bâtir un consensus sur le fait que les enfants ne devaient pas être utilisés dans les conflits.  Mme Zerrougui a rappelé que le Soudan avait signé en début d’année un plan d’action en ce sens, ce qui signifie que les Nations Unies en ont désormais signé avec l’ensemble des États Membres placés sur la liste des parties à un conflit qui utilisent des enfants soldats.  De même, on a assisté à une réduction importante de nombre d’enfants recrutés par les parties non étatiques au conflit, en particulier en Afghanistan, en République démocratique du Congo et au Myanmar.  La Représentante spéciale a appelé tous les gouvernements et tous ceux qui ont une influence sur les différentes parties à tout faire pour que les plans d’action soient effectivement appliqués.

Pour Mme Zerrougui, les processus de paix représentent une opportunité essentielle pour amener les acteurs d’un conflit armé à s’engager en faveur de la protection des enfants.  Elle a pris en exemple l’accord de paix historique conclu récemment en Colombie, qui prévoit la réintégration de tous les enfants qui ont été associés aux groupes armés.  La Représentante spéciale a fait état d’autres dialogues dans lesquels les Nations Unies sont engagées dans différents pays, de la République centrafricaine au Myanmar, des Philippines au Soudan et au Soudan du Sud.  Elle s’est félicitée que cet engagement ait pu aider des milliers d’enfants durant les derniers 18 mois et a appelé les autorités nationales à appuyer les discussions actuelles et futures avec les groupes armés sur les plans d’action.

La Représentante spéciale a rappelé que son mandat était au cœur de l’action coordonnée en faveur des enfants et les conflits armés, et qu’il l’amenait à travailler tant avec les gouvernements qu’avec les groupes armés non étatiques, dans des environnements qui sont les plus difficiles de la planète.  Le présent rapport ne cherche pas à déranger, mais à apporter des changements positifs en faveur de garçons et de filles qui sont victimes de violations que la communauté internationale considère comme ignobles, a-t-elle insisté.  Ce travail implique souvent un équilibre délicat, mais les outils mis au point par ce Conseil pour traiter des graves violations commises contre les enfants sont inestimables.  Les progrès réalisés témoignent de leur pragmatisme, de leur aspect positif et de leur efficacité à convaincre les différentes parties des conflits de l’urgence de protéger les enfants.  Le succès dépend de notre impartialité, de la crédibilité de nos outils et du soutien que la communauté internationale nous apporte, a encore déclaré Mme Zerrougui.

Face à une situation qui reste extrêmement préoccupante, les États concernés portent la responsabilité principale de la protection des civils, a rappelé la Représentante spéciale.  Les Nations Unies sont, quant à elles, prêtes à aider les gouvernements dans leurs efforts.  Mais elles ne peuvent rien contre le manque de volonté politique, a-t-elle averti.  D’autres ici ont un rôle à jouer pour appuyer les efforts.  Les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent faire plus pour traiter des causes profondes des souffrances faites aux enfants.  La Représentante spéciale a appelé à faire davantage pour prévenir les conflits et appuyer les processus de paix, pour faire respecter le droit international humanitaire, le droit international et le droit relatif aux réfugiés, mais aussi pour assurer la redevabilité lorsque des crimes sont commis.  Le Conseil a un rôle essentiel à jouer en ce sens, a rappelé Mme Zerrougui.  La Représentante spéciale a également appelé les États à allouer des ressources adéquates aux services d’éducation et de santé dans les situations de crise ainsi qu’aux programmes de réinsertion des enfants soldats.  Ce sont des initiatives essentielles pour une paix et une sécurité durables.  Le mandat de Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés représente un espoir pour des millions d’enfants affectés par la guerre, et c’est notre capacité à travailler ensemble et à faire surgir la volonté de faire face aux situations les plus difficiles qui aura un effet décisif sur l’avenir de ces millions d’enfants, a conclu Mme Zerrougui.

M. ANTHONY LAKE, Directeur général du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a rappelé que près de 250 millions d’enfants vivaient dans des pays et zones affectés par des conflits, et 30 millions ont été déplacés du fait des conflits.  Il a indiqué qu’au-delà de ces chiffres, on ne peut oublier qu’il s’agit de millions de filles et de garçons qui vivent avec le risque d’être tués, blessés par des mines ou des bombardements aériens, avec le risque d’être enlevés, victimes de violences sexuelles ou de trafic, ou encore avec le risque d’être recrutés pour des combats, et parfois même pour servir de kamikaze.  « Nous ne sommes pas humains si nous ne sommes pas indignés par tous ces faits », a souligné

M. Lake qui a ajouté que la colère ne suffit pas, et que la consternation et la fureur doivent être accompagnées de l’action.  Il a expliqué que cette action pouvait par exemple, contribuer, non seulement à mettre fin au recrutement d’enfants soldats, mais aussi à les aider à leur réinsertion sociale.  Il a aussi plaidé pour des mesures permettant d’empêcher que d’autres enfants ne subissent le même sort.

Le Directeur général de l’UNICEF a ensuite salué des progrès qui ont été menés ces derniers temps dans le cadre de la protection de l’enfant.  L’an dernier, a-t-il indiqué, près de 10 000 filles et garçons ont été démobilisés des groupes armés, et presque 7 000 ont pu avoir accès à des soins de santé physiques et psychologiques, retrouver leurs familles ou bénéficier d’une formation professionnelle.  Il a également salué les progrès réalisés par les pays au niveau national, notamment à travers la campagne « Des enfants, pas des soldats ».  Il a ainsi cité des mesures prises pour empêcher l’enrôlement des enfants dans les armés au Myanmar, en République démocratique du Congo et en Afghanistan.  Le sort des enfants soldats, et surtout leur réintégration dans la société, fait partie des termes de l’accord de paix négocié par les parties colombiennes à la Havane, a rappelé M. Lake.  Le Gouvernement soudanais, a-t-il ajouté, a également signé, il y a quatre mois, un plan d’action pour prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants dans ses forces armées.

M. Lake a appelé la communauté internationale à faire pression sur toutes les parties à un conflit pour que des armes explosives ne soient pas utilisées dans des zones densément peuplées.  Les attaques contre des services de soins et des hôpitaux sont illégales et ont des conséquences négatives sur les enfants, leur communauté et les systèmes de santé en vigueur, a-t-il insisté.  Le Directeur général de l’UNICEF a ensuite fait remarquer que les attaques contre les structures scolaires avaient un impact immédiat sur les enfants et sur l’avenir de nos sociétés.  Il a fait observer que ces enfants affectés par les conflits ne sont pas hors d’atteinte et que la communauté internationale doit aider ces jeunes vies humaines à émerger de l’ombre de la guerre.  Cela ne se ferait pas seulement à travers les résolutions des Nations Unies, mais aussi grâce à la détermination et la bonne volonté des États.  De même, il ne suffit pas de s’indigner, il faut agir, a-t-il ajouté avant de conclure.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a noté que les outils de protection des enfants en temps de conflit avaient été renforcés au cours de ces dernières années et souligné le rôle éminent que joue la Représentante spéciale.  Il a noté les résultats encourageants de la campagne de l’UNICEF « des enfants, pas des soldats » et le déploiement de conseillers à la protection des enfants dans les missions de l’ONU.  Il a salué la signature de plans d’action entre l’ONU et huit pays pour mettre fin à l’enrôlement et à l’utilisation de garçons et de filles dans les forces nationales de sécurité.  Il faut des solutions audacieuses aux nombreux défis qui subsistent concernant la protection des enfants, a-t-il souligné.

Rappelant que les groupes armés non étatiques étaient les acteurs ayant le plus grand recours au recrutement d’enfants, le représentant a insisté sur la nécessité pour ces groupes de respecter leurs obligations.  Ces enfants, quand ils finissent par revenir chez eux, sont rejetés par leur communauté, alors qu’ils doivent être traités comme des victimes, a-t-il affirmé.  Le représentant a salué la volonté en Colombie d’inclure les questions liées à la protection des enfants dans les pourparlers de paix.  Il est impératif que les enfants déplacés reçoivent une aide pour s’adapter à leur environnement, y compris une aide médicale, a-t-il estimé.  Enfin, le délégué de la Malaisie a appelé au renforcement de la protection des enfants en temps de conflit armé.  « Il faut en faire bien davantage », a-t-il souhaité.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a estimé que, 20 ans après le rapport de Mme Graça Machel sur les enfants et les conflits armés, le rapport périodique du Secrétaire général jouait un rôle essentiel.  Le mécanisme de suivi et de communication du rapport doit avoir un rôle essentiel, même s’il faut déployer des efforts supplémentaires pour améliorer la méthodologie et protéger les sources.  Les États Membres ont, pour leur part, la responsabilité de coopérer avec le Secrétaire général.  On ne peut s’attendre à ce que les États Membres soient d’accord avec tout ce que contient le rapport du Secrétaire général, mais ils doivent continuer d’appuyer les efforts de l’ONU, organisation vitale pour les enfants, a déclaré la représentante.

Le rapport du Secrétaire général donne une image qui est sombre mais qui n’est pas surprenante, a déclaré la représentante.  Elle a ainsi rappelé les chiffres cités dans le rapport concernant l’Afghanistan, le Yémen et la Syrie où on parle d’enfants recrutés à l’âge de sept ans.  Mme Power a également cité le sort des enfants d’Alep, ville actuellement assiégée par les forces gouvernementales syriennes.  S’en prenant particulièrement au régime syrien, elle a rappelé que les enfants blessés ne pouvaient pas bénéficier de soins, d’autant que les forces syriennes n’hésitent pas à bombarder des hôpitaux et même des centres pédiatriques. 

Mme Power a rappelé que la moitié des 65 millions de personnes déplacées étaient des enfants.  Le monde ne fait pas assez pour les enfants réfugiés, ni pour les réfugiés en général, a regretté Mme Power, qui a annoncé la tenue d’un sommet sur les réfugiés à l’initiative du Président Obama pour le mois de décembre.  Rappelant sa visite en Allemagne en juin dernier, elle a indiqué qu’elle y avait rencontré des réfugiés syriens, dont une fille de 16 ans qui souffre de paralysie cérébrale et qui a fui le pays en fauteuil roulant.  Aucun enfant ne devrait se trouver dans une telle situation et c’est pourquoi nous devons agir pour prévenir une telle tragédie ou du moins leur venir en aide, a martelé Mme Power, avant de conclure. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé qu’il existe au niveau institutionnel aux Nations Unies des mécanismes efficaces sur la protection des enfants dans les conflits armés.  Au Conseil de sécurité, le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, aujourd’hui présidé par la Malaisie, doit continuer à faciliter le dialogue avec les gouvernements à New York comme sur le terrain, a-t-il dit.  Il a aussi estimé que le mécanisme de rapport et de vérification est un instrument particulièrement utile car il contribue à identifier toutes les violations graves commises sur le terrain afin d’alimenter la « liste noire » du rapport annuel du Secrétaire général.  Il a jugé primordial pour les Nations Unies et tous les États de veiller à l’impartialité de ces mécanismes pour préserver leur efficacité. 

Appelant à structurer l’action à un niveau opérationnel, le représentant a jugé essentiel que les Nations Unies continuent de déployer des conseillers de protection de l’enfant pour signaler mais aussi prévenir les violations de droits, et pour que la protection de l’enfant soit pleinement intégrée dans la planification stratégique des opérations de maintien de la paix.  M. Delattre a souligné la nécessité de diversifier nos actions à un niveau politique.  En mars 2016, le premier objectif de la campagne « Des enfants, pas des soldats », lancée par Mme Zerrougui et l’UNICEF, a été atteint et les huit États concernés ont signé un plan d’action national pour cesser le recrutement des enfants dans les Forces de sécurité nationales, s’est-il félicité.  Il a appelé à œuvrer à la mise en œuvre complète de ces plans pour atteindre un nouvel objectif: un monde sans enfants soldats. 

Enfin, il a précisé que la France organisera en février 2017 à Paris, en partenariat avec l’UNICEF, une conférence internationale sur la protection des enfants dans les conflits armés à l’occasion du dixième anniversaire des Principes et Engagements de Paris pour mettre un terme au recrutement d’enfants soldats.  À ce jour, les Principes et Engagements ont été signés par 105 pays.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné les résultats encourageants de la campagne « Des enfants, pas des soldats ».  La communauté internationale doit en faire plus, en particulier pour protéger et assister les enfants déplacés et combattre les violences sexuelles dont ils sont victimes, a-t-il recommandé.  La responsabilité de la protection des enfants en temps de conflit armé incombe en premier lieu aux États Membres, a-t-il souligné, avant de rappeler que la résolution 2286 (2016) condamnant les attaques contre le personnel de santé avait été adoptée à l’unanimité sous la présidence égyptienne du Conseil.  Les enfants sont souvent la cible des violations les plus épouvantables, s’est-il indigné, en invitant la communauté internationale à en faire davantage. 

Le représentant de l’Égypte a regretté que le Bureau de la Représentante spéciale ne dispose pas de ressources adéquates pour lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat.  Il a ensuite estimé que les informations contenues dans un rapport du Secrétaire général sur la situation des enfants en période de conflit ne garantissaient pas, en soi, une meilleure protection de ces enfants.  Il a jugé important de vérifier les sources d’informations avant de les utiliser pour la rédaction des rapports et de ne pas limiter ces informations à une seule partie au conflit.  Il faut éviter la politique des « deux poids deux mesures », a-t-il rappelé, en pointant les contradictions entre le rapport du Secrétaire général dont le Conseil est saisi et ses annexes.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que, dans certaines régions, les enfants étaient les victimes principales des conflits armés.  Le recrutement, mais aussi le déplacement et la traite des enfants, sont des problèmes de plus en plus graves, a-t-il fait remarquer.  La communauté internationale doit donc lutter de manière déterminée contre les organisations criminelles et terroristes qui commettent des crimes, et des abus contre les enfants.  Les États devraient mieux partager les informations pour assurer une meilleure protection des enfants qui ne doivent pas devenir, a-t-il prévenu, les victimes des idéologies terroristes, en particulier par le biais d’Internet.  Il faut aussi éduquer les enfants à respecter la tolérance et à dénoncer la violence.  Avant de conclure, le représentant a demandé un renforcement de l’assistance humanitaire en faveur des enfants. 

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a affirmé que la protection des enfants en temps de conflit armé était un impératif éthique.  « Nous devons exiger le strict respect du droit international », a-t-il dit.  Abordant la question de la crédibilité de la liste dressée par l’ONU des parties commettant des violations contre les enfants, il a déclaré que cette « liste noire » avait pour but de réveiller les consciences.  C’est un outil important pourvu qu’il soit crédible, a estimé le délégué.  Plaidant pour une plus grande neutralité dans la collecte des informations, il s’est dit étonné par l’omission dans ce rapport d’un pays qui commet, pourtant, depuis longtemps des violations contre des enfants.  De même, le retrait d’un pays de cette liste érode la crédibilité de cette liste, a-t-il fait observer.  Le représentant a ensuite demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2286 (2016).  Enfin, rappelant la décapitation d’un enfant de 12 ans à Alep, il y a quelques semaines, et l’utilisation par Boko Haram d’enfants pour commettre des attaques suicides, il a soutenu que les groupes armés non étatiques étaient le plus souvent responsables de l’enrôlement d’enfants pour conduire leurs opérations.  « Ces groupes armés non étatiques doivent rendre des comptes », a-t-il insisté.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a assuré de l’appui de sa délégation aux efforts entrepris par la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, dont il a longuement cité le rapport.  Le Venezuela juge inadmissible que les difficultés persistent quand il s’agit de protéger les enfants et les conflits armés et que la situation s’est même souvent aggravée.  Il est illusoire d’espérer un avenir de paix quand des millions d’enfants grandissent dans un climat de violences et de haine.

Le représentant a estimé que le Conseil avait parfois réagi de manière incohérente, notamment face à la situation au Moyen-Orient, citant la Syrie, l’Iraq ou le Yémen.  Le rapport du Secrétaire général ne doit pas rester muet du fait de pressions, quelles qu’elles soient.  La pratique des « deux poids deux mesures » sur ces questions est totalement immorale.  Toutes les parties aux conflits doivent respecter leurs obligations découlant du droit international.  Les Nations Unies doivent faire entendre leur voix pour tous les enfants du monde et, en particulier, en cas de conflits armés.  Le représentant a ainsi dénoncé les États qui décrivent abondamment les violations et abus commis contre les enfants dans certains pays mais sont silencieux quand on veut dénoncer les violations dont sont victimes les enfants palestiniens du fait d’Israël.

Le délégué a également condamné la décapitation d’un enfant de 12 ans à Alep par des membres d’un groupe présenté comme étant « membre de l’opposition modérée, alors qu’il emploie les mêmes méthodes que l’État islamique ».  Le représentant s’est également indigné des enlèvements massifs de filles commis par Boko Haram.

Par ailleurs, le représentant a demandé que des mesures soient prises pour épargner des peines de prison à des enfants.  Il a aussi dénoncé comme causes profondes des conflits et de la participation des enfants les inégalités socioéconomiques.  Il faudrait, a-t-il préconisé, mieux financer les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens enfants soldats.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a jugé inacceptable que les enfants paient toujours le prix le plus élevé en temps de conflit.  « En tant que membres de la communauté internationale, nous devons nous poser la question suivante: en avons-nous fait assez pour protéger les enfants? »  Il faut s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent, a-t-il insisté, en défendant le droit à l’éducation des enfants affectés par un conflit.

Le délégué a indiqué que 68 enfants ont été tués et 186 blessés dans l’est de l’Ukraine depuis le conflit survenu du fait de la Fédération de Russie.  À ce jour, on compte 1,7 million de personnes déplacées, dont 250 000 enfants.  Il a précisé que 580 000 enfants vivant dans des zones non contrôlées par le Gouvernement ukrainien étaient gravement touchés par le conflit.  Des groupes armés illégaux soutenus par la Russie utilisent 39 écoles à des fins militaires, a-t-il soutenu.

Il a également mentionné des informations préoccupantes, selon lesquelles des camps d’entraînement d’enfants auraient été créés et des enfants de moins de 15 ans participeraient à des combats actifs au sein de groupes militants soutenus par la Russie.  Enfin, le représentant a déploré que le rapport du Secrétaire ne fasse pas référence à la situation des enfants ukrainiens touchés par le conflit dans la région du Donbass en Ukraine.  « Cela est malheureusement un autre exemple de la mise sous le boisseau du seul conflit armé en cours en Europe. »

M. EVGENY ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a indiqué que sa délégation prenait note du rôle de la Représentante spéciale dans la réalisation de la campagne « Des enfants, pas des soldats ».  Il a qualifié de « barbarie moderne » les situations dans lesquelles les enfants sont victimes d’attaques préméditées et ciblées, et a jugé affligeante la situation qui prévaut actuellement dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient.  Il a dénoncé la mort de dizaines de civils, y compris des femmes et des enfants, du fait de bombardements de la coalition internationale en Syrie, ainsi que l’utilisation d’enfants comme victimes ou bourreaux lors de crimes organisés comme des événements à grand spectacle.  Il est regrettable, a-t-il dit, que des groupes extrémistes se joignent parfois à des groupes considérés comme modérés, comme on l’a vu récemment à Alep.  Il est temps, a-t-il estimé, que la liste des organisations terroristes en Syrie soit réexaminée et étendue. 

M. Zagaynov a également noté l’augmentation du nombre d’enfants déplacés du fait de conflits.  La Fédération de Russie est d’accord avec le Secrétaire général sur le fait qu’une paix durable reste le meilleur moyen de répondre à la crise des réfugiés.  Le représentant russe a demandé que les rapports se fondent sur une évaluation objective de la situation sur le terrain et non sur les chiffres des plans d’action signés.  Il a également demandé des informations fiables et scrupuleusement vérifiées et rejeté toute pression sur la Représentante spéciale dans l’exercice de son mandat.  Le personnel qui prépare les rapports doit être qualifié, indépendant de toute orientation politique et dévoué à sa cause.  La Fédération de Russie est, à cet égard, préoccupée par les orientations actuelles.  Il a estimé que, depuis la publication, il y a 20 ans du premier rapport sur les enfants et les conflits armés, on avait utilisé des outils importants et des mécanismes impartiaux axés sur la coopération.

Répondant ensuite au représentant de l’Ukraine, le délégué russe a affirmé que les opérations militaires de l’Ukraine ne cessaient pas et continuaient ainsi de faire des victimes civiles dans le Donbass.  Il a accusé l’Ukraine de ne pas respecter les aspects politiques de l’Accord de Minsk.  Le blocus du Donbass se poursuit et cela a des conséquences sur la sécurité des enfants, a encore ajouté le représentant, qui a jugé inacceptables les provocations ukrainiennes. 

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a affirmé que les enfants paient toujours le prix le plus élevé en temps de conflit.  Aujourd’hui, a-t-il dit, un nombre croissant d’enfants souffrent de l’extrémisme violent.  Il a ainsi appelé les États Membres à traiter les enfants utilisés par des groupes extrémistes violents comme des victimes.  Le délégué de l’Angola a ensuite demandé de mettre fin aux attaques contre des écoles et des centres de soins en temps de conflit.  Les écoles doivent demeurer des sanctuaires, a-t-il insisté.  Il est nécessaire que les contingents déployés au sein des missions de l’ONU soient formés aux droits des enfants afin de faire cesser les violations commises contre ces derniers par le personnel des Nations Unies.  Il a appelé l’ONU à poursuivre sa coopération avec les groupes armés non étatiques concernant le sort des enfants, en citant les progrès accomplis notamment en République centrafricaine.  La moitié des personnes déplacées par des conflits sont des enfants, a-t-il regretté.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a exhorté les États Membres à traiter les enfants associés à des groupes armés comme des victimes qui ont droit à la protection de leurs droits fondamentaux.  À cet égard, il a fait sien le message du Secrétaire général sur la réintégration et la réhabilitation, en rappelant que les problèmes des enfants ne s’arrêtent pas avec leur libération par le groupe armé.  Il a souligné qu’il était nécessaire de doter les programmes de financements appropriés pour faciliter la réintégration des enfants et leur permettre de reconstruire leur vie en toute sécurité et dans la dignité.  Il a prévenu du risque de voir les enfants retourner à la violence s’ils ne bénéficient pas d’un soutien adéquat.  Le représentant de la Nouvelle-Zélande a particulièrement salué les discussions en cours entre la Représentante spéciale du Secrétaire général, l’UNICEF et le Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées et d’autres acteurs afin de développer des directives et recommandations pour répondre aux besoins spécifiques en matière de réintégration des enfants soldats handicapés.  

M. FODÉ SECK (Sénégal) a félicité l’Ambassadeur Ramlan Bin Ibrahim en sa qualité de Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés.  Il a rappelé le triple drame des enfants et les conflits armés, victimes d’abord en tant que civils des exactions sur le théâtre des opérations, victimes ensuite des enrôlements forcés et autres exactions, victimes enfin de traumatismes physiques et psychologiques extrêmes.  Il a dénoncé les extrémistes violents qui utilisent les enfants comme esclaves sexuels et, pire encore, comme bombes humaines. 

Le Sénégal appelle à une triple action, pour assurer la protection des enfants, renforcer la prévention et pour assurer la reddition de comptes pour ceux qui s’en prennent aux enfants.  Le représentant a rendu hommage à la campagne « Des enfants, pas des soldats » et estimé que la prise en compte de la protection des enfants devait se faire à toutes les étapes des opérations de maintien de la paix.  Il a également condamné la militarisation des hôpitaux comme les écoles.  La prévention passe par de nombreuses mesures, prises dans le cadre régional ou sous régional.  Cela passe aussi par la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, ou encore les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration pour les ex-enfants soldats.  À cet égard, le représentant a rappelé l’existence en Afrique de l’Ouest, y compris au Sénégal, de centres pour les anciens enfants soldats.  La lutte contre l’impunité est quant à elle un élément essentiel pour les générations actuelles et futures.

M. KORO BESSHO (Japon) a salué le travail de la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés s’agissant de la promotion de la campagne « Des enfants, pas des soldats ».  La signature d’un plan d’action avec l’ONU n’est cependant qu’un premier pas, a-t-il dit.  L’Ambassadeur Bessho a appelé la communauté internationale à appuyer les pays touchés par un conflit pour mieux protéger les enfants.  Des efforts doivent être consentis pour que les enfants touchés par des conflits reçoivent des soins et aillent à l’école, a-t-il dit, en détaillant l’aide apportée par son pays dans ce domaine.  Le délégué du Japon a rappelé que les violations des droits des enfants pouvaient menacer la paix et la sécurité internationales et invité le Conseil à redoubler ses efforts.  Le Japon fera tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer la protection des enfants en temps de conflit armé, a-t-il assuré avant de conclure.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a remercié les équipes de pays des Nations Unies pour leurs efforts tendant à fournir des données fiables sur les situations des enfants et les conflits armés dans des pays où travailler est difficile, voire dangereux.  Il a ensuite dénoncé les attaques contre les écoles et les hôpitaux en Syrie, notamment de la part du régime et de ses alliés.  Les enfants syriens risquent de devenir une génération perdue, a-t-il averti, avant de mettre l’accent sur l’importance de l’éducation en insistant, à cet égard, sur l’initiative « Pas de génération perdue », prise en faveur des enfants de la région.  Le Royaume-Uni s’est engagé à hauteur de 40 millions de dollars dans cette initiative, a assuré le représentant.

M. Wilson a ensuite dénoncé l’exploitation sexuelle et les sévices sexuels imposés aux enfants par des soldats de la paix.  Le respect des droits des enfants dans les opérations de maintien de la paix doit être renforcé, a-t-il insisté, en précisant que la tolérance zéro doit être pleinement appliquée.  Les contingents de Casques bleus ainsi que les autres contingents non onusiens doivent enquêter efficacement en cas d’accusations.  Si ce n’est pas le cas, le Royaume-Uni soutient la proposition du Secrétaire général de rapatrier les contingents concernés, voire d’interdire aux pays qui les ont fournis et n’enquêtent pas sérieusement de continuer à participer aux opérations de maintien de la paix.

Le représentant a dit ne pas partager la description que la délégation de la Fédération de Russie a faite de la situation en Ukraine.  Il a rappelé que 8 000 enfants soldats avaient été libérés l’année dernière.  Ils ont déposé leurs armes et repris leur vie, s’est-t-il félicité.  Le représentant britannique a également salué la signature, en début d’année, d’un Plan d’action entre le Soudan et les Nations Unies et celle, en mai dernier, d’un accord entre les FARC de Colombie et le Gouvernement colombien pour libérer tous les enfants soldats encore détenus.  Ce sont là des engagements historiques qui n’étaient peut-être même pas pensables lors de la publication, il y a 20 ans, du rapport de Mme Graça Machel et c’est aussi grâce au travail de la Représentante spéciale sur les enfants et les conflits armés qu’ils ont été rendu possibles, a tenu à préciser le représentant. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a souligné l’engagement historique de son pays en faveur de la protection des enfants en temps de conflit armé.  Ils continuent d’être les victimes de violations graves, comme le rappelle tristement le Secrétaire général dans son rapport, a-t-il regretté.  M. Bermudez a condamné la multiplication des attaques contre les écoles et les hôpitaux au Yémen et dénoncé les exactions commises par Daech.  La protection des enfants en période de conflit est un impératif éthique et juridique pour la communauté internationale, a-t-il rappelé.  C’est pourquoi, il a exhorté toutes les parties à un conflit à respecter la Convention de Vienne de 1949 avant d’appeler à la pleine mise en œuvre des résolutions 2143 (2014) et 2286 (2016) du Conseil.

Le délégué a ensuite invité les pays de transit et de destination à assurer un accès aux soins des enfants déplacés.  L’éducation est un autre facteur vital pour familiariser les enfants à une vie pacifique et éviter qu’ils ne sombrent dans la délinquance, a-t-il affirmé.  Le délégué s’est ensuite dit préoccupé par les pressions exercées par certains États Membres en vue d’être retirés de la liste figurant en annexe du rapport du Secrétaire général.  Ces pressions font obstacle à l’efficacité des instruments de l’ONU visant à protéger les enfants en temps de conflit, a estimé M. Bermudez.  L’Uruguay, a-t-il dit avant de conclure, appuie le déploiement de conseillers pour les droits des enfants au sein des missions de l’ONU. 

M. ERLAN IDRISSOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a estimé que pour améliorer le rôle des Nations Unies de protéger les enfants dans les conflits armés, il faudrait intégrer le mandat « protection de l’enfant » dans le travail du Conseil de sécurité et des missions politiques et de maintien de la paix.  Une bonne formation des troupes militaires, des policiers et des civils avant tout déploiement permettrait des opérations plus efficaces de détection, de traçage, de secours et de réhabilitation ainsi que des procédures de suivi et d’information plus pertinentes. 

La protection des enfants doit devenir une partie intégrante de tous les processus de paix et cette approche intégrée, a insisté le Ministre, qui a insisté sur une plus grande coordination entre le Conseil de sécurité, le Département des opérations de maintien e la paix, le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, la Représentante spéciale, les équipes de pays des Nations Unies et le Conseil des droits de l’homme.  En cas de flux massifs des réfugiés, les pays d’origine, de transit et de destination doivent être tenus d’honorer leurs obligations en matière de droits de l’enfant, a estimé le Ministre.  Avant de conclure, il a rappelé à quel point son pays est honoré d’avoir remporté un siège non permanent au Conseil pour la période 2017-2018.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a condamné toutes les activités qui portent atteinte aux droits et au bien-être des enfants et adolescents, y compris dans les situations de conflits armés.  Il a estimé que les 20 dernières années avaient été marqués par d’importants progrès, comme les listes des auteurs de violations graves de ces droits, qui figurent en annexe des rapports annuels du Secrétaire général.  Le Mexique est toutefois bien conscient des défis qui persistent, y compris du fait de la violence croissante et de l’aggravation des violations graves commis dans divers conflits armés et de la prolongation de tels conflits, qui a notamment  pour conséquence l’augmentation des déplacements  forcés de mineurs, ou encore de l’utilisation des enfants par des groupes extrémistes violents et du recrutement d’enfants par différentes parties à des conflits armés.

Ces faits doivent renforcer la détermination collective de la communauté internationale, a déclaré le représentant.  Le Mexique renouvelle son appui  aux services de la Représentante spéciale et juge important que rapports soient acceptés par les différentes parties concernées.  Le représentant a rappelé que son pays faisait partie de l’Alliance mondiale qui est engagée à mettre fin aux violences contre les enfants.  Le Mexique entend travailler à l’intérieur comme à l’extérieur en faveur de cette campagne et appuie par ailleurs la campagne « Des enfants, non pas des soldats », a assuré le délégué.

Par ailleurs, a-t-il indiqué, le Mexique luttera contre les abus sexuels commis par du personnel des Nations Unies dans des opérations de maintien de la paix.  Les États Membres doivent garantir l’application de la politique de tolérance zéro par le personnel civil, policier ou militaire comme par les membres des forces non onusiennes mais autorisées par un mandat du Conseil de sécurité, a déclaré le représentant.  Le Mexique préconise en outre d’inclure des dispositions spécifiques concernant la protection des mineurs dans les opérations de maintien de la paix et demandent que les parties à un conflit prennent, dans le cadre de leur négociations de paix, des mesures pour la protection des enfants.  Il faudrait aussi assurer un meilleur suivi des recommandations du groupe de travail sur les enfants et les conflits armés.

M. ALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a rappelé qu’au Yémen, le nombre des enfants tués et mutilés en 2015 est six fois plus élevé qu’au cours de l’année précédente.  Il a ensuite indiqué que le refus d’Israël d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans les territoires palestiniens menaçait la survie des enfants palestiniens.  C’est une autre preuve qu’Israël continue d’ignorer le droit international humanitaire en toute impunité, malgré les graves violations qu’il commet à l’encontre des enfants.  Le Conseil de sécurité doit redoubler d’efforts afin de mettre un terme à l’impunité d’Israël et rendre justice aux victimes, a-t-il insisté.

Le représentant s’est dit déçu par les pressions exercées par certains États Membres et regretté qu’Israël ne figure pas dans la liste en annexe du rapport du Secrétaire général malgré les attaques ciblant des enfants à Gaza.  De même, le délégué a regretté que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen ait réussi à ne pas figurer sur cette liste, « en raison d’intenses pressions », alors que celle-ci est responsable cette année, selon l’ONU, de la mort de 785 enfants au Yémen.  Cette décision revient à trahir les enfants et discrédite les rapports de l’ONU, a-t-il affirmé.  Avant de conclure, le délégué a voulu savoir si les frappes conduites au Yémen, qui ont causé la mort de centaines d’enfants yéménites, avaient abouti à un autre résultat que le renforcement de Daech et d’Al-Qaida.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a rappelé qu’en dépit de certaines avancées réalisées depuis vingt ans et la publication du rapport de Graça Machel, les enfants restent les premières victimes des conflits armés.  Le représentant a très fermement condamné les exactions mentionnées dans le rapport du Secrétaire général, commises par les Chabab, Boko Haram, Daech ou autres milices religieuses.  Il s’est dit préoccupé par les déplacements de populations qui ont des effets graves sur les enfants en Syrie comme au Soudan du Sud.  Il n’a pas oublié de souligner que les enfants palestiniens sont les premières victimes de la politique d’agression d’Israël, qu’il a accusé de poursuivre ses violations sans crainte de sanctions.  Israël tue des enfants palestiniens par balles, en détient de nombreux, les fait comparaître devant des tribunaux militaires malgré leur âge et attaque écoles et hôpitaux à Gaza, sans oublier les crimes commis par des colons terroristes.  Le Conseil de sécurité, a plaidé le représentant, doit contraindre Israël de libérer les enfants prisonniers et prendre des mesures pour mettre fin à l’occupation, conformément aux dispositions internationales pertinentes, en vue de la création d’un État palestinien ayant Jérusalem pour capitale.

Le représentant a également condamné les raids aériens du régime syrien, l’accusant de viser délibérément les hôpitaux et les écoles.  Il a aussi accusé l’Iran d’organiser des campagnes d’enrôlement d’enfants pour les envoyer combattre en Syrie et a dénoncé les pratiques du Hezbollah et autres milices religieuses.  Il a accusé le Gouvernement syrien de préparer un génocide à Alep et demandé au Conseil de sécurité de prendre des mesures pour protéger les enfants d’Alep et de toutes les villes de Syrie.

L’Arabie saoudite, a-t-il argué, a répondu à l’appel au secours du Président et du peuple yéménite après l’agression des milices houthistes.  Une coalition internationale a été mise en place conformément à la Charte des Nations Unies et avec pour objectif de permettre un retour aux pourparlers politiques.  L’Arabie saoudite appuie les consultations de l’Envoyé spécial du Secrétaire général et demande au Conseil de sécurité de contraindre les rebelles à appliquer les dispositions de sa résolution 2216.  Quand on parle de victimes civiles au Yémen, a voulu le représentant, il ne faut pas oublier les multiples exactions commises par les milices houthistes.  Il a affirmé que ces milices ont aussi lancé des attaques contre l’Arabie saoudite, perturbant  entre autres la scolarité de milliers d’élèves.  La Coalition, a aussi affirmé le représentant, a remis aux autorités yéménites tous les enfants  recrutés par les houthistes.  Il a précisé que la Coalition emmenée par son pays ne compte aucun enfant soldat.  L’Arabie saoudite respecte le droit international et prend des mesures pour protéger les civils, et plus encore les enfants.  L’Arabie saoudite, a aussi affirmé le représentant, enquête sur les allégations et transmettra le plus tôt possible le résultat de ses enquêtes aux Nations Unies.  Le représentant a également insisté sur les projets de reconstruction que son pays a lancés en faveur du Yémen, précisant qu’il y est aussi le premier fournisseur d’aide humanitaire depuis  l’année dernière, que ce soit au Yémen ou aux pays qui accueillent des réfugiés. L’Arabie saoudite accueille elle-même des milliers de réfugiés yéménites dont les enfants dans ses écoles et universités. 

Le représentant a appelé l’ONU à travailler en toute objectivité et en toute transparence et, dans la rédaction de ses rapports, à veiller à la fiabilité de ses sources.  L’Arabie saoudite regrette les informations biaisées qui ont conduit à inscrire la Coalition dans la liste des parties qui ont commis des violations des droits de l’enfant et des violences contre les civils.  Le représentant a donc salué la « décision courageuse du Secrétaire général » de retirer la Coalition de la liste et rappelé que son pays a dûment invité les Nations Unies à envoyer des émissaires à Riyad pour discuter de ces questions.

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a souligné le soutien apporté par son pays à l’ONG internationale  « Women´s Initiatives for Gender Justice » qui a contribué dans le nord de l’Ouganda à réhabiliter et réintégrer d’anciennes combattantes de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans leurs familles et communautés tout en poursuivant devant la Cour pénale internationale (CPI) les délits de violence sexuelle.  En ce qui concerne les recommandations sur la manière d’aborder les risques persistants auxquels sont confrontés les enfants dans les conflits armés, le représentant de la Suisse a jugé nécessaire de prendre des mesures de lutte contre le terrorisme.  Il a estimé qu’il était nécessaire d’engager le dialogue avec toutes les parties aux conflits armés au sujet de la protection des enfants.  Il est important de garantir la protection des enfants, en particulier lorsque ceux-ci sont détenus en raison de leurs liens présumés ou réels avec des groupes armés. 

S’agissant des propositions concrètes visant à améliorer la protection des enfants, le représentant de la Suisse a encouragé le Secrétaire général à continuer d’intégrer dans ses rapports à l’intention du Conseil de sécurité des informations sur les conséquences spécifiques sur les enfants des attaques contre des écoles et des hôpitaux.  Il a appelé à une mise en œuvre complète et immédiate de la résolution 2286 (2016) du Conseil de sécurité et appelé à une réaction vigoureuse aux allégations d’exploitation et d’abus sexuels commis par du personnel de l’ONU, impliquant notamment pour les forces armées gouvernementales mentionnées dans les annexes des rapports sur les enfants en conflits armés de fournir des contingents pour les opérations de maintien de la paix.  

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a salué les progrès réalisés par le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé qui a permis depuis 1996 de libérer 150 000 enfants soldats.  Il a aussi souligné l’importance de renforcer davantage les mécanismes de protection des enfants et de les mettre en œuvre de manière objective et impartiale.  Les enfants soldats doivent être traités comme des victimes et non pas comme des coupables, a-t-il estimé.  L’Allemagne assurera, prochainement, la présidence du nouveau Groupe des amis de l’Afghanistan qui vise à s’attaquer à la question des enfants soldats dans ce pays, a-t-il indiqué.  Le représentant a ensuite appelé à renforcer le « langage opérationnel » des résolutions spécifiques aux pays en se félicitant tout particulièrement de l’insertion dans la dernière résolution sur le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) d’un paragraphe spécifique à la protection des enfants.  Cinq ans après l’adoption de la résolution 1998 sur les attaques contre les écoles et les hôpitaux sous la présidence allemande du Conseil de sécurité, le représentant de l’Allemagne a rappelé que la protection des enfants en conflits armés était plus urgente que jamais.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué les progrès réalisés depuis la création, il y a 20 ans, du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.  Il a aussi souligné  l’importance du mécanisme de surveillance et de communication de l’information mis en place en vertu de la résolution 1612 (2005) du Conseil de sécurité.  Il a particulièrement mis l’accent sur les dispositions de la résolution 2225 (2015) du Conseil de sécurité qui appellent à lister les groupes et entités recrutant, utilisant, tuant, mutilant ou enlevant des enfants, les violant ou commettant d’autres formes de violences sexuelles à leur encontre. 

Le représentant de l’Italie a ensuite rappelé que l’objectif de développement durable (ODD) 8.7 exhorte les États Membres à prendre des mesures immédiates contre le travail forcé, l’esclavage moderne et la traite des êtres humains et éliminer toute forme de travail et de recrutement des enfants.  L’Italie, a-t-il assuré, a activement participé à la rédaction de la résolution 1820 (2008) sur la violence sexuelle en conflit armé.  Le délégué a indiqué, avant de conclure, que l’Italie appuyait la campagne « Des enfants, pas des soldats » et soutenait des programmes de réinsertion sociale d’anciens enfants soldats. 

Mme CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) a souligné que le Mécanisme de surveillance et de communication de l’information était un instrument clef pour le mandat de protection des enfants dans les conflits armés.  Elle a prévenu que l’intégrité et la crédibilité de ce Mécanisme et du travail de la Représentante spéciale dépendaient d’un engagement « constructif » avec les États Membres et de la collecte d’informations « exactes, objectives, fiables et vérifiables ».  Tous les efforts doivent être déployés en tenant compte de la responsabilité et de l’autorité des États.  Après avoir rappelé que l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) avait adopté, en novembre 2015, un Plan d’action régional sur l’élimination de la violence à l’encontre des enfants pour 2016-2025, la représentante a, en sa capacité nationale, souligné que la promotion de l’état de droit, d’une éducation de qualité et de bonnes conditions socioéconomiques pouvait contribuer à la protection des droits de l’enfant.  Elle a conclu en appelant à la ratification universelle du Protocole facultatif sur la participation des enfants aux conflits armés.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé qu’une victime sur quatre était un enfant en Afghanistan et que les cas d’enlèvement d’enfants étaient fréquents en Iraq, en République centrafricaine, ou encore au Soudan du Sud.  Au Yémen, le nombre d’enfants tués ou mutilés en 2015 a été multiplié par six, a-t-elle noté.  Dans ce contexte, la représentante du Luxembourg a réitéré son soutien sans équivoque au mandat de la Représentante spéciale qui œuvre sans relâche à la protection des enfants en temps de conflit armé.  Elle a exhorté les États Membres à respecter l’indépendance de son travail qui ne saurait être remis en cause.  Mme Lucas a réaffirmé sa confiance sans faille dans les instruments de protection et notamment les mécanismes de surveillance et de communication de l’information, mis en place par le Conseil de sécurité et qui vérifie l’exactitude de toutes les informations consignées dans le rapport annuel et ses annexes. 

Ce rapport, a-t-elle expliqué, est le fruit de vastes consultations menées au sein du système des Nations Unies, au siège et sur le terrain, et avec les États membres concernés.  La représentante a réaffirmé la volonté du Luxembourg de voir dans les opérations concernées, les conseillers à la protection de l’enfance continuer à exercer leur mandat spécifique.  Son gouvernement, a-t-elle indiqué, a décidé de soutenir un projet mené pat l’Université des Nations Unies en collaboration avec l’UNICEF pour développer des outils afin de mieux guider l’action du personnel de l’ONU sur le terrain pour prévenir, protéger et désengager les enfants de la violence extrême. 

M. CHARLES WHITELEY, Union européenne, a expliqué que le plan d'action en faveur des droits de l'homme et de la démocratie (2015 - 2019), adopté par le Conseil de l’Union européenne, visait à assurer une approche globale en matière de droits de l'homme permettant de prévenir les conflits et les crises et d'y réagir aux niveaux multilatéral et régional.  Il a ajouté que les questions d’enfants dans les conflits armés sont intégrées dans les procédures de gestion de crises des missions de politique de sécurité et de défense commune européennes.  L’Union européenne a consacré 11,5 millions d’euros à des activités de protection de l’enfance en 2015, dont des activités d’appui psychosocial, d’éducation aux risques liés aux mines antipersonnel, l’action contre le recrutement des enfants et la réintégration de ces derniers notamment en Syrie, au Soudan du Sud en Éthiopie et en République démocratique du Congo (RDC), a assuré son représentant.  En 2016, l’Union européenne a quadruplé son aide humanitaire en faveur de l’éducation en situations d’urgence, a-t-il ajouté avant de préciser que l’Union européenne avait décidé de mettre à jour sa liste des pays touchés par le recrutement des enfants afin de l’aligner avec le contenu du dernier rapport du Secrétaire général sur la question.      

M. AMIT HEUMANN (Israël) a déploré le sort des enfants dans des zones de conflit comme en Syrie, au Yémen ou encore en Afrique de l’Ouest où 44 attentats-suicides ont été menés par des enfants en 2015, dont les trois quarts par des filles.  Israël est habitué à voir des enfants utilisés comme armes.  Le Hezbollah a transformé les villages du sud du Liban en postes de terreur, plaçant des lance-roquettes à côté des jardins d’enfants et entreposant des missiles sous des habitations ou vivent des enfants.  À Gaza, le Hamas utilise de jeunes garçons pour creuser des tunnels et se sert d’eux et des membres de leur famille, comme des boucliers humains.  Le Hamas a délibérément placé ses infrastructures de terreur dans des écoles, des hôpitaux et à proximité des sites civils, exposant leurs propres enfants à l’insécurité.  Pour la paix et pour le bien-être des enfants dans les deux camps, nous invitons la communauté internationale à envoyer un message clair aux dirigeants palestiniens, a-t-il plaidé.

M. SIMON KASSAS, Saint-Siège, a rappelé que 2014 avait en son temps été décrite comme la pire année pour les enfants affectés par des conflits armés.  Pourtant, la liste des horreurs de 2014 a été surpassée en 2015, que ce soit par le nombre d’enfants concernés ou par la gravité des violations dont ils souffrent.  Jamais dans le passé récent, un nombre aussi important d’enfants n’a été soumis à des violences si brutales: enfants utilisé comme soldats, bombes humaines, esclaves sexuels ou agents de renseignement dans les opérations militaires les plus dangereuses.  La destruction délibérée des écoles comme des hôpitaux qui les accueille est devenu une stratégie de guerre.  Le Saint-Siège est d’accord avec le rapport du Secrétaire général quand il note que l’utilisation d’armes explosives dans des zones fortement peuplées aggrave les risques auxquels les enfants sont exposés.  Tous ces crimes doivent être condamnés dans les termes les plus forts.

Le Saint-Siège, a poursuivi l’Observateur, a toujours été un partenaire des Nations Unies dans son opposition au recrutement d’enfants soldats mais aussi aux nombreuses autres formes de violence.  Grâce à ses diverses structures, l’Église catholique prend activement soin des victimes de violences dans les zones de conflit.  Elle collabore aussi activement avec les opérations de maintien de la paix pour aider à apaiser les souffrances des enfants et partager les bonnes pratiques.  Le Saint-Siège, qui salue  tous ceux qui travaillent dans ce domaine, espère que la souffrance des enfants dans les conflits éveillera les consciences et inspirera les parties pour qu’elles abandonnent la voie des armes et prennent celle du dialogue.

La communauté internationale, qui joue un rôle important pour appuyer les États dans leur responsabilité principale de protection de leurs ressortissants, doit aussi agir avec les communautés locales affectées par les violences à l’encontre des enfants, pour que des solutions et des programmes émergent directement d’elles.  L’Observateur a insisté sur la sensibilité requise pour venir en aide aux enfants dans les conflits, en particulier en ce qui concerne la réintégration dans leur communauté des anciens enfants soldats.  Ces enfants soldats ont commis des atrocités inimaginables mais il faut se souvenir qu’ils ont été exploités et manipulés pour être ce qu’ils sont devenus.  En conclusion, l’Observateur a rappelé qu’il incombe à chacun de nous de mettre fin à la barbarie commise contre les enfants dans les conflits.  Le Conseil devrait appeler tous les États à mettre en place des mesures plus fortes pour protéger les enfants dans les conflits et pour s’assurer que les opérations de maintien de la paix respectent strictement les règles en vigueur. 

M. JOSÉ ALBERTO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a salué la contribution du bureau de la Représentante spéciale et souligné l’importance du Mécanisme de surveillance et de communication de l’information mis en place par la résolution 1612(2005) du Conseil de sécurité.  Il a appelé à des ressources financières et humaines suffisantes pour la collecte des données sur le terrain notamment dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il faut mettre fin à la détention des enfants et faciliter leur intégration par des formations professionnelles appropriées, a-t-il insisté avant d’appeler à des moyens suffisants pour le bon fonctionnement des programmes de désarmement, démobilisation et de réintégration (DDR).  Il s’est félicité de l’élan imprimé par la campagne « des enfants, pas des soldats ».

Au nom du « Réseau de la sécurité humaine », groupe informel de 20 pays qui soutient les initiatives prises à l’échelle internationale dans le domaine de la sécurité humaine, M. MATEJ MARN (Slovénie) s’est inquiété du nombre croissant d’enfants pris au piège des conflits armés.  Il a insisté sur la responsabilité de tous les États d’enquêter sur les violations des droits de l’enfant et de prendre les mesures appropriées pour mettre fin au recrutement des enfants.  Il a souligné le rôle important de la Cour pénale internationale (CPI) et la pertinence des Lignes directrices sur la sûreté des écoles adoptées par la Conférence d’Oslo.  Nous n’avons pas encore réussi à protéger les enfants contre les violations graves dont ils sont victimes dans une vingtaine de pays, s’est-il alarmé.

M. PETER LEHMANN NIELSEN (Danemark), s’exprimant également au nom de la Finlande, de l’Islande, de la Norvège et de la Suède, a salué l’engagement du Soudan à mettre en œuvre un plan d’action relatif la protection des enfants en temps de conflit armé, ainsi que les  progrès réalisés dans ce domaine en Colombie, en Afghanistan, en République démocratique du Congo et au Myanmar.  Il y a toujours de nombreuses parties en conflit qui violent les droits de l’enfant, a-t-il déploré, en rappelant que des milliers d’enfants avaient été tués en Syrie au cours des cinq dernières années.  Il a aussi cité les cas inquiétants de l’Afghanistan, de la Somalie et du Yémen.  Comme les groupes armés non étatiques tels que Daech, al-Chabab ou Boko Haram cristallisent la majorité des violations des droits de l’enfant, il serait judicieux de réfléchir à de nouvelles formes d’engagement sur cette question, a estimé le représentant.

I     l a ensuite souligné que l’inscription et le retrait des noms des parties qui violent les droits de l’enfant – figurant en annexe du rapport du Secrétaire général - doivent se baser sur des faits.  Il a aussi plaidé pour un accès sans entrave des enfants, notamment les filles, à une éducation de qualité en temps de guerre ou de catastrophe.  En rendant l’école sûre pour les enfants, nous protégeons l’avenir, a-t-il expliqué.  Le représentant a, par ailleurs, assuré que la formation en protection des droits de l’enfant est cruciale pour le personnel civil et militaire des opérations de maintien de la paix.  Cette formation devrait être assurée avant le déploiement, a-t-il suggéré, en rappelant que le Centre de formation internationale de l’armée suédoise offrait une telle formation.

Mme NIDA JAKUBONÉ (Lituanie), s’exprimant également au nom de l’Estonie et de la Lettonie, a invité tous les États à remplir leurs obligations en matière du droit international humanitaire en assurant la protection des écoles en temps de conflit.  Elle a précisé que les enfants impliqués dans des conflits armés sont d’abord des victimes, quel que soit le rôle qu’ils y jouent.  La détention administrative et la poursuite judiciaire engagée contre ces enfants est inacceptable, a-t-elle martelé.  La Lituanie encourage la mise en œuvre de programmes adéquats pour la réhabilitation et la réintégration de ces enfants dans la société, a indiqué sa représentante en insistant sur l’importance d’une assistance psychologique, médicale et juridique en leur faveur et pour leur famille.  La représentante a ensuite estimé que la protection des enfants devrait être l’une des priorités des missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Des ressources adéquates, a-t-elle ajouté, devraient être affectées à cet aspect du mandat des opérations de maintien de la paix.  Elle a, enfin, appelé à des poursuites judiciaires à l’encontre de ceux qui violeraient les droits des enfants en temps de conflit, en regrettant que les poursuites contre les auteurs de ces actes étaient rares.  

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a accusé les militants houthistes de recruter des enfants dans les écoles et les universités, assurant que ces jeunes combattants constituent la majeure partie des recrus depuis la création du groupe.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, est disposé à collaborer avec l’ONU sur les conclusions du rapport. Le représentant a en effet remis en cause certains faits et regretté qu’en violation de leur propre méthodologie, les rédacteurs du rapport n’aient pas pris la peine de contacter son gouvernement.  La non-vérification des faits rend le rapport « impartial et non crédible », a-t-il estimé.  Il a par exemple indiqué que les 183 enfants houthistes qui seraient détenus par les autorités ont été libérés depuis longtemps.  En revanche, de nombreuses villes contrôlées par les rebelles sont vidées de leurs enfants, fort probablement enrôlés de force.  Le Gouvernement du Yémen entend créer un Centre de réhabilitation pour les anciens enfants soldats afin de faciliter leur réintégration dans la société, a annoncé le représentant.   

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré que la responsabilité de ceux qui infligent souffrances aux enfants dans les conflits était très importante.  Le Mécanisme de surveillance et de communications des informations est en l’occurrence un élément clefs.  Le Liechtenstein est donc, comme beaucoup d’autres, profondément préoccupé par les pressions exercées pour la deuxième fois consécutive sur le Secrétaire général pour qu’il modifie le rapport de sa Représentante spéciale.  Ces pressions menacent non seulement l’intégrité du Mécanisme mais aussi celle de tous les autres mécanismes que les Nations Unies ont mis en place.  Elles offrent un prétexte à d’autres violateurs pour compromettre la crédibilité du Mécanisme de rapport et peuvent donner l’impression que la responsabilité ne s’applique qu’à ceux qui ne sont pas dans une situation de pouvoir à l’égard des Nations Unies.  Il faut tout faire pour que la Représentante spéciale puisse travailler de manière indépendante, a insisté le représentant.  

Pour M. Wenaweser, les efforts doivent viser à diminuer l’impact des incitations à rejoindre les groupes extrémistes grâce à des sociétés inclusives et des programmes  qui s’adressent aux jeunes.  Une approche exclusivement militaire et sécuritaire ne peut qu’échouer à traiter des facteurs qui sous-tendent le terrorisme.  Les causes profondes des crises sont la mauvaise gouvernance, la pauvreté et l’absence de perspectives socioéconomiques.  Les enfants soldats sont souvent auteurs et victimes des crimes, a encore rappelé le représentant, qui a illustré son propos avec le cas de Dominique Ongwen, enlevé à 9 ans par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), torturé et contraint d’assister à des séances de torture, devenu enfant soldat, puis commandant, et aujourd’hui accusé devant la Cour pénale internationale de quelque 70 crimes de guerre et crimes contre l’humanité, y compris d’esclavage sexuel.  Il est accusé des mêmes crimes qui ont été commis contre lui, a relevé le représentant.

M. Wenaweser s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation au Soudan du Sud où l’on signale la passivité des Casques bleus face aux agressions sexuelles commises contre des femmes et des filles juste à l’extérieur d’un camp des Nations Unies.  Le Liechtenstein se félicite des mesures prises par le  Conseil de sécurité dans sa résolution 2272 pour rapatrier les unités qui ont commis de tels crimes.  C’était nécessaire mais c’est insuffisant au regard de la responsabilité et de la lutte contre l’impunité, a tranché le représentant.  Face à l’érosion du respect pour le droit international humanitaire, le Conseil doit faire preuve d’un engagement politique cohérent et veiller au respect des décisions prises.  M. Wenaweser a également demandé un engagement ferme en faveur des droits de l’homme et de la sécurité des enfants réfugiés ou migrants, dans la perspective du Sommet prévu le 19 septembre prochain.

M. DANIEL MEDAN (Croatie) a rappelé que des millions d’enfants étaient déplacés en raison de conflits avant d’appeler à une action spécifique en direction de la protection des filles qui sont, a-t-il dit, des victimes potentielles de violences sexuelles dans les zones de conflits.  Il a souligné  l’importance de la campagne « Des enfants, pas des soldats » pour faire cesser et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants par des forces de sécurité en 2016.  Il s’est félicité de ce que tous les gouvernements identifiés par le Secrétaire général  se soient engagés à mettre  en œuvre des plans d’action établis avec les forces gouvernementales pour combattre ce recrutement.  À l’aune du 20ème anniversaire du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, le représentant de la Croatie a salué les efforts de ce Bureau qui ont permis d’établir un cadre normatif et institutionnel solide.  Pour faire de nouveaux progrès dans la lutte contre le recrutement des enfants, il faudrait assurer l’application effective du mécanisme de surveillance et de communication de l’information, mis en place par la résolution 1612 (2005) du Conseil de sécurité et dont le rôle est de vérifier l’exactitude de toutes les informations.  

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a déploré les violations des droits des enfants palestiniens par Israel.  Il a rappelé que le Koweït entend accueillir une Conférence internationale sur les souffrances de ces enfants et salué le fait que le Secrétaire général ait retiré la Coalition internationale au Yémen de la liste des parties violant les droits de l’enfant pendant les conflits armés.  Cette Coalition prend des mesures pour protéger les enfants yéménites, a affirmé le représentant, rappelant que les guerres et les conflits touchent toutes les couches de la société, mais que les enfants, étant les plus vulnérables, méritent une protection particulière.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a attiré l’attention sur la situation des enfants syriens à Alep et a exhorté le Conseil de sécurité à œuvrer pour l’ouverture d’un couloir humanitaire de 48 heures.  Pour que la communauté internationale puisse prendre des mesures adéquates et demander des comptes aux parties en conflit qui violeraient les droits de l’enfant, il faudrait au préalable un mécanisme « crédible » de surveillance et de communications des informations.  Le représentant s’est en effet dit inquiet de la tendance récurrente de ces dernières années, consistant à altérer le contenu des rapports, en particulier la liste des parties qui violent les droits de l’enfant.  Cette situation pourrait conduire à des doubles standards et à saper la crédibilité des rapports des Nations Unies, a-t-il prévenu.

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a regretté que le quinzième rapport du Secrétaire général ne parle pas de la raison principale des souffrances des enfants syriens, dont la tentative de propager une idéologie wahhabite adoptée par la Maison des Saoud au XVIIIè siècle.  Les groupes terroristes que sont l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra recrutent des enfants soldats depuis cinq ans en Syrie, a rappelé le représentant qui a dénoncé la décapitation d’un enfant par un groupe armé « modéré » soutenu par l’Arabie saoudite, le Qatar et des puissances occidentales.  Quelque 7 à 9 000 combattants sont mobilisés à la frontière entre la Syrie et la Jordanie pour renforcer une opération armée « modérée ».  Le représentant n’a pas oublié les souffrances des enfants syriens dans les camps de réfugiés des pays voisins de la Syrie: il a dénoncé les viols, la traite et le trafic d’organes.  Il a aussi regretté que le rapport ne se penche pas plus avant sur les souffrances et l’anxiété des enfants vivant sous occupation israélienne dans le Golan syrien.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a plaidé en faveur du renforcement des mécanismes de suivi afin de prévenir la récurrence des violations.  Il a demandé que les auteurs des violations soient poursuivis en justice, y compris par le biais de mécanismes de justice internationaux en cas de besoin.  Le Pakistan, a-t-il rappelé, est l’un des plus grands contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix.  Il est ainsi « historiquement » engagé dans la protection des civils, y compris des enfants.  Le représentant a en conséquence estimé que la mention de son pays dans le rapport du Secrétaire général sort du mandat de la Représentante spéciale.  Il a dit espérer que ce fait sera respecté dans les prochains rapports.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a souligné que le Maroc a adhéré à l’ensemble des textes internationaux protégeant et promouvant les droits de l’enfant, s’assurant aussi que son arsenal juridique réglemente « l’engagement et l’enrôlement militaire » et reste conforme au droit international.  Il a souligné que son pays a toujours préconisé que les efforts de la communauté internationale pour faire face, efficacement, à cette problématique de l’implication des enfants dans les conflits armés, gagneraient à s’inscrire dans une approche plurielle qui soit à la fois globale, stratégique et modulable; prenant en compte la nature diverse et évolutive des conflits armés et leurs spécificités.  Il a salué l’action de la Coalition internationale au Yémen, à laquelle son pays appartient, plaidant pour une solution politique au conflit, conformément à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, tout en assurant la protection de tous les civils, particulièrement des enfants. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les plans d’action signés par les parties en conflit et concernant le sort des enfants.  Elle a salué le retrait, de la liste, de neuf parties qui ont mis en œuvre leur plan d’action.  Elle a ensuite déploré les attaques ciblant des centres de santé, lesquelles, a-t-elle rappelé, constituent des violations flagrantes du droit international humanitaire.  Elle a aussi insisté sur la nécessité pour les parties en conflit de fournir un accès sans entrave aux humanitaires engagés dans des tâches médicales.  La représentante a, enfin, indiqué que ceux ayant pour rôle de protéger les enfants ne devraient pas abuser de leurs vulnérabilités.  À cet égard, elle a salué l’engagement du Secrétaire général de veiller à ce que les pays figurant sur la liste des parties utilisant des enfants soldats ne puissent pas prendre part aux opérations de maintien de la paix.

M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a souhaité que ce débat public soit l’occasion d’avancer vers un monde plus sûr pour les enfants.  La Colombie a créé en 2007 une Commission intersectorielle pour prévenir l’enrôlement des adolescents, en se basant sur la garantie des droits comme élément de prévention.  Dans le cadre de l’Accord de paix qu’ils ont signé avec le Gouvernement colombien, les FARC ont annoncé la création d’un groupe indépendant pour faciliter la libération progressive des enfants soldats.

M. MARTÍN GARCIA MORITÁN (Argentine) a jugé nécessaire de convenir de mesures pour accroitre la pression sur les acteurs étatique et non étatiques pour favoriser la démobilisation et la réinsertion des anciens enfants soldats.  Il a salué les progrès observés en Colombie en la matière et s’est félicité des initiatives prises par divers gouvernements dans le cadre de la campagne « Des enfants, pas des soldats ».  Le représentant a appuyé la politique de tolérance zéro préconisée par le Secrétaire général s’agissant des abus sexuels commis par le personnel des opérations de maintien de la paix.  Il a appuyé la Déclaration d’Oslo de 2015 sur les écoles sûres, précisant que la deuxième Conférence internationale sur « les écoles sûres » se tiendra à Buenos Aires en mars 2017.

M. ADAM KRZYWOSADZKI (Pologne) s’est dit préoccupé par la montée de la violence contre les sites scolaires, les élèves et les enseignants au cours des conflits armés.  Il a salué les initiatives visant à mettre fin à ce fléau, en citant notamment les directives de Lucens pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire pendant les conflits armés, finalisées en décembre 2014 sous le leadership de la Norvège et de l’Argentine.  La Pologne est déterminée à mettre en œuvre ces lignes directrices en signant la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a assuré son représentant.  Il a ensuite salué les progrès de la campagne « Des enfants, pas des soldats », en se félicitant également des progrès réalisés par le Soudan, l’Afghanistan, la République démocratique du Congo et le Myanmar.  La Pologne est engagée en faveur de cette cause, a-t-il dit, en rappelant que la Pologne vient de joindre le Groupe des amis des enfants en temps de conflit armé.

M. JAN KICKERT (Autriche) s’est insurgé contre toute pression visant à modifier le contenu du rapport du Secrétaire général.  Il a évoqué un certain nombre de mesures de prévention prises par son gouvernement afin de lutter contre la radicalisation des enfants réfugiés ou issus de l’immigration.  Il s’agit par exemple d’offrir des cours spéciaux aux mères sur la radicalisation, a-t-il indiqué, avant de souligner que l’Autriche appuie toutes les initiatives des Nations Unies allant dans le sens de la protection et la promotion des droits de l’enfant.

M. RY TUY (Cambodge) a appelé à renforcer les instruments juridiques existants.  « Nous devons veiller aussi à ne pas aggraver la situation par des actions mal adaptées », a-t-il prévenu.  Le Cambodge, qui a ratifié le Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, soutient tous les instruments pertinents des Nations Unies et appuie aussi l’idée de dialoguer avec les groupes armés non étatiques pour promouvoir la démobilisation des enfants. 

M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a jugé primordial d’œuvrer ensemble pour que les enfants affectés par les conflits puissent bénéficier d’un accompagnement adapté qui s’étale dans la durée.  C’est dans cet esprit que la Belgique a organisé le mois dernier une manifestation à New York en présence de la Reine Mathilde, laquelle manifestation a permis un partage des bonnes pratiques sur la réhabilitation psychosociale et l’intégration sociale des enfants impliqués dans les conflits.  La Belgique appuie le mandat de la Représentante spéciale et salue la qualité de la Campagne « Des enfants, pas des soldats » qui a amené tous les gouvernements concernés à signer des plans d’action contre le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les forces de sécurité.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que la prévention doit être au cœur de la réflexion sur les questions des conflits et de la violence.  Il est important, a-t-il souligné, de prendre des mesures adéquates pour que l’esprit des enfants ne soit pas contaminé par la violence.  On ne peut mettre fin à la violence contre les enfants par le recours exclusif aux opérations militaires ou sécuritaires.  Il faut au contraire une approche globale comprenant des mesures sociales, économiques et politiques, y compris des stratégies à long terme de réintégration et de réhabilitation des enfants affectés par les conflits armés.  Il a invité les États Membres à adopter des législations favorables à l’épanouissement des enfants.

M. MEDONCA E MOURA (Portugal) a rappelé que le premier débat que le Conseil de sécurité a tenu sur la question des enfants dans les conflits armés avait été initié par le Portugal en 1998.  « Nous étions alors convaincus, comme nous le sommes toujours aujourd’hui, que cette question a des implications graves pour la paix et la sécurité internationales », a déclaré le représentant.  Malgré les progrès, le monde doit encore relever d’énormes défis dus à la nature changeante des conflits, à leur durée, à la prévalence de l’extrémisme violent et aux déplacements forcés.  Le représentant a estimé que les plans d’action demeurent des instruments importants.  Compte tenu de la nature des conflits, il a appelé les gouvernements et autres acteurs à protéger les écoles et les hôpitaux, souvent pris pour cibles voire transformés en infrastructures militaires. 

Il faut aussi, a insisté le représentant, traiter de la question de l’impunité.  Il a insisté, à cet égard, sur le rôle « politique et éthique » du Conseil de sécurité qui doit dire clairement que les abus contre les enfants sont « inacceptables » et qu’il faut combattre le sentiment d’impunité chez les belligérants.  Le Portugal réaffirme que la Cour pénale internationale (CPI) peut jouer un rôle dissuasif fondamental et qu’un dialogue entre cette juridiction internationale et le Conseil de sécurité est tout aussi fondamental. 

Après avoir appuyé les améliorations apportées dans les domaines des opérations de maintien de la paix, le représentant a conclu avec les mots de Graça Machel: « Nous devons adopter une nouvelle moralité qui replace les enfants là où ils devraient être, à savoir au cœur de tous les agendas.  Protéger les enfants de l’impact des conflits armés relève de la responsabilité de chacun d’entre nous - gouvernements, organisations internationales et chaque segment de la société ».

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a jugé impératif de prévenir la menace qui pèse sur les droits de l’enfant.  Elle a insisté sur une réponse globale et coordonnée, faisant observer que les mouvements de populations font que toutes les sociétés du monde peuvent subir les conséquences des violations des droits de l’enfant.  Elle a salué les progrès de la Campagne « Des enfants, pas des soldats » et a appelé toutes les parties à travailler de concert pour la défense des droits de l’enfant.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a déclaré qu’à la veille du dixième anniversaire des Principes de Paris sur les enfants et les conflits armés, les États doivent maintenant répondre à l’extrémisme violent, qui cible directement les enfants ou les utilise comme armes, par une approche à plusieurs niveaux traitant aussi des causes profondes de la pauvreté, de la marginalisation et de l’abandon qui tuent, déplacent de force et parfois radicalisent les enfants.  Pour le Sri Lanka, il est important que les enfants ne soient pas détenus sans être accusés d’infractions précises et qu’ils le soient seulement selon les critères de la justice pour enfants et les règles du droit international.

M. Perera a ensuite expliqué comment son pays, qui a connu un conflit de 30 ans durant lequel des groupes armés non étatiques ont utilisé des enfants –y compris des filles- comme combattants, a fait face à la question des anciens enfants soldats.  Lorsque le conflit s’est achevé en mai 2009, le pays a considéré comme victimes les 594 enfants de 12 à 18 ans qui s’étaient rendus.  Ils ont bénéficié d’activités récréatives, d’une formation professionnelle et d’un soutien psychologique pour reprendre confiance en ceux qui les aidaient, en la société et en eux-mêmes.  Ce programme national a été un des plus grands succès de cette nature dans l’histoire récente.  En 2012, le Sri Lanka a été retiré de la liste en annexe. 

Le représentant a toutefois rappelé que la réintégration d’anciens enfants soldats est complexe et qu’il n’existe pas de formule universellement applicable.  Il a toutefois mentionné trois méthodes efficaces pour prévenir le recrutement d’enfants: les pressions politiques et économiques sur la partie fautive, la mobilisation de ressources pour des programmes de DDR et le traitement des causes socioéconomiques, politiques et idéologiques qui peuvent amener les enfants à rejoindre des groupes comme Daech.  

M. Perera a appelé à une liste en annexe « crédible et précise », au renforcement de la surveillance, de la communication des informations et de la réponse aux violations graves sur le terrain.  Il a aussi appelé à une mise en œuvre effective et réussie des plans d’actions conclus avec les États ou les groupes armés non étatiques et a relayé l’appel unanime à l’amélioration de la protection des droits de l’enfant dans les opérations de maintien de la paix.

Mme NADYA RASHEED, État de Palestine, a indiqué que 860 enfants palestiniens ont été arrêtés à Jérusalem-Est durant la période examinée, dont 136 sont âgés de 7 à 11 ans.  Un garçon palestinien de 18 mois a été tué par des colons israéliens dans un incendie criminel, le 31 juillet, qui a également coûté la vie à ses parents et gravement blessé son frère de 4 ans.  Quelque 44 000 enfants sont toujours déplacés à Gaza en raison de la destruction de leurs habitations par la puissance occupante lors du conflit de 2014.  Le blocus de Gaza, qui dure depuis 10 ans, a fait augmenter le taux de mortalité infantile pour la première fois depuis 50 ans.  Toutes ces violations doivent cesser, s’est impatientée l’Observatrice et Israël doit être forcé de respecter le droit international.  La « responsabilité de protéger » doit aussi bénéficier aux enfants palestiniens, a insisté l’Observatrice qui a exhorté la communauté internationale et tout particulièrement le Conseil de sécurité à faire face à ses responsabilités et à fournir les moyens nécessaires à la protection des enfants aussi longtemps que l’occupation israélienne se poursuivra.  Il faut que tous les auteurs d’abus des droits des enfants palestiniens répondent de leurs actes.  

Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a insisté sur la situation au Yémen où son pays fait partie de la coalition internationale chargée de restaurer l’autorité du gouvernement légitime du pays.  Elle a affirmé que les membres de cette coalition avaient pris des mesures extraordinaires pour protéger les droits de l’enfant.  Elle a regretté que la coalition ait été initialement inscrite sur la liste des parties violant les droits de l’enfant en temps de conflit, et a dit apprécier la décision du Secrétaire général de retirer la coalition de cette liste.  La coalition enquête en ce moment sur toutes les allégations de violations des droits de l’enfant, et les résultats de ce processus seront transmis aux Nations Unies de manière transparente, a-t-elle indiqué. 

Pour les prochains rapports, a suggéré Mme Nusseibeh, les pays inscrits sur la liste devraient être, au préalable, consultés afin de s’assurer que les informations du rapport sont véridiques.  Elle a aussi invité à réexaminer la pertinence d’inscrire, dans l’annexe, côte-à-côte, des noms d’États Membres et ceux d’acteurs non étatiques et de groupes terroristes.  Elle a souhaité en outre que l’annexe puisse contenir des recommandations sur les moyens de protéger les enfants.

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a appuyé tous les efforts visant à mieux protéger les enfants dans les conflits armés et à prévenir les violations de leurs droits, y compris le mandat de la Représentante spéciale, la Campagne « Des enfants, pas des soldats » ou encore les Lignes directrices pour la protection des écoles et universités contre toute utilisation militaire en période de conflit armé.  Rappelant que les conflits armés ciblent de plus en plus les civils par des moyens de terreur, le représentant a demandé des actions urgentes et décisives de la part du Conseil de sécurité, y compris pour assurer la protection et la promotion des droits des enfants, partout et y compris en période de conflits armés.  Le Botswana est particulièrement préoccupé par les enlèvements de masse qui apparaissent de plus en plus comme une fin en soi pour imposer la terreur.

Tout en reconnaissant certains progrès, le représentant s’est dit très préoccupé par l’échelle des atrocités commises à l’encontre des enfants.  Rappelant que les États devaient assumer la responsabilité principale de leur protection, il a mis l’accent sur la volonté politique et a, à cet égard encouragé l’appropriation nationale.  Il a demandé au Conseil de sécurité de renforcer la lutte contre l’impunité et d’établir les responsabilités pour les actes commis, y compris par l’adoption de sanctions ciblées, la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) et des mesures sévères contre les Casques bleus responsables de tels actes. 

M. IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a indiqué que le Département de la défense nationale avait publié une circulaire, en février 2016, décrivant les procédures et politiques visant à protéger les enfants en temps de conflit armé et à prévenir les graves abus de droits dont se rendraient coupables des acteurs étatiques et non étatiques.  Il a indiqué que le Congrès s’apprêtait à adopter une loi pour accorder une protection spéciale pour les enfants en situation de conflit armé et qu’un autre projet de loi porterait création de centres d’évacuation pour ces enfants.  Faisant référence aux attaques dont auraient été victimes des enfants de communautés autochtones, le représentant des Philippines a réaffirmé la volonté de son pays de traduire en justice les auteurs des attaques mentionnées dans le rapport du Secrétaire général.  Il a assuré que les forces armées des Philippines continueront de travailler avec l’ONU sur le plan stratégique visant à répondre aux graves violations des droits de l’enfant en période de conflit.  

M. IGNACE GATA MAVITA (République démocratique du Congo) a déclaré au Conseil de sécurité qu’il n’y avait plus d’enfants soldats au sein de l’armée nationale congolaise.  Les enfants que l’armée remet à la Mission de l’ONU proviennent des groupes armés.  Au sujet des statistiques portant sur la situation des enfants soldats en RDC, il a fait observer que les chiffres de la MONUSCO ne correspondent pas nécessairement à ceux de l’UNICEF et de l’Union européenne, ce dernier étant impliqué à travers le Programme national de désarmement, démobilisation, réinsertion (UE-PNDDR).  Au cours des discussions au sein du Groupe de travail technique conjoint, ces différentes structures ont toujours insisté sur le fait que seules les statistiques validées par l’UE-PNDDR devraient être prises en compte.  Le représentant a donné des explications sur un certain nombre de faits contenus dans le rapport, apportant ainsi des éclaircissements pour dédouaner son gouvernement.  Il a par exemple expliqué que contrairement aux allégations contenues au paragraphe 50 du rapport, et relatives à l’utilisation d’écoles à des fins militaires, il a assuré que cette pratique n’est pas tolérée au sein des Forces armées de la RDC.

M. Mavita a aussi indiqué que son pays a mis en place une structure chargée de la lutte contre les violences sexuelles, le recrutement et l’utilisation des enfants.  Parmi les actions menées, il a cité l’opération d’identification du personnel militaire grâce à la mise en place d’un fichier biométrique propre à gérer les données personnelles des soldats, y compris leur âge.  Il a aussi cité la signature d’un Plan d’action avec les Nations Unies comprenant une série d’engagements visant à mettre un terme au recrutement et à l’utilisation d’enfants par l’armée ainsi qu’aux violences sexuelles contre les enfants.  Parmi les autres initiatives, il a parlé de la signature d’un acte d’engagement par les commandants des unités et de la condamnation d’officiers de haut rang dans l’armée et la police coupables de violations des droits de l’enfant.  La RDC continue de mettre en œuvre la campagne « Des enfants, pas des soldats » conformément aux objectifs de la résolution 2143(2014) du Conseil de sécurité, a assuré le représentant.  Certes le travail n’est pas terminé, a reconnu le représentant.  Aussi longtemps que les groupes armés resteront actifs, cette situation se poursuivra et c’est la raison pour laquelle le Gouvernement reste déterminé à poursuivre les efforts engagés pour les neutraliser complètement. 

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) s’est dit fier que son pays ait versé une contribution d’un million de dollars au Bureau de la Représentante spéciale et deux millions à la Campagne « enfants, pas soldats », en plus du soutien à des projets bilatéraux et de stabilisation visant à protéger les droits des enfants en situation de conflit armé.  En réponse à la crise qui sévit en Syrie, le Canada a accueilli presque 30 000 réfugiés depuis novembre 2015, dont de nombreuses familles avec des enfants.  Le représentant a souhaité que la capacité de protection des missions de paix de l’ONU soit dotée des ressources budgétaires nécessaires.  Il a aussi appuyé l’engagement du Secrétaire général à empêcher les forces armées gouvernementales figurant dans les annexes de ses rapports sur les enfants et les conflits armés de fournir des soldats aux opérations de maintien de la paix.  Le Canada, a assuré son représentant, appuie l’établissement de sections locales du Groupe des Amis sur les enfants et les conflits armés en Afghanistan, aux Philippines, au Soudan et à Genève. 

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a rappelé l’attachement de son pays au mécanisme international de suivi et de rapport sur les violations graves commises contre les enfants et les conflits armés, alors que les crises humanitaires, les conflits prolongés et l’extrémisme violent présentent de nouveaux défis.  La Grèce attache aussi beaucoup d’importance à l’impartialité du rapport du Secrétaire général et soutient l’appel de celui-ci à la coopération de toutes les parties avec sa Représentante spéciale.

Il reste cependant beaucoup à faire pour protéger les enfants pris dans les conflits armés et victimes de quelle que forme de violence ou d’abus que ce soit.  La Grèce encourage tous les États à adhérer aux instruments internationaux de protection des droits des enfants, en premier lieu la Convention relative aux droits de l’enfant et son Protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés, afin de s’assurer qu’ils puissent grandir dans un environnement sûr, sans risque d’être exploités ou de devenir victimes de violences.  La Grèce a, en outre, été un des premiers pays à signer la Déclaration d’Oslo sur les écoles sûres et appelle les États à ne pas utiliser les installations scolaires à des fins militaires, ce qui les transforment en cibles.  La Grèce estime que la Déclaration d’Oslo est un bon moyen de protéger l’éducation des enfants même en période de conflits armés.

Les autorités grecques élaborent actuellement un plan d’action sur les droits de l’enfant qui fixe comme priorité la protection des enfants dans les crises de réfugiés, a expliqué la représentante.  Fortement affectée par un afflux sans précédent de réfugiés, la Grèce n’épargne aucun effort pour apporter une assistance aux enfants qui fuient les conflits armés et veiller au respect de leurs droits.  Les gardes-côtes grecs avaient en 2015 porté assistance à 150 000 personnes en mer, dont des milliers d’enfants, au cours de plus de 2 500 opérations.  La Grèce souscrit à la nécessité de renforcer les efforts internationaux et régionaux pour renforcer la coopération et mettre fin aux graves violations dont sont victimes à travers le monde les enfants en période de conflit armé.

M. OMAR DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a souhaité apporter des clarifications au sujet de certains passages du rapport du Secrétaire général concernant son pays.  S’agissant du paragraphe 135 indiquant que quatre filles et un garçon avaient été victimes de viols commis par des éléments des Forces armées soudanaises et de milices alliées au gouvernement, le représentant du Soudan a indiqué que la législation impose les peines les plus lourdes pour des crimes de ce type.  Il a tenu à préciser que le rapport de l’expert Ernst Nanos avait souligné une baisse des cas d’abus sexuels au Soudan.  Pour ce qui est du paragraphe 143, il a fait remarquer qu’aucune source n’était mentionnée concernant l’allégation de destruction par les Forces armées soudanaises de deux écoles et trois hôpitaux.  Il a aussi contesté les informations du paragraphe 140 citant « quatre garçons recrutés par les Forces armées soudanaises au Darfour occidental ». 

Réagissant à cette allégation, le représentant du Soudan a assuré qu’aucun recrutement ne pouvait intervenir au sein de l’armée soudanaise sans vérification préalable de l’acte de naissance du candidat et que le recrutement de toute personne âgée de moins de 18 ans était interdit.  En conclusion, le représentant du Soudan a souhaité que le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants en conflit armé accorde une meilleure attention à l’avenir à la vérification des sources d’information.  Il a appelé à plus d’impartialité et d’objectivité afin d’éviter toute politisation ou sélectivité et de préserver la crédibilité du rapport du Secrétaire général.    

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a insisté sur les résultats encourageants obtenus par la campagne « Des enfants, pas des soldats » et salué les efforts de la Représentante spéciale.  La violence latente de l’extrémisme violent et du terrorisme qui hante la vie de nos enfants ne doit pas devenir la norme, a-t-il prévenu.  C’est pourquoi, il est nécessaire que les enfants soient élevés pour devenir de « véritables citoyens du monde » respectant la tolérance, le pluralisme et la pensée critique.  Un être humain éclairé et émancipé, a-t-il affirmé, est probablement notre meilleur pari contre les forces de destruction.

Les États Membres et les groupes non étatiques ont de plus de plus conscience de l’importance de soustraire les enfants des opérations et entraînements armés.  Le délégué a ensuite demandé qu’il soit mis un terme aux attaques ciblées commises contre les écoles et les hôpitaux.  Le Bangladesh, qui contribue aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, est engagé à assurer la protection des enfants lors de l’exécution de leur mandat, a-t-il dit.  Convaincu que le rapport du Secrétaire général est un instrument puissant pour éveiller les consciences, M. Bin Momen a souhaité que ce rapport mette chaque situation en perspective afin d’aboutir à une conclusion pertinente sur les auteurs de violations et la gravité de leurs actions.

Mme HAYFA ALI AHMED MATAR (Bahreïn) a estimé que les conflits étaient source de souffrances de longue durée pour les familles et, par conséquent pour les enfants, dont les droits sont couvent violés, sont les premières victimes de bombardement ou  sont encore recrutés comme soldats.  La représentante a accusé Daech  mais aussi les milices houthies au Yémen d’enlever des enfants pour les enrôler ou les utiliser dans des attentats suicides.  Elle a également dénoncé la violation des droits des enfants palestiniens du fait de l’occupation israélienne.  Elle s’est, en revanche, félicitée du retrait de la coalition -qui lutte contre les milices houthistes au Yémen- de l’annexe du rapport annuel du Secrétaire général.

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a rappelé sa condamnation de toutes les violations et abus dont sont victimes les enfants dans les  conflits armés et a rappelé que  des milliers d’enfants étaient associés aux forces armées ou à des groupes armés non étatiques, que ce soit à des fins de combat ou pour être utilisés comme « esclaves sexuels ».  Une fois libérés, beaucoup  souffrent de graves troubles psychologiques. Leur fournir  des occasions de réintégration  n’est pas seulement une obligation morale et juridique, c’est aussi un moyen important de promouvoir une paix durable, a rappelé le représentant.

La réponse des États face aux défis des groupes extrémistes violents  - lesquels n’hésitent pas à commettre des atrocités contre des enfants -  devrait se faire dans le respect du droit international, afin de ne pas risquer d’imposer des souffrances supplémentaires aux civils et finalement d’aider les groupes qu’ils entendent combattre, a rappelé M. Duarte. Le Brésil réitère en outre qu’il est préoccupé par des informations alarmantes selon lesquelles certaines parties, qui ont commis des exactions contre des  enfants, auraient été omis de l’annexe du rapport du Secrétaire général du fait de pressions politiques indues.  

Au titre des aspects positifs, le représentant a salué les résultats obtenus par la campagne « Des enfants, pas des soldats » lancée en 2014, et a rendu hommage au Tchad pour avoir pris les mesures prévues dans le cadre de cette initiative.  Il a incité d’autres pays, qui sont exposés aux mêmes problèmes, à suivre son exemple.  Il a aussi estimé que le succès de la campagne avait créé des occasions pour traiter aussi avec des groupes armés non étatiques et a cité en exemple l’engagement pris en Colombie par les FARC.

Le représentant a par ailleurs rappelé que les conflits suscitaient un grand nombre de déplacements et de réfugiés, donc beaucoup sont des enfants.  Les États d’origine, de transit ou de destination ne doivent pas délaisser leurs obligations pour des motifs de sécurité nationale, a-t-il insisté, avant de s’inquiéter de la détention d’enfants pour ces mêmes motifs de sécurité.  Les enfants sont trop souvent considérés comme étant une menace pour la sécurité plutôt que comme des victimes, a-t-il déploré. 

Le délégué a également appelé à mieux lutter contre l’impunité pour les auteurs d’exaction à l’encontre des enfants dans le contexte des conflits armés et a condamné l’utilisation d’écoles à des fins militaires.  Pour le Brésil, la prévention des conflits reste la méthode la plus éthique et la plus efficace de protéger tous les civils, y compris les enfants, du fléau de la guerre.  Le représentant a conclu en estimant que la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies pouvait jouer un rôle constructif en promouvant dans les pays qui sortent d’un conflit des politiques qui renforcent la cohésion sociale et rendent de ce fait les enfants moins vulnérables au recrutement et aux abus de la part de groupes armés, y compris des groupes terroristes.

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a insisté sur les graves conséquences de l’extrémisme violent pour les enfants.  L’Iraq est l’un des pays qui a le plus souffert de cet extrémisme étranger, a-t-il dit.  Daech, a-t-il affirmé, utilise des enfants iraquiens pour la conduite de ses sombres desseins.  Ces enfants, a-t-il expliqué, sont des victimes et méritent une protection absolue, en particulier les fillettes.  Il a ensuite demandé l’appui de la communauté internationale afin de favoriser la réintégration des enfants iraquiens enrôlés dans les rangs de groupes extrémistes.

Le délégué a invité le Secrétariat de l’ONU à faire de la plus grande rigueur dans la rédaction du rapport sur le sort des enfants en temps de conflit armé.  Il a rejeté les accusations contenues dans ce rapport qui visent les forces de sécurité iraquiennes et forces associées telles que les forces de libération populaire.  Ces accusations, qui se fondent sur des sources qui ne sont même pas présentes dans les zones libérées, ne sont pas de nature à faciliter notre combat contre Daech, a-t-il estimé.  Enfin, le délégué iraquien a précisé que les forces de libération populaire étaient soumises aux mêmes règles que les autres forces armées gouvernementales et ne pouvaient pas, dès lors, enrôler des enfants de moins de 18 ans.

M. CRISTIAN BARROS MELET (Chili) a indiqué que la réintégration et la réhabilitation des enfants affectés par les conflits devraient être au cœur du système de médiation et d’efforts de paix.  Il a souligné que les enfants engagés dans des conflits armés devraient être considérés comme des victimes, et qu’il était important de tenir compte des besoins particuliers des filles.  Il a préconisé des formations avant le déploiement du personnel de maintien de la paix, en suggérant également que les conseillers pour la protection de l’enfance aient un accès direct aux chefs de missions, et que leur fonction ne soit pas confondue avec celle de conseillers en droits de l’homme.  Il a, en outre, insisté sur la nécessité de poursuivre tous les auteurs de violations des droits de l’enfant devant la justice afin, a-t-il expliqué, d’éviter que cela ne se reproduise.

La communauté internationale a été incapable d’empêcher que des milliers d’enfants ne soient tués ou blessés lors des attaques et bombardements aériens conduits, de manière souvent indiscriminée, contre des écoles, des hôpitaux, des marchés et des camps de personnes déplacées, a affirmé M. XXXXXXX (Turquie).  Il a déclaré que tant que ces actes inacceptables et violations du droit international humanitaire ne cesseront pas, les déplacements d’enfants continueront à se produire.  Cela est d’autant plus vrai pour les milliers d’enfants confrontés à une situation dramatique à Alep, a-t-il dit.

Le délégué s’est également dit préoccupé par les violations croissantes commises par les groupes armés non étatiques, tels que Daech ou Boko Haram.  Il a indiqué que la politique de porte ouverte conduite par son pays à l’égard des Syriens fuyant leur pays avait conduit à la prise de nombreuses mesures de protection des enfants.  Depuis le début du conflit, 156 000 enfants syriens sont nés en Turquie, a-t-il assuré, en ajoutant que les enfants syriens bénéficiaient d’un accès gratuit aux soins et d’une scolarisation dans les écoles turques.  Le délégué a déclaré que l’éducation des enfants syriens demeurerait la priorité de son pays.  Il a en outre souligné les efforts soutenus de son pays afin de favoriser la réintégration sociale des enfants souffrant des conséquences du terrorisme en Turquie.  Enfin, le représentant a rejeté les accusations sans fondement proférées aujourd’hui par le délégué de la République arabe syrienne contre son pays.

M. MOH’D KAIS MUFLEH ALBATAYNEH (Jordanie) a jugé sans appel le rapport du Secrétaire général.  Il a estimé que les défis à relever pour assurer la protection dont les enfants ont besoin étaient colossaux.  Il faudrait, a-t-il insisté, protéger l’ensemble des civils.  C’est à l’État que cette responsabilité incombe en premier, a rappelé le représentant, qui a insisté sur la lutte contre l’impunité et la coopération régionale pour faire face aux groupes armés transfrontaliers qui recrutent des enfants.  Au plan international, il est essentiel de ne pas privilégier les accords politiques au détriment de la lutte contre l’impunité: les auteurs de crimes contre les civils, et notamment les enfants, doivent être punies.  Par ailleurs, la Jordanie, préoccupée par les violations commises par des membres des opérations de maintien de la paix, se félicite de la résolution 2272 du Conseil relative aux contingents mis en cause, a déclaré son représentant.

Le délégué jordanien a dit considérer les accusations lancées par le représentant de la Syrie comme étant une simple tentative de la part d’un régime qui a totalement échoué à protéger sa population civile.  La Jordanie accueille actuellement 1,3 million d’Iraquiens, dont des centaines de milliers d’enfants, a rappelé le représentant.  Son pays, a-t-il ajouté, fait tout son possible pour donner aux réfugiés syriens, en particulier leurs enfants, les garanties d’un avenir meilleur.  La Jordanie a adopté, à cet égard, un plan en huit points, qui traite notamment de l’éducation des enfants réfugiés.  Concernant la situation au Yémen, le représentant a rappelé que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite avait invité des représentants de l’ONU à se rendre sur place et que des enquêtes étaient en cours concernant les allégations de violations des droits des enfants par les membres de cette coalition.

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a indiqué que son gouvernement avait créé, en mai 2016, un comité de 12 membres pour la prévention du recrutement de mineurs dans des activités militaires.  Ce Comité, présidé par le Ministre de la défense, est chargé, a-t-il précisé, de mettre en œuvre des mesures strictes, dont la démobilisation et la réintégration dans la famille de toute personne de moins de 18 ans.  Le Comité a également comme mission de promouvoir la coopération entre le Myanmar et l’ONU en la matière.  Il a indiqué que le Myanmar préparait une conférence de paix qui se tiendra fin août en présence de tous les groupes armés, mais aussi des représentants des partis politiques, des groupes ethniques et de la société civile. 

M. NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a insisté sur les stratégies préventives qui s’attaquent aux causes jacentes des conflits armés par la promotion du développement durable, de la lutte contre la pauvreté, de la réconciliation nationale et de la promotion de l’état de droit, des droits de l’homme et de la réintégration des enfants affectés par les conflits armés.  Dans les situations postconflit, a estimé le représentant, la priorité doit être accordée aux enfants et les institutions du système des Nations Unies devraient consacrer plus de fonds aux programmes sur l’éducation, la santé physique et mentale et les conséquences des conflits, en particulier les enfants handicapés.  Le Viet Nam, pays où des générations d’enfants ont souffert et souffrent encore aujourd’hui d’une guerre dévastatrice, a insisté le représentant, n’épargne aucun effort pour protéger les enfants mutilés par les explosifs et l’agent orange. 

M. AL HADAIFI (Qatar) a affirmé que les enfants payaient le plus lourd tribut en temps de conflit armé.  Le droit international humanitaire protège pourtant les enfants de manière spécifique, en prévoyant notamment que des soins leur soient apportés, a-t-il assuré.  Le délégué a souligné l’importance du droit à l’éducation des enfants par temps de crise, avant de mentionner les programmes pertinents menés par son pays.  Les enfants doivent être élevés dans un environnement sûr.  Il a appelé les parties aux conflits à assurer un libre accès des fournitures médicales aux civils et s’est dit préoccupé par les violations commises contre les enfants palestiniens.  Le Conseil de sécurité, a insisté le représentant du Qatar, doit faire de la protection de l’enfance sa priorité dans son examen de la situation au Moyen-Orient et de la question palestinienne.  Il a rappelé que les dispositions de la charia étaient conformes au droit international s’agissant de la protection des enfants.  La coalition internationale au Yémen veille à protéger les enfants dans le respect des principes de la charia et du droit international, a soutenu le représentant du Qatar.  

Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) s’est dite préoccupée par l’augmentation du nombre d’enlèvements d’enfants dont fait état le rapport annuel du Secrétaire général et a réaffirmé le soutien de son pays à la résolution 2225 (2015) du Conseil de sécurité qui fait des enlèvements, un critère d’inscription sur la « liste noire » des parties qui commettent des exactions.  La représentante a également jugé alarmante l’utilisation d’Internet et des médias sociaux par les groupes extrémistes violents pour endoctriner et recruter des enfants.  L’Azerbaïdjan, a indiqué sa représentante, est d’accord pour dire que les approches purement militaires et sécuritaires ne suffisent pas à combattre ce fléau.  Il faut se concentrer aussi sur les causes de l’extrémisme violent et accorder davantage de moyens à l’éducation comme outil de lutte contre les idéologies extrémistes.

La guerre menée par l’Arménie contre l’Azerbaïdjan a résulté en dizaines de milliers de victimes civiles, dont des enfants, a poursuivi la représentante, qui a rappelé que le Conseil de sécurité avait condamné les violations du droit international humanitaire commises lors du conflit.  Pourtant, a-t-elle accusé, les auteurs de ces violations, parmi lesquels figurent des dirigeants politiques et militaires arméniens, continuent de jouir de l’impunité en Arménie.  La représentante a en outre ajouté qu’en avril dernier, l’Arménie avait perpétré de nouvelles attaques contre la population civile de son pays, qui avaient notamment coûté la vie à deux enfants, alors que des écoles, jardins d’enfants et installations médicales étaient considérablement endommagés.

Rappelant que la majorité des exactions contre les enfants étaient commises par des groupes armés non étatiques, Mme Mammadova a demandé que les contacts avec de tels acteurs, que le Secrétaire général juge nécessaires, ne devraient avoir lieu qu’avec le consentement du gouvernement légitime de l’État concerné.  À défaut, certains pourraient considérer que « la violence paie ».  Pour sa part, le Conseil de sécurité devrait non seulement condamner les actes commis par les terroristes et les forces extrémistes, mais aussi adopter et appliquer une politique de zéro tolérance à leur égard.  De manière plus positive, la représentante, notant que le rapport fait état de certains progrès, a appuyé la campagne « Des enfants, pas des soldats ».  L’Azerbaïdjan, a-t-elle conclu, soutient le mandat de la Représentante spéciale et l’encourage à accorder toute l’attention requise aux souffrances des enfants dans toutes les situations de conflit armé. 

Le délégué de la République arabe syrienne a repris la parole en réponse aux commentaires de la Turquie et de la Jordanie.  Le Gouvernement syrien n’a pas commis les crimes allégués et nous le prouverons, a-t-il assuré.  Quant aux exactions dont sont victimes des enfants syriens en Jordanie, a-t-il affirmé, il s’agit d’informations véhiculées par les médias jordaniens.

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