En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: veto russe au projet de résolution sur la Syrie et le lancement d’une enquête après l’attaque à l’arme chimique de Khan Cheikhoun

7922e séance – après-midi
CS/12791

Conseil de sécurité: veto russe au projet de résolution sur la Syrie et le lancement d’une enquête après l’attaque à l’arme chimique de Khan Cheikhoun

Plus que jamais divisé sur le dossier syrien, le Conseil de sécurité a, cet après-midi, rejeté un projet de résolution qui exigeait de toutes les parties qu’elles ménagent à la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et, « le cas échéant », au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU un accès « sans délai et en toute sécurité » pour déterminer les responsabilités dans l’attaque à l’arme chimique présumée perpétrée à Khan Cheikhoun le 4 avril 2017.

Le veto de la Fédération de Russie –le huitième sur la crise syrienne– a eu raison du texte présenté par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.  La Bolivie a également voté contre le projet; la Chine, l’Éthiopie et le Kazakhstan s’étant abstenus. 

Le représentant français s’est dit « atterré » par le résultat du vote, alors que ce texte « simple et équilibré », qui circulait parmi les membres du Conseil depuis une semaine, avait donné lieu à des « discussions de bonne foi ».  Il a qualifié cet échec de « terrible régression » pour le Conseil, quatre ans après la première attaque à l’arme chimique de la Ghouta.

Il n’était pas « judicieux » de mettre aux voix un projet de résolution, s’est justifié le représentant russe qui a indiqué que, lors de sa rencontre aujourd’hui avec le Secrétaire d’État américain, M. Rex Tillerson, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Serguey Lavrov, a proposé une « déclaration commune » sur la mise sur pied d’une « mission internationale indépendante », « formée d’experts de haut niveau », qui se rendrait à Khan Cheikhoun et sur la base aérienne d’al-Chaayrate, cible de frappes aériennes par les États-Unis le 6 avril.  Le représentant, qui a voulu que l’on renonce une fois pour toutes aux enquêtes à distance, s’est dit convaincu que la proposition de son ministre serait favorablement accueillie par Washington.

Le texte rejeté demandait à la Syrie de fournir au Mécanisme d’enquête conjoint et à la Mission d’établissement des faits les « plans de vol », « journaux de bord » et autres informations concernant les opérations aériennes, y compris le 4 avril 2017, date de l’attaque de Khan Cheikhoun.  La Syrie aurait dû également fournir immédiatement aux enquêteurs un accès aux bases aériennes depuis lesquelles le Mécanisme ou la Mission « estime qu’une attaque comportant l’emploi d’armes chimiques aurait pu être lancée ».

Le représentant de la Bolivie s’est étonné que certaines délégations s’entêtent à présenter des projets de résolution faisant fi des préoccupations des autres membres du Conseil et qui seront donc « clairement » rejetés, un sentiment partagé par son homologue de l’Éthiopie.  Celui de la Chine a regretté des dispositions « inappropriées » qui, selon lui, risquent à terme d’aggraver les souffrances du peuple syrien.

Le problème du texte, a aussi argué le représentant russe, est qu’il « nomme » le coupable avant même qu’une enquête objective et indépendante ait été menée, « une démarche contraire aux normes et traditions judicaires les plus élémentaires ».  Il a par ailleurs fustigé les États-Unis pour avoir bombardé une base syrienne en violation du droit international.

En exerçant son droit de veto, a rétorqué la représentante américaine, la Fédération de Russie dit « non à la redevabilité, non à la coopération, non à une résolution qui aurait contribué à la paix en Syrie ».  Ce huitième veto russe contre un projet de texte sur cette crise démontre « l’arrogance et le mépris de l’humanité » de Moscou, qui refuse d’user de son influence sur le régime de Bashar Al-Assad pour mettre fin aux tueries, a tranché la représentante.

Une nouvelle fois, le délégué syrien a affirmé que son pays est « plus que jamais » déterminé à découvrir les véritables responsables des attaques à l’arme chimique commises dans son pays.  Il a réitéré ses propos sur l’entrée de produits et d’armes chimiques sur le territoire syrien en provenance de Turquie et qui finissent dans les mains de groupes armés et terroristes.  Une argumentation qui n’a pas convaincu le représentant de la France.  Ce dernier a vu dans l’attaque du 4 avril, la « responsabilité évidente » de Damas, hier comme aujourd’hui.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations avant le vote

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est dit honoré de présenter un projet de résolution relatif aux évènements survenus à Khan Cheikhoun, qui exigeaient une action du Conseil de sécurité.  Cette action découle de la détermination du Conseil, réaffirmée par ses résolutions, à détruire toutes les armes chimiques présentes en Syrie et à faire en sorte que ceux qui utilisent ce type d’armes répondent de leurs actes.  Le représentant a en conclusion souligné la nécessité pour la Mission d’établissement des faits de se voir ménager un accès illimité.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a annoncé que lors de sa rencontre aujourd’hui avec le Secrétaire d’État américain, M. Rex Tillerson, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Serguey Lavrov, a proposé une « déclaration commune » sur la mise sur pied d’une « mission internationale indépendante » qui se rendra à Khan Cheikhoun et sur la base aérienne d’al-Chaayrate.  Dans la mesure où la Russie s’attend à ce que Washington réponde « favorablement à cette demande », le délégué a estimé qu’il n’était pas judicieux de mettre aux voix le projet de résolution aujourd’hui.

Déclarations après le vote

Reprenant la parole, M. RYCROFT (Royaume Uni) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas su saisir l’occasion de donner un signe d’espoir au peuple syrien après six ans de conflit.  Il a estimé que l’attaque chimique du 4 avril dernier est le pire des actes humains.  « Nous savons maintenant que c’est bien le gaz sarin ou un gaz semblable qui a été utilisé et que le régime syrien en est responsable », a insisté le représentant qui s’est dit « choqué » que la Fédération de Russie ait opposé un veto à une résolution qui appelle à la mise en place d’une équipe d’enquête.  C’est la huitième fois, a-t-il rappelé, que la délégation russe exerce son véto pour protéger le régime syrien.  Comment peut-on voir le visage des enfants victimes de l’attaque au gaz et rester passif? s’est emporté le représentant, dénonçant le fait que cet appel à la justice pour les enfants n’ait pas été entendu.  Il s’est dit persuadé que la Fédération de Russie a l’influence nécessaire pour pousser le Gouvernement syrien au dialogue et au respect du cessez-le-feu.  Il a donc exhorté la Fédération de Russie à répondre à l’appel du G7.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) s’est dit atterré par le résultat du vote aujourd’hui.  La réaction de ce Conseil a, une nouvelle fois, été empêchée par l’exercice injustifié du veto par la Fédération de Russie.  Il a profondément regretté l’incapacité du Conseil à s’accorder sur un texte simple et équilibré, visant à condamner et à faire la lumière sur ce qui s’est passé à Khan Cheikhoun.  Nous avions pourtant pris soin d’engager des discussions de bonne foi sur ce projet, a-t-il déploré.  « Nous échouons, une fois de plus, à être à la hauteur des responsabilités que nous avons nous-mêmes édictées. »  Il a condamné la « terrible régression » du Conseil, quatre ans après le massacre de la Ghouta en août 2013.

L’attaque de Khan Cheikhoun apparaît comme l’ultime exemple de la duplicité abjecte d’un régime jusqu’au-boutiste, a poursuivi le délégué, en pointant la « responsabilité » évidente de Damas.  Il a estimé que le Moyen-Orient ne connaîtra pas la paix et la sécurité tant que sera maintenu au pouvoir un régime coupable de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité.  La destruction par des frappes américaines de l’installation militaire du régime syrien utilisée pour des bombardements chimiques a constitué une réponse légitime face à un crime de masse qui ne pouvait pas rester impuni, a déclaré M. Delattre.  Soulignant que le massacre de Khan Cheikhoun aurait dû renvoyer chacun à ses responsabilités, il a déploré le cynisme de ceux qui, en protégeant un régime indéfendable, cautionnent la poursuite de la barbarie.  « Comment peut-on couvrir, éluder, de manière répétée, systématique, l’emploi d’armes de destruction massive contre des innocents? »

Le représentant a indiqué que son pays ne se résoudra pas à ce constat d’impuissance et que son objectif est toujours le démantèlement du programme chimique syrien.  « Cette tragédie nous rappelle que seule une véritable transition politique permettra de garantir la paix et la sécurité au peuple syrien et le retour de la stabilité au Moyen-Orient », a-t-il conclu.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) s’est dit consterné que le Conseil de sécurité n’ait pu adopter une résolution condamnant l’attaque chimique dans la région de Khan Cheikhoun et appelant à faciliter le travail du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Il a exhorté les parties syriennes à coopérer avec les mécanismes internationaux pertinents pour parvenir à la justice et mettre en œuvre les résolutions 2235 et 2218 du Conseil de sécurité.    

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a dit qu’il aurait souhaité l’unité du Conseil pour agir rapidement et répondre aux attentes de la communauté internationale après l’attaque à l’arme chimique.  Après avoir demandé à toutes les parties de coopérer avec l’OIAC, le représentant a prévenu que, « tant que personne n’aura de comptes à rendre pour des crimes contre l’humanité, l’impunité persistera ».  Il est inquiétant, a-t-il avoué, de voir que le droit international humanitaire continue d’être « foulé aux pieds ».  Le respect des résolutions et du régime de non-prolifération aurait dû unir le Conseil au lieu de le diviser, a-t-il ajouté, en encourageant les membres à aider les parties à continuer de rechercher une solution politique.

M. KORO BESSHO (Japon), qui a voté en faveur du texte, a regretté que le Conseil affiche sa « désunion », même si, selon lui, le rejet d’aujourd’hui ne doit pas infléchir la détermination du Conseil à faire toute la lumière sur les circonstances de l’incident de Khan Cheikhoun.

M. LIU JIEYI (Chine) a condamné tout recours aux armes chimiques et appuyé l’idée d’une enquête conjointe entre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et l’ONU pour collecter des preuves permettant de traduire en justice les responsables de ce crime.  Le représentant a regretté l’échec du Conseil qui traduit les fortes divisions entre les membres.  Tout en appuyant les éléments de langage du projet de résolution, il a expliqué son opposition par le fait que le texte contient des dispositions « inappropriées » qui risquent à terme d’aggraver les souffrances du peuple syrien. 

M. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a expliqué son opposition « catégorique » à un projet de résolution « unilatéral » qui n’a pu faire l’objet d’aucun amendement durant les négociations.  Le problème du texte est qu’il nomme le coupable avant même la conduite d’une enquête objective et indépendante.  « Cette démarche est contraire aux normes et traditions judicaires les plus élémentaires », a estimé le représentant russe, relevant aussi que les frappes aériennes contre une base syrienne sont contraires au droit international.  Nous sommes extrêmement préoccupés, a-t-il confié, que huit jours après l’attaque chimique, aucune décision claire n’ait été prise pour mener une enquête sérieuse.  Il a jugé urgent de dépêcher sur place une équipe internationale composée d’experts de haut niveau pour déterminer si des armes chimiques ont bien été utilisées et, si oui, dans quelles circonstances.  Cela suppose un accès sans entrave et sûr au lieu de l’attaque, a-t-il dit, avant d’appeler à l’abandon des enquêtes à distance.  « Je vous demande d’arrêter d’insulter la Russie », a lancé, une nouvelle fois, le représentant aux autres membres du Conseil.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé que l’absence d’unité porte toujours atteinte à un processus, quel qu’il soit.  Il a jugé tout à fait regrettable de voir que le Conseil de sécurité n’ait pu agir après des informations faisant état d’une attaque à l’arme chimique, en raison de l’opposition des « porte-plumes » de tenir compte des attentes des autres délégations, comme l’Éthiopie.  Le représentant a en effet regretté que le projet n’ait pu être amendé lors des consultations à huis clos.

M. OLOF SKOOG (Suède) a souligné la responsabilité des États membres du Conseil d’agir face à l’emploi d’armes chimiques et de ne pas politiser cette question.  La Suède a œuvré inlassablement pour l’adoption urgente d’une résolution robuste, condamnant l’attaque présumée, appuyant une enquête rapide et approfondie et demandant des comptes aux responsables, a-t-il déclaré.  Estimant que le Conseil avait la chance, avec ce texte, de parler d’une seule voix et d’envoyer un signal fort de son rejet des armes chimiques, M. Skoog s’est dit profondément déçu que le Conseil ne soit pas parvenu à l’unité sur une question « où il doit y avoir un terrain d’entente ».  Le délégué a regretté le veto de la Fédération de Russie, avant d’appeler le Conseil à s’unir pour une reddition des comptes.  « Nous continuerons nos efforts à cet égard », a-t-il promis.  Il a appelé les mécanismes d’ores et déjà en place à mener une enquête rapide et impartiale pour établir tous les faits, avant de demander la pleine coopération du Gouvernement syrien.  La seule façon de mettre fin aux souffrances en Syrie est de faire avancer le processus politique de transition dans le cadre de la résolution 2254 (2015), a conclu le délégué suédois.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a condamné énergiquement l’utilisation d’armes chimiques, quels qu’en soient les raisons et les auteurs, avant d’apporter son soutien au principe d’une enquête sur l’incident de Khan Cheikhoun.  Il a néanmoins dit avoir voté contre le projet de résolution parce que son pays refuse que le Conseil de sécurité soit utilisé comme « caisse de résonance » d’une propagande guerrière.  Il s’est étonné de voir que certaines délégations s’entêtent à présenter des projets de résolution qui font fi des préoccupations des autres délégations et qui seront donc clairement rejetés.  Le représentant a une nouvelle fois appelé le Conseil à l’unité pour préserver le processus politique et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie, mais aussi pour établir les responsabilités dans le respect du droit international.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a déclaré que la seule solution qui peut s’imposer en Syrie est une solution politique.  Il a exhorté le Gouvernement syrien à assurer un accès sûr et sans entrave au Mécanisme d’enquête conjoint pour lui permettre de remplir sa mission.  À cette étape cruciale de la situation en Syrie, le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à préserver son unité en s’appuyant sur les processus de Genève et d’Astana. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) a souligné la nécessité d’une enquête internationale « objective, transparente et impartiale ».  Il a aussi souligné l’importance des travaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) via la Mission d’établissement des faits qui doit poursuivre ses efforts pour rassembler et analyser les informations de toute source disponible. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a déclaré que la vérité est la première victime de la guerre et que c’est particulièrement le cas en Syrie.  Dans le cas de Khan Cheikhoun, la vérité devra être établie par le biais d’une enquête impartiale de large portée, a-t-il dit.  Convoquant George Orwell et « La ferme des animaux », le représentant a estimé qu’au Conseil, « certains animaux sont plus égaux que d’autres », plaçant beaucoup de membres dans la situation de choisir l’option la moins mauvaise.  Conformément au Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité ou les crimes de guerre, signé par 121 pays, les membres permanents doivent s’abstenir d’utiliser leur droit de veto lorsque de tels crimes sont commis, a rappelé le représentant.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a avoué sa « honte » dans un Conseil qui n’a pas fait son travail après le crime horrible perpétré la semaine dernière à Khan Cheikhoun.  Il parlé de l’« échec » qu’incarne à ses yeux la Fédération de Russie et regretté que le Conseil n’ait pu exercer ses responsabilités en vertu de la Charte des Nations Unies, même s’il a tenu à remercier les « porte-plumes » d’avoir présenté ce texte.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé qu’une famille a perdu 22 de ses membres lors de l’attaque du 4 avril et que la plus jeune victime n’avait que quelques mois.  Avec ce veto, la Fédération de Russie dit non à la redevabilité, non à la coopération, non à une résolution qui aurait contribué à la paix en Syrie.  La Fédération de Russie préfère soutenir les actes d’un Assad pourtant condamné par l’ensemble du monde arabe.  La représentante a noté que le Mécanisme d’enquête conjoint et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ne cessent de répéter qu’Assad nie l’accès aux enquêteurs.  Ce huitième veto russe contre une résolution sur la Syrie montre un refus d’utiliser son influence sur le régime d’Assad pour mettre fin aux tueries, a insisté la représentante qui a exhorté la Fédération de Russie à se joindre à la grande majorité des pays qui souhaitent une solution politique, non sans fustiger « l’arrogance et le mépris de l’humanité » affichés par les Russes. 

À l’entame de son propos, M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rejeté l’emploi d’armes chimiques quels que soient les circonstances ou les auteurs, souhaitant « plus que jamais » découvrir les véritables responsables des attaques à l’arme chimique dans son pays.  Dans le contexte d’une coopération « continue et transparente » avec l’OIAC, il a indiqué que sa capitale avait demandé le déploiement d’une mission « indépendante et neutre », avec l’assurance qu’elle aurait accès à la base aérienne d’al-Chaayrate.  En revanche, il a prévenu que la localité de Khan Cheikhoun étant placée sous administration du Front el-Nosra, la sécurité ne pouvait pas y être garantie. 

Le représentant a toutefois rejeté le projet de résolution qui s’appuie sur des « termes politiques très habiles » de façon à « justifier une violation de la souveraineté » de la Syrie.  M. Ja’afari a indiqué qu’il avait informé l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie que des organisations terroristes en possession d’armes chimiques sévissent à Rif-Damas et à Hama.  Il a tenu à rappeler que ce n’est pas son pays qui a utilisé l’arme nucléaire à Nagasaki et Hiroshima, ni procédé à des essais nucléaires contre des Algériens au Sahara.  Ma délégation, a-t-il aussi rappelé, a adressé 90 lettres à deux organes pertinents de l’ONU, « la dernière datant d’il y a quelques jours », pour livrer des informations sur l’entrée sur le territoire syrien d’armes chimiques et de produits toxiques qui auraient transité par la Turquie.

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, toutes les vidéos de l’incident de Khan Cheikhoun proviennent d’organisations qui se prétendent humanitaires, alors que les Casques blancs, par exemple, travaillent « sous l’égide des services de renseignements britanniques ».  M. Ja’afari s’est également livré à un réquisitoire contre les États-Unis, affirmant qu’il existe une volonté claire de dissimuler ce qui s’est passé en Libye avec la mort de l’Ambassadeur américain Chris Stevens.  Il s’est aussi tourné vers le délégué français, qu’il a accusé d’avoir tenu des « propos fallacieux » devant ce Conseil.  Le représentant a en conclusion remercié les délégations qui ont voté contre ou qui se sont abstenues de voter en faveur du projet de résolution.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie appelle à faire de la « crise » née de l’attaque chimique l’occasion de faire avancer le processus politique

7921e séance – matin
CS/12790

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie appelle à faire de la « crise » née de l’attaque chimique l’occasion de faire avancer le processus politique

« Considérons ce moment de crise -et c’est un moment de crise- comme la possibilité de faire preuve de sérieux dans le processus politique », a déclaré, aujourd’hui, au Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, en parlant de l’attaque chimique contre la localité de Khan Cheikhoun, en Syrie, la semaine dernière.  M. Staffan de Mistura a insisté sur la possibilité de faire avancer les négociations intersyriennes à Genève, dont le dernier cycle, qui s’est achevé le 31 mars, a été marqué par des progrès « objectifs ».

Les développements de ces derniers jours ont fait bouger les lignes, a acquiescé le délégué de la France qui a dit percevoir les conditions d’un réengagement de tous les principaux acteurs en faveur d’une solution politique syrienne.  « Sachons saisir ce moment, un moment de vérité, sachons saisir cette opportunité, sachons assumer ensemble nos responsabilités devant l’Histoire », a-t-il dit.  Le représentant français a indiqué que le projet de résolution porté par son pays, le Royaume-Uni et les États-Unis, et dont la mise aux voix devrait intervenir plus tard dans la journée, réaffirmait l’importance du régime de non-prolifération, « bafoué en Syrie ».

L’Envoyé spécial du Secrétaire général a entamé son propos en notant que les discussions de Genève s’étaient déroulées dans un climat satisfaisant, même s’il n’y avait pas eu de « percée ».  Tous les acteurs ont convenu de participer au sixième cycle qui doit commencer à la mi-mai à Genève, s’est félicité M. Staffan de Mistura, en espérant que les pourparlers débouchent un jour sur des négociations réelles.  

Il a également souligné l’approfondissement des discussions sur la nécessité de doter la transition en Syrie d’une base constitutionnelle solide.  Les questions constitutionnelles sont l’un des quatre domaines de négociation, avec la gouvernance, les élections et la lutte antiterroriste et sécurité.  Ces progrès « fragiles » ont néanmoins été supplantés par l’intensification des combats en Syrie, a regretté l’Envoyé spécial, avant de dénoncer les horreurs de Khan Cheikhoun qui ont choqué la « famille humaine ».

Mentionnant les 59 missiles Tomahawk lancés par les États-Unis après cette attaque, M. de Mistura s’est félicité, « à un moment aussi critique », des contacts diplomatiques de haut niveau entre les États-Unis et la Fédération de Russie, dont la visite en cours du Secrétaire d’État américain Rex Tillerson à Moscou.  « Ces deux pays ont de profonds différends mais aussi des responsabilités et des intérêts communs », a-t-il déclaré, en les exhortant à appuyer le processus de négociation. 

« La Russie aggrave son isolement chaque fois que Damas largue des barils d’explosif », a tout de même prévenu la déléguée des États-Unis, en appelant ce pays à cesser de « couvrir » Bashar Al-Assad qui ne saurait être un « partenaire pour la paix ».  Affirmant que l’attaque chimique de Khan Cheikhoun bafouait les affirmations de la Fédération de Russie, selon lesquelles il n’y avait plus d’armes chimiques en Syrie, elle a déclaré: « Les États-Unis ont été contraints d’agir. »

Son homologue de la Syrie n’y a vu que la « brutalité coutumière » des États-Unis, alors que le délégué de la France estimait que « le temps de l’impunité était désormais révolu ».  Celui du Royaume-Uni a souligné qu’il n’y avait aujourd’hui « pas de place pour Assad en Syrie » et celle des États-Unis, que son pays ne saurait appuyer « un processus qui protégerait Assad alors que ce dernier cherche à gagner du temps et continue de meurtrir sa population ».

Enjoint par cette dernière à se ranger du côté « du monde civilisé », le représentant de la Fédération de Russie s’en est pris nommément au délégué du Royaume-Uni, l’accusant de tout faire pour « saper la coopération entre la Fédération de Russie et les États-Unis ».  « Regarde-moi dans les yeux, ne détourne pas ton regard », lui a-t-il lancé, avant que le délégué syrien n’ironise sur le nouveau rôle que se chercherait le Royaume-Uni depuis sa sortie de l’Union européenne.

Le représentant russe a constaté que la « provocation de Khan Cheikhoun » apportait de l’eau au moulin des partisans d’une solution militaire en Syrie, et favorable à une enquête impartiale, il s’est étonné que les enquêteurs français aient d’ores et déjà établi la responsabilité de Damas.  Sur le plan politique, le représentant a mis en garde contre une « longue pause » dans le processus de Genève et souligné l’importance du processus d’Astana, qui vise à un cessez-le-feu en Syrie.

Un point de vue là encore éloigné de celui du représentant français qui a, au contraire, déclaré que « la cessation des hostilités, telle qu’elle devait être garantie par l’accord du 30 décembre 2016 et le processus d’Astana, n’existe plus ».  Estimant quant à lui que les processus de Genève et d’Astana se renforçaient mutuellement, l’Envoyé spécial a indiqué que l’ONU serait bien présente à la prochaine réunion des garants du processus d’Astana à Téhéran.  

Certaines délégations se sont exprimées à propos du projet de résolution qualifié de « simple et d’équilibré » par le représentant français.  Si son homologue du Sénégal a dit garder « l’espoir de voir notre Conseil se retrouver autour de cette question essentielle de reddition des comptes », le délégué de la Bolivie a dit ne pas comprendre pourquoi un projet de résolution serait mis aux voix cet après-midi, alors qu’un veto est d’ores et déjà annoncé. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a déclaré que les enjeux étaient très importants: deux voies s’ouvrent à nous, l’une est la voie d’autres destructions et de divisions internationales encore plus approfondies, l’autre est la voie vers la désescalade et un cessez-le-feu respecté en Syrie; la seconde voie étant la seule permettant de mettre fin au « cauchemar syrien ».  M. de Mistura a souligné la nécessité d’un consensus entre les parties en vue d’appuyer le processus politique de transition en Syrie.  Il a indiqué à cet égard que le cinquième cycle de négociations à Genève avait été marqué par des progrès « objectifs », même s’il n’y a pas eu de « percée ».

Les discussions, qui ont abordé le fond du dossier syrien, se sont déroulées dans un climat satisfaisant, a-t-il noté.  Il a ajouté que tous les acteurs avaient convenu de participer au sixième cycle et précisé que les quatre questions –gouvernance, questions constitutionnelles, élections, lutte antiterroriste et sécurité- avaient été abordées en vue de préserver l’indépendance et l’intégrité de la Syrie.  Ces pourparlers restent d’actualité, a soutenu l’Envoyé spécial, en espérant qu’ils débouchent un jour sur des négociations réelles.  « Certains points sont plus clairs, en tout cas pour moi. »

M. de Mistura a jugé nécessaire que la base de la transition en Syrie soit constitutionnellement solide, notant qu’il y a eu à Genève un approfondissement des discussions à ce sujet.  Ces progrès « fragiles » ont néanmoins été supplantés par l’intensification des combats et un accès humanitaire toujours entravé, a-t-il regretté.  Il a lancé un appel aux garants du processus d’Astana pour qu’ils rétablissent la crédibilité du cessez-le-feu.  Les déclarations politiques faites après les pourparlers de Genève sont préoccupantes, a affirmé l’Envoyé spécial, en mentionnant l’intention du Gouvernement syrien de reconquérir tout le territoire syrien plutôt que de se concentrer sur le cessez-le-feu et un processus négocié.  Certaines voix de l’opposition ont également mis l’accent sur des reconquêtes militaires et mis en doute les pourparlers de Genève, a alerté M. de Mistura.

L’Envoyé spécial a dénoncé les « horreurs » causées par l’utilisation d’armes chimiques à Edleb la semaine dernière, lesquelles ont choqué « la famille humaine ».  La catastrophe syrienne est un affront pour le monde entier, a-t-il dit, ajoutant que les Syriens et le monde ne peuvent plus tolérer une telle situation.  Il a mentionné les 59 missiles Tomahawk lancés par les États-Unis contre la base de laquelle l’attaque chimique avait été lancée.  Depuis, nous voyons toujours plus de violence, a regretté l’Envoyé spécial qui a appelé à la retenue et souligné l’importance d’une stratégie et d’une certaine « imagination » pour trouver une solution politique en Syrie.  Ceux qui ne veulent pas d’une solution négociée, les fauteurs de troubles comme nous les appelons, veulent que nous tombions dans leur piège, a-t-il mis en garde.  Il a espéré le dépassement de la phase préparatoire pour aller au cœur des négociations en vue d’une transition négociée.  « Je reste à mon poste et prêt à convoquer de nouveaux pourparlers en mai. »

M. de Mistura s’est félicité, « à un moment aussi critique », des contacts diplomatiques de haut niveau entre les États-Unis et la Fédération de Russie, dont la visite en cours du Secrétaire d’État américain Rex Tillerson à Moscou.  Ces deux pays ont de profonds différends mais aussi des responsabilités et des intérêts communs, a-t-il déclaré, en les appelant à œuvrer pour stabiliser la Syrie et appuyer le processus de négociation.  Il a par ailleurs exhorté le Conseil  de sécurité à s’unir derrière le processus de Genève et invité les garants du processus d’Astana, qui doivent se rencontrer à Téhéran, à œuvrer pour consolider le cessez-le-feu en Syrie.  « Astana doit renforcer Genève et vice versa », a-t-il dit, indiquant que c’est la raison de la présence de l’ONU à Téhéran.  Enfin, l’Envoyé spécial a rappelé que seule une solution politique pourrait mettre fin au conflit sanglant en Syrie.  « Considérons ce moment de crise -et c’est un moment de crise- comme la possibilité de faire preuve de sérieux dans le processus politique », a-t-il conclu.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a constaté qu’en dépit des efforts de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, le peuple syrien est toujours privé d’une solution politique depuis maintenant six ans, en raison de l’« appui honteux » de la Fédération de Russie au régime d’Assad.  Au cours de cette période, nous nous sommes réunis de manière répétée en espérant, « atrocité après atrocité », qu’Assad mettrait fin à l’effusion de sang, a-t-il rappelé.  Mais à chaque fois, celui-ci est allé plus loin, jusqu’à se livrer à des attaques à l’arme chimique contre son propre peuple, y compris la semaine dernière à Khan Cheikhoun, où du gaz sarin aurait été utilisé, a accusé le représentant britannique.  « Il est clair aujourd’hui qu’il n’y a pas de place pour Assad en Syrie », a tranché M. Rycroft.  Mais il existe une solution, contenue dans le Communiqué de Genève de 2012 et la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, a-t-il argué. 

Cependant, a déploré M. Rycroft, nous sommes toujours ici dans cette salle et le régime syrien, grâce à l’appui de la Fédération de Russie, ne manifeste aucune intention de mettre fin aux violences.  L’initiative de 2013 qui prévoyait le démantèlement et la destruction des stocks d’armes chimiques en Syrie s’est avérée être un écran de fumée, a dit avoir constaté le délégué.  Pourtant, il n’est pas trop tard pour que la Syrie mette un terme à ce conflit, pour que la Fédération de Russie cesse de lui prêter un appui, a souligné M. Rycroft.  Moscou peut encore créer l’espace politique nécessaire à un règlement politique du conflit, la délégation britannique étant prête à coopérer à cette fin.  Le représentant a, en conclusion, renouvelé son soutien aux États-Unis pour le bombardement du 6 avril, contre une base aérienne syrienne à la suite de l’attaque à l’arme chimique présumée à Khan Cheikhoun.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré qu’en dépit du désastre que constitue la crise syrienne, reconnu par tous, la crise n’a cessé de s’approfondir et de se complexifier.  Il a déploré qu’à chaque fois qu’une solution politique apparaisse à portée de main, de nouvelles dissensions, de nouvelles polarisations se font jour au sein de la communauté internationale, poussant les parties à redoubler d’efforts sur le plan militaire, ne provoquant en fin de compte que davantage de pertes civiles.  La poursuite de cette « guerre menée par procuration » ne débouchera sur aucune victoire, a assuré le représentant, qui a lancé un appel aux États ayant de l’influence sur les parties syriennes à l’exercer et les parties syriennes elles-mêmes à entamer des négociations sérieuses et à mettre de côté leurs intérêts à court terme.  Avant de réitérer son soutien à la recherche d’un accord sur la base de l’intérêt des Syriens, M. Aboulatta a souhaité qu’une enquête « neutre et indépendante » fasse la lumière sur l’incident survenu la semaine dernière à Khan Cheikhoun.  

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a accusé la Syrie d’avoir eu recours, la semaine dernière à Khan Cheikhoun, à un agent neurotoxique contre son propre peuple.  La décision des États-Unis, a-t-il estimé, de frapper la base d’al-Chaayrate a répondu à la gravité de l’acte et de la menace et adressé au régime syrien le message qu’il aurait dû entendre depuis de longues années déjà: « le temps de son impunité est désormais révolu ». 

La France, a poursuivi le représentant, a proposé, conjointement avec le Royaume-Uni et les États-Unis, un projet de résolution qui sera mis aux voix « tout à l’heure ».  Le texte « simple et équilibré » vise à rassembler le Conseil de sécurité autour d’un objectif fondamental: réaffirmer l’importance du régime de non-prolifération, « bafoué en Syrie », et la lutte contre l’impunité des auteurs d’attaques chimiques. 

Le représentant a tranché: la cessation des hostilités, telle qu’elle devait être garantie par l’accord du 30 décembre et le processus d’Astana, n’existe plus.  La situation humanitaire se détériore.  Partout dans le pays, le régime resserre son étau autour des populations civiles, en refusant d’accorder les autorisations nécessaires aux plans mensuels de convois humanitaires.  Ne nous y trompons pas, a alerté le représentant, il s’agit là d’une politique délibérée d’obstruction et de siège, pour contraindre les opposants à se rendre et les populations à fuir, en violation des résolutions du Conseil et des principes fondamentaux du droit international humanitaire. 

Les alliés du régime syrien ont la responsabilité de le contraindre à respecter enfin ses obligations, a voulu le représentant.  L’urgence est de contraindre le régime syrien à respecter la cessation des hostilités et à permettre enfin l’accès humanitaire à tous ceux qui en ont besoin.  Le régime de cessation des hostilités doit être complètement renouvelé.  Il nous faut éviter les « failles » antérieures et mettre en place un mécanisme plus inclusif, plus cohérent et plus robuste d’observation de la cessation des hostilités.

Nous ne pourrons plus faire comme si l’attaque du 4 avril n’avait pas eu lieu, a prévenu le représentant.  Nous ne pouvons plus faire comme si ce bilan de désolation et de chaos n’était pas, en premier lieu, le bilan du régime de Bashar Al-Assad.  Nous devons nous entendre aujourd’hui autour d’une évidence: une solution politique aboutissant à une véritable transition est plus urgente et nécessaire que jamais.  Tant que ce régime se maintiendra au pouvoir par la terreur et la destruction, avec la complicité de ceux qui le soutiennent, il n’y aura jamais de paix et de reconstruction de la Syrie.

L’urgence absolue, la priorité des priorités, a précisé le représentant, est la reprise des négociations pour « arracher » ensemble une solution politique.  Il appartient à chacun de nous d’exercer sur les protagonistes les pressions nécessaires pour qu’ils s’engagent sans délai et de bonne foi dans ces négociations.  Au-delà des choix politiques, au-delà des intérêts nationaux, au-delà même des considérations morales, c’est un « impératif de sécurité collective », a estimé le représentant.  Selon lui, les développements des derniers jours ont fait bouger les lignes, en créant les conditions d’un réengagement de tous les principaux acteurs en faveur d’une solution politique syrienne.  « Sachons saisir ce moment, un moment de vérité, sachons saisir cette opportunité, sachons assumer ensemble nos responsabilités devant l’Histoire », a-t-il conclu.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a rappelé que l’Envoyé spécial et le Secrétaire général de l’ONU n’étaient en aucun cas les principaux acteurs du dossier syrien.  Le Gouvernement, l’opposition, la société civile et les dignitaires syriens doivent prendre en mains les rênes de leur destin, a-t-il dit.  Le délégué a indiqué qu’il n’y avait qu’une seule solution possible en Syrie; « s’asseoir autour d’une table » et « Staffan de Mistura ne peut pas prendre des décisions qui reviennent aux Syriens ».  Le délégué a indiqué qu’une autre responsabilité revenait aux États tiers qui doivent cesser de s’ingérer dans le conflit pour marquer des points.  Une autre responsabilité revient à ce Conseil qui doit exercer des pressions sur les parties afin qu’elles s’engagent dans le processus de négociation, a-t-il déclaré.  Il a souhaité que le processus d’Astana soit étoffé et le cessez-le-feu consolidé, estimant qu’il n’y avait pas de place pour une solution militaire en Syrie.  Enfin, le représentant a condamné le recours aux armes chimiques en Syrie et demandé une enquête complète et impartiale sur l’attaque de la semaine dernière.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a rappelé la priorité que constitue la lutte contre le terrorisme, en particulier le combat contre des groupes tels que l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et l’ex-Front el-Nosra.  À ce propos, il a réitéré la nécessité de mettre en œuvre une stratégie globale soucieuse du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Évoquant l’attaque aux armes chimiques de Khan Cheikhoun, le représentant a dit garder « l’espoir de voir notre Conseil se retrouver autour de cette question essentielle de reddition des comptes ».  Il a insisté sur l’impératif d’un règlement pacifique du différend pour faire face aux défis que constituent l’usage répété d’armes chimiques, la prolifération de groupes terroristes et une catastrophe humanitaire sans précédent.  En conclusion, il a réaffirmé son appui en faveur d’une solution politique négociée, sur la base du Communiqué de Genève et de la résolution 2254 (2015).  

M. KORO BESSHO (Japon) a regretté que les bonnes nouvelles du cinquième cycle des négociations intersyriennes de Genève soient contrastées par les terribles nouvelles du terrain.  Le recours à des armes chimiques la semaine dernière est un affront à l’humanité et une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le représentant a aussi rappelé la situation humanitaire générale alors que 644 000 civils sont assiégés actuellement selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Il a dénoncé la faible coopération du Gouvernement syrien pour permettre aux acteurs humanitaires d’accéder aux populations dans le besoin et fait sienne la métaphore de l’Envoyé spécial qui qualifiait de « chaises à trois pieds » la situation en Syrie, à savoir le processus politique, certes plus stable, le cessez-le-feu, plus fragile que jamais, et l’accès humanitaire, des plus instables.  Le représentant a souligné le rôle crucial du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU.

M. LIU JIEYI (Chine) a souhaité que les pourparlers d’Astana continuent de jouer le rôle qui est le leur pour préserver le cessez-le-feu en Syrie et redonner un élan aux pourparlers de Genève.  Toutes les parties concernées doivent s’en tenir aux efforts diplomatiques et continuer de soutenir ceux de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, a-t-il dit.  La Chine en appelle donc à toutes les parties syriennes pour qu’elles continuent de respecter le cessez-le-feu en vue de parvenir à une solution durable.  Le représentant a en conclusion rappelé que la lutte contre le terrorisme dans certaines parties de la Syrie est devenue plus complexe, exigeant de la communauté internationale qu’elle renforce sa coordination.

« Nous avons atteint un moment critique », a estimé M. OLOF SKOOG (Suède). Il a appelé le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour relancer le processus de paix, revitaliser le cessez-le-feu et augmenter l’accès humanitaire.  Le représentant a réaffirmé que seule une solution politique pourra mettre fin à la tragédie syrienne.  Saluant les conclusions de la cinquième série de pourparlers intersyriens à Genève, il a souhaité que la prochaine série commence le plus tôt possible.  À cette occasion, la délégation du Gouvernement syrien devra s’engager plus sérieusement sur tous les sujets discutés, a-t-il insisté.  Quant à la délégation de l’opposition, elle s’est engagée de façon constructive, mais elle devra poursuivre ses efforts pour maintenir l’unité. 

M. Skoog a exhorté tous les garants de l’accord de cessez-le-feu à respecter leurs engagements dans le cadre du processus d’Astana et à intensifier leurs efforts, notamment pour trouver un mécanisme de surveillance plus efficace.  Il a ensuite demandé aux autorités syriennes de simplifier le processus d’approbation pour le passage des convois humanitaires de l’ONU qui se tiennent prêts à aider chaque semaine 300 000 personnes vivant dans des conditions « abominables ».  Enfin, le représentant a regretté que le Conseil n’ait pas pu, jusqu’à présent, se mettre d’accord sur une résolution forte, après l’attaque à l’arme chimique « répugnante » du 4 avril à Khan Cheikhoun.  Il a plaidé pour une enquête rapide, complète et impartiale pour que les auteurs de l’attaque soient poursuivis.   

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a appelé les parties à trouver un consensus sur une solution négociée en Syrie.  Il a plaidé pour l’inclusion de quasiment tous les groupes d’opposition à Genève, avant de dire son optimisme sur les progrès enregistrés à Genève tant sur le fond que sur la forme.  Insistant sur les conséquences régionales de la crise syrienne, il a exhorté les pays de la région et du Golfe à œuvrer pour que le cessez-le-feu soit respecté.  Le processus d’Astana est important pour ramener la confiance entre les parties, a poursuivi le délégué.  Préoccupé par l’emploi d’armes chimiques en Syrie, il a prôné l’unité du Conseil sur ce dossier.  Enfin, le représentant a salué la récente déclaration de la Ligue des États arabes sur le règlement de la crise syrienne, ainsi que le rôle joué par la Jordanie en particulier pour remédier à la crise humanitaire en Syrie.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souhaité que l’attaque à l’arme chimique présumée de la semaine dernière à Khan Cheikhoun n’ait pas d’incidence sur le processus politique, réaffirmant l’importance de poursuivre un règlement pacifique du conflit.  Il nous faut donc apporter à cette fin tout notre appui aux pourparlers intersyriens et aux efforts de l’Envoyé spécial, a-t-il estimé, en assurant que « le moment est venu » pour le Conseil de donner son soutien à ce processus.  Le délégué a prié ceux des membres du Conseil qui ont une influence sur les parties au conflit à l’exercer.  En l’absence d’une application intégrale du cessez-le-feu, tout effort dans le cadre des pourparlers intersyriens sera « voué à l’échec », a prévenu M. Alemu.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a indiqué que son pays accompagnait le processus de Genève en vue de rechercher les compromis nécessaires pour ouvrir la voie à une solution acceptable pour tous.  Nous avons noué des contacts avec le Gouvernement syrien et un large éventail de groupes de l’opposition syrienne, a-t-il dit, en appelant à une intensification des efforts de M. de Mistura.  Demandant ainsi la poursuite du processus de Genève, il a mis en garde contre une « longue pause » comme cela avait été le cas en 2016.  « M. de Mistura, il ne faut pas baisser les bras », a-t-il conseillé, avant de dénoncer la déclaration faite plus tôt par le délégué britannique, lequel veut « compliquer les efforts de l’Envoyé spécial ».  Il a mis en garde contre toute exportation de la « confrontation et de l’inimitié » au sein de Conseil.  S’adressant au délégué britannique, il a affirmé que le Royaume-Uni faisait tout pour saper la coopération entre la Fédération de Russie et les États-Unis.  « Regarde-moi dans les yeux, ne détourne pas ton regard », lui a-t-il lancé.  « C’est pourquoi tu n’as rien dit du processus de Genève et n’a même pas écouté l’intervention de M. de Mistura. »

« Que faites-vous à Londres et à Paris pour la Syrie? » a poursuivi le délégué russe, en dénonçant l’idée d’un changement de régime.  « Vous avez perdu toute raison », a-t-il tranché, en estimant que le représentant britannique avait offensé dans sa déclaration la Turquie et l’Iran.  « Nous exigeons le respect du règlement intérieur de ce Conseil et de son ordre du jour et nous ne pouvons tolérer qu’un pays utilise un langage grossier et offense d’autres pays », a martelé le représentant russe.

Il a demandé que toutes les forces syriennes patriotiques participent aux négociations sur un pied d’égalité afin de préserver la Syrie en tant qu’État laïque et unitaire.  L’opposition doit être inclusive et consolidée et s’accorder sur une position unique, prenant en compte l’opinion des groupes clefs, a-t-il dit.  Il ne faut pas s’ingérer dans les efforts et laisser les parties négocier tranquillement, a poursuivi M. Safronkov qui s’est prononcé pour des discussions sans conditions préalables et qui a prévenu que les tentatives de l’opposition d’engranger des victoires militaires n’étaient pas admissibles.  Il a appelé les capitales concernées à calmer « les têtes brûlées » et enjoint Londres et Paris à travailler avec les groupes d’opposition et à appuyer le processus.  La provocation de Khan Cheikhoun apporte de l’eau au moulin des partisans d’une solution militaire en Syrie, a-t-il dit.  Plaidant pour une enquête impartiale, le délégué s’est étonné que les enquêteurs français aient d’ores et déjà déterminé la responsabilité de Damas dans cette attaque.

S’il n’est pas une panacée, a-t-il poursuivi, le processus d’Astana a une valeur unique, car il vise le cessez-le-feu.  M. Safronkov a plaidé pour un appui « unique » à ce processus et demandé une accélération des efforts de déminage en Syrie, dénonçant l’hypocrisie et le chantage qui veulent que les opérations de déminage ne commencent que lorsqu’il y aura un changement de régime à Damas.  Il s’est étonné de l’exclusion de Damas de la récente Conférence de Bruxelles pour un soutien à l’avenir de la Syrie, pendant laquelle « des milliards de dollars virtuels » ont été promis.  Une telle exclusion manque d’éthique et elle est arrogante, a-t-il affirmé.  Le dossier syrien pourrait être un modèle de coopération, a-t-il conclu, avant de dénoncer les « projets politiques destructeurs » contrevenant à l’objectif convenu.  Mon pays ne tolérera pas de tels projets au sein de ce Conseil, a-t-il prévenu.

Après six ans de conflit, M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a estimé que les attaques contre les populations civiles syriennes sont encore montées d’un cran dans la « barbarie », comme on l’a vu la semaine dernière à Khan Cheikhoun.  Il faut maintenant nous engager en faveur des pourparlers de Genève en mettant en œuvre toutes les étapes du processus politique prévu par la résolution 2254 (2015), a-t-il recommandé.  De leur côté, les pays ayant de l’influence sur Damas doivent l’exercer pour que le régime s’engage de bonne foi dans les négociations, a plaidé le représentant.  S’il a salué l’importance du processus d’Astana, garant du cessez-le-feu, il a toutefois regretté que celui-ci se soit « effondré ».  En outre, a poursuivi le délégué, l’accès humanitaire a été empêché dans différentes zones du pays.  Pour l’Italie, la lutte contre le terrorisme en Syrie doit s’accompagner de progrès sur la voie politique.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a regretté le manque de progrès dans les deux dernières séries de pourparlers intersyriens à Genève.  Qu’il s’agisse de la transition politique, de la constitution, des élections ou du contreterrorisme, il a dit ne pas voir beaucoup de raisons d’être optimiste.  Il a blâmé le manque de volonté politique, notamment de la part du régime syrien.  D’après lui, « le processus politique bloqué risque de créer des scénarios alternatifs qui ne plairont à personne ».  Damas et ses alliés doivent comprendre que l’approche « c’est ça ou rien » ne mènera nulle part et ne fera que prolonger la crise et alimenter les extrémistes, a insisté le représentant.  Aucun progrès politique ne sera possible sans une stricte adhésion à la lettre et à l’esprit du Communiqué de Genève de 2012, à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et aux directives de l’ONU.

Selon le représentant, « la Russie a tous les moyens à sa disposition pour amener Damas et ses milices alliées à revoir leur approche militariste et à commencer à appuyer le processus politique et la réconciliation nationale ».  Il a recommandé de faire pression sur Damas et d’établir un mécanisme d’établissement des responsabilités en Syrie.  Maintenant, a-t-il conclu, il est temps de concentrer tous nos efforts sur le processus politique conduit à Genève sous l’égide des Nations Unies.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a réitéré son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général auprès des parties au conflit, qui ont permis d’organiser un cinquième cycle de négociations pour examiner un certain nombre de questions en suspens.  Il a demandé un travail conjoint des parties prenantes aux processus d’Astana et de Genève, lesquels sont complémentaires, priant aussi ces parties de s’abstenir d’une escalade des tensions sur le terrain.  Après avoir rappelé son opposition à toute action unilatérale, susceptible, pour sa délégation, de nuire à la recherche d’une solution politique, il a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il défende le multilatéralisme, comme le prévoit la Charte.  M. Llorentty Solíz a dit ne pas comprendre pourquoi un projet de résolution serait mis aux voix cet après-midi, alors qu’un veto est d’ores et déjà annoncé.  « Qui bénéficie de la guerre en Syrie? »  Les terroristes de Daech et du Front el-Nosra et le « complexe militaro-industriel », qui profite économiquement de cette guerre.  Le représentant a espéré que le Conseil saura assumer ses responsabilités.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a indiqué que l’odieuse attaque chimique commise en Syrie la semaine dernière montrait « qu’Assad n’est pas un partenaire pour la paix ».  Cette attaque chimique bafoue les résolutions du Conseil mais également les affirmations de la Fédération de Russie, selon lesquelles il n’y avait plus d’armes chimiques en Syrie.  « Les États-Unis ont été contraints d’agir », a-t-elle dit, ajoutant que son pays ne détournerait pas les yeux de ce qui se passe en Syrie.

S’adressant à son collègue russe, elle a déclaré que la Russie aggravait son isolement chaque fois que Damas larguait des barils d’explosif.  La Russie aurait dû cesser depuis longtemps déjà de « couvrir » Assad et œuvrer à la paix, a-t-elle dit.  Si elle a convenu qu’une solution politique ne pourrait pas être trouvée du jour au lendemain, la représentante a exhorté le monde à s’atteler à la réalisation de cet objectif, ajoutant que les pays du Moyen-Orient étaient contre la brutalité d’Assad.  Elle a demandé à la Russie d’user de son influence pour que Damas respecte ses obligations et ménage un accès aux bases utilisées pour les attaques.  Mme Haley a plaidé pour un véritable cessez-le-feu en Syrie et un processus de négociation sérieux.  « La Russie doit se ranger du côté du monde civilisé s’agissant d’Assad. »

La déléguée a prôné « l’honnêteté » sur les agissements de l’Iran en Syrie, précisant que des généraux iraniens étaient présents aux côtés des généraux d’Assad et pointant l’implication du Hezbollah.  Dénonçant les actes barbares de l’Iran, devant lesquels la communauté internationale ne saurait rester les bras croisés, elle a demandé que le territoire syrien ne soit pas utilisé comme base arrière de l’Iran pour terroriser la région.  Mme Haley a déclaré que la pertinence de ce Conseil dépendait des mesures qu’il prenait pour la Syrie.  Le Conseil doit adopter des résolutions qui disent la vérité et que nous sommes tous prêts à défendre, a-t-elle poursuivi.  Elle a appelé les pays concernés à exercer leur influence auprès des groupes d’opposition.  Nous n’appuierons pas, a-t-elle conclu, un processus qui protégerait Assad alors que ce dernier cherche à gagner du temps et continue de meurtrir sa population.  Certains actes d’Assad ne sauraient plus être tolérés, a ajouté Mme Haley qui a réaffirmé l’attachement de son pays au processus visant à ramener la paix en Syrie.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’en 2003, il avait été clairement établi, ici même au Conseil de sécurité, par des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Iraq.  « La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne l’encourage peut-être à se chercher un nouveau rôle sur la scène internationale en accusant aujourd’hui la Syrie », a dit constater le représentant, en rappelant les propos « mensongers » qu’avait tenus à l’époque Tony Blair.  Après avoir ironisé sur « l’éléphant américain qui a détruit la porcelaine iraquienne avec sa brutalité coutumière », le représentant a précisé qu’il s’exprimait devant le Conseil après trois mois d’absence, après avoir conduit la délégation syrienne aux processus d’Astana et de Genève.  Aujourd’hui, a-t-il mis en garde, l’Administration américaine a décidé de « ressortir » le « mensonge » des armes de destruction massive et de se livrer dans la foulée à une « agression militaire directe » contre la Syrie.

Les États-Unis « dirigent » le terrorisme en Syrie, des incidents récents ayant démontré, selon M. Ja’afari, que Washington a détruit des infrastructures syriennes vitales et offert une « couverture aérienne » au Front el-Nosra et à Daech.  Le « front du terrorisme » aurait aussi, selon lui, bénéficié du soutien d’Israël, qu’il a accusé d’avoir fourni un appui à Daech à Palmyre grâce à une « opération aérienne » menée le 17 mars 2017.  L’attaque à Khan Cheikhoun a été précédée de « manœuvres politiques », dans l’espoir de présenter un projet de résolution « provocateur » reprochant au régime syrien d’avoir utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, alors que ce sont les terroristes qui sont responsables de cette attaque, a-t-il affirmé.  Le délégué a accusé les soutiens des groupes terroristes de leur avoir remis des « produits chimiques toxiques » pour pouvoir ensuite « diaboliser » le régime syrien et justifier une intervention militaire.  Il a rappelé que plus de 90 lettres avaient été adressées ces dernières années au Conseil de sécurité par le Gouvernement syrien pour lui signaler l’arrivée de ces produits dans le pays.

Le représentant a assuré que l’ancien Ministre français des affaires étrangères de la France, M. Roland Dumas, aurait été informé dès 2009 d’une « conspiration » visant à détruire la Syrie, soit « deux ans avant le début de la crise syrienne ».  Alors que Barack Obama avait finalement décidé de ne pas attaquer la Syrie, « en raison de l’impopularité de cette intervention militaire » programmée dans l’opinion publique de ses alliés, voilà que la nouvelle Administration américaine, « au sujet de laquelle nous nourrissions des espoirs », « fabrique de toutes pièces l’incident » de Khan Cheikhoun, « parce que nous avions réussi à faire figurer la question de la lutte antiterroriste au nombre des questions examinées dans le cadre des pourparlers de Genève ».  Selon lui également, le conflit pourrait prendre fin en 24 heures si l’intégralité des mesures prévues par les pourparlers d’Astana étaient mises en œuvre.

L’attaque américaine a été perpétrée au moment d’une « détente diplomatique », a jugé le représentant, en essayant de comprendre cet « appétit brutal » à vouloir détruire son pays.  La Syrie, a-t-il souligné, a envoyé une lettre invitant le Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à dépêcher une équipe technique sur la base aérienne pour établir la vérité au sujet de l’utilisation des armes chimiques.  M. Ja’afari a donc accusé les États-Unis et le Royaume-Uni de saper les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général et la recherche d’une solution politique.  « L’attaque américaine n’empêchera pas l’État syrien de poursuivre la guerre contre le terrorisme et de continuer à appuyer toute tentative véritable de parvenir à une solution politique », a assuré le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Haïti: la fermeture prochaine de la MINUSTAH motivée par « le retour à l’ordre constitutionnel » conduit le Conseil de sécurité à réfléchir à une mission plus petite

7920e séance – matin
CS/12789

Haïti: la fermeture prochaine de la MINUSTAH motivée par « le retour à l’ordre constitutionnel » conduit le Conseil de sécurité à réfléchir à une mission plus petite

Le Conseil de sécurité, qui s’apprête à proroger pour une dernière période de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a pris acte ce matin des progrès accomplis par cette opération depuis son déploiement il y a 13 ans dans un pays qui vient d’achever avec succès un cycle électoral, sonnant ainsi « le retour à l’ordre constitutionnel ». 

Après des années d’impasse, une « fenêtre d’opportunités cruciale » s’est ouverte pour résoudre les causes profondes des défis qui grèvent le pays, a estimé la Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, Mme Sandra Honoré, en faisant allusion à la tenue des scrutins du 20 novembre 2016 et du 29 janvier 2017.

Avec l’inauguration, le 7 février dernier, du cinquante-huitième Président d’Haïti, M. Jovenel Moïse, la désignation du Premier Ministre, M. Jack Guy Lafontant, et de son cabinet, et l’installation des élus à tous les niveaux de responsabilité dans le pays, l’on assiste aujourd’hui à la première « structure de gouvernance » véritable en Haïti depuis 2006, selon Mme Honoré.

Unanimement salué par le Conseil, ce « retour à l’ordre constitutionnel » est une « occasion exceptionnelle » pour Haïti, au moment où la Police nationale haïtienne, forte désormais de 14 000 hommes, devra sous peu assumer seule les responsabilités qu’elle partageait jusqu’à présent avec la MINUSTAH dont le dernier mandat devrait être adopté ce jeudi 13 avril.

Dans le rapport* qu’il a présenté au Conseil de sécurité, le Secrétaire général recommande toutefois, après le retrait de la MINUSTAH, la mise en place, « sous un autre nom », d’une mission de plus petite taille, axée sur la consolidation de l’état de droit et des services de police.  Son mandat principal?  « Appuyer la stabilité politique et la bonne gouvernance, notamment la surveillance et la réforme électorales, l’état de droit et les droits de l’homme. »  La mission serait dotée de sept unités de police constituées sur les 11 déployées actuellement. 

De nombreuses délégations ont mis en garde contre le risque du « vide sécuritaire » et la répétition de l’erreur commise en 2000, après la clôture de la Mission de police civile des Nations Unies en Haïti (MIPONUH).  Le retrait échelonné des composantes militaire et civile de la MINUSTAH, a prévenu le représentant d’Haïti, doit permettre aux institutions haïtiennes concernées d’assumer efficacement le relais.  Les deux parties doivent, par conséquent, convenir d’un calendrier de retrait qui ne puisse donner lieu à aucune espèce de vide sur le plan de la sécurité.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, souscrit à l’idée de faire participer la nouvelle mission à la mise en œuvre du plan stratégique de développement de la police nationale 2017-2021, de la faire intégrer l’équipe de pays des Nations Unies et de lui faire jouer un « rôle de bons offices » en appui à la stabilité politique et à la bonne gouvernance.  

Le principe directeur, a précisé le représentant, est d’assurer une transition responsable faisant fond sur les réalisations des 13 dernières années tout en répondant aux besoins prioritaires en matière de stabilisation et de renforcement des capacités du pays.  Le Gouvernement haïtien souhaite que l’appel des Nations Unies à un nouvel élan de solidarité avec Haïti trouve le plus large écho auprès de la communauté internationale. 

À ce propos, le Groupe des Amis d’Haïti a, par la voix du représentant du Pérou, considéré qu’il appartient maintenant à l’équipe de pays des Nations Unies de mettre en œuvre « la nouvelle stratégie pour lutter contre le choléra », objet d’une résolution de l’Assemblée générale présentée en décembre 2016, au lendemain des « excuses » présentées par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, qui avait reconnu que l’Organisation « n’avait tout simplement pas fait assez face à l’épidémie ».  Le représentant du Chili a constaté que le Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires des Nations Unies créé à l’appui de cette stratégie reste sous-financé, avec des contributions totales de 9,8 millions de dollars sur un montant requis de 400 millions de dollars.  Son homologue du Royaume-Uni, qui a annoncé y avoir contribué à hauteur de 600 000 dollars, et la Bolivie ont demandé, aujourd’hui, à d’autres bailleurs de fonds de faire preuve de générosité.

* S/2017/223

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2017/223)

Déclarations

Mme SANDRA HONORÉ, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, a déclaré qu’à la suite de l’organisation réussie des élections du 20 novembre 2016 et du 29 janvier 2017, les perspectives d’avenir du pays se sont nettement améliorées, avec l’ouverture d’une fenêtre d’opportunités « cruciale » pour résoudre en profondeur la crise politique préélectorale.  Les scrutins ont en effet permis d’installer à tous les niveaux de responsabilité des élus, qui forment la première « structure de gouvernance » d’Haïti depuis 2006, y compris le transfert pacifique de pouvoir au troisième Président démocratiquement élu depuis le déploiement de la MINUSTAH.

Contrairement aux dysfonctionnements parlementaires observés en 2015, les 119 sièges de la Chambre basse et 29 des 30 sièges du Sénat ont été pourvus, notamment par quatre femmes, et la cinquantième législature fonctionne régulièrement depuis le 9 janvier dernier, a expliqué Mme Honoré.  Les autorités municipales sont en place depuis près d’un an et la publication des résultats définitifs des élections locales est imminente.  Après l’inauguration, le 7 février dernier, du cinquante-huitième Président d’Haïti, M. Jovenel Moïse, le Premier Ministre, M. Jack Guy Lafontant, et son cabinet sont entrés en fonctions, le Parlement ayant apporté son approbation le 22 mars.  « Le retour d’Haïti à l’ordre constitutionnel et le plein fonctionnement de l’exécutif, de l’Assemblée législative et des gouvernements locaux ont posé les bases d’une réponse aux défis nombreux et urgents auxquels le pays est confronté », a assuré la Représentante spéciale.

Selon elle, la situation sur le plan sécuritaire est relativement stable, malgré des signes continus de « fragilité ».  La Police nationale haïtienne, forte désormais de 14 000 membres, a démontré des capacités accrues dans la planification et l’exécution d’opérations complexes, y compris la sécurisation des élections, tout en déployant simultanément des efforts de lutte contre la criminalité et de maintien de l’ordre public plus efficaces.  Le développement de la police nationale –notamment dans les domaines de la gestion et de la surveillance internes, dans le ratio police-population et dans la couverture géographique du territoire– devra se faire dans le cadre du nouveau plan stratégique de la police nationale 2017-2021 pour assurer la viabilité à long terme de l’organe chargé de l’application des lois, a expliqué Mme Honoré.

À cette fin, un soutien international ciblé, y compris de la part de l’ONU, sera indispensable pour permettre à la police nationale d’assumer définitivement tous les aspects relatifs à la sécurité des citoyens haïtiens, a prévenu Mme Honoré.  « J’ai appelé le Gouvernement à continuer de donner la priorité à la professionnalisation de la police nationale et à la fourniture de ressources financières et matérielles nécessaires, malgré son intention déclarée de reconstituer une force de défense nationale.  La préservation, par le Gouvernement, du caractère apolitique de la force de police sera particulièrement cruciale pour la crédibilité de l’institution », a-t-elle souligné.

Pour la haute fonctionnaire, les défis politiques demeurent le principal obstacle aux progrès constants dans l’administration de la justice et le respect des droits de l’homme pour véritablement ancrer l’état de droit et rendre la police plus efficace, tout en créant les conditions propices à l’investissement étranger et national et à la création d’emplois.  En effet, a relevé Mme Honoré, le système judiciaire et celui des droits de l’homme continuent de souffrir de multiples insuffisances, notamment le manque de confiance de la population, le degré de responsabilité, la capacité institutionnelle limitée, les taux élevés de détention préventive prolongée et les conditions de détention « inhumaines ».  Ces lacunes exigent un engagement renouvelé de l’exécutif et du législatif pour concevoir un ensemble de réformes capables de s’attaquer à ces problèmes structurels.  « Dans ce contexte, il est regrettable d’avoir mis fin au mandat de l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti et je demande instamment au Gouvernement de nommer un point focal au niveau ministériel dans ce domaine », a dit la Représentante spéciale.  Enfin, le résultat des actions récemment prises pour combler les nominations clefs à la Cour suprême et au Conseil supérieur de la magistrature est attendu avec impatience, a-t-elle ajouté en soulignant que celles-ci permettraient de rétablir complètement le pouvoir judiciaire et garantir son indépendance vis-à-vis des pouvoirs exécutif et législatif.

Se félicitant, une nouvelle fois, de la résolution de la crise politico-électorale prolongée d’Haïti, Mme Honoré s’est dite encouragée par les appels du Président et des dirigeants politiques, de la société civile et du secteur privé haïtiens à lancer un véritable dialogue autour d’une feuille de route pour identifier les priorités de développement et la consolidation de l’état de droit.  Compte tenu des progrès remarquables réalisés au cours des 13 dernières années, le Secrétaire général a recommandé la clôture de la MINUSTAH dans six mois et le déploiement d’une « opération de maintien de la paix plus modeste axée sur l’état de droit, le renforcement de la police et la surveillance des droits de l’homme ».  Un « plan de transition conjoint » permettra d’assurer le transfert progressif des responsabilités au Gouvernement, aux partenaires internationaux et à l’équipe de pays des Nations Unies, a expliqué la Représentante spéciale, qui a donc appelé le pays à saisir cette « occasion exceptionnelle » d’entamer un nouveau chapitre de l’histoire d’Haïti.

Saluant le retour à l’ordre constitutionnel en Haïti, M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a estimé que le pays avait encore besoin de l’aide de la communauté internationale pour relever les défis importants auxquels il est confronté et pour réaliser les réformes structurelles nécessaires à son développement durable.  Il a pris note des progrès réalisés en matière de sécurité depuis la création de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), il y a 13 ans.

« Cela fait partie de notre responsabilité de réfléchir à la meilleure façon d’accompagner Haïti dans la conjoncture actuelle », a estimé le représentant, en se référant à la mission d’évaluation stratégique conduite par Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et aux recommandations du Secrétaire général sur la MINUSTAH.  Ainsi a-t-il appuyé l’idée de créer une nouvelle mission qui serait axée sur la consolidation de l’état de droit et de la police, et sur le respect des droits de l’homme.  En tant que Président du Groupe des Amis d’Haïti, il a dit apprécier les efforts entrepris dans le cadre de la nouvelle stratégie de lutte contre le choléra.  Enfin, il a annoncé que les troupes uruguayennes se retireraient du pays le 15 avril prochain, « avec le sentiment du devoir accompli ». 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a indiqué que la tenue pacifique de l’élection présidentielle et l’investiture du Président Jovenel Moïse étaient autant de jalons dans la restauration de l’ordre constitutionnel en Haïti.  Il a relevé que la situation sécuritaire était restée relativement stable malgré les tensions observées lors du processus électoral.  Soulignant les défis que la Police nationale haïtienne doit relever et les problèmes liés à la réforme du secteur judiciaire, le délégué a affirmé que le pays avait besoin d’un appui international soutenu.  L’Éthiopie est l’un des pays contributeurs de la MINUSTAH, a-t-il rappelé, avant d’insister par ailleurs sur les conséquences dévastatrices de l’ouragan Matthew, aggravées par une épidémie du choléra.   Nous notons les excuses de l’ancien Secrétaire général, au nom de l’ONU, pour ne pas avoir assez fait pour contenir l’épidémie et réalisons qu’il existe une nouvelle approche pour remédier à ce défi et alléger les souffrances des victimes, a dit le représentant.  Il est important, a-t-il estimé, que la communauté internationale appuie le Gouvernement haïtien dans ses efforts visant à éliminer la maladie.  Jugeant crucial le maintien d’un engagement fort de l’ONU en Haïti, le délégué éthiopien s’est dit en faveur d’un renouvellement du mandat de la Mission pour six mois en vue d’une transition sans heurt.  « Nous, en Afrique, avons un attachement spécial avec les personnes d’ascendance africaine de la diaspora et nous tenons à exprimer notre solidarité et notre soutien au peuple et au Gouvernement d’Haïti. »

M. ALEXIS LAMEK (France) a salué la conclusion récente du cycle électoral engagé depuis plusieurs années en Haïti, et le retour à l’ordre constitutionnel qui l’a suivie le 7 février dernier.  Il s’agit à ses yeux de « développements majeurs dans la stabilisation du pays ».  Haïti bénéficie à nouveau d’institutions solides et pleinement investies d’une légitimité démocratique, à même de se consacrer efficacement aux défis qui pèsent sur la vie quotidienne de la population, a-t-il constaté.

Plus de 13 ans après l’établissement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), nous soutenons pleinement l’idée qu’il est désormais temps d’acter les succès enregistrés par la Mission dans la stabilisation d’Haïti et d’évoluer vers une nouvelle forme de présence onusienne, davantage adaptée aux besoins du pays et aux conditions sur le terrain, qui ont considérablement évolué, a déclaré M. Lamek.  Malgré l’ampleur des progrès accomplis, a-t-il précisé, la France reste convaincue que les Nations Unies n’ont pas encore achevé leur travail en Haïti.

C’est pour cette raison qu’il a appuyé l’établissement d’une nouvelle opération de maintien de la paix qui soit « plus légère, centrée sur le renforcement des institutions haïtiennes dans quelques domaines prioritaires et dotée d’un mandat et d’un calendrier de sortie précis ».  Cette nouvelle opération, a-t-il poursuivi, devra consolider les avancées obtenues ces dernières années, en faisant notamment de la police haïtienne un acteur autonome, mais aussi engager de nouveaux grands chantiers dans le domaine de l’état de droit.  La situation sur le plan des droits de l’homme devra également faire l’objet d’un suivi attentif.  Enfin, a conclu le représentant, cette opération devra coopérer étroitement avec l’équipe de pays des Nations Unies sur place, qui aura vocation à constituer « l’acteur de premier plan pour répondre aux autres défis auxquels le pays fait face ».  À cet égard, la France soutient la nouvelle approche du Secrétaire général en matière de lutte contre le choléra, y compris à travers une contribution volontaire de 600 000 euros.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué l’entrée en fonctions du nouveau Gouvernement et des autorités élues, signes évidents qu’Haïti est engagé dans une phase de développement et de stabilisation, avec le soutien des « pays frères » du continent sud-américain et de la communauté internationale.  La mission qui succèdera à la MINUSTAH devra jouer un rôle déterminant à cet égard, a-t-il souligné.  Le représentant a par ailleurs annoncé que la Bolivie, qui présidera le Conseil de sécurité en juin, a l’intention d’organiser une visite en Haïti.  Après s’être félicité, une nouvelle fois, des progrès réalisés par l’État haïtien et la MINUSTAH dans un contexte marqué par des tragédies, notamment le séisme de 2010, M. Llorentty Solíz a jugé fondamental d’envisager des projets de développement à impact rapide.  Il s’est dit en outre préoccupé des problèmes de santé publique « endémiques » posés par l’épidémie de choléra, responsable de la mort d’environ 9 000 personnes jusqu’à présent.  La reconnaissance par le Secrétaire général de l’ONU de la responsabilité de l’Organisation n’est pas suffisante, a-t-il estimé, affirmant que la communauté internationale doit réfléchir aux moyens de « réparer tous les dommages subis » et de se mobiliser auprès du Gouvernement haïtien.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a souligné les progrès accomplis, ces 13 dernières années, dans un pays qui s’est engagé dans « une trajectoire ascendante ».  Il a salué le retour à la stabilité, après la tenue pacifique des dernières élections.  Il a loué la résilience du peuple haïtien, mise à l’épreuve par l’ouragan Matthew et l’épidémie de choléra.  Le Royaume-Uni, a-t-il dit, a fait une contribution de 600 000 dollars au Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires des Nations Unies pour la lutte contre le choléra et invite les autres pays à en faire de même.  Il est temps que la MINUSTAH ferme ses portes, a poursuivi le représentant, qui s’est dit en faveur d’un retrait progressif de la Mission et son remplacement par une présence plus légère, dotée d’une direction efficace et comptable de ses performances.  La stratégie de retrait de la mission qui remplacera la MINUSTAH devra être élaborée au tout début de son déploiement et pas à la fin, a voulu le représentant, en soulignant d’emblée le rôle qu’aura à jouer l’équipe de pays des Nations Unies.  Une stratégie de sortie sur les deux prochaines années permettra de préserver Haïti des conséquences d’un retrait précipité, a-t-il insisté.  « Nous devons choisir les bons outils dont dispose l’ONU pour qu’Haïti devienne autonome. »

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a salué les efforts entrepris par le Premier Ministre haïtien, M. Jack Guy Lafontant, pour réformer l’administration publique, combattre le gaspillage et rediriger les ressources vers des programmes prioritaires.  Selon lui, établir la Commission vérité et réconciliation contribuerait à un sentiment de justice sociale et de stabilité.  Il a appuyé les recommandations du Secrétaire général et du Groupe des Amis d’Haïti en vue de créer une nouvelle mission axée sur la consolidation de l’état de droit.  Cependant, a-t-il averti, « la situation sur le terrain reste fragile et imprévisible », et la communauté internationale et le Conseil de sécurité devraient continuer de suivre son évolution de près.  Il a jugé essentielle l’aide humanitaire pour un pays dévasté par de nombreuses catastrophes naturelles et par le choléra.

« Nous devrions élaborer le nouveau mandat en concertation étroite avec le Gouvernement et la société civile », a recommandé le représentant.  Un tel mandat devrait couvrir une vaste gamme de questions, allant de la sécurité nationale à la sécurité des frontières, en passant par le trafic des stupéfiants et la traite des personnes, la gestion des catastrophes et la surveillance des droits de l’homme.  Pour sa part, le Kazakhstan, qui a rejoint, en 2016, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) en tant qu’observateur, appuie des projets de gestion des ressources en eau et de renforcement des capacités aux ministères des affaires étrangères des États de la région, dont Haïti.   

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) s’est félicité de l’élection présidentielle réussie en Haïti, qui n’en reste pas moins à la croisée des chemins, alors que d’immenses défis continuent de se poser à ce pays.  En tant que pays contributeur de troupes à la MINUSTAH, l’Égypte considère que le renforcement de la police doit continuer d’être une priorité de maintien de la paix pour Haïti.  Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à proroger une dernière fois le mandat de la MINUSTAH, assurons-nous qu’il soit pleinement aligné avec les réalités sur le terrain, a recommandé M. Aboulatta.  Le mandat, selon lui, devra se limiter au renforcement des institutions publiques haïtiennes, en particulier sa police nationale.  Il a affirmé que l’ONU porte la responsabilité « juridique et morale » de continuer d’aider Haïti à lutter contre l’épidémie de choléra.  Soucieux que la phase de développement se déroule sans heurts, le représentant a demandé que l’on évite de prendre des décisions hâtives qui pêcheraient par incapacité à répondre aux problèmes que rencontre le pays.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a noté la bonne tenue des élections qui a permis de réduire les tensions en Haïti et a salué l’engagement de la nouvelle direction haïtienne à mener un dialogue avec un large éventail de forces politiques et à œuvrer à la stabilité.  L’approbation d’un nouveau Gouvernement par l’Assemblée nationale est une étape importante, a-t-il dit.  Il a pris note de la recommandation du Secrétaire général de proroger de six mois le mandat de la Mission, avant de prôner la prudence.  Il ne faut pas, a-t-il prévenu, créer un vide sécuritaire et répéter l’erreur commise en 2000 avec le retrait de la Mission.  S’il a reconnu que le pays est engagé dans une dynamique positive, le délégué russe a néanmoins estimé que la situation restait « très fragile ».  S’agissant de l’éventuelle nouvelle mission, il a réclamé un mandat « clair et réaliste ».  La nouvelle mission agira en vertu du Chapitre VII de la Charte, ce dernier ne devant s’appliquer qu’aux dispositions du mandat relatives au maintien de l’ordre et de la sécurité.  Le délégué a promis l’appui de son pays à l’ancrage de la sécurité en Haïti.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué l’achèvement du processus électoral et le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Haïti, qui doivent maintenant être suivis de réformes économiques et d’efforts à l’appui du développement.  Il s’agit d’une étape cruciale au cours de laquelle le soutien de la communauté internationale sera indispensable, a estimé le représentant, qui a soutenu le retrait progressif de la MINUSTAH et son remplacement par une mission de taille plus modeste pour accompagner le renforcement de la police nationale.  Conscient des défis qui se posent, notamment sur le plan humanitaire et celui des droits de l’homme, le représentant a rappelé que l’Italie s’est mobilisée auprès du peuple et du Gouvernement haïtiens en contribuant aux programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Comité international de la Croix-Rouge.  Il a également souligné l’exigence d’une participation accrue des femmes dans le champ politique et dans les efforts de développement qui doivent être déployés en Haïti. 

Alors qu’Haïti poursuit son développement, a dit M. CARL SKAU (Suède), il est temps que le rôle et la composition de la MINUSTAH évoluent.  Nous devons apprendre des erreurs du passé et reconnaître la nécessité d’une bonne planification adéquate de la mission de transition qui succèdera à la MINUSTAH.  Il faudra donc gérer le transfert à l’équipe de pays des Nations Unies, dans l’esprit de l’agenda pour la pérennisation de la paix.  Une présence intégrée des Nations Unies, pendant et après la transition sera nécessaire pour aider le peuple et le Gouvernement au moment où ils traitent des risques et des moteurs d’instabilité.  Il faudra des efforts pour réduire les inégalités sociales, libérer le potentiel du peuple haïtien en stimulant la croissance économique, alléger la pression fiscale et renforcer la confiance dans les institutions nationales et leurs capacités.

Saluant le volet « état de droit et droits de l’homme » du mandat de la future mission, le délégué suédois a souligné l’importance qu’il y a à ce que tous les efforts intégrés et coordonnés des Nations Unies soient planifiés, conduits et mis en œuvre par les Haïtiens.  L’ONU doit continuer de donner un soutien résolu aux autorités haïtiennes y compris la police nationale, pour renforcer leurs capacités.  Le représentant a aussi jugé important de maintenir une « attention stratégique », une bonne coordination et une budgétisation ciblée sur les questions d’intégration de la dimension sexospécifique et de lutte contre la violence sexuelle.  

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a dit que sa délégation a suivi les élections haïtiennes et le processus politique avec un grand intérêt et parfois avec préoccupation.  Nous sommes ravis que les élections aient été organisées avec succès en dépit de l’ouragan Matthew.  Ces élections sont une étape importante du renforcement de la démocratie et du retour à l’ordre constitutionnel en Haïti.  Le temps est venu pour le pays de bâtir sur ce progrès politique afin de créer des institutions de justice et d’état de droit plus efficaces et plus responsables.  Nous sommes ravis, a confié le représentant, de la capacité accrue de la Police nationale haïtienne, qui n’est qu’une composante du secteur de la justice et de la chaîne pénale.  En effet, le secteur de la justice d’Haïti dans son ensemble exige d’autres réformes, équilibrant soigneusement le renforcement des capacités avec un contrôle civil accru.

Le Japon apprécie grandement le travail de la récente mission d’évaluation stratégique  et appuie ses recommandations, y compris l’importance de renforcer la capacité de la police.  Pour la future mission, nous soulignons, a dit le représentant, la nécessité d’un mandat clair et très ciblé pour consolider les acquis grâce au soutien à la justice, y compris le renforcement de l’état de droit.  Haïti a fait des progrès louables dans des conditions très difficiles mais la route est encore longue, a prévenu le représentant.  Le Japon poursuivra donc son soutien au développement d’Haïti, y compris l’amélioration des services sociaux de base, le soutien à la reconstruction post-catastrophe et la lutte contre le choléra. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a félicité le peuple haïtien pour avoir œuvré à la restauration de l’ordre constitutionnel dans le pays.  Il a appelé toutes les parties prenantes à se concentrer sur le renforcement de la stabilité et de la sécurité, composantes essentielles de la consolidation démocratique.  Le retour de l’ordre constitutionnel devrait aider Haïti, avec l’appui de la communauté internationale, à remédier aux défis humanitaire et socioéconomique urgents, lesquels ont été aggravés par l’épidémie de choléra et l’ouragan Matthew, a-t-il dit.  Il a souligné le rôle précieux joué par la MINUSTAH et la Police nationale haïtienne dans la tenue pacifique des élections dans le pays.  Saluant la recommandation du Secrétaire général, il s’est dit en faveur d’une fermeture des portes de la Mission et de son remplacement par une présence plus légère en vue notamment du renforcement de l’état de droit.  Cette transition doit être bien pensée afin d’éviter les erreurs du passé, a averti le délégué.  Enfin, il a souligné la nécessité d’un engagement continu de l’ONU et des autres partenaires internationaux et régionaux en Haïti.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a félicité les autorités haïtiennes, en particulier le Conseil électoral provisoire et la Police nationale haïtienne, ainsi que la MINUSTAH, pour avoir réussi à assurer le retour à l’ordre constitutionnel au cours des mois écoulés.  La communauté internationale et l’ONU se doivent maintenant de continuer à appuyer les autorités haïtiennes dans le renforcement de l’autorité de l’État dans un contexte humanitaire encore difficile, encore marqué par le passage de l’ouragan Matthew, a observé le représentant.  Après avoir soutenu la nouvelle approche privilégiée par le Secrétaire général pour lutter contre le choléra, M. Seck a expliqué qu’au moment de proroger une dernière fois la MINUSTAH, la priorité est désormais d’éviter « tout vide sécuritaire » et de réitérer « les erreurs du passé qui ont fait le lit des crises électorales et des troubles publics ».  

Entre le 1er mars et le 31 août 2016, a-t-il poursuivi, 32 agents de police ont été assassinés, « un record depuis 2006 », et il a été fait état de 20 enlèvements et de 220 viols, tandis qu’au total, 263 manifestations sur 635 se sont accompagnées d’actes de violence d’intensité variable.  Le représentant a aussi rappelé que le Président provisoire sortant avait souligné, dans le « document d’évaluation des pertes, dommages et besoins post-Matthew », que 94% de la population vit actuellement sous la double menace de la sécheresse et des inondations.  Devant la nécessité de renforcer la confiance des Haïtiens dans ses institutions et de réaménager le territoire national, le représentant a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il continue d’apporter son appui à ce pays.

M. LIU JIEYI (Chine) a salué les progrès enregistrés en Haïti, avec le retour notamment de la stabilité.  Il a espéré que le nouveau Gouvernement haïtien identifiera les voies de développement les plus pertinentes pour le pays, telles que le tourisme ou bien encore l’amélioration des infrastructures.  Il a appelé la communauté internationale à contribuer au renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne et au relèvement des zones touchées par l’ouragan Matthew.  La recommandation du Secrétaire général de proroger de six mois le mandat de la MINUSTAH puis de la remplacer par une mission plus réduite témoigne de la capacité du Gouvernement haïtien de préserver la stabilité, a estimé le délégué de la Chine.  Il a appuyé cette recommandation avant d’inviter la communauté internationale à répondre favorablement à la nouvelle approche retenue s’agissant de l’épidémie de choléra en Haïti.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a estimé que la MINUSTAH a joué un rôle essentiel auprès du Gouvernement et du peuple haïtiens au cours des 13 dernières années.  Elle a toutefois souligné que la « véritable mesure » des progrès accomplis, « ce ne sont pas les dollars dépensés », mais l’impact concret que la Mission a pu avoir sur les populations locales.  « Avons-nous amélioré leur vie? » s’est-elle demandée, en félicitant la conclusion de la mission d’évaluation stratégique, pour qui la MINUSTAH devra être remplacée par une mission plus petite et axée sur les tâches de consolidation de l’état de droit et de surveillance de la situation en matière des droits de l’homme.  La représentante a rappelé que mardi dernier, lors du débat consacré au maintien de la paix par l’ONU, il avait été recommandé que le « concept général » des mandats corresponde à la réalité sur le terrain.  Mme Haley s’est donc félicitée qu’il soit prévu d’inclure, « dès le départ », dans le mandat de la nouvelle mission, une stratégie de retrait, ce qui permettra de planifier sans heurts un transfert des responsabilités à l’État haïtien.  Au-delà, le Gouvernement devra se concentrer sur le renforcement du système judiciaire et des droits de l’homme, a-t-elle ajouté.

Après avoir souligné quelques points forts du rapport du Secrétaire général, dans lequel « des lueurs d’espoir pointent », M. DENIS RÉGIS (Haïti) a souligné que le transfert pacifique du pouvoir, la restauration du Parlement dans la plénitude de ses attributions, la légitimité des élus, la désignation d’un gouvernement d’ouverture rassemblant quelques-unes des principales formations politiques représentées au sein de la législature sont autant d’éléments constitutifs du « socle de stabilité » que le nouveau Gouvernement s’emploie à consolider.  Maintenant que l’objectif de création d’un environnement « sûr et stable » a été atteint, il s’agit de surmonter les handicaps structurels et de trouver des réponses aux graves problèmes qui ont compromis pendant si longtemps la stabilité politique, sociale et économique d’Haïti et qui ont constitué un frein à l’investissement direct étranger dans le pays, a estimé le représentant.

Il a donc indiqué que le Président de la République venait, de concert avec le Gouvernement et le Parlement, de donner le coup d’envoi d’un « programme de réformes institutionnelles » afin de s’attaquer aux défis les plus pressants sur les plans sociopolitique et économique, notamment celui « de faire passer Haïti d’une situation de fragilité économique à celle d’une croissance soutenue ».  C’est d’ailleurs dans cet esprit de dialogue et de concertation que le Premier Ministre a présenté au Parlement un ambitieux programme d’action qui vise à mettre en œuvre un certain nombre de réformes jugées essentielles sur les plans économique et social, sur le plan de la sécurité, dans le secteur de la justice et des droits de l’homme, bref, dans le domaine de la consolidation de l’état de droit, parallèlement à la relance soutenue de la croissance et du développement.  Le représentant s’est félicité de la disposition des Nations Unies à apporter leur aide à l’organisation des « états généraux sectoriels » de la nation.

En ce qui concerne le mandat de la MINUSTAH, il a souligné la parfaite convergence de vues entre l’ONU et le Gouvernement haïtien quant au désengagement progressif et ordonné de la Mission après 13 ans de présence en Haïti.  Le retrait échelonné des composantes militaire et civile de la MINUSTAH doit permettre aux institutions haïtiennes concernées d’assumer efficacement le relais des fonctions exercées jusque-là par la Mission.  Les deux parties doivent, par conséquent, convenir d’un calendrier de retrait qui ne puisse donner lieu à aucune espèce de vide sur le plan de la sécurité.  La période de transition proposée répond ainsi au souci commun de voir la Police nationale d’Haïti dotée d’une capacité adéquate d’assumer au fil du temps la pleine responsabilité des besoins du pays en matière de sécurité et de « faire face à toutes les menaces d’instabilité à l’intérieur du pays, indépendamment d’une présence internationale en uniforme ».

Voilà pourquoi, a indiqué le représentant, le Gouvernement haïtien appuie la recommandation du Secrétaire général relative à la prorogation du mandat de la MINUSTAH pour une période finale de six mois, l’échéance initiale étant reportée au 15 octobre 2017.  De même, il appuie la recommandation faite au Conseil de sécurité d’établir, sous un nouveau nom, une nouvelle présence, dont les fonctions seront axées principalement sur le renforcement de l’état de droit et de la police.  Dans cette perspective, le Gouvernement haïtien souscrit aux modalités selon lesquelles s’opérera la transition dont la participation de la nouvelle mission à la mise en œuvre du plan stratégique de développement de la Police nationale d’Haïti et son intégration à l’équipe de pays des Nations Unies ainsi que son « rôle de bons offices » en appui à la stabilité politique et à la bonne gouvernance.  

Le principe directeur, a précisé le représentant, est d’assurer une transition responsable faisant fond sur les réalisations des 13 dernières années tout en répondant aux besoins prioritaires en matière de stabilisation et de renforcement des capacités du pays.  Le Gouvernement haïtien souhaite que l’appel des Nations Unies à un nouvel élan de solidarité avec Haïti trouve le plus large écho auprès de la communauté internationale.  

Avant de terminer, il a réitéré l’appel de son gouvernement à maintenir le Sud et la Grand’Anse d’Haïti dans l’agenda des institutions humanitaires, des ONG et des partenaires de coopération du pays, à travers les structures de l’État haïtien.  Dans le cadre de l’éradication de la pauvreté et du choléra, le Gouvernement souhaite ardemment et urgemment que soient réunis dans les délais requis les fonds indispensables à la mise en œuvre des volets I et II du Plan d’action, soit 400 millions de dollars sur deux ans.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a appuyé le retrait graduel de la composante militaire de la Mission en fonction de la réalité sur le terrain.  Alors que l’ONU diminue sa présence militaire, l’aide au développement doit être augmentée, a-t-il dit, en relevant que, bien souvent, les acteurs humanitaires et du développement partent dans la foulée des troupes.  La future présence de l’ONU en Haïti doit contrecarrer cette tendance et refléter l’importance de conjuguer sécurité et développement, maintien et consolidation de la paix, pérennisation de la paix et transition sans heurt, a poursuivi M. Vieira.

Il a donc appuyé la recommandation du Secrétaire général et a apporté le soutien du Brésil à la nouvelle approche de l’ONU s’agissant de l’épidémie de choléra, en plaidant pour sa pleine mise en œuvre.  « Il est alarmant que 440 Haïtiens continuent de mourir chaque année de cette maladie », a regretté le représentant qui n’a pas manqué de rappeler l’engagement robuste du Brésil, avec le déploiement de plus de 30 000 soldats au sein de la MINUSTAH sur 13 ans.  Parmi les bonnes pratiques identifiées par son pays, M. Vieira a mentionné la coopération civile-militaire renforcée, les stratégies communautaires visant à restaurer la confiance et l’implication des femmes dans tous les domaines du processus de stabilisation.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a d’abord et avant tout souligné la détermination de son pays à lutter contre le terrorisme, ajoutant que « nous avons mal pour les victimes du terrorisme ».  Le représentant a ensuite félicité le peuple haïtien pour l’aboutissement du cycle électoral et le retour de l’ordre constitutionnel.  Il a regretté le peu de place laissé au Gouvernement haïtien lors de l’évaluation stratégique, jugeant qu’une interaction étroite est pourtant cruciale.  Dans le droit fil de la recommandation du Secrétaire général, il a plaidé pour un « départ responsable » de la MINUSTAH et son remplacement par une mission pour consolider l’état de droit et renforcer les capacités de la police nationale.  Le délégué a jugé important d’avoir davantage d’informations sur le retrait de la Mission, en particulier dans un délai aussi court.  Dans l’histoire de ce Conseil, je ne me rappelle pas d’un délai de six mois pour le retrait d’une mission, a-t-il dit.  Il a exhorté le Secrétaire général à entretenir des canaux de communication avec le Gouvernement haïtien au moment de la mise en place de la nouvelle mission.  L’engagement de ce gouvernement sera « crucial » pour que la mission puisse pleinement s’acquitter de ses tâches, a conclu le délégué de l’Espagne.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé qu’au moment où le Conseil de sécurité doit proroger une dernière fois le mandat de la Mission, les gains obtenus doivent être préservés, alors que certains défis et obstacles continuent de se poser.  Elle a donné l’assurance que son pays, qui fait partie du Groupe des Amis d’Haïti, continuerait de prêter assistance à la Police nationale haïtienne, tant en maintenant à ses côtés des officiers de police colombiens qu’en assurant la formation de policières en Colombie même.  Il est indispensable, selon la représentante, que le plan stratégique de développement de la police nationale pour 2017-2021 inclue des mesures contre la violence sexuelle.  Elle s’est en outre félicitée de la disposition de l’État haïtien à suivre 175 des 213 recommandations faites dans le cadre de l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Depuis 1994, a rappelé M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine), mon pays a participé à tous les efforts de paix entrepris en Haïti.  Il a félicité le peuple et le nouveau Gouvernement haïtiens pour les élections récentes et le retour à l’ordre constitutionnel.  Il a appuyé le mandat de la nouvelle mission proposée par le Secrétaire général et le Groupe des Amis d’Haïti, axé sur la consolidation de l’état de droit et des services de police, et sur le respect des droits de l’homme.  Il s’est dit confiant que cette mission contribuera à faire avancer le développement économique et social du pays, y compris la nouvelle approche en matière de lutte contre le choléra.

Après 13 ans de présence en Haïti, et après le départ de ses troupes et son unité aérienne en avril 2015, l’Argentine prévoit de fermer son hôpital militaire en octobre prochain, a précisé le représentant dont le pays s’engage toutefois à maintenir ses 15 policiers civils, voire à augmenter leur nombre, dans le cadre de la nouvelle mission.  L’Argentine, a-t-il rappelé, aurait préféré une réduction « plus échelonnée » de la composante politique de la MINUSTAH, pour ne pas affaiblir subitement la présence des Nations Unies à un moment où les activités du personnel civil et de police s’avèrent essentielles pour consolider la paix.

Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a félicité le peuple haïtien et ses acteurs politiques qui, malgré les énormes difficultés et les faiblesses du système, ont su ramener le pays à l’ordre constitutionnel.  Les efforts de tous pour garantir la stabilité et la sécurité restent cruciaux pour le processus de consolidation démocratique, a-t-elle insisté.  Selon elle, « une réforme consensuelle et profonde du système électoral serait un élément clef pour éviter de nouvelles crises et regagner la confiance de la population ».  Dans ce contexte, tout en regrettant la non-continuation du mandat de l’expert indépendant de Nations Unies, elle a souligné l’importance de veiller à ce que les nouvelles structures et mécanismes de protection des droits de l’homme mis en place par le Gouvernement poursuivent le travail accompli par l’expert.

L’Union européenne est l’un des principaux bailleurs de fonds de l’aide d’urgence et du développement en Haïti, a rappelé Mme Adamson, en évoquant la réponse apportée après le passage de l’ouragan Matthew.  Prenant note du rapport du Secrétaire général sur la MINUSTAH, elle a recommandé d’aborder toute décision « avec la prudence et la responsabilité qui s’imposent, et dans le cadre d’un dialogue permanent avec les autorités haïtiennes ».  En particulier, elle a estimé que la situation sécuritaire méritait d’être suivie avec attention et a jugé essentiel le travail de renforcement de la Police nationale haïtienne.  « Le moment venu, dans la période de transition, il sera essentiel d’assurer une continuité bien préparée », a-t-elle conclu.  « Il y va de la sécurité et du bien-être des citoyens, et aussi de la stabilité du pays. »

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a salué « la maturité politique » des autorités haïtiennes qui ont mené à bien le processus électoral le 7 février dernier.  Il a reconnu les efforts entrepris par le Gouvernement pour renforcer le secteur de la justice et les droits de l’homme, les institutions et l’état de droit.  Quant au Conseil de sécurité, a-t-il estimé, il doit analyser « de manière intégrale » le contexte national en Haïti, en prenant notamment en compte la situation humanitaire qui s’est détériorée après le passage de l’ouragan Matthew, le 4 octobre 2016.  Le représentant a appelé à une transition « responsable » de la présence des Nations Unies en Haïti, sur la base des acquis de la MINUSTAH et avec pour objectif d’appuyer le pays dans ses priorités.  Il ne faut pas que le retrait des hommes en uniforme donne l’impression d’un vide sécuritaire, a-t-il mis en garde.   

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a souligné l’ampleur considérable de la tâche accomplie depuis 2004 par la MINUSTAH en faveur de la stabilité et de la sécurité en Haïti.  Il s’est réjoui du rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays, plaidant pour que la conclusion récente du cycle électoral ouvre désormais la voie à un redressement socioéconomique durable au bénéfice de tous, et favorise la transition vers une nouvelle mission des Nations Unies conformément aux recommandations formulées par le Secrétaire général.  Plus compacte et ciblée, cette nouvelle opération de paix jouera un rôle essentiel à travers notamment le renforcement continu des capacités de la Police nationale haïtienne et la nécessaire consolidation de l’état de droit.  L’enracinement démocratique ainsi que la paix et la sécurité s’imposent tout à la fois comme les fondements et des ingrédients indispensables à une plus grande prospérité pour l’ensemble de la population haïtienne, avec une attention particulière portée aux femmes, aux enfants ainsi qu’aux personnes les plus vulnérables. 

Le représentant a encore dit que si les progrès accomplis à ce jour sont indéniables, ils n’en demeurent pas moins fragiles et incomplets.  Ils doivent à ce titre être préservés et consolidés à la faveur d’une transition efficace et responsable tenant dûment compte de la situation sur le terrain et notamment de la capacité de la Police nationale haïtienne à assumer l’intégralité de son mandat.  Les mois à venir seront décisifs quant à la préparation et donc au succès de cette transition.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a déclaré que le débat d’aujourd’hui est historique, puisque la prorogation finale de six mois du mandat de la MINUSTAH referme un cycle initié il y a 13 ans.  Il a pleinement partagé l’évaluation du Secrétaire général, pour qui la transition vers une mission de dimension plus modeste ne doit pas se faire au détriment des gains obtenus au cours de cette période ni créer de vide sécuritaire dans le pays.  Au nombre des défis humanitaires restant à relever, le principal est de mettre fin à l’épidémie de choléra, a souligné le représentant, qui a toutefois regretté de constater que le fonds fiduciaire destiné à financer la nouvelle approche du Secrétariat de l’ONU reste sous-financé.  Selon lui, il est difficile d’imaginer que la mission qui doit succéder à la MINUSTAH n’inclue pas dans son mandat les tâches requises par la situation sur le terrain.  M. Barros Melet a pour sa part donné l’assurance que son pays continuerait d’appuyer Haïti dans ses efforts de développement économique, de consolidation de l’état de droit et de participation citoyenne.

M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a indiqué qu’Haïti était sur la voie de la normalisation institutionnelle.  Le Gouvernement est le premier responsable des destinées d’Haïti, a-t-il dit.  Il a pris bonne note de la recommandation du Secrétaire général d’un retrait échelonné de la MINUSATH et de son remplacement par une nouvelle mission concourant notamment au renforcement de la police nationale.  La transition entre les deux missions devra être conduite avec prudence afin d’éviter tout vide sécuritaire, a-t-il déclaré.  Il a estimé que le retrait de la MINUSATH ne signifiait pas la fin de l’appui de l’ONU en Haïti.  Enfin, le délégué mexicain a souhaité une coordination accrue entre les divers organismes de l’ONU sur place, une amélioration de la situation sanitaire en Haïti via notamment une réponse forte à l’épidémie de choléra, le renforcement des infrastructures et la poursuite des efforts visant à la réintégration des rapatriés.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a salué les efforts de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) en vue de la stabilisation et du développement d’Haïti.  Il a invité la communauté internationale à coopérer « sans pressions politiques d’aucune sorte » avec les autorités haïtiennes afin notamment de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’éliminer la pauvreté dans le pays.  Soulignant les conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles et de l’épidémie de choléra, le délégué a plaidé pour un soutien international robuste aux autorités haïtiennes.  Il a insisté sur la contribution de la MINUSTAH dans la stabilisation du pays et mis en garde contre une répétition des erreurs du passé et une approche qui mettrait l’accent sur la sécurité au détriment du renforcement des institutions haïtiennes.  Dans ce contexte, le délégué a approuvé la recommandation du Secrétaire général relative à la Mission.  Le retrait de la MINUSTAH doit marquer la fin des interventions militaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, a conclu M. Ramírez Carreño.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), au nom du Groupe des Amis d’Haïti, s’est félicité de la bonne tenue des élections et du retour à l’ordre constitutionnel le 7 février dernier.  Il a souligné l’importance de l’appropriation nationale, de l’inclusion et du rôle de la société civile.  Il a salué la réforme en cours de la Police nationale d’Haïti.  La promotion de l’état de droit passe par le renforcement des institutions, a-t-il insisté.  Le représentant a réaffirmé que la MINUSTAH devait appuyer l’État haïtien, en encourageant l’amélioration des structures de gouvernance, la transparence et l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Le respect des droits de l’homme et de la légalité, et la lutte contre la criminalité, la violence sexuelle et sexiste, et l’impunité, a poursuivi M. Meza-Cuadra, sont indispensables pour assurer l’état de droit et la sécurité en Haïti.  Par ailleurs, le Groupe des Amis d’Haïti note qu’il appartient à l’équipe de pays des Nations Unies de mettre en œuvre « la nouvelle approche pour le choléra en Haïti », qui a fait l’objet d’une résolution de l’Assemblée générale en 2016.  Le développement économique et social du pays, qui continue de faire face à d’importants défis humanitaires, notamment après l’ouragan Matthew, est crucial pour réaliser la paix et le développement.

Reconnaissant la contribution importante de la MINUSTAH, le représentant a estimé qu’il était maintenant temps d’entamer une transition responsable vers une nouvelle phase des activités des Nations Unies en Haïti, centrée sur le renforcement de l’état de droit, de la police nationale et de la surveillance des droits de l’homme.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les délégations dessinent les contours des futurs pactes mondiaux pour les réfugiés et les migrations

Soixante et onzième session,
75e séance plénière – matin 
AG/11903

Assemblée générale: les délégations dessinent les contours des futurs pactes mondiaux pour les réfugiés et les migrations

Une vingtaine de délégations a profité de la réunion que l’Assemblée générale a tenue aujourd’hui sur « le drame des migrants en situation irrégulière, en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen » pour dessiner les contours des deux pactes mondiaux pour les réfugiés et les migrations qui devraient être adoptées en 2018.  La réunion a eu lieu dans une ambiance particulière, au lendemain des frappes aériennes américaines sur des bases syriennes, en réponse aux attaques à l’arme chimique du 4 avril contre des civils à Khan Cheikhoun. 

Les attaques aveugles contre les civils, comme on l’a vu avec les informations faisant état d’attaques à l’arme chimique en Syrie, nous rappellent à tous la peur qui pousse les gens à fuir et le caractère « essentiel » des discussions comme celles d’aujourd’hui qui cherchent à sensibiliser l’opinion publique aux tragédies qui se déroulent dans le bassin méditerranéen, a déclaré d’emblée le Vice-Président de l’Assemblée générale. 

Le recours aux armes chimiques est un crime de guerre, un crime contre l’humanité et une violation du droit international, a tonné le représentant de la Turquie.  C’est une grave violation du cessez-le-feu dont l’érosion risque de jeter sur les routes plus de monde encore, a dit le représentant d’un pays qui a dépensé 26 milliards de dollars pour 2,9 millions de réfugiés syriens et pour lequel la communauté internationale, en particulier l’Union européenne, a « raté lamentablement » le test du partage des responsabilités.

Pourtant « sous le choc » de l’attaque chimique, l’Union européenne vient, au cours d’une conférence ministérielle à Bruxelles sur l’appui au futur de la Syrie et de la région, de réitérer son engagement à travailler ensemble à un avenir pacifique de la Syrie, a souligné son représentant.  Après avoir condamné l’action du Gouvernement américain et martelé que son pays n’a aucune arme chimique, le représentant syrien a critiqué la réunion de l’Assemblée générale qui, en mettant l’accent sur les demandeurs d’asile syriens, créé un « précédent politique dangereux ». 

Les Syriens ne représentent que 20% des réfugiés et des migrants qui se dirigent vers l’Europe, a-t-il souligné.  Dans la seule année 2015, a voulu préciser le Haut-Commissaire adjoint des Nations Unies pour les réfugiés, plus d’un million de réfugiés ont traversé la Méditerranée, principalement en provenance de la Syrie où près de la moitié de la population a fui dans d’autres parties du pays.  L’année dernière, plus de gens sont morts en traversant la Méditerranée qu’en 2015, au pic du mouvement.  Cette année, 905 personnes ont déjà perdu la vie. 

Attirant l’attention sur les propositions intitulées « Mieux protéger les réfugiés dans l’Union européenne et dans le monde », le Haut-Commissaire adjoint a estimé qu’il est grand temps d’explorer l’idée d’une approche régionale globale pour la Méditerranée par laquelle sont passés en 2017, 77% des nouveaux arrivants en Europe.  Pour être efficace, l’approche régionale doit viser la réinstallation et le regroupement familial.  Le représentant de l’Union européenne a d’ailleurs fait part des discussions en cours pour établir un cadre permanent de réinstallation et d’admission humanitaire.  L’Union européenne vient déjà d’adopter, ce 3 avril, une stratégie pour la Syrie afin d’endiguer les flux de migration irrégulière, dans le plein respect des droits fondamentaux.

Tous les États des deux côtés de la Méditerranée, a poursuivi le Haut-Commissaire adjoint, peuvent faire leur part en rendant opérationnel un mécanisme régional de recherche et de secours qui pourrait inclure la responsabilité partagée de déployer des navires et d’accepter les personnes secourues. 

L’Assemblée générale ayant adopté hier la résolution sur les modalités des négociations liées aux pactes mondiaux pour les réfugiés et pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, les États entameront bientôt leur travail pour pouvoir adopter ces textes en 2018, a annoncé le Vice-Président de l’Assemblée.  Les pactes avaient été demandés dans la Déclaration de New York que les 193 États Membres des Nations Unies ont approuvée en septembre dernier. 

Forte de sa vaste expérience, le représentant de la Turquie a mis en avant quatre impératifs: sauver des vies et offrir une protection à ceux qui ont en besoin; partager les responsabilités et le fardeau; éliminer les « moteurs » que sont la guerre, les conflits, les violations des droits de l’homme, la misère économique et les effets négatifs des changements climatiques; ouvrir des canaux plus réguliers et plus sûrs comme alternatives viables à la migration illégale; et enfin, s’abstenir des rhétoriques et approches empoisonnées à l’égard des migrants et des réfugiés. 

Les deux pactes mondiaux, a renchéri le délégué du Brésil, doivent avoir en leur cœur la promotion d’une intégration sociale fondée sur le rejet des pratiques discriminatoires, du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance religieuse.  Ces pactes doivent être « juridiquement non contraignants », a estimé son homologue de l’Australie, et servir de guide pratique de la gouvernance mondiale des migrations, tout en établissant une distinction claire entre les réfugiés et les migrants. 

Il nous faut une réponse soucieuse du droit des États de gérer et de contrôler leurs frontières, a insisté le représentant d’Israël.  Les deux pactes mondiaux, a ajouté celui de la Suisse, sont « une opportunité unique de travailler ensemble » pour « élaborer un cadre solide qui prenne en compte les causes profondes de la migration et des déplacements forcés ».  Son homologue du Canada a plaidé pour des systèmes nationaux mieux planifiés et plus étoffés, qui pourraient prévoir une diversification des modes d’immigration légale, pouvant aider à préserver un capital humain gaspillé et même perdu.

Le système des Nations Unies, a dit la Chef de cabinet du Secrétaire général, est prêt à aider les États à parvenir à un monde où les mouvements humains sont un choix et non un impératif de survie.  En attendant, elle a rappelé la campagne des Nations Unies « Ensemble » pour le respect, la sécurité et la dignité de ceux qui fuient de chez eux à la recherche d’un avenir meilleur.

SENSIBILISATION DE L’OPINION MONDIALE AU DRAME DES MIGRANTS EN SITUATION IRRÉGULIÈRE, EN PARTICULIER LES DEMANDEURS D’ASILE SYRIENS, DANS LE BASSIN MÉDITERRANÉEN

Déclarations

M. ELLISTON RAHMING (Bahamas), Vice-Président de l’Assemblée générale, a souligné que depuis que l’Assemblée a examiné pour la première fois cette question « cruciale », le flux des migrants cherchant à traverser la Méditerranée n’a jamais cessé.  Des milliers de personnes ont fait ces voyages périlleux et des centaines d’entre elles ont perdu la vie, en tentant de le faire.  Les moteurs de ces fuites sont restés les mêmes: les conflits, les persécutions et la pauvreté endémique.  En effet, les attaques aveugles contre les civils, comme on l’a vu avec les informations faisant état d’attaques à l’arme chimique au début de la semaine en Syrie, nous rappellent à tous la peur qui pousse les gens à fuir.  Dans ce contexte, les discussions comme celles-ci qui cherchent à sensibiliser l’opinion publique aux tragédies qui se déroulent dans le bassin méditerranéen sont « essentielles ».

Le Vice-Président a voulu saluer le leadership de la Turquie qui a proposé d’inscrire cette question à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Cette même question, qui a lancé le processus intergouvernemental, a abouti, en septembre dernier, à l’adoption de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, dans laquelle les États Membres ont décidé d’élaborer un pacte mondial pour les réfugiés et un autre pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Maintenant que l’Assemblée générale a adopté hier la résolution sur les modalités des négociations sur ces pactes, les États Membres entameront bientôt leur travail pour adopter le pacte mondial en 2018. 

Je demande aux délégations, a conclu le Vice-Président, de se rappeler « pourquoi » nous entamons ce processus.  Je leur demande de penser aux Syriens et au-delà, de se remémorer les évènements tragiques qui ont poussé tant de gens à fuir, d’en comprendre l’impact sur les pays voisins qui ont assumé tant de responsabilités, et en conséquence, d’apporter aux consultations l’esprit d’humanité, de solidarité et, avant toute chose, de respect pour tous les droits des migrants.

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général, s’est dite honorée de parler au nom d’un Secrétaire général de l’ONU qui a passé une décennie entière en première ligne de la crise mondiale des réfugiés.  Pas plus tard que la semaine dernière, le Secrétaire général a rencontré des réfugiés syriens en Jordanie et en Iraq où il a non seulement appelé la communauté internationale à renforcer son appui humanitaire mais où il a aussi veillé à ce que l’on donne plus d’opportunités aux réfugiés. 

L’Assemblée générale, a poursuivi Mme Viotti, a attiré à juste titre l’attention sur cette question lors de sa Réunion de haut niveau qu’elle a tenue  à la fin de l’année 2015.  Malheureusement depuis lors, des millions de personnes sont toujours en fuite.  Des dizaines de millions de femmes, d’hommes et d’enfants sont toujours déracinés, forcés de risquer leur vie en traversant la Méditerranée pour échapper à la violence, aux intimidations et à la discrimination.

Les tragédies et les morts continuent jour après jour, s’est alarmée une Chef de Cabinet, particulièrement « horrifiée » par les souffrances du peuple syrien et une guerre qui en est désormais à sa septième année.  Quelque 11 millions de Syriens ont fui leur pays et plus de 6 millions, dans d’autres parties de la Syrie.  Des millions de personnes ont perdu leur vie, leurs proches et leur espoir.  Le désespoir est « immense » mais il y a aussi des signes d’humanité et de solidarité. 

La Turquie, le Liban et la Jordanie accueillent le plus grand nombre de réfugiés syriens et leurs communautés ont pris des mesures « extraordinaires » pour offrir assistance et protection à des centaines de milliers de gens.  D’autres parties du monde ont aussi ouvert leurs portes.

La Chef de Cabinet a vu là des lueurs d’espoir dans un climat marqué par une rhétorique xénophobe de plus en plus affirmée et des politiques restrictives qui alimentent la violence et la discrimination à l’égard des réfugiés et des migrants.  En tant que représentants de la communauté internationale, a-t-elle estimé, nous devons condamner avec la plus grande fermeté tout acte de violence et de discrimination.  Nous devons comprendre pourquoi les plus vulnérables deviennent des boucs émissaires et lutter contre les causes de ce phénomène.

La Chef de Cabinet a fait valoir que les réfugiés et les migrants compensent largement leur indigence par leur énergie, leur intelligence, leurs compétences et leur culture.  Il nous appartient, a-t-elle dit, d’inciter les citoyens de nos pays à adopter et à promouvoir les valeurs communes de tolérance et de respect de la dignité humaine.  Il est de l’intérêt de chacun d’apprendre des autres, de faire preuve de dignité et de célébrer la diversité. 

La Chef de Cabinet a rappelé la campagne des Nations Unies « Together » pour le respect, la sécurité et la dignité de ceux qui fuient de chez eux à la recherche d’un avenir meilleur.  Comme l’a dit le Secrétaire général « aucun pays ne peut le faire seul et aucun pays ne peut refuser de faire sa part ».  La promesse « ambitieuse » des États d’adopter deux pactes en 2018 représente notre meilleure chance d’améliorer la vie de millions de gens en fuite, a estimé la Chef de Cabinet. 

Le système des Nations Unies est prêt à aider les États Membres à parvenir à un monde où les mouvements humains sont un choix et non un impératif de survie.  Nous devons investir dans l’intégration et la cohésion, faire du développement une priorité, protéger les droits de l’homme et permettre aux gens de réaliser leur potentiel.  C’est notre responsabilité commune, qui exige la connexion des efforts de médiation, de paix et de sécurité et des investissements dans le développement durable et les droits de l’homme, dont le droit à l’asile et au non-refoulement pour contrer la haine, le racisme et la xénophobie et s’engager en faveur de la tolérance, l’inclusion et l’humanité.

M. ASHRAF EL NOUR, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que les mouvements de population dans le monde ont atteint des records, ces trois dernières années; la Méditerranée devenant une place tournante.  En 2015, plus d’un million de migrants ont traversé cette mer et en 2016, 360 000 personnes sont arrivées par cette route et déjà 31 000, en 2017.  La migration irrégulière est un mouvement « invisible, difficile à quantifier », le seul indicateur étant le nombre de détentions aux frontières.  C’est donc un indicateur qui ne donne aucun tableau global de la situation, en particulier celle des enfants. 

Le dixième objectif de développement durable, a rappelé l’orateur, demande aux États Membres de « réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre ».  L’OIM est prête à travailler avec les gouvernements pour intégrer la migration dans leurs stratégies nationales de développement.  Se félicitant de la Déclaration de New York et des futurs pactes mondiaux, l’orateur a tout de même estimé qu’en dépit des efforts, la traite demeure un problème mondial qui exige des efforts de prévention.  Nous demandons aux bailleurs de contribuer à cette lutte avant, pendant et après les crises, a-t-il conclu.

M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire adjoint pour les réfugiés (HCR), a indiqué qu’en la seule année 2015, plus d’un million de réfugiés ont traversé la Méditerranée, principalement en provenance de la Syrie où près de la moitié de la population a fui dans d’autres parties du pays.  L’année dernière, plus de gens sont morts en traversant la Méditerranée qu’en 2015, au pic du mouvement.  Cette année, 905 personnes ont déjà perdu la vie.  Il est temps, s’est impatienté l’intervenant, de contrer le discours des crises ingérables et la rhétorique de l’isolationnisme et de recadrer notre compréhension de la situation en Méditerranée. 

En décembre dernier, le HCR a présenté des propositions « Better protecting refugees in the EU and globally », a-t-il rappelé, en saluant aussi le fait que les 193 États Membres des Nations Unies aient adopté, en septembre dernier, la Déclaration de New York.  Il est peut-être temps maintenant d’explorer l’idée de développer une approche régionale globale pour la Méditerranée par laquelle sont passés en 2017, 77% des nouveaux arrivants en Europe.  Quelque 31 000 migrants et réfugiés sont déjà arrivés par mer en Europe au cours de ce premier trimestre, soit plus que l’année dernière en Italie et en Espagne même si les chiffres ont beaucoup baissé en Grèce.

Pour être efficace, l’approche régionale doit viser la réinstallation et le regroupement familial.  Elle nécessitera l’implication des pays hôtes, de transit et de destination et l’intégration des éléments clefs de la Déclaration de New York.

Il faudra aussi stabiliser la situation dans les pays où les réfugiés cherchent d’abord la protection et par où ils essaient de passer, comme la Libye où les réfugiés et les migrants seraient kidnappés, détenus, exploités ou vendus à des réseaux criminels avant d’être embarqués dans la Méditerranée.  Les capacités d’accueil devront aussi être renforcées et des formes alternatives de détention, recherchées.  Les réfugiés devront aussi avoir accès à de bons systèmes d’asile.  Sans sécurité, accès aux droits fondamentaux et régularisation de leur statut, ils seront obligés de partir ailleurs.  Ils doivent être capables de supporter leur famille. 

L’intervenant a voulu que l’on n’oublie pas que de nombreux pays hôtes, en particulier au Moyen-Orient, ont besoin d’un appui constant.  C’est à travers un appui financier en temps voulu et une coopération renforcée entre les acteurs du développement et humanitaires que la communauté internationale peut veiller à ce que les besoins essentiels des réfugiés et des communautés d’accueil soient satisfaits. 

Enfin, tous les États des deux côtés de la Méditerranée peuvent faire leur part en rendant opérationnel un mécanisme régional de recherche et de secours qui pourrait inclure la responsabilité partagée de déployer des navires et d’accepter les personnes secourues.  On peut trouver des arrangements pour une meilleure répartition des responsabilités.  Par exemple, là où les pays ont de moindres capacités d’accueil, on pourrait concevoir un séjour temporaire et une possible réinstallation des réfugiés les plus menacés et un retour volontaire assisté des migrants, a conclu l’intervenant.

M. ANTONIO PARENTI, de l’Union européenne, a indiqué que l’UE vient tout juste d’adopter ce 3 avril, une stratégie pour la Syrie afin d’endiguer les flux de migration irrégulière, dans le plein respect des droits fondamentaux.  Il a rappelé que l’UE a apporté un soutien financier important à la Turquie, au Liban et à la Jordanie.  Notre coopération avec la Turquie, sur le plan juridique et sur la réduction de la migration illégale, se poursuit conformément à la Déclaration UE-Turquie, a souligné le représentant. 

Dès juillet 2015, a-t-il indiqué, l’UE a commencé à mettre en œuvre son premier plan de réinstallation qui offre 22 504 places.  Les discussions sont en cours pour établir un cadre permanent de réinstallation et d’admission humanitaire.  Cette semaine, a poursuivi le représentant, l’Union européenne organise une Conférence ministérielle à Bruxelles sur l’appui au futur de la Syrie et de la région.  « Sous le choc » de l’attaque chimique à Edleb, la communauté internationale a profité de la conférence pour envoyer un signal fort sur son engagement à travailler ensemble à un avenir pacifique de la Syrie. 

Les défis dépassant la seule question des réfugiés syriens, le représentant a invité à s’attaquer aux causes profondes des migrations irrégulières et des déplacements forcés.  C’est ce que l’UE fait avec le cadre de partenariat sur la migration, adopté en juin 2016, a-t-il rappelé.  L’UE renforce encore ses mesures pour s’attaquer aux migrations irrégulières en Méditerranée, comme en témoigne la communication de sa commission de janvier dernier et la Déclaration de Malte de février.  Sur le terrain, l’UE travaille en étroite collaboration avec des partenaires internationaux comme le HCR et l’OIM, afin d’améliorer les conditions de vie des réfugiés et des migrants et assurer leur protection, conformément à ses obligations en vertu du droit international.

Le représentant a réitéré l’adhésion de l’UE à la Déclaration de New York et son engagement à conclure les pactes mondiaux.  Il n’a pas oublié de mentionner le Groupe de haut niveau de l’UE sur la lutte contre le racisme, la xénophobie et autres formes d’intolérance ou encore la diffusion d’un guide de formation sur les crimes de haine à l’intention des agents de l’ordre et des autorités judiciaires.

M. CIHAD ERGINAY (Turquie) a d’emblée condamné l’attaque chimique perpétrée le 4 avril dernier à Khan Cheïkhoun par le régime syrien.  Le recours aux armes chimiques est un crime de guerre, un crime contre l’humanité et une violation du droit international, a tonné le représentant.  C’est une violation de la Convention sur les armes chimiques à laquelle la Syrie est partie, c’est un défi aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, c’est une grave violation du cessez-le-feu dont l’érosion risque de jeter sur les routes plus de monde encore. 

La Turquie, a-t-il souligné, accueille aujourd’hui le plus grand nombre de réfugiés au monde, soit près de 3,2 millions de personnes.  Ces 10 dernières années, le nombre de migrants illégaux appréhendés en Turquie s’élève à 850 000.  Au cours de la seule année 2016, plus de 170 000 personnes, qui tentaient de traverser le pays ont été appréhendées.  La même année, les gardes côtes turcs ont secouru quelque 40 000 migrants dans les mers Méditerrané et Égée.  Le représentant a donc souligné « la nécessité et l’importance » de l’Accord du 18 mars signé entre son pays et l’UE.

Il a estimé que la situation en Syrie et celle des réfugiés syriens est la question la plus pressante pour une Turquie qui maintient sa politique de « portes ouvertes » malgré l’impact sur sa sécurité, son économie et son tissu social.  Les chiffres sont plus parlants que les mots: la Turquie accueille aujourd’hui plus de 2,9 millions de Syriens ce qui correspond à 15% de la population syrienne avant la guerre, soit plus que la population de 100 États dans le monde.  Chaque syrien vit sous le régime de protection du Gouvernement, a affirmé le représentant, donnant les chiffres de l’accès à l’éducation et à la santé et de l’intégration économique qui ont coûté la somme de 26 milliards au Gouvernement turc, soit près du budget annuel de 150 États dans le monde. 

Je dois dire, a poursuivi le représentant, que la communauté internationale, en particulier l’Union européenne, a « raté misérablement » le test du partage des responsabilités, se positionnant loin derrière une Turquie qui continue en plus d’appuyer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA). 

Compte tenu de sa vaste expérience s’agissant des migrants et des réfugiés, la Turquie est prête à faire sa contribution aux deux pactes mondiaux.  Elle s’est d’ailleurs portée candidate pour faciliter au moins une des tables rondes prévues dans le processus de consultations.  Nous avons besoin, a insisté le représentant, d’une politique globale et viable, comprenant quatre impératifs: sauver les vies et fournir une protection à ceux qui ont en besoin; partager les responsabilités et le fardeau; éliminer les « moteurs » de la guerre, des conflits, des violations des droits de l’homme, de la misère économique et des effets négatifs des changements climatiques; ouvrir des canaux plus réguliers et plus sûrs comme alternatives viables à la migration illégale; et enfin, s’abstenir des rhétoriques et approches empoisonnées à l’égard des migrants et des réfugiés. 

La peur et le rejet des réfugiés, en particulier les réfugiés musulmans, sont justement la mauvaise réponse aux menaces extrémistes car il s’agit avant tout d’une bataille des valeurs que nous risquons de perdre si nous renonçons à nos valeurs, a conclu le représentant, en réaffirmant son appui à l’Alliance des civilisations que son pays coparraine avec l’Espagne, et à la campagne « Together ».

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a condamné dans les termes les plus forts l’action du Gouvernement américain, une attaque flagrante en violation de la Charte de l’ONU et de son rôle au Conseil de sécurité.  Cette attaque contre une base aérienne syrienne est « le fait de Washington, de Doha et d’autres encore ».  La Syrie, a martelé la représentante, n’a aucune arme chimique et n’en a utilisée aucune contre des groupes armés.  Elle a d’ailleurs condamné l’emploi de ces armes en tout temps et en toutes circonstances.  Les agressions dont mon pays est victime, a-t-elle prévenu, pourraient entraîner le chaos partout dans le monde et faire prévaloir la loi de la jungle.  La représentante a remercié ceux qui s’emploient à trouver des solutions, en particulier des solutions réalistes à la crise des réfugiés et des migrants.

Elle a critiqué cette réunion sur « les migrants en situation irrégulière, en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen », estimant qu’elle constitue un « précédent politique dangereux » à l’Assemblée générale.  Les Syriens ne représentent que 20% des réfugiés et des migrants qui se dirigent vers l’Europe en passant par la Turquie, a-t-elle argué, notant que beaucoup sont africains et asiatiques.  Elle a donc accusé certains États de vouloir prolonger la crise politique et d’exagérer le nombre de réfugiés.  La Turquie, a-t-elle taclé, coopère avec « la mafia des passeurs » et veut « forcer » la main des États européens par le biais de son Accord avec l’UE.  La représentante a dit voir une contradiction chez les États qui s’inquiètent du sort des Syriens, tout en appuyant les terroristes ou en menant d’actions musclées. 

La communauté internationale doit s’attaquer aux facteurs qui poussent à ces mouvements de population, le premier étant la guerre, a poursuivi la représentante syrienne.  Elle a assuré que son gouvernement assure la protection de ses citoyens et leur garantit des conditions de vie décentes.  « Nous souhaitons que tous les Syriens qui ont fui à cause de la situation difficile puissent revenir », a-t-elle dit.  Se plaignant de ne plus avoir suffisamment accès aux ressources de base, elle a appelé à une aide à la reconstruction des régions détruites par les groupes terroristes.  La Syrie, a-t-elle affirmé, est prête à coopérer avec les pays d’accueil pour obtenir le retour des réfugiés.  Elle n’a pas manqué de demander à la communauté internationale d’endiguer le flux des combattants étrangers et d’obtenir la levée des sanctions unilatérales.

M. HIROSHI MINAMI (Japon) a estimé qu’en plus de s’attaquer aux causes de la migration forcée, il faut s’efforcer d’apaiser les souffrances et les risques encourus par des migrants vulnérables.  Les États doivent honorer leurs obligations en vertu du principe de non-refoulement et de la Convention sur le statut des réfugiés.  Ils doivent assurer l’aide humanitaire à ceux qui souffrent d’un déplacement forcé et la coopération au développement avec les communautés d’accueil est tout aussi cruciale.

L’année dernière, le Japon s’est engagé à débloquer près de 2,8 milliards de dollars américains entre 2016 et 2018 pour l’aide humanitaire et l’autosuffisance des réfugiés, des migrants et des communautés d’accueil.  Au premier trimestre de cette année, le Japon a versé 500 millions de dollars à diverses agences humanitaires et de développement.  N’oublions pas, a mis en garde le représentant, les personnes déplacées.  La communauté internationale doit, de manière coordonnée, faire en sorte que chaque personne forcée de fuir puisse jouir d’une protection et ait la possibilité de commencer une nouvelle vie dans la dignité, qu’elle soit réfugiée ou migrante.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a voulu que les deux pactes mondiaux aient en leur cœur les droits des réfugiés et des migrants et la promotion d’une intégration sociale fondée sur le rejet des pratiques discriminatoires, du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance religieuse.  Le représentant a estimé que l’on peut encore avancer sur la question de la détention des enfants et qu’il faut aussi donner la priorité à l’élargissement des canaux légaux de la migration.  Un pacte robuste doit envisager la promotion et l’accès des migrants aux services publics et conformément à la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés, il faut interdire les politiques restrictives d’admission des réfugiés et des migrants ou de leurs droits, en ce qu’elles encouragent la traite et le trafic des personnes.  Le représentant a rappelé que l’année dernière, son pays s’était engagé à accueillir 3 000 réfugiés syriens en plus des 2 500 qu’il avait déjà reçus. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a indiqué que les politiques de son pays ont été élaborées pour envoyer un message sans équivoque aux passeurs, le message selon lequel les portes de l’Australie leur sont fermées.  La manière dont le Gouvernement a agi a été importante pour assurer la confiance des citoyens dans la politique migratoire.  Une migration et une réinstallation à grande échelle ne sont possibles que si la communauté voit qu’elles se font de manière ordonnée, contrôlée et au bénéfice de tous, et plus important encore, qu’elles assurent la sûreté et la dignité des migrants.

La confiance du public à la gestion de la migration ne saurait être surestimée, a expliqué la représentante.  En septembre 2015, l’Australie a pu ainsi promettre de réinstaller 12 000 autres syriens et iraquiens qui ont tous reçu leur visa, le 21 mars dernier.  Pour 2018-2019, l’Australie compte ouvrir 18 750 places supplémentaires.  L’Australie a mis aussi en œuvre un train de mesures pluriannuel de 220 millions de dollars pour l’aide humanitaire et la protection des populations en Syrie et dans les pays voisins.  Il s’agit aussi d’appuyer les Gouvernements de la Jordanie et du Liban dans les domaines de l’accès à l’éducation et aux opportunités économiques pour les réfugiés et les populations locales.  L’Australie, a conclu la représentante, tient aux deux pactes mondiaux qui, « juridiquement non contraignants » doivent prendre la forme d’un guide pratique de la gouvernance mondiale des migrations et qui doivent établir une distinction claire entre les réfugiés et les migrants. 

M. MICHAEL GRANT (Canada) a demandé que l’on imagine le courage de ces individus se lançant dans un voyage aussi périlleux à travers les mers.  « Imaginez ce qu’ils auraient pu réaliser s’ils n’étaient pas morts en mer. »  Le représentant a souligné, en premier lieu, la nécessité d’une plus grande ambition et d’un meilleur sens des responsabilités s’agissant du drame des migrants irréguliers.  Il a invité les dirigeants des secteurs privé et public à mettre au défi les vues polarisées sur les migrations et à promouvoir un récit plus constructif.  Il a demandé un engagement collectif accru au sein de la campagne de l’ONU « Ensemble ».  En second lieu, le délégué a plaidé pour des systèmes nationaux mieux planifiés et plus étoffés, qui pourraient prévoir une diversification des modes d’immigration légale, y compris une réinstallation des réfugiés.  Ces voies régulières, loin d’être une panacée, peuvent aider à diminuer le nombre de ces tragédies et à préserver un capital humain gaspillé et même perdu, a-t-il dit.  À l’aune de l’expérience de son pays, il a indiqué que l’un des éléments clefs était l’engagement des différents acteurs dans les différentes phases du processus d’immigration.

Troisièmement, M. Grant a demandé l’élaboration de réponses plus complètes pour les réfugiés et les personnes déplacées, appelant à traduire les engagements pris, notamment lors du Sommet humanitaire mondial, dans les faits afin d’améliorer leurs conditions de vie.  Enfin, conscient de l’emplacement géographique unique du Canada, ainsi que de son passé d’immigration, le délégué a reconnu les défis significatifs que les pays d’origine, de transit et de destination doivent relever, en particulier sur le pourtour méditerranéen.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a exprimé ses profondes préoccupations face à la situation humanitaire en Syrie, rappelant avoir, au cours des cinq dernières années, toujours soutenu la recherche d’une solution politique au conflit.  Il a salué les efforts des pays voisins comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, dont la capacité d’accueil est dépassée.  L’Argentine s’est engagée, a-t-il dit, à partager la responsabilité internationale, en accueillant des réfugiés syriens, en vertu de son programme spécial.  Le représentant a aussi mentionné un groupe de travail interministériel créé en 2015 dont le mandat est d’élaborer des directives générales pour l’admission humanitaire des déplacés forcés.  L’objectif est d’assurer la pleine intégration de la population réfugiée dans la communauté, avec la participation active des autorités nationales.  Le représentant a, enfin, signalé le travail qu’accomplissent les Casques blancs pour soulager les souffrances des personnes en situation d’urgence. 

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a plaidé pour que les auteurs de crimes commis en Syrie soient traduits en justice.  Il s’est désolé que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de répondre aux attentes des signataires du Code de conduite ACT (Accountability, Cohenrence, Transparency), soit une grande majorité des États Membres.  La lutte contre l’impunité et contre les violations du droit humanitaire international sont des priorités, selon lui.  L’établissement des responsabilités apporte la justice, mais c’est aussi un facteur de dissuasion, a-t-il argué.  Il a souhaité soutenir le mécanisme qui vise à assurer cette reddition des comptes en Syrie. 

Le représentant s’est ensuite montré reconnaissant à l’égard des pays qui accueillent le plus de réfugiés syriens.  Il a demandé aux États Membres de participer aux programmes de réinstallation de l’UE et du HCR, auxquels le Liechtenstein apporte son soutien, en plus de son aide financière.  Il a signalé les projets de scolarisation de 20 000 réfugiés syriens en Jordanie et au Liban que son pays soutient.  Il a aussi attiré l’attention sur un programme novateur de langues permettant aux réfugiés et aux migrants d’apprendre les bases de l’allemand en quelques semaines.  Enfin, il a demandé une lutte plus efficace contre l’esclavage, signalant à ce sujet que son pays vient d’organiser un atelier sur le traçage des flux financiers qui favorisent l’esclavage.

La Syrie continue à saigner, s’est alarmé M. NIZAR AMER (Israël) devant la violence infligée par le « régime d’Assad » qui attaque brutalement son propre peuple, utilisant des armes classiques et non conventionnelles et plongeant le pays dans la pire crise humanitaire de l’histoire du Moyen-Orient.  Le massacre de Khan Cheikhoun, a poursuivi le représentant, nous rappelle que la communauté internationale a une nouvelle fois échoué à empêcher ce régime de laisser libre cours à sa brutalité.  Malheureusement, s’est désespéré le représentant, ce n’est pas la première fois que des armes chimiques sont utilisées contre le peuple syrien: le régime syrien en est à son troisième exploit alors que Daech en a utilisées une fois.  Nous ne pouvons rester les bras croisés, a estimé le représentant, priant la communauté internationale de retirer ces armes « horribles » de la Syrie. 

Il a conclu en faisant part des efforts de son pays dont la création du programme « Réponse à la crise mondiale de des demandeurs d’asile » pour aider les réfugiés qui fuient vers l’Europe.  Comme Jamal, ce garçon syrien de 7 ans qui est resté plongé dans le coma pendant 20 jours dans un hôpital israélien après avoir subi un tir de roquette sur sa jambe, des milliers d’enfants syriens se réveillent dans la violence et ne connaissent que la peur.  Les vastes mouvements de réfugiés et de migrants exigent une réponse internationale humaine, efficace et respectueuse, une réponse soucieuse du droit des États de gérer et de contrôler leurs frontières et de veiller en leur sein, à la sécurité, à la prospérité et à la stabilité.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) s’est placé en défenseur des droits des personnes migrantes, en tant que ressortissant d’un pays de transit, d’accueil et de retour.  Les gens continuent à appeler à une solution politique en Syrie mais la crise se poursuit, s’est-il alarmé.  Le représentant a salué les gouvernements et leur société civile qui ont sauvé des vies.  Nous avons aujourd’hui, a-t-il estimé, une occasion unique de progresser vers une migration à visage humain.  Parlant des deux pactes mondiaux à venir, il a voulu mobiliser une véritable volonté politique, dans le cadre d’un dialogue transparent.  Il a dénoncé le racisme et la xénophobie qui poussent les gens à voir les migrants comme un facteur de chômage alors qu’ils sont en réalité un facteur de développement socioéconomique et culturel.  Le Mexique a dûment adhéré à la campagne « Ensemble » du Secrétaire général.

M. GILLES CERUTTI (Suisse) a exprimé sa détermination à contribuer à trouver des solutions durables aux défis complexes posés par ce phénomène des migrations irrégulières Il a proposé d’agir sur deux plans: « trouver des moyens de prévenir de futurs drames et améliorer le destin de ceux qui ont été forcés de quitter leur pays ».  La prévention devrait être au cœur de nos préoccupations, a-t-il dit en appelant notamment à agir sur les violations du droit international humanitaire en Syrie.  Il faut trouver des solutions politiques aux conflits armés et mettre fin aux violations du droit international, a-t-il insisté. 

Au titre de la deuxième priorité, le représentant de la Suisse a rappelé la nécessité que le droit international soit respecté aussi dans les pays de premier accueil et dans les pays de transit des migrants et des réfugiés.  À son avis, l’élaboration des deux pactes mondiaux sur ce sujet est « une opportunité unique de travailler ensemble » pour « élaborer un cadre solide qui prenne en compte les causes profondes de la migration et des déplacements forcés », et ce, en tenant compte de la vulnérabilité des personnes concernées.

C’est une crise mondiale qui requiert une réponse mondiale, a estimé M. REINHARD KRAPP (Allemagne) qui s’est réjoui des futurs pactes mondiaux.  En 2016, près de 600 000 réfugiés sont arrivés en Allemagne et depuis 2012, elle a dépensé 2,2 milliards d’euros pour la Syrie et les pays voisins.  Mardi dernier, l’Allemagne s’est engagée à verser 1,5 milliard d’euros supplémentaires à la Syrie et à la région.  Le représentant a demandé un accès humanitaire aux zones syriennes isolées et à une protection des agents humanitaires en Syrie.  Il faut faire en sorte que les réfugiés puissent se rendre dans les zones sûres.  L’Allemagne ne veut pas laisser la région seule face à ces difficultés.  Elle a axé son appui sur trois secteurs: l’éducation des enfants, la formation professionnelle des jeunes et l’emploi.  Le pays a investi 240 millions d’euros pour l’éducation et la formation des enfants et des jeunes syriens.  Elle a octroyé 142 millions d’euros au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour son programme au Liban qui bénéficie à 200 000 enfants syriens.  Le représentant a voulu que l’on s’attaque aux causes profondes de ces crises dans les pays d’origine, la guerre civile en Syrie.  Il faut poursuivre les pourparlers de Genève et rechercher une solution politique.  Le représentant a exhorté toutes les parties à déployer tous les efforts nécessaires à une paix pérenne en Syrie.  Il faut une solution politique au conflit sinon les réfugiés ne pourront pas rentrer chez eux, a-t-il averti.

Mme MACHARIA KAMAU (Kenya) a réaffirmé son adhésion à la Déclaration de New York et placé beaucoup d’espoir dans les deux futurs pactes mondiaux.  Nous avons l’occasion, a-t-il dit, de faire face à la question des migrations irrégulières dans le bassin méditerranéen en s’attaquant aux facteurs qui créent et exacerbent ces migrations, en créant les conditions qui permettent aux communautés de vivre en paix, en luttant contre l’exploitation, les abus et la discrimination dont souffrent les migrants, en mettant en œuvre le Programme 2030 dont l’objectif est d’éliminer l’extrême pauvreté et les inégalités et en combattant la traite des personnes, le trafic des migrants et les autres formes modernes d’esclavage.   En tant que pays d’origine, de transit et de destination, le Kenya estime que la création d’un système efficace et humain d’asile est essentielle pour résoudre le problème des migrants et des demandeurs d’asile dans le bassin méditerranéen, qu’ils viennent de Syrie ou d’ailleurs.

M. WU HAITAO (Chine) a appelé tous les pays à adhérer aux principes de la Charte des Nations Unies et à régler leurs différends par la voie politique, en se servant des mécanismes de bons office et de médiation.  Il a défendu le règlement politique de la crise syrienne. Il faut aussi, a-t-il poursuivi, aider les pays en développement à parvenir au développement, en améliorant l’environnement international.  Ces pays en développement doivent pouvoir faire entendre leur voix sur la scène internationale.  Le représentant a également prôné le renforcement de la coopération internationale sur la question des réfugiés et des migrants.  Il a prôné pour ces personnes un esprit d’ouverture et a recommandé de renforcer la gouvernance mondiale dans ce domaine, en demandant au HCR et à l’OIM d’y jouer un rôle majeur.  Il a cité le Président chinois qui a déclaré, à Genève, le 18 janvier dernier, qu’il fallait « arriver à une communauté de partage pour arriver à un monde plus juste ».  Il a ensuite mentionné l’ampleur de l’aide humanitaire qu’offre la Chine.

M. DATO’ MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM BIN YAAKOB (Malaisie) a demandé une enquête rapide pour déterminer les responsabilités dans l’attaque chimique de lundi dernier en Syrie et pour que les autres répondent de leurs actes devant la justice.  Dans la crise des réfugiés et des migrants, a-t-il poursuivi, il faut s’attaquer au racisme, à la xénophobie et au profilage ethnique.  Ces actes « régressifs » menacent l’intégrité des conventions internationales des droits de l’homme.  Il a appelé à mettre un terme à la traite et au trafic des migrants et s’agissant de la crise dans le bassin méditerranée, il a estimé que le Plan d’action de la Valette est une base solide.  Il a conclu en réitérant l’engagement de son pays à accueillir 3 000 réfugiés syriens.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a souligné que les réfugiés relèvent de la responsabilité commune de la communauté internationale qui doit faire tout son possible pour les protéger.  Mais en réalité ce sont des petits pays qui en portent le fardeau.  L’Iran, a-t-il dit, a accueilli des millions de réfugiés afghans et iraquiens depuis des décennies, avec peu voire pas de soutien international.  Toutes les crises de réfugiés devraient être traitées par la communauté internationale sur un pied d’égalité, a-t-il dit, soulignant que le phénomène n’est pas nouveau dans la région, comme en témoignent les millions de réfugiés palestiniens.

Le représentant iranien a appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes fondamentales du phénomène, en combattant l’interventionnisme et l’occupation, de même que le terroriste et l’extrémisme violent.  Il a qualifié d’« irresponsables » les frappes aériennes d’hier soir, voyant là « un acte unilatéral qui constitue une violation grave des principes de la Charte des Nations Unies » et qui « sape les initiatives internationales comme celle menée par les Nations Unies pour mettre un terme à l’extrémisme violent ».  Il a condamné toute utilisation d’armes chimiques mais tout aussi condamnable, a-t-il ajouté, est l’attaque des États-Unis contre une base syrienne pour une utilisation « supposée » d’armes chimiques.  « C’est une violation claire du droit international », a-t-il martelé. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a dit que la protection des réfugiés et des migrants relève de la responsabilité des États.  Seule une approche axée sur la personne peut garantir cette protection, a précisé le représentant qui a appelé à la fin de la discrimination et demandé la mise en œuvre de la Déclaration de New York.  Dans ce cadre, il a qualifié « d’atteinte à la souveraineté des États » la traite de migrants, estimant que pour combattre ce fléau, il faut s’attaquer aux réseaux criminels et promouvoir le respect des droits des migrants et des réfugiés. 

Mme STEFANIE AMADEO, (États-Unis) a dit vouloir poursuivre l’élaboration des deux pactes mondiaux, avant de juger « inacceptable » que le régime syrien continue à bloquer l’acheminement des convois humanitaires.  Toutes les parties qui ont une influence sur ce régime doivent faire le nécessaire pour que soient respectées les normes humanitaires, a-t-elle demandé.  Se disant « horrifiée » par les attaques chimiques du régime syrien, elle a plaidé pour que les criminels soient traduits en justice.  « Après ce qui vient de se passer, a-t-elle expliqué, nous avons lancé une attaque contre une base aérienne sur un site associé à cette horrible attaque chimique. »

La représentante a ensuite parlé de la conférence tenue à Bruxelles cette semaine où les États-Unis ont annoncé les montants débloqués pour venir en aide aux migrants.  Son pays a déjà consacré 6,5 milliards de dollars en assistance humanitaire depuis le début de la crise syrienne, a-t-elle souligné, « ce qui reflète la compassion et le leadership des États-Unis dans cette crise ».  Elle a assuré que son pays continuerait à soutenir le processus de paix mené par les Nations Unies et demandé à toutes les nations « civilisées » de se joindre à ces efforts.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) s’est dit préoccupé par l’urgence humanitaire résultant des conflits au Moyen-Orient et de la déstabilisation économique des pays africains.  Mais concentrer la question de la crise des migrants en Méditerranée sur la Syrie participe d’une certaine « sélectivité », a dénoncé le représentant, considérant que ce n’est pas une bonne façon d’aborder ce « drame ».  Les réfugiés syriens ne représentent que 21% des migrants et des réfugiés passant par le bassin méditerranéen, a-t-il souligné.  La route de la Méditerranée n’est pas « l’apanage » des Syriens.  Non, le représentant a plutôt conseillé de réagir à la crise humanitaire syrienne en Syrie et n’a pas manqué de dénoncer les intérêts géopolitiques de certains pays qui encouragent en « sous-main » le conflit et qui, ce faisant, « politisent » à souhait la crise humanitaire.  Il faut une solution pacifique sans exclusive qui respecte la souveraineté et l’indépendance du pays, a conclu le représentant, sans oublier de condamner le bombardement américain d’une base aérienne syrienne lequel éloigne la possibilité d’une solution politique.

M. DIONYSSIS KALAMVREZOS (Grèce) a indiqué que 23% des demandeurs d’asile en Grèce sont des Syriens.  Face au flux d’immigrés, le Gouvernement a amélioré son système de traitement des demandes.  Mais, a souligné le représentant, le problème des migrants dans le bassin méditerranéen ne concerne pas seulement les Syriens.  Il a aussi soulevé la question de la traite des personnes dont la solution réside dans une migration légale qui donnerait le coup de grâce aux réseaux de passeurs.  Une coopération internationale étroite devrait guider nos actions, a-t-il conclu.

Droits de réponse

La représentante de la République arabe syrienne a dénoncé « les tentatives de la déléguée américaine d’utiliser cette tribune pour tenter de justifier son agression contre la Syrie ».  C’est un « acte irresponsable », a-t-elle affirmé, et de la « pure propagande ».   En réalité, a-t-elle dit, ces agressions profitent d’abord et avant tout aux groupes terroristes.  « La Syrie n’a jamais utilisé d’armes chimiques », a-t-elle réaffirmé, s’élevant contre la déformation des faits à ce sujet.  Mon pays veut continuer à s’acquitter de toutes ses obligations internationales, sans céder au chantage, a-t-elle martelé avant de répondre au représentant israélien et de faire état d’« actes criminels » commis par Israël, pays qui a causé le déplacement de centaines de réfugiés.  « Ceux qui ont commis les attaques chimiques sont des groupes terroristes soutenus par Israël », a-t-elle affirmé, estimant que son homologue avait versé « des larmes de crocodile ».

Le représentant de la Fédération de Russie a dit vouloir « répondre aux propos inquiétants de la déléguée américaine ».  Qualifiant l’attaque des États-Unis d’« agression ouverte contre un État souverain », il a dit: « Nous avons une position très claire: l’emploi d’armes chimiques est inacceptable » mais la tragédie doit faire l’objet d’une enquête rigoureuse et fouillée.  Le représentant a reproché aux États-Unis de s’être lancés sans attendre dans cette agression.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, aide la Syrie dans sa lutte contre le terrorisme alors que les États-Unis ont fermé les yeux sur l’utilisation d’armes chimiques en Iraq.

Le représentant d’Israël a répondu à son homologue de la Syrie en soulignant que ce pays affame son peuple et se spécialise dans le largage de barils d’explosifs contre son peuple.  Aujourd’hui, je ne vais pas défendre l’État d’Israël mais les millions de gens qui ont besoin d’être défendus en Syrie, a-t-il dit.  Invoquant les millions de déplacés, il a demandé: quand cela cessera-t-il?

Israël est une Puissance occupante qui commet quotidiennement des crimes, a rétorqué la représentante de la Syrie. Ce sont des faits connus qui ne réclament aucune confirmation.  Elle a demandé à la communauté internationale d’obtenir d’Israël qu’il respecte le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement se sépare sur un « échec majeur » faute de consensus

Cinquantième session,
8e séance – soir
POP/1060

La Commission de la population et du développement se sépare sur un « échec majeur » faute de consensus

La Commission de la population et du développement a terminé sa cinquantième session ce vendredi soir sur un constat « d’échec majeur », selon sa Présidente.  « J’ai le regret de retirer le projet de résolution intitulé “évolution de la structure par âge de la population et développement durable” parce que nous n’avons pas pu aplanir nos divergences et parvenir à un compromis », s’est résignée Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani, du Qatar, en mettant fin à une session qui avait commencé lundi dernier.

Au nom d’une trentaine de pays, le représentant de la France a insisté, une nouvelle fois, sur l’accès des jeunes à une éducation sexuelle complète pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées sur leur corps.  « Vouloir que la santé et les droits sexuels et reproductifs fassent parti des droits de l’homme ne constitue pas autre chose qu’une tentative de saper les accords internationaux relatifs aux droits de l’homme », s’est opposé son homologue de la Fédération de Russie.  La Commission s’en serait mieux sortie si elle s’était limitée à son thème, a estimé la représentante les États-Unis.

La cofacilitatrice des négociations et déléguée des Pays-Bas s’est dite déçue qu’en 2017, la Commission n’ait pas été en mesure de s’unir autour de thèmes « aussi cruciaux ».  « Si près d’un accord, il est dommage que nous n’ayons pas pu faire l’effort supplémentaire », a-t-elle déploré.  Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Finlande a admis que le texte des négociations, qui exigeait des concessions, était un document « avec lequel l’Union européenne aurait pu vivre ».  Au nom du Groupe des États d’Afrique, son homologue du Nigéria a dit ne pas se sentir responsable de l’échec.  Mon Groupe, a-t-il affirmé, a même changé de position pour parvenir à un consensus.     

Pour la deuxième fois consécutive, s’est alarmé le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin, la Commission n’a pas pu dégager un accord.  Or, « il s’agit de la vie de femmes et de filles privées de droits », a rappelé le haut fonctionnaire, dressant un constat amer.  « Chaque minute qui nous éloigne d’un accord fait perdre non seulement notre valeur mais aussi des vies », a estimé le Directeur exécutif qui a exhorté tous les États Membres à continuer de financer le FNUAP. 

La Présidente de la Commission s’est tout de même félicitée que le thème de cette année sur l’« évolution de la structure par âge et développement durable » ait permis de se focaliser sur les questions centrales de population dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques du Département des affaires économiques et sociales, M. Thomas Gass, a souligné l’importance de terminer ce qui ne l’est pas dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994. 

La Commission a entendu au cours de cette session les exposés nationaux volontaires de huit pays: Chine, Ghana, Indonésie, Philippines, Soudan, Finlande, Mexique et Norvège.

Elle a décidé* que le thème spécial de la session de 2018 sera « villes durables, mobilité humaine et migrations internationales » et celui de 2019, « examen et évaluation du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et de sa contribution au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

La Commission a aussi décidé qu’à partir de sa session de 2020, elle adoptera un cycle de quatre ans pour l’examen et l’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Elle contribuera aussi aux examens thématiques des progrès dans la réalisation du Programme 2030 qu’organise le Forum politique de haut niveau sur le développement durable. 

Elle a élu M. Ion Jinga, de la Roumanie, futur Président et M. Nokulunga Zandile Bhengu, de l’Afrique du Sud, futur Vice-Président.  L’élection des trois autres vice-présidents a été reportée.

* E/CN.9/2014/L.4

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soucieux d’assurer un bon financement du développement durable, l’ECOSOC tient une réunion sur la coopération en matière fiscale

Session de 2017,
16e & 17e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6823

Soucieux d’assurer un bon financement du développement durable, l’ECOSOC tient une réunion sur la coopération en matière fiscale

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu aujourd’hui une réunion spéciale sur la coopération internationale en matière fiscale, en droite ligne du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Les membres du Conseil ont dialogué avec des fiscalistes et discuté de la lutte contre les flux financiers illicites pour booster le développement durable et du renforcement des capacités fiscales dans les pays en développement.

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnaît que la fiscalité est l’un des moyens les plus importants dont disposent les pays pour mobiliser les ressources nécessaires au développement durable.  Mais compte tenu de la nature « globalisée » du monde des affaires et des finances, il y a des limites à ce que les pays peuvent faire et en conséquence, le Programme d’action souligne l’importance de la coopération internationale en matière fiscale et la nécessité de lutter contre les flux financiers illicites. 

La réunion d’aujourd’hui est donc l’occasion de renforcer les arrangements institutionnels de cette coopération et de bâtir un pont entre la nature technique du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale et les intérêts politiques plus larges des États Membres de l’ONU et des organisations internationales, a dit le Président.   

Ces discussions ont lieu, a renchéri le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, juste avant le deuxième Forum sur le suivi du financement du développement prévu le mois prochain, et après la fin de la dernière session du Comité d’experts qui a mis à jour le « Modèle de convention des Nations Unies concernant les doubles impositions entre pays développés et pays en développement » et le « Manuel de négociation des conventions fiscales bilatérales entre pays développés et pays en développement ».  Le Comité d’experts a aussi finalisé le « Manuel pratique des Nations Unies sur la détermination des prix de transfert pour les pays en développement » et le « guide sur la fiscalité des industries extractives des pays en développement ».

À propos d’industries extractives, la Commissaire des services et des affaires juridiques du Conseil de la Présidence de la République de l’Ouganda a attiré l’attention sur le fait que beaucoup de pays en développement, qui sont en conflit avec des multinationales, se retrouvent trop souvent devant des cours d’arbitrage qui exigent le recours à des conseils juridiques très coûteux, ce qui est particulièrement regrettable pour un secteur qui a le potentiel de transformer les revenus domestiques.  Les Nations Unies doivent faire plus pour promouvoir la coopération sur une question, la fiscalité internationale, qui est complexe et difficile à appréhender pour des pays qui n’ont pas les ressources nécessaires au renforcement des capacités.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a justement attiré l’attention sur le « Programme des Nations Unies pour le développement des capacités dans la coopération internationale en matière fiscale ».  Il a aussi annoncé une conférence mondiale en 2018 sur le thème « la taxation et les objectifs de développement durable ». 

RÉUNION SPÉCIALE SUR LA COOPÉRATION INTERNATIONALE EN MATIÈRE FISCALE

Application des résolutions 50/227, 52/12 B, 57/270 B, 60/265, 61/16, 67/290 et 68/1 de l’Assemblée générale

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: Coopération internationale en matière fiscale

Déclarations

Dans son discours d’ouverture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnait que la fiscalité est l’un des moyens les plus importants dont disposent les pays pour mobiliser les ressources nécessaires au développement durable.  Mais compte tenu de la nature « globalisée » du monde des affaires et des finances, il y a des limites à ce que les pays peuvent faire et en conséquence, le Programme d’action souligne l’importance de la coopération internationale en matière fiscale et la nécessité de lutter contre les flux financiers illicites.  La réunion d’aujourd’hui est donc l’occasion de renforcer les arrangements institutionnels de cette coopération et de bâtir un pont entre la nature technique du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale et les intérêts politiques plus larges des États Membres de l’ONU et des organisations internationales.  Le Président a présenté le déroulement de la journée, marquée par des dialogues notamment sur le mandat du Comité, qui est d’examiner et d’actualiser le Modèle de Convention des Nations Unies concernant les doubles impositions entre pays développés et pays en développement.  Le premier panel portera sur « la Promotion de la coopération internationale en matière de lutte contre les flux financiers illicites pour favoriser le développement durable », qui est également le thème de la résolution adoptée par l’Assemblée générale en décembre dernier, tandis que le second panel aura trait au travail de la Plateforme de collaboration sur les questions fiscales, a conclu le Président. 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a expliqué que cette réunion se tenait juste avant le deuxième Forum sur le suivi du financement du développement prévu le mois prochain, et après la fin de la dernière session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.  Ce Comité a examiné et mis à jour le Modèle de convention des Nations Unies concernant les doubles impositions entre pays développés et pays en développement, qui devrait être publié à la fin de l’année.  Il a aussi produit le Manuel de négociation des conventions fiscales bilatérales entre pays développés et pays en développement.  En outre, la révision du Manuel pratique des Nations Unies sur la détermination des prix de transfert pour les pays en développement est terminée et sera lancé au cours de la présente réunion.  Il a aussi indiqué que le guide sur la fiscalité des industries extractives des pays en développement avait été finalisé, en vue de le publier en octobre 2017.

Ces développements n’auront d’incidence que s’il y a suffisamment de soutien en termes de capacités de développement, a prévenu M. Wu.  Il a parlé, à cet égard, du Programme des Nations Unies pour le développement des capacités dans la coopération internationale en matière fiscale qui, a-t-il expliqué, accorde une grande importance aux besoins des pays en développement.  Il permet en effet de développer les capacités des autorités fiscales et des ministres de finances de ces pays pour qu’ils puissent améliorer l’efficacité de leurs systèmes fiscaux et ainsi soutenir les investissements et lutter contre l’évasion fiscale.  Il a détaillé les différents aspects de ce Programme qui est mené grâce à la coopération de plusieurs partenaires.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite cité la Plateforme de collaboration sur les questions fiscales lancée en avril 2016 grâce aux efforts du Fonds monétaire international (FMI), de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), des Nations Unies et du Groupe de la Banque mondiale.  Cette plateforme a avancé sur différents fronts et notamment sur les préparatifs de la première conférence mondiale organisée sous ses auspices.  Prévue en février 2018, elle aura pour thème « la taxation et les objectifs de développement durable ».  Enfin, M. Wu a rappelé que le mandat des membres du Comité prendrait fin en juin 2017 et que le processus de sélection des prochains membres allait bientôt commencer.

Mme PATIENCE RUBAGUMYA, Commissaire des services et des affaires juridiques du Conseil de la présidence de la République de l’Ouganda, a indiqué que, comme dans son pays, 70% des revenus fiscaux viennent des ressources domestiques, la mobilisation de ces ressources est essentielle pour le développement durable.  La priorité est donc accordée à la fiscalité internationale et à la mise en œuvre des stratégies pour assurer le respect des règles de la fixation des prix, prévenir la violation du Traité et définir les politiques.  Parmi les défis, elle a cité le manque d’informations sur les activités des multinationales et les régimes préférentiels qui érodent l’assiette fiscale des pays développement.  La fiscalité internationale est complexe et difficile à appréhender dans des pays comme le sien qui n’ont pas les ressources nécessaires au renforcement des capacités.

S’agissant en particulier de l’industrie extractive, beaucoup de pays en développement, a-t-elle dit, sont en conflit avec des multinationales et se retrouvent bien souvent devant des cours d’arbitrage qui exigent le recours à des conseils juridiques très coûteux, ce qui est particulièrement dommage pour un secteur qui a le potentiel de transformer les revenus domestiques des pays en développement.  Les Nations Unies doivent faire plus pour promouvoir la coopération internationale en matière fiscale, a conclu l’oratrice qui a conseillé aux pays en développement de garder à l’esprit, lorsqu’ils élaborent leur politique fiscale, la nécessité de préserver l’équilibre entre l’attraction des investissements et la protection des revenus domestiques.

Après les tables rondes, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est félicité des changements importants survenus dans le Modèle de convention des Nations Unies concernant les doubles impositions entre pays développés et des pays en développement, avec un accent particulier mis sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices.  Les panélistes, a précisé le Président, ont souligné la pertinence du Modèle et souligné la manière dont il peut aider les pays à concevoir, négocier et appliquer les traités relatifs à la double imposition conformément à leurs besoins.

Pour le Président, le panel de discussion sur le Manuel pratique des Nations Unies sur la détermination des prix de transfert pour les pays en développement a donné lieu à des échanges sur les moyens pour les pays en développement de répondre à leurs attentes en matière de prix de transfert.  « Enfin, les experts ont fourni un aperçu du manuel à venir sur la taxation des industries extractives dans les pays en développement, les échanges portant sur la raison pour laquelle la taxation de ces industries joue un rôle crucial dans les pays riches en ressources, en particulier la mobilisation des ressources domestiques ».

La séance de cet après-midi a débuté par un panel sur les moyens dont la coopération internationale peut aider à lutter contre le financement illicite, qui a été une occasion importante de renforcer la prise en considération intergouvernementale des questions fiscales aux Nations Unies, comme le demande Programme d’action d’Addis-Abeba.  Cette table ronde a également permis de consolider le lien entre le travail technique du Comité et le mandat de l’ECOSOC pour la mise en œuvre dudit Programme, a conclu le Président.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Acte d’agression flagrant » ou « réponse proportionnée », le bombardement par les États-Unis d’une base aérienne en Syrie divise le Conseil de sécurité

7919e séance – matin
CS/12783

« Acte d’agression flagrant » ou « réponse proportionnée », le bombardement par les États-Unis d’une base aérienne en Syrie divise le Conseil de sécurité

Réuni en urgence à la demande de la Bolivie au lendemain du bombardement par les États-Unis d’installations militaires en Syrie, le Conseil de sécurité s’est montré plus que jamais divisé quant à l’action à mener pour mettre fin au conflit qui fait rage dans ce pays depuis six ans.

Brandissant la Charte des Nations Unies, le représentant bolivien, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, a rappelé que le texte fondateur de l’Organisation interdit les actions « unilatérales » et que toute intervention doit être préalablement autorisée par le Conseil.  Accusant les États-Unis d’être tout à la fois « enquêteur, juge et procureur », il a rappelé qu’aucune investigation n’avait été encore menée pour déterminer les responsabilités dans l’attaque d’Edleb.

Le délégué faisait allusion à l’attaque présumée à l’arme chimique perpétrée à Khan Cheikhoun le 4 avril dernier, à l’origine de la réaction de Washington deux jours plus tard.  Ces événements ont été présentés aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman. 

La représentante des États-Unis, Mme Nikki R. Haley, a estimé que son pays avait pris hier une mesure « prudente », assurant de sa disposition à en faire davantage, « si nécessaire ».  « Nous avons dit “assez”, pour que Bashar Al-Assad n’utilise plus jamais des armes chimiques, “plus jamais” », a lancé Mme Haley.

« N’oublions pas ce qui s’est passé en Iraq en 2003 », a tonné le représentant bolivien, lorsque les États-Unis, au sein de ce même Conseil, ont également avancé des « preuves sans appel » de la présence d’armes chimiques en Iraq. 

Le souvenir des réunions de février 2003 a été agité par plusieurs membres, notamment la Syrie et la Fédération de Russie, cette dernière ayant aussi attribué aux Américains les situations actuelles en Libye et au Yémen. 

À l’inverse, l’Australie, l’Allemagne, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande, entre autres, ont exprimé leur soutien aux frappes américaines, a précisé M. Feltman.  Ils ont été rejoints aujourd’hui par le Japon, l’Ukraine, la France et le Royaume-Uni, qui ont jugé « proportionnés » les tirs de missiles de croisière Tomahawk ayant pris pour cible la base aérienne depuis laquelle l’attaque de Khan Cheikhoun aurait été lancée.

« L’armée syrienne n’a pas d’armes chimiques en sa possession », a tranché le représentant syrien, pour qui l’« acte d’agression flagrant » d’hier ne fait que confirmer la stratégie poursuivie par les États-Unis depuis six ans, à savoir soutenir des groupes « dits de l’opposition syrienne ».  D’après lui, il est notoire que ces armes chimiques ont été accumulées par des groupes armés « avec la bienveillance d’un certain nombre d’États Membres ».

Les représentants russe et britannique se sont mutuellement accusés de l’échec à adopter un projet de résolution qui aurait, en cas d’adoption, confié au Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU le soin d’établir les responsabilités dans cette attaque dont le dernier bilan, selon M. Feltman, serait de 86 victimes et plus de 300 blessés.

« J’ai demandé à mes collègues russes quel problème leur posait ce texte », a déclaré le délégué britannique, M. Matthew Rycroft, qui a expliqué que la réponse était à chercher du côté de l’accès sans entraves des experts au site de l’attaque. 

Son homologue russe, M. Vladimir K. Safronkov, a rétorqué que la demande de Moscou de faire appel à des experts choisis « sur la base d’une représentation géographique équitable » avait été rejetée par les pays occidentaux.

En outre, le Mécanisme d’enquête n’est pas « objectif » car, selon lui, son investigation se fonderait sur des informations glanées « sur Internet et les réseaux sociaux », au lieu de « solliciter l’aide des témoins sur place ». 

« Si les efforts d’hier ont été infructueux, nous pensons néanmoins qu’il existe un terrain d’entente suffisant pour l’adoption d’une résolution forte par ce Conseil » « pour une enquête robuste et immédiate », a tempéré de son côté le représentant de la Suède, M. Olof Skoog.

Par la voix de son représentant, M. François Delattre, la France a pour sa part attribué à la Fédération de Russie la responsabilité de la crise actuelle, en estimant que l’exercice « injustifié et abusif » du droit de veto par Moscou, le 28 février dernier, avait été perçu par le régime syrien comme un « signal d’impunité ».

Convaincu que les membres du Conseil s’accordent « au moins » sur un point, à savoir que la crise syrienne ne sera jamais réglée par la seule voie militaire, il a affirmé que la « tragédie » de Khan Cheikhoun crée la possibilité d’une « phase finale de négociations » et d’une « transition politique » en Syrie. 

Son collègue de l’Éthiopie a rappelé que le groupe des membres non permanents du Conseil de sécurité avait mis hier sur la table un troisième projet de résolution, après celui qu’avait préparé la Russie en réponse au texte franco-américano-britannique.

Pour le représentant russe, cependant, Washington n’a fait « que compromettre le processus d’Astana et de Genève, en invoquant, une fois de plus, l’argument d’une attaque à l’arme chimique ».

De nombreux appels à l’unité ont été lancés de part et d’autre de la table, notamment par la Suède, le Sénégal et l’Éthiopie, et M. Feltman, qui a repris à son compte l’appel à la retenue lancé, ce matin, par le Secrétaire général de l’ONU.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a constaté l’échec du cessez-le-feu en date du 30 décembre 2016, sur fond d’escalade militaire.  Mi-février, les forces gouvernementales ont intensifié leurs opérations militaires dans plusieurs régions de Damas et de Homs.  Les avancées militaires ont été accompagnées de l’évacuation des combattants et de leurs familles. 

Le Gouvernement syrien a cité la présence du Front el-Nosra dans ces régions, ce qu’a contesté l’opposition.  Par la suite, en février et en mars, des groupes d’opposition armés, parfois coordonnés avec le Front el-Nosra, ont lancé des offensives à Daraa, Damas et Hama. 

Le 4 avril, a rappelé le haut fonctionnaire, des informations inquiétantes ont fait état d’une attaque chimique présumée, à proximité de Khan Cheikhoun, lancée, selon certaines sources, par voie aérienne.  L’attaque a apparemment causé la mort de 86 personnes et fait plus de 300 blessés.  L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé que sa Mission d’établissement des faits avait commencé à enquêter à ce sujet. 

Ce matin, à environ 4 h 35, heure locale à Damas, deux navires de guerre américains déployés en mer de la Méditerranée orientale ont lancé un total de 59 missiles de croisière contre la base aérienne militaire d’Al-Shayrat, située dans la province de Homs.  Les États-Unis ont déclaré que c’était en réaction à l’attaque chimique, dans la mesure où le Gouvernement syrien aurait utilisé des armes chimiques à partir de cette base aérienne.

Les États-Unis, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, ont affirmé que les missiles avaient gravement endommagé ou détruit des avions syriens et des infrastructures et des équipements de soutien.  Les États-Unis ont déclaré avoir informé la Fédération de Russie à l’avance, en prenant des précautions pour minimiser les risques pour les personnels russes ou syriens stationnés sur place. 

La Syrie a qualifié l’attaque d’« acte d’agression flagrant » qui aurait causé six morts et d’« énormes dégâts matériels ».  La République islamique d’Iran et la Fédération de Russie ont condamné l’attaque, tandis que le Royaume-Uni, l’Australie, l’Allemagne, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande ont exprimé leur soutien à ces frappes. 

Pour M. Feltman, le Conseil de sécurité, qui porte la responsabilité principale de la paix et de la sécurité internationales, doit maintenant adresser un message collectif vigoureux selon lequel toute utilisation d’armes chimiques ne sera pas tolérée et aura des conséquences. 

La protection du peuple syrien exige une action immédiate, enracinée dans les principes de l’ONU et du droit international, a-t-il insisté.  Compte tenu du risque d’escalade, le Secrétaire général a lancé un appel public à la retenue pour éviter tout acte susceptible d’aggraver les souffrances du peuple syrien.  « Nous exhortons toutes les parties impliquées dans les opérations militaires à se conformer au droit international humanitaire et à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter et minimiser les pertes civiles », a déclaré le haut fonctionnaire. 

Ces événements soulignent notre conviction qu’il n’existe pas d’autre moyen de résoudre le conflit qu’une solution politique.  Aussi, M. Feltman a-t-il appelé les parties à renouveler d’urgence leur engagement en faveur des pourparlers de Genève.  « La résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et le Communiqué de Genève demeurent les bases et les principes fondamentaux des efforts de médiation des Nations Unies à cet égard », a-t-il ajouté en conclusion.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), dont le pays avait demandé cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité, a jugé indispensable que le monde sache la position de chaque État Membre sur les derniers événements en Syrie.  « Nous sommes préoccupés par les signaux émis ces derniers jours en Syrie », a-t-il dit.  Il a déploré que les États-Unis aient exécuté une attaque unilatérale, alors que des projets de résolution étaient en discussion.  Cet acte unilatéral représente une menace à la sécurité internationale, a-t-il dit, rappelant que l’humanité s’était précisément dotée d’instruments de droit international pour empêcher que les pays puissants s’en prennent aux pays les plus faibles.

Brandissant la Charte des Nations Unies, le délégué bolivien a rappelé que celle-ci, qui interdisait toute action unilatérale, devait être respectée, et que toute initiative devait être autorisée par le Conseil.  Il a lu l’Article 24 de la Charte, avant de rappeler que le Conseil de sécurité agissait au nom des peuples du monde entier. 

Les États-Unis ont décidé d’être enquêteur, juge et procureur, a-t-il poursuivi, rappelant qu’aucune enquête n’avait été menée pour déterminer les auteurs de l’attaque d’Edleb.

Le délégué a rappelé qu’en septembre 2013, les États-Unis avaient également brandi la menace d’attaques contre la Syrie.  L’attaque d’hier dessert le processus d’Astana et de Genève, a-t-il dit.  En 2003, les États-Unis, au sein de ce même Conseil, avaient également avancé des « preuves sans appel » de la présence d’armes chimiques en Iraq, a-t-il poursuivi.  « N’oublions pas ce qui s’est passé. »

Il a souligné que cette intervention avait justifié une invasion de l’Iraq à la suite de laquelle un million de personnes avaient perdu la vie.  « Serions-nous en train de parler des actes de Daech si cette invasion illégale n’avait pas eu lieu? »

Le représentant a rappelé la longue histoire de coups d’État financés par la CIA en Amérique latine.  Ce Conseil ne peut pas être un pion sur l’échiquier de la guerre, a-t-il dit, en déplorant qu’il y ait au sein de ce Conseil des « membres de première et de seconde classe ».

Enfin, il a affirmé que l’attaque d’hier représentait un coup fatal porté au multilatéralisme.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déploré de constater que l’orateur précédent semblait davantage enclin à condamner les États-Unis pour leur frappe que la Syrie pour avoir perpétré une attaque à l’arme chimique contre son propre peuple.  Il a rappelé que les stocks syriens d’armes chimiques étaient censés, en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, être détruits, « mais Assad nous a montré cette semaine qu’il en existait toujours ». 

Après avoir estimé que les auteurs de cette attaque devaient être traduits en justice, le représentant a affirmé que la réponse américaine, « proportionnée », avait pour objectif de veiller à ce que ce type d’attaque ne se reproduise plus.  La Fédération de Russie, a-t-il assuré, ne jouit d’aucun appui au sein du monde arabe, « car elle soutient un régime qui n’hésite pas à s’en prendre à son propre peuple ». 

Selon lui, le message est clair: « Mettez fin aux bombardements, aux armes chimiques! »  Le délégué britannique s’en est pris à la Russie, qu’il a accusée de protéger Bashar Al-Assad grâce à l’exercice de son droit de veto.  « Puisque l’heure est à la transparence », a dit M. Rycroft, « il y a quelques jours, alors que nous nous efforcions de négocier un projet de résolution, j’ai demandé à mes collègues russes quel problème leur posait ce texte ».  Ils ont répondu, a—t-il dit, que c’était lié à la question de l’accès sûr et sans entraves de la Mission d’établissement des faits au site de l’attaque.  « Quelles peuvent être les raisons de ce refus? » a-t-il demandé. 

Le représentant a prévenu des risques de voir la solution politique continuer de nous échapper si nous continuons de travailler « comme d’habitude ».

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a fait état de l’escalade dangereuse qui a eu lieu, hier, en Syrie.  Il a estimé que le peuple syrien était victime d’une guerre menée par procuration, les différentes parties privilégiant leurs intérêts.  Les désaccords au sein de ce Conseil ont entraîné la mort de nombreux civils, a-t-il déclaré, avant de dire sa lassitude devant les déclarations creuses des uns et des autres faites après chaque malheur s’abattant sur le peuple syrien. 

Plaidant pour une action véritable, il a appelé toutes les parties à mettre de côté leurs divergences et les altercations afin d’aider le peuple syrien à sortir de son labyrinthe et à aboutir à un cessez-le-feu immédiat.  Le peuple syrien est en mesure de décider de son propre destin, a assuré M. Aboulatta, en insistant sur l’importance d’un appui international robuste, notamment dans la lutte contre le terrorisme.  « L’heure est venue d’être francs. »

Il a appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à agir de manière décidée et à s’appuyer sur les résolutions du Conseil afin de coopérer et de trouver un terrain d’entente en Syrie.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a déclaré que, plus que jamais, il faut garder la tête froide et réinscrire ce conflit dans un cadre multilatéral.  « Nous devons, avec fermeté, consolider la volonté politique. »  Les principes cardinaux de son pays découlent de la non-utilisation de la force, sauf lorsqu’elle est exercée dans un cadre multilatéral et qu’elle constitue le seul recours possible. 

Le représentant a donc espéré que les événements de ces derniers jours ne se traduiront pas par une escalade, sous peine d’aggraver le conflit syrien, voire la situation des pays voisins.  « Ne perdons pas de vue la responsabilité de ce Conseil », qui est d’identifier les auteurs de cette attaque et d’exiger d’eux la reddition des comptes, a déclaré M. Rosselli.

Il a fustigé, en conclusion, le droit de veto, avant de lancer un appel aux membres permanents du Conseil pour qu’ils y renoncent dans des situations comme celles dont il est saisi aujourd’hui.  Pour l’Uruguay, il est maintenant nécessaire de relancer les négociations.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a déclaré que l’attaque chimique perpétrée à Edleb constituait une nouvelle violation du cessez-le-feu commise par le régime de Bashar Al-Assad.  Il a souligné l’importance pour son pays de la situation au Moyen-Orient.  « Nous comprenons les raisons de l’attaque américaine en Syrie hier », a-t-il dit, en y voyant un outil de dissuasion susceptible de décourager l’emploi d’armes chimiques en Syrie.

Le délégué italien a exhorté le Conseil à œuvrer pour une reddition des comptes en Syrie et un règlement de la situation.  Il a indiqué que ce règlement devait être recherché dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil et du Communiqué de Genève. 

Toutes les parties doivent utiliser leur influence pour garantir un accès humanitaire sans entraves en Syrie, a-t-il conclu, en redisant une nouvelle fois l’importance de l’unité du Conseil sur ce dossier.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a considéré que les frappes américaines de la nuit dernière constituaient une réponse adaptée et proportionnée à la gravité de la menace posée par le régime syrien, estimant que le Président Bashar Al-Assad portait l’entière responsabilité de cette situation.  « Le recours par quiconque aux armes chimiques et les crimes de guerre ne sauraient rester impunis et la Syrie faire exception à cette règle », a déclaré le délégué. 

Le 23 février dernier, l’action du Conseil de sécurité a une nouvelle fois été empêchée par l’usage « injustifié et abusif », par la Fédération de Russie, de son droit de veto, a-t-il jugé, estimant que ce veto avait été perçu par le régime syrien comme un « signal d’impunité ». 

Plus que jamais, l’attaque du 4 avril aura prouvé la nécessité urgente d’une solution politique au conflit en Syrie.  « Le maintien au pouvoir d’un dictateur qui largue des bonbonnes de gaz létal sur des populations civiles n’est pas seulement une abomination morale: c’est une menace insoutenable pour la région et le monde », a déclaré M. Delattre. 

Tous les membres de ce Conseil sont d’accord sur un point: la crise syrienne ne sera jamais réglée par la seule voie militaire, a-t-il poursuivi, en affirmant que la tragédie de Khan Cheikhoun avait créé la possibilité d’une « phase finale de négociations » et de permettre une transition politique en Syrie. 

M. Delattre a donc engagé les autres membres du Conseil, et en particulier la Fédération de Russie, à assumer leurs responsabilités.

M. LIU JIEYI (Chine) a dit que son pays compatissait au drame du peuple syrien.  Les parties doivent tout faire pour éviter une dégradation supplémentaire de la situation et la seule manière est la voie politique, a-t-il affirmé. 

Il a déclaré que la voie militaire ne ferait qu’aggraver la situation et n’était pas dans l’intérêt de la Syrie, des pays de la région et de la communauté internationale.  Il a exhorté les parties à poursuivre dans la voie diplomatique, l’ONU étant le principal canal de médiation. 

Enfin, le délégué de la Chine a demandé que des critères impartiaux guident l’évaluation des incidents en Syrie.

M. KORO BESSHO (Japon) a indiqué qu’aucune circonstance ne justifiait l’emploi d’armes chimiques.  L’attaque d’il y a trois jours est inhumaine et viole les résolutions du Conseil de sécurité.  Le Gouvernement du Japon appuie la détermination du Gouvernement des États-Unis afin de ne jamais permettre une dissémination et une utilisation des armes chimiques, a-t-il dit.  « Nous entendons que les États-Unis ont agi afin d’empêcher une aggravation supplémentaire de la situation. » 

M. Bessho a appelé le Conseil à réaffirmer sa détermination à répondre à l’emploi présumé d’armes chimiques à Edleb.  Il a exhorté la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à mener une enquête rapide et à livrer ses conclusions le plus rapidement possible, afin que le Mécanisme puisse conduire sa propre enquête en vue d’identifier les responsables.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a accusé les États-Unis d’avoir commis, dans la nuit du 6 avril, un acte d’agression contre un État souverain, le qualifiant d’illégitime.  Selon lui, « dans les faits », les États-Unis ne font que renforcer le terrorisme.  Cette frappe a visé des installations de l’aviation militaire syrienne, qui est en première ligne de la guerre engagée depuis des années contre Daech et le Front el-Nosra. 

« Voyez les répercussions de vos actes en Iraq, en Libye, au Yémen », a lancé le représentant, en rappelant que Moscou avait, à plusieurs reprises ici même, défendu le principe d’une coalition mondiale de lutte contre le terrorisme « sur la base du droit international ».  Mais Washington a préféré emprunter une autre voie, a déploré le délégué russe.  « Vous n’avez fait que compromettre le processus d’Astana et de Genève, en invoquant, une fois de plus, l’argument d’une attaque à l’arme chimique », a martelé M. Safronkov.

La logique sous-tendant le projet de texte présenté hier par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni est « tronquée », car elle s’appuie sur « une présomption de culpabilité » de la Syrie.  Pourquoi ne pas utiliser cette logique pour d’autres situations, a-t-il demandé.  Il est vrai, a ajouté le représentant, qu’à Londres, à Paris et à Washington, on n’a qu’une obsession, « c’est le changement de régime ». 

Il s’en est ensuite pris à son homologue britannique, dont il a fustigé l’« intervention haineuse ».  « N’essayez pas de nous monter contre les pays arabes, vous n’y arriverez pas », a assuré M. Safronkov.  « Ils se souviennent fort bien de votre hypocrisie coloniale. »  « Votre projet de résolution n’est mû que par l’idée d’empêcher une enquête vraiment indépendante », car « vous avez peur qu’une telle enquête soit menée », de crainte que ses conclusions battent en brèche « votre rhétorique et vos accusations mensongères », a-t-il ajouté. 

La Russie a proposé des alternatives à ses partenaires, mais selon la délégation, ils auraient refusé d’accepter que des experts du Mécanisme et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) choisis « sur la base d’une représentation géographique équitable » soient déployés sur place, tout en précisant au passage que les forces syriennes n’ont « pas le contrôle » de la région d’Edleb.  

Le Mécanisme d’enquête n’est pas « objectif » car son enquête se fonde, selon Moscou, sur des informations glanées sur Internet et les réseaux sociaux, « au lieu de solliciter l’aide des témoins sur place ». 

Revenant sur le critère de la représentativité, le représentant a affirmé qu’une nationalité dominait parmi les experts chargés de l’enquête, et qu’il s’agissait de celle d’un État engagé dans une campagne militaire contre Damas. 

« Prenons la situation à Mossoul: ceux qui demandent que l’on s’indigne pour ce qui s’est passé à Khan Cheikhoun n’ont pas l’air de le faire pour les civils piégés à Mossoul », a-t-il dit.  Après avoir évoqué le sort d’une petite fille tuée dans les bombardements de la coalition, M. Safronkov a assuré ses collègues que ne seraient pas montrées de photos d’elle, « nous ne sommes pas cyniques ». 

« Nous ne cherchons pas aujourd’hui à détourner l’attention de la situation à l’ordre du jour.  Ce que nous disons, c’est que si on se lance dans la lutte antiterroriste, il faut le faire sur la base de critères communs. »  

Le représentant a donc appelé les États-Unis à mettre un terme à son agression, à se lancer dans des négociations de bonne foi.  « Nous sommes prêts à une telle coopération », a-t-il offert, avant de noter que beaucoup de déclarations insultantes avaient été faites aujourd’hui, « notamment concernant l’usage du droit de veto ».  Le Conseil doit maintenant prendre des décisions concertées, a-t-il ajouté.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a déploré la profonde division du Conseil au sujet, une nouvelle fois, de la crise syrienne.  « Quelle image renvoyons-nous à la communauté internationale et quel message envoyons-nous au peuple syrien déboussolé? » a-t-il demandé.  « Quel message envoyons-nous aux terroristes? »

Il a affirmé que rien ne pouvait justifier l’emploi d’armes chimiques, y compris en temps de conflit.  Le délégué a appuyé les efforts de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), avant de réaffirmer sa conviction dans l’importance d’une solution négociée en Syrie, sur la base du Communiqué de Genève et des résolutions pertinentes du Conseil.

Enfin, M. Seck a souhaité le succès du « cinquième round de négociations » à Genève.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a appelé les parties concernées à éviter toute escalade militaire en Syrie, sous peine de saper le processus de Genève et d’Astana.  « Nous avons une dernière chance de faire triompher la paix en Syrie », a-t-il dit.

Le délégué a jugé cruciale la conduite d’une enquête impartiale à Khan Cheikhoun afin que la communauté internationale puisse rendre son verdict à l’endroit des responsables de cette attaque.  Le conflit syrien doit être réglé exclusivement par la voie pacifique et dans le respect de la souveraineté des États Membres, a-t-il dit, en appelant de ses vœux une solution politique négociée.

Enfin, le représentant a apporté son appui au processus de Genève et d’Astana.

M. OLOF SKOOG (Suède), qui a remercié ses collègues pour leurs témoignages de sympathie après l’attaque aujourd’hui à Stockholm, a condamné dans les termes les plus forts le bombardement à l’arme chimique près d’Edleb et a souligné l’importance qu’elle fasse l’objet d’une enquête impartiale et approfondie.  C’est pourquoi la Suède n’a épargné aucun effort afin d’aboutir à l’adoption d’une résolution forte du Conseil pour une enquête robuste et immédiate, a-t-il dit. 

« Si ces efforts ont été infructueux hier, nous pensons néanmoins qu’il existe un terrain d’entente suffisant pour l’adoption d’une résolution forte par ce Conseil. » 

S’agissant des frappes américaines d’hier, il a affirmé « qu’il n’était pas clair en quoi cela représentait une nouvelle politique ».  « Il est important qu’une telle action soit appuyée par le droit international, mais l’attaque d’hier soulève des questions sur sa compatibilité avec le droit international. » 

Déplorant les « insultes » échangées ce matin autour de cette table, M. Skoog a estimé que le temps était venu pour une unité du Conseil en appui d’un processus politique en Syrie.

Enfin, le délégué de la Suède a réitéré son plein appui aux pourparlers intrasyriens conduits à Genève sous les auspices de l’ONU.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déploré le fait que la communauté internationale ne soit pas en mesure de présenter un front uni, avant de dire que l’attaque à l’arme chimique commise le 4 avril ne saurait être justifiée.  La priorité est donc de sortir de l’impasse avant que la situation ne devienne incontrôlable, a estimé le représentant, avant de reprendre à son compte l’appel lancé aujourd’hui par le Secrétaire général au Conseil de sécurité pour qu’il assume ses responsabilités, sous peine de perdre sa crédibilité. 

C’est la raison pour laquelle il a estimé que le projet de résolution défendu hier par le groupe des membres non permanents du Conseil de sécurité était sage, encourageant à l’adoption de ce texte et à accélérer les enquêtes.  « Seul un processus politique pourra mettre fin au conflit », a déclaré le représentant, avant de lancer un appel au calme, à la retenue et à la désescalade.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a considéré comme « proportionnée » et « bienvenue » la frappe perpétrée par les États-Unis contre la base aérienne depuis laquelle une attaque à l’arme chimique a été perpétrée à Khan Cheikhoun, « un signal clair que l’utilisation d’armes de destruction massive » ne sera plus tolérée.  

Il a catégoriquement rejeté les arguments de la Fédération de Russie selon laquelle l’action américaine constituerait un acte d’agression, rappelant que Moscou avait renoncé à toute crédibilité en la matière « après son annexion de la Crimée et son agression contre l’est de l’Ukraine ».  

Le représentant a rappelé en conclusion qu’il était du ressort du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales, prévenant des risques posés par l’inaction.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a dénoncé la nouvelle attaque chimique conduite par le régime de Bashar Al-Assad il y a trois jours.  Le Président Bashar Al-Assad a lancé cette attaque car il pensait qu’il n’aurait pas à en assumer la responsabilité, avec l’aide de la Fédération de Russie, a-t-elle déclaré.  « Mais cela a changé hier. »

Parfois les États doivent agir seuls, a-t-elle dit, ajoutant que l’utilisation d’armes chimiques justifiait pleinement l’action de son pays.  « Les États-Unis ne peuvent pas fermer les yeux », a-t-elle affirmé, ajoutant qu’il en allait de la sécurité de son pays. 

Elle a indiqué que son pays avait détruit la base militaire depuis laquelle l’attaque chimique avait été lancée.  « Nous avons dit “assez” pour qu’Assad n’utilise plus jamais des armes chimiques, “plus jamais” », a-t-elle déclaré.  Elle a insisté sur la responsabilité de la République islamique d’Iran dans le bain de sang syrien en protégeant Damas, ainsi que sur celle de la Fédération de Russie, alors que Damas franchissait les lignes de la décence la plus élémentaire.

Elle a rappelé que la Russie était censée agir pour détruire l’arsenal chimique syrien.  « Or cela n’a pas été le cas. »  Elle a avancé trois explications à cet état de fait.  Soit la Russie a délibérément laissé des armes chimiques sur le territoire syrien, soit elle n’a pas pu procéder à la destruction de l’entier stock syrien, soit Damas manipule la Russie, a-t-elle avancé. 

« Le monde attend de la Russie qu’elle agisse de manière responsable en Syrie; le monde attend que la Russie revoie son alliance avec le régime de Bashar Al-Assad. »  Elle a déclaré que les jours de l’utilisation d’armes chimiques par Damas en toute impunité étaient révolus.  « Les États-Unis ont pris une mesure prudente hier et nous sommes prêts à en faire davantage si nécessaire », a poursuivi la déléguée. 

En conclusion, Mme Haley a exhorté les « nations civilisées » à s’unir pour une solution politique en Syrie.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) s’est élevé contre la présentation des faits par le Secrétaire général adjoint, faisant état pour sa part d’une « agression » qui constitue une violation grave du droit international.  Les États-Unis tentent de justifier cette attaque par des allégations selon lesquelles le régime syrien aurait commis des attaques à l’arme chimique, a souligné le représentant. 

Selon lui, l’armée syrienne n’a pas d’armes chimiques en sa possession.  En revanche, a-t-il dit, il est notoire que ces armes ont été accumulées par les groupes terroristes et armés avec la bienveillance d’un certain nombre d’États Membres.  « Aujourd’hui, ces groupes se sentent encouragés par cette agression, qui ne fait que confirmer la stratégie des États-Unis depuis six ans, qui consiste à apporter son soutien à des groupes dits de l’opposition syrienne », s’est élevée la délégation.  

Pour la Syrie, les États-Unis ont formé une prétendue coalition dont le seul objectif serait de s’en prendre au Gouvernement syrien, allant jusqu’à « protéger » tout récemment des éléments de Daech pour leur permettre d’ouvrir un front.

Le représentant a assuré que des systèmes portatifs de défense aérienne (MANPADS) avaient été remis à des groupes terroristes syriens, « nous l’avons dit au Conseil ».  Aujourd’hui, on cherche à justifier une propagande pour détruire la Syrie comme on l’a fait pour l’Iraq avec les armes de destruction massive inexistantes en 2003, a martelé le représentant syrien. 

Le Royaume-Uni, les États-Unis et la France n’accordent pas d’importance à la démocratie, à la stabilité et aux droits de l’homme, ce ne sont pour eux que des prétextes pour s’approprier des ressources naturelles, a affirmé le représentant. 

La République arabe syrienne s’en est également prise à l’appui apporté par les régimes wahhabites.  S’adressant aux membres du Conseil qui participent à la coalition, la délégation a dit qu’ils devraient être reconnus responsables des attaques menées contre des victimes innocentes. 

M. Mounzer a, en conclusion, demandé que le Conseil de sécurité assume les responsabilités qui sont les siennes et que cessent les agressions contre son pays.

Le délégué de la Fédération de Russie a repris la parole et a demandé à certaines délégations, y compris celle des États-Unis, de ne pas insulter son pays.  « Nous ne nous permettons pas de le faire. »  Il a estimé que la représentante des États-Unis, Mme Nikki Haley, qui vient de prendre ses fonctions, avait l’occasion d’assainir les relations au sein de ce Conseil et de travailler avec tous ses membres.  Cela ne sera néanmoins pas possible si l’on prétend que sa position nationale a valeur de vérité absolue, a-t-il dit.

Enfin, le délégué a confié que son pays avait « vraiment l’espoir » de travailler dans un esprit d’unité au sein de ce Conseil.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée proclame le 27 juin, Journée des PME, adopte les textes de sa Cinquième Commission et lance les négociations sur le pacte relatif aux migrations

Soixante et onzième session,
74e séance plénière – matin
AG/11902

L’Assemblée proclame le 27 juin, Journée des PME, adopte les textes de sa Cinquième Commission et lance les négociations sur le pacte relatif aux migrations

L’Assemblée générale a, ce matin, proclamé le 27 juin, « Journée des micro-, petites et moyennes entreprises », avant d’adopter les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, dont la ponction d’une somme de 975 700 dollars pour financer la première année des négociations sur « le pacte mondial pour des migrations sures, ordonnées et régulières ».

La « Journée des micro-, petites et moyennes entreprises », le 27 juin, doit, selon l’Assemblée générale, encourager les États à lancer des recherches, des débats d’orientation et des ateliers, en collaboration avec les secteurs public et privé et les organisations sans but lucratif, pour promouvoir la contribution de ces entreprises au développement durable*.   

Ayant déjà décidé que la conférence intergouvernementale devant conduire à l’adoption d’un « pacte mondial pour des migrations sures, ordonnées et régulières » se tiendra en 2018, l’Assemblée générale a, sur recommandation de sa Cinquième Commission, accepté de débloquer une somme de 975 700 dollars pour financer les travaux préparatoires d’avril à novembre 2017.  Les deux autres étapes de ces travaux auront lieu de novembre 2017 à janvier 2018 puis de février à juillet 2018**. 

Les représentants des États-Unis et du Canada ont dit craindre que tel que libellée, la résolution ne limite pas la participation de la société civile à la conférence.  Le texte prie en effet le Président de l’Assemblée de soumettre au préalable la liste des ONG aux États Membres.  Au nom de la transparence, aucune ONG ne peut être, pour des raisons politiques, privée de son droit de participer à la conférence, ont prévenu les deux délégations.  Celle de l’Union européenne a d’ores et déjà prévenu qu’elle n’accepterait en aucun cas un pacte « juridiquement contraignant ». 

L’Assemblée générale a validé d’autres recommandations de sa Cinquième Commission dont un texte sur la lutte antifraude au sein du Secrétariat de l’ONU par lequel le Secrétaire général prié est de procéder à une évaluation complète des risques de fraude d’ici à la mi-2017 afin d’améliorer la mise en œuvre des dispositifs de contrôle et des mesures internes au Siège et dans les missions. 

Le Secrétaire général est également prié d’actualiser les instruments juridiques utilisés dans le cadre des relations avec des tiers tels que fournisseurs et partenaires d’exécution, en accordant une attention particulière aux clauses et dispositions antifraude.  Il doit aussi remédier aux lacunes du système actuel de délégation de pouvoirs en définissant précisément les fonctions

et attributions des fonctionnaires de tous niveaux à qui des pouvoirs sont délégués, en ayant recours aux mécanismes systémiques de communication de l’information concernant l’exercice des pouvoirs délégués et son contrôle et en prenant des mesures en cas de faute de gestion ou d’abus de pouvoir***.

Parmi les textes*** figure aussi une résolution sur le « Mécanisme de surveillance de l’aide humanitaire en République arabe syrienne » pour lequel l’Assemblée générale a approuvé l’ouverture d’un crédit supplémentaire d’un million de dollars pour la période 2016-2017****.  Invoquant « la neutralité et non-politisation de l’aide humanitaire », le représentant de la Syrie s’est dissocié du consensus.  Il a estimé que l’aide humanitaire doit être distribuée « de l’intérieur » par le Gouvernement syrien et non « de l’extérieur », compte tenu du risque qu’elle ne tombe entre les mains des groupes terroristes. 

S’agissant du « Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’ONU » pour lequel l’Assemblée générale a approuvé un budget de 3 millions de dollars pour la période allant du 1er avril au 31 octobre 2017, le représentant syrien a souligné qu’un financement sur la base de contributions extrabudgétaires est contraire aux principes requis de « neutralité et d’impartialité » *****.

La Cinquième Commission a aussi recommandé un texte sur le Groupe d’experts sur la République populaire démocratique de Corée dont le budget d’élève à 2,5 millions de dollars pour la période 2016-2017.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu demain vendredi 7 avril sur la « sensibilisation de l’opinion mondiale au drame des migrants en situation irrégulière, en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen ».

*     A/71/L.60
**    A/71/L.58
***   A/71/855 et A/71/704/Add.1
****  A/71/717/Add.1
***** A/71//716/Add.1

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: « la région d’Asie-Pacifique risque d’être vieille avant d’être riche »

Cinquantième session,
7e séance – matin
POP/1059

Commission de la population et du développement: « la région d’Asie-Pacifique risque d’être vieille avant d’être riche »

« Si la région d’Asie et du Pacifique ne prend pas des mesures pour faire face au vieillissement de sa population, elle risque d’être vieille avant d’être riche. »  C’est le cri d’alarme qu’a lancé aujourd’hui la Commission économique de cette région (CESAP) devant la Commission de la population et du développement qui poursuivait son débat général sur le thème « évolution de la structure par âge de la population et développement durable ».  

La CESAP a indiqué qu’en 2050, un quart de la population de la région Asie-Pacifique aura plus de 60 ans.  Le nombre de la population active se réduit mais, a constaté la Commission, certains pays continuent d’avoir des structures de production fondées sur une main-d’œuvre abondante.  Il est vrai que les personnes âgées travaillent encore bien souvent parce qu’elles n’ont pas accès à une pension de retraite, une situation bien différente de celle des pays européens qui vivent aussi un vieillissement de la population mais peuvent exploiter un dividende démographique parce que le troisième âge a pu accumuler du patrimoine. L’Organisation mondiale du tourisme l’a prouvé en parlant de l’expansion du tourisme médical et culturel.

Il est grand temps que les pays d’Asie-Pacifique se préparent au vieillissement de leur population, en élargissant l’accès à la protection sociale.  Une attention particulière doit être accordée aux implications sexospécifiques du vieillissement vu que les femmes vivent plus longtemps que les hommes et qu’elles ont moins accès à la sécurité de revenu.  « Si la région ne prend pas des mesures pour faire face au vieillissement de sa population, elle risque de devenir vieille avant d’être riche », a alerté la CESAP qui travaille actuellement sur l’examen du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement et organisera une réunion régionale du 12 au 14 septembre à Bangkok.

La population vieillit également dans plusieurs pays arabes, a indiqué la Commission économique et sociale de la région (CESAO).  Hier un expert de l’Institut national d’études démographiques de la France constatait que ces pays ont « une peur bleue » du vieillissement de leur population.  Il faudrait, a-t-il dit, leur expliquer que « le dividende démographique de l’An II » peut être un bienfait pour eux ».  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi proposé la création d’un groupe interorganisations sur le vieillissement et continue à appuyer les initiatives visant à combler les lacunes dans la collecte des statistiques. 

Dans ce cadre, le « Comité catholique international des infirmières et assistantes médico-sociales » a dénoncé l’impact des politiques en faveur de la baisse de fécondité sur les pays qui ont dépassé le premier dividende démographique, « le capital-jeunes ».  Il faut au contraire encourager l’élimination de toutes les formes de contraception et l’interdiction de l’avortement pour rééquilibrer la structure par âge de la population mondiale. 

La Commission, qui doit terminer sa session demain, vendredi 7 avril, tiendra sa dernière séance à partir de 10 heures.

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL

THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)

Suite et fin du débat général

M. NAWAF SALAM (Liban) a indiqué que la population de son pays vieillissait, les plus de 65 ans devant représenter 14,1% et 23,3% de la population en 2030 et 2050 respectivement.  Le Gouvernement se concentre de plus en plus sur les systèmes d’appui aux personnes âgées, les retraites et les services de santé. Aujourd’hui, le Liban compte parmi les pays de la région arabe qui ont atteint l’objectif de développement durable (OMD) relatif à la mortalité maternelle.  En coopération avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il a réalisé des progrès considérables en matière de santé sexuelle et génésique, de planning familial, de lutte contre le VIH/sida, et a incorporé les questions démographiques dans les programmes scolaires.  Le pays a adopté un programme national pour la jeunesse et une stratégie nationale pour les femmes couvrant la période 2011-2021 et, en 2014, une loi sur la violence domestique. 

Depuis 2011, a rappelé le représentant, le Liban a été très touché par l’arrivée massive d’1,2 million de réfugiés à la suite de la crise en Syrie.  Cela a créé d’énormes pressions sociales, environnementales et économiques sur les communautés d’accueil, exacerbant les vulnérabilités et grevant les ressources nationales.  Le représentant a souligné l’importance de passer d’une assistance humanitaire à court terme à un développement à long terme. 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a dit que son pays est en train de vivre l’évolution de la structure par âge de la population.  En un demi-siècle, la Tunisie a accompli sa transition démographique en passant d’un taux d’accroissement naturel de 2,9% en 1966 à 1,4% en 2015.  L’indice synthétique de fécondité est passé de 7,2% en 1966 à 2,4% en 2015.  Les jeunes comptaient 10,9 millions en 2014 dont environ 27% âgés entre 15 ans et 29 ans, l’âge médian en Tunisie s’élevant à 31,4 ans en 2014.  Les projections mettent en relief l’inéluctable mouvement vers un vieillissement de la population.  La proportion des plus de 60 ans passera de 11,7% en 2014 à 16% en 2026 et sera autour de 20% en 2036 pour atteindre environ 23% en 2041.

La Tunisie est en train d’étudier les mesures à prendre pour s’adapter à cette situation qui va notamment peser sur les caisses sociales.  Elle songe donc à une possible modification de l’assiette des cotisations sociales ou du taux de cotisation et à une modification de l’âge de départ à la retraire.  Les besoins en maisons de retraite et en services destinés aux personnes âgées sont également en cours d’étude et d’examen. 

Le développement durable, a poursuivi le représentant, en peut être bâti sans émanciper la femme.  Combattre le mariage précoce forcé et faciliter l’accès aux soins de santé contraceptifs sont une nécessité.  Dans ce cadre, a-t-il prévenu, une jeunesse non éduquée sexuellement est une jeunesse handicapée qui risque d’être incapable de devenir un acteur social positif aux temps présent et futur, a souligné le représentant.  C’est pour cette raison que la Tunisie s’est lancée sur le chemin de l’éducation sexuelle complète.  Le représentant a souligné que l’engagement de la Tunisie envers la santé et les droits sexuels et reproductifs et l’égalité des sexes date des premières années de l’indépendance, le programme de planification familiale ayant été lancé dès 1966.  Le taux de prévalence contraceptive est de 62,5% et l’avortement a été légalisé dès 1973, l’État fournissant tous les efforts pour réduire les taux de mortalité maternelle et infantile.  Grâce à tous ces efforts, l’espérance de vie a atteint 76,1 ans.  Dans ce cadre, le représentant a salué la coopération du FNUAP et appelé les pays donateurs à continuer de le financer.  Après s’être félicité des progrès dans l’éducation des jeunes, il a précisé que la nouvelle Constitution tunisienne de janvier 2014 protège fortement les droits des femmes. 

Les grossesses et les accouchements sont les principales causes de décès chez les filles et les adolescentes, a déploré M. ROBERTO LIZ, Directeur général du développement économique et social au Ministère de l’économie, de la planification et du développement de la République dominicaine.  Avec l’aide du FNUAP, le Gouvernement s’attache à mettre en œuvre les objectifs définis dans le Consensus de Montevideo pour la période 2017-2020.  Il a notamment mis l’accent sur la santé sexuelle et reproductive, la violence sexiste et la collecte de données pertinentes. Le représentant a tenu à souligner que la définition des jeunes et du groupe de la population en âge de travailler (25 à 64 ans) dans les rapports du Secrétaire général « ne correspond pas à la réalité en Amérique latine et dans les Caraïbes ».  Il a insisté sur la thématique de l’emploi et du chômage pour les personnes de 15 à 24 ans, et de la scolarisation des 18 à 25 ans.   

M. ABDULLAH ABU SHAWESH, Observateur de l’État de Palestine, a dit que depuis 1947 jusqu’à l’occupation israélienne, la population palestinienne a augmenté de 200%.  Après l’occupation, le taux est descendu à 21%.  Si la situation actuelle continue, la catastrophe est assurée.  À Gaza, on enregistre actuellement 500 habitants au km².  En 2020, Gaza restera-t-il encore un territoire viable? Depuis 1967, Israël a transféré plus de 600 000 de ses habitants dans les territoires palestiniens que l’on appelle « colons ».  Ceux-ci représentent un défi pour la communauté internationale qui est incapable de mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies dès qu’il s’agit d’Israël.  Depuis 1967, un million de Palestiniens ont été emprisonnés par la Puissance occupante, soit 18% de la population palestinienne.  En avril 2017, 6 000 Palestiniens croupissent dans les geôles israéliennes.  « Allez-vous continuer à laisser les Palestiniens mourir? » s’est emporté l’Observateur.

Mme ROSEMARY KALAPURAKAL, Conseillère juridique au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a reconnu qu’il fallait se centrer sur la jeunesse tout en se préparant au vieillissement des populations dans la perspective de 2030.  Les débats et les politiques publiques doivent veiller à ne pas exclure les personnes âgées et à promouvoir leur intégration en tant qu’acteurs à part entière du développement durable.  Les préoccupations exprimées lors de cette session font écho aux efforts entrepris par le PNUD pour réduire l’exclusion, a-t-elle poursuivi. En 2016, le PNUD a élaboré un document de réflexion qui met en exergue les mesures à prendre à cet effet. Enfin, le PUND a proposé de créer un groupe interorganisations sur le vieillissement.  Il appuie les initiatives visant à combler les lacunes dans les statistiques relatives au vieillissement.

Mme TAKYIWAA MANUH¸ Directrice de la Division du développement de politique sociale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rappelé que l’Afrique représente un quart de la population active mondiale, ce qui constitue un avantage économique certain à mettre à profit par des investissements dans l’éducation et la santé, sans oublier la création d’emplois.  Avec les capacités du continent, la réalisation des objectifs de développement durable est tout à fait possible pour autant que l’on libère tout le potentiel africain.  La CEA développe donc des données pour soutenir les plans de développement nationaux.  Les chefs d’État africains ayant une feuille de route pour profiter du dividende démographique, la CEA, avec le FNUAP, a élaboré un guide pour orienter l’action africaine, en cette décennie 2017-2027 de l’amélioration des données en Afrique.

Les maladies liées à la santé sexuelle et reproductive, y compris les grossesses trop précoces et trop fréquentes, sont une cause majeure de décès et d’incapacités chez les femmes et les filles, en particulier les plus vulnérables, les plus marginalisées et les plus exclues, a confirmé Mme NATELA MENABDE, Directrice exécutive de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Une mauvaise santé sexuelle et reproductive contribue de manière significative à la pauvreté limitant ainsi le développement socioéconomique.  L’oratrice a parlé de son Département qui fournit à tous les États les preuves dont ils ont besoin, en identifiant leurs lacunes dans la collecte des données, en générant des connaissances, en testant des interventions novatrices pour améliorer l’efficacité et l’équité des systèmes de santé et en évaluant les mécanismes permettant d’assurer la viabilité des interventions fondées sur les données.

Nous sommes à la croisée des chemins, a prévenu l’oratrice.  Comment faire face aux inégalités et aux injustices dont sont victimes les jeunes et les personnes âgées dans l’exercice de leur droit aux services de santé sexuelle et reproductive?  La capacité des sociétés à exploiter le dividende démographique et à créer un nouveau paradigme de santé, de dignité et de bien-être sera déterminée par leur volonté d’investir suffisamment dans la santé et les droits sexuels et reproductifs, a-t-elle prévenu, soulignant que le respect de cette santé et de ces droits a reçu à juste titre « une place centrale » dans le Programme 2030. 

M. JOE THOMAS, Directeur exécutif de « Partners in Population and Development (PPD) », a rappelé que le PPD est une organisation intergouvernementale composée de 26 pays en développement représentant près de 70% de la population du monde en développement, qui se consacre au renforcement de la coopération Sud-Sud en matière de santé génésique, de planning familial et d’autres questions démographiques, dont le vieillissement.  Dans les pays membres du PPD, qui se trouvent à divers stages de la transition démographique, les politiques de population continuent de jouer un rôle critique pour modeler et gérer les effets des changements dans la structure par âge, a-t-il expliqué. Depuis 1994, le taux de mortalité maternelle y a été réduit de moitié.

Donner aux femmes et aux filles un accès au planning familial, à la santé génésique et à l’éducation sexuelle est un droit de l’homme et un investissement important dans l’avenir, a plaidé M. Thomas. Or, à cet égard, les besoins de 225 millions de femmes ne sont toujours pas satisfaits.  Un tiers des maladies chez les femmes âgées de 15 à 44 ans est dû à une mauvaise santé sexuelle et génésique.  Nous obtiendrions des gains considérables, a-t-il assuré, si toutes les femmes qui veulent éviter une grossesse non désirée utilisent des contraceptifs modernes et si toutes les femmes et leurs nouveau-nés reçoivent les soins recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

M. SARBULAND KHAN, Organisation mondiale du tourisme, a déclaré que la population et le tourisme sont étroitement liés.  La vie humaine survit et prospère grâce à la procréation et aux déplacements.  La croissance de la population est le facteur clef de la croissance rapide du tourisme et de sa résilience.  L’augmentation du nombre des jeunes et des personnes âgées influent aussi sur la manière dont le tourisme évolue: l’introduction des nouvelles technologies dans tous les aspects du tourisme et le tourisme médical et culturel.  Par ailleurs, la reconnaissance des droits des personnes handicapées a fait que l’on a porté une attention accrue à l’accessibilité dans le tourisme.

Ce secteur est le deuxième plus grand de l’économie mondiale après la finance.  Les flux touristiques augmentent de 4% par an depuis 2009 générant des revenus de 1 200 milliards de dollars, soit 7% du total des exportations mondiales des biens et 30% des exportations mondiales des services.  Les flux devraient passer de 1,2 milliard en 2016 à 1,8 milliard en 2030 et la part des économies émergentes a augmenté de 30% en 1980 à 45% en 2015, et devrait atteindre les 57% en 2030. 

Les changements démographiques façonnent également la demande touristique et le développement, comme on le voit avec la fréquence des voyages, la durée des séjours, les types de produits et les stratégies de communication des sociétés touristiques.  Ces tendances et les interactions entre les facteurs démographiques et le tourisme nécessitent d’être prises en compte au moment où nous discutons de l’évolution de la structure par âge de la population et du développement durable, a conclu l’intervenant.

M. ASHRAF ELNOUR MUSTAFA MOHAMED NOUR, Directeur de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), s’est dit encouragé par l’accent récent mis sur les questions de migration et par la défense des droits de l’homme des migrants.  À cet égard, il s’est félicité du thème choisi pour la prochaine session de la Commission de la population et du développement en 2018, « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales ».  À ce propos, elle a attiré l’attention sur la conférence sur les migrants et les villes que l’OIM a organisée en 2015 et sur le rapport annuel sur les migrations internationales qui avait pour thème en 2015 « Migrants et villes: Les nouveaux partenariats pour gérer la mobilité urbaine ».

Mme NASRIA ELARDJA FLITTI, Ligue des États arabes, a souligné que cette session se déroule à un moment où les pays de la Ligue se trouvent à différentes phases de la transition démographique.  Elle se passe aussi six ans après le début de la crise syrienne qui a provoqué des mouvements migratoires et une crise des réfugiés.  Comment dans ces conditions profiter du dividende démographique? Si les progrès réalisés par les États membres ont été freinés par ces mouvements, ils réaffirment tous que la jeunesse est leur priorité.  Les États de la Ligue tiennent aussi à assurer au peuple palestinien la vie décente qui leur est refusée.  La Ligue souhaite la fusion des forces pour parvenir au développement durable aux niveaux international, régional et national

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Directeur du Bureau de l’Organisation internationale du Travail (OIT), à New York, a indiqué que la population mondiale en âge de travailler devrait augmenter de 31% environ, passant de 3,6 milliards en 2015 à 4,8 milliards en 2050.  Cela veut dire qu’il va falloir créer entre 1,2 et 1,8 milliard d’emplois d’ici là.  Tant la quantité que la qualité des emplois sont importantes, a-t-il précisé.  Aujourd’hui, les jeunes restent touchés par des taux de chômage élevés.  De plus, près de 156 millions de jeunes dans les pays émergents et en développement travaillent dans la pauvreté. 

L’appel à l’action de l’OIT pour l’emploi des jeunes et l’Initiative des Nations Unies en faveur de la création d’emplois décents pour les jeunes montrent la voie à suivre, a poursuivi le Directeur.  D’un autre côté, la population âgée de 65 ans et plus va continuer d’augmenter, a-t-il averti, en soulignant la nécessité de mettre au point des systèmes de protection sociale adéquats.  Dans les pays émergents et en développement, près d’un tiers des personnes de 65 ans et plus vivent dans une pauvreté extrême ou modérée, et la moitié d’entre elles, notamment les femmes, ne perçoivent pas de retraite.

Mme VANESSA STEINMEYER, Chef de la Section de la transition durable de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a prévu qu’en 2050, un quart de la population de la région Asie-Pacifique aura plus 60 ans.  Si la région ne prend pas des mesures pour faire face au vieillissement de sa population, elle risque de devenir vieille avant d’être riche.  Le nombre de la population active se réduit dans certains pays, en particulier dans l’est et le sud-est.  Mais certains des pays continuent d’avoir des structures de production fondées sur une main d’œuvre abondante.  Il est vrai que les personnes âgées travaillent encore bien souvent parce qu’elles n’ont pas accès à une pension de retraite. 

Les pays de l’Asie du Sud sont jeunes et peuvent exploiter le premier dividende démographique mais le temps presse.  En Inde par exemple, la population active devrait commencer à diminuer de 15% par rapport à aujourd’hui.  Il est grand temps que les pays se focalisent sur la création d’emplois décents pour les jeunes et se préparent au vieillissement de sa population en élargissant l’accès à la protection sociale.  Une attention particulière doit être accordée aux implications sexospécifiques du vieillissement vu que les femmes vivent plus longtemps que les hommes et qu’elles ont moins accès à la protection sociale et la sécurité de revenu.

La CESAP appuie les États en les convaincant de fonder leurs politiques sur des données fiables.  La CESAP travaille actuellement sur l’examen du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement et organisera une réunion régionale du 12 au 14 septembre à Bangkok.

Mme ROUBA ARJA, représentante de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a souligné que la mortalité avait considérablement décru dans la région arabe.  Les taux de fertilité ont diminué moins vite, ce qui a contribué à la poussée démographique des jeunes et à la croissance de la population en âge de travailler.  La population vieillit également dans plusieurs pays.  De plus, a-t-elle continué, les mouvements produits par l’urbanisation rapide, les migrations et les déplacements forcés ont un impact sur la structure par âge de la population.  De telles évolutions doivent permettre de tirer parti du dividende démographique si l’on répond aux besoins des divers groupes de la population.  Pour mieux appuyer les États membres, a assuré la représentante, la CESAO les aide à renforcer leurs connaissances et leurs capacités en fonction de leurs besoins, y compris au niveau régional.  Elle adopte une approche intégrée, centrée sur les droits de l’homme et les trois piliers du développement durable. 

M. PAULO SAAD, Spécialiste principal des questions de population de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que comme la Commission est responsable du suivi de la mise en œuvre du Consensus de Montevideo, elle a commencé un projet visant à améliorer la capacité des décideurs politiques à évaluer les opportunités et les défis apportés par la transition démographique afin de réaliser les objectifs de développement durable.  L’hypothèse sous-jacente est que la réussite du Programme 2030 est fortement liée à l’anticipation et à la planification des effets de la transition démographique qui se déroulera pendant la période de 2015 à 2030. 

L’une des caractéristiques de ce projet est d’incorporer la dimension hommes-femmes dans l’analyse de l’impact de l’évolution de la population sur le développement économique et sociale.  La parité constitue un facteur clef à prendre en compte lorsqu’il s’agit d’élaborer des politiques de développement durable.  Bien que l’intérêt politique et académique ait été axé sur le dividende démographique, il est probable que le dividende des sexes pourrait être d’une importance similaire ou supérieure.

D’après Mme MARIAN NOWAK Comité catholique international des infirmières et assistantes médico-sociales (CICIAMS), « on met trop l’accent sur la force de travail et sur l’économie, et pas assez sur la plus grande ressource renouvelable au monde, à savoir les enfants ».  Elle s’est dit préoccupée par les efforts entrepris pour faire baisser les taux de fécondité et le risque que cela fait courir aux économies des pays post-dividende démographique.  Elle n’a pas hésité à proposer d’encourager la fécondité, d’éliminer toutes les formes de contraception et d’interdire l’avortement pour rééquilibrer la structure par âge de la population mondiale.  

Pour M. STEFANO GENNARINI, Center for Family & Human Rights (CFAM), le problème aujourd’hui est la faible fécondité et le vieillissement qui menacent la lutte contre la pauvreté car on peut imaginer que les économies émergentes auront à se battre pour écouler leurs produits.  La diminution de la main d’œuvre dans les pays conduira à un marasme économique.  La pression sur les systèmes de protection sociale accentuera encore la pauvreté.  Le dividende démographique est menacé, s’est alarmée l’oratrice, en regrettant que « l’élite », hantée par le fantôme de la théorie démographique des années 1950, soit incapable de faire face aux défis actuels, préférant prescrire les mêmes politiques obscènes contre la fécondité. 

M. Gennarini est revenu sur le « plan Marshall pour l’éducation en Afrique » dont ont parlé plusieurs orateurs.  Elle a jugé que des interventions analogues doivent être assurées pour les infrastructures, l’énergie, le transport et la santé, en particulier la santé maternelle.  Or, rien n’est fait sinon des politiques antifécondités.  Le Programme 2030 est une occasion d’allouer de l’aide à de tels projets pour ne laisser personne de côté.

Mme AGNES KING, « Minnesota Citizens Concerned for Life Education Fund (MCCL GO! Gobal Outreach), » qui représente 70 000 familles dans 70 pays, s’est opposée à l’approche qui consiste à encourager la légalisation de l’avortement.  La santé maternelle, a-t-elle fait valoir, n’est pas protégée par l’avortement mais par la qualité des soins de santé.  Des pays tels que l’Irlande, la Pologne, Malte, le Chili, le Koweït, la Libye et les Émirats arabes unis interdisent les avortements et ont des taux de mortalité maternelle très bas, a-t-elle lancé à titre d’exemple.  Par ailleurs, les États devraient renforcer leur appui aux personnes âgées, malades ou handicapées, et rejeter les efforts visant à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté.  

Mme ANN BRASSIL, Asia Pacific Alliance for Sexual and Reproductive Health Rights, a souligné que c’est en promulguant des lois, des politiques et des programmes qui concrétisent le respect universel des droits de l’homme et de l’égalité des sexes, permettant aux individus d’atteindre leur plein potentiel, que la région peut exploiter son dividende démographique et réaliser le développement durable.  Les jeunes, en particulier, doivent avoir accès à une éducation sexuelle complète et à des services et des informations sur la santé sexuelle et procréative qui éliminent les obstacles de la discrimination, des préjugés et du manque de confidentialité.  Cela implique également de faire face aux inégalités d’accès tout en permettant et reconnaissant les besoins des populations marginalisées y compris les femmes, les filles, les personnes vivant avec le VIH, les Lesbiennes, gays, bi et transsexuels, les prostitués, les peuples autochtones et les migrants, entre autres.

Mme SIVANANTHI THANENTHIRAN, Asian–Pacific Resource and Research Center for Women (ARROW), a rappelé que 60% de la population mondiale vit en Asie, un continent qui accueille à la fois 489 millions des personnes de plus de 60 ans et 670 millions de jeunes, a-t-elle précisé.  Dans la plupart des pays, les personnes en âge de travailler représentent déjà ou représenteront la majorité de la population, tandis que la région vieillit rapidement.  La région est marquée par de fortes inégalités, a-t-elle expliqué; 772 millions de personnes vivant encore avec moins de 1,25 dollar par jour.  Les progrès en matière de santé sexuelle et génésique sont également mitigés, a poursuivi la déléguée.  La plupart des stratégies dans la région Asie-Pacifique sont encore axées sur le contrôle de la fécondité, au lieu d’être centrées sur les droits de l’homme et le cycle de la vie.  Après l’Afrique subsaharienne, c’est en Asie du Sud que l’on enregistre le plus fort taux de mortalité maternelle.  Beaucoup de femmes n’ont toujours pas accès à la contraception et la violence domestique, sexiste, sexuelle et contre les personnes en raison de leur identité sexuelle reste généralisée. 

Mme BARCLAY, « The International Planned Parenthood Federation », a insisté sur les droits des jeunes à l’information sur la procréation, la conception et la transmission des maladies sexuelles, ce qui permettrait aux gouvernements de savoir exactement le type de services de santé à leur offrir et à profiter du dividende démographique.  Il faut investir massivement dans la santé sexuelle et reproductive pour assurer la croissance économique, a-t-elle affirmé. 

Mme JILLIAN ABBALLE, Conseil mondial des Églises (World Council of Churches), a dit que le Conseil milite pour « une vie d’abondance pour tous, protégée par les droits de l’homme universels ».  Elle a défendu, en particulier, « la dignité inhérente de chaque personne en tant que partie à la création divine ».  Dans un grand nombre de pays en développement, les associations catholiques de santé contribuent jusqu’à 40% aux services de santé sexuelle et reproductive offerts aux femmes et aux filles.  Chacun doit pouvoir apprendre à s’occuper de son corps, grâce à une éducation sexuelle adaptée à l’âge et à la culture.

Mme SOLANGE MBAYE, Dance4Life, a prévenu que la structure par âge de la population dépendra de ce que nous faisons aujourd’hui dans les domaines de l’éducation et de la santé.  Les jeunes ont un droit sur leur corps et leur sexualité, et les politiques en leur faveur doivent se fonder sur des données ventilées par âge et par sexe.  La représentante a aussi mis l’accent sur le droit des réfugiés et des migrants à des services de santé sexuelle et reproductive.

Évoquant les défis qui se présentent à lui et ses pairs, JULIA PINHEIRO CARVALHO, Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA), s’est plaint du manque d’accès à la santé et aux droits sexuels et génésiques dans certaines parties du monde, lequel empêche les communautés de prendre des décisions éclairées et autonomes.  Elle a plaidé en faveur d’une participation accrue des jeunes au processus de prise de décisions.  La capacité à obtenir, trier et comprendre des informations en matière de santé est essentielle, a-t-elle insisté, en rappelant le droit universel à la santé.  Elle a exhorté les États Membres à garantir l’accès à l’éducation sexuelle, à des services de santé sexuelle et génésique, y compris le planning familial et l’avortement sûr et légal.

M. JOSE VASQUEZ, International Federation for Family Development, a regretté que trop souvent au sein des familles et des communautés, la voix des personnes âgées et des jeunes ne soit pas entendue.  Aujourd’hui, les structures par âge, le vieillissement et les nouveaux cadres parentaux qui accompagnent l’urbanisation influencent, modifient graduellement les relations intergénérationnelles.  Il faut des efforts intentionnels pour maintenir les connexions entre les générations.  Conformément au Programme 2030, il n'y a pas de meilleure perspective holistique pour construire des sociétés résilientes et renforcer la cohésion et l’intégration sociales que l’approche familiale.  Il faut redécouvrir de la contribution essentielle de la famille au bien-être des enfants, des jeunes et des personnes âgées.  Nous nous sommes engagés à promouvoir de fortes relations intergénérationnelles, dans le but global de réduire la vulnérabilité des jeunes et des personnes âgées et veiller à ce que personne ne soit laissée de côté.

Mme CYNTHIA STUEN, déléguée de la Fédération internationale sur le vieillissement, a jugé impératif qu’aucune personne âgée ne soit « laissée de côté » dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Soucieuse de la pauvreté qui frappe les personnes âgées, elle a recommandé une approche multidimensionnelle pour évaluer leurs sources de revenus.  Elle a également conseillé de suivre de près les progrès réalisés en matière de vaccination et de traitement de l’hypertension et du diabète.  Ainsi l’indicateur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) relatif aux maladies non transmissibles doit-il être élargi au-delà de 70 ans.  Il faudrait aussi mieux mesurer les soins non rémunérés que prodiguent les personnes âgées à travers le monde, et se pencher sur la question de la violence contre ces personnes, en particulier les femmes. 

M. JACOB MOHAN THAZHATHU, Help Me See Inc., a alerté la Commission sur les dégâts de la cataracte qui est la première cause de cécité dans le monde et qui peut toucher n’importe qui, en particulier les personnes âgées.  En 2010, 20 millions de personnes souffraient de la cataracte dans le monde, s’est-il alarmé en citant les chiffres de l’OMS.  Il a prévenu du risque d’une aggravation de la situation compte tenu du vieillissement de la population mondiale, y compris en Afrique où l’on manque cruellement de spécialistes de la cataracte.   Cette crise risque d’échapper à tout contrôle si l’on ne prend pas des mesures urgentes, surtout dans les pays en développement.

Mme GABRIELLE JASTREBSKI, FEMM, a indiqué que la mission de sa fondation est de faire en sorte que les besoins des femmes en matière de santé soient satisfaits, conformément à l’objectif de développement durable 3.  Réaliser cet objectif, a-t-elle fait valoir, permettra également d’atteindre les objectifs 4 et 5 sur l’éducation et la parité des sexes.  En ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive, le consentement informé des femmes est essentiel, a-t-elle insisté.  « Le savoir c’est l’autonomisation. »  Les femmes et les filles doivent pouvoir comprendre comment leur corps fonctionne, s’est-elle résumée, avant d’indiquer que FEMM forme des médecins pour traiter les problèmes hormonaux des femmes.

Mme DALIA CLEMENT, Alliance mondiale pour les jeunes, qui compte plus de 200 000 membres à travers le monde, a préconisé une approche centrée sur les personnes en matière de population et de développement.  « Nous ne pouvons pas ignorer les politiques coercitives qui ont été mises en œuvre dans de nombreux pays au nom de la transition démographique, en violation des droits de l’homme, des libertés et de la dignité humaine, et qui traitent l’être humain comme un problème à gérer », a-t-elle déclaré.  Elle a exhorté les États à faire en sorte que les soins de santé respectent la dignité de tous, s’assurent de leur consentement éclairé, et qu’ils ne promeuvent pas des politiques controversées, tel l’avortement, qui bafouent la dignité de la mère et de l’enfant. 

Contrarié par la longueur de la file d’attente à l’entrée du Secrétariat de l’ONU cette semaine, M. BABU RAM PANT, Coalition des jeunes pour les droits sexuels et reproductifs (YCSRR), a exhorté l’Organisation à faciliter l’accès des jeunes et de la société civile.  Le monde est caractérisé par un nombre de jeunes sans précédent dans son histoire: 1,8 milliard.  Malheureusement, a-t-il souligné, rien qu’aujourd’hui, 8 000 filles auront subi des mutilations génitales.  En moins de temps qu’il ne faut pour lire ma déclaration, soit 3 minutes, 80 filles auront été mariées avant leur dix-huitième anniversaire, s’est alarmé le jeune orateur.  Chaque jour, a-t-il continué, 830 femmes meurent enceintes ou en couches de causes évitables.  Il a appelé tous les gouvernements à agir pour engager les jeunes dans le processus de prise de décisions et garantir leurs droits sexuels et génésiques, y compris l’accès à la contraception, à l’avortement sûr et légal et à l’éducation sexuelle complète pour combattre la violence sexiste, les mariages précoces et forcés, et, enfin, pour dépénaliser le commerce du sexe. 

Mme RADA TZANEVA, Amnesty International, est revenue sur quelques principes: l’égalité des sexes, l’émancipation des femmes et les droits de l’homme, y compris les droits à la santé sexuelle et reproductive sont les clefs pour des sociétés justes et le développement durable.  Le dividende démographique ne pourra être atteint que si les adolescents et les jeunes peuvent jouir pleinement de leurs droits à l’éducation, au logement, à l’emploi, à la santé, y compris sexuelle et reproductive.  La contribution des personnes âgées à la société doit être dûment reconnue et les politiques doivent aussi donner la priorité aux groupes marginalisés pour veiller à l’égalité de la participation au développement.  La représentante a dit parler des personnes handicapées, des personnes à l’orientation et à l’identité sexuelle différente, des peuples autochtones, des minorités, des migrants ou encore des réfugiés.  Enfin, a-t-il conclu, seul un développement participatif et responsable peut être véritablement durable.  À cet égard, elle a insisté sur la participation de la société civile et des personnes directement concernées par les politiques adoptées. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général de l’ONU s’engage devant le Conseil de sécurité à améliorer des opérations de maintien de la paix « aux abois »

7918e séance – après-midi
CS/12781

Le Secrétaire général de l’ONU s’engage devant le Conseil de sécurité à améliorer des opérations de maintien de la paix « aux abois »

Reconnaissant que les opérations de paix des Nations Unies étaient « aux abois » et « dépassées », le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, s’est engagé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à améliorer leur efficacité en termes de coût, « tout au long de leur cycle de vie », et à préserver « leur utilité » en proposant neuf domaines de réforme.

« Au Secrétariat, nous devons être plus efficaces, plus efficients et mieux rendre compte de notre action », a-t-il dit, répondant, ce faisant, à l’appel de la déléguée des États-Unis, qui a plaidé pour une évaluation de l’efficacité de chaque opération.  Celle-ci en a profité pour indiquer que les discussions budgétaires à venir sur le financement de l’ONU ne préfiguraient nullement « un retrait des États-Unis ».

Certaines délégations ont tenu à souligner la dynamique d’amélioration que connaissent ces opérations, véritable « joyau de la couronne des Nations Unies » pour le délégué du Royaume-Uni, ainsi que la modicité de leur coût: 8 milliards par an.  « Huit milliards ce n’est même pas 10% de ce qu’ont coûté, chaque année, pendant 13 ans, les seules opérations en Iraq et en Afghanistan au budget américain », a souligné le délégué de la France.

La présidence américaine avait fait distribuer, dans le cadre de ce débat, un document de réflexion* afin d’inviter les membres du Conseil à réfléchir à la question suivante: « Les missions actuelles sont-elles toujours adaptées à l’objectif du Conseil? »

Au 31 janvier 2017, il y avait 99 034 membres du personnel en tenue, dont 85 408 soldats et 12 786 policiers, en poste dans le cadre de 16 opérations de maintien de la paix.  Plus de 3 500 soldats de la paix tombés ont donné leur vie depuis la création de l’Organisation.

M. Guterres a entamé son intervention en rappelant que l’objectif de chaque mission de maintien de la paix était de sauver des vies, d’empêcher des atrocités massives, de préparer le terrain en vue d’instaurer la stabilité et une paix durable et « se retirer ».  

Il a néanmoins reconnu que certaines des plus grandes opérations de l’ONU étaient dissociées des processus politiques, « sans réelle perspective de progrès », et que la confiance en l’Organisation avait été ébranlée par des « terribles affaires d’exploitation et d’atteintes sexuelles »

Afin de remédier à ces défis, le Secrétaire général a souligné la nécessité d’une stratégie globale prenant en compte toutes les dimensions de la paix, « de la prévention, du règlement des conflits, du maintien de la paix, de sa consolidation ou du développement à long terme ».  Il a également appelé à fermer les opérations ayant atteint leurs objectifs et remodeler celles ne répondant plus aux besoins sur le terrain.

M. Guterres a mentionné neuf domaines de réforme à plus long terme, soulignant en premier lieu la nécessité d’une plus grande efficacité et d’un meilleur respect du principe de responsabilité.  Il a aussi demandé que les opérations de maintien de la paix soient dotées par le Conseil de « mandats clairs, réalistes et actualisés », assortis de mécanismes pérennes de financement.

Il a défendu un rôle plus actif des femmes dans les opérations de paix, une amélioration de la planification, du contrôle et de la direction des opérations et un approfondissement des liens avec les partenaires régionaux et sous-régionaux.

Un engagement salué par l’ensemble des délégations, certaines d’entre elles tenant, avant toute chose, à souligner le caractère « irremplaçable » de ces opérations et la nécessité de formuler un « diagnostic juste ».  « Qui d’autre voudrait, et pourrait, assurer la protection des civils sur autant de théâtres risqués », a déclaré le délégué de la France, appuyé par son homologue de la Suède.

Le débat a été néanmoins dominé par les critiques, de la part notamment des États-Unis.  La déléguée de ce pays a indiqué que les missions ne fonctionnaient souvent pas de manière satisfaisante comme au Darfour ou au Soudan du Sud.  De même, a-t-elle dénoncé une « dérive » de certaines missions, dont les effectifs connaissent une inflation sans rapport avec leurs tâches.

Le délégué de la Fédération de Russie a, lui, fustigé les « pratiques funestes » du Secrétariat comme le déploiement de composantes chargées de surveiller les droits de l’homme et la prévention des violences sexuelles, qui incombent souvent à des personnels civils particulièrement « coûteux ».  Il a en outre déploré la trop grande attention portée sur les droits de l’homme, suscitant des « protestations » de la part des pays hôtes.   

Le consentement du pays hôte au déploiement d’une opération de paix a été une autre pomme de discorde lors de ce débat.  « L’histoire montre qu’il est nécessaire d’envoyer des Casques bleus lorsque le gouvernement ne protège pas la population », a affirmé le délégué du Royaume-Uni.

Une position rejetée par les représentants de la Bolivie, de l’Égypte et de la Russie, cette dernière soulignant la nécessité de ne pas « artificiellement » politiser le maintien de la paix et, pour les Casques bleus, de ne pas prendre part aux conflits. 

* S/2017/287

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Examen des opérations de paix

Lettre datée du 4 avril 2017, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/287)

Déclarations

« Partout dans le monde, les Casques bleus sont l’expression concrète de la détermination de la Charte des Nations Unies “à préserver les générations futures du fléau de la guerre” », a affirmé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Il a indiqué que les réalisations des opérations de paix étaient une source de grande fierté, tandis que les échecs douloureux amenaient l’ONU à s’améliorer.

« Cinquante-quatre missions ont achevé leur mandat et mis fin à leurs activités », a-t-il dit, ajoutant que deux autres le feraient dans les mois à venir.  M. Guterres a avancé que chaque mission de maintien de la paix avait pour objectif d’accomplir la mission qui lui a été confiée, de sauver des vies, d’empêcher des atrocités massives, de préparer le terrain en vue d’instaurer la stabilité et une paix durable et « se retirer ».

« Ces missions doivent aussi, tout au long de leur cycle de vie, être efficaces en termes de coût. »  Il a rappelé que le budget du maintien de la paix représentait aujourd’hui moins de 0,5% des dépenses militaires mondiales.  Plus de 3 500 soldats de la paix tombés ont donné leur vie pour les idéaux de la Charte des Nations Unies, a également rappelé le Secrétaire général.

Il a souligné la complexité des environnements opérationnels dans lesquels les opérations de paix évoluent, ainsi que l’écart entre les ambitions et leurs capacités et entre les objectifs et les ressources à disposition.  « C’est pourquoi les opérations de maintien de la paix semblent souvent aux abois, dépassées par l’ampleur de leur tâche », a convenu M. Guterres.

Le Secrétaire général a mentionné les autres défis que sont l’hostilité ou le manque de coopération des gouvernements hôtes, les sérieuses difficultés sécuritaires en raison du terrorisme et la criminalité transnationale.  Certaines de nos plus grandes opérations sont dissociées des processus politiques et semblent être dans l’impasse, sans réelle perspective de progrès, a-t-il dit.

« Ce sont les défis que nous devons confronter », a continué le Secrétaire général.  « Au Secrétariat, nous devons être plus efficaces, plus efficients et mieux rendre compte de notre action. »  Il a demandé le soutien fort de l’Assemblée générale, l’appui des pays contributeurs de troupes et celui, « total », des pays hôtes.  « Et surtout, nous comptons sur ce Conseil pour faire preuve d’unité et adopter des mandats clairs et réalisables. »

Il a reconnu que la légitimité et la confiance placées dans l’ONU par les habitants du monde entier avaient été ébranlées par les terribles affaires d’exploitation et d’atteintes sexuels qui ont terni la réputation des Nations Unies partout dans le monde, y compris celle des missions de maintien de la paix.  « J’ai présenté mon plan visant à lutter contre ce fléau et je suis déterminé à le mettre en œuvre, avec votre soutien. »

Le Secrétaire général a souligné la nécessité d’une stratégie globale appuyant les missions de paix dans leur diversité et prenant en compte l’ensemble du continuum de la paix, « de la prévention, du règlement des conflits, du maintien de la paix, de sa consolidation ou du développement à long terme ».

Cette stratégie doit reposer sur deux principes fondamentaux, a-t-il poursuivi.  « Premièrement, il n’existe pas de solutions toutes faites. »  M. Guterres a rappelé que certaines missions avaient des mandats simples mettant l’accent sur la séparation des belligérants ou la surveillance des cessez-le-feu dans un environnement relativement stable, tandis d’autres disposaient de mandats plus solides en vue de protéger les civils et faire face à de multiples groupes armés.  La protection des civils continuera d’être une priorité essentielle pour le maintien de la paix, a-t-il assuré.

Le Secrétaire général a reconnu que les stratégies politiques, les systèmes de gestion et l’administration de l’ONU n’étaient pas conçus pour soutenir ces missions efficacement.  « Nous devons tenir compte de la diversité géographique des missions et de leur évolution dans le temps pour leur donner une marge de manœuvre sans entraîner de coûts supplémentaires », a-t-il dit.

« Deuxièmement, la réussite de chaque mission dépend du processus politique et de la participation active de toutes les parties prenantes, notamment des gouvernements », a-t-il poursuivi, en soulignant le rôle essentiel du Conseil dans la réalisation de ces engagement et coopération.  Il a promis son soutien personnel à cet objectif et rappelé qu’il avait déjà parlé devant ce Conseil de l’urgence et de la nécessité d’une montée en puissance de la diplomatie pour la paix.

Parmi les importantes réformes récentes du maintien de la paix, M. Guterres a mentionné l’augmentation du nombre de pays fournisseurs de troupes et de police, l’amélioration de la rapidité de déploiement des forces et l’utilisation de technologies modernes qui aident à l’analyse de situation.  « Nous avons décentralisé les fonctions essentielles et renforçons actuellement la gestion de la performance et le respect du principe de responsabilité », a soutenu le Secrétaire général.  

Il a précisé que ces réformes avaient réduit le coût de chaque soldat de la paix de 18% depuis 2008 et conduit à des réductions considérables du nombre de personnel civil.

« Mais il reste encore beaucoup à faire. »  À court terme, le Secrétaire général a souligné la nécessité de fermer les opérations ayant atteint leurs objectifs et de réformer celles qui ne répondent plus aux besoins sur le terrain.  « Nos missions en Côte d’Ivoire et au Libéria arrivent à leur terme, et nous devons envisager des réformes et des stratégies de sortie pour d’autres missions déployées de longue date. »

Il a expliqué qu’en Haïti l’ONU était prête à transformer sa mission afin qu’elle se concentre sur le soutien politique, le renforcement des institutions et le développement.  Au Darfour, l’évolution de la situation sur le terrain pourrait nécessiter une réduction sensible des forces, a relevé M. Guterres.

« Chaque mission doit être considérée dans son contexte politique particulier », a-t-il dit, en se félicitant de la décision unanime du Conseil de renouveler le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).

Il a mentionné neuf domaines de réforme à plus long terme.

« Premièrement, j’ai créé une équipe chargée d’examiner comment nous pouvons améliorer notre architecture de paix et de sécurité, qui me présentera ses conclusions d’ici juin », a-t-il dit.

« Deuxièmement, il nous faut faire preuve d’une plus grande efficacité et d’un meilleur respect du principe de responsabilité.  Nous avons besoin d’une plus grande efficacité et reddition des comptes. »  Il a convenu que trop de règles et de règlements du Secrétariat semblaient avoir pour but de prévenir plutôt que de faciliter le travail de l’ONU.  « Je suis résolu à changer cette situation, et j’espère que les États Membres appuieront ma démarche, y compris à la Cinquième Commission de l’Assemblée générale. »

Troisièmement, M. Guterres a indiqué que les opérations de maintien de la paix nécessitaient des mandats clairs, réalistes et actualisés de la part de ce Conseil, « assortis de priorités bien définies et d’un calendrier adapté, et suffisamment souples pour pouvoir évoluer dans le temps ».

« Quatrièmement, les femmes doivent jouer un rôle beaucoup plus actif dans les opérations de paix et être présentes dans les contingents, les effectifs de police et le personnel civil », a-t-il dit, ajoutant que la participation des femmes augmentait les chances d’une paix durable et réduisait l’incidence des abus sexuels et de l’exploitation.

En cinquième lieu, le Secrétaire général a plaidé une amélioration de la planification, du contrôle et de la direction des opérations.  « La création d’un comité exécutif et le renforcement de la coopération entre le Département des affaires politiques et le Département des opérations de maintien de la paix visent précisément à remédier à ce problème », a-t-il affirmé.  Il a prévu également d’aller plus loin dans la décentralisation pour donner davantage d’autonomie à ses représentants spéciaux.

« Sixièmement, nous devons recourir plus systématiquement aux technologies modernes.  Cela nous aidera à accroître notre souplesse et notre mobilité. »  Le Secrétaire général a indiqué qu’il « comptait » sur les pays en capacité de le faire pour qu’ils augmentent leurs contingents.  

En septième lieu, il a insisté sur l’importance de sensibiliser le public aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies comme outils nécessaires pour la sécurité, obtenant de surcroît des résultats.

« Huitièmement, nous devons resserrer nos liens avec nos partenaires régionaux et sous-régionaux », a-t-il dit, citant parmi eux l’Union africaine, l’Union européenne ou bien encore la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Enfin, M. Guterres a rappelé que ces partenariats devaient être basés sur un financement solide et prévisible.  « J’espère que le Conseil examinera la possibilité d’appuyer les missions auxquelles il donne son aval, soit au moyen des contributions des États Membres, soit par la promotion d’autres mécanismes de financement prévisible. »

En conclusion, M. Guterres a affirmé que les opérations de paix étaient à la croisée des chemins.  « Notre tâche consiste à faire en sorte qu’elles gardent toute leur utilité en leur confiant des mandats clairs et réalisables, en leur proposant des stratégies efficaces et en leur fournissant l’appui nécessaire. »

M. FODÉ SECK (Sénégal) a reconnu qu’il y avait aujourd’hui un réel besoin d’adapter les opérations de maintien de la paix aux défis propres à chaque théâtre d’opération.  Par exemple, en dépit de la signature d’un accord de paix entre le Gouvernement et les principaux groupes armés, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) opère dans un environnement délicat marqué par des attaques ciblées contre le personnel des Nations Unies, les populations et les infrastructures civiles.

Malgré l’adoption du concept stratégique révisé conformément à la résolution 2295 (2016), plusieurs besoins demeurent insatisfaits, et la Mission peine encore à réunir les capacités nécessaires, a-t-il regretté.

Lorsqu’elles disposent de mandats clairs, réalistes et réalisables tout en bénéficiant de l’appui politique nécessaire, les opérations de paix restent l’un des outils les plus souples et les plus adaptés dont l’ONU dispose pour faire face aux défis du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a estimé le représentant. 

Hélas, elles sont confrontées aujourd’hui, plus que jamais, à des obstacles qui les empêchent de remplir leur mandat, a-t-il regretté.  Les exemples de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), montrent combien la dimension politique est essentielle.  Au-delà du consentement, c’est la coopération de l’État hôte que nous devons chercher à sécuriser, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, une stratégie politique viable doit sous-tendre l’action des missions onusiennes.  Les Casques bleus, a élaboré le délégué sénégalais, peuvent aider à établir, soutenir et accompagner un processus politique pour protéger les civils, en aidant les acteurs nationaux à respecter leurs obligations.  

Dans cet esprit, il a préconisé « un engagement politique du Conseil de sécurité avant le déploiement et pendant toute la durée de vie des missions ».  Le Conseil devra en outre poursuivre les discussions sur le financement prévisible et durable des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine.

Enfin, a conclu le représentant, il convient de s’assurer, dès le départ, que les missions de paix peuvent créer les conditions nécessaires pour une transition harmonieuse, un retrait et une sortie ordonnés sans compromettre les efforts visant à atteindre les objectifs à long terme de la paix et de la stabilité.

Les recommandations formulées il y a presque deux ans dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de maintien de la paix restent valables, a considéré M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  D’après lui, ce rapport répond à la plupart des questions posées par la présidence dans sa note conceptuelle.  Une réforme réussie implique l’engagement du Conseil de sécurité dans son ensemble et des pays contributeurs de troupes et de police. 

Les opérations de maintien de la paix se fondent sur des stratégies politiques qui requièrent l’unité du Conseil, a répété le représentant.  Elles doivent disposer de mandats clairs et être plus flexibles pour s’adapter aux réalités sur le terrain.  Ces derniers mois, a-t-il reconnu, des efforts ont été faits en ce sens avec les missions en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDC). 

Une fois qu’une opération de maintien de la paix est déployée, a poursuivi M. Rosselli, le Conseil doit exiger et obtenir des pays hôtes qu’ils respectent pleinement l’accord sur le statut des forces.  Il s’est dit préoccupé par les actions unilatérales d’États parties à un conflit qui affectent le fonctionnement d’une opération, comme ce fut le cas avec l’expulsion de la composante civile de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

Enfin, a conclu le représentant, il est indispensable que le personnel de paix soit adéquatement équipé et formé, et qu’il puisse remplir son mandat de protection des civils.  À ce sujet, l’Uruguay adhère aux Principes de Kigali sur la protection des civils.  

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que le maintien de la paix était l’instrument clef de la capacité de l’ONU à régler les conflits, notant que les initiateurs de cette réunion avaient cherché à mettre l’accent sur l’élément politique.  Il a affirmé que la priorité était d’améliorer les processus de stratégie de sortie des opérations de l’Organisation, tout en augmentant leur efficacité et leur rendement.  

Il a jugé « inacceptable » que le Secrétariat de l’ONU se fixe des objectifs sans les justifier, évoquant des « pratiques funestes » comme le déploiement de composantes chargées de surveiller les droits de l’homme et la prévention des violences sexuelles, qui incombent souvent à des personnels civils particulièrement « coûteux ».  

Selon le représentant, il faut se montrer plus « pondéré », la Fédération de Russie considérant qu’il n’est pas du ressort des missions de faire rapport sur les violations.  Alors que le règlement des conflits et de leurs causes profondes doit prévaloir en toute circonstance, une trop grande attention est portée, d’après la délégation, sur les droits de l’homme, suscitant des « protestations » de la part des pays hôtes, dans un contexte où les missions doivent déjà s’acquitter de mandats multidimensionnels.

« Il faut donc mettre fin aux tâches qui ne sont pas fondamentales », a martelé M. Iliichev, avant de souligner la nécessité de ne pas « artificiellement » politiser le maintien de la paix et, pour les Casques bleus, de ne pas prendre part aux conflits.  Or, c’est bien ce que proposeraient certains États Membres qui préconisent un usage de la force contre des pays hôtes, a-t-il accusé.

« Nous ne pensons pas que la protection des civils est une fin en soi, elle ne peut être garantie qu’en éliminant les causes profondes des crises », a insisté le représentant.  Il s’est donc dit inquiet de la manière dont la question serait articulée dans la note conceptuelle qui a circulé parmi les membres du Conseil, et dans laquelle est évoquée la possibilité d’opérations de paix de l’ONU sans le consentement des pays hôtes.  

Les gouvernements, a encore dit M. Iliichev, assument la responsabilité première d’assurer la sécurité de leurs populations civiles, et les missions doivent toujours coopérer avec les autorités nationales.  « Il est clair que des efforts politiques de qualité doivent être déployés par l’ONU, sous peine de ne pas éradiquer les causes profondes des conflits », a insisté en conclusion le délégué.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a dit son accord avec les neuf domaines de réforme avancés par le Secrétaire général.  « Le maintien de la paix est le joyau de la couronne des Nations Unies. »  Il a invité les membres du Conseil à bien réfléchir avant de décider du déploiement d’opérations, jugeant qu’ils avaient d’autres outils à disposition comme la médiation.

Il a en outre souligné l’importance de mandats « clairs ».  S’agissant de la question controversée du consentement des pays hôtes au déploiement d’une opération, le délégué a indiqué que l’histoire montrait qu’il était nécessaire d’envoyer des Casques bleus lorsque le gouvernement ne protégeait pas la population.

Lorsque nous sommes confrontés à des gouvernements qui cherchent à « étouffer » ces missions, le Conseil doit utiliser tous les outils à sa disposition pour y remédier, a-t-il dit.  Il a regretté le manque d’unité du Conseil sur de nombreux dossiers, comme au Soudan du Sud.  

Le maintien de la paix onusien ne peut apporter toutes les réponses, a poursuivi M. Rycroft, ajoutant que certaines organisations régionales étaient parfois mieux placées pour intervenir.

Enfin, le délégué du Royaume-Uni a souligné la nécessité d’une meilleure qualité du travail des opérations de paix de l’ONU.  Ces opérations sont le visage de l’ONU pour les habitants de la planète, a conclu M. Rycroft.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé pertinent d’examiner les moyens d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, au vu des récents événements dans certaines d’entre elles.  À son avis, le maintien de la paix doit être mené en parallèle avec la prévention des conflits, la consolidation de la paix, la mise en œuvre de la paix et le développement.  

Tous ces efforts doivent se baser sur des alertes précoces et des analyses des facteurs qui causent les différends.  Le représentant a également souhaité que l’on implique les organisations régionales et les États voisins dans la recherche de solution.  Il a cité à cet égard l’expérience de la région des Grands Lacs.  Il faut en outre, a-t-il ajouté, que le gouvernement hôte et les parties s’approprient les objectifs politiques et prennent la responsabilité de leur mise en œuvre.

Le représentant a ensuite souligné l’importance, pour consolider les gains politiques, des processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et des réformes du secteur de la sécurité et de l’état de droit, de même que de la promotion des droits de l’homme. 

Du côté du Secrétaire général et de tout le système de l’ONU, il a espéré qu’ils exigeraient une évaluation stratégique périodique pour identifier les options possibles pour l’engagement des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité devra aussi surveiller plus sérieusement et très régulièrement les opérations de maintien de la paix, du fait des menaces croissantes que font peser Daech, Al-Qaida et Boko Haram notamment. 

Dans les cas où une mission s’achève ou si elle est réduite, il a suggéré d’examiner les conséquences de ces mesures et notamment de vérifier si le vide sécuritaire ne sera pas comblé par des groupes terroristes.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que la communauté internationale nourrissait des espoirs considérables vis-à-vis du maintien de la paix.  Selon lui, il est indispensable de préserver la relation avec le pays hôte, et de l’aider à renforcer ses capacités.  Le représentant a estimé que le Conseil devait aider le Secrétariat à concevoir des mandats clairs, axés sur des priorités, en tenant pleinement compte des besoins sur le terrain. 

Il est en outre important de bien planifier les mandats d’une opération de paix, en hiérarchisant les tâches par ordre de priorité, pour que celle-ci puisse mieux s’acquitter de son mandat en vertu de la Charte des Nations Unies. 

Pour la Chine, les capacités d’alerte précoce des menaces doivent également être renforcées.  Parmi les missions de maintien de la paix actuellement, 16 se trouvent en Afrique et 10 des pays fournisseurs de contingents sont africains.  

Or, ces dernières années, a observé M. Liu, l’Union africaine s’est engagée à renforcer le maintien de la paix, aussi devons-nous l’aider à « trouver des solutions africaines aux problèmes africains ». 

Le représentant a rappelé en conclusion que son pays était le deuxième plus important contributeur au maintien de la paix de l’ONU et qu’il était prêt à continuer à continuer de lui prêter son appui.

« Le maintien de la paix onusien sauve des vies, et il le fait de façon relativement peu onéreuse », a commencé par souligner M. FRANÇOIS DELATTRE (France).

« Comme nous le constatons à l’occasion de nos visites sur le terrain, a-t-il dit, une base de Casques bleus constitue souvent pour les populations vulnérables le seul espoir de protection face à des groupes armés qui terrorisent, pillent et tuent, et le seul recours pour avoir une chance de survivre ».  

« Qui d’autre voudrait, et pourrait, assurer la protection des civils sur autant de théâtres risqués?  À l’inverse, qui voudrait prendre la responsabilité de livrer à leur sort les populations au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo (RDC), ou en République centrafricaine? »

Les plus grands traumatismes depuis la Seconde Guerre mondiale sont ceux où le maintien de la paix a failli (Srebrenica, Rwanda) ou ceux où aucune opération des Nations Unies n’est présente (Syrie), a rappelé le représentant.

Selon M. Delattre, les Casques bleus remplissent donc un rôle vital, pour un coût qui reste limité.  « Huit milliards de dollars: le montant, dans l’absolu, impressionne.  Mais regardons-le en termes relatifs.  Huit milliards, ce n’est même pas 10% de ce qu’ont coûté, chaque année, pendant 13 ans, les seules opérations en Iraq et en Afghanistan au budget américain. »

Ensuite, il a relevé que le maintien de la paix onusien faisait l’objet d’un effort d’examen constant et restait engagé dans une dynamique d’amélioration.  Depuis des années, a-t-il précisé, la réflexion est engagée pour répondre aux attentes dont le maintien de la paix est l’objet et pour faire toujours mieux.  Beaucoup a déjà été fait.

Conceptuellement, les opérations de dernière génération, « multidimensionnelles intégrées », articulent leurs mandats autour de priorités immédiates et vitales (la protection des civils, le respect des droits de l’homme) et de tâches de plus long terme (soutien aux processus politiques, aux réformes des secteurs de la sécurité, aux programmes de démobilisation, de désarmement et de réinsertion, au rétablissement de l’autorité de l’État et de l’état de droit…), qui sont un gage d’efficacité et de succès pour l’instauration d’une paix durable.

Opérationnellement, l’on attend aujourd’hui des opérations de maintien de la paix qu’elles soient proactives et robustes dans la protection des civils, comme l’illustrent les actions récentes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

L’on attend qu’elles disposent de troupes bien formées, compétentes et donc performantes.  L’on attend aussi qu’elles disposent des moyens adaptés à la spécificité de chaque théâtre d’intervention, et qu’elles adoptent un comportement exemplaire pour gagner la confiance et la coopération des populations.

Au regard de ces progrès, a fait valoir M. Delattre, « les opérations onusiennes restent celles qui offrent la plus grande légitimité internationale et le meilleur degré d’intégration des dimensions militaire, policière et civile pour enrayer la spirale de la violence et traiter les causes profondes des conflits ».

Le déploiement d’opérations nationales, tel celui de la France au Sahel et en République centrafricaine, reste peu fréquent, et n’est pas un substitut, mais bien plus un complément.

Mais les Nations Unies ne sont pas toujours l’outil adapté, ou unique.  Les partenariats avec les organisations régionales comme l’Union européenne et l’Union africaine sont essentiels, a-t-il reconnu.

« Est-ce à dire que tout va bien?  Non, mais il faut être juste dans le diagnostic et déterminé dans les remèdes », a poursuivi le représentant.

La question des abus et de l’exploitation sexuels ne doit pas être prise à la légère, a-t-il insisté.  Par ailleurs, des manquements graves à l’impératif de protection des civils, au Soudan du Sud comme ailleurs, choquent nos consciences.

De la politique de tolérance zéro sur les abus et l’exploitation sexuels aux enquêtes menées sur les manquements à la mise en œuvre du mandat, tout doit être fait pour s’assurer que les responsables avérés de tels actes en rendent compte et pour prévenir ces dysfonctionnements graves qui, au-delà de l’impact sur les victimes, nuisent aux populations et ternissent à l’image de l’ONU.

Enfin, M. Delattre a appelé à « tirer quelques conclusions pour continuer à faire du maintien de la paix un outil adapté aux enjeux actuels ».

Tirer des conclusions, a-t-il expliqué, cela veut dire fermer les opérations lorsque le mandat est rempli, comme cela est actuellement le cas avec l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) ou la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH); nous pourrions y ajouter la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qui ont largement atteint leurs objectifs.

Cela veut dire aussi reconnaître que certaines missions, malgré les frustrations suscitées par la lenteur des processus politiques, doivent être préservées car elles ont une fonction d’importance stratégique, en contribuant à sauver des vies et à stabiliser des pays ou des régions, comme le font la MINUSCA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ou encore la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Pour que les opérations de maintien de la paix soient vraiment mises en condition de réussir, M. Delattre a recommandé de travailler sur plusieurs axes: favoriser l’unité du Conseil de sécurité; renforcer l’accompagnement des processus politiques, y compris lorsqu’ils reviennent aux partenaires régionaux; structurer la relation avec l’État hôte; donner aux opérations les savoir-faire techniques et opérationnels ainsi que les moyens matériels adaptés à leurs mandats; renforcer le dialogue avec les pays contributeurs de troupes et de police.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a rappelé que l’Italie était le premier pays contributeur de Casques bleus parmi les pays occidentaux.  Il ne faut pas oublier les succès des opérations de paix de l’ONU, a-t-il dit, en prenant l’exemple de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Il a souligné l’importance de prendre en compte toutes les dimensions de la paix, rassemblées dans un véritable « continuum de paix ».  Eu égard à la question des ressources, il a souhaité que ces missions fassent l’objet d’un examen régulier afin d’évaluer leur efficacité.

Le délégué a néanmoins mis en garde contre toute décision relative à ces missions qui serait uniquement motivée par des considérations financières et prôné la « patience stratégique ».  La protection des civils doit être la priorité des mandats des missions et les efforts de stabilisation doivent faire l’objet d’une appropriation nationale afin d’éviter toute dépendance, a-t-il dit.

Enfin, le représentant a souligné le rôle important que les organisations régionales peuvent jouer dans le maintien de la paix et défendu un usage accru de la technologie.  L’Italie a fourni un drone à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a-t-il conclu.

En tant que pays contributeur de troupes et de police, et en tant que pays « où un conflit armé mené de l’étranger continue de faire rage », l’Ukraine attache la plus grande importance aux questions de maintien de la paix et de prévention des conflits, a déclaré M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine).  Les opérations de maintien de la paix sont un outil dans le règlement des conflits, a-t-il reconnu, en mettant l’accent sur l’importance des solutions politiques.

En attendant, la tâche de protection des civils fait aujourd’hui partie intégrante des opérations de maintien de la paix, a relevé le représentant.  Même dans les situations où les négociations politiques sont dans l’impasse, ces opérations continuent de jouer un rôle stabilisateur important et doivent par conséquent disposer des ressources techniques, humaines et financières adéquates.  « Si une opération perd la confiance de la population locale, le processus politique n’a pas beaucoup de chances d’aboutir », a-t-il averti.

Le délégué a estimé que les missions devaient être dotées de mandats clairs, cohérents, réalisables et résilients, suffisants pour assurer la sécurité des civils, y compris pour arrêter les flux d’armes et de mercenaires.  Une autre préoccupation concerne la transition en temps opportun d’une opération en une autre forme de présence onusienne.  À cet égard, l’Ukraine est fière d’avoir participé à la restauration de la paix en Côte d’Ivoire, a-t-il précisé.  La présence des missions de l’ONU, a-t-il dit, ne doit pas être infinie, « sans lumière au bout du tunnel ».  

Enfin, il a été d’avis que l’ONU devait renforcer ses partenariats stratégiques avec les organisations régionales, comme l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).      

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a reconnu le besoin de réformer le maintien de la paix, soulignant la nécessité pour les missions de l’ONU de s’adapter aux nouvelles réalités de terrain.  Il a estimé que la réunion d’aujourd’hui donnait l’occasion de jeter les bases de la mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.  

Selon lui, la priorité est de disposer d’une stratégie politique claire pour relever les défis qui se posent sur le plan sécuritaire.  En outre, selon le représentant, pour améliorer l’efficacité des opérations, il ne faut jamais perdre de vue le contexte dans lequel ces missions évoluent. 

Un autre élément important, c’est la nécessité d’un partenariat mondial, une idée qui semble gagner les esprits des membres du Conseil, a dit la délégation.  En tant que l’un des principaux fournisseurs de contingents, l’Éthiopie accorde une importante particulière à ce sujet, a-t-elle ajouté.

M. KORO BESSHO (Japon) a rappelé que les opérations de maintien de la paix étaient « un outil rentable ».  « Notre priorité, a-t-il dit, n’est pas simplement de réduire le maintien de la paix, mais de faire en sorte qu’il soit employé efficacement là où il peut faire une différence avec des ressources limitées ».

Le représentant a recommandé au Conseil de sécurité d’avoir plus de discussions approfondies sur les mandats qu’il autorise, comme ce fut le cas récemment avec la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Selon lui, la clarté et l’efficacité du maintien de la paix découle de la qualité de telles discussions.  

Il faut en outre s’assurer que le déploiement continu de telle ou telle opération correspond bien à la réalité sur le terrain, et être prêt à débattre des stratégies de sortie.  À cette fin, le Conseil devrait renforcer sa coordination avec la Commission de consolidation de la paix.

Enfin, M. Bessho a proposé d’accroître la formation et les capacités du personnel déployé sur le terrain.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé que les opérations de paix étaient l’outil essentiel à disposition du Conseil pour rétablir la paix.  « Mon pays fournit des contingents à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a-t-il dit, en louant le professionnalisme des Casques bleus boliviens.

Le représentant a estimé qu’il était impossible pour une mission d’aboutir à des résultats satisfaisants si elle ne bénéficiait pas du consentement du pays hôte.  Pour ce faire, la mission doit respecter le principe d’impartialité et ne pas être une force d’intervention en vue d’un changement de régime, a-t-il déclaré.  

Il a insisté sur l’importance de mandats clairs et dénoncé le cercle vicieux bureaucratique dans lequel trop de missions sont enfermées.  

Enfin, il a mentionné l’importance de prendre en compte les dommages collatéraux du fait des missions comme l’apparition d’une épidémie de cas de choléra en Haïti.

M. OLOF SKOOG (Suède) a souligné que les opérations de maintien de la paix avaient permis de sauver un nombre incalculable de vies au cours des 70 dernières années.  Il a cependant rappelé que les ressources n’étaient pas infinies et qu’elles devaient être utilisées le plus efficacement possible. 

Il a appelé à s’appuyer sur les recommandations des trois examens de l’architecture de paix et de sécurité menés en 2015 pour répondre au mieux aux menaces à la paix et à la sécurité.  Il a aussi rappelé qu’une paix durable ne pouvait arriver qu’avec l’implication de toute la population et donc avec la pleine participation des femmes.

« Combien de fois entend-on au Conseil qu’il n’y a pas de solutions militaires à un conflit donné? »  Le représentant suédois a souligné, à ce propos, la primauté de la politique pour trouver des solutions aux conflits, un principe qui doit guider toutes les opérations de paix.  Pour cela, il faut parvenir à une bonne compréhension du conflit et de son contexte, ce qui veut dire qu’il faut poser des questions difficiles.  Il a donc recommandé de doter le Conseil d’analyses politiques de grande qualité, qui soient l’œuvre de tout le système des Nations Unies.

Ensuite, il faut que le Conseil agisse en conséquence, en adoptant des mandats réellement sur mesure.  Le représentant a précisé qu’il fallait bien hiérarchiser les tâches dans les mandats et les ajuster au fil du temps.  « N’ayons pas peur de revoir régulièrement les mandats et de les corriger si nécessaire », a-t-il dit.

Le représentant a invité à utiliser tous les outils à la disposition du Conseil et des Nations Unies, en les maniant de manière stratégique afin d’appuyer au mieux la mise en œuvre des objectifs.  Cela nécessite davantage de cohérence entre les opérations de maintien de la paix et les systèmes de développement et humanitaire des Nations Unies.  Il a aussi plaidé pour que l’ONU tienne compte de la façon de coopérer avec les autres intervenants, comme les acteurs régionaux. 

Enfin, il a conseillé de renforcer le dialogue entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a considéré qu’il était impératif de réexaminer le maintien de la paix, accueillant favorablement les propositions faites aujourd’hui par le Secrétaire général de l’ONU.  Selon lui, il faut également réévaluer l’efficacité et l’impact des initiatives politiques régionales ainsi que des régimes de sanctions. 

Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être restructurés ou constamment réajustés en fonction du contexte sécuritaire ou politique dans le pays hôte, a dit le représentant, avant de souligner qu’il n’est pas souhaitable de pérenniser les opérations, qui doivent envisager des stratégies de retrait et de sortie « dès la première phase des mandats, assorties d’un calendrier précis ».  

Il a également remis en mémoire les tensions qui se posent parfois avec les pays hôtes, conduisant à la modification des mandats de certaines opérations, comme la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ou la MONUSCO.  M. Aboulatta a également plaidé en faveur de consultations constantes avec les pays contributeurs de troupes. 

Au nombre des recommandations qu’il a faites, le représentant a souligné qu’il faut accorder une attention au renforcement des capacités opérationnelles des États.  Il a également tablé sur la synergie et la complémentarité, qui doivent être promues dans le domaine du règlement des conflits entre les organisations régionales et le Secrétariat de l’ONU, sur le modèle de la dynamique avec l’Union africaine.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a loué l’effort collectif des membres du Conseil visant à réformer les opérations de paix aux fins d’une plus grande efficacité.  Le maintien de la paix est l’outil essentiel de l’ONU, a-t-elle déclaré.  Elle a dit que le maintien de la paix était loin d’être parfait et a souligné l’importance d’une meilleure reddition des comptes pour améliorer l’efficacité des missions et répondre aux besoins des populations sur le terrain.  

Elle a indiqué que les missions ne fonctionnaient souvent pas de manière satisfaisante comme au Darfour ou au Soudan du Sud.  En République démocratique du Congo (RDC), le Gouvernement utilise la Mission pour neutraliser les groupes armés dont il ne veut pas, mais pas les autres groupes, a-t-elle avancé.  « Soyons francs, la Mission de l’ONU au Kosovo n’a aucune utilité. »

Elle a souhaité un examen de chaque opération, en prenant dûment en compte les conditions politiques permettant le succès des missions.  Les missions doivent appuyer les processus politiques, a-t-elle dit, en engageant le Conseil à faire pression sur les gouvernements qui ne coopèrent pas.  Mme Haley a souligné l’importance du consentement des pays hôtes pour assurer le succès des missions, lesquelles doivent disposer de mandats réalistes.

Elle a dénoncé une « dérive » de certaines missions, dont les effectifs connaissent une inflation sans rapport avec leurs tâches.  La déléguée a encouragé le Conseil à garder à l’esprit une stratégie de retrait pour chaque décision prise par le Conseil relative aux missions et souligné que la protection des civils devait être au cœur des mandats.

Enfin, Mme Haley a indiqué que les discussions budgétaires à venir sur le financement de l’ONU ne préfiguraient nullement « un retrait des États-Unis ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.