7918e séance – après-midi
CS/12781

Le Secrétaire général de l’ONU s’engage devant le Conseil de sécurité à améliorer des opérations de maintien de la paix « aux abois »

Reconnaissant que les opérations de paix des Nations Unies étaient « aux abois » et « dépassées », le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, s’est engagé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à améliorer leur efficacité en termes de coût, « tout au long de leur cycle de vie », et à préserver « leur utilité » en proposant neuf domaines de réforme.

« Au Secrétariat, nous devons être plus efficaces, plus efficients et mieux rendre compte de notre action », a-t-il dit, répondant, ce faisant, à l’appel de la déléguée des États-Unis, qui a plaidé pour une évaluation de l’efficacité de chaque opération.  Celle-ci en a profité pour indiquer que les discussions budgétaires à venir sur le financement de l’ONU ne préfiguraient nullement « un retrait des États-Unis ».

Certaines délégations ont tenu à souligner la dynamique d’amélioration que connaissent ces opérations, véritable « joyau de la couronne des Nations Unies » pour le délégué du Royaume-Uni, ainsi que la modicité de leur coût: 8 milliards par an.  « Huit milliards ce n’est même pas 10% de ce qu’ont coûté, chaque année, pendant 13 ans, les seules opérations en Iraq et en Afghanistan au budget américain », a souligné le délégué de la France.

La présidence américaine avait fait distribuer, dans le cadre de ce débat, un document de réflexion* afin d’inviter les membres du Conseil à réfléchir à la question suivante: « Les missions actuelles sont-elles toujours adaptées à l’objectif du Conseil? »

Au 31 janvier 2017, il y avait 99 034 membres du personnel en tenue, dont 85 408 soldats et 12 786 policiers, en poste dans le cadre de 16 opérations de maintien de la paix.  Plus de 3 500 soldats de la paix tombés ont donné leur vie depuis la création de l’Organisation.

M. Guterres a entamé son intervention en rappelant que l’objectif de chaque mission de maintien de la paix était de sauver des vies, d’empêcher des atrocités massives, de préparer le terrain en vue d’instaurer la stabilité et une paix durable et « se retirer ».  

Il a néanmoins reconnu que certaines des plus grandes opérations de l’ONU étaient dissociées des processus politiques, « sans réelle perspective de progrès », et que la confiance en l’Organisation avait été ébranlée par des « terribles affaires d’exploitation et d’atteintes sexuelles »

Afin de remédier à ces défis, le Secrétaire général a souligné la nécessité d’une stratégie globale prenant en compte toutes les dimensions de la paix, « de la prévention, du règlement des conflits, du maintien de la paix, de sa consolidation ou du développement à long terme ».  Il a également appelé à fermer les opérations ayant atteint leurs objectifs et remodeler celles ne répondant plus aux besoins sur le terrain.

M. Guterres a mentionné neuf domaines de réforme à plus long terme, soulignant en premier lieu la nécessité d’une plus grande efficacité et d’un meilleur respect du principe de responsabilité.  Il a aussi demandé que les opérations de maintien de la paix soient dotées par le Conseil de « mandats clairs, réalistes et actualisés », assortis de mécanismes pérennes de financement.

Il a défendu un rôle plus actif des femmes dans les opérations de paix, une amélioration de la planification, du contrôle et de la direction des opérations et un approfondissement des liens avec les partenaires régionaux et sous-régionaux.

Un engagement salué par l’ensemble des délégations, certaines d’entre elles tenant, avant toute chose, à souligner le caractère « irremplaçable » de ces opérations et la nécessité de formuler un « diagnostic juste ».  « Qui d’autre voudrait, et pourrait, assurer la protection des civils sur autant de théâtres risqués », a déclaré le délégué de la France, appuyé par son homologue de la Suède.

Le débat a été néanmoins dominé par les critiques, de la part notamment des États-Unis.  La déléguée de ce pays a indiqué que les missions ne fonctionnaient souvent pas de manière satisfaisante comme au Darfour ou au Soudan du Sud.  De même, a-t-elle dénoncé une « dérive » de certaines missions, dont les effectifs connaissent une inflation sans rapport avec leurs tâches.

Le délégué de la Fédération de Russie a, lui, fustigé les « pratiques funestes » du Secrétariat comme le déploiement de composantes chargées de surveiller les droits de l’homme et la prévention des violences sexuelles, qui incombent souvent à des personnels civils particulièrement « coûteux ».  Il a en outre déploré la trop grande attention portée sur les droits de l’homme, suscitant des « protestations » de la part des pays hôtes.   

Le consentement du pays hôte au déploiement d’une opération de paix a été une autre pomme de discorde lors de ce débat.  « L’histoire montre qu’il est nécessaire d’envoyer des Casques bleus lorsque le gouvernement ne protège pas la population », a affirmé le délégué du Royaume-Uni.

Une position rejetée par les représentants de la Bolivie, de l’Égypte et de la Russie, cette dernière soulignant la nécessité de ne pas « artificiellement » politiser le maintien de la paix et, pour les Casques bleus, de ne pas prendre part aux conflits. 

* S/2017/287

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Examen des opérations de paix

Lettre datée du 4 avril 2017, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/287)

Déclarations

« Partout dans le monde, les Casques bleus sont l’expression concrète de la détermination de la Charte des Nations Unies “à préserver les générations futures du fléau de la guerre” », a affirmé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Il a indiqué que les réalisations des opérations de paix étaient une source de grande fierté, tandis que les échecs douloureux amenaient l’ONU à s’améliorer.

« Cinquante-quatre missions ont achevé leur mandat et mis fin à leurs activités », a-t-il dit, ajoutant que deux autres le feraient dans les mois à venir.  M. Guterres a avancé que chaque mission de maintien de la paix avait pour objectif d’accomplir la mission qui lui a été confiée, de sauver des vies, d’empêcher des atrocités massives, de préparer le terrain en vue d’instaurer la stabilité et une paix durable et « se retirer ».

« Ces missions doivent aussi, tout au long de leur cycle de vie, être efficaces en termes de coût. »  Il a rappelé que le budget du maintien de la paix représentait aujourd’hui moins de 0,5% des dépenses militaires mondiales.  Plus de 3 500 soldats de la paix tombés ont donné leur vie pour les idéaux de la Charte des Nations Unies, a également rappelé le Secrétaire général.

Il a souligné la complexité des environnements opérationnels dans lesquels les opérations de paix évoluent, ainsi que l’écart entre les ambitions et leurs capacités et entre les objectifs et les ressources à disposition.  « C’est pourquoi les opérations de maintien de la paix semblent souvent aux abois, dépassées par l’ampleur de leur tâche », a convenu M. Guterres.

Le Secrétaire général a mentionné les autres défis que sont l’hostilité ou le manque de coopération des gouvernements hôtes, les sérieuses difficultés sécuritaires en raison du terrorisme et la criminalité transnationale.  Certaines de nos plus grandes opérations sont dissociées des processus politiques et semblent être dans l’impasse, sans réelle perspective de progrès, a-t-il dit.

« Ce sont les défis que nous devons confronter », a continué le Secrétaire général.  « Au Secrétariat, nous devons être plus efficaces, plus efficients et mieux rendre compte de notre action. »  Il a demandé le soutien fort de l’Assemblée générale, l’appui des pays contributeurs de troupes et celui, « total », des pays hôtes.  « Et surtout, nous comptons sur ce Conseil pour faire preuve d’unité et adopter des mandats clairs et réalisables. »

Il a reconnu que la légitimité et la confiance placées dans l’ONU par les habitants du monde entier avaient été ébranlées par les terribles affaires d’exploitation et d’atteintes sexuels qui ont terni la réputation des Nations Unies partout dans le monde, y compris celle des missions de maintien de la paix.  « J’ai présenté mon plan visant à lutter contre ce fléau et je suis déterminé à le mettre en œuvre, avec votre soutien. »

Le Secrétaire général a souligné la nécessité d’une stratégie globale appuyant les missions de paix dans leur diversité et prenant en compte l’ensemble du continuum de la paix, « de la prévention, du règlement des conflits, du maintien de la paix, de sa consolidation ou du développement à long terme ».

Cette stratégie doit reposer sur deux principes fondamentaux, a-t-il poursuivi.  « Premièrement, il n’existe pas de solutions toutes faites. »  M. Guterres a rappelé que certaines missions avaient des mandats simples mettant l’accent sur la séparation des belligérants ou la surveillance des cessez-le-feu dans un environnement relativement stable, tandis d’autres disposaient de mandats plus solides en vue de protéger les civils et faire face à de multiples groupes armés.  La protection des civils continuera d’être une priorité essentielle pour le maintien de la paix, a-t-il assuré.

Le Secrétaire général a reconnu que les stratégies politiques, les systèmes de gestion et l’administration de l’ONU n’étaient pas conçus pour soutenir ces missions efficacement.  « Nous devons tenir compte de la diversité géographique des missions et de leur évolution dans le temps pour leur donner une marge de manœuvre sans entraîner de coûts supplémentaires », a-t-il dit.

« Deuxièmement, la réussite de chaque mission dépend du processus politique et de la participation active de toutes les parties prenantes, notamment des gouvernements », a-t-il poursuivi, en soulignant le rôle essentiel du Conseil dans la réalisation de ces engagement et coopération.  Il a promis son soutien personnel à cet objectif et rappelé qu’il avait déjà parlé devant ce Conseil de l’urgence et de la nécessité d’une montée en puissance de la diplomatie pour la paix.

Parmi les importantes réformes récentes du maintien de la paix, M. Guterres a mentionné l’augmentation du nombre de pays fournisseurs de troupes et de police, l’amélioration de la rapidité de déploiement des forces et l’utilisation de technologies modernes qui aident à l’analyse de situation.  « Nous avons décentralisé les fonctions essentielles et renforçons actuellement la gestion de la performance et le respect du principe de responsabilité », a soutenu le Secrétaire général.  

Il a précisé que ces réformes avaient réduit le coût de chaque soldat de la paix de 18% depuis 2008 et conduit à des réductions considérables du nombre de personnel civil.

« Mais il reste encore beaucoup à faire. »  À court terme, le Secrétaire général a souligné la nécessité de fermer les opérations ayant atteint leurs objectifs et de réformer celles qui ne répondent plus aux besoins sur le terrain.  « Nos missions en Côte d’Ivoire et au Libéria arrivent à leur terme, et nous devons envisager des réformes et des stratégies de sortie pour d’autres missions déployées de longue date. »

Il a expliqué qu’en Haïti l’ONU était prête à transformer sa mission afin qu’elle se concentre sur le soutien politique, le renforcement des institutions et le développement.  Au Darfour, l’évolution de la situation sur le terrain pourrait nécessiter une réduction sensible des forces, a relevé M. Guterres.

« Chaque mission doit être considérée dans son contexte politique particulier », a-t-il dit, en se félicitant de la décision unanime du Conseil de renouveler le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).

Il a mentionné neuf domaines de réforme à plus long terme.

« Premièrement, j’ai créé une équipe chargée d’examiner comment nous pouvons améliorer notre architecture de paix et de sécurité, qui me présentera ses conclusions d’ici juin », a-t-il dit.

« Deuxièmement, il nous faut faire preuve d’une plus grande efficacité et d’un meilleur respect du principe de responsabilité.  Nous avons besoin d’une plus grande efficacité et reddition des comptes. »  Il a convenu que trop de règles et de règlements du Secrétariat semblaient avoir pour but de prévenir plutôt que de faciliter le travail de l’ONU.  « Je suis résolu à changer cette situation, et j’espère que les États Membres appuieront ma démarche, y compris à la Cinquième Commission de l’Assemblée générale. »

Troisièmement, M. Guterres a indiqué que les opérations de maintien de la paix nécessitaient des mandats clairs, réalistes et actualisés de la part de ce Conseil, « assortis de priorités bien définies et d’un calendrier adapté, et suffisamment souples pour pouvoir évoluer dans le temps ».

« Quatrièmement, les femmes doivent jouer un rôle beaucoup plus actif dans les opérations de paix et être présentes dans les contingents, les effectifs de police et le personnel civil », a-t-il dit, ajoutant que la participation des femmes augmentait les chances d’une paix durable et réduisait l’incidence des abus sexuels et de l’exploitation.

En cinquième lieu, le Secrétaire général a plaidé une amélioration de la planification, du contrôle et de la direction des opérations.  « La création d’un comité exécutif et le renforcement de la coopération entre le Département des affaires politiques et le Département des opérations de maintien de la paix visent précisément à remédier à ce problème », a-t-il affirmé.  Il a prévu également d’aller plus loin dans la décentralisation pour donner davantage d’autonomie à ses représentants spéciaux.

« Sixièmement, nous devons recourir plus systématiquement aux technologies modernes.  Cela nous aidera à accroître notre souplesse et notre mobilité. »  Le Secrétaire général a indiqué qu’il « comptait » sur les pays en capacité de le faire pour qu’ils augmentent leurs contingents.  

En septième lieu, il a insisté sur l’importance de sensibiliser le public aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies comme outils nécessaires pour la sécurité, obtenant de surcroît des résultats.

« Huitièmement, nous devons resserrer nos liens avec nos partenaires régionaux et sous-régionaux », a-t-il dit, citant parmi eux l’Union africaine, l’Union européenne ou bien encore la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Enfin, M. Guterres a rappelé que ces partenariats devaient être basés sur un financement solide et prévisible.  « J’espère que le Conseil examinera la possibilité d’appuyer les missions auxquelles il donne son aval, soit au moyen des contributions des États Membres, soit par la promotion d’autres mécanismes de financement prévisible. »

En conclusion, M. Guterres a affirmé que les opérations de paix étaient à la croisée des chemins.  « Notre tâche consiste à faire en sorte qu’elles gardent toute leur utilité en leur confiant des mandats clairs et réalisables, en leur proposant des stratégies efficaces et en leur fournissant l’appui nécessaire. »

M. FODÉ SECK (Sénégal) a reconnu qu’il y avait aujourd’hui un réel besoin d’adapter les opérations de maintien de la paix aux défis propres à chaque théâtre d’opération.  Par exemple, en dépit de la signature d’un accord de paix entre le Gouvernement et les principaux groupes armés, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) opère dans un environnement délicat marqué par des attaques ciblées contre le personnel des Nations Unies, les populations et les infrastructures civiles.

Malgré l’adoption du concept stratégique révisé conformément à la résolution 2295 (2016), plusieurs besoins demeurent insatisfaits, et la Mission peine encore à réunir les capacités nécessaires, a-t-il regretté.

Lorsqu’elles disposent de mandats clairs, réalistes et réalisables tout en bénéficiant de l’appui politique nécessaire, les opérations de paix restent l’un des outils les plus souples et les plus adaptés dont l’ONU dispose pour faire face aux défis du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a estimé le représentant. 

Hélas, elles sont confrontées aujourd’hui, plus que jamais, à des obstacles qui les empêchent de remplir leur mandat, a-t-il regretté.  Les exemples de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), montrent combien la dimension politique est essentielle.  Au-delà du consentement, c’est la coopération de l’État hôte que nous devons chercher à sécuriser, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, une stratégie politique viable doit sous-tendre l’action des missions onusiennes.  Les Casques bleus, a élaboré le délégué sénégalais, peuvent aider à établir, soutenir et accompagner un processus politique pour protéger les civils, en aidant les acteurs nationaux à respecter leurs obligations.  

Dans cet esprit, il a préconisé « un engagement politique du Conseil de sécurité avant le déploiement et pendant toute la durée de vie des missions ».  Le Conseil devra en outre poursuivre les discussions sur le financement prévisible et durable des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine.

Enfin, a conclu le représentant, il convient de s’assurer, dès le départ, que les missions de paix peuvent créer les conditions nécessaires pour une transition harmonieuse, un retrait et une sortie ordonnés sans compromettre les efforts visant à atteindre les objectifs à long terme de la paix et de la stabilité.

Les recommandations formulées il y a presque deux ans dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de maintien de la paix restent valables, a considéré M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  D’après lui, ce rapport répond à la plupart des questions posées par la présidence dans sa note conceptuelle.  Une réforme réussie implique l’engagement du Conseil de sécurité dans son ensemble et des pays contributeurs de troupes et de police. 

Les opérations de maintien de la paix se fondent sur des stratégies politiques qui requièrent l’unité du Conseil, a répété le représentant.  Elles doivent disposer de mandats clairs et être plus flexibles pour s’adapter aux réalités sur le terrain.  Ces derniers mois, a-t-il reconnu, des efforts ont été faits en ce sens avec les missions en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDC). 

Une fois qu’une opération de maintien de la paix est déployée, a poursuivi M. Rosselli, le Conseil doit exiger et obtenir des pays hôtes qu’ils respectent pleinement l’accord sur le statut des forces.  Il s’est dit préoccupé par les actions unilatérales d’États parties à un conflit qui affectent le fonctionnement d’une opération, comme ce fut le cas avec l’expulsion de la composante civile de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

Enfin, a conclu le représentant, il est indispensable que le personnel de paix soit adéquatement équipé et formé, et qu’il puisse remplir son mandat de protection des civils.  À ce sujet, l’Uruguay adhère aux Principes de Kigali sur la protection des civils.  

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que le maintien de la paix était l’instrument clef de la capacité de l’ONU à régler les conflits, notant que les initiateurs de cette réunion avaient cherché à mettre l’accent sur l’élément politique.  Il a affirmé que la priorité était d’améliorer les processus de stratégie de sortie des opérations de l’Organisation, tout en augmentant leur efficacité et leur rendement.  

Il a jugé « inacceptable » que le Secrétariat de l’ONU se fixe des objectifs sans les justifier, évoquant des « pratiques funestes » comme le déploiement de composantes chargées de surveiller les droits de l’homme et la prévention des violences sexuelles, qui incombent souvent à des personnels civils particulièrement « coûteux ».  

Selon le représentant, il faut se montrer plus « pondéré », la Fédération de Russie considérant qu’il n’est pas du ressort des missions de faire rapport sur les violations.  Alors que le règlement des conflits et de leurs causes profondes doit prévaloir en toute circonstance, une trop grande attention est portée, d’après la délégation, sur les droits de l’homme, suscitant des « protestations » de la part des pays hôtes, dans un contexte où les missions doivent déjà s’acquitter de mandats multidimensionnels.

« Il faut donc mettre fin aux tâches qui ne sont pas fondamentales », a martelé M. Iliichev, avant de souligner la nécessité de ne pas « artificiellement » politiser le maintien de la paix et, pour les Casques bleus, de ne pas prendre part aux conflits.  Or, c’est bien ce que proposeraient certains États Membres qui préconisent un usage de la force contre des pays hôtes, a-t-il accusé.

« Nous ne pensons pas que la protection des civils est une fin en soi, elle ne peut être garantie qu’en éliminant les causes profondes des crises », a insisté le représentant.  Il s’est donc dit inquiet de la manière dont la question serait articulée dans la note conceptuelle qui a circulé parmi les membres du Conseil, et dans laquelle est évoquée la possibilité d’opérations de paix de l’ONU sans le consentement des pays hôtes.  

Les gouvernements, a encore dit M. Iliichev, assument la responsabilité première d’assurer la sécurité de leurs populations civiles, et les missions doivent toujours coopérer avec les autorités nationales.  « Il est clair que des efforts politiques de qualité doivent être déployés par l’ONU, sous peine de ne pas éradiquer les causes profondes des conflits », a insisté en conclusion le délégué.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a dit son accord avec les neuf domaines de réforme avancés par le Secrétaire général.  « Le maintien de la paix est le joyau de la couronne des Nations Unies. »  Il a invité les membres du Conseil à bien réfléchir avant de décider du déploiement d’opérations, jugeant qu’ils avaient d’autres outils à disposition comme la médiation.

Il a en outre souligné l’importance de mandats « clairs ».  S’agissant de la question controversée du consentement des pays hôtes au déploiement d’une opération, le délégué a indiqué que l’histoire montrait qu’il était nécessaire d’envoyer des Casques bleus lorsque le gouvernement ne protégeait pas la population.

Lorsque nous sommes confrontés à des gouvernements qui cherchent à « étouffer » ces missions, le Conseil doit utiliser tous les outils à sa disposition pour y remédier, a-t-il dit.  Il a regretté le manque d’unité du Conseil sur de nombreux dossiers, comme au Soudan du Sud.  

Le maintien de la paix onusien ne peut apporter toutes les réponses, a poursuivi M. Rycroft, ajoutant que certaines organisations régionales étaient parfois mieux placées pour intervenir.

Enfin, le délégué du Royaume-Uni a souligné la nécessité d’une meilleure qualité du travail des opérations de paix de l’ONU.  Ces opérations sont le visage de l’ONU pour les habitants de la planète, a conclu M. Rycroft.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé pertinent d’examiner les moyens d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, au vu des récents événements dans certaines d’entre elles.  À son avis, le maintien de la paix doit être mené en parallèle avec la prévention des conflits, la consolidation de la paix, la mise en œuvre de la paix et le développement.  

Tous ces efforts doivent se baser sur des alertes précoces et des analyses des facteurs qui causent les différends.  Le représentant a également souhaité que l’on implique les organisations régionales et les États voisins dans la recherche de solution.  Il a cité à cet égard l’expérience de la région des Grands Lacs.  Il faut en outre, a-t-il ajouté, que le gouvernement hôte et les parties s’approprient les objectifs politiques et prennent la responsabilité de leur mise en œuvre.

Le représentant a ensuite souligné l’importance, pour consolider les gains politiques, des processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et des réformes du secteur de la sécurité et de l’état de droit, de même que de la promotion des droits de l’homme. 

Du côté du Secrétaire général et de tout le système de l’ONU, il a espéré qu’ils exigeraient une évaluation stratégique périodique pour identifier les options possibles pour l’engagement des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité devra aussi surveiller plus sérieusement et très régulièrement les opérations de maintien de la paix, du fait des menaces croissantes que font peser Daech, Al-Qaida et Boko Haram notamment. 

Dans les cas où une mission s’achève ou si elle est réduite, il a suggéré d’examiner les conséquences de ces mesures et notamment de vérifier si le vide sécuritaire ne sera pas comblé par des groupes terroristes.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que la communauté internationale nourrissait des espoirs considérables vis-à-vis du maintien de la paix.  Selon lui, il est indispensable de préserver la relation avec le pays hôte, et de l’aider à renforcer ses capacités.  Le représentant a estimé que le Conseil devait aider le Secrétariat à concevoir des mandats clairs, axés sur des priorités, en tenant pleinement compte des besoins sur le terrain. 

Il est en outre important de bien planifier les mandats d’une opération de paix, en hiérarchisant les tâches par ordre de priorité, pour que celle-ci puisse mieux s’acquitter de son mandat en vertu de la Charte des Nations Unies. 

Pour la Chine, les capacités d’alerte précoce des menaces doivent également être renforcées.  Parmi les missions de maintien de la paix actuellement, 16 se trouvent en Afrique et 10 des pays fournisseurs de contingents sont africains.  

Or, ces dernières années, a observé M. Liu, l’Union africaine s’est engagée à renforcer le maintien de la paix, aussi devons-nous l’aider à « trouver des solutions africaines aux problèmes africains ». 

Le représentant a rappelé en conclusion que son pays était le deuxième plus important contributeur au maintien de la paix de l’ONU et qu’il était prêt à continuer à continuer de lui prêter son appui.

« Le maintien de la paix onusien sauve des vies, et il le fait de façon relativement peu onéreuse », a commencé par souligner M. FRANÇOIS DELATTRE (France).

« Comme nous le constatons à l’occasion de nos visites sur le terrain, a-t-il dit, une base de Casques bleus constitue souvent pour les populations vulnérables le seul espoir de protection face à des groupes armés qui terrorisent, pillent et tuent, et le seul recours pour avoir une chance de survivre ».  

« Qui d’autre voudrait, et pourrait, assurer la protection des civils sur autant de théâtres risqués?  À l’inverse, qui voudrait prendre la responsabilité de livrer à leur sort les populations au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo (RDC), ou en République centrafricaine? »

Les plus grands traumatismes depuis la Seconde Guerre mondiale sont ceux où le maintien de la paix a failli (Srebrenica, Rwanda) ou ceux où aucune opération des Nations Unies n’est présente (Syrie), a rappelé le représentant.

Selon M. Delattre, les Casques bleus remplissent donc un rôle vital, pour un coût qui reste limité.  « Huit milliards de dollars: le montant, dans l’absolu, impressionne.  Mais regardons-le en termes relatifs.  Huit milliards, ce n’est même pas 10% de ce qu’ont coûté, chaque année, pendant 13 ans, les seules opérations en Iraq et en Afghanistan au budget américain. »

Ensuite, il a relevé que le maintien de la paix onusien faisait l’objet d’un effort d’examen constant et restait engagé dans une dynamique d’amélioration.  Depuis des années, a-t-il précisé, la réflexion est engagée pour répondre aux attentes dont le maintien de la paix est l’objet et pour faire toujours mieux.  Beaucoup a déjà été fait.

Conceptuellement, les opérations de dernière génération, « multidimensionnelles intégrées », articulent leurs mandats autour de priorités immédiates et vitales (la protection des civils, le respect des droits de l’homme) et de tâches de plus long terme (soutien aux processus politiques, aux réformes des secteurs de la sécurité, aux programmes de démobilisation, de désarmement et de réinsertion, au rétablissement de l’autorité de l’État et de l’état de droit…), qui sont un gage d’efficacité et de succès pour l’instauration d’une paix durable.

Opérationnellement, l’on attend aujourd’hui des opérations de maintien de la paix qu’elles soient proactives et robustes dans la protection des civils, comme l’illustrent les actions récentes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

L’on attend qu’elles disposent de troupes bien formées, compétentes et donc performantes.  L’on attend aussi qu’elles disposent des moyens adaptés à la spécificité de chaque théâtre d’intervention, et qu’elles adoptent un comportement exemplaire pour gagner la confiance et la coopération des populations.

Au regard de ces progrès, a fait valoir M. Delattre, « les opérations onusiennes restent celles qui offrent la plus grande légitimité internationale et le meilleur degré d’intégration des dimensions militaire, policière et civile pour enrayer la spirale de la violence et traiter les causes profondes des conflits ».

Le déploiement d’opérations nationales, tel celui de la France au Sahel et en République centrafricaine, reste peu fréquent, et n’est pas un substitut, mais bien plus un complément.

Mais les Nations Unies ne sont pas toujours l’outil adapté, ou unique.  Les partenariats avec les organisations régionales comme l’Union européenne et l’Union africaine sont essentiels, a-t-il reconnu.

« Est-ce à dire que tout va bien?  Non, mais il faut être juste dans le diagnostic et déterminé dans les remèdes », a poursuivi le représentant.

La question des abus et de l’exploitation sexuels ne doit pas être prise à la légère, a-t-il insisté.  Par ailleurs, des manquements graves à l’impératif de protection des civils, au Soudan du Sud comme ailleurs, choquent nos consciences.

De la politique de tolérance zéro sur les abus et l’exploitation sexuels aux enquêtes menées sur les manquements à la mise en œuvre du mandat, tout doit être fait pour s’assurer que les responsables avérés de tels actes en rendent compte et pour prévenir ces dysfonctionnements graves qui, au-delà de l’impact sur les victimes, nuisent aux populations et ternissent à l’image de l’ONU.

Enfin, M. Delattre a appelé à « tirer quelques conclusions pour continuer à faire du maintien de la paix un outil adapté aux enjeux actuels ».

Tirer des conclusions, a-t-il expliqué, cela veut dire fermer les opérations lorsque le mandat est rempli, comme cela est actuellement le cas avec l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) ou la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH); nous pourrions y ajouter la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qui ont largement atteint leurs objectifs.

Cela veut dire aussi reconnaître que certaines missions, malgré les frustrations suscitées par la lenteur des processus politiques, doivent être préservées car elles ont une fonction d’importance stratégique, en contribuant à sauver des vies et à stabiliser des pays ou des régions, comme le font la MINUSCA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ou encore la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Pour que les opérations de maintien de la paix soient vraiment mises en condition de réussir, M. Delattre a recommandé de travailler sur plusieurs axes: favoriser l’unité du Conseil de sécurité; renforcer l’accompagnement des processus politiques, y compris lorsqu’ils reviennent aux partenaires régionaux; structurer la relation avec l’État hôte; donner aux opérations les savoir-faire techniques et opérationnels ainsi que les moyens matériels adaptés à leurs mandats; renforcer le dialogue avec les pays contributeurs de troupes et de police.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a rappelé que l’Italie était le premier pays contributeur de Casques bleus parmi les pays occidentaux.  Il ne faut pas oublier les succès des opérations de paix de l’ONU, a-t-il dit, en prenant l’exemple de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Il a souligné l’importance de prendre en compte toutes les dimensions de la paix, rassemblées dans un véritable « continuum de paix ».  Eu égard à la question des ressources, il a souhaité que ces missions fassent l’objet d’un examen régulier afin d’évaluer leur efficacité.

Le délégué a néanmoins mis en garde contre toute décision relative à ces missions qui serait uniquement motivée par des considérations financières et prôné la « patience stratégique ».  La protection des civils doit être la priorité des mandats des missions et les efforts de stabilisation doivent faire l’objet d’une appropriation nationale afin d’éviter toute dépendance, a-t-il dit.

Enfin, le représentant a souligné le rôle important que les organisations régionales peuvent jouer dans le maintien de la paix et défendu un usage accru de la technologie.  L’Italie a fourni un drone à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a-t-il conclu.

En tant que pays contributeur de troupes et de police, et en tant que pays « où un conflit armé mené de l’étranger continue de faire rage », l’Ukraine attache la plus grande importance aux questions de maintien de la paix et de prévention des conflits, a déclaré M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine).  Les opérations de maintien de la paix sont un outil dans le règlement des conflits, a-t-il reconnu, en mettant l’accent sur l’importance des solutions politiques.

En attendant, la tâche de protection des civils fait aujourd’hui partie intégrante des opérations de maintien de la paix, a relevé le représentant.  Même dans les situations où les négociations politiques sont dans l’impasse, ces opérations continuent de jouer un rôle stabilisateur important et doivent par conséquent disposer des ressources techniques, humaines et financières adéquates.  « Si une opération perd la confiance de la population locale, le processus politique n’a pas beaucoup de chances d’aboutir », a-t-il averti.

Le délégué a estimé que les missions devaient être dotées de mandats clairs, cohérents, réalisables et résilients, suffisants pour assurer la sécurité des civils, y compris pour arrêter les flux d’armes et de mercenaires.  Une autre préoccupation concerne la transition en temps opportun d’une opération en une autre forme de présence onusienne.  À cet égard, l’Ukraine est fière d’avoir participé à la restauration de la paix en Côte d’Ivoire, a-t-il précisé.  La présence des missions de l’ONU, a-t-il dit, ne doit pas être infinie, « sans lumière au bout du tunnel ».  

Enfin, il a été d’avis que l’ONU devait renforcer ses partenariats stratégiques avec les organisations régionales, comme l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).      

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a reconnu le besoin de réformer le maintien de la paix, soulignant la nécessité pour les missions de l’ONU de s’adapter aux nouvelles réalités de terrain.  Il a estimé que la réunion d’aujourd’hui donnait l’occasion de jeter les bases de la mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.  

Selon lui, la priorité est de disposer d’une stratégie politique claire pour relever les défis qui se posent sur le plan sécuritaire.  En outre, selon le représentant, pour améliorer l’efficacité des opérations, il ne faut jamais perdre de vue le contexte dans lequel ces missions évoluent. 

Un autre élément important, c’est la nécessité d’un partenariat mondial, une idée qui semble gagner les esprits des membres du Conseil, a dit la délégation.  En tant que l’un des principaux fournisseurs de contingents, l’Éthiopie accorde une importante particulière à ce sujet, a-t-elle ajouté.

M. KORO BESSHO (Japon) a rappelé que les opérations de maintien de la paix étaient « un outil rentable ».  « Notre priorité, a-t-il dit, n’est pas simplement de réduire le maintien de la paix, mais de faire en sorte qu’il soit employé efficacement là où il peut faire une différence avec des ressources limitées ».

Le représentant a recommandé au Conseil de sécurité d’avoir plus de discussions approfondies sur les mandats qu’il autorise, comme ce fut le cas récemment avec la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Selon lui, la clarté et l’efficacité du maintien de la paix découle de la qualité de telles discussions.  

Il faut en outre s’assurer que le déploiement continu de telle ou telle opération correspond bien à la réalité sur le terrain, et être prêt à débattre des stratégies de sortie.  À cette fin, le Conseil devrait renforcer sa coordination avec la Commission de consolidation de la paix.

Enfin, M. Bessho a proposé d’accroître la formation et les capacités du personnel déployé sur le terrain.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé que les opérations de paix étaient l’outil essentiel à disposition du Conseil pour rétablir la paix.  « Mon pays fournit des contingents à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a-t-il dit, en louant le professionnalisme des Casques bleus boliviens.

Le représentant a estimé qu’il était impossible pour une mission d’aboutir à des résultats satisfaisants si elle ne bénéficiait pas du consentement du pays hôte.  Pour ce faire, la mission doit respecter le principe d’impartialité et ne pas être une force d’intervention en vue d’un changement de régime, a-t-il déclaré.  

Il a insisté sur l’importance de mandats clairs et dénoncé le cercle vicieux bureaucratique dans lequel trop de missions sont enfermées.  

Enfin, il a mentionné l’importance de prendre en compte les dommages collatéraux du fait des missions comme l’apparition d’une épidémie de cas de choléra en Haïti.

M. OLOF SKOOG (Suède) a souligné que les opérations de maintien de la paix avaient permis de sauver un nombre incalculable de vies au cours des 70 dernières années.  Il a cependant rappelé que les ressources n’étaient pas infinies et qu’elles devaient être utilisées le plus efficacement possible. 

Il a appelé à s’appuyer sur les recommandations des trois examens de l’architecture de paix et de sécurité menés en 2015 pour répondre au mieux aux menaces à la paix et à la sécurité.  Il a aussi rappelé qu’une paix durable ne pouvait arriver qu’avec l’implication de toute la population et donc avec la pleine participation des femmes.

« Combien de fois entend-on au Conseil qu’il n’y a pas de solutions militaires à un conflit donné? »  Le représentant suédois a souligné, à ce propos, la primauté de la politique pour trouver des solutions aux conflits, un principe qui doit guider toutes les opérations de paix.  Pour cela, il faut parvenir à une bonne compréhension du conflit et de son contexte, ce qui veut dire qu’il faut poser des questions difficiles.  Il a donc recommandé de doter le Conseil d’analyses politiques de grande qualité, qui soient l’œuvre de tout le système des Nations Unies.

Ensuite, il faut que le Conseil agisse en conséquence, en adoptant des mandats réellement sur mesure.  Le représentant a précisé qu’il fallait bien hiérarchiser les tâches dans les mandats et les ajuster au fil du temps.  « N’ayons pas peur de revoir régulièrement les mandats et de les corriger si nécessaire », a-t-il dit.

Le représentant a invité à utiliser tous les outils à la disposition du Conseil et des Nations Unies, en les maniant de manière stratégique afin d’appuyer au mieux la mise en œuvre des objectifs.  Cela nécessite davantage de cohérence entre les opérations de maintien de la paix et les systèmes de développement et humanitaire des Nations Unies.  Il a aussi plaidé pour que l’ONU tienne compte de la façon de coopérer avec les autres intervenants, comme les acteurs régionaux. 

Enfin, il a conseillé de renforcer le dialogue entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a considéré qu’il était impératif de réexaminer le maintien de la paix, accueillant favorablement les propositions faites aujourd’hui par le Secrétaire général de l’ONU.  Selon lui, il faut également réévaluer l’efficacité et l’impact des initiatives politiques régionales ainsi que des régimes de sanctions. 

Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être restructurés ou constamment réajustés en fonction du contexte sécuritaire ou politique dans le pays hôte, a dit le représentant, avant de souligner qu’il n’est pas souhaitable de pérenniser les opérations, qui doivent envisager des stratégies de retrait et de sortie « dès la première phase des mandats, assorties d’un calendrier précis ».  

Il a également remis en mémoire les tensions qui se posent parfois avec les pays hôtes, conduisant à la modification des mandats de certaines opérations, comme la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ou la MONUSCO.  M. Aboulatta a également plaidé en faveur de consultations constantes avec les pays contributeurs de troupes. 

Au nombre des recommandations qu’il a faites, le représentant a souligné qu’il faut accorder une attention au renforcement des capacités opérationnelles des États.  Il a également tablé sur la synergie et la complémentarité, qui doivent être promues dans le domaine du règlement des conflits entre les organisations régionales et le Secrétariat de l’ONU, sur le modèle de la dynamique avec l’Union africaine.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a loué l’effort collectif des membres du Conseil visant à réformer les opérations de paix aux fins d’une plus grande efficacité.  Le maintien de la paix est l’outil essentiel de l’ONU, a-t-elle déclaré.  Elle a dit que le maintien de la paix était loin d’être parfait et a souligné l’importance d’une meilleure reddition des comptes pour améliorer l’efficacité des missions et répondre aux besoins des populations sur le terrain.  

Elle a indiqué que les missions ne fonctionnaient souvent pas de manière satisfaisante comme au Darfour ou au Soudan du Sud.  En République démocratique du Congo (RDC), le Gouvernement utilise la Mission pour neutraliser les groupes armés dont il ne veut pas, mais pas les autres groupes, a-t-elle avancé.  « Soyons francs, la Mission de l’ONU au Kosovo n’a aucune utilité. »

Elle a souhaité un examen de chaque opération, en prenant dûment en compte les conditions politiques permettant le succès des missions.  Les missions doivent appuyer les processus politiques, a-t-elle dit, en engageant le Conseil à faire pression sur les gouvernements qui ne coopèrent pas.  Mme Haley a souligné l’importance du consentement des pays hôtes pour assurer le succès des missions, lesquelles doivent disposer de mandats réalistes.

Elle a dénoncé une « dérive » de certaines missions, dont les effectifs connaissent une inflation sans rapport avec leurs tâches.  La déléguée a encouragé le Conseil à garder à l’esprit une stratégie de retrait pour chaque décision prise par le Conseil relative aux missions et souligné que la protection des civils devait être au cœur des mandats.

Enfin, Mme Haley a indiqué que les discussions budgétaires à venir sur le financement de l’ONU ne préfiguraient nullement « un retrait des États-Unis ».

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