En cours au Siège de l'ONU

Forum de partenariat de l’ECOSOC: à petite ou grande échelle, les partenariats public-privé sont cruciaux pour la réalisation du développement durable

Session de 2017, Forum de partenariat
matin & après-midi
ECOSOC/6821

Forum de partenariat de l’ECOSOC: à petite ou grande échelle, les partenariats public-privé sont cruciaux pour la réalisation du développement durable

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, aujourd’hui, l’édition 2017 de son Forum de partenariat sur le thème « Partenariats pour promouvoir les opportunités, l’accroissement de la prospérité et du développement durable pour tous ». 

Cette journée de débats, qui était organisée autour d’un segment liminaire et de deux tables rondes, a été l’occasion pour les intervenants de confirmer le caractère crucial de ces alliances pour la réalisation de chacun des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le neuvième est d’ailleurs consacré aux partenariats.

« Si l’on veut réaliser le développement durable pour tous, il faut des partenariats stratégiques basés sur les principes de transparence et de responsabilité », a posé comme préalable à la discussion le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava.

« Les partenariats sont nécessaires, par exemple, pour assurer un accès à l’eau potable aux 800 millions de personnes qui n’en ont pas, ou encore fournir de l’électricité à un prix abordable », a observé le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson.  Il a misé en particulier sur la Conférence sur les océans, prévue du 5 au 9 juin 2017, pour mettre en valeur des partenariats stratégiques pour appuyer la sauvegarde des océans. 

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a quant à elle fait valoir qu’outre l’accès à l’eau et l’agriculture, les partenariats sont importants pour « la diffusion des connaissances et le partage des technologies », sans oublier leur rôle crucial pour renforcer les capacités des femmes.

Mme Mary Robinson, Présidente de la Mary Robinson Foundation-Climate Justice, s’est attardée de son côté sur les défis des changements climatiques, avertissant notamment que les gouvernements ne pourront pas réaliser les principes de l’Accord de Paris sans l’appui de la société civile.  

Les discussions de la première table ronde étaient consacrées à l’identification de partenariats novateurs dans le développement des infrastructures dans les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID). 

D’une manière générale, les experts et les délégations ont été d’accord pour dire que les partenariats public-privé fonctionnent bien pour les grands projets d’infrastructure, comme l’a fait remarquer Mme Marie-Jose Nadeau, ancienne Présidente du Conseil mondial de l’énergie.

Cela étant, un haut fonctionnaire de la Banque mondiale, M. Mahmoud Mohieldin, a toutefois constaté que le secteur privé ne voulait pas toujours se mobiliser lorsque les projets étaient trop importants, soit à cause d’un problème de capacités soit à cause de la règlementation.   

Chef de la Division des partenariats, de l’intégration régionale, des infrastructures et du commerce au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), M. Symerre Grey-Johnson, a aussi fait état d’un problème de capacités, notant que les ministères concernés n’ont pas toujours les compétences techniques nécessaires pour la mise en œuvre des projets.  Vu la complexité des partenariats public-privé, il a recommandé de recruter des personnes compétentes au plan international.

« A-t-on les cadres règlementaires nécessaires?  Est-ce que le niveau d’endettement d’un État lui permet d’honorer ses paiements? »  Tels sont les défis à relever pour maximiser les partenariats public-privé selon M. Trevor Davies, Chef mondial des services d’assistance au développement international chez KPMG, qui a par ailleurs regretté un débat trop général.

La deuxième table ronde, qui portait sur les directives régissant les partenariats associés des Nations Unies, a été l’occasion, pour les intervenants, de réaffirmer la nécessité de faire preuve de souplesse et de favoriser les innovations pour adapter les partenariats aux nouveaux défis de terrain. 

M. Craig Mokhiber, Chef des questions économiques et sociales, à la Division du droit au développement du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a également conseillé de mesurer la pertinence du produit final en le confrontant aux normes des droits de l’homme.  « Il ne faut pas que les gouvernements délèguent leurs responsabilités en matière de développement aux entreprises », a-t-il notamment affirmé.

Le représentant de l’Équateur, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a par ailleurs souhaité que les partenariats tiennent compte de la diversité des réalités de développement, tandis que les porte-parole de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et des PMA ont souligné le caractère indispensable de l’aide publique en développement (APD) pour laquelle les États Membres ont une responsabilité.

Certes, mais « les gouvernements ne pourront réaliser les objectifs de développement durable sans la contribution du secteur privé et de la société civile », a argué Mme Louise Kantrow, Observatrice permanente de la Chambre de commerce internationale auprès des Nations Unies.  Un débat que le représentant du Bélarus a élargi en invitant à former des constellations de partenariats plus larges englobant par exemple les médias, les universités et les jeunes. 

Depuis 2008, le Forum de partenariat réunit des représentants des entreprises, des fondations, du système des Nations Unies, de la société civile, du monde universitaire, entre autres, pour s’engager avec les gouvernements sur les moyens de mobiliser des partenariats à l’appui des objectifs de développement convenus au niveau international. 

PARTENARIATS POUR PROMOUVOIR LES OPPORTUNITÉS, L’ACCROISSEMENT DE LA PROSPÉRITÉ ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE POUR TOUS

Déclarations liminaires

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est réjoui de la tenue d’une réunion qui rassemble tous les partenaires moteurs du développement, soulignant la nécessité de « conjuguer nos forces » pour parvenir au développement durable.  Il a également appelé à faire preuve d’une volonté politique suffisante pour faire face aux défis qui se posent en matière de développement, « des défis qui le plus souvent dépassent les frontières ».  Il a reconnu le rôle vital que jouent les infrastructures dans le développement économique et social des villes et des nations, souhaitant tirer parti de toutes les synergies possibles entre le secteur public et le secteur privé.  « Si l’on veut réaliser le développement  durable pour tous, il faut des partenariats stratégiques basés sur les principes de transparence et de responsabilité », a-t-il ajouté.  Il a aussi indiqué que les Nations Unies étaient convaincues,  depuis longtemps, de la nécessité d’entendre toutes les idées pertinentes, de tous les partenaires.  L’ECOSOC, qui est un forum adapté à cet échange, joue un rôle particulier à cet égard, a-t-il observé.

M. PETER THOMSON (Fidji), Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, qui revenait de Dakar où il a assisté à une réunion spéciale de l’ECOSOC sur « l’innovation pour le développement des infrastructures et une industrialisation durable », a fait part du message de cette réunion qui a engagé à aller au-delà des moyens traditionnels de mise en œuvre et à trouver des façons novatrices de parvenir au développement  durable en Afrique.  Il a plaidé en faveur de partenariats pour, par exemple, assurer un accès à l’eau potable aux 800 millions de personnes qui n’en ont pas, ou encore fournir de l’électricité à un prix abordable.  Les partenariats seront également utiles pour scolariser les 120 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école.  M. Thomson a estimé nécessaire de faire appel à des ressources mixtes telles que les financements privés, l’aide publique au développement (APD) et les ressources  nationales. 

Le Président de l’Assemblée générale a encouragé les gouvernements à jouer leur rôle en établissant des cadres politiques et stratégiques favorables aux investissements.  Il faut, a-t-il ajouté, que les pays en développement, et notamment les pays en situation particulière, bénéficient d’une aide pour renforcer leurs capacités.  M. Thomson a annoncé la tenue d’autres réunions de haut niveau axées sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable qui rassembleront les gouvernements, la société civile, les investisseurs et les innovateurs, dont une sur la paix durable et l’action climatique.  Une autre réunion aura pour thème le « laboratoire de financement » (18 avril), tandis que « l’innovation et la connectivité », puis « l’éducation », seront les thèmes de réunions devant se tenir les 17 mai et 28 juin prochains.  Il a indiqué que l’on attend aussi de la Conférence sur les océans, prévue du 5 au 9 juin, des partenariats stratégiques pouvant mener les actions nécessaires à la sauvegarde des océans.  Cette conférence sera d’ailleurs organisée autour de sept dialogues sur le partenariat.

« Rien n’est impossible quand nous travaillons en partenariat », a déclaré Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en soulignant l’importance des partenariats pour diffuser des connaissances, partager des technologies et trouver les financements nécessaires à nos ambitions en matière de développement.  Elle a tout particulièrement souligné la pertinence des efforts de partenariat à long terme dans les domaines de l’assainissement, l’accès à l’eau et l’agriculture.  Elle a aussi expliqué que c’est l’orientation des investissements actuels qui déterminera les succès à venir en matière de développement.  La Vice-Secrétaire générale a par ailleurs appelé à tenir compte du fait que la majorité de la population mondiale vit en zone urbaine.  Elle a aussi dit l’importance que revêtent les partenariats pour renforcer les capacités des femmes et des pays en développement, pour ensuite appeler à revoir et adapter les stratégies de partenariat aux nouveaux enjeux.

Mme MARY ROBINSON, Présidente de la Mary Robinson Foundation-Climate Justice, a déclaré qu’aucun pays ne peut, à lui seul, protéger sa population contre les effets des changements climatiques.  C’est pourquoi l’ancienne Présidente de l’Irlande a appelé à mettre au point un nouveau paradigme et modèle de coopération pour lever les obstacles qui entravent les efforts de la communauté internationale.  « L’esprit de coopération semble être mis en péril alors que les vagues de populismes menacent », s’est-elle notamment inquiétée.  Mme Robinson a estimé que les partenariats doivent aussi permettre de trouver des solutions locales aux problèmes locaux.  Elle a aussi souligné les dangers, pour notre planète, d’une économie dépendant essentiellement des énergies fossiles, déclarant notamment qu’« investir dans une mine de charbon aujourd’hui c’est condamner notre avenir ».  Mme Robinson a en outre exhorté le secteur privé à appuyer les objectifs de développement durable en respectant le droit du travail et les droits environnementaux.  Elle a par ailleurs souligné que les gouvernements ne pourront pas réaliser les objectifs de développement durable et les principes de l’Accord de Paris sur les changements climatiques sans l’appui de la société civile.  Elle a aussi appelé à définir « un nouveau terrain moral » pour faire face aux défis en matière de changement climatique.  

Table ronde 1 sur le thème « Des partenariats novateurs pour une infrastructure résiliente, y compris dans les pays en situation particulière »

Dans quelles circonstances un partenariat public-privé peut-il être le plus efficace et quel secteur en bénéficie le plus? Comment tenir compte de la problématique homme-femme dans ce débat? Comment combler le déficit de financement des infrastructures?  Ce sont des questions que le modérateur de la discussion, M. RAJESH MIRCHANDANI, Vice-Président de la communication et de la sensibilisation au Centre for Global Development, a posées aux panelistes pour lancer la discussion.

Mme MOIRA FEIL, Coordonnatrice des politiques au G-20 et au Ministère fédéral allemand du développement économique et de la coopération (BMZ), a rappelé que le G20 est lui-même un partenariat.  Le G20, a-t-elle précisé, c’est deux tiers de la population mondiale, quatre-cinquième du PIB, trois-quarts des échanges mondiaux et 80% des émissions de gaz à effet de serre.  Elle a parlé d’un groupe de travail du G20 mis place en 2010 à ce sujet et mis l’accent sur le principe de la mutualisation des risques au sein de ce partenariat, avant de souligner l’importance de la transparence entre ses membres.  Le G20 a un rôle à jouer pour contribuer à combler les lacunes en matière d’investissement, a-t-elle expliqué.  Elle a aussi mentionné un partenariat avec l’Afrique mis en place l’an dernier par son pays.

Justement, M. SYMERRE GREY-JOHNSON, Chef de la Division des partenariats, de l’intégration régionale, des infrastructures et du commerce au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a fait part du succès de plusieurs partenariats menés en Afrique.  Il a toutefois indiqué que ce sont les partenariats régionaux qui ont enregistré le moins de succès, parlant des 433 projets entrepris d’ici à 2020. Il a d’ailleurs relevé que pas un seul de ces projets n’est exécuté par un partenariat public-privé, en raison de la nécessité de mettre en œuvre des projets de transport routier ou ferroviaire transfrontière qui nécessitent des garanties importantes.  Le vrai problème est le manque de préparation de ces projets, a-t-il tiré comme conclusion de cette expérience. Il a d’ailleurs fait remarquer que ce n’est pas l’argent qui manque, constatant que seuls les projets bien conçus et bien préparés motivent les partenaires. 

Mme MARIE-JOSE NADEAU, ancienne Présidente du Conseil mondial de l’énergie, un organe créé en 1933 qui regroupe 100 pays, a souligné à son tour les aspects très spécifiques qui caractérisent les partenariats public-privé.  Ceux-ci fonctionnent bien pour les grands projets d’infrastructure, a-t-elle remarqué, car les partenaires peuvent espérer en tirer des bénéfices.  Elle a aussi observé que ces partenariats sont mis en œuvre le plus efficacement là où l’état de droit prévaut et où les projets sont réalisables d’un point de vue financier.  Leur réussite dépend aussi de la disponibilité de capacités suffisantes pour les mettre en œuvre, a-t-elle ajouté, en notant à cet égard l’importance des formations.

M. ZHAO HUXIANG, Président d’International Federation of Freight Forwarders Associations (FIATA), la plus grande ONG dans le domaine des transports, Vice-Président de China Merchants Group et Président du Conseil d’administration de SINOTRANS, a parlé des investissements considérables consacrés aux pays émergeants, sa propre société ayant consenti des investissements majeurs dans ces pays.  Faisant écho aux propos de l’ancienne Présidente du Conseil mondial de l’énergie, il a lui aussi indiqué que les partenariats public-privé sont particulièrement importants pour les projets d’infrastructures.  Il faut néanmoins que les mécanismes d’appui soient de qualité pour mener à bien les projets d’infrastructures.

« Dans les partenariats public-privé, on apprend les uns des autres », a poursuivi Mme CHERYL MARTIN, Chef du Département des industries, membre du Conseil d’administration du Forum économique mondial et ancienne Directrice de Rohm and Haas, en parlant de « cercle vertueux ».  Elle a invité à examiner ces partenariats en s’interrogeant sur leurs incidences positives pour les femmes, l’éducation, les droits et le développement  des compétences.  Un certain nombre de projets de l’OCDE sont mis en œuvre dans le secteur de l’énergie, a-t-elle témoigné.

« On utilise deux perspectives pour aborder les partenariats public-privé », a fait observer à son tour M. MAHMOUD MOHIELDIN, Vice-Président principal à la Banque mondiale pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les relations et partenariats avec les Nations Unies, parlant de l’approche étroite, qui a trait aux investissements nécessaires, et de celle, plus large, qui examine les modalités de ces investissements.  L’approche « étroite » ne l’est pas tant que ça si l’on considère la quantité importante d’argent qu’il faut pour financer les infrastructures, a-t-il dit en conseillant d’exploiter les capacités des marchés du secteur privé.  Sur la question de la problématique homme-femme, il a mentionné l’existence de codes et de règles sur les questions sexospécifiques et pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.  En améliorant les infrastructures et la sécurité des transports, on augmente aussi les chances d’accès des femmes aux infrastructures, a-t-il ajouté.  Interrogé sur les partenariats menés par la Banque mondiale, il a indiqué qu’elle travaille actuellement sur 20 projets.

Le modérateur de la table ronde a ensuite fait réagir les intervenants sur le problème des « projets mal préparés ».  L’expert du NEPAD a reconnu qu’il y avait un problème de capacités, notant que les ministères des pays africains n’ont pas toujours les compétences techniques nécessaires pour la mise en œuvre des projets.  Vu la complexité des partenariats public-privé, il a recommandé de recruter des personnes compétentes au plan international.

Une autre solution est d’autonomiser le personnel local, comme en a témoigné le Président de FIATA qui a parlé d’un programme de formation des formateurs que le FIATA a mis en place.  La représentante du Conseil mondial de l’énergie a, quant à elle, cité en exemple le lancement récent d’une académie qui vise à motiver les professionnels du secteur de l’énergie, et qui travaille en partenariat avec des universités d’Amérique du Sud.  En outre, le Conseil a mis au point un indice qui permet d’évaluer les besoins des pays et d’identifier les mesures à prendre pour augmenter leurs capacités.  Pour elle, les compétences les plus utiles sont celles qui ont trait aux marchés, aux cadres règlementaires et aux aspects techniques. 

L’experte du G20 a voulu partager son expérience acquise avec le partenariat africain du G20, qui compte trois éléments, dont l’un est lié aux infrastructures du secteur de l’énergie.  Elle a mentionné une initiative lancée récemment par le G20 dont l’objectif est de faciliter la coopération entre les institutions financières internationales et les partenaires africains.

Un autre problème se pose lorsque le secteur privé ne veut pas se mobiliser parce que les projets sont trop importants, a ensuite remarqué le représentant de la Banque mondiale.  Lorsque le secteur privé ne s’engage pas sur un projet, « il faut se demander si c’est un problème de capacités ou un problème de règlementation », a-t-il dit.

De son côté, le Président de FIATA a expliqué avoir mené des études de faisabilité sur la façon dont le secteur public peut travailler avec le secteur privé.  « On a constaté, dans certains pays, que le premier est souvent plus optimiste que le deuxième. »  La confiance est cruciale dans ces partenariats, a remarqué pour sa part l’expert de la Banque mondiale.

« Ce qui m’a frappé aujourd’hui, c’est que le débat est très général », a résumé M. TREVOR DAVIES, Chef mondial des services d’assistance au développement international chez KPMG, en tirant les enseignements de la discussion.  Il aurait aimé entendre plus d’idées pour les pays en situation particulière.  Pour faire face à la croissance démographique de l’Afrique, il a notamment prévenu qu’il faudrait construire, au cours des prochaines années, 140 villes de la taille de New York dans l’ensemble du continent.  Il a donc appelé à maximiser les partenariats public-privé pour parvenir à réaliser tous les objectifs de développement durable, en relevant les défis suivants: « a-t-on les cadres règlementaires nécessaires? Est-ce que le niveau d’endettement d’un État lui permet d’honorer ses paiements? »  Il n’en a pas moins noté le travail important réalisé avec le continent africain « où l’on peut conclure beaucoup d’affaires intéressantes ».  

Étonné lui aussi par la teneur du débat, qui a porté essentiellement sur les grands investissements dans les grandes infrastructures, M. ELLIOTT HARRIS, Directeur du Bureau du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à New York, a expliqué que cela n’était pas représentatif de la réalité des pays en développement.  « Les projets d’infrastructures ne sont pas tous des projets à grande échelle, a-t-il relevé, surtout dans les petites économies dont nous parlons. »  Il a donné des exemples d’investissements à petite échelle qui permettent d’atteindre des objectifs de développement, comme cela a été le cas au Bangladesh pour améliorer l’accès à l’énergie. 

« Capacité, confiance et réduction des risques », a résumé le représentant  du Japon, pays qui accueille les réunions de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique.  Son collègue de l’Afrique du Sud a demandé, en particulier, de respecter le rôle des gouvernements nationaux dans la mise en œuvre des partenariats public-privé sur leurs territoires.  La coopération Sud-Sud ne doit intervenir que pour compléter la coopération Nord-Sud, a-t-il tenu à préciser.  En ce qui concerne la Chine, son représentant a mentionné la coopération bien établie entre l’Asie et l’Afrique.

La représentante de la Zambie a attiré l’attention sur l’insuffisance des infrastructures des pays sans littoral qui se heurtent à de grands problèmes de développement, tandis que ses collègues des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), et de Nauru, au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, ont souligné des problèmes similaires pour les PEID et prévenu des besoins importants en matière de financement.

Comment adopter une approche équilibrée vraiment efficace dans la promotion des partenariats? a demandé le représentant du Maroc.  La déléguée des Émirats arabes unis a expliqué avoir revu son approche car, après s’être concentré sur le matériel, son pays a compris qui fallait investir aussi dans l’augmentation des capacités.  Pour la représentante de la République de Corée, il faut avant tout créer un environnement favorable aux partenariats, en garantissant la transparence des données.

Enfin, la représentante de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a annoncé une réunion sur le thème « Innover pour l’eau » qui se tiendra en juin 2017, à Genève.  De son côté, la représentante de l’Union internationale des transports routiers a vanté les mérites d’un partenariat mondial dans les transports, mais regretté qu’il n’y ait pas encore de définition du « financement vert » alors qu’il faudrait réguler les marchés selon des normes écologiques.

Table ronde 2 sur le thème « Les principes et les directives régissant les partenariats associés des Nations Unies »

Cette deuxième table ronde du Forum de partenariat a été l’occasion, pour les participants, d’entendre de nombreuses interventions sur la nécessité de faire preuve de souplesse et d’innovation pour adapter les partenariats, leurs principes et directives, aux nouveaux défis rencontrés sur le terrain, dont la réalisation des 17 objectifs de développement durable

« Les incidences positives sur les êtres humains sont les principaux critères pour choisir un partenariat », a expliqué M. CRAIG MOKHIBER, Chef des questions économiques et sociales, à la Division du droit au développement du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Ce dernier a aussi souligné la nécessité de mesurer la pertinence du produit final en le confrontant aux normes des droits de l’homme. 

De son côté, le modérateur, M. GAVIN POWER, Directeur adjoint du Pacte mondial des Nations Unies, a jugé indispensable que les partenaires de l’ONU respecte les 10 principes des Nations Unies en matière de droits de l’homme, de droit du travail et droit de l’environnement.  « Toutes les opportunités d’établir des partenariats ne doivent pas nous faire oublier la responsabilité des États Membres en matière d’aide publique au développement (APD)», ont dit les représentants d’El Salvador, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des caraïbes (CELAC) et du Bangladesh, au nom des pays les moins avancés (PMA).  Les représentants du CELAC et des PMA ont appelé à se pencher sur la transparence, la cohérence, l’appropriation et la supervision gouvernementale, ainsi que sur les retombées, le suivi et la reddition des comptes.  « Il ne faut pas que les gouvernements délèguent leurs responsabilités en matière de développement aux entreprises », a, pour sa part, insisté le représentant du Haut-Commissariat des droits de l’homme

Plusieurs intervenants ont relevé le rôle déterminant du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) en matière de coordination des différents partenariats et invité le Département des affaires économiques et sociales (DAES) à se livrer à une cartographie des partenariats en cours.

Illustrant la démarche de son organisation, M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Représentant spécial de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a expliqué que l’OIT a révisé les principes de son partenariat pour s’adapter aux nouveaux objectifs de développement durable.  Nous sommes en train de mettre en place notre nouvelle stratégie pour mieux travailler avec la société civile et le secteur privé, a expliqué, de son côté, M. OLAV KJÖRVEN, Directeur des partenariats publics au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Ce dernier a notamment indiqué que 15 000 enfants avaient soumis leurs commentaires pour guider la mise à jour des principes et directives régissant les partenariats associés à l’UNICEF

M. GEOFFREY HAMILTON, Chef du Programme PPP à la Commission économique pour l’Europe (CEE), a expliqué qu’il était indispensable que les partenariats public-privé gardent l’être humain au cœur de leur démarche pour s’aligner sur les objectifs de développement durable.  Il a dit la nécessité de convaincre les acteurs du secteur privé au bien-fondé des objectifs de développement durable.

« Nous avons révisé nos orientations ces deux dernières année afin d’adapter nos propres directives », a déclaré, quant à elle, Mme NANCY ABURI, Chef du développement des partenariats au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avant de souligner la nécessité d’un nouveau type de partenariat qui ne se limite pas seulement à des levées de fonds ou actions philanthropiques

Réagissant aux commentaires des intervenants, Mme LOUISE KANTROW, Observatrice permanente de la Chambre de commerce internationale auprès des Nations Unis à New York, a rappelé que les gouvernements ne pourront réaliser les objectifs de développement durable sans la contribution du secteur privé et de la société civile avant d’appeler à faire coïncider les orientations des entreprises et celles de l’ONU en matière de partenariats.  « Nos rapports sur les partenariats sont un guide pour les entreprises et l’ONU », a renchéri M. PIETRO BERTAZZI, Directeur adjoint des affaires politiques et mondiales de l’Initiative mondiale sur les rapports de performance (GRI).  Il a appelé à faire preuve de souplesse et d’innovation pour trouver de nouveaux modèles de partenariats. 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Équateur a souhaité que les partenariats tiennent compte des spécificités et priorités nationales, dont, notamment, la diversité des réalités de développement.  Il a invité le Département des affaires économiques et sociales (DAES) à se livrer à une cartographie des partenariats en cours.  « Les initiatives Sud-Sud sont souvent parmi les plus innovantes », a souligné le représentant de la Commission économique pour l’Europe (CEE)

« Si les gouvernements, le secteur privé et la société civile constitue le noyau du partenariat », le représentant du Bélarus a appelé à former des constellations de partenariats plus larges englobant par exemple les medias, les universités et les jeunes.  Celui du Tadjikistan a dit l’importance du « fonds vert » pour aider les PMA et les PEID à faire face à leurs défis en matière d’infrastructures.   

Au nom de la CARICOM, la représentante de la Grenade a appelé à aller au-delà des actes pour permettre une réelle coordination avec les initiatives nouvelles en matière d’infrastructures.  Celle de la République dominicaine a exhorté les organisations de l’ONU à ne plus travailler avec les entreprises qui ont été rayées de la liste du Pacte mondial.  M. FELIX DODDS, chercheur et consultant en développement durable, a souligné la pertinence de la recommandation en notant que 6 000 entreprises ont été radiées pour ne pas avoir respectées les normes du pacte mondial en matière de droit du travail, droit de l’environnement ou droits de l’homme.  Le problème n’est pas seulement la confiance, a-t-il affirmé.

Remarques de clôture

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC s’est félicité de ces échanges qui ont permis de souligner l’importance cruciale des partenariats afin de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: investir dans la jeunesse, notamment en Afrique, pour réaliser le développement durable

Cinquantième session,
5e séance & 6e séances – matin & après-midi
POP/1058

Commission de la population et du développement: investir dans la jeunesse, notamment en Afrique, pour réaliser le développement durable

Il n’y a pas de structure par âge idéale pour parvenir au développement durable mais des progrès peuvent toujours être obtenus à condition que les pays fassent les investissements nécessaires. C’est sur ce constat que la Commission de la population et du développement a poursuivi la troisième journée de débat de sa session annuelle, en accordant une attention spéciale au poids démographique des jeunes en Afrique.

La Commission a entendu ce matin une trentaine de délégations, dont celles de plusieurs pays africains confrontés à des défis démographiques qui risquent d’hypothéquer leurs efforts de développement si des stratégies ne sont pas mises en place pour atteindre le dividende démographique, soit un excellent ratio consommateurs-producteurs porté par une forte population en âge de travailler. 

Faute de politiques axées sur la population, la santé, l’éducation, l’emploi et la protection sociale, toute structure par âge peut présenter des problèmes majeurs, ont averti cet après-midi quatre experts invités par la Commission.  C’est le cas dans 80% des pays arabes où l’on assiste à une « contre-transition démographique ».  Au lieu de diminuer, la fécondité augmente ou se stabilise à des niveaux élevés, a expliqué un expert de l’Institut national français d’études démographiques.

Avec un taux de croissance annuel moyen de 2,84%, la population du Togo est composée à 61% de jeunes de moins de 25 ans.  Cette pyramide à base élargie pose d’énormes défis quant à la satisfaction des besoins des habitants, notamment en ce qui concerne l’accès à la santé, à l’éducation, à la bonne alimentation et à l’emploi décent.

Au Burundi où la densité moyenne de la population est d’environ 400 habitants par kilomètre carré, l’État entend investir dans la jeunesse par des stratégies de promotion de la planification familiale et l’amélioration des services de santé reproductive adaptés aux adolescents et aux jeunes. Pour le Bénin, la priorité est la bonne mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin de réduire la pauvreté, notamment à travers la promotion de la santé et de l’éducation des filles.

À l’instar de son voisin burundais, la République démocratique du Congo, réalisant qu’elle se situait à l’étape initiale de la transition démographique, caractérisée par une fécondité très élevée de 6,6 enfants par femme en moyenne et une mortalité générale en baisse depuis les années 1960, a mis en œuvre un plan stratégique national de planification familiale pour 2014-2020.  Au Kenya, la baisse du taux de fertilité à 3,5 enfants par femme aura des implications sur la croissance de la population, la structure par âge et le développement durable.

En Gambie, près de 43% de la population a moins de 15 ans et 21% a entre 15 ans et 24 ans.  Cette structure par âge signifie un potentiel pour une croissance rapide de la population et un taux de dépendance élevé qui pourrait porter les germes du désordre social.  Le défi est de préparer les jeunes à une vie productive pour accroître les richesses et le développement du pays. En Ouganda également, la population est jeune comme en témoigne le taux de dépendance élevé qui constitue un lourd fardeau pour la population active. 

Toutefois, il ne faut pas oublier que les personnes âgées constituent le groupe d’âge de la population mondiale dont la croissance est la plus forte, les projections indiquant que leur nombre sera au moins multiplié par deux d’ici à 2050.  C’est ce qu’ont rappelé un certain nombre de pays, dont la Pologne et l’Allemagne.  En Norvège cette situation a été compensée par un taux de fertilité élevé même si elle baisse de manière « incompréhensible » ces dernières années.  L’immigration relativement élevée a aussi contribué à rendre la situation « moins dramatique ».   

À propos de migration, le Maroc, qui devient de plus en plus un pays de destination, a lancé l’initiative intitulée « L’Alliance sur la migration et le développement », qui encourage la protection des droits fondamentaux des migrants sur la base de la responsabilité partagée et le renforcement de la coopération entre les Etats de l’espace euro-africain.

Pour revenir au thème de la session « évolution de la structure par âge de la population et développement durable », la Norvège a noté des lacunes dans le cadre normatif, notamment « l’absence de référence explicite aux droits sexuels dans le Programme d’action du Caire ».  Elle a proposé d’inclure « l’accès à l’avortement sûr et légal » dans la résolution de cette année, une proposition rejetée catégoriquement par Nauru qui a argué: « les problèmes de développement exigent certes un partenariat mais ce partenariat doit respecter les différences ».

Les objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement –Programme d’action du Caire- ont été formulés en prenant en compte les particularités des États, a insisté à son tour la Fédération de Russie pour laquelle « une politisation non justifiée de la question de la démographie envisagée uniquement du point de vue des droits de l’homme risque de brouiller les priorités et d’empêcher une bonne coopération entre les États ».  L’Égypte a renchéri en jugeant important que la Commission « se concentre sur son rôle en restant fidèle à son mandat sans inclure de force des questions controversées qui n’ont rien à voir avec son esprit principal ».

La Commission a aussi entendu aujourd’hui les exposés nationaux volontaires de huit pays: Chine, Ghana, Indonésie, Philippines, Soudan, Finlande, Mexique et Norvège.

Non seulement la Chine doit faire face aux défis d’une forte population, des tensions entre les ressources et l’environnement et des pressions sur l’emploi, comme tous les pays en développement, mais elle doit aussi s’attaquer aux problèmes typiques d’un pays développé, à savoir un taux de fécondité assez bas et une population âgée.  L’équilibre démographique est donc devenu une stratégie nationale « majeure ».  Selon les prévisions, la population chinoise atteindra le 1,45 milliard d’habitants d’ici à 2030, suivi d’une croissance négative puis d’une chute à 1,4 milliard en 2050. 

La Commission poursuivra demain ses travaux à partir de 10 heures

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL

THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)

Suite du débat général

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a indiqué que la population malaisienne devrait passer de 31,9 millions d’habitants en 2016 à 41,5 millions en 2040, la croissance démographique baissant tout de même de 1,8% en 2010 à 0,8% en 2040. L’âge médian de la population a augmenté de 21,4 ans en 1991 à 28,7 en 2015 et le nombre des personnes de plus de 60 ans et plus, de 5,6% à 9,1%.  Grâce à l’amélioration de l’éducation, à la multiplication des opportunités d’emploi et à un meilleur accès à la santé reproductive, le taux de fécondité ne cesse de baisser depuis 1991, tombant aujourd’hui à 2,1 enfants par femme.  Le Gouvernement voit dans ces faits l’occasion de récolter un dividende démographique.  Il a mis en place des mesures incitatives pour concilier vie professionnelle et vie familiale, dont des congés maternité et paternité, de 90 et 7 jours respectivement, sans compter les subsides pour permettre aux familles de placer leur enfant de moins de 4 ans en crèche.  Le représentant a aussi énoncé d’autres mesures en faveur de la participation des femmes au marché du travail, de la population active en général et des jeunes. 

M. DIRK JAKOBI (Allemagne) a souligné que depuis que le thème « évolution de la structure par âge de la population et développement durable » a été inscrit à l’ordre du jour de la Commission, la population mondiale n’a cessé d’augmenter et de changer.  La génération actuelle de jeunes est la plus importante de l’histoire de l’humanité.  Ces jeunes veulent vivre, apprendre, travailler et mener une vie meilleure.  Nous devons tout faire, a voulu le représentant, pour protéger leurs droits, les aider à réaliser leur plein potentiel et à devenir des adultes en bonne santé dotés d’une bonne instruction.  Ces buts ne sont pas seulement importants pour la prospérité et l’épanouissement des jeunes eux-mêmes mais aussi pour la prospérité et le développement des pays.

Dans le même temps, les gens vivent aussi plus longtemps, a souligné le représentant.  Ils sont plus sains, plus actifs et plus mobiles que les générations précédentes et c’est une bonne nouvelle.  De nombreux pays ont vu le déclin de la mortalité et l’augmentation de l’espérance de vie qui sont tous deux des indicateurs de succès.  Cette nouvelle, a estimé le représentant, devrait nous encourager dans nos efforts à allonger l’espérance et la qualité de vie de tous les segments de la population.  Mais une espérance de vie plus longue signifie aussi populations âgées et l’Allemagne ne fait pas exception.  Ayant une des populations les plus vieilles au monde, elle fait face à un vrai défi  démographique.   

Or, une étude de la stratégie démographique allemande publiée en 2012 montre que chaque groupe d’âge contribue à la prospérité et au bien-être de la société.  Gérer l’évolution démographique est une tâche qui exige des efforts à tous les niveaux du gouvernement et l’implication de toutes les forces de la société.  L’une des leçons que l’Allemagne a apprise est que nous ne sommes pas impuissants face aux défis posés par une population vieillissante.  En regroupant un large éventail de domaines politiques interdépendants, nous pouvons tirer parti des deuxième et troisième dividendes démographiques et, en fin de compte, protéger la croissance à long terme et la prospérité. 

Puisque l’évolution démographique et le développement durable sont étroitement liés, l’Allemagne travaille avec ses pays partenaires à la prise en compte des tendances démographiques dans les processus de planification nationale.  Nous appuyons, a expliqué le représentant, la collecte, l’analyse et l’utilisation de données démographiques désagrégées pour améliorer une planification du développement fondée sur des données probantes à tous les niveaux de prise de décisions.  Nous serions ravis de partager notre expérience nationale avec tous nos partenaires, a conclu le représentant.

Dans le cadre du processus de transition démographique qu’a connu son pays durant les quatre dernières décennies, a dit M. OMAR HILALE (Maroc), la baisse des risques de décéder à chaque âge s’est accompagnée d’une baisse de la fécondité qui concourt également au vieillissement de la population.  La part des plus de 60 ans dans la population devrait atteindre 15,4% d’ici à 2030.  Les enjeux de ce phénomène concernent notamment le devenir du système de protection sociale, dont les retraites et la santé, a-t-il précisé.

Pour s’adapter à cette réalité, le Gouvernement marocain a instauré la couverture médicale obligatoire de base avec l’assurance maladie obligatoire et le régime d’assurance maladie pour les économiquement démunis.  De même, a expliqué le représentant, il a adopté en juillet dernier une loi concernant le relèvement progressif de l’âge du départ à la retraite de 60 à 63 ans.  Par ailleurs, le Gouvernement a adopté en 2014 la Stratégie nationale de la jeunesse qui cible les jeunes âgés de 15 à 29 ans, qui représentent 30% de la population du Maroc.  Une nouvelle stratégie nationale d’éducation a été élaborée pour la période 2015-2030 appelée « Vision stratégique 2030 » qui s’appuie sur trois principes fondamentaux: l’égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion individuelle et sociale.  

Étant donné que le Maroc devient de plus en plus un pays de destination pour les migrants, le Roi Mohamed VI a lancé l’initiative « L’Alliance sur la migration et le développement », qui encourage la protection des droits fondamentaux des migrants sur la base de la responsabilité partagée et le renforcement de la coopération entre les États de l’espace euro-africain.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a recommandé de continuer de s’appuyer sur les recommandations de la Conférence du Caire de 1994 et de parvenir à une vie digne pour tous.  « Il est important pour la Commission de se concentrer sur son rôle en restant fidèle à son mandat et de ne pas inclure de force des questions controversées qui n’ont rien à voir avec son esprit principal », a-t-IL fait valoir.  La croissance démographique met en péril les gains obtenus en matière de développement, a mis en garde le représentant.  Les crises démographiques doivent être résolues en prêtant une plus grande attention à la santé et à l’éducation.  Dans son plan national de développement 2030, l’Égypte met en place un consensus qui porte sur les familles et les institutions, a-t-il résumé.  Les pays en développement ont besoin d’un soutien technique et financier pour assurer leur développement et investir dans la jeunesse, a-t-il tenu à rappeler. 

Mme OLOF SKOOG (Suède) a indiqué que depuis l’adoption du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, les progrès sont trop lents et inégaux.  Les Nations Unies doivent aider les États à mettre en œuvre ce Programme d’action.  Pour profiter du dividende démographique, il faut respecter les droits de l’homme notamment les droits sexuels et reproductifs, a estimé la représentante dont le pays offre une palette de services dans ce domaine, en particulier aux adolescents et adolescentes.  L’éducation sexuelle complète est la solution pour prévenir les grossesses non désirées et les décrochages scolaires.  Il est important que les femmes et les filles puissent contrôler leur propre corps.  La représentante a également confirmé que son pays continuera de contribuer financièrement au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Elle est revenue sur l’initiative « She decides » qui est un mouvement mondial visant à ce que les femmes et les filles puissent jouir de leurs droits.

Mme JOSEPHINE KIBARU-MBAE, Directrice générale du Département de la planification et de la statistique du Kenya, a dit que la baisse du taux de fertilité à 3,5 enfants par femme aura des implications sur la croissance de la population, la structure par âge et le développement durable.  La population kenyane a augmenté de 10,9 millions en 1969 à 38,5 millions d’individus en 2010.  Elle devrait atteindre les 64 millions de personnes en 2030.  La proportion des enfants était de 30% en 2010 et elle devrait atteindre les 25% avant 2030.  En conséquence, le Gouvernement a mis en œuvre des programmes de survie de l’enfant comme la vaccination, la nutrition, la lutte contre le paludisme et le VIH/sida.

La proportion des adolescents devrait baisser de 24 % en 2010 à 22% de la population totale en 2030.  Celle des jeunes devrait aussi descendre de 9,9% à 9,1% entre 2010 et 2030.  La politique nationale de la jeunesse offre un cadre de travail dans lequel toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile peuvent contribuer.  D’autres mesures prévoit la création un fonds de développement de l’entreprenariat des jeunes, un quota de 30% réservé aux jeunes dans les appels d’offres publics, le développement d’une feuille de route sur le dividende démographique et l’offre d’opportunités d’emplois-jeunes dans le domaine de la culture. 

Le Gouvernement a développé et mis en œuvre sa politique nationale sur la vieillesse en 2009.  Il a créé à leur intention le programme de transfert d’argent et reculé l’âge du départ à la retraite dans la fonction publique de 55 ans à 60 ans.  L’article 47 de la Constitution est celui qui consacre les droits des personnes âgées, a encore indiqué la représentante.

Mme CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) a indiqué que comme la population de son pays ne cesse de décliner et de vieillir, le Gouvernement a actualisé son plan national de développement qui, étalé sur une période de 20 ans, répond aux préoccupations démographiques émergentes.  Ce plan offre une stratégie sur trois piliers, à savoir, la promotion des accouchements de qualité, l’amélioration d’une force de travail productive et l’appui aux mesures visant à maintenir une population âgée active.  Aussi, en juillet dernier, la loi sur la prévention de la grossesse chez les adolescentes est entrée en vigueur.  Elle vise d’ici à 2025 à diviser par 2 le nombre des grossesses chez les filles âgées de 10 à 19 ans, en leur donnant accès aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive.  En outre, les stratégies et politiques de santé reproductive (2017-2026) visent à maintenir le taux de fécondité à 1,6% et à assurer la santé physique et mentale des mères et des nourrissons. 

Pour accroître la productivité dans le contexte de l’évolution démographique, le Gouvernement a initié plusieurs mesures dont des déductions fiscales et des subsides pour les familles de trois enfants, un appui à la participation des femmes sur le marché de l’emploi, le congé parental pour les pères et les mères et des crèches à des prix abordables.  Quant au soutien aux personnes âgées, dont le nombre devrait doubler d’ici à 2030 pour atteindre 17,7 millions soit un quart de la population totale, le deuxième plan sur le vieillissement (2002-2012) a été révisé et transformé en un plan stratégique.  Des lois sur la prolongation de l’âge du départ à la retraite et des programmes sur les revenus et la sécurité des personnes âgées ont également été mis en place.  

M. IGOR KHARITONOV (Fédération de Russie) a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour adopter une approche équilibrée et juste en matière de population et de développement, afin de garantir à tous les pays de meilleures conditions de vie.  La Fédération de Russie, qui s’intéresse tout particulièrement aux questions liées aux personnes âgées, a adopté une stratégie d’ici à 2025 pour augmenter leurs chances d’emploi et leur accès à la santé et à l’éducation.  Parmi les 230 indicateurs de suivi des objectifs de développement durable, plus d’un tiers sont liés aux questions de population et de développement, a souligné le représentant.  Il a recommandé à la Commission de travailler en plus étroite coopération avec la Commission de statistique.  D’après lui, « une politisation non justifiée de la question de la démographie envisagée uniquement du point de vue des droits de l’homme ne fera que brouiller les priorités et empêcher une bonne coopération entre les États ».  Les objectifs du programme d’action du Caire ont été formulés en prenant en compte les particularités des États, a-t-il rappelé.   

Selon M. GEIR O PEDERSEN (Norvège), il faut redoubler d’efforts pour satisfaire les besoins de 225 millions de personnes en termes de planning familial dans les pays en développement.  Ensuite, a-t-il fait valoir, les investissements dans l’éducation et la santé des jeunes sont susceptibles d’aider les sociétés à atteindre leur dividende démographique.  Dans la mesure où les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes, il faut aussi adopter une démarche soucieuse de la problématique hommes-femmes et tenir compte de la pression que subissent les femmes qui travaillent tout en s’occupant de parents âgés et d’enfants.

Des données fiables sont indispensables pour suivre l’évolution de la structure par âge de la population, a ajouté le représentant.  Les politiques en matière de population doivent également se fonder sur les droits de l’homme.  Il a proposé de s’inspirer de l’expérience des pays qui ont amélioré la santé maternelle, en assouplissant leur législation sur l’avortement.  À ce sujet, la Norvège propose d’inclure « l’accès à l’avortement sûr et légal » dans la résolution de cette année.  Enfin, le représentant a noté des lacunes dans le cadre normatif, notamment « l’absence de référence explicite aux droits sexuels dans le programme d’action du Caire ».

Mme ELENA DOBRE (Roumanie) a dit que depuis 20 ans, le pays sent les conséquences d’une évolution démographique marquée par la baisse de la fécondité et de la natalité, l’augmentation de la population urbaine et de l’exode rural.  Ces 20 dernières années, les services sociaux ont été la priorité notamment l’éducation et la santé.  Le Gouvernement continue de mettre en œuvre des politiques de création d’emploi, de réduction de la pauvreté et d’intégration sociale.  Il a augmenté le nombre des garderies et des écoles et octroyé une aide au retour au travail des mères qui viennent d’accoucher, dont des programmes de formation.  Une aide est aussi offerte aux personnes âgées grâce à une stratégie de formation ciblée.  La politique sociale de la Roumanie est adossée aux normes européennes, a indiqué la représentante pour qui les mesures sociales doivent être toujours adaptées aux réalités nationales.

Très bientôt la structure démographique et les défis de notre pays vont se modifier, a prévenu  M. MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie).  « Nous devons prêter attention à toutes les étapes de cette transition démographique en tenant compte de tous les facteurs qui ont un impact sur les sociétés concernées », a-t-il ajouté.  Il a réitéré les principes d’insertion, d’égalité, de non-discrimination et de protection de tous les droits de l’homme, y compris en matière de procréation.  Le Gouvernement colombien, a expliqué le représentant, a élargi les services fournis à la population rurale et dans les agglomérations territoriales. Il se prépare à organiser un recensement en 2018 et s’est allié au secteur privé et à la société civile pour organiser un recensement sur la santé tous les cinq ans, dont la santé sexuelle et génésique.  « Nous devons œuvrer de façon consensuelle pour atteindre les résultats dont nos sociétés ont besoin », a-t-il conclu. 

Après avoir élaboré ce qu’a fait son gouvernement pour tenir compte de l’augmentation de la population en particulier du nombre des jeunes, Mme MAYSOON AL-ZOUBI (Jordanie) a mis l’accent sur la présence de 1,3 million de réfugiés syriens soit un sixième de la population jordanienne.  Cela a mené, a-t-elle dit, à l’augmentation du taux de croissance de la population, impactant la structure par âge et la transition démographique, et créant de nombreux défis dont le plus important est le report du dividende démographique qui était attendu comme résultat de la différence entre les taux de fertilité et de mortalité des Syriens et ceux qui prévalent parmi les Jordaniens.

Les réfugiés syriens représentant également un grand nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail jordanien, en particulier le secteur informel, ce qui crée une pression constante sur l’emploi des Jordaniens.  Malgré ces défis, la Jordanie a choisi de se concentrer sur le positif, en particulier les compétences professionnelles de la main d’œuvre syrienne.  La représentante n’a pas caché que la présence des réfugiés syriens a culturellement une influence négative compte tenu de leurs coutumes et traditions, dont les mariages précoces et le travail des enfants, sans compter les naissances non enregistrées.  La communauté internationale, a conclu la représentante, doit soutenir la Jordanie, en contribuant le plan de réponse humanitaire 2017-2019. 

M. ZEPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a prévenu que son pays était confronté à des défis démographiques qui risquent d’hypothéquer ses efforts de développement socioéconomiques si des stratégies ne sont pas mises en place pour atteindre le dividende démographique.  À titre d’exemple, la densité moyenne de la population au Burundi est d’environ 400 habitants par kilomètre carré, l’indice de fécondité est de 4,6 enfants par femme et 65% de la population est constitué de jeunes de moins de 25 ans.  Le Gouvernement s’est engagé à contribuer à l’amélioration du niveau et de la qualité de vie de tous les Burundais, grâce à une gestion plus efficace des questions de population, a assuré le représentant.  Pour atteindre cet objectif d’ici à 2025, il entend faire passer le taux de fécondité à 3 enfants par femmes, l’espérance de vie à 60 ans et le taux d’accroissement de la population à 2%.  L’État entend aussi investir dans la jeunesse par des stratégies de promotion de la planification familiale et l’amélioration des services de santé reproductive adaptés aux adolescents et aux jeunes.

M. WILLIAM COMLAN (Bénin) a indiqué que son pays, qui compte environ 10 millions d’habitants, s’était engagé à améliorer les conditions de vie de sa population à travers des politiques et des programmes largement inspirés du programme d’action de la Conférence du Caire.  Depuis 1990, le Bénin s’est engagé dans la lutte contre la discrimination fondée sur le sexe, avec l’adoption de sa loi fondamentale qui garantit l’égalité entre les sexes à tous les niveaux.  Dans le cadre de sa politique de population, révisée en 2006, il a adopté la loi relative à la santé sexuelle et reproductive, la loi sur la répression de la pratique des mutilations génitales féminines, la loi sur la prévention, la prise en charge et le contrôle du VIH/sida, et la loi sur la répression du harcèlement sexuel et la protection des victimes.

À travers son programme « Le Bénin révélé », pour la période 2016-2021, le nouveau Gouvernement a pris des mesures pour une bonne mise en œuvre du développement durable à l’horizon 2030 afin de réduire la pauvreté dans le pays, a souligné le représentant.  Ce programme fait une place de choix à l’autonomisation des femmes et au développement du capital humain, notamment à travers la promotion de la santé et de l’éducation des filles, et a prévu des projets qui aideront les couches vulnérables à sortir de la précarité.

Mme ALINA POTRYKOWSKA, Secrétaire générale du Conseil sur la population du Gouvernement de la Pologne, a reconnu que son pays faisait face à de graves problèmes démographiques depuis 20 ans.  Déjà en 2015, les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient près de 23% de la population.  Dans ce contexte, a-t-elle révélé, la Pologne prend des mesures pour accroître la fertilité des femmes, et pour limiter l’émigration de ses citoyens et créer les conditions de leur retour.  La stratégie de développement durable récemment adoptée par le Gouvernement souligne l’importance d’attirer sur le marché du travail polonais des travailleurs migrants qualifiés.

Le Ministère de la santé polonais, a expliqué l’intervenante, a pris une série d’initiatives pour améliorer la santé génésique de la population.  Le taux de prévalence du VIH/sida y est faible.  Pour ce qui est de la politique de la famille, le Gouvernement a institué une prime pour la naissance d’un enfant et un congé parental payé de 26 semaines pour chacun des parents qui peuvent les prendre en même temps.  De plus, une personne employée depuis au moins six mois peut prendre jusqu’à 36 mois de congé sans solde pour s’occuper d’un enfant, et si l’enfant est handicapé, elle peut prendre 36 mois de plus.  Mme Potrykowska a mentionné le programme 2017 pour le développement des garderies pour les enfants de moins de 3 ans et le programme pour les familles de 2014 qui offre une subvention de 500 zlotys par mois à partir du second enfant, dès la naissance et jusqu’à l’âge de 18 ans.  

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA  (Cabo Verde) a cité l’aspiration numéro 6 de l’Agenda 2063 intitulé « L’Afrique que nous voulons » qui dit spécifiquement que « nous voulons une Afrique dont le développement est axé sur les personnes, qui repose sur le potentiel des populations, en particulier les femmes et les jeunes, et qui se soucie du bien-être des enfants ».  Avec une population essentiellement jeune, Cabo Verde, à l’instar d’autres pays africains, fait face à une transition démographique.  Face à cette situation, le Gouvernement a conçu des politiques pour rendre obligatoires l’éducation et l’accès à la santé, y compris la santé sexuelle et génésique, et pour promouvoir l’inclusion sociale, la croissance économique et la parité des sexes, a expliqué le représentant.  Néanmoins, en tant que petit État insulaire en développement, Cabo Verde connait un certain nombre de limitations.  Le pays est confronté aussi à la prévalence élevée de maladies non transmissibles et au fait qu’il est devenu un pays de destination pour les migrants.  

M. NYI NYI, Directeur général adjoint du Département de la population du Ministère du travail, de l’immigration et de la population du Myanmar, a indiqué qu’avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), son pays a effectué, en 2014, le premier recensement depuis 30 ans, « très important » pour les réformes en cours dans le pays.  L’analyse des données montre que la transition démographique n’est pas encore terminée au Myanmar.  La baisse du nombre des jeunes, l’augmentation de celui des personnes âgées et la croissance du ratio consommateurs-producteurs ont affecté le type et la taille des familles.  L’on voit que l’augmentation du nombre de la population active peut influer positivement sur la croissance économique rapide, d’où le « dividende démographique ».  Le Gouvernement investit donc dans l’éducation et la santé, pour améliorer la productivité et note que la transition démographique a aussi changé la position des femmes, en leur ouvrant les portes du marché du travail.  En exploitant pleinement le potentiel des femmes, le Myanmar peut profiter du « dividende des sexes » et pour ce faire, convient qu’il faut investir dans les crèches, après avoir actualisé son programme de congés maternité et paternité qui est de six mois et de deux semaines.  Pour l’avenir, le Myanmar reconnaît la nécessité de s’atteler d’ores et déjà à des politiques pour faciliter des migrations ordonnées et promouvoir la formation continue et l’emploi des personnes âgées, sans oublier les politiques familiales pour compléter les politiques fiscales et garantir la viabilité des systèmes de sécurité sociale. 

À l’instar des autres pays africains, a déclaré Mme ENYONAM BADOHOUN WOMITSO, Directrice des études de population au Ministère de la planification et du développement du Togo, la démographie togolaise est caractérisée par une croissance rapide de la population estimée à environ  sept millions d’habitants en 2016.  Avec un taux de croissance annuel moyen de 2,84%, la population est composée à 61% de jeunes de moins de 25 ans.  Cette pyramide à base élargie pose d’énormes défis quant à la satisfaction des besoins des habitants, notamment en ce qui concerne l’accès à la santé, à l’éducation, à la bonne alimentation et à l’emploi décent pour les jeunes.  Malgré ces contraintes, a expliqué la Directrice, le Gouvernement togolais a entrepris des actions portant sur l’amélioration de la santé maternelle et infantile, l’autonomisation des femmes ou le renforcement de l’égalité des sexes.  Au moment où le Togo élabore son plan national de développement, le Gouvernement met en œuvre des politiques pour renforcer la planification familiale en vue de la maitrise progressive de la fécondité, des actions soutenues en matière de formation professionnelle, et une amélioration de la gouvernance à tous les niveaux. 

M. WILBERFORCE KISAMBA MUGERWA (Ouganda) a fait part de l’amélioration de l’espérance de vie qui, pour un enfant né aujourd’hui, est de 63 ans.  En dépit des progrès, les grossesses précoces représentent un grave problème conduisant à un taux de croissance démographique de 3% par an.  La population du pays est jeune comme en témoigne le taux de dépendance élevé qui constitue un lourd fardeau pour la population active.  Le pays fait face en outre aux difficultés liées à un taux de mortalité infantile élevé.  Le Gouvernement a donc élaboré des mesures pour pouvoir exploiter le potentiel des jeunes et diminuer le taux de fécondité, dans le but de récolter le dividende démographique. 

 « Mon pays souffre de la menace du terrorisme et de ses incidences sur la population et le développement durable », s’est plainte Mme ROUA SHURBAJI (Syrie).  Le terrorisme, les déplacements massifs de population et les mesures coercitives unilatérales imposées par certains États contre la Syrie ont produit des modifications de la pyramide des âges et exercé des pressions sur les infrastructures, notamment de logement, supprimé des emplois, paralysé ou fait obstacle aux capacités de production. De plus, 42% des hôpitaux et plus de 22% des centres de santé ont été touchés par la crise, a-t-elle ajouté.  Face à cette situation, a-t-elle assuré, le Gouvernement continue à travailler afin de mettre sur pied un programme de réhabilitation, parallèlement au programme humanitaire.  Elle a appelé les agences et mécanismes de Nations Unies à allouer les ressources nécessaires pour une bonne analyse des tendances démographiques. 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a dit que les changements dans la dynamique de la population avaient été un problème clef au cours des 20 dernières années à Djibouti, et particulièrement dans le contexte du développement durable. Le changement démographique est un fait accepté et qui va de pair avec les flux migratoires.  La migration, a insisté le représentant, ne doit pas être considérée comme fardeau financier, c’est au contraire une opportunité financière.  Faire face aux problèmes démographiques est l’une des priorités politiques de Djibouti, a affirmé le représentant dont le pays doit aussi s’attaquer au développement des secteurs privé et public et la promotion du travail formel.  Djibouti est bien placé pour récolter le dividende démographique, s’est-il réjoui, insistant sur le fait que les jeunes doivent être considérés comme un espoir car ils sont susceptibles de réaliser l’aspiration des pays de se prendre en charge.

Mme ILLA MAINALI (Népal) a considéré qu’il fallait accélérer la mise en œuvre du Programme d’action du Caire pour garantir un accès universel aux services de santé, notamment pour les femmes et les filles.  Le Gouvernement népalais met en œuvre un programme pour la population qui s’appuie sur les plans existants mais demande davantage de données ventilées par âge et par sexe.  Pour améliorer la vie de la population, a-t-elle estimé, il faut intégrer les questions démographiques aux politiques de développement, en veillant à ce que la santé génésique soit intégrée aux droits de l’homme.

La représentante a soutenu la Déclaration de New York sur les réfugiés et migrants.  Elle a ajouté que la Constitution inclusive du Népal de 2015 garantit l’égalité hommes-femmes et veille au respect d’un certain nombre d’idéaux.  Son gouvernement, a-t-elle assuré, concentre ses efforts sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Ainsi le quatorzième plan de développement du Népal lancé cette année intègre-t-il les objectifs de développement durable.  La pyramide des âges a entrainé de nouvelles opportunités et de nouvelles difficultés.  Le Népal est l’un des pays qui a l’âge médian le plus élevé et où la population en âge de travailler devrait augmenter.  Enfin, a-t-elle rappelé, les défis se sont multipliés après le tremblement de terre de 2015. 

Mme MARLENE MOSES (Nauru) a reconnu que le taux de mortalité chez les adultes est un problème dans sa région.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement travaille à réduire les risques de maladies et de pauvreté et à multiplier les opportunités d’emplois.  Il élabore aussi une politique de lutte contre la violence contre les personnes âgées qui sont, dans la tradition, très respectées, voire vénérées.  Le Gouvernement s’attaque aussi à l’éducation et à l’emploi des jeunes, investissant dans l’aide aux familles dont tous les membres ont beaucoup à apprendre aux jeunes.  Le but est d’encourager la consolidation des valeurs traditionnelles et culturelles au sein des familles.  La solidarité est et doit rester une valeur forte malgré une mondialisation qui fragilise les familles.  Il faut encourager le respect des convictions religieuses de chaque famille.  Dans nos cultures, s’est expliquée la représentante, le monde est perçu comme incertain.  Nous n’avons que nos cultures, nos valeurs et nos croyances pour y faire face. 

C’est la raison pour laquelle, a poursuivi la représentante, l’aide internationale doit se garder des exigences contraires aux valeurs traditionnelles.  Nous devons être libres de choisir notre propre voie, a-t-elle dit, plaidant pour un dividende démographique qui implique une éducation de qualité pour tous mais aussi une structure familiale solide. Dans ce cadre, la représentante a rejeté tout effort visant à promouvoir l’avortement.  Les problèmes de développement exigent certes un partenariat mais ce partenariat doit respecter les différences, a tranché la représentante.

M. AHMED SAREER (Maldives) a dit que son pays avait conservé les principes du Caire au cœur de ses politiques du développement, dans le respect des droits et du potentiel de tous. Notre population est jeune tout comme notre pays, a-t-il relevé, et cela représente un défi mais également une chance.  Le Gouvernement a donc mis l’accent sur l’éducation primaire gratuite pour tous.  « Seule une main d’œuvre qualifiée permet de maximiser le dividende démographique », a considéré le représentant.  Les Maldives ayant adopté une approche globale de renforcement de la formation des jeunes et de développement de l’entrepreunariat, plusieurs milliers d’emplois ont été créés ces trois dernières années.  En outre, le Gouvernement a investi dans les services de santé, notamment de reproduction, alors que le pays  enregistrait une diminution impressionnante de son taux de mortalité maternelle. Il met actuellement en place un système de couverture-santé universelle et se concentre sur l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. 

La population de l’Azerbaïdjan est l’une des plus jeunes parmi les pays d’Europe de l’Est, a déclaré M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan).  Les jeunes de 15 à 24 ans représentent 27% de la population.  Toutefois, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus, qui est de 6% aujourd’hui, devrait atteindre 22% en 2050.  Un amendement récent a été introduit dans la loi du travail pour porter à 65 ans l’âge obligatoire de la retraite.  Un programme national sur la population et le développement pour la période 2017-2030 est en cours d’élaboration en Azerbaïdjan, a poursuivi le représentant.  Il a pour objectifs de promouvoir les valeurs familiales, renforcer l’appui socioéconomique aux familles, consolider la santé génésique de la population, protéger les mères et les enfants, et réduire les taux de mortalité et les maladies.   

M. ABOULIE BAH (Gambie) a indiqué que près de 43% de la population gambienne a moins de 15 ans et 21%, entre 15 ans et 24 ans.  Cette structure par âge signifie un potentiel pour une croissance rapide de la population et un taux de dépendance élevé qui pourrait porter les germes du désordre social.  Dans le contexte gambien, le mariage et les grossesses précoces, la drogue et le chômage pourraient annihiler le potentiel des jeunes.  Le défi est de les préparer à une vie productive pour accroître les richesses et le développement du pays. Le Gouvernement continue donc de donner la priorité à l’autonomisation des jeunes. Des institutions et des instruments ont été mis en place, dont la politique nationale de la jeunesse 2009-2018 qui encourage la participation des jeunes à la vie politique, sociale et culturelle.  Le résultat de cette politique s’est vu pendant les dernières élections législatives et présidentielles où les jeunes se sont inscrits en masse pour voter et pour se faire élire.  Ils sont aujourd’hui élus au Parlement. 

Dans l’exécutif, des jeunes ont été nommés à des postes de responsabilité dans le service public, la justice, les organes de sécurité.  Le Gouvernement a également créé une plateforme appelée « conférence biennale nationale des jeunes » qui fait l’inventaire des succès et des défis dans différentes activités et présente des recommandations à toutes les parties prenantes sur l’autonomisation des jeunes.  Le représentant a énuméré d’autres initiatives en faveur des jeunes.

M. RY TUY (Cambodge) a dit que son pays s’achemine vers une phase de transition démographique rapide qui offre l’opportunité de faire baisser le taux de dépendance.  La taille de la population active s’élargit, renforcée par des politiques appropriées dans tous les secteurs et soucieuses du dividende démographique.  Le plan national stratégique de développement des cinq prochaines années sera donc élaboré pour répondre aux nouveaux défis, avec un accent particulier sur l’évolution de la structure par âge de la population et le développement durable.  Il se focalisera sur une meilleure répartition des richesses, la réduction des inégalités de revenu, le renforcement des capacités institutionnelles et de gouvernance, la création d’un capital humain fort, le renforcement du système de santé en milieu rural et urbain, la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, par un accès universel à la santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les jeunes. 

Mme KITTY SWEEB (Suriname) a indiqué que le Suriname, à l’instar des autres pays des Caraïbes, avait enregistré une augmentation de 29% de la population âgée de 60 ans ou plus.  La part de ce groupe dans la population totale est passée de 8,6% en 2004 à 10,1% en 2012.  Ce phénomène intervient dans un contexte de défis économiques importants, de changements dans les relations intergénérationnelles, d’institutions gouvernementales fragiles et de privatisation de nombreux services, notamment de santé.  Face au vieillissement de sa population, le Suriname a entrepris, en coopération avec les parties prenantes du secteur privé et de la société civile, une vaste collecte de données en vue de mettre au point un plan national d’action pour les personnes âgées.  D’un autre côté, plus de la moitié de la population du Suriname est âgée de moins de 25 ans.

La représentante a espéré que le pays saura tirer parti de ce dividende démographique mais elle a évoqué la violence contre les enfants, les abus sexuels, l’abus de drogues et d’alcool, le décrochage scolaire, la criminalité, le VIH/sida et les MST, des défis qui, selon elle, sont étroitement liés à la santé et aux droits sexuels et génésiques, ainsi qu’aux inégalités entre les sexes et à la pauvreté.  Le pays compte également des taux de fécondité très élevés parmi les adolescentes.  Face à ces défis, le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures, dont la création d’un ministère distinct de la jeunesse et des sports et une loi qui fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans.  

M. ALBERT-RAPHAËL MONDONGA-O-BATOBANDELYE, Secrétaire général à la coopération internationale au Ministère de la coopération au développement de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué que son pays se situait aujourd’hui à l’étape initiale de la transition démographique caractérisée par une fécondité très élevée de 6,6 enfants par femme en moyenne et une mortalité générale en baisse depuis les années 1960.  Cette fécondité élevée est restée relativement stable depuis les années 1980, ce qui fait que près de la moitié de la population de la RDC est âgée de moins de 15 ans. 

Le Gouvernement de la RDC a pris conscience de l’importance de la transition démographique pour le développement du pays.  Dans cette optique, différentes actions stratégiques sont en cours notamment l’élaboration et la mise en œuvre du plan stratégique national de la planification familiale à vision multisectorielle pour 2014-2020, la promotion de l’équité face à l’éducation pour les jeunes filles et les garçons, l’augmentation de la part du budget alloué à la santé et à l’éducation et l’élaboration en cours du plan national stratégique de développement pour la période 2017-2021 qui prévoit la diversification de l’économie à travers le financement du secteur agricole.

Dans ce plan stratégique, la RDC envisage des actions visant à déclencher la baisse de la fécondité en 2022, la transformation de la structure par âge et l’ouverture de la fenêtre démographique d’opportunités économiques en 2037.  Après avoir énuméré les activités menées dans le domaine de la population notamment le repositionnement de la planification familiale à travers la création de la demande en vue d’atteindre trois millions de nouvelles acceptantes par an, la RDC a lancé notamment en 2015 une campagne contre les mariages précoces pour une durée de trois ans.  Le lancement de cette campagne a été suivi par l’élaboration d’un plan d’action national de lutte contre les mariages précoces qui couvre la période 2016-2020. 

L’ARCHÊVQUE BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a insisté sur la nécessité de prendre en compte les différences qui existent entre les régions et les pays.  D’après lui, « la croissance démographique est pleinement compatible avec une prospérité partagée ».  Le monde développé, a-t-il noté, est souvent responsable des déséquilibres commerciaux, de la répartition inéquitable des ressources et de la dégradation de l’environnement.  De même, la corruption, les conflits prolongés et les autres catastrophes provoquées par l’homme, en particulier dans les pays en développement, contribuent plus à perpétuer l’injustice et la pauvreté qu’une population saine et croissante.

La transition démographique s’est produite dans le monde développé avant qu’il n’ait accès aux méthodes modernes de contraception, a rappelé l’Observateur.  Si la parentalité et un comportement sexuel responsables sont des impératifs moraux, la régulation coercitive de la fertilité, notamment sous couvert d’autonomisation et de droits, sape les libertés individuelles, a-t-il insisté en défendant « le respect de la vie, du moment de la conception à la mort naturelle ».  

Groupe d’experts

En Europe, a déclaré Mme Agnieszka Chlon-Dominczak, Professeure à l’École d’économie et à l’Institut de recherche de Varsovie et ancienne Vice-Ministre du travail et de la politique sociale de la Pologne, l’évolution de la structure par âge est liée au vieillissement de la population laquelle va baisser dans la moitié des pays.  En Europe centrale et en Europe orientale, la population en âge de travailler va baisser de plus de 30% même si la situation varie beaucoup d’un pays à l’autre.  La Suède, par exemple, est l’un des pays où la population en âge de travailler est très active, l’évolution du marché du travail et l’Etat-providence étant des facteurs importants.  L’oratrice a appelé à des réformes structurelles pour faire face au vieillissement de la population et accroître la productivité.

Dans tous les pays arabes, il y a un consensus selon lequel l’évolution de la structure par âge va avoir des résultats positifs pour le développement durable, a estimé M. Youssef Courbage, Directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques de la France. La diminution des indices de dépenses publiques va booster le dividende démographique.  Toutefois, a-t-il averti, « on assiste à une contre-transition démographique » dans 80% des pays arabes.  Au lieu de diminuer, la fécondité augmente ou se stabilise à des niveaux élevés.  C’est le cas en Égypte, pays qui compte 100 millions d’habitants, mais aussi en Algérie, en Iraq, au Yémen et même en Tunisie et en Israël. Les pays arabes qui échappent à ce phénomène sont le Maroc, le Liban et les pays du Golfe.  En termes de population, a insisté M. Courbage, « c’est un problème très grave, peu évoqué en dehors des milieux académiques et qui est de nature à compromettre le développement durable ». Un autre risque majeur est la marginalisation des femmes dans la vie économique.  Recommandant des recherches plus poussées sur cette contre-transition, M. Courbage a relevé que « les pays arabes ont une peur bleue du vieillissement de la population ». « Il faudrait leur expliquer que le dividende démographique de l’An II peut être un bienfait pour eux ».  Enfin, a-t-il souligné, la situation est compliquée par l’implosion de nombreux pays arabes comme la Syrie, la Libye et le Yémen et par un recul économique généralisé.

« Nous avons une grande cohorte de jeunes et nous nous demandons comment en faire un groupe de qualité », a lancé Mme Edith Esinam Asamani, Chargée de projet pour la santé reproductive des adolescents à Hope For Future Generations, au Ghana. « Nous serons aussi le plus grand groupe de personnes âgée au monde », a-t-elle ajouté.  Il faut garantir le respect des droits des femmes et des jeunes et rappeler que les questions démographiques ne sont pas que des questions de développement, mais aussi des questions de développement durable. « Il faut regarder la personne derrière le chiffre », a-t-elle insisté.  Il faut établir des priorités pour savoir où investir l’argent, où canaliser les efforts.

Pour M. Rafael Rothman, Chef de programme à la Banque mondiale pour l’éducation, la santé, la protection sociale, le travail et la pauvreté à Buenos Aires, en Argentine, « le vieillissement de la population n’est pas un problème, c’est une bénédiction ». Les personnes ne meurent plus autant qu’avant et les familles contrôlent leur fécondité, s’est-il justifié.  C’est un indicateur de développement.  « Le problème, c’est que les institutions ne s’adaptent pas assez vite à la nouvelle donne démographique », a-t-il déclaré.  Il a recommandé de revoir le rôle des systèmes de retraite à travers le monde pour les rendre plus souples. Selon lui, la retraite devrait être un droit et non pas une obligation. Ensuite, a-t-il continué, il faut plus de participation au marché du travail.  Le seul moyen de régler le problème, a-t-il conclu, est d’améliorer la productivité à travers le capital humain, notamment en améliorant la santé, l’éducation et l’innovation. 

Exposés nationaux volontaires

M. ZHOU MEILIN, Directeur adjoint du Département de la planification familiale de la Chine, a rappelé que son pays a entamé, dès les années 60, sa transition vers un mode moderne de reproduction.  Avec une population qui est passée de 540 millions d’habitants aux premiers jours de la nation à 830 millions en 1970, en exerçant une pression énorme sur le développement socioéconomique, le pays a vite fait de lancer dans les 70, un programme de planification familiale qui a mené à une baisse drastique des taux de fécondité, de mortalité et de croissance démographique et à une espérance de vie de 76,34 ans.  Selon les prévisions, la population chinoise atteindra le 1,45 milliard d’habitants d’ici à 2030, suivi d’une croissance négative puis d’une chute à 1,4 milliard en 2050.  Le nombre d’enfants n’a cessé de diminuer, les enfants âgées de zéro à 14 ans n’étant que 227 millions en 2015, soit 16,5% de la population totale, un taux qui ne sera plus que de 16% en 2030 puis de 14,39% en 2050.  Quant à la population en âge de travailler, elle était d’un milliard en 2015 et devrait chuter à 952 millions en 2030 puis à 808 millions en 2050.  En revanche, le nombre des personnes âgées devraient se situer à 262 millions en 2030 et à 395 millions en 2050, soit 28,1% de la population totale, voire 30% à la moitié du siècle. 

Non seulement la Chine doit faire face aux défis d’une forte population, des tensions entre les ressources et l’environnement et des pressions sur l’emploi, comme tous les pays en développement, elle doit aussi s’attaquer aux problèmes typiques d’un pays développé, à savoir un taux de fécondité assez bas et une population âgée.  L’équilibre démographique est donc devenu une stratégie nationale « majeure » a confié le représentant.  Le Plan national de la population 2016-2030 a ainsi universalisé la politique des deux enfants, sachant que les efforts précédents s’étaient déjà traduits par une augmentation des naissances qui sont passées de 16,4 millions en 2013 à 17,86 millions en 2016, le taux de fécondité remontant à 1,7% et poussant le Gouvernement à créer un environnement social favorable à la reproduction, dont des mesures relatives à la santé, aux crèches, à l’éducation, à l’impôt, à la sécurité sociale, au logement et à l’appui aux familles.  Les changements démographiques, a conclu le représentant, ont leurs propres lois mais nous sommes à l’âge de l’interdépendance et de l’interconnexion, condamnés à répondre ensemble aux nouveaux défis démographiques.

Les efforts du Ghana s’appuient sur la politique nationale de la population et sur la politique de la santé reproductive des adolescents.  D’ici à 2020, les objectifs déclarés sont des taux de croissance démographique de 1,5%, de fécondité de 3%, de prévalence des contraceptifs de 50%, de mortalité maternelle de 55 pour 100 000 et une réduction de la proportion des femmes mariées avant l’âge de 18 ans de 80%.  Le dividende démographique est clair comme en attestent les chiffres de 2010: la baisse du nombre des moins de 15 ans qui est passé de 46,9% en 1984 à 38,3%; l’augmentation de la population active, de 49,5% en 1970 à 57% et le taux de dépendance, de 102% en 1970 à 76%.  Ce dividende démographique pointe sur la nécessité urgente d’investir dans les secteurs clefs de l’éducation, de la santé, de l’économie et de la gouvernance, dans le but de renforcer le capital humain, de parvenir à l’égalité entre les sexes, de stabiliser le secteur financier et d’améliorer la transparence et la gouvernance.  En 2016, le pays a mis en place un cadre commun de résultats pour garantir au mieux le dividende démographique. 

M. MALIKI (Indonésie) a dit que la taille de la population active a augmenté permettant ainsi au pays d’entrer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire dans un avenir proche.  L’Indonésie a l’une des politiques familiales les plus efficaces, a affirmé le représentant, avant d’avouer le problème d’une population jeune dont 51% seulement ont un emploi, le taux chez les jeunes des femmes étant de 50%.  Ici comme aux Philippines, les provinces ne vivent pas la même transition démographie.  L’île de Java, la plus grande de l’archipel, a connu une transition tardive et la population âgée y est plus nombreuse qu’ailleurs.  Pour faire face à ces situations différentes, le Gouvernement a augmenté les investissements dans l’éducation et la santé. 

Les avantages du dividende démographique sont là, s’est félicité le représentant, revenant aux programmes de planification familiale qui ont entraîné une réduction importante du nombre d’enfants par femme.  La transition démographique est tout de même inégale: certaines régions connaissent déjà un vieillissement de la population et nécessitent des interventions spécifiques et ciblées.

L’investissement en capital humain est la clef pour capitaliser sur le dividende démographique.  Avec une population en âge de travailler en pleine croissance, l’Indonésie a besoin de plus d’emplois de qualité.  Le défi est d’obtenir, à cet égard,  une franche collaboration entre le Gouvernement, le secteur privé et les communautés.  Ce n’est qu’en 2030 que le pays atteindra le plein potentiel de son dividende démographique mais, a reconnu le représentant, il n’a pas beaucoup de temps pour se préparer à cette échéance d’où la priorité accordée au développement économique. 

M. PEREZ (Philippines) a indiqué que la population des Philippines se chiffre à 101 millions d’habitants, soit un taux de croissance annuel de 1,7%.  Les Philippines sont ainsi le deuxième pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est et le douzième au monde.  La structure par âge est relativement jeune, 33% de la population appartenant à la classe des zéro à 14 ans et 63% à celle en âge de travailler.  Les tendances montrent que la population totale diminue alors que le nombre des jeunes et des personnes en âge de travailler augmente.  D’ici à 2045, le pourcentage des 15-64 ans devrait atteindre les 76% contre 52% dans les années 60 et celle des enfants de 0 à 14 ans devrait chuter à 21% contre 46% dans les années 60.  En revanche le nombre des personnes âgées devrait augmenter et atteindre les 11% en 2045 contre 3% dans les années 60.  À cet égard, l’urbanisation est un phénomène bien réel, la métropole de Manille comptant 68% des 15-64 ans. 

Ces chiffres dénotent un taux de fécondité élevé qui stagne cependant à trois enfants par femme depuis 2003 contre quatre en 1993, le pays s’acheminant vers le taux de remplacement en 2035.  Les Philippines connaissent en effet un problème d’accès aux contraceptifs puisqu’en 2013, seule 4 femmes sur 10 y avaient accès, alors qu’une femme sur cinq a exprimé son intention de limiter les grossesses et leur espacement.  Le dividende démographique serait palpable si le pays n’avait des difficultés à répartir équitablement les revenus d’une croissance de 6,1% entre 2010-2016, entre les différentes régions; le revenu par habitant de la région de Manille étant quatre fois supérieur à celui de la deuxième région la plus urbaine du pays et plus de 12 fois à celui de la région musulmane autonome de Mindanao.  L’exploitation du dividende démographique est aussi compliquée par le rythme avec lequel le pays absorbe sa population en âge de travailler.  L’offre d’emploi et les opportunités économiques n’ont pas suivi la même cadence que l’augmentation de la population jeune dont le taux de chômage était de 12% en 2016.  De manière générale, le taux de pauvreté demeure élevé, se hissant à 22% en 2016. 

Mais l’espoir est de mise, a estimé le représentant, quand on sait que le taux d’inscription à l’école primaire était de 91% et celui à l’école secondaire de 68% en 2015.  La santé de la population s’améliore aussi; l’espérance de vie étant de 67,2 ans.  Un des défis est de mettre en œuvre la loi sur la planification familiale.  La Cour suprême ayant suspendu la distribution des contraceptifs sous-cutanés, la date d’expiration des stocks risque d’être dépassée.  Le Gouvernement a tout de même donné instruction à tous ces départements de poursuivre la mise en œuvre de la loi sur la santé reproductive et a intégré le dividende démographique dans le plan national de développement 2017-2022 qui comprend des dispositions sur la formation du capital humain et sur la mise en œuvre accélérée de l’Agenda de la santé.  Le Gouvernement a pu ainsi lancé des initiatives pour la création d’emplois et les opportunités économiques en partenariat avec le secteur privé et initié des réformes économiques pour une répartition plus équitable des richesses entre toutes les régions, a affirmé le représentant.

Mme AHMED (Soudan) a dit que son pays compte aujourd’hui 40,8 millions d’habitants, le taux de croissance étant de 2,4% par an, le seuil de pauvreté de  46,5 et le taux de chômage de 18%.  Le principal facteur de cette situation est le conflit armé que le pays a connu et qui a provoqué des déplacements massifs de population et une  crise des réfugiés.  Le conflit a détourné les ressources au détriment des priorités socioéconomiques.  En outre, la séparation d’avec le Soudan du Sud a privé le pays de 20% de sa population.  Cette année, le Gouvernement a mené son cinquième recensement, constatant notamment le déclin du taux de fécondité.  Il est aussi apparu que les moins de 15 ans représentent 35% de la population et que le taux de dépendance est de 85%. 

Le taux de fécondité continuera de baisser et la population en âge de travailler se stabilisera à 65%.  Les défis restent donc l’éducation, l’emploi, surtout pour les jeunes, l’urbanisation, l’exode rural et l’émigration.  À ce rythme, le pays risque de perdre son dividende démographique, s’est alarmé le représentant, craignant que son pays ne tombe dans le syndrome du vieillissement de la population alors qu’il n’est qu’à la première phase de la transition démographique.  Le Gouvernement s’est doté d’un plan stratégique de développement national, d’un plan stratégique de la population et d’une politique nationale pour les femmes, a entre autres énuméré le représentant. 

Mme KOLVURANTA (Finlande) a dit que dans son pays la sexualité n’est pas seulement une question de santé mais aussi une question de respect des droits de l’homme.  Le premier Centre de planification familiale a été créé en 1974 et depuis, d’autres mesures ont été prises qui ont donné lieu à des petites familles  prospères où les pères et les mères travaillent tous les deux.  Notre pays est ainsi connu pour son taux élevé de bien-être familial, s’est enorgueillie la représentante, en ajoutant que si un cinquième de la population a 65 ans et plus, le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter du fait de la migration.  Comme le Programme 2030 oblige chaque pays à prendre des mesures, la Finlande a créé des mécanismes pour élaborer un programme national impliquant les secteurs public et privé et dans le respect des droits sexuels et reproductifs des femmes. 

Mme CHEMOR (Mexique) a indiqué que dans son pays, la population de 65 ans et plus ne cesse d’augmenter depuis l’an 2000, dépassant les sept millions.   Mais l’année 2017 coïncide tout de même avec l’avènement du dividende démographique au Mexique alors que d’ici à 2050, l’augmentation des personnes en âge de travailler et du nombre de la population âgée fera du Mexique est un pays vieillissant.  Aujourd’hui, il compte 22,5 millions d’adolescents, obligeant le Gouvernement, compte tenu des circonstances, à élaborer une stratégie de prévention de la grossesse chez les adolescentes, fondée sur le principe de la « coresponsabilité hommes-femmes ».  Pour ce qui est du vieillissement, le pays sait qu’il faut des changements socioéconomiques et culturels, en particulier dans le domaine de la santé et celui de l’aménagement urbain.

M. TOR-HUNGE OLSEN, Directeur exécutif de la Fédération internationale de la planification familiale de la Norvège, a dit que son pays est aussi affecté par ce qu’on pourrait appeler le syndrome du vieillissement de la population, qui caractérise la plupart des pays développés.  Mais, grâce à une fertilité et une immigration relativement élevées, la situation est moins dramatique qu’ailleurs, s’est réjoui le représentant.  Plusieurs mesures ont été mises en œuvre, dont la réforme du système de pension, le pays discutant également aujourd’hui de la nécessité de retarder l’âge du départ à la retraite.  Revenant au taux de fertilité, le représentant a avoué que le pays ne comprend pas bien les raisons de sa chute ces dernières années mais qu’il y travaille. 

Le représentant a tenu à souligné que l’éducation sexuelle complète est une partie intégrante du programme du cycle secondaire en Norvège, bénéficiant d’une bonne collaboration étroite entre la société civile et le Gouvernement pour l’élaboration du curriculum et la mobilisation des ressources pour appuyer les éducateurs.  L’éducation complète, a insisté le représentant, ne parle pas seulement des aspects biologiques de la sexualité mais aussi de l’émotion, du respect, de l’intégrité et d’autres questions liées aux relations qui contribuent à créer un environnement d’apprentissage sûr et inclusif, tout entier dirigé contre le harcèlement.  Cette éducation parle aussi des différences entre les orientations et les identités sexuelles, parmi les élèves.  Mais des défis subsistent et c’est la raison pour laquelle dans la nouvelle stratégie de santé sexuelle, le rôle de l’éducation sexuelle complète est renforcé.  On pense même à développer des programmes pour la maternelle. 

Cinquante ans après l’introduction de la pilule, les choses ont montré que l’accès des femmes aux contraceptifs a contribué à la réalisation de leurs droits et a influencé la démographie.  Faut-il élargir l’accès des filles de moins 16 ans aux contraceptifs?  C’est un débat en cours en Norvège, un pays qui a légalisé l’avortement en 1978 et qui a vu son taux au plus bas en 2016, surtout parmi les femmes de moins de 25 ans.  L’expérience de la Norvège, a conclu le représentant, montre l’importance des droits des femmes et des filles, des droits à la santé sexuelle et reproductive et de l’égalité des chances qui ont été au cœur des priorités politiques, faisant de la Norvège ce qu’elle est aujourd’hui.  Mais des défis persistent en Norvège comme ailleurs, a conclu le représentant, en appelant à une bonne mise en œuvre du Programme d’action du Caire et du Programme 2030.

Le Soudan ayant dit craindre le syndrome du vieillissement de sa population, le Directeur de l’Institut national d’études démographiques de Paris a répondu qu’il ne s’agit aucunement d’une « malédiction ».  C’est un concept qu’il faut revoir et qui sera revu.  La « contre transition démographique » qui touche aujourd’hui huit arabes sur dix ne va pas s’arrêter là.  Elle va aussi toucher certains pays africains et même les Philippines qui ont les mêmes modèles ou presque que les pays arabes, a averti l’expert. Le vieillissement de la population n’est ni « un tsunami » ni un fardeau, a renchéri L’Experte de la Faculté d’études économiques de Varsovie. Il faut l’aborder comme un phénomène vivable.  On gagnerait à s’inspirer de l’exemple du Japon, a estimé la représentante du Mexique.  

Débat interactif

« Ce qui a été dit pendant l’exposé national volontaire sur le Ghana ne correspond pas à la réalité, a estimé la représentante du Ghana.  Les pays développés devraient plutôt respecter leurs engagements financiers pour que des pays comme le Ghana atteignent leurs objectifs en matière de population et de développement, a plaidé son homologue de la République démocratique du Congo (RDC), et notamment faire baisser le taux de fécondité, a ajouté le représentant du Libéria.  Dans un continent, l’Afrique, où une famille nombreuse est considérée comme « une bénédiction divine », comment convaincre la femme de faire moins d’enfants?  La société civile mobilise-t-elle des fonds pour aller éduquer les chefs traditionnels et leur faire comprendre qu’un taux de natalité et de fécondité élevé n’est pas une bonne chose?  Travaillons ensemble pour trouver des solutions communes à tous nos maux, a conseillé le représentant.  Il faut multiplier les investissements dans l’éducation et la santé sexuelle et reproductive pour que les pays puissent atteindre leur dividende démographique, a conseillé, à son tour, l’Experte de la Faculté d’études économiques de Varsovie

La planification du développement est un processus complexe, s’est résigné le représentant de l’Ouganda, devant la masse des jeunes qui entrent pour la première fois sur le marché du travail.  « Éduquer et puis occuper », c’est ce qu’il faut faire, s’est-il résumé mais la question qu’il faut se poser c’est  « quel type d’éducation, quel type d’emploi? » a estimé le représentant du Nigéria, insistant sur l’adéquation avec les besoins du marché.  La Commission doit offrir des réponses claires et simples à toutes nos préoccupations, a exhorté le représentant de la République démocratique du Congo.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: la « remarquable marche vers la paix » du pays passe par une mise en œuvre rapide de l’accord avec les FARC, affirme le Représentant spécial

7916e séance – après-midi 
CS/12778

Colombie: la « remarquable marche vers la paix » du pays passe par une mise en œuvre rapide de l’accord avec les FARC, affirme le Représentant spécial

Le Conseil de sécurité, qui doit se rendre le mois prochain en Colombie, a entendu, cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie, M. Jean Arnault, affirmer qu’il existait « une fenêtre d’opportunité relativement brève » pour mettre en œuvre l’accord de paix signé entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), afin d’assurer le dépôt des armes, de réintégrer les anciens combattants et de partager les dividendes de la paix.

Ce point de vue a été partagé par l’ensemble des délégations, qui ont tenu à marquer leur solidarité avec la Colombie après la coulée de boue meurtrière qui, la semaine dernière, a fait plus de 270 morts dans la région de Mocoa.

M. Arnault, qui est également Chef de la Mission des Nations Unies en Colombie, présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur ladite Mission, dans lequel ce dernier loue la « remarquable marche vers la paix » de la Colombie, tout en notant les difficultés de mise en œuvre auxquelles le processus de paix se heurte désormais « de plein fouet ».

Le Représentant spécial a entamé son intervention en mentionnant les développements significatifs de ces deux dernières semaines, dont l’adoption de la loi portant création du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition prévu dans l’accord de paix. 

Il a mentionné la nomination de l’ancien Premier Ministre espagnol, Felipe González, et de l’ancien Président uruguayen, José Mujica, qui constitueront la composante internationale de la Commission de suivi de la mise en œuvre de l’accord.  

Le Représentant spécial a également salué l’adoption d’incitations pour que les paysans colombiens volontaires cessent leurs cultures en vue de la production de drogues et le bon avancement du dépôt d’armes.  La prochaine étape pour la Mission est la collecte des armes et la destruction des armements instables cachés dans de nombreuses caches à travers le pays, a-t-il dit.

Parmi les sources de préoccupation, M. Arnault a mentionné la construction et l’équipement des camps des FARC-EP, la mise en œuvre de la loi d’amnistie, l’application des garanties sécuritaires et les plans de réintégration des combattants des FARC-EP.  « La consolidation de la paix sera un processus de longue haleine », a-t-il dit, en ajoutant que le soutien uni du Conseil était « une garantie de succès ». 

Lors de leur prise de parole, les délégations du Sénégal, de la France et de l’Ukraine ont, elles, jugé préoccupantes les intimidations visant les dirigeants communautaires et les militants des droits de l’homme.

D’autres, telles que la Fédération de Russie, ont mis en garde contre le vide sécuritaire laissé par le départ des FARC, lequel pourrait être comblé par les groupes criminels.

La représentante de la Colombie s’est employée à les rassurer en indiquant qu’au cours des sept derniers mois le niveau de violence avait baissé de manière sans précédent, et ce, après 50 ans de conflit interne.  « Il est prématuré de dire que tous les homicides sont associés au travail de défense des droits de l’homme ou qu’ils sont de la responsabilité des organisations criminelles ayant succédé aux groupes paramilitaires », a-t-elle, en outre, déclaré.

Mais le ton général du débat était bien à l’optimisme, le délégué de l’Uruguay affichant par exemple sa conviction que le processus ira bien à son terme.  Le Gouvernement et les FARC-EP ont transmis un message d’espoir pour le monde entier, a-t-il dit.

Le délégué du Royaume-Uni a, pour sa part, salué l’unité du Conseil, dont il a espéré qu’elle puisse prévaloir sur d’autres points inscrits à son ordre du jour.

Le représentant de la France a délivré un satisfecit à la Mission de l’ONU, jugeant que l’achèvement dans les délais du déploiement sur le terrain de la Mission était une bonne nouvelle.  « En Colombie, l’ONU est à la hauteur des attentes placées en elle », a-t-il dit.

« Si la Mission des Nations Unies en Colombie n’est pas une mission de maintien de la paix, elle n’en demeure pas moins régie par les mêmes principes d’efficacité et de reddition des comptes », a déclaré son homologue des États-Unis.

Elle a estimé que la Mission avait tous les éléments pour se montrer efficace, notamment un mandat clair et une date butoir pour la démobilisation des FARC.  À l’instar de ses collègues, elle a conclu son intervention par une note d’optimisme en indiquant que la Colombie « se trouvait à un moment d’espoir et de promesses qu’il convenait de chérir ».  

* S/2017/252

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Colombie (S/2017/252)

Déclarations

M. JEAN ARNAULT, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie et Chef de la Mission des Nations Unies en Colombie, a mentionné, parmi les développements significatifs de ces deux dernières semaines, l’adoption de la loi portant création du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition prévu dans l’accord de paix.  

Il a cité en outre la transmission au Conseil de sécurité de l’accord de paix final et la nomination de l’ancien Premier Ministre espagnol, Felipe González, et de l’ancien Président uruguayen, José Mujica, qui constitueront la composante internationale de la Commission de suivi de la mise en œuvre de l’accord.

Hier, le Gouvernement colombien a reçu de la part des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) une liste de ses 6 804 membres armés répartis dans les zones et une première liste des 1 541 membres des milices. M. Arnault a salué l’adoption par le Gouvernement et les FARC-EP d’un paquet d’incitations pour les paysans colombiens volontaires pour cesser les cultures en vue de la production de drogues.

Il a noté le bon avancement du dépôt d’armes lors de ces 15 derniers jours.  Depuis le 24 mars, la Mission a identifié, marqué et enregistré les armes que les combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) avaient apportées dans les camps.  Cet exercice est quasiment achevé, a-t-il dit, ajoutant que la prochaine étape pour la Mission était la collecte des armes et la destruction des armements instables cachés dans de nombreuses caches à travers tout le pays.  Le Représentant spécial a précisé que ce processus pouvait désormais aller à son terme, avec le cantonnement des combattants des FARC-EP dans les 26 zones.

Parmi les sources de préoccupation, M. Arnault a mentionné la construction et l’équipement des camps des FARC-EP, la mise en œuvre de la loi d’amnistie, l’application des garanties sécuritaires et les plans de réintégration des combattants des FARC-EP.  

Les 25 et 26 mars, pour les 100 jours de mise en œuvre depuis la signature de l’accord, les parties ont agréé des engagements importants et détaillés pour accélérer cette mise en œuvre dans les domaines précités, ainsi qu’en vue de l’adoption du volet législatif de l’accord de paix, a-t-il dit.  « Comme les parties, alors que la consolidation de la paix sera un processus de longue haleine, nous pensons qu’il y a une fenêtre d’opportunité relativement brève pour jeter des fondations solides en vue du dépôt des armes, de la réintégration des combattants et le partage des dividendes de la paix. »

Enfin, le Représentant spécial a apporté son plein appui à la visite du Conseil en Colombie, prévue le mois prochain, affirmant que l’appui uni du Conseil depuis son implication en janvier 2016 était perçu en Colombie comme une garantie de succès.  « C’est le moment pour ce conseil d’exprimer son intérêt, son encouragement et son appui aux efforts des parties et à ceux de tous les acteurs engagés dans l’instauration de la paix en Colombie. »

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est dit heureux des progrès déjà réalisés, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ayant démobilisé 6 000 de leurs membres.  « Nous avons appris de notre expérience en Irlande du Nord, et savons que c’est une solution au long cours », a déclaré le représentant.  

Il a rappelé qu’il est important que des mesures concrètes soient prises contre les violations des droits de l’homme et les attaques commises contre des populations civiles. 

M. CARL SKAU (Suède) a salué l’engagement vigoureux du Gouvernement colombien et des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) en faveur du processus de paix et de leurs efforts continus pour surmonter les défis considérables à la mise en œuvre de l’Accord de paix. 

Il a salué l’adoption récente par le Sénat colombien d’une juridiction spéciale qui sera cruciale dans la mise en œuvre de l’accord de paix final.  « Ces étapes historiques témoignent de la résilience du processus de paix et de l’engagement des parties ».  Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’accent mis sur la protection de l’enfance et du degré d’engagement des femmes dans le processus de paix.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a apporté le soutien total de son pays au processus de paix courageusement conduit par le Président Juan Manuel Santos Calderón.  « Nous saluons une nouvelle fois la volonté intangible des parties d’avancer vers la paix et le plein respect du cessez-le-feu depuis la signature de l’accord de paix », a-t-il dit, y voyant un motif d’espoir pour le monde, y compris au sein de ce conseil.  Il a précisé que l’aide française pour la consolidation de la paix en Colombie s’élevait à 811 millions d’euros de prêts liés directement au postconflit et à plus de 1,6 milliard d’euros de dons.

« Le mouvement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) vers les zones de démobilisation et la remise des premières armes à la Mission de l’ONU sont de nouvelles étapes majeures vers l’établissement d’une paix durable », a poursuivi le délégué.  Il a espéré que l’échéance des 180 jours pour la remise de l’ensemble des armes des FARC à la Mission sera respectée.

Estimant que l’accord de paix était entré dans une phase déterminante, il a appelé à ne pas sous-estimer les défis posés par la transition vers une paix durable.  M. Delattre a estimé que la création des conditions nécessaires à la réintégration pacifique des démobilisés passait par la capacité d’offrir des perspectives de réinsertion socioéconomique aux anciens acteurs du conflit, par le développement des zones affectées de conflit et par la mise en œuvre des garanties comprises dans l’accord. 

La tendance, ces derniers mois, d’attaques et d’actes d’intimidation à l’encontre de dirigeants communautaires et de militants des droits de l’homme est préoccupante, a-t-il dit.

Enfin, M. Delattre a estimé que l’ONU était, en Colombie, à la hauteur des attentes qui ont été placées en elle.  L’achèvement dans les délais du déploiement sur le terrain de la Mission est une bonne nouvelle, a-t-il conclu.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité de constater que, début février, des milliers de « guérilleros » avaient déposé leurs armes, nombre d’entre elles ayant été enregistrées sous la supervision de l’ONU.  « Nous voici maintenant à un stade délicat de la mise en œuvre de l’accord de paix, avec un certain nombre de questions à régler, telles que les questions du droit foncier, du pacte national, du « chemin vers la légalité », de la loi sur l’armistice. » 

À cela, a poursuivi la délégation, s’ajoutent la remise en état des infrastructures et le programme pour le dépôt des armes.  Le Conseil de sécurité et la Mission des Nations Unies en Colombie doivent de leur côté appuyer les efforts déployés par les parties, a noté le représentant, en souhaitant que le Conseil puisse effectuer comme prévu sa mission en Colombie au mois de mai.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a indiqué que les parties en Colombie avaient fait part de leur attachement à la paix et transmettaient un message d’espoir pour le monde entier.  Sous présidence uruguayenne, début mai, le Conseil se rendra en Colombie, a-t-il dit.  Il a ensuite pris note de la volonté des parties de mettre en œuvre l’accord.  Le rapport du Secrétaire général est à cet égard positif, a-t-il dit, en soulignant le rôle crucial joué par la Commission de suivi.  Il a salué l’adoption de la loi portant création du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition prévu dans l’accord de paix.  La Commission de suivi a commencé à travailler, s’est-il félicité, en louant les avancées accomplies sur le plan logistique.  Parmi les défis qui demeurent, le représentant a cité les violences contre les défenseurs des droits de l’homme, les cultures illicites ou bien encore l’insécurité.  Le délégué a souligné l’importance que les enfants abandonnent définitivement les rangs des FARC.  Enfin, le représentant uruguayen a salué le communiqué publié fin mars pour les 100 jours de mise en œuvre depuis la signature de l’accord, qui comprend des engagements importants et détaillés pour accélérer cette mise en œuvre.  Le processus arrivera à son terme, a-t-il conclu.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité des engagements pris par les parties à l’accord de paix, se disant satisfait de constater que le processus de paix est d’une façon générale sur la bonne voie.

Selon lui, il est important que le Conseil affiche un front uni et la visite qu’effectuera, le mois prochain, le Conseil en Colombie, sera une occasion pour celui-ci de témoigner son soutien à ce pays.

M. ZHANG DIANBIN (Chine) s’est félicité de constater que le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP) semblent vouloir mettre en œuvre le processus de paix.  Les pays de la région en particulier, et la communauté internationale en général, devront s’efforcer de leur côté de renforcer la confiance mutuelle entre les parties.

Il a estimé que la mission du Conseil au mois de mai permettra à ses membres de se familiariser davantage avec les enjeux relatifs au processus de paix.  

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a indiqué que le processus politique extraordinaire en Colombie aurait été impensable sans le rôle de chef de file joué par les parties.  Le délégué a exhorté ces dernières à le mettre en œuvre pleinement afin de conserver l’élan constaté.  La réintégration pacifique des anciens combattants est l’un des piliers de cette mise en œuvre, a-t-il dit.

Conscient des difficultés à venir, il a mentionné l’appui fourni par son pays.  L’Italie a ainsi apporté une participation de 3 millions d’euros au Fonds fiduciaire de l’Union européenne, a-t-il précisé.  Enfin, le représentant a dit attendre avec impatience la visite du Conseil en Colombie en mai prochain.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a réitéré son soutien aux efforts déployés par la Colombie pour mettre en œuvre l’accord final de paix conformément aux résolutions 2261 (2016) et 2307 (2016), en reconnaissant les difficultés qui se posent dans un environnement postconflit.  Il a encouragé les parties à poursuivre leur coopération positive, au profit de tous les Colombiens. 

Toutes les forces politiques et tous les secteurs de la société colombienne devraient être engagés activement dans cette entreprise cruciale, a-t-il dit.  Il faut également, a-t-il ajouté, rester concentré sur les besoins des enfants touchés par le conflit, en gardant une perspective sexospécifique.

Le représentant s’est inquiété des cas de violence contre les militants des droits de l’homme mentionnés dans le rapport du Secrétaire général, rappelant à cette occasion combien il est important de mettre fin à l’impunité pour garantir le processus de paix dans ce pays.  Il a d’ailleurs apprécié les étapes franchies sur cette voie, avec une loi d’amnistie et un système de vérité, justice, réparation et non-répétition. 

Enfin, il a salué l’engagement de la communauté internationale dans la mise en œuvre de l’accord de paix et demandé au Conseil de sécurité de continuer à aider les parties dans cette phase.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a salué les progrès importants enregistrés en Colombie, malgré les retards dans la mise en œuvre de l’accord de paix.  Le peuple colombien doit ces progrès au Gouvernement et aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a-t-il dit, en saluant la lucidité des mesures prises depuis le début du processus de paix.

Le délégué a espéré que le dépôt des armes sera accompli dans l’échéance de 180 jours fixée par l’accord de paix.  Le mouvement ne présentera pas de candidat en 2018 à la Présidence, a-t-il dit, y voyant là un signe important de l’attachement des FARC à la paix.  Il s’est dit préoccupé par les activités illicites dans les zones rurales et par les actes d’intimidation visant des défenseurs des droits de l’homme.  Le vide sécuritaire créé par le départ des FARC doit être comblé, a-t-il dit.  

Enfin, le délégué du Sénégal a estimé que la visite du Conseil en mai prochain sous la présidence de l’Uruguay « venait à son heure ».

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a noté les progrès accomplis dans le processus de paix en Colombie, estimant que le facteur motivant pour les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), c’est la possibilité de faire campagne dès la prochaine échéance électorale en 2018. 

Il s’est toutefois dit préoccupé par le fait que 500 de ses membres ont manifesté une « insubordination » à l’égard de ce groupe armé.  S’agissant des prochaines mesures de l’ONU pour promouvoir l’accord de paix, il a déclaré qu’il reste à déterminer si les parties et l’Organisation seront en mesure de respecter les délais impartis pour le désarmement, plaidant pour qu’il n’y ait pas de « vide sécuritaire ». 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a mentionné, parmi les développements significatifs de ces deux dernières semaines, l’adoption de la loi portant création du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition prévu dans l’accord de paix et de la loi d’amnistie.  Il a souligné l’importance d’une réintégration pacifique des anciens combattants et encouragé le Gouvernement à négocier désormais avec l’Armée de libération nationale (ELN).

Il est essentiel de créer des structures économiques adéquates pour accompagner le processus, a-t-il dit, ajoutant que la Colombie avait perdu des années de développement en raison du conflit.  Le cessez-le-feu est fragile mais l’avenir de la Colombie est riche de promesses, a poursuivi le délégué.

En conclusion, il a souligné la pertinence de la visite du Conseil en Colombie en mai prochain.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a déclaré que des questions en suspens telles que la loi d’amnistie et la transformation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en parti politique devaient être réglées. 

Il est impératif que les parties continuent de maintenir le cap, avec l’appui continu de la communauté internationale et des Nations Unies, a déclaré la représentante, en se félicitant de constater que la Mission des Nations Unies en Colombie est pleinement opérationnelle. 

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) s’est félicité des efforts des deux parties et de leurs engagements en faveur du calendrier de l’accord, en dépit de difficultés logistiques.  Il s’est félicité des efforts réalisés dans le domaine du cantonnement des ex-membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), estimant que leur réintégration dans la société colombienne est une priorité.  

Il a déclaré qu’il espère que les deux parties surmonteront les divergences persistantes sur la mise en œuvre de l’accord.  Aussi, a-t-il espéré que la mission du Conseil de sécurité en mai prochain donnerait un nouvel élan à son application.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a dit que les Américains pleuraient aujourd’hui aux côtés des Colombiens en raison des glissements de terrain meurtriers dans le pays.  Si la Mission des Nations Unies en Colombie n’est pas une mission de maintien de la paix, elle n’en demeure pas moins régie par les mêmes principes d’efficacité et de reddition des comptes, a-t-elle dit, ajoutant que la stratégie de retrait devait être identifiée.  

Elle a souligné la nécessité d’adapter le mandat de la Mission aux circonstances évolutives sur le terrain.  La Mission a tous les éléments pour se montrer efficace, notamment un mandat clair et une date butoir pour la démobilisation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a-t-elle dit.  

Elle a souhaité que la mise en œuvre de l’accord se fasse désormais plus rapidement, afin que le Gouvernement asseye son autorité partout sur le territoire colombien.  Les FARC laissent derrière eux des zones que des groupes criminels pourraient combler, a-t-elle dit.

En conclusion, la représentante a estimé que la Colombie se trouvait à un « moment d’espoir et de promesses » qu’il convenait de chérir.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a relevé que le Secrétaire général, dans son rapport, note le chemin extraordinaire que parcourt la Colombie sur la voie de la paix.  Elle a indiqué en effet qu’au cours des sept derniers mois, le niveau de violence avait baissé de manière sans précédent, et ce, après 50 ans de conflit interne. 

Elle a fourni des chiffres pour illustrer ces constatations et indiqué, par exemple, qu’il s’était écoulé 1 546 jours sans attaques à l’encontre de la population, 580 jours sans séquestration, 375 sans harcèlement contre la force publique et 307 sans incident attribué aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).  Le taux d’homicide du premier trimestre 2017 est en outre inférieur de 12% à celui de l’an passé, a-t-elle ajouté.

Mme Mejía Vélez a poursuivi son état des lieux en signalant avoir réussi à enregistrer 8 345 guérilleros et miliciens des FARC-EP et plus de 7 000 armes.  Elle s’est également félicitée du fait que 57 mineurs se soient dissociés de cette organisation. 

Parallèlement, la Colombie a fait des progrès significatifs dans son programme législatif et en matière de justice transitionnelle.  Le Président de la Colombie a ainsi signé le décret sur la création de la Commission de la vérité et de l’Unité de la recherche des personnes disparues. 

En ce qui concerne la Mission mise en place en Colombie, elle a salué la participation de 20% de femmes, militaires et civiles, ce qui en fait la mission qui compte le plus de femmes et ce qui renforce la dimension genre dans tout le processus de paix.

La déléguée a souligné la confiance que placent les autorités nationales et la communauté internationale dans le processus de cessez-le-feu et de dépôt des armes, grâce en grande partie au travail du nouveau mécanisme mené par le Gouvernement, les FARC et les Nations Unies. 

Elle a plaidé en faveur d’une coordination permanente et efficace entre ses membres, avant de souligner la nécessité pour la Mission d’accélérer l’enregistrement, l’identification et la relocalisation des armements, ainsi que les processus de localisation et de destruction des armes instables et des explosifs.  Le Gouvernement de la Colombie est prêt à fournir les moyens logistiques et juridiques nécessaires, a-t-elle assuré. 

Enfin, elle a jugé prématuré de dire que tous les homicides sont associés au travail de défense des droits de l’homme ou qu’ils sont de la responsabilité des organisations criminelles qui ont succédé aux groupes paramilitaires.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité affiche ses divisions au lendemain d’une attaque chimique présumée en Syrie

7915e séance – matin
CS/12777

Le Conseil de sécurité affiche ses divisions au lendemain d’une attaque chimique présumée en Syrie

Au lendemain d’informations faisant état de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, à Khan Shaykhun, près d’Edleb, le Conseil de sécurité s’est, ce matin, réuni en urgence à la demande de la France et du Royaume-Uni, affichant, une fois encore, ses divisions sur le dossier syrien.

C’est la première fois que le Conseil de sécurité, présidé par les États-Unis, se voyait présenter, au cours d’une séance publique, un exposé sur la question de l’utilisation des armes chimiques en Syrie. 

« Si elle venait à être confirmée, il s’agirait de la pire attaque à l’arme chimique commise en Syrie depuis celle de la Ghouta en août 2013 », a déclaré le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, M. Kim Won-Soo, en expliquant que la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) était prête à déployer une équipe sur place pour rassembler des informations sur ce bombardement aérien qui aurait fait des dizaines de morts, dont de nombreux enfants.

Alors qu’un projet de résolution présenté par les délégations des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France a été porté hier à la connaissance des autres membres du Conseil, la représentante américaine, Mme Nikki Haley, s’est, lors de son intervention, levée de son siège pour montrer à ses homologues deux photographies de victimes de cette attaque, qu’elle a attribuée au régime syrien.

« Nous ne méritons pas le titre de Conseil de sécurité si nous n’agissons pas maintenant », a-t-elle estimé.  « Hier matin, nous nous sommes réveillés devant des images d’enfants morts ou dans le coma et présentant des symptômes spumeux », s’est-elle indignée, en ajoutant que des personnels de santé s’étant précipités pour aider les victimes avaient eux aussi perdu la vie « dans d’atroces souffrances ».

La déléguée des États-Unis a accusé la Fédération de Russie de ne pas assumer ses responsabilités, en affirmant qu’il n’y aurait plus d’armes chimiques à la disposition de Damas si Moscou l’avait voulu.  « Lorsque l’ONU échoue de façon répétée dans son devoir d’agir collectivement, il y a des moments […] où nous sommes contraints de prendre nos propres mesures », a prévenu Mme Haley, ajoutant que si l’ONU n’agissait pas, « nous pourrions le faire ».

Le délégué britannique a pour sa part estimé que « les visages convulsés des enfants d’Edleb » étaient consécutifs au rejet par la Chine et la Fédération de Russie, le 28 février dernier, d’un précédent texte de résolution.  M. Matthew Rycroft a mis en garde son homologue russe contre les conséquences d’une « utilisation abusive du veto ».

« Ne nous y trompons pas: l’absence de consensus au sein de ce conseil le 28 février pour sanctionner l’usage avéré d’armes chimiques par 1е régime syrien a déjà constitué un signal d’impunité », a souligné le représentant de la France, M. François Delattre.  La Fédération de Russie, a-t-il observé, « en tant que garante de la trêve établie lе 29 décembre 2016, et en tant que membre permanent du Conseil, porte une responsabilité particulière qu’elle doit aujourd’hui assumer, aux côtés de tous les membres de ce Conseil ».

La Chine et la Fédération de Russie ont catégoriquement rejeté les accusations portées par le Royaume-Uni.  Le délégué russe, M. Vladimir K. Safronkov, a indiqué que la mise aux voix du texte britannique en février dernier –« une provocation inutile et incompréhensible »– n’avait fait que perturber les pourparlers d’Astana et de Genève, un argument repris à son compte par la République arabe syrienne.  « Il ne faut pas salir le Gouvernement syrien et notre gouvernement », a-t-il lancé, en accusant certains États de manipuler les résultats du Mécanisme d’enquête conjoint qui a déjà imputé à l’armée syrienne trois précédentes attaques chimiques.

Assurant que son pays n’avait « jamais » possédé ni utilisé d’armes chimiques, le délégué de la République arabe syrienne, M. Mounzer Mounzer, a dénoncé les « mensonges » ayant cours au sein du Conseil.  Selon lui, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, aurait exprimé sa préoccupation quant aux informations selon lesquelles des groupes armés illégaux seraient en possession d’armes chimiques toxiques, « obtenus à partir de la Turquie ».  

« L’ensemble des capacités chimiques syriennes doivent être démantelées pour protéger les populations syriennes et, au-delà, notre sécurité collective », a jugé M. Delattre, alors que le Haut-Représentant a rappelé qu’« un hangar et des locaux demeurent encore sujets à vérification » dans le pays et qu’un certain nombre de questions demeurent en suspens.

« Le moment est venu de sortir de l’impasse et d’agir, collectivement, en conscience, avec toute la fermeté requise face â l’utilisation d’armes de destruction massive », a conclu le représentant de la France.  « Le monde nous regarde, et il regarde en particulier ceux qui, en protégeant un régime indéfendable, se rendraient complices de ses crimes les plus odieux. »

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Lettre datée du 27 mars 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2017/260)

Déclarations

M. KIM WON-SOO, Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, a déclaré que les informations continuaient d’affluer concernant les allégations d’utilisation d’armes chimiques à Khan Shaykhun, en Syrie, et qui auraient causé la mort d’au moins 70 civils et fait plus de 200 blessés. 

La Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui est activement engagée dans la collecte et l’analyse d’informations à partir de toutes les sources disponibles, est prête à déployer une équipe sur place dès que possible.  Si confirmée, il s’agirait de la pire attaque à l’arme chimique commise en Syrie depuis celle de la Ghouta en août 2013, a dit M. Kim. 

Des informations font état d’une attaque perpétrée par voie aérienne sur une zone résidentielle, même s’il reste à déterminer quels ont été les vecteurs utilisés, a reconnu le Haut-Représentant.  Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, qui auraient été prises sur le site même de l’attaque, font également état de l’apparition de symptômes après l’attaque, tels que des problèmes respiratoires, des vomissements, des évanouissements, de l’écume à la bouche et du rétrécissement des pupilles. 

Le Haut-Représentant a ensuite fait son exposé mensuel relatif à l’utilisation d’armes chimiques en général en Syrie, en commençant par la question de leur destruction.  Au cours des trois dernières années, l’ensemble des matériaux et équipements chimiques déclarés ont été retirés ou détruits et quatre hangars et sept tunnels mis hors d’état de service. 

Toutefois, a noté le haut fonctionnaire, un hangar et des locaux demeurent encore sujets à vérification.  Par ailleurs, l’OIAC, a poursuivi M. Kim, a coopéré avec le Gouvernement de la Syrie pour vérifier et évaluer « l’évaluation de la déclaration », à propos de laquelle un certain nombre de questions restent en suspens.  Les consultations de haut niveau entre l’OIAC et Damas à ce sujet se tiendront début mai, à La Haye. 

Enfin, en ce qui concerne les allégations d’attaque à l’arme chimique, la Mission d’établissements des faits examine actuellement un certain nombre d’incidents qui se sont produits au cours des derniers mois en Syrie et devrait avoir achevé son rapport final dans les mois à venir.  « Si le rapport concluait à l’utilisation avérée d’armes chimiques toxiques, il offrirait une base pour permettre au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU de débuter son travail et de déterminer les responsabilités », a expliqué le Haut-Représentant. 

Il a, en conclusion, relayé la préoccupation profonde du Secrétaire général de l’ONU au sujet des allégations dont le Conseil est saisi aujourd’hui, M. António Guterres espérant que cet organe apportera tout le soutien nécessaire à la fois à la Mission d’établissement des faits et au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé qu’« après six années de conflit en Syrie marquées par la violence la plus effroyable contre la population civile et notamment par l’emploi avéré et répété d’armes chimiques par le régime syrien contre son propre peuple, en particulier au gaz de chlore, nous nous sommes une nouvelle fois réveillés hier en apprenant qu’une attaque ignoble venait d’être commise à Khan Shaykhun, au sud d’Edleb ».

« Les faits sont extrêmement choquants et graves », a-t-il dit, précisant qu’il s’agissait de l’exaction la plus meurtrière depuis les attaques à grande échelle commises par le régime syrien en août 2013 dans la Ghouta, où plus de 1 000 personnes avaient perdu la vie.  « La France, par la voix de nos plus hautes autorités, a partagé son effroi et fermement condamné ce carnage, nouvelle preuve de la barbarie qui frappe la population syrienne depuis plusieurs années. »

Le représentant français a déclaré que « les atrocités d’hier s’ajoutent aux nouveaux soupçons d’usage de chlore à la fin du mois dernier et aux multiples cas rapportés depuis plusieurs mois, en particulier à Alep au mois de décembre 2016 ».

« Elles illustrent tragiquement la logique autodestructrice du régime de Bashar Al-Assad, que même ses soutiens -nous le voyons aujourd’hui- ne sont pas en mesure d’empêcher, et dont le silence équivaut à cautionner ces actes barbares. »

Pour la France, « ce nouveau déchaînement de violence confirme que tant qu’il n’y aura pas eu de transition politique crédible, nul ne pourra garantir la paix et la sécurité du peuple syrien, ni le retour à la stabilité du Moyen-Orient ».  « II faut sauver la Syrie de la folie destructrice d’un régime jusqu’au-boutiste, en mettant en œuvre sans délai la transition politique que ce Conseil a souhaitée et approuvée en adoptant à l’unanimité la résolution 2254 (2015) et le Communiqué de Genève.  C’est depuis le début la position de la France. »

M. Delattre a estimé que « toute la lumière devait être faite au plus vite sur les détails de ce massacre ignoble », précisant que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’était immédiatement saisie de ces allégations.  « L’ensemble des allégations d’utilisation d’armes chimiques doit faire l’objet d’une enquête et d’un suivi appropriés », a-t-il ajouté.

Pour la France, « face à de telles atrocités, le silence de la communauté internationale porterait la menace de l’effondrement des valeurs qui fondent les Nations Unies et de notre système de sécurité collective ».  « II est enfin temps que la communauté internationale marque un coup d’arrêt aux crimes du régime syrien.  II est impératif que les responsables de ces attaques répondent de leurs actes et soient traduits en justice. »

La Fédération de Russie, a observé le délégué français, « en tant que garante de la trêve établie lе 29 décembre 2016, et en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, porte à cet égard une responsabilité particulière qu’elle doit aujourd’hui assumer, aux côtés de tous les membres de ce conseil ». 

« C’est pourquoi la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont pris l’initiative de porter un projet de résolution pour permettre à ce conseil de réagir, de s’exprimer au nom de tous, de se faire le porte-parole de l’humanité. »

Selon lui, « la réapparition de ces armes en Syrie, y compris aux mains de Daech, sans que le système international ne soit en mesure de réagir envoie un signal d’impunité qui n’est pas acceptable ».  « L’ensemble des capacités chimiques syriennes doivent être démantelées pour protéger les populations syriennes et au-delà, notre sécurité collective. »

« Ne nous y trompons pas: l’absence de consensus au sein de ce conseil le 28 février pour sanctionner l’usage avéré d’armes chimiques par 1е régime syrien a déjà constitué un signal d’impunité », a souligné M. Delattre, ajoutant: « Le massacre abject de Khan Shaykhun est un terrible rappel à la réalité et à notre responsabilité. »

« Le moment est venu de sortir de l’impasse et d’agir, collectivement, en conscience, avec toute la fermeté requise face â l’utilisation d’armes de destruction massive », a conclu le représentant de la France.  « Le monde nous regarde, et il regarde en particulier ceux qui, en protégeant un régime indéfendable, se rendraient complices de ses crimes les plus odieux. »

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué que le Conseil de sécurité, le 23 février dernier, aurait pu envoyer un signal clair de son unité en sanctionnant Damas pour l’emploi d’armes chimiques.  Mais la Chine et la Fédération de Russie ont opposé leur veto et envoyé un signal d’encouragement à Damas, a-t-il déploré.  « Nous en avons vu, hier, les conséquences sur les visages convulsés des enfants d’Edleb », a-t-il déploré, ajoutant que le veto n’était pas sans conséquences. 

Il a dénoncé l’explication avancée par la Russie, selon laquelle un entrepôt d’armes chimiques appartenant aux rebelles aurait été bombardé.  Il n’y a qu’une seule force aérienne utilisant les armes chimiques et une seule partie qui refuse l’accès des inspecteurs à ces installations, a-t-il dit, voyant dans l’attaque la main de Damas.

Il a ajouté que le régime syrien avait fait du cessez-le-feu une moquerie et sapait le processus d’Astana.  Que reçoit la Russie en échange de sa protection d’Assad, a demandé M. Rycroft.  Le Président Assad humilie la Russie aux yeux du monde, en méprisant le processus d’Astana et en montrant la vacuité des engagements sur l’élimination des armes chimiques. 

Le délégué a appelé la Russie à se joindre aux autres membres du Conseil pour appuyer pleinement le Mécanisme et à cesser de « défendre l’indéfendable ».  Tant que la Russie ne changera pas de position, le Conseil sera dans l’impasse, a-t-il dit, en mettant en garde contre toute conséquence de l’utilisation abusive du veto. 

« Je veux demander à la Russie: que prévoyez-vous pour arrêter ces attaques?  Nous avions un plan mais vous l’avez rejeté », a conclu le représentant, en l’enjoignant à se joindre au projet de résolution en circulation.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a condamné l’emploi d’armes chimiques en toutes circonstances.  Les responsables doivent être jugés avec la plus grande rigueur, a-t-il dit.  Il a demandé la conduite d’une enquête « ouverte, impartiale, complète, concluante et dépolitisée » et appuyé les efforts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU en Syrie. 

L’emploi d’armes chimiques est un crime grave qui menace la sécurité internationale, a-t-il dit.  Il a souhaité le renforcement des capacités du Mécanisme, en espérant que ce dernier se montre rigoureux dans ces efforts.  Le délégué a appelé à l’unité du Conseil, qui ne doit pas être une caisse de résonance de la propagande de guerre.  Le Conseil ne peut pas être un pion sur l’échiquier de la guerre, a-t-il affirmé.

Enfin, le délégué bolivien a tenu à rappeler les véritables causes de la guerre en Syrie, à savoir l’invasion de l’Iraq il y a plus de 10 ans et la politique d’intervention au Moyen-Orient.

M. LIU JIEYI (Chine) s’est dit choqué par les allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie, se déclarant opposé à ce que de telles armes puissent être employées contre une population civile.  Selon lui, il est essentiel de tenir pour responsables de leurs actes les auteurs de ces attaques. 

Le représentant a encouragé la communauté internationale à se mobiliser auprès de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie pour l’aider à consolider le cessez-le-feu et à créer les conditions de confiance mutuelles entre les parties au conflit. 

Le représentant a ensuite affirmé que le Royaume-Uni aurait représenté « erronément » la position de la Chine, souhaitant que la délégation cesse à l’avenir de se servir de manière abusive du Conseil, « car ce n’est pas dans l’intérêt du peuple syrien ».

M. KORO BESSHO (Japon) a affirmé que son pays était gravement préoccupé par les informations faisant état de l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie.  L’utilisation d’armes chimiques n’est autorisée en aucune circonstance, a-t-il déclaré, ajoutant que ceux qui sont responsables doivent être identifiés et tenus pour responsables.

Le Japon se félicite, dans ce contexte, que la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ait déjà entamé son travail concernant Edleb.  Il a exhorté le Gouvernement syrien et toutes les parties en Syrie à coopérer pleinement avec elle afin que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU puisse mener sa propre investigation.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a dit que son pays était en état de choc après l’attaque d’Edleb.  « Nous sommes écœurés », a-t-il déclaré.  Il a déploré le fait que le cadre juridique relatif aux armes chimiques continue d’être bafoué.  Il a appuyé le projet de résolution de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni en circulation.  La lutte contre l’impunité doit être la priorité de ce conseil, a-t-il dit, en l’appelant à présenter un front uni.

Il a regretté l’impasse du Conseil en févier, avant de saluer la récente adoption par l’Union européenne de sanctions ciblées visant des individus impliqués dans l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  Le délégué italien a appelé le Conseil à agir face à l’attaque d’Edleb, laquelle devrait attirer l’attention de la Cour pénale internationale (CPI).  Le délégué a souligné l’importance d’un processus politique, pour sortir du cercle vicieux de la violence.

Enfin, il a jugé que l’attaque d’Edleb était survenue « cyniquement » après la fin des pourparlers de Genève et jetait le doute sur les véritables intentions du régime syrien.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a condamné l’emploi d’armes de destruction massive « par quelque partie que ce soit », en particulier d’armes chimiques contre le peuple syrien.  « Nous ne comprenons pas comment l’impunité peut continuer de prévaloir concernant ces actes inhumains », a-t-il dit, en affirmant que sa délégation soutenait le principe d’une enquête. 

Regrettant les divisions de ce Conseil, qui ne parvient pas à s’accorder sur un projet de résolution et continue de s’abandonner à des « luttes intestines », le représentant a souhaité que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU puisse se saisir de cette situation, en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

« L’horreur, l’horreur », a déclaré M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay), pour dire son sentiment devant l’attaque d’Edleb, en empruntant ces termes à un personnage de Joseph Conrad.  Il a indiqué que les auteurs de cette attaque avaient l’intention de faire le plus de dommages possibles, rappelant que l’hôpital traitant les victimes avait été ensuite bombardé.  Ces crimes ne peuvent pas rester impunis, a-t-il déclaré.

S’il n’est pas possible d’identifier catégoriquement les responsables de cette attaque, le délégué de l’Uruguay a tenu à rappeler que le Gouvernement syrien avait la responsabilité de protéger sa population.

Enfin, le représentant a déploré le fait que le Conseil de sécurité continue de faire partie du problème en Syrie plutôt que de sa solution.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a condamné l’attaque à l’arme chimique perpétrée contre la population civile syrienne, avant d’encourager l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à mener une enquête sur ce crime ignoble et l’emploi « délibéré » de telles armes. 

Pour le délégué, la Mission d’établissement des faits doit établir les faits pour que les auteurs soient traduits en justice.  Tout retard dans la divulgation des faits encouragera la poursuite de tels crimes, a-t-il prévenu. 

Concernant le rapport mensuel sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie, il a constaté que certains problèmes continuent de se poser, en particulier l’impossibilité de détruire trois sites, « faute de sécurité suffisante ».  Le représentant a donc dit attendre avec impatience la reprise des consultations de haut niveau à Damas au début du mois de mai. 

« Nous aimerions également que des mesures plus rapides soient prises pour que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU puisse faire son travail efficacement, sachant que ce mandat expirera en novembre prochain. » 

M. OLOF SKOOG (Suède) a rappelé que l’utilisation d’armes chimiques pouvait constituer un crime de guerre ou un crime contre l’humanité.  Ce qui s’est passé à Edleb doit faire l’objet d’une enquête sans délais, a-t-il dit.  Il a souligné l’importance que le Conseil présente un front uni, à la lumière de ce qui s’est passé ces dernières 24 heures. 

« Nous devons tout faire pour faciliter le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et du Mécanisme », a poursuivi M. Skoog, en apportant le soutien de son pays au projet de résolution en circulation.  Il a appelé les autorités syriennes à coopérer pleinement avec la Mission d’établissement des faits.

Saluant le fait que le Mécanisme sera bientôt pleinement opérationnel, il a dit attendre avec intérêt des informations supplémentaires sur les quatre cas d’emploi d’armes chimiques par le régime syrien et Daech, ainsi que sur les cas les plus récents. 

Le représentant suédois a rappelé que son pays avait activement appuyé la récente adoption par l’Union européenne de sanctions ciblées visant des individus impliqués dans l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  « L’attaque à Edleb montre la nécessité que le Conseil œuvre à la cessation de tout emploi d’armes chimiques », a conclu M. Skoog.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est déclaré préoccupé par les informations en provenance de Syrie faisant état d’attaques à l’arme chimique au cours des huit derniers mois.  Il a dit être d’accord avec le Secrétaire général, qui s’est élevé dans une lettre contre les dangers que font peser de telles armes sur la population civile et le régime de non-prolifération. 

Après une enquête appropriée de la Mission d’établissement des faits, les coupables devraient être identifiés « sur la base de preuves tangibles » afin de rendre des comptes.  À cet effet, il faut que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU reprenne son travail le plus rapidement possible, a souligné le représentant, en demandant que l’on lui apporte tout le soutien nécessaire. 

Il ne s’agit pas seulement, a-t-il dit, de rendre justice aux victimes d’attaques à l’arme chimique mais de préserver le régime de non-prolifération.  Ce n’est que grâce à un processus politique inclusif que l’on pourra faire face à des attaques comme celle commise hier à Khan Shaykhun.  Plus le Conseil fera preuve d’unité s’agissant de ce dossier, plus la communauté internationale sera en mesure de contrer la menace posée par les armes chimiques, a ajouté le représentant en conclusion.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a indiqué qu’une véritable boîte de Pandore avait été ouverte en 2012 et que les conséquences des actions et décisions prises il y a cinq ans continuaient encore de se faire sentir.  Le Conseil s’est montré très prolixe et éloquent pour condamner l’emploi d’armes chimiques en Syrie, mais c’est à peu près tout, a-t-il déploré, en soulignant l’absence patente d’actions.

Le délégué a affirmé que les civils à Edleb venaient de payer « le prix ultime » en raison de l’inaction du Conseil.  À la lumière de telles circonstances, il a estimé que se réfugier derrière la répétition de formules incantatoires telles que « l’implication du Mécanisme » ou bien encore « nécessité de la pleine coopération du Gouvernement syrien » constituait un affront au peuple syrien.

Ces formules forment un mur derrière lequel se dissimulent le régime syrien et la Fédération de Russie, a-t-il dit, estimant qu’il était temps d’abattre un tel mur.  En conclusion, le représentant a appuyé le projet de résolution en circulation.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a déclaré que rien ne saurait justifier une atrocité comme l’utilisation d’armes chimiques contre des populations civiles, comme ce qui est arrivé à Khan Shaykhun hier.  Un incident aussi regrettable rappelle l’importance de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), dont il a demandé qu’elle soit en mesure de s’acquitter pleinement de son mandat. 

Le représentant a demandé à tous les États Membres, en particulier à ceux de la région, de faire preuve de coopération pour éliminer les armes chimiques et de destruction massive. 

En conclusion, M. Seck a appelé à ce que soit déterminée, de manière « rapide et fiable », la nature des évènements d’hier dans la province d’Edleb, pour que les auteurs de ces actes rendent des comptes.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déploré la dimension idéologique du débat d’aujourd’hui, lequel s’inscrit dans une campagne contre Damas qui sera ultimement rejetée par l’histoire.  La Russie a une position claire: l’emploi d’armes chimiques est inacceptable et les responsables de tels crimes doivent rendre des comptes, a-t-il dit.  Il a estimé que le point de départ de l’emploi d’armes chimiques en Syrie était à trouver dans les lignes rouges édictées par les États-Unis en 2012.  Cela a été le point de départ de provocations de groupes terroristes qui se sont employés à discréditer Damas, a-t-il déclaré.

Il a rappelé que Damas avait demandé une enquête sur l’emploi de gaz sarin dans la banlieue d’Alep, en critiquant le silence opposé par « nos partenaires occidentaux ».  Ce silence a encouragé l’impunité, comme l’a montré l’attaque chimique commise en 2013 dans la Ghouta orientale, a-t-il dit. 

Il a rappelé que les experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avaient conclu qu’El-Nosra et Daech produisaient des substances chimiques pour les utiliser en Syrie et en Iraq.  Il s’est dit favorable à une reconduction pour un an du mandat du Mécanisme, ainsi qu’à son élargissement géographique.  « Il ne faut pas salir le Gouvernement syrien et notre gouvernement », a-t-il affirmé, en accusant certains États de manipuler les résultats du Mécanisme.

Il a regretté la mise aux voix d’un projet de résolution, le 23 février, alors que le processus d’Astana et de Genève fonctionnait parfaitement.  Ce vote a été une provocation inutile et incompréhensible, a-t-il déploré.  Il a estimé que la situation serait aujourd’hui toute autre si l’initiative sino-russe avait été considérée.

Le délégué russe a affirmé qu’il n’était pas nécessaire d’adopter une résolution, les éléments à disposition étant insuffisants.  Il a ensuite mentionné certains points dudit projet de résolution, dont il a souligné l’incohérence, et souhaité, par exemple, que ce projet prévoie la condamnation de tout emploi d’armes chimiques, quels qu’en soient les auteurs.

S’agissant de l’attaque d’Edleb, il a indiqué que les éléments d’information étaient ceux, « falsifiés », fournis par les Casques blancs et l’Observatoire syrien des droits de l’homme à Londres, qui se sont depuis longtemps discrédités.  Il a notamment évoqué les témoignages contradictoires sur le nombre de victimes ou sur la nature du gaz employé, chlore ou gaz sarin.  Ce projet de résolution a été élaboré à la hâte et même avec négligence, a-t-il tranché. 

Le délégué a indiqué que, le 4 avril, l’aviation syrienne avait procédé à des frappes contre un dépôt d’armes et de nettoyants chimiques, lesquels devaient être utilisés en Iraq et en Syrie.  Les symptômes à Edleb sont les mêmes que ceux recensés à Alep en 2016, où l’emploi d’armes chimiques avait été avéré, a-t-il souligné.

Le délégué russe a déploré l’insuccès du Conseil à répondre à l’emploi d’armes chimiques par les groupes terroristes.  Les Occidentaux sont indifférents aux actions terroristes à Mossoul, a-t-il accusé.  Le représentant russe s’est élevé contre le manque de respect manifesté à l’endroit de son pays par le délégué britannique.  « Vous ne faites rien pour stabiliser la situation en Syrie mais vous soumettez des projets de résolution provocateurs et exercez des pressions sur le Mécanisme afin qu’il parvienne à des conclusions qui vous arrangent », a-t-il dénoncé. 

Il a jugé que le délégué britannique parlait de la Chine et de la Russie en termes inacceptables.  « Je pensais que cette diplomatie britannique rudimentaire appartenait au passé, mais cela n’est pas le cas », a conclu le représentant russe.

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a jugé « intéressants » les propos tenus par la Fédération de Russie, dans la mesure où le Conseil de sécurité a voté à l’unanimité la résolution portant création du Mécanisme d’enquête conjoint, qui a conclu à l’utilisation, à trois reprises, d’armes chimiques dans le cadre d’attaques, mais il semblerait maintenant que certains n’aiment pas ses conclusions. 

« Nous ne méritons pas le titre de Conseil de sécurité si nous n’agissons pas maintenant », a-t-elle déclaré.  « Hier matin, nous nous sommes réveillés devant des images d’enfants morts ou dans le coma avec de la mousse au coin des lèvres », a-t-elle lancé, en brandissant, debout, des photos de victimes.  « Nous savons qu’Assad se trouve derrière l’attaque, qui dépasse en gravité les attaques antérieures », a accusé Mme Haley, en affirmant que des « agents plus létaux » avaient été employés. 

Des personnels de santé se sont précipités pour aider les victimes, perdant eux aussi la vie dans d’atroces souffrances, a-t-elle poursuivi.  Pour sa délégation, la Russie ne saurait se soustraire à ses responsabilités, et si elle les avait assumées auparavant, « il n’y aurait plus d’armes chimiques à la disposition du régime syrien ».

Mais la vérité, selon la représentante, c’est que le Président syrien n’a aucune intention de cesser l’utilisation de telles armes.  « Sans aucun fondement, Moscou tente de jeter l’opprobre sur d’autres », a martelé Mme Haley, en affirmant que la Russie, la Syrie et l’Iran n’ont aucun intérêt à faire la paix. 

Le Président Assad a clairement dit qu’il ne souhaitait pas prendre part à un processus politique digne de ce nom, et il est soutenu par Moscou et Téhéran.  « Combien d’enfants devront encore mourir avant qu’ils ne se préoccupent du sort des civils? »  L’attaque d’hier est une « honte », a encore dit la représentante.  « Si nous ne sommes pas capables de nous mettre d’accord, quid de notre capacité à venir en aide au peuple syrien?  Si nous ne sommes pas prêts à agir, alors le Conseil de sécurité continuera de se réunir mois après mois pour exprimer son indignation et nous continuerons d’être témoins de ces images insupportables. »

« Lorsque l’ONU échoue de façon répétée dans son devoir d’agir collectivement, il y a des moments dans la vie des États où nous sommes obligés de prendre nos propres mesures », a déclaré Mme Haley, ajoutant que si l’ONU n’agit pas, « nous pourrions le faire ».

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a dénoncé les « mensonges » ayant cours dans ce Conseil, remettant en mémoire les évènements en 2003 au sujet de l’Iraq.  Il a dit que la Syrie ne possédait aucune arme chimique ni n’avait jamais utilisé de telles armes ou autres armes de destruction massive.  Il s’agit de crimes contre l’humanité, a-t-il affirmé. 

« Les médias ne cessent de diffuser des informations mensongères au sujet de son pays relativement à ce qui s’est passé à Khan Shaykhun et certains gouvernements accusent le nôtre sans la moindre justification afin de nous ramener à la case départ et servir des objectifs politiques clairs », a tonné le représentant.

Selon lui, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, aurait exprimé sa préoccupation quant aux informations selon lesquelles des groupes armés illégaux seraient en possession d’armes chimiques toxiques, « obtenus à partir de la Turquie ». 

Pour le délégué, il est pour le moins étrange que ceci coïncide avec la tenue de pourparlers à Astana ou à Genève, attestant selon lui de la volonté de certains de miner le processus politique en cours.  Les principaux bénéficiaires de ces attaques?  D’après lui, il s’agit des pays qui soutiennent les groupes armés afin de saper les pourparlers en cours. 

Il a ensuite rappelé que le Président du Conseil de sécurité au mois de mars avait déclaré son opposition de principe à tout projet de résolution présenté par la Russie ou la Chine au sujet du conflit en Syrie.  Rejetant catégoriquement les accusations montées de toutes pièces, la délégation a assuré que « nous continuerons de combattre le terrorisme ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: société jeune ou vieillissante? chacune a un dividende démographique à exploiter

Cinquantième session,  
4e séance – matin
POP/1056

Commission de la population et du développement: société jeune ou vieillissante? chacune a un dividende démographique à exploiter

Quelle que soit la phase de transition de la population, tous les pays ont un dividende démographique à exploiter.  C’est la conclusion à laquelle est parvenue la Commission de la population et du développement au deuxième jour de son débat général sur le thème « évolution de la structure par âge de la population et développement durable ».*

La transition démographique a trois phases: comme en Afrique, la première phase montre une érosion de la mortalité et une fécondité élevée; la répartition par âge évoluant au profit des groupes les plus jeunes.  La deuxième phase, visible dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, témoigne d’une baisse de la mortalité mais aussi de la fécondité, d’où une diminution de la proportion d’enfants et de jeunes et une augmentation de la proportion d’adultes actifs.  Enfin la troisième phase, qui se voit au Japon, en Europe et dans une moindre mesure en Amérique du Nord, pointe sur une fécondité qui se maintient, avec un nombre d’enfants, de jeunes et d’adultes en âge de travailler en baisse et un nombre de personnes âgées en hausse.

Ainsi les pays d’Afrique, dont la population en âge de travailler augmente à vive allure, sont susceptibles de tirer parti d’un dividende démographique non négligeable, soit l’augmentation du ratio producteurs-consommateurs.  Comme le degré d’instruction favorise la productivité et la croissance des revenus, ils ont tout intérêt à investir dans l’éducation, la création d’emplois et la santé, ont acquiescé plusieurs délégations dont le Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 173,6 millions d’habitants dont les moins de 15 ans représentent plus de 40%, les moins de 25 ans, 20%, et les personnes en âge de procréer, plus de la moitié. 

C’est à travers le parcours de vie d’une fille de 10 ans que l’on saura véritablement si le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été un succès ou un échec, a convenu le Canada, revenant ainsi au thème de la session. Ces filles étant la clef du progrès, il faut assurer l’égalité avec les garçons et leur future autonomisation.  Dans ce contexte, le Canada a, avec tous les autres intervenants, estimé que la santé et les droits sexuels et reproductifs constituent un élément crucial.

La Belgique est d’ailleurs revenue sur la conférence internationale « She decides » organisée à Bruxelles le mois dernier, pour faire en sorte que les femmes et les filles du monde entier puissent exercer leur droit de choisir librement si elles souhaitent avoir des enfants, quand et combien, et mobiliser un soutien financier.  Quelque 180 millions d’euros ont été promis.  Les avantages économiques de tels efforts sont clairs: plus d’investissements possibles dans des enfants moins nombreux, la possibilité pour les femmes d’entrer dans l’économie formelle et le pouvoir d’économiser pour leur retraite. 

À propos de retraite, même les pays en troisième phase de transition démographique ont un dividende démographique à exploiter compte tenu de l’accumulation croissante d’éléments de patrimoine due au vieillissement de la population et aux départs tardifs à la retraite.  Mais, a prévenu la Belgique, le défi est tout de même d’assurer le dividende démographique, tout en faisant face aux répercussions de la longévité sur la santé, le budget, la sécurité sociale et économique des futures personnes âgées et le respect de l’égalité des sexes dans les systèmes de retraite. 

Quant à compenser la baisse de la population active par une migration ordonnée, la Belgique a souligné qu’il s’agit aussi de ne pas faire rater aux pays d’origine leur dividende démographique, en veillant à ce qu’ils bénéficient des envois de fonds de leur diaspora et à ce que l’émigration ne signifie pas seulement « fuite des cerveaux » « Société à quatre générations », la Suisse est déjà confrontée au défi d’élaborer des politiques qui exploitent le potentiel de chaque génération et qui renforcent les liens intergénérationnels.  Toute structure par âge présente des exigences spécifiques et dans un monde en rapide évolution, les compétences de chacun doivent être développées et adaptées tout au long de la vie, sous peine de voir le capital humain se déprécier rapidement.  En Suisse, près d’un cinquième de la population, soit 1,5 million de personnes, suit une formation. 

La Suisse a attiré l’attention sur le programme « Safeguard Young People », un partenariat entre le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’Agence suisse pour le développement et la coopération qui vise à promouvoir le bien-être des jeunes.  Quant aux personnes âgées, la représentante d’Israël souhaitait hier que le monde que nous édifions soit un monde où l’on pourra atteindre un âge avancé dans la dignité, en bonne santé et avec « un sourire grand et lumineux », celui de sa grand-mère qui à presque 102 ans montait encore à pied les trois étages de son immeuble, après avoir subi l’holocauste, vécu les pires atrocités au monde, refait sa vie et élevé une famille.

La Commission de la population et du développement poursuivra son débat général demain, mercredi 5 avril, à partir de 10 heures.  

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL

THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)

Suite du débat général

M. EZE DURUIHEOMA, Président de la Commission nationale de la population du Nigéria, a souligné que son pays a une population jeune dont les moins de 25 ans représentent 20% de la population totale, une catégorie qui augmente rapidement, sans compter que plus de 40% de la population ont moins de 15 ans et que plus de la moitié de la population est en âge de procréer.  Le Nigéria connaît un faible taux de personnes âgées, l’espérance de vie y étant faible.  La Commission nationale de la population, qui prévoit une augmentation de la population dans les trois prochaines générations, estime qu’il s’agit là d’une bonne possibilité notamment d’atteindre les objectifs de développement durable.  Le pays va investir dans les emplois décents pour absorber la population active, accroitre les investissements dans les services de santé avec un accent particulier sur les méthodes de contraception, investir dans l’agriculture moderne pour assurer la sécurité alimentaire, mettre en place une politique démographique améliorée et préparer le prochain recensement. 

Le Gouvernement s’engage à lutter contre la corruption et pour la bonne gouvernance en vue de la mise en place de son plan de développement en tous points conforme à l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Il compte multiplier les opportunités d’accès aux emplois productifs, mettre fin aux discriminations et aux inégalités et augmenter le taux de participation des femmes sur le marché du travail.  « Nous sommes optimistes quant à notre capacité d’atteindre le développement durable parce que la population est notre meilleur atout », a conclu le représentant. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a souligné que le « statut des personnes âgées » créé par son pays en 2003 prévoit un ensemble de règlements et de politiques qui protègent ces personnes et renforcent leurs droits fondamentaux, y compris leur santé, leur dignité et leur bien-être.  Toute discussion sur l’évolution de la structure par âge de la population doit tenir compte des sociétés dans leur ensemble et les politiques en faveur des personnes âgées doivent s’accompagner de mesures de promotion et d’autonomisation des jeunes, a-t-il ajouté.

Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous nous sommes engagés à tirer pleinement parti du dividende démographique en mettant l’accent sur les droits des jeunes et des groupes vulnérables, a rappelé le représentant.  Il a souhaité que les données démographiques soient ventilées par sexe, âge, race, ethnicité, statut migratoire, handicap, situation géographique et condition socioéconomique pour ne laisser personne de côté.  Pour sa part, le Brésil a établi une politique fondée sur les droits de l’homme qui vise à inclure tant les jeunes que les personnes âgées, tout en luttant contre la discrimination. 

Mme GILIAN BIRD (Australie) a, tout en jugeant que le thème de cette session est important compte tenu de l’avantage qu’on peut tirer de l’évolution de la structure par âge de la population, estimé qu’il faut aller au-delà des statistiques.  La représentante a insisté sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, expliquant que la politique étrangère australienne comprend un volet important sur la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive.  La représentante en a profité pour revenir sur l’appui de son pays aux congés de maternité et de paternité préconisés par le Secrétaire général.  Elle a aussi souligné l’importance des investissements en faveur de l’emploi, de l’éduction et de la formation des jeunes.

Mon pays traverse un processus de transition démographique, a expliqué Mme LAURA FLORES HERRERA (Panama), dans un contexte où malgré l’urbanisation, le développement humain et socioéconomique est caractérisé par des niveaux d’inégalité marqués.  Cette transition a modifié le profil démographique du Panama et les demandes sociales auxquelles l’État doit répondre.  Nous devons comprendre le dynamisme complexe des mouvements migratoires contemporains, a poursuivi la représentante.  Nous devons nous demander comment faire face à leur impact sur l’économie, les systèmes d’éducation et de santé.  À cette fin, elle a jugé nécessaire d’améliorer la collecte et l’analyse des données, et de consolider les institutions pour atteindre les objectifs de développement durable.  En tant que Vice-Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS, le Panama s’efforce d’inclure les thèmes relatifs à la population et au développement dans tous les plans stratégiques.   

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a estimé que pour tirer parti des transitions et des dividendes démographiques, les gouvernements doivent travailler avec tous les décideurs de la société civile et investir massivement dans les systèmes de santé.  Ne pas exploiter les dividendes démographiques peut mener à l’instabilité et aux incertitudes, a-t-elle prévenu, avant de reconnaître la nécessité d’aider les pays aux populations vieillissantes et d’insister sur l’importance qu’il y a à collecter des données fiables pour affiner les politiques

M. IB PETERSEN (Danemark) a souhaité que soient honorées les promesses faites à des millions de femmes et de filles qui n’ont toujours pas accès aux soins de santé sexuelle et génésique.  « L’accès à des avortements sûrs est essentiel », a-t-il insisté.  Le représentant a regretté que « seuls quelques éléments des contributions importantes du Secrétaire général se trouvent reflétés dans le projet zéro que nous examinons actuellement ».  Il faudra tenir compte des tendances mondiales pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il averti.  C’est avec une démarche respectueuse des droits de l’homme que le dividende démographique sera effectivement réalisé.  Sans investissements en ce sens, les sociétés risquent de voir des vies perdues, moins de productivité et plus d’inégalités.  Le Danemark, a-t-il assuré, continue à soutenir que les pays riches doivent consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD).

Mme LIMIA ADDELGHAFAR KHALAFALLA AHMED (Soudan) a prévu une augmentation de 2,1% de la population soudanaise dans les prochaines années.  Face à cette évolution, le Gouvernement a adopté des politiques dont la mise en œuvre permettra une croissance économique soutenue.  Ces politiques visent à augmenter la productivité grâce à l’amélioration de la formation professionnelle des jeunes, l’accès à la santé, la gratuité des vaccins, l’éducation universelle, l’octroi de bourses d’études, en veillant à la conformité avec les besoins du marché du travail.  Le Soudan, qui mène également une politique d’autonomisation des femmes, prépare actuellement le sixième recensement prévu pour 2018, le premier après la séparation d’avec le Soudan du Sud.  

La Princesse TSANDZILE DLAMINI, Ministre de l’intérieur du Swaziland, a déclaré que son pays était en pleine transition démographique.  Au Swaziland, 40% et 52% de la population ont respectivement moins de 15 et de 20 ans.  Les taux de fertilité ont considérablement baissé au cours des 30 dernières années. Dans l’ensemble, a-t-elle expliqué, la population dépendante a décru tandis qu’augmentait la population en âge de travailler, offrant des opportunités pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté.  La Ministre a indiqué que son pays menait actuellement avec le FNUAP une étude sur le dividende démographique.  Le Royaume, a-t-elle précisé, est confronté à des défis qui ont un impact sur la jeunesse: sexualité précoce, infection au VIH, mariage et grossesse précoces, abus sexuels, abus de drogues, taux de chômage élevé, entre autres.  Le Gouvernement s’attache néanmoins à relever ces défis, à travers diverses initiatives telles que la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant et l’accès élargi aux médicaments antirétroviraux.  

M. CHARLES T. NTAWAAGAE (Botswana) a précisé que son gouvernement procède à des recensements de la population tous les 10 ans.  Le pays a ainsi pu constater les déclins de la fécondité et de la mortalité qui ont modifié la structure par âge, l’allongement de l’espérance de vie et l’augmentation de la population active.  L’impact du dividende démographique sur la croissance économique a atteint son paroxysme en 2008, en augmentant à près de 1,5% le niveau de vie du Botswana.  Cet impact sur le développement socioéconomique en général est significatif mais il est en déclin permanent et devrait être insignifiant avant 2050.  

Toutefois un marché plus favorable pourrait changer cette trajectoire.  Il faut savoir que contrairement à d’autres pays du continent, le Botswana a peu de marge de manœuvre, compte tenu du chômage élevé des jeunes, un obstacle de taille à l’exploitation du dividende démographique.  Des efforts sont donc nécessaires pour améliorer le capital humain et créer des emplois.  En conséquence, le Botswana a pris des initiatives pour stimuler l’emploi grâce à la diversification de l’économie, l’aide à l’entreprenariat et le développement du secteur privé.  Depuis des années, le pays s’attaque à l’émancipation économique des citoyens par les nombreux programmes et politiques qu’il met en œuvre. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a indiqué que son pays se trouve actuellement dans la troisième phase de transition démographique, le vieillissement de la population faisant apparaître de nouveaux problèmes, notamment en termes de viabilité des systèmes de sécurité sociale.  Mais le vrai défi tient à la question suivante: comment assurer le deuxième dividende démographique sans perdre de vue les difficultés économiques posées par la part grandissante des personnes âgées dans la population?  Il faudra, a répondu le représentant, faire face aux répercussions de la longévité sur la santé de la population, la pression budgétaire, la sécurité sociale, la sécurité économique des futures personnes âgées et le respect de l’égalité des sexes dans les systèmes de retraite.  Receveur net de migrants qui peuvent avoir une incidence sur la répartition par âge de la population, la Belgique doit aussi envisager des mesures pour faciliter une migration ordonnée tout en veillant à ce que les pays d’origine ne ratent pas le premier dividende démographique.  Comment en effet garantir que les pays d’origine puissent bénéficier des envois de fonds de leur diaspora et que l’émigration ne signifie pas seulement la fuite des cerveaux? 

Le représentant a ensuite rappelé que son pays a accueilli le mois dernier la conférence internationale « She decides » coorganisée avec les Ministres de la coopération au développement des Pays-Bas, de la Suède et du Danemark.  L’initiative vise à faire en sorte que les femmes et les filles du monde entier puissent exercer leur droit de choisir librement si elles souhaitent avoir des enfants, quand et combien.  Elle vise aussi à mobiliser un soutien financier pour promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs.  La conférence a réuni plus de 50 représentants gouvernementaux de tous les continents et 400 parlementaires et participants de la société civile.  Quelque 180 millions d’euros ont été promis.  Le représentant a conclu sur la question des données démographiques et estimé que la numérisation est un outil de prédilection parce qu’elle facilite l’enregistrement et le traitement des données désagrégées et qu’elle est un outil qui permet les innovations comme la création de plateformes pour la sensibilisation des jeunes à la santé.  Le FNUAP, a-t-il indiqué, a déjà initié différents projets innovants en utilisant les possibilités et l’attrait de la numérisation.

M. CLAUDE BOUAH-KAMON, au nom de Mme KABA NIALÉ, Ministre du plan et du développement de Côte d’Ivoire, a déclaré que le Gouvernement ivoirien est conscient que certaines couches de la population rencontrent encore des difficultés nonobstant les acquis engrangés dans la quête de leur bien-être.  Ces contraintes s’observent à travers la mortalité maternelle élevée de 614 décès pour 1 000 naissances vivantes, un faible taux de prévalence contraceptive de 14%, avec un taux élevé de besoins non satisfaits, les difficultés de maintien à l’école de la jeune fille au primaire et la persistance des mouvements internes et externes.

Le Gouvernement est aussi préoccupé par le niveau de fécondité encore élevé et stagnant avec en moyenne cinq enfants par femmes, induisant avec les autres éléments de la dynamique démographique un taux d’accroissement annuel de 2,6% selon le RGPH 2014.  En outre, cette situation engendre une forte demande sociale pesant sur les ressources des ménages et de l’État du fait que 51,2% de la population a moins de 20 ans et, à peine 2,5% a plus de 65 ans.

La Côte d’Ivoire est consciente que les jeunes ont tendance à quitter la campagne pour venir dans les villes et grossir les rangs des personnes en quête d’emploi, ayant comme incidence directe une persistance de la pauvreté, la prolifération de quartiers précaires, l’occupation anarchique de l’espace urbain, la dégradation de l’environnement et la croissance de l’insalubrité. 

Aussi dans son ambition de tirer profit du dividende démographique et d’atteindre l’émergence à l’horizon 2020, le Gouvernement voudrait-il de façon solennelle réaffirmer son engagement pour les nouveaux cadres internationaux et régionaux de développement en conformité avec le plan d’action de la Conférence du Caire ainsi que ceux des objectifs de développement durable, de renouveler son accord parfait avec la position commune des pays africains sur l’agenda de développement au-delà de 2015.

S’appuyant sur la politique nationale de population qui fixe, entre autres, comme défis majeurs de relever pour les 10 prochaines années l’accélération du rythme de la transition démographique, la valorisation du capital humain, l’accès à un emploi décent pour tous les jeunes et l’amélioration de la gouvernance, le Gouvernement ivoirien s’engage à œuvrer davantage pour renforcer le cadre institutionnel, réglementaire et environnemental des questions de population et de développement.

Mon pays compte une population en âge de travailler plus importante que celle des enfants et des personnes âgées, a expliqué M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka).  Toutefois, le dividende de ce bonus démographique ne sera pas disponible avant un certain temps dans la mesure où le pourcentage des personnes âgées de 15 à 29 ans est sur le déclin.  La population âgée de Sri Lanka atteindra un sommet en 2041, lorsque le pays sera le plus âgé de l’Asie du Sud.  Cet état de fait présente des défis importants en matière de protection sociale.  Comparé à d’autre pays, les Sri Lankais âgés travaillent plus longtemps, a relevé le représentant.  Depuis son indépendance, il y a 70 ans, Sri Lanka offre des services de santé et d’éducation gratuits.  D’après le Gouvernement, ces services sont les agents du changement qui ont permis à Sri Lanka de connaitre sa transition démographique actuelle.  Un système d’assistance a été mis en place pour appuyer la strate la plus pauvre de la population appelée Samurdi.  De plus, le Gouvernement a entrepris d’apporter une couverture sociale aux fermiers, pêcheurs et travailleurs indépendants dans le secteur informel.

C’est à travers le parcours de vie d’une fille de 10 ans que l’on saura véritablement si le Programme 2030 a été une réussite ou un échec, a acquiescé M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada).  Qui sont ces filles de 10 ans?  Nous avons besoin de données exactes pour les comprendre.  Nous devons être créatifs et penser différemment à la manière dont nous répondons à leurs besoins.  Nous devons le faire, a insisté le représentant, non seulement parce qu’elles sont la clef du progrès mais aussi parce que nous devons être responsables des engagements que nous avons pris.  C’est pourquoi le Canada veut assurer l’égalité des sexes et favoriser l’autonomisation des femmes et des filles comme agents de changement dans leur communauté et leur pays, a indiqué le représentant.  Dans ce contexte, il a estimé que la santé sexuelle et reproductive et les droits connexes constituent un élément crucial, particulièrement pour les adolescentes.  Il a insisté sur l’éducation sexuelle compète et l’accès à des avortements sûrs et légaux, jugeant qu’il est important que les femmes et les filles puissent décider sans coercition, sans violence et sans discrimination. 

C’est la raison pour laquelle le Canada adopte une approche fondée sur les droits de l’homme s’agissant de la santé et des droits sexuels et reproductifs.  Le pays appuie la prévention de la violence sexuelle et fondée sur le sexe, sans oublier les pratiques traditionnelles néfastes.  Les avantages économiques d’une telle position sont clairs: plus d’investissements possibles dans des enfants moins nombreux, la possibilité pour les femmes de choisir leur lieu de travail et d’avoir plus temps pour entrer dans l’économie formelle et le pouvoir d’économiser pour la retraite.  Il ne faut pas non plus oublier, a ajouté le représentant, l’importance des approches multisectorielles qui traitent des déterminants sociaux de la santé, ce qui est essentiel pour promouvoir la santé des adolescents et toucher les plus marginalisés.  En tant que grand défenseur et grand donateur des programmes de nutrition, le Canada sait que chez les adolescents, une bonne nutrition est essentielle pour la croissance.  Le Canada sait l’importance qu’il y a à investir dans les adolescents pour réaliser le développement durable.  Il sait aussi qu’il faudra pour ce faire des partenaires forts avec une diversité de parties prenantes. 

Le Consensus de Montevideo de 2013 a montré la voie à suivre en matière de population et de développement, s’est félicité  M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  Des lois et des programmes garantissent l’accès à la santé sexuelle et générique et privilégient les groupes plus vulnérables.  L’Uruguay a adopté une démarche intégrée et complète pour permettre à tous de jouir des droits de l’homme. 

L’accès aux méthodes contraceptives dans le secteur public est gratuit et l’éducation sexuelle est intégrée comme question transversale dans le système d’éducation public, a précisé le représentant.  L’interruption volontaire de grossesse a été dépénalisée si elle intervient au cours des 12 premières semaines.  Dans le même esprit, le mariage entre personnes du même sexe et l’adoption par des couples de même sexe ont été légalisés.  Il existe également une loi relative à la procréation assistée.  Enfin, a-t-il ajouté, l’Uruguay a la plus faible mortalité maternelle en Amérique latine.

M. NECTON MHURA (Malawi) a rappelé que l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne, devrait abriter d’ici à 2020 19% des jeunes du monde, un taux qui devrait approcher les 34% d’ici à 2050.  Au Malawi, ce sont 50% que les jeunes occupent dans la population et fort de ce potentiel, le pays s’est attelé à mettre en place des instituts techniques en milieu rural et à ouvrir de nouvelles universités pour élargir l’accès au développement des capacités et à l’éducation tertiaire, afin de fabriquer des jeunes aptes à conquérir le marché du travail.  La Malawi a aussi défendu l’exploitation du dividende démographique auprès des autres pays africains, ce qui a amené l’Union africaine à jeter les bases d’une Afrique prospère et autosuffisante, conformément à l’Agenda 2063 et au Programme 2030.  On ne saurait trop insisté sur l’éducation et la santé, a poursuivi le représentant, voyant là la colonne vertébrale de la productivité et de la croissance économique nécessaires au développement. 

Des initiatives comme « Beautify Malawi » illustre l’adage selon lequel « le savoir c’est le pouvoir ».  Elle encourage en effet tous les segments de la société à l’entrepreneuriat.  Le pays vient aussi de limiter l’âge légal du mariage à 18 ans, tout en recherchant d’autres moyens de faire baisser le taux de décrochage scolaire chez les filles.  Toutes les mesures sont prises dans une franche collaboration entre les trois branches de l’État mais aussi avec la société civile, le secteur privé et les chefs coutumiers.  Rien ne se fera pourtant sans une lutte acharnée contre les changements climatiques, a conclu le représentant en appelant les partenaires au développement à apporter l’appui technique et financier nécessaire.

La Suisse, a dit son représentant, M. MARKUS SCHWYN, se prépare à une « société à quatre générations », une évolution démographique qui devra être prise en compte dans la planification, la gestion et le financement des systèmes éducatifs, de la sécurité, de la santé et du travail.  La politique devra privilégier les approches qui exploitent le potentiel de chaque génération et qui renforcent les liens intergénérationnels.  Toute structure par âge, a reconnu le représentant, présente des exigences spécifiques, l’éducation des jeunes, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, l’accès à l’emploi des personnes de tous âges mais aussi une prévoyance vieillesse qui reflète la longévité en augmentation en Suisse.  Dans un monde en rapide évolution, les compétences de chacun doivent être développées et adaptées tout au long de la vie, sous peine de voir le capital humain se déprécier rapidement.  En Suisse, près d’un cinquième de la population, soit 1,5 million de personnes, suit une formation. 

Le représentant a conclu sans manquer d’attirer l’attention sur le programme « Safeguard Young People », un partenariat entre le FNUAP et l’Agence suisse pour le développement et la coopération qui vise à promouvoir le bien-être des jeunes par différents biais, y compris les cadres législatifs, les services de santé sexuelle et reproductive, l’éducation et la promotion de la participation et de l’autonomisation des jeunes.  En travaillant avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le programme favorise également des économies d’échelle et d’ajout de valeur en élaborant des normes communes, des lignes directrices, un échange entre les pays et le renforcement des capacités à partir des perspectives de multiples secteurs

M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA (Cuba) a dit que, malgré le blocus imposé par les États-Unis, Cuba est un pays développé sur le plan démographique avec une transition très avancée, voire achevée.  L’espérance de vie y est proche de 79 ans.  Le pays est en voie de vieillissement et cette évolution est la conséquence de politiques et de prestations sociales de portée universelle gratuite et systématique.  Le développement humain de Cuba doit beaucoup à ses acquis en matière d’éducation et de santé, a insisté le représentant.  Dans le Programme d’action du Caire, a-t-il rappelé, il est dit que le droit au développement est un droit universel et inaliénable. 

Mme AUXILIA B. PONGA (Zambie) a déclaré que son pays est à la deuxième phase de sa transition démographique avec un taux élevé de fécondité en dépit du fait que 45% des femmes mariées utilisent des méthodes modernes de contraception.  Le taux de mortalité a décliné mais reste élevé alors que la mortalité infantile est passée de 70 morts pour 1 000 naissances en 2007 à 45 morts pour 1 000 naissances en 2014.  La mortalité maternelle a suivi la même courbe.  La population zambienne est relativement jeune, compte 45% des moins de 15 ans.  Les moins de 35 ans représentent quant à eux 82% de la population totale.

Cette structure par âge implique qu’une grande partie de la population dépend de la minorité rémunérée.  Le taux de dépendance des enfants de 87,4% pose un réel défi pour le développement durable.  Mais le pays a un véritable potentiel s’agissant du dividende démographique.  La représentante a énuméré les mesures prises par son gouvernement comme la mise en œuvre de la stratégie de santé de l’adolescent en milieu scolaire, la politique pour les filles enceintes, la création de facilités de crédits pour les jeunes, la création de coopératives pour les jeunes ou encore des camps de formation professionnelle.  Elle a attiré l’attention sur le septième plan de développement 2017-2021, en soulignant la détermination de son gouvernement à exploiter les nouvelles technologies pour améliorer les systèmes de collecte des données et affiner les programmes et politiques.

M. VLAD LUPAN (Moldova) a dit que la transition démographique dans son pays était caractérisée par un processus de vieillissement intense et des taux de fertilité assez bas.  Amplifié par la migration, ce phénomène est associé à des transformations profondes dans toutes les sphères de la vie économique, sociale et politique.  Il va falloir modifier des infrastructures qui ont été conçues pour une population plus jeune, a-t-il reconnu.  Par exemple, des écoles ont fermé et des emplois ont été perdus dans le secteur de l’éducation, alors que les demandes augmentent dans le secteur de l’éducation.  L’âge de la retraite a été porté à 63 ans pour tous, une mesure qui devrait stabiliser le système des retraites tout en contribuant à la réduction de la pauvreté et à la protection des personnes âgées.  Le représentant a fait remarquer que les femmes représentent 60% des plus de 60 ans.  Le 9 mars dernier, a-t-il annoncé, le Gouvernement de Moldova a adopté une nouvelle stratégie pour l’égalité des sexes pour la période 2017-2021.  L’année dernière, le pays a également approuvé une stratégie nationale pour la même période pour renforcer la compétitivité de la main d’œuvre.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (Iran) a dit que l’évolution de la structure par âge de la population est un fait incontournable à travers le monde.  La transition démographique qui suit un rythme différent dans toutes les régions, donne aux pays des opportunités et des défis dans la réalisation des politiques nationales de développement.  Ces défis multiples doivent être abordés par la coopération internationale en ayant à l’esprit le rôle du système de développement des Nations Unies.  La pauvreté, la faim, la malnutrition, des services de santé pauvres, en particulier dans les pays en développement, affectent gravement la vie de milliards d’individus, des femmes, des enfants et des jeunes.

Les gouvernements nationaux sont les premiers responsables du développement de leurs pays mais une coopération internationale renforcée, y compris le respect des engagements par les pays développés, pour assurer l’accès au marché financier, à la technologie et aux médicaments, est cruciale pour le bien-être des populations et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et pour ne laisser personne de côté.

Afin d’optimiser les opportunités du dividende démographique, il est également impératif d’adopter des politiques démographiques culturellement soucieuses du développement durable.  Le principe de l’appropriation et du leadership national est essentiel pour formuler des politiques, y compris les plans sur la transition démographique. 

L’Iran a entrepris d’importants changements pendant les 40 dernières années.  Le pays se dirige vers une société vieillissante où plus de 8% des 80 millions d’Iraniens ont plus de 65 ans et plus de 50%, entre 15 et 29 ans.  En 2025, Les personnes âgées représenteront 12% de la population.  Le Gouvernement a intensifié ses efforts pour offrir des conditions de vie décente aux personnes âgées.  Il a développé des initiatives avec un accent particulier sur l’autonomisation des femmes et des personnes âgées et tournées vers l’éradication de la pauvreté, des inégalités et des disparités.  Comme résultats de ces politiques et en dépit des obstacles extérieurs, y compris la guerre et des sanctions injustes, le Rapport sur le développement humain indique que l’Iran a fait l’une des meilleures performances mondiales.

Discours liminaire de Mme Rania Antonopoulos sur le thème « Évolution de la structure par âge et du développement durable dans les sociétés vieillissantes »

« Les données sont là », a lancé Mme Rania Antonopoulos, Directrice du Programme sur l’égalité des sexes et l’économie de l’Institut Levy, et Ministre suppléante du travail de la Grèce.  « Nous vivons une période de vieillissement individuellement et collectivement, aux plans national et mondial. »

Selon elle, ces transformations durables sont positives à bien des égards.  On craignait que la prédiction malthusienne de l’explosion démographique ne se réalise, a-t-elle rappelé, or ce n’est pas le cas.  Mais la longévité augmente dans de nombreux pays.

La baisse de la fécondité a été le signe d’une amélioration des conditions de vie, a assuré Mme Antonopoulos, tout en reconnaissant qu’il y avait des variations multiples d’un pays et d’une région à l’autre.

Dans la mesure où les pays investissent davantage dans les services sociaux, il faut que l’activité s’accroisse.  La population en âge de travailler a augmenté, mais les taux de participation de la main d’œuvre ont diminué à l’échelle mondiale, notamment en Chine, en Inde, au Japon et aux États-Unis.  La part de la population en âge de travailler devrait rester stable jusqu’en l’an 2050, mais augmenter en Afrique. 

« Une population jeune qui augmente risque de devenir un fardeau économique et une source de troubles et de conflits si l’on ne met pas en place les conditions d’une vie réussie », a averti l’intervenante.  Ainsi faut-il pouvoir tirer parti du dividende démographique avec les engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

En Europe, en Amérique du Nord et au Japon, la population en âge de travailler vieillit.  Cela crée des préoccupations réelles pour les décideurs quant au maintien des systèmes de retraite et de santé robustes, a noté Mme Antonopoulos.  Les chercheurs s’interrogent sur la suffisance des ressources financières à long terme.

Les pays développés doivent envisager des migrations sûres et ordonnées, a-t-elle recommandé.  Il leur faut également des politiques favorisant les familles.  Il y a lieu d’utiliser tous les outils disponibles pour assurer un partage équitable des fruits de la productivité et de la croissance.

L’intervenante a espéré que sur les 200 millions de chômeurs, dont 37% ont entre 15 et 24 ans, une majorité pourra petit à petit revenir sur le marché du travail.

L’indicateur clef dans l’analyse des populations vieillissantes est le taux de dépendance, a-t-elle rappelé.  Entre 2015 et 2030, les projections planétaires suggèrent que ce taux va passer de 73,5% à 75,7%, mais les différences entre pays développés et en développement à cet égard sont énormes.  Les gens plus âgés devraient être priés de travailler plus longtemps, a-t-elle ajouté.

Enfin, Mme Antonopoulos a insisté sur le fait qu’il faut tenir compte de la problématique hommes-femmes.  Le taux de chômage chez les femmes est beaucoup plus élevé que chez les hommes.  En outre, les femmes fournissent une main d’œuvre qui consacre beaucoup plus de temps à des activités non rémunérées.  Transformer de telles activités en participation réelle, les « professionnaliser », permettrait de relancer toutes les sociétés et de les rendre beaucoup plus fortes, a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité renouvelle son soutien au Président centrafricain et engage les groupes armés à renoncer à la violence

7913e séance – matin   
CS/12776

Le Conseil de sécurité renouvelle son soutien au Président centrafricain et engage les groupes armés à renoncer à la violence

Le Conseil de sécurité a, ce matin, dans une déclaration présidentielle, engagé « instamment » les groupes armés en République centrafricaine, « en particulier le Front patriotique pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) », à mettre fin « immédiatement » à toutes les violences et à honorer leur engagement en faveur du désarmement, de la démobilisation, du rapatriement et de la réintégration (DDRR).

Le Conseil de sécurité se déclare en effet préoccupé par la poursuite des affrontements entre groupes armés, en particulier autour de Bambari, et, plus récemment, à Bakouma, qui ont causé de lourdes pertes civiles et d’importants déplacements de population.

Dans cette déclaration, le Conseil renouvelle également son soutien au Président Faustin-Archange Touadéra et salue son rôle important dans la stabilisation du pays, la promotion de la paix et de la réconciliation et le développement notamment.

Les membres du Conseil saluent en outre les efforts du Président centrafricain pour faire progresser le dialogue non sélectif avec les groupes armés sur les principes de DDRR.  

Par cette déclaration, le Conseil souligne également l’urgence de traduire en justice les responsables de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, y compris la violence sexuelle et sexiste.

Enfin, le Conseil encourage les États Membres à verser les contributions annoncées lors de la Conférence internationale de Bruxelles du 17 novembre 2016 et de la Conférence sur la solidarité africaine tenue à Addis-Abeba du 1er février 2017, afin d’appuyer la mise en œuvre des objectifs prioritaires du pays en matière de consolidation de la paix.

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par la poursuite des affrontements entre groupes armés, en particulier autour de Bambari, préfecture de la Ouaka, et, plus récemment, à Bakouma, préfecture du Mbomou, qui ont causé de lourdes pertes civiles et d’importants déplacements de population.

Le Conseil déplore toutes les attaques dirigées contre des civils, les violations des droits de l’homme et autres atteintes généralisées à ces droits, ainsi que le pillage des locaux humanitaires. Il est profondément préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, notamment celle des réfugiés et des personnes déplacées, près de la moitié des quelque 4,6 millions de Centrafricains ayant actuellement besoin d’aide humanitaire.

Le Conseil condamne vigoureusement les actes de violence perpétrés par des groupes armés ainsi que les tentatives de ces derniers visant à prendre par la force le contrôle de territoires et des ressources, et engage instamment tous ces groupes, en particulier le Front patriotique pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), à mettre fin immédiatement à toutes les violences et à honorer sans aucune réserve leur engagement en faveur du désarmement, de la démobilisation, du rapatriement et de la réintégration (DDRR).

Le Conseil renouvelle son soutien au Président Touadera et salue le rôle important que joue ce dernier en vue de la stabilisation du pays, de la promotion de la paix et de la réconciliation, de la mise en œuvre du programme de désarmement, du développement à long terme et du renforcement des capacités des institutions de l’État et de la fourniture des services essentiels, avec l’appui des partenaires régionaux et internationaux. Il se félicite également des efforts déployés par le Président Touadera pour faire progresser le dialogue non sélectif avec les groupes armés sur les principes de DDRR.

Le Conseil de sécurité renouvelle également son soutien au Représentant spécial du Secrétaire général, Parfait Onanga-Anyanga, et à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) dans l’exécution de son mandat à l’appui des autorités centrafricaines, notamment par l’adoption d’une position active et ferme envers les groupes armés.

Le Conseil rappelle les principes de réconciliation nationale et de réforme adoptés lors du Forum de Bangui en mai 2015 et énoncés dans le Pacte républicain pour la paix, la réconciliation nationale et la reconstruction en République centrafricaine, ainsi que dans les accords portant sur les principes de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration, la justice et la réconciliation et la réforme du secteur de la sécurité.

Le Conseil rappelle également qu’il est urgent et impératif de dénoncer et de traduire en justice les responsables de violations du droit international humanitaire, de violations des droits de l’homme et autres atteintes portées à ceux-ci, y compris la violence sexuelle et sexiste. Il rappelle en outre le ferme rejet de l’impunité manifesté par le peuple centrafricain lors du Forum de Bangui et de ses consultations préparatoires.

Le Conseil se félicite des progrès accomplis dans l’établissement de la Cour pénale spéciale et appelle à sa mise en place rapide.

Le Conseil reconnaît l’initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés en République centrafricaine, laquelle, en venant appuyer les efforts du Président Touadéra, vise à promouvoir de manière durable la réconciliation et une gouvernance inclusive dans le pays, sur le fondement des conclusions et recommandations du Forum de Bangui. Il se félicite de l’engagement pris par l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et d’autres partenaires régionaux à agir de concert pour assurer le succès du processus de paix et de réconciliation en République centrafricaine.

Le Conseil encourage les États Membres à verser les contributions annoncées à la conférence internationale de Bruxelles (17 novembre 2016) et à la conférence sur la solidarité africaine tenue à Addis-Abeba (1er février 2017), à l’appui de la mise en œuvre des objectifs prioritaires du pays en matière de consolidation de la paix, énoncés dans la stratégie nationale de relèvement et de consolidation de la paix, et souligne dans ce contexte le rôle précieux que joue la Commission de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations Unies en fournissant des conseils stratégiques, en favorisant une action plus cohérente, coordonnée et intégrée en la matière et en veillant à l’exécution des engagements exprimés dans le cadre de responsabilité mutuelle.

Le Conseil rappelle la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne l’exploitation et les atteintes sexuelles, ainsi que les résolutions adoptées par elle à ce sujet, et demande instamment à toutes les forces ne relevant pas des Nations Unies, mais agissant sous mandat du Conseil de sécurité, de prendre les mesures voulues pour prévenir et combattre l’impunité en cas d’exploitation sexuelle et d’abus sexuels de la part des membres de leur personnel.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Darfour: appels au Conseil de sécurité pour un accord de paix inclusif et une reconfiguration de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies

7912e séance – matin
CS/12775

Darfour: appels au Conseil de sécurité pour un accord de paix inclusif et une reconfiguration de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies

Le Représentant spécial conjoint pour le Darfour et Chef de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), M. Jeremiah Nyamane Kingsley Mamabolo, a exhorté, ce matin, le Conseil de sécurité à exercer des pressions sur la faction Abdul Wahid de l’Armée de libération du Soudan (ALS-AW) afin qu’elle rejoigne le processus de paix, en vue de la négociation d’un « accord inclusif » au Darfour; un appel relayé par la plupart des délégations, qui ont pris note de l’accalmie actuelle et plaidé pour une reconfiguration de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), créée il y a 10 ans.

« Le Darfour d’aujourd’hui est très différent de ce qu’il était en 2003, date à laquelle le conflit armé a commencé, et il y a un an », a affirmé au début de son intervention, M. Mamabolo, venu présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur la MINUAD.  

Dans ce rapport, le Secrétaire général indique que les affrontements armés continuent de baisser en intensité et que les conditions de sécurité et la situation humanitaire se sont donc améliorées dans la majeure partie du Darfour.

M. Mamabolo, qui est également Chef de la MINUAD, a déclaré que l’ALS-AW n’était plus capable de monter et de maintenir des opérations militaires importantes et avait connu une série de défections.  L’ALS-AW refuse systématiquement d’observer le cessez-le-feu, alors la faction Minni Minawi de l’Armée de libération du Soudan (ALS-MM) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), deux autres factions non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour, ont déclaré un cessez-le-feu, a-t-il noté.

À cette aune, M. Mamabolo a souligné la nécessité d’obtenir des parties au Darfour la signature d’un accord de cessation des hostilités et l’entame de négociations directes en vue d’un accord de paix inclusif.  Ce conseil et les parties ayant de l’influence doivent persuader l’ALS-AW, « qui semble vouloir continuer à se battre », de l’importance d’un règlement politique et de ne plus prolonger les souffrances des personnes qu’elle prétend représenter, a poursuivi le Chef de la Mission.  

Cet appel a été relayé par les délégations de l’Ukraine, de la Suède ou bien encore du Soudan, le délégué de ce pays regrettant les appuis que l’ALS-AW continue de recevoir, ce qui empêche « la négociation d’une paix durable ».

« La prolongation par mon gouvernement des cessez-le-feu unilatéraux souligne sa détermination à instaurer la paix », a-t-il assuré.  Même son de cloche du côté du représentant de la Fédération de Russie qui a indiqué que le Gouvernement soudanais ne pouvait pas être à blâmer pour l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix.

Cela n’a pas empêché les délégations du Royaume-Uni et des États-Unis d’exhorter Khartoum à en faire davantage.  « Nous devons envoyer un message au Gouvernement soudanais: engagez-vous dans la bonne voie, prenez la voie de la paix durable », a déclaré le représentant britannique.  « Nous voulons voir les preuves de l’engagement de Khartoum », a appuyé son homologue des États-Unis, en soulignant la nécessité que le Gouvernement soudanais rende des comptes.

L’avenir de la MINUAD a également été au cœur des interventions, dans un contexte marqué par l’examen stratégique de cette Mission par l’ONU et l’Union africaine (UA).  « Une reconfiguration pragmatique de la Mission sera nécessaire et l’UA et l’ONU devront se concentrer sur la meilleure façon de progresser sans compromettre les gains déjà réalisés », a plaidé M. Mamabolo.  Comme l’indique le rapport précité, la MINUAD continue de transférer des tâches à l’équipe de pays de l’ONU. 

Le délégué de l’Égypte a appelé la Mission à mettre l’accent sur la consolidation de la paix et le développement.

De son côté, le délégué de la Chine a souhaité que l’ONU continue d’écouter le Gouvernement soudanais dans la préparation du retrait de la MINUAD.  « Il est inacceptable que la MINUAD soit utilisée comme un moyen de pression sur Khartoum », a estimé le délégué russe.

« La MINUAD n’est plus le cadre adéquat pour l’intervention de la communauté internationale au Darfour », a tranché le délégué soudanais, en se disant en faveur de son « retrait progressif ». « Avons-nous besoin de 17 000 personnes en uniforme », a demandé la représentante des États-Unis.

Enfin plusieurs délégations, dont celles de l’Italie et de la France, ont insisté sur l’importance de remédier aux causes profondes de l’instabilité.  

Parmi celles-ci, le représentant de la France, qui revenait d’une visite au Soudan, a cité la prolifération des armes, la question foncière et le partage des ressources naturelles, le nécessaire renforcement de l’état de droit et en particulier de la lutte contre l’impunité, ainsi que le sort des déplacés.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2017/250)

Déclarations

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO, Représentant spécial conjoint pour le Darfour et Chef de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), qui s’exprimait pour la première fois devant le Conseil de sécurité depuis sa nomination à la tête de la MINUAD, a rappelé les trois priorités stratégiques établies par la résolution 2148 (2014) qui continuent de fournir un cadre dans lequel la MINUAD met en œuvre son mandat dans le domaine de la protection des civils, de l’atténuation des conflits intercommunautaires et de la médiation entre le Gouvernement du Soudan et les mouvements armés non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour.

La MINUAD, a-t-il dit, poursuit son travail avec le Gouvernement du Soudan à tous les niveaux dans le cadre de ce mandat, en veillant à ce que la responsabilité principale de la protection des civils soudanais lui incombe.

Pour M. Mamabolo, le Darfour d’aujourd’hui est très différent de ce qu’il était en 2003, date à laquelle le conflit armé a commencé, et il y a un an.  Les combats entre les forces du Gouvernement du Soudan et les trois principaux mouvements armés non signataires ont considérablement diminué.

En effet, l’Armée de libération du Soudan - faction Abdul Wahid (ALS-AW) n’est plus capable de monter et de maintenir des opérations militaires importantes et a connu une série de défections qui l’ont affaiblie.  À la suite de la campagne militaire des trois dernières années, le Gouvernement a pu prendre le contrôle des zones précédemment occupées par le mouvement dans et autour du Jebel Marra, laissant à l’ALS-AW quelques poches de résistance.

Le cessez-le-feu unilatéral qui a été prolongé de six mois supplémentaires en janvier 2017 tient en grande partie.  La faction Minni Minawi de l’Armée de libération du Soudan (ALS-MM) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) ont également déclaré un cessez-le-feu, l’ALS-AW ayant systématiquement refusé de l’observer.

Cependant, dans le contexte des difficultés économiques et de la dépression sociale, le banditisme et la criminalité continuent d’être répandus.  La prolifération des armes légères et de petit calibre nourrit ces phénomènes négatifs, ainsi que la violence intercommunautaire généralement déclenchée par la compétition au sujet principalement des terres, de l’eau, des pâturages et des ressources minérales.

Par ailleurs, a souligné le Représentant spécial conjoint, les efforts du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, avec le soutien de la MINUAD, pour obtenir des parties au conflit au Darfour qu’elles signent un accord de cessation des hostilités et commencent des négociations directes en vue d’un accord de paix inclusif sont restés peu concluants.  Le statu quo actuel nuit à toutes les parties et, surtout, n’est pas durable et ne peut qu’aboutir à davantage d’effusion de sang.

L’ALS-AW continue de refuser de participer au processus de paix et semble vouloir continuer à se battre.  M. Mamabolo a lancé un appel au Conseil et à ceux qui ont de l’influence sur cette faction pour la persuader de reconnaître l’importance d’un règlement politique et de ne plus prolonger les souffrances des personnes qu’elle prétend représenter.

Le Chef de la MINUAD a également indiqué que, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), 97 400 personnes ont été déplacées en 2016, et, parmi celles-ci, environ 39 600 personnes sont retournées chez elles, dont environ 25 500 à Golo, le centre du Jebel Marra. 

Les informations concernant 99 400 autres personnes demeurent non vérifiées.  Aucun nouveau déplacement n’a été constaté en 2017, a-t-il dit.  Les personnes déplacées continuent d’avoir besoin de la protection de la MINUAD et de l’aide humanitaire au quotidien.  Des solutions durables pour permettre leur retour dans leur lieu d’origine ou leur réinsertion doivent être identifiées et devraient être la principale priorité des efforts collectifs déployés.

Le Représentant spécial conjoint a également fait état d’une certaine amélioration dans la délivrance des visas et l’autorisation des équipements essentiels.  Cependant, des retards dans l’élimination des produits et équipements de la MINUAD restent une préoccupation.

L’Union africaine, l’ONU et le Gouvernement discutent activement de la meilleure manière d’établir une stratégie pour que la MINUAD finisse par sortir du Darfour dans le cadre de discussions constructives au sein du groupe de travail mixte, a expliqué M. Mamabolo. 

Le 26 février, le groupe de travail mixte s’est réuni à Khartoum et a envoyé ses conclusions au mécanisme stratégique tripartite, qui se tiendra plus tard ce mois-ci.  Du 5 au 17 mars, la MINUAD a reçu une équipe d’examen stratégique Union africaine-ONU, qui a rencontré le Gouvernement soudanais à Khartoum et au Darfour.  La MINUAD attend le résultat de toutes ces délibérations.

Pour le Chef de la MINUAD, sans préjuger de l’issue de l’examen stratégique, en ce qui concerne la situation actuelle au Darfour, une reconfiguration pragmatique de la Mission sera nécessaire et l’Union africaine et l’ONU devront se concentrer sur la meilleure façon de progresser sans compromettre les gains déjà réalisés.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a affirmé que le Darfour était à la croisée des chemins.  « Nous devons engager un message au Gouvernement: Engagez-vous dans la bonne voie, prenez la voie de la paix durable », a-t-il dit, en demandant au Gouvernement de renoncer aux armes légères.  En vérité, le Darfour restera instable tant que les causes du conflit ne seront pas traitées, a-t-il poursuivi.  

Il a estimé que le pays aurait besoin de l’appui du Conseil.  Il faut un accord politique entre les parties, afin de pouvoir se pencher sur les éléments moteurs de la violence communautaire, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a souligné l’importance du prochain examen stratégique de la Mission, avant de demander au Gouvernement soudanais d’augmenter ses capacités de protection des civils.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a indiqué que la situation sécuritaire dans la plupart des zones au Darfour était restée calme.  Il a espéré que les cessez-le-feu signés entre le Gouvernement soudanais et les mouvements non signataires du Document de Doha seront prolongés.  Il a demandé à la Mission de se concentrer sur la protection des personnes déplacées et d’appuyer les efforts de réconciliation intercommunautaire.

Enfin, le délégué uruguayen a appelé le Gouvernement soudanais à lever toutes les entraves bureaucratiques qui empêchent la bonne exécution du mandat de la MINUAD.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné les progrès enregistrés au Darfour, avec une amélioration nette de la situation sécuritaire.  Il a salué la prolongation des cessez-le-feu unilatéraux par le Gouvernement et a exhorté l’ALS-AW à rejoindre les pourparlers de paix.  Il a indiqué que le dialogue national était un pas dans la bonne direction et s’est félicité de la nomination d’un nouveau Premier Ministre.  Le Gouvernement doit veiller à assurer l’inclusion des efforts de paix, a-t-il dit.

S’agissant de la MINUAD, le délégué a noté les progrès enregistrés dans la délivrance des visas et a salué l’implication du Secrétaire général dans l’élaboration d’une stratégie de retrait de la MINUAD.  L’Union africaine attend avec intérêt le rapport découlant de l’examen stratégique de la Mission, a-t-il dit.

Enfin, il a salué l’amélioration des relations du Soudan avec le Soudan du Sud, mais aussi avec l’Ouganda et le Tchad.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a appelé le Conseil à changer son approche sur le Darfour en prenant en compte les évolutions positives de la situation sécuritaire et en veillant à remédier aux causes profondes du conflit.  La MINUAD ne peut rester indéfiniment et un plan de retrait clair doit être adopté, a-t-il dit.

Il a appelé la Mission à se concentrer sur la consolidation de la paix et sur le développement de la région, en coopération avec l’équipe de pays de l’ONU.  L’intransigeance de certaines factions armées, telles que l’Armée de libération du Soudan - faction Abdul Wahid (ALS-AW), ne doit pas être sous-estimée, a-t-il dit, en appelant le Conseil à agir face à ces factions.

Enfin, le délégué égyptien a apporté le soutien de son pays à M. Mamabolo.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) s’est dit encouragé de constater qu’il n’y avait pas eu de combats majeurs au Darfour au cours de la période considérée.  Pour éviter toute rechute et éliminer complètement les conflits, toutes les parties doivent parvenir à un accord de paix permanent basé sur la feuille de route du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine.  

Il a pris note du fait qu’un nouveau gouvernement de réconciliation nationale sera bientôt formé avec la participation d’un éventail plus large de parties.  Le Japon espère vivement que ce gouvernement continuera à jouer un rôle actif en vue d’une participation politique plus inclusive.

Le représentant japonais a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer les efforts déployés par les gouvernements nationaux et locaux pour résoudre les problèmes liés aux causes profondes de la violence et des conflits, concernant notamment la terre, l’eau ou les ressources naturelles, et d’apprécier les efforts dédiés à la médiation et à la facilitation de la MINUAD.

Il s’est félicité du rapport du Secrétaire général selon lequel la situation humanitaire s’est améliorée dans la majeure partie du Darfour et du fait que certains progrès ont été observés dans le retour des personnes déplacées.  Selon lui, le soutien au retour sûr et volontaire des personnes déplacées devrait être une priorité.

Le Japon estime que l’aide au développement pour consolider la paix au Darfour joue un rôle majeur dans la prévention de la rechute dans les conflits et le soutien du retour des personnes déplacées.  De même, il est particulièrement important que le peuple du Darfour puisse bénéficier des dividendes de la paix directement.

Il est temps, selon lui, que le Conseil examine la façon dont la MINUAD peut entreprendre des tâches essentielles comme la protection des civils, le retour sûr et volontaire des personnes déplacées, la réduction de la violence intercommunautaire et le renforcement des institutions et de la capacité de la police, en étroite coordination avec l’équipe des Nations Unies.

M. LIU JIEYI (Chine) a plaidé pour une approche holistique au Darfour et a estimé que la recherche d’une solution politique devrait être à la base de tous les efforts.  Il a appelé les bailleurs de fonds à respecter leurs promesses vis-à-vis du Gouvernement soudanais aux fins de développement du Darfour. 

S’agissant de la MINUAD, le délégué a souhaité que l’ONU continue d’écouter le Gouvernement soudanais dans la préparation du rapport sur le retrait de la MINUAD.  Le Conseil doit aider l’Union africaine à apporter des solutions africaines à des défis africains, a-t-il dit.

Enfin, le délégué de la Chine a appuyé le processus de paix au Darfour et a rappelé que les troupes chinoises de la MINUAD avaient été les premières à arriver au Darfour.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a estimé que le rapport du Secrétaire général sur la MINUAD était équilibré et reflétait la situation réelle sur le terrain, démontrant une amélioration considérable de la situation sécuritaire et humanitaire.  Il a accueilli avec satisfaction le fait que le nombre de conflits armés entre les forces gouvernementales et les insurgés avait diminué avec moins d’affrontements intercommunautaires par rapport à l’année précédente.

Le Kazakhstan soutient le processus politique inclusif sous la direction du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et encourage tous les efforts visant à mettre pleinement en œuvre l’accord sur la feuille de route par toutes les parties.  La formation du gouvernement de réconciliation nationale et l’établissement du poste de premier ministre, ainsi que la reconstitution de la composition de l’Assemblée nationale, pour la rendre plus représentative, sont des mesures positives dans la bonne direction, a-t-il dit

Le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Soudan, ainsi que l’appropriation du processus politique par le Gouvernement sont des éléments essentiels pour la paix et la réconciliation à long terme au Darfour.

Le Kazakhstan souligne l’importance du travail du groupe de travail mixte sur le retrait progressif de la MINUAD, avec le transfert de fonctions pertinentes à l’équipe de pays de l’ONU.  Le représentant s’est félicité du consensus général sur cette question et a dit espérer que les problèmes en suspens seront résolus lors de sa prochaine réunion.

M. OLOF SKOOG (Suède) a appelé les dirigeants de l’ALS-AW à rejoindre les pourparlers de paix et a salué les préparatifs en vue de la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale.  Ce dernier processus doit rester suffisamment flexible pour prendre en compte les avancées dans l’élaboration d’un accord global, a-t-il dit.

Il a demandé que les évolutions sur le terrain soient reflétées dans le prochain mandat de la MINUAD, soulignant la nécessité d’une approche holistique au Darfour.  Il est crucial que le mandat renouvelé de la Mission contribue à une paix durable au Darfour, a-t-il dit, avant de souligner l’importance de remédier aux causes profondes de l’instabilité.

Le délégué a salué l’engagement du Gouvernement soudanais afin de cesser l’enrôlement d’enfants dans les rangs des forces de sécurité.  Enfin, M. Skoog s’est félicité de l’ouverture par le Soudan d’un second corridor humanitaire avec les zones du Soudan du Sud touchées par la famine.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué l’engagement du Gouvernement soudanais en vue d’apporter une solution politique au Darfour.  Il a appelé les dirigeants de l’ALS-AW à cesser toute activité militaire et à rejoindre les pourparlers de paix.  Le moment est venu d’évaluer la crédibilité de ceux qui veulent vraiment la paix, a-t-il dit.  Il a estimé que les causes profondes de l’instabilité n’avaient pas été réglées, en particulier le sous-développement.
 

Enfin, le délégué de l’Italie a dit attendre avec intérêt les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission en vue d’un retrait de la MINUAD.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a souligné l’accalmie actuelle qui prévaut au Darfour et a salué les progrès accomplis dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration.  Il a appelé les mouvements non signataires du Document de Doha à respecter le cessez-le-feu.  Le processus de paix est dans l’impasse mais le Gouvernement soudanais n’est pas à blâmer, a-t-il estimé.  « Nous savons tous que la faction Abdul Wahid refuse tout dialogue. »

Le représentant a affirmé qu’il était impossible de régler la situation au Darfour sans régler la question des camps de personnes déplacées au Darfour, où se trouvent des opposants armés.  La police soudanaise n’a pas accès à ces camps et la MINUAD ne dispose pas des pouvoirs nécessaires, a-t-il insisté.   Il a noté les améliorations dans le dédouanement des livraisons pour la Mission, avant de se féliciter de l’ouverture d’un second corridor humanitaire avec le Soudan du Sud. La dynamique du retrait de la MINUAD déterminera l’évolution des relations avec le pays hôte, a-t-il déclaré.

Enfin, le délégué russe a jugé inacceptable le fait que la MINUAD soit utilisée comme un moyen de pression sur Khartoum.

M. ALEXIS LAMEK (France) a rappelé qu’en juillet prochain, cela fera 10 ans que le Conseil de sécurité a créé la MINUAD, dont les résultats doivent constamment être évalués par le Conseil.  C’est dans cet esprit que le représentant s’est rendu au Soudan la semaine dernière, où il a visité le camp de Sortony, ce qui lui a permis de mieux cerner les enjeux de protection des civils au Darfour.   

Si la baisse d’intensité des combats entre groupes rebelles et forces gouvernementales est une bonne nouvelle, les 21 850 personnes déplacées ayant trouvé refuge à Sortony sont sous la menace d’un autre type de violence, celle que posent milices et groupes armés qui continuent de commettre des exactions contre les civils qui s’éloignent du camp, en particulier les femmes qui collectent du bois.   

Pour M. Lamek, ce défi de la sécurité et de la protection des civils face à ces groupes armés et milices est certainement l’un des principaux auxquels doivent faire face le Gouvernement du Soudan comme la MINUAD.  Le retour de ces populations dans les villages ne pourra en effet se faire que lorsque leur sécurité sera assurée dans ces zones, a assuré le délégué.   

Au cours de sa visite, il lui est clairement apparu que la stabilité du Darfour, et plus largement de la région, passait par le traitement des causes profondes de l’instabilité, qu’il a identifiées comme étant la prolifération des armes, la question foncière et le partage des ressources naturelles, le nécessaire renforcement de l’état de droit et en particulier de la lutte contre l’impunité, ainsi que le sort des déplacés.  

Dans ce contexte, la France a offert son soutien à l’initiative du Secrétariat des Nations Unies et de la Commission de l’Union africaine de conduire une revue stratégique de la MINUAD.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a indiqué que la situation sécuritaire dans la plupart des zones au Darfour était restée calme.  Il a espéré que les cessez-le-feu signés entre le Gouvernement soudanais et les mouvements non signataires du Document de Doha seront prolongés.  Il a appelé les dirigeants de l’ALS-AW à cesser toute activité militaire et à rejoindre les pourparlers de paix, avant d’insister sur les progrès tangibles du processus politique.

L’approbation des amendements à la Constitution, la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale et un poste de premier ministre sont autant de pas dans la bonne direction, a-t-il dit.  

Enfin, le délégué a estimé que le mandat de la MINUAD méritait d’être examiné attentivement, dans l’optique d’assurer une transition graduelle des tâches assumées par la Mission vers l’équipe de pays de l’ONU.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné l’évolution favorable de la situation au Soudan, notamment la préservation des cessez-le-feu unilatéraux.  Il a appelé les dirigeants de l’ALS-AW à cesser toute activité militaire et à rejoindre les pourparlers de paix.  Il a estimé que la coopération régionale était essentielle pour appuyer le processus politique.  La situation des déplacés internes reste en revanche très préoccupante, a-t-il déclaré.

Il a appuyé le plan du Gouvernement soudanais en vue de la réinstallation des personnes déplacées, ainsi que le transfert progressif des tâches de la Mission vers l’équipe de pays de l’ONU, avant de saluer l’ouverture d’un second corridor humanitaire avec des zones de conflit au Soudan du Sud.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a rendu un hommage appuyé à la MINUAD, présente sur tous les fronts au Darfour.  Le Sénégal a déployé au Darfour 1 096 personnes, a-t-il dit.  Il a salué le respect des accords de cessez-le-feu par le Gouvernement et les factions, à l’exception notable de l’ALS-AW.  Il a déploré les nombreuses violations des droits des personnes déplacées au Darfour, notamment des enfants et des femmes.  

Il a salué les progrès accomplis dans la délivrance des visas et dans le dévouement des livraisons alimentaires, même si des conteneurs de la MINUAD restent bloqués à Port-Soudan.  Le Gouvernement doit agir pour mettre fin à ces blocages, a-t-il dit.

Enfin, M. Seck a souligné l’importance d’une reconfiguration de la MINUAD prenant en compte l’évolution favorable de la situation sur le terrain.

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a rappelé que le Darfour, il y a 10 ans, était l’une des zones les plus dangereuses.  Le monde a demandé au Conseil de sauver des vies et la Mission a été créée, a-t-elle dit, rappelant que 63 Casques bleus et policiers avaient péri depuis au Darfour.

Elle a estimé que le Gouvernement soudanais devait en faire davantage dans son appui au processus de paix et sa protection des civils.  « Nous voulons voir les preuves de l’engagement de Khartoum », a affirmé Mme Haley.  Elle a souhaité une amélioration dans le dédouanement des containers de la Mission.

« Notre objectif de long terme est une paix durable négociée au Darfour », a-t-elle dit.  La déléguée a appelé les dirigeants de l’Armée de libération du Soudan - faction Abdul Wahid (ALS-AW) à cesser toute activité militaire et à rejoindre les pourparlers de paix.

S’agissant de l’avenir de la MINUAD, elle a discuté de la pertinence de la Mission dans sa configuration actuelle.  « Avons-nous besoin de 17 000 personnes en uniforme? »  Elle a également demandé au Gouvernement soudanais de coopérer davantage avec l’ONU et a souligné la nécessité d’évaluer les progrès de Khartoum en matière de gouvernance et de sécurité au Darfour.  « Ce dernier doit nous monter qu’il peut gouverner », a insisté Mme Haley.

Elle a souhaité que le rapport du Secrétaire général montre les zones dans lesquelles le Gouvernement avait prouvé sa capacité à gouverner et celles où cela n’était pas le cas.  Le Conseil doit être prêt à critiquer Khartoum, a-t-elle dit.  Si la déléguée a appelé de ses vœux une reconfiguration de la Mission, elle a insisté sur l’importance de demander des comptes à Khartoum.

« Le Darfour n’est plus ce qu’il était en 2003 », a affirmé M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan).  Il a insisté sur le haut niveau de coopération entre la Mission et son gouvernement.  Le Jebel Marra est sécurisé à l’exception de quelques poches, où l’Armée de libération du Soudan - faction Abdul Wahid (ALS-AW) est présente, a-t-il dit.  Il a estimé que la prolongation par le Gouvernement des cessez-le-feu unilatéraux soulignait sa détermination à instaurer la paix.  

Le délégué a appelé la communauté internationale à exercer des pressions sur les factions qui refusent de rejoindre l’accord de paix.  L’ALS-AW continue de recevoir des appuis, empêchant la négociation d’une paix durable, a-t-il déploré.  Il a rappelé qu’en 2016 les déplacements étaient dus à l’ALS-AW et en 2017 il n’y avait pas eu de déplacements.  

Jugeant que l’existence de camps de personnes déplacées au Darfour ne se justifiait plus, le délégué a présenté trois options, la première étant le retour volontaire dans les villages.  La deuxième option est l’intégration des camps de déplacés dans les villes avoisinantes, tandis que la troisième option laisserait la liberté aux personnes déplacées de choisir leur région de réinstallation, a-t-il dit, ajoutant que ces trois options exigeraient des ressources financières.

Il a appelé à la pleine mise en œuvre du Document de Doha, jugeant que les échecs dans cette mise en œuvre ne devaient pas être laissés sans suite.  La MINUAD n’est plus le cadre adéquat pour l’intervention de la communauté internationale au Darfour, a-t-il dit, ajoutant qu’il fallait désormais se concentrer sur son développement.

Enfin, le délégué a demandé un retrait progressif de la MINUAD et affirmé que son pays était un partenaire fiable de la communauté internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du désarmement: les États veulent une réponse urgente au défi des armes nucléaires, seule catégorie d’armes de destruction massive à ne pas être interdite

Session de fond de 2017,
364e séance – matin
CD/3694

Commission du désarmement: les États veulent une réponse urgente au défi des armes nucléaires, seule catégorie d’armes de destruction massive à ne pas être interdite

La deuxième journée de débat de la session 2017 de la Commission du désarmement, qui se tient jusqu’au 21 avril au Siège de l’ONU à New York, a été l’occasion, ce matin, d’un appel quasi unanime des délégations à trouver une réponse urgente au défi du désarmement nucléaire. 

Plusieurs délégations ont relevé que les armes nucléaires demeuraient la seule catégorie d’armes de destruction massive à ne pas faire l’objet d’une interdiction, en dépit de leurs conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques. 

« Cela fait 71 ans que nous n’avons pas été en mesure de faire face au péril nucléaire », a-t-il été dit, alors que la représentante du Mexique a rappelé que la première résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies invitait au désarmement nucléaire. 

Si l’ensemble des délégations ont souhaité cette urgence de progresser en matière de désarmement nucléaire, les divergences sur les moyens d’y parvenir se sont fait jour.  De nombreux États ont salué une avancée majeure avec le lancement, le 27 mars dernier, de la première phase de négociation d’un instrument juridique interdisant les armes nucléaires.

Toutefois, les représentants de la France et du Royaume-Uni ont jugé cette démarche contreproductive « dans le contexte stratégique actuel ».  Ils ont estimé qu’une approche pragmatique et progressive du désarmement nucléaire, telle que prévue par l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), serait plus efficace, notant qu’une interdiction immédiate des armes nucléaires remettrait en cause la stabilité régionale et internationale.    

Au chapitre des menaces nucléaires contemporaines, de nombreuses délégations ont condamné les provocations et le comportement déstabilisateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a mené deux essais nucléaires et lancé une vingtaine de missiles balistiques en 2016, en violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité. 

Faisant usage de son droit de réponse, le représentant nord-coréen a expliqué que le programme nucléaire de son pays n’avait qu’un caractère défensif, avant de fustiger l’augmentation « exponentielle » des dépenses militaires japonaises.

Après 17 ans de paralysie de la Commission, les délégations ont espéré que cette dernière année du cycle triennal de négociation soit l’occasion de parvenir à des recommandations et à des accords constructifs. 

Les délégations doivent se réunir dans un mois à Vienne dans le cadre du premier comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2020 du TNP, qualifié à maintes reprises ce matin de « pierre angulaire des efforts de désarmement nucléaire ». 

Dans le contexte de l’attentat qui a frappé, hier, le métro de Saint-Pétersbourg et de l’attaque chimique qui a fait plusieurs dizaines de morts en Syrie ce matin, plusieurs délégations ont jugé que l’action internationale dans le domaine conventionnel devait désormais davantage intégrer le risque d’acquisition et d’utilisation d’armes conventionnelles par des groupes terroristes.   

S’inquiétant particulièrement des conséquences de la prolifération sur la stabilité en Afrique, les représentants de l’Afrique du Sud, du Sénégal, de la République-Unie de Tanzanie et du Nigéria ont exhorté toutes les délégations à ratifier le Traité sur le commerce des armes pour en assurer son universalisation, mais aussi à engager des efforts renouvelés pour mettre en œuvre le Programme d'action des Nations Unies sur les armes légères. 

En écho à ces interventions, le représentant du Japon a dit la volonté de son pays de travailler avec la société civile et les États Membres pour permettre la meilleure mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes. 

Toujours dans le domaine des armes classiques, le représentant de l’Afghanistan a regretté l’absence d’une approche globale pour lutter contre la prolifération des engins explosifs improvisés et des restes explosifs de guerre.

Les délégations de l’Argentine, du Royaume-Uni, de la RPDC, du Japon et de la Syrie ont fait usage de leur droit de réponse.   

Suite du débat général

Déclarations

Mme KEREN BEBBINGTON (Royaume-Uni) a entamé la séance d’aujourd’hui en rappelant l’engagement de son pays en faveur d’un monde dénucléarisé.  Elle a réaffirmé à ce titre l’obligation qu’a le Royaume-Uni de respecter les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Tout en rappelant les efforts entrepris par son pays pour réduire son arsenal nucléaire à travers les années, la représentante a pris acte de la frustration de certains États face à la lenteur des progrès concernant le désarmement nucléaire.

Toutefois, Mme Bebbington a mis en garde contre les raccourcis en matière de désarmement nucléaire, en particulier s’agissant des négociations pour un traité d’interdiction complète des armes nucléaires.  Ces négociations, a-t-elle estimé, ne permettront pas de réaliser les progrès escomptés.  Selon elle, seuls le multilatéralisme et une démarche progressive permettront d’instaurer la confiance nécessaire pour réaliser des avancées sur ce dossier.

La représentante a par ailleurs noté l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires pour renforcer la sécurité internationale.  Tout en appelant à multiplier la création de ces zones, Mme Bebbington a vivement condamné les essais nucléaires et tirs de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Concernant les armes classiques, la représentante a rappelé l’engagement de son pays en faveur de leur non-prolifération.  Elle a ainsi plaidé en faveur de la ratification universelle de tous les instruments juridiques existant en matière de non-prolifération des armes classiques. 

La représentante a également appelé à ne pas sous-estimer la menace représentée par le commerce illicite et le détournement des armes légères et de petit calibre.

Mme Bebbington a enfin regretté que la Commission du désarmement de l’an dernier n’ait pas abouti à l’établissement d’un groupe de travail sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.  Elle a formulé l’espoir que la session de cette année puisse y parvenir.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a rappelé l’importance de cette session annuelle dans la perspective des négociations pour la conclusion d’un traité d’interdiction complète des armes nucléaires.  Il a par conséquent appelé les pays détenteurs d’armes nucléaires à faire preuve, durant cette session, de bonne volonté pour promouvoir la cause du désarmement nucléaire.

M. Mahfouz a en outre appelé à redoubler d’efforts pour créer des zones exemptes d’armes nucléaires et de toutes les armes de destruction massive, notamment au Moyen-Orient.  Malgré l’appui de la communauté internationale en faveur de la création d’une telle zone dans la région, le représentant a toutefois regretté l’absence de progrès en la matière. 

M. Mahfouz a par ailleurs insisté sur la nécessité de mettre fin à la prolifération et au détournement des armes légères et de petit calibre, appelant notamment à soumettre les exportateurs de ces armes à des inspections internationales. 

M. MARTIN ERIC SIPHO NGUNDZE (Afrique du Sud) a mis l’accent sur l’importance de la coopération multilatérale en jugeant particulièrement préoccupant le fait que la Commission du désarmement ne soit parvenue à des résultats tangibles depuis 1999. 

Par ailleurs, il a estimé que seul un texte juridiquement contraignant pourra nous préserver du danger nucléaire.  Dans ce contexte, il a salué le succès qu’a constitué la première phase de négociation d’un instrument interdisant les armes nucléaires qui a commencé le 27 mars.  Il a estimé que la vitalité et la pertinence du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dépendaient de la façon avec laquelle les États parties s’acquittaient de leur engagement.

Très préoccupé par les conséquences du commerce illicite d’armes légères sur la stabilité des pays africains, le représentant de l’Afrique du Sud a appelé l’ONU à investir davantage dans la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères.  À cet égard, il a dit la pertinence du Traité sur le commerce des armes en tant que seul instrument international juridiquement contraignant en matière de lutte contre les armes légères.  

M. KOSUKE AMIYA (Japon) a mis l’accent sur les quatre objectifs que sont le renforcement de la transparence, l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le début de négociations pour un traité interdisant la production de matières fissiles et, enfin, le développement de mesures de vérification du désarmement nucléaire. 

Le représentant du Japon a condamné dans les termes les plus forts la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour avoir conduit deux essais nucléaires en 2016 et lancé plus de 20 missiles balistiques, y compris des missiles mer-sol balistiques.  « En 2017, la RPDC a déjà lancé des missiles balistiques à trois reprises dont certains sont tombés dans la zone économique exclusive japonaise », s’est-il inquiété. 

Il a vivement exhorté la RPDC à respecter les résolutions du Conseil de sécurité en citant particulièrement les résolutions 2270 (2016) et 2321 (2016).  Rappelant que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était au cœur du régime de désarmement nucléaire, le représentant du Japon a souhaité que la Conférence d’examen du TNP de 2020 se traduise par un résultat concluant. 

À cet égard, il a expliqué que le Japon en tant que membre de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement travaillait à renforcer la coopération avec les autres pays en matière de non-prolifération.  Par ailleurs, il a dit la volonté de son pays de travailler avec la société civile et les États Membres pour permettre la meilleure mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes. 

Il a exhorté les États Membres à fournir des informations pertinentes et exhaustives pour répondre aux attentes du registre des armes classiques des Nations Unies.

Force est de constater, a déclaré M. AMAËL PILVEN (France), que les graves crises de prolifération n’ont pas manqué depuis la dernière session de la Commission du désarmement et qu’il y a ainsi urgence à élaborer des réponses concertées.

Le représentant s’est en effet inquiété du fait que la prolifération des armes biologiques, chimiques, nucléaires et de leurs vecteurs continuait de constituer un danger bien réel, notamment en République populaire démocratique de Corée (RPDC) et en Syrie. 

Le représentant a par ailleurs estimé que les armes conventionnelles continuaient de représenter un enjeu majeur de sécurité pour l’ensemble des régions du monde, qu’elles soient affectées ou non par des conflits. 

L’année écoulée, a-t-il observé, a prouvé que l’action internationale dans le domaine conventionnel devait désormais davantage intégrer le risque d’acquisition et d’utilisation d’armes conventionnelles par des groupes terroristes.

M. Pilven a par ailleurs insisté sur la menace que constituaient l’utilisation d’armes biologiques et le risque d’un détournement d’agents biologiques au profit d’un État ou de groupes terroristes.  Il a également noté qu’alors que les États se reposaient de manière croissante sur les applications spatiales, l’environnement spatial se détériorait de manière continue et faisait face aujourd’hui à de nombreux défis.

Face à tous ces défis, le représentant a estimé qu’il importait de rétablir et de préserver la cohérence et la dimension coopérative des efforts internationaux.  « Gardons-nous d’une polarisation des débats par des positions et des initiatives qui nous divisent », a déclaré le représentant.

Au contraire, a-t-il dit, nous devons préférer à cette « approche stérile » un « débat constructif », par le biais d’initiatives concrètes et réalistes qui permettraient d’avancer vers un désarmement général et complet.

Tout en rappelant l’engagement sans ambiguïté de son pays en faveur du désarmement nucléaire, le représentant s’est prononcé en faveur d’une approche réaliste et pragmatique étape par étape, sans remettre en cause la stabilité régionale et internationale, et conformément au principe de sécurité non diminuée pour tous.

Il a rappelé, en outre, que les États-Unis et la Fédération de Russie détenaient 90% du stock global d’armes nucléaires.  Le représentant a souligné que si les niveaux des autres arsenaux, notamment russes et américains, devaient un jour descendre à quelques centaines, la France en tirerait des conséquences.

Or, le représentant a estimé que le principe d’interdiction immédiate des armes nucléaires est incompatible avec cette approche pragmatique et progressive du désarmement nucléaire.  Il a estimé que les conditions ne sont pas réunies pour un traité d’interdiction.  Pour cette raison, a-t-il dit, la France ne participera pas aux négociations sur le traité d’interdiction des armes nucléaires, à l’instar d’autres partenaires.

Concernant les armes légères et de petit calibre, le représentant a appelé la communauté internationale à se mobiliser à la hauteur des enjeux que représente cette menace. 

S’agissant du domaine spatial, le représentant a déclaré que la France se félicitait de l’adoption par consensus au Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), en juin dernier, d’un premier ensemble de 12 lignes directrices sur la viabilité à long terme des activités spatiales. 

« Les réponses apportées doivent être pragmatiques et doivent rechercher des bénéfices concrets et immédiatement mesurables », a-t-il dit, tout en se prononçant en faveur de l’adoption de mesures de confiance et de transparence, ainsi que de normes visant à orienter le comportement des acteurs dans l’espace.  Aussi, le représentant a espéré que cette session puisse donner lieu à l’inclusion d’un point sur le spatial à l’ordre du jour.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a constaté les nombreux obstacles qui continuent de contrarier les attentes légitimes des États Membres en matière de dénucléarisation et de désarmement.  Il a par conséquent appelé à faire preuve d’une volonté politique accrue. 

Dans cette perspective, le représentant s’est prononcé en faveur d’une approche fondée sur le multilatéralisme, la seule, selon lui, capable d’instaurer la confiance nécessaire à la réalisation de progrès.

S’agissant des armes classiques, le représentant s’est félicité de la conclusion du Traité sur le commerce des armes et a appelé tous les pays ne l’ayant pas encore fait à signer et ratifier ce texte afin d’en faire un instrument universel.

Concernant le désarmement nucléaire, le représentant s’est dit favorable à l’éradication totale des activités nucléaires à vocation militaire et a appelé à tirer parti des échecs passés pour y parvenir.  M. Barro a ainsi appelé à renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) par son universalisation. 

Il a également insisté sur l’importance de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  « Les États nucléaires doivent toutefois s’entendre sur un programme irréversible et vérifiable », a-t-il dit, tout en appelant également à renforcer les zones exemptes d’armes nucléaires.

M. CLAUDIO GARRIDO MELO (Chili) a dit que son pays adhérait à la notion d’« indivisibilité du principe de sécurité internationale » en rappelant que le désarmement était l’affaire de tous les pays, petits ou grands.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences du recours à des armes nucléaires en citant la pertinence des conférences internationales sur les conséquences humanitaires du recours à ces armes. 

Il a salué le lancement, fin mars, d’une première série de négociations d’un instrument juridiquement contraignant et non discriminatoire pour protéger les États contre l’utilisation ou la menace de l’utilisation de cette arme. 

En outre, il a espéré que cette dernière année du cycle triennal de la Commission du désarmement sera l’occasion de faire émerger une approche pragmatique. 

M. MAIRO VIEIRA (Brésil) a regretté que 71 ans après la Seconde Guerre mondiale et la création des Nations Unies, le désarmement nucléaire restait une question non réglée à l’ordre d’un jour de la Commission du désarmement.  Il a appelé à lutter contre toute démarche encourageant la prolifération de ces armes en rappelant que leur existence était une menace pour l’humanité.

Le représentant du Brésil s’est inquiété de la modernisation en cours des armes nucléaires.  Il a dit l’importance des conférences internationales d’Oslo et de Vienne sur les conséquences humanitaires du recours à ces armes.  « Les armes nucléaires doivent être interdites et éliminées de façon transparente et vérifiable », a insisté le délégué avant d’appeler le Commission du désarmement à se concentrer sur trois aspects du désarmement nucléaire que sont la transparence, l’irréversibilité et la vérification.

Par ailleurs, s’agissant des risques d’armement de l’espace extra-atmosphérique, il a souhaité que l’inclusion d’un troisième point à l’ordre du jour de la Commission n’ait pas d’incidence négative sur les deux autres points.

M. JUAN CAMILO DÍAZ REINA (Colombie) a rappelé l’importance que revêt pour son pays la lutte contre les mines antipersonnel.  En la matière, il a rappelé que, suite à la guerre civile en Colombie, les activités de déminage ont donné lieu à de nombreux programmes de coopération entre son gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

S’agissant de la lutte contre la prolifération et le détournement des armes légères et de petit calibre, le délégué colombien a insisté sur l’interdiction du transfert de ces armes à des acteurs non étatiques, tout en insistant sur le renforcement de la coopération institutionnelle et internationale.

Le délégué colombien a en outre appelé à redoubler d’efforts pour éliminer les armes à sous-munitions, « car elles sont inhumaines et contraires au droit international ».  Il a ainsi rappelé que son pays s’est engagé à supprimer ces armes dès 2009.

Par ailleurs, le représentant a rappelé l’engagement de la Colombie en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive.  Dans cette perspective, il a donné son appui aux négociations visant à aboutir à un traité d’interdiction totale des armes nucléaires.  La signature d’un tel traité, a-t-il insisté, n’est pas incompatible avec une approche multilatérale fondée sur le dialogue.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a appelé la communauté internationale à avancer plus rapidement sur la voie du désarmement complet et total, s’agissant aussi bien des armes nucléaires que des armes classiques. 

Concernant les armes nucléaires, le représentant a réaffirmé le soutien de son pays au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a toutefois appelé l’ensemble des États Membres à participer aux négociations sur un traité d’interdiction complète des armes nucléaires, dans la mesure où ce texte doit être de portée universelle. 

Le représentant a en outre appelé les États disposant de l’arme nucléaire à respecter leurs obligations découlant du TNP.  Tout en regrettant le non-respect de l’accord portant sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, le représentant a appelé à prendre des mesures pour y parvenir. 

S’agissant des armes classiques, le délégué nicaraguayen s’est félicité du fait que l’Amérique latine et les Caraïbes soient désormais considérées, depuis 2014, comme une « zone de paix ».  Dans ce cadre, a-t-il rappelé, l’Amérique centrale est désormais exempte d’armes à sous-munitions et le Nicaragua de mines antipersonnel.

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) s’est inquiété de la prolifération des armes biologiques, chimiques, nucléaires et de leurs vecteurs, ainsi que du risque de leur utilisation par des États ou des groupes terroristes.  « Nous devons tout mettre en œuvre pour que ces armes ne tombent pas entre les mains de groupes terroristes ou autres groupes non étatiques », a-t-il insisté. 

Face à ce danger, il a estimé que la destruction totale des armes nucléaires était le seul moyen de s’assurer qu’elles ne soient jamais utilisées.  Il a dit la pertinence de la résolution 71/258 de l’Assemblée générale demandant l’établissement d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. 

Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à cesser ses essais qui menacent la paix dans la région et sont contraires aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

Le représentant de l’Iraq a appelé à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant de demander la tenue en 2018 d’une conférence internationale sur cette question.  Il a défendu le droit des pays de la région à recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a dit l’urgence de redoubler d’efforts en matière de lutte contre la prolifération des armes classiques.      

Mme DELFINA JANE ALOYSIUS DRIS (Malaisie) a dit que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) devait continuer à guider la vision commune en matière de désarmement nucléaire, alors que dans un mois les délégués se rendront à Vienne pour le premier comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2020 du TNP. 

Elle s’est particulièrement inquiétée des conséquences de la prolifération des armes légères en jugeant que seules des législations nationales adéquates et strictes permettront de circonscrire ce phénomène.  

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a déploré l’accroissement des dépenses militaires, la multiplication des conflits et la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent, qui constituent, selon lui, un retour en arrière par rapport aux deux décennies de paix inaugurées par la fin de la guerre froide.  Le représentant a souligné que ce nouvel ordre mondial était source de nombreuses difficultés pour les petits pays comme le sien, notamment s’agissant du désarmement. 

Pour réaliser des progrès en la matière, le représentant a appelé la communauté internationale à prendre les engagements nécessaires afin de renforcer la confiance entre États, la principale condition préalable au désarmement, selon lui.

Le délégué népalais a en outre réaffirmé son engagement en faveur du désarmement général et complet s’agissant des arsenaux nucléaires et de toutes les armes de destruction massive.  Pour y parvenir, il a de nouveau insisté sur la nécessité d’adopter des mesures de confiance, y compris l’échange d’informations et l’établissement de rapports.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a déploré l’absence de résultats tangibles des travaux de la Commission du désarmement, qui, selon lui, n’est pas parvenue à soumettre une seule proposition de fond à l’Assemblée générale de l’ONU depuis sa création.

Sur le plan nucléaire, le représentant s’est prononcé en faveur de la création d’un instrument juridiquement contraignant visant à l’interdiction totale des armes nucléaires.  Il a en outre appelé les États Membres à tout faire pour empêcher les groupes terroristes d’acquérir des armes de destruction massive, y compris dans sa région.

Le délégué tanzanien a par ailleurs souligné le rôle primordial de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour promouvoir l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire dans le monde. 

Le représentant s’est par ailleurs déclaré préoccupé par la course aux armements à laquelle se livrent certains États dans l’espace et a appelé à prendre des mesures pour y remédier. 

S’agissant des armes classiques, le délégué de la Tanzanie a insisté sur l’engagement de son pays pour lutter contre la non-prolifération et le détournement des armes légères et de petit calibre.

M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé que les armes nucléaires représentaient les seules armes de destruction massive à ne pas faire l’objet d’une interdiction dans un instrument juridiquement contraignant, en dépit de leurs conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques. 

Dans ce contexte, il s’est félicité du fait qu’une forte majorité d’États a décidé, lors d’une conférence inédite, de lancer un processus pour interdire les armes nucléaires d’une manière globale et universelle.  Il a estimé que les zones exemptes d’armes nucléaires constituaient des objectifs majeurs au niveau régional.  « Il faut tout mettre en œuvre pour permettre la mise en œuvre des objectifs du Traité sur non-prolifération (TNP) », a-t-il insisté.

« Mon pays accorde une grande importance à l’échange d’informations et d’expériences, ainsi qu’au renforcement de la coopération internationale et régionale dans le domaine de la sécurité nucléaire contre le trafic illicite des matières biologiques, radioactives et nucléaires », a insisté le représentant du Maroc.  

M. KINGSLEY WEINOH (Nigéria) a jugé scandaleux le niveau des coûts de gestion et de modernisation des armes nucléaires eu égard aux moyens consacrés par ces mêmes pays à l’aide au développement.  Il a espéré que cette dernière année du cycle triennal de négociation de la Commission du désarmement permettrait d’arriver à des recommandations en matière de désarmement nucléaire et de désarmement en matière d’armes classiques.

Pas moins de « 47 ans après son entrée en vigueur, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires(TNP) reste un succès partiel en ce qui concerne la non-prolifération des armes nucléaires », a-t-il dit.  Il s’est étonné du fait que les armes nucléaires représentent les seules armes de destruction massive à ne pas faire l’objet d’une interdiction dans un instrument juridiquement contraignant. 

Il a cité l’exemple du Traité de Pelindaba sur la zone exempte d’armes nucléaires en Afrique.  Soulignant les conséquences désastreuses de la prolifération des armes classiques sur la stabilité de nombreux pays africains, le représentant du Nigéria a salué les principes du Traité sur le commerce des armes avant d’appeler à son universalisation.     

Mme CLAUDIA YURIRIA GARCÍA GUIZA (Mexique) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du désarmement nucléaire.  Conformément à cet engagement, elle a rappelé que le Mexique s’était porté coauteur de 10 résolutions adoptées l’an dernier sur cette question, y compris la résolution 71/258 qui a autorisé le mandat pour organiser la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète.

Soulignant la relation organique existant entre paix et désarmement, la représentante du Mexique a par ailleurs contesté la vision selon laquelle les armes permettaient de préserver la paix.  S’agissant des armes classiques, elle a appelé à définir une stratégie pour contrecarrer leur prolifération au cours des prochaines années. 

Tout en se félicitant de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, la représentante a également appelé à renforcer les contrôles pour empêcher le détournement des armes légères et de petit calibre, ainsi que pour éradiquer les armes à sous-munitions.

S’agissant de la question du désarmement, M. RY TUY (Cambodge) a appelé à revitaliser les travaux de la Commission du désarmement, de la Conférence du désarmement et de l’Assemblée générale de l’ONU.  Il a notamment plaidé pour sortir la Commission du désarmement de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis le début du siècle, impasse qui l’a empêchée de formuler des propositions pertinentes sur les sujets dont elle est saisie.

Rappelant l’importance du désarmement et de la non-prolifération nucléaires pour le maintien de la paix dans le monde, le représentant a réaffirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeurait la pierre angulaire de l’architecture juridique internationale sur ces questions. 

Toutefois, dans la mesure où l’objectif est de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, le représentant a estimé utile la conduite de négociations sur un traité d’interdiction complète des armes nucléaires.

M. OBAID KHAN NOORI (Afghanistan) a rappelé que son pays, partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), était particulièrement inquiet des conséquences humanitaires et environnementales du recours aux armes nucléaires.  Face à ce danger, il a estimé que seule l’interdiction et la destruction totale de ces armes garantiront qu’elles ne seront jamais utilisées. 

Il a soutenu aussi le droit des pays à recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques dans le cadre du mécanisme de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Par ailleurs, le représentant de l’Afghanistan a regretté l’absence d’approche globale pour lutter contre la prolifération des engins explosifs improvisés et des restes explosifs de guerre.

Droits de réponse

Le représentant de l’Argentine a précisé, suite à l’intervention de la représentante du Royaume-Uni, que le seul endroit où il restait encore des mines antipersonnel dans son pays était les îles Falkland (Malvinas).  Il a revendiqué le droit souverain de l’Argentine sur ces îles conformément aux dispositions des résolutions adoptées chaque année par le Comité spécial de la décolonisation.   

Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que les efforts de son pays pour débarrasser la Syrie et le Moyen-Orient des armes chimiques et d’autres armes de destruction massive ne cessaient de se heurter, « de façon ironique », à la volonté de certains pays, dont la France, de préserver l’arsenal chimique d’Israël.

Selon le délégué syrien, la France a été le premier pays à faciliter le transfert de la technologie nucléaire à Israël dans les années 1950.  Le représentant a par conséquent estimé que le délégué français n’était pas en position de formuler des accusations contre son pays.  Il a appelé la délégation française et les autres délégations de pays ayant concouru à l’obtention par Israël de l’arme atomique à réagir à son intervention.

Par ailleurs, le représentant a affirmé que la France avait utilisé des victimes humaines dans les années 1960 pour procéder à des essais nucléaires dans le Sahara.  Selon lui, la France aurait ligoté des Algériens à proximité de sites d’essais nucléaires dans le but d’étudier les effets de l’arme nucléaire sur des personnes vivantes.  « Voilà les crimes de la France, qui prétend défendre le droit international », a déclaré le représentant.

Il a également ajouté que la réalité contredisait les prétendus efforts de la France en matière de non-prolifération nucléaire.  Selon lui, la France aurait en effet accueilli des experts israéliens et coopéré avec eux en matière de connaissances nucléaires.  Le représentant a en outre accusé la France de continuer à fournir des informations et des armes, y compris toxiques, aux groupes terroristes en Syrie.

S’adressant aux délégués du Japon, du Royaume-Uni et de la France, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déclaré que leurs accusations concernant les soi-disant provocations auxquelles se livrerait son pays en matière d’essais nucléaires étaient infondées.

Le représentant a ajouté que le Japon n’est pas habilité à critiquer la RPDC pour ces tests de missiles balistiques car il ne cesse d’augmenter ces dépenses en vue de renforcer son arsenal militaire. 

Selon le délégué de la RPDC, le Japon dépenserait plusieurs milliers de milliards de dollars de son budget à des fins militaires.  « Le Japon a pour ambition de devenir un géant militaire », a-t-il déclaré, tout en affirmant que le Japon est aujourd’hui capable, s’il le désire, de produire des armes nucléaires. 

Le représentant du Japon a dit que son pays était une nation pacifique en rappelant que les agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) violaient de nombreuses résolutions des Nations Unies.  

Réagissant à la déclaration du Royaume-Uni, le représentant de l’Argentine a repris la parole pour réaffirmer le droit souverain de son pays sur les îles Falkland (Malvinas), les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a repris la parole pour contester les observations du délégué japonais en notant que le Japon avait lancé un satellite espion à des fins militaires. 

La représentante du Royaume-Uni a repris la parole pour déclarer que le principe d’autodétermination ne s’appliquait pas aux îles Falkland (Malvinas) et aux îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  Elle a rappelé que plus de 90% de la population des îles Falkland (Malvinas) s’était exprimée en faveur de son maintien au sein du Royaume-Uni lors d’un référendum en 1993.

Le représentant du Japon a déclaré que les allégations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) concernant la militarisation de son pays étaient infondées.  Il a ajouté que les activités du Japon dans le domaine spatial respectaient les traités en vigueur et le pacifisme de la constitution japonaise. 

Selon le délégué, il est inacceptable de comparer le Japon à la RPDC, un pays qui, selon lui, n’a de cesse de violer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU en procédant à des tirs de missiles balistiques.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement ouvre le débat sur les liens entre la structure par âge dans le monde et le développement durable

Cinquantième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
POP/1054

La Commission de la population et du développement ouvre le débat sur les liens entre la structure par âge dans le monde et le développement durable

La Commission de la population et du développement a ouvert ce matin les travaux de sa cinquantième session qui a pour thème spécial « Évolution de la structure par âge de la population et développement durable ».

Cette session d’une semaine est l’occasion de débattre et de parvenir à un accord sur les questions de population qui sont au cœur même de la vision du développement durable au-delà de 2017, a résumé la Présidente de la Commission, Mme Ayla Ahmed Saif Al-Thani, du Qatar.  Aujourd’hui, on vit plus longtemps et en meilleure santé, s’est félicitée Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de cabinet du Secrétaire général de l’ONU.  Comprendre les tendances démographiques est essentiel pour promouvoir le développement durable dans l’intérêt de tous, a-t-elle fait valoir.

Le vieillissement de la population et le déclin démographique sont devenus les questions clefs pour un nombre croissant d’États, a précisé M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Ces changements sont reflétés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné M. Hongbo.  Deux des mégatendances actuelles, à savoir la migration internationale et l’urbanisation, étaient absentes des objectifs du Millénaire pour le développement mais sont fermement ancrées dans les objectifs de développement durable.

Depuis la Conférence internationale sur la population et le développement, tenue au Caire en 1994, le dividende démographique offre une façon très différente d’examiner les voies du développement durable dans les pays ayant un pourcentage important de jeunes, a renchéri M. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  « Le développement ne se fait qu’avec les personnes », a-t-il insisté. 

La transition démographique, caractérisée par une mortalité et une fécondité peu élevées, est un phénomène universel, mais le moment auquel elle intervient et sa rapidité –ainsi que ses conséquences sur le développement durable– varient considérablement d’un pays et d’une région à l’autre. 

À l’heure actuelle, la part de jeunes et d’enfants dans la population croît moins rapidement que celle des personnes âgées de plus de 65 ans.  Le taux de croissance des jeunes est particulièrement élevé en Afrique et dans certaines parties de l’Asie et de l’Amérique latine.  La proportion de personnes âgées est la plus élevée en Europe et dans d’autres pays développés, comme le Japon, ce qui montre que la transition démographique s’y est enclenchée plus tôt.

Plus précisément, à l’échelle mondiale, le nombre des individus âgés de 65 ans ou plus devrait être multiplié par 2,6 entre 2015 et 2050 pour passer de 608 millions à près de 1,6 milliard.  Bien que le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde ait augmenté pour atteindre aujourd’hui environ 1,2 milliard, leur part dans la  population mondiale devrait diminuer lentement et passer d’un peu plus de 16% aujourd’hui à moins de 14% en 2050.

Lors du débat général qui a suivi la présentation des rapports du Secrétaire général sur la question*, une trentaine de délégations, souvent au niveau ministériel, ont passé en revue les principales tendances dans leur pays, avant de souligner le rôle essentiel des politiques axées sur la population, la santé, l’éducation, l’emploi et la protection sociale en réponse aux changements constatés. 

Pour le Groupe des 77 et la Chine, la réalisation du droit au développement durable, « universel et inaliénable », est un préalable pour répondre aux besoins des populations.  Le Groupe reconnaît le besoin d’intégrer dans les « dynamiques de planification de la population » l’analyse des changements de la structure par âge de la population et la disponibilité de données démographiques précises et fiables, surtout pour les pays les moins avancés (PMA) où les jeunes devraient représenter 25 à 30% de la population en 2060.  Or ces pays continuent de montrer des carences dans le domaine de l’éducation, les filles continuant d’ailleurs de faire face à toutes sortes de discriminations.

Vivant la même situation, les pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) considèrent que ce dividende démographique offre une occasion unique d’augmenter l’investissement social dans les adolescents et les jeunes, essentiel pour promouvoir le développement, a indiqué le représentant de la CELAC.  La région arabe a connu une évolution importante en matière de population en raison notamment des conflits, a expliqué le Ministre de la planification du développement et de la statistique du Qatar, en évoquant les pressions sur les infrastructures des pays d’accueil des migrants. 

En revanche, consciente du vieillissement de sa population, de ses faibles taux de fécondité, de ses nouveaux cadres parentaux et de la migration, l’Union européenne a reconnu que cette situation exige des mesures d’adaptation et une solidarité intergénérationnelle en vue de garantir le bien-être de tous et une répartition équitable des ressources aujourd’hui et sur le long terme.  Dans la foulée, le Secrétaire d’État au développement et à la francophonie de la France, a réagi face à « la montée des conservatismes qui entendent réassigner les femmes à leur rôle unique de mère et à la sphère domestique ».  Il a apporté tout son soutien à l’initiative « She decides » lancée par les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Suède.

La Commission poursuivra demain son débat général à partir de 10 heures.

* E/CN.9/2017/2 à 4

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL

THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)

Déclarations liminaires

Aujourd’hui, on vit plus longtemps et en meilleure santé que jamais auparavant, s’est félicitée Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de cabinet du Secrétaire général de l’ONU.  Comprendre ces tendances démographiques est essentiel pour promouvoir le développement durable dans l’intérêt de tous.

La Conférence internationale du Caire sur la population et le développement a marqué un tournant, en ce qu’elle a placé pour la première fois les droits de l’homme au cœur même des questions de population et de développement, a-t-elle rappelé.

Cette cinquantième session ayant pour thème le lien entre l’évolution de la structure par âge de la population et le développement durable fait fond sur les accords et analyses précédents, a poursuivi Mme Ribeiro Viotti.

Évoquant la diversité des situations démographiques dans le monde, elle a souligné que les progrès réalisés dans l’accès à l’éducation et à la santé sexuelle et génésique ont permis d’améliorer les perspectives.  Accompagnés  d’investissements dans le capital humain, de tels progrès peuvent déboucher sur un dividende démographique, qui doit, lui-même, être accentué par la participation des femmes au marché du travail.

Si toutes les populations vieillissent, certaines se trouvent dans une étape avancée du processus, a fait remarquer le Chef de Cabinet.  Or si l’on investit dans la personne, on pourra alléger les difficultés financières liées à ce vieillissement, a-t-elle assuré.

Une fille sur trois dans les pays en développement est mariée avant l’âge de 18 ans et au moins 215 millions à travers le monde n’ont pas accès à des méthodes modernes de planification familiale.

Mme Ribeiro Viotti a recommandé de soutenir davantage les mères pour qu’elles puissent mieux gérer leur vie familiale et leur vie professionnelle.  Elle a rappelé que tous les gouvernements sont invités à faciliter une immigration sûre, ordonnée et réglementée.

 Un engagement mondial est nécessaire pour conserver les acquis, a plaidé le Chef de Cabinet. 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le monde a connu une véritable révolution démographique depuis 1947 quand la Commission de la population a tenu sa première session.  Pendant ces sept dernières décennies, nous avons été témoins d’une augmentation substantielle de la taille de la population mondiale et de changements spectaculaires dans sa répartition, par âge et par lieu de résidence.  Dans le même temps, le monde a vu une augmentation remarquable de l’espérance de vie et une baisse du taux de fécondité qui ont transformé la vie des femmes et des hommes partout dans le monde.

Enrichies par ces tendances mondiales, les politiques de la population ont évolué au cours des années.  Aux premières années de la Commission, le débat était dominé par la peur généralisée d’une croissance démographique rapide.  Le scénario effrayant d’une population mondiale qui dépasse les capacités de production alimentaire, conduisant inévitablement à une famine généralisée, à des maladies et à la faim, avait été raconté dans l’ouvrage de Paul Ehrlich intitulé « The Population Bomb ».

Dans les années 80 et 90, le débat est passé de la réduction de la fertilité, au nom du contrôle de la population, aux droits de l’homme et au bien-être individuel.  En conséquence, le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 a offert une approche plus positive et plus inclusive des besoins, des aspirations et des droits des individus.

Aujourd’hui, comme la croissance démographique a ralenti voire s’est arrêtée dans de nombreux pays, le débat sur les questions de population vient encore de changer.  Le vieillissement de la population et le déclin démographique sont devenus les questions clefs pour un nombre croissant d’États.  Avec une fertilité égale voire inférieure au taux de remplacement, la migration internationale est devenue le principal moteur du changement démographique dans de nombreux pays.

En 2018, l’Assemblée générale tiendra une conférence intergouvernementale pour adopter le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Secrétaire général adjoint s’est dit heureux d’apprendre que la Commission pourrait choisir comme thème de sa session de 2018 « Villes durables, mobilité humaine et migration internationale ». 

Le changement de contexte des politiques de la population est reflété dans le Programme 2030.  Deux des mégatendances à savoir la migration internationale et l’urbanisation, étaient absentes des objectifs du Millénaire pour le développement mais sont fermement ancrées dans les objectifs de développement durable.

Les tendances de la population mondiale sont bien illustrées dans les estimations et projections de la Division de la population.  Ces données sont présentées dans « les perspectives démographiques mondiales », une des publications les plus importantes du Département.  En utilisant ces données, les gouvernements peuvent anticiper les grands changements dans la population et mettre en œuvre des politiques intelligentes qui répondent à leur réalité démographique.

La Commission, a conclu le Secrétaire général adjoint, doit s’adapter aux changements.  Toutes les commissions techniques du Conseil économique et social  devraient ajuster leurs programmes de travail pour contribuer au suivi et l’examen des objectifs de développement durable.  Compte tenu de ses domaines d’expertise, la Commission peut faire beaucoup pour les sessions annuelles du Forum politique de haut niveau, a-t-il estimé.

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a évoqué des évolutions extraordinaires en matière de population et de développement.  Depuis la Conférence de 1994, l’accent a été mis sur les droits de l’homme, les droits de reproduction sexuelle et l’autonomisation des femmes.  Dans le même esprit, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 se concentre sur l’égalité, l’inclusion et les droits de l’homme.  « Le développement ne se fait qu’avec les personnes », a-t-il insisté.

La population vieillit dans différentes parties du monde, a reconnu le Directeur exécutif.  Les différences dans les structures démographiques reflètent les différences en matière de développement humain et de santé.  Les pays ont des points de départ très divers pour réaliser le Programme 2030, mais ils sont de plus en plus liés par Internet, les marchés, les flux de personnes et les responsabilités partagées en situation de crise, a-t-il relevé.

M. Osotimehin a dit qu’il fallait rester connecté à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, tout comme aux Accords d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, car « c’est cela qui fera avancer les droits de l’homme », la dignité de tous à tous les âges de la vie et le processus démographique.  Il y a des possibilités illimitées pour les pays de travailler ensemble, a-t-il assuré.

« Nous sommes unis par des aspirations communes de réduire les discriminations et les violences faites aux femmes », a poursuivi M. Osotimehin. Les veuves sont plus pauvres que les veufs, a-t-il déploré à titre d’exemple. Quant aux jeunes, ils doivent faire partie du développement humain de leur pays.

Les dividendes démographiques offrent une façon très différente d’examiner les voies du développement durable dans les pays ayant un pourcentage important de jeunes gens, a ajouté le Directeur exécutif en appelant à « plus d’investissements dans l’éducation des jeunes, y compris sexuelle ».  Une fécondité ralentie aboutit à de meilleures conditions de santé, a-t-il noté.

D’après lui, chaque pays doit arriver à se transformer en tenant compte de la structure de la population.  Les personnes âgées doivent pouvoir compter sur des retraites adéquates.  Les jeunes au chômage doivent avoir des opportunités.  Il faut « faire tomber les obstacles, y compris les mariages d’enfants, les grossesses précoces, le manque d’éducation sexuelle et de contrôle sur le corps », a-t-il conseillé. 

« Les bons investissements peuvent aboutir à un développement durable », a conclu M. Osotimehin.  Le monde se prépare au recensement 2020, a-t-il annoncé, en recommandant un nouveau modèle examinant les populations vieillissantes et la collecte de données statistiques indispensables pour aller de l’avant.

M. JOHN VILMOTH, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a souligné qu’aujourd’hui certains pays doivent relever le défi d’une population jeune et croissante et d’autres celui d’une population vieillissante.  Les changements dans la structure par âge sont dus aux succès des politiques visant à faire baisser les taux de fécondité et de mortalité.  La Division, a promis son Directeur, continuera de fournir à la Commission les données dont elle a besoin, laquelle a reconnu la nécessité de discussions fondées sur des preuves objectives et impartiales.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a déclaré que son Groupe continue de soutenir les principes et objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, lequel constitue un document majeur et un cadre juridique de premier plan, y compris pour l’éradication de la pauvreté.   Saluant le thème retenu pour cette cinquantième session, le représentant a dit reconnaître les liens entre changements de la structure par âge de la population et développement durable, et le besoin de définir des politiques en vue de soutenir une coopération de nature à renforcer les capacités des pays en développement.

Pour le Groupe des 77 et la Chine, les questions de population exigent une approche transversale aux niveaux national, régional et international.  Le Groupe reconnaît le besoin d’intégrer dans les « dynamiques de planification de la population » l’analyse des changements de la structure par âge et la disponibilité de données démographiques précises et fiables, y compris s’agissant des conséquences sur les droits de l’homme et la qualité de vie, avec une attention particulière aux personnes vulnérables.  En outre, a poursuivi M. Borja, nous reconnaissons les implications des changements de la structure par âge sur les « vulnérabilités climatiques » et la résilience des sociétés.  Enfin, a-t-il ajouté, le Groupe des 77 et la Chine ont souligné que la réalisation du droit au développement durable, « universel et inaliénable », est un préalable pour répondre aux besoins des populations

M. CARMELO INGUANEZ, de l’Union européenne, a regretté que « très peu » des recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport aient été incluses dans la première mouture du projet de résolution.  « Investir dans les soins de santé sexuelle et reproductive, y compris dans la planification familiale et l’éducation sexuelle et se doter de lois et de politiques réprimant la violence et la discrimination sont des éléments cruciaux pour la réalisation des droits humains pour tous, mais aussi pour permettre aux gouvernements de capitaliser sur les dividendes démographiques et de réaliser les objectifs de développement durable », a déclaré le représentant, pour qui il est déterminant d’abroger lois, pratiques et politiques discriminatoires.  Pour exploiter le dividende démographique, une attention particulière doit être accordée à la réalisation des droits humains des enfants et des adolescents, indépendamment de leur orientation et identité sexuelles, et à l’instauration d’un environnement de nature à épanouir le potentiel des jeunes au cours de leurs cycles de vie successifs.  

Consciente du vieillissement de sa population, de ses faibles taux de fécondité, de ses nouveaux cadres parentaux et de la migration, l’Union européenne a reconnu que cette situation exige des mesures d’adaptation et une « solidarité intergénérationnelle » en vue de garantir le bien-être de tous et une répartition équitable des ressources aujourd’hui et sur le long terme.  L’Union européenne a pris des mesures pour rendre le marché du travail plus flexible, en augmentant la productivité et les performances économiques grâce à des investissements dans l’éducation et la recherche, en reconnaissant les défis posés par les migrations mais aussi leur caractère positif, en mobilisant une part plus large de la population en âge de travailler, y compris les femmes, et en intégrant les migrants dans des schémas gérés plus durablement.  Un vieillissement de la population de meilleure qualité exige des finances publiques capables de garantir des retraites, des services de santé, des crèches et des soins de qualité.  Sans une bonne protection sociale, des politiques de revenu minimal et un accès universel à la santé, aux moyens modernes de contraception et à la planification familiale, les personnes vivant dans la pauvreté, en particulier les parents seuls, les mères traditionnellement responsables de l’appui intergénérationnel et les personnes âgées, en particulier les femmes, risquent de rester piégées dans la pauvreté et l’exclusion sociale. 

Dans les pays en développement, a poursuivi le représentant, où l’espérance de vie s’améliore et la population vieillit, le marché du travail et les systèmes de santé doivent pouvoir répondre à la fois aux besoins des nouveaux demandeurs d’emplois et à ceux d’une population vieillissante.  Nous devons appuyer ces gouvernements et les aider à revoir leurs politiques en vue de réduire les inégalités.  Le représentant a insisté sur la collecte de données pour affiner les politiques, l’impact de la démographie sur le développement étant « indéniable ». 

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. ZAHID MALEQUE, Ministre de la santé et du bien-être familial de Bangladesh, a déclaré que, malgré les progrès, les taux élevés de fécondité et la baisse des taux de mortalité ont donné lieu à une démographie galopante dans les PMA qui ont la structure par âge la plus jeune au monde.  La population de ces pays devrait passer de 954 millions de personnes en 2015 à 1,9 milliards en 2050 et à 3,2 milliards en 2100.  Les jeunes devraient représenter 25 à 30% de la population en 2060.  Or les PMA continuent de montrer des carences dans le domaine de l’éducation, les filles continuant d’ailleurs de faire face à toutes sortes de discriminations.  Les PMA, a reconnu le représentant, doivent investir massivement dans l’éducation pour préparer leur jeunesse à un monde « mondialisé », versé dans les technologies de l’information et des communications et jonché d’innovations économiques.  Les femmes doivent dans ce contexte, avoir accès à la santé, sexuelle et reproductive, pour réaliser tout leur potentiel.  Le Ministre a reconnu la nécessité de renforcer les écosystèmes nationaux de collecte des données et à cet égard de mettre en place des approches novatrices, en particulier pour leur analyse, diffusion et utilisation dans les plans de développement.  Le Ministre a donc insisté sur l’objectif 17.18 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui parle des capacités statistiques.     

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JULIO OSCAR ROBLES, Vice-Ministre de la santé d’El Salvador, a plaidé pour l’autonomisation des populations vulnérables, à savoir celles dont les besoins sont reflétés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les enfants, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les personnes âgées, les populations autochtones, les réfugiés et les déplacés, et « tous les migrants, quel que soit leur statut migratoire ».  À cet égard, il a rappelé l’importance de disposer de données démographiques ventilées par âge.  La situation en matière de fertilité, de mortalité et d’urbanisation varie selon les pays, a-t-il souligné, d’où l’importance de prendre en compte les réalités démographiques de chacun pour déterminer les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Programme 2030.

Les États membres de la CELAC, a poursuivi M. Robles, reconnaissent que les garçons et les filles, les adolescents et les jeunes, tout comme les personnes âgées, sont des détenteurs de droits et des parties prenantes dans le développement.  Dans la région, a-t-il précisé, un quart de la population est jeune et ce dividende démographique offre une occasion unique d’augmenter l’investissement social dans les adolescents et les jeunes, essentiel pour promouvoir le développement.  La CELAC réaffirme le besoin d’améliorer les mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle des systèmes financiers internationaux et régionaux pour accompagner la croissance économique qui contribue au développement durable et à l’éradication de la pauvreté.

De même, a continué le Vice-Ministre, la CELAC réitère son engagement vis-à-vis du Consensus de Montevideo sur la population et le développement, conclu en 2013, et se réjouit de la tenue de la troisième Conférence régionale sur la population et le développement de l’Amérique latine et des Caraïbes, en El Salvador, en novembre prochain.   

M. SALEH BIN MOHAMMAD AL NABIT, Ministre de la planification du développement et de la statistique du Qatar, a dit que la transition démographique est devenue un phénomène mondial avec des conséquences différentes dans chaque région.  Notre plan de développement tient compte des éléments du rapport du Secrétaire général sur « l’évolution de la structure par âge de la population et du développement durable » notamment le plan 2017-2022.  Le Qatar a connu un grand bond en avant depuis plus d’une décennie et est le premier pays arabe dans le classement 2016 en matière de population et de développement.  Toutefois, le Ministre a souligné l’importance de la souveraineté des États dans la mise en œuvre des recommandations du rapport. 

Notre politique de population et de développement a prévu une entité nationale qui initie de nombreuses activités à cet égard.  Compte tenu des défis socioéconomiques et environnementaux auxquels les États font face, il ne faut pas oublier les jeunes et leur participation au développement, a indiqué M. Al Nabit qui a ajouté que comme le Programme 2030 promet une vie de dignité pour tous, pour y parvenir il faut la pleine coopération et une politique de développement adaptée à toutes les parties prenantes.  Avant de terminer, il a mis en exergue l’importance de la collecte, de l’analyse et de l’utilisation des données pour pouvoir répondre aux priorités nationales.

M. ELIYA SIYAPHAZI ZULU, Directeur exécutif de l’Institut africain pour les politiques de développement de Nairobi, au Kenya, a fait un exposé technique sur le thème de « l’évolution de la structure par âge et le développement durable dans les sociétés jeunes ».  Il a expliqué que la transition démographique est provoquée par la différence entre les taux de naissance et de décès.  À cet égard, a-t-il précisé, la migration n’a pas autant d’effets sur les structures par âge, sauf la migration urbaine.

M. Zulu a comparé les situations en Afrique, en Amérique latine et en Asie.  Les projections à moyen terme montrent que, d’ici à 2060, la taille de la population dans ces trois régions sera stabilisée et commencera à diminuer.  En particulier, la population africaine en âge de travailler atteindra 44% d’ici à 2050, ce qui est déjà le cas dans les deux autres régions.  Partout, la part des personnes âgées va doubler. 

Un quart à un tiers de la croissance économique réalisée par « les tigres de l’Asie » au début du siècle s’explique par la façon dont ils ont utilisés la structure d’âge et la population en âge de travailler, a fait remarquer l’intervenant.  Il a ensuite examiné des pyramides de populations dans des pays où la fécondité commence à diminuer.  Des taux de fécondité élevés, a-t-il démontré, exigent qu’une part importante des ressources nationales soit consacrée aux besoins de base des enfants, ce qui laisse peu de place aux autres priorités.

Dans les pays avec des taux de naissance élevé, a insisté M. Zulu, il faut encourager l’accès au planning familial et lever les barrières.  Pour bien utiliser les dividendes démographiques, il va falloir réformer le système éducatif et développer « une stratégie d’investissement comme le plan Marshall » pour permettre aux générations de jeunes africains de décoller.  L’Afrique subsaharienne en particulier est très en retard par rapport aux autres régions, a-t-il souligné.  Il a jugé essentiel de protéger les jeunes filles et d’adopter une politique de tolérance zéro face aux grossesses précoces.  

Mme KAFFA RAKIATOU CHRISTELLE JACKOU, Ministre de la population du Niger, a dit que son pays enregistrait un taux d’accroissement intercensitaire de 3,9% et que plus de la moitié de la population a moins de 15 ans.  Ainsi, on estime que si ces tendances se maintiennent, le Niger risquerait de passer au deuxième rang des pays les plus peuplés du continent africain aux environs de 2050.  La nécessité d’inverser ces tendances s’impose afin de réaliser la transition démographique et tirer profit des avantages liés au dividende démographique.  C’est pourquoi, le Gouvernement a mis en place de nombreux projets et stratégies sectoriels susceptibles de permettre de relever les défis: la stratégie de développement durable et de la croissance inclusive Niger 2035 relative à la transition démographique, le programme de repositionnement de la planification familiale, l’école des maris, et le programme adolescence « illimi » visant à sensibiliser les jeunes sur les conséquences des mariages et grossesses qui connaît des succès éclatants. 

Au plan institutionnel, un Département ministériel chargé de l’entreprenariat des jeunes a été créé afin de promouvoir des initiatives et réduire le chômage des jeunes.  Un conseil des personnes âgées a aussi été mis en place et des efforts ponctuels sont menés pour appuyer l’autonomisation des seniors.  La population âgée serait de 10 millions en 2057.  En matière d’immigration, une agence nationale a été créée afin de contribuer à l’immigration ordonnée, sûre et régulière.  Afin de tirer profit du dividende démographique et réduire les inégalités entre les régions, le Niger avec l’appui de la Banque mondiale a mis en œuvre le projet régional « Autonomisation des femmes et le dividende démographique » et le projet « Appui à la population et à la santé. »

Bien que des dizaines de millions de personnes soient sorties de la pauvreté en Amérique latine et dans les Caraïbes, a dit Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, la région compte encore « plus de 180 millions de pauvres et plus de 70 millions d’indigents ».  De même, si la lutte contre la discrimination et les inégalités entre les sexes a enregistré des progrès, la situation des femmes latino-américaines et caraïbéennes est encore loin d’être satisfaisante, a-t-elle regretté.  En particulier, l’urbanisation rapide et intense pose de nouveaux défis.

Pour ce qui est de la mise en œuvre du Programme 2030, la Vice-Ministre a jugé essentielles les interventions dans les domaines de la population et du développement pour éliminer les principaux obstacles à la réduction de la pauvreté.  Le Nicaragua, a-t-elle expliqué, valorise la participation des femmes et celle des jeunes, pour lesquels un plan national d’emplois dignes et décents a été élaboré.  Le pays a ainsi resserré l’écart existant entre les sexes en matière d’éducation, de santé et d’autonomisation politique.   

Mme CUI LI, Vice-Ministre de la santé nationale et de la Commission du planning familial de la Chine, a considéré que la population est « une question de développement stratégique pour l’humanité ».  La Chine, a-t-elle expliqué, va rentrer dans une phase démographique décisive et présentera des caractéristiques uniques.  La population va atteindre son maximum, elle va vieillir et l’urbanisation va s’accroitre.  Le Gouvernement a mis au point un plan national pour la période 2016-2030 axé sur la personne, la coordination des politiques et le développement durable.  La Chine, a-t-elle poursuivi, espère que le taux de natalité sera optimisé pour améliorer la qualité de vie de la population.  

Mme Cui a reconnu que son gouvernement devait améliorer la recherche sur les liens entre population et développement durable.  S’il faut investir dans la jeunesse et donner la priorité aux enfants en matière de santé et d’éducation, il faut aussi renforcer les politiques concernant le vieillissement pour permettre aux personnes âgées de participer à la vie politique, économique, culturelle et sociale du pays.  Il faut améliorer les politiques de développement familial pour préserver l’harmonie et continuer de promouvoir les droits des femmes, notamment sur le marché du travail.

Au nom du Groupe des États arabes, M. SALEH BIN MOHAMMAD AL NABIT, Ministre de la planification du développement et de la statistique du Qatar, a dit que la transition démographique est devenue un phénomène et a rappelé l’importance de certains des principes de la Conférence internationale sur la population et le développement notamment le respect de la souveraineté nationale et des valeurs morales dans la mise en œuvre des programmes.  Il a aussi insisté sur le droit au développement, à l’eau, à l’alimentation, à la bonne gouvernance, à l’égalité entre les hommes et les femmes, à la prévention de toutes les formes de discrimination et les droits des personnes handicapées. 

Après avoir souligné l’énorme potentiel des jeunes en matière de développement, M. Al Nabit a jugé nécessaire d’actualiser les statistiques sur la population et de garantir pour ce faire un appui financier aux pays qui en ont besoin.  La région arabe a connu une évolution importante en matière de population en raison notamment des conflits, a poursuivi M. Al Nabit, en parlant de conflits qui ont exercé des pressions, notamment sur les infrastructures des pays d’accueil des migrants.  Il a appelé la communauté internationale à jouer « un rôle de coordination » s’agissant de l’accueil des migrants pour préserver la stabilité des pays.  Le Ministre n’a pas manqué de dénoncer les 50 ans d’occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris Jérusalem.  Israël doit respecter le droit international, a tranché M. Al Nabit.  

La part des citoyens de plus de 60 ans représente 20% environ de l’ensemble de la population nationale, a indiqué M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus.  Le Gouvernement prend des mesures à la fois pour intégrer les personnes âgées dans la société et pour stimuler les naissances.  Des mesures ont été prises pour améliorer les retraites et les services culturels et sportifs pour les seniors.  De plus, a poursuivi le Vice-Ministre, le pays accorde la priorité aux valeurs de la famille, notamment pour ce qui est de l’éducation des enfants.  Des aides, notamment au logement, sont offertes aux mères qui ont plus de deux enfants et des initiatives sont prises pour renforcer le rôle du père au sein du foyer.  Le Bélarus, a-t-il conclu, continuera de perfectionner ses politiques pour surmonter ses problèmes démographiques.  

M. JEAN-MARIE LE GUEN, Secrétaire d’État au développement et à la francophonie de la France, a déclaré que la transition démographique signifie avant tout que nous devons nous adapter au vieillissement de la population.  La France a fait le choix d’adapter ses politiques sociales pour accompagner ce phénomène, qui touche d’ailleurs le continent européen, la plupart des pays développés et de plus en plus de pays émergents.  En 2016, elle a adopté une loi essentielle pour adapter la société au vieillissement, dont la priorité est l’accompagnement à domicile afin que les personnes âgées puissent vieillir chez elles dans de bonnes conditions.

Tandis que la France et l’Europe sont touchées par le vieillissement, les jeunes n’ont jamais été aussi nombreux au plan mondial.  C’est d’abord une bonne nouvelle: c’est le signe que la mortalité recule et cela témoigne de la vitalité des sociétés.  C’est aussi une promesse pour l’avenir car une jeunesse dynamique peut accélérer le développement dans la société.  La multiplication des start-ups en Afrique, par exemple, dont les idées essaiment sur d’autres continents, témoigne de la créativité et des potentialités offertes par la jeunesse.

Pour répondre aux attentes de cette jeunesse, pour en concrétiser les promesses, les politiques publiques doivent également se concentrer sur l’éducation, sur la formation professionnelle et sur l’emploi.  Il faut donner aux jeunes en particulier les moyens de faire des choix libres et éclairés quant à leur vie sexuelle et affective, leur permettre aussi de faire des choix reproductifs libres.

Nous faisons face aujourd’hui, a rappelé le Secrétaire d’État, à la montée des conservatismes qui entendent réassigner les femmes à leur rôle unique de mère et à la sphère domestique.  Parce que nous avons tous décidé de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité, nous ne pouvons pas accepter de les renvoyer à un statut archaïque.  Cela suppose d’intervenir sur des sujets difficiles: nous devons mettre en œuvre des stratégies en faveur de l’abandon des pratiques traditionnelles lorsqu’elles sont néfastes.  Nous devons concentrer notre aide sur les interventions dont le rapport coût-efficacité est le plus élevé comme l’éducation à la sexualité et l’accès à la contraception et à l’ensemble des informations, produits et services de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes.  La France apporte son soutien à l’initiative « She decides » lancée par les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Suède, a souligné le Secrétaire d’État.

Mon pays n’échappe pas au phénomène du vieillissement, a expliqué M. JAIME BURROWS, Vice-Ministre de la santé publique du Chili.  En 2025, 20,11% de la population aura plus de 60 ans, tandis que 18,5% de la population aura moins de 15 ans.  Vers 2020-2025, l’espérance de vie atteindra 83,36 ans pour les femmes et 77,19 ans pour les hommes.  En outre, le taux global de fécondité est passé de 5 en 1950 à 1,85 en 2014.  Entre-temps, le Chili a connu une augmentation du nombre des migrants qui représentaient 1,2% de la population en 2002 et 2,3% en 2014.

Le Gouvernement chilien a mis en place des politiques publiques pour donner aux personnes âgées une meilleure qualité de vie, a poursuivi M. Burrows.  Il s’apprête à dévoiler ce mois-ci un plan national intersectoriel sur la démence.  Par ailleurs, il consacre 29% de son budget de santé publique à la santé reproductive.  En Amérique latine et dans les Caraïbes, a conclu le Vice-Ministre, les pays doivent s’engager ensemble sur la voie du développement durable à l’horizon 2030, à travers les 98 mesures prioritaires convenues en 2013 dans le Consensus de Montevideo.  

M. ZAHID MALEQUE, Ministre de la santé et du bien-être familial du Bangladesh, a déclaré que le thème de cette année est extrêmement important pour son pays qui a une population de 160 millions et qui se trouve dans une transition démographique positive.  Les enfants et les jeunes représentent 35% de la population, la population active, 59% et les personnes âgées, 8%.  Le Gouvernement est pleinement engagé à exploiter le dividende démographique en prenant diverses mesures.

Il a beaucoup investi dans l’éducation des enfants et des jeunes en y allouant 17% du budget, soit l’allocation la plus élevée par rapport à tous les autres secteurs.  Une attention spéciale est portée à l’éducation des filles et le pays a atteint l’éducation universelle dans le primaire avec un taux de 100%.

Le Bangladesh a aussi accordé une attention spéciale aux soins de santé primaires à travers les 18 000 cliniques communautaires qui donnent des médicaments et des conseils de santé gratuits.  Toutes les maladies contagieuses comme les diarrhées, le choléra, le sida, la tuberculose sont sous contrôle.  En conséquence, le taux de maternité a baissé de 542 à 170, la mortalité infantile de 132 à 43 alors que l’espérance de vie a augmenté à 70 ans et plus au cours des dernières années.

Le Gouvernement est engagé à assurer la sécurité et l’autonomisation des femmes.  Un quota spécial pour les femmes est réservé dans tous les services publics et 60% dans l’éducation.  Pour protéger les filles de la malnutrition et du mariage précoce, le Gouvernement a pris de nombreuses initiatives y compris l’interdiction du mariage avant 18 ans.

En raison du développement socioéconomique, le Bangladesh fait face à une urbanisation plus rapide et à l’heure actuelle, 30% du pays est urbanisé.  Dans deux décennies, ce sera plus de 50% et le Gouvernement investit énormément dans les infrastructures et les services.  Le vieillissement de la population est devenu graduellement une préoccupation même s’il est encore moindre par rapport à d’autres pays en développement.  Toutefois, le Gouvernement a pris des initiatives pour le bien-être de la population âgée en créant des régimes de pension, des maisons de retraite et des centres médicaux. 

Le Bangladesh profite déjà du dividende démographique grâce à la force de travail de la jeunesse.  Près de 10 millions de personnes travaillent à l’étranger et envoient 15 milliards de dollars par an au pays qui est ainsi le deuxième récipiendaire des envois de fonds des migrants au monde.  Le Ministre a aussi parlé des usines de vêtements qui emploient près de quatre millions de jeunes filles et rapportent 40 milliards de dollars par an soit 70% des exportations du Bangladesh.

M. JULIO OSCAR ROBLES, Vice-Ministre de la santé d’El Salvador, a indiqué que son pays avait lancé une véritable politique sociale pour améliorer les conditions de vie des différents segments de la population qui ont été exclus pendant des décennies.  Un objectif fondamental est d’arriver à couvrir avec un système de santé intégré l’ensemble de la population salvadorienne.  La mortalité maternelle a déjà baissé, passant de 56 à 27,4 pour 100 000 naissances entre 2009 et 2016. 

En cette période de transition, El Salvador s’efforce d’exploiter au mieux le dividende démographique, a assuré le Vice-Ministre.  L’Institut national de la jeunesse a formulé une série de programmes pour investir dans l’éducation, la formation et l’emploi qui doivent accompagner les jeunes dans la définition de leur projet de vie.  Par ailleurs, le Gouvernement met l’accent sur la prévention de la violence parmi les jeunes, sur la citoyenneté intergénérationnelle et la promotion d’une culture de paix.  À ce sujet, il considère que « les grossesses précoces représentent la forme de violence qui a l’incidence la plus marquée sur les aspirations personnelles et la santé des filles et des adolescentes ».

La dynamique démographique actuelle représente une opportunité pour le développement, le bien-être et la productivité des nations, a estimé Mme PATRICIA CHEMOR RUIZ, Secrétaire générale du Conseil national de la population du Mexique.  Au Mexique, entre 1974 et 2016, le taux de croissance de la population a baissé de 3,5 à 1,26%, l’espérance de vie a gagné 14,6 ans, passant de 60,6 à 75,2 ans, et la mortalité infantile a diminué de 80,9 à 11,7 pour 1 000 naissances. Aujourd’hui, le pays promeut l’égalité des sexes dans tous les secteurs de la vie publique et accorde une attention particulière aux femmes âgées qui sont victimes de diverses formes de discrimination, d’abus, d’abandon et de marginalisation.

La santé est une composante essentielle du développement économique et du bien-être social de la population mexicaine, a poursuivi l’intervenante en assurant que l’objectif du Gouvernement était l’accès universel à la sécurité sociale.  L’accent est mis sur la prévention des maladies incapacitantes et dégénératives, et sur le respect des droits de chacun en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment pour éviter les grossesses précoces.  L’appui au développement rural tient compte de la préservation de l’environnement, des ressources en eau et de la biodiversité. 

Par ailleurs, a ajouté Mme Chemor Ruiz, le Mexique reconnaît le rôle positif des travailleurs migrants dans les pays d’origine, de transit et de destination.  À ce sujet, il observe avec préoccupation les problèmes et la discrimination auxquels se heurtent les Mexicains résidant aux États-Unis et qui empêchent leur pleine intégration dans la société américaine.      

M. JOSE MIGUEL DE LA ROSA, Sous-Secrétaire d’État à l’Autorité nationale du développement économique des Philippines a déclaré que, compte tenu du taux élevé de fertilité, l’évolution de la structure par âge de la population philippine est lente alors que la population active connaît une augmentation régulière, laissant présager un dividende démographique.  Le pays a donc mis en place son plan de développement 2017-2020 qui inclut des politiques et des stratégies visant à réaliser le dividende démographique.  La stratégie nationale comprend le renforcement du programme de gestion de la population pour accélérer la baisse de la croissance démographique, améliorer la qualité du capital humain pour une participation plus inclusive dans le développement national, maintenir la croissance économique ancrée sur l’utilisation des ressources humaines et la bonne gouvernance fondée sur la transparence, la responsabilité et les bonnes pratiques. La pleine mise en œuvre de la loi sur la responsabilité parentale et la santé reproductive est un élément clef. 

S’agissant du capital humain, le Gouvernement continue à améliorer ses stratégies de santé publique avec un programme de couverture universelle.  Le programme de transfert de fonds à l’intention des plus pauvres, ou « Pamilyang Pilipino Pantawid », encourage toujours les investissements dans diverses initiatives comme les services de santé infantile et maternelle ou encore l’éducation primaire et secondaire.  Si la perspective d’un dividende démographique demeure éloignée, le pays considère que la période de transition est l’occasion de préparer la population, en mettant en place des préconditions socioéconomiques.  Le Sous-Secrétaire d’État n’a pas voulu conclure sans demander aux pays développés d’aider les pays à revenu intermédiaire et les pays en développement à améliorer leur capacité d’accélérer le rythme du changement de la structure par âge et de se préparer au dividende démographique.

M. UNURBAYAR GOMBSUREN, Sous-Secrétaire d’État à l’Autorité nationale de l’économie et du développement de la Mongolie, a indiqué que non seulement son gouvernement a approuvé une stratégie sur le vieillissement de la population mais aussi sa vision du développement 2030 qui est en tous points conforme au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Comme la Mongolie est un pays où les jeunes représentent 35% de la population, le Gouvernement se concentre sur le développement de « citoyens actifs » capables de contribuer au développement socioéconomique.  Le pays n’épargne aucun effort pour créer un environnement juridique favorable à l’épanouissement de la jeunesse.  Une loi, qui sere discutée au Parlement à la prochaine session, vise d’ailleurs à accroître les investissements dans la jeunesse et à donner aux jeunes toutes les occasions de s’engager activement et efficacement dans la vie socioéconomique.  Le pays a aussi adopté la loi sur la protection de l’enfance, amendé sa loi sur les droits de l’enfant et approuvé le programme « Mères salariées » pour veiller à une croissance démographique viable. 

La Mongolie commence à son tour à vivre une transition démographique, le nombre des plus de 60 ans devant doubler d’ici à 2028 et triplé d’ici à 2040.  Le pays est donc conscient de la nécessité de s’atteler en même temps à la question du dividende démographique mais aussi à celles liées à la santé et à la protection sociale des personnes âgées.  Le Gouvernement a donc adopté la loi sur le troisième âge qui servira de base juridique pour promouvoir la protection sociale des seniors et améliorer leur participation à la vie économique et sociale.  Il offrira aussi aux personnes âgées des opportunités d’emplois de consultant dans les secteurs public et privé et appuiera la création d’entreprises par les seniors.  La Mongolie doit aussi s’attaquer aux conséquences de l’exode rural: en 2016, 68,5% de la population vivait dans les villes et 45,5% dans la capitale.

Face au vieillissement de la population mondiale, on ne peut pas concevoir un développement durable qui exclut les personnes âgées, a averti M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine).  Il a jugé nécessaire de mettre au point un instrument international juridiquement contraignant qui protège les droits de l’homme des personnes âgées.  D’après lui, il est urgent de se pencher sur les groupes les plus vulnérables et de renforcer l’égalité et l’inclusion, en mettant l’accent sur les droits de l’homme et la problématique hommes-femmes, tel que spécifié dans le Consensus de Montevideo de 2013. Enfin, l’Argentine espère que le document final qui sera adopté à l’issue de cette session sera le reflet fidèle des progrès réalisés jusqu’à présent en matière de population et de développement.  

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a dit que le plan national de développement a tenu compte du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et du Consensus de Montevideo.  C’est dans ce cadre qu’est né le Conseil national du développement urbain et rural, avec la participation active de la société civile urbaine et rurale.  Le Conseil, qui travaille sur une stratégie de mise en œuvre des objectifs du Programme 2030, repose sur sept composants notamment l’intégration des mesures techniques, l’articulation des priorités du Programme 2030 avec les exigences du plan national de développement, le renforcement et l’amélioration des ressources nationales et de la coopération internationale, l’amélioration de la statistique nationale pour une mise en œuvre efficace du Plan et l’alliance avec la société civile et la communauté internationale.  Le Plan accorde aussi la priorité à la sécurité alimentaire en s’attaquant à la malnutrition des enfants.  Il vise également à améliorer l’accès de microentreprises au crédit et à favoriser les financements innovants pour encourager la créativité.  Sans le renforcement du secteur de la sécurité, il ne peut y avoir de développement, a reconnu le représentant. 

La population a considérablement augmenté au pays, passant de 7,6 millions de personnes en 1950 à 31,4 millions en 2016, a expliqué M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou).  En 2050, elle devrait se chiffrer à 40,1 millions.  Aujourd’hui 27,5% de la population a moins de 15 ans et 9,9% plus de 60 ans.   Le Pérou devrait bénéficier de ses dividendes démographiques après 2050, et, pour saisir l’occasion que représente cette évolution démographique, il est déterminé à élaborer des politiques publiques pour promouvoir un développement équilibré de la population.  Il faudra s’assurer que la population en âge de travailler dispose des qualifications nécessaires pour exercer les nouvelles professions exigées par le marché du travail, dans le respect de l’environnement, a poursuivi le représentant.  De même, il faudra améliorer les services dont ont besoin les enfants de moins de 15 ans, en particulier en matière de santé et d’éducation.   

Représentant un sixième de la population mondiale, l’Inde, a dit son représentant, M. TANMAYA LAL (Inde) est une nation de jeunes.  Près de deux-tiers des indiens ont moins de 35 ans.  Deux-tiers de la population aurait aussi entre 15 ans et 65 ans.  Les dirigeants indiens sont conscients de la chance énorme qu’est ce dividende démographique.  Alors que les grandes réformes en cours et la force des institutions font de l’Inde l’une des économies au taux de croissance le plus rapide au monde, le pays devrait maintenir ce niveau de croissance grâce à son dividende démographique.  L’Inde connaît aussi une hétérogénéité démographique considérable, entre les deux groupes d’États.  Si les États aux populations jeunes se focalisent sur l’éducation, la formation et l’emploi, les autres aux populations vieillissantes requièrent que l’attention soit portée aux personnes âgées.  Cette hétérogénéité offre l’avantage de s’attaquer aux problèmes grâce à une plus grande mobilité de la population active qui peut réduire le déséquilibre démographique.  Sur une note plus positive, Les États relativement moins riches ont un dividende de croissance plus élevé qui leur permettra d’exploiter les opportunités économiques émergentes.

Après avoir décrit les initiatives prises par son pays en matière d’éducation, de formation, d’entreprenariat et d’innovation, le représentant a estimé que le succès de l’Inde, qui a réussi à sortir de la pauvreté des millions de personnes et à améliorer ses niveaux de développement, l’a aidée à réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement.  La transformation en cours, qui se focalise sur le développement durable, contribuera assurément au succès collectif dans les objectifs de développement durable.

M. ANDRIAMISY HONORE FOLOZARA,  Directeur de cabinet du Ministre de l’économie et du plan de Madagascar et Président du Conseil d’administration de l’Institut national de la statistique, a indiqué que son gouvernement, en coopération avec ses partenaires techniques et financiers, notamment le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s’efforçait d’accélérer la réduction de la pauvreté en ciblant les femmes, les jeunes et les adolescents, en particulier ceux qui vivent dans les zones rurales et reculées.  Madagascar, a-t-il précisé, est caractérisé par la jeunesse de sa population. Plus des deux tiers, soit 64% de la population ont moins de 25 ans et environ la moitié, à savoir 47% a moins de 15 ans.  Les jeunes âgés de 10 à 24 ans représentent 32% de la population.

Les jeunes sont dans une situation de grande vulnérabilité et ne sont pas suffisamment armés pour améliorer leurs conditions de vie, a expliqué l’intervenant.  Les jeunes ne sont pas suffisamment scolarisés et occupent des emplois précaires, notamment en milieu rural.  Madagascar n’a pas pu effectuer de recensement de la population depuis 20 ans, a-t-il souligné.  Ainsi, les estimations de la population malgache présentent un niveau d’incertitude élevé, ce qui rend difficile la connaissance réelle de l’évolution de la situation et de la dynamique démographique.  Mais la nécessité de réaliser le prochain recensement est bien inscrite dans la politique du Gouvernement, a-t-il assuré en rappelant que le pays avait reçu 89,6% des contributions annoncées pour l’aider dans cette entreprise.

M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCÍA (Costa Rica) a déclaré qu’en 2040, les personnes âgées seront plus nombreuses que le reste de la population.  Aussi faut-il dès aujourd’hui prendre des mesures urgentes pour s’attaquer à cette situation.  Le Gouvernement accorde ainsi toute son attention aux situations des populations vulnérables afin notamment d’éliminer la discrimination et les inégalités.  Il a mis en place pour ce faire un instrument de coordination pour une aide systématique et efficace.  Il se concentre aussi sur la situation des jeunes qui devraient jouir de tous leurs droits civiques et fondamentaux.  Le Gouvernement est convaincu de la nécessité pour les jeunes d’exercer leurs droits sexuels et reproductifs et il a pour cela, mis en place une stratégie nationale de santé.  Le Gouvernement a aussi mis en œuvre une politique d’égalité entre les sexes.  Il dispose déjà d’une politique nationale sur le vieillissement qui a pour objectif entre autres d’éliminer les discriminations fondées sur l’âge et aider la population âgée à maintenir une vie active.  Le représentant a reconnu que le régime de pensions est en difficulté, ce qui a poussé le Gouvernement à rechercher une solution globale à long terme.

M. SURYA CHANDRA SURAPATY, Directeur de la démographie nationale et du planning familial de l’Indonésie, a indiqué que la population de son pays avait connu une transition démographique avec la baisse des taux de fertilité et de mortalité, grâce au succès de ses politiques en matière de planning familial et d’accès à des soins de santé de qualité et à la scolarité obligatoire pendant 12 ans.  En 2015, l’espérance de vie était de plus de 70 ans.  L’importance du groupe en âge de travailler profite au développement du pays.  Quant aux besoins des personnes âgées et des personnes handicapées, ils sont inclus dans les politiques nationales, y compris celles relatives aux catastrophes naturelles.  L’Indonésie s’est engagée à promouvoir une économie durable qui profite à tous, à éliminer la pauvreté et à investir dans le capital humain en tenant compte des défis démographiques, comme le vieillissement de sa population.    

Mme MAAYAN KEREN (Israël) a déclaré que son pays se trouve à la croisée du chemin démographique.  Israël a une population âgée qui augmente rapidement et une espérance de vie parmi les plus longues au monde.  Dans le même temps, le taux de fertilité est resté relativement élevé atténuant ainsi le vieillissement de la population.  La croissance démographique rapide et l’évolution de la structure par âge soulignent la nécessité d’une stratégie intégrée et à long terme qui tienne compte de tous les groupes d’âge et de tous les secteurs de la société.  Israël travaille à la pleine intégration des personnes âgées comme des membres actifs de la société et veille à qu’elles restent des atouts plutôt que des fardeaux.  Israël est ainsi l’un des premiers pays à avoir relevé l’âge du départ à la retraite de 60 ans à 62 ans puis de 65 ans à 67 ans.  De plus, les déductions obligatoires à verser aux régimes de pension pour presque tous les travailleurs ont été mises en place pour permettre à plus de personnes de faire des économies pour leur retraite. 

La représentante a passé les mesures en faveur des personnes âgées, dans les domaines de la santé, de la formation et de la solidarité intergénérationnelle, avant de prévenir que pour exploiter les dividendes démographiques, il faut faire des investissements intelligents et s’atteler à une planification à long terme tenant compte des changements de la structure par âge et de leur impact sur le développement durable.  Nous ne pouvons pas nous permettre de reculer sur la santé l’éducation et l’égalité entre les sexes.  La représentante a conclu en évoquant sa grand-mère décédée l’année dernière, peu avant son cent-deuxième anniversaire.  Après avoir subi l’holocauste et vécu les pires atrocités au monde, elle a refait sa vie, élevé une famille et même monté à pied tous les jours les escaliers de son appartement du troisième étage et « elle a fait tout ça avec un grand sourire lumineux ».  La représentante a espéré que le monde que nous édifions sera un monde où l’on pourra atteindre un âge avancé, pourquoi pas 102 ans, dans la dignité, en bonne santé et avec un sourire grand et lumineux.

Agée de 22 ans et donc «la plus jeune dans la salle », Melle SANNE THIJSSEN, Ambassadrice des jeunes pour le santé et les droits sexuels et reproductifs des Pays-Bas, s’est dite étonnée des efforts qu’il faut encore déployés pour convaincre certaines personnes du plein potentiel et de la capacité des jeunes de décider de leur propre vie, y compris de leurs droits et de leur  santé sexuels et reproductifs.  Nous devons reconnaître, a-t-elle rappelé, que nous formons la plus grande cohorte de jeunes dans l’histoire.  En 2050, nous serons 1,3 milliards de jeunes.  Les jeunes, a-t-elle prévenu, ne peuvent être ignorés.  Ils doivent être en mesure d’influencer les politiques et les programmes qui affectent leur vie.

Les droits et la santé sexuels et reproductifs des jeunes dans les situations humanitaires et les crises requièrent une attention particulière et investissements.  La moitié des gens qui vivent dans ces situations ont moins de 20 ans et sont exposés aux mariages précoces, aux grossesses non planifiées et aux maladies sexuellement transmissibles.  Les jeunes LGBT, a poursuivi l’Ambassadrice, exigent aussi une attention particulière, victimes qu’ils sont de discrimination et de violence. Défendre les droits et la santé sexuels et  reproductifs des jeunes sans discrimination d’aucune sorte est la différence entre la peine et la prospérité.  C’est pourquoi il est important que le droit des jeunes à ‘accéder à l’information, à l’éducation et aux services de santé sexuelle et reproductive soit garanti.  Les jeunes ne pourront exploiter tout leur potentiel dans la croissance économique que lorsqu’ils auront le contrôle total de leur vie sexuelle et reproductive.  Les filles pourront ainsi investir dans leur déduction et les jeunes femmes contribuer au marché du travail.  Les changements dans les structures par âge, comme le vieillissement, le dividende démographique et l’urbanisation, exige une plus forte intégration des jeunes pour qu’ils soient en mesure d’améliorer leur communauté et de provoquer des changements positifs.

M. HANIF AHMADZAI, Directeur adjoint du Département des conférences internationales et des Nations Unies au Ministère des affaires étrangères de l’Afghanistan, a reconnu que les investissements et les interventions dans le domaine de la population et du développement, y compris l’accès à la santé sexuelle et reproductive, étaient essentiels pour éliminer les obstacles à la réduction de la pauvreté et apporter la prospérité.  Sans ces investissements et interventions, les individus, les communautés et les sociétés souffriront.

Dans le cas de l’Afghanistan, la situation sécuritaire et la menace du terrorisme ont compliqué le maintien des progrès durement acquis, car la sécurité est le fondement du développement socioéconomique, de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et des objectifs de développement durable.  Pour réaliser nos objectifs, l’appropriation nationale et les partenariats seront essentiels, a souligné le représentant.  Ceci est extrêmement important dans le cas de l’Afghanistan qui se trouve dans la décennie de la transformation 2015-2024.  M. Ahmadzai a insisté sur les investissements dans la santé et l’éducation, la deuxième voie de la durabilité comme le dit le Programme d’action du Caire, en particulier s’agissant des jeunes.  Le représentant a reconnu que le coût de l’inaction face à l’évolution de la structure par âge de la population, c’est la voie vers un héritage d’occasions manquées en termes de capacités humaines et de chances de développement. 

Dans mon pays, 70% de la population a moins de 30 ans, a souligné M. JULIO CESAR ARRIOLA (Paraguay).  C’est pour cela que les investissements centrés sur les enfants et les adolescents dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’élimination de la pauvreté sont prioritaires dans le plan national de développement 2030.  Le Paraguay en est au début de sa transition démographique, a expliqué le représentant, et il lui faut à la fois se concentrer sur les jeunes et satisfaire les besoins de personnes âgées.  Dans le cadre de la promotion des droits de l’homme des personnes âgées, M. Arriola a mentionné un programme de pension alimentaire pour les plus de 65 ans en situation de pauvreté.  En juin prochain, a-t-il annoncé, le Paraguay accueillera la quatrième Conférence régionale intergouvernementale sur le vieillissement en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Il a également plaidé pour avoir des données ventilées par âge, sexe et autres caractéristiques pertinentes, compte tenu de la situation propre à chaque pays en développement.    

Mme TONI-SHAE FRECKLETON, Députée de la Jamaïque, a déclaré que son pays se trouve actuellement au milieu de sa transition démographique avec un nombre d’enfants en déclin et une augmentation de la population active et des personnes âgées.  Ces changements ont été pris en compte dans l’élaboration du plan national de développement à long terme « Vision 2030 ».  Ce sont là des dynamiques, a-t-elle estimé, qui présentent à la fois des opportunités et des défis pour le développement durable.  Passer les différentes étapes du dividende démographique et au-delà est un exercice difficile qui appelle des réformes non seulement en matière de développement social mais aussi en matière de croissance économique à long terme et de protection de l’environnement.  La Jamaïque se trouve à une étape où elle a besoin de redoubler d’efforts pour recueillir les bénéfices de ce qui restent de son dividende démographique. 

Pour les cinq prochaines années, la Jamaïque révisera et élaborera des politiques et stratégies pour faire face au défi de l’évolution démographique.  Cela inclut des politiques sur la population, les jeunes, les personnes âgées, la migration internationale et le développement, les droits sexuels et reproductifs et la pauvreté.  La révision de la politique nationale de la population se fera dans le contexte de la vision 2030 de la Jamaïque, des objectifs de développement durable et du Consensus de Montevideo pour refléter les liens entre la population et le développement.  La révision de la politique utilisera les données recueillies et mènera à la finalisation de la réforme du marché du travail et des pensions et à la mise en œuvre des stratégies de protection sociale et de promotion de la croissance économique.

M. JERRY MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que la réalisation du programme d’action de la Conférence du Caire était une pierre angulaire de la réalisation des objectifs de développement durable.  Si l’épidémie de VIH/sida a eu un impact dévastateur dans un passé récent, le programme d’antirétroviraux a permis d’inverser la tendance, s’est réjoui le représentant.  Aujourd’hui, la proportion de personnes âgées augmente en Afrique du Sud, alors que les 15-25 ans représentent la principale cohorte.  Cette transition démographique, a-t-il résumé, alimente les politiques du gouvernement et ses efforts visant à réduire des inégalités économiques persistantes. 

M. KAI SAUER (Finlande) a décrit son pays comme un pays où la structure par âge vieillit.  Un Finlandais sur cinq a au moins 65 ans.  Le taux de fécondité est bas et la chute du nombre des naissances s’est accélérée, entraînant à la baisse le nombre des enfants et des jeunes.  L’espérance de vie continue en revanche d’augmenter alors que le taux de mortalité infantile et maternelle est bas depuis des décennies.  La Finlande, a aussi rappelé le représentant, est un État providence dans la pure tradition nordique qui remonte à 80 ans.  L’État providence est celui qui est le garant de l’assise financière et du bien-être de la population.  Avec l’augmentation rapide du nombre des personnes âgées, la Finlande met en place un programme actif sur le vieillissement, sans oublier les personnes vulnérables et marginalisées, et l’égalité entre les sexes.  À ce propos, on peut encore améliorer les choses, a estimé le représentant.  Il est donc important que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles restent au cœur de la mise en œuvre du Programme 2030.  La Finlande a d’ailleurs fait une étape supplémentaire en adoptant la loi sur l’égalité devant le mariage qui est entrée en vigueur le 1er mars dernier.  La Finlande s’enorgueillit aussi de son éducation sexuelle complète dispensée dans écoles et de la promotion qu’elle fait de l’accès à la santé sexuelle et reproductive, une politique qui se traduit par un taux extrêmement bas de grossesses précoces. 

Le vieillissement de la population est un phénomène plus marqué au Japon qu’ailleurs, a expliqué Mme REIKO HAYASHI, Directrice du Département de la recherche et de la coopération internationale à l’Institut de recherche sur la population et la sécurité sociale du Japon.  Une personne sur quatre a plus de 65 ans, la plus forte proportion au monde.  Le déclin de la population est une tendance systématique, a-t-elle insisté, et d’ici à 2016 les personnes âgées représenteront 40% de la population.  Le Japon doit s’adapter à cette évolution de la structure par âge.

L’espérance de vie au Japon est parmi les plus élevées au monde, grâce à une couverture universelle de santé, s’est félicitée Mme Hayashi.  Mais le coût des soins médicaux sur le long terme augmente et la structure de la famille et du foyer évolue.  En 2015, 41% seulement des personnes âgées vivaient encore avec leur famille.  Une prise en charge communautaire est l’une des solutions recherchées pour faire face à cette situation.  Depuis 2005, les tendances macroéconomiques sont telles que le taux de participation des personnes âgées au marché du travail a augmenté.  Un système de régime de pension de qualité doit être préservé, a-t-elle encore averti, et les relations intergénérationnelles deviennent une question de plus en plus importante.  Dans le cadre de sa coopération technique internationale, le Japon a lancé une initiative sur le vieillissement actif et le bien-être des personnes âgées en Asie.

M. ABDUL GHAFFAR KHAN (Pakistan) a déclaré que le Gouvernement, en gardant à l’esprit l’évolution de la structure par âge de la population, a élaboré différentes politiques pour améliorer l’accès à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques pour les différents segments de la population pakistanaise.  Ces politiques sont entre autres la « Vision 2025 » qui est centrée sur les gens et qui prend en considération les ressources humaines en particulier les 117 millions de jeunes comme un atout pour la croissance et le développement.  Le gouvernement a aussi réécrit la politique nationale de population pour l’aligner aux objectifs de développement durable avec les engagements de la planification familiale 2020 qui inclut l’augmentation du taux de prévalence de la contraception de 50% et donne un accès universel aux services de planification familiale.  Pour les personnes âgées, le gouvernement a établi une institution qui offre un nombre varié de régimes comme la pension pour la vieillesse, la pension pour les personnes handicapées et les bourses de vieillesse. 

Mme HELEN KUYEMBEH, Députée de la Sierra Leone, a dit que son pays était à la première étape de sa transition démographique avec 80% de la population soit 5,7 millions de personnes en dessous de 35 ans, et seulement 4% au-dessus de 65 ans et plus.  Cela représente une poussée au sein de la population jeune du pays, avec un élan intégré de croissance de 3,2%, tel que prévu par le recensement de 2015.  Le Gouvernement est conscient que c’est avec des investissements appropriés dans la santé, y compris la planification familiale, l’éducation, l’incitation économique, la création d’emploi pour les jeunes et la bonne gouvernance que le pays peut réaliser le dividende démographique qui créera une fenêtre d’opportunité pour faire rentrer le pays dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire avant 2035.  La députée a énuméré ce qu’a fait son pays concernant l’égalité de genre, l’autonomisation des femmes et l’utilisation des méthodes modernes de planification familiale.  Par ailleurs, le Gouvernement finalise sa politique nationale sur le vieillissement qui veillera à ce que les droits et les besoins des 60 ans et plus soient reconnus et respectés.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement lance la dernière session de son cycle triennal en espérant jouer un rôle central dans les négociations

Session de fond de 2017,
362e & 363e séances – matin & après-midi
CD/3693

La Commission du désarmement lance la dernière session de son cycle triennal en espérant jouer un rôle central dans les négociations

À l’ouverture de sa session annuelle, aujourd’hui, la Commission du désarmement a été présentée par le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement comme « plus pertinente que jamais », dans un contexte marqué par des tensions régionales croissantes, une nouvelle course aux armements stratégiques et classiques, et des tendances politiques qui « rappellent la guerre froide ».

Malgré l’absence, depuis 2000, d’accord sur des recommandations de fond, cette session de la Commission doit, espère-t-on, faire avancer les discussions sur les moyens de réaliser le désarmement et la non-prolifération nucléaires, ainsi que sur les mesures pratiques de confiance dans le domaine des armes classiques, les deux questions inscrites à son ordre du jour.

Si beaucoup ont regretté l’impasse prolongée dans laquelle se trouve la Commission sur ces deux points, la majorité des délégations qui se sont exprimées ont réaffirmé son rôle central.  Le porte-parole du Mouvement des non-alignés a souligné à cet égard « la composition universelle » de la Commission et le fait qu’elle soit « le seul organe spécialisé et délibérant dans le système de désarmement multilatéral des Nations Unies ».

Sur le fond, la question de la non-prolifération des armes nucléaires a été au cœur des débats, marqués par une multiplication d’appels lancés aux pays dotés de l’arme nucléaire pour qu’ils éliminent complètement leurs arsenaux nucléaires.  La délégation des États-Unis a toutefois averti qu’un traité d’interdiction complète entraînerait des coûts très importants, « sans pour autant améliorer la sécurité des États, ni réduire le nombre d’ogives nucléaires ». 

Son homologue russe a, pour sa part, estimé que « le problème de l’élimination des armes nucléaires ne se résoudra pas par un simple vote pour les interdire », prévenant qu’à moins d’impliquer les États dotés de l’arme nucléaire, les initiatives seront vouées à l’échec.

Pour leur part, les pays non dotés de l’arme nucléaire ont souhaité poursuivre l’objectif d’un instrument juridiquement contraignant et non discriminatoire pour protéger les États comme les leurs contre l’utilisation ou la menace de l’utilisation de cette arme. 

Une façon de parvenir au désarmement nucléaire de la planète est la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires.  Fortes des expériences réussies en Amérique latine et dans les Caraïbes (Traité de Tlatelolco), dans le Pacifique Sud (Traité de Rarotonga), en Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok) et en Afrique (Traité de Pelindaba), les délégations ont notamment réitéré leur souhait de voir une telle zone être enfin établie au Moyen-Orient.

C’est « une responsabilité qui doit être assumée par l’ensemble de la communauté internationale », a plaidé le Groupe des États arabes, tandis que la délégation israélienne, partisane également d’une telle zone au Moyen-Orient, a toutefois jugé nécessaire de reconnaître que les processus de contrôle des armes et de désarmement sont indépendants l’un de l’autre.

Cette première journée de travaux a aussi été l’occasion pour les délégations de discuter du futur traité non discriminatoire sur l’interdiction de la production des matières fissiles pour les armes nucléaires.  Mais si l’Espagne a jugé « justifié, d’un point de vue politique et technique, de commencer les négociations », le Pakistan a dénoncé un projet « hautement discriminatoire et déséquilibré », notant par ailleurs la divergence de position des 25 experts chargé de négocier cet instrument.

S’agissant de la question extra-atmosphérique, le Haut-Représentant a souhaité que les discussions soient guidées par le rapport du Secrétaire général publié le mois dernier sur des mesures de confiance.  M. Kim Won-soo a notamment appelé « à tout mettre en œuvre pour que l’espace reste un environnement libre de conflits et de pratiques non durables ».

La sécurité extra-atmosphérique est la « troisième question » qui a été proposée, l’an dernier, par certaines délégations, pour s’ajouter aux deux questions dont est normalement saisie la Commission.

La session actuelle de la Commission du désarmement, qui se déroule à New York du 3 au 21 avril, marque la fin d’un cycle de négociations triennal au terme duquel la Commission et ses groupes de travail doivent formuler des recommandations à l’Assemblée générale.

Créée en 1978, la Commission du désarmement a été en mesure, jusqu’à présent, de produire 16 recommandations, notamment sur la création de zones exemptes d’armes nucléaires, a rappelé sa présidente, Mme Gabriela Martinic, de l’Argentine.

En début de séance, la Commission a adopté l’ordre du jour* de sa session et complété son bureau en élisant par acclamation Mesdames Anda Grinberga (Lettonie), Rosita Šorytė (Lituanie), Asha Challenger (Antigua-et-Barbuda) et Messieurs Yasar Ammar (Pakistan), Ali Robatjazi (République islamique d’Iran) et Hamza Alokly (Libye) aux postes de vice-présidents. 

M. Wilmer Méndez (Venezuela) et Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie) ont été élus de la même manière pour présider respectivement les groupes de travail I et II.

La Commission poursuivra son débat général demain, mardi 4 avril, à partir de 10 heures.

*     A/CN.10/L.78

Débat général

Déclarations

Mme GABRIELA MARTINIC, de l’Argentine, en sa qualité de Présidente de la Commission du désarmement, a rappelé que celle-ci avait été créée en 1978 et avait été en mesure, jusqu’à présent, de produire 16 recommandations, notamment sur la création de zones exemptes d’armes nucléaires.  Se trouvant maintenant à la fin d’un cycle triennal, la Commission doit compléter ses travaux au sein de deux groupes de travail, a-t-elle indiqué.  Le premier doit formuler des recommandations visant à atteindre les objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération, tandis que le deuxième travaille sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques.  Elle a espéré que les États Membres seraient à la hauteur de leurs responsabilités et trouveraient un terrain d’entente.

« 2017 est la dernière année d’un cycle de trois ans de négociations au terme duquel la Commission et ses groupes de travail doivent formuler des recommandations à l’Assemblée générale », a souligné M. KIM WON-SOO, Haut-Représentant pour les affaires de désarmement.  Il a affirmé que 65 ans après sa création, la mission de la Commission du désarmement est plus pertinente que jamais, évoquant notamment des tensions régionales croissantes, une nouvelle course aux armements stratégiques et classiques, et des tendances politiques qui rappellent la guerre froide. 

Par ailleurs, M. Kim s’est inquiété de l’émergence de nouvelles technologiques capables d’avoir des incidences négatives sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a cité le danger que représente le développement d’armement de pointe, et de nouvelles applications et technologies révolutionnaires utilisées par le milieu universitaire et le secteur privé.  Il a également parlé des dernières évolutions en matière de cybersécurité, d’intelligence artificielle, et de missiles supersoniques qui, a-t-il indiqué, réduisent la frontière entre les armes stratégiques et non stratégiques de même qu’entre les armes nucléaires et non nucléaires. 

Le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement a rappelé que le désarmement est une approche globale pour faire face à un problème plus vaste qui s’appelle la guerre, avant d’insister sur la validité de l’objectif de « désarmement général et complet ».  Il a estimé que la session actuelle de la Commission a le potentiel de revitaliser cette approche en abordant les recommandations des deux groupes de travail de manière holistique, comme des éléments se renforçant mutuellement. 

S’agissant de la question extra-atmosphérique, M. Kim a rappelé que le Groupe d’experts gouvernementaux chargé de mener une étude sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales a achevé ses travaux en 2013.  Il s’est aussi félicité que la résolution adoptée ultérieurement sur cette question a été cosignée par la Chine, la Fédération de Russie et les États-Unis, démontrant ainsi, a-t-il estimé, une unité rare sur une question aussi stratégique. 

Le Haut-Représentant a aussi rappelé que les Première et Quatrième Commissions ont tenu leur première réunion conjointe en octobre 2015 pour débattre des questions et défis liés à la sécurité et à la durabilité de l’espace extra-atmosphérique.  Il a souligné que réaliser la mise en œuvre des mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales permettrait de prévenir une course à l’armement dans l’espace « qui est notre héritage et patrimoine commun ».

M. Kim est également revenu sur la publication, le mois dernier par le Secrétaire général, d’un rapport sur la mise en œuvre des mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales par le système des Nations Unies, souhaitant que ce rapport contribue à réduire les fossés existants entre les délégations et serve de guide pour les discussions informelles.  « Il faut tout mettre en œuvre pour que l’espace reste un environnement libre de conflits et de pratiques non durables », a insisté le Chef des affaires du désarmement des Nations Unies.

Enfin, M. Kim a fait observer que la session actuelle de la Commission intervient entre deux événements importants du désarmement, à savoir l’ouverture de la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète, et le début du cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pour 2020.  Dans ce contexte, il a estimé que la réussite des travaux de la Commission du désarmement pourrait permettre de faire progresser davantage les efforts collectifs en faveur du désarmement.    

Intervenant au nom du Mouvement des non-alignés, M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a exprimé sa détermination à promouvoir le multilatéralisme lors des négociations sur le désarmement et la non-prolifération.  Il a réaffirmé le caractère central de la Commission du désarmement, qui a une composition universelle, comme seul organe spécialisé et délibérant dans le système de désarmement multilatéral des Nations Unies.  Il a cependant regretté que la Commission n’ait pas pu, depuis 2000, se mettre d’accord sur des recommandations de fond sur les points inscrits à son ordre du jour. 

Le Mouvement des non-alignés a aussi exprimé ses préoccupations quant au manque de progrès dans la mise en œuvre des obligations souscrites en matière de désarmement nucléaire, avant d’appeler les pays dotés de l’arme nucléaire à parvenir à la totale élimination des arsenaux nucléaires, conformément à leurs obligations découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de ses conférences d’examen. 

Jugeant que le désarmement nucléaire relève de la plus haute priorité, le représentant a demandé de ne pas soumettre cet objectif à une condition sur les mesures de confiance.  En ce qui concerne la conférence internationale de haut niveau, qui doit être convoquée au plus tard en 2018, il a proposé de créer un comité préparatoire pour organiser une conférence des Nations Unies à New York.

Passant ensuite aux conséquences humanitaires des armes nucléaires, le représentant a exprimé ses inquiétudes à propos des dégâts humains et matériels massifs causés par l’utilisation d’armes nucléaires, ainsi que leurs conséquences catastrophiques à long terme pour la santé humaine, l’environnement et les autres ressources économiques vitales.  Il a réitéré la nécessité et l’urgence de conclure un instrument juridiquement contraignant et non discriminatoire pour protéger les États non dotés de l’arme nucléaire contre l’utilisation ou la menace de l’utilisation de cette arme, quelles que soient les circonstances, sans oublier d’appeler à l’élimination totale des armes nucléaires. 

Par ailleurs, le Mouvement des non-alignés, a-t-il poursuivi, réaffirme le droit inaliénable de chaque État à la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire, y compris le droit de s’engager dans un cycle national du combustible nucléaire à des fins pacifiques.  Il a également souhaité que les questions de non-prolifération soient résolues par des moyens politiques et diplomatiques. 

Déçu de l’échec de la neuvième Conférence d’examen du TNP, qui n’a pas pu aboutir à un document de consensus, il a appelé les États à assumer les engagements pris lors des conférences d’examen de 1995 et de 2000.  Le représentant a aussi regretté qu’Israël ait refusé de participer à une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.

Au nom du Groupe des États arabes, M. AHMAD MOHAMED AL-THANI (Qatar) a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à assumer les responsabilités de la mise en œuvre des 15 mesures de désarmement adoptées en 2000.  Il a regretté que la dernière proposition du Groupe des États arabes, appuyée par le Mouvement des non-alignés, ait connu les oppositions de trois pays, dont deux dotés de l’arme nucléaire.  Il a affirmé que le désarmement nucléaire du Moyen-Orient est une responsabilité qui doit être assumée par l’ensemble de la communauté internationale.  Le représentant a souligné les propositions formulées par les États arabes, par le biais d’un comité des anciens, pour parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a regretté qu’Israël n’ait pas suivi les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’agissant du régime de garanties généralisées.  Rappelant que l’élimination des armes de destruction massive est un pilier des mesures de confiance, le représentant du Groupe des États arabes a jugé urgent de parvenir à une dénucléarisation du Moyen-Orient.    

Au nom des États de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a souligné l’importance des travaux de la Commission du désarmement, en affirmant la volonté de son groupe de travailler de manière constructive pour faire avancer son agenda.  Il a fait part de sa profonde préoccupation face à l’existence des armes nucléaires et à leur incidence humanitaire.  Il a rappelé que l’emploi de ces armes constitue un crime contre l’humanité, plaidant en faveur de leur élimination totale selon un calendrier clairement défini. 

Le représentant a demandé des garanties univoques et juridiquement contraignantes pour éviter l’emploi des armes nucléaires.  Il s’est félicité du cinquantième anniversaire du Traité de Tlatelolco et de l’adoption de la Déclaration des États membres de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL).  

Le représentant s’est toutefois montré déçu du manque de résultats de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2015 et a appelé les États dotés d’armes nucléaires à se mettre en conformité avec leurs engagements pris en vertu de l’article 6 du TNP.  Les pays de l’annexe II doivent signer ou ratifier le plus rapidement possible cet instrument international, a-t-il ajouté avant de demander d’étendre les mesures de confiance.

En ce qui concerne les armes légères et de petit calibre, le représentant a souhaité que l’on travaille de manière multilatérale et transparente pour adopter un instrument sur le marquage et la traçabilité.  Il a espéré que le Traité sur le commerce des armes puisse contribuer à apporter une réponse au grave problème du commerce illicite de ces armes. 

Le représentant a ensuite salué le travail de déminage mené par les Nations Unies et a appelé à aider davantage les victimes de ces armes.  Il a appelé à lutter davantage contre l’utilisation des armes à sous-munitions, se félicitant de l’adhésion de Cuba et des Palaos à la Convention pertinente.  L’Amérique centrale est désormais une zone exempte d’armes à sous-munitions, s’est-il félicité.  

Enfin, le représentant a plaidé pour que les membres de la Conférence du désarmement fassent preuve de la volonté politique nécessaire pour adopter un programme de travail équilibré en vue de faire avancer l’agenda du désarmement nucléaire, notamment pour négocier un traité sur les armes nucléaires, un instrument universel, inconditionnel et juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité, ainsi que pour la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, et un traité non discriminatoire sur l’interdiction de la production des matières fissiles pour les armes nucléaires.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a souligné que le désarmement nucléaire est la question prioritaire de toutes les questions de désarmement.  Il a regretté que la Commission du désarmement n’ait pas pu conclure de manière positive son cycle précédent, en raison du manque de volonté des délégations.  Il a rappelé l’arrêt de la Cour internationale de justice de 1996 qui affirme que l’emploi ou la menace de l’emploi de l’arme nucléaire constitue un crime contre l’humanité.  Il a dit qu’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète « ne viendra menacer ni les efforts pour parvenir à un Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ni le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ».  Il a rappelé l’urgence d’universaliser le TNP en tenant compte de ses trois piliers.  

Le représentant a ensuite rappelé l’entrée en vigueur, en 2009, du Traité de Pelindaba qui a fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires.  Il s’est inquiété de l’absence de progrès pour parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, malgré les recommandations de 1995 et le plan d’action de la Conférence d’examen de 2010.  Il a regretté que la conférence internationale, initialement prévue en 2012 sur cette question, n’ait toujours pas eu lieu, et a souhaité qu’elle se déroule en 2018.  Il a souligné l’importance du Traité sur le commerce des armes pour assurer les intérêts de tous les pays, s’inquiétant notamment des conséquences du commerce illite des armes et de leur accumulation excessive sur le continent africain.  « L’Afrique a subi de manière disproportionnée les conséquences de la prolifération des armes légères », a encore dit le représentant du Groupe des États d’Afrique.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a rappelé que son pays a eu l’honneur de présider, en 2015 et en 2016, le Groupe de travail I relatif aux objectifs de désarmement et non-prolifération nucléaires.  Le représentant a noté une certaine paralysie des organes de désarmement, faisant observer que les délégations essaient de trouver des plateformes de négociation en dehors de l’ONU pour avancer.  Il a rappelé que la Commission du désarmement est la seule plateforme universelle en matière de désarmement, étant ouverte aux 193 États Membres de l’ONU.  « La volonté des délégations ne doit pas être sous-estimée », a dit le représentant, avant de saluer la passion et la volonté des négociateurs d’avancer malgré les difficultés rencontrées pour parvenir à un résultat positif. 

M. MAOR ELBAZ STARINSKY, du Département du contrôle de l’armement au Ministère des affaires étrangères d’Israël, a rappelé que la Commission devait aborder les choses de manière globale, avec « un équilibre entre ce qui est souhaitable et ce qui est faisable ».  Il s’est dit préoccupé par les initiatives proposées en matière de désarmement qui, à son avis, semblent ignorer les complexités de la scène internationale.  Il a jugé que ces initiatives ne pourraient jamais être efficaces et que leur pertinence serait contestée. 

Le représentant a ensuite plaidé en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, précisant que les processus de contrôle des armes et de désarmement étaient indépendants.  Notant la déstabilisation du Moyen-Orient, il a averti que cette région, et la Syrie en particulier, servent de laboratoires aux terroristes.  Il a aussi dénoncé le fait que la Syrie, un État partie à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, ignore ses obligations à ce titre.

Passant à l’Iran, le représentant israélien s’est inquiété des agissements de ce pays et s’est interrogé sur le respect par ce pays de ses obligations internationales.  Tout processus de contrôle des armes ne peut être séparé de la réalité, a-t-il lancé, en soulignant l’intérêt d’un Moyen-Orient plus sûr et la nécessité d’un dialogue global pour examiner les différentes menaces que connaissent les pays de la région.  Il a plaidé en faveur d’une approche directe et de la création de mesures de confiance.  Il faut, a-t-il précisé, prendre en compte les caractéristiques de la région et se fonder sur des accords pris librement.

M. Starinsky s’est par ailleurs inquiété de la prolifération des armes classiques, indiquant travailler activement pour contrer cette menace.  Il a salué les réunions tenues en 2015 sur un instrument international de traçabilité, ainsi que les réunions biennales de 2016.  Il a dit vouloir participer à la troisième Conférence d’examen devant se tenir à New York en 2018.  Le Traité sur le commerce des armes est un autre jalon important dans les efforts menés par les États Membres sur la voie du désarmement, a-t-il estimé, en reconnaissant les évolutions importantes intervenues dans la sphère internationale à travers cet instrument. 

M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) s’est inquiété du développement de programmes militaires dans le monde alors que les risques de prolifération s’accroissent, évoquant notamment l’apparition de technologies qui évoluent rapidement. 

« L’année dernière, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a effectué deux essais nucléaires et lancé 24 missiles balistiques en violation de nombreuses résolutions de l’ONU », s’est inquiété le représentant, ajoutant que chaque essai effectué par la RPDC représente une amélioration de son programme nucléaire.  M. Hahn s’est particulièrement inquiété du fait que le dirigeant de la RPDC ait déclaré, en janvier 2017, que les travaux préparatifs d’un missile intercontinental avaient atteint leur dernière étape. 

« Sans action urgente, les fondements même du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) seront irrémédiablement compromis », a prévenu le représentant de la République de Corée, avant d’appeler la RPDC à renoncer à son programme nucléaire. 

Pour faire face à la paralysie actuelle de la Commission, M. Hahn a jugé que la meilleure option est d’adopter une approche graduelle qui tienne compte de l’environnement sécuritaire de chaque pays.  Il a espéré que les avancées liées aux mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales permettront de revitaliser la Commission du désarmement.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a indiqué que la conférence qui vient de se tenir à l’ONU en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires avait suscité un élan susceptible de vaincre le défaitisme qui entoure les négociations internationales sur le désarmement.  Cet élan pourrait, de surcroît, aider à sortir la Commission du désarmement de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis des années, a-t-il dit.  Le délégué a estimé que l’élimination totale des armes nucléaires était la seule manière de garantir que les armes nucléaires ne soient jamais utilisées. Il a également souligné le danger que des armes nucléaires tombent entre les mains de groupes terroristes, avant d’insister sur la place centrale du Traité sur la non-prolifération.  Pays ayant connu trois décennies d’un conflit armé, Sri Lanka est bien conscient des enjeux liés à l’utilisation des armes classiques par des groupes armés non étatiques, a poursuivi M. Perera.  Il a, à ce titre, estimé que la Convention sur certaines armes classiques établissait un bon équilibre entre les préoccupations sécuritaires légitimes des États Membres et le respect du droit international humanitaire.  Enfin, le délégué a tenu à insister sur l’importance accrue que revêt le désarmement à la lumière du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vise notamment à l’édification de sociétés « pacifiques et inclusives ».  Le travail de cette Commission est à cet égard capital, a conclu M. Perera.

M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a abordé en premier lieu la question des armes qui, selon lui, causent le plus de mal à l’humanité: les armes légères et de petit calibre.  Ces armes sont utilisées au quotidien par des petits délinquants comme par des acteurs de la criminalité internationale, a-t-il souligné.  Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, ainsi que de l’instrument international de traçage, soulignant l’importance que revêt la coopération internationale aux frontières et l’échange d’informations entre les pays.

Le représentant a ensuite parlé d’une loi d’amnistie et de régularisation, entrée en vigueur l’an dernier au Pérou, qui invite les citoyens à remettre les armes qu’ils détiennent illégalement à un organe de contrôle.  Autre mesure prise par le Pérou: le renforcement des capacités pour une gestion efficace et transparente des petites armes et des munitions dans le secteur de la sécurité privée.  « Nous travaillons aussi à l’élaboration d’un cadre juridique sur le marquage des armes et des munitions », a-t-il dit, sans oublier de souligner que son pays est partie à la Convention interaméricaine sur la transparence de l’acquisition des armes classiques.  Le Pérou a aussi proposé de créer un réseau interaméricain d’entités de contrôle des armes à feu, des munitions et des explosifs (RECAME).

Le Pérou accorde une importance particulière au Traité sur le commerce des armes, a poursuivi le représentant qui a précisé que son pays a déposé ses instruments de ratification l’an dernier.  Il a également réaffirmé l’engagement du Pérou à l’égard du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), tout en plaidant pour le droit inaliénable des pays de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire.  Le Pérou est partie à tous les instruments visant la non-prolifération, a-t-il souligné, et fait aussi partie du Groupe de travail à composition non limitée sur les mesures concrètes devant faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. 

M. Tenya Hasegawa a ensuite appelé à « réactiver » la Conférence du désarmement, appelant notamment les délégations à faire preuve de davantage de volonté politique afin d’adopter un programme de travail équilibré.  Également préoccupé par l’absence de progrès dans les travaux de la Commission du désarmement, il a espéré, pour l’avenir, une plus grande coopération et davantage de souplesse de la part de tous les États.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a déclaré que la meilleure façon d’engranger des progrès concrets est de lancer un dialogue constructif prenant en compte les attentes de tous les États Membres.  Il a estimé que la Commission du désarmement était l’enceinte idoine pour y parvenir, compte tenu de la nature universelle de sa composition.  Le représentant s’est notamment félicité des progrès constatés dans les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales, tout en espérant que ces avancées permettront de jeter de nouvelles bases pour réaliser des progrès dans tous les autres domaines du désarmement. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) s’est particulièrement inquiétée des conséquences de l’apparition de nouvelles générations d’armes, comme les systèmes d’armes autonomes et les drones.  Elle a estimé, par ailleurs, que les États dotés de l’arme nucléaire ont une responsabilité première pour faire avancer le désarmement nucléaire.  Elle a souligné le risque de voir des éléments de programmes nucléaires civils détournés vers des programmes militaires. 

La représentante a ensuite regretté que l’Inde n’ait pas encore répondu aux offres du Pakistan pour parvenir à un arrangement bilatéral sur l’interdiction des essais nucléaires, précisant que la proposition du Pakistan pour l’établissement d’un régime stratégique de retenue demeure sur la table.

Poursuivant, Mme Lodhi a estimé que la Commission a un rôle important à jouer pour faire évoluer le consensus relatif aux questions de désarmement, obtenu en 1978 mais qui s’est détérioré depuis.  Elle a souligné que l’établissement d’un consensus doit se fonder sur la reconnaissance du fait que la sécurité est indivisible ainsi que du droit de l’ensemble des États à la sécurité.  Elle a aussi jugé nécessaire de bien comprendre les facteurs qui poussent à acquérir des armes, à savoir les menaces perçues de la part de « forces supérieures », les conflits avec des États plus puissants et l’application « discriminatoire » des normes et lois internationales.

Elle a plaidé pour une approche non discriminatoire dans le régime de contrôle des exportations et la promotion de l’utilisation pacifique des énergies nucléaires.  En outre, les questions liées aux systèmes de missiles antimissiles balistiques doivent être réglées à travers des instruments juridiques, tandis que la création et l’utilisation de drones et de robots tueurs doit se faire en conformité avec le droit international.

La représentante du Pakistan a ensuite parlé des appels en faveur du lancement des négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires, un traité qu’elle a jugé « hautement discriminatoire et déséquilibré » et qui, a-t-elle affirmé, aurait un impact négatif sur la stabilité stratégique de l’Asie du Sud.  Elle a indiqué que la plupart des États détenteurs d’armes nucléaires avaient annoncé un moratoire unilatéral sur la production de matériaux fissiles ou conclu des arrangements spéciaux, ajoutant qu’ils n’avaient étaient « convertis à la cause du traité » qu’après avoir amassé quantité de matériaux fissiles, excédant tout besoin de défense.

Mme Lodhi a par ailleurs noté la divergence de position totale des 25 experts négociant un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a estimé que la Commission du désarmement continue de jouer un rôle important sur les questions relatives aux armes nucléaires et aux armes classiques.  Il a réaffirmé sa volonté de maintenir les mécanismes de désarmement en vigueur et de renforcer les régimes existants.  L’Ukraine a renoncé à ses capacités nucléaires et a adopté des mesures concrètes pour diminuer l’emploi d’uranium à des fins civiles en éliminant ses stocks en 2012, a-t-il rappelé. 

Même touchée par l’occupation militaire russe, l’Ukraine continue de penser que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un élément clef du régime international de non-prolifération, a dit le représentant qui a appelé au renforcement de ce traité et de son universalisation.  Il a souligné que la décision historique de l’Ukraine de renoncer à l’arme nucléaire s’était faite sur la base d’un mémorandum qui demeure valable et qui doit être respecté par l’ensemble des signataires.  Il a demandé à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de ratifier le TNP, se prononçant aussi en faveur de l’adoption d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.

Le délégué ukrainien a ensuite souligné l’importance de la maîtrise des armes classiques et plaidé en faveur des mesures de confiance.  Il s’est d’ailleurs félicité de la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes.  Pour lui, il est prioritaire de se préoccuper du transfert des armes classiques.  Il a donné l’exemple des armes parvenues en Crimée, ce qui a entraîné une déstabilisation de son pays et de la région.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a appelé les États nucléaires à faire preuve d’engagement pour parvenir au désarmement nucléaire.  Elle s’est dite préoccupée de constater que certains États continuent de moderniser leurs arsenaux nucléaires et que des armes nucléaires soient présentes sur les territoires d’États qui ne sont pas propriétaires de ces armes.  Elle a fustigé « trois pays qui ont bloqués les négociations de la neuvième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ».  Elle a regretté les oppositions à la tenue d’une conférence internationale visant à parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Elle a salué l’importance du 26 septembre, Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, pour sensibiliser tous les acteurs sur les moyens de parvenir au désarmement.  La représentante a par ailleurs estimé que les mesures pratiques de confiance dans le domaine des armes classiques doivent être adoptées dans le strict respect de la Charte des Nations Unies.  Elle a exigé le retour de la base navale de Guantánamo sous la souveraineté de Cuba. 

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a réitéré son soutien à la Commission du désarmement en tant qu’organe multilatéral en mesure de faire avancer les objectifs de désarmement.  Il a regretté les revers essuyés dans ce domaine et la rivalité de certains États qui, a-t-il affirmé, se sont engagés dans la course à l’armement sous prétexte de renforcer leur sécurité nationale.  Il a aussi regretté l’échec de la Conférence d’examen « qui n’a pas abouti à un document final concernant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ».  Il a, par ailleurs, réaffirmé le droit des États à développer la recherche, la production et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. 

Le représentant a ensuite indiqué que le Soudan a été à l’avant-garde dans le domaine du désarmement nucléaire, citant notamment le Traité de Pelindaba.  Il est aussi intéressé par le contrôle du trafic d’armes légères et de petit calibre (ALPC), a-t-il ajouté.  Son gouvernement lutte contre ces armes et se montre actif dans les tribunes internationales et régionales.  Il a également signalé l’existence, au Soudan, d’un bureau national de lutte contre la prolifération des ALPC.  La lutte contre la production de ces armes doit venir en priorité des pays producteurs, a-t-il argué avant de demander à ces pays une assistance technique pour aider les pays comme le sien à combattre la prolifération des ALPC.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a exprimé ses préoccupations à la perspective d’une nouvelle course à l’armement, faisant référence aux grandes puissances militaires qui ont annoncé des augmentations de leurs budgets militaires.  À cela s’ajoutent, a-t-il remarqué, les actions interventionnistes et les agressions menées par certains pays contre des gouvernements légitimement constitués.   Il a espéré que la session actuelle permette de mettre un terme à la paralysie qui, « à cause de la volonté d’un groupe minoritaire d’États Membres », affecte la Commission depuis 18 ans, même si des résultats importants ont été atteints lors des sessions précédentes.   

L’élimination des armes nucléaires est la principale priorité, a enchaîné le représentant, avant de saluer l’enthousiasme constaté lors des négociations sur un instrument juridiquement contraignant pour l’interdiction des armes nucléaires en vue de leur élimination totale.  Nous estimons qu’un tel traité doit servir de base à la résolution 68/32 de l’Assemblée générale qui propose de convoquer, au plus tard en 2018, une conférence de haut niveau pour examiner les éléments d’une convention sur le désarmement nucléaire qui établisse des obligations générales et des interdictions pratiques.

Le représentant a ensuite réitéré l’engagement du Venezuela envers l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a regretté que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2015 ait été bloquée « à cause de quelques-uns qui n’ont pas voulu adopter le document final ».  En ce qui concerne les mesures de confiance, il a dit œuvrer en leur faveur au sein de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR).  Il a conclu son intervention en réitérant l’importance de la Commission du désarmement, seul organe multilatéral spécialisé de désarmement des Nations Unies.

M. JOHN BRAVACO (États-Unis) a rappelé que cette session de la Commission du désarmement se tient autour de deux évènements importants: l’ouverture de la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète, et le début du cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pour 2020, qui doit commencer le 2 mai.

Le représentant a ensuite parlé du manque de consensus sur le rapport final sur l’interdiction des armes nucléaires du groupe de travail de la Commission chargé d’examiner les moyens de parvenir au désarmement nucléaire.  Il a prévenu qu’un traité d’interdiction entraînerait des coûts très importants dans le processus du Traité sur la non-prolifération, sans pour autant améliorer la sécurité des États, ni réduire le nombre d’ogives nucléaires.  Indiquant ne pas vouloir se joindre au consensus à ce sujet, il a regretté qu’« on essaie de délégitimer la capacité dissuasive des armes nucléaires ».  Il a cependant indiqué qu’il compte participer à la première réunion du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, prévue en 2020, afin d’examiner les moyens de renforcer ce traité.

Le délégué américain a invité les délégations à rejeter les « fausses divisions » concernant le Moyen-Orient, entre autres, leur conseillant d’être à l’écoute les uns des autres.  Il a regretté la perspective de certains qui estiment que le contrôle des armes et la non-prolifération ne peuvent être garantis sans le consensus de l’ensemble des participants.  M. Bravaco a également indiqué son intérêt pour l’examen de la deuxième question à l’ordre du jour de la Commission, à savoir les mesures de confiance.  Il a estimé que certains libellés devraient être supprimés ou modifiés afin de parvenir à un consensus à l’issue de la session.  Enfin, concernant la résolution 71/82 qui encourage la Commission à envisager des mesures pratiques sur des mesures de confiance pour l’espace extra-atmosphérique, il a exprimé son intérêt à en discuter. 

M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) a indiqué que son pays était partie aux principaux traités sur le désarmement et la non-prolifération.  Chypre aspire également à rejoindre le Régime de contrôle de la technologie des missiles, ainsi que l’Arrangement de Wasenaar, et espère sincèrement que « les objections émises par un pays » à cet égard seront levées afin d’éviter toute politisation indue.  Rappelant que les risques posés par les armes nucléaires étaient trop grands pour être ignorés, M. Kourneliou a déclaré que son pays avait toujours appuyé la coopération multilatérale, l’inclusion et la poursuite d’objectifs communs.  L’engagement de Chypre pour la non-prolifération et le désarmement trouve son expression concrète dans sa vigilance vis-à-vis de la menace posée par la propagation d’armes de destruction massive dans l’est du pourtour méditerranéen et au Moyen-Orient, a dit le délégué.  En conclusion, M. Kourneliou a formé le vœu que la Commission réussisse à sortir de l’impasse et formule des recommandations.

M. FERIDUN H. SINIRLIOĞLU (Turquie) a présenté ses condoléances à la Fédération de Russie après l’explosion qui s’est produite dans le métro de Saint-Pétersbourg.  Il a souligné l’importance de cette Commission, organe subsidiaire spécialisé de l’Assemblée générale chargé de conduire des délibérations approfondies dans le domaine du désarmement, qui fournit une plateforme de dialogue et de coopération et permet un échange de vues sincère.  Il a appelé la Commission à faire fond sur ce qui a déjà été fait et apporté l’appui de son pays pour parvenir à des résultats consensuels au sein des groupes de travail I et II.  Nous nous tenons prêts à appuyer les présidents de ces deux groupes de travail de quelque manière que ce soit, a assuré le délégué de la Turquie.  En conclusion, il a souhaité la tenue de discussions sur l’inscription d’un troisième point à l’ordre du jour.

M. JOSÉ JAVIER GUTIÉRREZ BLANCO NAVARRETE (Espagne) a souhaité que le cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui doit commencer en mai avec la réunion du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2020, permette de renforcer sa mise en œuvre.  Il a fait part de l’engagement de l’Espagne à réaliser un monde exempt d’armes nucléaires, tout en estimant que cet objectif ne pourra être atteint que de manière « progressive », en prenant en compte la dimension sécuritaire ainsi que la position des États détenteurs d’armes nucléaires. Il a appelé ces derniers, « et notamment ceux qui ont une plus grande responsabilité à assumer vu la taille de leurs arsenaux », à en assurer l’élimination progressive et à adopter des mesures de renforcement de la confiance.  Le représentant a ensuite fait part de sa frustration de constater que la conférence prévue pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’ait pas encore été organisée.  Il a appelé les pays de la région à trouver un accord sur cette question.

Poursuivant, le représentant a estimé qu’il était justifié, d’un point de vue politique et technique, de commencer les négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires lors de la Conférence sur le désarmement.

Il a toutefois fait observer que ce sont les armes classiques, notamment les armes légères et de petit calibre, qui font le plus de morts dans le monde, et s’est félicité des préparatifs en cours de la troisième Conférence d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a souligné le rôle central de la Commission du désarmement et appelé ses collègues à faire preuve de souplesse et de volonté politique pour arriver, à la fin de la session, à un accord sur des recommandations de fond.  Le désarmement nucléaire reste la plus haute priorité, a-t-il dit, prêchant pour l’élimination totale de ces armes si l’on veut un monde libéré de ce danger.  Il a insisté sur la nécessité de rendre universel le Traité sur la non-prolifération, avant de réaffirmer le droit légitime des États à la recherche et au développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  

Regrettant l’impasse des négociations sur le désarmement nucléaire, il a réaffirmé que les États dotés de l’arme nucléaire doivent honorer leurs engagements en matière de désarmement nucléaire.  Il s’est félicité de la tenue, la semaine dernière, de la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète.  Il a ensuite jugé important d’arriver à l’adhésion universelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, avant de plaider pour la création de zones exemptes d’armes nucléaires.  À ce propos, il a indiqué que l’Algérie était l’un des premiers pays à avoir signé le Traité de Pelindaba, avant de plaider pour une telle zone au Moyen-Orient.

Passant au problème du commerce illicite des armes légères et de petit calibre, particulièrement important au Sahel et en Afrique du Nord où il alimente les terroristes et la criminalité organisée, le représentant a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies et de l’instrument international sur le traçage.  Il a aussi appelé à la coopération internationale dans ce domaine afin d’aider les pays qui en ont besoin à mettre en œuvre ces instruments.  Enfin, s’agissant des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, il a souhaité qu’elles soient appliquées dans le plein respect des principes de la Charte des Nations Unies.

M. GEORGE WILHELM GALLHOFER (Autriche) a souligné l’importance de l’« Engagement humanitaire » qui prévoit que les préoccupations humanitaires soient placées au centre de tous les engagements et délibérations liés au désarmement nucléaire et qui souligne aussi l’importance de protéger les civils des risques posés par les armes nucléaires.  Il a estimé que la tenue, la semaine dernière, de la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète était une percée majeure.  La première session des négociations qui vient de s’achever a montré une volonté forte et un sentiment d’urgence, s’est félicité le représentant pour qui « attendre qu’un désastre se produise ne peut être une stratégie ».  Rappelant que son pays était partisan d’un traité robuste et concis, il a souhaité l’achèvement des négociations lors de la session de juin-juillet, sur la base du premier projet de la présidence. « Conserver le statu quo ou accepter un renforcement des arsenaux nucléaires par le biais de leur modernisation est inacceptable », a-t-il affirmé.

Le délégué a estimé que l’utilisation de l’énergie nucléaire devait respecter les normes les plus élevées de sécurité, avant de rappeler la position de son pays qui s’oppose à une politique énergétique basée sur le nucléaire, tout en prenant en compte le libre choix des composantes du bouquet énergétique.  Mentionnant la résolution 66/288, qui reconnaît l’importance des activités des pays relatives à la question de l’énergie, il a rejeté toute formulation pouvant être interprétée comme promouvant « une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire pour la production d’énergie d’une manière généralisée ».

Le délégué s’est par ailleurs inquiété de la forte augmentation du nombre de personnes tuées par des mines en 2015.  Il a rappelé que son pays présidait la seizième réunion des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, précisant que les priorités de la présidence autrichienne sont l’universalisation de la Convention, l’assistance aux victimes, le déminage et la destruction des stocks existants.  En conclusion, le représentant de l’Autriche a souhaité une participation accrue de la société civile aux travaux de la Commission.

M. FEH MOUSSA GONE (Côte d’Ivoire) a rappelé que la planète abritait plus de 15 000 armes nucléaires et que le terrorisme avait gagné la quasi-totalité des pays du monde.  « Il nous faut avancer », a-t-il dit, en pointant l’absence de progrès significatifs enregistrés au sein de cette Commission.  « Cela commande nécessairement de dépasser nos divergences en inscrivant la question du désarmement dans une perspective de paix inaltérable et de coopération vertueuse entre les peuples et les nations », a-t-il affirmé.

Plaidant pour un désarmement général, complet et irréversible, le délégué a indiqué que les doctrines de dissuasion devaient être exclues des systèmes de défense nationaux.  Ma délégation est convaincue que l’adoption, par l’Assemblée générale, de la résolution 71/258 permettra de faire avancer le débat sur ce sujet, a-t-il dit.  « La réglementation en vue de l’élimination des armes nucléaires, des arsenaux, loin de fragiliser le TNP, le renforcerait davantage; toute chose qui conduirait assurément à son universalité. »

Rappelant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) était encore inapplicable, le représentant de la Côte d’Ivoire a souligné la responsabilité des États inscrits à son annexe II.  Il a dit craindre que « l’impasse dans laquelle est plongé le TICE n’impacte sur d’autres processus de conclusion de convention, en l’occurrence le futur traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires ».  Rappelant que les armes légères et de petit calibre font plus de 700 000 victimes chaque année, il a indiqué que son pays procédait, depuis 2009, au marquage et au traçage des armes de ses forces de défense et de sécurité, à travers sa « Commission nationale des armes légères et de petit calibre ».  « La Côte d’Ivoire apprécierait, dans le cadre de l’appropriation totale du Traité sur le commerce des armes qu’elle a ratifié en 2015, le concours de partenaires bilatéraux et multilatéraux », a conclu le représentant.

M. SUN LEI (Chine) a assuré que son pays assume ses responsabilités au plan international, voulant être un « champion de la paix et du développement », et donner un nouvel élan à la gouvernance mondiale.  La Chine, a-t-il poursuivi, a fait des efforts importants pour consolider les mécanismes des traités sur le désarmement multilatéral et s’est engagé à renforcer l’universalité, l’autorité et l’efficacité du contrôle international des armements et des traités de non-prolifération.  Il s’est inquiété des différends actuels qui empêchent de progresser dans la voie du désarmement nucléaire.  Ce désarmement ne peut pas arriver du jour au lendemain, a-t-il prévenu, en prônant plutôt de procéder « pas à pas ».  À son avis, les négociations sur le désarmement nucléaire ne devraient avoir lieu que dans le cadre du régime international de désarmement et de non-prolifération existant, notamment la Conférence du désarmement.  Il a demandé aux pays qui disposent des plus importants arsenaux nucléaires de réduire ceux-ci de manière substantielle.  Il a aussi appuyé les revendications des États non dotés de l’arme nucléaire qui veulent créer des zones exemptes d’armes nucléaires.

En ce qui concerne les négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, le représentant a expliqué avoir participé aux travaux y relatifs mais s’être abstenu de voter à la Première Commission en raison de sa conviction que seule la Conférence du désarmement est habilitée à négocier un tel traité.  Passant aux questions de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, M. Sun a indiqué avoir pris part au mécanisme du registre de l’ONU des armes classiques, en présentant notamment des rapports annuels.  M. Sun a également fait valoir l’aide que son pays apporte à des pays en développement, notamment pour aider au déminage, en fournissant du matériel et des experts.  S’agissant du commerce illicite des armes légères, il a mentionné les mesures pratiques prises par la Chine et indiqué avoir participé aux négociations sur le Traité sur le commerce des armes.

M. HAMZA A. B. ALOKLY (Libye) a constaté que la Commission se trouve dans l’impasse depuis de nombreuses années, en raison de l’absence de confiance et de volonté de la part des États et de l’abandon du caractère délibératif de la Commission.  L’interdiction des armes nucléaires par un accord contraignant est le seul moyen d’éliminer la menace de leur utilisation, a-t-il estimé.  Il s’est dit préoccupé par la lenteur de mise en œuvre de l’engagement des pays dotés de l’arme nucléaire de réduire leurs arsenaux.  Ces engagements doivent être tenus, a-t-il insisté.  Il s’est prononcé en faveur de la création de zones exemptes d’armes de destruction massive et a souligné l’espoir qu’avait suscité à ce titre la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010.  Depuis, les échecs et déceptions se sont malheureusement succédés, a-t-il regretté.  Le délégué a espéré que la prochaine Conférence, qui doit se tenir en 2020, permettra de raviver l’espoir. Enfin, M. Alokly a rappelé que les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques devaient être progressives et consensuelles et préserver la capacité des États à fabriquer, exporter et importer de telles armes pour assurer leur sécurité.

M. DAVID YARDLEY (Australie) a tout d’abord estimé qu’aucun effort ne doit être épargné pour assurer la réussite des travaux de la Commission du désarmement qui entame « la troisième année critique » de son cycle de travail triennal.  Il a souligné que la communauté internationale, dans son ensemble, aspire à un monde exempt d’armes nucléaires, ajoutant qu’au vu des divergences d’opinions quant aux moyens à déployer pour réaliser cet objectif, la communauté internationale doit mettre l’accent non pas sur les différences mais sur les points communs.

S’agissant du traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, le représentant a indiqué que l’Australie souhaite élargir « l’excellent travail » réalisé par le Groupe d’experts gouvernementaux en 2014-2015.  Il a estimé que l’adoption de ce traité est non seulement une étape logique et essentielle en matière de désarmement nucléaire, mais aussi le moyen le plus pratique et effectif pour contribuer à « l’option zéro » dans le contexte stratégique actuel.  Il a indiqué que le projet de document établi par le Groupe de travail I se réfère, à juste titre, à la nécessité de rendre les mesures effectives de désarmement vérifiables, précisant que l’Australie continuera de contribuer au travail technique et politique du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.

M. Yardley a ensuite parlé du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), un instrument efficace, selon lui, pour la coopération internationale.  Le représentant a toutefois estimé que les moratoires volontaires sur les essais nucléaires explosifs ne sauraient remplacer un engagement permanent et juridique contraignant à mettre fin aux essais nucléaires, précisant que cet objectif ne pourra être réalisé qu’avec l’entrée en vigueur du TICE.

Le représentant a par ailleurs estimé qu’il n’y a pas lieu de reproduire les discussions de la Commission dans tous les fora du désarmement, et a suggéré que la session extraordinaire consacrée au désarmement puisse s’imposer comme l’unique forum pour faire avancer le Programme d’action de la session I.  Il a également souhaité une issue positive aux travaux du Groupe de travail II sur les armes classiques, ce qui constituerait, a-t-il indiqué, une contribution idéale à la prochaine conférence d’examen du Programme d’action relatif aux armes légères.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a dénoncé un manque évident de volonté, dans les travaux de la Commission, qui empêche tout compromis en vue de parvenir à un consensus.  Son pays est déterminé, comme toujours, à tout faire pour que des recommandations soient adoptées, a-t-il dit en faisant remarquer, comme preuve de sa bonne volonté, la réduction sans précédent de ses arsenaux nucléaires au cours des 30 dernières années.  En outre, « nous faisons tout notre possible pour appliquer le traité START », a-t-il ajouté.  À son avis, des progrès dans le domaine du désarmement nucléaire ne pourront se faire qu’avec un travail préparatoire sérieux.  Il a voulu que ces efforts se basent sur le principe fondamental de la stabilité et de la sécurité de tous les États. 

M. Iliichev a dit avoir constamment attiré l’attention sur le déploiement illimité, par les États-Unis, de systèmes de défense antimissile et ce, dans plusieurs régions du monde.  « On continue de prendre des mesures déstabilisatrices et on ne sait pas contre qui ces systèmes sont déployés », s’est-il inquiété, ajoutant que cette situation ne correspond pas aux risques actuels.  Il a aussi regretté la non-ratification du TICE par l’État qui a initié cet accord.  Il faut s’atteler à la tâche pour résoudre tous ces problèmes, a-t-il recommandé en prévenant de la complexité de la situation.  Selon lui, « le problème de l’élimination des armes nucléaires ne se résoudra pas par un simple vote pour les interdire ».  Il a aussi prévenu que les initiatives sont vouées à l’échec si on n’implique pas les États dotés de l’arme nucléaire, comme l’a démontré l’échec de la conférence de la semaine dernière.

Le représentant russe a ensuite soulevé la question importante de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, dans le cadre de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération.  Il a dit vouloir participer au dialogue sur cette question et faire son possible pour l’application de la résolution pertinente. 

En ce qui concerne le régime de contrôle des armes classiques, il a rappelé que, en 2009, son pays avait avancé un projet d’accord global pour la sécurité européenne, une proposition qui a été ignorée jusqu’à aujourd’hui.  Plaidant ensuite pour l’assainissement des travaux de la Commission, il a rappelé les discussions lancées l’an dernier pour l’inscription d’une troisième question à son ordre du jour concernant la prévention de la course à l’armement dans l’espace.  La majorité des États reconnaît que la militarisation de l’espace est un risque réel, a-t-il souligné en appelant à inscrire ce troisième point à l’ordre du jour pour le prochain cycle triennal.

Le délégué russe a également répondu à son homologue de l’Ukraine en niant l’agression de la Russie contre ce pays, rappelant que c’est au terme d’un référendum organisé en mars 2014 que le peuple de la Crimée avait décidé de se rattacher à la Russie, en exprimant son droit à l’autodétermination.  En ce qui concerne les autres allégations d’agression de la Russie à l’est et au sud de l’Ukraine, il a rejeté la faute sur les parties ukrainiennes, avant de demander à l’Ukraine de mettre en œuvre les Accords de Minsk.

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée-RPDC) a indiqué que le désarmement sera impossible, tant que les États-Unis mèneront leur politique mondiale d’hégémonie, ainsi que leur action militaire visant à faire tomber par la force des États souverains.  Les États-Unis modernisent leur arsenal en dépensant des milliards de dollars, a-t-il assuré.  Il a estimé que ce pays, « État nucléaire criminel » responsable de la première catastrophe nucléaire de l’histoire, représentait la plus grande menace nucléaire pour le monde.  Du fait de la position américaine, la péninsule coréenne est devenue un foyer de tension de plus en plus préoccupant, a-t-il affirmé, ajoutant que la situation était en passe de devenir incontrôlable.  Il a dénoncé les exercices conjoints auxquels se livrent les États-Unis et la République de Corée, ainsi que le plan 4D qui vise à simuler une attaque nucléaire préventive visant la RPDC.

Face au « cynisme des États-Unis », le délégué a insisté sur le droit de son pays d’assurer sa légitime défense et de faire face à l’éventualité d’une guerre.  Mon pays n’a pas d’autre choix que d’envisager l’option nucléaire devant l’attitude des États-Unis qui le menacent depuis les années 50, a-t-il informé.  Il a rappelé que son pays avait, à cette fin, renforcé son arsenal, même si, a-t-il concédé, « cela n’est pas compris par les pays qui ne sont pas confrontés à une puissance hostile, campant à leur porte ».  Il a réitéré la volonté de son pays de protéger la paix.

Revenant sur l’intervention du délégué de la République de Corée, le représentant a indiqué que celle-ci déformait la réalité et ravivait les tensions.  Ce pays qui nous agresse depuis les années 50 ne peut nous accuser de quoi que ce soit, a-t-il conclu.

M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh) a espéré que la situation sécuritaire mondiale, particulièrement volatile, sera un motif suffisant pour faire avancer le programme international de désarmement, y compris au sein de cette Commission.  « La distinction faite entre le désarmement nucléaire et la non-prolifération peut servir les objectifs d’une realpolitik mais elle continuera de saper nos efforts collectifs en vue d’une élimination totale des armes nucléaires de manière complète, transparente, irréversible et vérifiable », a-t-il affirmé.  Il a apporté le soutien de son pays à l’élaboration d’une convention complète sur les armes nucléaires, telle que l’Assemblée générale l’envisage.  Les échanges de vues qui ont eu lieu lors de la première session de la Conférence pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète, doivent nourrir le premier projet d’un tel instrument, a-t-il ajouté.

Le délégué a insisté sur l’importance de créer des zones exemptes d’armes nucléaires et souhaité, à ce titre, la mise en œuvre de l’accord conclu lors de la Conférence d’examen du TNP en 2010.  Le délégué a indiqué que son pays demeurait favorablement disposé à une ratification du Traité sur le commerce des armes après l’avoir signé en 2013.  « Nous réfléchissons aux moyens de renforcer notre capacité à respecter les dispositions du Traité », a-t-il dit, ajoutant que le Bangladesh continuerait de participer aux mesures de confiance dans ce domaine.  Enfin, le représentant s’est prononcé en faveur de l’inscription d’un troisième point à l’ordre du jour, pour autant que cela ne diminue pas l’attention portée aux objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération.

Mme DEVIKA LAL (Inde) a jugé primordial de faire progresser le mécanisme du désarmement, soulignant l’importance de la Commission à cet égard.  Malgré l’absence de recommandations depuis 1999, elle a cru en la capacité de cette enceinte à trouver un accord sur des recommandations de fond.  Partisane d’un désarmement nucléaire vérifiable et complet, elle a soutenu la proposition visant à organiser une conférence pour négocier une convention générale.  Il faut aussi réduire l’importance des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité, a-t-elle prôné. 

La représentante indienne a plaidé en faveur de mesures de confiance, en expliquant que l’adoption de telles mesures devrait rester la prérogative des pays concernés.  La Commission doit cette année arriver à adopter des recommandations complètes, en vue de sortir de l’impasse, a-t-elle dit en concluant.

Droits de réponse

Le représentant de l’Iran a rejeté « les mensonges du régime israélien » à l’égard de son pays.  Il a estimé que ces mensonges n’ont pour but que de détourner l’attention de la communauté internationale sur les « actions déstabilisatrices » d’Israël au Moyen-Orient.  Il a dit qu’Israël n’a cessé au cours de son histoire d’agresser des pays voisins, citant 14 agressions répertoriées depuis 1948.  Le représentant de l’Iran a déclaré qu’Israël, « qui refuse d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), aux Conventions sur les armes chimiques et armes bactériologiques », reste le seul obstacle à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a aussi affirmé qu’Israël a violé 86 résolutions entre 1948 et 2016.  

Le représentant de la Syrie a dénoncé les « mensonges et accusations » lancées par le délégué israélien, et a affirmé que « c’est le régime israélien qui a introduit le terrorisme au Moyen-Orient en citant le terrorisme nucléaire, chimique et bactériologique ».  Il a affirmé qu’Israël viole toutes les résolutions sur la lutte contre le terrorisme.  Le représentant a aussi rappelé qu’Israël possède le seul arsenal nucléaire au Moyen-Orient et le plus grand stock d’armes chimiques et refuse de placer ses installations sous contrôle de l’AIEA.

Le délégué d’Israël a dénoncé les interventions de la Syrie et de l’Iran, « qui sont d’autant plus absurdes que ces pays ont violé toutes leurs obligations en vertu du droit international ».  Le régime syrien utilise des armes chimiques contre son propre peuple, alors que l’Iran est un parrain bien connu du terrorisme et de l’instabilité, a-t-il dit.  « Leurs déclarations ne peuvent être prises au sérieux. »

Le délégué des États-Unis a réagi à l’intervention « délirante » du délégué de la RPDC.  Ce pays agit de manière provocatrice, ce qui ne fait que renforcer la volonté de la communauté internationale d’agir face à la menace nucléaire posée par la RPDC.  Le délégué a appelé ce pays à cesser toute action ou discours susceptibles de menacer la stabilité internationale.  « Nous n’accepterons jamais une Corée du Nord en tant qu’État nucléaire », a-t-il martelé.  Il a appelé tous les pays à utiliser tous les canaux à disposition pour faire comprendre à la RPDC qu’il y a aura des conséquences.  Nous sommes engagés à défendre nos alliés, le Japon et la République de Corée, face à la menace et sommes prêts à utiliser tous les moyens à notre disposition, a-t-il conclu.

Le représentant de la République de Corée a dénoncé la position de la RPDC qui ne peut justifier le développement de son programme nucléaire.  Il a rappelé la résolution 2270 du Conseil de sécurité, datant de 2006, qui condamne les essais nucléaires et les tirs balistiques de ce pays, ainsi que la résolution 2321, adoptée l’an dernier, dans le même sens.  Le Conseil de sécurité a aussi publié 14 communiqués de presse l’an dernier et adopté différentes résolutions qui condamnent la RPDC, a-t-il insisté.  « Malgré cela, la RPDC a répondu par deux essais nucléaires et 24 tirs ».  Le comportement de la « Corée du Nord » ne se limite pas au non-respect de ces résolutions, a-t-il avancé, mais vise aussi à ridiculiser la détermination de la communauté internationale.

Le représentant de la République de Corée a expliqué que, pour sa part, son pays mène des exercices de défense qui sont organisés de manière très transparente et supervisés par un organe neutre.  Il a averti la « Corée du Nord » que personne ne la reconnaîtra comme pays doté de l’arme nucléaire.  Si elle poursuit sur cette voie, il y aura des réactions plus importantes de la part de la communauté internationale, a-t-il mis en garde.

Le représentant de la République arabe syrienne a jugé « faible » la position du délégué israélien, l’accusant de déformer la réalité afin de détourner l’attention des agressions commises par Israël.  « Les grands marchands d’armes du monde sont d’anciens militaires israéliens », a affirmé le représentant pour qui le plus grand danger pour la région sont les armes nucléaires, chimiques et biologiques détenues par Israël, ainsi que les vecteurs qui peuvent leur permettre d’atteindre des régions au-delà du Moyen-Orient.  Il a dit attendre du Conseil de sécurité qu’il prenne des mesures.  Le représentant a aussi affirmé qu’Israël entraîne et finance des groupes terroristes armés dont le Front el-Nosra, et l’EIIL, en leur fournissant des armes en violation des instruments de lutte contre le terrorisme.

Le délégué de l’Iran a dénoncé les allégations infondées d’Israël visant l’Iran.  Ce que j’ai dit ce matin se fondait sur la réalité, a-t-il dit.  « L’histoire israélienne est riche en atrocités commises contre ses voisins et d’autres pays, c’est une réalité historique. »  Il a recommandé au délégué israélien de consulter un manuel d’histoire, ainsi que les 86 résolutions du Conseil de sécurité adoptées à la suite de l’agression ou de l’occupation d’Israël.  Israël n’est pas partie au TNP et mène un programme nucléaire qui constitue une menace grave pour la région, a-t-il lancé.  « Telle est la réalité. »

Le délégué de l’Ukraine a réagi à l’intervention du délégué de la Fédération de Russie, en soulignant que le conflit que connaît son pays était dû à l’agression de la Russie.  Cette agression a commencé avec l’annexion de la Crimée, à la suite d’un référendum non reconnu par la communauté internationale, a-t-il rappelé.  Il a affirmé que si la Russie cessait son appui militaire, le conflit en Ukraine pourrait être rapidement réglé.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a réfuté les affirmations de ses homologues des États-Unis et de la République de Corée selon lesquelles les activités de son pays mettraient en danger la paix mondiale.  « Le chantage de la menace nucléaire des États-Unis n’est pas imaginaire », a-t-il lancé, en dénonçant la politique de ce pays qui envisage, a-t-il dit, une attaque préventive contre le sien.  Pendant les années 50, des armes avaient déjà été déployées en grande quantité, a-t-il rappelé avant de parler des exercices menés conjointement par les États-Unis et la République de Corée.  « En 2002, la RPDC a été désignée comme la cible éventuelle d’une attaque nucléaire », a-t-il avancé pour expliquer la stratégie de son pays.  « Les États-Unis continuent de nous agresser », a-t-il dénoncé.  Répondant ensuite à son collègue de la République de Corée, il lui a fait porter la responsabilité de la situation actuelle dans la péninsule coréenne.  Nous continuons à renforcer nos capacités nucléaires d’autodéfense pour faire face à une menace constante, a-t-il notamment expliqué.

Le représentant de la Fédération de Russie a réagi à l’intervention de la délégation ukrainienne en niant l’idée que le référendum de 2014 ait été organisé par la force.  Il a indiqué qu’il y avait moins de militaires russes présents que ce qui avait été convenu, et qu’aucun militaire russe n’avait participé à l’organisation du référendum.  Le représentant a par ailleurs affirmé que si l’Ukraine voulait vraiment mettre en œuvre les Accords de Minsk, « le conflit serait fini depuis longtemps », évoquant notamment l’absence d’amnistie et d’échange des prisonniers.

Le délégué de la République de Corée a dénoncé l’attitude la RPDC et son rejet des résolutions du Conseil.  Est-ce que les membres du Conseil qui ont voté la dernière résolution relative au programme nucléaire de la RPDC ont fait un choix déraisonnable? a-t-il demandé.

Le délégué des États-Unis a exhorté la RPDC à s’abstenir de toute provocation et à reprendre les négociations avec sérieux.

Le délégué de la RPDC a dit que son pays n’avait pas d’autre choix que de recourir à l’arme nucléaire pour se protéger.  Les faits montrent que ce sont les États-Unis qui sont à l’origine de cette situation, a-t-il dit.  Il a précisé que rien dans la Charte n’autorisait l’interdiction d’un programme nucléaire et balistique par un pays.  Sur quelle base le Conseil a-t-il adopté sa dernière résolution interdisant les activités balistiques ou nucléaires en RPDC? a-t-il demandé.  Enfin, il a invité les États-Unis à cesser d’obliger d’autres pays à adopter une attitude identique à la leur vis-à-vis de son pays.

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