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Yémen: l’Envoyé spécial du Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires décrivent une « situation consternante »

7999e séance – matin 
CS/12908

Yémen: l’Envoyé spécial du Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires décrivent une « situation consternante »

C’est une situation humanitaire « consternante » qui a été, ce matin, décrite au Conseil de sécurité par l’Envoyé spécial du Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, ainsi que les Directeurs généraux de l’OMS et de la FAO.  Mais, ont-ils rappelé, c’est aussi une situation imputable au conflit, donc aux hommes.  Le Conseil de sécurité doit donc « peser de tout son poids sur les parties », comme l’a dit le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, alors que les trois membres du Conseil qui se sont exprimés, l’Uruguay, la Bolivie et la Suède, rappelaient qu’il n’y a pas de solution militaire à cette « guerre inconnue » dont on parle peu.

L’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui s’exprimait par visioconférence depuis Amman, a décrit un Yémen affecté par « une série d’urgences complexes » qui touchent plus de 20 millions de personnes et dont les effets se feront sentir longtemps après la fin de la guerre.  Il s’est dit très préoccupé par le fait « inacceptable » que l’on continue de cibler les civils et les infrastructures civiles et a averti que plus le conflit s’éternisera, plus les groupes terroristes implantés dans le pays s’épanouiront et en menaceront l’avenir.

S’il a vu quelques motifs d’optimisme dans le fait que le groupe rebelle Ansar Allah a repris contact avec lui, l’Envoyé spécial a insisté sur la nécessité pour les rebelles de travailler de manière constructive avec lui, en particulier sur deux propositions: l’opérationnalisation du port d’Hodeïda et la mise en place d’un programme visant à payer les salaires des fonctionnaires dans les zones contrôlées par les rebelles.  Comme l’ont souligné plusieurs intervenants, le non-paiement des salaires depuis près d’un an contribue à la pauvreté générale et à la raréfaction du personnel médical et de santé.

Mais c’est sur la situation humanitaire qu’ont surtout insisté les orateurs.  « Le Yémen est confronté à la plus grande crise alimentaire au monde », a déclaré le Directeur général de la FAO, M. José Graziano da Silva, qui a fait état de 17 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire, soit les deux tiers de la population nationale, dont 7 millions sont menacées de famine.  Il s’est montré d’autant plus pessimiste que les récoltes s’annoncent faibles, du fait à la fois du manque de pluie et de la dégradation des équipements causée par les combats ou encore la pénurie générale des produits nécessaires aux cultures.

Même constat catastrophique en matière de santé.  Le Directeur général de l’OMS, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rappelé que l’épidémie de choléra, qu’il a imputée « au conflit, à la destruction des services de santé et à la faim », touchait les 21 provinces du pays et qu’on comptait plus de 300 000 cas suspects et déjà 1 700 morts.

Tous les intervenants ont été d’accord: cette tragédie humanitaire est le fruit du conflit.  Mais elle est aussi celui d’un manque d’intérêt.  Le représentant de la Bolivie a ainsi dénoncé « une autre victime du conflit: notre sensibilité », tandis que le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien, lançait: « l’humanité ne peut pas continuer à perdre face à la politique ».

Le Directeur général de l’OMS a demandé au Conseil d’agir dans quatre domaines: une accélération du processus politique pour mettre un terme au conflit immédiatement; la protection des infrastructures sanitaires et médicales, conformément au droit international humanitaire; le respect par les États de leurs engagements en manière d’aide; et enfin, un appui financier au Yémen pour le relèvement à long terme du pays. 

Plusieurs autres orateurs ont insisté sur l’aspect financier, alors que l’Appel humanitaire de 2017 n’est financé qu’à hauteur de 33%.  Le représentant de la Suède, pays coorganisateur de la Conférence des donateurs tenue à Genève le 15 avril, a demandé aux bailleurs de fonds d’honorer rapidement leurs promesses et estimé qu’il faudrait aller encore au-delà, tout en garantissant un accès humanitaire sans entrave dans l’ensemble du pays.

En fin de séance, le représentant du Yémen a lui aussi demandé le soutien de la communauté internationale, mais il a aussi imputé le « pilonnage aveugle » des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles aux milices houthistes rebelles, qu’il a accusées de rejeter toute coopération et de soumettre la population à « un odieux chantage ».

Les représentants de la Bolivie et de l’Uruguay ont toutefois fait observer que les attaques aériennes contre des civils ou des convois humanitaires ne sauraient être imputées aux milices houthistes, qui n’ont pas d’avions.  « Il est important que les faits soient établis, que l’on sache qui se livre à ces attaques aériennes et qui fournit des armes aux parties au conflit », a déclaré le représentant bolivien, alors que son homologue de l’Uruguay appelait le Conseil à demander des comptes à ceux qui perpétuent ces attaques barbares, et à ceux qui leur vendent des armes, et à mettre en place des mécanismes internationaux d’enquêtes impartiaux et transparents.

Le représentant de la Bolivie a par ailleurs regretté qu’on parle aussi peu de la situation au Yémen, estimant que le manque de visibilité du conflit auprès de l’opinion publique nuisait fortement à son règlement: « C’est une guerre silencieuse.  Au-delà de ces murs et du bâtiment de l’ONU; c’est une guerre inconnue », a-t-il déploré.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. ISMAIL OULD CHEIKH AHMED, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, qui s’exprimait par visioconférence depuis Amman, en Jordanie, a estimé d’entrée que la situation au Yémen restait « extrêmement grave », ajoutant que l’intensité du conflit augmente chaque jour, alors que la situation humanitaire déjà tragique continue d’empirer.  L’Envoyé spécial a décrit en détail les violences qui ont frappé le pays « pour la troisième année consécutive » durant le mois sacré de ramadan.  Il s’est notamment dit très préoccupé par le fait « inacceptable » que l’on continue de cibler les civils et les infrastructures civiles et a rappelé les belligérants à leur obligation de respecter le droit international humanitaire.

L’Envoyé spécial a également rappelé que l’insécurité était aggravée par les activités des groupes extrémistes, y compris Al-Qaida dans la péninsule arabique.  Plus le conflit s’éternise, plus les groupes terroristes s’épanouiront et menaceront l’avenir du Yémen, a une nouvelle fois insisté M. Ould Cheik Ahmed.

L’Envoyé spécial a parlé d’une situation humanitaire « consternante », rappelant que la population souffre à la fois de la guerre, de la faim et de l’épidémie de choléra, qui a continué de s’étendre.  Le pays est désormais affecté par une série d’urgences complexes qui affectent plus de 20 millions de personnes et dont les effets se feront sentir longtemps après la fin de la guerre, a-t-il ajouté.  Il a souligné que 14 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, dont près de 7 millions sont menacées de famine.  Le nombre de cas suspects de choléra a dépassé les 300 000 et plus de 1 700 personnes en sont mortes, alors que des dizaines de milliers des professionnels de la santé ne sont pas payés depuis des mois, que plus de la moitié des infrastructures de santé sont fermées et que l’approvisionnement en médicaments et autres matériels médicaux reste très limité.

L’effondrement du système de santé yéménite explique la rapidité de l’expansion de l’épidémie de choléra, a poursuivi l’Envoyé spécial, qui a apporté son plein appui à la proposition conjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) d’aider à la rémunération des employés des services de santé.  Il a encouragé les États Membres à apporter leur contribution.  M. Ould Cheik Ahmed a par ailleurs expliqué qu’il appuyait le programme de transfert d’argent organisé par la Banque mondiale au profit des ménages les plus vulnérables.  Là encore, il a dit espérer que la communauté internationale apporterait son soutien à cette initiative.  L’Envoyé spécial a également rappelé qu’il avait appelé, conjointement avec le Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire, à la reprise des vols commerciaux vers Sanaa. 

L’Envoyé spécial a dit avoir invité les représentants d’Ansar Allah et du Congrès populaire général (GPC) à reprendre au plus tôt les discussions sur ses propositions.  Il a dit avoir été en contact direct avec des représentants d’Ansar Allah ces derniers jours, y voyant un signe d’optimisme, et a remercié la Chine pour avoir joué un rôle à cette fin.  L’idée essentielle est d’obtenir d’Ansar Allah et du GPC qu’ils travaillent de manière constructive avec moi, a expliqué l’Envoyé spécial dont les propositions portent sur le port d’Hodeïda et les zones adjacentes et visent à assurer l’entrée de l’aide humanitaire et des biens et à mettre en place un programme de perception des taxes qui, venant d’Hodeïda ou d’ailleurs, pourraient servir à financer les salaires des fonctionnaires et non la guerre.  Le Gouvernement du Yémen a réagi positivement, a ajouté l’Envoyé spécial.

M. Ould Cheik Ahmed a également expliqué qu’il arrivait d’Arabie saoudite où il a rencontré de hauts responsables, dont le Prince héritier.  Il a salué leur volonté de soutenir ces propositions, avant de préciser qu’il se rendrait demain au Caire pour poursuivre ses entretiens avec les acteurs régionaux.  L’unité et le soutien de ces acteurs et de la communauté internationale sont essentiels pour assurer le retour de la paix et de la sécurité au Yémen, a insisté l’Envoyé spécial.

M. Ould Cheik Ahmed a par ailleurs rendu hommage aux efforts de la société civile yéménite en faveur de la paix et a dit espérer que les différents dirigeants politiques se feront l’écho de cette « voix authentique du Yémen ».  Il a souhaité un leadership politique qui reconnaisse que la guerre ne peut pas apporter de réponses aux problèmes du pays et notamment aux griefs du sud.  L’Histoire ne sera pas tendre pour ceux des dirigeants qui se seront servis de la guerre pour préserver leurs propres intérêts et non ceux du pays, a conclu l’Envoyé spécial.

« Des millions de civils yéménites continuent de subir des souffrances indescriptibles », a déploré M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Le choléra et le risque de famine touchent toutes les provinces du pays à l’exception d’un seul, a-t-il poursuivi, ajoutant que des millions de Yéménites s’efforçaient chaque jour d’échapper au conflit, à la pauvreté et aux difficultés économiques.  Au total, a-t-il rappelé, 7 millions de personnes, dont 2,3 millions d’enfants malnutris, dans la catégorie des moins de 5 ans, sont au bord de la famine, exposés aux risques de maladies et en danger de mort.  Parallèlement, 16 millions de personnes sont privées d’accès à l’eau, aux services d’assainissement et aux produits d’hygiène élémentaire.  D’après les derniers chiffres disponibles, près de 320 000 personnes sont atteintes du choléra, qui a déjà coûté la vie à au moins 1 740 personnes.

M. O’Brien a insisté, à son tour, sur le fait que le Yémen souffre d’un déficit d’hôpitaux et de personnel médical, alors que près de 55% des établissements de santé ont fermé leurs portes à cause du conflit et du manque de fonds.  Le Secrétaire général adjoint a confirmé que les salaires d’environ 33 000 professionnels de la santé n’ont pas été payés au cours de l’année écoulée.  « Quand les parties seront-elles prêtes à assumer leur responsabilité de protéger les civils et les infrastructures civiles? » s’est-il impatienté, ajoutant que l’épidémie de choléra est « entièrement imputable » aux parties et à ceux qui les soutiennent au-delà du Yémen.

M. O’Brien a déploré le fait que le Plan d’intervention humanitaire au Yémen ne soit financé qu’à hauteur de 33%, soit 688 millions de dollars sur 2,1 milliards.  Il a appelé les partenaires de l’ONU à concrétiser les engagements pris lors de la Conférence pour le Yémen organisée à Genève, en avril dernier.  Pour mettre fin spécifiquement à l’épidémie de choléra, a-t-il ajouté, nous avons besoin de 250 millions de dollars supplémentaires, dont 47 millions seulement ont été reçus à ce jour.

En dépit de la décision de la Banque mondiale d’allouer 866 millions de dollars pour aider les Yéménites, les fonctionnaires doivent être payés immédiatement, a-t-il déclaré, ajoutant que l’ONU ne peut pas se substituer à l’État yéménite et à ses fonctions.  Il faut aussi garantir la protection des infrastructures essentielles pour le peuple yéménite, a déclaré O’Brien, et veiller à ce que tous les ports et les routes restent ouverts aux activités humanitaires et commerciales.  De ce point de vue, a-t-il dit, rouvrir l’aéroport de Sanaa et faire en sorte que l’Arabie saoudite libère l’espace aérien constituent des priorités.

« L’humanité ne peut pas continuer à perdre face à la politique », a enfin déclaré M. O’Brien.  Il serait inhumain que les parties continuent à faire obstacle aux livraisons humanitaires et de carburant.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, doit aussi jouer son rôle en matière de sécurité.  « Il faut que vous pesiez de tout votre poids sur les parties », a insisté M. O’Brien, rappelant que le sort d’environ 20 millions de personnes dépend des décisions de ce Conseil. 

« Le Yémen est confronté à la plus grande crise alimentaire au monde », a déclaré d’emblée M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), précisant que les derniers rapports font état de 17 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire, soit les deux tiers de la population nationale.  Cela représente une augmentation de 20% par rapport à juin 2016, a noté le Directeur général, qui s’exprimait par visioconférence, avant d’ajouter que ces 17 millions de Yéménites représentent à eux seuls 16% des 108 millions de personnes les plus touchées par la faim dans le monde.  Sur ces 17 millions de personnes, a-t-il poursuivi, 7 millions sont sur le point de basculer dans la famine.  Il est donc très probable que des communautés entières traversent des périodes de famine, a-t-il regretté, à moins que nous ne leur apportions une aide humanitaire adaptée et protégions leurs moyens de subsistance.

Sur ce dernier point, le Directeur général de la FAO a précisé que la production agricole au Yémen avait chuté de 40% l’an dernier par rapport à son niveau préconflit, en raison notamment des faibles précipitations.  Cette année, a-t-il affirmé, les récoltes vont être encore plus faibles.  Les maigres perspectives de cet été s’expliquent aussi bien par le manque de pluie que par la dégradation des équipements causée par les combats, ainsi que par la pénurie générale des produits nécessaires aux cultures. 

Le manque d’accès à des services d’assainissement augmente par ailleurs le risque de maladie, non seulement pour les hommes, mais également pour les troupeaux, a aussi mis en garde M. Graziano da Silva, constatant l’effondrement total des services vétérinaires dans le pays.  Si nous n’aidons pas les habitants des zones rurales, soit 70% de la population du pays, a-t-il affirmé, nous ne pourrons pas envisager un avenir meilleur pour le Yémen.  « Nous sauvons des vies en sauvant les moyens de subsistance », a rappelé le Directeur général, appelant la communauté internationale à soutenir davantage les moyens de subsistance des Yéménites.

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui s’exprimait par visioconférence depuis Genève, s’est concentré sur l’épidémie de choléra provoquée, a-t-il rappelé, « par le conflit, la destruction des services de santé et la faim ».  La destruction des services d’accès l’eau potable oblige les gens à consommer de l’eau contaminée, a expliqué M. Adhanom Ghebreyesus.  Le résultat?  Ce sont 300 000 cas suspects de choléra dans l’ensemble des 21 provinces et plus de 1 700 morts.

Le Directeur général de l’OMS a détaillé la réponse humanitaire, en précisant notamment que l’OMS et l’UNICEF appuient plus de 600 centres de réhydratation orale dans les districts les plus touchés et envisagent d’en ouvrir 500 autres.  Il a insisté sur le fait qu’une partie des professionnels de la santé avait fui le pays, mais que d’autres continuaient de travailler alors même qu’ils ne sont pas payés depuis près d’un an.  Il a également rappelé que la chaîne d’acheminement de l’aide était entravée par le manque de personnel, mais aussi de financement.

M. Adhanom Ghebreyesus a demandé au Conseil d’agir dans quatre domaines.  Il faut d’abord accélérer le processus politique pour mettre un terme au conflit immédiatement.  Dans les zones où il se poursuit, il faut protéger les infrastructures sanitaires et médicales, conformément au droit international humanitaire.  Les États doivent en outre respecter leurs engagements en matière d’aide et se montrer souples pour les décaissements.  Enfin, il faut fournir un appui financier au Yémen pour un relèvement à long terme du pays.  M. Adhanom Ghebreyesus a cité, à cet égard, comme modèle, le partenariat entre l’OMS, l’UNICEF et la Banque mondiale pour relever le secteur national de la santé.  Toutefois, sans paix, on ne mettra pas fin aux souffrances de la population, a averti en conclusion M. Adhanom Ghebreyesus.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a estimé que la situation au Yémen devait continuer de retenir toute l’attention du Conseil de sécurité et rappelé que ce dernier avait adopté, le 15 juin, une longue déclaration présidentielle, pour constater que, seulement deux jours plus tard, au moins 22 civils dont 6 enfants avaient été tués ou blessés dans une série de frappes aériennes sur des marchés non loin de la frontière avec l’Arabie saoudite.  Or, les rebelles yéménites n’ont pas de moyens aériens, a rappelé le représentant, qui en a déduit que l’attaque avait été effectuée « par d’autres forces de la région ».  Le moment est venu d’exiger des comptes à ceux qui perpétuent ces attaques barbares, et à ceux qui leur vendent des armes, a martelé M. Rosselli, qui a appelé le Conseil de sécurité à assumer sa responsabilité et à mettre en place des mécanismes internationaux d’enquêtes impartiaux et transparents.

Il n’y a pas de solution militaire au conflit yéménite, a affirmé le représentant, qui a ajouté que les parties devront bien, un jour ou l’autre, faire des compromis.  Mais le représentant a également dénoncé une autre victime du conflit: « notre sensibilité ».  On utilise des euphémismes comme « l’insécurité alimentaire » pour parler d’une absence totale de nourriture, s’est impatienté M. Rosselli face à des conflits où les femmes et les enfants sont toujours touchés de manière disproportionnée.

La situation au Yémen demeure critique, a déploré M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), tout en se disant particulièrement préoccupé par les chiffres concernant les cas et les victimes de l’épidémie de choléra, qui dépassent largement les prévisions de l’an dernier.  Au total, a précisé le représentant, les victimes du choléra cette année sont plus nombreuses que dans le monde entier en 2015, une situation rendue possible par le manque d’accès aux services d’assainissement et le mauvais fonctionnement des hôpitaux et du personnel médical, qui ne peuvent compter sur les médicaments dont ils auraient besoin.

Le représentent a rappelé que le Yémen compte deux millions de déplacés, une population particulièrement vulnérable et exposée aux risques de maladies.  Pourtant, l’aide humanitaire continue de faire l’objet de restrictions par les parties au conflit, a déploré le délégué, jugeant particulièrement inacceptables les attaques aériennes qui continuent d’entraver les livraisons humanitaires.

Nous avons surtout parlé des conséquences du conflit, a poursuivi le représentant, mais il est important que le Conseil se penche sur ses causes.  « Il est important que les faits soient établis, que l’on sache qui se livre à des attaques aériennes et qui fournit des armes aux parties au conflit », a-t-il insisté.  « Malheureusement, c’est une guerre silencieuse.  Au-delà de ces murs et du bâtiment de l’ONU; c’est une guerre inconnue », a-t-il dénoncé, ajoutant que ce manque de visibilité auprès de l’opinion publique nuit fortement au règlement du conflit.  Il a voulu que l’on communique davantage sur le conflit yéménite pour débloquer la situation et éviter que la prochaine réunion du Conseil ne soit l’occasion de dresser une nouvelle fois le constat d’une dégradation de la situation humanitaire sur le terrain.

M. OLOF SKOOG (Suède) a rendu hommage à tous les agents humanitaires présents sur le terrain au Yémen, qui apportent une aide vitale dans des conditions très difficiles.  Nous savons tous que la solution politique est la seule possible pour mettre fin à ce conflit, a ajouté le représentant, qui a apporté son plein appui au travail de l’Envoyé spécial visant à trouver une telle solution en vue d’un cessez-le-feu durable.  Il est temps que les parties belligérantes reprennent de bonne foi les pourparlers de paix, a-t-il estimé.

La situation humanitaire s’est encore dégradée durant les six dernières semaines, mais c’est une tragédie causée par l’homme, a fait observer le représentant, qui s’est dit horrifié par la rapidité avec laquelle se propage l’épidémie de choléra dans l’ensemble du pays, à raison de « 15 000 à 20 000 cas nouveaux par jour ».  Nous savons que le Yémen est au bord de la famine et que c’est la pire crise alimentaire au monde, a poursuivi le représentant, qui a demandé aux bailleurs de fonds d’honorer les promesses faites lors de la Conférence pour le Yémen organisée à Genève le 15 avril par la Suisse et la Suède.  Il faut même aller au-delà de ce qui a été promis et obtenir un accès humanitaire sans entrave dans l’ensemble du pays, a poursuivi le représentant.  Il est essentiel, s’est-il expliqué, que tous les ports du Yémen, y compris Hodeïda, redeviennent opérationnels. 

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a déclaré que son pays était dans une situation tragique « deux ans après le coup d’État sanglant mené par les milices houthistes avec l’appui de l’ancien Président Ali Abdullah Saleh et de l’Iran ».  Selon le représentant, la situation se complique notamment dans les régions contrôlées par les auteurs de ce coup.  Il a accusé les milices houthistes de continuer de rejeter toute coopération et de soumettre la population à un odieux chantage, en espérant que la communauté internationale poussera en faveur d’une solution qui leur permettra de trouver un compromis favorable.

Le représentant a demandé que soient pleinement appliquées les résolutions du Conseil de sécurité, que le Gouvernement yéménite appuie d’ailleurs pleinement.  Le Gouvernement est toujours disposé à faire les concessions nécessaires, aussi difficiles soient-elles, pour parvenir à la paix.  « La guerre, c’est le choix des idiots, la paix, c’est le choix des braves », a-t-il lancé, avant de rappeler l’appui que son gouvernement a apporté aux propositions présentées par l’Envoyé spécial.  Ce qui inclut, a-t-il précisé, le retrait des milices de la province d’Hodeïda et la formation d’un comité technique financier pour trouver les moyens de payer les fonctionnaires dans les districts contrôlés par les « auteurs du coup d’État ».

La « coalition houthiste-Saleh » a rejeté ces propositions, a dénoncé le représentant, qui a répété que son gouvernement cherche une paix durable.  « Cette guerre n’a jamais été notre choix, elle nous a été imposée », a-t-il répété, et ce, malgré toutes les concessions faites par le président légitime.  Pourtant, le Gouvernement continuera de tendre la main afin de parvenir à une « paix juste qui ne souffre aucun chantage et qui ne récompense pas les rebelles et les gangs ».

Sur le plan humanitaire, le représentant a dit attendre avec impatience la visite dans les prochains jours des chefs de l’UNICEF et du Programme alimentaire mondial (PAM).  Il a attribué aux milices houthistes la mort des femmes et des enfants lors du « pilonnage aveugle » des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles.  Il a également accusé ces milices de poursuivre le recrutement forcé d’enfants soldats, entre autres exactions.

Le Yémen accorde une grande importance à la mobilisation de l’aide internationale pour faire face à l’épidémie de choléra dans toutes les régions du pays, épidémie à laquelle il ne peut faire face seul, a encore déclaré le représentant.  Regrettant que l’Appel humanitaire de 2017 ne soit financé qu’à 33%, il a appelé la communauté internationale à faire plus et les pays qui ont annoncé des contributions lors de la Conférence de Genève à débloquer rapidement les fonds promis. 

En conclusion, le représentant a souligné qu’il fallait, pour espérer une solution durable, que la communauté internationale fasse pression sur les milices houthistes.  Il a longuement remercié les pays arabes de la Coalition qui soutiennent son gouvernement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique de haut niveau: investir dans l’agriculture durable est l’un des moyens de parvenir à la prospérité pour tous d’ici à 2030

Session de 2017, Forum politique de haut niveau,
3e & 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6856

Forum politique de haut niveau: investir dans l’agriculture durable est l’un des moyens de parvenir à la prospérité pour tous d’ici à 2030

Lors des quatre tables rondes qui ont jalonné la deuxième journée de travaux du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, réuni cette semaine sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), les intervenants, représentant tous les secteurs de la société, ont rivalisé de suggestions sur les moyens d’éliminer la pauvreté et la faim.  Pour réaliser ces deux premiers objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ils ont prôné avant tout des investissements dans l’agriculture durable, en misant notamment sur les femmes travaillant dans ce secteur.

Les discussions ont également cerné une voie incontournable pour créer un environnement propice à la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable: la participation des grands groupes*.  Il n’est pas possible de mettre en œuvre le Programme 2030 sans eux, a reconnu le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, en demandant de veiller à l’appropriation des objectifs sur le terrain.

Les chiffes de la pauvreté ont été rappelés avant de lancer les débats.  Si le déclin de 1,7% du taux mondial de pauvreté entre 2012 et 2013 représente 114 millions de pauvres en moins, 767 millions de personnes vivent toujours dans la privation, avec un revenu inférieur à 1,90 dollar par jour, ce qu’on qualifie de « pauvreté extrême ».

Mme Carolina Sanchez-Paramo, de la Banque mondiale, a rappelé que ces personnes sont concentrées dans certains pays et certaines régions.  Près de 80% d’entre elles vivent dans les zones rurales, deux tiers travaillent dans l’agriculture, plus de la moitié sont des enfants et la plupart ont reçu peu ou pas du tout d’éducation.  En outre, la majorité des personnes extrêmement pauvres vivent dans des lieux susceptibles de connaître des catastrophes naturelles ou dans des États fragiles ou en conflit.

Ces chiffres sont cependant insuffisants et le besoin criant de données a été plusieurs fois évoqué par les intervenants, tout comme hier au premier jour de la session.  Un professeur d’économie de l’Université Georgetown (États-Unis), M. Martin Ravallion, a expliqué que les données permettent de bien façonner les paramètres servant à quantifier la pauvreté et à y remédier.

Le but est de « ne laisser personne de côté », ont rappelé les experts comme les États Membres, ce qui veut dire qu’il faut aider les gens se trouvant au bas de l’échelle.  Pour n’exclure personne, il est important de pouvoir compter sur la participation de tous les secteurs de la société, à commencer par les institutions nationales.  Le maire de Jinzhou (Chine), M. Yang Zhi, a ainsi appelé à créer des mécanismes de coopération pour faire travailler à cet objectif tous ces acteurs.

Les possibilités qu’offre le secteur agricole pour contribuer à l’élimination de la pauvreté ont accaparé les participants au Forum dans la matinée.  Parmi les pistes à suivre, un économiste d’African Center for Economic Transformation (Ghana), M. Yaw Ansu, a proposé d’améliorer la compétitivité des exploitations agricoles en renforçant les capacités des agriculteurs et en utilisant de meilleures techniques de cultures, à condition toutefois que celles-ci restent durables.  Une meilleure compétitivité peut en effet aider sur le plan de la sécurité alimentaire et réduire la somme de 30 milliards de dollars dépensés annuellement en exportations alimentaires.

Investir dans l’agriculture durable est le meilleur moyen d’atteindre l’objectif de développement durable 2 qui consiste à « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable », ont martelé de nombreux intervenants.  Pour cela, ils ont appelé à un changement profond du système mondial d’alimentation et d’agriculture, qui est une condition nécessaire si l’on veut nourrir les 925 millions de personnes qui ont faim.

Femme agricultrice, Mme Elizabeth Mpofu, de Zimbabwe Small Holder organic Farmer’s Forum (ZIOMSOFF), a jugé indispensable de faire des investissements publics doublés d’une éducation aux réalités des zones rurales, en tenant compte notamment des connaissances autochtones.  Plaidant lui aussi pour que les pays en développement consacrent des budgets conséquents à l’appui aux agriculteurs, M. Eugenio Diaz-Bonilla, de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, a invité à ouvrir le système bancaire aux agriculteurs.

Beaucoup ont aussi plaidé pour que les plus pauvres aient accès à la terre.  La représentante du grand groupe des femmes a expliqué qu’un tel droit pour les femmes ne pouvait que promouvoir la productivité agricole.  La représentante de la Finlande a cité pour preuve une étude démontrant qu’un meilleur accès des femmes à la terre permettrait d’augmenter la productivité agricole de 20% et réduire de 100 millions le nombre de personnes souffrant de la faim. 

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé, quant à elle, à investir dans les agriculteurs locaux et les jeunes ruraux qui assurent la sécurité alimentaire.

Le Forum politique de haut niveau poursuivra sa session demain, mercredi 12 juillet, à partir de 9 heures.

* Les « grands groupes » identifiés au « Sommet de la Terre » en 1992 couvrent neuf secteurs de participants non étatiques vus comme essentiels à la réalisation du développement durable (peuples autochtones; femmes; jeunesse et enfants; travailleurs forestiers et syndicats; petits agriculteurs; autorités Locales; communauté scientifique et technologique; commerce et industrie; organisations non gouvernementales).

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation

Examen de la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 1: Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes

Pour lancer cette table ronde, un responsable de la Division de la statistique, M. STEFAN SHWEINFEST, a fait une brève introduction en présentant des chiffres pour illustrer la pauvreté dans le monde.  Il y a eu moins de pauvres en 2013 par rapport à 2012, avec un taux de 1,7% de déclin, tandis que des progrès significatifs ont été enregistrés en termes de prospérité partagée.  En effet, on note une croissance de 40% des salaires les plus bas dans 60 des 83 pays examinés.  Toujours est-il que 767 millions de personnes dans le monde vivent dans la privation avec un revenu inférieur à 1,90 dollar par jour.  Mais, selon M. Shweinfest, le monde a les moyens d’éliminer l’extrême pauvreté.

Mme CAROLINE SANCHEZ-PARAMA, de la Banque mondiale, qui jouait le rôle de modératrice de la discussion, s’est elle aussi inquiétée que près de 800 millions de personnes continuent à vivre dans la pauvreté extrême, ce qui est inacceptable dans un monde qui a les moyens de mettre fin à cette condition.  Elle a rappelé que les personnes les plus pauvres sont concentrées dans certains pays, régions et foyers; que 80% vivent dans les zones rurales, deux tiers travaillent dans l’agriculture, plus de la moitié sont des enfants et la plupart ont reçu peu ou pas du tout d’éducation.  En outre, la majorité des personnes extrêmement pauvres vivent dans des endroits sujets à des catastrophes naturelles ou dans des États fragiles ou en conflit.  La modératrice s’est préoccupée en particulier des risques liés aux changements climatiques qui, a-t-elle prévenu, pourraient entraîner une augmentation de 100 millions de personnes vivant dans la pauvreté d’ici à 2030.  Elle a aussi mentionné le fait que 10 pays abritent les trois quarts des pauvres dans le monde notamment l’Inde, le Nigéria et la République démocratique du Congo. 

Déclarations liminaires

« Comment agir contre la pauvreté?  Le statut quo est-il suffisant?  Avons-nous besoin de nouvelles stratégies? »  En posant ces questions, M. MARTIN RAVALLION, professeur à la chaire Edmond D. Villani d’économie à l’Université de Georgetown, a commencé à y répondre par deux observations.  Premièrement, le concept de « ne laisser personne de côté » n’a pas été expliqué concrètement.  Deuxièmement, les pays pauvres dépendent moins de l’aide mais plus de leur croissance économique que par le passé. 

M. Ravallion a proposé de changer cette situation pour pouvoir éliminer la pauvreté.  « Nous avons plus que jamais besoin de données pour bien façonner les paramètres », a-t-il remarqué en soulignant l’insuffisance de ces paramètres, même le concept de « seuil de pauvreté » dont on parle beaucoup.  Dans le cas de nombreux pays en développement, ce seuil n’est pas adapté, notamment en Afrique où le nombre des pauvres a augmenté en termes relatifs.  C’est pourquoi M. Ravallion a recommandé d’affiner les différents paramètres, la seule façon de rester pertinent lorsque l’on cherche à éliminer la pauvreté.

« Ne laisser personne de côté » veut dire qu’il faut aider les gens qui se trouvent au bas de l’échelle, a-t-il poursuvi en faisant remarquer que si le nombre de pauvres a diminué, on n’a pas changé la situation de la tranche des plus pauvres de la société.  Dans les pays développés, on a réussi à atteindre ces personnes grâce à la sécurité sociale, ce qui n’est pas le cas dans les pays en développement où la croissance économique n’a pas bénéficié aux plus pauvres.

Pourtant, « les pauvres sont la principale force pour la prospérité », a enchaîné M. YANG ZHI, maire de Jinzhou, Chine, qui a prôné en premier lieu de renforcer la confiance dans les institutions nationales.  En tant que maire, par exemple, sa priorité a été de lancer des programmes ciblés pour éliminer la pauvreté, en organisant des réunions et des communications personnelles sur des cas réussis.  Il a aussi conseillé de créer un mécanisme conjoint de coopération pour faire travailler ensemble tous les secteurs de la société à l’objectif d’élimination de la pauvreté, tout en soulignant que celle-ci était la première responsabilité des dirigeants.  Il a donné l’exemple de Jinzhou où 1 545 groupes de travail, comprenant 4 900 personnes à tous les niveaux du Gouvernement, œuvrent en ce sens.

Le maire de Jinzhou a mentionné un autre domaine d’action qui permet de combattre la pauvreté dans sa ville: l’amélioration des infrastructures.  « Nous avons, par exemple, énormément investi pour assurer un accès à l’eau à 100%. »  En outre, a-t-il relevé, pour mettre fin à la pauvreté, augmenter le revenu en est un pilier fondateur.  Ainsi, ces dernières années, nous avons amélioré le réseau de commerce en ligne pour que les villageois puissent vendre leurs produits sur la plateforme « Alibaba », a-t-il cité.  Insistant encore sur la responsabilité des gouvernements, il a suggéré de prévoir une indemnité minimum de subsistance pour ceux qui sont laissés de côté.  « Nous avons amélioré les programmes d’assistance à court terme », a-t-il indiqué à cet égard en signalant que, dans les régions isolées, le Gouvernement chinois avait investi 480 millions de renminbis pour relocaliser 2 416 familles pauvres.        

« Éliminer la pauvreté passe par la compétitivité agricole, l’amélioration des techniques et le renforcement des capacités », a estimé pour sa part M. YAW ANSU, économiste en chef de l’African Center for Economic Transformation du Ghana, en rappelant qu’en Afrique l’agriculture représente 30% du PIB et 50% des emplois en moyenne.  Une meilleure compétitivité peut aider à assurer la sécurité alimentaire et réduire les 30 milliards de dollars dépensés annuellement en exportations alimentaires.  Il a invité à miser sur les nombreux atouts, notamment sur les jeunes qui devraient être davantage inclus dans l’économie pour réduire le taux de chômage. 

L’accès à la terre doit être amélioré, a-t-il ajouté en suggérant de prendre certaines terres aux très riches pour les partager aux moins lotis qui veulent pratiquer l’agriculture familiale.  Il faut aussi faciliter l’accès aux engrais, encourager l’offre et la demande et l’accès au crédit favorisant le secteur agricole, afin que celui-ci devienne véritablement rentable.  L’agriculture devrait passer par l’industrialisation comme cela s’est fait par le passé dans d’autres pays, a aussi recommandé l’expert avant de demander aux pays africains de tenir compte des femmes et de l’environnement.   

Mme JANET GORNICK, professeur de science politique et Directrice de « Stone Center on Socio Economic Inequality », de l’Université de la ville de New York, a abordé la question sous l’angle des « données » nécessaires à l’évaluation de la réalisation du développement durable, plaidant pour qu’elles soient de haute qualité, couvrant de vastes domaines et comparables à travers le temps et l’espace.  Le revenu n’est qu’une mesure du bien-être, a-t-elle rappelé en souhaitant aussi des « microdonnées » ayant des dimensions et des résultats multiples, en particulier pour les pays à revenu bas et intermédiaire.  Cela nécessite des investissements supranationaux et nationaux, de même que des efforts pour les rendre accessibles à la recherche et l’analyse.  Elle a souligné la complémentarité des « microdonnées » de haute qualité avec des macrodonnées nationales et sous-nationales, l’ensemble permettant une analyse efficace des politiques.

Au cours de la discussion, des échanges ont eu lieu au sujet de l’élimination de la pauvreté chez les travailleurs, les jeunes et les ruraux.  Plusieurs délégations se sont en outre succédé pour énumérer les progrès accomplis dans leurs pays respectifs en termes d’élimination de la pauvreté, ainsi que les défis restant à relever. 

Éliminer la pauvreté exige de donner un salaire aux travailleurs qui leur permette de vivre décemment, a posé d’emblée comme condition M. WELLINGTON CHIBEBE, Secrétaire général adjoint de la Confédération syndicale internationale, qui a regretté que les intervenants n’aient pas parlé des droits démocratiques des travailleurs à s’organiser.  Il a aussi dénoncé les politiques d’austérité qui pénalisent les plus faibles en réduisant les programmes sociaux.  Pour l’expert de l’African Center for Economic Transformation, le plus important est de créer des emplois et en particulier pour les jeunes, même si l’Afrique n’a pas encore les moyens de créer des emplois décents, a-t-il reconnu en soulignant l’importance de l’objectif de développement durable 8 sur « le travail décent et la croissance économique ».  La représentante des « enfants et des jeunes » a quand même réclamé un revenu minimum de base pour les jeunes ainsi qu’un plafond pour les revenus des plus riches.  Les jeunes doivent avoir accès à la sécurité sociale et aux emplois, a-t-elle ajouté.

Une voie possible pour créer des emplois est la transformation rurale, a souligné la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en expliquant que l’agriculture est le principal employeur des pauvres et leur principale source de revenus.  Il faut investir dans les agriculteurs locaux et les jeunes ruraux qui assurent la sécurité alimentaire, a-t-elle précisé, conseillant aussi d’écouter les organisations rurales et d’améliorer la protection sociale en milieu rural.  Elle a aussi fait valoir le lien qui existe entre l’agriculture et l’environnement.  À ce propos, l’économiste de l’African Center for Economic Transformation a prévenu des risques de l’utilisation d’engrais pour l’environnement et invité à prendre les précautions nécessaires.

Déplaçant la discussion sur la pauvreté dans les pays développés, le représentant de la Suisse a dit que dans son pays une personne sur huit est menacée par la pauvreté.  Pour éliminer la pauvreté, nous avons l’obligation de consulter les pauvres sur les mesures qui les concernent, coopérer étroitement avec les organisations qui travaillent pour eux et s’intéresser à la durabilité des programmes pris en leur faveur, a-t-il dit.  À son avis, la protection sociale est un instrument essentiel pour éliminer la pauvreté, mais il faut aussi, comme le fait la Suisse, s’appuyer sur le secteur privé et la formation professionnelle des jeunes.  L’accès aux opportunités est en effet crucial, a confirmé le professeur de l’Université Georgetown.

Le représentant de l’Indonésie a déclaré que le niveau de vie s’était amélioré dans son pays, mais il reste encore à améliorer les secteurs de l’éducation et de la santé.  Pour cela, le Gouvernement indonésien s’efforce de rendre la couverture sociale universelle, afin qu’elle bénéficie à plus de 100 millions de personnes.  Il s’efforce aussi de collecter des données de qualité et se pencher sur la pauvreté des enfants.

Le représentant de l’Azerbaïdjan, pays qui a réussi à diminuer de 8% le taux de pauvreté depuis 2000 grâce aux mesures prises, a réitéré que le transfert de fonds était important à court terme pour éliminer la pauvreté.  Il faut des transferts actifs et non passifs, a-t-il précisé. 

La représentante des Maldives, au nom des petits États insulaires en développement (PEID), a expliqué que ces pays, à cause de leur dépendance économique aux océans et aux mers, n’avaient fait que des progrès modestes dans l’élimination de la pauvreté.  Pour eux, les partenariats sont cruciaux pour améliorer la situation notamment en termes de capacités techniques pour collecter des données utiles.

Enfin, la représentante du Kenya a déclaré que son gouvernement avait mis en place une protection sociale pour les groupes vulnérables afin d’améliorer leur situation, notamment par le biais de programmes de transfert de fonds, d’aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées.  Il a également mis en place un fonds pour l’égalité qui a abouti à la diminution du nombre de personnes qui n’ont pas accès aux services sociaux.

Examen de la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 2: Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable

Investir dans l’agriculture durable est le meilleur moyen d’atteindre l’objectif de développement durable 2 qui consiste à « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable », ont martelé de nombreux intervenants, lors de la deuxième table ronde de la journée.

Alors qu’une personne sur neuf dans le monde est sous-alimentée, soit 795 millions de personnes, et que la malnutrition est la cause de 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans –3,1 millions d’enfants chaque année-, la représentante de la Division de statistique des Nations Unies a prévenu de progrès insuffisants et trop lents en matière d’alimentation pour atteindre l’objectif pertinent d’ici à 2030.  

Pour tenter d’expliquer la cause de ce problème, Mme ESTRELLA PENUNIA, d’Asian Farmers association for Sustainable Rural Development (AFA), a fait remarquer que les moyens financiers sont insuffisants pour acquérir les outils nécessaires à l’agriculture durable.  Une situation d’autant plus regrettable que les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture offrent des solutions clefs pour le développement et sont au cœur de l’éradication de la faim et de la pauvreté.  Face à ce constat, elle a appelé à mettre en place des « programmes sociaux qui soutiennent l’agriculture » ainsi que « des assurances pour les récoltes ».

« Il est essentiel de faire le lien entre la promotion de l’agriculture durable et la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’autonomisation des femmes », a estimé le Président de l’ECOSOC, M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, dans un discours liminaire.  Sans améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire, il n’y aura pas de progrès en matière de développement durable, a prévenu la modératrice de cet échange, Mme CAROLINE SANCHEZ-PARAMA, de la Banque Mondiale.

C’est dans ce contexte que les intervenants ont appelé à un changement profond du système mondial d’alimentation et d’agriculture, une condition nécessaire si l’on veut nourrir les 925 millions de personnes qui ont faim et les 2 milliards de personnes supplémentaires attendues d’ici à 2050.

Femme agricultrice, Mme ELIZABETH MPOFU, de Zimbabwe Small Holder organic Farmer’s Forum (ZIOMSOFF), a jugé indispensable de faire des investissements publics doublés d’une éducation aux réalités des zones rurales, en tenant compte notamment des connaissances autochtones.  Elle s’est inquiétée de la menace que constituent quelques grandes entreprises multinationales qui cherchent à contrôler les terres et les productions.  Elle a expliqué avoir bénéficié d’un programme de redistribution de terres, en 2000 au Zimbabwe, en précisant que 350 foyers vivent aujourd’hui des bénéfices d’un cheptel de 3 000 têtes de bétail qui était auparavant l’apanage d’un groupe de trois fermiers blancs qui détenaient seulement 800 bêtes.

Autre menace pour l’agriculture et l’alimentation, la course à l’armement.  Les moyens consacrés aux armes dans le monde ne cessent en effet d’augmenter alors que les investissements dans l’agriculture déclinent, s’est désolée la représentante du grand groupe des femmes avant de prôner un meilleur accès à la terre pour les femmes, un bon moyen de promouvoir la productivité agricole.  Elle a signalé à cet égard que de nombreuses femmes en Inde se retrouvent aujourd’hui mendiantes après le suicide de leur mari qui ne pouvait pas faire face aux dettes de leur exploitation agricole.  Abondant dans ce sens, la représentante de la Finlande a cité une étude démontrant qu’un meilleur accès des femmes à la terre permettrait d’augmenter la productivité agricole de 20% et réduire de 100 millions le nombre de personnes souffrant de la faim.

« Il faut reconnaître que nos systèmes de production alimentaire ne sont pas durables », a insisté pour sa part M. PATRICK CARON, Président du Groupe d’experts du Comité de la sécurité alimentaire mondiale des Nations Unies.  Il a prôné une « révolution arc-en-ciel » de la sécurité alimentaire, qui, contrairement à la révolution verte, présente des solutions adaptées à chaque contexte.

S’agissant du financement, M. EUGENIO DIAZ-BONILLA, responsable du Programme Amérique latine et Caraïbes à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, a invité les pays en développement à consacrer des budgets conséquents à l’appui aux agriculteurs.  Il a jugé pertinent d’examiner pourquoi le système bancaire ne prête pas assez au monde agricole et comment lutter contre la corruption pour réorienter les fonds détournés vers les populations vulnérables, dont les producteurs agricoles.  

« Nous savons ce qu’il faut faire mais nous ne faisons pas assez », a conclu la modératrice en regrettant la diminution des investissements publics dans l’agriculture.  Une situation d’autant plus choquante qu’il suffirait à chaque pays de consacrer 0,1% de son PIB pour éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde.  Au-delà des besoins de financement, elle rappelé qu’une meilleure gestion du système de production alimentaire, de la récolte à la distribution, permettrait d’économiser un tiers de la production agricole.  

Les investissements et les politiques ne suffiront cependant pas si nous ne sommes pas capables de faire face aux conséquences des changements climatiques et arrêter les conflits, a rétorqué la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Celle-ci a néanmoins jugé qu’une des clefs de l’agriculture durable est de placer les petits exploitants au centre des politiques agricoles.

Si le représentant de l’Afrique du Sud a fait le lien entre nutrition et développement des capacités, en expliquant que les enfants bien nourris travaillent mieux à l’école, celui de l’Argentine a estimé que « la technologie, notamment pour garantir l’accès à l’eau, est au cœur du problème ».  Ce dernier a, par ailleurs, dénoncé les effets néfastes de l’obstruction à l’accès aux marchés ou des subventions à la pêche.

Jugeant que le Groupe d’experts de l’ONU n’était pas allé assez loin dans ses propositions, la représentante de la société civile a estimé que la priorité était de s’assurer que les petits agriculteurs soient des acteurs de solutions participatives privilégiant une démarche agroécologique.  Elle a rappelé que 1,5 milliard de petits agriculteurs produisent 70% des aliments.  Cependant, à son avis, « nous produisons des aliments de moins en moins sains parce que nous finançons les mauvaises choses et nous avons de mauvaises règles commerciales ».

Sur le même ton, le représentant de l’Indonésie a noté qu’il n’y avait pas seulement une baisse de quantité mais aussi une baisse de qualité des denrées alimentaires, ce qui a fait dire à la représentante du Chili qu’il fallait impliquer le secteur privé pour lutter contre « la mauvaise alimentation » et ses conséquences en matière de santé, notamment l’obésité.  Pour favoriser la qualité, le représentant de l’Union européenne a suggéré de conditionner les subventions à de bonnes pratiques.    

Débat sur le thème « Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation: les vues des parties prenantes »

Les grands groupes sont des espaces d’échanges ouverts, où la participation inclusive est privilégiée et défendue pour toutes les parties prenantes à la mise en œuvre du Programme 2030.  C’est ce qu’a expliqué Mme LUISA EMILIA REYES ZUÑIGA, Coprésidente des grands groupes et autres parties prenantes du mécanisme de coordination du Forum politique de haut niveau, en introduisant la table ronde sur ce thème. 

« Il ne sera pas possible d’atteindre les 17 objectifs de développement durable avant la date butoir de 2030 sans la participation des grands groupes », a affirmé M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, en rappelant que le Programme 2030 est le résultat de discussions mondiales auxquelles toutes les parties prenantes ont contribué de manière inclusive.  Il a conseillé de sensibiliser à ces objectifs et de créer un sentiment d’appropriation sur le terrain, notamment auprès des entreprises et des administrations locales.  Il faut en outre faire comprendre à la population que ces objectifs concernent leur vie de tous les jours.  

M. Wu a fait remarquer que les travaux du Forum politique de haut niveau sont enrichis par l’engagement des grands groupes et des autres parties.  Tout cela vient alimenter le Forum ainsi que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  S’adressant aux représentants des grands groupes, il leur a dit que leur présence pouvait apporter la cohérence nécessaire entre ces programmes.  « Vous pouvez également contribuer à rapprocher le travail de l’ONU du terrain en sensibilisant les populations », a-t-il ajouté en voyant aussi l’apport des organisations en termes de solutions de pointe et d’interface entre la politique et la science. 

Selon la modératrice, Mme MARUXA CARDAMA, de Cities Alliance, cette table ronde devait répondre à deux questions: quels sont les défis de la mise en œuvre du Programme 2030 et quelles sont les leçons apprises en matière de cohérence dans la mise en œuvre de ce Programme?

Le représentant de l’Indonésie a reconnu que les gouvernements ne doivent pas travailler seuls dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a tenu compte de six éléments importants, les « 6 i », dont l’initiative de toutes les parties prenantes.  Les autres sont l’intervention stratégique, l’incitation, l’innovation, l’inclusion de tous, l’internationalisation de la coopération avec l’ONU comme plaque tournante, et l’interconnectivité.

De l’avis de Mme LOUISE KANTROW, Représentante permanente de la Chambre internationale du commerce, du grand groupe des entreprises, « c’est presque une révolution que l’ONU accorde une place à toutes les parties prenantes ».  Son grand groupe a créé l’Alliance mondiale des entreprises pour faire reconnaître le rôle de celles-ci dans la croissance, la création d’emplois décents, l’innovation et le développement.  Les entreprises ont intégré les objectifs de développement durable dans leurs programmes et participent à leur succès, a-t-elle assuré.

Apportant le point de vue des syndicats, M. WELLINGTON CHIBEBE, Secrétaire général adjoint de la Confédération syndicale internationale, a dit que ceux-ci avaient été très actifs tant dans l’élaboration du Programme 2030, que dans le contrôle et le suivi de sa mise en œuvre.  Les syndicats ont proposé des solutions pour surmonter les obstacles et les difficultés liés à l’objectif 1 (éliminer la pauvreté extrême) qui doit être réglé au plus vite si l’on veut atteindre la date butoir de 2030.  S’agissant de l’objectif 3 (donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tous les âges), il a fait valoir que les salaires minimum ont la capacité de réduire la pauvreté.  Il a aussi recommandé d’adopter des lois nationales pour faire respecter les droits de manifester et de s’organiser et les recommandations de l’OIT afin de promouvoir l’égalité par le travail.

« Les agriculteurs garantissent la vie de la population mondiale », a affirmé de son côté M. LUIS MIGUEL ETCHEVEHERE, Président de la Sociedad Rural Argentina et du grands groupe des agriculteurs, pour souligner l’importance de ce secteur qui fournit des emplois et contribue au PIB et à l’élimination de la pauvreté.  Il a en outre fait valoir que le secteur agricole a toujours su travailler avec les autres acteurs économiques et sociaux.  Les agriculteurs soutiennent les objectifs de développement durable en favorisant notamment l’accès à l’innovation pour accroître la productivité.  Si les agriculteurs ont assuré la transmission générationnelle de la connaissance agricole, ils ont besoin de passer à une agriculture durable.  Le représentant a conseillé pour cela d’adopter le système mixte élevage-agriculture qui peut réduire le taux d’émissions de gaz à effet de serre.

Les représentants des grands groupes de personnes vulnérables ont eu en commun la présentation des discriminations subies et des moyens d’y remédier pour l’inclusion de tous dans le développement durable.  Ainsi, la représentante du grand groupe des femmes, Mme SEHNAZ KIYMAZ, Présidente de Women for Women’s Human Rights, a dénoncé la discrimination contre les femmes et regretté qu’il n’y ait aucune femme parmi les 10 personnalités les plus riches du monde.  Cela est dû aux conflits, au fondamentalisme, au problème du travail non rémunéré, au manque d’accès aux soins, aux effets des changements climatiques, a-t-elle dénoncé en souhaitant que ces phénomènes universels soient surpassés.  La voix des femmes doit être renforcée et entendue, a-t-elle ajouté en souhaitant également que leurs droits civiques soient défendus.     

Puis ce fut le tour de la représentante du grand groupe des personnes âgées, Mme VERITY MCGIVERN, de HelpAge International, de plaider pour l’inclusion de ces personnes qui subissent des discriminations telles que le manque d’accès aux soins dans les hôpitaux.  Elle a appelé à reconnaître les droits de ces personnes en améliorant la protection sociale et les soins de santé à leur égard, faisant valoir qu’elles peuvent dignement participer à la mise en œuvre des objectifs de développement.

M. JOSE MARIA VIERA, de l’International Disability Alliance, qui représentait le grand groupe des personnes handicapées, a présenté un rapport sur les obstacles auxquels font face le plus d’un milliard de personnes handicapées dans le monde victimes de violations de leurs droits.  Ce rapport doit pousser à prendre des mesures pour que les programmes nationaux d’élimination de la pauvreté soient inclusifs et efficaces à leur égard, a demandé M. Viera.

À son tour, la représentante du grand groupe des peuples autochtones a expliqué combien ces peuples souffraient de faim et de malnutrition en rappelant que ces peuples représentent 15% des pauvres du monde.  Elle a appelé à prendre des mesures pour protéger leurs droits.  À ce propos, elle a indiqué que certains pays avaient lancé une réforme du régime foncier du fait des menaces d’expropriation de leurs territoires.

Mme KATARINA POPOVIC, Secrétaire générale de l’International Council for Adult Education et représentante du grand groupe de l’éducation et des universités, a dit que son message était de rappeler l’interconnexion des objectifs de développement durable notamment avec l’objectif 4 qui est d’assurer une éducation de qualité et l’apprentissage tout au long de la vie.  

Le débat a ensuite glissé sur la question inévitable du financement du développement.  Le représentant du Kenya a souligné que l’aide publique au développement consacrée à l’Afrique était au plus bas: seulement 19 milliards de dollars sont disponibles pour le continent africain.  Il a dénoncé la fuite de capitaux estimés à près de 139 milliards de dollars par an qui enrichissent les pays développés, un argument développé par M. ROBERTO BISSIO, de Social Watch et de Financing for Development Civil Society Group, qui a remarqué que le volume des flux financiers en Afrique était plus important que l’aide publique au développement destinée à ce continent.  M. Bissio a précisé que 70% des flux financiers sont transférés hors de l’Afrique par des entreprises nationales légitimes par l’intermédiaire des banques offshores.  Il a donc appelé les gouvernements à travailler ensemble pour remédier à cette situation notamment sur le plan de l’harmonisation fiscale.

De manière générale, le représentant des Pays-Bas, Coordonnateur des objectifs de développement durable, a conseillé aux gouvernements d’éviter la création de 17 cloisons lorsqu’ils entreprennent la mise en œuvre du Programme 2030.  À cet égard, cinq améliorations sont nécessaires: faire les liens nécessaires entre les objectifs, respecter l’intégrité et la transparence, promouvoir la justice sociale, assurer la participation des autorités locales, et respecter les diversités.

Un représentant de la société civile a fait remarquer que la mise en œuvre du Programme 2030 exigeait l’établissement de rapports notamment sur les effets des changements climatiques.  Il a demandé aux gouvernements de travailler avec la société civile sur cette question. 

Ne laisser personne de côté: Assurer un environnement propice à la participation des grands groupes à la mise en œuvre et au suivi des objectifs de développement durable

Ce segment a permis aux participants de souligner que la société civile n’est pas toujours invitée à apporter sa contribution, alors que sa participation est cruciale pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment pour s’assurer que personne ne soit laissé de côté.

Un état des lieux de la participation de la société civile aux affaires publiques a permis de constater que les gouvernements ne les associent pas toujours à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  C’est ce qu’a expliqué M. JOHN PATRICK NGOYI, de l’ONG World Vision, qui s’exprimait au nom d’Ensemble 2030, un groupe d’associations de la société civile créé en décembre 2015 pour promouvoir l’appropriation nationale des objectifs de développement durable et en assurer le suivi.  Justement, ce regroupement a effectué un sondage dans quelques pays afin de mesurer la participation de la société civile à la mise en œuvre du programme de développement international.  Il en ressort que 44% des sondés ont dit avoir des informations relatives aux objectifs de développement durable au niveau national, tandis que 41% des organisations de la société civile disent ne pas être au courant de ce qui se passe dans leur pays.  Il a donc invité l’ECOSOC à s’intéresser à cette question.

M. KEIKABILE MOGODIO, représentant du grand groupe des peuples autochtones, a aussi parlé d’exclusion en évoquant le cas des peuples autochtones mis à l’écart dans la plupart des pays, notamment dans la gestion des ressources qui sont localisées sur leurs terres ancestrales.  Au Botswana, dont il est originaire, ses efforts pour se rapprocher des autorités ont reçu une fin de non-recevoir sous le prétexte que la société civile avait déjà été impliquée.  Pourtant, a-t-il fait valoir, les organisations de la société civile peuvent apporter des solutions aux problèmes sociaux.

En Jamaïque par exemple, un partenariat entre une université et l’ONG dénommée « Girls » utilise une thérapie basée sur la musique pour guérir les femmes victimes de violence, a expliqué Mme ROSALEA HAMILTON, fondatrice et Présidente de l’Institut pour le droit et l’économie et enseignante à l’Université de technologie de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom du grand groupe des ONG.

M. SAUL ZENTENO BUENO, Président de l’ONG Fundación Manatí para el Fomento de la Ciudadanía, s’exprimant au nom du grand groupe des enfants et des jeunes, a aussi expliqué que des jeunes ont pris les devants dans certains pays.  En Arménie, ils ont même établi leur propre rapport de mise en œuvre des objectifs de développement durable, en parallèle aux rapports officiels.  L’an dernier, le grand groupe des jeunes avait élaboré sa propre méthodologie de suivi des objectifs de développement durable.  Le document y afférent sera publié à la prochaine session du Forum politique de haut niveau, a-t-il promis.

C’est parce que son gouvernement est conscient de la place des ONG que celles-ci avaient même été intégrées dans la délégation officielle qui a négocié les objectifs de développement durable, a déclaré la représentante de la Suède.  Un comité national de mise en œuvre du Programme 2030 regroupe ainsi tous les acteurs de la société suédoise.  D’autres intervenants ont également suggéré des voies et moyens d’impliquer davantage la société civile.

M. JAMES O’BRIEN, représentant le grand groupe des volontaires, a expliqué que, dans le monde, près d’un milliard de volontaires sont impliqués dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ainsi invité les gouvernements à mettre sur pied une législation adéquate en soutien de l’action des volontaires.  Il a également appelé l’ECOSOC à s’intéresser à l’implication de la société civile dans les prochaines sessions du Forum politique.  Le représentant de la Slovénie a abondé dans le même sens en parlant d’une éducation au volontariat chez les jeunes de son pays, expliquant que le bénévolat a vocation à renforcer la cohésion sociale tout en s’affirmant comme un complément à l’action gouvernementale.

Il faudrait aussi que les gouvernements locaux et régionaux s’approprient les objectifs de développement durable, a plaidé M. JAN VAN ZANEN, maire de la ville d’Utrecht et Président de l’Association des municipalités des Pays-Bas, qui s’est exprimé au nom du grand groupe des autorités locales.  Mais pour que cela soit effectif, il faudrait que les gouvernements centraux appuient leurs actions en leur octroyant des facilités de collecte d’impôts pour leurs activités.     

Le représentant du grand groupe des peuples autochtones a renchéri en appelant à une plus grande participation de ces derniers par l’établissement d’indicateurs qui tiennent compte de l’ethnicité.  La déléguée d’un groupe de promotion des droits fonciers des femmes a pour sa part plaidé pour que les indicateurs en rapport avec les droits fonciers des femmes soient pris en compte dans les examens nationaux, plaidant en outre afin que lesdits indicateurs passent du niveau 3 à 2, soit à un niveau pour lequel une méthodologie claire de collecte serait agréée au niveau mondial.

Pour le représentant du grand groupe des personnes handicapées, il serait louable que les examens nationaux volontaires tiennent davantage compte de la situation de ces derniers.  Son homologue du grand groupe des entreprises a plaidé pour le renforcement des partenariats afin que le secteur privé apporte sa contribution à la lutte contre la pauvreté et la faim par l’innovation et la créativité.

De son côté, la représentante du grand groupe de lesbiennes, gays et transsexuels a plaidé pour la prise en compte des obstacles au plein épanouissement de ces groupes de citoyens.  « Une société qui fonctionne à merveille est celle qui implique tous ces membres », a-t-elle clamé.

Soucieux lui aussi de surmonter les obstacles à la réalisation du développement durable, le représentant d’un groupe de réseaux religieux progressistes a parlé des vagues de fondamentalisme qui ont cours dans le monde et qui menacent à la mise en œuvre des objectifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: le Chef des opérations de maintien de la paix alerte le Conseil de sécurité d’une mise en œuvre « largement insuffisante » de l’accord du 31 décembre

7998e séance – matin 
CS/12907

RDC: le Chef des opérations de maintien de la paix alerte le Conseil de sécurité d’une mise en œuvre « largement insuffisante » de l’accord du 31 décembre

La mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016, censée régir la transition en cours et baliser le chemin vers les élections, « demeure largement insuffisante », a estimé le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, devant le Conseil de sécurité qui examinait la situation concernant la République démocratique du Congo (RDC). 

M. Jean-Pierre Lacroix a rappelé qu’il y a six mois, alors que le second mandat du Président de la RDC, M. Joseph Kabila, arrivait à son terme, la signature de l’accord par tous les acteurs politiques avait permis « d’éviter une crise grave ».  Mais à moins de six mois des élections prévues par l’accord, « le consensus s’est progressivement effrité » et les retards se sont accumulés, notamment dans la publication du calendrier électoral.  Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, une plateforme réunissant des partis de l’opposition, s’est désolidarisé des arrangements politiques récents destinés à mettre en œuvre l’accord.  Il est à craindre, a-t-il poursuivi, que la mise en place annoncée du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) souffre également de l’effritement du consensus politique.

« En dépit du sentiment d’impasse qui prévaut parfois », le Secrétaire général adjoint a relevé les progrès dans l’enregistrement des électeurs dans 24 des 26 provinces de la RDC.  Au 10 juillet 2017, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait enregistré 33 millions d’électeurs sur un total de 41 millions.  Mais la récente déclaration du Président de la CENI concernant l’impossibilité d’organiser des élections d’ici à la fin de l’année, constitue « un motif supplémentaire de préoccupations ».

Le représentant de la France a jugé urgent que le Gouvernement congolais prenne des mesures pour réaffirmer son engagement à respecter l’accord, rappelant les risques que feraient courir pour toute la région le non–respect de l’une ou l’autre des dispositions principales de l’accord.  Or, « ce scénario est malheureusement en train de se réaliser sous nos yeux », a-t-il dit craindre.  Le Gouvernement sait ce qu’il a à faire, a renchéri son homologue du Royaume-Uni: l’accord du 31 décembre doit être appliqué, les élections doivent avoir lieu dans les six mois et la Commission électorale doit publier un calendrier électoral.  « Nous n’avons que peu de temps pour faire pression sur le Gouvernement et l’obliger à tenir ses engagements », a martelé la représentante des États-Unis.

Du point de vue sécuritaire, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a dénoncé une récente série d’attaques contre les Forces armées de la RDC (FARDC), dans la province du Nord-Kivu, parallèlement aux heurts ethniques.  Dans l’ouest du pays, les violences dans les provinces du Kasaï ont atteint des niveaux très préoccupants avec la milice « Kamuina Nsapu ».  Entre mai et juin 2017, a précisé M. Lacroix, le nombre de personnes déplacées en RDC a augmenté de 26%, pour atteindre 1,3 million de personnes.

Un aspect du règlement de cette crise sera la réponse qu’apporteront les autorités congolaises à la lutte contre l’impunité, a estimé le représentant de la France, se félicitant de la résolution adoptée le 23 juin par le Conseil des droits de l’homme, avec le soutien de la RDC, sur le déploiement d’une mission d’experts internationaux qui travaillera en coopération avec les autorités congolaises.  Son homologue du Royaume-Uni, qui a dénoncé les exactions commises par les Forces armées de la RDC, a dit attendre « une pleine coopération » du Gouvernement congolais.  Les parties prenantes n’ont pas encore « payé » les conséquences de l’instabilité et du retour à la « violence terrible », a prévenu la représentante des États-Unis.  « Il n’y a aucun doute sur les auteurs de ces heurts violents et sur leurs motifs. » 

Les enquêtes qui se poursuivent ont permis l’arrestation de 11 autres suspects parmi lesquels 8 seraient identifiés comme ayant joué un rôle direct dans l’assassinat des deux experts des Nations Unies, a affirmé le représentant de la RDC.  Le Gouvernement collabore avec la MONUSCO et le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a accueilli favorablement la demande du Gouvernement américain qui participe aux enquêtes à travers le FBI et est prêt à travailler avec le Gouvernement suédois.  Le représentant de la Suède a d’ailleurs suggéré que la solution serait peut-être la création d’un mécanisme d’enquête supplémentaire. 

La situation va mieux, a argué son homologue de la RDC, puisque la CENI est sur le point d’entamer le processus d’enregistrement des électeurs dans les Kasaï car on ne peut pas envisager d’organiser une élection aussi importante que la présidentielle sans ces provinces qui représentent plus de 8% du collège électoral, a insisté le représentant.  Il n’a pas manqué d’imputer une partie des retards au « manque de souplesse et de concession » d’une partie de l’opposition, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Rapport du Secrétaire général sur l’application de l’accord politique du 31 décembre 2016 en République démocratique du Congo (S/2017/435)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (S/2017/565)

Déclarations

La mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016, censée régir la transition en cours et baliser le chemin vers les élections, « demeure largement insuffisante », a déploré M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Il y a six mois, a-t-il rappelé, le second mandat du Président de la RDC, M. Joseph Kabila, arrivait à son terme.  Dans ce contexte, la signature de l’accord du 31 décembre 2016 par tous les acteurs politiques a permis « d’éviter une crise grave ». 

Le Secrétaire général adjoint a « tracé les contours de la transition en cours », en vue de la tenue des élections à la fin 2017.  Cependant, a-t-il alerté, à moins de six mois des élections, « le consensus s’est progressivement effrité ».  Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, une plateforme réunissant des partis de l’opposition, s’est désolidarisé des arrangements politiques récents destinés à mettre en œuvre l’accord.  Il est à craindre, a-t-il poursuivi, que la mise en place annoncée du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) souffre également de l’effritement du consensus politique.

Face à cette situation, M. Lacroix a rappelé que le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), M. Maman Sambo Sidikou, et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit, poursuivent leurs bons offices en vue pour la bonne mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de l’accord du 31 décembre.  En dépit du sentiment d’impasse qui prévaut parfois, a estimé le Secrétaire général adjoint, les progrès dans l’enregistrement des électeurs dans 24 des 26 provinces de la RDC représentent un motif d’encouragement.  Au 10 juillet 2017, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait enregistré 33 millions d’électeurs sur un total de 41 millions.  Cependant, les défis sécuritaires dans les Kasaï rendent l’enregistrement problématique, de même que les retards enregistrés par la CENI dans la publication du calendrier électoral et les incertitudes sur le financement des scrutins.  Enfin, a-t-il dit, la récente déclaration du Président de la CENI concernant l’impossibilité d’organiser des élections d’ici à la fin de l’année, constitue un motif supplémentaire de préoccupations.  M. Lacroix a par conséquent appelé les acteurs nationaux et internationaux à se mobiliser pour remettre l’accord sur les rails.

Évoquant la situation sécuritaire dans certaines régions de l’est et de l’ouest de la RDC, M. Lacroix a déploré la multiplication des affrontements entre groupes armés et Forces nationales de sécurité.   Dans l’est, une récente série d’attaques contre les Forces armées de la RDC (FARDC), dans la province du Nord-Kivu, constitue un nouveau phénomène préoccupant, qui ajoute à la complexité dans une zone déjà minée par les violences.  Parallèlement, des heurts entre milices ethniques du Nord-Kivu se sont poursuivis, a-t-il signalé. 

Par ailleurs, dans l’ouest du pays, les violences dans les provinces du Kasaï ont atteint des niveaux très préoccupants, a déploré le représentant, précisant que la milice « Kamuina Nsapu » venait de prendre pour cible des dizaines de civils et d’attaquer des bureaux de la CENI ainsi que des écoles et des éléments des FARDC.  La violence interethnique dans cette région est extrêmement préoccupante, a poursuivi M. Lacroix, ajoutant qu’il a des informations faisant état d’exécutions sommaires et de viols, y compris par des groupes appuyés par le Gouvernement ou par les Forces armées elles-mêmes.   

« Cette situation est en partie responsable de la hausse préoccupante des violations des droits de l’homme », a déclaré M. Lacroix, ajoutant que la situation sécuritaire était également la principale cause de la détérioration de la situation humanitaire en RDC.  Entre mai et juin 2017, a-t-il précisé, le nombre de personnes déplacées en RDC a augmenté de 26%, pour atteindre 1,3 million de personnes.  Des dizaines de fosses communes ont été signalées à travers le pays, a-t-il déploré, appelant à lutter contre l’impunité pour ces crimes, notamment dans la province du Kasaï, l’une des plus touchées par les violences.

Dans ce contexte, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) travaille à répondre aux défis auxquels la RDC fait face, tout en poursuivant ses efforts d’ajustement.  « J’ai pu le constater lors de ma visite dans le pays il y a quelques semaines », a-t-il précisé, visite durant laquelle il a rencontré le Président Kabila.

Le Secrétaire général adjoint a enfin appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale, y compris les organisations régionales, à redoubler d’efforts pour appuyer la transition en RDC, en vue de la tenue « d’élections libres, équitables et ouvertes, en accord avec la Constitution du pays ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a d’abord déclaré que l’accumulation des retards dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre inquiétait son pays alors qu’approche l’échéance fixée pour l’organisation des élections.  Cet accord constitue la seule feuille de route crédible pour une sortie de crise et le respect des échéances qu’il fixe est essentiel, a insisté le représentant.  Il a donc jugé urgent que le Gouvernement prenne des mesures pour réaffirmer son engagement à respecter l’accord.  Le représentant a salué les progrès accomplis dans l’enregistrement des électeurs mais a continué de déplorer les retards dans ce processus, en particulier dans les trois provinces du Kasaï et à Kinshasa.

Il a jugé particulièrement alarmantes les violences sans précédent dans l’ouest du pays.  La violence dans les Kasaï a atteint un « niveau insoutenable », a estimé M. Delattre, qui a mis l’accent sur le lourd tribut payé par les civils, ce dont témoigne le nombre de déplacés et de réfugiés.  La France est également très préoccupée de la propagation rapide de l’instabilité jusqu’au Tanganyika.  Elle condamne ces violences at appelle les belligérants à déposer les armes.  Un aspect du règlement de cette crise sera la réponse qu’apporteront les autorités à la lutte contre l’impunité, a poursuivi le représentant, en appelant lesdites autorités à déployer les moyens nécessaires pour mener des enquêtes approfondies sur les exactions commises.  La France se félicite de la résolution adoptée le 23 juin par le Conseil des droits de l’homme, avec le soutien de la République démocratique du Congo (RDC), sur le déploiement d’une mission d’experts internationaux qui travaillera en coopération avec les autorités congolaises.

Enfin, la France salue les efforts importants déployés par la MONUSCO pour s’adapter au mandat prévu par la résolution 2348 (2017), a déclaré le représentant qui a constaté que la Mission se reconfigurait rapidement sur le terrain en fonction de ses deux nouvelles priorités: la protection des civils et le soutien à la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre.  En conclusion, le représentant a rappelé les risques que feraient courir pour toute la région le non–respect de l’une ou l’autre des dispositions principales de l’accord.  Or, a-t-il dit craindre, ce scénario est malheureusement en train de se réaliser sous nos yeux.  Le représentant a donc une nouvelle fois appelé toutes les parties à renouveler leurs efforts pour respecter les engagements pris en décembre et organiser les élections.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a estimé que la période « n’est pas normale » pour les Congolais.  Les informations en provenance notamment des Kasaï devraient nous faire frissonner d’horreur, a déclaré le représentant, qui a rappelé que les forces de sécurité du Gouvernement sont responsables d’un nombre important des exactions commises, y compris des violences sexuelles et des meurtres d’enfants.  Cela ne signifie évidemment pas que les milices qui sévissent dans la région sont innocentes: elles aussi sont responsables de viols, de meurtres et de recrutements forcés d’enfants.  C’est pourquoi, a dit le représentant, le Royaume-Uni se réjouit de la création par le Conseil des droits de l’homme d’une commission d’enquête internationale et demande au Gouvernement de la RDC de coopérer pleinement avec elle.

Le représentant a rappelé que les violences concernaient aussi d’autres parties de la RDC, dont l’est du pays et s’est alarmé de ce que beaucoup de ces violences aient un caractère ethnique. Il a lié les violences à la situation politique à Kinshasa et mis en garde sur les conséquences régionales de cette situation.  Le Gouvernement sait ce qu’il a à faire, a insisté le représentant: l’accord du 31 décembre doit être appliqué, les élections doivent avoir lieu dans les six mois et la Commission électorale doit publier un calendrier électoral.  Le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, se félicite des progrès dans l’enregistrement des électeurs et du rôle que la MONUSCO joue à cet égard, tout en refusant que l’instabilité dans certaines régions ne serve de prétexte pour justifier les retards.  Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair pour stopper les violences, a conclu le représentant.

« Nous sommes vivement préoccupés par les progrès limités et lents de la mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016 », a déclaré M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay), appelant les parties à redoubler d’efforts pour appliquer cet accord, seule solution crédible, à ses yeux, pour le maintien de la paix dans le pays.  La détérioration constante de la situation sécuritaire dans l’ouest de la RDC, dont les provinces du Kasaï, est une source de préoccupation, a déploré le représentant, soulignant que cette violence s’étendait également dans l’est du pays.

Évoquant les violations des droits de l’homme, le représentant s’est dit extrêmement préoccupé par le fait que plus de la moitié des violations aient été commises par des agents de l’État.  Il a également condamné le rétrécissement progressif de l’espace démocratique, notamment pour la société civile et les défenseurs des droits de l’homme.  Dénonçant, enfin, la réduction progressive des effectifs de la MONUSCO, au moment même où la situation sécuritaire sur le terrain se dégrade, le représentant s’est dit très préoccupé par les propositions visant à réduire encore davantage ces effectifs.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par le fait que le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement n’ait pas reconnu le nouveau Gouvernement de la RDC.  Tout en se félicitant de la poursuite de l’enregistrement des électeurs dans la perspective des élections, d’ici à la fin de l’année, et des activités d’appui menées par la MONUSCO, le représentant a condamné les attaques contre les civils à travers le pays, les exécutions sommaires et les violations répétées des droits de l’enfant.  Il a appelé le Gouvernement à coordonner davantage ses opérations militaires avec la MONUSCO, notamment dans les provinces du Kasaï où les violences contre les enfants sont, selon lui, « sans précédent ».  Enfin, le représentant a appelé la Banque africaine de développement (BAD) à soutenir davantage le processus politique dans le pays.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit très préoccupé par les violences à grande échelle et les graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises actuellement sur le territoire de la RDC, et notamment dans les Kasaï et l’est du pays.  Il faut agir avec détermination pour y mettre fin et à cet égard, une pleine mise en œuvre de l’accord du 31 décembre est essentielle.  Le représentant a donc appelé une nouvelle fois les différentes parties à l’accord à l’appliquer dans son intégralité.  Il a appuyé la mission de bons offices du Représentant spécial et son appel à la Commission électorale indépendante pour qu’elle publie sans délai un calendrier électoral officiel et consensuel. 

Une République démocratique du Congo stable et pacifique est essentielle à la stabilité de toute la sous-région, a ajouté le représentant, encourageant un engagement « fort » des acteurs régionaux.  Il a donc appuyé la démarche conjointe effectuée en mai par l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et les Nations Unies.  Le mandat de la MONUSCO, tel que nous l’avons adopté au printemps, se concentre sur le processus politique et oblige les Nations Unies à agir de manière efficace et stratégique.  Il est nécessaire de poursuivre les consultations avec le Secrétariat pour permettre à la Mission de remplir son mandat, notamment en ce qui concerne la protection des civils, et l’examen stratégique sera important à cet égard, a estimé le représentant.

Il faut tout faire, a-t-il conclu, pour rendre justice aux familles des deux experts des Nations Unies assassinés en mars, et à cet égard, la Suède continuera, avec notamment le Secrétaire général, à rechercher des propositions concrètes sur la manière dont les Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, peuvent soutenir les enquêtes en cours.  La solution serait la création d’un mécanisme d’enquête supplémentaire, a suggéré le représentant.

M. RENÉ ERNESTO FERNÁNDEZ REVOLLO (Bolivie) s’est dit préoccupé par le contexte violent en République démocratique du Congo, ainsi que par la grave détérioration de la situation humanitaire dans le pays, ce dont témoigne le rapport du Secrétaire général.  La Bolivie salue l’intensification des efforts de la MONUSCO en faveur de la protection des civils et estime qu’elle sera amenée à jouer un rôle plus important encore dans ce domaine.  La Bolivie, a poursuivi son représentant, estime que l’accord du 31 décembre constitue « une base solide » mais elle est préoccupée par l’absence de mécanisme de suivi ou de mesures de confiance.  Elle exhorte les autorités à poursuivre les progrès relevés dans l’enregistrement des électeurs et souligne la nécessité d’un dialogue inclusif sur le respect de la Constitution du pays.  La Bolivie salue par ailleurs les efforts de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et tous les autres acteurs et demande à tous les belligérants de déposer les armes.

Nous voulons veiller à ce que la MONUSCO puisse s’acquitter de son mandat, a déclaré Mme MICHELE J. SISON (États-Unis), tout en précisant que le principal pas en direction de la paix doit toutefois être franchi par les parties qui doivent organiser les élections, comme convenu, d’ici à la fin de l’année.  Dans ce contexte, a-t-elle déclaré, tout retard dans les élections ne saurait être justifié, y compris de la part de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), que la représentante a appelé à publier un calendrier électoral.

Les États-Unis ont démontré qu’ils souhaitent intervenir contre ceux qui font entrave à la mise en œuvre de l’accord politique pour une transition pacifique du pouvoir, a rappelé la déléguée.  « Nous sommes prêts à intervenir à nouveau si nécessaire », a-t-elle affirmé, appelant le Conseil à prendre également des mesures pour réduire les violences dans le pays.  Les parties prenantes n’ont pas encore payé les conséquences de l’instabilité et du retour à la « violence terrible », notamment dans la région du Kasaï, a ainsi regretté la représentante, précisant que ces violences engendraient aussi de nombreux déplacements supplémentaires.  Des milliers d’enfants ont été recrutés de force dans la province du Kasaï par des groupes armés et, parallèlement, des vidéos circulent montrant des militaires de l’armée nationale exécuter sommairement des enfants, a dénoncé la représentante.  « Il n’y a aucun doute sur les auteurs de ces heurts violents et sur leurs motifs », a-t-elle déclaré.  Dans l’est du pays, a poursuivi la représentante, les violences survenues illustrent l’absence des institutions nationales. 

La représentante a conclu en appelant à l’inscription rapide des électeurs dans le Kasaï, avec l’appui de la MONUSCO.  « Nous n’avons que peu de temps pour faire pression sur le Gouvernement de la RDC et l’obliger à tenir ses engagements », a-t-elle appelé.  « Nous connaissons les raisons des violences et nous ne voulons pas que l’Histoire se répète. »

M. ANDREA BIAGINI (Italie) s’est dit extrêmement préoccupé par l’évolution de la situation humanitaire en République démocratique du Congo, et notamment dans les Kasaï.  L’Italie s’alarme des violations des droits de l’homme et rappelle au Gouvernement qu’il doit protéger sa population et poursuivre les auteurs d’exactions.  Au plan politique, l’accord du 31 décembre est la seule feuille de route légitime et doit amener le pays à des élections libres et transparentes, a rappelé le représentant, qui a estimé à cet égard que les dernières déclarations en date de la CENI n’étaient « guère encourageantes ».  Il a apporté son plein appui à la MONUSCO et au Représentant spécial du Secrétaire général.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est dit gravement préoccupé par la situation en RDC et a déploré le peu de progrès dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre et la dégradation de la sécurité, en particulier dans les Kasaï.  Le représentant s’est inquiété de l’annonce faite par la CENI sur l’impossibilité d’organiser les élections d’ici à la fin de l’année.  Il a souhaité que la communauté internationale reste unie pour envoyer un message clair au Gouvernement de la RDC.  Appuyer les processus politique et électoral est désormais un des principaux aspect du mandat de la MONUSCO, a également rappelé le représentant, qui a estimé que le Secrétaire général adjoint avait donné une bonne idée de ce que pouvait faire la Mission et des défis auxquels elle est confrontée.  Le Japon appuie la MONUSCO mais se demande si son dispositif actuel est suffisant pour lui permettre de garantir la protection des civils comme le prévoit son mandat.

Concernant la situation politique, suite au manque de souplesse et de concession du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, la nomination d’un gouvernement a connu des retards, a déploré M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo), ajoutant que le processus électoral avait aussi pris du retard pour ces raisons.  Le représentant de la RDC a également déploré le refus des partis de l’opposition de participer à la mise en place du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA).

En ce qui concerne les élections, le fichier de mise à jour d’inscription des électeurs semble évoluer correctement, a estimé le représentant, à l’exception des deux Kasaï, en raison, selon lui, des violences perpétrées par des milices, notamment des attaques contre des bureaux d’enregistrement des électeurs.  Mais, a-t-il noté, les Kasaï sont sur le point d’entamer le processus d’enregistrement des électeurs.  Le représentant a appelé les habitants de ces provinces déplacés par les violences à rentrer chez eux pour s’enregistrer.  Le représentant a également demandé à la société civile et la communauté internationale de s’abstenir de tout discours de nature à envenimer la situation.  La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déjà enregistré près de 33 millions d’électeurs sur les 45 millions prévus, a-t-il précisé.

Concernant l’organisation des élections à temps, on ne peut pas envisager d’organiser une élection aussi importante que la présidentielle sans faire participer les deux Kasaï, qui représentent plus de 8% du collège électoral, a insisté le représentant.  « Cela conduirait à des désordres et à des troubles », a-t-il mis en garde.

Concernant le volet sécuritaire, le représentant s’est dit conscient des violences qui prévalent dans les deux Kasaï.  Il a sollicité un soutien renforcé pour poursuivre la lutte contre les groupes armés sévissant dans la zone.  « Notre armée s’emploie à rétablir l’ordre dans cette région et à réinsérer les enfants enrôlés de force par des groupes armés », a-t-il affirmé. 

Par ailleurs, a estimé le représentant, « il n’est pas correct, comme certains de vous l’ont affirmé, que les violations commises par l’armée restent impunies ».  Selon lui, la police militaire de la RDC mène des enquêtes sur ces violations dans le but de châtier les coupables.  « Ma délégation est surprise de constater la virulence avec laquelle vous vous en prenez à nos forces de l’ordre », a-t-il ajouté, déclarant que les abus avaient été commis, « comme dans toutes les armées », par des « éléments marginaux que nous condamnons ».  Nous avons pris les mesures qui s’imposent, a-t-il insisté.  « Mais quand des milices décapitent vos soldats, comment vos forces de l’ordre réagiraient-elles? » a-t-il demandé, alors que vos forces de l’ordre à vous réagissent violemment devant des faits qui nous paraissent à nous bénins.  « Je crois qu’il faut éviter le deux poids, deux mesures. »

L’action entamée en justice pour le meurtre des deux experts des Nations Unies suit son cours, a poursuivi le représentant.  Le Gouvernement collabore avec la MONUSCO et le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme et tient à conduire ce dossier dans la transparence et à châtier les auteurs de ce crime.  C’est dans cet esprit qu’il a accueilli favorablement la demande du Gouvernement américain qui participe aux enquêtes à travers le FBI.  Le Gouvernement congolais est également prêt à travailler avec le Gouvernement suédois s’il sollicite sa collaboration. 

Les enquêtes qui se poursuivent, a révélé le représentant, ont permis l’arrestation de 11 autres suspects parmi lesquels 8 seraient identifiés comme ayant joué un rôle direct dans l’assassinat des deux experts.  Justice sera rendue aux deux experts des Nations Unies comme à leurs quatre accompagnateurs congolais dont les corps n’ont jamais été retrouvés, a souligné le représentant.  Justice sera rendue à tous nos compatriotes qui ont été victimes des violences causées par la milice « Kamwina Nsapu ». 

S’agissant des rapports faisant état de fosses communes au Kasaï, « nous ne disons pas qu’elles n’existent pas, mais il faut le prouver », a déclaré le représentant, ajoutant que la MONUSCO avait récemment affirmé avoir découvert sept fosses communes: en fait, un seul corps a été découvert, puis une arme de chasse et, enfin, deux corps sans têtes.  « Dans une autre prétendue fosse commune », a déclaré le représentant, les équipes conjointes de la MONUSCO et des FARDC « y ont trouvé une moto ».  Or, a accusé le représentant, le rapport évite de contredire ce que la MONUSCO avait annoncé « avec fracas ». 

Enfin, le représentant a constaté que la réduction des effectifs de la MONUSCO de 3 600 Casques bleus, prévue dans la résolution du Conseil 2348 (2017), n’avait pas encore eu lieu ni d’ailleurs l’opérationnalisation de la brigade d’intervention.  La réduction ne pourra se faire qu’après le remplacement des troupes actuelles par des unités beaucoup plus aguerries et dotées d’un équipement plus adapté pour faire face à la guerre asymétrique, a conclu le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales adopte les recommandations annuelles du Comité spécial de maintien de la paix

Soixante et onzième session,
25e séance – après-midi
CPSD/629

La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales adopte les recommandations annuelles du Comité spécial de maintien de la paix

La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation a fait siennes, cet après-midi, les 400 propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial des opérations de maintien de la paix qui étudie tous les aspects liés aux 14 missions déployées à ce jour et servies par 95 000 Casques bleus et policiers et 15 000 civils issus de 128 pays, pour un budget de 6,8 milliards de dollars.

Comme l’a rappelé son Rapporteur, M. Mohammed Halima, de l’Égypte, le Comité spécial a tenu sa session de fond du 21 février au 17 mars et entendu la Chef de cabinet du Secrétaire général, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et son homologue de l’appui aux missions.  Il a ensuite tenu son débat général, avant que son Groupe de travail plénier ne finalise les propositions, recommandations et conclusions.

En adoptant ces dernières aujourd’hui, la Quatrième Commission invite l’Assemblée générale à prier instamment les États Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l’ONU de prendre toutes les mesures nécessaires à leur application.  Ces 400 propositions, recommandations et conclusions portent sur les principes directeurs, la définition et l’exécution des mandats; la restructuration des opérations de maintien de la paix; la sûreté et la sécurité; la déontologie et la discipline et le renforcement des capacités opérationnelles. 

Elles portent aussi sur les stratégies applicables aux opérations complexes de maintien de la paix; la coopération avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police; la coopération tripartite entre ces derniers, le Conseil de sécurité et le Secrétariat; la coopération avec les mécanismes régionaux; le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix; la mise en place d’un dispositif plus solide d’appui aux missions; les pratiques optimales et la formation; le personnel; et les questions financières.

La Quatrième Commission a aussi approuvé la décision du Comité spécial de créer un groupe de travail informel pour examiner la manière d’actualiser son rapport annuel et ses méthodes de travail.  Le Bureau du Comité spécial tiendra par la suite un dialogue avec les États membres pour dégager un consensus autour des conclusions du groupe de travail.  Quant aux incidences budgétaires de cette décision, la représentante du Secrétariat a avoué qu’il est impossible de les quantifier sans des précisions sur les modalités, le format et l’organisation du groupe de travail.

Le Comité spécial, qui compte désormais 153 États membres depuis l’entrée du Brunéi Darussalam et de la Lettonie, était présidé par M. Anthony Bosah, du Nigéria, épaulé aux vice-présidences par Mme Margareta Kassangana-Jakubowska, de la Pologne, et MM. Mateo Estreme, de l’Argentine, Michael Grant, du Canada, et Takeshi Akahori, du Japon.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum politique de haut niveau entame deux semaines de travaux consacrés à l’élimination de la pauvreté et aux moyens de parvenir au développement durable

Session de 2017, Forum politique de haut niveau,
1re & 2e séances, matin & après-midi
ECOSOC/6855

Le Forum politique de haut niveau entame deux semaines de travaux consacrés à l’élimination de la pauvreté et aux moyens de parvenir au développement durable

Le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a entamé aujourd’hui sa deuxième session annuelle placée sous le thème « Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation » et qui va donner lieu à l’examen de 7 des 17 objectifs de développement durable.

Les travaux, qui vont s’étaler sur deux semaines, s’articuleront autour de tables rondes, dont deux ont eu lieu ce jour, de la présentation de 44 examens nationaux volontaires et d’un segment ministériel qui débutera lundi prochain. 

En présentant le rapport* du Secrétaire général qui fait le point de cette mise en œuvre, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a rappelé les grands progrès déjà réalisés puisque près d’un milliard de personnes ont pu s’extraire de la pauvreté depuis 1999.  Toutefois, en 2013, on estimait que 767 millions de personnes vivaient encore en dessous du seuil de pauvreté international, fixé à 1,90 dollar par jour.  En 2016, un peu moins de 10% des travailleurs et leurs familles dans le monde vivaient avec moins de 1,90 dollar par personne et par jour, contre 28% en 2000.  

Une des leçons apprises de la lutte contre la pauvreté est qu’il faut tenir compte du caractère multidimensionnel de celle-ci.  Mme Sabina Alkire, de l’Université d’Oxford, a présenté à cet égard l’indice de pauvreté multidimensionnelle qu’elle a élaboré en 2010 avec une collègue afin d’offrir un complément précieux aux mesures de pauvreté basées sur le revenu.  Cette approche ayant fait des émules, ce sont désormais 53 pays qui ont établi un tel indice afin de tenir compte de leurs réalités nationales.

Le Forum politique doit également se pencher sur les préoccupations régionales en matière de développement durable, qui constituent un niveau intermédiaire entre national et mondial, a expliqué, à l’ouverture des travaux, le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava (Zimbabwe).

Au cours du débat de la matinée sur le thème « Application aux niveaux régional et sous-régional », la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a déploré le fait que de nombreux pays ne disposent pas suffisamment de données pour suivre les progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030.

Même son de cloche auprès de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) dont la représentante déploré l’insuffisance de statistiques.  La conséquence est que seulement 37% de l’ensemble des 232 indicateurs peuvent être appliqués à des données disponibles en Afrique.  D’où l’importance de disposer de données fiables et crédibles, ont renchéri de nombreux orateurs. 

Les besoins financiers pour combler ces lacunes et renforcer le domaine des statistiques sont évalués à 1 milliard de dollars par an, a rappelé Mme Sakiko Fukuda-Parr, Vice-Présidente du Comité des politiques de développement, également professeur à l’université newyorkaise « The New School ».  « La demande en matière de données est énorme et dépasse les capacités des agences de développement et des États », a-t-elle souligné en prévenant que cela met en danger la mise en œuvre du Programme 2030.

Dans son rapport, le Secrétaire général explique que certaines cibles ne sont pas encore utilisées, soit du fait de l’insuffisance des données, soit parce qu’elles sont mesurées par des indicateurs qui sont toujours en cours d’élaboration.

Certains participants ont aussi plaidé pour que les données sur la parité apparaissent clairement dans les statistiques nationales, afin de participer à la mise en œuvre de l’objectif 5 sur l’égalité des sexes.  « La réalisation du programme de développement n’est pas possible si l’on ne garantit pas la justice entre hommes et femmes », a martelé la représentante du grand groupe de la société civile à l’ouverture des travaux.

Le Forum politique de haut niveau, créé au Sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, a pour tâche principale d’examiner la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cette session, la deuxième d’un cycle quadriennal, a pour but d’examiner les objectifs 1, 2, 3, 5, 9, 14 et 17, relatifs respectivement à la pauvreté, la faim et l’alimentation, la santé, l’égalité des sexes, les infrastructures, les océans et les partenariats mondiaux.

Le thème de la présente session a été fixé par une résolution** de l’Assemblée générale adoptée le 29 juillet 2016.  Par le même texte, les États Membres avaient également décidé que chacune des sessions du cycle quadriennal serait consacrée à l’examen d’un groupe d’objectifs et des liens qui les unissent, sachant que les moyens de mise en œuvre, notamment ceux relatifs à l’objectif 17, seront examinés tous les ans. 

Le Forum politique de haut niveau, qui a par ailleurs adopté son ordre du jour*** provisoire, poursuivra ses travaux demain, mardi 11 juillet, à partir de 9 heures. 

E/2017/66
**  A/RES/70/299 
*** E/HLPF/2017/5

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Déclarations liminaires

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe), a rappelé que cette session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable était la deuxième depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et la première depuis l’adoption par l’Assemblée générale, le 29 juillet 2016, de la résolution 70/299 portant sur le « Suivi et l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au niveau mondial ».  Il a expliqué que la première semaine serait consacrée à l’examen des objectifs de développement durable faisant l’objet de l’attention de la présente session, soit les objectifs 1, 2, 3, 5, 9 et 14.  Ce sera l’occasion d’examiner les cas de 44 pays, notamment des pays en situation particulière, qui vont présenter des examens nationaux volontaires.

M. Shava a également indiqué que la session examinerait les moyens de ne laisser personne de côté en se focalisant sur le thème de la pauvreté qui est au centre des travaux.  La dimension régionale ne sera pas en reste, a-t-il ajouté, soulignant « l’importance des dimensions régionales pour soutenir la mise en œuvre effective du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », d’autant plus que les aspects régionaux constituent un lien intermédiaire entre les niveaux national et mondial des préoccupations du Forum politique.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Point annuel sur les objectifs de développement durable » (E/2017/66), a déclaré que la cause de l’élimination de la pauvreté qui rassemble la communauté internationale relevait de la responsabilité commune de celle-ci.  Seule cette responsabilité permettra de parvenir à de bonnes conditions de vie pour tous, tout en respectant les limites de la nature, a-t-il précisé.  Il a espéré que cette « prise de conscience de notre destin partagé » aiderait à trouver les moyens de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour que les gens ordinaires puissent réaliser leur plein potentiel.  « Le Forum politique de haut niveau pour le développement durable est l’enceinte mondiale qui peut aider à y parvenir. »

Cette année, a indiqué M. Wu, 44 pays vont faire des présentations volontaires, plus de 2 400 partenaires sont inscrits pour participer au Forum et plus de 13 manifestations parallèles sont au programme.  En outre, plus de 600 délégués participeront au débat de haut niveau.  Tous ces participants exposeront les résultats de leurs partenariats, pendant que de nouveaux partenariats seront scellés dans la mesure du possible. 

Le rapport du Secrétaire général recense les efforts accomplis en vue d’atteindre les objectifs 1 (éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde), 2 (éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable), 3 (permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge), 5 (parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles), 9 (bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation), 14 (conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable), ainsi que pour les progrès dans le renforcement des moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser.  Il fait également le lien entre ces objectifs. 

M. Wu a rappelé que, depuis 1999, près d’un milliard de personnes avaient pu s’extraire de la pauvreté.  En 2013, on estimait que 767 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté international, fixé à 1,90 dollar par jour.  Nombre d’entre elles vivent dans des régions où les conditions sont difficiles, mais beaucoup vivent dans des poches de pauvreté de pays dont les économies sont pourtant fortes.  Aujourd’hui, on est encore loin des objectifs fixés, a reconnu M. Wu en signalant que, en 2015, le taux mondial de mortalité maternelle était de 216 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes.  Pour atteindre l’objectif visé et passer sous la barre des 70 décès maternels d’ici à 2030, ce taux devra diminuer d’au moins 7,5% par an, soit le double du rythme annuel atteint entre 2000 et 2015, a-t-il indiqué en appelant à redoubler la cadence des efforts.

M. Wu a poursuivi sa présentation en indiquant que, toujours en 2015, 13 millions de personnes étaient décédées prématurément avant d’avoir atteint l’âge de 70 ans des suites de pathologies cardiovasculaires, de cancers, de maladies respiratoires chroniques ou du diabète.  Cela représente 43% de l’ensemble des décès prématurés recensés dans le monde à cette date.

En outre, les inégalités entre les sexes persistent dans le monde entier, empêchant les femmes et les filles de jouir de leurs droits fondamentaux et compromettant les perspectives qui s’offrent à elles.  D’après des données recueillies auprès de 87 pays, entre 2005 et 2016, 19% des femmes âgées de 15 à 49 ans affirmaient avoir subi des violences physiques ou sexuelles infligées par un partenaire intime au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête.  Par ailleurs, la proportion de femmes occupant des sièges dans les parlements nationaux atteignait 23,4% à l’échelle mondiale en 2017, soit à peine 10 points de plus qu’en 2000.  Compte tenu de la lenteur des progrès accomplis dans ce domaine, il semblerait qu’un engagement politique plus vigoureux et des mesures et quotas plus ambitieux soient nécessaires pour encourager la participation politique et l’autonomisation des femmes.

Éliminer la pauvreté passe par l’amélioration des conditions de vie de tous, notamment des 155 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’hypotrophie nutritionnelle, c’est-à-dire d’une retard de croissance dû à la malnutrition chronique, et des 793 millions de personnes qui souffrent de la faim.  Un engagement plus ferme s’impose pour qu’il y ait plus de partenariats et plus de fonds mobilisés par le biais de l’aide publique au développement (APD).  À cet égard, M. Wu a invité à suivre l’exemple de l’Allemagne qui a atteint en 2015 l’objectif de 0,7% du PIB consacré à cette aide.  Il a insisté sur la nécessité d’un partenariat revigoré afin de mobiliser toutes les ressources disponibles en faveur du développement durable.  En outre, mobiliser les groupes vulnérables, en particulier les jeunes, est important pour réaliser les objectifs de développement durable.

M. Wu a ensuite soulevé le problème du manque de données qui renforce la vulnérabilité des groupes vulnérables en dissimulant leurs situations particulières.  Ce problème ne permet pas un suivi efficace des progrès, a-t-il aussi relevé en plaidant pour que l’on dispose d’un volume de données et de statistiques sans précédent, et ce, à tous les niveaux.  Si cela constitue un véritable défi pour les systèmes statistiques nationaux et internationaux, il a apprécié que la communauté statistique mondiale s’emploie à moderniser et à renforcer ces systèmes.

En concluant son intervention, M. Wu a insisté sur le fait que tous les efforts doivent être liés entre eux: il faut les décloisonner et avoir une perspective à long terme.  Il a espéré que le Forum offrirait des ressources sans pareil dont il faudrait savoir tirer parti pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Mme VIVANIA DITUKANA TATAWAQA, de l’organisation non gouvernementale (ONG) « Diverse Voices And Action for Equality » des Fidji et représentante du grand groupe des femmes, a pris la parole au nom des principaux grands groupes de la société civile.  Soulignant que celle dernière était à pied d’œuvre sur le terrain pour contribuer au développement durable, à travers diverses initiatives, elle a voulu s’assurer que le Forum politique entende sa voix et la reflète dans la déclaration qui sera adoptée à l’issue des réunions ministérielles de la présente session.

« Nous craignons que le Forum politique ne soit pas à la hauteur de son mandat d’être un cadre de reddition de comptes », s’est-elle inquiétée en souhaitant l’avènement d’une ONU plus que jamais forte et en faisant remarquer que « les gouvernements ne sont pas toujours disposés à lever les obstacles à l’épanouissement de la société civile ».  « Avons-nous besoin de prospérité et de richesse pour une poignée d’individus ou d’une prospérité partagée? »  Elle a plaidé pour que la deuxième option soit privilégiée, voulant éviter l’accaparement des richesses par un petit groupe.  C’est pourquoi, a-t-elle demandé, plutôt que des réunions de privilégiés du G20, il faudrait que l’ONU s’assure que l’intérêt public soit pris en compte avant tout.

La déléguée des grands groupes a par ailleurs rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a aussi pour vocation de protéger les droits de l’homme, y compris le droit à l’égalité que réclament les femmes.  « La réalisation de ce programme de développement n’est pas possible si l’on ne garantit pas la justice entre hommes et femmes », a-t-elle insisté, plaidant pour que ce principe soit pris en compte dans toutes les initiatives nationales de développement.

Mme Tatawaqa a également appelé la communauté internationale à s’appuyer sur les résultats de la Conférence des Nations Unies de haut niveau sur les océans qui a eu lieu il y a un mois.  Elle a souligné l’importance de la réalisation de l’objectif de développement durable 14 sur la santé des océans, appelant à mener des actions d’urgence pour faire face aux changements climatiques et promouvoir l’économie bleue qui est la clef du développement de la région du Pacifique à laquelle appartient son pays.  « Nous ne pouvons pas parler de développement durable si nous mettons en place des politiques qui ne prennent pas en compte les changements climatiques », a-t-elle affirmé.  

M. ROBERT JOHNSON, Président de l’« Institute for New Economic Thinking », a d’emblée prévenu que « les marchés ne sont pas des dieux ».  Selon lui, si les marchés ne sont pas des entités magiques, ils doivent pouvoir cependant faciliter les échanges.  Il a aussi remarqué que la gouvernance politique subit parfois l’action des marchés dans les pays développés.  Ce contexte, a-t-il prévenu, est dangereux pour les objectifs de développement durable et les mécontentements contre les marchés sont maintenant évidents.  Les problèmes qui se posent dans les pays avancés représentent des dangers pour l’ordre mondial, a-t-il ajouté.

M. Johnson a soulevé un autre problème important: la caducité du modèle de développement basé sur l’industrie, comme on a pu le voir à Taïwan et en République de Corée.  Ce modèle est en effet remis en question du fait que, aujourd’hui, ce sont les robots qui assurent la fabrication industrielle.  Il a donc recommandé aux pays en développement de trouver d’autres moyens pour arriver au même niveau de développement. 

Autre situation préoccupante: le taux d’intérêt qui s’applique aux infrastructures de production d’énergie est proche de 0% et n’est donc pas attrayant pour le partenariat public-privé déjà affaibli par la corruption.  Il en résulte que le secteur privé préfère investir dans les campagnes politiques plutôt que dans les infrastructures.  S’agissant de la question de l’égalité des sexes, M. Johnson a jugé qu’il était « trop simpliste » de se cantonner à reconnaître que ce problème existe.  Il faut améliorer la situation économique des femmes, a-t-il plaidé, en y voyant le moyen d’arriver à des changements impressionnants.  Pour lui, ce problème est, avec le réchauffement climatique, l’un des plus importants des années à venir.

Mme SAKIKO FUKUDA-PARR, Vice-Présidente du Comité des politiques de développement et professeur des affaires internationales à « The New School », une université privée de New York, a expliqué que si les priorités de développement ont été abordées au niveau international depuis des décennies, elles n’ont jamais été intégrées dans une seule dynamique comme cela est le cas avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a aussi noté que les indicateurs mis au point par des experts internationaux permettent d’en assurer un suivi efficace.

Néanmoins, « la demande en matière de données est énorme et dépasse les capacités des agences de développement et des États », a-t-elle fait observer en soulignant que le problème des données pourrait mettre en danger la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a ainsi souligné la faiblesse des capacités nationales en matière de collecte de données, précisant que les besoins financiers pour combler ces lacunes et renforcer le domaine des statistiques sont évalués à 1 milliard de dollars par an.

Pour Mme Fukuda-Parr, les statistiques sont un domaine prioritaire, surtout que la vulgarisation des données est cruciale pour l’examen de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La grande difficulté, au-delà de la collecte des données, a-t-elle ajouté, sera de présenter celles-ci de manière ventilée, en tenant compte, par exemple, de l’approche sexospécifique.

En outre, au-delà des 232 indicateurs agréés par la communauté internationale, elle a remarqué que certains objectifs de développement et les cibles y afférentes sont difficiles à quantifier.  Elle a cité l’exemple des cibles en rapport avec la protection de l’environnement qui ont pour la plupart des indicateurs dits de niveaux 2 et 3 pour les mesurer.  Or, les indicateurs de niveau 2 souffrent d’un manque criard de données au niveau mondial, alors que ceux de niveau 3 n’ont pas encore de méthodologie claire établie pour la collecte des données correspondantes. 

En revanche, les indicateurs de niveau 1 ont une méthodologie de collecte agréée et les données les concernant abondent.  Avec les indicateurs de niveaux 2 et 3, on court donc le risque d’avoir des rapports de mise en œuvre déséquilibrés qui ne rendront pas bien compte de la réalité, a averti le professeur en soulignant que le rapport du Secrétaire général présenté ce matin faisait apparaître un tel déséquilibre.

Débat sur le thème « Application aux niveaux régional et sous-régional »

Animée par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), cette table ronde a permis d’entendre les observations des représentants des cinq commissions économiques régionales de l’ONU relativement à la dimension régionale de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ils ont aussi souligné les défis et les moteurs de leurs régions respectives en matière de développement durable.  M. Shava a rappelé que les commissions régionales sont là pour appuyer les efforts des États Membres qui veulent aligner leur programme national de développement sur celui des objectifs de développement durable fixés au niveau mondial. 

Au cours de la discussion qui a suivi, les intervenants ont notamment souligné les freins que constituent l’insuffisance de données et de statistiques pour mesurer les progrès, ainsi que le manque d’intégration régionale pour exploiter toutes les opportunités du commerce infrarégional et de la croissance économique.

« Dans de nombreux pays, nous n’avons pas suffisamment de données pour suivre les progrès », a regretté d’emblée Mme SHAMSHAD AKTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), avant de reconnaître l’ampleur du travail à mener pour lutter contre les inégalités, la faim et la pauvreté dans sa région.  Elle a souligné le rôle important de la CESAP pour aider les pays à mettre en place des stratégies nationales et provinciales tenant compte des objectifs de développement durable.  Bien que le taux de pauvreté ait baissé entre 2010 et 2016, en passant de 30% à 10%, elle a reconnu que la moitié des pauvres de la planète vivent dans la région Asie et Pacifique où 300 millions de personnes souffrent toujours de la faim en 2015.  Par ailleurs, elle a dit que la région avait perdu 19 millions d’hectares de terres agricoles depuis 2000 et était frappée par une très faible participation des femmes au marché de l’emploi.

De son côté, Mme ALICIA BARCENA, Secrétaire exécutive de Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a retenu six axes d’action pour les États de la CEPALC.  Il s’agit notamment de faciliter l’incorporation des objectifs de développement durable dans les budgets et les investissements et de favoriser la participation des citoyens, a-t-elle dit.  Dix-neuf pays sur 33 ont créé des institutions intersectorielles de haut niveau qui incluent des ministères, des collectivités locales et des parlementaires.  En outre, 14 pays sur les 44 qui ont présenté des rapports volontaires nationaux à l’ECOSOC viennent de la région », s’est-elle félicitée.  Mme Barcena a indiqué que la CEPALC voulait mettre en place des capacités et indicateurs capables de mesurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans la région.

Le Forum politique de la région s’est tenu en avril dernier au Mexique, a-t-elle fait valoir avant de préciser qu’un rapport régional annuel avait été élaboré sur la base de données pour chaque pays.  Elle a aussi indiqué que la réduction de la pauvreté et des inégalités s’était stabilisée avec encore 75 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans la région, les Caraïbes restant la zone la plus touchée.  Les femmes et les personnes vivant dans les zones côtières sont les plus affectées par les changements climatiques, a-t-elle encore observé en avertissant aussi que l’industrie du tourisme a été touchée par les effets de ces changements.

« Nous avons besoin de paix, de solutions politiques et de structures démocratiques inclusives dans le monde arabe », a affirmé pour sa part M. MOHAMED ALI ALHAKIM, Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).  La Commission apporte une aide à 18 pays arabes qui font face à des défis différents.  Il a souligné les problèmes politiques spécifiques à sa région en notant le conflit syrien, la crise libyenne mais aussi l’occupation israélienne de la Palestine qui demeure la plus longue occupation de l’histoire.  S’agissant des défis transfrontaliers, il a particulièrement souligné l’impact des changements climatiques et de la désertification.

Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), s’est intéressée à la façon dont les objectifs de développement durable sont traduits sur le plan des politiques nationales.  De nombreux pays de sa région ont revu leurs plans nationaux de développement afin de tenir compte de ces objectifs, a-t-elle signalé en soulignant les défis les plus importants en Europe que sont la pression sur l’environnement, la parité hommes-femmes, le niveau élevé de chômage, les inégalités en termes de couverture sociale, ainsi que la sécurité routière.  Sur ce dernier point, elle a prévenu que les décès dus aux accidents de la route continueraient d’augmenter jusqu’en 2020.  Elle a ajouté que les soins en faveur des enfants et des personnes âgées méritaient aussi davantage d’efforts dans les pays membres de la Commission.  Mme Algayerova a ensuite plaidé pour le renforcement de la coopération internationale.  Étant donné que de nombreux objectifs et cibles sont transversaux, les problèmes sont  mieux réglés sous l’angle de la perspective régionale, en particulier les problèmes liés à l’environnement.

Mme AIDA OPOKU-MENSAH, Conseillère spéciale du Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a souligné les progrès du continent africain qui enregistre une croissance annuelle moyenne du PIB de 4% depuis 2000.  Si cette croissance a permis des progrès notoires dans la lutte contre la pauvreté et l’accès aux services de base, la représentante de la CEA a relevé que d’autres progrès restaient limités à cause d’investissements insuffisants.  Pour faire face à l’ambition du Programme 2030, elle a recommandé d’améliorer les systèmes fiscaux en Afrique.  Elle aussi a reconnu l’insuffisance de statistiques en notant que seulement 37% de l’ensemble des indicateurs peuvent être appliqués à des données disponibles.  Elle a aussi appelé à s’attaquer à la fuite des capitaux en Afrique, évaluée à 50 milliards de dollars par an, notant au passage que ce montant est sous-estimé. 

Dans le dialogue qui a suivi, le Président de l’ECOSOC a voulu savoir quels étaient les grands moteurs du développement durable.  Le représentant de la CESAO a dit qu’il n’y avait aucun doute pour le monde arabe: « la paix et la sécurité sont les deux priorités et les deux grands moteurs pour arriver au développement durable ».  Au-delà de la paix, il a exprimé la nécessité d’avancer dans l’autonomisation des femmes tout en reconnaissant que c’était « plus facile à dire qu’à faire dans notre région ».

Insistant pour sa part sur le moteur que constitue le secteur privé, la représentante de la CEE s’est félicitée de constater que, dans sa région, le secteur privé est de plus en plus conscient de la nécessité de la durabilité et, en même temps, de sa potentielle rentabilité.

Si la représentante de la CEA a estimé que la meilleure chose qui puisse arriver à l’Afrique est le développement de l’industrialisation et l’accès aux technologies, son homologue de la CEPALC, a estimé que « le plus grand changement dont pourraient bénéficier l’Amérique latine et les Caraïbes « serait de mettre fin à une culture de privilèges et à une culture de corruption ».  La fraude fiscale annuelle, a-t-elle précisé, représente 67% du PIB dans sa région.  Enfin, leur collègue de la CESAP a mis l’accent sur l’intégration régionale et la redistribution des richesses pour permettre à la majorité de la population d’atteindre la classe moyenne.

Les représentants des commissions régionales ont jugé indispensable une meilleure intégration régionale en particulier aux niveaux économique et fiscal.  « C’est essentiel pour favoriser le commerce infrarégional », a insisté la représentante de la CEPALC.  « Nous n’avons pas encore d’union douanière, 72 ans après la création de la Ligue des États arabes », a regretté la représentante de la CESAP qui a expliqué que cette absence de coordination fiscale était un frein au commerce infrarégional. 

L’insuffisance d’infrastructures nous gêne beaucoup pour le développement, le commerce et la mise en œuvre des objectifs de développement durable en général, a reconnu la représentante de la CEA.  Elle a aussi noté que seulement 0,4% du PIB africain était investi dans la recherche et le développement, comparé à 2,4% dans d’autres continents.

Abordant la dimension sous-régionale, au nom de l’Union économique eurasienne, M. OLEG PANKRATOV, Vice-Premier Ministre du Kirghizstan, a indiqué que les cinq États membres de cette union avaient intégré les objectifs de développement durable dans leurs plans de développement économique à l’horizon 2030.  Il a expliqué que le plus récent rapport de l’Union économique eurasienne contient une analyse et une évaluation exhaustive des priorités du développement durable.  Il s’est félicité que son groupe de pays connaisse un taux de chômage (5,7%) inférieur à celui de la plupart des pays développés et que les inégalités entre les sexes se réduisent.

Au nom des 33 États membres de la CEPALC, le représentant d’El Salvador a signalé la récente adoption d’un plan d’action CEPALC-2017 pour faire face aux défis régionaux en matière de développement durable.  Il s’est félicité que 14 des 33 États de la CEPALC aient déjà présenté un rapport national dans le cadre du Forum de haut niveau de l’ECOSOC sur la mise en œuvre du développement durable.  Au nom des pays des Caraïbes, le représentant du Guyana s’est inquiété de la persistance d’une croissance faible dans la sous-région qui doit en même temps faire face de manière disproportionnée à des soubresauts de l’économie mondiale et aux changements climatiques.  « Il nous faut des données fiables et ventilées qui peuvent servir de cadre à nos objectifs de développement », a-t-il réclamé.

Enfin, le représentant de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a souligné les efforts du continent africain visant à intégrer le Programme 2030 à l’Agenda 2063 qui vise à atteindre une transformation du continent au profit de la prospérité. 

Débat sur le thème « Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation: intervenir sur les multiples facettes de la pauvreté et des inégalités »

L’histoire dramatique d’une jeune fille vivant dans un pays du Sud a été utilisée comme point de départ à la discussion.  L’animateur du débat, M. VIKAS SWARUP, Haut-Commissaire de l’Inde au Canada et auteur du Livre Q&A qui fut adapté au cinéma sous le titre « Slumdog Millionaire », a ainsi parlé de Malia, une jeune fille de 5 ans qui vivait dans un bidonville avant de mourir des suites du tétanos.  Ses parents, pauvres, n’avaient pas pu réunir les 20 dollars requis pour payer le prix du vaccin antitétanique dont elle avait besoin.  De manière générale, M. Swarup a déploré le fait que la pauvreté continue d’affecter des millions de gens à travers le monde, conduisant à des destins comme ceux de Malia.

Mme SABINA ALKIRE, professeur et Directrice de l’« Oxford Poverty & Human Development Initiative » de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), a parlé de l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) qu’elle a développé en 2010 avec sa collègue, Mme Maria Emma Santos.  L’IPM identifie les multiples privations subies par les individus ou les ménages en tenant compte de plusieurs facteurs, d’où son caractère multidimensionnel.  L’IPM offre un complément précieux aux mesures de pauvreté basées sur le revenu, a-t-elle expliqué en soulignant que la recherche qui a conduit à cette approche innovante s’est basée sur les limites relevées par l’ONU en ce qui concerne la définition et les manifestations de la pauvreté.  Elle a salué le fait que de nombreux pays, 53 au total, soient aujourd’hui engagés dans cette nouvelle approche, saluant notamment la Colombie, le Costa Rica ou encore la Chine qui ont établi des indices nationaux qui tiennent davantage compte de leurs réalités nationales. 

La Colombie, justement, se trouve dans un contexte particulier puisque le pays est dans une phase de transition entre la violence et la mise en œuvre du processus de paix.  De là devrait émerger un nouveau contexte pacifique, a espéré Mme CLAUDIA VASQUEZ MARAZZANI, Directrice des affaires économiques, sociales et environnementales au Ministère des affaires étrangères de la Colombie, avant d’exposer le premier défi que le pays doit relever: l’accès aux services publics pour toute la population.  En effet, si actuellement le nombre de femmes et d’hommes pauvres est presque le même dans la population, le niveau de pauvreté est très différent entre eux, a-t-elle indiqué.  C’est dans ce contexte que le Gouvernement a introduit l’indice de pauvreté multidimensionnelle en espérant pouvoir améliorer la prise de décisions.  L’utilisation de cet indice fait ressortir les besoins les plus urgents pour y faire face le plus rapidement et le plus efficacement possible.  Depuis la mise en place de cet indice en 2011, on s’est rendu compte des investissements à faire dans les régions et les différents secteurs, a constaté Mme Vaquez Marazzani en expliquant que cela avait permis notamment de combler le fossé entre les régions.

Se baser sur des données crédibles et accorder une attention renouvelée à l’équité, c’est la double approche qu’a préconisé M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), pour réaliser les promesses du développement durable.  Il a souligné que les mesures multidimensionnelles de la pauvreté permettent de remodeler les programmes et de les exécuter aux niveaux national et communautaire de sorte que les engagements pris par les pays soient traduits en actions concrètes et mesurables pour leurs citoyens.  M. Lake a aussi évoqué une récente étude de l’UNICEF qui a évalué les progrès réalisés par 51 pays ces dernières années en suivant l’approche étique.  Sur le plan de la santé, l’Afghanistan, le Bangladesh et le Rwanda, parmi d’autres, ont réussi à réduire drastiquement le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans en investissant dans les communautés les plus pauvres et les plus difficiles à atteindre.  L’étude montre que les investissements dans les enfants et les communautés les plus pauvres sauvent deux fois plus de vies.  Cela met en évidence l’intérêt concret d’une approche étique du développement, selon lui.

Mme LAURA STACHEL, gynécologue, Directrice exécutive et fondatrice de « We Care Solar », a parlé d’une initiative basée sur les énergies renouvelables.  Scandalisée par le fait que des césariennes et autres soins obstétriques se déroulent dans la pénombre dans certains pays en développement, elle a expliqué avoir créé cette ONG dans le but de fournir aux centres de soins des kits d’éclairage utilisant des sources d’énergie renouvelable.  Des populations d’Afrique de l’Ouest et d’Asie du Sud-Est ont ainsi pu bénéficier de cette innovation grâce au programme de We Care Solar appelé « Light Every Birth ».  Mme Stachel a par ailleurs émis des doutes sur les chiffres officiels liés aux naissances et aux décès dans certains pays en développement, ce qui l’a conduit à créer elle-même des registres d’état civil dans de nombreux centres de santé où son organisation est intervenue.

La dernière panéliste à prendre la parole fut Mme EMEM OMOKARO, médecin nigériane, gérontologue et Directrice exécutive de la « Dave Omokaro Foundation » (DOF) et Secrétaire générale de la Société africaine pour les recherches sur le vieillissement et le développement.  Elle a assimilé la sortie de la pauvreté à une forme de quête de la liberté, invitant les pouvoirs publics à élaborer des politiques qui valorisent la vie humaine.  Elle a prévenu en effet que des politiques qui ne tiennent pas compte de la promotion des droits de l’homme et ne sont pas axées sur la personne ne peuvent pas conduire à des changements.  Elle a déploré, à cet égard, les nombreuses formes de discrimination qui constituent un obstacle à l’éradication de la pauvreté, insistant encore sur la nécessité de tenir compte de la valeur de la vie humaine.

La discussion interactive qui a suivi ces interventions a été centrée autour de l’indice multidimensionnel de pauvreté, en faisant valoir la nécessité de l’intégrer dans les politiques d’élimination de la pauvreté.  Plusieurs délégations ont fait part des problèmes auxquels elles ont dû faire face dans le passé, en partageant aussi les leçons apprises et les résultats généralement positifs obtenus après l’adoption de politiques de développement adaptées à leur cas.  Beaucoup ont aussi souligné l’importance de disposer de « bonnes données » relatives à la pauvreté.   

Le Gouvernement de la Chine a pris des mesures politiques afin de faire participer toute la population à l’objectif prioritaire de l’élimination de la pauvreté, a dit son représentant en précisant que l’aide aux plus démunis nécessite d’accorder une attention particulière à l’éducation.  Le Gouvernement de la Chine a pris des mesures innovantes qui ont permis notamment à 12 millions de personnes de sortir de la pauvreté dans les régions rurales ces dernières années. 

La représentante de la Finlande a rappelé que, alors que son pays était pauvre dans les années 40, la situation actuelle résulte notamment d’une politique de santé et d’« éducation pour tous » adoptée il y a de nombreuses années.  Récemment, le pays a mis en place un revenu de base universel, a-t-elle ajouté en précisant que les principes fondamentaux en Finlande sont basés sur le respect des droits de l’homme. 

Il faut une approche globale qui prenne en compte le développement humain et les droits de l’homme, a confirmé le délégué de l’Union européenne (UE) après avoir indiqué que l’objectif au niveau européen est d’éliminer la pauvreté sur le long terme.  À cet égard, il a souligné la nécessité pour les États membres de l’UE de travailler avec tous les pays, quel que soit leur stade de développement.  Il a aussi fait valoir l’approche intégrée adoptée par l’UE pour faire face à différents risques comme notamment les effets des changements climatiques et la crise des migrants.

Face aux problèmes qui dépassent les capacités des pays pauvres, comme les effets des changements climatiques, le représentant de l’Inde a réclamé l’aide de la communauté internationale. 

« Il est important de se doter d’instruments de mesure pour évaluer l’atteinte des 17 objectifs de développement durable », a enchaîné la représentante du Chili dont le Gouvernement a mis en place une mesure de pauvreté en fonction du revenu et une mesure multidimensionnelle universelle du bien-être, basée sur l’éducation, la santé, le logement, les transports publics et l’environnement.  Malgré ces efforts, 12,5% de la population souffre encore de pauvreté et 4% souffre de pauvreté multidimensionnelle.

Pour la représentante des grands groupes de femmes, ce sont les données sur la pauvreté des femmes et sur la problématique hommes-femmes qui manquent le plus.  Si l’on comprend mieux les liens entre pauvreté et parité, on pourra mesurer l’efficacité des programmes de lutte contre la pauvreté des femmes.  De son côté, la représentante des syndicats a défendu que la lutte contre la pauvreté passe par l’augmentation des salaires.  

« Quel objectif pourrait-il avoir le plus d’impact dans la lutte pour l’élimination de la pauvreté dès lors que tous les objectifs sont les mêmes? » s’est par ailleurs interrogée la représentante du Kenya.  La représentante du Ministère des affaires étrangères de la Colombie a indiqué que le plus important pour son gouvernement est d’assurer la pérennité de tous les programmes.  Ceux-ci devraient survivre au-delà des alternances politiques. 

En réponse toujours à la représentante du Kenya qui a voulu des précisions sur la façon dont les pauvres peuvent participer à l’élimination de la pauvreté, le paneliste de la Fondation Dave Omokaro a recommandé de leur donner la parole, « car ces gens savent ce qu’ils veulent: il faut dialoguer avec eux et les écouter ».    

« Que peut faire l’UNICEF pour améliorer les données? » a demandé le modérateur.  L’expert de l’UNICEF lui a répondu qu’un ensemble de mesures sur la petite enfance et sur d’autres thèmes relatifs à l’enfance est déjà utilisé par les États.  Ces mesures évoluent en fonction des données recueillies, pour tenir compte des groupes qui ne sont pas encore couverts par les dernières études, comme les migrants et les réfugiés.  Il a aussi parlé de l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui vise à aider les pays en développement à intégrer la question de l’environnement dans leurs politiques de lutte contre la pauvreté.

Plus sceptique, le représentant de la Sierra Leone a averti que les discussions sans fin sur les données, y compris celles d’aujourd’hui sur la pauvreté, risquaient de faire dévier les actions sur les données elles-mêmes au détriment des actions de lutte contre la pauvreté.

Le représentant de la Norvège a mis l’accent sur le rôle de la jeunesse en réponse au représentant des Comores qui a dit que son pays faisait face à deux défis pour pouvoir éliminer la pauvreté: le manque d’accès aux ressources énergétiques et le chômage des jeunes.  Il faut préparer les jeunes à l’avenir et non préparer l’avenir pour les jeunes, a paraphrasé son homologue de la Norvège.  La représentante de « We Care Solar » a évoqué à ce propos les programmes que mène son organisation avec les jeunes pour des projets qui les intéressent directement.

La Colombie a recensé les jeunes colombiens en 2011, a indiqué à son tour la représentante du  Ministère des affaires étrangères de la Colombie en expliquant que l’objectif était d’offrir des solutions à leurs problèmes spécifiques, à savoir l’accès à l’éducation et à l’emploi.  Pour résumer la discussion sur ce point, le représentant des jeunes et des enfants, après avoir dénoncé les injustices que subissent les jeunes, a conclu que l’avenir se construit avec eux et non à leur détriment.  

Comme pour les jeunes, il faut impliquer les handicapés et leurs représentants dans les programmes d’élimination de la pauvreté, a plaidé la représentante du groupe des personnes handicapées en appelant les gouvernements à s’engager à financer des politiques sociales à leur égard. 

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a, lui, plaidé pour que le développement industriel, qui est essentiel à l’élimination de la pauvreté selon lui, aide les autres secteurs de l’économie à évoluer et favorise le développement des pays.  L’ONUDI est prête à aider les États Membres dans leur objectif d’éliminer la pauvreté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité met en place une nouvelle mission des Nations Unies en Colombie pour une durée initiale de douze mois

7997e séance – matin
CS/12906

Le Conseil de sécurité met en place une nouvelle mission des Nations Unies en Colombie pour une durée initiale de douze mois

Le Conseil de sécurité a décidé aujourd’hui de mettre en place une nouvelle mission politique en Colombie, la « Mission de vérification des Nations Unies en Colombie », qui entrera en fonctions le 26 septembre prochain, dès l’achèvement de l’actuelle Mission, créée par la résolution 2261 (2016).

Présente lors de l’adoption à l’unanimité à la résolution 2366 (2017), coparrainée par les Quinze, la Ministre des affaires étrangères de la Colombie, Mme María Ángela Holguín Cuéllar, a remercié le Conseil d’avoir adopté la « troisième résolution en faveur de la paix en Colombie » et d’avoir fait preuve d’unité sur cette question depuis un an et demi.

La résolution fait suite à une demande du Président de la Colombie, au nom de son gouvernement, et des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), exprimée dans une lettre datée du 5 juin, dont le Conseil a débattu le 30 juin.  Le 11 mai, à la suite d’une visite en Colombie, le Conseil avait déjà publié une déclaration présidentielle dans laquelle il présentait le processus de paix dans ce pays comme un possible « exemple pour le reste du monde », rappelait son « attachement sans réserve » à celui-ci et réaffirmait « sa détermination à faciliter l’application de l’Accord de paix final en Colombie en application de la résolution 2261 (2016) et à continuer de jouer un rôle actif et constructif dans les mois à venir ».

Le Président colombien avait sollicité une mission d’une durée de trois ans renouvelable.  Le Conseil décide de la mettre en place « pour une période initiale de douze mois » et se déclare « disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue de la reconduction du mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties ».

Dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général, la Mission de vérification aura pour mandat de « contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les FARC-EP, des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final » de paix de Bogota, « y compris la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP, la mise en œuvre des garanties de sécurité personnelle et collective, ainsi que la mise en place de programmes complets concernant les mesures de sécurité et de protection des communautés et des organisations sur les territoires, et assortis des mécanismes de vérification nécessaires aux niveaux régional et local ». 

Comme la précédente, cette mission a été expressément prévue par l’Accord final de Bogota et elle devra « agir en étroite collaboration avec les organes de vérification établis par l’Accord final », tout en agissant de concert avec les membres de l’équipe de pays des Nations Unies en Colombie.  Le Secrétaire général est prié par le Conseil de « lancer immédiatement les préparatifs » de la nouvelle mission et de lui présenter dans un délai de quarante-cinq jours des recommandations détaillées sur la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission de vérification.  Il devra ensuite présenter au Conseil tous les quatre-vingt-dix jours un rapport sur l’exécution du mandat de la nouvelle mission.

En outre, le Conseil prie l’actuelle Mission des Nations Unies d’entreprendre à titre provisoire les tâches qui seront confiées à la Mission de vérification jusqu’à l’expiration de son mandat, le 25 septembre 2017.

À l’issue du vote, les 15 membres du Conseil ont pris la parole pour exprimer leur satisfaction et dire leur espoir de voir une paix pérenne s’établir en Colombie.  Le représentant du Royaume-Uni, dont le pays est « porte-plume » sur la Colombie, a parlé d’un « grand voyage » entrepris depuis 18 mois par le Conseil, ajoutant que ce fut « un privilège » d’appuyer les efforts de paix des Colombiens.

Plusieurs représentants ont mis l’accent sur les efforts consentis par les Colombiens, premiers architectes du processus de paix, et salué le rôle de facilitateur des Nations Unies, celui des pays garants de l’Accord de paix -Norvège et Cuba– et celui des États accompagnateurs du processus: Venezuela et Chili.

S’ils ont qualifié d’étape essentielle la fin du dépôt des armes par les anciens combattants des FARC-EP, les intervenants ont également rappelé les défis restant à relever.  Les représentants de la Suède et de la Bolivie sont revenus sur les meurtres de membres des FARC-EP ou de leurs familles et les violences à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme.

La réintégration économique, politique et sociale des anciens membres des FARC-EP a été citée comme une des priorités de son gouvernement par la Ministre colombienne des affaires étrangères, qui a présenté la vision d’un pays qui « offre des opportunités, qui connaît la croissance, qui éduque et qui, plus encore, se réconcilie et prône la tolérance ».  C’est pourquoi l’appui de la communauté internationale est si important.  À cet égard, plusieurs des membres du Conseil ont promis le maintien de leur soutien.  L’Uruguay a salué la mise en place d’un Fonds d’affectation spéciale pour la période d’après conflit en Colombie, ainsi que la décision prise par le Secrétaire général de faire bénéficier le pays du Fonds pour la consolidation de la paix pendant une période supplémentaire de trois à cinq ans.

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Colombie (S/2017/539)

Texte du projet de résolution (S/2017/583)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son attachement sans réserve au processus de paix en République de Colombie et rappelant ses résolutions 2261 (2016) et 2307 (2016),

Se félicitant de la conclusion, entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (S/2017/272) (l’« Accord final »), signé à Bogota le 24 novembre 2016, et de son adoption par le Congrès colombien le 30 novembre 2016,

Se félicitant également de l’achèvement du processus de dépôt des armes individuelles par les FARC-EP le 27 juin 2017, sous la surveillance de la Mission des Nations Unies mise en place en Colombie par la résolution 2261 (2016),

Prenant note de la lettre, en date du 7 juin 2017, par laquelle le Président colombien sollicite, au nom de son gouvernement et des FARC-EP (S/2017/481), la mise en place d’une nouvelle mission politique spéciale pour une durée de trois ans, renouvelable s’il y a lieu, conformément à la clause 6.3.3 de l’Accord final,

Soulignant l’importance de la mise à effet de l’Accord final par le Gouvernement colombien et les FARC-EP et ayant conscience de la contribution qu’une mission de vérification des Nations Unies peut apporter conformément à la clause 6.3.3 de l’Accord final,

Réaffirmant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et réaffirmant également la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Colombie,

Considérant que la mise en œuvre de l’Accord final relève de la prérogative de la Colombie,

1.    Décide de mettre en place, pour une période initiale de douze mois, une mission politique en Colombie, la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (la « Mission de vérification »), dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies;

2.    Décide également qu’il incombe à la Mission de vérification de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les FARC-EP, des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final, comme le prévoit la clause 6.3.3 de celui-ci, y compris la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP, la mise en œuvre des garanties de sécurité personnelle et collective, ainsi que la mise en place de programmes complets concernant les mesures de sécurité et de protection des communautés et des organisations sur les territoires, et assortis des mécanismes de vérification nécessaires aux niveaux régional et local;

3.    Décide en outre que la Mission de vérification doit amorcer toutes ses activités de vérification le 26 septembre 2017, dès l’achèvement du mandat de la Mission des Nations Unies mise en place en Colombie par la résolution 2261 (2016), la période initiale de douze mois prévue au paragraphe 1 commençant dès lors à courir;

4.    Décide qu’il incombe à la Mission de vérification d’agir en étroite collaboration avec les organes de vérification établis par l’Accord final, en particulier la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’application de l’accord de paix, le Conseil national de réintégration et la Commission nationale des garanties de sécurité;

5.    Prie la Mission de vérification d’agir de concert avec les membres de l’équipe de pays des Nations Unies en Colombie, conformément à leurs mandats respectifs;

6.    Prie également le Secrétaire général de lancer immédiatement les préparatifs, notamment sur le terrain, et de lui présenter, pour examen et approbation, des recommandations détaillées sur la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission de vérification, conformément à l’Accord final, dans un délai de quarante-cinq jours à compter de l’adoption de la présente résolution;

7.    Prie en outre la Mission des Nations Unies mise en place en Colombie par la résolution 2261 (2016) d’entreprendre à titre provisoire les tâches confiées à la Mission de vérification au paragraphe 2 de la présente résolution, ainsi qu’il est indiqué dans le rapport du Secrétaire général du 23 juin 2017, compte tenu de sa configuration actuelle et de ses moyens, jusqu’à l’expiration de son mandat, le 25 septembre 2017;

8.    Prie le Secrétaire général de lui faire rapport sur l’exécution du mandat de la Mission de vérification tous les quatre-vingt-dix jours à compter du début des activités de vérification de celle-ci, en se fondant sur les informations que lui aura communiquées son représentant spécial;

9.    Se déclare disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue de la reconduction du mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties.

Déclarations

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni), dont le pays est « porte-plume » sur la Colombie, s’est félicité de l’adoption unanime de la résolution, coparrainée par l’ensemble des membres du Conseil, et de la volonté ainsi manifestée par le Conseil de répondre collectivement à l’appel que lui avait lancé, le mois dernier, le Président colombien, M. Juan Manuel Santos.  Le représentant a parlé d’un « grand voyage » entrepris depuis 18 mois par le Conseil, ajoutant que ce fut « un privilège » d’appuyer les efforts de paix des Colombiens et saluant le travail de la première mission des Nations Unies dans ce pays.  Compte tenu de son expérience en Irlande du Nord, le Royaume-Uni, a confié le représentant, sait que la phase la plus difficile, dont la pleine réintégration des anciens combattants, est devant nous.  C’est pourquoi la nouvelle Mission de vérification est si importante.  Alors que, dans de trop nombreux pays du monde, la guerre est la norme, la Colombie nous montre que la paix est possible, a-t-il conclu.

La résolution adoptée aujourd’hui est une nouvelle preuve de « l’appui sans équivoque » du Conseil de sécurité envers le processus de paix en Colombie, ainsi que de la détermination du Gouvernement colombien et des FARC-EP à consolider la paix dans le pays, s’est félicité M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  Après le dépôt des armes, intervenu le 27 juin dernier, le délégué uruguayen s’est dit très satisfait de la façon dont le Conseil de sécurité et le Secrétaire général ont réagi à la demande formulée par les parties, appelant l’ONU à déployer une nouvelle mission en Colombie.

Le représentant a par ailleurs salué la mise en place d’un Fonds d’affectation spéciale pour la période d’après conflit en Colombie, ainsi que la décision prise par le Secrétaire général de faire bénéficier le pays du Fonds pour la consolidation de la paix pendant une période supplémentaire de trois à cinq ans.  « La volonté des Colombiens de progresser sur la voie de la paix est un exemple pour le monde », a enfin déclaré le délégué, saluant ce processus de paix « conçu, mené et mis en œuvre » par les Colombiens.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a parlé d’une nouvelle étape pour établir une paix pérenne en Colombie, soulignant que cela est le fait exclusif des Colombiens eux-mêmes et citant notamment le dépôt des armes par les combattants des FARC-EP.  Le représentant a également salué la contribution des Nations Unies, ainsi que celle de la Norvège et de Cuba, garants de l’Accord de paix, et celle du Venezuela et du Chili, pays accompagnateurs.  Le représentant a insisté sur l’importance de la synchronisation et d’une transition progressive entre les deux missions de l’ONU.  Il est indispensable d’éviter un vide, a-t-il insisté.

L’adoption unanime de la résolution porte la marque de la détermination des Nations Unies à soutenir la Colombie, s’est réjoui M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan), tout en insistant sur l’importance de poursuivre la mise en œuvre de certains aspects de l’Accord de paix, y compris la réinsertion des FARC-EP dans la société colombienne.  « La Colombie est un exemple remarquable de ce qui peut être réalisé quand il existe une volonté politique et l’engagement des deux parties », a conclu le délégué.

Saluant, à son tour, l’adoption de la résolution, que son pays a coparrainée, ainsi que l’établissement d’une seconde mission des Nations Unies chargée de poursuivre l’observation et la vérification du respect de l’Accord de paix, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que la résolution 2366 (2017) s’inscrivait dans la droite ligne du dépôt des armes, effectué le 27 juin dernier.  « Il s’agit d’une étape primordiale vers l’établissement d’une paix durable en Colombie », a déclaré le représentant.  À l’heure où le monde se trouve confronté à des conflits « infinis et meurtriers », a-t-il estimé, la Colombie « prouve au monde qu’il est possible de tourner le dos aux conflits ».

Le délégué français a toutefois mis l’accent sur les « défis » auxquels le pays devra faire face.  « Il s’agit désormais, non plus seulement de gagner la paix, mais surtout de la construire et de l’enraciner dans la durée », a-t-il déclaré.  Tout en mentionnant le « bilan exemplaire » de la première mission des Nations Unies, « dans les délais impartis », le représentant a qualifié la résolution d’aujourd’hui de « jalon essentiel » d’un processus où les Nations Unies « joueront un rôle capital » afin d’aider la Colombie à « ouvrir et à gagner ce nouveau chapitre de son histoire ».

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité de l’engagement des parties et de la réussite de la phase de désarmement.  Il a espéré que le soutien de son pays contribuera à la réussite du processus de paix et a insisté sur les efforts du Gouvernement de Colombie pour parvenir à l’autonomie, en pariant notamment sur l’éducation.  Le Japon appuiera tous ces efforts par le biais de la Mission de vérification mais aussi de manière bilatérale.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a parlé de l’Accord de Bogota comme d’un accord historique qui ouvre la voie à une paix pérenne.  L’aide des États-Unis à la Colombie se concentrera notamment sur la sécurité, la lutte contre le trafic de drogues, la réintégration des anciens combattants, le déminage et le retour de l’administration dans les zones anciennement contrôlées par les rebelles.

La nouvelle mission des Nations Unies permettra de renforcer encore davantage la confiance entre les parties et de mener à son terme l’Accord de paix, a déclaré M. OLOF SKOOG (Suède).  Toutefois, au vu des violences récentes contre des défenseurs des droits de l’homme et de l’assassinat de représentants des FARC-EP et de leurs familles, le représentant a estimé que le déploiement de la nouvelle mission était non seulement opportun mais également urgent.  « Un effort soutenu est désormais nécessaire de la part de tous », a-t-il déclaré.

« Nous sommes heureux de prendre part à cet évènement historique », a déclaré M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), estimant que ce texte jette les « bases d’une paix pérenne » dans le pays, tout en s’assurant que le processus de paix « demeure entre les mains des Colombiens ».  L’adoption de cette résolution à l’unanimité témoigne de la volonté du Conseil de soutenir le processus de paix, s’est réjoui le représentant, tout en affirmant la volonté de son pays de faire de même.

Par ailleurs, le représentant a voulu que l’on tire les leçons du conflit colombien: lorsque le Conseil fait preuve d’unité et que les parties sont déterminées à instaurer la paix, avec le soutien des pays voisins, l’Organisation peut faire preuve d’une grande efficacité.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a salué le résultat du vote et a félicité les parties pour avoir achevé la phase de dépôt des armes.  Il a insisté sur le fait que le processus de paix était irréversible, tout en ajoutant qu’il n’est pas sans difficultés.  Il a salué les efforts du Gouvernement colombien pour lutter contre la criminalité organisée et autres activités illicites.  L’Italie, a-t-il promis, continuera d’appuyer la Colombie, de manière bilatérale et au sein de l’Union européenne.  Elle se félicite aussi du rôle de facilitateur joué par le Conseil de sécurité.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est félicitée de l’adoption de la résolution et a estimé que l’appui du Conseil de sécurité et de la nouvelle mission sera essentiel au succès de l’Accord de paix.  Elle a rappelé qu’il y a un peu plus d’une semaine, le Conseil avait salué le jalon que constituait le dépôt des dernières armes par les FARC-EP.  L’Éthiopie est bien consciente que la Colombie n’en est encore qu’au début d’un processus long et ardu et que les élections générales de 2018 peuvent représenter un risque.  Il est donc essentiel, a conseillé la représentante, que la Colombie garde le cap.  L’Éthiopie continuera de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix. 

« Nous aimerions que l’ONU remporte plus souvent de tels succès », a déclaré Mme HANNA HALCHENKO (Ukraine), appelant à tirer les leçons de la crise colombienne et à s’en inspirer.  À cette fin, la déléguée a estimé que la réinsertion et la réintégration des groupes armés étaient un facteur clef de réussite, devant être menées en accordant une « attention particulière aux groupes les plus vulnérables ».

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a salué les efforts tant du Gouvernement que des FARC, estimant que les deux parties méritent le soutien du Conseil de sécurité.  Pour le représentant, la visite en mai dernier du Conseil a certainement contribué à la réussite du processus en cours.  Il a appelé à une réintégration effective des anciens combattants des FARC-EP dans le tissu socioéconomique du pays.

« Mon pays s’enorgueillit d’avoir été coauteur de la résolution 2366 (2017) », a déclaré M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie).  Soulignant l’exemplarité du processus de paix en Colombie, le délégué a insisté sur l’importance et le défi que représentent le maintien d’un « dialogue permanent » entre les parties et la « réintégration économique, politique et sociale » des FARC-EP.  De ce point de vue, a-t-il mis en garde, les assassinats de membres des FARC ou de leurs familles, les activités économiques illicites et les appels à la haine lancés par certains représentants démontrent la difficulté du processus de paix et l’ampleur des défis qui attendent le pays.

Au cours de l’année écoulée, le processus de paix en Colombie a « beaucoup progressé », s’est félicité M. LIU JIEYI (Chine), tout en saluant le Président de la Colombie et les FARC-EP pour leurs efforts réciproques en faveur de la paix.  Aux yeux du délégué chinois, la résolution d’aujourd’hui permettra de soutenir efficacement la mise en œuvre de l’Accord de paix qui contribue non seulement à la paix en Amérique latine, mais représente également un exemple pour l’ensemble de la communauté internationale.  « Nous espérons que les parties continueront sur cette voie », a déclaré le représentant, avant d’insister pour que l’initiative du processus de paix demeure entre les mains des Colombiens, que la communication entre les deux parties ne faiblisse pas et qu’un mécanisme de vérification de la mise en œuvre de l’Accord de paix soit mis en place.  La Chine, a-t-il dit, est prête à apporter sa contribution à la pérennisation de la paix en Colombie.

« Très émue », Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a remercié le Conseil pour avoir adopté aujourd’hui sa « troisième résolution en faveur de la paix en Colombie » et fait preuve d’unité sur cette question depuis un an et demi.  Elle a estimé que la visite que le Conseil a effectuée en Colombie au mois de mai lui avait permis de comprendre la réalité colombienne, la force des institutions nationales et le désir de paix et de réintégration, mais aussi les défis restant à relever.

Il est donc fondamental d’appuyer les efforts de la Colombie pour consolider la paix et édifier une société prospère et moderne sur l’ensemble du territoire national, a ajouté la Ministre, « ce qui est notre défi principal ».  Une meilleure participation politique, une plus grande équité et une justice plus inclusive seront les éléments fondamentaux du pays que nous voulons, a-t-elle poursuivi, avant de décrire « un pays qui offre des opportunités, qui connaît la croissance, qui éduque et qui, plus encore, se réconcilie et prône la tolérance ».  Cette perspective est celle d’une nation qui cherche à surmonter la dynamique du conflit et de la violence qui a prévalu pendant des dizaines d’années, a encore rappelé Mme Holguín Cuéllar. 

La résolution est adoptée alors que les FARC-EP ont déposé toutes leurs armes dans le cadre d’un processus largement favorisé par la première mission des Nations Unies en Colombie, a poursuivi la Ministre.  La seconde mission créée aujourd’hui sera plus réduite, avec un mandat plus spécifique, a-t-elle rappelé, avant d’affirmer que le processus de paix « a été construit entre Colombiens et pour les Colombiens ».  Elle a reconnu qu’il avait donné lieu à un « débat animé » mais a ajouté que les Colombiens commençaient à voir les avantages de la paix, surtout dans les zones rurales.

Mme Holguín Cuéllar a également rappelé que le processus de paix et de réconciliation présentait des caractéristiques très singulières, notamment la participation des victimes à la négociation et le fait qu’elles soient au centre du processus, une « première » mondiale.  Elle a rappelé également que les forces militaires avaient elles aussi participé au processus, et que 70% de l’Accord de paix porte sur des mesures qui entraîneront des changements socioéconomiques en Colombie.

La Ministre a remercié une nouvelle fois les Gouvernements de la Norvège et de Cuba, garants de l’Accord, ceux du Venezuela et du Chili, accompagnateurs du processus, ainsi que le Secrétaire général, l’ensemble du personnel de la Mission spéciale en Colombie et notamment son Chef, M. Jean Arnault.  Elle a conclu en réaffirmant la volonté de son gouvernement de tout faire pour assurer une pleine mise en œuvre de l’Accord de paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC adopte des recommandations de ses organes subsidiaires dont certaines seront soumises au Forum politique de haut niveau

Session de 2017,
42e séance – matin
ECOSOC/6854

L’ECOSOC adopte des recommandations de ses organes subsidiaires dont certaines seront soumises au Forum politique de haut niveau

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, ce matin, ses deux jours de réunion de coordination et d’organisation entamée hier en entendant des présentations sur les activités de six de ses organes subsidiaires et en adoptant des résolutions et décisions que ces derniers lui ont recommandées.  Le Comité d’experts de l’administration publique, le Forum des Nations Unies sur les forêts, la Commission de la population et du développement, le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) figurent parmi ceux qui ont présenté leurs rapports d’activités aujourd’hui.

Après l’examen du rapport du Comité d’experts de l’administration publique, l’ECOSOC a prié celui-ci de continuer de placer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au cœur de ses travaux.  Dans la résolution adoptée, le Conseil a mis l’accent sur le rôle des gouvernements, des organisations internationales, régionales et autres, ainsi que des chercheurs, pour mettre au point des outils pratiques destinés à aider les décideurs à élaborer des politiques et plans intégrés en vue de réaliser les objectifs de développement durable.

De fait, « de nombreux pays sont en train de mettre à jour leurs stratégies, politiques, institutions et modalités nationales pour pouvoir mettre en œuvre les objectifs de développement durable », a noté le Président de la seizième session du Comité d’experts de l’administration publique, M. José Castelazo. 

Toutefois, a-t-il relevé, des questions se posent sur la manière de transformer les institutions pour que les gouvernements puissent jouer un rôle efficace et central dans la réalisation du développement durable.  En lien avec cette observation, la résolution adoptée par l’ECOSOC invite les gouvernements à lancer des initiatives visant à renforcer la sensibilisation et l’adhésion des fonctionnaires de tous niveaux aux principes énoncés dans le Programme 2030, et à les encourager à jouer un rôle de chef de file, à innover et à faire changer les choses.

L’ECOSOC encourage aussi les États à mettre en place un système de gouvernement ouvert en tant que modèle de gouvernance privilégiant les citoyens et instaurant une relation nouvelle entre l’administration publique et la société.

Les recommandations du Comité d’experts sont soumises au Forum politique de haut niveau sur le développement durable qui se tiendra la semaine prochaine au Siège de l’ONU.

Le suivi du financement du développement est une autre question qui intéressera le Forum politique de haut niveau.  L’ECOSOC, qui examinait aujourd’hui le rapport du Forum du Conseil économique et social sur ce sujet, a souligné à cet égard l’importance des questions transversales, notamment la concrétisation de l’égalité des sexes et la mobilisation des ressources publiques intérieures.  Dans le texte adopté, l’ECOSOC souligne aussi l’utilité des moteurs que constituent les entreprises et les financements privés aux niveaux national et international.

En examinant le rapport du Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, l’ECOSOC a entendu les inquiétudes du Ghana et du Royaume-Uni, vice-présidents du Conseil de coordination, qui se sont particulièrement inquiétés d’un déficit de financement de 7 millions de dollars, soit 28% du budget de base de 2016, pour ce programme.

Dans la résolution adoptée à ce sujet, l’ECOSOC demande instamment au Programme commun de continuer à soutenir la mise en œuvre intégrale, efficace et rapide de la « Stratégie d’ONUSIDA pour 2016-2021: accélérer la riposte pour mettre fin au sida » et la « Déclaration politique de 2016 sur le VIH et le sida: accélérer la riposte pour lutter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 ».

Par ce texte, il engage les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile, les communautés locales, le secteur privé et d’autres parties prenantes à redoubler d’efforts sans plus attendre en vue d’atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie et dans la Déclaration, « sans lesquels les objectifs de développement durable ne pourront être atteints ».

L’ECOSOC a par ailleurs pris note du rapport du Forum des Nations Unies sur les forêts concernant les travaux de sa douzième session et approuvé l’ordre du jour provisoire de sa treizième session. 

Dans sa résolution sur les « Établissements humains », l’ECOSOC a pris note du rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat et les préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III). 

Enfin, sur recommandation de la Commission de la population et du développement, l’ECOSOC a décidé qu’à partir de sa cinquante-troisième session, en 2020, la Commission devrait adopter un cycle quadriennal pour l’examen et l’évaluation de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, dans le cadre d’un programme de travail pluriannuel aligné sur le thème principal de l’ECOSOC et celui du Forum politique de haut niveau.

Le Comité a également approuvé la demande de neuf organisations qui ont exprimé le vœu d’être entendues au débat de haut niveau de l’ECOSOC de la session de 2017, qui se tiendra la semaine prochaine au même moment que le Forum politique de haut niveau, soit du 10 au 14 juillet.

QUESTIONS RELATIVES À L’ÉCONOMIE ET À L’ENVIRONNEMENT

Administration publique et développement

M. JOSÉ CASTELAZO, Président de la seizième session du Comité d’experts de l’administration publique, est intervenu en direct depuis Mexico pour présenter le rapport sur les travaux de la seizième session du Comité, tenue du 24 au 28 avril 2017 à New York.  Il a expliqué que de nombreux pays sont en train d’identifier et de mettre à jour leurs stratégies, politiques, institutions et modalités nationales pour pouvoir mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Toutefois, a-t-il relevé, des questions se posent sur la manière de transformer les institutions pour que les gouvernements puissent jouer un rôle efficace et central dans la réalisation du développement durable.  Il a indiqué qu’il n’y a pas un plan unique pour consolider les institutions.  « En tant qu’experts, nous ne tentons pas d’un dresser un. »

M. Castelazo a mentionné les normes d’administration publique largement acceptées qui pourraient jouer un rôle important dans la réussite des réformes administratives.  Ces normes, a-t-il précisé, devraient être insérées dans les processus de transformation institutionnelle pour appuyer les objectifs de développement durable.  L’une de ces normes est l’institutionnalisation de la participation et de l’engagement.  Elle vise à garantir que les différentes parties de la société civile puissent faire entendre leur voix.  « Nous encourageons les gouvernements à informer et faire participer les parlements dans les domaines du développement durable dans lesquels ces derniers n’ont pas encore joué un rôle proactif. » 

Les experts du Comité ont aussi observé que la réalisation des objectifs de développement durable était étroitement liée à l’offre de services publics.  À leur avis, les questions du renforcement des capacités et de la gestion des ressources budgétaires pour la mise en œuvre du Programme 2030 devraient être abordées de manière prioritaire.  Des efforts concertés sont également nécessaires pour que les institutions et les fonctionnaires à tous les niveaux s’approprient les objectifs et participent à la sensibilisation à leur égard, notamment grâce à des partenariats avec la société civile et le secteur privé.  L’état de droit et la bonne gestion des ressources humaines sont également importants, a ajouté le Président du Comité.

Il a poursuivi sa présentation en indiquant que le Comité avait discuté de manière approfondie de l’élimination de la pauvreté par la promotion du développement durable et l’augmentation des opportunités.  « Nous avons soumis nos contributions au Forum politique de haut niveau à ce sujet », a-t-il annoncé avant de souligner que les autorités locales et les communautés ont un rôle critique à jouer pour parvenir à ces objectifs.  Le défi est de savoir comment les soutenir et les équiper pour qu’elles contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable.  Les experts du Comité ont estimé que, pour mieux répondre aux attentes des populations, il pouvait être utile de transférer le rôle de mise en œuvre du gouvernement central aux autorités locales et aux autres agences ou institutions.  Il est aussi important que toutes ces autorités travaillent ensemble dans un esprit de collaboration et de partenariat.

Le Président du Comité d’experts de l’administration publique a conclu sa présentation en indiquant que le Comité avait entrepris de définir des principes volontaires pour une gouvernance efficace en vue d’atteindre le développement durable, en reflétant au mieux le Programme 2030 et d’autres accords pertinents des Nations Unies.

Adoption d’une résolution et d’une décision sur les recommandations contenues dans le rapport

En adoptant la résolution recommandée par le Comité d’experts de l’administration publique, l’ECOSOC a pris note du rapport du Comité sur les travaux de sa seizième session (E/2017/44-E/C.16/2017/8) et invité celui-ci à continuer de placer le Programme de développement durable à l’horizon 2030  au cœur de ses travaux.  Il s’est aussi félicité de la contribution du Comité au Forum politique de haut niveau pour le développement durable.

L’ECOSOC, dans ce texte, invite les États Membres à faire en sorte que les politiques visant la réalisation des objectifs de développement durable soient élaborées de manière participative, inclusive et concertée.  Il invite les gouvernements, les organisations internationales, régionales et autres, ainsi que les chercheurs à mettre au point des outils pratiques pour aider les décideurs à élaborer des politiques et plans intégrés en vue de réaliser les objectifs de développement durable compte tenu des liens d’interdépendance entre les cibles.

Un autre but poursuivi par l’ECOSOC dans cette résolution est de « promouvoir le rôle de chef de file du secteur public ».  À ce titre, il invite les gouvernements à lancer des initiatives visant à renforcer la sensibilisation et l’adhésion des fonctionnaires de tous niveaux aux principes énoncés dans le Programme 2030, et à les encourager à jouer un rôle de chef de file, à innover et à faire changer les choses.

Le texte couvre aussi les actions à mener pour la « fourniture d’un appui et de moyens aux administrations locales », pour « l’examen des progrès accomplis » et pour « l’élaboration de principes de bonne gouvernance ».  Ainsi, l’ECOSOC réaffirme que les États sont responsables de la réalisation des objectifs de développement durable vis-à-vis de leur population.  Il encourage les États à mettre en place un système de gouvernement ouvert en tant que modèle de gouvernance privilégiant les citoyens et instaurant une relation nouvelle entre l’administration publique et la société.

Il invite également le Comité à continuer de fournir des conseils sur les méthodes et pratiques relatives aux institutions, aux politiques et aux dispositifs mis en place pour favoriser la réalisation des objectifs de développement durable, en gardant à l’esprit que les circonstances et situations varient grandement d’un pays à l’autre, ainsi que des conseils sur les moyens de rendre les institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.

L’ECOSOC s’adresse aussi au Secrétaire général en le priant de continuer de promouvoir et d’encourager, dans les services publics, l’innovation et l’excellence en faveur du développement durable en décernant le Prix des Nations Unies pour la fonction publique.

L’ECOSOC a ensuite adopté une décision par laquelle il a approuvé l’ordre du jour provisoire de la dix-septième session du Comité d’experts de l’administration publique.

Forum des Nations Unies sur les forêts

Le rapport sur les travaux de la douzième session (25 avril 2016 et du 1er au 5 mai 2017) du Forum des Nations Unies sur les forêts a été présenté par M. PETER BESSEAU (Canada) qui a expliqué que le Forum avait examiné les contributions des forêts à la mise en œuvre des objectifs de développement dans le domaine notamment de la sécurité alimentaire et de la gestion durable des forêts.  Le Forum a aussi discuté des moyens d’accentuer la contribution des forêts à l’éradication de la pauvreté, des moyens de renforcement de la coopération internationale sur les  forêts,  et des initiatives nationales et régionales sur les forêts.  M. Besseau a précisé que toutes ces contributions avaient été transmises au Forum politique de haut niveau. 

Adoption d’une décision sur les recommandations contenues dans le rapport

L’ECOSOC a adopté une décision pour prendre note du rapport (E/2017/42-E/CN.18/2017/8) du Forum des Nations Unies sur les forêts concernant les travaux de sa douzième session et pour approuver l’ordre du jour provisoire de la treizième session du Forum. 

Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies: Suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement

Décision sur les recommandations contenues dans le rapport

Après avoir examiné le rapport du Forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement (E/FFDF/2017/3), qui a réuni des ministres et hauts représentants à New York, au Siège de l’ONU, du 22 au 25 mai 2017, le Conseil a décidé de transmettre au Forum politique de haut niveau les conclusions et recommandations arrêtées sur le plan intergouvernemental et contenues dans le rapport.

Ces recommandations ont trait au suivi et à l’examen des résultats du financement du développement et des moyens de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Elles mettent l’accent sur l’importance des questions transversales, notamment la concrétisation de l’égalité des sexes, et de la mobilisation des ressources publiques intérieures.  Ces recommandations soulignent l’utilité des moteurs que constituent les entreprises et financements privés aux niveaux national et international.  Elles s’appuient aussi sur la coopération internationale pour le développement, ainsi que sur le commerce international comme moteur du développement.

Ces conclusions abordent en outre les questions relatives à la dette et sa viabilité; au règlement des problèmes systémiques; à la science, la technologie, l’innovation et le renforcement des capacités; et aux données, au contrôle et au suivi.

La représentante des États-Unis a pris la parole pour confirmer la position qu’elle avait exprimée lors de la conférence, à savoir qu’elle se dissocie de certaines recommandations du rapport.

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: établissements humains

Présentant les éléments saillants du rapport (A/72/8) de la vingt-sixième session (8-12 mai 2017) du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), M. FILIEP DECORTE, Directeur du bureau new-yorkais d’ONU-Habitat, a précisé que le Conseil d’administration avait adopté neuf résolutions au cours de cette session.  Il a mis l’accent sur la résolution 26.3 concernant le Plan stratégique révisé pour la période 2014-2019 et le programme de travail et budget d’ONU-Habitat pour l’exercice biennal 2018-2019.  Il a aussi parlé de la résolution 26.8 qui exhorte le Directeur exécutif à assurer une gestion efficace et responsable des ressources pour qu’ONU-Habitat puisse remplir son rôle de coordonnateur dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes en fournissant aux États Membres l’appui technique dont ils ont besoin pour mener à bien ce programme.

Il a aussi noté que la résolution 26.6 se félicite que le Gouvernement malaisien et la ville de Kuala Lumpur aient proposé d’accueillir la neuvième session du Forum urbain mondial qui se tiendra du 7 au 13 février 2018, proposition qui a été retenue, et que le Gouvernement des Émirats arabes unis ait été choisi pour accueillir la dixième session du Forum à Abou Dhabi en 2020. 

Par ailleurs, il a précisé que le rapport du Secrétaire général sur la « Mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat » (E/2017/61) s’achève par quatre recommandations aux États Membres, dont la première les invite à œuvrer à l’exécution du Nouveau Programme pour les villes, adopté à la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), tenue à Quito en 2016, en s’appuyant sur le Programme pour l’habitat, adopté à la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains, tenue à Istanbul (Turquie) en 1996.

Il est aussi recommandé aux États Membres d’apporter leur appui, en particulier financier, à l’action que mène ONU-Habitat en tant que coordinateur des questions relatives à l’urbanisation durable et au développement durable des établissements humains, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation du Nouveau Programme pour les villes, en collaboration avec d’autres entités des Nations Unies.

Les deux autres recommandations sont d’inciter les autorités nationales à jouer un rôle moteur dans la définition et l’élaboration des politiques urbaines nationales, et de renforcer les autorités infranationales et locales aux fins de la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.

Pour conclure sa présentation, M. Decorte a rappelé que l’urbanisation durable est vue comme un élément clef dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Résolution et décision

Au titre de la résolution intitulée « Établissements humains » (E/2017/L.26), adoptée sans vote après sa présentation par le représentant de l’Équateur, le Conseil économique et social a pris note du rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat et les préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III).  Il a décidé de transmettre le rapport du Secrétaire général à l’Assemblée générale pour qu’elle l’examine.

En outre, l’ECOSOC rappelle que le Secrétaire général fera rapport sur les progrès de la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, tous les quatre ans, et attend avec intérêt le premier rapport qui doit être présenté à l’Assemblée générale en 2018, par l’intermédiaire du Conseil économique et social.

Après l’adoption, le représentant du Kenya a souligné l’importance de ce texte qui permettra de saisir l’Assemblée générale pour examiner le premier rapport sur les progrès de la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes après l’adoption de ce programme à Quito.

L’ECOSOC a ensuite adopté une décision pour prendre note du rapport du Conseil d’administration d’ONU-Habitat sur les travaux de sa vingt-sixième session (A/72/8).

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)

Présentant le rapport du Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (E/2017/62), M. MORTEN USSING, Chef de la gouvernance et des affaires multilatérales d’ONUSIDA, a rappelé qu’en octobre 2015, le Conseil de coordination d’ONUSIDA avait adopté une Stratégie pour 2016-2021 destinée à offrir des orientations à la lutte mondiale contre le sida.  Ce fût la première stratégie du système des Nations Unies à s’aligner sur les objectifs de développement durable. 

Il s’est félicité de la forte augmentation du nombre de personnes de tous âges ayant eu accès au traitement antirétroviral après 2005, pour atteindre 18,2 millions de personnes à la mi-2016, dépassant ainsi l’objectif des 15 millions fixé dans la Déclaration politique sur le VIH et le sida intitulée « Intensifier nos efforts pour éliminer le VIH et le sida », adoptée en 2011 et critiquée à l’époque pour son « ambition démesurée ». 

Dans le même temps, le nombre de décès liés au sida a baissé de 45%, passant d’un pic de 2 millions en 2005 à 1,1 million en 2015.  La réduction des cas d’infection à VIH chez les enfants enregistre également des progrès constants, exploit attribuable au « Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie ».  Malgré les progrès, M. Ussing a noté que trop souvent les services de prévention n’étaient pas assez renforcés et qu’il y avait un lien évident entre les progrès constatés et le niveau d’investissement au niveau domestique.  Il a signalé que 18 millions de personnes attendent encore un traitement et que des populations entières sont laissées pour compte à cet égard.  

Après cette présentation, le représentant de l’Allemagne a fait remarquer que la santé mondiale et l’éradication du VIH/sida étaient au cœur des objectifs de développement durable.  Il a appelé à garantir la meilleure riposte cordonnée possible pour éradiquer le VIH/sida d’ici à 2030, jugeant indispensable que le Programme commun s’impose comme un modèle de coopération internationale. 

La représentante de l’Estonie a rappelé que le VIH/sida était un enjeu existentiel pour de nombreux États il y a quelques années.  Malgré des progrès considérables observés grâce à l’action d’ONUSIDA, de nombreux défis persistent encore aujourd’hui, a-t-elle observé avant de conseiller de se concentrer sur des éléments spécifiques pour faire face à ces défis.  Elle s’est inquiétée des nouveaux cas d’infection parmi les populations vulnérables en notant que les cas de tuberculose et d’autres épidémies sont à la hausse.  « Nous devons nous pencher sur la question du dépistage précoce pour permettre aux personnes touchées de mener leur vie de famille et leur carrière professionnelle dans les meilleures conditions possibles.

Le représentant du Zimbabwe a noté que, malgré les progrès, l’épidémie restait un fléau menaçant dans les pays touchés.  Il a appelé à faire preuve d’une volonté politique et d’un engagement financier sans précédent pour atteindre l’objectif visé.  Il s’est particulièrement inquiété de l’impact disproportionné du VIH/sida sur les jeunes femmes au Zimbabwe, en estimant que cela posait la question de l’inégalité entre les sexes.  Il a jugé pertinentes les cibles « 90-90-90 » d’ONUSIDA, qui font partie intégrante de sa Stratégie pour 2016-2021, qu’il a vue comme un cadre de référence partagé.  Le but est d’arriver à ce que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur sérologie, que 90% des personnes séropositives reçoivent un traitement antirétroviral et que 90% des personnes sous traitement antirétroviral aient une charge virale indétectable, a-t-il rappelé.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer l’accès des populations vulnérables aux traitements.

Décision sur le projet de résolution

Avant l’adoption, les représentants du Ghana et du Royaume-Uni, en leur qualité de vice-présidents du Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, se sont particulièrement inquiétés d’un déficit de financement de 7 millions de dollars, soit 28% du budget de base de 2016.  À l’instar du représentant des États-Unis, ils ont appelé les États Membres à consentir des efforts supplémentaires pour que les ressources engagées pour la mise en œuvre du Programme soient à la hauteur des ambitions de la Déclaration politique sur le VIH et le sida, une condition nécessaire si l’on veut pouvoir atteindre l’objectif d’éradication du VIH/Sida d’ici à 2030.

En adoptant sans vote la résolution intitulée « Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida » (E/2017/L.27), l’ECOSOC demande instamment au Programme commun de continuer à soutenir la mise en œuvre intégrale, efficace et rapide de la « Stratégie d’ONUSIDA pour 2016-2021: accélérer la riposte pour mettre fin au sida » et la « Déclaration politique de 2016 sur le VIH et le sida: accélérer la riposte pour lutter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 ».

Par ce texte, il engage les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile, les communautés locales, le secteur privé et d’autres parties prenantes à redoubler d’efforts sans plus attendre en vue d’atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie pour 2016-2021 et dans la Déclaration politique de 2016, sans lesquels les objectifs de développement durable ne pourront être atteints.

Il constate qu’il faut continuer à combler le déficit de moyens nécessaires à la lutte contre le VIH et le sida, conformément au principe de responsabilité partagée et de solidarité mondiale.  Il encourage les pays à consacrer davantage de ressources, aux niveaux national et international, aux mesures prises pour combattre le HIV/sida.  Il insiste sur la nécessité d’agir pour garantir à tous les niveaux le respect du principe de responsabilité et de la viabilité à l’échelle des politiques, des programmes et du financement.

Adoption de l’ordre du jour et autres questions d’organisation (E/2017/73)

Le Comité a approuvé la liste des neuf organisations ci-après qui ont demandé à être entendues au débat de haut niveau de l’ECOSOC de la session de 2017:

- Centre européen de recherche et de prospective politique

- International Committee for Peace and Reconciliation

- International Federation of Medical Students Associations

- IOGT International

- IUS PRIMI VIRI International Association

- La manif pour tous

- Legião da Boa Vontade

- Rural Development Institute

- Yakutia – Our Opinion

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: population et développement

La Présidente de la Commission de la population et du développement, Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI, a présenté le rapport (E/2017/25) de la cinquantième session de la Commission qui s’est focalisée sur la croissance et la structure par âge de la population.  Les différents intervenants ont souligné les changements à long terme dans la structure par âge de la population et leur impact sur les différents aspects du développement durable.  La Présidente a signalé un large consensus au sein des membres de la Commission sur l’importance de prendre en compte ces changements démographiques au moment où les États Membres entreprennent la mise en œuvre du Programme 2030. 

Pour la première fois, au sein de la Commission, les États Membres ont partagé leurs propres expériences de mise en œuvre, au cours du segment relatif aux « présentations nationales volontaires ». 

En dépit de longues séances informelles de consultations, les États Membres n’ont pas pu parvenir à un consensus sur toutes les questions du projet de résolution sur le thème spécifique de la cinquantième session, a indiqué la Présidente en expliquant pourquoi elle avait retiré le texte qu’elle avait proposé.  Elle a cependant reçu l’autorisation de la Commission de préparer un résumé des délibérations sur le projet de résolution, résumé qui figure dans le rapport de la session.

La cinquantième session de la Commission a aussi été l’occasion de faire le suivi de la résolution de 2016 de la Commission sur ses méthodes de travail et de présenter à l’ECOSOC deux projets de décision sur le programme de travail pluriannuel de la Commission et le rapport du Secrétaire général sur le flux de ressources financières pour garantir l’aide à la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.

Décisions sur les recommandations contenues dans le rapport

L’ECOSOC a pris note du rapport de la Commission de la population et du développement sur les travaux de sa cinquantième session (E/2017/25) et a approuvé l’ordre du jour provisoire de la cinquante et unième session de la Commission.  

Il a pris une autre décision pour demander au Fonds des Nations Unies pour la population, en consultation avec le Secrétariat, de fournir, dans le contexte du rapport sur les flux de ressources financières qui sera présenté à la cinquante et unième session en 2018, 45 jours au minimum avant le début de la session, des informations sur une révision éventuelle des méthodes, des catégories et des sources de données utilisées comme base pour l’établissement du rapport, avec des recommandations techniques concernant, notamment, la portée, la structure et la périodicité futures de ce rapport.

Toujours sur recommandation de la Commission de la population et du développement, l’ECOSOC a décidé qu’à partir de sa cinquante-troisième session, en 2020, la Commission devrait adopter un cycle quadriennal pour l’examen et l’évaluation de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et de sa contribution au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans le cadre d’un programme de travail pluriannuel aligné sur le thème principal de l’ECOSOC et celui du Forum politique de haut niveau organisé sous les auspices du Conseil.

Recommandations

L’ECOSOC a ensuite pris note de la décision de la Commission de la population et du développement sur le thème spécial de sa cinquante et unième session, en 2018, qui portera sur « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales », et sur le thème spécial de sa cinquante-deuxième session, en 2019, qui sera le suivant: « Examen et évaluation du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et de sa contribution au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

L’ECOSOC a également pris note du rapport du Secrétaire général intitulé « Exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2016: Division de la population (Département des affaires économiques et sociales) », et de la Note du Secrétariat sur le projet de programme de travail de la Division de la population (Département des affaires économiques et sociales), pour la période 2018-2019.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence sur l’interdiction des armes nucléaires entre « dans les annales de l’Histoire » en adoptant un traité attendu depuis 70 ans

Conférence sur les armes nucléaires,
28e et 29e séances, Matin & après-midi
CD/3723

La Conférence sur l’interdiction des armes nucléaires entre « dans les annales de l’Histoire » en adoptant un traité attendu depuis 70 ans

Ovation debout, tonnerre d’applaudissements, acclamations pour un document attendu depuis 70 ans.  Les participants à la Conférence pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires ont adopté par 122 voix pour, l’opposition des Pays-Bas et l’abstention de Singapour, un traité qui rend illégales les dernières armes de destruction massive à ne pas faire l’objet d’une interdiction, au cours d’une réunion qui « entrera dans les annales de l’Histoire comme l’un des moments les plus importants dans la poursuite de la paix ». 

L’article 1 du traité dit: « Chaque État Partie s’engage à ne jamais, en aucune circonstance » mettre au point, mettre à l’essai, transférer, employer ni menacer d’employer des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires.  Les 24 alinéas du préambule et les 20 articles du traité, adoptés en l’absence des États nucléaires, seront ouverts à la signature « de tous les États » au Siège de l’ONU, à New York, à compter du 20 septembre 2017.  Le traité entrera en vigueur 90 jours après le dépôt du cinquantième instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion.

« Nous allons quitter cette salle aujourd’hui avec la satisfaction du devoir accompli », a déclaré la Présidente de la Conférence, Mme Elayne Whyte Gómez, du Costa Rica, « forts du désir des peuples du monde entier de forger un monde sans armes nucléaires ».

L’excitation était palpable dans la salle archicomble de la Conférence.  Journalistes du monde entier, caméras et appareils photos panotaient entre la tribune et les deux survivants d’Hiroshima venus assister, visiblement émus, à l’adoption du texte: Mme Setsuko Thurlow, Ambassadrice de la paix d’Hiroshima, et M. Toshiki Fujimori, Secrétaire général adjoint de la Confédération japonaise de l’organisation des victimes des bombes A et H (Hidankyo).

« Nous sommes sur le point de dire aux “Hibakusha” qu’après tant de décennies, nous avons enfin jeté les bases d’un monde sans armes nucléaires », a poursuivi Mme Elayne Whyte Gómez.  « Nous sommes sur le point de dire à nos enfants que, oui, il est possible d’hériter d’un monde exempt d’armes nucléaires », a-t-elle insisté, avant de saluer les négociateurs pour avoir travaillé « sans relâche ».

La Présidente a ensuite sanctionné d’un coup de marteau l’adoption du « projet de traité sur l’interdiction des armes nucléaires », seules armes de destruction massive à ne pas être considérées, jusqu’ici, comme illégales.  Dans un tonnerre d’applaudissements de plusieurs minutes, en ovation debout et parmi les cris d’acclamation de la société civile, la salle et la Présidente n’ont pas vu la demande de parole des Pays-Bas.

« Nous n’acceptons pas l’adoption par consensus du projet de traité et demandons une mise aux voix », a annoncé la représentante néerlandaise, devant un auditoire médusé et soudain silencieux.  Après l’adoption du texte à une majorité écrasante de 122 voix, l’opposition des Pays-Bas et l’abstention de Singapour, les applaudissements et les manifestations d’enthousiasme ont repris de plus belle. 

Ce texte, s’est expliquée la représentante des Pays-Bas, est incompatible avec les obligations d’un membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  Elle a dénoncé un traité « au libellé peu clair », notamment en ce qui concerne les interdictions et les garanties.  « Ce texte aurait dû compléter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », a-t-elle martelé.  Or, il se présente plutôt comme « supérieur » à ce dernier. 

L’adoption du traité ponctue plus de trois semaines de négociations intenses, marquées par les apports significatifs de la société civile et la présence médiatisée de plusieurs survivants d’Hiroshima et de Nagasaki – les « Hibakusha », dont le traité reconnaît les souffrances.  Au fil des négociations, entamées le 15 juin dernier, ce qui était un projet de convention est devenu un projet de traité.

Le délégué de Singapour, seul État à s’être abstenu, a regretté que les propositions de son pays concernant les libellés de l’article 7, sur la coopération et l’assistance internationales, et l’article 18, sur les relations avec d’autres accords, n’aient pas été prises en compte dans le texte définitif.  « Il aurait fallu que l’on fasse davantage d’efforts pour avoir des libellés justes et éviter toute mauvaise interprétation du texte », a-t-il ajouté, déplorant des négociations trop courtes.

Les autres négociateurs n’ont pas boudé leur plaisir.  « Aujourd’hui, 7 juillet 2017, entrera dans les annales de l’Histoire comme l’un des moments les plus importants de la poursuite de la paix », a affirmé le représentant de l’Équateur.  Ils ont mis en évidence trois principaux ajouts, fruits du consensus obtenu lors de ces dernières semaines. 

Les représentants de l’Afrique du Sud, de Cuba, de l’Iran et du Brésil ont ainsi salué l’inclusion, au nombre des interdictions de l’article 1, de la « menace de l’emploi des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires ». 

De nombreuses délégations ont salué la reconnaissance, au paragraphe 6 de l’article 7 sur la coopération et l’assistance internationales, de la responsabilité de tout « État Partie qui a utilisé ou mis à l’essai des armes nucléaires ou tout autre dispositif explosif nucléaire de fournir une assistance suffisante aux États Parties touchés aux fins d’assistance aux victimes et de remise en état de l’environnement ».  Cette disposition est particulièrement importante pour nous, qui avons fait l’objet de 67 essais entre 1946 et 1958, a déclaré la représentante des Îles Marshall, ajoutant que son peuple avait porté « un fardeau plus lourd qu’aucun autre ».

La plupart des délégations ont salué la « souplesse » de l’approche adoptée dans les articles 3 et 4 sur les garanties et l’élimination des armes nucléaires, qui permettent aux puissances nucléaires de devenir États parties au traité avant même d’avoir procédé à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires, et à condition de s’engager sur la voie vérifiable de cette élimination.  « Certes nous regrettons l’absence des puissances nucléaires », a déclaré le délégué de l’Algérie, « mais nous saluons le fait que la porte reste ouverte ». 

Plusieurs délégations ont reconnu que le texte de compromis était loin d’être parfait, regrettant notamment l’absence, dans l’article 1, d’une mention explicite à l’interdiction du transit des armes nucléaires, ainsi qu’à l’interdiction de tout type d’essais nucléaires.  Selon le représentant de l’Iran, le texte actuel pourrait en effet « inciter les puissances nucléaires à procéder à des essais par simulation informatique ». 

Ce dernier aurait également souhaité que le préambule considère l’utilisation de l’arme nucléaire comme un crime contre l’humanité.  Le délégué iranien a aussi regretté l’absence, dans le préambule, d’une référence à la modernisation des arsenaux nucléaires.  « Il ne faudrait pas oublier que la course à l’armement nucléaire est précisément le fruit de ces activités de modernisation », a-t-il dit. 

La Conférence s’est conclue par un discours émouvant de Mme Setsuko Thurlow, l’un des deux « Hibakusha » présents à la réunion.  « Honnêtement, je n’avais jamais pensé que je vivrais suffisamment longtemps pour vivre ce moment », a déclaré l’Ambassadrice de la paix d’Hiroshima.  « L’arme nucléaire a toujours été une arme immorale, et aujourd’hui, c’est une arme illégale. »

* A/CONF.229/2017/L.3/Rev.1

ADOPTION DU PROJET DE TRAITÉ SUR L’INTERDICTION DES ARMES NUCLÉAIRES DÉPOSÉ PAR LE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE (A/CONF.229/2017/L.3/REV.1)

En son article 1, le projet de traité dit: « Chaque État Partie s’engage à ne jamais, en aucune circonstance, mettre au point, mettre à l’essai, produire, fabriquer, acquérir de quelque autre manière, posséder ou stocker des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires; transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement, des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs; et accepter, ni directement ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs. »

L’article poursuit: « employer ni menacer d’employer des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires; aider, encourager ou inciter quiconque, de quelque manière que ce soit, à se livrer à une activité interdite à un État Partie par le présent Traité; demander ou recevoir de l’aide de quiconque, de quelque manière que ce soit, pour se livrer à une activité interdite à un État Partie par le présent Traité; et autoriser l’implantation, l’installation ou le déploiement d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires sur son territoire ou en tout lieu placé sous sa juridiction ou son contrôle. »

Explications de vote

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), la représentante d’El Salvador a rappelé que sa région est la première zone exempte d’armes nucléaires au monde.  Aujourd’hui, ces armes nucléaires sont frappées d’interdiction partout et leur utilisation est déclarée « crime contre l’humanité et violation du droit international et du droit international humanitaire ».  La seule mesure de précaution est donc leur élimination totale et il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui est « un jour historique », a-t-elle conclu.   

Au nom du Groupe des États arabes, la représentante du Liban a salué la Présidente de la Conférence pour avoir réussi à mener avec succès cette « tâche complexe et difficile ».  C’est « un moment historique » que nous attendions depuis 70 ans, après Hiroshima et Nagasaki.  Les pays arabes soulignent que leur soutien à ce texte est une approche collective en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La représentante a exhorté les pays dotés de l’arme nucléaire à s’impliquer dans l’élimination de ces armes de destruction massive et n’a pas manqué de relever qu’Israël, qui n’a pas pris part aux négociations, se terre dans son intransigeance et refuse de coopérer aux initiatives en faveur d’un monde pacifique.  Les projecteurs sont braqués, une fois de plus, sur l’importance qu’il y a à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a souligné la représentante.

Son homologue de l’Afrique du Sud a estimé que ce jour restera dans l’Histoire comme le jour où les États et la société civile ont fait un pas en avant pour libérer le monde de la menace des armes nucléaires.  Nous avons dit « plus jamais ça », s’est-elle félicitée car le désarmement est « un devoir moral » vis-à-vis de nos citoyens et de l’humanité.  L’archevêque Desmond Tutu, a confié la représentante, serait heureux de ce que nous avons fait ici.  Notre continent, a-t-elle avoué, a été soumis à de très « grosses pressions » pour ne pas participer aux négociations mais il a tenu bon pour pouvoir adopter un traité, à quelques jours de la Journée internationale Nelson Mandela, un homme qui a tant œuvré pour la paix.  C’est sous la direction de Nelson Mandela que la dénucléarisation de l’Afrique du Sud a été concomitante au processus national de démocratisation. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la déléguée de Trinité-et-Tobago a promis que les générations futures se souviendront de ce traité que la CARICOM s’engage à appliquer pleinement et a espéré que les autres régions feront de même.

Pour le représentant de Cuba, l’adoption du traité est le résultat de négociations qui ont commencé il y a 70 ans.  Il s’est réjoui d’un texte qui interdit non seulement l’utilisation des armes nucléaires mais aussi la menace d’y recourir.  La seule manière efficace de faire en sorte que l’humanité ne souffrira plus jamais des conséquences de ces armes est de les interdire tout simplement.  Le commandant Fidel Castro, s’est souvenu le représentant, avait déclaré, en 1979, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, qu’il fallait « mettre fin à ces armes qui peuvent tout détruire, excepté la faim ». 

Le représentant du Chili a estimé qu’hommage doit être rendu aux « collègues de la société civile » qui ont marqué « la cadence morale » de ces négociations, des décennies après la résolution 1 de l’Assemblée générale qui appelait déjà à l’interdiction des armes nucléaires.  Nous aurions voulu que ce traité ne soit pas mis aux voix mais cela ne mine en rien sa portée juridique, a-t-il souligné, en rappelant que même la Déclaration universelle des droits de l’homme avait été mise aux voix.  

Le délégué de la Colombie, qui a insisté pour que l’on libère une fois pour toutes le monde de la menace des armes nucléaires, a salué l’adoption d’un traité qu’il aurait tout de même souhaité plus complet sur certaines questions.

Pour son homologue du Costa Rica, on peut défendre des principes avec vigueur sans arme.  Il a remercié la Présidente de la Conférence et affirmé que la « démocratie a fait son apparition dans le cadre du désarmement nucléaire », car des États non dotés de l’arme nucléaire ont pu faire entendre leur voix.  Les racines du traité se trouvent à Hiroshima, Nagasaki et partout où ont eu lieu des essais nucléaires.  La seule arme que peuvent utiliser les États doit être le droit international, a-t-il plaidé.

Le représentant du Venezuela a salué l’effort diplomatique consenti par les délégations et déploré, une nouvelle fois, l’absence des puissances nucléaires.  Aucune doctrine militaire ne saurait justifier la « culture de la mort et de l’anéantissement », a-t-il taclé.

« Le monde a vécu sous le spectre de l’horreur atomique », a déclaré le représentant de la République islamique d’Iran.  Dans une région où le programme nucléaire israélien menace la paix, il a affirmé que son pays avait toujours été partisan d’un monde exempt d’armes nucléaires.  « C’est la seule garantie absolue et fiable contre l’utilisation et la menace d’utilisation des armes nucléaires », a-t-il insisté.  Quoique nous souhaitions la conclusion d’une convention globale sur l’élimination totale des armes nucléaires, notre position n’exclut pas l’adoption d’un traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a expliqué le délégué iranien.  C’est pourquoi nous avons soutenu ce texte.

Le traité adopté aujourd’hui devrait renforcer les instruments internationaux existants en comblant leurs lacunes, tout en évitant les doublons, a estimé le délégué.  « Nous n’avons pas ménagé nos efforts pour améliorer ce traité et nous sommes heureux de voir que certaines de nos suggestions ont été reprises », a-t-il lancé, mentionnant notamment l’inclusion dans le texte de l’interdiction de la menace d’utiliser l’arme nucléaire. 

Le représentant a toutefois estimé que certains points faisaient défaut pour que le traité soit véritablement « dépourvu de toute ambiguïté » et devienne un « instrument véritablement contraignant ».  Il aurait notamment souhaité que le préambule, « qui traite de tous les aspects humanitaires catastrophiques de l’utilisation de l’arme nucléaire », reconnaisse toute utilisation de l’arme nucléaire comme un crime contre l’humanité, ce que l’Assemblée générale reconnaît selon lui depuis des décennies.

Tout en se félicitant de l’interdiction de la menace de l’emploi de l’arme nucléaire dans l’article 1, le représentant a regretté l’absence de ce concept dans le préambule, de même que l’absence de référence aux activités de modernisation des arsenaux nucléaires.  « Il ne faudrait pas oublier que la course à l’armement nucléaire est précisément le fruit de ces activités de modernisation », a-t-il dit.  À ses yeux, cette modernisation et les déclarations de certaines puissances nucléaires, qui se sont dites prêtes à élargir leur arsenal nucléaire, sont en effet un appel à la course à l’armement.  

Par ailleurs, le délégué a estimé que l’article 1 du traité souffrait de l’absence d’une mention explicite à l’interdiction du transit des armes nucléaires, ainsi qu’à l’interdiction de tout type d’essais nucléaires.  Selon lui, le texte actuel pourrait en effet inciter les puissances nucléaires à procéder à des essais par simulation informatique.  Quant aux articles 2 à 4, le représentant a salué l’approche flexible qui consiste à encourager les puissances nucléaires à se rallier au traité.  « Nous espérons que ces bonnes intentions seront suivies d’effet », a-t-il ajouté. 

Malgré les insuffisances du texte, le représentant de l’Iran a déclaré avoir voté en faveur du traité, dont l’objectif principal bénéficie du « soutien sans faille » de son pays.  « Toutes nos obligations juridiques et nos positions politiques relatives à la non-prolifération demeureront inchangées et ne doivent pas être considérées comme ayant évolué après notre participation à cette Conférence », a-t-il par ailleurs précisé, avant de réaffirmer le soutien de son pays à l’élimination totale des armes nucléaires.

Le statut exceptionnel accordé jusqu’ici aux armes nucléaires ne peut être justifié et le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne peut pas non plus être interprété comme justifiant la détention ad vitam aeternam de l’arme nucléaire, a déclaré l’observateur de l’État de Palestine, en saluant l’adoption du traité.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à favoriser l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il s’est enfin félicité de la participation de son pays, à égalité avec les autres pays, à la Conférence.

Depuis la première utilisation de l’arme nucléaire en 1945, le monde redoute ces armes aux conséquences humanitaires catastrophiques, a déclaré le représentant du Brésil, dont le pays, a-t-il rappelé, était coauteur de la résolution de l’Assemblée générale demandant la tenue de la Conférence.  Le représentant a rappelé que la Constitution du Brésil interdit tout essai nucléaire non pacifique sur son territoire.  Il a également rappelé que l’Amérique latine est une zone exempte d’armes nucléaires.  « Ce traité permettra de faire face efficacement à la menace de l’arme nucléaire », a-t-il salué, estimant que, tout comme dans le cas des armes chimiques, l’interdiction est souvent le préalable nécessaire à l’élimination totale.  « En dépit de ce moment historique, beaucoup reste encore à faire pour atteindre l’objectif ultime, à savoir un monde exempt d’armes nucléaires », a conclu le délégué brésilien.

« Aujourd’hui, 7 juillet 2017, entrera dans les annales de l’Histoire comme l’un des moments les plus importants de la poursuite de la paix », a affirmé le représentant de l’Équateur.  Nous ne serions pas ici sans la ténacité de la société civile, a-t-il poursuivi, ajoutant que le monde attend ce moment depuis 70 ans.  « Forts de la confiance de toute l’humanité, il nous faudra désormais convaincre un par un les États qui pensent que la paix et la sécurité passent par les armes nucléaires », a déclaré le représentant, avant de regretter l’absence d’une mention explicite à l’interdiction du transit des armes nucléaires dans l’article 1.

« Au Paraguay, l’interdiction des armes de destruction massives est prévue par une norme constitutionnelle », a indiqué le représentant du Paraguay, saluant par conséquent l’adoption du traité.  « Nous félicitons toutes les Nations éprises de paix et respectueuses du droit international humanitaire et des droits de l’homme qui ont adopté ce texte », a-t-il dit.

« Cet instrument renforce les normes internationales à l’encontre des armes nucléaires », a salué le représentant de la Malaisie.  « Il stigmatise ces armes et non pas les pays », a-t-il noté, invitant les puissances nucléaires à se joindre au traité, dont il a espéré qu’il mènera, à terme, à l’élimination totale des armes nucléaires.  « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers et nous devons œuvrer à la mise en œuvre de ce traité », a-t-il conclu.

« C’est une journée historique pour toutes les victimes des armes nucléaires », a déclaré le représentant du Pérou, ajoutant que son pays avait fortement contribué à l’établissement en Amérique latine de la première zone exempte d’armes nucléaires.  Le représentant a toutefois regretté l’absence d’une mention explicite à l’interdiction du transit des armes nucléaires dans l’article 1.

Le délégué de l’Argentine s’est félicité de ce que le caractère central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ait été reconnu dans le nouveau traité, estimant que ces deux textes sont complémentaires.  Il reste beaucoup à faire, a-t-il souligné, estimant que le mécanisme de vérification mentionné à l’article 4 devra s’appuyer sur les instances internationales telles que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Le représentant de l’Indonésie a salué l’aboutissement d’un processus pour lequel il a assuré la vice-présidence.  Il a rappelé qu’aucun texte multilatéral n’est parfait, mais qu’il fallait, après son adoption, le mettre en application.

Le délégué du Kazakhstan a aussi regretté que le traité n’ait pas été adopté par consensus.

L’observateur du Saint-Siège a annoncé l’organisation cet automne, au Saint-Siège, de deux conférences sur l’élimination des armes nucléaires.  Ce traité n’est qu’un début, car il reste beaucoup à faire pour convaincre ceux qui n’ont pas pris part aux négociations du bien-fondé du désarmement nucléaire, a-t-il noté, en ajoutant: « nous avons frappé un coup de plus sur l’enclume de l’Histoire, en accomplissant la prophétie d’Isaïe », apologiste de la paix.

Pour le représentant du Liechtenstein, la communauté internationale a enfin comblé une lacune juridique en interdisant l’utilisation des dernières armes de destruction massive qui ne faisaient pas l’objet d’une interdiction.     

Les délégations peuvent quitter la Conférence la tête haute, a commenté le délégué de l’Égypte qui a évoqué les vertus du multilatéralisme et appelé les États à placer les objectifs communs au-dessus de leurs intérêts nationaux.  Il a salué la société civile qui, bien qu’étant assise à l’arrière de la salle, a pu jouer un rôle de premier rang.

La représentante de la Suisse a expliqué que son pays a voté en faveur du traité parce qu’il milite pour l’avènement d’un monde de paix.  Ce traité doit compléter les autres textes multilatéraux sur le désarmement.  Le traité, a tout de même estimé la représentante, aurait dû être plus ferme dans son engagement en faveur du TNP.  Elle a regretté que certaines dispositions ne puissent être vérifiables ou mettre des normes existantes.  Elle est aussi revenue sur des négociations « pas du tout ouvertes » qui ont conduit à un traité qui pourrait affaiblir des normes internationales et aggraver la polarisation entre les États dotés de l’arme nucléaire et les autres.

Sa collègue de la Suède a aussi critiqué un traité que ne répond pas à toutes les attentes, même si elle a voté en sa faveur parce qu’il souligne la perspective humanitaire de l’utilisation des armes nucléaires.  Elle a salué « un traité qui a tout simplement le mérite d’exister » et a rappelé que le TNP reste la pierre angulaire du désarmement nucléaire.  La représentante s’est désolidarisée de plusieurs alinéas du préambule, déplorant un libellé qui revient inutilement sur des dispositions propres au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

Son homologue des Pays-Bas a dénoncé un manque d’ambition dans le traité, promettant que son pays compte s’engager dans la sensibilisation aux risques des armes nucléaires, dans la mise en œuvre du TNP et le soutien aux autres initiatives de désarmement.  Les Pays-Bas, a-t-elle rappelé, ont voté contre ce texte car certaines dispositions sont incompatibles avec les obligations des membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  Nous avons été francs tout au long des négociations, a-t-elle souligné, dénonçant en outre un texte au libellé « peu clair » sur, par exemple, les obligations générales ou les garanties à l’article 3.  Ce texte aurait dû compléter le TNP mais malheureusement, il veut lui être « supérieur », a martelé la représentante. 

Le délégué du Nigéria a salué l’ouverture d’une nouvelle ère du désarmement nucléaire et promis que son pays et tout le continent africain tiennent à leur statut « exempt d’armes nucléaires ».  Il faut, a-t-il insisté, rallier les autres, surtout les États dotés de l’arme nucléaire.  Il faut les ramener dans le giron de ce traité, a-t-il plaidé.

Si l’Autriche a voté pour le traité, c’est pour mettre fin à plus de 20 ans d’impasse dans le désarmement nucléaire, a expliqué son représentant.  Il a invité les États dotés de l’arme nucléaire à rejoindre le traité et souhaité que les ratifications se fassent très rapidement.  Il a d’ailleurs proposé Vienne, notamment l’Office des Nations Unies, pour accueillir la première réunion des États parties.  Il n’a pas oublié de saluer la contribution de la société civile et des Hibakusha à cette Conférence.

Le délégué de Singapour, seul État à s’être abstenu, a souligné que son pays est profondément attaché à un monde exempt d’armes nucléaires.  Singapour, a-t-il dit, a pris part aux négociations de bonne foi mais les libellés qu’il a proposés pour l’article 7, sur la coopération et l’assistance internationales, et l’article 18, sur les relations avec d’autres accords, n’ont pas été pris en compte.  Il aurait fallu plus d’efforts pour avoir des libellés justes et éviter toute mauvaise interprétation du texte, a-t-il estimé, en déplorant le temps imparti aux négociations.

Consciente des conséquences catastrophiques de l’utilisation des armes nucléaires, la représentante du Guatemala a déclaré que son pays avait pris part avec enthousiasme aux « efforts inlassables » de ce « processus historique ».  Tout en mettant l’accent sur le rôle fondamental de la société civile durant les négociations, la représentante a estimé que le traité adopté aujourd’hui venait compléter efficacement le régime international de la non-prolifération nucléaire.  « Aujourd’hui nous pouvons déclarer avec fierté, pour la première fois en 70 ans, que les armes nucléaires sont illégales », s’est-elle réjouie.

Nous avons fait l’objet de 67 essais entre 1946 et 1958, a rappelé la représentante des Îles Marshall, ajoutant que son peuple avait porté un fardeau plus lourd qu’aucun autre dans ce domaine.  Elle a, par conséquent, salué l’adoption du traité, en espérant qu’il contribuera à l’élimination totale de ces armes.  La représentante a salué l’importance des dispositions liées à l’assistance aux victimes et à la restauration environnementale, qui reconnaissent notamment la responsabilité des États parties ayant utilisé ou testé des armes nucléaires.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le représentant des Philippines a salué l’adoption du traité, en espérant qu’il constituera un « jalon vers l’élimination totale des armes nucléaires ».  À titre national, le représentant a reconnu que le traité était un texte imparfait, fruit d’un « accouchement difficile », mais, a-t-il dit, « que tout le monde respectera ».

Saluant le rôle de la société civile qui a permis au fil des ans de changer la perception de l’opinion publique sur les armes nucléaires, le représentant de la Thaïlande a appelé la communauté internationale à prendre appui sur le nouveau traité pour éliminer totalement les armes nucléaires.  Il a espéré une entrée en vigueur rapide du texte.

Le désarmement mondial est un processus qui traine depuis des décennies, a rappelé le représentant de l’Algérie, ajoutant que l’adoption du traité représente une avancée majeure.  « Nous venons d’adopter l’un des instruments internationaux, fruit de négociations multilatérales, les plus importants », a-t-il salué.  « Nous continuons de souffrir des essais nucléaires réalisés sur notre territoire dans les années 1960 », a souligné le représentant, tout en se disant convaincu que l’interdiction complète des armes nucléaires est la seule solution.  Certes nous regrettons l’absence des puissances nucléaires, a-t-il avoué, mais nous saluons le fait que la porte reste ouverte.  Le représentant a invité ces puissances nucléaires à se joindre au traité.  « Les armes nucléaires ne représentent pas la liberté, elles créent une peur sans fin », a-t-il dit.  « Il faut les éliminer. »

« Le monde ne peut plus être divisé entre deux catégories, les pays dotés de l’arme nucléaire et les autres », a affirmé la représentante du Panama, appelant à ratifier et à mettre en œuvre sans délai le traité. 

« Mon pays se félicite d’être aux côtés de la majorité des États Membres aujourd’hui », a déclaré la représentante de Trinité-et-Tobago.  « L’Histoire nous donnera raison, nous sommes du bon côté de l’humanité », a-t-elle affirmé, saluant, en tant que petit État insulaire en développement, la prise en compte dans le préambule de l’assistance aux victimes et de la restauration environnementale.  La représentante a appelé à mettre en œuvre, « résolument et en toute bonne foi », ce traité d’une « portée historique ».

La représentante de l’Uruguay a déclaré que ce texte, qui rend illégales les armes nucléaires, montre notre ferme volonté politique de les interdire.  Cela prendra un certain temps mais il faut que ce texte entre en vigueur le plus tôt possible, comme « un pas de géant vers l’élimination totale des armes nucléaires ».

Son homologue de l’Irlande a salué un texte qui vient compléter le TNP et dont l’adoption illustre le pouvoir du multilatéralisme.  Nous sommes fiers de ce traité qui est robuste et qui concrétise notre vœu d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il dit.

Ce texte montre clairement notre rejet des armes nucléaires, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes, première zone exempte d’armes nucléaires au monde, s’est enorgueilli le représentant de la Bolivie qui a tout de même insisté sur le droit des États à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Regrettant l’absence des États dotés de l’arme nucléaire, il a diagnostiqué un manque d’engagement en faveur des principes et buts de la Charte des Nations Unies.  

Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, s’est à son tour félicitée de l’adoption du traité et a rendu hommage à la société civile pour son appui sans faille.  Elle a vu dans le traité « une lueur d’espoir » pour tous ceux qui ont consacré leur vie à l’interdiction des armes nucléaires et dont le message doit être entendu.  Malgré la réduction du nombre des arsenaux nucléaires depuis la fin de la guerre froide, ces armes présentent toujours des risques, a-t-elle prévenu, en soulignant l’urgence de l’objectif commun de non-prolifération et d’interdiction des armes nucléaire. 

Ce traité devrait contribuer à la consolidation des autres composantes du régime de non-prolifération et braque les projecteurs sur le TNP en tant que pierre angulaire du système des garanties.  Il faut obtenir des États nucléaires qu’ils se joignent au traité, a poursuivi la Haute-Représentante.  Notant l’absence d’une autorité internationale pour vérifier le respect du traité, elle a voulu que les États parties comblent cette lacune.  Elle a rappelé, en concluant, que le Secrétaire général de l’ONU sera le dépositaire du traité, l’ONU, « le foyer institutionnel ».

Le représentant du Mexique a insisté sur le caractère juridiquement contraignant du traité.

Celle de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a vu « la promesse d’un avenir exempt d’armes nucléaires » et « un rejet moral et politique » des armes nucléaires.  Nous ferons, a-t-elle promis, la promotion du traité auprès des États et nous les exhorterons à le ratifier.  Elle a voulu que Nagasaki soit, une fois pour toutes, le dernier exemple de l’utilisation des armes nucléaires.

« Nous sommes profondément fiers de voir comment une diplomate d’Amérique latine a su mener avec gentillesse, détermination et passion les négociations ayant mené à l’adoption de ce traité », a déclaré le représentant de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL).  Ceci n’est qu’une étape, a-t-il ajouté, et le travail doit se poursuivre.  « Les armes nucléaires sont interdites, merci », a conclu le représentant.

Nos atolls du Pacifique, et notamment dans les Îles Marshall, dont je suis originaire, ont été contaminés pour toujours par les essais nucléaires, a déploré la représentante de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN).  « Nous portons la cicatrice de ces essais jusque dans nos corps », a déclaré la représentante, déplorant le fait que son pays ait été utilisé comme « cobaye », soi-disant « pour le bien de l’humanité ».  Nous sommes remplis de l’espoir de léguer à nos enfants un monde exempt d’armes nucléaires, a continué la représentante.  « Les armes nucléaires sont maintenant reconnues pour ce qu’elles sont, une aberration immorale », a-t-elle ajouté, saluant le pas historique franchi aujourd’hui.  Elle a ainsi appelé tous les pays à signer ce traité, le 20 septembre à New York.

« Honnêtement, je n’avais jamais pensé que je vivrais suffisamment longtemps pour vivre ce moment », a déclaré Mme Setsuko Thurlow, Ambassadrice de la paix d’Hiroshima et « Hibakusha », survivante d’Hiroshima.  Aujourd’hui, je voudrais avoir une pensée pour les centaines de milliers de personnes qui ont perdu la vie à Hiroshima et Nagasaki.  « Chacune d’entre elles avait un nom », a-t-elle rappelé. 

« Cela fait 70 ans que j’attends ce moment et je suis heureuse: ce jour est enfin arrivé », a déclaré Mme Setsuko Thurlow.  « C’est le début de la fin des armes nucléaires », a-t-elle dit, rejetant les politiques de dissuasion nucléaire qui n’ont pas fonctionné et la « contamination irréversible » de l’environnement engendrée par l’utilisation de l’arme nucléaire.  « Aux dirigeants du monde, je souhaiterais dire la chose suivante: si vous aimez cette planète, je vous en implore, signez ce traité », a déclaré Mme Setsuko Thurlow.  « L’arme nucléaire a toujours été une arme immorale, et aujourd’hui, c’est une arme illégale. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC adopte une série de recommandations formulées par ses organes subsidiaires qui contribuent à la réalisation du développement durable

Session de 2017,
40e & 41e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6853

L’ECOSOC adopte une série de recommandations formulées par ses organes subsidiaires qui contribuent à la réalisation du développement durable

La dix-septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones aura lieu au Siège de l’ONU du 16 au 27 avril 2018

Le Conseil économique et social (ECOSOC), qui tient sur deux jours une réunion de coordination et d’organisation, a aujourd’hui adopté une série de recommandations émanant de plusieurs de ses organes subsidiaires et qui contribuent à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Il a examiné à cette occasion les activités de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, de la Commission des stupéfiants, de l’Instance permanente sur les questions autochtones, de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), du Comité des politiques de développement, de la Commission de la science et de la technique au service du développement et du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.

En outre, il a examiné les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul) et dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international.

L’ECOSOC n’a pas été en mesure, pour l’instant, d’adopter le projet de résolution sur le Programme d’action d’Istanbul.  La Présidente a expliqué que des négociations supplémentaires étaient nécessaires et que le projet serait examiné à nouveau le 25 ou 26 juillet. Ce texte entend demander aux PMA, à leurs partenaires de développement, aux organismes des Nations Unies et à tous les autres acteurs, de faire davantage d’efforts pour honorer pleinement et de manière cohérente les engagements pris concernant les huit domaines prioritaires du Programme d’action d’Istanbul.

La représentante du Bangladesh, parlant au nom des PMA, a réaffirmé qu’un soutien accru de la communauté internationale était nécessaire pour aider ces pays à relever le défi du développement.

Au chapitre des questions autochtones, l’ECOSOC a autorisé la tenue d’une réunion de trois jours d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Développement durable dans les territoires des peuples autochtones » et fixé les dates de la dix-septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones qui aura lieu au Siège de l’ONU du 16 au 27 avril 2018. 

Trois délégations ont saisi cette occasion pour s’exprimer sur la proposition à l’étude qui envisage de permettre aux organisations autochtones de participer aux travaux de l’Assemblée générale.  « La voix des peuples autochtones enrichit la qualité des travaux des Nations Unies », a estimé le représentant du Mexique.

En matière de prévention du crime et de justice pénale, l’ECOSOC a adopté plusieurs textes dont trois projets de résolution qui seront soumis à l’Assemblée générale pour adoption.

Le premier concerne le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et prévoit la suite à lui donner, ainsi que les préparatifs du prochain congrès.  Le deuxième a trait à l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela), en particulier la promotion de leur application pratique, tandis que le troisième encourage l’assistance technique aux fins de l’application des conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme.

Au même chapitre, l’ECOSOC a aussi adopté deux résolutions intitulées respectivement « Mise en œuvre du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes » et « Promouvoir et encourager l’application de solutions de substitution à l’emprisonnement dans le cadre de politiques globales en matière de prévention du crime et de justice pénale ».

Toujours sur recommandation de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, l’ECOSOC a adopté trois décisions, l’une visant la prorogation du mandat du groupe de travail intergouvernemental permanent à composition non limitée chargé d’améliorer la gouvernance et la situation financière de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui concourt avec une résolution similaire adoptée sur recommandation de la Commission des stupéfiants.

Sur la question des réfugiés, l’ECOSOC a pris note de la demande du Zimbabwe d’élargir la composition du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies et recommandé que l’Assemblée générale se prononce sur la question en faisant passer le nombre de membres de 101 à 102 États.

L’ECOSOC a aussi adopté deux projets de résolution, intitulés « Science, technologie et innovation au service du développement » et « Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information », soumis par la Commission de la science et de la technique au service du développement.

Le Président de cette commission a expliqué que celle-ci avait largement débattu, au cours de sa dernière session, du rôle que la science et la technique ont à jouer dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Conseil économique et social poursuivra sa réunion de coordination et d’organisation demain, vendredi 7 juillet, à 10 heures.

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

c) Prévention du crime et justice pénale (E/2016/30/Add.1 et E/2017/30)

d) Stupéfiants (E/2016/28/Add.1, E/2017/28, E/INCB/2016/1 et E/INCB/2016/4)

Examen commun des points subsidiaires

Déclarations liminaires

M. MITSUKURU KITANO (Japon), Président de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, a présenté le rapport de la vingt-sixième session de la Commission, tenue le 2 décembre 2016 et du 22 au 26 mai 2017, en indiquant que celle-ci s’était conclue par l’adoption de neuf projets de résolution et quatre projets de décision.  Il s’est aussi félicité de la participation de 1 000 personnes autour des 90 événements organisés en parallèle à la session.

À sa vingt-sixième session, la Commission a examiné les questions administratives, budgétaires et de gestion stratégique, la question de l’intégration et de la coordination de l’action de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale.

Le thème principal de la session était « Stratégies globales et intégrées de prévention du crime: participation du public, politiques sociales et éducation à l’appui de la primauté du droit ».

La Commission a recommandé à l’ECOSOC d’approuver des projets de résolution en vue de leur adoption par l’Assemblée générale sur les questions suivantes: le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale (la suite à donner et les préparatifs du prochain congrès); l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela), en particulier la promotion de leur application pratique; et l’assistance technique aux fins de l’application des conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme.

Elle a par ailleurs recommandé à l’ECOSOC d’adopter les projets de résolution portant sur la « Mise en œuvre du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes »; et « Promouvoir et encourager l’application de solutions de substitution à l’emprisonnement dans le cadre de politiques globales en matière de prévention du crime et de justice pénale ».

Les décisions qu’elle recommande à l’ECOSOC de prendre concernent les questions suivantes: prorogation du mandat du groupe de travail intergouvernemental permanent à composition non limitée chargé d’améliorer la gouvernance et la situation financière de l’ONUDC; rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur les travaux de sa vingt-sixième session et ordre du jour provisoire de sa vingt-septième session; et nomination de deux membres du Conseil de direction de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice.

« Les travaux de notre commission sont étroitement liés aux objectifs de développement durable », a insisté M. Kitano.  Dans son rapport, la Commission fait d’ailleurs état de sa réflexion sur ses contributions aux travaux de l’ECOSOC, y compris au suivi, à l’examen et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme BENTE-ANGELL-HANSEN (Norvège), Présidente de la Commission des stupéfiants, a présenté le rapport sur la soixantième session de la Commission, tenue le 2 décembre 2016 et du 13 au 17 mars 2017, en expliquant qu’avec la participation de 1 750 personnes aux 100 événements parallèles, cette session avait été une véritable « session de Davos des stupéfiants ».  À la partie principale de la session, en mars 2017, la Commission a examiné des questions touchant à la suite donnée à la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue tenue en 2016.

Nous nous sommes prononcés sur 12 substances, en tenant compte des recommandations de l’OMS pour 10 d’entre elles, a-t-elle précisé.  Elle a dit que la Commission avait recommandé à l’ECOSOC d’approuver, pour adoption par l’Assemblée générale, le projet de résolution intitulé « Promotion de l’application des Principes directeurs des Nations Unies sur le développement alternatif et des engagements connexes relatifs au développement alternatif, à l’instauration d’une coopération régionale, interrégionale et internationale visant une politique équilibrée de contrôle des drogues axée sur le développement, et à la résolution des problèmes socioéconomiques ».

La Commission a, par ailleurs, recommandé à l’ECOSOC d’adopter un projet de décision portant approbation de sa propre résolution 60/1, intitulée « Préparatifs de la soixante-deuxième session de la Commission, devant se tenir en 2019 ».

Enfin, la Commission a recommandé à l’ECOSOC d’adopter les décisions portant sur la prorogation du mandat du groupe de travail intergouvernemental permanent à composition non limitée chargé d’améliorer la gouvernance et la situation financière de l’ONUDC, sur le rapport de la Commission des stupéfiants sur les travaux de sa soixantième session et l’ordre du jour provisoire de sa soixante et unième session, et enfin sur le rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants.

« Il faut renforcer encore plus les connaissances des uns et des autres », a relevé la Présidente avant de souligner le caractère fondamental des travaux de la Commission des stupéfiants pour atteindre les objectifs de développement durable liés à la santé et à la lutte contre la pauvreté, ainsi que celui sur les partenariats.

Puis le Président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), M. VIROJ SUMYAI (Thaïlande), a présenté le rapport annuel de cet organe en exprimant le souci de l’OICS de garantir la disponibilité de certaines substances à des fins médicales et scientifiques.  Il a souligné la contribution de l’Organe à la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 5 consacré à l’autonomisation des femmes et l’égalité homme-femme.  Notant que les femmes constituent un tiers des toxicomanes, mais ne représentent qu’un cinquième des personnes qui reçoivent un traitement, M. Sumyai a exhorté les législateurs à prendre conscience de la nécessite de mieux protéger les femmes toxicomanes.

Le Président a invité à trouver un meilleur équilibre entre les efforts visant à garantir la disponibilité de substances contrôlées et à lutter contre la douleur, d’une part, et les efforts visant à éviter que ces substances soient consommées à des fins non médicales, d’autre part.  La réduction des stocks est une question fondamentale pour éviter de nombreux abus, a-t-il insisté.

M. Sumyai a également mis l’accent sur l’article 12 de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants qui souligne l’importance de la coopération internationale pour éviter que certaines substances chimiques ne soient détournées et utilisées à mauvais escient.  Il a dit l’importance de contrôler l’usage du cannabis en expliquant que les États Membres avaient la liberté de déterminer la conduite à tenir s’agissant de l’utilisation non médicale du cannabis.  Il a rappelé que la Convention n’exige pas l’emprisonnement de toxicomanes ou de personnes qui commettent des délits mineurs liés aux stupéfiants.   

Débat général

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que pour assurer la réussite de la soixante-deuxième session de la Commission des stupéfiants, devant se tenir en 2019, il était nécessaire de se focaliser sur le travail de la Commission qui consiste à évaluer les progrès dans la réalisation des cibles et buts spécifiques de la « Déclaration politique sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue », y compris par la mise en œuvre des recommandations de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue. 

Le représentant du Mexique a souhaité plus de cohérence dans les travaux des deux commissions aux niveaux mondial, régional et national, face aux défis actuels.  Cette cohérence est nécessaire pour concevoir et apporter des réponses efficaces à ces défis.  Les programmes de prévention des délits sont plus efficaces lorsque l’on prend en compte les considérations liées à la parité entre les hommes et les femmes en matière de justice pénale, a ajouté le représentant.  Il a jugé capital que la Commission des stupéfiants examine la mise en œuvre de ses recommandations.  Il a regretté que certains États Membres n’acceptent pas que certains organes formulent des recommandations alors que cela est demandé par l’Assemblée générale.  Il a en outre dénoncé le manque d’équilibre homme-femme et géographique au sein de l’ONUDC, notamment au niveau de la direction. 

Décisions sur les recommandations contenues dans les rapports

•Prévention du crime et justice pénale

L’ECOSOC a tout d’abord pris note du rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur les travaux de la reprise de sa vingt-cinquième session (E/2016/30/Add.1).

Puis, l’ECOSOC a adopté sans vote les projets de résolution et décision figurant dans le rapport E/2017/30.

En vue de son adoption par l’Assemblée générale, il a adopté les trois projets de résolution intitulés « Suite à donner au treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale »; « Promouvoir l’application pratique de l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela) »; et « Assistance technique aux fins de l’application des conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme ».

L’ECOSOC a ensuite adopté les deux résolutions intitulées respectivement « Mise en œuvre du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes » et « Promouvoir et encourager l’application de solutions de substitution à l’emprisonnement dans le cadre de politiques globales en matière de prévention du crime et de justice pénale ».

En outre, l’ECOSOC a adopté les trois décisions portant respectivement sur les questions suivantes: « Améliorer la gouvernance et la situation financière de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime: prorogation du mandat du groupe de travail intergouvernemental permanent à composition non limitée chargé d’améliorer la gouvernance et la situation financière de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime »; « Rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur les travaux de sa vingt-sixième session et ordre du jour provisoire de sa vingt-septième session »; « Nomination de deux membres du Conseil de direction de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice ».

Enfin, l’ECOSOC a pris note du Rapport du Conseil de direction sur les principales activités de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (E/2017/74).

•Stupéfiants

L’ECOSOC a pris note du rapport de la Commission des stupéfiants sur les travaux de la reprise de sa cinquante-neuvième session (E/2016/28/Add.1).

Il a aussi adopté sans vote les textes qui lui étaient proposés dans ce rapport, à commencer par la résolution intitulée « Promotion de l’application des Principes directeurs des Nations Unies sur le développement alternatif et des engagements connexes relatifs au développement alternatif, à l’instauration d’une coopération régionale, interrégionale et internationale visant une politique équilibrée de contrôle des drogues axée sur le développement, et à la résolution des problèmes socioéconomiques ».  

L’ECOSOC a aussi adopté la décision intitulée « Préparatifs de la soixante-deuxième session de la Commission, devant se tenir en 2019 » qui, d’après le Secrétariat de l’ECOSOC, nécessitera 275 000 dollars pour le recrutement d’un personnel et autre appui technique afin d’apporter un appui technique à ces préparatifs.

De même pour la décision intitulée « Améliorer la gouvernance et la situation financière de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime: prorogation du mandat du groupe de travail intergouvernemental permanent à composition non limitée chargé d’améliorer la gouvernance et la situation financière de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ».

L’autre décision adoptée porte sur le « Rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur les travaux de sa vingt-sixième session et ordre du jour provisoire de sa vingt-septième session ».

Par ailleurs, l’ECOSOC a pris note du rapport 2016 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants  (E/INCB/2017/1) et du rapport de ce même organe sur les précurseurs et les agents chimiques utilisés fréquemment dans la fabrication illicite de stupéfiants et de substances psychotropes (E/INCB/2017/4).   

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme: Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (E/2017/47 et E/2017/l.13)

Déclaration liminaire

Mme GRAINNE O’HARA, Vice-Directrice du Bureau de New York du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), a souligné la nécessité de former nouvelles alliances et trouver des solutions pour répondre aux besoins croissants des réfugiés.  Elle a rappelé qu’en 2016, le nombre de personnes déplacées par les conflits et les persécutions avait atteint le chiffre record de 65,6 millions de personnes, dont 22,5 millions de réfugiés, 40 millions de déplacés internes et 2,8 millions de demandeurs d’asile.  Elle a précisé que le conflit syrien restait la principale source de réfugiés en ajoutant que la crise au Soudan du Sud avait provoqué la fuite de 1,9 million de personnes.  Elle a précisé que la dernière consultation annuelle entre le HCR et les organisations non gouvernementales avait rassemblé 580 participants représentant 313 organisations.           

Projet de décision

En adoptant la décision E/2017/L.13, l’ECOSOC a pris note de la demande d’élargissement de la composition du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés figurant dans la note verbale datée du 7 février 2017 adressée au Secrétaire général par la Mission permanente du Zimbabwe auprès de l’ONU et recommandé que l’Assemblée générale se prononce à sa soixante-douzième session sur la question de l’augmentation en faisant passer les membres de 101 à 102 États.

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme: droits de l’homme (E/2017/70, E/2017/22 et A/72/55)

Déclarations liminaires

Présentant le rapport E/2017/70, M. CRAIG MOKHIBER, Directeur du bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), a rappelé l’obligation des États d’utiliser « au maximum leurs ressources disponibles » pour réaliser progressivement les droits économiques, sociaux et culturels en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Ce rapport précise ce que les États doivent faire pour utiliser au maximum leurs ressources disponibles pour réaliser les droits de l’homme et notamment augmenter ces ressources.

Présentant le rapport des trois dernières sessions du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (E/2017/22), M. Mokhiber s’est félicité que, grâce au temps supplémentaire accordé à ces sessions, le Comité ait pu réduire considérablement les retards accumulés dans l’examen des rapports des États Membres en 2016. 

En présentant le rapport du Comité des droits des personnes handicapées (A/72/55), il s’est félicité d’une session qui a vu la participation de 100% des États Membres et l’examen de 28 rapports.

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme: Instance permanente sur les questions autochtones (E/2017/43)

Déclaration liminaire

En sa qualité de Présidente de la seizième session annuelle (24 avril au 16 mai) de l’Instance permanente sur les questions autochtones, Mme MARIAM WALLET ABOUBAKRINE (Mali) s’est félicitée de voir que la question des autochtones gagne en visibilité au sein du système des Nations Unies, notamment suite à l’adoption de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui prennent en compte les spécificités autochtones.  Elle a regretté que 10 ans après l’adoption, en 2007, de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, la reconnaissance des droits des peuples autochtones soit toujours insuffisante, alors que le pillage des terres autochtones se poursuit à un rythme effrayant.  Elle a exhorté les États Membres à ouvrir aux institutions autochtones les portes des fonds, programmes et agences des Nations Unies.  Elle a jugé indispensable la généralisation de la ventilation des statistiques pour mesurer les progrès réalisés et l’ampleur des défis que rencontrent les peuples autochtones. 

Débat général

Le représentant des États-Unis a dit que son pays menait des consultations étroites avec les organisations autochtones depuis la Conférence mondiale sur les droits des peuples autochtones tenue à New York en 2014.  « Que l’on crée, ou non, un nouveau statut permettant aux autochtones de participer aux travaux de l’Assemblée générale, il est important que l’ECOSOC continue de se concentrer sur les questions autochtones », a ajouté le représentant.  Il a dit que l’identité autochtone ne devait pas seulement être déterminée par rapport à la colonisation d’origine européenne.

Le système scolaire des États-Unis produit des statistiques ventilées pour mesurer la réalité des questions autochtones depuis 1968, a-t-il poursuivi avant d’indiquer que le taux de prévalence au VIH/sida était 30% plus élevé chez les populations autochtones que chez les autres catégories de population aux États-Unis.  Il a également signalé la création, en 2016 à l’initiative des États-Unis, du Mexique et du Canada, d’un groupe de travail sur la violence à l’égard de filles et femmes autochtones.  Le représentant s’est enfin vanté de l’établissement de programmes de restauration des langues autochtones. 

« La voix des peuples autochtones enrichit la qualité des travaux des Nations Unies », a estimé le représentant du Mexique en jugeant pertinent de prévoir des modalités de participation des organisations autochtones aux travaux de l’Assemblée générale, d’une façon qui s’apparente à ce qui existe déjà pour les ONG accréditées par l’ECOSOC.  

Le représentant de l’Australie a regretté, à ce propos, que l’on s’éloigne du projet initial de cadre proposé pour permettre aux organisations autochtones de participer aux travaux de l’Assemblée générale. 

Projets de décision que l’Instance permanente recommande au Conseil économique et social pour adoption dans le rapport (E/2017/43 - E/C.19/2017/11)

L’ECOSOC a adopté les trois décisions proposées par l’Instance permanente sur les questions autochtones.

Le Conseil économique et social a ainsi décidé d’autoriser la tenue d’une réunion de trois jours d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Développement durable dans les territoires des peuples autochtones ».

Il a aussi décidé que la dix-septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones se tiendra au Siège de l’ONU du 16 au 27 avril 2018. 

L’ECOSOC a également pris note du rapport de l’Instance permanente sur les questions autochtones sur les travaux de sa seizième session et approuvé l’ordre du jour provisoire de la dix-septième session de l’Instance permanente dont le thème sera le suivant: « Droits collectifs des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources ».

En ce qui concerne les travaux futurs de l’Instance permanente, notamment sur les questions intéressant le Conseil économique et social, l’Instance permanente, dans son rapport E/C.19/2017/11, se félicite de la célébration, à partir de janvier 2019, de l’Année internationale des langues autochtones dans le but d’appeler l’attention sur la perte déplorable des langues autochtones et sur l’impérieuse nécessité de préserver, revitaliser et promouvoir ces langues et de prendre sans délai de nouvelles mesures aux niveaux national et international.  Elle prend note avec satisfaction de l’engagement pris par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’assumer la direction de la célébration de l’Année internationale des langues autochtones, en collaboration avec d’autres organismes compétents.

L’Instance permanente recommande que l’UNESCO, en coopération avec le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, l’Instance permanente et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones et avec la participation directe des peuples autochtones, élabore un plan d’action global pour l’Année internationale et l’invite à lui présenter ce plan à sa dix-septième session.

Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies: examen et coordination de l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (A/72/83–E/2017/60 et E/2017/33)

Mme FEKITAMOELOA KATOA ’UTOIKAMANU, Secrétaire générale adjointe pour les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Mise en œuvre du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 » (A/72/83-E/2017/60).  Le rapport constate les progrès réalisés par ces pays, les « PMA », tout en montrant qu’il reste encore beaucoup à faire dans de nombreux domaines.  Par ailleurs, tous les pays n’ont pas fait les mêmes progrès.  Le rapport prévoyait que la croissance moyenne du produit intérieur brut (PIB) des PMA atteigne 4,5% en 2016, contre 3,8% en 2015.  Les prévisions de croissance établies par le Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l’ONU pour 2017 ont été revues à la baisse, de 5,6% à 5,2%.  De plus, en 2018, les PMA devraient afficher une croissance de 5,5%, chiffre bien inférieur à l’objectif de 7% fixé dans le Programme d’action d’Istanbul.

Ces résultats contrastés peuvent être attribués à plusieurs facteurs macroéconomiques nouveaux, a expliqué Mme Fekitamoeloa.  Les PMA producteurs de combustibles et exportateurs d’autres produits de base ont été durement touchés par la baisse des cours, qui a entraîné une faible croissance, des déséquilibres budgétaires et un affaiblissement des réserves de devises.

Mme Fekitamoeloa Katoa ’Utoikamanu a néanmoins souligné les progrès accomplis au regard des grandes priorités du Programme d’action d’Istanbul dans plusieurs domaines, notamment la capacité productive, l’agriculture, le commerce, le développement social et humain, la mobilisation de ressources financières pour le développement et le renforcement des capacités. 

Concernant précisément le financement du développement, elle a indiqué que « davantage d’investissements publics et privés, internes et externes, doivent être affectés au renforcement des capacités productives afin de permettre une transformation structurelle et de renforcer l’assiette fiscale sur le long terme.  Il faut s’efforcer de consacrer entre 0,15 et 0,2% du revenu national brut à l’aide publique au développement pour les PMA.  En outre, cette aide doit être plus prévisible et mieux adaptée aux priorités de ces pays, a conseillé Mme Fekitamoeloa Katoa ’Utoikamanu.  

M. KEITH NURSE, Rapporteur du Comité des politiques de développement, a présenté le rapport de la dix-neuvième session de ce comité (E/2017/33).  Il a focalisé sa présentation sur le suivi des progrès réalisés en matière de développement par des pays en voie de reclassement, à savoir l’Angola, la Guinée équatoriale, le Vanuatu et le Samoa.  Le Comité confirme dans ce rapport que le Gouvernement angolais a commencé à préparer sa stratégie de transition sans heurt, s’efforçant de remédier à la vulnérabilité économique par la diversification.  Par ailleurs, le Comité encourage vivement la Guinée équatoriale à concevoir et à prendre sans tarder des mesures visant à renforcer le capital humain du pays.  En ce qui concerne le Vanuatu, il recommande au Gouvernement d’entamer un dialogue avec ses partenaires commerciaux et ses partenaires de développement afin de préparer sa stratégie de transition sans heurt.  

Le Comité se félicite, a poursuivi le Rapporteur, des efforts du Gouvernement samoan, qui continue de collaborer avec ses partenaires commerciaux et ses partenaires de développement afin de réduire le plus possible les éventuels effets négatifs de son reclassement.  La mise en œuvre de la stratégie de transition sans heurt fera partie intégrante de la Stratégie pour le développement du Samoa (2016/17-2019/2020) intitulée « Accélérer le développement durable et élargir les possibilités pour tous ».  D’après le Gouvernement du Samoa, le reclassement n’a pas eu d’effet significatif sur les progrès en matière de développement.

M. Nurse a ajouté que le Comité avait confirmé sa définition des pays les moins avancés, à savoir des « pays à faible revenu présentant les handicaps structurels les plus graves faisant obstacle au développement durable ».  Il a aussi parlé de la création d’une plateforme sur le reclassement pour contribuer à une meilleure compréhension de la procédure de reclassement et s’y préparer.

Il a en outre évoqué le financement du développement durable pour dire que le Comité des politiques de développement a examiné des questions relatives aux incidences d’un nouveau concept de financement du développement, provisoirement dénommé « soutien public total au développement durable ».  Il a dit, entre autres, que les ressources privées mobilisées par des interventions du secteur public devraient aussi être comptabilisées séparément du soutien public total au développement durable.

Au nom des pays les moins avancés, la représentante du Bangladesh a réaffirmé qu’un soutien accru de la communauté internationale était nécessaire pour aider les PMA à relever le défi du développement.  Sans cela, ces pays n’atteindront pas le taux de croissance de 7% nécessaire pour pérenniser le développement, a-t-elle mis en garde.  La représentante a dénoncé la baisse de l’aide publique au développement constatée entre 2015 et 2016.  Elle a rappelé que le montant total de cette aide versée par les pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE aux PMA était tombé de 41 milliards de dollars en 2014 à 37,3 milliards de dollars en valeur nominale en 2015.  Elle a aussi dénoncé la baisse de la part des PMA dans le commerce mondial entre 2014 et 2015 qui est tombée à 0,97% en 2015 contre 1,09% en 2014.   

Le Conseil économique et social a décidé de remettre à plus tard l’adoption du projet de résolution E/2017/L.25 sur le « Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 » qui nécessite plus de temps de négociations.  Celles-ci reprendront les 18 et 19 juillet, a précisé la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardova, de la République tchèque. 

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: science et de la technique au service du développement (A/72/64–E/2017/12 et E/2017/31)

Déclarations liminaires

Le Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement, M. RUIJIN WANG, a présenté le rapport sur les travaux de sa vingtième session tenue du 8 au 12 mai  2017 (E/2017/31) au cours de laquelle la Commission a examiné les rapports de l’Iran et du Rwanda en matière de science et technologie.  La Commission a débattu du rôle que la science et la technique ont à jouer dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et examiné les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international, ainsi que deux thèmes prioritaires, intitulés « Nouvelles démarches d’innovation à l’appui de la réalisation des objectifs de développement durable » et « Garantir la sécurité alimentaire d’ici à 2030: le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation ».  Elle a également examiné les politiques relatives à la science, à la technologie et à l’innovation.

La Commission a adopté deux projets de résolution, intitulés « Science, technologie et innovation au service du développement » et « Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information », qu’elle soumet à l’ECOSOC pour approbation.

Mme DONG WU, représentante de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international (E/2017/12).  Ce rapport indique que le nombre d’abonnements de téléphonie mobile dans le monde a atteint 7,37 milliards en 2016.  Il précise que 60% de la population mondiale possède au moins un abonnement de téléphonie mobile, que 47% de la population mondiale a utilisé Internet au moins une fois sur une période de trois mois en 2016, et que 52% des ménages dans le monde disposent d’un accès à Internet à domicile.  Néanmoins, ces chiffres masquent une énorme disparité puisque la part des ménages disposant d’un accès à Internet est estimée à 84% en Europe, contre seulement 15% en Afrique subsaharienne.  Il est aujourd’hui évident que les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont devenues essentielles pour assurer le développement des pays et des personnes, a conclu la représentante. 

Débat général

Le représentant de la Chine a jugé essentiel d’examiner plus avant comment les TIC peuvent contribuer à la sécurité alimentaire et au renforcement des capacités et ainsi favoriser la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Adoption de deux résolutions

En adoptant sans vote la résolution I contenue dans le rapport E/2017/31, intitulée « l’examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information », l’ECOSOC demande que les mesures visant à donner suite aux textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information soient alignées sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, conformément à la demande exprimée dans la résolution 70/125 de l’Assemblée générale, l’accent étant mis sur la contribution intersectorielle des technologies numériques à la réalisation des objectifs de développement durable et à l’élimination de la pauvreté.  Le texte souligne que l’accès à ces technologies est également devenu un indicateur de développement et une aspiration en soi.

Au titre du « renforcement de la coopération », l’ECOSOC considère qu’il faut intensifier la coopération à l’avenir pour que les gouvernements puissent, sur un pied d’égalité, jouer leur rôle et exercer leurs responsabilités en ce qui concerne les questions de politique générale de portée internationale concernant Internet, et non les activités courantes d’ordre technique et opérationnel qui n’ont pas d’incidences sur ces questions.

L’ECOSOC se félicite de la tenue prochaine du douzième Forum sur la gouvernance d’Internet qui aura pour thème « Façonne ton avenir numérique! » et qui doit avoir lieu du 18 au 21 décembre 2017, à l’invitation du Gouvernement suisse.  Il note qu’il est tenu compte, dans le cadre des préparatifs de ce Forum, des recommandations figurant dans le rapport du Groupe de travail sur les améliorations à apporter au Forum.

Au chapitre « La voie de l’avenir », l’ECOSOC invite toutes les parties prenantes à poursuivre, à titre prioritaire, les efforts qu’elles déploient pour réduire la fracture numérique sous ses différentes formes, à mettre en pratique des stratégies cohérentes qui favorisent le développement du cybergouvernement et à continuer de mettre l’accent sur des politiques et des applications en matière de TIC qui bénéficient aux pauvres, notamment l’accès au haut débit au niveau local.  Le but est de remédier à la fracture numérique entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci « de façon à y faire émerger une société de l’information et du savoir ».

Par ce texte, l’ECOSOC encourage les États Membres à recueillir au niveau national des données pertinentes sur les TIC, à mettre en commun des informations sur les études de cas nationales, et à collaborer avec d’autres pays dans le cadre de programmes d’échange visant à renforcer les capacités.  Il encourage aussi les organismes des Nations Unies et les autres organisations et forums concernés à favoriser l’évaluation de l’incidence que les TIC ont sur le développement durable. 

En adoptant la résolution II proposée dans le même rapport, intitulée « Science, technologie et innovation au service du développement », l’ECOSOC invite notamment les États Membres à relier étroitement la science, la technologie et l’innovation aux stratégies de développement durable en accordant une place de choix au renforcement des capacités liées aux TIC, à la science, à la technologie et à l’innovation dans les plans nationaux de développement.

Décision

L’ECOSOC a pris note du rapport de la Commission de la science et de la technique au service du développement sur les travaux de sa vingtième session et approuvé l’ordre du jour provisoire et la documentation de la vingt et unième session de la Commission.

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: coopération internationale en matière fiscale (E/2017/45)

Décision

L’ECOSOC, qui était saisi du Rapport sur les travaux de la quatorzième session (3-6 avril 2017) du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale (E/2017/45), a décidé que la quinzième session du Comité d’experts se tiendra à Genève du 17 au 20 octobre 2017 avec à son ordre du jour l’examen des questions relatives à la mise à jour du Modèle de convention des Nations Unies concernant les doubles impositions entre pays développés et pays en développement.  Il a également pris note du rapport sur les travaux de la quatorzième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale E/2017/45-E/C.18/2017/3.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence sur l’interdiction des armes nucléaires: à la veille de l’adoption du projet de traité, la société civile prédit « un moment historique »

Conférence sur les armes nucléaires,
27e séance – matin
CD/3722

Conférence sur l’interdiction des armes nucléaires: à la veille de l’adoption du projet de traité, la société civile prédit « un moment historique »

« Vous avez des alliés dans tous les parlements du monde! » a lancé, ce matin, un sénateur australien aux négociateurs du projet de traité* sur l’interdiction des armes nucléaires, voulant pallier l’absence de son gouvernement et des autres puissances nucléaires à la Conférence des Nations Unies.  À la veille de la clôture des travaux, les délégations ont pris note des dernières révisions de fond** du texte qui est disponible pour la première fois dans les six langues officielles de l’Organisation, en prévision de son adoption officielle, ce vendredi 7 juillet.  « Nous sommes sur le point de vivre un moment historique », a commenté un représentant de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN). 

« Des équilibres ont été trouvés pour respecter le mandat de l’Assemblée générale », a salué Mme Elayne Whyte Gómez, la Présidente de la Conférence.  « Nous allons donc nous préparer pour conclure ces négociations et transmettre ce document, le résultat concret de nos travaux », a-t-elle déclaré, avant de donner la parole aux représentants de la société civile.

La veille, après trois semaines de négociations en séance plénière et à huis clos, durant lesquelles ce qui était un projet de convention est devenu un « projet de traité sur l’interdiction des armes nucléaires », les délégations avaient approuvé ad referendum les 20 articles du texte, sans oublier son préambule de 24 alinéas.

« Personne n’a obtenu tout ce qu’il voulait dans ce texte de consensus », a déclaré un sénateur australien, en précisant qu’il ne prenait pas la parole au nom de son gouvernement, « lequel s’est déjà exprimé par son absence », tout comme les autres puissances nucléaires.  « Mais les délégations ont maintenu un esprit constructif tout au long des négociations », a-t-il salué, avant de remercier les négociateurs pour avoir rendu ce texte possible.  « Vous avez des alliés dans tous les parlements du monde! » a conclu le sénateur.

« De grands progrès ont été accomplis au cours des trois dernières semaines pour obtenir l’instrument le plus robuste possible », a également salué un représentant de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN).  « Nous sommes sur le point de vivre un moment historique », a-t-il dit, rappelant que, pour la première fois, la communauté internationale est sur le point de déclarer que les armes nucléaires sont « non seulement immorales, mais aussi illégales ». 

Le représentant de l’ICAN a salué le fait que le projet de traité reconnaisse l’obligation d’un État partie d’exclure de sa stratégie de défense, en toute circonstance, directement ou indirectement, l’arme nucléaire.  Il a applaudi le fait qu’aucun État partie ne sera en mesure d’accepter le transit d’une arme nucléaire dans son espace aérien ou à l’intérieur de ses frontières.  

« Certains aspects du traité ne sont pas parfaits », a toutefois noté le représentant, qui aurait préféré que le texte ne mentionne pas le « droit inaliénable » des États à accéder à la technologie nucléaire à des fins civiles.  « Nous rejetons la revendication selon laquelle l’intérêt d’un État serait plus important que la survie de l’humanité », a-t-il regretté, tout en soulignant que son organisation approuvait le projet de traité dans sa globalité.

« Ce projet de traité est particulièrement important pour les victimes de l’utilisation de l’arme nucléaire ou des essais nucléaires », a noté une représentante de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW).  Mentionnant spécifiquement les peuples du Pacifique « déplacés pour toujours de leurs territoires » par les essais nucléaires, la représentante a rappelé les conséquences dévastatrices de ces essais sur leur santé, et ce, sur plusieurs générations. 

« Les dispositions du texte ayant trait à l’assistance aux victimes sont donc essentielles », a-t-elle estimé, précisant que les répercussions des armes nucléaires sur les victimes sont justement ce qui a poussé la communauté internationale à agir contre ces armes et « leurs retombées radioactives qui ne se dissipent pas avec le temps ».  Le texte a ainsi évolué dans un sens positif, s’est-elle réjouie, mentionnant la reconnaissance de la responsabilité première des États ayant utilisé l’arme nucléaire ou réalisé des essais nucléaires dans l’assistance aux victimes.  La représentante a réclamé que le traité soit utilisé pour dépolluer les lagons.

La reconnaissance de cette responsabilité figurait précisément parmi les dernières révisions du texte, approuvées hier par les négociateurs en réunion plénière.  Un paragraphe 6 a été ajouté à l’article 7 sur l’assistance aux victimes et la restauration environnementale – le fameux paragraphe manquant « mangé » par « les Gremlins », selon le trait d’humour du délégué chilien.  Le paragraphe se lit: « Sans préjuger de ses devoirs ou obligations en vertu du droit international, un État partie qui a utilisé ou testé des armes nucléaires ou tout autre dispositif explosif nucléaire aura la responsabilité d’apporter une assistance aux États parties affectés, à des fins d’aide aux victimes et de restauration environnementale. »

Au paragraphe 2 de l’article 8 sur la réunion des États parties, la mention au « Règlement intérieur de l’Assemblée générale » a été remplacée par le « Règlement intérieur de la Conférence »: « Tant que ce texte n’aura pas été adopté, le Règlement intérieur de la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète s’appliquera. »  Au paragraphe 4 de ce même article, il est désormais prévu que le Secrétaire général des Nations Unies convoque une conférence chargée d’examiner le fonctionnement du traité et les progrès accomplis dans la réalisation de ses buts « cinq ans » après son entrée en vigueur, et non pas six, comme c’était le cas dans la précédente version.

Enfin, s’agissant de l’article 13 sur la signature, la date d’ouverture à la signature du traité a été changée du 19 au 20 septembre 2017, comme suit: « Le présent Traité sera ouvert à la signature de tous les États au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York à compter du 20 septembre 2017. »

Dans la foulée de la réunion plénière de ce matin, la Présidente a expliqué que les délégations se répartiraient en six groupes correspondant aux six langues officielles de l’ONU, afin d’examiner une dernière fois le texte et ses révisions, dans la perspective de son adoption officielle demain matin.

La Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète tiendra sa dernière réunion demain, vendredi 9 juillet, à partir de 10 heures. 

* A/CONF.229/2017/L.3
** A/CONF.229/2017/CRP.3

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.