Le Conseil de sécurité met en place une nouvelle mission des Nations Unies en Colombie pour une durée initiale de douze mois
Le Conseil de sécurité a décidé aujourd’hui de mettre en place une nouvelle mission politique en Colombie, la « Mission de vérification des Nations Unies en Colombie », qui entrera en fonctions le 26 septembre prochain, dès l’achèvement de l’actuelle Mission, créée par la résolution 2261 (2016).
Présente lors de l’adoption à l’unanimité à la résolution 2366 (2017), coparrainée par les Quinze, la Ministre des affaires étrangères de la Colombie, Mme María Ángela Holguín Cuéllar, a remercié le Conseil d’avoir adopté la « troisième résolution en faveur de la paix en Colombie » et d’avoir fait preuve d’unité sur cette question depuis un an et demi.
La résolution fait suite à une demande du Président de la Colombie, au nom de son gouvernement, et des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), exprimée dans une lettre datée du 5 juin, dont le Conseil a débattu le 30 juin. Le 11 mai, à la suite d’une visite en Colombie, le Conseil avait déjà publié une déclaration présidentielle dans laquelle il présentait le processus de paix dans ce pays comme un possible « exemple pour le reste du monde », rappelait son « attachement sans réserve » à celui-ci et réaffirmait « sa détermination à faciliter l’application de l’Accord de paix final en Colombie en application de la résolution 2261 (2016) et à continuer de jouer un rôle actif et constructif dans les mois à venir ».
Le Président colombien avait sollicité une mission d’une durée de trois ans renouvelable. Le Conseil décide de la mettre en place « pour une période initiale de douze mois » et se déclare « disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue de la reconduction du mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties ».
Dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général, la Mission de vérification aura pour mandat de « contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les FARC-EP, des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final » de paix de Bogota, « y compris la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP, la mise en œuvre des garanties de sécurité personnelle et collective, ainsi que la mise en place de programmes complets concernant les mesures de sécurité et de protection des communautés et des organisations sur les territoires, et assortis des mécanismes de vérification nécessaires aux niveaux régional et local ».
Comme la précédente, cette mission a été expressément prévue par l’Accord final de Bogota et elle devra « agir en étroite collaboration avec les organes de vérification établis par l’Accord final », tout en agissant de concert avec les membres de l’équipe de pays des Nations Unies en Colombie. Le Secrétaire général est prié par le Conseil de « lancer immédiatement les préparatifs » de la nouvelle mission et de lui présenter dans un délai de quarante-cinq jours des recommandations détaillées sur la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission de vérification. Il devra ensuite présenter au Conseil tous les quatre-vingt-dix jours un rapport sur l’exécution du mandat de la nouvelle mission.
En outre, le Conseil prie l’actuelle Mission des Nations Unies d’entreprendre à titre provisoire les tâches qui seront confiées à la Mission de vérification jusqu’à l’expiration de son mandat, le 25 septembre 2017.
À l’issue du vote, les 15 membres du Conseil ont pris la parole pour exprimer leur satisfaction et dire leur espoir de voir une paix pérenne s’établir en Colombie. Le représentant du Royaume-Uni, dont le pays est « porte-plume » sur la Colombie, a parlé d’un « grand voyage » entrepris depuis 18 mois par le Conseil, ajoutant que ce fut « un privilège » d’appuyer les efforts de paix des Colombiens.
Plusieurs représentants ont mis l’accent sur les efforts consentis par les Colombiens, premiers architectes du processus de paix, et salué le rôle de facilitateur des Nations Unies, celui des pays garants de l’Accord de paix -Norvège et Cuba– et celui des États accompagnateurs du processus: Venezuela et Chili.
S’ils ont qualifié d’étape essentielle la fin du dépôt des armes par les anciens combattants des FARC-EP, les intervenants ont également rappelé les défis restant à relever. Les représentants de la Suède et de la Bolivie sont revenus sur les meurtres de membres des FARC-EP ou de leurs familles et les violences à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme.
La réintégration économique, politique et sociale des anciens membres des FARC-EP a été citée comme une des priorités de son gouvernement par la Ministre colombienne des affaires étrangères, qui a présenté la vision d’un pays qui « offre des opportunités, qui connaît la croissance, qui éduque et qui, plus encore, se réconcilie et prône la tolérance ». C’est pourquoi l’appui de la communauté internationale est si important. À cet égard, plusieurs des membres du Conseil ont promis le maintien de leur soutien. L’Uruguay a salué la mise en place d’un Fonds d’affectation spéciale pour la période d’après conflit en Colombie, ainsi que la décision prise par le Secrétaire général de faire bénéficier le pays du Fonds pour la consolidation de la paix pendant une période supplémentaire de trois à cinq ans.
LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)
Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Colombie (S/2017/539)
Texte du projet de résolution (S/2017/583)
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant son attachement sans réserve au processus de paix en République de Colombie et rappelant ses résolutions 2261 (2016) et 2307 (2016),
Se félicitant de la conclusion, entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (S/2017/272) (l’« Accord final »), signé à Bogota le 24 novembre 2016, et de son adoption par le Congrès colombien le 30 novembre 2016,
Se félicitant également de l’achèvement du processus de dépôt des armes individuelles par les FARC-EP le 27 juin 2017, sous la surveillance de la Mission des Nations Unies mise en place en Colombie par la résolution 2261 (2016),
Prenant note de la lettre, en date du 7 juin 2017, par laquelle le Président colombien sollicite, au nom de son gouvernement et des FARC-EP (S/2017/481), la mise en place d’une nouvelle mission politique spéciale pour une durée de trois ans, renouvelable s’il y a lieu, conformément à la clause 6.3.3 de l’Accord final,
Soulignant l’importance de la mise à effet de l’Accord final par le Gouvernement colombien et les FARC-EP et ayant conscience de la contribution qu’une mission de vérification des Nations Unies peut apporter conformément à la clause 6.3.3 de l’Accord final,
Réaffirmant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et réaffirmant également la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Colombie,
Considérant que la mise en œuvre de l’Accord final relève de la prérogative de la Colombie,
1. Décide de mettre en place, pour une période initiale de douze mois, une mission politique en Colombie, la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (la « Mission de vérification »), dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies;
2. Décide également qu’il incombe à la Mission de vérification de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les FARC-EP, des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final, comme le prévoit la clause 6.3.3 de celui-ci, y compris la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP, la mise en œuvre des garanties de sécurité personnelle et collective, ainsi que la mise en place de programmes complets concernant les mesures de sécurité et de protection des communautés et des organisations sur les territoires, et assortis des mécanismes de vérification nécessaires aux niveaux régional et local;
3. Décide en outre que la Mission de vérification doit amorcer toutes ses activités de vérification le 26 septembre 2017, dès l’achèvement du mandat de la Mission des Nations Unies mise en place en Colombie par la résolution 2261 (2016), la période initiale de douze mois prévue au paragraphe 1 commençant dès lors à courir;
4. Décide qu’il incombe à la Mission de vérification d’agir en étroite collaboration avec les organes de vérification établis par l’Accord final, en particulier la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’application de l’accord de paix, le Conseil national de réintégration et la Commission nationale des garanties de sécurité;
5. Prie la Mission de vérification d’agir de concert avec les membres de l’équipe de pays des Nations Unies en Colombie, conformément à leurs mandats respectifs;
6. Prie également le Secrétaire général de lancer immédiatement les préparatifs, notamment sur le terrain, et de lui présenter, pour examen et approbation, des recommandations détaillées sur la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission de vérification, conformément à l’Accord final, dans un délai de quarante-cinq jours à compter de l’adoption de la présente résolution;
7. Prie en outre la Mission des Nations Unies mise en place en Colombie par la résolution 2261 (2016) d’entreprendre à titre provisoire les tâches confiées à la Mission de vérification au paragraphe 2 de la présente résolution, ainsi qu’il est indiqué dans le rapport du Secrétaire général du 23 juin 2017, compte tenu de sa configuration actuelle et de ses moyens, jusqu’à l’expiration de son mandat, le 25 septembre 2017;
8. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport sur l’exécution du mandat de la Mission de vérification tous les quatre-vingt-dix jours à compter du début des activités de vérification de celle-ci, en se fondant sur les informations que lui aura communiquées son représentant spécial;
9. Se déclare disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue de la reconduction du mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties.
Déclarations
M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni), dont le pays est « porte-plume » sur la Colombie, s’est félicité de l’adoption unanime de la résolution, coparrainée par l’ensemble des membres du Conseil, et de la volonté ainsi manifestée par le Conseil de répondre collectivement à l’appel que lui avait lancé, le mois dernier, le Président colombien, M. Juan Manuel Santos. Le représentant a parlé d’un « grand voyage » entrepris depuis 18 mois par le Conseil, ajoutant que ce fut « un privilège » d’appuyer les efforts de paix des Colombiens et saluant le travail de la première mission des Nations Unies dans ce pays. Compte tenu de son expérience en Irlande du Nord, le Royaume-Uni, a confié le représentant, sait que la phase la plus difficile, dont la pleine réintégration des anciens combattants, est devant nous. C’est pourquoi la nouvelle Mission de vérification est si importante. Alors que, dans de trop nombreux pays du monde, la guerre est la norme, la Colombie nous montre que la paix est possible, a-t-il conclu.
La résolution adoptée aujourd’hui est une nouvelle preuve de « l’appui sans équivoque » du Conseil de sécurité envers le processus de paix en Colombie, ainsi que de la détermination du Gouvernement colombien et des FARC-EP à consolider la paix dans le pays, s’est félicité M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay). Après le dépôt des armes, intervenu le 27 juin dernier, le délégué uruguayen s’est dit très satisfait de la façon dont le Conseil de sécurité et le Secrétaire général ont réagi à la demande formulée par les parties, appelant l’ONU à déployer une nouvelle mission en Colombie.
Le représentant a par ailleurs salué la mise en place d’un Fonds d’affectation spéciale pour la période d’après conflit en Colombie, ainsi que la décision prise par le Secrétaire général de faire bénéficier le pays du Fonds pour la consolidation de la paix pendant une période supplémentaire de trois à cinq ans. « La volonté des Colombiens de progresser sur la voie de la paix est un exemple pour le monde », a enfin déclaré le délégué, saluant ce processus de paix « conçu, mené et mis en œuvre » par les Colombiens.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a parlé d’une nouvelle étape pour établir une paix pérenne en Colombie, soulignant que cela est le fait exclusif des Colombiens eux-mêmes et citant notamment le dépôt des armes par les combattants des FARC-EP. Le représentant a également salué la contribution des Nations Unies, ainsi que celle de la Norvège et de Cuba, garants de l’Accord de paix, et celle du Venezuela et du Chili, pays accompagnateurs. Le représentant a insisté sur l’importance de la synchronisation et d’une transition progressive entre les deux missions de l’ONU. Il est indispensable d’éviter un vide, a-t-il insisté.
L’adoption unanime de la résolution porte la marque de la détermination des Nations Unies à soutenir la Colombie, s’est réjoui M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan), tout en insistant sur l’importance de poursuivre la mise en œuvre de certains aspects de l’Accord de paix, y compris la réinsertion des FARC-EP dans la société colombienne. « La Colombie est un exemple remarquable de ce qui peut être réalisé quand il existe une volonté politique et l’engagement des deux parties », a conclu le délégué.
Saluant, à son tour, l’adoption de la résolution, que son pays a coparrainée, ainsi que l’établissement d’une seconde mission des Nations Unies chargée de poursuivre l’observation et la vérification du respect de l’Accord de paix, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que la résolution 2366 (2017) s’inscrivait dans la droite ligne du dépôt des armes, effectué le 27 juin dernier. « Il s’agit d’une étape primordiale vers l’établissement d’une paix durable en Colombie », a déclaré le représentant. À l’heure où le monde se trouve confronté à des conflits « infinis et meurtriers », a-t-il estimé, la Colombie « prouve au monde qu’il est possible de tourner le dos aux conflits ».
Le délégué français a toutefois mis l’accent sur les « défis » auxquels le pays devra faire face. « Il s’agit désormais, non plus seulement de gagner la paix, mais surtout de la construire et de l’enraciner dans la durée », a-t-il déclaré. Tout en mentionnant le « bilan exemplaire » de la première mission des Nations Unies, « dans les délais impartis », le représentant a qualifié la résolution d’aujourd’hui de « jalon essentiel » d’un processus où les Nations Unies « joueront un rôle capital » afin d’aider la Colombie à « ouvrir et à gagner ce nouveau chapitre de son histoire ».
M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité de l’engagement des parties et de la réussite de la phase de désarmement. Il a espéré que le soutien de son pays contribuera à la réussite du processus de paix et a insisté sur les efforts du Gouvernement de Colombie pour parvenir à l’autonomie, en pariant notamment sur l’éducation. Le Japon appuiera tous ces efforts par le biais de la Mission de vérification mais aussi de manière bilatérale.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a parlé de l’Accord de Bogota comme d’un accord historique qui ouvre la voie à une paix pérenne. L’aide des États-Unis à la Colombie se concentrera notamment sur la sécurité, la lutte contre le trafic de drogues, la réintégration des anciens combattants, le déminage et le retour de l’administration dans les zones anciennement contrôlées par les rebelles.
La nouvelle mission des Nations Unies permettra de renforcer encore davantage la confiance entre les parties et de mener à son terme l’Accord de paix, a déclaré M. OLOF SKOOG (Suède). Toutefois, au vu des violences récentes contre des défenseurs des droits de l’homme et de l’assassinat de représentants des FARC-EP et de leurs familles, le représentant a estimé que le déploiement de la nouvelle mission était non seulement opportun mais également urgent. « Un effort soutenu est désormais nécessaire de la part de tous », a-t-il déclaré.
« Nous sommes heureux de prendre part à cet évènement historique », a déclaré M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), estimant que ce texte jette les « bases d’une paix pérenne » dans le pays, tout en s’assurant que le processus de paix « demeure entre les mains des Colombiens ». L’adoption de cette résolution à l’unanimité témoigne de la volonté du Conseil de soutenir le processus de paix, s’est réjoui le représentant, tout en affirmant la volonté de son pays de faire de même.
Par ailleurs, le représentant a voulu que l’on tire les leçons du conflit colombien: lorsque le Conseil fait preuve d’unité et que les parties sont déterminées à instaurer la paix, avec le soutien des pays voisins, l’Organisation peut faire preuve d’une grande efficacité.
M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a salué le résultat du vote et a félicité les parties pour avoir achevé la phase de dépôt des armes. Il a insisté sur le fait que le processus de paix était irréversible, tout en ajoutant qu’il n’est pas sans difficultés. Il a salué les efforts du Gouvernement colombien pour lutter contre la criminalité organisée et autres activités illicites. L’Italie, a-t-il promis, continuera d’appuyer la Colombie, de manière bilatérale et au sein de l’Union européenne. Elle se félicite aussi du rôle de facilitateur joué par le Conseil de sécurité.
Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est félicitée de l’adoption de la résolution et a estimé que l’appui du Conseil de sécurité et de la nouvelle mission sera essentiel au succès de l’Accord de paix. Elle a rappelé qu’il y a un peu plus d’une semaine, le Conseil avait salué le jalon que constituait le dépôt des dernières armes par les FARC-EP. L’Éthiopie est bien consciente que la Colombie n’en est encore qu’au début d’un processus long et ardu et que les élections générales de 2018 peuvent représenter un risque. Il est donc essentiel, a conseillé la représentante, que la Colombie garde le cap. L’Éthiopie continuera de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix.
« Nous aimerions que l’ONU remporte plus souvent de tels succès », a déclaré Mme HANNA HALCHENKO (Ukraine), appelant à tirer les leçons de la crise colombienne et à s’en inspirer. À cette fin, la déléguée a estimé que la réinsertion et la réintégration des groupes armés étaient un facteur clef de réussite, devant être menées en accordant une « attention particulière aux groupes les plus vulnérables ».
M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a salué les efforts tant du Gouvernement que des FARC, estimant que les deux parties méritent le soutien du Conseil de sécurité. Pour le représentant, la visite en mai dernier du Conseil a certainement contribué à la réussite du processus en cours. Il a appelé à une réintégration effective des anciens combattants des FARC-EP dans le tissu socioéconomique du pays.
« Mon pays s’enorgueillit d’avoir été coauteur de la résolution 2366 (2017) », a déclaré M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie). Soulignant l’exemplarité du processus de paix en Colombie, le délégué a insisté sur l’importance et le défi que représentent le maintien d’un « dialogue permanent » entre les parties et la « réintégration économique, politique et sociale » des FARC-EP. De ce point de vue, a-t-il mis en garde, les assassinats de membres des FARC ou de leurs familles, les activités économiques illicites et les appels à la haine lancés par certains représentants démontrent la difficulté du processus de paix et l’ampleur des défis qui attendent le pays.
Au cours de l’année écoulée, le processus de paix en Colombie a « beaucoup progressé », s’est félicité M. LIU JIEYI (Chine), tout en saluant le Président de la Colombie et les FARC-EP pour leurs efforts réciproques en faveur de la paix. Aux yeux du délégué chinois, la résolution d’aujourd’hui permettra de soutenir efficacement la mise en œuvre de l’Accord de paix qui contribue non seulement à la paix en Amérique latine, mais représente également un exemple pour l’ensemble de la communauté internationale. « Nous espérons que les parties continueront sur cette voie », a déclaré le représentant, avant d’insister pour que l’initiative du processus de paix demeure entre les mains des Colombiens, que la communication entre les deux parties ne faiblisse pas et qu’un mécanisme de vérification de la mise en œuvre de l’Accord de paix soit mis en place. La Chine, a-t-il dit, est prête à apporter sa contribution à la pérennisation de la paix en Colombie.
« Très émue », Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a remercié le Conseil pour avoir adopté aujourd’hui sa « troisième résolution en faveur de la paix en Colombie » et fait preuve d’unité sur cette question depuis un an et demi. Elle a estimé que la visite que le Conseil a effectuée en Colombie au mois de mai lui avait permis de comprendre la réalité colombienne, la force des institutions nationales et le désir de paix et de réintégration, mais aussi les défis restant à relever.
Il est donc fondamental d’appuyer les efforts de la Colombie pour consolider la paix et édifier une société prospère et moderne sur l’ensemble du territoire national, a ajouté la Ministre, « ce qui est notre défi principal ». Une meilleure participation politique, une plus grande équité et une justice plus inclusive seront les éléments fondamentaux du pays que nous voulons, a-t-elle poursuivi, avant de décrire « un pays qui offre des opportunités, qui connaît la croissance, qui éduque et qui, plus encore, se réconcilie et prône la tolérance ». Cette perspective est celle d’une nation qui cherche à surmonter la dynamique du conflit et de la violence qui a prévalu pendant des dizaines d’années, a encore rappelé Mme Holguín Cuéllar.
La résolution est adoptée alors que les FARC-EP ont déposé toutes leurs armes dans le cadre d’un processus largement favorisé par la première mission des Nations Unies en Colombie, a poursuivi la Ministre. La seconde mission créée aujourd’hui sera plus réduite, avec un mandat plus spécifique, a-t-elle rappelé, avant d’affirmer que le processus de paix « a été construit entre Colombiens et pour les Colombiens ». Elle a reconnu qu’il avait donné lieu à un « débat animé » mais a ajouté que les Colombiens commençaient à voir les avantages de la paix, surtout dans les zones rurales.
Mme Holguín Cuéllar a également rappelé que le processus de paix et de réconciliation présentait des caractéristiques très singulières, notamment la participation des victimes à la négociation et le fait qu’elles soient au centre du processus, une « première » mondiale. Elle a rappelé également que les forces militaires avaient elles aussi participé au processus, et que 70% de l’Accord de paix porte sur des mesures qui entraîneront des changements socioéconomiques en Colombie.
La Ministre a remercié une nouvelle fois les Gouvernements de la Norvège et de Cuba, garants de l’Accord, ceux du Venezuela et du Chili, accompagnateurs du processus, ainsi que le Secrétaire général, l’ensemble du personnel de la Mission spéciale en Colombie et notamment son Chef, M. Jean Arnault. Elle a conclu en réaffirmant la volonté de son gouvernement de tout faire pour assurer une pleine mise en œuvre de l’Accord de paix.