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Préoccupé par la stagnation du dialogue, le Conseil de sécurité demande aux parties burundaises de prendre des mesures pour sortir de l’impasse politique

8016e séance – matin
CS/12937

Préoccupé par la stagnation du dialogue, le Conseil de sécurité demande aux parties burundaises de prendre des mesures pour sortir de l’impasse politique

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, une déclaration présidentielle dans laquelle il exprime sa préoccupation face à la stagnation du dialogue au Burundi, et « demande instamment à toutes les parties burundaises de prendre des mesures supplémentaires pour sortir de l’impasse politique actuelle ».

Par ce texte, le Conseil indique demeurer profondément préoccupé par la situation politique au Burundi, la non-application de la résolution 2303 (2016) et l’immobilisme du Gouvernement burundais à cet égard.  Il reste alarmé par le nombre croissant de réfugiés à l’étranger et troublé par les rapports faisant état d’actes de torture, de disparitions forcées et d’exécutions judiciaires.

Le Conseil souligne également que la situation qui règne au Burundi porte gravement atteinte aux progrès notables qui ont été réalisés grâce à l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi du 28 août 2000. 

Dans ce contexte, le Conseil condamne fermement toutes les déclarations publiques, faites dans le pays ou à l’étranger, qui incitent à la violence ou à la haine contre certains groupes de la société burundaise, « y compris les appels à la fécondation forcée des femmes et des filles ».  Il réaffirme aussi son intention de prendre des mesures ciblées à l’encontre de tous les acteurs, qu’ils se trouvent au Burundi ou à l’étranger, qui menacent la paix et la sécurité du Burundi.

Par ce texte, le Conseil exhorte le Gouvernement burundais et toutes les parties à cesser et à rejeter toute forme de violence, à condamner toute déclaration publique incitant à la violence ou à la haine et exige de toutes les parties au Burundi qu’elles s’abstiennent de tout acte qui mettrait en péril la paix et la stabilité dans le pays, nuirait à la stabilité régionale sur le long terme ou saperait le dialogue interburundais mené sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est et approuvé par l’Union africaine.

Dans cette déclaration, le Conseil souligne d’ailleurs que ce dialogue est le seul processus viable permettant de déboucher sur un règlement politique durable au Burundi, et qu’il est urgent que les États membres de la Communauté d’Afrique de l’Est s’impliquent activement afin que la médiation régionale, facilitée par l’ancien Président Benjamin Mkapa, se poursuive et aboutisse.

Le Conseil exprime par ailleurs l’espoir que les élections prévues pour 2020 au Burundi seront libres, régulières, transparentes, pacifiques et pleinement ouvertes à tous, avec la participation de tous les partis politiques et une participation pleine et égale des femmes à l’ensemble du processus.  Il souligne également que pour permettre la tenue d’élections crédibles, il faut des améliorations considérables de la situation politique et de la situation des droits de l’homme, en particulier pour ce qui est des libertés fondamentales, notamment la liberté de la presse, ainsi que des progrès dans la réconciliation.

En vertu de cette déclaration, le Conseil exprime sa vive préoccupation face à la dégradation persistante de la situation humanitaire, avec près de 202 000 personnes déplacées, 3 millions de personnes dans le besoin et plus de 416 000 Burundais cherchant refuge dans les pays voisins.

Il réaffirme qu’il importe que l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine disposent d’un plan actualisé d’intervention en cas d’urgence, conformément à ses résolutions 2248 (2015), 2279 (2016) et 2303 (2016), afin que la communauté internationale puisse réagir à toute nouvelle dégradation de la situation.   

En rappel, par la résolution 2303, le Conseil demandait instamment au Gouvernement burundais, ainsi qu’à toutes les parties burundaises, d’apporter leur pleine coopération au déploiement et aux activités de la composante de police des Nations Unies au Burundi, formée d’un maximum de 228 policiers, et pour une période initiale d’un an qui a du reste pris fin le 29 juillet dernier.  Cette composante de police des Nations Unies devait être chargée de surveiller les conditions de sécurité et d’appuyer le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans la collecte d’informations sur les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits.

Le Conseil exhorte le Gouvernement burundais à renouer les liens avec les partenaires internationaux, en particulier l’Organisation des Nations Unies, « d’une manière constructive et fondée sur la confiance mutuelle ».  Il exhorte aussi le Gouvernement burundais et le Haut-Commissariat à finaliser sans plus tarder l’accord concernant l’actualisation du mandat du Bureau du Haut-Commissariat au Burundi.

Le Conseil demande également au Gouvernement burundais de coopérer avec la Commission d’enquête sur le Burundi créée par la résolution A/HCR/33/24 du Conseil des droits de l’homme.

LA SITUATION AU BURUNDI

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité demeure profondément préoccupé par la situation politique au Burundi, la non-application de la résolution 2303 (2016) et l’immobilisme du Gouvernement burundais à cet égard.  Tout en prenant note de la situation généralement calme en matière de sécurité qui prévaut dans le pays, il reste alarmé par le nombre croissant de réfugiés à l’étranger et troublé par les rapports faisant état d’actes de torture, de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires, ainsi que par la persistance de l’impasse politique dans le pays et les conséquences humanitaires graves qui en découlent.

Le Conseil souligne que la situation qui règne au Burundi porte gravement atteinte aux progrès notables qui ont été réalisés grâce à l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi du 28 août 2000 (ci-après l’« Accord d’Arusha »), ce qui a des conséquences dévastatrices pour le pays et la région tout entière.  Il exprime sa vive préoccupation face à la dégradation persistante de la situation humanitaire, avec près de 202 000 personnes déplacées, 3 millions de personnes dans le besoin et plus de 416 000 Burundais cherchant refuge dans les pays voisins, salue les pays hôtes pour leurs efforts et demande aux gouvernements de la région de respecter leurs obligations internationales concernant le statut des réfugiés et de s’assurer que la décision de retour est volontaire et prise en connaissance de cause et que le retour se fait dans la sécurité et dans la dignité.

Le Conseil condamne fermement toutes les déclarations publiques, faites dans le pays ou à l’étranger, qui incitent à la violence ou à la haine contre certains groupes de la société burundaise, y compris les appels à la fécondation forcée des femmes et des filles.  Il se félicite que les responsables du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD) aient condamné de telles déclarations et appelle le Gouvernement burundais à veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes.  Il exhorte le Gouvernement burundais et toutes les parties à cesser et à rejeter toute forme de violence, à condamner toute déclaration publique incitant à la violence ou à la haine et exige de toutes les parties au Burundi qu’elles s’abstiennent de tout acte qui mettrait en péril la paix et la stabilité dans le pays, nuirait à la stabilité régionale sur le long terme ou saperait le dialogue interburundais mené sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est et approuvé par l’Union africaine. Il réaffirme son intention de prendre des mesures ciblées à l’encontre de tous les acteurs qui menacent la paix et la sécurité du Burundi., qu’ils se trouvent au Burundi ou à l’étranger.

Le Conseil salue les mesures prises au niveau régional pour aider les Burundais à trouver des solutions politiques et renouvelle son appui à la facilitation dirigée par l’ancien Président Benjamin Mkapa, dans le cadre d’une médiation menée par le Président Yoweri Museveni, en sa qualité de Président de la Communauté d’Afrique de l’Est.  Il se félicite de la décision adoptée par l’Union africaine à son vingt-neuvième sommet, dans laquelle l’Union africaine réaffirme son attachement au règlement pacifique de la crise au Burundi par l’instauration rapide d’un dialogue interburundais ouvert à tous, sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est et avec l’appui de l’Union africaine, et prie toutes les parties prenantes burundaises de participer activement et inconditionnellement à cette entreprise.  Il souligne en outre que ce dialogue est le seul processus viable permettant de déboucher sur un règlement politique durable au Burundi. Le Conseil reste profondément préoccupé par la stagnation du dialogue.  Il se félicite du rapport présenté le 20 mai au sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est par le facilitateur, M. Mkapa, et appelle à la mise en œuvre immédiate de la feuille de route sur la voie à suivre.  Il souligne qu’il est urgent que les États membres de la Communauté d’Afrique de l’Est s’impliquent activement afin que la médiation régionale, facilitée par Benjamin Mkapa, se poursuive et aboutisse. Le Conseil demande instamment à toutes les parties burundaises de prendre des mesures supplémentaires pour sortir de l’impasse politique actuelle.

Le Conseil souligne qu’il importe au plus haut point de respecter, dans la lettre et dans l’esprit, l’Accord d’Arusha, qui a permis au Burundi de connaître une décennie de paix.

Le Conseil exhorte le Gouvernement burundais à renouer les liens avec les partenaires internationaux, en particulier l’Organisation des Nations Unies, d’une manière constructive et fondée sur la confiance mutuelle.  Il se félicite de la visite de l’Envoyé spécial du Secrétaire général au Burundi et de la pleine coopération du Gouvernement burundais lors de cette visite.  Il renouvelle son plein appui au Secrétaire général et à son Envoyé spécial dans les efforts qu’ils déploient pour engager le dialogue avec le Gouvernement burundais sur les modalités de mise en œuvre de la résolution 2303 (2016), conformément à la pratique établie à l’ONU, et pour aider à sortir de l’impasse politique actuelle et favoriser un processus de réconciliation ouvert à tous.

Le Conseil prie le Secrétaire général et le Gouvernement burundais de parachever et d’appliquer l’Accord sur le statut de la mission pour le Bureau de l’Envoyé spécial.  Il prie à nouveau le Secrétaire général d’accroître l’engagement des Nations Unies au Burundi afin de renforcer et d’appuyer l’équipe de son Envoyé spécial, de façon à œuvrer avec le Gouvernement burundais et les autres parties prenantes concernées en faveur du dialogue interburundais dirigé par la Communauté d’Afrique de l’Est dans les domaines de la sécurité et de l’état de droit, à dialoguer avec toutes les parties prenantes à la crise et à œuvrer avec toutes les parties burundaises à l’élaboration de mesures de confiance, en vue d’améliorer la situation des droits de l’homme et les conditions de sécurité et d’instaurer un climat propice au dialogue politique.

Le Conseil prie l’Envoyé spécial de collaborer avec le Gouvernement et la société civile pourappuyer la participation pleine et égale des femmes au dialogue inclusif mené sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, et appelle de ses vœux la participation pleine et égale des femmes aux prises de décisions aux niveaux national et local ainsi que la participation des organisations de femmes à toutes les actions humanitaires ou initiatives visant à réduire la violence et à permettre des interventions rapides, en tenant compte de la vulnérabilité des femmes déplacées de force.

Le Conseil condamne fermement toutes les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits commises au Burundi, quels qu’en soient les auteurs, y compris les exécutions extrajudiciaires, les violences sexuelles, les arrestations et détentions arbitraires, y compris celles qui concernent les enfants, les disparitions forcées, les actes de torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, les actes de harcèlement et d’intimidation de la société civile, y compris des organisations de femmes et des journalistes, la restriction des libertés fondamentales, ainsi que les attaques aveugles à la grenade, y compris contre des civils.

Le Conseil regrette à nouveau que le Gouvernement burundais ait suspendu toute coopération et toute collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, présent dans le pays depuis 1995 pour renforcer les institutions qui œuvrent en faveur de l’état de droit au Burundi, et demande au Haut-Commissariat et au Gouvernement de dialoguer afin de trouver une solution permettant au Haut-Commissariat de reprendre pleinement ses activités, notamment de surveillance et de communication de l’information, et de s’acquitter de son mandat.  Il note que le Haut-Commissariat a répondu au Gouvernement burundais le 8 mars 2017 à propos des révisions apportées au projet de mémorandum d’accord entre la République du Burundi et l’ONU concernant l’actualisation du mandat du Bureau du Haut-Commissariat au Burundi, envoyées par celui-ci en novembre 2016, et exhorte le Gouvernement burundais et le Haut-Commissariat à finaliser l’accord sans plus tarder.

Le Conseil se dit à nouveau préoccupé par les retards importants du déploiement des observateurs des droits de l’homme et experts militaires de l’Union africaine, notant que seuls 40 observateurs des droits de l’homme et 8 observateurs militaires ont été déployés au Burundi à ce jour.  Il appuie la demande de l’Union africaine tendant à ce que le mémorandum d’accord concernant les activités de ses observateurs des droits de l’homme et experts militaires soit rapidement signé, ce qui leur permettra de mener pleinement dans le pays les tâches prévues dans leur mandat.

Le Conseil réaffirme que c’est au Gouvernement burundais qu’il incombe au premier chef d’assurer la sécurité sur son territoire et de protéger sa population, dans le respect de l’état de droit, des droits de l’homme et du droit international humanitaire, selon qu’il convient.  Il exhorte le Gouvernement burundais à respecter, protéger et garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, conformément à la Constitution du pays et à ses obligations internationales, à adhérer à l’état de droit, à traduire en justice et à faire répondre de leurs actes tous les responsables de violations du droit international humanitaire ou de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, selon qu’il convient, notamment les violences sexuelles et toutes les violations et atteintes commises contre des enfants, y compris les membres des forces de sécurité et de partis politiques.  Il demande en outre au Gouvernement burundais de coopérer avec la Commission d’enquête sur le Burundi créée par la résolution A/HCR/33/24 du Conseil des droits de l’homme. Le Conseil note que plus de 1 000 détenus, dont des prisonniers politiques, ont été amnistiés en 2017 et demande que davantage de mesures de confiance soient prises.

Le Conseil réaffirme qu’il importe que l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine disposent d’un plan actualisé d’intervention en cas d’urgence, conformément à ses résolutions 2248 (2015), 2279 (2016) et 2303 (2016), afin que la communauté internationale puisse réagir à toute nouvelle dégradation de la situation.

Le Conseil demeure préoccupé par la situation humanitaire et la situation des droits de l’homme dans le pays et demande au Secrétaire général de maintenir l’aide humanitaire des Nations Unies à la population burundaise.  Il constate que plusieurs partenaires bilatéraux et multilatéraux ont suspendu leur aide financière et technique au Gouvernement burundais, compte tenu de la situation au Burundi, et encourage les partenaires bilatéraux et multilatéraux et le Gouvernement burundais à poursuivre leur dialogue en vue de créer des conditions propices à la reprise de l’assistance.

Dans ce contexte, le Conseil se félicite de l’action de la Commission de consolidation de la paix, qui offre au Burundi et à ses partenaires un cadre durable de dialogue, et en particulier de la retraite tenue à Bujumbura le 12 juillet 2017 pour évaluer les aspects socioéconomiques de la situation et convenir de mesures concrètes pour collaborer plus efficacement et surmonter les obstacles existants.

Le Conseil demande également aux États de la région de concourir à la recherche d’une solution à la crise au Burundi et de s’abstenir de soutenir les activités des mouvements armés de quelque façon que ce soit, et rappelle à cet égard les engagements qu’ils ont pris au titre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, et de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

Le Conseil est préoccupé par les informations figurant dans les rapports qu’il a reçus concernant le recrutement et la formation de réfugiés burundais présents sur le territoire de la République démocratique du Congo.

Le Conseil souligne qu’il importe que l’Union africaine, la Communauté d’Afrique de l’Est, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et l’Organisation des Nations Unies, notamment l’Envoyé spécial du Secrétaire général, coordonnent leurs efforts pour continuer de rechercher des solutions à la crise au Burundi.

Le Conseil de sécurité salue la contribution des soldats de la paix burundais servant dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et celles dirigées par l’Union africaine, et souligne à nouveau qu’il importe de respecter les normes de l’Organisation des Nations Unies.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance politique, à l’intégrité territoriale et à l’unité du Burundi.

Le Conseil exprime l’espoir que les élections prévues pour 2020 au Burundi seront libres, régulières, transparentes, pacifiques et pleinement ouvertes à tous, avec la participation de tous les partis politiques et une participation pleine et égale des femmes à l’ensemble du processus.  Il souligne également que pour permettre la tenue d’élections crédibles, il faut des améliorations considérables de la situation politique et de la situation des droits de l’homme, en particulier pour ce qui est des libertés fondamentales, notamment la liberté de la presse, ainsi que des progrès dans la réconciliation.

Le Conseil rappelle la prière, à reconsidérer au bout d’un an, qu’il a adressée au Secrétaire général de lui faire rapport sur la situation au Burundi tous les trois mois, notamment sur tout fait public d’incitation à la haine et à la violence, et sur toute évolution de la situation sur le terrain, et de lui rendre compte immédiatement par écrit de toutes atteintes graves à la sécurité, violations du droit international humanitaire, violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits dont auraient connaissance les Nations Unies au Burundi, quels qu’en soient les auteurs.

Le Conseil prie le Secrétaire général de trouver des moyens de renforcer la présence des Nations Unies au Burundi et de mettre au point des mesures de renforcement de la confiance mutuelle entre le Gouvernement burundais et l’Organisation des Nations Unies, dans l’objectif de renforcer l’équipe de l’Envoyé spécial, de permettre la reprise de toutes les activités du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et l’exécution de son mandat, d’achever le déploiement des observateurs des droits de l’homme et des experts militaires autorisés de l’Union africaine et de prendre d’autres mesures propres à améliorer le climat politique, à promouvoir le renforcement de la confiance entre les parties prenantes burundaises et à créer un espace de dialogue.

Le Conseil de sécurité est déterminé à continuer de suivre de près la situation au Burundi, notamment les progrès réalisés dans l’application de la résolution 2303 (2016).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

l’Assemblée générale salue la création du Bureau de lutte contre le terrorisme

Soixante et onzième session,
93e & 94e séances plénières - Matin & après-midi
AG/11932

l’Assemblée générale salue la création du Bureau de lutte contre le terrorisme

Les États Membres invitent le Bureau à mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de manière équilibrée

Les délégations qui ont pris part à la réunion de l’Assemblée générale de ce jour ont unanimement salué la récente création du Bureau de lutte contre le terrorisme, en souhaitant qu’il veille à ce que ses tâches soient conformes aux quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également rendu hommage à la mémoire de Miguel d’Escoto Brockmann, du Nicaragua, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, décédé le 8 juin dernier.  

Saisie du rapport* du Secrétaire général sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, l’Assemblée générale a salué la nomination à la tête du Bureau de M. Vladimir Ivanovich Voronkov, de la Fédération de Russie, avec rang de Secrétaire général adjoint. 

Créé suite à l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 71/291, le 15 juin 2017, le Bureau concrétise la première réforme institutionnelle voulue par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.

Le Bureau a cinq fonctions principales, dont celles de piloter l’action menée au titre des divers mandats de lutte contre le terrorisme de l’Assemblée générale et de renforcer la coordination et la cohérence des activités des 38 organismes des Nations Unies et entités extérieures qui composent l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme chargés d’assurer une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Ces quatre piliers concernent: les mesures visant à éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme; les mesures visant à prévenir et combattre le terrorisme; les mesures destinées à étoffer les moyens dont les États disposent pour prévenir et combattre le terrorisme et à renforcer le rôle joué en ce sens par l’Organisation des Nations Unies; et les mesures garantissant le respect des droits de l’homme et la primauté du droit en tant que base fondamentale de la lutte antiterroriste.

De nombreuses délégations, dont celle de l’Islande, ont insisté sur ce dernier pilier.  La représentante des États-Unis a en outre invité le Bureau à inclure la société civile dans son travail, notamment les organisations présentes sur le terrain.   

Certaines délégations ont toutefois exprimé des mises en garde.  Pour le représentant de l’Inde, il faudrait que la création du Bureau encourage l’ONU à développer une approche plus globale.  D’autres ont averti que le nouveau Bureau sera d’autant plus efficace qu’il saura se prémunir des pressions de certains États qui souhaitent faire avancer leurs stratégies géopolitiques par ce biais.  D’autres, enfin, ont insisté sur le respect du principe de non-ingérence et de la souveraineté des États.

Pour certains orateurs, le Bureau doit prendre en compte les diverses formes d’expression du terrorisme, y compris à travers les médias sociaux ou encore par le biais du phénomène des combattants étrangers.  Le représentant des Philippines a ainsi rappelé qu’en mai dernier, des terroristes ayant prêté allégeance à Daech et soutenus par des combattants étrangers avaient annoncé la prise de contrôle de Marawi, une ville de l’île de Mindanao dont la population est de 200 000 habitants.   

Le Gouvernement de la Turquie a pris pour sa part des mesures pour lutter contre les flux de combattants terroristes étrangers, par exemple en établissant une liste de 53 000 personnes de diverses nationalités qui seraient refoulées si elles arrivaient en Turquie, a par ailleurs affirmé le représentant, qui a fait observer que les opérations militaires récentes en Syrie et en Iraq ont conduit à un flux de combattants vers leur pays d’origine.  D’où l’importance d’échanges d’informations entre États, ont martelé plusieurs intervenants. 

C’est surtout la perspective du retour des combattants en Europe qui inquiète, a ironisé le délégué syrien qui a appelé la communauté internationale à « couper les sources de financement des organisations terroristes en incitant les gouvernements qui les soutiennent à y mettre un terme ». 

Le fait de catégoriser les terroristes « en bon et mauvais », en fonction d’intérêts politiques à court terme, est une stratégie risquée qui ne contribuera pas à venir à bout de ce fléau, a pour sa part estimé le représentant de la République islamique d’Iran, tandis que sa collègue du Nicaragua invitait à condamner le terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d’État dont son propre pays a été victime. 

« Il ne faut pas associer le terrorisme à une culture, une religion ou une nationalité », ont plaidé des délégués, alors que d’autres voix ont réclamé la rédaction rapide d’une convention contre le terrorisme afin de renforcer et compléter l’architecture internationale de lutte contre le terrorisme. 

Sur un autre point, l’Assemblée générale a entériné la nomination de Mme Keiko Kamioka (Japon) au poste d’inspecteur au Corps commun d’inspection à compter  du 1er janvier 2018 et jusqu’au 31 décembre 2019, en remplacement de M. Rajab Sukayri (Jordanie).

*A/71/858

HOMMAGE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE À LA MÉMOIRE DE SON EXCELLENCE MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, PRÉSIDENT DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE.

L’Assemblée générale a rendu hommage à la mémoire de Miguel d’Escoto Brockmann, du Nicaragua, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, décédé le 8 juin dernier.

M. PETER THOMSON (Fidji), Président de la soixante et onzième Assemblée générale, a déclaré qu’en tant que prêtre catholique, Miguel d’Escoto Brockmann avait dédié sa vie à la justice sociale, à la défense du droit international et au service des pauvres et des plus démunis.  Au nom du Secrétaire général, Mme María Luiza Ribeiro Viotti, Chef de Cabinet de M. António Guterres, a quant à elle souligné le rôle du défunt dans le processus de réconciliation en Amérique centrale et dans la consolidation de la démocratie au Nicaragua.

Des représentants des différents groupes régionaux ont ensuite pris la parole.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ALI ALIFEI MOUSTAPHA (Tchad) a rappelé que M. d’Escoto Brockmann avait, durant sa présidence de l’Assemblée générale, « milité en faveur d’une réforme des institutions internationales au service des peuples, pour faire de l’ONU une organisation fonctionnelle ».

Il a également été un « grand défenseur » du droit des femmes et des enfants, ainsi que de la diversité culturelle, a ajouté son M. HAU DO SUAN (Myanmar) au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique.  

Au nom du Groupe des États d’Europe orientale, M. PETR ILIICHEV (Fédération de Russie) a rappelé que la présidence de Miguel d’Escoto Brockmann était intervenue dans un contexte de forte récession économique, durant laquelle il n’avait pas ménagé ses efforts pour rétablir l’économie mondiale et stabiliser les prix de l’énergie au niveau mondial. 

« C’était un homme d’État chevronné, un prêtre, un militant social et un révolutionnaire, fervent défenseur du multilatéralisme », a déclaré à sa suite M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).

Nous souhaiterions transmettre chaleureusement nos condoléances au Nicaragua, ainsi qu’à sa famille et à ses amis, a ajouté, en espagnol, M. PASCAL BUFFIN (Belgique) au nom du Groupe des États d'Europe occidentale et autres États. 

« Miguel, le père révolutionnaire », ce « chancelier de la dignité du Nicaragua », a œuvré en faveur de la justice et de la lutte contre le colonialisme sur tous les continents, a déclaré pour sa part Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua). « Il a accompagné les peuples du monde sur la voie de la paix », a-t-elle conclu sous les applaudissements.

NOMINATION D’UN MEMBRE DU CORPS COMMUN D’INSPECTION [POINT 115 H)]

L’Assemblée générale a entériné la nomination de Mme Keiko Kamioka (Japon) au poste d’inspecteur au Corps commun d’inspection à compter du 1er janvier 2018 et jusqu’au 31 décembre 2019.  Suite à un accord entre le Japon et la Jordanie, Mme Kamioka remplacera M. Rajab Sukayri (Jordanie) qui démissionnera de son poste d’inspecteur au Corps commun d’inspection le 31 décembre 2017, qui avait été élu le 1er janvier 2015 pour un mandat de cinq ans qui aurait dû aller jusqu’au 1er janvier 2015 au 31 décembre 2019.  Les inspecteurs sont nommés pour cinq ans et leur mandat peut être renouvelé pour une autre période de cinq ans.

STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/71/858)

Déclarations

M. PETER THOMSON, Président de l’Assemblée générale, a déploré les attaques lâches contre des civils à travers le monde au cours de la présente semaine.  Il a salué la création en début d’année du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, expliquant qu’il allait renforcer les capacités de l’ONU dans cette lutte.  M. Thomson, qui a estimé que la présente réunion représentait un pas en avant pour faire avancer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a plaidé pour une plus grande coopération dans ce domaine.  La lutte contre le terrorisme est une tâche qui doit aussi permettre de rendre hommage à tous ceux qui ont perdu la vie à cause du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-il ajouté.

M, MICHAEL GRANT (Canada), s’exprimant au nom du groupe CANZ -Canada, Australie et Nouvelle-Zélande-, a souligné qu’il fallait coopérer, encore plus qu’avant, afin de prévenir et répondre au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Il est vital, a-t-il précisé, que cette collaboration inclue un large éventail de partenaires, y compris la société civile, les jeunes, les femmes et le secteur privé. 

Le représentant a rappelé que depuis l’adoption, en 2006, de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, la menace du terrorisme avait évolué.  Notre réponse doit donc également s’adapter, a-t-il fait observer, avant d’appeler à faire davantage d’efforts en matière de prévention de l’extrémisme violent et pour la promotion des droits de l’homme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.  Il a aussi plaidé pour une plus grande coordination dans la lutte contre le terrorisme au sein des diverses agences onusiennes, notamment entre le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme.

Mme ANCA CRISTINA MEZDREA, de l’Union européenne, a salué la création du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, né du regroupement du Bureau de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, et a appelé à développer une « approche globale et ouverte » pour mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  La représentante a ainsi appelé le nouveau Bureau et le Secrétaire général adjoint qui le dirige à faire preuve de « davantage d’efficacité et de cohérence entre l’ONU et les autre acteurs internationaux de lutte contre le terrorisme ».  L’Union européenne et ses États membres veulent une ONU efficace dans la lutte contre le terrorisme, a conclu la représentante.

Pour M. DANNY DANON (Israël), « nous devons en premier lieu comprendre le phénomène terroriste ».  Le représentant a ensuite pris en exemple l’actualité récente de son pays, affirmant que « nos adversaires tentent de faire croire à un changement du statu quo sur le mont du Temple ».  Or, a-t-il affirmé, ce sont des informations mensongères.  « Nous voulons un mont du Temple ouvert pour tous les visiteurs et ceux qui viennent prier », a-t-il insisté.  Le représentant a affirmé que, pour calmer les tensions des derniers jours, son gouvernement avait réduit le dispositif de sécurité à Jérusalem-Est.  « Comment ont réagi les dirigeants palestiniens?  En n’appelant pas à la non-violence! » a-t-il déploré. 

Pour M. Danon, les appels constants au terrorisme au sein de la société palestinienne sont identiques à ceux lancés dans le reste du monde, à savoir qu’ils glorifient une « violence sans pareille à l’encontre de victimes innocentes ».  Dans les écoles coraniques, en Palestine ou même en France, a-t-il affirmé, « on apprend à haïr Israël ».  Aussi, le représentant a-t-il souhaité que le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme permette à l’ONU de devenir un acteur central dans cette lutte.

Il faut également contrecarrer les plans des terroristes en matière technologique, a par ailleurs déclaré le représentant, ajoutant que, sur Internet, il était désormais trop facile pour les terroristes de s’organiser.  « Pour devenir un terroriste dangereux aujourd’hui, la seule chose dont vous avez besoin, c’est d’un téléphone portable et d’une connexion Wi-Fi », a-t-il affirmé. 

Selon lui, pour lutter efficacement contre le terrorisme, combattre l’exclusion et le chômage n’est pas suffisant, à l’inverse de ce que prétendent souvent les rapports de l’ONU, car la réalité démontre que des professionnels en tout genre et des diplômés d’universités prestigieuses deviennent également terroristes.  La classe socioéconomique n’est pas la cause principale, a déclaré le représentant, pour qui c’est plutôt la glorification de la terreur qui est en cause.

M. MOHAMED IBRAHIM EL SHINAWY (Égypte) a salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, mais il a précisé que ses activités devaient se déroulées dans le strict respect de la souveraineté des États et donc en accord avec ces derniers.  Il a aussi demandé que le terrorisme ne soit pas associé à une religion donnée.  Le représentant a par ailleurs plaidé pour une coopération étroite entre le Bureau et les organisations régionales et autres coalitions, comme celle qui existe dans la lutte contre Daech.

Mme MICHELE SISON (États-Unis) a elle aussi salué la création du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, insistant sur le besoin de coordination entre diverses agences onusiennes dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Le terrorisme ne saurait être vaincu uniquement par des mesures sécuritaires, a-t-elle souligné, tout en ajoutant qu’il faudrait également prévenir l’idéologie qui le sous-tend.  Ce nouveau Bureau doit faire sien le plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, a souhaité Mme Sison, qui a insisté sur la nécessité pour le Bureau d’inclure la société civile dans son travail, notamment les organisations présentes sur le terrain.  Elle a terminé en rappelant que le respect des droits de l’homme devait faire partie de la lutte contre le terrorisme.

Mme KARIMA BARDAOUI (Tunisie) a jugé impératif que les terroristes soient conscients que la communauté internationale est non seulement mobilisée mais également déterminée à mettre un terme à leurs activités, et ce, par le biais d’une coopération internationale et régionale approfondie.  À cet égard, a-t-elle rappelé, la Tunisie a adhéré à différents instruments juridiques internationaux liés à la menace terroriste ainsi qu’à l’élimination des sources de financement des groupes terroristes.  Elle a ainsi ratifié 14 conventions internationales, y compris la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la Convention internationale pour la répression des crimes terroristes. 

Au niveau national, une loi sur la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d’argent a été adoptée en 2015, a par ailleurs rappelé la représentante.  Cette loi criminalise tous les actes de soutien, d’incitation, de formation, de recrutement et d’apologie du terrorisme, ainsi que toutes les tentatives et toutes les complicités avérées, comme le demandent les résolutions 1373 (2001) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  La Tunisie a en outre adopté en décembre 2016 sa stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, qui comprend quatre piliers cruciaux à savoir la prévention, la protection, la poursuite et la réponse, a encore expliqué Mme Bardaoui.  

Pour M. SYED AKBARUDDIN (Inde), « la menace apocalyptique du terrorisme et du cyberterrorisme » exige une attention mondiale et une plus grande coopération internationale.  S’il a salué l’examen constant de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le représentant a ajouté que les textes devaient être adaptés via une introspection honnête.  « Comment les terroristes potentiels sont-ils formés et comment se financent-ils? » a-t-il demandé, appelant à répondre très précisément à ces questions.

Nous devons éviter de céder à la tentation d’utiliser le terrorisme comme un atout dans le jeu géopolitique entre les Nations, a poursuivi le représentant, pour qui le terrorisme est « une menace internationale qui ne devrait pas être utilisée dans les stratégies nationales ».  Dans ce cadre, il a dit espérer que la création du Bureau de lutte contre le terrorisme encouragera l’ONU à développer une approche plus globale.  « Nous devons faire preuve d’ambition », a-t-il conclu.

M. VASSILY ALEKSEEVICH NEBENZIA (Fédération de Russie) a appelé à mettre l’accent sur la mise en place de stratégies antiterroristes nationales, tout en rendant hommage à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  « Mon pays est un pionnier dans ce domaine », s’est-il félicité, soulignant la diminution drastique du terrorisme dans la Fédération de Russie ces dernières années, malgré une menace persistante.

Le représentant a également appelé le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme à s’efforcer d’élargir la base juridique de la lutte.  Il a salué la nomination d’un citoyen russe à la tête de ce nouvel organe.  Il a également insisté pour que la lutte contre le terrorisme à l’échelle mondiale se fasse dans le respect du principe de non-ingérence et de la souveraineté des États.

Il faut combiner la lutte militaire et la répression du terrorisme avec la lutte contre les causes du phénomène, a encore estimé M. Nebenzia, qui a appelé à combattre avec des moyens modernes le phénomène des combattants terroristes et le financement du terrorisme.

La réussite de la réforme du Secrétaire général, a-t-il conclu, dépendra de la volonté politique des États à s’attaquer à ce fléau.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a appelé à la condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d’État dont son propre pays a été victime.  Le terrorisme ne doit pas être lié à une religion ou une civilisation particulière, a-t-elle ajouté.  Elle a lancé un appel pour que voit le jour une convention générale contre le terrorisme, un instrument pour lequel sa délégation est disposée à participer à la rédaction.  Il faut respecter les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a ajouté la représentante, qui s’est félicitée des succès de la stratégie nationale de son pays pour lutter contre la criminalité organisée. 

M. AMMAR ALARSAN (République arabe syrienne) a estimé que le nouveau Bureau sera d’autant plus efficace qu’il saura se prémunir des pressions de certains États qui souhaitent faire avancer leurs stratégies géopolitiques par ce biais.  Le représentant a appelé à plus de transparence et de sérieux dans les résolutions du Conseil de sécurité en matière de lutte antiterroriste.  Il faut garantir la diversité des compétences de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies, a-t-il aussi plaidé.

M. Alarsan a ensuite estimé que la communauté internationale avait échoué dans sa lutte contre le terrorisme et les groupes terroristes en Syrie.  Certains États Membres ont hésité à demander aux parrains du terrorisme de rendre des comptes, a-t-il déploré, tout en rappelant que les combattants terroristes étrangers sont recrutés dans des centres religieux à travers le monde, centres qui, a-t-il ajouté, sont financés notamment par l’Arabie saoudite et le Qatar pour des motivations idéologiques.  La communauté internationale a dû attendre trois ans avant de commencer à lutter contre ce phénomène, a-t-il déploré tout en faisant observer que la vie des Syriens ne semblait pas importante et que c’était surtout la perspective du retour des combattants en Europe qui inquiète.  Le représentant a appelé à « couper les sources de financement des organisations terroristes en incitant les gouvernements qui les soutiennent à y mettre un terme ».   

Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a invité les États Membres à mettre en commun leurs ressources et à partager les renseignements pour lutter contre les réseaux internationaux du crime organisé, qui constituent une ligne d’approvisionnement vitale pour les groupes terroristes ou extrémistes.

Il faut aussi veiller à ce que le quatrième pilier de la Stratégie antiterroriste mondiale, à savoir les droits de l’homme et l’état de droit, soit respecté dans les efforts de lutte, a-t-elle ajouté.  Dans le même temps, le terrorisme et l’extrémisme violent ne peuvent pas, ne doivent et ne devraient pas être associés à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.  La représentante a en outre regretté qu’il ait été impossible à ce jour de rassembler la volonté politique nécessaire pour briser l’impasse entourant le projet de convention internationale de lutte contre le terrorisme.

Dans de nombreuses parties du monde, il est impératif d’inclure les communautés vulnérables et marginalisées, les enfants, les minorités, les femmes et les filles dans les organes des Nations Unies qui s’occupent d’eux, a poursuivi la représentante.  Tous les efforts doivent être déployés pour éviter que les réfugiés et les migrants ne soient utilisés et manœuvrés par les terroristes.  Ne fermons pas nos frontières ou nos cœurs trop fermement au point d’oublier de protéger les pauvres, les faibles, les marginalisés et les vulnérables, a plaidé Mme Samarasinghe. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que le terrorisme était une menace au développement et au progrès social de tous les pays.  Pour lutter contre ce phénomène, il a souhaité « plus de coordination, de cohérence, de suivi et d’évaluation » des activités de lutte contre le terrorisme aux niveaux national et international.  Il a toutefois tenu à rappeler qu’il n’existait aucun lien entre le terrorisme et une nationalité ou une religion particulière.

S’agissant de la réforme de l’architecture de l’Organisation dans ce domaine, le représentant a souhaité que le nouveau Bureau de l’ONU puisse permettre d’améliorer la lutte contre le terrorisme, y compris les activités des terroristes sur les médias sociaux.  « Il faut pour cela combiner les approches de prévention et de répression », a-t-il estimé, appelant également le nouveau Bureau à renforcer les capacités des États Membres pour lutter contre ce fléau.

Pour M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives), « le terrorisme est devenu de plus en plus pervers ».  Pour lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers, le représentant a souligné que son pays avait passé une loi pour interdire aux Maldiviens de quitter le pays dans le but de rejoindre les rangs d’une organisation terroriste.  Les Maldives ont également créé des instances nationales de lutte contre le terrorisme, a-t-il poursuivi.  Au niveau international, il a appelé à présenter un front uni contre la menace terroriste et a demandé à tous les États Membres de s’engager dans cette voie.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a estimé que les « ennemis de l’humanité terrorisent les communautés », ajoutant qu’aucun pays n’était plus familier de ce phénomène que l’Afghanistan, qui y fait face depuis déjà 20 ans.  Le pays fait en effet face à la fois aux Taliban, à Al-Qaida, à Daech et à d’autres groupes terroristes, a rappelé le représentant.  Malgré nos difficultés, nous avons pu maintenir un certain contrôle sur notre territoire, a-t-il ajouté, tout en regrettant que ces groupes s’attaquent de manière délibérée aux civils.  Il a cité quelques « faits d’armes » des Taliban pour illustrer ses propos, déplorant que ces terroristes trouvent refuge dans des pays voisins, et estimant que le problème des sanctuaires était l’une des raisons de la survie du terrorisme.

M. Saikal a appelé les Nations Unies à se tenir aux côtés de l’Afghanistan dans la lutte contre le terrorisme.  Il a aussi indiqué que la législation nationale de son pays avait été adaptée aux résolutions du Conseil de sécurité.  Pour ce qui est du nouveau Bureau, Le représentant a souhaité qu’il puisse travailler dans le cadre d’un mandat clair et a invité les États à ne pas affaiblir son fonctionnement.  Même si le Bureau est placé sous la supervision de l’Assemblée générale, il se doit de collaborer avec le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  Il a enfin appelé à la rédaction rapide d’une convention contre le terrorisme afin de renforcer et compléter l’architecture internationale de lutte contre le terrorisme. 

M. CLAY (Royaume-Uni) a salué la mise en place du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme en disant attendre les résultats de ses actions.  La prévention de l’extrémisme violent doit être au cœur de son mandat, a-t-il souhaité.  Nous avons l’opportunité de protéger le monde du fléau du terrorisme, et il faut mettre les moyens en œuvre à cet effet, a affirmé le représentant, en soulignant que les Nations Unies avaient le devoir de le faire au nom de l’humanité.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a appelé à mettre en place des programmes de prévention et de réhabilitation spécifiques pour faire face au nombre croissant de femmes combattantes terroristes étrangères.  Il a également appelé à lutter plus efficacement contre l’utilisation des nouvelles technologies par les terroristes, en mettant en place des instruments internationaux adaptés.  Il faut aussi, a-t-il dit, fermer les vannes de l’approvisionnement financier des terroristes par le biais du trafic de drogues, de l’utilisation de la vente de matières premières et de l’exploitation de sites culturels.

M. AHMED ABDELRAHMAN AHMED ALMAHMOUD (Émirats arabes unis) a appelé le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme à mettre en œuvre de manière équilibrée la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, en se centrant sur les actions de prévention.  Il a souligné les actions menées par son pays au niveau régional pour lutter contre le terrorisme, ainsi qu’au niveau global, au sein de la coalition internationale contre Daech.

Mme SESSELJA SIGURDARDÓTTIR (Islande) a jugé concrets les efforts du Secrétaire général de l’ONU pour rationaliser l’architecture de lutte contre le terrorisme des Nations Unies.  Le processus était transparent, inclusif et hautement efficace, s’est-elle félicitée, estimant que c’était là la clef pour obtenir l’appui général des États Membres.  Pour que la Stratégie antiterroriste mondiale  produise de l’effet, une mise en œuvre équilibrée et efficace de ses quatre piliers est fondamentale, a ajouté la représentante.

Pour Mme Sigurdardóttir, l’inclusion de la prévention dans le programme du Groupe de travail sur la prévention de l'extrémisme violent est d’une importance capitale.  Selon la représentante, l’attention accordée par le Groupe à la tolérance et au pluralisme offre les ingrédients nécessaires pour consolider des sociétés pacifiques et inclusives.  Nous devons aussi assurer que toutes les mesures prises contre le terrorisme se conforment au droit international et aux instruments internationaux des droits de l’homme, a encore observé la représentante, pour qui il est essentiel que l’ONU fasse preuve d’une unité d’objectif dans sa lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Elle s’est dite impatiente de voir les améliorations dans la coordination et l’aide aux États Membres qu’apporteront les réformes décidées par le Secrétaire général.

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a salué la nomination de M. Vladimir Ivanovich Voronkov à la tête du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme.  Il a appelé à une aide ciblée pour les pays en développement dans le cadre de la lutte antiterroriste, notamment dans le cadre du renforcement des capacités.  Il a également souhaité une large réforme de l’architecture de lutte contre le terrorisme au sein des Nations Unies.  Il a enfin estimé que la répartition des fonctions entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité dans cette lutte soit être respectée.   

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a relevé que les mesures de prévention du terrorisme devaient mettre l’accent sur la lutte contre l’intolérance et toutes les formes de discrimination.  Il a rendu hommage aux victimes du terrorisme, rappelant que son pays était lui aussi confronté à ce fléau, auquel il fait face avec une détermination qui ne faiblit pas. 

Le Gouvernement de la Turquie a pris des mesures pour lutter contre les flux de combattants terroristes étrangers, par exemple en établissant une liste de 53 000 personnes de diverses nationalités qui seraient refoulées si elles arrivaient en Turquie, a par ailleurs affirmé le représentant, qui a fait observer que les opérations militaires récentes en Syrie et en Iraq ont conduit à un flux de combattants vers leur pays d’origine.  D’où l’importance d’échanges d’informations entre États, a ajouté M. Begeç, qui a mis en garde contre le risque de remplacer Daech par d’autres groupes terroristes sur le terrain, et a insisté sur le fait qu’il ne peut y avoir de « bon terroriste ».

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a appelé à appliquer et mettre en œuvre de façon équilibrée les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale, salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU et appelé les États Membres à renforcer la coordination de leurs efforts respectifs de lutte contre le terrorisme au niveau mondial.  « Il ne faut pas associer le terrorisme à une culture, une religion ou une nationalité », a-t-il ensuite mis en garde, avant de condamner toutes les activités terroristes et les États qui les financent. 

La lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine que le monde ne pourra gagner qu’en luttant contre l’idéologie de l’extrémisme violent, a encore estimé le représentant, qui a appelé à ne pas uniquement investir dans des efforts de nature militaire.  Il faut aussi prendre davantage en compte les causes profondes du terrorisme, y compris l’occupation étrangère et la marginalisation, a-t-il expliqué.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a appelé les États Membres à adopter l’approche exhaustive de lutte contre le terrorisme telle que déclinée dans les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a aussi salué la rapidité et l’efficacité avec lesquelles le Secrétaire général a mis en œuvre son mandat d’examen de la mise en œuvre de la Stratégie.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a souhaité que le Bureau de lutte contre le terrorisme assure une représentation géographique équitable dans ses rangs en s’appuyant sur l’expérience des pays qui se trouvent sur la « ligne de front » dans la guerre contre le terrorisme, y compris en Afrique.  Il a également émis l’espoir que le Bureau soit en mesure de consolider et de faire progresser les résultats positifs de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, et ce, dans une continuité sans à-coup.  Le Bureau jouera un rôle crucial dans la mobilisation des États Membres afin d’adopter des stratégies communes et efficaces fondées sur les meilleures pratiques contre le terrorisme. 

Pour le représentant, la guerre contre le terrorisme devra être portée au niveau sous-régional, cadre dans lequel des pays voisins mettent en place des mesures uniformes pour contrer l’extrémisme violent qui mène au terrorisme.  Le partage d’informations sur le terrorisme entre pays voisins crée des incitations et des synergies au niveau sous-régional pour contrer toutes les facettes du terrorisme, a-t-il affirmé. 

M. Andambi a par ailleurs partagé quelques leçons tirées des expériences de son pays dans la lutte contre le terrorisme.  Il a ainsi estimé qu’il fallait d’abord prévenir les conflits et traiter au plus vite ceux qui éclatent, car on ne pourrait lutter contre une idéologie si les communautés concernées sont en guerre.  Il a de nouveau insisté sur le partage des informations à tous les niveaux.  Il a mis en avant les efforts de déradicalisation, de réhabilitation et d’intégration, nécessaires pour remporter la bataille des idées contre le terrorisme.  En outre, il a plaidé pour que les gouvernements mettent en place des politiques inclusives en matière de développement socioéconomique et a plaidé pour que des ressources suffisantes soient disponibles à tous les stades des différents efforts.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que le terrorisme ne pourrait être vaincu qu’au moyen d’un plan complet et global, ajoutant que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies était susceptible d’offrir une plateforme adaptée pour y parvenir.  « Il faut en finir avec les idéologies destructrices qui exploitent l’esprit des jeunes », a affirmé le représentant, qui a appelé à lutter contre ces « idéologies sombres » qui se livrent à des interprétations fausses de l’islam pour justifier leur violence.  Il faut aussi prendre des mesures politiques, militaires et économiques, a poursuivi le représentant.  À ses yeux, le fait de catégoriser les terroristes « en bon et mauvais », en fonction d’intérêts politiques à court terme, est une stratégie risquée qui ne contribuera pas à venir à bout de ce fléau.

M. Al Habib a indiqué que l’Iran avait été victime du terrorisme sous plusieurs formes, y compris celle du terrorisme d’État.  Selon lui, plus de 17 000 citoyens iraniens au total ont été tués par des terroristes.  Or, a-t-il regretté, pour des raisons selon lui politiques, les organisations responsables de ces crimes ont été retirées des listes d’organisations terroristes alors qu’à l’inverse, certaines organisations qui tentent simplement d’obtenir l’autodétermination pour leur peuple, comme en Palestine, sont considérées comme terroristes. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que son pays s’était attaché à s’attaquer à toutes les causes du terrorisme mentionnées dans la Stratégie antiterroriste mondiale et qu’il avait coopéré avec toutes les instances des Nations Unies visant à lutter contre le terrorisme.  Dans ce cadre, elle a souligné que le Qatar avait également conclu plusieurs accords bilatéraux de lutte contre le terrorisme, comme le mémorandum d’entente signé récemment avec les États-Unis.

La représentante a appelé à renforcer les efforts militaires, économiques et juridiques pour lutter contre le terrorisme, tout en évitant les politiques basées sur la répression et la discrimination, jugées contreproductives et nourrissant le terrorisme. 

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN (Philippines) a rappelé qu’en mai dernier, des terroristes ayant ont prêté allégeance à Daech et soutenus par des combattants étrangers avaient annoncé la prise de contrôle de Marawi, une ville de l’île de Mindanao dont la population est de 200 000 habitants.  Ils s’étaient montrés solidaires envers les populations et avaient renforcé les communautés, a ajouté le représentant.  Nous ne les avons pas vus venir parce que nous sommes une démocratie qui respecte la diversité, a ajouté le représentant.

La présence de combattants terroristes étrangers atteste de la nature transnationale de la prise de contrôle de la ville, a poursuivi le représentant, qui a constaté que, quand la communauté internationale parvient à fermer les portes avec succès à ces groupes quelque part, de nouvelles portes s'ouvrent à eux dans d’autres parties du monde.  La situation de Marawi souligne les points importants du rapport du Secrétaire général sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a encore estimé le représentant, car il réaffirme que les États Membres doivent considérer le terrorisme comme la plus grave menace à la paix et à la sécurité partout dans le monde.  La lutte contre le terrorisme devrait nous unir, tous, a conclu M. Locsin.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a estimé que les terroristes avaient profité des divergences sur la compréhension du terrorisme au niveau international pour poursuivre leurs activités, y compris à l’encontre des Nations Unies.  Pour le représentant, le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme devrait notamment renforcer la Stratégie antiterroriste mondiale et aider au renforcement des capacités régionales et internationales. 

Présentant les efforts faits au plan national par le Bangladesh, le représentant a expliqué qu’ils étaient tournés vers l’appropriation des normes internationales fixées par les Nations Unies, ainsi que vers le renforcement institutionnel contre le terrorisme, y compris par une politique de « tolérance zéro ».  Le Gouvernement a également créé un mécanisme pour superviser le respect des normes des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme.  Le représentant s’est par ailleurs dit inquiet de l’utilisation d’Internet par les terroristes avant de réitérer le souhait du Bangladesh de voir des progrès dans l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme.  

M. AHMED (Pakistan) a apporté son appui au programme de réforme de l’ONU du Secrétaire général, y compris la réforme du secteur de la sécurité.  Il a déclaré que les conflits prolongés et l’occupation étrangère nourrissaient le terrorisme.  Pour le représentant, le Bureau de lutte contre le terrorisme devrait suivre les meilleures pratiques existantes pour répondre aux besoins des Nations Unies et des États Membres, ce qui inclut le respect du principe de la souveraineté nationale.  Le terrorisme n’est affilié à aucune religion et 65 000 personnes ont péri du terrorisme au Pakistan ces dernières années, a-t-il ajouté. 

M. BAZADOUGH (Jordanie) a souhaité que le nouveau Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme devienne le chef de file des efforts de l’Organisation contre le terrorisme, coordonne les efforts nationaux de lutte contre le terrorisme, renforce les capacités des États pour y parvenir et intègre la lutte contre le terrorisme à l’ensemble des activités de l’ONU.  La mise en œuvre de toutes ses fonctions par le Bureau exigera de nombreux efforts de coordination de la part des États, a estimé le représentant, qui a appelé le Bureau à s’attaquer en priorité aux deux défis que sont la planification du retour des combattants terroristes étrangers et la lutte contre l’utilisation par les terroristes des réseaux sociaux. 

En outre, M. Bazadough a indiqué que la Jordanie et la Norvège annonceraient dans les prochaines semaines la création d’un groupe des amis afin de contrer l’extrémisme violent, qui visera à encourager l’appui des communautés, le respect des droits de l’homme et la participation des jeunes et des femmes.

M. BOUTAQA (Maroc) a estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies répondait aux besoins pressants de réduire les doublons en matière d’initiatives de lutte contre le terrorisme.  Il a expliqué que le Maroc s’attachait à mettre en œuvre cette Stratégie, aussi bien par un volet répressif que par un volet préventif, via l’adoption de réformes sociales, éducatives, culturelles et religieuses.  Sur ce dernier point, le représentant a affirmé l’importance de s’assurer que les jeunes d’aujourd’hui soient formés à l’islam dans le respect du dialogue.

Droits de réponse

Le représentant d’Israël a répondu à son homologue de la République islamique d’Iran en accusant le « régime iranien » d’armer des organisations terroristes et de renforcer le régime d’Assad.  Il viole en outre les résolutions du Conseil de sécurité en lançant notamment des missiles balistiques aujourd’hui.  L’Iran attaque Israël, c’est intolérable, a accusé le représentant israélien.  . 

Le représentant de la République islamique d’Iran a rétorqué que la lutte contre le terrorisme ne devait pas oublier le terrorisme exercé par Israël, qui a une longue histoire en la matière, citant les politiques d’occupation, d’intimidation et de terrorisme.  Israël a mené des attaques terroristes partout dans le monde y compris en Iran, les agents israéliens aident des groupes terroristes comme le Front el-Nosra en Syrie et Israël perpétue également un acte DE terrorisme à long terme dans le territoire palestinien occupé, a poursuivi le représentant, qui a demandé à la communauté internationale de s’unir pour mettre un terme à cette situation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC entame sa session de 2018 avec une nouvelle Présidente qui promet d’œuvrer en vue de « ne laisser personne de côté »

Session de 2018,
Session d’organisation - 1re séance – matin
ECOSOC/6868

L’ECOSOC entame sa session de 2018 avec une nouvelle Présidente qui promet d’œuvrer en vue de « ne laisser personne de côté »

En prenant ses fonctions, ce matin, la nouvelle Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC) pour la session de 2018, Mme Marie Chatardová, de la République tchèque, a promis d’œuvrer afin de « ne laisser personne de côté », suivant le leitmotiv du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La séance de ce matin, qui marquait également la fin de la session de 2017, a permis au Président sortant, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava, du Zimbabwe, de présenter son bilan, avant que le Conseil n’élise son nouveau bureau et n’adopte une résolution* sur l’organisation des travaux de la session de 2018, tout en prenant note de son ordre du jour provisoire** pour lequel certaines délégations ont appelé à des modifications dans le but de le rationaliser.

Conformément à sa décision*** du 18 novembre 2017, le thème de la session de 2018, qui se tiendra du 27 juillet 2017 au 25 juillet 2018, sera le suivant: « Du niveau mondial au niveau local: appuyer l’édification de sociétés viables et résilientes en milieux urbain et rural ».

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a fait remarquer que ce thème invite la communauté internationale à ne laisser personne de côté.  Il a donc invité l’ECOSOC à renforcer sa collaboration avec toutes les parties prenantes en vue d’atteindre cet objectif. 

C’est dans cette optique que la nouvelle Présidente a expliqué vouloir travailler avec toutes les parties prenantes, afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.  « Et quand je dis personne, je veux vraiment dire personne », a-t-elle insisté en annonçant la couleur avec l’organisation d’une réunion spéciale, en mai 2018 au Siège des Nations Unies, pour explorer les actions collectives possibles en vue de réaliser le but d’inclusion universelle.

Dans sa dernière déclaration en tant que Président de l’ECOSOC, M. Shava a pour sa part insisté pour que cet organe continue d’être ce nécessaire « espace d’échanges entre les États Membres dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable ».  Les résultats de l’ECOSOC ne seront pas jugés à l’aune du nombre de résolutions adoptées, mais sur l’impact qu’ils auront sur la vie réelle des gens, a-t-il averti.

La nouvelle Présidente a promis que, dans les 12 prochains mois, l’ECOSOC se focaliserait sur le soutien qu’il peut apporter aux efforts de mise en œuvre du Programme 2030.  Elle s’attèlera personnellement à établir une connexion entre les divers processus intergouvernementaux au sein de l’ONU, en veillant à garder un lien avec les réalités du terrain. 

Pour cela, elle a prôné une coordination et une coopération efficaces entre l’ECOSOC et les organes statutaires de l’ONU, en précisant que « c’est à notre génération qu’il incombe de concrétiser l’avenir dessiné par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Son prédécesseur a présenté un bref résumé des principales réunions que le Conseil économique et social a tenues au cours de la session qui s’achève.  Il s’est en particulier félicité du succès du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, tenu ce mois-ci, qui a vu la participation remarquée de la société civile.  À ce propos, M. Shava a rappelé qu’en 2017 le Conseil avait accordé le statut consultatif à quelque 460 organisations non gouvernementales, dont beaucoup œuvrent dans le monde en développement.

En plus de la participation des jeunes qui sont une force indéniable pour réaliser les objectifs de développement durable, la nouvelle Présidente a affirmé que « nous ne pourrons atteindre les objectifs de développement durable sans obtenir des engagements clairs du milieu des affaires ».  Elle a aussi argué que la société civile, dans toute sa diversité, doit être prise en compte dans les travaux de l’ECOSOC.

« Oui, mais pas au détriment des États Membres », a tempéré la déléguée de la Fédération de Russie, qui a souligné qu’il ne faudrait pas que, sous le prétexte de la mise en œuvre du Programme 2030, des décisions soient prises pour modifier la configuration des principaux organes statutaires de l’ONU.  Le renforcement de la participation de la société civile ne doit pas se faire au détriment de celle des États Membres, a-t-elle mis en garde en rappelant l’expérience du dernier Forum politique de haut niveau, au cours duquel les représentants de la société civile étaient en concurrence avec les États Membres pour la prise de parole.

Certaines délégations ont en outre appelé à des modifications de l’ordre du jour provisoire de la session de 2018.

« Il faudrait garder à l’esprit que ce programme de travail peut faire l’objet de modifications en fonction des délibérations des autres organes principaux de l’ONU », a averti le représentant des États-Unis, en se fondant sur des résolutions en ce sens de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale.  Ce programme de travail est selon lui « presque identique à celui de l’an dernier » et il « manque de pertinence et d’originalité », ce qui fait que « les principaux organes de l’ONU en arrivent à faire les mêmes choses ».

« Les États-Unis ne toléreront pas que l’on répète les discussions sur certains points qui ne sont pas pertinents dans cet organe », a-t-il insisté tout en se désolant des retards perpétuels dans la distribution des documents.  À preuve, « la page Internet de cette réunion promet toujours que les documents seront disponibles ultérieurement », a-t-il fait remarquer en promettant que sa délégation allait examiner les procédures de travail avec attention.

La représentante de l’Estonie, parlant au nom de l’Union européenne, a souhaité que le Forum de l’ECOSOC pour la coopération en matière de développement se tienne bien avant le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, car le premier fournit de la matière au second.  Son homologue de la Chine, qui partageait cet avis, a aussi insisté sur l’importance d’éviter des doublons entre les activités de divers organes de l’ONU.

Le représentant du Chili a tenu à rappeler que les dates de ces réunions restent encore à fixer, selon les termes de la résolution* portant sur l’organisation des travaux de la session de 2018 de l’ECOSOC.

Pour ce qui est de la partie « réunions de coordination et de gestion » de l’ECOSOC, le délégué de la Norvège s’est interrogé: « est-ce vraiment nécessaire d’y consacrer 10 jours de notre temps? ». 

Le nouveau bureau constitué pour la session de 2018 comprendra, outre Mme Chatardová, quatre Vice-Présidents, dont M. Mahmadamin Mahmadaminov (Tadjikistan), Mme Inga Rhonda King (Saint-Vincent-et-les Grenadines, et M. Marc Pecsteen De Buytswerve (Belgique), tous trois élus ce matin.  Le Vice-Président issu du Groupe des États d’Afrique sera élu ultérieurement. 

En fin de séance, l’Andorre a bénéficié du tirage au sort et gagné le droit d’occuper le premier siège dans la salle de l’ECOSOC pendant la session de 2018.  Les 53 autres États représentés à l’ECOSOC seront installés à la suite de l’Andorre, selon l’ordre alphabétique en anglais.

*E/2018/L.1

**E/2018/1

***E/2017/L.9

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU s’inquiète des entraves à l’aide humanitaire, alors que la situation reste « extrêmement difficile »

8015e séance – matin        
CS12932

Syrie: le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU s’inquiète des entraves à l’aide humanitaire, alors que la situation reste « extrêmement difficile »

Le représentant de la République arabe syrienne accuse L’OCHA de vouloir « se substituer au Gouvernement syrien »

Tout en constatant une diminution récente de la violence dans certaines régions de la Syrie, Mme Ursula Mueller, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, s’est inquiétée, ce matin, devant le Conseil de sécurité, de la situation humanitaire « extrêmement difficile » dans laquelle se trouvent toujours les civils, une situation aggravée, selon elle, par la persistance d’entraves à l’accès humanitaire.  Mais elle a été vivement prise à partie par le représentant de la République arabe syrienne, qui a reproché à ses services de vouloir se substituer au Gouvernement syrien et à l’ONU de ne pas prendre en compte les victimes et les dommages causés par la « prétendue coalition internationale » dirigée par les États-Unis.

Mme Mueller, qui s’exprimait par visioconférence depuis les locaux du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Amman, en Jordanie, a noté que la situation humanitaire demeurait extrêmement difficile malgré la baisse de la violence dans les « zones de désescalade », créées suite à la signature du mémorandum du 4 mai, signé par la République islamique d’Iran, la Fédération de Russie et la Turquie. 

En actualisant le rapport* mensuel du Secrétaire général dont était saisi le Conseil –le quarante et unième du genre, largement consacré à la situation humanitaire- la Sous-Secrétaire générale a cité en exemple les zones assiégées de la Ghouta orientale où, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu le 22 juillet, les frappes aériennes et tirs de mortiers continuent de faire de nombreuses victimes civiles, ou encore le nord-ouest du pays, où les combats entre groupes armés non étatiques et terroristes font rage.  La situation à la frontière entre la Syrie et la Jordanie s’est elle aussi dégradée la semaine dernière.  Quant à la province de Raqqa, l’OCHA y a recensé 30 000 nouvelles personnes déplacées depuis le 1er juillet du fait des opérations contre Daech, ce qui porte le nombre total de déplacés dans cette zone à environ 200 000 depuis le 1er avril.  Et dans la ville même de Raqqa, où Daech continue d’utiliser des civils comme boucliers humains, la situation sanitaire est très préoccupante. 

C’est dans les zones assiégées et difficiles d’accès que la situation demeure la plus difficile, a expliqué Mme Mueller, qui a précisé qu’aucun convoi humanitaire n’avait pu être acheminé vers les zones assiégées depuis le début du mois de juillet et qu’un convoi par semaine seulement avait pu atteindre les zones difficiles d’accès.  La Sous-Secrétaire générale a condamné la persistance d’entraves à la livraison de l’aide, y compris les refus d’autorisation et restrictions administratives imposées par le Gouvernement syrien, ainsi que les restrictions émanant des groupes armés non étatiques et terroristes, qui continuent de retarder les livraisons.  Malgré ces entraves, l’ONU et ses partenaires ont pu fournir une aide à près de 8,5 millions de personnes à travers le pays au mois de mai et les convois de juillet ont permis d’apporter une aide d’urgence à environ 200 000 personnes, a précisé Mme Mueller.

À sa suite, les représentants des deux États latino-américains membres du Conseil ont dénoncé les entraves à l’assistance humanitaire, entraves que l’Uruguay juge « incompréhensibles ».  Pour son représentant, il ne s’agit pas là d’un échec d’OCHA, mais bien des membres du Conseil et d’autres pays ayant une influence sur le Gouvernement syrien.  Tout en saluant le mémorandum du 4 mai et le cessez-le-feu obtenu dans le sud-ouest de la Syrie le 3 juillet sous les auspices de la Russie, des États-Unis et de la Jordanie, son homologue de la Bolivie a lui aussi insisté pour une pleine mise en œuvre de la résolution 2336 (2016) de décembre 2016, afin de permettre à l’assistance humanitaire de parvenir partout. 

Tout en reconnaissant au rapport du Secrétaire général « un ton un peu différent » des précédents « sur certains points », le représentant de la République arabe syrienne, Bashar Ja’afari, a reproché à l’ONU « un véritable manque de maturité et de professionnalisme » l’accusant d’omettre les « véritables raisons » de la détérioration des conditions de vie des citoyens syriens et des entraves à la livraison de l’aide humanitaire dans le pays.

Le représentant s’en est en particulier pris à l’OCHA et à sa dirigeante.  « Elle a parlé de l’aide apportée à 8,5 millions de personnes, mais cela s’est-il produit sur Mars, sur Jupiter, ou peut-être sur Venus? » a-t-il ironisé, avant de reprocher à l’OCHA de vouloir se substituer au Gouvernement syrien, ce qui est « inacceptable ».  « Qui vous a donné le droit de parler au nom du peuple syrien? » « N’y a-t-il pas un Gouvernement qui vous aide à faire parvenir cette aide humanitaire? » a-t-il demandé, accusant Mme Mueller d’outrepasser son mandat.

Pour M. Ja’afari, Mme Mueller et le rapport du Secrétaire général refusent en réalité de parler de l’aide apportée par le Gouvernement aux acteurs humanitaires pour des raisons politiques.  Le représentant a estimé que le rapport mensuel était instrumentalisé afin de proférer des accusations à l’encontre de son gouvernement, au lieu d’aider à dépasser les difficultés pour livrer l’aide humanitaire.  Il a notamment accusé l’OCHA de manipuler les chiffres, ajoutant que c’était la raison pour laquelle des agences humanitaires et organes de presse se sont désolidarisés du rapport.

En outre, M. Ja’afari a estimé que les convois humanitaires de l’ONU allaient « plus souvent aux terroristes armés » qu’au peuple syrien.  « Vous voulez apporter de l’aide aux terroristes et à ceux qui les financent », a-t-il dénoncé, avant d’accuser les auteurs du rapport de « refuser de critiquer » les actes de la « prétendue coalition internationale » qui ont pourtant mené à la mort « des milliers d’innocents » et détruit des infrastructures qui seraient nécessaires à la reconstruction du pays. 

À la suite de ces accusations, la représentante des États-Unis a souhaité intervenir pour assurer la représentante de l’OCHA du « plein soutien de son pays ».

* S/2017/623

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2017/623)

Exposé

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, qui s’exprimait par visioconférence depuis les locaux du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Amman, en Jordanie, a déclaré que la violence avait diminué dans certaines zones de la Syrie depuis la signature du mémorandum du 4 mai prévoyant la création de « zones de désescalade » à travers le pays.  Cependant, a-t-elle ajouté, la situation humanitaire et sécuritaire demeure « extrêmement difficile » pour les civils dans de nombreuses régions du pays.

Dans les zones assiégées de la Ghouta orientale, dans la banlieue rurale de Damas, et dans le quartier de Jobar, dans la partie est de la capitale syrienne, les opérations militaires ont repris, a déploré Mme Mueller, ajoutant qu’au mois de juillet, des raids aériens et des bombardements contre les villes d’Ain Tarma et de Hazzeh avaient tué et blessé de nombreux civils.  Un marché public de la ville assiégée de Kafr Batna a également été bombardé, le 16 juillet, a-t-elle ajouté, précisant que de nombreux civils avaient perdu la vie ou été blessés durant l’attaque.  De même, a-t-elle poursuivi, des tirs de mortiers ont endommagé, le 19 juillet, l’hôpital de Harasta, ce qui témoigne selon elle du regain d’attaques contre des infrastructures civiles dans le pays. 

Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu dans la Ghouta orientale, le 22 juillet, de nombreux rapports font état de la persistance de frappes aériennes dans la zone, a également regretté Mme Mueller, qui a par conséquent appelé à déployer tous les efforts possibles pour parvenir à une véritable désescalade dans la zone.

Par ailleurs, à Edleb, des combats entre groupes armés non étatiques et des groupes terroristes ont également causé de nombreuses victimes, a poursuivi Mme Mueller, ajoutant que la situation demeurait très préoccupante dans les zones contrôlées par des groupes armés non étatiques dans le nord-ouest de la Syrie.

Les opérations contre Daech se poursuivent dans la province de Raqqa, a précisé la Sous-Secrétaire générale, ajoutant que de nombreux civils avaient trouvé la mort dans les bombardements et que plus de 30 000 personnes avaient été déplacées dans cette province depuis le 1er juillet, portant le nombre total des déplacés dans la zone à environ 200 000 depuis le 1er avril.  Mme Mueller s’est inquiétée de la situation humanitaire et des restrictions à la liberté de circulation imposées aux personnes déplacées.  De plus, a-t-elle dit, Daech continue d’utiliser des civils comme boucliers humains et la situation sanitaire dans la ville de Raqqa est très préoccupante.

La situation à la frontière entre la Syrie et la Jordanie s’est par ailleurs dégradée, a déclaré Mme Mueller, mentionnant l’explosion, le 18 juillet, d’un engin explosif improvisé dans un camp de déplacés à Al-Rukban, qui a tué trois enfants et en a blessé cinq autres.

S’agissant des zones assiégées et difficiles d’accès, Mme Mueller a déclaré qu’il y avait peu d’évolutions positives.  Aucun convoi humanitaire n’a pu atteindre les zones assiégées depuis le début du mois de juillet, alors que trois seulement avaient pu en juin atteindre des zones assiégées ou d’accès difficile, a-t-elle expliqué, ce qui a tout de même permis d’apporter une aide à environ 200 000 personnes.

Mme Mueller a condamné la persistance d’entraves à la livraison de l’aide humanitaire, y compris les refus d’autorisation de la part par du Gouvernement syrien, les restrictions administratives, l’insécurité et les combats, qui continuent de retarder les livraisons.  Elle a également mentionné les restrictions imposées par les groupes armés non étatiques et terroristes dans les zones sous leur contrôle.

En dépit de ces difficultés, l’ONU et ses partenaires ont fourni une aide à près de 8,5 millions de personnes à travers le pays en mai 2017, dont 4,4 millions de femmes et filles et 4,1 millions d’hommes et garçons, a fait observer la Sous-Secrétaire générale.  Mme Muller a en outre mis l’accent sur la campagne de vaccination contre la polio lancée cette semaine par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui vise à atteindre 450 000 enfants à Deir ez-Zor et Raqqa, où 27 cas de polio ont été signalés.  Elle a ainsi appelé l’ensemble des parties à fournir un accès sécurisé aux équipes de vaccination.

Enfin, Mme Mueller a demandé au Conseil de sécurité de contraindre les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, ainsi qu’à mettre fin aux attaques contre les civils et infrastructures civiles.

Déclarations

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a jugé incompréhensibles les entraves administratives imposées par le Gouvernement syrien aux actions humanitaires mais, pour lui, « il ne s’agit pas d’un échec d’OCHA, mais des membres du Conseil de sécurité et autres pays qui ont une influence sur le Gouvernement syrien ».  Le représentant a accusé toutes les parties de mépriser les principes fondamentaux du droit international humanitaire.  C’est parce que ce sont les enfants, les femmes et les personnes âgées qui sont les premières victimes de ces atrocités que l’Uruguay a approuvé la création d’un mécanisme international pour enquêter sur les abus et autres actes relevant du crime de guerre.  Pour l’Uruguay, il est essentiel de rendre justice aux centaines de milliers de victimes de ce conflit.  Le représentant a rappelé le soutien de son pays à la demande du Secrétaire général visant à référer la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI). 

M. Bermúdez a en outre jugé indispensable une solution politique au conflit syrien, qui soit marquée par une transition pacifique, et a estimé que le processus d’Astana était un bon complément aux négociations intrasyriennes de Genève.  Se félicitant du cessez-le-feu obtenu dans le sud-ouest de la Syrie, il a estimé que le plus urgent était de faire cesser les hostilités partout et de garantir un accès humanitaire immédiat durable à toutes les zones assiégées.  Il a jugé inadmissible que près d’un an après l’adoption de la résolution 2286 (2016) des attaques se poursuivent contre les centres de santé, puisque quatre incidents de ce type ont été signalés rien qu’au mois de juin 2017.  

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué la décision acquise le 4 mai 2017 à Astana, appelant à la création de quatre zones de désescalade, ainsi que le cessez-le-feu obtenu dans le sud-ouest de la Syrie le 3 juillet sous les auspices de la Russie, des États-Unis et de la Jordanie.  Le représentant a également jugé indispensable que la résolution 2336 (2016) de décembre 2016 soit appliquée, afin de permettre à l’assistance humanitaire de parvenir partout.  Il a rappelé que quatre millions de Syriens vivent dans des zones difficiles d’accès et que, depuis le début du conflit, plus de la moitié de la population avait dû abandonner ses foyers.  « Les accords conclus dans le cadre du cessez-le-feu doivent être respectés », a-t-il ajouté, avant de demander que l’on redouble d’efforts pour garantir l’accès de l’aide humanitaire aux zones les plus difficiles. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a estimé que le quarante et unième rapport du Secrétaire général sur la situation humanitaire en Syrie, dont était saisi le Conseil, adoptait « un ton un peu différent » des précédents sur certains points, mais lui a reproché d’omettre de mentionner les « véritables raisons » de la détérioration des conditions de vie des citoyens syriens et des entraves à la livraison de l’aide humanitaire dans le pays.

La situation sécuritaire difficile en Syrie est principalement causée par des groupes terroristes, tels que Daech et le Front el-Nosra, qui n’ont de cesse d’entraver la livraison de l’aide humanitaire et les activités de déminage, a affirmé le représentant.  En outre, les mesures économiques coercitives unilatérales imposées par les États-Unis, l’Union européenne et d’autres États affectent en premier lieu les civils syriens et entravent le rétablissement des services de base, y compris l’accès à l’eau, à la nourriture, à la santé et à l’éducation, a poursuivi M. Ja’afari.  Et à cela il faut ajouter « les attaques aériennes américaines prenant pour cible des infrastructures énergétiques et autres ».

Le représentant a ensuite rappelé les « promesses et discours grandiloquents » prononcés dans les grandes conférences internationales à propos du financement de l’aide humanitaire, alors même que celui-ci ne dépasse pas 21% du montant total nécessaire, ce que le rapport du Secrétaires général omet, selon lui, de signaler.

De plus, a poursuivi M. Ja’afari, certaines parties internationales « s’insèrent de manière délétère dans les affaires intérieures syriennes », entravant ainsi tout processus politique mené par les Syriens.  Rappelant qu’il avait été absent du Conseil pendant trois mois car il était impliqué dans les discussions d’« Astana et de Genève », il a dit « savoir parfaitement qui a fait obstacles à ces pourparlers ».

Revenant sur le quarante et unième rapport du Secrétaire général, le représentant l’a accusé de « manquer de maturité et de professionnalisme » et de présenter uniquement le point de vue des représentants des Nations Unies en provenance de Beyrouth, d’Amman ou Genève, mais pas des acteurs humanitaires de l’Organisation basés à Damas. 

M. Ja’afari s’en est ensuite pris à la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, déplorant que Mme Mueller n’ait pas une seule fois évoqué dans son exposé la coopération entre l’OCHA et le Gouvernement syrien.  « Elle a parlé de l’aide apportée à 8,5 millions de personnes, mais cela s’est-il produit sur Mars, sur Jupiter, ou peut-être sur Venus? » a-t-il ironisé, avant de demander: « N’y a-t-il pas un Gouvernement qui vous aide à faire parvenir cette aide humanitaire? »

Pour le représentant, Mme Mueller refuse en réalité de parler de l’aide apportée par le Gouvernement aux acteurs humanitaires pour des raisons politiques.  « C’est un véritable manque de maturité et de professionnalisme de la part de l’ONU », a-t-il à nouveau déploré, accusant l’OCHA de vouloir se substituer au Gouvernement syrien, « ce qui est inacceptable ».  « Qui vous a donné le droit de parler au nom du peuple syrien? » s’est insurgé le représentant,  « Comment osez-vous dire cela et outrepasser à ce point votre mandat? »

Aux yeux du représentant, ces rapports mensuels sont utilisés « à mauvais escient ».  Au lieu de nous aider à dépasser les difficultés pour livrer l’aide humanitaire, ils sont instrumentalisés pour proférer des accusations à l’encontre du Gouvernement syrien, a-t-il accusé.

En outre, les convois humanitaires vont le plus souvent « aux terroristes armés et non au peuple syrien », a encore affirmé M. Ja’afari, qui a affirmé que son gouvernement, lui, ne ménage aucun effort pour venir en aide à ses citoyens, sans discrimination.  Reprochant à l’OCHA de faire obstacle à une véritable coordination entre l’ONU et le Gouvernement syrien, il a lancé à Mme Mueller: « Vous voulez apporter de l’aide au terrorisme et à ceux qui les financent ».

M. Ja’afari a également accusé les auteurs du rapport de « refuser de critiquer de quelque manière que ce soit la prétendue coalition internationale dirigée par les États-Unis », alors que les actions de celle-ci ont mené à la mort « des milliers d’innocents » et détruit des infrastructures qui seraient nécessaires à la reconstruction du pays.

Ces milliers de vies humaines perdues et les milliards de dollars de destruction engendrée par le conflit ne devraient-ils par être considérés comme la véritable cause de la situation humanitaire en Syrie et présentés dans le détail au sein du rapport du Secrétaire général? s’est interrogé le représentant.  « Qui paiera le prix de tout cela? » a-t-il demandé, accusant en outre l’OCHA de manipuler les chiffres concernant la livraison de l’aide humanitaire, de façon à sous-évaluer le nombre réel des convois acheminés dans les zones sous le contrôle du Gouvernement syrien, et ce, afin de le diffamer.  C’est la raison pour laquelle, selon lui, des agences humanitaires et organes de presse se sont désolidarisés du rapport du Secrétaire général.

Par ailleurs, le représentant a déclaré que les matériels sanitaires confisqués par le Gouvernement ne sont pas des matériels de base, mais des matériels complexes devant être utilisés pour des opérations chirurgicales, dont le Gouvernement a besoin pour les hôpitaux d’autres régions.  Le représentant a ainsi accusé l’OCHA de livrer trop de matériel vers des régions sous-peuplées et sous le contrôle de terroristes armés, et d’abandonner d’autres régions du pays dans le besoin.

« J’espère que, lors de la présentation du prochain rapport, le Conseil entendra les exposés d’acteurs des Nations Unies déployés sur le terrain en Syrie », a conclu le représentant.

Prenant la parole pour répondre à l’intervention du représentant de la République arabe syrienne, Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a assuré à la représentante de l’OCHA du plein soutien de son pays, estimant que « c’est bien l’OCHA et ses partenaires qui viennent en aide au peuple syrien, qui est terrorisé par son gouvernement ».  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre jusqu’au 31 janvier 2018

8014e séance – matin 
CS12931

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre jusqu’au 31 janvier 2018

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre jusqu’au 31 janvier 2018.

Adoptée à l’unanimité, la résolution 2369 (2017), reprend pour l’essentiel les dispositions des résolutions antérieures du Conseil de sécurité sur Chypre, dont la dernière en date, la résolution 2338 (2017), datait du 26 janvier.  Toutefois, la nouvelle résolution prévoit aussi que le Secrétaire général devra « procéder à un examen stratégique de la Force » qui visera essentiellement à établir des conclusions et recommandations concernant la manière optimale de la structurer afin de lui permettre d’exécuter son mandat et en rendre compte au Conseil dans un délai de 4 mois.

En outre, après la tenue fin juin à Crans-Montana, en Suisse, de la Conférence sur Chypre, le Conseil, tout en se félicitant de « l’avancée notable des négociations » entre les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs depuis le 11 février 2014, note que la conférence « n’a pas abouti à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale ».  C’est pourquoi, prenant note du document final de la conférence, le Conseil engage les parties concernées à continuer de rechercher un tel règlement « global et durable » sous les auspices de l’ONU.     

Comme dans ses résolutions antérieures, le Conseil demande aussi aux dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs d’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue d’un règlement, notamment en insistant dans les messages publics sur les points de convergence et sur l’avenir et en diffusant des messages plus « constructifs et cohérents ».  Il dit espérer que les parties s’accorderont sur des mesures de confiance militaire et sur l’ouverture de points de passage, en vue de contribuer à « l’instauration d’un climat propice à un règlement ».

Enfin, le Conseil de sécurité demande aux deux parties de continuer à mener d’urgence des consultations avec la Force sur la démarcation de la zone tampon et de permettre aux démineurs d’accéder à ladite zone.  La partie chypriote turque et les forces turques devront également rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000, précise-t-il.

Avant l’adoption du texte, le Président du Conseil de sécurité avait informé les autres membres que la présidence avait rencontré les représentants des deux parties, lesquelles avaient confirmé « leurs positions bien connues » sur ce point de l’ordre du jour.

Après le vote, le représentant de l’Égypte a pris la parole pour rappeler les liens amicaux, historiques et économiques qui lient son pays à Chypre.  Il a prié toutes les parties concernées de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de Chypre.  Regrettant que la Conférence de Crans-Montana n’ait pas abouti à un règlement durable, il a souhaité une reprise des négociations aussi rapide que possible, afin de parvenir à un tel règlement. 

LA SITUATION À CHYPRE

Rapport du Secrétaire général sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2017/586

Texte du projet de résolution S/2017/636

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur l’opération des Nations Unies à Chypre en date du 10 juillet 2017 (S/2017/586),

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire d’y maintenir la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre au-delà du 31 juillet 2017,

Notant également que le Secrétaire général compte faire le point de sa mission de bons offices dans son prochain rapport sur la question, se faisant l’écho de la ferme conviction du Secrétaire général selon laquelle c’est aux Chypriotes eux-mêmes qu’il incombe au premier chef de trouver une solution et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir à un règlement global et durable du conflit à Chypre et du problème de la division de l’île,

Prenant note avec satisfaction des engagements pris aux termes de la Déclaration conjointe publiée le 2 avril 2017 par les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs sur la base de la Déclaration conjointe qu’ils ont adoptée le 11 février 2014, et se félicitant de l’avancée notable des négociations depuis cette date, notamment de l’organisation en juin 2017 d’une nouvelle Conférence sur Chypre sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, ainsi que de la volonté exprimée par les participants de soutenir le règlement global de la question de Chypre et de l’appui prêté par le Secrétaire général et par son Conseiller spécial pour Chypre, Espen Barth Eide,

Rappelant combien il importe à la communauté internationale que toutes les parties participent pleinement aux négociations, en faisant preuve de souplesse et d’un esprit constructif pour parvenir à un règlement et notant que la Conférence sur Chypre qui a eu lieu récemment n’a pas abouti à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, engageant les parties à continuer de rechercher un tel règlement et soulignant que le statu quo n’est pas viable,

Notant qu’il importe de progresser dans l’examen de mesures de confiance militaires et dans les échanges s’y rapportant, et demandant que davantage soit fait pour mettre en œuvre toutes les autres mesures de confiance ainsi que pour parvenir à un accord sur de nouvelles mesures propres à renforcer la confiance entre les communautés et pour les appliquer,

Réaffirmant qu’il importe que les Chypriotes puissent continuer à traverser la Ligne verte et préconisant l’ouverture, d’un commun accord, d’autres points de passage,

Convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes un règlement global et durable de la question de Chypre, engageant vivement les deux parties et leurs dirigeants à cultiver un discours public positif et les encourageant à exposer clairement aux deux communautés, suffisamment de temps avant l’organisation de tout référendum, les avantages d’un règlement et la nécessité à cette fin de faire preuve de davantage de souplesse et d’esprit de compromis,

Soulignant l’importance, tant politique que financière, du rôle d’accompagnement que jouent la communauté internationale et, en particulier, toutes les parties disposées à prendre des mesures concrètes en vue d’encourager les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs à continuer de rechercher un règlement sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies; notant que le Secrétaire général juge que les conditions de sécurité sur l’île et le long de la Ligne verte demeurent stables et priant instamment toutes les parties de s’abstenir de toute action, notamment la violation du statu quo militaire, qui soit de nature à accroître les tensions, à remettre en question les progrès accomplis ou à entamer la bonne volonté sur l’île;

Rappelant que le Secrétaire général est fermement convaincu que la situation dans la zone tampon s’améliorerait si les deux parties acceptaient l’aide-mémoire de 1989 utilisé par l’Organisation des Nations Unies,

Déplorant que les parties bloquent l’accès aux champs de mines qui subsistent dans la zone tampon, estimant que le déminage de Chypre doit se poursuivre, notant le danger que les mines continuent de représenter pour Chypre, notant également les propositions faites en matière de déminage, les discussions tenues à ce sujet et les initiatives constructives qui ont été prises, et demandant instamment qu’un accord soit rapidement trouvé pour permettre la reprise des opérations et le déminage des champs de mines restants,

Saluant les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre, soulignant qu’il importe que celui-ci intensifie ses activités et qu’il faut donc lui procurer toutes les informations dont il a besoin comme indiqué dans le communiqué de presse du Comité des personnes disparues du 28 juillet 2016 concernant l’examen des documents d’archives, sachant que près de la moitié des personnes disparues n’ont toujours pas été retrouvées et qu’environ 61,5 % doivent encore être identifiées, préconisant qu’un accès à toutes les zones lui soit rapidement donné pour lui permettre d’accomplir ses tâches et convaincu que ce processus favorisera la réconciliation des communautés,

Convenant que la participation active des groupes de la société civile, y compris les associations de femmes, est essentielle au processus politique et peut contribuer à assurer la viabilité de tout règlement futur, rappelant que les femmes jouent un rôle décisif dans les processus de paix, se félicitant des efforts déployés, notamment par tous les organismes des Nations Unies présents sur l’île, pour promouvoir les contacts et les manifestations bicommunautaires et exhortant les deux parties à favoriser la participation active de la société civile, à encourager la coopération entre organismes à vocation économique et commerciale et à lever tous les obstacles qui entravent ces relations,

Soulignant qu’il lui faut adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement des opérations de maintien de la paix,

Conscient de la nécessité d’examiner régulièrement toutes les activités de maintien de la paix de façon à en assurer l’efficacité, au moindre coût, et notamment d’examiner celles de la Force s’il y a lieu, et notant que, dans la perspective du règlement de la situation, il importe d’établir des plans de transition assortis de recommandations sur les nouveaux aménagements qu’il pourrait être opportun d’apporter au mandat de la Force, à ses effectifs, à ses autres ressources et à son concept d’opération, compte tenu de l’évolution de la situation sur le terrain et des vues des parties,

Remerciant le Secrétaire général, la Représentante spéciale, Elizabeth Spehar, et le Conseiller spécial, Espen Barth Eide, de leurs efforts,

S’associant au Secrétaire général pour exprimer sa gratitude au Gouvernement chypriote et au Gouvernement grec, qui ont versé des contributions volontaires pour le financement de la Force, et pour demander que d’autres pays et organisations versent également des contributions volontaires, et remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à la Force,

Appréciant et encourageant les efforts que l’Organisation des Nations Unies déploie dans toutes ses opérations de maintien de la paix pour sensibiliser le personnel de maintien de la paix à la question de la prévention du VIH/sida et d’autres maladies transmissibles et à la lutte contre ces maladies,

1.    Se félicite des progrès du processus conduit par les dirigeants depuis le 11 février 2014 et des efforts faits par les dirigeants et les négociateurs en vue de parvenir à un règlement global et durable, prend note du document final de la Conférence sur Chypre et engage les parties et tous les participants concernés à continuer de rechercher un règlement sous les auspices de l’ONU;

2.    Prend note du rapport du Secrétaire général (S/2017/586);

3.    Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier la résolution 1251 (1999) du 29 juin 1999 et les résolutions ultérieures;

4.    Rappelle sa résolution 2338 (2017) et demande aux deux dirigeants:

a)    De redoubler d’efforts pour faire converger leurs points de vue sur les questions essentielles;

b)    De continuer à travailler avec les comités techniques afin d’améliorer la vie quotidienne des Chypriotes;

c)    D’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue d’un règlement, notamment en insistant dans les messages publics sur les points de convergence et sur l’avenir, et en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents;

d)    D’accroître la participation de la société civile au processus, selon qu’il convient;

5.    Prie le Secrétaire général de continuer d’établir des plans de transition dans la perspective d’un règlement, en tenant compte des progrès des négociations, et encourage les parties à collaborer entre elles ainsi qu’avec la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et la mission de bons offices des Nations Unies à cet égard;

6.    Demande instamment l’application de mesures de confiance et espère que de nouvelles mesures mutuellement acceptables seront arrêtées d’un commun accord et mises en œuvre, y compris des mesures de confiance militaires et l’ouverture de points de passage, dont ceux déjà agréés, en vue de contribuer à l’instauration d’un climat propice à un règlement;

7.    Se félicite de tous les efforts visant à donner suite aux demandes d’exhumation présentées par le Comité des personnes disparues à Chypre, ainsi que de l’appel à fournir des informations que les deux dirigeants ont lancé conjointement le 28 mai 2015, et demande à toutes les parties d’octroyer au Comité un accès plus rapide et sans entrave à toutes les zones, étant donné que celui-ci doit intensifier ses travaux;

8.    Exprime son plein appui à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 janvier 2018;

9.    Demande aux deux parties de continuer à tenir d’urgence, dans le respect du mandat de la Force, des consultations avec celle-ci sur la démarcation de la zone tampon et sur l’aide-mémoire de l’Organisation des Nations Unies de 1989, en vue de parvenir rapidement à un accord sur les questions en suspens;

10.   Demande à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000;

11.   Demande aux deux parties de permettre aux démineurs d’accéder à la zone tampon et de faciliter l’élimination des mines qui s’y trouvent encore, et exhorte les deux parties à étendre les opérations de déminage au-delà de la zone tampon;

12.   Prie le Secrétaire général de procéder à un examen stratégique de la Force qui visera essentiellement à établir des conclusions et recommandations concernant la manière optimale de structurer la Force aux fins de l’exécution de son mandat actuel, en se fondant exclusivement sur une évaluation factuelle rigoureuse de l’impact de ses activités, et prie également le Secrétaire général de rendre compte des résultats de cet examen au moment opportun, dans un délai de 4 mois à compter de l’adoption de la présente résolution;

13.   Appuie sans réserve le Secrétaire général pour ce qui est des bons offices qu’il continue de tenir à la disposition des parties, et le prie de lui faire rapport sur l’application de la présente résolution d’ici au 10 janvier 2018 et de le tenir au courant de la situation en tant que de besoin;

14.   Se félicite des efforts que déploie la Force pour donner effet à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et pour veiller à ce que son personnel respecte strictement le code de conduite de l’Organisation des Nations Unies, prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes mesures nécessaires à cette fin et de l’en tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents d’adopter des mesures de prévention appropriées, notamment d’organiser des séances de sensibilisation préalables au déploiement, et de prendre des mesures disciplinaires et autres pour amener les membres de leurs contingents qui se seraient rendus coupables de tels actes à en répondre pleinement;

15.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC achève sa session de 2017 en accordant le statut consultatif à 190 ONG, mais en refusant ce statut à la Fondation Alkarama

Session de 2017, 
51e séance – matin
ECOSOC/6867

L’ECOSOC achève sa session de 2017 en accordant le statut consultatif à 190 ONG, mais en refusant ce statut à la Fondation Alkarama

Il pourvoit des sièges vacants au sein de plusieurs organes subsidiaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui sa session de 2017, en même temps que sa réunion d’organisation et de coordination, en entérinant les travaux du Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG), à l’exception d’une recommandation qu’il n’a pas suivie en ce qui concerne la Fondation Alkarama.  Cette organisation s’est vue refuser le statut consultatif spécial, alors que 190 autres l’ont reçu.  L’ECOSOC a également, ce matin, pourvu des sièges vacants dans quatre de ses organes subsidiaires.

Lors de l’examen du rapport* du Comité des ONG sur les travaux de sa reprise de session (22-31 mai et 12 juin), dont il a pris note, l’ECOSOC a tout d’abord entériné une décision proposée par le représentant des Émirats arabes unis.  Il a ainsi décidé** de ne pas accorder le statut consultatif spécial à l’ONG Fondation Alkarama, malgré la recommandation du Comité des ONG qui avait inclus cette organisation dans la liste des 191 ONG recommandées. 

Expliquant les raisons de ce revirement, le représentant des Émirats arabes unis a expliqué que l’ONG « a des relations avec des organisations terroristes », notant en outre qu’elle « n’a même pas tenté de se distancer des groupes et des individus terroristes ».

Cette position a été soutenue par l’Algérie qui a précisément émis des doutes sur les origines de certains financements dont bénéficie l’ONG, relevant aussi que certains de ses membres sont inscrits sur les listes de personnes qualifiées de terroristes par le Conseil de sécurité.  D’un même avis, la représentante de l’Inde a saisi l’occasion pour réclamer un examen plus minutieux, par le Comité chargé des ONG, de la liste des organisations qui demandent le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.

Après l’adoption de cette décision, la représentante des États-Unis a exprimé le souhait de son pays d’une plus large participation des ONG au travail de l’ONU, sauf pour celles qui ont des relations avec le terrorisme.  Elle a noté à cet égard qu’une personne qui a des liens douteux avec le terrorisme apparaît sur le site Internet de la Fondation Alkarama.

S’exprimant au nom de l’Union européenne, le représentant de la Slovénie s’est dit préoccupé de voir qu’une approche ouverte et équitable n’est pas suivie uniformément pour toutes les ONG requérantes.  Il a regretté que des considérations qui, selon lui, ne relèvent pas du travail du Comité entraînent des reports répétés de l’examen des demandes de nombreuses ONG.  Le fait que le Comité des ONG ait recommandé seulement 25% des demandes de statut consultatif reportées depuis sa dernière session illustre cette préoccupation, a dit le représentant.

Le représentant de l’Uruguay a, quant à lui, parlé au nom de plusieurs autres pays (Australie, Belgique, Canada, États-Unis, Finlande, France, Japon, Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suisse et Royaume-Uni) pour dénoncer la « malheureuse politisation » des travaux du Comité des ONG lors de sa reprise de session de mai 2017.  Il a regretté le retour à des pratiques utilisées lors des précédentes sessions, lors de discussions importantes.  « Pour exécuter son mandat, le Comité devrait écouter directement les ONG », a-t-il conseillé avant de demander que les ONG dotées du statut consultatif spécial puissent être entendues lors des prochaines sessions du Comité.

L’ECOSOC a ensuite adopté les sept décisions contenues dans le rapport du Comité des ONG et ainsi accordé le statut consultatif à 190 organisations.  Il a aussi pris acte des rapports quadriennaux des 196 ONG déjà dotées du statut consultatif. 

En outre, l’ECOSOC a décidé de clore, sans préjuger de futures requêtes, l’examen des demandes d’admission au statut consultatif présentées par les 30 organisations qui n’ont pas répondu aux questions posées par les membres du Comité malgré trois rappels effectués au cours de deux sessions consécutives.

L’ECOSOC a par ailleurs décidé de rayer de la liste des organisations dotées du statut consultatif l’ONG « International Chamber of Commerce », à la demande de celle-ci qui a été invitée à participer aux travaux de l’ONU en une autre qualité: l’Assemblée générale, dans sa résolution 71/156 du 13 décembre 2016, a invité l’ONG à participer à ses travaux comme observateur.

Par une autre décision, le Conseil a décidé de suspendre immédiatement, pour une durée d’une année, le statut consultatif de 128 ONG, mais il a décidé de réadmettre au statut consultatif 30 ONG qui ont finalement présenté leurs rapports quadriennaux.  Il a décidé de rayer immédiatement de la liste des organisations dotées du statut consultatif 128 ONG qui n’ont toujours pas présenté leurs rapports quadriennaux en souffrance.

L’ECOSOC a aussi décidé que la session ordinaire de 2018 du Comité des ONG se tiendra du 29 janvier au 7 février et le 23 février 2018, et que la reprise de la session aura lieu du 21 au 31 mai et le 11 juin 2018.  Dans le même élan, il a approuvé l’ordre du jour provisoire de la session de 2018 du Comité.

Passant à la composition d’autres organes subsidiaires, l’ECOSOC a approuvé la nomination par le Secrétaire général des 24 experts qui siègeront au sein du Comité d’experts de l’administration publique, à titre personnel.  Auparavant, il a décidé d’ajuster*** la durée de leur mandat, pour la faire passer à trois ans et sept mois, à cause du réaménagement du programme de travail du Comité tel que décidé par l’Assemblée générale, qui court désormais de juillet à juillet.  Le mandat de ces experts courra donc du 1er janvier 2018 au 31 juillet 2021, étant entendu que le terme suivant reviendra à 12 mois, du 1er août 2021 au 31 juillet 2025.

Par ailleurs, l’ECOSOC a élu le Cameroun au Comité du programme et de la coordination pour un mandat de trois ans qui commencera le 1er janvier 2018 et s’achèvera le 31 décembre 2020.  Il reste six postes vacants au sein de ce Comité.

L’ECOSOC a également élu le Lesotho au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) pour un mandat de trois ans qui commencera le 1er janvier 2018 et se terminera le 31 décembre 2020. 

Ensuite, l’ECOSOC a élu l’Espagne au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) pour un mandant qui commence aujourd’hui et expire le 31 décembre 2020.  Le Conseil a décidé de reporter ses décisions sur les 11 postes qui restent vacants au sein de ce Conseil.

Enfin, l’ECOSOC a élu la Roumanie au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat qui s’étale du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2018.  Le Conseil a cependant dû reporter sa décision concernant la nomination de 25 membres du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.

Le Conseil économique et social ouvrira sa session de 2018 demain, jeudi 27 juillet, à 10 heures.  Il élira à cette occasion son Président et ses Vice-Présidents, avant d’examiner l’ordre du jour provisoire de la prochaine session.   

*E/2017/32 Part II

**E/2017/L.35

***E/2017/9/Add.9 et E/2017/9/Add.10

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Burundi: le Gouvernement doit impérativement accepter un dialogue inclusif avec toute l’opposition, plaide l’Envoyé spécial du secrétaire général

8013e séance – matin
CS/12929

Burundi: le Gouvernement doit impérativement accepter un dialogue inclusif avec toute l’opposition, plaide l’Envoyé spécial du secrétaire général

Le Burundi souhaite des « relations apaisées » avec la communauté internationale, mais dans le plein respect de sa souveraineté

L’Envoyé spécial du Secrétaire général au Burundi, M. Michel Kafando, a jugé « impératif », ce matin devant le Conseil de sécurité, que le Gouvernement burundais accepte un dialogue inclusif avec l’opposition tant à l’intérieur qu’en exil, comme le lui demandent les pays de la sous-région et l’Union africaine, appuyés par l’ONU.  De son côté, le Président de la configuration Burundi de la Commission de consolidation de la paix, M. Jürg Lauber, a exhorté la communauté internationale à continuer de suivre de très près la situation dans le pays, à appuyer les efforts de médiation africains et discuter franchement avec le Gouvernement des conditions d’assistance tout en créant les conditions favorables à des élections libres et pacifiques en 2020.

Quant au représentant du Burundi, il a souhaité la reprise de « relations apaisées » avec la communauté internationale, mais il a rappelé que le Burundi et son peuple entendaient voir pleinement respectée leur souveraineté.

Le dialogue inclusif est le prix à payer pour instaurer la confiance entre les Burundais, garantir des institutions crédibles, stables et démocratiques et promouvoir la réconciliation nationale, a insisté M. Kafando, qui présentait le compte rendu de son premier déplacement au Burundi.  

Faisant le bilan de ses entretiens avec toutes les parties, M. Kafando a relevé « des appréciations divergentes sur la situation politique qui prévaut dans le pays ».  Si les autorités burundaises sont confiantes en leur capacité à conduire les affaires du pays dans la sérénité et dénoncent les ingérences étrangères, les représentants de l’opposition politique et certains membres de la société civile s’inquiètent de ce qu’ils qualifient de « dérives autoritaires du pouvoir » et demandent la suspension du processus de révision de la Constitution ainsi que l’arrêt de la répression.

Les quatre membres du Conseil de sécurité –Uruguay, Japon, Kazakhstan et Bolivie– qui ont ensuite pris la parole ont apporté leur soutien aux efforts de l’Union africaine et de la Communauté d’Afrique de l’Est.  Mais si l’Uruguay a discerné des évolutions positives ces dernières semaines, notamment avec la première visite sur place de M. Kafando, le représentant du Kazakhstan s’est inquiété des lenteurs dans le dialogue interburundais.

Plus encore, son homologue du Japon a déploré que la résolution 2303 (2016) adoptée par le Conseil il y a un an ne soit toujours pas mise en œuvre et, en particulier, que le Gouvernement burundais n’ait jamais donné son accord au déploiement de la composante de police des Nations Unies prévue dans ce texte.  « Une présence internationale neutre est pourtant dans l’intérêt du pays et du retour à la stabilité », a-t-il estimé, avant de plaider pour le rétablissement d’un lien de confiance entre le Burundi et la communauté internationale.

Réagissant à ces interventions, le représentant du Burundi, M. Albert Shingiro, a affirmé que le dialogue interburundais « n’est pas en panne, mais sur une trajectoire évolutive », avant de préciser qu’à la suite d’un rapport final sur ce dernier, qui a « concerné 26 000 Burundais », une feuille de route serait rédigée afin d’organiser des « élections apaisées » en 2020.  Mais il a aussi averti que les questions constitutionnelles relevaient « exclusivement de la souveraineté nationale ».

Affirmant en outre qu’« aucun pays n’est assez parfait dans le domaine des droits de l’homme pour faire la leçon aux autres », le représentant du Burundi a demandé que « les pressions politiques disproportionnées et sélectives au sujet des droits de l’homme cèdent la place au dialogue et à la coopération », insistant sur les efforts de son gouvernement pour reprendre des « relations apaisées » avec ses partenaires et l’ONU.  Mais, a-t-il averti, le Burundi attend de ces relations qu’elles « respectent les valeurs, principes et pratiques » des Nations Unies, ainsi que les « aspirations du peuple burundais à un avenir politique qui lui convient et taillé à sa mesure ». 

LA SITUATION AU BURUNDI

Exposés

MICHEL KAFANDO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi, a expliqué qu’il s’était rendu pour la première fois au Burundi à ce titre le 27 juin et mis l’accent sur trois aspects: les rencontres qu’il a eues à Bujumbura, son analyse préliminaire de la situation et les possibles voies à suivre pour l’avenir.  

À la suite de ses entretiens avec les acteurs concernés, M. Kafando a dit avoir entendu des appréciations divergentes sur la situation politique qui prévaut dans le pays.  Ainsi, les autorités burundaises se montrent confiantes dans leur capacité à conduire les affaires du pays dans la sérénité, estiment que la situation générale est calme et dénoncent les ingérences étrangères en rappelant leur attachement au respect de leur souveraineté nationale.  De l’autre côté, les représentants de l’opposition politique et certains membres de la société civile s’inquiètent de ce qu’ils qualifient de « dérives autoritaires du pouvoir » et demandent une plus grande implication de la région et de la communauté internationale en faveur d’un dialogue inclusif et sans condition préalable avec la participation de tous les Burundais.  Ils souhaitent la suspension du processus en cours de révision de la Constitution, la fin des violations de leurs droits élémentaires et de ce qu’ils présentent comme une répression par les forces de l’ordre ou groupes proches du pouvoir. 

L’Envoyé spécial a également noté que la situation socioéconomique continuait de se dégrader, en raison de la conjoncture politique tendue, qui dissuade les investisseurs privés nationaux et internationaux.  Quant à la sécurité, elle s’est améliorée mais les dernières semaines ont toutefois été marquées par quelques attaques à la grenade, qui ont fait plusieurs morts et blessés.      

Face à ces constats, l’Envoyé spécial a estimé que la première exigence était de donner la priorité au dialogue inclusif, condition sine qua non à tout règlement de la crise.  Il a jugé impératif que le Gouvernement burundais accède à l’insistance des pays de la sous-région et de l’Union africaine, appuyés par l’ONU, d’aller au dialogue inclusif, c’est-à-dire impliquant l’opposition exilée et celle de l’intérieur.  « C’est à ce prix que nous parviendrons à instaurer la confiance entre les Burundais, à garantir des institutions crédibles, stables et démocratiques et à promouvoir la réconciliation nationale », a-t-il insisté, avant d’ajouter que l’accord d’Arusha devait demeurer la norme de référence.      

M. Kafando a dit la nécessité d’une action collective des dirigeants africains, et d’abord de ceux de la sous-région, pour persuader le régime burundais d’accepter ces mesures d’apaisement, notamment celles proposées par le Facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est -l’ancien Président tanzanien Benjamin Mkapa- et celles plus générales contenues dans l’Accord d’Arusha.  Il a aussi appelé à une action commune visant à encourager le Gouvernement burundais à s’engager impérativement dans le dialogue inclusif interburundais.  Il a considéré à cet égard comme un geste encourageant la récente visite du Président Nkurunziza au Président Magufuli de la Tanzanie. 

Rappelant qu’il n’en était qu’au terme de sa première mission exploratoire, l’Envoyés spécial a dit croire profondément à l’engagement de la sous-région pour plaider en faveur de la paix au Burundi, avec le soutien de l’Union africaine et des Nations Unies.  « À terme, même s’il faut encore un tout petit peu de patience, nous arriverons à un compromis dynamique », a-t-il estimé.  C’est pourquoi, il a appelé au soutien sans faille à la sous-région, en particulier, aux efforts du Médiateur et du Facilitateur, ainsi qu’à ceux du Gouvernement de la Tanzanie.  

M. JÖRG LAUBER (Suisse), Président de la configuration Burundi de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a expliqué les objectifs de sa cinquième visite au Burundi, du 10 au 13 juillet derniers: poursuivre le dialogue sur la situation socioéconomique et la coopération internationale avec le Gouvernement et ses partenaires au Burundi; rappeler la pertinence du processus de dialogue conduit par la Communauté d’Afrique de l’Est; et obtenir une impression de première main sur les développements dans le pays.  Il a indiqué qu’il avait été reçu par les principales institutions burundaises, dont le président Nkurunziza et le Ministre des relations extérieures, M. Alain Aimé Nyamitwe, et qu’il avait participé, le 12 juillet, à une retraite organisée par ce dernier et consacrée à la situation sociale et économique dans le pays.

« Bien que la situation sécuritaire ait semblé calme à Bujumbura durant mon séjour, des cas de violences ont été signalés, alors qu’il règne un climat de peur et de répression », a ensuite déclaré M. Lauber.  Pour lui, la situation économique se dégrade et les partenaires du Burundi sont confrontés à des obstacles tels que l’absence d’accès à des devises étrangères et le manque de données statistiques.  Le principal objectif de la retraite du 12 juillet, que M. Lauber a présentée comme un temps fort de sa visite au Burundi, était d’identifier les principaux défis socioéconomiques et de trouver les principaux moyens d’y faire face, a-t-il expliqué.   

Si l’analyse macroéconomique n’a pas été le principal objectif de ce séminaire, divers indicateurs de la situation économique ont été sources d’inquiétude.  Des chiffres de la Banque centrale du Burundi ont mis en évidence un taux d’inflation annuel de 21% entre mars 2016 et mars 2017, principalement dû à une augmentation de 34% du prix des denrées alimentaires.  Sur le front de la santé, M. Lauber s’est aussi inquiété de la persistance de l’épidémie de paludisme, de la forte mortalité maternelle et infantile, et de la prévalence du VIH/sida.  Notant que 46% des enfants ne sont pas scolarisés, il a insisté sur la nécessité de disposer de moyens suffisants pour former des enseignants, construire des infrastructures, des écoles et des cantines, acheter des livres et renforcer la perspective de la consolidation de la paix dans les programmes.  

M. Lauber a également précisé qu’une des recommandations macroéconomiques de ce séminaire avait été la nécessité pour le Gouvernement burundais de discuter avec ses partenaires d’une aide budgétaire pour permettre au pays d’équilibrer progressivement sa balance des paiements.

Citant sa rencontre le 13 juillet avec le Président burundais, M. Lauber a par ailleurs indiqué que M. Nkurunziza avait répété qu’il appréciait les efforts de la configuration Burundi de la CCP.  

S’appuyant sur l’ensemble des échanges qu’il a eus, M. Lauber a présenté cinq conclusions.  D’abord, la communauté internationale doit continuer à suivre de très près les événements au Burundi, en prenant en compte tous les aspects de la situation actuelle.  Deuxièmement, les efforts de médiation que le Président Museweni de l’Ouganda et le Facilitateur Benjamin Mkapa entreprennent au nom de la Communauté d’Afrique de l’Est méritent tout notre soutien politique et technique.  Ensuite, une discussion franche et ouverte entre le Gouvernement burundais et ses partenaires internationaux sur la coopération socioéconomique et un environnement propice à l’aide est nécessaire pour améliorer la situation économique qui est une clef de la paix.  Quatrièmement, il est important d’accorder davantage d’attention à la question de la réconciliation en assumant le passé.  Enfin, il faut créer un bon environnement pour l’organisation d’élections libres et pacifiques en 2020 en garantissant la pleine participation des femmes.

Déclarations

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a rappelé que, depuis la dernière réunion du Conseil sur la situation au Burundi, en juin dernier, s’étaient produits de nouveaux événements positifs sur la voie du règlement de la crise burundaise.  Il a notamment mentionné la visite dans le pays de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, Michel Kafando.  Le représentant a également salué les « efforts constants » des organisations régionales et sous-régionales, y compris l’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est, qui ont toutes deux réaffirmé leur soutien envers une issue pacifique à la crise actuelle.  Le représentant s’est également félicité de la conduite du dialogue interburundais.  Il a appelé les pays de la région à continuer de soutenir le Burundi et a demandé aux parties burundaises de souscrire à la feuille de route proposée pour stabiliser le pays.

Le représentant s’est néanmoins dit préoccupé face à la détérioration de la situation en matière de droits de l’homme.  « Nous condamnons tous ces actes, quelles qu’en soient les auteurs », y compris les disparitions, les exécutions sommaires, les arrestations arbitraires, le harcèlement de la société civile et des journalistes, et les restrictions imposées à l’espace démocratique, a-t-il dit.  Dans ce contexte, le représentant a déploré la rupture de la coopération entre le Burundi et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et a donc appelé à la reprise de celle-ci.

Pour M. KORO BESSHO (Japon), « il faut rétablir la confiance entre le Gouvernement burundais et la communauté internationale ».  Il a donc salué la visite récente de l’Envoyé spécial Michel Kafando dans le pays.  Mais, a-t-il déploré, « une année s’est écoulée depuis l’adoption de la résolution 2303 (2016) par le Conseil et cette dernière n’est toujours pas mise en œuvre, alors que la situation demeure fragile au Burundi ».  Malgré les effets d’annonce répétés du Gouvernement burundais, la coopération entre le Burundi et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme n’a toujours pas repris, a également fait observer M. Bessho.  Le Gouvernement ne coopère pas non plus en faveur du déploiement de la composante de police des Nations Unies, qui n’a toujours pas été créée.  « Une présence internationale neutre est pourtant dans l’intérêt du pays et du retour à la stabilité », a estimé le représentant.

M. Bessho a enfin appelé les parties burundaises à faire des progrès en vue de l’établissement du dialogue national.  Il a également appelé la Communauté d’Afrique de l’Est à s’impliquer encore davantage dans le processus de paix au Burundi.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par la lenteur des progrès dans la mise en place d’un dialogue national.  Il a par conséquent appelé le Burundi à signer avec l’Union africaine le mémorandum d’accord sur le déploiement d’observateurs des droits de l’homme et d’experts militaires dans le pays, afin que ce déploiement puisse avoir lieu le plus vite possible.

« Toutes les parties doivent désormais appliquer l’Accord d’Arusha », a poursuivi le représentant.  Tout en se disant préoccupé par la situation des droits de l’homme dans le pays, il a appelé à faire en sorte que l’engagement international dans la crise burundaise préserve la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a encouragé toutes les parties à soutenir les efforts de médiation visant à relancer la mise en œuvre de l’Accord d’Arusha, y compris ceux entrepris par l’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est.  

Le représentant a par ailleurs salué la tenue de la réunion du 12 juillet dernier, au cours de laquelle le Gouvernement du Burundi s’est entretenu avec ses partenaires internationaux afin de faire un bilan des défis auxquels le pays doit faire face, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation et de la santé.  Il a également salué les efforts du Gouvernement visant à permettre le retour des réfugiés dans le pays. 

Le représentant a enfin appelé à faire en sorte que les efforts de coordination internationale au Burundi se fassent dans le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a remercié tous les acteurs qui ont permis à son pays de faire face à la tentative de coup d’État du 13 mai 2015 avant de mettre l’accent sur la situation politique, la sécurité, les droits de l’homme, les réfugiés, la réconciliation et les efforts de son gouvernement pour reconquérir la confiance partiellement perdue avec ses partenaires au développement.  Il a assuré que le dialogue interburundais se poursuivait et que certains progrès ont été atteints contrairement aux allégations citant un dialogue en panne.  « Le dialogue n’est pas en panne, mais sur une trajectoire évolutive », a-t-il ainsi affirmé.  Il a cité à cet égard la rédaction d’un rapport final, fruit d’un dialogue qui a concerné 26 000 Burundais et va se traduire par la rédaction d’une feuille de route en vue « d’élections apaisées » en 2020.  Il a aussi salué le travail de l’Ombudsman du Burundi en la matière  

Au chapitre du renforcement de la démocratie, M. Shingiro a jugé inacceptable toute tentative de prendre le pouvoir sans passer par les élections.  Pour lui, les coups d’État du passé, qui « restent un cauchemar pour les Burundais » relèvent d’une page de l’histoire du pays qui a « été fermée après les élections démocratiques de 2005 ».  Le Président a demandé aux formations politiques de sensibiliser leurs militants afin qu’ils restent unis autour du respect des principes démocratiques, a affirmé le représentant.  À cette fin, il a appelé la société civile et les représentants religieux à s’abstenir de faire de la politique ou d’inciter aux tueries, comme cela est arrivé en 2015.

Quant aux questions constitutionnelles, elles relèvent « exclusivement de la souveraineté nationale », a averti le représentant.  « Aucun pays n’est assez parfait dans le domaine des droits de l’homme pour faire la leçon aux autres », a-t-il ajouté, en précisant que seule la coopération internationale sera de nature à améliorer la situation.  Il a donc demandé que « les pressions politiques disproportionnées et sélectives au sujet des droits de l’homme cèdent la place au dialogue et à la coopération ».

Soulignant les efforts de son pays en matière de démocratie et de droits de l’homme, M. Shingiro a indiqué que 6 136 prisonniers avaient été libérés en 2016 et 2 247 en 2017, ajoutant que le Gouvernement n’avait fermé aucun média privé, contrairement à ce que décrivent certains acteurs.  Il a expliqué que plus d’une vingtaine de radios privées nationales et internationales émettaient au Burundi et qu’aucun journaliste n’y était emprisonné.

Le représentant a appelé les réfugiés burundais à rentrer chez eux.  Affirmant que 150 000 d’entre eux étaient déjà revenus, il a dénoncé ceux qui retiennent les autres pour des raisons politiques ou économiques.  En outre, il a précisé que l’Assemblée nationale avait adopté la semaine dernière un projet de loi portant création du Conseil national pour l’unité de la nation, composé de sept personnes intègres.

Enfin, M. Shingiro a insisté sur les efforts de son gouvernement pour reprendre des « relations apaisées » avec ses partenaires et l’ONU.  C’est d’ailleurs dans ce cadre que le Burundi a accepté la visite « dans un délai trop court » de l’Envoyé spécial du Secrétaire général fin juin.  En contrepartie, le Burundi attend que ces relations « respectent les valeurs, principes et pratiques » des Nations Unies, ainsi que les « aspirations du peuple burundais à un avenir politique qui lui convient et taillé à sa mesure ».  Dans le même esprit, le représentant a assuré que le processus de négociations en vue d’un nouvel accord de siège permettant la reprise de la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme « suit son cours normal ».  De même, les observateurs militaires et des droits de l’homme de l’Union africaine qui sont déjà déployés « travaillent librement et sans entrave et bénéficient de l’entière coopération du Gouvernement, a conclu M. Shingiro.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: inquiet de la situation politique et des risques d’instabilité, le Conseil appelle à accélérer la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre

8012e séance – matin  
CS/12928

RDC: inquiet de la situation politique et des risques d’instabilité, le Conseil appelle à accélérer la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, une déclaration présidentielle dans laquelle il exprime sa préoccupation face à la situation politique actuelle en République démocratique du Congo (RDC), compte tenu des difficultés auxquelles se heurte la mise en œuvre de « l’Accord global et inclusif » de paix signé le 31 décembre dernier, de la dégradation des conditions de sécurité dans la région du Kasaï et de l’augmentation des violations des droits de l’homme à travers le pays.

S’il prend note de la nomination d’un nouveau Premier Ministre congolais, de la mise en place d’un Gouvernement de transition et de la signature, par certains signataires de l’accord du 31 décembre 2016, d’arrangements particuliers » portant sur son application, le Conseil constate toutefois avec inquiétude la lenteur des progrès réalisés.

Craignant que « la République démocratique du Congo et la région ne soient exposées à un risque accru d’insécurité et d’instabilité si les acteurs politiques ne font pas preuve de bonne foi et d’une volonté politique renouvelée » d’honorer leurs engagements, le Conseil appelle ces derniers à mettre en œuvre d’urgence l’accord dans son intégralité, « afin que soient organisées, comme convenu, au plus tard en décembre 2017, des élections crédibles et inclusives qui se déroulent dans le calme ».  À cette fin, il demande que le calendrier électoral soit publié rapidement, afin de permettre à l’ONU, dont l’appui technique et financier reste important pour la tenue du scrutin, de mieux définir le type d’assistance à fournir au pays. 

En outre, le Conseil réitère sa condamnation des actes de violence observés dans la région du Kasaï ces derniers mois et se déclare vivement préoccupé par les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits commises dans la région.

Le Conseil se dit par ailleurs préoccupé par la « crise humanitaire provoquée par la violence », qui a déplacé plus de 1,4 million de personnes et en a forcé plus de 30 000 à fuir le pays.  Il souligne l’urgente nécessité de ménager aux acteurs humanitaires un accès sûr et sans entrave et de mener rapidement des enquêtes transparentes sur les violations commises dans la région du Kasaï.

Le Conseil rappelle enfin que le Gouvernement congolais doit enquêter rapidement et de manière approfondie sur le meurtre des deux membres du Groupe d’experts des Nations Unies assassinés en mars dernier et traduire les auteurs en justice.  Il demande au Gouvernement de coopérer avec les enquêtes des entités de l’ONU et celles qui pourraient être menées par les services de police de la Suède et des États-Unis et dit attendre avec intérêt les conclusions de la Commission d’enquête des Nations Unies créée par le Secrétaire général pour enquêter sur la mort des deux experts.

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par la situation politique actuelle compte tenu des difficultés auxquelles se heurte la mise en œuvre de l’Accord global et inclusif du 31 décembre 2016, de la dégradation des conditions de sécurité, en particulier dans la région du Kasaï, ainsi que de l’augmentation des violations des droits de l’homme, des atteintes à ces droits et des violations du droit international humanitaire dans le pays.

Le Conseil prend note de la nomination d’un nouveau Premier Ministre, de la mise en place d’un Gouvernement de transition et de la signature, par certains signataires de l’accord du 31 décembre 2016, mais non par tous, des « arrangements particuliers » portant sur l’application dudit accord.  Il constate avec inquiétude la lenteur des progrès réalisés dans l’application de l’Accord global et inclusif.  Il réaffirme que la mise en œuvre effective, rapide et opportune de l’Accord est essentielle à un processus électoral crédible et à la paix et à la stabilité de la République démocratique du Congo, ainsi que pour appuyer la légitimité des institutions chargées de la transition, puisque cet accord offre une feuille de route réaliste pour la tenue d’élections pacifiques et démocratiques.  Le Conseil souligne qu’il est urgent de mettre en œuvre l’Accord, en toute bonne foi et dans son intégralité, afin que soient organisées, comme convenu dans l’Accord, au plus tard en décembre 2017, des élections crédibles et inclusives qui se déroulent dans le calme et en temps voulu et qui conduisent à une passation pacifique du pouvoir, conformément à la Constitution congolaise et à la résolution 2348 (2017) du Conseil, y compris en y faisant participer les femmes pleinement et dans des conditions d’égalité.  Il demande à nouveau que soient intégralement appliquées les mesures de confiance convenues au chapitre V de l’accord du 31 décembre 2016, dont certaines n’ont toujours pas été mises en vigueur.

Le Conseil appelle toutes les parties congolaises à œuvrer pour préserver les avancées encore fragiles réalisées sur la voie de la paix et de la stabilité en République démocratique du Congo, souligne les responsabilités qui incombent à tous les acteurs politiques congolais, notamment celles de surmonter leurs divergences pour parvenir à un consensus et de promouvoir les intérêts et le bien-être de la population avant toute autre considération, et engage fermement toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour garantir la participation de tous les signataires de l’Accord à sa mise en œuvre, y compris au processus devant aboutir à la nomination du Président du Conseil national de suivi de l’Accord. Le Conseil craint que la République démocratique du Congo et la région ne soient exposées à un risque accru d’insécurité et d’instabilité si les acteurs politiques ne font pas preuve de bonne foi et d’une volonté politique renouvelée d’honorer les promesses qu’ils ont faites à la population le 31 décembre 2016.  Il demande à tous les partis politiques, à leurs sympathisants et aux autres acteurs politiques de garder leur calme et de s’abstenir de recourir à quelque forme de violence que ce soit.  Il réaffirme sa volonté d’agir en conséquence envers tous les acteurs congolais dont les actions et les déclarations entraveraient la mise en œuvre de l’Accord et l’organisation des élections.

Le Conseil se félicite des progrès réalisés, sous la direction de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et avec l’appui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dans l’établissement des listes électorales et demande que ces efforts soient poursuivis afin que les électeurs de tout le pays, y compris des provinces du Kasaï, soient dûment inscrits sur les listes électorales.  Il demande également que le calendrier électoral soit publié rapidement, comme l’Union africaine l’a demandé à son vingt-neuvième sommet, ce qui clarifierait les délais et les étapes à venir et permettrait aux partenaires, y compris l’Organisation des Nations Unies, dont l’appui technique et financier reste important pour la tenue des élections, de mieux définir le type d’assistance à fournir et de contribuer plus efficacement à la préparation des élections. Le Conseil prend note de ce que les autorités congolaises se sont engagées de façon répétée à financer le prochain cycle électoral et souligne que, malgré les difficultés budgétaires auxquelles le Gouvernement fait face, il est indispensable que les fonds promis soient versés aux dates prévues afin que les opérations électorales se déroulent dans les délais fixés.

Le Conseil réitère sa condamnation des actes de violence observés dans la région du Kasaï ces derniers mois et se déclare vivement préoccupé par les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits commises dans la région, y compris les cas de violences sexuelles commises en période de conflit, et par les informations récentes faisant état de nouveaux charniers présumés.  Il prend note des déclarations de représentants de la République démocratique du Congo affirmant que certains de ces charniers seraient en fait des sites d’inhumation.  Il se déclare de nouveau gravement préoccupé par les violations graves du droit international humanitaire et les atteintes aux droits de l’homme commises par les milices locales dans cette région, notamment le recrutement et l’utilisation d’enfants dans un conflit armé, les attaques contre des civils et des sites civils et les attaques contre les forces de sécurité de la République démocratique du Congo et les symboles de l’autorité de l’État.  Le Conseil se déclare également préoccupé par les attaques visant des écoles et des hôpitaux en violation du droit international applicable et lance un appel pour que soit respecté le caractère civil des écoles conformément au droit international humanitaire.  Il réitère sa vive préoccupation face aux informations récentes faisant état d’une augmentation sensible du nombre des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises par des membres des forces de sécurité de la République démocratique du Congo dans la région du Kasaï, notamment l’usage disproportionné de la force et le meurtre de civils. Le Conseil souligne que ces violations sont susceptibles de constituer des crimes de guerre selon le droit international.  Il souligne également que c’est au Gouvernement congolais qu’il incombe au premier chef d’assurer la sécurité sur son territoire et de protéger les populations, dans le respect de l’état de droit, des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et il engage le Gouvernement congolais à renoncer à l’usage excessif de la force et toutes les autres parties à cesser immédiatement et à rejeter toute forme de violence, à déposer les armes et à chercher une solution pacifique à la crise.

Le Conseil se déclare également préoccupé par la crise humanitaire provoquée par la violence, qui a déplacé plus de 1,4 million de personnes et en a forcé plus de 30 000 à fuir le pays.  Il souligne l’urgente nécessité de ménager aux acteurs humanitaires un accès sûr et sans entrave.

Le Conseil réaffirme qu’il est important et urgent de mener rapidement des enquêtes transparentes sur les violations du droit international humanitaire et les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits commises dans la région du Kasaï.  Il se félicite de l’envoi d’une équipe d’experts internationaux chargés de travailler en coopération avec le Gouvernement congolais.  Il réaffirme son intention de suivre de près les progrès réalisés dans les enquêtes sur ces violations et atteintes, y compris les enquêtes que mènent conjointement le Gouvernement congolais, la MONUSCO et le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme en République démocratique du Congo en vue de traduire en justice et de faire répondre de leurs actes tous les responsables, et il attend avec intérêt leur rapport.  Le Conseil prend note de la mise en examen et de la condamnation récentes de plusieurs soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo et d’un agent de la Police nationale congolaise, dans lesquelles il voit un premier pas dans la lutte contre l’impunité.

Le Conseil rappelle que le Gouvernement congolais doit enquêter rapidement et de manière approfondie sur le meurtre des deux membres du Groupe d’experts et traduire ses responsables en justice, et il demande au Gouvernement congolais de coopérer aux fins des enquêtes menées par les entités des Nations Unies et de celles qui pourraient être menées par les services de police de la Suède et des États-Unis, conformément à la législation congolaise.  Il attend avec intérêt les conclusions de la Commission d’enquête des Nations Unies créée par le Secrétaire général pour enquêter sur la mort de ces deux experts.  Le Conseil rappelle qu’il a décidé, au paragraphe 3 de sa résolution 2360 (2017), que les actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République démocratique du Congo comprennent le fait de planifier, diriger ou commanditer des attaques contre des soldats de la paix de la MONUSCO ou des membres du personnel des Nations Unies ou des personnels associés, notamment les membres du Groupe d’experts, ou d’y participer, et se déclare prêt à désigner aux fins de sanctions les individus et les groupes responsables de ces attaques.

Le Conseil note avec inquiétude la poursuite des activités des groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo, et notamment la récente multiplication des actes de violence contre les communautés locales et les Forces armées de la République démocratique du Congo, la recrudescence des tensions ethniques et l’augmentation du nombre des personnes déplacées.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

Le Conseil réaffirme également son appui aux efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général, la MONUSCO, l’Union africaine et les organisations régionales pour garantir la mise en œuvre intégrale de l’accord du 31 décembre 2016, conformément à sa résolution 2348 (2017).  Il engage les partenaires de la République démocratique du Congo à continuer d’appuyer les efforts sincères que font les parties prenantes nationales pour mettre intégralement en œuvre l’accord.  Il renouvelle son appel aux pays de la région qui ont signé, il y a quatre ans, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, à honorer rapidement et intégralement les engagements nationaux et régionaux qu’ils ont pris au titre de l’Accord-cadre, lequel demeure essentiel pour la réalisation d’une paix et d’une sécurité durables dans la région des Grands Lacs.  Le Conseil demande à l’Organisation des Nations Unies, aux garants de l’Accord-cadre et aux pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et de la Communauté de développement de l’Afrique australe de fournir tout l’appui nécessaire à cette fin.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de coordination et d’organisation: l’ECOSOC adopte sept résolutions, dont deux par votes, l’une portant sur l’économie palestinienne

Réunion de coordination et de gestion, Session de 2017 
49e & 50e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6866

Réunion de coordination et d’organisation: l’ECOSOC adopte sept résolutions, dont deux par votes, l’une portant sur l’économie palestinienne

La Turquie devient membre de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes au vu de ses relations particulières avec la région

Le Conseil économique et social (ECOSOC), qui tient sur deux jours une réunion de coordination et d’organisation, a adopté aujourd’hui sept résolutions, dont deux à l’issue d’un vote notamment sur la question des « répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé ».

Le second texte ayant fait l’objet d’un vote portait sur l’« appui aux territoires non autonomes par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies ». 

Par ailleurs, l’ECOSOC a approuvé* l’admission de la Turquie en tant que membre de la Commission pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Cette résolution a été adoptée au vu des « relations particulières de nature historique, culturelle, géographique ou économique » de ce pays avec la région, au même titre que la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni qui en sont également membres.

La résolution sur la Palestine** a donc été adoptée par 45 voix pour, 2 contre (États-Unis et Australie) et 3 abstentions (Burkina Faso, Honduras et Japon).  Si le délégué de la Palestine a soulevé les insuffisances du rapport présenté le matin sur les répercussions de l’occupation israélienne sur le peuple palestinien et la population arabe des territoires occupés, il a jugé bon que la résolution réaffirme le droit inaliénable de ces peuples sur toutes leurs ressources naturelles et économiques, et engage Israël, Puissance occupante, à ne pas les exploiter, les mettre en péril, les détruire ou les épuiser.

Pour la représentante des États-Unis au contraire, la résolution, comme le rapport, fait preuve d’un « parti pris évident » et complique la recherche d’une paix israélo-palestinienne, tandis que son homologue d’Israël a parlé d’une résolution qui ne tient pas compte des réalités du terrain et des avancées économiques des parties en conflit.  

En adoptant ensuite, par 21 voix pour, zéro contre et 22 abstentions, la résolution sur l’appui aux territoires non autonomes***, l’ECOSOC recommande que tous les États redoublent d’efforts au sein des institutions spécialisées et des autres organismes des Nations Unies dont ils sont membres afin d’assurer l’application intégrale et effective de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui figure dans la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et des autres résolutions pertinentes de l’ONU.

Le fort taux d’abstention lors du vote s’explique, selon le représentant de la Fédération du Russie, par le fait que débattre de ces questions politiques détourne l’ECOSOC de ses fonctions qui consistent à coordonner les activités socioéconomiques de l’ONU.  Son homologue de la France a également estimé que le sujet ne relevait pas des prérogatives de l’ECOSOC.

Au cours de cette session d’organisation, l’ECOSOC a aussi adopté une résolution qui prévoit un calendrier provisoire des conférences et des réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes pour 2018 et 2019.

À propos de calendrier, le représentant d’Haïti a proposé de tenir à l’ONU, au cours du débat de haut niveau de l’Assemblée générale de septembre 2018, une réunion spéciale afin de discuter du développement durable de son pays.  Il s’exprimait dans le cadre de l’examen de la question du « Programme d’aide à long terme à Haïti », après que l’ECOSOC eut adopté sans vote un texte qui proroge le mandat du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti jusqu’à la conclusion de sa session de 2018.

À l’ouverture de la réunion, le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Cho Tae-Yul (République de Corée), a présenté le travail de la Commission avec les pays africains tels que le Soudan du Sud.  Il a exprimé le besoin de réponses coordonnées de la part de toutes les parties prenantes dans le Sahel, soulignant l’importance de lutter contre les causes profondes des conflits et de progresser sur la voie du développement durable. 

La réunion de coordination et d’organisation de l’ECOSOC, présidée par la Vice-Présidente du Conseil, Mme Marie Chatardová (République tchèque), se poursuivra demain, 26 juillet 2017, dès 10 heures.

*E/2017/15/Add.1

**E/2017/L.34

***E/2017/L.33

QUESTIONS DE COORDINATION, QUESTIONS RELATIVES AU PROGRAMME ET AUTRES QUESTIONS

Pays africains sortant d’un conflit (E/2017/68)

Le rapport du Secrétaire général sur l’apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies (E/2017/68) a été présenté par M. MAHIMBO MDOE, Représentant par intérim du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Soudan du Sud, intervenant par visioconférence depuis Djouba.

Depuis l’accession du Soudan du Sud à l’indépendance, le 9 juillet 2011, le Conseil économique et social (ECOSOC) a manifesté sa volonté, notamment en adoptant la résolution 2011/43, de coopérer avec des partenaires pour tenter d’apporter des solutions aux vastes défis que le pays doit relever sur le plan humanitaire ainsi qu’en matière de consolidation de la paix et de développement. 

Le rapport souligne que la crise a donné lieu à une instabilité permanente et à des combats localisés, à une grave détérioration de la situation humanitaire, à une érosion de la cohésion sociale et à une aggravation de la crise économique.  Si les parties ne contestent pas l’Accord de paix en tant que cadre du processus de paix, la réalisation des objectifs d’étape a de nouveau été entravée.  Au cours de la période couverte par le rapport, la planification et la coordination des activités liées au développement avec les acteurs internationaux étaient pour l’essentiel au point mort. 

En outre, la crise humanitaire que traverse le Soudan du Sud s’est intensifiée dans des proportions alarmantes au cours de la même période.  Environ 7,5 millions de personnes, soit plus d’un habitant sur deux, ont besoin d’aide humanitaire.  Les combats, ininterrompus depuis juillet 2016, ont arraché à leur foyer des centaines de milliers de civils.  Jusqu’à présent, environ 3,7 millions de personnes ont été déplacées, ce qui représente près de 28% de la population totale du Soudan du Sud, parmi lesquelles 1,9 million ont été déplacées à l’intérieur du pays et 1,8 million se sont réfugiées dans des pays voisins.  La crise des réfugiés sud-soudanais est celle qui enregistre le plus fort développement à l’échelle mondiale, note le rapport.

Par ailleurs, l’insécurité alimentaire et la malnutrition ont atteint un niveau sans précédent, des famines localisées s’étant déclarées dans deux comtés de l’État de l’Unité en février.  À l’échelle du pays, quelque 4,9 millions de personnes seraient en situation d’insécurité alimentaire grave, chiffre qui devrait atteindre 5,5 millions au plus fort de la période de pénurie, en juillet.  On estime qu’environ un million d’enfants et quelque 340 000 femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition aiguë au Soudan du Sud.

Le rapport note en outre que les acteurs humanitaires se heurtent constamment à des difficultés lorsqu’ils cherchent à venir en aide aux personnes dans le besoin, en raison des affrontements, de l’insécurité et des refus d’accès qui les visent.  Conformément au Plan d’aide humanitaire de 2017, qui fait notamment intervenir des organismes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales internationales et nationales, il est nécessaire de lever 1,6 milliard de dollars en vue d’acheminer de l’aide humanitaire à environ 5,8 millions de personnes et d’assurer leur protection tout au cours de l’année.

Dans ses conclusions, le Secrétaire général invite le Gouvernement et tous les autres acteurs nationaux du Soudan du Sud à coopérer pleinement avec la communauté internationale, éliminer les obstacles à l’aide humanitaire et garantir son acheminement.  Toutefois, il précise que la seule façon de régler cette situation extrêmement grave est d’instaurer une paix durable et de renforcer le développement grâce à des initiatives de stabilisation et de relèvement. 

Exposé du Président de la Commission de consolidation de la paix

Invité chaque année, depuis 2009, à présenter à l’ECOSOC les leçons apprises de ses expériences permettant de relever les défis économiques et sociaux de la consolidation de la paix dans les pays africains sortant de conflit, le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. CHO TAE-YUL (République de Corée), a présenté le travail de la Commission avec de tels pays.

Il a notamment indiqué que la CCP souhaite faire progresser la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Il a exprimé le besoin de réponses coordonnées de la part de toutes les parties prenantes dans le Sahel, soulignant l’importance de lutter contre les causes profondes des conflits et de faire des progrès vers la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  L’appropriation nationale est la clef du succès pour la réussite des initiatives de consolidation de la paix, a-t-il affirmé en citant en exemple l’expérience du Libéria.

De nombreux conflits ont une nature transfrontalière, a-t-il par ailleurs noté, d’où l’importance pour la CCP de collaborer avec les organisations régionales et sous-régionales.  C’est dans cette optique, a-t-il expliqué, que la CCP s’est rendue au siège de l’Union africaine le mois dernier.  En outre, le rôle des femmes est crucial dans la consolidation de la paix, ainsi que celui des victimes.

Débat général

« Il ne faudrait pas que la communauté internationale abandonne un peuple qui a tant souffert », a déclaré Mme SAKURA ATSUMI du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en parlant du Soudan du Sud.  Elle a demandé de renforcer le soutien humanitaire dans ce pays, souhaitant aussi que les déplacés puissent vivre en sécurité.  Elle a également invité la communauté internationale à apporter son soutien aux États voisins qui offrent l’asile aux réfugiés dans des contextes économiques ardus.  « Il faut agir avant que ce conflit ne devienne une guerre interethnique », a-t-elle mis en garde. 

Mme MARIANN KOVACS, représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’est indignée du fait que plus de six millions de personnes sont désormais confrontées à l’insécurité alimentaire au Soudan du Sud.  La FAO distribue des kits d’aide d’urgence à travers le pays, a-t-elle dit, se désolant que les activités agraires soient menacées par les conflits touchant des zones agricoles.  Tout en sauvant des vies, il nous faut également veiller à renforcer la résilience des populations, a-t-elle plaidé. 

Pour M. EMMETT MOLLIHI WATSON d’ONU-Femmes, les femmes sont le plus susceptibles d’être sujettes aux déplacements forcés du fait du conflit au Soudan du Sud.  Plaidant pour que les Sud-Soudanaises soient davantage traitées comme des actrices du changement, il a expliqué qu’ONU-Femmes entendait apporter son soutien aux groupes de femmes du pays et aux organisations qui les assistent.  

Mme FATIMA KHAN, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a expliqué que son organisation est impliquée dans le renforcement du système de santé au Soudan du Sud.  L’OMS est également engagée dans la lutte contre le choléra dans le pays, a-t-elle indiqué, tout en avertissant que ce n’est pas la seule épidémie à combattre.  En effet, avec six millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire, la malnutrition est un terreau fertile pour d’autres affections pathologiques, a-t-elle relevé.  Elle a donc appelé à investir dans les systèmes de santé du pays, dans le cadre de la recherche d’une paix durable.

Décision (E/2017/L.36)

Le Conseil économique et social a ensuite adopté une décision intitulée « Pays africains sortant d’un conflit », par laquelle il prend note du rapport du Secrétaire général sur l’apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies et demande qu’un rapport sur la question soit soumis à l’examen du Conseil à sa session de 2018.

Programme d’aide à long terme à Haïti (E/2017/77)

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), Président du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti, a présenté le rapport de ce groupe (E/2017/77) qui expose les principales conclusions tirées de sa visite à Washington en mars 2017.  Si le Groupe convient qu’Haïti est pleinement responsable de son développement, il appelle également l’attention sur la situation complexe et difficile dans laquelle se trouve le pays à l’issue des deux dernières années d’impasse politique prolongée, de catastrophes naturelles majeures, notamment l’ouragan Matthew en octobre 2016, et de l’épidémie de choléra de 2010 qui n’est pas encore entièrement jugulée.  Le Gouvernement haïtien continuera d’avoir besoin d’un appui important de la part de la communauté internationale afin d’entreprendre les transformations nécessaires pour libérer le plein potentiel de son peuple et de son économie, note le Groupe.

Avant sa visite en Haïti, le Groupe a également organisé des réunions avec le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire en Haïti par intérim, ainsi qu’avec des membres du Cabinet du Secrétaire général, afin d’examiner la situation économique du pays et la nouvelle stratégie de l’ONU pour lutter contre le choléra en Haïti.

Le rapport se termine par des recommandations à l’intention des autorités haïtiennes, de la communauté internationale, du système des Nations Unies et d’autres partenaires de développement.  Le Groupe estime que l’évolution de la situation en Haïti devrait rester au premier rang des priorités de la communauté internationale.  

Le Groupe recommande que l’équipe de pays des Nations Unies en Haïti maintienne un dialogue permanent avec les autorités du pays et les communautés touchées, dans le cadre des activités qu’elle mène pour continuer d’appuyer le Plan d’élimination du choléra en Haïti (2013-2022), notamment s’agissant de l’intervention rapide face au choléra et des mesures de lutte à moyen et long termes contre les causes profondes de l’épidémie de choléra et de toutes les maladies transmises par l’eau.

Le système des Nations Unies en Haïti est en outre invité à appuyer la mise en place de consultations plus inclusives et plus vastes avec le Gouvernement et toutes les parties prenantes s’agissant de la gestion de la transition de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) vers la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), de manière à promouvoir le bon déroulement et la maitrise du processus de transition, à faire perdurer les progrès réalisés au-delà du processus de transition, notamment dans les domaines de la paix et de la stabilité, du relèvement du pays après des catastrophes naturelles, de l’amélioration des plans nationaux de résilience face aux catastrophes naturelles et de la lutte contre le choléra.

Exposé du Coordonnateur résident du système des Nations Unies en Haïti

M. MARC VINCENT, Représentant de l’UNICEF en Haïti et Coordonnateur résident par intérim des Nations Unies dans le pays, a fait un bref aperçu de la situation qui prévaut dans le pays.  Il a parlé des fortes inégalités entre les plus riches et les plus pauvres, d’une part, et entre les femmes et hommes, d’autre part.  Il a signalé que le nouveau budget national est en nette augmentation, soit de 22%.  En outre, les rapports entre les pouvoirs législatif et exécutif semblent en phase d’apaisement.  Néanmoins, la situation humanitaire reste préoccupante, notamment dans les régions touchées par l’ouragan Matthew.

Le nombre cas de choléra est désormais de 700 contre 20 000 à la même période l’année dernière, s’est-il réjoui.  Il a souhaité voir mobiliser davantage de fonds pour venir à bout de l’épidémie dans le pays.  En ce qui concerne l’insécurité alimentaire, elle est également préoccupante, surtout avec le début de la saison des ouragans qui laisse présager une détérioration de la situation humanitaire.  Le Coordonnateur résident a, enfin, appelé à mener des réformes, notamment dans le domaine judiciaire, et à investir davantage dans le secteur social.

Débat général

M. PATRICK SAINT-HILAIRE (Haïti) a expliqué que le mandat de la MINUJUSTH sera axé sur l’appui à apporter à la police nationale, le renforcement de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, et bien entendu l’amélioration des conditions de vie de la population.  Il a mis en garde contre une aide internationale à deux vitesses, avertissant qu’une telle approche risquerait d’aboutir à des résultats mitigés.  Il a plaidé pour un appui solide, cohérent et soutenu de la part des donateurs, afin d’accompagner au mieux Haïti dans ses efforts de redressement. 

M. Saint-Hilaire a aussi plaidé pour que les transferts de fonds par les migrants d’origine haïtienne ne soient entravés par aucun obstacle.  Il a souligné qu’après le départ de la MINUSTAH, le Gouvernement d’Haïti ne compte pas demander le concours de la Commission de consolidation de la paix.  Il a proposé l’organisation au Siège des Nations Unies, en septembre 2018, d’une journée consacrée au développement durable d’Haïti, afin d’examiner la situation du pays et générer des solutions concrètes pour son développement durable.  

Résolution (E/2017/L.28)

Le Conseil économique et social a adopté sans vote la résolution intitulée « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti » par laquelle il accueille avec satisfaction le rapport du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti et les recommandations qui y sont formulées.  En outre, il engage les donateurs et les autres partenaires, notamment les organismes des Nations Unies et les institutions financières internationales, à rester mobilisés pour appuyer le développement à long terme d’Haïti, dans le respect des priorités établies par le Gouvernement haïtien et en tenant compte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’ECOSOC demande par ailleurs d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra, comme indiqué dans le Plan d’aide humanitaire de 2017 pour Haïti, et engage les partenaires à faire le lien entre les activités à court terme et le développement à long terme afin de renforcer la résilience et de réduire la répétition des crises. 

Il décide aussi, par cette résolution, de proroger le mandat du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti jusqu’à la conclusion de sa session de 2018.

Cette prorogation requiert des fonds supplémentaires à hauteur de 39 000 dollars pour couvrir les frais de voyages afférents aux missions des membres du Groupe en 2018, a expliqué le Secrétariat de l’ECOSOC.

Rapports du Comité du programme et de la coordination (A/72/16)

L’ECOSOC a pris note du rapport annuel d’ensemble du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination pour 2016 (E/2017/55) et du rapport du Comité du programme et de la coordination de la Cinquante-septième session (A/72/16).

Projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019 (A/72/6)

L’ECOSOC a pris note du document A/72/6 qui détaille les postes budgétaires pour 2018-2019 dans les différents domaines prioritaires.

Calendrier des conférences et réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes (E/2017/78 et E/2017/L.20)

Débat général

Mme TERJE RAADIK (Estonie), s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), a averti que ce calendrier pourrait être revu en fonction des délibérations de l’Assemblée générale.  Elle a aussi proposé des amendements concernant des activités du mois de juillet 2018.

Résolution (E/2017/L.30)

L’ECOSOC a adopté la résolution intitulée « Calendrier des conférences et des réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes » par laquelle il approuve ce calendrier provisoire pour 2018 et 2019.  Le calendrier sera révisé, selon que de besoin, conformément à la décision qu’il prendra concernant l’organisation des travaux de sa session de 2018 et à ses autres décisions ou à celles que l’Assemblée générale adoptera à ce sujet.

APPLICATION ET SUIVI DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES 

Suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement (A/72/114–E/2017/75)

L’ECOSOC a pris note du résumé, établi par le Président du Conseil économique et social, des travaux du deuxième Forum sur le suivi du financement du développement qui s’est tenu à New York du 22 au 25 mai 2017, y compris de la réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Examen et coordination de l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020

Résolution E/2017/L.32

Le Conseil économique et social a adopté sans vote la résolution intitulée « Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 » par laquelle il demande aux pays les moins avancés, à leurs partenaires de développement, aux organismes des Nations Unies, ainsi qu’à tous les autres acteurs, de faire davantage d’efforts pour honorer pleinement et effectivement, de manière coordonnée et cohérente, et avec diligence, les engagements pris dans les huit domaines prioritaires du Programme d’action d’Istanbul.

Dans ce texte, l’ECOSOC reconnaît que la Banque de technologies pour les pays les moins avancés a vocation à faciliter le renforcement de la capacité de production, la transformation structurelle, l’élimination de la pauvreté et le développement durable dans ces pays et, à cet égard, prend note de la résolution 70/216 de l’Assemblée générale, en date du 22 décembre 2015, dans laquelle l’Assemblée a énoncé les dispositions voulues pour créer et mettre en service la Banque de technologies.

Après cette adoption, le représentant des États-Unis a souligné que son pays ne s’associait pas au processus de transfert de technologies mentionné dans ce texte, étant donné que cette pratique va, à son avis, à l’encontre des principes du droit de la propriété intellectuelle. 

QUESTIONS RELATIVES À L’ÉCONOMIE ET À L’ENVIRONNEMENT

Développement durable

Résolution E/2017/L.31

L’ECOSOC a adopté sans vote la résolution intitulée « Rapport du Comité des politiques de développement sur les travaux de sa dix-neuvième session » par laquelle il prend note du rapport.  En outre, l’ECOSOC prie le Comité de suivre les progrès accomplis dans leur processus de développement par les pays qui ont été retirés de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), conformément au paragraphe 21 de la résolution 67/221 de l’Assemblée générale. 

L’ECOSOC renouvelle l’appel lancé par l’Assemblée générale dans ladite résolution pour que les pays admis au retrait de la catégorie des PMA élaborent leur stratégie nationale de transition avec l’appui du système des Nations Unies et en collaboration avec leurs partenaires de développement et leurs partenaires commerciaux bilatéraux et multilatéraux.

APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX PAR LES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET LES ORGANISMES INTERNATIONAUX ASSOCIÉS À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/72/69, A/72/87–E/2017/67 ET E/2017/59)

Dans le rapport du Secrétaire général intitulé « Assistance au peuple palestinien » (A/72/87–E/2017/67), qui a été présenté par M. TARIK ALAMI, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), figurent une évaluation de l’assistance reçue par le peuple palestinien ainsi qu’une évaluation des besoins restant à satisfaire et des propositions permettant d’y répondre.  Il y est rendu compte des efforts déployés par l’ONU, en coopération avec le Gouvernement de l’État de Palestine, les donateurs et la société civile, pour venir en aide à la population et aux institutions palestiniennes.

Le rapport souligne que la période considérée (avril 2016-mars 2017) a continué d’être caractérisée par une évolution de la situation sur le terrain qui ne tend pas à favoriser les perspectives de paix ni la concrétisation de la solution des deux États.  Le système des Nations Unies a poursuivi l’action menée pour faire face aux problèmes humanitaires et aux problèmes de développement dans le contexte de l’occupation.

Le Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a poursuivi, tout au long de l’année, l’action menée en soutien au processus de paix et à la promotion de la coordination et du dialogue entre Palestiniens et Israéliens, l’ONU, la région et la communauté internationale.

Il est précisé que l’ONU continuera d’œuvrer pour l’instauration d’une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, mais aussi pour mettre fin à l’occupation qui a débuté en 1967 et favoriser la création d’un État de Palestine d’un seul tenant, souverain, démocratique et viable, coexistant avec Israël dans la paix et la sécurité, conclu le rapport.

M. TARIK ALAMI, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a également présenté le rapport sur les « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé » (A/72/90–E/2017/71) qui rend compte des pratiques et mesures auxquelles Israël recourt, en particulier celles qui contreviennent au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme et qui influent sur la situation économique et sociale des personnes subissant son occupation militaire. 

Le rapport énumère les mesures et pratiques discriminatoires, et mentionne les cas d’emploi de la force, parfois considérés comme excessifs, ainsi que les restrictions à la liberté de circulation, notamment les bouclages imposés à Gaza, l’expansion des colonies, la destruction de biens et l’exploitation des ressources naturelles dans le Territoire palestinien occupé et dans le Golan syrien occupé.  Outre qu’elles représentent des violations du droit international, notamment les droits de la population vivant sous occupation, ces mesures et pratiques, conjuguées, aggravent la situation sociale et économique de la population concernée.

Le rapport note que 50 ans d’occupation de terres palestiniennes et syriennes ont gravement ralenti le développement social et économique du Territoire palestinien occupé et du Golan arabe syrien occupé.  Les incidences des politiques et pratiques israéliennes, en particulier sur la population, la société et l’économie palestiniennes, sont multiples et se sont accumulées au fil des décennies d’occupation.

Le rapport rappelle que l’ONU maintient la position qu’elle défend de longue date, à savoir qu’on ne saurait parvenir à une paix durable et globale qu’en négociant une solution des deux États, avec un État palestinien d’un seul tenant, indépendant, démocratique et viable, vivant en paix côte à côte avec un État israélien n’ayant pas à craindre pour sa sécurité, dans le cadre d’un règlement régional global, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité sur la question.

Déclarations liminaires et débat général

M. MARWAN FRANCIS (Liban), s’exprimant au nom du Groupe des États arabes, a estimé que le rapport aurait dû faire le distinguo entre l’armée d’occupation, les colons et les civils israéliens vivant sur les territoires d’Israël.  Il s’est aussi plaint du fait que la version anglaise du rapport présente le « mur israélien » comme une « barrière ».

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a regretté que le rapport ne mentionne pas la position du Secrétariat des Nations Unies sur des faits et évènements dont Israël est à l’origine et qui violent le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le Gouvernement syrien, a-t-elle dit, s’insurge contre les mesures prises par Israël pour exploiter économiquement des territoires occupés comme c’est le cas dans le Golan syrien.  Elle a aussi regretté que le rapport ne fasse pas mention de l’emprisonnement de Syriens vivant dans le Golan.  Elle a aussi reproché à la CESAO de n’avoir pas signalé que les forces israéliennes soutiennent les terroristes.

Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a estimé pour sa part qu’on ne saurait parler de développement durable des Palestiniens quand ces derniers ne peuvent même pas exploiter leurs propres ressources.

L’observateur de la Palestine, M. ABDULLAH ABU SHAWESH, a déploré le fait que le rapport soit passé à 16 pages alors qu’il en faisait 20 l’an dernier.  Il a ainsi noté que de nombreuses questions n’y figurent plus.  Il a relevé en outre que le rapport donne des informations erronées en présentant la crise électrique de Gaza comme le résultat de querelles intra-palestiniennes.

Mme TERJE RAADIK (Estonie), s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), a dit que si sa délégation soutient le projet de résolution présenté devant le Conseil sur cette question, cela ne signifie pas que les membres de l’UE reconnaissent l’État de Palestine, ni un certain nombre de libellés du texte.

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a estimé que le projet de résolution et le rapport de la CESAO font preuve d’un parti pris évident.  Ces textes sont déséquilibrés, à son avis.  Ils montrent du doigt Israël et compliquent les choses par rapport à l’objectif d’arriver à une paix israélo-palestinienne, a-t-elle déclaré en expliquant que sa délégation appelait à voter contre ce texte, bien que son pays soit engagé pour le bien-être des Palestiniens.

Résolution E/2017/L.34

L’ECOSOC a adopté, par 45 voix pour, 2 contre (États-Unis et Australie) et 3 abstentions (Burkina Faso, Honduras et Japon), la résolution intitulée « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé » aux termes de laquelle il réaffirme le droit inaliénable du peuple palestinien et de la population arabe du Golan syrien occupé sur toutes leurs ressources naturelles et économiques, et engage Israël, Puissance occupante, à ne pas les exploiter, les mettre en péril, les détruire ou les épuiser.

En adoptant ce texte, l’ECOSOC exige d’Israël qu’il respecte le Protocole relatif aux relations économiques entre le Gouvernement de l’État d’Israël et l’Organisation de libération de la Palestine signé à Paris le 29 avril 1994.  Le Conseil demande également à Israël de remettre en état et de remplacer les biens civils, les infrastructures essentielles, les terres agricoles et les services administratifs endommagés ou détruits du fait de ses opérations militaires dans le Territoire palestinien occupé.

Déclarations après le vote

Après le vote, l’observateur de l’État de la Palestine a tenu à saluer une « résolution juste », avant de rappeler sa position sur le rapport de la CESAO.  Selon lui, ce rapport a édulcoré les réalités du terrain.

M. NIZAR AMER (Israël) a dit que la résolution se focalise sur Gaza sans faire mention de l’organisation terroriste, le Hamas, qui dirige la bande de Gaza.  Cette résolution, à son avis, ne tient pas compte des réalités du terrain et des avancées économiques des parties en conflit.  La direction palestinienne continue d’inciter à la haine contre Israël, s’est-il plaint en faisant le récit du massacre d’une famille israélienne par un Palestinien la semaine dernière.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a pour sa part estimé que la violence venait du côté d’Israël, se félicitant du fait que la résolution ait pu être adoptée.

Rapports sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies (A/72/69) et (E/2017/59

Le Président du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela), a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies, Rapport du Secrétaire général (A/72/69), puis le rapport du Président du Conseil sur les consultations tenues avec le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (E/2017/59).

Ce dernier rapport est basé sur les informations présentées par les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies sur les activités menées pour appliquer la Déclaration, concernant l’appui qu’ils fournissent aux 17 territoires relevant du Comité spécial.

Résolution E/2017/L.33

L’ECOSOC a adopté, par 21 voix pour, zéro contre et 22 abstentions, la résolution intitulée « Appui aux territoires non autonomes par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies ».

Par ce texte, l’ECOSOC recommande que tous les États redoublent d’efforts au sein des institutions spécialisées et des autres organismes des Nations Unies dont ils sont membres afin d’assurer l’application intégrale et effective de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui figure dans la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et des autres résolutions pertinentes de l’ONU.  L’ECOSOC exhorte les organismes qui ne l’ont pas encore fait à fournir dès que possible une assistance aux territoires non autonomes au cas par cas.

Le représentant de la Fédération du Russie, M. STANISLAV ALEKSAEV, a été d’avis que le fait de débattre de ces questions politiques détourne l’ECOSOC de ses fonctions de coordination des activités socioéconomiques de l’ONU.  C’est pour cette raison que la Fédération de Russie a préféré l’abstention.  Son homologue de la France, M. ALEXANDRE DIEBOLT, a également expliqué son abstention en affirmant que le sujet ne relève pas des prérogatives de l’ECOSOC et que le texte n’avait pas fait l’objet de négociations préalables entre les membres du Conseil.

Pour Mme STEFANIE AMADEO, des États-Unis, les fonds, les programmes et les autres organes des Nations Unies peuvent apporter leurs aides respectives aux territoires non autonomes à condition que les puissances occupantes l’acceptent.  Il revient au Gouvernement fédéral des États-Unis de décider de ces modalités, a-t-elle indiqué.

La représentante de l’Argentine, Mme MARIA PAULA MAC LOUGHLIN, qui s’est abstenue, a déclaré que la résolution n’était pas conforme aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Comité spécial. 

COOPÉRATION RÉGIONALE (E/2017/15, E/2017/15/ADD.1, E/2017/15/ADD.2, E/2017/16, E/2017/17, E/2017/18, E/2017/19, E/2017/20 ET E/2017/21) 

Déclaration liminaire et débat général

M. AMR NOUR, Directeur du Bureau des commissions régionales à New York, a présenté les rapports E/2017/15, E/2017/15/Add.1 et E/2017/15/Add.2 relatifs à la « Coopération régionale dans les domaines économique et social et les domaines connexes ».  Les additifs concernent les questions appelant une décision du Conseil économique et social ou portées à son attention concernant la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale et la Commission économique pour l’Europe, pour l’additif 1, et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, pour l’additif 2.

Décisions sur les recommandations figurant dans les rapports

En adoptant une résolution contenue dans l’additif 1, l’ECOSOC a approuvé l’admission de la Turquie en tant que membre de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).

Le représentant de la Turquie, M. ADNAN ALTAY ALTINÖRS, a assuré à cette occasion que son pays était prêt à renforcer sa coopération avec les pays de la CELAC.

L’ECOSOC a décidé de renvoyer à la Commission économique pour l’Europe, pour qu’elle revoie son projet de résolution intitulée « le Comité des transports intérieurs de la Commission économique pour l’Europe ». Dans ce texte, il est proposé à l’ECOSOC de « charger le Comité des transports intérieurs de lui présenter des rapports tous les ans à des fins d’information, sans que la structure organisationnelle du secrétariat de la Commission, les fonctions de budgétisation des programmes et les mécanismes de contrôle s’en trouvent changés, en accordant une importance particulière aux questions relatives à la gouvernance réglementaire mondiale exercée par le biais des conventions des Nations Unies relatives aux transports et d’autres moyens ».

Le Conseil a également pris note du rapport du Secrétaire général sur les « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé » (A/72/90–E/2017/71).

Il a enfin pris note des rapports (E/2017/15, E/2017/15/Add.1, E/2017/15/Add.2, E/2017/16, E/2017/17, E/2017/18, E/2017/19, E/2017/20 et E/2017/21) portant sur la coopération régionale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial appelle au respect du statu quo à Jérusalem-Est pour éviter une « guerre de religion »

8011e séance – matin
CS/12927

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial appelle au respect du statu quo à Jérusalem-Est pour éviter une « guerre de religion »

Face à l’escalade récente de la violence à Jérusalem-Est, suite notamment à l’installation par Israël de portiques de sécurité à l’entrée de l’esplanade des Mosquées, M. Nickolay Mladenov, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a appelé, aujourd’hui, à respecter le statu quo de 1967 sur les lieux saints de la vieille ville, pour éviter que le conflit israélo-palestinien ne dégénère en « guerre de religion » dans l’ensemble de la région.

À l’occasion du débat public trimestriel du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, auquel ont participé une cinquantaine de délégations, M. Mladenov a résumé les événements survenus ces 11 derniers jours à Jérusalem-Est, depuis l’assassinat, le 14 juillet, de policiers israéliens à l’entrée de l’esplanade des mosquées, qui a amené Israël à fermer le site pour la première fois depuis 1969, avant de le rouvrir deux jours plus tard après avoir installé sans concertation des portiques de détections de métaux à l’entrée.  Après des heurts sanglants, Israël a retiré les portiques le 24 juillet.

Tout en souhaitant que ce retrait contribue à dissiper la crise au cours des prochains jours, M. Mladenov a lancé un appel au calme, jugeant « vital de maintenir le statu quo concernant les lieux saints de Jérusalem-Est, établi depuis 1967 », afin d’éviter les risques d’escalade et la transformation du conflit israélo-palestinien en « guerre de religion ».  Le Coordonnateur spécial s’est toutefois dit préoccupé par « certaines factions » qui continuent à l’heure actuelle de « jeter de l’huile sur le feu » et les a appelées à mettre fin à toute provocation. 

La situation fragile à « Jérusalem-Est occupée » s’est enflammée parce qu’Israël, Puissance occupante, poursuit « son ordre du jour destructeur » contre le peuple palestinien et « nos sites sacrés », a accusé l’observateur de l’État de Palestine.  Pour lui, « les comportements agressifs et violations provocantes du statu quo historique » dans la vieille ville ne servent qu’à exacerber les sensibilités religieuses.  « Nous n’accepterons jamais ces restrictions », a-t-il averti.

Les Palestiniens ne cherchent, avec cette affaire, qu’à « détourner l’attention de la vérité », a pour sa part affirmé le représentant d’Israël, pour qui il n’y a « rien de plus faux » que de prétendre que son pays cherche à modifier le statu quo à Jérusalem-Est.  Bien au contraire, la priorité d’Israël était d’assurer la sécurité des fidèles et des visiteurs sur le site, a-t-il expliqué, avant d’accuser l’Autorité palestinienne de s’attacher à « financer, promouvoir et glorifier la terreur », en consacrant 7% de son budget à financer les terroristes et leur famille.  Le représentant d’Israël s’en est ensuite pris à la communauté internationale, accusée d’autoriser que près de 30% de son aide aux Palestiniens serve à « parrainer l’argent du sang ». 

« Le Conseil de sécurité est en effet obsédé par Israël et refuse de reconnaître qui est à l’origine des meurtres dans la région », à savoir « le Hezbollah », a affirmé la représentante des États-Unis.  Se refusant à commenter la situation actuelle à Jérusalem-Est, elle s’en est prise à cette « organisation terroriste dédiée à la destruction d’Israël » et a déploré l’absence de contrôle du Gouvernement libanais sur ce groupe qui sape son autorité.  

Mais pour la représentante du Liban, le problème de son pays tient surtout au fait qu’il ne se passe pas un jour sans qu’Israël ne bafoue la souveraineté libanaise en mer et sur terre.  Quant à la région, c’est plutôt l’occupation continue des territoires palestiniens qui la déstabilise, a déclaré le représentant de l’Égypte.  Tout en saluant les efforts du Roi Abdallah II de Jordanie, dont le pays est le gardien de l’esplanade des Mosquées, pour désamorcer la crise actuelle, ce dernier a appelé le Conseil à prendre conscience que, si la situation ne revenait pas à la normale sur le site, toute la région risquait de s’embraser.

Pour éviter un tel embrasement, la représentante de la Jordanie a appelé à mettre en place des mesures d’urgence.  Israël doit permettre l’accès sans aucune restriction des fidèles à l’esplanade des Mosquées et cesser de tenter d’imposer un nouveau statu quo sur le terrain.  Quant à la communauté internationale et au Conseil, ils doivent prendre leurs responsabilités en obligeant Israël à respecter ses obligations juridiques. 

La représentante a également appelé à organiser une réunion d’urgence des pays arabes pour relancer la solution des deux États.  Les événements des dernières années en Iraq, en Syrie ou plus récemment au Yémen au Moyen-Orient ne doivent pas faire oublier que « l’essence de la violence et de l’instabilité » au Moyen-Orient a trait à la question palestinienne, a-t-elle insisté, rejointe par plusieurs autres intervenants qui ont, à l’exemple du Pérou, demandé que la communauté internationale affronte le conflit israélo-palestinien « avec un sentiment renouvelé d’urgence ». 

      Par ailleurs, de nombreuses délégations ont déploré la situation humanitaire désastreuse à Gaza, où la crise qui affecte près de deux millions de Palestiniens s’est « brutalement aggravée », selon le représentant de la France, en raison du blocage de la fourniture en électricité qui dure depuis plus de trois mois.  Dans ce contexte, le Coordonnateur spécial a appelé à accélérer le mécanisme de reconstruction de Gaza. 

Mais il faudrait pour cela que prenne fin l’impasse politique entre le Fatah, en Cisjordanie, et le Hamas, que M. Mladenov a accusé d’avoir « pris possession de Gaza par la force » et sur laquelle il n’a depuis lors eu de cesse de renforcer son contrôle.  Aujourd’hui, a-t-il déploré, « la bande de Gaza et la Cisjordanie sont plus éloignées que jamais ».  Le Coordonnateur spécial a donc appelé les dirigeants palestiniens à s’unir, ce qui suppose à ses yeux que l’Autorité palestinienne prenne des mesures en faveur de la formation d’un Gouvernement d’unité nationale, et que le Hamas mette fin aux provocations contre Israël et garantisse la sécurité à la frontière avec l’Égypte.  Cela supposerait aussi qu’Israël mette fin au blocus de Gaza, comme le lui ont demandé de très nombreuses délégations.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposé

Les risques d’escalade de la violence au Moyen-Orient, s’agissant notamment de la question palestinienne, sont en constante augmentation, a déploré d’entrée M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, et cela en dépit de ce qu’il a présenté comme un nouveau consensus entre de nombreux États de la région concernant la nécessité de présenter un front uni face au terrorisme et au radicalisme.

Alors que les sociétés de la région demeurent divisées en fonction des appartenances ethniques et religieuses, et que les acteurs non étatiques contrôlent toujours des territoires étendus, les récents événements de Jérusalem-Est ont résonné à travers l’ensemble du Moyen-Orient, a mis en garde M. Mladenov.

Si, pour certains, le conflit israélo-palestinien est véritablement « insoluble », les Israéliens et les Palestiniens n’ont pas jusqu’à ce jour succombé au « torrent de violence » qui a englouti la région ces dernières années, a nuancé le Coordonnateur spécial.  « Mais ce demi-siècle d’occupation a engendré des dizaines de milliers de victimes et laissé des cicatrices psychologiques profondes des deux côtés », a-t-il averti.  Dans ce cadre, les événements des 11 derniers jours près des lieux saints de la vieille ville de Jérusalem ont démontré les risques d’escalade du conflit, une escalade susceptible selon M. Mladenov de transformer le conflit israélo-palestinien en guerre de religion.

Le Coordonnateur spécial a ensuite rappelé la chronologie des derniers événements, qui ont débuté, avec l’assassinat, le 14 juillet, à l’entrée de l’esplanade des Mosquées, de deux policiers israéliens par trois assaillants, qui se sont ensuite enfuis à l’intérieur du lieu saint avant d’être abattus par la police.  D’après les autorités israéliennes, cette attaque a été lancée depuis l’intérieur du site, a précisé M. Mladenov, qui a également rappelé que le Président palestinien avait immédiatement condamné l’attaque et que les autorités israéliennes s’étaient engagées à respecter le statu quo concernant les lieux saints de Jérusalem-Est. 

Toutefois, a-t-il poursuivi, pour des raisons de sécurité, les autorités israéliennes ont décidé de fermer le site, y compris pendant la prière du vendredi, ce qui ne s’était pas produit depuis 1969.  Deux jours plus tard, le dimanche 16 juillet, le site a été rouvert par les autorités israéliennes, d’abord pour les musulmans et ensuite pour les visiteurs, après l’installation de détecteurs de métaux sous forme de portiques à l’entrée de l’esplanade des Mosquées.

Les responsables musulmans ont immédiatement condamné cette remise en cause du statu quo, a poursuivi M. Mladenov.  Des manifestations pacifiques ainsi que des heurts avec la police israélienne ont ensuite duré plusieurs jours, à la suite de quoi les autorités israéliennes ont décidé fermer l’esplanade des Mosquées aux hommes musulmans de moins de 50 ans, ce qui a entraîné, a regretté M. Mladenov, des manifestations meurtrières sur le site.

Le 21 juillet, le Président Abbas a annoncé qu’il rompait tout lien avec Israël jusqu’à nouvel ordre, y compris concernant la coordination en matière de sécurité.  Étant donné le caractère explosif de cette situation, le Coordonnateur spécial s’est félicité de l’annonce par les autorités israéliennes, hier soir, du retrait des détecteurs de métaux à l’entrée de l’esplanade des Mosquées.  M. Mladenov a émis l’espoir que cette décision permette de dissiper la crise au cours des prochains jours et a appelé au calme dans Jérusalem-Est, ainsi que dans le reste du territoire palestinien occupé.

« Il est vital de maintenir le statu quo concernant les lieux saints de Jérusalem-Est, établi depuis 1967 », a déclaré le Coordonnateur spécial.  C’est d’autant plus important, a-t-il insisté, que Jérusalem est une question à l’ordre du jour du conflit, dont le statut final devra faire l’objet d’un accord entre les deux parties.

M. Mladenov s’est également dit préoccupé par « certaines factions qui jettent de l’huile sur le feu » et les a appelées à mettre fin à leurs provocations.  Il a également exhorté le Conseil et la communauté internationale à tout faire pour relancer la solution des deux États.

Parallèlement, M. Mladenov a condamné les activités de colonisation et d’occupation illégales entreprises par Israël, qui a ordonné la construction de 2 300 logements supplémentaires à Jérusalem-Est, soit 30% de plus qu’en 2016.

Par ailleurs, concernant la situation à Gaza, le Coordonnateur spécial a déclaré que deux millions de personnes étaient prises en otage du fait de l’impasse politique entre le Fatah et le Hamas.  « Les conséquences humanitaires des mesures punitives prises contre Gaza sont lamentables », a-t-il ajouté, précisant que les habitants de Gaza étaient régulièrement victimes de coupures d’électricité pendant près de 36 heures d’affilée, ce qui signifie également qu’ils n’ont pas accès à l’eau potable.  Dans ce contexte, M. Mladenov a appelé à accélérer le mécanisme de reconstruction de Gaza.

Aujourd’hui, a déploré le Coordonnateur spécial, « la bande de Gaza et la Cisjordanie sont plus éloignées que jamais ».  Il a par conséquent appelé les dirigeants palestiniens à s’unir, sans quoi la population de Gaza sera sacrifiée et tombera « entre les mains des extrémistes ».

Depuis qu’il a pris possession de Gaza par la force, le Hamas a renforcé son contrôle sur la zone et opprimé ses habitants, a poursuivi M. Mladenov.  De plus, a-t-il dit, le fait qu’aucune élection n’ait eu lieu en Palestine depuis 2006 a créé un « vide démocratique » qui entame la légitimité de ses institutions.  « J’appelle une nouvelle fois les dirigeants palestiniens à s’attaquer aux conséquences destructrices de leurs divisions », a exhorté M. Mladenov, tout en appelant l’Autorité palestinienne à prendre ses responsabilités concernant Gaza, afin d’aller dans le sens de la formation d’un gouvernement d’unité nationale.  Dans le même temps, le Hamas devrait maintenir le calme dans la zone en mettant fin aux provocations contre Israël et en garantissant la sécurité à la frontière avec l’Égypte.  Le Coordonnateur spécial a, enfin, également appelé Israël à prendre ses responsabilités, en mettant fin au blocus illégal de Gaza.

Déclarations

Pour M. RIYAD MANSOUR (État de Palestine), la situation fragile à « Jérusalem-Est occupée » s’est enflammée parce qu’Israël, Puissance occupante, poursuit son ordre du jour destructeur à l’encontre du peuple palestinien et de nos sites sacrés, notamment à Haram el-Charif, siège de la mosquée Al-Aqsa.  Il a dénoncé « les comportements agressifs et les violations provocantes du statu quo historique à Haram el-Charif, qui exacerbent les sensibilités religieuses » avant d’estimer que l’on était au bord de l’explosion. 

C’est pourquoi M. Mansour a condamné le bouclage de la mosquée Al-Aqsa en ajoutant: « Nous n’accepterons jamais ces restrictions ».  Il a expliqué que la population palestinienne résistait aux récentes provocations –le bouclage de la mosquée et l’interdiction des prières du vendredi et autres restrictions d’accès- en priant dans la rue.  Il a salué les efforts entrepris par l’ensemble de la communauté internationale afin d’arriver à une désescalade et a dit reconnaître le rôle spécial que joue la Jordanie en tant que gardienne des sites sacrés musulmans et chrétiens de la ville.  « Des appels clairs doivent être lancés pour mettre un terme aux provocations et aux propos incendiaires de dirigeants israéliens », a insisté M. Mansour en jugeant inacceptable qu’un ministre israélien ait affirmé qu’Israël détenait la souveraineté sur le site.  Il a rappelé le droit des Palestiniens de prier sur ces lieux sans aucune restriction avant de rappeler la référence aux nombreuses résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la question, et notamment la résolution 2334 (2016) adoptée le 23 décembre dernier. 

M. Mansour a demandé que soient respectés sans exception le droit international humanitaire et l’ensemble des droits de l’Homme.  « Nous déplorons les morts et les blessures affligée à tous les civils innocents, y compris les Palestiniens », a-t-il dit en souhaitant qu’Israël soit tenu responsable de tous ses abus.  Il a rendu hommage aux cinq jeunes palestiniens tués la semaine dernière par « les forces d’occupation israéliennes » et au millier de manifestants blessés.  « Nous rappelons que le peuple palestinien est un peuple non armé et sans défense », a-t-il insisté avant de redire l’illégalité de toutes les mesures prises par Israël pour modifier la géographie et la démographie du territoire palestinien.   

Le représentant palestinien a prévenu qu’il ne fallait pas sous-estimer les risques, en particulier parce que la colère et le désespoir sont à leur comble.  Il a souligné la situation des deux millions de Palestiniens qui vivent à Gaza, où 40 000 personnes vivent encore dans les ruines et les décombres de la dernière guerre.  « Soixante-dix ans après que l’ONU eut été saisie pour la première fois de la question de la Palestine », nous restons convaincus de pouvoir trouver la voie de la paix et persuadés que nous pourrons rectifier cette grande injustice pour permettre au peuple palestinien de vivre dans la dignité et en liberté et en toute souveraineté dans un État de Palestine indépendant, a encore déclaré M. Mansour.   

M. DANNY DANON (Israël) a d’abord rappelé l’acte de terrorisme commis vendredi avec l’assassinat de trois membres de la famille Salomon à l’occasion d’une réunion familiale au moment du sabbat.  Cette attaque n’a pas eu lieu sans contexte, a-t-il affirmé.  Elle a été commise après des incitations incessantes de responsables palestiniens à la violence.  Le Président palestinien, Mahmoud Abbas, a publiquement approuvé le paiement de salaires aux terroristes emprisonnés et à leurs familles, alors que des écoles reçoivent le nom de meurtriers de masse, a-t-il accusé, ajoutant que des Palestiniens de Gaza avaient même célébré l’atroce massacre de vendredi.  M. Danon a ainsi accusé les Palestiniens d’avoir mis en place une « industrie de l’incitation » au terrorisme, qui encourage le meurtre de sang-froid d’Israéliens innocents.  Disant décrire « la situation réelle », le représentant a longuement dénoncé cette « glorification de la terreur », affirmant qu’elle durait « depuis des décennies ».

Pour M. Danon, les Palestiniens ne cherchent, avec l’affaire du mont du Temple, qu’à « détourner l’attention de la vérité ».  Il n’y a « rien de plus faux » que de prétendre qu’Israël cherche à modifier le statut du mont du Temple, a-t-il ajouté, affirmant que bien au contraire, la priorité d’Israël est d’assurer la sécurité des fidèles et des visiteurs du site.

Le représentant a ensuite rappelé un autre massacre, commis le 4 octobre 2003 dans le restaurant Maxim de Haïfa, qui avait fait 21 morts, juifs et Arabes, et 51 blessés graves.  L’attaque avait été commise par une étudiante palestinienne de Jenin, Hanadi Jaradat, qui s’était déguisée en femme enceinte avant de faire exploser la bombe dans l’établissement.  « Aucune lutte ne saurait justifier cet acte de terreur », a affirmé M. Dannon, qui a expliqué avoir amené avec lui une des victimes de cette attaque, Oran Almog, brûlé et rendu aveugle par l’attentat qui a aussi tué plusieurs membres de sa famille.  Or, a affirmé M. Dannon, la famille de Hanadi Jaradat a reçu des « des dizaines de milliers de dollars » pour son crime, tandis que ses complices ont reçu plus de 500 000 dollars.  Il a également rappelé qu’en octobre 2012, l’Union des juristes arabes avait remis un prix à la terroriste. 

« En Israël, les femmes qui travaillent reçoivent, comme dans la plupart des pays, des prix dans les domaines de l’art, des affaires ou des sciences; les femmes palestiniennes reçoivent, elles, des prix pour des crimes », a relevé M. Dannon, qui a demandé combien les assassins de la famille Salomon recevront pour leur crime.

Pour M. Dannon, « l’Autorité palestinienne, tout en affirmant rechercher la paix, ne fait que financer, promouvoir et glorifier la terreur ».  L’Autorité palestinienne consacre 7% de son budget à financer les terroristes et leur famille, contre 1% à l’éducation supérieure, a encore affirmé M. Dannon, pour qui « il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme universitaire pour deviner quelles sont les priorités de l’Autorité palestinienne ».  Le représentant a ensuite opposé les valeurs de son pays –liberté d’expression, de pensée et de religion, « de toutes les religions », autonomisation des femmes et des minorités, en insistant sur les mesures prises pour assurer la sécurité des fidèles et des touristes dans les lieux saints- à celles des Palestiniens, accusés « d’enseigner la haine, d’investir dans la terreur et de célébrer la mort ».

M. Dannon a ensuite reproché aux Nations Unies de ne pas condamner la terreur lorsqu’elle vient des Palestiniens, accusant ces derniers d’être devenus « des maîtres de la tromperie », tromperie dans laquelle la communauté internationale est tombée, selon lui.  Plus grave encore pour M. Dannon, les Palestiniens « financent leurs projets terroristes avec les donations des autres pays ».  Selon lui, la communauté internationale a autorisé que près de 30% de l’aide étrangère, supposée améliorer le niveau de vie des Palestiniens, serve à « parrainer l’argent du sang ».  Il a demandé au Conseil de sécurité de ne pas sacrifier ses valeurs de justice, de moralité et de vérité au profit de victoires politiques mesquines et de promesses creuses.  Il faut rendre les Palestiniens redevables et s’assurer qu’ils enseignent à leurs enfants la recherche de la paix, a encore déclaré le représentant.  Ce n’est qu’alors que l’on verra la possibilité d’une paix réelle pour la région, a-t-il assuré. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a jugé « indispensable de garantir l’accès et la sécurité des lieux saints », avant d’ajouter qu’elle s’abstiendrait de commenter plus avant la situation à Jérusalem-Est, tout en espérant que la crise se résorbera d’elle-même dans les prochains jours.

« Le Conseil de sécurité est obsédé par Israël et refuse de reconnaître qui est à l’origine des meurtres dans la région », a ensuite dénoncé la représentante, pour qui « il s’agit du Hezbollah », qu’elle a qualifié d’« organisation terroriste dédiée à la destruction d’Israël ». 

Il y a deux volets du Hezbollah, a expliqué Mme Haley: un volet militaire et un volet politique.  « Ce n’est pas parce qu’un groupe terroriste présente des candidats à une élection qu’il cesse d’être un groupe terroriste », a-t-elle déclaré, affirmant que le Hezbollah envoyait ses hommes depuis le Liban vers la Syrie pour attiser le conflit.  « En d’autres termes, le Hezbollah s’est renforcé et a enrichi son arsenal pour des prochaines guerres », a-t-elle déploré.  Pire, a poursuivi la représentante, le groupe terroriste « s’enorgueillit publiquement » de ce renouveau et parle volontiers du soutien que lui apporte l’Iran. 

Face à cette situation, Mme Haley a rappelé que le Conseil avait adopté des résolutions appelant les autorités du Liban à davantage contrôler le Hezbollah sur son territoire.  « Mais la tendance est à l’inverse », a-t-elle déploré, estimant que le groupe terroriste sapait l’autorité du Gouvernement libanais.  « Il y a trop longtemps que le Conseil accepte ce statu quo », a-t-elle dénoncé.  C’est d’autant plus regrettable, a poursuivi la représentante, que le Conseil refuse de mentionner le Hezbollah dans ses résolutions, alors qu’Israël, lui, y est abondamment mentionné.  « Cela doit changer », a-t-elle ajouté, exhortant le Conseil à nommer ce groupe terroriste dans ces résolutions sur la question et à faire en sorte que le Hezbollah cesse d’acquérir illégalement des armes. 

La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) doit également, dans ses rapports, aller jusqu’au bout de ses conclusions si elles démontrent que le Hezbollah est impliqué dans des activités militaires illégales, a déclaré la représentante.  « Mais nous devons faire plus que le nommer », a-t-elle encore ajouté, appelant à faire en sorte que cette « force terroriste majeure qui menace la paix » soit mise hors d’état de nuire.

M. MUKHTAR TILEUBERDI (Kazakhstan) a déclaré que la situation au Moyen-Orient constituait une grande préoccupation car la région est l’épicentre de nombreux conflits armés d’une extrême complexité.  Ces tensions ont de graves implications pour la paix et la sécurité internationales.  La rivalité et le manque de confiance, d’unité d’objectif et de justice, ainsi que la montée des principales inégalités économiques et sociales et le sous-développement empêchent la communauté internationale de faire des progrès au Moyen-Orient, a estimé le représentant.

Sur la question palestinienne, le Kazakhstan est préoccupé par la construction en cours de colonies et la montée de la violence, la détérioration de la situation humanitaire et les retards économiques, tous éléments qui sont inacceptables.  L’escalade des tensions dans la ville sainte de Jérusalem, la fermeture de la mosquée Al-Aqsa et l’imposition de restrictions aux croyants ont aggravé une situation sécuritaire déjà fragile.  En tant que membre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Kazakhstan exhorte le Gouvernement israélien à lever ces restrictions face au risque de confrontation religieuse, qui aurait des conséquences dangereuses.  Tous les actes de violence devraient cesser et les parties devraient s’abstenir de tout comportement et mesure susceptibles de conduire à l’escalade d’une situation déjà compliquée sur le terrain, a conclu le représentant.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a commencé par rappeler que le Conseil de sécurité a conduit, au cours des deux dernières semaines, deux séries de consultations fermées sur les crises que traversent Gaza et Jérusalem.  « Ces crises sont localisées mais elles ne sont pas locales », dans la mesure où chacune menace de provoquer une nouvelle escalade de la violence en Israël et en Palestine, voire au-delà dans la région, a ajouté le représentant.

Pour M. Delattre, la crise récente à Jérusalem démontre qu’une poussée de violence peut « intervenir à tout moment » dans la région, compte tenu du poids spirituel, religieux et symbolique de l’esplanade des mosquées.  Tout en saluant la décision israélienne de retirer les portiques de sécurité du lieu saint, le représentant a appelé à respecter le statu quo historique de 1967.  Il a également insisté sur la nécessité de « maintenir unie la concertation » entre les parties israélienne, jordanienne et palestinienne.

Le représentant a ensuite rappelé la situation qui prévaut à Gaza, où la crise humanitaire qui affecte près de deux millions de Palestiniens s’est « brutalement aggravée » avec le blocage de la fourniture en électricité qui dure depuis plus de trois mois.  Les habitants de Gaza vivent désormais avec deux à trois heures d’électricité par jour, a-t-il déploré, ajoutant que cette crise frappait avant tout les plus faibles et non les dirigeants du Hamas.  « Si rien n’est fait, les tensions en cours pourraient aboutir de nouveau à un conflit meurtrier, comme la bande de Gaza en a connu trois en moins d’une décennie », a mis en garde M. Delattre, qui a appelé Israël à « alléger les restrictions imposées à l’accès des biens et des personnes de et vers Gaza ».  Le représentant a également appelé les Palestiniens à parvenir à un accord de réconciliation. 

« Il n’y aura pas d’État palestinien viable sans unité palestinienne, fondée sur les principes de la solution des deux États », a enfin affirmé le représentant.  Tout en soutenant les initiatives en cours pour relancer le processus de paix à l’initiative des États-Unis, il a appelé les parties à mettre fin aux violences et a demandé à Israël de cesser sa politique de colonisation. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) s’est dit convaincu qu’Israël et la Palestine ont le droit de vivre comme des États libres et indépendants, a dit son attachement au multilatéralisme pour parvenir à une solution des deux États et a rendu hommage aux Palestiniens et Israéliens tués au cours des récents affrontements en précisant que, pour la Bolivie, l’attachement à la vie est supérieur à tout discours idéologique.  Le représentant a regretté les tentatives israéliennes de modifier la démographie et la géographie du territoire palestinien.  Il a déploré les mesures restrictives imposées à l’accès à l’esplanade des Mosquées, estimant qu’elles constituent une violation grave du statu quo historique, et a appelé à garantir le libre accès aux lieux saints.  Il a enfin appelé au respect des frontières de 1967.  

M. FODÉ SECK (Sénégal) a appelé les parties à œuvrer en faveur de la désescalade et du respect du statu quo concernant l’esplanade des Mosquées.  Tout en condamnant les violences et le terrorisme, quels qu’en soient les auteurs, le représentant a estimé que la ville de Jérusalem occupait une position centrale dans la perspective d’une résolution du conflit, y compris dans le cadre de la solution des deux États, et qu’elle ne devait par conséquent pas être le théâtre de violences.

S’agissant de la situation humanitaire désastreuse à Gaza, le représentant a appelé les acteurs politiques palestiniens à faire taire leurs divisions pour le bien des deux millions de Palestiniens sinistrés qui vivent dans la zone.  Pour M. Seck, il convient, pour les parties et la communauté internationale, d’œuvrer au rétablissement de l’économie palestinienne, en particulier à Gaza, qui souffre de la baisse de l’assistance des partenaires extérieurs.  Le représentant a apporté son soutien aux initiatives des États-Unis pour relancer le processus de paix.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a condamné fermement tout acte terroriste avant de préciser que toute solution à la crise israélo-palestinienne devrait se fonder sur les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Pour le représentant, des paramètres concrets doivent être élaborés dans le contexte de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens sur la base du droit international.  La Fédération de Russie appuiera de tels efforts dans un cadre bilatéral mais aussi dans le cadre de la mission du Quatuor. 

Le représentant a appelé à l’apaisement dans les lieux saints, ajoutant que la préservation du statu quo devait être garantie dans le cadre de négociations entre Israël et le Royaume hachémite de Jordanie, responsable de la gestion des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem.  « Au vu des derniers événements on constate des discours de provocation des deux côtés », a regretté M. Safronkov avant de saluer les efforts de médiation déployés par l’Égypte.  Il a expliqué que la Fédération de Russie faisait preuve de cohérence en estimant que parvenir à un règlement juste ne sera possible que dans le respect des résolutions pertinentes de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe.  

Par ailleurs, le représentant a appelé à l’union pour lutter contre le terrorisme et s’est inquiété des risques de voir les groupes terroristes de la région acquérir des armes de destruction massive.  En outre, il a déploré des tirs contre l’ambassade de la Fédération de Russie russe à Damas la nuit dernière avant d’appeler toutes les parties à condamner cet acte.  Il a dénoncé des « génocides » menés contre les chrétiens et autres minorités, ajoutant que ces génocides démontraient l’urgence d’un effort renforcé de la communauté internationale contre la menace du terrorisme.  Il a enfin estimé que les crises actuelles au Moyen-Orient ne pourraient être résolues que par le biais de solutions politiques. 

M. CARL SKAU (Suède) s’est dit profondément préoccupé par la récente décision d’Israël de construire 1 500 nouvelles unités de peuplement à Jérusalem-Est.  Les colonies constituent un obstacle majeur à la paix et rendront la solution des deux États impossible si elles continuent, a déclaré le représentant, qui a appelé les autorités israéliennes à annuler immédiatement cette décision. 

M. Skau a ensuite condamné tous les actes de violence à l’encontre des civils, y compris les actes terroristes.  Il a ainsi condamné l’attentat commis le 14 juillet dans la vieille ville de Jérusalem et a salué la ferme condamnation du Président Abbas.  Il a réitéré l’appel en faveur de mesures rapides pour prévenir une telle violence ainsi que tout acte de provocation et de destruction, et pour faire en sorte que les auteurs de ces actes soient punis.

Le représentant s’est par ailleurs déclaré extrêmement inquiet de la situation à Gaza, en particulier de la crise humanitaire provoquée par la pénurie énergétique et la politique israélienne.  Mais si l’aide humanitaire est nécessaire pour soulager les effets de la crise sur la population de Gaza, elle ne résoudra jamais le problème, a poursuivi le représentant, pour qui la question de Gaza ne devrait pas être séparée du processus de paix dans son ensemble.  Pour la Suède, toutes les factions palestiniennes doivent s’engager de bonne foi dans un processus de réconciliation menant à un leadership palestinien unifié et à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a appelé les parties à maintenir le statu quo historique de 1967 concernant les lieux saints de Jérusalem-Est, tout en garantissant la sécurité de la zone.  S’il a salué l’issue à la crise que représente le retrait par Israël des portiques de sécurité installés sur l’esplanade des Mosquées, le représentant s’est inquiété des risques de voir un événement similaire survenir dans les prochains mois.  Pour y remédier, il a appelé à faire progresser rapidement la solution des deux États.

M. Alemu a jugé les récents événements d’autant plus regrettables qu’ils masquent des avancées enregistrées ces derniers temps, dont l’accord signé, le 10 juillet, entre Israël et l’Autorisé palestinienne, pour augmenter la fourniture d’électricité à Jenin.  Il a par ailleurs salué la réunion récente du Quatuor pour le Moyen-Orient pour faire avancer la situation à Gaza et s’est dit convaincu de l’importance de la participation constante du Quatuor pour débloquer la situation.

M. KORO BESSHO (Japon) a reconnu qu’il n’y avait eu aucune percée depuis le dernier débat public consacré au Moyen-Orient et a regretté que les obstacles habituels à la paix persistent.  Le Japon est gravement préoccupé de l’escalade des tensions à Jérusalem et dans la bande de Gaza.  Le cycle de la violence montre qu’un seul acte peut avoir un effet de boule de neige dans une situation hautement instable et dangereuse, a estimé le représentant.  Constatant que les activités de colonisation continuaient en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il a averti que l’expansion des colonies érodait physiquement la viabilité de la solution des deux États. 

La réconciliation entre les Palestiniens est un autre élément important dans la promotion de la paix, a poursuivi M. Bessho, pour qui l’approfondissement de la division entre la bande de Gaza et la Cisjordanie est inquiétante.  En outre, c’est la population de Gaza qui en subit les conséquences.  Le Japon estime que le rétablissement d’une gouvernance effective par l’Autorité palestinienne sur Gaza contribuerait au processus de paix en général.  Le Fatah et le Hamas doivent trouver une solution pour soulager la souffrance de la population de Gaza, a ajouté le représentant, pour qui la communauté internationale devrait rappeler que le blocus de Gaza affecte directement les moyens de subsistance.  Il faut améliorer la situation humanitaire dans la bande de Gaza en allégeant le blocus, a encore estimé M. Bessho. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué l’engagement du Premier Ministre israélien Netanyahu de ne pas remettre en cause le statu quo des lieux saints et rappelé le rôle joué par le Royaume hachémite en ce qui concerne la gestion des sites religieux chrétiens et musulmans à Jérusalem.  Il a estimé que la récente décision des Israéliens de retirer les portiques de sécurité autour de la mosquée Al-Aqsa allait dans le bon sens.  Pour l’Italie, qui estime qu’une paix durable doit se fonder sur une solution des deux États, « la question des colonies doit aussi être traitée ».  Le représentant a ainsi condamné la récente annonce par Israël de la construction d’un millier de nouveaux logements dans le territoire palestinien occupé.

Par ailleurs, le représentant a estimé que la libération de Mossoul, en Iraq, apportait un véritable signe d’espoir dans une région frappée par de terribles crises.  Il a particulièrement appelé à protéger les minorités ethniques dans la région, en citant en particulier la minorité chrétienne.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) s’est dit persuadé qu’avec l’aide du Conseil de sécurité les peuples du Moyen-Orient pourraient bientôt avancer sur la voie de la paix et du progrès.  Il a dit la nécessité de relancer des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens pour parvenir à une solution des deux États.  Le représentant a par ailleurs estimé que le versement de primes aux auteurs palestiniens d’actes de terrorisme n’était pas de nature à atténuer les tensions. 

Jugeant essentiel de préserver un accès sans restriction des fidèles à leurs lieux de culte, le représentant a salué la décision annoncée hier soir par Israël de retirer les portiques de sécurité installés autour de la mosquée Al-Aqsa.  Il a en revanche regretté que, sept mois après l’adoption de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, il n’y a eu que de rares progrès. 

Par ailleurs, M. Rosselli s’est dit choqué par la gravité de la situation qui frappe les réfugiés et civils au Yémen, faisant étant des souffrances de la population et d’un chaos infini.  S’agissant du conflit syrien, il a regretté la persistance de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire.                  

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est dit préoccupé par les violents incidents survenus entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.  Il a considéré la décision du Président palestinien Mahmoud Abbas de geler les contacts avec Israël comme un signal inquiétant, estimant que la situation pourrait rapidement échapper à tout contrôle.  Le représentant a exhorté la Jordanie, gardienne des lieux saints, et Israël à trouver un compromis raisonnable entre la sécurité publique et la liberté de culte.  Il a en outre exhorté chacun à agir avec responsabilité pour éviter l’escalade et calmer la situation. 

S’agissant de la Syrie, le représentant s’est dit déçu de la lenteur des progrès sur le plan politique.  Il a souligné que les pourparlers de Genève devaient être adossés fermement à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et orientés vers les points communs précédemment convenus que sont les questions relatives à la gouvernance, à la constitution, aux élections et à la lutte contre le terrorisme.  La communauté internationale devrait éviter à tout prix le piège des solutions à court terme dans le conflit syrien, a-t-il ajouté.  

Par ailleurs, l’Ukraine, est profondément préoccupée de la détérioration rapide de la situation humanitaire au Yémen.  Le représentant a exhorté les parties à assurer la livraison durable des approvisionnements humanitaires et commerciaux, qui sont essentiels non seulement pour combattre le choléra mais aussi pour les millions de Yéménites menacés de famine et de mort.  Enfin, le représentant s’est dit inquiet de l’accroissement de la polarisation des principales parties prenantes au Yémen et de la fragmentation du milieu politique yéménite.  Il a appelé toutes les parties à reprendre les pourparlers sans condition préalable et à les mener de manière plus flexible et constructive.

Condamnant la remise en cause du statu quo sur l’esplanade des Mosquées, M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte), a mis en garde contre les « conséquences graves » que cette situation pourrait avoir, y compris une escalade du conflit dans l’ensemble du monde musulman.  « Nous réitérons notre appel à Israël pour mettre un terme à la violence et à l’escalade sécuritaire » sur le site de l’esplanade des Mosquées, a déclaré le représentant, qui a exhorté les autorités israéliennes à ne pas attiser le conflit en augmentant la frustration des Palestiniens et en minant les efforts visant à parvenir à une solution des deux États.

Le Conseil de sécurité a rappelé à plusieurs reprises dans ses résolutions la nécessité de ne pas modifier le statu quo sur les lieux saints de Jérusalem-Est, a poursuivi le représentant.  Dans ce cadre, il a salué les efforts jordaniens pour désamorcer la crise actuelle et a pris note de la décision israélienne d’enlever les portiques et les détecteurs de métaux récemment installés.  Il a souhaité que la situation revienne à l’état normal, avec l’accord de la Jordanie.  Il faut que le Conseil soit conscient que, si la situation ne revenait pas à la normale, les conséquences iraient bien au-delà du conflit israélo-palestinien, a averti M. Moustafa.

Pour l’Égypte, l’occupation continue des territoires palestiniens dont témoigne l’expansion des colonies israéliennes, augmente la frustration accumulée au cours des années d’occupation et de siège.  « La politique de l’autruche consistant à mettre la tête dans le sable » va mener à des conséquences graves, a averti M. Moustafa.  Pour lui, les événements des derniers jours montrent aussi que ceux qui pensaient que la question palestinienne n’avait plus une grande importance pour l’avenir de la région avaient tort.  Au contraire, parvenir à un règlement de cette question doit être une priorité car il permettrait de mettre la région sur la voie du développement, a conclu le représentant.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que la déclaration de Washington signée il y a 23 ans, jour pour jour, avait ouvert la voie à une paix inespérée et que cette paix était toujours possible aujourd’hui malgré les difficultés.  Il a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à revenir à une solution qui garantirait la sûreté et la sécurité du mont du Temple.  Il a salué la décision israélienne annoncée la nuit dernière de retirer les portiques de sécurité autour de la mosquée Al-Aqsa. 

Par ailleurs, le représentant a regretté les coupures d’électricité et l’insuffisance de l’alimentation en eau dans la bande de Gaza, en rappelant que 70% des Gazaouis dépendent de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  « C’est au Hamas qu’il appartient aujourd’hui de renoncer à la violence et reconnaître Israël », a insisté le représentant, avant d’exhorter les pays qui ont une influence sur cette organisation à évoluer en ce sens.  M. Rycroft a en outre condamné toutes les nouvelles constructions de colonies de peuplement, rappelant qu’elles sont illégales au regard du droit international.  Il ne faut pas oublier le leadership fondamental des États-Unis pour parvenir à la paix, a-t-il également insisté.       

M. LIU JIEYI (Chine) a appelé à une vision à long terme et préconisé des solutions qui abordent à la fois les symptômes et les causes profondes du conflit israélo-palestinien.  « La Chine appui la juste cause du peuple palestinien et est un médiateur actif entre les Israéliens et les Palestiniens », a insisté le représentant, qui a estimé que la solution des deux États était celle qui correspond le mieux à la réalité de terrain. 

Faisant observer qu’Israël et la Palestine sont des voisins qui ne peuvent s’éloigner l’un de autres, M. Liu a rappelé quatre propositions présentées par le Président chinois, dont la pleine application de la résolution 2334 (2016) pour une cessation immédiate de toutes les activités de peuplement, une reprise sans délai des pourparlers entre les deux parties et une nouvelle coordination des efforts de la communauté internationale.   « Les quatre propositions du Président chinois représentent les efforts de la Chine pour parvenir à un règlement politique durable de la crise israélo-palestinienne », a-t-il ajouté.  

Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a dénoncé les agissements d’Israël et notamment ses pratiques à Jérusalem et à la mosquée Al-Aqsa avant de déclarer qu’il était grand temps de transformer en réalité les engagements en faveur du principe de « la terre contre la paix » en mettant fin à l’occupation israélienne et en mettant en œuvre l’Initiative de paix arabe.

Concernant le Liban, depuis l’adoption de la résolution 1701 (2006), il ne se passe pas un jour sans qu’Israël ne bafoue la souveraineté libanaise en mer et sur terre, a affirmé Mme Ziade.  Pourtant, et en dépit de ces violations flagrantes, le Liban reste ferme dans son engagement à mettre en œuvre la résolution, non seulement pour préserver les gains des investissements communs dans la paix et la stabilité mais aussi pour les multiplier, a assuré la représentante.  C’est dans ce contexte que le Gouvernement libanais encourage les efforts de bons offices du Secrétaire général.  Le Liban est aussi impatient de voir les résultats des efforts du Coordonnateur spécial concernant le litige relatif à la délimitation de la frontière maritime et de la zone économique exclusive entre le Liban et Israël.  La non-résolution de cette question restera une source de conflit qui menace la paix et la sécurité dans la région, a ajouté Mme Ziade.  

Enfin, la représentante a déclaré que son pays demanderait le renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour une année supplémentaire sans aucun changement.  Seule une FINUL efficace et capable peut maintenir la stabilité et la sécurité dans le sud du Liban dans un environnement régional aussi précaire, a-t-elle estimé. 

Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a jugé très dangereux les récents événements sur l’esplanade des Mosquées, y voyant le risque de créer une crise difficile à endiguer et qui ferait sombrer la région dans un conflit religieux dont pourraient bénéficier certains groupes terroristes.

Pour éviter que cela ne se produise, la représentante a appelé à mettre en place des mesures d’urgence.  En premier lieu, a-t-elle dit, Israël doit respecter le statu quo et permettre l’accès sans aucune restriction des fidèles à l’esplanade des mosquées.  Par ailleurs, Israël doit cesser de tenter d’imposer un nouveau statu quo sur le terrain.  En troisième lieu, la communauté internationale doit prendre ses responsabilités en défendant le statu quo sur l’esplanade des Mosquées et en obligeant Israël à respecter ses « obligations juridiques ».  Le Conseil, a-t-elle dit, doit mettre un terme à l’escalade de la violence en traitant des facteurs de tensions, à savoir la tentative israélienne d’imposer un nouveau statu quo.

En sa qualité de gardien de l’esplanade des Mosquées, le Roi Abdallah II de Jordanie poursuivra ses efforts pour maintenir le calme sur le site et garantir le respect des lieux saints, a poursuivi la représentante.  

Mme Bahous a par ailleurs appelé à organiser prochainement une réunion d’urgence des pays arabes pour relancer la solution des deux États.  Pour la représentante, les évènements de ces dernières années au Moyen-Orient ne doivent en effet pas faire oublier que « l’essence de la violence et de l’instabilité dans la région » a trait au conflit israélo-palestinien. 

M. FREDERICO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a mis en avant le rôle joué par l’équipe spéciale maritime de la FINUL, une équipe d’intervention dirigée par le Brésil depuis six ans qui a permis des saisies d’armes et de drogues illégales en passant par le sauvetage de migrants en Méditerranée.  Il a souligné la capacité de dissuasion de cette équipe. 

Par ailleurs, le représentant a souligné les conséquences humanitaires graves de l’occupation israélienne dans le territoire palestinien en citant l’insuffisance d’eau et d’électricité dans la bande de Gaza.  Il a exhorté les parties à la retenue pour régler les tensions autour de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.  Il a enfin salué les initiatives visant à la mise en place de quatre zones de désescalade en Syrie avant de féliciter l’Iraq pour la reprise de Mossoul.  

Après avoir rappelé les tensions et les violents affrontements dans la vieille ville de Jérusalem, M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a déclaré que des centaines de millions de personnes dans le monde n’ont qu’une seule demande: le respect du caractère sacré de la mosquée Al-Aqsa et la préservation du statut de Jérusalem.  Alors que le Conseil de sécurité a reconnu la gravité de la situation, les mots doivent être accompagnés par des actions concrètes.  Israël doit prendre immédiatement des mesures pour désamorcer la situation mais aussi s’abstenir de nouvelles provocations à l’avenir.  Le représentant a ajouté que le blocus de Gaza constituait non seulement une tragédie humanitaire mais aussi une indignité morale.

Par ailleurs, le Pakistan est également préoccupé par les graves problèmes de ressources de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  M. Munir a appelé à un appui financier adéquat et durable pour qu’il puisse maintenir l’intégrité et l’efficacité de ses activités. 

Par ailleurs, le représentant a jugé la libération de Mossoul comme une étape importante dans la lutte contre Daech en Iraq.  À propos de la Syrie, il a estimé que les discussions intersyriennes étaient importantes pour le processus politique de réconciliation.  Les parties, les grandes puissances et la communauté internationale en général doivent poursuivre leurs efforts, a-t-il ajouté.  Enfin, il a déclaré que l’insuffisance des ressources humanitaires en faveur du Yémen devrait constituer une priorité urgente.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré la récente flambée de violence liée à la situation sur l’esplanade des Mosquées et a appelé toutes les parties à faire preuve de modération et à reprendre un dialogue constructif.  Rappelant la position invariable de son pays en faveur de la solution des deux États, le représentant a apporté son appui à toutes les initiatives de la communauté internationale tendant à trouver une solution sur cette base. Il a notamment estimé que la récente visite au Moyen-Orient du Président des États-Unis pourrait créer les conditions nécessaires à la reprise d’un dialogue politique mais a aussi rappelé l’importance de la résolution 2334 (2016) et la nécessité de la mettre en œuvre, donc pour Israël de cesser de construire des implantations dans les territoires occupés depuis 1967.  M. Meza-Cuadra a rappelé à cet égard que les implantations israéliennes sont illégales aux termes du droit international.  En même temps, le Pérou rappelle le droit inaliénable d’Israël à préserver sa propre sécurité et condamne tous les actes terroristes commis à l’encontre de la population civile et l’apologie de leurs auteurs, ainsi que toute incitation à l’antisémitisme. 

Par ailleurs, le Pérou observe avec préoccupation la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza.  Il constate que les divisions entre dirigeants palestiniens du Hamas et du Fatah, ainsi que les mesures imposées par Israël, sont à l’origine du désespoir de la population et propices à la diffusion de discours de haine et aux explosions de violence.  Il est donc urgent que la communauté internationale apporte une assistance à ceux qui souffrent de cette dramatique situation et qu’Israël continuent de prendre des décisions positives de faire des concessions économiques au profit des Gazaouis.  Il est enfin nécessaire que la communauté internationale affronte le conflit israélo-palestinien avec un sentiment renouvelé d’urgence.  Les Nations Unies et le Conseil de sécurité en particulier ont un rôle important à jouer à cet égard.  Le Pérou, qui sera membre du Conseil de sécurité en 2018 et 2019, appuiera la réalisation d’un accord minimal commun en faveur de la reprise de négociations directes entre les parties et pour une amélioration de la situation sur le terrain. 

M. MARTíN GARCíA MORITÁN (Argentine) a réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États, les Palestiniens ayant le droit de vivre en paix dans un État indépendant et viable, et Israël celui de vivre en paix avec ses voisins dans des frontières sûres et reconnues internationalement.  L’Argentine est donc préoccupée par la poursuite des constructions d’implantations israéliennes illégales dans le territoire palestinien occupé et rappelle à cet égard la résolution 2334 (2016).  Celle-ci est très claire, a ajouté le représentant: ces implantations violent le droit international, font obstacle à la paix, sapent la perspective d’une solution viable des deux États et, de ce fait, perpétuent un statu quo intenable.  En même temps, les dirigeants palestiniens doivent aborder avec sincérité les préoccupations de sécurité d’Israël.  L’Argentine juge inadmissible que le Hamas et d’autres groupes palestiniens poursuivent leurs attaques contre la population civile israélienne et condamne énergiquement tous les actes terroristes.

L’Argentine rappelle en outre le statut spécial de Jérusalem conformément aux résolutions pertinentes du Conseil, et rejette toute tentative unilatérale tendant à le modifier.  Pour M. García Moritán, la ville sainte doit rester un lieu de paix qui garantisse aux croyants des trois grandes religions monothéistes le libre accès aux lieux saints.  C’est pourquoi le représentant s’est dit préoccupé par les événements des derniers jours et a demandé que personne ne prenne de mesures susceptibles de modifier unilatéralement le statu quo.

Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé de la situation humanitaire en Syrie et a condamné tous les actes de violences dirigés contre la population civile, en particulier les actes terroristes commis par l’État islamique et le Front el-Nosra et l’utilisation d’armes chimiques.  L’Argentine, a-t-il rappelé, soutient le travail impartial et technique du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  L’Argentine appuie par ailleurs une solution politique pour la Syrie et soutient les efforts complémentaires menés à Genève et Astana, qui ont permis de réaliser des progrès importants.  Le représentant a également salué l’accord conclu le 9 juillet entre les États-Unis, la Fédération de Russie et la Jordanie pour obtenir un cessez-le-feu dans le sud-est de la Syrie.  M. García Moritán s’est en outre félicité de la récente reconquête de Mossoul par les forces armées iraquiennes et leurs alliés.

Enfin, M. García Moritán a dit sa préoccupation face à la crise survenue entre États du Golfe et a dit appuyer la médiation du Koweït, ainsi que les autres initiatives de différents acteurs de la communauté internationale pour rapprocher les parties.  Il a appelé toutes les parties à la modération et a demandé que toute solution respecte le droit international.

M. ESHAGH ALHABIB (République islamique d’Iran) a estimé que l’occupation israélienne du territoire palestinien était au cœur de tous les conflits du Moyen-Orient.  Les droits pourtant inaliénables des Palestiniens à leur État sont plus que jamais remis en question par Israël avec la complicité des États-Unis, a-t-il affirmé.   « Les puissances du monde, particulièrement les États-Unis, hypothèquent les efforts de stabilisation et la lutte contre le terrorisme en fournissant des armements sophistiqués à des groupes étatiques ou non étatiques dans le seul but d’atteindre leurs objectifs », a ainsi déclaré M. Alhabib. 

Le représentant a accusé les États-Unis et leurs alliés de bombarder la Syrie et le Yémen avant d’inviter le monde à se souvenir que l’invasion américaine en Iraq, menée sous prétexte de suspicions d’existence d’armes de destruction massive dans ce pays, s’était soldée par 500 000 morts et la naissance de Daech.  La participation de la République islamique d’Iran au processus d’Astana est la preuve de sa détermination à parvenir à la paix en Syrie, a poursuivi le représentant, qui a dénoncé des campagnes de désinformation orchestrées par Israël et d’autres pays à l’encontre de son pays.  Il a enfin félicité le Gouvernement et le courageux peuple de l’Iraq pour être parvenus à libérer Mossoul. 

Pour Mme JOANNE ADAMSON, de la délégation de l’Union européenne, le processus de paix au Moyen-Orient demeure une priorité pour l’organisation.  Elle a rappelé que, pour les pays de l’Union, il n’existe pas d’autre issue au conflit israélo-palestinien que la solution des deux États.  Dans ce cadre, la représentante a condamné les activités de colonisation israéliennes, ainsi que l’escalade des tensions à Jérusalem-Est et les actes de terreur récemment commis dans la vieille ville comme en Cisjordanie.  Elle a appelé les parties à se garder de prononcer des discours susceptibles d’attiser les tensions.

Concernant Gaza, la déléguée de l’Union européenne a salué les efforts de médiation de l’ONU de l’Égypte pour accélérer la reconstruction de la zone et la livraison de l’aide humanitaire.  Elle a également salué les efforts entrepris par les États-Unis et le Quatuor pour le Moyen-Orient afin de relancer le processus de paix.

À propos du Liban, la représentante a salué les avancées réalisées en faveur de la tenue pacifique d’élections ainsi que les efforts déployés par le pays pour accueillir plus d’un million de réfugiés fuyant le conflit syrien.  S’agissant de ce dernier, Mme Adamson a appelé à mettre en place un accès humanitaire sans restriction et à mettre en œuvre les accords de désescalade des combats, afin de parvenir à un cessez-le-feu à l’échelle nationale.

Se tournant vers l’Iraq, la représentante a salué la libération de Mossoul des mains de Daech.  Tout en appelant à libérer les autres territoires du groupe terroriste, elle a également exhorté les autorités iraquiennes à mettre en œuvre des mesures de réconciliation nationale.

M. GÜEN BEGEÇ (Turquie) a estimé, à propos des récents événements intervenus à Jérusalem, que la priorité immédiate était la désescalade et la retenue.  Il a ensuite rappelé que toute tentative de changer le statut et de porter atteinte au caractère sacré de Haram el-Charif mettait en péril la coexistence pacifique.  Jérusalem, ville sainte de l’islam, du judaïsme et du christianisme, devrait être traitée avec le plus grand respect, a déclaré le représentant.  Nous attendons d’Israël qu’il entende les appels de la communauté internationale, remplisse ses obligations légales en tant que Puissance occupante à Jérusalem-Est et lève les restrictions qui limitent l’accès à Haram el-Charif, a poursuivi M. Begeç, pour qui le retour au statu quo est essentiel pour le retour au calme.  Seule une paix juste, complète et durable pourrait conduire à la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, a encore déclaré le représentant.  Mais, a-t-il ajouté, il est également important pour parvenir à une paix durable que les Palestiniens présentent leurs demandes légitimes dans l’unité.

Consciente de la grave situation humanitaire en Palestine, en particulier à Gaza, la Turquie a envoyé un troisième bateau avec 10 000 tonnes d’aide pour Gaza en juin dernier, a rappelé M. Begeç.  La Turquie a en outre alloué 500 000 dollars pour acheter du carburant afin de maintenir la livraison de services essentiels en réponse à l’appel du Bureau du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient. 

Concernant la Syrie, le représentant a indiqué que seule une stratégie multidimensionnelle pouvait parvenir au double objectif d’éliminer le terrorisme et de stabiliser le pays.  Il a rappelé que la Turquie était avec la Fédération de Russie et la République islamique d’Iran un des facilitateurs et garants d’un cessez-le-feu national.  Il a également mis en valeur le processus d’Astana, complémentaire des négociations de Genève, qu’il soutient.  La détermination de la Turquie de combattre Daech et d’autres organisations terroristes en Syrie comme le Parti de l’Union démocratique/Unités de protection du peuple (kurde) reste ferme, a-t-il ajouté.  Les mesures unilatérales menaçant l’unité, l’intégrité territoriale et la structure démographique de la Syrie sont inacceptables, de même que les efforts de certains en vue d’une expansion territoriale destinée à obtenir ensuite des avantages politiques.  M. Begeç a enfin rendu hommage aux forces de sécurité iraquiennes pour la reprise de Mossoul, tout en dénonçant les mouvements unilatéraux qui pourraient menacer l’unité politique et l’intégrité territoriale du pays.

Mme LINDA SCOTT (Namibie) a déclaré que le Secrétaire général avait eu raison de rappeler, fin juin, devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, qu’en mettant fin au conflit israélo-palestinien, on éliminerait du même coup un des plus importants moteurs de l’extrémisme violent et du terrorisme au Moyen-Orient.  De même, le Secrétaire général a eu raison de dire le 23 avril dernier devant l’Assemblée plénière du Congrès juif mondial (CJM) qu’Israël devrait être traité comme n’importe quel autre État.  En effet, La Namibie estime qu’on devrait attendre d’Israël, comme de tout autre État Membre, qu’il respecte les résolutions du Conseil de sécurité et qu’il respecte les accords qu’il a conclus concernant une solution des deux États fondée sur les frontières de 1967.  La Namibie est particulièrement préoccupée par le fait que le statut des lieux saints de Jérusalem ne soit pas respecté et que les tensions ne cessent de s’aggraver de ce fait.  Elle appelle en outre Israël à cesser de construire des implantations en violation des accords et résolutions antérieures du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016).

Mme Scott a exprimé l’inquiétude de son pays face aux tensions dans l’ensemble de la région.  Les conflits en Syrie et au Yémen, joints au terrorisme dans l’ensemble du Moyen-Orient contribuent en outre à des souffrances indicibles et à une crise humanitaire qui figure parmi les pires que l’on ait connues.  La Namibie appelle une nouvelle fois le Gouvernement israélien à mettre fin à la colonisation dans le territoire palestinien occupé, à cesser les destructions punitives de maisons et d’infrastructures palestiniennes.  Elle appelle en outre toutes les parties à retourner à la table des négociations plutôt que de s’en détourner et demande une fois encore le retrait complet et inconditionnel d’Israël du territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  La représentante a enfin réitéré le soutien de son pays au peuple palestinien pour qu’il puisse exercer ses droits inaliénables à un État indépendant ayant Jérusalem-Est comme capitale et devienne en outre un membre de plein droit des Nations Unies et de ses agences spécialisées.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé sa « foi » en la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité et appelé à sa pleine mise en œuvre.  « Nous devons continuer notre appui au peuple palestinien pour qu’il ne soit pas laissé au bord de la route », a ajouté le représentant, qui a vu là une raison importante pour soutenir le travail de l’UNRWA et lui assurer des ressources continues.  Par ailleurs, pour le représentant, toute attaque contre la mosquée Al-Aqsa doit être considérée comme une ligne rouge dangereuse.  Le Gouvernement et le peuple indonésiens condamnent dans les termes les plus forts ces attaques ainsi que tout acte d’agression susceptible de violer ce lieu saint.

La fermeture de la mosquée Al-Aqsa est un signal pour le monde entier de la manière dont Israël souhaite s’éloigner lui-même de la solution des deux États et de ses efforts pour changer le caractère géographique et démographique de Jérusalem, a affirmé M. Djani.  Pour l’Indonésie, la communauté internationale doit faire prévaloir le droit sur la tentative de la force d’occupation de modifier le statu quo dans la ville sainte, en violation des lois internationales et humanitaires.  Le représentant a ainsi exhorté toutes les parties à faire des efforts, de bonne foi, pour réduire les tensions, restaurer le calme, mettre fin à la crise et à trouver une solution qui pourrait assurer la sûreté publique et la sécurité du site tout en maintenant le statu quo de la ville sainte.  Au sujet de la ville sainte précisément, M. Djani a suggéré d’explorer la possibilité de la mettre sous la protection des Nations Unies pour s’assurer que tous les croyants puissent y exercer leurs activités religieuses dans l’harmonie et la paix.

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a prédit davantage encore de tensions à l’avenir au Moyen-Orient s’il n’est pas mis fin aux pratiques d’occupation et d’agression israéliennes.  Il a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et adopter une position ferme face aux agressions israéliennes à Jérusalem-Est et a jugé fondamental de préserver l’identité des lieux saints de Jérusalem.  Pour le Koweït, la seule solution est la solution des deux États.  Le représentant a en outre insisté sur la pertinence de l’Initiative de paix arabe et du plan adopté à Beyrouth en 2002, qui appelle au retrait des forces israéliennes de tous les territoires occupés depuis 1967 au Liban, en Syrie et dans le territoire palestinien.   

S’exprimant en arabe, Mgr SIMON KASSAS, observateur du Saint-Siège, a appelé Israéliens et Palestiniens à s’accorder sur des mesures conjointes permettant de mettre fin à la violence sur le terrain.  « Cette solution exige aussi l’arrêt des colonies de peuplement israéliennes et l’unité du peuple palestinien », a-t-il insisté, avant de regretter les nombreuses vies perdues au Moyen-Orient.  Soulignant la présence des communautés chrétiennes dans la région depuis deux mille ans, l’observateur a appelé la communauté internationale à protéger et préserver les droits des minorités chrétiennes. 

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a rappelé que le Conseil de sécurité était saisi de la question palestinienne depuis près de 70 ans.  Or, le peuple palestinien continue de se tourner vers le Conseil et l’ONU pour qu’ils l’aident à réaliser ses aspirations à l’autodétermination.  Le représentant a par conséquent appelé le Conseil à renouveler son engagement en faveur de la solution des deux États.  Il a également appelé le Conseil à s’assurer de la mise en œuvre pleine et immédiate de sa résolution 2334 (2016), qui réitère que les activités de colonisation israéliennes n’ont aucune valeur juridique et continuent de violer le droit international.  Le représentant a ainsi rappelé que seules les frontières de 1967 seraient reconnues comme légitimes, à moins que les parties n’en conviennent autrement au cours de négociations de paix. 

M. Mminele s’est en outre dit préoccupé par l’arrestation et la détention, sans la moindre justification selon lui, d’un membre du Conseil législatif palestinien.  Il a appelé à sa libération.  Tout en se disant préoccupé par les heurts récents dans Jérusalem-Est, il a appelé une nouvelle fois à mettre fin à l’occupation israélienne, dans l’intérêt deux parties.

Pour Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), il faut redonner vie au processus de paix.  La représentante a donc appelé les parties à ne pas enfreindre le droit international pour laisser au Conseil l’opportunité de relancer ce processus dans un environnement favorable.  Dans ce cadre, elle a condamné les tentatives israéliennes de remettre en cause le statu quo sur l’esplanade des Mosquées.  L’escalade de la violence doit s’arrêter, a-t-elle ajouté, tout en affirmant que la seule solution viable était la solution des deux États. 

Par ailleurs, Mme Al-Thani a déploré les mesures unilatérales prises par certaines parties dans la région à l’encontre de son pays, en dépit des efforts de celui-ci en faveur de la paix dans la région et pour lutter contre le terrorisme.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua), Vice-Présidente du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a fait observer que la rapide escalade de la violence ces derniers jours, après l’imposition par Israël de restrictions aux croyants désirant se rendre sur l’esplanade des Mosquées, avait démontré la rapidité avec laquelle une situation peut se dégrader au point d’approcher le point de non-retour.  Le Comité demande à la communauté internationale de réaffirmer de manière urgente le respect du statu quo concernant les lieux saints et de contraindre Israël à revenir sur toutes les mesures prises qui y portent atteinte.

Mme Rubiales de Chamorro a également demandé que soient prises des mesures pour mettre fin à l’occupation israélienne de l’État de Palestine.  Elle a rappelé que, 50 ans après l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, cette occupation était la plus longue à l’ordre du jour du Conseil.  Cette situation inacceptable et intenable doit cesser immédiatement, a-t-elle affirmé.

À cet égard, Mme Rubiales de Chamorro a rappelé les événements organisés par le Comité à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’occupation israélienne et notamment le Forum tenu à cet effet les 29 et 30 juin et inauguré par la Vice-Secrétaire générale.  Elle a rappelé que, si les opinions exprimées à cette occasion étaient variées, les participants avaient été unanimes pour considérer l’occupation israélienne comme illégale.  Elle a également rappelé le caractère illégal du blocus de Gaza, entrée dans sa onzième année et a dénoncé la totale impunité d’Israël qui a annoncé récemment la construction de 4 000 logement supplémentaires dans le territoire palestinien occupé en violation flagrante de la résolution 2334 (2016).

L’élan généré par cette résolution ne doit pas être perdu, a poursuivi la Vice-Présidente.  Rappelant que celle-ci demandait au Secrétaire général de faire rapport tous les trois mois au Conseil de sécurité, elle a relevé que les deux exposés présentés depuis lors montraient bien ce que tout le monde sait depuis des années, à savoir qu’Israël continue de violer ouvertement le droit international.  Elle a souhaité que les exposés jusqu’à présents oraux soient remplacés à l’avenir par des rapports écrits du Secrétaire général, et que ces derniers proposent des moyens concrets de rendre Israël redevable de ses actes. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 avant d’appeler à l’avènement d’un État de Palestine indépendant avec Jérusalem comme capitale et le droit pour les réfugiés palestiniens de rentrer chez eux.  Face à cette nouvelle profanation des lieux saints musulmans, il a appelé le Conseil de sécurité à mettre en œuvre immédiatement toutes les résolutions appelant à mettre fin à l’occupation israélienne.  Il a jugé partial et peu professionnel l’exposé de M. Mladenov, l’accusant d’avoir omis de parler des abus israéliens dans le Golan syrien.  Il a cité à cet égard le soutien apporté par Israël à des groupes terroristes dans le Golan syrien avant de préciser que l’aviation israélienne visait des bases syriennes qui se trouvent loin du Golan syrien occupé.  Il a aussi regretté que le Coordonnateur spécial n’ait pas dénoncé la volonté d’Israël d’organiser des élections des conseils nationaux dans les villages du Golan syrien en violation flagrante du droit international et du droit souverain syrien sur le Golan.  « Le Conseil de sécurité doit aujourd’hui assumer une responsabilité historique pour corriger cette injustice et mettre fin à une occupation israélienne odieuse », a insisté le représentant.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a estimé que la crise au Moyen-Orient était devenue une crise humanitaire aux proportions odieuses et a jugé urgent de mettre fin aux souffrances des populations civiles.  Il a condamné l’escalade des tensions dans la vieille ville de Jérusalem et a appelé les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute action unilatérale.  Il a estimé que la persistance du conflit israélo-palestinien démontrait le caractère inadéquat du système multilatéral actuel.  La paix doit être construite avec les outils de la démocratie, a encore déclaré le représentant. 

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a appelé Israël à respecter le statu quo concernant les lieux saints de Jérusalem-Est.  Il s’est déclaré « extrêmement désespéré » face à l’annonce par Israël de nouvelles constructions à Jérusalem-Est, en violation des résolutions du Conseil de sécurité. 

« On ne peut plus rester impassible face au sort des habitants de Gaza », a par ailleurs déclaré le représentant, qui a appelé Israël et la Palestine à conclure un accord pour assurer un approvisionnement en eau aux habitants de la bande.  Le représentant a enfin appelé à tout faire pour relancer le processus de paix au Moyen-Orient.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est dit préoccupé par la montée des tensions à la suite de la « fermeture illégale » de l’esplanade des Mosquées, qui pourrait avoir un « coût catastrophique au-delà des murs de la vieille ville ».

La Puissance occupante continue en toute impunité à tuer des jeunes et des enfants palestiniens et à les emprisonner, ainsi qu’à construire des bâtiments illégaux à Jérusalem-Est, a déploré le représentant, qui a appelé le Conseil à contraindre Israël à mettre fin à son occupation illégale et à lever le blocus de Gaza.  Il a également appelé le Conseil à relancer la solution des deux États.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a affirmé que, quand Jérusalem était sous contrôle musulman, tous les fidèles ont toujours été respectés, quelle qu’ait été leur religion.  Mais en un demi-siècle, l’esplanade des Mosquées a été bafouée à plusieurs reprises et même incendiée, a-t-il déploré.  Certains ont même appelé à sa démolition et aujourd’hui, Israël empêche à nouveau les fidèles d’y prier.  « Nous avons même vu un soldat israélien frapper un fidèle alors qu’il priait », a accusé le représentant, pour qui cet acte abject démontre le mépris de la Puissance occupante.

Tout en précisant que rien ne saurait jamais justifier le terrorisme, le représentant a déploré le fait que le Conseil de sécurité n’ait pris aucune mesure pour punir la Puissance occupante, suite à ses agissements sur l’esplanade des Mosquées.  Les provocations d’Israël et ses tentatives de remise en cause du statu quo à Jérusalem-Est sont l’un des aspects des plus dangereux du conflit, susceptible d’embraser toute la région, a-t-il mis en garde.

Il faut qu’Israël se retire de tous les territoires occupés, y compris du Golan arabe syrien et des colonies cisjordaniennes, a ensuite déclaré le représentant, qui a appelé à créer un État palestinien indépendant, dans les frontières de juin 1967 et avec Jérusalem pour capitale.

Le régime syrien continue à bafouer toutes les trêves, avec l’aide du Hezbollah, a par ailleurs déploré le représentant.  D’après lui, le fait que le régime n’ait pas à répondre de ses actes l’incite encore davantage à poursuivre ses meurtres et opérations de nettoyage, qui ont permis aux groupes terroristes tels que Daech de prospérer dans le pays.

Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a dit que le moment était venu de régler la dette historique envers l’État de Palestine et permettre à son peuple d’exercer ses droits inaliénables après un demi-siècle de confiscation de ceux-ci.  Elle a aussi appelé à mettre fin à 10 ans de blocus de la bande de Gaza, lequel plonge deux millions de Palestiniens dans une détresse absolue.  Elle a par ailleurs déclaré que toute tentative pour modifier le statut juridique, géographique et démographique du Golan syrien constituait une violation du droit international, de la Charte des Nations Unies, de la résolution 497 du Conseil de sécurité ainsi que de la Quatrième Convention de Genève.  Elle a assuré que Cuba continuerait de se battre pour faire valoir le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.  

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan), au nom de l’Organisation de coopération islamique (OCI), a exprimé la condamnation par l’organisation de toutes les politiques et mesures illégales prises par Israël, Puissance occupante, pour altérer le statut, la géographie et la démographie du territoire palestinien occupé, y compris le caractère arabe, musulman et palestinien de Haram el-Charif et de la mosquée al-Aqsa.  L’OCI condamne la fermeture de la mosquée aux croyants musulmans et demande au Conseil de sécurité d’obliger Israël à garantir la liberté de prière à tous les Palestiniens, y compris dans Jérusalem-Est occupée et de s’abstenir d’intervenir dans les affaires relevant des lieux saints chrétiens ou musulmans.

En même temps, l’OCI réitère sa condamnation de la politique de colonisation illégale d’Israël et notamment sa récente décision de construire 1 800 nouvelles unités de logements illégales à Jérusalem-Est occupée, qui aboutira à la confiscation de terrains palestiniens et à l’éviction de nombreux autres.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités face aux activités de colonisation qui ont été délibérément accentuées, spécialement dans et autour de Jérusalem-Est. À cet égard, l’OCI demande au Secrétaire général de  présenter des rapports écrits mettant l’accent sur l’application des résolutions du Conseil de sécurité. Elle en appelle également à l’appui et à l’engagement de toute la communauté internationale.

L’Organisation de la coopération islamique demande au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités au regard des violations systématiques par Israël  des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé. Celles-ci ne peuvent qu’attiser les tensions et aggravent dangereusement la situation sur le terrain, a estimé le représentant.  Pour l’OCI, le Conseil de sécurité ne peut pas s’absoudre de ses responsabilités et doit agir pour assurer aux Palestiniens la réalisation de leur droit à l’autodétermination, à la souveraineté et à l’indépendance dans les frontières de la Palestine de 1967.

Enfin, le représentant a attiré l’attention du Conseil sur les souffrances humanitaires du peuple palestinien dans tous les territoires occupés, et notamment dans la bande de Gaza, mais aussi  sur le sort des  détenus et prisonniers politiques palestiniens dans les centres de détention israéliens, appelant au respect des leurs droits  aux termes de la Quatrième Convention de Genève. Il a également demandé à la communauté internationale  d’intensifier ses efforts pour assurer le financement de l’UNRWA afin de permettre à l’agence de satisfaire aux besoins des réfugiés palestiniens et de mener ainsi son indispensable mission humanitaire.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a dénoncé les mesures unilatérales prises par Israël, jugeant sans précédent sa politique d’expansion des colonies de peuplement.  Face à ce constat, le représentant a exhorté la communauté internationale à ramener les deux parties à la table des négociations et à réactiver le processus de paix visant à parvenir à la solution des deux États.  Il a rappelé l’importance du statut particulier de Jérusalem pour les croyants des trois grandes religions monothéistes, en soulignant que les musulmans se sont tournés vers Jérusalem avant de se tourner vers la Mecque.  Il a dit la pertinence de l’Initiative de paix arabe qui appelle à l’avènement d’un État de Palestine libre et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec comme capitale Jérusalem-Est.   

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela), au nom du Mouvement des pays non alignés, a réaffirmé la solidarité du mouvement envers « le peuple palestinien et sa juste cause ».  Pour le Mouvement des pays non alignés, l’occupation israélienne menace gravement la sécurité internationale.  Le Mouvement est prêt à contribuer à l’élaboration d’une solution durable et pacifique au conflit, sur la base des frontières d’avant 1967.  Tout en remerciant le Coordonnateur spécial pour son exposé oral, le représentant a demandé à ce que ce type de présentation puisse être soumis par écrit au Conseil, sous la forme d’un rapport.

Le représentant s’est dit préoccupé par les mesures illégales prises par Israël, Puissance occupante, pour intensifier sa campagne de peuplement et son occupation des terres palestiniennes et violer les droits du peuple palestinien, comme l’illustrent selon lui les permis octroyés à des Israéliens pour construire plus de 1 800 logements supplémentaires à et autour de Jérusalem-Est.  « Nous trouvons alarmant le mépris flagrant dont Israël fait preuve face aux résolutions du Conseil de sécurité à ce sujet », a déploré le représentant.

S’agissant de Gaza, M. Ramírez Carreño s’est dit très préoccupé par la situation humanitaire dans la bande, qui ne serait plus du tout viable en 2020, selon les estimations d’experts de l’ONU déployés sur le terrain.  Les obstructions par l’armée israélienne à la reconstruction, jusqu’en 2014, et le rythme très lent de celle-ci en raison du blocus israélien depuis lors, ont contraint des familles à quitter leur logement et ont eu des conséquences environnementales graves, a-t-il déploré. 

De manière générale, le représentant a condamné les homicides volontaires, déplacements de réfugiés et actes visant à terroriser la population civile dont sont régulièrement victimes les Palestiniens, notamment les communautés bédouines.  Il a condamné les mesures israéliennes visant à modifier le statut du Golan syrien occupé et a appelé le pays à s’en retirer.  Enfin, le représentant a appelé à apporter un financement prévisible et durable à l’UNRWA.

M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a regretté l’absence de progrès vers une solution viable à la quête des Palestiniens pour le contrôle du territoire palestinien occupé, le manque de dialogue entre les parties, la poursuite de l’occupation israélienne illégale, la violence et la radicalisation permanente.  Le Botswana condamne les récentes violences sur l’esplanade des Mosquées.  Il estime que la résolution 2334 (2016) représente un pas dans la bonne direction dans la mesure où elle dé-légitimise les implantations israéliennes et appelle à une solution des deux États.  En conséquence, le Botswana  demande l’arrêt immédiat de la colonisation israélienne.

À cet égard, le représentant s’est félicité des efforts  des Nations Unies, des États-Unis, de la Fédération de Russie, de l’Union européenne et de partenaires régionaux en faveur du processus de paix au Moyen-Orient.  Le Botswana, a-t-il rappelé, soutient depuis toujours une solution négociée qui permette à Israël et à la Palestine de vivre côte à côte comme deux États souverains dans la sécurité et avec des frontières internationalement reconnues.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) s’est dit très perturbé par la montée de la violence et les « meurtres insensés » perpétrés à Jérusalem par des extrémistes des deux parties.  Le représentant a appelé la communauté internationale à tout faire pour éviter que tels actes ne continuent de se produire.  Tout en saluant l’assurance donnée par les autorités d’Israël concernant le maintien du statu quo sur les lieux saints, M. Bande a appelé les dirigeants palestiniens à faire des « efforts authentiques » pour reprendre les négociations.  Il a également appelé les dirigeants israéliens à donner des gages pour créer un climat propice à la reprise de ces négociations, y compris le gel des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

M. NIKULAS PETER JOHN HANNIGAN (Islande) a demandé des assurances pour que les Israéliens cessent de tenter de modifier la démographie du territoire palestinien occupé.  Face à ce risque, il a estimé que la solution des deux États est la seule solution viable qui garantira une paix durable pour les Israéliens et Palestiniens.  

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) s’est inquiétée des mesures unilatérales des Israéliens, qu’elle a jugées responsables de tension et affrontements violents dans la vieille ville de Jérusalem.  Elle a engagé les parties à cesser tout acte d’hostilité et d’incitation à la violence et à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a dit la nécessité de parvenir à la solution des deux États, avec un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967.     

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a condamné la « nouvelle tentative israélienne » de remise en cause du statu quo de Jérusalem-Est et des lieux saints.  Il a appelé le Conseil à veiller à la mise en œuvre de ses propres résolutions et à défendre la liberté religieuse à Jérusalem-Est en s’opposant à toute remise en cause de son statut.  Enfin, le représentant s’est dit opposé à toute tentative visant à faire passer la question palestinienne au second rang des priorités de l’Organisation et a dit vouloir tout faire pour trouver une solution juste au conflit.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a condamné la colonisation israélienne en Cisjordanie et le blocus illégal de Gaza, ainsi que les arrestations illégales de Palestiniens autour de l’esplanade des Mosquées.  Il a également déploré les tentatives de déplacer des citoyens palestiniens et de détruire leurs maisons.  « Ce sont des crimes odieux », a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à les empêcher.  Condamnant, enfin, les entreprises visant à « judaïser les lieux saints musulmans », il a réaffirmé son soutien à une solution des deux États et a appelé le Conseil à œuvrer de façon à la faire avancer.

M. AHMED ABDELRAHMAN AHMED ALMAHMOUD (Émirats arabes Unis) s’est dit frappé par les agressions répétitives et les tentatives israéliennes de modifier les réalités démographiques de Jérusalem.  Il a particulièrement dénoncé les colonies de peuplement, qu’il a présentées comme le principal obstacle à la future solution des deux États.  Pour le représentant, l’occupation du territoire palestinien alimente les groupes extrémistes.  Il a également appelé les États Membres à respecter et mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Droits de réponse 

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a affirmé que la déclaration du représentant de l’Arabie saoudite contenait de « nombreux mensonges ».  Il a estimé que l’Arabie saoudite était un allié d’Israël et était responsable de la propagation du terrorisme international par la diffusion de la doctrine extrémiste wahhabite par le biais de centres de propagande financés à coup de millions de dollars.

La représentante d’Israël a regretté que certains États aient fait des interventions n’ayant aucun lien avec la réalité.  Elle a également regretté les « déclarations incendiaires ».  « Nous préservons la liberté de culte et de religion, de toutes les religions, sur leurs sites historiques, quelle que soit la religion », a-t-elle affirmé.  Elle s’est dite choquée d’entendre le représentant du Liban parler de son pays comme d’un modèle de démocratie alors que « le Liban est hôte du mouvement terroriste Hezbollah ».  Elle s’est étonnée que des États qui promeuvent le terrorisme, comme la Syrie et l’Iran, se permettent de prendre la parole pour donner des leçons au Conseil de sécurité.  

Réagissant à la déclaration de la Syrie, le représentant de l’Arabie saoudite s’est dit fier de contribuer à la diffusion de l’islam et a ajouté que son pays n’utilisait pas d’armes chimiques pour tuer son propre peuple et ses propres enfants.   

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