L’ECOSOC achève sa session de 2017 en accordant le statut consultatif à 190 ONG, mais en refusant ce statut à la Fondation Alkarama
Il pourvoit des sièges vacants au sein de plusieurs organes subsidiaires
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui sa session de 2017, en même temps que sa réunion d’organisation et de coordination, en entérinant les travaux du Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG), à l’exception d’une recommandation qu’il n’a pas suivie en ce qui concerne la Fondation Alkarama. Cette organisation s’est vue refuser le statut consultatif spécial, alors que 190 autres l’ont reçu. L’ECOSOC a également, ce matin, pourvu des sièges vacants dans quatre de ses organes subsidiaires.
Lors de l’examen du rapport* du Comité des ONG sur les travaux de sa reprise de session (22-31 mai et 12 juin), dont il a pris note, l’ECOSOC a tout d’abord entériné une décision proposée par le représentant des Émirats arabes unis. Il a ainsi décidé** de ne pas accorder le statut consultatif spécial à l’ONG Fondation Alkarama, malgré la recommandation du Comité des ONG qui avait inclus cette organisation dans la liste des 191 ONG recommandées.
Expliquant les raisons de ce revirement, le représentant des Émirats arabes unis a expliqué que l’ONG « a des relations avec des organisations terroristes », notant en outre qu’elle « n’a même pas tenté de se distancer des groupes et des individus terroristes ».
Cette position a été soutenue par l’Algérie qui a précisément émis des doutes sur les origines de certains financements dont bénéficie l’ONG, relevant aussi que certains de ses membres sont inscrits sur les listes de personnes qualifiées de terroristes par le Conseil de sécurité. D’un même avis, la représentante de l’Inde a saisi l’occasion pour réclamer un examen plus minutieux, par le Comité chargé des ONG, de la liste des organisations qui demandent le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.
Après l’adoption de cette décision, la représentante des États-Unis a exprimé le souhait de son pays d’une plus large participation des ONG au travail de l’ONU, sauf pour celles qui ont des relations avec le terrorisme. Elle a noté à cet égard qu’une personne qui a des liens douteux avec le terrorisme apparaît sur le site Internet de la Fondation Alkarama.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, le représentant de la Slovénie s’est dit préoccupé de voir qu’une approche ouverte et équitable n’est pas suivie uniformément pour toutes les ONG requérantes. Il a regretté que des considérations qui, selon lui, ne relèvent pas du travail du Comité entraînent des reports répétés de l’examen des demandes de nombreuses ONG. Le fait que le Comité des ONG ait recommandé seulement 25% des demandes de statut consultatif reportées depuis sa dernière session illustre cette préoccupation, a dit le représentant.
Le représentant de l’Uruguay a, quant à lui, parlé au nom de plusieurs autres pays (Australie, Belgique, Canada, États-Unis, Finlande, France, Japon, Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suisse et Royaume-Uni) pour dénoncer la « malheureuse politisation » des travaux du Comité des ONG lors de sa reprise de session de mai 2017. Il a regretté le retour à des pratiques utilisées lors des précédentes sessions, lors de discussions importantes. « Pour exécuter son mandat, le Comité devrait écouter directement les ONG », a-t-il conseillé avant de demander que les ONG dotées du statut consultatif spécial puissent être entendues lors des prochaines sessions du Comité.
L’ECOSOC a ensuite adopté les sept décisions contenues dans le rapport du Comité des ONG et ainsi accordé le statut consultatif à 190 organisations. Il a aussi pris acte des rapports quadriennaux des 196 ONG déjà dotées du statut consultatif.
En outre, l’ECOSOC a décidé de clore, sans préjuger de futures requêtes, l’examen des demandes d’admission au statut consultatif présentées par les 30 organisations qui n’ont pas répondu aux questions posées par les membres du Comité malgré trois rappels effectués au cours de deux sessions consécutives.
L’ECOSOC a par ailleurs décidé de rayer de la liste des organisations dotées du statut consultatif l’ONG « International Chamber of Commerce », à la demande de celle-ci qui a été invitée à participer aux travaux de l’ONU en une autre qualité: l’Assemblée générale, dans sa résolution 71/156 du 13 décembre 2016, a invité l’ONG à participer à ses travaux comme observateur.
Par une autre décision, le Conseil a décidé de suspendre immédiatement, pour une durée d’une année, le statut consultatif de 128 ONG, mais il a décidé de réadmettre au statut consultatif 30 ONG qui ont finalement présenté leurs rapports quadriennaux. Il a décidé de rayer immédiatement de la liste des organisations dotées du statut consultatif 128 ONG qui n’ont toujours pas présenté leurs rapports quadriennaux en souffrance.
L’ECOSOC a aussi décidé que la session ordinaire de 2018 du Comité des ONG se tiendra du 29 janvier au 7 février et le 23 février 2018, et que la reprise de la session aura lieu du 21 au 31 mai et le 11 juin 2018. Dans le même élan, il a approuvé l’ordre du jour provisoire de la session de 2018 du Comité.
Passant à la composition d’autres organes subsidiaires, l’ECOSOC a approuvé la nomination par le Secrétaire général des 24 experts qui siègeront au sein du Comité d’experts de l’administration publique, à titre personnel. Auparavant, il a décidé d’ajuster*** la durée de leur mandat, pour la faire passer à trois ans et sept mois, à cause du réaménagement du programme de travail du Comité tel que décidé par l’Assemblée générale, qui court désormais de juillet à juillet. Le mandat de ces experts courra donc du 1er janvier 2018 au 31 juillet 2021, étant entendu que le terme suivant reviendra à 12 mois, du 1er août 2021 au 31 juillet 2025.
Par ailleurs, l’ECOSOC a élu le Cameroun au Comité du programme et de la coordination pour un mandat de trois ans qui commencera le 1er janvier 2018 et s’achèvera le 31 décembre 2020. Il reste six postes vacants au sein de ce Comité.
L’ECOSOC a également élu le Lesotho au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) pour un mandat de trois ans qui commencera le 1er janvier 2018 et se terminera le 31 décembre 2020.
Ensuite, l’ECOSOC a élu l’Espagne au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) pour un mandant qui commence aujourd’hui et expire le 31 décembre 2020. Le Conseil a décidé de reporter ses décisions sur les 11 postes qui restent vacants au sein de ce Conseil.
Enfin, l’ECOSOC a élu la Roumanie au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat qui s’étale du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2018. Le Conseil a cependant dû reporter sa décision concernant la nomination de 25 membres du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.
Le Conseil économique et social ouvrira sa session de 2018 demain, jeudi 27 juillet, à 10 heures. Il élira à cette occasion son Président et ses Vice-Présidents, avant d’examiner l’ordre du jour provisoire de la prochaine session.
***E/2017/9/Add.9 et E/2017/9/Add.10