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Syrie: face au risque d’escalade, les efforts humanitaires au long cours doivent être pleinement financés, exhorte le Secrétaire général adjoint

8454e séance – matin
CS/13684

Syrie: face au risque d’escalade, les efforts humanitaires au long cours doivent être pleinement financés, exhorte le Secrétaire général adjoint

S’il est urgent de répondre aux besoins vitaux « immédiats » des Syriens, il faut également veiller à ce que les programmes humanitaires du Plan d’intervention de 2019 soient bien financés, a déclaré, ce matin au Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, pour qui la Conférence des donateurs de Bruxelles les 13 et 14 mars sera un « indicateur décisif ».

M. Mark Lowcock était venu présenter la situation humanitaire en Syrie au cours du mois écoulé, qui a été marquée par une recrudescence des hostilités à Edleb, alors que les seuils de violence étaient restés relativement bas depuis la création, dans cette ville du nord-est du pays, d’une zone démilitarisée en septembre 2018 sous l’égide de la Turquie et de la Fédération de Russie.  La faute aux affrontements que s’y livrent des groupes armés non étatiques pour en prendre le contrôle, a-t-il précisé.

Le haut fonctionnaire a en effet mis en garde contre le « risque d’escalade », qui aurait « des conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire », en insistant sur l’importance d’éviter « à tout prix » une offensive militaire dans la région.  Un appel repris à son compte par la France, qui a exhorté le Conseil à se mobiliser pour préserver le cessez-le-feu sur le long terme, conformément aux engagements pris lors du Sommet quadripartite d’Istanbul. 

Outre qu’elle menace les conditions de vie des civils vivant dans cette zone, où plus de deux millions de Syriens sont privés de nourriture, d’eau et de soins de santé, ce regain de violences, consécutif aux allégations d’utilisation d’armes chimiques par des groupes armés à Alep, et au contrôle total de la province d’Edleb par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham, constitue une sérieuse entrave au processus de paix en cours, a analysé la Côte d’Ivoire.

Au campement de Roukban, le long de la frontière syro-jordanienne, la situation humanitaire de 42 000 personnes reste également alarmante, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, en expliquant que ce camp de fortune n’avait pas vu de convoi humanitaire depuis le début du mois de novembre dernier.  M. Lowcock a donc vigoureusement plaidé pour l’envoi d’un deuxième convoi, en expliquant que des arrangements avaient été conclus à cette fin entre l’ONU et les autorités syriennes, de nature à répondre aux préoccupations sécuritaires de celles-ci comme à celles de la Fédération de Russie.

La surveillance nécessaire au bon déroulement de la prochaine livraison sera renforcée, du site de déchargement jusqu’aux points de distribution, avec environ 250 membres du personnel des Nations Unies et du Croissant-Rouge arabe syrien à bord du convoi.  Il a été convenu, a ajouté M. Lowcock, que de l’entrée de la zone d’exclusion de 55 kilomètres jusqu’au site de déchargement, « une zone tampon de 5 kilomètres sera créée entre les groupes armés présents dans la zone et le convoi en vue d’éviter toute interférence ».  Les préparatifs sont en cours pour le chargement des camions qui doit se faire d’ici à la fin de la semaine, pour un départ le 5 février, a précisé le haut fonctionnaire.

Du Koweït aux États-Unis, en passant par le Pérou et la Pologne, les appels se sont multipliés pour que ce convoi puisse parvenir à destination le plus rapidement possible et ainsi atteindre Roukban.  La France a déploré que « le régime puisse encore, après plus de deux mois de discussions, en retarder l’acheminement ».

D’une manière générale, il a été beaucoup question aujourd’hui de « politisation » et d’instrumentalisation de l’aide humanitaire.  La Fédération de Russie s’est ainsi déclarée hostile à toute « approche sélective », en affirmant qu’elle n’avait eu de cesse de répondre favorablement aux besoins humanitaires en Syrie.  Elle en a voulu pour preuve la prorogation, le mois dernier, du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière.  De son côté, le Royaume-Uni a considéré qu’empêcher des acteurs humanitaires de rester à proximité des zones difficiles d’accès –une décision que la délégation a imputée à Damas–, constituait une forme de politisation de l’aide. 

« Depuis le début de la guerre terroriste en Syrie, mon gouvernement n’a épargné aucun effort pour remédier à la situation humanitaire », a assuré pour sa part le représentant de la Syrie.  Selon lui, toutefois, de meilleurs résultats auraient pu être obtenus si certains acteurs, y compris « des délégations porte-plumes », avaient respecté le principe d’impartialité.  « L’aide humanitaire n’est pas un instrument de subjugation politique », a-t-il estimé, en balayant les « informations fallacieuses » susceptibles « d’induire en erreur dans le dossier syrien »: il a cité celles, « fabriquées de toutes pièces », relatives « à des enfants à Alep », ou bien encore « les mensonges proférés par les Casques blancs ». 

Considérant, à l’instar de certains membres du Conseil, que la solution humanitaire passe avant tout par la recherche d’une solution politique du conflit, le délégué syrien a demandé la fin de la présence dans son pays « des forces américaines, françaises, britanniques et turques », qui soutiendraient des éléments terroristes et entraveraient l’accès humanitaire.

M. Lowcock a demandé en conclusion que toutes les parties facilitent l’accès humanitaire de l’ONU et de ses partenaires -un accès sûr, régulier et durable- afin qu’ils puissent effectuer des évaluations supplémentaires, répondre aux besoins de tous les secteurs et mesurer l’impact des interventions.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

« Le peuple syrien est accablé par un hiver difficile, marqué par des températures glaciales, des chutes de neige et des pluies diluviennes qui détruisent des abris et provoquent le déplacement de dizaines de milliers de personnes », a commencé par dire M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.  Ils sont des millions à vivre sous des tentes ou des bâches ou dans des immeubles endommagés, sans électricité ni chauffage.  Depuis la fin 2018, l’ONU et ses partenaires ont levé des fonds pour aider les Syriens à affronter l’hiver en fournissant à travers tout le pays des articles de première nécessité, a-t-il indiqué, en précisant que le montant obtenu jusqu’à présent atteignait 81 millions de dollars, ce qui permet de venir en aide à 1,2 million de personnes jusqu’à présent. 

À Edleb, les conditions météorologiques sont difficiles, sans compter le risque d’escalade militaire qui plane toujours.  Si l’accord de septembre entre la Russie et la Turquie a été suivi d’une baisse significative des combats au sol et des frappes aériennes, janvier a été marqué par une recrudescence des combats entre groupes armés non étatiques, a mis en garde le haut fonctionnaire.  « Je réitère aujourd’hui l’importance de maintenir [cet accord] et rappelle qu’une opération militaire à grande échelle à Edleb aurait des conséquences humanitaires catastrophiques », a insisté le Secrétaire général adjoint. 

Par ailleurs, 42 000 personnes demeurent coincées à Roukban, le long de la frontière syro-jordanienne.  Les conditions de vie dans le campement de fortune sur place continuent de se détériorer depuis que le dernier convoi humanitaire est parvenu dans la région, début novembre.  « Il est donc essentiel que les parties concernées soutiennent l’envoi d’un deuxième convoi à destination de Roukban. » L’ONU s’est engagée à faire en sorte que cela soit possible, notamment en répondant aux préoccupations sécuritaires exprimées par la Fédération de Russie et le Gouvernement syrien et en surveillant les modalités de distribution de l’aide, a rappelé M. Lowcock.

La surveillance sera encore renforcée, du site de déchargement jusqu’aux points de distribution, avec environ 250 membres du personnel des Nations Unies et du Croissant-Rouge arabe syrien à bord du convoi, a précisé le Secrétaire général adjoint.  Il a été convenu, a-t-il ajouté, que de l’entrée de la zone d’exclusion de 55 kilomètres jusqu’au site de déchargement, « une zone tampon de 5 kilomètres sera créée entre les groupes armés présents dans la zone et le convoi afin d’éviter toute interférence ».  Le 27 janvier, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a-t-il dit, a reçu l’approbation verbale du Ministère des affaires étrangères à Damas pour que le convoi puisse se mettre en route.  Des garanties de sécurité ont également été reçues de la part de la Fédération de Russie et des forces de la coalition internationale.  « Les préparatifs sont en cours pour le chargement des camions d’ici à la fin de la semaine et leur départ pour le 5 février.  Nous appelons toutes les parties à veiller à ce que cela se fasse sans plus tarder. »

Dans le nord-est du pays, le Secrétaire général adjoint s’est dit préoccupé par l’impact humanitaire des opérations militaires en cours dans le sud-est de Deïr el-Zor, où des milliers de personnes ont été déplacées et un nombre inconnu de personnes restent piégées par l’EIIL.  « Les raids aériens et combats au sol en continu ont fait de nombreuses victimes civiles et endommagé des infrastructures essentielles », a déploré le haut fonctionnaire.  Par ailleurs, depuis décembre, quelque 20 000 personnes –dont la plupart des femmes et des enfants– ont été déplacées de la région de Hajin vers le camp el-Hol dans la province de Hassaké et 25 enfants seraient décédés.  « Une fois de plus, j’appelle toutes les parties à faire tout leur possible pour protéger les civils et garantir la liberté de mouvement de tous. »

« Nous avons souvent signalé au Conseil, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le risque inacceptable posé par les mines, les munitions non explosées et d’autres dangers liés aux explosifs en Syrie. »  Il s’est donc dit heureux de pouvoir confirmer que le Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) a lancé, hier, son premier projet à Damas, après l’ouverture de son bureau l’an dernier.  Environ 25 jeunes Syriens suivent actuellement une formation en matière de sensibilisation aux dangers des explosifs.  L’UNMAS reste prêt à se déployer et à apporter son aide lors de l’action humanitaire antimines à Raqqa, si un tel déploiement était autorisé par les autorités, a précisé M. Lowcock.

En consultation avec le Gouvernement et conformément aux principes humanitaires, nous finalisons actuellement notre aperçu des besoins humanitaires pour 2019, a-t-il relevé.  « Nous travaillons pour que notre plan d’intervention humanitaire soit terminé avant la prochaine conférence de Bruxelles. »  Le suivi et l’évaluation restent au cœur de nos efforts.  Par exemple, au cours du dernier trimestre 2018, l’ONU a, avec l’accord du Gouvernement, effectué près de 1 000 missions en Syrie, dont 75% à des fins de suivi et d’évaluation, ce qui permet de rendre compte de manière crédible aux donateurs de la manière dont leur argent est utilisé.

Le haut fonctionnaire a terminé son intervention en rappelant quelques priorités actuelles au sujet desquelles il a sollicité l’aide des États Membres.  Tout d’abord, leur soutien est indispensable pour veiller à ce que les parties respectent et protègent les civils, en accordant une attention particulière au nord-ouest et au nord-est du pays.  « Une fois encore, une offensive militaire complète à Edleb et dans les environs doit être évitée à tout prix. »  Ensuite, le convoi humanitaire à destination de Roukban doit pouvoir poursuivre sa route comme prévu.  De plus, toutes les parties doivent faciliter un accès humanitaire sûr, régulier et durable, afin que l’OCHA et ses partenaires puissent effectuer des évaluations supplémentaires, répondre aux besoins de tous les secteurs et surveiller l’impact des interventions.  Enfin, le Secrétaire général adjoint a souligné l’importance non seulement de financer les besoins vitaux immédiats de la Syrie, mais aussi de veiller à ce que les programmes humanitaires du Plan d’intervention humanitaire de 2019 soient bien financés. « La conférence des 13 et 14 mars à Bruxelles constituera un indicateur décisif à cet égard », a-t-il affirmé.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït), s’exprimant au nom des trois pays porte-plumes des résolutions sur la situation humanitaire en Syrie (Allemagne, Belgique et Koweït), a indiqué que, d’après des statistiques de l’ONU, près de 12 millions de personnes auraient besoin d’une assistance humanitaire, dont 5 millions d’enfants.  Avec plus de 5,6 millions de réfugiés syriens enregistrés dans les pays voisins, dont 2,5 millions d’enfants, et près d’1 million de personnes dans des zones difficiles d’accès, il a insisté sur le fait que ces chiffres alarmants cachent des histoires tragiques de souffrance de civils syriens qui sont devenus victimes de l’un des plus grands conflits de notre époque.  Fort de ce constat, il a exhorté les parties au conflit et la communauté internationale à travailler ensemble pour améliorer la situation et l’accès humanitaire en Syrie.

Passant en revue les nombreux défis humanitaires à relever sur le terrain, le représentant a notamment cité les obstacles bureaucratiques et sécuritaires qui entravent l’accès, exigeant qu’ils soient levés sans plus tarder, d’autant plus que la Syrie connaît un hiver très rude qui exacerbe les conditions de vie difficiles et qui a fait des victimes civiles au cours des dernières semaines.  Il a également évoqué les souffrances des 42 000 personnes vivant dans le camp de Roukban dont la survie dépend de l’assistance humanitaire, en particulier les femmes et les enfants qui représentent 80% de la population du camp.  Un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave pour le dernier convoi est impératif, a-t-il tranché.

Protéger les civils non seulement du conflit mais aussi des violations des droits de l’homme reste l’un des plus grands défis à relever en Syrie, a-t-il poursuivi, en insistant sur le respect de l’accord pour un cessez-le feu dans la province d’Edleb, négocié par la Fédération de Russie et la Turquie.  La recrudescence des combats dans plusieurs parties de la Syrie au cours des dernières semaines a multiplié les déplacements internes et la destruction d’infrastructures civiles, ce qui a amené le représentant à exiger, de toutes les parties au conflit, de garantir la protection des civils et de leurs infrastructures et de respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2286 (2016) sur la protection des hôpitaux et centres de soins.

Enfin, il a réaffirmé le soutien des trois pays porte-plumes au travail du Mécanisme international impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie.  Il a également souligné que tout retour de réfugiés syriens dans leur patrie doit être volontaire, sûr et digne, conformément aux conditions fixées par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a demandé un accès humanitaire constant et complet dans l’ensemble du pays et exhorté les autorités syriennes à accorder toutes les autorisations nécessaires à cette fin.  Il s’est dit encouragé par le déploiement attendu d’un second convoi à Roukban et a appelé l’ONU à faciliter le départ de Roukban des personnes qui souhaitent regagner leurs foyers.  Le régime syrien continue de faire fi des résolutions du Conseil, a-t-il regretté, en exhortant ce dernier à rester vigilant et à demander des comptes aux autorités syriennes.

Ls États-Unis, a-t-il poursuivi, sont prêts à coopérer, avec l’ONU notamment, pour alléger les souffrances humanitaires en Syrie.  La campagne contre Daech n’est pas achevée, a affirmé le délégué, en appelant la coalition internationale à poursuivre ses efforts et à faire en sorte que la défaite de Daech soit « définitive ».  Enfin, le représentant a indiqué que son pays suivait attentivement la situation à Edleb où il souhaite voir préserver le cessez-le-feu, qui bénéficie à trois millions de personnes, sous peine de « conséquences catastrophiques ».

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné l’urgence de répondre aux besoins humanitaires en Syrie et exhorté les parties à ne pas entraver les efforts menés pour y répondre, dans l’esprit de la résolution 2449 (2018).  L’absence d’une solution politique ne peut qu’aggraver la situation humanitaire en Syrie, a-t-il poursuivi avant d’appuyer un processus politique emmené par les Syriens eux-mêmes et respectant pleinement la souveraineté du pays.  Mettant en garde contre toute escalade du conflit, le délégué a réitéré son appel aux parties pour qu’elles cessent toute attaque contre les civils, y compris les infrastructures, et plaidé pour que l’accord de cessez-le-feu soit préservé.  « Il y a eu trop de souffrances, depuis trop longtemps, donnons une chance à la paix », a conclu M. Djani.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est déclaré inquiet de l’escalade constatée en janvier à Edleb, où l’opposition a été écartée de plusieurs zones.  Le nombre de violations du cessez-le-feu n’a cessé d’augmenter, plus d’un millier depuis septembre, a souligné le représentant, pour qui un tel phénomène ne permettra pas de trouver une solution durable et viable pour protéger les populations locales.  « L’évolution de la situation nous a donné raison », a-t-il fait valoir.  Il faut éviter un scénario où les populations pourraient sympathiser avec les groupes armés sur place, a prévenu la délégation russe, qui s’est déclarée hostile à une « approche sélective » et à toute « politisation » de la situation humanitaire sur place.

« Nous n’avons eu de cesse de répondre favorablement aux besoins humanitaires en Syrie », a assuré M. Nebenzia, qui en a voulu pour preuve la prorogation, le mois dernier, du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière.  Dans les zones libérées des terroristes, les populations retrouvent une vie normale, a-t-il encore observé, affirmant que des dizaines de milliers de personnes ont pu rentrer en Syrie par les points de passage ouverts grâce à l’intervention de la Fédération de Russie.  Par ailleurs, outre les efforts de désescalade, il est important d’œuvrer à la mise en place du comité constitutionnel, a préconisé le représentant, qui s’est dit convaincu que la rencontre des pays garants du processus d’Astana en février serait une occasion de faire des progrès en ce sens.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a prévenu qu’il serait « irresponsable de banaliser la situation en Syrie » et appelé à rester pleinement mobilisé autour de trois priorités essentielles: le maintien du cessez-le-feu à Edleb et la protection des civils; la garantie des accès humanitaires; et une solution politique durable en Syrie.  L’accord russo-turc sur Edleb a permis d’éviter une offensive qui aurait eu des conséquences humanitaires, migratoires et sécuritaires désastreuses dans toute la région, et qui aurait éloigné encore un peu plus la perspective d’une solution politique, a-t-il rappelé.  Alors que les groupes radicaux cherchent plus que jamais à dominer la zone, la France exhorte le Conseil à se mobiliser pour préserver le cessez-le-feu sur le long terme, conformément aux engagements pris lors du Sommet quadripartite d’Istanbul.

En ce qui concerne la garantie d’accès humanitaire sur l’ensemble du territoire syrien, la France note que « le régime syrien poursuit inlassablement sa stratégie d’instrumentalisation politique de l’aide ».  En effet, a expliqué le délégué, en relevant que le régime soumet la moindre des activités et le moindre des déplacements des organisations humanitaires à des autorisations délivrées au compte-gouttes.  Il a particulièrement déploré le fait que le régime puisse encore, après plus de deux mois de discussions, retarder l’acheminement du nouveau convoi à destination du camp de Roukban où plus de 40 000 personnes vivent dans des conditions abominables.  La France invite donc les acteurs ayant de l’influence sur le régime à garantir un accès humanitaire sûr, complet, sans entrave et durable sur l’ensemble du territoire syrien.  Et dans les zones en dehors du contrôle du régime, il est primordial que l’ensemble de la communauté internationale poursuive ses efforts à destination des populations dont la situation est de plus en plus incertaine, notamment au nord-est et au nord-ouest.

Enfin, la France affirme qu’il n’y aura pas de solution humanitaire durable sans un processus politique crédible, sous la supervision des Nations Unies.  M. Delattre a également précisé que l’aide humanitaire est distincte de la reconstruction.  L’aide humanitaire est un impératif immédiat, soumis à des principes de stricte neutralité, d’impartialité et d’indépendance, tandis que la reconstruction ne sera envisageable que lorsqu’une transition politique irréversible, crédible et inclusive sera engagée.  Selon la France, seules des avancées crédibles dans le processus politique permettront de parvenir à une amélioration durable de la situation humanitaire et, à terme, rendront possible le retour volontaire, sûr et digne des réfugiés.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a rappelé que 11,7 millions de Syriens ont besoin d’une aide humanitaire et souligné la nécessité d’éviter une nouvelle tragédie humanitaire à Edleb.  Il a ensuite fermement condamné tout acte de terrorisme et souligné l’importance de traduire en justice les auteurs de tels actes.  Combattre le fléau du terrorisme ne saurait constituer une justification suffisante pour mettre en danger trois millions de personnes, a-t-il déclaré.  Le délégué a exhorté les autorités syriennes à accorder les autorisations nécessaires pour améliorer la situation humanitaire à Roukban.  Enfin, le délégué a souhaité que le Plan humanitaire pour la Syrie soit doté de ressources pérennes et résolument plaidé pour une solution politique.

M. ZHAOXU MA (Chine) a indiqué que la situation sécuritaire en Syrie continue de se stabiliser, tandis que l’ONU et ses partenaires poursuivent l’évaluation des besoins humanitaires.  Mais, a-t-il précisé, pour qu’une aide puisse être apportée aux populations en détresse, les parties doivent maintenir des normes sécuritaires minimales dans les zones de conflit « en gardant à l’esprit l’avenir de leur pays ».  Le représentant a en outre encouragé les acteurs humanitaires à observer scrupuleusement les principes directeurs qui prévalent dans la distribution de l’aide. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est dit préoccupé par la résurgence des combats dans le nord-ouest de la Syrie, qui semblait progressivement retrouver la paix après la signature de l’Accord sur la « zone démilitarisée » par la Fédération de Russie et la Turquie.  Cette escalade militaire, consécutive aux allégations d’utilisation d’armes chimiques par des groupes armés à Alep, et au contrôle total de la province d’Edleb par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham, constitue une sérieuse entrave au processus de paix en cours, a-t-il noté, sans compter qu’elle menace les conditions de vie des civils vivant dans cette zone où plus de deux millions sont privés de nourriture, d’eau et de soins de santé.  D’autres parties du territoire ont également besoin d’assistance humanitaire, a ajouté le représentant. 

« La Côte d’Ivoire condamne les attaques et menaces continues contre les civils, ainsi que les restrictions imposées à leur liberté de circulation sur toute l’étendue du territoire syrien. »  M. Ipo a rappelé la nécessité de garantir un accès humanitaire sûr, rapide, sans entrave et durable en vue d’apporter l’aide nécessaire aux populations en détresse en Syrie.  À cet égard, il a salué le renouvellement pour un an, par le Conseil de sécurité le 13 décembre 2018, du Mécanisme de surveillance de l’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière.  Il a également salué les efforts de l’Union européenne qui a adopté un budget de 1,6 milliard d’euros consacrés à l’aide humanitaire en 2019, dont une partie servira à faire face à la crise syrienne.  La Côte d’Ivoire, a-t-il conclu, exhorte toutes les parties à la cessation des hostilités et au strict respect des dispositions de l’Accord instituant une zone démilitarisée dans la province d’Edleb.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a salué l’aide transfrontalière apportée à la Syrie, une approche sans laquelle l’ONU n’aurait pas atteint certaines populations.  La délégation invite l’OCHA à travailler de concert avec les autorités syriennes afin de faciliter la délivrance rapide des autorisations pour que les convois puissent parvenir sur les sites où l’assistance humanitaire est la plus nécessaire.

Le représentant a jugé difficile de faire des progrès dans le domaine humanitaire en Syrie sans au préalable en faire sur le front politique.  Il a donc réitéré l’importance de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) et la feuille de route pour un avenir politique en Syrie.  Il a ensuite plaidé pour la mise en place du comité constitutionnel, ce qui serait « une étape vers la bonne direction pour un accord politique durable et négocié en Syrie ».  L’Afrique du Sud affirme que la seule solution durable au conflit est une solution politique négociée, par l’entremise d’un dialogue dirigé par les Syriens, et visant une transition qui respecte le vœu du peuple syrien et garantisse la protection de tous les Syriens.  Enfin, l’Afrique du Sud se dit opposée à tout appel au changement de régime ou à toute intervention militaire en Syrie, et à toute action contraire à la Charte des Nations Unies. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est préoccupée de l’impact du conflit armé sur les civils dans plusieurs parties de la Syrie, et notamment dans le nord-ouest et le nord-est du pays.  Elle a insisté pour que toute opération militaire, y compris celles visant à combattre le terrorisme, soit menée dans le respect du droit international et du droit international humanitaire, afin d’éviter les conséquences négatives sur les civils.  Et ceux qui se détournent de la protection des civils doivent être tenus pour responsables, a-t-elle exigé. 

Face au risque d’escalade et de catastrophe humanitaire dans la région d’Edleb, la représentante a appelé toutes les parties au conflit à respecter le cessez-le-feu et à laisser un accès sûr et sans entrave à tous les acteurs humanitaires, et ce, sur tout le territoire syrien.  Les autorités syriennes doivent, a-t-elle précisé, donner le droit d’accès aux humanitaires voulant se rendre notamment dans la région de Roukban.  Enfin, elle a rappelé qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit en Syrie et qu’un accord politique reste la seule voie vers la paix, ce qui passe par une réelle transition politique, comme prévu par la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et le Communiqué de Genève.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) s’est dit préoccupé de la recrudescence des incidents violents à Edleb, où les populations locales sont prises en otage par les groupes armés locaux.  Mais gardons à l’esprit que le cessez-le-feu doit être préservé à tout prix et que toute offensive militaire peut avoir des conséquences humanitaires catastrophiques.   En 2018, l’ONU a demandé aux autorités syriennes de mener 1 382 convois humanitaires, mais la moitié n’a pas été autorisée, ce qui est « inacceptable », a observé le représentant.  Selon lui, un tiers des personnes à aider se trouve dans des zones difficiles d’accès, précisément parce que le régime syrien n’a pas permis aux acteurs humanitaires de rester sur place.  C’est une forme de politisation de l’aide, a accusé la délégation britannique.  Il a rappelé, en conclusion, que son pays avait contribué à hauteur de 3,5 milliards de dollars depuis 2012 à l’aide humanitaire en Syrie et avait encore versé 450 millions de plus lors de la dernière Conférence de Bruxelles. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a plaidé pour un accès humanitaire sans entrave en Syrie et appelé les parties à la retenue pour protéger les civils.  Le délégué a souligné les conditions de vie très difficiles dans le camp de Roukban, des enfants étant récemment morts de froid.  Il a en conséquence demandé le bon acheminement des convois humanitaires, conformément à la résolution 2449 (2018).  Le retrait progressif de Syrie des troupes des États-Unis ne doit pas se traduire par des affrontements accrus, a-t-il déclaré.  Enfin, il a rappelé le bilan de la guerre et les « horreurs » commises en Syrie et demandé une solution diplomatique, dans le droit fil de la résolution 2254 (2015).

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a dit partager les préoccupations exprimées aujourd’hui sur le sort des populations civiles en situation de détresse humanitaire.  Il a souligné les défis qui se posent consécutivement aux déplacements de population, avant de lancer un appel aux parties au conflit pour qu’elles prennent les mesures conformes au droit international humanitaire pour garantir la sécurité des civils et respecter leur dignité.  Chacun doit être libre de pouvoir se rendre là où il le souhaite pour jouir de la sécurité, a-t-il insisté.

S’agissant de la situation dans le camp de Roukban, le délégué a déploré les conditions de vie sur place, qui exigent, selon lui, l’envoi d’un convoi humanitaire.  Il s’est donc tourné vers les autorités syriennes pour qu’elles permettent à l’assistance de bénéficier à tous ceux qui en ont besoin.  Après avoir rendu hommage aux femmes syriennes, le représentant a souligné qu’il ne sera possible de trouver une solution à la crise humanitaire qu’après être parvenu à un règlement politique négocié. 

« Depuis le début de la guerre terroriste en Syrie, mon gouvernement n’a épargné aucun effort pour remédier à la situation humanitaire », a déclaré M. BASHAR JA’AFARI (Syrie).  Il a mentionné les mesures prises à cette fin, faisant valoir qu’aucun travailleur humanitaire n’avait été menacé en Syrie.  Les soldats syriens ont payé de leur vie la protection ainsi offerte, a-t-il ajouté. Il a souhaité que le développement durable devienne maintenant une réalité en Syrie, en rappelant les huit résolutions adoptées par le Conseil sur la situation humanitaire.  Ces huit textes ne permettent pas d’alléger les souffrances, tant il convient de remédier aux causes profondes desdites souffrances, a expliqué le délégué.

Selon M. Ja’afari, de meilleurs résultats auraient pu être atteints si certains acteurs, y compris des délégations porte-plumes, avaient respecté le principe d’impartialité.  « L’aide humanitaire n’est pas un instrument de subjugation politique. »  M. Ja’afari a mis en garde contre les informations fallacieuses susceptibles « d’induire en erreur dans le dossier syrien », en rappelant « les informations fabriquées de toutes pièces relatives à des enfants à Alep » ou bien encore « les mensonges propagés par les Casques blancs ».  Le délégué a souligné la nécessité de respecter l’indépendance et la souveraineté de la Syrie lors de toute intervention humanitaire et dénoncé les acteurs hostiles qui veulent violer ladite souveraineté.

Il faut mettre un terme à la présence des forces américaines, françaises, britanniques et turques en Syrie qui soutiennent des éléments terroristes et entravent l’accès humanitaire, a-t-il affirmé.  Le délégué a en outre fustigé le véritable « terrorisme économique » perpétré par les États-Unis contre « des pays comme le sien ».  Enfin, évoquant le récent déplacement de l’Envoyé spécial en Syrie, M. Ja’afari a plaidé pour une solution politique, prévoyant la fin de la présence de toute force étrangère illégitime et l’élimination du terrorisme en Syrie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG suspend sa session après avoir recommandé le statut consultatif à 239 organisations sur les 529 dossiers examinés

Session de 2019,
15e séance – matin
ECOSOC/6961-ONG/885

Le Comité des ONG suspend sa session après avoir recommandé le statut consultatif à 239 organisations sur les 529 dossiers examinés

Le Comité chargé des ONG réuni depuis le 21 janvier, a suspendu, ce matin, la première partie de sa session 2019 au cours de laquelle il a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à 3 ONG et le statut consultatif spécial à 236 autres.  Le Comité, qui devrait adopter son rapport final le 8 février, a en revanche reporté sa décision sur 307 organisations.

Le Comité peut recommander ou retirer trois statuts.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste regroupe les ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Le Président du Comité, M. Mohamed Salam, du Soudan, a estimé que cette première partie de la session 2019 a été un succès.  Seize ONG ont participé au dialogue avec le Comité qui a examiné les demandes de 529 organisations.  Il a recommandé à l’ECOSOC l’octroi du statut consultatif général à 3 ONG: la britannique International Transport Workers’ Federation qui estime que les intérêts de ses près de 700 syndicats et environ 4,5 millions de travailleurs dans le monde doivent être représentés dans les activités des Nations Unies; l’autrichienne Lazarus Union, nominée en janvier 2017 pour le prix Nobel de la paix et tout entière vouée à la défense de ceux que le destin n’a pas placés du bon côté de la vie; et la nigériane International Human Rights & Anti-Corruption Society qui aide les victimes des violations des droits de l’homme à obtenir réparations et dédommagements.

Le statut consultatif spécial a été octroyé à 236 autres ONG.  Le Comité a reporté sa décision sur 307 ONG, priées d’apporter des précisions à certains de ses membres.  Cette situation augmentera la charge de travail des prochaines sessions, a averti le Président.  Le Comité a en outre retiré le statut consultatif spécial de l’ONG chinoise « China Energy Fund Committe » pour des faits de corruption, dénoncés par les États-Unis, en Ouganda et au Tchad. 

Le Président a annoncé que le Comité tiendra une réunion officieuse avant la reprise de session pour recevoir des informations sur les ONG inscrites sur les listes des Comités de sanctions du Conseil de sécurité.

Au cours de cette première partie de session, le Comité a pris note des rapports quadriennaux de 401 ONG et a reporté sa décision sur 61 autres rapports dont ceux d’« Amnesty International » et de « Reporters Sans Frontières ».  Il a accepté 7 changements de noms d’ONG et la fusion de 3 autres.  Le Comité a aussi recommandé à l’ECOSOC de clore les dossiers de 20 autres organisations qui, au 30 janvier, n’avaient toujours pas réagi à ses trois derniers rappels.  

Octroi du statut consultatif spécial

  1. International Society for Peace and Safety (Nigéria)
  2. League of Women Voters of Nigeria (Nigéria)
  3. Love Alliance Foundation for Orphans, Disabled and Abandoned Persons in Nigeria (Nigéria)
  4. National Association for the Defense of Rights and Freedoms (Égypte)
  5. Peace Initiative Network (Nigéria)
  6. Poka Healthcare Foundation (Nigéria)
  7. Silambam Asia (SILA) (Malaisie)
  8. The Reality of Aid Africa Network (Kenya)
  9. Universal Peace and Violence Amelioration Centre (Nigéria)
  10. Youth Health and Development Organization (Afghanistan)

Examen des demandes de statut consultatif

La Turquie a voulu que Burundi Rugby League Rugby A Xiii Cooperative (Burundi) explique plus avant ses projets sur la prise en charge des migrants en 2016.  Bahreïn a demandé l’audit financier, de ces deux dernières années, de Center for Sex education and Family Life Ltd/Gte (Nigéria).  L’Inde a prié Chanan Development Association (Pakistan) des détails sur son initiative « Ici et Maintenant » concernant la santé maternelle et reproductive.

Chavara Cultural Centre (Inde) devra donner à l’Inde des informations sur les services matrimoniaux qu’elle propose.  La Turquie a demandé à Community Human Rights and Advocacy Centre (CHRAC) (Cameroun) des informations supplémentaires sur ses activités dans les domaines de la sensibilisation et du lobbying.  L’Inde a voulu des détails sur le financement de Dalit Welfare Association (Népal).

La même délégation a posé la question du financement à l’Environmental and Societal Development Foundation (Pakistan), en particulier l’origine des fonds.  L’Inde a demandé à Envisions Institute of Development (Inde) la nature de ses projets avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et des financements reçus de ce dernier.  La Chine a estimé que Global Buddhist Foundation (Inde) n’a pas présenté les arguments nécessaires à l’obtention d’un statut consultatif spécial.  Ses revenus sont modestes.  Comment l’ONG fera-t-elle pour avoir une taille « mondiale »?

Les États-Unis ont demandé à Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization (Chine) des détails sur ses projets d’énergie durable.  La Chine a noté qu’Helpage India (Inde) a reçu  23 000 dollars du Gouvernement américain sur un budget de 14 millions de dollars.  D’où vient ce budget « colossal »?  L’ONG reçoit-elle des fonds des banques privées?  La Turquie a voulu des informations sur le projet d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes mené par Human Is Right (Cameroun).

L’Inde a constaté que Kaarvan Crafts Foundation (Pakistan) reçoit 75% de son budget du secteur privé.  Quel membre du secteur privé?  La Fédération de Russie a voulu que NORSAAC (Ghana) explique l’étape actuelle de son projet « The Innovative Sexuality Education Program III »: le financement, les résultats, les bénéficiaires.  L’Inde a demandé à Rupani Foundation (Pakistan) comment elle compte créer son « village technologique ».  Comment sera-t-il financé alors que l’ONG est déficitaire?

Les États-Unis ont voulu de Silk Road Chamber of International Commerce (Chine) des détails sur le mécanisme de financement.  La Chine s’est informée auprès de Stichting Partnership on Sustainable, Low Carbon Transport (SLoCaT) Foundation (Chine) de ses projets et des moyens de mise en œuvre.  La Turquie a voulu en savoir plus des activités de l’Union des peuples autochtones pour le réveil au développement (Burundi) en 2019.

La Chine a demandé à United National Organization of Human Rights (Égypte) des informations sur tous ses partenariats avec les organisations locales.  L’Inde a voulu en savoir plus sur les projets de Welfare Association Jared (Pakistan), les sources de financement, les bénéficiaires et les résultats attendus.  Les États-Unis ont demandé à YouChange China Social Entrepreneur Foundation (Chine) des détails sur sa plateforme d’atténuation de la pauvreté.

Le Pakistan a voulu que A New Dawn – Bedouin Jewish Centre in the Negev for Equality and Accessibility in Education, Research, Peace and Welfare Services (R.A.) (Israël) donne des détails sur le programme « Shared Society ».  Israël a noté que l’ONG a déjà envoyé le fascicule complet de ce projet, il y à peine quelques jours.  Ce fascicule ne contient qu’un paragraphe sur le projet, a répliqué le Pakistan.  Quel rôle joue les parlementaires israéliens dans ce projet?  Parlez-vous du programme des jeunes parlementaires? s’est interrogé Israël.  Mais le fascicule ne parle pas de ce programme, a relevé le Pakistan qui a répété qu’il attend des détails sur le programme « Shared Society ».  La réponse de l’ONU, a-t-il expliqué en répondant à Israël, est différente « d’un fascicule à l’autre » d’où la nécessité de connaître sa nature exacte et d’avoir des précisions, notamment sur la collaboration avec USAID.  Le Mexique a acquiescé et Cuba a suggéré au Pakistan de reformuler sa question, au nom, a souligné la Chine, du droit des membres du Comité à poser des questions.  Pour autant qu’elles soient constructives, a rectifié Israël.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Chypre: le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de l’UNFICYP et demande aux dirigeants des deux communautés de parvenir à un règlement « dans un avenir prévisible »

8453e séance – matin
CS/13683

Chypre: le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de l’UNFICYP et demande aux dirigeants des deux communautés de parvenir à un règlement « dans un avenir prévisible »

Le Conseil de sécurité a prorogé, aujourd’hui, pour six mois, le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), en adoptant à l’unanimité la résolution 2453 (2019).  Dans ce texte, le Conseil demande aux dirigeants chypriotes grecs et turcs de redoubler d’efforts pour faire converger « au plus vite » leurs points de vue sur les questions essentielles.

En prorogeant jusqu’au 31 juillet 2019 le mandat de l’UNFICY, le Conseil de sécurité se déclare vivement préoccupé par l’augmentation du nombre de violations du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu et prie les deux parties de continuer à tenir d’urgence des consultations avec la Force sur la démarcation de la zone tampon.  Le Conseil recommande fermement que les parties appliquent les dispositions de l’aide-mémoire 2018 des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité dans cette zone.

Le Conseil regrette d’ailleurs que le processus de règlement n’ait guère avancé depuis la conclusion de la Conférence sur Chypre organisée en 2017 et demande à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000.  Le Conseil demande aussi instamment aux parties et à tous les participants concernés de tirer le meilleur parti des débats organisés par la consultante de l’ONU, Mme Jane Holl Lute.

Les deux dirigeants chypriotes grec et turc doivent redoubler d’efforts pour faire converger au plus vite leurs points de vue sur les questions essentielles; continuer de travailler avec les comités techniques afin de renforcer les contacts intercommunautaires; promouvoir l’éducation à la paix sur l’ensemble de l’île; améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue de préparer les communautés à un règlement du conflit; et renforcer la participation de la société civile.

Le 15 avril 2019, le Secrétaire général est prié de présenter un rapport sur sa mission de bons offices et sur les progrès accomplis sur la voie d’un point de départ consensuel axé sur les résultats.  D’ici au 10 juillet 2019, il doit faire part de l’état d’avancement des mesures de confiance et des efforts entrepris dans la mise en place de mécanismes visant à dissiper les tensions et à régler les questions à l’échelle de l’île.  Il doit aussi faire état des efforts menés par les deux dirigeants pour préparer leurs communautés respectives à un règlement et décrire la meilleure manière de concevoir les activités des Nations Unies à Chypre.

La Fédération de Russie a vu dans le fait que la résolution appuie l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance de l’UNFICYP, la tentative d’« une délégation » d’exploiter la « situation délicate » de Chypre pour promouvoir ses propres intérêts, entravant ainsi l’unité et l’action du Conseil.  Les questions transversales du maintien de la paix relèvent des prérogatives exclusives du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a souligné la Fédération de Russie qui a appelé les membres du Conseil à une « approche responsable ».

Nous rappelons, ont contré les États-Unis, que le Conseil de sécurité assume la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et notamment, en élaborant les mandats et les politiques pertinents.  Nous ne pouvons ni ne devons accepter l’idée, ont affirmé les États-Unis, que le Conseil doit céder son leadership et sa responsabilité au Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Nous continuerons, ont-ils prévenu, à défendre la primauté du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et les progrès « énormes » enregistrés ces dernières années, grâce à l’accent placé sur la culture de la performance.  Les ֤États-Unis se sont félicités que la résolution appelle à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme participant ou appuyant les opérations de maintien de la paix. 

Les États-Unis ont effet prévenu qu’ils s’opposeront au statu quo dans toutes les missions où les processus politiques sont dans l’impasse.  Jugeant tout simplement « inacceptable » l’idée des missions illimitées, ils ont salué le fait que le Secrétaire général ait été prié de réfléchir à une nouvelle conception des activités des Nations Unies à Chypre car la Force et les Nations Unies ne sauraient se substituer ou faire partie d’un paysage sans vue sur une solution politique. 

Le Royaume-Uni a également récusé l’argument de la primauté du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Ce dernier joue certes le rôle important d’examiner de manière intégrée tous les aspects transversaux du maintien de la paix mais cela ne signifie pas que ses décisions priment sur celles du Conseil ni qu’il peut aller au-delà de ce qui est prévu par la Charte des Nations Unies.  Par ailleurs, a ajouté le Royaume-Uni, le libellé de la résolution reproduit à l’identique ce qui a été convenu pour d’autres mandats, comme en témoigne la résolution 2450 (2019) relative à la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) à laquelle avait adhéré sans problème la Fédération de Russie.

La question de Chypre, a commenté la Chine, doit être réglée en s’appuyant sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et en privilégiant le dialogue.  La Chine, qui a insisté pour que toutes les parties impliquées soient entendues, a appelé le Conseil à l’unité.

LA SITUATION À CHYPRE (S/2019/37)

Texte de projet de résolution (S/2019/89)

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction les rapports du Secrétaire général sur sa mission de bons offices en date du 15 octobre 2018 (S/2018/919) et sur l’opération des Nations Unies à Chypre en date du 11 janvier 2019 (S/2019/37),

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire de maintenir en activité la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre au-delà du 31 janvier 2019,

Fermement convaincu, comme le Secrétaire général, que c’est principalement aux Chypriotes qu’il appartient de trouver une solution, et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir à un règlement global et durable du conflit à Chypre et de la question de la division de l’île,

Notant les engagements pris aux termes de la Déclaration conjointe publiée le 2 avril 2017 par les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs sur la base de la Déclaration conjointe adoptée le 11 février 2014 et de l’organisation en juin 2017 d’une nouvelle Conférence sur Chypre sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, en se félicitant de la volonté exprimée par les participants de soutenir le règlement global de la question de Chypre et de l’appui prêté par le Secrétaire général et sa Représentante spéciale, Elizabeth Spehar,

Rappelant combien il importe à la communauté internationale que toutes les parties participent pleinement aux négociations en faisant preuve de souplesse et d’un esprit constructif pour parvenir à un règlement et exhortant les parties à renouveler l’engagement qu’elles ont pris de parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, en soulignant que le statu quo n’est pas viable,

Remerciant Jane Holl Lute, consultante auprès de l’Organisation des Nations Unies, de ses efforts, et demandant instamment aux deux camps et à toutes les parties concernées de faire preuve de volonté politique et de participer de manière constructive aux consultations menées sous l’égide de l’Organisation,

Notant qu’il importe de progresser dans l’examen de mesures de confiance militaires et dans les échanges s’y rapportant, constatant avec satisfaction les progrès récemment réalisés à cet égard et demandant instamment que davantage soit fait pour appliquer toutes les autres mesures, dont celles concernant l’interconnectivité des réseaux de téléphonie mobile et d’électricité, et pour parvenir à l’adoption et à la mise en œuvre de nouvelles initiatives tant conjointes qu’unilatérales propres à renforcer la confiance entre les communautés, notamment des mesures de confiance, en particulier dans les domaines de l’éducation, des jeunes et de la coopération économique intercommunautaire, en reconnaissant les avantages importants d’une intégration économique renforcée entre les deux communautés,

Soulignant qu’il importe de promouvoir la paix à tous les niveaux de l’éducation afin de lutter contre les préjugés, la xénophobie et l’intolérance et de contribuer à renforcer la confiance entre les communautés,

Notant avec satisfaction l’ouverture, en novembre 2018, de deux nouveaux points de passage, laquelle contribue grandement au renforcement de la confiance, réaffirmant qu’il importe que les Chypriotes puissent continuer de passer la Ligne verte, et encourageant les parties à s’accorder sur l’ouverture d’autres points de passage,

Convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes un règlement global et durable de la question de Chypre, engageant vivement les deux parties et leurs dirigeants à cultiver un discours public positif et les encourageant à exposer clairement aux deux communautés, suffisamment de temps avant l’organisation de tout référendum, les avantages d’un tel règlement et la nécessité de faire preuve de davantage de souplesse et d’esprit de compromis pour y parvenir,

Soulignant l’importance, tant politique que financière, du rôle d’accompagnement que joue la communauté internationale, en particulier toutes les parties disposées à prendre des mesures concrètes pour encourager les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs à s’engager de nouveau à rechercher un règlement sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies,

Notant que le Secrétaire général juge que les conditions de sécurité qui règnent sur l’île et le long de la Ligne verte demeurent stables, mais préoccupé par le fait que le nombre de violations militaires du statu quo enregistrées par la Force ait beaucoup augmenté par rapport à l’année dernière, et priant instamment toutes les parties de s’abstenir de tout acte, notamment de toute violation du statu quo militaire, qui puisse attiser les tensions, remettre en question les progrès accomplis ou entamer la bonne volonté sur l’île,

Rappelant que le Secrétaire général est fermement convaincu que la situation s’améliorerait dans la zone tampon si les deux parties acceptaient l’aide-mémoire utilisé par l’Organisation des Nations Unies et aidaient activement la Force à le mettre en œuvre, en soulignant que les deux parties et toutes les parties concernées doivent impérativement respecter les pouvoirs dévolus à la Force dans cette zone,

Déplorant que les parties bloquent l’accès aux champs de mines qui subsistent dans la zone tampon, estimant que le déminage de Chypre doit se poursuivre, notant le danger que les mines continuent de représenter pour Chypre, notant également les propositions faites en matière de déminage, les discussions tenues à ce sujet et les initiatives constructives qui ont été prises, et demandant instamment qu’un accord soit rapidement trouvé pour permettre la reprise des opérations et le déminage des derniers champs de mines,

Saluant les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre, soulignant qu’il importe que celui-ci intensifie ses activités et qu’il faut donc lui procurer toutes les informations dont il a besoin, comme il l’a indiqué dans son communiqué de presse du 28 juillet 2016 concernant l’examen des documents d’archives, notant que les dépouilles de 1 075 des 2 002 personnes disparues n’ont toujours pas été identifiées avec certitude, demandant instamment que l’accès à toutes les zones lui soit rapidement donné pour lui permettre d’exécuter son mandat, et convaincu que ce processus favorisera la réconciliation des communautés,

Convenant que la participation active et le rôle moteur des femmes sont essentiels au processus politique et peuvent contribuer à assurer la viabilité de tout règlement futur, rappelant que les femmes jouent un rôle crucial dans les processus de paix, comme il l’a souligné dans sa résolution 1325 (2000) et dans des résolutions connexes, rappelant sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il avait émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des missions de maintien de la paix des Nations Unies, et rappelant également l’importance de la participation active des jeunes, conformément à ses résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018),

Demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour promouvoir les contacts intercommunautaires, la réconciliation et la participation active de la société civile, notamment les initiatives bicommunautaires et les projets de développement dans lesquels les deux communautés puissent œuvrer de concert et dont elles puissent bénéficier ensemble, et pour encourager la coopération entre organismes à vocation économique et commerciale et lever tous les obstacles à ces relations, tout en notant diverses initiatives visant à rassembler aux fins d’un dialogue des secteurs ou acteurs particuliers des deux parties, y compris le volet religieux du processus de paix à Chypre,

Soulignant qu’il lui faut adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement des opérations de maintien de la paix,

Rappelant sa résolution 2378 (2017), par laquelle il a prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, servent à améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, et soulignant qu’il est nécessaire d’examiner régulièrement toutes les opérations de maintien de la paix, dont la Force, afin d’en assurer l’efficacité et l’efficience,

Se félicitant des mesures prises à ce jour pour renforcer les capacités de liaison et de dialogue de la mission, et soulignant qu’il importe d’appliquer pleinement les recommandations formulées dans le rapport de l’examen stratégique de la Force mené en 2017 qui restent à mettre en œuvre,

Notant que, dans la perspective du règlement de la situation, il importe d’établir des plans de transition, notamment de réfléchir aux aménagements qu’il conviendrait d’apporter au mandat de la Force, à ses effectifs, à ses autres ressources et à son concept d’opération, compte tenu de l’évolution de la situation sur le terrain et des vues des parties,

Remerciant de leurs efforts le Secrétaire général et la Représentante spéciale, Elizabeth Spehar, et se félicitant que le Secrétaire général ait nommé la générale Cheryl Pearce au poste de commandant de la force de la mission,

S’associant au Secrétaire général pour exprimer sa gratitude au Gouvernement chypriote et au Gouvernement grec, qui ont versé des contributions volontaires pour le financement de la Force, et pour demander que d’autres pays et organisations versent également des contributions volontaires, et remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à la Force,

Appréciant et encourageant les efforts que l’Organisation des Nations Unies déploie dans toutes ses opérations de maintien de la paix pour sensibiliser le personnel de maintien de la paix à la question de la prévention du VIH/sida et d’autres maladies transmissibles et à la lutte contre ces maladies,

1.    Prend note de l’avancée du processus conduit par les dirigeants depuis le 11 février 2014 et des efforts faits par les dirigeants et les négociateurs en vue de parvenir à un règlement global et durable, regrette que le processus de règlement n’ait guère avancé depuis la conclusion de la Conférence sur Chypre organisée en 2017 et demande instamment aux parties et à tous les participants concernés de tirer le meilleur parti des débats organisés par Jane Holl Lute, consultante auprès de l’Organisation des Nations Unies, en y participant de manière active et constructive, et leur demande instamment de s’entendre sur un certain nombre de règles à respecter qui constitueraient un point de départ consensuel pour parvenir à un règlement dans un avenir prévisible, et de renouveler leur engagement et leur volonté politique en faveur d’un règlement sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies;

2.    Invite, à cet égard, les parties, en particulier les dirigeants des deux communautés chypriotes, et toutes les autres parties concernées à dialoguer activement et concrètement dans un esprit d’ouverture et d’innovation, à s’engager pleinement à rechercher un règlement sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, à mettre à profit les consultations menées par l’Organisation pour relancer les négociations et à s’abstenir de toute action susceptible d’entamer les chances de succès;

3.    Prend acte des rapports du Secrétaire général (S/2018/919 et S/2019/37);

4.    Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier la résolution 1251 (1999) du 29 juin 1999 et les résolutions ultérieures;

5.    Rappelle sa résolution 2430 (2018) et demande aux deux dirigeants:

a)    De redoubler d’efforts pour faire converger au plus vite leurs points de vue sur les questions essentielles;

b)    De continuer de travailler avec les comités techniques afin de renforcer les contacts intercommunautaires et d’améliorer la vie quotidienne des Chypriotes;

c)    De promouvoir l’éducation à la paix sur l’ensemble de l’île, notamment en donnant au Comité technique pour l’éducation les moyens de lever les obstacles à la paix dans les ouvrages scolaires de manière à renforcer la confiance entre les communautés;

d)    D’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue de préparer les communautés à un règlement du conflit par l’intermédiaire de messages publics sur les points de convergence et sur l’avenir, en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents et en s’abstenant de tout discours qui risquerait de faire dérailler le processus de règlement ou d’en entraver la réussite;

e)    D’accroître et de renforcer la participation de la société civile, et notamment des organisations de femmes et de jeunes, à ce processus; d’apporter un soutien direct aux organisations de la société civile et de les encourager à stimuler les contacts intercommunautaires et la confiance, en vue de mobiliser un appui accru en faveur du processus de règlement en général;

6.    Invite les deux parties et toutes les parties concernées à étudier les moyens d’établir des mécanismes et de renforcer les initiatives existantes, ainsi que la Force des Nations Unies dans le cadre de son rôle de liaison, en vue de dissiper de manière efficace les tensions et de faciliter le règlement des questions qui intéressent toute l’île et donc l’ensemble des Chypriotes;

7.    Salue la volonté du Secrétaire général de rester prêt à user de ses bons offices pour aider les parties si elles décident ensemble de reprendre les négociations avec la volonté politique nécessaire, comme il l’a dit dans son rapport du 28 septembre 2017, et le prie de continuer d’établir des plans de transition dans la perspective d’un règlement, en tenant compte des progrès des négociations, et engage les parties à collaborer entre elles ainsi qu’avec la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et la mission de bons offices des Nations Unies à cet égard;

8.    Prend note du rapport du Secrétaire général sur l’examen stratégique de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre mené en 2017 (S/2017/1008) et prie la mission d’appliquer intégralement les recommandations qui y sont formulées dans les limites des ressources existantes;

9.    Demande instamment l’application et l’élaboration de mesures de confiance, notamment celles visant à améliorer l’interconnectivité des réseaux de téléphonie mobile et d’électricité, fondées sur une vision commune de l’avenir et des activités conjointes, espère que de nouvelles mesures mutuellement acceptables seront arrêtées d’un commun accord et mises en œuvre, notamment des mesures de confiance militaires et l’ouverture de points de passage supplémentaires, et demande instamment aux parties de promouvoir les contacts, les échanges et la coopération entre les deux communautés de sorte à contribuer à l’instauration d’un climat propice à un règlement;

10.   Souligne qu’il importe que la société civile, et les femmes en particulier, participent pleinement et véritablement à toutes les étapes du processus de paix et compte qu’elles seront associées à l’élaboration et à la mise en œuvre de stratégies d’après conflit aux fins d’une paix durable, notamment à la revitalisation du Comité technique de l’égalité des sexes, et invite l’Organisation des Nations Unies à donner suite, dans les limites des ressources existantes, à la proposition du Secrétaire général d’effectuer une étude d’impact socioéconomique tenant compte de la problématique femmes-hommes et à en communiquer les résultats aux deux communautés;

11.   Souligne également l’importance de la participation pleine et effective des jeunes et salue les travaux notables qu’effectue le Comité technique bicommunautaire sur l’éducation et demande aux deux parties de faciliter les contacts entre jeunes des deux communautés, en reconnaissant la contribution importante des projets visant à promouvoir l’éducation à la paix et en formant des liens entre les enfants des deux communautés;

12.   Se félicite de tous les efforts visant à donner suite aux demandes d’exhumation présentées par le Comité des personnes disparues à Chypre, ainsi que de l’appel à informations lancé conjointement par les deux dirigeants le 28 mai 2015, et demande à toutes les parties d’octroyer au Comité un accès plus rapide et sans entrave à toutes les zones et de rechercher dans leurs archives des informations sur d’éventuels sites d’inhumation, comme le leur a demandé le Comité, étant donné que celui-ci doit accélérer ses travaux;

13.   Exprime son plein appui à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 juillet 2019;

14.   Salue les efforts faits par la mission pour améliorer sa capacité de liaison et de dialogue avec les parties à tous niveaux, notamment les contacts personnels, pour maintenir la stabilité et le calme et ainsi contribuer efficacement à l’instauration de conditions propices aux progrès d’un processus de règlement, et prie le Secrétaire général de renforcer les effectifs féminins de la Force conformément aux dispositions de la résolution 2242 (2015) et de veiller à ce que les femmes soient véritablement associées à tous les aspects des opérations;

15.   Se déclare vivement préoccupé par l’augmentation du nombre de violations du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, prie les deux parties et toutes les parties concernées de respecter les pouvoirs dévolus à la Force dans la zone tampon, et prie également les parties de continuer à tenir d’urgence, dans le respect du mandat de la Force, des consultations avec celle-ci sur la démarcation de cette zone, et recommande fermement que les parties appliquent les dispositions de l’aide-mémoire 2018 des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité dans la zone tampon;

16.   Demande à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000;

17.   Demande aux deux parties de permettre aux démineurs d’accéder à la zone tampon et de faciliter l’enlèvement des mines qui s’y trouvent encore et les exhorte à convenir d’un plan de travail pour débarrasser Chypre de toutes ses mines;

18.  Se félicite des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, et lui demande de l’appliquer à la Force;

19.   Soutient la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et prie ce dernier de coopérer avec la commandante de la force et les pays fournisseurs de contingents pour s’assurer que cette politique soit pleinement appliquée par la Force, en veillant à ce que les antécédents de tous les membres du personnel soient vérifiés afin de garantir qu’ils n’ont eu aucun comportement sexuel répréhensible pendant qu’ils étaient au service des Nations Unies et que l’ensemble du personnel respecte pleinement le code de conduite de l’Organisation des Nations Unies, et de tenir le Conseil informé des progrès accomplis à cet égard dans ses rapports, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment de dispenser une formation de sensibilisation avant déploiement, et de prendre des mesures disciplinaires et autres pour amener les membres de leurs contingents qui se seraient rendus coupables de tels actes à en répondre pleinement;

20.   Prie le Secrétaire général de lui présenter d’ici au 15 avril 2019 un rapport sur sa mission de bons offices et sur les progrès accomplis sur la voie d’un point de départ consensuel axé sur les résultats, et le prie également de lui présenter, d’ici au 10 juillet 2019, un rapport sur l’application de la présente résolution, notamment l’état d’avancement des mesures de confiance, les efforts entrepris dans la mise en place de mécanismes visant à dissiper les tensions et à régler les questions à l’échelle de l’ensemble de l’île ainsi que ceux menés par les deux dirigeants pour préparer leurs communautés respectives à un règlement, et sur la meilleure manière de concevoir les activités des Nations Unies à Chypre à l’appui de progrès politiques, et de le tenir au courant de la situation en tant que de besoin;

21.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG prend note des rapports d’une centaine d’organisations et reporte sa décision sur d’autres dont ceux d’« Amnesty International » et de « Reporters Sans Frontières »

Session de 2019,
13e & 14e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6960-ONG/884

Le Comité des ONG prend note des rapports d’une centaine d’organisations et reporte sa décision sur d’autres dont ceux d’« Amnesty International » et de « Reporters Sans Frontières »

Le Comité chargé des ONG a pris note aujourd’hui des rapports quadriennaux de 114 ONG et a reporté sa décision sur les rapports de 19 autres organisations dont « Amnesty International » et « Reporters Sans Frontières ».  Il a maintenu le suspens sur la demande de statut consultatif spécial présentée par cinq ONG.

L’ONG britannique « Amnesty International » dont les rapports pour les périodes 2012-2015 et 2008-2011 ont été bloqués par la Chine qui s’est interrogée sur le partage d’informations de l’ONG avec les gouvernements, est un mouvement mondial regroupant plus de sept millions de personnes dans 150 pays qui prennent « l’injustice comme une affaire personnelle ».  Créée en 1961, elle a obtenu en 1964 le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC qui l’oblige, comme les autres ONG, à présenter des rapports, tous les quatre ans, sur ses activités lesquelles doivent être conformes à celles du Conseil économique et social (ECOSOC).  « Amnesty International » a reçu le prix Nobel de la paix en 1997.

Les quatre rapports quadriennaux de l’ONG américaine « International Press Institute », allant de 2001 à 2013, ont aussi été bloqués à la demande de la Chine qui a souligné que le respect du terme « Taïwan-province de Chine » est un préalable à l’examen des rapports.   L’ONG est un réseau mondial d’éditeurs, de responsables des médias et de journalistes dont la mission est de défendre la libre circulation des informations partout où elle est menacée.

Deux séries de rapports de l’ONG française « Reporters Sans Frontières » allant de 2005 à 2008 et de 2009 à 2013, ont également été bloquées par la Chine pour mauvaise désignation de Taïwan.  Créée en 1985, « Reporters Sans Frontières » est dotée d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, de la science et de la culture (UNESCO), du Conseil de l’Europe et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  Elle a obtenu plusieurs prix internationaux.

Le Comité des ONG a par ailleurs pris note des changements de noms de huit ONG.  La Turquie a demandé à l’ONG française « Iniative Féministe Européenne » si c’est une modification de son statut qui justifierait sa mue en « Initiative Féministe Euro-Méditerranéenne IFE EFLI ».

Le Comité a en outre reporté sa décision sur la demande de statut consultatif spécial de cinq ONG.  Le Comité peut recommander trois types de statut consultatif auprès de l’ECOSOC.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’ordre du jour de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Les ONG qui travaillent dans un domaine spécifique peuvent, elles, recevoir le statut consultatif spécial et soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste est réservée aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Le Comité chargé des ONG poursuivra ses travaux demain, mercredi 30 janvier, à partir de 10 heures.

Examen des rapports quadriennaux présentés par les ONG dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC

Le Comité a reporté sa décision sur plusieurs rapports d’ONG.  La Presbyterian Church (USA) (États-Unis) a été priée par la Chine de respecter le nom de « Taïwan-province de Chine » sur son site Internet.  La Turquie a voulu que The Law Society (Royaume-Uni) donne plus d’informations sur ses projets sur les droits et l’autonomisation des femmes.  Quelles sont les activités d’United Nations Watch (Suisse) contre le racisme et de la discrimination? a demandé Cuba.

Pourquoi World Organization of the Scout Movement (Suisse), World for World Organization (États-Unis) et Young Women’s Christian Association of Australia (Australie) parlent-elles de Taïwan comme d’un pays? a questionné la Chine qui a demandé à ces ONG de corriger « leur erreur ».  Qu’a fait Center for Development of Civil Society (Arménie) pour les réfugiés et les minorités ethniques entre 2014 et 2017? a voulu savoir la Turquie

La Chine a demandé à Amnesty International (Royaume-Uni) de donner quelques exemples des informations qu’elle reçoit des gouvernements.  Est-ce que l’ONG reçoit des commentaires de la part des gouvernements après qu’elle a publié ses rapports?  La même délégation a prié Asian Forum for Human Rights and Development (Philippines) de prendre au sérieux les questions du Comité et de respecter le nom de « Taïwan-province de Chine ».  La Chine a aussi demandé à Freedom House (États-Unis) des éclaircissements sur sa position sur Taïwan et le Tibet. 

La Chine a voulu qu’Habitat International Coalition (Pays-Bas) respecte le nom de Hong-Kong-Région autonome de Chine.  Se faisant plus directe vis-à-vis de Human Rights Watch (États-Unis), elle a dit à l’ONG de cesser d’utiliser le terme « Taïwan ».  La Chine a rappelé à l’International Press Institute (États-Unis) que le respect du terme « Taïwan-province de Chine » est un « préalable » à l’examen des rapports.  Les rapports de cette ONG couvrant les périodes 2001 à 2004; 2005 à 2008; 2009 à 2012; et 2013 à 2016 ont été bloqués pour les mêmes raisons. 

Quels sont les projets d’International Service for Human Rights (Suisse) en Amérique du Nord et en Europe? a demandé la Chine.  Comment fait Lawyers for Lawyers (Pays-Bas) pour travailler à l’étranger?  Où est-elle présente?  La Chine a reproché à Lawyers’ Rights Watch Canada (Canada) et à Open Society Institute de présenter Taïwan comme un pays.  La Fédération de Russie a noté que cette ONG n’a même pas répondu à l’une des questions posées précédemment sur ses activités et ses projets en Ukraine avant, pendant et après les événements de fin 2013 à début 2014.

People’s Solidarity for Participatory Democracy (République de Corée) a été priée par la Chine d’utiliser le nom « Taïwan-province de Chine » et « Tibet-Région autonome de Chine ».  Les rapports quadriennaux de 2005 à 2008 de Reporters Sans Frontières International (France) font encore référence à Taïwan comme pays, s’est impatientée la Chine, en parlant du site Internet de l’ONG.  Nous examinons les rapports, a fait observer le Mexique, surpris par les remarques de la Chine qui a précisé qu’elle commente aussi le rapport couvrant la période 2013 à 2016.  Rosa-Luxemburg-Stiftung - Gesellschaftsanalyse und Politische Bildung e.V (Allemagne) a pour objectif notamment le développement socioéconomique mais elle ignore la Commission du développement social, a noté la Fédération de Russie.  Pourquoi ne participe-t-elle pas aux travaux de la Commission?

La Chine a demandé à Scholars at Risk Network (États-Unis) d’expliquer comment elle apporte son aide « aux intellectuels menacés ».  Dans quels pays sont-ils?  Quels sont les projets de Society for Threatened Peoples (Allemagne)? a voulu savoir la Chine.  Quels en sont leurs résultats?  La même délégation a aussi voulu en savoir plus sur les projets d’Unitarian Universalist Service Committee (États-Unis) en Asie. 

Comment World Organisation Against Torture (Suisse) peut préserver son indépendance si elle reçoit des fonds de plusieurs gouvernements? a demandé la ChineWorld Vision International (Royaume-Uni) a également été priée par la Chine d’expliquer sa « Campagne internationale pour la santé ».  Les questions doivent se limiter aux rapports examinés, a souligné le Mexique.

Dialogue avec les ONG

International Youth Committe (Inde) a expliqué que sa mission est notamment de fournir un appui à l’éducation, au leadership et à la création d’un réseau mondial de la prochaine génération de leaders mondiaux.  Quelle est la nature de nos projets chez nous? a demandé le Pakistan.  Où est basé votre siège? a poursuivi l’Inde.  Comment êtes-vous parvenus à 30 000 membres? a voulu savoir le Nigéria qui a demandé une réponse écrite contenant également des explications sur un budget « si petit ».  Nous n’avons pas de bureau au Pakistan mais des « ambassadeurs », a répondu l’ONG qui a dit envisager de travailler directement dans le monde.  Elle a confirmé qu’elle a bien une adresse en Inde, à New Delhi.  Quant à ses membres, ils peuvent adhérer sur Internet et pour ce qui est du budget, l’ONG a dit travailler avec des partenaires qui prennent en charge les dépenses des « ambassadeurs », surtout pour les réunions internationales.  Pourquoi la contribution des gouvernements n’est pas budgétisée? a demandé le Nigéria?  Vos projets sont-ils financés par les gouvernements ou menés avec les gouvernements? a voulu savoir le Mexique.  Avez-vous plusieurs catégories de membres? s’est interrogée Cuba.  

Examen des demandes de statut consultatif

L’Inde a demandé à Afrikaanse Forum vir Burgerregte (Afrique du Sud) la date, les domaines prioritaires et les bénéficiaires de ses projets.  Elle a aussi voulu des détails très précis sur le projet relatif à la sécurité.  La Turquie s’est interrogée sur les bénéficiaires, les résultats et le financement des projets d’Asamblea Permanente por los Derechos Humanos La Matanza (Argentine).  L’Inde a demandé des explications sur le nouveau partenariat entre Association Of Professional Social Workers And Development Practitioners (Inde) et « Pendjab Energy Agency » pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Les États-Unis se sont interrogés sur l’identité des donateurs de Belarusian Fund of Peace (Bélarus). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de consolidation de la paix élit son nouveau bureau et adopte le rapport de sa douzième session

Treizième session,
Comité d’organisation, 1re séance – matin
CCP/131

La Commission de consolidation de la paix élit son nouveau bureau et adopte le rapport de sa douzième session

Ce matin, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a élu par acclamation le Bureau de sa treizième session, portant ainsi à sa présidence, jusqu’au 31 décembre 2019, M. Fernandez de Soto Valderrama, de la Colombie.

La Commission a également réélu les pays suivants pour présider ses formations de pays pour la période allant jusqu’au 31 décembre 2019: le Brésil pour la Guinée-Bissau; le Canada pour la Sierra Leone; le Maroc pour la République centrafricaine; la Suède pour le Libéria et la Suisse pour le Burundi.

Avant de céder la place à son successeur, le Président sortant de la douzième session, M. Ion Jinga, de la Roumanie, qui occupera, aux côtés de M. Mohamed Fathi Ahmed Edrees, Représentant permanent de l’Égypte, les fonctions de Vice-Président de la treizième session de la CCP, a présenté un bref bilan de sa présidence.

M. Jinga a notamment souligné que l’objectif de la Commission a été de rechercher plus de cohérence et de synergies à l’échelle du système onusien et international pour appuyer les efforts de consolidation de la paix en Gambie, en République centrafricaine, en Guinée-Bissau, au Libéria et en Sierra Leone. 

Pendant sa douzième session, la Commission a également renforcé son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité, et le Président sortant a encouragé la CCP à aligner encore davantage son calendrier de travail sur celui du Conseil afin de renforcer la cohérence et d’éviter la compartimentalisation des efforts, en particulier dans le contexte du Sahel. 

M. Jinga n’a pas manqué de souligner l’importance du partenariat stratégique de la Commission avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), et a remercié les membres de la CCP d’avoir soutenu sa proposition de tenir une réunion annuelle entre la CCP et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA. 

Cette dimension régionale figure d’ailleurs parmi les trois priorités autour desquelles M. Valderrama a dit vouloir structurer sa présidence.  Ce dernier a notamment annoncé son intention de répondre à une invitation de l’Organisation des États Américains (OEA) pour explorer prochainement des voies possibles de coopération. 

Il a aussi dit souhaiter renforcer le partenariat et la coopération avec la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque interaméricaine de développement ou encore avec la CEDEAO et l’Union du fleuve Mano et, bien entendu, avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avec lequel, a-t-il précisé, la Commission poursuivra la nouvelle pratique de réunions annuelles.

Le Président de la treizième session de la CCP a aussi insisté sur le rôle d’accompagnement de la Commission dans le processus de consolidation de la paix au Libéria après le retrait récent de la mission de maintien de la paix.  À ce titre il a dit vouloir donner la priorité à la mise en œuvre du plan national pour la consolidation de la paix du Gouvernement libérien, et au dialogue sur le développement du pays dans ce contexte. 

Parmi ses autres priorités, M. Valderrama a cité le renforcement du « rôle de trait d’union » de la CCP entre les organes principaux et les entités pertinentes des Nations Unies, ainsi que de sa fonction consultative auprès du Conseil de sécurité. 

« Cela revêtira une dimension particulièrement importante lorsque le Conseil se penchera sur les questions de réduction des missions de paix et des missions politiques et du renouvellement de mandats, dans la mesure où la CCP peut apporter au Conseil de sécurité des connaissances vastes et diverses en matière de consolidation de la paix », a-t-il commenté.

Ce dernier a aussi dit vouloir améliorer davantage la synergie entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix, et poursuivre la mise en commun des bonnes pratiques en matière de consolidation de la paix, notant que cela avait été possible dans le passé grâce à l’organisation de réunions auxquelles des pays comme le Burkina Faso, la Sri Lanka, la Somalie et la Colombie ont pu échanger et partager leurs expériences. 

« Ce processus a mis en avant que malgré les origines diverses dans le monde et à des moments différents dans leurs histoires, ces pays rencontrent des situations et problématiques semblables et peuvent tirer profit des expériences des autres », a-t-il souligné, jugeant utile d’étendre cette expérience à de nouveaux pays tout en faisant appel aux pays dans le giron de la CCP.

À la veille du septième et dernier examen du dispositif de consolidation de la paix qui aura lieu en 2020, M. Valderrama a également annoncé son intention d’organiser des consultations officieuses avec les États Membres pour comprendre quelles sont leurs attentes par rapport à cet examen.

Les Vice-Présidents entrants ont également fait quelques remarques.  M. Edress a notamment fait part de son intention de renforcer les partenariats stratégiques entre la CCP et l’UA et de travailler à revitaliser le cadre africain de la consolidation de la paix, tandis que M. Jinga a attiré l’attention sur la valeur ajoutée des rapports de la CCP, élaborés sur la base de visites sur le terrain, une pratique qu’il a encouragé M. Valderrama à poursuivre.

Le Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, M. Oscar Fernandez-Taranco, est également intervenu ce matin pour insister, entre autres, sur le besoin d’une synergie renforcée entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix, encourageant notamment la Commission à avoir des discussions politiques sur le Fonds et ses actions « sans pour autant en compromettre l’indépendance ».  Une réunion à cet effet aura lieu dans la semaine à venir, a-t-il précisé.

« Ce qui est essentiel dans la réforme en cours de l’architecture de maintien de la paix, c’est que les Nations Unies seront mieux à même de procéder à une planification précoce et stratégique en s’appuyant sur la palette entière des outils et entités pour favoriser la consolidation de la paix », a-t-il fait valoir.

La réunion a également été marquée par l’intervention des présidents des formations pays de la CCP qui ont présenté les grandes lignes de leur travail actuel et à venir.

Président de la formation Guinée-Bissau, le représentant du Brésil, a fait état de retards dans le processus électoral en cours dans le pays.  Alors que les contributions au Fonds d’affectation spéciale pour les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau s’élève à 1,8 millions de dollars, il a mis l’accent sur l’importance du financement pour aider le pays à offrir des services de base à sa population et poursuivre ses réformes, rappelant dans la foulée que le Conseil de sécurité doit se pencher sur le renouvellement du mandat du BINUGBIS en fin février.   

Lui emboitant le pas, le représentant de la Suède, qui préside la formation Libéria, a rappelé qu’outre le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), le pays a connu son premier transfert démocratique du pouvoir.  Il a annoncé qu’il présentera, jeudi, le plan national de développement du Libéria aux membres de la CCP. 

Rappelant qu’il avait siégé au Conseil de sécurité jusqu’en décembre 2018, le délégué suédois a par ailleurs expliqué avoir insisté, tout au long de son mandat sur l’importance du travail des formations pays et a espéré qu’à l’avenir des discussions régulières pourront être organisées entre le Conseil et la CCP.  Il a aussi remarqué que 2019 doit être une année charnière pour progresser dans les réformes amorcées au sein de l’ONU, et a souhaité que ce processus permette à la CCP d’asseoir son rôle dans l’architecture de la consolidation de la paix.

À son tour, Le représentant de la Suisse, qui est à la tête de la formation Burundi, a rappelé le rendez-vous électoral de 2020, même si, à ce stade, la formation compte se consacrer à l’appui aux efforts de médiation et à la poursuite du dialogue entre le Gouvernement et les acteurs de la communauté internationale au sujet du plan de développement du Burundi qui a été présenté l’an dernier.  Elle vise aussi à renforcer les acquis sur la base de l’Accord de paix d’Arusha et à soutenir les efforts en cours pour la réconciliation nationale, a ajouté le délégué, qui a par ailleurs demandé des précisions sur la forme que prendra le dialogue entre la CCP et les nouveaux coordonnateurs résidents de pays. 

Le Président de la formation Sierra Leone, le représentant du Canada, est revenu, de son côté, sur le rôle « très important » joué par celle-ci avant et juste après les élections en Sierra Leone, précisant que depuis lors, elle s’est concentrée sur les discussions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.  Il a par ailleurs estimé que la communication d’informations pertinentes aurait été d’autant plus importante si cela avait pu se dérouler en amont des élections en Sierra Leone.  Dans ce cas, la CCP doit travailler avec le Gouvernement et l’équipe pays pour définir les priorités du pays dont les institutions doivent à présent fournir des résultats concrets, a conclu le représentant canadien. 

Enfin, le Maroc, en qualité de président de la formation République centrafricaine, a annoncé que sa prochaine visite sur place est prévue à la mi-février et qu’il briefera le Conseil de sécurité le 21 février sur la situation dans ce pays.

En fin de séance, le Guatemala et l’Allemagne sont intervenus en leur capacité de membres de la CCP, le premier pour appuyer l’idée du rapprochement entre la Commission et l’OEA, et l’autre pour indiquer qu’en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, elle est prête à assumer le rôle de coordonnateur officieux entre cet organe et la CCP. 

Relevant que la majeure partie du travail de la CCP se fait en Afrique, le représentant du Kenya a appelé à mettre l’accent sur le lien stratégique entre le travail effectué au Siège, à New York, et ce qui se fait sur le terrain, notamment en termes de soutien aux accords de paix, de missions de transition et d’initiatives pour les femmes et les jeunes.  Le Kenya encourage aussi la CCP à réfléchir aux causes profondes des conflits, en collaboration avec d’autres entités et organes onusiens. 

Le Bangladesh a, quant à lui, souhaité que le nouveau système de coordonnateurs résidents soit reflété dans les travaux de la CCP, tandis que l’Union européenne a mis l’accent sur l’importance que revêt l’année 2019 en termes de réformes au sein de l’ONU. 

En début de séance, la CCP a adopté le rapport* de sa douzième session, tel qu’oralement amendé.

*PBC/12/OC/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif général à l’ONG britannique « International Transport Workers’Federation »

Session de 2019,
11e & 12e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6959-ONG/883

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif général à l’ONG britannique « International Transport Workers’Federation »

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) l’octroi du statut consultatif général à l’organisation britannique International Transport Workers’ Federation mais il a reporté sa décision sur l’octroi du même statut à l’américaine Institute of Noahide Code et du statut consultatif spécial à quatre autres ONG.

International Transport Workers' Federation, qui passe d’un coup du dernier au premier statut consultatif, est une fédération qui regroupe près de 700 syndicats représentant environ 4,5 millions de travailleurs dans le monde.  Elle estime que les intérêts de ces travailleurs doivent être représentés dans les activités des Nations Unies et qu’elle peut être un partenaire fiable dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Avec le statut consultatif général qu’elle a obtenu aujourd’hui, l’ONG compte promouvoir, entre autres, la reconnaissance universelle des Conventions N°87 et N°98 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), concernant respectivement la liberté syndicale et la protection du droit d'organisation et de négociation collective.  L’ONG mène actuellement un projet commun avec l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation intitulé « From Catcher to Counter ».  Le projet vise à lutter contre la pêche illicite et l’absence de réglementation dans ce secteur dans lequel elle entend améliorer les conditions de travail.

Candidate au même statut consultatif général, l’ONG américaine Institute of Noahide Code devra patienter.  Elle doit d’abord fournir à Cuba une nouvelle version de son budget. 

Le Comité peut recommander trois statuts à l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Aujourd’hui, le Comité a aussi recommandé à l’ECOSOC d’accepter la fusion de l’ONG suisse International Campaign to Ban Landmines avec la « Cluster Munition Coalition » qui deviendrait ainsi « ICBL-CMC ».  L’ONG suisse avait obtenu son statut consultatif en 2011.  L’allemande Social Service Agency of the Protestant Church in Germany attend l’acceptation de sa fusion avec le « Protestant Development Service » mais elle devra d’abord corriger le nom de Taïwan sur son site Internet comme l’a demandé la Chine.

Le Comité a également pris note de 287 rapports quadriennaux présentés par les ONG dotés du statut consultatif spécial et reporté sa décision sur 42 autres rapports.  Il a élu par acclamation à sa Présidence, M. Mohamed Salam, du Soudan. 

Le Comité reprendra ses travaux demain mardi 29 janvier, à partir de 10 heures. 

Octroi du statut consultatif général

  1. International Transport Workers’Federation (Royaume-Uni)

Cuba a demandé à Institute of Noahide Code (États-Unis) une nouvelle version de son budget, retardant ainsi la décision sur l’octroi du statut consultatif général.  

Examen des demandes de statut consultatif

La Turquie a prié World Without Genocide (États-Unis) d’en dire davantage sur son programme de bourse.  Le Soudan a voulu que Youth RISE (Resource, Information, Support, Education) Limited (Royaume-Uni) lui explique le taux élevé de 70% des dépenses administratives.  İslam Dünyası Sivil Toplum Kuruluşları Birliği (Turquie) a été priée par l’Inde à présenter une meilleure ventilation de ses dépenses, constatant qu’elle consacre 17% de son budget aux transports et autres dépenses et 47% aux dépenses d’administration et autres, y compris les salaires. 

La Turquie a demandé à Widows for Peace through Democracy (Royaume-Uni) la liste de ses activités en 2019.

Examen des rapports quadriennaux présentés par les ONG dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC

Le Comité a reporté sa décision sur plusieurs rapports.  La Turquie a par exemple voulu que la Fundacion Pro Humanae Vitae (Argentine) explique les tenants et les aboutissants de ses projets directs et indirects.  Alliance Defending Freedom (États-Unis) a été priée par la Chine de corriger le nom de Taïwan.  La même délégation a demandé à l’Asian-Eurasian Human Rights Forum (Inde) la teneur de son colloque sur les droits de l’homme au Tibet.

Sous quelle forme Baha’i International Community (États-Unis) a-t-elle participé au Forum politique de haut niveau en 2016? a voulu savoir Cuba.  Le Nicaragua a demandé au Centro de Promoción y Defensa de los Derechos Sexuales y Reproductivos (Pérou) des détails sur la campagne relative à la santé sexuelle et reproductive.  Cuba a voulu la liste des pays où Centrist Democratic International (Belgique) travaille.

La Turquie a voulu que l’Egyptian Organization for Human Rights (Égypte) apporte des informations supplémentaires sur les manifestations sur les droits de l’homme qu’elle organise.  La Chine a prié Dominicans for Justice and Peace- Order of Preachers (Suisse), Dones per la Llibertat i Democràcia (Espagne), Donne in Rete contro la Violenza – ONLUS (Italie), Eastern Regional Organization for Public Administration (Philippines), Education International (Belgique), End Child Prostitution (Belgique), Child Pornography and Trafficking of Children for Sexual Purposes, Inc. (États-Unis), EUROMIL EV (Belgique), Friends of UNFPA (États-Unis) et Gender at Work (Canada) de respecter le nom correct de « Taïwan-province de Chine ».

La Grèce a rappelé à la Federation of Western Thrace Turks in Europe (Allemagne) qu’il n’y a pas de minorité turque en Grèce mais une minorité musulmane en Thrace.  Quels sont les projets de Generation Initiative for Women and Youth Network (Nigeria)? a demandé le Nicaragua.  La Chine a voulu que Grassroots Organisations Operating Together in Sisterhood (États-Unis) respecte le nom « Taïwan-province de Chine ».  Elle a demandé la même chose à Global Alliance Against Traffic in Women (Thaïlande), Henry Dunant Centre for Humanitarian Dialogue (Suisse), Human Life International, Inc (États-Unis, IBON.International Foundation Inc (Philippines) et IDPC Consortium (Royaume-Uni).  La Chine a précisé: « Tibet, région autonome de Chine » et « Hong-Kong, région spéciale autonome ».  Elle a aussi fait cette remarque à l’Institute for Economics and Peace Limited (Australie), l’International Alliance of Patients’Organizations (Royaume-Uni), l’International Council of Societies of Industrial Design (Royaume-Uni), l’International Gay and Lesbian Human Rights Commission (États-Unis), l’International Justice Resource Center, Inc. (États-Unis), Japanese Association of International Women's Rights (JAIWR) (Japon), John D. and Catherine T. MacArthur Foundation (États-Unis), Kitakyushu Forum on Asian Women (KFAW) (Japon), Kiwanis International (États-Unis), Lesbian and Gay Federation in Germany (Allemagne), Local Governments for Sustainability (Allemagne), Maryknoll Fathers and Brothers (États-Unis), Maryknoll Sisters of St. Dominic, Inc. (États-Unis), Mennonite Central Committee (États-Unis) et Natural Justice (Afrique du Sud).

Quelle est la contribution de The Human Resource Development Foundation (États-Unis) aux travail des Nations Unies? a demandé le Nicaragua.  Quels ont été les projets de Medico International entre 2014 et 2017? a demandé la Turquie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion d’urgence au Conseil de sécurité: Les délégations affichent leurs divisions sur la situation au Venezuela

8452e séance – matin
CS/13680

Réunion d’urgence au Conseil de sécurité: Les délégations affichent leurs divisions sur la situation au Venezuela

Les délégations ont affiché, ce samedi matin, devant le Conseil de sécurité, réuni à la demande des États-Unis, de très profondes divergences autour de la crise politique au Venezuela, lors d’une séance de cinq heures marquée par des échanges d’une rare acrimonie, en présence notamment du Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Jorge Arreaza, et du Secrétaire d’État des États-Unis, M. Michael Pompeo.

Si les États-Unis et une majorité de pays latino-américains ont en effet appuyé M. Juan Guaidó, président « autoproclamé » du Venezuela, la Fédération de Russie, l’Afrique du Sud ou bien encore Cuba ont souligné la légitimité du Président Nicolas Maduro.  « Personne ne nous imposera une décision », a appuyé le Ministre vénézuélien, qui a assuré que son pays ne sera pas le « trophée de guerre de Donald Trump. »

Les divisions se sont révélées avant même le débat, puisque le délégué de la Fédération de Russie, estimant que la situation au Venezuela n’est pas une menace à la sécurité internationale, a demandé que ce point de l’ordre du jour soit mis aux voix.  Ce dernier a été adopté par 9 voix en faveur, 4 voix contre et 2 abstentions.

Première oratrice à s’exprimer, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Mme Rosemary DiCarlo, a rappelé les derniers développements de la crise institutionnelle et politique au Venezuela, qui est entrée dans une phase « critique », selon l’expression du délégué de la Côte d’Ivoire.

Alors que le Président sortant Maduro a été investi pour un second mandat le 10 janvier 2019, le Président de l’Assemblée nationale, M. Guaidó, a, le 23 janvier, indiqué qu’il ne reconnaissait pas M. Maduro, et s’est déclaré Président par intérim du pays en appelant à la tenue d’élection, a expliqué Mme DiCarlo, en dénonçant les violences ayant émaillé les manifestations.

Pour les États-Unis, « véritables amis » du peuple vénézuélien, l’heure est venue de reconnaître le nouveau Président, a déclaré le Secrétaire d’État américain.  Accusant M. Maduro d’avoir réduit « les Vénézuéliens à fouiller les poubelles pour se nourrir », le Secrétaire d’État a fait remarquer que de nombreux États ont d’ores et déjà reconnu le gouvernement par intérim de M. Guaidó.

« Les pays doivent désormais choisir, soit rester aux côtés de M. Maduro, soit se ranger derrière le peuple », a dit M. Pompeo, en accusant la Chine et la Fédération de Russie d’avoir empêché le Conseil de parvenir à un compromis.  Une position partagée par la France, la Belgique et le Royaume-Uni, ce dernier estimant, par la voix de son Ministre d’État pour l’Europe et les Amériques, M. Alan Duncan, que M. Guaidó est la « bonne personne » pour le Venezuela.

De son côté, le délégué du Pérou a rappelé la position des pays de la région, exprimée le 10 janvier dernier, selon laquelle le pouvoir du Président Maduro est « illégitime ».  Il a aussi mentionné la demande faite à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur son régime.  « Le Président Guaidó, qui a été reconnu, doit désormais s’atteler à l’organisation de nouvelles élections transparentes », a déclaré le délégué péruvien, appuyé par le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, M. Miguel Vargas Maldonado, qui présidait le débat.

Dénonçant le « simulacre d’élections » ayant conduit au second mandat de M. Maduro, les représentants de la France et de l’Allemagne ont également demandé l’organisation « immédiate » d’une nouvelle élection présidentielle.  Si ce n’est pas le cas, l’Allemagne se tient prête dans un délai de huit jours à reconnaître Juan Guaidó comme « Président en charge » du Venezuela, a déclaré le délégué allemand.

« Pourquoi 8 jours, pourquoi pas 7 ou 30 jours? » a ironisé le délégué de la Fédération de Russie, avant de dénoncer en des termes très vifs cette violation de la souveraineté du Venezuela.  « Que penseriez-vous si la Russie demandait que la question des gilets jaunes en France soit inscrite au programme de travail du Conseil? » a-t-il lancé à la déléguée française, avant de la « rassurer », en disant que son pays ne le ferait pas.

Mais c’est aux États-Unis que le délégué russe a réservé ses mots le plus durs, en accusant ce pays de vouloir déstabiliser le Venezuela et de mêler le Conseil à ce « jeu sale ».  « Le Venezuela a osé mener une politique indépendante qui ne sied pas aux États-Unis », a-t-il dit.  Dénonçant « une réincarnation de la doctrine Monroe » évoquée par le Président Trump, il a indiqué que le « changement de régime » est « le jeu favori des États-Unis ».

Plusieurs délégations se sont engouffrées dans la brèche, dont celle de la Guinée équatoriale qui a rappelé les conséquences négatives que peut avoir une intervention externe provoquée par un recours du Conseil de sécurité, comme dernièrement en Libye.  « Le Conseil ne doit pas devenir un instrument de validation d’un changement inconstitutionnel de Gouvernement au Venezuela », a appuyé le représentant de l’Afrique du Sud.

Une position pleinement partagée par le Ministre des affaires étrangères vénézuélien qui a fustigé la tentative de « coup d’État » des États-Unis et de ses « pays satellites », en rappelant que M. Guaidó s’est « autoproclamé » Président.  Il a en outre dénoncé la menace de recourir à la force militaire contre le Venezuela agitée par le Président des États-Unis, ainsi que « l’ultimatum » des pays européens en vue de nouvelles élections.

« D’où l’Europe tient-elle une telle autorité? » a-t-il déclaré, en qualifiant cette position d’« infantile ».  « Vous n’arriverez pas à fomenter une guerre civile au Venezuela et nous nous battrons pour défendre notre souveraineté », a conclu M. Arrazea, en assurant qu’il n’y avait pas eu de fraude électorale au Venezuela.

Les divisions sur le dossier vénézuélien ont enfin été de mise au sein des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Si les délégations de l’Argentine, du Brésil, de la Colombie ou bien encore du Chili ont appuyé le Président par intérim pour mettre fin à « l’usurpation », selon le mot du Ministre des affaires étrangères colombien, celles de Cuba et de la Bolivie ont de leur côté apporté leur soutien au Président Maduro.

« La souveraineté du peuple vénézuélien l’emportera contre l’impérialisme », a martelé la déléguée de Cuba, qui a comparé la région à une vaste « zone sèche » que la moindre étincelle pourrait embraser.  Les pays des Caraïbes ont été nombreux à rejeter « toute tentative d’évincer des leaders démocratiquement élus », comme l’a indiqué le délégué de Saint-Vincent-et-les Grenadines.

« La reconnaissance d’un gouvernement autoproclamé en dehors d’un processus électoral est une répudiation claire de la volonté du peuple », a renchéri la représentante de la Dominique.  S’il a eu le premier mot de la réunion, le délégué de la Fédération de Russie a peut-être eu le dernier lorsque, dans une ultime prise de parole, il a indiqué avoir dénombré aujourd’hui 11 pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui soutiennent le Gouvernement Maduro, 10 étant contre.

LA SITUATION AU VENEZUELA

Adoption de l’ordre du jour

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué que son pays ne peut appuyer l’initiative américaine de tenir la présente réunion sur un tel ordre du jour, « la situation au Venezuela ».  Pour la délégation russe, la situation interne de ce pays ne relève pas du Conseil de sécurité et on ne voit pas comment la situation peut être taxée de menace à la paix et la sécurité internationales.  S’il y a menace, a-t-il poursuivi, c’est du fait des actions américaines et de leurs alliés qui essayent de faire un coup d’État et de remplacer le Président élu.  C’est fort de ces raisons que la Fédération de Russie a demandé un vote de procédure sur le point à l’ordre du jour, a-t-il expliqué, arguant que « la situation au Venezuela » ne fait pas partie du programme de travail du Conseil de sécurité.

M. MICHAEL R. POMPEO, Secrétaire d’État des États-Unis, a souligné que le rôle du Conseil de sécurité est de préserver la paix et la sécurité internationales.  Selon lui, « le régime de Maduro » réprime son peuple depuis des années et les populations s’exilent.  Ainsi, « l’ancien Président Maduro » assume toute la responsabilité de cette tragédie.  Pour les États-Unis, le Venezuela a un nouveau Président, M. Juan Guaidó, qui a promis de ramener la sécurité et la paix.  M. Pompeo a estimé que le débat du Conseil doit se tenir car « toute l’attention du peuple vénézuélien est portée sur nous ».

L’ordre du jour, « la situation au Venezuela », a ensuite été mis aux voix et été adopté par 9 voix pour (Allemagne, Belgique, États-Unis, France, Koweït, Pérou, Pologne, République dominicaine et Royaume-Uni), 4 contre (Afrique du Sud, Chine, Fédération de Russie et Guinée équatoriale) et 2 abstentions (Côte d’Ivoire et Indonésie).   

Exposé

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a souligné la gravité de la situation au Venezuela.  Les efforts récurrents pour amener le pouvoir et l’opposition autour de la table des négociations ont échoué, a-t-elle dit.  Les 30 millions de Vénézuéliens sont frappés par l’hyperinflation, la baisse des salaires et la détérioration des soins de santé.  La chute de la production de pétrole s’est accentuée, avec une baisse corrélée des recettes publiques.  Le PIB du pays devrait baisser de 18% cette année, a-t-elle dit, notant également le doublement du taux de mortalité infantile.

Mme DiCarlo a ensuite rappelé les derniers développements politiques dans le pays, marqués notamment par une Assemblée nationale passée aux mains de l’opposition et la tenue de l’élection présidentielle.  Alors que le Président sortant Maduro a été investi pour un second mandat le 10 janvier 2018, le Président de l’Assemblée nationale, M. Guaidó, a, le 23 janvier, indiqué qu’il ne reconnaissait pas M. Maduro et s’est déclaré Président par intérim du pays en appelant à la tenue d’élection, a expliqué Mme DiCarlo.

Les résultats de cette élection n’ont pas été reconnus par l’opposition et les manifestations ont éclaté dans le pays, débouchant sur des violences meurtrières.  Au moins 20 personnes auraient été tuées dans ces violences, a indiqué Mme DiCarlo, en avertissant que la situation peut dégénérer et échapper à tout contrôle.  Il est impératif de garantir la liberté de réunion, a déclaré la Secrétaire générale adjointe.  Tous les acteurs du pays doivent urgemment dialoguer pour mettre un terme à cette crise, a-t-elle insisté.  Elle a ensuite évoqué la mise en place, par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) notamment, d’un mécanisme d’appui aux Vénézuéliens qui fuient le pays, avant d’exhorter les différents acteurs à faire preuve de retenue.  « Il faut agir à l’unisson », a conclu la Secrétaire générale adjointe, en plaidant pour une « solution politique » au Venezuela.

Déclarations

M. MICHAEL R. POMPEO, Secrétaire d’État des États-Unis, a estimé que cette réunion aurait dû être organisée depuis fort longtemps, puisque l’ancienne Ambassadrice Nikki Haley en avait fait la demande.  « Mais le Conseil a fait la sourdre oreille. »  Il a dit que M. Maduro avait réduit les Vénézuéliens à fouiller les poubelles pour se nourrir.  Il a cité des exemples de Vénézuéliens connaissant un sort misérable, avant de dire que la situation humanitaire exige une action immédiate de la communauté internationale.  Trois millions de Vénézuéliens ont dû fuir leur pays et ces déplacements constituent une menace pour la paix et la sécurité dans toute la région, a—t-il estimé. 

Pour les États-Unis, l’heure est venue de reconnaître le nouveau Président et d’aider le peuple vénézuélien.  De nombreux États ont reconnu le gouvernement par intérim de M. Guaidó, a-t-il argué, ajoutant que les nations doivent désormais choisir entre rester aux côtés de M. Maduro ou alors s’aligner derrière le peuple.  M. Pompeo a affirmé que ce matin, la délégation américaine avait essayé de trouver un compromis au sein du Conseil sur la question, mais qu’elle s’était heurtée à l’intransigeance de la Chine et la Fédération de Russie.  Pour lui, ces pays appuient un régime en faillite et les fonds qu’ils y envoient n’aident pas le peuple, mais plutôt les dirigeants. 

M. Pompeo a aussi accusé Cuba d’être le plus grand soutien du régime Maduro car il forme les forces de sécurité vénézuéliennes.  « C’est Cuba qui a aggravé la situation dans le pays, et ce sont les États-Unis qui sont les véritables amis du peuple vénézuélien », a-t-il clamé.  « Que les choses soient claires, le Président Trump et moi-même entendons que nos diplomates soient protégés en vertu des normes internationales », a déclaré le Secrétaire d’État, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à appuyer la transition démocratique au Venezuela.

M. ALAN DUNCAN (Ministre d’État pour l’Europe et les Amériques du Royaume-Uni) a détaillé « l’effondrement total du Venezuela », qu’il a imputé au « socialisme de Nicolas Maduro et de ses sbires », le pays étant désormais plongé dans une pauvreté abjecte.  Rejetant toute accusation de néocolonialisme, il a indiqué vouloir aider le peuple vénézuélien, qui est privé de sa liberté et de sa démocratie.  « Maduro a tenté d’ôter toute légitimité à l’Assemblée nationale, a truqué les élections et réprimé l’opposition. »  Le monde peut voir que la Présidence de Nicolas Maduro n’est pas légitime, a-t-il affirmé, en soulignant le pouvoir légitime de l’Assemblée nationale.

Le Ministre a invité les membres du Conseil de sécurité à promouvoir un changement positif dans le pays et un règlement politique.  « L’Assemblée nationale et son Président Juan Guaidó sont les mieux placés pour rétablir la démocratie; Juan Guaidó est la bonne personne pour faire avancer le pays », a-t-il dit.  En conclusion, M. Duncan a indiqué que, si de nouvelles élections ne sont pas bientôt organisées, son pays reconnaîtra M. Guaidó comme Président constitutionnel par intérim du Venezuela.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a jugé normal que le Conseil se saisisse de la situation au Venezuela.  Il a dénoncé « la politique de répression du régime illégitime du Président Maduro contre son propre peuple ».  Il a évoqué les trois millions de réfugiés qui sont le fruit de cette situation, sachant qu’on en annonce deux millions de plus après la dernière flambée de violence.  Certains pays de la région sont obligés de gérer cet afflux de réfugiés, a-t-il fait remarquer, citant le cas du Pérou qui accueille pas moins de 700 000 Vénézuéliens.  Le représentant a ensuite dénoncé l’utilisation de la violence pour terroriser le peuple et écraser toute opposition.  Il a rappelé qu’en septembre dernier, le Pérou, avec d’autres pays de la région, avait demandé que le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) lance une enquête contre le régime du Président Maduro pour ses actions depuis 2014.

Le représentant a dit que le « Groupe de Lima » n’a pas reconnu la légitimité des élections de mai 2018 et il a donc souligné « l’illégitimité du régime ».  Il a aussi déploré « la réaction du régime face aux manifestations du peuple », avant de lancer un appel pour la fin des violences et la libération des prisonniers politiques.  Il a exigé une enquête indépendante pour traduire en justice les auteurs de meurtres sur les manifestants.  La position des pays de la région a été publiée le 10 janvier dernier et celle-ci précise que le pouvoir du Président Maduro est illégitime, a-t-il indiqué.  De ce fait, « le Président Juan Guaidó qui a été reconnu doit désormais s’atteler à l’organisation de nouvelles élections transparentes », a-t-il plaidé, des élections qui garantissent la participation de tous, dans le respect des normes internationales. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rappelé que les partis politiques au Venezuela s’étaient accordés sur les règles de conduite de l’élection présidentielle qui a vu la victoire du Président sortant Maduro.  Il a déclaré que son pays a le respect le plus élevé qui soit pour l’état de droit.  « Nous sommes par conséquent très préoccupés par ce qui est une tentative évidente, au Venezuela, de circonvenir aux mécanismes constitutionnels du pays gouvernant la conduite des élections. »  Tout différend doit être tranché d’une manière pacifique par le biais des procédures prévues par la Constitution du pays, « sans influence extérieure », a-t-il martelé.

Le délégué a appelé toutes les parties au Venezuela à participer au processus de dialogue national afin de promouvoir l’unité et la réconciliation, avant de se dire préoccupé par la situation humanitaire.  « L’Afrique du Sud est fermement opposée à toute tentative visant un changement inconstitutionnel ou indu au Venezuela.  Le Conseil ne doit pas devenir un instrument de validation d’un changement inconstitutionnel de Gouvernement. »

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a souligné l’urgence, pour toutes les parties, de s’abstenir d’actes de violence et de provocation.  Il a appelé le Gouvernement, les partis politiques de l’opposition, la société civile et le peuple du Venezuela à s’armer de valeurs et de sagesse pour surmonter la situation en cours et trouver une solution pour la paix et la sécurité, en respectant les droits de l’homme et les libertés des citoyens.

« La situation au Venezuela est une question interne qui ne représente pas une menace pour la paix et la sécurité internationales », a affirmé le délégué.  Il a donc exhorté le Conseil de sécurité et la communauté internationale à se montrer prudents et à tenir compte des expériences récentes au Moyen-Orient et en Afrique pour éviter que la situation dans le pays ne dégénère.  Le rôle des Nations Unies devrait être, selon lui, de se concentrer sur le soutien à apporter aux efforts du pays en faveur d’un dialogue franc et inclusif entre les Vénézuéliens pour régler les différends.  Les pays voisins et la communauté internationale ne doivent pas jeter de l’huile sur le feu et doivent éviter un incident de grande ampleur, a-t-il poursuivi, en expliquant que l’ingérence extérieure ne facilitera pas le règlement.

Le représentant a appelé au dialogue interne sur la base des réalités suivantes.  Tout d’abord, les expériences récentes, en Libye notamment, ont montré comment a dégénéré une situation provoquée par une intervention externe provoquée par un recours du Conseil de sécurité sur la base de la responsabilité de protéger.  Ensuite, sachant que le Conseil de sécurité et l’ONU défendent le principe de la primauté du droit, et comme, au Venezuela, toutes les institutions appuient le Gouvernement au pouvoir, la communauté internationale doit respecter cette position et le droit.  Enfin, un changement de régime tel que l’on tente de le faire au Venezuela créerait un grave précédent qui pourrait avoir des conséquences délétères dans de nombreux pays.

La Guinée équatoriale appuie les efforts du Gouvernement vénézuélien pour défendre la souveraineté nationale, l’indépendance et la stabilité.  Le pays défend le principe de non-interférence dans les affaires internes d’autres pays et espère que les parties pourront régler leur différend par le dialogue.  Le représentant a invoqué le principe de subsidiarité pour demander que l’action des pays de la région se fasse dans le respect du droit national et de la Charte des Nations Unies.  Enfin, il a lancé un appel au Secrétaire général de l’ONU pour qu’il utilise ses bons offices de facilitateur et de médiateur dans cette crise.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a estimé que la première priorité n’est autre que le respect de la volonté du peuple vénézuélien.  Ainsi, a-t-elle demandé, « M. Nicolas Maduro qui prétend assumer un second mandat sur la base d’un simulacre d’élections doit immédiatement annoncer l’organisation de nouvelles élections présidentielles, démocratiques cette fois ».  Elle a rappelé les propos du Président Macron qui a dit, ce matin, que sans annonce des élections d’ici huit jours, il sera prêt à reconnaître Juan Guaidó comme « Président en charge » du Venezuela pour enclencher un processus politique. 

La France exhorte par ailleurs les autorités vénézuéliennes à respecter les droits de l’Assemblée nationale, « seule institution démocratiquement élue », en particulier le principe d’immunité de ses membres, et à cesser toute action de répression à l’égard de la population.  Le peuple vénézuélien a le droit de faire entendre sa voix, a-t-elle dit, en rappelant à cet égard son attachement à la liberté de la presse et à la protection des journalistes qui doivent pouvoir exercer leur métier librement.

La France insiste aussi sur la fin de la crise humanitaire au Venezuela.  La représentante a salué la solidarité des pays de la région, en particulier la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Brésil, face à cette tragédie humaine.  La France, a-t-elle ajouté, et l’Union européenne, contribuent également à cet effort humanitaire en vue de diminuer les souffrances du peuple vénézuélien.  La France exhorte également les autorités du pays à autoriser et faciliter le travail des acteurs humanitaires internationaux et des organisations non gouvernementales en mesure de fournir l’assistance humanitaire aux femmes et hommes les plus vulnérables, y compris les enfants, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a insisté sur le rôle clef de la diplomatie préventive joué par le Conseil de sécurité.  Cette diplomatie préventive est l’un des instruments essentiels d’une intervention rapide avant qu’une crise ne s’aggrave, a-t-il dit.  Il a souligné la nécessité de voir garantir les libertés de rassemblement et d’expression au Venezuela.  Il a indiqué que son pays appartient à une région qui a connu des manifestations ayant débuté de manière pacifique mais qui ont ensuite dégénéré.  Le Conseil doit agir pour éviter que de tels événements ne se reproduisent, tout en respectant le principe de souveraineté, a conclu le délégué du Koweït.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que la réunion de ce jour avait été convoquée par la délégation américaine dans le but de « poursuivre sa déstabilisation du Venezuela et changer le pouvoir en place ».  Il a déploré ce « jeu sale » des États-Unis auquel le Conseil est ainsi mêlé.  Il a estimé que le thème de la réunion n’est pas la situation au Venezuela, puisque le Conseil est divisé sur la question.  Il a aussi rappelé que les auteurs de la Charte des Nations Unies, dont les États-Unis, avaient mis en garde contre la situation actuelle d’ingérence.  Mais « de toute évidence cela fait longtemps que Washington n’a pas ouvert ce document », a—t-il ironisé.

Le représentant a ensuite dénoncé « une réincarnation de la doctrine Monroe » que le Président Trump avait évoquée au cours de son discours à l’Assemblée générale en septembre dernier.  « Le Venezuela a osé mener une politique indépendante qui ne sied pas aux États-Unis », a-t-il dit avant d’affirmer que la réelle politique des États-Unis, celle du « changement de régime », est « le jeu favori des États-Unis », comme cela a été documenté par le passé dans le cas du Nicaragua par exemple.  Il a noté que les États-Unis ne s’intéressent pas seulement à l’Amérique latine, mais également à l’Afrique, à l’Asie et à l’Europe. 

Il a rappelé que le 20 mai 2018, le peuple vénézuélien avait apporté son suffrage au Président Maduro, estimant que Washington avait tout fait pour décrédibiliser le scrutin et ajoutant que les États-Unis avaient lancé leur plan de renversement du pouvoir.  La presse américaine, a-t-il argué, a même fait état du rôle actif des membres du Congrès américain dans cette initiative.  Il a aussi accusé les États-Unis d’avoir mis à contribution l’Organisation des États américains (OEA) dans cette tentative, ainsi que les pays voisins du Venezuela.  Notant également que le Président de l’Assemblée nationale du pays s’est autoproclamé Président par intérim, et que les États-Unis et d’autres pays l’ont immédiatement reconnu, il a estimé que « cela laisse croire qu’ils ont pris une part active à cette entreprise ».  Selon la Fédération de Russie, le Président du Venezuela a toujours l’appui des masses, tandis que l’Assemblée nationale a perdu le soutien de 70% de la population. 

« En appuyant le Venezuela, nous soutenons les normes du droit international », a déclaré le délégué.  Il a relevé que les représentants américains évoquent l’utilisation éventuelle de la force en disant que « toutes les options sont sur la table ».  À M. Pompeo, M. Nebenzia a demandé « si les États-Unis étaient prêts à utiliser la force contre un État souverain, et à violer ainsi la Charte ».  Pour lui, le droit international désigne de telles actions comme une violation de la Charte.  S’adressant ensuite aux « partenaires américains en Amérique latine », il a dit qu’appuyer de telles actions c’est courir le risque de voir que demain, ce sera leur tour.

Pour gérer la crise, la Fédération de Russie propose un dialogue interne et la réconciliation nationale, avec un rôle accru des voisins du Venezuela.  Enfin, le représentant a indiqué au Secrétaire d’État américain que son pays n’a pas bloqué une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité, mais a plutôt fait des amendements constructifs.  Il a aussi demandé que certains États « modèrent leurs propos et arrêtent de donner des ultimatums au Venezuela ».

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a affirmé que l’Assemblée nationale du Venezuela est la seule « institution démocratiquement élue et crédible du pays ».  « Maduro a montré que les élections peuvent se tenir sans démocratie », a-t-il observé.  Il a appuyé l’appel du Président de l’Assemblée nationale, M. Juan Guaidó, pour la tenue de nouvelles élections.  Si elles ne se tiennent pas dans huit jours, nous reconnaîtrons ce dernier comme Président du pays, a-t-il déclaré.  Il a appelé à la protection du droit fondamental à la liberté d’expression, en particulier le droit à tenir des manifestations pacifiques, avant de plaider pour une solution politique.  Enfin, le délégué de l’Allemagne a évoqué la situation désastreuse dans le pays, où des médicaments coûtent un mois de salaire et où manifester peut entraîner la prison.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a indiqué que la crise au Venezuela est une menace à la paix.  L’Assemblée nationale du Venezuela est la seule institution démocratiquement élue et crédible du pays, a-t-elle dit, en reconnaissant ses prérogatives.  Elle a insisté sur les aspirations démocratiques du peuple vénézuélien, reconnu M. Juan Guaidó comme la voix légitime du pays et appelé à la tenue de nouvelles élections dans les jours à venir.  Si cela n’est pas le cas, alors la Pologne prendra des dispositions s’agissant de la reconnaissance des dirigeants du pays.  « Le peuple du Venezuela réclame la démocratie et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille », a-t-elle conclu.

M. ZHAOXU MA (Chine) a souhaité qu’une solution soit trouvée à la crise au Venezuela dans la paix et le dialogue, appelant tous les pays à respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies, dont la non-ingérence dans les affaires internes.  La Chine défend toujours ce dernier principe et note que la situation au Venezuela n’est pas une menace à la paix et la sécurité internationales.  La délégation ne souhaite pas que cette question soit inscrite au programme de travail du Conseil.  La Chine, a ajouté le représentant, espère que la communauté internationale pourra créer des conditions favorables à la résolution de la crise. 

Le représentant a ensuite noté que les États-Unis avaient accusé la Chine dans leur discours.  Répondant à cette interpellation, il a indiqué que la Chine ne s’ingère pas dans les affaires internes d’autres pays.  Il a dit espérer que ces pays qui en accusent d’autres pourraient en dire autant.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), qui s’est abstenu lors du vote de l’ordre du jour de cette réunion du Conseil, a estimé qu’il aurait fallu l’inscrire au point de l’ordre du jour intitulé « Coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le maintien de la paix et la sécurité internationales ».  Il a réaffirmé l’importance du respect des principes de non-ingérence, de souveraineté et d’intégrité territoriale de tous les pays, y compris du Venezuela.  Dans le même temps, l’Indonésie reconnaît la gravité de la situation humanitaire au Venezuela, avec pour preuve les plus de trois millions de Vénézuéliens qui ont cherché refuge dans d’autres pays de la région.  « Il faut s’occuper de cette situation. »

Pour l’Indonésie, la réunion d’aujourd’hui du Conseil devrait cependant avoir pour principale priorité d’exhorter les parties à faire preuve de retenue et d’éviter l’escalade des tensions.  Le Conseil devrait encourager la promotion d’une solution politique dans laquelle toutes les parties prenantes participeraient à un dialogue national à travers un processus démocratique crédible et transparent.  Le moment est venu pour le Conseil de jouer son rôle pivotal qui consiste à rapprocher les vues différentes, a-t-il conclu.

Lorsque trois millions de personnes fuient leur pays à cause de l’effondrement économique et politique, la menace pour la stabilité de la région devient évidente, a déclaré d’emblée M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique).  Pour la Belgique, le mandat du Conseil de sécurité inclut clairement de traiter la situation au Venezuela, qui constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a appelé les membres du Conseil à travailler ensemble pour promouvoir une sortie pacifique aux évènements récents, saluant au passage la solidarité et la générosité des pays de la région qui accueillent des Vénézuéliens.  Il a appelé à la retenue et la désescalade, ainsi qu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel et au lancement d’un processus de réconciliation.  Il a également invité la communauté internationale à écouter les Vénézuéliens et insisté sur le respect des droits fondamentaux de ces derniers.

L'élection présidentielle de mai dernier au Venezuela n’était « ni libre, ni équitable, ni crédible » privant ainsi le Gouvernement de Nicolas Maduro de sa légitimité démocratique, a affirmé M. Pecsteen de Buytswerve.  « Le Venezuela a besoin de toute urgence d’un gouvernement qui représente véritablement la volonté du peuple et entame un processus de réconciliation. »  La Belgique reconnaît et soutient pleinement l’Assemblée nationale en tant qu’institution élue démocratiquement et demande instamment que ses pouvoirs soient restaurés et respectés, a-t-il ajouté.  « Elle appelle en outre à garantir les droits civils, la liberté et la sécurité de tous les membres de l’Assemblée nationale, y compris son Président, Juan Guaidó, en respectant l’immunité garantie par la Constitution. »

Avec l’Union européenne, la Belgique appelle à la tenue urgente d’élections présidentielles libres, crédibles et transparentes dans le plein respect de la Constitution et la conformité avec les normes démocratiques.  En l’absence d’une annonce sur l’organisation de nouvelles élections avec les garanties nécessaires au cours des huit prochains jours, la Belgique et les autres membres de l’Union européenne prendront des mesures supplémentaires, notamment la reconnaissance du rôle constitutionnel, selon l’article 233, du Président de l’Assemblée nationale, Juan Guaidó.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a appelé, au regard de la gravité de la situation, à mobiliser les efforts de la communauté internationale, en mettant en œuvre tous les mécanismes prévus par la Charte des Nations Unies, en vue du règlement pacifique de cette crise et d’atténuer la souffrance des populations vénézuéliennes.  Il a exhorté toutes les parties prenantes au Venezuela à la retenue et à s’inscrire résolument dans la voie du dialogue.  Il a appelé à utiliser tous les moyens légaux et pacifiques afin de trouver des solutions idoines au conflit politique entré dans une « phase critique » ces derniers jours.

L’ONU doit jouer un rôle de premier plan en appuyant les efforts de la sous-région, dans le cadre de la diplomatie préventive, a souhaité M. Ipo.  Seule la voie du dialogue dans un esprit de compromis permet de régler durablement tous les différends, a-t-il rappelé.  Aussi a-t-il engagé à nouveau tous les acteurs du conflit vénézuélien à surmonter leurs divergences et à s’engager dans des négociations franches de sortie de crise.

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO (Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine), a dit que son pays avait accueilli un dialogue intervénézuélien, mais précisé que cette initiative avait échoué faute de volonté politique des deux parties.  Il a aussi rappelé que la dernière réunion de l’Organisation des États américains avait insisté sur le dialogue inclusif pour une réconciliation nationale et la reprise du processus électoral qui doit être crédible et transparent.  Il a demandé l’appui de la communauté internationale à cet effet et a déploré que cette crise menace désormais la stabilité de la région.  Pour la République dominicaine, de nouvelles élections doivent être organisées au plus vite au Venezuela.  De même, a-t-il ajouté, sur le plan humanitaire, il faut garantir l’approvisionnent du pays en médicaments. 

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour réagir à la déclaration de l’Allemagne qui a « longuement cité la Fédération de Russie dans son discours ».  Bien que la diplomatie préventive soit importante, a-t-il dit, on ne peut régler une crise par des ultimatums.  Il a ainsi dénoncé le délai de « huit jours » que ce pays et d’autres ont donné au Venezuela pour l’organisation de nouvelles élections.  C’est une violation de la souveraineté du pays, a-t-il estimé, en déplorant aussi que le pouvoir légitime soit invité à reconnaître le pouvoir de l’opposition.  « Que penseriez-vous si la Fédération de Russie demandait que la question des gilets jaunes de France soit inscrite au programme de travail du Conseil de sécurité? ».  Le délégué russe a ironisé en rassurant la représentante de la France que son pays n’entendait pas engager une telle initiative.  Il a appelé enfin à respecter les autorités légitimes du Venezuela et a demandé de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures de pays tiers, et à ne pas non plus imposer des solutions venant de l’extérieur.

M. HEUSGEN (Allemagne) a repris la parole pour marquer sa surprise de voir que son collègue russe n’avait pas évoqué la violation des droits de l’homme et la crise humanitaire au Venezuela dans sa reprise de parole.

M. JORGE ARREAZA, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a fustigé l’ingérence extérieure « grossière » des États-Unis au Venezuela.  Ce pays n’est pas derrière le coup d’État au Venezuela mais « aux avant-postes de ce coup d’État », a-t-il précisé.  Les autorités américaines ont donné le feu vert à ce coup d’État, a-t-il affirmé, en fustigeant également les pays satellites des États-Unis en Amérique latine.  Brandissant tour à tour la Constitution de son pays et la Charte des Nations Unies, il a demandé « quels sont les fondements juridiques de l’autoproclamation en tant que Président à laquelle cette personne s’est livrée au Venezuela? »

Il a rappelé la menace du Président des États-Unis, M. Donald Trump, de recourir à la force militaire contre le Venezuela, alors que « mon pays a respecté sa Constitution et la Charte ».  Il a ensuite égrené la longue liste des interventions américaines en Amérique latine et dans les Caraïbes au fil des ans, avant de montrer les tweets des autorités américaines, qui espéraient selon lui un soulèvement militaire.  Mais elles ont échoué, a-t-il déclaré.  Il a notamment évoqué « le tweet dans lequel M. Trump reconnaissait ce député comme Président », y voyant là le signe clair d’un coup d’État que ce Conseil aurait dû condamner.  Il s’agit là d’une tentative des plus grossières, a déclaré M. Arreaza.

« Mais l’Europe?  L’Europe? », a-t-il ensuite martelé.  « Comment l’Europe peut-elle nous adresser un ultimatum d’organiser de nouvelles élections d’ici à huit jours?  D’où l’Europe tient-elle une telle autorité? »  Le Ministre a jugé tout cela « infantile ».  « M. Macron, a-t-il suggéré, devrait se préoccuper des manifestations du peuple ouvrier français par le biais du mouvement des gilets jaunes plutôt que du Venezuela ».

Le Ministre a assuré qu’il n’y avait pas eu de fraude électorale au Venezuela, avant de fustiger le « grand retour de la doctrine Monroe », ainsi que les sanctions, en particulier bancaires, qui frappent son pays.  « Certains membres veulent ériger un mur idéologique autour du Venezuela. »  Il a imputé à ces sanctions la gravité de la situation économique et les migrations qui se déroulent actuellement.  « Une guerre est livrée contre le Venezuela. »

Le Ministre a demandé: « qui a vraiment assassiné les personnes qui ont trouvé la mort dans les manifestations? ».  Il n’y a pas eu d’effusion de sang à Caracas, a-t-il déclaré.  « Vous n’arriverez pas à fomenter une guerre civile au Venezuela.  Et non, le Venezuela ne deviendra pas le trophée de guerre de Trump », a tonné M. Arreaza.  « Nous nous battrons pour défendre notre souveraineté. »  Il a ironisé sur le fait que personne ne connaît M. Guaidó, le Président du Paraguay n’arrivant même pas à prononcer correctement son nom.  Il a ensuite fait lecture d’un passage de la Constitution de son pays sur la transition du pouvoir, en critiquant cette imposition dangereuse de la force sur le droit.  « Personne ne nous imposera un ordre ou une décision, car ce Monsieur Guaidó s’est autoproclamé. »

M. ELLIOT ABRAMS (États-Unis) a repris la parole après l’intervention du Ministre vénézuélien pour dénoncer « un discours de haine marqué par des insultes » à l’endroit d’États qui sont présentés comme des « pays satellites ».  Pour lui, c’est le Venezuela qui est devenu un satellite de Cuba et de la Fédération de Russie.  Le représentant américain a assuré que son pays continuerait à défendre la démocratie.  

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a de nouveau pris la parole pour préciser que son pays n’a pas de « satellite », contrairement aux États-Unis.  Il a dit au délégué américain que la Fédération de Russie respecte la souveraineté des pays lors des débats au Conseil de sécurité, ce que les États-Unis ne font pas, a-t-il estimé, puisqu’ils utilisent leurs « satellites » pour préserver leurs intérêts.  Pour lui, un pays habitué à de telles pratiques n’a pas le droit de faire usage du terme « satellite ».

Le Ministre des affaires étrangères du Venezuela a repris la parole pour souligner que c’est bien son pays qui reçoit des insultes quotidiennes de la part des États-Unis.  Il a dit que le Président Maduro avait réitéré sa volonté d’établir un dialogue avec le Président Trump.  Or, a-t-il regretté, le Venezuela n’a reçu en retour qu’insultes, sanctions et menaces, « et maintenant, ce coup d’État ».

M. CARLOS HOLMES TRUJILLO GARCÍA, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a salué le processus qui vise à « mettre fin à l’usurpation, la transition et le rétablissement de l’ordre constitutionnel qui se déroule dans notre pays frère », avec le leadership du « président en charge Juan Guaidó », et de l’Assemblée nationale, avec la participation des forces politiques démocratiques et la mobilisation citoyenne éloquente.  La Colombie veut, en parlant aujourd’hui au Conseil de sécurité, accompagner la juste voix du peuple vénézuélien et exprimer son ferme appui au « président en charge du Venezuela », M. Juan Guaidó, et aux compétences législatives de l’Assemblée nationale élue le 6 décembre 2015.

La Colombie entend aussi assumer son devoir en tant que membre de l’Organisation des États américains qui obligent ses membres à agir, dans le cadre légal prévu, en cas d’interruption irrégulière de la démocratie, comme ce fut le cas au Venezuela au démarrage du processus électoral de mai 2018.  De même, dans le cadre du Groupe de Lima, la Colombie appuie la création de conditions qui permettent au peuple vénézuélien de vivre dans la démocratie et la liberté.  La dictature au Venezuela est une menace à la paix et la sécurité et à la stabilité de la région, outre le fait qu’elle est contraire à la légalité internationale, a ajouté le Ministre.

« La Colombie, en tant que pays voisin, en connaît les conséquences et en souffre. »  Le Ministre a dit que « cette tyrannie » s’empare des propriétés des entrepreneurs colombiens qui ont investi légitimement, et entraîne les niveaux les plus bas d’échanges commerciaux qui étaient auparavant bénéfiques pour les deux pays.  Il a aussi dénoncé les conséquences des abus de la dictature sur les plans économique, politique et social, en prenant pour preuve l’exode de 3,5 millions de personnes, dont plus d’un million a été accueilli par la Colombie malgré ses ressources limitées.  « La Colombie continuera de participer à une réponse régionale pour gérer cette crise migratoire. »

Le Ministre a apprécié que, grâce aux décisions prises par le « président en charge » Juan Guaidó, l’aide nécessaire peut être fournie à ceux qui en ont besoin.  Il a pointé le devoir moral et politique de la communauté internationale de se mobiliser diplomatiquement et politiquement pour appuyer les efforts d’un peuple qui réclame la liberté et la prospérité.  Il a demandé un appui pour l’entrée au Venezuela de l’aide humanitaire, ainsi que pour le soutien aux mesures de protection des actifs confisqués à la dictature et à la corruption.  La Colombie demande aussi un appui politique international à la mobilisation du peuple et à un processus électoral transparent et sûr.

M. PAUL OQUIST KELLY, Ministre et Secrétaire personnel du Président du Nicaragua, a estimé que le Venezuela ne représente pas une menace à la paix et la sécurité internationales, avant de demander que les décisions souveraines du peuple vénézuélien soient respectées.  Il a rappelé que l’ancien Président américain Jimmy Carter avait qualifié le système électoral vénézuélien de « meilleur au monde ». 

Pour le Nicaragua, la demande de tenir cette réunion est une interférence claire dans les affaires internes des États, en violation des principes et buts de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Il a accusé les États-Unis de vouloir faire un coup d’État contre le Président Maduro, dénonçant des tentatives de détruire les acquis sociaux au Venezuela dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’habitat, de la réduction de la pauvreté et de la famine.  Des efforts qui ont été menés par le « Commandant éternel » Hugo Chavez.  Il a conclu en disant qu’en ce moment, « le Venezuela est l’Amérique latine et les Caraïbes ».  Le Venezuela symbolise aussi le monde entier, a-t-il ajouté.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a fustigé toute intervention dans les affaires intérieures d’un pays, ainsi que la « doctrine Monroe » qui est de nouveau prônée par l’Administration des États-Unis.  Pour elle, « la région ressemble à une zone sèche que la moindre étincelle pourrait embraser ».  La représentante a rappelé la tentative d’imposer un gouvernement à la solde des États-Unis au Venezuela et souligné la légitimité constitutionnelle du Président Maduro.  La souveraineté du peuple vénézuélien l’emportera contre l’impérialisme, a, en conclusion, martelé la déléguée de Cuba.

M. GARETH BYNOE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a réaffirmé l’importance du respect des principes fondamentaux de la non-ingérence dans les affaires internes de toute nation souveraine, de la souveraineté et de l’état de droit ainsi que des droits de l’homme et de la démocratie.  Conscient de la complexité de la crise vénézuélienne, il a appelé à un dialogue significatif entre tous les acteurs du pays en vue d’une désescalade des tensions. 

Dans le contexte imprévisible actuel, la délégation exhorte à catégoriquement rejeter toute tentative d’évincer des leaders démocratiquement élus par des impositions, des interventions et l’ingérence.  L’histoire de l’Amérique latine et des Caraïbes ne connaît que trop bien l’imposition des « puissants » contre les « gentils », a regretté le représentant en évoquant les interventions militaires par le passé et les gouvernements dictatoriaux qui en ont résulté.

« Ne perdons pas de vue la forêt au nom des arbres et faisons en sorte que l’Amérique latine et les Caraïbes restent une zone de paix », a demandé le représentant.  Il a regretté la convocation de la réunion d’aujourd’hui, parce qu’elle émerge dans « le contexte d'une ironie sans ambiguïté »: Nicolas Maduro a été élu en bonne et due forme le 18 mai 2018 et son investiture a eu lieu le 10 janvier 2019.  Il s’est indigné de voir une véritable « croisade » contre ce Président légalement et légitimement élu, orchestrée par l’OEA qui cherche selon lui à imposer, de l’extérieur et de manière unilatérale, un gouvernement présidentiel parallèle non élu et à déstabiliser l’état de droit au Venezuela.

À ses yeux, l’OEA a actuellement abdiqué de son rôle d’arbitre et a renoncé à son leadership dans l’hémisphère pour désamorcer la situation au Venezuela.  Mais, fort heureusement, un grand nombre de ses membres n’ont pas renoncé à la possibilité d’un dialogue ni abandonné les principes directeurs de l’OEA et de la Charte des Nations Unies, a-t-il constaté.  En effet, le Mexique et l’Uruguay ont indiqué leur volonté d’assumer les fonctions de médiateurs dans cette crise politique, alors que des groupes régionaux comme la CARICOM et l’Union européenne ont offert leurs bons offices pour faciliter un dialogue entre toutes les parties.  Saint-Vincent-et-les Grenadines appuie ces initiatives responsables, a précisé le représentant.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a rejeté la revendication du pouvoir par le « régime illégitime de Nicolas Maduro », affirmant que l’élection présidentielle de mai 2018 était frauduleuse.  Le Canada soutient l’Assemblée nationale vénézuélienne qui a été démocratiquement élue, et réitère son plein soutien à « Juan Guaidó, son Président, en tant que Président par intérim du Venezuela ».

« Alors que la communauté internationale forme un front commun et dénonce la dictature de Nicolas Maduro, il ne faut pas perdre de vue l’état critique dans lequel se trouvent des millions de Vénézuéliens qui souffrent de la crise économique et politique et n’arrivent plus à satisfaire leurs besoins les plus basiques », a rappelé le représentant.  Si Nicolas Maduro est sourd aux appels du Groupe de Lima et de la communauté internationale, peut-être alors entendra-t-il les trois millions et plus de Vénézuéliens qui ont fui leur patrie à la recherche d’une vie meilleure, a-t-il remarqué en soulignant qu’il s’agit du plus important exode de l’histoire moderne de la région, avec une estimation de 5,3 millions de réfugiés et migrants du Venezuela d’ici à la fin 2019 si la situation persiste.

Face à cette crise, la communauté internationale doit faire preuve de solidarité avec l’Assemblée nationale qui a été démocratiquement élue, et avec « le Président par intérim, Juan Guaidó », ainsi qu’avec le peuple vénézuélien dans sa recherche d’une solution pacifique à la situation.  C’est dans cet esprit que la Canada a pris des mesures concrètes comme des sanctions ciblées visant 70 officiels du régime, et, à l’instar de l’Argentine, du Chili, de la Colombie, du Paraguay et du Pérou, a saisi la Cour pénale internationale de la situation.  De plus, le Canada va accueillir la prochaine réunion du Groupe de Lima qui aura lieu à Ottawa.

« Il est temps pour les pays qui continuent de soutenir politiquement et matériellement le régime illégitime de Maduro de réfléchir à la façon dont l’histoire jugera leurs actions », a mis en garde le représentant, qui a réaffirmé le soutien sans réserve du Canada aux Vénézuéliens ainsi que son attachement aux principes universels de la démocratie, de l’état de droits et des droits de l’homme.

La situation au Venezuela n’est pas une menace à la paix, a déclaré M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), jugeant par conséquent qu’elle n’a pas à être inscrite à l’ordre du jour du Conseil.  Il a fustigé l’interventionnisme des États-Unis, ainsi que l’illégalité des sanctions unilatérales prises contre le Venezuela.  Il a rappelé les conséquences négatives des interventions passées des États-Unis comme en Libye ou en Iraq.  La Charte des Nations Unies doit être respectée intégralement, a-t-il demandé.  « Si nous pouvons avoir des divergences idéologiques, en revanche des divergences d’interprétation du droit international sont inacceptables », a conclu le délégué.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a dit son attachement au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Il a déploré l’effondrement de l’état de droit au Venezuela, sans manquer de dénoncer « un processus électoral illégitime qui n’a pas vu la participation de tous les acteurs politiques ».  Il a rappelé que son pays fut le premier à rompre ses relations avec le Venezuela le 10 janvier dernier.  Le Paraguay est aussi l’un des six États ayant demandé au Procureur de la CPI d’ouvrir une enquête sur les crimes commis au Venezuela, a-t-il ajouté.  Le représentant a dit que le Paraguay reconnaît le Président Guaidó, espérant que ce dernier lancera le processus électoral, en y associant toutes les parties.  Il a terminé en exhortant le « régime du Président Maduro » à éviter de faire usage de la violence.

Faisant part de ses préoccupations face à la dégradation de la situation au Venezuela, Mme KITTY SWEEB (Suriname) a néanmoins réaffirmé l’attachement du Suriname aux principes universels du droit international et de sa propre Constitution, à commencer par la non-ingérence et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays.  Par conséquent, le Gouvernement du Suriname rejette toute agression armée et toute forme de pression politique et économique, ainsi que toute ingérence directe ou indirecte dans les affaires internes d’autres pays.

C’est la raison pour laquelle, le Suriname ne saurait reconnaître un gouvernement qui n’a pas été élu par un processus démocratique et des procédures conformes aux constitutions respectives, a expliqué la représentante, avant de reconnaître Nicolas Maduro en tant que Président démocratiquement élu du Venezuela.  S’agissant du conflit interne que vit le pays en ce moment, le Suriname appelle à un dialogue sincère pour trouver une solution pacifique et durable à cette crise.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que son pays n’avait pas reconnu la légitimité du régime de M. Nicolas Maduro et avait reconnu M. Guaidó comme Président par intérim du pays.  Seize pays de l’Organisation des États américains ont d’ailleurs reconnu M. Guaidó comme Président par intérim du pays, a-t-il fait remarquer.  Il a appelé de ses vœux une transition politique débouchant sur la tenue d’élections dans les plus brefs délais.  Il a fustigé la répression perpétrée par le « régime Maduro » et rappelé la demande faite à la Cour pénale internationale (CPI) afin qu’elle enquête sur les évènements au Venezuela.  « Le Conseil ne peut rester indifférent », a conclu le représentant de l’Argentine.

M. JUAN JOSÉ IGNACIO GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a dit souscrire à l’approche du Secrétaire général de l’ONU qui appelle tous les acteurs politiques au Venezuela au dialogue, tout en condamnant tout type de violence.  Le Mexique lance un appel pour trouver une issue pacifique à la crise.  Le représentant a souhaité que le peuple vénézuélien puisse prendre son destin en main, sans ingérence extérieure.  Les Gouvernements du Mexique et de l’Uruguay ont proposé un nouveau processus de négociations crédible, a-t-il noté, avant d’insister sur l’importance de la stabilité, du bien-être et de la paix au Venezuela.

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a dit soutenir l’initiative du Parlement vénézuélien et reconnaître comme Président M. Guaidó.  Il a rappelé l’autorité constitutionnelle de l’Assemblée nationale démocratiquement élue au Venezuela.  Le représentant de l’Équateur a donc demandé le gel des avoirs des autorités vénézuéliennes, avant de rappeler que son pays accueille plus de 200 000 Vénézuéliens.  Il a plaidé pour que le nouveau Président vénézuélien convoque au plus vite des élections afin d’inaugurer ainsi une nouvelle ère de prospérité pour le pays.  Il a conclu en disant que l’on ne peut rien imposer au peuple par la torture et les assassinats.

Mme ELIZABETH THOMPSON (Barbade), qui s’exprimait au nom des présidents des pays membres de la CARICOM, a repris la déclaration qu’ils ont faites le 24 janvier dans laquelle ils font part de leur profonde préoccupation par rapport au sort des Vénézuéliens et la volatilité croissante de la situation dans le pays qui pourrait conduire à plus de violences, de confrontations et de souffrances.  Ils ont également réaffirmé les principes de la non-ingérence dans les affaires internes d’un pays, ainsi que leur adhésion à l’état de droit et au respect des droits de l’homme et de la démocratie.  Pour les membres de la CARICOM, la sortie de crise au Venezuela passe par un dialogue sincère et la diplomatie.  Ils ont d’ailleurs offert leurs bons offices pour faciliter un tel dialogue entre toutes les parties.

Dans la déclaration précitée, les membres de la CARICOM appellent aussi la communauté internationale à renoncer à l’usage de la force et de la menace, et soulignent l’importance qu’ils attachent à ce que les Caraïbes restent une zone de paix.  Ainsi ils exhortent tous les acteurs, internes et externes, à éviter toute action qui pourrait conduire à l’escalade des tensions dans une situation qui est déjà explosive, redoutant les conséquences négatives de grande portée que cela pourrait avoir pour toute la région.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) indiqué que la défense de la démocratie est au cœur de la politique étrangère de son pays.  Le Chili, a-t-il indiqué, n’a pas reconnu la légitimité de l’élection de l’année dernière au Venezuela, qui a vu M. Nicolas Maduro entamer un nouveau mandat.  Il a appuyé M. Guaidó, qui s’est proclamé Président par intérim du pays.  Le délégué a condamné la répression dans le pays et appelé au rétablissement des valeurs démocratiques.  Il a plaidé pour une action internationale forte visant à la reconnaissance du Président par intérim Guaidó et à la tenue d’élection.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a rappelé que, quelques minutes après l’annonce de M. Guaidó, le Brésil et de nombreux autres pays attachés au respect de l’état de droit, à la légitimité et à la transition démocratique, l’avaient immédiatement reconnu comme Président par intérim du Venezuela.  C’est le résultat d’un très long processus d’un dialogue et d’une action diplomatiques pour aider le Venezuela et son peuple, a-t-il dit.  Il a estimé que la situation au Venezuela peut poser des risques réels et immédiats pour la paix et la sécurité en Amérique latine et dans les Caraïbes, ce qui exige des efforts collectifs et des actions urgentes.  Le représentant a souligné notamment que le peuple vénézuélien est « réprimé par une police brutale et corrompue ».

Le Gouvernement brésilien et les pays du Groupe de Lima ont reconnu l’Assemblée nationale vénézuélienne, légitimement élue le 3 décembre 2015, comme le seul parti démocratiquement élu au Venezuela, a-t-il rappelé avant de se dire favorable au dialogue avec le président par intérim et avec l’opposition démocratique au Venezuela.  En revanche, le Brésil est fermement opposé à tout type de dialogue avec Nicolas Maduro et « ses complices », a-t-il précisé.

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a souligné que la question du Venezuela n’est pas inscrite au programme du Conseil de sécurité et que ce n’est donc pas le lieu de discuter de cette question.  L’Uruguay estime que la pire solution pour le peuple vénézuélien est d’aggraver son isolement international.  C’est pourquoi le Gouvernement uruguayen, avec celui du Mexique, a invité tous les acteurs politiques à renouer le dialogue, dans le cadre d’un processus ouvert.

Il n’y aura pas de paix au Venezuela sans un accord politique, a-t-il argué, en disant que le dialogue n’est pas une succession de monologues.  L’Uruguay exhorte donc toutes les parties à suivre cette voie, dans le respect du droit.  Il n’a pas manqué de saluer la réaction des sociétés de la région qui ont ouvert leurs portes aux réfugiés vénézuéliens, promettant que son pays n’appuierait jamais une intervention armée dans un pays tiers.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a indiqué que son pays ne reconnaît pas la légitimé du Gouvernement qui a pris ses fonctions le 10 janvier dernier au Venezuela.  Il s’est dit favorable à des mesures de transition au Venezuela en vue de la tenue d’élection.  Il a plaidé pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel, en avertissant que toute solution à la crise doit émaner de la population.  Le délégué a enfin condamné toute violence.

Mme LOREEN RUTH BANNIS-ROBERTS (Dominique) a réaffirmé l’attachement de son pays au principe de non-ingérence dans les affaires internes de tout État souverain.  Il estimé que l’élection présidentielle du 20 mai 2018 au Venezuela avait reconduit le Président Maduro au pouvoir, assurant que son pays respecte pleinement la volonté du peuple de toute nation souveraine telle qu’exprimée dans le cadre d’un processus électoral.  Par conséquent, le représentant s’est dit préoccupé par les marques de soutien à un gouvernement de transition au Venezuela et les déclarations relatives à « l’illégitimité du Gouvernement Maduro ».  « La reconnaissance d’un gouvernement autoproclamé en dehors d’un processus électoral est une répudiation claire de la volonté du peuple », s’est-il indigné, ajoutant qu’il ne peut y avoir de « gouvernement parallèle » au Venezuela.  La Dominique estime que toute sortie de crise pacifique au Venezuela passe par un dialogue entre les parties, et elle propose ses bons offices à cet égard.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a jugé « triste » que le Conseil de sécurité soit réuni aujourd’hui pour discuter d’une question en rapport avec l’Amérique latine.  Il a souhaité que les problèmes du Venezuela soient réglés par la voie du dialogue.  Il a rappelé que son gouvernement appuie l’initiative diplomatique des pays qui sont engagés dans le règlement pacifique de la crise au Venezuela.

Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a remarqué que le Président de l’Assemblée nationale, M. Juan Guaidó, a pris les fonctions de Président par intérim du pays, dans un contexte marqué par des manifestations d’une ampleur « monumentale ».  Elle a affiché sa confiance envers le Venezuela pour que le pays entame un processus conduisant à la tenue d’élections justes et crédibles.  La déléguée a enfin invité le Conseil à se saisir résolument de la situation au Venezuela, laquelle a des répercussions dans toute la région.

Pour M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda), la promesse d’une zone de paix en Amérique latine et aux Caraïbes ne doit pas s’effondrer.  Ainsi, le représentant s’est-il insurgé contre des velléités d’imposer la paix dans des pays tiers, rappelant que ce genre d’interventions externes avait entraîné par le passé le chaos dans de nombreuses sociétés.  La Charte des Nations Unies rejette l’usage de la force, a-t-il souligné en expliquant que son pays rejette toute tentative, de toute instance politique nationale, de prendre le pouvoir par des moyens autres que les processus constitutionnels.  Il a insisté sur le fait que le Gouvernement vénézuélien doit poursuivre son travail, dans le cadre du mandat qui lui a été confié.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a reconnu la légitimité du Président de l’Assemblée nationale au Venezuela, M. Juan Guaidó, en tant que Président par intérim du pays.  Elle a condamné les actes de violence commis dans le pays, avant de noter l’acuité de la crise migratoire qui a découlé de la crise politique et économique au Venezuela.  Enfin, la déléguée du Panama a appelé tous les acteurs politiques à s’engager dans la voie du dialogue.

Mme RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a repris la parole pour réagir au discours des États-Unis.  Elle a demandé si cette dernière délégation pourrait démentir le fait que c’est bien le Gouvernement américain qui a voulu imposer un président inconnu au Venezuela.  Elle a aussi affirmé que c’est le Gouvernement des États-Unis qui a entravé la signature d’un accord entre les parties vénézuéliennes en République dominicaine.  Elle a affirmé que Cuba apporte son soutien aux peuples de la région, y compris au Venezuela, avant de rappeler que ce dernier est un État libre qui ne peut être le satellite de quiconque.  La grande menace à la paix et la sécurité en Amérique latine vient des États-Unis, a-t-elle souligné, en dénonçant le retour de la doctrine Monroe. 

Le Ministre des affaires étrangères du Venezuela a repris la parole pour dénoncer le fait que, selon le Président Trump, la doctrine Monroe est de nouveau en vigueur.  Selon cette doctrine, notre Amérique est l’arrière-cour des États-Unis, a–t-il dit, en demandant que le Conseil condamne ladite doctrine.  « La révolution bolivarienne du Président Maduro sera toujours à la disposition du peuple colombien pour régler le conflit armé dans ce pays, le seul sur notre continent », a-t-il déclaré à son homologue colombien, et ce, « malgré les insultes proférées par la Colombie contre son pays ».  Enfin, il a dénoncé la « persécution » de son pays par les États-Unis et exhorté les États Membres à ne pas reconnaître « un gouvernement anticonstitutionnel » au Venezuela.  « Le Venezuela est en paix. »

M. TRUJILLO GARCÍA (Colombie) a repris la parole pour rappeler que son pays entend poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de paix signé avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), et respecter ses obligations internationales en matière de lutte contre le terrorisme.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a de nouveau pris la parole et ironisé sur les propos du Secrétaire d’État Pompeo qui a affirmé que peu de pays soutiennent le Président Maduro.  Il a dit que le débat de ce jour prouvait le contraire, puisque la majorité des délégations s’est prononcée en faveur du Gouvernement vénézuélien légitime et contre l’ingérence extérieure du Gouvernement américain et leurs alliés.  « Pourquoi avoir donc convoqué cette réunion? »  Le représentant s’est félicité de la tenue de cette séance qui fut « une bonne occasion pour faire voir aux Américains ce que pense la communauté internationale de la crise au Venezuela ».  Il a dénombré 11 pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui se sont prononcés aujourd’hui en soutien au Gouvernement Maduro, surtout des pays des Caraïbes, et 10 qui avaient un avis opposé.  Il a de nouveau dénoncé cet ultimatum de huit jours lancé par certaines délégations.  « Est-ce un chiffre magique? » s’est-il enquis en se demandant pourquoi pas 7 ou 30 jours.  Il a enfin remercié le Mexique d’avoir offert ses bons offices pour une sortie de crise.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Plaidoyer pour un rôle renforcé du Conseil de sécurité et de l’ONU dans la prévention des conflits liés aux catastrophes climatiques

8451e séance – matin
CS/13677

Plaidoyer pour un rôle renforcé du Conseil de sécurité et de l’ONU dans la prévention des conflits liés aux catastrophes climatiques

Une grande majorité de délégations, parmi plus de 80 qui ont pris la parole aujourd’hui, y compris une vingtaine de ministres, a plaidé pour un rôle renforcé du Conseil de sécurité pour la prévention des conflits liés aux catastrophes naturelles, y compris celles découlant des changements climatiques que le Canada a désigné comme « l’un des plus grands défis sécuritaires du XXIe siècle », qui menacent la vie et les moyens de subsistance de gens à travers le monde.

 De nombreux intervenants ont aussi demandé que le Conseil arrive à un consensus sur cette problématique afin de l’intégrer officiellement dans son programme de travail, alors que d’autres États ont insisté sur la nécessité d’avoir un représentant spécial pour le climat et la sécurité à l’ONU, pour « se préparer aux implications sécuritaires des changements climatiques ».     

Le premier débat du Conseil sur l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité avait été convoqué en 2007 par le Royaume-Uni et depuis lors, la question a été soulevée à plusieurs reprises lors de débats et de réunions informels du Conseil, avant deux autres débats publics sur la question en 2011 et en juillet dernier.

Pour expliquer la raison d’être du débat de ce jour, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a relevé le lien complexe qui existe entre les risques climatiques et les conflits, même si c’est parfois de manière indirecte comme au Sahel et au Soudan.  Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a déjà reconnu le lien entre changements climatiques et conflits en Afrique, lors de sa réunion du 21 mai 2018, a indiqué cette délégation.

Concrètement, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Achim Steiner, a averti que les changements climatiques provoqueront la migration de plus de 140 millions de personnes d’ici à 2050 en Afrique, en Asie et en Amérique latine, ce qui exacerbera conflits et tensions.  De son côté, le scientifique en chef de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Pavel Kabat, a attiré l’attention sur le dernier Rapport du Forum économique mondial de Davos selon lequel les températures extrêmes, les catastrophes naturelles, les changements climatiques et les crises de l’eau occupent les quatre premières places dans la liste des menaces existentielles qui pèsent sur le monde. 

« Il faut donc agir maintenant, avec un sentiment d’urgence, en s’engageant à placer les personnes au centre des efforts », a lancé Mme DiCarlo.  En plus de mesures déjà prises au niveau régional -en Afrique de l’Ouest et en Asie centrale notamment- et par le biais des missions de maintien de la paix, elle a indiqué que l’ONU entendait renforcer ses capacités d’analyse.  Ainsi, le Département qu’elle dirige, en partenariat avec le PNUD et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), et en collaboration avec des acteurs au sein et hors du système, ont développé un cadre d’évaluation des risques de sécurité liés au climat. 

Le Secrétariat de l’ONU s’attèle également à faire figurer de manière plus évidente les implications sécuritaires des changements climatiques dans les rapports présentés au Conseil de sécurité, notamment pour les bureaux d’Afrique de l’Ouest et du Sahel et d’Afrique centrale.  En plus, l’ONU envisage de renforcer les bases de données probantes pour appuyer l’élaboration de stratégies de prévention et de gestion des risques climatiques sur le terrain.  

Apportant la « voix des jeunes » à ce débat, Mme Lindsay Getschel, qui est assistante de recherche au Stimson Center, a demandé au Conseil d’adopter une résolution qui reconnaisse formellement que les changements climatiques représentent une menace à la paix et la sécurité internationales.  Un vœu partagé par la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui a constaté un « gouffre » entre l’action de l’Assemblée générale, ayant adopté une résolution en ce sens, et celle du Conseil qui se limite à reconnaître ce lien dans des cas spécifiques.

Nauru et Tuvalu, au nom respectivement du Forum des îles du Pacifique et des petits États insulaires en développement du Pacifique, ont demandé la nomination d’un « représentant spécial pour le climat et la sécurité » qui serait notamment chargé d’informer le Secrétaire général et le Conseil des risques climatiques émergents pour la paix et la sécurité internationales.  Cette idée a été soutenue par la Nouvelle-Zélande, l’Irlande et le Canada, ce dernier pays ayant aussi demandé la mise en place d’un centre dédié à cette question au sein du système des Nations Unies, rejoignant le vœu de la Belgique qui a parlé d’un point focal institutionnel, une « clearing house » qui répondrait au besoin urgent de mettre à la disposition du Conseil de sécurité des stratégies adéquates d’analyse et de gestion des risques pour certains pays et régions.

La France n’a pas dit le contraire en précisant que ce qui manque, c’est « une sentinelle garante du message scientifique » capable de cristalliser un consensus sur les liens entre climat et sécurité.  Et le pays souhaite que le Secrétaire général joue ce rôle en présentant chaque année à l’Assemblée générale et au Conseil un rapport sur les risques pour la paix et la sécurité que font peser les impacts des changements climatiques, dans le but d’anticiper et d’élaborer des réponses appropriées.  Les États-Unis encouragent d’ailleurs les membres du Conseil à envisager les moyens de faire jouer un rôle majeur aux missions politiques dans le cadre de l’atténuation des risques de conflit liés aux facteurs climatiques.  La Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie a même voulu que les Casques bleus soient mieux équipés pour leur permettre de « mener des opérations militaires autres que la guerre », notamment des « missions de paix climatiques ».   

Si la majorité des orateurs ont affirmé avec conviction la pertinence de cette thématique pour le Conseil de sécurité, comme les Philippines qui veulent que le Conseil grave les changements climatiques dans « le marbre de ses priorités », certains pays, comme le Brésil, l’Afrique du Sud et la Fédération de Russie, ont déclaré que le Conseil n’est pas le forum approprié pour traiter de la question.  La Russie a même déploré une pratique diluant la répartition des tâches au sein de l’ONU.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Faire face aux conséquences des catastrophes naturelles sur la paix et la sécurité internationales

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a d’emblée prévenu que les risques relatifs aux catastrophes liées au climat ne sont pas le scénario d’un lointain futur.  Ils sont déjà, a-t-elle affirmé, une réalité d’aujourd’hui pour des millions de gens à travers le monde, et cela ne va pas changer.  Elle a rappelé qu’un rapport publié en octobre dernier par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédit davantage de vagues de chaleur et des pluies diluviennes, ainsi que la montée du niveau des mers et des dommages plus conséquents sur l’agriculture. 

Mme DiCarlo a relevé que le lien entre les risques climatiques et les conflits est complexe et se recoupe souvent avec des facteurs politiques, sociaux, économiques et démographiques.  Elle a relevé qu’en l’espace d’un mois, les ouragans Irma, Harvey et Maria avaient conduit au déplacement de près de trois millions de personnes le long de la côte atlantique des Amériques et des Caraïbes.  Et l’impact le plus tragique a été relevé dans les petits États insulaires en développement (PEID) de la région.  En Haïti par exemple, une série de catastrophes liées au climat a frappé le pays depuis le tremblement de terre dévastateur de 2010, ce qui a contribué à l’instabilité et a prolongé la crise humanitaire.

La Secrétaire générale adjointe a souligné que les changements climatiques affectent également la paix et la sécurité de manière indirecte, mais tout aussi sérieusement.  Au Sahel et au Soudan par exemple, les changements climatiques ont accru la compétition pour des terres qui se raréfient, ainsi que pour les forages et les ressources en eau, aggravant les tensions entre éleveurs et agriculteurs.  Dans le bassin du lac Tchad, les changements climatiques contribuent à des cycles de pluies irréguliers, ce qui entrave les moyens de subsistance traditionnels, accentuant l’exclusion socioéconomique et réduisant les coûts de l’adhésion à des groupes armés.

Les déplacements de population du fait des changements climatiques deviennent aussi un problème sérieux, a poursuivi Mme DiCarlo.  Des sécheresses plus longues et plus fréquentes en Somalie ont été un facteur majeur du déplacement de plus de 2,6 millions de personnes, ce qui a aggravé les tensions locales et le trafic des êtres humains, l’exploitation des enfants et le recrutement par des groupes armés.  En Asie du Sud, des recherches récentes ont laissé voir que l’impact négatif des changements climatiques sur les moyens de subsistance est lié à l’augmentation des conflits civils.  Mme DiCarlo a également rappelé que ces derniers mois, le Conseil de sécurité a reconnu que les conséquences négatives des changements climatiques, entre autres facteurs, affectent la stabilité du Mali, de la Somalie, de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, de l’Afrique centrale et du Soudan. 

C’est fort de tout cela que le Secrétaire général de l’ONU a établi une vision large de prévention des conflits.  Il considère comme prioritaire l’amélioration des capacités de l’Organisation à faire face à de larges stress et chocs pouvant exacerber les crises et conduire à des conflits violents.  Par exemple, le Bureau régional des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel travaille étroitement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour analyser les risques de sécurité liés au climat dans la région, afin de développer des stratégies régionales de prévention.  Ces approches régionales sont également mises en œuvre en Asie centrale où la coopération régionale appuie les progrès dans la gestion transfrontière des eaux, avec le soutien du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  En outre, dans plusieurs pays, les missions onusiennes préparent les réponses aux conséquences des changements climatiques.  Ainsi, la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et l’équipe de pays des Nations Unies ont travaillé de concert pour établir une réponse efficace à la sécheresse dans ce pays. 

Dans l’avenir, les Nations Unies entendent renforcer leur capacité d’analyse.  Ainsi, le Département que dirige Mme DiCarlo, de même que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en collaboration avec des acteurs au sein et hors du système, ont développé un cadre d’évaluation des risques afin d’analyser les risques de sécurité en rapport avec le climat.  Le Secrétariat de l’ONU s’attèle également à faire figurer de manière plus évidente les implications sécuritaires des changements climatiques dans les rapports présentés au Conseil de sécurité, notamment pour les bureaux d’Afrique de l’Ouest et du Sahel et d’Afrique centrale.  En plus, l’ONU envisage de renforcer les bases de données probantes pour appuyer l’élaboration de stratégies de prévention et de gestion des risques climatiques sur le terrain.  Mme DiCarlo a invité les États Membres et d’autres parties prenantes à examiner les bonnes pratiques qui vont permettre d’améliorer le travail déjà engagé. 

En outre, l’ONU renforce ses partenariats afin de tirer parti des capacités existantes dans le système des Nations Unies, au sein des États Membres, des organisations régionales, de la société civile et de la communauté des chercheurs.  « Faire face aux implications sécuritaires des changements climatiques est un problème collectif, qui requiert une réponse collective. »  Pour ce faire, Mme DiCarlo a souligné que les actes doivent suivre les paroles.  Les grandes armées et les entreprises ont longtemps souligné le besoin de se préparer aux risques liés aux changements climatiques, identifiant le phénomène comme un « multiplicateur de menace ».  Il faut donc agir maintenant, avec un sentiment d’urgence, en s’engageant à placer les personnes au centre des efforts, a conclu la Secrétaire générale adjointe.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’exprimant par visioconférence depuis Nairobi, a mentionné les deux risques sécuritaires majeurs pour le monde: les changements climatiques et la cybersécurité.  Le dernier rapport du Forum économique mondial mentionne les changements climatiques comme une menace majeure pour l’économie mondiale, a-t-il précisé.  Plus de 140 millions de personnes migreront d’ici 2050 en Afrique, en Asie et en Amérique latine en raison de ces changements climatiques, exacerbant conflits et tensions.  Il a mentionné le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et rappelé que « les plus pauvres parmi les pauvres » paieront le prix fort des conséquences découlant des changements climatiques.

M. Steiner a passé en revue les actions prises pour remédier à cette menace, mentionnant l’exemple du Plan national de l’Iraq élaboré dans le cadre de l’Accord de Paris qui fait un lien explicite entre changements climatiques et sécurité.  « Il est urgent de renforcer la résilience du monde face aux changements climatiques », a plaidé M. Steiner avant de citer les centaines de projets menés dans 140 pays par le PNUD à cette fin.  Aux Maldives, par exemple, l’approvisionnement en eau potable est menacé par la montée du niveau des océans.  En République dominicaine, le PNUD a participé au calcul de la vulnérabilité de certaines zones du pays face aux ouragans.  Enfin, M. Steiner a exhorté à réagir efficacement face à ce risque majeur pesant sur la « sécurité humaine ».

M. PAVEL KABAT, scientifique en chef de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’édition 2019 du Rapport du Forum économique de Davos sur l’évaluation des risques mondiaux.  Le Rapport dit que les températures extrêmes, les catastrophes naturelles, les changements climatiques et les crises de l’eau occupent les quatre premières places dans la liste des menaces existentielles qui pèsent sur le paysage mondial.  Ces risques montrent des connexions importantes avec les autres chocs et impacts à la paix et à la sécurité et au développement durable.  Le Rapport souligne, une nouvelle fois, l’importance cruciale du rôle de l’OMM qui a en son cœur l’alerte rapide. 

Le taux global de concentration des gaz à effet de serre a atteint un niveau jamais vu depuis trois à cinq millions d’années quand la température mondiale était de 2 à 3 C plus chaude et que le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus haut qu’aujourd’hui.  L’OMM, a dit M. Kabat, a publié une étude qui montre que ces quatre dernières années ont battu le record de chaleur et que les 20 années les plus chaudes ont été vécues ces 22 dernières années.  La température moyenne mondiale est près de 1 C plus élevée que celle de l’ère préindustrielle.  Les ouragans Maria, Irma ou encore Harvey ont provoqué des dégâts estimés à 282 milliards de dollars et la Banque mondiale souligne qu’à la Dominique, ces dégâts se chiffrent à 1,3 milliard de dollars soit 224% du PNB.  Sur les 17,7 millions de déplacés suivis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2,3 millions l’étaient à cause des catastrophes liées à la météo et au climat.  La montée du niveau de la mer s’accélère tout comme la fonte des glaciers, avec les risques que cela représente pour les petits États insulaires en développement. 

M. Kabat a espéré que son exposé devant le Conseil de sécurité lancera une ère de collaboration plus étroite.  Il a dit compter sur des réunions d’information plus fréquentes entre le Conseil et les agences du système des Nations Unies dont la sienne, pour garantir des décisions informées sur les moyens de maintenir la paix et la sécurité internationales. 

Mme LINDSAY GETSCHEL, assistante de recherche au Stimson Center, est intervenue en tant que « voix des jeunes » pour exiger des mesures de lutte contre les changements climatiques, « parce que ma génération et celles qui nous succèderont auront à en subir les conséquences ».  « Nous sommes déterminés à trouver des solutions à ce problème pour nous permettre de vivre dans un monde plus sûr, plus pacifique et plus prospère », a-t-elle assuré avant de soumettre trois suggestions concrètes aux membres du Conseil.

En premier lieu, elle a demandé au Conseil d’adopter une résolution qui reconnaisse formellement que les changements climatiques représentent une menace à la paix et la sécurité internationales.  Elle n’a pas manqué de souligner que cette question a été abordée pour la première fois par la Conseil de sécurité il y a 10 ans, sans engagement à faire appel au chapitre 7, mais qu’à ce jour aucun texte formel n’a été adopté.  En second lieu, elle a estimé que les missions des Nations Unies devraient faire une évaluation des conséquences des changements climatiques sur la jeunesse locale et de l’implication possible de ces jeunes dans le renforcement des capacités de résistance à l’impact climatique dans leurs communautés.  Enfin, Mme Getschel a exigé que les missions des Nations Unies fassent la transition vers les énergies renouvelables sur le terrain, ce qui contribuerait, selon elle, à alléger les effets des changements climatiques et à édifier des communautés plus résilientes et viables.

Il est évident que toute personne présente dans cette salle croit à la réalité de la menace que représentent les changements climatiques, a-t-elle lancé avant de rappeler que rien qu’en 2017, ce sont près de 18 millions de personnes qui ont été déplacées à la suite de tempêtes, sècheresses, inondations ou vagues de chaleur.  Les derniers ouragans qui ont ravagé le golfe du Mexique et les Caraïbes ont prouvé que les gouvernements locaux ne sont pas en mesure, seuls, d’y faire face.  Or, quand les gouvernements locaux ne sont plus capables d’assurer les services de base à leur population, cela provoque des déplacements de personnes, la pauvreté, l’instabilité politique et la violence, a mis en garde Mme Getschel.  Les changements climatiques affectent aussi la sécurité alimentaire de millions de personnes, notamment en Afrique et au Moyen-Orient où cette réalité sous-tend déjà certains conflits, alors que les communautés côtières sont directement frappées par le réchauffement des océans et la transformation des écosystèmes marins qui en résulte.

Mme Getschel a demandé au Conseil de sécurité de reconnaître à la fois l’impact disproportionné des changements climatiques sur les jeunes et le rôle unique que ces jeunes peuvent jouer en tant qu’agents de l’innovation dans ce domaine.  À ce titre, elle a suggéré que les missions des Nations Unies fassent appel aux jeunes locaux pour trouver des moyens de renforcer la résilience climatique de leurs communautés.  La nouvelle stratégie « jeunesse 2030 » des Nations Unies pourrait servir de plateforme aux jeunes pour faciliter l’échange d’idées, d’une part, et pour trouver des soutiens à leurs initiatives, d’autre part, a-t-elle conclu en martelant que « près de deux milliards de jeunes dans le monde n’ont pas le luxe de choisir de ne pas se sentir concernés par cette question ».

M. SHEIKH SABAH AL-KHALED AL-HAMAD AL-SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a dit que l’Accord de Paris est une réalisation historique qui mérite d’être mise en œuvre.  Il a souligné les millions de gens qui souffrent dans le monde des conséquences des changements climatiques, ajoutant que ceux-ci se jouent des frontières.  Mettant l’accent sur la responsabilité de tous, il a proposé que des mesures multilatérales soient arrêtées dans le cadre de la mise en œuvre des directives du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris.  Il a dit espérer que le Sommet sur le climat, prévu en septembre prochain au Siège des Nations Unies, permettra de faire des avancées en ce sens. 

Le Vice-Premier Ministre a ensuite affirmé que le Koweït accorde un intérêt particulier aux énergies renouvelables, afin d’atteindre un taux de 50% d’énergies renouvelables dans sa consommation nationale d’ici à 2020.  Le Koweït apporte aussi son assistance aux pays faisant face aux catastrophes ou aux conflits.  Il a enfin plaidé pour des actions internationales en matière d’adaptation et d’atténuation aux conséquences des changements climatiques, dans le respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée. 

M. DIDIER REYNDERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a souligné que des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et de plus fortes intensité, tels que les ouragans ou les sècheresses, ainsi que l’élévation du niveau de la mer, accentuent les tensions sociopolitiques à travers le monde.  « Vu les preuves scientifiques de plus en plus nombreuses des conséquences désastreuses des changements climatiques, il ne devrait plus y avoir de doute quant à la pertinence de cette thématique pour le Conseil de sécurité », a tranché le Ministre pour lequel la communauté internationale doit enfin se rassembler pour trouver d’urgence une réponse commune ambitieuse.  « En tant que décideurs politiques, nous portons une énorme responsabilité et nous devons être à l’écoute des appels des générations futures. »

Il en a profité pour soulever trois questions: l’importance d’une approche préventive; la manière dont le Conseil devrait mieux prendre en compte le lien entre changements climatiques et sécurité; et la réponse du système des Nations Unies dans son ensemble.  Tout d’abord la prévention des conflits ne représente pas seulement une politique vertueuse, elle constitue aussi une stratégie profitable à bien des niveaux et permet d’investir des moyens dans des actions positives et porteuses d’avenir.  Il a également souhaité que le Conseil de sécurité intègre les risques climatiques dans les débats relatifs à des pays ou régions, y compris quand il s’agit du renouvellement de mandats de missions de l’ONU.

Pour le Ministre, le moment est venu d’organiser davantage cette problématique au sein du système des Nations Unies, en regroupant l’expertise présente au sein des différentes agences et départements de l’ONU, afin de croiser les connaissances existantes et de les opérationnaliser.  Un point focal institutionnel, une « clearing house », répondrait, selon lui, au besoin urgent de mettre à la disposition du Conseil de sécurité des stratégies adéquates d’analyse et de gestion des risques pour les pays et régions où c’est pertinent.  Cela pourrait se faire au sein du Secrétariat ou à travers une formule qui associe également les États Membres, a poursuivi le Ministre qui a envisagé un briefing thématique annuel, des analyses détaillées et un retour régulier de la part des Représentant spéciaux du Secrétaire général et des opérations de maintien de la paix dans les régions concernées.  « Il ne s’agit pas d’alourdir la machinerie institutionnelle, mais de trouver des moyens de rassembler les savoir-faire disponibles, conformément à une approche unique et intégrée des Nations Unies. »   Dans la perspective du sommet sur le Climat du Secrétaire général, il a appelé non seulement à agir davantage pour atténuer les changements climatiques catastrophiques et appliquer pleinement l’Accord de Paris, mais aussi à s’adapter à un monde qui se réchauffe.

 « Les changements climatiques sont une réalité », a déclaré d’emblée Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, qui a expliqué que sa ville natale de Semarang, située à Java dans un delta de basse altitude, fera face, au cours des 100 prochaines années, à une hausse de 40 à 80 cm du niveau de la mer.  Toutefois, étant une ville dynamique sur le plan économique, Semarang a la capacité de s’adapter.  Mais lorsque cela n’est pas le cas, a-t-elle averti, des menaces sécuritaires potentielles se transforment en de véritables menaces sécuritaires, que ce soit en termes de perte de bien-être, de migration irrégulière, de pénurie alimentaire ou encore de perte de territoire.  Il en va parfois de la survie même des nations, a-t-elle souligné.  Aussi l’Indonésie partage-t-elle les préoccupations des PEID.

La Ministre a ensuite appelé le Conseil à consolider les efforts afin de pouvoir mieux réagir aux conséquences sécuritaires des changements climatiques. Elle a notamment jugé nécessaire de mieux équiper les Casques bleus pour leur permettre de « mener des opérations militaires autres que la guerre », notamment des « missions de paix climatiques ».  Elle a également souligné que le maintien et la consolidation de la paix doivent assurer la synergie entre la sécurité et le développement.

Mme Marsudi a en outre estimé qu’il revient aux pays concernés de répondre aux impacts sécuritaires des changements climatiques.  Au lieu d’interférer, il faut fournir un appui sur la base des besoins réels et des priorités nationales, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi parlé du rôle des organisations régionales, citant notamment la réponse coordonnée fournie par le Centre AHA de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Elle a par ailleurs insisté sur la nécessité de respecter l’Accord de Paris.

M. HEIKO MAAS, Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne, a commencé son intervention en brandissant des photos de la ville de Berlin et d’une région côtière du Danemark prises à un an d’intervalle depuis l’espace par l’astronaute allemand Alexander Gerst.  Les clichés de juillet 2017 montrent des paysages verdoyants, tandis que ceux de juillet 2018 laissent apparaître en majorité des zones brunes. 

« Ce qui est habituellement un continent vert à cette époque de l’année ressemble à présent à une steppe brunâtre », s’est alarmé M. Maas, soulignant que cette sécheresse avait causé des milliards d’euros de pertes agricoles, des feux de forêt « catastrophiques », y compris en Europe du Nord, ainsi que des pénuries de fuel dans certaines régions allemandes, le niveau des rivières n’étant plus suffisamment élevé pour permettre le passage de navires pétroliers.  Le Ministre a également évoqué l’augmentation du nombre de conflits au Sahel en raison de la pénurie en eau, du terreau fertile pour l’extrémisme que crée l’assèchement du lac Tchad, des perspectives de paix sapées par le manque d’eau en Iraq, sans oublier les feux de forêt qui ont fait rage en Californie et les ouragans qui menacent l’existence même de certains États insulaires.  « Il ne fait aucun doute que les changements climatiques sont une réalité. »  Leur impact est mondial et ils deviennent une menace de plus en plus pressante à la paix et à la sécurité internationales.  L’examen des liens entre le climat et les situations de conflit doit devenir une routine, a-t-il asséné.

Le Ministre de l’Allemagne a ensuite estimé que les États Membres doivent avoir accès à des informations fiables et complètes. Il a aussi souligné que le Secrétariat et le Conseil de sécurité doivent disposer de moyens fiables pour l’analyse et la prévision des risques, avec des recommandations claires quant à la manière d’agir, appelant à suivre la voie tracée en la matière par la Suède. M. Maas a aussi exhorté à redoubler d’efforts pour traduire les connaissances sur les changements climatiques en politiques tangibles, aussi bien dans les mandats des missions de l’ONU, que dans leur travail sur le terrain.  Il faut impérativement renforcer la capacité des Nations Unies à analyser la situation sur le terrain, a-t-il encore recommandé.

M. Maas a ensuite invité les États Membres à participer à une conférence de haut niveau sur le climat et la sécurité qui doit se tenir le 4 juin, à Berlin.  Il a aussi parlé du lancement, en septembre, d’une mission scientifique dans l’Arctique d’un an, qui rassemblera sur un navire de recherche allemand 600 scientifiques venant de 37 pays.  Leur objectif, a-t-il indiqué, est d’alerter l’humanité sur les pires conséquences des changements climatiques.  L’Arctique est un système d’alerte précoce pour les changements climatiques, a-t-il dit en souhaitant que le Conseil de sécurité devienne à son tour un système d’alerte précoce pour la politique internationale en la matière.

M. MICHAL KURTYKA, Secrétaire d’État du Ministère de l’environnement de la Pologne, a mentionné la « menace existentielle » que représentent les changements climatiques.  Les changements climatiques, locaux par nature, ont un « effet papillon » affectant la sécurité dans le monde et forment un terreau fertile pour des conflits potentiels, a-t-il dit, mentionnant la situation dans la région du Sahel ou du bassin du lac Tchad.  Afin d’y remédier, il a encouragé le Conseil à ne pas être dans la « réaction » mais bien dans « l’anticipation et la prévention ». 

Tous les pays devraient s’équiper de mécanismes d’alerte précoce, qui les alerteraient des risques sécuritaires liés au climat, a-t-il conseillé.  Les enjeux sécuritaires liés au climat devraient en outre être davantage discutés au sein de ce Conseil, afin que ce dernier puisse renforcer son action préventive.  Enfin, il a souligné l’importance des résultats de la conférence COP24 qui s’est déroulée dans son pays, à Katowice.  Le Document final de la conférence –appelé règles d’application de Katowice- rend opérationnel l’Accord de Paris.  Il est important parce qu’il éclaircit la formule selon laquelle les pays doivent agir, parce qu’il ouvre la voie à un système unique plus transparent et aussi parce qu’il créé un cadre spécifique pour un financement de l’action climatique, a conclu M. Kurtyka. 

M. TARIQ MAHMOOD AHMAD, Ministre d’État au Commonwealth et des Nations Unies du Royaume-Uni, a invité à impliquer les jeunes dans la quête de solutions face aux changements climatiques.  C’est le Royaume-Uni qui fut le premier État à soulever au sein du Conseil de sécurité la question à l’ordre du jour, en 2007, a-t-il rappelé.  Le Ministre a parlé d’« impératif moral » pour les économies développées quand il s’agit d’aider les pays en développement qui sont en proie aux conséquences des changements climatiques.  Son pays consacre une somme importante à cet effet, a-t-il assuré.

Le Ministre a cité une recherche récente selon laquelle on aurait sous-estimé les conséquences socioéconomiques des changements climatiques.  Il a souligné que l’Accord de Paris de 2015 est un pilier pour la réaction commune.  Les chefs d’État du Commonwealth se sont réunis récemment et ont décidé de s’engager pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il indiqué.  Le Ministre a également plaidé en faveur du partage d’informations climatiques entre nations, invitant aussi impérativement les Nations Unies à tenir compte des risques climatiques dans la recherche de la paix et de la sécurité internationales.  Il faut, dans le même temps, améliorer la coordination des agences onusiennes qui s’occupent des questions climatiques.  La communauté internationale doit travailler de concert afin que le système des Nations Unies intègre cette réalité, a-t-il insisté.

M. ZHAOXU MA (Chine) a mentionné le « chaos » laissé par les changements climatiques dans de nombreuses régions du monde.  Il a jugé nécessaire de défendre le multilatéralisme et le sentiment d’une humanité commune face aux changements climatiques.  « Aucun pays ne peut faire cavalier seul face à ce phénomène. »  Il a appelé à promouvoir l’économie verte et à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté.  Il importe de reconnaître les disparités de développement entre les pays, a-t-il dit, en exhortant les États Membres à mettre en œuvre l’Accord de Paris.  Les petits États insulaires en développement doivent recevoir un appui renforcé, a encore recommandé le représentant.  Enfin, le délégué a promis l’appui de son pays face aux catastrophes climatiques.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit qu’il est contreproductif d’examiner cette question au sein du Conseil de sécurité.  Cette pratique, selon lui, dilue la répartition des tâches au sein de l’ONU.  « Les changements climatiques ne sont pas un défi universel à la paix et sécurité internationales », a-t-il martelé, précisant cependant que ce phénomène peut être un facteur de risque dans certains pays ou certaines régions.  Mais pour la Russie, généraliser cette approche laisse croire que les facteurs environnementaux sont de facto des causes directes des conflits.  Or par exemple, a-t-il remarqué, l’insécurité au Sahel est liée aux bombardements en Libye menés par certains pays, même si des facteurs environnementaux viennent se greffer à ce problème de base. 

Personne ne nie qu’il faille adopter des démarches intégrées pour faire face aux changements climatiques, a-t-il poursuivi, avant de préciser qu’il existe, au sein de l’ONU, des agences pertinentes qui tablent sur ces questions environnementales et qui sont composées d’experts en la matière.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur l’importance d’un appui technique en faveur des pays en développement les plus vulnérables face aux catastrophes.  La Fédération de Russie, pour sa part, apporte un soutien en ce sens à certains PEID du Pacifique.  La délégation a également plaidé pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui peut permettre de lutter efficacement contre l’augmentation des températures sur terre.  Pour conclure, le représentant a estimé que les risques climatiques méritent d’être pris en considération, mais pas de manière générique dans les travaux du Conseil de sécurité.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a relevé que jusqu’au début des années 1990, on comptait moins de 300 catastrophes dans le monde, tandis que depuis le début des années 2000 on en a comptabilisé plus de 500.  De plus, on estime que plus de la moitié de la population des pays en développement devrait être exposée aux risques d’inondations et/ou de tempêtes d’ici à 2025.  Il a également remarqué que les dégâts matériels et humains causés par l’aggravation des phénomènes climatiques sont liés à la croissance urbaine et la concentration des populations dans des zones à risque.  En Afrique subsaharienne, a-t-il indiqué, 700 000 personnes vivaient dans des zones côtières inondables en 2000. Elles seront 5 millions en 2030 et jusqu’à 25 millions en 2060, selon les prévisions les plus pessimistes.

Dans un environnement marqué par une démographie galopante couplée avec la raréfaction des terres cultivables et des ressources en eau, les catastrophes naturelles pourraient constituer des facteurs déclencheurs ou aggravants des tensions sociales pouvant dégénérer en conflits ouverts, a-t-il averti.  Il a aussi indiqué que, dans un contexte où les mécanismes d’alerte précoce et les dispositifs sanitaires de réponse ne permettent pas de circonscrire l’ampleur des désastres, ces catastrophes peuvent favoriser la propagation des maladies hydriques ou à transmission vectorielle.  L’Afrique, a-t-il ajouté, est aujourd’hui l’une des régions les plus exposées aux effets des changements climatiques sur la paix et la sécurité.

Se penchant sur son propre pays, classé 147 sur 178 parmi les plus vulnérables aux changements climatiques, le représentant ivoirien a parlé de l’adoption du programme national de lutte contre les changements climatiques qui vise notamment à augmenter de 16% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici à 2030.  M. Ipo a ensuite appelé à élaborer un cadre continental pour réagir de manière proactive aux menaces réelles et potentielles pour la sécurité que représentent les changements climatiques.  Il a aussi jugé nécessaire d’améliorer la communication sur ledit phénomène en vue de garantir efficacement la préparation aux catastrophes et la réduction des risques, du niveau local au niveau continental.  Il a également appelé à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris, du Protocole de Montréal et du Cadre de Sendai.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appelé ce Conseil à apporter des réponses aux effets des catastrophes climatiques sur la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil de sécurité a commencé à le faire en Somalie, dans le bassin du lac Tchad et en Haïti, a-t-il déclaré.  Le Conseil doit également procéder à une évaluation fine des risques, a poursuivi le délégué, en soulignant l’importance d’une bonne prévention des conflits.

Le représentant a souhaité des synergies accrues entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) en vue de la mise en œuvre de mécanismes d’alerte précoce sur les risques sécuritaires des catastrophes climatiques.  Enfin, le représentant a insisté sur la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques et appelé à une bonne coopération en vue de la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a fait valoir que son pays s’est vu confié la tâche, avec la Jamaïque, de travailler sur la finance et les financements climats dans le cadre du sommet sur le climat prévu le 23 septembre prochain.  La représentante s’est dite convaincue que les risques pour la sécurité internationale des impacts des changements climatiques doivent devenir un élément central de l’agenda de prévention des conflits.  Elle a notamment appelé à mettre en place une diplomatie préventive qui intègre l’ensemble des facteurs déstabilisateurs, y compris ceux liés aux effets des changements climatiques et à l’effondrement de la biodiversité.  Une analyse rigoureuse et régulière de ces risques est nécessaire et d’intérêt public international, a-t-elle poursuivi, appelant les Nations Unies, « et en leur sein le Conseil de sécurité et le Secrétaire général », à jouer un rôle pivot à cet égard.  Elle a également souligné que cette analyse de risques doit désormais s’accompagner de mesures de prévention.

Mme Gueguen a ensuite proposé aux États Membres de se doter d’un outil collectif d’analyse et d’alerte précoce des impacts des changements climatiques sur la paix et la sécurité mondiales.  Ce qui manque, c’est « une sentinelle garante du message scientifique », pouvant cristalliser un consensus sur les liens entre climat et sécurité, a-t-elle indiqué.  La France souhaite que le Secrétaire général joue ce rôle en présentant chaque année à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité un rapport sur les risques pour la paix et la sécurité que font peser les impacts des changements climatiques, dans le but d’anticiper et de mettre en place des réponses appropriées.

Une deuxième proposition de la France porte sur le rôle des Nations Unies dans l’élaboration de recommandations d’actions concrètes pour prévenir les conflits.  Mme Gueguen a appelé à mobiliser une large palette d’outils, de l’aide d’urgence à des politiques de développement.  Outre les mesures d’urgence humanitaires en cas d’évènement climatique extrême, elle a invité à aider les communautés à s’adapter face à la montée inéluctable des eaux et à la dégradation des sols.  Il faudra aussi anticiper pour permettre aux petits producteurs de redémarrer une activité économique rapidement après un désastre climatique plutôt que de devoir migrer vers d’autres zones.  Elle a ensuite appelé les pays bailleurs de fonds à adapter leurs politiques de développement afin de répondre aux besoins en matière d’alerte, de prévention et de renforcement des capacités pour faire face aux risques climatiques.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a rappelé que l’an dernier, son pays a été affecté par des ouragans comme Maria qui fut le plus dévastateur dans l’histoire de Puerto Rico.  Les catastrophes naturelles peuvent entraver le développement tout en contribuant à des troubles à l’ordre public, a-t-il relevé en notant que ces risques sont exacerbés dans des pays ayant connu des conflits par le passé.

Pour leur part, les États-Unis évitent les pertes en vies humaines et réduisent les effets de catastrophes en prenant des mesures idoines, a assuré le représentant.  Le pays est prêt à partager son expérience avec ceux qui en font la demande, comme c’est déjà le cas dans les Caraïbes où des partenariats sont noués à cet effet.  Pour le représentant, le Conseil de sécurité peut aussi jouer un grand rôle sur la question en débat.  Les États-Unis encouragent d’ailleurs le Conseil et les agences onusiennes à partager leurs informations sur cette question.  Il faut aussi que les membres du Conseil envisagent les moyens de faire jouer un rôle majeur aux missions politiques dans le cadre de l’atténuation des risques de conflit du fait de facteurs climatiques.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a mentionné le rapport du GIEC, selon lequel les conséquences des changements climatiques se font sentir de manière plus prononcée dans les pays en développement, les pays fragiles et vulnérables ainsi que les pays en proie à un conflit.  Il a souhaité que leur soit apporté un appui renforcé.  De son côté, a-t-il ajouté, l’ONU doit leur apporter son expertise technique.  Il a dit être intéressé par la réflexion sur le fait que le Conseil de sécurité doit faire prendre conscience du problème et promouvoir des mesures pour y faire face.

Le représentant a insisté sur la vulnérabilité de l’Afrique face à ce défi, alors que le continent est l’un des plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre.  Il n’y a aucun doute que les températures mondiales augmentent, avec des conséquences délétères, a déclaré le délégué.  Enfin, il a passé en revue les mesures prises par son pays pour atténuer les conséquences des changements climatiques.  « L’engagement de l’Afrique face aux changements climatiques est sans faille. »

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que dans les situations où les changements climatiques semblent être un facteur d’insécurité, comme au Sahel et en Somalie, il est important que le Conseil reconnaisse que le phénomène climatique est une question qui doit être traitée par la communauté internationale tout entière.  En ajoutant sa voix à la conversation, le Conseil renforce la sensibilisation au problème, ce qui, nous l’espérons tous, peut mobiliser l’action contre le climat et fournir l’appui nécessaire aux pays en développement.  Le Conseil peut aussi contribuer à la préparation de stratégies pour atténuer les risques d’insécurité.  Toutefois, a tempéré le représentant, il est souvent difficile de déterminer le lien direct entre changements climatiques et catastrophes naturelles, d’une part, et menace à la paix et à la sécurité internationales, d’autre part.  Dans des cas particuliers, les premiers peuvent être des circonstances aggravantes ou des multiplicateurs de risques plutôt que la cause « directe et spécifique » des conflits.  Cette réalité a d’ailleurs été reconnue en Afrique dont la feuille de route « Faire taire les armes d’ici à 2020 » identifie les principaux domaines qui constituent des menaces à la paix et à la sécurité, y compris « potentiellement » les changements climatiques.  Ne perdons pas de vue, a mis en garde le représentant, que la composition restreinte du Conseil et son rôle spécifique dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales signifient qu’il n’est peut-être pas le forum le plus approprié pour traiter de la question des changements climatiques.  Nous devrions éviter de faire double emploi avec les efforts des autres organismes du système des Nations Unies qui sont mieux équipés pour s’attaquer à cette question, a conclu le représentant. 

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a estimé que ne pas reconnaître la vulnérabilité des pays des Caraïbes face aux changements climatiques aura des conséquences énormes pour la région et au-delà.  Cette attention du Conseil face à cette problématique tient du fait qu’il s’agit du « plus grand défi mondial de l’humanité », a-t-il justifié.  Selon lui, étant donné que le Conseil de sécurité a déjà reconnu que les facteurs environnementaux sont des causes de conflits, il est donc normal que l’organe se penche sur la question climatique.  Mais le Conseil doit pouvoir disposer d’outils appropriés pour analyser les situations à risque en rapport avec le climat.  C’est pourquoi le Ministre a demandé que le Conseil arrive à un consensus sur cette problématique afin de l’intégrer dans son programme de travail. 

En outre, a ajouté le Ministre, il est important d’accroître les capacités d’analyse du Conseil dans ce domaine en le dotant de mécanismes nécessaires pour garantir la pertinence de ses analyses.  M. Maldonavo a jugé tout aussi crucial que différentes instances des Nations Unies tablant sur ces questions puissent travailler en synergie, tout en respectant leur mandat respectif.   

Mme SANDRA ERICA JOVEL POLANCO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a indiqué que l’ONU doit rendre des comptes aux États Membres et agir pour rendre le monde meilleur.  Elle a insisté sur la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques, mentionnant notamment les dégâts occasionnés par les ouragans Mitch, Stan et Agatha, ainsi que les fréquentes sécheresses.  Elle a passé en revue l’action de son pays pour y remédier, par le biais notamment d’une stratégie de reboisement et d’un recours accru aux énergies renouvelables.  La Ministre a aussi insisté sur les déplacements de population causés dans son pays par les catastrophes climatiques.  Enfin, rappelant que la lutte contre les changements climatiques est l’affaire de tous, la Ministre a lancé un appel pour une pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.

M. PÉTER SZIJJARTO, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a rappelé que d’ici quelques années, on aura plus de 200 millions de migrants climatiques dans le monde.  Pour la Hongrie, les migrations constituent une grave menace sécuritaire dans les pays de transit et de destination notamment.  C’est pourquoi l’ONU ne doit pas adopter des documents qui encouragent les migrations et en parlent comme d’un droit, a-t-il estimé, appelant en outre la communauté internationale à tout faire pour s’attaquer aux causes des migrations.  Pour conclure, il a dit que la Hongrie reste opposée au Pacte de Marrakech, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

L’humanité fait face à son ultime défi, a alerté M. TEODORO LOPEZ LOCSIN JR, Ministre des affaires étrangères des Philippines, qui a dit craindre la perspective imminente d’un effondrement écologique, une « certitude » générée entièrement par les activités humaines et l’inaction.  La science l’a prouvé, l’expérience l’a montré, la férocité des tempêtes l’a démontré et seul le charabia ambiant » le conteste.  Les Philippines, qui ont 7 107 îles « magnifiques », se résolvent à en perdre beaucoup.  Mais toutes les pertes ne seront pas regrettées, a précisé le Ministre, en parlant des nombreuses îles difficiles à surveiller et qui sont devenues le paradis des trafiquants de drogues.  Les changements climatiques montrent aussi que les Philippines devraient perdre 98% de leurs récifs coralliens et peut-être se féliciter enfin de l’« évaporation » des différends territoriaux quand les récifs concernés auront disparu sous les eaux et avec eux, les structures militaires qu’ils abritent.  « Comme quoi, à toute chose malheur est bon », a commenté le Ministre avant de voir poindre à l’horizon une nouvelle période sombre et un monde de brutes comme ceux qui nient aujourd’hui les changements climatiques et les défis qu’ils représentent.  Pour les pays les moins développés qui calquent leur vie sur la dépravation des pays développés, ce ne sera qu’un juste retour sur investissement. 

Nous devons, a tout de même pressé le Ministre, nous doter de meilleures stratégies d’évaluation des risques et d’atténuation.  Il a vanté son peuple qui fait toujours ce qu’il faut même quand les autres ne le font pas.  Mais comme les changements climatiques ne connaissent pas de frontière, les Philippines sont à la merci de l’action et de l’inaction des autres.  Il faut donc des synergies plus fortes entre États et une coopération internationale plus approfondie, a plaidé le Ministre, en ne voyant aucune raison de renoncer à l’Accord de Paris.  Il a aussi plaidé pour un appui aux pays en développement en termes de financement, de transfert de technologies et d’appui au renforcement des capacités, en vertu du principe de responsabilité partagée mais différenciée.  Les gens, a-t-il dit, peuvent toujours se retrancher derrière leurs murs mais qu’ils sachent qu’ils risquent de ne pouvoir les franchir quand le chaos s’abattra sur eux.  Ceux qui ont l’intelligence de s’attaquer aux changements climatiques ne devraient pas avoir à mendier la coopération des imbéciles, a tranché le Ministre.  Le Conseil de sécurité, a-t-il conclu, doit graver les changements climatiques dans « le marbre de ses priorités » car quand la fin viendra et que tous les liens sociaux auront été brisés, les conflits du passé auront l’air de simples compétitions sportives.  On ne pourra pas alors plaider l’ignorance.

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a indiqué avoir rencontré à l’aéroport, avant d’embarquer pour New York, « une jeune fille aux yeux pétillants d’espoir et d’une innocence joyeuse, ignorante de l’avenir qui lui est réservé ». « Pouvons-nous lui garantir l’avenir qu’elle veut et qu’elle mérite? En l’état actuel des choses dans le monde, je dois dire que non. »  Le Ministre a ensuite mentionné la véritable « destruction » de son pays par les changements climatiques, ajoutant qu’une montée de deux mètres du niveau des océans sera suffisante pour submerger entièrement les Maldives. « Cela sera alors la fin d’un pays. »

Le Ministre s’est néanmoins dit encouragé par l’Accord de Paris et les règles d’application de Katowice.  « Mais pour nous, attendre et espérer ne suffisent pas », a-t-il déclaré, en appelant à des changements drastiques. « Nous avons besoin de solutions basées sur le principe de justice, de responsabilité partagée mais différenciée, de solutions forgées au moyen du consensus, qui cherchent à parvenir au bon équilibre entre adaptation et atténuation », a-t-il déclaré.  « Nous avons besoin d’action. »

M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a souligné que les catastrophes climatiques récurrentes constituent un obstacle majeur aux efforts de développement durable et une véritable menace à la survie de beaucoup de pays.  Ces dernières années, a-t-il rappelé, des cyclones de fortes intensités ont infligé d’indicibles souffrances humaines et des dégâts matériels considérables, en particulier en Amérique centrale et dans les Petits États insulaires de la Caraïbe.  D’une façon générale, a-t-il ajouté, les besoins en termes de redressement et de reconstruction ont souvent dépassé les capacités nationales de la plupart des pays affectés.

Le Ministre a ensuite indiqué que le cyclone Matthew avait, en octobre 2016, détruit pratiquement tous les moyens de subsistances des populations rurales et sapé les efforts déployés par le Gouvernement d’Haïti.  En quête de solutions rapides et durables à ces phénomènes, le Président Moïse a lancé dès son accession au pouvoir plusieurs initiatives novatrices, dont la caravane du changement, a-t-il poursuivi, déplorant toutefois que des initiatives n’aient pas encore bénéficié d’un appui financier soutenu de la communauté internationale.  Il a par ailleurs dit ne pouvoir cautionner certaines assertions de la note de cadrage relative à la situation d’Haïti, en particulier la référence « contestable » à une « recrudescence depuis 2009 du paludisme (dans le pays voisin) qui trouve son origine en Haïti ».

Mme CATHERINE MCKENNA, Ministre de l’environnement et des changements climatiques du Canada, a estimé que l’impact des changements climatiques sur la sécurité de notre planète est une « discussion urgente et essentielle », et l’un des plus grands défis sécuritaires du XXIe siècle qui menace la vie et les moyens de subsistance de gens à travers le monde.  Elle a indiqué que le commandant en chef des forces armées canadiennes a récemment affirmé que l’une des plus grandes menaces à la sécurité du pays n’est pas militaire, mais plutôt les catastrophes naturelles.  Pour le Canada, qu’il s’agisse de la désertification dans des régions d’Afrique, des migrations forcées de personnes vulnérables qui sont des réfugiés climatiques, les conflits liés à la rareté de l’eau, ou encore la montée du niveau des mers et des tempêtes tropicales touchant des PEID comme la République dominicaine et Nauru, les aspects sécuritaires des changements climatiques représentent un danger actuel.

Pour le Canada, la question du climat et de la sécurité doit avoir une place claire dans les délibérations du Conseil de sécurité.  La Ministre a rappelé que des précédentes résolutions du Conseil avaient reconnu les effets néfastes des changements climatiques sur la stabilité et la sécurité des régions telles que le bassin du lac Tchad et le Sahel.  Afin que le Conseil puisse efficacement remplir ses fonctions, le Canada soutient l’établissement d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité, tout comme la mise en place d’un centre dédié à cette question au sein du système des Nations Unies.  En tant que candidat à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, le Canada plaide pour des solutions concrètes sur la question du lien entre le climat et la paix et la sécurité.

M. AIYAZ SAYED-KHAIYUM (Ministre de la justice et Ministre de l’économie des Fidji) a indiqué que son pays poursuit encore ses efforts de relèvement après le passage de l’ouragan Winston de 2016, qui lui a coûté un tiers du PIB.  En 2014, les Fidji ont procédé à la réinstallation de la première communauté côtière en raison de la montée des eaux, 43 autres communautés devant bientôt suivre, a-t-il indiqué.  « Nous sommes à un point de non-retour », a expliqué le Ministre, en mettant en garde contre des migrations massives que pourraient bientôt entraîner les changements climatiques.  « Nous sommes tous vulnérables. »  Il a exhorté le Conseil à reconnaître le défi lancé à la gouvernance mondiale par ces catastrophes climatiques.  Enfin, il a indiqué que son pays est en train de mettre sur pied une unité de réponse rapide aux conséquences des catastrophes climatiques.

M.PAUL OQUIST KELLY, Ministre conseiller de la présidence du Nicaragua, a prédit que « l’avenir s’annonce difficile ».  La civilisation actuelle est-elle en mesure de survivre à une sécheresse de 100 à 300 ans, comme ce fut le cas par le passé? s’est-il demandé.  D’ores et déjà le lac Tchad est à 95% asséché et les pays sahariens sont frappés de sécheresse.  En ce qui concerne l’avenir, si les économies de subsistance agricoles continuent de disparaître, rien qu’au Sahel on s’attend à 20 millions de réfugiés climatiques d’ici à 2030, a-t-il averti.   

Pour le Ministre, c’est la volonté politique qui est le principal problème.  Il a anticipé un scénario où les pays responsables de l’impact négatif des changements climatiques seront forcés de dédommager les pays et sociétés pour les dommages causés, comme cela est prévu par le droit international.  « Même si d’aucuns estiment que ce système juridique est obsolète », on ne pourra parler de justice climatique si les PEID ne sont pas indemnisés, s’est-il indigné en prévenant du risque de voir une vague de réfugiés climatiques à l’avenir.  « Qu’est-ce-qui va prévaloir: la défense des populations les plus vulnérables ou une économie égoïste de la croissance à tout prix? »  Le représentant a rappelé qu’il reste 11 ans avant 2030 pour prendre ces décisions.  Même si quelques progrès ont été faits, il est impératif de mettre en œuvre l’Accord de Paris dans son intégralité et sans plus tarder, a-t-il conclu.

M. JENS FROLICH HOLTE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a admis que la relation entre les changements climatiques, la paix et la sécurité est « complexe ».  Les changements climatiques, a-t-il avoué, sont « rarement » la cause directe des conflits mais fonctionnent plutôt comme un multiplicateur de risques.  Mais leurs conséquences, comme une augmentation de 250% des pertes économiques ces 20 dernières années, n’aggravent pas seulement les tensions existantes et ne fournissent pas seulement un terreau fertile aux conflits mais elles peuvent aussi déstabiliser gravement les économies, alimenter les extrémismes politiques et parfois menacer l’existence même des pays, en particulier les petits États insulaires en développement.  Les conséquences des changements climatiques compromettent très gravement nos efforts communs pour réaliser les objectifs de développement durable.  Le nexus climat-sécurité doit donc être fermement ancré dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a estimé le Vice-Ministre qui en a fait la priorité pour son pays, candidat à un siège non permanent du Conseil.  

Le Vice-Ministre a aussi appuyé l’idée de nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité.  Il a dit voir trois lignes de défense: l’Accord de Paris sur le climat, l’aide au renforcement de la résilience des pays vulnérables et à l’adaptation aux conséquences des changements climatiques et intégration du nexus climat-sécurité dans les politiques de développement et de sécurité.  L’action climatique, a conclu le Vice-Ministre, est une preuve « indiscutable » de la validité du multilatéralisme.  On ne peut le combattre seul, ce n’est tout simplement pas une option.  Il a donc salué l’initiative de l’Allemagne et de Nauru de créer le Groupe des Amis du climat et de la sécurité.  Une action ambitieuse contre les changements climatiques pourrait générer, a souligné le représentant, des gains économiques directs de 26 000 milliards de dollars d’ici à 2030 et la transition vers l’énergie renouvelable devrait réduire le nombre des conflits liés à l’énergie.

M. PAUL TEESALU, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Estonie, a indiqué que dans le passé son pays ne se trouvait pas sur les lignes de front des catastrophes climatiques, mais que les changements climatiques avaient eu de graves répercussions sur son secteur agricole et forestier, conduisant l’Estonie à développer une expertise notable dans la lutte contre les feux de forêt.  Notant la complexité des changements climatiques et de leurs conséquences, il a appelé à adopter une approche holistique et une planification stratégique, jugeant essentiel d’intégrer la question des changements climatiques dans tous les secteurs de planification aux niveaux national et régional.  Il faudra également veiller à l’inclusion des femmes et des jeunes au processus, a-t-il ajouté.

Le Ministre adjoint a également appelé à mettre en exergue les liens entre les changements climatiques, la pauvreté, la sécurité alimentaire et hydrique ou encore la migration et les conflits afin d’exercer une influence sur les agendas politiques au niveau national.  À cet égard, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité peut et doit adopter une approche systématique pour considérer les changements climatiques comme une cause et un facteur exacerbant des situations de conflit. Il a aussi recommandé de tenir compte des effets négatifs des changements climatiques lors de la définition des mandats des missions.

M. Teesalu a par ailleurs indiqué que les outils de la technologie moderne sont particulièrement utiles pour appuyer la résilience climatique, comme en témoignent les systèmes d’alerte précoce.  L’Estonie compte ainsi investir davantage pour promouvoir des solutions novatrices sur le plan de l’efficacité énergétique, entre autres.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que l’on ne peut remédier aux causes profondes des conflits ou faire sien l’idéal de prévention défendu par le Secrétaire général sans prendre en compte les changements climatiques.  Il s’est félicité de l’inclusion d’éléments de langage relatifs aux changements climatiques dans les résolutions du Conseil relatives au Mali, à la Somalie ou bien encore au Darfour.  Il a mis en garde contre les tensions susceptibles de découler d’une exploitation accrue de l’énergie fossile en Arctique en raison de la fonte de la calotte glaciaire.  Enfin, le délégué a invité le Conseil à considérer les changements climatiques comme une menace directe à la paix et appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Pour M. KORO BESSHO (Japon), les risques climatiques, y compris les catastrophes naturelles, peuvent agir comme des « multiplicateurs de menaces » et cette tendance est à la hausse, a-t-il constaté, en particulier dans les pays en développement.  Il faut par conséquent s’adapter à cette nouvelle donne en adoptant des mesures concrètes.  Le Japon est chef de file de cette démarche au sein du G20, a-t-il fait remarquer.  Le Japon a également contribué à mettre en place des sociétés plus résistantes aux risques liés au climat à travers son aide au développement, y compris par des évaluations de l’impact des changements climatiques et par le développement de données sur les risques climatiques.

En tant que pays victime de catastrophes naturelles, le Japon cherche à faire intégrer la réduction des risques de catastrophe sur la scène internationale, non seulement en assumant un rôle de leadership dans l’adoption du Cadre de Sendai, mais aussi à travers ses diverses formes d’assistance tangibles ou intangibles dans le contexte de la coopération autour de l’Initiative de Sendai, a précisé son représentant.  Le plus important, à ses yeux, est que chaque gouvernement fasse de la réduction des risques de catastrophe une priorité nationale en intégrant cette approche dans les politiques de développement et en la soutenant par des investissements.  La résilience des sociétés de demain dépend aussi d’efforts collectifs dans le cadre de telles politiques, a-t-il noté en insistant sur la mobilisation des ressources, la planification et l’adoption de mesures visant à contrecarrer les risques émergents.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a remarqué que les dernières données scientifiques suggèrent que les changements climatiques posent une menace croissante aux écosystèmes, à la santé, à la sécurité alimentaire et au développement économique.  Sa propre région et son pays ont été frappés par des incendies de forêt, des sècheresses prolongées, une baisse des ressources en eau et des inondations, ce qui a eu des répercussions négatives sur l’agriculture, la pêche et le tourisme.  Aucun pays n’est à l’abri des conséquences directes et indirectes des changements climatiques, et, par conséquent, pour y répondre il faut une coopération multilatérale renforcée, a poursuivi Mme Theofili.  C’est dans cet esprit que la Grèce a signé et ratifié toutes les conventions importantes sur les changements climatiques et la protection de l’environnement, y compris l’Accord de Paris.  Elle participe aussi aux négociations en cours à l’Union européenne sur les implications sécuritaires à long terme des changements climatiques et la réponse à y apporter.

S’agissant du rôle de l’ONU, la représentante a estimé qu’il fallait donner la priorité à l’amélioration et au partage du savoir ainsi qu’à la compréhension des situations en termes de risques climatiques, avant de les prendre en compte systématiquement dans les mécanismes d’alerte rapide et de prévention de conflits.  Elle a également appelé à renforcer et à aligner l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ANDREJS PILDEGOVICS (Lettonie) a indiqué que son pays avait enregistré une hausse record des températures, et que les tempêtes s’y étaient aggravées, frappant durement les populations des régions côtières.  L’érosion des côtes le long de la mer Baltique devrait également s’intensifier à l’avenir.  Il a souligné que seuls des efforts multilatéraux conjoints et la coopération permettront de venir à bout des changements climatiques en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en renforçant la résilience et en assurant une meilleure préparation aux effets néfastes du phénomène.

La Lettonie travaille à la mise en œuvre d’une stratégie nationale de développement qui cible les émissions de gaz carbonique sur le long terme, ainsi qu’à la mise sur pied d’un plan national pour l’action énergétique et climatique. De plus, assurant actuellement la présidence du Conseil des États de la mer Baltique, la Lettonie compte promouvoir la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris dans la région et mettre l’accent sur la pollution.  Les déchets plastiques représentent une des menaces croissantes aux écosystèmes marins de la région, a-t-il précisé.  Le représentant a en outre jugé nécessaire d’envoyer un message fort au secteur privé pour accélérer les innovations et les investissements dans l’économie verte.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a repris la formule du Secrétaire général, pour lequel les changements climatiques représentent l’enjeu le plus important de notre temps et une menace directe à la survie de notre planète et de l’humanité.  Nous assistons déjà à leurs conséquences déstabilisatrices dans de nombreuses parties du monde, du Sahel à l’Amérique centrale et aux Caraïbes, de l’Asie du Sud-Est au Pacifique, ainsi que dans la région de la Méditerranée.  Il a comparé les nouveaux phénomènes climatiques et les conditions météorologiques extrêmes à une nouvelle forme « de menaces hybrides naturelles » à la sécurité internationale, faisant remarquer que certains pays et régions y sont particulièrement exposés.  Il a cité le cas du Sahel, du bassin du lac Tchad et des PEID.  Cependant leurs conséquences en termes de crises humanitaires, de déplacements forcés ou encore de flux migratoires ont un impact direct et immédiat sur la sécurité de toute la planète.

Pour l’Italie, la première priorité pour la communauté internationale est la prévention et la limitation des impacts climatiques, ce qui passe en large partie par la limitation des émissions de gaz à effet de serre comme prévu par l’Accord de Paris.  À cet égard, le représentant a regretté que malgré les acquis de la COP24 de Katowice, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre cet objectif crucial.  Il a espéré que le Sommet sur le climat du Secrétaire général prévu en septembre sera instrumental pour intensifier et accélérer l’action internationale à tous les niveaux.

Le représentant a également mis l’accent sur les efforts mondiaux en termes d’adaptation, de prévention et de gestion des risques de catastrophe naturelle, en recommandant la pleine application du Cadre de Sendai.  Il a rappelé que l’Italie avait accueilli en novembre dernier le Forum européen sur la réduction des risques de catastrophe qui a mis l’accent sur le besoin de définir rapidement des stratégies nationales et locales sur cette question.  Il a ensuite passé en revue les différentes initiatives soutenues par l’Italie, notamment par le truchement de projets d’assistance, pour lutter contre l’impact climatique.  Il a appelé le Conseil de sécurité à systématiquement inclure cette problématique dans ses travaux.

M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan) a déclaré que les changements climatiques sont le plus important défi de notre époque.  Il a indiqué que son pays est le huitième au monde en termes de vulnérabilité climatique, expliquant que les plus vieilles civilisations du monde s’y sont développées autour de grands fleuves, mais qu’étant de faible altitude, le Pakistan souffre de stress hydrique qui menace son grenier à blé, ainsi que celui de toute l’Asie méridionale.

Avertissant que les risques climatiques qui pèsent sur la sécurité humaine ne vont qu’aller en augmentant, le représentant a appelé à s’attaquer aux causes des changements climatiques et à renforcer la coopération pour faire face au phénomène.  Il a également appelé à fournir un appui aux pays en développement par le biais du transfert de technologie, du renforcement des capacités et du financement.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que ce sont les plus pauvres qui paient le prix fort des changements climatiques.  Les habitants de pays pauvres ont cinq fois plus de risques d’être déplacés en raison d’évènements climatiques extrêmes que les habitants des pays plus riches.  Mgr Auza a insisté sur la pertinence des éléments de réponse apportés par le GIEC pour y remédier, notamment la promotion de l’innovation technologique et des changements dans les comportements.  Ces actions font partie de la « conversion écologique » appelée de ses vœux par le pape François, a conclu le nonce.

« Les changements climatiques sont le défi multidimensionnel majeur de notre époque », a déclaré M. CHULL-JOO PARK (République de Corée), en appelant de ses vœux une action onusienne renforcée pour y remédier.  Il a souhaité que les discussions du Conseil sur ce sujet aboutissent à des résultats concrets, dans le droit fil de la déclaration présidentielle de 2018 sur la région du Sahel.  Il a ainsi souhaité que des mesures de suivi soient prises pour faire en sorte que cette déclaration soit bien mise en œuvre.  Enfin, le délégué a invité à soutenir les pays les plus vulnérables afin d’empêcher que les crises climatiques ne dégénèrent en de véritables menaces à la paix et à la sécurité internationales.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a appelé les États Membres à revoir à la hausse leurs ambitions pour faire face au phénomène des changements climatiques, invitant notamment à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Il a aussi appelé à faire la différence entre les causes et les conséquences des phénomènes climatiques afin d’identifier quelles agences de l’ONU sont le plus à même d’agir. Il faut également s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité, notamment en mettant en œuvre le Programme 2030.  Il faut encore, a-t-il insisté, prendre conscience des conséquences dévastatrices des changements climatiques.

Le représentant a ensuite souligné l’importance de tenir compte des contextes régionaux pour répondre au mieux aux problèmes climatiques, en agissant au cas par cas et en privilégiant le développement durable.  Il a aussi insisté sur l’importance des mécanismes de gestion du risque, et sur la nécessité d’atteindre les objectifs de développement durable.  Une division claire des tâches au sein de l’ONU est le meilleur moyen de répondre aux défis, a-t-il ajouté, avant d’engager le Conseil de sécurité à renforcer son rôle.

M. FINNIAN CHESHIRE (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les changements climatiques représentent une menace directe et immédiate, susceptible de fomenter l’instabilité et les conflits.  Il a averti que les catastrophes climatiques sont en hausse dans la région du Pacifique, où les États font déjà face à la hausse du niveau des mers, au réchauffement et à l’acidification des océans, et à la pollution saline des sources d’eau fraîche et des terres arables.  Et pour les communautés contraintes d’abandonner leurs terres en raison de la montée des eaux, il n’y a aucune possibilité de retour.  Mais loin d’être des anomalies, a-t-il averti, ces déplacements seront notre avenir commun si la tendance actuelle persiste.

Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à examiner les menaces que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales au fur et à mesures qu’elles apparaissent.  Il a aussi appuyé la nomination d’un représentant de haut niveau pour les changements climatiques.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a remarqué que des phénomènes comme l’augmentation du niveau des mers menacent l’intégrité même des États, même en l’absence de violence et de conflit.  Par ailleurs, les recherches peinent à établir un lien incontestable et non ambigu entre changements climatiques et sécurité.  Quel est le meilleur mécanisme international pour aborder au mieux ce phénomène? s’est-il demandé.  Si la paix et la sécurité internationales l’emportent souvent sur d’autres considérations, il y a des risques inhérents à traiter des changements climatiques sous cet angle car « réfléchir en termes sécuritaires débouche généralement sur des solutions militarisées et met les États en concurrence, alors que ce sont d’autres solutions et processus qui sont nécessaires ».  Selon lui, « cette approche met les mauvais acteurs autour de la table » et il vaut mieux tabler sur la coopération internationale.

Cela l’a amené à demander si ceux qui citent la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération au Conseil pour justifier des mesures punitives seront disposés à expliquer qui est « l’autre » en matière climatique, « qui devra rendre des comptes ».  S’agit-il de ceux qui ne respectent pas leurs engagements de l’Accord de Paris?  Allons-nous obliger ceux qui n’honorent pas leurs obligations en termes de « financements climatiques » à le faire?  Est-ce que les objectifs de la justice climatique pourront être réalisés en faisant passer la définition du droit climatique de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à un processus de prise de décisions d’une institution « structurellement non représentative » ayant une approche exclusive décidée dans des délibérations secrètes?  Après toutes ces questions, l’Inde a invité la communauté internationale à la prudence et lui a conseillée de suivre une approche ancrée dans la coopération, dans le droit fil de la responsabilité commune mais différenciée.

M. SANTOS (Espagne) a souligné que les preuves scientifiques appellent les États Membres à se mettre en garde.  Les changements climatiques menacent en effet gravement la paix et la sécurité internationales en contraignant des milliers de personnes à migrer en masse.  Entre autres conséquences, ce phénomène aurait un impact notable sur la stabilité régionale et internationale, a souligné le représentant.

Pour y faire face, le représentant a notamment appelé à opérer une transformation des systèmes afin d’assurer le développement durable.  La semaine dernière, l’Espagne a lancé un plan énergie-climat pour les 10 prochaines années. Elle s’est aussi ralliée au rassemblement pour la neutralité carbone.  L’Espagne, a ajouté la délégation, souhaite que le Conseil de sécurité soit saisi de la question des changements climatiques.  Il est capital que celui-ci puisse disposer d’un mécanisme d’évaluation des risques en la matière, a-t-il ajouté.

M. ANTONIO PARENTI, de l’Union européenne, a indiqué que la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est un bon exemple du type de réponse intégrée qu’il faut apporter aux enjeux sécuritaires découlant des changements climatiques. Il a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, avant d’inviter le Conseil, lorsqu’il analyse une situation donnée, à intégrer les risques environnementaux et climatiques.  Il a salué le rôle que pourrait jouer à cette fin la Commission de consolidation de la paix.

Le délégué a aussi plaidé pour une gestion durable des ressources naturelles afin de réduire les risques de conflit.  L’Accord de Paris doit rester la pierre angulaire de notre action, a continué M. Parenti.  Enfin, le délégué a passé en revue l’action de l’Union européenne dans ce domaine, citant ainsi les images envoyées par le satellite Copernic qui a permis d’identifier des survivants après le passage des ouragans Harvey et Irma en 2017.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme ELIZABETH THOMPSON (Barbade) a d’abord souligné que le Secrétariat exécutif de la Convention des Nations Unies contre les changements climatiques doit rester l’agence principale du système contre ce phénomène.  Elle a souligné que les petits États insulaires en développement sont dans le « vortex » d’une menace existentielle imminente qui requière une réponse préventive incluant l’évaluation des risques, une planification et un financement adéquats des efforts de résilience et de renforcement des capacités.  L’examen de cette question par le Conseil de sécurité, a-t-elle poursuivi, doit mettre l’accent sur toute la panoplie des risques que l’impact des changements climatiques représente pour la paix et la sécurité.  La représentante a appelé les pays développés à honorer les engagements qu’ils ont pris dans l’Accord de Paris s’agissant, en particulier du financement, du renforcement des capacités et du transfert des technologies, sans oublier la limitation à 1,5 C de la hausse de la température terrestre. 

Elle a ensuite attiré l’attention sur la déclaration sur les changements climatiques que les chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM ont adopté en juillet 2018 et qui demande à la communauté internationale d’appuyer la décision de la région de devenir une « zone climatique intelligente ».  Le système des Nations Unies doit améliorer sa compréhension de la menace que fait peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité.  On ne peut parler, s’est-expliquée la représentante, de la planification du développement, des tendances migratoires, de la gestion de l’eau, de la rareté des ressources ni de la paix, de la sécurité et de la durabilité sans parler des changements climatiques.  Elle a pris bonne note de l’appel des îles du Pacifique à nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité et de l’idée que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes viennent expliquer les défis du jour au Conseil de sécurité.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) s’est dit encouragé par cette réunion qui contribuera à faire que cette question soit reflétée davantage dans les travaux du Conseil à l’avenir.  Rappelant le coût économique sans précédent des catastrophes liées au climat, les émissions de carbone qui sont au plus haut niveau historique et le fait que les océans sont de plus en plus chauds et acides, le représentant a exigé une réponse urgente et ambitieuse, saluant à cet égard le Sommet sur le climat du Secrétaire général de septembre 2019 et la réunion de haut niveau sur ce thème de l’Assemblée générale prévue en mars.

M. Duarte Lopes a noté que la Déclaration de La Haye sur la sécurité planétaire reflète ces préoccupations et met un accent particulier sur la lutte contre la désertification dans la région du Sahel ainsi que sur l’optimisation de la coordination des efforts internationaux.  Au Portugal, la stratégie nationale sur la défense nationale, adoptée en 2013, tient compte des risques climatiques et environnementaux.  Enfin, le représentant a plaidé pour que le Conseil de sécurité intègre les risques climatiques et environnementaux dans ses travaux pour assurer le soutien nécessaire aux États qui sont les plus vulnérables à leurs effets. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé que jusqu’à 200 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer, d’ici à 2050, en raison de la dégradation environnementale, notant par ailleurs que les catastrophes climatiques avaient fait des milliers de morts en 2017 et causé 320 milliards de dollars en dégâts.  Il a jugé urgent de s’adapter et de doter les pays touchés d’outils de renforcement de la résilience, notamment dans les régions des Caraïbes et du Pacifique.  Ces mécanismes, a-t-il précisé, doivent tenir compte des risques d’instabilité sociale et politique et des conflits qui voient le jour à cause des liens entre changements climatiques et facteurs socio-politiques.  Le transfert de technologie et de savoir est également une nécessité urgente.

Le représentant a ensuite indiqué que son pays fait face à une baisse de la pluviométrie et subit la sécheresse.  La Turquie devrait devenir, d’ici à 2030, un pays souffrant de stress hydrique.  Il a aussi appelé à mettre en œuvre l’Accord de Paris, tout en notant que sa réussite dépend du respect du principe de responsabilité commune mais différenciée, des capacités respectives et de l’équité.

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a indiqué que lors de la canicule de 2018, la navigation sur le Rhin, qui revêt une importance stratégique pour l’économie de son pays, avait été fortement entravée par les températures élevées, des précipitations insuffisantes et de faibles niveaux d’eau.  Cela a interrompu le commerce d’importation et d’exportation, laissant la Suisse enclavée avec un accès limité aux biens de première nécessité tels que les carburants, a-t-il expliqué.

Concernant les effets des changements climatiques sur la paix et la sécurité, la Suisse a lancé, en 2010, l’initiative Blue Peace qui vise à renforcer la coopération transfrontalière dans la gestion des ressources en eau.  Le représentant a aussi parlé des effets des changements climatiques sur la sécurité humaine et a appelé à mettre en place des systèmes d’alerte précoce identifiant systématiquement les situations où ces changements sont un multiplicateur de risques.  Il a en outre engagé le Conseil de sécurité à intégrer systématiquement les risques climatiques dans les situations régionales ou de pays se trouvant à son ordre du jour.  Le Conseil doit aussi pouvoir tirer parti des informations et des ressources existantes au sein du systèmes des Nations Unies.  Il a aussi recommandé que des mesures proactives et systématiques soient prises afin d’assurer la paix et la sécurité internationales dans un contexte où les risques de fragilité climatique, les catastrophes extrêmes et les risques à évolution lente augmentent.  Le délégué a par ailleurs parlé de la tenue, en mai 2019, à Genève, de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a indiqué que son pays s’est engagé à dépenser au moins un milliard de dollars pour renforcer la résilience des pays en développement face aux changements climatiques, dont 300 millions pour la région du Pacifique.  Elle a notamment promis l’appui de l’Australie aux pays de la région Asie-Pacifique pour mettre en œuvre le Cadre de Sendai.  L’aide publique au développement (APD) australienne consacrée à la réduction des risques excède d’ailleurs 1% du PIB.  Enfin, la représentante s’est félicitée des règles d’application de Katowice, qui permettent de faire de l’Accord de Paris une réalité.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a rappelé que, selon l’OMM, quatre des cinq dernières années étaient les plus chaudes jamais enregistrées, tandis que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, ce qui entraîne des vagues de chaleur, des inondations, des sècheresses et des incendies de forêts.  Après avoir aussi évoqué les conséquences de la montée du niveau des mers et de la dégradation des côtes, il a rappelé que son pays avait été dévasté par des tragédies naturelles, y compris un tsunami terrifiant en 2004.  Or, « la montée du niveau des mers, la pollution des océans, et la perte des écosystèmes marins et côtiers sont au cœur de notre existence », a-t-il martelé.

Seule une vision mondiale, à travers des engagements et la coopération multilatérale, sera en mesure de freiner la dégradation de la planète et les risques à la paix et la sécurité internationales que cela entraîne, a estimé le représentant avant d’appeler la communauté internationale à respecter pleinement l’Accord de Paris.  Il a souligné les effets multiplicateurs des changements climatiques en termes de menaces de conflit; la dégradation de l’environnement en tant que cause de migrations; ou encore la compétition pour les ressources naturelles nationales.  Avant de conclure, le représentant a souligné que la coopération internationale doit être complémentaire des actions nationales dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a souligné que la décennie à venir sera déterminante pour la lutte contre les changements climatiques, car les scientifiques sont clairs: les initiatives prises à présent ne suffiront pas pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré.  Il a expliqué que la Colombie est particulièrement vulnérable aux impacts des changements climatiques en raison de la richesse de sa biodiversité, de sa situation géographique et de son niveau de développement.  La fréquence des phénomènes El Niño et La Niña ont notamment provoqué d’importantes pertes, avoisinant 2,2% du PIB national entre 2010 et 2011.  Et en 2015-2016, le phénomène El Niño a été particulièrement virulent, provoquant d’importants feux de forêt et la sécheresse.

Le représentant a appelé à mobiliser les ressources financières et à assurer le transfert de technologie et le renforcement de capacité pour les pays en développement afin de dégager des solutions pour faire face aux changements climatiques.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a plaidé pour que les PEID aient un siège au Conseil de sécurité, saluant au passage la présidence du Conseil par l’un d’eux, la République dominicaine.  Dans son pays, les habitants de la région autonome de Bougainville et de l’île de Caterets ont été contraints à quitter leur terre en raison de la montée du niveau de la mer, a expliqué le représentant en précisant qu’ils se sont réinstallés ailleurs dans le pays ce qui s’est accompagné de tensions souvent liées au partage des ressources dans les zones d’accueil.

« Imaginez que ce scenario se multiplie.  Imaginez les conséquences que cela aurait sur la paix et la sécurité », a lancé le délégué.  Il a tenu à rappeler aux membres du Conseil de sécurité que lorsqu’on parle de paix et de sécurité il est question de vies humaines et de moyens de subsistance des peuples de ce monde.  Les besoins fondamentaux de l’être humain sont l’eau, la nourriture et l’air.  Or, nous assistons à une baisse de la qualité et de la quantité de ces trois éléments s’est-il alarmé en imputant cela à l’impact des changements climatiques.  Il a dès lors demandé au Conseil de sécurité de systématiquement tenir compte de cet impact sur la paix et la sécurité internationales.  Il a constaté un « gouffre » entre l’action de l’Assemblée générale qui a adopté une résolution en ce sens, et celle du Conseil qui se limite à reconnaître ce lien dans des cas spécifiques comme celui du bassin du lac Tchad.

M. OLOF SKOOG (Suède) a indiqué que lorsque son pays avait présidé le Conseil en juillet 2018, il avait organisé un débat thématique qui avait mis en lumière l’empressement à faire avancer l’examen des risques sécuritaires liés au climat.  Il est à présent reconnu que les changements climatiques ont un impact sur la paix et la sécurité et il importe désormais de déterminer la marche à suivre, « et de le faire dès maintenant ».  Il a averti que les phénomènes météorologiques extrêmes, l’insécurité alimentaire et hydrique et la montée du niveau de la mer risquent de provoquer des déplacements et une compétition autour de ressources en raréfaction et de provoquer par la suite des conflits.  En outre, « nous entrons dans une ère inconnue », a-t-il estimé en faisant remarquer que le monde a déjà franchi certaines des limites planétaires, comme en témoigne le rapport du GIEC, et que les conséquences sur la paix et la sécurité internationales restent encore à déterminer.

Le représentant a souligné que le Conseil de sécurité doit disposer d’informations complètes sur les risques sécuritaires liés au climat, d’une analyse tournée vers l’avenir et de mécanismes d’alerte précoce afin de prendre des décisions informées.  Il a aussi appelé à réviser les mandats des missions, les programmes et les allocations de ressources, et à intégrer les défis climatiques aux efforts de médiation.  Il conviendrait ainsi d’examiner comment des parties divisées pourraient se rassembler autour de mesures d’adaptation climatique concrètes.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que son pays figure parmi les plus durement frappés par les changements climatiques en raison de sa situation géographique et de sa susceptibilité aux aléas climatiques tels que les cyclones, les inondations et les glissements de terrains.  Une hausse d’un seul degré des températures mondiales pourrait inonder de larges zones du pays et 40 millions de personnes pourraient être déplacées d’ici à la fin du siècle, a-t-il signalé.  En outre, le Bangladesh perd 2% de son PIB en raison de calamités naturelles et de la dégradation environnementale.  Et l’accueil de 1,1 million de Rohingya déplacés du Myanmar se fait également gravement ressentir sur le plan environnemental.

Parmi les actions mises en œuvre par le Bangladesh, le représentant a cité son budget carbone, son industrie à faible niveau d’émissions de gaz à effet de serre et son Plan Delta 2100 qui tient compte des vulnérabilités multidimensionnelles liées aux changements climatiques pour faire avancer le développement du pays.  Plus de 1% du PIB est consacré à l’action climatique, tandis que des investissements ont été réalisés dans le secteur agricole pour le rendre plus résistant aux aléas climatiques, a-t-il ajouté.  La protection des Sundarbans, la plus importante forêt de mangrove au monde, est également en cours.  M. Momen s’est dit convaincu que les changements climatiques et les catastrophes qui en résultent doivent être débattus « dans le moule de la coopération internationale en matière de développement ».  Il a aussi plaidé pour mobiliser des ressources financières et transférer des technologies aux pays les plus vulnérables, avant de demander aux entités du système de l’ONU de travailler ensemble pour mieux informer sur les risques que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, déléguée de l’Union africaine, se disant consciente des débats pour déterminer sur oui ou non les changements climatiques sont une source directe ou indirecte de conflits, a appelé à reconnaître qu’ils pourraient favoriser les conflits, voire avoir un effet multiplicateur des menaces dans certaines circonstances.  Elle a cité, à titre d’exemple, la situation au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.  Elle a aussi appelé les États Membres à respecter les engagements contractés dans différents cadres, en particulier l’Accord de Paris et d’autres cadres multilatéraux sur la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.

Pour sa part, l’Union africaine a établi des partenariats pour permettre aux pays africains de poursuivre leur développement avec une faible empreinte carbone.  La représentante a également expliqué que lors de sa sept-cent-soixante-quatorze réunion, le 21 mai 2018, le Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine avait reconnu le lien entre changements climatiques et conflits en Afrique et la réponse à y apporter.  Les efforts de lutte contre les changements climatiques ne pourront être efficaces que s’ils sont ancrés dans une approche multilatérale, dont l’Accord de Paris reste la meilleure illustration, a conclu la représentante.

M. GALLEGOS (Équateur) a averti que les changements climatiques menacent d’anéantir les efforts réalisés en matière de développement durable.  Il s’est alarmé du fait que des populations entières doivent parcourir de grandes distances pour trouver de quoi manger ou boire, au lieu de consacrer ce temps à l’éducation, avertissant dans la foulée du risque de radicalisation des jeunes que cela représente.  Il a appelé à promouvoir le transfert de technologie et à privilégier le transfert de compétence vers les pays en développement.  Il a souhaité que ce débat débouche sur une plus grande mobilisation des ressources et des efforts consacrés à la lutte contre les changements climatiques.

Nous ne pouvons changer le moment, l’endroit, la fréquence ou l’ampleur des catastrophes liées au climat, a reconnu M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya).  Mais, a-t-il dit, nous pouvons nous préparer, planifier et minimiser leur impact.  Le défi principal est donc de mobiliser les moyens de mise en œuvre, en particulier au niveau local.  L’insuffisance des fonds, l’absence de technologies et autres capacités et la faible nationalisation des directives internationales sont un problème grave dans les pays en développement.  Il faut donc plus d’investissements et une aide au renforcement des institutions concernées.  En 2018, le Kenya a d’ailleurs actualisé sa politique nationale de gestion des risques de catastrophe après avoir analysé les meilleures pratiques.  Au niveau international, a conclu le représentant, il faut revitaliser la coopération internationale, s’agissant en particulier du partage d’informations, de l’alerte précoce, et de la recherche-développement.  La mobilisation de fonds adéquats et prévisibles, le transfert de technologies et le renforcement des capacités aideront les gouvernements et les organisations régionales à répondre aux effets négatifs des changements climatiques et à prévenir de nombreux conflits et autres menaces à la sécurité.

Mme NEDRA P. MIGUEL (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a mis en garde contre la politique erronée qui consisterait à choisir entre la menace existentielle que sont les changements climatiques pour des pays comme le sien et les dangers émanant des situations en Syrie, au Yémen, au Myanmar, dans la péninsule coréenne, dans de l’État de Palestine ou encore en Afrique.  Nous devons régler « tous » ces problèmes quels que soit nos doutes sur le nexus climat-sécurité.  La représentante a appelé les plus grands pollueurs à faire de vraies coupes dans leurs émissions de gaz à effet de serre et a appuyé les appels à rendre le Conseil de sécurité plus conscient et plus sensible aux conséquences « terribles » des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales.  Reconnaître le climat comme une menace à la sécurité et travailler ensemble pour en protéger les peuples nous mettra sur la bonne voie, a-t-elle estimé.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a affirmé que « les changements climatiques sont une réalité » en soulignant leur impact au niveau mondial et en prévenant que « notre sécurité est en jeu ».  Le nier n’a pas de sens, a-t-il estimé, tout comme le fait de ne pas reconnaître le lien entre changements climatiques et le mandat de ce Conseil de sécurité.  Face à la difficulté pour la communauté internationale de trouver une réponse cohérente à la menace que posent les changements climatiques, le représentant a été d’avis que c’est au tour du Conseil de sécurité de réagir, sachant que ces changements ont un effet multiplicateur des menaces à la paix et la sécurité mondiales.

L’Irlande plaide pour une réponse mondiale à cette menace et souhaite que l’impact climatique soit systématiquement pris en compte dans les travaux du Conseil de sécurité.  Elle souhaite que les opérations de l’ONU en fassent de même pour pouvoir mieux évaluer les risques des facteurs climatiques et identifier les meilleures pratiques dans ce domaine.  La délégation appelle aussi le Conseil de sécurité à trouver des moyens pour passer des débats à l’action, en collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant a également prôné une approche fondée sur les droits de l’homme en matière de politique climatique et a exigé que les PEID soient mieux représentés au sein du Conseil de sécurité.  Il a suggéré la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a relevé que le rapport du GIEC fait état de nouveaux défis, d’où l’importance de mener de front des politiques de limitations des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.  Lançant un ferme appel à l’action, il a souligné que la question des changements climatiques sera déterminante pour les années à venir.  Il a jugé essentiel d’élaborer des capacités analytiques au sein de l’ONU, afin de pouvoir transmettre au Conseil de sécurité des informations utiles quant à l’étendue des menaces climatiques.

Le représentant a ensuite rappelé que le Chili avait décidé d’accueillir la COP 25 en janvier 2020, soulignant que son pays assume ce rôle dans la lignée de son engagement en faveur du multilatéralisme et fort de sa conviction que les changements climatiques sont un défi auquel il faut répondre avec la coopération de tous.

Au nom du Forum des îles du Pacifique, Mme MARLENE MOSES (Nauru) a attiré l’attention sur la Déclaration de Boé relative à la sécurité régionale, adoptée par le Forum en septembre 2018.  Pour nous, a dit la représentante à propos des changements climatiques « qui ne disparaîtront pas », les institutions requises pour répondre à l’impact de ce phénomène ne sont pas encore mises en place tout simplement parce que nous savons très peu de choses sur la manière dont nos systèmes humains répondront à son impact grandissant.  Elle a donné l’exemple de la crise alimentaire de 2007 et de 2008 qui a provoqué des troubles sociaux dans le monde entier, poussant certains pays à déclarer l’état d’urgence.  Notre chaîne de production, qui est souvent célébrée comme « une merveille du capitalisme », n’a pourtant pas été capable de donner aux gens la nourriture dont ils avaient besoin à un prix abordable.  Or les changements climatiques ont été un des facteurs de la crise.  La distribution de l’eau, le transport international, la production industrielle, les places financières ou le marché des assurances sont tous des systèmes humains complexes et interconnectés mais souvent assez fragiles. Un problème dans l’un peut avoir un impact plus dangereux encore que l’aspect des changements climatiques qui l’a provoqué. 

La nomination d’un représentant spécial pour le climat et la sécurité est donc une mesure essentielle pour se préparer aux implications sécuritaires des changements climatiques.  Le représentant spécial, a expliqué la représentante, serait chargé d’informer le Secrétaire général et le Conseil de sécurité des risques climatiques émergents pour la paix et la sécurité internationales; de faciliter une meilleure coopération régionale et transfrontières; de suivre les points chauds du nexus climat-sécurité; de s’engager dans la diplomatie préventive; et d’apporter son aide aux situations où les changements climatiques sont un risque de déstabilisation.  Le représentant spécial serait bien placé pour coordonner les efforts dans ce domaine du Département des affaires politiques, du Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA), du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a dit que son pays « compatit » avec tous les pays frappés par des catastrophes climatiques.  Il a reconnu la vulnérabilité spécifique des PEID, avant de souligner la nécessité d’une coopération internationale forte après une catastrophe.  Le Brésil a toujours été solidaire des pays touchés, comme avec Haïti, après le tremblement de terre.  Mon pays est fier de l’exemple qu’il donne en matière de lutte contre les changements climatiques, a dit le représentant.

Néanmoins, le Brésil est d’avis que cette question n’est pas du ressort du Conseil de sécurité.  Faire des questions environnementales des questions sécuritaires n’est pas sans risque, les liens n’étant pas prouvés, a-t-il dit. Le délégué a, enfin, appelé à impliquer la famille des Nations Unies, et pas seulement la poignée des membres du Conseil, pour mettre en place les mécanismes de prévention et d’atténuation des risques liés aux changements climatiques.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a salué le fait que le Conseil de sécurité ait reconnu les conséquences néfastes des changements climatiques en Afrique de l’Ouest, au Sahel ou bien encore en Somalie.  Le Conseil doit néanmoins être mieux informé sur les risques sécuritaires liés au climat, a-t-elle estimé, avant d’appeler à des synergies entre l’ONU et les États Membres pour renforcer la résilience face aux changements climatiques.  La déléguée a néanmoins affirmé qu’un rôle accru du Conseil ne doit pas se faire au détriment de l’Assemblée générale.  Il est temps d’agir face à cette menace existentielle, a conclu la déléguée.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a souligné que l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationale devient de plus en plus évident.  Il a aussi indiqué qu’après avoir été classé pendant 20 ans parmi les 10 pays les plus touchés par les changements climatiques, le Viet Nam figure désormais depuis quatre ans parmi les six premiers.  Une étude indique notamment que si le niveau de la mer augmente d’un mètre d’ici à 2010, 40% du delta du Mékong sera inondé, alors que de larges pans de terres arables sont déjà salinisés par l’eau de mer.  Il a averti que cette situation aura un impact non seulement sur le bien-être des 40 millions de personnes qui vivent dans cette région, mais aussi au-delà car le Viet Nam est l’un des trois plus importants exportateurs de riz, dont 90% est cultivé dans le delta du Mékong.

Le représentant s’est ensuite dit partisan d’une approche complète pour répondre aux implications sécuritaires des changements climatiques.  Il a insisté sur rôle du système des Nations Unies, du Conseil de sécurité et des organisations régionales, citant notamment le Centre de coordination de l'aide humanitaire de l'Association des nations de l’Asie du Sud-Est pour la gestion des catastrophes.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a insisté sur le principe de responsabilité commune mais différenciée et sur le transfert de technologie pour combattre les effets des changements climatiques.  Il a aussi appelé la communauté internationale à s’opposer vigoureusement à toute tentative de saper les instruments internationaux pertinents, dont le retrait.  Les pays en développement les plus vulnérables doivent bénéficier d’un appui au renforcement de leurs capacités, à savoir le partage des meilleures pratiques, l’échange d’expériences et le transfert sans condition ni discrimination des ressources financières, du savoir-faire et des technologies.  Les efforts de renforcement des capacités doivent s’accompagner de la promotion de la coopération régionale et internationale.  Si tels sont nos objectifs, ils doivent être poursuivis à la Convention sur les changements climatiques, à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social mais en aucun cas au Conseil de sécurité qui n’a ni la compétence juridique ni la capacité technique de s’attaquer à ces questions, a tranché le représentant.  Il a rappelé que déjà en 2017, il n’y avait aucun consensus ni entre les membres du Conseil ni entre ceux de l’Assemblée générale.  Bien au contraire, de nombreux pays voyaient plutôt un autre exemple de la tendance du Conseil à empiéter sur les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Il est tout simplement « incompréhensible », s’est impatienté le représentant, que le Conseil, qui ne parvient même pas à s’attaquer sérieusement aux situations de conflit dont il est saisi, insiste pour plonger dans des questions qui n’ont pas de lien établi avec la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a donc exhorté le Conseil à se limiter strictement à son mandat et à arrêter de faire des promesses qu’il ne peut pas tenir. 

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a estimé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est le cadre adéquat pour débattre du sujet en discussion ce jour au Conseil de sécurité.  Le représentant a tout de même reconnu que les menaces climatiques augmentent les risques de migrations du fait du stress hydrique qui est l’une des causes des conflits au Moyen-Orient.  L’Iraq plaide donc pour le respect du droit international dans le cadre de la gestion des eaux transfrontières.  Le représentant a déploré que les États en soient aujourd’hui réduits à utiliser de l’eau de mer pour pallier le manque d’eau douce.  L’Iraq note également que les changements climatiques sont un phénomène mondial qui exige une approche multilatérale.

M. OMAR HILALE (Maroc) a détaillé la « politique proactive » de son pays face aux changements climatiques en faisant remarquer que celui-ci est un « multiplicateur de menaces ».  Il a mentionné la création de la Commission Climat pour la Région du Sahel et du Fonds bleu pour le bassin du Congo, à l’initiative du Roi Mohammed VI, ainsi que le lancement de l’initiative Durabilité, stabilité et sécurité en Afrique visant à s’attaquer aux causes profondes de la migration et de l’instabilité amplifiées par la dégradation des terres et les changements climatiques.

Le Maroc continue d’investir dans les projets d’irrigation moderne à grande échelle et à mettre en place des programmes d’approvisionnement en eau potable pour les zones les plus vulnérables, a indiqué le représentant.  Enfin, M. Hilale a cité le projet Noor Ouarzazate, premier projet d’énergie solaire marocain et plus grand complexe énergétique au monde avec une capacité totale de 580 MW.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a dit que son pays parie sur des énergies renouvelables afin de lutter contre les changements climatiques.  Il a estimé que débattre de cette question doit se faire dans les enceintes appropriées comme le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ou encore l’Assemblée générale.  Le délégué a aussi insisté sur les promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris.  Pour l’Uruguay, dont des soldats prennent part aux missions de maintien de la paix, il est clair que les questions environnementales ont un impact sur les conflits.  Il a demandé que la communauté internationale agisse de toute urgence contre ce phénomène susceptible de saper le développement international.

M. ROBERT MARDINI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que la semaine dernière, le Président du CICR a achevé une visite de huit jours au Sahel.  Dans cette région, le conflit armé, la pauvreté, la faiblesse des services publics et la perturbation des moyens traditionnels de survie ne sont pas dus seulement au conflit mais aussi à la diminution des terres arables et à l’imprévisibilité des ressources en eau.  Nous savons aussi, a poursuivi le représentant, que dans les situations de conflit, l’environnement naturel et les infrastructures civiles sont endommagés ou détruits, avec des conséquences qui peuvent contribuer aux changements climatiques.  Si le droit international humanitaire ne traite pas explicitement des changements climatiques, il contient des règles qui protègent l’environnement.  Il établit par exemple des protections pour les ressources naturelles vitales dont l’exploitation peut conduire à des risques climatiques.  Le droit international humanitaire protège aussi certaines ressources naturelles comme l’eau ou les zones agricoles ainsi que les objets indispensables à la survie de la population civile. 

Lorsque l’on examine l’impact des catastrophes liées au climat sur la paix et la sécurité internationales, a encore estimé le représentant, il faut tenir compte de la manière dont les changements climatiques peuvent aggraver la vulnérabilité des gens dans les situations de conflit.  Le CICR implique d’ailleurs les acteurs locaux dans la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation.  Cette année, il compte convoquer une série de tables rondes sur ces questions et sa Division juridique est déjà en train de réviser les directives de 1994 pour les manuels militaires, sur la protection de l’environnement en temps de conflit. 

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a affirmé que son pays est l’un de ceux souffrant le plus des conflits du fait des changements climatiques.  Il a pris en exemple le conflit au Darfour qui a surgi après une période de sécheresse, après quoi le Gouvernement du Soudan a engagé des efforts de rétablissement de la paix, condition sine qua none pour tout développement durable.  Les autorités ont aussi lancé des projets de développement, tablant notamment sur des sources d’énergie renouvelables.

Le représentant a plaidé pour que des mesures préventives soient prises afin d’éviter que les conséquences des changements climatiques ne conduisent à des conflits.  Il faut notamment par des systèmes d’alerte précoce, a-t-il précisé.  De plus, selon le Soudan, les États industrialisés se doivent de respecter leurs engagements vis-à-vis des États en développement en leur fournissant les moyens d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques.

M. KAI SAUER (Finlande) a plaidé pour une réponse intégrée de la communauté internationale face aux défis sécuritaires liés aux changements climatiques, en particulier dans le cercle arctique.  Le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer à cet égard, a-t-il précisé.  Le délégué a aussi tenu à rappeler que les femmes paient souvent le prix fort des changements climatiques. Il a ensuite souligné l’importance d’une coopération forte dans le domaine de la météorologie pour mieux faire face aux risques.  Enfin, il a appelé à faire preuve d’ambition dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

M. NAZIROV (Ouzbékistan) a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur « la pire catastrophe écologique de notre temps »: la dessiccation de la mer d’Aral dont le volume d’eau est 14 fois inférieur à son niveau d’il y a 50 ans. Le degré de salinité a été multiplié par 25 et dépasse désormais de loin celui des océans du monde.  Ce qui était avant une mer grouillant de poissons est devenu un désert de sable salé de plus 5,5 millions d’hectares qui laisse échapper chaque année de plus de 75 millions tonnes de poussières et de minéraux dangereux à des milliers de kilomètres de là.  D’après les experts, entre 2035 et 2050, la température de la région devrait encore augmenter de 1,5 à 3 C.  Le Président ouzbek a donc proposé un certain nombre d’initiatives, dont la désignation de la mer d’Aral comme une région d’innovation écologique et technologie.  Il s’agit d’unir les efforts des pays d‘Asie centrale et de créer les conditions favorables aux investissements étrangers dans les technologies propres, l’économie verte, la lutte contre la désertification ou encore l’écotourisme.  Les niveaux des ressources et la coordination des organisations financières internationales et des donateurs étant insuffisants, l’Ouzbékistan et les Nations Unies ont créé une plateforme unifiée pour atténuer les conséquences de la crise de la mer d’Aral et assurer un développement socioéconomique durable à la région.  Le 27 novembre 2018, un fonds d’affection spéciale pluripartenaire pour la sécurité humaine dans la région de la mer d’Aral a été créé, présidé par le Secrétaire général de l’ONU qui s’était lui-même rendu dans la région en juin 2017 et y avait vu « une des pires catastrophes environnementales causées par l’homme ».

En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix, M. ION JINGA (Roumanie) s’est targué d’une bonne compréhension des causes multidimensionnelles de l’insécurité dans la région du Sahel.  J’ai pris l’initiative de creuser la question, a-t-il dit, et de proposer pour thème de la réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC), le 13 novembre de l’année dernière, « les liens entre les changements climatiques et les défis de la consolidation de la paix et de la paix durable au Sahel ».  La réunion a contribué à améliorer la sensibilisation à l’impact des changements climatiques sur la stabilité du Sahel, aux défis de la consolidation de la paix dans la région et à la nécessité de la cohérence, de la coopération et de la coordination pour renforcer la résilience.  Le représentant a aussi indiqué que le mois dernier, sa Mission a organisé au Siège de l’ONU à New York une manifestation parallèle sur « l’amélioration de l’état de préparation aux catastrophes naturelles », en présence du Chef du Bureau roumain des réponses d’urgence.  Les changements climatiques, a-t-il conclu, n’exacerbent pas seulement les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Ils « sont » une menace à cette paix et à cette sécurité.  La communauté internationale doit donc mieux évaluer les connexions entre ce phénomène et les risques sécuritaires et offrir son appui aux pays et aux régions les plus affectés.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné que les changements climatiques sont un problème sérieux de notre temps.  Les sociétés vulnérables sont les plus affectées, a-t-elle ajouté en citant notamment les PEID.  La représentante a donc plaidé pour que le rythme des actions multilatérales s’accélère.  Elle a dit que l’Accord de Paris reflète une volonté politique en ce sens.  Le Qatar, a-t-elle assuré, entend respecter ses engagements dans ce cadre, notamment par des investissements en faveur des économies moins polluantes et en faveur des sources d’énergie vertes.

« Nous sommes avertis sur la gravité des changements climatiques », a déclaré M. CARAZO (Costa Rica), avant d’insister sur les enjeux sécuritaires qui en découlent.  Il a insisté sur la vulnérabilité aux changements climatiques de son pays -le coût annuel de relèvement des catastrophes climatiques est de 337 millions de dollars-, avant de passer en revue l’action de son gouvernement pour y remédier.  Il a notamment mentionné le plan national de « décarbonisation » 2018-2050.

Les personnes les plus vulnérables, en particulier les femmes, paient le prix fort des changements climatiques, a-t-il regretté.  De l’avis de sa délégation, la question de l’égalité entre les sexes devrait être au cœur des grands textes sur les changements climatiques.  Enfin, le délégué a appelé à la mise en place de mécanismes d’alerte précoce et indiqué que la nomination d’un représentant spécial climat et sécurité mérite considération.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a relevé la vulnérabilité des PEID face à la montée des niveaux des océans, en martelant qu’il est impossible d’y faire face sans développement durable.  Le Kazakhstan est proactif dans sa réponse aux changements climatiques en cherchant à mieux comprendre les risques et les vulnérabilités associés aux catastrophes naturelles, et en mettant en place des systèmes d’alerte rapide, de réduction des risques et de préparation aux catastrophes, a expliqué le représentant pour lequel une approche multilatérale s’impose dans ce contexte.  Il a également encouragé une plus grande synergie entre les travaux du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, y compris les principes directeurs adoptés à Katowice, et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Victime lui aussi des changements climatiques, et notamment de la fonte de ses glaciers, le Kazakhstan risque de faire face à un manque d’eau d’ici à 2050.  Le représentant a salué la contribution du centre glaciologique régional de l’Asie centrale qui devrait orienter les mesures à prendre pour contrecarrer cette menace.  Le rétrécissement de la mer d’Aral est un autre problème climatique auquel le pays doit trouver réponse en misant sur la coopération transfrontière en matière d’eau avec les pays d’Asie centrale.

Pour Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie), les données météorologiques et les projections climatiques confirment la vulnérabilité des écosystèmes et des peuples face aux risques climatiques et il est impératif d’accélérer et de renforcer les efforts internationaux, régionaux et sous-régionaux pour s’adapter aux changements climatiques et mieux se préparer aux catastrophes naturelles.

Rappelant que l’Arménie se trouve dans une des régions séismiques les plus actives au monde, la représentante a expliqué que l’expérience de son pays, et notamment le tremblement de terre de 1988, avait mis en exergue l’importance de la coopération régionale et internationale dans la gestion des catastrophes naturelles et dans la réduction des risques.  L’une des priorités de l’Arménie est précisément de renforcer sa résilience et ses capacités nationales en termes de préparation aux catastrophes.  Pour ses politiques nationales dans ce domaine, l’Arménie a opté pour « l’approche par écosystèmes », dans le droit fil des principes de l’économie verte, a précisé la déléguée.  En juin dernier, l’Arménie a accueilli la Plateforme sous-régionale de l’Asie centrale et du Caucase pour la prévention des risques de catastrophe.   

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a souligné la nécessité d’une approche intégrée de la part des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité.  Il a parlé d’une approche qui inclue la diplomatie préventive, la consolidation et le maintien de la paix et le renforcement de la résilience.  Les divisions institutionnelles et sectorielles doivent être surmontées pour permettre un travail plus intégré liant humanitaire, développement, atténuation, paix et sécurité.  Le 27 mai 2016, a-t-il rappelé, l’Assemblée de l’environnement des Nations Unies a adopté une résolution qui reconnaît le rôle des écosystèmes sains et de la gestion durable des ressources dans la réduction des risques de conflit.  Nous devons aller plus loin, a estimé le représentant, et nous attaquer aux menaces réelles que les guerres et les conflits armés font peser sur l’environnement et les efforts de conservation de la nature ainsi qu’au rôle que les ressources naturelles peuvent jouer dans les conflits armés.  Le représentant a profité du débat pour soulever la question de la gestion de l’environnement dans les opérations de maintien de la paix.  Il a appelé à une pleine mise en œuvre de la Stratégie pour l’environnement, lancée par les Nations Unies en novembre 2016.  Rappelant que le mot d’ordre de la vingt-quatrième Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 24) était « changeons ensemble », le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à apporter sa pierre à l’édifice de la gestion et de l’atténuation des changements climatiques.

Le lien entre changements climatiques et sécurité est « clair et indéniable », a estimé Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas).  Elle attiré l’attention sur l’approche 3P: « si nous voulons prévenir, nous devons prévenir et nous préparer ».  C’est la raison pour laquelle, s’est-elle expliquée, les Pays-Bas appellent à une évaluation et à une analyse intégrée des risques et au renforcement des capacités institutionnelles pertinentes.  Les évaluations intégrées des risques doivent inclure tous les facteurs multiplicateurs, y compris la question de l’eau et les changements climatiques.  Elle a d’ailleurs rappelé l’instrument d’alerte rapide qu’a présenté « World Ressources Institute ».  De tels instruments, a-t-elle estimé, peuvent aider les gouvernements et le système des Nations Unies à améliorer l’analyse et l’évaluation pour mieux se préparer.  La préparation, a-t-elle précisé, c’est identifier les risques mais c’est aussi améliorer les opérations et développer les bons programmes.  Il est donc crucial que les mandats reflètent la nécessité d’une évaluation intégrée des risques et que les missions et les entités des Nations Unies soient dotées des capacités et des moyens institutionnels idoines.

En dehors des Nations Unies, a poursuivi la représentante, nous devons faire plus pour partager le savoir-faire et les meilleures pratiques et explorer des réponses actionnables.  Le 13 décembre 2018, les Pays-Bas, le Centre d’excellence pour le développement durable des petits États insulaires en développement et l’Agence de la gestion des catastrophes de la CARICOM ont organisé une Conférence sur la sécurité de la planète dont les résultats contribueront à la prochaine édition prévue à La Haye, les 19 et 20 février.  Si nous prévenons mieux grâce à l’alerte rapide et que nous nous préparons mieux grâce à cette même alerte, nous pourrons prévenir les conflits, a conclu la représentante qui a vu dans les objectifs de développement durable l’agenda « ultime » de la prévention dans lequel est ancrée la lutte contre les changements climatiques.  Elle s’est félicitée de la décision du Secrétaire général de convoquer un Sommet sur le climat en septembre prochain.

Mme LOIS MICHELE YOUNG (Belize), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a égrené des faits qui témoignent des réalités que connaissent les PEID à cause des conséquences néfastes des changements climatiques.  Elle a dit que la communauté internationale a un impératif moral urgent d’agir, conformément aux éléments scientifiques en sa possession.  Elle doit apporter le soutien nécessaire aux pays en développement pour leur adaptation.  La représentante a aussi demandé que la communauté internationale respecte les engagements pris dans l’Accord de Paris, notamment le transfert de technologie en faveur des pays en développement, et la mise à leur disposition des fonds utiles pour les mesures d’adaptation. 

La déléguée a souhaité que le Conseil de sécurité soit davantage sensible aux questions climatiques dans le contexte du maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il faut donc que son travail s’appuie sur des faits scientifiques, a-t-elle clamé en insistant sur le besoin d’améliorer les capacités d’analyse du système onusien, sans oublier la coordination des agences du système pour renforcer leur rôle d’appui aux pays et groupes les plus vulnérables. 

M. SAMUELU LALONIU (Tuvalu), qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a attiré l’attention du Conseil sur la récurrence accrue des catastrophes climatiques.  Les changements climatiques sont la menace la plus grave à la sécurité et au bien-être des pays du Pacifique, a-t-il déclaré.  Le délégué a demandé au Conseil de procéder à une évaluation solide des enjeux sécuritaires liés aux changements climatiques et souhaité la nomination d’un représentant spécial chargé de ce dossier.  Un représentant spécial au climat et à la sécurité pourrait remédier aux lacunes dans la coopération des différentes entités onusiennes, a-t-il déclaré, en exhortant tous les membres du Conseil à appuyer cette proposition.  Le Conseil doit agir maintenant, a conclu le délégué. 

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a estimé qu’il n’est pas illégitime de penser que le Conseil a un rôle à jouer s’agissant de la dimension sécuritaire des changements climatiques, même si ce rôle reste à définir.  Du reste, le Conseil a d’ores et déjà abordé cette question dans une déclaration présidentielle de 2011, qui reconnaissait le rôle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le délégué a appelé à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris, avant d’indiquer que la thématique de ce jour doit encore être clarifiée.  Enfin, le délégué a préconisé que le Conseil coopère avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, et œuvre à une prévention des risques, par le biais notamment de ces mêmes organisations régionales et sous-régionales.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a relevé que des groupes terroristes, comme Boko Haram, profitent de la « réduction dramatique » du lac Tchad et des récentes sécheresses pour recruter ceux qui ont perdu leur bien-être en conséquence de l’insécurité climatique.  De même, les changements climatiques menacent la survie des petits États insulaires du Pacifique et de l’océan Indien, provoquant des mouvements de population et faisant émerger de nouveaux défis en matière de contrôle et d’intégrité territoriale.  La représentante a appelé à recadrer la question des changements climatiques, faisant observer que la limitation des gaz à effet de serre ou le financement du bien-être dans les régions frappées par la sécheresse, longtemps considérés comme des questions de développement ou des questions humanitaires, sont en fait des investissements dans la sécurité.

La représentante a dès lors appelé les États Membres à s’engager à renforcer les efforts de développement dans les régions les plus sujettes à l’insécurité climatique.  Nombre de pays ainsi touchés ont des niveaux de chômage élevé, a-t-elle rappelé.

M. MAHAMMED NAGUIB SOOMAUROO (Maurice) a indiqué que saisir le Conseil de sécurité de la question des changements climatiques avait été un véritable défi, mais que la prise de décision pour pousser les États Membres à une action proactive le sera encore plus.  Il a souligné que les petits États insulaires y sont particulièrement vulnérables mais qu’il incombe néanmoins à tout un chacun de répondre aux changements climatiques.  Loin d’être une question uniquement environnementale ou de développement, les changements climatiques posent une menace complexe et à la paix et à la stabilité ainsi qu’à la durabilité de notre planète.  Et on ne saurait sous-estimer le potentiel qu’ont les migrations climatiques à provoquer des tensions et à menacer la paix et la sécurité internationales.  Pour le représentant, le Conseil de sécurité est la plateforme idoine pour répondre à cette menace.

Le délégué a ensuite déploré les progrès inadéquats pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.  À Maurice, a-t-il poursuivi, les indicateurs font état d’une aggravation, marquée par une hausse des températures et du niveau de la mer, une baisse de la pluviométrie, une érosion des plages, « pilier de notre économie », tandis qu’une baisse de la production agricole pourrait mettre en péril le bien-être de la population.  Il est plus que temps d’aller au-delà des mots, a-t-il indiqué, et pour Maurice, le Conseil de sécurité fait partie de la solution à ce problème fâcheux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG retire le statut consultatif spécial à « China Energy Fund Committee » pour des faits de corruption en Ouganda et au Tchad

Session de 2019,
9e & 10e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6958-ONG/882

Le Comité des ONG retire le statut consultatif spécial à « China Energy Fund Committee » pour des faits de corruption en Ouganda et au Tchad

Le Comité chargé des ONG, qui a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 4 organisations et reporté sa décision sur 65 autres, s’est mis d’accord pour retirer le statut consultatif spécial que China Energy Fund Committee (CEFC) avait reçu en 2011.

Dans son dossier, CEFC se décrit comme une ONG enregistrée à Hong Kong, la Région administrative spéciale de la Chine, et en Virigine aux États-Unis.  Elle indique qu’elle est financée par « China Engergy Compagny Limited (CEFC Limited) », un conglomérat chinois basé à Shanghai.

Or dans une lettre adressée au Comité le 15 janvier 2019, les États-Unis expliquent que le 5 décembre 2018, le jury d’un tribunal fédéral de Manhattan a reconnu le Vice-Président Directeur général et Secrétaire général de China Energy Fund Committee (CEFC), M. Chi Ping Patrick Ho, coupable d’avoir participé à un stratagème de plusieurs millions de dollars pour corrompre des autorités en Ouganda et au Tchad, en échange d’avantages commerciaux pour le conglomérat CEFC Limited.  

M. Ho a été condamné pour violations aux lois sur la corruption à l’étranger, blanchiment d’argent et complot.  Il s’est servi du statut consultatif spécial de son ONG auprès de l’ECOSOC pour accéder aux ressources et au personnel de l’ONU et promouvoir des objectifs commerciaux, y compris par des actes de corruption, dénoncent encore les États-Unis.  Prenant note de ces informations, le Comité a décidé de recommander à l’ECOSOC le retrait du statut consultatif spécial de CEFC.

Il a en revanche reporté sa décision sur les dossiers de plusieurs ONG œuvrant dans les domaines des droits de l’homme et de la protection des réfugiés dont Pakistan International Human Rights Organization; NK Watch, de la République de Corée; Arab-European Center of Human Rights and International Law (AECHRIL), de la Norvège; ou encore Bahrain Center for Human Rights, du Danemark.  L’ONG libanaise Palestinian Association for Human Rights a été parmi les quatre organisations à avoir obtenu un statut consultatif spécial aujourd’hui. 

Le Comité peut recommander trois statuts à l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Le Comité des ONG reprendra ses travaux lundi 28 janvier, à partir de 10 heures. 

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Dansk Flygtningehjælp (Danemark)
  2. DePaul University (États-Unis)
  3. Israel Trauma Coalition for Response and Preparedness (R.A.) (Israël)

Examen des demandes de statut consultatif

Quels sont les projets de la National Human Rights Civic Association « Belarusian Helsinki Committee » (Belarus)?  Combien ont-ils coûté?, a demandé la Fédération de Russie.  À quel titre l’Organisation Tamaynut (Maroc) a participé à une réunion à Agadir au Maroc? a voulu savoir le Soudan.  Quels ont été les résultats de cette participation?  Le Pakistan a prié Pakistan International Human Rights Organization (Pakistan) de donner un état financier.

Israël a demandé à Palestinian Association for Human Rights (Witness) (Liban) si elle prend en charge les Palestiniens de Syrie.  Swadhikar (Inde) a été invitée par le Pakistan à expliquer ses projets d’élimination contre la discrimination inhérente au système des castes.  À l’exception du directeur, quel est le rôle des autres membres de Talent Incubator (Bénin) dans le processus de décisions? ont demandé les États-Unis.

La Fédération de Russie a voulu savoir si The Public Association « Kazakhstan International Bureau for Human Rights and Rule of Law » (the Republican Status) (Kazakhstan) travaille dans d’autres pays.  Est-elle autorisée à le faire?  Quel est le type de relations de The Union of Non-governmental Associations « The International Non-governmental Organization The World Union of Cossack Atamans » (Kazakhstan) avec ses partenaires en Russie? a demandé la Fédération de Russie.  Le Nicaragua a voulu savoir de Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc.(TAOC-IG) (Philippines) si tous ses membres ont le même droit de vote.

West Papua Interest Association (Indonésie) a été invitée par l’Inde à refléter dans son budget, le financement de sa participation à différentes conférences des Nations Unies.  World Fund for Development and Planning (WFDP) (Ouganda) a été priée par les États-Unis de présenter les résultats dans les huit projets en 2018.  La même délégation a voulu que World Historic and Cultural Canal Cities Cooperation Organization (Chine) clarifie ses relations avec la province Yangzhou et les projets qui y sont exécutés.

Quels sont les projets de Wynad Social Service Society (Inde) sur l’eau et l’énergie? a demandé l’Inde.  La Fédération de Russie a exigé de l’Alliance to Renew Co-operation among Humankind (Belgique) la liste de tous ses projets.  Quelles sont les sources d’information utilisées par l’Anti-Corruption Foundation (Fédération de Russie) dans le cadre de ses investigations sur la corruption en Russie?  Comment fait-elle pour vérifier ces informations? 

Quelles sont les activités d’Arab-European Center of Human Rights and International Law (AECHRIL) (Norvège) dans le domaine des droits de la femme dans les pays arabes? a demandé le Pakistan.  Le Nicaragua a voulu une liste de tous les projets de Bahrain Center for Human Rights (Danemark).  Pourquoi Broad National Movement (BNM) Limited Ltd (Royaume-Uni) travaille-t-elle dans des pays où elle n’est pas enregistrée? a demandé le Soudan

L’Inde a remarqué que Canadian Human Rights International Organization – CHRIO (Canada) affirme porter secours aux migrants mais elle semble n’avoir aucun budget pour ce faire.  Cuba a voulu la liste des projets de l’ONG en particulier sur son territoire.  L’ONG a-t-elle l’intention de travailler avec l’ECOSOC dans le domaine des droits de l’homme?  Qui sont les bailleurs de fonds de Child Foundation [USA] (États-Unis)? ont demandé les États-Unis.  Cuba a voulu des détails sur la nature et les sources de revenus de Christian Solidarity International (CSI) (Suisse).

La Fédération de Russie a voulu savoir si Citizens’ Alliance for North Korean Human Rights (République de Corée) a été financée par d’autres gouvernements que celui de la République de Corée.  Peut-on obtenir la liste de ces gouvernements et des projets qu’ils ont financés?.  Cuba a voulu la liste des pays « prioritaires » pour la Cooperación Internacional (Espagne).  Israël s’est demandé comment Diakonia (Suède) peut fonctionner sans membres.  Le secrétariat du Comité a indiqué qu’il n’est pas inhabituel qu’une organisation n’ait aucun membre.  Quelle est la responsabilité du bureau régional de l’ONG en Israël?

Qui fait partie de l’Assemblée générale de Dream Touch for All (République de Corée)? a demandé la Fédération de Russie.  Quelles ont été les activités d’Electronic Frontier Foundation, Inc. (États-Unis) en 2018? a voulu savoir la Chine.  Quel soutien Ethiopian Genocide Committee 1935-1941, Inc. (États-Unis) reçoit-elle de ses bailleurs de fonds? a questionné le Soudan.

La Libye a exigé à Euro-Mediterranean Human Rights Network (Danemark) des détails sur ses projets.  European Centre for Democracy and Human Rights Limited (Belgique) est enregistrée en Irlande mais siège à Bruxelles, a noté la Chine, en demandant des explications.  Elle a reconnu que European coalition for just and effective drug policies (ENCOD) (Belgique) n’a pas fait mention de son site Internet dans sa demande mais lui a tout de même demandé de corriger le nom de Taïwan - province de Chine.

La Federal Bar Association (États-Unis) se dit être une ONG nationale mais elle a des membres d’autres pays.  Pourquoi? a demandé la Chine.  Le Mexique a demandé au Comité si le fait qu’une ONG ait des membres d’autres pays en fait une organisation internationale.  Les États-Unis ont avoué n’avoir pas compris la question.  Les membres étrangers mènent-ils des activités au nom de l’Association? a précisé le Mexique.  La Chine a demandé à Fundacja Otwarty Dialog (Pologne) sa position sur la question de Taïwan.  La même délégation a voulu des explications de la part de Gulf Centre for Human Rights (GCHR) Limited (Irlande) sur son déficit budgétaire.

Israël a voulu savoir la teneur de la plainte déposée en 2011 par Hokok Coalición Internacional Contra la Impunidad (Espagne) contre des actes sionistes.  Où est le site Internet de l’ONG? s’est inquiété Bahreïn.  La Chine a demandé à IFEX (Canada) de corriger la référence à Taïwan « qui n’est pas un pays ».  L’Inde a voulu la ventilation du budget de ces deux dernières années.  Quelle est la relation entre Inimõiguste Instituut (Estonie) et d’autres ONG en Estonie?  Quelle est la nature de ses relations avec le Ministère de la défense.  Sont-elles d’ordre financier? a questionné Cuba

Le Soudan a voulu les détails sur le financement de la conférence biannuelle organisée par The International Association of Genocide Scholars, Inc. (États-Unis).  L’Inde a aussi voulu les détails du financement de l’International Dalit Solidarity Network (Danemark) ces deux dernières années.  Quels projets ont été menés?  Cette ONG a-t-elle travaillé avec le Gouvernement?  Quelle est la nature des subventions reçues du secteur privé par Interregional Non-governmental Organization « Committee against Torture » (Fédération de Russie)? a demandé la Fédération de Russie.  Qui décide des projets? 

La même délégation a voulu en savoir plus sur la contribution d’Interregional non-governmental human rights organization « Man and Law » (Fédération de Russie) aux travaux de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Le Mexique a demandé s’il y a une restriction contre la participation des femmes au sein de cette ONG.  A-t-elle des projets de promotion de la femme?  La Libye a prié Lawyers for Justice in Libya (Royaume-Uni) de donner la liste de ses organisation membres.  Peut-obtenir le détail des fonds reçus par Mother Helpage (UK) (Royaume-Uni)? a demané l’Inde.  

La Chine a demandé à Muslim Hands (Royaume-Uni) comment elle a pu augmenter le nombre de pays où elle travaille de 50 à 65 en quelques années seulement.  La même délégation a voulu que Now Action & Unity for Human rights - NAUH (République de Corée) explique le « grand écart » entre les recettes et les dépenses.  La Chine a invité la NK Watch (République de Corée) à lui donner des informations sur les fonds reçus d’autres organisations.

National Committee on BRICS Research (Fédération de Russie) devra expliquer aux États-Unis sa stratégie pour augmenter le nombre des membres du Groupe de réflexion des BRICS.  Quelle est la nature des relations entre l’ONG, ce Groupe et d’autres organisations?  Cuba a voulu que Non c’è pace senza giustizia (Italie) donne des exemples de projets réussis en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes.  Quelle est la relation entre l’Organisation Suisse d’aide aux réfugiés (Suisse) et le Service suisse des migrations? a questionné Cuba.

Parents and Friends of Ex-Gays and Gays, Inc. (P-FOX) (États-Unis) est-elle en relation avec le Conseil des droits de l’homme? a demandé Israël.  La même délégation a voulu savoir si les étudiants de Peace Research Institute Oslo (Norvège) reçoivent le même diplôme que les autres étudiants du pays.  La Chine a demandé à l’ONG de corriger sur son site Internet le nom de Taïwan.  La Grèce a voulu savoir comment Sahipkıran Stratejik Araştırmalar Merkezi (Turquie) réalise ses projets.

Cuba a prié Salam for Democracy and Human Rights (Royaume-Uni) de donner une liste de ses activités en 2018 et de ses projets en 2019.  Il a également remarqué qu’il existe sur Internet deux sites de Scholé Futuro (Italie).  Lequel de ces deux sites appartient à l’ONG?  Est-ce que l’ONG coopère avec le journal ECO?  Quels sont les fonds internationaux obtenus par Sex & Samfund (Danemark)? a demandé la Fédération de Russie.  Comment a-t-elle utilisé les fonds fournis par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)?  Dans quels pays africains est-elle présente? a voulu savoir le Soudan.  Comment Stichting CHOICE for Youth and Sexuality (Pays-Bas) maintient son indépendance alors que 95% de son budget est subventionné par le Ministère des affaires étrangères?  Dans quels pays africains est-elle présente? ont demandé Israël et le Nigéria.  Les États-Unis ont jugé « peu raisonnable » qu’une réponse apportée à une question posée il y a deux ans soit devenue insatisfaisante aujourd’hui.  Le Nigéria a demandé aux États-Unis de retirer les mots « peu raisonnable » qu’il a qualifiés de de « peu diplomatiques ».  Nous voulions tout simplement, se sont expliqués les États-Unis, dénoncer la tendance à poser les mêmes questions à chaque session.  Outré par cette « arrogance inutile », le Nigéria a exigé des excuses.

Bahreïn a voulu savoir de quel type de projets Stichting Mama Cash (Pays-Bas) peut se targuer pour justifier son éventuelle contribution aux travaux de l’ECOSOC.  Peut-il avoir des détails et des précisions?  Stichting Wildlife Justice Commission (Pays-Bas) devra expliquer à la Fédération de Russie comment elle réalise ses projets en Malaisie et au Viet Nam alors que son siège est aux Pays-Bas.  Cuba a voulu que Syrian American Medical Society Foundation (États-Unis) nomme ses partenaires humanitaires sur le terrain.  Quels sont les projets de Terram Pacis (Norvège) au Kenya? 

Cuba a voulu des informations à jour sur les fonds donnés par le Gouvernement à The Centre for International Governance Innovation (Canada).  La Chine a demandé à l’ONG de corriger le nom de Taïwan sur son site Internet.  La Fédération de Russie a voulu savoir de The International Center for Supporting Rights and Freedoms (Suisse) quand a eu lieu la réunion de « Freedom Network » au Koweït.  Quels en ont été les résultats?  La Chine a prié The National Democratic Institute for International Affairs (NDI) de corriger le nom de Taïwan sur son site Internet.  Cuba a voulu savoir si le NDI a des activités dans des pays où il n’est pas présent.  Comment l’ONG envisage-t-elle de financer ses activités si le Gouvernement lui a coupé les fonds?

Quels sont les projets futurs de Turkiye Diyanet Vakfi (Turquie)? a demandé la Grèce.  La Chine a exhorté Vang Pao Peace Institute (États-Unis) à envoyer une liste des activités prévues en 2019.  La même délégation a demandé à Women Living under Muslim Laws - International Solidarity Network (WLUML) (Royaume-Uni) pourquoi elle reçoit des fonds d’un ministère néerlandais.  Comment est utilisé cet argent?

Cuba a voulu des informations actualisées sur les conférences organisées par Women’s Refugee Commission, Inc. (États-Unis) avec les organismes des Nations Unies.

Dialogue avec les ONG

Palestinian Association for Human Rights (Witness) (Liban) a répondu à la question du Comité sur la prise en charge des réfugiés palestiniens de Syrie en disant qu’elle leur apporte une aide humanitaire et juridique.  L’ONG aide les jeunes réfugiés à reprendre leur cursus scolaire et apporte une assistance particulière aux blessés.  Après ses explications, elle a obtenu sa recommandation pour un statut consultatif spécial.

World Historic and Cultural Canal Cities Cooperation Organization (Chine) a expliqué qu’elle a pour objectif d’aider à la gestion et à l’entretien des canaux des villes membres.  La protection des canaux contribue à la réalisation des objectifs de développement durable, a argué l’ONG.  Quelles sont vos critères d’admission? ont demandé les États-Unis.  Toutes les villes dotées d’un canal, a répondu l’ONG, doivent être conscientes de leur obligation de protéger leur patrimoine et leur histoire.  Elles peuvent adhérer à l’ONG, en déposant une simple demande.  En 2016, le Comité d’adhésion a ajouté un critère relatif aux objectifs de développement durable.  Qui peut faire partie des Comités d’experts? ont demandé les États-Unis.  L’ONG, qui a huit Comités d’experts, a expliqué que tous les experts et autre personne intéressée par son

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 26 ONG et reporte sa décision sur 59 autres dont « Catholic Relief Services »

Session de 2019,
7e & 8e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6957-ONG/881

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 26 ONG et reporte sa décision sur 59 autres dont « Catholic Relief Services »

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 26 organisations.  Il a reporté sa décision sur 59 autres ONG dont l’américaine Catholic Relief Services (CRS) - United States Conference of Catholic Bishops.

L’Inde, Cuba, et la Chine ont respectivement posé des questions au CRS sur le financement de ses projets, sur son projet d’accueil des réfugiés et sur son déficit budgétaire de 50 millions de dollars.  L’ONG, qui promeut le développement humain en répondant aux urgences, en luttant contre les maladies et la pauvreté et en encourageant l’émergence de sociétés pacifiques et justes, a répondu aux questions mais, faute de temps, elle n’a pas pu achever son exposé.  Le Mexique et la Grèce ont demandé au Comité de profiter au maximum de la présence des représentants des ONG et de les laisser apporter toutes les réponses attendues.

L’ONG britannique World Association for Sexual Health, promotrice de la santé sexuelle pour tous, s’est heurtée au flot de questions du Nigéria, de la Fédération de Russie et du Soudan sur les projets réalisés en 2018, sur le changement de sa direction et sur son accréditation auprès d’autres organes des Nations Unies.  Le fait que le Mexique ait rappelé que l’ONG a déposé sa demande en 2015 n’a pas empêché le Nigéria d’exiger une réponse écrite avant tout octroi de statut.  Le Soudan, le Nigéria et la Fédération de Russie ont insisté sur ces réponses écrites même quand les représentants des ONG sont présents.

La seule ONG à avoir obtenu, après son dialogue avec les membres du Comité, sa recommandation pour le statut consultatif spécial a été l’américaine Peace Development Fund dont l’objectif est de renforcer les capacités des organisations communautaires grâce à des dons, des formations et autres ressources et d’en faire des partenaires dans la lutte pour les droits de l’homme et la justice.  Avec son statut consultatif spécial, l’ONG est désormais reconnue comme une organisation travaillant dans un domaine spécifique et concernée par certaines activités de l’ECOSOC.

Le premier statut, le statut consultatif général, est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Le troisième statut, la « Liste », va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de deux premières catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, vendredi 25 janvier, à partir de 10 heures.

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Belgische associatie voor mensenrechten en ontwikkeling (Belgique)
  2. Canadian Canola Growers Association (Canada)
  3. Drug Reform Coordination Network Inc. (États-Unis)
  4. Federal Lezghin National and Cultural Autonomy (Fédération de Russie)
  5. Fondazione del Monte di Bologna e Ravenna (Italie)
  6. Fédération internationale des associations d’inventeurs (Suisse)
  7. Geneva Agape Foundation (Suisse)
  8. Gesellschaft Bosnischer Akademiker in Österreich (Autriche)
  9. Girls Not Brides: The Global Partnership to End Child Marriage (Royaume-Uni)
  10. Global Peace Foundation (États-Unis)
  11. Hazar Eğitim Kültür ve Dayanışma Derneği (Turquie)
  12. Hellenic Initiative, Inc. (États-Unis)
  13. Knowledge for Development Without Borders (KFDWB) (Autriche)
  14. Legal Action Worldwide (Suisse)
  15. Namati Inc (États-Unis)
  16. OneNess Foundation for the Aged, Disabled and Children (États-Unis)
  17. Open Net Incorporated Association (République de Corée)
  18. PRO Leadership Global Inc. (États-Unis)
  19. Ranney School (États-Unis)
  20. SAM, Inc. (États-Unis)
  21. Specified Non-Profit Organization Diamonds for Peace (Japon)
  22. Stephen Lewis Foundation (Canada)
  23. The First Community Christian Pentecostal Church of God, Inc. (États-Unis)
  24. UCC Whale Center Inc. (États-Unis)
  25. Women’s Spirit (Ruach Nashit) – Financial Independence for Women Survivors of Violence (Israël)
  26. Peace Development Fund (États-Unis)

Examen des demandes de statut consultatif

Quand est-ce que le site Internet de l’Association pour la défense des droits de l’homme et des revendications démocratiques/culturelles du peuple Azerbaidjanais-Iran - « ARC » (France) sera-t-il fonctionnel? s’est inquiété le Pakistan.  Combien de livres l’Assyrian Aid Society of America Inc. (États-Unis) a publié à ce jour? a voulu savoir la Turquie.  Dans quels pays et quels projets de Catholic Relief Services - United States Conference of Catholic Bishops (États-Unis) ont été un succès? a demandé l’Inde.  Les États-Unis ont voulu que l’Inde précise sur quels projets elle voudrait des informations supplémentaires.

L’Inde a exigé de Centre Zagros pour les Droits de l’Homme (Suisse) des détails sur le travail de ses bénévoles.  Quelle sera la contribution du Centre international pour la paix et les droits de l’homme (CIPADH) (Suisse) aux travaux de l’ECOSOC? a demandé la Chine.  Quelle est la stratégie financière du Cercle Martin Buber (Suisse)? a questionné la Turquie.

Qui sont les associations et groupes membres du Congrès mondial Amazigh - CMA (France)? s’est informé la Libye.  Que fera le Congrès National des Arméniens Occidentaux (CNAO) (France) en 2019? a demandé la TurquieCoptic Solidarity (États-Unis) devra faire au Burundi un compte rendu de ses activités socioculturelles. 

Quel est le lien financier entre Database Center for North Korean Human Rights (NKDB) (République de Corée) et le Gouvernement coreén? a voulu savoir Cuba.  Que fait EGAM - European Grassroots Antiracist Movement (France) des 60% de son budget dont 40% sont consacrés à l’administration? a demandé la Turquie.  Que fait l’Eri-Platform (Belgique) en Éthiopie et à Djibouti? a questionné le Soudan.

Quelles sont les ONG partenaires de la Fédération Euro-Méditerranéenne contre les Disparitions Forcées (France) présentes en Libye?  Prévoit-elle des visites dans ce pays? a demandé la Libye.  Dans quels pays est présente l’International Action Network for Gender Equity and Law (États-Unis)?  Travaille-t-elle avec les autorités locales? a voulu savoir le PakistanCuba a demandé à l’International Child Rights Center (République de Corée) dans quels pays voisins elle est présente.  Peut-on avoir le détail des projets qui ont réussi et les dépenses qu’elles ont nécessité?

International Organisation to Preserve Human Rights Ltd (Royaume-Uni) est-elle présente en Iran? a voulu savoir la ChineCuba a dit que le Comité doit demander des détails à Jerusalem Institute of Justice (Israël) pour savoir si elle est impartiale ou pas.  Pouvez-vous préciser votre question? s’est inquiété Israël.  Voulez-vous des documents, des dossiers?  Cuba a avoué ne pas savoir comment l’ONG pourrait transmettre les documents.  Mais, a-t-il souligné, le Comité doit disposer d’informations pour déterminer si les enquêtes menées par l’ONU l’ont été dans l’impartialité et la transparence.  Respectons nos propres règles, s’est impatienté Israël.  Ce n’est pas parce qu’une ONG travaille avec un gouvernement qu’on devrait lui poser des questions supplémentaires auxquelles elle a d’ailleurs répondu dans son dossier.  Le Vice-Président du Comité a prié Cuba de reformuler la question.  Est-ce que l’ONG pourrait apporter des éléments prouvant que son travail se fait en toute impartialité? a demandé CubaKaleidoscope Human Rights Foundation Ltd. (Australie) a été priée par la Chine de corriger une erreur sur sa page Facebook qualifiant Taïwan de pays. 

Que fait Le Collectif de la Paix au Sri Lanka (France) à Bruxelles? a demandé la Chine.  Quelles sont les succès que Les femmes, la force du changement (France) a enregistrés en 2018? a voulu savoir Cuba.  Peut-on avoir des informations actualisées?  Mangfoldhuset (Norvège) a-t-elle des contrats avec le Gouvernement lorsqu’elle travaille à l’étranger? s’est informé le Pakistan.

Qui sont les partenaires et les bailleurs de fonds de Partners for Peace and Prosperity, Inc. (États-Unis)? a voulu savoir le Burundi.  Taïwan et le Tibet ne sont pas des pays, a lancé la Chine à l’endroit de Peace Brigades International (Royaume-Uni) et de Peace Development Fund (États-Unis), toutes deux priées de corriger l’erreur.

La Chine a aussi voulu une mise à jour complète de l’état financier de Rohingya League Ltd. (Royaume-Uni).  Le certificat d’enregistrement de cette ONG a été abrogé le 15 janvier 2019, a noté l’Inde.  La Chine a demandé des explications à Solidarity for Peace and Reunification of Korea (République de Corée) sur ses dépenses.  Nous voulons des détails, a-t-elle précisé.  Stichting Global Partnership for the Prevention of Armed Conflict (Pays-Bas) compte 418 membres, a fait remarquer la Chine.  Comment s’organise-t-elle avec tant de membres?

Quels efforts de plaidoyer en faveur des Nations Unies a fait Stichting Pro Papua (Pays-Bas)? a demandé la ChineThe Center for Justice and Accountability (États-Unis) et Tom Lantos Foundation for Human Rights and Justice (États-Unis) devront respecter le nom de « Taïwan - province de Chine », a dit la même délégation. 

Les projets agricoles et sociaux de Trocaire (Irlande) sont-ils mis en œuvre? a demandé le NicaraguaUnited Sikhs (États-Unis) a été invitée par l’Inde à donner des informations supplémentaires sur les projets qu’elle a menés dans l’État de New York dans le cadre de l’« Obama Care »: qui en ont bénéficié?  Combien étaient-ils?  Le Soudan a aussi voulu que White Ribbon Alliance for Safe Motherhood, Inc (États-Unis) lui donne des informations sur son partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Douze pour cent du budget de Women in International Security (WIIS) (États-Unis) est consacré à l’administration.  Comment va-t-elle utiliser le reste? a demandé la Chine.  Comment Women’s Freedom Forum, Inc. (États-Unis) évalue-t-elle l’exactitude et la véracité des rapports de ses bénévoles? a voulu savoir le Pakistan.  La Chine a demandé à l’ONG de corriger l’erreur sur son site Web concernant Taïwan.  Quels sont les derniers projets de Women’s Ordination Conference (États-Unis) et dans quels pays? a voulu savoir le Nicaragua.

Le Nicaragua a aussi constaté que le budget de World Association for Sexual Health (Royaume-Uni) est trop modeste: 16 000 dollars.  Qu’a fait l’ONG avec l’OMS?  Akhil Bharatiya Human Rights Organisation (Inde) a été priée par le Bahreïn de donner des informations supplémentaires sur ses centres de réhabilitation.  Al-Imdaad Trust (Afrique du Sud) a-t-il des relations avec le Gouvernement et les ONG syriens? a demandé l’Inde

Le Pakistan a exigé de l’Association Concerning Sexual Violence against Women (Chine) des détails supplémentaires sur son budget.  China Biodiversity Conservation and Green Development Foundation (Chine) devra expliquer aux États-Unis comment elle choisit ses dirigeants.  Ce même pays a demandé à China Charity Alliance (Chine) l’identité de ses membres.

Les États-Unis ont également noté que Chinese Culture Promotion Society (Chine) n’a pas répondu aux dernières questions que le Comité lui a soumises le 6 juin 2018 sur son partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Qu’en est-il de la collaboration avec d’autres pays?  Quels sont ces pays?  Quelle est la source des revenus de la Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie)? a voulu savoir la Grèce.  Peut-on avoir le détail des dépenses consacrées aux projets? a demandé la Chine à propos de Direct Focus Community Aid (Pakistan).

La Fédération de Russie a noté que les fondations « Renaissance » et « Rosa Luxembourg » financent East Human Rights Group (Ukraine).  Peut-on avoir la liste complète et la description des projets?  Quels sont les projets de l’Establishment of Sheikh Thani bin Abdullah Al Thani for Humanitarian Services (Qatar)? ont demandé les États-Unis.  L’ONG doit répondre au Comité et pas aux États-Unis car la question est posée au nom du Comité.  Le même pays a voulu qu’Etrat Fatemi Charity Institute (Iran) explique davantage ses 15 opérations annuelles de levée de fonds. 

Le Pakistan a demandé à Gulshan-e-John (Pakistan) de donner les adresses exactes des 15 pays où elle est présente.  Quel est le lien qui l’unit à « Human Rights Mission Worldwide »?  Habilian Association (Iran) devra répondre aux États-Unis qui ont voulu en savoir plus sur la différence entre l’Assemblée générale et le Conseil d’administration de l’ONG.  Des membres du Gouvernement iranien sont-ils membres de l’ONG?  Quelles sont les activités de Human Rights & Democratic Participation Center « SHAMS » (État de Palestine)? ont aussi voulu savoir les États-Unis.

La même délégation a voulu que l’Imam Khomeini Relief Foundation (Iran) explique son processus de financement, le rôle du « Velayat Cultural Complex » et sa structure de gouvernance.  Quels sont les projets de l’Individual Land Trust (Pakistan) dans le Baloutchistan? a demandé le Pakistan.  Comment International Non-Olympic University (Inde) s’est retrouvée mêlée à des activités sportives? a voulu savoir l’Inde.

L’Inde a demandé à International Youth Committee (Inde) d’expliquer la nature de ses activités internationales.  Qui bénéficie des données que l’Islamic African Relief Agency (IARA) (États-Unis) collecte?  Qui sont ses partenaires? ont voulu savoir les États-Unis.  L’Inde a aussi voulu comprendre le financement de Jamia Islamiya Umar Faruk Charitable Trust Solapur (Inde).   

Dialogue avec les ONG

World Association for Sexual Health (Royaume-Uni) a dit avoir 40 ans et continuer sa mission, entre autres, pour la réalisation des objectifs de développement durable liés à la santé et au bien-être.  En 2019, l’ONG a dit vouloir se focaliser sur l’organisation d’un forum sur la recherche scientifique.  Cela fait cinq ans, a-t-elle rappelé, que nous demandons notre statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.  Nous travaillons déjà avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et notre budget est assuré par les contributions de nos membres qui financent eux-mêmes leurs activités.  L’ONG, qui travaille dans plus de 50 pays, a promis de présenter au Comité son état financier même s’il est difficile de refléter la réalité.  Le Nigéria a demandé une réponse écrite sur les projets réalisés par les membres de l’ONG, l’année dernière.  Cette ONG a présenté sa demande en 2015, a plaidé le Mexique.  Elle vient de répondre de façon « claire et spécifique » aux questions.  La « dynamique » qui consiste à multiplier les questions est inquiétante, a estimé le Mexique.  Y-a-t-il eu un changement à la direction de l’ONG en 2018? s’est inquiété la Fédération de Russie.  Les membres de l’ONG sont-ils déjà accrédités auprès de l’ECOSOC? a poursuivi le Soudan.  L’ONG a d’abord indiqué qu’elle a effectivement une nouvelle direction depuis 2017, conformément à une périodicité de quatre ans.  Aucun de nos membres n’est accrédité auprès de l’ECOSOC, a-t-elle précisé.  Le Soudan, le Nigéria et la Fédération de Russie ont insisté sur la nécessité d’obtenir des ONG des réponses écrites même si leurs représentants sont présents au dialogue. 

Catholic Relief Services - United States Conference of Catholic Bishops (États-Unis) a répondu d’entrée à une question de l’Inde sur le financement de 15 projets dans 12 pays africains.  Le financement est-il suspendu?  Qui sont ces pays?  L’ONG a répondu que ces pays sont le Cameroun, le Tchad, la République centrafricaine, le République démocratique du Congo, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Rwanda, le Sénégal, la Somalie, le Soudan et le Togo.  Le financement est soumis à un examen au cas par cas.  Comment avez-vous participé à la vingt-quatrième Conférence des États parties à la Convention sur les changements climatiques (COP24)? a ajouté l’Inde.  Parlez-nous des recherches que vous menez auprès des réfugiés? a demandé Cuba.  Nous cherchons, a répondu l’ONG, à comprendre la situation des communautés d’accueil et les aider à intégrer les réfugiés.  La recherche se focalise aussi sur les institutions confessionnelles locales pour les intégrer à l’accueil des migrants.  Ces études et recherches font des recommandations.  Quant à la COP24, nous y avons envoyé un observateur.  L’Inde a exigé la liste des derniers projets et des bailleurs de fonds nationaux ou gouvernementaux.  Nous avons inclus la liste dans notre dossier, a répondu l’ONG avant que la Chine ne fasse observer qu’elle accuse un déficit de 50 millions de dollars.

Peace Development Fund (États-Unis) a tenu à rassurer la Chine de la mise à jour de son site Internet s’agissant de Taïwan et du principe « une seule Chine ».  Mais cette dernière a affirmé qu’il existe toujours un lien vers un article parlant de Taïwan.  Acceptez-vous des dons de la part du Gouvernement? a demandé la Chine.  Nous n’acceptons pas de dons gouvernementaux et notre source de financement est le secteur privé américain.  S’agissant du lien sur le site Internet, l’ONG a rappelé qu’elle n’a aucun contrôle sur les liens de « Google ».  Elle a finalement obtenu sa recommandation pour le statut consultatif spécial.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.