En cours au Siège de l'ONU

La Journée de commémoration des victimes de l’esclavage offre à l’Assemblée générale l’occasion de saluer l’élan du mouvement mondial contre le racisme systémique

Soixante-quinzième session,
58e séance plénière – matin
AG/12317

La Journée de commémoration des victimes de l’esclavage offre à l’Assemblée générale l’occasion de saluer l’élan du mouvement mondial contre le racisme systémique

Aujourd’hui à l’Assemblée générale, la Journée internationale de la commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves a donné l’occasion à plusieurs orateurs, dont le Secrétaire général de l’ONU, de rendre hommage aux personnes d’ascendance africaine victimes de cette tragédie de l’histoire et de pourfendre les tenants d’une suprématie de la race blanche, tout en appelant à tirer parti de l’élan créé l’an dernier par le mouvement pour l’élimination du racisme systémique.  Cette année, la Journée internationale a en effet pour thème « Mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage: Un impératif mondial pour la justice ».

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a estimé que, dans le contexte actuel marqué par les injustices raciales et les inégalités, le thème de la Journée internationale est un impératif.  La traite des esclaves est effectivement « une histoire mondiale qui continue de résonner ». 

Plus de deux siècles après la fin de ce commerce triangulaire, « les idées qui l’ont propulsé restent vivantes », portées par les suprémacistes blancs, notamment aux États-Unis, où cette propagande a atteint un niveau record en 2020.  Pour la contrer, le Secrétaire général a opposé le « fait irréfutable » que « nous faisons tous partie d’une même race: l’humanité ». 

Héritage de l’esclavage, les actes répétés de racisme, commis par des personnes et des institutions, ont contribué à galvaniser un mouvement mondial contre cette injustice.  Il convient de « tirer parti de cet élan », a plaidé M. Guterres, faisant observer que l’ONU est bâtie sur la revendication d’une justice mondiale, ce qui, selon lui, doit inclure « des actions pour réparer les torts de l’histoire ». 

La traite transatlantique des esclaves a défini notre monde et la suprématie qui la justifiait n’a pas disparu, a déploré, à son tour, le Président de l’Assemblée générale.  Aujourd’hui encore, des formes modernes d’esclavage continuent d’exister, favorisées par les différents impacts de la pandémie de COVID-19, a souligné M. Volkan Bozkir. 

« Nous ne pouvons sombrer dans le déni ni nous soustraire à une discussion franche sur la justice réparatrice », a-t-il dit, invitant les États à redoubler d’efforts pour parvenir à l’égalité et à la justice pour tous, avant de conclure son intervention sur un vibrant « Black lives matter! »

Un cri repris à son compte par Mme Lisa Coleman, spécialiste des questions de diversité et Vice-Présidente pour l’inclusivité et l’innovation stratégique à l’Université de New York, selon laquelle les meurtres aux États-Unis de Breonna Taylor, George Floyd, Ahmaud Arbery, Tony McDade et Dion Johnson illustrent l’impact « réel et meurtrier » des conséquences d’un racisme profondément enraciné.  Elle a appelé de ses vœux une meilleure compréhension de l’histoire et des inégalités systémiques pour transformer nos sociétés et « ne pas répéter encore et encore les erreurs du passé ». 

Dans le même esprit, le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États s’est prononcé pour une meilleure connaissance des liens entre présent et passé, relevant que « l’ignorance engendre l’intolérance ».  Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, le Guyana a regretté qu’aucun objectif de développement durable n’appelle à l’élimination du racisme systémique et de la discrimination raciale. 

De son côté, le Groupe des États d’Asie-Pacifique a souhaité que l’on n’oublie pas les personnes qui souffrent encore de l’esclavage, en particulier les enfants assujettis au travail forcé, au recrutement par des milices armées ou à l’extraction d’organes.  Il s’est également alarmé de l’augmentation des violences contre des personnes d’ascendance asiatique, citant le cas des six femmes sino-américaines qui viennent d’être tuées par balles à Atlanta, une inquiétude également exprimée par la Chine. 

Malgré son abolition, l’esclavage se poursuit sous des formes modernes, ce qui constitue « la violation ultime du droit à l’autodétermination, des droits de l’homme et de la dignité », a renchéri le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, tandis que les États-Unis, en tant que pays hôte, reconnaissaient le travail qui leur reste à accomplir pour se défaire du « péché originel » de l’esclavage. 

Observant que le mouvement « Black Lives Matter » s’est répandu dans le monde entier, la délégation américaine a assuré que la Maison Blanche, « celle-là même qui a été construite par des esclaves », fait tout ce qui est en son pouvoir pour « réparer ces injustices et faire de l’Amérique un pays juste et équitable pour tous ». 

La Fédération de Russie a quant à elle dénoncé « les pratiques inhumaines des puissances coloniales européennes et des propriétaires terriens américains » qui ont fait subir des dommages immenses aux peuples du continent africain, tandis que l’Ukraine rappelait avoir, elle aussi, souffert de l’esclavage, notamment durant l’ère soviétique.  La délégation s’est par ailleurs inquiétée des informations faisant état de traite d’êtres humains dans certaines parties de son pays « sous occupation étrangère ». 

Cette séance plénière a aussi donné lieu à l’adoption par consensus de quatre projets de résolution, dont un proclame la semaine du 24 au 31 octobre de chaque année « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information »*.  Les trois autres textes portent sur la Commission du désarmement, dont la session de fond de 2021 est reportée à une date ultérieure, et sur la coopération entre l’ONU et l’Organisation de Shanghai, d’une part, et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d’autre part**.

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique mercredi 21 avril pour examiner la question de la prévention des conflits armés.

* A/75/L.68
** A/75/L.71; A/75/L.69; A/75/L.70

COMMÉMORATION DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE ET DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES

Séance commémorative de l’Assemblée générale à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, organisée en application de la résolution A/RES/73/345 de l’Assemblée générale du 16 septembre 2019

Une journée par an ne suffit guère pour décrire le leg de quatre siècles de brutalité, a d’emblée fait observer M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale.  De fait, a-t-il poursuivi, l’esclavage a fermement établi les inégalités criantes qui existent aujourd’hui dans le monde; les plus riches ayant tout pris à ceux qui avaient le moins.  La traite transatlantique des esclaves a défini notre monde et la suprématie qui la justifiait n’a pas disparu, a déploré M. Bozkir. 

Des familles ont été divisées par un océan que leurs proches n’ont jamais voulu traverser.  L’Afrique, à qui on a volé ses enfants, est toujours en deuil.  Les peuples réduits en esclavage ont été privés de leur liberté, de leur dignité et de leur identité.  La violence a pris la place de l’autonomie et « ce traumatisme est héréditaire ».

Non seulement les descendants des 15 millions de victimes de la traite transatlantique des esclaves restent aux prises avec la douleur et le chagrin de leurs ancêtres, mais ils vivent chaque jour dans un monde construit par eux, mais pas pour eux.  Les esclaves ont travaillé sur des terres volées, ont élevé les enfants de leurs agresseurs et ont souffert.  Pendant ce temps-là, les hommes et femmes libres, ceux-là même qui ont joui d’une révolution industrielle rendue possible grâce au labeur des esclaves, refusaient de défendre les opprimés.  « Ils ont été passifs et complices. »

Aujourd’hui encore, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, des formes modernes de l’esclavage continuent d’exister.  Illustrant son propos, il a fait observer que plus de 40,3 millions de personnes sont victimes d’esclavage moderne, dont 71% de femmes et de filles, selon des estimations de 2016.  Cela est d’autant plus choquant que les enfants forment le quart des personnes réduites à l’esclavage aujourd’hui. 

La pandémie de COVID-19 risque de faire reculer nos efforts communs pour mettre fin à l’esclavage moderne, a prévenu M. Bozkir, le chômage généralisé, l’aggravation de la pauvreté, la fermeture des voies de la migration régulière et l’érosion des normes du travail contraignant davantage à l’exploitation.

Lorsqu’une société ne s’attaque pas au traitement inhumain de nos semblables, chaque individu est complice, a tranché le Président de l’Assemblée.  Si nous voulons défendre la Charte des Nations Unies et faire respecter les droits de l’homme que nous nous sommes engagés à promouvoir, nous devons être vigilants.

Aujourd’hui, a rappelé M. Bozkir, lorsque ceux qui nous entourent, regardent ailleurs et tournent le dos à l’injustice, chacun d’entre nous a la responsabilité d’intervenir.  Nous ne pouvons rester passifs, alors que les personnes que nous servons sont opprimées.  « Nous ne pouvons sombrer dans le déni ni nous soustraire à une discussion franche sur la justice réparatrice », a-t-il insisté.

L’Assemblée générale, a-t-il aussi rappelé, travaille sur les modalités de la réunion de haut niveau du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sur la lutte contre la discrimination raciale, ainsi que sur le Forum permanent sur les personnes d’ascendance africaine.  Il a également annoncé la réunion d’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine, prévue en mai prochain. 

En attendant, M. Bozkir a voulu que l’on se lève pour ce qui est juste et que l’on tire les leçons du passé, car, a-t-il rappelé, cette injustice mondiale vieille de 400 ans ne va pas disparaître par magie.  « Les lois n’ont pas changé les comportements.  Le poids des chaînes perdure. »

Il faut, a encouragé le Président de l’Assemblée générale, continuer de travailler pour mettre fin à la discrimination et à l’esclavage sous toutes ses formes, et pour parvenir à l’égalité et à la justice pour tous.  « Black lives matter! » a-t-il lancé.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souhaité honorer la mémoire des millions de personnes d’ascendance africaine qui ont « souffert incommensurablement du mal de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves ».  Reconnaissant les « immenses contributions que les esclaves et leurs descendants ont apportées aux économies et à la culture des pays vers lesquels ils ont été transportés de force », il a exhorté la communauté internationale à ne jamais oublier « la terreur quotidienne vécue par les peuples asservis, les actes de cruauté impensables qu’ils ont endurés, le rappel quotidien qu’ils ne pouvaient prétendre à rien, pas même à leurs propres enfants ». 

Toutefois, a-t-il souligné, les marchands d’esclaves et les propriétaires n’ont pas réussi à priver les peuples asservis de leur dignité et de leur libre arbitre.  Outre les actes de résistance et les demandes de justice des peuples réduits en esclavage, il a rappelé le courage de dirigeants tels que la reine Ana Nzinga du Royaume de Ndongo, aujourd’hui Angola, et Toussaint Louverture, de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, et les peuples qu’ils dirigèrent.  « En honorant ceux dont nous connaissons les noms, nous reconnaissons le courage quotidien de millions de personnes que nous ne connaîtrons jamais que par des noms figurant sur des inventaires dressés par des propriétaires d’esclaves, des commerçants et des agences d’assurance », a-t-il dit.

Le Secrétaire général dit soutenir les initiatives visant à « recouvrir et reconstituer l’histoire de ceux qui ont été réduits en esclavage ».  Dans le contexte actuel marqué par les injustices raciales et les inégalités, « mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage est un impératif mondial pour la justice », a-t-il martelé.  Pour le Chef de l’ONU, la traite transatlantique des esclaves est « une histoire mondiale qui continue de résonner ».  Ce commerce a non seulement soutenu un système d’exploitation pendant plus de 400 ans, mais il a également dévasté les économies de ceux qu’il a réduits en esclavage et renforcé le projet colonial, « enrichissant sa multitude de bénéficiaires au détriment de la vie des esclaves ». 

De fait, a poursuivi M. Guterres, le racisme au cœur du système fondé sur l’esclavage a « condamné les Africains à endurer un statut de seconde classe » et à être systématiquement dépeints comme « moins qu’humains », à la faveur de « préjugés racistes » incorporés dans des sermons, des brochures et des expressions culturelles, et « légitimés par la pseudoscience et la législation ».  Ainsi, a-t-il relevé, alors que la traite transatlantique des esclaves a pris fin il y a plus de deux siècles, les idées qui l’ont propulsée restent vivantes, portées par les suprémacistes blancs, notamment en Europe et aux États-Unis. 

Dans ce pays, a insisté le Secrétaire général, la propagande de la suprématie blanche a atteint un niveau record en 2020.  Le Chef de l’ONU a cité l’Anti-Defamation League et argué que « nous devons contrer tous les mensonges de la suprématie raciale », sans oublier de réaffirmer le « fait irréfutable » que « nous faisons tous partie d’une même race: l’humanité ». 

Aux yeux du Secrétaire général, les actes répétés de racisme, commis par des personnes et des institutions, révèlent l’impact de l’héritage de l’esclavage.  L’an dernier, a-t-il rappelé, ils ont contribué à galvaniser un mouvement mondial pour la justice et la fin du racisme.  Il convient de « tirer parti de cet élan », a-t-il plaidé, ajoutant que l’ONU est bâtie sur la revendication d’une justice mondiale et de la fin du racisme et des inégalités, ce qui doit inclure « des actions pour réparer les torts de l’histoire ».  En nous attaquant aux inégalités, en édifiant des communautés et des économies inclusives et en enseignant l’histoire, « nous honorons véritablement la mémoire des victimes de l’esclavage », a conclu le Secrétaire général. 

Mme LISA M. COLEMAN, responsable des questions de diversité et Vice-Présidente pour l’inclusivité et l’innovation stratégique à l’Université de New York, a relevé que bon nombre de nos institutions internationales sont situées sur les terres que les peuples autochtones n’ont jamais cédées.  Nous sommes ici aujourd’hui pour honorer, nous souvenir et reconnaître ceux dont la vie a été arrachée par la violence, en raison de l’héritage pernicieux de l’esclavage racialisé.  Nous rendons hommage à nos ancêtres et à ceux qui ont lutté pour la dignité humaine, l’équité et la fin de l’esclavage et de son impact.  Nous honorons la force, les contributions, les cultures, la joie et la résilience des Noirs du monde entier, a dit Mme Coleman, invitant l’assistance à observer « un moment de silence ». 

Dans le contexte actuel, certains continuent d’espérer un retour à la normale.  J’espère, a avoué Mme Coleman, que ce ne sera pas le cas.  J’espère que nous nous efforcerons de faire mieux et d’être meilleurs, de sorte que lorsque la prochaine « perturbation » se produira, nous serons mieux préparés, plus engagés et plus conscients de la nécessité d’aborder les grands problèmes tels que les objectifs de développement durable et les inégalités actuelles.  Il nous faut, a-t-elle dit, « une nouvelle donne par rapport à une nouvelle normalité ».  Il nous faut des stratégies transformatrices d’innovation, d’engagement et d’action, au niveau mondial. 

La race, a poursuivi Mme Coleman, est devenue une construction sociale scientifiquement validée qui justifie des systèmes de travail avantageant ceux qui sont définis comme « blancs, détenteurs du pouvoir, sources de connaissances et ingénieurs sociopolitiques ».  La vie et le travail humains ont été définis par les formes de colonialisme et d’impérialisme.  Le racisme, fondé sur des stéréotypes profondément ancrés, des peurs et parfois une haine profonde à l’égard de certains groupes, est toujours présent.  La pandémie de grippe de 1918, la dépression de 1930, la pandémie de VIH/sida ou de COVID-19 ont toutes mises à jour la persistance des disparités raciales et ethniques, avec des résultats tragiques et souvent meurtriers. 

Mme Coleman a attiré l’attention sur la répartition inéquitable des richesses, les taux d’incarcération, les idées « racialisées » du patriotisme ou encore l’image de l’Afrique et des Noirs, perçus comme arriérés, voire criminels.  Le racisme n’est pas inévitable, il n’est pas inné et il n’est pas naturel mais il est profondément ancré.  La race est devenue ce qu’Audrey Smedely appelle un « pivot » autour duquel les formes nord-américaines de groupements humains ont été échafaudées, maintenues et rendues « normales ».  Dans le contexte colonial, la science a servi à créer l’illusion de la race, en tant que catégorie biologique, et à justifier l’esclavage et l’exploitation par l’idée fallacieuse de la supériorité de la race blanche. 

Aujourd’hui, la science nous dit, a poursuivi Mme Coleman, que la race n’est pas une manière biologiquement ou génétiquement valable de comprendre l’humanité mais le mal est fait: le racisme n’en est pas moins réel.  Les meurtres de Breonna Taylor, George Floyd, Ahmaud Arbery, Tony McDade et Dion Johnson illustrent l’impact « réel et meurtrier » des conséquences d’un racisme profondément enraciné.  Si des manifestations ont lieu dans le monde entier, c’est parce que le sentiment anti-noir est partout présent. 

Pensez seulement à la façon dont l’Afrique est encore considérée comme « un pays », même si elle fait presque cinq fois la taille des États-Unis.  Pensez comment l’Afrique est considérée comme le tiers monde alors que dans des pays comme le Nigéria sont technologiquement plus avancés que certains pays d’Europe.  L’on ne veut pas voir, s’est agacée Mme Coleman, l’impact des siècles d’exploitation et de stéréotypes et de pratiques. 

À Chicago, Les Afro-Américains ont été les premiers à mourir de la COVID-19; représentant 70 des 100 premiers décès enregistrés aux États-Unis.  Ces chiffres terribles, Mme Coleman les a imputés aux emplois occupés majoritairement par les Noirs, « résultat direct de l’héritage de l’esclavage ».  Elle n’a pas oublié de mentionner la violence contre les Asiatiques, « profondément enracinée dans nos systèmes juridiques et sociaux ». 

Comprendre l’héritage, l’histoire et les inégalités systémiques est fondamental pour réussir la transformation, a souligné Mme Coleman.  Insistant sur l’importance d’une nouvelle manière de « faire et d’être », elle a expliqué que les efforts visant à démanteler l’héritage de l’esclavage et à transformer nos sociétés doivent se fonder sur « la vérité » sur les relations de pouvoir historiques. 

Nous devons promouvoir les droits de l’homme pour tous et dire la vérité.  Nous devons apprendre l’histoire pour ne pas répéter encore et encore les erreurs du passé.  Nous devons nous rappeler que les Noirs sont des atouts pour la transformation nécessaire car la diaspora africaine est une « constellation de communautés » qui représente un large éventail d’histoires, de cultures, de patrimoines et d’identités riches et diversifiés, vivant, innovant et créant de nouvelles possibilités.  « Le monde est devant, il n’est à prendre ou à laisser en l’état », a conclu Mme Coleman, en paraphrasant James Baldwin.

Au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique, M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a rappelé que, durant quatre siècles, plus de 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été victimes du commerce transatlantique des esclaves, « un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine ».  Au-delà des souffrances endurées, le préjudice continue aujourd’hui de toucher les personnes d’ascendance africaine.  Il ne faut pas non plus oublier les personnes qui souffrent encore de l’esclavage, alors même que cette pratique a été abolie. 

La communauté internationale doit donc redoubler d’efforts pour mettre fin à cette injustice, a plaidé le représentant, jugeant à cet égard qu’aucun enfant ne devrait être assujetti au travail forcé ou encore à l’extraction d’un de ses organes.  Les recrutements d’enfants soldats sont des actes méprisables, tout comme l’utilisation des femmes comme des « instruments de guerre ».  Le délégué s’est déclaré particulièrement inquiet de l’augmentation des violences contre des personnes d’ascendance asiatique, citant le cas des six femmes sino-américaines qui viennent d’être tuées par balles à Atlanta.  

Nous devons, a-t-il pressé, prendre des mesures pour lutter contre la discrimination raciale et le racisme.  Il a assuré que son groupe s’emploie à éliminer ce fléau « persistant » qui frappe en particulier les plus vulnérables.  En cette période de pandémie et de niveaux historiques de chômage et de pertes de moyens de subsistance, nous devons protéger les plus pauvres de l’esclavage moderne.  Le représentant a appelé les États Membres à revoir leurs législations et pratiques et à améliorer leur connaissance des sources de la traite des êtres humains, laquelle est souvent liée à la migration. 

Au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a estimé que la traite transatlantique des esclaves a engendré de profondes inégalités au sein des sociétés; les économies ayant prospéré au prix d’un lourd tribut humain et des industries entières s’étant construites sur les souffrances d’autres êtres humains.  Une minorité a amassé des richesses et un pouvoir considérables, tandis que ceux qui travaillaient étaient privés de leurs droits les plus élémentaires.

Ce jour, a souligné le représentant, honore et commémore les hommes, les femmes et les enfants qui ont été brutalisés par un esclavage qui a perduré pendant plus de 400 ans.  L’héritage de ce commerce inhumain est la large population de personnes d’origine africaine dans les Amériques.  Près de 96% des personnes réduites en esclavage sont arrivées en Amérique du Sud et dans les îles des Caraïbes.

Les descendants de ceux qui ont été réduits en esclavage continuent de faire face à des inégalités sociales et économiques, à l’intolérance, aux préjugés, au racisme, à la discrimination et même au manque de visibilité dans les politiques publiques.  Malgré son abolition, a poursuivi le représentant, l’esclavage se poursuit sous des formes modernes, ce qui constitue la violation ultime du droit à l’autodétermination, des droits de l’homme et de la dignité.  Le racisme et les préjugés sont les autres héritages d’un système barbare où les êtres humains sont considérés comme « autres » et « moins que ». 

Le représentant s’est félicité de ce que le thème de cette année reflète le mouvement mondial contre les injustices enracinées dans la traite des esclaves et pour l’enseignement de l’histoire afin de reconnaître l’impact de l’esclavage sur le monde actuel et d’inciter à agir pour remédier à ses effets durables.

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 40 millions de personnes sont aujourd’hui piégées dans l’esclavage moderne.  Les enfants représentent un quart de ces victimes, tandis que 71% des personnes réduites à l’esclavage sont des femmes.  Nous ne pouvons pas être indifférents à l’injustice, a plaidé le représentant.  Il incombe à chacun d’entre nous de faire respecter les droits de l’homme pour tous et partout.

Il a demandé aux États Membres d’adopter, de mettre en œuvre et de renforcer les politiques et les programmes qui combattent les discours de haine, la xénophobie, le racisme et la discrimination raciale.  Il a appelé à des mesures collectives pour réaffirmer l’engagement à mettre en œuvre la Déclaration de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a dit honorer la mémoire des femmes, des hommes et des enfants, en particulier d’origine africaine, qui ont été réduits en esclavage pendant les quatre siècles de la traite transatlantique des esclaves.  Ces personnes, a-t-il souligné, ont souffert dans les circonstances les plus horribles et les plus inhumaines imaginables pour le gain économique et politique de ceux qui les ont réduits en esclavage. 

Affirmant que ce terrible héritage de notre histoire commune « continue de nous hanter à ce jour », il a rendu hommage aux actions héroïques des esclaves et des abolitionnistes, qui ont fait face à de grands dangers pour garantir les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  Aujourd’hui, a observé le représentant, des millions de personnes dans le monde sont encore victimes de l’esclavage et de la traite des êtres humains, et trop doivent continuer à lutter contre la haine et la discrimination. 

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), a-t-il précisé, ce sont plus de 40 millions de personnes qui sont piégées par l’esclavage, la traite des êtres humains, le travail forcé et le mariage forcé, tandis que le racisme systémique et la discrimination raciale continuent d’empêcher de nombreuses personnes de vivre dans la sécurité, la dignité et la prospérité. 

De l’avis de M. Hawke, il convient de promouvoir une meilleure connaissance des liens entre notre présent et notre passé.  Nous devons être vigilants en reconnaissant et en combattant le racisme, les préjugés et toutes les formes d’esclavage, a-t-il dit, estimant que l’ignorance engendre l’intolérance.  Tout en appelant la communauté internationale à bâtir une culture mondiale fondée sur la compréhension mutuelle et le dialogue, il a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ou d’y adhérer, ainsi que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et, en particulier, le Protocole relatif à la traite des personnes, et de les mettre pleinement en œuvre.  Enfin, il a encouragé tous les États à continuer de renforcer leurs politiques nationales et leur coopération avec le système des Nations Unies pour lutter contre la discrimination raciale et la traite des êtres humains. 

Au nom du pays hôte, M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a rappelé qu’il y a un peu plus de 400 ans, des esclaves ont été forcés de débarquer sur les côtes de la colonie de Virginie.  C’était, comme l’a dit l’Ambassadeur Thomas-Greenfield la semaine dernière, l’origine de notre « péché originel ».  Citant des statistiques « terrifiantes », il a estimé à quelque 12,5 millions les Africains embarqués sur des navires négriers pendant la traite transatlantique des esclaves.  Quand ils arrivaient sur nos côtes, ils étaient vendus aux enchères comme de simples marchandises, contraints aux travaux forcés, battus, violés, tués et privés de toute forme de liberté.  « Sur leur dos meurtri, ils ont aidé à bâtir l’Amérique.  La Maison Blanche, elle-même, a été construite par des esclaves. »

Tout au long de notre histoire, a poursuivi le représentant, nombreux sont ceux qui ont perçu l’indignité et l’inhumanité inhérentes à l’esclavage et le caractère moralement inacceptable de l’asservissement d’un être humain par un autre.  D’anciens esclaves comme Sojourner Truth et Frederick Douglass ont partagé leur histoire, travaillant avec les abolitionnistes pour convaincre le pays d’abolir cette monstruosité.  Des Américains de tous bords ont risqué leur vie et ont ouvert leurs granges, leurs magasins, leurs caves et leurs greniers pour servir de relais au « chemin de fer » clandestin. 

Les courageux esclaves américains qui ont pu s’échapper vers le Nord ont dit à leurs enfants qu’ils méritaient la liberté, la justice et la dignité.  D’une manière ou d’une autre, ils ont gardé l’espoir que l’esclavage ne perdurerait pas.  Finalement, cet espoir a brûlé si fort, et les appels à l’abolition ont résonné si fort, qu’ils ne pouvaient plus être ignorés.

Après la proclamation de l’émancipation, le treizième amendement de notre Constitution a rendu l’esclavage illégal et immoral.  Pourtant, la lutte contre la suprématie blanche était loin d’être terminée.  Les esclaves nouvellement libérés n’ont pas eu accès à la plupart des emplois ni au vote.  Ils ont été régulièrement confrontés à la terreur et à la violence mais ils ont continué à se battre pour leurs droits.  « Malgré les lynchages.  Malgré la ségrégation.  Malgré Jim Crow. » 

C’est pourquoi, en ce jour de souvenir solennel, alors que nous sommes confrontés aux effets de la pandémie de COVID-19, nous nous rappelons que nous travaillons encore pour nous défaire de l’esclavage, a souligné le représentant.  Trop souvent, les Noirs américains sont envoyés dans des écoles surpeuplées, sont moins bien traités dans les hôpitaux ou se voient injustement refuser des emplois, des logements ou des capitaux.  Bien sûr, l’héritage de l’esclavage se manifeste le plus clairement dans notre système de police et de justice pénale.  Les meurtres « tragiques et insensés » de George Floyd, Breonna Taylor et de tant d’autres Noirs américains ont catalysé une nouvelle prise de conscience de la justice raciale. 

Le mouvement « Black Lives Matter » s’est répandu dans notre pays et dans le monde entier.  Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que la vie des Noirs compte et la Maison Blanche, celle-là même qui a été construite par des esclaves, fait tout ce qui est en son pouvoir pour réparer ces injustices et faire de l’Amérique un pays juste et équitable pour tous. 

Dès la première semaine de son mandat, a affirmé le représentant, le Président Joe Biden a proposé une stratégie visant à intégrer la justice raciale et l’équité dans l’ensemble du Gouvernement fédéral.  Il a pris des mesures immédiates, comme l’accès au logement et la suppression des prisons privées, pour s’opposer directement aux institutions de la suprématie blanche.  Cette administration est également très déterminée à s’attaquer au fléau de l’esclavage moderne, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

Sur le plan international, a encore affirmé le représentant, nous avons renouvelé notre engagement à travailler avec des partenaires mondiaux et multilatéraux pour faire face à l’ampleur et à la complexité de la traite des êtres humains et pour remédier aux disparités systémiques qui marginalisent certaines communautés et enhardissent les trafiquants.

L’Administration Biden-Harris place également l’équité raciale au centre de notre politique étrangère, s’est félicité le représentant.  La semaine dernière, au Conseil des droits de l’homme, les États-Unis ont fait une déclaration commune, signée par plus de 155 pays, condamnant le racisme et la discrimination raciale. 

Comme l’a dit l’Ambassadeur Thomas-Greenfield la semaine dernière, le racisme est le problème de la société qui produit le raciste.  Dans le monde actuel, il s’agit de toutes les sociétés.  Alors, unissons-nous pour nous souvenir et rendre hommage aux millions de victimes de l’esclavage, ainsi qu’à la douleur, à la souffrance et à la violence qui ont été transmises de génération en génération.

Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a rappelé que le commerce international des esclaves a arraché 12 millions d’Africains à leur terre et créé une diaspora dans les Caraïbes.  Étant donné ce lien historique, elle a jugé approprié que la première déclaration de son groupe intervienne à l’occasion de cette commémoration.  Pour la représentante, cette réunion annuelle donne la possibilité de réfléchir aux progrès enregistrés dans l’élimination de la discrimination raciale et de l’intolérance, qui ont donné naissance à une chapitre terrifiant de l’histoire humaine. 

« Quels que soient les pays, les enfants de l’Afrique méritent de vivre dans la dignité », a-t-elle dit, avant de faire observer qu’en 2015, au début de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, les États Membres ont fait preuve de solidarité en érigeant l’Arche du retour au Siège de l’ONU.  Au-delà du symbole, ce monument doit aussi être un appel à l’action pour éviter de répéter les erreurs du passé, a poursuivi la représentante, saluant au passage les actions de sensibilisation menées par les Nations Unies sur les répercussions et les legs de l’esclavage. 

Il est cependant « honteux » de voir qu’après l’abolition de ce commerce international, des personnes sont encore confrontées à des formes systémiques de racisme et de haine qui les empêchent de jouir de leurs droits, a-t-elle dénoncé, rappelant les événements de 2020 initiés par la mort de George Floyd aux États-Unis, parallèlement à l’essor du mouvement « Black Lives Matter ».  Aujourd’hui, des personnes de couleur restent discriminées aux quatre coins du monde, victimes du chômage et de problèmes de logement et largement exclues des systèmes sociaux.  Ces disparités se sont renforcées pour ces personnes et pour les minorités en général. 

La représentante a noté à cet égard que les personnes d’ascendance ayant des indicateurs de bien-être de faible niveau, elles représentent le groupe le plus vulnérables à la pandémie de COVID-19.  Des actions urgentes de la part des États sont donc nécessaires pour mettre fin à cette réalité qui entretient le racisme et la discrimination.  La représentante a regretté à ce sujet qu’aucun objectif de développement durable n’appelle à l’élimination du racisme systémique et de la discrimination raciale, ce qui « remet en cause notre volonté de ne laisser personne pour compte ». 

Avant de conclure, elle a salué l’adoption de la résolution 43/1 du Conseil des droits de l’homme, qui prévoit la rédaction d’un rapport sur le racisme systémique et les violences policières.  Cela nous permettra d’affiner notre analyse et de corriger les erreurs dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle déclaré. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a jugé cette question « particulièrement symbolique », car son pays est profondément fier de ses racines et de son héritage africain.  Après ce commerce « cruel et inhumain » dont nous nous souvenons aujourd’hui des victimes, quelque 1,3 million d’esclaves africains sont arrivés à Cuba pour remplacer la main-d’œuvre autochtone, pratiquement exterminée par le colon espagnol.

La nation cubaine, sa culture et sa religiosité populaire, qui sont profondément métisses, ne pourraient s’expliquer sans l’apport des Africains.  Dans nos luttes pour l’indépendance et l’autodétermination, les esclaves libérés et leurs descendants ont été des acteurs majeurs, a souligné le représentant.

En rendant hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, nous, les Cubains, rendons également hommage aux racines de notre peuple, s’est-il énorgueilli.  Le crime contre l’humanité commis contre les personnes dont nous nous souvenons aujourd’hui est lié aux inégalités structurelles, à la discrimination raciale, aux préjugés et à l’exclusion qui continuent d’affecter, au XXIe siècle, les personnes d’ascendance africaine, a analysé le délégué. 

Citant les propos que Fidel Castro, « leader historique de la révolution cubaine », a tenus lors de la conférence « historique » de Durban en 2001, le représentant a dit: « L’exploitation inhumaine à laquelle ont été soumis les peuples des trois continents, y compris l’Asie, a affecté le destin et la vie de plus de 4,5 milliards de personnes qui forment les peuples du tiers monde, dont les indices de pauvreté, de chômage, d’analphabétisme, de maladie, de mortalité infantile, de perspectives de vie et autres calamités impossibles surprennent et horrifient.  Ce sont les victimes actuelles de cette barbarie séculaire et les créanciers incontestables des réparations pour les crimes horribles commis contre leurs ancêtres et leurs peuples. »

Le représentant a donc soutenu la « juste » revendication des États membres de la CARICOM.  Un traitement spécial et différencié pour les pays en développement, notamment l’Afrique, dans leurs relations économiques internationales est pour le moins équitable.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence les inégalités du monde dans lequel nous vivons.  Combien parmi les millions de doses de vaccin produites ont été achetées par les pays en développement d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine et des Caraïbes?  Dans les pays développés, les personnes d’origine africaine et les migrants ont-ils un accès égal à ces vaccins?

Dans le contexte actuel, le meilleur hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, outre le nécessaire travail de mémoire, serait précisément la solidarité internationale avec les pays d’où ces millions de personnes ont été arrachées par la force.  Pour cette raison et sur la base de « notre vocation humaniste », nous continuons, a affirmé le représentant, à renforcer nos programmes de coopération internationale dans le domaine de la santé.

Malgré le durcissement sans précédent du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis, nous avons a pu envoyer, s’est réjoui le représentant, plus de 4 900 professionnels de la santé, répartis en 56 brigades, dans 40 pays et territoires afin de soutenir leurs efforts de lutte contre la pandémie.  La plupart de ces professionnels ont été envoyés dans des pays et territoires des Caraïbes, d’Amérique latine et d’Afrique.  L’hommage que nous rendons aujourd’hui ne sera qu’une simple formalité, tant que nous n’aborderons pas et ne résoudrons pas les causes profondes des inégalités, de l’exclusion, du racisme et de la discrimination qui ont survécu à l’esclavage, et dont des millions de personnes, et en particulier les personnes d’ascendance africaine, continuent de souffrir, a conclu le représentant.

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a commencé par déplorer que la déclaration du Groupe des États d’Europe orientale n’ait pas fait consensus, les raisons de cet échec étant, selon lui, les mêmes que lors des discussions sur la discrimination raciale, la semaine dernière.  Revenant à la commémoration elle-même, le représentant a estimé qu’il ne fait aucun doute que l’esclavage est constitutif du crime contre l’humanité et représente une source de racisme et d’intolérance dans tous leurs aspects.  Observant que des peuples restent victimes des conséquences de l’esclavage, il a rappelé l’engagement de son pays en faveur des processus de décolonisation et exprimé sa solidarité avec toutes les victimes de la traite des êtres humains. 

Le peuple ukrainien, a-t-il affirmé, a, lui aussi, souffert de l’esclavage.  Depuis l’antiquité jusqu’à la fin de l’ère soviétique, les Ukrainiens ont vécu sous ce joug, notamment pendant les trois siècles de domination russe.  Évoquant la répression politique à grande échelle du régime de Staline, qui a condamné au goulag et au travail forcé des centaines de milliers d’opposants, le représentant a estimé que l’ancien dirigeant soviétique a aussi perpétré « un génocide », en condamnant les Ukrainiens à « une famine artificielle » pour écraser leur esprit de résistant.  Le représentant a condamné la glorification en Russie de ce régime autoritaire du XXe siècle.  Il s’est déclaré inquiet des informations sur la traite d’êtres humains dans certaines parties de son pays sous occupation étrangère.  Les leçons du passé devraient nous enjoindre à prendre à bras le corps ce problème et à dénoncer les violations du droit international, qui ne font qu’exacerber l’ignorance et les conflits, a-t-il conclu. 

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a dit accorder une grande importance à la diffusion des connaissances sur les conséquences, les enseignements et le legs du commerce des esclaves.  La génération présente et future ne saurait oublier cette page tragique de l’histoire mondiale et les États Membres des Nations Unies se doivent de prendre toutes les mesures possibles pour rendre hommage aux victimes.  Il faut, a conseillé le représentant, « appeler les choses par leur nom »: l’esclavage et le commerce transatlantique des esclaves sont une des plus grandes violations des droits de l’homme et un des crimes les plus graves contre l’humanité, un crime qui n’est toujours pas reconnu ni expié. 

Le représentant a dénoncé les pratiques inhumaines des puissances coloniales européennes et des propriétaires terriens américains qui ont fait subir des dommages immenses aux peuples du continent africain.  Ce sont des millions de vies englouties car des hommes, des femmes et même des enfants ont non seulement été arrachés à leur terre mais ils ont également été victimes de traitements inhumains et cruels.  Ces personnes sont mortes malades alors que d’autres vivaient dans leur tour d’ivoire.

Les États africains ont été privés de millions de personnes, des forces vives combien nécessaires pour leur développement socioéconomique.  C’est pourquoi il est essentiel, selon le représentant, de se poser les bonnes questions, celle des excuses pour ces exactions mais également celle des réparations pour les dommages matériels et moraux subis.  Le représentant s’est enorgueilli de la contribution de son pays aux luttes d’indépendance des États africains et au démantèlement d’un système de colonialiste injuste.  Nous sommes solidaires avec tous les peuples et tous les États qui ont souffert de la traite de personnes.  Nous sommes donc en faveur de l’établissement des responsabilités pour les crimes commis au nom du colonialisme, a affirmé le représentant. 

M. DAI BING (Chine) a rappelé à son tour les horreurs de la traite internationale des esclaves, y voyant l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine.  Aujourd’hui, a-t-il constaté, les peuples et personnes d’ascendance africaine sont encore victimes de discrimination et de préjugés raciaux.  Dans diverses parties du monde, la suprématie de la race blanche reste bel et bien en vie.  Après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, l’an dernier aux États-Unis, de nombreuses personnes d’ascendance africaine et autres ont protesté dans le monde en scandant: « Nous ne pouvons plus respirer », a-t-il rappelé, avant de déplorer l’augmentation dans ce même pays du nombre d’actes de violence à l’encontre des personnes d’origine asiatique. 

Qui seront les prochaines victimes? s’est interrogé le représentant, notant que les États-Unis ont commencé à admettre leurs problèmes des droits de l’homme. Il est grand temps de les reconnaître et de les régler, a-t-il ajouté.  Il a également enjoint les États-Unis à s’engager à cesser leurs campagnes de calomnies à l’encontre d’autres pays.  Pour sa part, a-t-il assuré, la Chine est prête à travailler avec tous les autres pays pour bâtir des sociétés inclusives et égalitaires. 

Déclaration de clôture

En guise de conclusion, le Président de l’Assemblée générale a souligné que la Journée internationale est un rappel important de la genèse des inégalités, alors que nous nous efforçons de réaliser les promesses du Programme 2030.  Les efforts pour ne laisser personne sur le côté ne pourront aboutir, si nous oublions ceux qui ont été laissés pour compte et assujettis par la société par le passé, a averti le Président.  Bien que la traite transatlantique des esclaves ait pris fin, il y a bien longtemps, les plaies sur la psyché humaine restent à vif.  Nous sommes toujours en train de vivre l’impact de cet « échec moral » et nous naviguons toujours dans un monde injuste. 

Nous avons tous, a tranché le Président, l’obligation morale d’éliminer la discrimination raciale, sous toutes ses formes, qui persiste en tant qu’héritage de l’esclavage.  Il a exhorté tous les États Membres à s’engager de manière constructive dans les préparatifs du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, du Forum permanent sur les personnes d’ascendance africaine et de l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine.  « Joignez-vous à moi dans un moment de réflexion personnelle à la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves car notre travail est loin d’être terminé », a conclu le Président. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Black Lives Matter », les appels contre la « pandémie du racisme » et le récit d’une « descendante d’esclave » résonnent à la tribune de l’Assemblée

Soixante-quinzième session,
57e séance plénière – matin
AG/12316

« Black Lives Matter », les appels contre la « pandémie du racisme » et le récit d’une « descendante d’esclave » résonnent à la tribune de l’Assemblée

À l’occasion de la Journée de l’élimination de la discrimination raciale, célébrée ce 21 mars, l’Assemblée générale a entendu, ce matin, de vibrants plaidoyers pour mettre fin à la « pandémie vicieuse, dangereuse, abominable, abjecte et omniprésente » du racisme, selon les mots du Secrétaire général.  « Le racisme tue », a-t-il dit.  Plusieurs intervenants, dont le Président de l’Assemblée générale, ont réaffirmé que « Black Lives Matter », tandis que la nouvelle représentante des États-Unis a retracé avec émotion sa vie de « descendante d’esclave », confrontée dans son enfance au racisme dans le sud des États-Unis, et devenue la voix et le visage de son pays à l’ONU.

Le racisme, qui est en bonne partie le legs de siècles de colonialisme et d’asservissement, est malheureusement, bien vivant, dans toutes les sociétés, a d’emblée reconnu le Secrétaire général, M. António Guterres.  « On le voit dans la discrimination et l’exclusion systématiques dont souffrent les personnes d’ascendance africaine, dans les injustices et l’oppression que subissent les peuples autochtones et les autres minorités ethniques, dans l’antisémitisme, l’islamophobie, la persécution de certaines minorités chrétiennes et d’autres groupes religieux, dans les actes de violence horribles commis récemment contre les personnes d’ascendance asiatique, injustement blâmées pour le COVID-19. »

M. Guterres a rappelé que l’année dernière, des personnes du monde entier sont descendues dans la rue pour manifester contre l’injustice raciale, ajoutant que « notre devoir est d’éradiquer le racisme ».  « Nous devons descendre en nous-mêmes, et nous demander chacun, chacune: en quoi suis-je raciste, et en quoi ma société est-elle raciste? » a poursuivi M. Guterres, en appelant à être « délibérément antiraciste ».  Il a enfin mentionné le travail de l’Équipe spéciale pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU qui vise à discuter du racisme, des préjugés conscients et inconscients, et de créer une organisation antiraciste.

Même son de cloche du côté de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, qui a mentionné la résolution chargeant son Bureau d’établir un rapport complet sur, notamment, le racisme systémique et les violations des droits de l’homme contre les Africains et les personnes d'ascendance africaine par les forces de l’ordre.  À l’instar des représentants du Groupe des États d’Afrique et du Système d’intégration d’Amérique centrale, Mme Bachelet a demandé une accélération de la mise en œuvre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024), et a souligné l’urgence de conclure la création de l’Instance permanente sur les personnes d’ascendance africaine.  Le Groupe des États d’Afrique, par la voix du Tchad, a également appelé les gouvernements à œuvrer à une « réparation » du colonialisme et de l’esclavage.

« Être victime de discrimination raciale est une expérience profondément personnelle, à laquelle certains d’entre nous ne peuvent vraiment pas s’identifier », a fait remarquer le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, suggérant d’apprendre de ceux qui veulent partager leurs expériences.  M. Uzodinma Iweala, Président de l’Africa Center de New York, a ainsi rappelé que « si nous n’agissons pas, le racisme nous tuera tous. »  Après avoir marqué un moment de silence en l’honneur des personnes d’ascendance asiatique tuées cette semaine en Géorgie, il a rappelé qu’il n’y a pas de « petite  » lutte contre le racisme et que celle-ci doit être menée partout.

Mais la déclaration la plus forte est venue de Mme Linda Thomas-Greenfield, représentante des États-Unis, qui a indiqué que cette commémoration lui est personnelle.  « Je suis non seulement une personne d’ascendance africaine mais aussi descendante d’une esclave, Mary Thomas, née en 1865, elle-même enfant d’esclave. »  Mme Thomas-Greenfield a indiqué avoir été maltraitée durant son enfance dans le sud des États-Unis et y avoir vu le visage détestable du racisme. « J’ai survécu », a-t-elle expliqué, en appelant les victimes du racisme à ne surtout pas l’intérioriser.  « Il faut y faire face, à chaque fois. » 

Jugeant que le racisme est comme un cancer qui se développe s’il est ignoré, Mme Thomas-Greenfield a estimé que cette commémoration offre à l’Amérique l’occasion de réfléchir sur son « péché originel » -l’esclavage- , bien qu’elle n’en soit pas la « source originelle ».  D’autres partagent cette honte avec nous, a-t-elle souligné, ajoutant que les Africains asservissaient leurs compatriotes africains bien avant l’existence des colonies américaines.  Mme Thomas-Greenfield a indiqué avoir été victime de racisme dans d’innombrables contextes internationaux, en citant l’exemple des fouilles trop zélées dans les aéroports. « Le racisme était et continue d’être un défi quotidien, partout. »

Elle a néanmoins indiqué que les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor et tant d’autres noirs américains ont suscité une demande de justice raciale -« Black Lives Matter » - afin de démanteler la suprématie blanche et les autres formes de haine.  Faisant valoir son histoire mais aussi la nomination comme Vice-Présidente de Kamala Harris présente à l’ONU cette semaine, la déléguée s’est voulue optimiste et a assuré que « nous pouvons changer les règles ».  Mettre fin à la discrimination raciale, en particulier dans notre système de justice pénale, sera ainsi une priorité absolue pour l’ensemble de l’Administration Biden-Harris, a-t-elle conclu. 

Sur un autre point de son ordre du jour, l’Assemblée générale a décidé de nommer Mme Eileen Cronin des États-Unis et Mme Carolina María Fernández Opazo du Mexique en tant que membres du Corps commun d’inspection (CCI) pour un mandat de cinq ans allant du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2026.  L’Assemblée générale a également pourvu un siège au Comité du programme et de la coordination (CPC), sur recommandations du Conseil économique et social (ECOSOC), en nommant les Philippines, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, pour un mandat débutant aujourd’hui et s’achevant le 31 décembre 2022.

Elle a enfin adopté la décision A/75/L.67 relative à la participation aux séances plénières officielles de l’Assemblée générale à sa soixante-quinzième session.

DÉCISION CONCERNANT LE PROJET DE DÉCISION (A/75/L.67)

Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée

M. VOLKAN BOZKIR, Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale a rappelé qu’en 1966, l’Assemblée générale avait déjà reconnu les échecs collectifs dans l’affirmation des droits fondamentaux de l’homme, la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes. C’est ainsi qu’a été créée la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.  Cinquante-cinq ans plus tard, a ajouté le Président, la discrimination raciale continue d’exister.  L’année 2020 a été douloureuse pour de nombreuses personnes d’ascendance africaine à travers le monde, a dit M. Bozkir: les violences ont été filmées, des voix ont brisé le silence et puis le virus a frappé.

L’Assemblée générale, a dit son Président, a déclaré dans la résolution 74/270 qu’« il n’y a pas de place pour la discrimination, le racisme et la xénophobie dans la réponse à la pandémie. »  Cependant, a constaté M. Bozkir, les discours de haine et l’intolérance, les attaques xénophobes et anti-asiatiques ont augmenté avec des conséquences tragiques au cours de cette pandémie.  Des rapports informent que les personnes d’ascendance africaine ont souvent un accès inégal aux soins médicaux et connaissent des taux plus élevés d’infection par le coronavirus et de mortalité qui y est associée.  Elles sont deux fois plus susceptibles de mourir de la COVID-19 que leurs autres populations.  De plus, pour les survivants de la COVID-19, le coût des soins de santé et l’impact socioéconomique de la pandémie les poussent dans la pauvreté.

Le manque de soins de santé, de justice, de logement et d’éducation pour les personnes d’ascendance africaine perpétue les injustices et les inégalités, a observé le Président.  Si les personnes d’ascendance africaine sont laissées sur le côté, il sera difficile d’atteindre l’Objectif 10 de développement durable, en particulier, et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans son ensemble, a-t-il prévenu.  Être victime de discrimination raciale est une expérience profondément personnelle, à laquelle certains d’entre nous ne peuvent vraiment pas s’identifier, a fait remarquer M. Bozkir suggérant d’écouter et d’apprendre de ceux qui veulent partager leurs expériences.  « Nous devons tenir compte de l’impact des politiques sur les personnes les plus vulnérables. » Personne, a clamé le Président, ne devrait être empêchée de vivre la vie qu’il ou elle a choisie pour quelque raison que ce soit, et certainement pas à cause de la couleur de sa peau.

Les gens que nous servons nous observent et regardent si nous respectons les principes des Nations Unies, a mis en garde M. Bozkir qui a exhorté à soutenir le Portugal et l’Afrique du Sud, qui préparent les modalités de la réunion de haut niveau, à l’occasion de la vingtième commémoration de la Déclaration et le Programme d’action de Durban et de sa Déclaration politique.  Les recommandations de la Déclaration présidentielle de la Réunion ministérielle spéciale du Conseil économique et social (ECOSOC) et celles du prochain rapport sur le racisme systémique du Haut-Commissaire aux droits de l’homme nous guideront sur la voie à suivre, a recommandé M. Bozkir qui a aussi misé sur l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine qui devra être l’occasion d’une réflexion sur les échecs passés, les défis en cours, et la réconciliation.  « Black lives matter », a lancé le Président en terminant son allocution.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, le jour où, en 1960, la police sud-africaine a tué 69 personnes qui participaient à une manifestation pacifique contre les lois racistes de l’apartheid.  «  Aujourd’hui, l’apartheid n’est plus; malheureusement, le racisme, lui, est bien vivant, dans toutes les régions et dans toutes les sociétés. »  Il a dit que le racisme actuel est en bonne partie le legs de siècles de colonialisme et d’asservissement.  On le voit dans la discrimination et l’exclusion systématiques dont souffrent les personnes d’ascendance africaine, a-t-il insisté.  «  On le voit dans les injustices et l’oppression que subissent les peuples autochtones et les autres minorités ethniques.  On le voit dans les idées répugnantes des suprématistes blancs et autres groupes extrémistes. »  Mêlé à la discrimination, on le voit dans l’antisémitisme, l’islamophobie, la persécution de certaines minorités chrétiennes et d’autres groupes religieux, et dans d’autres formes d’intolérance et de xénophobie, a poursuivi le Secrétaire général.

« On le voit dans les actes de violence horribles commis récemment contre les personnes d’ascendance asiatique, injustement blâmées pour la COVID-19.  On le voit également dans les préjugés intégrés dans les systèmes de reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle. »

M. Guterres a rappelé que l’année dernière, des personnes du monde entier sont descendues dans la rue pour manifester contre l’injustice raciale et dénoncer le racisme pour ce qu’il est: une pandémie vicieuse, dangereuse, abominable, abjecte, et surtout, omniprésente.

Il a indiqué que le racisme est un mal profondément enraciné, qui transcende les générations, empoisonne les sociétés et perpétue l’inégalité, l’oppression et la marginalisation.  « Notre devoir, en tant que bons citoyens et citoyennes du monde, est de l’éradiquer. »  Il a appelé à le condamner sans réserve, sans hésitation, sans détour.  « Nous devons descendre en nous-mêmes, et nous demander chacun, chacune: en quoi suis-je raciste, et en quoi ma société est-elle raciste? » a poursuivi M. Guterres.  « Et que dois-je faire pour y remédier? »

Le Secrétaire général a indiqué que le racisme est un phénomène culturel complexe, qui ne se vaincra pas en une journée.  « Pour combattre le racisme, nous devons être délibérément antiracistes. »

Il a rappelé avoir lancé l’année dernière un débat à l’échelle de l’Organisation, piloté par l’Équipe spéciale pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU.  Cette équipe est chargée, notamment, de nous amener à parler du racisme, des préjugés conscients et inconscients, de la façon dont nous pourrons créer une organisation antiraciste.  « Il en va de notre responsabilité à tous et à toutes », a-t-il affirmé, ajoutant que c’est un problème qui concerne la société dans son ensemble.

Le Secrétaire général a rappelé que cette année marque le vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban par la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  « Il s’agit d’une occasion importante de porter un regard objectif sur notre situation et sur ce qu’il nous reste à accomplir. »

Face au racisme qui peut prendre de nombreuses formes, conscientes et inconscientes, M. Guterres a appelé à combattre, tous les jours, à tous les niveaux.  Il a jugé particulièrement important de reconnaître que les injustices de l’histoire ont contribué à la pauvreté, au sous-développement, à la marginalisation, à l’exclusion sociale et à l’instabilité, au détriment des gens comme des pays.  « Il est temps de reconnaître et de redresser ces torts de longue date et d’en soigner les séquelles. »

La justice réparatrice est un rouage essentiel de la réconciliation, de la prévention des conflits et de la création de sociétés fondées sur l’équité, l’égalité, le respect et la solidarité, a insisté le Secrétaire général, ajoutant qu’elle peut contribuer à réparer le contrat social entre les populations et les États.

Alors que les sociétés deviennent chaque jour un peu plus multiethniques, multireligieuses et multiculturelles, il a souligné la nécessité d’un engagement politique, culturel et économique plus fort en faveur de l’inclusion et de la cohésion.  « Nous devons cultiver la diversité et en tirer les fruits, pas la voir comme une menace. »

Rappelant que les jeunes sont à l’avant-garde de la lutte contre le racisme, il a lancé un appel aux jeunes du monde entier, aux dirigeants et aux éducateurs: « proclamons partout que tous les êtres humains naissent égaux ».

Le suprémacisme est une tromperie diabolique, a martelé M. Guterres.  « Le racisme tue. »

En ce jour et chaque jour, ensemble, débarrassons le monde de ce mal pernicieux qu’est le racisme, afin que nous puissions toutes et tous vivre dans un monde de paix, de dignité et de possibilités, a conclu le Secrétaire général.

Mme VERONICA MICHELLE BACHELET JERIA, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a noté l’impact disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur la santé et la perte massive de vies de personnes d’ascendance africaine, de minorités ethniques et d’autres groupes marginalisés et défavorisés.  « Génération après génération, la privation, la discrimination et l’injustice ont façonné les fractures que la pandémie a révélées, exploitées et amplifiées », a ajouté Mme Bachelet.

Après avoir appelé à éliminer la discrimination raciale, Mme Bachelet a rappelé que l’assassinat de George Floyd aux mains de la police à Minneapolis, l’année dernière, a conduit à des manifestations mondiales contre le racisme et la discrimination raciale et a suscité d’importantes discussions sur les héritages de l’esclavage et du colonialisme.  Elle a expliqué avoir déclenché un débat d’urgence au Conseil des droits de l’homme en juin dernier et l’adoption ultérieurement d’une résolution chargeant son Bureau d’établir un rapport complet sur le racisme systémique; les violations des droits de l’homme contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les forces de l'ordre; la responsabilité et les réparations pour les victimes; et les réponses des gouvernements aux manifestations pacifiques contre le racisme. 

La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a indiqué avoir ce matin informé le Conseil des droits de l’homme de l’établissement du rapport de son Bureau.  Elle a regretté que continuent de se produire les abus de recours à la force et la discrimination raciale commis par les responsables des forces de l’ordre contre les personnes d’ascendance africaine.  Elle a dit que les responsables de l’application des lois auteurs de violations des droits de l’homme doivent être tenus de rendre des comptes.  Il faut des mesures de réparation pour les victimes et leurs familles, a-t-elle insisté.  « Travailler avec les États et les personnes d’ascendance africaine et d’autres communautés touchées pour parvenir à l’égalité raciale et à la justice est une priorité pour mon Bureau », a-t-elle assuré avant d’ajouter que le racisme systémique nécessite une réponse systémique et globale.  Elle a expliqué que cela ne peut se faire sans reconnaître et traiter les liens entre ses manifestations actuelles et le manque de responsabilité et de réparation pour l’héritage de l’esclavage, le commerce transatlantique et le colonialisme, ainsi que les politiques et systèmes successifs de discrimination raciale.  Elle a appelé à des réformes qui s’attaquent aux causes de la discrimination raciale en responsabilisant les victimes.  

Alors que cette année marque le vingtième anniversaire de la Conférence de Durban, Mme Bachelet a expliqué que l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban a été l’occasion pour les États de reconnaître que « l'esclavage et la traite des esclaves sont un crime contre l'humanité ».  Elle a dit la nécessité de rendre justice aux victimes des violations des droits de l’homme, qui résultent du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. 

Rappelant que l’Assemblée générale a institué la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, de 2015 à 2024, Mme  Bachelet a appelé à accélérer la mise en œuvre du programme d’activités de la Décennie, qui appelle les États Membres à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la discrimination et promouvoir la pleine inclusion des personnes d’ascendance africaine.  « Mon Bureau a conseillé, aidé et soutenu un grand nombre d’initiatives, que j’ai soulignées dans mon rapport présenté au Conseil des droits de l’homme en mars de l’année dernière », a-t-elle dit avant d’exprimer, en tant que Coordonnatrice de la Décennie, l’urgence de conclure la création de l’Instance permanente sur les personnes d’ascendance africaine et d’élaborer un projet de déclaration des Nations Unies sur la promotion et le plein respect des droits de l’homme des personnes d’ascendance africaine.

M. UZODINMA IWEALA, Président de l’Africa Center de New York, a d’abord marqué un moment de silence en l’honneur des personnes d’ascendance asiatique tuées cette semaine aux États-Unis dans l’État de Géorgie.  Il a ensuite plaidé pour la recherche et l’exploration des façons dont la culture, l’économie et les politiques peuvent aider à améliorer les conditions de vie des 1,34 milliard d’habitants de l’Afrique et de tous les peuples du monde.  

M. Iweala a rappelé la douleur que cause, pour un Africain, un Nigérian ou un Américain noir, le souvenir des 69 vies prises par la police lors du massacre de Sharpeville en Afrique du Sud.  Les images de Ian Berry capturant la tragédie des événements du 21 mars 1960 pourraient facilement être celles du monde entier en 2020, voire de l’ensemble de cette dernière décennie, et pas seulement d’il y a plus de 60 ans, a fait remarquer le Président de l’Africa Center. 

Rappelant qu’au cours des 10 dernières années, et jusqu’en 2020, des millions de personnes de toutes les ethnies, races, sexes et âges sont descendues dans les rues pour proclamer que les « black lives matter », il a estimé que si ce slogan n’était pas les mots utilisés à Sharpeville, c’était sûrement le sentiment général des manifestants à l’époque.  Alors qu’ils avaient réclamé la reconnaissance et la protection de leurs droits de l’homme par la police, ils avaient été violemment attaqués comme les manifestants dans les rues de New York, Washington, Baltimore, Maryland, Seattle, Ferguson, Missouri et autres grandes villes à travers les États-Unis et le monde.  

M. Iweala a dit qu’il est difficile de reconnaître pleinement les racines du racisme sans comprendre la façon dont il est structuré au sein des institutions.  La suprématie blanche est au cœur de nombreux systèmes mondiaux y compris ceux qui prétendent promouvoir la paix et la compréhension mutuelle, a dénoncé M. Iweala constatant ses effets corrosifs sur la capacité de ses systèmes à fonctionner.  C’est la croyance en l’idée de suprématie blanche ou religieuse ou ethnique qui alimente des systèmes injustes, qui font que certains peuples se sentent en droit à une plus grande partie des ressources de notre planète et qui les absout de toute responsabilité d’agir pour rendre le monde vivable pour tous, a-t-il ajouté.  « Nous ne verrons jamais de progrès face aux défis mondiaux les plus difficiles tant que le racisme empêchera une véritable coopération. »  Si nous n’agissons pas, le racisme nous tuera nous tous, a averti le Président de l’Africa Center. 

Les systèmes et les structures incroyablement puissants qui régissent notre mode de fonctionnement sont également basés sur cette idée, a-t-il continué.  « En raison de nos histoires compliquées et interconnectées de colonialisme, d’assujettissement, de violence et de résistance, nous sommes tous victimes et responsables. »  Nous partageons la responsabilité de nous assurer que les façons dont le racisme apparaît dans nos systèmes, explicitement et implicitement, sont observées, confrontées et contrôlées afin que nous puissions utiliser notre énergie pour des activités plus audacieuses et plus brillantes, a souligné M. Iweala.  Rappelant la mort et la destruction causées par le racisme depuis trop longtemps, il a prévenu que « si nous n’agissons pas, le racisme nous tuera tous ».  

Saluant le thème de la Journée internationale contre le racisme axé sur les jeunes, l’orateur a déclaré que les jeunes qui combattent contre le racisme seront toujours le présent et l’avenir.  « Nous devons soutenir les jeunes qui nous rappellent notre humanité commune, car si nous ne les soutenons pas, le racisme nous tuera tous »  Il a aussi rappelé qu’il n’y a pas de « petite » lutte contre le racisme.  « Cela se passe dans nos salons, nos cafés, nos lieux de travail, nos lieux de culte.  Cela doit se faire ici, dans cette grande salle de l’Assemblée générale et dans les bureaux des Nations Unies. »   M. Iweala a terminé en invitant l’Assemblée générale à le joindre dans sa volonté de respirer « l’air doux de la compassion, de la coopération et d’une vie sans restriction » avec tous les gens à travers le monde.

Mme AMMO AZIZA BAROUD (Tchad), au nom du Groupe des États africains, a souligné la persistance des discriminations qui visent les personnes d’ascendance africaine.  Elle a salué les progrès et les mesures prises pour lutter contre ces discriminations dans le cadre du Programme d’action de Durban.  Les gouvernements doivent encore renforcer leur action et œuvrer à une réparation du colonialisme, de l’esclavage et de l’apartheid, a-t-elle dit, en appelant de ses vœux un établissement des responsabilités.  L’autonomisation des peuples et l’égalité dessinent la voie à suivre, a-t-elle ajouté.  Elle a insisté sur l’importance d’un enseignement de qualité pour l’édification de sociétés plus inclusives et libres, rappelant que la Déclaration et le Programme de Durban appellent notamment à inclure dans les manuels d’histoire la contribution des personnes d’origine africaine.

La déléguée a rappelé que bien souvent les personnes d’ascendance africaine sont surreprésentées dans les emplois sous-rémunérés.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est l’occasion de reconnaître la contribution immense de ces personnes et de promouvoir l’égalité, a déclaré la déléguée.  Elle s’est dite préoccupée par le fait que les programmes scolaires peuvent renforcer les stéréotypes, tandis que les enfants d’ascendance africaine sont souvent à l’école placés dans les groupes des élèves les moins performants.  Cette décennie d’action est une chance unique de corriger les injustices du passé, a-t-elle dit, en plaidant pour l’autonomisation des entrepreneurs africains et des mesures de discriminations positives à l’emploi pour compenser les inégalités systématiques.  La déléguée a aussi demandé à ce qu’il soit mis fin aux discriminations aux Nations Unies, encourageant le Secrétaire général à adopter des mesures en ce sens lors des recrutements.  Elle a plaidé pour que tout groupe d’experts sur des questions africaines comprenne des personnes d’ascendance africaine.  En conclusion, la déléguée a redit son attachement à la Déclaration et au Programme d’action de Durban.

Au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, M. DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a appelé à lutter contre toutes les formes de de racisme et de xénophobie et toutes les intolérances qui y sont associées.  Le représentant a estimé que la lutte contre le racisme devait être une priorité des Nations Unies.  Face aux discriminations dont sont victimes les personnes d’ascendance africaines et les migrants, le représentant de la Bolivie a appelé à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d'action de Durban adopté en 2010 en marge de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Le représentant a dit l’importance de mettre en œuvre également les activités liées à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) instaurée par l’Assemblée générale des Nations Unies.  Le représentant a prévenu que le développement durable n’est réalisable que s’il bénéficie à tous sans discrimination.

 Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres pays, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a regretté que les questions de racisme et de xénophobie soient toujours d'actualité partout dans le monde plus de 50 ans après l’adoption de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Par ailleurs, la pandémie a mis en lumière et amplifié les inégalités existantes entre les personnes appartenant à des groupes différents, avec un impact disproportionné sur les peuples autochtones, et autres groupes minoritaires, ethniques, religieux ou linguistiques, a-t-il remarqué.  Le représentant a relevé que les personnes les plus susceptibles d'être touchées par la crise sanitaire sont également celles qui souffrent le plus du ralentissement économique qui en résulte.  Il a aussi regretté les conséquences de la pandémie en termes de propagation de la désinformation, de la xénophobie et du racisme contre les personnes appartenant à des groupes minoritaires et marginalisés, y compris contre les étrangers.  « Le racisme n'est pas un phénomène nouveau, mais la crise de la COVID-19 a mis à nu son ampleur et son impact choquants. »

Appelant à être intolérant face au racisme et à la xénophobie, M. Hawke a particulièrement salué le mouvement Black Lives Matter et appelé à s’appuyer sur les mouvements de protestation contre le racisme de l'année dernière pour lutter contre la discrimination systémique et le racisme dans nos sociétés.  Après avoir souligné que la diversité, la compréhension et le respect sont des éléments essentiels de la paix et de la prospérité, le représentant a fait observer que l’ignorance engendre l’intolérance.  Face à ce constat, il a appelé à bâtir une culture mondiale célébrant la diversité des pensées, de l’histoire et des croyances.  M. Hawke a appelé à reconstruire une société post-COVID plus inclusive dans laquelle le racisme n’appartiendra qu’au passé.

Pour Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), cette commémoration est personnelle car elle est non seulement une personne d’ascendance africaine mais aussi descendante d’une esclave, Mary Thomas, née en 1865, elle-même enfant d’esclave.  Indiquant avoir été maltraitée durant son enfance dans le sud des États-Unis, elle a dit avoir vu le visage laid du racisme, avoir été victime de racisme et y avoir survécu.  Les victimes du racisme ne doivent pas l’intérioriser, malgré l’impact qu’il peut avoir sur notre vie quotidienne, a recommandé la représentante.  « Il faut y faire face, à chaque fois. »

Pour elle, le racisme est le problème du raciste et de la société qui produit le raciste.  « Le racisme est endémique dans de nombreuses communautés et sociétés. »  Il se propage parce que beaucoup de responsables le permettent, a protesté la déléguée, remarquant que d’autres regardent ailleurs et prétendent qu’il n’existe pas.  C’est comme le cancer qui, s’il est ignoré, se développe, a averti Mme Thomas-Greenfield.  « Cette commémoration offre à l’Amérique l’occasion de réfléchir sur son histoire sombre, histoire de l’esclavage. “

Si elle a dit que « l’esclavage est le péché originel des États-Unis », elle a ajouté que « l’Amérique n’est pas la source originelle de l’esclavage ».  D’autres partagent cette honte avec nous, a-t-elle souligné en constatant que l’esclavage existe aux quatre coins du monde.  « Les Africains asservissaient leurs compatriotes africains bien avant l’existence des colonies américaines.  Et dans de nombreux endroits à travers le monde, l’esclavage existe encore aujourd’hui. »  Elle a dénoncé le classement de la valeur humaine fait par les hommes qui opposent la suprématie présumée d’un groupe à l’infériorité présumée des autres.  En Amérique, a-t-elle dit, cela prend de nombreuses formes, en particulier « notre héritage de suprématie blanche ».

Cette année, les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor et tant d’autres Américains noirs ont suscité une demande de justice raciale, un mouvement qui s’est propagé à travers le monde -« Black Lives Matter » -avec lequel nous devons démanteler la suprématie blanche et les autres formes de haine, a engagé la représentante.  Le FBI, a informé la déléguée, a relevé une augmentation des crimes haineux au cours des trois dernières années en particulier contre les Latino-Américains, les Sikhs, les Américano-Musulmans, les Américains juifs et les immigrants.  Cela n’inclut pas les intimidations, la discrimination, la brutalité et la violence auxquelles les Américains d’origine asiatique sont confrontés depuis le déclenchement de la COVID-19.  

L’attaque qui a eu lieu à Atlanta n’est que le dernier exemple de cette horreur, a regretté Mme Thomas-Greenfield en précisant que la nouvelle administration américaine a décidé de mettre le drapeau en berne en l’honneur des victimes de cette terrible tragédie insensée.  Elle a estimé que la solution à ce fléau est l’unité.  « Le racisme n’est pas unique à l’Amérique. »  Elle a affirmé avoir été victime de racisme dans d’innombrables contextes internationaux, citant par exemple des fouilles trop zélées dans les aéroports, ainsi que la discrimination contre son fils obligé d’attendre derrière les clients blancs pour une table dans un restaurant.  « Le racisme était et continue d’être un défi quotidien partout. »

Pour des millions de personnes, c’est plus qu’un défi, a relevé la représentante.  Elle a cité des endroits où le racisme peut tuer, comme en Birmanie où les Rohingya et d’autres ont été opprimés, maltraités et tués en nombre; ou encore « en Chine où le Gouvernement a commis un génocide et des crimes contre l’humanité contre les Ouïghours et les membres d’autres groupes ethniques et religieux minoritaires au Xinjiang ». 

La représentante a également dit que malgré la prévalence et l’omniprésence de la discrimination raciale, elle garde espoir parce que les communautés et les pays peuvent adopter le changement.  Elle a fait valoir à cet égard son histoire de descendante d’esclaves devenue Représentante des États-Unis auprès des Nations Unies.  Nous pouvons changer les règles, a assuré la déléguée, raison pour laquelle la Vice-Présidente Kamala Harris était à l’ONU cette semaine.  Elle a aussi fait valoir que le cabinet du Président Biden est le plus diversifié de l’histoire américaine et compte le premier Amérindien à un poste ministériel.  

Elle a énuméré les priorités du Président qui ont trait à la lutte contre la discrimination raciale, notamment dans les domaines du logement et des prisons, ou encore tout ce qui est fait pour le respect de la souveraineté des tribus amérindiennes, la lutte contre la xénophobie et la discrimination à l’égard des Asiatiques, des Américains d’origine asiatique et des insulaires du Pacifique.  L’Administration Biden-Harris reconnaissant également comment la pandémie de COVID-19 et la crise économique ont eu des conséquences terribles pour les minorités raciales et ethniques, elle a pris des mesures pour fournir des fonds de secours d’urgence, accroître l’accès à des aliments nutritifs et effacer les prêts fédéraux des étudiants.

Ce n’est que le début, a lancé la représentante, assurant que mettre fin à la discrimination raciale, en particulier dans notre système de justice pénale, sera une priorité absolue pour le Président et pour l’ensemble de l’Administration Biden-Harris.  Elle a appelé tous les pays à ratifier et à mettre en œuvre la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa-Rica), au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale, a rappelé que l’Amérique centrale est une région pluriethnique et pluriculturelle. Le développement durable n’est possible que s’il profite à toutes et à tous, a-t-il ajouté.  Il a vu un « devoir moral » dans la nécessité d’adopter une « approche proactive » pour éliminer toutes les formes de discriminations.  « Le racisme touche tous les pays et nous devons l’éradiquer. »  Il a condamné dans les termes les plus fermes la résurgence actuelle du racisme et de l’intolérance et demandé des mesures concrètes pour y remédier.  Il a rappelé que sa région compte 30 groupes de personnes d’ascendance africaine, celles-ci représentant 18% de la population, avant d’insister sur l’importance d’apporter une réponse spécifique aux femmes d’ascendance africaine.  Il s’est dit en faveur de la création d’un Forum permanent des personnes d’ascendance africaine réunissant les gouvernements et la société civile pour un dialogue autour des droits de ces personnes.  Le délégué a enfin réclamé davantage de ressources pour le financement des activités de la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

Au nom de l’Union européenne, M. FRANCISCO ANTONIO DUARTE LOPEZ (Portugal) a déclaré qu’il est du devoir commun des États Membres de lutter contre le racisme en tant que fléau mondial.  Il a expliqué que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités préexistantes avec des conséquences sur les personnes les plus vulnérables.  Le Portugal a exprimé le souci de l’Union européenne de mettre les droits fondamentaux au centre de la riposte face à la pandémie en gardant à l’esprit le devise « Unie dans la diversité » des institutions européennes.  Le représentant a assuré que l’Union européenne continuera à s’opposer à toutes les formes de discriminations qu’elles soient raciales, ethniques, linguistiques, religieuses ou autres, en rejetant toutes les formes d’incitations à la haine en ligne ou dans la vie réelle.  Le Portugal a estimé que la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, adoptée en 1965, demeure la base à partir de laquelle doit s’articuler la lutte contre toutes les formes de discriminations. 

 Mme ANA SYLVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a observé une vague inquiétante de discours de haine et de racisme contre les personnes d’ascendance africaine partout dans le monde.  Elle a rappelé les mesures prises par Cuba, un pays multiracial et où la population est majoritairement métisse, depuis la Révolution, pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale.  Ne se contentant pas des résultats obtenus, le Gouvernement a mis en place en novembre 2019 un programme de lutte contre le racisme et la discrimination raciale dont l’objectif est d’identifier les causes de la discrimination, et de trouver les solutions à ce phénomène, a ajouté la représentante qui a rappelé que la réalisation de la Déclaration de Durban reste l’objectif de Cuba sur la question.

M. ALOYSIUS SELWAS TABORAT (Indonésie) a demandé de « nouveaux outils » pour faire face aux nouvelles formes de racisme et de discrimination, en particulier celles encouragées par l’accès à Internet.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale sont cruciales pour préserver le legs de la Conférence de Durban de 2001, a-t-il estimé.  Ce n’est pas suffisant de condamner le racisme, nous devons agir, a tranché le délégué.  Il a indiqué que son pays a fait de sa diversité, l’une des plus grandes au monde, l’une de ses forces.  Le délégué a ensuite insisté sur le lien entre l’esclavage du passé et le racisme actuel.  Enfin, le délégué a demandé des mesures visant à la promotion de la connaissance des cultures des peuples africains et des contributions de ces derniers à bien d’autres cultures.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a constaté la divergence de points de vue au sein du groupe des États d’Europe orientale sur le lien direct entre les droits humains et l’élimination de la discrimination raciale.  Il a ajouté que malgré les avancées dans la lutte mondiale contre le racisme et la discrimination raciale, des crimes contre l’humanité et la persécution de populations persistent toujours.  « L’intolérance et la discrimination conduisent à la violence et aux conflits. »  De plus, la pandémie de COVID-19 ayant exacerbé les défis, il faut redoubler d’efforts pour donner une protection à ceux qui sont victimes de discrimination dans le monde, a demandé le représentant.  À cet égard, il a jugé important de mettre en œuvre la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  L’Ukraine attend ainsi la mise en œuvre des mesures conservatoires prescrites par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire qui l’oppose à la Fédération de Russie sur l’application de la Convention internationale, a déclaré le représentant.

 M. BING DAI (Chine) a indiqué que la Chine s’est exprimée le 9 mars au Conseil de droits de l’homme au nom de 120 pays pour appeler à lutter contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Le représentant de la Chine a regretté que les États-Unis aient instrumentalisé ce débat de l’Assemblée générale pour servir leur propre dessein politique en lançant des accusations infondées contre la Chine.  Il a déclaré que les accusations de génocide dans la province du Xinjiang sont fallacieuses et ne reposent que sur des rumeurs sans fondement.  Le représentant a exhorté les États-Unis à cesser d’instrumentaliser les droits de l’homme à des fins politiques et à provoquer des confrontations contreproductives.  Le représentant a invité les États-Unis à prendre les initiatives qui s’imposent pour mettre fin aux meurtres qui se multiplient contre des personnes d’ascendance asiatique et africaine dans leur pays.  

M. BRUNO RIZZI RAZENTE (Brésil) a insisté sur l’importance de la population d’ascendance africaine au Brésil, faisant de cette Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale une journée particulière pour les Brésiliens.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est une occasion unique de lutter contre le racisme, a fait remarquer le délégué, en soulignant l’attachement du Brésil à la Déclaration et au Programme d’action de Durban.  Il a reconnu que les Brésiliens d’ascendance africaine ne sont pas suffisamment représentés aux échelons supérieurs de la société, y voyant là la persistance des stéréotypes raciaux.  Enfin, le délégué a mentionné la politique de discriminations positives mise en place au Brésil pour y remédier.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme ouvre sa session annuelle, marquée par la COVID-19, « une crise avec un visage de femme »

Soixante-cinquième session,
1re séance plénière – matin & après-midi
FEM/2204

La Commission de la condition de la femme ouvre sa session annuelle, marquée par la COVID-19, « une crise avec un visage de femme »

« La pandémie a offert aux hommes une occasion de plus d’accaparer la prise de décisions », a déploré, ce matin, le Secrétaire général à l’ouverture des travaux la Commission de la condition de la femme.  Pour la seconde année de suite, l’ombre de la COVID-19, « une crise avec un visage de femme », plane sur ces assises dont le thème prioritaire porte sur la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique et l’élimination de la violence.

Dans son allocution, le Secrétaire général a déploré que les femmes restent largement exclues de l’exercice des plus hautes responsabilités, relevant qu’elles ne comptent que pour un quart des parlementaires, un tiers des élus locaux et un cinquième des ministres de la planète, alors que seulement 22 pays sont dirigés par une femme.  Au rythme actuel, la parité au niveau des chefs de gouvernement ne sera pas atteinte avant 2150.  Encore 130 années dominées par des hommes qui prendront le même genre de décisions qu’ils ont prises depuis toujours, s’est-il inquiété. 

M. António Guterres s’est également préoccupé de « l’épidémie de violence » que la pandémie de COVID-19 a déclenché une contre les femmes, à la fois en ligne et hors ligne, tout en notant que la réponse à la COVID-19 avait permis de mettre en lumière « le grand pouvoir du leadership des femmes ».  Soucieux de faire du relèvement une « chance d’organiser une remise à neuf » et de relancer la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, le Secrétaire général a appelé les dirigeants à mettre en place « cinq éléments de base », visant notamment à abroger les lois discriminatoires, à garantir une représentation égale ainsi que l’égalité de rémunération, et à intervenir d’urgence pour lutter contre la violence à l’égard des femmes.  Il convient aussi de donner un espace à la transition intergénérationnelle en cours, a soutenu M. Guterres. 

La COVID-19 est la crise la plus discriminatoire que nous ayons jamais connue, a alerté de son côté la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.  Procédant à un tour d’horizon des répercussions de la pandémie sur la vie des femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a noté que du fait de la fermeture d’écoles, 10 millions de filles supplémentaires risquent d’être mariées précocement au cours de cette décennie.  Deux tiers des emplois perdus étaient tenus par des femmes; 59% des femmes déclarent devoir consacrer encore plus de temps au travail domestique non rémunéré, et cette année, 47 millions de femmes de plus seront contraintes de vivre avec moins de 1,90 dollar par jour. 

Notant que la pandémie de la COVID-19 et la crise climatique touchent toutes deux les femmes de manière disproportionnée, elle a décrié le fait que ces dernières ne sont pas représentées de manière appropriée en tant que négociatrices et décideurs politiques.  Une enquête récente menée dans 87 pays sur les groupes de travail relatifs à la COVID-19 a d’ailleurs fait ressortir que seulement 3,5% d’entre eux respectaient la parité entre les sexes.  « Cela donne aux hommes la tâche impossible de prendre les bonnes décisions concernant les femmes sans le bénéfice de leurs connaissances », a-t-elle déploré.  Pour « reconstruire en mieux », le monde a besoin de changer de paradigme et de donner la priorité à l’économie des soins et à la participation inclusive, a renchéri la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Mme Gladys Acosta Vargas

Le Président de la Commission de la condition de la femme qui a appelé à ce que les femmes, les mécanismes nationaux d’égalité entre les sexes et les organisations de femmes soient inclus dans la planification, la prise de décisions et la mise en œuvre des mesures de riposte à la pandémie et de relèvement.  M. Mher Margaryan a également plaidé pour une action urgente afin de répondre à la violence contre les femmes dans la vie publique.  Comment pouvons-nous nous attendre à ce que les lois aident à autonomiser les femmes et les filles alors que les législatrices sont elles-mêmes soumises à des violences psychologiques, physiques et sexuelles en ligne? s’est interrogé à son tour le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir.

Pour sa part, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Munir Akram, a invité la communauté internationale à se doter d’un nouveau pacte mondial pour l’autonomisation des femmes, soulignant que ni le développement durable, ni un ordre mondial juste et pacifique ne pourront être réalisés tant que les femmes sont marginalisées.

La société civile n’était pas en reste à l’ouverture des travaux.  La représentante de l’ONG « Urgent Action Fund for Women’s Human Rights Asia and the Pacific », Mme Virisila Buadromo, a attiré l’attention sur la situation dans la région Asie-Pacifique marquée par un taux parmi les plus élevés au monde de violence sexiste et où les femmes subissent de plein fouet les effets des changements climatiques

Il reste encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir disposer d’une structure équilibrée entre les sexes pour l’élaboration des politiques climatiques, a observé la représentante de la jeunesse, Mme Renata Koch Alvarenga.  La Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, Mme Dubravka Šimonović, est également intervenue.

Les travaux se sont poursuivis en mode virtuel dans l’après-midi avec deux tables rondes ministérielles en rapport avec la participation des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique.

En début de séance, la Commission a adopté l’ordre du jour provisoire (E/CN.6/2021/1) et le projet d’organisation des travaux (E/CN.6/2021/1/Add.1), après avoir élu Mme Shilpa Pullela (Australie) à la vice-présidence.  Elle assumera aussi les fonctions de rapporteur.  En outre, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite rejoignent la Fédération de Russie, Israël et le Brésil comme membre du Groupe de travail des communications.

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, 16 mars, à partir de 9 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5)

Thème prioritaire: participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique et élimination de la violence, en vue d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles

Débat ministériel

Déclarations liminaires

Le Président de la soixante-cinquième session de la Commission de la condition de la femme, M. MHER MARGARYAN (Arménie), a rappelé que l’an dernier, la Commission a célébré le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Et lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, les États Membres se sont engagés à la mise en œuvre complète, efficace et accélérée du Programme d’action de Beijing.  Le moment est donc venu d’honorer cet engagement, a—t-il dit.  Il a ensuite dénoncé la sous-représentation des femmes dans tous les aspects de la prise de décisions.  La féminisation de la pauvreté, l’accès limité des femmes au financement et une plus grande part des tâches de soins limitent leur pleine participation à la vie publique, a-t-il encore noté. 

Il a relevé que dans de nombreux pays, y compris le sien, l’Arménie, le potentiel d’une participation égale et significative des femmes à la vie publique n’est pas encore pleinement réalisé.  Nous devons nous réengager à créer un environnement propice à l’autonomisation des femmes dans les processus de prise de décisions, y compris dans la direction politique, a plaidé le Président de la Commission.  Il a également demandé de veiller à ce que les femmes, les mécanismes nationaux d’égalité entre les sexes et les organisations de femmes soient inclus dans la planification, la prise de décisions et la mise en œuvre des mesures de riposte à la pandémie et de relèvement, et que ces mesures tiennent compte du genre. 

Le Programme d’action reconnaît également la violence à l’égard des femmes comme un domaine de préoccupation critique et un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité des sexes, a souligné M. Margaryan.  Selon lui, une action urgente est nécessaire pour prévenir, éliminer et répondre à la violence contre les femmes dans la vie publique.  Il a affirmé qu’en plus des défis existants et des barrières structurelles, la pandémie de la COVID-19 a provoqué un choc profond pour les sociétés et les économies.  Ses dimensions sexospécifiques sont visibles dans tous les domaines de la vie, notamment en raison de la pandémie parallèle de violence sexiste et domestique.  Et en tant qu’organe intergouvernemental de premier plan sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, la Commission a une énorme responsabilité pour veiller à ce qu’aucune femme ou fille ne soit laissée pour compte à ce moment critique.  Le Président a donc invité les participants à œuvrer pour que cette soixante-cinquième session soit l’occasion de formuler des recommandations politiques fortes orientées vers l’action pour un avenir plus égalitaire, résilient et durable.  Et cela ne peut être réalisé que si toutes les parties prenantes sont unies pour prendre les mesures audacieuses nécessaires pour faire de l’égalité des sexes une réalité d’ici à 2030, a-t-il conclu. 

S’adressant à la Commission de la condition de la femme, qui se réunit pour la seconde fois dans le contexte de la pandémie, le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a constaté que la COVID-19 est « une crise avec un visage de femme ».  En effet, a-t-il dit, les retombées ont montré à quel point l’inégalité entre les sexes reste profondément ancrée dans les systèmes politiques, sociaux et économiques du monde.  Dans ce contexte, les femmes représentent 70% de la main-d’œuvre mondiale de la santé et occupent la plupart des emplois dans les secteurs économiques qui ont été les plus durement touchés par la pandémie, a observé le chef de l’ONU, ajoutant que les femmes, par rapport aux hommes, sont 24% plus susceptibles de perdre leur emploi et peuvent s’attendre à ce que leurs revenus baissent de 50% plus fortement.

La pandémie a également déclenché une « épidémie de violence » contre les femmes dans le monde entier, à la fois en ligne et hors ligne, a poursuivi M. Guterres.  Notant que, chaque mois, le bilan s’alourdit, il a jugé qu’il est « maintenant temps de changer de cap » en promouvant la participation égale des femmes.  Comme le montrent des « décennies de preuves », celle-ci améliore les résultats économiques, incite à investir davantage dans la protection sociale, conduit à une paix plus durable et fait progresser l’action climatique, a-t-il fait valoir.  Et maintenant, c’est la réponse à la COVID-19 qui met en lumière « le grand pouvoir du leadership des femmes », a souligné le Secrétaire général, selon lequel « un meilleur équilibre entre les sexes a conduit à de meilleures réponses ».

L’ONU, a fait remarquer M. Guterres, a placé les femmes au centre de son action de lutte contre la COVID-19 et pour la relance, notamment en publiant une évaluation de l’impact de la pandémie sur les femmes.  Elle a aussi demandé que des mesures de relance soient prises pour appuyer l’économie informelle, investir dans l’économie des soins et cibler les entrepreneuses.  Par ailleurs, l’Organisation a collaboré avec les pouvoirs publics et les populations pour faire face à la recrudescence des violences faites aux femmes.  « Mon appel à un cessez-le-feu mondial a été immédiatement suivi d’un appel à la fin de la violence dans les foyers », a-t-il rappelé.  De plus, l’efficacité d’une participation des femmes sur un pied d’égalité a été soulignée à chaque occasion.  Pourtant, a déploré le chef de l’ONU, les femmes restent largement exclues de l’exercice des plus hautes responsabilités: elles ne comptent que pour un quart des parlementaires, un tiers des élus locaux et un cinquième des ministres de la planète.  De même, seulement 22 pays sont dirigés par une femme.  Au rythme actuel, la parité au niveau des chefs de gouvernement ne sera pas atteinte avant 2150.  Vous avez bien entendu, a-t-il lancé.  Encore 130 années dominées par des hommes qui prendront le même genre de décisions qu’ils ont prises depuis toujours.  De fait, « la pandémie a offert aux hommes une occasion de plus d’accaparer la prise de décisions », a-t-il affirmé, citant une étude rapportant que dans 87 pays, 85% des groupes de travail sur la COVID-19 étaient composés essentiellement d’hommes.

Appelant à « rebattre les cartes » et « changer de logiciel », le Secrétaire général a dit s’être fixé comme priorité d’augmenter le nombre de femmes à des postes de haute responsabilité au sein de son Conseil de direction et parmi les coordonnateurs résidents et les envoyés spéciaux.  L’an dernier, a-t-il précisé, nous avons atteint la parité femmes-hommes parmi les hauts responsables de l’Organisation.  L’ONU s’efforce également de garantir la pleine participation des femmes aux processus de maintien de la paix, de médiation et de consolidation de la paix.  Dans les négociations de paix entre 1992 et 2019, a-t-il relevé, seulement 13% des négociateurs, 6% des médiateurs et 6% des signataires d’accords de paix étaient des femmes. 

S’agissant de l’autonomisation des femmes, M. Guterres a estimé que ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de davantage de formations pour les femmes, mais de « former les personnes au pouvoir sur la manière de construire des institutions inclusives ».  Selon lui, nous devons également soutenir les femmes leaders dans toute leur diversité et leurs capacités, y compris les jeunes femmes, les femmes migrantes, les femmes autochtones, les femmes handicapées, les femmes de couleur et les LGBTIQ+. 

Soucieux de faire du relèvement une « chance d’organiser une remise à neuf » et de relancer la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, il a appelé tous les dirigeants à mettre en place « cinq éléments de base ».  Il les a invités tout d’abord à réaliser pleinement l’égalité des droits des femmes, notamment en abrogeant les lois discriminatoires et en adoptant des mesures positives.  Deuxièmement, il leur a demandé de garantir une représentation égale grâce à des mesures spéciales et des quotas.  Il s’est aussi prononcé pour l’intégration économique des femmes grâce à l’égalité de rémunération, au crédit ciblé, à la protection de l’emploi et à des investissements importants dans l’économie des soins et la protection sociale.  Quatrièmement, il faut promulguer un plan d’intervention d’urgence dans chaque pays pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles, a-t-il plaidé.  Il convient aussi de donner un espace à la transition intergénérationnelle en cours, a soutenu M. Guterres, notant que l’occasion de le faire se présente cette année avec le Forum Génération Égalité, coorganisé par les Gouvernements du Mexique et de la France en partenariat avec la société civile et les jeunes.

Si le monde actuel reste dominé par les hommes, « cela doit changer » et « les hommes sont une partie essentielle de la solution », a martelé le Secrétaire général.  Rendant hommage à Margaret Snyder, Directrice fondatrice du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), disparue cette année, il a assuré qu’ensemble, les femmes représentent « une force imparable ».  Ensemble, a-t-il dit, « nous avons une chance de sortir de l’exclusion enracinée et de construire un avenir juste et égalitaire ». 

Pour M. MUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, thème de la Commission cette année, est étroitement liée à leur autonomisation dans toutes les autres sphères.  Les violences et les discriminations faites aux femmes restent systématiques, s’est-il indigné, et la « féminisation de la pauvreté » est bien réelle ainsi que leur difficulté d’accéder à l’emploi et aux services de base.  Face à ce constat alarmant, M. Akram a martelé que ni le développement durable, ni un ordre mondial juste et pacifique ne pourront être réalisés tant que les femmes sont marginalisées.  Il faut donc des mesures concrètes pour autonomiser pleinement les femmes et les filles, a-t-il exigé, comme le prévoit le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui table sur un leadership égal à tous les niveaux des femmes.

Il a salué les progrès réalisés au sein de l’ONU en termes de parité, et a encouragé les États Membres à tenir leurs engagements au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  La communauté internationale a besoin de se doter d’un nouveau pacte mondial pour l’autonomisation des femmes, doté d’un plan d’action et de mesures concrètes pour éliminer toutes les formes de violence et de discrimination faites aux femmes et aux filles, a-t-il estimé.  La communauté mondiale doit veiller à ce que la moitié de la population mondiale ne soit plus jamais laissée pour compte.

Le Président de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR, a rappelé avoir créé un groupe consultatif sur l’égalité des sexes et a indiqué avoir consulté le Groupe des Amis sur l’égalité des sexes, y compris les plus de 50 femmes qui servent comme représentantes permanentes auprès des Nations Unies, afin que la question de l’égalité des sexes soit intégrée tout au long des travaux de l’Assemblée générale.  Il a relevé que nous ne pouvons véritablement parvenir à l’égalité des sexes que si nous garantissons la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions.  Malheureusement, aujourd’hui, seul un parlementaire sur quatre est une femme.  Comment pouvons-nous nous attendre à ce que les lois aident à autonomiser les femmes et les filles alors que les législatrices sont elles-mêmes soumises à des violences psychologiques, physiques et sexuelles en ligne?  Évoquant les nombreuses résolutions adoptées par l’Assemblée générale sur cette question, il a souligné que pour créer un changement, il faut aller au-delà de la rhétorique. 

Pour le Président de l’Assemblée générale, une partie du problème tient du fait que la majorité des incidents ne sont pas signalés, en raison de la stigmatisation et des normes patriarcales dépassées mais souvent perpétuées, y compris par les médias.  Il a appelé les États Membres à renforcer la législation contre la violence sexiste; à mettre en place des mécanismes de signalement et de recours pour les victimes; à s’engager à collecter des données et à observer les élections; et à envisager des objectifs de genre spéciaux et bien conçus. 

Il a aussi invité les représentants permanents de se joindre à lui pour devenir des champions internationaux de l’égalité des sexes.  « Je demande aux journalistes de mettre fin aux stéréotypes sexistes et à la couverture médiatique sexiste des femmes en politique et dans la vie publique », a-t-il lancé, arguant qu’« aucune femme ne doit ressentir le besoin de justifier sa présence, ou de se rendre plus petite pour que les autres soient à l’aise ».  De même, aucune femme ne doit avoir peur de s’exprimer, d’exercer son droit de vote ou de chercher à être élue à une fonction publique, a—t-il poursuivi.  Nous n’atteindrons pas le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sans garantir la participation pleine et effective des femmes à la vie publique, ainsi que l’élimination de la violence partout, a averti le Président de l’Assemblée générale.  Il a conclu en invitant les participants à la session à « faire preuve d’audace », pour rendre possible ce que certains peuvent juger « impossible ». 

Mme VIRISILA BUADROMO, de l’ONG Urgent Action Fund for Women’s Human Rights Asia and the Pacific, a indiqué que cette organisation appuie l’action des femmes et des défenseurs de leurs droits humains.  Elle représente aussi les femmes des petit États insulaires de par le monde, tout en s’employant à faire reconnaître la diversité culturelle de la région Asie-Pacifique.  Cette région, a-t-elle souligné, est marquée par un taux parmi les plus élevés au monde de violences faites aux femmes et aux filles.  De plus, le patriarcat y est très enraciné, ce qui explique entre autres que les hommes soient mieux payés que les femmes et que trois pays de cette zone géographique n’aient pas de parlementaires femmes.  Dans ce contexte, a relevé la militante, des mesures sont prises par des organisations comme la sienne pour atténuer les violences, les brutalités policières et les menaces liées aux changements climatiques.  Mais bien que les femmes, les filles et les personnes non binaires soient particulièrement affectées par ces menaces, le plus souvent, elles ne peuvent participer aux prises de décisions, a-t-elle constaté.  C’est notamment le cas face à la crise climatique, qui, selon elle, constitue une « crise existentielle pour les femmes et les filles ». 

Aux Fidji et dans d’autres îles de la région, ces dernières sont confrontées à plus de risques que les hommes lorsque les changements climatiques sévissent sur leur lieu de vie et de travail.  Au lendemain des catastrophes naturelles, les femmes sont les premières à agir parce que leur survie est directement menacée, a-t-elle insisté.  Alors que les femmes ont des compétences pour lutter contre ces changements, elles n’ont pas leur place à la table des discussions.  Il est donc temps de travailler à « faire changer les choses » et de rompre ce déséquilibre afin de permettre une pleine participation des femmes, a plaidé Mme Buadromo, appelant à ce que les financements dont bénéficie la région Asie-Pacifique soient davantage dirigés vers des organisations de femmes.  « Nous continuons de perpétuer des modèles financés par le pouvoir en place », a-t-elle regretté, ajoutant qu’il faudra vraisemblablement du temps pour transformer cet état de fait, bien que la situation soit urgente. 

La représentante de la jeunesse, Mme RENATA KOCH ALVARENGA, Directrice de EmpoderaClima, a déclaré que le leadership des femmes dans les espaces décisionnels du Brésil est disproportionné par rapport à la taille du pays, le plus grand d’Amérique latine.  Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’il est question des jeunes femmes noires, autochtones, rurales et queer.  Elle a reconnu que ce problème n’est pas exclusif au Brésil et que de nombreuses jeunes femmes du Sud font face à des obstacles similaires, pour ensuite dénoncer le fait que les jeunes n’ont souvent pas la possibilité de se faire entendre dans les espaces de haut niveau.  Comme décideurs, comment utiliserez-vous votre privilège pour favoriser un changement transformationnel? a-t-elle demandé à la salle.

Également engagée dans la lutte contre les changements climatiques, Mme Alvarenga a souligné que, malgré le fait que les femmes fassent partie des groupes les plus vulnérables dans ce domaine, il reste encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir disposer d’une structure équilibrée entre les sexes pour l’élaboration des politiques climatiques.  L’autonomisation des femmes et des filles permettra pourtant d’apporter des solutions durables à nos plus grands défis collectifs, a-t-elle affirmé sans ambages.  Les pays avec une forte représentation de femmes au Parlement sont plus susceptibles de ratifier les traités environnementaux, a-t-elle notamment relevé.  Et les jeunes femmes changent déjà la donne et luttent contre la violence sexiste, favorisent la justice économique, défendent la santé et les droits sexuels et reproductifs et plaident en faveur d’une action féministe pour la justice climatique. 

Née juste un an après la quatrième Conférence sur les femmes de Beijing, Mme Alvarenga a reconnu qu’en 25 ans, la représentation des femmes dans les espaces décisionnels a augmenté.  Mais beaucoup de travail reste à faire, a-t-elle signalé, et les jeunes sont de puissants acteurs dans l’accélération du changement.  « Grâce à nos solutions audacieuses, nous nous engageons à transformer des normes sociales dépassées qui aggravent la discrimination. »  Cependant, les jeunes sont toujours exclus des espaces politiques clefs, a-t-elle déploré avant d’engager les représentants dans la salle, en tant que leaders mondiaux, à favoriser une participation significative des jeunes des régions marginalisées, des jeunes autochtones, des jeunes LGBTQIA+, des jeunes handicapés et des jeunes migrants et réfugiés, en vue d’œuvrer pour un avenir intersectionnel et intergénérationnel pour tous. 

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, a indiqué que la pandémie de COVID-19 a été particulièrement dure pour les femmes et les filles.  « C’est la crise la plus discriminatoire que nous ayons jamais connue », a—t-elle affirmé, ajoutant qu’elle a frappé le plus durement ceux qui sont le moins capables d’y faire face.  Les gains réalisés au cours des dernières décennies sont menacés, et on compte à présent plus d’orphelins et de foyers dirigés par des enfants.  Du fait de la fermeture d’écoles, 10 millions de filles supplémentaires risquent d’être mariées précocement au cours de cette décennie, et les filles abandonnent définitivement l’école en raison de grossesses dues notamment à des rapports sexuels non consensuels. 

Les femmes assument également un plus grand fardeau des soins, 59% d’entre elles déclarant devoir consacrer encore plus de temps au travail domestique non rémunéré depuis le début de la pandémie.  En plus, les deux tiers des emplois perdus étaient tenus par des femmes, et les plus touchées sont en âge d’élever des enfants.  Cette année, 47 millions de femmes de plus seront contraintes de vivre avec moins de 1,90 dollar par jour; et les jeunes femmes affrontent le fardeau de la perte de revenus et du manque de travail décent. 

En outre, la fracture numérique entre les sexes laisse les femmes mal préparées pour l’avenir du travail.  S’appuyant sur le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Mlambo-Ngcuka a indiqué que les taux les plus élevés (16%) de violence conjugale au cours des 12 derniers mois affectent les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans.  Au cours de cette dernière année, ONU-Femmes a sonné l’alarme, parlant de « pandémie de l’ombre » en référence à l’augmentation de la violence domestique pendant les confinements et les incidences économiques disproportionnées sur les femmes, ce qui limitent leurs options de rétablissement.  Un autre rapport souligne que la violence contre les femmes dans la vie publique est un frein majeur à leur participation politique et affecte les femmes de tous âges et de tous grades, dans toutes les régions du monde.  Les conclusions de la session sur le thème prioritaire de cette session ont le potentiel d’arrêter la régression, de recentrer les priorités et de faire avancer l’ensemble du programme, a-t-elle souligné. 

Elle a constaté que nous sommes actuellement confrontés aux deux plus grands défis de notre temps: la pandémie de la COVID-19 et ses conséquences, et la crise climatique en cours.  Dans les deux cas, a-t-elle regretté, les femmes sont touchées de manière disproportionnée, mais ne sont représentées de manière appropriée en tant que négociatrices et décideurs politiques.  Une enquête récente menée dans 87 pays sur les groupes de travail relatifs à la COVID-19 a d’ailleurs fait ressortir que seulement 3,5% d’entre eux respectaient la parité entre les sexes.  « Cela donne aux hommes la tâche impossible et auto-imposée de prendre les bonnes décisions concernant les femmes sans le bénéfice des connaissances des femmes », a-t-elle déploré.  Cela doit être corrigé sans délai, a-t-elle dit, relevant qu’à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques en novembre, il est plus important que jamais que nous y parvenions, pointant notamment les délégations qui n’incluent pas de femmes. 

Mme Mlambo-Ngcuka a aussi fait le compte rendu d’autres rapports qui indiquent que dans les secteurs publics clés, y compris ceux où les femmes dominent, comme dans le domaine de la santé, les hommes ont continué à occuper 70% des postes de direction, ce qui démontre qu’il n’y a eu aucun changement par rapport à l’année précédente.  De même, les femmes restent profondément sous-représentées dans les médias, à la fois en tant que rédacteurs contrôlant le contenu et la perspective, et en tant qu’expertes.

Appelant à un changement « audacieux et immédiat », la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a déclaré que « le leadership féminin est un accélérateur et un facilitateur de l’égalité des sexes à tous les niveaux ».  Elle a appelé à adopter des mesures spéciales telles que des quotas et des objectifs de genre bien conçus et à les mettre en œuvre de manière effective.  Les dirigeants peuvent ainsi fixer et atteindre des objectifs de parité, notamment par le biais de nominations aux postes de direction à tous les niveaux de gouvernement, comme cela a été le cas dans les quelques pays désormais dotés de gouvernements paritaires.  Le Secrétaire général de l’ONU a d’ailleurs utilisé de manière décisive son pouvoir exécutif pour modifier l’équilibre entre les sexes des dirigeants du système des Nations Unies, a—t-elle rappelé.  Selon Mme Mlambo-Ngcuka, la pandémie doit être une incitation majeure au changement.  Et « notre réponse doit être écologique, équitable, sensible au genre et inclusive », a-t-elle plaidé. 

Elle a ensuite présenté quelques données qui laissent voir une certaine amélioration de la parité dans des gouvernements.  Ainsi, en Lituanie, la part des femmes au gouvernement est passée de 8 à 43%, tandis que le Rwanda est toujours en tête des classements régionaux africains avec la plus grande part de femmes ministres avec 54,8%.  Elle a également rappelé les promesses faites en ce sens par les dirigeants du monde devant l’Assemblée générale au cours du vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.  « Nous devons maintenant concrétiser les souhaits de ces dirigeants. »  Elle a évoqué le soutien supplémentaire de la campagne « Génération égalité » d’ONU-Femmes et de ses diverses coalitions.  Après s’être engagés auprès de 50 millions de personnes, les 90 dirigeants des coalitions d’action sont prêts à prendre des engagements qui changeront la donne et qui seront annoncés à Mexico et à Paris. 

Mme Mlambo-Ngcuka a enfin demandé aux dirigeants du monde à se faire entendre dans cette « cette entreprise intergénérationnelle », et à agir en faveur des jeunes femmes, en particulier celles pour qui les barrières d’âge à l’entrée dans la vie publique sont préjudiciables.  « Nous devons leur faire de la place, ainsi qu’à toutes les femmes, pour qu’elles occupent la place qui leur revient », a-t-elle conclu, en souhaitant voir des actions en ce sens de la part de la Commission de la condition de la femme.

Pour sa première prise de parole depuis sa prise de fonctions, Mme GLADYS ACOSTA VARGAS, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, s’est centrée sur l’incidence de la COVID-19 sur la vie des femmes et des filles.  La progression des inégalités dans le monde illustre, selon elle, les effets disproportionnés de la pandémie sur les femmes et les filles.  Du fait de cette crise, les femmes se retrouvent confrontées au chômage, à la pauvreté et à l’absence de protection sociale.  Confinement oblige, elles doivent garder leurs enfants à leur domicile et sont condamnées le plus souvent à des tâches domestiques.  Dans sa note d’orientation d’avril 2020, a-t-elle indiqué, le Comité a invité les États parties à intégrer dans leurs plans de relance les femmes des secteurs structurel et non structurel.  Il a également mis l’accent sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, appelant à garantir l’accès à l’éducation sexuelle à tous les niveaux et à veiller à ce que les femmes puissent bénéficier des moyens de contraception et de l’avortement.  Mme Acosta Vargas a plaidé à cet égard pour que l’interruption volontaire de grossesse ne soit pas érigée en infraction pénale. 

La Présidente du Comité s’est par ailleurs déclarée inquiète des conséquences de la COVID-19, qui prennent la forme de restrictions budgétaires et sanitaires, et de fermetures de frontières, qui font obstacle à la solidarité et à l’aide publique au développement, particulièrement nécessaires pour les femmes et les filles de pays n’ayant pas de systèmes de soutien.  Évoquant ensuite les risques liés aux changements climatiques, qui se transforment aujourd’hui en menaces réelles, elle a rappelé que son Comité exhorte à la participation de toutes les femmes, notamment les femmes rurales et autochtones, à l’élaboration des politiques aux niveaux local, national et international.  Pour « reconstruire en mieux », le monde a besoin de changer de paradigme et de donner la priorité à l’économie des soins et à la participation inclusive, a-t-elle assuré.  Pour cela, il faut intégrer les femmes dans les stratégies de riposte et de relèvement.  Il convient aussi de prévoir des lois et réglementations fondées sur les principes d’égalité et de parité, afin de garantir la participation des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique d’ici à 2030. 

Mme Acosta Vargas s’est également élevée contre la « pandémie de l’ombre », qui fait actuellement bondir les chiffres des violences domestiques et sexuelles.  À cet égard, a-t-elle souligné, le Comité demande aux États parties de respecter leurs obligations pour garantir une protection adéquate, une aide généralisée et un appui à la réinsertion des femmes sujettes à ces violences.  Avant de conclure, elle a fait remarquer qu’en dépit des difficultés liées à la pandémie, le Comité a continué de fonctionner.  Il a ainsi examiné 28 rapports nationaux et assuré le suivi des processus.  Il a d’autre part donné suite à 12 plaintes et publié un rapport d’enquête sur les mutilations génitales féminines et sur le niveau élevé de violences domestiques dans un État partie.  Enfin, malgré des ressources humaines et financières limitées, il a adopté des déclarations sur la traite des personnes et le rôle des femmes dans les manifestations contre le racisme. 

La Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, a expliqué avoir publié, depuis le début de son mandat en 2015, une dizaine de rapports thématiques traitant de différentes manifestations de violence contre les femmes et les filles et incluant des recommandations.  Ces rapports sont partagés avec la Commission de la condition de la femme, mais malheureusement, a regretté la rapporteuse, ils ne sont pas pleinement exploités parce que la violence contre les femmes n’est pas un point permanent à son ordre du jour.

Mme Šimonović a mis l’accent sur deux de ces rapports thématiques, à savoir celui de 2020 sur l’intersection entre la COVID-19 et la pandémie de la violence sexiste à l’égard des femmes, et celui de 2018 sur la violence contre les femmes dans la sphère politique.  S’agissant du premier, elle a souligné que cette « double pandémie » a conduit à une augmentation alarmante des cas de violence contre les femmes, en particulier de violence domestique et de féminicides.  Elle a également révélé les inégalités structurelles préexistantes entre les sexes et l’incapacité des gouvernements à lutter contre la violence à l’encontre des femmes, y compris le manque de services de protection adéquats et la diminution du soutien aux ONG qui administrent ces services.

Le deuxième rapport met en exergue la sous-représentation des femmes en politique et dans la vie publique, ce qui s’explique et est exacerbé par la discrimination, les stéréotypes préjudiciables et la violence sexiste contre les femmes.  Ce rapport souligne l’urgence d’adopter et d’appliquer les lois, les politiques, les mécanismes de plainte et les codes de conduite pour lutter contre le sexisme, le harcèlement et la violence contre les femmes en politique, en particulier dans les parlements et au sein des partis politiques, a-t-elle indiqué.  Le rapport formule des recommandations spécifiques aux États, aux parlements, aux partis politiques et aux organes électoraux à cet égard.

La Rapporteuse spéciale a indiqué que depuis 2015, date à laquelle elle a commencé à mettre l’accent sur les féminicides, de plus en plus de pays se sont dotés d’observatoires de ce phénomène et un nombre croissant d’États ont soumis des données sur les féminicides commis par un partenaire intime ou un membre de la famille, en fonction de la relation entre la victime et l’agresseur.  À cet égard, la Rapporteuse spéciale a développé une coopération avec la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale qui examine également les données sur les féminicides ou les meurtres de femmes liés au sexe.  Mais, a-t-elle regretté, malgré ces progrès, il reste toujours beaucoup à faire pour assurer la mise en place de mesures de prévention du féminicide dans tous les États.

Mme Šimonović a annoncé que son prochain et dernier rapport thématique au Conseil des droits de l’homme, en 2021, portera sur la prévention du viol, à la fois en temps de paix et en temps de conflit, et la responsabilité des États de changer la « culture du viol » et de combattre l’impunité des auteurs ainsi que la stigmatisation des victimes.  Elle a appelé les États Membres concernés à abroger les exemptions pour la pénalisation du viol conjugal et à inclure à leur définition du viol le principe du manque de consentement.  En outre, elle a exhorté les États à abolir les délais de prescription pour les poursuites en cas de viol en période de conflit et de paix et à accélérer l’harmonisation de leurs lois sur le viol avec les normes internationales.  Mme Šimonović est d’ailleurs en train de préparer un cadre pour une loi type sur le viol, qui sera annexé à son rapport.

Tables rondes ministérielles: partage de données d’expérience, d’enseignements à retenir et de bonnes pratiques sur la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique et l’élimination de la violence, en vue d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles

Table ronde 1

Sur le thème « Atteindre la parité: bonnes pratiques pour parvenir à la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique », cette première table ronde ministérielle a été l’occasion de faire le point sur les mesures prises par les gouvernements pour assurer la représentation des femmes dans la sphère publique, accroître leur participation à la prise de décisions dans les branches exécutive et législative ; et leur permettre d’être plus nombreuses à occuper des postes de direction dans les institutions publiques, telles que l’administration et le système judiciaire. 

Cadrant ce débat, la Vice-Présidente de la Colombie a prévenu qu’au rythme actuel, il faudrait 130 ans pour atteindre la parité entre les sexes au niveau des chefs d’État et de gouvernement, 56 ans dans les portefeuilles ministériels et 42 ans dans les postes parlementaires nationaux.  Ces progrès sont décourageants et nous sommes loin de la parité, a déploré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Il faut des objectifs plus ambitieux, plus de volonté politique et d’action, a-t-elle exigé en prenant l’exemple de l’ONU, où, sous la houlette du « féministe en chef », à savoir le Secrétaire général António Guterres, le pari de la parité a été relevé aux niveaux les plus hauts en moins de deux ans et est en bonne voie aux autres niveaux. 

Au XXIe siècle, le leadership politique et économique ne doit plus être une affaire d’hommes!  C’est une question de démocratie, de droits humains, d’équité et d’amélioration durable de la position de la femme dans nos sociétés, a renchéri la Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes du Luxembourg.  Alors comment s’y prendre concrètement?  Selon elle, il faut exprimer une volonté politique forte pour atteindre une meilleure représentation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions; recourir à des systèmes de quotas légaux; continuer à promouvoir les bénéfices en termes de productivité et d’efficacité de la mixité dans la prise de décisions; et investir dans les jeunes talents féminins grâce à des programmes d’encadrement individuels.  Et il faut aussi impliquer les jeunes et les décideurs masculins dans ce dialogue, a renchéri le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale pour le développement de l’Islande

Si beaucoup de pays ont enregistré des progrès notables dans la représentation des femmes dans la sphère politique grâce à l’introduction de quotas, la Vice-Présidente colombienne, dont le pays exige désormais autant de femmes que d’hommes sur les listes des partis politiques pour les élus locaux, a relevé que le véritable défi restera que ces femmes soient élues.  Il n’en reste pas moins que les quotas semblent être un outil efficace autant en politique que dans le monde des affaires. 

Mais, a remarqué la Vice-Secrétaire générale, seuls 15 pays ont officiellement adoptés des quotas, et souvent les mesures de suivi font défaut.  Pourtant, ils font leur preuve comme le montre le cas de l’Irlande par exemple, où un quota de genre a été fixé en 2012 pour les candidats des partis politiques aux élections générales.  Ce quota était de 30% pour les élections de 2016 et de 2020 et va passer à 40% pour celles de 2023, a indiqué le Ministre des enfants, de l’égalité, du handicap, de l’intégration et de la jeunesse.  Grâce à la « loi historique » de mai 2010 instituant la parité absolue dans les instances électives et semi-électives au Sénégal, les femmes représentent aujourd’hui 43% de l’Assemblée nationale, s’est félicitée à son tour la Ministre de la femme, de la famille, de la parité et de la protection des enfants.  Et aux Émirats arabes unis, la parité a été atteinte au Parlement grâce à des quotas fixés pour les postes administratifs et de haut niveau, a indiqué la Ministre du développement des communautés

Précurseur en la matière, la Belgique avait lancé dès 1994 une politique de « quotas » qui permettait à un maximum de deux tiers des candidats et candidates d’une liste électorale d’être du même sexe, a rappelé sa Secrétaire d’État pour la parité entre les genres.  En 2002, plusieurs autres lois ont été adoptées pour imposer la parité sur les listes électorales, ainsi que l’obligation de mettre alternativement un homme et une femme aux deux premières places de la liste.  Concrètement ces mesures ont contribué à augmenter la part des femmes dans les parlements belges de 16,8% en 1995 à 42,3% en 2019 et dans les gouvernements belges, de 10,5% à 42,6%, a expliqué la dignitaire. 

Idem en Nouvelle-Zélande, où les femmes représentent aujourd’hui 48% des parlementaires et occupent 42% des postes élus dans les administrations locales, a indiqué sa Ministre de la femme.  Le Chili a lui aussi connu des progrès avec l’introduction d’un minimum de 30% de femmes pour les candidats parlementaires, a précisé sa Ministre de la femme et de l’égalité entre les sexes.  De son côté, la Ministre des affaires des femmes de la Palestine a annoncé un amendement de la loi électorale qui stipule que la participation des femmes aux prochaines élections de mai 2021 doit être au minimum de 26%.  Idem au Kazakhstan où, à partir de 2023, elles devront être 30% à occuper des postes élus, comme l’a expliqué sa Ministre de l’information et du développement social

Même scénario dans l’évolution de la représentation des femmes dans les conseils d’administration des entreprises publiques et privées, lorsque des quotas ont été fixés, comme en témoigne le cas de l’Irlande où la représentation des femmes parmi les administrateurs des plus grandes sociétés cotées en bourse a augmenté de plus de 9%, passant de 18,1% en 2018 à 27,4% en 2020.  Au Luxembourg, dans les entreprises privées, 26% des postes de direction sont occupés par des femmes, ce qui représente une tendance à la hausse et dans les entreprises publiques, 40% des représentants de l’État dans les conseils d’administration sont des femmes, a expliqué sa Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes.  La Nouvelle-Zélande a elle aussi atteint 50% de représentation féminine dans les conseils d’administration du secteur public, et 53% des hauts dirigeants de la fonction publique sont des femmes, ce dont s’est réjouie la Ministre de la femme.

De son côté, la Ministre pour l’égalité des chances et la famille de l’Italie a mis l’accent sur le rôle de premier plan qu’ont joué les femmes pendant la pandémie, que ce soit dans les services de santé, les services sociaux, ou à domicile.  Elles ont également été les plus touchées par les pertes d’emplois, a-t-elle souligné.  Alors que l’Italie assure la présidence du G20 en 2021, l’autonomisation des femmes sera au cœur des discussions en tant que priorité transversale, touchant à tous les domaines: de l’éducation à l’emploi, de l’environnement à l’innovation numérique, de la santé à la culture.  Pour la première fois, une conférence ministérielle du G20 sera consacrée exclusivement à l’émancipation et l’autonomisation des femmes, s’est enorgueilli la Ministre. 

Parmi les autres mesures spéciales évoquées cet après-midi pour assurer la pleine participation des femmes à la vie publique, les Émirats arabes unis ont évoqué une loi sur l’égalité des salaires « à travail égal », alors que l’Islande a parlé du congé parental payé pour les deux parents et de garderies abordables.  L’Afrique du Sud a misé sur la lutte contre la violence sexiste et le féminicide, a expliqué sa Ministre de la femme, de la jeunesse et des personnes handicapées.  La Nouvelle-Zélande a mis en place, dès 2019, un congé payé de 10 jours par an pour violence domestique, et assure la distribution gratuite de serviettes hygiéniques dans les écoles.  Le Ministre de la santé, du bien-être social et de l’égalité entre les sexes des Tuvalu a indiqué que dans trois pays du Pacifique -Fidji, Îles Salomon et Vanuatu-, des efforts sont en cours pour garantir que les marchés des zones rurales et urbaines soient sûrs, inclusifs et non discriminatoires, en promouvant notamment la participation des femmes aux associations de vendeurs en tant que membres et présidents. 

De son côté, la Ministre des services publics et du genre du Kenya a souligné qu’outre la représentation politique, 40% des juges en poste sont des femmes et qu’elles dirigent six commissions constitutionnelles.  Le Président du Conseil parlementaire pour l’égalité de genre de la Géorgie a, quant à lui, parlé d’améliorations des droits des femmes dans le Code du travail. 

Mais, a souligné la Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, aucun progrès sur la voie de l’égalité hommes-femmes n’est possible sans la volonté politique nécessaire au plus haut niveau.  Un point de vue partagé par la Présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, qui a rappelé qu’en 2018, son gouvernement avait atteint la parité et que les Ministères de l’intérieur et de la sécurité sont, pour la première fois, dirigés par des femmes. 

Table ronde 2

La deuxième table ronde ministérielle s’est centrée sur les moyens de « créer des conditions propices à la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique ».  Nombre de participants ont profité de cette tribune pour détailler les progrès accomplis au niveau national en matière de promotion des femmes, à l’instar de la Ministre de la famille, du travail et des services sociaux de la Turquie, qui s’est enorgueillie d’une nette amélioration du statut des femmes dans son pays ces deux dernières décennies.  Le nombre de femmes parlementaires y est ainsi monté jusqu’à 104 en 2018, contre 24 en 2002, tandis que 63% des travailleurs sociaux, 56% des travailleurs de la santé et 44% des médecins en Turquie sont aujourd’hui des femmes. 

Même satisfaction de la part de la Ministre des affaires féminines et Secrétaire générale du Conseil suprême des femmes de Bahreïn, qui a fait état d’une « transformation qualitative sans précédent » ces 20 dernières années, marquée notamment par un doublement du taux de participation des femmes à la population active, qui s’établit désormais à 49%, soit plus que la moyenne mondiale de 47%. 

De son côté, la Ministre de la solidarité et du développement social du Maroc a mis l’accent sur une série de lois en matière d’égalité des sexes et sur l’adoption de mesures d’action positive qui ont eu pour effet de renforcer la participation politique des femmes, lesquelles représentent désormais 37% des élus au Parlement.  « Cela signifie que plus de femmes ont les moyens d’agir », a-t-elle souligné, rejointe dans cette analyse par la Ministre des femmes et de l’égalité des sexes du Canada, qui, tout en saluant la forte progression du nombre de femmes à la Chambre des communes, désormais à 69 sièges du niveau de parité, a plaidé pour une représentation plus diverse, intégrant des autochtones, des femmes d’origine africaine et des membres de la communauté LGBTQ. 

Aucun État à ce jour n’a été en mesure de combler l’écart entre les sexes en matière d’autonomisation politique, a constaté la Ministre des affaires étrangères, de la justice et de la culture du Liechtenstein, pour qui il est urgent d’investir dans des environnements dénués de discrimination, de normes sociales injustes et de préjugés inconscients.  À cet égard, elle a attribué le succès des femmes aux récentes élections législatives dans son pays au rôle actif des organisations de femmes qui ont contribué à sensibiliser à l’importance et à la nécessité de la diversité et de l’égalité des sexes. 

Plus encore que l’imposition de quotas, le mentorat, les campagnes publiques et surtout la collaboration dans les réseaux professionnels peuvent jouer un rôle important pour encourager la candidature des femmes et les préparer et les former à un rôle en politique, a estimé la Secrétaire d’État à l’égalité des chances de la Roumanie.  À ses yeux, le nombre des jeunes femmes attirées par la vie politique restera faible tant que les femmes continueront d’être sous-représentées aux postes électifs. 

Dans le même ordre d’idées, la Secrétaire nationale aux politiques pour les femmes du Brésil a fait état d’un projet national mené pendant les dernières élections afin de promouvoir l’action des femmes en politique et encourager leur participation aux responsabilités locales ou nationales.  Un outil de communication a aussi été lancé pour recevoir les plaintes de femmes politiques victimes de violences.  Un problème également évoqué par le Ministre des services humains et de la sécurité sociale du Guyana, selon lequel une forme de « résistance patriarcale » empêche encore la pleine participation des femmes à la vie publique et encourage la violence et les campagnes de calomnie à leur encontre.

Pourquoi est-il si important de créer un environnement positif? a lancé la Ministre des familles de la Hongrie.  Parce qu’en 2021, les exemples continuent d’affluer de femmes « publiquement insultées, blâmées ou critiquées simplement parce qu’elles sont des femmes », a-t-elle souligné, indiquant que ce sort humiliant a été réservé à une jeune adjointe qu’elle avait nommée l’an dernier.  Affirmant avoir elle-même été la cible de violences verbales, elle a averti que « tout cela peut décourager les femmes de participer activement à la vie publique et à la prise de décisions ». 

Mobilisé pour sa part contre le harcèlement sexuel, qui affecte tout particulièrement les femmes sur leur lieu de travail, le Ministre de l’emploi et de l’égalité des chances du Danemark a présenté un ensemble d’initiatives de son gouvernement visant à contrer ce fléau.  L’une d’elles consiste en un dialogue tripartite avec les partenaires sociaux et les ONG sur la manière d’améliorer la prévention de cette violence et le renforcement des sanctions.  Son homologue de la Slovénie a quant à lui insisté sur l’importance de la lutte contre la cyberviolence à l’encontre des femmes, en forte progression du fait de l’essor du monde virtuel en cette période de pandémie. 

Pour la Ministre d’État en charge des femmes à la Présidence du Portugal, un environnement plus propice à la participation des femmes passe par la prise en compte de l’impact de la COVID-19 sur celles-ci, mais aussi par un soutien accru à leur indépendance économique et à leur participation au marché du travail.  En outre, il importe, selon elle, de lutter contre les écarts de rémunération entre les sexes et d’augmenter le nombre de femmes aux postes de décision.  À l’avenir, a-t-elle préconisé, il est essentiel de mettre en œuvre les politiques qui s’avèrent les plus efficaces, à savoir les mécanismes de transparence salariale et les quotas de genre dans les conseils d’administration. 

Observant que les priorités du Programme d’action de Beijing restent largement en suspens, la Ministre des femmes, du genre et de la diversité de l’Argentine a salué les efforts visant à lutter contre les inégalités entre les sexes tout en pointant le manque de responsabilités partagées au sein des foyers, encore aggravé par les effets de la pandémie.  Les femmes ont moins de temps en raison des tâches domestiques qui souvent leur incombent, a-t-elle déploré, appelant de ses vœux une stratégie mondiale en faveur d’une pleine parité au travail et aux postes à responsabilité.  « Nous devons être proactifs et anticiper les obstacles à la parité », a renchéri le Ministre de la transformation sociale d’Antigua-et-Barbuda, qui a alerté que l’absence des femmes aux fonctions dirigeantes signifie que   des voix et des compétences importantes sont laissées de côté ». 

Si la Secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines a vanté le modèle inclusif de son pays, qui s’emploie à éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans tous les domaines de la société, la Présidente de l’Union nationale des femmes érythréennes, organisation mandatée par le Gouvernement, a quant à elle souligné l’importance des partenariats et du partage d’expériences avec des « organisations sœurs » à l’étranger.  Ces échanges lui ont permis de « tirer de nombreuses leçons précieuses dans la lutte pour la liberté des femmes ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine les activités, initiatives et projets pilotes menés dans le cadre de l’élaboration d’une culture de la responsabilité

Reprise de la soixante-quinzième session ,
10e séance plénière – matin
AG/AB/4364

La Cinquième Commission examine les activités, initiatives et projets pilotes menés dans le cadre de l’élaboration d’une culture de la responsabilité

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires était saisie, cet après-midi, du dixième rapport du Secrétaire général sur le renforcement de l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU et de celui du Corps commun d’inspection (CCI) intitulé « Gestion du risque institutionnel: approches et utilisations dans les entités des Nations Unies ». 

Présentant le premier document, Mme Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et de politiques de gestion et de la conformité, a indiqué qu’alors que le nouveau paradigme de gestion prend racine au Secrétariat, les efforts visant à renforcer son système de responsabilité suivent une approche structurée.  Le Secrétariat adapte ses pratiques de gestion aux changements apportés aux structures organisationnelles, aux stratégies et aux politiques, et met l’accent sur les résultats plutôt que sur les activités et les réalisations attendues. 

Soucieux lui aussi d’avoir des résultats concrets, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), suivi par le Groupe des 77 et la Chine, a demandé au Secrétaire général d’axer ses rapports sur les aspects pratiques du principe de la responsabilité institutionnelle et individuelle.  Il a estimé que le lien entre les diverses activités, initiatives et projets pilotes ainsi que l’élaboration d’une culture de la responsabilité au Secrétariat ne sont pas assez clairs. 

S’agissant de la décentralisation de la prise de décision, un principe incarné dans le nouveau système de délégation d’autorité, la Secrétaire générale adjointe a dit qu’elle est rendue possible par l’utilisation avancée d’analyses de données qui rendent plus visibles les délégations de pouvoir, du Secrétaire général aux chefs de départements et aux autres responsables au sein de chaque département.  En 2020, a ajouté Mme Pollard, ce système a aussi permis de suivre les exceptions et des décisions discrétionnaires prises dans le cadre de la pandémie de COVID-19. 

Le premier état annuel de contrôle interne pour toutes les entités est en cours de préparation et de publication, a poursuivi la haut-responsable.  Ces états permettent de donner aux États Membres l’assurance que les activités confiées au Secrétariat sont mises en œuvre efficacement, que l’information financière est fiable et conforme aux Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), et que les règles et procédures sont conformes au cadre réglementaire, a-t-elle expliqué. 

À ce sujet, la Guinée, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a commenté le rapport du Secrétaire général et regretté la non-publication de la première déclaration de contrôle interne pour toutes les entités de l’ONU: c’est une occasion manquée pour cette année d’inclure cet outil important dans l’examen du principe de responsabilité.  Notant en outre qu’il existe toute une série d’initiatives et de projets, le G77 s’est demandé si cela ne devient un fardeau pour les gestionnaires de programme et les chefs de direction.  

De plus pour le CCQAB, le lien entre les diverses activités, initiatives et projets pilotes, d’un côté, et l’élaboration d’une forte culture de la responsabilité au Secrétariat des Nations Unies, de l’autre, ne sont pas clairs dans le rapport du Secrétaire général.  Lequel est prié de fournir des informations sur la manière dont les différentes activités se complètent pour former un système de responsabilité durable et holistique. 

Dans son rapport, le CCQAB met l’accent sur le principe de responsabilité qui doit représenter « un pilier essentiel de l’ONU ».  Il estime que le Secrétaire général devrait axer ses rapports sur les aspects pratiques de la responsabilité institutionnelle et individuelle et sur la mise en œuvre des procédures et mesures visant à appliquer le principe de responsabilité.  Le Comité prie donc le Secrétaire général de fournir des informations et d’expliquer en quoi la gestion et la budgétisation axées sur les résultats peuvent constituer un dispositif d’application du principe de responsabilité durable et global. 

Face aux contraintes financières actuelles, le G77 a souhaité que le Secrétaire général continue de renforcer le contrôle interne dans le système de responsabilité par le suivi constant des dépenses afin de mettre pleinement en œuvre les mandats et les programmes. 

La Chine a également plaidé pour que le Secrétariat renfonce la responsabilité et la gestion de la performance budgétaire et améliore le contrôle interne.  Les dépenses budgétaires doivent être optimisées en termes de qualité et d’efficacité, a continué la mission insistant sur l’importance de la discipline financière.  Nous exigerons des résultats lorsque les ressources seront utilisées et demanderons des comptes en cas d’échec, a-t-elle prévenu.  Chaque centime payé par les contribuables des États Membres et toutes les ressources doivent être allouées aux priorités de l’ONU, en particulier à la poursuite des objectifs de développement durable, pour parvenir à la viabilité financière, a ajouté la Chine.

L’Union européenne (UE) a affiché son soutien aux efforts menés pour garantir que l’ONU dispose d’un cadre de responsabilité solide.  Ce cadre doit correspondre au plus haut niveau de transparence et contribuer au renforcement d’une culture des résultats.  Selon l’UE, un système de responsabilité efficace vise à assurer une meilleure exécution des programmes et des mandats, grâce à une culture organisationnelle plus solide.  L’UE a donc plaidé pour que l’ONU respecte les normes les plus élevées de conduite, de professionnalisme et de responsabilité.  « Les États membres de l’Union européenne continuent d’insister sur la nécessité d’un changement culturel au sein de l’Organisation », a insisté la mission avant d’appeler à veiller à ce que le personnel respecte les normes de conduite les plus élevées. 

L’UE a jugé indispensable que le personnel des Nations Unies se sente en sécurité pour signaler tout acte répréhensible et soit protégé contre les représailles lorsqu’il le fait.  « Enfin, nous attendons avec impatience le résultat de l’examen en cours du système de responsabilité », a dit la mission. 

Les États-Unis ont également été d’avis que la responsabilité est un outil indispensable à tous les efforts de réforme.  Dans cet esprit, la délégation a dit attendre avec intérêt l’évaluation par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) du système de responsabilité de l’ONU ainsi que l’examen par le CCI des dispositifs d’application du principe de responsabilité en vigueur dans les entités du système des Nations Unies.  Ces deux rapports aideront le Secrétaire général à maintenir l’obligation de rendre des comptes.  Les États-Unis ont jugé essentiel une mise en œuvre rapide de toutes décisions et recommandations relatives aux principes de responsabilité pour maintenir l’élan d’innovation et de réforme. 

Mme Pollard a terminé en disant que le Secrétariat a fait des progrès constants dans la mise en œuvre d’initiatives qui renforcent la responsabilité en tant que pilier central d’une gestion efficace et efficiente.  Le Secrétariat s’est pleinement engagé à travailler avec toutes les parties prenantes dans un processus d’amélioration continue en 2021 et au-delà, a réitéré la haut-responsable. 

En début de séance, le Président de la Cinquième Commission, M. Carlos Amorín, de l’Uruguay, rappelant à ses collègues que les travaux de la Commission durant cette session se focalisent sur la gestion des ressources humaines, les a exhortés à coopérer afin de trouver un accord sur toutes les questions en suspens.

La prochaine réunion de la Commission sera annoncée dans le Journal de l’ONU.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Maintien de la paix: le Comité des 34 achève sa session 2021 en adoptant 122 recommandations couvrant huit domaines d’action

Session de fond de 2021,
269e séance plénière – après-midi
AG/PK/242

Maintien de la paix: le Comité des 34 achève sa session 2021 en adoptant 122 recommandations couvrant huit domaines d’action

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) a terminé aujourd’hui ses travaux, en adoptant sans vote son projet de rapport annuel 2021.  La version finale de ce document sera traduite de l’anglais vers les cinq autres langues officielles avant d’être soumis à l’approbation de l’Assemblée générale, via un projet de résolution de la Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de la décolonisation. 

Le rapport du C34 comprend cette année plus de 40 pages énumérant 122 propositions, recommandations et conclusions réparties en huit thématiques qui visent à améliorer l’efficacité des 13 opérations de maintien de la paix actuellement en cours.

Depuis 2020, le nouveau format de ce rapport annuel s’articule effectivement autour des huit domaines d’action prioritaires identifiés par l’initiative « Action pour le maintien de la paix (A4P) » du Secrétaire général à savoir: conduite des opérations de maintien de la paix et du personnel (11 recommandations); partenariats (21 recommandations); maintien et pérennisation de la paix (14 recommandations); performance et responsabilité (16 recommandations); politiques (10 recommandations); protection (18 recommandations); sûreté et sécurité (22 recommandations); et femmes, paix et sécurité (10 recommandations). 

En marge de l’adoption de ces recommandations et propositions, les représentants du Japon et du Maroc, qui parlait au nom du Mouvement des non-alignés, se sont félicités des excellents résultats obtenus cette année par le biais de réunions en visioconférence, malgré les craintes initiales face aux contraintes potentielles liées à la pandémie de COVID-19 qui « n’a eu aucun impact négatif sur la qualité des travaux ».  Le représentant du Mouvement s’est aussi félicité de l’excellente collaboration entre conseillers militaires et diplomates au cours de cette session pour s’attaquer aux défis du maintien de la paix. 

La session de fond de 2021, tenue au Siège du 15 février au 12 mars 2021, s’est articulée autour de quatre séances plénières et a vu des interventions liminaires du Président de l’Assemblée générale et du Secrétaire général adjoint chargé du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences. 

Les recommandations adoptées aujourd’hui sont issues des réflexions d’un groupe de travail présidé par M. Richard Arbeiter, du Canada. 

Le Bureau du C34 était cette année composé par M. Tijjani Muhammad Bande, du Nigéria (Président); MM. Fabián Oddone, de l’Argentine, Richard Arbeiter, du Canada, Namazu Hiroyuki, du Japon, et Mariusz Lewicki, de la Pologne (Vice-Présidents); et M. Abdullah Ibrahim Abdelhamid Alsayed Attelb, de l’Égypte, (Rapporteur). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale à l’unisson sur les « diamants de la guerre » mais divisée sur la coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

Soixante-quinzième session,
56e séance – matin
AG/12315

L’Assemblée générale à l’unisson sur les « diamants de la guerre » mais divisée sur la coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

L’Assemblée générale a fait montre, ce matin, d’unité pour soutenir la poursuite des travaux du Processus de Kimberley contre le commerce illicite des diamants et appuyer le renforcement de la coopération avec le Conseil de l’Europe, lors d’une séance plénière marquée par l’adoption de six résolutions, dont deux qui portaient sur ces questions.  Les États Membres se sont en revanche déchirés à propos de la coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), la résolution sur ce point ayant fait l’objet de plusieurs votes avant son adoption. 

Sur une note plus positive, l’Assemblée générale a également fait siens deux textes soulignant les apports inestimables de la nature, le premier proclamant le 10 mai « Journée internationale de l’arganier », arbre endémique du Maroc, le second faisant de 2023 l’Année internationale du mil, céréale nutritive mais aussi capable de résister aux parasites et de survivre dans des conditions climatiques extrêmes. 

S’agissant du texte relatif aux diamants « facteur de conflits », avalisé par consensus, la Fédération de Russie a précisé qu’il était de « nature technique », les travaux du Processus de Kimberley ayant été en grande partie gelés en 2020 du fait de la pandémie de COVID-19.  Pour cette raison, a-t-elle indiqué, la présidence russe du Processus a été reportée à 2021 et celle du Botswana à 2022.  La résolution prend note de ces reports et encourage par ailleurs la poursuite du renforcement du Processus de Kimberley afin de le rendre mieux à même de résoudre les problèmes auxquels font face l’industrie diamantaire et les populations qui en dépendent.

Particulièrement concerné par l’extraction des diamants, activité minière qui lui a permis de se hisser au rang de pays à revenu intermédiaire, le Botswana a insisté sur le rôle central du Processus de Kimberley dans la lutte internationale contre les « diamants de la guerre » et plaidé pour un resserrement de la coopération avec les pays producteurs.  Un appel qui faisait écho à celui lancé par le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, selon lequel il importe que le commerce des diamants « alimente le développement et non les conflits ». 

Elle aussi adoptée sans vote, la résolution sur la coopération entre l’ONU et le Conseil de l’Europe encourage les deux entités à renforcer leur coopération à tous les niveaux pour faire face efficacement à la crise sanitaire provoquée par la maladie à coronavirus (COVID-19) et aux conséquences désastreuses qu’elle a pour les populations d’Europe et du monde.

Lors de la présentation de ce texte, l’Allemagne a regretté que la question de la peine de mort n’y figure pas du fait de la résistance de plusieurs délégations.  Une position partagée par l’Ukraine, qui a, d’autre part, souhaité que le Conseil de l’Europe prenne en considération les violations des droits de l’homme commises par la Russie dans le Donbass et les territoires ukrainiens temporairement occupés par ce pays.

En réponse, la Fédération de Russie s’est élevée contre les discriminations visant les populations russophones en Ukraine et dans les pays baltes, tout en déplorant, par ailleurs, que les facilitateurs du texte n’aient pas tenu compte des points de vue de certains membres du Conseil de l’Europe sur des questions telles que les principes régissant l’aide humanitaire et les violences faites aux femmes. 

Plus « épineux », de l’aveu même des Pays-Bas qui l’ont présenté, le projet de résolution sur la coopération entre l’ONU et l’OIAC n’a été entériné qu’après un vote sur quatre paragraphes de son dispositif puis sur le texte dans son ensemble, finalement adopté par 109 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et République arabe syrienne) et 11 abstentions. 

Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale prend note avec une vive préoccupation du premier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification chargée d’identifier les auteurs de l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne, intitulé « Contrer la menace que constitue l’emploi d’armes chimiques: Latamné (République arabe syrienne), 24, 25 et 30 mars 2017 » et publié le 8 avril 2020.

À l’origine de ces mises aux voix, la République arabe syrienne, appuyée par Cuba, l’Indonésie et la République islamique d’Iran, a fustigé un projet « politisé » et dénué de transparence, qui mentionne des mécanismes non consensuels et se focalise sur la Syrie sans que le pays ait pu participer à sa rédaction.  Plus grave encore, à ses yeux, la résolution ignore les groupes terroristes qui utilisent des armes chimiques en Syrie.

« L’Assemblée doit cesser d’adopter des résolutions antisyriennes chaque fois qu’elle discute de l’OIAC », a renchéri la délégation russe, avant de s’en prendre à ceux qui veulent faire de cette organisation « un instrument servant leurs intérêts nationaux ».  La Malaisie a, pour sa part, déploré l’ajout dans ce texte de points qui ne pouvaient que causer des divergences, « notamment l’importation d’un dossier à la charge du Conseil de sécurité ».

Enfin, l’Assemblée générale a adopté par consensus une résolution sur la coopération entre l’ONU et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral, par laquelle elle considère qu’il y a lieu d’améliorer encore les activités dudit Fonds afin de renforcer les partenariats régionaux en matière de développement social et économique, de protection de l’environnement, de gestion des ressources en eau, d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs conséquences.  Le texte a suscité des réserves de la part du Kirghizistan, qui a appelé de ses vœux une réforme du Fonds pour le rendre plus efficace. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

LES DIAMANTS, FACTEUR DE CONFLITS

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.65

Aux termes de la résolution A/75/L.65, intitulée « Les diamants, facteur de conflits: rompre le lien entre le négoce illicite de diamants bruts et les conflits armés afin de contribuer à la prévention et au règlement des conflits », présentée par la Fédération de Russie et adoptée par consensus, l’Assemblée générale prend note du report de la présidence de la Fédération de Russie à 2021 et de celle de la République du Botswana à 2022. 

Considérant que le Système de certification du Processus de Kimberley facilite l’application effective des résolutions du Conseil de sécurité imposant des sanctions contre ceux qui se livrent au commerce des diamants de la guerre, elle demande que soient intégralement appliquées les mesures déjà adoptées par le Conseil pour réprimer le commerce illicite de diamants bruts, notamment les diamants de la guerre contribuant à entretenir les conflits. 

L’Assemblée générale réaffirme l’importance de la nature tripartite du Processus de Kimberley et souligne qu’une participation aussi large que possible au Système de certification du Processus est essentielle.  À cet égard, elle rappelle que les communautés minières occupent une place centrale dans le Processus de Kimberley et qu’il faut s’attacher tout particulièrement à intégrer les creuseurs artisanaux dans les structures de gouvernance. 

Elle encourage la poursuite du renforcement du Processus de Kimberley afin de le rendre mieux à même de résoudre les problèmes auxquels font face l’industrie diamantaire et les populations qui en dépendent, y compris les problèmes découlant de l’instabilité et des conflits, et de faire en sorte qu’il continue de contribuer à la paix et à la sécurité internationales, ainsi qu’à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a noté que le commerce illicite des diamants continue d’être un facteur de conflits et d’instabilité dans le monde.  Il est impératif que les États Membres poursuivent leur lutte contre ce commerce illicite en participant au Processus de Kimberley, qui, depuis son lancement en 2003, a démontré son efficacité.  Son fonctionnement tripartite a permis de superviser le commerce de diamants bruts en aidant à appliquer les résolutions de l’ONU, a-t-il souligné, appelant à la participation la plus large possible au Processus.  Cette industrie de plusieurs milliards de dollars devrait contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la réalisation des objectifs de développement durable, a ajouté M. Bozkir.  Selon lui, la résolution L.65 souligne la nécessité de conserver toute la pertinence du Processus pour que le commerce des diamants alimente le développement et non les conflits. 

Lors de la présentation du projet de résolution, M. EVGENY Y. VARGANOV (Fédération de Russie) a indiqué que la présidence russe du Processus de Kimberley en 2020 a coïncidé avec une crise sanitaire mondiale sans précédent causée par la pandémie de COVID-19.  Pour cette raison, a-t-il expliqué, les pays participants ont décidé, en août dernier, de reporter la présidence de la Fédération de Russie à 2021 et celle du Botswana à 2022.  Le délégué a indiqué que la résolution présentée ce jour est essentiellement de nature technique.  Il a par ailleurs regretté qu’un membre du Secrétariat de la présidence du Processus, qui était censé venir à New York pour présenter ce projet de texte, n’ait pas pu participer faute de visa d’entrée aux États-Unis, malgré la soumission préalable des documents.  Cela confirme à nouveau l’abus par les États-Unis de leur statut de pays hôte du Siège de l’ONU et la discrimination dont font l’objet certaines délégations, a-t-il déploré. 

Mme PEGGY VISSERS, de l’Union européenne, a relevé que 2020, « année exceptionnelle », avait entraîné le report des présidences de la Russie et du Botswana, pour ensuite se féliciter de la reprise des travaux du Processus de Kimberley.  Elle a souligné que les extractions artisanales doivent figurer au cœur des efforts qui doivent notamment tirer parti des expériences des communautés locales.  Elle a aussi parlé des nouveaux défis liés à l’approvisionnement.  Elle s’est inquiétée de la situation en République centrafricaine tout en saluant l’engagement de ce pays à garantir la traçabilité de ses diamants. 

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a relevé que la pandémie avait durement touché les pays participant au Processus.  Il a rappelé que le Botswana est devenu, notamment grâce aux recettes tirées de l’extraction des diamants, un pays à revenu intermédiaire.  L’apport du diamant au développement est indéniable, a-t-il affirmé.  Il a souligné les apports du projet de résolution, notamment son appel à resserrer la coopération avec les pays producteurs de diamants.  Le délégué a enfin appelé à continuer d’honorer le Processus de Kimberley qui, depuis 2003, a permis de rendre moins nombreux les diamants de la guerre.

M. PHILIP REED (Royaume-Uni) a affirmé que le processus de Kimberley est un outil de prévention des plus utiles et lui a apporté le soutien de son pays.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a relevé que le trafic de diamants demeure un défi et a jugé nécessaire de renforcer le Processus.  Il a également affirmé son attachement à préserver la fermeté et la crédibilité du Processus pour qu’il continue de préserver et développer le commerce de diamants. 

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES

Décision concernant les projets de résolution A/75/L.62 et A/75/L.63

Par la résolution A/75/L.62, intitulée « Journée internationale de l’arganier », présentée par le Maroc et adoptée par consensus, l’Assemblée générale décide de proclamer le 10 mai Journée internationale de l’arganier, qui sera célébrée chaque année. 

L’arganier est un arbre à usages multiples, qui, indique la résolution, joue un rôle très important dans la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions au niveau local.  L’huile d’argan a de nombreux usages, en particulier dans la médecine traditionnelle et complémentaire et dans les industries culinaires et cosmétiques.

Considérant qu’il est urgent de mieux faire connaître les bienfaits du mil sur le plan nutritionnel et les atouts qu’il présente pour la résilience face aux changements climatiques, l’Assemblée générale décide de proclamer 2023 Année internationale du mil en adoptant par consensus la résolution intitulée « 2023, Année internationale du mil » (A/75/L.63), présentée par l’Inde.

Elle invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et toutes les parties prenantes concernées à célébrer cette Année internationale au moyen d’activités et d’orientations visant à faire mieux connaître les effets bénéfiques de la consommation de mil pour la nutrition et la santé et la possibilité de le cultiver dans des conditions climatiques hostiles et changeantes, tout en mettant également l’accent sur l’amélioration de l’efficacité des chaînes de valeur. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a présenté le projet de résolution L.62 en notant que l’arganier, arbre endémique du pays, inscrit en 2014 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité établie par l’UNESCO, est une source ancestrale de développement.  En proclamant le 10 mai comme « Journée internationale de l’arganier », les Nations Unies célèbrent le rôle vital que joue cet arbre dans le maintien de l’équilibre naturel et dans la préservation de la biodiversité, et consacrent le rôle des femmes en milieu rural, tout en faisant la promotion de chaînes de valeurs solidaires et équitables.

Faisant état d’un projet de plantation de 10 000 arganiers par son pays, le représentant a indiqué que la résolution reflète l’importance de la résilience et de l’adaptation aux changements climatiques.  À cette fin, le texte appelle à renforcer le soutien financier aux initiatives d’adaptation climatique, à l’instar du Fonds vert pour le climat qui préconise de sauvegarder les arganiers, a-t-il indiqué.

En présentant le projet de résolution L.63, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a souligné que le mil est considéré comme une céréale nutritive et que plus de 90% de sa production a lieu en Afrique et en Asie.  Le mil est non seulement riche en protéines mais aussi en promesses pour ceux qui ont un déficit en micronutriments, a relevé la délégation, ajoutant que le mil contribue à la réduction du diabète.  De plus, cette céréale résiste aux parasites et peut survivre dans des conditions climatiques extrêmes, a-t-elle fait valoir, avant de déplorer que sa production baisse dans le monde.  Il convient selon elle d’améliorer la recherche et les investissements dans le développement du mil, tout en alignant ces actions avec le secteur de l’alimentation.  Il faut aussi sensibiliser le public aux avantages nutritifs du mil et à sa résistance aux changements climatiques, a-t-elle ajouté.  Ce texte, a conclu l’Inde, contribuera à la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté.  Il permettra aussi de promouvoir le mil comme partie intégrante du panier alimentaire de base. 

Explications de position

Les États-Unis se sont exprimés sur les résolutions L.62 et L.63 pour rappeler notamment que le Programme d’action d’Addis-Abeba n’a pas de valeur juridiquement contraignante.  Ils ont aussi estimé que l’ONU ne doit pas dicter aux organisations intergouvernementales ce qu’elles doivent faire sans un apport clair de ressources financières.

La Fédération de Russie a salué le texte sur le mil, qui participe à la préservation de la biodiversité agricole et à la promotion d’une alimentation saine. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LE CONSEIL DE L’EUROPE

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.64

Aux termes de la résolution A/75/L.64, intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Europe », présentée par l’Allemagne et adoptée par consensus, l’Assemblée générale se félicite de la contribution du Conseil de l’Europe et de ses États membres, à tous les niveaux de gouvernement, à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en Europe et au-delà. 

Elle encourage l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Europe à renforcer leur coopération à tous les niveaux pour faire face efficacement à la crise sanitaire provoquée par la maladie à coronavirus (COVID-19) et aux conséquences désastreuses qu’elle a pour les populations d’Europe et du monde, y compris le creusement des inégalités qui existaient déjà auparavant.

En outre, l’Assemblée générale demande de nouveau que la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Europe soit renforcée en ce qui concerne la promotion et la protection de tous les droits humains et de toutes les libertés fondamentales et la promotion de la démocratie, de l’état de droit et de la bonne gouvernance à tous les niveaux.

Lors de la présentation du projet de résolution, M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a regretté l’impossibilité d’inscrire la question de la peine de mort dans le texte à cause de la résistance des certaines délégations.  Le Conseil de l’Europe poursuivra sa lutte contre la peine de mort qui est un traitement inhumain n’ayant aucun effet dissuasif.  Il continuera aussi de lutter contre les discriminations dont sont victimes les personnes homosexuelles, a fait savoir le délégué.

Explications de position

La Hongrie a indiqué que la résolution sur la coopération avec le Conseil de l’Europe contient des passages qui ne sont pas acceptables par son pays, notamment en ce qui concerne la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul.  La résolution aurait dû être neutre sur ce point plutôt que d’encourager à la rejoindre, a dit la déléguée, tout en soulignant l’engagement de son pays dans la lutte contre la violence faite aux femmes.  « C’est bien l’action gouvernementale qui permet d’éliminer une telle violence, non pas la ratification d’un traité. »  Enfin, elle s’est dissociée de toute mention faite au Pacte mondial sur les migrations que son pays ne reconnaît pas.  Plutôt que d’encourager les migrations, il convient de remédier à leurs causes profondes sur place, a-t-elle conclu, en insistant sur les menaces sécuritaire et sanitaire de flux migratoires non contrôlés.

L’Égypte a pris acte que certains paragraphes ont été intégrés dans la résolution « sans consultations suffisantes », notamment le paragraphe 3 sur le terme « multiples formes de discrimination » qui est à la fois trop vague et sans une définition reconnue.

L’Ukraine a salué la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui a reconnu sa compétence dans l’affaire qui l’oppose à la Fédération de Russie sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et la situation des droits de l’homme en Crimée.  Elle a regretté que la peine de mort soit exclue de la résolution qui vient d’être adoptée.  Le Conseil de l’Europe est capable de prévenir les conflits, a indiqué le représentant qui attend du Conseil qu’il tienne compte des violations des droits de l’homme commises par la Russie dans le Donbass et les territoires temporairement occupés de l’Ukraine.  Ce pays refuse d’appliquer les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de l’Europe sur ce conflit, a-t-il décrié. 

L’Iraq a également estimé que le terme « multiples formes de discrimination » est trop vague et sans définition reconnue. 

La Fédération de Russie a déploré que les négociateurs n’aient pas tenu compte des points de vue de certains membres du Conseil de l’Europe sur plusieurs questions, notamment sur les violences faites aux femmes ou sur les principes qui régissent l’aide internationale.  Celle-ci doit être acceptée par le pays hôte, a déclaré le délégué.  Il a aussi regretté que le texte ne contienne pas l’appel lancé par le Secrétaire général en mars dernier pour la levée des sanctions.  « Cela montre le vrai visage de ceux qui s’érigent en figure de proue de l’aide humanitaire. »  Enfin, il a dénoncé les discriminations visant les populations russophones en Ukraine et dans les pays baltes et affirmé que la Convention du Conseil de l’Europe, dite de Budapest, sur la cybersécurité est « dangereuse » car elle permet un accès à des données nationales.

La République arabe syrienne a salué le consensus, tout en se dissociant des mentions faites aux conventions auxquelles elle n’a pas adhéré. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’ORGANISATION POUR L’INTERDICTION DES ARMES CHIMIQUES

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.56

Aux termes de la résolution A/75/L.56, intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) », présentée par les Pays-Bas et adoptée par 190 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et République arabe syrienne) et 11 abstentions, l’Assemblée générale prend note avec une vive préoccupation du premier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification chargée d’identifier, conformément à la décision C-SS-4/DEC.3, les auteurs de l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne, intitulé « Contrer la menace que constitue l’emploi d’armes chimiques: Latamné (République arabe syrienne), 24, 25 et 30 mars 2017 » et publié le 8 avril 2020.

De même, elle prend note de la décision du Conseil exécutif, en date du 9 juillet 2020, intitulée « Contrer la détention et l’emploi d’armes chimiques par la République arabe syrienne », et se félicite que cette décision et les rapports y associés aient été transmis au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale par le Secrétaire général. 

Vote sur les paragraphes 5 à 8 du projet de résolution L.56

L’Assemblée générale a maintenu le paragraphe 5 du projet de résolution L.56 par 85 voix pour, 10 voix contre et 21 abstentions.

Le paragraphe 6 du même projet de résolution a lui aussi été maintenu par 83 voix pour, 11 voix contre et 22 abstentions.

Il en a été de même pour le paragraphe 7, maintenu par 77 voix pour, 10 voix contre et 25 abstentions, ainsi que pour le paragraphe 8 maintenu pour sa part par 88 voix pour, 8 voix contre (Bélarus, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République arabe syrienne, Venezuela et Zimbabwe) et 16 abstentions.

Explications de vote

Avant le vote, la République arabe syrienne a assuré que son gouvernement a tout fait pour se débarrasser de son stock d’armes chimiques et détruit toutes ses installations.  Elle a dénoncé les paragraphes du projet de résolution qui n’ont rien à voir avec le caractère technique du projet, c’est-à-dire la coopération entre l’ONU et l’OIAC.  Elle a décrié la présentation d’un texte politisé qui vise la Syrie.  La Syrie est mentionnée dans le projet mais la délégation syrienne n’a pas participé à sa rédaction et n’y a pas été invitée, s’est-elle insurgée.  Ce texte biaisé mentionne des mécanismes non consensuels et ignore les groupes terroristes qui utilisent les armes chimiques, a ajouté la délégation qui a accusé les Pays-Bas de soutenir des organisations terroristes en Syrie.  La délégation a ensuite demandé des votes séparés sur les paragraphes 5, 6, 7 et 8 et le projet dans son ensemble. 

La Fédération de Russie a dénoncé le caractère politisé de ce texte sur l’OIAC et s’est interrogée sur sa valeur ajoutée.  L’Assemblée doit cesser d’adopter des résolutions antisyriennes chaque fois qu’elle discute de l’OIAC, a déclaré la délégation.  Elle a dénoncé ceux qui veulent faire de l’OIAC un instrument servant leurs intérêts nationaux.  L’OIAC a demandé à la Syrie de déclarer der armes chimiques qu’elle n’a pas, a déploré le délégué.  Il a souligné la méthodologie défaillante des rapports de l’OIAC et leur manque de crédibilité, notamment en ce qui concerne les incidents de la Ghouta et de Khan Cheïkhoun.  L’OIAC n’a pas non plus répondu aux questions dérangeantes qui lui ont été posées.  À la lecture du projet de résolution, on a l’impression que le seul sujet de préoccupation de l’OIAC est la Syrie, a affirmé la délégation, en regrettant que pas un mot ne soit dit sur le stock d’armes chimiques des États-Unis.  « La Russie votera contre ce document pour préserver l’intégrité de l’OIAC, ainsi que son véritable objectif qui est la non-prolifération des armes chimiques. »

La République islamique d’Iran a dit avoir suggéré des modifications au paragraphe 3 du dispositif afin qu’il aille dans le sens des objectifs de la Convention sur les armes chimiques.  Pour la délégation, il est essentiel que le projet de résolution se concentre sur la coopération entre l’ONU et l’OIAC et se limite aux seules questions couvertes par l’accord entre les deux organisations.  Pourtant, a-t-elle noté, certains paragraphes vont bien au-delà et touchent des points non consensuels, ce qui constitue une politisation alors que le texte devrait avoir un but technique. 

À l’issue des mises aux voix, l’Argentine a insisté sur l’importance de respecter toutes les dispositions de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Elle a estimé que les résolutions de l’Assemblée générale ne doivent pas être utilisées comme plateformes pour viser certains pays, au risque de porter atteinte à la relation entre l’ONU et l’OIAC. 

Cuba s’est opposée un projet car il mentionne un pays en particulier.  La délégation a également relevé que les décisions de l’OIAC qui figurent dans le projet n’ont pas obtenu de consensus. 

L’Indonésie a indiqué avoir voté pour le projet de résolution, tout en estimant que celui-ci n’aurait pas dû viser un pays en particulier.  Elle s’est abstenue sur les paragraphes 5, 6, 7 et 8, espérant que la prochaine mouture du projet serait être adoptée par consensus en se focalisant sur la coopération entre les deux organisations.

L’Égypte a voté pour ce texte mais s’est abstenue lors du vote sur certains paragraphes en raison de manque d’éléments pour pouvoir voter de manière éclairée.  Elle a dénoncé les pays qui s’opposent à la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.

La Malaisie a voté pour ce texte mais s’est abstenue lors du vote sur certains paragraphes.  « Nous aurions dû trouver le moyen de rapprocher encore les points de vue. »  Elle a regretté l’ajout dans ce texte de points qui ne pouvaient que causer des divergences, notamment l’importation d’un dossier à la charge du Conseil de sécurité.  Elle a espéré qu’une version affinée de ce texte sera présentée à l’avenir.

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LE FONDS INTERNATIONAL POUR LE SAUVETAGE DE LA MER D’ARAL

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.66

Selon les termes de la résolution « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral » (A/75/L.66), présentée par le Tadjikistan et adoptée par consensus, l’Assemblée générale considère qu’il y a lieu d’améliorer encore les activités du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral afin de renforcer la coopération régionale dans des domaines tels que le développement social et économique, la protection de l’environnement et les interventions en cas de catastrophe naturelle, la gestion des ressources en eau, l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs conséquences, l’échange d’informations, la science et l’innovation et d’autres domaines connexes. 

Elle considère également qu’il importe de renforcer la coopération et la coordination entre le système des Nations Unies et ledit Fonds.

En outre, elle note qu’il est proposé d’examiner la possibilité de mettre en place un programme spécial des Nations Unies pour le bassin de la mer d’Aral et de tenir à cet égard des consultations en 2022 avec le Comité exécutif du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral, les États Membres et les entités compétentes des Nations Unies.

Explication de position

Avant l’adoption du texte, le Kirghizistan a indiqué que son pays, en 2016, a gelé sa participation au Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral en raison de son manque d’efficacité.  Il s’est néanmoins déclaré disposé à discuter de la réforme du Fonds avec les autres pays de l’Asie centrale pour le rendre plus efficace. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: appels au consensus attendu depuis des années en matière de réforme de la gestion des ressources humaines

Soixante-quinzième session,
9e séance plénière – matin
AG/AB/4363

Cinquième Commission: appels au consensus attendu depuis des années en matière de réforme de la gestion des ressources humaines

La Cinquième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa première reprise de session en entendant de nombreuses délégations appeler à trouver un consensus sur la réforme de la gestion des ressources humaines, pilier de la réforme plus large des Nations Unies initiée par le Secrétaire général lors de son entrée en fonction en 2017. 

Si l’Union européenne, les États-Unis, le Groupe des États d’Afrique et le Groupe 77 et la Chine, notamment, ont souligné la nécessité d’une gestion moderne et rationalisée des ressources humaines à l’ONU, afin de disposer d’un personnel hautement performant pour une Organisation efficace, flexible et axée sur les résultats, les intervenants ont tous regretté que la Commission ne soit parvenue à un consensus sur la question lors des soixante-treizième et soixante-quatorzième sessions. 

Parmi les 50 rapports à l’examen concernant la réforme de la gestion des ressources humaines et l’amélioration de la performance des 37 000 fonctionnaires des Nations Unies, les délégations étaient notamment saisies du rapport intitulé « Vue d’ensemble de la réforme de la gestion des ressources humaines pour la période 2019-2020 et perspectives pour l’après » (A/75/540), qui s’appuie sur trois volets stratégiques et trois résultats attendus. 

Présentant les rapports du Secrétaire général sur la question, Mme Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, a détaillé les trois volets stratégiques, à savoir un environnement politique favorable à la gestion stratégique du personnel; une politique proactive de recrutement et de gestion des talents; et la transformation de la culture institutionnelle de l’Organisation.  

Les trois résultats attendus (agilité, diversité et responsabilité) seront quant à eux le fruit de la gestion prévisionnelle des effectifs, avec constitution de viviers de talents, formation et perfectionnement professionnel, et valorisation des carrières; de la diversité géographique et des genres et autres initiatives en faveur de l’inclusion; et de politiques et services de ressources humaines, de gestion de la performance, de déontologie et de discipline, ainsi que de santé et bien-être. 

Une gestion des ressources humaines efficace implique une représentation géographique équitable du personnel, ont plaidé les membres de la Commission.  Le Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), M. Abdallah Bachar Bong, a noté à cet égard que les hauts responsables des départements et bureaux du Secrétariat n’ont pas atteint l’objectif de nommer au moins 50% de fonctionnaires originaires d’États Membres non représentés et sous-représentés à des postes soumis à la répartition géographique, comme le prévoient leurs contrats de mission.  Pour 2018, seuls 2 des 23 départements et bureaux au Siège et hors Siège ont atteint l’objectif. 

De manière générale, le CCQAB note avec sévérité les réformes successives de la gestion des ressources humaines qui n’ont pas permis à son avis de résoudre de manière satisfaisante les problèmes de longue date.  C’est pourquoi, il juge que le plan de mise en œuvre de la stratégie globale des ressources humaines 2019-2021 (A/73/372) devrait être axé en priorité sur les questions les plus persistantes et prévoir des échéances et des objectifs mesurables, réalisables et spécifiques. 

Le personnel de l’ONU est « au bord d’une crise de santé mentale », a, quant à elle, prévenu Mme Patricia Nemeth, Présidente du Comité de coordination des associations et syndicats internationaux du personnel du système des Nations Unies (CCASIP).  Illustrant son propos, elle a cité les craintes de représailles et une absence de perspective qui se traduit par des pourcentages importants de démission parmi les postes de niveau P2 et P3, phénomène en contradiction avec l’objectif de rajeunir l’organisation.  Sur le même ton, le Japon s’est désolé de la réduction des offres de premier emploi dans la catégorie « P » et de l’augmentation du nombre de postes de niveau senior au sein de l’Organisation, ce qui rend celle-ci « plus lourde à son sommet ».

Mettant l’accent sur l’importance de respecter le multilinguisme, la Fédération de Russie a, de son côté, estimé que le rapport du Secrétaire général ne correspond pas pleinement aux paramètres fixés par la Commission de la fonction publique internationale (CFPI).  L’Union européenne et les États-Unis ont jugé urgent de conclure les travaux visant à parvenir à un cadre des responsabilités robuste doublé d’une culture de déontologie et de transparence afin de prévenir tout type de mauvais comportement.  L’Indonésie a appelé le Secrétaire général à inclure les personnes handicapées dans ses reformes de gestion des ressources humaines.  Parmi les autres recommandations des délégations ont souhaité limiter le recours des consultants en suggérant de développer les capacités équivalentes à l’interne et de cesser de recourir à des retraités afin de ne pas contrecarrer l’objectif de rajeunissement des effectifs. 

Le débat liminaire sur l’organisation des travaux, conclu par l’adoption du programme de travail*, a vu plusieurs délégations appeler à faire des économies en s’appuyant sur l’expérience de télétravail acquise dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et en rendant le processus de gestion des achats de billets d’avion plus rentable.  Le Mexique a d’ailleurs proposé d’éliminer sans exception le recours à la première classe. 

La Commission a aussi entendu Mme Elia Yi Armstrong, Directrice du Bureau de la déontologie, présenter un rapport sur les activités du Bureau de la déontologie en expliquant que 2019 a été l’année la plus chargée depuis la création de ce Bureau, avec plus de 2 200 de demandes de services. 

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

* A/C.5/75/L.24  

** La commission était saisie aujourd’hui des rapports A/75/540, A/75/765, A/75/540/Add.1, A/75/756, A/75/591, A/75/591/Add.1, A/75/775,A/75/771, A/75/648, A/75/776, A/75/82, A/75/82/Corr.1, A/75/515.

ORGANISATION DES TRAVAUX (A/C.5/75/L.24)

M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a rappelé qu’il est crucial pour les membres de la Commission de recevoir les documents dans les délais prévus afin de faciliter leurs délibérations.  Il a souhaité que le point de l’ordre du jour « gestion des ressources humaines » soit considéré de manière holistique, plutôt que de manière parcellaire, afin de parvenir à des conclusions concrètes, y compris sur l’égalité entre les genres, une représentation géographique équitable à tous les niveaux, une redéfinition de l’évaluation de la performance et la réponse aux lacunes dans le processus de sélection.  M. Diallo a également insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités.  Le G77 portera une attention particulière à une réforme qui doit améliorer un tel établissement des responsabilités, a-t-il ajouté. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED TRAORE (Mali) a souligné l’importance de la publication à temps des rapports du Secrétaire général et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) dans les six langues officielles de l’Organisation.  Le Groupe, a insisté M. Traore, regrette l’absence d’interprétariat durant une partie importante des négociations de la Commission.  Sur le fond, il a indiqué que le Groupe des États d’Afrique accorde la priorité au système de gestion des ressources humaines, en particulier les questions relatives au personnel contractuel.  Le personnel devrait être diverse, géographiquement et équitablement représentatif des Nations Unies, a précisé M. Traore. 

S’agissant de la gestion des biens et des constructions notamment des salles de conférence de l’Office des Nations Unies à Nairobi, le Groupe des États d’Afrique rappelle que dans des résolutions précédentes relatives aux projets de construction, l’Assemblée générale a rappelé au Secrétaire général la nécessité de recourir aux capacités locales y compris pour les matériaux locaux.  Le Groupe espère que durant les étapes de mise en œuvre, des efforts seront faits pour utiliser les matériaux locaux ainsi que le savoir-faire et la technologie.  Le Groupe, a enfin indiqué M. Traore, souligne la nécessité pour le Secrétaire général de réfléchir aux meilleures pratiques et enseignements appris sur les questions de gouvernance dans la mise en œuvre de ce projet afin d’assurer qu’il soit terminé à temps et respecte les coûts prévus.  

M. THIBAULT CAMELLI de l’Union européenne a salué les efforts accomplis pour moderniser et réformer l’Organisation et a souhaité qu’ils mènent à une Organisation meilleure et plus réactive.  Il a plaidé pour des politiques de ressources humaines plus modernes et plus efficaces à l’ONU.  Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord sur le dossier concernant la gestion des ressources humaines, a-t-il cependant rappelé, notant le nombre important de rapports sur cette question qui sont hérités des sessions précédentes.  Le délégué a également salué l’opportunité de poursuivre les travaux en vue d’un cadre de responsabilisation plus solide, y voyant une pierre angulaire de la réforme de la gestion et une partie intégrante de la nouvelle délégation de pouvoirs.  « Le Département des stratégies et politiques et de la conformité joue un rôle clef pour garantir une plus grande responsabilisation et nous pensons que l’Organisation doit continuer à promouvoir une culture de l’éthique et de la transparence, afin de prévenir et de remédier à tout type de faute. »

Le représentant a ensuite plaidé en faveur du consensus au sein de la Cinquième Commission, qui doit demeurer son credo fondamental.  À cette fin, il a réitéré le plein soutien de l’UE et de ses États Membres à l’amélioration des méthodes de travail de la Commission, afin de garantir plus d’efficacité et plus de productivité.  Il a noté qu’il n’existe pas de solution d’interprétation à distance pour conduire les délibérations de la Commission dans le cadre multilingue adéquat sans nuire au caractère inclusif de son travail et, par voie de conséquence, à sa qualité. 

La représentante des (États-Unis) a appuyé les efforts déployés par le Secrétariat en vue d’une meilleure exécution des mandats ou d’une plus grande transparence. Néanmoins, en tant qu’États Membres, nous ne devons pas nous défausser de nos responsabilités sur des dossiers en attente de décisions depuis des années et nous devons renforcer, chaque fois que nécessaire, les politiques en appui des efforts de réforme, a déclaré la déléguée.  Elle a fait part de la détermination de son pays de discuter de tous ces points de manière constructive.  Elle a estimé qu’Umoja joue un rôle important dans la promotion de la transparence et de l’établissement des responsabilités, avant d’exhorter le Secrétariat à en faire pleinement usage.  « Nous allons œuvrer pour régler des questions importantes, y compris les voyages, les conditions d’emploi des juges, la construction du Bureau des Nations Unies à Nairobi ou bien encore le Tribunal spécial pour le Liban. » 

Le représentant du (Mexique) a plaidé pour une politique de gestion des ressources humaines qui soit moderne, souple, efficace et qui offre clarté et certitude dans la définition des responsabilités des fonctionnaires et des départements afin d’éviter la duplication des fonctions et le gaspillage des ressources.  Sur la question des voyages des fonctionnaires onusiens, il a indiqué que le Mexique maintient sa position: pour s’adapter aux circonstances actuelles, afin de respecter les politiques d’austérité des gouvernements, et dans le cadre de la responsabilité envers les contribuables, il faut éliminer tous les cas d’utilisation de la première classe.  Le Secrétariat devrait ainsi poursuivre le processus de rationalisation de l’achat des billets d’avion, a-t-il recommandé.  Le représentant a ensuite plaidé pour l’optimisation de l’utilisation des technologies de la communication, en particulier sur la base des leçons tirées des réunions virtuelles et du travail à distance au cours de l’année écoulée en raison de la pandémie de COVID-19.  Enfin, le Mexique a souhaité que l’ONU poursuive ses efforts pour parvenir à la parité entre les sexes au sein de son Secrétariat, notamment en ce qui concerne les hauts responsables. 

Le représentant de la Chine a souligné que 2021 est une année cruciale pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et promouvoir le relèvement économique.  Dans ce contexte, la Chine a rappelé l’importance des Nations Unies pour promouvoir la bonne gouvernance, ainsi que celle de la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, qui a un rôle unique pour financer les opérations de l’ONU.  La Chine a exhorté le Secrétariat à faire en sorte que tous les rapports soient publiés dans les délais imparties avant de souligner la nécessité de faire des progrès en matière de gestion de ressources humaines.  La Chine a particulièrement regretté que la Cinquième Commission ne soit pas parvenue à s’entendre sur une résolution sur la réforme de la gestion des ressources humaines depuis deux ans en notant que cette absence de progrès empêche l’Organisation d’être plus efficace.  La délégation a aussi mis l’accent sur l’importance de mieux respecter la représentation géographique équitable des 193 États Membres de l’ONU.  Enfin, elle a invité les Nations Unies à améliorer l’établissement des responsabilités en matière d’exécution du budget. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a rappelé que plusieurs années se sont écoulées depuis l’adoption par la Commission de sa dernière résolution sur la gestion des ressources humaines.  S’agissant des conditions de voyage en avion, le délégué a appelé de ses vœux une simplification et une plus grande efficacité de la gestion de cette question, par le biais notamment de la création d’un seuil unique.  Il a aussi souhaité que les méthodes de travail développées pendant cette pandémie, notamment les séances virtuelles, soient fréquemment utilisées lors de cette session.  Bien qu’il ne s’agisse pas d’un point de l’ordre du jour, il a salué la soumission par la Caisse commune des pensions de son rapport sur la gouvernance suite à la requête faite par l’Assemblée générale.  « C’est un signe positif de l’engagement de la Caisse en faveur de la gouvernance. »

M. KATLEBO BOASE MMALANE (Botswana) a dit accorder la plus haute importance à la gestion des ressources humaines.  Il a réitéré son appel à une représentation géographique équitable du personnel de l’ONU, et ce, à tous les niveaux.  Il a aussi plaidé pour l’amélioration de la gestion de la performance et du processus de recrutement du personnel.  Il a demandé de trouver des méthodes innovantes pour assurer que tous les 193 États Membres soient représentés, en particulier ceux qui sont sous ou pas du tout représentés.  M. Mmalane a plaidé pour une gestion efficace des programmes des jeunes administrateurs, des programmes des administrateurs auxiliaires, des volontaires des Nations Unies et des programmes de stages. 

Le Botswana, a poursuivi le représentant, accordera également une importance particulière aux rapports du Corps commun d’inspection pour 2020 et à son programme de travail pour 2021, car c’est l’unique organe d’audit indépendant externe au système des Nations Unies chargé des évaluations, des inspections et des enquêtes, qui agit comme agent de changement dans tout le système des Nations Unies.  Le représentant a aussi promis de se pencher avec intérêt sur les questions suivantes: prévisions budgétaires révisées du Conseil des droits de l’homme, subventions pour le tribunal spécial de l’ONU pour le Liban, régime commun des Nations Unies et gestion des biens. 

La représentante de la République de Corée a déploré le fait que la Commission n’ait pu donner des directives au Secrétariat dans le cadre de la gestion des ressources humaines au cours de ses précédentes sessions.  Elle a fait observer que pour pouvoir renforcer la responsabilité des fonctionnaires onusiens, il faut au préalable établir des objectifs concrets.  Elle a saisi cette occasion pour saluer la riposte de l’ONU face à la COVID-19.  Sur la question des voyages en avion, elle a plaidé pour une certaine discipline dans la gestion des fonds, en émettant l’espoir que la Commission parvienne à un consensus sur ce dossier.  

Le représentant de l’Indonésie a fait remarquer que les questions administratives et budgétaires sont fondamentales pour garantir une performance efficace des opérations de l’ONU.  Lors de la présente session, il a souhaité que la Commission mène les négociations de manière plus productive.  L’Indonésie est résolue à examiner en profondeur tous les points de l’ordre du jour renvoyés à la Commission pour cette session, a-t-il assuré.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur l’importance du consensus, qui doit être privilégié dans l’intérêt supérieur non seulement de l’ONU en tant qu’organisation mais aussi de ses États Membres. 

Le représentant de l’Équateur a loué les bons résultats obtenus, malgré les obstacles, en insistant sur l’adoption d’un budget pour 2021.  Il a insisté sur l’importance de la question des ressources humaines en vue d’une Organisation plus efficace.  Le délégué a salué la gestion efficace de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, qui apporte un appui clef aux pays de la région, y compris en ce qui concerne la riposte en cours à la pandémie.  Il a insisté sur l’importance des questions suivantes pour son pays: la gouvernance d’ONU-Habitat; la construction du bureau des Nations Unies à Nairobi; et les conditions de voyage en avion. 

Le représentant du Royaume-Uni a fait valoir que le renforcement du cadre des ressources humaines de l’ONU doit garantir une main-d’œuvre véritablement moderne, agile, mobile et diversifiée, qui aidera l’Organisation à atteindre ses objectifs, d’autant que l’ONU cherche à mieux reconstruire après la pandémie de COVID-19.  Le personnel des Nations Unies doit se voir offrir des opportunités de développement de compétences et de carrière grâce aux formations et à une approche moderne de la mobilité, a-t-il souligné, notant également la nécessité d’une gestion efficace des performances.  Et cela doit aller de pair avec la promotion d’une culture de respect, de bien-être et d’inclusion, dans laquelle tout le personnel se sente valorisé et où la diversité soit célébrée, a ajouté le délégué.  Il a espéré voir la Commission s’unir pour soutenir les propositions du Secrétaire général visant à renforcer le cadre des ressources humaines de l’ONU au cours de cette session.  Il a aussi souhaité que les militaires et policiers, qui apportent leur expertise indispensable à l’ONU dans ses mandats les plus vitaux, soient en mesure de faire leur travail sans risque ni inquiétude quant à leur réputation. 

En ce qui concerne les voyages en avion, le représentant a encouragé l’ONU à continuer d’utiliser des méthodes opportunes pour réduire les coûts et l’empreinte carbone de l’Organisation.  Ceci est important alors que le monde cherche à se remettre de l’impact économique de la COVID-19 et à lutter contre les changements climatiques, a-t-il argué.  « Si l’année écoulée nous a appris quelque chose, c’est qu’il faut se préparer à l’inattendu et ne pas attendre. »  Le moment est donc venu de prendre les décisions qui prépareront l’Organisation pour l’avenir, a conclu le représentant. 

Le représentant de la Fédération de Russie a souligné qu’un grand travail a été mené, conduisant la Commission à examiner 50 rapports consacrés à la gestion des ressources humaines dans l’objectif de garantir un fonctionnement rapide et efficace du Secrétariat des Nations Unies.  Citant le paraphe 3 de l’Article 101 de la Charte des Nations Unis qui définit le principe de recrutement du personnel des Nation Unies, le représentant a appelé à davantage respecter l’objectif de représentation géographique équitable au sein du personnel.  Il s’est également inquiété de la difficulté, pour les candidats externes et les jeunes experts, de postuler à des offres d’emplois.  Mettant l’accent sur l’importance du multilinguisme, il a estimé que le rapport du Secrétaire général sur cette question ne correspond pas pleinement aux paramètres fixés dans ce domaine par la Commission de la fonction publique internationale (CFPI). 

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES ( A/75/540, A/75/765, A/75/540/Add.1, A/75/756, A/75/591, A/75/591/Add.1, A/75/775,A/75/771, A/75/648, A/75/776, A/75/82, A/75/82/Corr.1, A/75/515)

La Présidente du Syndicat du personnel des Nations Unies de New York, Mme PATRICIA NEMETH, a relevé les conséquences néfastes de la pandémie de COVID-19 sur le personnel onusien qui est « au bord d’une crise de santé mentale ».  Le syndicat a ainsi demandé à l’Assemblée générale de soutenir le renforcement de la santé mentale, de la sécurité au travail et des capacités en matière de santé.  Sur le dossier examiné par la Commission, Mme Nemeth a déploré le fait que les stratégies de gestion du personnel de l’ONU aient été élaborées sans consulter les syndicats.  Souhaitant que cette anomalie soit corrigée, elle s’est aussi faite l’écho des préoccupations du CCQAB concernant le manque de données pour étayer la dernière proposition de mobilité. 

En ce qui concerne la conduite et la discipline, elle a fait état d’un manque de confiance du personnel dans le système et sa crainte de représailles comme principaux obstacles au signalement des fautes, parmi lesquelles le harcèlement et l’abus de pouvoir restent des préoccupations majeures.  Les syndicats du personnel plaident pour des mesures simples, telles que le fait de rendre les plaintes anonymes dans le système judiciaire officiel ou encore la pratique de la politique de tolérance zéro contre les représailles. 

Mme Nemeth a rappelé que l’Assemblée générale est saisie d’une série d’amendements au Statut et Règlement du personnel, alors que certaines dispositions n’ont pas été discutées avec les syndicats.  Parmi ces amendements, elle a cité la disposition 4.13 d) du Règlement du personnel visant à limiter la compétence de Tribunal du contentieux administratif des Nations Unies pour accorder des mesures provisoires.  Nous demandons respectueusement à l’Assemblée générale de rejeter cet amendement ou de le renvoyer pour consultation, a déclaré la Présidente du syndicat du personnel de New York. 

Mme Nemeth a ensuite plaidé pour l’abolition de l’examen de passage du statut de « G » à celui de «P», demandant aussi que le personnel des services généraux et des catégories apparentées travaillant dans les missions de paix puisse candidater à des postes dans la catégorie professionnelle jusqu’au niveau « P-3 ».  Elle a appelé les États Membres à mettre fin à cette limitation obsolète. 

En ce qui concerne le programme des jeunes professionnels, plusieurs défis subsistent, selon Mme Nemeth qui a évoqué plusieurs problèmes: la stagnation du personnel occupant des postes P-2; un pourcentage élevé de démissions parmi les P-2 et P-3; un faible pourcentage de postes P-2; un long processus de placement pour les candidats retenus par le Programme des jeunes cadres; et le fait que le passage de G à P ne se traduise pas toujours par un placement. 

M. TERRENCE TEO (Singapour) qui s’exprimait au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dit que la réforme de la gestion des ressources humaines n’est possible que si le personnel appuie les changements.  « Malheureusement, la Cinquième Commission n’est pas parvenue à des conclusions satisfaisantes sur des questions importantes durant les sessions précédentes », s’est désolé le délégué qui a souhaité parvenir à des résultats positifs au cours de cette reprise de session.  Pour y parvenir, il a recommandé que la composition du personnel reflète adéquatement le caractère universel de l’Organisation.  Cela renforcera la diversité et les capacités et améliorera l’exécution des mandats, a-t-il assuré.  Pour M. Teo, l’objectif d’arriver à une représentation géographique équitable devrait recevoir la même attention que la parité de genre à l’ONU en particulier au niveau des hauts responsables. 

Il a aussi exhorté le Secrétaire général à recruter des jeunes et à rajeunir ainsi le personnel de l’ONU.  Il faut faire plus pour donner les mêmes opportunités aux candidats des pays en développement, a ajouté le délégué qui a prié le Secrétaire général de présenter de manière régulière à l’Assemblée générale des rapports sur l’amélioration de la représentation géographique équitable du personnel.  Ces rapports devraient contenir des analyses sur les causes et sur les mesures prises pour réduire la non-représentation et la sous-représentation des pays en développement.  En ce qui concerne les dépenses en formation, elles ne devraient pas être coupées pour faire une économie à court terme au détriment de l’exécution des mandats à long terme, a plaidé le délégué en exhortant le Secrétaire général à investir dans la formation et le développement du personnel de l’ONU. 

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), M. MITCH FIFIELD (Australie) a dit que le bien le plus précieux de l’ONU est son personnel.  Il a rappelé que l’ONU a besoin d’une main d’œuvre compétente, qualifiée et diverse, capable de mettre en œuvre au mieux les programmes de l’Organisation.  Le représentant du groupe CANZ a souligné l’importance de la réforme initiée par le Secrétaire général en notant que la stratégie globale de la gestion des ressources humaines est un pilier de cette réforme.  Pour le CANZ, une meilleure gestion des ressources humaines est essentielle si nous voulons parvenir à une ONU qui produise de meilleurs résultats, dans l’intérêt des peuples qu’elle sert.  Dans ce contexte, le représentant a particulièrement regretté que la Cinquième Commission n’ait pu parvenir à un consensus sur la gestion des ressources humaines lors des soixante-treizième et soixante-quatorzième sessions de l'Assemblée générale. 

M. THIBAULT CAMELLI de l’Union européenne (UE) a estimé que les ressources humaines sont la pierre angulaire de l’ambitieuse réforme de la gestion portée par le Secrétaire général.  L’UE est partisane de politiques des ressources humaines plus modernes et plus efficaces à l’ONU, a dit le délégué en souhaitant que le Secrétaire général puisse utiliser l’ensemble des prérogatives qui lui sont dévolues par la Charte.  Un système de ressources humaines plus moderne et efficace, ainsi qu’une culture organisationnelle centrée sur les résultats et la mise en œuvre des mandats sur le terrain sont ainsi des éléments fondamentaux pour parachever les efforts de modernisation du Secrétaire général, a-t-il proposé.  Il a aussi appelé à l’élaboration d’un système de gestion des ressources humaines intégré, adapté, réactif et prospectif, avant de plaider pour une gestion plus stratégique des ressources humaines, pour un recrutement plus proactif de talents et pour transformer la culture organisationnelle. 

De même, le représentant de l’UE a insisté sur un recrutement qui mette l’accent sur la diversité et « le rajeunissement des talents »  Il a ensuite insisté sur l’importance des formations pour permettre au personnel de s’adapter à son environnement de plus en plus complexe et pour faciliter le développement de leur carrière.  Il faut aussi développer une culture de la déontologie et un cadre de responsabilité plus robuste, a suggéré le représentant en demandant le renforcement de l’indépendance du Bureau de la déontologie.  Il faut, enfin, trouver une solution durable aux dédommagements des personnels des missions, a-t-il demandé, rappelant que le détachement par les États des personnels militaires et de police se fait pour « notre bien à tous ». 

M. MOHAMED TRAORE (Mali), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné la nécessité d’une diversité géographique équitable au sein du personnel onusien et regretté le manque persistant de mesures concrètes visant à atteindre cet objectif.  La cible d’au moins 50% des postes occupés par des ressortissants d’États pas représentés ou sous-représentés est loin d’être atteinte, a-t-il regretté.  Il a appelé à intensifier les efforts pour corriger ce déséquilibre, en particulier pour les postes à responsabilité, condition nécessaire pour que l’ONU puisse répondre aux défis de plus en plus complexes.  M. Traore a aussi déploré le faible nombre de femmes occupant des postes sur le terrain et plaidé pour plus d’efforts en vue d’y remédier, en particulier pour augmenter le nombre de femmes venant du continent africain.  

M. Traore a souligné la déclaration de position de janvier 2021 du Groupe des États d’Afrique, concernant la lutte contre le racisme et toutes discriminations raciales à l’ONU.  S’il a salué les efforts déployés pour combattre les discriminations et le harcèlement, y compris sexuel, M.  Traore a souligné la nécessité de faire fond sur les progrès accomplis et d’intensifier les efforts organisationnels en vue de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour éliminer le racisme, les discriminations raciales et toute forme d’intolérance au sein de l’ONU.  Enfin, le délégué a souligné la nécessité de respecter l’égalité entre les deux langues de travail de l’ONU. 

Le représentant de la Suisse, qui parlait aussi au nom du Liechtenstein, a fait valoir que l’atout le plus précieux de l’ONU réside en son personnel.  « Une gestion moderne et rationalisée des ressources humaines, permettant de disposer d’un personnel hautement performant, est donc d’une importance capitale pour une Organisation efficace, efficiente, flexible et axée sur les résultats. »  Alors qu’il n’a pas été possible de parvenir à un accord sur ce point pendant plusieurs sessions, il a jugé cruciale la stratégie globale du Secrétaire général et appelé les dirigeants de l’ONU à montrer l’exemple en traitant la gestion des ressources humaines comme une priorité claire et en prenant des  mesures.  Une gestion moderne et appropriée des ressources humaines est essentielle à la réalisation de la réforme de la gestion, un pilier essentiel des autres processus de réforme, a-t-il fait valoir. 

La Suisse et le Liechtenstein, a poursuivi le représentant, soutiennent les approches du Secrétaire général en ce qui concerne le recrutement, le développement et le maintien d’une main-d’œuvre mobile, orientée vers le terrain, hautement performante, multilingue et diversifiée.  Il a félicité le Secrétaire général de l’analyse approfondie qui a été menée pour identifier les causes profondes du manque de diversité dans le recrutement et pour le lancement d’une stratégie de diversité géographique.  Cependant, il convient de continuer à accorder une attention particulière à l’égalité des sexes pour les postes de direction et de cadres moyens ainsi que pour les services mobiles, a recommandé le délégué.  

En troisième lieu, il a souligné que la mobilité du personnel est essentielle pour constituer une main-d'œuvre hautement qualifiée, dynamique et polyvalente, capable d’interagir avec différents acteurs dans différents contextes, tout en offrant aux employés des possibilités d’apprentissage et un développement de carrière attrayants.  Cela est pertinent non seulement pour permettre à l’ONU de relever les défis actuels dans un monde fortement interconnecté et de plus en plus complexe, mais aussi pour assurer la durabilité à long terme de la main-d'œuvre des Nations Unies.  Dès lors, il a soutenu les propositions faites par le Secrétaire général à cet égard.  Il s’est, de façon générale, félicité des efforts déployés par le Secrétaire général pour renforcer la gestion des ressources humaines au sein de l’Organisation par diverses initiatives, stratégies ainsi que des adaptations des règles et règlements.  Il incombe maintenant aux États Membres de fournir des orientations claires sur la voie à suivre par le biais de la résolution de cette année, a conclu le délégué. 

Le représentant de la Libye a salué les réformes entreprises par le Secrétaire général en matière de gestion des ressources humaines à l’ONU.  Il a insisté sur la nécessité de renforcer les compétences du personnel par la formation et l’utilisation des technologies.  Le représentant a également souligné l’importance de la répartition géographique équitable du personnel.  

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a souligné la nécessité pour l’ONU de disposer d’un personnel motivé, très qualifié et recruté sur une base géographique aussi large que possible.  Il a exhorté le Secrétaire général à intensifier ses efforts pour répondre au défi de la non-représentation et sous-représentation de certains États Membres.  Il s’est dit préoccupé par le nombre réduit d’offres de premier emploi dans la catégorie « professionnel » et par l’augmentation du nombre de postes de niveau senior au sein de l’Organisation, ce qui la rend plus lourde à son sommet.  Il a donc demandé un rajeunissement de l’Organisation, ainsi que l’apport de « nouvelles idées ».  Enfin, s’il a salué les efforts visant à faciliter la mobilité professionnelle du personnel, le délégué a estimé que certains éléments ne sont pas clairs, notamment en ce qui concerne la prise en compte du recrutement externe et des coûts supplémentaires qui peuvent en découler. 

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a plaidé pour une répartition géographique plus équitable à tous les niveaux au sein du personnel de l’ONU, et en particulier au Secrétariat, et, pour cela, a demandé un système de gestion des ressources humaines adapté.  Un Secrétariat avec une large représentation géographique et de genre, et qui reflète la diversité des régions et des cultures, contribuera à renforcer la capacité de l’Organisation à travailler avec et pour ses États Membres, a estimé le représentant.  En outre, il a jugé nécessaire de restructurer le système et de proposer un mécanisme de partage équitable pour chaque État Membre par rapport à tous les postes financés par le budget, de manière à répondre aux attentes des pays non représentés et/ou sous-représentés. 

Soulignant également la tendance « alarmante » de l’augmentation des postes de direction par rapport aux postes subalternes, le Botswana a rappelé que la plupart des pays en développement se situent dans la fourchette des postes « juniors ».  Il a également plaidé pour la parité de genre à tous les niveaux, saluant les progrès enregistrés dans ce domaine, « même si on peut encore mieux faire ».  M. Mmalane s’est aussi félicité du renforcement de la lutte contre la corruption interne et des mesures prises par le Secrétaire Général pour prévenir et répondre à l’exploitation, aux abus sexuels et au harcèlement sexuel sur le lieu de travail.  Concluant son propos, le représentant a souligné que l’ONU doit avoir un système de gestion des ressources humaines qui reflète ses membres à tous les niveaux.  Cela garantirait, selon lui, une plus grande tolérance, une plus grande appréciation de toutes les cultures et des défis auxquels sont confrontés les États Membres et les régions. 

M. ENRIQUE MANALO (Philippines) a remarqué que les réformes des ressources humaines menées par le Secrétaire général ont permis de continuer le travail de l’Organisation en dépit notamment de l’obligation de travailler à distance pendant la pandémie en cours.  Il a toutefois appelé le Secrétaire général à redoubler d’efforts en ce qui concerne la représentation géographique et la parité du personnel.  Le délégué a souligné l’importance de la parité notamment au niveau des hauts responsables.  Il a également plaidé pour l’inclusion des personnes handicapées. 

M. Manalo a demandé d’éviter les doublons et le chevauchement dans les responsabilités attribuées aux hauts fonctionnaires.  Le Secrétaire général devra aussi s’efforcer d’attirer davantage des stagiaires des pays sous représentés et non représentés au Secrétariat, a aussi recommandé le représentant qui a souhaité par ailleurs le voir présenter une autre alternative aux recrutements de consultants ou trouver des compétences analogues au sein de l’Organisation.  

La représentante de Maroc a observé que les ressources humaines d’une organisation représentent le fondement de son efficacité et de son succès.  Le rôle du personnel, a-t-elle souligné, est important et déterminant pour la mise en œuvre juste et rapide des décisions des organes délibérants des Nations Unies.  Elle a salué l’engagement sans faille du personnel du Secrétariat dans le contexte de la pandémie de COVID-19, ainsi que les initiatives du Secrétaire général et les grands principes de la réforme de la gestion des ressources humaines figurant dans la stratégie globale des ressources humaines 2019-2021 (A/73/372), dans le cadre plus large de la réforme d’ensemble engagée à sa prise de fonction en 2017. 

La représentante a notamment salué le contenu du rapport A/75/540 sur la réforme de la gestion des ressources humaines entreprise en 2019 et 2020 qui a visé à inscrire des initiatives distinctes dans le cadre de trois objectifs intégrés, cohérents et interdépendants: agilité, diversité et responsabilité.  La représentante a notamment mis l’accent sur les avantages de la diversité au Secrétariat, qu’elle soit géographique, régionale ou encore de genre, ce qui permet à son avis de prendre des décisions inclusives en matière de gestion des ressources humaines.  La représentante a attiré l’attention sur l’exemple du Royaume du Maroc qui a su promouvoir les femmes dans toutes les sphères de la société marocaine.  En conclusion, elle a appelé à une mobilisation commune des États Membres pour parvenir à une réforme de la gestion des ressources humaines « sans laquelle nous serons incapable de répondre aux défis actuels d’efficacité ». 

M. MOHAMMAD K. KOBA (Indonésie) a convenu que les ressources humaines de l’ONU sont un atout important.  Cependant, la politique de gestion des ressources humaines de l’Organisation a besoin d’une réforme et d’une amélioration continues, a-t-il ajouté.  À cet égard, il a appelé les membres de la Cinquième Commission à traiter ces questions de manière prioritaire et à aligner leurs points de vue pour parvenir à un règlement fructueux des questions en suspens.  Il a encouragé le Secrétariat à maintenir, voire augmenter, la qualité et l’accès du personnel à la formation et au développement de carrière, arguant que cela ne fera qu’accroître la « perspicacité » des ressources humaines pour relever les défis imprévisibles auxquels l’ONU pourrait faire face dans un avenir incertain. 

Le délégué a également appelé à veiller à avoir un capital humain plus diversifié, en particulier en termes de répartition géographique équitable et de genre.  C’est impératif pour maintenir la confiance de la société mondiale dans le multilatéralisme, a-t-il estimé.  Il a également insisté sur un meilleur accès et sur le renforcement des capacités des pays en développement dans le processus de recrutement.  La transparence et une interface conviviale de recrutement sont deux aspects essentiels qui doivent être pris en compte par le Secrétariat, s’il veut pouvoir  découvrir plus de « talents » capables de changer la donne à travers le monde, a argué le délégué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la Charte clôt sa session de 2021 en adoptant, avec difficulté, son rapport et ses recommandations à l’Assemblée générale

Session de 2021,
299e séance – matin
L/3292

Le Comité spécial de la Charte clôt sa session de 2021 en adoptant, avec difficulté, son rapport et ses recommandations à l’Assemblée générale

Au terme d’une séance marquée par trois suspensions et des consultations entre délégations, le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation a adopté le projet de rapport annuel de sa session de 2021 entamée le 16 février et qui s’est achevée aujourd’hui.  Le Président du Comité pour cette session, M. Edgardo Daniel Mata, du Guatemala, a remercié « du fond du cœur » les délégations pour leur « esprit de souplesse ». 

Dans ce projet de rapport, par lequel le Comité transmet ses recommandations à l’Assemblée générale, il est notamment suggéré que le débat de sa session de 2022 porte sur le thème suivant: « échange d’informations sur les pratiques des États concernant le recours au règlement judiciaire ».  Présenté par la Rapporteuse, Mme Sarah Weiss Ma’udi, d’Israël, ce document comprend cinq chapitres couvrant l’ensemble des points à l’ordre du jour.  Il fait suite aux trois réunions plénières du Comité spécial et aux trois réunions de son Groupe de travail plénier durant la session.  

Après le chapitre I relatif à l’introduction du projet de rapport, le chapitre II, divisé en cinq sections, porte sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La section A est le reflet des échanges sur l’adoption et l’application des sanctions imposées par l’ONU, sujet de préoccupation pour de nombreuses délégations. 

Cette section a été adoptée sans commentaires au même titre que la section B, qui inclut les échanges de vues sur la version révisée de la proposition faite par la Libye en 1998 aux fins de renforcement du rôle de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

La section C porte, elle, sur l’examen par le Comité spécial de la nouvelle version du document de travail présenté conjointement par le Bélarus et la Fédération de Russie en 2014, lequel propose de solliciter un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le recours à la force en l’absence d’autorisation préalable du Conseil de sécurité, dans les cas où serait exercé le droit de légitime défense. 

Toujours au titre du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Comité spécial a adopté sans modification les sections D et E, consacrées respectivement à l’examen de la version révisée du document de travail présenté par Cuba en 2019 et intitulé « Renforcer la fonction de l’ONU et la rendre plus efficace: adoption de recommandations » et à la nouvelle version révisée du document de travail présenté en 2019 par le Ghana sur le renforcement des relations et de la coopération entre l’ONU et les mécanismes ou organismes régionaux en matière de règlement des différends. 

C’est le chapitre III, centré sur la question du règlement pacifique des différends qui a donné lieu à des échanges nourris et à plusieurs suspensions de séance afin que les délégations puissent s’accorder sur le libellé de certains paragraphes.  Les délégations qui se sont exprimées ont ainsi affiché de nettes divergences sur le paragraphe 4 relatif au rôle joué par la CIJ dans la promotion du règlement pacifique des différends. 

L’Ukraine, au nom de la République de Moldova et la Géorgie, a tout d’abord souhaité ajouter le passage suivant: « certaines délégations ont déploré l’inexécution des arrêts de la CIJ malgré leur valeur contraignante. »  La Fédération de Russie, appuyée par la République arabe syrienne, s’y est opposée, arguant que le rapport reflète le contenu des délibérations. 

La Fédération de Russie a également refusé le libellé suivant : « certaines délégations ont souligné l’importance du plein respect des décisions des organes juridictionnels internationaux. »  Finalement, les délégations de l’Ukraine, de la République de Moldova et de la Géorgie ont agréé le libellé suivant proposé par la Fédération de Russie: « certaines délégations ont souligné l’importance que revêt l’application des décisions des organes juridictionnels internationaux. »  

Tout en acceptant ce libellé, l’Ukraine a néanmoins dit qu’elle n’est pas surprise qu’un État ne veuille pas dire qu’il respecte pleinement les décisions de la CIJ, « puisque ce même État a mené une agression armée contre un pays voisin ». La République de Moldova s’est également dite très « déçue », tandis que la Géorgie a déclaré « avoir cédé dans un esprit de compromis » tout en espérant que ce qui s’est passé ne se reproduira pas l’année prochaine. 

Passant à l’examen de la section A de ce chapitre intitulé « règlement des différends: échange d’informations sur les pratiques des États concernant le recours à l’arbitrage », les délégations ont débattu du paragraphe 11 relatif à l’utilisation de l’arbitrage par les États pour régler un vaste éventail de différends, comme les différends liés aux traités et les différends territoriaux et frontaliers. 

La République islamique d’Iran a proposé que le rôle et les activités du Tribunal irano-américain de réclamations soient mentionnés, une demande dont ont pris note les États-Unis.  Les deux pays ont donné leur accord pour modifier comme suit le paragraphe 11: « les délégations ont également salué les travaux de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements et du Tribunal irano-américain de réclamations. » 

Le reste du chapitre III a été adopté sans modification, à savoir la proposition de la Fédération de Russie concernant la mise en ligne d’un site Web sur le règlement pacifique des différends et la mise à jour du Manuel sur le règlement pacifique des différends entre États par le Secrétariat (section B) et la célébration du quarantième anniversaire de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux (section C). 

Le chapitre IV, qui reprend les échanges relatifs au Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations Unies et au Répertoire de la pratique du Conseil de sécurité, a, lui aussi, été adopté sans commentaire. 

Quelques retouches ont en revanche été apportées au chapitre V, consacré, dans sa section A, aux méthodes de travail du Comité spécial et, dans sa section B, à la définition de nouveaux sujets.  À la requête de la République islamique d’Iran, le paragraphe 15 a été complété pour se lire comme suit:« Il a souligné que ces mesures [coercitives unilatérales] avaient des incidences négatives sur les besoins médicaux et humanitaires des populations touchées, en particulier pendant la pandémie de COVID-19, ainsi que sur l’exercice des fonctions des missions auprès de l’ONU. » 

Les propositions faites par le Mexique, la République islamique d’Iran et la République arabe syrienne sont discutées en tant que nouveaux sujets dans le rapport.  Ces propositions ont pour thèmes respectifs l’« Analyse de l’application du paragraphe 4 de l’Article 2 et de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies », les « Obligations des États Membres concernant les mesures coercitives unilatérales: lignes directrices sur les moyens de prévenir, éliminer, réduire et corriger les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales » et les « Privilèges et immunités dont jouissent les représentants des États Membres de l’ONU et les fonctionnaires de ladite Organisation ». 

* Les proposition de libellés formulées par les délégations au cours de cette séance et citées dans ce communiqué ne sont pas des traductions officielles. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Du fait de la COVID-19, l’ECOSOC décide de continuer d’adopter ses décisions selon la procédure d’approbation tacite si besoin

Session de 2021,
5e séance plénière – matin
ECOSOC/7032

Du fait de la COVID-19, l’ECOSOC décide de continuer d’adopter ses décisions selon la procédure d’approbation tacite si besoin

Au cours d’une brève réunion, tenue dans la salle de l’Assemblée générale cet après-midi, le Conseil économique et social (ECOSOC) a procédé à des élections à certains de ses organes subsidiaires et décidé que, pendant sa session de 2021, ses organes de session et ses organes subsidiaires peuvent appliquer mutatis mutandis la procédure énoncée dans la décision 2020/205 du 3 avril 2020, intitulée « Procédure de prise de décision du Conseil économique et social pendant la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19 ».  Cette procédure est appliquée lorsqu’il est estimé qu’il n’est pas possible de tenir une réunion plénière en raison de la pandémie de COVID-19. 

En vertu de la décision 2020/205, la Présidente de l’ECOSOC est autorisée à diffuser les projets de décisions du Conseil à tous les membres dans le cadre d’une procédure d’approbation tacite d’au moins 72 heures.  Si le silence n’est pas rompu, la décision est considérée comme adoptée, et le Conseil en prend note à sa première séance plénière tenue après la cessation des mesures conservatoires dès que les circonstances le permettent. 

L’ECOSOC a également recommandé que les Philippines soient élus par l’Assemblée générale au Comité du programme et de la coordination(CPC) pour un mandat qui prend effet à la date de l’élection et prend fin le 31 décembre 2022.  Le Malawi a pour sa part été élu au Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. 

Ensuite, l’ECOSOC a élu le Luxembourg et l’Italie au Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes).  Ces deux États termineront les mandats de la Belgique et du Canada, respectivement, lesquels expirent le 31 décembre 2021.  De même, Andorre et le Danemark remplaceront, respectivement la Nouvelle-Zélande et la Suisse au sein du même organe, pour un mandat expirant le 31 décembre 2022. 

Le Conseil économique et social a par la suite décidé que la session ordinaire de 2021 du Comité chargé des organisations non gouvernementales est reportée, à titre exceptionnel, du 17 au 25 mai et les 27 mai et 7 juin 2021, ainsi que la reprise de la session, qui aura lieu du 30 août au 3 septembre, du 7 au 10 septembre et le 17 septembre 2021, étant entendu que le nombre total de réunions ne dépassera pas celui prévu dans sa décision 2021/209. 

Cette décision tient du fait que cette session ordinaire n’avait pas eu lieu du 18 au 29 janvier et le 10 février 2021 comme prévu, en raison de contraintes liées aux répercussions que continue d’avoir la pandémie de la COVID-19 sur les modalités de travail du Conseil et les sessions de ses organes subsidiaires. 

Le Conseil économique et social a par ailleurs décidé de reporter, à titre exceptionnel, la vingtième session du Comité d’experts de l’administration publique, qui se tiendra désormais du 12 au 21 avril 2021, étant entendu que celui-ci ne pourra bénéficier de services de conférence qu’aux dates qui avaient été initialement fixées, à savoir du 12 au 16 avril 2021.  Le Secrétariat de l’ECOSOC a en effet expliqué que « des services d’interprétation, si nécessaire, pour des réunions supplémentaires du 19 au 21 avril devraient être financés par des ressources extrabudgétaires ». 

L’ECOSOC a aussi décidé que la vingt-deuxième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale se tiendra selon un format réduit au moyen d’une plateforme virtuelle, les séances informelles devant avoir lieu en avril 2021 et les modalités définitives devant être arrêtées par les coprésidents, après consultation avec les membres du Comité.  De même, les décisions du Comité seront adoptées selon la procédure d’approbation tacite. 

Le Conseil économique et social a ensuite pris note du rapport du Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale concernant les travaux de sa dixième session, tout en décidant par la même occasion que la onzième session du Comité d’experts se tiendra au Siège de l’ONU, à New York, du 4 au 6 août 2021.  Après cette adoption, les États-Unis ont insisté sur la nécessité de la transparence dans les centres de gestion d’information géospatiale. 

Par ailleurs, l’ECOSOC a décidé de proroger le mandat du groupe de travail intergouvernemental permanent à composition non limitée chargé d’améliorer la gouvernance et la situation financière de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime jusqu’à la reprise de session que chaque Commission doit tenir en décembre 2021, à laquelle chacune devrait procéder à un examen approfondi du fonctionnement du groupe de travail et envisager la prorogation de son mandat au-delà de 2021.  Par une seconde décision relative au même organe, l’ECOSOC a pris note du rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur les travaux de la partie principale et de la reprise de sa vingt-neuvième session, avant de prendre également note du rapport de la Commission des stupéfiants sur les travaux de la reprise de sa soixante-troisième session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’Ukraine présente sa « plateforme pour la Crimée »

Soixante-quinzième session,
54e & 55e séances – matin & après-midi
AG/12314

Assemblée générale: l’Ukraine présente sa « plateforme pour la Crimée »

L’Assemblée générale a examiné, aujourd’hui, la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés, l’occasion pour l’Ukraine de présenter les grandes lignes de sa « plateforme pour la Crimée », une initiative qui, a-t-elle expliqué, vise à consolider ses efforts internationaux.

L’Assemblée générale a par ailleurs décidé de convoquer, du 8 au 10 juin 2021, une réunion de haut niveau sur le VIH/sida afin de mener un examen approfondi des progrès accomplis au regard des engagements pris dans la Déclaration politique sur le VIH et le sida de 2016.  L’adoption par 139 voix pour, zéro contre et 5 abstentions de cette résolution a été précédée par la présentation d’une série de propositions d’amendement.

En raison de la pandémie COVID-19, l’Assemblée générale a aussi décidé de reporter au 22 mars 2021 la date limite de présentation des candidatures au Prix des Nations Unies en matière de population pour 2021.

S’agissant de la plateforme pour la Crimée, la délégation de l’Ukraine a expliqué que celle-ci qui repose sur cinq points, notamment la politique de non-reconnaissance, la sécurité, l’efficacité des sanctions et la protection des droits humains, ainsi que sur des mesures visant à inverser les répercussions négatives de l’occupation temporaire de l’Ukraine sur l’économie et l’environnement.

L’Ukraine a également proposé à la Fédération de Russie de résoudre leurs différends en saisissant les tribunaux internationaux ou par l’arbitrage, signalant notamment que le 14 janvier 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a pris une décision sur la recevabilité des plaintes de l’Ukraine contre la Fédération de Russie en ce qui concerne les violations des droits de l’homme en Crimée par la Russie. 

D’une manière générale, la délégation ukrainienne a décrié les répercussions de l’occupation illégale de la Crimée et l’est de l’Ukraine qui dure maintenant depuis sept ans et qui a fait 13 000 morts, dont 3 000 civils, des centaines de milliers de blessés et près de 1,5 million de déplacés.  Elle a également dénoncé les tentatives de détruire l’identité des Tatars de Crimée, signalant que depuis l’occupation, 25% de la population locale a été modifiée suite au transfert de 500 000 citoyens russes dans la péninsule. 

L’Ukraine a notamment appelé au rétablissement de son contrôle le long de ses frontières, alertant que tant qu’un tronçon de 400 kilomètres de frontières dans la zone de conflit demeurera ouvert à la libre circulation d’armes et de personnel russes, la situation demeurera tendue et fragile.  Les Casques bleus devraient pouvoir jouer un rôle de surveillance, a-t-elle estimé.

La plateforme pour la Crimée a notamment été saluée par les États-Unis qui ont espéré que d’autres États Membres rejoindront cet effort diplomatique qui vise à repousser l’agression en cours de la Fédération de Russie.  La délégation américaine s’est par ailleurs inquiétée du fait que la Russie et ses protégés se servent des « mesures d’atténuation contre la COVID-19 » pour limiter l’accès des acteurs humanitaires et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Ukraine.

Des appels à la pleine mise en œuvre des accords de Minsk ont été lancés par une vaste majorité des délégations, soucieuses de parvenir à une solution politique du différend.  L’Union européenne a notamment demandé à la Russie d’exercer la considérable influence qu’elle a auprès des formations armées pour que celles-ci mettent pleinement en œuvre le cessez-le-feu, rappelant en outre que la durée des sanctions économiques qu’elle lui impose est liée à la mise en œuvre totale desdits accords.

La Fédération de Russie doit également inciter les formations armées à rouvrir les points de passage le long de la ligne des contacts, a souligné la délégation qui a aussi engagé les parties à avancer dans l’échange des prisonniers. 

Face à la militarisation croissante de la mer Noire, la France a de son côté appelé la Russie à garantir la liberté de navigation dans le détroit de Kertch et dans la mer d’Azov, assurant par ailleurs de la poursuite de ses efforts dans le cadre du format Normandie pour de rétablir la paix dans l’est de l’Ukraine. 

Autre membre de cette configuration, l’Allemagne s’est alarmée du fait que dans l’est de l’Ukraine, les séparatistes sapent l’accord de cessez-le-feu depuis le premier jour.  Elle a également dénoncé les restrictions apportées aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE qui, contrairement aux accords de Minsk, n’a pas accès à certains endroits de la ligne des contacts.  Évidemment, tout n’est pas parfait côté ukrainien, a-t-elle concédé, mais n’oublions pas que c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine et pas l’inverse.

« La véritable occupation, c’est l’occupation de la vraie Ukraine par l’Ukraine du Maïdan », a rétorqué la Fédération de Russie qui a dénoncé la « folie nationaliste et antirusse » de cette dernière. 

Affirmant que le Président de l’Ukraine aurait fait valoir l’an dernier que « les accords de Minsk sont nécessaires non pas pour résoudre le conflit, mais pour maintenir les sanctions contre la Russie », la délégation russe a averti que ce « jeu de Kiev aura des incidences négatives ».  Elle a également regretté que le dialogue autour d’un statut spécial pour les régions de l’est ukrainien ait été rejeté.  « Le péché originel de Maïdan, qui est le refus d’écouter la population russophone, n’a pas été extirpé. »

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

LA SITUATION DANS LES TERRITOIRES UKRAINIENS TEMPORAIREMENT OCCUPÉS

Débat

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rappelé que depuis 2014, l’Assemblée générale a adopté neuf résolutions condamnant l’occupation des territoires de l’Ukraine par la Fédération de Russie, soulignant que ce dossier ne sera clos que lorsque les troupes russes auront quitté « nos territoires ».  Il a indiqué que selon les dernières données de l’ONU, 13 000 personnes ont péri, dont 3 000 civils, des centaines de milliers d’autres ont été blessées et près de 1,5 million, déplacées.  Rappelant que le 20 février 2014 marque le début de l’agression russe, le représentant a affirmé que le Ministère russe de la défense a également reconnu cette date en faisant frapper une médaille « Pour le retour de la Crimée » qui indique clairement la date du début de l’opération militaire spéciale russe.  Brandissant une image de cette médaille, il a conseillé à la Russie d’en décorer tous ses diplomates pour qu’ils se souviennent du début de l’agression russe chaque fois qu’ils récitent leur « simulacre de mantra » sur le référendum qui s’est tenu en mars dans la péninsule. 

Poursuivant, M. Kyslytsya a rappelé la réunion du 11 février du Conseil de sécurité sur la mise en œuvre des accords de Minsk.  Il a aussi indiqué que le « premier Président » de l’Ukraine, M. Kravtchouk, a présenté au Groupe de contact trilatéral une liste « impressionnante » de mesures adoptées par l’Ukraine pour faire avancer le dossier, déplorant que les efforts dudit groupe soient bloqués et que la Russie refuse de finaliser les décisions agréées.  Il a également alerté que les mesures supplémentaires de renforcement du cessez-le-feu qui ont été adoptées le 22 juillet 2020 sont menacées par les provocations des groupes armés de la Russie, notamment par l’utilisation d’armes interdites par les accords de Minsk.  Tant qu’un tronçon de 400 kilomètres de frontières dans la zone de conflit demeurera ouvert à la libre circulation d’armes et de personnel russes, la situation demeurera tendue et fragile, a-t-il signalé.  Le contrôle par l’Ukraine de ses frontières doit être rétabli et les Casques bleus devraient pouvoir jouer un rôle de surveillance. 

Le représentant a ensuite alerté que le Donbass est une source potentielle de catastrophes environnementales et technogénique.  Il a notamment indiqué que les autorités de l’occupation ayant cessé de pomper l’eau de la mine de Yunkom, lieu d’une détonation nucléaire du temps de l’Union soviétique, la radiation contamine à présent les eaux de surface et souterraines.  Il a demandé une évaluation des dégâts environnementaux dans les territoires temporairement occupés de Louhansk et Donetsk, jugeant par ailleurs scandaleux que la Russie prétende jouer un rôle de médiation dans le processus de paix au Donbass.  En tant que partie au conflit et membre non élu du Conseil de sécurité qui ne figure même pas dans l’Article 23 de la Charte sur la composition de l’organe, la Russie ne devrait pas être autorisée à utiliser le droit de veto, a-t-il affirmé.

Poursuivant M. Kyslytsya a dénoncé les tentatives de détruire l’identité des Tatars de Crimée.  Il a indiqué que la Russie a déjà transféré 500 000 de ses citoyens en Crimée et que depuis l’occupation, 25% de la population locale a été modifiée.  En outre, des citoyens ukrainiens ont été arrêtés à l’approche de cette réunion, et les domiciles de militants de Crimean Solidarity et Crimean Childhood ont été fouillés dans la nuit du 17 février.  Cela témoigne clairement du caractère politique de l’occupation, a-t-il dit avant d’engager la Russie à autoriser l’accès à la Crimée par l’ONU et l’OSCE. 

Pour consolider ses efforts internationaux, a enchaîné le délégué, l’Ukraine a lancé une nouvelle plateforme pour la Crimée qui repose sur cinq points: la politique de non-reconnaissance, la sécurité, l’efficacité des sanctions, la protection des droits humains et les mesures pour inverser les répercussions négatives de l’occupation temporaire de l’Ukraine sur l’économie et l’environnement.  L’Ukraine a également proposé à la Russie de résoudre leurs différends en saisissant les tribunaux internationaux ou par l’arbitrage.  M. Kyslytsya a aussi indiqué que le 14 janvier 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a pris une décision sur la recevabilité des plaintes de l’Ukraine contre la Russie en ce qui concerne les violations des droits de l’homme en Crimée par la Russie.  La Cour a ensuite rejeté l’appel déposé par la Russie.  Évoquant la doctrine de Brezhnev de 1968, il a affirmé que l’idéologie actuelle du Kremlin est au mieux une mise à jour de l’idéologie totalitaire de l’Union soviétique.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a promis que l’Union continuera ses efforts diplomatiques pour restaurer la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avant de souligner l’importance de mettre en œuvre les décisions de justice.  La Cour européenne des droits de l’homme a reconnu que la Fédération de Russie a le contrôle effectif de la Crimée depuis le 27 février 2014, a-t-il indiqué.  Il a décrié la militarisation de la péninsule de Crimée par la Russie qui affecte négativement la situation sécuritaire de la région de la mer Noire et au-delà.  Le délégué a aussi rappelé que depuis l’annexion illégale par la Russie, la situation des droits de l’homme en Crimée s’est gravement détériorée, les droits des Tatars étant notamment sapés.  Il a demandé à cet égard la libération immédiate des défenseurs des droits de l’homme emprisonnés, parmi lesquels Dzhemil Gafarov, Valentyn Vygivsky, Ivan Yatskin, Nariman Mezhmedinov, EmirUsein Kuku et Teimur Abdullayev.  Il a également demandé la libération des citoyens ukrainiens illégalement détenus par la Russie en violation du droit international.  « Nous appelons la Russie à cesser de changer la structure démographique de la Crimée par l’installation de sa propre population dans la péninsule. »

S’agissant du conflit dans l’est de l’Ukraine, le délégué a appelé, plus d’un an après la conclusion du Sommet de Paris de décembre 2019, à la pleine mise en œuvre des accords de Minsk en vue de parvenir à une solution politique, demandant notamment aux parties d’avancer dans l’échange des prisonniers.  Le délégué a demandé à la Russie d’exercer la considérable influence qu’elle a auprès des formations armées pour que celles-ci mettent pleinement en œuvre le cessez-le-feu.  La Russie doit cesser d’alimenter le conflit en fournissant un appui financier et militaire à ces formations et cesser de fournir des passeports russes à des citoyens ukrainiens, y compris à ceux qui résident dans des zones sous le contrôle du Gouvernement à Kiev.  Le représentant a rappelé que la durée des sanctions économiques de l’UE contre la Russie est liée à la mise en œuvre totale des accords de Minsk.  Il s’est dit préoccupé par le fait que presque tous les points de passage le long de la ligne des contacts sont fermés alors que des milliers de personnes traversent la frontière russo-ukrainienne chaque jour.  La Russie doit inciter les formations armées à les rouvrir, a-t-il dit.

Après près de sept ans de conflit, la situation sécuritaire volatile dans l’est de l’Ukraine a des conséquences de plus en plus négatives pour la population civile, notamment pour celle vivant des deux côtés de la ligne des contacts.  Le délégué a rappelé que 3,4 millions d’Ukrainiens ont toujours besoin d’une assistance humanitaire et assuré que l’UE continuera d’appuyer les organisations humanitaires, en particulier le long de la ligne des contacts.

M. JUKKA SALOVAARA (Finlande), qui s’exprimait au nom des pays baltes et nordiques (Danemark, Estonie, Finlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège et Suède), a fermement condamné l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et l’a exhortée à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine conformément à la résolution 68/262 de l’Assemblée générale.  Il s’est inquiété de la détérioration constante de la situation humanitaire et des droits de l’homme en Crimée et a demandé à la Russie de libérer tous les ressortissants ukrainiens détenus et emprisonnés illégalement en Crimée, citant la récente décision de la Cour européenne des droits de l’homme.  Il a aussi dénoncé la poursuite de la militarisation de la Crimée et appelé la Russie à s’abstenir d’entraver la liberté de navigation à destination et en provenance de la mer d’Azov et de mettre un terme aux inspections discriminatoires des navires qui traversent le détroit de Kertch. 

Passant à l’est de l’Ukraine, M. Salovaara s’est inquiété des conditions humanitaires difficiles: près de 14 000 personnes sont décédées et plus de 30 000 ont été blessées.  Le conflit affecte plus de 5 millions de personnes vivant des deux côtés de la ligne des contacts, 1,5 million sont déplacées et plus de 3 millions nécessitent une assistance et une protection humanitaires, a-t-il relevé.  Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, l’est de l’Ukraine est également l’une des zones les plus contaminées par les mines terrestres dans le monde. 

Convaincu qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, le représentant a fait valoir que le seul moyen de trouver une solution politique durable passe par un dialogue politique et la mise en œuvre des accords de Minsk.  La durée des sanctions économiques imposées par l’UE contre la Russie reste clairement liée à la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk, a-t-il rappelé.  Le délégué s’est ensuite félicité du cessez-le-feu renforcé convenu au sein du Groupe de contact trilatéral en juillet 2020, tout en regrettant que cela n’ait pas fait progresser le dialogue politique, pour ensuite saluer la volonté politique et l’approche constructive de l’Ukraine pour trouver des moyens de régler ce conflit, encourageant la Russie à agir de même. 

M. ROBERT KEITH RAE (Canada), au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a déploré la poursuite, depuis sept ans, de l’occupation illégale de la Crimée et l’est de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Cela fait aussi sept ans que le vol MH17 a été abattu, a-t-il rappelé.  Le représentant s’est inquiété de la situation humanitaire et des droits humains en Ukraine.  Il a dénoncé les violations graves du cessez-le-feu par la Russie et des groupes armés, avertissant du risque d’une augmentation de la violence.  Il s’est notamment préoccupé des attaques contre les civils et de l’utilisation d’armes lourdes et d’engins explosifs.  Ces attaques doivent cesser.  Il faut trouver une solution pacifique au conflit et les parties doivent parvenir à un consensus avant que la situation ne dégénère, a-t-il tranché. 

M. Rae a appelé au respect du cessez-le-feu, y voyant une condition préalable pour la résolution du conflit.  Il a exigé le retrait immédiat de la Russie, de ses matériels militaires et de ses mercenaires de la Crimée.  La Russie doit restituer à l’Ukraine le contrôle total de tout son territoire, a-t-il dit.  La délégation a aussi appelé à accorder un accès aux travailleurs humanitaires, à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et au Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

Après avoir salué les efforts déployés pour traduire en justice les responsables de l’attaque contre le vol MH17, le représentant s’est dit préoccupé par la militarisation de la Crimée, les violations des droits humains des Tatars de Crimée, et les limites imposées aux libertés religieuses, de réunion et de la presse.  Il a appelé la Russie à libérer tous les détenus politiques sans condition, avant d’engager les États Membres à aider à exécuter les verdicts des tribunaux internationaux sur l’Ukraine.  Les sanctions économiques appliquées par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande contre la Russie seront maintenues tant que perdurera l’occupation illégale de la Crimée et d’autres territoires ukrainiens. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a apporté son plein appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues, ainsi qu’à son plein accès à la mer d’Azov.  Il a réaffirmé la position de la Slovaquie de non-reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie.  Il a dénoncé les activités militaires qui mettent en péril la stabilité de la région, ainsi que les restrictions apportées aux droits humains en Crimée.  La Cour européenne des droits de l’homme a reconnu que la Russie exerce un contrôle de facto de la Crimée depuis le 27 février 2014, a dit le délégué.  Il a dénoncé les restrictions apportées aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Le délégué s’est dit déçu par la non-réouverture de points de passage le long de la ligne des contacts.  Il a exhorté les parties à mettre scrupuleusement en œuvre les accords de Minsk.  Amie et plus grand voisin de la Slovaquie, une Ukraine stable, sûre et prospère est dans l’intérêt stratégique de mon pays, a conclu le délégué.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a condamné l’annexion de la Crimée et réaffirmé son attachement au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle a noté avec préoccupation les violations des droits humains dans les territoires occupés par la Russie depuis 2014.  Elle a soutenu les efforts du Secrétaire général pour garantir un accès sûr et sans entrave au mécanisme de surveillance des droits de l’homme en Ukraine et a dit suivre de près les discussions engagées autour de la plateforme Crimée lancée par l’Ukraine, encourageant une large participation internationale.

Saluant la libération de détenus en avril 2020 et la décision de juillet 2020 de renforcer le cessez-le-feu, la Suisse s’est félicitée de la diminution des violations du cessez-le-feu depuis et du nombre de victimes civiles.  Elle a cependant regretté que seuls deux points de passage de la ligne des contacts sont ouverts à ce jour.  La Suisse a appelé les acteurs concernés à renforcer le dialogue au sein du Groupe de contact et à collaborer de manière constructive.  Elle a aussi exigé que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE puisse pleinement s’acquitter de son mandat.

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a constaté que la situation dans le Donbass n’est pas encourageante en dépit du cessez-le-feu.  Elle a condamné les violations régulières de celui-ci, pour ensuite se préoccuper de la situation humanitaire et de l’accès limité de l’aide humanitaire.  Elle a exigé un accès sans entrave de l’aide humanitaire, ainsi qu’aux détenus dans tous les territoires illégalement occupés.  Elle a aussi demandé l’ouverture des points de passage pour les civils le long de la ligne des contacts, ainsi que la levée des restrictions notamment à Louhansk.  La délégation a déploré la distribution de passeports russes aux populations de la Donbass. 

En ce qui concerne le vol MH17, Mme Bassols Delgado a noté l’absence de progrès au niveau de la justice et demandé à la Russie d’envoyer les accusés devant le tribunal compétent.  Elle a appelé au respect des accords de Minsk et à la restitution des territoires de l’est de l’Ukraine.  De même, elle a rejeté toute entrave à la libre circulation dans la mer d’Azov et dans les autres territoires ukrainiens occupés.  Les principes de la Charte des Nations Unies sont remis en question dans le Donbass et la Crimée, a dénoncé la représentante. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a rappelé que l’Ukraine et la Russie ont signé le Mémorandum de Budapest en 1994, par lequel la Russie s’engageait à respecter l’intégrité de l’Ukraine en échange de l’abandon par celle-ci de son arsenal nucléaire.  On ne peut fermer les yeux sur les agissements de la Russie, a déclaré le délégué.  Il a dénoncé le sort des Tatars de Crimée, devenus minoritaires et marginalisés, ainsi que la militarisation de la péninsule.  La situation n’est pas plus rassurante dans l’est de l’Ukraine, les séparatistes sapant l’accord de cessez-le-feu depuis le premier jour.  Il a dénoncé les restrictions apportées aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Contrairement aux accords de Minsk, celle-ci n’a pas accès à certains endroits de la ligne des contacts.  La Russie, on le sait, n’a pas enlevé ses armes lourdes et a distribué près de 600 000 passeports russes, a déploré le délégué.  Il a néanmoins salué l’échange de prisonniers avant de regretter que les séparatistes n’aient pas ouvert de points de passage supplémentaires le long de la ligne des contacts.  Évidemment, tout n’est pas parfait côté ukrainien, mais n’oublions pas que c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine et pas l’inverse, a conclu le représentant.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a réaffirmé son attachement sans faille à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine, ainsi que sa non-reconnaissance de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie.  Il a demandé que les observateurs des droits de l’homme aient un accès sans entrave à l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  Il a appuyé les efforts du Groupe de contact et a insisté sur l’impératif de la mise en œuvre complète des accords de Minsk.  Il faut que toutes les parties fassent des efforts en ce sens, a exigé le représentant, précisant que l’Italie condamne toute initiative qui irait à l’encontre de l’esprit et de la lettre de ces accords.  L’Italie a également appuyé sans réserve le mandat et les travaux de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et a exigé un accès sans entrave de son personnel à l’ensemble du territoire ukrainien.

Après plus de sept ans de conflit, la population civile continue à en payer le prix fort, a constaté le représentant avant de faire état des actions prises par l’Italie pour participer à la réponse humanitaire, notamment à l’action de déminage.  Malgré des efforts encourageants, il faut faire davantage pour améliorer les conditions de vie des civiles, a estimé M. Stefanile qui a plaidé entre autres pour la sécurité et la réouverture des points de passage restants sur la ligne des contacts.  L’Italie continuera d’appuyer le dialogue entre les parties et de soutenir les efforts diplomatiques en ce sens, a-t-il conclu.

M. MIROSLAV KLÍMA (République tchèque) a estimé que le conflit en Ukraine doit rester en bonne place à l’ordre du jour de l’ONU, y compris l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil des droits de l’homme et d’autres organes pertinents.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, porte une responsabilité particulière dans la résolution du conflit et le rétablissement de la paix et de la sécurité.  Toutefois, le soutien financier et militaire russe aux formations armées dans les zones de Donetsk et de Louhansk non contrôlées par le Gouvernement se poursuit et alimente le conflit.  Et la Russie poursuit ses plans d’intégration de ces zones et de la Crimée à la Russie.  Des mesures telles que la procédure simplifiée et sélective pour obtenir la citoyenneté russe, l’octroi forcé de passeport russe, l’imposition de programmes scolaires, de la langue, de la monnaie et de la fiscalité sont des tentatives visant à couper de facto ces territoires de l’Ukraine, a-t-il alerté

Le représentant a également indiqué que la militarisation de la Crimée par la Fédération de Russie a un impact négatif sur la situation sécuritaire dans la région de la mer Noire.  L’impact du conflit sur la situation des droits de l’homme est terrible, a constaté M. Klíma qui est particulièrement alarmé par le recours à la torture au sujet de laquelle il a demandé une enquête indépendante, impartiale et efficace.  Le représentant s’est inquiété du sort des prisonniers politiques de Crimée, notamment de Dzhemil Gafarov, Valentyn Vygivsky, Ivan Yatskin, Nariman Mezhmedinov et Teimur Abdullayev dont l’état de santé est très mauvais et qui ont un besoin urgent de soins médicaux appropriés.  Il a exhorté les autorités de facto de la Crimée à garantir l’accès du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et aux observateurs internationaux des droits de l’homme à la péninsule.

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’appuyer les efforts de l’OSCE en Ukraine.  La réunion de ce jour illustre la complémentarité des mandats du Conseil et de l’Assemblée, a-t-il estimé.  Il a apporté son plein appui à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  Il a rappelé que 10 000 personnes ont trouvé la mort durant le conflit.  La pandémie a exacerbé les besoins humanitaires, a dit le délégué, décrivant la crise ukrainienne comme de « grande ampleur » et « effroyable ».  Il a demandé un accès humanitaire sans entrave, dénonçant les conséquences négatives de la situation pour les populations civiles.  Il a insisté sur l’importance du déminage, l’est de l’Ukraine étant très miné.  Le représentant a ensuite dénoncé les restrictions apportées aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Ceux qui font obstacle à son travail doivent rendre des comptes, a affirmé le délégué.  Enfin, il a demandé la pleine mise en œuvre des engagements en vertu des accords de Minsk et salué les efforts visant à lutter contre la corruption en Ukraine.

Sept ans se sont écoulés depuis l’annexion illégale de la Crimée et de la ville de Sébastopol par la Russie, a rappelé M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), avant d’accuser la Russie d’avoir violé de manière flagrante les principes de la Charte et le droit international et de l’appeler à respecter ses obligations internationales.  Il a réaffirmé son soutien à la politique de non-reconnaissance de cette annexion de l’UE.  Face à la militarisation croissante de la mer Noire, il a aussi appelé la Russie à garantir la liberté de navigation dans le détroit de Kertch et dans la mer d’Azov. 

L’annexion illégale de la Crimée a conduit à des violations graves des droits de l’homme, s’est aussi indigné M. de Rivière qui a, là encore, appelé la Fédération de Russie à mettre un terme à cette politique « qui vise à faire taire tous ceux qui s’opposent à son annexion illégale ».  Pour sa part, la France poursuit ses efforts avec l’Allemagne dans le cadre du format Normandie afin de rétablir la paix dans l’est de l’Ukraine, a souligné le représentant, qui a également insisté sur l’impératif de la pleine mise en œuvre des accords de Minsk.  À cet égard, la France a rejeté le discours de la Fédération de Russie qui consiste à accuser l’Ukraine d’être responsable des blocages. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle a condamné l’annexion par la Russie de Sébastopol et la Crimée, affirmant que sa non-reconnaissance est une obligation juridique, cette annexion étant une violation du droit international.  Elle a déploré la non-mise en œuvre des accords de Minsk.  La solution à la crise semble lointaine, s’est inquiétée la représentante qui a demandé à la Russie à respecter les droits humains et le droit international humanitaire.  Elle a exigé à la Russie de mettre fin aux tortures des détenus des minorités ethniques et aux disparitions forcées.  La délégation a salué les efforts renouvelés de l’Ukraine pour relancer les discussions. 

La représentante a affirmé que la Russie renforce les capacités militaires des groupes armés, dénonçant notamment la militarisation forcée ainsi que la discrimination religieuse en Crimée.  Elle s’est aussi préoccupée du transfert des détenus de Crimée en dehors de la péninsule, de la détérioration de la situation humanitaire, et de la répression des libertés d’expression et de réunion.  Elle a jugé qu’une présence internationale est essentielle en Crimée et doit être garantie. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a apporté son plein appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  Il a réaffirmé la position de la Croatie de non-reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie, comme contraire au droit international.  La Croatie demeure vivement préoccupée par la crise et ses conséquences régionales et internationales, a dit le délégué.  Il s’est aussi alarmé devant la situation des droits humains et humanitaires dans l’est de l’Ukraine, ainsi qu’en Crimée, la situation humanitaire s’étant aggravée avec la pandémie.  Il a dénoncé les restrictions apportées aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine avant d’insister sur la nécessité du déminage.  Plus de 25 ans après la fin du conflit qu’il a connu, le territoire de mon pays n’est pas entièrement déminé, a témoigné le représentant.  Enfin, il a appelé les parties à s’engager en faveur d’une solution durable en vue de la pleine application des accords de Minsk.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a constaté qu’à l’heure actuelle, 44 000 kilomètres carrés de l’Ukraine, soit environ 7% de son territoire, sont sous occupation étrangère, y compris la Crimée et les parties orientales des régions de Donetsk et de Louhansk.  Elle a appelé au rétablissement de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Pour y arriver, Mme Chan Valverde a encouragé l’Ukraine et la Fédération de Russie à se conformer aux accords de Minsk et à mettre en œuvre l’appel à un cessez-le-feu, au retrait des armes lourdes, au rétablissement du contrôle ukrainien le long de la frontière avec la Russie et à la tenue d’élections locales.  Elle a aussi appelé le format Normandie (Ukraine, Russie, Allemagne, France) à se réunir au niveau ministériel le plus tôt possible, la dernière réunion ministérielle remontant à 2019. 

Préoccupé par la militarisation de la Crimée, de la mer Noire et de la mer d’Azov, le Costa Rica a également fait part de ses inquiétudes face à la situation humanitaire exacerbée par la pandémie de COVID-19.  La déléguée a signalé que 3,4 millions de personnes dépendront d’une aide humanitaire en 2021 et que de nombreuses infrastructures civiles, y compris d’électricité, de gaz et d’eau, ainsi que des écoles et des établissements de santé, ont été endommagées par les bombardements et ont besoin d’être réparées sans tarder.

En outre, Mme Chan Valverde a exhorté les deux parties à travailler en étroite collaboration avec la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, afin d’assurer un suivi complet et en temps réel de la situation le long de la ligne des contacts et de la frontière ukrainienne.  La Mission doit également bénéficier d’un accès sûr, sécurisé, inconditionnel et sans entrave à toutes les zones occupées, en particulier le long des lignes de contact, afin de pouvoir mener à bien son travail inestimable, a exigé la déléguée.  Avant de conclure, elle s’est dite préoccupée par la détérioration continue de la situation des droits humains en Crimée, en particulier par les restrictions des libertés fondamentales. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que son gouvernement ne reconnaîtrait jamais l’annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol.  Il a condamné les violations et les répressions des droits humains, les arrestations arbitraires et les détentions illégales en Crimée et dans les territoires ukrainiens occupés.  Il a appelé la Russie à libérer tous les détenus politiques ukrainiens, s’inquiétant ensuite de la militarisation de la mer d’Azov où des armes et des systèmes d’alerte aux missiles ont été installés.  La Russie doit retirer tous les matériels de guerres de la région, a-t-il affirmé.

Le représentant a en outre constaté que depuis 2014, la Russie a forcé la conscription de nombreux ukrainiens et cherche à les remplacer par des Russes.  Cela doit cesser.  La délégation a condamné les restrictions aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, exigeant pour elle un accès sûr et sans conditions.  M. Allen a aussi appelé au respect des accords de Minsk par la Russie, qui « continue d’alimenter le conflit », et la communauté internationale à demeurer unie et à faire front commun face aux efforts de déstabilisation de la Russie qui cherche à voler le territoire de l’Ukraine.

Mme SAŠA JUREČKO (Slovénie) a apporté son plein appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  Elle a réaffirmé la position de la Slovénie de non-reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie et dénoncé la militarisation en cours de la péninsule.  Elle a exhorté les parties à mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk, ainsi qu’à prévoir un accès humanitaire sans entrave, la situation humanitaire dans la région étant critique.  Elle a appelé à la poursuite du déminage et du retrait des armes lourdes le long de la ligne des contacts, avant de dénoncer les restrictions apportées aux mouvements de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  La déléguée a dénoncé les violations des droits humains en Crimée, visant notamment les Tatars de Crimée, les Ukrainiens et autres minorités ethniques.  « La situation est extrêmement préoccupante et se détériore. »  Enfin, elle a exhorté la Russie à octroyer aux observateurs internationaux un plein accès à l’entièreté du territoire ukrainien, y compris la Crimée.

Mme LACHEZARA STOIANOVA STOEVA (Bulgarie) a appelé au règlement durable et pacifique du conflit dans l’est de l’Ukraine, se disant convaincue que la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk reste le seul moyen viable et internationalement reconnu à cette fin.  Exhortant les deux parties à pleinement respecter leurs engagements, elle a appelé la Russie à exercer son influence considérable sur les formations armées qu’elle soutient afin de garantir le plein respect du cessez-le-feu.  En effet, a constaté la représentante, malgré une diminution significative des violations du cessez-le-feu, la situation dans l’est de l’Ukraine reste toujours fragile.  La situation humanitaire, et notamment l’accès humanitaire, continue de s’aggraver en raison des restrictions persistantes à la liberté de mouvement et de la pandémie de COVID-19.  Celle-ci, a-t-elle mis en garde, ne doit pas être utilisée comme prétexte par les soi-disant représentants des zones actuellement non contrôlées par l’Ukraine pour fermer la ligne des contacts. 

Elle s’est associée aux efforts de la communauté internationale pour rétablir un accès complet, libre et sans entrave de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, des autres observateurs internationaux des droits de l’homme et mécanismes de surveillance à l’ensemble du territoire ukrainien, y compris la Crimée et la ville de Sébastopol qui ont été annexées illégalement.  Elle a soutenu l’appel de la communauté internationale à la libération immédiate de tous les citoyens ukrainiens détenus illégalement, y compris les militants tatars de Crimée emprisonnés en Russie, en Crimée et à Sébastopol. 

Après avoir indiqué que son pays a apporté une aide humanitaire à divers partenaires sur le terrain, Mme Stoeva a indiqué qu’en tant qu’État du littoral de la mer Noire, la Bulgarie est préoccupée par la militarisation de la péninsule de Crimée, avertissant que cela a un impact négatif sur la situation sécuritaire dans la région.  Elle s’est aussi inquiétée des tensions autour du détroit de Kertch.  Le rétablissement complet de la liberté de passage à travers le détroit de Kertch conformément au droit international est essentiel pour empêcher une nouvelle escalade dans les régions de la mer Noire et de la mer d’Azov, a tranché la délégation.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et exhorté les États Membres à voter en faveur des résolutions de l’Assemblée générale qui appellent l’attention sur la situation des droits de l’homme et la militarisation de la Crimée.  Les sanctions américaines contre la Russie resteront en place à moins que la Russie ne change d’attitude, a martelé le délégué qui s’est dit « troublé » par le fait que la Russie ait intensifié ses efforts pour déstabiliser l’Ukraine et saper la souveraineté du pays. 

Il a dénoncé le fait que la Russie se présente comme médiatrice dans le conflit, alors qu’elle est en fait l’instigatrice.  La militarisation croissante de la Crimée par la Russie constitue une menace grave pour notre sécurité commune.  Et les États-Unis sont très préoccupés par la conscription des habitants de Crimée, par la perturbation continue du commerce en mer d’Azov et par la tentative de la Russie d’utiliser son occupation de la Crimée pour étendre sa puissance dans la région de la mer Noire. 

Malgré l’accord du 27 juillet 2020 visant à renforcer les mesures en vue d’un véritable cessez-le-feu, les forces dirigées et soutenues par la Russie continuent de lancer des attaques le long de la ligne des contacts, tuant des militaires ukrainiens et mettant des civils en danger.  La Russie, a accusé le représentant, a agi de manière malhonnête en vue des négociations sur la résolution du conflit en bloquant l’ouverture de nouveaux points de passage civils le long de la ligne des contacts.  Elle a également bloqué d’autres échanges de détenus contrairement aux engagements qu’elle a pris lors du Sommet format Normandie en décembre 2019, a décrié le représentant.

M. Mills s’est dit préoccupé par les restrictions d’accès que la Russie et les « autorités » autoproclamées qu’elle soutient continuent d’imposer aux travailleurs humanitaires, à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, et aux agences de l’ONU opérant dans les parties de Louhansk contrôlées par la Russie.  Il a accusé la Russie et ses protégés de s’être servi des « mesures d’atténuation contre la COVID-19 » pour limiter l’accès de l’aide et des acteurs humanitaires et de l’OSCE en Ukraine.  Il a ensuite appelé la Russie à accorder et à faciliter un accès sûr et sans entrave à tout le personnel humanitaire et aux observateurs de l’OSCE et de l’ONU sur l’ensemble du territoire ukrainien qu’elle contrôle, y compris certaines parties de Donetsk, Louhansk et la Crimée occupée. 

Poursuivant, le délégué a exhorté la Russie à libérer les plus de 100 prisonniers politiques ukrainiens et à mettre fin à sa campagne de raids, de détentions et d’autres formes d’intimidation contre les Tatars, les Témoins de Jéhovah et d’autres opposants à l’occupation.  Il a appelé la Russie à mettre en œuvre tous les engagements qu’elle a pris en vertu des accords de Minsk et à travailler avec le Gouvernement de l’Ukraine et les partenaires internationaux qui sont engagés dans une résolution diplomatique de ce conflit.  Enfin, M. Mills a salué l’initiative de l’Ukraine appelée « Plate-forme de Crimée » espérant que d’autres États Membres rejoindront cet effort diplomatique pour repousser l’agression en cours de la Russie.

Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a souligné les conséquences du conflit pour des millions de civils dans l’est de l’Ukraine, en insistant sur le danger que représentent les nombreuses mines qui y ont été posées.  Elle a jugé alarmante la situation en Crimée et dénoncé les graves violations des droits humains dans la péninsule.  Elle a exhorté la Russie à y remédier avant de demander la pleine mise en œuvre des accords de Minsk.  L’annexion illégale de la Crimée et le rôle déstabilisateur de la Russie dans le Donbass violent la Charte de l’ONU.  La déléguée a apporté son plein appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  Enfin, la déléguée a souhaité attirer l’attention sur le vol MH17 (Malaysia Airlines 17), qui a été abattu en juillet 2014, faisant de nombreuses victimes civiles innocentes.  Nous n’avons eu de cesse de réclamer la vérité sur cette catastrophe, a déclaré la déléguée avant d’exhorter la Russie à coopérer avec l’enquête pénale qui se poursuit.

M. NAMAZU HIROYUKI (Japon) a soutenu d’emblée la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a souligné que la stabilité de l’Ukraine est importante pour la stabilité internationale et pas seulement européenne.  Le Japon a soutenu les efforts en faveur de la paix menés dans le cadre du format Normandie et a encouragé toutes les parties à appliquer les accords de Minsk.  Il s’est dit préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire en Ukraine, en partie à cause de la pandémie de COVID-19.  Pour sa part, le Japon continuera à apporter son soutien aux différents efforts multilatéraux de règlement de ce conflit.

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) a dit qu’elle était préoccupée par les disparitions forcées, la torture des détenus dans les zones contrôlées par le Gouvernement et les groupes armés en Ukraine.  Elle a indiqué que son gouvernement offre une aide sociale et humanitaire aux déplacés et aux victimes du conflit.  Du matériel médical a été fourni aux hôpitaux, ainsi que des tests de dépistage de la COVID-19.  Indiquant que près de 150 000 membres de la communauté hongroise vivent en Ukraine, elle a fait savoir que la protection des droits des minorités nationales et ethniques est essentielle pour la Hongrie.  Elle a jugé inacceptable qu’un pays puisse menacer les minorités ethniques qui vivent sur son territoire.  La Hongrie est préoccupée par les termes actuellement employés en Ukraine pour exclure les minorités de la société ukrainienne. 

Mme ILEANA-RODICA DINCULESCU (Roumanie) a condamné l’annexion par la Russie de la Crimée et apporté son plein appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  La Roumanie appuie toutes les initiatives de l’Ukraine au sein du système onusien en ce qui concerne l’annexion illégale de la Crimée, en particulier sa proposition chaque année d’inclure la situation dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine à l’ordre du jour de l’Assemblée.  La déléguée a dénoncé la militarisation de la péninsule de Crimée, ainsi que la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de l’Ukraine, que la pandémie est venue aggraver.  Elle a appuyé la création d’un mécanisme de l’Union européenne en vue de faciliter l’accès aux vaccins des pays participant au partenariat oriental de l’Union.  Enfin, la déléguée a exhorté la Russie à pleinement mettre en œuvre les accords de Minsk.

Pour le Bélarus, la paix et l’harmonie en Ukraine constituent une priorité pour la stabilité de la région, a expliqué son représentant, M. ARTSIOM TOZIK.  Il s’est dit favorable à un respect sans faille du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine et a rappelé que son pays a toujours été attaché au principe de paix et de stabilité de la région.  Pour cela, le Bélarus reste convaincu que le règlement de cette crise passe par le dialogue et le respect des accords de Minsk.  Il continue d’appuyer le processus de règlement pacifique dans la région, a indiqué le représentant, notamment en accueillant les réunions du Groupe trilatéral de contact.  La délégation a également réaffirmé vouloir apporter une contribution concrète à la mission de l’ONU qui pourrait être déployée prochainement sur place.

Mme RAZIYE BILGE KOCYIGIT GRBA (Turquie) a dénoncé l’annexion illégale de la Crimée et s’est insurgée contre les violations des droits humains des Tatars de Crimée.  C’est une question vitale pour la Turquie, a insisté la délégation qui a souligné que les Tatars doivent pouvoir vivre pacifiquement sur leur territoire.  La représentante a estimé que ce conflit doit être réglé conformément au droit international et par le dialogue.  Elle a insisté sur le rôle essentiel que joue la Mission spéciale d’observation de l’OSCE pour promouvoir la stabilité dans la région.  De même, Mme Kocyigit Grba s’est prononcée en faveur de tous les efforts visant à la désescalade et souhaité le règlement pacifique du conflit sur la base du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

Cette discussion est embarrassante, a jugé M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie).  Chaque fois, l’autorité de l’Assemblée est sapée et l’ONU montre qu’elle est déconnectée de la réalité.  Et pour cela, il faut remercier l’Ukraine qui clame être la victime d’une soi-disant agression russe, a dit le délégué.  Il a accusé les pays occidentaux de croire en un tel conte de fées, afin de ne pas avoir à répondre à des questions embarrassantes.  « Qui a orchestré les manifestations de Maïdan en 2014?  Qui a mis le feu à la maison des syndicats à Odessa en 2014? »  Il a estimé que le référendum d’autodétermination de la Crimée était conforme au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  Plutôt que de rendre des comptes au peuple ukrainien pour ces mensonges, il est plus simple de semer la confusion, a tranché le délégué.  Il a indiqué que des millions de personnes se rendent en Crimée, y compris des députés du Bundestag allemand.  À son homologue allemand « qui prétend que l’accès est interdit à la Crimée », il a lancé: « Voulez-vous que l’on vous achète un billet?  Dîtes-le-nous, ne soyez pas timide. »

La véritable occupation, c’est l’occupation de la vraie Ukraine par l’Ukraine du Maïdan, a tranché le délégué en dénonçant « sa folie nationaliste et antirusse » et ceux qui empêchent les habitants de Louhansk et de Donetsk de mener une vie normale.  Il a décrié le refus de l’Allemagne et de la France de participer, l’an dernier, à deux réunions en formule Arria du Conseil de sécurité qui ont permis aux habitants de Crimée et du Donbass de répondre aux mensonges.  Paris et Berlin ont montré leur vrai visage, qui est celui de partie et pas de médiateur, a dit le délégué.  « Nous continuerons de dire la vérité et de débusquer les mythes. »  Il a ainsi affirmé que l’attachement de Kiev aux accords de Minsk est un mythe, observant que le refus de Kiev de s’acquitter de ses obligations au titre desdits accords n’est plus dissimulé, même au plus haut niveau.  Le délégué russe a ainsi relevé que le Président Zelenskyy a fait valoir l’an dernier que « les accords de Minsk sont nécessaires non pas pour résoudre le conflit, mais pour maintenir les sanctions contre la Russie ».  Il a aussi cité le chef de la délégation ukrainienne au Groupe de contact qui parle des accords de Minsk comme d’une « corde au cou des Ukrainiens ».  Ce jeu de Kiev aura des incidences négatives, a averti M. Polyanskiy, en regrettant que le dialogue autour d’un statut spécial pour ces régions de l’est ukrainien ait été rejeté.  « Le péché originel de Maïdan, qui est le refus d’écouter la population russophone, n’a pas été extirpé. »

Le représentant russe a indiqué que la liberté d’expression n’existe pas en Ukraine et que trois chaînes de télévision ont été fermées par le Président, contrairement à ce qu’il avait annoncé.  Cette attitude découle de la carte blanche que lui ont donnée les pays occidentaux.  « Comment voulez-vous que les habitants de Donetsk et de Louhansk, qui sont accusés d’être les occupants de leurs propres territoires, veuillent réintégrer l’Ukraine? »  Le délégué a déclaré que les habitants de la Crimée ont fait leur choix et qu’ils ne reviendront pas en arrière.  Les habitants du Donbass gardent la porte ouverte, a-t-il conclu, en exhortant l’Ukraine à cesser ses jeux géopolitiques et à s’acquitter des accords de Minsk, sans les modifier.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a salué les progrès réalisés depuis le dernier sommet en format Normandie de 2019, mais a dit rester préoccupée par les violations continuent du cessez-le-feu en Ukraine.  La mise en œuvre des accords de Minsk reste la seule voie pour parvenir à une solution politique durable, a-t-elle estimé.

Ces sept années de conflits ont eu un impact négatif sur la situation humanitaire dans l’est de l’Ukraine, a constaté la Belgique qui a exigé un accès sans entrave des observateurs et personnels humanitaires à tout le territoire ukrainien.  Elle a appelé à un strict respect des droits de l’enfant, y compris du droit à l’éducation, et à redoubler d’efforts en termes de déminage, en particulier autour des écoles.  En ce qui concerne la situation en Crimée, la représentante s’est préoccupée de la militarisation croissante de la péninsule et a demandé à la Fédération de Russie d’y mettre fin et d’assurer la liberté de navigation dans la mer d’Azov.  La Belgique a réaffirmé son attachement indéfectible à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a souligné qu’elle ne reconnaît pas l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie, à l’instar des autres pays membres de l’UE.

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a estimé que l’ONU est le cadre idoine pour régler les différends entre les États.  Il a réitéré son appui à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a souligné qu’il ne peut y avoir de solution au conflit si elle n’est compatible avec le droit international.  Tous les États ont le devoir de respecter leurs obligations découlant du droit international, a rappelé la délégation. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a déploré la politisation de l’inscription de ce point de l’ordre du jour, y voyant le reflet de la volonté de certains gouvernements de régler des comptes avec la Russie, au détriment de l’entente historique entre Russes et Ukrainiens.  Il faut réexaminer ce point dont l’examen par l’Assemblée empiète sur le mandat du Conseil, a-t-il estimé.  En outre, le terme de territoires temporairement occupés ne change pas la compétence du Conseil sur la question.  Le délégué a demandé la mise en œuvre des accords de Minsk, qui exige la volonté politique de toutes les parties.  Il a dénoncé les ingérences des pays occidentaux qui prétendent aider l’Ukraine mais instaurent en réalité un environnement hostile et créent des « ennemis fictifs ».  Enfin, le délégué a critiqué l’instrumentalisation de l’ordre du jour de l’Assemblée, ce qui épuise les ressources de l’ONU.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a relevé que sept ans après l’agression armée de la Russie contre l’Ukraine, plus de 13 000 citoyens ukrainiens ont perdu la vie; 3,5 millions d’Ukrainiens ont besoin d’une aide humanitaire, et l’Ukraine est devenue le territoire le plus pollué de mines au monde.  Il s’est dit préoccupé par la récente flambée de violence en Ukraine et a exigé que l’accord sur les questions de sécurité, et en particulier du Groupe de contact trilatéral, soit parachevé avec la participation de la Fédération de Russie.

Le représentant a également fait part de ses inquiétudes face aux violations des droits humains et des persécutions dont sont victimes les habitants des territoires ukrainiens temporairement occupés et de la Crimée.  Il a notamment condamné les détentions arbitraires et l’imposition forcée de la citoyenneté russe dans ces territoires et s’est indigné que l’OSCE n’ait toujours pas accès à tout le territoire ukrainien.  « Malheureusement l’agression militaire de la Russie n’est pas nouvelle, ni sa mise à mal des processus de paix », a remarqué la délégation qui y a vu la marque de la « stratégie perverse » de la Russie dans la région, rappelant au passage que la Géorgie en a également fait les frais.  Il a appelé la Fédération de Russie à respecter ses obligations internationales et permettre l’accès au territoire ukrainien du mécanisme des droits de l’homme.  La Géorgie ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de la Crimée, a-t-il martelé.

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a souligné que les accords de Minsk demeurent le cadre idoine pour trouver une issue au conflit, dont le règlement doit se fonder sur la bonne volonté afin de parvenir à la stabilité de la région.  Il a estimé que cette question concerne exclusivement les deux États parties au conflit et a appelé à éviter la politisation des travaux de l’Assemblée générale en attaquant un État Membre.  Le représentant a appelé l’Ukraine à donner des preuves concrètes de son engagement à entamer un dialogue direct avec la Russie pour appuyer la paix et la stabilité et normaliser ses relations avec Moscou.

M. ANDREI NICOLENCO (République de Moldova) a appuyé l’inscription de ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée.  Il a soutenu les efforts diplomatiques pour un règlement de la crise.  Le délégué a apporté son plein appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  Les accords relatifs à l’Ukraine doivent être respectés, a-t-il insisté.  Le délégué a condamné l’annexion par la Russie de la Crimée, qui est contraire au droit international, et plaidé pour la mise en œuvre des accords de Minsk.  Le format Normandie est bien placé pour une désescalade des tensions.  Il a appuyé l’idée de déploiement d’une mission de la paix en Ukraine avant de soutenir la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Il a par ailleurs indiqué que l’Ukraine joue un rôle important dans le règlement du conflit en Transnistrie dans le format « 5+2 », en notant l’excellence de la coopération entre les deux pays.

RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Décision concernant un projet de décision

L’Assemblée générale a adopté sans vote le projet de décision « Prix des Nations Unies en matière de population 2021 » (A/75/L.58) par lequel elle décide, à titre exceptionnel, de reporter au 22 mars 2021 la date limite de présentation des candidatures au Prix des Nations Unies en matière de population pour 2021. 

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Décision concernant un projet de résolution

L’Assemblée générale a adopté par 139 voix pour, zéro contre et 5 abstentions (Algérie, Égypte, Fédération de Russie, Madagascar, République arabe syrienne), et tel qu’amendé, le projet de résolution intitulé « Organisation de la réunion de haut niveau sur le VIH/sida de 2021 » (A/75/L.59).

Selon les termes de ce texte, l’Assemblée générale décide de convoquer, du 8 au 10 juin 2021, une réunion de haut niveau durant laquelle sera mené un examen approfondi des progrès accomplis au regard des engagements pris dans la Déclaration politique sur le VIH et le sida de 2016 pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.

Explications de vote

Les États-Unis ont souligné que la participation de la société civile à cette réunion est essentielle car elle contribue de façon substantielle à la lutte contre le VIH/sida en fournissant des renseignements importants.  En 2016, 20 ONG ont été empêchées de participer à la réunion, a déploré la délégation.  Les « populations clefs » sont au cœur de la lutte et doivent être présentes à la réunion de haut niveau. 

Le Bélarus a dit qu’il était préoccupé par la nature des négociations et l’inclusion de libellés contestés qui s’écartent de la pratique. 

La Fédération de Russie, qui s’est abstenue lors du vote, a estimé que le processus de consultation n’avait été ni équilibré, ni transparent, mais hâtif.  Personne ne remet en cause la participation de la société civile, a-t-elle dit avant de se dissocier des paragraphes 8 et 11 qui portent notamment sur la participation des ONG à la réunion et sur le terme « populations clefs ». 

La Chine a estimé que la participation des ONG doit se faire selon le principe de non-objection. 

L’Indonésie, l’Arabie saoudite, le Qatar, le Sénégal, l’Iraq, le Soudan et la République arabe syrienne ont formulé des réserves au sujet des paragraphes 8 et 11, arguant de les examiner à l’aune de leurs législations et cultures respectives. 

Le Japon a insisté sur l’importance de la participation de la société civile dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida. 

La Namibie, intervenant également au nom de l’Australie, en tant que cofacilitateurs du texte, a déclaré que même si des millions de personnes ont eu accès à la trithérapie à la fin 2019, les objectifs arrêtés pour 2020 n’ont pas été atteints.  La réunion de haut niveau sera donc l’occasion d’évaluer les avancées.  Elle a regretté la mise aux voix du projet de résolution.  Le texte n’est peut-être pas parfait mais c’est un texte équilibré qui permet d’aller de l’avant. 

Le Canada a déploré les critiques formulées au sujet du déroulement des négociations. 

L’Algérie a estimé qu’au paragraphe 8, employer le terme « personnes concernées par le sida » aurait été plus efficace.  Elle a également souligné que le paragraphe 11 ne doit pas créer de précédents.

Déclaration après le vote

La lutte contre le VIH/sida n’est pas finie, a déclaré l’Union européenne (UE).  La maladie continue de coûter des vies au quotidien.  Il faut les sauver et se mobiliser pour fournir des traitements à long terme et des moyens économiques aux malades et à leurs familles.  La délégation a également indiqué que près de deux millions de personnes ont été contaminés en 2019 et que sept millions d’autres ignorent leur statut.  En outre, les « populations clefs » manquent d’accès aux services, alors qu’elles représentent 18% des populations concernées. 

La délégation de l’UE a estimé que la participation de la société civile à la réunion est une priorité car celle-ci leur permet de participer à la prise de décisions.  Il s’agit de s’assurer que toutes les voix soient entendues, a indiqué l’Union européenne.

Décision sur des propositions d’amendement

Avant d’adopter la résolution dans son ensemble, l’Assemblée a adopté, par 77 voix pour, 40 contre et 21 abstentions, une proposition d’amendement (A/75/L.60) présentée par le Royaume-Uni par laquelle elle a remplacé le paragraphe 11 du projet de résolution par le texte suivant: « Prie son président de dresser une liste de représentants d’autres organisations non gouvernementales concernées et d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé intéressés qui pourraient participer à la réunion de haut niveau, y compris aux tables rondes, compte tenu des principes de transparence, de représentation géographique équitable et de parité des genres, de soumettre cette liste aux États Membres pour examen selon le principe de l’approbation tacite et de la porter à son attention afin qu’elle puisse se prononcer sur leur participation à la réunion de haut niveau. »

Elle a ensuite rejeté par 91 voix contre, 30 voix pour et 14 abstentions la proposition d’amendement A/75/L.61.  Présenté par la Fédération de Russie, ce texte visait à supprimer, au paragraphe 8, « y compris des personnes appartenant aux populations clefs ». 

La Fédération de Russie a ensuite formulé une proposition d’amendement oral pour inclure un libellé indiquant que l’amendement adopté ne devrait pas constituer un précédent pour d’autres événements similaires.  Cette proposition a été rejetée par 78 voix contre, 34 pour et 18 abstentions.

Cette proposition tente de lier les mains de l’Assemblée générale, a décrié le Royaume-Uni avant la mise aux voix, tandis que le Portugal a appelé les États Membres à voter contre.

La Fédération de Russie a ensuite avancé une deuxième proposition d’amendement oral, visant cette fois-ci le paragraphe 8, qui a été rejetée par 81 voix contre, 30 voix pour et 18 abstentions.  La délégation a expliqué souhaiter que chaque pays puisse définir « populations clefs ».

Nous sommes sans voix face à cette démarche, ont réagi les États-Unis qui y ont vu une politisation du texte.  Cette attitude ne fait qu’affaiblir le travail de l’ONUSIDA, a renchéri le Portugal, tandis que le Royaume-Uni a dénoncé une tentative de prendre en embuscade l’Assemblée générale.

De son côté, l’Arabie saoudite a regretté que les propositions d’amendement présentées pendant les négociations n’aient pas été prises en compte. 

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