En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quinzième session,
58e séance plénière – matin
AG/12317

La Journée de commémoration des victimes de l’esclavage offre à l’Assemblée générale l’occasion de saluer l’élan du mouvement mondial contre le racisme systémique

Aujourd’hui à l’Assemblée générale, la Journée internationale de la commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves a donné l’occasion à plusieurs orateurs, dont le Secrétaire général de l’ONU, de rendre hommage aux personnes d’ascendance africaine victimes de cette tragédie de l’histoire et de pourfendre les tenants d’une suprématie de la race blanche, tout en appelant à tirer parti de l’élan créé l’an dernier par le mouvement pour l’élimination du racisme systémique.  Cette année, la Journée internationale a en effet pour thème « Mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage: Un impératif mondial pour la justice ».

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a estimé que, dans le contexte actuel marqué par les injustices raciales et les inégalités, le thème de la Journée internationale est un impératif.  La traite des esclaves est effectivement « une histoire mondiale qui continue de résonner ». 

Plus de deux siècles après la fin de ce commerce triangulaire, « les idées qui l’ont propulsé restent vivantes », portées par les suprémacistes blancs, notamment aux États-Unis, où cette propagande a atteint un niveau record en 2020.  Pour la contrer, le Secrétaire général a opposé le « fait irréfutable » que « nous faisons tous partie d’une même race: l’humanité ». 

Héritage de l’esclavage, les actes répétés de racisme, commis par des personnes et des institutions, ont contribué à galvaniser un mouvement mondial contre cette injustice.  Il convient de « tirer parti de cet élan », a plaidé M. Guterres, faisant observer que l’ONU est bâtie sur la revendication d’une justice mondiale, ce qui, selon lui, doit inclure « des actions pour réparer les torts de l’histoire ». 

La traite transatlantique des esclaves a défini notre monde et la suprématie qui la justifiait n’a pas disparu, a déploré, à son tour, le Président de l’Assemblée générale.  Aujourd’hui encore, des formes modernes d’esclavage continuent d’exister, favorisées par les différents impacts de la pandémie de COVID-19, a souligné M. Volkan Bozkir. 

« Nous ne pouvons sombrer dans le déni ni nous soustraire à une discussion franche sur la justice réparatrice », a-t-il dit, invitant les États à redoubler d’efforts pour parvenir à l’égalité et à la justice pour tous, avant de conclure son intervention sur un vibrant « Black lives matter! »

Un cri repris à son compte par Mme Lisa Coleman, spécialiste des questions de diversité et Vice-Présidente pour l’inclusivité et l’innovation stratégique à l’Université de New York, selon laquelle les meurtres aux États-Unis de Breonna Taylor, George Floyd, Ahmaud Arbery, Tony McDade et Dion Johnson illustrent l’impact « réel et meurtrier » des conséquences d’un racisme profondément enraciné.  Elle a appelé de ses vœux une meilleure compréhension de l’histoire et des inégalités systémiques pour transformer nos sociétés et « ne pas répéter encore et encore les erreurs du passé ». 

Dans le même esprit, le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États s’est prononcé pour une meilleure connaissance des liens entre présent et passé, relevant que « l’ignorance engendre l’intolérance ».  Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, le Guyana a regretté qu’aucun objectif de développement durable n’appelle à l’élimination du racisme systémique et de la discrimination raciale. 

De son côté, le Groupe des États d’Asie-Pacifique a souhaité que l’on n’oublie pas les personnes qui souffrent encore de l’esclavage, en particulier les enfants assujettis au travail forcé, au recrutement par des milices armées ou à l’extraction d’organes.  Il s’est également alarmé de l’augmentation des violences contre des personnes d’ascendance asiatique, citant le cas des six femmes sino-américaines qui viennent d’être tuées par balles à Atlanta, une inquiétude également exprimée par la Chine. 

Malgré son abolition, l’esclavage se poursuit sous des formes modernes, ce qui constitue « la violation ultime du droit à l’autodétermination, des droits de l’homme et de la dignité », a renchéri le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, tandis que les États-Unis, en tant que pays hôte, reconnaissaient le travail qui leur reste à accomplir pour se défaire du « péché originel » de l’esclavage. 

Observant que le mouvement « Black Lives Matter » s’est répandu dans le monde entier, la délégation américaine a assuré que la Maison Blanche, « celle-là même qui a été construite par des esclaves », fait tout ce qui est en son pouvoir pour « réparer ces injustices et faire de l’Amérique un pays juste et équitable pour tous ». 

La Fédération de Russie a quant à elle dénoncé « les pratiques inhumaines des puissances coloniales européennes et des propriétaires terriens américains » qui ont fait subir des dommages immenses aux peuples du continent africain, tandis que l’Ukraine rappelait avoir, elle aussi, souffert de l’esclavage, notamment durant l’ère soviétique.  La délégation s’est par ailleurs inquiétée des informations faisant état de traite d’êtres humains dans certaines parties de son pays « sous occupation étrangère ». 

Cette séance plénière a aussi donné lieu à l’adoption par consensus de quatre projets de résolution, dont un proclame la semaine du 24 au 31 octobre de chaque année « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information »*.  Les trois autres textes portent sur la Commission du désarmement, dont la session de fond de 2021 est reportée à une date ultérieure, et sur la coopération entre l’ONU et l’Organisation de Shanghai, d’une part, et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d’autre part**.

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique mercredi 21 avril pour examiner la question de la prévention des conflits armés.

* A/75/L.68
** A/75/L.71; A/75/L.69; A/75/L.70

COMMÉMORATION DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE ET DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES

Séance commémorative de l’Assemblée générale à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, organisée en application de la résolution A/RES/73/345 de l’Assemblée générale du 16 septembre 2019

Une journée par an ne suffit guère pour décrire le leg de quatre siècles de brutalité, a d’emblée fait observer M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale.  De fait, a-t-il poursuivi, l’esclavage a fermement établi les inégalités criantes qui existent aujourd’hui dans le monde; les plus riches ayant tout pris à ceux qui avaient le moins.  La traite transatlantique des esclaves a défini notre monde et la suprématie qui la justifiait n’a pas disparu, a déploré M. Bozkir. 

Des familles ont été divisées par un océan que leurs proches n’ont jamais voulu traverser.  L’Afrique, à qui on a volé ses enfants, est toujours en deuil.  Les peuples réduits en esclavage ont été privés de leur liberté, de leur dignité et de leur identité.  La violence a pris la place de l’autonomie et « ce traumatisme est héréditaire ».

Non seulement les descendants des 15 millions de victimes de la traite transatlantique des esclaves restent aux prises avec la douleur et le chagrin de leurs ancêtres, mais ils vivent chaque jour dans un monde construit par eux, mais pas pour eux.  Les esclaves ont travaillé sur des terres volées, ont élevé les enfants de leurs agresseurs et ont souffert.  Pendant ce temps-là, les hommes et femmes libres, ceux-là même qui ont joui d’une révolution industrielle rendue possible grâce au labeur des esclaves, refusaient de défendre les opprimés.  « Ils ont été passifs et complices. »

Aujourd’hui encore, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, des formes modernes de l’esclavage continuent d’exister.  Illustrant son propos, il a fait observer que plus de 40,3 millions de personnes sont victimes d’esclavage moderne, dont 71% de femmes et de filles, selon des estimations de 2016.  Cela est d’autant plus choquant que les enfants forment le quart des personnes réduites à l’esclavage aujourd’hui. 

La pandémie de COVID-19 risque de faire reculer nos efforts communs pour mettre fin à l’esclavage moderne, a prévenu M. Bozkir, le chômage généralisé, l’aggravation de la pauvreté, la fermeture des voies de la migration régulière et l’érosion des normes du travail contraignant davantage à l’exploitation.

Lorsqu’une société ne s’attaque pas au traitement inhumain de nos semblables, chaque individu est complice, a tranché le Président de l’Assemblée.  Si nous voulons défendre la Charte des Nations Unies et faire respecter les droits de l’homme que nous nous sommes engagés à promouvoir, nous devons être vigilants.

Aujourd’hui, a rappelé M. Bozkir, lorsque ceux qui nous entourent, regardent ailleurs et tournent le dos à l’injustice, chacun d’entre nous a la responsabilité d’intervenir.  Nous ne pouvons rester passifs, alors que les personnes que nous servons sont opprimées.  « Nous ne pouvons sombrer dans le déni ni nous soustraire à une discussion franche sur la justice réparatrice », a-t-il insisté.

L’Assemblée générale, a-t-il aussi rappelé, travaille sur les modalités de la réunion de haut niveau du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sur la lutte contre la discrimination raciale, ainsi que sur le Forum permanent sur les personnes d’ascendance africaine.  Il a également annoncé la réunion d’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine, prévue en mai prochain. 

En attendant, M. Bozkir a voulu que l’on se lève pour ce qui est juste et que l’on tire les leçons du passé, car, a-t-il rappelé, cette injustice mondiale vieille de 400 ans ne va pas disparaître par magie.  « Les lois n’ont pas changé les comportements.  Le poids des chaînes perdure. »

Il faut, a encouragé le Président de l’Assemblée générale, continuer de travailler pour mettre fin à la discrimination et à l’esclavage sous toutes ses formes, et pour parvenir à l’égalité et à la justice pour tous.  « Black lives matter! » a-t-il lancé.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souhaité honorer la mémoire des millions de personnes d’ascendance africaine qui ont « souffert incommensurablement du mal de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves ».  Reconnaissant les « immenses contributions que les esclaves et leurs descendants ont apportées aux économies et à la culture des pays vers lesquels ils ont été transportés de force », il a exhorté la communauté internationale à ne jamais oublier « la terreur quotidienne vécue par les peuples asservis, les actes de cruauté impensables qu’ils ont endurés, le rappel quotidien qu’ils ne pouvaient prétendre à rien, pas même à leurs propres enfants ». 

Toutefois, a-t-il souligné, les marchands d’esclaves et les propriétaires n’ont pas réussi à priver les peuples asservis de leur dignité et de leur libre arbitre.  Outre les actes de résistance et les demandes de justice des peuples réduits en esclavage, il a rappelé le courage de dirigeants tels que la reine Ana Nzinga du Royaume de Ndongo, aujourd’hui Angola, et Toussaint Louverture, de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, et les peuples qu’ils dirigèrent.  « En honorant ceux dont nous connaissons les noms, nous reconnaissons le courage quotidien de millions de personnes que nous ne connaîtrons jamais que par des noms figurant sur des inventaires dressés par des propriétaires d’esclaves, des commerçants et des agences d’assurance », a-t-il dit.

Le Secrétaire général dit soutenir les initiatives visant à « recouvrir et reconstituer l’histoire de ceux qui ont été réduits en esclavage ».  Dans le contexte actuel marqué par les injustices raciales et les inégalités, « mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage est un impératif mondial pour la justice », a-t-il martelé.  Pour le Chef de l’ONU, la traite transatlantique des esclaves est « une histoire mondiale qui continue de résonner ».  Ce commerce a non seulement soutenu un système d’exploitation pendant plus de 400 ans, mais il a également dévasté les économies de ceux qu’il a réduits en esclavage et renforcé le projet colonial, « enrichissant sa multitude de bénéficiaires au détriment de la vie des esclaves ». 

De fait, a poursuivi M. Guterres, le racisme au cœur du système fondé sur l’esclavage a « condamné les Africains à endurer un statut de seconde classe » et à être systématiquement dépeints comme « moins qu’humains », à la faveur de « préjugés racistes » incorporés dans des sermons, des brochures et des expressions culturelles, et « légitimés par la pseudoscience et la législation ».  Ainsi, a-t-il relevé, alors que la traite transatlantique des esclaves a pris fin il y a plus de deux siècles, les idées qui l’ont propulsée restent vivantes, portées par les suprémacistes blancs, notamment en Europe et aux États-Unis. 

Dans ce pays, a insisté le Secrétaire général, la propagande de la suprématie blanche a atteint un niveau record en 2020.  Le Chef de l’ONU a cité l’Anti-Defamation League et argué que « nous devons contrer tous les mensonges de la suprématie raciale », sans oublier de réaffirmer le « fait irréfutable » que « nous faisons tous partie d’une même race: l’humanité ». 

Aux yeux du Secrétaire général, les actes répétés de racisme, commis par des personnes et des institutions, révèlent l’impact de l’héritage de l’esclavage.  L’an dernier, a-t-il rappelé, ils ont contribué à galvaniser un mouvement mondial pour la justice et la fin du racisme.  Il convient de « tirer parti de cet élan », a-t-il plaidé, ajoutant que l’ONU est bâtie sur la revendication d’une justice mondiale et de la fin du racisme et des inégalités, ce qui doit inclure « des actions pour réparer les torts de l’histoire ».  En nous attaquant aux inégalités, en édifiant des communautés et des économies inclusives et en enseignant l’histoire, « nous honorons véritablement la mémoire des victimes de l’esclavage », a conclu le Secrétaire général. 

Mme LISA M. COLEMAN, responsable des questions de diversité et Vice-Présidente pour l’inclusivité et l’innovation stratégique à l’Université de New York, a relevé que bon nombre de nos institutions internationales sont situées sur les terres que les peuples autochtones n’ont jamais cédées.  Nous sommes ici aujourd’hui pour honorer, nous souvenir et reconnaître ceux dont la vie a été arrachée par la violence, en raison de l’héritage pernicieux de l’esclavage racialisé.  Nous rendons hommage à nos ancêtres et à ceux qui ont lutté pour la dignité humaine, l’équité et la fin de l’esclavage et de son impact.  Nous honorons la force, les contributions, les cultures, la joie et la résilience des Noirs du monde entier, a dit Mme Coleman, invitant l’assistance à observer « un moment de silence ». 

Dans le contexte actuel, certains continuent d’espérer un retour à la normale.  J’espère, a avoué Mme Coleman, que ce ne sera pas le cas.  J’espère que nous nous efforcerons de faire mieux et d’être meilleurs, de sorte que lorsque la prochaine « perturbation » se produira, nous serons mieux préparés, plus engagés et plus conscients de la nécessité d’aborder les grands problèmes tels que les objectifs de développement durable et les inégalités actuelles.  Il nous faut, a-t-elle dit, « une nouvelle donne par rapport à une nouvelle normalité ».  Il nous faut des stratégies transformatrices d’innovation, d’engagement et d’action, au niveau mondial. 

La race, a poursuivi Mme Coleman, est devenue une construction sociale scientifiquement validée qui justifie des systèmes de travail avantageant ceux qui sont définis comme « blancs, détenteurs du pouvoir, sources de connaissances et ingénieurs sociopolitiques ».  La vie et le travail humains ont été définis par les formes de colonialisme et d’impérialisme.  Le racisme, fondé sur des stéréotypes profondément ancrés, des peurs et parfois une haine profonde à l’égard de certains groupes, est toujours présent.  La pandémie de grippe de 1918, la dépression de 1930, la pandémie de VIH/sida ou de COVID-19 ont toutes mises à jour la persistance des disparités raciales et ethniques, avec des résultats tragiques et souvent meurtriers. 

Mme Coleman a attiré l’attention sur la répartition inéquitable des richesses, les taux d’incarcération, les idées « racialisées » du patriotisme ou encore l’image de l’Afrique et des Noirs, perçus comme arriérés, voire criminels.  Le racisme n’est pas inévitable, il n’est pas inné et il n’est pas naturel mais il est profondément ancré.  La race est devenue ce qu’Audrey Smedely appelle un « pivot » autour duquel les formes nord-américaines de groupements humains ont été échafaudées, maintenues et rendues « normales ».  Dans le contexte colonial, la science a servi à créer l’illusion de la race, en tant que catégorie biologique, et à justifier l’esclavage et l’exploitation par l’idée fallacieuse de la supériorité de la race blanche. 

Aujourd’hui, la science nous dit, a poursuivi Mme Coleman, que la race n’est pas une manière biologiquement ou génétiquement valable de comprendre l’humanité mais le mal est fait: le racisme n’en est pas moins réel.  Les meurtres de Breonna Taylor, George Floyd, Ahmaud Arbery, Tony McDade et Dion Johnson illustrent l’impact « réel et meurtrier » des conséquences d’un racisme profondément enraciné.  Si des manifestations ont lieu dans le monde entier, c’est parce que le sentiment anti-noir est partout présent. 

Pensez seulement à la façon dont l’Afrique est encore considérée comme « un pays », même si elle fait presque cinq fois la taille des États-Unis.  Pensez comment l’Afrique est considérée comme le tiers monde alors que dans des pays comme le Nigéria sont technologiquement plus avancés que certains pays d’Europe.  L’on ne veut pas voir, s’est agacée Mme Coleman, l’impact des siècles d’exploitation et de stéréotypes et de pratiques. 

À Chicago, Les Afro-Américains ont été les premiers à mourir de la COVID-19; représentant 70 des 100 premiers décès enregistrés aux États-Unis.  Ces chiffres terribles, Mme Coleman les a imputés aux emplois occupés majoritairement par les Noirs, « résultat direct de l’héritage de l’esclavage ».  Elle n’a pas oublié de mentionner la violence contre les Asiatiques, « profondément enracinée dans nos systèmes juridiques et sociaux ». 

Comprendre l’héritage, l’histoire et les inégalités systémiques est fondamental pour réussir la transformation, a souligné Mme Coleman.  Insistant sur l’importance d’une nouvelle manière de « faire et d’être », elle a expliqué que les efforts visant à démanteler l’héritage de l’esclavage et à transformer nos sociétés doivent se fonder sur « la vérité » sur les relations de pouvoir historiques. 

Nous devons promouvoir les droits de l’homme pour tous et dire la vérité.  Nous devons apprendre l’histoire pour ne pas répéter encore et encore les erreurs du passé.  Nous devons nous rappeler que les Noirs sont des atouts pour la transformation nécessaire car la diaspora africaine est une « constellation de communautés » qui représente un large éventail d’histoires, de cultures, de patrimoines et d’identités riches et diversifiés, vivant, innovant et créant de nouvelles possibilités.  « Le monde est devant, il n’est à prendre ou à laisser en l’état », a conclu Mme Coleman, en paraphrasant James Baldwin.

Au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique, M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a rappelé que, durant quatre siècles, plus de 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été victimes du commerce transatlantique des esclaves, « un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine ».  Au-delà des souffrances endurées, le préjudice continue aujourd’hui de toucher les personnes d’ascendance africaine.  Il ne faut pas non plus oublier les personnes qui souffrent encore de l’esclavage, alors même que cette pratique a été abolie. 

La communauté internationale doit donc redoubler d’efforts pour mettre fin à cette injustice, a plaidé le représentant, jugeant à cet égard qu’aucun enfant ne devrait être assujetti au travail forcé ou encore à l’extraction d’un de ses organes.  Les recrutements d’enfants soldats sont des actes méprisables, tout comme l’utilisation des femmes comme des « instruments de guerre ».  Le délégué s’est déclaré particulièrement inquiet de l’augmentation des violences contre des personnes d’ascendance asiatique, citant le cas des six femmes sino-américaines qui viennent d’être tuées par balles à Atlanta.  

Nous devons, a-t-il pressé, prendre des mesures pour lutter contre la discrimination raciale et le racisme.  Il a assuré que son groupe s’emploie à éliminer ce fléau « persistant » qui frappe en particulier les plus vulnérables.  En cette période de pandémie et de niveaux historiques de chômage et de pertes de moyens de subsistance, nous devons protéger les plus pauvres de l’esclavage moderne.  Le représentant a appelé les États Membres à revoir leurs législations et pratiques et à améliorer leur connaissance des sources de la traite des êtres humains, laquelle est souvent liée à la migration. 

Au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a estimé que la traite transatlantique des esclaves a engendré de profondes inégalités au sein des sociétés; les économies ayant prospéré au prix d’un lourd tribut humain et des industries entières s’étant construites sur les souffrances d’autres êtres humains.  Une minorité a amassé des richesses et un pouvoir considérables, tandis que ceux qui travaillaient étaient privés de leurs droits les plus élémentaires.

Ce jour, a souligné le représentant, honore et commémore les hommes, les femmes et les enfants qui ont été brutalisés par un esclavage qui a perduré pendant plus de 400 ans.  L’héritage de ce commerce inhumain est la large population de personnes d’origine africaine dans les Amériques.  Près de 96% des personnes réduites en esclavage sont arrivées en Amérique du Sud et dans les îles des Caraïbes.

Les descendants de ceux qui ont été réduits en esclavage continuent de faire face à des inégalités sociales et économiques, à l’intolérance, aux préjugés, au racisme, à la discrimination et même au manque de visibilité dans les politiques publiques.  Malgré son abolition, a poursuivi le représentant, l’esclavage se poursuit sous des formes modernes, ce qui constitue la violation ultime du droit à l’autodétermination, des droits de l’homme et de la dignité.  Le racisme et les préjugés sont les autres héritages d’un système barbare où les êtres humains sont considérés comme « autres » et « moins que ». 

Le représentant s’est félicité de ce que le thème de cette année reflète le mouvement mondial contre les injustices enracinées dans la traite des esclaves et pour l’enseignement de l’histoire afin de reconnaître l’impact de l’esclavage sur le monde actuel et d’inciter à agir pour remédier à ses effets durables.

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 40 millions de personnes sont aujourd’hui piégées dans l’esclavage moderne.  Les enfants représentent un quart de ces victimes, tandis que 71% des personnes réduites à l’esclavage sont des femmes.  Nous ne pouvons pas être indifférents à l’injustice, a plaidé le représentant.  Il incombe à chacun d’entre nous de faire respecter les droits de l’homme pour tous et partout.

Il a demandé aux États Membres d’adopter, de mettre en œuvre et de renforcer les politiques et les programmes qui combattent les discours de haine, la xénophobie, le racisme et la discrimination raciale.  Il a appelé à des mesures collectives pour réaffirmer l’engagement à mettre en œuvre la Déclaration de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a dit honorer la mémoire des femmes, des hommes et des enfants, en particulier d’origine africaine, qui ont été réduits en esclavage pendant les quatre siècles de la traite transatlantique des esclaves.  Ces personnes, a-t-il souligné, ont souffert dans les circonstances les plus horribles et les plus inhumaines imaginables pour le gain économique et politique de ceux qui les ont réduits en esclavage. 

Affirmant que ce terrible héritage de notre histoire commune « continue de nous hanter à ce jour », il a rendu hommage aux actions héroïques des esclaves et des abolitionnistes, qui ont fait face à de grands dangers pour garantir les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  Aujourd’hui, a observé le représentant, des millions de personnes dans le monde sont encore victimes de l’esclavage et de la traite des êtres humains, et trop doivent continuer à lutter contre la haine et la discrimination. 

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), a-t-il précisé, ce sont plus de 40 millions de personnes qui sont piégées par l’esclavage, la traite des êtres humains, le travail forcé et le mariage forcé, tandis que le racisme systémique et la discrimination raciale continuent d’empêcher de nombreuses personnes de vivre dans la sécurité, la dignité et la prospérité. 

De l’avis de M. Hawke, il convient de promouvoir une meilleure connaissance des liens entre notre présent et notre passé.  Nous devons être vigilants en reconnaissant et en combattant le racisme, les préjugés et toutes les formes d’esclavage, a-t-il dit, estimant que l’ignorance engendre l’intolérance.  Tout en appelant la communauté internationale à bâtir une culture mondiale fondée sur la compréhension mutuelle et le dialogue, il a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ou d’y adhérer, ainsi que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et, en particulier, le Protocole relatif à la traite des personnes, et de les mettre pleinement en œuvre.  Enfin, il a encouragé tous les États à continuer de renforcer leurs politiques nationales et leur coopération avec le système des Nations Unies pour lutter contre la discrimination raciale et la traite des êtres humains. 

Au nom du pays hôte, M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a rappelé qu’il y a un peu plus de 400 ans, des esclaves ont été forcés de débarquer sur les côtes de la colonie de Virginie.  C’était, comme l’a dit l’Ambassadeur Thomas-Greenfield la semaine dernière, l’origine de notre « péché originel ».  Citant des statistiques « terrifiantes », il a estimé à quelque 12,5 millions les Africains embarqués sur des navires négriers pendant la traite transatlantique des esclaves.  Quand ils arrivaient sur nos côtes, ils étaient vendus aux enchères comme de simples marchandises, contraints aux travaux forcés, battus, violés, tués et privés de toute forme de liberté.  « Sur leur dos meurtri, ils ont aidé à bâtir l’Amérique.  La Maison Blanche, elle-même, a été construite par des esclaves. »

Tout au long de notre histoire, a poursuivi le représentant, nombreux sont ceux qui ont perçu l’indignité et l’inhumanité inhérentes à l’esclavage et le caractère moralement inacceptable de l’asservissement d’un être humain par un autre.  D’anciens esclaves comme Sojourner Truth et Frederick Douglass ont partagé leur histoire, travaillant avec les abolitionnistes pour convaincre le pays d’abolir cette monstruosité.  Des Américains de tous bords ont risqué leur vie et ont ouvert leurs granges, leurs magasins, leurs caves et leurs greniers pour servir de relais au « chemin de fer » clandestin. 

Les courageux esclaves américains qui ont pu s’échapper vers le Nord ont dit à leurs enfants qu’ils méritaient la liberté, la justice et la dignité.  D’une manière ou d’une autre, ils ont gardé l’espoir que l’esclavage ne perdurerait pas.  Finalement, cet espoir a brûlé si fort, et les appels à l’abolition ont résonné si fort, qu’ils ne pouvaient plus être ignorés.

Après la proclamation de l’émancipation, le treizième amendement de notre Constitution a rendu l’esclavage illégal et immoral.  Pourtant, la lutte contre la suprématie blanche était loin d’être terminée.  Les esclaves nouvellement libérés n’ont pas eu accès à la plupart des emplois ni au vote.  Ils ont été régulièrement confrontés à la terreur et à la violence mais ils ont continué à se battre pour leurs droits.  « Malgré les lynchages.  Malgré la ségrégation.  Malgré Jim Crow. » 

C’est pourquoi, en ce jour de souvenir solennel, alors que nous sommes confrontés aux effets de la pandémie de COVID-19, nous nous rappelons que nous travaillons encore pour nous défaire de l’esclavage, a souligné le représentant.  Trop souvent, les Noirs américains sont envoyés dans des écoles surpeuplées, sont moins bien traités dans les hôpitaux ou se voient injustement refuser des emplois, des logements ou des capitaux.  Bien sûr, l’héritage de l’esclavage se manifeste le plus clairement dans notre système de police et de justice pénale.  Les meurtres « tragiques et insensés » de George Floyd, Breonna Taylor et de tant d’autres Noirs américains ont catalysé une nouvelle prise de conscience de la justice raciale. 

Le mouvement « Black Lives Matter » s’est répandu dans notre pays et dans le monde entier.  Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que la vie des Noirs compte et la Maison Blanche, celle-là même qui a été construite par des esclaves, fait tout ce qui est en son pouvoir pour réparer ces injustices et faire de l’Amérique un pays juste et équitable pour tous. 

Dès la première semaine de son mandat, a affirmé le représentant, le Président Joe Biden a proposé une stratégie visant à intégrer la justice raciale et l’équité dans l’ensemble du Gouvernement fédéral.  Il a pris des mesures immédiates, comme l’accès au logement et la suppression des prisons privées, pour s’opposer directement aux institutions de la suprématie blanche.  Cette administration est également très déterminée à s’attaquer au fléau de l’esclavage moderne, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

Sur le plan international, a encore affirmé le représentant, nous avons renouvelé notre engagement à travailler avec des partenaires mondiaux et multilatéraux pour faire face à l’ampleur et à la complexité de la traite des êtres humains et pour remédier aux disparités systémiques qui marginalisent certaines communautés et enhardissent les trafiquants.

L’Administration Biden-Harris place également l’équité raciale au centre de notre politique étrangère, s’est félicité le représentant.  La semaine dernière, au Conseil des droits de l’homme, les États-Unis ont fait une déclaration commune, signée par plus de 155 pays, condamnant le racisme et la discrimination raciale. 

Comme l’a dit l’Ambassadeur Thomas-Greenfield la semaine dernière, le racisme est le problème de la société qui produit le raciste.  Dans le monde actuel, il s’agit de toutes les sociétés.  Alors, unissons-nous pour nous souvenir et rendre hommage aux millions de victimes de l’esclavage, ainsi qu’à la douleur, à la souffrance et à la violence qui ont été transmises de génération en génération.

Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a rappelé que le commerce international des esclaves a arraché 12 millions d’Africains à leur terre et créé une diaspora dans les Caraïbes.  Étant donné ce lien historique, elle a jugé approprié que la première déclaration de son groupe intervienne à l’occasion de cette commémoration.  Pour la représentante, cette réunion annuelle donne la possibilité de réfléchir aux progrès enregistrés dans l’élimination de la discrimination raciale et de l’intolérance, qui ont donné naissance à une chapitre terrifiant de l’histoire humaine. 

« Quels que soient les pays, les enfants de l’Afrique méritent de vivre dans la dignité », a-t-elle dit, avant de faire observer qu’en 2015, au début de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, les États Membres ont fait preuve de solidarité en érigeant l’Arche du retour au Siège de l’ONU.  Au-delà du symbole, ce monument doit aussi être un appel à l’action pour éviter de répéter les erreurs du passé, a poursuivi la représentante, saluant au passage les actions de sensibilisation menées par les Nations Unies sur les répercussions et les legs de l’esclavage. 

Il est cependant « honteux » de voir qu’après l’abolition de ce commerce international, des personnes sont encore confrontées à des formes systémiques de racisme et de haine qui les empêchent de jouir de leurs droits, a-t-elle dénoncé, rappelant les événements de 2020 initiés par la mort de George Floyd aux États-Unis, parallèlement à l’essor du mouvement « Black Lives Matter ».  Aujourd’hui, des personnes de couleur restent discriminées aux quatre coins du monde, victimes du chômage et de problèmes de logement et largement exclues des systèmes sociaux.  Ces disparités se sont renforcées pour ces personnes et pour les minorités en général. 

La représentante a noté à cet égard que les personnes d’ascendance ayant des indicateurs de bien-être de faible niveau, elles représentent le groupe le plus vulnérables à la pandémie de COVID-19.  Des actions urgentes de la part des États sont donc nécessaires pour mettre fin à cette réalité qui entretient le racisme et la discrimination.  La représentante a regretté à ce sujet qu’aucun objectif de développement durable n’appelle à l’élimination du racisme systémique et de la discrimination raciale, ce qui « remet en cause notre volonté de ne laisser personne pour compte ». 

Avant de conclure, elle a salué l’adoption de la résolution 43/1 du Conseil des droits de l’homme, qui prévoit la rédaction d’un rapport sur le racisme systémique et les violences policières.  Cela nous permettra d’affiner notre analyse et de corriger les erreurs dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle déclaré. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a jugé cette question « particulièrement symbolique », car son pays est profondément fier de ses racines et de son héritage africain.  Après ce commerce « cruel et inhumain » dont nous nous souvenons aujourd’hui des victimes, quelque 1,3 million d’esclaves africains sont arrivés à Cuba pour remplacer la main-d’œuvre autochtone, pratiquement exterminée par le colon espagnol.

La nation cubaine, sa culture et sa religiosité populaire, qui sont profondément métisses, ne pourraient s’expliquer sans l’apport des Africains.  Dans nos luttes pour l’indépendance et l’autodétermination, les esclaves libérés et leurs descendants ont été des acteurs majeurs, a souligné le représentant.

En rendant hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, nous, les Cubains, rendons également hommage aux racines de notre peuple, s’est-il énorgueilli.  Le crime contre l’humanité commis contre les personnes dont nous nous souvenons aujourd’hui est lié aux inégalités structurelles, à la discrimination raciale, aux préjugés et à l’exclusion qui continuent d’affecter, au XXIe siècle, les personnes d’ascendance africaine, a analysé le délégué. 

Citant les propos que Fidel Castro, « leader historique de la révolution cubaine », a tenus lors de la conférence « historique » de Durban en 2001, le représentant a dit: « L’exploitation inhumaine à laquelle ont été soumis les peuples des trois continents, y compris l’Asie, a affecté le destin et la vie de plus de 4,5 milliards de personnes qui forment les peuples du tiers monde, dont les indices de pauvreté, de chômage, d’analphabétisme, de maladie, de mortalité infantile, de perspectives de vie et autres calamités impossibles surprennent et horrifient.  Ce sont les victimes actuelles de cette barbarie séculaire et les créanciers incontestables des réparations pour les crimes horribles commis contre leurs ancêtres et leurs peuples. »

Le représentant a donc soutenu la « juste » revendication des États membres de la CARICOM.  Un traitement spécial et différencié pour les pays en développement, notamment l’Afrique, dans leurs relations économiques internationales est pour le moins équitable.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence les inégalités du monde dans lequel nous vivons.  Combien parmi les millions de doses de vaccin produites ont été achetées par les pays en développement d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine et des Caraïbes?  Dans les pays développés, les personnes d’origine africaine et les migrants ont-ils un accès égal à ces vaccins?

Dans le contexte actuel, le meilleur hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, outre le nécessaire travail de mémoire, serait précisément la solidarité internationale avec les pays d’où ces millions de personnes ont été arrachées par la force.  Pour cette raison et sur la base de « notre vocation humaniste », nous continuons, a affirmé le représentant, à renforcer nos programmes de coopération internationale dans le domaine de la santé.

Malgré le durcissement sans précédent du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis, nous avons a pu envoyer, s’est réjoui le représentant, plus de 4 900 professionnels de la santé, répartis en 56 brigades, dans 40 pays et territoires afin de soutenir leurs efforts de lutte contre la pandémie.  La plupart de ces professionnels ont été envoyés dans des pays et territoires des Caraïbes, d’Amérique latine et d’Afrique.  L’hommage que nous rendons aujourd’hui ne sera qu’une simple formalité, tant que nous n’aborderons pas et ne résoudrons pas les causes profondes des inégalités, de l’exclusion, du racisme et de la discrimination qui ont survécu à l’esclavage, et dont des millions de personnes, et en particulier les personnes d’ascendance africaine, continuent de souffrir, a conclu le représentant.

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a commencé par déplorer que la déclaration du Groupe des États d’Europe orientale n’ait pas fait consensus, les raisons de cet échec étant, selon lui, les mêmes que lors des discussions sur la discrimination raciale, la semaine dernière.  Revenant à la commémoration elle-même, le représentant a estimé qu’il ne fait aucun doute que l’esclavage est constitutif du crime contre l’humanité et représente une source de racisme et d’intolérance dans tous leurs aspects.  Observant que des peuples restent victimes des conséquences de l’esclavage, il a rappelé l’engagement de son pays en faveur des processus de décolonisation et exprimé sa solidarité avec toutes les victimes de la traite des êtres humains. 

Le peuple ukrainien, a-t-il affirmé, a, lui aussi, souffert de l’esclavage.  Depuis l’antiquité jusqu’à la fin de l’ère soviétique, les Ukrainiens ont vécu sous ce joug, notamment pendant les trois siècles de domination russe.  Évoquant la répression politique à grande échelle du régime de Staline, qui a condamné au goulag et au travail forcé des centaines de milliers d’opposants, le représentant a estimé que l’ancien dirigeant soviétique a aussi perpétré « un génocide », en condamnant les Ukrainiens à « une famine artificielle » pour écraser leur esprit de résistant.  Le représentant a condamné la glorification en Russie de ce régime autoritaire du XXe siècle.  Il s’est déclaré inquiet des informations sur la traite d’êtres humains dans certaines parties de son pays sous occupation étrangère.  Les leçons du passé devraient nous enjoindre à prendre à bras le corps ce problème et à dénoncer les violations du droit international, qui ne font qu’exacerber l’ignorance et les conflits, a-t-il conclu. 

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a dit accorder une grande importance à la diffusion des connaissances sur les conséquences, les enseignements et le legs du commerce des esclaves.  La génération présente et future ne saurait oublier cette page tragique de l’histoire mondiale et les États Membres des Nations Unies se doivent de prendre toutes les mesures possibles pour rendre hommage aux victimes.  Il faut, a conseillé le représentant, « appeler les choses par leur nom »: l’esclavage et le commerce transatlantique des esclaves sont une des plus grandes violations des droits de l’homme et un des crimes les plus graves contre l’humanité, un crime qui n’est toujours pas reconnu ni expié. 

Le représentant a dénoncé les pratiques inhumaines des puissances coloniales européennes et des propriétaires terriens américains qui ont fait subir des dommages immenses aux peuples du continent africain.  Ce sont des millions de vies englouties car des hommes, des femmes et même des enfants ont non seulement été arrachés à leur terre mais ils ont également été victimes de traitements inhumains et cruels.  Ces personnes sont mortes malades alors que d’autres vivaient dans leur tour d’ivoire.

Les États africains ont été privés de millions de personnes, des forces vives combien nécessaires pour leur développement socioéconomique.  C’est pourquoi il est essentiel, selon le représentant, de se poser les bonnes questions, celle des excuses pour ces exactions mais également celle des réparations pour les dommages matériels et moraux subis.  Le représentant s’est enorgueilli de la contribution de son pays aux luttes d’indépendance des États africains et au démantèlement d’un système de colonialiste injuste.  Nous sommes solidaires avec tous les peuples et tous les États qui ont souffert de la traite de personnes.  Nous sommes donc en faveur de l’établissement des responsabilités pour les crimes commis au nom du colonialisme, a affirmé le représentant. 

M. DAI BING (Chine) a rappelé à son tour les horreurs de la traite internationale des esclaves, y voyant l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine.  Aujourd’hui, a-t-il constaté, les peuples et personnes d’ascendance africaine sont encore victimes de discrimination et de préjugés raciaux.  Dans diverses parties du monde, la suprématie de la race blanche reste bel et bien en vie.  Après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, l’an dernier aux États-Unis, de nombreuses personnes d’ascendance africaine et autres ont protesté dans le monde en scandant: « Nous ne pouvons plus respirer », a-t-il rappelé, avant de déplorer l’augmentation dans ce même pays du nombre d’actes de violence à l’encontre des personnes d’origine asiatique. 

Qui seront les prochaines victimes? s’est interrogé le représentant, notant que les États-Unis ont commencé à admettre leurs problèmes des droits de l’homme. Il est grand temps de les reconnaître et de les régler, a-t-il ajouté.  Il a également enjoint les États-Unis à s’engager à cesser leurs campagnes de calomnies à l’encontre d’autres pays.  Pour sa part, a-t-il assuré, la Chine est prête à travailler avec tous les autres pays pour bâtir des sociétés inclusives et égalitaires. 

Déclaration de clôture

En guise de conclusion, le Président de l’Assemblée générale a souligné que la Journée internationale est un rappel important de la genèse des inégalités, alors que nous nous efforçons de réaliser les promesses du Programme 2030.  Les efforts pour ne laisser personne sur le côté ne pourront aboutir, si nous oublions ceux qui ont été laissés pour compte et assujettis par la société par le passé, a averti le Président.  Bien que la traite transatlantique des esclaves ait pris fin, il y a bien longtemps, les plaies sur la psyché humaine restent à vif.  Nous sommes toujours en train de vivre l’impact de cet « échec moral » et nous naviguons toujours dans un monde injuste. 

Nous avons tous, a tranché le Président, l’obligation morale d’éliminer la discrimination raciale, sous toutes ses formes, qui persiste en tant qu’héritage de l’esclavage.  Il a exhorté tous les États Membres à s’engager de manière constructive dans les préparatifs du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, du Forum permanent sur les personnes d’ascendance africaine et de l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine.  « Joignez-vous à moi dans un moment de réflexion personnelle à la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves car notre travail est loin d’être terminé », a conclu le Président. 

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