Assemblée générale: une soixante-dix-neuvième session marquée par des blocages, des conflits, mais aussi des espoirs pour l’avenir
Avec le regard résolument tourné vers le futur, les États Membres ont entamé cette soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale en adoptant, le 22 septembre, le Pacte pour l’avenir. Un avenir qu’ils ont voulu plein d’espoir, malgré les nuages des conflits qui continuent d’obscurcir un horizon marqué par des divisions géopolitiques, le réchauffement planétaire, la pauvreté, la lutte pour les droits humains, la persistance de conflits et les menaces nucléaires.
Au vu de la litanie égrenée par les dirigeants du monde au cours du Sommet de l’avenir et du débat général de l’Assemblée générale, le thème de cette soixante-dix-neuvième session, telle que déclinée par son Président, M. Philémon Yang, sonne comme un vœu pieux: « l’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous ».
Un Pacte pour avancer ensemble
À travers le Pacte pour l’avenir, les dirigeants mondiaux ont promis de donner « un nouveau départ » au multilatéralisme, conscients que ce n’est « plus une option, mais une nécessité ». « Nous sommes ici pour préserver le multilatéralisme des affres de l’échec », avait expliqué le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’ouverture du Sommet qui a rassemblé près de 180 chefs d’État et de gouvernement ou ministres. « Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons de basculer dans un avenir fait de crises permanentes et d’effondrements en série », avertit le texte adopté par consensus.
Ce pacte, fruit de 18 mois de négociations menées par l’Allemagne et la Namibie, est assorti de 56 mesures couvrant un large éventail de domaines tels que le développement durable et le financement connexe; la paix et la sécurité; la science, la technologie et l’innovation; la jeunesse et les générations futures; ainsi que la transformation de la gouvernance.
En annexe de ce document, figurent la Déclaration sur les générations futures et le Pacte numérique mondial, ce dernier devant « définir des principes partagés pour un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous ».
Après avoir adopté le Pacte, 113 chefs d’État et de gouvernement sont remontés à la tribune, à partir du 24 septembre, pour la grand-messe du débat général. Les voix ont résonné pour dénoncer l’escalade des tensions, principalement en Ukraine et au Moyen-Orient, tout en plaidant pour la paix, l’action climatique et la réforme d’un système multilatéral inique et en panne.
En ouverture de ce débat général annuel, le Secrétaire général a décrit la situation comme un « tourbillon », priant les dirigeants de s’attaquer à ce qui rend notre monde « insoutenable », à savoir l’impunité, l’inégalité et l’incertitude. Il a pointé le fait qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autres acteurs se sentent autorisés à fouler aux pieds le droit international, à violer la Charte des Nations Unies et à ignorer les conventions relatives aux droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux, tout cela « sans que rien ne se passe ». C’est pourquoi, il a exhorté de s’assurer que les mécanismes de règlement des problèmes internationaux « permettent bel et bien de régler les problèmes ».
Les États Membres ont tout de même agi le 26 septembre en adoptant une déclaration politique visant à lutter contre la résistance aux antimicrobiens, un phénomène qui apparaît comme une menace majeure pour la santé humaine et animale, la sécurité alimentaire et l’environnement.
L’Assemblée a également tenu, le même jour, sa réunion annuelle de haut niveau consacrée à la célébration de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.
Nous partons munis d’un Pacte pour l’avenir, d’un Pacte numérique mondial et d’une Déclaration pour les générations futures qui apparaissent comme une promesse solide pour revitaliser le système multilatéral et la coopération internationale et propulser les efforts vers le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a salué le Président de l’Assemblée générale, en fermant les portes du débat de haut niveau auquel ont participé 190 États Membres.
La situation au Moyen-Orient mobilise l’attention
L’Assemblée générale a convoqué, à deux reprises, sa dixième session extraordinaire d’urgence consacrée aux « mesures illégales prises par les autorités israéliennes, à Jérusalem-Est occupée ainsi que dans le reste du Territoire palestinien occupé ». Ses travaux ont débouché sur l’adoption de deux résolutions.
C’est ainsi que le 18 septembre, l’Assemblée générale a adopté, par 124 voix pour, 14 contre et 43 abstentions, une résolution historique qui exige d’Israël de mettre fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé au plus tard dans 12 mois. Cette demande fait suite à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), rendu le 19 juillet 2024, qui dit, entre autres, que la présence continue d’Israël dans le Territoire palestinien occupé est illicite, et qu’Israël est dans l’obligation d’y mettre fin dans les plus brefs délais.
Par ce texte, l’Assemblée générale demande également la convocation d’une conférence des Hautes Parties contractantes à la quatrième Convention de Genève, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, pour que celles-ci examinent les mesures à prendre pour faire appliquer la Convention dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Cette conférence, en vertu d’une résolution adoptée le 3 décembre, a été inscrite au calendrier pour juin 2025 et se déroulera au Siège des Nations Unies à New York. Elle tablera sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États.
De même, le 4 décembre, l’Assemblée a entendu des appels à un cessez-le-feu et à la sauvegarde du mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Ces appels faisaient suite au veto opposé par les États-Unis, le 20 novembre, à un nouveau projet de résolution demandant, entre autres, un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.
Se déclarant gravement préoccupée par les lois adoptées par Israël pour entraver ou empêcher la présence et les activités de l’ONU, y compris celles de l’UNRWA, l’Assemblée générale décidait en outre de demander l’avis consultatif de la CIJ sur les obligations d’Israël en ce qui concerne la présence et les activités de l’ONU dans le Territoire palestinien occupé.
Initiative veto
Conformément à sa résolution 76/262 qui prévoit que l’Assemblée générale doit se réunir dans les 10 jours suivant l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité, l’organe universel a débattu, le 26 novembre, de la situation catastrophique au Soudan après le veto russe du 18 novembre.
Cette séance a eu lieu exactement six jours après le débat annuel (20 novembre) de l’Assemblée sur l’exercice du droit de veto en général. À cette occasion, M. Philémon Yang a décrié une « tendance alarmante » qui exige à nouveau que l’Assemblée prenne d’urgence des initiatives sur des questions de paix et de sécurité internationales lorsque le Conseil de sécurité se trouve « paralysé et inadapté » pour assumer ses responsabilités.
Réformer l’organisation internationale
Le débat sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale s’est transformé, cette année, en un véritable plaidoyer préélectoral. En effet, la majorité des délégations ont défendu l’élection d’une femme comme Secrétaire générale en 2026, « pour rompre avec près de 80 années d’exclusion » au cours desquelles aucune femme n’a occupé ce poste et, de plus, seuls 4 des 79 présidents de l’Assemblée générale étaient des femmes. Posant un diagnostic de l’état de la parité au sein de l’Assemblée générale, des délégations ont également constaté qu’au cours du débat général de cette session, moins de 10% des orateurs étaient des femmes.
Sur la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres, outre les nombreux appels à corriger l’injustice historique faite à l’Afrique, la plupart des délégations ont appelé à considérer le Pacte pour l’avenir comme un élan pour les discussions.
Adoptions et rendez-vous internationaux
La plénière a procédé, en outre, à une série d’adoptions, réclamant notamment, comme elle le fait chaque année, la levée du blocus imposé à Cuba depuis 1962 par les États-Unis. Un texte intitulé, « Le sport, facteur de développement durable » et six résolutions relatives à la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, ont également été adoptés, de même que ses deux textes annuels relatifs au droit de la mer et à la viabilité des pêches.
L’Assemblée générale a aussi fait sienne quatre résolutions axées sur l’amélioration de l’aide humanitaire au regard, notamment, du « nombre effarant de 305 millions de personnes » dans le monde qui auront besoin d’une assistance humanitaire d’urgence en 2025 selon les estimations.
L’Assemblée générale a également proclamé la deuxième Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2025-2034) sur le thème « Personnes d’ascendance africaine: considération, justice et développement ».
De même, l’organe a proclamé le 27 août Journée mondiale des lacs, le 23 octobre, Journée internationale de la panthère des neiges, et le 21 décembre, Journée mondiale de la méditation.