En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session,
49e & 50e séances plénières - matin & après-midi
AG/12665

L’Assemblée générale adopte des recommandations pour que l’aide humanitaire soit mieux coordonnée et plus efficace, en particulier pour le peuple palestinien

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L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par consensus quatre résolutions axées sur l’amélioration de l’aide humanitaire.  En présentant celle sur le « Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies », la déléguée de la Suède a signalé que, en 2025, on s’attend à un « nombre effarant de 305 millions personnes dans le monde ayant besoin d’une assistance humanitaire d’urgence et de protection ».

Les résolutions intitulées « Coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles » et « Assistance au peuple palestinien » ont complété la liste des recommandations lancées par l’Assemblée générale pour aboutir à une aide humanitaire efficace, en particulier en pleine crise au Moyen-Orient.

Le texte « Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » a été adopté également par consensus, dans le contexte du « triste record » de 2023 pour ce qui est des décès d’intervenants humanitaires dans le monde, mais après deux votes qui ont écarté des propositions d’amendement russes - seulement 9 voix pour (Bélarus, Chine, Cuba, Érythrée, Éthiopie, Fédération de Russie, Israël, Nicaragua et République populaire démocratique de Corée) et 33 abstentions.

La Fédération de Russie souhaitait en effet supprimer toute mention du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) dans le texte au motif que le Statut de Rome a été miné par les échecs de la CPI, un « pseudo-tribunal » devenu un « instrument de pression politique ».  Selon elle, il n’est nul besoin de faire mention de la CPI, le texte reflétant déjà la responsabilité, en vertu du droit international humanitaire, de protéger le personnel humanitaire et le personnel des Nations Unies.

En début de journée, l’Assemblée générale a lancé un processus d’élection à bulletin secret d’un membre du Conseil économique et social (ECOSOC) pour un siège réservé aux pays d’Europe orientale.  Toutefois, ni la Fédération de Russie (106 voix) ni la Macédoine du Nord (77 voix) n’ayant atteint la majorité requise de 122 voix, l’élection a été suspendue jusqu’à un prochain scrutin qui sera convoqué pour départager les deux candidats.

Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies

L’Assemblée générale, qui a débattu sur le thème ci-dessus, était saisie de trois rapports du Secrétaire général.  Dans celui sur la « sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies », M. António Guterres s’inquiète de voir que « les conflits ont atteint des niveaux jamais vus depuis 1945, touchant près de 308,5 millions de personnes » qui ont besoin d’une aide humanitaire et d’une protection solides.  Il note aussi que ces conflits mettent à rude épreuve les institutions publiques, tout en soulignant que la criminalité transnationale et l’extrémisme violent, ainsi que l’élargissement de la sphère d’influence des groupes armés non étatiques, pourraient influer sur le comportement électoral des 2 milliards de personnes se rendant aux urnes en 2024.

En plus des conflits, le Chef de l’ONU relève que « la sécurité du personnel des Nations Unies est compromise par les crises environnementales » qui renforcent l’instabilité, provoquent une augmentation des déplacements et exacerbent les dangers pesant sur le personnel, le matériel et les biens.  Il mise donc sur une bonne gestion des risques de sécurité pour que l’Organisation puisse réaliser les principes et les objectifs énoncés dans la Charte des Nations Unies, les Conventions de Genève du 12 août 1949, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le débat du jour a également porté sur le sous-financement de l’aide humanitaire, comme le relève le rapport sur le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF): en 2023, sur les 667,9 millions de dollars destinés à financer des activités humanitaires vitales dans 40 pays, 558,5 millions ont été reçus par le Fonds.

Pourtant, en 2024, l’aide humanitaire de la France a atteint plus de 700 millions d’euros, a indiqué la délégation en rappelant que Paris a mobilisé la communauté internationale pour répondre aux conséquences humanitaires des conflits en Ukraine, à Gaza, au Soudan et au Liban.  L’Union européenne (UE), elle, a alloué cette année plus de 9 milliards de dollars d’aide humanitaire dans le monde entier, en recommandant de surcroît à ses États membres de consacrer 0,07% de leur revenu national brut à l’action humanitaire, seuil que certains ont dépassé.  Pour la Chine, il est important parallèlement de renforcer la coopération au développement sous l’égide de l’ONU, car cela atténue les crises et leurs conséquences humanitaires.  La Chine déboursera 500 millions de dollars à cette fin.

Mais c’est la prolifération des conflits armés, associée à des interprétations de plus en plus permissives du droit international humanitaire (DIH), qui a un coût particulièrement inacceptable, a tranché le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en constatant les besoins humanitaires toujours croissants avec ces conflits.  « Le DIH n’est pas une justification à la destruction et aux massacres, c’est le dernier moyen de survie de l’humanité dans le chaos de la guerre. »  Le respect des règles de la guerre est possible, à condition qu’il y ait une volonté politique de mettre en pratique ce qui est énoncé dans les Conventions de Genève, a souligné le CICR.  « En sécurisant mieux l’espace humanitaire, en interprétant correctement le DIH et en répondant aux nouvelles menaces dans les conflits armés, nous avons la possibilité d’améliorer la vie de millions de personnes. »

Outre la volonté politique, c’est d’unité et de confiance dont nous avons besoin dans ce domaine.  C’est ce qu’a exprimé l’UE en faisant valoir que l’ampleur des défis humanitaires exige une réponse unie.  Selon l’UE, la protection de l’espace humanitaire ne se limite pas à garantir l’accès physique, mais nécessite également de maintenir la confiance des communautés locales dans les humanitaires.  À cet égard, elle a appelé à lutter contre la manipulation de l’information, l’incitation à la violence et les discours de haine visant les travailleurs humanitaires. 

L’UE a par ailleurs jugé essentiel de s’attaquer au lien entre les changements climatiques, les conflits et l’insécurité alimentaire.  D’autres, comme l’Inde et la Suède, ont mis l’accent sur l’importance de l’accès à Internet et à l’intelligence artificielle, qui recèlent un potentiel important d’amélioration de l’action humanitaire.

« L’aide humanitaire est vitale pour nous qui faisons face à l’invasion de la Fédération de Russie », a déclaré l’Ukraine disant que 40% de sa population est dans le besoin.  La délégation, qui a souligné le lien étroit existant entre la coordination de l’aide humanitaire et la sécurité alimentaire, s’est enorgueillie d’être un pays contributeur essentiel: depuis le 16 août 2023, nous avons expédié plus de 83,5 millions de tonnes de marchandises dont 55,6 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens envoyés à 46 pays.  Le programme « Céréales d’Ukraine » de 286 000 tonnes de produits agricoles a sauvé de la faim plus de 20 millions d’individus.  Les participants au troisième sommet international « Céréales d’Ukraine » ont promis 44 millions de dollars de soutien supplémentaire au programme.

En résumé sur ce débat, il a été conseillé de mettre l’accent sur la coordination, la diplomatie humanitaire, la protection, la réponse pour les déplacés, le financement de qualité et la perspective de genre.  Présidente du groupe de donateurs pour l’appui au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la Norvège a promis de donner la priorité à ces domaines et l’Arabie saoudite a mis l’accent sur les besoins humanitaires des femmes touchées par les conflits armés.

Assistance au peuple palestinien

Saisie également du rapport du Secrétaire général sur l’assistance au peuple palestinien, l’Assemblée générale a appris qu’au 31 mars 2024, 3,3 millions de Palestiniens dans le Territoire palestinien occupé avaient besoin d’une assistance humanitaire.  Les opérations humanitaires y ont continué d’être entravées par des obstacles physiques et administratifs érigés par Israël, tandis que les organismes des Nations Unies ont continué, après octobre 2023, de coordonner et de fournir au Territoire une aide humanitaire et une aide au développement.

L’ONU a d’ailleurs considérablement augmenté le volume d’aide vitale fournie à Gaza après cette date avec pour but d’atteindre 2,7 millions de personnes, malgré de sévères restrictions d’accès.  Dans la même ligne, le Secrétaire général appelle à répondre à l’appel éclair en faveur du Territoire pour la période d’avril à décembre 2024 afin de réunir les 2,8 milliards de dollars promis.

« Renforcer la coordination de l’aide humanitaire, c’est respecter le droit international humanitaire, en parole et en acte », a plaidé l’État de Palestine.  De l’avis de la délégation, la communauté internationale doit veiller également à la protection de ceux qui consacrent leur vie à sauver les autres.  Et, a enchaîné l’Observateur permanent, il faut mettre fin à l’impunité d’Israël.  On ne peut pas continuer à offrir des solutions temporaires sous forme d’aide humanitaire et ignorer la cause profonde du problème, a-t-il argumenté.  « L’aide au peuple palestinien restera insuffisante tant que l’occupation israélienne et les violations flagrantes du droit international persisteront. »

Le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, par la voix du Venezuela, a appelé à lever toutes mesures unilatérales ou multilatérales qui entravent la fourniture d’une aide humanitaire.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a exprimé son appui à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et au renforcement de l’aide à Gaza avant de s’appesantir sur la priorité du groupe, à savoir « la gestion des catastrophes. » 

La conférence organisée le 2 décembre par l’Égypte pour soutenir la bande de Gaza a permis de mobiliser plus de 187 millions de dollars, s’est enorgueillie la délégation égyptienne avant de plaider en faveur d’un cessez-le-feu et du bon acheminement de l’aide humanitaire.  Le Conseil de sécurité doit demander à Israël d’ouvrir tous les points de passage et de faciliter l’acheminement de l’aide dans l’enclave, a-t-elle insisté.

Israël a rétorqué que « l’État israélien a facilité l’entrée de 1,6 million de tonnes de denrées, de fioul, de combustible de cuisson et d’articles médicaux ».  Selon la délégation, les goulots d’étranglement dans l’acheminement sont provoqués par les attaques de convois par le Hamas.  Elle a accusé le Hamas d’avoir infiltré toutes les opérations de l’UNRWA qui, à son avis, ne mérite pas de faire partie du système des Nations Unies.  En conclusion, la délégation a invité l’ONU à veiller à la coordination de l’aide avec « les organisations compétentes » et à mentionner dans ses débats le « crime de guerre flagrant » que constitue la détention d’otages à Gaza.

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