Question de Palestine: l’Assemblée générale adopte les modalités de la conférence internationale destinée à appuyer la solution des deux États
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L’Assemblée générale a franchi un nouveau pas dans sa quête d’une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient en adoptant, aujourd’hui, une résolution qui énonce les modalités de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, prévue pour se tenir au mois de juin 2025 à New York.
Par ce texte récurrent, intitulé « Règlement pacifique de la question de Palestine » (A/79/L.23) et entériné par 157 voix pour, 8 voix contre (Argentine, États-Unis, Hongrie, Israël, États fédérés de Micronésie, Nauru, Palaos et Papouasie-Nouvelle-Guinée) et 7 abstentions (Cameroun, Équateur, Géorgie, Paraguay, République tchèque, Ukraine et Uruguay), l’Assemblée générale exige en outre d’Israël, Puissance occupante, qu’il « s’acquitte scrupuleusement des obligations qui ressortent de l’avis consultatif rendu le 19 juillet 2024 par la Cour internationale de Justice (CIJ) ».
Israël est notamment appelé à mettre fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé dans les plus brefs délais, à cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation, à évacuer tous les colons du Territoire palestinien occupé et à abroger toutes lois et mesures créant ou maintenant la situation illicite, ainsi que toutes mesures destinées à modifier la composition démographique de quelque partie du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.
L’Assemblée générale rappelle de plus que, selon l’avis consultatif de la CIJ, Israël a l’obligation de réparer intégralement les dommages causés par ses faits internationalement illicites à toutes les personnes physiques ou morales concernées.
En vertu de cette résolution, l’Assemblée générale adopte par ailleurs les modalités -incluses en annexe du texte- de l’organisation de la Conférence internationale de haut niveau « chargée d’examiner l’application des résolutions de l’Organisation des Nations Unies relatives à la question de Palestine et à la solution des deux États, en vue de l’instauration d’une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient ».
En présentant ce projet de résolution du Sénégal, révisé oralement pour ajouter la mention d’une ou plusieurs réunions préparatoires et préciser que l’Arabie saoudite et la France seront nommées coprésidentes de la Conférence, le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Cheikh Niang, a insisté sur le fait qu’outre la mention de l’avis consultatif de la CIJ, le texte appuie le lancement de l’Alliance globale pour la solution à deux États, exige la fin de l’occupation et des actions discriminatoires d’Israël, et soutient une conférence de l’Assemblée générale « traitant de la Palestine et des réparations pour les dommages causés par les actes illégaux d’Israël ».
Avant lui, le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale avait qualifié d’« occasion en or » la tenue en juin prochain de cette conférence internationale, appelant les délégations à ne pas « passer à côté » de cet événement et à s’entendre sur des « progrès irréversibles et véritables » en faveur de la solution des deux États. Pour M. Philémon Yang, cette solution et son cadre politique constituent un « impératif moral ». Il s’agit en effet de permettre aux Palestiniens d’avoir un accès à l’autodétermination tout en sauvegardant la sécurité à long terme d’Israël, a-t-il souligné, y voyant la possibilité pour les deux peuples de « vivre sur un pied d’égalité dans la dignité humaine ».
Ce texte, ainsi que celui sur la « Division des droits des Palestiniens du Secrétariat » (A/79/L.24), avalisé par 101 voix pour, 27 voix contre et 42 abstentions, qui demande à cette dernière de commémorer chaque année la Nakba (« catastrophe » en arabe, terme désignant l’exode palestinien de 1948), ont reçu le soutien d’une large majorité des États Membres participant au débat. Les États-Unis ont en revanche dénoncé des projets de résolution partiaux « qui ne nous rapprochent ni de la paix ni de la solution des deux États », Israël regrettant qu’une nouvelle fois, l’ONU soit « utilisée contre la seule démocratie au Moyen-Orient ». Pour la délégation israélienne, les coauteurs de ces textes « biaisés » auraient mieux fait de mettre de côté leur « obsession anti-israélienne » et de réfléchir aux moyens de libérer les otages et de démanteler le Hamas.
À l’opposé, l’État de Palestine a assuré que nul ne peut rayer son peuple de la carte. « La Palestine a été, elle est et elle sera », a-t-il clamé, louant le combat des Palestiniens « contre l’oppression et pour l’honneur ». Selon lui, Israël commet un génocide qu’il devient chaque jour de plus en plus difficile de nier. « Il faut mettre fin à ce massacre de masse des Palestiniens », a-t-il martelé, avant d’appeler à la mobilisation des moyens internationaux pour ouvrir à la voie à un règlement irréversible de la question palestinienne. Il a salué à ce titre la décision de l’Assemblée de convoquer une conférence internationale en signe de solidarité pour cette « juste cause ».
S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, le Liban s’est, lui aussi, félicité de l’organisation d’une conférence internationale sous les auspices de l’ONU pour mettre en œuvre les résolutions de l’Organisation et relancer la solution des deux États, alors que le peuple palestinien fait aujourd’hui face « au génocide, au châtiment collectif et aux effets du blocus et de l’occupation prolongée ». Une position partagée par l’immense majorité des pays représentés, principalement arabes et musulmans. La question de Palestine reste une « plaie ouverte » pour tous les Arabes, a expliqué l’Égypte, pour laquelle il importe à présent que le Conseil de sécurité invoque le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies pour faire respecter ses résolutions et celles de l’Assemblée générale par Israël.
Sur la même ligne, la Jordanie a estimé que les violations flagrantes et répétées du droit international, des résolutions de l’ONU et des décisions de la CIJ par Israël « signent l’échec de la communauté internationale ». Face à l’« arrogance et la tyrannie » de la Puissance occupante, qui « manipule l’ONU et menace ses représentants sur le terrain », elle a appelé à tenir cet État « extrémiste » comptable de ses actes et à faire cesser les massacres et le nettoyage ethnique dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée. « Les événements du 7 octobre 2023 ne sont pas produits sans contexte », a souligné l’Algérie, affirmant que les Palestiniens aspirent à la liberté « pour emboîter le pas aux peuples qui ont acquis leur indépendance ».
À cet égard, un grand nombre de délégations, du Koweït à la Tunisie, en passant par l’Indonésie, le Mexique ou encore la République démocratique populaire lao, ont plaidé pour la reconnaissance de l’État de Palestine et son admission au sein de l’ONU en tant que membre de plein droit. « La Palestine soit prendre la place qui lui revient au sein de la communauté des nations », a soutenu le Venezuela, au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, rejoint par le Nicaragua, pour qui les États-Unis ne peuvent indéfiniment empêcher que cette « injustice historique » soit réparée.
Ces mêmes pays, renforcés par le Bangladesh, la Malaisie et le Maroc, ont défendu en outre avec force l’action de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), « colonne vertébrale de l’aide humanitaire prodiguée au peuple palestinien », selon le Qatar, tout en condamnant les restrictions que lui impose Israël. L’Afrique du Sud a, elle, salué la récente délivrance de mandats d’arrêt contre le Premier Ministre et l’ancien Ministre de la défense israéliens par la Cour pénale internationale (CPI), qualifiant cette décision de « pas dans la bonne direction », tandis que d’autres délégations, en particulier la Jordanie, la Malaisie et la Türkiye se prononçaient pour un arrêt des transferts d’armes à Israël.
À l’occasion de cette réunion plénière, l’Assemblée générale était saisie de plusieurs documents, dont une Note du Secrétaire général établie sur la base d’un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) détaillant les « conséquences économiques de l’opération militaire israélienne à Gaza d’octobre 2023 à mai 2024 » (A/79/343). Il ressort de ce rapport que les dommages engendrés par la guerre entre le 7 octobre 2023 et le 20 mai 2024 ont réduit de plus de moitié le PIB par habitant à Gaza, tandis que d’autres facteurs ont redoublé la perte de revenus. Les dommages matériels causés aux infrastructures de Gaza entre le 7 octobre 2023 et la fin janvier 2024 sont estimés à 18,5 milliards de dollars, soit l’équivalent de sept fois le PIB de Gaza en 2022. « Une fois le cessez-le-feu obtenu, dans l’hypothèse où Gaza renouerait avec la tendance de croissance observée en 2007-2022, il lui faudrait 350 ans pour retrouver le niveau de PIB atteint en 2022 », est-il précisé.
Ces chiffres ont faire réagir plusieurs États Membres, à commencer par le Zimbabwe, qui a relevé que, sans la perte de revenus causée par 16 années de bouclages, de restrictions draconiennes et d’opérations militaires répétées, le PIB de la bande de Gaza aurait été, fin de 2023, supérieur en moyenne de 77,6% à son niveau actuel. « L’occupation continue de la Palestine a un coût économique que nous ne pouvons pas vraiment estimer », a renchéri la Namibie, qui, s’appuyant sur les statistiques du Fonds monétaire international (FMI), a indiqué que l’opération militaire israélienne de 2008-2009 a détruit plus de 60% du capital national de Gaza, notamment des machines, des bâtiments, des outils et du matériel. L’opération militaire de 2014 a quant à elle entraîné la chute de 85% du capital national qui avait survécu à l’opération précédente, a-t-elle ajouté.
L’Assemblée générale a également adopté sa résolution annuelle sur « Le Golan syrien » (A/79/L.19). En vertu de ce texte, entériné par 97 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Israël, États fédérés de Micronésie, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Royaume-Uni) et 64 abstentions, elle demande à Israël de relancer les volets syrien et libanais des pourparlers et exige une fois de plus qu’en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, il se retire de tout le Golan syrien occupé jusqu’à la ligne du 4 juin 1967.
L’Assemblée générale se réunira de nouveau demain, mercredi 4 décembre, à partir de 10 heures.
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