En cours au Siège de l'ONU

9786e séance – matin
CS/15901

Conseil de sécurité: rejet d’un projet de résolution sur la protection des civils au Soudan en raison du veto de la Fédération de Russie

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Le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure ce matin, en raison du vote négatif de la Fédération de Russie, d’adopter un projet de résolution qui exigeait notamment des Forces armées soudanaises et des Forces d’appui rapide, les deux parties belligérantes, qu’elles mettent en œuvre la Déclaration d’engagement de Djedda en faveur de la protection des civils du Soudan.  Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur de ce texte qui demandait également aux Forces d’appui rapide de mettre fin à leurs attaques contre des civils au Darfour et dans les États de Gazira et de Sennar, parmi d’autres régions du pays.

Le projet de résolution demandait par ailleurs au Secrétaire général d’élaborer, après consultation des parties au conflit et de l’Union africaine, une proposition en vue de mettre sur pied un mécanisme de conformité visant à faciliter le respect des engagements pris dans ladite Déclaration de Djedda. « Le veto russe est une honte », a tranché le Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, M. David Lammy, qui présidait cette séance.

« Honte à Putin pour son agression de l’Ukraine, honte à Putin pour le déploiement de ses mercenaires en Afrique, honte à Putin de se prétendre l’allié du Sud mondial », a tonné M. Lammy.  Pour lui, « la Russie montre son véritable visage ». Rappelant la gravité de la situation au Soudan « une cicatrice sur notre conscience collective »– le Secrétaire d’État a indiqué que ce texte aurait montré que le Soudan n’était pas oublié.  « Un seul pays a empêché le Conseil de parler d’une seule voix », a-t-il regretté, en fustigeant le « cynisme » de Moscou.

« Avec cette déclaration empreinte de snobisme, on comprend maintenant pourquoi votre pays perd de son influence dans le monde », a rétorqué le délégué russe.  Il a estimé que le Conseil doit en effet aider les parties soudanaises à conclure un cessez-le-feu, mais sans rien imposer des vues « colonialistes » de certains de ses membres.  La situation au Soudan ne doit pas être instrumentalisée par le Royaume-Uni pour flatter la diaspora soudanaise qui vit sur son sol, a tranché le délégué. 

Il a qualifié « d’absurde » le choix de ne pas mentionner le Gouvernement soudanais dans ce texte, alors que ce dernier est le premier responsable de la protection des civils.  Il a dénoncé les ingérences dans les affaires intérieures d’un pays souverain, s’élevant contre tout mécanisme d’établissement des responsabilités, compte tenu notamment de l’« inconstance » de la Cour pénale internationale (CPI).  Rendre la justice est la prérogative exclusive des autorités soudanaises, a tranché le délégué. 

Le représentant russe a également déploré que le Soudan soit sommé d’ouvrir ses frontières aux fins d’acheminement de l’aide humanitaire alors que des armes peuvent transiter par les points de passage.  Cette aide doit être dépolitisée, a-t-il dit, en demandant que les préoccupations de Khartoum soient prises en compte.  Le délégué a enfin dénoncé le deux poids, deux mesures sur ce dossier, le Soudan voyant son droit à se défendre remis en cause, là où Israël a « carte blanche » à Gaza.

La France, l’Équateur, la Slovénie, la Suisse ou encore le Japon ont regretté le veto russe « sans justifications » selon les mots de la France.  La Sierra Leone a tenu à rappeler que ce texte ne mandatait pas un déploiement de l’ONU au Soudan, tandis que plusieurs autres membres, dont la France, ont rappelé que le Soudan soutenait ledit projet.  Affirmant être « pour et avec les Africains », la Russie s’oppose à une résolution appuyée par les Africains, une résolution pour les Africains, a fustigé la déléguée des États-Unis. 

La protection des civils au Soudan doit être notre priorité civile, a appuyé l’Algérie, en appelant le Conseil à jouer son rôle sur ce dossier.  Cette délégation s’est néanmoins dite « mal à l’aise » quant au fait que le Gouvernement soudanais et les Forces d’appui rapide soient mis sur un pied d’égalité dans le projet de résolution. « Les propositions constructives avancées par certains membres lors des consultations n’ont pas été prises en considération », a révélé la Chine, en regrettant toutefois que le Conseil n’ait pu parler d’une seule voix.

« Le Conseil sait qui sont les agresseurs du Soudan mais hésite à les nommer », a déclaré le délégué du Soudan, en dénonçant les livraisons d’armes et les agissements des mercenaires.  Il a déclaré que son pays est en mesure de nourrir les Soudanais, avant de dénoncer les restrictions qui le frappent.  Il a demandé au Conseil d’approuver le plan de protection des civils que le Soudan lui proposera bientôt.  « On ne peut fermer les yeux devant les agissements des milices à l’origine du bain de sang au Soudan. »  Les efforts diplomatiques pour un règlement du conflit ne doivent pas aboutir à « une mise sous tutelle » de Khartoum, a-t-il ajouté.

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