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Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques dévoile les modalités de la future mission d’assistance en Somalie

CS/10990

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques dévoile les modalités de la future mission d’assistance en Somalie

25/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10990
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6955e séance – après-midi                                  


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES DÉVOILE

LES MODALITÉS DE LA FUTURE MISSION D’ASSISTANCE EN SOMALIE


« Nous voyons enfin la lumière au bout du tunnel », affirme le représentant somalien


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a présenté au Conseil de sécurité, cet après-midi, les caractéristiques et les tâches de la future Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), telles qu’elles ont été arrêtées par le Secrétaire général*.


M. Feltman a indiqué que la nouvelle mission, prévue par la résolution 2093 (2013) du Conseil, aura quatre champs d’action principaux. 


En premier lieu, elle sera chargée d’appuyer les efforts de réconciliation et de médiation pour les questions politiquement délicates, a-t-il expliqué.


« La MANUSOM apportera ensuite des conseils stratégiques pour l’édification de l’État, plus particulièrement dans le domaine de la sécurité et de l’état de droit, puis une assistance pour renforcer les capacités nationales de promotion des droits de l’homme », a-t-il poursuivi.


Enfin, le Secrétaire général adjoint a souligné que la MANUSOM fournirait un appui à la coordination des initiatives de la communauté internationale.


« Le soutien à un leadership somalien est au cœur des efforts des Nations Unies.  Nous souhaitons que sur le long terme, ce soit des solutions somaliennes qui mettent un terme au conflit et proposent les modèles de développement les plus pertinents pour le pays. »


Insistant sur la nécessaire flexibilité de la MANUSOM, M. Feltman a précisé que la Mission, qui aura un nombre limité de personnel, devra avoir à sa disposition un « certain nombre d’options sécuritaires afin de pouvoir travailler aux côtés des Somaliens ».


« Ce modèle, qui peut paraître coûteux dans un environnement comme celui de la Somalie, exige l’engagement fort du Conseil.  Il en va de la crédibilité des Nations Unies », a-t-il dit.  « La MANUSOM représente un nouveau départ pour l’ONU en Somalie », a résumé le Secrétaire général adjoint, qui a précisé que la configuration de la Mission avait été pensée à partir d’une analyse rigoureuse de la réalité en Somalie.


M. Feltman a aussi affirmé que la Mission d’assistance s’appuierait sur l’équipe pays des Nations Unies et renforcerait son partenariat avec l’Union africaine et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).


Début 2013, le Conseil a autorisé l’AMISOM, qui contribue la réalisation d’une paix durable dans le pays à travers ses fonctions militaires et policières, à se déployer jusqu’au 28 février 2014.


« L’AMISOM a atteint sa limite opérationnelle », a poursuivi le Secrétaire général adjoint, qui a ajouté que cette Mission nécessitait davantage de ressources ainsi qu’une reconfiguration de ses forces afin « de maintenir l’élan de l’année dernière ».


Il a fait remarquer que la communauté internationale devait adopter une approche stratégique mieux financée et coordonnée, afin d’équiper les forces somaliennes et permettre ainsi une stratégie de sortie des opérations militaires internationales en Somalie.


« L’AMISOM a fait un excellent travail », a pour sa part déclaré le délégué de la Somalie, qui a estimé que le temps était venu pour que les forces somaliennes assument leurs responsabilités et éliminent la menace posée par Al-Chabab.  « Nous commençons enfin à voir la lumière au bout du tunnel », a-t-il déclaré.


Répondant au Secrétaire général adjoint qui faisait remarquer que le retrait anticipé des forces nationales éthiopiennes de défense ferait peser une charge supplémentaire sur l’AMISOM, le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Tedros Adhanom, a assuré que son pays n’avait pas renoncé à ses responsabilités. 


« L’Éthiopie continue d’être un facteur de stabilité en Somalie », a-t-il dit, jugeant que le plus important était d’aider les forces de défense somaliennes à jouer leur rôle pour assurer la sécurité dans le pays.


« Nous avons fait un grand chemin en Somalie et nous devons conserver cette dynamique », a-t-il déclaré, faisant écho à certaines remarques de M. Feltman, qui s’était notamment réjoui du fait que le Gouvernement fédéral de la Somalie continuait de mettre en œuvre sa politique de consolidation de la paix dans le pays.


Le Secrétaire général adjoint s’est aussi félicité de l’accord signé récemment par le Président Hassan Sheikh Mohamud et l’administration du Somaliland en vue de poursuivre le dialogue et améliorer la coopération. 


* S/2013/239


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations prônent une collaboration plus poussée entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix

CS/10989

Les délégations prônent une collaboration plus poussée entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix

25/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10989
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6955e séance – matin                                       


LES DÉLÉGATIONS PRÔNENT UNE COLLABORATION PLUS POUSSÉE ENTRE LE CONSEIL

DE SÉCURITÉ ET LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


Une plus grande interaction de la Commission de consolidation de la paix (CCP) avec le Conseil de sécurité et d’autres organes concernés par la question a été, au cœur de la séance d’information du Conseil de sécurité, à laquelle participaient le Président actuel et le Président sortant de la Commission.  Les 15 membres du Conseil ont passé en revue le rôle et l’efficacité de la Commission, à la lumière du rapport* sur les travaux de sa sixième session, en exprimant leurs grandes attentes dans cet outil qui peut encore être amélioré.


Le Président en exercice de la Commission de consolidation de la paix, M. Ranko Vilović (Croatie), a plaidé en faveur d’une plus grande collaboration entre la Commission et le Conseil de sécurité, deux organes qui ont une responsabilité commune en matière de paix, a-t-il souligné.  La Commission de consolidation de la paix doit attirer l’attention, a-t-il dit, du Conseil sur des questions internationales qui ne sont pas dans la ligne de mire immédiate de celui-ci.


La Commission devrait assister le Conseil de sécurité lorsqu’il examine les stratégies de sortie ou de transition dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission, en particulier pour évaluer les progrès et défis dans le processus de consolidation de la paix, le niveau de soutien nécessaire au-delà de celui du système des Nations Unies, et les capacités spécifiques requises pour que l’ONU continue à soutenir la consolidation de la paix à plus long terme, a-t-il soutenu.


Lorsque le processus de consolidation de la paix est confronté à de graves difficultés, le Conseil de sécurité pourrait, a-t-il suggéré, s’appuyer sur les perspectives de la Commission avant d’examiner ses options. 


Le partenariat avec les trois principaux organes des Nations Unies est le domaine pour lequel des progrès importants sont attendus en 2013, a indiqué le Président sortant de la Commission, M. Abulkalam Abdul Momen (Bangladesh).  Il a rappelé que la Commission avait tenu, en juillet 2012, un dialogue interactif très fructueux avec le Conseil de sécurité.  Le représentant du Rwanda, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, a annoncé à cet égard que son pays organisait, à son tour, un dialogue interactif sur les moyens de renforcer le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité.  M. Vilović a également prôné des échanges plus réguliers entre le Conseil de sécurité et les présidents des formations de pays de la Commission.  D’autres, comme le représentant de la France, ont préconisé des échanges plus réguliers entre le Siège et le terrain. 


Le Président sortant de la CCP a assuré qu’au cours de la période considérée, la Commission avait cherché à approfondir son interaction avec les acteurs clefs sur le terrain, y compris les responsables des Nations Unies, par le biais d’un dialogue informel, lancé en avril 2012, avec les représentants spéciaux du Secrétaire général présents dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  M. Momen a également indiqué que la CCP avait mis l’accent sur le renforcement des partenariats avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), une coopération que plusieurs délégations ont encouragée.


Certains ont évoqué les cas où les efforts de consolidation de la paix ont été ralentis ou suspendus, notamment en Guinée-Bissau et en République centrafricaine.  Les évènements dans ces pays ont montré que l’appropriation nationale de ces efforts était nécessaire pour assurer le succès du processus de consolidation de la paix.  « Le rôle de la Commission devient précaire dès lors qu’une volonté nationale rigoureuse de traiter les causes profondes de l’instabilité fait défaut », a estimé M. Momen.  Il est également ressorti du débat que l’appropriation nationale ne peut se réaliser que si les stratégies de consolidation de la paix sont alignées sur les priorités nationales.


À l’instar de plusieurs intervenants, M. Vilović a reconnu que la Commission de consolidation de la paix devrait continuer à affiner ses outils et à tirer les leçons de son expérience. 


*     A/67/715–S/2013/63


CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS


Rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa sixième session (S/2013/63)


Déclarations


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), Président sortant de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué, qu’au cours de la période considérée, la Commission avait lancé un ambitieux projet pour améliorer ses méthodes de travail, en particulier dans le domaine de la coopération avec les acteurs clefs sur le terrain.  Il a ensuite détaillé certains aspects de l’engagement spécifique de la Commission auprès des pays inscrits à son ordre du jour, tels que l’appui à l’organisation d’élections en Sierra Léone ou l’appui fourni à la stratégie de réduction de la pauvreté mise en place au Burundi.


« Malheureusement, le changement illégal de gouvernement qui a eu lieu en Guinée-Bissau, le 12 avril 2012, a sapé le processus de consolidation de la paix qui avait commencé à donner des résultats dans ce pays », a-t-il déploré.  Le rôle de la Commission devient précaire dès lors qu’une volonté nationale rigoureuse de traiter les causes profondes de l’instabilité fait défaut, a-t-il estimé.  La Commission, a-t-il assuré, a mis l’accent sur le renforcement des partenariats avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD).  Il a ajouté que la Commission avait veillé à assurer une plus grande cohérence entre les priorités de consolidation de la paix et l’engagement de ces deux institutions.


M. Momen a ensuite indiqué que la Commission avait cherché à approfondir son interaction avec les acteurs clefs sur le terrain, y compris les responsables des Nations Unies, par le biais d’un dialogue informel, lancé en avril 2012, avec les Représentants spéciaux du Secrétaire général présents dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  « Ce partenariat, a-t-il fait remarquer, exige un engagement vigoureux et continu des membres de la Commission comme des plus hauts responsables des Nations Unies. »


Le partenariat avec les trois principaux organes des Nations Unies, a précisé M. Momen, est le domaine au sein duquel des progrès importants sont attendus en 2013.  « La Commission a néanmoins eu, en juillet 2012, un dialogue interactif des plus instructifs avec le Conseil de sécurité », a-t-il dit, en soulignant le lien particulier entre la Commission et le Conseil.  Il a affirmé que la Commission pouvait apporter une valeur ajoutée lors du retrait des missions des Nations Unies, en veillant à ce que les spécificités des pays soient dûment prises en compte, mais aussi en s’assurant du soutien continu de la communauté internationale.


« 2012 a été une année au cours de laquelle la responsabilité collective et  l’engagement des membres de la Commission ont été au centre de nos débats », a-t-il assuré, en regrettant cependant que l’urgence qui entourait ces débats n’avait pu se traduire en actions concrètes.  Enfin, le Président sortant de la Commission a souligné la nécessité d’envisager un nouveau paradigme pour une coopération Sud-Sud et une coopération triangulaire, à même de renforcer le principe d’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix.


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a assuré que la Commission pouvait assumer sa fonction consultative envers le Conseil de sécurité en l’aidant à gérer une charge de travail qui ne fait que s’accroître, notamment en attirant son attention sur des questions internationales qui ne sont pas dans la ligne de mire immédiate du Conseil.  Il a aussi fait valoir la responsabilité commune des deux organes qui mérite, a-t-il dit, une meilleure coordination.  Rappelant que trois des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission sont sur la voie de ne plus y figurer, il a expliqué que la Commission pouvait et devait jouer un rôle pour aider le Conseil de sécurité lorsqu’il examine les stratégies de sortie ou de transition dans ces pays.  La CCP pourrait conseiller le Conseil sur trois questions, a-t-il précisé: évaluation des progrès et des défis dans le processus de consolidation de la paix; évaluation du niveau de soutien nécessaire au-delà de celui du système des Nations Unies; et estimation des capacités spécifiques requises pour que l’ONU continue à soutenir la consolidation de la paix sur le long terme.


M. Vilović a également estimé qu’il serait utile pour le Conseil de sécurité de recevoir des mises à jour de la part de la Commission sur les pays inscrits à son ordre du jour.  Par ailleurs, dans les cas où le processus de consolidation de la paix pour ces pays est freiné par de graves difficultés, le Conseil de sécurité pourrait s’appuyer sur les perspectives de la Commission avant d’examiner ses options.  La situation en Guinée-Bissau et en République centrafricaine nous rappelle, a-t-il noté, que le processus de consolidation de la paix présente de nombreux risques nécessitant parfois une réponse coordonnée.  C’est pourquoi, il a insisté sur l’importance d’une analyse rapide des facteurs de risque de conflit par la CCP qui peut alors alerter le Conseil pour qu’il prenne des mesures.


Le Président de la Commission de consolidation de la paix a fait valoir les avantages d’un système dynamique de partage d’informations entre le Conseil et la CCP sur des situations de pays spécifiques.  Les présidents des formations de pays de la Commission souhaitent pouvoir faire des présentations devant le Conseil de sécurité et ces échanges pourraient être établis de manière plus régulière, a-t-il dit, notamment avant que le Conseil effectue une visite sur le terrain.  Il a aussi recommandé aux auteurs des résolutions du Conseil de sécurité de prendre conseil auprès des présidents des formations de pays avant de rédiger les textes lorsqu’ils portent sur des pays à l’ordre du jour de la CCP.  Il a aussi rappelé que la CCP était déterminée à améliorer son impact sur le terrain, en renforçant les capacités des acteurs nationaux afin qu’ils s’approprient le processus de consolidation de la paix.  La CCP doit continuer à affiner ses outils et à tirer les leçons de son expérience.  « Nous devons travailler ensemble pour développer un partenariat concret », a-t-il recommandé, avant de conclure.


M. THOMAS MEEK (Royaume-Uni) a indiqué que beaucoup restait encore à faire afin de renforcer l’efficacité de la Commission de la consolidation de la paix (CCP).  « En tant qu’Amis de la Commission, nous nous devons d’être sincères », a-t-il dit, en faisant observer que la Commission n’avait pas réalisé son plein potentiel depuis sa création, en 2005.  Il a ensuite identifié trois domaines d’action prioritaires afin de renforcer l’action de la Commission.  Le représentant a tout d’abord souhaité que la CCP se concentre dans des domaines où elle peut apporter une réelle valeur ajoutée pour les pays inscrits à son ordre du jour.  Il a recommandé que la Commission simplifie ses méthodes de travail et qu’elle se réunisse moins fréquemment.  « Elle devrait suivre un ordre du jour précis pour la tenue de ses réunions », a-t-il insisté.  Enfin, le représentant du Royaume-Uni a souhaité que la Commission renforce ses échanges avec les représentants spéciaux du Secrétaire général.  « Il nous faut être ambitieux pour que l’action de la Commission ait de réelles conséquences pour les pays inscrits à son ordre du jour », a-t-il dit en conclusion.


M. KIM SOOK (République de Corée) a fait remarquer que les causes des ruptures de la paix étaient spécifiques à chaque pays, en précisant qu’une solution unique dans ce domaine n’était pas possible.  Il a donc demandé de tirer les leçons des succès et des échecs des efforts entrepris jusqu’à présent en matière de consolidation de la paix.  Le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont étroitement liés, a-t-il souligné, en souhaitant que les activités visant la consolidation de la paix soient prévues dans les mandats des missions de maintien de la paix.  La souplesse, qui est pourtant nécessaire, présente, a-t-il dit, un dilemme au sein du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi, il a invité le Conseil à utiliser les outils à sa disposition avec plus de prévisibilité et de prudence.


Le représentant a fait observer que l’architecture de la Commission de consolidation de la paix permet une réponse souple grâce aux formations de pays.  La Commission pourrait ainsi mieux répondre aux exigences particulières des pays et travailler avec eux pour mener des activités de plaidoyer.  La Commission de consolidation de la paix mobilise des fonds et prodigue des conseils, a-t-il dit.  Le représentant a souhaité que les plans en faveur d’une transition sans heurt et les plans de développement nationaux soient élaborés en collaboration avec le gouvernement et la société civile du pays concerné.  M. Kim a cité l’exemple de la Sierra Leone où le retrait de la mission politique se fait progressivement, tandis que le rôle de la Commission de consolidation de la paix demeure important.  Avant de conclure, il a émis l’espoir que la Commission poursuivra sa coopération avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné l’importance du principe d’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix.  « Les résultats des organes œuvrant en faveur de la consolidation de la paix, dont la Commission, sont encore trop fragmentaires », a-t-il affirmé, en plaidant pour une plus grande synergie entre ces organes.  Le représentant a ensuite rappelé que leur action devrait respecter le mandat qui leur avait été fixé, ainsi que la souveraineté des États dans lesquels ils opèrent.  M. Churkin a ensuite salué le rôle consultatif précieux qu’assure la Commission auprès du Conseil de sécurité lorsque ce dernier débat de la situation dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  Il a ensuite exhorté la Commission à optimiser les résultats concrets de ses activités, en faisant observer que les événements récents en Guinée-Bissau et en République centrafricaine avaient constitué de sérieux revers.  « Il est impératif que la Commission calibre ses efforts en fonction des besoins véritables des pays inscrits à son ordre du jour », a-t-il dit.  La Fédération de Russie, a assuré M. Churkin, apportera son appui aux pistes présentées dans le dernier rapport de la Commission de consolidation de la paix pour une plus grande efficacité.


M. KODJO MENAN (Togo) a estimé que la consolidation de la paix après un conflit reste une entreprise qui incombe au premier chef à l’État concerné.  C’est à lui qu’il revient de définir les priorités et de mettre en place un cadre de coopération et de partenariat.  À cet égard, l’identification des besoins des groupes vulnérables et, particulièrement, ceux des femmes et des enfants, est cruciale dans le processus de la consolidation de la paix.  Un autre aspect important, a estimé M. Menan, porte sur l’assistance dont devraient bénéficier les États sortant d’un conflit.  Les États de la région, les institutions financières et la communauté internationale doivent les aider à établir des cadres de coopération et de partenariat viables.  Le plus souvent, l’intérêt que représente un pays sortant d’un conflit est déterminé par les richesses dont regorge son territoire et non par la nécessité d’assurer qu’il ne retombe dans un autre conflit, a-t-il déploré.


C’est pourquoi l’Initiative de solidarité africaine, lancée par l’Union africaine à Addis-Abeba en juillet 2012, qui vise à encourager les États africains à appuyer les efforts de reconstruction et de développement dans les pays en phase postconflit, mérite d’être appuyée, a précisé le représentant.  Par ailleurs, la réussite de tout processus de consolidation de la paix réside dans la coordination des actions.  Le Togo continue de croire que les différentes missions assignées à la Commission de consolidation de la paix par le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social doivent se poursuivre dans un esprit de coopération et de complémentarité, a indiqué son représentant.


M. WANG MIN (Chine) a souligné que la consolidation de la paix était une tâche complexe et de longue haleine, qui mérite une réponse sérieuse et appropriée de la part de la communauté internationale.  Dans l’accomplissement de cette tâche, a-t-il souligné, il faudrait respecter l’appropriation des pays concernés qui doivent assumer la responsabilité première de la consolidation de la paix dans leur pays.  Il a demandé de faire preuve de moins d’arrogance et de ne pas chercher à imposer des mesures toutes faites.  Il faudrait privilégier des mesures plus adaptées aux spécificités des pays et à leurs traditions culturelles, a-t-il insisté, en invitant à écouter attentivement l’avis des acteurs du pays.


En outre, le développement économique et social devrait être le principal moyen de consolidation de la paix, a rappelé le représentant de la Chine.  La communauté internationale devrait fournir une assistance accrue dans ce domaine.  Il a invité la Commission de consolidation de la paix à mettre en valeur ses propres avantages et à mieux coordonner les efforts de la communauté internationale.  Il faudrait aussi améliorer ses méthodes de travail et son efficacité, notamment en renforçant sa coordination avec les principaux organes des Nations Unies, a-t-il prôné.  La CCP, a-t-il ajouté, doit aussi travailler avec les institutions financières internationales.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a reconnu que la Commission de consolidation de la paix n’avait pas réalisé son plein potentiel.  À cet égard, il a tenu à souligner le lien crucial qui existe entre le Conseil de sécurité et la Commission.  « Un long chemin reste à parcourir afin que la Commission accomplisse au mieux ses deux missions de conseil et de coordination et réponde ainsi aux attentes », a-t-il estimé.  M. Rosenthal a ensuite exploré plusieurs pistes qui permettraient à la Commission de s’acquitter de son mandat de manière plus efficace.  Il a ainsi souhaité que le Conseil de sécurité poursuive et élargisse la pratique consistant à inviter les présidents des formations de pays lorsque les situations de ces pays sont inscrites à l’ordre du jour du Conseil.  Il a aussi proposé que les résolutions renouvelant le mandat des missions de maintien de la paix prévoient des dispositions sur la consolidation de la paix.  Enfin, le délégué du Guatemala a demandé que les présidents des formations de pays de la CCP soient associés aux déplacements effectués par le Conseil dans les pays dont ils ont la charge.


M. MARTIN BRIENS (France) a souligné que plusieurs crises récentes, telles que celles qui avaient touché la Guinée-Bissau et la République centrafricaine, montrent à quel point le processus de consolidation de la paix est un chemin difficile.  Les Nations Unies, et en particulier la Commission de consolidation de la paix, font face à des problématiques très complexes, a-t-il fait remarquer, en notant que le dernier rapport de la CCP soulignait très justement à la fois le potentiel et les limites de cette enceinte.  Le soutien que peut apporter la CCP doit s’accompagner d’un engagement fort des acteurs nationaux -l’appropriation nationale est un élément essentiel– et d’un soutien durable des partenaires internationaux.  M. Briens a noté les progrès accomplis par la Commission, comme la mise en œuvre de la stratégie de réconciliation au Libéria et le développement de partenariats dans la mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté au Burundi.  En outre, il a apprécié le renforcement de la cohérence des actions conduites en matière de consolidation de la paix, en saluant la collaboration entre le Gouvernement de Guinée et le Fonds pour la consolidation de la paix qui a permis à près de 4 000 militaires d’être mis en retraite, ce qui a fait progresser la RSS dans ce pays.


Il reste encore des efforts à faire pour que la Commission joue pleinement son rôle, a estimé M. Briens.  C’est ainsi qu’il a prôné l’adoption d’une approche à long terme pour faire face à la difficulté du processus de consolidation de la paix qui, a-t-il précisé, suppose la mise en place de bases solides dans les pays considérés en termes d’état de droit, de police et de justice.  La crise actuelle en République centrafricaine nous montre à quel point la consolidation de la paix est un processus extrêmement fragile et réversible.  Il est indispensable que les travaux de la CCP s’inscrivent dans une perspective à long terme, a-t-il ajouté.  M. Briens a aussi souligné la nécessité d’un processus de consolidation de la paix inclusif, qui inclue tous les segments de la société.  La Commission doit continuer à améliorer ses méthodes de travail, en particulier en renforçant son rôle de coordination, a-t-il souligné.  Elle doit aussi établir des partenariats avec les institutions financières internationales, le secteur privé et les organisations philanthropiques.  Il est indispensable, a insisté M. Briens, d’améliorer les relations entre la Commission à New York et le terrain.


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a partagé la position du Secrétaire général selon laquelle il faudrait miser sur l’appropriation nationale pour assurer la consolidation de la paix dans les pays concernés.  Il faudrait aussi renforcer les liens entre le Siège de l’ONU et le terrain dans ce domaine.  La représentante a estimé que la paix et la sécurité ne peuvent être instaurées en l’absence d’accords politiques fondamentaux sur la structure du gouvernement.  Une bonne gouvernance est essentielle, a-t-elle insisté, en plaidant pour la mise en place d’institutions fortes dans les pays engagés dans la voie de la consolidation de la paix.  La représentante a par ailleurs averti que l’aide internationale ne pouvait remplacer les efforts entrepris sur le plan national.  En ce qui concerne la République centrafricaine, où les efforts de consolidation de la paix ont été suspendus à la suite du coup d’État survenu en 2012, elle a appelé à rétablir la voie constitutionnelle et à mettre en œuvre les Accords de Libreville. 


La représentante a ensuite invité à faire participer pleinement les femmes dans les processus de consolidation de la paix, afin qu’elles appuient les efforts menés au niveau national.  La gouvernance économique est également essentielle, a-t-elle ajouté.  La représentante des États-Unis a souligné la capacité de la Commission à garantir des ressources suffisantes et la participation des femmes pour appuyer les processus de consolidation de la paix.  Les femmes doivent contribuer, en particulier, au renforcement des secteurs de la justice et de la sécurité, a-t-elle précisé.  La Commission de consolidation de la paix demeure essentielle et elle doit continuer à améliorer son efficacité, a-t-elle dit avant de conclure son intervention.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a souhaité que la Commission de consolidation de la paix soit plus efficace dans la mobilisation des ressources au bénéfice des pays inscrits à son ordre du jour, et ce, dans le plein respect de leurs priorités nationales.  « Le principe d’appropriation nationale doit guider les efforts de consolidation de la paix », a-t-il fait valoir, avant de souligner les développements positifs qui ont été marqués par la stratégie de réconciliation nationale au Libéria et le succès des élections en Sierra Leone.  Le représentant a ensuite invité la Commission de consolidation de la paix à continuer de renforcer ses partenariats avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD).  « La coordination entre la Commission et les responsables des Nations Unies présents sur le terrain doit également être améliorée », a affirmé M. Mehdiyev.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait établir des priorités pour se concentrer sur l’état de droit, la réforme du secteur de sécurité et la relance des activités économiques.  La Commission doit se concentrer davantage sur les aspects de développement pour passer à la reprise économique.  Il a estimé que la CCP pourrait conseiller utilement le Conseil de sécurité sur les conditions spécifiques à prendre en compte dans la consolidation de la paix.  Ce rôle consultatif est pertinent dans le contexte des situations spécifiques de pays et dans les débats thématiques, a-t-il souligné.


Le représentant a ajouté que la valeur stratégique de la consolidation de la paix devrait être alignée sur les stratégies nationales.  Il a également souligné qu’il était essentiel d’intégrer la perspective sexospécifique dans les efforts de consolidation de la paix, en insistant sur le rôle important des femmes dans de nombreux secteurs.  Par ailleurs, le délégué du Pakistan a estimé que le succès des formations de pays dépendait des possibilités de mobiliser les ressources au fur et à mesure de l’évolution de la situation sur le terrain.  Il a également mis l’accent sur le rôle de catalyseur que joue le Fonds pour la consolidation de la paix en attirant d’autres sources de financement.  Ce Fonds, auquel le Pakistan contribue, devrait bénéficier de plus de souplesse pour qu’il puisse fonctionner de manière efficace.


Mme PHILIPPA KING (Australie) a évoqué la situation préoccupante qui sévit actuellement en République centrafricaine, en Guinée-Bissau et en République démocratique du Congo et le rôle que la Commission de consolidation de la paix doit jouer pour éviter que les pays ne retombent dans la violence.  Un défi essentiel pour la Commission consiste à avoir « un impact sur la vie des populations sur le terrain ».  À cet égard, elle doit tirer parti de son statut d’entité basée sur les États Membres pour accompagner politiquement les pays, comme cela fut le cas avec les élections qui ont eu lieu en Sierra Leone, en novembre dernier.


Après avoir salué les efforts entrepris par la Commission pour améliorer ses méthodes de travail et établir des priorités « ciblées et réalistes », la représentante a proposé de renforcer l’appui aux représentants spéciaux du Secrétaire général, aux représentants exécutifs du Secrétaire général et aux coordonnateurs résidents.  Il s’agit de « combler l’écart entre les capitales, New York et notre travail vital sur le terrain », a-t-elle expliqué.  Pour sa part, l’Australie a déployé à Freetown un conseiller en matière de consolidation de la paix. 


Mme King a souligné ensuite l’importance des partenariats entre la Commission et la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement, afin de limiter les duplications et de valoriser les ressources.  Dans cet esprit, elle s’est félicitée de l’accent mis par la Commission sur la création d’emplois et l’assistance pour l’état de droit.  Pour financer ses activités, la Commission doit se tourner vers de nouveaux types de donateurs, y compris dans le secteur privé.  Par exemple, les entreprises multinationales, notamment dans le domaine de l’extraction des ressources naturelles, ont intérêt à garantir la paix et la stabilité à long terme des pays dans lesquels elles sont implantées.


S’agissant du rôle des femmes dans la consolidation de la paix, la déléguée a estimé qu’il faudrait faire avancer le plan d’action en sept points du Secrétaire général, qui tienne compte de la problématique hommes-femmes, notamment en ce qui concerne la relance économique et la gouvernance.  Par exemple, l’Australie travaille étroitement avec les chefs de police des pays insulaires du Pacifique pour appuyer le rôle des femmes agents et officiers de police dans la région.  Enfin, pour la période 2012-2016, le pays contribue à hauteur de 12 millions de dollars au Fonds pour la consolidation de la paix.  


M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a souligné que la récente détérioration des situations en République centrafricaine et en Guinée-Bissau avait montré des lacunes dans l’accompagnement politique fourni par la Commission.  « Il est impératif de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité », a-t-il affirmé, avant d’appeler de ses vœux un nouveau paradigme pour une coopération Sud-Sud et une coopération triangulaire, que le Maroc considère comme une priorité.  Ce nouveau paradigme, pour autant que la Commission s’en empare, permettrait de répondre davantage aux priorités des pays inscrits à son ordre du jour, a-t-il dit.


Soulignant les liens qui existent entre le Conseil et la Commission, le représentant du Maroc a estimé que l’expertise de cette dernière sera précieuse lorsque le Conseil examinera le renouvellement du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA).  Enfin, le délégué du Maroc a mentionné la déclaration présidentielle adoptée sous la présidence marocaine du Conseil en décembre 2012 qui appelle à privilégier une approche intégrée et cohérente des efforts de consolidation de la paix. 


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a souligné les succès encourageants de la Commission de consolidation de la paix en 2012.  En même temps, elle a reconnu qu’il restait encore un long chemin à parcourir dans cette voie et c’est pourquoi, elle a invité les membres du Conseil de sécurité à soutenir cet organe.  Le Luxembourg, fort de son expérience à la présidence de la formation Guinée Bissau et qui, depuis janvier dernier, siège au sein du Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans, souligne l’importance de trois conditions qui, a indiqué sa représentante, pourraient contribuer à renforcer l’efficacité des travaux de la Commission de consolidation de la paix.  La première condition est la volonté politique des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission, a-t-elle dit, en rappelant que les premiers responsables de la consolidation de la paix sont les acteurs étatiques des pays en question.  Ces derniers, a-t-elle précisé, doivent créer des partenariats de confiance avec la population.  Les six pays à l’ordre du jour de la CCP ont affirmé leur volonté en ce sens, notamment en contribuant à la formulation du « New Deal », s’est-elle félicitée.  Mme Lucas a aussi insisté sur la nécessité d’appuyer les efforts entrepris pour aligner les engagements de consolidation de la paix avec les priorités des pays.


Les pays accompagnés par la Commission doivent être évalués dans leur contexte régional, a-t-elle aussi souligné, en appelant à prendre en compte les défis frontaliers.  La représentante du Luxembourg s’est félicitée que les formations des pays membres de l’Union du fleuve Mano -à savoir la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone- organisent prochainement une réunion pour examiner les défis communs de la région.  Par ailleurs, Mme Lucas a rappelé qu’en 2012, les membres du Conseil avaient insisté sur la nécessité d’établir une plus grande coordination entre les formations de pays de la CCP, à la fois sur le terrain et au Siège de l’ONU, à New York.  Elle a prôné le renforcement du Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour qu’il puisse consacrer plus de ressources à l’accompagnement des formations de pays.  Elle a en outre préconisé de dépasser les incertitudes qui persistent dans les relations entre le Conseil de sécurité et la CCP.  Elle a souhaité, en particulier, que les présidents des formations de pays puissent participer aux séances privées du Conseil. 


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a tout d’abord réaffirmé que le principe d’appropriation nationale devrait guider les stratégies de consolidation de la paix, afin de garantir l’implication de tous les membres de la société.  Elle a ensuite indiqué que la rupture de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau et en République centrafricaine montrait les limites de l’accompagnement fourni par la Commission.  « S’il n’y a pas un engagement fort des pays, la tâche de la Commission est très difficile », a-t-elle dit.  La déléguée s’est dite favorable à une coopération internationale adaptée aux spécificités des pays, en mettant en garde contre une approche unique qui imposerait des modèles rigides, dont le succès n’est pas, au demeurant, avéré.  Avant de conclure, la déléguée de l’Argentine a souligné la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud et les capacités des organisations régionales afin qu’elles contribuent pleinement aux efforts de consolidation de la paix.


M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a demandé au Conseil de sécurité de contribuer aux efforts de la Commission de consolidation de la paix pour l’aider à jouer un rôle qui est difficile.  Il a estimé que la Commission ne pourrait avoir d’incidences que si elle agissait avec beaucoup de sensibilité.  L’inscription d’un pays à l’ordre du jour de la Commission entraîne de sa part une responsabilité et suscite des attentes, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a notamment encouragé ces pays à procéder à un partage d’expériences dans le domaine de la consolidation de la paix.  Le soutien collectif aux pays doit se concentrer sur le renforcement des capacités nationales, a-t-il ajouté, en soulignant que c’est la seule voie permettant d’éviter le retour au conflit.  La Commission de consolidation de la paix pourrait être une plateforme utile pour la coopération Sud-Sud, grâce au partage d’expérience.


Le représentant a également invité à mieux coordonner les actions menées au sein de l’ONU dans le domaine de la consolidation de la paix, en mettant l’accent sur la nécessité d’assurer la cohérence entre les travaux de la Commission et ceux des autres organes de l’ONU, ainsi qu’avec le travail mené par les intervenants extérieurs.  Il a par ailleurs insisté sur l’appui dont doivent bénéficier les pays à l’ordre du jour de la CCP afin qu’ils soient en mesure d’attirer des investissements.  Il a aussi insisté sur l’amélioration des relations entre la CCP et le Conseil de sécurité.  Dans ce cadre, la CCP devrait fournir au Conseil des précisions sur la cohésion des acteurs principaux et sur les risques posés au processus de paix dans les pays concernés.  Le représentant du Rwanda a en outre demandé d’utiliser davantage les dialogues interactifs entre les deux organes.  À cet égard, il s’est félicité de l’initiative de la Colombie en juillet 2012 que le Rwanda entend promouvoir en organisant un dialogue interactif sur le moyen de renforcer le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité reconduit le régime de sanctions sur les armes et les diamants en Côte d’Ivoire jusqu’au 30 avril 2014

CS/10988

Le Conseil de sécurité reconduit le régime de sanctions sur les armes et les diamants en Côte d’Ivoire jusqu’au 30 avril 2014

25/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10988
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6953e séance – matin                                       


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RECONDUIT LE RÉGIME DE SANCTIONS SUR LES ARMES

ET LES DIAMANTS EN CÔTE D’IVOIRE JUSQU’AU 30 AVRIL 2014


Le représentant de la Côte d’Ivoire souligne les progrès

importants accomplis par son pays en termes de sécurité et de reprise économique


Le Conseil de sécurité a reconduit, ce matin, pour une période de 12 mois, son régime de sanctions à l’égard de la Côte d’Ivoire, concernant les armes et les diamants, ainsi que le mandat du Groupe d’experts créé en 2004 pour évaluer la situation dans le pays.


En adoptant, à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2101 (2013), le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 30 avril 2014 les mesures imposant à tous les États d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, d’armes et de matériel connexe à la Côte d’Ivoire, à partir de leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, que ces armes et ce matériel aient ou non leur origine sur leur territoire.


Constatant que les mesures imposées par les résolutions précédentes continuent de contribuer à la stabilité en Côte d’Ivoire, le Conseil a également reconduit pour un an les sanctions concernant les opérations financières et les voyages, ainsi que l’importation de diamants bruts en provenance de Côte d’Ivoire.


En outre, en prorogeant jusqu’au 30 avril 2014 le mandat du Groupe d’experts, il a prié le Secrétaire général de prendre les mesures nécessaires pour soutenir le Groupe dans son action.


Cette résolution intervient dans un contexte marqué par des progrès considérables accomplis par le Gouvernement, a souligné le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations Unies, M. Youssoufou Bamba.  Il a insisté sur les progrès réalisés aux plans de la stabilisation de la situation sécuritaire, du dialogue politique et de la réconciliation nationale, ainsi que de la reprise économique.


La récente mission d’évaluation technique qui s’est rendue en Côte d’Ivoire a confirmé cet état de fait, comme cela est mentionné dans la résolution que vient d’adopter le Conseil, a-t-il assuré.


Le représentant a toutefois reconnu que des défis importants demeurent, qui exigent la poursuite des efforts en cours.  Il a réaffirmé la totale disponibilité de son gouvernement à coopérer pleinement avec les Nations Unies, y compris avec le Groupe d’experts du Comité des sanctions, pour la mise en œuvre des mesures contenues dans la présente résolution, ainsi que les résolutions antérieures pertinentes.


Comme l’indique la résolution 2101 (2013), il a émis l’espoir que la contribution de ces mesures au renforcement de la stabilité de la Côte d’Ivoire permettra d’entrevoir, dans un proche avenir, une autre modification, voire la levée partielle ou totale du régime de sanctions concernant la Côte d’Ivoire.


LA SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE


Lettre datée du 12 avril 2013, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1572 (2004) concernant la Côte d’Ivoire (S/2013/228)


Texte du projet de résolution S/2013/244


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de son président concernant la situation en Côte d’Ivoire, en particulier les résolutions 1880 (2009), 1893 (2009), 1911 (2010), 1933 (2010), 1946 (2010), 1962 (2010), 1975 (2011), 1980 (2011), 2000 (2011), 2045 (2012), et 2062 (2012),


Réaffirmant son ferme attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité de la Côte d’Ivoire, et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,


Prenant note du rapport spécial du Secrétaire général daté du 29 mars 2012 (S/2012/186), du rapport de mi-mandat de 2012 (S/2012/766) et du rapport final de 2013 (S/2013/228) du Groupe d’experts des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire,


Constatant que les mesures imposées par les résolutions 1572 (2004), 1643 (2005), 1975 (2011) et 1980 (2011) continuent de contribuer à la stabilité en Côte d’Ivoire et soulignant que ces mesures ayant pour but d’accompagner le processus de paix dans ce pays, il pourrait éventuellement modifier à nouveau ou lever tout ou partie de celles qui subsistent, en fonction des progrès accomplis en matière de démobilisation, de désarmement et de réinsertion ainsi que de réforme du secteur de la sécurité, de réconciliation nationale et de lutte contre l’impunité,


Se félicitant des progrès accomplis et des succès obtenus par la Côte d’Ivoire ces derniers mois dans le sens du retour à la stabilité, en faisant face aux problèmes de sécurité les plus urgents, en soutenant sa reprise économique et en renforçant la coopération internationale et régionale, notamment avec les Gouvernements ghanéen et libérien,


Saluant l’achèvement du cycle électoral enclenché par les accords de Ouagadougou, y compris les récentes élections législatives tenues dans six districts et les élections municipales organisées sur toute l’étendue du territoire, et encourageant le Gouvernement et l’opposition à s’acheminer résolument et d’un même pas vers la réconciliation politique et la réforme électorale pour garantir l’ouverture et la transparence du jeu politique,


S’inquiétant de la lenteur du processus de réconciliation et saluant les efforts consentis par tous les Ivoiriens pour soutenir la réconciliation nationale et la consolidation de la paix par le dialogue et la concertation, engageant la Commission Dialogue, vérité et réconciliation à achever ses travaux et à produire des résultats concrets d’ici au 30 septembre 2013, date d’expiration de son mandat,


Demeurant préoccupé par l’inachèvement de la réforme du secteur de la sécurité et du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), ainsi que par la circulation des armes, qui continuent de faire peser une lourde menace sur la stabilité du pays, et accueillant avec satisfaction les mesures positives prises dans le sens de la stabilité, notamment l’adoption de la stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité par le Conseil de sécurité national et la création d’une autorité unique chargée du programme de DDR,


Redisant le pressant besoin dans lequel se trouve le Gouvernement ivoirien d’entraîner et d’équiper ses forces de sécurité, et notamment de doter sa police et sa gendarmerie des armes et munitions nécessaires au maintien de l’ordre,


Soulignant de nouveau qu’il importe que le Gouvernement ivoirien soit en mesure d’apporter une réponse proportionnée aux menaces contre la sécurité de l’ensemble des citoyens de la Côte d’Ivoire et demandant au Gouvernement de veiller à ce que ses forces de sécurité demeurent fidèles à l’obligation de respecter les droits de l’homme et le droit international applicable,


Se félicitant de ce que le Gouvernement ivoirien ait continué de coopérer avec le Groupe d’experts créé initialement par le paragraphe 7 de la résolution 1584 (2004) à l’occasion de son mandat reconduit dernièrement par la résolution 2045 (2012), et l’encourageant à coopérer plus étroitement avec ce dernier,


Se félicitant des efforts que fait le Secrétariat pour étoffer et améliorer le registre d’experts du Service de ses organes subsidiaires, compte tenu des indications données par son président dans la note publiée sous la cote S/2006/997,


Se déclarant préoccupé par les constatations du Groupe d’experts concernant la prolifération d’une fiscalité illégale, la multiplication des postes de contrôle et de cas d’extorsion de fonds et l’insuffisance des moyens matériels et humains de police des frontières,


Se déclarant préoccupé également par la vaste contrebande de ressources naturelles, en particulier de cacao, de noix de cajou, de coton, de bois, d’or et de diamants exportés de Côte d’Ivoire ou importés dans ce pays en toute illégalité,


Rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2010) concernant les femmes, la paix et la sécurité, ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011) et 2068 (2012) concernant les enfants et les conflits armés, et ses résolutions 1674 (2006) et 1894 (2009) concernant la protection des civils en période de conflit armé,


Condamnant fermement une fois de plus toutes violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Côte d’Ivoire et condamnant toutes violences contre les civils, y compris les femmes, les enfants, les personnes déplacées et les étrangers, ainsi que toutes autres exactions ou atteintes aux droits de l’homme, soulignant que les auteurs de tels actes doivent être traduits en justice, devant des tribunaux internes ou internationaux, et engageant le Gouvernement ivoirien à continuer de coopérer étroitement avec la Cour pénale internationale,


Soulignant qu’il importe de doter le Groupe d’experts de ressources suffisantes pour lui permettre de s’acquitter de son mandat,


Considérant que la situation en Côte d’Ivoire continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


1.    Décide que, jusqu’au 30 avril 2014, tous les États devront prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, d’armes et de matériel connexe à la Côte d’Ivoire, à partir de leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, que ces armes et ce matériel aient ou non leur origine sur leur territoire;


2.    Rappelle que les mesures concernant les armes et le matériel connexe visées aux paragraphes 7 et 8 de sa résolution 1572 (2004) sont remplacées par les mesures visées aux paragraphes 2, 3 et 4 de la résolution 2045 (2012) et ne s’appliqueront plus ni à la fourniture de services de formation, de conseils et de compétences spécialisées en rapport avec les fonctions de sécurité et militaires, ni à la fourniture de véhicules civils aux forces de sécurité ivoiriennes;


3.    Décide que les mesures imposées en vertu du paragraphe 1 ci-dessus ne s’appliquent pas:


a)    Aux fournitures destinées exclusivement à l’appui de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et des forces françaises qui la soutiennent, ou à l’utilisation par celles-ci;


b)    Au matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou à des fins de protection, sur notification préalable au Comité créé par le paragraphe 14 de la résolution 1572 (2004);


c)    Aux vêtements protecteurs, y compris les gilets pare-balles et les casques militaires, importés temporairement en Côte d’Ivoire par le personnel des Nations Unies, les représentants des médias et les agents humanitaires et du développement et le personnel associé, pour leur seul usage personnel;


d)    Aux fournitures exportées temporairement en Côte d’Ivoire et destinées aux forces d’un État qui agit, conformément au droit international, exclusivement et directement pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants et des personnes envers lesquelles il a des responsabilités consulaires en Côte d’Ivoire, sur notification préalable au Comité créé par le paragraphe 14 de la résolution 1572 (2004);


e)    Au matériel de police non létal destiné à permettre aux forces de sécurité ivoiriennes d’utiliser une force appropriée et proportionnée afin de maintenir l’ordre, sur notification préalable au Comité créé par le paragraphe 14 de la résolution 1572 (2004);


f)    Aux armes et autres matériels létaux destinés aux forces de sécurité ivoiriennes dans le seul but d’appuyer le processus de réforme du secteur de la sécurité ou d’être utilisés dans le cadre de ce processus, après accord préalable du Comité créé par le paragraphe 14 de la résolution 1572 (2004);


4.    Décide que, pendant la période visée au paragraphe 1 ci-dessus, les autorités ivoiriennes notifieront au préalable au Comité tout envoi de matériel visé au paragraphe 3 e) ci-dessus ou solliciteront l’accord préalable du Comité pour tout envoi de matériel visé au paragraphe 3 f) ci-dessus, décide en outre que tout État Membre apportant une assistance peut, subsidiairement, notifier le Comité après avoir informé le Gouvernement ivoirien en vertu du paragraphe 3 e) de son intention de le faire, et souligne qu’il importe que ces notifications ou demandes préalables soient accompagnées de toutes les informations nécessaires, y compris l’utilisation à laquelle le matériel est destiné et l’utilisateur final, les caractéristiques techniques et le nombre d’articles à expédier ainsi que, le cas échéant, le fournisseur, la date envisagée de livraison, le mode de transport et l’itinéraire de transport;


5.    Exhorte le Gouvernement ivoirien à permettre au Groupe d’experts et à l’ONUCI d’avoir accès aux équipements faisant l’objet de dérogations au moment de l’importation de ces équipements et avant qu’ils ne soient livrés aux utilisateurs finals, souligne que le Gouvernement ivoirien devra marquer les armes et les matériels connexes à leur entrée sur le territoire de la Côte d’Ivoire et en tenir un registre, et se déclare prêt à envisager une extension de la procédure de notification à toutes les dérogations à l’embargo, en fonction des progrès réalisés en matière de démobilisation, de désarmement et de réinsertion ainsi que de réforme du secteur de la sécurité;


6.    Décide de reconduire jusqu’au 30 avril 2014 les mesures concernant les opérations financières et les voyages imposées aux paragraphes 9 à 12 de sa résolution 1572 (2004) et au paragraphe 12 de sa résolution 1975 (2011) et décide également de reconduire jusqu’à la même date les mesures interdisant l’importation par quelque État que ce soit de diamants bruts en provenance de Côte d’Ivoire imposées au paragraphe 6 de la résolution 1643 (2005), tout en se déclarant prêt à les réexaminer en fonction des progrès accomplis dans la voie de la mise en œuvre du Processus de Kimberley;


7.    Décide de poursuivre l’examen des mesures visées aux paragraphes 1, 3 et 4 ci-dessus au regard des progrès réalisés en matière de stabilisation dans tout le pays à la fin de la période visée au paragraphe 1, en vue éventuellement de modifier à nouveau ou de lever tout ou partie des autres mesures prévues, en fonction des progrès accomplis en matière de démobilisation, de désarmement et de réinsertion ainsi que de la réforme du secteur de la sécurité, de réconciliation nationale et de lutte contre l’impunité;


8.    Engage vivement le Gouvernement ivoirien à prendre les dispositions nécessaires en vue d’appliquer les mesures imposées au paragraphe 1 ci-dessus, notamment en en intégrant les dispositions pertinentes dans sa législation nationale;


9.    Demande à tous les États Membres, et en particulier à ceux de la sous-région, d’appliquer intégralement les mesures énoncées aux paragraphes 1 et 6 ci-dessus;


10.   Exprime sa profonde préoccupation devant l’instabilité qui règne à l’ouest de la Côte d’Ivoire, salue l’action coordonnée que mènent les autorités des pays voisins pour remédier à cette situation, en particulier s’agissant de la zone frontalière, et les encourage à poursuivre les efforts qu’elles déploient dans ce sens, y compris en renforçant le contrôle et l’échange d’informations et en menant des activités coordonnées, et en définissant et en appliquant une stratégie concernant leur frontière commune visant à favoriser le désarmement et le rapatriement d’éléments armés étrangers se trouvant des deux côtés de la frontière, ainsi que le retour volontaire des réfugiés;


11.   Encourage l’ONUCI et la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) à continuer, dans les limites de leurs mandats, capacités et zones de déploiement respectifs, à coordonner étroitement l’assistance fournie aux Gouvernements ivoirien et libérien, respectivement, pour la surveillance de leur frontière, et se félicite du développement de la coopération entre le Groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire et du Groupe d’experts sur le Libéria créé en application du paragraphe 4 de la résolution 1854 (2008);


12.   Exhorte tous les combattants armés illégaux ivoiriens, y compris ceux se trouvant dans des pays voisins, à déposer immédiatement les armes, encourage l’ONUCI, dans les limites de son mandat, de ses capacités et des secteurs dans lesquels elle est déployée, à continuer d’aider le Gouvernement ivoirien à collecter et à entreposer ces armes et à enregistrer toute information pertinente les concernant, et demande au Gouvernement ivoirien, y compris à la Commission nationale de lutte contre la prolifération et le trafic illicite des armes de petit calibre et des armes légères, de veiller à ce que ces armes soient neutralisées ou ne soient pas distribuées illégalement, conformément à la Convention de la CEDEAO sur les armes légères, leurs munitions et autres matériels connexes;


13.   Se félicite de la décision prise par le Gouvernement ivoirien de ratifier la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes et encourage les acteurs concernés à apporter à ce dernier une assistance technique en vue de son application;


      14.   Rappelle que, dans le cadre du respect de l’embargo sur les armes, l’ONUCI a pour mandat de collecter, selon qu’il convient, les armes et tout matériel connexe introduits en Côte d’Ivoire en violation des mesures imposées en vertu du paragraphe 7 de la résolution 1572 (2004) telle que modifiée par les paragraphes 1 et 2 de la résolution 2045 (2012), et d’en disposer selon qu’il convient;


15.   Redit qu’il est nécessaire que les autorités ivoiriennes assurent le libre accès du Groupe d’experts, ainsi que de l’ONUCI et des forces françaises qui la soutiennent, aux matériels, sites et installations visés à l’alinéa a) du paragraphe 2 de la résolution 1584 (2005), et à toutes les armes et munitions et tout matériel connexe de toutes les forces de sécurité armées, y compris les armes provenant de la collecte mentionnée plus haut aux paragraphes 11 ou 12, où qu’ils se trouvent et sans préavis le cas échéant, ainsi qu’il est dit dans les résolutions 1739 (2007), 1880 (2009), 1933 (2010), 1962 (2010), 1980 (2011) et 2062 (2012);


16.   Réaffirme qu’il est déterminé à imposer des sanctions ciblées comme indiqué au paragraphe 10 de la résolution 1980 (2011);


17.   Demande à tous les États concernés, en particulier ceux de la sous-région, de coopérer pleinement avec le Comité, et autorise celui-ci à solliciter tout complément d’information qu’il juge nécessaire;


18.   Décide de proroger jusqu’au 30 avril 2014 le mandat du Groupe d’experts défini au paragraphe 7 de sa résolution 1727 (2006), et prie le Secrétaire général de prendre les mesures nécessaires pour soutenir le Groupe dans son action;


19.   Prie le Groupe d’experts de présenter au Comité un rapport de mi-mandat pour le 15 octobre 2013 et de lui présenter, par l’intermédiaire du Comité et 30 jours avant la fin de son mandat, un rapport final et des recommandations sur l’application des mesures imposées au paragraphe 1 ci-dessus, aux paragraphes 9 et 11 de la résolution 1572 (2004), au paragraphe 6 de la résolution 1643 (2005), au paragraphe 12 de la résolution 1975 (2011) et au paragraphe 10 de la résolution 1980 (2011);


20.   Décide que le rapport du Groupe d’experts visé à l’alinéa e) du paragraphe 7 de la résolution 1727 (2006) peut comprendre, selon qu’il conviendra, toutes informations ou recommandations susceptibles d’aider le Comité à désigner de nouvelles personnes ou entités répondant aux critères énoncés aux paragraphes 9 et 11 de la résolution 1572 (2004) et au paragraphe 10 de la résolution 1980 (2011), et rappelle les conclusions du rapport du Groupe de travail officieux sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997) concernant les meilleures pratiques et méthodes, dont les paragraphes 21, 22 et 23 du rapport, qui traitent des mesures susceptibles de clarifier les normes méthodologiques appliquées par les mécanismes de surveillance;


21.   Prie le Secrétaire général de lui communiquer, s’il y a lieu, par l’intermédiaire du Comité, les informations recueillies par l’ONUCI et, si possible, examinées par le Groupe d’experts concernant la fourniture à la Côte d’Ivoire d’armes et de matériel connexe;


22.   Prie également le Gouvernement français de lui communiquer, s’il y a lieu, par l’intermédiaire du Comité, les informations recueillies par les forces françaises et, si possible, examinées par le Groupe d’experts concernant la fourniture à la Côte d’Ivoire d’armes et de matériel connexe;


23.   Prie en outre le Processus de Kimberley et d’autres organismes nationaux et internationaux compétents de coopérer étroitement avec le Groupe d’experts et à ses enquêtes concernant les individus et réseaux impliqués dans la production, le commerce et l’exportation illicite de diamants de Côte d’Ivoire, d’échanger régulièrement des informations à cet égard et de lui communiquer s’il y a lieu, par l’intermédiaire du Comité, des informations, concernant ces questions, et décidede renouveler les dérogations prévues aux paragraphes 16 et 17 de sa résolution 1893 (2009) concernant l’importation d’échantillons de diamants bruts à des fins de recherche scientifique, sous réserve que ces travaux de recherche soient coordonnés par le Processus de Kimberley;


24.   Demande instamment aux autorités ivoiriennes d’élaborer et d’appliquer un plan d’action visant à faire respecter les conditions minima du Processus de Kimberley en Côte d’Ivoire et les engage à procéder, en étroite collaboration avec le Système de certification du Processus de Kimberley, à un examen et une évaluation du système ivoirien de contrôles internes du commerce des diamants bruts et à la réalisation d’une étude géologique approfondie des ressources en diamants et de la capacité de production de la Côte d’Ivoire, en vue de modifier ou de lever éventuellement, selon qu’il conviendra, les mesures imposées au paragraphe 6 de la résolution 1643 (2005) conformément au paragraphe 6 visé plus haut;


25.   Encourage les autorités ivoiriennes à participer au programme de mise en œuvre accueilli par l’OCDE sur le devoir de diligence pour une chaîne d’approvisionnement responsable en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque et à prendre contact avec des organisations internationales en vue de profiter des enseignements tirés d’autres initiatives et pays qui se sont heurtés ou se heurtent à des problèmes similaires d’exploitation minière artisanale;


26.   Demande aux autorités ivoiriennes de démanteler les réseaux de taxation illégaux, notamment en procédant à des enquêtes pertinentes et approfondies, de réduire le nombre de postes de contrôle et d’enrayer les cas d’extorsion de fonds sur toute l’étendue du territoire et leur demande également de prendre les mesures nécessaires pour rétablir et renforcer les institutions concernées, et d’accélérer le déploiement d’agents de douane et de police des frontières, dans le nord, l’ouest et l’est du pays;


27.   Demande au Groupe d’experts d’évaluer l’efficacité des mesures prises et du contrôle des frontières dans la région, engage tous les États voisins à prendre conscience des efforts faits par la Côte d’Ivoire à cet égard et encourage l’ONUCI à aider les autorités ivoiriennes, dans les limites de son mandat, à rétablir les activités normales de contrôle douanier et de police des frontières;


28.   Demande instamment à tous les États, aux organismes compétents des Nations Unies et aux autres organisations et parties intéressées, de coopérer pleinement avec le Comité, le Groupe d’experts, l’ONUCI et les forces françaises, notamment en communiquant tous renseignements dont ils disposeraient sur d’éventuelles violations des mesures imposées aux paragraphes 1, 2 et 3 ci-dessus, aux paragraphes 9 et 11 de la résolution 1572 (2004), au paragraphe 6 de la résolution 1643 (2005) et au paragraphe 12 de la résolution 1975 (2011), et demande au Groupe d’experts de coordonner ses activités, selon qu’il conviendra, avec tous les acteurs politiques;


29.   Prie la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit de continuer de communiquer au Comité des informations sur ces questions conformément au paragraphe 7 de la résolution 1960 (2010) et au paragraphe 9 de la résolution 1998 (2011);


30.   Demande instamment dans ce contexte à toutes les parties ivoiriennes et à tous les États, en particulier ceux de la région, de garantir :


–                    La sécurité des membres du Groupe d’experts;


–     L’accès libre et immédiat du Groupe d’experts, en particulier aux personnes, documents et lieux, aux fins de l’exécution de son mandat;


31.   Décide de demeurer activement saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le Conseil de sécurité décide, à l’unanimité, de créer une mission pour la stabilisation au Mali

CS/10987

Le Conseil de sécurité décide, à l’unanimité, de créer une mission pour la stabilisation au Mali

25/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10987
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6952e séance – matin                                       


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉCIDE, À L’UNANIMITÉ, DE CRÉER UNE MISSION POUR LA STABILISATION AU MALI


« La résolution 2100 (2013) marque une étape importante dans le processus visant

à endiguer les groupes terroristes », affirme le Ministre malien des affaires étrangères


Le Conseil de sécurité a décidé ce matin, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, de créer une Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), qui comprendra un effectif total allant jusqu’à 12 640 Casques bleus et policiers.


Par sa résolution 2100 (2013), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité décide que l’autorité de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA), requise par le Conseil dans sa résolution 2085 (2012), sera transférée à la MINUSMA.  La MINUSMA commencera à s’acquitter de son mandat à partir du 1er juillet 2013 pour une période initiale d’une année.


Cette date, ainsi que le déploiement échelonné de la MINUSMA, sera revue par le Conseil 60 jours après l’adoption de la présente résolution en fonction de l’état de sécurité dans la zone d’opérations de la Mission, « notamment selon que les principaux combats menés par les forces militaires internationales auront cessé et que la capacité des terroristes aura été nettement réduite ».  Le Conseil pourra donc modifier le calendrier de déploiement de la Mission s’il estime que la situation ne satisfait pas à ces critères avant le 1er juillet 2013.


Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, M. Tieman Hubert Coulibaly, qui participait à la réunion du Conseil, a indiqué que cette résolution marquait une étape importante dans le processus visant à endiguer les activités des groupes terroristes et rebelles. 


La résolution 2100 (2013) énumère, parmi les principaux éléments du mandat de la Mission, la stabilisation de la situation dans les principales agglomérations et la contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays.  Tandis que les autorités maliennes de transition sont instamment engagées à tenir des élections présidentielle et législatives, « dès que ce sera techniquement possible », le Conseil confie en outre à la Mission la tâche de contribuer à l’application de la feuille de route pour la transition, y compris le dialogue national et le processus électoral.


En ce qui concerne l’action en faveur de la justice, partie intégrante du mandat de la MINUSMA, le Conseil autorise la Mission à user « de tous moyens nécessaires », dans la limite de ses zones d’opérations, pour aider les autorités de transition maliennes à rétablir l’administration de l’État dans tout le pays, à stabiliser la situation dans les principales agglomérations et, dans ce contexte, « à écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones ».


La MINUSMA pourra en outre user de tels moyens pour assurer la protection du personnel des Nations Unies et « des civils immédiatement menacés de violences physiques », ainsi que pour le concours qu’elle apporte à l’action des autorités maliennes de transition « en vue de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Mali ».  Ces autorités ont en effet saisi la Cour pénale internationale de la situation dans leur pays.


Par la présente résolution, le Conseil autorise en outre l’armée française, dans la limite de ses zones de déploiement, à user de tous moyens nécessaires, à partir du commencement des activités de la MINUSMA et jusqu’à la fin de son mandat, « pour se porter au secours d’éléments de la Mission en cas de danger grave et imminent ».  Le Secrétaire général devra, au préalable, en avoir fait la demande.


La MINUSMA comprendra jusqu’à 11 200 membres du personnel militaire, y compris des bataillons de réserve pouvant être déployés rapidement à l’intérieur du pays, et 1 440 membres du personnel de police.  Par la résolution 2100 (2013), le Conseil demande aux États Membres de fournir des contingents et du personnel de police ayant les capacités et l’équipement nécessaires pour aider la nouvelle Mission à s’acquitter de ses responsabilités.


Le représentant de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, a tenu à rappeler qu’il incombait, en premier lieu, aux Maliens de trouver une solution à la crise au Mali.  Il s’est dit préoccupé par la récente tendance visant à imposer aux Casques bleus des tâches qui ne relèvent pas, selon lui, du domaine du maintien de la paix, comme par exemple la poursuite des personnes recherchées par la Cour pénale internationale.  Ces tâches, a-t-il averti, pourraient avoir des conséquences imprévisibles pour la sécurité du personnel des Nations Unies.


Le Gouvernement de transition malien, a assuré M. Coulibaly, s’attelle activement à la mise en œuvre de la feuille de route à travers l’organisation d’élections transparentes et le démarrage effectif d’un processus de dialogue inclusif intermalien.  « La mise en place d’une Commission Dialogue et Réconciliation participe de cette dynamique », a-t-il ajouté.


Pour sa part, l’Observateur de l’Union africaine, M. Tete Antonio, a souhaité que le rôle central de l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) soit reconnu, puisque ces deux organisations maintiendront une présence forte à Bamako.  Il a aussi demandé de continuer à tenir des consultations avant de prendre des décisions importantes comme le choix des contingents et une bonne coordination entre la MINUSMA, les forces françaises et l’armée malienne.


LA SITUATION AU MALI


Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2013/189)


Texte du projet de résolution (S/2013/242)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions 2056 (2012), 2071 (2012) et 2085 (2012), les déclarations de son président en date des 26 mars (S/PRST/2012/7) et 4 avril 2012 (S/PRST/2012/9), ainsi que ses déclarations à la presse sur le Mali en date des 22 mars, 9 avril, 18 juin, 10 août, 21 septembre et 11 décembre 2012 et du 10 janvier 2013,


Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali,


Réaffirmant également les principes fondamentaux du maintien de la paix, y compris ceux qui concernent le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf le cas de légitime défense ou de défense du mandat, et considérant que le mandat de chaque mission de maintien de la paix doit être adapté aux besoins et à la situation du pays concerné,


Condamnant fermement l’offensive lancée dans le sud du Mali le 10 janvier 2013 par des groupes armés terroristes et extrémistes et insistant sur le fait que le terrorisme ne peut être vaincu qu’à la faveur d’une démarche suivie et globale, fondée sur la participation et la collaboration actives de l’ensemble des États et organismes régionaux et internationaux, pour contrer, affaiblir, et isoler la menace terroriste, et réaffirmant que le terrorisme ne peut et ne saurait être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation,


Saluant la célérité avec laquelle les forces françaises sont intervenues, à la demande des autorités de transition maliennes, pour arrêter l’offensive de groupes armés terroristes et extrémistes dans le sud du Mali et saluant l’action que les Forces de défense et de sécurité maliennes ont menée avec l’aide des forces françaises et des hommes de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) pour rétablir l’intégrité territoriale du pays,


Mettant l’accent sur la nécessité d’œuvrer rapidement à rétablir la gouvernance démocratique et l’ordre constitutionnel, notamment en tenant des élections présidentielle et législatives libres, régulières, transparentes et ouvertes à tous, et soulignant qu’il importe que les autorités de transition maliennes engagent promptement un dialogue ouvert et une véritable concertation avec les groupes politiques maliens, y compris ceux qui ont précédemment prôné l’indépendance, sont prêts à mettre fin aux hostilités, ont rompu tous liens avec des organisations terroristes et reconnaissent sans condition l’unité et l’intégrité territoriale de l’État malien,


Restant gravement préoccupé par l’ampleur de la crise alimentaire et humanitaire qui sévit dans la région du Sahel et par l’insécurité qui entrave l’accès humanitaire, que viennent aggraver la présence de groupes armés et de réseaux terroristes et criminels, et leurs activités, la présence de mines terrestres, ainsi que la prolifération d’armes en provenance de la région et d’ailleurs, qui menace la paix, la sécurité et la stabilité des États de la région,


Soulignant la nécessité pour toutes les parties de défendre et de respecter les principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance afin que l’aide humanitaire puisse continuer d’être fournie et en vue d’assurer la sécurité des civils qui la reçoivent et celle du personnel humanitaire travaillant au Mali, et insistant sur le fait qu’il importe que l’aide humanitaire soit fournie en fonction des besoins,


Condamnant fermement toutes atteintes aux droits de l’homme et violations du droit international humanitaire, y compris les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, et la violence sexuelle ou sexiste, les amputations punitives, ainsi que le meurtre, la mutilation, le recrutement et l’utilisation d’enfants, les attaques contre des écoles et des hôpitaux, les déplacements forcés, et la destruction du patrimoine culturel et historique, commis au Mali par tout groupe ou toute personne, prenant note en particulier des atteintes généralisées aux droits de l’homme commises par des groupes armés, terroristes et extrémistes dans le nord du pays, condamnant énergiquement les représailles dont il est fait état, y compris celles d’inspiration ethnique et celles auxquelles se seraient livrés des membres des Forces de défense et de sécurité maliennes sur la personne de civils, et engageant les parties à mettre fin à ces violations et atteintes et à s’acquitter des obligations mises à leur charge par le droit international applicable,


Rappelant, à ce sujet, que tous les auteurs de ces actes doivent en répondre et que certains des actes mentionnés au paragraphe précédent peuvent constituer des crimes au regard du Statut de Rome, et notant que le 13 juillet 2012, les autorités maliennes de transition ont saisi la Cour pénale internationale de la situation au Mali depuis janvier 2012 et que le 16 janvier 2013, le Procureur a ouvert une enquête sur les crimes commis sur le territoire du Mali depuis janvier 2012,


Prenant note de l’inscription sur la Liste de Ansar Eddine et son dirigeant Iyad Ag Ghali, rappelant que le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) sont inscrits sur la Liste relative aux sanctions contre Al-Qaida créée par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) et se déclarant à nouveau disposé à sanctionner, au titre du régime susmentionné et, conformément aux critères arrêtés pour l’inscription sur la Liste, d’autres personnes, groupes, entreprises et entités qui ne rompraient pas tout lien avec Al-Qaida et les groupes qui lui sont affiliés, y compris AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine,


Se déclarant toujours préoccupé par les graves menaces que représentent la criminalité transnationale organisée dans la région du Sahel, et ses liens accrus, dans certains cas, avec le terrorisme, condamnant fermement les enlèvements et prises d’otages ayant pour but de lever des fonds ou d’obtenir des concessions politiques, notant que ces actes se multiplient dans la région du Sahel et soulignant qu’il faut régler d’urgence ces problèmes,


Se déclarant résolu à lutter contre les enlèvements et prises d’otages dans la région du Sahel, dans le respect du droit international applicable et, à ce propos, prenant note de la publication du Mémorandum d’Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon par des terroristes et d’élimination des avantages qui en découlent du Forum mondial de lutte contre le terrorisme,


Félicitant l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union européenne, ainsi que le Secrétaire général, de s’être employés sans relâche à régler la crise malienne, accueillant avec satisfaction le fait que l’Union africaine, la CEDEAO, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies aient créé à Addis-Abeba une équipe spéciale conjointe pour le Mali, les encourageant à continuer de se coordonner pour accompagner la stabilisation de la situation au Mali, y compris le dialogue politique et les élections nationales, notant que le rapport demandé au paragraphe 10 de la résolution 2085 (2012) n’a pas été présenté et tenant à être saisi des informations qu’il devait contenir;


Félicitant les pays d’Afrique d’avoir fourni des contingents à la MISMA, autorisée par la résolution 2085 (2012), accueillant avec satisfaction le déploiement de la Mission au Mali et félicitant également les États Membres et les organisations régionales et internationales qui soutiennent ce déploiement au Mali,


Se félicitant des contributions annoncées à la Conférence des donateurs organisée par l’Union africaine à Addis-Abeba le 29 janvier 2013 à titre d’appui à la MISMA et aux Forces de défense et de sécurité maliennes, accueillant avec satisfaction les contributions déjà reçues et l’engagement pris par l’Union africaine d’utiliser à cet effet les contributions statutaires à son budget, engageant tous les donateurs à verser effectivement les contributions annoncées et demandant à d’autres États Membres et organisations régionales et internationales de verser également des contributions généreuses,


Encourageant la communauté internationale à coordonner ses efforts pour consolider les acquis sur les plans politique et sécuritaire au Mali, invitant dans ce contexte le Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali créé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 20 mars 2012 et coprésidé par l’Union africaine, la CEDEAO, l’Union européenne et l’ONU, et auquel participent également d’autres partenaires internationaux, à se réunir périodiquement, et accueillant avec satisfaction les conclusions arrêtées par ce groupe à ses réunions des 5 février et 19 avril 2013,


Prenant note de la lettre datée du 25 mars 2013, adressée au Secrétaire général, dans laquelle les autorités maliennes de transition ont demandé le déploiement d’une opération des Nations Unies en vue de stabiliser la situation et de rétablir l’autorité et la souveraineté de l’État dans l’ensemble du territoire,


Prenant note de la lettre datée du 26 mars 2013, adressée au Secrétaire général, dans laquelle le Président de la Commission de la CEDEAO a demandé que la MISMA soit transformée en mission des Nations Unies pour la stabilisation et prenant note du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine daté du 7 mars 2013 et de la lettre qui y était jointe, également datée du 7 mars 2013, adressée au Secrétaire général, dans laquelle le Commissaire à la paix et à la sécurité a déclaré que l’Union africaine était favorable à la transformation de la MISMA en opération des Nations Unies pour la stabilisation au Mali,


Prenant note du rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2013/189), daté du 26 mars 2013, notamment des recommandations et propositions tendant à la création d’une opération de stabilisation au Mali qui y sont faites,


Insistant sur le fait que c’est aux autorités de transition maliennes qu’il incombe au premier chef de régler les problèmes interdépendants auxquels le pays doit faire face et de protéger tous les citoyens, et qu’un règlement durable de la crise malienne, y compris une solution politique, ne peut être trouvé que sous la prééminence du Mali, et insistant également sur le fait que la coopération entre pays de la région sera cruciale pour l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables au Mali,


Encourageant la communauté internationale à apporter un vaste soutien au règlement de la crise malienne en coordonnant son action pour répondre aux besoins immédiats et à long terme, dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance et du développement et de l’humanitaire, attendant avec intérêt la conférence internationale de haut niveau des donateurs qui se tiendra à Bruxelles le 15 mai 2013 en vue d’accompagner le Mali dans son développement, se félicitant des contributions déjà versées au titre de l’appel global pour le Mali (2013) et engageant les États Membres et autres donateurs à contribuer généreusement aux opérations humanitaires,


Considérant que la situation au Mali constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


1.    Se félicite des premières mesures prises pour rétablir l’ordre constitutionnel et l’unité nationale au Mali, y compris l’adoption le 29 janvier 2013 par l’Assemblée nationale du Mali d’une feuille de route pour la transition, accueille avec satisfaction la création le 6 mars 2013 de la Commission dialogue et réconciliation et de la nomination de ses membres, demande à la Commission de commencer ses travaux dans les plus brefs délais, et invite les autorités de transition à continuer sans tarder de prendre des mesures tangibles en vue de renforcer la stabilité, d’asseoir une tradition de gouvernance démocratique et de susciter un dialogue politique sans exclusive devant permettre de réaliser la réconciliation nationale et de cimenter la cohésion sociale, ce qui devrait déboucher sur des progrès politiques le plus rapidement possible;


2.    Prie le Secrétaire général, agissant en étroite coordination avec l’Union africaine et la CEDEAO, d’appuyer dans toutes ses dimensions la feuille de route pour la transition afin qu’elle soit mise en œuvre rapidement, y compris de soutenir la Commission dialogue et réconciliation dans ses travaux;


3.    Engage instamment les autorités maliennes de transition à tenir des élections présidentielle et législatives libres, régulières, transparentes et sans exclusive, dès que ce sera techniquement possible, se félicite qu’elles se soient engagées à organiser l’élection présidentielle le 7 juillet 2013 et des élections législatives le 21 juillet 2013, souligne qu’il importe de réunir les conditions propices à la tenue d’élections, en particulier de créer un climat de sécurité avant, pendant et après la période électorale, de ménager un accès équitable aux médias officiels, et d’organiser la participation aux élections de toutes les personnes remplissant les conditions requises, y compris les déplacés et les réfugiés, et demande aux États Membres et aux organisations régionales et internationales, comme l’ont demandé les autorités de transition, d’accompagner le processus électoral, notamment en fournissant des moyens financiers, des observateurs électoraux et une assistance technique;


4.    Exige de tous les groupes rebelles armés au Mali qu’ils déposent les armes et mettent fin aux hostilités immédiatement et exhorte toutes les parties maliennes qui ont rompu tout lien avec des organisations terroristes comme AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine et les groupes terroristes qui y sont affiliés et qui reconnaissent sans condition l’unité et l’intégrité territoriales du Mali, et les autorités de transition maliennes à engager dans les meilleurs délais un processus de négociation ouvert à tous, sous l’égide du Secrétaire général, en particulier celle de son Représentant spécial pour le Mali dès lors qu’il aura été nommé en application du paragraphe 11, et en collaboration étroite avec l’Union africaine, la CEDEAO et le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel;


5.    Demande à la communauté internationale de tenir périodiquement, par l’intermédiaire du Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali, des réunions dans ce pays, et ailleurs selon qu’il conviendra pour aider les autorités de transition à mettre en œuvre la feuille de route pour la transition et suivre les progrès accomplis à cet égard et de continuer de contribuer à promouvoir une paix durable, la stabilité et la réconciliation au Mali, prie le Secrétaire général de favoriser la tenue des réunions du Groupe de soutien et de suivi et souligne qu’il importe que l’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO continuent à coordonner leur action en faveur d’une paix durable, de la sécurité, de la stabilité et de la réconciliation dans ce pays;


6.    Entend qu’aucun membre des Forces de défense et de sécurité maliennes ne remette en cause ni n’entrave la mise en œuvre de la feuille de route pour la transition ni l’action que mène la communauté internationale pour que la situation progresse sur le plan politique et celui de la sécurité au Mali, souligne l’importance de la tutelle et du contrôle civils sur les Forces de défense et de sécurité maliennes et se déclare disposé à étudier, le cas échéant, les mesures qu’il y aurait lieu de prendre à l’encontre de ceux dont les agissements compromettent la paix, la stabilité et la sécurité, notamment ceux qui font obstacle à l’avènement de l’ordre constitutionnel dans le pays;


7.    Décide de créer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), prie le Secrétaire général de rattacher le Bureau des Nations Unies au Mali (BUNUMA) à la MINUSMA, celle-ci devant assumer la responsabilité de l’exécution du mandat du Bureau à compter de la date d’adoption de la présente résolution, décide également que l’autorité de la MISMA sera transférée à la MINUSMA à compter du 1er juillet 2013, date à laquelle la MINUSMA commencera à s’acquitter du mandat qui lui est confié ci-après, aux paragraphes 16 et 17, pour une période initiale de 12 mois, et prie le Secrétaire général de prévoir pour la MINUSMA, conformément aux normes de l’ONU et en étroite coordination avec l’Union africaine et la CEDEAO, des effectifs militaires et du personnel de police de la MISMA;


8.    Décide de revoir la date visée au précédent paragraphe et le déploiement échelonné de la MINUSMA 60 jours après l’adoption de la présente résolution en fonction de l’état de sécurité dans la zone d’opérations de la Mission, notamment selon que les principaux combats menés par les forces militaires internationales aux abords immédiats de la zone de responsabilité envisagée pour la MINUSMA ou dans cette zone auront cessé et que la capacité des terroristes de présenter une grave menace pour la population civile et le personnel international dans le voisinage immédiat de la zone d’opérations envisagée pour la MINUSMA ou dans cette zone aura été nettement réduite, décide également de modifier en conséquence le calendrier de déploiement de la Mission s’il estime que la situation ne satisfait pas à ces critères avant le 1er juillet 2013;


9.    Demande que des progrès politiques tangibles aient été enregistrés au Mali en ce qu’ils sont essentiels pour le déploiement et les activités de la MINUSMA;


10.   Rappelle que les États Membres et les organisations régionales et internationales sont instamment invités à continuer de fournir, en application de la résolution 2085 (2012), un appui coordonné à la MISMA jusqu’au transfert d’autorité de la MISMA à la MINUSMA, notamment sous la forme de formations militaires, de fourniture de matériel, de renseignement et d’appui logistique, prie le Secrétaire général d’accélérer le décaissement des ressources du fonds d’affectation spéciale créé par la résolution 2085 (2012) pour l’appui à la MISMA, et décide que le matériel octroyé ou offert à cette dernière, ou dont le donateur reste propriétaire, ne sera pas considéré comme du matériel appartenant aux contingents;


11.   Prie le Secrétaire général de nommer sans tarder un représentant spécial pour le Mali et chef de mission de la MINUSMA, sous l’autorité générale duquel seront placées, dès la date de sa nomination, la coordination sur le terrain de toutes les activités de l’Organisation et de ses institutions, fonds et programmes au Mali, qui fera usage de ses bons offices et coordonnera l’action de la communauté internationale pour voir traduire les éléments prioritaires énoncés aux paragraphes 1, 2, 3 et 4 dans les faits et qui, à partir du transfert d’autorité de la MISMA à la MINUSMA, dirigera toutes les activités relevant du mandat de cette dernière, défini au paragraphe 16 ci-après, et coordonnera l’ensemble de l’appui apporté par la communauté internationale au Mali, y compris dans les domaines du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration et de la réforme du secteur de la sécurité, et insiste également sur le fait que le Représentant spécial veillera à optimiser la coordination entre la MINUSMA et l’équipe de pays des Nations Unies au Mali dans tous les domaines relevant du mandat de chacun;


12.   Décide que la MINUSMA comprendra jusqu’à 11 200 membres du personnel militaire, y compris des bataillons de réserve pouvant être déployés rapidement à l’intérieur du pays selon qu’il conviendra, et 1 440 membres du personnel de police, demande aux États Membres de fournir des contingents et du personnel de police ayant les capacités et l’équipement nécessaires pour aider la MINUSMA à bien fonctionner et à bien s’acquitter de ses responsabilités et prie le Secrétaire général de recruter du personnel qualifié justifiant de l’expérience et des compétences professionnelles requises pour s’acquitter des tâches décrites aux paragraphes 16 et 17;


13.   Se réjouit que le Secrétaire général se soit engagé, comme il ressort du paragraphe 81 de son rapport (S/2013/189), à prendre toutes les mesures possibles, notamment en usant pleinement des pouvoirs existants, et à sa discrétion, pour hâter le déploiement des moyens civils et militaires de manière à répondre au mieux aux attentes du Conseil et aux besoins des Maliens et le prie de prendre les mesures nécessaires, conformément aux paragraphes 7 et 12 ci-dessus, pour rendre la MINUSMA prête à commencer ses activités;


14.   Autorise le Secrétaire général à prendre les mesures nécessaires pour veiller à la coopération entre missions, notamment entre la MINUSMA, la MINUL et l’ONUCI, et à faire en sorte que des contingents et des biens soient transférés d’autres missions à la MINUSMA sous réserve i) que le Conseil soit informé de ces transferts et en approuve, notamment, la composition et la durée, ii) que les pays fournisseurs de contingents donnent leur assentiment, et iii) que l’état de sécurité le permette sans préjudice de l’exécution du mandat de ces missions;

15.   Prie le Secrétaire général de veiller à ce que les autres missions des Nations Unies dans la région, notamment la MINUL et l’ONUCI, partagent avec la MINUSMA leurs moyens logistiques et administratifs, dans la mesure du possible, sans préjudice de leur capacité opérationnelle d’exécution de leurs mandats respectifs, en vue d’accroître l’efficacité et de réduire le coût des missions de la région d’Afrique de l’Ouest;


16.   Décide de confier à la MINUSMA le mandat suivant :


a)    Stabilisation de la situation dans les principales agglomérations et contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays

i)    Pour appuyer les autorités de transitions maliennes, stabiliser la situation dans les principales agglomérations, en particulier dans le nord du pays, et, dans ce contexte, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones;


ii)   Aider les autorités de transition maliennes à étendre et rétablir l’administration de l’État dans tout le pays;


iii)  Accompagner les efforts nationaux et internationaux visant à rebâtir le secteur de la sécurité malien, en particulier la police et la gendarmerie, grâce à une aide technique, au renforcement des capacités et à des programmes de partage de locaux et de mentorat, ainsi que les secteurs de l’état de droit et de la justice, dans les limites de ses capacités et en étroite coordination avec les autres partenaires bilatéraux, donateurs et organismes internationaux menant des activités dans ces domaines, y compris l’Union européenne;


iv)   Aider les autorités de transition maliennes, par des activités de formation et d’autres formes d’appui, à mener la lutte antimines et à gérer les armes et munitions;


v)    Aider les autorités de transition maliennes à arrêter et exécuter des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants et de démantèlement des milices et des groupes d’autodéfense, conformément aux objectifs de réconciliation et compte tenu des besoins propres aux enfants démobilisés;


b)    Contribution à l’application de la feuille de route pour la transition, y compris le dialogue national et le processus électoral


i)    Aider les autorités de transition maliennes à appliquer rapidement le feuille de route pour la transition en vue du plein rétablissement au Mali de l’ordre constitutionnel, de la démocratie et de l’unité nationale;


ii)   User de ses bons offices et de mesures de confiance et d’encouragement aux niveaux national et local, y compris par l’entremise de partenaires locaux, selon qu’il conviendra, pour prévoir, prévenir, atténuer et régler tout conflit;


iii)  Aider les autorités de transition maliennes et les populations du nord du pays à faciliter tous progrès dans le sens d’un dialogue national sans exclusive et l’entreprise de réconciliation, en particulier le processus de négociation visé au paragraphe 4, y compris en renforçant les capacités de négociation et en favorisant la participation de la société civile, dont les associations féminines;


iv)   Concourir à l’organisation et à la conduite d’élections présidentielle et législatives transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous, en apportant notamment l’aide logistique et technique voulue et en mettant en place des mesures de sécurité efficaces;


c)    Protection des civils et du personnel des Nations Unies


i)    Assurer, sans préjudice de la responsabilité des autorités de transition maliennes, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement;


ii)   Assurer une protection particulière aux femmes et aux enfants touchés par le conflit armé, notamment en déployant des conseillers pour la protection des enfants et des conseillers pour la protection des femmes, et répondre aux besoins des victimes de violences sexuelles et sexistes liés au conflit;


iii)  Protéger le personnel, les installations et le matériel des Nations Unies et assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et des agents qui y sont associés;


d)    Promotion et défense des droits de l’homme


i)    Surveiller toutes atteintes ou violations concernant les droits de l’homme ou violations du droit international humanitaire commises sur toute l’étendue du pays, concourir aux enquêtes et faire rapport à ce sujet, et aux actions de prévention de ces atteintes et violations;


ii)   Soutenir, en particulier, le déploiement intégral des observateurs des droits de l’homme de la MINUSMA dans tout le pays;


iii)  Surveiller particulièrement les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits commises contre des enfants ainsi que les violations visant des femmes, y compris toutes formes de violences sexuelles liées au conflit armé, aider à enquêter à leur sujet, et lui en rendre compte;


iv)   Aider les autorités de transition maliennes dans leur entreprise de promotion et de défense des droits de l’homme;


e)    Soutien de l’action humanitaire


En appui aux autorités de transition maliennes, contribuer à mettre en place les conditions de sécurité indispensables à l’acheminement sûr de l’aide humanitaire sous la direction de civils, conformément aux principes humanitaires, et au retour librement consenti des déplacés et des réfugiés, en coordination étroite avec les acteurs humanitaires;


f)    Appui à la sauvegarde du patrimoine culturel


Aider les autorités de transition maliennes, en tant que de besoin et, si possible, à protéger les sites culturels et historiques du pays contre toutes attaques, en collaboration avec l’UNESCO;


g)    Action en faveur de la justice nationale et internationale


Concourir, en tant que de besoin, si possible, et sans préjudice des responsabilités des autorités de transition maliennes, à l’action que celles-ci mènent en vue d’arrêter et de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Mali, compte tenu du fait que ces autorités ont saisi la Cour pénale internationale de la situation dans leur pays;


17.   Autorise la MINUSMA à user de tous moyens nécessaires, dans la limite de ses capacités et dans ses zones d’opérations, pour s’acquitter du mandat défini aux sous-alinéas i) et ii) de l’alinéa a), aux alinéas i) et iii) de l’alinéa c) et aux alinéas e), f) et g) du paragraphe 16, et prie les composantes civile et militaire de la Mission de coordonner leurs activités en vue d’appuyer l’exécution des tâches énoncées au paragraphe 16;


18.   Autorise l’armée française dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, à user de tous moyens nécessaires, du commencement des activités de la MINUSMA jusqu’à la fin du mandat autorisé par la présente résolution, pour se porter au secours d’éléments de la Mission en cas de danger grave et imminent, sur la demande du Secrétaire général, prie la France de lui rendre compte de l’application au Mali du présent mandat et de coordonner la présentation de cette information avec l’établissement du rapport du Secrétaire général visé ci-après, au paragraphe 34, et décide de revoir ce mandat dans les six mois qui suivront le début de sa mise en œuvre;


19.   Exhorte toutes les parties au Mali à coopérer pleinement au déploiement et aux activités de la MINUSMA, en assurant en particulier la sûreté et la sécurité de celle-ci ainsi que sa liberté de circulation, en lui ménageant un accès immédiat et sans entrave à l’ensemble du territoire malien, afin que la Mission puisse s’acquitter intégralement de son mandat;


20.   Demande aux États Membres, en particulier à ceux de la région, de garantir la libre circulation, sans entrave ni retard, à destination et en provenance du Mali, de l’ensemble du personnel, du matériel, des vivres et fournitures et autres biens, véhicules et les pièces détachées y compris, destinés à l’usage exclusif et officiel de la MINUSMA;


21.   Réaffirme qu’il est essentiel d’assurer la formation, le regroupement et le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes pour garantir la sécurité et la stabilité à long terme du pays et protéger le peuple malien, et souligne qu’il importe que les Forces de défense et de sécurité maliennes soient entièrement responsables de la sécurité sur l’ensemble du territoire malien;


22.   Se félicite du déploiement de la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM) au Mali, qui dispense une formation et des conseils aux Forces de défense et de sécurité maliennes en vue d’aider à asseoir l’autorité civile et le respect des droits de l’homme, et invite l’Union européenne, en particulier son Représentant spécial pour le Sahel, à coordonner étroitement son action avec celle de la MINUSMA, et des autres partenaires bilatéraux du Mali qui aident les autorités de transition maliennes à réformer le secteur de la sécurité;


23.   Demande instamment aux États Membres et aux organisations régionales et internationales de coordonner leurs actions pour fournir aux Forces de défense et de sécurité maliennes assistance, services spécialisés, formation, notamment en matière de droits de l’homme et de droit international humanitaire, et en particulier sur la protection des femmes et des enfants, et appui en matière de renforcement des capacités, y compris à la faveur du fonds d’affectation spéciale créé en application de la résolution 2085 (2012) pour la paix et la sécurité au Mali, et en coordination étroite avec les initiatives en cours, dont l’EUTM, d’aider à rétablir l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire national, à sauvegarder l’unité et l’intégrité territoriale du Mali et à écarter la menace que représentent les organisations terroristes et les groupes qui y sont affiliés;


24.   Réaffirme que c’est aux autorités de transition maliennes qu’il incombe au premier chef de protéger les civils au Mali, rappelle ses résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé, ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011) et 2068 (2012) sur le sort des enfants en temps de conflit armé, et ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2010) sur les femmes et la paix et la sécurité, demande à la MINUSMA et à toutes les forces militaires présentes au Mali d’en tenir compte, et de se conformer aux dispositions du droit international humanitaire, du droit des droits de l’homme et du droit des réfugiés, et rappelle l’importance que revêt la formation à cet égard;


25.   Prie la MINUSMA d’envisager pleinement, dans tous les aspects de son mandat, la question de l’égalité des sexes comme une question transversale et d’aider les autorités de transition maliennes à garantir la contribution, la participation et la représentation des femmes à tous les niveaux et à un stade précoce de la phase de stabilisation, y compris à la réforme du secteur de la sécurité et aux opérations de désarmement, de démobilisation et de réintégration, ainsi qu’au dialogue politique national et aux consultations électorales;


26.   Demande à la MINUSMA de tenir pleinement compte, en s’acquittant du mandat défini aux paragraphes 16 et 17, de l’impératif de protéger les civils et de limiter les risques, tout particulièrement ceux auxquels sont exposés les femmes, les enfants et les personnes déplacées ainsi que les installations civiles, lorsqu’elle mène ces activités conjointement avec les Forces de défense et de sécurité maliennes, et d’observer strictement la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme dans le contexte de la fourniture d’appui par l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes (S/2013/110);


27.   Exhorte les autorités de transition maliennes à amener à répondre de leurs actes tous les auteurs de graves violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits et de violations graves du droit international humanitaire et à continuer de coopérer avec la Cour pénale internationale, conformément aux obligations souscrites par le Mali au regard du Statut de Rome;


28.   Demande aux autorités de transition maliennes, aidées en cela par la MINUSMA conformément au paragraphe 16, et les partenaires internationaux, de résoudre le problème de la prolifération et du trafic illicite d’armes légères conformément à la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes et au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, de sorte à assurer de façon sûre et efficace la gestion, l’entreposage et la sécurité de leurs stocks d’armes légères et la collecte ou la destruction des stocks excédentaires et des armes saisies, non marquées ou détenues illicitement, et souligne une nouvelle fois, qu’il importe d’appliquer intégralement la résolution 2017 (2011);


29.   Exhorte les États du Sahel et du Maghreb à renforcer la coopération et la coordination interrégionales en vue d’élaborer des stratégies de lutte non sélectives et efficaces pour combattre de manière globale et intégrée les activités des groupes terroristes, à savoir nommément AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine, et prévenir leur expansion, ainsi que pour contenir la prolifération de toutes armes et formes de criminalité organisée transnationale et, à ce propos, prend note du texte adopté à la conférence sur la coopération pour le contrôle des frontières au Sahel et au Maghreb, organisée à Rabat par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme;


30.   Prie le Secrétaire général de veiller à ce que la MINUSMA respecte intégralement la politique de tolérance zéro de l’Organisation à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles, et de le tenir informé de tous cas de conduite répréhensible à cet égard;


31.   Prie la MINUSMA, dans les limites de ses capacités, dans ses zones de déploiement et sans préjudice de son mandat, d’aider le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) et l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée en application de la résolution 1526 (2004), notamment en leur communiquant tous éléments d’information sur la mise en œuvre des mesures visées au paragraphe 1 de la résolution 2083 (2012);


32    Prie le Secrétaire général d’étudier les effets sur l’environnement des activités menées par la MINUSMA en exécution des tâches qui lui sont prescrites et, à ce sujet, invite cette dernière à maîtriser ces effets, selon qu’il convient et conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et règles et règlements de l’Organisation applicables, et de conduire précautionneusement ses opérations dans le voisinage de sites culturels et historiques;


33.   Prie le Secrétaire général et les autorités de transition maliennes de conclure, dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente résolution, un accord sur le statut des forces relatif à la MINUSMA en tenant compte de la résolution 58/82 de l’Assemblée générale sur la portée de la protection juridique offerte par la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé, et décide que l’accord type sur le statut des forces pour les opérations de maintien de la paix en date du 9 octobre 1990 (A/45/594) s’appliquera provisoirement en attendant la conclusion de cet accord;


34.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la situation au Mali et de l’exécution du mandat de la MINUSMA, de lui rendre compte dans les 45 jours suivant l’adoption de la présente résolution, au sujet des paragraphes 8 et 9 en particulier, puis tous les trois mois à compter du 1er juillet 2013, et de lui faire dans les rapports qu’il lui soumettra le point de l’état de sécurité, de la suite donnée aux questions politiques prioritaires définies aux paragraphes 1, 2, 3 et 4 en ce qui concerne l’exécution de la feuille de route pour la transition, et de l’évolution de la situation des droits de l’homme et du droit international humanitaire, de leur protection et à leur promotion, ainsi que le bilan des effectifs militaires, de la constitution des forces et du déploiement de tous les éléments constitutifs de la Mission;


35.   Décide de rester activement saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2014

CS/10986

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2014

25/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10986
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6951e séance – matin                                       


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE LE MANDAT DE LA MINURSO JUSQU’AU 30 AVRIL 2014


Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 30 avril 2014.


Le Conseil de sécurité, par la résolution 2099 (2013), adoptée à l’unanimité, a demandé à toutes les parties de « coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO » et de « continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin d’engager des négociations plus résolues et plus axées sur le fond ».


Le Conseil de sécurité a également demandé aux parties de « poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ».


Le Secrétaire général, dans son rapport* sur la situation concernant le Sahara occidental, soumis au Conseil de sécurité, avait recommandé à ce dernier de proroger le mandat de la MINURSO pour une nouvelle période de 12 mois, jusqu’au 30 avril 2014, en demandant aux deux parties, le Maroc et le Front Polisario, de coopérer pleinement avec la Mission pour atteindre ses objectifs.


* S/2013/220


LA SITUATION CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL


Rapport du Secrétaire général sur la situation concernant le Sahara occidental (S/2013/220)


Texte du projet de résolution (S/2013/243)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental,


Réaffirmant son ferme appui aux efforts que le Secrétaire général et son Envoyé personnel font pour mettre en application ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011) et 2044 (2012),


Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et notant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard,


Demandant à nouveau aux parties et aux États de la région de coopérer plus pleinement avec l’Organisation des Nations Unies et les uns avec les autres et de s’impliquer plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle et aller de l’avant vers une solution politique,


Conscient que la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel,


Se félicitant des efforts que fait le Secrétaire général pour suivre de près toutes les opérations de maintien de la paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et soulignant que le Conseil doit adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement au service du maintien de la paix et de gestion efficace des ressources,


Se déclarant préoccupé par les violations des accords en vigueur et demandant aux parties de se conformer à leurs obligations,


Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007, et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement; prenant note également de la proposition du Front Polisario présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007,


Engageant les parties, dans ce contexte, à faire preuve d’une plus grande volonté politique de parvenir à une solution, notamment en examinant de façon plus approfondie leurs propositions respectives,


Prenant note des quatre séries de négociations tenues sous les auspices du Secrétaire général et se félicitant de la volonté des parties de poursuivre les négociations,


Engageant les parties à continuer de coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à la mise en œuvre du plan d’action actualisé sur les mesures de confiance adopté en janvier 2012,


Soulignant qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, et engageant les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international,


Engageant les parties à poursuivre l’action qu’elles mènent chacune pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf,


Conscient et se félicitant à cet égard des mesures que le Maroc a prises pour renforcer les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et Laâyoune et du dialogue qu’il entretient avec les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies,


Se félicitant également de l’application du programme renforcé de protection des réfugiés que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a élaboré en coordination avec le Front Polisario et qui comprend des activités de formation et de sensibilisation aux droits des réfugiés et aux droits de l’homme,


Demandant à nouveau que soit envisagé l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf, et encourageant les efforts déployés à cet égard,


Accueillant avec satisfaction l’engagement pris par les parties de poursuivre les négociations dans le cadre des pourparlers tenus sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies,


Considérant que la consolidation du statu quo n’est pas acceptable, et notant en outre qu’il est essentiel que ces négociations progressent pour que tous les aspects de la qualité de vie des habitants du Sahara occidental s’améliorent,


Affirmant son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l’action qu’il mène pour faciliter les négociations entre les parties, et se félicitant à cet égard des initiatives qu’il a prises récemment et des consultations qu’il mène actuellement avec les parties et les États voisins,


Affirmant son soutien au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, Wolfgang Weisbrod-Weber,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 8 avril 2013 (S/2013/220),


Décide de proroger jusqu’au 30 avril 2014 le mandat de la MINURSO;


Réaffirme que les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu doivent être pleinement respectés, et exhorte les parties à y adhérer pleinement;


Demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interaction avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat, au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants;

Se félicite que les parties se soient engagées à continuer à préparer une cinquième série de négociations, et rappelle qu’il fait sienne la recommandation formulée dans le rapport daté du 14 avril 2008 (S/2008/251) selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour aller de l’avant dans les négociations;


Demande aux parties de continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin d’engager des négociations plus résolues et plus axées sur le fond et de garantir ainsi l’application de ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011) et 2044 (2012), ainsi que le succès des négociations;


Affirme son soutien sans réserve aux efforts déterminés que font le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour qu’une solution soit trouvée à la question du Sahara occidental dans ce contexte, et demande que les réunions reprennent et que les contacts soient renforcés;


7.    Demande aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et prend note du rôle et des responsabilités des parties à cet égard;


Invite les États Membres à prêter le concours voulu à ces négociations;


Prie le Secrétaire général de lui faire régulièrement, et au moins deux fois par an, des exposés sur l’état et l’avancement des négociations tenues sous ses auspices, l’application de la présente résolution, les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO et les mesures prises pour les surmonter, déclare son intention de se réunir pour entendre ces exposés et les examiner, et, à cet égard, prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental bien avant la fin du mandat de la Mission;


Se félicite que les parties et les États de la région se soient engagés à tenir des réunions périodiques avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin d’examiner et, autant que faire se peut, de renforcer les mesures de confiance, et approuve à cet égard la demande du Secrétaire général tendant à l’envoi de six policiers des Nations Unies supplémentaires dans le cadre de l’élargissement du programme de visites familiales;


Engage les États Membres à verser des contributions volontaires pour financer des mesures de confiance qui permettent aux membres séparés d’une même famille de se rendre visite, ainsi que les autres mesures de confiance dont les parties conviendraient;


12.   Prie le Secrétaire général de continuer à prendre les mesures voulues pour faire pleinement respecter par la MINURSO la politique de tolérance zéro instituée par l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne l’exploitation et les violences sexuelles et de le tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents de prendre les mesures préventives voulues, notamment de mener avant tout déploiement des activités de sensibilisation à ces questions, et d’adopter d’autres mesures pour faire en sorte que les membres de leur personnel qui seraient mis en cause soient amenés à répondre pleinement de leurs actes;


13.   Décide de rester saisi de la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

États Membres et experts débattent du règlement pacifique des conflits en Afrique, en insistant sur les liens entre paix, sécurité et développement

AG/11364

États Membres et experts débattent du règlement pacifique des conflits en Afrique, en insistant sur les liens entre paix, sécurité et développement

25/04/2013
Assemblée généraleAG/11364
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-septième session                                  

Débat thématique intitulé « Le règlement

pacifique des conflits en Afrique »

Matin & après-midi


ÉTATS MEMBRES ET EXPERTS DÉBATTENT DU RÈGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS EN AFRIQUE,

EN INSISTANT SUR LES LIENS ENTRE PAIX, SÉCURITÉ ET DÉVELOPPEMENT


L’Assemblée générale saisie d’une Déclaration politique

sur le règlement pacifique des conflits en Afrique, parrainée par les 54 pays d’Afrique


L’Assemblée générale a débattu, aujourd’hui, du règlement des conflits sur le continent africain à un mois de la célébration, à Addis-Abeba, du cinquantenaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), créée en 1963 au lendemain de l’indépendance de nombreux pays africains, et remplacée par l’Union africaine en 2002.


À l’ouverture du débat thématique, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon a souligné que le règlement des conflits en Afrique, comme ailleurs, ne peut faire l’objet d’une décision exclusive des élites.  C’est pourquoi, il a appelé les communautés locales, en particulier les femmes, à prendre part processus de règlement pacifique des conflits.  


Se félicitant des progrès économiques et sociaux réalisés en Afrique au cours des cinq dernières décennies, il a noté que « sur les 10 pays dont le taux de croissance est le plus élevé dans le monde, 7 se trouvent sur le continent africain ».  La quête d’unité du continent africain et sa transformation en une région de prospérité économique et de justice sociale n’ont jamais été aussi près de se réaliser, a estimé, quant à lui, le Président de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić. 


Il faudrait cependant rester vigilant, a estimé le Secrétaire général, en rappelant que la récente crise en République centrafricaine démontrait combien il était dangereux d’ignorer les frustrations.  De même, a fait observer M. Jeremić, la fragilité de la zone sahélo-saharienne méritait une plus grande attention de la part de la communauté internationale.  À l’instar du Président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, une douzaine de ministres et autres représentants d’États Membres ont souligné la nécessité de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales africaines, et en particulier entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU. 


« L’Afrique doit rejeter l’aide des pays qui lui tendent la main sous prétexte de l’aider, alors qu’ils agissent en réalité comme détonateurs de l’instabilité politique du continent », a prévenu le Président de la Guinée équatoriale, avant de dénoncer les « solutions imposées » de l’extérieur qui ignorent « l’essence culturelle » des peuples africains. 


Sur une note plus positive, le Ministre des affaires étrangères du Libéria, M. Augustine Kpehe Ngafuan, a déclaré que son pays avait une immense dette à l’égard des organisations qui lui ont permis de sortir de 14 années de guerre civile.  Le Libéria, a-t-il rappelé, célébrera au mois d’août prochain le dixième anniversaire de l’Accord de paix signé à Accra en 2003.  Le Libéria, a-t-il ajouté, est aujourd’hui le vingtième pays au monde à avoir un taux de croissance élevé.


« La bonne gouvernance est indispensable à la paix durable, et l’Afrique ne peut pas être une exception à cette règle, a soutenu le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus.  Ce dernier a noté que la bonne gouvernance et la promotion des droits de l’homme n’étaient malheureusement pas la priorité de l’OUA à sa création en 1963 et qu’il a fallu attendre 1993 pour voir la création, au Caire, d’un Mécanisme africain de gestion et prévention des conflits.


Le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, M. Jean-Pierre Buyoya, a précisé qu’avec la création de l’Union africaine en 2002, ce « Mécanisme » avait évolué avec, notamment, l’adoption du Protocole relatif à la création d’un Conseil de paix et de sécurité (CPS) en 2002, et la mise en place d’une architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) en 2004.  Cette architecture, a-t-il précisé, s’appuie sur le CPS, le Groupe des Sages constitué de personnalités africaines reconnues pour leur probité, la Force africaine en attente, le Fonds de la paix, et le Système continental d’alerte rapide.

Dans le cadre de ce débat thématique, l’Assemblée générale a tenu, dans l’après-midi, deux tables rondes intitulées « Promouvoir la coopération entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies autour du lien entre paix, sécurité et développement » et « La portée et la complexité des conflits en Afrique (Mali, Somalie, Soudan et République démocratique du Congo) et efforts déployés pour relever ces défis ».  Ces tables rondes étaient animées respectivement par M. Colin Keating, Directeur général de l’organisation Security Council Report et M. Maged Abdelaziz, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique.

L’Assemblée générale poursuivra son débat sur la question,demain, vendredi 26 avril, à 10 heures.


DÉBAT THÉMATIQUE INTITULÉ « LE RÈGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS EN AFRIQUE »


Déclarations liminaires


M. VUK JEREMIĆ, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a rappelé qu’il y a 50 ans, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) voyait le jour à Addis-Abeba, en Éthiopie.  Avec le Mouvement des pays non alignés, formé deux ans auparavant à Belgrade, la création de l’OUA, en 1963, a lancé le début d’une nouvelle ère en Afrique, comme l’avait confirmé le Président du Ghana, M. Kwame N’krumah, cette année-là, devant l’Assemblée générale.  Cinq décennies plus tard, a fait remarquer le Président de l’Assemblée générale, « nous pouvons affirmer avec certitude que le soleil n’a jamais autant brillé au-dessus de l’Afrique.  Aujourd’hui, une nouvelle Afrique est en train de naître et la quête d’unité du continent, et son besoin de transformation en une région de prospérité économique et de justice sociale n’a jamais été aussi proche de se réaliser.  Il a ensuite noté que de nombreux pays d’Afrique ont connu la croissance économique ces dernières années, même si d’autres font face à des difficultés inhérentes à la crise économique mondiale. 


M. Jeremić a par ailleurs souhaité que le monde s’engage avec plus de détermination dans le règlement des conflits qui continuent de coûter la vie à de nombreux Africains.  Il a fait remarquer qu’en dépit de quelques progrès réalisés récemment en Somalie, au Soudan et au Soudan du Sud, la fragilité de la zone sahélo-saharienne mérite une plus grande attention de la part de la communauté internationale.  Il a plaidé pour un soutien aux solutions africaines à tous les défis de l’Afrique.  Il a également plaidé pour soutenir pleinement l’adoption de la Déclaration politique sur le règlement pacifique des conflits en Afrique, qui a été parrainée par les 54 pays d’Afrique.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite déclaré que l’un des outils stratégiques de prévention des conflits était l’éradication de la pauvreté, un objectif qui est, a-t-il ajouté, la pierre angulaire du programme de développement mondial pour l’après 2015.  Il a par ailleurs rappelé que, lors d’un vote, les pays d’Afrique forment le groupe régional le plus cohérent de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il a souligné que cette position leur offre l’occasion de se placer en première ligne des efforts visant à établir un nouveau partenariat mondial dans lequel les dimensions économique, sociale et environnementale sont incorporées dans un ensemble global cohérent pour un développement mondial qui n’exclura personne. 


La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a rappelé le Président de l’Assemblée générale, est d’une importance majeure pour le développement de l’Afrique.  M. Jeremić a annoncé qu’un évènement spécial sur le suivi de ce processus sera organisé par l’Assemblée générale, en septembre prochain.  Il a souhaité que, dans 50 ans, lorsque les dirigeants africains célèbreront le centenaire de leur organisation, ils puissent se consacrer à une réflexion sur l’« âge d’or » qu’ont marqué les 50 années précédentes au cours desquelles ils avaient choisi librement l’avenir de leur pays, en éradiquant la pauvreté, construisant des écoles et les hôpitaux et donné à leurs universités les moyens de guider le monde dans les domaines de la technologie et de l’innovation.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a salué les progrès observés en Afrique en matière de développement de paix et de sécurité, alors que les dirigeants africains célébreront le mois prochain, à Addis-Abeba, le cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’union africaine.  Il a précisé que 7 des 10 pays dont le taux de croissance économique est le plus élevé se trouvent en Afrique.  Dans le domaine de la consolidation et de la prévention de la paix, il a fait observer que l’architecture pour la paix et la sécurité et la force en attente africaine sont de plus en plus efficaces.  Il s’est félicité de la coopération croissante entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU.  Il a salué la signature, en février 2013 d’un accord pour la paix, la sécurité et la coopération entre la République démocratique du Congo (RDC) et la région. 


Illustrant les efforts de l’ONU pour appuyer la paix sur le continent africain, M. Ban a indiqué que le Conseil de sécurité débattait actuellement de la mise en place d’une mission multidimensionnelle dotée d’un mandat politique et humanitaire au Mali.  S’agissant des défis en cours, il a cité la crise en République centrafricaine qui a engendré une grave crise humanitaire et des droits de l’homme, alors que des attaques ont pris pour cible des civils et des membres du personnel de l’ONU.  Il a estimé que la crise de la République centrafricaine démontrait à quel point il était dangereux de ne pas répondre, en temps voulu, à certains griefs.  Le règlement des conflits en Afrique, comme ailleurs, ne peut faire l’objet de la décision exclusive des élites, a-t-il prévenu.  C’est pourquoi, il a appelé les communautés locales, en particulier les femmes, à prendre part à la contribution pacifique des conflits.  


M. PIERRE BUYOYA, Représentant spécial de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine au Mali, a soutenu que l’instabilité politique freinait le développement économique de l’Afrique.  Il a également indiqué que les problèmes économiques de l’Afrique se justifiaient par l’instabilité politique, mais également par une mauvaise gouvernance politique et économique de la part des gouvernants.  Il a rappelé qu’au lendemain de l’indépendance des pays africains dans les années 1960, certains d’entre eux avaient souffert de coups d’État militaires et de luttes de libération dans les pays qui étaient encore sous l’occupation coloniale. 


M. Buyoya a ajouté que la fin de la guerre froide avait coïncidé avec une recrudescence de guerres civiles, comme cela a été le cas en Somalie, au Libéria, en Sierra Leone, au Burundi, au Rwanda et en République démocratique du Congo.  Il a expliqué qu’avec la fin de la guerre froide, de nombreux mouvements de rebellions ont ouvert des hostilités contre leurs gouvernements, sachant que ces derniers ne pouvaient plus s’appuyer sur le soutien des deux grands blocs qui ont marqué la période de la guerre froide.  Avec cette nouvelle donne, a-t-il relevé, les Nations Unies, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) et les autres organisations sous-régionales ont été amenées à prendre leurs responsabilités et à s’impliquer dans les processus de paix des pays membres.


Concernant le rôle de l’OUA, M. Buyoya a fait remarquer que cette Organisation avait toujours privilégié la résolution pacifique des conflits sur le continent.  Cette approche a été adoptée par l’Union africaine qui l’a remplacée, ainsi que par les différentes communautés économiques régionales qui l’ont toujours privilégiée.  Il a évoqué le principe de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme, adopté par l’OUA, qui aura été la base du règlement pacifique des conflits liés aux contentieux frontaliers entre pays africains.  Il a ajouté que l’OUA s’était également engagée en faveur de la libération des pays qui étaient encore sous le joug colonial, notamment grâce au Comité de libération qui était doté de ressources conséquentes et chargé de coordonner les efforts du continent en appui aux mouvements de libération dans les pays encore sous colonisation.  Avec la fin de la guerre froide, a-t-il indiqué, l’OUA avait adopté, en juin 1993 au Caire, la « Déclaration du Caire » qui a créé le Mécanisme central de prévention, de gestion et de règlement des conflits, afin d’anticiper et de gérer les conflits armés.  M. Buyoya a ensuite souligné qu’avec la création de l’Union africaine en 2002, ce Mécanisme avait évolué avec, notamment, la mise sur pied du Protocole relatif à la création d’un Conseil de paix et de sécurité (CPS) en 2002, et une architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) en 2004.  Cette dernière s’appuie sur le CPS, le Groupe des Sages constitué de personnalités africaines reconnues pour leur probité, la Force africaine en attente, le Fonds de la paix, et le Système continental d’alerte rapide.


Dans le cadre du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, M. Buyoya a souligné que les Nations Unies avaient joué un rôle central dans la décolonisation de l’Afrique, à travers notamment la résolution 1541 adoptée par l’Assemblée générale le 15 décembre 1960, et qui porte sur l’autodétermination des peuples colonisés.  En termes de gestion des conflits, le Représentant spécial a évoqué l’assistance des Nations Unies aux efforts de la CEDEAO et de l’OUA au Libéria et en Sierra Leone dans les années 1990 et 2000, ainsi que l’appui de l’ONU aux efforts africains dans les processus de médiation et de maintien de la paix au Burundi, au Soudan, en Côte d’Ivoire, en Somalie et en RDC.  Il a également souligné la résolution, adoptée ce matin par le Conseil de sécurité, qui fait passer la Mission d’intervention des Nations Unies au Mali (MISMA) à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), afin d’aider à la stabilisation du Mali.  M. Buyoya a enfin soutenu qu’au cours de ces 50 dernières années, la coopération entre les Nations Unies et l’Afrique, dans le cadre de la gestion des conflits, avait été riche et variée.  Il a souhaité que les 50 prochaines années puissent être celles qui libéreront le continent africain de guerres et d’instabilité, afin qu’il puisse assumer résolument sa sécurité et son développement économique et social.


Déclarations


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a rappelé les principes stipulés par l’Article II de la Charte des Nations Unies qui, a-t-il dit, constituent le fondement du rôle du Conseil de sécurité dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Malheureusement, a-t-il déploré, les organes principaux de l’ONU et, en particulier, le Conseil de sécurité, sont devenus « des instruments politiques » pour quelques États qui cherchent à imposer leurs critères, au mépris des principes fondamentaux consacrés par la Charte de l’ONU.


La Guinée équatoriale estime que le thème du règlement pacifique des conflits ne doit pas se limiter à l’Afrique.  Analysant l’histoire de l’Afrique, le Président a fait remarquer que le continent n’est pas belliqueux par nature, mais qu’il a été un « bastion de résistance » face aux invasions, aux occupations et à l’exploitation de ses ressources par les empires occidentaux.  L’Afrique ne fabrique pas d’armes et ne se livre pas à leur trafic.  « Qui a divisé l’Afrique et continue aujourd’hui de fomenter les conflits qui la divisent?  Pourquoi les États africains se trouvent-ils face à des puissances extérieures pour résoudre leurs conflits internes? » a-t-il interrogé, avant de souligner que l’indépendance et la souveraineté de ces États ne sont pas respectées. 


Pour le Président Mbasogo, il appartient aux dirigeants africains de donner la plus haute priorité au dialogue, à la solidarité, à l’intégration de toutes les forces politiques et à la justice sociale, en vue de prévenir les situations d’instabilité.  « L’Afrique doit rejeter l’aide des pays qui lui tendent la main sous prétexte de l’aider, alors qu’ils agissent en réalité comme détonateurs de l’instabilité politique du continent ».  Il a dénoncé les « solutions imposées » qui ignorent « l’essence culturelle » des peuples africains.  En outre, il n’existe pas de gouvernement qui ne puisse pas contrôler une insurrection interne, a-t-il déclaré, en déplorant la « main invisible » qui appuie les rebelles dans de nombreux conflits dans le monde.  Enfin, « l’intervention armée dans les conflits ne fait que détruire l’esprit de la Charte des Nations Unies ».  En conclusion, le Président de la Guinée équatoriale a appuyé la demande de l’Afrique d’obtenir le droit de veto au Conseil de sécurité et préconisé de « couper le cordon ombilical de la dépendance permanente » des États africains.  


M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré que l’ONU devrait rester un partenaire fort de l’Union africaine pour faire du continent africain un continent stable et prospère.  Il a rappelé que l’organisation de l’Unité africaine avait débuté comme un mouvement des peuples bien avant que la majeure partie des 32 États membres fondateurs de l’OUA ne deviennent indépendants.  Notre continent s’est vu infliger énormément d’injustices, d’abord pendant la colonisation, puis lors de la guerre froide, a-t-il dit, avant de déclarer que l’indépendance politique de l’Afrique et le démantèlement définitif de l’apartheid furent la mission principale de l’OUA à sa création.  Rappelant les insuffisances de l’OUA à sa création, il a fait remarquer qu’à cette période, la bonne gouvernance et la promotion des droits de l’homme n’étaient la priorité de l’OUA et qu’il a fallu attendre 1993 pour créer le Mécanisme africain de gestion et prévention des conflits.  L’Afrique a évolué et s’est dotée d’une capacité de jouer un rôle primordial en matière de prévention et de règlement des conflits.  Le représentant s’est félicité que l’Acte constitutif de l’Union africaine pose les fondements d’un certain nombre d’initiatives fondatrices de protection des droits des citoyens, sans oublier la prévention et le règlement pacifique des conflits.  L’Afrique ne tolère plus l’impunité et elle est préparée à assumer sa responsabilité en matière de règlement des conflits et de maintien de la paix sur son continent.  Il a cité, à cet égard, le rôle du Conseil de paix et de sécurité et le système d’alerte précoce de l’Union africaine.  Le représentant s’est félicité de la coopération croissante entre l’Union africaine et l’ONU et, plus précisément, entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU, tout en estimant qu’il faudrait faire davantage dans ce domaine.  Il est irréaliste, a-t-il dit, d’envisager le développement sans la paix.  La bonne gouvernance est indispensable pour une paix durable, a-t-il souligné, en précisant que l’Afrique ne pouvait pas être une exception à cette règle.


Mme MAITE NKOANA-MASHABANE, Ministre des relations et de la coopération internationales de l’Afrique du Sud, a déclaré que le « pan-africanisme et la renaissance africaine » constituaient le thème du cinquantième anniversaire de l’OUA.  Elle a déclaré que les sept économies dont le taux de croissance économique était le plus élevé se trouvent actuellement en Afrique.  Elle a encouragé le Soudan et le Soudan du Sud à mettre en œuvre scrupuleusement les accords qu’ils ont signés.  La Ministre a espéré que le peuple congolais connaisse bientôt la paix, la sécurité et la stabilité.  Elle a fait remarquer que 70% du programme de travail du Conseil de sécurité sont identiques à ceux du Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine.  C’est pourquoi, a-t-elle souhaité, ces deux organes doivent coopérer plus étroitement, comme le souligne la résolution 2033 du Conseil de sécurité. 


L’Afrique devrait disposer d’au moins deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité, lorsqu’il y aura la refonte de cet organe, a estimé la Ministre.  Elle a souhaité que des progrès puissent être réalisés sur la question de la composition du Conseil de sécurité d’ici à 2015 et à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’ONU.  Par ailleurs, elle a estimé que les délibérations relatives aux Objectifs de développement post-2015 ne détournent pas notre attention de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015.  Les OMD doivent, a-t-elle insisté, représenter un moyen concret de mesurer les progrès réalisés en faveur des pauvres.


M. NETUMBO NANDI-NDAITWAH, Ministre des affaires étrangères de la Namibie, a estimé que le cinquantième anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine, Organisation qui a préfiguré l’Union africaine, devrait être l’occasion d’œuvrer pour la paix, la stabilité et le développement économique.  Il s’est par ailleurs félicité « qu’à l’exception du Sahara occidental, qui demeure encore sous l’occupation honteuse d’un autre pays africain », le continent africain soit libre de toute domination étrangère.  Cependant, a-t-il poursuivi, les conflits subsistent encore.  Les origines profondes de ces conflits doivent être identifiées et les ressources énergétiques doivent faire l’objet d’une gestion prudente et équitable, a-t-il souligné.  Il faudrait, en outre, mettre l’accent sur la bonne gouvernance, la participation des femmes aux processus de paix et le renforcement de l’état de droit. 


L’Afrique, a-t-il rappelé, a adopté une politique de tolérance zéro en matière d’alternance politique anticonstitutionnelle.  À cet égard, il a réaffirmé la position de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en ce qui concerne Madagascar et exhorté les Nations Unies à en faire de même pour dénoncer les coups d’État dans le monde.  Cette politique de tolérance zéro a parfois eu des revers, a-t-il dit, en faisant remarquer que l’intégration de certains anciens combattants à des gouvernements dits inclusifs avait contribué à saper les efforts entrepris pour faire obstacle à des coups d’État.  Il a conclu en appelant la communauté internationale à soutenir les efforts des pays africains engagés à mettre en place l’architecture africaine de paix et de sécurité.


M. MOHAMED KAMEL AMR, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a noté que l’expérience de ces dernières décennies montre que pour parvenir à une solution durable aux conflits, il était nécessaire de s’attaquer aux racines mêmes du problème.  Il a ajouté que cela pouvait se faire à travers des processus de paix véritables, le dialogue politique, le développement économique, l’éducation et la lutte contre la prolifération illégale des armes.  Il a également déclaré que les solutions militaires aux conflits étaient pour la plupart inadéquates et tendaient à exacerber les conflits, tout en causant de nombreuses victimes civiles.  Il a estimé que l’Afrique devrait être fière de ce qu’elle a accompli pour faire face aux défis de la paix et de la sécurité.  Citant ensuite un rapport du Secrétaire général, le Ministre a noté que le nombre de pays africains en conflit était passé de 14 à la fin du siècle dernier à 4 à la fin de la première décennie du XXIe siècle.  Il a estimé que les fonds ainsi préservés, grâce à la paix, pourraient servir au développement économique.


Les progrès réalisés dans la gestion des conflits en Afrique sont le résultat des nombreux efforts entrepris par les pays africains dans le cadre de la démocratisation et de l’état de droit, et aussi d’une bonne croissance économique, a expliqué le Ministre.  Il a également salué les efforts des pays africains visant à mettre en œuvre les mécanismes institutionnels de l’Union africaine et des organisations sous-régionales.  L’Égypte soutient, a-t-il dit, l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Le Ministre a affirmé que la mise en place du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), auquel 31 pays du continent ont adhéré, est un succès dans le cadre de la stabilité de l’Afrique.  Il a aussi salué l’adoption du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique comme vision de développement pour le continent, ce qui témoigne, a-t-il noté, de la reconnaissance par les Africains du lien entre la stabilité, la paix et le développement. 


Le continent africain est, malheureusement aujourd’hui, confronté, à de nouveaux défis sécuritaires tels que la criminalité transfrontalière, le terrorisme, le trafic de drogues et la piraterie qui se greffent aux implications politiques, sécuritaires et humanitaires relatives aux changements climatiques et la désertification, a regretté M. Amr, qui a souhaité, à cet égard, un renforcement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Rappelant que ce partenariat datait de 1965, il a proposé de lancer une discussion entre les deux organisations pour établir un nouveau partenariat, qui remplacerait le Programme de renforcement des capacités en matière de prévention des conflits dont l’expiration aura lieu en 2016.  Le Ministre a dénoncé par ailleurs « l’injustice dont est victime l’Afrique, dont la représentation au sein du Conseil de sécurité demeure insuffisante, en dépit du fait que 70% des délibérations du Conseil concernent directement ce continent ».


M. HANNA SERWAA TETTEH, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a rappelé que la paix et la stabilité sont des conditions préalables essentielles pour le développement socioéconomique en Afrique.  Dans son ensemble, l’Afrique a réalisé des progrès considérables au cours des deux dernières décennies.  Néanmoins, des conflits subsistent dans la ceinture saharienne et la région des Grands Lacs.  Des problèmes transfrontières, tels que la traite des personnes, la piraterie, le trafic illicite des armes et des stupéfiants sont également préoccupants.


Pour prévenir les conflits en Afrique, il faudrait examiner les causes profondes de l’instabilité, dont l’exclusion sociale et politique, le sort des populations vulnérables comme les jeunes sans emploi, l’inégalité des sexes, l’extrême pauvreté et les disparités économiques.  Le Ministre a demandé à l’ONU et à toutes les parties intéressées d’accorder une importance particulière à la gestion des élections pour que celles-ci contribuent à la gouvernance démocratique et à une paix durable sur le continent.  Récemment, l’Afrique a contribué aux efforts de paix en établissant le Conseil de paix et de sécurité, le système d’alerte rapide à l’échelle du continent, le Groupe des Sages et la Force africaine en attente.


La communauté internationale doit continuer à concentrer ses efforts sur les processus de consolidation de la paix, y compris la prévention des conflits, a poursuivi M. Tetteh.  Rappelant la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les besoins de l’Afrique en matière de développement et la résolution 66/293 de l’Assemblée générale établissant les mécanismes de surveillance des Nations Unies, le Ministre a souhaité le renforcement du partenariat global pour l’Afrique.  Par ailleurs, « l’Union africaine doit agir rapidement et pacifiquement face au fléau des conflits sur le continent », a reconnu le Ministre.  En particulier, il a encouragé l’ONU et la communauté internationale à appuyer l’Union africaine pour permettre à la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (AFISMA) de remplir son mandat pendant la transition vers une opération de stabilisation des Nations Unies.  S’agissant du Mali, il a précisé qu’il faudrait se pencher sur les divisions qui existent tant au sein du Gouvernement qu’avec les Forces maliennes de défense et de sécurité, et préparer les élections présidentielle et parlementaires respectivement des 7 et 21 juillet. 


M. EMMANUEL ISSOZE NGONDET, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a déclaré qu’il ne peut y avoir de construction nationale sans paix et que la prévention et le règlement pacifique des conflits ont toujours été au cœur des priorités des États africains.  Il a ensuite indiqué que le Gabon avait contribué à la recherche de solutions aux différentes crises qui ont affecté certains pays tels que l’Angola, le Tchad, le Congo et, récemment, la République centrafricaine.  Il a souligné que le règlement pacifique des conflits doit être le premier recours comme cela a été le cas dans la facilitation gabonaise pour les accords inhérents à la situation en Centrafrique.  Il a appelé les Nations Unies et la communauté internationale à apporter leur appui au dispositif sous-régional chargé d’assurer la mise en œuvre de ces accords et à la transition définie sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).


Le Ministre a ensuite rappelé que les pères fondateurs de l’Union africaine avaient la vision d’une approche pacifique de résolution des conflits.  Ce qui les a guidés à adopter des mesures telles que l’intangibilité des frontières et la mise sur pied de la Commission de médiation, de conciliation et d’Arbitrage (CMCA).  C’est dans le même veine, a-t-il affirmé, que l’Union africaine, ayant pris le relais de l’OUA en 2002, a mis en place une architecture de prévention et de résolution pacifique des conflits comprenant, entre autres, le Mécanisme d’alerte rapide et le Conseil de paix et de sécurité.  Il a par ailleurs dit son inquiétude face à la situation de certains pays en conflits et a souhaité que les processus politiques soient privilégiés pour le règlement des conflits qui ont cours, notamment, en RDC, au Mali, en Somalie, en Guinée-Bissau et sur la question du Sahara occidental.


M. Ngondet a par ailleurs salué le partenariat stratégique établi entre les Nations Unies et l’Union africaine depuis septembre 2006, ainsi que les rencontres périodiques entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’union africaine.  Il a souhaité, dans un souci d’efficience, que cette collaboration puisse également porter sur la culture de la prévention des conflits.  Il a aussi plaidé pour que le règlement des conflits passe par des mécanismes judiciaires, notamment la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour permanente d’arbitrage (CPA).  Il a également souhaité que le règlement pacifique des conflits puisse s’appuyer sur l’amélioration de la gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme.


M. AUGUSTINE KPEHE NGAFUAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a souligné l’expérience du relèvement économique et social de son pays après 14 années de guerre civile et 10 années de maintien de la paix.  Le Libéria, qui était autrefois un havre de paix et de stabilité, a connu un violent coup d’État, le 12 avril 1980, organisé par 17 membres des forces armées du Libéria.  Ces derniers avaient assassiné le Président du Libéria, M. William R. Tolbert, qui était à cette date le Président en exercice de l’OUA.  M. Kpehe Ngafuan a précisé que les conséquences économiques et sociales de ce coup d’État avaient donné lieu à des épisodes de violence avant d’aboutir à une véritable guerre civile en 1989.  Dans les 14 années qui ont suivi, le Libéria n’a pas connu un instant de paix, a-t-il dit, en rappelant que son pays était rapidement envahi par des armes de guerre.  « L’épais nuage de la guerre s’est étendu sur les pays voisins et le Bassin du fleuve Mano -comprenant le Libéria, la Guinée, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone- qui est ainsi devenu l’une des régions les plus dangereuses du monde. 


La nature cruelle du conflit libérien a entraîné toute une série d’efforts de règlement de conflits lancés, notamment, par la CEDEAO, avec l’appui de l’Union africaine et de l’ONU.  Le conflit civil a pris fin avec un accord de paix global signé en août 2003, à Accra, au Ghana.  Il s’est traduit par le déploiement de 15 000 Casques bleus et la mise en place d’un gouvernement de transition chargé de superviser des élections libres, équitables et démocratiques et qui ont permis l’élection de la première femme présidente du continent africain, Mme Ellen Johnson-Sirleaf.  « Cette année, nous allons fêter le dixième anniversaire d’une paix sans interruption au Libéria », s’est-t-il félicité.  Le représentant a ajouté que, même si l’économie libérienne a toujours des difficultés, elle fait aujourd’hui partie des 20 économies du monde dont le taux de croissance est élevé.  À cet égard, il a exprimé la gratitude de son pays à tous les pays et organisations internationales qui ont permis au Libéria de passer de la guerre à la paix, puis au redressement économique. 


Il a ensuite souligné l’importance des institutions africaines en place pour promouvoir la paix, le développement et la stabilité, en citant l’architecture pour la paix et de sécurité, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), et le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  Il a salué les progrès considérables qui permettent aujourd’hui à l’Afrique de s’imposer comme un pôle de croissance économique.  « Nous devons être conscients des conséquences extrêmement graves des conflits, a-t-il insisté en appelant à promouvoir la prévention des conflits plutôt que leur règlement.  Il faudrait aussi encourager la bonne gouvernance et la démocratie dans nos pays, a-t-il dit en appelant à régler nos différends par les urnes plutôt que par les armes.  À cet égard, il s’est réjoui de l’adoption récente du Traité sur le commerce des armes.


M. ALI AHMED KARTI, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a soutenu que les conflits en Afrique résultaient, notamment, de rivalités dans la gestion des ressources naturelles et parfois de phénomènes naturels tels que la désertification et les changements climatiques.  Il a indiqué que le Gouvernement soudanais venait de mettre fin à l’un des plus longs conflits africains, et ce, par le biais des négociations et des mécanismes africains.  Il a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle mette la pression sur les groupes rebelles qui n’ont pas encore souscrit aux accords de paix soudanais de le faire au plus vite.  Il a également dénoncé les « soi-disant partenaires de l’Afrique » qui ont essayé d’imposer leur médiation dans le conflit soudanais avec des résultats infructueux. 


Le continent africain possède de riches traditions qui ont fait leur preuve en matière de règlement des conflits, a-t-il dit, en précisant que ces traditions avaient guidé les travaux des pères fondateurs de l’OUA.  Il a ensuite indiqué qu’il revenait en premier lieu à l’Afrique de prendre les décisions sur les sujets les concernant.  Il a par ailleurs plaidé pour l’augmentation des sièges au sein du Conseil de sécurité, afin, a-t-il expliqué, de mieux entendre le continent qui est le plus touché par les conflits. 


M. EFFRON C. LUNGU, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a déclaré que les guerres et conflits -internes ou entre États- qui avaient éclaté ces dernières années en Afrique, avaient pour causes communes la corruption politique, le non-respect du droit, la distribution inégale des ressources comme la terre et les richesses minières, la pauvreté et les violations des droits de l’homme.  Les efforts visant à régler un conflit en Afrique devraient se concentrer sur les causes profondes de ce conflit, afin d’établir une base solide pour les stratégies de prévention et de règlement.  La médiation doit aussi se concentrer sur la création de canaux de communication efficaces entre les parties afin de cultiver la confiance et l’esprit de négociation entre les parties concernées.


Le règlement des conflits peut être géré efficacement si les canaux diplomatiques axent davantage les efforts sur l’ouverture d’un dialogue politique entre les dirigeants des pays, des factions, des milices et autres groupes d’intérêt dans toutes les situations de conflit.  Il est également impératif que des mécanismes variés de règlement pacifique des conflits, comme la médiation, l’arbitrage, la négociation, les opérations de maintien de la paix soient employés aux niveaux local, régional et international. 


Après avoir félicité la signature de l’Accord-cadre de coopération, de sécurité et paix pour stabiliser la région est de la République démocratique du Congo, le 24 février dernier, M. Lungu a rappelé que le conflit dans cette région a des dimensions régionales parce que les peuples de la région des Grands Lacs sont liés aux plans social, économique, culturel et linguistique.  Cela veut dire qu’une instabilité générée par des causes internes dans un pays pourrait rapidement créer une dynamique de conflits dans toute la région.  La persistance d’attaques aux frontières a provoqué une profonde insécurité dans la région et ont été la source de déstabilisation politique pour les pays voisins, y compris la Zambie.  La signature du Pacte de sécurité, de stabilité et de développement par les chefs d’État et de gouvernements, lors de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs en 2006 au Kenya, avait marqué un nouveau chapitre vers la stabilisation de la région des Grands Lacs.  La Zambie reste engagée au processus de paix en République démocratique du Congo et la recherche du retour à la paix et à la sécurité dans l’est de ce pays.


M. OLUGBENGA ASHIRU, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a souligné que les situations au Sahel, dans la région des Grands Lacs et dans la corne de l’Afrique représentaient plus de 60% du programme de travail du Conseil de sécurité.  La plupart des conflits sont exacerbés par un manque de connaissance de leurs causes et par l’introduction d’autres éléments, tels que la prolifération des armes légères et de petit calibre ou l’exploitation illicite des ressources naturelles, y compris le vol de pétrole.  Cependant, a souligné le Ministre, « le climat économique et politique général en Afrique est favorable », grâce aux progrès réalisés sur la voie de la démocratie, de la bonne gouvernance et du développement.


M. MANUEL AUGUSTO, Secrétaire d’État aux relations extérieures de l’Angola, a déclaré que, malgré les progrès dans la consolidation de la démocratie et le développement économique, les pays africains continuaient d’affronter de nombreux défis dans la prévention et la résolution de conflits, dans la lutte contre la pauvreté, les changements climatiques et les crises humanitaires.  La transformation de l’Organisation de l’unité africaine en Union africaine a donné à l’Organisation plus de capacités opérationnelles pour assurer la paix et le développement durable sur le continent.  L’Angola reconnaît le rôle important que jouent le Conseil de paix et de sécurité, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, le système d’alerte rapide et le NEPAD. 


Il n’en demeure pas moins que l’Angola reste profondément préoccupé que la prise de pouvoir par des moyens inconstitutionnels reste d’actualité dans certains pays contrairement aux principes fondamentaux et aux valeurs de la Charte des Nations Unies et de l’Union africaine.  L’Angola est engagé à la recherche de solutions pacifiques aux conflits au Mali, en Guinée-Bissau, en République centrafricaine et dans la région des Grands Lacs.  Le dialogue ouvert et inclusif demeure la voie la plus appropriée pour trouver des solutions crédibles, consensuelles et équilibrées.  En outre, l’Angola condamne le coup d’État qui a eu lieu en République centrafricaine et appelle à la mise en œuvre des mesures de restauration de la légalité et de l’Accord de paix de Libreville.


Avec d’autres pays, l’Angola joue un rôle actif dans la recherche de la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs.  À cet égard, M. Augusto a félicité l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies qui a conduit à la signature, le 24 février dernier, de l’Accord d’Addis-Abeba sur le mécanisme de paix, de sécurité et de coopération en République démocratique du Congo et dans la région ».  C’est dans cet esprit que le 12 mars 2013, les Chefs d’État angolais, sud-africain et congolais s’étaient rencontrés au cours d’un sommet tripartite, dans la capitale angolaise, afin d’approfondir la réflexion sur les moyens de renforcer et de rendre effectif les mécanismes qui devraient être mis en place pour assurer la mise en œuvre durable de l’Accord.


Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit continuer à jouer un rôle vital pour la paix et la sécurité en Afrique, notamment dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte relatif aux accords régionaux.  M. Ashiru a rappelé que plus de 70% des opérations et des soldats de maintien de la paix se trouvent en Afrique.  À cet égard, il a salué l’adoption, ce matin, de la résolution 2100 sur le Mali par le Conseil de sécurité, qui illustre la synergie entre l’ONU et les mécanismes régionaux pour résoudre le conflit.  En outre, il a appuyé le travail de la Commission de consolidation de la paix dans la région.


Évoquant les questions de la sécurité humaine et la responsabilité de protéger, le Ministre a regretté l’intervention tardive du Conseil de sécurité au Libéria, en Sierra Leone, au Rwanda dans les années 1990 et, récemment, au Mali.  La communauté internationale doit pouvoir répondre rapidement et efficacement quand la paix et la sécurité sont menacées, a-t-il dit.  Soulignant l’importance de la prévention des conflits, il a rappelé que le Président du Nigéria, M. Goodluck Jonathan, avait proposé l’établissement, sous les auspices de l’ONU, d’une « commission de médiation des conflits ». 


Les 12 et 13 avril 2013, l’Union africaine a élaboré avec le Groupe des Sages un réseau panafricain des Sages (« PanWise ») et un plan d’action pour la période 2013-2014 afin d’harmoniser les initiatives régionales et internationales sur la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  Le Nigéria a également participé, depuis 1948, à 40 des 59 missions de maintien de la paix de l’ONU dans le monde.  À ce sujet, M. Ashiru a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts visant à rendre opérationnelle la capacité de déploiement rapide de la Force africaine en attente.     


Table ronde I : « Promouvoir la coopération entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies autour du lien entre paix, sécurité et développement »


La première table ronde animée par M. COLIN KEATING, Directeur général de l’organisation Security Council Report avait pour thème « Promouvoir la coopération entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies autour du lien entre paix, sécurité et développement ».


Présentations


Le Professeur MAHMOOD MAMDANI, Directeur de l’Institut de recherches sociales à l’Université de Columbia, a appelé à la démocratisation du fonctionnement du Conseil de sécurité et de ses règles.  Il a souligné qu’il était indispensable que la composition du Conseil s’ouvre à l’Afrique.  Il s’est inquiété que l’ONU semble se transformer en une institution de gouvernance mondiale dominée par seulement cinq pays, en estimant que le droit de veto signifiait que les cinq membres permanents pouvaient agir en toute impunité.  Il a cité le génocide rwandais et la fin de l’apartheid en Afrique, intervenus tous deux en 1994, et qui ont profondément changé l’Afrique.  Le panéliste s’est inquiété du fonctionnement non démocratique des Comités 1267 et 1373 du Conseil de sécurité, qui ne recourent pas à un tribunal pour l’examen des éléments de preuve et ne disposent pas d’un mécanisme d’appel.  La procédure d’inscription sur la liste peut être utilisée comme une véritable menace, a-t-il estimé.


Le Professeur EMMANUEL K. AKYEAMPONG, Professeur d’histoire africaine à l’Université de Harvard, a présenté les différentes manières dont l’Union africaine et l’ONU pourraient œuvrer ensemble dans l’intérêt du développement.  Il ne faudrait pas sous-estimer l’influence de la chute de l’Union soviétique et de l’événement de la place Tien An Men sur l’Afrique, a-t-il dit, en citant par exemple la « révolution de velours » au Bénin ou encore la fin des combats en Angola et au Mozambique.   


À son tour, le Professeur ABDUL KARIM BANGURA, de Howard University, a parlé de la question de respect, en notant que l’intervention des puissances occidentales en Libye représentait un des pires cas de non-respect de l’Union africaine.  Il a estimé que les puissances intervenues en Libye avaient privilégié la mise en œuvre de leur agenda de politique étrangère au mépris de l’Union africaine et de ses initiatives.  Il a estimé qu’il était intéressant de voir, par le biais de Youtube, Facebook et Twitter, si le printemps arabe n’avait pas été créé par des ONG occidentales.  Il a appelé à respecter les moyens utilisés par l’Afrique pour régler les conflits, en tenant aussi compte de la paix à travers le colonialisme.  Des études nous montrent que les projets démocratiques et la redistribution des richesses ne sont pas liés et qu’il n’y a pas de corrélation entre la bonne gouvernance et la démocratie d’un côté et l’augmentation des revenus de l’autre.  Il a appelé à se libérer des mythes et clichés, en expliquant que des études démontrent que l’ethnicité, ou l’Islam, étaient des éléments tout à fait marginaux dans le déclenchement de conflits en Afrique.  Les interventions étrangères et l’influence des complexes militaro-industriels sont beaucoup plus déterminantes, a-t-il dit.


M. CHEIKH TIDANE GADIO, ancien Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a déclaré que les Africains devraient cesser de demander l’argent européen et américain pour régler des problèmes africains.  Pour réussir, il faut être en mesure de fournir de l’argent africain à des projets africains, a-t-il insisté.  Il a jugé indispensable de s’appuyer sur les leçons apprises de la crise malienne.  Cette première leçon, a-t-il dit, est l’extrême vulnérabilité de nos États.  Ce qui est arrivé au Mali peut arriver à de nombreux pays africains, a-t-il fait remarquer, en précisant que certains pays africains ne disposent d’aucun radar pour surveiller leur ciel.  Seul le Tchad a su démontrer sa préparation à réagir face à des menaces extérieures, a-t-il noté.  M. Gadio a souligné le « choc des agendas » qui s’est produit au Mali, en citant l’agenda des islamistes, celui des salafistes vaincus en Algérie et en Mauritanie, l’agenda des militaires putschistes, l’agenda des séparatistes ou encore l’agenda de l’économie criminelle qui s’est renforcé en Afrique.  « Nous avons même des Colombiens qui vivent maintenant dans le Sahel », a–t-il fait observer.


Au lieu d’appeler un sommet de la CEDEAO pour s’attaquer au problème du Mali, nous aurions dû appeler un sommet de l’Union africaine, a-t-il dit.  « La crise malienne nous démontre qu’il nous faut revoir le mécanisme de prévention des conflits en Afrique » et réviser nos visions du passé afin de mieux articuler le combat des organisations sous-régionales avec celui de l’Union africaine.  Il a rappelé que N’Krumah disait déjà, il y a 50 ans, que la sécurité précède le développement.  Parmi les initiatives à prendre, il a suggéré la création de forces spéciales d’intervention africaine stationnée dans une base militaire panafricaine.  Une telle démarche est indispensable, a-t-il souligné, en regrettant que les 54 pays africains n’aient pu mettre à disposition 10 000 soldats pour le Darfour alors que l’on compte deux millions de soldats. 


Réagissant au propos du professeur Abdul Karim Bangura, le représentant de l’Égypte a insisté que le printemps arabe égyptien était né dans les rues du Caire et était le fruit de nombreuses années de frustration. 


Table ronde II: « La portée et la complexité des conflits en Afrique (Mali, Somalie, Soudan et République démocratique du Congo) et efforts déployés pour relever ces défis »


Présentations


La seconde table ronde, animée par M. MAGED ABDELAZIZ, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, avait pour thème « La portée et la complexité des conflits en Afrique (Mali, Somalie, Soudan et République démocratique du Congo) et efforts déployés pour relever ces défis ». 


Le premier intervenant, M. MOLEFI KETE ASANTE, Professeur d’études afro-américaines à l’Université de Temple (États-Unis), a regretté que des conflits meurtriers fassent de nombreuses victimes en Afrique comme ce fut le cas au Rwanda et au Soudan où les dissensions avec le sud, sur fond de rivalités pour le contrôle des richesses pétrolières, ont conduit à plus de 2 millions de morts.  Il a ajouté que certains conflits africains étaient dus aux croyances et à la religion, et parfois à des frustrations ou discriminations vécues par certains groupes de la population, comme ce fut le cas en Afrique du Sud du temps de l’apartheid et au Soudan.  Il a lancé un appel afin que les solutions aux conflits africains puissent intégrer les valeurs et traditions ancestrales propres au continent. 


M. VASU GOUNDEN, Fondateur et Directeur exécutif du Centre africain pour la résolution constructive des conflits, a indiqué que la diversité d’identités au sein de la population africaine, la pauvreté, l’intolérance religieuse, la prolifération des drogues et des armes, constituent le cocktail explosif qui crée et intensifie la plupart des conflits en Afrique.  Il a estimé que des solutions à court terme ne pouvaient régler les conflits et que la transition vers un continent pacifique était un processus de longue haleine.  Pour ce faire, il a suggéré de mettre en place des mécanismes visant à transformer de manière profonde les sociétés africaines.  Il a également proposé l’amélioration de l’alerte précoce des conflits en Afrique, afin de les juguler rapidement.  Si la prévention échoue, a-t-il dit, la médiation doit suivre.  Il a également plaidé pour des investissements dans les infrastructures et dans le capital humain africain, car, a-t-il noté, la pauvreté tue autant que les armes en Afrique.


M. BOUBACAR N’DIAYE, Professeur d’études africaines et de Sciences politiques au Collège de Wooster (États-Unis), a affirmé que les Africains, plus de 50 ans après l’indépendance, n’ont pas encore réglé la question des États postcoloniaux qui ont été mis en place pour desservir les populations.  Il a expliqué que cette situation conduisait à des conflits sans fin, et c’est pourquoi, a-t-il proposé, il est nécessaire de se libérer du joug colonial.  Il a également évoqué la crise de la gouvernance qui se manifeste, par exemple, par la mauvaise gestion des ressources des pays par une minorité de dirigeants.  Il a ensuite dénoncé le déficit de gestion et de prévention des conflits dans les États africains.  Il a aussi déploré que le secteur sécuritaire ait pour but, dans les pays africains, de contenir les oppositions politiques.  Si la sécurité était gérée de manière quelque peu orthodoxe, les conflits surviendraient moins en Afrique, a-t-il estimé.


M. COLIN KEATING, Fondateur et Directeur exécutif du « Security Council Report », a affirmé que pendant le génocide rwandais de 1994, les Nations Unies et l’OUA avaient échoué à faire éviter les massacres.  Il a cité cet exemple pour mettre en exergue les atermoiements et les contradictions de la communauté internationale face à la résolution des conflits.  « Nous avons le devoir collectif d’agir, mais nous échouons en rejetant des propositions censées permettre de sécuriser les populations », a-t-il regretté.  Au cours de la présidence du Conseil de sécurité par son pays -la Nouvelle-Zélande- en 1994, le Conseil adoptait parfois des positions causant des frustrations pour les parties en conflit.  Il a également estimé que la communauté internationale ne devrait pas sélectionner les situations de conflits où elle devrait intervenir, seulement à cause des richesses de ces pays.  Il a rappelé, en outre, que la prévention est toujours moins coûteuse, en termes financiers et humains que l’intervention.  Il a également plaidé pour l’appropriation régionale et locale du règlement des conflits.  


Échange interactif


Au cours de l’échange interactif qui a suivi les exposés, le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a souhaité que les pourparlers de Kampala (Ouganda) puissent déboucher sur une paix durable en RDC, et il a remercié les pays contributeurs de troupes de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Le représentant du Soudan a, pour sa part, fustigé les arguments du professeur Asante qui s’est exprimé sur son pays et sur l’Afrique en général sans avoir fait le déplacement sur le terrain.  Il a aussi regretté la comparaison, faite par le panéliste, entre le régime soudanais et le régime d’apartheid d’Afrique du Sud.  Il a rappelé que Khartoum avait été le premier pays à avoir offert un passeport diplomatique à Nelson Mandela après sa libération de prison.  Le professeur Asante a réagi en précisant qu’il s’est rendu en Afrique plus de 80 fois.  Le représentant du Cap-Vert a appelé de tous ses vœux l’avènement d’une Afrique inventive et créatrice qui soit libérée de conflits et promeuve la solidarité.  Le modérateur a souhaité, à la fin de l’échange, qu’un débat pareil soit organisé de nouveau afin de permettre à ceux qui n’ont pas pu s’exprimer de pouvoir le faire.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Population et développement: la migration doit être au coeur du programme de développement pour l’après-2015, soulignent nombre de délégations

POP/1015

Population et développement: la migration doit être au coeur du programme de développement pour l’après-2015, soulignent nombre de délégations

24/04/2013
Conseil économique et socialPOP/1015
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement            

Quarante-sixième session                                   

6e et 7e séances

matin et après-midi


POPULATION ET DÉVELOPPEMENT: LA MIGRATION DOIT ÊTRE AU CŒUR DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015,

SOULIGNENT NOMBRE DE DÉLÉGATIONS


La Commission de la population et du développement a poursuivi, aujourd’hui, son débat général sur l’évolution des migrations, l’occasion pour les délégations de présenter les mesures prises dans leurs pays respectifs pour appréhender ce phénomène qui, ont estimé nombre d’entre elles, doit occuper une place centrale dans le programme de développement pour l’après-2015. 


« La migration est là pour rester », a en effet constaté une représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  La question n’est donc pas de savoir s’il faut l’accepter ou pas mais de voir comment la gérer efficacement, sûrement et humainement pour qu’elle serve le développement humain et bénéficie aux migrants et aux sociétés. 


L’OIM préconise ainsi un plan qui reconnaîtrait que la migration et la mobilité humaines sont toutes les deux nécessaires et inévitables au XXIe siècle. 


La migration et la mobilité sont des moyens de contribuer au développement, avait auparavant insisté le Ministre de la migration et de la politique d’asile de la Suède, M. Tobias Billström, lequel, comme plusieurs intervenants, avait notamment souligné l’impact positif du rapatriement de fonds vers les pays d’origine sur la réduction de la pauvreté.


Au Bangladesh, par exemple, a indiqué son délégué, les rapatriements de fonds ont représenté 14% du PIB en 2012, contre 4% en 2001.  Au Togo, leur montant atteint chaque année 9 à 10%.  Ce pays, qui a privilégié le volet diaspora dans sa politique de migration et développement, a, du reste, mis en place un plan stratégique d’optimisation de la contribution des Togolais de l’extérieur.


Le représentant du Nigéria, pays classé cinquième dans la réception des fonds envoyés par les émigrants, et son collègue de la Tunisie, ont préconisé une plus grande souplesse et la levée de certains obstacles.  Le Gouvernement nigérian a ainsi adopté une loi abrogeant la clause d’exclusivité et diversifiant les modes de réception des fonds.


Si les envois de fonds sont un avantage de la migration, cette dernière a des coûts sociaux élevés, comme l’exploitation de la main-d’œuvre à l’étranger et la séparation avec la famille, a néanmoins souligné la représentante des Philippines.  Selon elle, le travail à l’étranger ne doit pas être une nécessité mais un choix.


Plusieurs délégués ont en outre dit attendre beaucoup du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra en octobre prochain dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.


La représentante de la Zambie a observé que les mouvements migratoires avaient de nombreuses implications sociales et sur le plan de la santé.  Les personnes impliquées sont exposées aux infections, notamment dans les régions où les préservatifs, la planification familiale et le traitement des maladies sexuellement transmissibles font défaut, a-t-elle dit.


Mais une représentante du Bureau de l’ONUSIDA à New York, a expliqué que la migration en soi n’était pas un facteur de risque face au VIH/sida.  Ce sont plutôt les facteurs environnants, tels que la séparation du migrant avec son conjoint et sa culture, les barrières linguistiques et les dures conditions d’emploi, entre autres, qui augmentent la vulnérabilité à l’infection, a-t-elle dit. 


Plusieurs pays se sont inquiétés de la hausse du nombre de victimes de la traite dans le monde, ainsi que de la condition des femmes et des enfants migrants en situation irrégulière qui deviennent facilement victimes d’abus sexuels. 


Le Gouvernement du Guatemala a lancé plusieurs mesures pour assurer la protection des migrants les plus vulnérables.  Son représentant a engagé les États Membres à agir pour assurer cette protection, des soins et le rapatriement des victimes ainsi que leur dédommagement.


Au cours de la matinée, les membres de la Commission s’étaient penchés sur l’impact de la migration sur l’égalité des sexes et la famille à la faveur d’un exposé de la Secrétaire générale adjointe aux affaires extérieures du Réseau de recherche sur la migration des Philippines, Mme Stella Go.


Celle-ci a notamment constaté que les restrictions imposées par les pays de destination contraignaient les migrants à quitter leur famille et que l’émergence de la « famille transnationale » entraine de nombreuses répercussions pour tous les membres de la cellule familiale.


Mme Go a aussi parlé de la difficulté de réinsertion des femmes migrantes.  Comme la dynamique familiale change pendant leur absence, certaines peuvent devenir victimes de violence domestique.  Pour atténuer les effets négatifs de la migration sur les familles, elle a réclamé la création d’un réseau concerté entre la société civile, les organisations non gouvernementales et les gouvernements tant dans les pays d’origine que de destination.


La prochaine réunion de la Commission de la population aura lieu demain, à partir de 10 heures. 



DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: « L’ÉVOLUTION DES MIGRATIONS: ASPECTS DÉMOGRAPHIQUES »


Débat général


Mme MARY GRACE A. TIRONA, Commission des Philippins de l’étranger, a indiqué que 48% de la population philippine vit actuellement en zone urbaine contre 37%, il y a seulement 20 ans.  D’ici à 2030, 8 Philippins sur 10 vivront dans des centres urbains, a ajouté la représentante, en expliquant que les autorités urbaines doivent désormais faire face à l’impact de cet exode rural dont une fécondité en hausse dans les villes.  Une loi a été adoptée pour encourager une procréation responsable.  L’exode rural a aussi provoqué la pollution de l’air et des rivières, et compliqué la gestion des déchets.


La représentante a ajouté que 10% de la population choisit de partir du pays.  Si les envois de fonds sont un avantage de la migration, cette dernière a des coûts sociaux élevés, comme l’exploitation de la main-d’œuvre philippine à l’étranger et la séparation avec la famille.  Le travail à l’étranger ne doit pas être une nécessité mais un choix, a dit la représentante, en indiquant que son gouvernement vise à attirer plus d’investissements et à créer plus d’emplois afin de donner à sa population de bonnes raisons de croire en une vie meilleure dans son propre pays.


La représentante a expliqué qu’un organe spécial a été créé pour rationaliser les coûts liés à la migration et bien informer les candidats au départ.  Le Gouvernement a mis en place des mesures pour la protection des travailleurs domestiques et pour le respect des droits des travailleurs migrants.


M. MAJED ZEMNI, Président-Directeur général de l’Office national de la famille et de la population (ONFP) de la Tunisie, a estimé que la question de la migration ne pouvait être traitée sans tenir compte des racines et des différentes facettes du phénomène dans chaque pays.  La Tunisie est un pays d’origine, de transit et de destination, a-t-il dit, affirmant que la question de la migration devait être appréhendée dans le cadre du développement durable, du respect des droits de l’homme et des traités internationaux. 


M. Zemni a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer les relations avec les expatriés et les immigrants et de les encourager à investir leurs talents dans toutes les sphères.  Il a plaidé pour un renforcement de la coopération et de la mobilisation de toutes les énergies aux niveaux national et international.  Il a souhaité une plus grande souplesse dans le rapatriement des fonds et voulu que la migration soit considérée comme un facteur positif dans l’agenda du développement post-2015.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) a estimé, à son tour, que la question de la migration devait occuper une place centrale dans l’agenda du développement post-2015.  Il a dit sa profonde inquiétude face à la situation des femmes et des enfants immigrants en situation irrégulière qui deviennent facilement victimes d’abus sexuels.  Il a expliqué que son gouvernement avait lancé plusieurs mesures pour assurer la protection des migrants les plus vulnérables.  Il a engagé les États Membres à agir pour assurer cette protection, des soins et le rapatriement des victimes ainsi que leur dédommagement.


Le représentant s’est alarmé de la hausse du nombre de victimes de la traite dans le monde et a fait savoir que son gouvernement avait mis sur pied plusieurs institutions pour faire face à ce phénomène.  Il a appelé les États Membres à tout mettre en œuvre pour lutter contre la violence sexuelle, l’exploitation et la traite des personnes.  Il a jugé important de mener des études pour bien comprendre les effets de la migration.  Il faut un système de statistiques fiables pour accompagner des politiques migratoires « participatives et inclusives ».


M. SHAVENDRA SILVA (Sri Lanka) a jugé qu’il était impératif d’étudier un ensemble d’objectifs internationalement convenus, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui ont des interactions claires avec les migrations internationales.  Sans une augmentation de l’aide publique au développement (APD), il est peu probable que les objectifs du Programme d’action du Caire soient atteints, a-t-il estimé.


Le représentant a expliqué que son pays connaît la migration depuis plusieurs siècles.  Le Sri Lanka est un pays d’origine et de destination qui a pris des mesures pour faciliter les conditions de vie et de travail des migrants sri-lankais.  Le Gouvernement a mis en place un programme de bourses pour aider les familles émigrées à financer l’éducation de leurs enfants.  Le représentant a indiqué que le Sri Lanka, qui a adhéré en 1996 à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, souhaite contribuer de façon constructive au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra en octobre prochain dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.


M. FESTUSUZOR (Nigéria) a indiqué qu’avec 3,2%, son pays compte un des taux de croissance démographique le plus élevé du monde et que la population devrait doubler d’ici à 25 ans, ce qui, a-t-il fait observer, entrainera une modification de taille de la pyramide des âges.  Le nombre des migrants a plus de doublé depuis 1991; le Nigéria accueillant un million de personnes venant principalement du Bénin, du Ghana et du Mali.  On voit une concentration de jeunes dans les zones urbaines qui entraîne un vieillissement de la population rurale et une pénurie de la main-d’œuvre agricole.


M. Uzor a déploré que les jeunes nigérians éduqués soient bien trop souvent plus enclins à quitter le pays.  Le Nigéria est classé cinquième dans la réception des fonds envoyés par les émigrants mais il sait que les fonds qui échappent au circuit officiel sont bien plus importants.  Le Gouvernement a adopté une loi abrogeant la clause d’exclusivité et diversifiant les modes de réception des fonds.  Toutes les parties concernées doivent lever les obstacles au rapatriement des fonds, a plaidé le représentant.


Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a rappelé que le Kenya accueille de nombreux réfugiés des pays voisins, ainsi que de nombreux migrants en transit ou pas.  Elle a souligné que le Kenya bénéficie des envois de fonds de sa diaspora et qu’un bureau chargé de cette diaspora a été mis en place au sein du Ministère des affaires étrangères pour prendre en compte les préoccupations de cette frange de la population.  La représentante a relevé que son pays accueille en ce moment près de 700 000 réfugiés à cause de l’instabilité en Somalie et dans d’autres pays.  Le fardeau est lourd à porter alors que le soutien de la communauté internationale s’estompe.  


Mme Grignon a souligné que la Constitution du Kenya dispose que les réfugiés ou les migrants mariés aux Kenyans acquièrent les mêmes droits que ceux-ci; les réfugiés et migrants bénéficiant également des droits et services de base.  Les lois du Kenya, a-t-elle ajouté, proscrivent les trafics humains à partir, en direction et à travers le pays.  Le pays a aussi mis en place des politiques et textes pour renforcer le droit à la santé reproductive et sexuelle des migrants.


M. ABDULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a rappelé que son pays comptait une population de 150 millions d’habitants, avec une forte densité.  La population urbaine a fortement crû et constitue 29% de la population totale, la capitale, Dhaka, connaissant une croissance démographie annuelle de 5,5%.  Le pays est également passé d’un régime de forte mortalité à faible mortalité. 


Le représentant a également fait état du très grand nombre de ressortissants du Bangladesh établis à l’étranger, environ 8 millions, dont 6,6 millions sont des travailleurs migrants à court terme.  Les rapatriements de fonds représentaient 14% du PIB en 2012, contre 4% en 2001, a-t-il dit, soulignant leur impact sur la réduction de la pauvreté.


Le représentant a estimé que la protection des droits des migrants devait être mieux garantie par le biais d’un accord entre les pays d’origine et les pays de destination.  De même, dans le domaine de la sécurisation des frontières, il convient, selon lui, de mettre en place des mesures pertinentes pour une migration ordonnée. 


M. TOBIAS BILLSTRÖM, Ministre de la migration et de la politique d’asile de la Suède, a observé que les disparités démographiques et économiques étaient les principaux facteurs de la migration, une occasion saisie par de nombreuses personnes pour échapper à la pauvreté.  Il a souligné qu’une migration légale et ordonnée pouvait profiter tant aux pays de destination que d’origine.


Le Ministre a évoqué le vieillissement de la population suédoise et a vu dans la migration un des instruments capables de prévenir la pénurie de main-d’œuvre et de contribuer à la croissance économique de la Suède.  Il a vanté la souplesse de la politique migratoire de la Suède qui, a-t-il expliqué, permet aux ressortissants de pays autres que ceux de l’Union européenne de migrer et qui laisse la porte ouverte tant aux travailleurs qualifiés que non qualifiés.


La migration des travailleurs est une stratégie suédoise pour le développement à court et à long termes, a souligné M. Billström.  Il a fait observer que le taux de chômage élevé en Europe ne signifie pas pour autant que certains secteurs ne font pas face à une pénurie de main-d’œuvre.  La migration et la mobilité sont un des moyens de contribuer au développement, a-t-il insisté, avant de parler de l’impact des envois de fonds.


Après avoir insisté sur le lien qui existe entre migration et développement, M. Billström a commenté l’évolution de la migration qui, a-t-il fait observer, a tendance à devenir de plus en plus circulaire et à se féminiser.  Il a souligné l’importance pour les États de destination d’élaborer des cadres juridiques pour faciliter la mobilité et les rendre attrayants dans la « compétition pour les talents du monde ».


M. EDGARD DOEVI ABBEKOÉ DODZI, Directeur de la planification de la population et Coordonnateur des programmes Gouvernement - système des Nations Unies du Togo, a déploré que les questions de migration et de développement évoqués dans le Programme d’action du Caire en 1994 n’aient pas fait l’objet de préoccupations soutenues dans tous les pays.  Il a fallu la Conférence sur la migration et le développement tenue à Rabat en 2006 pour faire des avancées et placer ce thème comme un élément incontournable dans le développement.  C’est dans cette dynamique, a-t-il ajouté, que les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont défini une stratégie d’approche commune de la migration et du développement avec son plan d’action mettant l’accent sur le volet « Genre et migration ».  L’Espagne a financé ce plan à hauteur de 4 millions d’euros. 


Pour ce qui le concerne, le Togo a signé mais n’a pas ratifié la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leurs familles en 2001.  Sur le plan institutionnel, la Direction des Togolais de l’extérieur, l’Agence nationale pour l’emploi et le Programme national de la diaspora ont été créés.  Ils ont pour mission, entre autres, de renforcer l’accès à l’emploi, la protection des migrants travailleurs togolais et le retour des compétences au pays.  Quelques organisations de la société civile apportent également leur appui au Gouvernement dans la gestion des questions de migration en général et de la diaspora togolaise en particulier, a reconnu M. Dodzi.


S’agissant de la migration interne, M. Dodzi a indiqué qu’il faut retenir deux phénomènes: le déplacement des populations de l’intérieur du pays vers la côte et les déplacés suite aux catastrophes naturelles.  Dans le domaine de la migration externe, 1,5 à 2 millions de Togolais vivent à l’étranger.  Les deux tiers se trouvent en Afrique.  Il a signalé que les migrants transfèrent chaque année 100 milliards de francs CFA soit 9% à 10% du produit intérieur brut (PIB) du pays.  C’est ainsi que le Togo a privilégié le volet diaspora dans sa politique de migration et développement en mettant en place le plan stratégique d’optimisation de la contribution de la diaspora au développement socioéconomique du Togo et la Direction des Togolais de l’extérieur, appuyés par l’Union européenne et l’Espagne.


M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a estimé que le problème de la migration devait être appréhendé de façon globale, régulière et donner lieu à des objectifs de développement de portée mondiale, y compris au-delà de 2015.  Il s’est dit préoccupé par les sanctions et les mesures disproportionnées prises dans certains pays de destination et qui empêchent les migrants d’exercer leurs droits fondamentaux.  Il a appelé les pays développés à garantir l’accès à la santé sexuelle et reproductive des migrants, quelle que soit leur origine.


Le représentant a également appelé tous les États à garantir la protection des droits des filles et garçons migrants, notamment les mineurs non accompagnés, et à incorporer dans leurs programmes le rapatriement des enfants et leur réintégration familiale.  Il a souligné que son pays attendait beaucoup du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.


M. RAMADHANI MUOMBWA MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a reconnu que son pays n’avait pas une politique nationale pour réglementer la migration des Tanzaniens.  Mais le Gouvernement est actuellement en train d’élaborer une politique de gestion de la migration du travail qui devrait jeter les bases pour attirer les investissements de la diaspora et créer des liens avec elle.  M. Mwinyi a rappelé que la Tanzanie a dû recevoir des flux de réfugiés à cause de l’instabilité politique et la guerre dans les pays voisins.  Pour assurer une gestion appropriée de cette migration, la Tanzanie travaille à l’amélioration les bases de données de la migration internationale, en renforçant les capacités du Département de la migration.  Le Gouvernement développe aussi une politique de la migration et du développement pour traiter des questions de la migration interne et externe.  À son tour, le représentant a plaidé pour que ces questions figurent en bonne place dans l’agenda du développement post-2015 et dans celui du développement durable.


M. SOUMANA ADAMOU (Niger) a expliqué que son pays connait un taux de croissance démographique très élevé et que « ni l’État, ni les parents » ne sont en mesure de répondre aux besoins « mêmes élémentaires » des jeunes.  Il a indiqué que 11% de la population, soit 1 173 711 personnes, avait choisi de migrer que ce soit sur le plan interne, régional ou sous-régional et, « depuis quelques années », vers le reste du monde.  Le représentant a précisé que Niamey, la capitale du pays, attire près du quart de la population migrante.


M. Adamou a évoqué la tenue, au mois de mars, du Forum des jeunes du Niger, au cours duquel il a notamment été recommandé d’appliquer les différentes politiques nationales, sous-régionales et internationales sur la migration; de créer des points d’information et de sensibilisation pour les migrants et de faciliter les conditions de rapatriement des migrants irréguliers.  Il a également énuméré les activités des différentes entités institutionnelles qui s’occupent des questions de la migration au Niger, à commencer par la Direction de l’État civil et des réfugiés et le Haut Conseil des Nigériens de l’extérieur.  Le représentant a appelé la communauté internationale à aider son gouvernement à assurer la sécurité alimentaire et à améliorer la résilience de sa population, à maitriser la croissance démographique, et à finaliser puis mettre en œuvre sa politique nationale de migration.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2013/3, E/CN.9/2013/4 ET E/CN.9/2013/5)


Débat sur le thème « Migration, égalité des sexes et famille »


Mme STELLA GO, Secrétaire générale adjointe aux affaires extérieures du Réseau de recherche sur la migration des Philippines, a affirmé que si on ajoute les chiffres officieux aux données officielles, les migrants représenteraient en fait 10% de la population mondiale.  Elle a également indiqué que la féminisation de la migration se fait ressentir dans toutes les régions du monde.  En 2010, plus de la moitié des migrants en Asie étaient des femmes, lesquelles se déplacent pour travailler dans le tourisme, mais également pour se marier.  Elle a énuméré les lieux de destination des migrantes originaires d’Asie et a constaté que la migration devient de plus en plus sexospécifique depuis les années 80.  Elle a également indiqué qu’alors que les femmes migrantes sont surtout des travailleuses domestiques ou des ouvrières dans l’industrie du textile, les hommes travaillent davantage dans le secteur de la construction.


À ce stade, les études sur la migration doivent porter non pas sur les seuls migrants mais également sur leur famille, car, a dit l’oratrice, la migration se fait au nom de la famille.  Elle a constaté que les restrictions imposées par les pays de destination contraignent les migrants à quitter leur famille et que l’émergence de la « famille transnationale » entraine de nombreuses répercussions pour tous les membres de la cellule familiale.  Du fait des relations transnationales, de nombreux enfants naissent hors mariage ou d’une mère victime de la traite, ce qui pose des problèmes en terme de nationalité.  Elle a également fait observer que le départ d’une mère provoque l’élargissement de la cellule familiale.  Comme le père n’assume que rarement les responsabilités ménagères, d’autres membres de la famille, une grand-mère par exemple, viennent prendre le relais.  Mais quand les pères s’en vont, ce sont les femmes qui assument leur rôle, ce qui peut être autonomisant mais parfois oppressant.  La question de l’infidélité et de la dissolution des mariages provoquées par la migration se pose.


La panéliste a signalé que certaines études avaient révélé que les enfants de migrants ont bien souvent de mauvais résultats scolaires, qu’ils abandonnent souvent l’école et qu’ils ont des problèmes de comportement.  On ne peut cependant pas faire de généralisation car dans certaines régions, on constate le phénomène inverse, a-t-elle reconnu.  Mme Go a également cité des études contradictoires qui ont révélé que, dans certains cas, la migration des enfants peut avoir des effets positifs sur les parents âgés alors que, dans d’autres, le stress de l’absence met la vie des parents en danger.


Mme Go a vanté les mérites des moyens de communication électronique et mobile qui permettent, a-t-elle expliqué, non seulement de maintenir les liens familiaux, mais de préserver l’implication des mères migrantes dans l’éducation de leurs enfants.  Certaines études ont cependant démontré que les nouvelles technologies peuvent également devenir un outil dont se servent les maris migrants pour contrôler leurs épouses restées au pays.


Abordant ensuite la question des envois de fonds, elle a indiqué que si les femmes migrantes envoient une somme équivalente à celle envoyée par les hommes migrants, celle-ci représente en fait une part bien plus importante de leur salaire.  Elle a également constaté que les hommes et les femmes utilisent de manière très différente les sommes reçues.


Mme Go a aussi parlé de la difficulté de réinsertion des femmes migrantes.  Comme la dynamique familiale change pendant leur absence, certaines peuvent devenir victimes de violence domestique.  Pour atténuer les effets négatifs de la migration sur les familles, elle a réclamé la création d’un réseau concerté entre la société civile, les ONG et le gouvernement tant dans les pays d’origine que de destination.  Des politiques de migration sexospécifiques sont nécessaires.  Il faut bien évaluer les conséquences sociales de la migration sur les familles, a-t-elle souligné.


Lors du débat interactif qui a suivi l’exposé de Mme Go, le représentant du Niger lui a demandé si on a une comparaison fiable du cursus scolaire des enfants d’émigrés et des autres.  Mme Go a répondu avoir consulté ce type d’études, lesquelles démontrent que les enfants de migrants avaient tendance à avoir des résultats scolaires faibles lorsque leurs mères sont absentes.


Dans une réponse à une question du représentant de Cuba, Mme Go a évoqué des études liées à la relation entre la réduction de la pauvreté extrême et la migration.  Invitée à s’exprimer sur ce sujet par la déléguée de la République islamique d’Iran, elle a également mis l’accent sur l’importance du problème de la traite des êtres humains en Asie du Sud-Est.


Interrogée par la représentante du Japon, elle a souligné par ailleurs que l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication avait des effets positifs pour les familles de migrants, notamment dans les relations avec leurs familles.  Le délégué de la Jamaïque a fait observer, à la lumière de recherches portant sur la région des Caraïbes, que les conséquences négatives de la migration étaient plus importantes pour les enfants plus jeunes que pour les enfants plus âgés.  À une question du Burkina Faso sur les envois de fond, Mme Go a réitéré le fait que les hommes et les femmes utilisent différemment les fonds reçus.


Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA(Zambie) a passé en revue certaines des politiques migratoires de son pays, notamment la loi de 1970 sur le contrôle des réfugiés et la loi de 2010 sur l’immigration et la déportation qui entend, a-t-elle expliqué, réglementer le mouvement des personnes en provenance ou vers le pays, ainsi que le séjour des migrants.  La population zambienne est très mobile, en particulier les routiers, les coupeurs de canne à sucre, les travailleurs du sexe, les pêcheurs ou encore les travailleurs saisonniers du secteur des mines.  Ces mouvements ont de nombreuses implications sociales et sur le plan de la santé.  Les personnes impliquées sont exposées aux infections, notamment dans les régions où les préservatifs, la planification familiale et le traitement des maladies sexuellement transmissibles font défaut.


L’immigration est principalement due aux guerres et aux conflits dans les pays voisins, mais elle est en baisse, étant passée de 6% de la population nationale en 1969 à 0,34% en 2010.  Le nombre de réfugiés a atteint son pic en 2002 avec 267 000 personnes.  Malgré les opportunités de la migration, de nombreux défis persistent, notamment la fourniture de services de base, la fuite de cerveaux, la migration irrégulière, le versement des pensions aux travailleurs migrants et l’absence de politiques pour faciliter les envois de fonds de la diaspora zambienne.  La représentante a souligné la nécessité de transformer la fuite de cerveaux en gain ou en « circulation » des cerveaux.  La Zambie a besoin d’un appui pour renforcer la collecte de données sur la migration, a-t-elle avoué.


M. FRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège, a peint un tableau de la migration fait de divisions familiales, d’enfants vulnérables, de travailleurs abusés sans aucun recours possible et de migrants incarcérés sans aucun respect de leur dignité ni de leurs droits fondamentaux.  Les femmes migrantes sont particulièrement exposées aux risques d’abus sexuels et de traite comme si elles étaient de simples marchandises.  Les États ont le droit de protéger leurs frontières, mais chaque migrant et, par extension, tout être humain a le droit de rechercher une vie meilleure hors de son pays.  Le contrôle des frontières exige que l’on traite les migrants avec justice et indulgence, et non comme de dangereux criminels. 


L’observateur a rappelé que la majorité des migrants va du Sud vers le Nord où elle apporte un capital humain important dans des sociétés vieillissantes et aux taux de fertilité en déclin.  La seule solution durable à la migration serait d’améliorer les conditions dans les pays d’origine.  L’observateur a décrié la planification familiale qui tend à banaliser le mariage et la famille, tout en niant au fœtus son droit à la vie.  Il a également décrié les politiques des pays d’accueil qui tendent à forcer les migrants à avorter ou à se faire stériliser, afin de diminuer et de contrôler l’impact démographique et racial des migrants sur la population locale.


M. IOANNIS VRAILAS (Union européenne) a rappelé que l’Union européenne appuyait la mise en œuvre complète du Programme d’action du Caire et attendait beaucoup du Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale.  Il a insisté sur la nécessité de promouvoir l’intégration de la migration dans les stratégies de développement.  Il convient également, selon lui, de faire en sorte que les liens importants entre migration et développement soient reconnus dans l’agenda post-2015.  Il a mis l’accent sur l’impact de la migration sur l’autonomisation des femmes et a estimé que les mesures visant à renforcer les cadres de migration dans le monde pouvaient contribuer à améliorer la coopération, en particulier entre les pays du Sud.


M. JOE THOMAS, Directeur exécutif de Partenaires en population et développement (PPD), a rappelé que l’organisation qu’il dirige est une organisation intergouvernementale rassemblant 25 pays en développement comptant pour 57% de la population mondiale.  Son organisation, a-t-il poursuivi, concentre ses efforts sur les droits reproductifs et sexuels ainsi que sur les cadres normatifs en vigueur sur les questions familiales.  Il a rappelé que le nombre de migrants avait augmenté de 40% entre 1990 et 2010, passant de 155 à 214 millions.  Cette augmentation doit se traduire par des politiques prenant en compte les conséquences de ces phénomènes sur les pays de destination et d’origine. 


M. Thomas a énuméré quelques recommandations pour que les politiques puissent répondre aux défis contemporains.  Parmi ces recommandations, il a cité la mise en place de politiques non discriminatoires, particulièrement envers les femmes et les minorités les plus vulnérables.  Il a également prôné la mise en place de cadres de protection sociale ainsi que la prise en compte des flux migratoires dans les politiques nationales de développement.  Il a enfin préconisé des programmes de partenariats entre pays du Sud.


Mme MICHELE KLEIN SALOMON, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que la migration est là pour rester.  La question n’est pas de savoir s’il faut l’accepter ou pas mais de voir comment la gérer efficacement, sûrement et humainement pour qu’elle serve le développement humain et bénéficie aux migrants et aux sociétés.  Les tendances indiquent que le nombre des migrants va augmenter.  Il faut donc un plan pour faciliter la mobilité humaine, lequel reconnaîtrait que la migration et la mobilité humaines sont toutes les deux nécessaires et inévitables au XXIe siècle. 


Il faut commencer, a préconisé la représentante, par améliorer la perception qu’a l’opinion publique des migrants.  Il faut lui faire comprendre que la migration est un processus à gérer et non un problème à résoudre.  L’opinion publique doit être amenée à abandonner sa vision étroite et fausse d’une migration mue par la pauvreté et ayant un impact négatif sur les communautés hôtes.  L’opinion publique doit être convaincue du rôle important que les migrants peuvent jouer comme partenaires du développement dans les pays d’origine et les pays de destination. 


Il faut aussi encourager l’intégration des questions de migration et de mobilité humaines dans les plans de développement, au Nord comme au Sud, sachant que la migration est liée aux trois piliers du développement durable et qu’elle doit être véritablement intégrée dans l’agenda du développement post-2015 et assortie d’objectifs clairs. 


La représentante a aussi prôné une approche fondée sur les droits de l’homme pour traiter de la migration et a attiré l’attention sur l’impact des crises humanitaires sur la migration et les migrants.  Il faut, s’est-elle expliquée, examiner le rôle de la mobilité humaine dans les stratégies de réduction des catastrophes, de préparation aux catastrophes, d’adaptation aux changements climatiques et de l’urbanisation viable.


Elle a conclu en appelant à l’amélioration de la recherche et de la collecte des données.  Il faut investir davantage dans l’évaluation des politiques de migration et promouvoir la participation effective de toutes les parties prenantes dans leur élaboration, en particulier les ministères du travail, de l’immigration, du développement, de la santé et de l’environnement. 


Mme TELMA VIALE, Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que le nombre de personnes vivant hors de leur pays d’origine n’avait jamais été aussi important dans l’histoire.  Elle a également confirmé que 214 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale, vivaient en tant que migrants internationaux.  Elle s’est réjouie de l’apport de ces migrants qui font profiter les pays d’accueil de leurs compétences et de leur dynamisme.  Elle s’est néanmoins dite inquiète de l’absence de protection juridique et sociale dont ils souffrent.  C’est à ce titre, a-t-elle affirmé, que l’OIT œuvre depuis plus de six décennies pour l’adoption d’un cadre normatif offrant à ces populations de meilleures conditions de vie par l’amélioration des législations locales en matière de droit du travail et de protection sociale.   


Elle a insisté sur la nécessité d’encadrer la libéralisation des économies actuellement à l’œuvre par des mécanismes permettant d’inclure les populations migrantes dans les dispositifs de protection dont jouissent les populations locales.  Elle a, à cet égard, encouragé la mise en place de programmes de formation pour les migrants.  La représentante a souligné les gains économiques qui pourraient résulter d’une libéralisation des flux de travailleurs, estimant ces gains à près de 30% du PIB mondial.  Mme Viale a enjoint les agences de recrutement privées de se conformer aux standards minimaux du droit international en matière de conditions de travail.  Elle s’est dite inquiète de la vulnérabilité de ces populations à l’exploitation et aux abus.


Mme KARIMA EL-KORRI, Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale(CESAO), a rappelé que la région était particulièrement concernée par l’immigration.  Dans certains pays membres du Conseil de coopération du Golfe, les migrants représentent la majorité de la main-d’œuvre et parfois même de la population globale.  La situation des pays d’Asie occidentale se caractérise aussi par la frange significative de la population qui doit se résoudre à émigrer en raison des difficultés économiques.  La CESAO a engagé des initiatives pour limiter les conséquences négatives de ce phénomène sur les pays arabes notamment.  Parmi ces initiatives, figurent des ateliers donnant un éventail des possibilités de coopération et sensibilisant les États concernés aux questions relatives à l’accueil des migrants.


Le dialogue doit être renforcé, a dit la représentante en saluant le futur Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale.  Elle a réaffirmé l’engagement de la CESAO à offrir son assistance aux États par le biais du Programme ordinaire de coopération technique qui prend la forme de programmes de formation et d’élaboration de stratégies à long terme.  Il faut tout faire pour que les migrations internationales soient véritablement bénéfiques pour les pays d’accueil et de destination et pour les migrants eux-mêmes.


M. DIRK JASPERS-FAIJER, Directeur de la Division de la population de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que la crise économique mondiale avait provoqué des changements dans les flux migratoires de sa région.  Il a dit avoir constaté une diminution de la migration extrarégionale, ainsi qu’une réduction des envois de fonds, même si, a-t-il précisé, le niveau reste aux alentours de 60 milliards de dollars.  Les rapatriements sont en hausse, les hommes constituant la majorité des candidats au retour. 


La migration intrarégionale connait elle aussi une hausse notable.  Depuis peu, la région accueille aussi un « petit nombre » de migrants espagnols, ce qui présente une nouvelle série de défis pour les pays de la région.  La principale tendance, c’est la migration nette à partir des zones rurales vers les villes.  Malgré l’exode rural, c’est la croissance naturelle des populations qui explique l’explosion démographique dans la ville.  


Mme ANGELA TRENTON-MBONDE, ONUSIDA, a expliqué que la migration en soi n’est pas un facteur de risque du VIH/sida, mais que ce sont les facteurs environnants, tels que le fait d’être séparé de son conjoint et de son milieu culturel, les barrières linguistiques et les dures conditions de travail, entre autres, qui augmentent la vulnérabilité au VIH.  Les déplacés de force et les victimes de la traite sont exposés à une violence et une exploitation sexuelles qui augmentent leur vulnérabilité au VIH.  Cette vulnérabilité chez les migrants est renforcée par le manque d’accès à l’information sur le VIH.  Mme Trenton-Mbonde a dénoncé les restrictions d’entrée, de séjour et de résidence imposées aux séropositifs, dans 44 pays dans le monde.  Elle a appelé la communauté internationale à mettre fin à cette injustice.


Mme NEHA SOOD, d’Action Canada for Population and Development (ACPD), a appelé les États Membres à mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, notamment les dispositions concernant les droits reproductifs.  L’accès à l’information et à l’éducation sexuelle doit être garanti pour tous, migrants compris, a-t-elle estimé.  Ces derniers doivent également avoir accès aux services de planification familiale et d’interruption volontaire de grossesse.  La représentante a invité les délégations à faire participer les migrants à l’élaboration des politiques et programmes les concernant.


Elle a évoqué les défis que rencontrent les femmes migrantes qui, a-t-elle fait observer, travaillent souvent dans de mauvaises conditions, touchent un salaire modique et sont particulièrement vulnérables aux abus et au harcèlement sexuel.  Elle a jugé nécessaire que l’agenda du développement post-2015 comporte une dimension sexospécifique et veille au respect des migrants.


M. RAMIREZ, de Stichting Rutgers WPF, a déclaré que la migration concerne à la fois la jeunesse et les droits de l’homme.  Les jeunes de 15 à 24 ans constituent la majeure partie des migrants dans le monde et un tiers ou la moitié de tous les migrants ont entre 20 et 29 ans.  Aussi, pour l’autonomisation des jeunes migrants, les gouvernements doivent-ils leur assurer un accès à une éducation de qualité et au travail décent pour qu’ils puissent jouir de leurs droits et réaliser leur potentiel.  De nombreux jeunes migrants font face à la violence et à la discrimination dans leur pays d’accueil à cause de leur tendance et appartenance sexuelles, ethnie ou séropositivité qui sont souvent les causes de leur migration.  Leurs droits ne doivent pas être violés parce qu’ils ont simplement choisi de changer de résidence.  Le représentant a souligné l’importance des droits à la santé sexuelle et reproductive des jeunes migrants qui, en raison de leur statut, ont peur ou n’ont pas accès aux services de santé sexuelle et reproductive.  La protection de ces droits pourrait aider les jeunes migrants à s’autonomiser et à prendre des décisions informées sur leur corps et leur vie. 


S’agissant des jeunes filles migrantes, elles sont plus exposées que les autres aux violences sexuelles et autres abus.  Sans accès aux services de santé, elles sont placées face à des risques accrus de violence, de maladies sexuellement transmissibles, de grossesses non désirées et d’interruptions de grossesses non fiables.  Dans les années à venir, des millions de jeunes vont traverser les frontières volontairement ou involontairement et il faut que les gouvernements agissent et prennent l’engagement d’assurer aux jeunes migrants un large accès à des services de santé sexuelle et reproductive et le respect de leur tendance et appartenance sexuelles.  


Mme SIVANANTHI THANENTHIRAN, du Centre de ressources et de recherche des femmes d’Asie-Pacifique (ARROW), a rappelé que le monde comptait, en 2010, un total de 214 millions de migrants internationaux, soit plus que les 194 millions d’habitants du Brésil qui est, du reste, le cinquième pays le plus peuplé au monde.  Elle a ajouté qu’il y a également de nombreux migrants internes qui quittent les zones rurales pour les centres urbains à la recherche d’une vie meilleure.  Elle a ensuite appelé la Commission à adopter une résolution qui soulignerait la nécessité d’octroyer aux migrants les mêmes droits à la santé reproductive et sexuelle que les citoyens et les résidents du pays qui les accueille.  Cette résolution appellerait également tous les gouvernements à ratifier et à mettre en pratique toutes les conventions sur les droits des migrants et des femmes, dont les dispositions sur la santé reproductive et sexuelle.  Il s’agirait en outre, par cette résolution, de mettre en place une approche transnationale et collaborative face aux migrations internationales. 


La représentante deCatholics for Choice a indiqué que les services de santé de l’Église catholique sont très souvent les sources premières de soins pour les migrants, mais a regretté que ces services n’offrent pas tous les services dont ceux-ci pourraient avoir besoin, notamment en matière de santé reproductive et sexuelle.  Elle a notamment regretté que les migrantes, étant les plus explosées à la traite, ne puissent par exemple pas bénéficier de services de contraception ou d’interruption volontaire de grossesse, et ce, à cause des directives de la hiérarchie de l’Église catholique.  Elle a également désapprouvé le refus de l’Église catholique de promouvoir le préservatif comme moyen de protection contre le VIH.  Elle a rappelé que l’accès aux services de santé reproductive et sexuelle était vital pour les migrants.


Mme DENISE MOUNTENAY, d’EndeavourForum, a évoqué la pénurie de main-d’œuvre que connaît le Canada en raison du vieillissement de sa population, tout comme dans le reste du monde où le taux de remplacement des générations n’est plus assuré.  Elle a affirmé que cette situation profite en premier lieu aux entreprises pharmaceutiques qui gagnent des sommes faramineuses dans la vente de contraceptifs.  Elle a dénoncé les initiatives visant à légaliser l’avortement dans les pays en développement.  Si légal soit-il, un avortement n’est jamais un avortement sûr, a-t-elle souligné, insistant plutôt sur la nécessité de fournir de l’eau potable, des vitamines et des soins, ainsi que du personnel qualifié aux femmes enceintes et « non pas des boîtes de préservatifs ».  C’est la pauvreté qu’il faut éliminer, pas les enfants, a-t-elle tonné.


Mme MARIANNE HASLEGRAVE, Fédération Internationale des Femmes Diplômées des universités, a relevé que de nombreux migrants sont des femmes instruites telles que des médecins, infirmières ou enseignantes qui souhaitent travailler dans un pays autre que le leur.  Elle a tout de même reconnu que dans l’ensemble, les femmes sont moins instruites que les hommes, celles qui accompagnent leur mari sont souvent isolées à la maison, car ne s’exprimant pas dans la langue locale et ne pouvant mener la plus simple transaction comme prendre rendez-vous chez le médecin ou aller à une réunion de parents.  Elle a appelé la Commission à veiller à ce que toutes les préoccupations des migrants soient prises en compte.


M. YANG TZU-YI, World Youth Alliance, a plaidé pour la protection des droits des réfugiés et personnes déplacées, dont la majorité est constituée de femmes et d’enfants.  Il a appelé les gouvernements à mettre en place des mécanismes de regroupement familial, respectant le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant.  Il a également souhaité que la question des migrations soit intégrée dans les réflexions relatives au programme de développement pour l’après 2015.


Mme CASTAÑEDA, Réseau de santé des femmes d’Amérique latine et des Caraïbes, a engagé les États Membres à renouveler leur engagement en faveur du Programme d’action du Caire et insisté sur l’importance qu’il y a à assurer aux migrantes l’accès à des services d’interruption volontaire de grossesse.  Au vu des différentes législations nationales, une femme peut se retrouver emprisonnée dans un pays pour avoir subi une procédure médicale qui est légale dans son pays d’origine, s’est-elle indignée. C’est là la plus grave des inégalités auxquelles font face les migrantes.  La représentante a dénoncé le manque de volonté des autorités politiques pour dépénaliser l’avortement, pointant notamment du doigt leurs liens avec des organisations religieuses conservatrices.


Elle a également parlé des problèmes rencontrés par les couples d’homosexuels qui migrent dans un pays où leur union n’est pas reconnue.  Les droits de santé reproductive sont des droits humains fondamentaux et les migrants ne perdent pas ces droits lorsqu’ils choisissent de s’installer dans un autre pays, a-t-elle martelé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Avec la crise syrienne qui menace tout le Moyen-Orient, de nombreux États appellent à préserver la lueur d’espoir née de la visite du Président américain dans la région

6950e séance – matin & après-midi       
CS/10985

Avec la crise syrienne qui menace tout le Moyen-Orient, de nombreux États appellent à préserver la lueur d’espoir née de la visite du Président américain dans la région

« Nous arrivons à un stade critique pour la viabilité du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens », affirme le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques

« Tournant », « lueur d’espoir », « développement majeur », ce sont les mots utilisés par de nombreuses délégations aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, lors du débat trimestriel consacré à la situation au Moyen-Orient, pour qualifier l’élan donné par la visite que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a effectuée dans la région en mars dernier.  Le processus de paix engagé entre Israéliens et Palestiniens était dans l’impasse depuis septembre 2010.


La plupart des délégations ont exhorté Israéliens et Palestiniens à sortir du statu quo et à reprendre leurs négociations directes le plus tôt possible et sans conditions.  « L’espoir né du réengagement des États-Unis au Moyen-Orient doit être entretenu », a aussi encouragé le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, qui a estimé « qu’il existait une ouverture pour qu’Israéliens et Palestiniens reprennent les négociations ».
 

« S’il est temps que la communauté internationale œuvre de manière concertée à l’avancement du processus de paix, beaucoup dépend de la volonté politique des parties », a-t-il néanmoins rappelé.  « Nous arrivons, a-t-il ajouté, à un stade critique pour la viabilité du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens ».

 

Avec la démission du Premier Ministre palestinien, M. Salam Fayyad, a prévenu le Secrétaire général adjoint, l’édification d’un État palestinien, en l’absence d’un horizon politique crédible, sera en péril.  « La viabilité financière de l’Autorité palestinienne est précaire », a-t-il ajouté.  Pour combler son déficit budgétaire, l’Autorité palestinienne aura besoin d’un appui financier de près de 1,4 milliard de dollars, a-t-il estimé.

 

Lors de la période considérée, le nombre des victimes palestiniennes a considérablement augmenté, en particulier à la suite des affrontements avec les forces israéliennes au cours de manifestations palestiniennes, a-t-il déploré.  Ces manifestations, a-t-il rappelé, avaient été organisées pour dénoncer le sort réservé par Israël aux prisonniers palestiniens.

 

Profondément troublé par la poursuite des démolitions dans la zone C en Cisjordanie et à Jérusalem-Est –29 habitations appartenant à des Palestiniens ont été détruites entre le 25 mars et le 23 avril 2013–, M. Feltman a rappelé que les colonies de peuplement constituaient des violations du droit international et sapaient la confiance des Palestiniens à l’égard de la solution à deux États.

 

L’Observateur permanent de l’« État de Palestine », M. Ryad Mansour, a déclaré qu’Israël pourrait ainsi démontrer clairement sa bonne foi concernant son intention de mettre un terme à l’occupation.  Israël, a-t-il ajouté, doit accepter le consensus général selon lequel les négociations doivent reprendre sur la base des frontières du 4 juin 1967.

 

« Ce n’est que par des négociations qu’il sera possible d’ajuster ces frontières », a affirmé M. Mansour.  La libération des prisonniers politiques palestiniens est, a-t-il également souligné, un autre impératif.  « Alors qu’Israël est attaché à une solution à deux États depuis 1947, les dirigeants palestiniens ne parlent jamais de deux États pour deux peuples », lui a répondu le délégué d’Israël, M. Ron Prosor, qui s’est étonné du silence du Conseil devant les attaques lancées depuis Gaza contre des villes du sud d’Israël.  Le délégué israélien a également fait remarquer que le Président des États-Unis avait, lors de sa visite en Israël, reconnu que le peuple israélien voulait la paix.  « Le Président Obama veut ramener les deux parties à la table de négociations directes », a pour sa part déclaré la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice.  « La paix, a-t-elle estimé, est « nécessaire et possible », en dépit des nombreuses difficultés qui demeurent.

 

La situation en Syrie, unanimement décrite comme catastrophique, et pour laquelle, comme l’a dit le représentant de la France, M. Gérard Araud, il est difficile de déceler une lueur d’espoir, a également été au cœur du débat du Conseil.  Le Secrétaire général adjoint a indiqué à ce propos que les modalités de la mission d’enquête des Nations Unies sur les allégations d’emploi d’armes chimiques en Syrie étaient toujours discutées avec la Syrie.  « Le Secrétaire général a l’intention de faire en sorte que toutes les allégations crédibles présentées par les États Membres soient examinées et fassent, le cas échéant, l’objet d’une enquête », a-t-il expliqué, en ajoutant que les allégations relatives aux incidents d’Alep et de Homs devraient faire l’objet d’enquêtes.

 

Alors que le représentant du Royaume-Uni, M. Mark Lyall Grant, a appuyé cette mission d’enquête et déploré l’utilisation des missiles skuds contre les civils, son homologue de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, a pour sa part mis en garde contre les livraisons d’armes envisagées par certains États et estimé que les groupes insurgés n’étaient pas nécessairement dignes de confiance.

 

Le délégué de la République arabe syrienne, M. Bashar Ja’afari, s’en est, quant à lui, vivement pris à l’Arabie saoudite et au Qatar qu’il accuse de vouloir détourner l’attention du conflit israélo-palestinien en multipliant les déclarations belliqueuses à l’encontre de la Syrie.  « L’Arabie saoudite et le Qatar ont semé les graines du radicalisme religieux auprès de nombreux jeunes musulmans, grâce à l’appât des pétrodollars », a-t-il affirmé. 

 

Dans sa déclaration, le délégué de l’Arabie saoudite, M. Abdallah Y. Al-Mouallimi, avait rappelé l’initiative de la Ligue des États arabes d’inviter la coalition nationale, qui regroupe l’opposition syrienne, à occuper le siège de la Syrie et estimé qu’il était temps que le peuple syrien retrouve la place qu’il mérite au sein des organisations internationales.

 

« Les conséquences de la crise syrienne continuent de se faire sentir au Liban », a enfin souligné le Secrétaire général adjoint, qui, comme de nombreuses délégations, a exhorté les dirigeants libanais à s’engager à former un gouvernement, puisqu’un nouveau Premier Ministre, M. Tamam Salam, vient d’être désigné.  Quant à la situation dans le Golan, elle reste, selon M. Feltman, instable, les activités militaires dans cette zone risquant de menacer le cessez-le-feu entre la Syrie et Israël.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

 

Déclarations

 

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a indiqué que l’espoir né du réengagement des États-Unis au Moyen-Orient devait être entretenu.  Le Président américain, M. Barack Obama, et le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, lors de leur rencontre du 11 avril, sont convenus qu’il existait une ouverture pour qu’Israéliens et Palestiniens reprennent les négociations, a rappelé M. Feltman.  Il a ajouté que, s’il était temps que la communauté internationale œuvre de manière concertée à l’avancement du processus de paix, beaucoup dépendait de la volonté politique des parties.

 

Faisant référence à la démission du Premier Ministre palestinien, Salaam Fayyad, le Secrétaire général adjoint a reconnu que ce dernier avait dû composer avec des circonstances qui ont rendu difficile l’édification d’un État palestinien.  « Cette perspective est, en l’absence d’un horizon politique crédible, en péril », a averti M. Feltman.  Il a indiqué que la viabilité financière de l’Autorité palestinienne demeurait précaire, en estimant à près de 1,4 milliard de dollars l’assistance internationale nécessaire afin de couvrir le déficit budgétaire de l’Autorité.

 

« Lors de la période considérée, il y a eu une augmentation considérable du nombre des victimes palestiniennes, à la suite des affrontements avec les forces israéliennes au cours de manifestations palestiniennes de plus en plus violentes », a-t-il noté avec préoccupation, en faisant remarquer que le sort des prisonniers palestiniens avait nourri ces manifestations.  M. Feltman s’est néanmoins félicité de la suspension par Samer Issazi de sa grève de la faim après la décision de justice du 23 avril.  Il a insisté sur la nécessité de trouver une solution à la question des prisonniers palestiniens.

 

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que les incursions des forces de sécurité israéliennes, dont le nombre est quasiment inchangé, se caractérisaient néanmoins par un niveau de violence accru.  « Les opérations israéliennes ont causé la mort de deux adolescents palestiniens et blessé près de 724 personnes, dont 352 enfants », a-t-il dit, alors que 13 Palestiniens ont été blessés lors d’affrontements avec les colons israéliens.

 

Profondément troublé par la poursuite des démolitions dans la zone C et à Jérusalem-Est –29 habitations appartenant à des Palestiniens ont été détruites entre le 25 mars et le 23 avril 2013– M. Feltman a rappelé que les colonies de peuplement étaient contraires au droit international et sapaient la confiance des Palestiniens dans la viabilité d’une solution à deux États.

 

Passant ensuite à la situation à Gaza, qu’il a qualifiée de plus en plus fragile, M. Feltman a indiqué que le cessez-le-feu négocié le 21 novembre avait connu des revers et que peu de progrès avaient été enregistrés en vue de régler les questions sous-jacentes identifiées par les parties.  « Vingt roquettes ont été tirées sur Israël à partir de Gaza au cours du dernier mois », a-t-il noté avec préoccupation.  Il a vigoureusement condamné les tirs de roquettes visant Israël tout en exhortant ce pays à faire preuve de retenue en réagissant à ces tirs.  Le Secrétaire général adjoint a ensuite détaillé les efforts en cours en faveur de la réconciliation palestinienne, notant que le Bureau central des élections était techniquement prêt à organiser des élections.  « Quatre-vingts pour cent de la population palestinienne adulte sont inscrits sur les listes électorales », a-t-il fait observer.

 

Concernant la situation qui sévit actuellement en Syrie, M. Feltman a rappelé que le Secrétaire général, par la voix de son Représentant spécial conjoint, M. Lakhdar Brahimi, avait demandé au Conseil de sécurité de considérer un embargo sur les armes.  Les modalités de la mission d’enquête des Nations Unies sur les allégations d’emploi d’armes chimiques en Syrie, a-t-il indiqué, sont toujours discutées avec la Syrie.  « Il est dans l’intention du Secrétaire général que toutes les allégations crédibles présentées par les États Membres soient examinées et fassent, le cas échéant, l’objet d’une enquête », a-t-il expliqué, en ajoutant que les allégations relatives aux incidents d’Alep et d’Homs devraient faire l’objet d’enquêtes.  Le Secrétaire général adjoint a indiqué que les experts, en attendant de pouvoir entrer dans le territoire syrien, étudiaient les informations mises à leur disposition par les États Membres.  « Ils pourront se déployer en Syrie dans un délai compris entre 24 et 48 heures, dès que le Gouvernement syrien aura donné son accord sur les modalités de la mission d’enquête », a-t-il dit.

 

M. Feltman a ensuite indiqué que la situation dans le Golan restait instable avec des affrontements quotidiens entre les forces armées syriennes et les forces de l’opposition.  Il a prévenu que les activités militaires dans cette zone risquaient de menacer le cessez-le-feu entre la Syrie et Israël.

 

« Les conséquences de la crise syrienne continuent de se faire sentir au Liban », a également prévenu le Secrétaire général adjoint, en rappelant les sept tirs de roquettes lancés à partir de la Syrie et qui sont tombés sur le territoire libanais.  Il a demandé à toutes les parties de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban.  Il a aussi exhorté tous les dirigeants libanais à s’engager dans la formation d’un gouvernement, maintenant qu’un nouveau Premier Ministre, M. Tamam Salam, a été désigné, avant de plaider pour le respect de la politique de dissociation prônée par le Président libanais Sleiman concernant la situation en Syrie.

 

En conclusion, M. Feltman a indiqué que l’avancement du processus de paix pour le Moyen-Orient était crucial pour empêcher une plus grande déstabilisation de la région.  « Comme l’a dit à maintes reprises le Secrétaire général, il y a une ouverture pour une initiative importante afin de parvenir à une solution à deux États qui répondra au mieux aux aspirations des Israéliens et des Palestiniens », a-t-il expliqué.

 

« Nous arrivons à un stade critique pour la viabilité du processus de paix », a-t-il déclaré, en ajoutant que les Nations Unies, qui saluent le réengagement des États-Unis, se tenaient prêtes à contribuer à la reprise de négociations substantielles.

 

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déploré qu’Israël continue de mener ses politiques illégales destinées à altérer la nature démographique du Territoire palestinien occupé.  Il a dénoncé la confiscation des terres, les constructions de logements et les violations des droits de l’homme par Israël, ainsi que la façon dont ce pays réprime les manifestations pacifiques.  Il a lancé un appel urgent pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien.  Les dirigeants palestiniens ont salué les efforts menés récemment par les parties concernées pour reprendre le chemin de la paix, a-t-il dit, en faisant référence à la visite, dans la région, du Président des États-Unis, M. Barack Obama.  Il a indiqué qu’il assurait un suivi de cette visite avec le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, ainsi que par le biais des réunions avec le Comité ministériel de suivi arabe.

 

M. Mansour a ensuite énuméré les éléments qu’il considère comme essentiels dans ce processus politique, à commencer par la cessation des activités de colonisation par Israël.  Cela permettrait, a-t-il dit, à Israël de démontrer clairement sa bonne foi concernant son intention de mettre un terme à l’occupation.  Il a aussi exigé d’Israël la cessation des activités de peuplement et lui a demandé d’accepter le principe du retrait des terres confisquées en 1967, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  Israël doit accepter le consensus général selon lequel les négociations doivent reprendre la base des frontières du 4 juin 1967 et que ce n’est que par des négociations qu’il sera possible d’ajuster ces frontières.

 

La libération des prisonniers politiques palestiniens est un autre impératif, a estimé M. Mansour.  Il y a 4 900 prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, dont 235 enfants, 1 200 personnes nécessitant des soins médicaux urgents et 168 prisonniers détenus sans aucun motif de poursuite pénale.  Il a déploré les mauvaises conditions de détention, qui ont causé notamment le décès d’Arafat Jaradat, des suites de la torture, et celui de Maysara Abu Hamdiyeh par faute de négligence médicale.  Il a aussi parlé de la grève de la faim menée par M. Samer Issawi pendant plus de 260 jours, avant d’appeler la communauté internationale à tout faire pour obtenir sa libération.  M. Mansour a ensuite demandé la cessation du blocus sur Gaza, qui continue d’affaiblir la société palestinienne sur les plans socioéconomique et humanitaire.

 

L’Observateur permanent de la Palestine a demandé de faire preuve d’une volonté politique forte pour faire progresser les négociations.  Israël ne peut pas continuer à bénéficier de l’absolution, a-t-il dit, en demandant à la communauté internationale d’obliger Israël à respecter le droit.  M. Mansour a espéré que les efforts de M. Kerry porteraient des fruits et appelé le Conseil à ne pas rester passif.  Il a soutenu les efforts de la délégation ministérielle arabe qui se rendra prochainement dans plusieurs capitales, dont Washington, D.C.  Il a réaffirmé la détermination des dirigeants palestiniens en faveur d’un règlement pacifique et d’une solution à deux États.  « Mais nous devons en même temps préserver la dignité du peuple palestinien et leur garantir la justice », a-t-il rappelé.  Avant de conclure, M. Mansour a fait part des efforts qui étaient menés pour résoudre la division politique palestinienne.  Nous espérons que des élections se tiendront bientôt.  Il a aussi exprimé sa grande préoccupation en ce qui concerne le sort des réfugiés palestiniens en Syrie, avant d’appeler la communauté internationale à respecter ses responsabilités à cet égard.

 

M. RON PROSOR (Israël) a rappelé que le peuple juif d’Israël avait célébré, mardi dernier, 65 années de vie sur un territoire libre et indépendant.  Il a fait remarquer que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, avait, lors de sa récente visite en Israël, reconnu que le peuple israélien voulait la paix.  Il a ensuite parlé des trois piliers sur lesquels une paix durable doit être instaurée, c’est-à-dire l’éducation, la paix et la sécurité.  Il a demandé aux Palestiniens d’encourager, à la maison et à l’école, la tolérance et la coexistence.  Il a cependant regretté que, dès le berceau et le jardin d’enfants, en passant par les camps d’été et les matchs de football, les messages d’intolérance prédominent au sein de la société palestinienne.  Sous la direction de l’Autorité palestinienne, les élèves apprennent l’histoire dans des manuels qui glorifient les terroristes et des enfants de cinq ans chantent la gloire des djihadistes, a-t-il noté.  En outre, il s’est demandé comment les enfants de Gaza pouvaient apprendre la tolérance alors que les dirigeants de ce territoire répriment quotidiennement la population.  Il a donné l’exemple du Hamas qui arrête les femmes parce qu’elles circulent à bicyclette et leur interdit d’apparaître en public sans couvrir leurs cheveux.

 

Le représentant a ensuite parlé du deuxième pilier, la paix.  Depuis que le Roi David a placé la pierre angulaire de son palais à Jérusalem, il y a 3 000 ans, les Juifs ont vécu de manière ininterrompue sur les terres d’Israël, a-t-il rappelé.  Les Juifs ont survécu aux pogroms et aux croisades, jusqu’au rétablissement de l’État juif.  M. Prosor a assuré qu’Israël était attaché à une solution à deux États, et ce, depuis 1947.  De leur côté, les dirigeants palestiniens ne parlent jamais de deux États pour deux peuples, a-t-il remarqué.  Il a aussi remarqué qu’un monument, érigé par l’Autorité palestinienne à Bethléem, présente les frontières de l’État palestinien, sans faire figurer l’État israélien qui est tout simplement biffé sur la carte.  Il a aussi noté que M. Mahmoud Abbas a renouvelé ses efforts pour conclure un accord d’unité avec le Hamas, en précisant qu’il s’agit d’une organisation terroriste appelant à la destruction d’Israël.

 

Le troisième pilier est la sécurité, a précisé le représentant d’Israël, mais les villes du sud d’Israël, s’est-il indigné, sont constamment attaquées depuis Gaza, en dépit de l’absence de colonies de peuplement dans cette région depuis 2005.  Le Conseil de sécurité, a-t-il déploré, n’a pas dit un seul mot pour condamner les auteurs de ces actes.  Le représentant a indiqué que les forces de sécurité avaient arrêté au cours du mois d’avril un bateau, près de la péninsule du Sinaï, qui contenait 60 000 fusils, des lanceurs RPG, des mitraillettes, des grenades à mains et des munitions.  Chacun sait que l’Iran est le plus grand fournisseur d’armes au Moyen-Orient, a dit M. Prosor, en soulignant aussi la progression du programme nucléaire iranien.  Il a aussi relevé que l’Iran avait annoncé deux grands projets d’infrastructures destinés à augmenter ses capacités de production de l’uranium.  Dans le même temps, l’Iran donne des conseils à M. Bashar Al-Assad pour l’aider à assassiner le peuple syrien, a-t-il déploré.

 

M. Prosor a enfin parlé du Liban où le Hezbollah équipe son armée de 50 000 missiles et dispose peut-être du plus grand stock d’armes chimiques au monde.  Le dirigeant du Hezbollah prétend que son armée défend le Liban contre Israël, mais, en fait, il veut une armée qui puisse massacrer ses frères et sœurs arabes, a-t-il estimé.  Il a regretté que l’Union européenne ne considère pas le Hezbollah comme une organisation terroriste et le laisse opérer en toute immunité sur le sol européen, comme à Chypre où un militant a été récemment arrêté pour avoir planifié des attentats contre des civils.

 

Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déploré la dégradation continue de la situation déjà catastrophique en Syrie, en faisant remarquer que des centaines de Syriens avaient été tués au cours du week-end dernier.  « Plus de 400 000 Syriens ont fui le pays ces derniers mois », a-t-elle poursuivi.  C’est pourquoi, les États-Unis, a-t-elle indiqué, ont doublé leur aide à l’opposition syrienne.  Mme Rice a ensuite rappelé que le communiqué de Genève demeurait la base de la résolution de la crise en Syrie avec notamment le transfert des pouvoirs du Président Assad à un organe prévu à cet effet. 

 

« Les idéologies extrémistes ne sont pas compatibles avec le futur de la Syrie, pour lequel tant de Syriens sont en train de mourir », a déclaré la représentante des États-Unis.  Elle s’est dite profondément préoccupée par les allégations d’emploi d’armes chimiques en Syrie et a souhaité que les experts de la mission d’enquête des Nations Unies puissent se déployer en Syrie pour faire la lumière sur ces allégations.  Passant à la situation au Liban, elle a déclaré que son pays appuyait la politique de dissociation du Président libanais, M. Michel Sleiman, à l’égard du conflit syrien.

 

Mentionnant la récente visite du Président américain, M. Barack Obama, au Moyen-Orient, la représentante a indiqué que son pays « voulait ramener les deux parties à la table de négociations directes » et œuvrait de concert avec elles, ainsi qu’avec le Représentant spécial du Quatuor, à cette fin.  « Malgré les nombreuses difficultés qui demeurent, la paix est nécessaire et possible », a insisté Mme Rice, qui a indiqué que les tirs de roquettes lancés depuis Gaza contre Israël compromettaient les efforts entrepris.  Elle a aussi encouragé l’Autorité palestinienne à prendre les mesures nécessaires afin de relancer l’économie en Cisjordanie.  « Des progrès dans le processus de paix sont urgents pour la région, mais aussi pour le monde entier », a-t-elle dit avant de conclure.

 

M. GÉRARD ARAUD (France) a mis l’accent sur la menace qui pèse, dans le cadre du processus de paix israélo-palestinien, sur la viabilité même de la solution des deux États.  La France, dès lors, se réjouit que les États-Unis partagent le sentiment d’urgence qu’il y a à agir et son représentant a assuré l’appui de celle-ci aux efforts américains en faveur d’une relance d’un processus de paix.  « Créer un environnement politique viable pour des négociations passe notamment par l’adoption des mesures de confiance permettant de casser la logique de défiance entre les parties et de prouver aux populations qu’un meilleur futur est possible », a souligné M. Araud. 

 

Il a appelé Israël à respecter ses obligations internationales vis-à-vis des détenus palestiniens, à permettre le développement économique de la Palestine, à lever le blocus sur Gaza et à cesser les démolitions et confiscations.  « Rien que pour la seule journée d’hier, 16 démolitions ont été rapportées par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires », a-t-il déploré.  La France attend, de la part de l’Autorité palestinienne, qu’elle fasse « un usage constructif » de son nouveau statut aux Nations Unies, a indiqué son représentant, qui a condamné les récents tirs de roquettes et rappelé que la France était attachée au strict respect de la trêve.  M. Araud a également réaffirmé que la France était disposée à contribuer à un règlement final, notamment avec ses partenaires européens, et a souligné combien il importait également que les acteurs régionaux soient mieux associés à la recherche d’une solution, dans l’esprit de l’Initiative arabe de paix.

 

En ce qui concerne la Syrie, le représentant de la France a noté qu’il était difficile de déceler une lueur d’espoir face à un conflit qui a déjà déplacé4,5 millions de Syriens dans le pays et 1,5 million vers les pays voisins.  Le bilan humain, depuis le début de la crise, approche désormais les 100 000 morts, en majorité des civils, a-t-il rappelé.  Dès lors, la question qui se pose est: quand le Conseil de sécurité prendra-t-il les mesures nécessaires pour mettre un terme à ce calvaire?  Ces mesures, nous les connaissons pour avoir essayé de les faire adopter dans cette enceinte, a-t-il ajouté. 

 

L’Ambassadeur Araud a précisé qu’au titre de ces mesures, il y a la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Syrie et « dont la responsabilité première et massive est imputable au régime de Bashar Al-Assad ».  Il a ensuite mis l’accent sur le nécessité d’intensifier « la pression humanitaire », à la fois pour faire cesser les violences indiscriminées contre les civils et pour permettre un accès à toutes les populations dans le besoin.  « Les messages adressés par le Conseil à cet effet sont insuffisants », a-t-il dit.  Enfin, il a insisté sur la nécessité d’une transition politique, qui marquerait « une rupture claire avec le passé » et qui pourrait répondre aux aspirations légitimes des Syriens à choisir leur destin démocratiquement.  « Aujourd’hui, a-t-il fait remarquer, la seule lueur d’espoir se situe du côté de l’opposition et nous travaillons à la nourrir. »

 

Avant de conclure, le représentant a tenu à saluer l’action du Liban, pris dans la tourmente et dont le Gouvernement a choisi la politique de dissociation.  « Elle seule peut protéger le Liban d’un retour à la guerre civile », a-t-il souligné, en appelant l’ensemble des Libanais à ne pas céder à la surenchère communautaire et à respecter les principes agréés dans la Déclaration de Baabda, et ce, dans l’intérêt de la stabilité du pays.

 

« En ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient, il existe, aujourd’hui, une opportunité pour développer une initiative politique sérieuse en vue de parvenir à une solution négociée à deux États sur la base des frontières de 1967 », a estimé Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg).  Pour la représentante, les visites récentes dans la région du Président des États-Unis, M. Barack Obama, et du Secrétaire d’État, M. John Kerry, constituent, en effet, des jalons importants pour la relance du processus de paix.  « Il est essentiel que chacune des parties y mette désormais du sien pour surmonter l’impasse, reprendre les pourparlers et mettre sur pied un plan d’action assorti d’un calendrier précis », a-t-elle insisté.  À Israël, le Luxembourg demande de cesser toute activité de colonisation.  « Nul ne croira, en Palestine, à l’aboutissement des efforts si ces activités perdurent, si le blocus de Gaza se poursuit, si la construction de routes réservées aux colons se multiplient ou si le mur de séparation arrache des terres aux Palestiniens », a-t-elle rappelé.  Aux Palestiniens, le Luxembourg demande de respecter les principes du Quatuor et de continuer leurs efforts en vue de combattre le terrorisme.

 

Concernant la situation en Syrie, Mme Lucas a estimé que les mots ne suffisent plus pour décrire les horreurs vécues au quotidien par le peuple syrien.  Elle a illustré ce constat en citant certains des crimes perpétrés chaque jour, dont l’emploi de missiles et de bombes à sous-munitions, la torture, les violences sexuelles, le recrutement d’enfants à des fins militaires.  Dans ce contexte, elle a également souligné qu’il était urgent que la commission d’enquête mise en place par le Secrétaire général puisse se rendre en Syrie pour faire la lumière sur toutes les allégations crédibles d’emploi d’armes chimiques.  « Le Luxembourg réaffirme, aujourd’hui, avec force qu’en l’absence d’un processus de responsabilisation crédible au plan national, la saisine de la Cour pénale internationale s’avèrera indispensable ».  La représentante a ajouté que la Syrie était en train de s’écrouler et qu’il était urgent que le Conseil de sécurité agisse avant qu’il ne soit trop tard. 

 

Notant que le conflit syrien s’étendait au-delà des frontières du pays, Mme Lucas a estimé qu’il n’était pas exagéré de dire que le Liban et la Jordanie faisaient face à une menace existentielle.  Elle a aussi exprimé sa reconnaissance aux pays voisins pour la solidarité avec laquelle ils continuent d’accueillir les réfugiés syriens et a appelé les États Membres à concrétiser les annonces faites lors de la Conférence de Koweït City, le 30 janvier 2013.  Le Luxembourg a concrétisé ses engagements et transféré les fonds promis aux institutions, fonds et programmes des Nations Unies concernés.  Le Gouvernement luxembourgeois a également décidé, la semaine dernière, de faire une contribution supplémentaire d’un million d’euros, a-t-elle indiqué.

 

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué les efforts du Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, en faveur de la paix israélo-palestinienne, et indiqué que son pays était prêt à mobiliser l’Union européenne derrière toute décision en faveur de cette paix.  Il faut aussi que les deux parties adoptent d’urgence des mesures pour restaurer la confiance, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est dit préoccupé par les détentions administratives de Palestiniens qu’Israël continue de pratiquer, alors qu’un accord avait été conclu en mai 2012 pour les limiter.  Il a noté, d’un autre côté, que des tirs de roquettes palestiniens avaient été dirigés sur Israël au cours de ces derniers mois.  Depuis novembre 2012, il y a cependant une période d’accalmie, a-t-il noté, en demandant à toutes les parties concernées de respecter pleinement le cessez-le-feu. 

 

La stabilité économique et politique est essentielle à l’instauration de la paix, a souligné M. Lyall Grant.  Regrettant la démission récente du Premier Ministre palestinien, M. Salaam Fayyad, le représentant du Royaume-Uni a demandé que les institutions palestiniennes bénéficient d’un appui.  Il s’est par ailleurs félicité de la décision d’Israël de reprendre le transfert des revenus fiscaux vers la Palestine.  Le Royaume-Uni demeure favorable à l’Autorité palestinienne et contribue à son financement, a indiqué le représentant.  Il a espéré que 2013 serait une année de paix entre Israéliens et Palestiniens. 

 

En ce qui concerne la Syrie, M. Lyall Grant s’est dit choqué par la mort de centaines de personnes du fait des autorités gouvernementales, en soulignant la brutalité du régime.  « Nous continuons d’appuyer les efforts du Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, a-t-il dit.  Le représentant a déploré l’utilisation des missiles skuds contre les civils et appuyé la mission d’enquête des Nations Unies visant à établir la vérité sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques.  Il a demandé que la mission d’enquête ait un accès complet aux installations.  Le représentant a aussi souligné la situation humanitaire dramatique en Syrie, en attirant l’attention sur les 10 millions de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire d’ici à la fin de l’année, dont 4 millions de réfugiés syriens qui auront fui la Syrie.

 

À Istanbul, au cours du week-end dernier, les Premiers Ministres du Groupe des Amis de la Syrie ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une transition politique pour garantir le droit à la participation de la minorité, a rappelé M. Lyall Grant.  Il a félicité la Jordanie, la Turquie, l’Iraq et le Liban d’offrir un sanctuaire aux réfugiés syriens, malgré le fardeau que cela représente.  Le Royaume-Uni a fourni 260 millions de dollars sous forme d’aide humanitaire, a-t-il dit avant de réaffirmer le soutien de son pays et d’encourager d’autres à en faire de même.  Le représentant a regretté les obstacles administratifs imposés par le Gouvernement syrien à cette aide.  Enfin, il a demandé que les auteurs de violations des droits de l’homme en Syrie soient traduits en justice et que la Cour pénale internationale puisse être saisie des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

 

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que la situation en Cisjordanie s’était aggravée.  Il a fermement condamné les tirs de roquettes lancés à partir de Gaza en direction d’Israël.  « Il est crucial que les parties reprennent les négociations, sans conditions préalables, sur la base de paramètres connus de tous », a-t-il dit, avant de plaider pour l’adoption de mesures qui permettent de rétablir la confiance, notamment la cessation de l’implantation de nouvelles colonies de peuplement et le règlement de la question des prisonniers palestiniens.  Le délégué a ensuite indiqué que le Quatuor, en coopération avec les pays arabes, pouvait jouer un rôle crucial dans l’avancement du processus de paix.

 

M. Churkin a ensuite condamné le récent enlèvement d’un dignitaire orthodoxe en Syrie par des insurgés, y voyant là une tentative d’aggraver les clivages confessionnels dans le pays.  « Ces groupes d’insurgés sont-ils dignes de confiance? » s’est-il interrogé, en mettant en garde contre l’assistance financière apportée par certains pays aux rebelles en Syrie.  Cette aide, a-t-il prévenu, risque de tomber entre les mains de groupes terroristes.  Il a également mis en garde contre la livraison d’armes que certains États envisageraient, avant de critiquer « les agissements d’une minorité agressive de la communauté internationale qui ne fait qu’encourager une guerre totale en Syrie ».  En conclusion, M. Churkin a estimé que le Communiqué de Genève restait la base d’un règlement de la crise en Syrie, avec notamment la mise sur place d’un organe de transition.

 

M. GARY QUINLAN (Australie) a plaidé en faveur d’une solution à deux États, en appelant à ne pas perdre de vue les occasions qui nous sont données en ce moment.  Il a notamment salué la visite récente du Président des États-Unis, M. Barack Obama, au Moyen-Orient.  Certains signes montrent que les Israéliens et les Palestiniens pourraient mener des négociations directes, a-t-il noté.  Il faut cependant que les deux parties en fassent davantage, notamment en ce qui concerne la cessation par Israël des activités liées à la construction de nouvelles colonies de peuplement.  Le soutien constant des donateurs au développement dans les territoires palestiniens est crucial, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs regretté la démission du Premier Ministre palestinien, M. Salaam Fayyad.  Le représentant a demandé à Israël de prendre des mesures pour lever les obstacles au développement économique des Palestiniens.  Il a aussi exhorté les Palestiniens à cesser tout acte de violence contre Israël et à régler leurs divergences internes, afin de s’unir en faveur de la paix. 

 

Venant à la situation en Syrie, le représentant s’est dit très affecté par la situation humanitaire qui prévaut dans le pays.  Il a averti du coût de l’inaction du Conseil de sécurité, qui est difficile à supporter pour les Syriens ainsi que pour les pays voisins qui commencent à être dépassés par les flux de réfugiés syriens.  Toutes les parties doivent coopérer avec les Nations Unies et les institutions humanitaires pour faciliter la fourniture de l’aide humanitaire, a-t-il insisté.  Le Représentant spécial conjoint pour l’ONU et la Ligue des États arabes, M. Lakhdar Brahimi, a expliqué comment appuyer les efforts qu’il mène et qu’il était temps maintenant que le Conseil de sécurité réponde à cet appel, afin de parvenir à mettre un terme à cette crise, a-t-il ajouté.  M. Quinlan a enfin demandé au Gouvernement syrien de s’engager dans la voie du dialogue en faveur d’un État démocratique et du respect du droit.  Il s’est dit très préoccupé par les allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  C’est pourquoi, il a demandé au Conseil de répondre de manière crédible à ce problème si ces allégations s’avéraient fondées. 

 

M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a affirmé que la situation au Moyen-Orient avait récemment connu un tournant avec la visite du Président des États-Unis, M. Barack Obama.  « Cette visite a rallumé une lueur d’espoir pour une reprise des négociations qu’il convient de préserver », a-t-il souhaité.  Le délégué du Maroc a ensuite déclaré que la partie palestinienne avait prouvé son engagement en faveur d’une paix juste et globale au Moyen-Orient.  « La flexibilité de la partie palestinienne se heurte néanmoins à la poursuite de la construction de colonies de peuplement, notamment à Jérusalem-Est », a-t-il profondément regretté.  L’équilibre confessionnel de Jérusalem doit absolument être préservé, a-t-il insisté.

 

Le représentant du Maroc a ensuite demandé la levée du blocus qui frappe Gaza et demandé qu’il soit mis un terme à la « tragédie que vivent les prisonniers palestiniens ».  Il a aussi estimé que l’unité palestinienne ne pouvait que servir la cause de la paix.  « 2013 doit être l’année d’une solution pacifique au Moyen-Orient, avec deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité », a-t-il souligné, en prévenant qu’un échec serait « une tragédie ».

 

Concernant la situation en Syrie, le représentant a plaidé pour une solution « permettant de concrétiser les aspirations du peuple syrien ».  Il a aussi tenu à exprimer l’attachement de son pays à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale du Liban et espéré que les responsables libanais seront bientôt en mesure de former un nouveau gouvernement.

 

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a appelé les parties concernées à mener un processus de paix crédible au Moyen-Orient.  Il a espéré que les efforts récents contribueraient à sortir ce processus de l’impasse, en saluant notamment les efforts du Président des États-Unis, M. Barack Obama.  Il a aussi souligné l’importance de l’Initiative de paix arabe.  Pour faire aboutir le processus de paix, a insisté le représentant, il faudrait respecter avant tout les principes consacrés dans la Charte des Nations Unies et promouvoir l’objectif d’un règlement global fondé sur le droit international.  Il sera impossible d’y arriver sans la détermination des parties, a-t-il averti.  De l’avis de sa délégation, les activités d’implantation de colonies de peuplement constituent une menace au processus de paix.  Il a condamné à nouveau ces actes et demandé à Israël d’y mettre un terme.

 

Le représentant a demandé aux parties d’honorer leurs engagements en ce qui concerne le cessez-le-feu du 21 novembre 2012 et de s’abstenir de toute mesure visant à le compromettre.  Il faudrait aussi promouvoir le dialogue interculturel et la réconciliation, a-t-il dit.  Le représentant a par ailleurs appuyé les efforts entrepris pour parvenir à une réconciliation palestinienne sous l’égide du Président Abbas et émis l’espoir que l’unité palestinienne sera bientôt une réalité.  Avant de conclure, le représentant a souligné l’importance du développement économique du peuple palestinien et l’urgence de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza afin de mettre un terme aux souffrances des détenus palestiniens.

 

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a estimé que le Conseil de sécurité, le Quatuor, ainsi que les dirigeants régionaux devraient redonner un nouveau souffle au processus de paix au Moyen-Orient.  Toutefois, a-t-il précisé, bien que ces différents organes ou acteurs aient un rôle à jouer, « la sagesse qui doit guider un élan décisif en faveur de ce processus de paix doit venir d’Israël et de la Palestine ».  Il a rappelé les mots qui avaient été prononcés, la semaine dernière, par le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry: « la fenêtre d’opportunités pour parvenir à une solution de paix à deux États est en train de se refermer », a-t-il dit.  Pour le Pakistan, cet avertissement témoigne de l’urgence qu’il y a à agir.  « Les deux parties doivent prendre des engagements et dépasser leur scepticisme », a insisté le représentant. 

 

Entre-temps, a estimé M. Khan, « des mesures urgentes doivent être prises pour soulager les souffrances du peuple palestinien ».  La bande de Gaza est devenue une prison à ciel ouvert et son blocage doit être levé, a-t-il insisté.  Les barrières et les points de passage en Cisjordanie doivent, aussi, être levés car ils entravent considérablement la libre circulation des marchandises et le commerce.  Il faut en outre mettre fin aux traitements inhumains infligés aux détenus palestiniens et faire en sorte qu’une enquête indépendante soit menée sur le décès du prisonnier Arafat Jaradat, afin que les auteurs de cet acte puissent être traduits en justice.  Par ailleurs, M. Khan a salué l’accord intervenu entre Israël et la Palestine en vue de permettre à l’UNESCO de se rendre à Jérusalem-Est.  « Tout en étant une petite mesure de confiance, elle n’en demeure pas moins importante », a estimé le représentant.

 

S’agissant de la situation en Syrie, M. Khan a estimé que « les diktats de la realpolitik » avaient immobilisé la communauté internationale et le Conseil de sécurité en empêchant toute intervention significative.  « Les doctrines concurrentes de militarisation et le triomphe militaire sont des conduites choquantes pour le dialogue et la diplomatie », a-t-il souligné.  Le représentant a appelé à cesser la fourniture d’armes à toutes les parties.  Le Pakistan est convaincu que le Communiqué de Genève contient tous les éléments permettant d’instaurer un dialogue politique, a souligné le représentant.  « Il n’y a pas d’autre choix à l’horizon », a-t-il conclu, en appelant toutes les parties à continuer à accorder leur confiance au Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes, M. Lakhdar Brahimi, pour assurer la médiation.

 

« Malgré les efforts menés par le Conseil de sécurité en vue de trouver une solution politique au conflit qui accable la Syrie, nous assistons à une utilisation croissante de la force et de la violence, tant de la part du Gouvernement syrien que de la part de l’opposition armée », a déploré M. GERT ROSENTHAL (Guatemala).  « Le résultat de cette violence est la mort de milliers de civils innocents, la souffrance de millions de personnes, et une crise humanitaire dont la dimension est grave », a-t-il souligné.  Le Guatemala pense que la seule solution pouvant mettre un terme au conflit en Syrie est que les deux parties acceptent de déposer les armes et de négocier une issue politique à la crise.  M. Rosenthal a déclaré que la poursuite de la lutte armée n’entraînera qu’une augmentation de la violence sectaire à travers le pays.  Il s’est, par ailleurs, dit grandement préoccupé par l’émergence, au sein de l’opposition armée, de groupes qui ne cachent plus leur association à des organisations terroristes.  « Nous ne devrions pas permettre à ces groupes de tirer parti de la situation d’instabilité qui prévaut en Syrie », a-t-il insisté.

 

Tout en saluant les efforts entrepris en vue de réunir les différents groupes d’opposition sous une même bannière, efforts qui ont abouti à la création de la « Coalition nationale syrienne », M. Rosenthal s’est toutefois inquiété que cette coalition soit considérée comme étant « la représentante légitime du peuple syrien ».  Il a indiqué que le Guatemala demeurait convaincu que tout processus de transition en Syrie devra être guidé par les Syriens eux-mêmes et devra se faire dans le respect des droits de toutes les parties.  Le Guatemala estime donc qu’il est prématuré de donner une légitimité à la Coalition qui, « tout comme le Gouvernement, est loin de bénéficier d’un large appui au sein de la population syrienne et n’a pas été élu démocratiquement », a souligné M. Rosenthal.  Il a émis l’espoir que le rôle de ce groupe soit d’aider les différents interlocuteurs à progresser vers la tenue de négociations pacifiques entre les parties au conflit.  Il a aussi mis l’accent sur la nécessité urgente de mettre en œuvre un plan de réponse humanitaire en Syrie afin, a-t-il dit, de ne pas prolonger davantage les souffrances du peuple syrien.

 

S’agissant du Moyen-Orient en général, M. Rosenthal a dit espérer qu’Israël et la Palestine pourront, à court terme, prendre des engagements en faveur du processus de paix et d’une solution capables de les mener à une paix durable.  Le 8 avril, le Guatemala a décidé de reconnaître la Palestine en tant qu’État, a annoncé le représentant.  « Cette décision, qui est fondée sur le respect du principe du droit des peuples à l’autodétermination, a été prise sans ignorer la nécessité de relancer des négociations directes entre Israël et la Palestine, et ce, avec l’appui de la communauté internationale », a-t-il précisé.  Il a souhaité que le Quatuor puisse à nouveau jouer un rôle proactif à cet égard, et que les parties puissent également assumer leurs responsabilités.  Le Guatemala estime, en outre, que le travail mené, ces dernières semaines, par les États-Unis, peut fournir un élan aux deux parties en présence et relancer les possibilités de dialogue, a dit M. Rosenthal.  Le représentant s’est en outre dit très préoccupé par l’état de l’économie palestinienne.  Il a appelé la communauté internationale, en particulier les pays de la région et les économies émergentes, à renforcer leur aide à la revitalisation de celle-ci.

 

Mme MARIA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a remarqué qu’Israël ne donnait aucun signe de son intention de modifier sa politique actuelle en matière de colonies de peuplement, laquelle, a-t-elle dit, constitue un véritable obstacle à la paix.  Évoquant le sort des prisonniers palestiniens détenus par Israël, elle a demandé qu’une solution urgente soit trouvée concernant M. Samer Issawi, gréviste de la faim.  La représentante a également condamné les tirs de roquettes lancés contre Israël au cours de ces dernières semaines.  Elle s’est félicitée aussi des efforts entrepris récemment par les États-Unis, lesquels, s’est-elle réjouie, ont donné un nouvel élan au processus de paix pour le Moyen-Orient.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité pourrait jouer son rôle en réaffirmant le cadre du processus de paix.  L’Argentine, a-t-elle dit, se félicite des plans de soutien au développement économique et social de la Palestine et des mesures prises pour améliorer la situation humanitaire à Gaza.  Elle a aussi salué les progrès accomplis vers la formation d’un gouvernement d’unité palestinienne, en attendant la réconciliation entre le Fatah et le Hamas.

 

S’agissant de la situation en Syrie, la représentante s’est inquiétée des graves incidents survenus à la frontière libanaise et des allégations d’utilisation d’armes chimiques.  Elle a plaidé en faveur d’une solution politique et demandé de cesser la livraison d’armes aux deux parties.  Le Conseil de sécurité doit se montrer capable de surmonter les divergences de vues afin de s’acquitter de ses responsabilités, a-t-elle souligné.  La représentante a par ailleurs mis l’accent sur la menace que représente la crise syrienne pour le Liban et soutenu les efforts de ce pays pour préserver sa stabilité.  En conclusion, Mme Perceval a émis l’espoir que le ferme soutien de la communauté internationale en faveur d’une solution à deux États se traduira par des efforts concrets de la part des parties, y compris des acteurs internationaux impliqués, pour relancer le processus de paix. 

 

M. KODJO MENAN (Togo) a estimé que le statu quo au Moyen-Orient n’avait que trop duré et exhorté l’État d’Israël et l’Autorité palestinienne à poser les actes qui contribuent à renforcer la confiance mutuelle.  Il a ensuite condamné les attaques dirigées contre l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) par des manifestants à Gaza, le 4 avril dernier.  « La solution du conflit israélo-palestinien passe nécessairement par les négociations directes entre les deux parties », a-t-il poursuivi, avant d’appeler le Conseil de sécurité et le Quatuor à exercer des pressions sur les parties afin qu’elles fixent un calendrier pour la reprise des négociations. 

 

En ce qui concerne la Syrie, M. Menan a estimé que le Conseil devrait bâtir sur l’unité qu’il a trouvée, le 18 avril, lorsqu’il a lancé un appel aux parties pour mettre fin aux violences et entamer des négociations.  « Le Conseil devrait contraindre les parties à signer un cessez-le-feu qui ouvrirait la voie à un dialogue national », a-t-il affirmé.  Enfin, le délégué du Togo a exhorté la communauté internationale à soutenir davantage le Gouvernement libanais pour faire face aux besoins humanitaires des réfugiés en provenance de Syrie.

 

S’exprimant tout d’abord sur le processus de paix au Moyen-Orient, M. KIM SOOK (République de Corée) a estimé que le choix que feraient, aujourd’hui, Israël et la Palestine ferait toute la différence pour l’avenir.  « Récemment, nous avons été les témoins d’une faible lueur d’espoir, mais cela nous encourage à un optimisme prudent », a-t-il souligné.  « Quelle que soit la gravité des incidents qui pourraient survenir au quotidien, les deux parties doivent garder à l’esprit la perspective d’une solution négociée sur toutes les questions », a-t-il ajouté.  Le représentant a appelé les parties à mettre fin au cycle vicieux de la violence, en condamnant les tirs de roquettes lancés depuis Gaza, ainsi que le meurtre de deux Palestiniens lors de manifestations organisées à la suite du décès d’un détenu palestinien.  M. Sook a, par ailleurs, estimé que la situation critique des habitants de la bande de Gaza ne pouvait justifier les attaques contre des installations ou le personnel humanitaire de l’ONU.

 

Tout en étant encouragé par les efforts entrepris par les États-Unis dans la région, le représentant de la République de Corée s’est dit préoccupé par la reprise par Israël des démolitions dans la zone C, ainsi que par la démission du Premier Ministre palestinien, M. Salaam Fayyad.  M. Sook a dit craindre que cette démission assombrisse l’avenir de l’Autorité palestinienne, ainsi que la réconciliation entre le Fatah et le Hamas et, plus globalement, les perspectives du processus de paix.  Il a émis l’espoir qu’un successeur « capable » soit désigné rapidement sous le leadership du Président Abbas.  La République de Corée espère, en outre, que le Quatuor reprendra son travail rapidement et que celui-ci, combiné aux efforts de médiation américains, produira un « effet synergique », a-t-il ajouté.

 

Le représentant a ensuite tenu à mettre l’accent sur la situation qui prévaut au Liban.  En raison de la crise syrienne et de l’afflux de réfugiés depuis la Syrie, la population du Liban a augmenté de plus de 10%.  Dans ce contexte, tous les acteurs politiques devraient faire front afin de garantir la souveraineté politique et l’intégrité territoriale d’un pays qui se trouve dans une situation critique, a-t-il souligné.  Alors que la crise syrienne entre dans sa troisième année, M. Sook a rappelé que cinq hauts responsables d’institutions humanitaires de l’ONU avaient annoncé avoir atteint la limite de leurs capacités.  « Leur déclaration devant ce Conseil, la semaine dernière, a démontré l’urgence de parvenir à une solution à la crise syrienne », a-t-il insisté.  M. Sook a rappelé que les souffrances en Syrie touchaient particulièrement les groupes les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes et les enfants.    

 

M. LI BAODONG (Chine) s’est préoccupé de la stagnation des pourparlers de paix concernant le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a noté les efforts entrepris récemment par les acteurs internationaux impliqués dans ce processus et espéré que les deux parties prendront des mesures pour réduire les obstacles.  De l’avis de sa délégation, la construction de nouvelles colonies de peuplement constitue l’obstacle principal à la reprise des pourparlers et c’est pourquoi, a-t-il insisté, Israël doit y mettre fin.  Il a aussi attiré l’attention sur la situation en matière de sécurité dans la bande de Gaza.  Le représentant a demandé au Quatuor de prendre des mesures pour encourager la reprise des pourparlers entre Israël et la Palestine, en invitant en outre le Conseil de sécurité à jouer son rôle dans ce processus.  L’objectif est de créer un État palestinien souverain et indépendant, sur la base des frontières de 1967, vivant en paix et côte à côte avec Israël, a-t-il dit.  Le représentant a assuré que la Chine œuvrait pour encourager les pourparlers, en indiquant à cet égard que son Envoyé spécial pour le Moyen-Orient se rendra sur le terrain, du 25 au 30 avril prochain.  Concernant la situation en Syrie, il a plaidé en faveur d’une solution politique, laquelle, a-t-il souligné, demeure la seule voie possible.  C’est dans cette optique qu’il a appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts de médiation pour un règlement juste et pacifique de la crise.

 

M. EUGÈNE RICHARD GASANA (Rwanda) a salué, dans la visite du Président des États-Unis, M. Barack Obama, un développement majeur pour l’avancement du processus de paix au Moyen-Orient.  Il a demandé aux parties de s’abstenir de toutes les mesures qui risquent de saper la confiance et de faire obstacle à la poursuite des efforts en faveur de la solution à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.

 

« La situation en Syrie est insupportable », a ensuite déclaré le représentant du Rwanda, en soulignant qu’il était du devoir de la communauté internationale d’y mettre un terme.  Après avoir passé en revue les violations des droits de l’homme commises par les parties au conflit en Syrie, ainsi que les allégations d’emploi d’armes chimiques, il a estimé que la Ligue des États arabes doit jouer un rôle essentiel pour régler ce conflit qui menace la stabilité de l’ensemble de la région.  Avant de conclure, il a fait remarquer que le statu quo au Moyen-Orient n’était pas une fatalité, tant que les parties peuvent faire preuve d’une réelle volonté politique.

 

M. NAWAF SALAM (Liban) a affirmé que son pays respectait ses engagements en vertu des résolutions internationales pertinentes et a rappelé que le Liban avait demandé, à maintes reprises, à Israël de s’acquitter de ses obligations, notamment le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du Liban.  Le calme qui règne au Liban montre que les autorités libanaises s’en tiennent à leurs engagements, a affirmé le représentant, avant de rendre hommage au rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  « Nous devons intensifier nos efforts pour parvenir à la conclusion d’un cessez-le-feu permanent », a-t-il dit.  Les avions israéliens, a-t-il dénoncé, continuent de pénétrer l’espace aérien libanais, en violation de la Ligne bleue.

 

Depuis la réunion du Conseil de sécurité du 8 avril consacrée à la situation humanitaire en Syrie, les conséquences de la crise syrienne continuent de s’aggraver tant pour le Liban que pour les pays voisins, a poursuivi le représentant.  Il a réaffirmé que le Liban se dissociait de la crise en Syrie et qu’il n’enverra pas de combattants dans ce pays.  Les incidences militaires des combats en Syrie ne cessent de s’étendre au Liban, a-t-il regretté.  Évoquant le problème des réfugiés syriens au Liban, il a expliqué que son pays n’était plus en mesure de répondre à leurs besoins.  Les frontières resteront cependant ouvertes et nous ne renverrons pas ces réfugiés, a-t-il assuré, tout en souhaitant que cette responsabilité soit partagée.

 

Le représentant libanais a demandé qu’Israël cesse ses activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, ainsi que la construction du mur de séparation.  Il a aussi noté qu’Israël avait la main mise sur les sources en eau des Palestiniens.  Après s’être attardé sur le sort inhumain des détenus palestiniens, il a demandé à Israël de régler cette question au plus vite.  Il a aussi déploré le mauvais traitement infligé aux enfants, comme la torture, lorsqu’ils sont arrêtés et mis en détention pour être interrogés.  Dans son rapport sur le sujet, a-t-il observé, l’UNICEF a appelé Israël à prendre toutes les mesures susceptibles d’assurer un traitement adéquat aux enfants.  Il a demandé au Conseil de sécurité d’adopter une déclaration pour traduire ces recommandations.

 

M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte) a demandé qu’il soit mis fin par Israël, à l’occupation dans les territoires palestiniens et arabes et à la construction de nouvelles colonies de peuplement, en particulier à Jérusalem-Est.  Il a appelé à mettre fin au blocus sur la bande de Gaza, ainsi qu’aux violences commises à l’encontre des Palestiniens non armés.  Le représentant a également souligné qu’il était nécessaire d’examiner plus attentivement le mécanisme du Quatuor.  Ce dernier, a-t-il fait remarquer, n’a réalisé aucun progrès, ces dernières années, à tel point que ses membres ne peuvent pas s’entendre sur la question de savoir s’il faut convoquer ou non une réunion. 

 

Le représentant de l’Égypte a ensuite émis l’espoir que la visite que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a effectuée dans la région puisse stimuler de véritables avancées et que la question de la Palestine puisse progresser vers l’édification d’un État souverain sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a, par ailleurs, souligné que son pays œuvrait à la stabilité à Gaza et contribuait aux efforts visant à parvenir à une réconciliation nationale.  L’Égypte est cependant préoccupée par la poursuite des violations israéliennes et du manque de tentatives visant à apaiser cette situation.

 

Passant à la situation qui prévaut actuellement en Syrie, le représentant égyptien a estimé qu’il était urgent de mettre fin à la violence et aux pertes en vies humaines.  La communauté internationale doit également apporter son appui aux Syriens, ainsi qu’aux pays voisins accueillant des réfugiés syriens.  L’intégrité territoriale de la Syrie doit être préservée, a-t-il dit, en demandant qu’il soit mis fin à l’occupation du Golan syrien.  L’occupation par Israël n’a pas de justification, a-t-il dit.  Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de s’acquitter de ses responsabilités en adoptant les résolutions nécessaires pour mettre fin aux colonies illégitimes israéliennes.

 

M. AHMED FATHALLA, Observateur permanent de la Ligue des États arabes,rappelant le récent Sommet des États arabes, a précisé qu’il avait adopté une résolution réaffirmant que le processus de paix ne peut être fragmentaire et demandant à Israël de se retirer complètement des territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien et le Sud-Liban.  Ce texte souligne aussi la nécessité d’aboutir à une solution juste pour les réfugiés palestiniens et de mettre fin à l’implantation de colonies de peuplement.  La résolution précise aussi qu’Israël est un partenaire à part entière du processus de paix.  En outre, ce texte appelle à mettre fin à l’occupation israélienne sur la base des frontières de 1967.

 

L’Observateur a ensuite rappelé la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui avait accordé à l’État palestinien le statut d’État observateur non membre des Nations Unies.  Il a regretté l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus de paix, en rejetant la faute sur les activités d’implantation des colonies israéliennes.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour que les termes d’une solution soient fondés sur les résolutions pertinentes qui demandent le retrait d’Israël sur la base des frontières de 1967.  Il a aussi demandé la libération des prisonniers arabes et palestiniens.  M. Fathalla a attiré l’attention sur le rapport du Secrétaire général publié en mars 2013, qui indique que cette année sera celle de mesures décisives en faveur du processus de paix.

 

En ce qui concerne la Syrie, M. Fathalla a rappelé l’adoption de la résolution 580 par la Ligue des États arabes.  Il a expliqué que ce texte reconnaissait à l’opposition syrienne le droit d’occuper le siège de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes, tant qu’une solution n’est pas trouvée à la crise syrienne.  Il a souligné, à cet égard, le droit de chaque État à la légitime défense.  Par ailleurs, la résolution 580 se félicite des efforts entrepris par les États voisins et autres États arabes pour ce qui est de l’aide apportée aux réfugiés syriens.  La Ligue des États arabes appuie en outre la convocation, au Siège de l’ONU à New York, une conférence sur tous les secteurs affectés en Syrie, à la suite des destructions majeures dans ce pays.  L’Observateur a aussi indiqué que le Secrétaire général de la Ligue des États arabes avait rencontré diverses personnalités, comme le Premier Ministre du Qatar et le Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue, M. Lakhdar Brahimi, et a appelé à trouver une solution à la crise en Syrie, a-t-il dit en conclusion.

 

M. ROBLE OLHAYE (Djibouti), s’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a relevé que le statu quo actuel sur la question du conflit israélo-palestinien est la préoccupation majeure qui interpelle l’OCI.  Il a ajouté que malgré l’octroi du statut d’État observateur à la Palestine le 29 novembre dernier par l’Assemblée générale des Nations Unies, la situation reste instable et fragile sur le terrain.  Il a dénoncé le fait qu’Israël, la puissance occupante, continue d’appliquer des politiques illégales dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, cela à travers la multiplication de colonies de peuplement, la construction d’un mur de séparation, la détention de milliers de Palestiniens, et par le siège illégal imposé à la bande de Gaza.  Ces actions menacent la mise en place de la solution à deux États et déstabilisent la région tout entière, a souligné le représentant.  Il a, de ce fait, appelé la communauté internationale à s’assurer qu’Israël mette fin à ses politiques illégales de peuplement et permette au peuple palestinien d’exercer ses droits inaliénables, dans le respect des résolutions des Nations Unies et du droit international.  Il a en outre fait appel au Conseil de sécurité afin que les principes du droit soient appliqués à la question du Moyen-Orient, que le conflit israélo-palestinien soit résolu, et que la Palestine devienne un État indépendant et souverain, dans les frontières qui prévalaient avant 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.

 

Le représentant de Djibouti a par la suite condamné les violations des droits de l’homme dont sont victimes les Palestiniens dans les geôles israéliennes.  Il a notamment évoqué la mort du prisonnier palestinien Maysara Abu Hamdieh, survenue le mois dernier dans les geôles israéliennes.  Il a interpellé la communauté internationale afin qu’elle prenne la défense des prisonniers palestiniens.  M. Olhaye a par ailleurs indiqué que le blocus, par Israël, de la bande de Gaza, constitue une punition collective infligée aux populations civiles, et constitue une menace sérieuse à la paix et la stabilité régionales.  Il a demandé la levée du blocus imposé à Gaza et l’ouverture des points de passage vers la bande de Gaza, qui sont contrôlés par Israël. 

 

M. Roble Olhaye a ensuite exprimé la préoccupation de sa délégation, face à la détérioration de la situation en Syrie et au bain de sang qui affecte ce pays, et il a appelé à la préservation de l’unité, de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie.  Le représentant a ensuite lancé un appel pour qu’il soit immédiatement mis fin aux violences et aux tueries aveugles dont souffre le peuple syrien.  Il faut mettre fin aux destructions en Syrie, ceci pour le respect des valeurs islamiques et des droits de l’homme, et pour préserver la Syrie d’une guerre civile totale, a préconisé M. Olhaye.  Il a par ailleurs invité le régime syrien à arrêter immédiatement de commettre des tueries ciblant ses propres populations et à s’engager dans un dialogue sérieux avec la coalition nationale de la révolution syrienne, avec les forces de l’opposition, et avec tous les représentants de la scène politique syrienne, dans un cadre qui puisse permettre au peuple syrien de voir ses aspirations légitimes pour des réformes démocratiques et un changement se concrétiser.  M. Olhaye a également appelé la communauté internationale, et notamment le Conseil de sécurité, à prendre ses responsabilités et à agir rapidement pour mettre fin aux violences et autres exactions commises contre le peuple syrien, et à trouver une voie de sortie de crise pacifique en Syrie.

 

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a estimé que la réalisation d’une paix et d’une solution juste et équitable de la question palestinienne semblait être « un mirage décevant ».  « Israël continue d’exprimer son mépris à l’égard de la communauté internationale en poursuivant la construction de nouvelles colonies de peuplement et continue également d’affirmer sa détermination à maintenir cette politique », a-t-il dit.  Cette politique s’accompagne, en outre, de mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens soumis à l’oppression et à la faim.  C’est pourquoi, il a appelé le Conseil de sécurité à agir pour assurer la protection des prisonniers palestiniens et a demandé au Conseil des droits de l’homme, au Comité international de la Croix-Rouge, ainsi qu’aux organisations humanitaires de suivre de près cette situation.  L’Arabie saoudite appelle également la communauté internationale à prendre en compte le rapport de l’UNICEF, publié en février 2013, qui dépeint de manière explicite les traitements inhumains qu’Israël inflige aux enfants palestiniens.  Il est temps qu’Israël mette fin à l’occupation des territoires palestiniens, du Golan arabe syrien et des territoires libanais, a-t-il insisté.

 

Soulignant les résolutions et les décisions de l’Assemblée générale de l’ONU, M. Al-Mouallimi a rappelé que le monde avait condamné le régime syrien.  La Ligue des États arabes, qui représente la conscience de la nation arabe, a souligné, lors de son dernier sommet, la nécessité de parvenir à une solution équitable qui permettrait au peuple syrien de se défendre, de préserver ses droits et sa dignité, a-t-il indiqué.  « Nous avons aussi assisté à la démarche audacieuse de l’opposition syrienne visant à s’unir sous une « coalition nationale syrienne », reconnue aujourd’hui par plus d’une centaine de pays à travers le monde.  La Ligue des États arabes a d’ailleurs pris l’initiative d’inviter cette coalition à occuper le siège de la Syrie.  « Il est temps que le peuple syrien regagne la place appropriée qu’il mérite au sein des organisations internationales », a insisté le représentant.  Il a souligné que le peuple syrien avait fait connaître, clairement, sa volonté en demandant le départ d’un régime qui avait perdu sa légitimité à partir du moment où il avait commis des agressions et des atrocités contre son propre peuple.     

 

Mme MARIA LUISA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a appelé à progresser sur la voie d’une solution à deux États.  La construction de nouvelles colonies israéliennes constituent l’obstacle le plus important, a-t-elle dit, avant d’appeler Israël à cesser ces activités.  Ces activités, a-t-elle rappelé, constituent une violation flagrante du droit international.  Le Brésil a suivi avec intérêt la visite récente du Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans la région, ainsi que les discussions menées par le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, a-t-elle indiqué.  Elle a émis l’espoir que la reprise des négociations sera une des priorités des parties concernées.  La représentante du Brésil a appelé les parties concernées à faire preuve de volonté politique pour arriver à une solution économiquement viable pour l’État de Palestine.  Elle a aussi souligné l’engagement actif des sociétés civiles israéliennes et palestiniennes, qui contribuent considérablement aux efforts de paix et qui, a-t-elle estimé, devraient être davantage impliquées aux activités de l’UNESCO et du Conseil des droits de l’homme sur la question.  Pour sa part, le Conseil de sécurité doit s’acquitter de sa responsabilité de promouvoir la paix au Moyen-Orient.

 

Passant à la question de la Syrie, Mme Ribeiro Viotti a condamné une nouvelle fois les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire par toutes les parties.  La responsabilité première de protéger les civils incombe au Gouvernement syrien, a-t-elle rappelé.  Préoccupée par les allégations faisant état d’utilisation d’armes chimiques, elle a demandé que l’enquête soit menée de manière impartiale et a appelé la Syrie à adhérer à la Convention sur les armes chimiques.  La représentante a également exigé de mettre un terme au flux d’armes vers la Syrie.  Elle a salué le travail du Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes.  La transition en Syrie devra passer par un dialogue national complet, a-t-elle estimé, en relayant l’appel du Guatemala à tenir une deuxième réunion du Groupe d’action de Genève pour la Syrie.  Elle a demandé un accès humanitaire sans entrave et la levée des sanctions unilatérales qui affectent les civils.  S’agissant du Liban, Mme Ribeiro Viotti a appelé les parties syriennes et les différents acteurs libanais à coopérer avec le Gouvernement libanais pour préserver la politique de dissociation qu’il a adoptée.

 

M. ABDOU SALLAM DIALLO, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a fait part au Conseil de sécurité des conclusions que le Comité a adoptées lors de sa réunion, les 17 et 18 avril dernier, à Caracas, à l’invitation du Gouvernement vénézuélien.  Au cours de cette réunion, le Comité avait appelé à une revitalisation du Quatuor, qui devrait coordonner son action avec les principaux acteurs de la région et rendre compte au Conseil des efforts qu’il aura entrepris à cet égard.  Par ailleurs, le Comité a fermement condamné les colonies de peuplement et exigé qu’il y soit mis fin. 

 

La réunion de Caracas a également déploré les mauvais traitements dont font l’objet les prisonniers palestiniens et les détentions sans procès, qui ont entamé une grève de la faim, résultant parfois par des décès.  Les délégations ayant participé à cette réunion ont, en outre, demandé la libération immédiate de tous les prisonniers, y compris les enfants, les femmes, les élus, les personnes détenues avant les Accords d’Oslo, ainsi que celles qui sont détenues sans procès, a indiqué M. Diallo.

 

Le Président du Comité a aussi souligné que les États qui ont reconnu la Palestine à l’ONU avaient été exhortés à établir des relations diplomatiques avec elle.  En outre, il a été décidé, à Caracas, de demander à l’Assemblée générale de proclamer une Année internationale de solidarité avec le peuple palestinien, de lancer une campagne mondiale visant à mettre fin à l’occupation israélienne, d’assurer l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et de promouvoir une paix négociée, juste, durable et globale.  

 

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a réitéré l’urgence de parvenir, au Moyen-Orient, à relancer des efforts de paix structurés et substantiels au cours de l’année 2013.  Il a salué l’appui manifesté par les États-Unis, ainsi que les efforts diplomatiques déployés en ce sens par le Gouvernement des États-Unis, en particulier l’investissement personnel du Président Barack Obama et du Secrétaire d’État John Kerry.  Il a appelé Israël et la Palestine à faire preuve de bonne foi et de volonté politique.  M. Mayr-Harting a rappelé l’importance de l’Initiative de paix arabe, « qui fournit un soutien régional en vue d’un accord de paix israélo-palestinien », a-t-il ajouté.  Il s’est, en outre, dit conscient des obstacles barrant la voie à un accord complet entre Israéliens et Palestiniens.  Mais, a-t-il insisté, « attendre des circonstances, soi-disant, plus propices, ne serait pas une option à l’heure où la solution à deux États s’éloigne ». 

 

Le représentant a ensuite réaffirmé l’illégalité, au regard du droit international, des activités israéliennes de construction de colonies de peuplement et l’obstacle que font peser celles-ci sur la viabilité de la solution à deux États.  « Il faut saisir cette nouvelle occasion pour la paix, et elle ne doit pas seulement se résumer à un retour des deux parties à la table des négociations.  Il faut instaurer une meilleure confiance entre les parties et mettre en œuvre un cadre de négociations accompagné de paramètres et d’un calendrier précis », a-t-il souligné.  Condamnant les tirs et les attaques à la roquette menés depuis la bande de Gaza, M. Mayr-Harting a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne en faveur de la sécurité d’Israël, ainsi que la volonté de celle-ci de limiter, sur le terrain, toute action qui pourrait menacer la reprise de pourparlers.

 

« La semaine dernière, le Conseil de sécurité s’est vu dépeindre une image terrifiante du prix que paient les civils, en particulier les femmes et les enfants, en raison des combats qui ont lieu en Syrie », a poursuivi le représentant de l’Union européenne.  Il a rappelé au régime syrien que la responsabilité première des violences lui incombait, et il a condamné les abus ainsi que les violations systématiques des droits de l’homme et du droit international humanitaire qui sont commis en Syrie.  Il a toutefois rappelé que toutes les parties au conflit devaient respecter leurs obligations en la matière, y compris en assurant la protection des installations médicales, du personnel de santé et des patients.  Il a réitéré qu’aucune impunité ne serait accordée aux auteurs de tels abus et violations.  Face à la crise syrienne, l’Union européenne poursuit ses efforts en vue de parvenir à une solution politique et à une transition politique dirigée par les Syriens eux-mêmes sur la base du communiqué de Genève en date du 30 juin 2012, a rappelé M. Mayr-Harting.  Outre ces efforts diplomatiques, l’Union européenne et ses États membres ont déjà répondu à l’appel de fonds lancé en faveur des réfugiés syriens en vue de faire face à la situation humanitaire, et ce, à concurrence de 800 millions d’euros, a conclu le représentant.

 

M. KAZUYOSHI UMEMOTO (Japon) a réitéré le soutien de son pays aux aspirations nationales palestiniennes et s’est félicité de la résolution de l’Assemblée générale ayant accordé à la Palestine le statut d’État observateur non membre des Nations Unies en novembre dernier.  Il a néanmoins enjoint la Palestine à reprendre le chemin des négociations et de ne pas utiliser son nouveau statut dans un sens qui influerait négativement sur la perspective d’un accord.  En cette matière, a-t-il poursuivi, la prudence doit être de mise.  Israël, pour sa part, doit mettre fin à ses activités de colonisation et ne pas bloquer le transfert des recettes fiscales revenant de droit à l’Autorité palestinienne, a dit M. Umemoto.  À cet égard, il s’est réjoui de la décision israélienne de reprendre le transfert de ces recettes aux Palestiniens en mars dernier.  Il a enfin exprimé l’inquiétude que ressent la délégation japonaise face à la poursuite des tirs de roquettes opérés contre Israël depuis la bande de Gaza et ce, en dépit de l’accord de cessez-le-feu négocié grâce à l’entremise de l’Égypte en novembre dernier.

 

Le représentant a par ailleurs évoqué la situation en Syrie en déplorant l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires pour parvenir à une solution dans le pays.  Par conséquent, a-t-il expliqué, le Japon soutient l’initiative du Qatar de soumettre le Communiqué de Genève à l’adoption de l’Assemblée générale.  En ce qui concerne les allégations d’utilisation d’armes chimiques, il a enjoint le Gouvernement de la Syrie à ne pas se livrer à de telles actions, et à ne pas transférer de telles armes à des acteurs non étatiques.  M. Umemoto a également exhorté la Syrie à pleinement autoriser l’équipe d’enquêteurs des Nations Unies à remplir leur mission.  Il a conclu sa déclaration en exprimant la vive inquiétude de son pays envers la situation humanitaire qui prévaut dans le pays et a rappelé que le Japon avait largement contribué aux fonds d’assistance créés par la communauté internationale.

 

M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a estimé que l’obtention du statut d’État observateur non membre par l’État de Palestine constituait une avancée significative, tout en émettant l’espoir que cette décision serait suivie de la reconnaissance de l’État de Palestine avec les frontières de 1967 et Jérusalem-Est comme capitale.  Il a regretté qu’Israël poursuive les expropriations et les expulsions de Palestiniens, démontrant ainsi le manque de volonté d’Israël d’avancer dans la voie de la paix.  Cela démontre aussi les violations des droits de l’homme commises par Israël à l’encontre du peuple palestinien, violations qu’il a fermement condamnées.  Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de s’acquitter de sa pleine responsabilité, conformément à la Charte des Nations Unies, afin de faire pression sur Israël pour qu’il mette un terme à ses activités illégales.  Préoccupé également par la situation des Palestiniens se trouvant dans la bande de Gaza, il a appelé Israël à mettre un terme au blocus et à retirer les points de passage militaires dans d’autres villes et villages palestiniens.  Il a en outre exigé la libération des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

 

La communauté internationale doit assumer sa responsabilité collective à l’égard de la Syrie, a-t-il poursuivi, en insistant sur la nécessité de mettre en place un processus qui mette fin au bain de sang dans ce pays.  Il a réaffirmé l’appui de son pays aux efforts du Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes.  Il a par ailleurs réitéré que son pays était fermement engagé en faveur de la non-prolifération des armes nucléaires, tout en se déclarant déçu par le report de la tenue de la conférence sur la création d’une zone exempte de ces armes au Moyen-Orient.  Avant de conclure, il a appelé Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a aussi exprimé les craintes de son pays concernant le programme nucléaire iranien.

 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dénoncé les violations massives du droit international commises par Israël qu’il a qualifiées de crimes de guerre.  Il s’est dit étonné qu’aucun responsable israélien n’ait été sanctionné pour de telles violations.  « C’est Israël qui a introduit l’arme nucléaire au Moyen-Orient et empêche l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région », a-t-il poursuivi.  Le représentant syrien a également dénoncé les États qui ferment les yeux devant l’occupation israélienne, notamment celle du plateau du Golan, et veulent imposer leur propre ordre du jour à l’ONU, au point de faire de l’Organisation une « organisation, non pas des nations unies, mais des nations élitistes ».

 

« L’aide apportée par Israël aux groupes terroristes le long de la ligne de séparation entre Israël et la Syrie est une violation flagrante des résolutions pertinentes », a-t-il également déclaré.  Le délégué a accusé l’Arabie saoudite et le Qatar, mais aussi la Turquie et certains pays de l’Union européenne, de détourner l’attention du conflit israélo-palestinien en multipliant les déclarations belliqueuses à l’encontre de la Syrie.  « L’Arabie saoudite et le Qatar ont semé les graines du radicalisme religieux auprès de nombreux jeunes musulmans, grâce à l’appât des pétrodollars », a-t-il conclu.

 

M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran), qui s’exprimait  au nom du Mouvement des pays non alignés, s’est inquiété de la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés, et ce, en raison de la poursuite de la colonisation de la part de la puissance occupante, du maintien du blocus de Gaza, des raids militaires, des campagnes d’arrestations et de toutes les formes de punitions imposées à la population civile sous occupation.  Il s’est dit particulièrement inquiet de la détérioration de la situation de milliers de détenus palestiniens, ainsi que de celle de Palestiniens maintenus emprisonnés de manière illégale.  Le Mouvement condamne, en outre, l’utilisation de la torture, des violences physiques ou psychologiques, ainsi que les privations qui sont imposées par Israël à ces prisonniers. 

 

La poursuite des activités d’implantation de colonies de peuplement par Israël, en violation flagrante du droit international et de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, fait que ce pays continue de mettre au défi la communauté internationale et de menacer la réalisation d’une solution juste et pacifique.  Des milliers de Palestiniens ont dû quitter leur terre dans la vallée du Jourdain, ainsi qu’à l’intérieur ou autour de Jérusalem-Est, où la puissance occupante continue de procéder à des « transferts silencieux » de populations en vue d’assurer une majorité juive dans la ville.  Les sites sacrés musulmans ou chrétiens continuent d’être visés par des violences, y compris à Jérusalem.  Dans ce contexte, le représentant a appelé à mettre fin au blocus de Gaza, à l’implantation des colonies de peuplement israéliennes, à la construction du mur de séparation, aux destructions et démolitions de maisons, ainsi qu’aux excavations, en particulier sous l’esplanade de la Mosquée Al-Qods.  Le Mouvement des pays non alignés insiste, en outre, sur la nécessité urgente d’une action de la part de la communauté internationale afin de réparer une situation injuste et critique et une occupation militaire qu’Israël fait endurer depuis bientôt 46 ans aux Palestiniens.

 

Le représentant a aussi condamné les violations de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du Liban, perpétrées par Israël, et a appelé toutes les parties concernées à respecter pleinement la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  « De telles actions constituent une grave menace à la paix et à la stabilité internationales », a-t-il dit, en ajoutant que le Mouvement des pays non alignés était aussi très préoccupé par les violations récentes de l’accord de désengagement de 1974 concernant le Golan syrien occupé.  Les membres du Mouvement réitèrent, ainsi, leur appel au Conseil de sécurité afin qu’il adresse un message clair à la puissance occupante, a conclu le représentant iranien.  

 

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a indiqué que son pays était profondément préoccupé par la détérioration de la situation au Moyen-Orient, en particulier dans les territoires palestiniens.  « Nous sommes fermement convaincus, a-t-il souligné, que la solution à la question de Palestine passe par l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la question, et la mise en œuvre des recommandations de la Conférence de paix de Madrid ainsi que des Accords d’Oslo.  Il a relevé que le manque de progrès dans le processus de paix, y compris au sujet de la question des colonies de peuplement, semble nourrir la frustration du peuple palestinien.  Il a en outre déclaré que l’Ukraine rejetait tout acte terroriste, quel qu’en soit l’auteur, et quel qu’en soit le motif politique.  Il a ajouté que tout acte violent de la part de groupes radicaux devrait cesser car, a-t-il dit, cela ne contribue qu’à l’escalade de la violence.  Il a ensuite relevé que le moment était venu pour les divers acteurs de revenir à la table des négociations afin de parvenir à instaurer la paix dans la région.  Il a par ailleurs indiqué qu’une paix globale au Moyen-Orient passait forcément par le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à la création d’un État souverain.  Cela ne devrait se faire qu’en vertu d’un accord qui tienne compte du droit d’Israël à la paix et la sécurité, a-t-il ajouté.

 

Au sujet de la crise en Syrie, M. Sergeyev a réaffirmé l’engagement de son gouvernement pour le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie.  Il a assuré que son pays soutenait les efforts de paix menés par le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, M. Lakhdar Brahimi.  Il s’est dit convaincu que les parties en conflit devraient cesser les hostilités de manière durable, afin de parvenir à une solution politique menée par les Syriens eux-mêmes.  Il a ensuite appelé à un dialogue national inclusif et a condamné toute nouvelle tentative de militarisation du conflit.  L’Ukraine, a-t-il ajouté avant de conclure, apporte son concours à la prise en charge des réfugiés syriens.

 

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a déploré le blocage du processus de paix israélo-palestinien et le maintien des entraves à la liberté de mouvement des Palestiniens de Cisjordanie, ainsi que le blocus imposé à la bande de Gaza.  Le principe même de deux États coexistant dans la paix et la sécurité est, a-t-il estimé, remis en cause par la situation actuelle.  Tout en saluant la levée par Israël de quelques restrictions à l’accès de marchandises dans la bande de Gaza, le représentant a exhorté Israël à cesser la colonisation et à rétablir la confiance en vue de reprendre les négociations avec les Palestiniens.

 

Le représentant a par ailleurs rappelé que le Gouvernement palestinien accusait un déficit de 1,2 milliard de dollars et a appelé les États Membres à maintenir leur appui financier.  Il a poursuivi en rappelant les liens historiques qui unissent son pays à la Palestine.  L’Inde, a-t-il précisé, fut le premier État non arabe à reconnaître la Palestine en 1988.  En outre, l’Inde avait pleinement soutenu la demande palestinienne d’obtention du statut d’État observateur non membre des Nations Unies.  Sur le plan des contributions financières, l’Inde a matérialisé, à plusieurs reprises, son soutien politique par une contribution financière au budget de l’Autorité palestinienne et à celui de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Le représentant a conclu sa déclaration en appelant toutes les parties au conflit syrien à rejoindre la table des négociations pour parvenir à un accord satisfaisant pour toutes les franges de la société syrienne.

 

M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a estimé que le problème principal au Moyen-Orient était l’agression systématique par Israël de la Palestine.  Le Conseil de sécurité doit jouer son rôle pour maintenir la paix et la sécurité internationales, en adoptant immédiatement des mesures concrètes pour faire cesser les politiques illicites et les violations flagrantes des droits du peuple palestinien par Israël, a-t-il insisté.  Le représentant de Cuba a estimé que l’occupation illicite du territoire palestinien par Israël restait le principal obstacle sur la voie d’une solution complète et durable.  Il a rappelé que Cuba avait soutenu la décision de l’Assemblée générale d’octroyer à la Palestine le statut d’État observateur non membre de l’ONU, tout en espérant que cela ne serait qu’une étape intermédiaire vers son admission en tant qu’État Membre à part entière.  Le représentant s’est ensuite inquiété des problèmes humanitaires qui se posent dans la bande de Gaza et du sort des prisonniers palestiniens qui se trouvent dans les prisons israéliennes.  Il a soutenu la lutte du peuple palestinien pour l’autodétermination et la création d’un État indépendant.

 

Passant à la question de la Syrie, M. León González a prôné le dialogue entre toutes les parties.  Il s’est inquiété des déclarations et mesures prises par le Conseil de sécurité qui ne font qu’encourager l’escalade de la violence et porter atteinte à la souveraineté nationale d’un État.  Il a aussi dénoncé les manœuvres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui, a-t-il dit, cherche à faire approuver par le Conseil de sécurité une agression de la Syrie.  Cuba condamne les pertes en vies humaines en Syrie et les actions violentes menées dans ce pays contre la population civile.  Le représentant a rejeté toute tentative d’utiliser la protection des civils comme prétexte pour justifier une intervention étrangère.  Enfin, il s’est élevé contre la politique de « deux poids deux mesures » adoptée par le Conseil de sécurité et son incapacité à recommander l’admission de la Palestine en tant qu’État Membre de l’ONU.

 

M. SHAVENDRA SILVA (Sri Lanka) a souligné l’urgence à faire cesser la marginalisation et l’oppression des Palestiniens sur leurs propres terres.  Il a déploré la poursuite des activités de colonisation, qui sont contraires à l’article 49 de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.  Il a rappelé que la communauté internationale avait réitéré son appel pour qu’Israël y mette un terme.  Le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Conseil des droits de l’homme, le Conseil économique et social, ainsi que la Cour internationale de Justice, ont tous condamné ces activités, a-t-il insisté.

 

Le représentant s’est aussi inquiété du blocus imposé à Gaza, qui a placé 80% des familles de la région dans la dépendance de l’aide humanitaire.  Il a demandé à Israël de lever les restrictions aux importations et exportations.  Le représentant a appelé les deux parties à instaurer un climat propice à la paix, en prenant des mesures de confiance.  Israël doit protéger la population palestinienne dans les territoires palestiniens occupés et s’abstenir de prendre des mesures contraires au droit international.  Conscient également des exigences de sécurité d’Israël, il a déploré les attaques contre les civils israéliens, notamment les tirs de roquettes depuis Gaza.  Enfin, il a soutenu la candidature de la Palestine au statut d’État Membre à part entière de l’ONU.

 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a dénoncé la politique d’annexion par Israël des territoires palestiniens qui se poursuit malgré son caractère illégal.  Il a également fait part de sa vive inquiétude concernant le sort des prisonniers politiques palestiniens.  La reprise des négociations sur une base juste et équitable est le seul moyen de revitaliser le processus de paix, a-t-il affirmé.  Le délégué de la Tunisie s’est dit par ailleurs préoccupé par la crise qui se poursuit en Syrie.  Le représentant a assuré au peuple syrien le plein appui de son pays à la réalisation de ses aspirations et réaffirmé le soutien de la Tunisie aux initiatives prises par la Ligue des États arabes visant à régler la crise dans ce pays.

 

M. GEIR PEDERSEN (Norvège) a exhorté le Conseil de sécurité à prendre une position ferme à l’encontre des graves violations du droit international humanitaire, notamment en Syrie, même si la communauté internationale reste divisée en ce qui concerne la solution politique.  Il a appelé tous les pays à mettre un terme à la prolifération des armes en Syrie.  Le Président syrien doit commencer à transférer le pouvoir politique afin de garantir une représentation pluraliste dans ce pays, a-t-il préconisé.  L’opposition doit de son côté contribuer au dialogue politique, tandis que le Conseil de sécurité doit promouvoir une transition politique sur la base du Communiqué de Genève, a estimé M. Pedersen.

 

Le représentant a soutenu « les efforts menés par les groupes de l’opposition syrienne afin de parvenir à une société pluraliste ».  Il faut veiller à ce que tous les groupes minoritaires soient protégés, a-t-il requis.  Face à la crise humanitaire, il a demandé aux parties de respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, et de renoncer à la violence sexiste.  Il a aussi indiqué que la Norvège a versé 75 millions de dollars aux réfugiés syriens au titre de l’aide humanitaire.  Le 19 mars, la Norvège a présidé la réunion des bailleurs de fonds pour la Palestine, a-t-il ajouté.  En ce qui concerne la Palestine, il a demandé que des mesures utiles soient prises en vue de favoriser une solution à deux États et il a appelé la communauté internationale à combler le déficit budgétaire palestinien. 

 

M. JORGE VALERO BRICEÑO(Venezuela) a également exprimé les préoccupations de son pays à l’égard des prisonniers palestiniens détenus par Israël.  « Cet État maintient en détention environ 5 000 prisonniers politiques dans des conditions déplorables », a-t-il dit, en notant que les détentions arbitraires, le harcèlement et l’intimidation étaient des pratiques quotidiennes.  En outre, Israël poursuit ses activités illégales d’implantation de colonies de peuplement, ainsi que le blocus imposé à la population de Gaza.  Selon l’UNICEF, environ 700 enfants palestiniens, âgés de 12 à 17 ans, sont arrêtés chaque année, interrogés ou détenus par l’armée, la police et les Forces de sécurité israéliennes, a-t-il souligné.  

 

« Le Venezuela admire l’endurance du peuple palestinien », a déclaré son représentant, qui réaffirme l’appui de son pays à la demande d’admission de la Palestine à l’ONU en tant qu’État Membre à part entière.  Il a, entre autres, demandé à Israël de se retirer des frontières d’avant 1967, conformément à la résolution 242 (1967) du Conseil de sécurité; de reconnaître le droit au retour pour les réfugiés palestiniens; de libérer l’ensemble des prisonniers palestiniens et de mettre fin à l’occupation du Golan syrien.  « Ceux qui commettent des crimes auxquels s’appliquent le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, doivent payer pour leurs crimes », a-t-il ajouté.

 

M. Valero Briceño a ensuite mis en exergue la réunion qu’a tenue le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien à Caracas, les 17 et 18 avril dernier.  Au cours de celle-ci, a-t-il rappelé, le Ministre palestinien des affaires étrangères, M. Riyad al-Maliki, est venu expliquer qu’un véritable « apartheid » était en cours dans les territoires occupés.  « Il est scandaleux que les Palestiniens doivent demander une autorisation pour entrer ou se déplacer sur leur propre territoire », s’est-il indigné.

 

S’agissant de la Syrie, M. Valero Briceño a réaffirmé que la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de ce pays devraient être respectées et il a regretté que des armes aient été fournies, depuis l’étranger, à des groupes impliqués dans des activités terroristes et qui refusent d’entamer un dialogue politique.  « L’ingérence de puissances étrangères est une violation flagrante des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique de la Syrie », a-t-il dit avant de conclure.

 

M. SAIFUL AZAM MARTINUS ABDULLAH (Malaisie) s’est dit grandement préoccupé par le sort de milliers de prisonniers palestiniens maintenus en détention de manière arbitraire en Israël.  « En agissant ainsi, Israël se moque de l’état de droit alors que ce pays ne cesse de répéter qu’il est la seule démocratie au Moyen-Orient », a-t-il souligné.  Il a également condamné l’usage disproportionné de la force dont Israël fait preuve pour s’opposer à ceux qui protestent de manière pacifique contre les traitements imposés à ces prisonniers.

 

Le représentant a ensuite réitéré que la Malaisie condamnait les activités de peuplement menées par Israël, « tout comme l’Assemblée générale, le Conseil des droits de l’homme, le Conseil économique et social (ECOSOC), la Cour internationale de Justice (CIJ) et le Conseil de sécurité ont déclaré que ces activités sont illégales », a-t-il précisé.  « Si la conviction de l’illégalité de ces activités de peuplement était sincère, ces mêmes organes devraient rejoindre la Malaisie et condamner fermement la pratique haineuse qui consiste à empêcher que les Palestiniens puissent construire sur leur propre terre et cultiver celle-ci », a ajouté M. Abdullah.  Il s’est ensuite indigné contre la pratique qui consiste pour Israël à armer ses colons au prétexte qu’ils doivent assurer leur légitime défense et a condamné la « judaïsation » de plus en plus évidente menée par Israël à Jérusalem-Est.  Il a ensuite souligné qu’il était urgent de mettre fin au blocus de Gaza afin de prévenir la dégradation de la situation humanitaire et l’insécurité alimentaire auxquelles doit faire face la population.

 

Rappelant que son pays était préoccupé par la situation en Syrie, le représentant a réaffirmé que la Malaisie demeurait convaincue qu’une solution politique à la crise existe, et que celle-ci doit se baser sur les résolutions 2042 (2012) et 2043 (2012) du Conseil de sécurité, ainsi que sur le Communiqué de Genève du Groupe d’action pour la Syrie, en date du 30 juin 2012.

 

Mme GRETA GUNNARSDÓTTIR (Islande) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été à la hauteur de ses responsabilités en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien et la crise en Syrie.  Elle a appuyé les sentiments exprimés par les dirigeants des agences, fonds et programmes des Nations Unies, qui ont publié un article dans le New York Times le 15 avril pour demander d’user de toute l’influence nécessaire pour sauver le peuple syrien et la région de la catastrophe.  Elle a rappelé qu’il y a actuellement en Syrie 400 000 réfugiés dans l’attente d’assistance humanitaire et 200 000 déplacés.  En ce qui concerne le Golan syrien occupé, elle a demandé au Conseil de sécurité d’adopter un plan d’action à la lumière de la situation sur le terrain.

 

La représentante a par ailleurs constaté la hausse du nombre de victimes palestiniennes du fait des forces israéliennes, ainsi que la destruction des infrastructures palestiniennes.  Ella a aussi dénoncé les activités de colonisation et a appelé à les faire cesser, de même que les détentions d’enfants palestiniens dans les prisons israéliennes.  Enfin, elle a appelé les Palestiniens à renforcer leur volonté de réconciliation.  Le Conseil de sécurité doit quant à lui adopter un rôle plus actif pour résoudre le conflit israélo-palestinien, notamment en reconnaissant le statut d’État Membre permanent de l’ONU à la Palestine.  Pour ce qui est de la Syrie, le Conseil de sécurité devrait en référer à la Cour pénale internationale, a-t-elle estimé.

 

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a indiqué que son pays restait un fervent partisan de la solution à deux États vivant côte à côte au Moyen-Orient dans la paix et la sécurité.  « Les colonies de peuplement israéliennes continuent d’être un obstacle quasiment insurmontable à l’atteinte de cet objectif », a-t-il déploré, avant de dénoncer la situation humanitaire dramatique qui prévaut à Gaza en raison du blocus israélien.  Il a ensuite trouvé décourageant que le seul point positif au cours de l’année écoulée ait été l’admission de la Palestine en tant qu’État observateur non membre des Nations Unies.  « Mon pays demeure extrêmement préoccupé par l’emprisonnement illégal et inhumain de milliers de Palestiniens dans les geôles israéliennes », a en outre affirmé le délégué indonésien.  En conclusion, et abordant la crise en Syrie, M. Percaya a exhorté les membres du Conseil à mettre de côté leurs différends afin de convaincre les parties de mettre un terme à la violence. 

 

M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a déploré le caractère improductif de la majorité des débats qui ont lieu sur le Moyen-Orient, chaque pays campant sur ses positions.  Il a déploré l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, indiquant que les activités de colonisation israéliennes étaient un obstacle à l’avancement de ce processus.  Il s’est aussi dit préoccupé par les violences commises par les colons israéliens à l’encontre des Palestiniens, et a espéré que les autorités israéliennes condamneraient vigoureusement de tels agissements.  « Israël doit améliorer les conditions de vie des prisonniers palestiniens », a-t-il poursuivi, avant de dénoncer l’arrestation et la détention d’enfants palestiniens par les Forces de sécurité israéliennes.  En conclusion, le représentant sud-africain a affirmé que le Conseil de sécurité et le Quatuor devaient intensifier leurs efforts afin de faire avancer le processus de paix.

 

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a tenu à saluer l’aspiration des peuples arabes à la démocratie et à la liberté.  À cet égard, le représentant a tenu à réaffirmer que son pays se tenait à leurs cotés pour développer et construire des institutions fortes et inclusives.  Le Moyen-Orient d’aujourd’hui est complètement différent de ce qu’il était il y a quelques années, a-t-il estimé en pointant du doigt les bouleversements politiques et sociaux à l’œuvre dans cette région.  À propos de la situation syrienne, il a tenu à exprimer sa profonde inquiétude sur « ce qui pourrait devenir une catastrophe humanitaire ».  Il a évoqué en particulier la situation des millions de réfugiés et de déplacés et a appelé le Conseil de sécurité à se montrer à la hauteur de ses prérogatives et responsabilités pour mettre fin à cette situation.  Il a conclu en abordant la question de Palestine qui, selon lui, exige la conclusion d’un accord entre les deux parties, accord qui permettrait de voir coexister deux États vivant cote en cote en sécurité. 

 

M. HALIT ÇEVIK (Turquie) a appelé les deux parties, palestinienne et israélienne, à reprendre les négociations, saluant les efforts déployés par les États-Unis pour contribuer à leur reprise.  Il a demandé à Israël de respecter les paramètres du processus de paix.  Il a par ailleurs jugé méritoire la proposition du Conseil des droits de l’homme de créer un comité d’enquête sur les violations des droits des palestiniens.  Le blocus de Gaza est inadmissible, a-t-il ajouté, invitant Israël à respecter ses engagements.  La réconciliation permettra aux Palestiniens de reprendre la voie de la paix, a-t-il espéré.  Nous sommes prêts à soutenir un gouvernement uni de la Palestine. 

 

Le représentant a ensuite déploré la catastrophe humanitaire en Syrie, qui a causé 1,3 million de réfugiés.  Il a soulevé la responsabilité de la communauté internationale qui doit, selon lui, soutenir le peuple syrien dans sa lutte.  Les voisins de la Syrie ne peuvent pas continuer à absorber les réfugiés syriens, et la communauté internationale doit étudier d’autres moyens pour ces personnes, a-t-il dit.  Il a rappelé que la réunion des Amis du peuple syrien, qui s’est tenue récemment à Istanbul, a décidé de tout mettre en œuvre pour mettre un terme au conflit syrien.

 

M. YOUSEF SULTAN LARAM (Qatar) a souligné qu’il était essentiel maintenant de faire avancer le processus de paix.  Il a détaillé les efforts de la Ligue des États arabes à cette fin, en appelant Israël à cesser sa politique d’occupation.  En ce qui concerne la Syrie, il a dénoncé le pouvoir syrien qui a perdu sa légitimité et continue de perpétrer des massacres.  « Les crimes commis par ce régime sont une honte pour l’humanité », a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite encouragé dans ses travaux la mission d’enquête des Nations Unies sur les allégations de l’emploi d’armes chimiques en Syrie. 

 

« La crise en Syrie menace toute la région », a-t-il mis en garde, en ajoutant que plus cette crise durait, plus elle rendait difficile le retour à une solution politique.  Le représentant a ensuite souligné les efforts de la Ligue des États arabes pour un règlement de la crise syrienne et s’est félicité de la formation d’une coalition nationale syrienne, regroupant les groupes d’opposition.  « Si le Conseil ne protège pas le peuple syrien et le peuple palestinien, alors c’est toute la région qui sera davantage déstabilisée », a prévenu le délégué du Qatar.

 

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a dénoncé l’occupation illégale d’Israël et sa politique expansionniste.  Le Nicaragua reconnaît pleinement l’existence de l’État palestinien, depuis les années 1980, a-t-elle rappelé, en regrettant le veto utilisé au Conseil de sécurité pour faire obstacle à la candidature de cet État à devenir un membre de l’ONU à part entière.  De son côté, Israël intensifie ses activités de colonisation et maintient son blocus sur Gaza, a-t-elle regretté.  La représentante a aussi noté qu’Israël continuait de modifier les compositions ethnique et religieuse du Territoire palestinien occupé.  La paix doit être instaurée dans tous les pays de la région, a-t-elle estimé.  La représentante a également attiré l’attention sur le sort des prisonniers palestiniens qui se trouvent dans les prisons israéliennes, en exigeant leur libération.  Elle a plaidé en faveur de la proclamation de l’Année internationale du peuple palestinien.  Il est temps de mettre fin à la politique des « deux poids deux mesures » au Conseil de sécurité, a insisté la représentante en faisant référence à la situation en Syrie.  Elle a dénoncé ainsi la militarisation de la crise dans ce pays.

 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a exhorté la communauté internationale à s’acquitter de ses responsabilités et à protéger le peuple palestinien.  Il a ensuite plaidé pour réaffirmer l’engagement en faveur de la relance du processus de paix.  Il a ensuite dénoncé l’occupation israélienne, qui doit, a-t-il insisté, prendre fin.  « La paix au Moyen-Orient et l’établissement d’un État palestinien viable et indépendant sont les seules options possibles », a rappelé le délégué de Bahreïn, qui a de nouveau appelé à la cessation de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens.  En conclusion, le représentant a demandé au Conseil de sécurité et au Quatuor d’intensifier leurs efforts afin de sortir le processus de paix de l’impasse.

 

M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a réaffirmé que son pays demeurait préoccupé par la position du Conseil de sécurité sur la situation en Israël et en Palestine.  Il a souhaité que l’ONU s’emploie à faire respecter le droit international et les mesures visant à faire cesser l’abus de la force par Israël.  Rappelant l’accession de la Palestine au statut d’État observateur non membre de l’ONU, il a souligné que cela reflétait la position exprimée par la majorité des États Membres.  Israël jouit, cependant, d’une véritable immunité, a-t-il observé.  Le représentant a également noté que les activités de colonisation se sont accrues après l’octroi du statut d’État d’observateur non membre à la Palestine.  Il a demandé que le droit international s’applique à tous les États.  Le Conseil de sécurité doit renoncer à son attitude passive face aux exactions israéliennes, au risque d’en devenir complice, a-t-il insisté avant de conclure.

  

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population entend des appels multiples pour faire de la migration un choix et démontrer sa contribution au développement

POP/1014

La Commission de la population entend des appels multiples pour faire de la migration un choix et démontrer sa contribution au développement

23/04/2013
Conseil économique et socialPOP/1014
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement           

Quarante-sixième session                                   

4e et 5e séances

matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA POPULATION ENTEND DES APPELS MULTIPLES POUR FAIRE DE LA MIGRATION UN CHOIX

ET DÉMONTRER SA CONTRIBUTION AU DÉVELOPPEMENT


Au deuxième jour du débat général de la Commission de la population et du développement, de nombreuses voix se sont élevées pour souligner la nécessité de lutter contre les causes structurelles de la migration, à commencer par la pauvreté, afin de faire de la migration un phénomène guidé par le choix et non pas par la nécessité. 


Nombre de délégations ont également vu dans la bonne gestion des flux migratoires un moyen de contribuer aux stratégies de développement durable à l’échelle mondiale.


En fin de matinée, les délégations ont participé à un débat interactif sur la migration et le développement au cours duquel les panélistes, d’éminents chercheurs du Conseil national de la recherche technique et scientifique de l’Argentine, del’Université de Varsovie et de l’Université d’Ife ont illustré les nouvelles tendances de la migration.  Le Ministre de l’immigration et de la politique d’asile de la Suède a affirmé que la migration est « un catalyseur de développement ».


Chargée d’évaluer l’exécution du Programme d’action du Caire de 1994, la Commission de la population et du développement, s’est donné pour thème central, cette année, l’évolution des migrations à l’intérieur des pays et entre les pays.  Ses travaux, qui se déroulent au Siège de l’ONU, à New York, devraient s’achever le 26 avril.


La reprise du débat général a également été l’occasion pour plusieurs États, pays d’origine et de destination, d’attirer l’attention sur les complexités auxquelles ils doivent faire face en matière de migration.


Le représentant du Mexique a ainsi signalé que l’importance du nombre de migrants originaires d’Amérique centrale avait provoqué des déséquilibres démographiques dans les pays de la région, où, a-t-il précisé, on peut observer une accélération du vieillissement de la population et un déséquilibre entre le nombre de femmes et d’hommes.  À l’heure actuelle, près de 12 millions de Mexicains vivent aux États-Unis dont la moitié est en situation irrégulière, a précisé le représentant qui a par ailleurs fait savoir que le Mexique aspire à devenir un pôle de développement capable d’accueillir le capital humain du monde.


Autre pays en proie à un important changement démographique, la Pologne a, par la voix de son représentant, indiqué que les autorités polonaises comptent créer des conditions propices au maintien des migrants dans le pays.  Une politique migratoire réfléchie permet de limiter les conséquences négatives des changements démographiques.  Si la Pologne compte une des populations les plus jeunes d’Europe, elle perdra néanmoins 1,3 million de personnes d’ici à 2030 en raison de la réduction du taux de renouvellement des générations.


Issue d’un pays qui compte un million d’immigrés et 3 millions de citoyens vivant à l’étranger, la représentante du Brésil s’est insurgée contre la stigmatisation et la criminalisation des migrants en situation irrégulière.  À ce titre, elle a prévenu que les mesures législatives trop strictes ne permettent pas d’assurer la protection des droits des migrants et incitent souvent ces derniers à commettre des actes illégaux. 


« On ne gagne rien en cherchant à émigrer illégalement », a tout de même souligné le représentant de Malte qui, tout en stigmatisant le nombre de morts en mer, a fait savoir que la migration illégale représente un problème de taille pour Malte « un des pays les plus peuplés au monde ».  Il a assuré que son gouvernement augmentera son aide publique au développement (APD) aux pays qui s’engagent à accueillir leurs émigrés illégaux.


Au cours de cette deuxième journée de débats, plusieurs appels ont également été lancés pour trouver une solution aux coûts des envois de fonds, lesquels dépassent l’aide publique au développement que reçoivent de nombreux pays.


Le représentant de l’Australie a rappelé que le G-20 s’était engagé à réduire le coût global de ces frais de 5% d’ici à 2014 et que cet objectif permettrait de mettre à disposition de familles pauvres près de 15 milliards de dollars chaque année.  Selon la Banque mondiale, les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays en développement ont été estimés à 406 milliards de dollars en 2012.


Les défis que pose l’exode rural ont également été évoqués à plusieurs reprises, le représentant de la Malaisie ayant notamment précisé qu’aujourd’hui, 7 Malaisiens sur 10 vivent en zone urbaine.  La représentante du Sénégal a indiqué que ce phénomène avait entraîné une urbanisation galopante, une large concentration de la population active dans des villes et un accroissement rapide du taux de chômage, surtout des jeunes de moins de 35 ans. 


Parmi les nouvelles tendances qui ont été évoquées au cours de la table ronde sur la migration et le développement, les délégations ont entendu les panélistes évoquer la migration « spectaculaire » des travailleurs chinois vers l’Afrique, ainsi que l’augmentation notable du nombre de jeunes qui décident de suivre leurs études à l’étranger, chiffre qui est passé d’un million en 1990 à 4 millions en 2009.  « L’explosion » des coûts liés à la migration a également été commentée, ainsi que la féminisation de la migration, notamment vers le secteur du travail domestique dans les pays du Golfe.


Les panélistes ont aussi détaillé les contributions des diasporas à leur pays d’origine, ainsi que les initiatives lancées par les pays d’origine pour inverser les chiffres de la fuite de cerveaux et inciter leurs travailleurs qualifiés expatriés au retour.


La Commission de la population et du développement poursuivra son débat général demain, mercredi 24 avril, à partir de 10 heures.


DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: « L’ÉVOLUTION DES MIGRATIONS: ASPECTS DÉMOGRAPHIQUES »


Débat général


M. WIN MYINT, Vice-Ministre de l’immigration et de la population du Myanmar, a affirmé que l’immigration était un élément majeur de la croissance démographique et que le nouveau Gouvernement civil s’étant engagé sur la voie de la démocratisation, avait lancé une série de réformes politiques, sociales et économiques en vue d’améliorer les conditions de vie socioéconomiques de la population.  L’une de ces mesures a consisté à établir des programmes et des politiques visant à réduire la pauvreté et à renforcer le développement rural.  Pour mettre en œuvre ces politiques, il est impératif, a-t-il dit, de faire porter l’attention sur la population et ses nouvelles tendances, en particulier dans le domaine de l’immigration.


Selon le Ministre, la migration doit être incorporée dans les programmes socioéconomiques.  Il a reconnu l’importance des données pour analyser le phénomène, et ainsi fournir aux décideurs les informations nécessaires pour élaborer des programmes pertinents dans les domaines de l’emploi, du logement ou de la santé.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a noté que le montant total des envois de fonds des migrants dépasse désormais les 200 milliards de dollars par an.  Stigmatisant la criminalisation des migrants en situation irrégulière, elle a prévenu que les mesures législatives trop strictes ne permettent pas d’assurer la protection des droits des migrants et incitent ces derniers à commettre des actes illégaux, à commencer par la traite des personnes.  Il importe donc de trouver un équilibre entre la demande de main-d’œuvre des pays de destination et les besoins des personnes disposées à émigrer.  Elle a également exhorté la communauté internationale à accélérer ses efforts de lutte contre la pauvreté et pour le développement durable dans les pays d’origine.


Mme Dunlop a indiqué qu’un million de migrants s’étaient récemment installés au Brésil et qu’environ 3 millions de Brésiliens vivent à l’étranger.  Elle a expliqué que la politique migratoire de son pays met l’accent sur l’intégration sociale des migrants.  Le Brésil a conclu plusieurs accords bilatéraux sur la sécurité sociale afin d’assurer aux migrants le droit à la retraite et à la protection sociale.  Comme beaucoup d’immigrants au Brésil viennent des pays voisins, les politiques migratoires ont un rôle important à jouer dans le cadre de l’intégration et du développement régional, a-t-elle jugé


La mobilité est au cœur de la mondialisation et il faut déplorer, a estimé la représentante, le fait que les obstacles les plus importants à la migration perdurent.  Elle a voulu que le Dialogue de haut niveau sur la migration internationale et le développement que tiendra l’Assemblée générale au mois d’octobre prochain soit l’occasion de définir la marche à suivre pour les droits des migrants, tout en prenant en compte la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable.


M. MARTHINUS VAN SCHALKWYK(Afrique du Sud) a estimé qu’un flux migratoire bien géré peut contribuer aux stratégies de développement mondial, régional et national.  Il faut pour cela aller au-delà des lois.  Les droits de l’homme sont au cœur du développement et la protection de ceux des migrants doit être une partie intégrante des stratégies de développement.  Les gouvernements doivent veiller, en particulier, à la pleine réalisation des droits des femmes migrantes, notamment contre la violence et l’exploitation.   


Le représentant a aussi voulu que l’on trouve une solution aux coûts des envois de fonds qui ont montré leur importance dans la lutte contre la pauvreté.  Il faut aussi trouver les moyens d’encourager le partage du savoir, grâce aux diasporas.  M. Mamabolo a attribué la vulnérabilité des migrants au VIH/sida à l’effet perturbateur des politiques migratoires restrictives sur la vie de famille.  Il l’a également attribuée à la défaillance des services de santé sexuelle et reproductive.  Souvent, s’est-il expliqué, les migrants se voient refuser la jouissance des droits sexuels et reproductifs que le reste de la population tient pour acquis.  S’attaquer à cette question revient à corriger l’une des dimensions les plus persistantes de l’inégalité dont souffrent les hommes et les femmes migrantes, a-t-il conclu.


M. OMAR DE LA TORRE DE LA MORA (Mexique) a estimé qu’une migration bien gérée avait des retombées positives et a réclamé une politique migratoire qui puisse concilier les intérêts des pays d’origine et de destination.  Il faut, a-t-il aussi souligné, lutter contre les causes structurelles de la migration pour qu’elle devienne une décision volontaire et non pas une mue par la pauvreté.  Le représentant a engagé les États à mener des négociations sur des régimes migratoires sûrs et ordonnés.  Il a donc plaidé pour l’intégration de la question de la migration dans l’agenda du développement post-2015.


La situation migratoire du Mexique est très complexe, a-t-il dit, en expliquant qu’il s’agit d’un pays d’origine, de transit, de destination et de retour.  Il a rappelé le nombre importants d’émigrés mexicains aux États-Unis, qui a provoqué des déséquilibres démographiques dans les pays de la région, où on peut observer une accélération du vieillissement de la population et un déséquilibre entre le nombre de femmes et d’hommes.  À l’heure actuelle, près de 12 millions de Mexicains vivent aux États-Unis dont la moitié, a précisé le représentant, est en situation irrégulière.


Il a souligné l’importance de renforcer les liens avec le « pays de l’extérieur » afin de préserver les liens entre les migrants et leur famille, tout en veillant à leur bonne intégration dans leur pays de destination.  Il a fait part des efforts de son pays, dans la lutte contre la pauvreté, pour qu’il devienne aussi un pays de destination.  Le Mexique aspire à devenir un pôle de développement capable d’accueillir le capital humain du monde, tout en veillant au renforcement des capacités des migrants qui reviennent.


Le représentant a reconnu que les passages clandestins entre l’Amérique centrale et les États-Unis étaient une importante source de tension dans sa région.  Il a reconnu la nécessité de réduire le taux de la migration irrégulière et de lutter contre la traite des êtres humains.  Mais, a-t-il plaidé, il faut protéger les droits des migrants, et établir des procédures spéciales pour les mineurs et les personnes vulnérables, sans oublier la formation des officiers de l’immigration au respect des droits de l’homme.


M. de la Torre de la Mora a annoncé que le Mexique est sur le point de finaliser un plan national de développement 2013-2018 sur lequel se fondera l’élaboration d’une politique de la migration « moderne et tournée vers l’avenir ».


M. VADIM PISAREVICH (Bélarus) a déclaré que le Gouvernement suit régulièrement la situation de la migration dans le pays sur la base des travaux d’analyse systémique.  En d’autres termes, nous voyons clairement où et en quelle quantité nous avons besoin d’immigrants pour remplacer le déclin naturel de la population du pays.  Dans un effort d’attirer des migrants, le Gouvernement essaie d’utiliser pleinement les capacités des citoyens vivant à l’étranger et de la diaspora.  Des mesures ont été prises pour encourager les émigrés, qui avaient quitté le pays pour vivre en permanence à l’étranger ou tout simplement pour y travailler grâce à des contrats de travail, à revenir au pays.  Le Bélarus travaille également pour faciliter l’intégration des migrants dans la société.  Le Gouvernement a mis en œuvre un ensemble de mesures juridiques, organisationnelles et financières visant à légaliser et à intégrer les migrants.  Il accorde une attention particulière à l’emploi des migrants.  Aussi, le Ministère du travail et de la protection sociale gère-t-il une banque nationale de l’emploi qui rend disponibles des informations pertinentes pour les citoyens et les étrangers. 


M. CHUA HOON HWA, Ministre de la femme, de la famille et du développement de la communauté de la Malaisie, a affirmé que l’impact de la migration sur le développement social et économique, à l’intérieur comme au niveau international, constituait une source de préoccupation.  Comme l’a observé le Secrétaire général dans son rapport, avec des politiques appropriées, la migration peut avoir un impact positif à la fois pour les pays d’accueil et les pays d’origine.  Il a rappelé, citant la Banque mondiale, que la Malaisie, un jeune pays en développement, avait l’un des niveaux les plus élevés de flux migratoires. 


Aujourd’hui, 7 Malaisiens sur 10 vivent en zone urbaine, a-t-il expliqué.  La forte industrialisation du pays a également attiré de nombreux migrants, travaillant essentiellement dans les secteurs manufacturiers, agricoles et du bâtiment.  La Malaisie est en particulier préoccupée, a-t-il dit, par la situation des femmes et des enfants migrants, plus exposés à l’exploitation.  Des mesures visant à lutter contre les trafics d’êtres humains ont ainsi été prises par le Gouvernement.


M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) a réaffirmé le soutien de son pays aux efforts déployés par les Nations Unies en matière de coopération internationale pour rationaliser et améliorer les politiques migratoires et de développement.  Il a ajouté que ce thème devrait être intégré à l’agenda du développement post-2015.  Son gouvernement est parvenu, selon lui, à stabiliser la situation intérieure tout en reconnaissant que son pays demeure un pays d’émigration.  La population ukrainienne tend à diminuer, a-t-il reconnu, en déplorant la fuite des cerveaux.  


Il a par ailleurs réaffirmé l’attachement de son pays au respect des droits des migrants et déclaré que l’Ukraine contribue au processus global contre les inégalités dont souffrent les migrants, les personnes déplacées et les réfugiés, tout en combattant la traite des êtres humains.  Il a également cité des statistiques selon lesquelles 313 819 étrangers résident légalement sur le territoire national.  Il a conclu en insistant sur la nécessité de mettre en place des partenariats et de renforcer la coopération transfrontalière afin d’encourager les pratiques les plus protectrices des droits des migrants.


M. SUDIBYO ALIMOESO (Indonésie) a indiqué que selon les prévisions, en 2030, son pays devrait compter 225 000 migrants et qu’en conséquence, la question de la migration dans son ensemble figure parmi les priorités définies par son gouvernement.  Il a expliqué que les flux migratoires en Indonésie sont en train de changer, son pays faisant actuellement face à une hausse du nombre d’immigrants et de l’exode rural, ce qui donne lieu à de nouveaux défis.  Il a souligné la nécessité de limiter les pressions exercées par ces nouveaux flux migratoires, notamment en ce qui concerne l’emploi.  Il a également précisé que de nombreuses femmes comptent parmi les migrants internes.


L’Indonésie renforce actuellement son cadre juridique et institutionnel ainsi que sa législation pour assurer le respect des droits des migrants et de leur famille.  Le Plan national de développement 2005-2025 place l’individu au centre des efforts, car c’est là, a affirmé le représentant, la ressource la plus précieuse.  M. Almoeso a invité les délégations à examiner comment les perspectives mondiales en matière de migration s’inscrivent dans le cadre du développement post-2015.


M. PAUL SEGER (Suisse) a déclaré que 26,4% de la population de son pays sont nés à l’étranger.  La politique de migration étrangère suisse est basée sur une approche globale de la migration comme étant des opportunités économiques, sociales et culturelles sans perdre de vue les défis.  Elle est aussi basée sur un partenariat étroit entre la Suisse et les pays d’origine, de transit et de destination accompagné d’une considération équilibrée des intérêts de toutes les parties prenantes.  Enfin, elle est fondée sur une coopération interministérielle étroite au moyen d’une approche gouvernementale qui vise à assurer que la politique migratoire suisse reste cohérente.  La Suisse a établi des partenariats sur la migration avec la Serbie, le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine, le Nigéria et récemment avec la Tunisie.  En 2007, la Suisse a développé le concept de « Protection in the region » qui tend à renforcer la protection des réfugiés, des migrants vulnérables et des personnes déplacées de l’intérieur dans leurs régions d’origine.  Les autorités nationales ont été appuyées pour établir des procédures d’asile efficientes et équitables. 


Pour s’assurer de la mise en œuvre stratégique des protocoles relatifs à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Suisse a lancé en octobre 2012 son Plan national d’action contre les trafics des êtres humains élaboré avec les ministères concernés et les organisations non gouvernementales spécialisées.  La Suisse souhaite en outre une clarification de la définition du mot trafic dans le protocole de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.  M. Seger a indiqué que les changements climatiques auront des impacts sur les déplacements dans le futur.  Alors que certains trouvent refuge dans leur propre pays, d’autres sont obligés de traverser les frontières pour se protéger.  La réponse reste insuffisante et dans l’objectif de resserrer cet écart, la Suisse et la Norvège ont récemment lancé la « Nansen Initiative », un processus consultatif à partir de la base visant à construire un consensus sur la nécessaire protection des populations obligées de traverser les frontières internationales dans des cas de catastrophes naturelles. 


Mme ALINA POTRYKOWSKA, Secrétaire générale du Conseil de la population du Gouvernement de la Pologne, a rappelé que son pays avait une population de jeunes parmi les plus importantes d’Europe.  Néanmoins, la Pologne est confrontée à une baisse significative de sa démographie.  D’ici à 2030, elle perdra 1,3 million de personnes, en raison de la réduction du taux de renouvellement des générations.  Mme Potrykowska a jugé capital que les autorités polonaises créent des conditions propices pour le maintien des migrants dans le pays.  Une politique migratoire réfléchie permet de limiter les conséquences négatives des changements démographiques, a-t-elle dit.  Sans une politique de la population, il est impossible de poursuivre des politiques migratoires ciblées susceptibles d’influencer la démographie d’un pays, a-t-elle prévenu.


M. GILLES RIVARD (Canada) a tout d’abord détaillé les mesures prises par son pays pour lutter contre la traite des personnes sous toutes ses formes, notamment le lancement en 2012 d’un Plan d’action national qui vise à protéger les victimes, à traduire en justice les responsables et à promouvoir des partenariats efficaces.  Sur le plan de la protection des enfants et des jeunes, notamment des jeunes filles, le délégué a indiqué que les autorités du Canada ciblaient en particulier le secteur du tourisme afin de prévenir l’exploitation sexuelle.  Gravement préoccupé par le sort des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées, il a indiqué que le Canada soutenait les organisations humanitaires internationales afin que les personnes, en particulier les femmes et jeunes filles, ayant dû fuir une situation de conflit ou une catastrophe naturelle, reçoivent la protection adéquate. 


Le représentant a ensuite souligné la nécessité de prendre en considération les besoins spécifiques des jeunes migrants, y compris l’accès à une éducation et à des soins de qualité.  « Le Canada reconnaît que le contrôle des flux migratoires requiert une coopération internationale approfondie et un partenariat renouvelé entre les États Membres, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, et les autres parties prenantes », a-t-il conclu. 


Table ronde sur le thème « Les migrations et le développement »


M. TOBIAS BILLSTÖM, Ministre de la migration et de la politique d’asile de la Suède, le modérateur de cette table ronde, a constaté que les femmes migrent de plus en plus souvent seules et que les migrants couvrent des distances toujours plus grandes pour arriver à leur pays de destination.  Il a vu dans la migration un catalyseur de développement et un débouché en matière d’épanouissement professionnel.  Les migrants, a-t-il affirmé, promeuvent les investissements et les idées nouvelles, et contribuent au développement de leur pays d’origine et de destination.


M. MAREK OKÓLSKI, Professeur de démographie à l’Université de Varsovie, a observé que mesurer la migration ne reflétait pas l’ensemble des flux migratoires, les données n’étant pas comparables du point de vue international.  Il faut donc demeurer très prudent, a-t-il dit.  De même, la migration est aujourd’hui davantage choisie que nécessaire.  Le nombre des migrants a augmenté mais celui des réfugiés a légèrement baissé, a-t-il ajouté, précisant que la proportion de réfugiés dans le nombre de migrants était passée en 20 ans de 9 à 7%. 


La diversité des mouvements a aussi changé.  Les 10 premiers pays de destination reçoivent aujourd’hui une partie plus restreinte de migrants qu’en 2000.  La migration régulière a diminué ces 10 dernières années, a-t-il dit, une tendance s’expliquant, en particulier, par la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne.  Il y a eu aussi une chute de la migration irrégulière entre les États-Unis et le Mexique, en raison des contrôles plus stricts et de la crise économique, dans le premier, et du développement rapide et du déclin du taux de fertilité, dans le second.


Les formes de migration se sont diversifiées.  On voit aujourd’hui une migration circulaire et temporaire, et des taux d’emploi et de qualification plus élevés parmi la population migrante.  In 1990, un million de personnes sont parties de chez elles pour étudier alors qu’en 2099, ce chiffre est passé à 4 millions, pour la plupart des étudiants chinois.  Le professeur a aussi parlé des effets du printemps arabe sur la migration et de la montée significative de la migration interne en Chine.


Lui emboitant le pas, M. ADERANTI ADEPOJU, Professeur à l’Université d’Ife, au Nigéria, a fait état d’une évolution des mouvements Sud-Sud liée, entre autres, à une économie de marché plus active.  Il a également indiqué que la crise financière avait réduit l’importance des flux migratoires à destination de l’Europe, du Canada et de l’Australie, entre autres.  Parmi les autres nouvelles tendances qui méritent d’être soulignées, le panéliste a évoqué le transfert des compétences, la mobilité des étudiants et la fuite des cerveaux inversée.  Il a également parlé de la migration « spectaculaire » des travailleurs chinois vers l’Afrique, lesquels s’y rendent notamment pour y exploiter les mines.  Le panéliste a aussi dit un mot sur la féminisation de la migration, notamment vers le secteur du travail domestique dans les pays du Golfe.  La migration est devenue plus circulaire et transnationale.  Elle est de moins en moins permanente.


Le professeur Adepoju a également parlé de « l’explosion » des coûts liés à la migration, les migrants ayant de plus en plus recours à des agences, notamment pour se rendre en Afrique du Sud ou de l’Amérique centrale vers les États-Unis.  Parmi les autres nouveaux phénomènes, il a constaté que l’incitation au retour l’a désormais emporté sur les mesures de déportation.  En outre, depuis 10 ans, on a pu observer une augmentation du nombre de migrants en transit, a-t-il ajouté, citant les migrants libyens qui se rendent d’abord au Sri Lanka avant de rejoindre leur pays de destination.


Mme MARCELLA CERRUTI, du Conseil national de la recherche technique et scientifique de l’Argentine, a indiqué que le Marché commun du Sud (MERCOSUR) avait intégré les flux migratoires dans un accord de résidence conclu par six pays de la région.  Ainsi, tout citoyen a le droit de résider dans le pays de l’accord, a-t-elle dit, notant les aspects bénéfiques pour les migrants dans les domaines du logement, de l’emploi, du planning familial et de la santé des migrants. 


Le Professeur Adepoju a détaillé certaines des contributions des diasporas à leur pays d’origine, à commencer par le renforcement des capacités sur le plan local.  Les diasporas permettent également d’établir des ponts pour les échanges d’idées, la création d’entreprises et les liens entre les pays d’origine et de destination, a-t-il indiqué, sans oublier les envois de fonds qui contribuent pour beaucoup à la lutte contre la pauvreté.  Le panéliste a également expliqué que l’Union africaine avait fait de la diaspora africaine une sixième région qui est invitée à participer aux discussions sur le secteur privé en Afrique. 


Il a parlé de certaines initiatives lancées, par l’Inde notamment, pour rapatrier les émigrés qui travaillent dans le secteur de la santé ou le secteur technologique.  Le Venezuela, le Ghana et le Nigéria ont eux aussi lancé des incitations de retour, tandis que la Thaïlande a mis en place un programme pour inverser la tendance à la fuite des cerveaux.  Cependant, il convient de reconnaitre que toutes les diasporas n’ont pas les mêmes compétences et il importe donc, pour le pays de retour, de procéder à une bonne évaluation des capacités.


À cela, le Professeur Cerruti a fait observer que les pays du Sud attendent beaucoup des compétences techniques, ce qui a pour effet, a-t-elle indiqué, de faciliter le rapatriement de cette catégorie de professionnels.  Mais pour que ces initiatives fonctionnent, a-t-elle indiqué, les migrants doit être organisés et mobilisés.  Il faut des associations dans les pays d’origine où les gouvernements doivent s’impliquer pour fournir un appui financier.


« Les politiques migratoires sont réactives et pas anticipatives.  Plus les gouvernements tenteront de s’ingérer et de gérer la migration moins ils auront du succès », a prévenu le Professeur Okólski, pour qui la ligne entre migration volontaire et migration forcée n’est pas évidente.  Il n’en a pas moins constaté des cas « évidents » de migration forcée, liée notamment à une catastrophe politique ou naturelle, et a donc estimé nécessaire d’améliorer le suivi et l’aide à apporter et de renforcer la démocratisation des sociétés.  Il a cité en exemple la « réussite » des anciens pays communistes d’Europe.


Il a également appelé à la levée des mesures qui entravent le développement et l’essor des marchés des pays d’origine.  Les plus importants exportateurs d’armes devraient par exemple renoncer à leur monopole dans ce secteur, a-t-il ajouté, avant d’inviter les délégations à éviter de se laisser guider par des intérêts politiques contradictoires.


« Alors que 10% de la population mondiale migre soit au niveau national ou international, force est de constater que la majorité de la population mondiale ne migre pas », a enchainé le Professeur Adepoju.  Ce dernier a dit l’importance de privilégier des politiques de développement communautaire et d’améliorer les conditions de vie des populations, pour ne pas faire de la migration une nécessité.  La migration devrait être guidée par le choix et non pas par la nécessité, a-t-il souligné, avant de faire observer que la vie à l’étranger peut parfois être encore plus incertaine que dans le pays d’origine.


Les gouvernements doivent lancer des campagnes de sensibilisation plus vastes sur les risques et les défis de la migration irrégulière.  Le panéliste a ensuite souligné que nombre de pays, à commencer par l’Australie, avaient bénéficié de la migration en instaurant des politiques de migration sélective.  On parle beaucoup de la fuite des cerveaux, mais il faut aussi parler du « gain de cerveaux », a-t-il fait observer.  Il a souligné que les envois de fonds représentent la deuxième source de revenus au Nigéria, juste après les revenus pétroliers.


Le concept de mouvement migratoire comme force économique est important, a poursuivi le Professeur Cerrutti qui a également estimé que les rapatriements de fonds ne constituaient pas une panacée pour surmonter les problèmes de développement. 


Le représentant du Mexique a demandé quels étaient les indicateurs qui permettaient de montrer la contribution des migrants au développement des pays de destination.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de ne pas faire l’amalgame entre les flux migratoires et les flux de réfugiés, ces derniers disposant de cadres de protection très différents.


Pour le Professeur Cerruti, la contribution des migrants est un thème qui semble absent car il ne peut s’appuyer que sur des indicateurs clairs.  Les gouvernements doivent consacrer davantage de ressources pour mieux faire connaître cette contribution.  Le Professeur Adepodju a dit avoir constaté que 83% des envois de fonds sont consacrés à l’acquittement des impôts, à la consommation et aux contributions financières, d’où leur importance pour le développement des pays de destination.  Plus les migrants restent, moins ils envoient de fonds, a-t-il souligné. 


Le délégué du Nigéria a encouragé la diaspora à revenir chez elle et admis que les gouvernements doivent consentir à des efforts pour faciliter le mouvement. 


Suite du débat général


M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a affirmé que les migrations peuvent autonomiser les femmes et leur donner de nouvelles possibilités, mais présentent aussi d’immenses difficultés pour les femmes et les enfants particulièrement vulnérables aux différentes formes d’abus, comme l’exploitation sexuelle et la traite des êtres humains.  Il a voulu que l’on aide les États à mettre en œuvre les régimes internationaux de protection et que l’on renforce la coopération, à cet égard.


Le délégué norvégien a également souligné que les migrations offraient aux migrants qualifiés ou semi-qualifiés une chance pour sortir de la pauvreté.  La Norvège s’est engagée à ne pas recruter des spécialistes de la santé issus des pays en développement car ces derniers en ont cruellement besoin.  Le représentant a mis l’accent sur l’importance du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra les 3 et 4 octobre prochains dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.


M. ÁLVARO JOSÉ COSTA DE MENDONÇA E MOURA (Portugal) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Programme d’action du Caire et des objectifs de développement internationalement convenus, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a souligné qu’au Portugal, au cours de la première décennie du XXIe siècle, le nombre des migrants avait connu une croissance notable, pour former, en 2011, 3,7% de la population du pays.  De même, selon les résultats du recensement de 2011, la population du pays a-t-elle progressé en 10 ans de 1,9% du fait, surtout, de la migration.  Cette tendance, a-t-il dit, reflète la contribution démographique positive des immigrés à la société portugaise.


Le Portugal, a-t-il expliqué, a réussi à mettre en œuvre des mesures pour faciliter les retours volontaires et renforcer la lutte contre les trafics, avec une attention particulière accordée aux femmes et aux enfants, au lien entre migration et développement, à l’emploi et à l’intégration sociale.  Le représentant a ajouté que le deuxième Programme national pour l’intégration des migrants 2011-2013 continuait de promouvoir une sécurité en matière de permis de séjour et d’emploi et garantissait un accès sans discrimination à la santé et à l’éducation.


M. PETER SILBERBERG (Allemagne) a affirmé que son pays était un pays de destination pour des groupes divers depuis plus de 60 ans.  L’Allemagne, a-t-il dit, reconnaît que les migrants sont des agents de développement importants parce qu’ils envoient des fonds vers leurs pays d’origine et qu’ils représentent une passerelle entre les pays d’origine et de destination.  L’Allemagne a notamment mis en place des services consultatifs pour les migrants qui souhaitent investir.  Ils peuvent ainsi bénéficier de cofinancements pour des projets de développement et d’une réduction des coûts liés au rapatriement des fonds.


Le délégué allemand a souligné que la collecte de données ventilées fiables était essentielle pour mieux appréhender les défis des migrants sur le plan démographique.  Il a mis l’accent sur la nécessité de faire en sorte que les besoins des femmes et leurs vulnérabilités soient suffisamment traités.  L’accès à la santé reproductive des migrantes est une priorité du Gouvernement allemand, a-t-il affirmé, en demandant que les droits et les libertés sexuels et reproductifs soient intégrés dans l’agenda du développement post-2015.


M. CHRISTOPHER JOHN STOKES (Australie) a tout d’abord indiqué que 7,2 millions de personnes avaient émigré en Australie depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qu’un Australien sur quatre était né à l’étranger.  Depuis le lancement en 2010 par le G-20 de l’agenda pour le développement, l’Australie a fait de la réduction des frais prélevés sur les transferts d’argent une priorité, a-t-il affirmé, rappelant que le G-20 s’était engagé à réduire le coût global de ces frais de 5% d’ici à 2014.  Atteindre cet objectif permettrait de mettre à la disposition des familles pauvres près de 15 milliards de dollars par an, a-t-il dit.  Le représentant a précisé que l’Australie avait contribué à hauteur de 3,5 millions de dollars américains au fonds de la Banque mondiale pour aider les pays en développement à payer moins de coûts en matière de transfert.


Rappelant que 1,75 million d’entrées temporaires avaient été enregistrées en Australie en décembre dernier, M. Stokes a affirmé « qu’une personne pouvait se rendre en Australie en tant que travailleur saisonnier, y faire des études puis trouver du travail avant de partir dans un troisième pays ».  Les effets internationaux des flux migratoires ne doivent donc pas être considérés comme un jeu à somme nulle du point de vue national, a-t-il affirmé.  Il a jugé important que la circulation des personnes entre des pays qui ont des niveaux de développement différents soit vue comme un mécanisme d’intégration dynamique au bénéfice de tous.


Mme FATOU ISIDORA MARA NIANG(Sénégal) a affirmé que son pays, qui a connu, bien avant le XXIe siècle d’importants mouvements migratoires, continuait, à l’instar des autres nations d’Afrique subsaharienne, de connaître une migration intense, tant au niveau interne qu’externe.  S’agissant de la migration interne, au cours de la dernière décennie, plus de 15% de la population du Sénégal vivait en dehors de sa région de naissance.  Une telle situation, a-t-elle dit, a entraîné une urbanisation galopante, une large concentration de la population active dans des villes et un accroissement rapide du taux de chômage, surtout des jeunes de moins de 35 ans.  Sur le plan externe, le Sénégal demeure l’un des pays les plus touchés par les migrations, a-t-elle dit.


La représentante a souligné que les transferts de fonds des migrants contribuaient à l’amélioration des conditions de vie des ménages.  Ceux-ci se sont élevés, en 2011, à 699,4 milliards de francs CFA, soit environ 10,3% du PIB (produit intérieur brut) provisoire de 2011.  Selon Mme Diallo, la coopération entre pays d’origine et de destination doit figurer en tête des priorités dans la stratégie relative à la gestion des migrants.  Une telle coopération devrait aider à amplifier les conséquences positives des migrations et à en réduire les effets négatifs pour toutes les parties concernées, a-t-elle dit.


M. STEPHEN O.KWANKYE,Directeur exécutif du Conseil national de la Population du Ghana, a souligné que le phénomène de la migration interne dans son pays avait connu des tendances contraires selon les périodes d’essor ou de difficultés.  La migration des jeunes vers les centres urbains est en pleine croissance, a-t-il dit, précisant que ceux-ci étaient vulnérables aux différentes formes d’exploitation.  Les femmes et les enfants sont souvent sujets à l’exploitation dans des services domestiques forcés et victimes d’abus, a-t-il ajouté.   


Les envois de fonds de la diaspora ghanéenne ont dépassé l’aide publique au développement (APD), a-t-il par ailleurs fait observer.  La migration peut aider bien des pays à sortir de la pauvreté, a-t-il reconnu.  Au Ghana, un projet politique en cours d’adoption met l’accent sur la nécessité de préserver les droits des migrants, a-t-il ajouté.  Il est nécessaire, a-t-il conclu, de tenir compte des relations migratoires et de la répartition démographique dans le cadre du développement, sans oublier la question de l’impact des changements climatiques.


Mme STRAKHOVA(Fédération de Russie) a affirmé que les migrations constituaient un facteur important du développement économique.  Pour des raisons démographiques, il est important de favoriser l’accueil des migrants professionnels, a-t-elle dit.  Le Gouvernement russe a mis en œuvre une politique migratoire publique qui s’étend jusqu’en 2025, laquelle, a-t-elle précisé, établit les objectifs, les défis et les domaines d’action.  Une des priorités est de favoriser le retour volontaire en Fédération de Russie des émigrés. 


La déléguée russe a mis l’accent sur la nécessité de simplifier le code du travail.  La Fédération de Russie, a-t-elle dit, s’emploie à faciliter l’adaptation et l’insertion des immigrés de façon à lutter contre la migration illégale.  Elle a conclu en indiquant que son pays était prêt à participer activement à un dialogue sur les divers aspects des migrations internationales.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a indiqué que les migrants représentent à présent un cinquième de la population de son pays.  Or l’augmentation de la population active dépasse l’offre nationale d’emplois, créant ainsi un déséquilibre et poussant les jeunes à rechercher un emploi à l’étranger.  Parmi les effets positifs de cette situation, M. Kydyrov a évoqué la baisse de la pression sur le marché du travail national et les envois de fonds.  Si en 2003, le volume de ces envois représentait de 6,9% du PIB, en 2011, il est monté à 22% du PIB. 


Au titre des points négatifs, le représentant s’est inquiété de la fuite de cerveaux et a indiqué que son gouvernement s’efforce de renforcer la compétitivité de sa main-d’œuvre.  Il a élaboré un plan et un fonds d’appui aux migrants ainsi qu’une stratégie de réglementation de la migration d’ici à 2020.  Le représentant a voulu que le Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale soit l’occasion de tirer le meilleur parti des migrations internationales.  Il a cependant regretté qu’il n’ait pas été prévu de sanctionner le Dialogue avec un document final.


Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a indiqué que son pays s’attachait à certaines priorités dont le respect des dispositions de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.  La Belgique a apporté récemment des améliorations aux procédures d’examen des demandes d’asile et participe à plusieurs programmes concernant les réfugiés, que ce soit des programmes de retour ou des programmes d’intégration dans leurs premiers pays d’accueil ou encore des programmes de réinstallation de réfugiés venant de pays où ils ne peuvent rester sans danger pour leur sécurité ou trouver de solution à long terme.  La Belgique attache également une grande importance à la lutte contre la traite et le trafic des êtres humains.  Elle a adopté un plan d’action national et les différentes initiatives portent sur la prévention, l’assistance aux victimes et la poursuite des trafiquants ainsi que le partenariat avec les États tiers. 


Mme Frankinet a souligné aussi l’importance de pouvoir se référer à une politique d’intégration des migrants qui est principalement axée sur l’accueil des primo-arrivants en Belgique.  Une des mesures concrètes est qu’ils prennent connaissance de leurs droits et de leurs devoirs afin qu’ils puissent pleinement participer à la société.  En Belgique, l’intégration est devenue une compétence régionale, a révélé Mme Frankinet.  Elle a aussi rappelé que la Belgique soutient et croit au lien entre migration et développement.  À ce titre, elle a organisé en 2007 la première édition du Forum mondial sur la migration et le développement qui avait permis de poser des questions parfois sensibles dans un cadre informel constructif.  À l’aube du deuxième Dialogue de haut niveau et de la concrétisation de l’agenda du développement post-2015, le principal défi est de faire en sorte que la migration fasse désormais partie intégrante de la stratégie internationale de développement.  Mme Frankinet a jugé intéressant de voir que la migration Sud-Sud est devenue une des nouvelles tendances.


M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a affirmé qu’il était essentiel de reconnaître le lien entre migrations et développement, soulignant l’importance du Dialogue de haut niveau.  Il a appelé tous les États et le système de l’ONU à prendre des mesures en vue de protéger les migrants et à lutter contre toutes les formes de traite humaine.  Il a souligné que son pays condamnait dans les termes les plus forts les actes de racisme, de xénophobie, appelant également à renforcer la lutte contre l’impunité pour les auteurs de tels crimes.

Le représentant a notamment fait état de l’établissement d’un Haut-Conseil des Iraniens vivant à l’étranger et appelé les pays de destination à éviter toute restriction des contacts entre les migrants et leurs pays d’origine.


M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a indiqué que son pays, après avoir été pendant longtemps un pays d’émigration, était devenu un pays d’immigration, citant comme principaux facteurs la stabilité politique et la croissance économique.  Il a parlé des mesures prises pour promouvoir le développement des zones rurales, notamment le programme de « discrimination positive » en faveur des communautés vivant dans les zones reculées.  Le délégué a ajouté que son pays avait mis en place un système de points afin d’attirer les personnes hautement qualifiées.  Le Botswana, a-t-il souligné, veut l’échange des pratiques exemplaires afin de relever au mieux les défis migratoires.  Le représentant a demandé des mesures concrètes pour optimiser les effets positifs des migrations tout en en atténuant les effets négatifs. 


12 M. EDUARDO PORRETTI(Argentine) a mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale d’intensifier ses efforts pour intégrer les migrants, notamment grâce à la Convention pertinente.  Les efforts consentis en Argentine sont cohérents avec les programmes des Nations Unies.  L’Argentine, a-t-il dit, a adopté des politiques claires contre toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des migrants. 


Le représentant a plaidé pour une mise en œuvre totale et efficace du Programme d’action du Caire et a insisté sur l’importance qu’il y a à trouver des alternatives plus souples en vue de faciliter l’intégration des migrants dans chaque pays.  Chaque gouvernement doit être en mesure de favoriser la communication et la sensibilisation du public pour présenter les avantages de la migration et éviter la discrimination et la xénophobie, a-t-il insisté.


M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a insisté sur l’importance d’une bonne gestion des flux migratoires et de leur régularisation, afin d’assurer la transparence des mouvements entre les pays d’origine, de transit et de destination, et de veiller à la pleine connaissance par les migrants de leurs droits.  Des actions orientées sur le développement sont également essentielles afin de répondre aux causes sous-jacentes des flux migratoires et créer des perspectives économiques dans les pays à forte propension migratoire.  M. Grima a précisé que son gouvernement entretient des liens étroits avec la diaspora maltaise.  Le Gouvernement s’engage aussi à protéger les droits des « véritables réfugiés », lesquels peuvent être mis à mal par des organisations criminelles. 


La migration illégale représente un problème de taille pour Malte, a-t-il avoué, « un des pays les plus peuplés au monde ».  Le Gouvernement s’emploie donc à installer ceux qui bénéficient de la protection internationale et à rapatrier les autres.  Malte, a affirmé le représentant, est disposée à appuyer la réintégration des migrants qui choisissent de retourner chez eux et, en la matière, une plus grande coopération entre les États s’impose.  Le Gouvernement, a encore assuré le représentant, augmentera son aide publique au développement (APD) aux pays qui s’engagent à accueillir leurs ressortissants en situation irrégulière à l’étranger.  On ne gagne rien en cherchant à émigrer illégalement, a prévenu M. Grima qui a stigmatisé le nombre de morts en mer.


Mme JUDITH KING (Israël) a tout d’abord détaillé les principales vagues d’immigration connues par son pays depuis sa fondation.  Quelque 650 000 immigrants du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Europe –dont beaucoup de survivants de l’Holocauste– sont entrés en Israël dans les trois premières années de son existence, pour atteindre près d’un million au bout de 10 ans, a-t-elle expliqué, ajoutant qu’aucun pays n’avait connu une telle augmentation de population et un tel nombre d’immigrants sur une période aussi courte.  Mme King a ensuite cité l’arrivée en provenance de l’ancienne Union soviétique de près d’un million d’immigrants au cours des années 1990, décennie qui vit également l’arrivée de nombreux Juifs éthiopiens.


Elle a ensuite détaillé les politiques mises en place par son pays pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, dont la mise à disposition d’une aide financière afin de couvrir les frais des six premiers mois.  Une famille de cinq personnes reçoit ainsi entre 14 700 et 17 500 dollars en fonction de l’âge des enfants, a-t-elle expliqué, ajoutant que ces subsides permettaient de libérer du temps pour se concentrer sur l’apprentissage de l’hébreu.


Mme King a aussi indiqué qu’un programme spécial avait été mis en place au bénéfice des immigrés de l’ancienne Union soviétique âgés de 45 à 65 ans.  En ce qui concerne les immigrés d’Éthiopie, le développement de l’offre éducative a été perçu comme étant l’outil le plus efficace pour favoriser leur intégration, a-t-elle expliqué.  Elle a ainsi détaillé les mesures spécifiques en faveur des lycéens et étudiants d’origine éthiopienne, expliquant que ces derniers bénéficiaient de critères assouplis pour l’admission à l’université.  La déléguée israélienne a souligné l’importance de la collaboration entre États dans le domaine des flux migratoires.  « Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, que nous soyons pays d’origine, de transit ou de destination, a-t-elle dit.


M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a rappelé que son pays fut confronté à de hauts niveaux de migrations internes et externes.  Chaque année, environ 20 000 personnes émigrent vers les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, a-t-il dit, précisant qu’une grande partie de ces migrants étaient des femmes qualifiées.  Il a également mis l’accent sur le fort taux d’urbanisation dans son pays, évoquant les bidonvilles et les problèmes de violence qui en résultent.


Le représentant a en outre estimé que les migrations pouvaient être exploitées au profit des pays d’origine, des pays de destination et des migrants eux-mêmes.  Il s’est félicité de ce que les questions soulevées seront intégrées dans l’agenda du développement post-2015.


M. SHAHZAD AHMED MALIK (Pakistan) a indiqué que sur une population de 184 millions de personnes, le Pakistan compte 7 millions de ressortissants qui vivent à l’étranger, principalement au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord.  Le phénomène de l’exode rural gagne aussi de l’ampleur: 38% de la population, soit 70 millions de personnes, vivent dans les zones urbaines. 


Sur le plan international, le Ministère des Pakistanais de l’étranger a été créé en 2008 et pour le Pakistan, les envois de fonds ne sauraient remplacer l’APD, même s’il estime qu’il faut baisser les coûts de transaction.  Le Pakistan veut aussi que la fuite de cerveaux profite mieux aux pays d’origine et appelle les États à renforcer la migration régulière afin de lutter contre la traite et les abus dont sont victimes les travailleurs migrants.  On ne peut sous-estimer l’importance qu’il y a à protéger les droits de ces personnes.


M. JOSÉ MANUEL CASTILLO PÉREZ GÓMEZ, Directeur des organisations salvadoriennes de l’étranger, a fait état des différentes mesures prises par son pays en vue de faciliter les conditions de vie des Salvadoriens de l’étranger.  Une loi électorale spéciale a été adoptée pour leur permettre de voter à la prochaine élection présidentielle de 2014.  Il faut, a insisté le représentant, informer les travailleurs de leurs droits.  Chaque pays d’accueil doit respecter la dignité et les droits élémentaires des migrants et assurer leur sécurité.  Le délégué salvadorien a, de même, salué les efforts des États qui tentent d’intégrer les migrants dans leurs sociétés et a rappelé l’importance pour les États d’adhérer à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.


M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA, Directeur du Centre pour la population, le développement et le recensement à Cuba, a déclaré que, grâce aux programmes de développement socioéconomique, les indicateurs sociaux et démographiques de Cuba sont les mêmes que ceux des pays développés et conformes aux engagements pris dans les Programmes d’action du Caire et de Beijing ainsi que dans la Déclaration du Millénaire.  Cuba, qui a une population de 12 millions d’habitants, était en très bonne place sur l’Indice de développement humain (IDH) en 2012.  Cuba, s’est enorgueilli le représentant, est un pays développé démographiquement.  Le volume de la migration interne a chuté de 50% depuis les années 90.  La population de la capitale a baissé et sa part dans le nombre total d’habitants a aussi baissé par rapport à la décennie précédente.  En revanche, les villes de petite et de taille moyenne continuent de croître bien que le degré d’urbanisation n’ait pas augmenté contrairement à la population rurale.  Concernant les migrations externes, Cuba vient d’assouplir sa législation.  Malgré l’engagement en faveur d’un flux organisé, sûr et régulier de ses migrants, les États-Unis maintiennent leur embargo et leur loi qui encouragent l’émigration illégale et sapent les efforts du pays visant à former une main-d’œuvre indispensable à son développement durable.  La législation est aussi utilisée pour compromettre les projets de coopération de Cuba dans domaines tels que la santé publique et pour encourager la traite des êtres humains, a dénoncé le représentant.


M. CHARLES P. MSOSA (Malawi) a indiqué que la migration contribuait pour beaucoup aux changements démographiques que connait son pays, les hommes âgés entre 15 et 34 ans représentant la plus importante catégorie de personnes à émigrer des zones rurales vers les zones urbaines.  Parmi les défis que ce phénomène entraine, le représentant a évoqué le manque de logements, les mauvaises conditions sanitaires, la criminalité, les infections au VIH/sida et le chômage.  Il a indiqué que son gouvernement s’était engagé à construire un plus grand nombre d’institutions bancaires et à élaborer des mécanismes de prêts aux PME.  Une loi qui criminalise la traite des êtres humains est en cours de rédaction et le Gouvernement espère qu’une politique d’incitation permettra d’inverser la tendance à la fuite de cerveaux, dans le secteur de la santé notamment.  Des mesures ont également été prises pour faciliter les envois de fonds de la diaspora.


Mme REIKO HAYASHI (Japon) a indiqué que les étrangers ne représentaient que 1,7% de la population du Japon, un chiffre qui est néanmoins en constante augmentation.  « Un enfant sur cinquante né au Japon a au moins un parent qui n’est pas citoyen japonais», a-t-elle précisé, indiquant que la société japonaise se diversifiait de plus en plus.  Mme Hayashi a ensuite détaillé les mesures prises par son gouvernement pour répondre à cette nouvelle situation et faciliter l’entrée des étrangers hautement qualifiés et susceptibles de contribuer à la croissance économique.


D’un autre côté, a-t-elle aussi reconnu, le nombre de citoyens japonais ayant choisi de vivre à l’étranger a augmenté pour atteindre en 2011 le chiffre record de 1,18 million.  Elle a également dit qu’une collaboration étroite entre pays asiatiques était cruciale pour répondre aux défis démographiques communs, en particulier au regard « d’un contexte asiatique qui confie à la famille un rôle important dans la prise en charge des aînés ».  Soulignant que l’intégration régionale et l’échange des ressources étaient des facteurs clefs du développement, elle a indiqué que le Japon serait l’hôte en juin prochain de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui parlera de l’optimisation des effets positifs des migrations et de l’atténuation des effets négatifs.  Enfin, Mme Hayashi a jugé important de parvenir à une couverture sociale universelle, y compris au bénéfice des migrants.


M. WILBERFORCE KISAMBA MUGERWA, Président de l’Autorité nationale du planning de l’Ouganda, a fait état de la forte augmentation de la population urbaine dans son pays, l’exode rural ayant affecté la productivité agricole.  Il a ajouté que son pays accueillait plus de 230 000 réfugiés en raison des frontières poreuses, une charge supplémentaire pour les services sociaux, a-t-il précisé.  Il a également déploré l’émigration, qu’il a jugée considérable, des personnels ougandais semi-qualifiés et qualifiés.  Le représentant a par ailleurs exprimé l’engagement du Gouvernement ougandais en faveur de la mise en œuvre des conventions et protocoles protégeant les migrants et leurs familles.


M. GHEORGHE LEUČA (République de Moldova) a affirmé que la coopération internationale devait parvenir à un équilibre entre le droit à la libre circulation et le droit des États à contrôler leurs frontières.  Un tel équilibre ne peut être atteint que grâce à des partenariats renforcés, a-t-il dit.  Il a ensuite détaillé l’effet positif et significatif que l’émigration a eu pour la stabilité macroéconomique de son pays, les envois de fonds des émigrés moldaves compensant le déficit commercial de l’État et soutenant la monnaie nationale.


L’investissement de ces sommes d’argent a permis d’injecter 2,4 millions d’euros dans le secteur des petites et moyennes entreprises, empêchant les populations, en particulier dans les zones rurales, de sombrer dans la pauvreté, a expliqué M. Leuca, qui a également insisté sur les défis démographiques qui résultent de ce phénomène.  Un tiers de la population moldave devrait avoir 60 ans ou plus en 2050, a-t-il expliqué, plaidant pour des partenariats en matière de protection sociale entre pays d’origine et pays de destination.  Dans ce droit fil, il a détaillé les résultats positifs de la mise en œuvre du partenariat pour la mobilité entre l’Union européenne et la République de Moldova.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: de nombreuses délégations insistent sur une parité linguistique intégrale et sur le maintien des centres d’information des Nations Unies

PI/2051

Comité de l’information: de nombreuses délégations insistent sur une parité linguistique intégrale et sur le maintien des centres d’information des Nations Unies

23/04/2013
Assemblée généralePI/2051
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité de l’information

Trente-cinquième session

2e & 3e séances – matin & après-midi


COMITÉ DE L’INFORMATION: DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS INSISTENT SUR UNE PARITÉ LINGUISTIQUE

INTÉGRALE ET SUR LE MAINTIEN DES CENTRES D’INFORMATION DES NATIONS UNIES


Au cours de la seconde journée du débat général, les délégations ont réitéré, devant le Comité de l’information, leurs appels en faveur d’une parité linguistique intégrale.  Cette parité concerne en particulier la publication des communiqués de presse.  De nombreuses délégations ont en effet insisté sur la nécessité de ne pas limiter la diffusion de ces communiqués aux deux seules langues de travail des Nations Unies que sont l’anglais et le français mais de l’étendre aux quatre autres langues officielles, à savoir l’arabe, le chinois, l’espagnol et le russe.


Cette revendication a émané, en premier lieu, des délégations hispanophones qui ont estimé que cette parité devrait être érigée en priorité au sein du Département de l’information.  Les délégations de l’Argentine, du Chili, en particulier, ont salué la mise en œuvre, au cours de cette semaine, d’un projet pilote visant à traduire en espagnol des communiqués de presse sur les travaux de la session annuelle de la Commission de la population et du développement, qui se déroule actuellement au Siège de l’ONU, à New York.  Néanmoins, ils ont tenu à faire la distinction entre la traduction de communiqués de presse et l’application d’un multilinguisme intégral. 


Ce dernier ne pourra véritablement avoir lieu que lorsque des équipes d’attachés de presse et de traducteurs rédigeront ces communiqués directement dans les six langues officielles, ont estimé les représentants de ces États Membres.  Ces derniers ont encouragé le Département de l’information à trouver des solutions pour satisfaire ces demandes malgré la limitation des ressources budgétaires. 


Le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, M. Peter Launsky-Tieffenthal, a réaffirmé que le Département de l’information était attaché au multilinguisme.  Il a notamment cité le programme de sensibilisation sur l’esclavage et la traite des esclaves dans le cadre duquel ont été produits et distribués des contenus didactiques dans les six langues officielles mais également en kiswahili, en portugais et en turc. 


La question des ressources a également été abordée en ce qui concerne les centres d’information des Nations Unies.  Pour plusieurs délégations, ces centres jouent un rôle très important de relais entre le Département de l’information et les médias locaux des États Membres.  La délégation du Burkina Faso s’est dite préoccupée par les risques qui pèsent sur certains de ces centres en raison des restructurations envisagées dans le cadre de la politique de régionalisation.  Le Centre d’information des Nations Unies à Ouagadougou, a rappelé le représentant du Burkina Faso, est le seul qui soit situé dans la région du Sahel.  « Il joue un rôle d’alerte et de plaidoyer concernant les préoccupations spécifiques des quatre pays, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les catastrophes naturelles », a-t-il insisté.


M. Launsky-Tieffenthal, revenant également sur la question des centres d’information des Nations Unies, a remercié tous les États Membres qui ont déjà été en mesure d’aider le Département de l’information dans ce domaine.  « Compte tenu de la situation budgétaire qui prévaut actuellement, le Département de l’information essaie d’harmoniser la structure de ces centres sans toutefois réduire les services qu’ils fournissent, a-t-il assuré, en précisant que cela se fera en consultation étroite avec le gouvernement du pays hôte et les pays concernés.


S’agissant du projet d’installation du futur centre d’information des Nations Unies à Luanda, en Angola, il a précisé que le site avait été trouvé, que les travaux avaient été budgétisés et qu’ils commenceront lorsque ce budget sera définitivement approuvé.  


Les délégations ont par ailleurs tenu à saluer les efforts engagés par le Département de l’information pour utiliser les nouvelles technologies afin de sensibiliser plus efficacement une audience chaque jour plus large.  Certains intervenants ont notamment évoqué le succès des comptes Twitter et Facebook, le représentant d’Israël ayant aussi mentionné le compte Pinterest.  Ces innovations sont des exemples du bon fonctionnement du Département de l’information, ont-ils estimé.  La déléguée des États-Unis a en outre mis l’accent sur la nécessité de démocratiser l’accès à Internet.  Elle a rappelé que son pays faisait partie de l’Alliance pour un Internet abordable (Alliance for an affordable Internet) visant à accroître le taux de pénétration du Web à travers le monde. 


En ce qui concerne l’utilisation des technologies de l’information, nombre de représentants ont enjoint le Département de l’information à ne pas céder à la tentation de se focaliser outre mesure sur l’Internet.  Ils ont en effet insisté sur la proportion relativement faible de la population mondiale ayant un accès Internet.  Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), 40% seulement de la population mondiale dispose d’un tel accès.  Dans certaines régions du monde telles que l’Afrique, cette proportion chute à 7%.  En conséquence, l’importance des médias traditionnels ne doit pas être sous-estimée, ont fait observer certains représentants.  La radio mais également la télévision restent, selon eux, des vecteurs primordiaux de diffusion et de sensibilisation de l’opinion publique internationale. 


Le représentant de l’Inde a salué le programme annuel de formation de journalistes palestiniens mis en œuvre par le Département de l’information.  L’observateur de la Palestine s’est réjoui, quant à lui, de la poursuite du programme de formation des journalistes palestiniens organisé par le Département, ainsi que de la tenue de la Réunion internationale sur la question de Palestine à Addis-Abeba, en Éthiopie, les 29 et 30 avril prochain. 


Le Comité de l’information poursuit ses travaux en séance informelle.  Il devait clore les travaux de sa trente-cinquième session le 2 mai.


EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Déclarations


M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a réitéré qu’il était nécessaire pour le Département de l’information (DPI) d’attirer une attention particulière, en termes de communication et d’information, sur les questions de la paix, du développement, du changement climatique, des droits de l’homme et de la santé, en particulier les maladies transmissibles, tels que le VIH/sida, la malaria ou le paludisme.  « Transmettre des informations à plus de 7 milliards d’êtres humains exige une stratégie efficace et adaptable, qui doit permettre de comprendre les effets et les besoins des États Membres », a-t-il souligné.  À cet égard, il a estimé que le Département de l’information devrait particulièrement axer ces efforts sur les progrès réalisés en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et des objectifs de développement post-2015.


Le représentant a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’établir un équilibre entre les moyens de communications « classiques » du Département de l’information et ceux liés aux plateformes en ligne, compte tenu de la fracture numérique qui persiste entre les pays en développement et les pays développés.  L’Afrique du Sud, a assuré son représentant, appuie la création d’un centre d’information des Nations Unies à Luanda, en Angola.  Il a émis l’espoir que ce centre puisse être rapidement opérationnel en vue de répondre aux besoins des pays lusophones en Afrique.  Il s’est aussi dit encouragé par les efforts menés par la Section pour l’Afrique du Département de l’information en vue de renforcer les partenariats avec les pays du continent.  Le représentant de l’Afrique du Sud a, plus spécifiquement, salué le travail réalisé par le Département de l’information en situation de conflit ou postconflit.  Notant que 2013 marque le cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), il a souhaité que le Département de l’information puisse inclure dans son programme, cette année, une initiative en vue de célébrer ce partenariat.


M. OCTAVIO ERRAZURIZ (Chili) a salué le rôle du Département de l’information en matière de diffusion et de sensibilisation autour des missions des Nations Unies.  Il a notamment souligné l’amélioration des produits et services fournis par le Département de l’information en vue d’élargir son public.  Il a toutefois estimé que la diversification ne devrait pas se faire au détriment des médias traditionnels.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité de préserver le multilinguisme.  À cet égard, il a fait une distinction entre le multilinguisme et la traduction, en souhaitant pouvoir disposer de communiqués de presse dans les six langues officielles des Nations Unies.  Il a également souhaité que le Département de l’information mette l’accent sur les objectifs et missions de la Charte des Nations Unies, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Mme DONNA ANN WELTON (États-Unis) a salué la grande créativité dont a fait preuve le Département de l’information dans le cadre des nombreuses manifestations organisées à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, célébrée le 25 mars.  La représentante a ensuite mis l’accent sur le renforcement de la liberté d’expression à travers le monde et a invité les gouvernements de tous les États Membres à prendre des mesures permettant d’assurer aux journalistes, blogueurs et dissidents du monde entier la possibilité de s’exprimer sans restriction.


Mme Welton a également rappelé que les États-Unis étaient membres de l’Alliance pour un Internet abordable, qui vise à fournir aux populations un accès à Internet à un coût inférieur à 5% de leur revenu mensuel.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, appuient également différentes formations pour journalistes et blogueurs.  La représentante a ensuite annoncé que son pays était heureux de se rallier au consensus sur le projet de résolution concernant les activités du DPI.  Elle a cependant estimé qu’il ne faudrait pas soulever, au sein du Comité de l’information, « des questions politiques qui relèvent de la compétence d’autres instances ».  « Il est question, ici, de partage de l’information et nous ne devons pas perdre de vue que l’objectif premier est de diffuser l’information sur les activités des Nations Unies », a-t-elle souligné.


M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a salué l’utilisation croissante des nouvelles technologies par le Département de l’information pour atteindre plus rapidement un public chaque jour plus large.  Il a estimé que les moyens traditionnels devraient rester au centre de la stratégie du Département de l’information afin de toucher des populations qui n’ont pas accès aux médias électroniques.  Le représentant de Costa Rica a prôné une application véritable du multilinguisme au sein des Nations Unies et s’est félicité du projet pilote que le Département vient de lancer pour assurer la diffusion de communiqués de presse en espagnol. 


Il a reconnu que la limitation des ressources rendait la tâche difficile mais a préconisé trois pistes pour en améliorer le fonctionnement.  Les États Membres doivent payer leur contribution dans les temps, faire preuve de réalisme dans la définition du mandat du Département et enfin accroître son efficacité par la mise en œuvre des réformes nécessaires.  Le représentant s’est par ailleurs félicité que son pays ait été sélectionné par l’UNESCO pour l’organisation de la prochaine Journée mondiale de la liberté de la presse et de la remise du prix mondial de la liberté de la presse à cette occasion.


M. ISI YANOUKA (Israël) a souligné combien le Département de l’information aidait les Nations Unies à remplir sa promesse d’être un véritable parlement mondial, grâce à la diffusion de communiqués de presse, de vidéos, de ses programmes de communication et de ses centres d’information à travers le monde.  Il s’est ensuite réjoui que le Département suive de près les développements des nouvelles technologies de l’information et de la communication.  Le représentant a noté que le Département de l’information avait utilisé, de façon novatrice, les outils des nouveaux médias sociaux, tels que Pinterest ou Google+.  Il a, par ailleurs, encouragé le Département à poursuivre son parrainage des ateliers de « L’ONU mise en scène » car, a-t-il souligné, ils contribuent à faire naître « la passion d’une participation civique internationale dans le monde entier ».


Le représentant d’Israël s’est réjoui du partenariat que son pays avait établi avec le Département de l’information, l’an dernier, pour organiser un concert de l’artiste Rita au Siège de l’ONU.  Ce concert, auquel ont participé des membres des communautés israélienne et iranienne de New York, ainsi que des représentants de 140 délégations, avait permis de démontrer que la musique pouvait contribuer à créer des liens entre les cultures.


M. DMITRY POLADENKO (Bélarus) a estimé que la diffusion des informations relatives à la mission des Nations Unies permettait de renforcer le rôle de l’Organisation.  Il a également salué la coopération entre son pays et l’ONU, notamment dans le cadre des activités de traduction des contenus du site Internet de l’Organisation des Nations Unies par les universités du Bélarus.  Le représentant a dit appuyer les efforts du Département de l’information pour étendre son audience à des groupes de population jusque-là privés de cette information.  Il a également salué les programmes de formation de journalistes organisés par le Département de l’information.  Il a notamment souligné l’importance du programme mis en œuvre pour former des journalistes palestiniens aux nouvelles technologies afin de sensibiliser la population palestinienne aux efforts déployés par les Nations Unies.


M. AHMED SHARAF MORSY (Égypte) a réaffirmé le rôle primordial des médias traditionnels comme la radio dans les régions rurales où les services électroniques ne sont pas répandus.  Il a invité le Département de l’information à renforcer les moyens de la Radio des Nations Unies, en particulier en langue arabe.  Il a ensuite mis l’accent sur le rôle que joue le Centre d’information des Nations Unies au Caire car, a-t-il souligné, il offre des services privilégiés dans cette région.


Réaffirmant l’importance du multilinguisme, le représentant égyptien a plaidé pour un équilibre entre les six langues officielles de l’ONU.  « Cela permettra de promouvoir le travail du DPI et de jeter des ponts entre les différentes civilisations », a-t-il insisté.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité pour le Département de l’information d’intensifier ses efforts concernant le programme sur la question de Palestine, en attirant l’attention sur le calvaire que subit la population palestinienne sous occupation et sur les infractions commises par Israël, en violation du droit international.


M. TALAL HAMED SAID AL-YAQOOBI (Oman) a souhaité féliciter les efforts du Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information pour sensibiliser la population mondiale aux activités des Nations Unies.  Il a par ailleurs défendu la diversité intellectuelle et encouragé les États Membres à respecter la Charte des Nations Unies en les enjoignant de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres États Membres. 


Tout en saluant le rôle des nouvelles technologies pour diffuser l’information, le représentant d’Oman a mis en garde contre l’aggravation du fossé numérique entre les pays développés et les pays en développement.  À ce jour, a-t-il fait remarquer, 15% seulement de la population mondiale ont accès à l’Internet.  Il a, à cet égard, dit soutenir les efforts de l’UNESCO pour combler ce fossé.  Il a également soutenu l’application d’un multilinguisme intégral en matière de diffusion des communiqués de presse.


M. JEAN DIDIER CLOVIS NGOULOU (République du Congo) a exhorté le Département de l’information, en dépit de ses ressources budgétaires limitées, à réaliser davantage d’efforts pour promouvoir les actions menées par les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a ensuite regretté que le rapport du Groupe de réflexion, présenté au mois de septembre dernier par le Secrétaire général, concernant les retards enregistrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), n’ait été publié que dans un nombre limité d’articles, et essentiellement dans une seule langue officielle de l’ONU.  « Toute matière d’information émanant du Secrétaire général doit être traduite dans toutes les langues officielles de l’Organisation », a-t-il insisté.


Saluant le rôle crucial que jouent les centres d’information des Nations Unies, le représentant a souhaité qu’une solution soit trouvée aux multiples problèmes auxquels ces centres sont confrontés dans les pays en développement, notamment la vétusté des locaux ou leurs équipements obsolètes.  Le représentant a, par ailleurs, remercié le Secrétariat d’avoir choisi le Centre d’information de Brazzaville pour l’organisation des activités commémoratives de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le 29 novembre dernier.  Il a, en outre, lancé un appel au renforcement des plateformes offertes par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, tout en rappelant que la fracture numérique grandissante entre les pays développés et les pays en développement demeurait au centre des préoccupations de son pays.


M. HOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a estimé que la coopération entre le Département de l’information et le Comité de l’information pour assurer une information doit être efficace et répondre aux attentes de la population dans le monde.  Il a en outre déploré que les pays en développement subissent les « volontés hégémoniques » de certains pays qui souhaitent, a-t-il dit, imposer leur vision des faits.  Il a particulièrement condamné l’interdiction de 20 chaînes de télévision satellitaires iraniennes qui, a-t-il fait observer, vise à « entraver la diffusion de l’information » et appelé à revenir sur ces décisions.


Le représentant a également salué les efforts du DPI pour sensibiliser la population mondiale sur l’occupation de la Palestine et sur les « crimes commis contre la population palestinienne ».  Il a également encouragé le Département de l’information et le Réseau des centres d’information des Nations Unies à continuer de sensibiliser le public sur la Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire qui aura lieu en septembre prochain à New York.  Le représentant iranien a aussi mis l’accent sur le travail des centres d’information des Nations Unies qui, a-t-il précisé, contribuent à combler le fossé numérique existant entre les pays développés et les pays en développement.


Mme YESSIKA COMESAÑA PERDOMO (Cuba) a mis l’accent sur le fossé technologique qui sépare les pays développés des pays en développement.  S’agissant, par exemple, de l’usage d’Internet, elle a cité les chiffres de l’Union internationale des communications à cet égard: moins de 30% de la population dans les pays en développement est connectée à Internet.  En outre, 793 millions d’adultes sont analphabètes et 139 millions d’enfants et d’adolescents n’ont pas encore droit à l’éducation à travers le monde, a-t-elle dit.  La représentante a, dès lors, plaidé pour une utilisation rationnelle des technologies de l’information et de la communication.


La représentante a ensuite insisté sur le rôle fondamental qu’ont les Nations Unies en matière d’information.  Pour l’Argentine, l’ONU doit s’attacher à promouvoir une information réelle et impartiale, et ce, à travers des médias traditionnels, en particulier la radio, et dans les six langues officielles et celles des communautés locales.  Il a également dénoncé des agressions flagrantes et constantes du Gouvernement des États-Unis sur les réseaux cubains de télévision et de la radio.  Elle a fait état, en 2012, de 192 cas de transmissions illégales pour le réseau télévisé et de 351 agressions sur le réseau cubain de la bande FM.


M. YEHOR PYVOVAROV (Ukraine) a, particulièrement, salué la fiabilité des centres des actualités de l’ONU et a estimé qu’il s’agissait d’un exemple flagrant du bon fonctionnement du Département de l’information.  Il a cependant encouragé à renforcer ce fonctionnement en mettant en œuvre des analyses et des évaluations permettant de rationnaliser davantage ce fonctionnement.  Il a également salué le rôle des centres d’information des Nations Unies présents dans le monde entier et, notamment, celui de Kiev.


Il a, par ailleurs, abordé la question du multilinguisme et a exprimé le plein soutien de son pays à la proposition du Groupe des 77 et de la Chine visant à publier des communiqués de presse dans les six langues officielles des Nations Unies.  Cette proposition est, a-t-il estimé, « un pas important » en vue d’assurer une politique d’information qui tienne compte des défis d’aujourd’hui. 


M. DER KOGDA (Burkina Faso) a souligné les progrès accomplis par le Département de l’information dans la maîtrise et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication au service des Nations Unies.  Il a également salué les efforts du Département qui, malgré la tentation du « tout numérique », poursuit l’exploitation des médias traditionnels, tels que la radio, la télévision et la presse écrite.  Le représentant a ensuite fait remarquer que le Centre d’information de Ouagadougou était le seul situé dans la région du Sahel, couvrant le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad.  Il joue un rôle d’alerte et de plaidoyer concernant les préoccupations spécifiques des quatre pays, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les catastrophes naturelles, a-t-il souligné.  Le Centre de Ouagadougou, a-t-il ajouté, a assuré la traduction en langues locales de documents sur les droits de l’homme et la Charte de l’ONU au profit des ONG et du Ministère de la promotion des droits humains.


Concernant la régionalisation des centres d’information des Nations Unies, le représentant a réaffirmé que le Burkina Faso soutient le maintien et le renforcement de ces centres.  Il a souligné que les gouvernements des pays africains, malgré les difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés, continuaient d’octroyer aux centres d’information basés sur le continent des facilités importantes afin d’alléger les frais de gestion.


Mme ERIKA MARTINEZ LIEVANO (Mexique) a estimé que le Département de l’information devrait allouer de plus grandes ressources à la parité linguistique et a salué le lancement du projet pilote pour la diffusion de communiqués de presse en espagnol sur les travaux de la Commission de la population et du développement.  Elle a espéré que cela constituera un premier pas vers la réalisation intégrale d’un multilinguisme conforme à la mission universelle des Nations Unies.


La représentante a souhaité que les centres d’information des Nations Unies ne soient pas affectés pas la réforme en cours.  Elle a notamment exprimé son inquiétude concernant le Centre d’information de Mexico.  Elle a conclu en soulignant l’importance que revêt, selon elle, le maintien de liens étroits entre le Département de l’information et les acteurs jouant un rôle dans la réalisation des missions des Nations Unies.   


M. DIAZ BARTOLOME (Argentine) a estimé que la rationalisation des centres d’information des Nations Unies devrait se faire au cas par cas, en collaboration avec tous les États Membres et en tenant compte des spécificités de chaque région.  Il a souligné que le Centre d’information des Nations Unies à Buenos Aires était « la voix espagnole de l’ONU en Argentine et en Uruguay ».  Ce Centre, a-t-il ajouté, avait organisé, en 2012, de très nombreuses activités, dont des séminaires de « L’ONU mise en scène ».


Saluant une actualisation plus importante des pages thématiques du site Internet de l’ONU, le représentant a émis l’espoir que le nouveau système d’actualisation des contenus du Département puisse permettre celle-ci dans toutes les langues officielles.  Il a cité les chiffres de fréquentation du site Web: 17% du total des visites concernaient des pages en espagnol, et 62% des visiteurs pour les pages en anglais.  L’Argentine, a-t-il dit, est préoccupée par le fait que le contenu disponible en espagnol demeure très limité par rapport à celui qui est disponible en anglais.


Le représentant s’est également dit préoccupé par l’absence de communiqués de presse en espagnol.  Tout en saluant le projet pilot lancé cette semaine pour publier des communiqués de presse en espagnol sur les travaux de la présente session de la Commission de la population et du développement, il s’est inquiété des « faibles progrès réalisés pour produire, rapidement, des communiqués en espagnol ».  Il a rappelé qu’il n’existait aucun mandat de l’Assemblée générale visant à limiter la diffusion des communiqués aux deux langues de travail –l’anglais et le français- et a plaidé pour la recherche de solutions nouvelles, comme la création, par exemple, d’un système de rotation des langues pour les communiqués de presse ou la réduction de la longueur des communiqués.  « Il ne s’agit pas de privilégier telle ou telle langue mais d’assurer une représentation linguistique équitable des six langues officielles », a-t-il rappelé avant de conclure.


Mme QIN FAN (Chine) a salué les efforts réalisés par le Département de l’information concernant ses médias traditionnels, de même que ceux entrepris en faveur d’une meilleure visibilité des sites Web et de ses comptes sur les plateformes sociales, comme Facebook et Twitter.  Elle s’est aussi réjouie du renforcement des partenariats de la Télévision et de la Radio des Nations Unies à travers le monde.  Le compte de l’ONU sur Sinablog est à présent suivi par 3,5 millions de personnes, ce qui a permis de mieux faire connaître le travail de l’Organisation et d’engager des discussions, a-t-elle souligné.


La représentante a cependant plaidé pour le développement de services d’information dans les six langues officielles des Nations Unies.  Citant les chiffres figurant dans les rapports du Secrétaire général, elle a regretté que les pages du Web en langues arabe, chinoise et russe ne représentent que 13%.  Compte tenu du nombre de pays et le nombre de personnes qui utilisent ces langues, elle a estimé que ce taux était trop faible.  En outre, la Chine a également observé le faible taux de vidéos diffusées en chinois, ainsi que la faible couverture « webcast » dans cette langue. 


Elle a, en outre, réitéré que le fossé numérique entre les pays développés et les pays en développement était croissant et a exhorté le Département de l’information à accorder une importance particulière aux besoins spécifiques des pays en développement en matière d’accès à l’information.  Avant de conclure, la délégation chinoise a mis l’accent sur la nécessité pour les Nations Unies de fournir une information impartiale et objective.  « L’ONU devrait plaider pour l’établissement d’un ordre mondial de l’information plus juste et pour une couverture médiatique objective et équilibrée », a-t-elle estimé.


Mme MARIA ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a estimé que la voie choisie par le Département de l’information pour définir ses priorités était très efficace.  Elle a notamment cité la stratégie en matière de technologies nouvelles qui vient compléter les médias traditionnels.  Elle a également encouragé le Département de l’information à coopérer avec les États Membres et la société civile pour optimiser les efforts entrepris et les ressources allouées afin d’atteindre un public plus large et plus diversifié.


La représentante a également dit soutenir les recommandations du Secrétaire général en matière de multilinguisme.  Elle a demandé au Département de l’information de ne pas abandonner cet objectif et a salué le développement du site Internet ainsi que du portail des Nations Unies.  Elle a également félicité les membres du Département de l’information pour la fiabilité des informations publiées, ainsi que pour la rapidité avec laquelle celles-ci sont mises en ligne.  Elle a aussi salué la création d’un compte Twitter en russe et de son impact potentiel sur l’audience russophone.  Notant la qualité du service radiophonique en russe, elle a réaffirmé que le Département de l’information devrait concentrer ses efforts sur la promotion des objectifs définis par la Charte des Nations Unies que sont le maintien de la paix, la démocratie, la tolérance entre les peuples et la liberté d’expression.


Les travaux du Centre d’information des Nations Unies à Moscou ont été mentionnés qu’à deux reprises dans le rapport annuel du Département de l’information, a regretté la représentante de la Fédération de Russie.  Elle s’est dite également préoccupée par l’absence de formation des membres du personnel de l’ONU et de ses conséquences sur l’efficacité du Département de l’information.  Elle a conclu sa déclaration en adressant en chinois ses meilleurs vœux de succès au Comité.


M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) s’est félicité du renforcement des partenariats entre le Département de l’information et le monde académique à travers l’initiative « Impact universitaire » qui a vu le nombre de ses membres passer à 850 institutions en moins de trois ans.  Le représentant a ensuite invité le Département de l’information à garder à l’esprit les grandes différences qui existent entre les États -mais aussi au sein même des États- concernant l’utilisation des supports médiatiques.  Certains privilégient les plateformes numériques, tandis que d’autres misent davantage sur les médias classiques, en particulier l’écrit et la radio, a-t-il dit.


Le représentant de l’Inde a également affirmé qu’elle appuyait les efforts du Département de l’information en vue de mettre en lumière la question de la Palestine.  Son pays apprécie, tout particulièrement, le programme annuel de formation de journalistes palestiniens, « qui a besoin d’être assisté pour renforcer ses capacités », a-t-il dit.  Le représentant a aussi salué les diverses manifestations organisées par les centres d’information, dont celui de New Delhi, dans le cadre de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.  Il a, en outre, estimé que le Département devrait poursuivre son étroite coopération avec le Département des opérations de maintien de la paix, le Département d’appui aux missions et le Département des affaires politiques afin de mettre en lumière le travail extrêmement dangereux des Casques bleus à travers le monde.


Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur la nécessité pour le Département de l’information de fournir une information correcte, rapide et impartiale sur le travail de l’ONU.  « Les fonctionnaires du Département de l’information ne sont pas des journalistes, mais des fonctionnaires de l’information », a-t-il insisté.  Il a estimé que, lorsque le Conseil de sécurité n’adopte pas une résolution, par exemple, cette décision ne pouvait pas être qualifiée « d’échec », comme l’indiquent parfois certains comptes-rendus des réunions du Conseil.


Mme TOHMÉ (Liban) a estimé que la promotion du dialogue devrait être une priorité du Département de l’information en parallèle de la sensibilisation de l’opinion publique internationale sur les objectifs et missions des Nations Unies.  À cet égard, elle a salué les efforts visant à diversifier les produits du Département de l’information afin de concilier nouvelles technologies et médias plus traditionnels.


La représentante a cité le lancement d’une émission de télévision au Liban pour illustrer les initiatives prises en faveur d’une meilleure sensibilisation aux activités des Nations Unies.  Dans cette émission, a-t-elle expliqué, huit jeunes gens participent à une unité de la FINUL, afin de mieux comprendre les défis rencontrés par les forces onusiennes.  Elle a également exhorté les États Membres à défendre la liberté de l’information, notamment en ce qui concerne la question de Palestine.  Elle a conclu par une citation de Napoléon: « Il n’y a que deux forces au monde: l’épée et l’esprit.  L’esprit triomphe toujours sur l’épée ».  « Faisons en sorte que l’ONU fasse triompher l’esprit sur l’épée », a-t-elle insisté.


Mme DIAZ MENDOZA (Venezuela) a estimé que la stratégie de diffusion du Département de l’information des Nations Unies devrait tenir compte de la réalité des faits et assurer la diffusion de l’information dans les six langues officielles de l’ONU.  Elle a souligné l’importance d’étendre l’accès aux services de communication à un plus grand nombre.  « Il est fondamental de combler le fossé technologique qui existe entre les pays développés et les pays en développement », a-t-elle dit, en précisant que, pour ce faire, les capacités nationales doivent être renforcées.  La représentante a souhaité que la présente session du Comité soit aussi l’occasion pour les délégations de se pencher sur le rôle et la responsabilité sociale des moyens de communication.  Elle s’est, à cet égard, inquiétée de l’utilisation des moyens de communications pour renforcer « une domination coloniale » ou pour déformer l’information.  Elle a indiqué que le Gouvernement du Venezuela avait introduit dans les écoles, de programmes d’initiation aux technologies de l’information et de la communication.


M. YUSSEF KANAAN (État de la Palestine) a dit apprécier les efforts réalisés par le Département de l’information concernant le Programme sur la question de Palestine.  « Ce Programme a permis de sensibiliser la communauté internationale sur la situation au Moyen-Orient, ainsi que sur le droit à l’autodétermination du peuple palestinien », a-t-il souligné.  « Nous pensons qu’il s’agit également d’un instrument qui contribue à renforcer le soutien régional et international en faveur d’une solution juste, durable et globale de la question de Palestine, et du conflit arabo-israélien dans son ensemble ».


Le représentant a également souligné la nécessité pour le Département de l’information de continuer à appuyer et à assister le peuple palestinien dans le domaine des médias, en particulier à travers son programme annuel de formation des journalistes issus des territoires occupés.  « Ce Programme contribue à renforcer les capacités et les connaissances des professionnels des médias, malgré les obstacles et les restrictions sévères imposées par la puissance occupante », a-t-il estimé.


Le représentant a ensuite fait remarquer que les forces occupantes israéliennes continuaient de prendre pour cibles les journalistes et les médias palestiniens, y compris à Jérusalem-Est, afin de les empêcher de décrire la réalité la politique d’agression et les pratiques destructrices imposées au peuple palestinien.  Il a souligné que la liberté d’expression demeurait considérablement restreinte par Israël en raison des détentions arbitraires ou de l’usage de la force disproportionnée à l’encontre des Palestiniens ou des journalistes étrangers qui couvrent en images les manifestations pacifiques contre l’occupation.  Il a rappelé, à cet égard, le meurtre de trois journalistes palestiniens, qui a eu lieu en novembre 2012, dans le processus de développement de la Palestine.  Il a souligné que les efforts menés en faveur de ce secteur par les dirigeants palestiniens continuaient d’être entravés par le contrôle imposé par Israël, en particulier le contrôle du système des fréquences.


Mme SUZANNE BILELLO (UNESCO) a rappelé que le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité visait à la création d’un environnement de travail dans lequel les journalistes puissent remplir leur mission librement et en sécurité.  Ce plan entend associer les acteurs du secteur public et du secteur privé pour mettre en place un cadre législatif et administratif de nature à protéger journalistes et professionnels de l’information des poursuites juridiques dont ils font encore l’objet dans de nombreux pays pour le simple fait d’exercer leur métier.  Elle a estimé que la liberté et la sécurité des journalistes étaient un préalable nécessaire à la mise en place d’une démocratie dans le monde.


La représentante de l’UNESCO a poursuivi en identifiant les menaces principales pesant sur les journalistes.  Des facteurs tels que la criminalité transnationale organisée, la corruption et l’adoption de lois criminalisant la circulation de l’information doivent faire l’objet d’actions particulières de la part de la communauté internationale.  Elle a encouragé les États Membres à mettre en commun leurs expériences en la matière.  L’UNESCO, a-t-elle rappelé, a coopéré avec le Département de l’information sur des thèmes tels que la commémoration de la fin de l’esclavage transatlantique.  Elle a par ailleurs rappelé les efforts engagés pour améliorer l’égalité d’accès à Internet entre les hommes et les femmes.  Elle a conclu en se félicitant du succès qu’a connu la célébration de la Journée internationale de la Radio, le 13 février 2013. 


M. FILIPPE SAVADOGO, Observateur permanent de l’Organisation internationale de la Francophonie, a estimé que le multilinguisme était un élément important de la démocratisation des relations internationales et d’un multilatéralisme effectif.  « Le multilinguisme, certes, a un coût, mais il a surtout un prix, celui de l’avenir plus équitable, plus démocratique et plus pacifique que nous voulons bâtir pour les générations présentes et à venir », a-t-il déclaré. 


M. Savadogo a également annoncé la publication, dans quelques semaines, d’un guide sur la mise en œuvre du multilinguisme dans les organisations internationales.  Ce guide recense différentes pratiques positives, pour la communication et l’information, la traduction et l’interprétation, le recrutement du personnel, mais également la dynamique d’une action concertée.  Ce guide a pour finalité, a-t-il estimé, de favoriser l’expression des fonctionnaires internationaux dans les différentes langues officielles des Nations Unies.


Avant de conclure cette journée, M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, a tenu à répondre à certaines questions qui avaient été posées par les délégations depuis l’ouverture de la session du Comité de l’information.


Il a d’abord remercié les délégations d’avoir partagé de manière constructive tant leurs suggestions que leurs critiques.  « Beaucoup d’entre vous ont insisté sur l’importance du multilinguisme, la nécessité de trouver un équilibre entre les nouveaux médias et les autres formes plus traditionnelles de communication, ainsi que la nécessité de bénéficier d’évaluations », a-t-il souligné.


M. Launsky-Tieffenthal a ensuite mis l’accent sur plusieurs questions spécifiques, en particulier les centres d’information, les communiqués de presse, les médias sociaux, les partenariats ou encore la numérisation des documents de l’Organisation.


En ce qui concerne les centres d’information des Nations Unies, il a rappelé que la contribution de ces centres était particulièrement appréciée.  Il a assuré qu’il avait pris note des préoccupations exprimées par les États Membres sur la nécessité de consulter les pays hôtes et les pays voisins avant de décider d’un réalignement du réseau des 63 centres. 


« La fourniture gratuite de locaux, des formes d’exonérations fiscales ou des taux favorables pour tous les services de base ne pourront que permettre à ces centres de fournir des produits de grande qualité », a-t-il souligné.  Il a remercié, à cet égard, tous les États Membres qui ont déjà été en mesure d’aider le Département de l’information dans ces domaines. 


« Étant donné la situation budgétaire, le Département de l’information essaie d’harmoniser la structure de ses centres d’information sans toutefois réduire les services qu’ils fournissent, a-t-il assuré, en précisant que cela se fera en consultation étroite avec le Gouvernement hôte et les pays concernés.


Le site du futur Centre d’information des Nations Unies à Luanda, en Angola a été trouvé, et les travaux, qui sont désormais budgétisés, débuteront, pour une période d’environ 24 mois, lorsque ce budget sera définitivement approuvé, a indiqué le Secrétaire général adjoint.


S’agissant des communiqués de presse, le Secrétaire général adjoint à l’information et à la communication a réaffirmé la volonté du Département de l’information, ainsi que la sienne en tant que Coordonnateur pour le multilinguisme, de les publier dans toutes les langues officielles.  Il a dit attendre les résultats du projet pilote concernant la publication de communiqués de presse en espagnol dans le cadre de la présente session annuelle de la Commission de la population et du développement.  « En outre, le Département continuera d’explorer d’autres voies et moyens en ce sens », a-t-il dit. 


Répondant aux observations faites par l’Inde au sujet de l’impartialité de certains comptes-rendus, dont l’un concernant une réunion du Conseil de sécurité, il a promis que le Département accordera une attention particulière à l’examen de la question. 


M. Launsky-Tieffenthal a réaffirmé par ailleurs que le Département de l’information était attaché à travailler dans le plus grand nombre de langues et il a illustré cette détermination par les documents publiés à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.  « Ceux-ci ont été diffusés dans les six langues officielles, ainsi qu’en swahili, en portugais et en turc », a-t-il précisé.


Pour ce qui est des médias sociaux, le Secrétaire général adjoint s’est dit encouragé de constater que les États Membres commencent à considérer que ces médias font partie intégrante de l’activité du Département de l’information.  Il a souligné qu’il faudrait envisager des ressources et un personnel supplémentaire pour alimenter leur contenu, réagir au nombre croissant d’affichage et assurer leur suivi.  « Le Département de l’information travaille avec d’autres départements de l’ONU, en particulier celui des ressources humaines, pour améliorer les qualifications de son personnel dans ce domaine », a-t-il expliqué.  Par ailleurs, il a émis l’espoir que le succès rencontré par les médias sociaux onusiens en Chine puisse connaître la même évolution auprès du public russophone.


En outre, M. Launsky-Tieffenthal a assuré les délégations que le souhait du Département de l’information d’accroître sa présence sur les médias sociaux ne se fera pas au détriment des médias traditionnels et que le Département demeurait, en outre, vigilant quant à la nécessité de combler le « fossé numérique » entre les populations.


Passant à la question des partenariats, il a souligné qu’il restait encore 13 millions de documents officiels, de rapports ou de notes à traiter.  « Cela pourrait prendre 60 années ou plus », a-t-il prévenu.


Le Secrétaire général adjoint a ensuite indiqué que le Département de l’information, pour sa stratégie d’évaluation, mettait l’accent sur des enquêtes, sur des contacts directs et sur un suivi à l’échelle de la planète.  Il a cité, à titre d’exemple, les enquêtes réalisées par les centres d’information des Nations Unies à propos des activités qu’ils organisent.  Ces enquêtes démontrent qu’en 2012, les différentes manifestations organisées par les centres d’information ont permis une meilleure idée des travaux de l’ONU, ainsi qu’une meilleure opinion à propos de l’Organisation.  Il a conclu en insistant sur l’importance pour le Département de pouvoir disposer d’outils de gestion et d’évaluation des risques afin de fournir un contenu de qualité sur les plateformes sociales.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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