Les délégations prônent une collaboration plus poussée entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix
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Conseil de sécurité
6955e séance – matin
LES DÉLÉGATIONS PRÔNENT UNE COLLABORATION PLUS POUSSÉE ENTRE LE CONSEIL
DE SÉCURITÉ ET LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX
Une plus grande interaction de la Commission de consolidation de la paix (CCP) avec le Conseil de sécurité et d’autres organes concernés par la question a été, au cœur de la séance d’information du Conseil de sécurité, à laquelle participaient le Président actuel et le Président sortant de la Commission. Les 15 membres du Conseil ont passé en revue le rôle et l’efficacité de la Commission, à la lumière du rapport* sur les travaux de sa sixième session, en exprimant leurs grandes attentes dans cet outil qui peut encore être amélioré.
Le Président en exercice de la Commission de consolidation de la paix, M. Ranko Vilović (Croatie), a plaidé en faveur d’une plus grande collaboration entre la Commission et le Conseil de sécurité, deux organes qui ont une responsabilité commune en matière de paix, a-t-il souligné. La Commission de consolidation de la paix doit attirer l’attention, a-t-il dit, du Conseil sur des questions internationales qui ne sont pas dans la ligne de mire immédiate de celui-ci.
La Commission devrait assister le Conseil de sécurité lorsqu’il examine les stratégies de sortie ou de transition dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission, en particulier pour évaluer les progrès et défis dans le processus de consolidation de la paix, le niveau de soutien nécessaire au-delà de celui du système des Nations Unies, et les capacités spécifiques requises pour que l’ONU continue à soutenir la consolidation de la paix à plus long terme, a-t-il soutenu.
Lorsque le processus de consolidation de la paix est confronté à de graves difficultés, le Conseil de sécurité pourrait, a-t-il suggéré, s’appuyer sur les perspectives de la Commission avant d’examiner ses options.
Le partenariat avec les trois principaux organes des Nations Unies est le domaine pour lequel des progrès importants sont attendus en 2013, a indiqué le Président sortant de la Commission, M. Abulkalam Abdul Momen (Bangladesh). Il a rappelé que la Commission avait tenu, en juillet 2012, un dialogue interactif très fructueux avec le Conseil de sécurité. Le représentant du Rwanda, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, a annoncé à cet égard que son pays organisait, à son tour, un dialogue interactif sur les moyens de renforcer le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité. M. Vilović a également prôné des échanges plus réguliers entre le Conseil de sécurité et les présidents des formations de pays de la Commission. D’autres, comme le représentant de la France, ont préconisé des échanges plus réguliers entre le Siège et le terrain.
Le Président sortant de la CCP a assuré qu’au cours de la période considérée, la Commission avait cherché à approfondir son interaction avec les acteurs clefs sur le terrain, y compris les responsables des Nations Unies, par le biais d’un dialogue informel, lancé en avril 2012, avec les représentants spéciaux du Secrétaire général présents dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission. M. Momen a également indiqué que la CCP avait mis l’accent sur le renforcement des partenariats avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), une coopération que plusieurs délégations ont encouragée.
Certains ont évoqué les cas où les efforts de consolidation de la paix ont été ralentis ou suspendus, notamment en Guinée-Bissau et en République centrafricaine. Les évènements dans ces pays ont montré que l’appropriation nationale de ces efforts était nécessaire pour assurer le succès du processus de consolidation de la paix. « Le rôle de la Commission devient précaire dès lors qu’une volonté nationale rigoureuse de traiter les causes profondes de l’instabilité fait défaut », a estimé M. Momen. Il est également ressorti du débat que l’appropriation nationale ne peut se réaliser que si les stratégies de consolidation de la paix sont alignées sur les priorités nationales.
À l’instar de plusieurs intervenants, M. Vilović a reconnu que la Commission de consolidation de la paix devrait continuer à affiner ses outils et à tirer les leçons de son expérience.
CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS
Rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa sixième session (S/2013/63)
Déclarations
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), Président sortant de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué, qu’au cours de la période considérée, la Commission avait lancé un ambitieux projet pour améliorer ses méthodes de travail, en particulier dans le domaine de la coopération avec les acteurs clefs sur le terrain. Il a ensuite détaillé certains aspects de l’engagement spécifique de la Commission auprès des pays inscrits à son ordre du jour, tels que l’appui à l’organisation d’élections en Sierra Léone ou l’appui fourni à la stratégie de réduction de la pauvreté mise en place au Burundi.
« Malheureusement, le changement illégal de gouvernement qui a eu lieu en Guinée-Bissau, le 12 avril 2012, a sapé le processus de consolidation de la paix qui avait commencé à donner des résultats dans ce pays », a-t-il déploré. Le rôle de la Commission devient précaire dès lors qu’une volonté nationale rigoureuse de traiter les causes profondes de l’instabilité fait défaut, a-t-il estimé. La Commission, a-t-il assuré, a mis l’accent sur le renforcement des partenariats avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Il a ajouté que la Commission avait veillé à assurer une plus grande cohérence entre les priorités de consolidation de la paix et l’engagement de ces deux institutions.
M. Momen a ensuite indiqué que la Commission avait cherché à approfondir son interaction avec les acteurs clefs sur le terrain, y compris les responsables des Nations Unies, par le biais d’un dialogue informel, lancé en avril 2012, avec les Représentants spéciaux du Secrétaire général présents dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission. « Ce partenariat, a-t-il fait remarquer, exige un engagement vigoureux et continu des membres de la Commission comme des plus hauts responsables des Nations Unies. »
Le partenariat avec les trois principaux organes des Nations Unies, a précisé M. Momen, est le domaine au sein duquel des progrès importants sont attendus en 2013. « La Commission a néanmoins eu, en juillet 2012, un dialogue interactif des plus instructifs avec le Conseil de sécurité », a-t-il dit, en soulignant le lien particulier entre la Commission et le Conseil. Il a affirmé que la Commission pouvait apporter une valeur ajoutée lors du retrait des missions des Nations Unies, en veillant à ce que les spécificités des pays soient dûment prises en compte, mais aussi en s’assurant du soutien continu de la communauté internationale.
« 2012 a été une année au cours de laquelle la responsabilité collective et l’engagement des membres de la Commission ont été au centre de nos débats », a-t-il assuré, en regrettant cependant que l’urgence qui entourait ces débats n’avait pu se traduire en actions concrètes. Enfin, le Président sortant de la Commission a souligné la nécessité d’envisager un nouveau paradigme pour une coopération Sud-Sud et une coopération triangulaire, à même de renforcer le principe d’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix.
M. RANKO VILOVIĆ (Croatie), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a assuré que la Commission pouvait assumer sa fonction consultative envers le Conseil de sécurité en l’aidant à gérer une charge de travail qui ne fait que s’accroître, notamment en attirant son attention sur des questions internationales qui ne sont pas dans la ligne de mire immédiate du Conseil. Il a aussi fait valoir la responsabilité commune des deux organes qui mérite, a-t-il dit, une meilleure coordination. Rappelant que trois des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission sont sur la voie de ne plus y figurer, il a expliqué que la Commission pouvait et devait jouer un rôle pour aider le Conseil de sécurité lorsqu’il examine les stratégies de sortie ou de transition dans ces pays. La CCP pourrait conseiller le Conseil sur trois questions, a-t-il précisé: évaluation des progrès et des défis dans le processus de consolidation de la paix; évaluation du niveau de soutien nécessaire au-delà de celui du système des Nations Unies; et estimation des capacités spécifiques requises pour que l’ONU continue à soutenir la consolidation de la paix sur le long terme.
M. Vilović a également estimé qu’il serait utile pour le Conseil de sécurité de recevoir des mises à jour de la part de la Commission sur les pays inscrits à son ordre du jour. Par ailleurs, dans les cas où le processus de consolidation de la paix pour ces pays est freiné par de graves difficultés, le Conseil de sécurité pourrait s’appuyer sur les perspectives de la Commission avant d’examiner ses options. La situation en Guinée-Bissau et en République centrafricaine nous rappelle, a-t-il noté, que le processus de consolidation de la paix présente de nombreux risques nécessitant parfois une réponse coordonnée. C’est pourquoi, il a insisté sur l’importance d’une analyse rapide des facteurs de risque de conflit par la CCP qui peut alors alerter le Conseil pour qu’il prenne des mesures.
Le Président de la Commission de consolidation de la paix a fait valoir les avantages d’un système dynamique de partage d’informations entre le Conseil et la CCP sur des situations de pays spécifiques. Les présidents des formations de pays de la Commission souhaitent pouvoir faire des présentations devant le Conseil de sécurité et ces échanges pourraient être établis de manière plus régulière, a-t-il dit, notamment avant que le Conseil effectue une visite sur le terrain. Il a aussi recommandé aux auteurs des résolutions du Conseil de sécurité de prendre conseil auprès des présidents des formations de pays avant de rédiger les textes lorsqu’ils portent sur des pays à l’ordre du jour de la CCP. Il a aussi rappelé que la CCP était déterminée à améliorer son impact sur le terrain, en renforçant les capacités des acteurs nationaux afin qu’ils s’approprient le processus de consolidation de la paix. La CCP doit continuer à affiner ses outils et à tirer les leçons de son expérience. « Nous devons travailler ensemble pour développer un partenariat concret », a-t-il recommandé, avant de conclure.
M. THOMAS MEEK (Royaume-Uni) a indiqué que beaucoup restait encore à faire afin de renforcer l’efficacité de la Commission de la consolidation de la paix (CCP). « En tant qu’Amis de la Commission, nous nous devons d’être sincères », a-t-il dit, en faisant observer que la Commission n’avait pas réalisé son plein potentiel depuis sa création, en 2005. Il a ensuite identifié trois domaines d’action prioritaires afin de renforcer l’action de la Commission. Le représentant a tout d’abord souhaité que la CCP se concentre dans des domaines où elle peut apporter une réelle valeur ajoutée pour les pays inscrits à son ordre du jour. Il a recommandé que la Commission simplifie ses méthodes de travail et qu’elle se réunisse moins fréquemment. « Elle devrait suivre un ordre du jour précis pour la tenue de ses réunions », a-t-il insisté. Enfin, le représentant du Royaume-Uni a souhaité que la Commission renforce ses échanges avec les représentants spéciaux du Secrétaire général. « Il nous faut être ambitieux pour que l’action de la Commission ait de réelles conséquences pour les pays inscrits à son ordre du jour », a-t-il dit en conclusion.
M. KIM SOOK (République de Corée) a fait remarquer que les causes des ruptures de la paix étaient spécifiques à chaque pays, en précisant qu’une solution unique dans ce domaine n’était pas possible. Il a donc demandé de tirer les leçons des succès et des échecs des efforts entrepris jusqu’à présent en matière de consolidation de la paix. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont étroitement liés, a-t-il souligné, en souhaitant que les activités visant la consolidation de la paix soient prévues dans les mandats des missions de maintien de la paix. La souplesse, qui est pourtant nécessaire, présente, a-t-il dit, un dilemme au sein du Conseil de sécurité. C’est pourquoi, il a invité le Conseil à utiliser les outils à sa disposition avec plus de prévisibilité et de prudence.
Le représentant a fait observer que l’architecture de la Commission de consolidation de la paix permet une réponse souple grâce aux formations de pays. La Commission pourrait ainsi mieux répondre aux exigences particulières des pays et travailler avec eux pour mener des activités de plaidoyer. La Commission de consolidation de la paix mobilise des fonds et prodigue des conseils, a-t-il dit. Le représentant a souhaité que les plans en faveur d’une transition sans heurt et les plans de développement nationaux soient élaborés en collaboration avec le gouvernement et la société civile du pays concerné. M. Kim a cité l’exemple de la Sierra Leone où le retrait de la mission politique se fait progressivement, tandis que le rôle de la Commission de consolidation de la paix demeure important. Avant de conclure, il a émis l’espoir que la Commission poursuivra sa coopération avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné l’importance du principe d’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix. « Les résultats des organes œuvrant en faveur de la consolidation de la paix, dont la Commission, sont encore trop fragmentaires », a-t-il affirmé, en plaidant pour une plus grande synergie entre ces organes. Le représentant a ensuite rappelé que leur action devrait respecter le mandat qui leur avait été fixé, ainsi que la souveraineté des États dans lesquels ils opèrent. M. Churkin a ensuite salué le rôle consultatif précieux qu’assure la Commission auprès du Conseil de sécurité lorsque ce dernier débat de la situation dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission. Il a ensuite exhorté la Commission à optimiser les résultats concrets de ses activités, en faisant observer que les événements récents en Guinée-Bissau et en République centrafricaine avaient constitué de sérieux revers. « Il est impératif que la Commission calibre ses efforts en fonction des besoins véritables des pays inscrits à son ordre du jour », a-t-il dit. La Fédération de Russie, a assuré M. Churkin, apportera son appui aux pistes présentées dans le dernier rapport de la Commission de consolidation de la paix pour une plus grande efficacité.
M. KODJO MENAN (Togo) a estimé que la consolidation de la paix après un conflit reste une entreprise qui incombe au premier chef à l’État concerné. C’est à lui qu’il revient de définir les priorités et de mettre en place un cadre de coopération et de partenariat. À cet égard, l’identification des besoins des groupes vulnérables et, particulièrement, ceux des femmes et des enfants, est cruciale dans le processus de la consolidation de la paix. Un autre aspect important, a estimé M. Menan, porte sur l’assistance dont devraient bénéficier les États sortant d’un conflit. Les États de la région, les institutions financières et la communauté internationale doivent les aider à établir des cadres de coopération et de partenariat viables. Le plus souvent, l’intérêt que représente un pays sortant d’un conflit est déterminé par les richesses dont regorge son territoire et non par la nécessité d’assurer qu’il ne retombe dans un autre conflit, a-t-il déploré.
C’est pourquoi l’Initiative de solidarité africaine, lancée par l’Union africaine à Addis-Abeba en juillet 2012, qui vise à encourager les États africains à appuyer les efforts de reconstruction et de développement dans les pays en phase postconflit, mérite d’être appuyée, a précisé le représentant. Par ailleurs, la réussite de tout processus de consolidation de la paix réside dans la coordination des actions. Le Togo continue de croire que les différentes missions assignées à la Commission de consolidation de la paix par le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social doivent se poursuivre dans un esprit de coopération et de complémentarité, a indiqué son représentant.
M. WANG MIN (Chine) a souligné que la consolidation de la paix était une tâche complexe et de longue haleine, qui mérite une réponse sérieuse et appropriée de la part de la communauté internationale. Dans l’accomplissement de cette tâche, a-t-il souligné, il faudrait respecter l’appropriation des pays concernés qui doivent assumer la responsabilité première de la consolidation de la paix dans leur pays. Il a demandé de faire preuve de moins d’arrogance et de ne pas chercher à imposer des mesures toutes faites. Il faudrait privilégier des mesures plus adaptées aux spécificités des pays et à leurs traditions culturelles, a-t-il insisté, en invitant à écouter attentivement l’avis des acteurs du pays.
En outre, le développement économique et social devrait être le principal moyen de consolidation de la paix, a rappelé le représentant de la Chine. La communauté internationale devrait fournir une assistance accrue dans ce domaine. Il a invité la Commission de consolidation de la paix à mettre en valeur ses propres avantages et à mieux coordonner les efforts de la communauté internationale. Il faudrait aussi améliorer ses méthodes de travail et son efficacité, notamment en renforçant sa coordination avec les principaux organes des Nations Unies, a-t-il prôné. La CCP, a-t-il ajouté, doit aussi travailler avec les institutions financières internationales.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a reconnu que la Commission de consolidation de la paix n’avait pas réalisé son plein potentiel. À cet égard, il a tenu à souligner le lien crucial qui existe entre le Conseil de sécurité et la Commission. « Un long chemin reste à parcourir afin que la Commission accomplisse au mieux ses deux missions de conseil et de coordination et réponde ainsi aux attentes », a-t-il estimé. M. Rosenthal a ensuite exploré plusieurs pistes qui permettraient à la Commission de s’acquitter de son mandat de manière plus efficace. Il a ainsi souhaité que le Conseil de sécurité poursuive et élargisse la pratique consistant à inviter les présidents des formations de pays lorsque les situations de ces pays sont inscrites à l’ordre du jour du Conseil. Il a aussi proposé que les résolutions renouvelant le mandat des missions de maintien de la paix prévoient des dispositions sur la consolidation de la paix. Enfin, le délégué du Guatemala a demandé que les présidents des formations de pays de la CCP soient associés aux déplacements effectués par le Conseil dans les pays dont ils ont la charge.
M. MARTIN BRIENS (France) a souligné que plusieurs crises récentes, telles que celles qui avaient touché la Guinée-Bissau et la République centrafricaine, montrent à quel point le processus de consolidation de la paix est un chemin difficile. Les Nations Unies, et en particulier la Commission de consolidation de la paix, font face à des problématiques très complexes, a-t-il fait remarquer, en notant que le dernier rapport de la CCP soulignait très justement à la fois le potentiel et les limites de cette enceinte. Le soutien que peut apporter la CCP doit s’accompagner d’un engagement fort des acteurs nationaux -l’appropriation nationale est un élément essentiel– et d’un soutien durable des partenaires internationaux. M. Briens a noté les progrès accomplis par la Commission, comme la mise en œuvre de la stratégie de réconciliation au Libéria et le développement de partenariats dans la mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté au Burundi. En outre, il a apprécié le renforcement de la cohérence des actions conduites en matière de consolidation de la paix, en saluant la collaboration entre le Gouvernement de Guinée et le Fonds pour la consolidation de la paix qui a permis à près de 4 000 militaires d’être mis en retraite, ce qui a fait progresser la RSS dans ce pays.
Il reste encore des efforts à faire pour que la Commission joue pleinement son rôle, a estimé M. Briens. C’est ainsi qu’il a prôné l’adoption d’une approche à long terme pour faire face à la difficulté du processus de consolidation de la paix qui, a-t-il précisé, suppose la mise en place de bases solides dans les pays considérés en termes d’état de droit, de police et de justice. La crise actuelle en République centrafricaine nous montre à quel point la consolidation de la paix est un processus extrêmement fragile et réversible. Il est indispensable que les travaux de la CCP s’inscrivent dans une perspective à long terme, a-t-il ajouté. M. Briens a aussi souligné la nécessité d’un processus de consolidation de la paix inclusif, qui inclue tous les segments de la société. La Commission doit continuer à améliorer ses méthodes de travail, en particulier en renforçant son rôle de coordination, a-t-il souligné. Elle doit aussi établir des partenariats avec les institutions financières internationales, le secteur privé et les organisations philanthropiques. Il est indispensable, a insisté M. Briens, d’améliorer les relations entre la Commission à New York et le terrain.
Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a partagé la position du Secrétaire général selon laquelle il faudrait miser sur l’appropriation nationale pour assurer la consolidation de la paix dans les pays concernés. Il faudrait aussi renforcer les liens entre le Siège de l’ONU et le terrain dans ce domaine. La représentante a estimé que la paix et la sécurité ne peuvent être instaurées en l’absence d’accords politiques fondamentaux sur la structure du gouvernement. Une bonne gouvernance est essentielle, a-t-elle insisté, en plaidant pour la mise en place d’institutions fortes dans les pays engagés dans la voie de la consolidation de la paix. La représentante a par ailleurs averti que l’aide internationale ne pouvait remplacer les efforts entrepris sur le plan national. En ce qui concerne la République centrafricaine, où les efforts de consolidation de la paix ont été suspendus à la suite du coup d’État survenu en 2012, elle a appelé à rétablir la voie constitutionnelle et à mettre en œuvre les Accords de Libreville.
La représentante a ensuite invité à faire participer pleinement les femmes dans les processus de consolidation de la paix, afin qu’elles appuient les efforts menés au niveau national. La gouvernance économique est également essentielle, a-t-elle ajouté. La représentante des États-Unis a souligné la capacité de la Commission à garantir des ressources suffisantes et la participation des femmes pour appuyer les processus de consolidation de la paix. Les femmes doivent contribuer, en particulier, au renforcement des secteurs de la justice et de la sécurité, a-t-elle précisé. La Commission de consolidation de la paix demeure essentielle et elle doit continuer à améliorer son efficacité, a-t-elle dit avant de conclure son intervention.
M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a souhaité que la Commission de consolidation de la paix soit plus efficace dans la mobilisation des ressources au bénéfice des pays inscrits à son ordre du jour, et ce, dans le plein respect de leurs priorités nationales. « Le principe d’appropriation nationale doit guider les efforts de consolidation de la paix », a-t-il fait valoir, avant de souligner les développements positifs qui ont été marqués par la stratégie de réconciliation nationale au Libéria et le succès des élections en Sierra Leone. Le représentant a ensuite invité la Commission de consolidation de la paix à continuer de renforcer ses partenariats avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). « La coordination entre la Commission et les responsables des Nations Unies présents sur le terrain doit également être améliorée », a affirmé M. Mehdiyev.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait établir des priorités pour se concentrer sur l’état de droit, la réforme du secteur de sécurité et la relance des activités économiques. La Commission doit se concentrer davantage sur les aspects de développement pour passer à la reprise économique. Il a estimé que la CCP pourrait conseiller utilement le Conseil de sécurité sur les conditions spécifiques à prendre en compte dans la consolidation de la paix. Ce rôle consultatif est pertinent dans le contexte des situations spécifiques de pays et dans les débats thématiques, a-t-il souligné.
Le représentant a ajouté que la valeur stratégique de la consolidation de la paix devrait être alignée sur les stratégies nationales. Il a également souligné qu’il était essentiel d’intégrer la perspective sexospécifique dans les efforts de consolidation de la paix, en insistant sur le rôle important des femmes dans de nombreux secteurs. Par ailleurs, le délégué du Pakistan a estimé que le succès des formations de pays dépendait des possibilités de mobiliser les ressources au fur et à mesure de l’évolution de la situation sur le terrain. Il a également mis l’accent sur le rôle de catalyseur que joue le Fonds pour la consolidation de la paix en attirant d’autres sources de financement. Ce Fonds, auquel le Pakistan contribue, devrait bénéficier de plus de souplesse pour qu’il puisse fonctionner de manière efficace.
Mme PHILIPPA KING (Australie) a évoqué la situation préoccupante qui sévit actuellement en République centrafricaine, en Guinée-Bissau et en République démocratique du Congo et le rôle que la Commission de consolidation de la paix doit jouer pour éviter que les pays ne retombent dans la violence. Un défi essentiel pour la Commission consiste à avoir « un impact sur la vie des populations sur le terrain ». À cet égard, elle doit tirer parti de son statut d’entité basée sur les États Membres pour accompagner politiquement les pays, comme cela fut le cas avec les élections qui ont eu lieu en Sierra Leone, en novembre dernier.
Après avoir salué les efforts entrepris par la Commission pour améliorer ses méthodes de travail et établir des priorités « ciblées et réalistes », la représentante a proposé de renforcer l’appui aux représentants spéciaux du Secrétaire général, aux représentants exécutifs du Secrétaire général et aux coordonnateurs résidents. Il s’agit de « combler l’écart entre les capitales, New York et notre travail vital sur le terrain », a-t-elle expliqué. Pour sa part, l’Australie a déployé à Freetown un conseiller en matière de consolidation de la paix.
Mme King a souligné ensuite l’importance des partenariats entre la Commission et la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement, afin de limiter les duplications et de valoriser les ressources. Dans cet esprit, elle s’est félicitée de l’accent mis par la Commission sur la création d’emplois et l’assistance pour l’état de droit. Pour financer ses activités, la Commission doit se tourner vers de nouveaux types de donateurs, y compris dans le secteur privé. Par exemple, les entreprises multinationales, notamment dans le domaine de l’extraction des ressources naturelles, ont intérêt à garantir la paix et la stabilité à long terme des pays dans lesquels elles sont implantées.
S’agissant du rôle des femmes dans la consolidation de la paix, la déléguée a estimé qu’il faudrait faire avancer le plan d’action en sept points du Secrétaire général, qui tienne compte de la problématique hommes-femmes, notamment en ce qui concerne la relance économique et la gouvernance. Par exemple, l’Australie travaille étroitement avec les chefs de police des pays insulaires du Pacifique pour appuyer le rôle des femmes agents et officiers de police dans la région. Enfin, pour la période 2012-2016, le pays contribue à hauteur de 12 millions de dollars au Fonds pour la consolidation de la paix.
M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a souligné que la récente détérioration des situations en République centrafricaine et en Guinée-Bissau avait montré des lacunes dans l’accompagnement politique fourni par la Commission. « Il est impératif de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité », a-t-il affirmé, avant d’appeler de ses vœux un nouveau paradigme pour une coopération Sud-Sud et une coopération triangulaire, que le Maroc considère comme une priorité. Ce nouveau paradigme, pour autant que la Commission s’en empare, permettrait de répondre davantage aux priorités des pays inscrits à son ordre du jour, a-t-il dit.
Soulignant les liens qui existent entre le Conseil et la Commission, le représentant du Maroc a estimé que l’expertise de cette dernière sera précieuse lorsque le Conseil examinera le renouvellement du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA). Enfin, le délégué du Maroc a mentionné la déclaration présidentielle adoptée sous la présidence marocaine du Conseil en décembre 2012 qui appelle à privilégier une approche intégrée et cohérente des efforts de consolidation de la paix.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a souligné les succès encourageants de la Commission de consolidation de la paix en 2012. En même temps, elle a reconnu qu’il restait encore un long chemin à parcourir dans cette voie et c’est pourquoi, elle a invité les membres du Conseil de sécurité à soutenir cet organe. Le Luxembourg, fort de son expérience à la présidence de la formation Guinée Bissau et qui, depuis janvier dernier, siège au sein du Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans, souligne l’importance de trois conditions qui, a indiqué sa représentante, pourraient contribuer à renforcer l’efficacité des travaux de la Commission de consolidation de la paix. La première condition est la volonté politique des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission, a-t-elle dit, en rappelant que les premiers responsables de la consolidation de la paix sont les acteurs étatiques des pays en question. Ces derniers, a-t-elle précisé, doivent créer des partenariats de confiance avec la population. Les six pays à l’ordre du jour de la CCP ont affirmé leur volonté en ce sens, notamment en contribuant à la formulation du « New Deal », s’est-elle félicitée. Mme Lucas a aussi insisté sur la nécessité d’appuyer les efforts entrepris pour aligner les engagements de consolidation de la paix avec les priorités des pays.
Les pays accompagnés par la Commission doivent être évalués dans leur contexte régional, a-t-elle aussi souligné, en appelant à prendre en compte les défis frontaliers. La représentante du Luxembourg s’est félicitée que les formations des pays membres de l’Union du fleuve Mano -à savoir la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone- organisent prochainement une réunion pour examiner les défis communs de la région. Par ailleurs, Mme Lucas a rappelé qu’en 2012, les membres du Conseil avaient insisté sur la nécessité d’établir une plus grande coordination entre les formations de pays de la CCP, à la fois sur le terrain et au Siège de l’ONU, à New York. Elle a prôné le renforcement du Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour qu’il puisse consacrer plus de ressources à l’accompagnement des formations de pays. Elle a en outre préconisé de dépasser les incertitudes qui persistent dans les relations entre le Conseil de sécurité et la CCP. Elle a souhaité, en particulier, que les présidents des formations de pays puissent participer aux séances privées du Conseil.
Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a tout d’abord réaffirmé que le principe d’appropriation nationale devrait guider les stratégies de consolidation de la paix, afin de garantir l’implication de tous les membres de la société. Elle a ensuite indiqué que la rupture de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau et en République centrafricaine montrait les limites de l’accompagnement fourni par la Commission. « S’il n’y a pas un engagement fort des pays, la tâche de la Commission est très difficile », a-t-elle dit. La déléguée s’est dite favorable à une coopération internationale adaptée aux spécificités des pays, en mettant en garde contre une approche unique qui imposerait des modèles rigides, dont le succès n’est pas, au demeurant, avéré. Avant de conclure, la déléguée de l’Argentine a souligné la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud et les capacités des organisations régionales afin qu’elles contribuent pleinement aux efforts de consolidation de la paix.
M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a demandé au Conseil de sécurité de contribuer aux efforts de la Commission de consolidation de la paix pour l’aider à jouer un rôle qui est difficile. Il a estimé que la Commission ne pourrait avoir d’incidences que si elle agissait avec beaucoup de sensibilité. L’inscription d’un pays à l’ordre du jour de la Commission entraîne de sa part une responsabilité et suscite des attentes, a-t-il fait remarquer. Le représentant a notamment encouragé ces pays à procéder à un partage d’expériences dans le domaine de la consolidation de la paix. Le soutien collectif aux pays doit se concentrer sur le renforcement des capacités nationales, a-t-il ajouté, en soulignant que c’est la seule voie permettant d’éviter le retour au conflit. La Commission de consolidation de la paix pourrait être une plateforme utile pour la coopération Sud-Sud, grâce au partage d’expérience.
Le représentant a également invité à mieux coordonner les actions menées au sein de l’ONU dans le domaine de la consolidation de la paix, en mettant l’accent sur la nécessité d’assurer la cohérence entre les travaux de la Commission et ceux des autres organes de l’ONU, ainsi qu’avec le travail mené par les intervenants extérieurs. Il a par ailleurs insisté sur l’appui dont doivent bénéficier les pays à l’ordre du jour de la CCP afin qu’ils soient en mesure d’attirer des investissements. Il a aussi insisté sur l’amélioration des relations entre la CCP et le Conseil de sécurité. Dans ce cadre, la CCP devrait fournir au Conseil des précisions sur la cohésion des acteurs principaux et sur les risques posés au processus de paix dans les pays concernés. Le représentant du Rwanda a en outre demandé d’utiliser davantage les dialogues interactifs entre les deux organes. À cet égard, il s’est félicité de l’initiative de la Colombie en juillet 2012 que le Rwanda entend promouvoir en organisant un dialogue interactif sur le moyen de renforcer le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité.
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