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POP/1015

Population et développement: la migration doit être au coeur du programme de développement pour l’après-2015, soulignent nombre de délégations

24/04/2013
Conseil économique et socialPOP/1015
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement            

Quarante-sixième session                                   

6e et 7e séances

matin et après-midi


POPULATION ET DÉVELOPPEMENT: LA MIGRATION DOIT ÊTRE AU CŒUR DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015,

SOULIGNENT NOMBRE DE DÉLÉGATIONS


La Commission de la population et du développement a poursuivi, aujourd’hui, son débat général sur l’évolution des migrations, l’occasion pour les délégations de présenter les mesures prises dans leurs pays respectifs pour appréhender ce phénomène qui, ont estimé nombre d’entre elles, doit occuper une place centrale dans le programme de développement pour l’après-2015. 


« La migration est là pour rester », a en effet constaté une représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  La question n’est donc pas de savoir s’il faut l’accepter ou pas mais de voir comment la gérer efficacement, sûrement et humainement pour qu’elle serve le développement humain et bénéficie aux migrants et aux sociétés. 


L’OIM préconise ainsi un plan qui reconnaîtrait que la migration et la mobilité humaines sont toutes les deux nécessaires et inévitables au XXIe siècle. 


La migration et la mobilité sont des moyens de contribuer au développement, avait auparavant insisté le Ministre de la migration et de la politique d’asile de la Suède, M. Tobias Billström, lequel, comme plusieurs intervenants, avait notamment souligné l’impact positif du rapatriement de fonds vers les pays d’origine sur la réduction de la pauvreté.


Au Bangladesh, par exemple, a indiqué son délégué, les rapatriements de fonds ont représenté 14% du PIB en 2012, contre 4% en 2001.  Au Togo, leur montant atteint chaque année 9 à 10%.  Ce pays, qui a privilégié le volet diaspora dans sa politique de migration et développement, a, du reste, mis en place un plan stratégique d’optimisation de la contribution des Togolais de l’extérieur.


Le représentant du Nigéria, pays classé cinquième dans la réception des fonds envoyés par les émigrants, et son collègue de la Tunisie, ont préconisé une plus grande souplesse et la levée de certains obstacles.  Le Gouvernement nigérian a ainsi adopté une loi abrogeant la clause d’exclusivité et diversifiant les modes de réception des fonds.


Si les envois de fonds sont un avantage de la migration, cette dernière a des coûts sociaux élevés, comme l’exploitation de la main-d’œuvre à l’étranger et la séparation avec la famille, a néanmoins souligné la représentante des Philippines.  Selon elle, le travail à l’étranger ne doit pas être une nécessité mais un choix.


Plusieurs délégués ont en outre dit attendre beaucoup du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra en octobre prochain dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.


La représentante de la Zambie a observé que les mouvements migratoires avaient de nombreuses implications sociales et sur le plan de la santé.  Les personnes impliquées sont exposées aux infections, notamment dans les régions où les préservatifs, la planification familiale et le traitement des maladies sexuellement transmissibles font défaut, a-t-elle dit.


Mais une représentante du Bureau de l’ONUSIDA à New York, a expliqué que la migration en soi n’était pas un facteur de risque face au VIH/sida.  Ce sont plutôt les facteurs environnants, tels que la séparation du migrant avec son conjoint et sa culture, les barrières linguistiques et les dures conditions d’emploi, entre autres, qui augmentent la vulnérabilité à l’infection, a-t-elle dit. 


Plusieurs pays se sont inquiétés de la hausse du nombre de victimes de la traite dans le monde, ainsi que de la condition des femmes et des enfants migrants en situation irrégulière qui deviennent facilement victimes d’abus sexuels. 


Le Gouvernement du Guatemala a lancé plusieurs mesures pour assurer la protection des migrants les plus vulnérables.  Son représentant a engagé les États Membres à agir pour assurer cette protection, des soins et le rapatriement des victimes ainsi que leur dédommagement.


Au cours de la matinée, les membres de la Commission s’étaient penchés sur l’impact de la migration sur l’égalité des sexes et la famille à la faveur d’un exposé de la Secrétaire générale adjointe aux affaires extérieures du Réseau de recherche sur la migration des Philippines, Mme Stella Go.


Celle-ci a notamment constaté que les restrictions imposées par les pays de destination contraignaient les migrants à quitter leur famille et que l’émergence de la « famille transnationale » entraine de nombreuses répercussions pour tous les membres de la cellule familiale.


Mme Go a aussi parlé de la difficulté de réinsertion des femmes migrantes.  Comme la dynamique familiale change pendant leur absence, certaines peuvent devenir victimes de violence domestique.  Pour atténuer les effets négatifs de la migration sur les familles, elle a réclamé la création d’un réseau concerté entre la société civile, les organisations non gouvernementales et les gouvernements tant dans les pays d’origine que de destination.


La prochaine réunion de la Commission de la population aura lieu demain, à partir de 10 heures. 



DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: « L’ÉVOLUTION DES MIGRATIONS: ASPECTS DÉMOGRAPHIQUES »


Débat général


Mme MARY GRACE A. TIRONA, Commission des Philippins de l’étranger, a indiqué que 48% de la population philippine vit actuellement en zone urbaine contre 37%, il y a seulement 20 ans.  D’ici à 2030, 8 Philippins sur 10 vivront dans des centres urbains, a ajouté la représentante, en expliquant que les autorités urbaines doivent désormais faire face à l’impact de cet exode rural dont une fécondité en hausse dans les villes.  Une loi a été adoptée pour encourager une procréation responsable.  L’exode rural a aussi provoqué la pollution de l’air et des rivières, et compliqué la gestion des déchets.


La représentante a ajouté que 10% de la population choisit de partir du pays.  Si les envois de fonds sont un avantage de la migration, cette dernière a des coûts sociaux élevés, comme l’exploitation de la main-d’œuvre philippine à l’étranger et la séparation avec la famille.  Le travail à l’étranger ne doit pas être une nécessité mais un choix, a dit la représentante, en indiquant que son gouvernement vise à attirer plus d’investissements et à créer plus d’emplois afin de donner à sa population de bonnes raisons de croire en une vie meilleure dans son propre pays.


La représentante a expliqué qu’un organe spécial a été créé pour rationaliser les coûts liés à la migration et bien informer les candidats au départ.  Le Gouvernement a mis en place des mesures pour la protection des travailleurs domestiques et pour le respect des droits des travailleurs migrants.


M. MAJED ZEMNI, Président-Directeur général de l’Office national de la famille et de la population (ONFP) de la Tunisie, a estimé que la question de la migration ne pouvait être traitée sans tenir compte des racines et des différentes facettes du phénomène dans chaque pays.  La Tunisie est un pays d’origine, de transit et de destination, a-t-il dit, affirmant que la question de la migration devait être appréhendée dans le cadre du développement durable, du respect des droits de l’homme et des traités internationaux. 


M. Zemni a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer les relations avec les expatriés et les immigrants et de les encourager à investir leurs talents dans toutes les sphères.  Il a plaidé pour un renforcement de la coopération et de la mobilisation de toutes les énergies aux niveaux national et international.  Il a souhaité une plus grande souplesse dans le rapatriement des fonds et voulu que la migration soit considérée comme un facteur positif dans l’agenda du développement post-2015.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) a estimé, à son tour, que la question de la migration devait occuper une place centrale dans l’agenda du développement post-2015.  Il a dit sa profonde inquiétude face à la situation des femmes et des enfants immigrants en situation irrégulière qui deviennent facilement victimes d’abus sexuels.  Il a expliqué que son gouvernement avait lancé plusieurs mesures pour assurer la protection des migrants les plus vulnérables.  Il a engagé les États Membres à agir pour assurer cette protection, des soins et le rapatriement des victimes ainsi que leur dédommagement.


Le représentant s’est alarmé de la hausse du nombre de victimes de la traite dans le monde et a fait savoir que son gouvernement avait mis sur pied plusieurs institutions pour faire face à ce phénomène.  Il a appelé les États Membres à tout mettre en œuvre pour lutter contre la violence sexuelle, l’exploitation et la traite des personnes.  Il a jugé important de mener des études pour bien comprendre les effets de la migration.  Il faut un système de statistiques fiables pour accompagner des politiques migratoires « participatives et inclusives ».


M. SHAVENDRA SILVA (Sri Lanka) a jugé qu’il était impératif d’étudier un ensemble d’objectifs internationalement convenus, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui ont des interactions claires avec les migrations internationales.  Sans une augmentation de l’aide publique au développement (APD), il est peu probable que les objectifs du Programme d’action du Caire soient atteints, a-t-il estimé.


Le représentant a expliqué que son pays connaît la migration depuis plusieurs siècles.  Le Sri Lanka est un pays d’origine et de destination qui a pris des mesures pour faciliter les conditions de vie et de travail des migrants sri-lankais.  Le Gouvernement a mis en place un programme de bourses pour aider les familles émigrées à financer l’éducation de leurs enfants.  Le représentant a indiqué que le Sri Lanka, qui a adhéré en 1996 à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, souhaite contribuer de façon constructive au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra en octobre prochain dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.


M. FESTUSUZOR (Nigéria) a indiqué qu’avec 3,2%, son pays compte un des taux de croissance démographique le plus élevé du monde et que la population devrait doubler d’ici à 25 ans, ce qui, a-t-il fait observer, entrainera une modification de taille de la pyramide des âges.  Le nombre des migrants a plus de doublé depuis 1991; le Nigéria accueillant un million de personnes venant principalement du Bénin, du Ghana et du Mali.  On voit une concentration de jeunes dans les zones urbaines qui entraîne un vieillissement de la population rurale et une pénurie de la main-d’œuvre agricole.


M. Uzor a déploré que les jeunes nigérians éduqués soient bien trop souvent plus enclins à quitter le pays.  Le Nigéria est classé cinquième dans la réception des fonds envoyés par les émigrants mais il sait que les fonds qui échappent au circuit officiel sont bien plus importants.  Le Gouvernement a adopté une loi abrogeant la clause d’exclusivité et diversifiant les modes de réception des fonds.  Toutes les parties concernées doivent lever les obstacles au rapatriement des fonds, a plaidé le représentant.


Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a rappelé que le Kenya accueille de nombreux réfugiés des pays voisins, ainsi que de nombreux migrants en transit ou pas.  Elle a souligné que le Kenya bénéficie des envois de fonds de sa diaspora et qu’un bureau chargé de cette diaspora a été mis en place au sein du Ministère des affaires étrangères pour prendre en compte les préoccupations de cette frange de la population.  La représentante a relevé que son pays accueille en ce moment près de 700 000 réfugiés à cause de l’instabilité en Somalie et dans d’autres pays.  Le fardeau est lourd à porter alors que le soutien de la communauté internationale s’estompe.  


Mme Grignon a souligné que la Constitution du Kenya dispose que les réfugiés ou les migrants mariés aux Kenyans acquièrent les mêmes droits que ceux-ci; les réfugiés et migrants bénéficiant également des droits et services de base.  Les lois du Kenya, a-t-elle ajouté, proscrivent les trafics humains à partir, en direction et à travers le pays.  Le pays a aussi mis en place des politiques et textes pour renforcer le droit à la santé reproductive et sexuelle des migrants.


M. ABDULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a rappelé que son pays comptait une population de 150 millions d’habitants, avec une forte densité.  La population urbaine a fortement crû et constitue 29% de la population totale, la capitale, Dhaka, connaissant une croissance démographie annuelle de 5,5%.  Le pays est également passé d’un régime de forte mortalité à faible mortalité. 


Le représentant a également fait état du très grand nombre de ressortissants du Bangladesh établis à l’étranger, environ 8 millions, dont 6,6 millions sont des travailleurs migrants à court terme.  Les rapatriements de fonds représentaient 14% du PIB en 2012, contre 4% en 2001, a-t-il dit, soulignant leur impact sur la réduction de la pauvreté.


Le représentant a estimé que la protection des droits des migrants devait être mieux garantie par le biais d’un accord entre les pays d’origine et les pays de destination.  De même, dans le domaine de la sécurisation des frontières, il convient, selon lui, de mettre en place des mesures pertinentes pour une migration ordonnée. 


M. TOBIAS BILLSTRÖM, Ministre de la migration et de la politique d’asile de la Suède, a observé que les disparités démographiques et économiques étaient les principaux facteurs de la migration, une occasion saisie par de nombreuses personnes pour échapper à la pauvreté.  Il a souligné qu’une migration légale et ordonnée pouvait profiter tant aux pays de destination que d’origine.


Le Ministre a évoqué le vieillissement de la population suédoise et a vu dans la migration un des instruments capables de prévenir la pénurie de main-d’œuvre et de contribuer à la croissance économique de la Suède.  Il a vanté la souplesse de la politique migratoire de la Suède qui, a-t-il expliqué, permet aux ressortissants de pays autres que ceux de l’Union européenne de migrer et qui laisse la porte ouverte tant aux travailleurs qualifiés que non qualifiés.


La migration des travailleurs est une stratégie suédoise pour le développement à court et à long termes, a souligné M. Billström.  Il a fait observer que le taux de chômage élevé en Europe ne signifie pas pour autant que certains secteurs ne font pas face à une pénurie de main-d’œuvre.  La migration et la mobilité sont un des moyens de contribuer au développement, a-t-il insisté, avant de parler de l’impact des envois de fonds.


Après avoir insisté sur le lien qui existe entre migration et développement, M. Billström a commenté l’évolution de la migration qui, a-t-il fait observer, a tendance à devenir de plus en plus circulaire et à se féminiser.  Il a souligné l’importance pour les États de destination d’élaborer des cadres juridiques pour faciliter la mobilité et les rendre attrayants dans la « compétition pour les talents du monde ».


M. EDGARD DOEVI ABBEKOÉ DODZI, Directeur de la planification de la population et Coordonnateur des programmes Gouvernement - système des Nations Unies du Togo, a déploré que les questions de migration et de développement évoqués dans le Programme d’action du Caire en 1994 n’aient pas fait l’objet de préoccupations soutenues dans tous les pays.  Il a fallu la Conférence sur la migration et le développement tenue à Rabat en 2006 pour faire des avancées et placer ce thème comme un élément incontournable dans le développement.  C’est dans cette dynamique, a-t-il ajouté, que les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont défini une stratégie d’approche commune de la migration et du développement avec son plan d’action mettant l’accent sur le volet « Genre et migration ».  L’Espagne a financé ce plan à hauteur de 4 millions d’euros. 


Pour ce qui le concerne, le Togo a signé mais n’a pas ratifié la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leurs familles en 2001.  Sur le plan institutionnel, la Direction des Togolais de l’extérieur, l’Agence nationale pour l’emploi et le Programme national de la diaspora ont été créés.  Ils ont pour mission, entre autres, de renforcer l’accès à l’emploi, la protection des migrants travailleurs togolais et le retour des compétences au pays.  Quelques organisations de la société civile apportent également leur appui au Gouvernement dans la gestion des questions de migration en général et de la diaspora togolaise en particulier, a reconnu M. Dodzi.


S’agissant de la migration interne, M. Dodzi a indiqué qu’il faut retenir deux phénomènes: le déplacement des populations de l’intérieur du pays vers la côte et les déplacés suite aux catastrophes naturelles.  Dans le domaine de la migration externe, 1,5 à 2 millions de Togolais vivent à l’étranger.  Les deux tiers se trouvent en Afrique.  Il a signalé que les migrants transfèrent chaque année 100 milliards de francs CFA soit 9% à 10% du produit intérieur brut (PIB) du pays.  C’est ainsi que le Togo a privilégié le volet diaspora dans sa politique de migration et développement en mettant en place le plan stratégique d’optimisation de la contribution de la diaspora au développement socioéconomique du Togo et la Direction des Togolais de l’extérieur, appuyés par l’Union européenne et l’Espagne.


M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a estimé que le problème de la migration devait être appréhendé de façon globale, régulière et donner lieu à des objectifs de développement de portée mondiale, y compris au-delà de 2015.  Il s’est dit préoccupé par les sanctions et les mesures disproportionnées prises dans certains pays de destination et qui empêchent les migrants d’exercer leurs droits fondamentaux.  Il a appelé les pays développés à garantir l’accès à la santé sexuelle et reproductive des migrants, quelle que soit leur origine.


Le représentant a également appelé tous les États à garantir la protection des droits des filles et garçons migrants, notamment les mineurs non accompagnés, et à incorporer dans leurs programmes le rapatriement des enfants et leur réintégration familiale.  Il a souligné que son pays attendait beaucoup du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.


M. RAMADHANI MUOMBWA MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a reconnu que son pays n’avait pas une politique nationale pour réglementer la migration des Tanzaniens.  Mais le Gouvernement est actuellement en train d’élaborer une politique de gestion de la migration du travail qui devrait jeter les bases pour attirer les investissements de la diaspora et créer des liens avec elle.  M. Mwinyi a rappelé que la Tanzanie a dû recevoir des flux de réfugiés à cause de l’instabilité politique et la guerre dans les pays voisins.  Pour assurer une gestion appropriée de cette migration, la Tanzanie travaille à l’amélioration les bases de données de la migration internationale, en renforçant les capacités du Département de la migration.  Le Gouvernement développe aussi une politique de la migration et du développement pour traiter des questions de la migration interne et externe.  À son tour, le représentant a plaidé pour que ces questions figurent en bonne place dans l’agenda du développement post-2015 et dans celui du développement durable.


M. SOUMANA ADAMOU (Niger) a expliqué que son pays connait un taux de croissance démographique très élevé et que « ni l’État, ni les parents » ne sont en mesure de répondre aux besoins « mêmes élémentaires » des jeunes.  Il a indiqué que 11% de la population, soit 1 173 711 personnes, avait choisi de migrer que ce soit sur le plan interne, régional ou sous-régional et, « depuis quelques années », vers le reste du monde.  Le représentant a précisé que Niamey, la capitale du pays, attire près du quart de la population migrante.


M. Adamou a évoqué la tenue, au mois de mars, du Forum des jeunes du Niger, au cours duquel il a notamment été recommandé d’appliquer les différentes politiques nationales, sous-régionales et internationales sur la migration; de créer des points d’information et de sensibilisation pour les migrants et de faciliter les conditions de rapatriement des migrants irréguliers.  Il a également énuméré les activités des différentes entités institutionnelles qui s’occupent des questions de la migration au Niger, à commencer par la Direction de l’État civil et des réfugiés et le Haut Conseil des Nigériens de l’extérieur.  Le représentant a appelé la communauté internationale à aider son gouvernement à assurer la sécurité alimentaire et à améliorer la résilience de sa population, à maitriser la croissance démographique, et à finaliser puis mettre en œuvre sa politique nationale de migration.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2013/3, E/CN.9/2013/4 ET E/CN.9/2013/5)


Débat sur le thème « Migration, égalité des sexes et famille »


Mme STELLA GO, Secrétaire générale adjointe aux affaires extérieures du Réseau de recherche sur la migration des Philippines, a affirmé que si on ajoute les chiffres officieux aux données officielles, les migrants représenteraient en fait 10% de la population mondiale.  Elle a également indiqué que la féminisation de la migration se fait ressentir dans toutes les régions du monde.  En 2010, plus de la moitié des migrants en Asie étaient des femmes, lesquelles se déplacent pour travailler dans le tourisme, mais également pour se marier.  Elle a énuméré les lieux de destination des migrantes originaires d’Asie et a constaté que la migration devient de plus en plus sexospécifique depuis les années 80.  Elle a également indiqué qu’alors que les femmes migrantes sont surtout des travailleuses domestiques ou des ouvrières dans l’industrie du textile, les hommes travaillent davantage dans le secteur de la construction.


À ce stade, les études sur la migration doivent porter non pas sur les seuls migrants mais également sur leur famille, car, a dit l’oratrice, la migration se fait au nom de la famille.  Elle a constaté que les restrictions imposées par les pays de destination contraignent les migrants à quitter leur famille et que l’émergence de la « famille transnationale » entraine de nombreuses répercussions pour tous les membres de la cellule familiale.  Du fait des relations transnationales, de nombreux enfants naissent hors mariage ou d’une mère victime de la traite, ce qui pose des problèmes en terme de nationalité.  Elle a également fait observer que le départ d’une mère provoque l’élargissement de la cellule familiale.  Comme le père n’assume que rarement les responsabilités ménagères, d’autres membres de la famille, une grand-mère par exemple, viennent prendre le relais.  Mais quand les pères s’en vont, ce sont les femmes qui assument leur rôle, ce qui peut être autonomisant mais parfois oppressant.  La question de l’infidélité et de la dissolution des mariages provoquées par la migration se pose.


La panéliste a signalé que certaines études avaient révélé que les enfants de migrants ont bien souvent de mauvais résultats scolaires, qu’ils abandonnent souvent l’école et qu’ils ont des problèmes de comportement.  On ne peut cependant pas faire de généralisation car dans certaines régions, on constate le phénomène inverse, a-t-elle reconnu.  Mme Go a également cité des études contradictoires qui ont révélé que, dans certains cas, la migration des enfants peut avoir des effets positifs sur les parents âgés alors que, dans d’autres, le stress de l’absence met la vie des parents en danger.


Mme Go a vanté les mérites des moyens de communication électronique et mobile qui permettent, a-t-elle expliqué, non seulement de maintenir les liens familiaux, mais de préserver l’implication des mères migrantes dans l’éducation de leurs enfants.  Certaines études ont cependant démontré que les nouvelles technologies peuvent également devenir un outil dont se servent les maris migrants pour contrôler leurs épouses restées au pays.


Abordant ensuite la question des envois de fonds, elle a indiqué que si les femmes migrantes envoient une somme équivalente à celle envoyée par les hommes migrants, celle-ci représente en fait une part bien plus importante de leur salaire.  Elle a également constaté que les hommes et les femmes utilisent de manière très différente les sommes reçues.


Mme Go a aussi parlé de la difficulté de réinsertion des femmes migrantes.  Comme la dynamique familiale change pendant leur absence, certaines peuvent devenir victimes de violence domestique.  Pour atténuer les effets négatifs de la migration sur les familles, elle a réclamé la création d’un réseau concerté entre la société civile, les ONG et le gouvernement tant dans les pays d’origine que de destination.  Des politiques de migration sexospécifiques sont nécessaires.  Il faut bien évaluer les conséquences sociales de la migration sur les familles, a-t-elle souligné.


Lors du débat interactif qui a suivi l’exposé de Mme Go, le représentant du Niger lui a demandé si on a une comparaison fiable du cursus scolaire des enfants d’émigrés et des autres.  Mme Go a répondu avoir consulté ce type d’études, lesquelles démontrent que les enfants de migrants avaient tendance à avoir des résultats scolaires faibles lorsque leurs mères sont absentes.


Dans une réponse à une question du représentant de Cuba, Mme Go a évoqué des études liées à la relation entre la réduction de la pauvreté extrême et la migration.  Invitée à s’exprimer sur ce sujet par la déléguée de la République islamique d’Iran, elle a également mis l’accent sur l’importance du problème de la traite des êtres humains en Asie du Sud-Est.


Interrogée par la représentante du Japon, elle a souligné par ailleurs que l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication avait des effets positifs pour les familles de migrants, notamment dans les relations avec leurs familles.  Le délégué de la Jamaïque a fait observer, à la lumière de recherches portant sur la région des Caraïbes, que les conséquences négatives de la migration étaient plus importantes pour les enfants plus jeunes que pour les enfants plus âgés.  À une question du Burkina Faso sur les envois de fond, Mme Go a réitéré le fait que les hommes et les femmes utilisent différemment les fonds reçus.


Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA(Zambie) a passé en revue certaines des politiques migratoires de son pays, notamment la loi de 1970 sur le contrôle des réfugiés et la loi de 2010 sur l’immigration et la déportation qui entend, a-t-elle expliqué, réglementer le mouvement des personnes en provenance ou vers le pays, ainsi que le séjour des migrants.  La population zambienne est très mobile, en particulier les routiers, les coupeurs de canne à sucre, les travailleurs du sexe, les pêcheurs ou encore les travailleurs saisonniers du secteur des mines.  Ces mouvements ont de nombreuses implications sociales et sur le plan de la santé.  Les personnes impliquées sont exposées aux infections, notamment dans les régions où les préservatifs, la planification familiale et le traitement des maladies sexuellement transmissibles font défaut.


L’immigration est principalement due aux guerres et aux conflits dans les pays voisins, mais elle est en baisse, étant passée de 6% de la population nationale en 1969 à 0,34% en 2010.  Le nombre de réfugiés a atteint son pic en 2002 avec 267 000 personnes.  Malgré les opportunités de la migration, de nombreux défis persistent, notamment la fourniture de services de base, la fuite de cerveaux, la migration irrégulière, le versement des pensions aux travailleurs migrants et l’absence de politiques pour faciliter les envois de fonds de la diaspora zambienne.  La représentante a souligné la nécessité de transformer la fuite de cerveaux en gain ou en « circulation » des cerveaux.  La Zambie a besoin d’un appui pour renforcer la collecte de données sur la migration, a-t-elle avoué.


M. FRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège, a peint un tableau de la migration fait de divisions familiales, d’enfants vulnérables, de travailleurs abusés sans aucun recours possible et de migrants incarcérés sans aucun respect de leur dignité ni de leurs droits fondamentaux.  Les femmes migrantes sont particulièrement exposées aux risques d’abus sexuels et de traite comme si elles étaient de simples marchandises.  Les États ont le droit de protéger leurs frontières, mais chaque migrant et, par extension, tout être humain a le droit de rechercher une vie meilleure hors de son pays.  Le contrôle des frontières exige que l’on traite les migrants avec justice et indulgence, et non comme de dangereux criminels. 


L’observateur a rappelé que la majorité des migrants va du Sud vers le Nord où elle apporte un capital humain important dans des sociétés vieillissantes et aux taux de fertilité en déclin.  La seule solution durable à la migration serait d’améliorer les conditions dans les pays d’origine.  L’observateur a décrié la planification familiale qui tend à banaliser le mariage et la famille, tout en niant au fœtus son droit à la vie.  Il a également décrié les politiques des pays d’accueil qui tendent à forcer les migrants à avorter ou à se faire stériliser, afin de diminuer et de contrôler l’impact démographique et racial des migrants sur la population locale.


M. IOANNIS VRAILAS (Union européenne) a rappelé que l’Union européenne appuyait la mise en œuvre complète du Programme d’action du Caire et attendait beaucoup du Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale.  Il a insisté sur la nécessité de promouvoir l’intégration de la migration dans les stratégies de développement.  Il convient également, selon lui, de faire en sorte que les liens importants entre migration et développement soient reconnus dans l’agenda post-2015.  Il a mis l’accent sur l’impact de la migration sur l’autonomisation des femmes et a estimé que les mesures visant à renforcer les cadres de migration dans le monde pouvaient contribuer à améliorer la coopération, en particulier entre les pays du Sud.


M. JOE THOMAS, Directeur exécutif de Partenaires en population et développement (PPD), a rappelé que l’organisation qu’il dirige est une organisation intergouvernementale rassemblant 25 pays en développement comptant pour 57% de la population mondiale.  Son organisation, a-t-il poursuivi, concentre ses efforts sur les droits reproductifs et sexuels ainsi que sur les cadres normatifs en vigueur sur les questions familiales.  Il a rappelé que le nombre de migrants avait augmenté de 40% entre 1990 et 2010, passant de 155 à 214 millions.  Cette augmentation doit se traduire par des politiques prenant en compte les conséquences de ces phénomènes sur les pays de destination et d’origine. 


M. Thomas a énuméré quelques recommandations pour que les politiques puissent répondre aux défis contemporains.  Parmi ces recommandations, il a cité la mise en place de politiques non discriminatoires, particulièrement envers les femmes et les minorités les plus vulnérables.  Il a également prôné la mise en place de cadres de protection sociale ainsi que la prise en compte des flux migratoires dans les politiques nationales de développement.  Il a enfin préconisé des programmes de partenariats entre pays du Sud.


Mme MICHELE KLEIN SALOMON, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que la migration est là pour rester.  La question n’est pas de savoir s’il faut l’accepter ou pas mais de voir comment la gérer efficacement, sûrement et humainement pour qu’elle serve le développement humain et bénéficie aux migrants et aux sociétés.  Les tendances indiquent que le nombre des migrants va augmenter.  Il faut donc un plan pour faciliter la mobilité humaine, lequel reconnaîtrait que la migration et la mobilité humaines sont toutes les deux nécessaires et inévitables au XXIe siècle. 


Il faut commencer, a préconisé la représentante, par améliorer la perception qu’a l’opinion publique des migrants.  Il faut lui faire comprendre que la migration est un processus à gérer et non un problème à résoudre.  L’opinion publique doit être amenée à abandonner sa vision étroite et fausse d’une migration mue par la pauvreté et ayant un impact négatif sur les communautés hôtes.  L’opinion publique doit être convaincue du rôle important que les migrants peuvent jouer comme partenaires du développement dans les pays d’origine et les pays de destination. 


Il faut aussi encourager l’intégration des questions de migration et de mobilité humaines dans les plans de développement, au Nord comme au Sud, sachant que la migration est liée aux trois piliers du développement durable et qu’elle doit être véritablement intégrée dans l’agenda du développement post-2015 et assortie d’objectifs clairs. 


La représentante a aussi prôné une approche fondée sur les droits de l’homme pour traiter de la migration et a attiré l’attention sur l’impact des crises humanitaires sur la migration et les migrants.  Il faut, s’est-elle expliquée, examiner le rôle de la mobilité humaine dans les stratégies de réduction des catastrophes, de préparation aux catastrophes, d’adaptation aux changements climatiques et de l’urbanisation viable.


Elle a conclu en appelant à l’amélioration de la recherche et de la collecte des données.  Il faut investir davantage dans l’évaluation des politiques de migration et promouvoir la participation effective de toutes les parties prenantes dans leur élaboration, en particulier les ministères du travail, de l’immigration, du développement, de la santé et de l’environnement. 


Mme TELMA VIALE, Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que le nombre de personnes vivant hors de leur pays d’origine n’avait jamais été aussi important dans l’histoire.  Elle a également confirmé que 214 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale, vivaient en tant que migrants internationaux.  Elle s’est réjouie de l’apport de ces migrants qui font profiter les pays d’accueil de leurs compétences et de leur dynamisme.  Elle s’est néanmoins dite inquiète de l’absence de protection juridique et sociale dont ils souffrent.  C’est à ce titre, a-t-elle affirmé, que l’OIT œuvre depuis plus de six décennies pour l’adoption d’un cadre normatif offrant à ces populations de meilleures conditions de vie par l’amélioration des législations locales en matière de droit du travail et de protection sociale.   


Elle a insisté sur la nécessité d’encadrer la libéralisation des économies actuellement à l’œuvre par des mécanismes permettant d’inclure les populations migrantes dans les dispositifs de protection dont jouissent les populations locales.  Elle a, à cet égard, encouragé la mise en place de programmes de formation pour les migrants.  La représentante a souligné les gains économiques qui pourraient résulter d’une libéralisation des flux de travailleurs, estimant ces gains à près de 30% du PIB mondial.  Mme Viale a enjoint les agences de recrutement privées de se conformer aux standards minimaux du droit international en matière de conditions de travail.  Elle s’est dite inquiète de la vulnérabilité de ces populations à l’exploitation et aux abus.


Mme KARIMA EL-KORRI, Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale(CESAO), a rappelé que la région était particulièrement concernée par l’immigration.  Dans certains pays membres du Conseil de coopération du Golfe, les migrants représentent la majorité de la main-d’œuvre et parfois même de la population globale.  La situation des pays d’Asie occidentale se caractérise aussi par la frange significative de la population qui doit se résoudre à émigrer en raison des difficultés économiques.  La CESAO a engagé des initiatives pour limiter les conséquences négatives de ce phénomène sur les pays arabes notamment.  Parmi ces initiatives, figurent des ateliers donnant un éventail des possibilités de coopération et sensibilisant les États concernés aux questions relatives à l’accueil des migrants.


Le dialogue doit être renforcé, a dit la représentante en saluant le futur Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale.  Elle a réaffirmé l’engagement de la CESAO à offrir son assistance aux États par le biais du Programme ordinaire de coopération technique qui prend la forme de programmes de formation et d’élaboration de stratégies à long terme.  Il faut tout faire pour que les migrations internationales soient véritablement bénéfiques pour les pays d’accueil et de destination et pour les migrants eux-mêmes.


M. DIRK JASPERS-FAIJER, Directeur de la Division de la population de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que la crise économique mondiale avait provoqué des changements dans les flux migratoires de sa région.  Il a dit avoir constaté une diminution de la migration extrarégionale, ainsi qu’une réduction des envois de fonds, même si, a-t-il précisé, le niveau reste aux alentours de 60 milliards de dollars.  Les rapatriements sont en hausse, les hommes constituant la majorité des candidats au retour. 


La migration intrarégionale connait elle aussi une hausse notable.  Depuis peu, la région accueille aussi un « petit nombre » de migrants espagnols, ce qui présente une nouvelle série de défis pour les pays de la région.  La principale tendance, c’est la migration nette à partir des zones rurales vers les villes.  Malgré l’exode rural, c’est la croissance naturelle des populations qui explique l’explosion démographique dans la ville.  


Mme ANGELA TRENTON-MBONDE, ONUSIDA, a expliqué que la migration en soi n’est pas un facteur de risque du VIH/sida, mais que ce sont les facteurs environnants, tels que le fait d’être séparé de son conjoint et de son milieu culturel, les barrières linguistiques et les dures conditions de travail, entre autres, qui augmentent la vulnérabilité au VIH.  Les déplacés de force et les victimes de la traite sont exposés à une violence et une exploitation sexuelles qui augmentent leur vulnérabilité au VIH.  Cette vulnérabilité chez les migrants est renforcée par le manque d’accès à l’information sur le VIH.  Mme Trenton-Mbonde a dénoncé les restrictions d’entrée, de séjour et de résidence imposées aux séropositifs, dans 44 pays dans le monde.  Elle a appelé la communauté internationale à mettre fin à cette injustice.


Mme NEHA SOOD, d’Action Canada for Population and Development (ACPD), a appelé les États Membres à mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, notamment les dispositions concernant les droits reproductifs.  L’accès à l’information et à l’éducation sexuelle doit être garanti pour tous, migrants compris, a-t-elle estimé.  Ces derniers doivent également avoir accès aux services de planification familiale et d’interruption volontaire de grossesse.  La représentante a invité les délégations à faire participer les migrants à l’élaboration des politiques et programmes les concernant.


Elle a évoqué les défis que rencontrent les femmes migrantes qui, a-t-elle fait observer, travaillent souvent dans de mauvaises conditions, touchent un salaire modique et sont particulièrement vulnérables aux abus et au harcèlement sexuel.  Elle a jugé nécessaire que l’agenda du développement post-2015 comporte une dimension sexospécifique et veille au respect des migrants.


M. RAMIREZ, de Stichting Rutgers WPF, a déclaré que la migration concerne à la fois la jeunesse et les droits de l’homme.  Les jeunes de 15 à 24 ans constituent la majeure partie des migrants dans le monde et un tiers ou la moitié de tous les migrants ont entre 20 et 29 ans.  Aussi, pour l’autonomisation des jeunes migrants, les gouvernements doivent-ils leur assurer un accès à une éducation de qualité et au travail décent pour qu’ils puissent jouir de leurs droits et réaliser leur potentiel.  De nombreux jeunes migrants font face à la violence et à la discrimination dans leur pays d’accueil à cause de leur tendance et appartenance sexuelles, ethnie ou séropositivité qui sont souvent les causes de leur migration.  Leurs droits ne doivent pas être violés parce qu’ils ont simplement choisi de changer de résidence.  Le représentant a souligné l’importance des droits à la santé sexuelle et reproductive des jeunes migrants qui, en raison de leur statut, ont peur ou n’ont pas accès aux services de santé sexuelle et reproductive.  La protection de ces droits pourrait aider les jeunes migrants à s’autonomiser et à prendre des décisions informées sur leur corps et leur vie. 


S’agissant des jeunes filles migrantes, elles sont plus exposées que les autres aux violences sexuelles et autres abus.  Sans accès aux services de santé, elles sont placées face à des risques accrus de violence, de maladies sexuellement transmissibles, de grossesses non désirées et d’interruptions de grossesses non fiables.  Dans les années à venir, des millions de jeunes vont traverser les frontières volontairement ou involontairement et il faut que les gouvernements agissent et prennent l’engagement d’assurer aux jeunes migrants un large accès à des services de santé sexuelle et reproductive et le respect de leur tendance et appartenance sexuelles.  


Mme SIVANANTHI THANENTHIRAN, du Centre de ressources et de recherche des femmes d’Asie-Pacifique (ARROW), a rappelé que le monde comptait, en 2010, un total de 214 millions de migrants internationaux, soit plus que les 194 millions d’habitants du Brésil qui est, du reste, le cinquième pays le plus peuplé au monde.  Elle a ajouté qu’il y a également de nombreux migrants internes qui quittent les zones rurales pour les centres urbains à la recherche d’une vie meilleure.  Elle a ensuite appelé la Commission à adopter une résolution qui soulignerait la nécessité d’octroyer aux migrants les mêmes droits à la santé reproductive et sexuelle que les citoyens et les résidents du pays qui les accueille.  Cette résolution appellerait également tous les gouvernements à ratifier et à mettre en pratique toutes les conventions sur les droits des migrants et des femmes, dont les dispositions sur la santé reproductive et sexuelle.  Il s’agirait en outre, par cette résolution, de mettre en place une approche transnationale et collaborative face aux migrations internationales. 


La représentante deCatholics for Choice a indiqué que les services de santé de l’Église catholique sont très souvent les sources premières de soins pour les migrants, mais a regretté que ces services n’offrent pas tous les services dont ceux-ci pourraient avoir besoin, notamment en matière de santé reproductive et sexuelle.  Elle a notamment regretté que les migrantes, étant les plus explosées à la traite, ne puissent par exemple pas bénéficier de services de contraception ou d’interruption volontaire de grossesse, et ce, à cause des directives de la hiérarchie de l’Église catholique.  Elle a également désapprouvé le refus de l’Église catholique de promouvoir le préservatif comme moyen de protection contre le VIH.  Elle a rappelé que l’accès aux services de santé reproductive et sexuelle était vital pour les migrants.


Mme DENISE MOUNTENAY, d’EndeavourForum, a évoqué la pénurie de main-d’œuvre que connaît le Canada en raison du vieillissement de sa population, tout comme dans le reste du monde où le taux de remplacement des générations n’est plus assuré.  Elle a affirmé que cette situation profite en premier lieu aux entreprises pharmaceutiques qui gagnent des sommes faramineuses dans la vente de contraceptifs.  Elle a dénoncé les initiatives visant à légaliser l’avortement dans les pays en développement.  Si légal soit-il, un avortement n’est jamais un avortement sûr, a-t-elle souligné, insistant plutôt sur la nécessité de fournir de l’eau potable, des vitamines et des soins, ainsi que du personnel qualifié aux femmes enceintes et « non pas des boîtes de préservatifs ».  C’est la pauvreté qu’il faut éliminer, pas les enfants, a-t-elle tonné.


Mme MARIANNE HASLEGRAVE, Fédération Internationale des Femmes Diplômées des universités, a relevé que de nombreux migrants sont des femmes instruites telles que des médecins, infirmières ou enseignantes qui souhaitent travailler dans un pays autre que le leur.  Elle a tout de même reconnu que dans l’ensemble, les femmes sont moins instruites que les hommes, celles qui accompagnent leur mari sont souvent isolées à la maison, car ne s’exprimant pas dans la langue locale et ne pouvant mener la plus simple transaction comme prendre rendez-vous chez le médecin ou aller à une réunion de parents.  Elle a appelé la Commission à veiller à ce que toutes les préoccupations des migrants soient prises en compte.


M. YANG TZU-YI, World Youth Alliance, a plaidé pour la protection des droits des réfugiés et personnes déplacées, dont la majorité est constituée de femmes et d’enfants.  Il a appelé les gouvernements à mettre en place des mécanismes de regroupement familial, respectant le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant.  Il a également souhaité que la question des migrations soit intégrée dans les réflexions relatives au programme de développement pour l’après 2015.


Mme CASTAÑEDA, Réseau de santé des femmes d’Amérique latine et des Caraïbes, a engagé les États Membres à renouveler leur engagement en faveur du Programme d’action du Caire et insisté sur l’importance qu’il y a à assurer aux migrantes l’accès à des services d’interruption volontaire de grossesse.  Au vu des différentes législations nationales, une femme peut se retrouver emprisonnée dans un pays pour avoir subi une procédure médicale qui est légale dans son pays d’origine, s’est-elle indignée. C’est là la plus grave des inégalités auxquelles font face les migrantes.  La représentante a dénoncé le manque de volonté des autorités politiques pour dépénaliser l’avortement, pointant notamment du doigt leurs liens avec des organisations religieuses conservatrices.


Elle a également parlé des problèmes rencontrés par les couples d’homosexuels qui migrent dans un pays où leur union n’est pas reconnue.  Les droits de santé reproductive sont des droits humains fondamentaux et les migrants ne perdent pas ces droits lorsqu’ils choisissent de s’installer dans un autre pays, a-t-elle martelé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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