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Une Réunion spéciale de l’ECOSOC relance le débat sur la mise en place d’un mécanisme multilatéral de restructuration de la dette souveraine des états

ECOSOC/6570

Une Réunion spéciale de l’ECOSOC relance le débat sur la mise en place d’un mécanisme multilatéral de restructuration de la dette souveraine des états

23/04/2013
Conseil économique et socialECOSOC/6570
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Réunion spéciale

matin et après-midi


UNE RÉUNION SPÉCIALE DE L’ECOSOC RELANCE LE DÉBAT SUR LA MISE EN PLACE D’UN

MÉCANISME MULTILATÉRAL DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE SOUVERAINE DES ÉTATS


Alors que la question de la dette affecte de plus en plus les pays développés, notamment de la zone euro, et certains pays en développement, le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) a organisé aujourd’hui une réunion spéciale consacrée au thème: « soutenabilité de la dette extérieure et développement.  Les enseignements tirés des crises de la dette et les travaux actuellement menés sur les mécanismes de restructuration de la dette souveraine et de règlement de la dette ». 


Au cours de la matinée, les discussions, auxquelles participaient des experts de haut niveau et des délégations d’États Membres, ont porté sur les enseignements tirés des crises de la dette, tandis que dans l’après-midi, les participants ont été invités à échanger leurs points de vue et analyses sur les mécanismes de restructuration de la dette souveraine et le règlement de la dette. La table ronde organisée cet après-midi a été ouverte après que les participants aient entendu un discours d’orientation de M. Joseph Stiglitz, Professeur à l’Université Columbia (États-Unis) et lauréat du prix Nobel d’économie en 2001, dont les observations ont été centrées sur le thème: « lacunes dans les structures juridiques et institutionnelles pour la restructuration de la dette ».


Les problèmes liés à la dette souveraine ne se limitent pas aux marchés émergents et aux pays à faible revenu, a relevé le Président du Conseil économique et social, M. Néstor Osorio, de la Colombie, en ouvrant la Réunion spéciale.  M. Supachai Panitchpakdi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a quant à lui estimé que les problèmes d’endettement insoutenable des grandes économies mondiales sont aujourd’hui plus importants que ceux que rencontrent les pays en développement, car les déséquilibres fiscaux des grandes économies en crise financière ont des répercussions extrêmement négatives sur les autres pays du monde, de moindre poids économique.  


Mme Shamshad Akhtar, Sous-Secrétaire générale au développement économique au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a averti que pour éviter que les dettes souveraines insoutenables des pays industrialisés n’aient des conséquences économiques et sociales insurmontables sur la majorité des États de la planète, il faudrait mettre sur pied un cadre de restructuration de la dette qui permette d’éviter l’accumulation de délais supplémentaires dans les négociations, comme cela a été observé dans le cas de la Grèce.


Pour le Premier Ministre de Fidji, M. Commodore Josaia Voreqe Bainimarama, qui s’exprimait au nom des États du Groupe des 77 et de la Chine, il est urgent de dénoncer les activités spéculatives menées par les créanciers, qui placent les États débiteurs dans des situations peu enviables.  Les fonds spéculatifs, ou « fonds vautours », qui rachètent les dettes des petits pays les plus vulnérables n’ont qu’un seul objectif: le profit à tout prix et par tous les moyens, a dénoncé M. Bainimarama.  À cet égard, la représentante de la Chine a encouragé les économies développées à faire davantage d’efforts pour réduire la dette des pays en développement en créant notamment des conditions d’endettement plus favorables que celles existant à l’heure actuelle.  


Les organisations de la société civile présentes aux débats ont souligné la nécessité d’imposer certaines limites aux créanciers.  Elles ont en outre encouragé l’ONU, et en particulier l’ECOSOC, à poursuivre leurs travaux en vue de définir un mécanisme de règlement de la dette souveraine.  


En ouverture du débat de l’après-midi consacré aux mécanismes de restructuration de la dette souveraine et au règlement de la dette, le professeur Stiglitz a plaidé pour la reprise du débat international engagé il y a une dizaine d’années sur la mise en place d’un mécanisme international de restructuration de la dette.  Il a ainsi suggéré la création d’une sorte d’« organisation mondiale de la gestion des faillites », qui pourra évaluer les dettes des divers pays du monde et trouver les solutions les mieux adaptées à chaque cas. 


La représentante de la Suisse a, elle aussi, regretté l’absence de cadre facilitant le règlement de la dette au niveau mondial.  Elle a souligné l’importance de renforcer la prévisibilité et le partage des informations sur le processus de règlement de la dette.  Le représentant de l’Iraq a noté que le cas de son pays avait été présenté comme une situation « catastrophique » pour les prêteurs, et s’est demandé où étaient les énormes sommes d’argent prêtées au précédent régime.


Au terme de la Réunion spéciale, le Président du Conseil économique et social a souligné que de nombreux intervenants ont mentionné le fait que l’ONU était le forum le mieux indiqué pour discuter de la restructuration de la dette, et que l’ECOSOC avait également un rôle majeur à jouer pour la réussite d’un tel débat.   


La prochaine réunion publique de l’ECOSOC sera annoncée dans le Journal de l’ONU.


RÉUNION SPÉCIALE SUR LE THÈME « SOUTENABILITÉ DE LA DETTE EXTÉRIEURE ET DÉVELOPPEMENT: LES ENSEIGNEMENTS TIRÉS DES CRISES DE LA DETTE ET LES TRAVAUX ACTUELLEMENT MENÉS SUR LES MÉCANISMES DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE SOUVERAINE ET DE RÈGLEMENT DE LA DETTE »


Déclarations liminaires


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé la nécessité de trouver une solution rapide, complète et durable au problème de la dette, comme l’Assemblée générale l’a reconnu dans sa résolution 67/198.  Il a souligné que le Département des affaires économiques et sociales (DAES) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ont promu la participation d’experts et de personnes intéressées dans la recherche de solutions à la question de la dette.  Le débat sur la restructuration de la dette souveraine a commencé dans les années 80 à l’époque des crises de la dette en Amérique latine, puis a repris au début des années 90 et au début du XXIe siècle, a rappelé le Président de l’ECOSOC.  Il a souligné que l’Initiative en faveur des pays très endettés et l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale ont beaucoup contribué à la résolution de cette question dans de nombreux pays à revenu moyen.


M. Osorio a aussi observé que la crise de la dette souveraine peut menacer la stabilité politique et financière de certains pays.  En outre, les problèmes liés à la dette souveraine ne se limitent pas aux marchés émergents et aux pays à faible revenu.  Ils ont également des impacts très importants sur les pays de la zone euro, a noté M. Osorio.  Le Président de l’ECOSOC a rappelé la réunion tenue hier à l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED, sur le thème de la cohérence, de la coordination et de la coopération dans le contexte du financement du développement durable au cours de la période post-2015.  Le débat sur la dette souveraine a des incidences importantes sur le financement du développement durable, a-t-il relevé.  Pour parvenir au développement durable, il a invité la communauté internationale à promouvoir des prêts et des emprunts responsables, ainsi qu’une meilleure gestion de la dette. 


M. SUPACHAI PANITCHPAKDI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a relevé que le contexte mondial de l’après-crise économique fait voir que les problèmes de dette ne touchent pas seulement les pays en développement, et que les solutions aux problèmes de la dette souveraine doivent, de ce fait, être mondiales.  Il a ajouté que la question non résolue de la dette des pays en développement est un poids qui pèse sur l’économie mondiale, et il a également noté que la politique économique d’austérité adoptée par de nombreux pays développés devrait miner la reprise économique mondiale durable.  Il a par la suite souligné qu’étant donné que les dettes souveraines sont d’origines diverses, il serait aussi opportun que les solutions soient de natures diverses. 


Le Secrétaire général de la CNUCED a par ailleurs évoqué des leçons que la communauté internationale devrait faire siennes afin de sortir du cycle de l’endettement.  La première leçon, a-t-il noté, est que les pays ont tendance à sous-estimer l’ampleur de leur endettement et à adopter des programmes économiques illégitimement trop optimistes.  La seconde leçon, a expliqué M. Panitchpakdi, est que les pays sont souvent lents dans la mise en place de mesures de restructuration de leur économie afin de sortir du cycle de la dette; ils reportent trop souvent la mise en place des ajustements nécessaires pour la sortie de la dette.  Il a ensuite relevé, en troisième leçon, que les problèmes de dette des grandes économies mondiales sont plus importants, et donc plus urgents à traiter que ceux des pays en développement, car les problèmes affectant ces grandes économies pourraient avoir des répercussions négatives  sur les pays de moindre poids économique.  


M. Supachai Panitchpakdi a en outre rappelé que la CNUCED avait élaboré, depuis 1970, un plan de restructuration de la dette souveraine.  Il a également regretté que les approches structurelles ne soient pas toujours prises en compte, et que ce soit une réflexion axée essentiellement sur les marchés financiers qui est imposée.  Il a souhaité que la communauté internationale puisse mettre en place des normes qui soulignent la responsabilité des emprunteurs et des prêteurs.  Ceci, afin de pallier au contexte d’irresponsabilité et d’imprudence qui est toujours en vigueur.


Mme SHAMSHAD AKHTAR, Sous-Secrétaire générale au développement économique au Département des affaires économiques et sociales, a axé son exposé sur les lacunes à combler dans le domaine de la restructuration de la dette, en proposant des éléments de solution.  Les crises économiques qui affectent l’Europe ont eu des effets importants sur la situation internationale, a-t-elle relevé.  Elle a rappelé que les systèmes bancaires européens avaient évité autant que possible la faillite, sauf en Grèce, en Islande et à Chypre.  Les faillites différées et les restructurations à répétition sont des caractéristiques des marchés de la dette souveraine, a noté Mme Akhtar.  Trop souvent les décideurs politiques font tout leur possible pour reporter à plus tard une faillite pourtant inévitable, car ils savent que les faillites coûtent chères en termes politiques.  Mme Shamshad Akhtar a aussi fait remarquer le coût élevé des mesures d’encouragement.


La Sous-Secrétaire générale a estimé qu’un cadre de restructuration de la dette souveraine pourrait éviter des délais supplémentaires.  Elle a aussi souligné les coûts économiques et sociaux encourus lorsque les négociations tirent en longueur, comme c’est le cas en Grèce.  Les solutions volontaires et basées uniquement sur les marchés ne sont pas suffisantes, a-t-elle estimé.  Elle a observé que les créanciers lâchent le moins de lest possible, ce qui conduit les pays endettés à accepter un allègement moindre du poids de leur endettement.


Mme Akhtar a plaidé en faveur d’un système de règles et de procédures applicables en matière de restructuration de la dette souveraine, et notamment de l’adoption de règles de priorité entre tous les créanciers publics et privés, ainsi que d’un mécanisme de règlement des litiges.  Elle a aussi invité à mettre en place un processus qui permettrait aux créanciers de réagir rapidement et qui leur donnerait un canal pour pouvoir communiquer avec le débiteur.  L’une des questions à aborder est celle des actions collectives des créanciers, a-t-elle proposé, estimant que les clauses d’action collective ne sont pas suffisantes.  Les règles et procédures devront apporter des solutions efficaces dans la restructuration de la dette souveraine, a assuré Mme Shamshad Akhtar.


M. COMMODORE JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Îles Fidji, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souhaité la mise en place d’un nouveau mécanisme mondial de restructuration de la dette.  Il a regretté que la crise économique récente ait créé une récession économique qui a conduit à l’augmentation de l’impact de la pauvreté dans les pays en développement.  Il a également demandé que la crise de la dette souveraine qui affecte de nombreux pays développés soit résolue au plus vite, car cette situation a un impact sur l’économie mondiale.


Le Premier Ministre des Îles Fidji a ensuite remis en cause les méthodologies appliquées par les agences de notation financière dont le travail ne reflèterait pas la réalité des économies de pays concernés par leur travail.  Il a ajouté que ces agences, de par leur parti pris, manquent de légitimité et de crédibilité.  Il a également regretté que, malgré un appel fort lancé par de nombreux États Membres, l’Assemblée générale n’ait pris aucune mesure pour organiser un débat sur le rôle et la place des agences de notation financière.


M. Bainimarama a en outre rappelé qu’aucune croissance n’était possible si les problèmes de dette subsistent.  Il a par la suite dénoncé les activités spéculatives menées par les créanciers, qui placent les débiteurs dans des situations peu enviables.  Il a cité en exemple le fait que les dettes de certains pays soient parfois revendues ou cédées à d’autres créanciers, notamment les fonds vautours, sans l’accord du débiteur.  Il a également décrié les activités de ces fonds spéculatifs qui n’ont qu’un seul objectif: le profit à tout prix.  Il a indiqué que ces fonds ne devraient pas mettre en péril le droit des États à protéger leur population.  Il a rappelé, dans ce contexte, l’obligation, pour toute compagnie ou institution financière, de respecter les droits de l’homme.


Exposés sur le thème « Les enseignements tirés de l’histoire des crises de la dette »


M. JEFFREY LEWIS, du Réseau de gestion de la réduction de la pauvreté et de l’économie, de la Banque mondiale, a reconnu qu’on n’avait pas encore tiré toutes les leçons des crises de la dette souveraine.  Recensant ce qui a bien fonctionné par le passé, il a estimé qu’il avait été utile de reconnaître la nature systémique de la crise de la dette dans les pays à faible revenu dans les années 1990.  Les mécanismes applicables à la dette traditionnelle ont été utiles, mais n’ont pas réussi à réduire suffisamment la dette considérable contractée par ces pays, a-t-il dit.  On a aussi appris qu’il fallait trouver un mécanisme global de réduction de la dette, a indiqué M. Lewis.  Comme autre succès, il a rappelé que l’initiative PPTE avait été mise en œuvre dans une grande mesure pour les 35 pays qui y étaient éligibles, avec une certaine souplesse dans l’octroi d’une aide provisoire en fonction des conditions spécifiques de chaque pays.  Il a aussi expliqué que beaucoup de ces pays ont une dette commerciale extérieure importante, sans compter leur endettement vis-à-vis des banques.  La Banque mondiale a donc appuyé le rachat de dettes dans plusieurs de ces pays, a indiqué Jeffrey Lewis.  L’initiative PPTE a également permis de donner aux pays concernés une marge de manœuvre leur permettant de contracter de nouveaux emprunts à l’avenir, a-t-il dit avec appréciation.  Il a également expliqué que cette initiative avait aussi pour but de libérer un potentiel de dépenses afin de permettre aux pays bénéficiaires d’investir davantage dans les mesures d’atténuation de la pauvreté.


Des difficultés persistent pour un certain nombre de pays, dont le Tchad, l’Érythrée et le Soudan, par exemple, où l’allègement de la dette n’a pas encore porté ses fruits, a relevé M. Lewis.  Il a aussi souligné d’autres difficultés, comme celles causées par un retour à l’emprunt, qui est parfois précipité.  Si les pays bénéficiant de l’initiative PPTE doivent pouvoir emprunter à nouveau, ils doivent le faire de manière appropriée, a-t-il averti.  Des pays fortement endettés ont aussi eu tendance à émettre des obligations, à se tourner vers des donateurs non traditionnels ou encore à contracter des prêts commerciaux.  On ne peut pas encore évaluer si ces pays ont connu des changements structurels, a dit M. Lewis.  Il a aussi souligné le cas des groupes de pays qui sont confrontés à des difficultés particulières.  La fréquence et l’ampleur de plus en plus forte des catastrophes naturelles est un des facteurs de difficultés pour ces pays qui doivent emprunter davantage pour y faire face, a-t-il noté.  Par ailleurs, il a remarqué que plus un pays dépend de l’emprunt privé, plus il a de créanciers à rembourser.  Les grandes initiatives d’allègement de la dette sont très lourdes à mettre en œuvre et coûteuses, a-t-il ajouté.  Il a recommandé de se concentrer sur les causes des crises, ainsi que sur la viabilité de la dette.  Il faut également mieux gérer la vulnérabilité des pays, a-t-il préconisé.


M. CHRISTOPH PAULUS, Professeur à l’Université Humboldt de Berlin (Allemagne), s’est demandé pourquoi rien n’a été fait pour faire face à la situation fiscale actuelle de certains pays, alors même qu’il existe un très large consensus sur la nécessité de mettre en place un mécanisme international de règlement du problème de la dette.  « Pourquoi ne pas le faire aujourd’hui et agir en énonçant les lignes de fonctionnement de ce mécanisme et en le mettant en place? » s’est-il interrogé.  Il a également soutenu que, le fait que certains pays soient endettés depuis bien longtemps, passant par des phases d’ajustement et de prêts successifs, semble laisser croire que le besoin de la mise en place d’un mécanisme de gestion de la dette n’est pas une vraie urgence et que sa création ne serait pas opportune, car les pays semblent survivre à leur dette.


M. Paulus a néanmoins rappelé que le renvoi de la mise en place d’un mécanisme de règlement de la dette, et celui de la mise en place d’un cadre juridique internationalement agréé, conduisent les pays à faire un surplus de dépenses.  Il a pris en exemple le cas de la Grèce, où les nombreux atermoiements qui ont précédé le plan de sauvetage adopté par l’Union européenne ont conduit à l’augmentation de l’endettement global du pays.  Il a également pris l’exemple sur son propre pays, l’Allemagne, qui était en ruine il y a quelques décennies, à la suite de la Deuxième Guerre mondiale.  Il a expliqué que l’Allemagne a pu se reconstruire et se développer grâce à des négociations avec ses créanciers.  Il a ainsi suggéré que débiteurs et créanciers puissent discuter et négocier sur les possibilités d’allègement de la dette et d’assouplissement des modalités de paiement.


Exposés sur le thème « Les travaux actuellement menés sur les mécanismes de restructuration de la dette souveraine et de règlement de la dette »


Mme YUEFEN LI, Chef de la Branche « dette et développement » à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a expliqué que des instruments tels que les clauses d’action collective des créanciers ne peuvent pas remplacer un mécanisme global conçu spécialement pour restructurer la dette et en restaurer la viabilité.  La CNUCED travaille actuellement sur la restructuration de la dette et les mécanismes de règlement, ainsi que sur la prévention de la crise de la dette, a indiqué la représentante.  Mme Yuefen Li a mentionné les trois piliers de ces travaux, à savoir l’étude analytique; les délibérations intergouvernementales et le consensus; et l’assistance technique et les projets.  En ce qui concerne l’analyse, elle a mentionné qu’un rapport sur la dette serait présenté à l’Assemblée générale, et que c’est un rapport qui contient des éléments de discussions sur le mécanisme de restructuration de la dette.  Pour ce qui est des discussions intergouvernementales et celles menées avec les experts, elle a indiqué que la CNUCED a organisé plusieurs réunions d’experts à ce sujet.  Mme Yuefen Li a reconnu l’existence de certaines divergences, reflétées notamment dans la suspension, en 2012, de la discussion portant sur la création d’une cour d’arbitrage pour la restructuration de la dette


Parmi les avantages que présenterait un mécanisme global de restructuration de la dette, Mme Yuefen Li a souligné que l’opération de ce type de mécanisme aurait un coût faible.  Le système viserait aussi à pallier les principales difficultés actuelles, c’est-à-dire la longueur des négociations, le report continuel des décisions de mise en faillite, le caractère excessif des emprunts, et l’absence de coordination concernant la défense des intérêts des débiteurs.  Ces problèmes semblent s’être aggravés récemment, a noté Mme Yuefen Li, qui a dénoncé en outre une certaine procrastination dans ce domaine.  Elle a cependant apprécié qu’une réunion organisée en février 2013 par la CNUCED ait permis de réfléchir à la voie à suivre et ait mis en évidence une perception qui est plus favorable à un système global de restructuration de la dette.  Enfin, en ce qui concerne l’aide technique, Mme Yuefen Li a signalé la rédaction d’une série de principes en vue de promouvoir des prêts et emprunts responsables.  Deux de ces principes portent spécifiquement sur la restructuration de la dette.  La deuxième phase du projet est, quant à elle, le lancement, en janvier 2013, d’un projet de mécanisme de restructuration de la dette souveraine, dont la mise en place est prévue sur trois ans.


Mme BENU SCHNEIDER, Économiste hors classe du Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, a indiqué que dans la pratique, des moratoires peuvent permettre aux pays endettés de se donner un temps adéquat pour le paiement, par échéances de leur dette, et de se donner ainsi les moyens de relancer la croissance.  Mme Schneider a ensuite souligné la difficulté qu’il y a à mettre sur pied un cadre unique et partagé de règlement des questions de la dette, du fait que les créanciers sont parfois de diverses origines, et que les contrats d’endettement signés par les États ont des contenus divers et de natures différentes.


Mme Schneider a ensuite rappelé que bien que la restructuration de la dette semble une option qui soit favorable aux pays endettés, les coûts de cette restructuration semblent parfois être difficiles à supporter, car elle induit souvent l’augmentation des taux d’intérêt et fragilise l’économie nationale des pays endettés, diminuant ainsi les niveaux d’investissements étrangers directs (IED) qui leur sont destinés.  Sur un plan moral, elle a souligné l’embarras dans lequel se trouve bien souvent le débiteur  insolvable, de même que l’inconfort qui habite le créancier qui exige le paiement de son dû à des échéances précises, alors que le débiteur est dans l’impossibilité de les honorer.  Mme Schneider a ensuite suggéré la mise en place d’un organe international de gestion de ce genre de différends entre créanciers et débiteurs, qui fonctionnerait dans la ligne du mécanisme mis en place par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour gérer les différends entre ses membres.  Elle a également proposé la mise en place d’un système d’un arbitrage dirigé par le Fonds monétaire international (FMI), ou alors d’un cadre arbitrage conduit par des experts internationaux indépendants.


Débat interactif


La discussion interactive qui a suivi les exposés liminaires des experts et panélistes a mis en évidence l’élan des délégations et de la société civile en faveur de solutions exhaustives pour assurer l’allègement de la dette souveraine des États, notamment à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’un mécanisme global de règlement de la dette.  Faisant preuve de volonté politique, les intervenants ont formulé différentes propositions pour approfondir la réflexion et trouver des solutions pragmatiques au surendettement actuel des États, accentué par la crise des banques.  Ils ont aussi salué la participation d’experts et de membres de la société civile à ce débat.


Le représentant de l’Afrique du Sud, dont le pays accueille le premier centre international de gestion de la dette, a indiqué que l’Afrique du Sud est favorable à la prise de mesures d’allègement et d’annulation de la dette, en tant qu’outils de prévention et de réduction de l’impact de la crise économique mondiale.  Les mécanismes de règlement de la dette souveraine existants n’ont pas eu de résultats efficaces, car leurs politiques et les mesures qu’ils ont préconisées n’étaient pas juridiquement contraignants, a regretté le représentant.  De l’avis du professeur Chris Paulus, de l’Université Humboldt, le moment est venu de disposer d’un instrument juridique qui aurait un effet de dissuasion contre les créanciers abusifs.  Mme Shamshad Akhtar, Sous-Secrétaire générale chargée du développement au DAES, a invité les délégations à examiner aussi bien les mesures d’incitation que celles ayant des effets de dissuasion contre le surendettement et les abus commis au nom du remboursement des créances.


Certains pays, même quand ils bénéficient d’un processus de restructuration, continuent à faire face à une dette souveraine importante et bien souvent insoutenable, a relevé pour sa part le représentant de l’Équateur qui a prôné le développement de nouveaux mécanismes de gestion de la dette, comme par exemple des moratoires.  Un mécanisme temporaire d’allègement de la dette serait utile, mais serait dans le même temps difficile à appliquer, lui a répondu le professeur Paulus, de l’Université Humboldt


M. Jeffrey Lewis, expert de la Banque mondiale, a expliqué pourquoi certains pays, même après l’allègement de leur dette par le biais de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE) et sans qu’ils souscrivent d’emprunt supplémentaire, se retrouvent parfois avec un niveau de dette plus élevé que prévu.  C’est une question de seuil tolérable, a-t-il dit, précisant que les seuils d’endettement fixés pour les pays bénéficiant de l’Initiative PPTE sont différents de ceux retenus pour d’autres groupes de pays.  Il a aussi invité à examiner attentivement la capacité d’un gouvernement à gérer sa dette.  Les pays qui ont de faibles capacités dans ce domaine présentent des risques plus élevés d’endettement, a-t-il expliqué.


La représentante de la Chine a encouragé les économies développées à faire davantage d’efforts pour réduire la dette des pays en développement, en créant notamment des conditions d’endettement plus favorables que celles existant à l’heure actuelle.  Les institutions financières internationales doivent aussi accroître leur aide technique aux pays endettés, alors que ceux-ci doivent respecter les engagements qu’ils prennent au titre de l’allègement de leur dette.  La Chine est prête à coopérer à la réflexion à mener pour établir un mécanisme efficace de restructuration de la dette, a-t-elle dit.


Le représentant de l’Afrique du Sud a plaidé en faveur de la mise en œuvre complète de l’Initiative PPTE afin que l’on puisse évaluer son véritable impact.  À cet égard, la représentante du Soudan a expliqué que son pays est éligible à l’Initiative PPTE.  Elle a aussi indiqué ce qui avait été fait par le Gouvernement soudanais, au plan national, pour alléger sa dette au cours des deux prochaines années.  Pour le Soudan, c’est non seulement une question de développement, mais aussi de sécurité, a souligné la représentante.  L’expert de la Banque mondiale a expliqué que les institutions financières internationales cherchaient un cadre macroéconomique logique dans lequel mettre en œuvre l’Initiative PPTE au Soudan.


Un représentant de la société civile, parlant au nom de la coalition d’ONG  « Jubilee USA », a parlé des plaintes déposées par les États-Unis contre les fonds vautours, qui rachètent à bas prix les créances de dette privée de pays pauvres et vulnérables, pour ensuite les trainer devant des tribunaux afin de récupérer des sommes largement supérieures aux montants d’endettement originaux que ces pays, pauvres et sans défense, ont contracté auprès de banques ou d’entreprises privées.  Il s’est dit favorable à un processus unique de règlement de la dette qui soit impartial et qui implique tous les créanciers. 


La représentante de « Bread for the World » et celle du Réseau pour la dette, organisations basées en Allemagne, ont demandé que les procédures collectives de règlement ou d’annulation de la dette s’assurent que tous les créanciers sont représentés quand ce genre d’opération est mené.  Elle a souligné la nécessité d’imposer certaines limites aux créanciers.  Elle a encouragé l’ONU, en particulier l’ECOSOC, à poursuivre leurs travaux en vue de définir un mécanisme de règlement de la dette souveraine.  La représentante du Département des affaires économiques et sociales (DAES) a encouragé l’ONU à tenir des tables rondes sur ce sujet.  Le représentant de l’Équateur a estimé qu’il faut faire participer davantage d’experts et de représentants de la société civile à ces discussions.


Enfin, Mme Yuefen Li, représentante de la CNUCED, a salué les différentes propositions formulées concernant le projet de mécanisme de restructuration de la dette, sur lequel travaille la CNUCED.  Elle a jugé important que les créanciers et les débiteurs agissent de manière plus responsable.


Exposé sur le thème « Lacunes dans les structures juridiques et institutionnelles pour la restructuration de la dette »


M. JOSEPH STIGLITZ, Professeur à l’Université Columbia (États-Unis) et lauréat du prix Nobel d’économie en 2001, a relevé que l’objectif de la restructuration est de réparer les erreurs de gestion financière.  Il a évoqué l’écart entre production réelle et production potentielle qui conduit à la faillite, et il a noté que les ressources disponibles avant et après la crise économique et financière de 2008 sont les mêmes.  Le problème qui se pose est que le monde gaspille un peu plus les ressources disponibles, a averti M. Stiglitz.  Il a également noté que si personne ne rembourse sa dette, cela conduirait à la fin du marché des prêts, d’où l’importance d’établir un équilibre entre les remboursements et les prêts.  Le professeur Stiglitz a indiqué qu’on a tendance à souvent blâmer l’emprunteur alors qu’il faut blâmer les deux contractants, car la faillite de l’emprunteur à honorer ses remboursements signifie également que le prêteur a mal jugé des potentialités de remboursement de l’emprunteur.  M. Stiglitz a notamment cité à cet égard des banques qui prêtent aux pays pauvres, sachant pertinemment que si ces pays sont déficitaires, le Fonds monétaire international (FMI) prendra le relais pour rembourser leur dette à leur place.  


Concernant la restructuration de la dette souveraine, le professeur d’économie a rappelé que chaque pays a un cadre juridique en matière de gestion de la dette et de la faillite qui pourrait arriver au niveau national, mais il a regretté qu’un tel cadre n’existe pas à l’échelle internationale.  Il a expliqué ensuite que la difficulté de restructuration des dettes souveraines tient du fait que les créanciers sont non seulement des banques, mais également des retraités qui ont cotisé pour s’assurer une pension de retraite durant la période productive de leur vie de travailleur.  Plus largement, le créancier, c’est souvent la population d’un pays, a noté M. Stiglitz.  Il a ensuite pris l’exemple de l’Europe, où, quand un pays est en faillite, de fait a une conséquence sur tous les citoyens dudit pays.  Cette faillite a des répercussions sur le plan macro-économique, a précisé le professeur Stiglitz.  Il a ensuite déclaré qu’en cas de faillite d’un État, il serait plus judicieux d’effectuer une restructuration profonde de la dette de cet État, comme cela a été le cas en Argentine au début des années 2000.  Il a expliqué qu’une restructuration légère n’offre que des solutions éphémères et conduit généralement à une plus grande récession de l’économie du pays concerné.


Le lauréat du prix Nobel d’économie 2001 a par ailleurs indiqué qu’en cas de faillite, les marchés ne sont pas à même de régler le problème qui se pose de façon équitable.  Il a donc suggéré la mise en place de tribunaux spéciaux, pour veiller au respect des droits de toutes les parties prenantes.  Il a justifié cette option en évoquant l’existence des « fonds vautours » qui achètent les dettes de pays en difficulté et se procurent, ensuite, des polices d’assurance sur la faillite desdits pays.  Il a ajouté que ces créanciers ont tout intérêt à voir les choses aller de mal en pis, afin de gagner plus.  Il a également plaidé pour la reprise du débat international engagé il y a une dizaine d’années sur la mise en place d’un mécanisme international de restructuration de la dette.  Il a ainsi suggéré une sorte d’« organisation mondiale de la gestion des faillites », qui pourra évaluer les dettes des divers pays du monde et trouver les solutions adaptées à chaque cas.  Mais le problème, c’est qu’il n’y a pas de consensus international sur la question, a regretté le professeur Stiglitz.


Exposés sur le thème « L’architecture de restructuration de la dette »


M. SERGIO CHODOS, Directeur exécutif au Fonds monétaire international (FMI), a expliqué que les solutions offertes par le marché ne suffisent pas à résoudre le problème de la dette souveraine parce que les parties prenantes réagissent différemment dans ce domaine.  Il a remarqué qu’il existe un mantra selon lequel « seul l’accès au marché peut sauver le monde ».  On met l’accent sur l’accès au marché comme s’il était le Graal, a-t-il insisté, essayant de combattre cette idée.  Il a aussi fait remarquer que, dans le cas de la Grèce, le ratio de la dette du pays par rapport à son PIB est pire aujourd’hui qu’il ne l’était avant la restructuration de la dette.


M. HANS HUMES, Président et Directeur exécutif principal de « Greylock Capital Management, LLC », a reconnu que le principal problème qui se pose en matière de restructuration est le retard qui s’accumule lorsqu’il s’agit de réunir les parties concernées.  Reporter la restructuration de la dette ne fait qu’empirer la situation, a-t-il expliqué.  Il faut ensuite faire attention à ne pas se cantonner au chiffre absolu du ratio dette/PIB, mais regarder ce qui est faisable dans un pays surendetté.  En ce qui concerne le mécanisme de restructuration de la dette, il a donné le cas de l’Argentine, où la restructuration a été vraiment constructive.  Depuis 2001, a-t-il dit, on a constaté une amélioration des systèmes ad hoc de restructuration de la dette ainsi que celle des délais de la mise en en œuvre.


Mme DEBORAH NACHE-ZANDSTRA, Avocate associée au Groupe de restructuration de la dette souveraine pour le cabinet Clifford Chance à Londres, a expliqué que le droit de la faillite anglo-saxon prévoit une procédure de faillite en cas de non-paiement du principal et des intérêts de la dette, ou en cas de violation d’autres obligations.  Des moratoires sont possibles pour suspendre les paiements, mais les créanciers peuvent aussi accélérer la procédure, a-t-elle indiqué.  Elle a ensuite présenté les avantages d’un exercice de « statu quo » (« standstill ») comme alternative à un plan de restructuration de la dette.  Un de ces avantages serait que les créanciers puisent travailler dans un espace et un cadre communs.  Cela permet aussi de limiter les incertitudes et la contagion.  Mais l’expérience a montré qu’il n’y a pas de panacée dans ce domaine, a néanmoins noté la paneliste.  Elle a expliqué que le statu quo ne serait pas forcément déclenché par la cessation des paiements, mais qu’il pourrait aussi l’être quand on constate que les paiements effectués ne sont que partiels.  Au cours de cette procédure, il faudrait aussi examiner la diversité des détenteurs de la dette, a-t-elle préconisé. 


Les difficultés que présente ce genre de solution sont notamment dues à des effets secondaires éventuels ou aux changements qui sont apportés à l’univers des créanciers.  Toute solution contractuelle devrait être examinée par des comités spécialisés, a indiqué Mme Nache-Zandstra, avant de s’interroger sur la composition de ces comités.  Les membres les composant pourraient être les plus grands créanciers ou certains groupes de créanciers, a-t-elle suggéré.  Plus ce mécanisme contractuel sera compliqué, plus il sera difficile pour les créanciers de se mettre d’accord, a-t-elle cependant averti.  Il faut aussi prévoir le risque de violation de la confidentialité, a-t-elle indiqué.  Elle a suggéré de pousser la discussion plus avant entre les secteurs privé et public afin de mettre au point certaines de ces idées.  Elle a aussi prévenu que les pays qui sont attachés à leur souveraineté percevront peut être ce genre de procédure comme des restrictions qui leur sont imposées de manière injuste et partiale.


M. LEE BUCHHEIT, Membre du cabinet « Cleary Gottlieb Steen et Hamilton » à New York (États-Unis), a souligné que deux approches sont possibles pour la restructuration de la dette, une approche négociée et une approche plus coercitive.  La première approche consiste, pour le créancier et le débiteur à s’entendre sur un ensemble de procédures de paiement de la dette en fonction des possibilités propres et réelles du débiteur.  La seconde approche quant à elle consiste, pour le créancier, à imposer des méthodes coercitives afin de réclamer et de rentrer en possession de son dû.  M. Buchheit a souligné que l’objectif de la restructuration est de voir le pays débiteur revenir au niveau de paiement conclu; sinon c’est la faillite totale qui ne bénéficie ni au débiteur, ni aux créanciers.  Il a expliqué qu’il valait mieux opter pour la première approche.  Il a donc indiqué que les négociations sont à privilégier, car les créanciers n’ont généralement pas beaucoup de possibilités en ce qui concerne les États, car les avoirs internationaux de ces derniers sont le plus souvent protégés par des mécanismes d’immunité en vigueur.


M. JAMES HALEY, Directeur exécutif de la Banque interaméricaine de développement, a indiqué que le monde vit dans une nouvelle ère au cours de laquelle les pays se sont ouverts au marché international.  Cette période a vu une nouvelle forme de crise financière de plus grande ampleur que les précédentes, et dont les conséquences sont plus graves que celles créées par les problèmes de balance de paiement auxquels les pays faisaient autrefois face.  M. Haley a suggéré, pour gérer les problèmes de dette souveraine des États, la possibilité pour le FMI de jouer le rôle dévolu jusqu’à maintenant aux banques centrales nationales, qui pouvaient offrir des liquidités pour rétablir l’équilibre des marchés, mais ceci dans une perspective  strictement internationale.  Il a rappelé que le FMI avait proposé, il y a 10 ans environ, la mise en place d’un mécanisme de restructuration des dettes souveraines, mais que cette initiative n’avait pas pu prospérer.  M. Haley a également souhaité la mise en place d’une structure internationale de restructuration des dettes souveraines.


Débat interactif


Au cours du débat interactif de cet après-midi, les participants ont présentés des éléments de solution pour régler collectivement le problème posé par la crise de la dette souveraine.  Des critères ont été proposés pour rendre efficace un mécanisme de restructuration de la dette, comme par exemple, faire preuve d’une certaine souplesse pour s’adapter à l’évolution des crises.  Experts et délégations d’États Membres ont reconnu cependant la difficulté de parvenir à un consensus sur un mécanisme international de règlement de la dette souveraine.


Lançant les échanges de cette discussion, la représentante de Belize, dont le pays a procédé récemment à la restructuration de sa dette, a expliqué que le Belize s’était vu demander par le FMI de poursuivre l’application des mesures d’austérité qui lui avaient été préconisées.  Elle a comparé cette situation à celle du Royaume-Uni à qui, selon les informations fournies par les médias, le FMI est sur le point de demander moins d’austérité.  Elle a estimé que les économies émergentes méritaient qu’on leur donne une plus grande place dans le fonctionnement du FMI et dans ses instances de prise de décisions.  Les solutions préconisées par le FMI doivent être mieux adaptées à la situation dans laquelle sont les petits États, a-t-elle demandé.  Elle a suggéré que le FMI développe des instruments financiers dans les monnaies des économies émergentes et leur donne accès à des facilités de paiement abordables.  Elle a jugé à cet égard que l’architecture financière internationale de Bretton Woods était « médiévale » et complètement dépassée par les réalités mondiales actuelles.  Elle a aussi demandé que soit traité le problème de l’instabilité des éléments principaux de l’économie des petits États.


La représentante de la Suisse a regretté l’absence de cadre facilitant le règlement de la dette au niveau mondial.  Elle a plaidé en faveur de la mise en place d’un tel cadre qui, a-t-elle assuré, permettrait un meilleur fonctionnement des marchés financiers.  Relevant que les crises continueront d’évoluer avec le temps, elle a suggéré de mettre en place un cadre suffisamment souple pour s’y adapter.  Elle a aussi souligné l’importance de renforcer la prévisibilité et le partage des informations ayant trait au processus de règlement de la dette.


Beaucoup de difficultés sont liées à la question de la souveraineté, a relevé la représentante de la Nouvelle-Zélande.  Elle a noté avec intérêt les remarques faites par le professeur Stiglitz sur la nécessité de décider du moment de la restructuration d’une dette.  Elle a aussi reconnu la difficulté d’obtenir un consensus international sur un mécanisme international chargé de la facilitation du règlement de la dette souveraine.


En ce qui concerne le cas de la Grèce, M. Lee Buccheit, le panéliste venant du cabinet « Cleary Gottlieb Steen & Hamilton » a remarqué que plus de 90% des dettes de ce pays étaient régies par la loi grecque, ce qui a permis aux créanciers de voter pour prendre une décision sur la restructuration de la dette hellénique.  M. Sergio Chodos, expert du FMI, a estimé que la restructuration de la dette grecque était un succès sur la forme, mais peut-être pas sur le fond.  M. Hans Himes, expert de « Greylock Capital Management, LLC » a expliqué que la Grèce avait une portion de dette qui était gérable.  Mais juste au moment de signer l’accord de restructuration, la Banque centrale européenne et les autres banques centrales ont décidé de changer les obligations grecques, ce qui a prolongé un problème aigue de l’état de la dette.  La deuxième difficulté qui s’est posée en ce qui concerne la situation de l’endettement de la Grèce a été la politique d’austérité préconisée au pays, a-t-il ajouté. 


Le représentant de l’Équateur a soulevé le problème des dettes superfétatoires, qui est une « idée répugnante », selon M. Buccheit, de « Cleary Gottlieb Steen & Hamilton ».  Si un gouvernement pouvait se libérer des dettes contractées par le Gouvernement précédent, il ne se priverait pas de le faire, a-t-il ironisé.  Ceux qui prêtaient d’énormes sommes d’argent à Saddam Hussein savaient bien ce qu’ils faisaient, a-t-il aussi remarqué, en soulignant le problème moral de l’endettement, quand il est encouragé par la partie qui prête.


Le représentant de l’Iraq a noté que le cas de son pays avait été présenté comme une situation « catastrophique » pour les prêteurs.  Il a appelé ceux-ci à en tirer les leçons, en ayant une meilleure vision des systèmes de financement.  Il faut se demander où va l’argent prêté, a-t-il insisté, car la « catastrophe » en question a touché non seulement les prêteurs mais aussi toute la région.


Par ailleurs, M. Humes, le panéliste de « Greylock Capital Management, LLC », a rappelé que si la question de la priorité à accorder au règlement des créances par un pays et son gouvernement ne doit pas être un facteur entrant dans les conditions de règlement de la dette souveraine, bien que cet élément doive quand même être pris en compte.  Lorsqu’il s’agit par exemple de payer les frais relatifs aux prestations de santé dont a besoin une population, on ne peut pas ignorer cette dette et ce devoir qu’a un État à l’égard de sa propre population, a dit M. Humes en relativisant l’ordre des priorités d’un État.


Enfin, le représentant de la Banque interaméricaine de développement a proposé la création d’un fonds volontaire qui examinerait les informations sur chaque restructuration de dette, afin de compiler un corpus de droits en la matière. 


Clôture de la Réunion spéciale 


Au terme de cette Réunion spéciale, le Président du Conseil économique et social a remercié les participants pour l’esprit positif et l’engagement dont ils ont fait montre au cours des échanges de la journée.  Il a relevé que le problème de la dette est une préoccupation mondiale qui interpelle à la fois les pays développés et ceux en développement, et que cela a une influence sur la stabilité financière internationale, et partant sur le développement.  M. Osorio a souligné que de nombreux intervenants ont mentionné le fait que l’ONU était le forum par excellence pour discuter de la restructuration de la dette, et que l’ECOSOC avait également un rôle majeur à jouer pour la réussite d’un tel débat.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement ouvre sa 46e session consacrée à l’évolution et aux aspects démographiques des migrations

POP/1012

La Commission de la population et du développement ouvre sa 46e session consacrée à l’évolution et aux aspects démographiques des migrations

22/04/2013
Conseil économique et socialPOP/1012
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement            

Quarante-sixième session                                   

2e et 3e séances

matin et après-midi


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT OUVRE SA 46E SESSION CONSACRÉE

À L’ÉVOLUTION ET AUX ASPECTS DÉMOGRAPHIQUES DES MIGRATIONS


« Les principes du Programme d’action du Caire

sont plus d’actualité que jamais », affirme le Secrétaire général


La quarante-sixième session de la Commission de la population et du développement s’est ouverte aujourd’hui par un appel du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour une mise en œuvre du Programme d’action du Caire sur la population et le développement, la meilleure réponse, selon lui, aux évolutions de la population.


Les principes issus de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), dont on célèbrera le vingtième anniversaire en 2014, « demeurent plus d’actualité que jamais », a assuré M. Ban, pour qui « les dynamiques de population doivent être un élément du programme de développement post-2015 qui répondra aux besoins des gens tout en garantissant la protection de l’environnement ». 


Le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin, a ainsi exhorté les États Membres à renouveler, à l’occasion de la Conférence de suivi de 2014, leur engagement à mettre en œuvre les objectifs fixés au Caire. 


La Commission de la population et du développement est chargée d’évaluer l’exécution du Programme d’action du Caire.  L’évolution des migrations à l’intérieur des pays et entre les pays, qui a connu de profonds changements au cours des 20 dernières années du point de vue de leur ampleur, des destinations et de leur complexité, constitue cette année le thème central de ses travaux, qui se déroulent au Siège de l’ONU, à New York, jusqu’au 26 avril.


Les questions ainsi soulevées seront intégrées dans les aspects liés à la migration dans le programme de développement post-2015, et enrichiront le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra les 3 et 4 octobre prochains dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.


« Les migrations internes et internationales prennent de l’importance dans une économie mondiale de plus en plus intégrée, qui change littéralement la face du monde », a déclaré le Président de la quarante-sixième session, M. Vlad Lupan de la République de Moldova, ajoutant que jamais, à ce jour, autant de personnes n’avaient vécu en dehors de leur pays de naissance.


« Les migrants ne sont pas des chiffres, mais des êtres humains dotés de droits inaliénables », a expliqué M. Osotimehin, pour qui la protection de ces droits doit figurer en tête des programmes politiques.  Le Directeur exécutif du FNUAP a ainsi appelé à des plans d’action nationaux pour sensibiliser les populations à la situation des migrants, ainsi qu’à la mise en place de cadres propres à renforcer l’accès des migrants à la protection sociale, notamment la santé sexuelle et reproductive, et la planification familiale.


« Il faut jeter une base solide au deuxième Dialogue de haut niveau », a insisté également la Sous-Secrétaire générale du Département des affaires économiques et sociales (DAES).  Mme Shamsad Akhtar a, constatant le manque de mécanismes appropriés au niveau mondial pour appréhender la situation des migrants, souligné l’importance de mettre en place une véritable coopération mondiale.


Le Directeur de la Division de la population du DAES, M. John Wilmoth, a indiqué que sa Division avait créé, en collaboration avec la Banque mondiale, une base de données permettant de réaliser des projections sur la direction des flux migratoires.  Ce type d’information est essentiel tant pour décrire les flux migratoires selon les régions ou le niveau de développement que pour analyser l’impact de la migration internationale sur les différents aspects du développement, a-t-il dit.


Cette première journée, qui s’est achevée par l’ouverture du débat général, a été marquée par les témoignages de trois migrants sur leurs conditions de vie et les raisons pour lesquelles ils ont choisi de quitter leurs pays d’origine.


Les rapports du Secrétaire général ont été présentés par Mme Francesca Perucci, Chef de la Branche de l’analyse démographique de la Division de la population; M. Bruce Campbell, Directeur de la Division technique du FNUAP; et M. José Miguel Guzman, Chef du Service de la population et du développement de la Division technique du FNUAP.


Le Président de la Commission a présenté, quant à lui, le rapport sur les réunions intersessions du Bureau*.


En début de séance, Mme Marianne Odette Bibalou, du Gabon, a été élue Vice-Présidente et Rapporteur.  Elle rejoint au Bureau de la Commission MM. Juan Carlos Alfonso, de Cuba; Eduardo Jose Atienza De Vega, des Philippines; et Matthias Schikorski, de l’Allemagne.


* E/CN.9/2013/2


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT


Rapport du Secrétaire général intitulé « L’évolution des migrations: aspects démographiques » (E/CN.9/2013/3)


Le Secrétaire général présente une vue d’ensemble de l’évolution des migrations internationales et internes, et une évaluation des politiques visant à renforcer la contribution des migrations au développement.  Le rapport présente également des recommandations concernant les mesures à prendre pour faciliter l’intégration des migrants et optimiser les avantages apportés par les migrations.


Le nombre des migrants dans le monde est passé de 155 millions en 1990 à 214 millions en 2010; le nombre de migrants internes étant encore plus important.  Bien que l’on parle ici d’une augmentation en chiffres absolus, la proportion de migrants internationaux dans la population mondiale n’a guère changé pendant cette même période, passant de 2,9% en 1990 à 3,1% en 2010.


Malgré l’intensification des flux migratoires, les migrations internationales demeurent très concentrées: en 2010, sur les 214 millions de migrants internationaux dans le monde, 50 millions vivaient en Amérique du Nord et 70 millions en Europe (un sur trois).


L’origine des migrants internationaux s’est diversifiée ces 20 dernières années, de plus en plus de personnes émigrant de pays comme la Chine, le Mexique et les Philippines.  Le nombre de migrants chinois vivant en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie a fait plus que tripler entre 1990 et 2010, et le nombre de Mexicains et de Philippins vivant loin de leur pays d’origine a doublé pendant la même période.


Fin 2011, le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile a atteint le chiffre de 15,2 millions, à l’échelle mondiale.  Après presque deux années de troubles en Syrie, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a fait état de 612 000 réfugiés venant de ce pays en janvier.


Les migrations internationales, souligne le Secrétaire général, présentent de nombreuses possibilités à exploiter mais aussi beaucoup de problèmes à régler pour les pays d’origine et d’accueil.  De nombreux pays ont mis en place des programmes visant à promouvoir l’intégration sociale et économique des immigrants, à les protéger contre la discrimination et à faciliter leur accès à la citoyenneté.  Mais en 2011, 63 pays avaient des politiques de naturalisation restrictives.


Pour beaucoup de régions du monde, attirer les jeunes talents étrangers est devenu un important objectif politique.  En 2011, 67 pays avaient déjà adopté des politiques visant à encourager l’immigration de travailleurs hautement qualifiés mais la tendance s’est inversée depuis la crise financière mondiale.


Si les migrations de la main-d’œuvre qualifiée bénéficient aux pays d’accueil, l’émigration des personnes instruites, elles risquent aussi de compromettre le développement des pays d’origine.  La proportion de pays qui ont adopté des politiques visant à encourager le retour de leurs ressortissants est passée de 51% en 2005 à 63% en 2011.  En attendant, les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays en développement ont été estimés à 406 milliards de dollars en 2012, contre 381 milliards de dollars en 2011, soit une augmentation de 6,6%.


Mais les frais d’envoi représentent un obstacle de taille à la mobilisation des fonds au profit du développement. Au troisième trimestre de 2012, ces frais atteignaient en moyenne 7,5% pour les 20 principales voies de transfert de fonds bilatérales, et 9% à l’échelle mondiale.  Les frais les plus élevés ont été observés pour l’Afrique subsaharienne, avec une moyenne de 12,4%.


Dans ses recommandations, le Secrétaire général souligne que la majorité des migrants sont des travailleurs.  Les gouvernements devraient reconnaître que, pour profiter pleinement des bénéfices que les migrations peuvent apporter au développement social et économique, ils doivent protéger les droits des migrants et chercher à maximiser la contribution des migrations au développement humain.  Dans cette optique, ils devraient faciliter l’accès aux voies migratoires officielles et en luttant contre toutes les formes abusives de migration, notamment le trafic de migrants et la traite des êtres humains.  Les politiques migratoires devraient être alignées sur les besoins en main-d’œuvre des pays d’origine et d’accueil.


Pour concevoir des politiques efficaces, il faut disposer de données sur les flux migratoires, les statuts juridiques, les répartitions par secteur et par métier, la couverture sociale, les conditions de travail et les salaires, les conditions de sécurité et de santé, et le niveau d’instruction des migrants.  Le Secrétaire général recommande à la Commission d’étudier la façon dont la communauté internationale de statistique peut mieux aider les gouvernements à produire et à analyser ces données.


Lorsqu’ils étudient les différentes options qui s’offrent à eux en matière de migration interne, les gouvernements doivent également mettre d’autres éléments dans la balance, ajoute le Secrétaire général.  Il leur faut par exemple mettre en regard les possibles répercussions d’une concentration excessive de la population dans les villes et les métropoles avec les avantages que représente la mobilité de personnes à la recherche d’une éducation et d’un emploi ou dans l’intérêt de leur famille.


Un débat général sur les liens étroits qui existent entre la migration et le développement est déjà ouvert, dans le cadre de la définition du programme de développement pour l’après-2015, rappelle aussi le Secrétaire général.


Rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, centré sur le thème « Évolution des migrations: aspects démographiques (E/CN.9/2013/4)


Dans ce rapport, le Secrétaire général examine les programmes mis en œuvre par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) aux niveaux mondial, national et régional.


Il estime que le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement qui aura lieu en 2013 sera l’occasion idéale de faire en sorte que les enjeux migratoires occupent une place prééminente dans l’ensemble des débats consacrés aux programmes de développement pour l’après-2015.


Dans ce rapport, le Secrétaire général passe en revue les efforts di FNUAP s’agissant de la mobilisation à l’échelle mondiale, du renforcement des capacités nationales, de la concertation, de la collecte de données et de la recherche et de la sensibilisation.


Dans ses autres initiatives, le FNUAP, en sa qualité de Président du Groupe mondial sur la migration de janvier à juin 2008, a été à l’origine d’une analyse collective des défis associés à la protection des droits fondamentaux des migrants internationaux, qui a donné lieu à une publication: International Migration and Human Rights: Challenges and Opportunities on the Threshold of the 60th Anniversary of the Universal Declaration of Human Rights.


Dans ses conclusions, le Secrétaire général dit que pour mieux comprendre le processus migratoire et aider les pays à promouvoir un flux ordonné de migrants afin de tirer tout le profit possible tout en réduisant au minimum les conséquences négatives des migrations pour les pays d’origine et de destination, comme pour les migrants eux-mêmes, il est tout aussi essentiel d’effectuer des recherches sur des thèmes clefs tels que les causes profondes des migrations, leur incidence sur le développement, leur impact sur l’égalité des sexes et l’habilitation des femmes, ou encore les migrations de travail dans une économie mondialisée.


Rapport du Secrétaire général sur les flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2013/5)


Dans son rapport, le Secrétaire général passe en revue les montants alloués, d’une part, par les donateurs et, d’autre part, par les pays en développement aux activités intéressant la population en 2011, les estimations de ces mêmes montants pour 2012 et les projections pour 2013.


Il indique que l’aide des donateurs continue d’augmenter mais que l’augmentation n’est pas aussi forte qu’auparavant.  Elle s’élevait à près de 11 milliards de dollars en 2010 et est passée à 11,6 milliards de dollars en 2011.  Il est prévu qu’elle augmente en 2012 (11,9 milliards de dollars) et en 2013 (12,3 milliards de dollars).


Selon une évaluation approximative, les ressources mobilisées par l’ensemble des pays en développement se seraient établies à 54,7 milliards de dollars en 2011.  Elles devraient suivre la même tendance et progresser pour atteindre 55,4 milliards de dollars en 2012, puis 58,9 milliards de dollars en 2013.


Le Secrétaire général précise que si certains donateurs ont augmenté leur financement, un grand nombre d’entre eux n’ont pas été en mesure de le faire parce qu’ils ont souffert de la crise financière.  Les pays en développement financent actuellement plus des trois quarts des dépenses consacrées aux activités intéressant la population et plus de la moitié des sommes considérées sont déboursées par les ménages, ce qui a des implications importantes en termes d’accès aux services, notamment pour les groupes les plus marginalisés, et de progression vers la concrétisation des objectifs.


Les niveaux de financement sont inférieurs à ceux qui seraient nécessaires pour exécuter dans son intégralité le Programme d’action de la Conférence internationale et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il en est ainsi pour les quatre éléments du module population dont le coût de mise en œuvre avait été estimé dans le Programme d’action, à savoir les services de planification familiale; les services de santé procréative de base; les activités de prévention des maladies sexuellement transmissibles, de la lutte contre le VIH/sida; la recherche fondamentale et l’analyse des données et des politiques en matière de population et de développement.


Le Secrétaire général détaille l’aide accordée par la communauté internationale aux activités en matière de population, les dépenses engagées au titre d’activités intéressant la population et les dépenses intérieures consacrées aux activités liées à la population.  Il donne aussi par sous-région et jusqu’en 2015 les estimationsactualisées du coût de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.


Dans ses conclusions, il souligne l’importance du financement de la recherche fondamentale et de la collecte de données pour répondre aux besoins de la programmation dans tous les domaines, y compris la planification familiale, la santé procréative et la lutte contre le VIH/sida.


Déclarations liminaires


M. VLAD LUPAN, Président de la quarante-sixième session de la Commission de la population et du développement (République de Moldova), a affirmé que le moment était venu pour la Commission de dresser le bilan des migrations, thème principal de cette session.  Les migrations internes et internationales prennent de l’importance dans une économie mondiale de plus en plus intégrée, qui change littéralement la face du monde, a-t-il déclaré, ajoutant que jamais, à ce jour, autant de monde n’avait vécu hors de leur pays de naissance. 


Il n’est donc pas surprenant, selon lui, de voir les questions liées aux migrations internationales et à leur gouvernance acquérir une dimension et une complexité accrues.  Les migrations internes sont plus courantes encore et peut-être plus lourdes de conséquences du point de vue du développement économique et social.


M. Lupan a expliqué que les migrations étaient étroitement liées aux problèmes de développement national et international et à leurs solutions.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, l’Assemblée générale a décidé de tenir, au cours de sa soixante-huitième session, un deuxième Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. 


La Commission aura cette semaine l’occasion d’étudier l’évolution des migrations et leurs incidences sur le développement économique et social, a souligné le Président.  Les délibérations apporteront un éclairage à la préparation du Dialogue de haut niveau, qui se tiendra les 3 et 4 octobre prochains, a-t-il conclu.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, qui a déclaré suivre étroitement la question des migrations, a souligné que le défi de cette année était d’ouvrir la voie au deuxième Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.  La migration, a-t-il dit, est un phénomène d’actualité dans le monde globalisé.  Que ce soit à l’intérieur des pays ou à travers les frontières, la migration rassemble les gens, a-t-il ajouté, précisant qu’elle présentait des défis qu’il faut relever et offrait des avantages qu’il faut capitaliser.  La question est de savoir comment planifier de tels mouvements et d’en tirer le maximum de bénéfices, a expliqué M. Ban, notant que la migration internationale constituait une question complexe exigeant une solution globale.


Le Secrétaire général a indiqué que les discussions au cours des années avaient permis de définir cinq objectifs clefs: établir des canaux de migrations sûrs et légaux; adapter les politiques migratoires aux demandes du marché du travail; régler les problèmes auxquels sont confrontés les migrants qui n’ont pas de statut juridique; promouvoir l’intégration dans les sociétés d’accueil; et faciliter le retour des migrants et la migration circulaire afin que les migrants puissent revenir chez eux au bon moment.  M. Ban a également mis l’accent sur la nécessité de traiter de la discrimination et des abus auxquels font face les migrants, y compris le trafic humain et l’exploitation sexuelle.


Pour le Secrétaire général, la migration ne devrait pas représenter la solution principale au défi démographique.  La meilleure réponse aux évolutions de la population est d’appliquer le Programme d’action du Caire sur la population et le développement, a-t-il dit, évoquant les questions liées à l’autonomisation des femmes, à l’accès de toutes aux soins de santé reproductive et à l’éducation de la prochaine génération.


En 2014, a-t-il ajouté, sera célébré le vingtième anniversaire du Programme d’action du Caire.  Bien qu’adopté en 1994, ses principes demeurent plus d’actualité que jamais, a assuré le Secrétaire général.  Les dynamiques de la population doivent être un élément du programme de développement pour l’après-2015 qui répondra aux besoins des gens tout en garantissant la protection de l’environnement, a conclu M. Ban.


M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que la migration occupe une place de taille au sein des consultations que mène le FNUAP sur les « dynamiques de la population » dans le cadre du programme pour le développement post-2015.  Il a précisé que la Déclaration de Dhaka contient huit recommandations relatives à la migration et à la « mobilité humaine » qui traitent, entre autres, des questions d’une migration « sûre et ordonnée », de la protection et de l’assistance à accorder aux migrants, de l’intégration de la question de la migration au sein des politiques et stratégies nationales de développement, du lien entre formation professionnelle et demandes du marché de l’emploi, des envois de fonds et des incitations à l’investissement, ainsi que de la migration comme stratégie possible d’adaptation aux changements climatiques.


Les migrants ne sont pas des chiffres, mais des êtres humains dotés de droits inaliénables, a souligné M. Babatunde pour qui la protection de ces droits doit figurer en tête de l’agenda politique.  Il a appelé à des plans d’action nationaux pour sensibiliser les populations à la situation des migrants, ainsi qu’à la mise en place de cadres propres à renforcer l’accès des migrants à la protection sociale, notamment la santé sexuelle et reproductive, et la planification familiale.  Mettant en avant les contributions des migrants au développement tant de leur pays d’origine que des pays de destination, le Directeur exécutif du FNUAP a également jugé nécessaire de faire figurer des politiques visant à renforcer l’aspect positif de la migration dans le programme de développement post-2015. 


M. Babatunde a fait observer que les femmes et les filles représentent désormais près de la moitié des migrants internationaux et que dans certaines régions, elles dépassent en nombre les hommes.  Il a averti que la migration féminine s’accompagne souvent des cas d’exploitation, d’abus et de traite, notamment dans les secteurs informels et non réglementés de l’économie où les femmes sont prédominantes.


Il a également signalé que les jeunes, de 15 à 24 ans, représentent 12% de la population migrante internationale, mais que malgré leur « nombre significatif », ils figurent rarement dans les débats et politiques sur la migration.  Les jeunes voient souvent dans la migration l’occasion de saisir de nouvelles opportunités et la possibilité d’affirmer leur propre identité, a-t-il indiqué, mais dans un environnement peu familier et en l’absence de systèmes d’appui social, certaines d’entre eux arrêtent leurs études, ont des comportements à risque ou sont victimes de violence et d’exploitation.  M. Babatunde a appelé les délégations à accorder une attention spéciale à la vulnérabilité des jeunes migrants et au potentiel qu’ils ont de jeter des ponts entre les différentes sociétés et cultures.


Le Directeur exécutif du FNUAP a aussi fait observer que les migrants internes sont plus nombreux que les migrants internationaux.  L’exode rural a atteint un taux sans précédent alors que les villes manquent souvent de logements et de services nécessaires.  Du fait de l’accélération de l’urbanisation, les villes comptent désormais plus de 850 millions de pauvres entassés dans les taudis, sans service ou système d’assainissement, s’est inquiété M. Babatunde qui a appelé à la promotion d’une urbanisation viable.


M. Babatunde a évoqué l’examen, en 2014, du suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et a exhorté les États Membres à renouveler leur engagement à mettre en œuvre les objectifs fixés.  Il s’est félicité de ce que le Sommet sur la planification familiale, qui s’est déroulé à Londres en juillet 2012, avait permis de mobiliser une somme de 2,6 milliards de dollars qui permettra à 120 millions de femmes et d’adolescentes d’avoir accès, d’ici à 2020, à des services de planification familiale.  Il a fait observer que ces services manquent cruellement en Afrique subsaharienne où les taux de pauvreté et de croissance démographique sont les plus élevés.  Ce sont là les deux facteurs qui, a–t-il fait observer, poussent souvent les personnes à partir.


M. Babatunde a appelé à la mobilisation des ressources pour mettre en œuvre l’agenda de la CIPD et a réclamé des politiques migratoires fondées sur des faits et des données fiables sur les causes de la migration, son lien avec le développement, l’impact des envois de fonds, l’autonomisation des femmes dans le contexte migratoire, le rôle de la diaspora et l’impact de la migration sur l’environnement.


Mme SHAMSAD AKHTAR, Sous-Secrétaire générale au développement économique, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a expliqué que le monde évoluait rapidement, l’économie mondiale étant de plus en plus interconnectée.  Dans un avenir relativement proche, les caractéristiques de la migration internationale pourraient s’avérer dépassées, a-t-elle dit.


Les économies commencent à attirer de nouveaux flux migratoires, tandis que les migrations circulaires représentent un élément de plus en plus important du développement, a-t-elle constaté, évoquant en particulier les envois de fonds des migrants vers leurs pays d’origine et le transfert des connaissances.  La Sous-Secrétaire générale a également mis l’accent sur l’importance de la migration pour la croissance économique des pays d’accueil.


Mme Akhtar a estimé que la préservation des droits fondamentaux des migrants et de leurs familles constituait une priorité, insistant sur la nécessité de respecter les droits de l’homme de ceux-ci.  « Nous pouvons tirer parti de relations fructueuses entre les pays d’accueil et les pays d’origine », a-t-elle dit.  Si les migrations s’opèrent de façon cohérente, elles pourraient être profitables tant aux pays d’origine qu’aux pays de destination, a-t-elle assuré.


Nous manquons de mécanismes appropriés au niveau mondial pour appréhender cette situation, a observé la Sous-Secrétaire générale, soulignant l’importance de mettre en place une véritable coopération mondiale.  Il faut jeter une base solide au deuxième Dialogue de haut niveau, a conclu Mme Akhtar.


M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population, Département des affaires économiques et sociales (DAES), a constaté que les migrations internationales provoquent bien souvent d’importantes « réactions émotionnelles ».  Il s’est félicité de la base de données sur la migration dont dispose sa Division et a expliqué que celle-ci avait développé, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) des méthodes pour estimer le nombre d’enfants, de jeunes et d’adolescents qui figurent parmi la population migrante.


La Division a également créé, en collaboration avec la Banque mondiale, une base de données qui permet de faire des projections sur la direction des flux migratoires.  Cette nouvelle information est essentielle tant pour décrire les flux migratoires selon les régions ou le niveau de développement que pour analyser l’impact de la migration internationale sur les différents aspects du développement, a-t-il précisé.  M. Wilmoth a également fait savoir que dans le cadre de ses activités de suivi des politiques migratoires, la Division avait lancé une analyse des politiques sur la migration irrégulière, la naturalisation, le retour des migrants, la double nationalité et les investissements réalisés par les diasporas.


M. Wilmoth a ensuite mis en avant le fait que la migration a une importante capacité de contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a évoqué, à son tour, la tenue, l’an prochain, de la session spéciale de l’Assemblée générale consacrée à la CIPD et l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. 


Débat général


Ayant étudié les migrations en Asie-Pacifique depuis près de 40 ans, M. GRAEME HUGO, Professeur et Directeur du Centre australien de recherche sur la population et les migrations de l’Université d’Adélaïde (Australie), a estimé qu’un des plus grands changements dans les questions de population et de développement, au cours de ces 40 dernières années, a été la mobilité qui fait maintenant partie des choix de vie.  La migration est un élément de la dynamique des populations, celui qui est le plus susceptible d’être influencé par la politique.  Elle est à la fois une cause du changement en matière de développement mais aussi le résultat du développement.  Dans ce contexte, M. Hugo a prévenu que le discours international se limite trop souvent à la migration internationale alors que la migration interne est également un facteur critique.


Il est tout aussi crucial, a-t-il dit, de reconnaître que la migration est un facteur important des changements social, économique et environnemental.  Avec l’attention accrue que l’on accorde aux changements climatiques, il faut savoir que la migration peut être un des moyens qu’ont les gens de répondre à ce fléau.  Mais la relation entre migration et changement socioéconomique va dans les deux sens.  La migration peut être l’effet et la force motrice de ce changement.  


M. Hugo a parlé de l’ampleur et de la diversité de la migration Sud-Sud.  Aujourd’hui, 35% de la migration internationale va du Sud vers le Nord et un peu moins du Sud vers le Sud.  En Australie, a-t-il dit, les données montrent qu’une toute petite partie seulement de la migration est permanente.  Il s’agit plutôt d’une migration circulaire comme en témoigne le fait qu’un tiers des immigrés chinois finissent par retourner dans leur pays, avec l’impact considérable que l’on sait sur le développement national.  Il faudra donc accorder toute l’attention voulue à ce phénomène de migration circulaire et, en réalité, aux différents types de mobilité.  Par exemple aujourd’hui, plus de 3 millions d’étudiants font leurs études à l’étranger et le nombre de mariages mixtes où un des conjoints doit émigrer augmente.


Au cours de ces 10 dernières années, la population mondiale est devenue plus urbaine que rurale, a poursuivi M. Hugo.  D’ici à 2050, 90% de la croissance démographique aura lieu dans les villes des pays à faible revenu.  Ce qui pousse les gens à émigrer, a dit le Professeur, ce sont les 3 D à savoir le développement, la démographie et la démocratie, même si les réseaux sociaux sont devenus un facteur important.


Dans ce contexte, parler de la fuite des cerveaux de manière plus sophistiquée devient un défi excitant.  Comment tirer parti d’un monde plus moderne et plus mobile? a-t-il demandé, en reconnaissant ainsi la puissance des diasporas et de leurs envois de fonds.


Cette intervention a été suivie de plusieurs questions.  Comment procéder à une analyse comparative de la mobilité interne? s’est demandée d’emblée la représentante du Japon, alors que son homologue de Cuba a estimé que la circularité des flux migratoires mérite d’être davantage étudiée, tout comme le lien entre migration et fécondité.


Qu’en est-il du lien entre migration et catastrophes naturelles? a ajouté le représentant du Pakistan, à savoir le lien entre changements climatiques et migration interne, a enchéri son homologue du Bangladesh


Le Professeur a reconnu que la migration interne étant variable, il est très difficile de comparer les données entre les pays.  Quant à la fécondité, il a admis que les migrants apportent de nouvelles tendances à leur pays de destination avant de retomber dans la tendance générale.  En Australie, les migrants qualifiés, qui sont privilégiés par les politiques migratoires, ont un taux de fécondité semblable aux Australiens même quand ils viennent d’un pays où le taux est élevé.


Le panéliste a expliqué que si la migration liée aux changements climatiques occupe de plus en plus le devant de la scène, il est toutefois difficile de distinguer les migrants écologiques des autres.  Mais cette question deviendra de plus en plus importante, a-t-il prédit.


M. Hugo a ensuite voulu détruire un mythe qui veut que la migration illégale soit un « mal ».  La réalité est en fait bien plus complexe, a-t-il dit.  Je préférerais être un migrant sans papier pour me préserver de l’exploitation, a-t-il dit.


Comment faire la différence entre ceux qui viennent pour travailler et ceux qui n’ont pour seul but que d’obtenir la naturalisation ou le statut de résident permanent? a demandé le représentant du Qatar.  Quelles sont les mesures prises dans les grandes instances internationales pour faire face à la fuite des cerveaux? a voulu savoir son homologue du Nigéria.


Y-a-t-il une compétition pour attirer les migrants qualifiés? a demandé le représentant de la Jamaïque.  Comment faire en sorte que le migrant gagne sa vie dans son pays d’accueil tout en contribuant à l’économie de son pays d’origine? s’est interrogé le représentant de l’Indonésie, alors que celui de l’Ouganda a posé la question de la criminalité dans la population migrante.


En réponse au Qatar, le Professeur a rappelé qu’une bonne politique migratoire doit tenir compte des flux temporaires et permanents.  Quant à la fuite des cerveaux, il a plaidé pour la double nationalité, ce qui permettrait d’alterner les périodes de travail entre le pays d’origine et le pays de destination. 


Débat avec des représentants de la communauté des migrants


La Commission a écouté le témoignage de trois migrants sur leur vie et les raisons pour lesquelles ils ont choisi de quitter leur pays d’origine.


Mme NATALICIA TRACY, Directrice exécutive du Brazilian Immigrant Center, a dit avoir décidé d’émigrer aux États-Unis, avec l’assurance de pouvoir trouver un emploi de nourrice, car « chacun sait » que c’est la terre des opportunités.  Mais la réalité fut tout autre: pendant les deux premières années, elle a travaillé 7 jours sur 7 pour un salaire de 25 dollars par semaine.  Autre raison pour son départ?  Mme Tracy a évoqué les limites de l’accès des femmes de couleurs à l’enseignement supérieur au Brésil.  Les choses ont changé depuis, mais je n’avais pas la patience d’attendre le changement, a-t-elle avoué.  Mais, s’est-elle aperçu, être une femme de couleur, parlant de surcroit avec un accent a été également un obstacle à surmonter aux États-Unis. 


Forte de l’expérience que lui ont donnée ses premières années de travail aux États-Unis, Mme Tracy milite à présent pour défendre les droits et les conditions de travail des travailleurs domestiques, un secteur où le travail n’est pas considéré comme un emploi à part entière et où les abus sont fréquents.  Aujourd’hui mère d’un fils, Mme Tracy a dit rentrer régulièrement au Brésil car elle tient non seulement à ce que son fils ait deux cultures mais qu’il ait aussi conscience des riches opportunités aux États-Unis. 


« Pendant mes études en Somalie, un professeur a un jour demandé à ma classe qui de nous pensait que les hommes et les femmes étaient égaux.  J’ai été la seule à lever la main », s’est souvenu Mme FATUMO FARAH, Directrice de HIRDA, une ONG qui travaille avec la communauté somalienne établie aux Pays-Bas.   Elle a expliqué qu’elle avait quitté son pays à l’âge de 18 ans à cause du conflit et des viols, sans pour autant renoncer à son militantisme en faveur de la promotion des droits et de l’autonomisation des femmes. 


Elle a évoqué ses difficultés d’adaptation aux Pays-Bas, où « tout était différent », à commencer par la difficulté de la langue et du climat.  Elle a dit avoir réussi à obtenir un diplôme universitaire, puis un emploi grâce à l’appui de la diaspora somalienne.  Elle a avoué être restée attachée à la situation des filles en Somalie où elle envoie régulièrement des fonds.  Elle a également longuement détaillé ses activités de militantes en faveur des droits et de l’autonomisation des femmes demeurées en Somalie.


Aujourd’hui chirurgien, M. HAROLD FERNANDEZ, a évoqué le trajet par bateau qui l’a emmené, en 1978, de la Colombie aux États-Unis, soit « les sept plus longues heures de ma vie ».  Il s’est souvenu de la situation difficile d’une famille sans papiers.  M. Fernandez a raconté qu’il ne savait jamais, sur le chemin du retour de l’école, si ses parents seraient à la maison pour l’accueillir ou non, les sans-papiers pouvant être déportés sans préavis.  Il a néanmoins estimé que le fait de grandir en tant que migrant avait été une expérience particulièrement enrichissante.  Les années passant, M. Fernandez a réussi à obtenir de faux papiers sur le marché noir, documents dont il s’est ensuite servi pour s’inscrire à l’Université de Princeton, avant que le pot aux roses ne soit découvert dès la fin de la première année d’études. 


Convoqué chez le doyen, M. Fernandez a décidé de révéler à l’administration qu’il était sans papiers.  La réaction compréhensive lui a permis de concrétiser son rêve et d’intégrer une faculté de médecine.  L’administration aurait pu m’expulser mais elle a décidé de me donner une deuxième chance et, pour cela, je lui serais éternellement reconnaissant.  M. Fernandez a par ailleurs expliqué qu’une émission sur la migration dans laquelle les migrants sans papiers étaient assimilés à des criminels l’avait poussé à écrire le livre « Undocumented » et à militer pour la « Dream Act ».


Quelle est la situation des chauffeurs de taxi, des livreurs, des employés de stations services?  Quels sont les défis qu’ils doivent surmonter? a demandé le représentant du Pakistan


Les migrants illégaux vivent réellement dans l’ombre, a reconnu M. Harold Fernandez qui s’est souvenu des heures de travail de ses parents pour donner un meilleur avenir à leurs enfants, et qui se faisaient un point d’honneur à suivre scrupuleusement toutes les lois, à commencer par la limitation de vitesse, pour éviter d’être repérés.  Malades, ils consultaient un médecin privé et le payait en liquide.


Doit-on pousser les migrants à la naturalisation? a demandé le représentant de la Norvège qui s’est interrogé sur les avantages ou les inconvénients de la double nationalité.


Mme Natalicia Tracy a estimé important de permettre aux migrants de maintenir un lien avec leur pays d’origine et à y promouvoir le développement économique.  Ayant elle-même la double nationalité, elle n’a pas caché son attachement au Brésil.


Quel est le meilleur moyen de promouvoir les liens entre le Gouvernement somalien et la diaspora? s’est demandé le représentant d’El Salvador.  Mme Fatumo Farah a expliqué que lorsqu’il n’y avait pas de gouvernement, c’est la diaspora qui a fait beaucoup pour l’économie du pays.  Depuis, le Gouvernement somalien se tourne vers elle pour la reconstruction du pays, s’est-elle félicitée.


Devrait-on envisager des politiques de discrimination positive face à l’embauche? a demandé à son tour la représentante d’Israël.  M. Fernandez s’est déclaré chantre de la discrimination positive « en faveur de toute méritante ».  Il a salué le processus d’admission dans les universités américaines, lesquelles, a-t-il expliqué, fondent leur décision sur tout le trajet d’une personne et pas seulement sur les résultats scolaires.


La question de la féminisation de la migration a été posée par le représentant du Niger.  Mme Farah a souligné la vulnérabilité particulière des femmes migrantes qui peuvent être violées pendant leur exil et qui font face à des défis beaucoup plus graves et plus nombreux que les hommes.


Débat sur le suivi des recommandations de la CIPD


M. AMENA V. YAUVOLI (Fidji), intervenant au nom du G77 et de la Chine, a constaté que malgré les progrès réalisés dans les discussions, la question de la migration ne figure pas comme il faut ni dans les cadres et politiques de développement, ni dans les politiques sectorielles, que ce soit au niveau national ou international.  Il a appelé à la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD et à l’intégration des questions de population dans l’agenda du développement post-2015.  Il a également appelé les États à promouvoir des politiques cohérentes et à renforcer les institutions de manière à protéger les droits des migrants.  Il importe aussi, a-t-il estimé, d’élaborer des politiques migratoires en faveur de ces droits.  Il faut protéger les familles, a-t-il insisté.


Gravement préoccupé par l’exploitation et la discrimination dont sont victimes les migrants, M. Yauvoli a appelé les pays de destination à éviter les législations ou mesures administratives discriminatoires et préjudiciables au regroupement familial ou encore aux envois de fonds.  Il faut, a-t-il plaidé, assurer l’accès des femmes à la santé.  M. Yauvoli a prévenu qu’à moins de débloquer des ressources supplémentaires vers les pays en développement, le Programme d’action de la CIPD aura peu de chances de se réaliser.  Il a exhorté les pays développés à honorer leurs engagements et responsabilités « historiques » et plaidé, une nouvelle fois, pour la réduction des coûts liés aux envois de fonds grâce à la promotion de la concurrence et de la diversification dans le secteur financier. 


Mme CUI LI, Vice-Ministre de la santé et de la Commission de la planification familiale de la Chine, a affirmé que la mondialisation économique accélérée ne faisait qu’accroître l’ampleur de la migration internationale.  Il s’agit d’une question mondiale qu’aucun pays ne peut traiter seul, a—t-elle dit, plaidant en faveur d’une coopération internationale.  Elle a aussi plaidé en faveur d’une réduction de l’écart entre les pays riches et les pays en développement.  Soulignant à son tour l’importance des données, elle a insisté sur la nécessité de relancer les partenariats et la coopération et de renforcer les capacités des pays en développement. 


M. IGOR KHARITONOV, Chef du Service national des statistiques de la Fédération de Russie, a souligné le rôle que joue la migration dans le renforcement des capacités de production des économies nationales.  Il a dit être en faveur d’une approche globale et souligné l’importance de collecte des données pour assurer l’efficacité des politiques migratoires.  C’est là une des conditions sine qua none.  Or, on fait actuellement face à une divergence de concepts et de définitions des flux migratoires, s’est-il inquiété, avant d’annoncer que son gouvernement allait lancer un projet triennal pour les pays de la Communauté d’États indépendants (CEI) qui, a-t-il expliqué, permettra d’unifier les aspects méthodologiques de la maitrise des flux migratoires.


Mme PATRICIA CHEMOR RUIZ, Secrétaire générale du Conseil national de la population du Mexique, a estimé qu’il était indispensable de profiter pleinement du potentiel de la migration pour le développement économique et social.  Elle a espéré des résultats concrets au futur Dialogue de haut niveau et fait état du processus de consultation nationale, dont l’objectif est de mettre au point un instrument de planification sur six ans.  Les communautés autochtones et le public en général ont été consultés, a-t-elle affirmé à propos d’un exercice qui contribuera à la lutte contre la pauvreté extrême et pour l’égalité des droits et la protection sociale de tous les Mexicains ainsi que pour leur accès à la santé.


M. OLIVIER MAES(Luxembourg) a dit son attachement aux politiques de santé sexuelle et reproductive, précisant que sa délégation accorde une attention particulière à la lutte contre la mortalité maternelle et la lutte contre les fistules, ainsi qu’aux initiatives de regroupement familial.  Il a indiqué que 44% de la population luxembourgeoise est d’origine étrangère, et qu’en comptant les travailleurs journaliers, ce taux monte à 70% de la population active.  Le représentant a souligné l’importance des données, notamment dans les pays en développement afin, a-t-il expliqué, de les aider à prendre conscience de l’évolution de leur population.  Le représentant a également jugé nécessaire d’améliorer l’efficacité du processus lié aux envois de fonds.


Débat général


M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour une approche intégrée des politiques migratoires, qui mettrait un accent sur les droits des migrants, les impératifs de sécurité des États et les efforts contre la traite des êtres humains.  Tout en reconnaissant le droit des gouvernements de prendre les mesures de contrôle des flux migratoires, il a déploré les politiques criminalisant le simple fait de migrer et restreignant les droits fondamentaux des migrants.


Il a rappelé que les États de la CEPALC avaient joué un rôle pionnier dans le développement des instruments de lutte contre les violences faites aux femmes, y compris les femmes migrantes, et a invité les États à aller toujours plus loin dans cette voie.  Le délégué cubain a en outre indiqué que la CEPALC continuait d’œuvrer à l’élaboration d’une stratégie qui prendrait pleinement en compte les migrants comme individus titulaires de droits.  Enfin, il a exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.


M. HLANGUSEMPHI, Ministre de la planification économique et du développement du Swaziland, a rappelé que son pays était familier du phénomène des migrations internationales.  Ce phénomène n’avait jusqu’à très récemment posé aucun problèmes mais, entre 2002 et 2005, un « exode » de professionnels a eu lieu, en particulier les infirmières et les médecins, principalement vers l’Afrique du Sud.  Afin de limiter ce phénomène aux conséquences néfastes sur la société swazie, le Ministre a rappelé que son gouvernement avait mis en place un fonds de développement des zones rurales.  Il a vanté la législation sur la protection et l’assistance aux réfugiés résidant dans son pays.


Il a reconnu que les migrants venus s’installer sur le territoire national faisaient peser une charge financière et sociale sur certaines zones et a déploré que le virus du VIH se développait parallèlement à la migration des populations touchées par la maladie, ce qui rend la lutte plus difficile.  Il a encouragé les États à renforcer la coopération afin d’améliorer les mécanismes de suivi et l’évaluation des politiques mises en œuvre.  La coopération permettra de diminuer l’impact néfaste d’une migration incontrôlée sur les petits pays.


M. EMMANUEL ISSOZE NGONDET, Ministre gabonais des affaires étrangères de la coopération internationale, chargé du NEPAD et de l’intégration régionale, a rappelé que le phénomène des migrations internationales emportait des conséquences à la fois négatives et positives sur les pays d’origine et d’accueil.  Il a notamment évoqué les transferts de fonds à destination des pays d’origine.  Par ailleurs, il a insisté sur la question des droits des migrants au sein des pays de destination.  Son pays, a-t-il expliqué, est un pays de transit et de destination de migrants venus de différents pays africains.  À cet égard, il s’est félicité que les migrants jouissent de tous les droits sociaux tels le droit à la santé et à l’éducation, exception faite des droits politiques et de l’accès aux emplois publics.  Il a exprimé le soutien de son pays aux efforts de mise en œuvre de la Convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. 


Il a également réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en place des législations protectrices, et ce, grâce à la création d’organes destinés à généraliser les meilleures pratiques en termes d’accueil et de prise en charge.  Il a en outre rappelé que son gouvernement avait initié le 7 mars 2013 une vaste campagne de régularisation des étrangers en situation irrégulière sur l’ensemble du territoire gabonais.  Il a enfin tenu à encourager les États à renforcer leur coopération avec les organes et agences des Nations Unies.  Cette coopération permet, selon lui, d’améliorer la participation des migrants dans les économies nationales. 


Mme CUI LI, Vice-Ministre de la santé nationale et de la Commission du planning familial de la Chine, a souligné que son pays avait mis en place des programmes de réforme en matière de migration.  La migration en Chine a doublé entre 1990 et 2010, a-t-elle dit, précisant que l’exode rural vers les villes était le plus important au monde.  En 2011, a-t-elle précisé, la population urbaine a dépassé la population rurale.


Des mesures visant à promouvoir l’urbanisation de façon volontariste et à renforcer progressivement les politiques de la migration ont été prises, a poursuivi Mme Li.  Elle a fait état d’un plan-cadre national de développement de zones fonctionnelles principales visant à offrir des services équitables aux migrants, notamment les travailleurs ruraux et urbains.  Les services publics de ces zones ont été améliorés, a-t-elle dit.  La Ministre a néanmoins fait observer que la Chine était confrontée à des défis, citant entre autres le besoin de renforcer les facteurs institutionnels qui entravent la migration.


Mme MARGARET POLLACK (États-Unis) a dit appuyer une migration « humaine, ordonnée et sécurisée », et a évoqué les réformes qui figurent au cœur de l’administration du Président Obama.  Elle a réclamé un dialogue digne de ce nom avec la société civile et a vu dans la politique étrangère un moyen de lutter contre la xénophobie, tout en appuyant la croissance économique des pays.


Mme Pollack a observé que les femmes migrantes sont souvent victimes et d’abus et d’exploitation sexuelle et qu’elles n’ont souvent pas accès à des soins de santé.  Elle a également estimé qu’une attention accrue devait être accordée aux jeunes et aux membres des communautés homosexuelle et bisexuelle.  Elle a réclamé des politiques précises pour répondre à la situation particulière de ces catégories de personnes.  Elle a appelé les pays à collecter des donnés sur les abus dont sont victimes les migrants.


M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD(Égypte) a estimé que les opportunités que présentaient les migrations étaient innombrables.  Les migrants sont des vecteurs de changement socioéconomique et les défis qui les touchent doivent être traités de façon responsable et globale, tout en tenant compte des questions de sécurité et de droits de l’homme.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de déployer des efforts pour combattre la traite des personnes.  De même, il a insisté sur la nécessité d’attirer l’attention sur les jeunes migrants.   


Il a souligné l’importance de renforcer la coopération bilatérale, régionale et internationale sur la question des flux migratoires.  Il a ainsi fait état de la mise en place, en 2000, par la Ligue des États arabes de l’Observatoire de la migration internationale dans la région arabe. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: le Secrétaire général adjoint présente la stratégie de l’ONU pour continuer à étendre la portée de ses messages

PI/2050

Comité de l’information: le Secrétaire général adjoint présente la stratégie de l’ONU pour continuer à étendre la portée de ses messages

22/04/2013
Assemblée généralePI/2050
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité de l’information

Trente-cinquième session

1re séance – matin


COMITÉ DE L’INFORMATION: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT PRÉSENTE LA STRATÉGIE

DE L’ONU POUR CONTINUER À ÉTENDRE LA PORTÉE DE SES MESSAGES


Les délégations insistent sur le rôle clef des centres d’information et le multilinguisme


Le Comité de l’information a ouvert, ce matin, sa session annuelle, en entendant le nouveau Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, M. Peter Launsky-Tieffenthal, entré en fonctions en août 2012, qui a présenté trois priorités stratégiques du Département de l’information des Nations Unies (DPI).


Ces priorités, qui visent à renforcer le travail du Département de l’information, dont le mandat est de promouvoir la connaissance et la compréhension des travaux de l’ONU à travers le monde, insistent en particulier sur le renforcement de la collaboration avec les États Membres, la coordination des communications avec la famille des Nations Unies et entre le Siège et le terrain et la promotion des capacités de communication modernes.


« En 2012, le Département de l’information a renforcé son partenariat avec les États Membres à travers une multitude de manifestations organisées conjointement à New York et dans d’autres parties du monde », a souligné M. Launsky-Tieffenthal.  En outre, loin du Siège, ce partenariat a également trouvé, sur le terrain, une dimension nouvelle, en particulier à travers le réseau des 63 centres d’information des Nations Unies.  « Ces centres travaillent dans au moins 53 langues et ont un impact immédiat sur la vie quotidienne des gens », a-t-il précisé.


Outre les États Membres, les partenaires du Département de l’information sont également la société civile, les organisations non gouvernementales (ONG), les institutions académiques, les médias, le secteur privé, les militants, les autorités locales, les parlementaires et bien d’autres qui l’aident à raconter l’histoire de l’ONU et à sensibiliser sur les questions prioritaires des Nations Unies.


M. Launsky-Tieffenthal, qui s’est exprimé tour à tour en anglais, en espagnol et en français, a aussi souligné que le Département de l’information avait considérablement développé sa couverture des nouvelles, y compris sur les plateformes des médias sociaux et, ce, tout en respectant une stricte discipline budgétaire et en développant ses capacités technologiques.


Le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, qui est également Coordonnateur pour le multilinguisme, a assuré les États Membres des efforts menés par son Département en vue de fournir, rapidement, l’information dans les six langues officielles de l’ONU.  Aujourd’hui même, a-t-il indiqué, le DPI a lancé un projet pilote mené dans le cadre de la session annuelle de la Commission de la population et du développement, en vue de fournir aux délégations des communiqués de presse en espagnol, la publication des communiqués de presse étant à présent limité aux deux langues de travail de l’ONU: l’anglais et le français.  En ce qui concerne la cohérence à l’échelle du système des Nations Unies et de l’initiative « Unis dans l’action », le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information a expliqué qu’il avait encouragé les trois divisions du Département -Division de l’information et des médias, Division de la sensibilisation du public et Division de la communication stratégique- à participer ensemble à des activités et des programmes. 


La nécessité du multilinguisme a été l’une des préoccupations partagées, ce matin au cours du débat général, par de nombreuses délégations, en particulier par l’Union européenne, le Groupe des 77 et de la Chine, le Sénégal, Cuba (au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes-CELAC) ou encore le Brésil.  « Le multilinguisme est au cœur de la communication vers les peuples du monde entier, c’est une question de redevabilité, de transparence, d’appropriation et de durabilité de l’action menée par l’Organisation », a insisté la représentante de l’Union européenne, où règnent 23 langues officielles.  La représentante a également noté les chiffres « impressionnants » cités dans les rapports du Secrétaire général, à cet égard: plus de la moitié des visites enregistrées en ligne, en 2012, portaient sur des documents rédigés dans une langue autre que les six langues officielles.


Saluant les efforts réalisés en vue d’étendre la présence de l’ONU sur les plateformes des médias sociaux, ainsi que sur les tablettes ou smartphones, de nombreuses délégations ont cependant mis l’accent sur la fracture numérique qui persiste entre les pays développés et les pays en développement.  Elles ont, dès lors, exhorté le Département de l’information à maintenir ses moyens de communications traditionnels, en particulier ses publications, ainsi que la Radio et la Télévision des Nations Unies.  Le représentant du Japon a, par ailleurs, encouragé le Département à renforcer ses partenariats avec d’autres acteurs.  Il s’est félicité de l’accord conclu entre l’ONU et une compagnie aérienne nippone en vue de diffuser les informations des Nations Unies sur ses vols.  Plusieurs pays ont souligné qu’il était nécessaire, pour le Département de l’information, de mettre en place un programme d’information spécifique sur la question de la Palestine.


En début de séance, le Comité de l’information a élu, par acclamation, à la présidence, Mme Lyutha Al-Mughairy, d’Oman, pour le cycle biennal 2013-2014.  Elle est la première femme à présider le Comité et avait, avant de devenir Représentante permanente de son pays auprès des Nations Unies, occupé le poste de Chef du Service des centres d’information des Nations Unies du Département de l’information, à New York.


MM. Yegor Pyvovarov, de l’Ukraine; Juan Manuel Gonzalez De Linares, de l’Espagne; et Gabriel Orellana Zabalza, du Guatemala, ont été élus aux postes de vice-président du Comité; tandis que M. Chibaula D. Silwamba, de la Zambie, assumera la fonction de Rapporteur.  Le Comité a également adopté son ordre du jour et le programme de travail de sa session annuelle*.  Les représentants de Fidji, de l’État de la Palestine, de l’UNESCO et de l’Organisation internationale de la Francophonie participeront aux travaux du Comité en tant qu’observateurs.


Cet après-midi, le Comité de l’information tiendra un débat interactif informel entre le Département de l’information et les délégations.  Il poursuivra son débat général demain, mardi 23 avril, à partir de 10 heures.


* A/AC.198/2013/1


OUVERTURE DE LA SESSION


Déclarations


Mme LYUTHA AL-MUGHAIRY (Oman), Présidente du Comité de l’information, a remercié les membres du Comité de l’avoir élue.  Elle a rappelé que les Nations Unies prônaient le dialogue et que la diversité était une valeur universelle au cœur de la Charte de l’ONU.  Elle a en outre dit souhaiter entendre les priorités des États Membres en matière d’information afin de pouvoir alimenter la réflexion du Comité de l’information.  Elle a rappelé que les délibérations du Comité étaient importantes car, a-t-elle précisé, elles permettent d’établir les orientations du Département de l’information.  La nouvelle Présidente de la Commission s’est dite confiante dans la capacité du Département de l’information des Nations Unies à remplir ses missions en dépit d’une diminution des ressources disponibles.  


Avant de prononcer sa déclaration, M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information a d’abord tenu à présenter ses condoléances au Gouvernement et au peuple de la Chine à la suite du tremblement de terre survenu, samedi, dans ce pays.


« Le personnel des Nations Unies travaille sur les lignes de front, dans les coulisses et dans des conditions souvent dangereuses, et il parvient à apporter une différence positive dans la vie quotidienne des populations.  Le rôle du Département de l’information est de raconter cette histoire », a ensuite souligné, M. Launsky-Tieffenthal, qui a rappelé avoir pris ses fonctions en août 2012.


« Pour le Département de l’information publique, ce n’est pas toujours une tâche aisée, car, en tant qu’organisation véritablement mondiale, a—t-il dit, nous aimerions raconter notre histoire dans le plus grand nombre de langues que possible.  Nous essayons, en outre, de ne pas nous laisser dépasser par la technologie et les nouveaux médias: cette histoire est racontée à travers des publications, la radio, la télévision et, aussi, par le biais des médias sociaux. »


Par ailleurs, en cette période de difficultés économiques que connaissent tous les pays dans le monde, le Département de l’information publique (DPI) doit raconter cette histoire de manière à ne pas entraîner d’incidences budgétaires et doit, en outre, établir un lien entre les processus législatifs qui ont lieu, au Siège à New York -au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale, dans les commissions ou les groupes de travail- et les milliers de collègues et autres personnels de l’ONU sur le terrain.


M. Launsky-Tieffenthal s’est dit optimiste quant à l’impossibilité de faire face à ces défis, avant de mettre plus particulièrement l’accent sur trois orientations stratégiques, à savoir la collaboration avec les États Membres; la coordination des communications avec la famille des Nations Unies et entre le Siège et le terrain; enfin, la création de capacités de communication modernes, résultant d’améliorations réalisées grâce aux enseignements tirés d’expériences passées.


« L’an dernier, le Département a renforcé son partenariat avec les États Membres tandis qu’il mettait en œuvre les mandats que vous avez définis », a souligné le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information.  Il a illustré son propos à travers de nombreuses manifestations organisées conjointement, dont les commémorations qui ont eu lieu dans le cadre du Programme de communication sur le génocide au Rwanda et les Nations Unies; de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclave et de la traite transatlantique des esclaves; celles de la Journée internationale du bonheur ou, encore, les activités du Programme de communication visant à une meilleure compréhension des enseignements de l’Holocauste.


Loin du Siège de l’ONU, sur le terrain, des partenariats avec les États Membres ont trouvé une dimension nouvelle à travers le réseau des 63 centres d’information.  « Ceux-ci fournissent un contexte local important à nos efforts internationaux; ils travaillent dans au moins 53 langues et ont souvent un impact immédiat sur la vie quotidienne des gens », a-t-il souligné. 


Le DPI est également un partenaire des États Membres sous d’autres formes.  La semaine prochaine, par exemple, le Département et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) travailleront main dans la main pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse.


Outre les États Membres, les partenaires du Département sont également la société civile, les organisations non gouvernementales (ONG), les institutions académiques, les médias, le secteur privé, les militants, les autorités locales, les parlementaires et bien d’autres qui aident celui-ci à raconter l’histoire de l’ONU et à sensibiliser sur les questions prioritaires des Nations Unies.


« Le Département a considérablement développé sa couverture des nouvelles, l’an dernier, grâce à l’appui des États Membres », s’est ensuite réjoui M. Launsky-Tieffenthal.  La radio nationale chinoise, par exemple, diffuse les programmes en langue chinoise de la Radio des Nations Unies et le compte Weibo de l’ONU (la version chinoise de Facebook) est suivi par 3,5 millions de personnes.  Par ailleurs, les nouveaux débouchés pour les russophones –Le Centre des nouvelles ONU et la Radio- ont intensifié leur présence sur les médias sociaux, avec de nouveaux comptes sur Facebook et Twitter.


S’agissant de la cohérence à l’échelle du système des Nations Unies et de l’initiative « Unis dans l’action », le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information a expliqué avoir encouragé ses collègues, à travers les trois divisions du Département, à participer ensemble à des activités et des programmes.  Les trois divisions contribueront, par exemple à la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, qui se tiendra à Samoa, l’année prochaine.


M. Launsky-Tieffenthal a aussi souligné que le DPI mettait l’accent sur une plus grande discipline budgétaire axée, entre autres, sur l’efficacité, la modernisation, ainsi qu’une utilisation optimale des nouvelles technologies de l’information et des communications. 


« Tout en demeurant conscient des besoins de ses publics dans diverses parties du monde, le Département continue à mettre l’accent sur les moyens traditionnels de communication », a-t-il assuré.  Le Secrétaire général adjoint a insisté pour que les publications imprimées ne finissent pas dans « les poubelles de recyclage de l’histoire », mais soient les parents de nouvelles formes de communication, y compris les applications. 


Le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information a souligné que le DPI ferait, ce mois-ci, un important « bond en avant » avec la mise en œuvre de son nouveau système de gestion numérique des actifs médias (MAMS), lequel devrait permettre à toutes les productions audiovisuelles du DPI d’être réunies sur une plateforme numérique commune.  L’utilisation de la technologie numérique offrira également au Département de nombreux avantages, en particulier à travers le système d’accès au contenu interactif en réseau NICA.  En outre, la Bibliothèque Dag Hammarskjöld est un « trésor caché » au sein du DPI et celle-ci doit devenir un centre d’information performant, a-t-il insisté.


Avant de conclure, M. Launsky-Tieffenthal a rappelé que le Comité de l’information, à sa dernière session, les États Membres avaient demandé au DPI de présenter une stratégie visant à produire des communiqués de presse dans les six langues officielles. 


Un projet pilote est actuellement mis en œuvre, en partenariat avec le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM) dans le cadre de la session annuelle de la Commission de la population et du développement, qui se réunit cette semaine au Siège de l’ONU à New York, a-t-il indiqué.  Les communiqués de presse seront disponibles en espagnol et les résultats de ce projet pilote seront ensuite examinés pour déterminer les ressources supplémentaires qui seraient nécessaires à l’avenir.


« Il s’agit d’une première étape, et nous continuons d’explorer des moyens rentables d’étendre notre contribution au multilinguisme », a-t-il assuré.  En tant qu’ancien diplomate, M. Launsky-Tieffenthal a dit qu’il était important pour les délégations de pouvoir accéder facilement et rapidement à l’information.


La présente session du Comité de l’information utilise, pour la première fois, le système Paper-smart, qui dispense la distribution de documents en papier, a-t-il précisé avant de conclure.


Mme NAMITA KHARTI(Fidji), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a réaffirmé l’importance accordée par son Groupe au rôle joué par le Département de l’information dans la promotion des missions des Nations Unies.  Le Département de l’information revêt également, a-t-elle dit, une importance particulière dans la mise en œuvre d’un Agenda pour le développement au-delà de 2015 ainsi que dans le cadre des missions de décolonisation, de désarmement et de maintien de la paix.  Cette importance commande, à ses yeux, de définir au mieux les besoins et défis du Département de l’information afin qu’il soit en mesure de remplir les objectifs de sensibilisation et d’information.  Elle a, par ailleurs, salué le Programme d’information spécial sur la question de Palestine dans la promotion d’une paix durable et juste et conforme au droit international. 


Mme Khatri a également salué le rôle que jouent les centres d’information des Nations Unies et a demandé au Comité de ne pas prendre de décision les concernant sans avoir, au préalable, engagé des consultations avec les pays hôtes.  Son Groupe, a-t-elle poursuivi, est préoccupé par l’absence de traduction systématique des contenus du site Internet des Nations Unies dans toutes les langues officielles de l’Organisation.  À cet égard, la représentante a affirmé que le Groupe des 77 et la Chine défendait la définition d’une stratégie pour aboutir à une parité intégrale entre toutes les langues officielles, du moins en ce qui concerne le contenu en ligne. 


Elle a néanmoins affirmé que les médias traditionnels devraient continuer de bénéficier de ressources suffisantes, notamment en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix.  De nombreux pays, a-t-elle fait remarquer, ne disposent pas des infrastructures nécessaires au développement de l’Internet.  Elle a en outre insisté sur la nécessité de numériser les contenus audiovisuels produits depuis plusieurs décennies par les Nations Unies afin de préserver la mémoire de l’Organisation.  Enfin, elle a rappelé que le Département de l’information célèbrera, l’année prochaine, son cinquantième anniversaire et en a profité pour encourager un esprit de dialogue et de concertation.


Mme FRANCESCA RIDDY-O’DOWD de l’Union européenne, a tout d’abord insisté sur le rôle essentiel que joue le Département de l’information en vue d’assurer le succès des activités de l’Organisation.  Elle a estimé que le Département devait tout mettre en œuvre pour faire passer le message des Nations Unies, dans le plus grand nombre de langues possibles, afin d’assurer une meilleure répartition linguistique.  À cet égard, elle a particulièrement salué l’action de M. Launsky-Tieffenthal à l’échelle du Secrétariat en tant que Coordonnateur du multilinguisme.  « Le multilinguisme est au cœur de la communication vers les peuples du monde entier, c’est aussi une question de redevabilité, de transparence, d’appropriation et de durabilité de l’action menée par l’Organisation », a-t-elle insisté, en rappelant que le multilinguisme était une réalité au sein de l’Union européenne avec 23 langues officielles et de nombreuses langues régionales, minoritaires ou hors d’usage. 


La représentante a ensuite salué les améliorations apportées par le Département à l’architecture de divers sites Web, dont ceux de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et a encouragé le Département à faire davantage afin d’ajouter plus de contenus dans toutes les langues officielles.  L’Union européenne encourage aussi le DPI à continuer d’étendre ses accords de coopération avec des établissements d’enseignement supérieur et avec les volontaires des Nations Unies pour augmenter la quantité de contenus en ligne multilingues sans que cela engendre un coût supplémentaire.  Sa représentante s’est encore félicitée de l’élargissement aux médias sociaux et de leur plus grande utilisation dans les limites des ressources existantes et dans toutes les langues appropriées.  Elle a appelé le Département de l’information à faire en sorte que le multilinguisme ne soit pas toujours perçu comme étant un domaine d’activités qui exige des ressources supplémentaires.  Enfin, elle a souligné les efforts déployés par le DPI en vue de l’utilisation croissante des tablettes et des smartphones.


Mme Riddy-O’Dowd a aussi salué les progrès importants réalisés par le réseau des centres d’information des Nations Unies, « qui communiquent dans les langues que les populations locales comprennent », a-t-elle dit.  L’Union européenne a été particulièrement frappée par les chiffres cités dans les rapports du Secrétaire général à ce propos: plus de la moitié des visites enregistrées en ligne, en 2012, portaient sur des documents rédigés dans une langue autre que les six langues officielles.  La représentante a plaidé pour qu’il y ait davantage de coordination dans le cadre des stratégies de communication.  Elle a noté qu’il existait « une tendance visant à exclure la société civile des travaux des Nations Unies ».  « La société civile, a-t-elle tenu à rappeler, est une part essentielle de cette audience. »


M. SUAREZ BORSES (Cuba), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a reconnu le rôle croissant que jouent les technologies de l’information.  L’Internet, a-t-il affirmé, est un outil permettant de diffuser l’information et de sensibiliser l’opinion publique internationale sur les missions et les efforts déployés par les Nations Unies.  Il s’est néanmoins dit préoccupé par la tentative de certains de privilégier ces technologies au détriment de médias traditionnels, notamment la radio.  Le fossé existant entre pays développés et pays en développement requiert, a-t-il estimé, le maintien de ces médias.  Le représentant a, à cet égard, salué l’amélioration continue des services d’information radiophonique dans les six langues officielles des Nations Unies, ainsi qu’en portugais et en kiswahili. 


Le représentant a encouragé le Département de l’information à créer, dans les six langues officielles, des pages Internet consacrées aux campagnes spéciales de sensibilisation et aux célébrations organisées par les Nations Unies.  En outre, il a affirmé que les pays de la CELAC étaient favorables à la production de communiqués de presse dans toutes les langues officielles afin d’assurer une meilleure diffusion.  Le représentant a indiqué qu’un système de rotation pouvait être instauré afin de dépasser les contraintes budgétaires.  La réduction de la longueur et du contenu des communiqués de presse pourrait, a-t-il estimé, être une solution afin de permettre au Département de l’information de mieux s’acquitter de sa mission très lourde. 


M. TAKAHIRO NAKAMAE (Japon) a fait observer que de nombreuses campagnes du DPI avaient contribué à sensibiliser le grand public à travers le monde, en particulier les campagnes thématiques sur le désarmement, les opérations de maintien de la paix, la lutte contre le terrorisme, la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ou la lutte contre la violence à l’égard des femmes.  Il s’est félicité des activités menées par le Réseau des centres d’information des Nations Unies, en particulier celui basé à Tokyo, lequel, a-t-il précisé, avait fourni, l’an dernier, un appui important à plusieurs initiatives des Nations Unies.  Le représentant a assuré que le Japon continuera d’appuyer les activités du Centre d’information de Tokyo à travers une contribution volontaire d’environ 285 000 dollars.


M. Nakamae a ensuite souligné que son pays comprenait les défis d’équilibre financiers qui s’imposent au Département de l’information sur la voie d’une transformation vers l’économie verte.  Il a félicité les Nations Unies pour les efforts fournis à cet égard, notamment lors de la Conférence sur le développement durable Rio+20, en juin 2012.  « Cette conférence avait donné lieu à des innovations technologiques de pointe, en particulier à travers le système PaperSmart afin de réduire le gaspillage de papier lors de conférences », a-t-il ajouté.  Le représentant a, par ailleurs, considéré que les conséquences de l’ouragan Sandy sur diverses infrastructures de publication au Siège de l’ONU devraient être analysées.  Il a également encouragé le DPI à faire preuve de « discipline fiscale » et à poursuivre ses partenariats.  Il a cité, en exemple, le partenariat établi avec la compagnie aérienne « All Nippon Airways » en vue de diffuser les informations des Nations Unies durant ses vols.  Il a souhaité que de tels accords soient conclus avec d’autres compagnies à travers le monde. 


Par ailleurs, le représentant a fait remarquer que le travail de numérisation des archives de l’Organisation depuis 1946, qui est actuellement mené par le DPI, demeurait « énorme ».  Le Japon a dit attendre un calendrier précis en vue d’achever la numérisation de ces documents historiques en tant qu’outils indispensables pour les générations futures.


M. ORELLANA ZABALZA (Guatemala) a mis l’accent sur l’importante fracture numérique qui persiste entre les pays développés et pays en développement, en insistant sur la nécessité, pour le Département de l’information, de maintenir des moyens de communication et d’information traditionnels.  Il a, en outre, mis l’accent sur le rôle que jouent la télévision et la radio des Nations Unies dans les pays en développement. 


Le représentant a également souligné qu’il était essentiel d’établir la parité entre les langues des Nations Unies.  « Cette nécessité doit se refléter dans l’architecture des sites d’information des Nations Unies », a-t-il ajouté.  À cet égard, il s’est félicité de la mise en œuvre d’un projet pilote destiné à publier les communiqués de presse en espagnol et a souhaité que le succès de ce projet pilote permettra d’étendre la publication des communiqués de presse dans toutes les autres langues officielles.


Mme GERTRUDE K. MWAPE (Zambie) a réaffirmé l’attachement de son pays à la liberté de l’information et de l’expression.  Ces deux libertés, a-t-elle souligné, sont essentielles pour consolider la cohésion sociale et la démocratie.  Son gouvernement, a-t-elle poursuivi, est déterminé à permettre à ses citoyens de bénéficier d’une information transparente et fidèle à la réalité.  À ce titre, elle a encouragé les États Membres à ne pas influencer le contenu des médias officiels et de mettre en œuvre des mesures de nature à accroitre le nombre de médias indépendants.


En outre, la représentante de la Zambie a informé les États Membres présents dans la salle de la mise en place dans son pays d’une plateforme numérique de diffusion télévisuelle à l’horizon de 2015.  Pour ce faire, la Zambie a établi un organe national multisectoriel afin de développer et superviser le processus de migration vers la technologie numérique.  Elle a conclu en saluant le rôle du Comité de l’information dans la promotion des libertés fondamentales que sont la liberté d’expression et d’information et a tenu à réaffirmer l’engagement de son pays pour mener à bien ces nobles missions. 


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a salué les efforts déployés par le Département de l’information pour diversifier ses services et programmes.  Tout en réaffirmant la nécessité de maintenir les ressources nécessaires à l’utilisation des médias traditionnels, il a soutenu la stratégie qui vise à accorder une place conséquente aux nouvelles technologies de communication.  Il a, à cet égard, encouragé l’utilisation des réseaux sociaux dans le développement des campagnes de sensibilisation et salué le succès de la page Facebook des Nations Unies.  Le développement de ces nouveaux outils doit s’appuyer, a-t-il estimé, tout d’abord sur les ressources propres des États Membres, mais également sur un soutien de la communauté internationale.


Le représentant a par ailleurs tenu à réaffirmer l’attachement de son pays au multilinguisme et encouragé les Nations Unies à respecter scrupuleusement la parité linguistique.  À cet égard, il a estimé qu’une meilleure utilisation des ressources devrait être assurée.  Il a conclu en saluant la « constance qui caractérise le Département de l’information dans la mise en œuvre de son Programme d’information spécial sur la question de Palestine ».  Ce Programme est essentiel pour compléter les efforts diplomatiques déployés en vue d’aboutir à la création d’un État de Palestine indépendant et viable, a-t-il souligné.


M. MIAN JAHANGIR IQBAL (Pakistan), qui s’est associé à la déclaration prononcée par le représentant de Fidji au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que son pays vivait, en ce moment, une transition démocratique historique, qui sera suivie par de nombreux médias et observateurs étrangers.  Il a ensuite souligné que son pays avait vécu comme un grand honneur la conversation, par Skype, que le Secrétaire général de l’ONU a eue avec Manala Yousafzai, la jeune fille pakistanaise agressée par des Taliban, et ce, à l’occasion du lancement des 1 000 jours nous séparant de la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


Le représentant a expliqué que le Pakistan avait pris des mesures pour perpétuer le rêve de Manala en faveur de l’éducation pour les filles à travers le lancement, en collaboration avec l’UNESCO, d’un fonds portant son prénom.  Le Pakistan a versé les 10 premiers millions de dollars alimentant ce fonds, a-t-il précisé.


Par ailleurs, le représentant du Pakistan a insisté sur le rôle que jouent les 63 centres d’information des Nations Unies en vue de combler les lacunes qui persistent entre les pays en développement et les pays développés du point de vue de l’accès à l’information.  Il a estimé qu’il était essentiel de continuer à allouer à ces centres des ressources, notamment en leur fournissant des locaux à titre gratuit.  Il a également salué la nomination d’un nouveau directeur pour le Centre d’information d’Islamabad et a exhorté le Département de l’information à permettre à ce Centre de restaurer pleinement ses services et de diffuser des informations en urdu.


M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a encouragé le Département de l’information (DPI) à promouvoir la légitimité et la transparence des institutions des Nations Unies dans un nombre de langues aussi grand que possible.  Il a également salué les efforts du DPI pour s’adapter à l’évolution des technologies, tout en maintenant une attention aux médias traditionnels que sont la radio, la télévision et la presse écrite.  Il a, à ce titre, tenu à féliciter les programmes en portugais de la radio des Nations Unies ainsi que le rôle du Centre d’information des Nations Unies de Rio de Janeiro dans la promotion des travaux de la Conférence des Nations Unies sur le développement durables et son suivi.  Il a également encouragé les pays hôtes des centres d’information de leur offrir des locaux gratuitement en raison des ressources parfois militées dont ils disposent.


Le représentant du Brésil a par ailleurs tenu à encourager le Département de l’information à combiner médias traditionnels et les nouvelles technologies afin de traiter des questions qui font l’actualité.  Une stratégie innovante pourrait, a-t-il estimé, accroître considérablement la portée du message des Nations Unies, notamment dans les pays en développement. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Dans une salle rénovée, la Réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED s’ouvre dans un contexte économique mondial morose

ECOSOC/6567

Dans une salle rénovée, la Réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED s’ouvre dans un contexte économique mondial morose

22/04/2013
Conseil économique et socialECOSOC/6567
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions

de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED

6e et 7e séances – matin et après-midi


DANS UNE SALLE RÉNOVÉE, LA RÉUNION DE L’ECOSOC AVEC LES INSTITUTIONS DE BRETTON

WOODS, L’OMC ET LA CNUCED S’OUVRE DANS UN CONTEXTE ÉCONOMIQUE MONDIAL MOROSE


C’est dans le contexte d’un marasme économique affectant particulièrement les pays industrialisés, dont ceux de la zone euro1, que le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) a ouvert ce matin sa Réunion spéciale de haut niveau avec les organismes issus des accords de Bretton Woods –Banque mondiale et Fonds monétaire international- l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 


Dans un climat marqué par les problèmes posés par les dettes souveraines qui affectent plusieurs pays d’Europe; la fragilité des systèmes bancaires de nombreux pays industrialisés; l’exercice de fortes pressions en faveur de l’instauration de la rigueur budgétaire en Europe et en Amérique du Nord, et une économie mondiale qui a connu un nouveau ralentissement généralisé en 2012, les délégations des États Membres et les représentants et experts des institutions financières et commerciales multilatérales étaient aujourd’hui invités à débattre des moyens de compenser la baisse des sources publiques d’aide au développement et d’assurer un financement prévisible du développement durable après 2015.     


Face aux restrictions budgétaires qu’impose la crise économique et fiscale dans les pays développés, et face à la diminution des ressources financières qui auraient dû faciliter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à l’orée de l’année 2015, M. Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a insisté sur le rôle que doit jouer le Conseil économique et social (ECOSOC) pour rassembler les efforts des États Membres afin de « promouvoir la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 ».  Après avoir souligné que l’élimination de la pauvreté est le défi le plus important à relever à travers le monde, M. Eliasson a aussi relevé que la Banque mondiale s’est fixée pour objectif de contribuer à l’éradication de la pauvreté extrême d’ici à l’année 2030. 


S’agissant de la cohérence et de la coordination, le Président du Conseil économique et social, M. Néstor Osorio (Colombie),a salué le premier pas qu’ont réalisé les États Membres lors de la Conférence Rio+20, qui a eu lieu au mois de juin 2012, afin de renforcer la responsabilité mutuelle en matière de développement durable au niveau mondial.  Cette responsabilité mutuelle et partagée est la base essentielle du partenariat mondial pour le développement, a rappelé M. Eliasson en se félicitant que Rio+20 ait instauré la conduite de l’examen ministériel annuel de l’ECOSOC tout en créant aussi le Forum biennal de haut niveau pour la coopération en matière de développement.


Cette première journée de débats de la rencontre ECOSOC-institutions de Bretton Woods-OMC et CNUCED, s’est articulée autour de la tenue de trois tables rondes thématiques.  La première a eu lieu dans la matinée sur le thème « cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 ».  Les deux autres, qui ont suivi dans l’après-midi, ont porté sur « le financement du développement durable, notamment la mobilisation des capitaux privés, dans le cadre du suivi des conclusions de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, tenue à Rio de Janeiro (Brésil), du 20 au 22 juin 2012 », et sur « le Partenariat mondial pour le développement dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015 ». 


Le débat interactif portant sur la question: « situation et perspectives de l’économie mondiale au lendemain de la crise financière et économique mondiale » a vu les interventions liminaires du Premier Ministre des Îles Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G-77); du Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, ainsi que de Ministres de la Colombie, du Soudan, de la Finlande, de la Suède, de l’Iran, et de la Bolivie.  Sont également intervenus le Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, ainsi que les Gouverneurs de la Banque centrale de l’Autriche et de la Banque d’État du Pakistan. 


Alors que le représentant du secteur privé à cette rencontre a critiqué les mesures d’austérité, à ses yeux « responsables d’un déclin économique et social contagieux dans la zone euro », le Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires a quant à lui estimé que ces mesures devraient permettre de ramener à un taux de 3% du PNB le niveau moyen du déficit public dont souffrent beaucoup d’États européens en 2013, contre 6% en 2012.  De son côté, le Ministre de l’économie et des finances de la Bolivie a appelé la communauté internationale à abandonner « l’orthodoxie capitaliste », en notant que la crise ne cessait de s’auto-alimenter depuis 2008 sans qu’aucune perspective de croissance ne soit perceptible à l’horizon.  La représentante de la société civile a jugé que le moment était venu d’instaurer une taxe sur les transactions financières, en notant que « la finance doit être au service du peuple et pas l’inverse ».  Enfin, mettant l’accent sur l’importance du commerce pour stimuler la croissance économique et mobiliser les ressources nécessaires au financement du développement et à la réalisation des OMD, le représentant de la CNUCED a demandé que le commerce soit considéré comme un pilier stratégique des objectifs de développement post-2015.


Au cours de la journée, l’Envoyé spécial et Représentant du Groupe de la Banque mondiale pour les OMD et les questions relatives au développement financier, M. Mahmoud Mohieldin, a fait une présentation du programme de développement pour l’après-2015, du point de vue de la Banque mondiale, en mettant l’accent sur le financement du développement.  Sont également intervenus aujourd’hui les représentants des parties prenantes institutionnelles, à savoir M. Mukhtar Tileuberdi (Kazakhstan), Président du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED; M. Jorge Familiar Calderón, Vice-Président et Secrétaire exécutif du Groupe de la Banque mondiale et Secrétaire exécutif par intérim du Comité conjoint du développement Banque mondiale/FMI; Mme Patricia Alonso-Gamo, Secrétaire adjointe du Fonds monétaire international (FMI) et Secrétaire par intérim du Comité monétaire et financier international (CMFI); et M. Shishir Priyadarshi, Directeur de la Division du développement de l’OMC.


L’ouverture de la Réunion spéciale de haut niveau a été précédée d’une cérémonie d’inauguration de la salle rénovée de l’ECOSOC, après trois ans de travaux, qui a eu lieu en présence du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et de la Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, Mme Gunilla Carlsson.  Mme Carlsson a rendu hommage à ses compatriotes qui ont participé à la rénovation, à savoir l’architecte, M. Swen Markelius, concepteur de l’aménagement intérieur, et l’artiste Ann Edholm, qui a conçu le rideau mural rouge et blanc symbolisant le dialogue et la coopération nécessaire entre les pays en développement et les pays industrialisés.  Avec humour, M. Ban Ki-Moon a rappelé que le plafond inachevé de cette salle vient nous rappeler que le travail de l’ONU est une tâche de longue haleine toujours en cours d’accomplissement. 


La Réunion spéciale de haut niveau poursuivra ses travaux demain matin à 10 heures, dans la salle rénovée de l’ECOSOC.


THÈME GÉNÉRAL: « COHÉRENCE, COORDINATION ET COOPÉRATION DANS LE CONTEXTE DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015 » (E/2013/52)


Déclarations liminaires


Dans ses observations liminaires, M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a dit que les débats de cette Réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) auront un impact sur les conditions de vie de millions de personnes parmi les plus pauvres au monde.  En permettant aux populations de prospérer, nous surmonterons les facteurs à l’origine des risques qui menacent la paix, a-t-il ajouté avant de préciser qu’avec le développement économique et social, l’environnement des droits de l’homme ne pourra que s’améliorer.  Alors que la crise de l’emploi dans le monde s’est poursuivie sans relâche, certaines des conséquences les plus graves de ce chômage ne font qu’accroître les problèmes d’inégalité auxquels nous sommes confrontés à travers la planète, a dit le Vice-Secrétaire général.  L’élimination de la pauvreté est le défi le plus important à relever dans le monde, a-t-il ajouté en notant que le marasme économique mondial actuel s’accompagne d’un ralentissement de la lutte contre la pauvreté et de restrictions budgétaires qui affectent les investissements en faveur de l’éducation, de la santé, des services d’assainissement de base et d’autres domaines qui revêtent une importance cruciale pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Dans ce contexte, il a rappelé que les pays en développement ont besoin d’un environnement international porteur qui attire l’investissement direct et d’une réelle aide au développement.  Il a encouragé tous les pays à atteindre l’engagement consistant à consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD).  C’est essentiel, si nous souhaitons atteindre les OMD dans les 1 000 jours qui nous restent d’ici à la fin 2015, a-t-il souligné.  L’ECOSOC a adopté depuis longtemps une stratégie intégrée et globale par rapport au développement, s’est-il ensuite félicité en appelant à l’adoption et à la mise en œuvre de stratégies et de programmes appuyés par un cadre d’action et de mesures robustes. 


« Les partenariats seront indispensables », a poursuivi M. Eliasson en saluant la présence aujourd’hui à l’ONU des organismes issus des accords de Bretton Woods, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la CNUCED.  Il a souligné l’importance d’investir dans l’assainissement qui est l’OMD dont la réalisation a pris le plus en retard et a souligné la référence que constitue à cet égard la résolution de l’Assemblée générale de 2010 sur l’assainissement.  Il a salué l’importance des travaux de l’ECOSOC dans la promotion de la coopération Sud-Sud.  Il a souligné l’importance du Forum pour la coopération en matière de développement, qui apparaît maintenant comme un cadre de responsabilisation mutuelle, et qui « pourrait jouer un rôle élargi en tant qu’élément moteur des efforts visant à responsabiliser davantage les pays et la communauté internationale dans le domaine de la coopération au service du développement ». 


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a déclaré que l’économie mondiale peine toujours à se relever et que ses perspectives restent toujours décourageantes, cinq ans après le déclenchement de la crise financière mondiale de 2008.  Alors que de nombreux pays développés, en particulier dans la zone euro, continuent de connaître des problèmes de dette souveraine, des systèmes bancaires fragiles et des pressions en faveur de l’imposition de la rigueur budgétaire, les pays en développement, qui ont connu des taux de croissance économique importants, sont victimes aujourd’hui d’un fort ralentissement de cette croissance, et donc de la diminution de recettes fiscales indispensables à la réalisation des OMD.  Ces problèmes peuvent s’aggraver, a prévenu le Président de l’ECOSOC, en soulignant aussi l’impact des changements climatiques et des catastrophes naturelles sur les prix des denrées alimentaires.  « La politique fiscale mondiale doit être davantage contre-cyclique pour être plus équitable », a-t-il insisté avant d’appeler à une stratégie efficace en faveur du financement du développement durable. 


Par ailleurs, M. Osorio a jugé indispensable de pouvoir mobiliser et canaliser efficacement les ressources intérieures de chaque pays au bénéfice des activités productives.  Il a jugé essentiel d’aider les pays en développement et promouvoir la stabilité financière pour garantir des investissements dans les domaines essentiels en matière de développement durable.  Il faut financer davantage les petites et moyennes entreprises, a-t-il insisté en appelant à une alliance mondiale renouvelée en faveur du programme de développement pour la période de l’après-2015.  Si les OMD ont engrangé des résultats importants, le programme de développement post-2015 a, quant à lui, besoin d’une approche plus intégrée et systémique pour faire face aux défis à venir, a prévenu M. Osorio.  Il faut aller au-delà de ce qui a été convenu jusqu’à présent, a-t-il insisté avant d’appeler à garantir la cohérence des différentes politiques des États Membres. Le Président de l’ECOSOC a salué le premier pas réalisé par les États Membres, à Rio de Janeiro, en juin 2012 lors de la Conférence sur le développement durable Rio+20, pour renforcer la responsabilité mutuelle au niveau mondial –qui est la base essentielle du partenariat mondial pour le développement– en instaurant l’examen ministériel annuel du Conseil économique et social et en créant le Forum biennal de haut niveau pour la coopération en matière de développement.  Notant qu’il n’existe toujours pas de mécanisme à part entière de responsabilité mutuelle établi au niveau mondial, qui serait à composition universelle et à participation multipartite, M. Osorio a dit qu’un système efficace de gouvernance économique mondiale permettrait également, en assurant la participation de tous les acteurs concernés, à l’élaboration des politiques et au dialogue au niveau international, de renforcer le partenariat mondial pour le développement.  Il a dit que cette Réunion spéciale de haut niveau de l’ECOSOC avec les organismes issus des accords de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED, était une excellente occasion de discuter des meilleures pratiques pour accroître la cohérence la coordination et la coopération en ce domaine. 


Table ronde de haut niveau sur le thème: « Situation et perspective de l’économie mondiale au lendemain de la crise financière et économique mondiale »


M. COMMODORE JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Îles Fidji, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a relevé que le monde a besoin d’une nouvelle architecture financière internationale afin de donner plus de voix aux pays en développement.  Il a souligné que les gouvernements nationaux doivent jouer un rôle central dans la mise en place du programme de développement mondial post-2015, cette année marquant la date buttoir de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a également relevé que l’aide publique au développement (APD) demeure un outil important de développement, et a ensuite noté que le commerce est un outil vital pour le développement international. M. Bainimarama a souhaité l’avènement d’un nouveau cadre multilatéral d’échanges commerciaux plus juste.  Il a en outre plaidé pour la reprise du Cycle des négociations commerciales de Doha.   


M. DJOOMART OTORBAEV, Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, a plaidé pour une amélioration de la gouvernance au sein des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.  Il a souhaité que les discussions sur les questions économiques d’intérêt international soient franches et sincères, afin que les pays en développement puissent trouver des solutions à leurs problèmes de développement.


M. MAURICIO CARDENAS SANTAMARIA, Ministre des finances et du crédit public de Colombie, a relevé que, grâce à des résultats économiques très positifs ces dernières années, la Colombie a réalisé la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a plaidé pour l’adoption de solutions économiques globales, et a souhaité une représentation plus juste des pays en développement au sein des institutions financières internationales.  Il a en outre plaidé pour que les pays en développement puissent mettre en place sur leurs territoires des infrastructures adéquates et investissent mieux dans le capital humain, afin d’avoir des économies compétitives et concurrentielles.  


M. OLLI REHN, Vice-Président de la Commission européenne et Commissaire aux affaires économiques et monétaires, a noté que l’Europe a mis en place des réformes structurelles pour pouvoir parvenir à une croissance durable.  Il a indiqué que ces efforts ont permis de faire passer les déficits budgétaires de la zone euro d’une moyenne de 6% en 2011 à 3% en 2012.  Il a relevé que la gouvernance économique a été renforcée dans l’Union européenne ces deux dernières années, ce qui aurait dû renforcer la crédibilité de la zone euro.  Il a affirmé que malgré la période de crise que connaît le monde en ce moment, l’Union européenne fera tous les efforts possibles pour tenir les promesses qu’elle a faites à travers le G-20, et il a rappelé que l’Union européenne reste le plus grand donateur en ce qui concerne l’APD.  Il a en outre souhaité un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et le G-20, et avec les principales institutions financières internationales.  Il a conclu son intervention en souhaitant la mise en place de politiques plus avisées qui permettraient de relancer l’économie mondiale.


M. ABDUL-RAHMAN DIRAR, Ministre d’État, Ministre des finances et de l’économie nationale du Soudan, a plaidé pour que des mesures et des réformes qui permettraient aux pays les moins avancés (PMA) de pouvoir se développer soient adoptées et mises en œuvre.  Il a reconnu que le commerce et la coopération seront à la base de la promotion du développement au cours de la période post-2015.  Il a de ce fait relevé que les sanctions économiques ciblant certains pays sont injustes dans ce contexte.  Il a ajouté que les pays sortant de conflits ont des problèmes de développement plus importants que ceux qui se posent aux autres États, et il a annoncé la reprise de la coopération entre le Soudan et le Soudan du Sud.


Mme JUTTA URPILAINEN, Ministre des finances de la Finlande, a souhaité pour sa part que les investissements économiques et financiers puissent tenir compte des besoins des générations futures et de la protection de l’environnement.  Elle a regretté que le chômage des jeunes ait augmenté du fait de la crise économique post-2008, et elle a présenté une initiative de réinsertion de jeunes sans emploi menée en Finlande, qui consiste à offrir aux jeunes une formation adéquate et un emploi dès lors qu’ils passent plus de quatre mois au chômage.


M. EWALD NOWOTNY, Gouverneur de la Banque centrale de l’Autriche, a voulu rassuré l’opinion en soulignant que l’euro, en tant que monnaie, est un succès dans tous les pays où elle est en vigueur.  Il a expliqué que c’est la crise bancaire de 2008 qui a créé la crise économique actuelle, et que cela a conduit à la crise des dettes souveraines qui affecte les pays d’Europe.  Les gouvernements, a-t-il noté, ont dû investir pour sauver des banques, ce qui a contribué à creuser les déficits des États.  Il a suggéré la relance de la compétitivité afin de relancer les économies de la zone euro.


M. YASEEN ANWAR, Gouverneur de la Banque d’État du Pakistan, a relevé que du fait de la crise économique mondiale, le déclin dont souffrent les réserves monétaires nationales fait que les pays en développement n’ont pas assez de fonds pour assurer leurs dépenses publiques et l’investissement dans les infrastructures dont ils ont pourtant besoin.  Il a noté que le Pakistan est confronté à des problèmes particuliers, car le pays accueille près de 4 millions de refugiés et est également engagé dans la guerre contre le terrorisme.  Il a reconnu également que la parité des genres est d’une importance majeure pour le développement.  « Une nation ne peut se développer », a-t-il expliqué, « si 50% de sa population, les femmes, n’est pas prise en compte dans ses programmes économiques ».


Mme GUNILLA CARLSSON, Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, a souhaité l’avènement d’un monde dans lequel tous les habitants pourront jouir équitablement des ressources disponibles.  Pour ce faire elle a souhaité l’adoption de mesures de gouvernance plus adaptées aux besoins des populations par les gouvernements, et la mise en place de marchés libres et ouverts.  Elle a appelé également à un meilleur dialogue entre la Banque mondiale et les Nations Unies, ceci au niveau national, avec l’implication des Représentants-résidents de l’ONU.  Elle a également déclaré qu’en exploitant le potentiel des femmes et des filles, on pourrait trouver des solutions à la plupart des préoccupations économiques du monde.


M. SEYED SHAMSEDDIN HOSSEINI, Ministre des affaires économiques et des finances de la République islamique d’Iran, a indiqué que les programmes économiques menés à ce jour ont conduit à la destruction de l’environnement mondial.  Il a relevé que l’Iran a toujours mis l’accent sur les investissements dans les secteurs sociaux.  Cette politique, a-t-il noté, a permis de faire passer l’espérance de vie des Iraniens de 70 ans en 2000 à 73 ans en 2012.  Il a dénoncé l’injustice « dont est victime l’Iran de la part de la Banque mondiale », qui a mis fin à d’importants programmes de développement dans le pays.  Il a évoqué par la suite le droit de l’Iran à pouvoir utiliser de manière pacifique l’énergie nucléaire, et a souligné, en outre, que le Sommet des pays non alignés, tenu en Iran l’an dernier, a rappelé le rôle central de l’ECOSOC dans la gouvernance économique internationale.


M. LUIS ARCE CATACORA, Ministre de l’économie et des finances publiques de la Bolivie, a relevé que le système capitaliste était en crise.  Et ce capitalisme n’est pas en mesure d’apporter des solutions aux problèmes qu’il a créés, a-t-il noté.  La crise actuelle demande que l’on fasse preuve de créativité et que l’on prenne des mesures courageuses, a-t-il souligné.  Il a par exemple suggéré, comme solutions au marasme actuel, une taxe sur les transactions financières, le transfert de technologies vers les pays en développement, et l’augmentation de la taxation sur des secteurs économiques les plus stables, ainsi que la mise en place de filets de sécurité sociale.


M. MARK ESPAT, Envoyé spécial du Premier Ministre du Belize, a relevé que l’économie du Belize est petite et vulnérable, et qu’elle a besoin du soutien de la communauté internationale.  Il a salué la remise de dette dont le Belize a bénéficié et qui ont permis au pays d’atteindre un taux de croissance de 6% en 2012.  Il a ajouté que le G-20 et le G8 sont « de gros éléphants dont les mesures et décisions tendent à écraser les petites économies comme celle du Belize », et il a plaidé pour que les pays en développement soient soutenus dans leurs efforts de prévention des effets des catastrophes naturelles.


Débat interactif


Au cours de l’échange interactif qui a suivi ces présentations, la représentante de la Roumanie a souhaité que les réformes de l’architecture financière internationale puissent tenir compte du poids et du rôle que devraient jouer les nouvelles économies émergences.  Ensuite M. UWE BOTT de la Cross-Border Finance a plaidé pour une approche proactive dans la gestion des crises économiques, afin d’en atténuer les conséquences.  Le Représentant du Costa Rica a pour sa part demandé qu’elles étaient les mesures qu’ont prises les institutions financières internationales pour faire face aux changements climatiques. 


M. PAUL EGERTON, de l’Organisation météorologique internationale, a poursuivi dans la même veine en rappelant que les changements climatiques représentent le problème de développement le plus important de l’heure, notamment pour les pays en développement.  Il a souhaité un engagement plus fort de tous les pays afin qu’un accord soit trouvé dans les négociations portant sur une solution mondiale à la crise du réchauffement de la planète, afin de remplacer les engagements relatifs au Protocole de Kyoto qui arrive à expiration.


Mme EVA HANFSTANGL, de l’ONG Bread for the World-protestant Development Service, a regretté que les promesses d’assistance aux pays en développement faites au cours du Sommet du G-20 de Pittsburg (États-Unis) en 2009 restent toujours lettre morte.  Elle a également salué l’initiative de 11 pays européens qui ont adopté une taxe sur les transactions financières internationale, et a souhaité que d’autres pays suivent cet exemple. 


Mme BARBARA SAMUELS du Global Clearinghouse for Development Finance, a souhaité quant à elle la mise en place de mesures d’atténuation des risques économiques dans le cadre du programme de développement mondiale pour l’après 2015.  Elle a également souhaité la mise en place de centres d’atténuation des risques adaptés aux besoins des populations locales dans chaque pays.  Le représentant du Soudan a quant à lui regretté que les pays les plus pauvres soient souvent ceux qui sont aussi les plus endettés, et il a souhaité que l’ECOSOC puisse convoquer une conférence internationale sur la question de la dette. 


M. ADAM GREENE, du United states Council for international Business, a reconnu que l’impact de la crise mondiale varie d’un pays à un autre.  Il a relevé par exemple que certains pays émergents semblent connaître une croissance très rapide, alors que le contexte économique mondial semble morose.  Il a expliqué également que le développement devrait commencer par des initiatives nationales, avant de pouvoir compter sur les investissements directs étrangers et ensuite sur les ressources de l’APD, ce qui est contraire à l’approche prônée à ce jour.  



« Présentation du programme de développement pour l’après-2015 du point de vue de la Banque mondiale, en mettant l’accent sur le financement du développement »


Présentant le programme de développement mondial pour l’après-2015, tel que le voit la Banque mondiale, M. MAHMOUD MOHIELDIN, Représentant pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les questions relatives au développement financier du Groupe de la Banque mondiale, a mis l’accent sur le financement du développement durable.  Il a cité ce qu’il a appelé les « cinq piliers des objectifs de développement post-2015 », à savoir: un nouvel esprit de partenariat; l’inclusion et l’égalité; l’attention prêtée à l’environnement; la bonne gouvernance; et les questions relatives à la paix, aux droits de l’homme, à la sécurité humaine et à tout ce qui a trait à la liberté de choix des individus.  Il a rappelé que l’élimination de la pauvreté d’ici à 2030 est la priorité de la Banque mondiale.  Il a cité aussi l’objectif de parvenir à une prospérité partagée, dans une égalité entre les personnes et l’égalité entre les sexes, avant de souligner l’importance de réduire les gaspillages et d’améliorer la résistance des institutions aux changements. 


« Au-delà des objectifs, nous avons besoin de moyens de mise en œuvre, et c’est là qu’entre en jeu la question du financement », a dit M. Mohieldin.  Nous avons besoin d’assurer la cohérence entre les institutions de développement ainsi qu’une réelle convergence entre les objectifs de développement durable et le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il ajouté.  Il a dit que les institutions financières peuvent contribuer à la croissance économique en réduisant les coûts des transactions financières et non financières, et en réduisant les risques qui se posent parfois lors des transactions commerciales.  Il a indiqué que l’APD –125 milliards de dollars par an- ne représentait que 1% des 1 267 milliards de flux de capitaux allant vers les pays en développement en 2012. Au-delà de l’efficacité de l’APD et des principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, il faut garantir que le secteur financier et privé soit stable et inclusif, a dit le représentant du Groupe de la Banque mondiale.  Il a rappelé qu’un dollar d’APD investi génère en moyenne 7 ou 8 dollars supplémentaires.


Déclarations des représentants intergouvernementaux des parties prenantes institutionnelles


M. MUKHTAR TILEUBERDI (Kazakhstan), Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que « notre principale mission était de répondre aux aspirations des plus démunis et à leurs ambitions de réaliser tous leurs potentiels et leur autonomisation ».  Il a jugé important de s’appuyer sur les idées issues de la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII », qui s’est tenue à Doha, au Qatar, et de voir comment elles peuvent contribuer au débat d’aujourd’hui afin de mieux articuler le programme de développement pour l’après-2015.  Il a dit qu’un des moyens d’accélérer le développement et l’autonomisation des plus pauvres était le commerce.  Le commerce ouvre les horizons et accroît l’intégration, a-t-il dit en rappelant que le commerce est un moteur du développement et un moyen de mobilisation des ressources de financement du développement.  Il a rappelé que, dès sa première réunion en 1964, la CNUCED avait souligné l’importance des flux commerciaux pour éliminer les disparités entre les pays. 


Face à l’absence de progrès dans les négociations de l’OMC, il a souhaité que la communauté internationale garantisse que le système de l’architecture commerciale internationale reste un pilier du développement économique.  Ce message est encore plus important après une crise qui a frappé des économies dominées par les marchés financiers, a-t-il relevé.  Il a noté qu’il est important de garantir la cohérence de l’architecture économique internationale, en notant que le maillon faible de cette architecture est le système financier international, qui évolue tout seul de son côté, contrairement aux systèmes monétaire et commercial qui sont régulés.  Il ne faut par annihiler le système en place, mais il faut reformer la gouvernance économique mondiale, a-t-il insisté.  Il ne s’agit pas d’une utopie, mais il nous faut trouver des solutions mondiales à des problèmes mondiaux, a-t-il insisté.  Il a dit que la crise de la dette exige la mise en place d’un système de résolution transparent de l’endettement, afin d’éviter que la situation d’un pays n’ait des incidences négatives sur les pays voisins.  Il faut aider les pays en développement à s’intégrer au système économique mondial en améliorant leurs capacités de production, a-t-il d’autre part recommandé.  Il faut faire des efforts pour améliorer le financement de l’innovation dans les pays en développement, a-t-il dit en appelant à y promouvoir l’éducation, la science, la technologie, la propriété intellectuelle, et la définition de normes et de marchés publics.


M. JORGE FAMILIAR CALDERON, Vice-Président et Secrétaire exécutif du Groupe de la Banque mondiale, et Secrétaire exécutif par intérim du Comité conjoint du développement Banque mondiale/Fonds monétaire international, a précisé que le Comité conjoint du développement s’est réuni la semaine dernière à Washington, D.C.  Il a précisé qu’une croissance économique durable dans les pays en développement a d’ores et déjà permis de réaliser l’OMD 1 consistant à réduire de moitié la pauvreté à travers le monde d’ici l’année 2015.  Il a précisé que le Comité conjoint du développement soutient l’objectif ambitieux, mais réalisable de la Banque mondiale d’éliminer la pauvreté absolue d’ici à 2030 à travers le monde.  Il a précisé que cet objectif nécessitera d’investir dans les infrastructures et la production agricole, avant de préciser que le Comité soutenait également l’objectif de la Banque mondiale de promouvoir une prospérité mieux partagée. 


Mme PATRICIA ALONSO-GAMO, Secrétaire adjointe du Fonds monétaire international (FMI) et Secrétaire par intérim du Comité monétaire et financier international (CMFI), a précisé que l’économie mondiale s’est améliorée au cours des derniers mois, tout en reconnaissant que les opportunités ne sont cependant pas les mêmes pour tous les pays.  Grâce aux décideurs politiques et aux mesures qu’ils ont initiées, l’économie de la planète ne semble plus aussi en danger qu’il y a six mois, a-t-elle dit en appelant à tout mettre en œuvre pour ne pas répéter les erreurs du passé.  Nous essayons de soutenir les économies de nos membres dans le souci de soutenir la croissance, a dit Mme Alonso-Gamo.  Nous continuons d’analyser les avantages offerts par les différentes stratégies et de fournir des conseils aux différentes économies, a ajouté la représentante du FMI.  Elle a dit la volonté du FMI d’adapter ses programmes aux besoins et aux problèmes spécifiques des petits États.  S’agissant de la reforme du secteur financier, elle a appelé les États à procéder à des adaptations fiscales urgentes. La création d’emplois et la promotion d’une croissance inclusive sont indispensables partout dans le monde, a-t-elle ajouté, avant d’appeler les grandes puissances économiques à réfléchir aux incidences transfrontalières de leurs différentes options politiques, et notamment fiscales.  


M. SHISHIR PRIYADARSHI, Directeur de la Division du développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné l’importance qu’il y a de favoriser la stabilité financière, en notant qu’il était peu probable que les investisseurs –qu’il s’agisse de l’APD ou des investissements privés- réalisent les investissements à long terme nécessaires au développement durable en cas de risque d’instabilité importante.  Tout en se félicitant d’une croissance annoncée de 3% des activités commerciales en 2013, M. Priyadarshi a précisé que ce niveau était cependant bien en-dessous de la moyenne annuelle de 5% observée au cours des 20 dernières années.  Il a estimé que la Conférence ministérielle de l’OMC, qui a lieu à Bali en Indonésie, offre une occasion importante de parvenir à un accord sur la facilitation des échanges commerciaux et sur les questions agricoles les plus cruciales, notamment l’impact des subventions et des quotas d’importation sur le commerce des produits agricoles.  Il a appelé à limiter les obstacles au commerce en précisant que les coûts totaux du transport des marchandises, au niveau mondial, atteignent 1 800 milliards de dollars par an.  Étant donné l’importance du commerce pour la croissance économique et celui de la croissance pour la réalisation des OMD, le représentant de l’OMC a jugé indispensable de reconnaître le commerce comme un pilier stratégique du programme de développement post-2015.


« Le financement du développement durable, notamment la mobilisation des capitaux privés, dans le cadre du suivi des conclusions de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, tenue à Rio de Janeiro (Brésil), du 20 au 22 juin 2012 » (E/2013/52)


Ce débat sur la mobilisation des capitaux privés au profit du financement du développement durable a été ouvert par des exposés liminaires de Mme SHAMSHAD AKHTAR, Sous-Secrétaire générale chargée du développement économique au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES); M. JAMES ZHAN, Directeur de la Division de l’investissement et des entreprises à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), et M. CHRIS LANE, Chef de la Division des pays à faible revenu du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation au Fonds monétaire international (FMI).


Notant l’insuffisance des sources officielles de financement face à l’ampleur des besoins de financement du développement durable, les intervenants ont jugé indispensable de libérer le potentiel en la matière du secteur privé.  Alors que les banques veulent des marges de sécurité et des taux d’intérêt plus élevés et se retirent des activités de financement des infrastructures, la représentante du Département des affaires économiques et sociales (DAES) a dit qu’il est plus que jamais nécessaire de garantir une complémentarité entre diverses sources de financement, en citant le potentiel particulier qu’a l’investissement étranger direct (IED) dans le financement des programmes de développement.


Allant plus loin, M. Zhan, le représentant de la CNUCED, a proposé de fixer une cible d’IED à atteindre pour la promotion des objectifs de développement durable, notamment dans les pays de l’Afrique subsaharienne.  Tout en notant que les pays en développement ont, pour la première fois de l’histoire, attiré plus d’investissements privés en 2012 que les pays développés, le représentant de la CNUCED a indiqué que globalement les flux d’investissement privés ont diminué de 18% en 2012, une baisse résultant en une perte de 1 300 milliards de dollars.  Il a expliqué cette diminution des IEDs par la fragilité des économies et les incertitudes qui, aux yeux des investisseurs, lui sont liées.  Chris Lane, le représentant du FMI, a illustré des exemples concrets de liens qui existent entre l’allègement de la dette de pays à revenus intermédiaires et la création d’une marge budgétaire excédentaire qui a permis à ces pays d’investir dans la lutte contre la pauvreté.


Face aux difficultés et aux instabilités, des intervenants au débat ont appelé à promouvoir un système financier international plus stable, et qui encourage les investissements à long terme qui sont requis pour promouvoir le développement durable et garantissent des sources de financement novatrices.  « Toutes les sources de mobilisation de ressources financières, qu’elles soient publiques ou privées, restent indispensables pour atteindre les objectifs de développement de la période post-2015 », a insisté le représentant de l’Allemagne. Ce dernier a souhaité que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de développement durable soient combinés en un seul système de référence et que les différentes stratégies y afférant évoluent en s’appuyant sur les recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental pour le financement du développement durable.


S’agissant des moyens par lesquels on pourrait faire bénéficier les ressources de l’aide publique au développement à des investissements du secteur privé destinés au développement durable, le représentant de la Banque mondiale a cité pour exemple la création d’un fonds privé destiné à la lutte contre les changements climatiques.  De son côté, la représentante du secteur privé a appelé les États à adapter leurs cadres juridiques pour rendre ceux-ci plus encourageants pour la création de partenariats public-privé


« Si l’APD est essentielle pour fournir une aide prévisible aux pays les plus pauvres, elle ne peut cependant à elle seule nous permettre d’atteindre les OMD », a estimé pour sa part le représentant de l’Union européenne, en soulignant l’importante complémentarité des IEDs et des envois de fonds opérés par les travailleurs migrants et expatriés vers leurs pays d’origine.  « Le secteur privé est un acteur majeur en matière de création d’emplois et de croissance », a ajouté le représentant de la Banque mondiale en soulignant l’importance pour les États Membres de créer un environnement propice à la création d’entreprises, notamment petites et moyennes.    


« Il faut mettre en place un système financier international plus juste envers les pays en développement », a déclaré la représentante de la Chine avant d’appeler à l’établissement d’un cadre de financement du développement durable qui se fonde sur la Déclaration de Doha.  « Parvenir à une démarche cohérente est essentiel pour financer le développement durable », a souligné à cet égard la représentante du Brésil en appelant à la création d’un cadre de coordination amélioré pour financer à la fois la lutte contre la pauvreté et la réalisation du développement durable.  Elle a tenu à distinguer la lutte contre la pauvreté, qui doit s’appuyer essentiellement sur l’APD, et la réalisation du développement durable, qui, en ce qui le concerne, devra s’appuyer sur la mobilisation et l’attraction d’investissements privés.


La représentante des groupes de la société civile a appelé à mettre l’être humain au centre des débats et a mis l’accent sur la valeur ajoutée de la communauté, tandis que celle du Pérou a tenu à rappeler que la gestion des biens publics mondiaux -atmosphère, océans, biodiversité et forêts, par exemple- était de la responsabilité souveraine des États Membres et que cette question ne devait pas détourner la communauté internationale et les États de la lutte contre la pauvreté.


Tout en s’associant aux nombreuses déclarations qui ont mis en exergue l’importance de trouver des financements complémentaires à ceux qui existent déjà, le représentant du Nicaragua a tenu à ce que l’on ne perde pas de vue qu’un des plus grands obstacles à la réalisation des OMD était l’absence de volonté de la part des pays développés à tenir leurs engagements.


« Partenariat mondial pour le développement dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015 »


M. JOS VERBEEK, Économiste principal à la Banque mondiale, a présenté le rapport mondial de 2013 de la Banque mondiale.  Ce rapport fait le point sur la réalisation des OMD avec pour thème, cette année, les « dynamiques rurales-urbaines et les OMD ».  M. Verbeek a relevé que, d’ici à 2015, date butoir de la réalisation des OMD, il faudrait que la croissance soit assez élevée, dans les pays en développement notamment, afin de pouvoir réaliser les OMD.  Il a rappelé que 4 des 21 cibles identifiées en rapport avec les OMD ont déjà été atteintes en 2012.  Il a néanmoins souligné que si des mesures plus dynamiques ne sont pas mises en place, aucune autre cible ne serait atteinte d’ici à 2015. 


Le rapport fait également voir que la pauvreté sévit davantage en zone rurale qu’en zone urbaine, avec, respectivement, des taux de pauvreté globaux de 11% et 29%, a relevé M. Verbeek.  De même, a remarqué l’Économiste principal de la Banque mondiale, il faudrait encourager l’urbanisation et non pas l’entraver, ceci grâce à des stratégies de planification et d’urbanisation mises en place par les autorités nationales et locales.  Le rapport propose également de mettre fin à la discrimination dont sont victimes les habitants des bidonvilles, a relevé le panéliste.  Il a proposé la promotion du partenariat public-privé afin d’améliorer la mise en place d’infrastructures urbaines, et a également indiqué que si l’urbanisation est bien gérée, elle pourra être un moteur pour le développement.  Il a tout de même reconnu que dans les campagnes, il faudrait améliorer la productivité agricole, car la plupart des pauvres résident dans les zones rurales.


M. RICHARD KOZUL-WRIGHT, Directeur chargé de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a indiqué que les OMD ont permis de concentrer les flux de capitaux provenant de la communauté internationale vers des cibles de développement précises.  Il a ajouté que la croissance devrait être au centre des futurs programmes de développement.  Il a ensuite regretté les mesures d’austérité mises en place par de nombreux gouvernements, car elles freinent la croissance.


Il a par ailleurs rappelé que l’économie mondiale apparaît aujourd’hui réellement intégrée, cette intégration créant l’interdépendance qui fait que des crises nationales peuvent se répandre partout ailleurs à travers le monde.  Nous avons besoins d’actions collectives, a-t-il plaidé, pour assurer un avenir commun, prospère et équilibré.  M. Kozul-Wright s’est en outre élevé contre une mondialisation qui a été à ce jour trop gérée par le secteur de la finance, qui crée des discriminations et le gaspillage.  Il a également souhaité que le système financier soit au service de l’économie réelle et non l’inverse.  Il a en outre plaidé pour la conduite de réformes allant dans le sens du renforcement des législations et de la régulation financières.  Il a également plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud, mais a ajouté que cela demandera de grands efforts de la part des pays de cet espace géographique et géopolitique, notamment en termes de mise en place d’infrastructures. 


M. SHISHIR PRIYADARSHI, Directeur de la Division du développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a reconnu que la croissance économique est un facteur essentiel de développement, mais a souhaité que cette croissance économique doive être commune et partagée par tous les États du monde.  Il a ensuite relevé une étude de la Commission de la croissance, qui vient de souligner qu’il y a une corrélation claire entre le développement humain rapide et un taux de croissance économique.  En d’autres termes, a-t-il expliqué, les pays ayant connu une forte croissance économique ont également connu un développement humain appréciable.  Il a ainsi suggéré que pour le programme de développement mondial post-2015, il faudrait mettre l’accent sur la croissance économique, et en faire une croissance durable.  M. Priyadarshi a également évoqué le rapport sur le développement humain, publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et qui fait la corrélation entre l’augmentation de l’indice de développement humain et l’amélioration des indicateurs économiques.  Il a en outre souhaité un redoublement d’efforts dans le cadre du Cycle des négociations commerciales de Doha afin de garantir un cadre d’échanges commerciaux plus juste et plus inclusif. 


Débat interactif


Au cours du débat interactif qui a suivi les exposés des experts, l’un des directeurs exécutifs de la Banque mondiale a parlé du cas de son pays, le Brésil, qui a connu une croissance économique appréciable, mais où les indicateurs humains n’ont pas été toujours mis en place.  Une de ses collègues a, de son côté, regretté qu’alors qu’on se rapproche de l’année 2015, les pays en conflit ou sortant de conflit soient très éloignés de la réalisation des OMD.


Une représentante du secteur privé a, pour sa part, souhaité que le secteur privé puisse investir davantage dans les projets de développement des pays du Sud, l’essentiel étant que ces projets soient viables et attractifs, a-t-elle précisé.


Pour le représentant du Japon, il faudrait assurer une mobilisation des acteurs de tous les secteurs pour permettre à chaque pays d’atteindre les OMD d’ici à 2015.  Il a reconnu que l’APD traditionnelle et les ressources provenant d’autres sources d’aide ont augmenté, mais restent cependant très insuffisantes.  Il a de ce fait suggéré la mise en place d’un accord politique au sein des Nations Unies afin que les fonds publics soient davantage mobilisés, et que le secteur privé puisse accompagner cet élan.  Le représentant de la République de Corée a quant à lui souhaité la mise en place de nouvelles formes de mobilisation de fonds destinés au financement du développement, ainsi que celle d’un partenariat mondial de promotion du développement efficace, et basé sur les principes de l’appropriation nationale.


Une représentante des groupes de la société civile est intervenue et a relevé que la réalisation de la parité des genres est cruciale pour la réalisation des autres OMD, tandis qu’un représentant de la communauté des entreprises du secteur privé a regretté que l’économie informelle ait été négligée par tous les intervenants au cours des échanges et des débats de la journée, alors même que ce secteur semble être celui qui attire le plus les jeunes en manque d’emplois.


Le représentant du Bénin a pour sa part souhaité la mise en place de mesures concrètes dans les pays en développement, notamment afin d’y promouvoir les infrastructures et l’industrialisation.  La représentante de l’Afrique du Sud a relevé que l’Afrique reste toujours extrêmement sous-représentée au sein des institutions financières internationales, notamment dans leurs organes de réflexion et de prise de décisions, alors même que des préceptes de gouvernance sont promus et parfois imposés à des pays du continent par ces mêmes institutions.


La représentante du Mexique a indiqué que le Consensus de Monterrey sur le financement du développement est le cadre idoine de référence pour établir les programmes de développement futurs.  Cet avis a été partagé par son collègue du Venezuela, qui a du reste souhaité une plus grande régulation des marchés financiers.


Le représentant de l’Union européenne a pour sa part indiqué que l’Union travaille à l’amélioration des règles du commerce international, afin de créer davantage de source de revenus pour les pays en développement.  


Clôture de la Réunion spéciale de haut niveau


Dans ses remarques de clôture, le Président du Conseil économique et social  s’est félicité de la richesse de ce débat de haut niveau organisé sur le thème général: « Cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 ».  M. Osorio a indiqué que le résumé des échanges qui ont eu lieu au cours des trois débats thématiques qui se sont succédé aujourd’hui sera publié sur le site de l’ECOSOC.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au cours d’un dialogue interactif, États Membres et experts soulignent liens inextricables entre l’harmonie avec la nature et le développement durable

AG/11362

Au cours d’un dialogue interactif, États Membres et experts soulignent liens inextricables entre l’harmonie avec la nature et le développement durable

22/04/2013
Assemblée généraleAG/11362
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-septième session                                  

Dialogue interactif sur le thème

« Harmonie avec la nature »

Matin


AU COURS D’UN DIALOGUE INTERACTIF, ÉTATS MEMBRES ET EXPERTS SOULIGNENT LIENS INEXTRICABLES

ENTRE L’HARMONIE AVEC LA NATURE ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE


À l’occasion de la Journée internationale de la Terre nourricière, l’Assemblée générale a organisé, ce matin, un dialogue interactif sur le thème « Harmonie avec la nature » entre experts et représentants d’États Membres, dont la Ministre de la coordination du patrimoine de l’Équateur, Mme María Belén Moncayo, et le Ministre de l’économie et des finances de la Bolivie, M. Luis Arce.  Ce débat a mis en évidence la nécessité d’intégrer les mesures de protection de la nature dans les politiques économiques et sociales, dans le but de parvenir à un véritable développement durable comme les États s’y sont engagés lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 » qui s’est tenue au Brésil, en juin 2012.


En vertu du Document final de cette Conférence, l’Assemblée générale s’est vue confier la tâche de définir les objectifs de développement durable et de proposer les moyens permettant d’en financer la mise en œuvre, a rappelé le Président de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, M. Vuk Jeremić, avant de citer les diverses initiatives qui contribueront à établir l’Agenda pour le développement au-delà de 2015.


À l’ouverture de cette réunion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a invité à prendre pleinement conscience du défi mondial que posent leschangements climatiques sans chercher à se voiler la face.  « Quand on menace la planète, on menace la survie de l’humanité », a-t-il prévenu.  M. Ban a salué, à cet égard, les nombreux mouvements lancés dans le monde pour la protection de l’environnement, en évoquant le cas de l’Équateur, qui a été le premier pays à reconnaître, dans sa Constitution, les droits de la nature.


Notant que les propositions innovantes émanaient des pays du Sud, la Ministre équatorienne de la coordination du patrimoine a appelé à s’attaquer aux modes actuels de production et de consommation pour mieux préserver la nature.  Elle a vanté les mérites du système équatorien de redistribution des ressources destiné à réduire les inégalités, ainsi que l’utilisation croissante de l’énergie électrique dans son pays.


Le Ministre de l’économie et des finances de la Bolivie, dont le pays est à l’origine de la proclamation de la Journée internationale de la Terre nourricière, célébrée le 22 avril, a affirmé que le système capitaliste perturbait gravement l’harmonie avec la nature et qu’il était urgent de jeter les fondations d’un système économique plus éthique.


C’est dans cet esprit que les experts et délégations participant au dialogue animé par M. Andrew Revkin, journaliste au New York Times, ont exploré les différentes approches économiques susceptibles de fonder la relation qui existe entre les hommes et la Terre sur des bases plus éthiques.  « Le point de départ est de reconnaître que la nature doit être prise en compte dans les processus économiques et sociaux », a expliqué un professeur de l’Université autonome de Barcelone.  Pour le professeur de St. Lawrence University (New York), la notion de seuil environnemental au-delà duquel la croissance économique génère davantage de difficultés que de richesses est fondamentale.  Il a invité à préserver les modèles d’« économie morale » pratiquée par les peuples autochtones qu’il a étudiés en Alaska.  Une autre experte, la Directrice exécutive du Centre de droit de la Terre, a tout simplement invité à une refonte du système économique actuel afin que la nature ne soit plus considérée comme une marchandise.


Certaines délégations d’États Membres ont tenu à présenter les mesures prises au niveau national pour contribuer à une économie durable.  Ainsi, le représentant de l’Ouzbékistan a signalé la création, dans son pays, d’un Institut de l’énergie solaire, tandis que son homologue du Nicaragua a présenté un nouveau modèle de développement qui vise à reposer essentiellement sur les énergies renouvelables.


Le Bénin a lancé, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un projet intitulé « 9MAA » (9 millions d’arbres pour 9 millions d’habitants) qui vise à améliorer le cadre de vie des populations, a indiqué sa représentante.  Son pays, a-t-elle précisé, s’appuie sur les forêts non seulement pour leur contribution économique, mais aussi pour leur caractère sacré et culturel, un élément très important du développement durable.  La diversité naturelle et culturelle du monde, ainsi que la contribution de toutes les cultures et civilisations au développement durable, a d’ailleurs été reconnue par le Document final de Rio+20, a fait remarquer le représentant de Cuba, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).


Cette discussion interactive a aussi été l’occasion pour M. Jeremić de rappeler que l’Assemblée générale tiendra, le 16 mai prochain, un débat thématique sur la convergence des défis hydriques et énergétiques et les solutions pratiques à y apporter.


DIALOGUE INTERACTIF SUR LE THÈME « HARMONIE AVEC LA NATURE »


Déclarations liminaires


« La raison a permis à l’humanité de comprendre la structure de l’atome, d’explorer les océans et de trouver les remèdes à des maladies.  Nous devons aujourd’hui utiliser notre raison pour trouver le moyen de vivre en harmonie avec la nature et non pas de la dominer », a affirméM. VUK JEREMIĆ, Pr ésident de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, à l’ouverture du dialogue de haut niveau, en citant l’ancienne Premier Ministre britannique, Margaret Thatcher, décédée il y a quelques jours.


Plaidant pour une approche intégrée du développement durable respectant les écosystèmes de la terre, M. Jeremić a rappelé qu’à l’issue de la Conférence Rio+20, l’Assemblée générale s’était vue confier la tâche de définir les objectifs de développement durable et de présenter les moyens d’en financer la mise en œuvre.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite mentionné les diverses initiatives qui contribueront à la conceptualisation de l’Agenda pour le développement au-delà de 2015, dont la présentation du rapport du Groupe de haut niveau des personnalités éminentes en mai prochain: « Ce que nous ferons dans les 1 000 prochains jours façonnera de manière décisive le travail de l’ONU pour les décennies à venir », a-t-il affirmé, en ajoutant qu’il veillerait à assurer la complémentarité de ces initiatives.  M. Jeremić a également rappelé que l’Assemblée générale tiendra, le 16 mai prochain, un débat thématique sur la convergence des défis hydriques et énergétiques et les solutions pratiques à y apporter.


« L’harmonie avec la nature est comparable à l’entente avec un ami.  Nous ne pouvons pas en même temps bénir sa main droite et lui couper sa main gauche », a conclu le Président de l’Assemblée générale, en faisant siens les mots de l’écologiste américain Aldo Léopold.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’il était très affecté par le sort des victimes du séisme survenu samedi dernier en Chine, en saluant leur courage et leur offrant l’aide des Nations Unies.  La Journée de la Terre nourricière nous rappelle que la Terre soutient la vie, a-t-il dit.  C’est pourquoi, nous devons faire face à la vérité, en reconnaissant que les changements climatiques sont un véritable défi à l’échelle mondiale, a-t-il dit.  Le Secrétaire général a averti que le monde était en train de perdre de la biodiversité, en dénonçant l’appauvrissement des stocks de poissons en raison de certaines pratiques de la pêche commerciale, et de l’acidité de l’eau qui menace cette source d’aliments.  Quand on menace la planète, on menace la survie de l’humanité, a-t-il prévenu.


Parallèlement, le Secrétaire général a apprécié que des mouvements soient lancés en faveur de la protection de la nature.  Il a parlé du cas de l’Équateur dont la Constitution reconnaît le droit de la nature.  Le développement durable est la priorité des Nations Unies car c’est le problème majeur que connait le monde, a-t-il expliqué.  M. Ban a, enfin, appelé à respecter la terre et la mer.  Le programme de développement durable doit soutenir la terre et la mer et je suis à vos côtés pour soutenir les efforts entrepris en ce sens, a-t-il assuré.


M. LUIS ARCE, Ministre de l’économie et des finances de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que la Journée de la terre nourricière était cruciale pour l’édification de sociétés en harmonie avec la nature.  Il a affirmé que le système capitaliste perturbait gravement cette harmonie.  C’est pourquoi, il est urgent, a-t-il souligné, de jeter les fondations d’un système économique plus éthique, qui viendrait promouvoir la relation entre l’homme et la nature.


« Le système capitaliste est un système où tout le monde n’a pas sa place, où il y a peu de gagnants et énormément de perdants, dont la terre nourricière », a-t-il estimé.  Citant Karl Marx, le Ministre a pointé la contradiction qui existe entre l’accumulation potentiellement illimitée du capital et la capacité limitée de la terre et plaidé pour un modèle économique alternatif, comme celui qui a été mis en place en Bolivie depuis 2006.


Le Ministre a exhorté les pays qui ont pillé la nature à réparer le dommage fait.  Les marchés internationaux sont définis sur la base d’une logique coloniale et capitaliste, a-t-il dénoncé.  « Dans cette logique, les pays pauvres deviennent les gardes forestiers des pays riches », a-t-il affirmé.  La définition d’un système économique alternatif, respectueux de l’harmonie avec la nature, est essentielle, a-t-il rappelé.


Mme MARÍA BELÉN MONCAYO, Ministre de la coordination du patrimoine de l’Équateur, a rappelé que son pays présentait la plus grande biodiversité au monde.  Elle a rappelé que, lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », le Président de l’Équateur, M. Rafael Correa, avait proposé une « déclaration des droits de la nature ».  Le Document final de Rio+20 intitulé « L’avenir que nous voulons » n’a pas été l’expression de la volonté politique que nous voulions, a-t-elle cependant regretté.  Elle a parlé de « rhétorique » et d’« arrogance » de la part de pays qui se sont industrialisés très tôt et qui ont toujours une dette historique à l’égard des populations.  Les propositions innovantes viennent des pays du Sud, a-t-elle fait observer, avant d’appeler à s’attaquer aux modes actuels de production et de consommation.


Partageant l’expérience de l’Équateur, Mme Belén Moncayo a expliqué qu’un processus inédit d’audit public de la dette extérieure avait été mis en place.  Ainsi, en 2006, pour chaque dollar investi dans le secteur social, 1,8 dollar était consacré au paiement de la dette.  Cette volonté de changement, a-t-elle dit remarquer, a donné lieu à un bouleversement démocratique.  Elle a expliqué que l’Équateur misait sur un nouveau dispositif financier international permettant un redressement stratégique qui bénéficie à tous et non à une partie seulement de la population.  Elle s’est félicitée des ressources injectées grâce à des investissements publics, tout en étant consciente que les ressources publiques ne suffisent pas.  L’énergie électrique provenant des ressources hydriques augmente, a-t-elle aussi indiqué.


L’Équateur a connu un taux de croissance de 7,8% en 2011 et a l’un des taux de chômage urbain les plus faible de la région.  Il dispose aussi d’un système de redistribution destiné à réduire les inégalités, le tout basé sur les droits de l’homme et la non-discrimination.  L’Équateur a donc fait un grand pas vers la justice sociale, a fait valoir la Ministre, en précisant que les inégalités en termes de revenus ont chuté de sept points depuis 2006.  Mme Belén Moncayo a aussi parlé des politiques de l’emploi qui mettent en valeur les talents des personnes.  La culture, quatrième pilier du développement durable, permet de retrouver nos identités, a-t-elle ajouté.


L’expérience équatorienne a eu une grande influence sur le Document final de Rio+20, qui a demandé d’adopter une démarche intégrée de développement durable permettant de rétablir l’état et l’intégrité de la terre, a souligné la Ministre, en rappelant que la Constitution de l’Équateur était la première à avoir consacré le droit de la nature.  Ce texte reconnaît que la nature a notamment le droit d’être restaurée.  La Ministre a ensuite indiqué que son pays travaillait avec des « pays frères » dans ce domaine.  Mme Belén Moncayo a enfin parlé de l’Alliance mondiale pour les droits de la nature qui a obtenu 1,5 million de signatures en soutien à la proposition de l’Équateur d’élaborer une déclaration universelle des droits de la nature.  Avant de conclure son intervention, la Ministre a proposé de créer un groupe de travail chargé d’élaborer cette déclaration.


Table ronde: Débat au sujet de différentes approches économiques, dans le but de fonder la relation entre les hommes et la Terre sur des bases plus éthiques


Exposé des experts


Animé par ANDREW C. REVKIN, journaliste des questions environnementales au New York Times, la table ronde a permis d’explorer les différentes approches économiques susceptibles de fonder la relation entre les hommes et la Terre sur des bases plus éthiques.


Premier intervenant à s’exprimer, Dr. IAN MASON, Directeur des Départements de droit et d’économie à la School of Economic Science à Londres, s’est lancé dans un vibrant plaidoyer pour une économie ayant la justice pour principe constitutif.  Les relations entre l’homme et la nature doivent être régies par des lois éthiques, fondées sur l’équité, a-t-il affirmé, en critiquant dans le même temps la conception de la Terre dans nombre de manuels d’économie.


« La Terre ne peut être considérée comme du capital.  Elle n’est pas une marchandise qui peut s’acheter et s’échanger à loisir », a déclaré M. Mason.  Il a ensuite déploré que des intérêts privés puissent acheter des portions de la Terre, qui est, a-t-il rappelé, la source de vie pour tous les êtres vivants.


« Personne ne peut être propriétaire de la Terre sans devoir assumer des responsabilités particulières, dont celle de prendre soin de la Terre et de la transmettre en bon état », a-t-il poursuivi, en précisant que cette responsabilité incombait tant aux gouvernements qu’aux entreprises.  M. Mason a conclu son intervention en indiquant qu’être propriétaire de la Terre était un privilège qui ne pouvait être que provisoire.


M. FANDER FALCONI, Professeur à l’Université autonome de Barcelone, a, pour sa part, souligné les relations entre l’économie et l’environnement qui permettraient de mieux comprendre les crises internationales et trouver ainsi les réponses à y apporter.  Le point de départ est de reconnaitre que la nature doit être prise en compte dans les processus économiques et sociaux.  Il y a des cycles naturels mais tout n’est pas recyclable, a-t-il fait remarquer, ce qui fait qu’il y a une perte d’énergie et une pollution irréversible sur le plan environnemental.  Il est, dès lors, nécessaire d’imposer des limites biophysiques aux aspects démesurés de la croissance économique. 


M. Falconi a aussi invité à examiner les comportements de la société, notamment dans les pays du Sud dont les écosystèmes présentent une certaine fragilité.  Il faut aussi examiner différentes questions interconnectées, comme la croissance économique, la répartition de la richesse et les conséquences de cette répartition.  Si la biosphère est un cadre physique limité, les pays du Sud qui ont besoin de renforcer leurs capacités de développement rencontrent des limites physiques, a-t-il fait observer.  Il est nécessaire de faire du développement une question avant toute politique, a-t-il souligné, en renonçant aux mythes anciens.  Les solutions doivent être recherchées, a-t-il suggéré, par les citoyens eux-mêmes.  Si les êtres humains ont des droits, les autres espèces de la planète aussi, a-t-il estimé.


L’expert a ensuite parlé de l’expérience de l’Équateur.  Dans ce pays où les droits de la nature sont reconnus, des politiques publiques ont été adoptées pour concrétiser ces droits.  Il existe aussi des indicateurs pour assurer le suivi de ces politiques, comme la mesure de l’emprunte écologique des populations.  M. Falconi a observé que l’explosion des prix des matières premières oblige les pays du Sud à mettre davantage l’accent sur ces matières.  Cela les contraint aussi à développer des produits qui nécessitent davantage d’innovation.  Il a également insisté sur l’importance de renforcer les capacités humaines.  Il a aussi parlé de l’Initiative Yasuni en vertu de laquelle les ressources pétrolières se trouvant dans le parc naturel Yasuni ne sont pas exploitées en échange d’une responsabilité internationale partagée.  L’expert a enfin invité à oser « penser la prospérité sans croissance », avant de proposer de créer un ordre international permettant d’adopter des accords commerciaux clairs.  Il a aussi proposé d’élaborer des politiques publiques de distribution de la croissance.


À son tour, Dr. JON ROSALES, de la St. Lawrence University de New York, a tout d’abord noté une augmentation des troubles endocriniens en raison des quantités de toxines présentes dans l’environnement.  « Il y a une relation organique entre nos corps et l’environnement », a-t-il affirmé, en ajoutant qu’une même relation organique existait entre l’économie et la nature.  Il a insisté sur la notion de seuil, au-delà duquel la croissance économique génère davantage de difficultés que de richesses.  Malheureusement, a-t-il déploré, plusieurs seuils environnementaux ont d’ores et déjà été dépassés.


Dans un second temps, l’expert a présenté les principales conclusions des études qu’il a menées auprès de peuples autochtones dans deux villages en Alaska.  Louant leur relation symbiotique avec la nature, il a indiqué que les valeurs de partage et d’entraide étaient au cœur des économies de ces villages.  « Ce type d’économie morale est menacée par l’affaiblissement de ces cultures autochtones », a-t-il poursuivi, en dénonçant l’avidité et la cupidité qui caractérisent, selon lui, le système économique actuel. 


En conclusion, M. Rosales a invité les États à mettre en place un réseau d’échanges d’études sur les différents seuils environnementaux précités et à préserver les modèles d’« économie morale » pratiquée par les peuples autochtones.


Enfin, Mme LINDA SHEEHAN, Directrice exécutive du Centre de droit de la Terre, a indiqué que les dommages infligés à l’environnement étaient en réalité des dommages que nous faisions à nous-mêmes.  Elle a invité à une refonte du système économique actuel afin que la nature ne soit plus considérée comme une marchandise.  Il faudrait, a-t-elle insisté, ne plus se limiter au vocabulaire utilisé actuellement pour le développement, lequel, a-t-elle dit, bride la réflexion.


« Plutôt que de parler de développement durable, il faudrait parler de communautés durables afin de souligner l’aspect humain qui doit être au cœur de toutes nos politiques », a poursuivi l’experte.  Mme Sheehan a également plaidé pour un changement de paradigme qui mettrait l’intérêt public avant l’intérêt privé, en regrettant vivement que le système actuel sépare les individus en fonction de leur niveau de richesse.


Développant la notion clef de droits pour parvenir à un tel changement, Mme Sheehan s’est félicitée que plusieurs pays, comme l’Équateur, reconnaissent des droits à la nature.  « La reconnaissance de droits de la nature est cruciale pour corriger la relation erronée qui s’est instaurée entre l’être humain et la nature », a-t-elle affirmé, en citant comme exemples prometteurs les initiatives prises par la ville de Santa Monica, en Californie, dans les domaines du retraitement des eaux, du développement de modes de production alimentaire locaux et de l’aménagement des zones urbaines.


Dialogue interactif


Après ces quatre exposés, plusieurs délégations ont présenté des observations en guise de dialogue avec les experts.  Elles ont souligné la nécessité de prendre en compte les droits de la nature dans le contexte du développement durable.  Il a aussi été fait remarquer que la Conférence Rio+20 avait fourni les instruments nécessaires pour parvenir à une harmonie avec la nature.  Certains ont tenu à présenter les mesures prises au niveau national pour contribuer à un mode de vie durable, notamment par le développement de modes de production d’énergie renouvelable.


Le représentant de Cuba, au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que lors de la première réunion des Ministres de l’environnement de la CELAC, organisée à Quito (Équateur) en février 2012, il avait été affirmé qu’il faudrait, pour parvenir au développement durable, tenir compte de façon interdépendante du droit des peuples et des États au développement.  Il a souligné notamment la nécessité de prendre en compte les droits de la nature et ceux des peuples autochtones.  Un grand pas a été franchi lors de la Conférence Rio+20, avec la reconnaissance de l’expression « Terre nourricière » et de l’importance des droits de la nature dans le contexte du développement durable, a-t-il estimé.  Le Document final de Rio+20 reconnaît aussi, s’est-il réjoui, la diversité naturelle et culturelle du monde, ainsi que la contribution de toutes les cultures et civilisations au développement durable.


La délégation de l’Union européenne a reconnu la relation qui existe entre le développement durable et l’harmonie avec la nature, telle qu’elle figure dans les directives de l’Union européenne et dans ses traités.  Il a estimé que l’engagement de l’Union européenne en la matière ne faisait plus aucun doute.  Relevant qu’on ne peut pas continuer à utiliser les ressources naturelles et les écosystèmes sans en supporter les conséquences, il a proposé de leur donner une valeur économique, afin de les intégrer dans les économies.  Il faut poursuivre la discussion en se fondant sur des arguments scientifiques solides et non sur des idéologies, a-t-il aussi demandé.


Le représentant du Brésil a souligné l’importance de la contribution de la société civile et du monde académique à ce débat.  Les êtres humains ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature, a-t-il rappelé, tout en soulignant que nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs fixés par la communauté internationale il y a 20 ans ».  Il a fait remarquer que l’impact des crises mondiales se fait particulièrement ressentir chez les pauvres et que le développement durable est donc la clef du redressement.  « Rio+20 », a-t-il dit, nous a dotés des instruments nécessaires pour parvenir à une harmonie avec la nature.  Cette Conférence a reconnu la nécessité de prendre des mesures plus appropriées afin de trouver des solutions favorables à la population.  Le transfert et l’utilisation de la technologie sont la clef d’une production économique plus durable, a-t-il ajouté, avant de souligner également l’importance de la coopération dans ce domaine.


Le représentant de l’Ouzbékistan a parlé des initiatives lancées dans son pays pour garantir un développement économique respectueux de l’environnement.  L’Ouzbékistan utilise les hydrocarbures tout en mettant l’accent sur les énergies alternatives, a-t-il dit, en mentionnant la création d’un Institut de l’énergie solaire.  Cette année, l’Ouzbékistan organise, en outre, une conférence internationale sur les perspectives de l’énergie renouvelable.


De son côté, la représentante du Bénin a rendu hommage à la Terre et à son lien sacré avec les êtres humains.  Elle a ensuite dénoncé la destruction du milieu naturel qui a été favorisée par l’industrialisation à outrance.  Au Bénin, a-t-elle précisé, on a coutume de dire que « la terre ne ment jamais ».  Elle continue d’être nourricière à la faveur de pratiques ancestrales qui assurent sa régénération constante.  C’est pourquoi, elle a souligné l’importance de la préservation des forêts sacrées qui sont une richesse culturelle exceptionnelle et fondamentale pour l’identité des populations, en dehors du fait qu’elles constituent aussi des cadres de préservation de la biodiversité.  Elle a également souligné l’importance des cérémonies et rituels pratiqués dans ces forêts, notamment pour conjurer les anomalies climatiques.  Ces forêts sont donc des sortes de temples protégées contre les prédateurs en tout genre.  Le Bénin a lancé, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un projet intitulé « 9MAA » (9 millions d’arbres pour 9 millions d’habitants) qui vise à améliorer le cadre de vie des populations dans toutes les communes.


« Notre terre nourricière est en danger », a constaté la représentante du Nicaragua qui a insisté sur la nécessité de s’acquitter des engagements pris pour agir dans ce domaine, notamment en modifiant les modes de production et de consommation.  Il faut promouvoir l’inclusion sociale et le bien-être des êtres humains, pour parvenir à un « mode de vie durable mondialisé », a-t-elle estimé.  La représentante a ainsi lancé un appel en faveur d’une déontologie à l’échelle planétaire.  Dans cette optique, le Nicaragua a mis en œuvre un nouveau modèle de développement, avec un système énergétique qui dépend actuellement à 50% des énergies renouvelables.  « La terre peut vivre sans nous alors que nous ne pouvons pas vivre sans elle », a-t-elle rappelé en conclusion.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le FNUF reconnaît la contribution des forêts à l’économie et décide d’étudier l’idée d’un fonds mondial pour leur gestion durable

ENV/DEV/1354

Le FNUF reconnaît la contribution des forêts à l’économie et décide d’étudier l’idée d’un fonds mondial pour leur gestion durable

20/04/2013
Conseil économique et socialENV/DEV/1354
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Forum des Nations Unies sur les forêts                     

Dixième session                                            

14e séance –soir et matin


LE FNUF RECONNAÎT LA CONTRIBUTION DES FORÊTS À L’ÉCONOMIE ET DÉCIDE

D’ÉTUDIER L’IDÉE D’UN FONDS MONDIAL POUR LEUR GESTION DURABLE


ISTANBUL, 19 et 20 avril -- Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a invité, aujourd’hui, les États à reconnaître la contribution des biens et services des forêts aux économies nationales et locales, illustrant ainsi le thème principal de cette dixième session qui était « Les forêts et le développement économique ».  


Après « des négociations parfois enflammées, complexes mais globalement gratifiantes », selon les mots du représentant de l’Union européenne, le FNUF a achevé, tard dans la nuit, ses travaux par l’adoption sans vote de résolutions1 dans lesquelles il décide aussi d’examiner en 2015 la possibilité de créer un fonds mondial de contributions volontaires pour financer la gestion durable des forêts.


Le Forum, qui a ouvert ses travaux le 8 avril dernier en présence du Premier Ministre turc, M. Recep Tayyip Erdoğan, a accepté l’invitation de la Turquie de quitter exceptionnellement le Siège de l’ONU à New York pour célébrer sa dixième session à Istanbul.  Parmi les 3 000 participants représentant 197 États, le Forum a accueilli deux premiers ministres, un vice-président et plus de 50 ministres des forêts, de l’agriculture et des finances.


Le succès de cette dixième session, a commenté le Président du FNUF, M. Mario Ruales Carranza, de l’Équateur, souligne le caractère unique de la valeur ajoutée du Forum, organe d’élaboration des politiques sur tous les types de forêts.  Les résolutions adoptées aujourd’hui sont une nouvelle étape importante sur la voie d’un avenir meilleur.


Dans ses résolutions, le FNUF invite non seulement les États à reconnaître la contribution des biens et services des forêts aux économies nationales et locales mais également à intégrer la valeur des forêts dans leurs systèmes nationaux de comptabilité et dans leurs politiques de développement.  Pour ce faire, ils sont invités à améliorer la collecte, l’analyse et la diffusion des informations et des données et à développer des méthodologies pour évaluer le large éventail des bienfaits découlant des forêts.


Si la contribution monétaire des forêts est évaluée à 500 milliards de dollars par an, les données manquent sur la contribution non monétaire.  Or, dans les pays et régions où ces données sont fiables, la contribution non monétaire des forêts à l’économie nationale est de 3 à 5 fois supérieure à la contribution monétaire officiellement comptabilisée2.


Le rôle vital des forêts et des arbres est ainsi reconnu, dans les textes adoptés aujourd’hui, pour ce qui est, en particulier, de la réponse à apporter aux défis complexes et interconnectés du développement socioéconomique, de l’élimination de la pauvreté, de la viabilité environnementale, de la sécurité alimentaire, de l’énergie, de l’eau, de la lutte contre les changements climatiques et la désertification, de la préservation de la biodiversité et de la réduction des risques de catastrophes.


Les États Membres sont donc invités à créer ou à renforcer les cadres et les politiques juridiques, institutionnels et de gouvernance, nécessaires à la pleine exploitation de la contribution des forêts au développement économique. 


Outre les dispositions sur les contributions régionales et sous-régionales, et sur le renforcement de la coopération, le Forum réserve un important chapitre à l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’« Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts », adopté en 2007, et dans la réalisation des quatre objectifs d’ensemble visant à stopper la réduction de la couverture forestière, à renforcer les avantages économiques, sociaux et environnementaux des forêts, à accroître la superficie des forêts protégées et, enfin, à inverser la tendance à la baisse de l’aide publique au développement en faveur des forêts. 


Le Forum décide d’ailleurs que l’efficacité de cet arrangement international sur les forêts sera évaluée en 2015 et que, sur cette base, un large éventail d’options doit être examiné, y compris la création d’un instrument contraignant sur tous les types de forêts, le maintien de l’arrangement actuel ou son maintien combiné à d’autres options. 


La décision finale dépendra des conclusions de trois groupes d’acteurs, à savoir les parties prenantes, dont les États et les neuf grands groupes3, les consultants indépendants et le groupe d’experts à composition non limitée.  Ils devront aussi donner leur avis sur l’efficacité et l’avenir du FNUF, de son secrétariat et du Partenariat de collaboration sur les forêts.  Les résolutions, adoptées aujourd’hui, contiennent d’ailleurs des dispositions sur le Fonds d’affectation spéciale du Forum qui doit financer le travail de ces acteurs.


Toujours pour 2015, le Forum encourage une pleine intégration de la problématique de la gestion durable des forêts dans les discussions sur le suivi de la Conférence Rio+20 qui a demandé un agenda en 2015, et sur l’agenda du développement post-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Comme partie intégrante de l’évaluation de l’arrangement international sur les forêts, le Forum décide d’examiner un large éventail d’options et de stratégies de financement de la gestion durable des forêts, y compris la création d’un fonds mondial de contributions volontaires. 


En attendant, il invite les États à reconnaître que l’architecture de ce financement a considérablement évolué et qu’un certain nombre de nouveaux mécanismes ont émergé.  Les États, prie instamment le Forum, doivent s’assigner comme priorité une meilleure coordination de ces différents instruments et mécanismes pour répondre à des besoins mondiaux estimés entre 70 et 160 milliards de dollars par an.


Il n’y a pas, insiste le Forum, de réponse unique à ces besoins.  Des actions conjuguées doivent être attendues de toutes les parties prenantes et de toutes les sources, publiques et privées, nationales et internationales, bilatérales et multilatérales.  Le Forum invite d’ailleurs le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à créer « un nouveau point focal sur les forêts », à sa prochaine reconstitution et à’essayer d’améliorer les modalités actuelles de financement, en tenant compte des résultats de l’évaluation du programme d’investissement « Gestion durable des forêts/REDD+4 ».


Le représentant des États-Unis et facilitateur des négociations sur les questions de financement s’est félicité de cette issue heureuse qui devrait, a-t-il dit, mener en 2015 à une réflexion sérieuse sur la manière de financer efficacement la gestion durable des forêts. 


« Nous devons, a déclaré son homologue de Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, rester concentrés sur la création d’un fonds mondial et sur la manière d’amener le FEM à financer la gestion durable des forêts. » 


Ces forêts représentent 31% de la surface émergée du globe, soit environ 4 milliards d’hectares.  Mis à part le fait que 3 milliards de personnes dans le monde en dépendent pour le bois de chauffage, la couverture forestière est menacée par les besoins en agriculture, en infrastructures de transport, en ressources naturelles et en médicaments.


Après une semaine de travail marquée par un débat ministériel, une série de tables rondes de haut niveau et la présentation inédite d’un document unique des neuf grands groupes, le Forum a consacré sa deuxième semaine aux négociations, au sein de deux groupes de travail, sur les textes adoptés aujourd’hui. 


« Ces négociations ont été parfois enflammées, complexes mais globalement gratifiantes », a estimé le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne.  « Nous devrions, a-t-il ajouté, améliorer l’interaction avec les grands groupes.  Une demi-journée de dialogue ne suffit pas à tirer pleinement parti de leur participation.  Notre objectif devrait être de mieux honorer, au niveau international, notre engagement collectif en faveur du principe 10 de Rio », a-t-il insisté. 


Le Forum, qui se réunit, tous les deux ans, tiendra sa onzième session en 2015 à une date et en un lieu qui seraient déterminés par le Conseil économique et social (ECOSOC).  Les travaux seront dirigés par MM. Srecko Juricić, de la Croatie; Heikki Granholm, de la Finlande; et Macharia Kamau, du Kenya.  Les candidats des groupes d’Amérique latine et des Caraïbes et des États d’Asie n’ont pas encore été désignés.


Avant d’adopter l’ordre du jour provisoire de cette onzième session5, le Forum et la Directrice de son secrétariat, Mme Jan McAlpine, ont exprimé leur profonde gratitude au Gouvernement et au peuple de Turquie, en particulier au Ministre turc des forêts et de l’eau, pour avoir accueilli cette dixième session à Istanbul, du 8 au 19 avril, et apporté un appui précieux.


« Nous avons envoyé un message fort à ceux qui négocient l’agenda pour le développement durable demandé par la Conférence Rio+20 et les Objectifs du Millénaire pour le développement post-2015 », a conclu le Sous-Secrétaire adjoint des forêts et de l’eau de la Turquie, M. Mahir Kusuk, après que la Directrice du secrétariat du Forum se fut félicitée de cette « feuille de route ».


1.    La version finale des résolutions sera publiée à une date ultérieure.


2.    E/CN.18/2013/4


3.    Identifiés à la Conférence de Rio de 1992, les neuf grands groupes sont les entreprises et l’industrie; les enfants et les jeunes; les agriculteurs; les peuples autochtones; les autorités locales; les ONG; la communauté scientifique et technique; les femmes; et les travailleurs et les syndicats.


4.    Programme des Nations Unies, créé en 2008, sur la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts et sur le rôle de la préservation, de la gestion durable des forêts et de l’augmentation des stocks de carbone renfermés par les forêts dans les pays en développement.


5.    E/CN.18/2013/L.1


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement clôt sa session de fond de 2013 après trois semaines de négociations qualifiées de « productives » par son Président

CD/3431

La Commission du désarmement clôt sa session de fond de 2013 après trois semaines de négociations qualifiées de « productives » par son Président

19/04/2013
Assemblée généraleCD/3431
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du désarmement

Session de fond de 2013

Comité plénier

334e & 335e séances - matin                                 


LA COMMISSION DU DÉSARMEMENT CLÔT SA SESSION DE FOND DE 2013 APRÈS TROIS SEMAINES

DE NÉGOCIATIONS QUALIFIÉES DE « PRODUCTIVES » PAR SON PRÉSIDENT


Pour la première fois depuis 2006, la Commission décide de transmettre

à la troisième année du cycle de négociation (2012-2014) des recommandations de délégations


« La Commission du désarmement a réalisé ce qu’on attendait d’elle en cette deuxième année d’un cycle de négociation triennal (2012-2014), et elle a ainsi contribué à restaurer sa crédibilité et à jeter les bases d’un succès que l’on attend en 2014 », a dit le Président de la Commission, M. Christopher Grima, de Malte, au cours de la conclusion des travaux de la Commission, marqués par trois semaines de délibérations entre délégations que M. Grima a qualifiées de « productives ».


Organe subsidiaire et délibérant de l’Assemblée générale, la Commission du désarmement a ce matin achevé les travaux de sa session de fond de 2013, qui se sont tenus du 1er au 19 avril, en adoptant -tels que révisés oralement- les rapports de son Groupe de travail I, chargé d’examiner les moyens par lesquels réaliser le désarmement nucléaire et assurer la non-prolifération des armes nucléaires(1); de son Groupe de travail II, chargé de l’examen des mesures de confiance concrètes à prendre dans le domaine des armes classiques(2); ainsi que le rapport concernant l’ensemble des travaux menés par les délégations au cours de cette session de fond de la Commission(3).


« Dans un environnement politique complexe », a relevé le Président, « nous sommes encouragés que la Commission ait décidé, pour la première fois, depuis 2006, de transmettre à la troisième et dernière année du cycle de négociation (2012-2014) un document des travaux en séances comportant des commentaires et des propositions faites par les délégations.  M. Grima a dit que ces observations et recommandations représenteront le point de départ des travaux de la session de fond de la Commission en 2014, travaux qui eux-mêmes devront aboutir à la formulation de recommandations en matière de désarmement nucléaire et de mesures de confiance relatives aux armes classiques.


Même si la Commission du désarmement n’est plus parvenue à s’entendre sur l’énoncé de la moindre recommandation à l’Assemblée générale depuis 1999, a dit M. Grima, nous devons reconnaître la très grande utilité de cette instance qui aide les États Membres et les délégations à mieux comprendre les positions respectives des uns et des autres et à renforcer la confiance entre différents États.  Entre 1979 et 1999, la Commission a adopté 16 directives et recommandations destinées à l’Assemblée générale, a rappelé M. Grima.


À l’ouverture de la session de fond de 2013, le 1eravril dernier, Mme Angela Kane, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement(4), a estimé que l’obtention d’un résultat positif dans les négociations en cette année 2013 permettrait de paver la voie à l’établissement d’un nouveau consensus sur le désarmement nucléaire d’ici à 2014, et à la fin du cycle triennal (2012-2014), ce qui représenterait un succès immense à la veille de la tenue, en 2015, de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).


Dans le cadre de la séance de clôture de ses travaux ce matin, la Commission était aussi saisie de deux documents de travail présentés par la présidence sur les « Principes généraux pour parvenir au désarmement et à la non-prolifération nucléaires »(5), et sur les « Recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires »(6).  L’examen du rapport du Groupe de travail I, notamment de son paragraphe 9, a suscité de nombreuses interventions de la part des délégations.  Ce paragraphe stipule que « les documents de travail susmentionnés ne rendent pas compte de positions négociées, ne font pas l’objet d’un consensus et ne doivent pas constituer un précédent ».  


Le représentant de l’Algérie s’est notamment inquiété que ce libellé puisse être interprété comme une opposition à la présentation future de tels documents de travail.  Par ailleurs, les représentants du Mexique et de la France ont estimé que leurs recommandations n’étaient pas dûment reflétées dans la synthèse des propositions formulées par les États Membres(7).


La Commission était aussi saisie de recommandations(8) de la délégation de l’Égypte, qui estime que la seule façon de redonner du crédit au régime du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) est de veiller au succès du processus d’examen de 2015.  Appellant au respect des engagements souscrits à la Conférence d’examen de 2010, l’Égypte demande, dans ce document, l’organisation en 2013 de la conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires.  S’agissant des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, elle appelle à une étroite surveillance, par la communauté internationale, de la production et des stocks d’armes conventionnelles des principaux États producteurs d’armements de ce type et rappelle, notamment, qu’il n’existe pas de menace plus grande à la paix et à la stabilité que les crimes d’agression et d’occupation étrangère.  L’Égypte rappelle aussi le rôle fondamental qui incombe à la Commission dans l’élaboration des mesures de confiance.  Ce rôle va « au-delà de l’emploi du mot “confiance” au sens traditionnel, auquel on recourt souvent pour restreindre le programme de travail de cette Commission et protéger l’interprétation étroite qu’en donne une poignée de pays privilégiés ».


Dans leurs remarques de clôture, les représentants du Liban, parlant au nom du Groupe des États arabes; de l’Irlande, au nom de l’Union européenne; de l’Indonésie, au nom du Mouvement des non-alignés; et du Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, ont salué le rôle prépondérant de la Commission au sein du mécanisme de désarmement des Nations Unies, en rappelant la nécessité absolue d’une diplomatie multilatérale de désarmement.


Si la représentante du Groupe des États arabes a estimé que si en 2013 la conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires ne se tenait pas, cela constituerait une violation du processus d’examen du TNP, celui des États membres du Mouvement des non-alignés, a espéré pour sa part que la session de 2014 de la Commission du désarmement se déroule de manière constructive et que tous les États y fassent preuve d’esprit de souplesse et de compromis.

En marge de la session de 2013 de la Commission du désarmement, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté le 2 avril, par 154 voix pour, 23 abstentions et 3 voix contre, le Traité sur le commerce des armes conventionnelles, comblant ainsi l’échec essuyé par les négociateurs de la Conférence finale des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes, qui s’est tenue du 18 au 28 mars, à New York.  Le Secrétaire général, en sa qualité de dépositaire du Traité, est prié d’ouvrir celui-ci à la signature le 3 juin prochain.  Le Traité entrera en vigueur 90 jours après la date du dépôt du cinquantième instrument de ratification, d’acceptation ou d’approbation.


Présidée par M. Christopher Grima, de Malte, le Bureau de la Commission du désarmement est composé de cinq Vice-Présidents: Mmes Eleni Apeyitou (Chypre), Shona-Kay Richards (Jamaïque), et MM. Bhima Dwipayudhanto (Indonésie), Mislav Kolovrat (Croatie) et Dovydas Spokauskas (Lituanie).  Le Rapporteur du Bureau est Mme Charlene Roopnarine (Trinité-et-Tobago).  M. Naif Bin Bandar Al-Sudairy (Arabie saoudite) préside le Groupe de travail I, et M. Knut Langeland (Norvège), le Groupe de travail II.


(1) A/CN.10/2013/CRP.3

(2) A/CN.10/2013/CRP.4

(3) A/CN.10/2013/CRP.2

(4) communiqué CD/3425

(5) A/CN.10/2013/WG.I/WP.2

(6) A/CN.10/2013/WG.I/WP.3

(7) A/CN.10/2013/WG.I/CRP.2

(8) A/CN.10/2013/WP.1


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le Président du FNUF salue l’esprit de conciliation des délégations tout en les appelant à « encore plus de souplesse » pour parvenir au consensus

ENV/DEV/1352

Le Président du FNUF salue l’esprit de conciliation des délégations tout en les appelant à « encore plus de souplesse » pour parvenir au consensus

18/04/2013
Conseil économique et socialENV/DEV/1352
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Forum des Nations Unies sur les forêts                     

Dixième session                                            

13e séance – après-midi


LE PRÉSIDENT DU FNUF SALUE L’ESPRIT DE CONCILIATION DES DÉLÉGATIONS TOUT EN

LES APPELANT À « ENCORE PLUS DE SOUPLESSE » POUR PARVENIR AU CONSENSUS


Après avoir entendu les Coprésidents des Groupes de travail I et II chargés de négocier les deux projets de résolution qui devraient être adoptés demain, vendredi 19 avril ici à Istanbul, le Président de la dixième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), M. Mario Ruales Carranza, de l’Équateur, a salué « l’esprit de conciliation et la détermination » des délégations tout en les appelant à « encore plus de souplesse » pour parvenir au consensus.


Coprésidente du Groupe de travail I chargé, entre autres, des négociations sur les dispositions relatives au thème principal de cette session, « Les forêts et le développement économique », Mme Shuli Davidovich, d’Israël, s’est targué d’un esprit consensuel au sein de son Groupe. 


Plusieurs dispositions ont déjà été approuvées à l’unanimité.  Ils portent sur la consolidation de la place des forêts et de leur gestion durable dans le développement durable, l’appui aux stratégies de développement économique soucieuses des forêts, les politiques visant à réduire les risques et l’impact des catastrophes naturelles, la promotion des pratiques exemplaires ou encore le rôle des forêts urbaines.


Un nombre important d’autres dispositions sont sur le point d’être approuvées de la même manière, a encore affirmé la Coprésidente qui a prévu la fin des négociations un peu plus tard ce soir.


« Nous aimerions avoir la permission de continuer à négocier jusqu’à minuit », a demandé son collègue et Coprésident du Groupe de travail II, M. Srećko Juričić, de la Croatie. 


Chargé des négociations sur le financement des forêts, entre autres, il a indiqué qu’après une première lecture du projet de résolution, les États-Unis ont été nommés à la tête d’un groupe de contact où « l’atmosphère constructive » laisse penser qu’un accord peut intervenir vers minuit.  À la lumière des débats qui ont eu lieu, la semaine dernière, il ne fait aucun doute que l’idée, défendue par le Groupe des 77 et la Chine, de créer un fonds mondial pour les forêts et d’ouvrir un guichet « forêts » au Fonds pour l’environnement mondial (FEM) est au cœur des négociations.


L’autre groupe de contact, dirigé par l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, sur l’arrangement international sur les forêts et les activités intersessions du FNUF est déjà parvenu à « un résultat concret », s’est réjoui le Coprésident du Groupe de travail II qui négocie aussi les bases de la décision que le FNUF doit prendre, à sa onzième session en 2015, sur l’avenir de l’arrangement international dont l’« Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts ». 


La semaine dernière, lors des débats, la Turquie a demandé que l’on imprime enfin un caractère contraignant à l’Instrument pour en faire la « quatrième convention sur l’environnement » aux côtés des Conventions sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.


Dans son état actuel, l’Instrument est assorti de quatre objectifs d’ensemble visant à stopper la réduction du couvert forestier, à renforcer les avantages économiques, sociaux et environnementaux des forêts, à accroître la superficie des forêts protégées et à inverser la tendance à la baisse de l’aide publique au développement (APD) pour les forêts. 


Le futur arrangement international sur les forêts devra tenir compte de l’Agenda pour le développement post-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et du suivi de la Conférence Rio+20 sur le développement durable qui a aussi demandé un agenda en 2015. 


Le Forum, qui tient, à l’occasion exceptionnelle de son dixième anniversaire, sa session bisannuelle en dehors du Siège de l’ONU à New York, a débuté ses négociations, lundi dernier, après une semaine marquée par un débat général et des tables rondes au niveau ministériel dont le coup d’envoi a été donné par le Premier Ministre de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdogan. 


Demain, vendredi 19 avril, le FNUF devrait achever ses travaux par l’adoption des projets de résolution qui couvrent toutes les huit questions de fond de son ordre du jour*.


*     E/CN.18/2013/Rev.1


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Quatre responsables de l’ONU exhortent le Conseil de sécurité à user de leur influence pour mettre fin au carnage en Syrie

CS/10981

Quatre responsables de l’ONU exhortent le Conseil de sécurité à user de leur influence pour mettre fin au carnage en Syrie

18/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10981
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6949e séance – matin                                       


QUATRE RESPONSABLES DE L’ONU EXHORTENT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À USER

DE LEUR INFLUENCE POUR METTRE FIN AU CARNAGE EN SYRIE


Quatre responsables des Nations Unies ont présenté, ce matin devant le Conseil de sécurité, un tableau épouvantable de la situation humanitaire et de la violence en Syrie, en appelant les membres du Conseil de sécurité à user de leur influence pour mettre un terme à un « carnage » qui frappe en premier lieu les femmes et les enfants.


« Nous approchons d’un point de non-retour », a affirmé la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, en qualifiant de « catastrophe humanitaire » la situation qui sévit actuellement en Syrie.


« Les membres de la communauté internationale, en particulier les membres du Conseil de sécurité, doivent se réunir de façon urgente pour soutenir le peuple syrien », a-t-elle lancé.  « Nous sommes en train de perdre l’espoir.  Nous ne pouvons pas faire notre travail correctement.  Nous attendons de vous que vous preniez les mesures nécessaires pour mettre un terme à ce conflit brutal. »


Les principales villes de la Syrie ont été détruites par le conflit, a notamment expliqué Mme Amos.  Deir Az Zor, Hama, Homs et Idlib ont été réduites à l’état de ruines.  Mais aucune description ne pourra rendre compte exactement des horreurs infligées chaque jour, a-t-elle témoigné, en faisant état de maisons brûlées avec des familles se trouvant encore à l’intérieur. 


« Je serais tenté de limiter mon intervention à 10 secondes », a confié pour sa part le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), M. António Guterres, qui s’exprimait par visioconférence, depuis Genève.  Il a, en effet, fait remarquer que tout ce qu’il avait déjà dit devant le Conseil de sécurité, lors de sa précédente intervention en février dernier, continuait d’être non seulement d’actualité mais s’était même aggravé. 


« Si rien de conséquent ne se produit sur le plan politique, la situation se détériorera davantage au cours des mois à venir », a-t-il prévenu.


À ce jour, a-t-il dit, le nombre de réfugiés enregistrés ou sur le point de l’être s’élève à 1 349 356 personnes dans l’ensemble du Moyen-Orient et en Afrique du Nord. 


« Il n’y a aucune solution humanitaire à la question de la crise syrienne.  C’est pourquoi, il est dramatique qu’on ne voit aucun progrès en faveur d’une solution politique », a-t-il ajouté, en précisant que si rien ne changeait, le nombre de réfugiés syriens atteindrait 3,5 millions d’ici à la fin de l’année, et plus de 6,5 millions de personnes auraient besoin d’une aide humanitaire d’urgence à l’intérieur du pays. 


« Ces chiffres sont non seulement effrayants, mais risquent aussi de devenir intenables », a-t-il insisté.


La Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura, a, quant à elle, lancé un appel au nom des victimes des violences sexuelles en Syrie, qui, a-t-elle dit, « ont été violées, torturées et humiliées ».


Mme Bangura, qui a décrit des scènes insoutenables de violences sexuelles, a de nouveau demandé aux autorités syriennes que toutes les accusations de violence sexuelle fassent l’objet d’enquêtes et que leurs auteurs soient tenus pour responsables.


Le message qu’elle adresse aux auteurs de ces crimes, a-t-elle déclaré, est clair.  « La justice est peut-être retardée, mais elle ne sera pas déniée.  Nous vous poursuivrons par tous les moyens, nous vous retrouverons, et un jour nous vous traduirons en justice. »


« Au nom des survivants », elle a appelé les membres du Conseil de sécurité qui ont une influence sur les parties au conflit à démontrer leur engagement par des résultats en mettant fin au carnage et en protégeant le peuple syrien, en particulier les femmes et les enfants.


« Le conflit syrien est une catastrophe pour la population civile et les enfants en ont souffert le plus et de façon effroyable », a également soutenu la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Leila Zerrougui.


Elle a affirmé que plus de trois millions d’enfants étaient touchés par le conflit à l’intérieur de la Syrie, parmi lesquels près de deux millions ont été déplacés.  À ces chiffres s’ajoutent plus de 600 000 enfants réfugiés dans la région.


Notant que la communauté internationale ne pourra jamais connaître, de manière exhaustive, la portée des violations commises à l’égard des enfants, la Représentante spéciale a toutefois expliqué que des milliers d’entre eux avaient été tués, blessés, mutilés dans le cadre de ce conflit. 


Mme Zerrougui a exhorté les membres du Conseil de sécurité à rester unis et à peser de tout leur poids pour s’assurer que les parties au conflit s’acquittent immédiatement de leurs engagements.  Elle a également invité le Conseil à œuvrer à la mise en place d’un mécanisme efficace qui tienne responsables les auteurs de violations contre les enfants afin de mettre fin à l’impunité.


À l’issue de ces quatre exposés, les représentants de la République arabe syrienne, du Liban et de la Turquie se sont exprimés.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT


Exposés


Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, a affirmé que la situation en Syrie était une catastrophe humanitaire, avec des gens ordinaires qui paient le prix de l’échec à mettre fin au conflit.  Les parties au conflit s’enfoncent de plus en plus dans la rhétorique et la réalité de la guerre faisant fi totalement de l’impact de ce conflit sur la vie des gens, a-t-elle dit, en ajoutant que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure d’obtenir le consensus nécessaire pour appuyer un règlement politique de la crise.


La destruction des infrastructures essentielles, notamment des écoles et hôpitaux, la dévaluation de la monnaie, qui a perdu 80 à 90% de sa valeur, la montée des prix des denrées alimentaires, les pénuries de carburant et d’électricité et le manque d’eau ont un impact sur la majorité des Syriens, a souligné Mme Amos.


Les principales villes de la Syrie ont été détruites par le conflit, a-t-elle dit.  Deir Az Zor, Hama, Homs et Idlib ont été réduites à l’état de ruines.  Mais aucune description ne pourra rendre compte exactement des horreurs infligées chaque jour, a-t-elle témoigné, en faisant état de maisons brûlées avec des familles se trouvant encore à l’intérieur, de gens tués au cours des bombardements alors qu’ils faisaient la queue pour un morceau de pain.  


« C’est la réalité de la Syrie aujourd’hui », a-t-elle assuré, en précisant que les enfants sont ceux qui souffrent le plus.  Plus de trois millions de ces enfants ont déjà été touchés, dont deux millions déplacés.  Des enfants sont tués, torturés et victimes de violences sexuelles.  Nombre d’entre eux n’ont pas assez pour manger.  Des millions de personnes sont traumatisées par les horreurs dont elles sont les témoins.  Ce conflit brutal ne brise pas seulement le présent de la Syrie, il détruit aussi son avenir, a-t-elle observé.


La Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’elle n’avait pas de réponse à donner aux Syriens qui lui demandent pourquoi le monde les a abandonnés.  Tandis que la situation humanitaire devient chaque jour plus catastrophique, les limitations sur le terrain nous ont amenés dangereusement vers une suspension de programmes humanitaires essentiels, a-t-elle expliqué.


« Nous approchons d’un point de non-retour », a-t-elle affirmé, en déclarant que les membres de la communauté internationale, en particulier les membres du Conseil de sécurité, doivent se réunir de façon urgente pour soutenir le peuple syrien.


Selon Mme Amos, le Conseil de sécurité doit, à titre prioritaire, trouver les moyens de réduire le niveau de violence et arrêter l’effusion de sang.  Les parties doivent être rappelées à leurs obligations de protéger les civils et se conformer au droit international humanitaire.  Les conséquences des violations de ces règles doivent être claires pour tous.  La protection des installations médicales, du personnel et des patients, en particulier, doit être garantie en permanence.  Les parties doivent démilitariser les hôpitaux et, dans la conduite des hostilités, pendre toutes les mesures de précaution pour éviter de toucher les installations médicales ou le personnel.


Le Conseil de sécurité, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, doit aussi demander aux parties d’assurer un accès sûr et sans entrave des organisations d’aide humanitaire à ceux qui sont dans le besoin dans toutes les régions de la Syrie.  Il est inacceptable que le personnel humanitaire continue d’être pris pour cible pendant qu’il vient au secours des gens.  Si des routes ne sont pas sûres, il est de la responsabilité des parties d’identifier des alternatives, y compris à travers les frontières internationales, a-t-elle dit.


« Mon appel à ce Conseil se fait au nom du peuple syrien, mais aussi au nom de tous ceux qui cherchent à les aider », a lancé Mme Amos.  « Nous sommes en train de perdre l’espoir.  Nous ne pouvons pas faire notre travail correctement.  Nous attendons de vous que vous preniez les mesures nécessaires pour mettre un terme à ce conflit brutal. »


« Je serais tenté de limiter mon intervention à 10 secondes », a souligné M. António Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, qui s’exprimait par visioconférence, depuis Genève.  Il a, en effet, fait remarquer que tout ce qu’il avait déjà dit devant le Conseil de sécurité, lors de sa précédente intervention en février dernier, continue d’être non seulement d’actualité mais s’est même aggravé.  « Si rien de conséquent ne se produit sur le plan politique, la situation se détériorera davantage au cours des mois à venir », a-t-il prévenu.


« En décembre 2012, 3 000 personnes par jour fuyaient la Syrie.  En janvier dernier, ce nombre est passé à 5 000 personnes chaque jour.  Depuis le mois de février, 8 000 personnes franchissent quotidiennement les frontières syriennes.  Cela représente 400 000 nouveaux réfugiés rien que pour les sept dernières semaines, c’est-à-dire précisément depuis la date de mon dernier exposé devant le Conseil », a-t-il fait remarquer.


À ce jour, le nombre de réfugiés enregistrés ou sur le point de l’être s’élève à 1 349 356 personnes dans l’ensemble du Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  « Si l’on tient compte des personnes déplacées à l’intérieur des frontières, un quart de la population syrienne a été contrainte de quitter son foyer », a-t-il dit.  Par ailleurs, ces chiffres disent peu sur les souffrances endurées par ces personnes, sur l’effondrement de l’État, ainsi que sur les destructions physiques du pays.


« Il n’y a aucune solution humanitaire à la question de la crise syrienne.  C’est pourquoi il est dramatique qu’on ne voit aucun progrès en faveur d’une solution politique », a-t-il ajouté.


Face à la « planification de l’impossible », M. Gutteres a expliqué que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en collaboration avec 60 organisations partenaires, prépare une cinquième version du Plan de réponse régionale, en soulignant que les chiffres préliminaires pour la planification étaient terrifiants.


Si rien ne change, a averti le Haut-Commissaire, le nombre de réfugiés syriens atteindra 3,5 millions d’ici à la fin de l’année, et plus de 6,5 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence à l’intérieur du pays.  « Ces chiffres ne sont pas seulement effrayants, mais risquent aussi de devenir intenables », a-t-il insisté.


« Je sais qu’en tant que Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, je devrais limiter mon intervention aux termes de mon mandat mais, en tant que citoyen du monde, je ne peux m’empêcher de me poser cette question: n’y a-t-il aucun moyen de mettre fin aux combats et d’ouvrir la voie à une solution politique? »


« Tandis que nous continuons d’attendre qu’un miracle se produise, nous avons le devoir de tout mettre en œuvre pour protéger, pour aider et pour respecter la sécurité de tous les Syriens qui ont cherché refuge à l’étranger, en particulier en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Iraq », a-t-il exhorté.  M. Guterres a souligné que tous les acteurs humanitaires avaient besoin d’un appui qui est hors de proportion de tous les budgets humanitaires actuels des donateurs traditionnels.


Le Haut-Commissaire pour les réfugiés a ensuite mis en évidence « des risques réels de retombées » de la crise syrienne dans l’ensemble de la région.  « Ces risques pourraient déboucher, a-t-il mis en garde, sur une catastrophe totale qui pourrait complètement dépasser toute première étape pour une capacité d’intervention internationale. »


Il a ensuite exhorté la communauté internationale à fournir un appui massif aux deux pays les plus touchés par les retombées du conflit, à savoir la Jordanie et le Liban. 


M. Guterres a souligné qu’au Liban, la crise syrienne était devenue une menace existentielle.  La population a augmenté de 10% et la plupart de ces réfugiés se trouvent dans les régions les plus pauvres.  Si l’on tient compte des réfugiés qui ne sont pas enregistrés et des travailleurs syriens migrants, un quart de la population libanaise pourrait, à présent, être syrienne, a-t-il fait observer.  Il a salué la « sagesse politique des dirigeants libanais » qui ont, à ce jour, évité que le Liban ne soit entraîné dans le conflit syrien.  Mais il existe des menaces sérieuses à la frontière.  C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que le Liban n’a plus reçu un appui international direct depuis de nombreux mois.  « Cela doit changer d’urgence », a-t-il insisté.


Par ailleurs, la Jordanie connaît également des pressions en raison du conflit syrien.  Le pays dépend entièrement des importations de pétrole et de carburant et doit faire face à un déficit qui a contraint le Gouvernement jordanien à prendre des mesures d’austérité draconiennes.  La Jordanie a également besoin d’un appui financier massif pour lui permettre de mettre en œuvre les mesures prises et de prévenir tout trouble social dans le pays.


« Aider les voisins de la Syrie à faire face aux retombées humaines est crucial.  La crise en Syrie n’est pas une crise des réfugiés comme il s’en passe ailleurs dans le monde.  La Jordanie, le Liban et la Turquie rendent un service extraordinaire à la communauté internationale.  Si l’on ne leur fournit pas un appui, cela reviendrait non seulement à abandonner un peuple et une région mais aussi à demeurer aveugle devant ces intérêts supérieurs », a-t-il dit avant de conclure son intervention.


Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a lancé un appel au nom des victimes des violences sexuelles en Syrie.  « Ces victimes, a-t-elle dit, ont été violées, torturées et humiliées.  Elles ont été déplacées ou vivent comme des réfugiées.  Elles n’ont pas de voix et ne figurent dans aucune statistique. »  Mais ceci, a-t-elle ajouté, « ne pourrait être que la partie émergée de l’iceberg ».


Les femmes et les filles déplacées par le conflit racontent que la violence sexuelle, dont le viol, est une des raisons principales qui les ont conduites à fuir leur maison et à quitter le pays. 


« Nous entendons parler de filles qui ont été violées devant leurs pères, de femmes devant leurs maris.  Nous savons que les forces gouvernementales et des combattants de l’opposition enlèvent des femmes et des enfants pour leur extorquer des informations, parfois en les utilisant comme monnaie d’échange pour la libération de prisonniers.  Le conflit devenant de plus en plus sectaire et les violations de plus en plus militarisées, la présence de combattants étrangers qui ont rejoint les groupes armés de l’opposition, parmi lesquels des éléments liés à des groupes islamistes, a accru la vulnérabilité des civils et le risque d’être la cible de viols par vengeance. »


Mme Bangura a cité l’exemple d’une fille de 14 ans, dont la mère avait des liens avec l’opposition, qui avait été enlevée dans la rue par quatre hommes, en précisant que deux d’entre eux portaient un uniforme militaire.  Elle a été retenue captive pendant quatre jours.  Pendant son interrogatoire, elle a été frappée avec un câble électrique, a reçu des injections, a subi des brûlures de cigarettes sur la poitrine.  Elle a été privée de nourriture et d’eau pendant de longues périodes de temps.  Puis, elle a été violée par quatre hommes.  Après avoir été relâchée, elle a été conduite hors du pays et, depuis, a tenté à trois reprises de se suicider.


La Représentante spéciale a également fait état du témoignage rapporté par la Fédération internationale des droits de l’homme d’un Syrien qui a assisté à l’enlèvement d’une jeune fille par des éléments de l’Armée libre syrienne.  Celle-ci a été violée et tuée.  Son corps a été jeté devant sa maison, acte qui avait été attribué à l’armée syrienne.


Mme Bangura a exhorté fermement la direction de l’Armée libre syrienne et d’autres groupes armés à cesser de telles violations du droit international humanitaire, à livrer des directives claires aux différents acteurs de la chaîne de commandement pour empêcher la violence sexuelle et à tenir pour responsables ceux qui ont commis, ordonné ou fermé les yeux sur de tels crimes. 


Elle a également exhorté le Président syrien Bachar Al-Assad dans les termes les plus vigoureux à faire en sorte que toute personne détenue par le Gouvernement syrien soit traitée humainement, en conformité avec les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  Elle a réitéré l’appel lancé aux autorités syriennes pour que toutes les accusations de violence sexuelle fassent l’objet d’enquêtes et que leurs auteurs soient tenus pour responsables.


Le message qu’elle adresse aux auteurs de ces crimes, a-t-elle déclaré, est clair.  « La justice est peut-être retardée, mais elle ne sera pas déniée.  Nous vous poursuivrons par tous les moyens, nous vous retrouverons, et un jour nous vous traduirons en justice. »


« Nous avons vu, nous avons discuté, et maintenant, il est temps de prendre des mesures concrètes », a ajouté Mme Bangura, en soulignant que sa détermination à lutter contre la violence sexuelle dans ce conflit était renforcée.  Elle a précisé qu’elle se rendrait en Syrie aussi rapidement que possible. 


La Représentante spéciale a, une fois de plus au nom des survivants, appelé les membres du Conseil de sécurité qui ont une influence sur les parties au conflit à démontrer leur engagement par des résultats en mettant fin au carnage et en protégeant le peuple syrien, en particulier les femmes et les enfants.


« Le conflit syrien est une catastrophe pour la population civile et les enfants en ont souffert le plus et de façon effroyable », a souligné Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.


Plus de 3 millions d’enfants sont touchés par le conflit à l’intérieur de la Syrie, parmi lesquels près de 2 millions ont été déplacés.  À ces chiffres s’ajoutent plus de 600 000 enfants réfugiés dans la région, a-t-elle précisé.


Notant que la communauté internationale ne pourra jamais connaître, de manière exhaustive, la portée des violations commises à l’égard des enfants, la Représentante spéciale a toutefois expliqué que des milliers d’entre eux avaient été tués, blessés, mutilés dans le cadre de ce conflit. 


Certains enfants sont morts en essayant de se cacher, en tentant d’atteindre un hôpital ou de rejoindre un refuge.  Par ailleurs, des centaines d’enfants ont perdu une main, un bras, une jambe en raison de l’utilisation d’armes à sous-munitions.


Mme Zerrougui s’est dite très préoccupée par l’absence de soins qui pourraient être apportés à ces enfants.  Ceux-ci n’ont, en effet, pas accès à une aide médicale appropriée.  Plus de la moitié des installations médicales en Syrie ont été endommagées et environ 40% des hôpitaux ne sont plus opérationnels.  « De nombreux enfants ont passé plusieurs jours dans des hôpitaux de fortune ou ont fuit pour rejoindre des hôpitaux dans les pays voisins », a-t-elle rappelé.


S’agissant de l’éducation, la Représentante spéciale a indiqué que de nombreuses écoles étaient occupées par les parties belligérantes, avaient été endommagées ou complètement détruites.  En outre, de nombreux enseignants sont menacés ou obligés de fuir.  Environ 2 500 écoles ont subi des dommages ou ont été détruites et 2 000 autres sont utilisées comme abris pour les personnes déplacées.  Dans certaines zones, a-t-elle dit, les enfants ne vont plus à l’école depuis 18 mois.  « Les générations futures de la Syrie sont donc privées du droit d’apprendre dans un climat de paix. »


Mme Zerrougui a également souligné la vulnérabilité des enfants qui, a-t-elle fait remarquer, sont recrutés ou utilisés par toutes les parties au conflit.  Parfois, des enfants âgés d’à peine 10 ans sont utilisés comme combattants ou comme messagers, s’est-elle indignée, en précisant que son Bureau avait reçu des informations selon lesquelles des enfants étaient utilisés comme boucliers humains par les forces gouvernementales.


« L’utilisation disproportionnée de la force, le déroulement des combats dans des zones peuplées essentiellement de civils et l’utilisation d’armes qui frappent sans distinction, tout cela a une incidence sur l’ensemble du tissu social, y compris sur ceux qui s’occupent des enfants ou les soignent », a insisté la Représentante spéciale. 


Mme Zerrougui a exhorté les membres du Conseil de sécurité à rester unis et à peser de tout leur poids pour s’assurer que les parties au conflit s’acquittent immédiatement de leurs engagements.  Elle a également invité le Conseil à œuvrer à la mise en place d’un mécanisme efficace qui tienne responsables les auteurs de violations contre les enfants afin de mettre fin à l’impunité.


Déclarations


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé que son pays célébrait en ce moment le soixante-cinquième anniversaire de l’indépendance arrachée aux colons français.  « Bien qu’il y ait des différences dans la façon dont les Syriens aiment leur patrie, ils sont en revanche déterminés, autant qu’ils sont, à demeurer unis face à toute tentative visant à saper la dignité de la Syrie, son indépendance politique et les principes nationaux bien établis », a-t-il déclaré.


Le délégué syrien a affirmé que la crise dans son pays avait révélé de sérieuses failles dans le système de relations internationales, ainsi que dans les mécanismes d’application des principes du droit international et des dispositions de la Charte des Nations Unies.  « Tous les défis et risques auxquels la Syrie est confrontée sont traités dans des termes inédits de la pratique des « deux poids, deux mesures » et d’une hypocrisie politique scandaleuse, qui ne laissent place au doute quant à la sélectivité dont font preuve ces mécanismes d’une soi-disant action internationale », a-t-il dit.


Pour le représentant de la Syrie, le terrorisme aveugle qui frappe son pays « trouve des soutiens zélés ici, parmi ceux qui œuvrent à le légaliser à la fois dans les médias, politiquement et diplomatiquement, et à le reconnaître en tant que mouvement dans le pays, tandis qu’ils revendiquent la lutte contre le terrorisme au Mali et au Sahel ».


Aucun gouvernement occidental ne doit avoir d’excuse pour justifier son ignorance du passage de terroristes parmi ses citoyens à travers les frontières internationales pour se rendre en Syrie et participer à l’effusion de sang syrien, a-t-il ajouté.


Concernant les violences sexuelles commises en Syrie, le représentant syrien a affirmé que des groupes terroristes armés, important des pays des pétromonarchies du Golfe une idéologie wahhabite, salafiste et takfiriste, avaient pénétré dans des pays voisins, soutenus par des « Arabes de l’ère de l’ignorance », par la complicité de l’Occident et le partenariat israélien, et œuvrant « délibérément et systématiquement à saboter la sécurité des Syriens, y compris des femmes et des enfants ».


Il a assuré également que la République arabe syrienne était liée par ses obligations, en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant et de son Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.


Il a indiqué que son gouvernement insistait sur la mise en œuvre d’une solution politique, approuvée par les résolutions 2042 (2012) et 2043 (2012) du Conseil de sécurité et par le Communiqué de Genève, grâce à un dialogue national inclusif conduit par les Syriens dans lequel tous les Syriens sont représentés.


M. NAWAF SALAM (Liban) a souligné que les chiffres douloureux, mentionnés ce matin, témoignaient de l’ampleur de la catastrophe humanitaire et de l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux massacres et aux violations des droits de l’homme ciblant les civils en Syrie.  « Aujourd’hui, le peuple syrien continue soit de vivre sous des toits secoués par des bombardements en Syrie, soit a été contraint de vivre déplacé dans les pays voisins », a-t-il constaté.


M. Salam a souligné que le Liban n’avait cessé de répéter son soutien au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Syrie et ne s’était jamais dissocié du droit international.  « Nous n’avons pas oublié que le peuple syrien avait accueilli des centaines de réfugiés libanais, en juillet 2006, à la suite de l’agression barbare israélienne », a-t-il dit.


Le représentant est revenu sur l’ampleur de certains chiffres.  Le Liban accueille, aujourd’hui, 416 000 refugiés syriens et cela ne tient pas compte des dizaines de milliers de réfugiés qui n’ont pas demandé à être enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a-t-il précisé.  M. Salam a aussi mis l’accent sur les besoins sérieux de ces refugiés, en particulier ceux des jeunes et des enfants qui présentent des problèmes médicaux graves.


Le Liban a continuellement averti contre les conséquences de la poursuite de cette crise, non seulement sur la Syrie mais aussi sur les pays voisins, a tenu à rappeler son représentant.  Dans son pays, ces réfugiés ont un impact sur la situation économique déjà délétère, notamment en raison de l’inflation des prix des denrées alimentaires et de la hausse des loyers.  En outre, les ressources énergétiques deviennent plus limitées.


Dans ce contexte de croissance continue du nombre de réfugiés, il a prévenu que le Liban ne pourra pas offrir les soins nécessaires à la population réfugiée, qu’il s’agisse de Syriens, de Palestiniens ou même de Libanais qui reviennent de Syrie.  « Le personnel est prêt mais les fonds font défaut », a-t-il dit, en engageant la communauté internationale à fournir une assistance à tous les réfugiés en provenance de la Syrie. 


Pour faire face à la situation humanitaire qui s’aggrave de jour en jour en Syrie, la communauté internationale a la responsabilité morale de soutenir le peuple syrien dans sa lutte et doit le faire de manière urgente, a déclaré M. YASAR HALIT CEVIK (Turquie).  Il a rejoint l’appel lancé par les dirigeants des organismes humanitaires, en soulignant que c’était un véritable signal d’alarme.


Le représentant a ensuite mis l’accent sur la nécessité de revoir les stratégies visant à faire face à la crise et à réfléchir, en sortant des sentiers battus, afin de prévenir une catastrophe dans la région.  Il s’est dit convaincu qu’une solution politique qui préserverait l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie demeurait la meilleure façon d’envisager une issue.


En attendant cette solution, le représentant de la Turquie a estimé qu’il fallait être réaliste dans la manière d’aborder les conséquences de la crise.  À cet égard, il a souligné que son pays faisait des efforts énormes, en accueillant environ 190 000 réfugiés syriens enregistrés, ainsi que les 100 000 autres qui ne sont pas inscrits.  « Nous faisons de notre mieux pour satisfaire les besoins de ces personnes », a-t-il reconnu, en notant qu’au cours des jours de combats intenses, près de 14 000 personnes franchissent la frontière syro-turque. 


« Une politique irresponsable ne donnera lieu qu’à de nouveaux afflux de refugiés et les pays voisins ne peuvent pas relever les défis à eux seuls », a prévenu M. Cevik.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à apporter son appui financier, même si celui-ci, a-t-il dit, ne suffit pas à faire face à la situation.  « Il faut traiter le problème de façon coordonnée et trouver des solutions pour aider les personnes qui souhaitent quitter le pays pour fuir les hostilités.  Le moment est venu pour que ces préoccupations légitimes soient prises en compte par la communauté internationale et, en particulier par l’ONU, car, a-t-il fait remarquer, il y a un risque que la crise actuelle ne s’étende davantage et qu’il ne sera plus possible de la contenir.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Violences sexuelles: M. Ban Ki-moon invite le Conseil de sécurité à envisager un mécanisme de suivi des engagements des parties en conflit

CS/10977

Violences sexuelles: M. Ban Ki-moon invite le Conseil de sécurité à envisager un mécanisme de suivi des engagements des parties en conflit

17/4/2013
Conseil de sécuritéCS/10977
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6948e séance – matin & après-midi


VIOLENCES SEXUELLES: M. BAN KI-MOON INVITE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À ENVISAGER

UN MÉCANISME DE SUIVI DES ENGAGEMENTS DES PARTIES EN CONFLIT


Plusieurs délégations soulignent le rôle

de la Cour pénale internationale pour lutter contre l’impunité


Le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, au terme d’un long débat sur les femmes et la paix et la sécurité, entendu de nombreux pays rappeler la nécessité pour les parties en conflit de prendre et de respecter des engagements en vue de lutter contre la violence sexuelle.


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a quant à lui invité le Conseil de sécurité à envisager la création d’un mécanisme qui permettrait de surveiller systématiquement les engagements pris, en faveur des femmes, par les parties à un conflit.


Plusieurs délégations ont souligné le rôle de la justice pénale internationale, en particulier celui de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, pour connaître de situations où la violence sexuelle est utilisée comme tactique de guerre et pour lutter contre l’impunité de ceux qui perpétuent ou tolèrent ces atrocités. 


Dans son rapport sur la violence sexuelle liée aux conflits, M. Ban Ki-moon fournit des renseignements sur les parties à un conflit qui sont soupçonnées d’avoir commis des viols ou d’autres formes de violence sexuelle en Afghanistan, en République centrafricaine, en Colombie, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Mali, au Myanmar, en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan (Darfour), en Syrie et au Yémen.  Il souligne notamment des cas de mariages forcés, des viols et des faits d’esclavage sexuel, ainsi qu’une utilisation de plus en plus évidente de la violence sexuelle pour contraindre des populations à se déplacer.  Il met également en lumière le lien qui existe entre la violence sexuelle et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Le rapport attire aussi l’attention sur des problèmes nouveaux, notamment les actes de violence sexuelle dont sont victimes de plus en plus des hommes et des garçons et le sort tragique des enfants nés à la suite d’un viol.


La violence sexuelle, il y a seulement 19 ans, au Rwanda, avait été au cœur de l’idéologie du génocide, a rappelé la Ministre rwandaise des affaires étrangères et de la coopération, Mme Louise Mushikiwabo, qui présidait le débat d’aujourd’hui.  Parmi le nombre terrifiant de femmes violées et laissées pour mortes, beaucoup ont été atteintes de maladies non curables, certaines sont tombées enceintes et toutes ont connu l’humiliation d’avoir été abusées devant leur famille.  Cette forme de violence a été exportée du Rwanda vers la République démocratique du Congo (RDC) par les forces génocidaires en fuite après juillet 1994 et, tragiquement, ce comportement a été adopté par une pléthore de groupes armés dans la région, a-t-elle regretté.


« Nous devons braquer les projecteurs sur ceux qui commettent ces crimes, mais aussi sur ceux qui les commanditent ou qui les tolèrent », a lancé, ce matin, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, le viol d’une femme, d’un enfant ou d’un homme durant un conflit demeure « une arme bon marché ».  Les victimes qui osent parler ou ceux qui les aident, comme les humanitaires et les journalistes, sont frappés d’une censure terrible. 


Dans ce contexte, la Représentante spéciale a appelé le Conseil de sécurité à renforcer le régime de prévention et de dissuasion des violences à caractère sexuel commises pendant les conflits.  L’accord « historique » conclu, le 11 novembre dernier, entre les membres du Groupe des huit (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Fédération de Russie et Royaume-Uni) en vue de lutter contre la violence sexuelle fournit, a-t-elle dit, un élan important.


À l’instar de Mme Bangura, de nombreuses délégations intervenues au cours de ce débat sur les femmes, la paix et la sécurité ont émis l’espoir que le Conseil de sécurité réaffirme son ferme engagement en faveur de cette question en adoptant, prochainement, une nouvelle résolution sur la violence sexuelle.  « Établir artificiellement un lien entre la lutte contre les violences sexuelles commises au cours d’un conflit et le travail du Conseil de sécurité aurait une influence négative », a, toutefois, prévenu la Fédération de Russie.  Pour celle-ci, il existe suffisamment de mécanismes qui permettent, aujourd’hui, d’assurer un suivi ou d’établir des mises en garde dans ce domaine.  Comme le délégué russe, ses homologues de la Syrie, du Soudan ou encore de la Colombie ont estimé que les informations figurant dans le rapport du Secrétaire général étaient imprécises et manquaient d’objectivité.


Un grand nombre de pays ont ensuite appuyé une autre recommandation du Secrétaire général qui vise à faire en sorte que toutes les démarches de médiation, de cessez-le-feu, de paix ou de diplomatie préventive entreprises avec des parties en conflit traitent de la violence sexuelle.  Selon ONU-Femmes, sur les 565 accords de paix conclus entre 1990 et 2010, à peine 16% mentionnent les femmes, a fait remarquer la représentante de l’Argentine.  Plusieurs déléguations ont estimé que les comités des sanctions du Conseil de sécurité devaient adopter des mesures ciblées afin d’accroître la pression sur les auteurs de violences sexuelles, comme ce fut le cas par le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo.  Celui-ci a inscrit sur sa liste des individus et des entités les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le Mouvement du 23 mars (M23) en raison des actes de violence commis par leurs membres, y compris des violences sexuelles.


Il faudrait, en outre, envisager de telles mesures dans des cas où il n’existe pas de comité des sanctions, en particulier pour la Somalie, le Soudan, la Côte d’Ivoire, Al-Qaida au Maghreb islamique ou la Guinée-Bissau, a estimé le représentant de la Nouvelle-Zélande.


Quelques États Membres, comme l’Italie et le Luxembourg, se sont particulièrement inquiétés de la tendance nouvelle visant à utiliser la violence sexuelle contre les hommes comme tactique d’intimidation lors d’une détention ou d’un interrogatoire. 


En début de séance, les membres du Conseil de sécurité ont observé une minute de silence à la mémoire de l’ancien Premier Ministre britannique Margaret Thatcher, dont les obsèques avaient lieu ce mercredi, à Londres, ainsi qu’aux victimes des attaques à la bombe perpétrées, lundi 15 avril, à Boston. 


LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Rapport du Secrétaire général sur la violence sexuelle liée aux conflits (S/2013/149)


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, présente, dans ce rapport, qui couvre la période allant de décembre 2011 à décembre 2012, plusieurs recommandations visant à intensifier les actions de lutte contre, dit-il, « cette forme particulièrement choquante de criminalité » qu’est la violence sexuelle en période de conflit armé.


M. Ban fournit, tout d’abord, des renseignements sur les parties à un conflit qui sont soupçonnées d’avoir commis des viols ou d’autres formes de violence sexuelle en Afghanistan, en République centrafricaine, en Colombie, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Mali, au Myanmar, en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan (Darfour), en Syrie et au Yémen.


De même, il présente des initiatives prises dans plusieurs situations postconflit, en Bosnie-Herzégovine, au Libéria, en Libye, au Népal, en Sierra Leone, au Sri Lanka ou au Timor-Leste, afin de remédier aux conséquences de la violence sexuelle en temps de guerre.  Il expose en particulier les difficultés rencontrées pour que les survivants obtiennent justice et bénéficient de recours efficaces.


Le Secrétaire général fait également le point sur les progrès réalisés dans l’application des arrangements de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur la violence sexuelle liée aux conflits établis au titre de la résolution 1960 (2010) du Conseil de sécurité.


Il invite le Conseil de sécurité à accroître la pression sur les auteurs de violences sexuelles en période de conflit, y compris les personnes, les parties et les États cités dans ses rapports, en faisant adopter des mesures ciblées et progressives par les comités des sanctions concernés, et à envisager les moyens permettant que de telles mesures puissent aussi être prises dans des cas où il n’existe pas de comité des sanctions.  Il l’invite aussi à envisager de mettre en place un mécanisme ou procédé approprié permettant de surveiller systématiquement les engagements pris par les parties à un conflit en application de sa résolution 1960 (2010). 


M. Ban invite en outre le Conseil de sécurité à recourir à tous les autres moyens disponibles pour lutter contre la violence sexuelle liée aux conflits, notamment en saisissant la Cour pénale internationale (CPI), en demandant des commissions d’enquête internationales ou en faisant de la violence sexuelle un des thèmes de ses visites périodiques sur le terrain et de ses consultations avec les organes régionaux, tel que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.


Le rapport contient, en annexe, la liste des parties soupçonnées d’avoir commis des viols ou d’autres formes de violence sexuelle dans des situations de conflit armé dont le Conseil de sécurité est saisi.  Cette annexe n’a pas pour objet d’être exhaustive mais de recenser les auteurs de ces actes sur lesquels des informations crédibles sont actuellement disponibles.


Déclarations liminaires


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que le viol en temps de guerre ne détruisait pas seulement des vies individuelles, mais dévastait également les familles et les communautés.  Il est également un obstacle à la réconciliation et au développement durable.


Grâce au Conseil de sécurité, le monde dispose maintenant d’un cadre solide pour la prévention et la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits, a ajouté M. Ban, en précisant que les résolutions du Conseil de sécurité 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009) et 1960 (2010) guidaient le travail des institutions des Nations Unies, des États Membres et des autres parties prenantes.


Le Secrétaire général a également souligné que son rapport sur la violence sexuelle liée aux conflits reflétait l’amélioration progressive des analyses et des données au cours des dernières années.  C’est le résultat direct d’une plus grande prise de conscience sur le terrain et a permis de renforcer les capacités des missions pour contrôler, enquêter et réagir, a-t-il ajouté.


Certaines tendances se précisent, a expliqué M. Ban.  La première est que les effets négatifs des viols en temps de guerre persistent longtemps après que les armes se sont tues.  De la région des Balkans à l’Afrique, les entités des Nations Unies et d’autres continuent d’apporter un appui médical et psychosocial essentiel aux victimes et aux survivants.


En outre, ce crime haineux affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles, les hommes et les garçons étant également visés.


La Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a-t-il poursuivi, a également noté d’autres tendances émergentes, y compris le lien entre la violence sexuelle liée aux conflits et l’exploitation illégale des ressources naturelles; l’impact de la violence sexuelle sur les déplacements; et l’importance de la lutte contre la violence sexuelle lors des négociations de cessez-le-feu, des processus de paix plus larges et des efforts de réforme du secteur de sécurité.


S’appuyant sur le travail de son prédécesseur et des 13 entités de la Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit qu’elle préside, la Représentante spéciale a continué de lutter contre l’impunité pour la violence sexuelle liée aux conflits, a-t-il assuré.  Mme Zainab Hawa Bangura a également mis l’accent sur l’importance de l’appropriation et du leadership national, a-t-il ajouté, en y exprimant son plein appui.


Les cellules d’appui aux poursuites en République démocratique du Congo (RDC) créées par le Gouvernement congolais avec l’appui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) constituent un exemple positif d’association des deux approches, a-t-il déclaré, en précisant que d’autres opérations de maintien de la paix avaient l’intention de mener à bien des projets similaires.  Le cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC et la région représente également une opportunité pour s’attaquer aux causes profondes de la violence sexuelle liée aux conflits.


Le Secrétaire général a insisté sur la nécessité de renforcer les efforts collectifs visant à prévenir la violence sexuelle.  Les missions de maintien de la paix au Soudan, au Soudan du Sud et en RDC, en collaboration avec les équipes de pays des Nations Unies, œuvrent à établir des arrangements pour le suivi, l’analyse et l’information.  « C’est une priorité qui, je l’espère, pourra être accomplie avant la fin de l’année », a-t-il dit.


M. Ban a également souligné que huit conseillères pour la protection des femmes avaient été déployées au Soudan du Sud, tandis que d’autres sont recrutées pour les missions des Nations Unies en RDC, en Côte d’Ivoire et en République centrafricaine.


Il a appelé les États Membres à fournir des ressources suffisantes pour le déploiement de conseillères pour la protection des femmes supplémentaires.  « Nous devons en faire un élément régulier de planification et de budgétisation », a-t-il affirmé.


Il a aussi appelé à un financement soutenu de l’équipe d’experts qui travaille à renforcer la capacité de l’état de droit national ainsi que les acteurs de la justice.


« Prévenir la violence sexuelle est d’abord et avant tout une responsabilité des États, en particulier les forces de sécurité, qui sont souvent les auteurs de cette violation grave des droits de l’homme », a déclaré le Secrétaire général.  « Mais, a-t-il poursuivi, la prévention est aussi une responsabilité collective.  Pour réussir, nous devons utiliser tous les outils à notre disposition. »


Ceci inclut, a dit M. Ban, les missions de maintien de la paix et les missions politiques, les efforts de médiation et les efforts en vue de protéger les droits de l’homme et de fournir une assistance humanitaire.


Avant de conclure, le Secrétaire général a mis l’accent sur le travail de tous ceux qui sont impliqués dans la construction de la paix au lendemain des conflits, le rétablissement de la primauté du droit, la promotion de l’égalité entre les sexes, le relèvement rapide et le développement à plus long terme.


Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a d’abord souligné que les femmes victimes de violences sexuelles étaient marginalisées par leur communauté, répudiées par leur mari, rejetées par leur famille puis laissées pour compte, sans ressource, avec leur enfant.  « Il y a trois semaines, a-t-elle expliqué, j’ai rencontré, à Mogadiscio, en Somalie, Luul Ali Osman, qui a dû faire face au poids terrible de la censure et de la prison pour avoir osé parler du viol dont elle avait été victime dans un camp de personnes déplacées. »  Ce cas, a-t-elle ajouté, nous rappelle les risques importants auxquels sont confrontés, non seulement ceux qui survivent à ces actes, mais aussi leur famille, le personnel des ONG qui leur fournissent des services vitaux et les journalistes qui veulent mettre en lumière ces crimes. 


Mme Bangura a ensuite salué les progrès réalisés en vue d’éradiquer ce type de crimes.  Le Conseil de sécurité a contribué, a-t-elle insisté, à la réalisation de ces progrès, permettant ainsi un changement fondamental dans l’approche que la communauté internationale a adoptée pour faire face aux violences sexuelles commises en période de conflit.  « L’engagement du Conseil a défié un mythe ancien selon lequel la violence sexuelle est culturelle, privée et inévitable. »  La Représentante spéciale a ensuite rappelé que les résolutions 1820 (2008), 1888 (2009) et 1960 (2010) du Conseil de sécurité affirment que la violence sexuelle, lorsqu’elle est commise de manière systématique et utilisée en tant qu’arme de guerre, constitue une menace fondamentale au maintien de la paix et de la sécurité internationales et, par conséquent, exige une sécurité opérationnelle, ainsi qu’une réponse dans la justice.


Le rapport du Secrétaire général sur la violence sexuelle liée aux conflits (S/2013/149), a-t-elle fait remarquer, présente un tableau très sombre et des questions critiques.  Couvrant la situation dans 22 pays où les tendances sont préoccupantes, il met notamment en évidence le lien qui existe entre la violence sexuelle et l’extraction illégale des ressources.  Il insiste sur les causes de tels crimes dans les déplacements de populations et met l’accent sur les mariages forcés, sur les viols et sur l’esclavage sexuel commis par les groupes armés.  Par ailleurs, le rapport souligne aussi l’utilisation de la violence sexuelle comme tactique d’intimidation dans le contexte des détentions ou des interrogatoires.  Enfin, il insiste sur la nécessité de disposer d’informations quant au sort qui est réservé aux enfants nés d’un viol commis en temps de guerre.


« Nous devons braquer les projecteurs sur ceux qui commettent ces crimes mais aussi sur ceux qui les commanditent ou qui les tolèrent », a déclaré la Représentante spéciale.  Les auteurs doivent comprendre qu’ils ne pourront trouver aucun refuge, qu’ils ne bénéficieront d’aucune amnistie et qu’ils seront poursuivis par tous les moyens en notre possession, a-t-elle assuré.  Elle a ensuite rappelé que les principaux objectifs de la résolution 1960 (2010) sont la prévention, la dissuasion et la reddition des comptes.  Cette résolution souligne l’engagement politique du Conseil de sécurité à utiliser tous les instruments dont il dispose pour prévenir ces atrocités.  « Nous devons continuer à renforcer ce régime, notamment par un système efficace de respect de celui-ci », a-t-elle dit.  « Aujourd’hui, encore, il est pratiquement gratuit de violer une femme, un homme ou un enfant en temps de conflit.  C’est une arme bon marché, gratuite et nous devons inverser cette réalité. »


Elle a ensuite mis l’accent sur la responsabilité et le leadership national dans le domaine de la lutte contre la violence sexuelle en temps de conflit, en rappelant que les cours et tribunaux internationaux sont là pour compléter des mesures prises et la volonté politique au niveau national.


« Il y a trois semaines, j’ai également visité une communauté de la République démocratique du Congo, où 11 enfants âgés de 6 à 12 mois ont été violés par des éléments dirigés par Ma Mai Morgan.  Il est inimaginable de commettre de telles atrocités.  Ici, l’objectif est de détruire une communauté en dévastant ses enfants.  Face à de telles horreurs, nous sommes obligés de transformer le désespoir dans nos cœurs par une détermination sans faille », a-t-elle exigé.  Mme Bangura a ainsi salué la publication d’un communiqué conjoint ONU-RDC en vue de renforcer la coopération dans ces domaines critiques.  Cela confirme l’engagement ferme du Président Joseph Kabila de lutter contre les crimes de violence sexuelle dans le pays.  La Représentante spéciale a ensuite exhorté les donateurs internationaux d’accompagner l’engagement de politique forte contre ce type de violences de ressources en vue de renforcer les services de santé. 


Mme Bangura s’est aussi dite très troublée par la situation en République centrafricaine et la reprise de conflits ayant « mis en miette » l’Accord de Libreville.  « Nous devons envoyer un message clair à la coalition Séléka et aux autres parties en conflit en affirmant qu’ils doivent respecter leurs engagements et libérer immédiatement toutes les femmes et les enfants qui ont été enlevés.  Nous devons leur signifier qu’aucune partie ne peut être un partenaire crédible à moins que ces conditions ne soient remplies », a-t-elle affirmé.  À cet égard, la Représentante spéciale a souligné qu’il ne peut y avoir d’accord de paix ou de cessez-le-feu qui n’inclut pas la question de la violence sexuelle.  Cela devra notamment être le cas au Mali et en Syrie, a-t-elle insisté.


Avant de conclure, sous des applaudissements dans la salle, la Représentante spéciale s’est félicitée de la « déclaration historique » sur la violence sexuelle adoptée par le G-8, en soulignant que l’élan que fournit un tel appui « est un moyen clef pour faire avancer l’ordre du jour de la prévention et de la protection sur le terrain.  Elle a émis l’espoir que le Conseil de sécurité adoptera, en juin prochain, une nouvelle résolution sur la violence sexuelle en période de conflit.


Mme SARAN KEITA DIAKITÉ, Présidente du Réseau « Paix et sécurité des femmes de l’espace CEDEAO/MALI », a déclaré qu’il était urgent de résoudre la question des violences sexuelles commises en période de conflit dans des pays tels que l’Afghanistan, la République centrafricaine, la Colombie, la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Soudan du Sud et la Syrie.  Elle a souligné l’impact dévastateur de la violence sexuelle en période de conflit dans son pays, le Mali.  Remédier efficacement aux violences sexuelles commises en période de conflit dans toute leur complexité, nécessite, de toute urgence, un leadership puissant à tous les niveaux.  C’est pourquoi, elle a estimé que des progrès sont attendus pour la participation des femmes et l’égalité, la prévention, la prise en charge, et la responsabilité et les ressources. 


S’agissant de la participation et de l’égalité, il convient d’assurer l’égalité des femmes et des hommes à toutes les étapes du processus de paix, et de faire en sorte que tous les accords de paix prévoient une réponse aux crimes commis contre les femmes, a précisé la représentante de l’ONG.  Cela implique qu’il faudrait inclure le respect des droits fondamentaux des femmes dans les accords de paix, affirmer que la violence sexuelle est une violation des accords de cessez-le-feu, et exclure les crimes sexuels de toute amnistie.  Mme Diakité a suggéré que la communauté internationale ne reconnaisse pas les accords de paix qui n’auraient pas prévu la participation et l’inclusion des femmes dans les processus décisionnels et qui n’assureraient pas simultanément la protection des droits fondamentaux des femmes et des hommes. 


En ce qui concerne la prise en charge des victimes, Mme Diakité a indiqué que l’absence de prise en charge peut avoir pour conséquence des dommages permanents aussi bien physiques que psychologiques chez les victimes, mais aussi l’impunité des auteurs.  Au Mali, a-t-elle rappelé, le coup d’État de Bamako en 2012 avait poussé de nombreux prestataires de services d’aide aux victimes à quitter le pays, privant ainsi les survivants de soins médicaux de première urgence ou d’assistance psychologique.  Avec le soutien de l’ONG qu’elle représente, et quelques autres, il a été possible de remédier partiellement à cette pénurie mais la crise politique souligne à quel point la situation demeure précaire, a-t-elle dit.


Pour ce qui est de la responsabilité pénale et des réparations, Mme Diakité a indiqué que, dans un contexte de conflit, la réforme de la justice et de la sécurité devrait garantir une réponse adaptée et une lutte efficace contre la criminalité sexuelle.  Il faudrait poursuivre les recours en justice, y compris les renvois devant la CPI.  En outre, les réparations peuvent constituer une forme importante de justice transitionnelle pour toutes les victimes de violences sexuelles ainsi qu’un outil permettant la réhabilitation et la reconnaissance des souffrances endurées.  Les efforts entrepris doivent également lutter contre la stigmatisation des victimes qui accompagne généralement les actes de violence sexuelle. 


Pour soutenir le travail des organisations dirigées par des femmes, des ressources suffisantes doivent être allouées aux ONG dirigées par les femmes, en particulier celles prenant en charge les victimes et celles facilitant l’accès des femmes à la justice et au processus politique de prise de décisions.  Avant de conclure, elle a souligné que les États doivent prendre immédiatement les mesures nécessaires pour assurer la protection et le soutien des défenseurs des droits fondamentaux des femmes ainsi que la reconnaissance et la réduction des risques auxquels elles font face.


Déclarations


M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a mis l’accent sur l’importance de la lutte contre l’impunité, en estimant qu’il ne pourra être mis fin à la violence sexuelle si les auteurs de ce crime ne sont pas systématiquement traduits en justice.  Il a noté que l’absence de capacités et de compétences nationales pour enquêter et engager des poursuites dans les cas de violences sexuelles reste l’un des principaux obstacles aux poursuites contre les auteurs de ces crimes.  Dans ce contexte, il a salué la création de l’Équipe d’experts de l’état de droit et des questions touchant la violence sexuelle liée aux conflits, en application de la résolution 1888 (2009) du Conseil de sécurité, qui axe ses efforts sur le renforcement des capacités des acteurs nationaux de l’état de droit et de la justice.  Il a appelé à accorder plus d’attention aux victimes des actes de violences sexuelles en période de conflit.  C’est dans cette optique qu’il a salué la recommandation du Secrétaire général visant à établir des systèmes de réparation dans le cadre de mécanismes judiciaires ou administratifs et de les mettre à la disposition des victimes de violence sexuelle liée aux conflits. 


En tant que membre du Groupe des Amis de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, la République de Corée se félicite de l’adoption par le G-8, jeudi dernier à Londres, d’une déclaration sur la prévention de la violence sexuelle en période de conflit.  Le représentant de la République de Corée a noté que cette déclaration souligne l’importance des efforts visant à promouvoir une meilleure mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur la question.  Il a indiqué que la République de Corée travaillait aussi à la définition d’un plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, avec la participation de tous les ministères concernés et en étroite consultation avec la société civile.


Mme ROSEMARY DI CARLO (États-Unis) a mis l’accent sur la prévention de la violence sexuelle liée aux conflits et de l’intégrer dans la réforme du secteur de la justice et de la sécurité.  Au niveau des communautés, il faut aboutir à une meilleure compréhension des mécanismes existants et des réseaux locaux visant à renforcer la prévention, a-t-elle déclaré.


Pour la déléguée américaine, les missions de maintien de la paix des Nations Unies doivent pouvoir compter du personnel civil et qualifié apte à fournir des renseignements sur les menaces d’abus.  Il est essentiel d’assurer la compétence de chacun dans les missions pour empêcher cette violence, a-t-elle ajouté, en insistant sur la nécessité, au Siège de l’ONU, de veiller à une plus grande présence sur le terrain de conseillers pour la protection des femmes et d’experts.


La représentante a encouragé les parties en conflit à discuter de la violence sexuelle dans leurs rangs.  Les accords réalisés en République centrafricaine constituent un modèle à cet égard, a-t-elle estimé.


De même, la question de la violence sexuelle liée aux conflits doit être prioritaire dans tous les processus de paix, y compris dans les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration et de réforme du secteur de la sécurité.  Il convient de faire en sorte que les auteurs de ces crimes ne puissent pas travailler dans le secteur de la sécurité, a-t-elle insisté.


Les femmes doivent, a-t-elle souligné, pouvoir participer de façon utile dans la mise en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration et de réforme du secteur de la sécurité.  La représentante des États-Unis a mis l’accent sur la nécessité de réformer le secteur de la justice et les institutions locales permettant de juger les responsables de ces crimes et de mettre fin à l’impunité.  Elle a enfin souligné que des crimes horribles étaient commis en Syrie contre des femmes et des enfants, en appelant à poursuivre et à traduire en justice leurs auteurs.


M. LI BAODONG (Chine) a déploré le fait que la violence sexuelle demeure proéminente dans les situations de conflit.  Il a estimé que la communauté internationale avait encore beaucoup à faire pour assurer la protection, la sécurité et les intérêts des femmes. 


Condamnant fermement ce type de violence, le représentant a plaidé pour une pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et a demandé aux parties en conflit de s’en tenir strictement aux instruments juridiques internationaux afin de protéger les femmes.  « Il incombe aux gouvernements d’assumer en premier lieu la responsabilité de protéger les femmes dans leur pays », a-t-il rappelé, en faisant remarquer que chaque situation de conflit avait sa particularité. 


Il a encore souligné que les Nations Unies devraient aider les pays concernés, mettre l’accent sur le renforcement de leurs capacités et renforcer, dans ce domaine, la coopération et la collaboration avec toutes leurs entités.  Il a précisé que, pour sa part, le Conseil de sécurité devrait mettre l’accent sur la prévention des conflits, ainsi que sur la consolidation de la paix, et devrait créer un cadre juridique permettant de réduire et d’éliminer les violences.  Il a aussi estimé que l’ECOSOC et l’Assemblée générale devraient collaborer avec le Conseil de sécurité et créer des synergies à cet effet. 


Pour renforcer les droits des femmes, il faut par ailleurs assurer le plein développement de celles-ci, a-t-il poursuivi.  Tout en soulignant la nécessité de punir ces violences et d’établir des mécanismes de suivi, le représentant a mis l’accent sur l’importance d’éliminer les causes profondes des conflits.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a d’emblée souligné l’importance pour les médiateurs d’initier un dialogue sur la violence sexuelle avec les parties à un conflit.  Il a également recommandé que les équipes chargées de négocier les cessez-le-feu et les accords de paix suivent une formation sur le problème de la violence sexuelle en période de conflit armé.  Le représentant du Guatemala a aussi insisté sur l’importance de renforcer les capacités des institutions nationales, notamment dans les domaines de la santé, de la justice et des services sociaux, et a fait observer que les partenariats entre le secteur public et le secteur privé avaient un rôle particulier à jouer en la matière.  Les organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes jouent, a-t-il souligné, un rôle clef en matière de prévention et de règlement des conflits et de consolidation de la paix.


M. Rosenthal s’est ensuite félicité de l’évolution dans le traitement de la question de la violence sexuelle par la Cour pénale internationale (CPI).  Il a estimé que l’inculpation de Bosco Ntaganda pour viol et esclavage sexuel, et celle de Jean-Pierre Bemba avaient permis d’établir une jurisprudence sur la responsabilité de dirigeants de groupes armés pour les actes de violence sexuelle reconnus comme crimes de guerre ou crimes contre l’humanité.  Cela permet également de combattre la perception selon laquelle les dénonciations de violence sexuelle ne servent à rien et d’obtenir des responsables des forces armées, des engagements en matière d’interdiction de violence sexuelle, a-t-il ajouté.  Le représentant du Guatemala a également estimé que même si Thomas Lubanga n’a pas été accusé de crimes d’esclavage sexuel et de viol « en dépit de preuves abondantes », le jugement rendu à son encontre était « un autre pas dans la bonne direction » car, a-t-il précisé, ce jugement comporte des directives précises pour les réparations devant être faites aux victimes de violence sexuelle.


Mme MARIA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a affirmé que son pays attachait une grande importance au Bureau de la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflits.  Elle a plaidé en faveur de la création d’un mécanisme approprié de suivi au sein du Conseil de sécurité pour la problématique de la violence sexuelle liée aux conflits.


La représentante de l’Argentine a souligné qu’il était d’une importance vitale d’intégrer les femmes dans toutes les décisions qui ont un effet sur leur vie car, a-t-elle assuré, « la participation contribue à la prévention ».


Mme Perceval a mis l’accent sur la nécessité d’assurer une présence des femmes sur un pied d’égalité avec les hommes dans les processus de maintien de la paix et de la sécurité.  Il faut faire beaucoup plus, a-t-elle dit.  Il est troublant et douloureux, a estimé la représentante, de reconnaître que les femmes et les filles continuent d’être les victimes privilégiées des violences sexuelles et sexistes, dues généralement à l’indifférence et à la complicité de ceux qui sont responsables de la protection des civils.


Le mandat de toute opération de paix doit inclure explicitement, a-t-elle ajouté, une dimension sexospécifique en vue de prévenir et d’éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes.  Toutes les missions doivent pouvoir disposer d’un conseiller spécial disposant des ressources nécessaires, a-t-elle insisté.


Enfin, la représentante a estimé que la violence sexuelle devrait être traitée de manière distincte des autres crimes que la torture ou les mauvais traitements.  Le viol ajoute à la douleur une humiliation supplémentaire, a-t-elle dit.  Un exercice de mémoire et de justice doit être fait pour mettre fin à l’impunité, a conclu Mme Perceval.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a fait remarquer que 90% des victimes de conflits ou de guerres ne sont pas des combattants mais des enfants et des femmes.  Les femmes continuent d’être exclues des processus de paix ou de démobilisation, désarmement et réintégration, a-t-il déploré.  Il a rappelé que la violence à leur égard en temps de conflit avait des conséquences morales indélébiles au sein des sociétés, en faisant observer que la résolution 1325 (2000) avait reconnu cet impact disproportionné.


Notant que les Nations Unies avaient réalisé d’importants progrès pour traiter de la situation des femmes dans les conflits, le représentant a jugé qu’il était impératif de poursuivre la mise en place d’une perspective de parité au sein des opérations de maintien de la paix.  Il s’est, à cet égard, félicité de la nomination de femmes conseillers sur le terrain et a salué le rôle que jouent de nombreuses femmes pakistanaises qui avaient, par exemple, servi dans les Balkans.


Le représentant a ensuite appuyé l’appel lancé par la Représentante spéciale afin que toutes les parties en conflit mettent fin aux violences à l’encontre des femmes et prennent des engagements spécifiques en vertu de mécanismes de surveillance appropriés.  Il a, une nouvelle fois, insisté sur la nécessité de faire participer les femmes aux efforts de consolidation de la paix, de reconstruction et aux processus de justice transitoire. 


M. Khan a ensuite réaffirmé que le plein respect du droit international humanitaire contribuait à mettre fin à l’impunité en poursuivant et traduisant en justice les auteurs de ces violences.  Il a toutefois estimé que ces mesures, pour être plus crédibles, doivent être appuyées par des sanctions ciblées imposées par le Conseil de sécurité à l’encontre des parties à un conflit armé qui utilisent la violence sexuelle comme tactique de guerre.


Par ailleurs, le Pakistan a appuyé l’appel lancé par la Représentante spéciale pour mobiliser les ressources nécessaires permettant d’appuyer les efforts d’aide et de soutien aux victimes.  Les mesures punitives ne constituent pas l’unique réponse adéquate, a-t-il fait remarquer, en insistant sur la nécessité d’investir également en faveur de reconstruction, du dialogue et de la réconciliation nationale.  « L’humanité doit l’emporter », a-t-il conclu.


M. MARTIN BRIENS (France) a constaté que des progrès importants avaient été réalisés dans la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits, en particulier dans les domaines politique, grâce notamment aux efforts de la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, institutionnel, avec la création du Mécanisme de suivi et d’information sur les violences sexuelles, et judiciaire, avec la création de tribunaux ad hoc.


Ces progrès, a-t-il dit, ont été confirmés par l’adoption récente du Traité sur le commerce des armes, la France ayant soutenu avec force ce volet du texte.


Le délégué de la France a déploré l’ampleur et la fréquence des violences sexuelles dans les conflits qui, a-t-il dit, continuent d’être utilisées comme une arme visant à terroriser les populations.  Il a, en particulier, cité le cas de la République démocratique du Congo (RDC).  La France, a-t-il souligné, attend à cet égard beaucoup de la brigade d’intervention établie récemment par le Conseil de sécurité.  Celle-ci, a-t-il rappelé, a pour mandat de contribuer à renforcer la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) afin d’assurer la protection des civils et arrêter les criminels.


En Syrie, face aux crimes commis, la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) est amplement justifiée, a-t-il soutenu.  De même, au Nord-Mali, la justice doit suivre son cours pour poursuivre les auteurs de crimes de violences sexuelles, a-t-il dit, en notant que la CPI avait été saisie.  M. Briens a également évoqué la situation en République centrafricaine.


Protéger, sanctionner et prévenir doivent être les mots d’ordre à suivre, a expliqué le représentant de la France.  Il faut en finir avec l’impunité dont peuvent bénéficier les auteurs de violences sexuelles, a-t-il estimé, en soulignant que la communauté internationale devrait pouvoir, à cet égard, jouer tout son rôle.


Enfin, la participation des femmes dans le règlement des conflits représente un élément primordial qui, a-t-il précisé, a été pris en compte dans un projet de résolution sur le Mali que la France est en train de discuter.


M. LIMBIYE KADANGHA-BARIKI (Togo) a salué les actions courageuses menées par les Nations Unies -en particulier ONU-Femmes et le Département des opérations de maintien de la paix- et de nombreuses organisations internationales et non gouvernementales en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes.  Il s’est félicité des recommandations du Secrétaire général appelant la communauté internationale à se mobiliser davantage pour mettre fin aux violences sexuelles en période de conflit armé. 


Le représentant a souligné la nécessité de promouvoir les changements de comportements socioculturels des femmes et des hommes en vue d’éliminer les préjugés, les traditions, les coutumes et toutes les pratiques fondées sur l’idée de l’infériorité des femmes et, par conséquent, leur utilisation comme des objets en période de conflit armé.  Il a encouragé tous les membres de la société, en particulier les hommes et les garçons, à contribuer activement à la prévention de toutes les formes de violence en tant de paix.  M. Kadangha-Bariki a appelé à des campagnes de sensibilisation pour accroître la prise de conscience et la compréhension par le grand public des différentes manifestations et des conséquences des formes de violences faites aux femmes.  Enfin, il a souligné qu’il était essentiel de promouvoir la coopération entre les juridictions internationales et les tribunaux nationaux en vue de poursuivre, arrêter et traduire en justice, les auteurs de violences, afin de mettre fin à la culture de l’impunité.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé qu’il ne faisait aucun doute que la violence sexuelle soit fermement condamnée et punie.  Il a cependant insisté sur le fait que toutes les situations de conflit ne constituent pas forcément une menace à la paix et à la sécurité dans le monde exigeant, dès lors, une intervention du Conseil de sécurité.  « Établir artificiellement un lien entre la lutte contre les violences sexuelles commises au cours d’un conflit et le travail du Conseil de sécurité aurait une influence négative », a-t-il prévenu, en estimant que le Conseil de sécurité devrait demeurer concentré sur son ordre du jour.


Après avoir salué la richesse des faits et des situations examinés dans le rapport du Secrétaire général sur la violence sexuelle liée aux conflits, le représentant de la Fédération de Russie a considéré que ce rapport suscitait « de nombreuses questions ».  « Pour organiser une discussion convaincante sur ce problème délicat, il faut utiliser des éléments objectifs et fiables », a-t-il rappelé.  À cet égard, il a fait remarquer que la responsabilité des crimes sexuels abordés en Syrie, dans ce rapport, avait été imputée au Gouvernement et passait sous silence les faits commis par l’opposition syrienne.  « Nous ne voyons pas très bien sur quel principe des pays avaient été cités dans ce rapport et, en examinant certains cas, on se rend compte que les actes dont il est question relèvent de la justice pénale.  Ce sont des actes commis par des criminels, qui ne constituent donc pas des crimes de guerre », a-t-il fait observer.  C’est pourquoi, il a demandé à la Représentante spéciale de s’en tenir à son mandat, qui se limite à la violence sexuelle liée aux conflits.


Par ailleurs, la Fédération de Russie ne voit pas l’intérêt d’instaurer un processus de suivi ou de mise en garde car « il existe suffisamment de mécanismes en ce sens », en particulier la Représentante spéciale du Secrétaire général, ainsi que l’Équipe d’experts de l’état de droit et des questions touchant la violence sexuelle liée aux conflits, a insisté son représentant.  Il a ensuite insisté sur le fait que les efforts déployés par la communauté internationale seraient vains sans une participation active des gouvernements nationaux qui ont, a-t-il souligné, la responsabilité première de la protection de leur population en temps de conflit armé.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a affirmé que la violence sexuelle liée au conflit représentait un obstacle juridique et institutionnel empêchant de parvenir à une protection idéale des femmes et des enfants en temps de guerre.  Il s’est félicité des initiatives prises dans le cadre des opérations de maintien de la paix destinées à lutter contre la violence et la violence sexuelle.  Il a également plaidé pour la mise en œuvre de partenariats, de l’utilisation de ressources suffisantes et de leur utilisation efficace. 


M. Loulichki a, de même, insisté sur l’importance d’assurer la protection des réfugiés, en soulignant la responsabilité à cet égard du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et des pays d’accueil. 


Le représentant du Maroc a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre l’impunité et de mettre en œuvre des programmes de coopération avec le système judiciaire pour traduire en justice les responsables et garantir des réparations aux victimes de violences sexuelles.  Avant de conclure, M. Loulichki a évoqué la création d’un groupe de travail technique sur la violence sexuelle liée aux conflits, susceptible de s’appuyer sur les mécanismes interinstitutions des Nations Unies existants.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) s’est inquiétée de pratiques nouvelles, notamment l’utilisation de la violence sexuelle dans le cadre d’emprisonnements ou d’interrogatoires, et ce, à l’encontre des hommes ou de jeunes garçons.  Elle a ensuite salué l’action et l’engagement du Conseil de sécurité dans la lutte contre les violences sexuelles en temps de conflit.  Elle a notamment fait remarquer que la déclaration sur la violence sexuelle, adoptée par le G-8, s’inscrivait pleinement dans la voie de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. 


Avant toute action, le Conseil de sécurité doit être pleinement informé, a-t-elle insisté, en mettant l’accent sur le rôle des conseillers à cet égard sur le terrain.  Elle a ensuite insisté sur la nécessité de disposer de mécanismes de suivi ou de mécanismes s’inspirant de l’expérience du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo.  Celui-ci, a-t-elle rappelé, a inscrit sur sa liste d’individus et d’entités visés par des sanctions les auteurs présumés d’actes de violence sexuelle.


Les juridictions nationales sont celles devant lesquelles de tels auteurs doivent être jugés mais, a-t-elle ajouté, en vertu du principe de complémentarité, la justice internationale peut contribuer à cet objectif.  « Chaque victoire contre l’impunité est une victoire dans la lutte contre les violences sexuelles.  C’est aussi la première étape vers le rétablissement des victimes et elle doit être accompagnée de mesures de réparation afin de répondre, si cela est possible, aux dommages qui ont été causés », a-t-elle conclu.


M. GARY QUINLAN (Australie) a souligné la nécessité, notamment, de mettre fin à l’impunité pour les auteurs de violences sexuelles dans les conflits, celle-ci devant faire partie intégrante des stratégies de prévention.  Les auteurs de ces crimes doivent faire l’objet de critères d’inscription sur des listes, a-t-il dit, en se déclarant favorable à une application plus rigoureuse de celles-ci. 


La réforme du secteur de la sécurité et les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration sont essentiels pour reconstruire des communautés, a-t-il dit, en insistant sur la nécessité d’y intégrer les mesures visant à lutter contre la violence sexuelle.  Il s’est aussi dit favorable au déploiement systématique de compétences au sein des missions de maintien de la paix, y compris de conseillers pour la protection des femmes.


M. Quinlan a plaidé en faveur d’une participation plus grande des femmes dans le règlement des conflits.  Il a, par ailleurs, préconisé une entrée en vigueur rapide du Traité sur le commerce des armes, adopté par l’Assemblée générale le 2 avril dernier, et qui contient des dispositions contre les violences fondées sur le genre.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a affirmé que le débat d’aujourd’hui envoyait un message clair aux auteurs d’actes de violence sexuelle, selon lequel il n’y aurait jamais aucun refuge pour eux.  Se félicitant du rapport présenté par le Secrétaire général, il a appuyé les efforts de la Représentante spéciale pour renforcer la cohérence et l’action de l’ONU dans le domaine de la prévention de la violence sexuelle en temps de conflit.  « Il est cependant clair qu’il existe encore énormément de choses à faire », a-t-il reconnu, en insistant sur plusieurs points critiques à mettre en œuvre, en particulier l’inclusion systématique de la question de la violence sexuelle liée aux conflits dans tous les mandats de missions de maintien de la paix et de missions politiques spéciales, dont les termes de sa résolution 1960 (2010).


Le représentant a ensuite engagé les États à fournir des formations appropriées sur la violence sexuelle en temps de conflit aux forces de sécurité, à n’accorder aucune amnistie pour les auteurs de telles violations graves et à renforcer la formation des juges, de magistrates et d’avocates afin de favoriser le plus grand nombre d’enquêtes et de poursuites.


Par ailleurs, le représentant du Royaume-Uni a insisté pour que la violence sexuelle utilisée comme tactique de guerre soit traitée dans tout processus d’accord de paix ou de cessez-le-feu.  « Il faut placer le droit des femmes au centre des règlements des conflits et leur assurer une pleine participation à la société sur un pied d’égalité », a-t-il ajouté.  Le représentant a affirmé que les femmes ne devraient plus être des victimes passives des conflits mais des participantes actives aux processus de rétablissement de la société. 


« Le Royaume-Uni continuera de demander au Conseil de sécurité d’aborder cette question de façon engagée et d’honorer ses promesses », a-t-il dit.  « Une résolution forte qui démontrerait notre engagement commun est essentielle. »  Il a souligné que, durant la présidence britannique du Conseil de sécurité, en juin prochain, le Royaume-Uni continuera d’entretenir l’attention sur ces crimes atroces.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a affirmé que les juridictions nationales étaient les instances principales où les auteurs de violences sexuelles peuvent être confrontés à leurs responsabilités.  Mais le manque de compétences demeure une entrave à l’application de la justice, a-t-il dit.  Des mesures ciblées plus fortes, a-t-il précisé, sont nécessaires pour mettre fin à l’impunité.


Le représentant a estimé qu’il était important de veiller à ce que des réparations soient fournies par le biais de mécanisme judiciaires et aux victimes de violences sexuelles.  De même, les auteurs de violences sexuelles doivent être exclus de toutes les branches des gouvernements et ne doivent bénéficier d’aucune mesure d’amnistie, a-t-il insisté.


Mme LOUISE MUSHIKIWABO, Ministre des affaires étrangères et de la Coopération du Rwanda, a déclaré que le viol et la violence sexuelle étaient des éléments clefs de l’idéologie du génocide utilisés pour punir, humilier et déshumaniser les victimes, leurs familles et leurs communautés.  Rappelant le génocide que son pays a connu il y a 19 ans, Mme Mushikiwabo a fait remarquer que parmi le nombre terrifiant de femmes violées et laissées pour mortes, beaucoup d’entre elles avaient été atteintes de maladies non curables, certaines étaient tombées enceintes et toutes avaient souffert de l’humiliation d’avoir été abusées devant leur famille.  Cette forme de violence sexuelle a été exportée du Rwanda vers la République démocratique du Congo par les forces génocidaires en fuite après juillet 1994. 


« Tragiquement, ce comportement a été adopté par une pléthore de groupes armés dans la région », a-t-elle regretté.  C’est pourquoi, elle a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour combattre les FDLR et tous ceux qui les soutiennent.  Elle a estimé que la prolifération des violences sexuelles était un signe d’un État en faillite.  S’appuyant sur l’exemple du Rwanda, elle a fait observer que la réconciliation n’était possible que si les femmes avaient la possibilité de revendiquer leur place au sein de la société dans laquelle elles vivent.  Ce n’est qu’en combattant l’impunité que le Rwanda a réussi à parvenir à la réconciliation, a assuré la Ministre des affaires étrangères, en ajoutant que la violence sexuelle ne pourra être éradiquée tant que les auteurs d’un tel crime pourront échapper à la justice.


Par ailleurs, Mme Mushikiwabo a précisé que le Rwanda était le premier pays africain à fournir des contingents de femmes agents et officiers de police aux missions de maintien de la paix de l’ONU.  Elle a ajouté que le Rwanda avait adopté, en 2000, un plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies et était partie à l’Accord de Kampala conclu dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs sur les violences sexuelles en 2011. 


La Ministre des affaires étrangère du Rwanda a exhorté toutes les parties à un conflit armé à renforcer la lutte contre les violences sexuelles par le biais de messages clairs dans les chaînes de commandement, par le biais de codes de conduite, de manuels de terrain et de formations adéquates.  Elle a appelé à inclure dans tous les mandats de missions de maintien et de consolidation de la paix d’objectifs clairs en matière de prévention et de réponses aux violences sexuelles.  En outre, elle a demandé que la question de la lutte contre la violence sexuelle soit abordée directement dans le cadre de tous les processus de négociation de paix et de réforme du secteur de la sécurité.  Les dirigeants civils et militaires devraient être tenus responsables des violences sexuelles commises dans leur zone de contrôle, a-t-elle insisté.


M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, intervenant au nom des pays nordiques, a affirmé que la violence à l’encontre des femmes pouvait en certains cas s’apparenter à des actes de génocide.  Il a également estimé qu’une attention particulière devrait être accordée au sort des enfants nés d’un viol.  Le Ministre a par ailleurs dénoncé les agissements du Gouvernement syrien qui, a-t-il affirmé, manifeste qu’il ne fait absolument rien pour protéger les civils.  M. Eide a ensuite engagé les membres du Conseil de sécurité d’inclure la question des femmes, de la paix et de la sécurité dans tous leurs débats pertinents.  Il les a également exhortés à utiliser leur « pouvoir unique » pour exercer des pressions à l’encontre des parties coupables.  Le Ministre a aussi fait observer que certaines victimes craignent de se faire connaître et peuvent avoir recours à des avortements dangereux.  Tant que les survivants n’ont rien à gagner en signalant les actes dont ils ont été victimes, l’impunité continuera à l’emporter, a-t-il averti, avant de faire observer que la violence sexuelle et la menace de violence sexuelle ont de graves répercussions sur les perspectives de paix et de stabilité dans les régions frappées par un conflit.


Mme VANDA PIGNATO, Ministre de l’inclusion sociale d’El Salvador, a rappelé que son pays a vécu un processus postconflit de deux décennies au cours duquel les questions sexospécifiques et de droits de l’homme n’ont malheureusement pas fait partie des priorités du Gouvernement.  De ce fait, peu a été obtenu, a-t-elle regretté.  Elle s’est cependant félicitée que depuis l’alternance politique intervenue il y a quatre ans dans le pays, une nouvelle force démocratique a fait des droits de l’homme et de l’inclusion sociale une priorité.  « Au cœur de cette politique, se trouve la promotion de la parité entre les sexes et la lutte contre l’impunité », a-t-elle dit, en citant les efforts de son gouvernement pour lutter contre le conservatisme hérité « d’un régime quasi féodal ».  Elle a fait observer qu’El Salvador connaît aujourd’hui une baisse considérable des taux de crimes et d’homicides.  Elle a cité la mise en place en mars 2011 d’un programme « ville-femmes », qu’elle a qualifié de « programme unique en Amérique latine » en matière de lutte contre la violence domestique et la prise en charge des femmes.    


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a souligné l’importance du rapport du Secrétaire général qui met en exergue le lien entre la violence sexuelle et l’exploitation illicite de ressources naturelles, le déplacement de populations civiles et l’insuffisance des efforts en faveur des processus de désarmement, démobilisation et réintégration et de la réforme du secteur de la sécurité.  Le représentant s’est félicité des progrès réalisés dans l’application des arrangements de suivi, d’analyse et de communication de l’information établis au titre de la résolution 1960 (2010) du Conseil de sécurité.  Il s’est félicité du déploiement continue et systématique de conseillers pour la protection des femmes, en précisant que l’Union européenne soutenait le déploiement au Mali de conseillers pour la protection des femmes par l’Union africaine et les Nations Unies ainsi que le déploiement d’observateurs indépendants des droits de l’homme.  Il a précisé que la mission de formation de l’Union européenne au Mali inclura une formation sur la parité entre les sexes et les droits de l’homme.


Le Chef de la délégation de l’Union européenne s’est inquiété de l’augmentation du nombre de cas de violences sexuelles au Mali, où le viol a servi de tactique de guerre dans les zones contrôlées par les rebelles.  Il a noté que la commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne a, dans ses deux rapports, mis en évidence deux formes distinctes de violence sexuelle, à savoir: la perpétration de violences sexuelles lors de perquisitions de domicile et aux points de contrôle et les viols et les tortures commis dans le cadre de la détention.  S’agissant de la RDC, il a fustigé les attaques systématiques contre la population civile par des groupes armés, afin de contrôler des zones riches en ressources naturelles.


L’Union européenne continue de mettre en œuvre sa politique sur les femmes, la paix et la sécurité, adoptée en 2008, en consacrant plus de 200 millions d’euros chaque année à diverses initiatives, a assuré son représentant.  L’Union européenne, a-t-il ajouté, entend augmenter les moyens consacrés à la prévention de la violence sexiste.  Il a également indiqué que l’Union européenne disposait de conseillers en parité et de points focaux sur les droits de l’homme pour chaque mission de gestion de crise ou opération de maintien de la paix déployée dans le monde.  Nous continuons de travailler sur des modules de formation sur les droits de l’homme et la parité entre les sexes dans les zones de crise, a assuré M. Mayr-Harting, en mettant l’accent sur la coopération entre l’Union européenne et ONU-Femmes sur des initiatives visant à promouvoir la participation des femmes dans la planification de consolidation de la paix et postconflit. 


Le Chef de la délégation de l’Union européenne a salué par ailleurs le travail de la Représentante spéciale du Secrétaire général ainsi que celui de l’Équipe d’experts sur l’état de droit et les questions touchant la violence sexuelle liée aux conflits.  Il a souligné l’importance de la coordination de l’action d’autres entités internationales, comme le mécanisme intergouvernemental d’intervention rapide au service de la justice (Justice Rapid Response), et l’initiative « Preventing Sexual Violence ».


M. MATEJ MARN (Slovénie), intervenant au nom du Réseau de la sécurité humaine, a d’emblée exhorté les parties au conflit en Syrie à mettre un terme aux violences sexuelles commises dans le pays et à y déployer des mesures de protection.  Il a ensuite appelé le Conseil de sécurité à faire usage de tous les moyens mis à sa disposition pour enrayer ce type de violence, en déferrant notamment les cas à la CPI.  Le représentant a également estimé que les politiques d’amnistie ne devraient pas s’appliquer aux cas de violence sexuelle dans le contexte d’un règlement de conflit et de consolidation de la paix. 


Mettre un terme à l’impunité dans les chaînes de commandement militaire, de même que parmi le personnel de l’ONU, est d’une importance capitale, a par ailleurs souligné M. Marn.  Il est nécessaire également d’examiner de manière approfondie les causes sous-jacentes de ce fléau et de renforcer les capacités des organisations de femmes et autres réseaux d’appui aux victimes.  Ce n’est que lorsque les victimes se voient traitées avec dignité et respectées et qu’elles disposeront des moyens nécessaires de se soigner et de se protéger qu’elles pourront devenir des acteurs de changement, a-t-il fait observer.


La politique de tolérance zéro adoptée par l’ONU au sujet des actes d’exploitation sexuelle commis par les membres de son personnel ne figure pas dans les résolutions pertinentes, a noté M. Marn, qui a engagé les parties prenantes à y faire davantage référence.  Il a ensuite souligné la nécessité de renforcer et de promouvoir le rôle des femmes dans le cadre des processus de paix.


Mgr FRANCIS CHULLIKATT, Observateur du Saint-Siège, s’est concentré sur trois aspects de la lutte contre les violences sexuelles, en citant d’abord la prévention et l’engagement de s’attaquer aux crises économiques et sociales sous-jacentes aux conflits.  Il a souligné l’importance de « l’éducation dans la discipline » et la nécessité de « faire appel à la fibre morale des groupes armés » et de promouvoir « une bonne image de la femme dans la société ».  Jugeant insuffisant le rapport du Secrétaire général en ce qui concerne le devoir de poursuivre les responsables de crimes, l’Observateur du Saint-Siège a mis l’accent sur la nécessité d’adopter des plans d’action et législations visant à protéger les victimes de violences et à tenir leurs auteurs responsables de leurs actes. 


L’assistance aux victimes est le troisième aspect de la question, a-t-il dit, en mettent l’accent sur une nécessaire réparation à verser aux victimes des attaques sexuelles.  Il a noté que les victimes de ces violences sont trop souvent stigmatisées dans leurs communautés notamment celles qui tombent enceinte suite à un viol.  Il a fustigé l’accès à des services permettant de mettre fin à une grossesse, en expliquant que la réalité de l’avortement n’était que la suppression de la vie humaine et ne faisait que renforcer la violence à l’encontre de la femme.  Il a dit que plutôt que de recourir à l’avortement, la femme victime d’un viol devrait se voir offrir toute l’assistance nécessaire pour pouvoir assumer sa grossesse et l’avenir de l’enfant.    


M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a appelé à soutenir davantage le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflits armés en créant des mécanismes de contrôle, d’analyse et de rapport sur cette question.  Il a aussi soutenu la recommandation du Secrétaire général de mettre en place un mécanisme approprié ou une procédure au Conseil de sécurité pour contrôler systématiquement les engagements des parties figurant sur la liste en annexe du rapport dont le Conseil de sécurité est saisi.  Le représentant a souligné le lien évident qui existe entre la prolifération des armes légères et de petit calibre et la violence sexuelle.  Il s’est félicité que le Traité sur le commerce des armes ait fixé comme critère à prendre en compte par les pays exportateurs d’armes le risque d’une telle violence et d’une violence à l’égard des femmes et des enfants, même lorsqu’il s’agit de munitions et de pièces détachées. 


Soulignant également qu’il incombe en premier lieu aux États de poursuivre en justice les auteurs d’une telle violence, il a rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) était compétente pour connaître de ces crimes en l’absence de telles poursuites par les juridictions nationales.  Il s’est félicité que la Procureure de la CPI ait fait de la lutte contre la violence sexuelle une priorité.  Il s’est également félicité de la reddition de Bosco Ntaganda, dont le nom, a-t-il fait remarquer, est associé à de tels crimes.  M. Sparber a par ailleurs indiqué que sa délégation attachait beaucoup d’importance à l’indemnisation des victimes.  Le Liechtenstein, a-t-il précisé, est un donateur du Fonds d’affectation spéciale de la CPI pour les victimes. 


M. GUILLERMO RISHCHYNSKI (Canada), intervenant au nom du Groupe des Amis des femmes, de la paix et de la sécurité, a plaidé pour le déploiement supplémentaire et rapide de conseillères et de conseillers pour la protection des femmes dans le cadre des missions mandatées par le Conseil de sécurité.  Conscient du fait que les personnes qui défendent les droits de femmes courent des risques particuliers lorsqu’elles s’acquittent de leurs tâches en situation de conflit, il a également « fortement » encouragé les États Membres à faire en sorte que ces dernières bénéficient d’une plus grande protection et puissent ainsi effectuer leur travail sans risque.


Intervenant ensuite en sa capacité nationale, M. Rishchynsky a exhorté le Conseil de sécurité à s’assurer que le mandat de la mission du Mali prévoit des mesures précises pour remédier au problème des violences sexuelles.  Il l’a également engagé à adopter une approche systématique afin de remédier au cas de violence sexuelle dans les conflits qui lui sont signalés et de veiller à ce que les comités chargés de faire appliquer les sanctions adoptent des critères applicables au viol et d’autres formes de violence sexuelle.  Le représentant a ensuite annoncé que le Canada versera 18,5 millions de dollarscanadien au cours des cinq prochaines années pour soutenir les victimes de violence sexuelle.  Il a précisé que cette contribution aidera notamment à financer les enquêtes sur l’utilisation du viol comme arme de guerre en République démocratique du Congo et les poursuites contre les responsables.


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a estimé que la lutte contre la violence sexuelle doit être cohérente et complémentaire des efforts plus vastes pour l’application de la résolution 1325 et les autres résolutions du Conseil de sécurité relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité.  Il a salué l’importance de l’appropriation et la responsabilité nationales en vue de la mise en place de procédures de suivi de la lutte contre les violences sexuelles.  Il a pris note des faits nouveaux soulignés par le rapport, en citant la violence sexuelle contre les hommes et les garçons en détention et le développement de l’esclavage sexuel.  Alors que les violences sexuelles sont devenues systématiques dans certaines zones, il a insisté sur l’urgence de démontrer la volonté politique des parties prenantes en vue de prévenir ces violences sexuelles et de lutter contre l’impunité, notamment en traduisant systématiquement en justice les responsables de ces actes.


M. KAZUYOSHI UMEMOTO (Japon) a fait savoir que le mois dernier, son pays avait annoncé une nouvelle contribution de 4,5 millions de dollars pour appuyer les programmes de prévention de la violence sexuelle et d’appui aux victimes en Libye, en Somalie, en République centrafricaine et au Mali.  Il a ensuite appelé les États Membres à prendre des mesures pour assurer la protection des défenseurs des droits de femmes.  M. Umemoto a également insisté sur l’importance de créer des services multisectoriels pour les victimes.


Il est nécessaire de prendre en compte le problème de la violence sexuelle dans le cadre de la réforme du secteur de sécurité, a estimé le représentant du Japon.  Son gouvernement, a-t-il rappelé, a versé 900 millions de dollars pour appuyer la police nationale afghane.  Une partie de cette somme, a-t-il précisé, a servi pour financer le recrutement et la formation d’officiers de police femmes.  À ce jour, 1 400 femmes ont été employées par le biais de cette assistance financière, s’est-il félicité.  M. Umemoto a ensuite annoncé que le Japon avait commencé à mettre sur pied un plan d’action national sur la base de la résolution 1325 du Conseil de sécurité et qui permettra, a-t-il expliqué, de renforcer les efforts déployés par le Japon pour assurer la protection des droits des femmes dans un contexte humanitaire.


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a appelé à la plus grande prudence et à l’objectivité dans l’examen de ces graves questions humanitaires, tout en appuyant tous les efforts pour mettre un terme à toutes les violences sexuelles dans tous les conflits.  Faisant référence aux sept paragraphes de ce rapport relatifs à la situation en Syrie, il a cité des sources hostiles au peuple et à l’État syriens.  Il a fustigé la partialité de la commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, dans ses rapports datés du 16 août 2012 (A/HRC/21/50) et du 5 février 2013.  Il a fait remarquer que le travail de cette commission n’était guère professionnel, car il était politisé.  Cette commission, a-t-il précisé, avait rejeté des centaines de documents et preuves des crimes commis par les insurgés, dont des massacres de filles et femmes syriennes.  Il a demandé pourquoi la Représentante spéciale du Secrétaire général a choisi d’ignorer des centaines d’actes de violence commis par les insurgés contre des femmes et des filles. 


« Nous aimerions que la Représentante spéciale nous éclaire sur les violences subies par les femmes syriennes dans des camps de réfugiés hors de Syrie », a dit le représentant de la Syrie avant de demander des précisions sur des allégations faisant état de 250 grossesses résultant de viol dans un camp de réfugiés en Turquie.  Le représentant syrien a fait part de la volonté de son pays de coopérer avec l’ONU pour mettre à jour tout ce qui se passe réellement en Syrie, au-delà du sensationnalisme et de la politisation.  Il a dit attendre avec impatience la visite de la Représentante spéciale du Secrétaire général dans son pays, en espérant qu’une telle visite de terrain marquera le début d’une coopération optimale entre l’ONU et la Syrie pour mesurer toute l’ampleur des violences perpétrées par des groupes armés contre les femmes syriennes.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a engagé les comités des sanctions du Conseil de sécurité à renforcer les critères qui permettent de considérer la violence sexuelle ou le viol comme critère de désignation.  Elle a souhaité un plus grand partage d’information entre la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, les comités des sanctions et les groupes d’experts.  Mme Aitimova a également estimé qu’au moins un expert sur la parité devait participer au sein de chaque comité des sanctions et mission de maintien de la paix qui opère sur le terrain.


La représentante a aussi estimé que le Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre devrait commencer à intégrer une dimension sexospécifique au même titre que le Traité sur le commerce des armes, adopté le 2 avril par l’Assemblée générale.  La violence armée et la violence sexuelle, a-t-elle fait remarquer, ont des conséquences dévastatrices sur les femmes et les enfants.  La représentante a également souligné qu’il était nécessaire de renforcer la cohérence du système de l’ONU, ainsi que les synergies avec les organisations régionales et les autres organisations internationales.  Elle a aussi souligné l’importance de renforcer la participation des femmes.


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a souligné l’importance de ce rapport pour examiner la question des violences sexuelles à l’égard des hommes en détention, les mariages forcés imposés par les groupes armés et les liens entre les violences sexuelles et l’exploitation des ressources naturelles.  Il a souhaité que la lutte contre les violences sexuelles figure dans les accords de cessez-le-feu.  Il est important que les femmes participent activement à tous les processus de planification du maintien de la paix et de la consolidation de la paix.  Tout en saluant l’importance de l’Équipe d’experts de l’état de droit et des questions touchant la violence sexuelle liée aux conflits, il a souligné qu’il était essentiel de garantir la participation de tous les acteurs de la lutte contre les violences sexuelles.  


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que l’engagement du Conseil de sécurité sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité avait contribué à améliorer la situation des femmes en période de conflit partout dans le monde.  Les résolutions adoptées n’ont pas seulement entraîné la création d’organismes, de normes ou d’outils, elles ont stimulé des discussions qui nous ont permis de progresser en matière de promotion et de protection des droits des femmes, a estimé la représentante du Brésil.  Elle a ajouté que seule une approche intégrée combinant un accent fort sur la prévention, la lutte contre l’impunité et un meilleur appui aux victimes permettra de lutter d’une manière efficace et décisive contre la violence sexuelle. 


Rappelant que la prévention était le meilleur des remèdes, la représentante du Brésil a précisé que les mesures prises dans ce cadre visaient à renforcer les capacités nationales, à répondre aux besoins des États en matière de construction des institutions, à former le personnel, à assurer un soutien aux victimes et promouvoir l’état de droit.  Il est également important de sensibiliser la population et de lancer des campagnes d’information afin de briser les tabous, a-t-elle dit.  La prévention implique aussi de faire face à la relation qui existe entre la prolifération des armes légères et de petit calibre et la violence sexuelle en période de conflit, a-t-elle estimé.


M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle Guinée) a dénoncé le fait que les femmes continuent d’être la cible des parties à un conflit.  Elles sont marginalisées, harcelées, violées, enlevées, humiliées, tuées, contraintes d’accepter de force des grossesses et les abus sexuels.  Le représentant a ensuite fait savoir que la mise en œuvre de l’Accord de paix de Bougainville était actuellement assurée par le Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle Guinée et par le Gouvernement autonome de Bougainville.  Il a précisé que les femmes avaient joué un rôle notable pour faire avancer les efforts de paix pendant le conflit, ce qui avait permis à l’Accord de paix de Bougainville de voir le jour.


Sur le plan régional, M. Aisi a évoqué le lancement du Plan d’action régional du Pacifique sur les femmes, la paix et la sécurité qui couvre la période 2012-2015 et qui reprend, a-t-il expliqué, de nombreuses dispositions de la résolution 1325.  Il a ensuite indiqué que, dans son pays, la société civile jouait un rôle de plus en plus actif pour soutenir les efforts concernant les femmes, la paix et la sécurité.


M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a souligné l’importance de l’inclusion sociale dans les Îles Salomon qui comptent, a-t-il rappelé, 500 000 habitants parlant 87 langues différentes.  Il a salué la contribution de la cinquante-septième session de la Commission de la femme qui a été l’occasion de mettre l’accent sur la réalité et le nombre des femmes victimes de la violence.  Il a précisé que les Îles Salomon avaient établi des politiques spécifiques pour l’élimination de la violence sexuelle qui, a-t-il dit, doit être une responsabilité partagée avec toutes les parties prenantes.  Le représentant a appelé à protéger les victimes et à traduire les auteurs de ces violences en justice.  Au-delà de l’autonomisation des femmes, son pays fait face à l’urgence bien plus pressante des conséquences dévastatrices des changements climatiques, a-t-il rappelé.  C’est pourquoi, il s’est demandé à quoi servait l’autonomisation des femmes dans un pays où les terres étaient en train de disparaître sous l’eau.    


M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam), intervenant au nom des pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué qu’aux niveaux national et régional, ces derniers établissaient des cadres politique et juridique, ainsi que des mécanismes destinés à renforcer le statut et le bien-être des femmes et à combattre toutes les formes de violences à leur encontre, y compris les violences sexuelles.  Il a insisté sur la nécessité de répondre aux racines de la violence sexuelle et d’établir un mécanisme de prévention pour répondre aux causes des conflits, en renforçant notamment le respect de l’état de droit et la bonne gouvernance.  M. Trung a estimé que les femmes étaient des agents pour le changement et a souhaité qu’elles participent activement aux processus de règlement de conflit et de consolidation de la paix.  Il a également appelé les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir et répondre au problème de la violence sexuelle en situation de conflit armé et a estimé que l’ONU et la communauté internationale devraient partager avec eux leur meilleures pratiques afin de permettre aux États de s’acquitter efficacement de leurs responsabilités.


M. PAUL SEGER (Suisse) s’est félicité du fait que le Secrétaire général ait exprimé la nécessité pour les femmes et les filles victimes d’un viol d’avoir accès à une contraception d’urgence et à des services d’avortements sûrs.  Elles ne devraient pas être obligées de mener à son terme une grossesse résultant d’un crime grave commis à leur encontre, a-t-il notamment commenté.  M. Seger a également estimé nécessaire, lorsque les femmes ou des filles ayant décidé de poursuivre leur grossesse à terme ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants, de prendre des mesures visant à assurer la protection des droits des enfants nés d’un viol, en prévoyant notamment des possibilités d’adoption nationale.


M. Seger a ensuite estimé que les réparations pouvaient avoir un effet transformateur et devraient faire partie intégrante des initiatives de « transformation » postconflit.  Pour le représentant de la Suisse, il faudrait conjuguer efficacement les mesures d’aide humanitaire, de consolidation de la paix et de développement afin d’obtenir un impact réel, à savoir l’autonomisation des femmes, « l’une des principales mesures de prévention ».  M. Seger a ensuite attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’Initiative d’intervention rapide au service de la justice qui, a-t-il expliqué, a constitué un fichier de spécialistes des questions de violence sexuelle et sexiste.  Il s’est dit convaincu que cette initiative peut contribuer au respect des obligations découlant des résolutions 1888 et 1960.


M. JUAN MANUEL GONZALEZ DE LINARES (Espagne) a fait observer, à l’instar du rapport du Secrétaire général, que l’absence d’information « appropriée » et la peur de dénoncer les actes de violence sexuelle, pour des raisons culturelles ou sociales, présentent des obstacles notables à la collaboration des victimes.  Il est donc capital de renforcer les mécanismes capables d’encourager les victimes à se signaler, a-t-il estimé.  Le représentant a également appuyé l’idée de créer un mécanisme de suivi des engagements pris par les parties à un conflit en vertu de la résolution 1960 du Conseil de sécurité et de saisir la CPI lorsque la situation l’exige.  M. De Linares a ensuite fait savoir que l’Espagne accorde la priorité à la mise en œuvre de programmes destinés à éliminer tous les types de violences et de discriminations faites aux femmes et aux filles en accordant une attention particulière aux « situations extrêmes », notamment la traite, l’exploitation sexuelle et les mutilations génitales féminines.


Le représentant a annoncé que son gouvernement organisera prochainement, conjointement avec les Pays-Bas, un séminaire spécial sur la dimension sexospécifique des opérations de maintien de la paix.  Il a également fait observer que les personnes handicapées étaient particulièrement vulnérables à la violence sexuelle, surtout en période de conflit.  À cet égard, il a souhaité que la tenue, le 23 septembre prochain, de la réunion de haut niveau consacrée aux personnes handicapées soit l’occasion pour les délégations de discuter d’un nouvel agenda pour le développement qui prenne en compte la nécessité de lutter contre les discriminations dont elles sont victimes.


M. OSAMA ABDEL KHALEK (Égypte) a salué l’importance d’un rapport qui met en évidence plusieurs problèmes nouveaux, notamment les actes de violence sexuelle contre des hommes et des garçons, le sort tragique des enfants nés à la suite d’un viol et la pratique des mariages forcés par des groupes armés.  L’attention est également appelée sur le lien entre la violence sexuelle et l’exploitation illicite de ressources naturelles, le déplacement de populations civiles et l’insuffisance des efforts de désarmement, démobilisation et réintégration et de réforme du secteur de la sécurité, s’est-il félicité.  L’Égypte souhaite que l’on accorde une priorité à la prévention en aidant les pays dont les capacités et ressources sont limitées à faire face à ce fléau et à imposer une tolérance zéro.  Il faudrait prendre en compte cette question dès les premières étapes de l’accord de paix, a estimé le représentant de l’Égypte avant de souligner l’importance des réparations pour les victimes, notamment la restitution, l’indemnisation, la satisfaction et la réhabilitation.


M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a indiqué que son pays appuyait la recommandation du Secrétaire général en faveur d’un renforcement du suivi, de la recherche, de l’information et de la mise en place d’un mécanisme approprié ou d’une procédure du Conseil de sécurité pour contrôler systématiquement les engagements faits par les parties à un conflit en vue de prévenir et de lutter contre la violence sexuelle liée aux conflits.


De même, le représentant néerlandais a mis l’accent sur la nécessité d’impliquer les organisations de la société civile et d’assurer une coopération efficace avec les signataires des plans d’action nationaux.  Par ailleurs, il a plaidé pour un renforcement de la Cour pénale internationale (CPI), dernier recours, selon lui, pour combattre l’impunité dans le cas des crimes les plus graves.


M. MARKUS KOLGA (Estonie) s’est félicité que le Traité sur le commerce des armes, adopté récemment par l’Assemblée générale, comprenne des critères relatifs au droit international humanitaire et aux droits de l’homme en général.  Il a fait sien l’avis de la Représentante spéciale du Secrétaire général qui estime que l’appropriation nationale constitue une condition du succès de la lutte contre les violences sexuelles.  Il a cité le « rôle exceptionnel » de la Cour pénale internationale en matière de lutte contre l’impunité en rappelant que cette juridiction condamnait non seulement le viol, mais aussi l’esclavage sexuel, ou encore la grossesse et la stérilisation forcées.  Cette année, a-t-il dit, l’Estonie a contribué à un programme de l’UNESCO en République centrafricaine pour appuyer les efforts de ce pays en matière de prévention et de lutte contre la violence à l’égard des femmes.  


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a estimé qu’une participation égale, pleine et active des femmes était essentielle pour une consolidation durable de la paix.  Il a souhaité, à cet égard, la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris la résolution 1325 (2000), afin d’accroître la participation des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité.


Le délégué malaisien s’est par ailleurs dit profondément préoccupé par les rapports faisant état de mariages forcés, de viols et d’esclavage sexuel dans plusieurs États en conflit et au nom de la charia.  Il a assuré que l’Islam ne fermait pas les yeux, en aucune façon, sur ces pratiques et ces crimes.  L’éducation, a-t-il dit, est essentielle pour réduire la violence sexuelle.


M. YUSRA KHAN (Indonésie) a réaffirmé le soutien de son pays à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité qui reste la première résolution traitant spécifiquement de l’impact de la guerre sur les femmes et la contribution des femmes au règlement des conflits et pour une paix durable.  Le suivi des résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité constitue aussi une étape importante pour la protection et l’autonomisation des femmes dans la situation particulière des conflits.


L’Indonésie souligne que les principaux obstacles dans l’élimination et la prévention des violences contre les femmes, y compris la violence sexuelle sont les politiques insuffisantes sur la parité entre les hommes et les femmes; la mise en œuvre insuffisante des cadres juridique et politique; des collectes insuffisantes de données analysées et la recherche; le manque de ressources financières et humaines et l’allocation insuffisante de ces ressources; et le manque d’efforts complets, cohérents et soutenus, transparents, et suffisamment suivis et évalués.


Ces défis doivent être relevés par les États en tant que premiers responsables de la question de la violence contre les femmes et de son impact.  Ils doivent aussi traduire les engagements pris en actes concrets par des actions sur le terrain, en apportant des réponses adaptées aux victimes et en saisissant la justice contre les auteurs.  Les États devraient enfin créer un environnement plus sécurisé.


M. KYAW TIN (Myanmar) a regretté que le rapport annuel du Secrétaire général sur la violence sexuelle liée aux conflits ait fait référence à son pays aux côtés de parties soupçonnées d’avoir commis ou d’être responsables d’actes de violence alors que le Myanmar a fait des progrès substantiels en matière de démocratisation et de réconciliation nationale mettant fin à un conflit avec pratiquement tous les groupes ethniques armés.  Le rapport reconnaît en outre que les allégations concernant son pays n’ont pas été vérifiées de manière indépendante en raison d’un accès limité aux sources.  L’objectivité et la précision sont importantes dans la rédaction de rapport lorsqu’il s’agit de questions sensibles, a-t-il poursuivi.  Des incidents commis par quelques individus ne devraient pas être considérés comme la politique d’un gouvernement ou d’une institution, a-t-il fait remarquer.  La question la plus importante, a-t-il estimé, est de mener une action juridique appropriée contre tout auteur de violence.


Les femmes au Myanmar bénéficient traditionnellement de l’égalité des droits avec les hommes.  Elles sont protégées par la culture, la religion et les lois.  La tradition contribue fortement aux efforts du gouvernement pour promouvoir l’égalité des sexes et à réduire la violence sexuelle contre les femmes et les filles.  La violence sexiste est réprimée fortement par la loi quel qu’en soit l’auteur.   Les membres des forces armées doivent respecter non seulement le Code pénal, mais aussi le Code de conduite de l’armée.  Le Myanmar soutient la politique de tolérance zéro à l’égard de la violence contre les femmes et les filles.


M. Tin a ajouté que la meilleure façon d’assurer la protection des femmes et des enfants dans les conflits armés est de mettre fin rapidement aux conflits.  Le Gouvernement du Président U Thein Sein a fait des progrès sans précédent en matière de réconciliation nationale en obtenant des accords de cessez-le-feu avec tous les groupes ethniques du pays.  Avant de conclure, M. Tin a indiqué que la nouvelle liberté des médias contribuait également aux efforts visant à réduire la violence contre les femmes à travers ses activités de surveillance et des rapports indépendants.  Il a ajouté qu’un mécanisme de dépôt de plainte contre les violences avait été également mis en place par la Commission nationale des droits de l’homme et que le Myanmar avait mis en œuvre son Plan national stratégique décennal de promotion de la femme pour la période 2012-2021.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) s’est dit très préoccupé par les graves violations de droits de l’homme commises dans le nord du Mali, le risque élevé de viols auquel sont exposés les réfugiés et les personnes déplacées en Syrie, les viols et violences sexuelles commis dans les centres de détention de ce pays, ainsi que les nombreux incidents de violence sexuelle qui se sont produits en Somalie l’an dernier.  Le représentant de l’Italie s’est dit également préoccupé par la nouvelle tendance de violence sexuelle dont sont victimes des hommes et des garçons, ainsi que le problème des enfants nés des suites d’un viol et la pratique des mariages forcés par les groupes armés, a-t-il ajouté.  La communauté internationale doit utiliser les outils à sa disposition, comme l’alerte précoce, afin d’éviter ces actes odieux, a-t-il insisté.  Le délégué de l’Italie a aussi souhaité que les exposés de la Représentante spéciale du Secrétaire général et de l’entité ONU-Femmes soient présentés suffisamment tôt au Conseil de sécurité.


M. Ragaglini a recommandé d’utiliser les systèmes de surveillance, d’analyse et de rapport de l’ONU, ainsi que d’inclure des conseillers sur la protection des femmes dans les missions de maintien de la paix et les missions politiques.  Le Conseil de sécurité doit aussi mettre davantage de pression sur les auteurs de la violence sexuelle dans les conflits armés, notamment en évitant toute faille dans son système lorsqu’il n’existe pas de comité de sanctions.  Toutes les résolutions du Conseil relatives à des situations de pays devraient en outre prévoir des mesures sur cette question.  En ce qui concerne la justice pénale internationale, il a exigé que le Conseil de sécurité contribue aux efforts visant à éliminer les asiles dont bénéficient les auteurs de cette violence.  Le représentant a ensuite expliqué comment son pays agissait pour prévenir cette violence, notamment en assurant une formation aux Casques bleus italiens avant leur déploiement.


M. OCTAVIO ERRAZURIZ (Chili) a salué la nomination, le 2 septembre 2012, de Mme Zainab Hawa Bangura, en tant que nouvelle Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Il a estimé que la lutte contre la violence sexuelle, en tant que violation des droits de l’homme devrait constituer une priorité de la communauté internationale.  Il a rappelé que le Chili avait adopté, en août 2009, un plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. 


Le Chili, a-t-il ajouté, a inclus la notion de genre et de leadership des femmes dans différents domaines d’activité, en appelant à une participation équitable des femmes au maintien de la paix et aux processus décisionnels.  Il a indiqué que le Chili avait organisé, en mars 2013, en marge de la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme, une conférence sur l’expérience de l’Amérique latine en matière d’intégration des femmes au programme de paix et de sécurité.  Avant de conclure, le représentant a appelé les délégations à mettre en œuvre les recommandations du Secrétaire général sur les liens entre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, le trafic des personnes et les violences contre les femmes et les enfants. 


Mme RAIMONDA MURMOKAITÉ (Lituanie) a exhorté le Conseil de sécurité à utiliser tous les moyens dont il dispose pour combattre l’impunité, en traduisant « systématiquement » les auteurs de violence sexuelle en période de conflit devant la Cour pénale internationale, en créant des commissions d’enquête et en dénonçant explicitement les crimes de violence sexuelle.  Elle a appuyé la pleine mise en œuvre de la résolution 1960 du Conseil de sécurité, avant d’appeler à une plus grande interaction entre la Représentante spéciale du Secrétaire général et les différents comités de sanctions et groupes d’experts du Conseil de sécurité. 


Les mandats des missions de maintien de la paix doivent par ailleurs être dotés de dispositifs relatifs à la violence sexuelle commise en situation de conflit, a-t-elle suggéré.  La représentante a aussi insisté sur l’établissement d’un système de suivi et d’information plus robuste afin de mieux lutter contre l’impunité.  Elle a en outre insisté sur l’importance de rétablir la confiance des victimes dans le système de justice et de leur accorder davantage d’appui, en établissant notamment un mécanisme de réparation et en assurant la participation des femmes à tous les aspects de la résolution de conflit et de la réconciliation postconflit.


Mme Murmokaité a ensuite engagé le Conseil de sécurité à veiller à ce que les réformes pertinentes des secteurs de sécurité et des processus de désarmement et de démobilisation prennent en compte la violence sexuelle commise en période de conflit armé.  Elle a également estimé que tous les mandats des missions de maintien de la paix de l’ONU doivent contenir des dispositions relatives à la politique de tolérance zéro manifestée par l’ONU pour tout comportement sexuel inconvenant commis par les membres de son personnel.


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a estimé que la situation actuelle au Moyen-Orient et dans certains pays d’Afrique exige une meilleure consolidation des efforts déployés par les États Membres et les « structures sécuritaires » régionales et internationales afin de prendre des mesures supplémentaires pour lutter contre l’impunité pour des actes de violence sexuelle et assurer la participation équitable des femmes aux processus de médiation, d’aide humanitaire et de redressement postconflit.  Il a notamment appelé ONU-Femmes à renforcer sa coopération avec les autres institutions de l’ONU afin d’aider les pays à préparer et mettre en œuvre leurs plans nationaux pour assurer l’application des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la prévention de la violence faite aux femmes et au renforcement de leur rôle dans les domaines de la paix et de la sécurité.


M. Kydyrov a ensuite rappelé que, le 18 février, son gouvernement avait approuvé un plan national d’action pour l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, lequel permettra notamment d’établir un système pour la protection institutionnelle du droit des femmes et de renforcer leur rôle dans la prévention de conflit.


M. JUSTIN SERYHERE (République-Unie de Tanzanie) a affirmé que l’impunité des auteurs de violences sexuelles était un grave problème qui enfreignait les valeurs auxquelles nous sommes tous attachés.  Il a plaidé pour que la Cour pénale internationale (CPI) puisse étendre son champ d’action.  Seul un mécanisme de justice internationale est en mesure de lutter contre la criminalité généralisée, a-t-il dit, estimant que la CPI devrait être encouragée et non vilipendée.


Le représentant tanzanien a également mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes des conflits.  Il faut, a-t-il estimé, donner aux femmes et aux filles les moyens de participer à la paix et à la sécurité et à la prise de décisions en matière de prévention et de règlement des conflits.


Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a estimé que la déclaration adoptée récemment par le G-8 soulignait l’engagement de plus en plus fort contre la violence sexuelle commise durant les conflits.  Elle a insisté sur la nécessité de maintenir cette dynamique.  Le rapport du Secrétaire général établit qu’environ 1 700 cas de viols avaient été enregistrés l’an dernier, à Mogadiscio, dont un tiers des victimes sont des enfants.  « Ces chiffres démontrent l’échelle de la sauvagerie et de la nature systématique des violences sexuelles », a-t-elle fait remarquer. 


Par ailleurs, la représentante a insisté sur le faible taux de déclaration de cette forme de violence, en particulier en raison des représailles.  « Ces chiffres ne sont donc qu’une indication de l’étendue du problème », a-t-elle souligné.  Pour lutter contre ces atrocités, la représentante a mis l’accent sur la nécessité de mettre fin à l’impunité et d’instaurer une approche fondée sur plusieurs volets, notamment le renforcement des capacités nationales et le traitement plus systématique des cas de violences sexuelles par la justice internationale.  En outre, pour l’Irlande, le Conseil de sécurité devrait renforcer sa capacité opérationnelle afin de pouvoir appliquer des sanctions dans ce domaine là où un comité des sanctions n’a pas été établi.


M. PETER THOMSON (Fidji) a exprimé la détermination de son pays à lutter contre la violence sexuelle tant sur le plan national qu’à l’extérieur.  Le Ministère de la femme a lancé une campagne de tolérance zéro à l’égard de la violence contre les femmes et les enfants au niveau communautaire, en partenariat avec les dirigeants de ces communautés, la police et les organisations non gouvernementales, a-t-il indiqué.


Au niveau international, a poursuivi le représentant, des policiers ont été envoyés dans des missions de maintien de la paix dans le but de renforcer les capacités des institutions de sécurité.  Le délégué a souligné que l’élimination de la violence sexuelle était essentielle à l’autonomisation des femmes et à l’égalité entre les sexes.


M. MOHAMED IBRAHIM ELBAHI (Soudan) a présenté différentes initiatives visant à promouvoir la place des femmes au sein de la société soudanaise dans les domaines économiques, sociaux ou politiques, ainsi que dans la justice, dans les forces armées et dans les postes diplomatiques à l’étranger.  En outre, le Gouvernement du Soudan a mis en place des programmes couvrant plus particulièrement les préoccupations des femmes rurales en matière de santé, de création d’entreprises ou de formation, a souligné son représentant. 


Le Soudan a également mis en place, depuis 2005, une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes.  Celle-ci a notamment visé la création de forces spéciales de protection des droits de la femme au sein de la police, l’élimination de l’excision, la protection de victimes de viols et la prévention de cas d’abus contre les enfants.  Par ailleurs, les programmes de démilitarisation et de démobilisation ont mis un accent particulier sur la place des femmes, a affirmé le représentant.  Il a, enfin, estimé que les données contenues dans les rapports du Secrétaire général devraient être fondées sur des informations fournies par les pays et non sur les allégations d’organisations ou de médias.     


M. PETER WITTIG (Allemagne) a salué la contribution du mécanisme de suivi et d’établissement de rapports en espérant que ce mécanisme continuera de travailler en étroite collaboration avec les autres organes des Nations Unies, afin de lutter contre la violence sexuelle.  Il a appelé le Conseil de sécurité à traduire en actes les informations dont il est saisi, afin de pouvoir tenir les auteurs de crimes responsables de leurs actes.  Il a suggéré au Conseil de sécurité de faire des déclarations à la presse, d’envoyer des lettres aux gouvernements concernés et de faire part de cas de violences sexuelles aux comités des sanctions concernés et, en dernier ressort, à la Cour pénale internationale.


Le représentant de l’Allemagne a appelé à déployer sur le terrain plus de conseillers sur la protection des femmes.  Il a souhaité que les programmes de réforme du secteur de la sécurité (RSS) et de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) accordent plus d’importance aux femmes et aux filles, non seulement en tant que victimes, mais aussi en les faisant participer activement aux processus de réintégration.  Les États Membres et les organisations régionales pourraient faire plus en matière de lutte contre les violences sexuelles, a-t-il dit, en soulignant que cette violence ne pouvait être acceptée sous aucun prétexte. 


M. Wittig a jugé indispensable de criminaliser la violence sexuelle en tenant les auteurs juridiquement responsables et en fournissant une assistance et une réparation aux victimes.  Dans ce contexte, il a salué la récente déclaration faite conjointement à la presse par l’Union africaine et le Conseil de sécurité qui appelle à développer de nouvelles stratégies pour lutter contre les violences sexuelles.  Par ailleurs, il s’est dit convaincu que les engagements pris récemment par le G-8 pour faire face à l’impunité des violences sexuelles en période de conflit auront un impact significatif.  En outre, il a précisé que la lutte contre la violence sexuelle était une des priorités du Plan d’action de l’Allemagne pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.


M. ÁLVARO MENDONÇA E. MOURA (Portugal) a estimé que le Conseil de sécurité avait créé des outils nécessaires pour obtenir des informations fiables et pertinentes sur la violence sexuelle.  Il s’est félicité de la coopération technique dont ont pu bénéficier, à leur demande, la Côte d’Ivoire, le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo.  La responsabilisation nationale doit être renforcée car, a-t-il estimé, il incombe en premier lieu aux États Membres la responsabilité de prévenir et de répondre au problème de la violence sexuelle.


M. Moura a par ailleurs estimé que le déploiement, au sein des opérations de maintien de la paix, de conseillers spécialisés dans la protection des femmes devrait être accéléré.  C’est pourquoi, a-t-il insisté, il faudrait surmonter les défis qui ont retardé leur déploiement.  Le représentant a ensuite engagé le Conseil de sécurité à agir de manière consistante et à renforcer le message selon lequel l’impunité et la violence sexuelle ne sauraient être tolérées.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a insisté sur l’importance d’un leadership africain sur une question qui, au cours de ces dernières années, a concerné essentiellement le continent africain.  Il s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général fasse état de progrès importants réalisés dans la lutte contre les violences sexuelles en temps de conflit.  Il a insisté pour que le langage précis contenu dans les résolutions du Conseil de sécurité sur cette question soit maintenu.  Le représentant a aussi mis en évidence le rôle que peuvent jouer les sanctions, en faisant référence à l’inscription du FDLR et du M23 sur la liste du Comité créé en vertu de la résolution 1533 concernant la République démocratique du Congo.  Il a estimé que le Conseil devrait mettre en œuvre la recommandation du Secrétaire général visant à doter de pouvoirs similaires les Comités concernant la Somalie, le Soudan, la Côte d’Ivoire et Al-Qaida au Maghreb islamique.  Il serait, par ailleurs, utile d’ajouter à cette liste la Guinée-Bissau, a-t-il estimé.


M. YOUSEF SULTAN LARAM (Qatar) a rappelé que son pays avait pris des mesures politiques pour permettre aux femmes de jouer un rôle dans différents domaines, y compris économique et social.  Il a déploré que des femmes et des enfants dans le monde, en particulier dans la région arabe, souffrent de violences.  En Palestine, les femmes souffrent d’actions injustes contre elles, a-t-il dit.  Le représentant du Qatar a également attiré l’attention sur la situation des femmes victimes du conflit en Syrie.  L’attention continue de la communauté internationale et la participation des femmes au processus de prise de décisions auront des effets importants sur la paix et la sécurité, a-t-il conclu.


Mme BENEDICTE FRANKINET (Belgique) a insisté sur la nécessité de faire en sorte que les pays concernés s’approprient et mènent eux-mêmes la lutte contre la violence sexuelle.  Elle a estimé que les juridictions nationales doivent rester la principale instance où des individus doivent répondre d’un crime de violence sexuelle.  Dans le contexte des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et du génocide, la justice pénale internationale est un complément important aux efforts nationaux, a-t-elle fait remarquer.  Il est important, a-t-elle poursuivi, de miser sur la prévention pour lutter contre toutes les formes de violence sexuelle.  Comme le souligne le rapport du Secrétaire général, la violence sexuelle à l’égard des femmes en République démocratique du Congo est utilisée de façon systématique comme arme de guerre, a-t-elle déploré.  La Belgique, a-t-elle fait savoir, accorde une priorité absolue à la lutte contre cette violence à l’égard des femmes. 


Mme Frankinet a estimé qu’il était nécessaire d’accroître la pression sur les auteurs de violences sexuelles liées aux conflits en faisant adopter des mesures ciblées à leur encontre par les différents comités des sanctions.  Il faudrait également tout mettre en œuvre pour que les victimes aient accès à tous les services multisectoriels nécessaires, que des systèmes de réparation soient mis en place et que tous les moyens soient recherchés pour lutter efficacement contre les violences sexuelles liées aux conflits.  La représentante de la Belgique s’est par ailleurs dite « tout à fait » en faveur du renforcement de la lutte contre la violence sexuelle dans les différents domaines d’action de l’ONU.


Mme MIRSADA COLAKOVIC (Bosnie-Herzégovine) a souligné les responsabilités des États parties à un conflit en matière de respect du droit international humanitaire, en particulier des droits des femmes et des enfants.  Elle a souligné qu’il était essentiel, pour renforcer les fondations de la démocratie, d’impliquer les femmes dans les efforts de prévention des conflits et de médiation.  Elle a indiqué que le recrutement des femmes au sein des composantes civile, militaire et de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies ne pouvait qu’encourager les femmes à dénoncer les violences dont elles sont victimes. 


La Bosnie-Herzégovine, a-t-elle rappelé, a adopté un plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité ainsi qu’un plan d’action pour la parité entre les sexes.  Dans le souci d’améliorer la situation d’ensemble des femmes victimes de viol, le Ministère des droits de l’homme et des réfugiés de Bosnie-Herzégovine est en train de finaliser un programme en faveur des victimes de viols, d’abus sexuels et de torture en Bosnie-Herzégovine pour la période 2013-2016, a-t-elle ajouté.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé que les informations contenues dans les rapports devraient être fiables, précises et objectives.  Il a ainsi regretté le fait que certains éléments contenus dans le rapport du Secrétaire général concernant la situation en Colombie n’étaient pas suffisamment étayés.  Par ailleurs, M. Osorio a insisté sur le fait que tout dialogue entre les Nations Unies et des groupes armés illégaux opérant dans son pays devrait avoir lieu avec le consentement préalable et explicite du Gouvernement colombien.


Le représentant a souligné que son gouvernement accordait une grande importance à la prévention de la violence sexuelle liée aux conflits et aux poursuites judiciaires à l’encontre de ses auteurs.  Il a en outre indiqué que son pays avait adopté une politique de tolérance zéro à l’égard des violences sexuelles, complétée par un manuel destiné aux membres des forces armées et largement diffusé dans leurs rangs.   


M. AMIT KUMAR (Inde) a souligné que la promotion et la protection des droits des femmes et des filles dans les conflits armés exigeaient la mise en œuvre d’une politique de tolérance zéro.  Tous les cas de violence sexuelle en période de conflit doivent faire l’objet d’une enquête rapide et tous les auteurs doivent être poursuivis, a-t-il insisté.  Le représentant a cependant mis en garde contre la tendance qui vise à établir des liens « trop généraux » entre la violence sexuelle et l’exploitation illégale de ressources ou avec des déplacements de populations, et ce, en se fondant sur l’expérience spécifique interne de quelques pays comme semble le souligner, a-t-il dit, le rapport du Secrétaire général.  Il a ensuite rappelé que les situations préoccupantes recensées dans le rapport ne relèvent pas du mandat du Conseil de sécurité.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a tenu à rappeler que les États avaient l’obligation morale et juridique de protéger les droits des femmes et de tous les citoyens et de les protéger, en particulier contre les violences sexuelles.  L’Afghanistan, a-t-il dit, poursuit la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Il a assuré que son gouvernement ne tolèrerait aucune forme d’impunité contre les auteurs de violations des droits de l’homme.


Le représentant a ajouté que les autorités afghanes s’étaient engagées à faire respecter les droits de l’homme dans les centres de détention dans le pays.  À cet égard, a-t-il dit, un certain nombre de mesures concrètes ont été prises par la Direction nationale pour la sécurité, y compris l’établissement d’une division des droits de l’homme chargée du suivi de la situation des droits de l’homme et de sensibiliser le personnel des centres de détention aux droits de l’homme.


M. BURC CEYLAN (Turquie) a souligné, très brièvement, que son pays accueillait plusieurs milliers de Syriens sur son territoire et que des actes de violence sexuelle commis de l’autre côté de sa frontière avaient été établis par des mécanismes onusiens appropriés. 


Réagissant à la déclaration faite, ce matin, par le représentant syrien, invitant Mme Bangura à se rendre en Syrie pour vérifier les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général, le représentant de la Turquie a estimé que le régime syrien visait, ainsi, à détourner l’attention sur les atrocités commises par ses propres soins.


Reprenant la parole, la représentante de la République arabe syrienne, qui a souhaité réagir aux interventions de la Turquie et du Qatar, a affirmé que la suppression des violences sexuelles dans les conflits exigeait tout d’abord que l’on s’attaque à l’élimination des causes profondes de ces conflits.  La Turquie et le Qatar ont joué un rôle négatif, contribuant à envenimer la situation plutôt qu’à contribuer à y trouver une solution, a-t-elle dit.  Le rôle ambigu joué par le Qatar ne saurait passer inaperçu aux yeux du peuple syrien, a-t-elle ajouté, en assurant que les auteurs des crimes commis seraient jugés.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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