Le Président du Comité des sanctions applicables à la Libye fait le bilan des activités menées par cet organe

7345e séance – matin
CS/11709

Le Président du Comité des sanctions applicables à la Libye fait le bilan des activités menées par cet organe

Le représentant libyen plaide pour un soutien sans réserve du Conseil de sécurité aux autorités légitimes du pays face aux groupes armés

Le Président du Comité des sanctions concernant la Libye a informé, ce matin, les membres du Conseil de sécurité des activités du Comité au cours de la période entre le 16 septembre et le 17 décembre 2014.  Le Représentant permanent adjoint du Rwanda, M. Olivier Nduhungirehe, a présenté au nom du Président en exercice du Comité, M. Eugène-Richard Gasana, le rapport pertinent.

Le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011)* concernant la Libye a été établi le 26 février 2011 pour surveiller le respect des mesures de sanctions pertinentes, à savoir un embargo sur les armes, une interdiction de voyager pour un certain nombre d’individus, un gel de leurs avoirs et des mesures liées aux tentatives d’exportation illicite de pétrole brut.

M. Nduhungirehe a expliqué qu’au cours de la période à l’examen, le Comité avait intensifié ses contacts avec les États Membres, auxquels la résolution 1970 fait obligation de respecter les mesures de sanctions prévues.  « Le 25 septembre, le Comité a adressé une note verbale à tous les États Membres, attirant l’attention sur les nouvelles exigences relatives à la fourniture d’armes au Gouvernement libyen introduites par la résolution 2174 (2014)** », qui renouvelait les sanctions et en spécifiait la portée.

Aux termes de ce texte, qui avait été adopté le 27 août dernier, le Conseil de sécurité avait décidé notamment que la fourniture, la vente ou le transfert à la Libye d’armes et de matériel connexe « doivent être approuvés à l’avance par le Comité ».  La résolution étend également les critères de désignation s’agissant des personnes et des entités visées par l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.

Le 13 octobre dernier, a poursuivi le Président, le Comité a publié un communiqué de presse*** dans lequel il fournit des directives sur les meilleurs moyens de respecter l’embargo sur les armes, notamment « aux utilisateurs finals », qui sont tenus « d’exercer un contrôle strict sur le matériel en Libye et d’empêcher qu’il soit utilisé à des fins autres que celles prévues dans la demande d’exemption », qui ne concerne que le Gouvernement libyen.

Intervenant à l’issue de cet exposé, le représentant de la Libye, M. Ibrahim O. A. Dabbashi, a tenu à rappeler que les sanctions concernant la Libye ne s’appliquaient pas aux autorités libyennes, qui sont des « partenaires du Conseil de sécurité pour s’assurer que les armes ne tombent pas entre les mains d’acteurs non étatiques ».  « J’espère que le Conseil en tiendra compte, a-t-il dit, en faisant remarquer que le pays était aujourd’hui confronté à une insurrection dirigée par des groupes rebelles armés. »

Le Gouvernement libyen intérimaire a pris des mesures pour que les armes exemptes de sanctions ne soient pas « détournées », a assuré M. Dabbashi.  Aujourd’hui, seule l’autorité issue de la Chambre des représentants est légitime, a-t-il soutenu.  Cette autorité, a-t-il précisé, est maintenant confrontée à une coalition de groupes armés qui essaie de confisquer le pouvoir « par la force », ainsi que les ressources dont elle a cruellement besoin pour « financer le terrorisme » « à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ».

Le Conseil de sécurité ne parviendra pas à mettre un terme aux problèmes sécuritaires que connaît la Libye « à moins de s’abstenir de tout contact » avec les groupes armés et d’exiger d’eux qu’ils déposent les armes et quittent les villes dont ils se sont emparés, a poursuivi le représentant.

Le moment est venu pour le Conseil de passer de la phase de « réaction » à celle de l’« action » et d’aider la Libye à rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire.  « Cette tâche n’est pas aussi difficile que l’on pense, mais elle doit être fondée sur l’appui sans réserves aux autorités légitimes du pays. »

Il a salué les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général  pour la Libye, M. Bernardino León, visant à « rassembler » les parties libyennes autour d’un accord de cessez-le feu et d’une « vision unifiée de l’avenir qui prendrait en compte les aspirations démocratiques du peuple libyen ».  M. Dabbashi a toutefois estimé que ces efforts n’avaient pas encore été couronnés de succès.

La faute est imputable aux insurgés qui, a-t-il fait remarquer, possèdent suffisamment d’armements et d’appuis extérieurs pour « imposer leur volonté au peuple libyen ».  Partisan d’une solution militaire à l’instabilité actuelle, le représentant a demandé au Conseil de sécurité de garder à l’esprit que les Libyens souhaitent se défaire de ces groupes « avec le soutien d’une armée légitime de plus en plus forte », « comme nous y sommes déjà parvenus à Benghazi ».

* S/RES/1970 (2011)

** S/RES/2174 (2014)

*** SC/11597

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: le Conseil de sécurité prolonge l’autorisation de l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire

7344e séance – matin
CS/11708

Syrie: le Conseil de sécurité prolonge l’autorisation de l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de prolonger, pour une période de 12 mois, l’autorisation donnée en vertu de la résolution 2165 (2014) aux agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’utiliser les routes franchissant les lignes de conflit ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam, Bab el-Haoua, Yaroubiyé et Ramtha. 

L’objectif de la prorogation de cette autorisation reste de faire en sorte que l’aide humanitaire, y compris les fournitures médicales et chirurgicales, parvienne par les voies les plus directes aux personnes qui en ont besoin dans toute la Syrie.  À cette fin, il est nécessaire que tous les postes frontière soient utilisés de manière efficace pour les opérations humanitaires des Nations Unies.   

Aux termes de la résolution 2191 (2014), présentée par l’Australie, la Jordanie et le Luxembourg et adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité décide également d’examiner, dans six mois, l’application de cette autorisation prolongée.

L’adoption de cette résolution à caractère humanitaire sur la crise en Syrie intervient deux jours après l’exposé devant le Conseil de sécurité de la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Mme Valerie Amos. 

En vertu de la résolution 2191 (2014), qui reprend les informations transmises par Mme Amos, le Conseil exprime son indignation devant le niveau inacceptable de la violence qui s’intensifie en Syrie et qui a causé à ce jour plus de 191 000 morts, dont au moins 10 000 enfants.  Le Conseil  déplore en outre vivement la détérioration persistante de la situation humanitaire catastrophique en Syrie où plus de 12,2 millions de personnes ont un besoin urgent d’assistance humanitaire.  

Par la résolution 2191 (2014), le Conseil de sécurité exige en outre que toutes les parties au conflit interne syrien, en particulier les autorités syriennes, s’acquittent sans délai des obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international relatif aux droits de l’homme.  Il réaffirme que certaines des violations et atteintes commises en Syrie pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Texte du projet de résolution S/2014/897

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012), 2118 (2013), 2139 (2014), 2165 (2014) et 2175 (2014) et les déclarations de son président des 3 août 2011 (S/PRST/2011/16), 21 mars 2012 (S/PRST/2012/6), 5 avril 2012 (S/PRST/2012/10) et 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies,

Exprimant son indignation devant le niveau inacceptable de la violence qui s’intensifie en Syrie et par les plus de 191 000 morts, y compris bien plus de 10 000 enfants, victimes du conflit syrien, dont ont fait état le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et son Représentant spécial pour le sort des enfants en temps de conflit armé,

Déplorant vivement la détérioration persistante de la catastrophique situation humanitaire en Syrie et le fait que plus de 12,2 millions de personnes en Syrie – dont 7,6 millions sont des déplacés, 4,5 millions vivent dans des zones difficiles d’accès et 212 000 sont prises au piège dans des zones assiégées, y compris des réfugiés palestiniens – ont un besoin urgent d’assistance humanitaire, et notamment d’une assistance médicale, et notant avec préoccupation qu’environ un million de personnes supplémentaires ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie depuis l’adoption de sa résolution 2165 (2014),

Gravement préoccupé par le fait que les parties au conflit intérieur syrien se soient abstenues d’appliquer effectivement les dispositions de ses résolutions 2139 (2014) et 2165 (2014), rappelant à cet égard les obligations mises à leur charge par le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, ainsi que toutes les décisions pertinentes du Conseil de sécurité, et notamment l’obligation de mettre immédiatement fin à toute attaque contre des civils et des installations civiles, en particulier aux attaques contre des écoles et des installations médicales et aux interruptions délibérées de la distribution d’eau, à l’emploi d’armes frappant aveuglément, y compris l’artillerie, les barils d’explosifs et les frappes aériennes, aux bombardements aveugles au mortier, aux attentats à la voiture piégée, aux attentats-suicides et à la pose de bombes dans des tunnels, ainsi qu’au recours à la famine contre des civils comme méthode de combat, y compris par le blocus de zones habitées, et au recours généralisé à la torture, aux mauvais traitements, aux exécutions arbitraires, aux exécutions extrajudiciaires, aux disparitions forcées, à la violence sexuelle et sexiste, ainsi qu’à toutes les violations et exactions graves commises contre des enfants,

Se déclarant vivement préoccupé par le fait que certaines zones de la Syrie se trouvent sous le contrôle de l’État islamique d’Iraq et du Levant et du Front el‑Nosra, et que la présence, l’idéologie extrémiste violente et les agissements de ces derniers sont préjudiciables à la stabilité de la Syrie et de la région et ont notamment des conséquences humanitaires dévastatrices pour les populations civiles qui ont conduit au déplacement de centaines de milliers de personnes, réaffirmant sa volonté de répondre à la menace que constituent l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, et demandant que soient mises en œuvre les dispositions de ses résolutions 2170 (2014) et 2178 (2014) et la déclaration de son président du 28 juillet 2014 (S/PRST/2014/14),

Condamnant fermement la détention arbitraire et la torture de civils en Syrie, notamment dans les prisons et autres lieux de détention, ainsi que les enlèvements, les rapts, les prises d’otages et les disparitions forcées, et exigeant l’arrêt immédiat de ces pratiques et la libération de toutes les personnes arbitrairement détenues, prioritairement les femmes et les enfants, de même que les malades, les blessés, les personnes âgées, le personnel des Nations Unies, les travailleurs humanitaires et les journalistes,

Rappelant que, dans sa résolution 2175 (2014), il a fermement condamné toutes les formes de violence et d’intimidation auxquelles sont de plus en plus exposés ceux qui participent à des opérations humanitaires, ainsi que les attaques contre les convois humanitaires et les actes de destruction et de pillage de leurs biens, et demandé instamment à toutes les parties impliquées dans un conflit armé de favoriser la sûreté, la sécurité et la libre circulation du personnel humanitaire et du personnel des Nations Unies et son personnel associé ainsi que de leurs biens, et engageant toutes les parties au conflit interne syrien à prendre les dispositions voulues pour garantir la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies et son personnel associé, du personnel de ses institutions spécialisées et de tous les autres personnels participant à des activités de secours humanitaires,

Notant que, malgré tous ces obstacles, l’Organisation des Nations Unies et ses partenaires d’exécution continuent d’apporter une assistance vitale à des millions de personnes en détresse, notant également que, depuis l’adoption de la résolution 2165 (2014), une aide humanitaire a pu être acheminée à travers les frontières jusqu’à des lieux difficiles d’accès à Alep, Edleb, Quneitra et Deraa, soulignant toutefois à cet égard que l’Organisation des Nations Unies et ses partenaires d’exécution continuent d’avoir du mal à livrer une aide humanitaire à la plupart des personnes se trouvant dans des zones difficiles d’accès et des zones assiégées,

Se déclarant profondément préoccupé par les obstacles tant anciens que nouveaux auxquels se heurte l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les frontières et les lignes de conflit, invitant les organismes humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’exécution à prendre les dispositions voulues pour accroître les livraisons d’aide humanitaire dans les zones difficiles d’accès et les zones assiégées, y compris en utilisant de la façon la plus efficace possible les postes frontière visés dans sa résolution 2165 (2014), et notant que le mécanisme de surveillance des Nations Unies est opérationnel et poursuit ses activités, notamment de supervision du chargement des envois et de confirmation de leur caractère humanitaire, conformément à la résolution 2165 (2014),

Réaffirmant qu’il faut aider les agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’exécution à acheminer plus largement l’aide humanitaire pour atteindre toutes les personnes qui en ont besoin en Syrie, et réaffirmant également la décision qu’il a prise dans la résolution 2165 (2014) selon laquelle toutes les parties syriennes au conflit doivent immédiatement permettre l’acheminement sans entrave et direct aux destinataires prévus dans toute la Syrie de l’aide humanitaire que les agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’exécution fournissent, sur la base des évaluations des besoins effectuées par l’ONU, cette aide étant dénuée de tous préjugés ou motivations politiques, et doivent notamment lever immédiatement tous les obstacles à la fourniture de l’aide humanitaire,

Notant le rôle que des accords de cessez-le-feu conformes aux principes de l’action humanitaire et au droit international humanitaire peuvent jouer pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire afin d’aider à sauver la vie de civils,

Rappelant que toutes les parties doivent respecter les dispositions pertinentes du droit international humanitaire et les principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence,

Se déclarant vivement préoccupé par le fait que plus de 3,2 millions de réfugiés, y compris plus de 2,5 millions de femmes et d’enfants, ont fui la Syrie en raison de la poursuite des violences, et reconnaissant que le fait que la situation humanitaire continue de se détériorer en Syrie contribue au mouvement de réfugiés et menace la stabilité de la région,

Réaffirmant qu’il apprécie sincèrement les efforts importants et admirables que font les pays de la région, notamment le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Iraq et l’Égypte pour accueillir les réfugiés syriens, y compris environ 400 000 réfugiés supplémentaires depuis l’adoption de la résolution 2165 (2014), et conscient des coûts très élevés et des graves problèmes sociaux auxquels sont confrontés ces pays du fait de la crise,

Notant avec préoccupation que les mesures prises par la communauté internationale face à la crise qui touche la Syrie et la région ne répondent toujours pas aux besoins tels qu’ils ont été évalués par les gouvernements hôtes et l’ONU, engageant de nouveau vivement tous les États Membres à épauler les Nations Unies et les pays de la région, sur la base des principes régissant le partage des charges, notamment en prenant des mesures à moyen et à long terme pour alléger les répercussions sur la population, en apportant un financement plus élevé, modulable et prévisible et en renforçant les mesures de réinstallation, et prenant note à cet égard du Communiqué de Berlin du 28 octobre 2014,

Notant avec vive inquiétude que l’impunité en Syrie contribue à la commission de violations du droit international humanitaire et de violations généralisées des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, soulignant qu’il faut mettre fin à l’impunité des auteurs de ces violations et atteintes, et réaffirmant à cet égard que ceux qui ont commis de telles violations ou atteintes en Syrie ou en sont responsables de quelque manière que ce soit doivent être traduits en justice,

Soulignant que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l’absence de règlement politique,

Considérant que la détérioration continue de la situation humanitaire en Syrie reste une menace pour la paix et la sécurité dans la région,

Soulignant que l’Article 25 de la Charte des Nations Unies fait obligation aux États Membres d’accepter et d’appliquer ses décisions,

1. Exige que toutes les parties au conflit interne syrien, en particulier les autorités syriennes, s’acquittent sans délai des obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme et appliquent intégralement et immédiatement toutes les dispositions de ses résolutions 2139 (2014) et 2165 (2014) et de la déclaration de son président en date du 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15), et réaffirme que certaines des violations et atteintes commises en Syrie pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité;

2. Décide de prolonger l’application des mesures prises aux paragraphes deux et trois de sa résolution 2165 (2014) pour une période de douze mois, à savoir jusqu’au 10 janvier 2016;

3. Décide également d’examiner, six mois après la prolongation de ces mesures, l’application du paragraphe deux de cette résolution;

4. Apporte son plein appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, Staffan de Mistura, attend avec intérêt, en particulier, de recevoir de l’Envoyé spécial d’autres conseils sur ses propositions visant à réduire la violence, y compris grâce à l’établissement de « zones de cessez-le-feu », souligne que si la violence en Syrie s’intensifie encore, la situation humanitaire continuera de se détériorer, et réaffirme que la seule solution durable à la crise actuelle en Syrie passe par un processus politique sans exclusive, dirigé par les Syriens et répondant aux aspirations légitimes de la population, devant aboutir à la pleine mise en œuvre du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, qu’il a entériné en tant qu’annexe II à sa résolution 2118 (2013);

5. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte de l’application de la présente résolution, et de son respect par toutes les parties au conflit interne syrien, dans le cadre des rapports qu’il lui soumet concernant l’application des résolutions 2139 (2014) et 2165 (2014;

6. Décide qu’en cas de non-respect, par toute partie au conflit interne syrien, de la présente résolution ou des résolutions 2139 (2014) et 2165 (2014), il prendra des mesures supplémentaires en vertu de la Charte des Nations Unies;

7. Décide également de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: les délégations s’agacent une nouvelle fois de l’actualisation du budget de l’ONU et de l’augmentation du coût des missions politiques spéciales

Soixante-neuvième session
23e séance – matin
AG/AB/4140

Cinquième Commission: les délégations s’agacent une nouvelle fois de l’actualisation du budget de l’ONU et de l’augmentation du coût des missions politiques spéciales

Aujourd’hui à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives, l’actualisation budgétaire a été, une nouvelle fois, taxée de « pratique anachronique et impraticable » alors que le financement en hausse des missions politiques spéciales a été dénoncé comme une « distorsion » du budget ordinaire de l’ONU.

La Commission a examiné un budget actualisé de 5,5 milliards de dollars pour 2014-2015, soit une augmentation de 34,7 millions de dollars ou 0,6%, par rapport au budget initial.  La représentante de l’Union européenne a demandé, une nouvelle fois, à l’Assemblée générale de se pencher sur cette pratique « anachronique et impraticable » qu’est l’actualisation budgétaire et qui conduit à une augmentation « automatique » du budget sans que ne soient vraiment évaluées les ressources nécessaires à l’exécution des mandats.

Pourquoi retomber, s’est impatienté le représentant du Japon, dans les travers du passé et augmenter un budget qui a déjà doublé depuis le début de l’année 2000 et qui avec les plus de 6 milliards de dollars qu’on ne saurait manquer d’atteindre, serait « le budget le plus élevé de l’histoire des Nations Unies ».  L’ONU doit hiérarchiser ses activités et mieux gérer son personnel « pléthorique », a tranché le représentant qui a, de nouveau, demandé que cesse la pratique consistant à dépasser systématiquement les allocations budgétaires.  Le Secrétariat doit agir conformément aux impératifs de la discipline budgétaire, a renchéri son homologue de la Fédération de Russie.

À propos de discipline budgétaire, les délégations ont aussi appris que jusqu’en décembre 2015, c’est une somme de 485,9 millions de dollars qui ira au financement des 35 missions politiques spéciales.  Le délégué du Japon a dit s’attendre malheureusement à un budget total de 612 millions de dollars alors que son pays avait bien souligné que les budgets 2014 et 2015 ne devaient pas dépasser le montant de 1,8 milliard dollars. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la représentante de Singapour s’est également inquiétée d’une tendance qui montre que sans ces missions, le budget ordinaire 2016-2017 n’augmenterait que de 0,1% alors que les missions politiques spéciales connaîtront une hausse de 15% soit 160 millions de dollars par rapport à la période 2014-2015.  Le budget ordinaire continue d’être plafonné mais l’augmentation exponentielle de la part de ces missions politiques spéciales dans le budget ordinaire signifie que d’autres piliers du travail de l’ONU dont le développement en souffriront, a insisté la représentante. 

Les arrangements financiers actuels sont « inadéquats », a jugé la représentante du Costa Rica, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  Avec ses homologues, elle a demandé la création d’un compte distinct et spécial conforme au cycle annuel allant du 1er août au 31 juillet, donc calqué sur le compte spécial des opérations de maintien de la paix.  Sur 35 missions politiques spéciales 33 ont été créées par le Conseil de sécurité, ont dit les délégations pour pointer la responsabilité financière « particulière » des membres permanents du Conseil.  Le représentant du Japon a tout de même dit craindre que la création d’un compte spécial n’affecte négativement la discipline fiscale à l’ONU.

Présentant le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), son Président, M. Carlos Ruiz Massieu a rappelé qu’en 2014 c’est une somme de 645,9 millions de dollars qui a été approuvée pour 38 missions alors que pour 2015, il s’agit d’un montant de 485,9 millions pour 35 missions.  Les crédits ouverts en 2014 couvraient quatre missions qui ne seront pas reconduites en 2015.  Mais, a-t-il reconnu, les prévisions de 2015 ne concernent que les dépenses pour six mois des Missions d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et pour l’Iraq (MANUI).

La Commission a aussi examiné aujourd’hui les incidences financières de 251 900 dollars du projet de résolution intitulé « Établissement d’un cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette ».

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2014-2015

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les incidences sur le budget-programme du projet de résolution A/C.2/69/L.4/Rev.1 (A/69/658)

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a établi ce rapport à partir de la version préliminaire de l’état présenté par le Secrétaire général concernant les incidences sur le budget-programme du projet de résolution A/C.2/69/L.4/Rev.1 relatif aux modalités d’application de la résolution 68/304, intitulée « Établissement d’un cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette souveraine » (A/C.5/69/13).  Par ce texte, la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières recommande à l’Assemblée générale de créer un comité spécial en vue d’élaborer le cadre juridique multilatéral qui tiendrait, au Siège de l’ONU à New York, au moins trois réunions d’une durée de trois jours ouvrés chacune, à la fin de janvier, en mai et en juin-juillet 2015.

Le Secrétaire général chiffre les dépenses additionnelles à un montant de 251 900 dollars dont 201 000 dollars au titre des services d’interprétation et 50 900 dollars au titre de la documentation d’avant session.  Ce montant serait à imputer sur le fonds de réserve, ce qui exigerait l’ouverture de nouveaux crédits pour l’exercice biennal, indique le CCQAB.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le premier rapport sur l’exécution du budget-programme de l’exercice biennal 2014-2015 (A/69/612)

Pour établir ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné le premier rapport du Secrétaire général sur l’exécution du budget-programme de l’exercice biennal 2014-2015 (A/69/612) qui indique les ajustements à apporter aux crédits ouverts pour tenir compte des variations des taux d’inflation et de change et des paramètres du calcul initial.  Lesdits ajustements tiennent compte également des nouveaux mandats approuvés par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité depuis l’approbation du budget-programme, ainsi que des dépenses imprévues et extraordinaires n’ayant pas pu être remises à la deuxième année de l’exercice.

Aux chapitres des dépenses, le montant révisé des ressources nécessaires s’élève à 5 573,3 millions de dollars, soit 34,7 millions de dollars (ou 0,6%) de plus que les 5 538,6 millions de dollars de crédits approuvés par l’Assemblée générale.  En ce qui concerne les recettes, le montant estimatif révisé s’élèverait à 533 millions de dollars, ce qui représente une augmentation de 9,1 millions de dollars.  Mais le CCQAB constate avec préoccupation que les prévisions afférentes aux recettes provenant des services destinés au public ont dû être révisées à la baisse au cours des trois exercices biennaux les plus récents, remettant en question la validité des hypothèses budgétaires initialement retenues pour chiffrer les activités productrices de recettes.  Le Comité compte garder cette question à l’examen lorsqu’il étudiera le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2016-2017.

En conclusion, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale de porter le montant des crédits ouverts à la somme indiquée, soit à 5 573 266 700 dollars pour les dépenses et d’approuver les prévisions de recettes révisées d’un montant de 533 millions de dollars.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme DAYANA RIOS (Bolivie) a insisté sur le fait que l’actualisation des coûts fait partie intégrante du processus budgétaire et a regretté les tentatives de certains États de remettre en question le compromis atteint, il y a plus de 20 ans, par l’Assemblée générale.  S’agissant des incidences du projet de résolution relatif au cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette souveraine, la représentante a rappelé que son Groupe exige que tous les mandats approuvés par les organes intergouvernementaux soient dotés de ressources suffisantes imputées sur le budget ordinaire.  

Mme CARMEL POWER, Union européenne, a tenu à rappeler l’importance de se conformer aux règles et procédures relatives aux états d’incidences sur le budget-programme et a invité le Secrétariat à aider les négociateurs à prendre des décisions informées.  Nous n’avons pas une vision globale du montant des dépenses révisées, s’est-elle plainte, et une fois de plus, ce qui nous est présenté est une liste d’ajouts au budget plutôt qu’une véritable évaluation des besoins.  Mme Power a réitéré ses préoccupations face à une approche budgétaire qui conduit à une augmentation « automatique » du budget sans que soient évaluées les ressources nécessaires pour conduire les activités mandatées.

Il est plus que jamais nécessaire, s’est-elle impatientée, de rendre le processus budgétaire plus efficace, ce qui demande une réforme de la pratique actuelle d’actualisation des coûts.  Nous appelons de nouveau l’Assemblée générale à se pencher sur cette pratique budgétaire « anachronique et impraticable », a-t-elle dit, avant de confier son espoir que le rapport examiné soit le dernier à être présenté sous cette forme.  La déléguée a demandé plus d’informations sur les dépenses extraordinaires et imprévues.

M. SHO ONO (Japon) a souligné qu’il n’est pas opportun de retomber dans les travers du passé et d’augmenter un budget ordinaire qui a déjà doublé depuis le début de l’année 2000.  Il a relevé que le budget des deux prochaines années, tel que présenté par le CCQAB, devrait être de 5 milliards 886 millions de dollars, ce qui augure d’une augmentation de 321 millions de dollars, soit « le budget le plus élevé de l’histoire des Nations Unies », en dépit des contraintes financières que connaissent de nombreux États Membres.  Si l’on compte les dépenses supplémentaires liées aux missions politiques spéciales, le budget en préparation pourrait excéder les 6 milliards de dollars, soit une augmentation de près de 10% par rapport au précédent budget.

Les États Membres, s’est impatienté le représentant, doivent hiérarchiser les activités de l’ONU et bien gérer son personnel « pléthorique », de sorte que les sujets de grand intérêt et de première urgence tels que l’établissement de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) soient traités en priorité et que les activités obsolètes soient supprimées.  Le représentant a demandé que cesse la pratique managériale selon laquelle les administrateurs de l’ONU dépassent systématiquement les allocations budgétaires.  Il a souscrit à l’avis du CCQAB selon lequel les ajustements liés au coût du personnel, ayant conduit à une augmentation budgétaire de 32,1 millions de dollars, manquent de précision.  Le représentant a rappelé qu’il y a deux ans, l’Assemblée générale avait demandé au Secrétariat général de s’assurer que les déclarations orales sur les besoins financiers soient présentées à l’Assemblée générale dans les temps requis avant l’adoption d’une résolution de fond.

M. VLADIMIR PODLESNYKH (Fédération de Russie) a noté que les raisons essentielles de l’augmentation budgétaire s’explique par le dépassement des taux prévus de vacances de poste ainsi que des coûts standards de personnel et par l’incidence des taux de change.  Il s’est inquiété de ce que les incidences sur le budget-programme des projets de résolution adoptés par les Grandes Commissions de l’Assemblée générale s’élèvent à 312,5 millions de dollars environ.  À l’instar du CCQAB, le représentant a demandé des informations plus complètes sur les engagements contractés par le Secrétaire général en 2014.  Il a estimé que ce dernier a outrepassé ses prérogatives s’agissant des dépenses liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a exhorté le Secrétaire général à agir conformément aux impératifs de la discipline budgétaire.  

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives aux missions politiques spéciales, aux missions de bons offices et aux autres initiatives politiques autorisées par l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité (A/69/628)

Pour établir ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a examiné les rapports préliminaires du Secrétaire général sur les prévisions de dépenses relatives aux missions politiques spéciales, aux missions de bons offices et aux autres initiatives politiques autorisées par l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité (A/69/363, Corr.1 à 3 et Add.1 à 5).  Pour 2015, le Secrétaire général présente des prévisions d’un montant net de 485 909 600 dollars pour 35 missions politiques spéciales.  Les prévisions de dépenses relatives au Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar, dont le mandat a été approuvé par l’Assemblée générale, seront présentées prochainement sous réserve de la décision que prendra sa Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

Le Comité consultatif note que les projets de budget présentés par le Secrétaire général pour les missions politiques spéciales pour 2015 sont, comme par le passé, répartis entre trois groupes thématiques (A/69/363/Add.1 à 3), tandis que les ressources demandées pour les deux missions les plus importantes, comme la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) font l’objet de rapports distincts (A/69/363/Add.4 et 5).  

Le Comité revient sur les dépenses prévues pour les 35 missions politiques spéciales lesquelles sont présentées dans les documents A/69/363 et Add.1 à 5 (sect. II).  Il formule des observations et des recommandations à caractère général sur l’administration et la gestion des ressources et les domaines dans lesquels des progrès s’imposent, et émet des recommandations ayant trait aux ressources demandées pour certaines missions en particulier.

À la lecture des rapports, le Comité consultatif estime que la présentation de l’information doit être améliorée et normalisée davantage.  Il faut fournir des informations plus exhaustives sur les taux de vacance de postes; mentionner les pourcentages s’agissant des véhicules et du matériel informatique de toutes les missions; faire figurer des informations mieux comparables au titre des opérations aériennes pour toutes les missions concernées, y compris les heures de vol et les dépenses en vertu des contrats antérieurs ou en cours; et faire figurer dans les organigrammes des informations sur les effectifs et les changements y afférents, y compris ceux financés par les ressources extrabudgétaires, avec des indications sur les lieux d’affectation et les changements, les rapports hiérarchiques et l’appui administratif fourni par les autres missions et bureaux.

Le Comité consultatif recommande que l’Assemblée approuve les demandes du Secrétaire général pour la période allant jusqu’au 31 décembre 2015 et ouvre donc un crédit d’un montant net de 435 094 000 dollars, correspondant au solde des ressources prévues au titre de ces missions pour l’exercice biennal 2014-2015.  L’Assemblée devrait ouvrir un crédit supplémentaire qui sera compensé par l’inscription d’un montant égal au titre des recettes provenant des contributions du personnel du budget-programme de l’exercice biennal 2014-2015.

Déclarations

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. KODJOVI DOSSEH (Togo) a d’emblée dénoncé la publication tardive des documents, au mépris de la résolution 67/246 par laquelle l’Assemblée générale a demandé que les rapports soient présentés au plus tard la dernière semaine d’octobre.  « Nous regrettons cette situation qui affecte la qualité de notre travail et appelons le Secrétaire général à prendre les mesures nécessaires pour y remédier. »  Le représentant a souligné la nécessité de doter les missions politiques spéciales de ressources suffisantes.  Il s’est dit vivement préoccupé par l’approche budgétaire parcellaire.  Le fait que les estimations des ressources pour la MANUA et la MANUL ne soient présentées que pour une période de six mois est « inacceptable », a-t-il dit, indiquant que toute proposition budgétaire devait couvrir les 12 mois de la période financière.  Toute entorse à cette règle doit s’expliquer sur des considérations techniques « solides » et sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  À ce stade, s’est-il agacé, aucune analyse comparative des dépenses pour 2014 et 2015 ne peut être effectuée.

Le délégué a prévenu que son Groupe demanderait un certain nombre de clarifications sur l’endroit où travaillent les envoyés spéciaux et leurs équipes.  Il s’est en effet dit préoccupé par les dépenses significatives découlant des changements constants des lieux, même s’il a dit en comprendre les raisons.  Soulignant que le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine était une entité séparée, assumant des responsabilités éminentes, le délégué s’est étonné que le chef de ce Bureau n’ait pas encore été nommé alors que les ressources nécessaires ont été allouées par l’Assemblée générale.  L’arrangement existant qui veut que l’Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud assume cette tâche est préjudiciable à la bonne exécution des mandats des deux Bureaux, a-t-il dit.  En conclusion, M. Dosseh a souligné l’importance d’établir un compte spécial et distinct pour lesdites Missions afin de renforcer la transparence et la bonne gouvernance, la pratique actuelle relative aux missions politiques spéciales constituant, selon lui, « une distorsion » du budget ordinaire. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme KAREN TAN (Singapour) a rappelé que les missions politiques spéciales sont créées pour régler des problèmes que d’autres ne sont ni désireux ni capables de régler.  Pour la quatrième année consécutive, nous examinons la question de ces missions qui n’ont toujours pas de compte distinct, a-t-elle dénoncé, en notant que si le budget biennal n’a presque pas augmenté, au cours de ces derniers exercices biennaux, la part des missions politiques spéciales n’a cessé de croître de manière exponentielle.  Elle s’est inquiétée de cette tendance qui montre que sans ces missions, le budget biennal 2016-2017 n’augmentera que de 0,1% alors que les missions politiques spéciales connaitront une hausse de 15% soit 160 millions de dollars par rapport à la période 2014-2015. 

Le budget ordinaire continue d’être plafonné mais l’augmentation exponentielle de la part des missions politiques spéciales signifie que d’autres piliers du travail de l’ONU dont le développement en souffriront, a insisté la représentante.  Notant que 33 des 35 missions politiques spéciales autorisées pour 2015 ont été créées par le Conseil de sécurité, elle a exhorté les membres permanents de cet organe à assumer une responsabilité financière particulière à l’instar de ce qui se fait pour le financement des opérations de maintien de la paix. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) Mme PAULA COTO-RAMIREZ (Costa-Rica), s’est tout d’abord dit déçue par les réticences de certaines délégations à œuvrer de manière consensuelle à l’amélioration des arrangements existants sur les missions politiques spéciales.  Elle a réitéré la préoccupation de la CELAC face à la « distorsion » que constitue le fait de financer ces missions à partir du budget ordinaire, sans compter la prévision selon laquelle leur part augmentera de 15,6% dans le budget 2016-2017.  Les arrangements financiers actuels sont « inadéquats », a-t-elle estimé, précisant qu’ils ne constituaient pas un socle satisfaisant pour des missions dotées d’un mandat qui est par nature « volatile ».  Les ressources de ces missions requièrent bien souvent une révision, s’est expliquée la représentante.

Elle a, en conséquence, appuyé la création d’un compte distinct pour une période annuelle courant du 1er juillet au 30 juin, et dont le financement serait comparable au financement des opérations de maintien de la paix.  La transparence et l’efficacité du processus budgétaire de l’Organisation en sortiraient renforcées, a-t-elle assuré.  Elle a tenu à souligner le lien qui existe entre la responsabilité spéciale des membres permanents du Conseil de sécurité s’agissant du maintien de la paix et de la sécurité internationale et leurs contributions au financement des activités de maintien de la paix, y compris les missions politiques spéciales. 

Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a appuyé le travail exceptionnel des missions politiques spéciales et a estimé que le meilleur service qu’on puisse rendre est d’examiner sérieusement leurs besoins liés à des mandats « de plus en plus complexes ».  Elle a jugé urgent d’établir un nouveau cadre de financement pour éliminer l’impact néfaste de ces missions sur le budget ordinaire.  La situation actuelle est « inacceptable » car elle entraine de graves distorsions dans le budget ordinaire et des effets néfastes sur les activités de développement.  La représentante a souligné que le processus budgétaire de ces missions ne suivait ni la logique ni le cycle du budget ordinaire biennal.  Elle a donc demandé, à son tour, la création d’un compte distinct et spécial pour les missions politiques spéciales conforme au cycle annuel allant du 1er août au 31 juillet, soit celui que l’on utilise pour les opérations de maintien de la paix.    

M. ALI MOHAMEED FAEQ ABDALAZIZ AL-DABAG (Iraq) a vivement regretté la publication tardive des documents relatifs aux missions politiques spéciales, même s’il a reconnu la charge de travail du Secrétariat.  Il s’est félicité du maintien de la MANUI et a promis le soutien total de son pays pour que cette dernière s’acquitte au mieux de son mandat.

M. HIROSHI ONUMA (Japon) a dit s’attendre en 2015 à un budget total de 612 millions de dollars pour les missions politiques spéciales.  Le Japon estime, a prévenu le représentant, que les budgets 2014 et 2015 ne doivent pas dépasser le montant de 1,8 milliard dollars.  Or, nous voyons déjà un dépassement de 164 millions de dollars par rapport aux fonds agréés pour ces deux années, s’est agacé le représentant. 

Les demandes sont variées en matière de paix et de sécurité et l’ONU devrait utiliser la meilleure configuration des outils dont elle dispose y compris les opérations de maintien de la paix, les missions politiques spéciales, les équipes pays des Nations Unies et les soutiens régionaux et bilatéraux.  Prenant en compte les forces et les faiblesses de chacun de ces outils, elle doit prendre les mesures qui conviennent le mieux à une situation donnée et pouvoir les adapter aux changements de manière opportune et sans heurt. 

Une telle approche, a expliqué le représentant, pourrait nous aider à définir avec précision la bonne taille d’une opération ou d’une mission et parvenir à une meilleure allocation des ressources humaines et financières déjà limitées.  Pour ce faire, le représentant a prôné une meilleure collaboration entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il s’est donc félicité de la création du Groupe indépendant de haut niveau du Secrétaire général chargé d’étudier les opérations de maintien de la paix.  Il a dit attendre du Groupe qu’il examine les méthodes en cours pour renforcer cette collaboration nécessaire à une utilisation plus efficace et plus transparence des outils de la paix et de la sécurité. 

Le représentant a dit craindre que la création d’un compte distinct pour les missions politiques spéciales n’affecte négativement la discipline fiscale à l’ONU et conduise à l’augmentation du budget ordinaire.

M. FERNANDO CARRERA CASTRO (Guatemala) s’est dit très préoccupé de voir que les ressources demandées pour le financement des missions politiques spéciales soient présentées aussi tardivement alors que nous constatons une augmentation « considérable ».  Cette hausse constante se traduit par une distorsion « grave » des priorités fixées par les États Membres.  L’heure est venue, s’est impatienté le représentant, de créer un compte distinct pour plus de transparence et de redevabilité dans le financement des missions politiques spéciales.  

M. JORGE ANTONIO GONZÁLEZ SÁNCHEZ (Cuba) a regretté, à son tour, la présentation tardive des documents relatifs aux missions politiques spéciales et prévenu qu’il demanderait une analyse détaillée de ces rapports.  « Il n’est plus possible de financer ces missions par le biais du budget ordinaire », a-t-il renchéri, ajoutant que ces dernières, qui sont créées par le Conseil de sécurité, devraient être financées comme les opérations de maintien de la paix.  « Ces missions représentent plus de 20% du budget ordinaire », a-t-il rappelé.  Il s’est également dit préoccupé par la manière dont ces missions sont créées: un simple échange de lettres entre le Secrétariat et le Conseil sans que l’Assemblée générale n’ait son mot à dire. 

Le représentant a déploré le manque de clarté s’agissant du financement des activités du Conseiller spécial pour la prévention du génocide.  Il ne s’agit pas de rejeter le travail du Conseiller, a-t-il assuré, en formulant néanmoins les mêmes observations pour le Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger.  Il semble que les ressources de ces deux Conseillers sont « combinées », s’est-il étonné.  Il a d’ailleurs appelé le Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger à ne pas outrepasser son mandat en se fixant des objectifs qui n’ont pas été approuvés par les États Membres.  L’Assemblée générale est la seule habilité à définir les contours de cette notion de responsabilité de protéger, a-t-il tranché.

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a dit que son pays a toujours appuyé la mission de M. Staffan de Mistura pour lui assurer le succès dans la recherche d’une solution politique sans ingérence étrangère.  Le processus de réconciliation nationale avance dans de nombreuses régions en Syrie, a-t-il affirmé, en soulignant l’importance qu’il y a à accorder la priorité à la lutte contre le terrorisme et à la promotion du dialogue national.  Les élections de juin et juillet 2014 ont été l’occasion d’écouter les attentes de la population, s’est-il réjoui.  Le représentant a demandé que l’on supprime dans les rapports relatifs au Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général en Syrie, toute mention de la Ligue des États arabes ou autres organisations régionales.  L’Envoyé spécial ne représente que le Secrétaire général et l’ONU, a insisté le représentant.  La Ligue des États arabes ne saurait être partie prenante à la promotion du dialogue puisque deux de ses membres appuient « ouvertement » les terroristes dans la seule optique de provoquer un changement de régime en Syrie, s’est expliqué le représentant.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité se penche sur le partenariat Nations Unies-Union africaine, un enjeu stratégique dans un contexte d’exacerbation des crises

7343e séance – matin
CS/11705

Le Conseil de sécurité se penche sur le partenariat Nations Unies-Union africaine, un enjeu stratégique dans un contexte d’exacerbation des crises

Sous la présidence du Ministre des affaires étrangères du Tchad, M. Moussa Faki Mahamat, le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, une déclaration présidentielle qui souligne l’importance de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine pour lui permettre de « faire face aux défis communs de la sécurité collective en Afrique », où sont actuellement déployés un nombre record de soldats de la paix.

« Il est vital que nous continuions à renforcer notre partenariat stratégique et que nous nous employions plus efficacement, ensemble, à prévenir, gérer et régler les conflits », a lancé le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon.  Un tel partenariat, a-t-il précisé, doit se fonder sur une évaluation des avantages comparatifs de l’ONU et de l’Union africaine.

Outre le Secrétaire général et ses 15 membres, le Conseil a entendu une vingtaine de délégations qui se sont exprimées, au cours de ce débat, sur la « note de réflexion* », qui présente les quatre principaux enjeux suivants: le financement des opérations de paix de l’Union africaine; la planification et la gestion des transitions entre missions de l’ONU et de l’Union africaine; le renforcement des moyens de déploiement rapide; et l’amélioration de la collaboration institutionnelle entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Plusieurs exemples attestent de l’efficacité de la complémentarité entre les deux organisations, a fait remarquer le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, M. Pierre Buyoya, en citant les situations en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs, en Guinée-Bissau ou encore au Mali et en République centrafricaine, deux pays où des missions sous conduite africaine ont été déployées avant de céder la place à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Lutte antimines, processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), réforme du secteur de la sécurité, reconstruction postconflit, développement, contreterrorisme et non-prolifération sont autant de problématiques transversales dans lesquelles cette complémentarité s’avère également probante, a ajouté M. Buyoya.

L’opérationnalisation d’initiatives importantes comme la Force africaine en attente et celle de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises est à la traîne en raison d’un manque de soutien financier de la part des États Membres, a déploré le Haut-Représentant qui a prôné l’établissement de principes « axés sur l’appui aux processus d’appropriation par les pays africains et sur un partage des responsabilités et des tâches entre les deux organisations ».

L’Inde, qui est le plus important pays contributeur de troupes dans l’histoire de l’Organisation, a toutefois prévenu des risques que fait peser, selon elle, une telle logique.  Pour son représentant, « les Nations Unies ne peuvent pas se désengager du continent africain en externalisant la responsabilité du maintien de la paix auprès de mécanismes régionaux ».

La déclaration présidentielle, lue aujourd’hui par le Ministre tchadien des affaires étrangères et de l’intégration africaine, M. Moussa Faki Mahamat, dont le pays préside le Conseil de sécurité au cours de ce mois, réaffirme les dispositions de la résolution 2167 (2014), adoptée en juillet dernier par le Conseil de sécurité sous la présidence du Rwanda.  Le représentant rwandais a rappelé que les deux textes insistent notamment sur la nécessité de rendre « plus prévisible, durable et souple » le financement des organisations régionales qui entreprennent des activités de maintien de la paix au titre d’un mandat du Conseil, alors qu’elles se heurtent à des difficultés pour obtenir ce soutien.

Le Ministre tchadien s’est élevé contre le « refus » du Conseil de sécurité de faire « le moindre pas en avant » pour mettre pleinement en œuvre la mesure proposée par le Groupe d’experts sur les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, qui consiste à financer, « pendant une durée maximum de six mois », « au moyen de contributions mises en recouvrement par l’ONU », les opérations africaines autorisées par le Conseil de sécurité. Il a été rejoint sur ce point par l’Inde.

Les États-Unis, plus favorables à une assistance bilatérale aux pays et organisations concernés, n’ont pas jugé nécessaire d’accroître le montant des quotes-parts des États Membres.  La délégation a présenté le « partenariat pour une réponse rapide au maintien de la paix » lancé par son gouvernement, une initiative dotée d’un budget de 110 millions de dollars pour la formation et l’équipement des forces africaines, sans compter le soutien financier conséquent qu’il apporte à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Si la France, a indiqué son représentant, contribue à l’heure actuelle à la formation de 25 000 soldats africains, son action s’inscrit aussi dans le cadre des programmes de l’Union européenne auprès de l’Union africaine, assortis de « 750 millions d’euros pour la période 2014-2016 ».  L’Union européenne, a précisé son délégué, a déboursé 1,2 milliard d’euros depuis 10 ans pour appuyer les opérations sous conduite africaine par le biais de la « Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique », en particulier la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Pour l’Australie, la solution à long terme réside dans le renforcement de la capacité de l’Union africaine à financer ses propres opérations.  « Elle a d’ores et déjà fait montre d’une telle capacité dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola avec une campagne de levée de fonds innovante, à travers notamment de contributions du secteur privé », s’est félicité le représentant.

En début de séance, le Secrétaire général, suivi par les membres du Conseil de sécurité et les autres délégations, a vigoureusement condamné les attaques meurtrières perpétrées aujourd’hui par les Taliban contre une école de Peshawar, au Pakistan.

 

* S/2014/879

 

COOPÉRATION ENTRE LES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AU SERVICE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Opérations de paix: le partenariat Nations Unies–Union africaine et son évolution

Lettre datée du 8 décembre 2014, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Tchad auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2014/879)

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions et les déclarations de son président qui soulignent combien il importe d’établir, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des textes constitutifs des organisations régionales et sous-régionales, des partenariats efficaces entre l’ONU et ces organisations.

Le Conseil, rappelant les buts et principes de la Charte des Nations Unies, réaffirme qu’il tient de la Charte la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil remercie de leurs exposés le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, et le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, l’ancien Président Pierre Buyoya.

Le Conseil constate les progrès accomplis en termes de coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine et souligne qu’il importe de renforcer encore cette coopération et de nouer, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, un partenariat efficace avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour concourir à rendre celui-ci à même de faire face aux défis communs de la sécurité collective en Afrique.

Le Conseil réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies peut améliorer la sécurité collective.

Le Conseil considère que, grâce à leur connaissance de la région, les organisations régionales sont bien placées pour appréhender les causes profondes des conflits armés, ce qui peut leur être utile pour la prévention ou le règlement de ces conflits.

Le Conseil reconnaît le rôle que joue l’Union africaine pour prévenir ou régler les conflits sur le continent africain et exprime son appui aux initiatives de paix menées par l’Union africaine et aux initiatives similaires d’organisations sous-régionales.

Le Conseil se félicite de la contribution accrue de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, y compris au maintien de la paix, en particulier au Soudan (Darfour), au Mali, en République centrafricaine et en Somalie, et de la Force spéciale mixte régionale de l’Union africaine, ainsi que des efforts qu’elle consent pour renforcer ses capacités, notamment en rendant opérationnelles sa Force africaine en attente et sa Capacité de déploiement rapide, et il salue la coopération continue entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur différents volets de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, notamment les systèmes d’alerte rapide, la diplomatie préventive, la médiation, l’assistance électorale, le maintien de la paix et le relèvement et la reconstruction après les conflits.

Le Conseil accueille avec satisfaction la décision de l’Union africaine de déclarer la décennie 2014-2024 Décennie Madiba Nelson Mandela pour la réconciliation en Afrique, de prendre des mesures appropriées pour promouvoir la réconciliation comme un moyen d’assurer la paix, la stabilité et le développement en Afrique, et de prendre également des mesures appropriées en collaboration avec les États Membres pour promouvoir les enseignements tirés de l’héritage indélébile laissé par Mandela dans les domaines de la vérité, la réconciliation et la consolidation de la paix.

Le Conseil se félicite des efforts que déploie l’Union africaine pour mettre fin à l’impunité et amener les auteurs d’actes criminels à en répondre, notamment en renforçant les institutions judiciaires nationales.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer encore la coopération avec l’Union africaine pour concourir à rendre cette dernière mieux à même de faire face aux défis de la sécurité collective, et notamment à tenir son engagement à réagir rapidement et comme il convient aux crises qui se font jour, et de définir des stratégies efficaces de prévention des conflits, de maintien et de consolidation de la paix.

Le Conseil rappelle que c’est aux organisations régionales qu’il incombe de se procurer pour elles-mêmes des ressources humaines, financières, logistiques et autres, notamment grâce aux contributions de leurs membres et au soutien de partenaires, et se félicite du précieux appui financier fourni par leurs partenaires à cet effet.

Le Conseil reconnaît que l’un des facteurs qui font le plus obstacle à ce que l’Union africaine puisse s’acquitter efficacement de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité régionales est la mobilisation durable de ressources prévisibles et souples.

Le Conseil engage à resserrer la coordination et la coopération sur les questions de police entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, y compris au moyen d’activités de formation et moyennant le partage et l’échange de connaissances et de compétences thématiques et la fourniture d’un appui opérationnel, selon qu’il conviendra.

Le Conseil reconnaît le rôle que l’Union africaine peut jouer dans la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants touchés par les conflits armés, ainsi que dans l’action menée pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et y faire face durant les conflits armés et dans les situations d’après conflit, et appuie le rôle crucial que jouent les femmes dans toutes les initiatives de paix et de sécurité, y compris celles qui visent à prévenir et régler les conflits et à en atténuer les effets.

Le Conseil se félicite des partenariats conclus par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix, et notamment du concours qu’elle prête aux efforts déployés par l’Union africaine pour mettre au point des politiques, des directives et des formations, en particulier en ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction au sortir des conflits, les femmes, la paix et la sécurité et la protection des civils, y compris la protection des enfants et la prévention et la répression des violences sexuelles et sexistes en temps de conflit ou au sortir d’un conflit.

Le Conseil prend acte de la précieuse contribution des organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux compétents à la protection des enfants touchés par les conflits armés et se félicite à cet égard de la déclaration signée le 17 septembre 2013 par le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et le Département paix et sécurité de la Commission de l’Union africaine, qui vise à intégrer des mécanismes de protection dans toutes les activités de paix et de sécurité de l’Union africaine, en étroite collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Le Conseil engage à cet égard la Commission de l’Union africaine à aider à maîtriser les conséquences que les conflits armés ont pour un grand nombre d’enfants et l’invite à continuer d’intégrer la protection des enfants dans ses activités de sensibilisation, ses politiques, ses programmes et la planification des missions, d’élaborer des directives pour la protection des enfants touchés par les conflits armés et à étoffer celles qui existent, ainsi qu’à former leur personnel et à doter ses missions de maintien de la paix et opérations sur le terrain de spécialistes de la protection des enfants, et lui demande à nouveau de créer des mécanismes de protection des enfants au sein de son secrétariat, et notamment de nommer des coordonnateurs des questions de protection des enfants.

Le Conseil prie instamment les États Membres et les organisations internationales compétentes de contribuer à renforcer les capacités des organisations régionales et sous-régionales, en particulier africaines, dans les domaines de la prévention des conflits et de la gestion des crises, ainsi que de la stabilisation après les conflits, notamment en fournissant du personnel et une aide technique et financière.

Le Conseil rappelle qu’il importe qu’il resserre ses relations avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment en accroissant l’efficacité de leurs réunions consultatives annuelles, en tenant des consultations en temps opportun et en organisant des missions en collaboration sur le terrain, selon qu’il conviendra, en vue d’élaborer des cadres et des stratégies cohérentes, au cas par cas, pour faire face à des situations de conflit en Afrique.

Le Conseil appelle au renforcement de la coopération entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine, y compris dans le domaine de la médiation, et souligne qu’il importe de concevoir le programme qui succédera au Programme décennal ONU-Union africaine de renforcement des capacités de l’Union africaine de 2006, à titre de contribution importante à la prévention des conflits sur le continent africain.

À cet égard, le Conseil accueille avec satisfaction la décision prise conjointement par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine à la quinzième réunion du Mécanisme de coordination régionale à Abuja en mars 2014, de créer un groupe de travail chargé d’élaborer un nouveau programme qui prendra également en considération l’appui de l’Organisation des Nations Unies à l’Agenda 2063.

Le Conseil salue la nomination du Groupe de haut niveau chargé d’examiner les opérations de maintien de la paix, et invite celui-ci à consulter étroitement l’Union africaine.

Le Conseil se félicite des contacts réguliers entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine, dans le cadre de l’Équipe spéciale conjointe Organisation des Nations Unies-Union africaine chargée des questions de paix et de sécurité, encourage l’Équipe spéciale à continuer de mettre l’accent sur les questions stratégiques et les problèmes propres à divers pays du continent africain qui présentent un intérêt pour les deux organisations et demande à l’Équipe spéciale d’examiner les moyens de renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine en ce qui concerne la prévention des conflits en Afrique et de fournir au Conseil de sécurité, après ses réunions, des informations actualisées.

Le Conseil se félicite du transfert de responsabilités de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) le 15 septembre 2014 et accueille avec satisfaction la réflexion en cours sur les enseignements tirés de l’expérience acquise lors du passage des opérations de paix de l’Union africaine à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Mali et en République centrafricaine, en application du paragraphe 13 du dispositif de la résolution 2167 (2014) et attend avec intérêt les recommandations concrètes qui pourront être formulées au terme de cette réflexion pour pouvoir mieux gérer le passage des opérations de paix de l’Union africaine à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil souligne qu’il importe d’appuyer le rôle joué par l’Union africaine sur le plan politique, tant lors du passage de ses opérations de paix aux missions de maintien de la paix des Nations Unies qu’à l’occasion de la formulation et de l’application des réformes dans le domaine de la gouvernance et d’autres domaines pour pouvoir s’attaquer aux causes profondes des conflits en Afrique.

Le Conseil invite l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine à prendre des mesures concrètes pour renforcer leurs relations et à coopérer plus efficacement sur les questions d’intérêt commun et insiste sur la nécessité de renforcer les procédures de planification conjointe avant déploiement et d’évaluation conjointe des missions appliquées par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine afin de favoriser la compréhension mutuelle et d’accroître l’efficacité des missions de maintien de la paix.

Le Conseil engage le Secrétaire général à jouer un rôle de coordination et d’appui pour aider la Commission de l’Union africaine à établir la liste des capacités requises et à formuler des recommandations sur ce que l’Union africaine pourrait faire pour étoffer ses moyens militaires et ses capacités de police civile, ainsi que ses moyens techniques, logistiques et administratifs, se félicite des échanges de personnel, notamment entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, et préconise la poursuite de cette pratique, en particulier dans les domaines de la gestion financière et de la logistique, et invite l’Union africaine à définir ses priorités en matière de formation du personnel, en particulier dans les domaines financier, logistique et administratif.

Le Conseil prend note des progrès accomplis en ce qui concerne la qualité et le déroulement des préparatifs de la huitième réunion consultative conjointe du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine tenue à New York le 6 juin 2014, y compris l’établissement à l’avance de son ordre du jour et la tenue d’une conférence de presse conjointe par les Présidents du Conseil de sécurité et de l’Union africaine, et recommande que la neuvième réunion consultative conjointe, qui se tiendra en principe à Addis-Abeba en 2015, porte sur le suivi et l’application des communiqués précédents.

Le Conseil se félicite de l’adoption, en mai 2013, de la Déclaration solennelle du cinquantenaire, dans laquelle les dirigeants africains se sont engagés à mettre fin à toutes les guerres en Afrique d’ici à 2020 et à atteindre l’objectif d’une Afrique exempte de conflits, se déclare prêt à aider l’Afrique à y parvenir et demande à tous, en particulier aux entités compétentes des Nations Unies, de se mobiliser à ses côtés, notamment en envisageant d’élaborer un plan d’action quinquennal réaliste à l’appui de l’objectif d’une Afrique exempte de conflits d’ici à 2020. Il note à ce propos qu’il faut s’attaquer d’urgence à l’instabilité et à la violence en République centrafricaine, dans l’est de la République démocratique du Congo, en Libye, dans le Sahel, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan, et y mettre fin.

Le Conseil est conscient de l’importance du rôle des bons offices du Secrétaire général en Afrique et engage le Secrétaire général à continuer de recourir à la médiation aussi souvent que possible pour aider à régler les conflits de manière pacifique, en travaillant en étroite coordination avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales qui relèvent d’elle à cet égard, selon qu’il convient.

Le Conseil prend note de l’élection des cinq nouveaux membres du Groupe des Sages de l’Union africaine, se félicite du rôle déterminant joué par le Groupe en matière de prévention, souhaite qu’il reçoive davantage d’appui politique dans l’exécution de son mandat et l’encourage à se saisir précocement des situations dont la détérioration risque d’aboutir à un conflit.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer les capacités de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne les systèmes d’alerte rapide, l’analyse des conflits, le dialogue et la médiation et qu’il faut intensifier la collaboration entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies en matière de bons offices et la coopération entre les envoyés des deux organisations. Le Conseil insiste sur la nécessité d’allouer les ressources nécessaires pour appuyer et renforcer le Système d’alerte rapide à l’échelle du continent, les bons offices des envoyés et représentants spéciaux, ainsi que les activités de reconstruction et de développement après un conflit, y compris celles qui relèvent de l’Initiative de solidarité africaine.

Le Conseil souligne également qu’il importe de s’attaquer aux causes des conflits dans le cadre d’une action internationale concertée, prend note de la nécessité de mettre au point des stratégies efficaces à long terme et souligne que tous les organes et institutions des Nations Unies doivent appliquer des stratégies préventives et prendre des mesures dans leurs domaines de compétence respectifs pour aider les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales à éradiquer la pauvreté, renforcer la coopération et l’aide au développement et promouvoir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Le Conseil se félicite du tour pris dernièrement par la coopération entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et l’Union européenne, notamment de la contribution de cette dernière au renforcement des capacités de l’Union africaine, et engage à nouveau les organisations régionales et sous-régionales à renforcer et à accroître leur coopération, notamment pour renforcer leurs capacités respectives, en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme ses résolutions antérieures et les déclarations de son président au sujet du rapport Prodi, en particulier les déclarations S/PRST/2010/21, S/PRST/2009/26 et S/PRST/2013/12, et les résolutions 1809 (2008), 1863 (2009), 2033 (2012), 2086 (2013) et 2167 (2014).

Le Conseil insiste sur la nécessité d’obtenir davantage de ressources financières provenant du continent africain, sans préjudice de l’appui de l’Organisation des Nations Unies et d’autres partenaires.

Le Conseil réaffirme qu’il est résolu à confier aux opérations de maintien de la paix des mandats clairs, crédibles et réalistes, et de doter ces opérations de ressources suffisantes.

Le Conseil insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des organisations régionales lorsqu’elles entreprennent des activités de maintien de la paix par lui décidées et salue les avantages que présentent les missions de planification conjointes et les visites d’évaluation pour ce qui est de définir les besoins des opérations de paix régionales.

Le Conseil salue les efforts renouvelés de l’Union africaine en vue de rendre l’Architecture africaine de paix et de sécurité pleinement opérationnelle, attend avec intérêt l’achèvement du rapport d’évaluation de l’Architecture et espère que la deuxième phase de l’exercice Amani Africa II se passera pour le mieux en 2015, ce qui attestera que la Force africaine en attente est parfaitement opérationnelle.

Le Conseil se félicite des mesures prises pour faire fonctionner à plein la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises, notamment l’amélioration du processus décisionnel, qui permettra de procéder à des déploiements rapides.

Le Conseil souligne l’importance que revêt, pour l’Organisation des Nations Unies, le fait que l’Union africaine et ses organisations sous-régionales acquièrent les moyens de déployer rapidement des forces de maintien de la paix à l’appui de celles de l’Organisation ou d’autres opérations par lui autorisées et se félicite des initiatives prises récemment en ce sens par l’Union africaine.

Le Conseil prend note des engagements pris par l’Union européenne et l’Afrique au Sommet Union européenne-Afrique tenu à Bruxelles en avril 2014 d’améliorer le fonctionnement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, notamment en appuyant la Force africaine en attente et sa Capacité de déploiement rapide et en veillant à leur viabilité, à l’appui qu’elle reçoivent et à la façon dont elles sont dirigées, comme l’ont réaffirmé le Comité politique et de sécurité de l’Union européenne et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à Bruxelles le 15 mai 2014. Le Conseil encourage les initiatives visant à créer à cette fin davantage de synergies entre l’Union africaine, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies, et prend note de l’étroite coopération entre l’Union européenne et l’Union africaine, avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes, l’Organisation des Nations Unies et ses organismes, ainsi qu’avec les autres mécanismes de coordination internationale. Le Conseil salue tous les efforts déjà déployés par l’Union européenne à cette fin et se félicite de l’intention affichée de l’Union européenne d’accroître le montant des fonds qu’elle verse, notamment par l’intermédiaire de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.

Le Conseil prend acte du premier Dialogue stratégique Union africaine-Chine pour la paix et la sécurité en Afrique, lancé en octobre 2014, qui porte sur les nouvelles mesures de coopération envisagées dans le domaine de la paix et la sécurité, notamment l’appui à la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises.

Le Conseil prend note du premier Sommet des dirigeants américains et africains et salue l’annonce de la création du Partenariat d’intervention rapide pour le maintien de la paix en Afrique, destiné à renforcer les capacités des pays d’Afrique à déployer rapidement des soldats de la paix si un nouveau conflit se fait jour.

Le Conseil prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport annuel sur les moyens de renforcer le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine.

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord ,dans les termes les plus fermes, condamné les « terribles » attentats perpétrés aujourd’hui contre une école de Peshawar, au Pakistan, tuant essentiellement des enfants.  Il a ensuite déclaré que la coopération entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies dans le domaine de la paix et de la sécurité était cruciale et devrait systématiquement intervenir « aux premiers signes de crise ».  « Il est vital que nous continuions à renforcer notre partenariat stratégique et que nous nous employions plus efficacement, ensemble, à prévenir, gérer et régler les conflits », a-t-il dit. 

Avec le temps, a noté M. Ban, la coopération entre l’ONU et ses partenaires régionaux et sous-régionaux s’est intensifiée, de même qu’entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Le Secrétaire général a également salué le soutien renforcé aux opérations de maintien de la paix sous conduite africaine et à leur transition vers des opérations des Nations Unies, comme cela a été le cas au Mali et en République centrafricaine.  « Notre partenariat doit se fonder sur une compréhension de ce que chaque organisation peut faire dans un contexte donné, et sur une évaluation de leurs avantages comparatifs », a précisé le Secrétaire général.  En Centrafrique par exemple, la coopération entre l’Union africaine, les Nations Unies et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale a permis d’aboutir à la signature de l’Accord de cessation des hostilités à Brazzaville en juillet.  En Somalie, nos deux organisations travaillent avec d’autres partenaires, notamment l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), pour soutenir le peuple et le Gouvernement fédéral dans les phases cruciales de consolidation de la paix et des institutions, a-t-il indiqué. 

« Nous travaillons également en étroite coopération avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales pertinentes au Soudan et au Soudan du Sud », a ajouté le Secrétaire général.  Les partenariats entre les Nations Unies, l’Union africaine, la Conférence internationale des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe ont permis, a-t-il assuré, de réaliser des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région des Grands Lacs.

« Nous devons toutefois faire davantage », a estimé le Chef de l’Organisation.  Faisant référence à la crise au Burkina Faso, il a souligné la nécessité de renforcer l’action préventive.  Pour M. Ban, il faut s’adapter à un environnement de paix et de sécurité en perpétuelle évolution.  Il a ainsi rappelé que deux tiers des opérations de maintien de la paix étaient déployées dans des zones où se posent des menaces significatives, comme des groupes terroristes et extrémistes bien armés, des réseaux de criminalité transnationale organisée et des trafics d’êtres humains et de stupéfiants, de graves violations des droits de l’homme et une culture d’impunité. 

Dans certains pays, a reconnu le Secrétaire général, le Conseil de sécurité a répondu en approuvant des mandats robustes.  Mais, a-t-il souligné, les missions de maintien de la paix sont maintenant mandatées pour promouvoir la réconciliation et le dialogue nationaux en l’absence d’accord de paix.  Le maintien de la paix devient donc un domaine particulièrement chargé, avec de nombreux acteurs et même des missions parallèles, comme c’est le cas en République centrafricaine où les efforts conjoints de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), de l’EUFOR-RCA et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ont contribué de manière significative à la stabilisation du pays, en particulier de sa capitale Bangui.

Rappelant qu’il avait lancé un réexamen ambitieux des opérations de maintien de la paix pour répondre à tous ces défis, le Secrétaire général a précisé qu’il se penchait également sur les modalités de la transition des opérations de l’Union africaine vers celles des Nations Unies.  « En mars 2015, je présenterai un rapport contenant des recommandations sur les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales pertinentes dans le domaine du maintien de la paix », a annoncé M. Ban.  Dès aujourd’hui, il a cependant identifié quatre priorités.  Tout d’abord, a-t-il dit, il faut nouer des partenariats politiques plus solides ancrés dans une vision stratégique claire.  « Ensuite, nous devons nous mettre d’accord sur le rôle exact de l’Union africaine et des organisations sous-régionales.  Il est important de renforcer la prévisibilité de notre coopération et de mener des missions conjointes d’évaluation et des exercices de planification déterminants pour les opérations de maintien la paix gérés de manière commune », a plaidé le Secrétaire général. 

Les Nations Unies, les organisations régionales et les autres partenaires doivent coopérer pour renforcer leurs capacités logistiques en faisant preuve de créativité, a insisté le Secrétaire général.  « Cela pourrait recouvrir des mécanismes multinationaux de coopération, des capacités communes et des codéploiements, avec le soutien des États Membres dotés des expertises et des moyens requis », a-t-il suggéré.  Avant de conclure, il a demandé une mobilisation plus importante des ressources financières de la part de la communauté internationale, en plus de celles que doit mobiliser l’Afrique elle-même.

M. PIERRE BUYOYA, Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et Chef de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), qui s’exprimait au nom de la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, a souligné que le débat d’aujourd’hui reconnaît la nécessité de renforcer le partenariat entre les deux organisations.  « Nos efforts conjoints en faveur de la paix, la sécurité et de la stabilité de la paix en Afrique n’en seront que plus efficaces », a-t-il dit.  M. Buyoya a rappelé que le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine (UA) avait, depuis l’origine, pour objectif de forger une interaction plus efficace et cohérente dans le contexte du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et de l’article 17 du Protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  C’est dans ce cadre que nous avons pu établir un calendrier de consultations régulières sur des questions d’intérêt mutuel et appelant à une collaboration active entre les deux organisations, a-t-il expliqué. 

M. Buyoya a attiré l’attention sur le fait que la conduite conjointe d’efforts de paix avait permis d’approfondir la relation entre l’ONU et l’Union africaine, au point d’établir une complémentarité qui est, aujourd’hui, incontournable.  Plusieurs exemples attestent de l’efficacité de cette complémentarité, a-t-il ajouté, en citant les situations en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs, le Mali, la Guinée-Bissau et la République centrafricaine.  Cette complémentarité est également probante dans l’appréhension des questions transversales, telles que la lutte antimines, les processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction postconflit, le développement, le contreterrorisme et la non-prolifération des armes, a encore détaillé M. Buyoya. 

Poursuivant, le Haut-Représentant de l’Union africaine s’est dit convaincu de l’importance d’aller plus loin dans l’optimisation de la coopération entre les deux organisations dans le domaine crucial de la paix et de la sécurité.  Le nouveau Cadre conjoint ONU-UA va dans ce sens et jouera un rôle dans le contexte troublé qui caractérise de nombreuses régions du continent, a-t-il ajouté.  Sur ce dernier point, M. Buyoya a fait observer la nature de plus en plus complexe des défis, marqués notamment par les conséquences dévastatrices des changements climatiques et la montée en puissance des groupes terroristes, dont les activités « fragilisent les États et les vastes régions transfrontalières ».  Il a estimé que pour répondre à de tels défis, l’Union africaine et ses mécanismes régionaux doivent être en mesure de jouer pleinement leur rôle de chef de file pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité. 

Déjà, le déploiement d’un nombre important d’opérations d’appui à la paix de l’Union africaine au Burundi, au Darfour, au Mali, en République centrafricaine et en Somalie a démontré clairement l’engagement de l’Union africaine à contribuer, aux côtés de l’ONU, au maintien de la sécurité collective, a-t-il souligné.  En Somalie, l’AMISOM continue d’opérer dans un environnement très difficile tout en s’efforçant de créer les conditions d’un engagement international durable, qui pourrait prendre la forme d’une opération de maintien de la paix classique des Nations Unies, a-t-il en outre précisé.

M. Pierre Buyoya a ensuite déclaré que l’opérationnalisation d’initiatives importantes comme la Force africaine en attente ou encore de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises devait être soutenue financièrement.  Le Conseil de sécurité est au courant, l’Union africaine a le plus grand mal à mobiliser les États Membres pour que ceux-ci augmentent le volume de leurs contributions, a-t-il reconnu.  Pour M. Buyoya, cet effort nécessaire des États Membres couplé à une plus grande cohérence politique permettra à l’ONU et à l’Union africaine de répondre efficacement aux défis en matière de paix et de sécurité en Afrique.  Il a prôné, à cette fin, l’établissement de principes destinés à clarifier plus avant le cadre de leur partenariat.  Du point de vue de l’Union africaine, ces principes devraient être axés sur l’appui aux processus d’appropriation par les pays africains des actions de paix et sur un partage net des responsabilités et des tâches entre les deux organisations, a conclu M. Buyoya.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a rappelé que la Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle prévoit aussi, a-t-il précisé, des partenariats avec des organisations régionales et sous-régionales, un thème récurrent dans les travaux du Conseil, en particulier en ce qui concerne l’Afrique, où sont déployées la plupart des opérations de maintien de la paix.  « Nous sommes convaincus que ces organisations sont complémentaires et poursuivent les mêmes objectifs de paix, de sécurité et de stabilisation », a déclaré M. Mahamat.  C’est pourquoi il a appelé l’ONU et les organisations concernées à améliorer leur coopération dans ces domaines de la diplomatie préventive, de l’assistance électorale, de la consolidation de la paix et du développement. 

Le Ministre s’est ensuite dit favorable à la promotion d’une démarche commune pour la résolution des crises, encourageant le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine à réfléchir aux moyens de renforcer leurs synergies pour parvenir à l’objectif de « zéro conflit » en Afrique d’ici à 2020.  « Nous exhortons donc les deux Conseils à résoudre les conflits en Libye, au Mali, dans l’est de la RDC, en Somalie, au Soudan du Sud et en RCA », a poursuivi le Tchad, pour qui il faut accorder une attention particulière aux menaces que font peser les réseaux de criminalité transnationale organisée dans nombre de pays concernés.  Les partenariats entre l’ONU et les acteurs et mécanismes de coordination régionaux devraient concourir à la réalisation de l’Agenda 2063 agréé par l’Union africaine, qui consiste à définir, pour les 50 prochaines années, une trajectoire de croissance pour l’Afrique en tenant compte des leçons tirées des 50 dernières années. 

Dans le contexte spécifique du maintien de la paix, le Ministre a déclaré que sa délégation attendait avec impatience les enseignements tirés de la transition des missions de l’Union africaine en opérations onusiennes.  En outre, M. Mahamat a regretté le « refus » du Conseil de sécurité de faire « le moindre pas en avant » pour appliquer les mesures concrètes proposées par le Groupe d’experts sur les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, accusant cet organe de « préférer le statu quo ».

Le Ministre tchadien des affaires étrangères a par ailleurs souhaité que l’exercice militaire AMANI-Africa II permette de concrétiser l’opérationnalité de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), qui est censée ouvrir la voie au déploiement d’opérations de maintien de la paix de l’Union africaine et/ou des Nations Unies.  Cette décision, a rappelé M. Mahamat, a été prise au lendemain de la crise au Mali, « parce qu’il appartient à l’Afrique d’assumer ses responsabilités quant au maintien de la paix et de la sécurité sur le continent ».

M. USMAN SARKI (Nigéria) a rappelé qu’en 2013, le Secrétaire général s’était rendu dans la région du Sahel pour notamment y débattre du lien entre paix, sécurité et développement.  « Sur place, le partenariat ONU-Union africaine est une réalité, il est par conséquent fondamental d’aller plus loin dans le renforcement de son efficacité », a-t-il ajouté.  Pour la délégation du Nigéria, l’ONU et l’Union africaine doivent être en mesure de s’acquitter de leurs prérogatives respectives en matière de paix et de sécurité.  À cette fin, a précisé le représentant, il est nécessaire que les mécanismes pertinents de maintien de la paix soient plus prévisibles et deviennent pleinement opérationnels « dans le respect des principes des deux institutions et par le biais de ressources adéquates ».  Le représentant a ensuite jugé indispensable de développer les capacités des dispositifs de réaction rapide des deux organisations pour faire face aux nouveaux défis.  « Les États africains doivent s’inspirer de l’expérience des 59 opérations de maintien de la paix qui ont été déployées en Afrique depuis la création de l’ONU, notamment pour accélérer l’opérationnalisation de dispositifs comme la Force africaine en attente », a-t-il estimé.  

Après avoir appelé à des solutions novatrices au plan financier pour permettre un appui constant aux opérations de paix de l’Union africaine, le représentant a salué la tenue, entre Addis-Abeba et New York, de consultations annuelles entre les Conseils de l’ONU et de l’Union africaine.  Il faudrait appliquer cette pratique au sein des secrétariats des deux organisations et s’entendre sur une feuille de route orientant nos réflexions, a-t-il suggéré avant de conclure.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué les résultats obtenus grâce à la coopération de plus en plus étroite entre les équipes des deux organisations, en particulier en Somalie.  « Nous avons réussi à refouler les milices du groupe terroriste al-Chabab.  Il faudrait s’efforcer de conserver, dans un contexte difficile, les acquis en matière de sécurité, a-t-il estimé.  Le représentant a également salué la réaction conjointe de l’ONU, de l’Union africaine et de la CEDAO pour empêcher une aggravation de la situation au Burkina Faso.  L’Union africaine, avec l’OMS, a été présente lors du déploiement de personnels de santé en Afrique de l’Ouest pour répondre rapidement à l’épidémie d’Ebola, a-t-il rappelé.  Le représentant du Royaume-Uni a estimé que les deux organisations pouvaient travailler de manière plus efficace dans des domaines comme l’alerte précoce, la médiation et le relèvement postconflit.  Elles doivent être notamment plus décisives pour mieux répondre à l’évolution des situations au Sahara et au Sahel, en particulier dans un contexte où des menaces asymétriques ne cessent d’augmenter, a-t-il précisé.  Le représentant britannique a répété que cette année, la relation entre l’ONU et l’Union africaine avait été plus étroite et dynamique.  « Nous ne sommes pas toujours d’accord mais nous nous comprenons et restons déterminés à réaliser notre objectif commun, à savoir mettre fin à toutes les guerres et conflits sur le continent », a-t-il déclaré en conclusion.

M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a affirmé d’emblée que l’Union africaine et l’ONU n’avaient jamais eu autant besoin l’une de l’autre dans la conduite des efforts de paix.  Il a ensuite insisté sur les avantages comparatifs uniques de l’Union africaine, tels que la connaissance du terrain, la capacité rapide de déploiement et, par-dessus tout, « la volonté robuste d’agir ».  « Nous devons faire en sorte que l’Union africaine bénéficie du soutien nécessaire », a-t-il dit.

En ce qui concerne la question récurrente du financement, le délégué de l’Australie a souligné qu’il était nécessaire de s’accorder sur des solutions innovantes afin de garantir la prévisibilité et la flexibilité du financement des missions sous conduite de l’Union africaine.  « Le modèle de l’AMISOM, où l’ONU fournit un soutien logistique financé par des quotes-parts, fonctionne de manière satisfaisante », a-t-il dit, tout en reconnaissant les réticences du Conseil à reproduire un tel modèle.  Les fonds d’affectation spéciale mis en place au Mali et en République centrafricaine ont été des échecs, a-t-il regretté.  « Au lieu d’écarter cette option, nous devrions nous demander pourquoi elle n’a pas fonctionné », a-t-il estimé. 

« Un fonds d’affectation spéciale, doté de mécanismes clairs pour un prompt décaissement, aurait-il permis de résoudre les difficultés? » s’est-il interrogé.  Le délégué de l’Australie a indiqué qu’une solution à long terme résidait dans le renforcement de la capacité de l’Union africaine à financer ses propres opérations.  « Elle a d’ores et déjà fait montre d’une telle capacité dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola avec une campagne de levée de fonds innovante, par le biais notamment de contributions du secteur privé ».

La transition entre missions, a indiqué le représentant, avait été beaucoup plus fluide en République centrafricaine qu’au Mali, grâce notamment à une coordination sur le terrain plus efficace.  « L’exercice sur les leçons apprises dans ces deux cas de figure sera riche d’enseignements », a affirmé M. Quinlan.  S’agissant de la capacité de déploiement rapide, le délégué a noté la faculté de l’Union africaine à déployer du personnel sur le terrain rapidement, avant d’ajouter que la capacité de commandement pouvait encore être améliorée.

Enfin, le délégué de l’Australie a souligné la nécessité de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, et ce, aux niveaux stratégique, opérationnel et tactique.  Il a, en particulier, plaidé pour des interactions accrues entre le Président du Conseil de sécurité et son homologue du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  « Les liens entre l’ONU et l’Union africaine vont bien au-delà des questions de financement », a-t-il assuré avant de conclure. 

M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a rappelé l’adoption, en juillet dernier, de la résolution 2167 (2014), sous la présidence de son pays.  Ce texte souligne notamment « l’importance des partenariats et de la coopération avec les organisations et arrangements régionaux et sous-régionaux pour ce qui est d’appuyer les opérations de maintien de la paix ».  La résolution 2167 (2014) insiste aussi sur la nécessité de rendre « plus prévisible, durable et souple » le financement des organisations régionales qui entreprennent des activités de maintien de la paix au titre d’un mandat du Conseil de sécurité, a précisé le représentant.  M. Gasana s’est félicité de ce que la déclaration présidentielle, adoptée ce matin, réitère précisément la détermination du Conseil en ce sens. 

Soulignant les progrès accomplis dans l’opérationnalisation des capacités africaines de réponse aux crises, le représentant du Rwanda a cité en exemple la création de la Force en attente d’Afrique de l’Est, qui sera formée de 2 500 soldats issus des pays contributeurs de la région.  Souvent, l’Union africaine a eu du mal à se doter de ces capacités, ce qui ne fait que souligner les disparités entre la volonté politique et les moyens financiers dont l’organisation dispose, a-t-il fait remarquer.  Avant de conclure, M. Gasana a salué l’examen en cours initié par le Secrétariat sur le maintien de la paix et attend ses recommandations concrètes.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est déclaré, lui aussi, favorable à des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique.  Il a salué la participation très active de ces organisations, tout en reconnaissant la nécessité de renforcer la fiabilité et la souplesse des financements des opérations sous conduite de l’Union africaine, notamment par le biais du Fonds africain pour la paix.  M. Churkin a souligné qu’il serait pertinent de recevoir des évaluations ponctuelles sur les résultats des missions sous conduite africaine mandatées par le Conseil de sécurité. 

En tant que membre permanent du Conseil, la Fédération de Russie participe à de nombreuses opérations de maintien de la paix, dont elle est le principal fournisseur de moyens dans le domaine de l’aviation civile, y compris en Afrique, a rappelé M. Churkin.  Le représentant a précisé que des contingents africains étaient entraînés dans des centres de formation russes afin de leur permettre d’être immédiatement opérationnels sur le terrain.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a estimé qu’il était nécessaire d’utiliser de manière optimale les accords régionaux et sous-régionaux pertinents, qui représentent l’un des moyens les plus efficaces pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  En Afrique, l’accent doit être mis sur la prévention qui est, a-t-elle rappelé, une responsabilité commune.  Si le Conseil de sécurité salue les contributions à la paix et au relèvement postconflit des organisations régionales, il doit faire en sorte qu’elles bénéficient des ressources financières et humaines adéquates, a estimé la représentante.  La connaissance des situations de crise des organisations régionales n’a pas de prix et doit être une plus-value, a-t-elle estimé, en ajoutant que l’ONU avait pour vocation d’apporter la légitimité, les capacités opérationnelles et la force de sa composition universelle aux efforts de paix régionaux. 

Le système de sécurité collective doit bénéficier de la contribution renforcée des organisations régionales et, dans cette respective, le Conseil de sécurité doit répondre aux besoins de ces instruments dont nous saluons l’utilité, a-t-elle déclaré.  La représentante de l’Argentine a précisé que cette « décentralisation » devrait être soutenue et opérationnalisée dans le cadre d’une coopération basée sur la confiance.  La décentralisation ne doit pas signifier une déconcentration sans ressources, a-t-elle prévenu.

M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a appelé à adopter des stratégies mieux adaptées et à trouver des solutions novatrices pour répondre aux défis émergents en Afrique.  « Les organisations régionales, l’Union africaine mais aussi la Ligue des États arabes et l’ONU doivent œuvrer de concert pour renforcer l’efficacité des efforts de paix à travers tout le continent », a estimé le représentant.  « La résolution des conflits passe par une connaissance approfondie des spécificités locales et c’est pourquoi, nous devons appuyer l’Union africaine en assurant un appui au renforcement de ses compétences et au financement de ses opérations de maintien de la paix », a-t-il également souligné.  Pour le représentant jordanien, l’accent doit être mis sur la médiation et le rétablissement de la confiance entre parties aux conflits.  « Au-delà, l’Union africaine et les mécanismes régionaux mentionnés doivent être en mesure de participer aux étapes de préparation du déploiement des missions de paix de l’ONU », a-t-il recommandé.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a estimé qu’il était difficile de mettre en œuvre les décisions internationales sans une contribution au niveau régional.  C’est pourquoi les organisations régionales doivent jouer un rôle actif pour prévenir les conflits ou venir au secours des pays touchés par les conflits.  Il a expliqué que les organismes régionaux pouvaient aider à intégrer la vision des acteurs locaux et promouvoir l’appropriation locale.  La délégation du Chili encourage la conclusion d’accords régionaux qui donnent la priorité à une vision holistique, avec la participation des acteurs locaux pour définir les problèmes, ainsi qu’une interaction entre les organisations régionales et celles du système des Nations Unies pour échanger des bonnes pratiques et les leçons tirées de situations similaires.

Il faudrait également améliorer la prévisibilité et la flexibilité du financement des opérations de paix qui sont conduites par l’Union africaine mais mandatées par les Nations Unies, a ajouté le représentant.  Il est ainsi nécessaire, a-t-il souligné, de fournir des contingents bien équipés et établir des procédures précises sur le terrain, tout en prêtant attention à la formation des contingents aux questions d’éthique et de droits de l’homme.  Le représentant a aussi jugé utile de simplifier et de standardiser les formes de collaboration institutionnelle entre le système des Nations Unies et les organismes régionaux.  La coordination du travail sur le terrain est essentielle pour le succès d’une opération de maintien de la paix, a-t-il assuré.

Rappelant que 70% des opérations étaient déployées en Afrique, Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a souligné qu’il était nécessaire de renforcer les capacités opérationnelles de l’Afrique pour permettre à ses opérations de maintien de la paix de répondre efficacement aux situations de crise et de conflit.  Des synergies avec l’ONU sont essentielles sur la base des enseignements tirés des partenariats établis à ce jour, a souligné la représentante.  Les organisations régionales africaines sont en effet les mieux placées pour prendre la mesure des conflits en cours sur le continent et juger des meilleurs moyens de réagir.  « Dans ce contexte, la compréhension des méthodes de travail respectives et des processus de prise de décisions profiterait à l’action collective sur le terrain », a assuré la déléguée.  Des consultations en temps voulu contribueraient à renforcer les partenariats stratégiques, a-t-elle estimé.  Sa délégation, a-t-elle dit, attend avec impatience les recommandations que le Secrétaire général a annoncées aujourd’hui.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a rappelé que l’Union africaine avait fait la preuve de sa compétence dans le domaine du maintien de la paix.  Mais, seuls des partenariats avec l’ONU et d’autres organisations sous-régionales seront en mesure, a-t-il assuré, d’améliorer son action dans ses différents théâtres d’opération.  Le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant, a certes un rôle unique à jouer en matière de paix et de sécurité internationales, « mais nos décisions doivent être prises en concertation avec tous les États Membres, les organisations régionales et sous-régionales et les pays contributeurs de troupes ».  Si des progrès clairs ont été accomplis dans le déploiement rapide, notre réaction demeure trop lente, a estimé M. Pressman, qui s’est dit partisan d’une coopération plus étroite avec l’Union africaine sur la base des enseignements tirés. 

Pour leur part, les États-Unis ont créé le « partenariat pour une réponse rapide au maintien de la paix », qui prévoit un budget de 110 millions de dollars pour la formation et l’équipement des forces africaines, qu’elles soient sous conduite de l’Union africaine ou de l’ONU et qui représentent un total de 67 000 soldats, a indiqué le représentant.  Expliquant que son pays préférait offrir une assistance bilatérale aux pays et organisations concernés plutôt que d’augmenter le budget des opérations de maintien de la paix, M. Pressman a fait remarquer qu’en 2013, le Gouvernement américain avait, par exemple, débloqué 200 millions de dollars à l’appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et 180 millions de dollars à l’appui de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), qui se sont ajoutés « aux 450 millions de dollars versés au titre de sa quote-part ». 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a tout d’abord noté la contribution décisive que les organisations régionales et sous-régionales apportent à la sécurité collective, et ce, sans préjudice de la responsabilité principale reconnue au Conseil de sécurité. Il a ensuite expliqué que le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine fonctionnait à plusieurs niveaux, de l’échange d’informations à la coopération opérationnelle, et dans les diverses dimensions des situations, de la prévention à la consolidation de la paix en passant par la phase du maintien de la paix. « Les événements les plus récents fournissent des illustrations de l’effectivité et de l’efficacité de ce partenariat », a-t-il affirmé, en citant les cas du Mali et de la République centrafricaine, où l’intervention des Nations Unies a été précédée par celle d’une Force de l’Union africaine. 

Le représentant de la France a ensuite détaillé le soutien apporté par l’Union européenne à l’Union africaine, par le biais notamment de programmes de formation et d’entraînement, « appuyés sur un engagement financier de 750 millions d’euros pour la période 2014-2016 ».  M. Delattre a aussi indiqué que la France, qui a fait du soutien à la construction et au renforcement des capacités africaines de paix un objectif prioritaire, contribuait à la formation de 25 000 soldats africains.  « Ces contributions doivent être coordonnées et mises au service d’une vision partagée de la paix », a-t-il toutefois insisté, en faisant remarquer que l’Union européenne s’inscrivait, à cette fin, dans le cadre d’une coopération tripartite entre les Nations Unies et l’Union africaine.

M. Delattre a ensuite appelé à la poursuite des efforts, tout d’abord, en termes de financement.  Notant que la « soutenabilité financière du système » était devenue un enjeu majeur, il a souligné qu’il était nécessaire de sécuriser des ressources financières qui viennent du continent africain, en appui de la volonté politique affichée par ses dirigeants. « La capacité de déploiement rapide est une condition essentielle de réussite des interventions internationales, dans des situations où le temps est compté », a-t-il ensuite affirmé. Enfin, M. Delattre a souligné l’importance croissante que revêt la question de la transition entre missions. « Une dimension complémentaire à la transition, lorsque les interventions se complètent sur le même théâtre, est celle de la coordination dans les interventions afin que chacune apporte le meilleur de ses compétences au profit du règlement de la crise », a-t-il indiqué en conclusion.

M. LIU JIEYI (Chine) a souligné l’importance des accords régionaux de maintien de la paix, en particulier en Afrique.  Pour sa délégation, le rôle de l’Union africaine a augmenté à mesure que s’est renforcé, ces dernières années, le système multilatéral de sécurité.  Le représentant de la Chine a appelé l’ONU à améliorer sa coopération avec l’Union africaine en respectant la volonté de l’Afrique et en contribuant à la recherche de « solutions africaines à des problèmes africains ».  « Il convient de prendre en compte les suggestions des pays et organisations africains en matière de sécurité et de développement et de prévention des conflits ».  À cette fin, a-t-il suggéré, la Commission de consolidation de la paix et l’Union africaine devraient bâtir un mécanisme multidimensionnel.  

Pour le représentant de la Chine, le partage d’expériences doit être au cœur des délibérations entre les conseils des deux organisations.  La Chine, a-t-il rappelé, a déployé, à ce jour, 2 000 soldats de la paix dans sept opérations de maintien de la paix en Afrique et continue de fournir à l’AMISOM un important appui logistique.  Le représentant a assuré que son pays entretenait avec l’Union africaine un dialogue stratégique permanent.  À l’avenir, la Chine entend poursuivre ses activités de formation auprès des pays fournissant des contingents aux opérations de paix déployées en Afrique. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé que c’est sur le sol africain que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est le davantage développée.  Elle a mis l’accent sur l’importance de cette coopération dans le domaine de la protection des enfants, avant de se féliciter de la signature, le 17 septembre 2013, de la déclaration conjointe du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et du Département paix et sécurité de la Commission de l’Union africaine.  Elle a ajouté que les exemples du Mali et de la République centrafricaine montraient l’impact opérationnel entre l’ONU et l’Union africaine.  Concernant la situation au Soudan du Sud, la Représentante spéciale a rappelé les déclarations de l’IGAD et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Elle a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures restrictives, à l’encontre de toute partie responsable de violations de la cessation des hostilités ou d’obstructions aux négociations politiques, voire de violations et abus des droits de l’homme. 

« C’est aussi dans des moments critiques que se mesure la vigueur d’un partenariat », a estimé Mme Lucas.  Par ailleurs, elle s’est félicitée des solides partenariats qui ont été établis à la fois entre l’ONU et l’Union européenne et entre l’ONU et l’Union africaine pour développer des synergies en matière de réponses immédiates aux crises, d’action humanitaire, de maintien et de consolidation de la paix et de développement qui bénéficient à l’Afrique.  « En 2016, a-t-elle précisé, plus de 17 000 militaires africains auront été formés avec l’appui des Européens, certains d’entre eux, au Mali et en Somalie, par des instructeurs luxembourgeois ».  Le Luxembourg, a-t-elle assuré, est favorable à un renforcement de la coopération triangulaire entre l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne.

M. OH JOON (République de Corée) s’est dit encouragé par le renforcement des échanges entre les deux organisations.  La coopération entre l’ONU et l’Union africaine s’est intensifiée dans le domaine essentiel du maintien de la paix, a-t-il noté, en précisant que l’Union africaine est désormais plus visible dans ce domaine.  C’est pourquoi, il faudrait améliorer ses moyens de réponse rapide en tenant compte des succès et des échecs de l’intervention de l’Union africaine au Soudan et en Somalie », a ajouté le représentant.  S’agissant de l’efficacité des opérations de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, le représentant de la République de Corée a demandé aux États Membres de faire preuve de créativité pour garantir un financement durable.  La coopération entre les deux institutions doit être effective dès la phase de planification des efforts multilatéraux de maintien de la paix en Afrique, a-t-il en outre estimé. 

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a tout d’abord remercié tous les intervenants qui ont exprimé leur solidarité avec son pays, à la suite de l’attaque meurtrière perpétrée, aujourd’hui, contre une école de Peshawar.  Il s’est ensuite félicité des liens étroits qui existent entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine pour mettre en place des modèles opérationnels conjoints. Le financement du maintien de la paix devrait être prévisible et suffisant, a-t-il lui aussi insisté, en plaidant pour des mandats plus clairs et réalistes.  Compte tenu des contextes de plus en plus difficiles et instables dans lesquels les opérations sont déployées, la participation de l’Union africaine à l’élaboration des mandats serait utile dès les premières phases, a poursuivi le représentant.  Il faudrait améliorer les méthodes de travail des deux Conseils par le biais d’une meilleure communication, a-t-il ajouté.  Pour sa délégation, les pays et les organisations régionales possédant les capacités et les ressources devraient activement contribuer au renforcement des capacités des missions de la paix sur le terrain.  En outre, les leçons apprises devraient être mises en œuvre en gardant à l’esprit que « la régionalisation n’est pas un prétexte pour créer des disparités s’agissant des normes professionnelles exigées dans le cadre du maintien de la paix ».

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a déclaré que la relation de son pays avec l’Afrique remontait aux périodes de luttes anticolonialistes.  L’Inde est le plus important contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il rappelé, en précisant qu’elle avait, depuis la création de l’Organisation, déployé 170 000 soldats et policiers.  Reconnaissant le rôle des organisations régionales, en particulier celui de l’Union africaine, M. Bishnoi a déclaré que le renforcement nécessaire de la coopération avec ces organisations régionales ne devrait pas occulter le rôle de chef de file de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité. 

« Les Nations Unies ne peuvent pas se désengager du continent africain en externalisant cette responsabilité auprès de mécanismes régionaux, dont le rôle n’est pas de se substituer à l’ONU », a tranché le représentant.  En matière de financement, il a recommandé au Conseil de sécurité de demander au Secrétaire général de présenter une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de M. Romano Prodi, dont l’une était de se servir des fonds du budget des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour appuyer les opérations de l’Union africaine approuvées par le Conseil « pour une période n’excédant pas six mois ». 

M. NICK WESTCOTT, délégué de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne entretenait depuis longtemps des partenariats avec à la fois l’Union africaine et les Nations Unies.  Dans la mesure où ces partenariats se recoupent de plus en plus en matière d’appui à la paix et à la sécurité, il a jugé opportun de réfléchir à la façon d’améliorer cette coopération tripartite.  L’Union européenne a appuyé la création de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et s’engage à aider à sa mise en œuvre à tous les niveaux, dans la limite de ses ressources et de ses obligations découlant des traités. 

Lors du Sommet Union européenne-Afrique qui s’est tenu à Bruxelles en mai dernier, la feuille de route adoptée a identifié des mesures à prendre, en particulier pour intensifier le dialogue politique sur la sécurité, la défense et la gestion des crises, pour opérationnaliser l’Architecture, notamment en appuyant la Force africaine en attente, et pour trouver des sources de financement durables à cette fin.  L’Union européenne, a précisé M. Wescott, a déboursé 1,2 milliard d’euros depuis 2004 pour appuyer les opérations de paix conduites par l’Union africaine à travers la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique, en particulier la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Ces opérations coûtent cher, a toutefois souligné le délégué.  C’est pourquoi, il est important que d’autres acteurs contribuent au renforcement de la capacité africaine, jusqu’à ce les pays africains soient eux-mêmes en mesure de couvrir les frais.  Au Mali, l’Union européenne organise des missions de formation civiles et militaires pour les forces armées maliennes.  Cette initiative s’inscrit dans une stratégie cohérente à moyen terme, a-t-il expliqué.  De même, dans la région des Grands Lacs, l’Union européenne a coopéré avec l’ONU et l’Union africaine pour résoudre les défis posés par le mouvement rebelle M23.  En conclusion, le délégué de l’Union européenne a souligné que les efforts visant à encourager la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et de l’ordre constitutionnel restaient fondamentaux pour prévenir les crises.   

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a relevé que les défis auxquels l’Union africaine avait fait face dans le passé avaient contribué à renforcer son expérience dans la prévention et le règlement de crises ou de conflits régionaux.  Il a déclaré que tout comme l’Afrique, l’Amérique du Sud œuvrait actuellement à l’élaboration d’une architecture de consolidation de la paix, sous les auspices de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) et du Conseil sud-américain de la défense.  Le représentant a déclaré qu’il incombait en premier lieu aux pays africains de régler les crises ou conflits de la région, en saluant, à cet égard, les efforts de stabilisation entrepris par l’Union africaine.

Le représentant a estimé que l’établissement du Bureau de l’Observateur permanent de l’Union africaine auprès de l’Organisation des Nations Unies en 2009 était une étape cruciale dans la coopération entre les deux organisations dans le domaine de la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix.  Il a précisé que cette coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans leur ensemble, conformément aux dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, ne doit pas donner lieu à un abus d’autorité du Conseil de sécurité.  M. Patriota a indiqué par ailleurs que le maintien de la paix internationale et de la sécurité en Afrique devrait aller au-delà des activités de maintien de la paix, et que cela devrait également intégrer la prévention des conflits, la consolidation de la paix, le développement économique solide, accompagné de la justice sociale et de la stabilité politique.  Il a enfin souhaité que des fonds adéquats soient mis à contribution dans le cadre du mandat des opérations de maintien de la paix.

M. PER THÖRESSON (Suède), qui s’exprimait au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a souhaité tirer les leçons tirées de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU, ainsi qu’au Darfour, au Mali et en République centrafricaine.  Il a conseillé de rechercher une plus grande complémentarité des rôles, ainsi que de discuter du renforcement des capacités et des questions de financement.  Le représentant s’est félicité de l’intention de l’Union africaine de développer ses capacités civiles et militaires de gestion des conflits, une tâche à laquelle les pays nordiques contribuent depuis longtemps.  Le rôle de l’Union africaine dans le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique devrait être renforcé davantage, grâce à une coopération plus étroite entre l’Architecture africaine de paix et sécurité et l’Architecture africaine de gouvernance.  M. Thörensson a ensuite souligné qu’il était important de faire participer plus activement les femmes dans les processus de prévention, de gestion et de règlement pacifique des conflits, en saluant à cet égard la nomination d’un envoyé spécial de l’Union africaine pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Il a aussi salué les efforts menés en vue de la reconstruction et de la réconciliation, en particulier l’Initiative de solidarité africaine.  En outre, il a mentionné le partage de connaissances entre les pays nordiques et l’Union africaine, en assurant que les pays de ce groupe souhaitaient s’engager encore plus dans ce sens.

M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a salué les progrès de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, notamment dans les domaines de la médiation, et du maintien et de la consolidation de la paix.  La connaissance que les organisations régionales ont des réalités de leurs zones d’influence leur

permet de jouer un rôle clef en matière de maintien de la paix et d’être des partenaires privilégiés de l’ONU pour la gestion des conflits.  Il a par ailleurs plaidé pour l’harmonisation des approches de l’ONU et de l’Union africaine en matière de gestion des crises et dans le cadre du maintien de la paix.

Le représentant a en outre proposé que la communauté internationale apporte une contribution financière adéquate pour renforcer les opérations de maintien de la paix menées par l’Union africaine sous le couvert du mandat de l’ONU, proposant dans ce contexte que les États Membres de l’ONU s’acquittent de leur cotisation annuelle à temps et dans leur intégralité, afin que des fonds prévisibles soient disponibles pour répondre à ces besoins.

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a suggéré au Conseil de sécurité et au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de mener leurs consultations annuelles dans un format qui permette une véritable discussion et un échange constructif.  Il a également suggéré de tenir ces consultations plus souvent, afin de permettre une conversation continue.  Il faudrait aussi, a-t-il ajouté, un échange d’informations constant et de meilleure qualité entre les deux organes.  Le représentant a apprécié la proposition du Tchad selon laquelle les membres africains du Conseil de sécurité pourraient assister en tant qu’observateurs aux réunions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  « Ma délégation salue aussi les idées suggérées lors du Séminaire de haut niveau tenu la semaine dernière sur la paix et la sécurité en Algérie, en particulier sur les moyens de resserrer les liens entre les pays africains membres du Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine », a-t-il ajouté.

La Nouvelle–Zélande est convaincue de la nécessité d’appuyer un leadership africain pour les efforts de résolution des conflits sur le continent, en particulier lors des premières étapes, lorsque les organisations régionales offrent un avantage comparatif par rapport à l’ONU.  Il a assuré que son pays avait ainsi appuyé les efforts menés par l’Union africaine au Mali, en République centrafricaine et en Somalie.  Il a par ailleurs invité le Conseil de sécurité à résoudre les problèmes de financement et de capacité des opérations menées par l’Union africaine.  Le représentant s’est dit cependant déçu par le manque de progrès sur cette question.  Avant de conclure, il a indiqué que son pays allait lancer le prochain « manuel de l’Unions africaine », en français et en anglais, lors du Sommet de janvier prochain.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a condamné d’emblée les attentats terroristes qui ont été perpétrés ce matin au Pakistan.  Il a ensuite souligné qu’il est important de renforcer les capacités de l’Union africaine dans le domaine de la gestion des conflits.  L’Égypte, a-t-il assuré, est engagée dans le processus de création de de la force d’intervention rapide de l’Union africaine qui devrait voir le jour en 2015.  Le représentant a précisé que le maintien de la paix implique aussi la consolidation de la paix, afin d’éviter que les pays sortant d’un conflit n’y sombrent pas à nouveau. 

Le représentant a également plaidé pour la mise en place d’un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement dans les nations en situation postconflit, en coopération avec l’ONU.  Il a prévenu que tous ces efforts n’aboutiraient pas à des résultats positifs si les fonds adéquats ne sont pas mis à contribution à cet effet.  Il a de ce fait invité l’ONU à renforcer son appui à l’Architecture africaine de paix et de sécurité.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a estimé que ce débat était organisé à point nommé, à un moment où l’Union africaine déploie d’immenses efforts pour régler les problèmes relatifs à la paix et à la sécurité auxquels l’Afrique est toujours confrontée.  Il s’est félicité des mesures prises visant à rendre pleinement opérationnelle l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a estimé que la mise en œuvre de l’Accord général de paix au Soudan, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), ainsi que les missions en République centrafricaine et au Mali, étaient de bons exemples de coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Il a cependant reconnu que cette coopération n’avait pas encore déployé tout son potentiel.

Il faudrait établir des relations plus efficaces entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, a recommandé M. Boukadoum, en préconisant notamment d’organiser des réunions annuelles plus efficaces.  Il a aussi salué les résultats atteints lors des consultations entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’UA.  Il a cependant recommandé de renforcer cette coopération en développant un programme de suivi du Programme décennal de renforcement des capacités entre l’ONU et l’Union africaine de 2006.  Le représentant a aussi souhaité qu’il soit dûment tenu compte de la question critique du financement prévisible et durable des missions de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité.  Avant de conclure, il a encouragé le Conseil de sécurité à s’engager de manière plus active avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, en se basant sur le respect mutuel, l’appropriation africaine, la prise de décision consultative, la division du travail et le partage des responsabilités.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a plaidé pour une appropriation africaine de la résolution des conflits en Afrique.  « Les Africains savent ce qu’ils sont, mieux que quiconque », a-t-il affirmé, en ajoutant que « les efforts de médiation politique et les opérations de paix en Afrique peuvent réussir mieux s’ils sont menés de façon à respecter la culture et la tradition africaines ».  Il a ainsi évoqué la gestion de crise que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont assurée dans le contexte de la crise ivoirienne. 

Le représentant a en outre souligné que bien que la responsabilité première de financement du maintien de la paix en Afrique incombait à l’Union africaine, l’ONU doit continuer de s’engager avec l’UA afin d’examiner comment améliorer la prévisibilité, la durabilité et la flexibilité du financement des opérations de l’Union africaine mandatées par le Conseil de sécurité.  Il a affirmé que le Japon continuait à augmenter ses contributions financières à travers le Fonds pour la paix de l’Union africaine, dont le montant total s’élève maintenant à 12 millions de dollars.

M. TIM MAWE (Irlande) a souligné que près de 50% des 100 000 Casques bleus déployés actuellement par les Nations Unies sont postés dans des pays africains.  Il a salué la contribution des pays africains aux missions les plus difficiles, comme celles au Mali et en République démocratique du Congo (RDC).  Il s’est félicité de la création du Groupe de haut niveau chargé d’examiner les opérations de paix, présidé par M. José Ramos Horta, et il a dit attendre avec intérêt l’engagement actif de ce groupe au cours des prochains mois.  Les deux organisations doivent accorder une attention particulière à la protection des civils qui, a-t-il rappelé, doit être au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix. 

Il faudrait donner aux missions de l’Union africaine la capacité de protéger les civils, a insisté le représentant, qui a aussi suggéré aux Nations Unies de chercher des moyens de développer les capacités internes des pays, en particulier les institutions de police, les tribunaux et les autorités locales, afin de permettre aux pays affectés par les conflits de construire la paix.  M. Mawe a cependant souligné qu’il restait encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne la transition des missions, le renforcement des capacités logistiques des forces de l’Union africaine et les problèmes de longue date de financement des missions.  L’Irlande, a assuré M. Mawe, contribue à la formation des forces de sécurité africaines en Somalie et au Mali.

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a estimé que l’évolution des dynamiques en matière de paix et de sécurité internationales exige un recalibrage de la réponse internationale.  Cette réalité, couplée aux restrictions budgétaires que vit l’ONU, a-t-il indiqué, appelle à un renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a rappelé que la Turquie participait à un certain nombre d’opérations de maintien de la paix en Afrique en fournissant des fonds et des personnels.  Par ailleurs, il a souhaité que le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine soit renforcé, notamment dans des domaines comme le renforcement des capacités institutionnelles, la réforme du secteur de la sécurité, la protection des civils, les droits de l’homme, l’intégration de la dimension sexospécifique et la lutte contre la criminalité organisée. 

M. Çevik a en outre souligné que le lien entre la sécurité et le développement exigeait un plus grand soutien de la communauté internationale aux efforts de développement.  La Turquie va verser 5 millions de dollars pour la lutte contre l’Ebola, a annoncé le représentant.  Il a aussi souligné que la Turquie était engagée dans la reconstruction de la Somalie, et que l’Agence de coopération et de développement turque (TIKA) assurait la mise en œuvre de projets de développement dans 36 pays africains.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné l’importance, dans les opérations de maintien de la paix, du respect du principe de non usage de la force sauf en cas de légitime défense, ainsi que des principes d’égalité de souveraineté, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et de non intervention dans des questions qui relèvent de la juridiction nationale.  Il a par ailleurs demandé de mettre en œuvre efficacement le plan décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine.  Le représentant a recommandé le renforcement d’un partenariat efficace entre l’ONU et l’Union africaine afin de mieux planifier le déploiement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de se concentrer sur l’aide au développement dans les régions sortant de conflit. 

Sa délégation se félicite des mesures prises par le Soudan et le Soudan du Sud pour régler leurs différends par des moyens pacifiques, a-t-il indiqué, en appelant à ce que ces questions soient réglées sous l’égide du Groupe de haut niveau de mise en œuvre de l’Union africaine.  Le représentant a salué, par ailleurs, la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en souhaitant qu’elle soit mise en œuvre grâce à une étroite collaboration entre les États du Sahel, d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, ainsi qu’avec l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté des États sahélo-sahariens et l’Union du Maghreb arabe.

M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie) a affirmé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine, est un engagement multilatéral majeur qui doit être encouragé, soutenu et renforcé.  Il a invité l’ONU et l’Union africaine à poursuivre le renforcement de leur relation, et à développer un partenariat plus efficace, par exemple par des planifications communes avant tout déploiement d’opération de maintien de la paix, afin, a-t-il expliqué, de promouvoir la compréhension commune et rendre ces opérations plus efficaces.  Le représentant a par ailleurs souligné le besoin d’assurer un financement prévisible et durable pour les missions sous conduite africaine, mandatées par le Conseil de sécurité de l’ONU.

M. KAREL VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a suggéré d’adopter des approches nouvelles pour faire face à des conflits qui évoluent, faisant référence aux nouvelles menaces comme le terrorisme et l’épidémie causée par le virus Ebola.  Le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine est de l’intérêt de tous les pays, a-t-il assuré.  Les Pays-Bas déploient du personnel dans plusieurs missions de maintien de la paix, notamment au Mali, et fournissent un appui logistique au maintien de la paix, en particulier dans la lutte contre la piraterie, a assuré M. Van Oosterom.  Sa délégation est convaincue qu’il faudrait adopter une approche globale au maintien de la paix, afin d’aboutir à des résultats plus viables.  Le représentant a souligné l’importance de la prévention, grâce aux instruments de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en soutenant que la prévention contribuait à sauver des vies humaines.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a dit encourager le renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales.  Il a noté que plus de la moitié des effectifs des opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont fournis par des pays africains.  L’évolution des mandats des missions de paix au Mali et en République centrafricaine ont permis de renforcer le partenariat opérationnel entre l’ONU et l’Union africaine. 

L’expérience de nombreuses missions de maintien de la paix de l’ONU et de l’Union africaine montre que la réforme du secteur de la sécurité, menée par des autorités nationales, pourrait permettre de toucher aux racines mêmes des conflits, et créer un environnement propice à une paix durable.  Le représentant a enfin rappelé que du 24 au 26 novembre dernier, la Slovaquie, en partenariat avec l’Union africaine, a organisé un forum sur la réforme du secteur de la sécurité à Addis-Abeba, en Éthiopie, ainsi qu’un débat sur la réforme du secteur de la sécurité dans la Corne de l’Afrique à Nairobi, au Kenya, le 26 novembre.  Ces deux évènements ont permis de mettre en lumière le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans le cadre de la réforme du secteur de la paix et de la sécurité, a-t-il assuré.

M. PENDAPALA NAANDA (Namibie) a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en donnant les exemples des interventions opportunes de l’Union africaine dans les conflits au Soudan, en Somalie, en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine et au Mali.  Les Nations Unies, a-t-il fait remarquer, ont une longue expérience dans les opérations de maintien de la paix et leurs meilleures pratiques sont essentielles à ce partenariat.  Il est utile que les rôles des uns et des autres soient basés sur les avantages comparatifs qu’offre chacune des organisations.  Si, en vertu de l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, il incombe en premier lieu au Conseil de sécurité d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la Charte prévoit aussi que les organisations régionales doivent jouer un rôle dans ce domaine, a-t-il rappelé. 

Le représentant a expliqué que l’expérience de son pays dans sa région, au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), lui permettait de mieux comprendre les avantages comparatifs de chacun.  En 1998, par exemple, l’organe de la SADC chargé de la politique, de la défense et de la sécurité a autorisé une intervention au Lesotho après la contestation d’élections parlementaires, a-t-il rappelé.  À la suite du coup d’État à Madagascar, en 2009, l’Union africaine avait suspendu le statut de membre de ce pays et la SADC avait conduit le processus de médiation.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a estimé que mettre fin à l’impunité et promouvoir la justice et la réconciliation demeuraient l’un des objectifs majeurs visant à guider le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  Il a ainsi invité ces deux organisations à développer un cadre relatif à la justice transitionnelle, axé en particulier sur le thème de l’impunité et des liens entre ce concept et la paix, la justice et la réconciliation.  Le représentant a également plaidé pour un renforcement de la coordination entre l’ONU et l’Union africaine afin d’éviter les doublons.  « Mon pays a proposé, pour renforcer concrètement le lien entre les deux entités, d’établir un comité de sanctions, de développer une mémoire institutionnelle commune et d’intégrer aux travaux de la Direction sur le genre de l’Union africaine un volet consacré à la paix et à la sécurité. » 

Mme EMILIA GATTO (Italie) a invité à utiliser les avantages comparatifs des organisations régionales.  Elle a aussi apprécié les efforts de l’Union africaine pour renforcer ses capacités de prévention et de résolution de conflits, ainsi que dans le maintien de la paix et dans la recherche de solutions aux problèmes africains.  Elle a indiqué que son pays soutenait depuis longtemps l’Union africaine, politiquement et financièrement, tant de façon bilatérale que par le biais de l’Union européenne.  Elle a aussi donné l’exemple des contributions financières de l’Italie pour les besoins de l’AMISOM en matière de sécurité. L’Italie assure en outre le commandement de la mission de formation de l’Union européenne en Somalie. 

Sur le plan politique, l’Italie a toujours appuyé le rôle de l’Union africaine, a assuré la représentante.  Son pays a toujours encouragé l’interaction entre l’Union africaine et les organisations sous-régionales.  Elle a émis l’espoir que l’examen de la collaboration entre l’ONU et les organisations régionales aboutira à partager des idées innovantes.  S’agissant de la question des drones, elle a invité le groupe d’experts chargé de cette question à examiner plus avant les technologies modernes dans les opérations de paix, tout en gardant à l’esprit les préoccupations des États Membres.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a prôné l’adoption, par l’ONU et l’Union africaine, d’approches innovantes et souples basées sur le principe de complémentarité et d’avantages comparés.  Il a suggéré, à cette fin, de s’inspirer des résultats obtenus par la MINUAD et l’AMISOM en matière d’appui politique, de déploiement rapide de forces et de protection des civils.  Il est indispensable de se baser sur ces expériences pour améliorer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans les domaines stratégique et opérationnel.  Le représentant a émis l’espoir que l’examen complet du Groupe de haut niveau reflétera cette priorité.

M. KINTU NYAGO (Ouganda) a souligné la complémentarité naturelle entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a estimé que le Conseil de sécurité de l’ONU devrait intervenir sur le continent africain pour appuyer les efforts déployés par les organisations régionales et sous-régionales.  C’est particulièrement vrai dans le cadre du partenariat établi entre l’ONU et l’Union africaine au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), à laquelle contribue l’Ouganda.  Cette relation doit être revitalisée, « car la paix dans la Corne de l’Afrique en dépend », a souligné le représentant.  C’est la raison pour laquelle sa délégation a demandé que lors du réexamen du mandat de l’AMISOM, il faudrait envisager un renforcement de ses capacités militaires et opérationnelles.

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie) a souligné les liens organiques entre l’Union africaine et l’ONU et rappelé que l’Afrique occupait la plus grande part de l’attention de l’ONU.  « 50% des opérations de maintien de la paix, 80% des Casques bleus et 70% du budget du maintien de la paix sont consacrés à l’Afrique. »  Il a ensuite indiqué que le partenariat étroit entre les deux organisations, basé sur les avantages comparatifs de chacune d’entre elles, permettait de renforcer leur capacité d’adaptation aux nouvelles menaces.  Le délégué de la Tunisie a cité la transformation de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) en Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) comme étant un exemple qui illustre l’approche flexible qui prévaut désormais entre l’Union africaine et l’ONU.

M. Sliman a ensuite soutenu l’idée de poursuivre la réflexion sur les enseignements tirés du passage des opérations de l’Union africaine aux opérations de la paix de l’ONU afin d’éviter les délais parfois trop longs pour le déploiement d’une nouvelle opération.  « Il importe d’explorer la possibilité de mettre en place un système de forces et moyens en attente en vue d’intervenir rapidement en cas de crise, en se basant sur un système de données d’alerte rapide. »  En conclusion, le délégué de la Tunisie a rappelé qu’un financement flexible, durable et planifié demeurait une condition cruciale à la réussite des opérations de maintien de la paix.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée de réaffirmer que le règlement à l’amiable des différends est un élément crucial du système d’administration de la justice à l’ONU

Soixante-neuvième session
22e séance – après-midi
AG/AB/4139

La Cinquième Commission recommande à l’Assemblée de réaffirmer que le règlement à l’amiable des différends est un élément crucial du système d’administration de la justice à l’ONU

La Cinquième Commission a recommandé aujourd’hui à l’Assemblée générale de réaffirmer que le règlement à l’amiable des différends est un élément crucial du système d’administration de la justice*.  La Commission a aussi examiné le budget de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et les incidences financières révisées du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.

À l’ONU, le système d’administration de la justice comprend un Tribunal du contentieux administratif et un Tribunal d’appel, pour la procédure formelle, et le Bureau de l’ombudsman et de la médiation, pour la procédure informelle.  En adoptant sans vote le projet de résolution, la Cinquième Commission a recommandé à l’Assemblée générale de réaffirmer que le règlement à l’amiable des différends est un élément crucial du système d’administration de la justice et que la procédure non formelle doit être suivie dans toute la mesure possible pour faire l’économie de contentieux inutiles.  L’Assemblée devrait aussi répéter qu’une bonne gestion de la performance peut grandement contribuer à éviter les conflits du travail et prier le Secrétaire général de renforcer les capacités des supérieurs hiérarchiques dans le domaine de la gestion du comportement professionnel. 

La Cinquième Commission appelle l’Assemblée à lancer l’évaluation indépendante intermédiaire du système d’administration de la justice; une attention particulière devant être accordée à la procédure formelle et à ses liens avec la procédure non formelle.  La Commission, qui recommande aussi des amendements aux statuts des Tribunaux du contentieux et d’appel, invite l’Assemblée à souligner qu’il convient de trouver de nouveaux moyens de faire comprendre aux fonctionnaires de l’ONU l’importance que revêtent leurs cotisations au financement du Bureau de l’aide juridique.  Par le même projet de résolution, l’Assemblée devrait proroger d’un an le mandat des trois juges ad litem de la procédure formelle, soit du 1er janvier au 31 décembre 2015. 

Avant d’adopter ce texte, la Cinquième Commission a examiné le budget de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015, à propos duquel le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB)** a recommandé l’ouverture d’un crédit de 1,1 milliard de dollars.  Le responsable du Bureau de la planification des programmes, du budget et de la comptabilité, M. Chandramouli Ramanathan, a indiqué que le budget couvre l’augmentation des effectifs militaires qui passeraient de 7 000 à 12 500 et de la force de police qui passerait, quant à elle, de 900 à 1 323 membres.  Le budget reflète aussi la réduction de 248 postes internationaux et 91 postes nationaux.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Togo a dénoncé le fait que le Conseil de sécurité ait empiété sur le mandat de l’Assemblée générale en demandant au Secrétaire général de réduire la composante civile de la MINUSS alors que la composante militaire, a-t-il relevé, est augmentée de 70%.  On ne saurait trop souligner, s’est-il agacé, la nécessité pour chaque organe de se garder d’aller au-delà de ses prérogatives.  S’inquiétant de l’interruption des programmes de renforcement des capacités, le représentant a annoncé son intention de demander des détails sur un certain nombre de questions dont la réduction de 50% des projets à impact rapide, les infrastructures, la réorganisation de la Mission et l’impact sur son mandat de la réduction des capacités civiles.

S’agissant des incidences financières révisées du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, le CCQAB dit appuyer la proposition du Secrétaire général d’ouvrir un crédit additionnel d’un montant de 101 800 dollars pour financer la rédaction de deux rapports demandés par l’Assemblée générale***.  En effet, cette dernière a prié le Secrétaire général de commencer à élaborer un plan d’action à l’échelle de l’ensemble du système en vue de garantir la cohérence de l’action menée pour réaliser les objectifs définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et de lui en rendre compte en 2015.  Pour présenter les rapports, le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences devra ajouter à sa charge de travail deux documents de 8 500 mots chacun, à produire dans les six langues, dont le coût est de 101 800 dollars.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de la Bolivie a dit attacher une grande importance au plan d’action à l’échelle du système et aux futures « propositions précises propres » à permettre la participation des représentants et institutions des peuples autochtones, demandées également par l’Assemblée générale.

La Cinquième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 17 décembre, à partir de 10 heures.

*A/C.5/69/L.7

**A/69/550 et A/69/650

***A/69/521 et A/69/657

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: « le conflit détruit le présent et l’avenir du pays », déclare la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Mme Valerie Amos

7342e séance – après-midi
CS/11704

Syrie: « le conflit détruit le présent et l’avenir du pays », déclare la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Mme Valerie Amos

La Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, a dressé, cet après-midi, un bilan dramatique de tous les aspects de la situation en Syrie.  Aux membres du Conseil de sécurité, elle a déclaré avec franchise que la résolution humanitaire 2139 (2014) était restée lettre morte depuis son adoption, en février dernier.

Pour Mme Amos, le conflit en Syrie « détruit le présent et l’avenir du pays ».

« La crise en Syrie est sans précédent et nous sommes à présent à court de mots pour décrire la brutalité, la violence et le mépris avec lesquels la vie humaine y est traitée », a-t-elle d’abord déploré.  Constatant qu’aucune demande du Conseil en matière de protection des civils n’avait été satisfaite par l’ensemble des parties, Mme Amos a accusé ces dernières d’ignorer totalement les principes les plus élémentaires de l’humanité.  Elle a ensuite énuméré les violences perpétrées contre les civils dans de nombreuses villes et régions de Syrie, en soulignant leur intensification accrue et leurs conséquences.

En février 2014, a-t-elle ainsi dit, le bilan était de 100 000 morts.  Aujourd’hui, l’ONU parle de près de 200 000 morts et d’un million de blessés, et ces chiffres augmentent chaque jour, a regretté Mme Amos.  Elle a ajouté que quelque 12,2 millions de Syriens dépendaient, aujourd’hui, de l’aide humanitaire pour vivre et que la moitié de la population syrienne a fui la guerre civile, plus de 3 millions de personnes déplacées ayant trouvé refuge dans les pays voisins.  « Les Syriens représentent un cinquième du nombre de personnes déplacées dans le monde », a-t-elle résumé.

Revenant à la lettre de la résolution 2139 (2014), la Secrétaire générale adjointe a insisté sur le fait qu’aucun de ses appels n’avait été entendu, qu’il s’agisse de la cessation de l’usage indiscriminé des armes ou de l’arrêt immédiat de tous les types de violences contre les enfants.  Le Gouvernement syrien, a-t-elle dit, continue de bombarder à l’aide de barils d’explosifs des zones densément peuplées, tandis que les organisations terroristes désignées comme telles attaquent les civils au mortier et à la voiture piégée. 

« Aujourd’hui, la Syrie est l’endroit le plus dangereux de la planète pour un enfant », a lancé Mme Amos.  Actuellement, 5,6 millions d’enfants sont dans le besoin, a-t-elle fait remarquer.  En Syrie « les enfants sont assassinés, torturés et victimes de violences sexuelles de la part de toutes les parties au conflit ».

En outre, a-t-elle dit, des millions de petits Syriens ont été traumatisés par les horreurs dont ils ont été témoins, et des rapports indiquent que 350 enfants, certains âgés d’à peine 5 ans, ont été formés au combat dans un camp militaire de Raqqa.

« J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises: ce conflit ne fait pas que détruire la Syrie d’aujourd’hui; il détruit aussi son avenir », a déclaré Mme Amos.  Sur les violences sexuelles –jeunes filles réduites à l’esclavage ou forcées de se marier-, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’elles étaient en hausse depuis cet été.  Des femmes capturées par l’État islamique d’Iraq et du Levant ont été vendues sur des marchés à Raqqa, a-t-elle confirmé. 

Se référant de nouveau aux obligations de la résolution 2139 (2014), la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’en dépit des appels à la fin immédiate des détentions arbitraires et du recours à la torture dans les prisons, des dizaines de milliers de civils étaient toujours incarcérés et soumis aux traitements « les plus cruels, inhumains et dégradants ».  « Selon la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, des informations attestent que des prisonniers continuent de mourir sous la torture ou de faim. »

Le respect du principe de neutralité médicale, a-t-elle regretté, est un autre appel du Conseil de sécurité ignoré par les belligérants.  Les dommages délibérés et indiscriminés causés aux hôpitaux mais aussi aux écoles sont devenus fréquents, a noté Mme Amos, en précisant qu’entre l’adoption de la résolution 2139 (2014) et la fin novembre, 70 établissements de santé avaient été attaqués, 60 d’entre eux par les forces gouvernementales.  « Au cours de la même période, 150 docteurs ont été tués, dont 97 dans l’exercice de leurs fonctions, et le Gouvernement syrien continue de confisquer équipements et médicaments aux convois de l’ONU », a-t-elle précisé.  « La plupart des hôpitaux du pays sont contrôlés par des militaires parties au conflit. »  Concernant les attaques contre des écoles, Mme Amos a assuré qu’au cours des neuf derniers mois 105 écoliers avaient été tués. 

La Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence n’a pas omis d’attirer l’attention sur l’existence, « depuis des années », de villes assiégées, ce qui constitue une autre violation de la résolution 2139.  Selon les Nations Unies, a-t-elle dit, 212 000 personnes sont piégées soit par le Gouvernement syrien, soit par les forces d’opposition.   « Personne n’est autorisé à sortir, aucune aide ne peut rentrer » à Yarmouk, la vieille ville d’Homs et Moadamiyah.  Mme Amos a fait savoir que depuis l’adoption de la résolution 2139 (2014), l’ONU et ses partenaires avaient été autorisés à fournir une aide alimentaire et médicale à 5% des personnes assiégées. 

« Même les guerres ont des règles.  Le refus d’assistance médicale et le recours à la faim comme arme de guerre sont interdits par le droit international », a enfin souligné la Secrétaire générale adjointe. 

Avant de conclure, Mme Amos a exhorté la communauté internationale à faire respecter, par l’ensemble des parties au conflit, la totalité des demandes figurant dans la résolution 2139 (2014).  « Plus important encore, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent mettre fin politiquement à ce conflit.  Une fois pour toutes », a-t-elle martelé.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libéria: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUL jusqu’au 30 septembre 2015

7340e séance - après-midi
CS/11702

Libéria: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUL jusqu’au 30 septembre 2015

Le Conseil de sécurité a décidé, cet après-midi, de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) jusqu’au 30 septembre 2015.

Dans la résolution 2190 (2014), présentée  par les États-Unis et adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil charge de nouveau la Mission de protéger la population civile contre la menace de violences physiques « sans préjudice de la responsabilité première des autorités libériennes en la matière », et de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, y compris en collaboration avec le Gouvernement libérien et ceux qui le soutiennent, en aidant à créer les conditions de sécurité nécessaires.  La MINUL doit également apporter un soutien logistique à l’organisation des élections sénatoriales, promouvoir les droits de l’homme et protéger le personnel des Nations Unies.

Le Conseil décide, dans ce cadre, de maintenir les effectifs autorisés de la MINUL à 4 811 personnes pour la composante militaire et 1 795 personnes pour la police.  Toutefois, il réaffirme son intention de reprendre la réduction progressive des effectifs lorsqu’il aura été déterminé que le Libéria a fait d’importants progrès dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, « laquelle représente une menace pour la paix et la stabilité du pays ».

Reconnaissant que l’épidémie d’Ebola a mis en suspens les activités conjointes des Gouvernements libérien et ivoirien et celles de la MINUL et de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), il demande aux deux Gouvernements de continuer à renforcer leurs liens de coopération, en particulier en ce qui concerne la région frontalière.  La MINUL doit également assurer, « selon que de besoin », la coordination avec la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE).

En outre, par la résolution 2190 (2014), le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de lui fournir, au plus tard pour le 15 mars 2015, une mise à jour sur la situation au Libéria évaluant les incidences de l’épidémie d’Ebola sur la stabilité du pays et indiquant les options qui s’offrent pour reprendre le retrait en conformité avec l’objectif d’achever la transition sécuritaire.  Sur ce dernier point, le Conseil affirme qu’il compte que le Gouvernement libérien assumera pleinement l’ensemble des compétences en matière de sécurité exercées par la MINUL le 30 juin 2016 « au plus tard ».  Il a, dans cette optique, l’intention d’examiner les reconfigurations continues et futures de la MINUL.

Pour rappel, la Mission avait été créée par la résolution 1509 (2003) du Conseil, par laquelle les Nations Unies entendent faire respecter la sécurité dans le pays.

Texte du projet de résolution (S/2014/891)

      Le Conseil de sécurité,

      Rappelant ses précédentes résolutions, en particulier ses résolutions 1509 (2003), 2066 (2012), 2116 (2013), 2176 (2014), 2177 (2014) et 2188 (2014), les déclarations de son président concernant la situation au Libéria et dans la sous-région et sa résolution 2162 (2014) sur la situation en Côte d’Ivoire,

      Réaffirmant son ferme attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité du Libéria et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

      Affirmant que le Gouvernement libérien a la responsabilité principale de maintenir la paix et la stabilité et de protéger la population civile du Libéria et de réformer le secteur de la sécurité, en particulier la Police nationale libérienne (PNL), soulignant qu’il n’y aura de stabilité durable au Libéria que si le Gouvernement libérien veille au maintien d’institutions publiques efficaces et responsables, notamment dans les secteurs de la sécurité et de la justice, de manière à gagner la confiance de tous les Libériens et exhortant le Gouvernement libérien à faire la preuve concrètement des progrès accomplis en ce qui concerne la réforme, la restructuration et le fonctionnement effectif des secteurs de la sécurité et de la justice afin de pourvoir à la protection de tous les Libériens,

      Se félicitant des progrès d’ensemble accomplis sur la voie du rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Libéria, saluant la volonté inentamée du peuple et du Gouvernement libériens de bâtir la paix et des mécanismes et institutions démocratiques et d’opérer d’importantes réformes et engageant toutes les forces vives libériennes à intensifier leurs efforts afin de parvenir à une plus grande cohésion sociale,

      Se déclarant à nouveau gravement préoccupé par l’ampleur sans précédent de l’épidémie due au virus Ebola en Afrique, et par ses conséquences pour l’Afrique de l’Ouest, notamment le Libéria,

      Reconnaissant qu’il incombe au Gouvernement libérien de continuer de piloter l’action menée sur le terrain contre l’épidémie due au virus Ebola ainsi que de remédier aux diverses conséquences de cette épidémie pour les populations et de planifier la reprise à long terme, notamment avec l’aide de la Commission de consolidation de la paix, prenant note du Plan de redressement et de stabilisation économiques du Libéria et félicitant les États Membres qui, en concertation avec d’autres acteurs sur le terrain, continuent de fournir un appui crucial aux efforts déployés par le Gouvernement libérien pour prévenir et isoler les cas suspects de maladie à virus Ebola, les traiter et en atténuer les effets,

      Constatant que l’épidémie d’Ebola a freiné l’action menée par le Gouvernement libérien pour promouvoir certaines priorités en matière de gouvernance et de réformes nationales,

      Saluant la contribution que continue d’apporter et l’engagement et la résolution que continue de manifester le personnel des Nations Unies, en particulier les soldats et les policiers fournis par les États à la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), pour aider à la consolidation de la paix et de la stabilité au Libéria, et les efforts qu’a déployés le Représentant spécial du Secrétaire général, en particulier durant la flambée d’Ebola, et exprimant ses remerciements à la communauté internationale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’Union africaine et l’Union du fleuve Mano, pour l’appui qu’elle continue d’apporter à la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Libéria,

      Se félicitant des efforts faits par la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) pour assurer la direction et l’orientation générales des activités opérationnelles du système des Nations Unies et soulignant qu’il faut que les entités compétentes de celui-ci, notamment les opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, apportent immédiatement une assistance aux gouvernements des pays les plus touchés, dont le Libéria, en collaboration étroite avec la MINUAUCE et dans les limites de leurs compétences et possibilités,

      Notant avec préoccupation le risque de conflit au sujet des ressources naturelles du Libéria et les différends relatifs à la propriété foncière et notant également que des problèmes de corruption continuent de menacer la stabilité et l’efficacité des institutions publiques,

      Notant que le Gouvernement libérien a prorogé le mandat du Comité de révision de la Constitution, attendant avec intérêt de voir un processus de révision de la Constitution global et ouvert à tous ainsi que l’élaboration du Plan national d’action pour les droits de l’homme et de la Feuille de route de promotion de la réconciliation nationale et demandant instamment que des efforts soient faits pour renforcer la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, qui pourrait jouer un rôle clef d’institution des droits de l’homme accessible au public et de mécanisme chargé de surveiller l’application des recommandations de la Commission Vérité et réconciliation et d’en assurer le suivi,

      Se félicitant de la contribution apportée par la Commission de consolidation de la paix à la réforme du secteur de la justice, à l’état de droit et à la réconciliation nationale au Libéria et soulignant la nécessité de conjuguer de manière cohérente maintien de la paix, consolidation de la paix et développement, afin d’assurer une intervention efficace au sortir d’un conflit,

      Saluant la coopération entre le Gouvernement libérien et la MINUL et les efforts importants qu’ils font pour planifier, gérer et mettre en œuvre le retrait progressif des effectifs militaires de la MINUL et se déclarant préoccupé par le fait que le Gouvernement n’a pas prévu de ressources prévisibles et durables pour financer les coûts persistants associés au déploiement des personnels et équipements de sécurité, notamment pour assurer le fonctionnement et l’entretien des sites évacués par la MINUL,

      Prenant note de l’ajournement des élections sénatoriales qui étaient prévues en octobre 2014,

      Exprimant sa gratitude au Gouvernement comme au peuple libériens pour l’aide qu’ils continuent d’apporter aux réfugiés ivoiriens dans l’est du Libéria en attendant le rapatriement volontaire de ceux-ci en Côte d’Ivoire,

      Saluant les efforts que le Gouvernement continue de faire pour renforcer la coopération en matière de sécurité dans la sous-région, notamment avec les Gouvernements guinéen, sierra-léonais et ivoirien, et constatant que l’instabilité qui règne dans l’ouest de la Côte d’Ivoire continue de poser des problèmes de sécurité transfrontaliers pour le Libéria et la Côte d’Ivoire,

      Conscient de l’ampleur des défis qui restent à relever dans tous les secteurs, y compris la persistance des crimes violents, notamment l’incidence élevée des cas de violence sexuelle et sexiste, en particulier sur la personne d’enfants, rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010) et 2106 (2013) relatives à la question des femmes, de la paix et de la sécurité, se félicitant de ce que le Gouvernement libérien redouble d’efforts pour promouvoir et protéger les droits de l’homme, en particulier des femmes et des enfants, et soulignant que les obstacles qui continuent d’entraver l’application intégrale de la résolution 1325 (2000) ne pourront être éliminés que moyennant un engagement résolu en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes, ainsi que de l’exercice des droits de l’homme par les femmes, dans le cadre d’initiatives concertées et grâce à des informations, des mesures et un appui cohérents visant à accroître la participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux,

      Prenant note du rapport daté du 15 août 2014 du Secrétaire général (S/2014/598) et des recommandations qui y figurent sur les modifications apportées au mandat de la MINUL et la reconfiguration de celle-ci, de sa lettre datée du 28 août 2014 (S/2014/644) et de son compte rendu au Conseil du 12 novembre 2014,

      Constatant que la situation qui règne au Libéria continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

      Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Gouvernance, état de droit, réforme du secteur de la sécurité et réconciliation nationale

      1.    Souligne qu’il incombe en premier et dernier ressorts au Gouvernement libérien de pourvoir à la sécurité et à la protection de sa population et lui demande instamment de hiérarchiser ses priorités pour développer ses organismes de sécurité en toute célérité et efficacité, en particulier la PNL, qui est le premier service de maintien de l’ordre chargé d’assurer la police civile, notamment en fournissant des ressources financières et tout autre appui en temps utile;

      2.    Encourage le Gouvernement libérien à donner la priorité aux efforts qu’il fait pour promouvoir la réconciliation nationale et le redressement économique, lutter contre la corruption et favoriser l’efficacité et la bonne gouvernance, en particulier en continuant à faire en sorte que les pouvoirs publics agissent de façon plus transparente et responsable, notamment en gérant efficacement les ressources naturelles du Libéria, souligne qu’il importe d’appliquer une stratégie de réconciliation nationale et de cohésion sociale au moyen de mesures concrètes propres à promouvoir un apaisement national, la justice et la réconciliation à tous les niveaux et avec la participation de toutes les forces libériennes et demande au Gouvernement libérien de continuer à appuyer la participation des femmes à la prévention des conflits, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, notamment en tant que décideuses dans les organes de gouvernance créés au sortir du conflit, ainsi qu’aux diverses entreprises de réforme;

      3.    Souligne qu’il faut que les autorités libériennes poursuivent les réformes constitutionnelles et institutionnelles, notamment des secteurs de l’état de droit et de la sécurité, et les processus de réconciliation nationale, compte tenu en particulier des conséquences politiques, sécuritaires, socioéconomiques et humanitaires de l’épidémie d’Ebola pour les communautés et de la nécessité de planifier le relèvement à long terme du Libéria et, à cet égard, prie le Représentant spécial du Secrétaire général de concourir à ces efforts en offrant ses bons offices et un appui politique, notamment en vue des élections sénatoriales, et insiste sur le fait que la responsabilité de la préparation, de la sécurité et de la conduite d’élections libres, équitables, transparentes et sûres, y compris des mesures visant à atténuer le risque que la tenue d’élections favorise la propagation d’Ebola, incombe aux autorités libériennes;

      4.    Exhorte le Gouvernement libérien à intensifier ses efforts en faveur de la rétrocession aux autorités nationales, par la MINUL, des compétences en matière de sécurité, notamment pour ce qui est d’arrêter des priorités et de combler les lacunes les plus graves pour faciliter le succès de cette rétrocession, en améliorant les moyens de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation ainsi que du secteur de la justice, y compris les tribunaux et les établissements pénitentiaires, en assurant la promotion des droits de l’homme et de la réconciliation ainsi que la supervision efficace, le professionnalisme, la transparence et la responsabilité de toutes les institutions chargées de la sécurité et en renforçant les institutions démocratiques par l’extension de l’autorité de l’État et des services publics à l’ensemble du pays au bénéfice de tous les Libériens;

      5.    Affirme qu’il compte que le Gouvernement libérien assumera pleinement l’ensemble des compétences en matière de sécurité exercées par la MINUL le 30 juin 2016 au plus tard et affirme également qu’il a l’intention, conformément aux paragraphes 16 et 17 ci-après, d’examiner en conséquence les reconfigurations continues et futures de la MINUL;

      6.    Souligne qu’il importe que le Gouvernement libérien formule un plan complet, assorti de calendriers et de critères, de renforcement du secteur de la sécurité coordonné avec la reconfiguration de la MINUL et contenant des dispositions sur la direction, la coordination, la supervision et les ressources, les mécanismes de contrôle, l’adoption rapide du projet de loi sur la police et de nouvelles réformes des politiques en matière de promotion et d’effectifs, en vue de décentraliser les institutions nationales chargées de la sécurité, en particulier la Police nationale libérienne;

      7.    Souligne également qu’il importe que le Gouvernement libérien continue, en coordination avec la MINUL, l’équipe de pays des Nations Unies et les partenaires internationaux, de se doter d’institutions pleinement opérationnelles et indépendantes dans le domaine de la sécurité et de l’état de droit et, à cette fin, encourage la mise en œuvre accélérée et coordonnée des plans de développement des secteurs de la sécurité et de la justice et du Plan d’action national pour les droits de l’homme, exhorte le Gouvernement libérien à gérer de façon efficace, transparente et rationnelle l’aide qu’il reçoit, notamment de partenaires bilatéraux et multilatéraux, à l’appui de la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité et exhorte en outre le Gouvernement à redoubler d’efforts pour enregistrer et localiser les armes et matériels connexes utilisés et importés par les forces de sécurité;

Violence sexuelle et sexiste

      8.    Demeure préoccupé par le fait qu’au Libéria les femmes et les filles continuent d’être victimes de nombreux actes de violence sexuelle et sexiste, et demande à nouveau au Gouvernement libérien de continuer de combattre la violence sexuelle, en particulier dirigée contre les enfants, et la violence sexiste et de combattre avec vigueur l’impunité des auteurs de tels crimes et de fournir aux victimes réparation, appui et protection, notamment par des campagnes d’information de la population et en continuant à renforcer la capacité de la Police nationale dans ce domaine et à faire mieux connaître la législation nationale sur la violence sexuelle et encourage le Gouvernement du Libéria à renforcer son engagement à cet égard, y compris en finançant la mise en œuvre de son plan national d’action contre la violence sexuelle et sexiste et en améliorant l’accès des femmes et des filles à la justice;

Mandat de la MINUL

      9.    Décide de proroger le mandat de la MINUL jusqu’au 30 septembre 2015:

      10.   Décide que le mandat de la MINUL sera, par ordre de priorité, le suivant:

      a)    Protection des civils

i)    Protéger la population civile contre la menace de violences physiques, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, sans préjudice de la responsabilité première des autorités libériennes en la matière;

      b)    Aide humanitaire

i)    Faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, y compris en collaboration avec le Gouvernement libérien et ceux qui le soutiennent, en aidant à créer les conditions de sécurité nécessaires;

ii)   Assurer, selon que de besoin, la coordination avec la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE);

      c)    Réforme de l’appareil judiciaire et des institutions chargées de la sécurité

i)    Aider le Gouvernement libérien à élaborer et mettre en œuvre, dès que possible et en étroite coordination avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux, sa stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité;

ii)   Conseiller le Gouvernement libérien sur sa stratégie de réforme du secteur de la sécurité et l’organisation de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation en vue de l’élaboration, pour ces deux entités ainsi que pour l’appareil judiciaire et pénitentiaire, de programmes d’assistance technique, de partage de locaux et d’encadrement mettant particulièrement l’accent sur l’établissement de leurs systèmes de direction et de gestion interne;

iii)  Aider le Gouvernement libérien à étendre les services nationaux de justice et de sécurité à l’ensemble du pays par un renforcement des capacités et la formation;

iv)   Aider le Gouvernement libérien à coordonner ces efforts avec tous les partenaires, y compris les donateurs bilatéraux et multilatéraux;

      d)    Soutien électoral

i)    Aider le Gouvernement libérien à organiser les élections sénatoriales en lui fournissant un appui logistique, notamment pour faciliter l’accès aux zones reculées, en coordonnant l’assistance électorale internationale et en soutenant les efforts déployés par les institutions et toutes les parties prenantes libériennes, dont les partis politiques, pour créer un climat propice à la tenue d’élections paisibles, y compris sur les ondes de la radio de la MINUL;

      e)    Promotion et protection des droits de l’homme

i)    Mener des activités de sensibilisation, de protection et de surveillance des droits de l’homme au Libéria en attachant une attention particulière aux violations et abus commis à l’encontre des enfants et des femmes, notamment la violence sexuelle et sexiste;

ii)   Contribuer au renforcement des efforts du Gouvernement libyen pour lutter contre la violence sexuelle et sexiste, y compris ses efforts visant à mettre fin à l’impunité des auteurs de cette violence;

      f)    Protection du personnel des Nations Unies

i)    Protéger le personnel, les installations et le matériel des Nations Unies et assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel Nations Unies et des personnels associés;

      11.   Décide que la MINUL, conformément aux paragraphes 4, 5 et 9 c) ci-dessus, redoublera d’attention pour aider le Gouvernement libérien à réussir le transfert à la Police nationale libérienne de toutes les compétences liées à la sécurité grâce au renforcement de la capacité de cette dernière à gérer le personnel existant et à améliorer ses programmes de formation pour accélérer sa préparation en vue d’assumer la responsabilité de la sécurité sur l’ensemble du territoire libérien;

      12.   Prie la MINUL de veiller à ce que tout appui fourni à des forces de sécurité non onusiennes soit strictement conforme à la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme dans le contexte de la fourniture d’appui par l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes;

      13.   Prie le Secrétaire général de doter la MINUL de conseillers spécialisés qualifiés dont les compétences et l’expérience professionnelles conviennent pour cette phase de transition afin de renforcer l’encadrement, le but étant d’accroître les capacités du Gouvernement, en particulier de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation, et d’accélérer la mise en œuvre de programmes durables dans les domaines de l’état de droit, de la justice, de la gouvernance et de la réforme du secteur de la sécurité, y compris des mécanismes permettant de juger les auteurs de violences sexuelles et sexistes;

      14.   Réitère qu’il importe que la MINUL, dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement, et sans préjudice de son mandat, continue d’apporter une aide au Gouvernement libérien, au Comité établi en application du paragraphe 21 de la résolution 1521 (2003) et au Groupe d’experts et de s’acquitter des tâches à elle assignées dans de précédentes résolutions, dont la résolution 1683 (2006);

Structure de la Force

      15.   Décide de maintenir les effectifs autorisés de la MINUL à 4 811 personnes pour la composante militaire et 1 795 personnes pour la police;

      16.   Rappelle que, dans sa résolution 2066 (2012), il a approuvé la recommandation du Secrétaire général visant à réduire les effectifs militaires de la MINUL en trois phases qui s’étaleraient d’août 2012 à juillet 2015 et réaffirme son intention de reprendre la réduction progressive des effectifs lorsqu’il aura été déterminé que le Libéria a fait d’importants progrès dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, laquelle représente une menace pour la paix et la stabilité du pays;

      17.   Prie le Secrétaire général de lui fournir au plus tard pour le 15 mars 2015 une mise à jour sur la situation au Libéria, évaluant en particulier les incidences de l’épidémie d’Ebola sur la stabilité du pays et indiquant les options qui s’offrent pour reprendre le retrait en conformité avec l’objectif d’achever la transition sécuritaire visée au paragraphe 5 ci-dessus et reconnaît qu’il puisse se révéler nécessaire de modifier en conséquence les modalités de la reprise du retrait progressif visé au paragraphe 16 ci-dessus;

Coopération régionale et coopération entre missions

      18.   Reconnaît que l’épidémie d’Ebola a mis en suspens les activités conjointes des Gouvernements libérien et ivoirien et celles de la MINUL et de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), demande aux deux gouvernements de continuer à renforcer leurs liens de coopération, en particulier en ce qui concerne la région frontalière, notamment en intensifiant les contrôles et les échanges d’informations et en coordonnant leurs actions et en exécutant leur stratégie commune concernant la frontière, notamment pour concourir au désarmement et au rapatriement des éléments armés étrangers de part et d’autre de la zone frontière ainsi qu’au retour volontaire des réfugiés en toute sécurité et dignité et demande à cet égard à toutes les entités présentes en Côte d’Ivoire et au Libéria, y compris à toutes les composantes concernées de l’ONUCI et de la MINUL, dans les limites de leur mandat, de leurs capacités et de leurs zones de déploiement, ainsi qu’aux deux équipes de pays des Nations Unies, lorsque cela est pertinent et approprié, d’apporter leur appui aux autorités ivoiriennes et libériennes;

      19.   Affirme l’importance des mécanismes de coopération entre missions au moment où la MINUL et l’ONUCI réduisent leurs effectifs, réaffirme les dispositions du cadre de coopération entre missions énoncées dans sa résolution 1609 (2005), rappelle qu’il a fait sienne, dans sa résolution 2062 (2012), la recommandation du Secrétaire général consistant à transférer de la MINUL à l’ONUCI trois hélicoptères armés, qui seront utilisés en Côte d’Ivoire et au Libéria le long de leur frontière commune et rappelle aussi sa décision, contenue dans sa résolution 2162 (2014), que tous les hélicoptères militaires polyvalents de l’ONUCI et de la MINUL seront utilisés dans les deux pays en vue de faciliter les interventions rapides et la mobilité sans que cela porte atteinte aux domaines de compétence de l’une ou l’autre mission;

      20.   Rappelle la proposition formulée par le Secrétaire général dans son rapport en date du 15 mai 2014 (S/2014/342) de créer, pour une période initiale d’un an, dans le cadre des mécanismes de coopération entre missions passés entre la MINUL et l’ONUCI et dans les limites des effectifs militaires autorisés de l’ONUCI, une force d’intervention rapide pour exécuter le mandat de l’ONUCI et pour apporter un appui à la MINUL, tout en déclarant que cette force continuera de relever principalement de l’ONUCI;

      21.   Rappelle que, dans sa résolution 2162 (2014), il a autorisé le Secrétaire général à déployer cette force au Libéria pour renforcer temporairement la MINUL, sous réserve de l’assentiment des pays fournisseurs de contingents concernés et du Gouvernement libérien, en cas de grave détérioration de la situation sécuritaire sur le terrain, dans l’unique objectif de permettre à la MINUL d’accomplir son mandat et rappelle en outre qu’il a prié le Secrétaire général de prendre des mesures pour faire en sorte que cette force devienne pleinement opérationnelle dès que possible et au plus tard en mai 2015 et de l’informer immédiatement du déploiement éventuel de cette force au Libéria et d’obtenir son autorisation pour tout déploiement pour une période allant au-delà de 90 jours;

Rapports du Secrétaire général

      22.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la situation au Libéria et de l’exécution du mandat de la MINUL et de lui présenter un rapport à mi-parcours au plus tard le 30 avril 2015 et un rapport final au plus tard le 15 août 2015 concernant la situation sur le terrain et l’application de la présente résolution;

      23.   Décide de demeurer saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: face à un avenir « plus incertain que jamais » au Moyen-Orient, Robert Serry presse Israéliens et Palestiniens de reprendre les négociations

7339e séance – matin
CS/11701

Conseil de sécurité: face à un avenir « plus incertain que jamais » au Moyen-Orient, Robert Serry presse Israéliens et Palestiniens de reprendre les négociations

C’est une année « dramatique » qui s’achève au Moyen-Orient, avec l’impasse persistance à laquelle se heurtent les négociations entre Israéliens et Palestiniens, une guerre dévastatrice de 51 jours dans la bande de Gaza et un regain de violences et de tensions en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, a constaté, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix dans la région.

« J’ai le sentiment que 2014 a changé le cours du conflit israélo-palestinien et que son avenir est plus incertain que jamais », a déclaré  M. Robert Serry à l’occasion de l’exposé mensuel sur la situation au Moyen-Orient.

 Alors que les Israéliens devraient se rendre aux urnes le 17 mars 2015, après la récente dissolution de la coalition au pouvoir, le « vide diplomatique » est dangereux et ne peut servir d’excuse pour la détérioration de la situation, a prévenu M. Serry.  « Il est temps de s’abstenir de toute provocation et de poser les bases d’un retour aux négociations susceptibles de résoudre le conflit avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il tranché.

Pour y parvenir, le soutien de la communauté internationale sera indispensable, a assuré le Coordonnateur.  « Poursuivant une tendance notable en Europe, les Parlements de France, d’Espagne et du Portugal viennent d’adopter des résolutions non contraignantes appelant leurs gouvernements respectifs à reconnaître un État palestinien. Pour le Coordonnateur, il s’agit d’un développement révélateur de l’« impatience grandissante » face au manque continu de progrès dans la réalisation d’une solution à deux États et de la pression exercée par les opinions publiques sur leurs dirigeants.

Le Coordonnateur a pris note de la décision récente de la Ligue des États arabes de présenter au Conseil de sécurité un projet de résolution fixant un calendrier précis pour la création d’un État palestinien.  Parallèlement, a-t-il rappelé, les membres du Conseil négocient un autre texte soulignant les paramètres d’un accord sur le statut final entre Israéliens et Palestiniens.

Saluant ces deux initiatives, M. Serry a toutefois tenu à préciser qu’elles « ne se substituent pas à un processus de paix négocié directement entre les deux parties ».  Le Secrétaire général, a-t-il ajouté, espère cependant que l’action du Conseil insufflera un élan constructif en ce sens.  « Cela marquera une étape majeure, presque 50 ans après l’adoption de la résolution 252 (1968) », a souligné le Coordonnateur.

M. Serry s’est ensuite déclaré « profondément préoccupé » par la récente escalade des tensions à Jérusalem et en Cisjordanie.  « Même si le conflit a toujours eu des soubassements confessionnels, il est de plus en plus inquiétant de constater qu’il est maintenant davantage inspiré par la religion », a-t-il déploré.

Le 18 novembre, a rappelé le Coordonnateur, 2 Palestiniens ont tué 5 Israéliens et blessé plusieurs autres dans une synagogue de Jérusalem-Est, avant d’être abattus par la police israélienne.  Le 29 novembre, une école mixte juive-arabe de Jérusalem a été incendiée et ses murs couverts de graffitis anti-Arabes.  « En tout, 633 Palestiniens, dont 73 enfants, avaient été blessés et 406 autres arrêtés par les Forces de sécurité israéliennes au cours du mois écoulé », a-t-il constaté.

Neuf soldats et 20 colons israéliens ont également été blessés lors d’échauffourées avec des Palestiniens, a poursuivi M. Serry.  Le 10 décembre dernier, le Ministre palestinien Ziad Abou Ein a trouvé la mort lors d’une manifestation qui a dégénéré en confrontation avec la police israélienne.  « Le Conseil a demandé aux parties d’ouvrir rapidement une enquête afin de faire la lumière sur les circonstances de son décès », a-t-il précisé.

Le Coordonnateur a toutefois salué les mesures constructives prises par les parties, lors de la réunion qui s’est déroulée à Amman, le mois dernier, en présence du Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, en vue de désamorcer les tensions aux abords des lieux saints.  M. Serry s’est félicité par exemple que les Palestiniens de Gaza soient de nouveau autorisés à aller prier, « pour la première fois depuis 2007 », à la mosquée Al-Aqsa.

La reprise des « démolitions punitives », après une interruption de presque 10 ans, demeure très préoccupante, a-t-il dit.  Le Coordonnateur a dénoncé en particulier la démolition, par les Forces de défense israéliennes, de la maison de la famille du Palestinien responsable de la mort, le 22 octobre, de deux Israéliens, en estimant que cette punition collective constituait une violation du droit international. 

S’agissant de la situation à Gaza, M. Serry s’est félicité de la poursuite des livraisons de matériaux de construction grâce, a-t-il dit, au mécanisme temporaire pour la reconstruction, qui a permis à 17 000 personnes de se procurer ces matériaux.  Au total, 25 000 personnes en bénéficieront d’ici à la fin du mois de décembre.  Parallèlement, le commerce entre Gaza et la Cisjordanie a été rétabli, mais de manière encore limitée, a-t-il noté.

« Avec près de 80 000 familles vivant dans des foyers endommagés à des degrés divers et 19 000 personnes déplacées, il faut agir de toute urgence alors qu’un hiver pluvieux s’est d’ores et déjà installé », a averti le Coordonnateur.  Pour lui, les trois priorités triennales à Gaza doivent être « une énergie durable, l’accès à l’eau potable et la reconstruction ».  Il sera possible d’y parvenir, a estimé M. Serry, à condition que les points de passage vers la bande de Gaza soient ouverts pour l’acheminement des articles requis, « dans le respect des conditions posées par Israël pour sa sécurité ».

Mais l’accélération de cette phase de reconstruction de Gaza est entravée par plusieurs facteurs, dont certains sont d’ordre politique, a expliqué le Coordonnateur, en mettant l’accent sur la fragilité du cessez-le-feu, le manque de gouvernance effective au sein du nouveau Gouvernement de consensus national en place à Gaza, la nécessité d’engager des réformes civiles et les retards dans le paiement de milliers de fonctionnaires.

Le manque de ressources est « peut-être un élément encore plus urgent », s’est-il inquiété, en demandant à la communauté des donateurs de tenir les promesses faites lors de la Conférence du Caire d’octobre dernier, « sous peine de voir une situation déjà accablante se détériorer davantage ».

Des incidents liés à la sécurité témoignent des conséquences de la pression exercée sur la société gazaouie, a relevé M. Serry.  Vendredi dernier, a-t-il rappelé, une explosion a eu lieu près du Centre culturel français, faisant deux blessés.  En attendant le « plein transfert des responsabilités en matière de sécurité » au Gouvernement de consensus national, le Hamas est responsable de la sûreté du personnel de l’ONU et des personnels associés, a-t-il rappelé.

Évoquant la situation en Syrie, le Coordonnateur a rappelé que l’Envoyé spécial du Secrétaire général poursuit ses consultations avec les parties en vue de « geler » les hostilités dans la ville d’Alep, première étape, selon lui, « vers un processus politique national sans préconditions sur la base du Communiqué de Genève ».  Sur le Golan Syrien, où la situation reste tendue, forces gouvernementales syriennes et groupes armés se livrent à des affrontements ponctuels dans les zones de séparation et de limitation des armements, en violation de l’Accord sur le désengagement de 1974, a fait observer M. Serry.

Concluant par un tour d’horizon de la situation au Liban, où des incidents meurtriers se produisent sporadiquement, le Coordonnateur a indiqué que le Secrétaire général aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, se trouve en ce moment même à Beyrouth à l’occasion du lancement du Plan libanais de réponse à la crise que pose la présence de nombreux réfugiés dans ce pays.

Sur le plan politique, s’est-il félicité, le Président de l’Assemblée nationale libanaise, M. Nabih Berri, a annoncé que les préparatifs du dialogue entre le Hezbollah et le Mouvement futur étaient en cours et qu’une première session devrait avoir lieu avant la fin de cette année.  M. Serry a enfin rappelé au Conseil que la question la plus urgente est de combler le « vide » de la présidence de la République, qui dure depuis maintenant sept mois.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: un an après le déclenchement du conflit, le Conseil de sécurité exige des parties qu’elles appliquent l’Accord de règlement de la crise

7341e séance – après-midi
CS/11703

Soudan du Sud: un an après le déclenchement du conflit, le Conseil de sécurité exige des parties qu’elles appliquent l’Accord de règlement de la crise

Un an après le déclenchement du conflit actuel au Soudan du Sud, le Conseil de sécurité a exigé, aujourd’hui, du Président de ce pays, M. Salva Kiir Mayardit, et de l’ex-Vice-Président, M. Riek Machar Teny, et de toutes les parties, de s’abstenir d’urgence de toute nouvelle violence et d’appliquer l’Accord de règlement de la crise signé le 9 mai 2014.

Dans une déclaration lue par son Président pour le mois de décembre et Représentant permanent du Tchad auprès des Nations Unies, M. Mahamat Zene Cherif, le Conseil de sécurité rappelle « l’intensification du différend politique » au sein du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) qui a débouché, le 15 décembre 2013, sur le conflit et a plongé depuis cette « jeune nation » dans une situation politique, sécuritaire et humanitaire « catastrophique ».

La déclaration condamne à nouveau fermement les graves violations des droits de l’homme « qui, en à peine 12 mois, ont provoqué la mort de dizaines de milliers de civils et le déplacement de près de deux millions de personnes, ainsi que les agressions contre les soldats de la paix des Nations Unies et le personnel humanitaire, dont certains ont parfois trouvé la mort ».

Le Conseil considère, à cet égard, que les événements tragiques que vit le Soudan du Sud sont « intégralement imputables à ses dirigeants », « au pouvoir et dans l’opposition », et attend du Président Kiir et de l’ex-Vice-Président Machar qu’ils acceptent de faire les compromis nécessaires pour parvenir à la paix.

Profondément préoccupé par « la persistance des risques de famine, de désintégration de l’État et de régionalisation du conflit », le Conseil de sécurité exige des deux hommes et de toutes les parties qu’elles s’abstiennent d’urgence de toute nouvelle violence, appliquent l’Accord de règlement de la crise et participent pleinement et sans exclusive aux pourparlers de paix.  Elles sont également priées de respecter l’engagement à mettre en place un gouvernement d’unité nationale de transition et d’autoriser et de faciliter pleinement l’accès du personnel humanitaire en toute sécurité à tous ceux qui en ont besoin.

Le texte réaffirme l’intention du Conseil de sécurité d’étudier, en consultation avec les partenaires concernés, notamment l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine, toutes les mesures appropriées, y compris des « sanctions ciblées », qui pourraient être prises à l’encontre de ceux qui entravent le processus de paix.

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle combien le peuple du Soudan du Sud était plein d’espoir et d’optimisme au moment de la création de la République du Soudan du Sud en juillet 2011, à la perspective de voir la guerre civile qui durait depuis des décennies prendre fin.  Un an après le déclenchement du conflit actuel, il est profondément déçu de constater que ces aspirations ne se sont pas concrétisées et que, par leurs actions, ses dirigeants ont suscité davantage encore de luttes et de divisions.

Le Conseil de sécurité rappelle, avec une profonde inquiétude, l’intensification du différend politique au sein du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) qui a débouché le 15 décembre 2013 sur le conflit actuel et les violences résultant de l’attitude des chefs politiques et militaires du pays, qui ont plongé depuis un an cette jeune nation dans une situation politique, sécuritaire et humanitaire catastrophique.

Le Conseil de sécurité condamne à nouveau fermement les graves violations des droits de l’homme qui, en à peine 12 mois, ont provoqué la mort de dizaines de milliers de civils et le déplacement de près de 2 millions de personnes, ainsi que les agressions contre les soldats de la paix des Nations Unies et le personnel humanitaire, dont certains ont parfois trouvé la mort.  Il considère à cet égard que les événements tragiques que vit le Soudan du Sud sont intégralement imputables à ses dirigeants, au pouvoir et dans l’opposition, et attend du Président Salva Kiir Mayardit et de l’ex-Vice-Président Riek Machar Teny qu’ils acceptent de faire les compromis nécessaires pour parvenir à la paix.

Le Conseil de sécurité remercie l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) d’avoir dirigé les efforts de médiation de la crise ainsi que l’Union africaine de ses initiatives, notamment la création d’un mécanisme visant à tenir les coupables responsables de leurs actes et à assurer la réconciliation par l’intermédiaire de sa commission d’enquête, la communauté internationale de l’assistance humanitaire considérable offerte en 2014 afin de contribuer à éviter les conséquences du conflit, et notamment la famine, et les voisins du Soudan du Sud d’avoir accueilli près de 500 000 réfugiés en provenance de ce pays.

Le Conseil de sécurité exprime à nouveau sa profonde reconnaissance au personnel de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) comme aux membres des contingents militaires et de police fournis par les pays contributeurs pour l’action courageuse qu’ils mènent afin de protéger des dizaines de milliers de civils exposés à la violence physique et de stabiliser la situation en matière de sécurité, et rend hommage à la mémoire des soldats de la paix qui ont tragiquement perdu la vie dans cette entreprise, et exprime ses condoléances à leur famille.

Le Conseil de sécurité se déclare profondément préoccupé par le fait que le non-respect persistant de l’Accord de cessation des hostilités du 23 janvier 2014 et de l’Accord de règlement de la crise au Soudan du Sud du 9 mai 2014 ainsi que l’absence d’un accord de paix crédible se traduisent par la persistance des risques de famine, de désintégration de l’État et de régionalisation du conflit.

À cet égard, le Conseil de sécurité exige du Président Salva Kiir Mayardit, de l’ex-Vice-Président Riek Machar Teny et de toutes les parties qu’elles s’abstiennent d’urgence de toute nouvelle violence, appliquent l’Accord de règlement de la crise signé le 9 mai 2014 par la République du Soudan du Sud et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (dans l’opposition), participent pleinement et sans exclusive aux pourparlers de paix qui se déroulent à Addis-Abeba, respectent l’engagement à mettre en place un gouvernement d’unité nationale de transition et autorisent et facilitent pleinement l’accès du personnel, du matériel et des fournitures humanitaires en toute sécurité et sans entrave à tous ceux qui en ont besoin, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs des Nations Unies régissant l’assistance humanitaire, de façon à pouvoir acheminer l’assistance en temps voulu.

Le Conseil de sécurité réaffirme son intention d’étudier, en consultation avec les partenaires concernés, notamment l’IGAD et l’Union africaine, toutes les mesures appropriées, y compris des sanctions ciblées, qui pourraient être prises à l’encontre de ceux qui entravent le processus de paix.  Il insiste sur le fait qu’il importe de lutter contre l’impunité et de tenir les auteurs de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire responsables de leurs actes ainsi que de continuer à apporter à la population du Soudan du Sud une assistance humanitaire d’importance vitale et d’autres secours humanitaires.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC tient un « dialogue sur le positionnement à plus long terme du système des Nations Unies pour le développement », en prélude à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015

Session de 2015
5e & 6e séances – Matin & après-midi
ECOSOC/6656

L’ECOSOC tient un « dialogue sur le positionnement à plus long terme du système des Nations Unies pour le développement », en prélude à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu aujourd’hui son premier « dialogue sur le positionnement à plus long terme du système des Nations Unies pour le développement, prenant en compte le programme de développement pour l’après-2015 ».

Ce dialogue, réparti en deux sous-thèmes examinés respectivement en matinée et au cours de l’après-midi, devrait permettre de jeter les jalons du rôle imparti au système des Nations Unies dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, M. Thomas Gass, a précisé que ce dialogue intervient alors que le système de développement de l’ONU se prépare à vivre le quatrième changement majeur de son histoire quand le programme de développement pour l’après-2015 sera adopté.

Les intervenants à la première table ronde, qu’ils soient experts ou représentants de délégations, ont pour la plupart relevé que la question de la transformation nécessaire du système des Nations Unies est importante afin que l’ONU s’adapte aux nouvelles réalités d’un monde en constant changement.

Certains intervenants ont tout de même mis en garde contre le lancement d’actions prématurées qui découleraient des dialogues initiés par l’ECOSOC, estimant qu’il fallait d’abord adopter le programme de développement pour l’après-2015, avant de se lancer dans l’examen de la manière dont on pourrait procéder pour améliorer le fonctionnement du système de développement des Nations Unies.

Le représentant de la Bolivie, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a pour sa part rappelé que les propositions du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable doivent constituer la base du futur programme de développement, et que, comme cela a été maintes fois souligné, le rapport du Groupe de travail ne devrait ni être rouvert, ni être modifié ou renégocié.  Le délégué de la Bolivie a ensuite proposé, au nom des États membres du Groupe des 77 et la Chine, une réforme de la structure de gouvernance des fonds et agences du système de développement des Nations Unies, afin, a-t-il dit, que ces structures ne soient pas seulement perçues comme des « clubs de bailleurs de fonds ».

Au cours de la seconde table ronde, des panélistes et des États Membres ont salué les réussites de l’approche « Unis dans l’action » qui aura permis au système de développement des Nations Unies, agissant au niveau des pays, de gagner en efficacité et en coût.

La modification des cadres normatifs et règlementaires du système de développement des Nations Unies est cruciale afin que l’ONU s’adapte au futur mandat qu’elle pourrait être amené à jouer dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, ont estimé de nombreuses délégations.

La Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme María Emma Mejía Vélez, de la Colombie, a conclu les débats en souhaitant que les contributions de ce premier dialogue puissent permettre de préparer le second, prévu le 30 janvier prochain. 

DIALOGUE SUR LE POSITIONNEMENT A PLUS LONG TERME DU SYSTEME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (SESSION I)

Ouverture du dialogue

Ce matin, à l’ouverture du dialogue, la Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), a relevé que cette séance de travail représente la première étape d’une série de dialogues qui devraient permettre aux États Membres de donner leur point de vue sur les liens entre les questions clefs du positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement.  Elle a ajouté que les recommandations du présent dialogue devraient constituer une contribution au prochain examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, prévu en 2016.  Elle a également souligné que ce dialogue de l’ECOSOC entend faire en sorte que le système des Nations Unies soit outillé pour répondre aux besoins des générations futures, notant aussi que le document devant servir de base de réflexion et de discussions au cours de la présente réunion a été préparé par des experts indépendants et ne saurait refléter les points de vue de l’ECOSOC, et encore moins du Secrétariat des Nations Unies.  Mme Mejía Vélez a aussi annoncé que le prochain dialogue, prévu sur le même format, aura lieu en janvier prochain.

Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, M. THOMAS GASS, a ensuite pris la parole et a précisé que le dialogue de ce jour avait pour but de permettre aux États Membres de discuter de la vision qu’ils ont du futur que jouerait à l’avenir le système des Nations Unies, après 2015.  Le dialogue doit notamment évoquer les fonctions qu’assumerait éventuellement le système de l’ONU; les pratiques qui lui seraient appliquées en matière de financement; la gouvernance de ses structures; les capacités dont il aurait besoin et l’impact que le système pourrait avoir dans le monde, ainsi que les partenariats susceptibles de promouvoir ses activités à travers le monde, a indiqué M. Gass.  Il a par ailleurs rappelé que la résolution 2014/14 de l’ECOSOC invite le Conseil à examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 67/226 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. 

M. Gass a aussi rappelé que le système de développement des Nations Unies avait connu trois grands changements au cours de son histoire.  Il a expliqué que le premier modèle, qui a prévalu à la création de l’ONU, a donné lieu à une Organisation à la fois fonctionnaliste et décentralisée.  Le second changement, intervenu après l’adhésion et l’admission à l’ONU de nombreux pays en développement, a été marqué par le défi de la construction de ces nouveaux États, alors que le troisième changement majeur est, quant à lui, intervenu avec l’ère de la guerre froide et de la mondialisation, et a eu comme point culminant le Sommet du Millénaire, tenu en l’an 2000.  C’est au cours de ce Sommet qu’ont été adoptés les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  M. Gass a ajouté que, pour le système de l’ONU, le quatrième changement majeur devrait intervenir avec l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, d’où l’importance du présent dialogue, dont on attend qu’il contribue à jeter les jalons du rôle imparti au système des Nations Unies dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

TABLE RONDE 1

« Positionnement à plus long terme du système des Nations Unies pour le développement, prenant en compte le programme de développement pour l’après-2015 : quels sont les principaux problèmes et comment examiner les relations entre l’alignement des fonctions, les pratiques de financement, les structures de gouvernance, les capacités et l’influence du système, les formes de partenariat et les arrangements organisationnels? »

Cette première table ronde, animée par la Vice-Présidente de l’ÉCOSOC, a permis à des experts d’échanger leurs analyses et points de vue avec ceux des délégations sur la question du rôle que les uns et les autres souhaiteraient voir jouer le système des Nations Unies pour le développement dans le futur et au cours d’un avenir plus ou moins à long terme.

M. BRUCE JENKS, Conseiller principal à la Fondation Dag Hammarskjöld, qui est aussi l’un des auteurs du document de travail ayant servi à la préparation du dialogue tenu par l’ECOSOC aujourd’hui, a relevé que le prochain programme de développement à mettre en œuvre après 2015 devrait faire passer la communauté internationale de l’ère des OMD, marquée par la coopération Nord-Sud, à un monde régi par les objectifs de développement durables (ODD) qui devrait voir émerger la notion de « bien public commun ».  Il a plaidé pour l’adoption d’un programme novateur dans lequel les Nations Unies joueraient un rôle de chef de file.  Il a aussi souhaité que le système de développement des Nations Unies puisse s’adapter aux mutations du monde, notamment en tenant compte de la montée des pays émergents, qui ont gagné en importance sur le plan économique.

M. BISRAT AKLILU, Membre du Conseil d’administration du Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), coauteur du document de travail du dialogue, a souhaité que la situation des pays les moins avancés (PMA) soit au centre du futur programme de développement.  Cela est nécessaire, car a-t-il indiqué, ces pays ont enregistré les avancées les plus lentes dans la réalisation des OMD.  Concernant le financement des activités opérationnelles de développement des Nations Unies, M. Aklilu a prôné un renforcement des ressources de base, proposant même que ces fonds soient tirés des quotes-parts versés par les États Membres pour le fonctionnement de l’ONU.  Il a, en outre, souligné l’importance d’effectuer un suivi minutieux et de procéder à des évaluations des activités opérationnelles des Nations Unies.

Participantes

Mme ANNE-BIRGITTE ALBRECTSEN, Présidente du Groupe consultatif du Groupe des Nations Unies pour le développement et Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a pour sa part relevé que la nature intégrée du prochain programme mondial de développement appelle au lancement d’actions intégrées de la part du système des Nations Unies pour le développement, qui doit jouer des fonctions de conseil politique et technique auprès des gouvernements.  Elle a ajouté que la durabilité doit être le nouveau ciment du programme de développement, et que le renforcement des capacités nationales en termes de statistiques doit occuper une place de choix, notamment, a-t-elle déploré, dans un monde où le tiers des enfants de moins de 5 ans « n’existe pas officiellement » du fait de l’absence de données statistiques.   Elle a, en outre, plaidé en faveur de la création d’un cadre promouvant davantage d’obligations de reddition de comptes au sein du système des Nations Unies pour le développement.

Pour Mme JANE STEWART, Vice-Présidente du Comité de haut niveau des Nations Unies sur les programmes, Représentante spéciale auprès de l’Organisation des Nations Unies, et Directrice du Bureau de New York de l’Organisation internationale du Travail (OIT), il est urgent, pour améliorer le système des Nations Unies pour le développement, de mettre en place un cadre normatif mondial qui pourrait s’appliquer à tous les États Membres, tout en tenant compte des spécificités de chaque pays, et dans le respect des trois dimensions du développement durable, à savoir ses aspects économique, social et environnemental.  Mme Stewart a par ailleurs souhaité que des partenariats solides soient noués avec le secteur privé notamment, ceci en attachant du prix au respect des normes et aux valeurs des Nations Unies dans le cadre des accords passés avec la société civile et le secteur privé.

À la suite de Mme Stewart, Mme JAN BEAGLE, Vice-Présidente du Comité de haut niveau des Nations Unies sur la gestion et Directrice exécutive adjointe du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida, est intervenue et a préconisé que dans le rôle à donner au système de développement des Nations Unies dans le futur, le personnel devrait être traité comme étant un atout majeur.  Elle a ainsi plaidé pour la formation, le recrutement et l’emploi de personnels aux profils et compétences variés, d’agents prêts à s’investir, même dans les environnements sécuritaires les plus périlleux.  Ce personnel devrait être bien préparé et prêt à s’adapter à l’usage des technologies de l’information et des communications les plus complexes.

Débat général

Ouvrant le débat général, le représentant de la Bolivie, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que le document de travail préparé par les experts indépendants n’était pas équilibré.  Il a, par exemple, déploré le fait que les difficultés des pays à revenu intermédiaire n’aient pas été suffisamment prises en compte dans ledit document.  Il a aussi regretté que la question posée par les nombreuses lacunes existant dans le processus de transfert des technologies respectueuses de l’environnement ne soit pas assez mise en valeur dans les dialogues que l’ECOSOC se propose d’organiser.

Le représentant a en outre rappelé que les propositions du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable doivent constituer la base du futur programme de développement, et que, comme cela a été maintes fois souligné, le rapport du Groupe de travail ne devrait ni être rouvert, ni être modifié ou renégocié.  Le représentant a également plaidé en faveur de la hausse du niveau des ressources de base allouées aux activités opérationnelles des Nations Unies, tout en soulignant qu’il est important de respecter les priorités nationales des pays bénéficiaires desdites activités.  Le délégué de la Bolivie a ensuite proposé, au nom des États membres du Groupe des 77 et la Chine, une réforme de la structure de gouvernance des fonds et agences du système de développement des Nations Unies afin, a-t-il dit, que ces structures ne soient pas seulement perçues comme des « clubs de bailleurs de fonds ».

La représentante des États-Unis a pour sa part déclaré que le rôle du système de développement des Nations Unies est de fournir des conseils politiques et d’apporter une expertise technique aux pays qui en font la demande.  Elle a noté que la question de la transformation de ce système est importante, au vu des mutations que connait le monde.

Le délégué du Costa Rica a quant à lui regretté que les Nations Unies n’aient pas de stratégie spécifique de coopération avec les pays à revenu intermédiaire, et il a appelé l’ONU à s’impliquer sur cette question.

Le représentant de l’Union européenne a déclaré qu’il serait important que les activités opérationnelles des Nations Unies soient davantage financées par un plus large éventail de donateurs. 

Le représentant de l’Allemagne a, quant à lui, mis les délégations en garde contre le lancement d’actions prématurées qui découleraient des dialogues initiés par l’ECOSOC, estimant qu’il fallait d’abord adopter le programme de développement pour l’après-2015, avant d’examiner comment améliorer le système de développement des Nations Unies.

Le représentant du Brésil a, pour sa part, estimé que la légitimité des structures de gouvernance des fonds et agences en charge des activités opérationnelles de développement des Nations Unies est au cœur même du positionnement à long terme du système dans la perspective de la mise en œuvre du futur programme de développement pour l’après-2015.  Il a aussi estimé que le suivi de l’efficacité de l’aide devrait être discuté au sein même des Nations Unies, et a souhaité une modification de la méthode de calcul de l’aide publique au développement.

La représentante de la Chine a plaidé pour plus d’innovation, au sein du système des Nations Unies, dans la lutte contre la pauvreté, qui est un phénomène sans cesse changeant.  Elle a par ailleurs déploré le fait que la reddition des comptes et les évaluations des précédentes activités opérationnelles des Nations Unies aient été assez faibles.

Réagissant aux propos des délégations, la Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population a souligné qu’il ne faudrait pas que le système prenne trop de temps pour pouvoir s’adapter aux réalités actuelles du monde et parvenir à soutenir les États Membres dans la mise en œuvre du futur cadre de développement durable, qui devrait entrer en vigueur après 2015.

La Directrice exécutive adjointe du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida a, pour sa part, estimé que la collecte de données fiables est fondamentale pour le futur programme de développement, et elle a plaidé pour le renforcement des partenariats entre le système des Nations Unies et la société en général.

Le Conseiller principal à la Fondation Dag Hammarskjöld a, pour sa part, précisé que le document de travail dont il est l’un des coauteurs n’avait pas la prétention d’être complet et exhaustif, et il a relevé que le monde, en continuelle mutation, appelle l’ONU à s’adapter constamment à de nouvelles réalités.

« Positionnement à plus long terme du système des Nations Unies pour le développement, prenant en compte le programme de développement pour l’après-2015 : Comment le système des Nations Unies peut-il aborder ces questions et devenir plus efficace, efficient et influent ? »

Allocution spéciale

Mme AMINA J. MOHAMMED, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, a ouvert la deuxième table ronde de la journée en soulignant que le futur rapport de synthèse du Secrétaire général, portant sur le programme de développement pour l’après-2015, devrait faire le résumé de tous les travaux engagés depuis deux ans sur cette question.  Elle a noté que ce futur programme devrait permettre de passer des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aux objectifs de développement durable (ODD), tout en prévoyant des modes de financement pertinents.  Elle a indiqué ensuite que ce programme devrait être innovant et tenir compte des besoins des pays tout en plaçant les populations au centre de ses priorités.

Mme Mohammed a par ailleurs souligné que l’intégration des trois piliers du développement durable est cruciale pour la réussite du futur programme, et elle a conclu en suggérant que les meilleures pratiques documentées, en matière d’activités opérationnelles de développement, puissent servir de base pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Participants

La Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), animatrice de la table ronde, a indiqué que ce second débat de la journée était complémentaire au premier, qui a eu lieu en matinée.

M. PETER THOMSON, Représentant permanent des Fidji auprès des Nations Unies, a salué les activités opérationnelles des Nations Unies qui ont gagné en efficacité au cours des dernières années grâce à la mise en commun des initiatives au niveau de certains pays où l’ONU intervient.  Il a, en outre, déploré la « compétition pour les ressources » qui prévaut parfois entre les agences de l’ONU au niveau national.  Il a enfin plaidé pour davantage de rationalisation dans la gestion des ressources financières dévolues aux activités de développement, et a souhaité la diminution des obstacles inhérents à la bureaucratie lourde du Secrétariat des Nations Unies.

M. PIO WENNUBST, Sous-Directeur général et Directeur du Département de la coopération mondiale de l’Agence de coopération pour le développement de la Suisse, a pour sa part indiqué qu’il était un « rêveur pragmatique ».  Il a dit qu’il est conscient que la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 nécessite des financements qui vont au-delà des contributions des seuls acteurs étatiques.  Il a indiqué que dans un monde dans lequel croissent l’instabilité, la peur et le manque de confiance, la légitimité des Nations Unies se trouve renforcée, même si, a-t-il ajouté, l’Organisation fait face au défi de l’adaptation à un monde qui change.

Mme JENNIFER TOPPING, Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice humanitaire des Nations Unies au Mozambique, a rappelé que le travail du système de développement des Nations Unies se voit et se manifeste au quotidien, sur le terrain et dans les pays.  Elle a indiqué que le Mozambique est l’un des pays pilotes de la mise en œuvre de l’approche de gestion « Unis dans l’action », et ceci, depuis 2007.  Elle a ensuite plaidé pour l’appropriation nationale des activités opérationnelles de développement des Nations Unies, souhaitant également que le concept « Unis dans l’action » soit élargi à tout le système de développement des Nations Unies.  Elle a aussi prôné une plus grande intégration des ressources, au niveau des pays, afin de faire davantage d’économies dans la perspective de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Mme BARBARA ADAMS, Présidente du Conseil d’administration du Global Policy Forum, de New York, une organisation de la société civile, a regretté que les États Membres ne fournissent pas les fonds adéquats pour la mise en œuvre des mandats qu’ils confient aux Nations Unies.  Elle a aussi indiqué que la société civile souhaiterait être davantage écoutée, afin qu’elle puisse apporter son expertise dans toutes les instances internationales débattant des questions de développement.  Mme Adams a aussi relevé qu’aucun pays ne connaît aujourd’hui le développement durable, et que cela reste un défi de taille à relever par le système de développement des Nations Unies. 

Débat général

Au cours du débat général, la représentante de la Belgique a demandé si un rôle particulier sera dévolu aux Nations Unies dans les pays dits « développés » en vue de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, notamment afin de fédérer les initiatives des pays du Nord en faveur des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.

Le représentant du Mozambique a, pour sa part, affirmé que l’appropriation nationale des activités opérationnelles de développement est très importante.  Il a aussi plaidé afin que les Nations Unies adoptent un mécanisme de mise en œuvre des activités de développement qui soit compatible avec les réalités et spécificités de chaque région et de chaque pays.

Le représentant du Guatemala a indiqué que le rôle du système de développement des Nations Unies est de soutenir les gouvernements pour les aider à renforcer les États et leurs actions dans le cadre du renforcement des capacités nationales.  Il a précisé que le développement d’un pays est fonction de son propre programme de développement et non du programme que viendraient lui imposer les agences onusiennes qui n’ont qu’un rôle d’accompagnatrice.

La représentante du Canada a, quant à elle, prévenu que toute modification d’un aspect du système de développement des Nations Unies aurait un impact sur le reste du système, et elle a prôné l’élargissement de l’approche « Unis dans l’action », tout comme le renforcement du principe de reddition des comptes au sein du système onusien. 

Son homologue du Pakistan a appelé à davantage de souplesse de la part du système du développement des Nations Unies, plaidant en outre pour des ressources de base plus stables et de qualité.

Concernant la tenue des prochains dialogues, la représentante des États-Unis a proposé que les populations bénéficiaires des activités opérationnelles de développement puissent être écoutées dans le cadre d’une éventuelle modification du fonctionnement du système de développement des Nations Unies. 

La représentante de la Norvège a abondé dans la même veine en souhaitant que davantage de représentants résidents et d’acteurs du développement s’expriment sur les réalités que vivent les PMA.

Le délégué du Viet Nam a, quant à lui, souhaité que les expériences des pays qui ont mis en œuvre l’approche « Unis dans l’action », comme le Viet Nam, puissent servir de base de débat au cours du prochain dialogue.

Par ailleurs, le Directeur du Département de la coopération mondiale de l’Agence de coopération pour le développement de la Suisse a de nouveau pris la parole pour souligner que la modification des cadres normatifs et réglementaires du système de développement des Nations Unies est une mesure cruciale afin que l’ONU s’adapte au futur mandat qui lui incomberait du fait de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

La Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Mozambique a, pour sa part, noté que l’approche « Unis dans l’action » a permis aux agences opérant sur le terrain d’améliorer leur impact, notamment en ce qui est du Mozambique où elle est en fonction.  Elle a précisé que l’appropriation nationale était cruciale pour le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement dans la perspective de la réalisation des ODD.

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a conclu la table ronde en souhaitant que ce premier dialogue puisse permettre de préparer le second, qui est prévu le 30 janvier prochain.  Elle a également noté que l’un des points saillants qui est revenu au cours de la journée aura été la nécessité d’assurer une bonne appropriation nationale des activités de développement des Nations Unies.   

EXPOSÉ DE M. KIM WON-SOO, SECRÉTAIRE DU CONSEIL DES CHEFS DE SECRÉTARIAT DES ORGANISMES DES NATIONS UNIES POUR LA COORDINATION, À SA DEUXIÈME SESSION ORDINAIRE DE 2014 (20 ET 21 NOVEMBRE 2014)

M. KIM WON-SOO, Secrétaire du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, a rappelé que le Conseil des chefs de secrétariat avait commencé, il y a un an, à discuter de la façon dont le système des Nations Unies pouvait soutenir les États Membres dans leur transition vers un nouveau programme de développement, universel, et centré sur le développement durable.  La dernière session du Conseil, qui s’est tenue le mois dernier à Washington, D.C., a examiné la question du renforcement de l’engagement coordonné du système des Nations Unies pour soutenir la mise en œuvre des OMD au plan national.  Les autres questions débattues ont porté sur les défis et tendances actuelles dans le monde, qui ont un impact transversal sur le travail des Nations Unies, ainsi que sur les étapes à franchir dans le système de l’ONU pour appuyer les efforts des États Membres en matière de développement durable.

En ce qui concerne la réalisation des OMD, M. Kim a assuré que le Conseil des chefs de Secrétariat continue à mobiliser le système des Nations Unies pour accompagner les États et accélérer la mise en œuvre des programmes permettant de parvenir à ces objectifs.  Des goulets d’étranglement, qui ralentissent les progrès ont été identifiés, a-t-il expliqué, ainsi que les mesures que le système onusien peut prendre afin d’aider les pays à cet égard.  M. Kim a ensuite souligné le succès obtenu par l’application du lot de mesures intégrées élaborées par le système de développement des Nations Unies en vue de soutenir les procédures opératoires standard, ceci, afin d’aider le système à venir en appui aux pays au niveau national.  Il a aussi parlé du nouveau système de gestion de l’Organisation et du renforcement de la résilience, mis en place par le Comité de haut niveau sur la gestion.  Le Conseil des chefs de secrétariat a, en outre, réfléchi aux moyens de renforcer la cohérence et la coordination entre les organisations et agences du système onusien, notamment dans le cadre de la réponse à la crise de l’Ebola en Afrique de l’Ouest, a indiqué M. Kim.  Il a également déclaré que la question des changements climatiques restait à l’ordre du jour du Conseil.  Parmi les autres sujets à l’ordre du jour du Conseil des chefs de secrétariat, il a mentionné l’emploi des jeunes et l’urbanisation.  Enfin, il a assuré que le système de l’ONU était de plus en plus déterminé à soutenir les États Membres au cours de la phase d’élaboration du programme de développement de l’après-2015.  

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