Réduction des risques de catastrophe: reconstruction et coopération internationale au cœur des deux premières tables rondes

Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
Tables rondes ministérielles, matin & après-midi
IHA/1357

Réduction des risques de catastrophe: reconstruction et coopération internationale au cœur des deux premières tables rondes

SENDAI, JAPON, 15 mars -- Mieux reconstruire et coopérer.  La reconstruction après une catastrophe et la coopération internationale en vue de réduire les risques de catastrophe après 2015 ont été au centre de discussions ministérielles, aujourd’hui à Sendai, au Japon, au deuxième jour de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe.

La Conférence, qui s’est ouverte hier et se poursuivra jusqu’au 18 mars, vise à achever l’examen et l’évaluation de l’application du Cadre de Hyogo de 2005, adopter un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015 et définir des modalités pour la mise en œuvre d’un nouveau cadre.

Parallèlement à la poursuite de son débat général, en séance plénière, la Conférence a tenu, aujourd’hui, les deux premières de ses cinq tables rondes ministérielles au Centre international de Sendai.

Ces tables rondes doivent être l’occasion de mener des débats interactifs et ciblés sur les priorités et mesures essentielles aux fins du cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015, s’agissant de chaque thème étudié.  Les conclusions qui en résulteront seront communiquées à la Conférence lors de la séance plénière de clôture et intégrées dans le rapport final de celle-ci.

La première de ces deux tables rondes, intitulée « Reconstruction après des catastrophes: mieux reconstruire », présidée par le Vice-Premier Ministre de la Turquie, M. Numan Kurtulmus, a permis de dresser un inventaire des bonnes pratiques susceptibles d’être utilisées par les pays et les communautés exposés aux risques.

L’objectif des participants était de contribuer à renforcer leur résilience face à de tels phénomènes, en intégrant par exemple la réduction des risques dans les mesures de développement, en particulier l’aménagement du territoire et l’amélioration des normes et des codes dans le domaine du bâtiment.

Présidée par le Ministre de l’intérieur de l’Inde, M. Rajnath Singh, la deuxième table ronde ministérielle, dont le thème était « Coopération internationale à l’appui d’un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015 », a constitué, elle aussi, un catalogue de bonnes pratiques.

Les intervenants se sont notamment attachés à démontrer que la coopération internationale et les partenariats mondiaux formaient de bons outils pour renforcer les capacités des pays dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe.

Table ronde ministérielle 1: « Reconstruire après des catastrophes: mieux reconstruire »

Le relèvement et la reconstruction après les catastrophes constituent une occasion pour les nations et les communautés touchées de renforcer leur résilience face à de tels phénomènes en intégrant la réduction des risques dans les mesures de développement, en particulier l’aménagement du territoire et l’amélioration des normes et des codes dans le domaine du bâtiment.

Présidée par le Vice-Premier Ministre de la Turquie, M. Numan Kurtulmus, cette table ronde, sur la base du principe qu’il n’y a pas d’approche unique de relèvement et de reconstruction, visait à examiner et à partager les bonnes pratiques sur la façon de « reconstruire en mieux » après les catastrophes afin de faire en sorte que les nations et les collectivités fassent preuve de plus de résistance dans les zones sinistrées.

M. Kurtulmus, qui a ouvert la discussion, a souligné que son pays, la Turquie, devait faire face aux conséquences du conflit syrien et des millions de réfugiés dont il accueille un grand nombre.  Des stratégies à long terme donnent la priorité à l’autonomisation des réfugiés eux-mêmes afin qu’ils puissent participer à la reconstruction de leur pays lorsqu’ils seront en mesure de rentrer chez eux, a-t-il dit, en exhortant la communauté internationale à fournir davantage de ressources dans le cadre de ces efforts.

La Turquie, a-t-il ajouté, est également exposée à de nombreux risques naturels, exacerbés par la croissance démographique et l’urbanisation, et c’est pourquoi, il est nécessaire, dans la phase de reconstruction, d’inclure les questions de résilience dans les plans de développement et de normaliser la réglementation des infrastructures et des systèmes d’assurance.

M. Kurtulmus a exhorté tous les participants à la table ronde à proposer des recommandations clefs dans ce contexte pour aider à façonner le programme de développement pour l’après-2015.

De fait, la plupart des 33 orateurs qui ont pris part au dialogue de ce matin ont insisté sur la vulnérabilité de leur pays face aux tremblements de terre, aux tsunamis, aux inondations, aux typhons ou à toute autre forme de condition météorologique extrême, et présenté les mesures qu’ils prennent pour relever les défis qui en résultent.

Le Ministre de la terre, des infrastructures, des transports et du tourisme du Japon, M. Koji Ikeuchi, a déclaré par exemple qu’il était essentiel de conjuguer les efforts structurels et non structurels pour le relèvement.

Une campagne nationale pour rendre les bâtiments plus résistants face aux séismes a suivi le grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji, en 2005, et celui de l’est du pays, en 2011.  Ainsi, avant le mois de mars de l’an prochain, les écoles primaires et les collèges publics auront fait l’objet d’un renforcement complet.  L’éducation sur la sécurité face au tsunami a été améliorée, tandis que des systèmes de surveillance, des voies d’évacuation et des normes pour les ponts routiers ont été développées.

Le partenariat entre les secteurs public et privé fut en outre une question largement défendue au cours de cette table ronde.  Certains participants se sont penchés sur les systèmes d’assurance contre les risques orientés vers la théorie du « reconstruire en mieux ».  Le Ministre néo-zélandais de l’après-séisme de Canterbury, de la défense et de la Commission sur les tremblements de terre, M. Gerry Brownlee, a souligné qu’environ 80% des bâtiments de son pays étaient assurés d’une manière centralisée, en utilisant une partie de la meilleure expertise actuarielle du secteur privé. 

La Ministre de l’intérieur de l’Islande, Mme Ólöf Nordal, et le Vice-Premier Ministre des Tonga, M. Siaosi Sovaleni, ont aussi fait état de la valeur des arrangements en matière d’assurance, ce dernier a remercié les partenaires pour leur aide à cet égard, tout en notant que les codes du bâtiment et les normes de construction sécuritaires avaient été affinés après chaque cyclone qui avait frappé son pays.

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi, M. George T. Chaponda, a estimé pour sa part que les partenariats public-privé devraient être une piste à explorer davantage pour les pays en développement.

D’autres ont insisté qu’il était indispensable d’assurer un relèvement rapide.  Le Vice-Premier Ministre de la Malaisie, M. Tan Sri Muhyiddin Yassin, a déclaré que cela contribuait à rétablir un sentiment de normalité, alors que la reconstruction doit toujours être liée à des objectifs de développement.  De même, des intervenants ont mis l’accent sur l’importance de recourir à des techniques traditionnelles.

Le Ministre de l’intérieur et de la coordination du Kenya, M. Joseph Ole Nkaissery, a fait observer que les facteurs culturels devraient être considérés dans la planification des mesures de préparation à la fois structurelles et non structurelles.

Le Ministre des urgences nationales du Paraguay, M. Joaquim Roa, a aussi souligné la nécessité d’impliquer les communautés locales, cette participation devant s’exercer de manière inclusive, une position défendue de même par le Ministre de l’ordre public, de la gestion des catastrophes et des affaires chrétiennes, M. John Anthony Emmanuel Amaratunga.

Le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation de Madagascar, M. Mahafaly Solonandrasana Olivier, a rappelé que son pays, qui fait face régulièrement aux catastrophes, comptait sur l’aide internationale.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour Madagascar de revoir en particulier la politique foncière et d’aménagement du territoire pour assurer des lieux plus sûrs aux personnes déplacées.

Afin d’améliorer le bien-être de la population et de le porter au-delà de son niveau avant une catastrophe, le Ministre des affaires civiles de la Chine, M. Li Ligo, a expliqué que les efforts de reconstruction dans son pays avaient été combinés avec le développement économique et social, mobilisant l’aide de tous les secteurs.  Les populations locales sont fortement impliquées dans tous les efforts de reconstruction, a-t-il dit.

La Ministre du développement et de la francophonie de la France, Mme Annick Girardin, et le Secrétaire d’État et Chef du domaine de l’aide humanitaire de la Suisse, M. Manuel Bessler, ont tous deux relevé l’importance d’une coopération optimale dans la réduction des risques.  Celle-ci doit se réaliser maintenant pour mieux répondre aux risques futurs.

Les ministres et représentants des pays suivants se sont également exprimés: Algérie, Bangladesh, Colombie, Émirats arabes unis, Grenade, Liban, Maldives, Pakistan, Philippines, Qatar, République dominicaine, République tchèque, Serbie, Soudan du Sud, Thaïlande et Viet Nam.

Table ronde ministérielle 2: Coopération internationale en faveur d’un cadre de réduction des risques de catastrophe après 2015

La nécessité de rassembler toutes les forces pour relever les défis que posent les risques de catastrophe, celles des États et celles de tous les acteurs de la société, a été largement démontrée au cours de la deuxième table ronde de la journée.  En suivant les recommandations du Ministre de l’intérieur de l’Inde, M. Rajnath Singh, qui présidait la séance, 34 participants de haut niveau ont partagé leurs idées et meilleures pratiques dans le domaine de cette coopération.

Compte tenu de sa vaste expérience en la matière, le Japon a été à la tête de la coopération internationale, a indiqué son Ministre des affaires étrangères, M. Fumio Kishida, en donnant l’exemple de l’aide apportée aux Philippines lors du passage du typhon Haiyan.  Il a annoncé que son pays consacrerait 4 milliards de dollars à cette coopération entre 2014 et 2018, et qu’il formerait au cours de cette période 40 représentants gouvernementaux pour qu’ils jouent un rôle de premier plan dans cette coopération.  Il est ainsi prévu de fournir une assistance non matérielle, notamment pour la création de systèmes juridiques, et une assistance matérielle concentrée sur le développement de connaissances de base.  Son pays s’engage à faire des investissements à long terme, à renforcer les partenariats et à adopter une approche axée sur la sécurité humaine.

Ce besoin de partenariats a été exprimé, en particulier, par le Ministre de l’intérieur et des affaires culturelles du Bhoutan, M. Lyonpo Damcho Dorji, dont le pays -même s’il a créé une autorité de gestion des catastrophes- a toujours besoin de renforcer son expertise technique.  Très vulnérable aux catastrophes naturelles, le Bhoutan ne peut en effet y faire face de façon appropriée parce qu’il ne dispose pas de système de suivi des inondations à cause de ses ressources limitées.  Il nous faudrait aussi un système de prévention des catastrophes, a ajouté le Ministre.  Il s’est toutefois félicité du partage des connaissances, dans le cadre de la coopération régionale, de l’aide fournie par les pays partenaires et les organisations internationales.

Les investissements en faveur de la réduction des risques de catastrophe sont des éléments essentiels de la coopération dans ce domaine, a estimé le Président de l’Agence de coopération internationale du Japon (JICA), M. Akihiko Tanaka.  Selon le PNUD, chaque dollar dépensé dans ce domaine permet d’éviter 7 dollars en termes de risque économique.

Le Fonds vert pour le climat est d’ailleurs prêt à appuyer la mise en œuvre du cadre de réduction des risques de catastrophe post-2015, a assuré sa Directrice exécutive, Mme Hela Cheikhrouhou.  À ce jour, huit entités mondiales et régionales ont déjà été accréditées auprès du Fonds pour en bénéficier, a-t-elle ajouté.

Pour ce qui est du groupe de la Banque mondiale, sa Vice-Présidente, Mme Rachel Kyte, a signalé que le budget de la Banque mondiale consacré aux catastrophes naturelles avait presque doublé au cours de ces dernières années, en précisant qu’il avait atteint près de 6 milliards l’an dernier.

Malgré les efforts financiers, seulement 0,4% de l’aide publique au développement (APD) avait été consacré à la réduction des risques de catastrophe, a regretté le Président de la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), M. Tadateru Konoé.

L’aide financière au développement fournie par les différents acteurs, a fait remarquer Mme Kyte, est trop fragmentée.  Ainsi, Samoa gère 14 projets différents sur le climat et la résilience, tandis que les Îles Salomon en gèrent 22.  D’autres, à l’instar du Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, M. Edgardo Riveros Marin, et du Ministre adjoint des affaires étrangères des Îles Cook, M. Tutai Tura, ont recommandé de simplifier l’attribution des financements.

La Vice-Présidente du groupe de la Banque mondiale a, en outre, insisté pour que l’aide au développement soit assortie d’indicateurs permettant d’évaluer les progrès réalisés, ce qu’a demandé expressément l’Ambassadeur du Maroc au Japon, M. Samir Arrour, en ce qui concerne la mise en œuvre du nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe.

Il faudrait aussi établir des indicateurs pour mieux comprendre la nature et assurer une gestion efficace des risques de catastrophe, a recommandé pour sa part la Directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Mme Inger Andersen.  Dans les zones protégées, a-t-elle expliqué, la nature pouvait aider la population à réduire les risques de catastrophe.

Les écosystèmes doivent permettre de stabiliser la situation, a reconnu la Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, Mme Isabella Lovin, qui, comme le Ministre de l’intégration nationale du Brésil, M. Gilberto Magalhaes Occhi, a souhaité que le cadre de réduction des risques de catastrophe post-2015 s’attaque à résoudre les causes des catastrophes.

De manière générale, l’aide internationale devrait compléter les efforts nationaux et ne pas les remplacer, a rappelé la représentante des Fidji.  S’exprimant dans ce sens, le Vice-Ministre cambodgien pour les catastrophes naturelles a en effet recommandé de se concentrer sur la stratégie nationale de réduction des risques de catastrophe.  

Au cours de la discussion, plusieurs intervenants ont insisté sur les moyens d’améliorer la coopération.  Confiance et appropriation sont les principes clefs de la coopération internationale, a argué la Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas, Mme Elisabeth Ploumen, en demandant que le cadre de Sendai soit basé sur les responsabilités partagées.

Pour le Ministre de la défense civile, des urgences et des catastrophes naturelles de la Fédération de Russie, M. Vladimir Puchkov, il faudrait aussi simplifier les procédures de coopération et d’échange des informations nécessaires à la lutte contre les risques de catastrophe.

Le Ministre russe a aussi proposé de créer un réseau de suivi des risques de catastrophe à l’aide des satellites aux niveaux national et régional.  Pour mettre en œuvre le cadre post-2015, il a dit vouloir faire des propositions en faveur de la promotion de réseaux régionaux et internationaux de prévention et de lutte contre les conséquences des catastrophes naturelles.  Il voudrait aussi créer un centre de suivi d’urgence dans diverses régions, notamment en Asie-Pacifique, où des spécialistes pourraient être formés.  Le système de prévention des tsunamis dans l’est de la Russie a déjà démontré son efficacité, a-t-il indiqué, avant de plaider en faveur d’un cadre juridique international.  

Le Ministre d’État pour le développement international du Royaume-Uni, M. Desmond Swayne, soucieux de ne pas perdre de temps, a plutôt proposé d’utiliser plus efficacement les mécanismes existants plutôt que de créer de nouveaux mécanismes sur lesquels il faudrait se mettre d’accord.

Tout au long de l’après-midi, des ministres ou hauts représentants d’États Membres ont illustré le besoin criant qu’il y a à aider les pays à se prémunir et à gérer les risques de catastrophe.  Le Kirghizstan, par exemple, connait chaque année 200 situations d’urgence, a signalé le Ministre des situations d’urgence de ce pays, M. Boronov Kubatbek, en appelant à l’aide la communauté internationale sans laquelle, a-t-il précisé, le Gouvernement ne peut assurer la protection de toute sa population.

Même son de cloche du côté des petits pays insulaires en développement: chaque année, entre novembre et mai, nous essayons d’estimer ce que les cyclones vont dévaster au cours des mois suivants, a expliqué très concrètement M. Tutai Tura, Ministre adjoint des affaires étrangères des Îles Cook.  La réduction des risques de catastrophe permet d’augmenter nos chances de développement durable, et nous avons besoin de la coopération internationale pour cela, a-t-il lancé.

Les risques sont en effet très élevés pour cette catégorie de pays, comme on le constate ces jours-ci avec le passage du cyclone Pam.  M. Gyan Chandra Acharya, Haut-Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a précisé que ces pays perdaient en moyenne 20 fois plus de capitaux que les autres lors de la survenance de catastrophes.  Il a dès lors appelé à faire tout ce qui est possible pour renforcer leurs capacités de résilience.

Le Commissaire à l’aide humanitaire et à la gestion des crises de l’Union européenne, M. Christos Stylianides, a indiqué à cet égard avoir mobilisé 1 million d’euros pour aider Vanuatu à gérer les conséquences de cette catastrophe et envoyé deux experts afin d’évaluer les besoins humanitaires.

Les ministres et représentants des pays suivants se sont également exprimés: Autriche, Géorgie, Israël, Italie, Kazakhstan, République démocratique populaire lao, Lettonie, Pérou, République de Corée, Roumanie, Slovénie, Espagne et Viet Nam.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe donne le coup d’envoi d’une année importante en matière de développement durable

Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
1re séance plénière - matin
IHA/1354

La Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe donne le coup d’envoi d’une année importante en matière de développement durable

« La durabilité commence à Sendai », déclare le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon

SENDAI, JAPON, 14 mars -- La troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe s’est ouverte, ce matin, à Sendai, au Japon, marquant ainsi le coup d’envoi d’une année diplomatique particulièrement riche sur le plan du développement durable.  « C’est la première étape de notre parcours vers un avenir nouveau », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  « La durabilité commence à Sendai », a-t-il lancé.

La Conférence, qui se déroule dans une ville emblématique, frappée de plein fouet il y a tout juste quatre ans par l’un des pires séismes de l’histoire, doit proposer un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015 et arrêter les modalités de son examen périodique.

Ouverte en présence de l’Empereur Akihito et de l’Impératrice Michiko du Japon, du Secrétaire général de l’ONU, de chefs d’État et de gouvernement et de ministres d’une centaine de pays, elle doit se conclure le 18 mars par l’adoption d’un document final.

La troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe sera suivie, cette année, de la Conférence internationale sur le financement du développement, du 13 au 26 juillet, à Addis-Abeba; du Sommet spécial des Nations Unies sur le développement durable, en septembre à New York; et de la vingt et unième Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), du 30 novembre au 15 décembre à Paris.

Depuis la dernière conférence sur cette question à Kobe, au Japon, en janvier 2005, au moins 700 000 personnes sont mortes à la suite de catastrophes, 1,7 milliard d’autres ont été affectées, tandis que les pertes économiques se sont élevées à 1 400 milliards de dollars.  La première conférence avait eu lieu à Yokohama, en 1994.

Pour le Secrétaire général, la Conférence de Sendai constitue la réunion au niveau le plus élevé sur la réduction des risques de catastrophe qui n’ait jamais eu lieu.  « C’est la première étape de notre parcours vers un avenir nouveau », a-t-il déclaré.

La réduction des risques de catastrophe contribue à accélérer les progrès en matière de développement durable et de lutte contre les effets des changements climatiques.  Il a expliqué que l’adoption d’un document final ambitieux à Sendai « nous mettrait sur la voie d’un nouveau programme de développement durable, avec de nouveaux objectifs, d’un accord universel sur le climat, ainsi que d’un financement traduisant les plans nationaux en résultats concrets ».

« Le sujet qui nous occupe a une réelle signification pour des millions de personnes dans le monde », a-t-il souligné, en invitant à placer les besoins de ces personnes au centre des négociations sur un accord.

« Il nous faut maintenant répondre aux besoins croissants du monde en autonomisant les individus, en soutenant les communautés et en affectant des ressources à la réalisation des promesses », a-t-il ajouté, en mettant notamment l’accent sur la nécessité d’aider les plus pauvres et les plus vulnérables.

« Les changements climatiques augmentent les risques pour des centaines de millions de personnes, en particulier ceux des petits États insulaires en développement et des zones côtières », a observé le Secrétaire général, en évoquant également le grave danger que courent les personnes handicapées et les personnes âgées.

Neuf catastrophes sur dix ont lieu dans des pays à revenus faible ou moyen, a-t-il signalé, en recommandant de leur accorder une attention particulière.  La réduction des risques de catastrophe est « l’affaire de tous », a poursuivi M. Ban.  « Dans une économie mondialisée, le monde n’est qu’un village », et, par conséquent, « lorsqu’un séisme secoue un pays, il secoue les marchés financiers des autres » et « les tempêtes tropicales dans une région engendrent des troubles économiques dans une autre ».

Le Secrétaire général a expliqué que la réduction des risques de catastrophe permettait de se prémunir contre les effets des changements climatiques.  C’est, a-t-il dit, « un investissement intelligent pour les entreprises et un investissement sage pour sauver des vies ».

La facture annuelle de ces catastrophes dépasse aujourd’hui 300 milliards de dollars, a-t-il relevé, en appelant à la réduire en investissant dans le développement.  « Investir 6 milliards de dollars chaque année permettrait d’économiser 360 milliards de dollars par an d’ici à 2030. »

Le Secrétaire général a conclu son allocution d’ouverture de la Conférence en affirmant que la véritable résilience venait des liens forts établis au sein des pays et des communautés, ce que l’ONU est engagée à renforcer en adoptant un plan d’action unifié.  « Je compte sur votre engagement », a-t-il lancé à l’adresse des délégations.

La Présidente de la Conférence et Ministre à la gestion des risques de catastrophe du Japon, Mme Eriko Yamatani, a souligné que 10 années s’étaient écoulées depuis l’adoption du Cadre d’action de Hyogo.  Depuis lors, des progrès ont été réalisés dans la réduction des risques de catastrophe aux niveaux local, national, régional et mondial grâce aux efforts des pays et des parties prenantes.

Dans le même temps, des catastrophes ont continué de causer des pertes en vies humaines et des dégâts dans différents endroits de la planète, y compris dans la région de Tohoku, touchée par le grand tremblement de terre de l’est du Japon, il y a quatre ans.  En outre, a-t-elle dit, des phénomènes récents tels que l’urbanisation, les changements climatiques et la mondialisation ont entraîné de nouveaux risques de catastrophe.

Toutefois, des lacunes subsistent dans le Cadre d’action de Hyogo, notamment pour se doter de cadres adéquats pour sa mise en œuvre.  Il est ainsi urgent, a-t-elle souligné, de promouvoir la réduction des risques de catastrophe pour protéger plus efficacement les personnes, les communautés et les pays, les moyens de subsistance, la santé, l’héritage culturel, les avantages socioéconomiques et les écosystèmes.

Il est essentiel de créer un successeur au Cadre d’action de Hyogo pour augmenter les investissements en faveur de la résilience des risques de catastrophe.

Le Premier Ministre du Japon -pays hôte de la Conférence-, M. Shinzo Abe, a rappelé que le grand tremblement de terre d’une ampleur sans précédent, qui avait frappé l’est du Japon, en mars 2011, avait fait environ 20 000 morts et eu de lourdes conséquences sur les moyens de subsistance de la population japonaise.  Il a exprimé la reconnaissance et l’émotion du Japon pour l’aide et les dons apportés par de nombreux pays à cette occasion.

M. Abe a indiqué que le Japon travaillait durement sur la réduction des risques de catastrophe depuis longtemps.  Le Japon, a-t-il expliqué, souligne l’importance de la nouvelle expression « Reconstruire en mieux » qu’il a faite sienne depuis de longues années et a expliqué les efforts réalisés dans ce cadre pour affronter les conséquences des catastrophes.

Au cours de cette Conférence, a-t-il poursuivi, nous partagerons les expériences et leçons actuelles et passées issues des quatre coins du monde, confirmerons les activités établies sur la base du Cadre d’action de Hyogo, discuterons de l’utilisation de nouvelles technologies, rechercherons une collaboration efficace avec les différentes parties prenantes et définirons un nouveau cadre.

S’exprimant en sa qualité de futur président de la COP21, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Laurent Fabius, a rappelé que si les Conférences de Sendai et de Paris traitaient de deux sujets apparemment distincts, « les deux sujets sont totalement liés ».

Il a en effet remarqué que plus de 70% des catastrophes naturelles étaient liées au dérèglement climatique, ce qui représente deux fois plus qu’il y a 20 ans.  Au total, a-t-il ajouté, « plus de 70 pays sont identifiés comme extrêmement vulnérables car ils sont exposés à des évènements climatiques extrêmes ».

Le Ministre français des affaires étrangères a donné l’exemple des Philippines où 20 typhons ont lieu par an, en moyenne.  « Si les pays riches ne sont pas à l’abri, comme le démontre l’exemple du Japon, les plus exposés sont les plus pauvres car ils sont les plus démunis pour y faire face. »

« Il ne faut pas mélanger les diverses négociations », a recommandé M. Fabius, tout en arguant que « le combat pour la réduction des risques de catastrophe que nous menons depuis plusieurs années est aussi un combat pour le climat ».  « Les deux luttes doivent être menées ensemble parce que les solutions sont en grande partie les mêmes », a-t-il expliqué.

Le Chef de la diplomatie française a donné l’exemple de la mise en place de systèmes d’alerte contre les catastrophes naturelles qui est aussi une contribution à l’adaptation aux changements climatiques.

« Il en est de même « quand on prend en compte les risques du dérèglement climatique dans la conception de bâtiments ou l’aménagement des zones côtières », a-t-il fait remarquer.  M. Fabius a donc appelé à penser les problèmes ensemble et non séparément.

Il a indiqué s’être rendu en Nouvelle-Calédonie fin 2014, avec le Président de la France, M. François Hollande, pour participer à un sommet avec les dirigeants des États insulaires de la région.  « Ces pays nous ont exprimé le besoin d’avancer à Sendai et de trouver, à Paris, un accord sur le climat qui permette de limiter la hausse des températures à 2 degrés et si possible à 1,5 degré », a-t-il témoigné.

« Leur survie est en cause », a-t-il prévenu, en soulignant la nécessité, pour la communauté internationale, de les aider à mettre en place ou à renforcer les systèmes d’alerte et de réaction face aux catastrophes.

Le Ministre a salué les efforts faits par le passé et s’est réjoui des nouvelles mesures qui seront annoncées dans les prochains jours.  Il a cependant appelé à adopter un objectif commun en plaidant en faveur d’une couverture universelle, notamment en s’appuyant sur la téléphonie mobile.  Il a lancé un appel pour que les pays les plus vulnérables puissent accéder à un dispositif mondial qu’on pourrait appeler « Alerte catastrophe climatique ».

Il s’agirait, a expliqué M. Fabius, de « fournir à tous les pays concernés des données météorologiques que plusieurs États tirent de leur réseau de surveillance météorologique implanté dans le monde entier ».

Le Ministre a notamment insisté sur l’importance de financer l’acquisition de moyens informatiques et de communication pour traiter les données et les diffuser.  « Cet effort est à notre portée », a-t-il estimé, en assurant que la France était prête à y prendre sa part.

M. Fabius a souhaité que les Nations Unies, en lien avec la Banque mondiale et avec tous ceux qui contribuent ou sont prêts à contribuer à un tel effort, « organisent dans les meilleurs délais des réunions pour définir les modalités de ce dispositif ».

Enfin, il a affirmé vouloir constituer une « Alliance de Paris pour le climat » en vue de la COP21, reposant sur « quatre piliers »: « un accord universel et différencié limitant le réchauffement climatique à 2 degrés, des contributions nationales, un accompagnement financier, et un « agenda des solutions » qui rassemblerait tous les acteurs (villes, régions, entreprises) en plus des gouvernements ».

De son côté, Mm Regina Pritchett, représentante des neuf grands groupes au titre de l’Action 21, a notamment souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 permettra de faciliter les liens entre les parties prenantes et fera en sorte que la Stratégie sur la réduction des risques de catastrophe puisse être inclusive.

Le Maire de Sendai, Mme Emiko Okuyama, a, quant à elle, jugé important d’impliquer les femmes, les enfants, les personnes âgées, les entreprises privées et les autres parties prenantes, dans la planification de réduction des risques de catastrophe.

C’est pour cette raison, a-t-elle dit, que le Forum public de la Conférence a préparé des pavillons sur les thèmes de la collaboration de la société civile et du genre, en lien avec la réduction des risques de catastrophe.

Dans les zones de Tohoku affectées par le séisme de 2011, « on peut voir comment les efforts se poursuivent », a-t-elle souligné.  « Nous espérons que les expériences et les enseignements tirés de cette catastrophe seront pris en compte dans les nouvelles stratégies de réduction des risques de catastrophe », a ajouté Mme Okuyama.

Après la séance d’ouverture de la Conférence, se sont également exprimés M. Gurbanguly Berdimuhamedov, Président du Turkménistan; le Roi Mswati III du Swaziland; M. Emanuel Mori, Président des États fédérés de Micronésie; M. Uhuru Kenyatta, Président du Kenya; M. Baldwin Lonsdale, Président de Vanuatu; M. Al Hadji Yahya Jammeh, Président de la Gambie; M. Robert Mugabe, Président du Zimbabwe; M. Paul Biya, Président du Cameroun; et M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Togo.  Le Roi du Swaziland est également intervenu au nom du Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa.

La Conférence a également organisé, dans l’après-midi, un dialogue de partenariat multipartite de haut niveau intitulé « Mobiliser le leadership des femmes dans la réduction des risques de catastrophe ».

Auparavant, la Conférence avait élu par acclamation à sa vice-présidence les pays suivants proposés par les grands groupes régionaux: Bangladesh, Équateur, Fédération de Russie, Finlande, Jamaïque, République tchèque, Suisse et Thaïlande.

M. Toni Frisch, de la Suisse, a été désigné comme Rapporteur général de la Conférence.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: l’égalité entre les sexes défendue comme gage du succès du programme de développement pour l’après-2015

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
9e et 10e séances – matin et après-midi
FEM/2029

Commission de la condition de la femme: l’égalité entre les sexes défendue comme gage du succès du programme de développement pour l’après-2015

« Le progrès de la femme est le progrès humain », cette évidence relevée par le représentant de la Croatie, à la fin de cette première semaine de session de la Commission de la condition de la femme, a été plusieurs fois soulignée par les délégations qui ont averti que le programme de développement pour l’après-2015 ne saurait réussir si l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes n’y figurent pas en bonne place car on ne peut réaliser le développement, en en écartant la moitié de l’humanité.

Vingt ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing et son Programme d’action, le monde a connu des avancées notables mais « aucun pays n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes et à autonomiser pleinement les femmes et les filles », a reconnu la Commission de la condition de la femme dans sa « Déclaration politique ».  Les délégations ont exigé que ces questions fassent l’objet d’un objectif spécifique du futur programme de développement pour l’après-2015, qui devrait être adopté, à l’issue d’un sommet, en septembre prochain.  Elles ont voulu qu’en plus de l’objectif spécifique, la thématique de l’égalité entre les sexes soit intégrée dans tous les autres objectifs avec des cibles et indicateurs clairs et quantifiables.

Le nouveau programme de développement doit traiter de la violence faite aux femmes, a estimé la représentante de la Slovénie, appuyée en cela par son homologue des Îles Salomon qui a relevé que malgré des progrès, cette violence reste à un niveau « inacceptable ».  En dépit des arsenaux juridiques et du foisonnement des institutions, « aucun pays ne peut prétendre à l’élimination même progressive de la violence », disait, il y a quelques jours, la Rapporteuse spéciale sur la question.   

Dans bien des cas, ont noté les orateurs, la violence n’est que le reflet du phénomène plus général de l’inégalité des droits entre hommes et femmes.  Cette situation et les discriminations qui l’accompagnent sont criantes dans le domaine économique, notamment dans le secteur de l’emploi.  À qualifications et compétences égales, les femmes ont moins de chances de trouver un emploi décent, ont noté des délégations, et même quand elles sont employées, elles subissent l’écart salarial, sans compter la violence sexiste.

Dans le domaine de l’environnement, « chapitre K » du Programme d’action de Beijing, la Conseillère principale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a rappelé que 80% des femmes sont privées des postes de responsabilité dans les ministères de l’environnement et 96% n’ont aucune voix au Conseil mondial de l’énergie.  Le chapitre K est-il un chapitre isolé?  Ce sont les femmes qui connaissent les plantes médicinales et les sources alternatives de nourriture et pourtant, elles sont excluent de la gouvernance officielle des forêts, a-t-elle dit pour illustrer ses propos.  

Les facteurs socioculturels et les stéréotypes, ont été montrés du doigt.  La représentante de l’« Institute for democracy and electoral assistance (IDEA) » a constaté que dans certains pays, les inégalités et la discrimination à l’égard des femmes sont tellement flagrantes qu’elles figurent même dans la loi.

La table ronde sur « les ressources disponibles pour la réalisation de l’égalité entre les sexes » a permis aux intervenants de rappeler que la budgétisation sensible au genre (BSG), adoptée comme principe de gestion des fonds publics, devrait permettre d’affecter les ressources de manière judicieuse.  Une mesure d’autant plus cruciale qu’investir dans cette égalité a un impact immédiat sur la croissance.

La Commission poursuivra ses travaux lundi 16 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Suite du débat général

M. KYAW TIN (Myanmar) a voulu que la question de l’égalité entre les sexes trouve la place qu’elle mérite dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015.  Il faut appuyer les efforts des pays en développement et les aider à combler les lacunes dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de l’éducation et de la formation, de la santé et de la prévention de la violence à l’encontre des femmes, a déclaré le représentant d’un pays où les femmes représentent plus de la moitié d’une population totale de 51,4 millions de personnes.  Classé comme pays « à inégalités moyennes » dans le rapport sur le développement humain, ce dont s’est enorgueilli le représentant, le Myanmar offre les mêmes droits aux hommes et aux femmes et ne connaît pas d’écart salarial.  Les récentes mesures de réforme conformes aux valeurs démocratiques ont créé un environnement encore plus favorable à la protection des femmes et des filles, a souligné le représentant, qui a ajouté que son pays est le premier de la région du Mékong à avoir promulgué une loi contre la traite des personnes.  Après avoir énuméré les progrès enregistrés dans les 12 domaines prioritaires du Programme d’action de Beijing, le représentant a admis la nécessité de faire plus pour faire avancer la cause des femmes, s’agissant en particulier de leur participation à la vie politique. 

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a estimé que compte tenu de la lenteur des progrès, l’objectif de développement durable consacré à l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sera une pierre angulaire du programme de développement pour l’après-2015.  L’autonomisation des femmes se reflète dans l’état de droit et la démocratie, a dit la représentante.  À cet égard, l’accès à la propriété des femmes et leur droit à l’entreprenariat sont un élément essentiel de l’évolution de leur statut économique et familial.

L’accès à l’éducation, a-t-elle poursuivi, continue de représenter un défi pour 65 millions de filles de moins de 12 ans qui n’ont toujours pas accès à l’éducation primaire.  À cela s’ajoutent les stéréotypes qui conditionnent les filières d’éducation, de formation et de l’emploi.  Pour Mme Picco, tout changement réel requiert l’engagement actif des hommes.  À ce propos, elle a salué la campagne « HeforShe » pour le rôle central qu’elle peut avoir sur l’évolution des mentalités.

L’accès aux soins et aux services de base demeure insuffisant, a-t-elle dénoncé.  Trop de femmes continuent à mourir en donnant la vie et plus de 800 millions n’ont pas droit à un congé de maternité approprié.  La représentante a enfin abordé la question de la violence faite aux femmes, en jugeant « inconcevable » que le viol et la violence conjugale représentent un plus grand risque pour les femmes que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis, a-t-elle alerté.  Elle a salué les avancées obtenues depuis 2008 grâce à l’engagement du Secrétaire général et sa campagne « Ttous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».

Après avoir énuméré les progrès engrangés par son pays, M. CARLOS FILOMENO AZEVEDO AGOSTINHO DAS NEVES (São Tomé-et-Principe) a énoncé les nombreuses contraintes auxquelles son pays fait face, dont le fait que le budget du pays dépend à 90% de l’aide extérieure, devenant un obstacle à la mise en œuvre des actions urgentes et prioritaires prévues par la Stratégie nationale de promotion de l’égalité entre les sexes et l’équité.  Le représentant a aussi évoqué les contraintes liées aux facteurs socioculturels liés au rôle dévolu à chacun des deux sexes qui sont profondément ancrés dans les habitudes et les coutumes.  Il a aussi parlé de l’instabilité politique qui a interrompu la mise en œuvre des politiques publiques et l’absence d’un bureau d’ONU-Femmes dans le pays pour donner l’élan aux recommandations du programme international sur l’égalité entre les sexes.  

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a attiré, à son tour, l’attention sur le frein que constituent les stéréotypes profondément ancrés sur le rôle des femmes dans la société et dans la famille, affectant leur vie professionnelle, leur type de carrière, sans compter que le fardeau des responsabilités familiales n’est pas partagé comme il devrait l’être.  L’écart salarial persiste alors que la représentation des femmes dans la vie politique, la prise de décisions, aux postes de responsabilités et dans les médias doit encore être améliorée. 

M. Emiliou a ajouté que cette année marque le quinzième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Chypre, un pays dont une partie est sous occupation étrangère depuis plus de 40 ans, connaît les conséquences et le fardeau de cette anomalie, en particulier pour les femmes.  Les femmes chypriotes ont enduré les déplacements, la pauvreté, le deuil et, jusqu’aujourd’hui, la disparition de proches.  Pourtant, à Chypre et à l’étranger, elles ont lutté pour la réalisation des droits de l’homme pour tous et ont joué un rôle actif dans la société civile pour promouvoir la paix et la réconciliation.  Le Gouvernement reconnaît le rôle important des femmes dans la prévention et la résolution des conflits et, à ce titre, les femmes jouent un rôle important dans les négociations et les processus de paix à Chypre, a dit le représentant.

M. KELEBONE MAOPE (Lesotho) a fait part des progrès de son pays dont la nomination, en 2014, de la première Présidente de la Cour suprême de justice, une première aussi dans la région de l’Afrique australe, et seulement le troisième exemple dans tout le continent africain.  La représentante a parlé du taux « élevé » du chômage dans son pays et son corollaire, la pauvreté.  Dans un pays post-apartheid comme le Lesotho, la dégradation de l’environnement ainsi que la crise financière, qui a donné lieu à une crise alimentaire et à une autre hausse du taux de chômage, conduisent inévitablement à des conflits familiaux voire à la violence domestique; les hommes craignant que l’on remette en cause leur rôle traditionnel de protecteur. 

Un des objectifs du pays est donc de travailler au développement durable et à la croissance économique pour réduire la pauvreté et améliorer les niveaux de vie.  Le Gouvernement, a indiqué le représentant, a accordé la priorité à l’autonomisation des femmes et à l’implication à leurs côtés des hommes comme agent du changement politique et du développement économique.  Dans ce cadre, le Lesotho va concentrer ses efforts sur la participation politique des femmes et continuer à souligner le rôle important du secteur privé et du partage des pratiques exemplaires aux niveaux national et international. 

Mme SOFIA BORGES (Timor-Leste) a indiqué que l’importance de l’égalité entre les sexes pour l’avenir du pays est soulignée dans le Plan stratégique de développement 2011-2030 qui met également l’accent sur l’égalité hommes-femmes.  Le Timor-Leste a d’ailleurs, s’est enorgueillie la représentante, le taux le plus élevé de femmes parlementaires de la région Asie-Pacifique, avec 38% de députées après les élections de 2012, soit supérieur au taux fixé par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La représentante a attribué ce succès à l’impact positif du système des quotas.  Parmi d’autres progrès, le pays est actuellement en train de rédiger le plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité.  La représentante a salué l’intégration d’un objectif sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans les objectifs de développement durable pour l’après-2015 et a fermement appuyé la campagne « HeforShe ».  Elle a annoncé que son pays entend investir à long terme dans les mécanismes et programmes contre la violence faite aux femmes et mieux sensibiliser les garçons et les hommes, la justice, les fonctionnaires, les organes de maintien de l’ordre et les leaders religieux à l’importance qu’il y a à mettre fin à ce cercle de la violence dans la famille et dans la société. 

M. RAYMOND SERGE BALÉ (Congo) a déclaré qu’en Afrique, comme au Congo, la problématique hommes-femmes se nourrit du terreau fertile de l’engagement politique de ses dirigeants dont témoigne la Décision des chefs d’États et de gouvernement de l’Union Africaine qui ont déclaré l’année 2015 « Année de l’autonomisation des femmes et du développement de l’Afrique pour la concrétisation de l’Agenda 2063 ».  Le Gouvernement congolais reste fermement engagé en faveur de l’autonomisation de la femme et l’égalité entre les sexes parce que les femmes sont le véritable ressort de la paix et  du développement durable, et c’est fort de cet engagement que des avancées significatives ont pu être réalisées depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing.  Le représentant a parlé d’une foire organisée le 8 mars sur le thème « Investissons dans la femme rurale et la jeune fille pour un avenir meilleur dans la stabilité et la paix » dans le cadre d’un partenariat public-privé-société civile. 

Les progrès, « bien que notables », ne peuvent occulter les nombreux défis auxquels la femme congolaise reste encore confrontée, a souligné le représentant.  Pour y remédier il faut des politiques plus hardies, notamment par des mesures qui visent à briser les préjugés socioculturels profondément ancrés dans les mœurs.  Au Congo, les stratégies pour surmonter ces obstacles sont déclinées dans le plan d’action de mise en œuvre de la politique nationale « genre » entre autres, en termes d’amélioration du statut social de la femme, de l’intégration du genre dans les institutions, programmes et projets de développement, d’amélioration de la productivité des femmes pour un accroissement de leurs revenus, d’amélioration de l’accès aux services sociaux; de la participation équitable à la gestion du pouvoir; du respect des droits et de la suppression des violences et du renforcement des capacités du mécanisme national genre.

Mme ANNE SIPILÄINEN, Sous-Secrétaire d’État de Finlande, a estimé qu’au cœur de l’autonomisation des femmes, et donc du développement durable, se trouvent les droits sexuels et reproductifs, qui doivent être considérés comme des droits fondamentaux.  Lorsque nous parlons du chômage des jeunes, a-t-elle poursuivi, nous parlons en fait du chômage des jeunes hommes.  Mais le chômage des jeunes femmes est encore plus élevé avec ses conséquences souvent cachées comme une dépression annonciatrice de marginalisation.  Nous devons continuer nos efforts pour une meilleure éducation et pour l’égalité des chances au travail mais aussi contre la discrimination ouverte et cachée.

Après avoir exprimé son attachement à la mise en œuvre complète de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, qui sort les femmes de leur carcan de victimes, la représentante a estimé que si elle sont bien appliquées dans le monde entier, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes seront les éléments les plus porteurs de transformations du programme de développement pour l’après-2015.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a jugé important de mieux diffuser l’agenda sur les femmes, la paix, la sécurité.  L’Arménie, a-t-il dit, appuie la participation des femmes aux processus de paix à tous les niveaux.  Le Gouvernement a réussi à intégrer les filles déplacées et réfugiées qui ont été forcées de fuir après l’agression et la guerre des années 80 et du début des années 90.  Avec la collaboration des partenaires internationaux, quelques activistes de ces groupes de femmes ont été formées à la paix et à la sécurité.  Le représentant a tenu à mettre l’accent sur la contribution « importante » des femmes de la diaspora au développement économique et social de leur pays d’origine.  Le Gouvernement est conscient du rôle très compétent que les Arméniennes de la diaspora peuvent jouer comme « ponts vivants » des connaissances et des expériences et de la promotion du discours national sur l’autonomisation et les questions qui affectent le pays.  Les femmes de la diaspora et celles qui sont restées au pays peuvent s’influencer et se renforcer, et établir des synergies avec le but commun de renforcer l’autonomisation, l’égalité entre les sexes et la participation dans tous les domaines de la vie publique tout en préservant la culture et les traditions.  Il y a quelques jours, a rappelé le représentant, la Mission permanente de l’Arménie a coorganisé une manifestation parallèle sur le thème « Les femmes et la diaspora: du passé à l’après-2015 ».

Mme DEBORAH BARKER-MANASE, Chargée d’affaires des Îles Marshall, a dit que deux décennies après Beijing, des difficultés demeurent: l’accès inégal à l’emploi, l’écart salarial, le fardeau lourd et disproportionné du travail non rémunéré dans l’économie du foyer, la disparité croissante entre les revenus, exposant les femmes et leurs familles à un risque élevé de pauvreté.  Seules 35% de femmes sont dans la population active, ne gagnant que 70 centimes sur un dollar gagné par un homme.  Les disparités salariales semblent s’atténuer dans le secteur public et les femmes fonctionnaires accèdent de plus en plus à des postes de responsabilité.  Malgré cela, les Îles Marshall accusent toujours le taux le plus bas au monde de femmes élues.

La représentante a aussi fait part d’une étude qui indique que, dans son pays, 51% de femmes ont été victimes de violence de la part de leur partenaire. Nous avons besoin d’une aide d’urgence de la communauté internationale au niveau local et à la base pour mieux renforcer la lutte contre la violence domestique, a dit la représentante qui a aussi parlé du taux le plus élevé au monde de grossesses chez les adolescentes, dans un pays qui compte le deuxième nombre le plus élevé de jeunes dans la région du Pacifique.  Nous devons, a-t-elle reconnu, combattre les facteurs culturels et sociaux qui ont limité l’exercice des droits sexuels et reproductifs et pour cela, nous avons besoin du soutien des partenaires clefs et du système des Nations Unies non seulement pour les outils politiques mais aussi à petite échelle au niveau local.  La représentante a terminé en rappelant que son pays fait aussi face aux défis posés par les changements climatiques non seulement en matière de développement mais aussi de sécurité.  Elle a attiré l’attention sur la Déclaration de Majuro qui appelle la Conférence de Paris de décembre 2015 à adopter un agenda ambitieux.

Mme MARTINA VUK, Secrétaire d’État auprès du Ministre du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, s’est dite convaincue que son pays peut efficacement promouvoir et renforcer l'égalité des sexes par une action systématique et continue.  À cette fin, la Slovénie entend adopter cette année un nouveau document stratégique à moyen terme qui est le Programme national pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2015-2020.  Avec ce document, nous établissons de nouveaux engagements.  Mme Vuk a dit que l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 présente une occasion unique de véritablement mettre en œuvre les engagements de Beijing et de donner aux femmes et aux filles leur place.  Pour cela, il faut assurer que, dans ce programme, l’égalité entre les hommes et les femmes, les droits des femmes et des filles et leur autonomisation, entre autres, constituent un objectif à part entière, à intégrer dans les autres objectifs.  Le nouveau programme doit aussi traiter de la violence faite aux femmes et de l’égalité d’accès à l’éducation, aux ressources, aux opportunités économiques et à la prise de décisions dans toutes les sphères de la vie, sans oublier la répartition équitable des tâches domestiques.  Le programme doit également reconnaître la contribution des organisations de femmes et de la société civile, l’importance des données fiables et la nécessité d’améliorer les systèmes de suivi et d’évaluation pour voir les progrès et identifier les goulets d’étranglement.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a estimé que des enjeux importants demeurent dans la mise en œuvre de la plateforme d’action de Beijing.  Des femmes sont toujours victimes de discriminations et de violences, en particulier celles qui vivent sous occupation étrangère.  Elle a évoqué la situation particulièrement difficile des femmes palestiniennes dans les territoires occupés.  Cette réunion est importante, selon elle, pour permettre aux femmes de réaliser leurs droits, y compris le droit à un travail décent et à la protection sociale.  Ces éléments devraient être intégrés dans tous les plans et programmes nationaux.  Le Qatar a toujours œuvré en ce sens comme le reflète sa Vision nationale à l’horizon 2030.  Au moment où tous les États discutent du programme de développement pour l’après-2015, ils doivent garder à l’esprit que c’est une occasion historique de faire avancer la question de l’autonomisation socioéconomique des femmes et l’égalité entre les sexes.  La représentante a également appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a souligné que le programme de développement pour l’après-2015, qui va être adopté en septembre prochain, représente une occasion unique de placer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme au cœur de l’action globale pour le développement durable, la paix et la sécurité et les droits de l’homme.  Il a plaidé pour l’établissement d’un objectif unique sur l’égalité des genres et les droits des femmes, ainsi que leur autonomisation, de même qu’il a prôné que des cibles et indicateurs liés au genre soient intégrés dans tous les autres objectifs du programme. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que la notion qui veut que « le progrès de la femme est le progrès humain » est au cœur de la politique de la Croatie, un pays qui vient d’élire sa première Présidente.  Le représentant a estimé que pour aller de l’avant, il faut une nouvelle culture politique plus favorable à une participation égale des femmes et qui change les stéréotypes et les comportements des décideurs et de la société dans son ensemble.  Pour réussir, il faut « certainement » plus de femmes en politique et dans les affaires mais il faut aussi des hommes pour les appuyer dans leur lutte.  Tout ceci est fondamental pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, qui ne peut réussir sans s’attaquer à la question de l’égalité entre les sexes, a tranché le représentant.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déclaré qu’il y a encore de nombreuses femmes et filles qui hurlent à cause de la violence commise contre elles par l’« occupation sioniste de la bande de Gaza », et de nombreuses familles syriennes et iraquiennes qui ont été forcées de se déplacer du fait du régime brutal qui n’hésite pas à « massacrer son propre peuple ».  Il a appelé la Commission à prendre des mesures humanitaires urgentes pour venir en aide aux femmes et enfants qui sont exposés à la violence et qui vivent sous occupation ou dans des zones de conflit.  Il a affirmé que l’Arabie saoudite a mis en place de nombreuses lois qui garantissent la protection des femmes et le respect des droits des filles.  L’Arabie saoudite a gagné la reconnaissance internationale dans la liste des 100 meilleures femmes d’affaires du monde publiée par le Financial Times de Londres et par un autre classement du magazine financier américain Forbes, s’est félicité M. Al-Mouallimi.  Le représentant a aussi salué la participation des femmes du pays aux activités du Centre Roi Abdullah pour le dialogue national, avec une diffusion en direct à la télévision, permettant ainsi aux femmes de donner leur avis sur des sujets culturels et sociaux du pays.  Sur le plan politique, il a déclaré que 30 Saoudiennes ont été nommées au Conseil de la Choura, l’organe consultatif officiel du pays, avec les mêmes droits que les 120 hommes qui en font partie.  En outre, le royaume a ratifié la CEDAW et va bientôt publier son second rapport national d’examen sur ce sujet qui va mettre en lumière les avancées des femmes saoudiennes en matière de droits de l’homme.  Il a par ailleurs cité des lois contre la violence et les trafics humains, ajoutant que le pays vient de décider que le sport fait désormais partie du curriculum de formation des filles à l’école.

M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé qu’en tant que petit État insulaire et jeune nation musulmane, les Maldives ont connu une transformation rapide, en dépit des défis posés par les changements climatiques.  Il a fait part des progrès en matière d’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes, avant d’inviter la communauté internationale à se demander « qu’est-ce qui retarde d’autres progrès? »  Il a en effet retenu les conclusions du Secrétaire général qui prévient qu’à ce rythme, il faudra 81 ans pour parvenir à l’égalité totale.  Dans le cas des petits États insulaires, l’obstacle majeur est lié aux changements climatiques dont les conséquences touchent en premier lieu les femmes qui composent déjà la majorité des pauvres et qui n’ont ni les ressources financières, ni les compétences et ni les technologies pour renforcer leur résilience.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur les circonstances aggravantes que sont les obstacles socioculturels qui empêchent les femmes de dépasser leurs rôles traditionnels et d’arracher le pouvoir de décider.  La problématique femme n’est pas seulement une priorité parmi les 17 objectifs du projet de programme de développement pour l’après-2015.  C’est une question transversale.  Abandonnons les approches compartimentées, a dit le représentant, en appuyant à son tour un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’intégration de la thématique dans tous les autres objectifs.

Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a appelé la communauté internationale à s’assurer que le Programme d’action de Beijing soit bien intégré dans le nouveau programme de développement qu’il s’agisse de la Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe, de celle sur le financement du développement ou du Sommet de Paris sur les changements climatiques.  Elle a relevé que malgré des progrès en matière d’égalité des sexes, la violence contre les femmes reste à un niveau « inacceptable ».  Il faut que la Conférence internationale sur le financement du développement donne les moyens de mise en œuvre, y compris un mécanisme pour faciliter l’accès aux technologies afin de soutenir l’autonomisation technologique des femmes et des filles.

L’aide publique au développement (APD) demeure une source importante de financement pour les pays en développement, a insisté la représentante.  Pendant que les pays mettent en place leur mécanisme de promotion de la femme, il revient à la communauté internationale d’améliorer la gouvernance, la transparence et la redevabilité des institutions financières internationales pour contenir les chocs systémiques et éviter aux économies des îles des stress financiers qui menacent les acquis dans la réduction de la pauvreté et la consolidation de la paix.  La représentante n’a pas manqué de souligner que les changements climatiques et les catastrophes naturelles continuent d’imposer un fardeau immense au budget des pays comme le sien.  Il nous faut, a–t-elle dit, un instrument juridiquement contraignant pour assurer notre survie et la Conférence sur le financement du développement doit prévoir des moyens adéquats, tout comme le Sommet sur le prochain programme de développement.

Au moment où le pays fait face à de graves défis financiers et sociaux, a déclaré Mme NAFSIKA NANCY VRAILA (Grèce), il est conscient que les femmes sont particulièrement vulnérables.  Avec cette grave crise du chômage, la priorité est de faire en sorte que les femmes gardent leur emploi et de mettre en œuvre des programmes centrés sur les gens dont le statut professionnel est menacé.  Garder les femmes actives sur le marché du travail est vital pour que la société grecque maintienne son équilibre mais cela contribue aussi largement à la relance de l’économie.  La représentante a souligné que la stratégie nationale pour la promotion de l’égalité entre les sexes vient d’être réactualisée pour répondre aux défis émergents et aux priorités sociales. 

Le nouveau cadre 2014-2020 a comme priorités l’égalité d’accès des femmes à l’emploi, l’autonomisation des femmes rurales, la prévention de la féminisation de la pauvreté, la lutte contre toutes les formes de violence fondée sur le sexe, l’intégration de la dimension genre dans les questions de santé et de protection sociale, la participation égale des femmes à la vie publique, la lutte contre la discrimination et les stéréotypes, et l’intégration de la dimension genre dans les politiques publiques.  Pour assurer une bonne mise en œuvre, le pays a lancé un projet de mécanisme de suivi qui non seulement suivra les politiques du Gouvernement et des autorités locales mais prévoira aussi un système de notation pour évaluer l’impact des politiques.

M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a annoncé que le processus de retrait de la dernière réserve de l’Autriche à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) est presque terminé.  La réserve stipulait « L’Autriche se réserve le droit d’appliquer la disposition de l’article 11, s’agissant de la protection spéciale des femmes qui travaillent, dans les limites établies par la législation nationale ».  Le représentant a cité les mesures prises par son gouvernement en faveur de l’autonomisation des femmes, sans cacher les défis comme l’écart salarial qui est l’un des plus importants d’Europe et la sous-représentation des femmes dans les postes de responsabilité.  Il a reconnu que l’une des principales causes qui empêchent les femmes et les hommes d’exploiter pleinement leur potentiel reste les stéréotypes et les rôles sociaux.  Le Gouvernement y travaille et sur le plan international, il a, entre autres, organisé en novembre dernier un Symposium sur « le renforcement du rôle des femmes dans la paix et la sécurité ».

En coopération avec l’ONU-Femmes, l’Autrice a mis l’accent sur les aspects « sous-développés » de l’agenda sur les femmes, la paix, la sécurité à savoir les questions liées à une analyse des conflits intégrant la dimension genre et au rôle des médias dans la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Les discussions ont conclu à l’importance d’intégrer effectivement la dimension genre dans les politiques étrangères et de sécurité pour améliorer la pertinence de l’analyse des conflits et des évaluations et renforcer l’efficacité opérationnelle des missions de la paix.  Concluant sur le programme de développement pour l’après-2015, le représentant a voulu que l’on tire les leçons des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que l’on reconnaisse un simple fait: pour réaliser les objectifs fixés, il faut placer les femmes et les filles au centre des efforts.  Il a donc réitéré son appui à un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et à l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs. 

Mme EDNA FILOMENA BARRETO (Cabo Verde) a rappelé que 2015 marque le quarantième anniversaire de l’indépendance de son pays et que pendant cette période, son gouvernement a opté pour des politiques de développement centrées sur la personne et a fait de l’égalité hommes-femmes ainsi que du respect des droits de la femme l’une de ses priorités.  À cet effet, un certain nombre de lois, de programmes et de politiques a été adopté pour intégrer une approche « genre et autonomisation des femmes » dans tous les domaines critiques définis par le Programme d’action de Beijing. 

Parmi les succès, la représentante a cité la deuxième place qu’occupe le Cabo Verde dans le dernier rapport de l’Union interparlementaire, avec 52,9% de femmes ministres, dont les ministres des finances, de la santé, de l’intérieur, de l’éducation et de l’emploi.  Pour la première fois, une femme dirige l’un des partis politiques les plus importants, ce qui peut laisser espérer que le prochain premier ministre sera une femme.  Mais au Parlement, les femmes stagnent toujours à 20,8%, en dépit de la politique du quota de 30% du Code électoral.  À son tour, la représentante a appuyé l’inclusion d’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015, assorti de cibles et d’indicateurs « clairs, concis et quantifiables ».

Mme PEI-FEN HSIEH (Tuvalu) a dit que les changements climatiques continuent d’être une menace grave pour la survie de son peuple et compliquent les efforts pour réaliser les objectifs de développement.  Les différents aspects des changements climatiques ont sérieusement compromis les droits du peuple, en particulier les plus vulnérables, les femmes et les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Hier, le Gouvernement de Tuvalu a déclaré l’état d’urgence pour une semaine, après les dégâts causés pendant trois jours par le cyclone Pam. 

La représentante s’est dite convaincue que tous les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs aux femmes seront sans doute réalisés

 étant donné que le pays n’a cessé d’intégrer les droits de la femme dans tous les cadres juridiques.  Mais sur le plan économique, le défi reste de trouver des opportunités d’emplois pour ceux qui vivent en deçà du seuil de pauvreté, et la tâche est difficile, compte tenu des contraintes structurelles, de l’ouverture de l’économie et de la vulnérabilité aux chocs extérieurs.  La récente crise économique mondiale a fait perdre plus de 50% du marché des gens de mer même si ces pertes ont été temporairement compensées par le marché du travail en Australie et en Nouvelle-Zélande.   

Mme JANE MKHONTA-SIMELANE, Directrice du Département du genre et des questions de la famille au Cabinet du Vice-Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que 2015 présente une occasion de faire le point sur les progrès de ces 20 dernières années.  Elle a réaffirmé la détermination de son pays à consolider ses progrès « considérables ».   La Constitution consacre la protection et la promotion des droits et libertés fondamentaux de tous et son chapitre 3 porte sur la promotion et la protection des femmes et des enfants.  Le Gouvernement a promulgué et amendé un certain nombre de lois importantes comme celles sur la protection des enfants et l’assistance publique; la contrebande et la traite des personnes, et sur le cadastre.  Le Gouvernement a également mis en place une équipe spéciale sur la lutte contre la violence et la traite des êtres humains.  Il est déterminé à renforcer toutes ces structures pour garantir à tous la dignité et la pleine jouissance des droits humains, a affirmé la représentante.

La santé maternelle fait partie intégrante du programme de développement, y compris la lutte contre la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, et l’accès à la santé sexuelle et reproductive.  Le Swaziland a également atteint l’objectif de l’éducation gratuite pour tous et à tous les niveaux, les moins de 20 ans représentant 52% de la population.  Avec un tel taux, le Gouvernement a bien l’intention de récolter le dividende démographique en investissant dans les jeunes.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que l’objectif d’éradication de la pauvreté, en particulier l’extrême pauvreté, est au cœur des préoccupations du Saint-Siège.  Il a attiré l’attention sur des études qui ont montré que la fragilité des structures familiales et le déclin du nombre de mariages parmi les populations pauvres sont très étroitement liés à la pauvreté chez les femmes.  Des mères élèvent seules leurs enfants et d’autres en situation de détresse ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école, les piégeant dans le cercle vicieux de la pauvreté et de la marginalisation.  S’il est vrai que les gouvernements et la société ne créent pas les familles, ils ont un rôle crucial à jouer pour appuyer des familles saines et renforcer le rôle parental.  De nombreux rapports du Secrétaire général montrent la centralité de la famille dans la réduction de la pauvreté et le développement durable. 

Un monde où les femmes sont marginalisées est un monde stérile, a dit l’observateur en paraphrasant le pape François.  Non seulement la femme porte la vie mais elle transmet la faculté de voir les choses autrement, de comprendre le monde avec un regard différent.  La contribution de la femme à un monde meilleur est aussi la générosité de servir gratuitement et d’inclure, plutôt que d’exclure. 

Mme SOMAIA BARGHOUTI, Observatrice permanente de l’État de Palestine, a déclaré que, guidée par le Programme d’action de Beijing, et malgré les défis et les obstacles de l’occupation israélienne et de ses pratiques et politiques oppressives, la Palestine a réussi à obtenir des résultats s’agissant de l’autonomisation des femmes, de l’élimination de la discrimination, du renforcement du rôle des femmes dans la société et de la lutte contre la violence fondée sur le sexe.  L’État de Palestine a promulgué des lois et en a amendé d’autres pour obtenir ces résultats.  Il a aussi eu l’honneur d’accéder en 2014 à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et à celle sur les droits politiques des femmes, et cela, sans aucune réserve, s’est enorgueillie l’observatrice.  Toutes les composantes de la société palestinienne, et à tous les niveaux, ont fait des progrès tangibles s’agissant du rôle de la femme dans la société.  Ces 20 dernières années, la situation de la Palestinienne et de sa famille s’est vraiment améliorée dans plusieurs sphères de la vie. 

Après avoir donné des exemples assortis de chiffres, l’observatrice a souligné que malgré ces progrès, l’actuelle crise politique, humanitaire et socioéconomique dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, a atteint un niveau « alarmant », compromettant toutes les chances de parvenir à la croissance économique, à la prospérité et à la participation des femmes à l’économie.  Les pratiques et politiques illégales d’Israël continuent d’avoir un effet « dévastateur » sur la promotion de la femme palestinienne et d’augmenter les taux de pauvreté, l’insécurité alimentaire et la violence contre les femmes.  L’occupation elle-même est une énorme source de violence contre les femmes et les filles.  Elle ne fait aucune différence entre un homme et une femme, ni entre un vieux et un enfant.  C’est une politique de violence raciale qui tue, arrête et attaque avec impunité, en violation fragrante du droit international et les conventions et normes internationales, a dénoncé Mme Barghouti. 

Parlant au nom des 60% de femmes qui ne peuvent pas contribuer aux décisions sur l’environnement, au nom des 80% de femmes qui ne peuvent pas occuper des postes de responsabilité dans les ministères de l’environnement et au nom des 96% de femmes qui n’ont aucune voix au Conseil mondial de l’énergie, Mme LORENA AGUILAR, Conseillère principale pour l’égalité des sexes de l’Union internationale pour la conservation de la nature, a demandé si le chapitre K du Programme d’action de Beijing relatif aux femmes et à l’environnement est un chapitre isolé.  Non, a-t-elle répondu, il est intrinsèquement lié aux autres.  Les femmes, a-t-elle rappelé, représentent 43% de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement et deux tiers des 600 millions d’éleveurs pauvres dans le monde.  Pourtant, elles n’ont ni l’accès ni le contrôle des ressources, des terres et des services.  Ce sont les femmes et les filles qui, dans le monde, passent 140 millions d’heures par jour à puiser de l’eau.  Ce sont elles qui connaissent les plantes médicinales et les sources alternatives de nourriture et pourtant, elles sont excluent de la gouvernance officielle des forêts.  En Afrique, en Asie et en Amérique latine, les femmes dirigent des petites sociétés d’énergie et mènent des activités novatrices, et pourtant aucun mécanisme de financement ne parvient jusqu’à elles, même si leurs « petites » idées transforment déjà leurs communautés.

Les questions de l’environnement doivent être au cœur de la lutte pour l’égalité entre les sexes, a insisté l’oratrice.  Quand cette égalité est effectivement intégrée aux projets environnementaux, les résultats peuvent vraiment être porteurs de transformations comme au Népal où, dans un projet de conservation, on a reconnu qu’il fallait traiter de la violence contre les femmes pour qu’il réussisse ou au Cameroun quand un projet sur la forêt a fini par être le moteur d’une révolution totale de la législation sur la propriété foncière. 

Mme LYDIA NSEKERA, Comité international olympique (CIO), a estimé qu’« réalité, un nombre trop élevé de femmes ont, à l’heure actuelle, moins de liberté et moins de droits qu’elles n’en possédaient en 1995 ».  Elle a rappelé qu’à Beijing, les délégués ont reconnu que le sport peut constituer un instrument puissant pour servir la cause de l’égalité sous toutes les formes.  « Le sport est un tremplin pour la justice sociale ».  Le sport, a-t-elle expliqué, remet en question les normes liées au sexe et combat les stéréotypes néfastes.  Les Jeux olympiques ont montré ce que le sport peut accomplir pour les femmes qui y participent depuis 1900, c’est-à-dire bien avant d’obtenir le droit de vote dans la plupart des pays et à une époque où de nombreuses athlètes olympiques féminines prenaient part aux compétitions malgré une très ferme désapprobation de la société. 

La représentante a aussi souligné le rôle essentiel du sport dans la lutte contre les maladies transmissibles qui tuent 38 millions de personnes chaque année, sans compter les 170 millions qui luttent contre la double menace de l’obésité et du diabète.  Il est clair, a-t-elle poursuivi, que l’éducation physique constitue un moyen pédagogique puissant pour transmettre aux enfants et aux adolescents des compétences pratiques et des aptitudes sociales ainsi que pour les aider à adopter des attitudes positives, à acquérir des valeurs solides et à développer une force morale.  Le sport, a-t-elle ajouté, favorise l’estime de soi, une bonne image de soi, la fierté et la confiance en soi, le désir d’émancipation et d’autonomisation.  S’agissant de la violence, la représentante a cité un projet du HCR en Ouganda, qui a pris appui sur un programme sportif pour les jeune hommes et femmes dans le but d’encourager le jeu d’équipe et la coopération.  Ce projet comportait des cours destinés à dissuader les hommes de recourir à la violence sexuelle et sexiste et des initiatives similaires ont été lancées au Panama, au Venezuela et au Kenya.  Dépenser de l’argent pour le sport n’est pas un luxe.  Il s’agit d’un investissement amplement rentable dont le rendement prend de nombreuses formes, tels des coûts réduits en matière de santé, des travailleurs plus productifs, des économies plus fortes et des vies plus heureuses, plus saines et plus longues.  Alors que nous abordons le programme de développement pour l’après-2015, penchons-nous sur la manière dont nous pourrions exploiter pleinement tout le potentiel du sport pour atteindre nos objectifs, a déclaré la représentante.

Mme MARGARET MENSAH WILLIAMS, Union interparlementaire (UIP), est revenue sur la manifestation récente organisée sur le thème « le Parlement pour l’égalité des sexes » à laquelle ont participé plus de 200 personnes de plus de 44 pays.  La réunion a débouché sur certaines questions prioritaires comme le rôle des parlements dans le plein respect des droits de la femme ou encore la bonne gouvernance démocratique.  Les femmes doivent s’approprier leur destin et leurs corps et il revient aux parlements de consigner cela dans des lois fortes dont la bonne application dépend des moyens qui seront mis à disposition.  Les lois en tant que telles ne peuvent rien, sans la volonté politique au niveau décisionnel.  La représentante a salué le fait que la représentation des femmes au sein des parlements ait augmenté, mais il faut aller plus loin, notamment grâce à des quotas pour les postes électifs. 

Mme ESTHER ISSA SOKO, Ministre de la femme, de l’action sociale et de la solidarité nationale du Tchad, a déclaré que le Tchad, comme les autres États, a réalisé des progrès notables mais des défis importants restent encore à surmonter.  Au niveau national, 71,5% de femmes de 20 à 24 ans sont mariées ou vivent maritalement avant leurs 18 ans.  Pour lutter contre ces pratiques, le chef de l’État lancera le 14 mars, la campagne « 0 mariage d’enfants » à l’horizon 2020, et pour mieux organiser la mise en œuvre de cet engagement, il lancera le même jour, une action qui mobilisera tous les acteurs et conduira à l’adoption d’une loi spécifique.  Le Tchad, a poursuivi la Ministre, est à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme en intervenant au Mali, au Cameroun et au Nigéria, pour lutter contre la « nébuleuse Boko Haram » et contre l’obscurantisme qui impacte négativement la vie des millions de femmes qui voient quotidiennement leurs droits déniés: droit à l’éducation, à la participation ou de choisir son conjoint.

Si les soldats tchadiens réussissent leurs missions, a indiqué Mme Soko, c’est grâce aux moyens que le pays déploie pour leur formation et la mise à leur disposition des équipements adéquats.  Mais le coût grève fortement le budget national et n’est pas sans conséquence sur le financement des mécanismes de promotion de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation de la femme.  « Nous lançons un appel aux pays amis et à la communauté internationale aux fins d’appuyer le Tchad dans ce combat pour la paix et le développement », a exhorté la Ministre qui a aussi parlé de l’inauguration le 1er mars dernier, de la Maison de la femme, cadre d’échange et de formation de la femme tchadienne ainsi que d’écoute des femmes victimes de violence basée sur le genre.  Elle a aussi évoqué le Conseil national des femmes leaders (CONAF) qui est un « tournant essentiel » dans la participation de la femme dans les instances de prise de décisions.

Mme SALMA NIMS, Secrétaire générale de la Commission nationale jordanienne pour les femmes, est revenue sur la situation des femmes dans les zones de conflit et le document que sa commission a soumis à la Commission de la condition de la femme lequel ne représente pas uniquement la position de son gouvernement mais également celle de toute la société jordanienne.  Elle a expliqué que l’afflux de 1,4 million de réfugiés syriens en Jordanie avait mis à mal la capacité de son gouvernement d’assurer la qualité des services offerts aux Jordaniens, et en particulier aux femmes.  S’agissant de la situation des femmes, il y a eu des réformes législatives importantes et la participation des femmes au Parlement, au Gouvernement et dans les municipalités a augmenté.  Dans l’éducation, le taux des femmes dans les universités a également augmenté et il y a eu de véritables progrès en matière d’accès aux soins de santé.  Il n’en demeure pas moins que les femmes sont toujours plus touchées que les hommes par la pauvreté et le chômage et que l’accès aux services sociaux est particulièrement difficile en milieu rural.  La représentante a demandé à la communauté internationale de tenir compte de la situation en Jordanie.  Elle a encouragé des partenariats privé-public, compte tenu en particulier du déficit budgétaire du Gouvernement jordanien.

Mme RUMBIDZAI KANDAWASVIKA-NHUNDU  Représentante de l’Institute for democracy and electoral assistance (IDEA), a déclaré que beaucoup de chemin reste à faire dans tous les domaines de la vie pour la réalisation des droits de la femme.  Il faut maintenant passer de la parole aux actes, a-t-elle exhorté.  Sur le plan politique, elle a demandé des politiques durables visant à éliminer les inégalités à long terme.  Elle a suggéré aux hommes de desserrer l’étau dans l’exercice du pouvoir et d’inclure les femmes dans le processus démocratique.  Elle a aussi déploré que dans certains pays, les inégalités et la discrimination à l’égard des femmes sont tellement flagrantes qu’elles figurent même dans la loi.  Il faut agir pour mettre fin à cette situation, a réitéré la représentante.

Droits de réponse

La représentante d’Israël a réagi aux accusations « infondées » de certains pays qui sont ceux qui oppriment le plus les femmes.  Le Moyen-Orient est marqué par une tyrannie où les femmes y sont mises à mal par des régimes autoritaires.  Revenant à l’intervention de la représentante palestinienne, elle a dénoncé le fait que le 8 mars, le Président Abbas a décidé de rendre hommage à la « terroriste palestinienne » Amna Mouna, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.  Ce qui apparait clairement, a-t-elle estimé, c’est que les Palestiniens « accusent facilement Israël mais n’assument jamais leurs actes ».  Il est important de dire la vérité et il est temps de reconnaître qu’en termes de droits de la femme, Israël est un exemple et un îlot de démocratie.  Pensons à l’avenir et demandons à ces pays de se concentrer sur leurs efforts pour autonomiser leurs propres populations, a-t-elle conclu.

Son homologue de l’État de Palestine a répondu que tous les éléments qu’elle a cités sont tirés non pas des statistiques palestiniennes mais des documents officiels de l’ONU.  Elle a accusé Israël d’avoir commis des crimes de guerre et a jugé « ironique » qu’il s’attaque à des femmes qui luttent pour leur liberté et leur indépendance.

La représentante de la Syrie a réagi aux « allégations » de l’Arabie saoudite qui « regrette la situation des droits de l’homme en Syrie » alors même que les Saoudiennes ne peuvent exercer leurs droits fondamentaux et encore moins se mettre au volant.  Le régime saoudien pratique la discrimination contre les femmes, a dit la représentante qui s’est attardée sur les « pratiques criminelles » contre les femmes dont des mineures qui vivent dans les camps de réfugiés à la merci des mariages forcés et précoces ainsi que des viols.  Elle a rappelé qu’aujourd’hui, le Ministère saoudien de l’intérieur a même décidé de légitimer la traite des orphelines palestiniennes.  Elle est également revenue aux « éléments de preuve » des incitations au terrorisme et à la haine du régime saoudien, un régime qui attise les tensions religieuses dans la région, entraînant l’apparition de groupes terroristes religieux.  Elle a pointé un doigt accusateur sur un régime qui a inculqué des idées takfiries pendant des années à des millions de musulmans dans le monde.

Table ronde sur le thème « Ressources disponibles pour la réalisation de l’égalité entre les sexes: bonnes pratiques et stratégies d’action pour l’avenir »

La table ronde était présidée par le Vice-président de la Commission, M. MOHAMED ELBAHI, et animée par la Directrice exécutive de « Gender At Work », Mme ARUNA RAO.

Quelles actions et quelles réformes politiques faut-il pour dégager les ressources nécessaires, au plan domestique?  Que doit-on attendre des financements innovants?  Quels partenariats faut-il pour faciliter les financiers?  Comment mobiliser aux mieux les donateurs traditionnels et nouveaux, qu’ils soient du secteur privé ou de la société civile?

Mme DIANE ELSON, Professeur émérite et spécialiste des questions de genre et du développement social à l’Université de l’Essex, a d’emblée attiré l’attention sur une étude qui a estimé le déficit dans le financement de l’égalité entre les sexes entre 73,2 et 83,2 milliards de dollars pour 2015.  « Ne nous leurrons pas, il y a beaucoup d’argent dans le monde mais là où le bât blesse c’est la mobilisation des fonds », a prévenu Mme Elson.  En 2011, a-t-elle dit, l’évasion fiscale dans le monde a été estimée 3 000 milliards de dollars, les pays en développement ayant perdu 946,7 milliards de dollars, soit plus de 7 fois le montant de l’aide publique au développement (APD) pour cette année-là.

Les gouvernements doivent s’associer pour mettre en place un système international de coopération fiscale.  Il est également primordial que le secteur privé participe au financement, en acceptant une hausse des impôts sur leurs bénéfices.  Si tous les pays en développement étaient en mesure d’imposer un impôt de l’ordre de 15% de leur revenu national, ils pourraient dégager au moins 198 milliards de dollars par an, a avancé Mme Elson.

Il ne suffit pas de mobiliser les fonds, a-t-elle reconnu, il faut encore les allouer de manière judicieuse pour renforcer leur impact sur les femmes et les filles.  Les ministres des finances doivent être associés aux décisions sur les investissements dans l’égalité entre les sexes, ce qui permettrait que dans les politiques budgétaires globales, il n’y ait rien qui sape la réalisation de cette égalité, comme une mauvaise politique fiscale.  Les ministres des finances sont « plus puissants » que les ministres de la condition féminine, c’est eux qui tiennent les cordons de la bourse.  À cet égard, elle a salué le fait qu’ONU-Femmes et la Banque mondiale soutiennent des pratiques communes pour les ministres des finances. 

Les modalités de financement du développement sont appelées à s’appuyer sur une gestion axées sur les résultats avec de objectifs bien déterminés en matière de réduction des inégalités et de développement durable et dans le cadre d’une démarche intégrée impliquant l’ensemble des parties prenantes.  C’est ce qu’a estimé M. MOHAMED CHAFIKI, Directeur des études et des prévisions financières au Ministère de l’économie et des finances du Maroc.  Il a jugé urgent de poser les jalons d’une nouvelle convergence entre le système des Nations Unies et les institutions de coopération bilatérales et multilatérales autour d’une stratégie commune prenant en compte les objectifs de développement après 2015.

M. Chafiki a noté que la budgétisation sensible au genre (BSG), en tant que dispositif opérationnel de gestion de l’action publique en faveur de l’effectivité de l’égalité et du respect des droits de l’homme, répond parfaitement aux exigences de cette nouvelle feuille de route.  À la veille de l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, il est opportun de procéder au renforcement de la coordination et de l’efficacité des politiques publiques, en respectant les logiques de proximité au plus près des besoins réels des différentes catégories de population et en sollicitant leur participation.  Il faudra consolider l’infrastructure institutionnelle pour permettre cette participation à l’élaboration, à l’exécution, au suivi et l’évaluation des politiques publiques.

 L’opérationnalisation de cette nouvelle vision du développement nécessite d’énormes besoins en matière de financement, a-t-il reconnu, ce qui exige une nouvelle ingénierie du financement de développement basée sur l’instauration d’un partenariat mondial fondé sur une vision intégrée privilégiant la convergence entre le système des Nations Unies, les institutions de financement internationales, les gouvernements et les ONG et le secteur privé.  Cela exige aussi la mobilisation des ressources domestiques et de l’APD, et l’adoption de nouvelles générations de constitutions financières, assorties de la réforme des lois organiques des finances et du partage des connaissances en matière de « gendérisation » des politiques publiques.

Le financement lorsqu’il est là, a dit Mme LYDIA ALPÍZAR DURÁN du Costa Rica, Directrice exécutive de l’Association pour les droits des femmes dans le développement (AWID), suppose des moyens d’évaluation de son impact réel.  Il faut mettre en place des indicateurs précis pour pister les ressources qui contribuent vraiment à l’égalité entre les sexes.  Elle s’est dite convaincue qu’il faut traiter de la question structurelle du financement, car il s’agit d’une question transversale du modèle de développement.  Il faut aborder le financement sous l’angle quantitatif et qualitatif, a-t-elle insisté.  Elle a évoqué la proposition de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) de mettre en place un fonds pour le financement de l’égalité entre les sexes qui serait constitué par l’APD.  « La philanthropie ne peut remplacer des flux réguliers », s’est-elle expliquée, en arguant qu’il faut pouvoir compter sur des fonds prévisibles d’origine fiscale et autre.  En la matière, la redevabilité est « fondamentale » pour s’assurer que les fonds promis soient effectivement déboursés et affectés à des projets pertinents.

La plus importante source de financement est et sera toujours les ressources domestiques, a souligné Mme PATTI O’NEILL, Directrice de Division l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  En 2012, en Afrique, a-t-elle affirmé, les rentrées fiscales représentaient 10 fois plus que le volume de l’APD.  Générer l’argent nécessaire à la réalisation de l’égalité des sexes requiert de nouveaux partenariats, y compris avec le secteur privé dont les investissements doivent s’aligner avec les priorités nationales sur l’égalité.  « Nous devons être plus courageuses et tenir nos gouvernements et le secteur privé responsables des résultats en matière d’égalité des sexes », a estimé Mme O’Neill.

Elle a invité les participants à se joindre à l’Initiative sur l’égalité entre les femmes et les hommes du Partenariat mondial lancé au Mexique et qui réunit les partenaires autour de quatre actions essentielles: aider les pays à renforcer leurs systèmes de suivi et d’allocations des fonds publics, encourager les donateurs à accroître leur appuis aux pays partenaires et à l’ONU-Femmes, approfondir le dialogue inclusif et démocratique avec toutes les parties prenantes et accroître le nombre des pays engagés dans l’évaluation de l’indicateur de l’égalité entre les sexes du Partenariat mondial.

La représentante de la Finlande a relayé l’appel à l’augmentation des contributions à l’ONU-Femmes.  Son homologue du Canada a plutôt mis le financement des communautés pour garantir l’égalité des sexes « à la maison ».  Il faut demander aux femmes comment on peut leur venir en aide et peut-être, pour ce faire, encourager leur entrée au parlement, a commenté la représentante du Tchad, avant que son homologue du Soudan du Sud ne propose de renforcer la dimension sexospécifique du financement humanitaire. 

Comme l’a dit la représentante de la Suisse « l’égalité a un prix mais les bénéfices à en tirer sont largement supérieurs ».  Une déléguée de la société civile du Soudan du Sud a demandé la mise en place d’un fonds international pour l’éducation primaire des filles.

Sont intervenus cet après-midi les représentants du Soudan, du Mexique, de la Chine, de l’Italie, de la Finlande, du Canada, de l’Union européenne, de la Suisse, du Réseau Christian Aid, du Mali, de l’Éthiopie, de Zonât international, de l’Iran, de l’Ouganda, du Tchad, du Mouvement FÉDÈRE, du Soudan du Sud, de l’Irlande, du Sri Lanka, du Forum des femmes du Soudan rural, et une coordinatrice d’une cellule genre du Sénégal.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix conclut sa session 2015 en adoptant de nombreuses recommandations destinées à améliorer l’efficacité du maintien de la paix

Comité spécial des opérations de maintien de la paix,
243e séance – soir
AG/PK/222

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix conclut sa session 2015 en adoptant de nombreuses recommandations destinées à améliorer l’efficacité du maintien de la paix

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a conclu, vendredi le 13 mars dans la soirée, sa session de 2015, en adoptant sans vote un rapport contenant de nombreuses recommandations destinées à faire face aux défis qui se posent en matière d’opérations de maintien de la paix.

Le Comité concluait ainsi quatre semaines de réunions qui se sont tenues à la fois de manière publique et sous un format informel du 17 février au 13 mars 2015 au Siège des Nations Unies à New York.  Les 309 paragraphes du Chapitre V du rapport du Comité (document publié sous la cote A/AC.121/2015/L.3) offrent des pistes visant à améliorer la sureté et la sécurité des personnels ainsi que la conduite et la discipline des effectifs des missions.  Les recommandations contenues dans ces paragraphes visent également l’amélioration des stratégies des opérations de maintien de la paix, ainsi que la coopération avec les pays fournisseurs de contingents militaires et de police, la coopération avec les dispositifs régionaux, le renforcement des capacités de maintien de la paix de l’Afrique, les meilleures pratiques.  Des parties de ce rapport portent également, entre autres, sur la formation des personnels et sur les questions financières.   

Le Rapporteur du Comité, M. Amr Fathi Aljowaily (Égypte) a presenté le rapport aux membres du Comité spécial avant que la Présidente, Mme Joy Ogwu, ne clôture les travaux de cette session de 2015.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission se penche sur la gestion du parc immobilier mondial de l’ONU et les économies réalisables grâce à la gestion souple de l’espace de travail

Première partie de la reprise de session,
32e séance – matin
AG/AB/4149

La Cinquième Commission se penche sur la gestion du parc immobilier mondial de l’ONU et les économies réalisables grâce à la gestion souple de l’espace de travail

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a examiné aujourd’hui l’élaboration d’un programme d’investissement, étalé sur une période de 20 ans allant de 2018 à 2037, pour assurer l’entretien du parc immobilier de l’Organisation des Nations Unies (1).  La Commission a d’autre part examiné un projet de gestion souple des espaces de travail (2), qui serait appliqué au Siège de l’ONU et permettrait, d’ici à 2018, de libérer les locaux à usage de bureaux situés dans les immeubles Daily News, Court Square et Albano, que l’Organisation occupe contre des frais locatifs élevés. 

Le plan de mise en œuvre proposé supposerait d’aménager 26 étages de l’immeuble-Siège du Secrétariat de l’ONU et 8 étages du bâtiment FF en espaces de travail polyvalents, afin d’accueillir environ 800 fonctionnaires supplémentaires dans le bâtiment du Secrétariat et 150 de plus dans le bâtiment FF.  Présentant le rapport soumis par le Secrétaire général sur la question, M. Stephen Cutts, Sous-Secrétaire général aux services centraux d’appui a indiqué que les travaux préliminaires de planification pourraient commencer en avril 2015, tandis que les travaux d’aménagement du bâtiment du Secrétariat débuteraient en septembre 2015 pour se terminer à la fin de 2017.  Ceux menés dans le bâtiment FF prendraient fin en février 2018.

La mise en œuvre du plan de gestion souple de l’espace de travail au Siège aurait un coût estimatif de 49 598 600 dollars, dont 500 000 dollars pour la planification et les études techniques; 31 366 800 dollars pour le réaménagement du bâtiment du Secrétariat; 13 335 700 dollars pour le réaménagement de l’immeuble FF; 2 305 900 dollars pour l’aménagement initial et l’occupation des locaux transitoires, 715 000 dollars pour les déménagements supplémentaires vers les immeubles hors complexe (en dehors de la gestion souple de l’espace de travail); et 1 375 200 dollars pour l’équipe en charge du projet.

Au-delà de l’aspect financier, le représentant de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que la prise en compte des considérations relatives à la gestion des ressources humaines et des attentes ainsi que des contraintes des différents départements sont des éléments critiques qui doivent être pris en compte pour déterminer si une telle initiative peut-être mise en œuvre avec succès. 

Si le représentant de la Fédération de Russie a quant à lui apporté le soutien de sa délégation à l’initiative, il a indiqué que ce soutien serait conditionné par la réussite de la phase de transition, qui doit s’achever dans les temps prévus.  Il a souligné que la Fédération n’était pas convaincue par les explications qui ont été données à la Commission pour justifier la proposition de doter chaque fonctionnaire d’un smartphone, assorti d’un forfait « données », et d’un ordinateur portable.  C’est pourquoi, a-t-il dit, « à l’instar du Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), la Fédération de Russie invite le Secrétaire général à envisager d’autres solutions ».

Le Président de la Cinquième Commission a indiqué que des visites seront organisées cet après-midi à 13 h 15 et à 14 heures à l’attention des délégations qui souhaiteraient visiter l’espace-pilote du projet de gestion souple de l’espace de travail, aménagé au dix-huitième étage du bâtiment du Secrétariat.

Pour l’examen stratégique des biens immobiliers de l’Organisation, la Commission était saisie d’un rapport du Secrétaire général comprenant un tableau récapitulatif des dépenses à effectuer pour la conduite du programme d’investissement patrimonial étalé sur 20 ans, à compter de l’exercice biennal 2018-2019 jusqu’à l’exercice 2036-2037.  Ces dépenses sont ventilées par exercice biennal.  Le rapport comprend aussi un tableau récapitulant les dépenses par lieu d’affectation.  Le taux de réinvestissement dans les travaux d’entretien correspond au montant moyen des dépenses d’entretien annuelles, rapporté au coût total de remplacement à l’état neuf du parc immobilier examiné, soit 3 644 602 252 dollars. 

Le Président du CCQAB a estimé que les informations figurant au rapport manquent de clarté en ce qui concerne les propositions du Secrétaire général et les décisions précises que l’Assemblée générale est appelée à prendre, et qu’il en est de même concernant les incidences de l’adoption éventuelle de ces mesures. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Togo a appelé à porter une grande attention aux projets qu’il est prévu de mener à Addis-Abeba en Éthiopie, dans les locaux de la Commission économique pour l’Afrique, et à Nairobi, au Kenya, pour améliorer les installations du siège régional de l’ONU.  Il s’est inquiété que les bâtiments existant aient perdu une grande part de leur valeur.

La Commission a par ailleurs élu par acclamation ce matin M. Madhuka Sanjaya Wickramarachchige, du Sri Lanka, au poste de Vice-Président.  Il remplace sa compatriote, Mme Chamithri Jayanika Rambukwella qui quitte les fonctions qu’elle occupait à la Mission permanente du Sri Lanka à New York. 

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal de l’ONU.

1A/69/760 et A/69/8112A/69/749 et A/69/810.  

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2014 -2015

Examen stratégique des biens immobiliers (A/69/760 et A/69/811)

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’Examen stratégique des biens immobiliers (A/69/811)

Le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) rappelle que l’examen stratégique des biens immobiliers doit se dérouler en trois phases: a) Phase 1 (achevée en décembre 2012): mise en place d’un cadre pour la collecte des données et adoption d’une méthode de travail pour leur examen; b) Phase 2 (achevée en octobre 2014): collecte des données et élaboration de plans d’équipement locaux par les bureaux hors Siège et les commissions régionales; c) Phase 3 (lancée en novembre 2014 et qui doit s’achever en mai 2015): formulation de conclusions et recommandations, et mise au point d’un programme d’investissement sur 20 ans pour l’entretien du parc immobilier et d’une base de données qui permettra de contrôler l’exécution des projets et d’établir des rapports à ce sujet.

Le CCQAB souligne qu’il importe d’actualiser régulièrement l’examen stratégique des biens immobiliers pour qu’il rende compte des décisions futures de l’Assemblée générale et réponde à l’évolution des besoins de l’Organisation, dont la mise en œuvre des Normes comptables internationales pour le secteur public (Normes IPSAS); d’Umoja; du Modèle de prestation de services centralisée et des Stratégies de gestion souple de l’espace de travail. 

Le CCQAB note que l’ONU a formulé pour la première fois un programme détaillé d’investissement à long terme pour l’entretien du parc immobilier, qui constituerait un précieux outil de planification et faciliterait l’examen des projets par l’Assemblée générale et sa prise de décisions.

S’agissant de la « Gouvernance et enseignements tirés de l’expérience », le CCQAB invite à nouveau le Secrétaire général à suivre la meilleure pratique recommandée par le Comité des commissaires aux comptes (CCC) en ce qui concerne la gestion et l’utilisation des fonds pour imprévus dans tous les projets d’équipement.

Les projets qu’il est prévu de mener à Addis-Abeba, Bangkok, Nairobi et Santiago pour les exercices biennaux 2018-2019 à 2026-2027 sont les suivants (ibid., par. 61):

a)    Sécurité des occupants: i) travaux structurels et de mise aux normes relatives à la sécurité des occupants de la tour du secrétariat de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique; ii) travaux structurels et de mise aux normes relatives à la sécurité des occupants de l’ancienne tour à usage de bureaux de la Commission économique pour l’Afrique;

b)    Modernisation et maintien de la valeur des biens: i) remplacement des anciens bâtiments à usage de bureaux (bâtiments A à J) de l’Office des Nations Unies à Nairobi; ii) remplacement des infrastructures de l’Office des Nations Unies à Nairobi; et iii) rénovation du bâtiment nord de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes;

c)    Objectifs programmatiques: i) rénovation de la bibliothèque et de la cafétéria de la Commission économique pour l’Afrique; et ii) agrandissement du centre de conférences de l’Office des Nations Unies à Nairobi.

Le CCQAB note que la présentation des projets d’équipement prévus dans une catégorie distincte des autres activités d’entretien menées au titre du chapitre 33 du budget-programme permet de mieux comprendre les prévisions de dépenses données dans l’examen stratégique des biens immobiliers.  Il est donc d’avis que tous les projets d’équipement devraient dorénavant être présentés de cette manière, en toute transparence, dans les propositions du Secrétaire général.

Pour ce qui est de la proposition d’investissement progressif futur basé sur la méthode de planification des remplacements fondée sur l’ensemble du cycle de vie, le CCQAB souhaite des informations plus détaillées pour la budgétisation et le financement futurs d’un plan d’investissement progressif basé sur la méthode de planification des remplacements fondée sur l’ensemble du cycle de vie, pour que les États Membres puissent mieux appréhender les incidences financières de cette proposition.

Le CCQAB escompte que le prochain rapport du Secrétaire général sur l’examen stratégique des biens immobiliers contiendra de plus amples informations sur les coûts et avantages potentiels d’un programme de maintenance préventive, en notant qu’une telle approche peut permettre d’économiser jusqu’à 12% au fil du temps par rapport à l’approche réactive actuelle.

Pour ce qui est du programme d’investissement patrimonial à long terme (2018-2037), qui détaillera notamment les projets préliminaires envisagés et les prévisions de dépenses y afférentes (A/69/760, par. 69).  Le Comité consultatif est d’avis que les informations figurant au paragraphe 69 a) et b) manquent de clarté en ce qui concerne les propositions du Secrétaire général et les décisions précises que l’Assemblée générale est appelée à prendre, ainsi que les incidences de l’adoption éventuelle de ces mesures.

Le CCQAB est d’avis que la proposition d’investissements progressifs suivant la méthode de planification des remplacements fondée sur l’ensemble du cycle de vie devrait être définie de façon plus précise et que les coûts et avantages d’un programme de maintenance préventive devraient être présentés de manière plus détaillée dans le prochain rapport du Secrétaire général sur l’examen stratégique des biens immobiliers.

Il rappelle qu’il a déjà fait observer que les décisions qui seront prises concernant les ressources nécessaires pour les dépenses d’équipement ou les dépenses d’entretien ordinaire des biens immobiliers de l’Organisation dépendent de l’application d’une méthode d’évaluation fiable, uniforme et réaliste de la valeur des biens et de l’applicabilité des normes sectorielles comparables à tous les locaux dont l’Organisation est propriétaire ou qu’elle occupe.

Gestion souple de l’espace de travail (A/69/749 et A/69/810)

Rapport du CCQAB sur l’« Étude de faisabilité détaillée de la mise en œuvre de stratégies de gestion souple de l’espace de travail à l’ONU » (A/69/810)

Une étude complète de l’occupation des locaux réalisée sur 15 étages de cinq bâtiments de New York (bâtiments du Secrétariat et de l’UNITAR, immeubles DC-1, DC-2 et Innovation Luggage) qui abritent 1 160 espaces de travail a montré que l’espace pourrait être utilisé beaucoup plus efficacement si le Secrétariat mettait en place des stratégies de gestion souple de l’espace de travail. 

Pour tester l’application d’une gestion souple de l’espace de travail à l’environnement de travail de l’ONU, un programme pilote a été élaboré et mis en œuvre aux 18e et 19e étages du bâtiment du Secrétariat.  Celui-ci concerne 128 fonctionnaires travaillant à la Division de la planification stratégique, du recrutement et des affectations du Bureau de la gestion des ressources humaines.  Huit types d’espace font partie du programme pilote: accueil; espace calme; espace de collaboration; salle de réunion; bureau du directeur/salle de réunion; espace travail-détente; cabines de réflexion; bibliothèque.  Les fonctionnaires ne se voient pas attribuer un poste de travail particulier dans l’espace pilote; les postes de travail sont donc « partagés » en fonction des besoins, le coefficient d’utilisation étant de 0,81 (soit 81 postes de travail pour 100 fonctionnaires).

Selon les constations et estimations du Secrétaire général le coût total du projet de mise en œuvre des stratégies de gestion souple de l’espace de travail au Siège de l’ONU – visant à transformer 26 étages du bâtiment du Secrétariat et 8 étages du bâtiment FF en espaces de travail polyvalents, afin d’accueillir quelque 800 fonctionnaires supplémentaires dans le bâtiment du Secrétariat et quelque 150 dans le bâtiment FF - est estimé à 49,6 millions de dollars.  La mise en œuvre de ces stratégies devrait se traduire par une réduction de 18% de la superficie occupée par les bureaux du Siège de l’Organisation et d’une réduction de 18,1 millions de dollars en 2018 et de 19,8 millions de dollars en frais annuels de location de bureaux à usage commercial.  Les contrats de location de ces bâtiments (immeuble du Daily News, immeuble Albano et immeuble de Court Square) arriveront à expiration en 2017 et au début de 2018.  Le Secrétaire général explique que le coût total du projet serait en partie contrebalancé par la réduction des dépenses de location et d’entretien d’ici à 2020 et que par la suite, on obtiendrait une réduction annuelle de 19,8 millions de dollars au titre des dépenses annuelles de location et d’entretien. 

Le CCQAB félicite le Secrétaire général pour la qualité de son rapport qui expose clairement l’analyse coût-avantage effectuée et les avantages qualitatifs et quantitatifs que présentent les stratégies de gestion souple de l’espace de travail à l’Organisation des Nations Unies.  Il est d’avis que le Secrétaire général a présenté une étude de faisabilité solide et recommande l’application du programme de gestion souple de l’espace de travail au Siège de l’Organisation.  À ce sujet, il insiste sur le fait que les économies qu’il est prévu de faire en ne reconduisant pas les baux des bâtiments Daily News et Albano et de l’immeuble de Court Square sont un élément indispensable de l’étude de faisabilité et qu’il sera donc crucial de quitter les trois bâtiments le moment venu.

S’agissant des effets de la gestion souple de l’espace de travail sur la productivité, comme l’avait noté l’Assemblée générale dans sa résolution 68/247 B, le CCQAB sait qu’il est difficile de mesurer la productivité pour les différentes activités exercées à l’Organisation, mais il estime que les facteurs d’amélioration de la productivité devraient être pris en compte dans l’application d’un programme de gestion souple de l’espace de travail et que le Secrétaire général devrait en rendre compte dans son prochain rapport sur la gestion souple de l’espace de travail.

Les déménagements ayant des incidences sur la productivité et le cadre de travail, le Comité consultatif souligne que l’utilisation de locaux transitoires dans le cadre de la mise en œuvre d’une gestion souple de l’espace de travail doit se faire de manière à limiter le plus possible les déménagements.

Ayant demandé des précisions sur les coûts liés au kit informatique composé d’un ordinateur portable et d’un smartphone, qui serait fourni aux fonctionnaires dans le cadre de la gestion souple de l’espace de travail, le CCQAB n’est pas entièrement convaincu par l’explication donnée pour justifier que chaque fonctionnaire dispose d’un smartphone, assorti d’un forfait données, et d’un ordinateur portable.  C’est pourquoi, il invite le Secrétaire général à envisager d’autres solutions.  Il estime d’autre part que les coûts afférents au kit informatique sont considérables et recommande donc à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de revoir l’idée du kit et les coûts correspondants pour 2015 et de faire part des éventuelles réductions de coût dans son rapport sur l’exécution du budget de l’exercice biennal 2014-2015. 

Le CCQAB recommande d’approuver le montant des ressources demandées pour l’exercice biennal 2014-2015, à savoir 5 819 000 dollars, et à titre exceptionnel, à recourir au Fonds de roulement et au Compte spécial, à hauteur de 5 819 000 dollars, pour financer les avances de trésorerie dans le cadre du projet de gestion souple de l’espace de travail.

En ce qui concerne les autres dépenses pour 2016-2018, le CCQAB engage le Secrétaire général à revoir les ressources demandées pour trouver d’éventuelles réductions, en particulier les dépenses prévues au titre du kit informatique, et à envisager la possibilité d’utiliser le mobilier existant et de réutiliser, dans toute la mesure possible, les ordinateurs personnels qui auront été remplacés.

Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de veiller à ce que les liens avec d’autres initiatives de réforme en cours à l’Organisation, telles que la mise en service d’Umoja, soient pris en compte dans la mise en œuvre de la gestion souple de l’espace de travail.

Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’intégrer des stratégies de gestion souple de l’espace de travail aux travaux d’élaboration du plan stratégique patrimonial et de faire le point sur la question dans son prochain rapport sur le plan stratégique patrimonial.  Il demande aussi au Secrétaire général de lui soumettre, à sa soixante-dixième session, son prochain rapport sur les stratégies de gestion souple de l’espace de travail, notamment une estimation des coûts du projet restant à financer pour 2016, 2017 et 2018, ainsi que les modalités de financement.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. LYLE DAVIDSON (Afrique du Sud) a souligné l’importance de l’examen stratégique des biens immobiliers pour la sécurité et la sûreté du personnel ainsi que l’amélioration des conditions de travail du personnel et des diplomates dans tous les bureaux de l’ONU.  Il s’est félicité des progrès réalisés depuis la publication du premier rapport sur la question, dont la mise en œuvre d’un cadre et d’une méthodologie cohérents pour soutenir la mise en œuvre du programme d’investissement, planifié sur une période de 20 années, afin d’assurer l’entretien du parc immobilier abritant les bureaux de l’ONU situés en dehors du Siège, et les bureaux accueillant les commissions régionales.  M. Davidson s’est félicité de l’approche adoptée, et qui consiste à mettre en place un cadre pour la collecte des données et à adopter une méthode de travail unique pour les examiner. 

Il a indiqué que le Groupe des 77 et la Chine prenait note des activités de la phase 2, qui a été achevée au mois d’octobre 2014.  Ces activités concernent la collecte des données et l’élaboration de plans d’équipement locaux par les bureaux hors Siège et les commissions régionales; et en particulier la conduite d’évaluations relatives aux conditions, aux remplacements et au cycle de vie de ces équipements.

Le représentant a ensuite pris note du commencement des travaux de la phase 3 (lancée en novembre 2014 et qui doit s’achever en mai 2015).  Cette phase comprend la formulation de conclusions et de recommandations, et la mise au point d’un programme d’investissements devant être exécuté sur une période de 20 ans pour l’entretien du parc immobilier et d’une base de données qui permettra de contrôler l’exécution des projets et d’établir des rapports à ce sujet.

En ce qui concerne la gouvernance du projet et les leçons apprises, M. Davidson a appelé à éviter dans la mesure du possible de recourir à l’embauche de consultants pour leur confier la gestion des biens immobiliers de l’ONU à travers le monde.

« De façon générale, nous partageons l’avis du Comité administratif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) selon lequel la présentation des projets d’équipement prévus dans une catégorie distincte des autres activités d’entretien permet de mieux comprendre les prévisions de dépenses qui ont été données dans le cadre de l’examen stratégique des biens immobiliers.  « Nous pensons que cette question doit être examinée séparément en tenant compte des spécificités de chaque lieu », a-t-il dit avant d’affirmer que le Groupe des 77 et de Chine s’opposait à l’adoption d’une approche unique en la matière.  

Il a demandé des précisions sur la manière dont l’examen stratégique des biens immobiliers tiendra compte des autres initiatives et projets d’équipement en cours à l’ONU.  Il a à cet égard indiqué que le Groupe des 77 et la Chine allait demander des informations sur la mise en service récente du module immobilier d’Umoja, ainsi que sur celle des Normes comptables internationales pour le secteur public (Normes IPSAS), et celle du Modèle de prestation de services centralisée et du Modèle de fourniture de services.

Passant à la question concernant la gestion souple de l’espace de travail, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a dit que les États membres de ce Groupe accordaient beaucoup d’importance à l’initiative de transformation visant à mettre en place une ONU moderne et efficace.  Réagissant aux conclusions de l’étude du Secrétaire général, il a indiqué que le G77 et la Chine appuyait la remarque faite par le CCQAB selon laquelle il est difficile de mesurer la productivité dans tous les secteurs d’activités exercées à l’ONU.  Les facteurs d’amélioration de la productivité devraient néanmoins être pris en compte dans le cadre des efforts visant à créer un programme de gestion souple de l’espace de travail à l’ONU, a dit le représentant en ajoutant que le Secrétaire général devrait rendre compte des efforts effectués en matière de gestion de l’espace de travail et de politiques d’administration des personnels dans son prochain rapport sur la gestion souple de l’espace de travail. 

M. Davidson a fait sien l’avis du CCQAB selon lequel la gestion souple de l’espace de travail aura un impact significatif sur l’organisation du travail de l’Organisation.  Il a de ce fait demandé des précisions sur les conséquences que va avoir, en matière de gestion des ressources humaines, la mise en place de cette politique de gestion souple des bureaux et autres lieux de travail à l’ONU.  Il a insisté que la prise en compte des considérations relatives à la gestion des ressources humaines et celle des attentes et contraintes des différents départements sont des éléments critiques qui permettront de déterminer si l’initiative qui a été lancée peut-être mise en œuvre avec succès. 

Nous souhaiterions obtenir davantage d’information sur les mesures nécessaires pour la finalisation de ce projet, et notamment sur les questions relatives aux technologies de l’information, aux communications internes, qui doivent être robustes, aux programmes de formation interne dont ont besoin les personnels.  La mise en œuvre de la gestion souple de l’espace de travail devra se traduire par une évolution significative de la culture organisationnelle des Nations Unies et par un changement dans les méthodes de travail de l’Organisation, a souhaité le représentant. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. KODJOVI DOSSEH (Togo) s’est félicité des efforts menés par le Secrétaire général pour élaborer une stratégie visant à instaurer une gestion efficace des bâtiments des Nations Unies pour les 20 années à venir.  Il a souligné l’importance de mener une revue stratégique des biens immobiliers de l’Organisation partout où l’ONU déploie ses personnels et ses activités.  Il a, à cet égard, cité en particulier les locaux de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), situés à Addis-Abeba, en Éthiopie.  Le représentant du Groupe des États d’Afrique s’est particulièrement inquiété du fait que la valeur de certains bâtiments onusiens a été fortement dépréciée ces dernières années. 

Il a ensuite dit qu’il était de la responsabilité du Secrétaire général de garantir la sûreté du personnel dans les différents lieux d’affectation.  Compte tenu de l’état dans lequel sont certains bâtiments de l’ONU, notamment en Afrique, le représentant du Togo, au nom du Groupe des États d’Afrique, a demandé que les normes et codes de construction et de sécurité soient strictement respectés, ceci dans l’intérêt des besoins et de la sécurité du personnel et des travailleurs onusiens qui ont des besoins particuliers.  « Nous demandons des mesures efficaces pour mettre en œuvre les propositions qui sont faites et souhaitons qu’il soit dûment tenu compte des leçons apprises sur les autres sites de construction », a ajouté M. Kodjovi Dosseh.  Il a demandé plus de précisions sur les projets liés à de nouveaux investissements qui doivent être faits pour améliorer les locaux de la Commission économique pour l’Afrique à Addis-Abeba, et le siège régional de l’ONU à Nairobi, au Kenya.  Nous sommes prêts à examiner les nombreuses questions relatives à ce rapport, a-t-il dit en citant notamment les questions qui se posent sur le fonds d’urgence, les estimations des coûts de construction, le calendrier des travaux et les éléments relatifs à la supervision.

M. SERGEY KHALIZOV  (Fédération de Russie) a souligné l’importance pour les États Membres et la Cinquième Commission de disposer d’informations régulièrement mises à jour sur le programme d’investissement patrimonial à long terme (2018-2037).  Ces informations devraient donner des détails sur les projets préliminaires envisagés et les prévisions de dépenses y afférentes.  Il a estimé qu’il était important qu’une évaluation périodique de l’état des biens immobiliers de l’ONU soit menée,

et que l’on dispose d’une mise à jour régulière concernant les besoins de l’ONU en matière de travaux et d’investissements.  Il a dit que sa délégation partageait les vues et les remarques du CCQAB portant sur la nécessité de peaufiner davantage les informations fournies par le Secrétaire général en ce qui concerne les paramètres et les coûts du nouveau programme d’investissement.  Les propositions du Secrétaire général manquent de clarté, a estimé le représentant.

Il s’est dit particulièrement inquiété par le niveau des dépenses d’équipement imputées au budget-programme au cours des six derniers exercices biennaux.  Il a demandé la mise en place d’une méthode fiable, cohérente et réaliste qui permettrait d’avoir une meilleure vue sur les besoins immobiliers et mobiliers de l’Organisation et a souhaité obtenir des informations sur les normes mondiales en ce domaine.  Tout en se félicitant des économies potentielles découlant d’une diminution du nombre de locaux au Siège de l’ONU, qui entre dans le cadre de la mise en œuvre du programme de gestion souple des locaux, le représentant a demandé des explications plus détaillées sur les dépenses nécessaires à la mise en œuvre de ce programme et notamment sur le projet d’offrir à tous les fonctionnaires de l’ONU des smartphones et des ordinateurs portables.  Il a espéré que la mise en œuvre de la gestion souple des locaux tiendra compte à la fois des intérêts de l’ONU et du bien-être du personnel. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: la Ministre norvégienne de l’intégration sociale exige que 2030 soit « la date de péremption » des inégalités entre les sexes

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
7e & 8e séances – matin & après-midi
FEM/2028

Commission de la condition de la femme: la Ministre norvégienne de l’intégration sociale exige que 2030 soit « la date de péremption » des inégalités entre les sexes

« Les droits de la femme sont des droits de l’homme », a déclaré aujourd’hui la Ministre de l’égalité et de l’intégration sociale de la Norvège au quatrième jour du débat général de la Commission de la condition de la femme.  Mme Solveig Horne, qui s’est lancée dans un vibrant plaidoyer contre la violence faite aux femmes, a fait écho à l’appel d’ONU-Femmes et a exigé que 2030 soit proclamé « date de préemption » des inégalités entre les hommes et les femmes.  La Commission de la condition de la femme a aussi parlé des conclusions des réunions régionales « Beijing+20 » organisées par les commissions régionales des Nations Unies.

Aucune culture, tradition ou religion ne saurait servir de prétexte pour nier aux femmes et aux filles leurs droits qui sont des droits de l’homme, a martelé la Ministre norvégienne de l’égalité et de l’intégration sociale.  Mme Solveig Horne, qui a dénoncé avec virulence la violence faite aux femmes y a vu « un défi mondial »: 35% des femmes dans le monde ont été exposées à la violence sexuelle et beaucoup d’entre elles sont victimes de la violence là où elles devraient se sentir en sécurité, à savoir chez elles.  « Une société où une femme n’est pas en sécurité est une société dans laquelle personne n’est en sécurité », a martelé le représentant d’Israël.  Ce n’est pas un hasard, a-t-il insisté, si les pays qui menacent la paix et la sécurité mondiales sont précisément ceux où les femmes sont privées de leurs droits et de leur dignité.

Le Vice-Ministre des affaires sociales de l’Ukraine n’a pas manqué de rappeler que l’invasion de son pays et l’annexion de la Crimée ont conduit à de nombreux cas de violences contre les femmes et les enfants ukrainiens qui représentent plus de 66% des personnes déplacées.  Lui faisant écho, le représentant de la Syrie a dénoncé le fait que les femmes syriennes soient aujourd’hui victimes de l’idéologie wahhabite et de groupes terroristes.  La Sous-secrétaire d’État de la Turquie a demandé à la communauté internationale d’accorder une attention particulière à la situation « des femmes réfugiées qui font tout pour survivre et assurer la survie de leurs enfants dans les zones de conflits ».  Leurs droits à la vie et à la sécurité doivent être défendus et protégés de manière prioritaire.  De nombreuses intervenants ont réitéré leur attachement à la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité.

La Vice-Ministre d’État du Brésil est quant à elle revenue sur la « faiblesse » de la Déclaration politique que la Commission de la condition de la femme a adoptée au début de sa session.  Elle a rappelé que la Conférence de Beijing avait « brillamment » affirmé que les droits de la femme incluent leur droit à avoir le contrôle sur les questions liées à leur sexualité et d’en décider librement et de façon responsable.  Au lieu de regarder vers l’avenir, a-t-elle dit, en commentant la Déclaration politique, « nous choisissons de nous accrocher au passé et de regarder vers la lointaine année 1995 ».  

Son homologue de la Norvège a tenu à faire écho à l’appel d’ONU-Femmes, en souhaitant que 2030 soit proclamée « date de péremption des inégalités entre les sexes ».  « Nous devons parvenir à 50/50 d’ici à 2030 », a-t-elle insisté.

La Commission de la condition de la femme a aussi tenu une table ronde au cours de laquelle elle a entendu les chefs des cinq commissions régionales des Nations Unies sur la mise en œuvre, à l’échelle des régions, du Programme d’action de Beijing.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 13 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Suite du débat général

« Les droits de la femme sont des droits de l’homme » et « aucune culture, tradition ou religion ne saurait servir de prétexte pour refuser ces droits aux femmes et aux filles », a déclaré Mme SOLVEIG HORNE, Ministre des enfants, de l’égalité et de l’intégration sociale de la Norvège.  La violence faite aux femmes est un défi mondial, a-t-elle alerté: 35% des femmes dans le monde ont été exposées à la violence sexuelle et beaucoup d’entre elles sont victimes de la violence là où elles devraient se sentir en sécurité, à savoir chez elles.  Pour la Ministre, la lutte contre la violence faite aux femmes passe aussi par l’élimination des pratiques néfastes comme le mariage forcé et les mutilations génitales féminines.  Ces pratiques, a-t-elle affirmé, peuvent être éliminées au cours de la prochaine génération si on leur donne la priorité voulue.  L’éducation est importante.  C’est la clef pour réaliser l’égalité entre les sexes, le développement durable et la réduction de la pauvreté.  Plus de 60 millions de filles dans le monde ne vont pas à l’école, en particulier les filles handicapées.

Tous les ans, a poursuivi la Ministre, 67 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, ce qui veut dire qu’elles sont exposées à des grossesses précoces avec un haut risque de complications voire de mort.  Les jeunes du monde entier, y compris les homosexuels, les bisexuels, les transgenres et les personnes handicapées, ont besoin d’une information complète sur leur propre sexualité.  C’est certes une question sensible et controversée, mais on ne peut ignorer, a dit la Ministre, les conséquences des avortements illégaux et dangereux sur la santé et la vie des femmes.

La Norvège, a-t-elle assuré, est engagée en faveur d’un nouveau programme de développement qui mette un fort accent sur l’égalité entre les sexes.  L’éducation et l’accès à des emplois meilleurs mènent à des salaires plus élevés et à de meilleures décisions.  C’est la raison pour laquelle la Norvège a fait de l’éducation des filles sa priorité dans sa coopération au développement, a conclu la Ministre, en faisant écho à l’ONU-Femmes qui a proclamé 2030 « date de préemption des inégalités entre les hommes et les femmes ».  Nous devons parvenir à 50/50 d’ici à 2030.

Mme LICENCIADA YANIRA ARGUETA, Ministre de la femme du Salvador, a mis l’accent sur les mécanismes institutionnels de son pays pour la lutte contre la violence faite aux femmes.  Pour elle, il s’agit d’offrir des services spécifiques aux femmes et de leur assurer l’accès à la santé sexuelle et génésique, tout en ne perdant pas de vue la promotion de l’égalité entre les sexes dans tous les programmes et plans nationaux.  La Ministre s’est dite consciente des formes de discrimination contre les femmes dans les espaces publics, mais a assuré qu’il existe aujourd’hui des moyens pour faire entendre la voix des femmes et garantir leur participation aux processus de prise de décisions.  Pour la Ministre, les enjeux importants sont l’accès des femmes au marché du travail et la lutte contre la violence à leur encontre, dont l’impunité.  Elle a souligné l’importance de prévoir un mécanisme d’audit et de dialogue dans le nouveau cadre de développement pour l’après-2015 pour évaluer les progrès et aller de l’avant.

Mme SOPHIA M. SIMBA, Ministre du développement communautaire, du genre et de l’enfance de la République-Unie de Tanzanie, a parlé des progrès réalisés dans son pays, en s’attardant en particulier sur les mécanismes nationaux, la participation économique et l’éducation, ainsi que la formation.  Malgré ces progrès, a-t-elle avoué, la Tanzanie, comme de nombreux pays en développement, est confrontée à un certain nombre de défis dont la pénurie de fonds, les mariages forcés et les grossesses précoces, la violence contre les femmes et les filles, et les niveaux de pauvreté.  Compte tenu des enseignements tirés de l’expérience, la Tanzanie entend se concentrer, dans le cadre du nouveau programme de développement, sur la réduction de la pauvreté, l’émancipation économique des femmes par l’accès aux services juridiques, les facilités de crédits, le leadership, l’éducation, la santé et la lutte contre la violence.  Ce nouveau cadre nous offre la chance d’élargir encore notre travail dans le domaine de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, a estimé la Ministre.

Mme MARIAMA SARR, Ministre de la femme, de la famille et de l’enfance du Sénégal, a assuré que le Sénégal s’est toujours évertué à articuler sa politique d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes autour des 12 domaines d’intervention de la Plateforme d’action de Beijing qui en constitue son bréviaire.  Cette option inscrite au cœur du Plan Sénégal Émergent qui constitue la vision sénégalaise du développement, s’est traduite par la création de cellules genre dans les ministères sectoriels ainsi que l’intégration du genre dans leurs activités.  La Ministre a fait état des programmes mis en place dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la justice sociale mais aussi de la participation des femmes dans la vie publique avec, à terme, l’objectif d’éradiquer la pauvreté et de s’inscrire vers l’émergence.  La « litanie » des réalisations, a conclu la Ministre, témoigne de l’intérêt particulier que le Sénégal, pays hôte de la rencontre préparatoire régionale à la Conférence de Beijing, attache à la cause des femmes.  La Ministre a jugé important de poursuivre les efforts pour circonscrire la problématique des femmes dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mme MARTINA ŠTĚPÁNKOVÁ, Vice-Ministre des droits de l’homme et de l’égalité des chances de la République Tchèque, s’est dite fière qu’à la veille de l’examen Beijing+20, son gouvernement ait approuvé la Stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2014-2020.  Il s’agit, a-t-elle souligné, du premier document stratégique qui vise spécifiquement cette égalité.  La Stratégie couvre huit domaines en s’inspirant du Programme d’action de Beijing et comprend cinq autres priorités horizontales comme les stéréotypes, les hommes et le genre, ou encore la coopération avec les ONG et les autres parties prenantes.  La Stratégie offre un cadre général pour des mesures spécifiques dans les six prochaines années.  S’appuyant sur cette stratégie, a poursuivi la Vice-Ministre, un Plan d’action pour la prévention de la violence domestique et fondée sur le sexe a été adopté pour la période 2015-2018.  D’ici à la fin du mois, un plan d’action sur la représentation équitable des femmes et des hommes dans les postes de responsabilité devrait être soumis au Gouvernement.  Toujours d’ici à la fin de l’année, le Gouvernement entend lancer une campagne de sensibilisation, financée par la Norvège, sur l’égalité entre les sexes et la prévention de la violence fondée sur le sexe.  L’intégration de la perspective d’égalité entre les sexes est un principe multisectoriel de la coopération au développement de la République tchèque, a encore expliqué la Vice-Ministre. 

Mme LINDA GOULART, Ministre des politiques de la femme du Brésil, a, comme d’autres délégations, appuyé l’idée d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015, et l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs.   La Ministre a annoncé que son pays vient d’amender le Code pénal pour pénaliser le « fémicide » et que le Gouvernement milite maintenant pour une loi visant à pénaliser l’homophobie.

Critiquant la faiblesse de la Déclaration politique que la Commission de la condition de la femme a adoptée au début de sa session, la Ministre a rappelé que la Conférence de Beijing avait « brillamment » affirmé que les droits de la femme incluent leur droit d’avoir le contrôle sur les questions liées à leur sexualité et d’en décider librement et de façon responsable, y compris la santé sexuelle, sans coercition, discrimination et violence.  Que dire de cela au moment où nous célébrons le vingtième anniversaire de cette même Conférence? a demandé Mme Goulart.  Cette célébration devrait être le moment de renforcer l’accord et de mettre en place de nouveaux buts et voies de coopération.  Au lieu de cela, nous choisissons nous-mêmes de nous accrocher au passé et plutôt que de regarder vers l’avenir, nous regardons vers la lointaine année 1995.    

Toutes les dispositions du Programme d’action de Beijing n’étaient pas consensuelles mais au moins elles étaient sous-tendues par le consensus que le Programme dans son ensemble constituait une nouvelle base pour l’action.  Or aujourd’hui une telle force a disparu.  Nous ne pouvons laisser des intérêts particuliers faire obstacle à l’intérêt général.  Le Brésil souligne que les textes de Beijing réaffirment les droits et les intérêts d’un pays en développement, tout simplement parce qu’on ne peut parvenir au développement en ignorant la moitié de l’humanité.  Le plein potentiel des femmes doit encore être libéré.

Mme MARTINA KALJURAND, Vice-Ministre des affaires étrangères adjointe de l’Estonie, a lancé un appel pour que l’on mette fin aux normes sociales et aux traditions qui favorisent la discrimination à l’encontre des femmes et pour ce faire, mener des campagnes de sensibilisation auprès de toute la société, y compris des hommes.  En vue d’élargir au maximum la portée de telles campagnes, la Ministre a insisté sur le recours aux nouvelles technologies qui n’existaient pas il y a 20 ans.  Elle s’est dite convaincue que l’accès à l’éducation des filles est le principal outil pour autonomiser les femmes et les filles.  La numérisation de la société permet aujourd’hui d’amener l’éducation dans les zones reculées et dans les zones de conflit, a-t-elle fait remarquer avant de préciser que l’Estonie a, par exemple, fourni à l’Afghanistan une assistance technique en matière de technologies de l’information et des communications.  S’agissant des femmes dans les efforts de paix et de sécurité internationaux, elle a dit attendre avec intérêt l’examen de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.

« Les femmes ne devraient pas se mettre à genoux pour réclamer leur égalité », a déclaré Mme TEKEA TESFAMICHAEL, Présidente de l’Union nationale des femmes d’Érythrée.  « Elles doivent rester déterminées à avancer vers ce qu’elles veulent réaliser. »  L’Érythrée, a-t-elle affirmé, s’emploie à faire en sorte que ses politiques et actions contribuent de façon positive et significative à la vie des femmes et des filles.  Toutes les lois discriminatoires relatives au mariage précoce, au consentement parental, au statut social, à l’emploi, à l’accès à la terre, à l’héritage et aux mutilations génitales féminines ont été abrogées, sans compter les lois qui ont été adoptées pour permettre aux femmes de jouer un rôle plus grand, dans un contexte plus favorable à la justice sociale et à l’égalité entre les sexes.  Le nouveau Plan d’action sur le genre 2015-2019 constitue un succès dans l’harmonisation des obligations internationales et des politiques nationales.

Soyons clairs, a dit la Présidente: les progrès de l’Érythrée ne doivent pas cacher que les femmes, comme partout ailleurs, font face à d’énormes défis qui vont des facteurs climatiques aux capacités humaines et institutionnelles en passant par les ressources limitées.  Les Érythréennes doivent en outre faire face à l’occupation de leur territoire et aux sanctions injustes imposées à leur pays.  Ces deux situations constituent un déni du droit du peuple à la paix et à la sécurité ainsi qu’au développement.

Mme MAKHFIRAT KHIDIRZODA, Présidente du Comité des femmes et des affaires familiales du Tadjikistan, a expliqué que le cadre normatif et juridique de l’égalité des droits et des chances au Tadjikistan peut être divisé en deux parties distinctes.  La première vise à protéger les droits de la femme dans les domaines de la politique, de l’éducation, de l’économie qui sont des parties intégrantes des processus sociaux et politiques, et la seconde concerne la protection des droits de la femme au sein de la famille, particulièrement face à toutes les formes de violences et y compris les droits de la mère et de l’enfant et les droits sexuels et reproductifs.  La Présidente a affirmé que l’intégration de la question du genre dans les stratégies économiques et sociales a permis de porter l’attention sur des questions comme l’emploi des femmes, leur accès aux ressources économiques.  La représentante a indiqué que la Conférence internationale de haut niveau sur la mise en œuvre de la Décennie de l’Action « Eau pour la vie » 2005-2015 aura lieu à Douchanbe les 9 et 10 juin.  Elle a affirmé que les questions de l’eau et du genre sont au centre de l’agenda de la Conférence qui prévoit aussi un Forum des femmes sur l’autonomisation et la participation à la gestion des ressources en eau.

Après avoir égrené les réalisations de son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, Mme BUNDITH PRATHOUMVANH, Présidente de la Commission nationale pour la promotion de la femme de la République démocratique populaire lao, s’est attardée sur les défis.  Elle a cité la réduction de la pauvreté, les normes culturelles et la tradition, les taux élevés de mortalité maternelle, le mariage précoce et le faible niveau d’éducation des femmes.  Ces problèmes doivent être abordés dans le programme de développement pour l’après-2015 et le Cadre d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement au-delà de 2014.  Le Gouvernement lao continuera de travailler avec les partenaires extérieurs, les donateurs et les autres parties prenantes.  L’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes seront dûment incluses dans le huitième Plan quinquennal de développement socioéconomique du pays, a affirmé le représentant. 

Mme CATHERINE M. RUSSELL, Ambassadrice itinérante des États-Unis sur les questions mondiales liées à la condition de la femme, a souligné que son pays appréhende le travail en faveur des femmes et des filles en dehors de ses frontières, conscient qu’il doit faire plus sur son propre territoire.  Sur le plan international, les États-Unis se concentrent sur trois domaines principaux et d’abord la lutte contre la violence « endémique » fondée sur le sexe, comme en atteste le lancement, en 2012, par le Gouvernement de la Stratégie de prévention et de réponse à cette violence.  Le second domaine, a-t-elle expliqué, est de reconnaitre que les femmes sont des agents du changement.  Le Gouvernement investit donc ressources, énergie et expertise pour la participation des femmes dans les processus de prise de décisions liées à la paix et à la sécurité.  Les États-Unis allient pressions diplomatiques et assistance adéquate.  Les efforts portent sur la participation des femmes dans les pourparlers de paix au Myanmar, en Syrie ou encore au Soudan du Sud, parce qu’« une paix sans la moitié de la population n’est pas une paix pour tous ».

Les efforts portent aussi sur l’entreprenariat et l’éducation car c’est le meilleur moyen d’investir dans les femmes de demain.  L’Ambassadrice a, dans ce contexte, décrit les contours de l’initiative « Let Girls Learn ».  S’agissant de la santé sexuelle et reproductive, elle a parlé d’un investissement de 210 millions de dollars dans le programme « DREAMS Partnershi » contre le VIH/sida.  Les efforts de développement ne connaîtront pas le succès si les femmes et les filles n’y sont pas partenaires, et c’est pour cette raison que les États-Unis soutiennent l’idée d’établir un objectif spécifique sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et filles, et à l’intégration du genre, de manière transversale, dans tous les autres objectifs et cibles importants. 

Troisièmement, les États-Unis défendent une approche fondée sur des données fiables, conformément à l’adage du Secrétaire d’État, M. John Kerry, selon lequel « ce qui est quantifiable s’obtient ».  Les données sont « essentielles » pour savoir où et comment affecter les ressources.  Elles contribuent à la redevabilité, révèlent la manière de mieux cibler et adapter les efforts et facilitent les plaidoyers auprès d’autres parties prenantes. 

M. SERGIY USTYMENKO, Vice-Ministre des affaires sociales de l’Ukraine, a axé son intervention sur la question des femmes dans les conflits armés, une des questions vitales dont doit s’occuper la communauté internationale.  L’invasion et l’annexion de la Crimée ont conduit à la violence contre de nombreuses Ukrainiennes.  Plus de 66% des déplacés sont des femmes et des enfants pour lesquels le Gouvernement lance un appel à l’aide internationale.  Les femmes ne sont pas que victimes des conflits, elles peuvent aussi être championnes de la paix mais malheureusement elles restent sous-représentées dans les négociations de paix.  L’Ukraine appelle donc au plein respect de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.    

M. REINIS UZULNIEKS, Ministre de la santé de la Lettonie, a rappelé qu’il y a une semaine, son pays a été l’hôte d’une Conférence internationale de haut niveau sur l’autonomisation économique des femmes et le développement durable, dans le contexte du programme de développement pour l’après-2015.  La Conférence, a-t-elle souligné, a appelé à un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.  Membre du Conseil des droits de l’homme et du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, la Lettonie a choisi d’organiser, du 2 au 4 mai, la Journée internationale de la liberté de la presse sur le thème de l’égalité entre les sexes et les femmes dans les médias.  Le moment est venu, a conclu la Ministre, de renouveler la volonté politique et de renforcer le travail pour réaliser l’égalité, l’autonomisation et les droits de l’homme pour toutes les femmes et les filles.

Mme MARTHA ORDOÑEZ, Conseillère de haut niveau du Président de la Colombie, a expliqué que son gouvernement était en train de bâtir une société plus juste avec des avancées significatives en termes de droits de la femme et d’égalité entre les sexes.  Le Plan d’action national, entré en vigueur il y a deux ans, porte déjà ses fruits.  La Conseillère a également expliqué que dans le cadre du processus de paix en cours en Colombie, le Président a nommé des femmes plénipotentiaires pour mener les négociations.  La question de l’égalité entre les sexes au niveau de l’enseignement est déterminante, a dit Mme Ordoñez, pour ouvrir l’accès des femmes à un travail digne et mettre fin aux inégalités de revenus.  Elle a aussi vanté les mérites des nouvelles technologies de l’information et des communications en tant qu’outil d’autonomisation des femmes.  La Colombie, a-t-elle dit, a renforcé sa législation contre la violence faite aux femmes mais ce qu’il faut surtout, c’est modifier les comportements.  S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, elle a, à son tour, appuyé l’idée d’inclure l’égalité entre les sexes comme une question transversale dans tous les objectifs. 

Mme GUGULI MAGRADZE, Membre du Conseil de l’égalité entre les sexes de la Géorgie, a assuré que les principes d’égalité sont présents dans la Constitution de la Géorgie et que des lois spécifiques ont été adoptées pour les mettre en pratique.  Elle a aussi relevé qu’un Conseil permanent sur l’autonomisation des femmes est fonctionnel depuis 2010 au sein du Parlement.  De même, des mesures temporaires ont été adoptées afin de renforcer la participation des femmes à la vie politique.  Mme Magradze a noté que le Gouvernement œuvre également à la prévention de la violence contre les femmes, notamment la violence domestique, y compris en faveur des femmes déplacées, étant donné que 20% du territoire national de la Géorgie est sous occupation.  Elle a appelé à une lutte renforcée contre les stéréotypes qui constituent un obstacle à l’égalité, souhaitant, comme beaucoup d’autres délégations, que cette question fasse l’objet d’un objectif spécifique dans le prochain programme de développement et qu’elle soit insérée, de manière transversale, dans tous les autres objectifs.

Mme NESRIN ÇELIK, Sous-secrétaire d’État, auprès du Ministre de la famille et des politiques sociales de la Turquie, a expliqué que dans son dixième Plan de développement (2014-2018), la Turquie a fixé ses objectifs, en tenant compte de la nécessité de concilier vie professionnelle et vie familiale et de promouvoir l’éveil social par l’éducation formelle et informelle afin d’éliminer la violence contre les femmes.  La Turquie, a-t-elle souligné, a poursuivi sa politique de « porte ouverte » face à ceux qui sont contraints de fuir leur pays.  La Sous-Secrétaire d’État a souligné que son pays prend en charge la totalité de ce que lui coûte les deux millions de personnes qui ont trouvé refuge sur son sol.  Les Nations Unies, a-t-elle estimé, doivent faire plus pour trouver une solution à cette question. 

Le problème des femmes qui font tout pour survivre et assurer la survie de leurs enfants dans les zones de conflits et de celles qui sont forcées de fuir leur pays mérite plus d’attention que d’autres problèmes.  Le droit à la vie et à la sécurité de ces femmes, qui est toujours une question urgente, doit être traité, défendu et protégé, comme priorité, a-t-elle conclu.  

Mme ESTHER IKERE ELYZAI, Sous-Secrétaire d’État auprès du Gouvernement du Soudan du Sud, a relevé que son gouvernement a pour objectif d’atteindre le taux de 35% de femmes aux postes publics.  Des mesures ont été arrêtées pour que chaque ministère prenne en charge la lutte contre la violence sexiste, dans son domaine de compétence.  Un plan d’action national a été mis en place, avec l’appui d’ONU-Femmes, dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Mais, a déploré la Sous-Secrétaire d’État, depuis le début de la crise en décembre 2013, les femmes payent un lourd tribut et les institutions publiques n’ont plus la capacité d’œuvrer amplement à la tâche de leur autonomisation et à la défense de leurs droits.

Mme PEARL N. MATOME, Secrétaire permanente au Ministère du travail et des affaires intérieures du Botswana, a indiqué que le rapport 2014 sur l’égalité entre les sexes du Forum économique mondial a reconnu les progrès remarquables de son pays.  Le Botswana a gagné 34 places en se hissant en cinquante et unième position parmi 142 pays, et en huitième position pour ce qui est de la participation des femmes à l’économie.  S’agissant de l’accès à l’éducation, le pays partage depuis cinq ans, la cinquième place avec d’autres, compte tenu de sa « parité parfaite » à tous les niveaux de l’enseignement.  La Secrétaire permanente n’a pas pour autant caché les défis qu’il faut encore relever comme l’accès des femmes aux ressources productives ou leur représentation au Parlement qui n’est encore que de 8%.  Pour les cinq prochaines années, le Gouvernement s’est donc donné pour tâche de multiplier les opportunités économiques pour tous les Botswanais, en particulier les jeunes et les femmes, d’éliminer la pauvreté absolue d’ici à 2017 et de garantir un accès égal à la terre, ce qui est un droit inné, et au logement, ce qui est un droit fondamental.  Pour le Botswana, la croissance inclusive est le « moteur stratégique » du développement social.

Mme LIRIOLA LEOTEAU, Directrice générale de l’Institut national de la femme du Panama, estime que malgré les retards enregistrés dans la réalisation des objectifs fixés, il y a 20 ans, à Beijing, il faut aujourd’hui se tourner vers l’avenir et se remobiliser pour relever les défis qui s’érigent devant l’égalité totale entre les sexes.  Pour agir de manière informée et ciblée, le Panama organise ce mois-ci un atelier sur les indicateurs de promotion de la femme.  Cette approche devrait également faciliter le suivi des politiques et mesures adoptées.  Le travail de l’Institut national de la femme avec les instances gouvernementales a mené à l’adoption d’une politique nationale de l’égalité des chances et à un Plan national de lutte contre la violence et la discrimination et pour la participation des femmes à la vie publique et politique.  Le Panama a aussi adopté des lois contre le mariage précoce et le fémicide.  En tant que pays à revenu intermédiaire, il veut se donner les moyens de réduire les inégalités entre hommes et femmes et compte pour cela, sur le prochain programme de développement.

Mme MARIELLA MAZZOTTI, Directrice de l’Institut uruguayen des femmes, a expliqué que son gouvernement a renforcé sa politique en faveur de l’égalité entre les sexes, y compris par la loi.  En matière de santé, les avortements, les grossesses précoces et le VIH/sida restent des problèmes importants.  Mais cela n’a pas empêché le Gouvernement de prendre des mesures pour protéger les victimes de la violence et en matière d’emploi, de faire avancer les choses.  Aujourd’hui, le salaire réel a augmenté alors que l’écart salarial entre hommes et femmes a baissé.  Mais, a reconnu la représentante, il reste le problème « fondamental » de l’accès au marché du travail, des femmes qui sont toujours majoritaires dans le secteur informel.  L’Uruguay a pu réduire de 11% le taux de pauvreté mais cette pauvreté touche toujours majoritairement les femmes et les jeunes.  La représentante a également fait état des difficultés d’accès des femmes aux structures du pouvoir.  Devant tous ces défis, elle a souligné, à son tour, l’importance des indicateurs ventilés par sexes pour affiner les politiques et mesurer leur impact.

Mme BARDHYLKA KOSPIRI, Vice-Ministre des affaires sociales et de la jeunesse de l’Albanie, a, après avoir énuméré les progrès enregistrés par son pays, en particulier dans la lutte contre la violence faite aux femmes, reconnu que l’action politique restera vaine sans l’engagement de l’opinion publique et un changement complet du système des valeurs.  En conséquence, a-t-elle dit, au cours de ces deux dernières années, le Gouvernement, en coopération avec le Parlement, la société civile et les organismes des Nations Unies, a fait évoluer les campagnes de sensibilisation, en voyant les hommes et les garçons, non pas comme une partie du problème mais comme une partie de la solution et comme les partenaires des filles et des femmes dans l’élimination des stéréotypes et la lutte contre la violence domestique et fondée sur le sexe.  Au fur et à mesure que les mentalités évoluent, les femmes se montrent de plus en plus enclines à briser le silence et à porter plainte.  Le nombre de plaintes déposées à la police ne cesse de croître et les femmes n’hésitent plus à solliciter les ONG, la société civile et les médias.  Le Gouvernement, qui réaffirme son engagement à lutter pour l’égalité et contre la violence, est convaincu que ces deux questions ne sont pas seulement des questions de droits de l’homme mais aussi des facteurs qui affectent le développement économique et le progrès social.

M. WEE BENG EE, Vice-Secrétaire général du Ministère des femmes, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a fait part des progrès dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la lutte contre la pauvreté, de la participation à la vie économique et politique, de la violence et des mécanismes institutionnels de promotion de la femme, avant de s’attarder sur les « priorités émergentes », à savoir renforcer la présence de la femme sur le marché de l’emploi et dans les postes de responsabilité des secteurs public et privé, garantir l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et intégrer l’égalité entre les sexes dans toutes les politiques nationales.  Le représentant a, par exemple, indiqué, que le Parlement malaisien, qui compte 224 sièges, n’a que 22 députées.  Le Gouvernement a donc l’intention de continuer à renforcer sa collaboration stratégique avec ses partenaires pour donner aux femmes les compétences, le savoir et les moyens de réaliser leurs aspirations et de jouer la grande diversité des rôles dans la société.

Mme OLGA PIETRUCHOVA, Directrice au Ministère du travail, des affaires sociales et de la famille de la Slovaquie, a expliqué que depuis son adhésion à l’Union européenne, son pays s’est efforcé de renforcer sa législation en faveur des droits de la femme, s’agissant en particulier de la discrimination au travail.  La responsabilité principale de cette tâche revient au Ministère de la famille et du travail, a-t-elle précisé.  Le Centre national slovaque des droits de l’homme formule des politiques antidiscrimination, y compris une politique sur l’égalité des sexes.  Le Gouvernement entend s’aligner en tout point à la Stratégie de l’Union européenne sur l’autonomisation et l’égalité.  L’une des mesures prises en ce sens a été l’adoption du Programme d’élimination de la violence à l’égard des femmes et sa mise en œuvre qui a bénéficié d’une enveloppe européenne de 10 millions de dollars. 

La représentante a aussi attiré l’attention sur le Conseil des droits de l’homme qui, créé en 2011, est un organe consultatif sur la promotion de l’égalité et travaille étroitement avec les ONG.  Elle a aussi parlé de l’emploi et dit qu’en 2005, des mesures ont été adoptées pour réduire l’écart salarial qui est passé de 27% à 17% en 2015.  Le taux de chômage des femmes reste cependant plus élevé que celui des hommes, ce que la représentante a imputé au conservatisme de la société qui n’encourage pas non plus la participation des femmes à la vie politique.

Autonomiser les femmes, c’est autonomiser l’humanité, a déclaré Mme MARIE-JOSÉE BONNE, Conseillère spéciale pour les affaires sociales au Ministère des affaires sociales des Seychelles, qui a dit attendre un monde où les garçons et les filles jouissent des égalités d’accès et de chances pour devenir les adultes de demain.  Mais, a souligné la Conseillère spéciale, tout commence à la maison et qui est le pilier de cette maison?  La femme, a-t-elle répondu.  C’est là, à la maison, qu’il nous faut des femmes en bonne santé et émancipées car nos mères sont nos premières institutrices, une carrière qui est celle de toutes les femmes que ce soit devant les enfants ou les personnes âgées de la famille.  C’est un lourd fardeau mais nous le portons « avec grâce, diligence, patience, savoir et sagesse ». 

Aux Seychelles, a poursuivi la représentante, de nombreux progrès ont été faits ces 20 dernières années, mais les succès, a-t-elle avoué, n’ont pas été faciles à engranger.  Profitons de notre présence ici pour recharger nos batteries parce qu’il y a encore trop de lacunes dans nos sociétés et comme l’a dit le Ministre samoan, nulle part ailleurs ces lacunes sont autant visibles que dans les petits États insulaires en développement.  Nous devons donner notre ferme appui à un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement, a dit la représentante.  Après avoir donné une vue d’ensemble des progrès s’agissant de l’accès des femmes aux postes de responsabilité, de la lutte contre la violence, de la législation et de la santé, la représentante a rappelé que son pays s’est hissé à la quatrième place dans la liste de l’Union interparlementaire sur la place des femmes dans les parlements.  Elle a appelé l’ONU-Femmes et le système des Nations Unies à continuer d’appuyer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing aux niveaux international, régional, national et local.  Elle a salué la contribution de la société civile, et surtout pour ce qu’elle fait pour aider les hommes et les garçons à promouvoir l’égalité entre les sexes, les droits de l’homme et l’autonomisation des femmes et des filles.

La représentante du Ministère des affaires étrangères du Bélarus, Mme ICRINA VELICHKO, a estimé que « l’égalité doit être raisonnable et acceptable pour les deux sexes ».  Les femmes ne doivent pas ignorer les hommes quand elles luttent pour leurs droits, a-t-elle dit, en appelant les hommes à se montrer prêts à partager leurs prérogatives avec les femmes.  Elle a insisté sur le fait que la protection des femmes passe par la cellule familiale « qui est en crise en ce moment ».  Avec ses partenaires du Groupes des Amis de la famille, le Bélarus s’emploie à ce que la question de la famille figure en bonne place dans le futur programme de développement.  Mme Velichko a salué le travail du Secrétaire général de l’ONU, en particulier le fait qu’il ait été le premier Secrétaire général à avoir nommé autant de femmes à des postes de responsabilité.  Elle a émis le vœu que dans un proche avenir, on puisse dire « Mme la Secrétaire générale de l’ONU ». 

M. MOHAMED AL MANSOURI, Conseiller auprès du Directeur de l’Union générale des femmes des Émirats arabes unis, a appuyé l’idée d’établir un objectif spécifique sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a rappelé le sort « peu enviable » des femmes palestiniennes vivant sous occupation étrangère ainsi que la situation de dénuement dans laquelle se trouvent les femmes réfugiées du Moyen-Orient.  Il a insisté sur le fait que les femmes sont « un partenaire du développement ». 

Mme KAREN TAN (Singapour) a confié que pendant que la société évolue, « le pays est confronté à un ensemble différent de défis ».  Alors que les femmes sont plus instruites et accèdent à de bons emplois, leur aspiration de fonder une famille a également changé.  Certaines choisissent de ne pas se marier ou de se marier tardivement et d’avoir moins ou pas d’enfants du tout.  Comme elles participent activement à la population active, l'équilibre entre vie professionnelle et vie familiale devient un défi pour elles mais aussi pour les hommes.  L’espérance de vie moyenne des femmes est montée à 84,6 années en 2013, mais cela signifie aussi que le pays doit préparer ses services sociaux et ses infrastructures physiques pour un nombre croissant de femmes âgées.  Conscient de ces défis, le Gouvernement a multiplié les opportunités et les ressources pour les femmes, et introduit de nouveaux programmes pour les aider à concilier vie privée et vie professionnelle.  La mise en place de garderies abordables, de qualité et accessibles devient une priorité; le but étant d’assurer une place pour un sur deux d’ici à 2017.  Le pays continue aussi à promouvoir le partage des responsabilités parentales: « les pères peuvent prendre un congé de paternité d’une semaine et les mères peuvent partager une des semaines de congé de maternité avec leur mari », a expliqué Mme Tan.  La représentante a fermement appuyé la campagne « HeforShe », d’autant plus que son pays a lancé les initiatives « Dads for Life » et « Fathers@Schools@ ».

M. MOIJUE E KAIKAI, Ministre des affaires sociales, du genre et de l’enfant de la Sierra Leone, a rappelé que son pays était encore aux prises avec les reliques d’une guerre dévastatrice de 10 ans quand il a été frappé par l’épidémie d’Ebola.  Malgré cela, a-t-il affirmé, le Gouvernement a su démontrer sa volonté politique et continuer d’engranger des gains significatifs dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  Il a passé en revue les mesures prises aux niveaux normatif et opérationnel, avant de s’attarder sur les défis dont le sous-financement des mécanismes nationaux de promotion de la femme, la persistance de la pauvreté, la faiblesse des données et des statistiques et les difficultés liées à une mise effective des instruments juridiques et normatifs sur les droits de la femme.  Le Ministre a indiqué qu’au mois de décembre 2014, les femmes représentaient 56,7% des personnes infectées par Ebola.  Il a appelé la communauté internationale à accorder une attention spéciale aux questions du genre et de la protection des enfants dans la lutte contre l’épidémie.

      Mme CHITRAWATIE MOHANLAL, Directrice du Bureau national pour la politique de l’égalité entre les hommes et les femmes du Suriname, a déclaré que malgré les acquis, son pays est conscient que les progrès ont été inégaux et qu’il y a encore de nombreuses disparités dans l’accès à l’éducation, la santé, la protection sociale et la protection des droits fondamentaux, lesquelles disparités sont étroitement liées à l’impact persistant de la structure socioéconomique et des barrières culturelles sur la vie des femmes.  Nous sommes conscients des forces sociales croisées auxquelles sont confrontées les femmes, dont les multiples formes de discrimination.  Nous sommes conscients, a dit la représentante, que répondre aux besoins des groupes spécifiques de femmes, y compris les femmes autochtones et les Marrons, exige une étroite collaboration avec les communautés et des politiques de développement à long terme conformes aux circonstances et aux besoins locaux », a expliqué Mme Mohanlal qui a aussi attiré l’attention sur la faiblesse des mécanismes budgétaires, les ressources limitées et le manque de données et d’expertise.  Comme les autres délégations, elle a appuyé l’idée d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le programme de développement pour l’après-2015 et l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs.

Devenu récemment grand-père, M. RON PROSOR (Israël) a constaté avec amertume qu’une petite fille née fera face aux inégalités et à la discrimination où qu’elle grandisse.  Dans trop d’endroits dans le monde, les femmes sont considérées comme des citoyens de seconde zone et leurs capacités et intelligence sont sous-estimées, s’est-il indigné.  Pourtant, les pays où l’égalité entre les sexes est la plus avancée sont ceux qui ont le taux le plus élevé de croissance économique.  Les accords de paix qui incluent les femmes sont ceux qui ont le plus de chances de réussir et les parlements qui accueillent des femmes sont ceux qui traitent d’un éventail plus large de questions essentielles comme la santé et l’éducation. 

Tant que la majorité des pauvres et des analphabètes de ce monde seront des femmes, il restera encore beaucoup à faire selon M. Prosor qui a appelé à la lutte contre la violence faite aux femmes.  Au Moyen-Orient, les crimes sont horribles, a-t-il dit, en citant les lapidations, les attaques à l’acide, les mariages forcés ou les crimes d’honneur.  Une société où une femme n’est pas en sécurité est une société dans laquelle personne n’est en sécurité.  Pour lui, ce n’est pas un hasard que tant de pays qui menacent la paix et la sécurité mondiales sont précisément les pays où les femmes sont privées de leurs droits et de leur dignité.  Il s’est dit fier d’affirmer qu’Israël donne l’exemple en termes d’égalité entre les sexes. 

« En tant que famille des nations, soyons les architectes du monde que nous voulons léguer à nos enfants », un monde où les femmes peuvent s’habiller comme elles veulent, s’éduquer comme elles choisissent, travailler où elles souhaitent, épouser qui elles aiment, élever leur famille comme elles l’entendent et faire les choix qui détermineront le cours de leur propre vie.

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a assuré que dans son pays, « il n’y a pas de domaines d’activités réservés seulement aux hommes ou aux femmes », s’enorgueillissant d’une législation en conformité avec les obligations juridiques internationales dans le domaine des droits humains.  Il a ensuite souligné que suite aux conclusions de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995, le Gouvernement bulgare a établi en 1996 le Comité interministériel aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui a adopté un plan d’action visant à accélérer l’application de la législation et des politiques concernant l’égalité des sexes.  Par ailleurs, la Stratégie nationale pour l’avancement de l’égalité des sexes établit des indicateurs contre la discrimination et pour l’égalité dans tous les aspects de la vie, tant publique que privée.

M. NAWAF SALAM (Liban) a déclaré qu’un des défis auxquels est confronté son pays est la présence de plus d’1,2 million de réfugiés syriens qui constituent une menace à la stabilité et à la sécurité et un fardeau pour les efforts de développement.  Il a appuyé, à son tour, l’inclusion dans le nouveau programme de développement d’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes et a réitéré l’importance qu’il y a à intégrer cette thématique dans les autres objectifs.  Pendant longtemps, a-t-il dit, les femmes ont été seules à défendre leurs droits et il est temps que les hommes et les garçons partagent davantage les responsabilités pour réaliser une égalité qui est le pilier des sociétés pacifiques et viables.  Le représentant s’est félicité de ce que la question de la violence faite aux femmes soit sortie de la sphère privée des tabous familiaux ou communautaires pour entrer dans la sphère publique des préoccupations sociétales, de l’image qu’une société se fait du bien-être et de sa propension à combattre l’impunité.  

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a axé son intervention sur le sort des femmes syriennes depuis le début du conflit, des femmes qui sont victimes de l’idéologie wahhabite, du terrorisme et du conflit alors qu’auparavant, leur statut servait de modèle à d’autres.  Il s’est indigné du silence de la communauté internationale face aux fatwas incitant au Jihad.  De nombreux États continuent de montrer leur ignorance, a-t-il dit, en qualifiant les résolutions du Conseil de sécurité sur le terrorisme « de politisées illustrant la politique de deux poids deux mesures ».  Il ne fait aucun doute, a-t-il dit, que la situation des femmes en Syrie s’est autant aggravée parce que certains États, qui condamnent aujourd’hui l’EIIL, ont financé et financent toujours les groupes armés qui opèrent en Syrie sous l’étiquette « d’opposition modérée ».  Le représentant a demandé que des mesures sérieuses soient prises pour faire en sorte que les femmes ne subissent plus ces groupes terroristes.

Table ronde sur le thème « Conclusions des réunions régionales Beijing+20 organisées par les commissions régionales de l’Organisation des Nations Unies »

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, animatrice de la table ronde, a dit son souhait de voir les débats faire le lien entre ce qui est fait au niveau mondial et au niveau national.  C’est dans cette optique que les commissions économiques régionales des Nations Unies ont été invitées pour que leurs recommandations enrichissent le processus intergouvernemental sur le programme de développement pour l’après-2015.  La Directrice exécutive a ajouté que 167 pays ont examiné leur mise en œuvre du Programme d’Action de Beijing, ce qui a permis de nourrir d’informations solides les examens régionaux.

Mme RIMA KHALAF, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), a indiqué que dans la région arabe des progrès notables ont été faits en faveur des femmes depuis 20 ans.  Elle a évoqué ce qu’elle a nommé « l’éléphant dans la salle », faisant allusion au conflit israélo-palestinien, « la plus longue occupation des temps modernes qui continue en Palestine », privant ainsi des millions de Palestiniens de leurs droits les plus

élémentaires.  Elle a par exemple noté que lorsqu’Israël détruit 15 des 32 hôpitaux de Gaza, les femmes enceintes sont privées d’accès de soins élémentaires.  

Dans les camps de réfugiés, les femmes, veuves de guerre, orphelines, ou simplement jeunes filles font face à l’horreur des trafics, de l’esclavage, de l’exploitation sexuelle et/ou des mariages forcés.  Ce sont des générations perdues, a-t-elle dit.  Elle a noté que 20 des 22 pays de la région sont parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).  Parmi eux, seule la Palestine n’a émis aucune réserve et la Tunisie a fini par les annuler.

Par ailleurs, seulement 23% des femmes de la région sont économiquement actives, contre 51% au niveau mondial.  En outre, les parlements ne compte que 17% de femmes et d’après les chiffres, la violence touche 35% des femmes d’une région où 60 millions ont subi une mutilation génitale.

Elle a rappelé qu’à la Conférence d’examen de Beijing, tenue au Caire, les participants ont adopté une déclaration qui appelle à un examen plus général des lois et à l’adoption de nouvelles mesures législatives pour éliminer les discriminations.  La déclaration stipule également qu’il faut un soutien systématique à la participation politique et économique des femmes et souligne, à cet égard, la nécessité de mener des efforts conjoints avec toutes les parties prenantes, y compris la société civile.  Elle a aussi indiqué que la militarisation de la région se fait aux dépens du développement durable, y compris dans les pays qui ne connaissent pas de conflit ouvert.

En visioconférence, Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a dit que la parité à l’école primaire a été atteinte dans la région.  Depuis 1991, la mortalité maternelle a baissé de 61 à 46% et la durée de vie des femmes n’a cessé de croître dans tous les pays de la région.  Elle a néanmoins relevé que 250 femmes mouraient chaque jour des complications liées à la grossesse et à l’accouchement.  Sur le plan politique, 18 femmes ont occupé ou occupent des fonctions de chef d’État.  S’agissant de la violence domestique, les chiffres vont de 25 à 70% de femmes et de filles, entre 15 et 49 ans, qui ont subi une forme ou une autre de violence de la part de leur partenaire. 

Une des priorités de la CESAP est d’appuyer le renforcement des capacités pour permettre l’avènement de politiques nationales adaptées aux besoins et intérêts des femmes et des filles.  Il faut une bonne planification et une bonne budgétisation des activités de promotion de la parité, sans compter le renforcement de la redevabilité.  La Commission entend forger des partenariats entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé et contribuer au renforcement de la coopération régionale.

Les Commissions régionales, a-t-elle rappelé, ont été mandatées par le Conseil économique et social (ECOSOC) pour examiner tous les cinq ans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  Parmi les priorités de la CESAP, figure aussi l’amélioration des statistiques ventilées par sexe, y compris un ensemble d’indicateurs fondamentaux pour surveiller les progrès.  En la matière, il faut renforcer les capacités avec des investissements plus importants pour améliorer l’autonomisation des femmes.  Il faut identifier des financements innovants, a-t-elle insisté, avant d’indiquer que la CESAP dirige le Mécanisme de coordination régionale et le Groupe de travail thématique sur la parité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  

M. CHRISTIAN FRIIS BACH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a indiqué que dans sa région, les femmes sont plus représentées que les hommes dans l’enseignement supérieur, en dehors des domaines des sciences et des technologies.  Il a déploré le fait que le harcèlement sexuel y prenne des proportions alarmantes, la moitié des femmes l’ayant expérimenté avant l’âge de 15 ans.  Il a relevé que la crise économique a eu une incidence sur le financement des programmes en faveur de l’autonomisation des femmes, affectant particulièrement les secteurs de l’éducation et de la santé.  Il a de ce fait regretté que les mesures prises pour lutter contre la crise n’aient pas tenu compte de l’approche genre.  Il a salué l’augmentation du quota de femmes dans les conseils d’administration des entreprises privées en Europe et accordé une mention honorable aux pays nordiques au sein desquels les femmes sont fortement représentées dans le monde des affaires. 

M. Bach a souhaité que les données sur la violence contre les femmes soient mieux collectées, prônant en outre l’amélioration des législations pour combattre ce fléau.  Il a aussi souhaité que des mesures concrètes relatives à l’égalité des sexes soient mises en place et assorties d’un mécanisme de suivi systématique de leur mise en œuvre.  Un autre aspect qui mérite des améliorations est l’écart salarial, a-t-il déploré, regrettant aussi que les femmes ne soient pas toujours représentées équitablement dans la vie politique.

M. CARLOS LOPEZ, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a dit que l’Afrique a atteint l’objectif fixé pour l’éducation primaire.  La santé maternelle s’est améliorée et la mortalité maternelle a diminué, a-t-il dit, en mettant l’accent sur l’amélioration de la participation des femmes aux processus politiques et l’augmentation constante du nombre de femmes ministres dont ministres des affaires étrangères.  « Nous sommes passés de 22 à 40% de femmes députées en Afrique », a-t-il ajouté, en précisant que l’Afrique enregistre dans ce domaine les meilleures performances du monde.  Par contre, il s’est inquiété de l’insuffisance des progrès économiques et sociaux, en notant que le continent se trouve dans un processus de transformation auquel les femmes ne participent pas suffisamment.  Il a fait observer, à cet égard, que la dernière Conférence des ministres des finances a adopté un programme d’intégration des femmes dans tous les domaines relatifs aux finances. 

Précisant les initiatives de la CEA, la Chef du Chef du Centre africain pour le genre et le développement social, Mme THOKO RUZVIDZO, a cité l’adoption en 2014, à Addis-Abeba, d’un Plan d’action pour le changement des comportements à l’égard des femmes et les filles qui met l’accent sur la lutte contre la violence.  Nous devons convaincre les ministres du plan de la nécessité d’accorder des moyens aux objectifs visant le renforcement de la présence des femmes dans le secteur privé en général.  Il faut aussi se concentrer sur les pays en conflit. 

M. ANTONIO PRADO, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a relevé que la région d’Amérique latine et des Caraïbes est une région où règnent des inégalités « criantes », ce qui accentue les difficultés des femmes.  La pauvreté a baissé globalement mais elle s’est « féminisée », le taux des femmes pauvres dépassant celui des hommes de 17 points.  L’autonomisation économique des femmes est donc de la plus grande importance, a-t-il insisté, notant que même si la femme est plus « éduquée » que l’homme, elle a toujours plus de difficultés à trouver un emploi décent du fait de la discrimination et des stéréotypes « qui ont la peau dure ».  Il a proposé de promouvoir le renforcement les compétences des femmes dans les nouvelles technologies et la reconnaissance de la valeur du travail domestique.  M. Prado a préconisé un « changement structurel » pour combler le fossé entre les sexes.

Mme ALICIA BÁRCENA IBARRA, Secrétaire exécutive de la CEPALC, a indiqué que sa Commission régionale promeut une budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes et plaidé pour des données ventilées par sexe, une tâche à laquelle s’attèle déjà l’Observatoire de l’égalité des sexes de la CEPALC, a-t-elle affirmé.

La représentante de l’Allemagne a précisé que son pays vient d’adopter une loi sur la place des femmes dans les conseils d’administration des sociétés, fruit de 30 ans de revendications.  Elle a appelé à protéger partout dans le monde les hommes et les femmes qui se battent pour la parité entre les sexes car « tous les voyages, même les plus longs, commencent par le premier pas ».  « Les changements dont nous avons besoin passent par l’action publique », a insisté la représentante de l’Uruguay, en estimant que le dialogue s’imposait entre la société civile et l’État.  Son homologue de l’Italie a appelé à un nouveau mouvement pour des démocraties justes.  Faisant sienne une des conclusions du Fonds monétaire international (FMI) qui a démontré que la discrimination à l’égard des femmes est une perte d’opportunités, elle a expliqué que son gouvernement a consacré 40 millions d’euros à la création d’entreprises dirigées par des femmes.  

Mon gouvernement vient d’adopter un Plan d’action sur la protection sociale et l’égalité des chances, a indiqué la représentante de l’Estonie, en expliquant que l’objectif est de diminuer l’écart salarial et améliorer la protection juridique contre les discriminations.  L’accent doit être mis sur l’éducation, « priorité de toutes les priorités », a estimé la représentante de la Tanzanie.  Son homologue de la Finlande a insisté sur l’accès au logement, à la terre et aux ressources productives.

Il faut, a commenté la représentante du Comité des ONG sur la condition de la femme, intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015 un objectif sur les droits de la femme, couvrant vie publique et vie privée.  Analysons ce qui a bloqué la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Beijing, a renchéri celle du Sri Lanka.  La représentante de la République démocratique du Congo (RDC) a d’ailleurs annoncé la promulgation d’une Stratégie nationale pour le changement des comportements qui s’est inspirée des bonnes pratiques des uns et des autres.  Elle s’est félicitée de l’appui d’organismes de l’ONU comme l’UNICEF et l’ONU-Femmes mais aussi du « dynamisme » de la société civile congolaise qui a été « décisive » pour les progrès enregistrés dans son pays.

La situation des femmes dans les conflits armés a en effet été abordée.  La représentante de l’Ukraine a prévenu que l’agression de son pays par un État membre du Conseil de sécurité a des conséquences « terribles » sur les femmes et les filles.  Son homologue de la Palestine a dénoncé les conséquences « dévastatrices » sur les droits de la femme de l’occupation israélienne et souligné que l’absence de sanctions contre ceux qui commettent des actes de violence sape les efforts en matière de parité.  La communauté internationale doit assumer sa responsabilité de protéger les femmes et les filles dans les conflits, a insisté la représentante de la Jordanie.

La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe a espéré que la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement sera l’occasion d’avancer significativement sur les ressources à consacrer à la participation des femmes au développement économique et social.  Il nous faut des programmes plus progressistes, a dit son homologue de la CESAO.  La représentante de Cuba a estimé que les tables rondes avec les commissions régionales sont de bonnes occasions de mieux voir les problèmes.  Elle a salué le Consensus de Saint-Domingue qui s’est traduit par un plan d’action insistant sur le respect de la diversité.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, a dit avoir retenu de la table ronde que des progrès réels et quantifiables en faveur des femmes et des filles, partout dans le monde, requièrent des actions concrètes et pratiques de la part de toutes les parties prenantes, y compris les commissions économiques régionales.  Elle a aussi retenu que la Déclaration politique, adoptée par la Commission de la condition de la femme, lundi dernier, a posé les jalons d’une une mise en œuvre accélérée des politiques en faveur des femmes.  La Déclaration, a-t-elle rappelé, établit des priorités comme le renforcement de la mise en œuvre des lois, politiques et stratégies.  Il y est aussi question, a-t-elle noté, de renforcer et d’augmenter le soutien aux mécanismes institutionnels et de lutter contre les normes discriminatoires.

La Déclaration, a-t-elle poursuivi, appelle à une augmentation significative des investissements et au renforcement du principe de responsabilité dans le respect des engagements existants.  Elle appelle aussi au renforcement des capacités et à l’amélioration des données, du suivi et de l’évaluation.  La Directrice exécutive a estimé qu’avec les informations détaillées des examens régionaux, « nous avons désormais des orientations claires de ce qu’il faut faire pour réussir ».  Elle a souhaité que le Sommet des chefs d’État et de gouvernement sur le programme de développement pour l’après-2015 soit l’occasion de s’engager davantage sur la question de l’égalité entre les sexes.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la femme: face au « phénomène généralisé » de la violence contre les femmes, la Rapporteuse spéciale plaide pour un instrument international juridiquement contraignant

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
5e et 6e séances – matin et après-midi
FEM/2027

Commission de la femme: face au « phénomène généralisé » de la violence contre les femmes, la Rapporteuse spéciale plaide pour un instrument international juridiquement contraignant

La Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes a plaidé aujourd’hui devant la Commission de la condition de la femme pour un instrument juridiquement contraignant propre à mettre fin à « un phénomène omniprésent et généralisé ».  La Commission, qui poursuivait son débat général, a aussi tenu une table ronde sur les mécanismes nationaux en faveur de l’égalité entre les sexes. 

En dépit des mesures législatives, institutionnelles et politiques mises en place par les États pour tenter d’inverser la courbe de la violence contre les femmes, la société civile et les activistes des droits de la femme nous disent que le problème s’aggrave et qu’il a même pris une proportion endémique, a alerté Mme Rashida Manjoo.

« Aucune tradition, aucune religion, aucune valeur ni aucune coutume ou culture ne saurait justifier la violence contre les femmes et les filles », a dit en écho, le Secrétaire d’État pour l’égalité des chances de la Belgique.  Mme Elke Sleurs a fait état d’un nouveau plan national que son pays vient d’adopter et qui se concentre sur la violence entre partenaires, les mutilations génitales féminines, le mariage forcé et les crimes d’honneur.  Le plan comprend aussi de nouvelles mesures contre la violence sexuelle dans un pays qui entend poursuivre une stratégie holistique, coordonnée et multidisciplinaire en faisant en sorte que toutes les agences, qu’elles soient médicales, sociales, policières ou judiciaires, travaillent ensemble pour assurer des résultats.

La Secrétaire d’État au développement international du Royaume-Uni a rappelé que son pays s’est engagé à débourser la somme de 35 millions de livres sterling pour la lutte contre les mutilations génitales féminines dans 17 pays et une autre somme de 36 millions contre le mariage précoce dans 12 pays.  En 2014, a aussi rappelé Mme Lindsay Northover, le Royaume-Uni a organisé deux manifestations internationales sur les moyens d’accélérer l’action contre ces fléaux et aussi contre la violence sexuelle dans les conflits armés.

Ces « divers degrés d’engagement, de ressources et de volonté politique » ne changent pas le fait qu’aujourd’hui « aucun pays ne peut prétendre à l’élimination même progressive de la violence », a insisté la rapporteuse spéciale.  Pour Mme Rashida Manjoo, seul un instrument international juridiquement contraignant pourrait tenir les États et les acteurs non étatiques comptables de leurs actes. 

Aujourd’hui, s’est-elle expliquée, malgré les directives sur l’interprétation des traités, le contrôle effectué par les organes desdits traités et l’examen périodique universel (EPU), les limites des mandats nombreux et variés, conjuguées aux contraintes de temps lors de l’examen des rapports nationaux, conduisent à des analyses superficielles des informations sur la violence à l’encontre les femmes et donc à des évaluations tout aussi superficielles de la réponse des États.

L’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant, doté de son propre organe de contrôle, renforcerait la responsabilité des États de respecter les normes, offrirait un cadre normatif à la protection des femmes et des filles et donnerait, grâce à l’organe de contrôle, des analyses approfondies de l’évolution de la situation dans le pays concerné et en général, a plaidé la rapporteuse.

Alors que la plupart des intervenants ont adhéré à l’idée d’inclure dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015 un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes et d’intégrer cette thématique dans tous les autres objectifs, la rapporteuse spéciale s’est étonnée que dans l’ébauche du nouveau programme, aucun objectif n’ait été consacré à la violence faite aux femmes et aux filles, alors qu’elle est reconnue comme une violation omniprésente et généralisée des droits de l’homme et une menace à l’égalité entre les sexes, à la paix et au développement.

La Commission de la condition de la femme a aussi tenu une table ronde sur les « Mécanismes nationaux en faveur de l’égalité entre les sexes: promoteurs de l’action, défenseurs du principe de responsabilité, moteurs de changement ».   

L’animateur des discussions et Sous-Secrétaire général aux droits de l'homme, M. Ivan Šimonović, a retenu des interventions que les mécanismes nationaux sont essentiels pour les réformes en faveur de l’égalité entre les sexes, que les partenariats stratégiques sont cruciaux parce que lesdits mécanismes ne peuvent être les seuls instruments de promotion de l’égalité, et qu’il faut changer les méthodes de mobilisation des fonds consacrés et mettre en place un mécanisme de responsabilisation officiel pour que les gouvernements soient tenus d’honorer leurs engagements.

La Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 12 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Suite du débat général

Mme RASHIDA MANJOO, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, a reconnu qu’à des degrés divers d’engagement, de ressources et de volonté politique, la plupart des pays ont mis en place des mesures législatives, institutionnelles et politiques pour tenter d’inverser la courbe de la violence à l’encontre des femmes.  En dépit de ces efforts, cette violence reste un phénomène omniprésent et généralisé, et aucun pays ne peut prétendre à son élimination progressive.  La société civile et les activistes des droits de la femme affirment même que le problème s’aggrave et qu’il a pris une proportion endémique.

L’année 2014, a rappelé Mme Manjoo, a marqué le vingtième anniversaire de la création du mandat du Rapporteur spécial sur la violence faite aux femmes.  Elle a indiqué que le rapport thématique qu’elle a présenté au Conseil des droits de l’homme couvre les 20 ans d’efforts déployés par l’ONU.  Pour Mme Manjoo, l’absence d’un instrument international juridiquement contraignant, qui tienne les États et les acteurs non étatiques comptables de leurs actes, est l’un des défis majeurs.  Elle a argué que malgré les directives sur l’interprétation des traités, le contrôle effectué par les organes desdits traités et l’examen périodique universel (EPU), les limites des mandats de contrôle, qui sont nombreux et variés, conjuguées aux contraintes de temps lors de l’examen des rapports nationaux, ne peut conduire qu’à une analyse superficielle des informations sur la violence à l’encontre des femmes, sur ses causes et ses conséquences, et donc à une évaluation tout aussi superficielle de la réponse des États.

L’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant, doté de son propre organe de contrôle, renforcerait la responsabilité des États de respecter les normes, offrirait un cadre normatif à la protection des femmes et des filles et donnerait, grâce à l’organe de contrôle, des analyses approfondies de l’évolution de la situation dans le pays concerné et en général.  Mme Manjoo a dit avoir recommandé au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale d’étudier les lacunes du droit international, pour renforcer encore les efforts visant l’élimination de la violence faite aux femmes.

Le rapport de 2014, a poursuivi Mme Manjoo, traite d’un aspect souvent ignoré de l’impact de la violence faite aux femmes: cette violence est un obstacle à l’exercice par les femmes de leurs droits de citoyen à part entière.  Vue sous cet angle, la violence faite aux femmes est un obstacle à la pleine réalisation des droits de l’homme, et, par conséquent à l’exercice effectif des droits civils.  Le rapport parle aussi de la persistance des défis qui continuent de faire obstacles au succès dans l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes. 

Mme Manjoo a cité la tendance à des politiques « neutres »; la dichotomie entre les réponses des secteurs public et privé; l’échec des États à agir rapidement; l’absence de solutions transformatrices traitant des causes sous-jacentes de la violence, y compris les aspects individuel, institutionnel et structurel; les mesures d’austérité qui ont conduit à des coupes dans les dépenses sociales; la tendance à trop se concentrer sur les hommes et les garçons; et l’absence d’un instrument juridiquement contraignant.

Après avoir fait le tour des pays dans lesquels elle s’est rendue au cours de l’année écoulée, Mme Manjoo a regretté que dans l’ébauche du programme de développement pour l’après-2015, aucun objectif n’ait été consacré à la violence faite aux femmes et aux filles, alors qu’elle est reconnue comme une violation omniprésente et généralisée des droits de l’homme et une menace à l’égalité entre les sexes, à la paix et au développement.  Mme Manjoo a appelé à des efforts sur la question du suivi des futurs objectifs, lequel suivi doit s’appuyer sur des indicateurs fiables et des systèmes d’évaluation efficaces. 

La Rapporteuse spéciale a conclu en insistant auprès de la Commission de la condition de la femme pour qu’elle lance un processus de consultation sur les voies et moyens de combler les lacunes normatives du droit international s’agissant de la violence faite aux femmes et aux filles.  Il est temps de réfléchir à un cadre international juridiquement contraignant et spécifique à cette violence.  Elle a aussi demandé que la Commission recommande au Conseil économique et social de lancer, dans sa résolution sur la situation des femmes palestiniennes et l’aide à leur apporter, un appel au Gouvernement israélien pour qu’il accorde les visas aux experts internationaux des droits de l’homme qui doivent se rendre dans les territoires occupés pour chercher et collecter l’information et recommander les voies, moyens et mesures de traiter de la violation des droits de la femme palestinienne.

Mme BAKLAI TEMENGIL, Ministre des affaires communautaires et culturelles des Palaos, au nom du Forum des îles du Pacifique, s’est déclarée heureuse de présenter les progrès enregistrés par sa région dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et le moindre n’a pas été de briser le silence sur la violence faite aux femmes et aux filles, d’améliorer leur accès à la justice et d’initier un dialogue sur la santé sexuelle et reproductive, aux niveaux national et régional.  Le Forum est le premier à avoir adopté un Plan d’action régional sur les femmes, la paix et la sécurité. 

La Ministre a voulu que les progrès ne fassent pas oublier les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID), comme l’a reconnu la troisième Conférence internationale sur ces États et son Document final « Samoa: la Voie à suivre ».  Les défis sont accentués par les nombreuses inégalités socioculturelles entre hommes et femmes, lesquelles sont un obstacle à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. 

La Ministre a fait des propositions pour cette cinquante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme.  Elle a suggéré un plus grand engagement politique et financier pour accélérer la mise en œuvre des 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing.  Elle a soutenu l’établissement d’un objectif spécifique consacré à l’égalité entre les sexes et aux droits de la femme et de la fille dans le programme de développement pour l’après-2015 et l’incorporation de ces deux éléments dans l’ensemble du nouveau programme, qui doit être assorti de cibles et d’indicateurs reflétant les vulnérabilités et les contributions des femmes, en particulier celle des PEID.

La Ministre a insisté sur des cibles reflétant les causes sous-jacentes des inégalités entre hommes et femmes, réclamé des données de très bonne qualité, fiables et ventilées par sexe et demandé des garanties pour que le programme de développement donne des résultats égaux et justes pour toutes les femmes et toutes les filles, dans leur diversité.

S’exprimant en sa capacité nationale, Mme Temengil s’est déclarée heureuse des progrès que son pays a enregistrés dans la réalisation du troisième Objectif du Millénaire pour le développement sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle a par exemple, fait observer que les objectifs de leadership et de la participation des femmes aux processus de prise de décisions reposent sur la base solide des coutumes et des traditions aux Palaos.  Le pays est en effet une société matriarcale et matrilinéaire dans laquelle traditionnellement, les femmes détiennent le pouvoir et inspirent le respect.  Malgré les progrès, a admis la Ministre, la route de la mise en œuvre complète du Programme d’action de Beijing reste longue.

L’environnement, qui y est un des 12 domaines critiques, est très important aux Palaos, petit État insulaire en développement.  La Ministre a demandé qu’une attention particulière soit accordée aux femmes et aux filles dans les efforts de renforcement de la résilience qui doivent aller au-delà des infrastructures pour toucher l’aspect psychosocial.  À son tour, elle a plaidé pour un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes dans le nouveau programme de développement, lequel objectif doit être intégré dans les cibles et indicateurs de tous les autres objectifs. 

Mme DELILAH GORE, Ministre de la jeunesse, du développement religieux et communautaire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a parlé de la loi de 2013 sur la protection de la famille qui pénalise la violence domestique, couvre non seulement la violence physique mais aussi la violence psychologique et émotionnelle et un système de protection des victimes potentielles.  Après avoir énuméré d’autres initiatives, la Ministre a jugé important que l’aide des donateurs soit alignée avec les priorités, plans et stratégies des pays en matière de développement.  Mon pays, a-t-elle confié, est préoccupé par des approches sans continuité de la part des donateurs.  Dans certains cas, les programmes financés par ces donateurs sont largement mis en œuvre par eux-mêmes sans stratégie de sortie.  Il est donc important que les partenaires au développement travaillent en étroite collaboration avec les gouvernements pour planifier le transfert des responsabilités et assurer la viabilité des projets, y compris sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. 

Un domaine important pour le renforcement de la capacité institutionnelle d’accroître les investissements dans l’égalité entre les sexes est la mise à disposition de données ventilées par sexe.  La mise en place d’un organe central pour collecter ces données serait une bonne réponse mais là encore, a insisté la Ministre, il faut un niveau élevé de coordination et des fonds qui font défaut aujourd’hui. 

Mme MICHAELIA CASH, Secrétaire d’État à la promotion de la femme de l’Australie, a déclaré que nous ne parviendrons pas à un développement durable sans un objectif spécifique sur l’égalité des sexes et l’intégration de cette égalité dans l’ensemble des objectifs de développement durable.  L’Australie est déterminée à faire en sorte que l’égalité entre les sexes, l’autonomisation politique et économique des femmes, les droits sexuels et reproductifs, le leadership des femmes et l’élimination de la violence contre elles soient un des piliers du programme de développement pour l’après-2015. 

L’Australie attend d’ailleurs des recommandations ambitieuses de l’examen de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité.  Sous sa présidence, le G20 s’est mis d’accord pour augmenter le taux de participation des femmes aux processus de prise de décisions et en réduire l’écart avec celle des hommes de 25% d’ici à 2025.  Le pays a aussi décidé qu’au moins 80% de son aide aux investissements, quels qu’en soient les objectifs, traitera efficacement des questions liées à l’égalité entre les sexes. 

Malgré les efforts nationaux, régionaux et internationaux, la promotion des femmes et des filles est compromise par la prévalence de la violence sexiste, a reconnu la Secrétaire d’État.  C’est un fléau social contre lequel aucun pays n’est à l’abri, y compris l’Australie.  Le Gouvernement australien a adopté une politique nationale de « tolérance zéro », conscient que la violence prend aussi la forme des pratiques culturelles et religieuses, dont les mutilations génitales féminines et les mariages précoces.  Mme Cash a estimé que la présence de la société civile dans les conférences internationales est essentielle, y compris dans les processus de prise de décisions, pour faire en sorte que l’égalité entre les sexes et la promotion des femmes restent au premier plan des débats politiques internationaux.  Elle a encouragé les États à travailler étroitement avec leurs institutions des droits de l’homme, leur société civile, leurs universités et leur secteur privé pour appuyer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.

Fière des réalisations de son pays dans plusieurs domaines de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, Mme TANGARIKI REETE, Ministre de la promotion des femmes, de la jeunesse et des affaires sociales de Kiribati, a souligné les nombreux défis découlant des vulnérabilités propres aux petits États insulaires en développement.  « Nous ne pourrons véritablement réaliser nos objectifs sans répondre aux défis des changements climatiques et des catastrophes naturelles qui affectent nos droits fondamentaux à l’eau potable et à avoir des îles que nous pouvons appeler « maisons ».  « Quel intérêt y a-t-il à autonomiser les femmes si elles n’ont plus de maisons pour leurs familles, de terres pour planter et vivre? »  « Quel intérêt y a-t-il à mettre en place des programmes d’autonomisation si la survie même des femmes est en jeu? » 

« Nous faisons ce que nous pouvons pour nous adapter mais nous ne pouvons le faire seuls », a souligné la Ministre.  L’année 2015 est une année cruciale pour le multilatéralisme avec la Conférence sur la réduction des risques de catastrophes, celle sur le financement du développement, celle sur le programme de développement et celle sur le climat, dont le thème sous-jacent est « n’abandonnez personne ».

Je mets au défi de cette assemblée de prêter sa voix à « l’élan des voix » qui monte du front, de catalyser une action urgente contre les changements climatiques et d’aider « tout de suite » ceux qui sont en première ligne de cette « catastrophe majeure ».  N’attendez pas que des pays comme le mien aient coulé parce que nous sommes votre système d’alerte précoce.

Mme ABENA ONDOUA née OBAMA MARIE THÉRÈSE, Ministre de la promotion de la femme et de la famille du Cameroun, a déclaré que le pays a résolument poursuivi la réforme de son cadre législatif et institutionnel de promotion de l’égalité des sexes, tout en renforçant les mesures relatives à la prise en charge des problèmes spécifiques des femmes.  Après avoir donné des exemples s’agissant de la législation, des institutions, de l’éducation, de la pauvreté, de la santé, de la participation politique et à la prise de décisions, la Ministre a dit apprécier l’appui dont son pays a pu bénéficier de la part de ses partenaires.  Elle a lancé un appel en faveur du renforcement de cet appui pour mieux faire face aux nombreux obstacles à l’égalité des sexes.  Parmi ces obstacles, elle a cité les freins socioculturels et l’insuffisance des ressources due à la diminution de plus en plus observée des enveloppes affectées par les partenaires au développement pour le financement du genre.

Mme NILAM K.C. KHADKA, Ministre de la femme, de l’enfant et de la sécurité sociale du Népal, a indiqué que son pays est en train d’élaborer une nouvelle constitution, « occasion historique », de consacrer « le principe fondamental » d’une égalité « substantielle » entre hommes et femmes, car malgré les progrès « impressionnants », de nombreux défis demeurent.  La Ministre a cité la lutte contre la violence domestique et contre les pratiques socioculturelles néfastes et les valeurs patriarcales.  Assurer les droits et la sécurité des femmes migrantes est un autre défi émergent.  Le Gouvernement, a-t-elle affirmé, reconnaît que la discrimination généralisée fondée sur la caste, la classe sociale, les croyances, l’ethnie ou les compétences doit être combattue.  La Ministre a appuyé un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes, les droits de la femme et son autonomisation dans le nouveau programme de développement ainsi que l’intégration de ces éléments dans l’ensemble du programme qui doit être assorti d’indicateurs et de cibles.

Mme ANNE DÉSIRÉE OULOTO, Ministre de la solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant de Côte d’Ivoire, a énuméré huit avancées réalisées par son pays depuis la Conférence de Beijing, dont le renforcement par un montant de 10 millions de dollars du fonds d’appui aux femmes contre 2 millions en 2012, avant de s’arrêter sur « deux défis majeurs », à savoir la lutte contre l’analphabétisme féminin et l’élimination des pesanteurs socioculturelles.  Elle a rappelé que son Président, profondément attaché à la justice sociale et à l’égalité des chances, avait inscrit l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le projet de gouvernement qui l’a porté au pouvoir en octobre 2010.

Après avoir évoqué les progrès considérables accomplis dans la réalisation de certains objectifs relatifs à la condition féminine, Mme SANGARE OUMOU BA, Ministre de la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant du Mali, a fait part d’un certain nombre de difficultés qui empêchent la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans son pays.  Elle a noté la crise multidimensionnelle qui a frappé le Mali dès 2012 et qui a eu un impact négatif sur les droits des femmes et sur la croissance économique.  Elle a cité la montée des mouvements politiques fondamentalistes et les exactions qu’ils mènent contre l’avancée des droits fondamentaux des femmes et des filles, le sous-financement des mécanismes nationaux du genre, l’accès limité aux ressources liées aux moyens de production, l’accès limité des adolescentes et adolescents, ainsi que des jeunes filles aux informations et services de santé sexuelle et reproductive, le taux élevé de la mortalité maternelle et du mariage précoce, la timidité de l’engagement des hommes et des garçons pour l’égalité entre les sexes et l’impact de plus en plus négatif que les changements climatiques font peser sur les femmes et les filles.

Mme Ba a aussi déclaré que des actions et initiatives existent pour surmonter les obstacles et parvenir à la mise en œuvre intégrale et accélérée du Programme d’action de Beijing.  Elle a notamment parlé de la mise en place de quatre mécanismes institutionnels dédiés exclusivement à la mise en œuvre et au suivi de la Politique nationale genre du Mali, l’adoption en Conseil de ministres le 30 juillet 2014 d’un avant-projet de loi visant à assurer au moins 30% de femmes aux postes électifs et nominatifs, la formulation et la mise en œuvre de cadres juridiques non discriminatoires qui soutiennent l’émancipation économique, la sécurité économique et la participation des femmes, parmi lesquelles on peut citer la loi d’orientation agricole qui prévoit l’octroi d’au moins 10% des terres aménagées aux femmes et l’élaboration prochaine d’une stratégie nationale sur les violences basées sur le genre et les violences sexuelles. 

La Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, Mme MERVAT TALLAWY, a appelé tous les pays à œuvrer ensemble à la réalisation du Programme d’action de Beijing.  « Il faut conserver les acquis de ces 20 dernières années », a-t-elle mis en garde.  En Égypte, a-t-elle affirmé, la nouvelle Constitution donne aux femmes des droits « sans précédent ».  À titre d’exemple, un quota de 25% a été accordé aux femmes au Parlement, et les femmes peuvent donner leur nationalité à leurs enfants.  Le Conseil national des femmes a pour sa part préparé une Stratégie nationale contre la violence faite aux femmes.  Mais, il reste encore beaucoup à faire pour dépasser les difficultés liées aux traditions et aux coutumes ainsi qu’à la pauvreté, sans oublier le terrorisme, contre lequel elle a appelé à la protection des femmes et des enfants.  « Il n’est pas acceptable qu’au XXIe siècle, des femmes soient vendues sur des marchés », s’est-elle indignée, s’insurgeant contre cette « rhétorique religieuse ».  Pour Mme Tallawy, « l’autonomisation des femmes est l’autonomisation de toute l’humanité ».

Mme LINDSAY NORTHOVER, Secrétaire d’État au développement international du Royaume-Uni, a déclaré que son pays s’est engagé à débourser la somme de 35 millions de livres sterling pour la lutte contre les mutilations génitales féminines dans 17 pays et une autre somme de 36 millions contre le mariage précoce dans 12 pays.  En 2014, a-t-elle rappelé, le Royaume-Uni a organisé deux manifestations internationales sur les moyens d’accélérer l’action contre le mariage précoce, les mutilations génitales et la violence sexuelle dans les conflits armés.  Cette année, a poursuivi la Secrétaire d’État, nous avons une chance unique d’avancer dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Nous devons faire en sorte que les objectifs de développement durable reflètent un engagement fort et explicite et, pour ce faire, il faut un objectif spécifique et l’intégration de cibles et d’indicateurs transformateurs dans tous les autres objectifs.  Nous devons nous mettre d’accord sur la manière dont ces objectifs et ces cibles seront atteints et nous devons promettre un financement plus efficace et des investissements pour améliorer les données et les statistiques ventilées par sexe, a insisté la Secrétaire d’État.

Mme BUSINGYE MARY KARORO OKURUT, Ministre de l’égalité des sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda, a annoncé que si des réalisations significatives avaient été réalisées depuis 1995, des défis entravent encore la promotion des femmes.  Elle a cité la stagnation du taux d’infection au VIH à 8,3% parmi les femmes contre 6,1% chez les hommes, la mortalité maternelle de l’ordre de 438 décès pour 100 000 naissances vivantes, la violence sexiste toujours élevée, le taux élevé de grossesses des adolescentes et les mariages précoces des mineurs ainsi que l’accès insuffisant des femmes aux ressources économiques. 

Mme Karoro Okurut a dit qu’au moment où nous examinons la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, nous attendons de voir un programme de développement pour l’après-2015 qui inclue l’égalité des sexes et qui mette l’accent sur les questions de la santé reproductive des femmes et des jeunes filles, de la réduction du taux d’infection au VIH et de l’atténuation de ses impacts sur les femmes, de la lutte contre la féminisation de la pauvreté, de la modification des modèles patriarcaux qui nuisent à la promotion des droits des femmes et de la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles.

Mme ODA GASINGIZWA, Ministre en charge de la microfinance, de la jeunesse et de l’autonomisation des femmes du Rwanda, a indiqué que son pays fête aussi les 20 années de la libération qui ont permis aux femmes de passer du rôle de « victimes désespérées » à celui de leaders de la reconstruction d’une nation qui avait été complètement détruite.  L’engagement résolu du leadership rwandais a conduit, grâce à une vision transformatrice, à des résultats et des succès certains dont le taux de 64% de femmes au Parlement, de 43% de femmes ministres, de 50% de juges à la Cour suprême et de 40% de gouverneurs provinciaux.  Les femmes ont donc l’espace nécessaire pour faire entendre leur voix et faire avancer l’égalité et l’autonomisation.

Les Rwandaises, qui avaient participé à la Conférence de Beijing, représentaient une société sortant d’un horrible génocide et la vision d’une nation prospère, a dit la Ministre.  Le Rwanda connaît le prix de la paix et a adhéré complètement à l’idée de la participation des femmes dans les efforts de paix aux niveaux national et international.  La Ministre s’est attardée sur les « Isange One Stop Centers » qui offrent sous un même toit, une réponse holistique aux victimes de la violence fondée sur le sexe, prévenant ainsi les rechutes, le risque de faire disparaître les preuves et les retards en matière de justice. 

Financer l’égalité entre les sexes et institutionnaliser l’approche soucieuse de cette égalité dans la gestion des finances publiques est essentiel, a dit la Ministre.  Le Rwanda a choisi d’intégrer le financement de l’égalité dans les processus nationaux de planification grâce à l’adoption d’une loi budgétaire organique soucieuse de cette égalité.  La Ministre a lancé un appel à un appui financier et technique adéquat de la part des partenaires au développement.

La Vice-Ministre des affaires étrangères adjointe de la Mongolie, Mme OYUNDARI NAVAAN-YUNDEN, a indiqué que malgré des progrès importants, les changements vers l’égalité entre les sexes ont été « inégaux voire superficiels dans certains domaines ».  Le financement de cette égalité n’a pas été proportionnel à la croissance économique du pays et de nombreuses lois sur la famille et le travail, ancrées dans les stéréotypes, doivent être amendées pour consacrer une meilleure répartition des tâches dans les foyers.  Les femmes représentent toujours 60% des sans-emplois et en 2010, l’écart salarial était encore de 10%.  En outre, le phénomène social négatif des mères célibataires ou chefs de famille ne cesse de s’aggraver.  Dans le milieu rural, 50% de la population est composée de femmes vivant dans la pauvreté.  La Ministre s’est donc dite heureuse de la perspective genre dans la proposition du Groupe de travail de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable et a espéré que l’objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes sera adopté avec des cibles et des indicateurs.

Mme SUSANA CAMARERO BENÍTEZ, Vice-Ministre de la santé, des services sociaux et de l’égalité de l’Espagne, a salué la mémoire des victimes de l’attentat qui a frappé Madrid il y a exactement 11 ans.  Elle a appelé à l’implication de tous les acteurs de la société pour améliorer la condition de la femme et éliminer toutes les formes de violence à leur égard.  Elle a regretté que la Déclaration politique de la Commission n’ait pas été assez claire ni détaillée sur les mesures à prendre pour endiguer cette violence.  Les résultats obtenus depuis le Programme d’action de Beijing sont nombreux, a-t-elle relevé, en parlant de son pays mais en avouant aussi que « le chemin est encore long » pour voir une égalité totale entre hommes et femmes.  Elle a indiqué que l’Espagne envisage de réduire davantage les inégalités dans les domaines économiques, dont l’emploi et l’accès aux technologies de l’information. 

M. AODHÁN Ó RÍORDÁIN, Ministre des nouvelles communautés, de la culture et de l’égalité de l’Irlande, a confié que dans son pays, il faut faire plus pour faciliter l’accès des femmes à l’emploi rémunéré, par exemple en mettant sur pied des crèches de qualité et à des prix abordables.  Il faut aussi faire plus pour encourager les femmes et les filles à embrasser des filières techniques et scientifiques et plus généralement à éliminer la « ségrégation » sur le marché de l’emploi.  Il faut encore faire davantage dans la sphère politique où la Chambre basse du Parlement ne compte que 16% de femmes.  C’est pourquoi la loi de 2012 lie le financement public des partis au respect d’un quota d’au moins 30% de candidates.  Le Ministre s’est dit honoré qu’aux côtés du Kenya, son pays facilite les dernières négociations intergouvernementales sur le programme de développement pour l’après-2015.  Il s’est également dit fier que son Président, M. Michael D. Higgins, ait été choisi, parmi les dirigeants du monde, comme l’un des 10 « champions » de la campagne d’ONU-Femmes « « HeForShe ». 

Mme MEHER AFROZE, Ministre de la femme et de l’enfant du Bangladesh, s’est enorgueillie du fait que son pays soit l’un des seuls au monde à avoir une femme Premier Ministre, une femme Présidente du Parlement et une femme chef de l’opposition, sans compter les nombreuses ministres et députées.  D’ici à 2020, les partis politiques sont tenus de réserver aux femmes 33% des sièges dans leurs comités.  Les efforts du Bangladesh l’ont hissé à la septième place des pays où l’autonomisation politique des femmes avance.  Le Bangladesh, a reconnu la Ministre, ne peut s’endormir sur ses lauriers face à des défis tels que la violence contre les femmes, le mariage précoce ou la malnutrition.  En plus, les acquis sont menacés par les changements climatiques, la traite des femmes et des enfants et l’extrémisme violent.  Le pays aura donc besoin de partenariats internationaux durables.

Mme KATALIN NOVÁK, Ministre de la famille, de la jeunesse et des capacités humaines de la Hongrie, a d’emblée rejeté l’idée selon laquelle les politiques visant à renforcer la cellule familiale peuvent avoir des effets négatifs sur les droits de la femme.  Ces processus sont complémentaires, se renforcent mutuellement et contribuent effectivement à améliorer la condition de la femme et à réduire les inégalités.  La Ministre a reconnu que son pays ne peut affirmer qu’il a engrangé les mêmes progrès dans tous les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing, durant ces 20 dernières années.  La volonté politique et le dévouement n’ont pas toujours été à la hauteur et la lenteur avec laquelle le consensus sur ces questions avance ne sert pas vraiment la cause de la promotion de la femme. 

La Ministre n’a pas oublié les défis liés à la crise économique qui a relégué à l’ombre les questions d’égalité entre les sexes.  La Hongrie, a-t-elle avoué, reste le mauvais élève dans deux matières: la participation des femmes à la politique et à la prise de décisions et la lutte contre les comportements sexistes, les stéréotypes négatifs et pour la reconnaissance du travail « invisible ».  Les politiques visant à concilier vie familiale et vie professionnelle et à augmenter le taux d’emploi chez les femmes se mènent en outre dans le contexte de défis dus également à la situation démographique du pays. 

« Aucune tradition, aucune religion, aucune valeur ou aucune coutume ou culture ne saurait justifier la discrimination, la violence contre les femmes et les filles, ou la violation de leurs droits », a déclaré Mme ELKE SLEURS, Secrétaire d’État pour l’égalité des chances, les handicapés et la lutte contre la pauvreté de la Belgique.  Le nouveau plan national qui sera adopté cette année, a-t-elle indiqué, se concentre sur la violence entre partenaires, les mutilations génitales féminines, le mariage forcé et les crimes d’honneur.  Il comprendra aussi de nouvelles mesures contre la violence sexuelle.  La Belgique entend poursuivre une stratégie holistique, coordonnée et multidisciplinaire qui fasse en sorte que toutes les agences, qu’elles soient médicales, sociales, policières ou judiciaires, travaillent ensemble pour assurer des résultats.  Pour évaluer les politiques, le pays collabore avec toutes les parties prenantes dont les ONG.

L’égalité entre les sexes n’est pas seulement une question des droits de l’homme, elle peut aussi avoir un impact économique positif.  La Secrétaire d’État a donc voulu que l’on fasse attention à la dimension genre des politiques de l’emploi, en s’attardant sur l’écart salarial, la conciliation de la vie familiale et la vie professionnelle, le financement, la volonté politique des gouvernants et la collecte de données ventilées par sexe.  Elle a enfin indiqué que la loi belge a pénalisé le sexisme mais cela ne suffit pas.  Il faut sensibiliser l’opinion publique, surtout les jeunes et c’est ce que font les trois communautés linguistiques du pays grâce à des campagnes médiatiques et autres, dont des manuels scolaires.  Concluant sur le nouveau programme de développement, elle a souligné l’importance d’une forte dimension genre et dit son attachement à la proposition du Groupe de travail de l’Assemblée générale consistant en une intégration structurelle de cette dimension dans les autres objectifs, avec des indicateurs ventilés par sexes.

Mme MARIE-LAURENCE SRANON SOSSOU, Ministre de la microfinance, de la jeunesse et de l’autonomisation des femmes du Bénin, a dit que les différents programmes mis en place par le Gouvernement en particulier la Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté et la Politique nationale de promotion du genre, ont pleinement intégré les domaines retenus à Beijing.  L’ambition du Gouvernement béninois est de permettre à toutes les femmes en milieux rural et urbain d’avoir les outils et les capacités juridiques requis pour accéder facilement au crédit bancaire, afin de compléter les ressources qui leurs sont accordées au titre du vaste programme de microcrédit aux plus pauvres et qui connaît un succès retentissant auprès des femmes du Bénin.

Mais en dépit du succès, a nuancé la Ministre, les sources d’exclusion et de marginalisation des femmes demeurent encore nombreuses, au nombre desquelles les difficultés d’accès à la justice, la précarité des conditions de travail des femmes, l’absence de couverture sociale notamment dans le secteur informel dans lequel évolue un très grand nombre de femmes.  Elle a aussi souligné la privation du droit d’héritage notamment de biens immobiliers, ce qui les empêche de recourir aux techniques d’hypothèques pour accéder aux crédits bancaires et développer des activités économiques.  En outre, le Gouvernement s’est engagé à faire face à ces défis à travers une coordination plus accentuée et un travail plus intégré des ministères chargés de chacun de ces problèmes en collaboration avec la société civile, a indiqué la Ministre.

M. BENNO BÄTTIG, Secrétaire général du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a déclaré que 20 ans après la Déclaration historique de Beijing, les femmes sont toujours victimes de discriminations.  C’est pourquoi, nous avons l’obligation morale et le devoir politique de lier la Déclaration et le Programme d’action de Beijing avec le programme de développement pour l’après-2015 afin de faire progresser leurs objectifs qui sont complémentaires.

Au plan national, le représentant a dit que les femmes sont encore moins bien rémunérées que les hommes.  La conciliation entre le travail et la famille reste un problème.  Il continue d’y avoir peu de places d’accueil extrafamilial pour les enfants et les tâches domestiques sont inégalement réparties entre les hommes et les femmes.  La violence domestique continue d’exister et frappe plus souvent les femmes que les hommes.  Enfin, filles et garçons continuent à être limités dans leurs aspirations par des stéréotypes du genre, qui concernent le choix de leur formation, de leur profession et de leur mode de vie.

Le représentant a poursuivi en annonçant que la Suisse envisage de nouvelles mesures étatiques pour combattre la discrimination salariale.  Des programmes sont développés pour encourager les femmes à s’engager dans les métiers techniques et les hommes à se former aux professions de la santé et de l’éducation.  La Suisse est sur la voie de la ratification de la Convention de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.  Le représentant a ajouté que l’égalité entre hommes et femmes demeure un thème majeur de la politique extérieure de la Suisse, y compris la coopération au développement.

Il a lancé trois appels.  Il a appelé tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier immédiatement et sans réserve la Convention sur l’élimination des discriminations envers les femmes.  Il a invité les États Membres à augmenter leurs contributions financières à l’ONU-Femmes pour lui donner les moyens de remplir son mandat.  Il a encouragé le secteur public et le secteur privé à hausser leurs contributions pour les ONG qui fournissent un travail irremplaçable pour l’égalité des genres dans le monde.  Il a enfin lancé un appel à tous les États pour qu’ils traitent de l’égalité entre les sexes à la fois comme un objectif spécifique et une thématique transversale dans le programme de développement pour l’après-2015.

Pour M. VINAY SHEEL OBEROI, Secrétaire d’État chargé du développement de la femme et de l’enfant de l’Inde, a indiqué que l’initiative multisectorielle « Beti Bachao, Beti Padhao », lancée par le Premier Ministre au début de l’année, a pour but de traiter de la discrimination à l’égard des femmes, tout au long de leur vie.  Inciter les gens à célébrer la naissance d’une fille par les médias sociaux est un des éléments de cette campagne.  Le Secrétaire d’État a estimé que la promotion d’un partenariat égal entre hommes et femmes, filles et garçons est une des clefs incontournables du développement.  Promouvoir le recours aux nouvelles technologies pour faire avancer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes peut changer radicalement les choses et contribuer à rétrécir le fossé numérique.  Maintenant que l’on s’achemine vers l’adoption du nouveau programme de développement, a conclu le Secrétaire d’État, la volonté politique et la mobilisation des fonds, y compris l’aide publique au développement (APD), seront essentielles pour la réalisation des objectifs d’un programme véritablement inclusif, équitable, centré sur l’homme et transformateur, avec une perspective sexospécifique.

Mme K.D.M. CHANDRANI BANDARA, Ministre de la condition féminine du Sri Lanka, a indiqué que, dans sa politique de promotion de la femme, son pays a accordé la priorité à la lutte contre la violence.  Le Gouvernement a adopté une série de stratégies de sensibilisation, de formation, de recherche et d’information.  Les mécanismes nationaux ont été renforcés par un réseau d’institutions publiques qui touche directement les communautés.  Une ligne verte a été ouverte 24 heures sur 24 et des comités contre le harcèlement ont été installés dans tous les ministères.  La Ministre a tenu à souligner que le 6 mars, le Parlement a approuvé le rapport du chef de l’opposition sur la prévention de la violence fondée sur le sexe comme politique du Gouvernement.

Mme YEKUANA MARTÍNEZ, Vice-Ministre de la protection des droits de la femme du Venezuela, a dit que la révolution bolivarienne avait permis de prendre à bras le corps les questions relatives aux droits de la femme.  Le Gouvernement a créé des centres de prise en charge des victimes de la violence et ouvert une ligne verte et confidentielle pour leur venir en aide.  Le Gouvernement s’attaque aussi à la violence symbolique des grandes entreprises qui utilisent des images violentes à forte connotation sexuelle pour passer des messages publicitaires.  La Vice-Ministre s’est félicitée de ce que 19 000 comités pour l’égalité entre les sexes soient désormais opérationnels au Venezuela.  Répondant au Président américain, elle a dit: « si nous sommes une menace, c’est contre la faim, contre les inégalités et la violence dont sont victimes les femmes ».  Elle a rappelé que la Charte des Nations Unies proscrit la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et le respect mutuel entre nations.  Le Venezuela continuera à faire valoir son droit à l’autodétermination, a-t-elle martelé.  « Nous sommes un peuple résolu à rester libre et aucun empire ne nous empêchera de l’être », a-t-elle conclu sous les applaudissements de la salle.

Mme IOANA LIANA CAZACU, Secrétaire d’État, Directrice du Département de l’égalité des sexes de la Roumanie, a estimé que la création du Département de l’égalité entre les sexes en 2014 a été une étape importante pour faire avancer, sur le modèle européen, une approche intégrée des deux domaines d’activités à savoir ladite égalité et la lutte contre la violence domestique.  Cette violence et celle fondée sur le sexe sont d’ailleurs des défis que la Roumanie doit relever, avec l’instauration de l’égalité entre les sexes dans le système éducatif et l’amélioration de l’accès des femmes au marché de l’emploi, y compris le travail indépendant.  Les autorités roumaines s’efforcent, a assuré la Secrétaire d’État, de s’engager plus fortement et de renforcer l’engagement de tous les acteurs, en développant des partenariats de fond avec la société civile, le secteur privé et les autres partenaires sociaux. 

M. ZAFARULLAH KHAN, Ministre d’État au Cabinet du Premier Ministre du Pakistan, a indiqué que conformément à la vision de la Conférence de Beijing et aux idéaux de la Constitution pakistanaise, le pays continue d’avancer dans la promotion de la femme pour en faire un partenaire égal et actif du développement.  Aujourd’hui, au Pakistan, a-t-il affirmé, les femmes jouent leur rôle dans tous les domaines de la vie.  L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes sont parmi les priorités du pays.  Énumérant quelques progrès, le Ministre d’État s’est dit convaincu que le prochain programme de développement doit inclure les droits de la femme dont son droit au développement, de manière holistique et intégrée afin de pouvoir compléter la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing dans les délais impartis pour celle du nouveau programme, soit 15 ans.

M. GINTARAS KLIMAVICIUS, Vice-Ministre pour la sécurité sociale et le travail de la Lituanie, a mis l’accent sur le programme national pour l’égalité des chances entre hommes et femmes, dont une version actualisée a été adoptée le mois dernier, et dont la priorité est la promotion de l’égalité dans l’emploi et sur le marché du travail, une participation égale à la prise de décisions et l’intégration de la composante sexospécifique dans tous les mécanismes institutionnels.  L’écart salarial entre hommes et femmes est de 13,3%, ce qui est en deçà de la moyenne européenne, a noté le Ministre, et le taux de chômage des femmes est 3% plus bas que celui des hommes.  En matière d’éducation, les femmes réussissent mieux que les hommes puisque 60% d’entre elles sont diplômées de l’enseignement supérieur.  Les femmes représentent 39% des entrepreneurs du pays et plus de la moitié des juges, des procureurs et du corps diplomatique.  De plus, c’est une femme qui occupe la présidence du pays ainsi que celle du Parlement.  Pour le Ministre, on ne peut aboutir à l’égalité entre les sexes sans une bonne gouvernance, de bons mécanismes institutionnels et des ressources suffisantes.  Cette question ne concerne pas uniquement les femmes mais la société dans son ensemble, a-t-il conclu.

Droits de réponse

Le représentant du Japon est revenu sur le discours prononcé hier par son homologue de la République de Corée pour dire que son pays a déjà, à plusieurs reprises, exprimé tous ses regrets.  Il a cité une lettre de 1993 dans laquelle le Japon a présenté ses excuses sur la question des « femmes de réconfort » et a affirmé que certaines des victimes coréennes avaient accepté des dédommagements financiers conséquents.

Le représentant de la République de Corée a précisé que les « femmes de réconfort » étaient en fait les esclaves sexuelles des soldats japonais qui occupaient le territoire coréen pendant la Deuxième Guerre mondiale.  Il a démenti l’assertion selon laquelle la question a déjà été résolue dans l’Accord de San Francisco en 1965.  Il a relevé que cette question n’a été publiquement évoquée que lorsque les victimes ont porté plainte au début des années 1990, soulignant aussi que ces dernières avaient prévenu qu’elles n’accepteraient aucun dédommagement financier sans des excuses officielles de la part du Japon et des mesures pour les rétablir dans leur honneur et leur dignité.  « Le Japon doit accepter qu’il a agi contre les droits de l’homme et prendre des mesures concrètes », a-t-il insisté, tout en précisant que les compensations ne devraient pas être le fait des fonds privés mais bien du Gouvernement japonais.

Table ronde sur « les mécanismes nationaux en faveur de l’égalité entre les sexes: promoteurs de l’action, défenseurs du principe de responsabilité et moteurs de changement »

Présidée par M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), Vice-Président de la Commission de la condition de la femme, cette table ronde était organisée en trois segments.  Les débats ont été facilités par M. Ivan Šimonović, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, qui a souligné que les mécanismes nationaux sont les principaux moteurs de l’égalité entre les sexes.  Ils sont donc un point central des discussions sur le programme de développement pour l’après-2015. 

Depuis 20 ans, un certain nombre de mécanismes consultatifs, parlementaires, législatifs et autres ont été mis en place.  Ce ne sont plus des « mécanismes pour les femmes au sein d’un ministère donné » mais des entités composées de points focaux, de groupes de travail transsectoriels, d’observatoires et de conseils consultatifs.

Aujourd’hui, l’objectif du débat est de se faire une idée sur la forme de ces nouveaux mécanismes et la manière dont ils fonctionnent et contribuent à l’égalité entre les sexes, a expliqué M. Šimonović.  Il n’a pas manqué d’évoquer les difficultés rencontrées par ces mécanismes dont le manque de ressources et des capacités techniques ou encore l’absence de volonté politique.

Segment 1: rôle des mécanismes nationaux dans les changements législatifs et la redevabilité

Mme Makhfirat Khidir, Présidente du Comité des femmes et des affaires familiales du Tadjikistan, a expliqué que, compte tenu des spécificités de la société tadjike, le Comité qu’elle préside est un mécanisme national qui joue un rôle clef pour faire avancer la législation sur les droits de la femme.  Il existe aujourd’hui des textes sur l’éducation, l’économie et la famille.  Un plan d’action national porte sur l’évaluation de la législation et des experts ont été formés aux questions sexospécifiques.  La Présidente du Comité s’est attardée sur la participation des femmes au processus de prise de décisions relatif aux programmes sur les ressources hydriques.

Mme MARIA DE LURDES MARTINS DE SOUSA BESSA, Membre du Parlement du Timor-Leste, a expliqué comment la réforme législative a permis d’intégrer les droits de la femme dans la loi.  Aujourd’hui 38% de femmes siègent au Parlement grâce aux mouvements de femmes.  L’objectif affiché par le Gouvernement est d’établir une société juste pour les femmes d’ici à 2030.  Le pays s’est doté de nouvelles lois, y compris sur la violence domestique et autres formes de discrimination sexiste.  Une budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes a également été adoptée.  Par ailleurs, la Commission parlementaire des femmes travaille avec l’ONU-Femmes pour combler certaines lacunes.  La société civile joue son rôle important, notamment par le biais d’un réseau présent dans tous les districts.  La parlementaire a souligné que le succès dans l’autonomisation des femmes et la promotion de l’égalité entre les sexes dépend en grande partie des ressources disponibles et de la volonté politique au plus haut niveau.

Mme ROSE RWABUHIHI, Présidente du Bureau de contrôle des questions de genre du Rwanda, a expliqué que son pays tente de bâtir une nation qui repose sur les droits de l’homme et la non-discrimination.  Pour ce faire, le Rwanda s’est doté d’un cadre juridique et d’une constitution sexospécifique dont les processus de négociation ont été ouverts aux femmes qui ont pu bénéficier de l’appui de la société civile.  Aujourd’hui, le Bureau de contrôle est chargé de suivre la manière dont les principes fondamentaux en matière d’égalité entre les sexes sont respectés à tous les niveaux.  Les femmes parlementaires soulèvent toutes les questions auxquelles sont confrontées leurs congénères, leur donnant ainsi une voix.  Les résultats obtenus ont dépassé leurs attentes, s’agissant en particulier du droit à l’héritage et de l’accès à la terre. 

Le pays s’est aussi doté d’une loi de budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes, et la mise en place des systèmes d’audit ainsi que des campagnes de sensibilisation sont autant de stratégies clefs pour rendre les institutions comptables de leurs actes.  Pour la parlementaire, il est essentiel de renforcer ces mécanismes dans le cadre des stratégies nationales.

Pour Mme NICOLE AMELINE, Membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, le meilleur outil de promotion des droits de la femme est bien la Convention CEDAW parce qu’elle crée un lien direct entre les niveaux international et national.  C’est une base de référence et un outil du changement.  Dans ce cadre, le rôle de la loi est absolument fondamental: c’est la loi qui libère et c’est la loi qui modernise les sociétés.  La loi n’est pas dissociable du développement, elle en est la base. 

Par conséquent, le rôle des parlements est fondamental et il importe d’y assurer des quotas pour les femmes.  Les mécanismes d’évaluation sont aussi indispensables et, s’agissant des indicateurs, elle a estimé qu’il en faut de plus sophistiqués.  La finalité de l’action doit être politique, économique et sociale.  Le Comité CEDAW entend créer une application numérique pour l’éducation des filles.  Il faut utiliser davantage le numérique pour faciliter les connaissances et l’accès aux lois.  En concluant, elle a souligné que pour renforcer l’efficacité de l’action en faveur de l’égalité entre les sexes, il faut de la cohérence, ce qui suppose que l’ensemble des acteurs fassent des droits fondamentaux leur priorité.

Le débat qui a suivi a été l’occasion pour les ministres, parlementaires et autres représentants de haut niveau de faire le point sur ce qui a été fait chez eux, et sur ce qui est envisagé sur le plan législatif.  Deux points sont revenus fréquemment, à savoir l’importance des mécanismes d’audit pour surveiller la mise en œuvre des mesures et des lois et l’allocation de ressources suffisantes.  Les intervenants n’ont pas oublié d’insister sur le rôle des parlements, et des commissions parlementaires pour faire avancer la législation.

Ont participé à ce segment de la table ronde les représentants du Bahreïn, de la Finlande, de l’Italie, du Mexique, du Mozambique, du Népal, de l’Ouganda et du Pakistan.

Segment 2: Le rôle des mécanismes nationaux dans la réalisation de l’augmentation des ressources et la prestation de services

Mme ROXANA ALVARADO, Vice-Présidente de l’Assemblée nationale de l’Équateur, a indiqué que le Gouvernement équatorien a réussi le pari de redistribuer les richesses nationales, en privilégiant les investissements dans le domaine social.  Elle a expliqué que ces richesses ont notamment servi à la lutte contre des inégalités diverses, dont les inégalités entre les sexes.  Depuis 2010, a-t-elle relevé, la budgétisation se fonde sur la démarche sexospécifique, ce qui contribue à renforcer la transparence dans les investissements du Gouvernement en faveur de l’égalité entre les sexes.  La Vice-Présidente s’est félicitée du fait que 42% des parlementaires de son pays sont des femmes, soulignant en outre qu’une disposition législative impose aux partis politiques de respecter la parité stricte dans la présentation des candidats aux élections.

Mme ABSA WADE NGOM, Directrice de Département au Ministère de la condition féminine, de la famille et des enfants du Sénégal, a pour sa part indiqué que depuis l’an 2008, les questions du genre sont intégrées dans le budget national.  Elle a parlé d’un mécanisme institutionnel mis en place pour promouvoir l’égalité entre les sexes, ainsi que de la création d’un observatoire national du genre.  Elle a confié que l’un des obstacles à la promotion de la femme est le déficit des capacités humaines dans les ministères et les collectivités territoriales décentralisées.  Elle a également évoqué l’absence de données et d’indicateurs ventilés par sexe, ainsi que l’épineux problème des ressources financières.  Pourtant, en 2001, les dirigeants ont affiché leur ambition en décidant qu’au moins 80% des ministères devaient adopter l’approche genre dans leur fonctionnement au quotidien.  L’évaluation effectuée en ce début d’année montre que seulement 10% des ministères ont suivi cette instruction.  La Directrice a plaidé pour plus de collaboration entre les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile, afin de faire véritablement avancer la question du genre au Sénégal.

« Faire avancer l’égalité entre les sexes n’est pas toujours une priorité pour les gouvernements », a repris Mme ANA ARGANASHVILI, Chef de projet à l’ONG géorgienne « Partnership for Human Rights ».  Dans certains pays, comme en Géorgie, les partenaires internationaux sont parfois obligés de forcer la main des autorités nationales pour qu’elles intègrent l’approche genre dans la gestion des affaires publiques.  La déception et la colère sont inévitables chez les ONG nationales qui s’évertuent à faire entendre leur voix.  La Chef de projet a déploré le fait que le Conseil de l’égalité des genres de la Géorgie ne soit pas doté de réels moyens et de véritables pouvoirs pour aider les femmes.  Elle a proposé que les mécanismes nationaux de promotion de l’égalité entre les sexes soient confiés à la société civile qui peut, légitimement, demander des comptes aux gouvernements.

Après les panélistes, la plupart des orateurs ont relevé que la mise en place de mécanismes nationaux a permis de renforcer la représentativité des femmes.  Certaines délégations ont noté que ces mécanismes ne sont efficaces que lorsqu’ils sont dotés de fonds conséquents et bénéficient du soutien réel des décideurs politiques. 

Segment 3: rôle des mécanismes nationaux en termes de sensibilisation et de plaidoyer ainsi que pour la promotion de la participation des femmes et le leadership

S’adressant à la Secrétaire générale de la Commission nationale pour les femmes de la Jordanie, Mme SALMA NIMS, le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme lui a demandé en quoi la Commission avait contribué à la sensibilisation à l’égalité entre les sexes en Jordanie.  Quels types de collaboration entre le Gouvernement et les mécanismes de la Commission ont permis de faire ce travail?

Mme Nims a expliqué que la Commission, qui a été créée en 1992 et dont le mandat a été élargi en 1995, s’efforce d’instaurer des partenariats avec la société civile et les médias.  Elle a mis en place une coalition nationale qui appuie les femmes dans les processus électoraux et en 2005, elle a commencé à insister sur une participation plus forte des femmes à la vie politique locale, défendant l’instauration d’un quota minimum de 25%.  Aujourd’hui sur 160 sièges au Parlement, 15 sont occupés par des femmes.  Mme Nims a salué le partenariat stratégique de la Commission avec l’ONU-Femmes qui a permis de soutenir les femmes candidates et les femmes élues. 

Pour améliorer la participation des femmes à tous les niveaux, l’équipe d’experts juridique de la Commission et les experts de la société civile exercent des pressions sur le Parlement pendant les élections.  Le résultat a été que de nouvelles lois en matière d’égalité et de parité ont été adoptées.  Mais, Mme Nims n’a pas caché les « difficultés particulières » de la Jordanie, notamment la présence des 1,4 million de réfugiés qui affectent les priorités du pays.  Elle a naturellement parlé des obstacles constitutionnels et culturels qui limitent la capacité d’influencer la donne sur le terrain et de l’écart entre le discours officiel et les moyens mis à la disposition des parties prenantes pour faire avancer les choses. 

La Commission, a-t-elle dit, qui n’est pas un organe du Gouvernement, ne reçoit pas suffisamment de ce dernier et comme elle ne fait pas non plus partie de la société civile, les donateurs l’ignorent, d’où une marge de manœuvre limitée.  Pour surmonter les obstacles culturels, Mme Nims a jugé bon de puiser dans le potentiel des jeunes qui peuvent exercer des pressions sur leurs parlementaires pour obtenir une meilleure représentation des femmes aux postes de premier plan.

Comment renforcer la participation politique des femmes? a demandé le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme.  Comment des partenariats entre l’« appareil national » et d’autres mécanismes institutionnels peuvent-ils être renforcés pour une plus grande visibilité des femmes à tous les niveaux de prise de décisions?

Tout commence par la sensibilisation des gouvernements, a répondu Mme ING KANTHA PHAVI, Ministre de la condition de la femme du Cambodge.  Il faut qu’ils sachent l’importance des mécanismes nationaux d’égalité entre les sexes et leur caractère stratégique.  Au Cambodge, a-t-elle expliqué, nous avons en plus du Ministère, un Conseil national des femmes qui est un organe interministériel où tous les ministères de tutelle sont représentés.  Le Ministère de la condition de la femme travaille en effet à l’institutionnalisation des questions de genre dans tous les ministères.  Il n’oublie pas de coopérer avec le Parlement car cela favorise l’adoption de lois favorables aux droits de la femme.  À ce stade, le Cambodge n’a pas de loi sur les quotas, a précisé la Ministre, qui a estimé que la société civile est un relais privilégié pour promouvoir la place de la femme dans la sphère politique et dans la vie publique « sans aliéner les hommes ».  Pour obtenir de vrais résultats, a-t-elle conseillé, les droits de la femme doivent être abordés sous l’angle économique.

Le caractère stratégique des mécanismes nationaux a aussi été souligné par Mme ALEJANDRA MORA MORA, la Ministre de la femme du Costa Rica et Présidente de la Commission interaméricaine des femmes.  Elle a surtout voulu braquer les projecteurs sur les « femmes invisibles », des femmes des milieux ruraux, les femmes qui n’ont pas droit au chapitre.  Ces femmes, a-t-elle dit, doivent pouvoir compter sur mon ministère, ce qui suppose une certaine crédibilité.  Le Ministère se fonde donc sur des études ciblées qui mettent en évidence les lacunes, les problèmes et les inégalités.  Il s’efforce de former des alliances stratégiques, notamment avec la société civile. 

Quant à la Commission interaméricaine des femmes, elle regroupe un grand nombre de femmes et d’organisations.  Elle offre un espace qui permet de promouvoir la tolérance et la diversité.  La Commission comprend un mécanisme régional d’audit.  Le Costa Rica compte aussi de nombreuses organisations spécialisées qui font pression pour rendre effective l’intégration de la composante sexospécifique dans toutes les institutions publiques.

S’adressant au Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population, M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a souhaité en savoir plus sur la coopération entre les organismes internationaux et les mécanismes nationaux.  Quels sont les succès et les défis?

Le Directeur exécutif du FNUAP a commencé par dire qu’en général, les facteurs clefs du succès sont la bonne gouvernance et la démocratie.  Il a rejoint en cela la représentante du Cambodge qui a dit qu’il est plus facile de faire avancer la cause des femmes sous l’angle économique que sous l’angle socioculturel.  Le FNUAP a collaboré avec plusieurs gouvernements pour instaurer une sorte de collaboration régionale et renforcer la participation des femmes à la vie publique et politique.  Au Liban, par exemple, le Fonds a contribué à la formulation de la stratégie nationale en faveur des femmes, s’agissant notamment de la budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes.  Au Zimbabwe, le travail a porté sur la protection des femmes et des filles et au Turkménistan, sur l’assistance technique à la diffusion des meilleures pratiques en matière d’égalité entre les sexes. 

Commentant le débat, le Directeur exécutif du FNUAP a estimé que certaines des questions soulevées comme la responsabilisation des gouvernements, les procédures parlementaires permanentes et la nécessité de créer des enceintes de dialogue méritent réflexion.  S’agissant de l’aide financière des agences de l’ONU, il a considéré qu’elle doit viser à la fois les gouvernements et la société civile.

Le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme est revenu sur le taux moyen des femmes parlementaires dans le monde qui est de 22%, ce qui est loin de l’objectif fixé, il y a 20 ans à Beijing.  En quoi les mécanismes nationaux peuvent-ils contribuer à réduire ce déséquilibre et que faut-il faire pour aller de l’avant?

Le succès des mécanismes nationaux dépend de la place qui leur est accordée dans les processus décisionnels, ont d’abord souligné les intervenants.  En l’absence de volonté politique chez les gouvernants, aucun mécanisme ne sera efficace.  Il faut donc, ont-ils dit en écho aux propos de la Ministre cambodgienne, sensibiliser les gouvernements. 

Sont intervenus dans ce segment les représentantes de l’Afrique du Sud, du Cameroun, de la Finlande, du Koweït, du Mexique, de la République dominicaine, de la République populaire démocratique lao et du Suriname.

Le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme a tiré quelques messages du débat qui sont que les mécanismes nationaux en faveur de l’égalité entre les sexes sont essentiels pour les réformes; les partenariats stratégiques sont également cruciaux parce que les mécanismes nationaux ne peuvent être les seuls instruments.  C’est une responsabilité partagée pour toute la société et il est urgent de réformer la manière dont on mobilise les fonds.  Enfin, il faut envisager un mécanisme de responsabilisation officiel pour que les gouvernements soient tenus d’honorer leurs engagements.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de consolidation de la paix précise son appui en 2015 au Burundi, à la Centrafrique, à la Guinée, à la Sierra Leone, à la Guinée-Bissau et au Libéria

Comité d’organisation,
1re séance- matin
CCP/105

La Commission de consolidation de la paix précise son appui en 2015 au Burundi, à la Centrafrique, à la Guinée, à la Sierra Leone, à la Guinée-Bissau et au Libéria

Elle élit Olof Skoog de la Suède à la présidence de la neuvième session annuelle de la CCP

La Commission de consolidation de la paix (CCP) des Nations Unies a entamé, ce matin, sa neuvième session annuelle en précisant son appui au Burundi, à la République centrafricaine, à la Guinée, à la Sierra Leone, à la Guinée-Bissau, et au Libéria.  Dans le cadre des travaux de formation que la CCP mène dans les six pays susmentionnés et du rôle consultatif plus large qu’elle joue dans l’élaboration de politiques, la Commission de consolidation de la paix continuera d’exercer ses fonctions essentielles de sensibilisation, d’accompagnement et de suivi actif, de mobilisation des ressources et de création de partenariats et de renforcement de la cohérence. 

Notant que 3 des 6 pays dont s’occupe la CCP ont été gravement touchés par l’épidémie d’Ebola, qui s’est déclarée début décembre 2013 en Guinée pour se propager au Libéria en mars 2014 et en Sierra Leone en mai 2014, les intervenants ont appelé à des mesures conséquentes pour que la pandémie ne puisse compromettre les acquis de consolidation de la paix.  Il a été précisé que le Burundi et la Guinée connaitront cette année des processus électoraux déterminants pour la consolidation de la paix. 

Après avoir adopté l’ordre du jour de ses travaux 2015 et le projet de rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa huitième session*, la CCP a porté à sa présidence pour 2015, M. Olof Skoog, Représentant permanent de la Suède.  Elle a aussi renouvelé son bureau en confirmant à leurs postes la Suisse, en tant que président de la formation pays « Burundi », le Maroc, en tant que président de la formation « République Centrafricaine », le Luxembourg, en tant que président de la formation « Guinée », le Canada, en tant que président de la formation « Sierra Léone », et le Japon, en tant que président du Groupe de travail sur les leçons apprises.  Le représentant du Brésil, en sa qualité de Vice-Président, sera chargé de la formation « Guinée-Bissau » et le Représentant permanent de la Suède, en sa qualité de nouveau Président de la CCP, sera responsable de la formation « Libéria ». 

Dans sa déclaration liminaire, M. Olof Skoog a mis l’accent sur cinq priorités du programme de travail 2015, à savoir l’amélioration de la planification stratégique pour une consolidation de la paix durable; un soutien aux efforts de renforcement des institutions nationales; une garantie de financement prévisible et durable; l’amélioration de la coordination des activités postconflits; la constitution d’un forum où les contributeurs de troupes, les partenaires bilatéraux, les donateurs et les pays concernés puissent se mettre en rapport pour renforcer la « cohérence du soutien et prolonger la période où l’attention politique ne se relâche pas ».  Il a indiqué que la CCP organiserait une réunion avec l’ancien Président sud-africain Mbeki sur la présentation des efforts fournis par l’Union africaine, avec l’appui de la Commission économique pour l’Afrique, pour régler les problèmes posés par les flux financiers illicites en provenance d’Afrique.

En sa qualité de Président sortant, M. Antonio de Aguiar Patriota, Représentant permanent du Brésil, a appelé la CCP à renforcer la cohérence de ses activités de consolidation de la paix, en se concentrant sur les carences de l’appui international offert aux pays qui sortent d’un conflit et en appelant l’attention sur les points de blocage de leur développement politique, institutionnel et économique.  Il a aussi appelé à renforcer le rôle de conseil de la Commission auprès du Conseil de sécurité.  À cet égard, il a indiqué que la Malaisie a accepté de prendre la succession du Rwanda pour coordonner les exercices de bilans trimestriels de la fonction consultative de la CCP auprès du Conseil de sécurité. 

Pour sa part, M. Oscar Fernandez-Taranco, Sous-Secrétaire général à la consolidation de la paix, s’est félicité de la pertinence du thème retenu pour les travaux 2015, à savoir « le financement prévisible pour la CCP pour ne plus agir en silos fragmentés ».  Il a salué les efforts dans la lutte contre les flux financiers illicites, contre Ebola et le renforcement de la consultation de la CCP auprès du Conseil de sécurité, avant de souligner la nécessité d’une meilleure coordination entre les États membres et tous les partenaires concernés pour venir en aide à ces derniers de façon cohérente. 

Les pays présidant des formations ont précisé leurs interventions pour 2015.  Le Représentant permanent du Maroc, M. Omar Hilale, dont le pays préside la formation « République centrafricaine » a indiqué qu’il se rendrait sur le terrain la semaine prochaine pour rendre compte à la CCP de l’évolution de la situation.  Le représentant de la Suisse, M. Paul Seger, qui préside la formation « Burundi » a souligné que la période électorale qui s’annonce au Burundi de mai à septembre 2015 sera décisive pour la consolidation de la paix.  Il a indiqué qu’il convoquerait une réunion de la formation « Burundi » le 18 mars et qu’il se rendrait au Burundi du 31 mars au 4 avril pour poursuivre son engagement avec les contacts habituels.  Il a précisé qu’il quitterait ses fonctions en juillet et que son successeur à la tête de la mission suisse prendra le relais. 

La Représentante permanente du Luxembourg, Mme Sylvie Lucas, qui préside la formation « Guinée », a appelé la communauté internationale à maintenir sa lutte contre Ebola dans les trois pays touchés.  Elle a appelé à appuyer les élections locales et présidentielle prévues en 2015, après celles des législatives de 2013, dans le respect de l’accord du 3 juillet 2013.  Elle a mis l’accent sur le renforcement de la réforme du secteur de la sécurité, du secteur de la justice et des procédures pénales ainsi que de l’emploi des femmes et des jeunes.  Elle a indiqué qu’un programme de travail plus précis serait publié dans les semaines à venir après consultation avec les partenaires concernés, dont les acteurs de la société guinéenne.   

Le Représentant permanent du Canada, M. Guillermo Rishchynski, en charge de la formation « Sierra Léone » a appelé à continuer à se concentrer sur Ebola afin de s’assurer que les efforts de consolidation de la paix ne sont pas mis à mal par la pandémie.  Il a précisé que, dans le cadre de la formation, une présentation serait faite en avril sur l’état de la reconstruction après Ebola.  Il a mis l’accent sur la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que sur la gestion des ressources naturelles, la correction des lacunes en matière de gouvernance et la restauration de la confiance du public envers le gouvernement. 

Le Représentant permanent du Japon, M. Motohide Yoshikawa, Président du Groupe de travail sur les leçons apprises, a indiqué que son groupe examinerait cette année encore les meilleurs moyens de favoriser le rétablissement de la légitimité de l’autorité de l’État et de l’ensemble de ses institutions et administrations en période postconflictuelle.  

Le Représentant permanent du Brésil, en sa qualité de Vice-Président de la CCP, a indiqué que la Guinée-Bissau présenterait prochainement sa nouvelle stratégie nationale pour les 10 prochaines années, notamment en matière de bonne gouvernance, de réforme institutionnelle, d’intégration, de tolérance et d’utilisation durable et équitable de ses ressources naturelles.  Il a précisé qu’il se rendrait en Guinée-Bissau durant la deuxième moitié du mois d’avril. 

Le Président de la CCP, M. Skoog, chargé de la formation « Libéria », a indiqué qu’il avait rencontré lundi dernier Mme Sirleaf Johnson, Présidente du Libéria, où l’économie recommence à fonctionner et les écoles à rouvrir.  Il s’est dit impressionné par la manière dont ce pays a pris en charge les efforts de reconstruction post-Ebola. 

Notant qu’Ebola continue de faire des victimes humaines mais aussi des dégâts économiques et sociaux, le représentant de la Guinée a jugé impérieux de redoubler d’efforts pour parvenir à l’objectif « zéro Ebola ».  Il a appelé à promouvoir l’emploi des femmes et des jeunes pour renforcer la cohésion sociale qui sera d’une importance cruciale en cette année électorale.  « Même si nous ne comptons plus de patients souffrant d’Ebola, il ne nous faut pas baisser la garde tant que des cas sont signalés dans des pays voisins », a dit le représentant du Libéria.  De son côté, le représentant de l’Afrique du Sud a rendu hommage à tous les Africains qui ont participé aux efforts de lutte contre Ebola.  Ont également appuyé les travaux de la CCP, les représentants de l’Italie, de la Malaisie, de la Colombie, des Pays-Bas, de l’Allemagne, de l’Inde, du Chili, de la République de Corée, de Trinité-et-Tobago, de l’Égypte, du Nigéria et de la Fédération de Russie. 

En application des résolutions 60/180 de l’Assemblée générale et 1645 (2005) du Conseil de sécurité, la Commission de consolidation de la paix est priée de présenter tous les ans, à l’Assemblée, un rapport que celle-ci examinerait à l’occasion d’un débat annuel.  Aux termes de la résolution 1646 (2005) du Conseil de sécurité, ce rapport doit aussi être présenté au Conseil, qui y consacrera un débat annuel. 

*PBC/8/OC/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: l’investissement dans l’égalité entre les sexes est un investissement dans la croissance économique et le développement

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
3e et 4e séances – matin et après-midi
FEM/2023

Commission de la condition de la femme: l’investissement dans l’égalité entre les sexes est un investissement dans la croissance économique et le développement

La Commission de la condition de la femme a poursuivi aujourd’hui sa session annuelle, entamée hier, par, outre son débat général, quatre tables rondes ministérielles dont une a conclu que l’investissement dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes est un investissement dans la croissance économique et le développement.

Vingt ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, l’égalité des salaires n’est toujours pas acquise, le travail décent pas garanti et la participation des femmes aux processus de prise décisions économiques et politiques faible.  La pauvreté, la violence et les maladies sont le lot quotidien de beaucoup d’entre elles. 

Comme l’a souligné la Ministre libérienne de l’égalité des sexes, la flambée de l’épidémie d’Ebola a mis à mal la capacité du Libéria de consolider les acquis.  Les femmes, qui sont parties de « zéro à héros », sont « revenues à zéro ».  Son homologue de la Guinée a compté 55% de décès chez les femmes, plus de 600 veuves et plus de 4 000 orphelins.  La Guinée, a dit la Ministre guinéenne de la promotion de la femme, a besoin d’un accompagnement « fort, concret et massif » pour remonter la pente « difficile » de l’après-Ebola.

      Quant à l’après-2015, ministres et représentants de gouvernement ont voulu un nouveau programme de développement qui prône l’intégration de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes dans les politiques macroéconomiques, lesquelles doivent favoriser la mobilisation de ressources pour financer les investissements dans les réformes qui permettront aux femmes de vivre et de travailler sur un pied d’égalité avec les hommes.

Parmi ces réformes, des délégations ont parlé de l’instauration de quotas pour hisser la place des femmes dans les listes électorales et les conseils d’administration des entreprises publiques et privées.  « C’est bien beau de promouvoir la participation des femmes et leur autonomisation par des lois, mais quand elles sont à la maison, ce sont les sentiments qui parlent, et c’est dans ce cadre privé que se joue le vrai combat pour l’égalité des sexes », a fait remarquer la représentante du Maroc, rejointe par des appels à la mobilisation des hommes et des garçons mais aussi à l’inclusion d’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement et à son intégration dans tous les autres objectifs.

Au-delà des cadres juridiques, le mot d’ordre a été « investir dans le social », à savoir l’éducation et la santé, les campagnes d’alphabétisation, les crèches communautaires, les congés de maternité payés et les allocations familiales pour permettre aux femmes non seulement de travailler mais de concilier vie familiale et vie professionnelle.

Investir dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes a un effet catalyseur pour la croissance économique et le développement, a insisté la Ministre des affaires sociales de l’Islande, un pays où 80% des femmes travaillent.  C’est un message que le Gouvernement suédois actuel a bien compris puisqu’il se veut résolument « féministe », ce qui se traduit par une budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes.  Comme l’a relevé la représentante de l’Indonésie, c’est le manque de ressources qui entrave les efforts des gouvernements.

Demain mercredi 11 mars, la Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux avec son débat général à 10 heures et une table ronde ministérielle à 15 heures.

TABLES RONDES MINISTÉRIELLES SUR LE THÈME « PRIORITÉS DE L’ACTION À MENER POUR PARVENIR À L’EGALITE DES SEXES, AUTONOMISER LES FEMMES ET ASSURER LE RESPECT DES DROITS FONDAMENTAUX DES FEMMES ET DES FILLES » (E/CN.6/2015/3 et E/CN.6/2015/4)

Table ronde ministérielle sur le thème « Mettre l’économie au service des femmes et des filles »

Dans ses remarques d’ouverture, la Présidente de cette séance, Mme MASHAAIR AHMED ELAMIN ALDAWALAB, Ministre fédérale de l’assistance publique et de la protection sociale du Soudan, a mis l’accent sur le fait que la crise économique de 2007-2008 et les mesures d’austérité adoptées pour y faire face, ont fragilisé les acquis, exacerbant les inégalités subies par les femmes.  La réaction à la crise a eu pour seule priorité la croissance économique sans tenir compte des questions relatives aux conditions de travail et aux investissements publics nécessaires à la réalisation de l’égalité entre les sexes, en particulier dans le monde du travail.  Pour la Ministre, le défi du programme de développement pour l’après-2015 sera d’intégrer ces questions dans les politiques macroéconomiques.

C’est précisément l’une des questions abordées par cette table ronde, qui était facilitée par la Secrétaire générale de la Fédération internationale des travailleurs domestiques (IDWF), Mme ELIZABETH TANG.  Quels sont les défis actuels et les mesures à prendre pour assurer l’égalité économique dans le cadre du futur programme de développement?  Il faudra des politiques macroéconomiques qui favorisent la mobilisation des ressources pour des investissements dans les infrastructures, la protection sociale et les réformes nécessaires pour l’égalité des droits devant l’emploi.  « Tournons-nous vers l’avenir et axons nos efforts sur des résultats concrets », a lancé Mme Tang, en cédant la parole aux ministres présents, même si « en tant que syndicaliste, j’ai tendance à être un peu cynique par rapport à ce que disent et font les gouvernements ».

Si globalement, l’écart entre les taux d’activité des hommes et des femmes a tendance à se réduire, de nombreux intervenants ont souligné que cela ne signifie pas que les femmes jouissent d’un accès égal au marché de l’emploi.  En Serbie, 60% des femmes travaillent, 47,3% au Canada, 45% en Chine, 64,6% en Nouvelle-Zélande et 57% au Bangladesh.

Plusieurs ministres ont décrit leurs mécanismes institutionnels pour promouvoir la participation des femmes à la vie économique.  Tous ont semblé partager le point de vue de la représentante de l’Australie selon laquelle « renforcer la présence des femmes dans le monde du travail est la meilleure manière d’augmenter leur prospérité et celle de leurs familles ».  Permettre aux femmes d’avoir un travail décent, stable et bien payé est crucial, ont acquiescé les intervenants.  Comme l’a dit la représentante du Royaume-Uni, « l’autonomisation des femmes est essentielle pour une croissance inclusive ».  Il est impensable que mon pays puisse devienir un pays à revenu intermédiaire sans la contribution des femmes, a affirmé la représentante du Bangladesh

Il faut donc des économies « plus sensibles » aux besoins des femmes, permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle.  Pour y arriver, tous s’accordent à dire qu’il faut s’attaquer aux cadres juridiques mais aussi travailler à l’accès au microcrédit pour encourager l’entreprenariat; à des politiques fiscales spécifiques et aux systèmes de protection sociale prévoyant des allocations familiales, des congés de maternité payés, des garderies d’enfants et des congés parentaux.

Depuis 1995, la lenteur des progrès est particulièrement « frappante » quand il s’agit de la représentation des femmes aux postes de haut niveau, qu’il s’agisse du secteur public ou du secteur privé, sans compter la question persistante de l’écart salarial à travail égal qui reste « la norme » même dans un pays comme l’Allemagne où il est de l’ordre de 22%.

Pour remédier à ces barrières, les pays optent souvent pour les quotas.  Ainsi le Canada a avancé un objectif de 30% de femmes dans les postes à responsabilité dans les entreprises, de même que l’Allemagne.  Dans ce domaine, les partenariats avec la société civile ont été cruciaux.  D’autres interventions ont mis l’accent sur la nécessité « de faire passer les femmes du secteur informel au secteur formel » et pour le représentant du Pakistan, cela passe par une reconnaissance officielle des travailleurs informels et l’adoption d’une règlementation efficace.

Table ronde ministérielle sur le thème « Investir dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes »

Force est de constater que l’égalité des sexes continue de pâtir d’un sous-investissement chronique, souvent exacerbé par la crise économique, a répété les intervenants.  Sous la présidence de la Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, Mme MARINA KALJURAND, le débat a été animé par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, Mme AMINA MOHAMED.

Pour Mme Mohamed, 2015 est une année charnière avec ses deux processus de négociation parallèles d’une part sur le nouveau programme de développement et, d’autre part sur les changements climatiques.  Comme la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement n’a pas vraiment permis d’avancer la cause des femmes, on doit poursuivre les efforts au-delà de 2015 et mettre les femmes et les filles au centre de l’attention.

Les efforts nécessitent des combats sur plusieurs fronts allant de la mobilisation des ressources nationales aux politiques budgétaires et fiscales qui doivent intégrer la composante égalité des sexes, y compris dans l’aide publique au développement (APD).  Tous les acteurs, publics et privés, doivent s’unir pour garantir que l’égalité entre les sexes soit au premier plan dans le financement du nouveau cadre de développement pour l’après-2015.

Cela soulève plusieurs questions, dont celle liée à la manière d’analyser les dépenses publiques sur l’égalité entre les sexes.  Comment encourager les partenariats entre donateurs et gouvernements et comment mesurer les succès et ajuster le tir pendant les 15 prochaines années?

Il faut d’abord et avant tout insister sur la nécessité d’investir dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes compte tenu de leur importance pour le développement, a estimé la représentante de l’Égypte, et pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, a ajouté la représentante de l’Espagne.  Leur homologue de l’Inde a ajouté que cela suppose une volonté politique au plus haut niveau et une inclusion des femmes à tous les niveaux de prise de décisions.  Pour la plupart des intervenants, il s’agit aussi d’une question transversale qui touche tous les ministères et passe par une budgétisation sexospécifique, en plus des réformes juridiques. 

Comme l’a annoncé la représentante de la Suède, son Premier Ministre a décidé que son gouvernement serait « un gouvernement féministe ».  Cela se traduit, a dit la représentante, par une budgétisation sexospécifique essentielle pour allouer des ressources adéquates à tous les secteurs.  Pour les pays en développement en revanche, la tâche est complexe car la question des ressources se pose dont celle de l’APD.  Il faut des partenariats Sud-Sud et Nord-Sud et la mobilisation du système des Nations Unies pour l’aide financière et technique, comme l’ont souligné entre autres les représentants du Viet Nam, du Soudan et de l’Angola.  C’est le manque de ressources qui entrave nos efforts, a affirmé leur homologue de l’Indonésie.  La représentante de l’Iran a appelé à la vigilance et a proposé de mettre en place de systèmes d’évaluation en fonction des besoins des pays pour mieux canaliser l’APD.  Celle du Paraguay a demandé aux Nations Unies de fournir des informations précises sur les ressources allouées à l’égalité entre les sexes.

Pour le représentant de la Thaïlande, il ne faut pas limiter le débat aux ressources financières car cet investissement doit être assorti de mesures comme l’amélioration des programmes scolaires, la promotion de la représentation des femmes à tous les niveaux des entreprises publiques et privées ou encore la création de partenariats stratégiques avec la société civile.  La représentante de l’Érythrée « issue d’une société patriarcale où on lutte contre les pratiques et attitudes néfastes à l’égard des femmes », a partagé ce point de vue.  C’est le social qu’il faut viser: éducation et santé pour les femmes et les filles, campagnes d’alphabétisation et écoles pour les populations nomades, centres de soins pour améliorer la santé maternelle et infantile. 

L’investissement commence à l’école et à la maison, a ajouté le représentant des Palaos.  Il commence dans les familles, parmi les femmes et dans les communautés, a renchéri son homologue du Nicaragua.  Plusieurs intervenants ont mis en avant l’importance des données ventilées, ce qui exige coordination et encore une fois financement.  De tels outils permettraient d’affiner les mesures et d’avoir un impact plus direct sur les femmes.

Table ronde sur le thème « Transformer la politique et la vie publique pour parvenir à l’égalité entre les sexes »

Présidée par la Ministre de la condition féminine d’El Salvador, Mme YANIRA ARQUETA, la table ronde était animée par Mme AMINATA TOURE, ancienne Premier Ministre du Sénégal

De nombreux orateurs ont estimé que pour transformer les institutions et créer un environnement propice à l’égalité des sexes, il faut d’abord et avant tout changer la législation.  « Il faut des lois qui créent un environnement favorable à la participation des femmes à la vie publique », ont martelé plusieurs intervenants, et ces lois doivent clairement instituer des quotas, ont précisé certains parmi lesquels la représentante de la Pologne.

« Nous avons la représentation la plus basse.  En fait, aucune femme n’est membre de notre Parlement », a avoué le représentant de Tonga, en promettant que la nouvelle loi électorale palliera cette injustice.  Au Liechtenstein, a relevé sa représentante, les femmes n’ont le droit de voter que depuis 30 ans.  Elles ne s’engagent pas facilement dans la vie publique à cause des stéréotypes qui leur attribuent la charge exclusive des enfants et des tâches ménagères.  Les choses évoluent tout de même dans le bon sens, ont salué plusieurs orateurs, au rang desquels la représentante de l’Iraq qui s’est félicitée de ce que la ville de Bagdad ait une femme maire, « un évènement historique ».

La représentante du Luxembourg a prôné la mise en place de ministères spécifiques qui mettent sur pied une véritable politique de promotion de la participation politique des femmes.  Il faut que les femmes qui ambitionnent de faire carrière en politique aient la possibilité de suivre des formations, a suggéré la représentante du Mexique.  La formation politique est cruciale, a acquiescé son homologue de la Jamaïque.

En Algérie, dans les années 1990, l’implication des femmes dans la lutte contre le terrorisme leur a conféré plus de place dans l’espace publique, a déclaré la représentante.  Pour sa collègue du Mozambique, la promotion des droits de la femme pourrait bénéficier des vertus de la coopération Sud-Sud, d’autant plus que dans certains pays du Sud, comme Cuba, la question de la représentativité des femmes ne se pose même plus, comme l’a affirmé la représentante du pays.  Pour permettre à ces pays d’autonomiser les femmes, le Gouvernement du Japon, a souligné son représentant, a consacré 3 milliards de dollars à l’aide publique au développement (APD).

Si on adopte des quotas, il ne faut pas oublier que la représentation des femmes doit aussi être qualitative, a prévenu le représentant de l’Arménie.  Mais la compétence des hommes publics n’est jamais remise en cause, a objecté la représentante de la France.  Pourquoi ne parle-t-on de la qualité que lorsqu’il s’agit des femmes?  « On peut dire qu’il y aura égalité entre les sexes quand on verra le même quota de non qualifiés chez les hommes comme chez les femmes dans nos parlements », a tranché la représentante de l’Islande.  D’abord les quotas et après nous parlerons des compétences des uns et des autres, a résumé la représentante de la Slovénie, avouant que les femmes ne doivent pas concourir dans la médiocrité, mais dans l’excellence.  Avec le coût élevé des campagnes électorales, il est peu probable de voir les femmes concourir avec des hommes qui détiennent les leviers économiques, a mis en garde la représentante du Costa Rica, en soulevant un autre problème.

« C’est bien beau de promouvoir la participation des femmes et leur autonomisation par des lois, mais quand elles sont à la maison, ce sont les sentiments qui parlent, et c’est dans ce cadre privé que se joue le vrai combat pour l’égalité des sexes », a taclé la représentante du Maroc.  Elle a suggéré que les hommes soient incités à changer leur mentalité, des propos qui ont été accueillis par applaudissements nourris.  Il vaut mieux s’assurer du soutien des hommes pour faire avancer les choses, a acquiescé la représentante de la Slovénie.

Table ronde sur le thème « Appliquer le principe de responsabilité afin de parvenir à l’égalité de fait pour les femmes et les filles »

Cette dernière table ronde a permis d’entendre un plaidoyer fort pour que les dirigeants publics et privés soient comptables de leurs politiques en matière d’égalité des sexes.

Le Secrétaire général du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, M. BENNO BATTIG, qui a présidé le débat, a souligné que l’égalité des sexes est l’affaire de tous, et non des dirigeants publics seuls.

L’animatrice de cette table ronde, Mme ELIZABETH BRODERICK, Commissaire fédérale en matière de discrimination des sexes de l’Australie, a ouvert les échanges en invitant les femmes à demander des comptes aux décideurs et « cette reddition de comptes doit se faire à la fois par les autorités publiques et par le secteur privé ».  La responsabilisation des politiques est encore plus cruciale dans des situations de crise, ont insisté des orateurs.  La déléguée du Mali a par exemple dépeint la situation des Maliennes qui ne cesse de se dégrader depuis la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays depuis deux ans.  En Guinée, en plus des problèmes traditionnels que connaissent les femmes, l’épidémie à virus Ebola est venue, l’an dernier, aggraver la situation, a noté la déléguée du pays.  Elle a indiqué que les femmes représentent 55% des victimes de la maladie, tandis que d’autres se retrouvent du jour au lendemain veuves et abandonnées, ce qui accentue leur vulnérabilité.

De nombreux orateurs ont constaté que l’absence de mécanismes de responsabilisation fait que le Programme d’action de Beijing est trop considéré comme une priorité par les décideurs.  Comme la représentante du Bahreïn, de nombreux intervenants ont rappelé aux parlements leur rôle garant du respect des lois.  En Norvège, a dit son représentant, le bureau de l’Ombudsman a été mis en place pour les victimes de discrimination à caractère sexiste, sans compter des services juridiques qui sont prodigués gratuitement.  

Pour la déléguée de la Zambie, responsabiliser les décideurs passe par une responsabilisation face à l’approche budgétaire.  Pour responsabiliser les dirigeants, il faut d’abord établir des données claires sur ce qu’il y a à faire, et ainsi mieux assurer le suivi des réalisations, avec des indicateurs quantifiables et des évaluations permanentes, a souligné la représentante de la Lettonie.

Mais, a fait remarquer la représentante du Maroc, le secteur privé est trop peu soumis aux mêmes exigences.  Il faut donc, a conseillé son homologue de la Belgique, établir également des objectifs clairs assortis d’indicateurs.  Elle a plaidé pour le renforcement de la régulation du secteur privé et l’instauration de quotas.  Prenant exemple sur une loi de 2011 qui stipule que les conseils d’administration des entreprises privées cotées en bourse doivent avoir au moins un tiers de femmes, elle a assuré que cette mesure avait fait évoluer les choses de manière positive.  L’animatrice a clos la table ronde en relevant le besoin de responsabiliser davantage le secteur privé, car, « l’égalité des sexes est bonne pour les affaires ».

Les femmes doivent donner de la voix et elles sont d’autant plus audibles quand elles sont économiquement épanouies, ont noté des délégations.  Une réalité qui a fait dire à l’animatrice, sur le ton de l’humour, que « les femmes doivent cesser de considérer les hommes comme des comptes bancaires » si elles veulent qu’on les entende.

Suite du débat général

Mme ANNE WAIGURU, Secrétaire de Cabinet pour la dévolution et la planification du Kenya, a cité quelques chiffres pour illustrer les progrès enregistrés dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing.  Elle a parlé du Fonds pour l’entreprenariat des femmes et des jeunes doté de 240 millions de dollars.  Elle a aussi cité le fait que son gouvernement a réservé au moins 30% des marchés publics à cette catégorie de citoyens.  En matière d’éducation, le Kenya a réalisé 100% de taux de scolarisation, les filles représentant 51% du total des inscriptions.  La gratuité des soins de santé, dont la maternité, est effective dans les hôpitaux publics.  Aujourd’hui, 50% des naissances se déroulent dans un milieu médicalisé.  S’agissant de la participation politique, le Gouvernement actuel est composé de 33,3% de femmes.

Mme NILAM K.C. KHADKA, Ministre de la condition féminine, de l’enfant et du bien-être social de l’Iraq, a affirmé que 50% des postes à responsabilités sont occupés par des femmes, dont le maire de Bagdad.  Mais elle n’a pas caché que le Gouvernement fait face à des difficultés importantes.  Après la chute de la dictature, le pays a connu 12 années d’attaques terroristes violentes durant lesquelles les femmes sont violées, enlevées, forcées à l’esclavage ou contraintes de fuir.  « Que faire contre l’État islamique? »  Le Gouvernement déploie certes des efforts considérables pour libérer le monde du terrorisme mais il ne reçoit pas d’aide suffisante, a-t-elle déploré.  Plus la situation perdurera, plus les femmes souffriront, a averti la Ministre.

Mme KELLIE LEITCH, Ministre de la condition de la femme du Canada, a déclaré que dans son pays, les femmes sont plus nombreuses dans les universités, représentent la moitié de la main-d’œuvre et sont plus présentes dans les conseils d’administration et les postes de décideurs.  Le pays entreprend des actions pour accroître la participation des femmes dans le marché de l’emploi et diminuer l’écart salarial.  Le Gouvernement aide les femmes entrepreneurs à faire prospérer leurs affaires et à améliorer la représentation des femmes dans les métiers spécialisés et les professions techniques.  Mme Leitch a reconnu que la violence basée sur le sexe continue d’être un obstacle.  Le Canada a mis en place de nouvelles lois sur la criminalité et a renforcé les peines.  Il a aussi mis en œuvre des plans contre le trafic des êtres humains, la « cyberviolence » et la violence contre les autochtones et les filles.

Mme LORENA CRUZ SANCHEZ, Présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, a rappelé que la première Conférence mondiale sur les femmes a été organisée au Mexique en 1975.  Mme Sanchez s’est enorgueillie de l’intégration de la perspective du genre dans toutes les politiques publiques du Mexique.  Elle a mis l’accent sur la parité aux postes électifs et sur la Stratégie contre la grossesse chez les adolescentes.  Seuls les projets bien articulés entre le Gouvernement et la société civile pourront nous permettre d’avancer.

Mme JULIA DUNCAN-CASSEL, Ministre de l’égalité des sexes, du genre et de la protection sociale du Libéria, a dit que des progrès considérables ont été réalisés au Libéria depuis l’adoption d’un Programme national sur l’égalité hommes-femmes en 2009.  Elle s’est inquiétée de la persistance des inégalités structurelles qui empêchent la pleine mise en œuvre des droits de la femme.  Elle a dit que le Libéria avait eu en 2010 le Prix de l’OMD 3 pour ses progrès dans le domaine de l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes.  Nous avons élu une femme présidente par deux fois et de nombreuses femmes ont été nommées à des postes importants.  Onze pour cent des députés et 13% des sénateurs sont des femmes.  Mais, a souligné la représentante, la flambée de l’épidémie Ebola a mis à mal la capacité du Libéria de consolider les acquis.  Les femmes, qui sont parties de « zéro à héros » sont « revenues à zéro ».  Citant d’autres progrès, la Ministre a classé parmi les difficultés l’affectation budgétaire inadéquate du mécanisme chargé de la promotion des droits de la femme, la mise en œuvre inefficace de la politique genre, les faibles capacités humaines, l’augmentation du nombre de viols et des délits de violence à l’encontre des femmes.

M. TAKASHI UTO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a dit que son pays a formulé et mis en œuvre des politiques nationales pour la parité entre les sexes de manière systématique.  Il a donné quelques exemples dont le projet de loi obligeant le Gouvernement, les gouvernements locaux et les entreprises à formuler et à publier leur plan d’action sur le recrutement, la promotion et la formation  visant à promouvoir la participation active des femmes sur le lieu de travail.  Le Japon compte aussi convoquer, une nouvelle fois, l’Assemblée mondiale des femmes à Tokyo les 28 et 29 août pour discuter de leur autonomisation, de manière globale.  En outre, la troisième Conférence des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, qui se tient à Sendai cette semaine, abordera aussi la participation et le leadership des femmes dans ce domaine.

Le Vice-Ministre a espéré que l’engagement du Japon à accorder aux pays en développement la somme de 3 milliards de dollars en trois ans, sera la graine qui se transformera en un avenir plus prospère pour les femmes et les filles.  Après avoir mis l’accent sur l’augmentation de la contribution japonaise à ONU-Femmes, le Vice-Ministre a annoncé que le bureau de liaison de cet organisme à Tokyo devrait ouvrir cet été.  Nous avons pris le mois dernier la décision de consacrer 1,6 milliard de dollars à ONU-Femmes et à l’équipe d’experts de la Représentante spécial edu Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit pour appuyer des projets dans des pays comme le Soudan du Sud, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo, a encore annoncé le Vice-Ministre.

Lorsque les femmes entrent en politique, la politique chante, a déclaré Mme MARIA GRAS, Présidente du Conseil national des femmes d’Argentine.  Depuis l’élection de Mme Cristina Kirchner à la présidence, le pays a fait d’importants progrès.  La représentante a cité la création de plus de 400 organisations civiles dont l’objectif est d’améliorer la sécurité sociale dont 80% de la population bénéficiait en 2014.  Aujourd’hui 47% des postes de direction sont occupés par des femmes en Argentine.  Si le XIXe siècle a été le siècle des hommes, nous devons faire en sorte que le XXIe soit celui de l’égalité entre les sexes.  Pour y parvenir, elle a préconisé davantage de participation des femmes à tous les niveaux du pouvoir.  Il faut lutter contre l’indifférence et faire preuve de courage.  Il faut libérer les femmes économiquement, en sachant qu’il n’y a pas de réponse unique sinon que les femmes doivent occuper l’espace politique. 

Mme SAMIRA MERAI FRIAA, Ministre des femmes, de la famille et des enfants de la Tunisie, a souligné la nécessité de réaffirmer l’engagement collectif du monde au Programme d’action de Beijing et la nécessité de faire des efforts complémentaires sur la base des leçons apprises.  Les femmes de Tunisie ont gagné des rôles de leadership politiques au cours des dernières années, mais il y avait encore des lacunes dans leur représentation à tous les niveaux.  La Constitution consacre l’égalité des hommes et des femmes et a servi de base pour les politiques et les programmes gouvernementaux dans des domaines clefs, y compris la violence contre les femmes, a dit la Ministre en ajoutant que les efforts pour réduire l’écart entre les sexes dans les zones rurales et urbaines, pour promouvoir les services de santé et pour accroître les possibilités économiques nécessitent la formulation de politiques qui aideraient à faire une véritable percée vers l’égalité et l’autonomisation.

Représentante d’un pays où 80% des femmes travaillent et apportent une contribution « décisive » à la croissance économique et au développement, Mme EYGLO HARDARDOTTIR, Ministre des affaires sociales et du logement de l’Islande, a appelé le monde à se montrer audacieux dans les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015.  L’Islande appuie et continuera d’appuyer un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ainsi que leur intégration dans l’ensemble du nouveau cadre de développement.  Le but doit être une approche porteuse de transformations qui traite véritablement des causes structurelles des inégalités entre hommes et femmes et des questions qui ont été ignorées dans les Objectifs du Millénaire pour le développement comme la violence contre les femmes, la santé et les droits sexuels et reproductifs, le leadership des femmes et les droits économiques mais aussi les pratiques néfastes comme le mariage précoce et forcé.  Les objectifs doivent être assortis d’un calendrier de mise en œuvre et d’indicateurs quantifiables et pratiques.  Nous ne pouvons attendre une autre période de 70 ans pour réaliser l’égalité, s’est impatientée la Ministre.

Mme CANARA SANABA KABA, Ministre de l’action sociale et de la promotion des femmes et des enfants de la Guinée, a fait part des progrès enregistrés dans son pays, avant de rappeler que l’examen de Beijing+20 se déroule pendant que son pays est confronté depuis février 2014 à l’épidémie à virus Ebola qui a endeuillé de nombreuses familles.  Cette épidémie a particulièrement affecté les femmes avec 55% des décès, plus de 600 veuves et plus de 4 000 orphelins.  C’est la raison pour laquelle le pays a célébré le 8 mars sous le thème « les femmes au-delà d’Ebola ».  En collaboration avec les ONG et les partenaires au développement, le Gouvernement guinéen a fait preuve d’une forte mobilisation pour informer et sensibiliser l’opinion publique. 

Cette crise sanitaire a porté une grave atteinte à l’élan pris par le pays qui avait abouti au rétablissement de la confiance avec les institutions financières internationales.  Malheureusement ces résultats sont aujourd’hui gravement compromis par les conséquences socioéconomiques et politiques de l’épidémie.  La Guinée a besoin d’un accompagnement fort, concret et massif de la communauté internationale pour l’aider à remonter la pente « difficile » de l’après-Ebola, a insisté la Ministre.

Mme ANA MARIA BAIARDI QUESNEL, Ministre de la condition féminine du Paraguay, a déclaré que l’une des priorités de son pays était le renforcement de l’autonomisation des femmes, à savoir le contrôle de leurs revenus et de leurs affectations.  Au plan de la santé maternelle, les femmes doivent aussi être en mesure de décider du nombre d’enfants qu’elles veulent.  Pour le Gouvernement, les priorités s’articulent autour de la fourniture de soins aux victimes de la violence et d’une aide à la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  Lorsque les femmes participent à tous les niveaux, le développement à long terme est garanti, a estimé Mme Quesnel.

Mme BIBIANE OUEDRAOGO BONI, Ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, a cité des mesures mises en œuvre par son gouvernement afin d’assurer l’égalité d’accès et la pleine participation des femmes au processus de prise de décisions à tous les niveaux.  Elle a ainsi évoqué l’élaboration et la mise en œuvre du programme de promotion de l’équité hommes-femmes en milieu de travail depuis 2007; la prise en compte de l’égalité hommes-femmes dans les nominations au niveau des collectivités locales et du recrutement du personnel chargé de la sécurité; l’adoption en 2009 de la loi portant fixation de quotas aux élections législatives et municipales au Burkina Faso; et la création et le fonctionnement des cellules pour la promotion du genre dans tous les départements ministériels et les institutions publiques.  Elle a ensuite souligné qu’afin d’accélérer l’autonomisation économique des femmes, le Burkina Faso a mis en place en 2011 un programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes.

Dans la perspective de l’après-2015, la Ministre a annoncé que le Burkina Faso va adopter une politique nationale de protection et de promotion des jeunes filles, afin, a-t-elle justifié, de lutter contre les violences basées sur le genre.  Elle a aussi annoncé l’élaboration d’une stratégie nationale de promotion de l’entreprenariat féminin, d’une autre stratégie d’accélération de la transversalité du genre dans tous les secteurs d’activités, et la mise en place d’un observatoire national du genre, entre autres.

Mme YVES ROSE M. MORQUETTE, Ministre à la condition féminine et aux droits des femmes d’Haïti, a relevé des efforts notables engagés par Haïti au cours des 20 dernières années dans des domaines tels que l’amélioration de l’accès des filles à l’école et leur maintien, la réduction de la mortalité maternelle, l’adoption du principe du quota d’au moins 30% de femmes dans les instances décisionnelles consacré par la Constitution, ou encore l’adoption d’un plan d’action national post-Beijing.  La Ministre s’est en outre félicitée de la révision du Code pénal ayant abouti au décret du 6 juillet 2005 relatif aux agressions sexuelles et à la dépénalisation de l’adultère de la femme.

Mme MASHA’ER AHMED ELAMIN ALDAWALAB, Ministre fédérale du bien-être et de la sécurité sociale du Soudan, a noté une évolution considérable dans le partenariat entre les pays arabes et l’Afrique dans le cadre de la réalisation du Programme d’action de Beijing.  Elle a déclaré que le Soudan a mis en place le Plan national de mise en œuvre du Programme d’action qui a permis notamment l’intégration dans la Constitution du principe d’égalité et du principe « à travail égal, salaire égal ».  La réforme juridique a permis aussi de donner une définition au viol tandis que le harcèlement a fait l’objet d’un nouvel article dans le Code pénal.

La Ministre a également parlé des réformes en vue de réduire la mortalité infantile et maternelle ainsi que des efforts pour empêcher les mariages précoces et améliorer les programmes scolaires.  Une attention particulière est accordée à l’éducation des femmes dans les zones rurales et les régions nomades.  En outre, le Projet national d’autonomisation des femmes dont le but est de développer les capacités des femmes a permis la création de banques pour les femmes.  La Ministre a terminé en lançant un appel à la communauté internationale pour qu’elle vienne en aide aux femmes et enfants victimes de conflits.

Mme DEDE AHOEFA EKOUE, Ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation du Togo, a déclaré que la vision nationale en matière d’égalité et d’équité de genre est « faire du Togo un pays émergent sans discrimination, où les hommes et les femmes ont les mêmes chances de participer à son développement et de jouir des bénéfices de sa croissance ».  Elle a noté que le Code des personnes et de la famille du Togo a été révisé en 2012 et en 2014, afin d’assurer une gestion collégiale du ménage par le mari et la femme, réaffirmer l’autonomie de la femme, entre autres.  Dans le domaine de l’autonomisation économique de la femme, plusieurs programmes structurants ont permis d’atteindre, en 2014, plus de 500 000 femmes à faible revenu dans le monde rural.  Elle a aussi relevé que le Fonds national de la finance inclusive (FNFI) a permis l’accès à un financement abordable à près de 300 000 femmes très pauvres.  Elle s’est en outre félicitée du fait qu’en matière d’éducation primaire, la parité filles/garçons ait été quasiment atteinte, alors que le taux de mutilations génitales féminines est passé de 6,9% à 3,9% de 2006 à 2010.  Elle a aussi salué l’amélioration de la participation politique des Togolaises, avec le taux de femmes dans le Gouvernement qui est passé de 8,3% en 2007 à 20,68% en 2013, tandis que celui des femmes parlementaires est passé de 11% en 2007 à 17,58% en 2013.

Mme MARCIA RAMIREZ, Ministre de la famille du Nicaragua, a déclaré que son pays faisant partie des 10 pays les plus efficaces en matière de parité entre les sexes.  Illustrant son propos, elle a indiqué que les femmes représentaient 50% des parlementaires et des élus locaux.  Cette parité dans le monde politique a constitué une étape très importante du processus de réconciliation nationale.  Le Nicaragua a en outre une politique de consolidation de la famille dotée d’une Stratégie de prévention de la violence conjugale.  Il a aussi une politique publique en faveur de la première enfance et a progressé en matière de santé communautaire.  Le pays a pu ainsi réduire de manière significative la mortalité maternelle.

Mme MARCELA HUAITA ALEGRE, Ministre des femmes et des populations vulnérables du Pérou, a dit que son pays a fait des progrès importants dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  Nous avons créé des instances nationales spécialisées en matière d’égalité hommes-femmes, dont la Commission de la femme.  Pour faire face à la violence à l’égard des femmes, le pays a mis en œuvre en 1998 une politique publique de prévention.  Il a renforcé les services de santé, ce qui a permis de réduire de deux tiers le taux de mortalité maternelle en 20 ans.  Le Pérou se construit à travers des efforts conjoints entre le Gouvernement et la société civile pour parvenir à l’égalité entre les sexes.

Mme CHAIRMAINE SCOTTY, Ministre de l’intérieur et de la gestion du territoire de Nauru, a déclaré que son pays a ratifié de nombreux traités qui œuvrent à la protection des droits des populations marginalisées, y compris la CEDAW.  Dans la pratique, la Ministre a présenté le projet SHED (Self Help Ending Domestic Violence) qui vise à aider les hommes, auteurs de violences conjugales, à mieux se contrôler en suivant des programmes de formation spécifiques à cet effet.  Mme Scotty a ensuite indiqué que l’autonomisation économique des femmes de Nauru est également un objectif central du Gouvernement.  Elle a aussi dit que le pays entend se sortir du carcan de l’aide afin de prendre le contrôle de son destin économique et procurer une vie plus digne aux populations. 

Elle a rappelé qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID), Nauru est vulnérable aux chocs économiques extérieurs, ce qui fait que les efforts consentis pour offrir de meilleures opportunités aux femmes peuvent rapidement être inversés quand le pays fait face à une économie mondiale volatile.  Elle a par ailleurs rappelé que les changements climatiques représentent « une menace existentielle pour le pays ».  Elle a enfin assuré que Nauru va continuer d’améliorer les droits des femmes, précisant que ces efforts ne doivent pas être séparés du contexte économique et politique global dans lequel le pays évolue.

Mme JET BUSSEMAKER, Ministre de l’éducation, de la culture et de la science des Pays-Bas, a rappelé le parcours de Malala, la jeune fille pakistanaise lauréate du prix Nobel de la paix pour ses activités en faveur de l’éducation des jeunes filles dans son pays, pour dire qu’au moment du lancement de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, elle n’était pas encore née.  Mais cela n’a pas empêché qu’elle ait reçu une balle dans la tête pour avoir voulu aller à l’école.  Elle a aussi parlé de l’histoire d’une jeune universitaire de New York attaquée par son collègue parce qu’elle était une fille.

La Ministre a souligné qu’aux Pays-Bas, beaucoup de femmes ne sont pas financièrement indépendantes.  Elles sont aussi nombreuses à être privées du droit de disposer de leur corps.  Ceci montre qu’il faut encore davantage d’efforts pour réaliser le Programme d’action de Beijing.  À cet effet, la Ministre a préconisé la mise en place d’un réseau de jeunes filles au niveau mondial.  Les femmes doivent se montrer plus fortes et assurer une vie sûre non seulement à « Malala et à l’étudiante de Columbia mais à toutes les femmes et les filles du monde ».  La Ministre a particulièrement insisté sur la nécessité de collaborer avec les ONG.

Mme SHEIKHA LATEEFAH F. AL SABAH, Ministre et Présidente du Comité des affaires de la femme du Koweït, a apporté le soutien de son pays au travail du Secrétaire général pour les femmes du monde entier et en particulier les femmes qui vivent sous occupation.  Le Gouvernement du Koweit, a-t-elle affirmé, fait tout pour autonomiser les femmes, leur donner un rôle plus important et accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  Les femmes koweïtiennes sont devenues des actrices importantes de la société civile.  La Ministre a rappelé la création du tribunal de la famille qui permettra l’application des droits de la femme koweïtienne.  Elle a aussi cité la création d’une structure internationale pour permettre aux femmes de participer à la lutte contre le terrorisme.

Mme BOLINY NHAMA NANTAMBA NHASSE, Ministre des femmes de la Guinée-Bissau, a rappelé que l’Union africaine a décrété 2015 année de l’autonomisation des femmes.  Elle a précisé que la situation des femmes ne cesse de s’améliorer dans son pays.  Elle a précisé que les femmes représentent 20% des membres du Gouvernement et a cité la création en 2008 d’une plateforme politique pour la coordination des activités relatives aux femmes.  Elle a annoncé l’adoption d’une loi instaurant un quota de 40% de femmes au Parlement et au Gouvernement et a indiqué que l’Assemblée nationale a mené un débat de haut niveau sur l’égalité hommes-femmes.  Le Président de la Guinée-Bissau lancera demain un programme de microcrédit visant à promouvoir l’autonomisation des femmes.

Mme MALGORZATA FUSZARA, Secrétaire d’État à l’égalité de traitement auprès du Premier Ministre de la Pologne, a indiqué que son pays a présenté en octobre 2014 son rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  La Pologne travaille à l’avènement d’un cadre juridique garantissant l’intégration de la composante sexospecifique dans toutes les politiques publiques.  Le Gouvernement a pris des mesures pour s’attaquer à l’écart salarial et s’apprête à ratifier la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention de la violence à l’encontre des femmes.  En 2014 et pour la deuxième fois, une femme est devenue Premier Ministre de la Pologne, s’est félicitée la Secrétaire d’État, avant de noter que cinq des plus importants ministères étaient dirigés par des femmes.

Mme PATRICIA KALIATI, Ministre de la condition de la femme, des enfants, du handicap et du bien-être social du Malawi, a déclaré que son pays est très avancé en matière d’autonomisation des femmes.  Le nombre des femmes dans tous les secteurs de la société a augmenté.  Le nombre de femmes dans l’emploi a augmenté de 15% entre 2004 et 2015.  Ce résultat a été rendu possible notamment par le travail du secteur de l’enseignement privé qui offre des formations spécifiques aux femmes.  La représentation de femmes dans la vie publique a augmenté de 22% alors qu’elle était de 6% en 1989.  En 2014, le Malawi est parvenu à la parité.  Cette situation reflète la volonté du Gouvernement de traiter les femmes et les garçons sur un pied d’égalité, a dit la Ministre qui a indiqué qu’en 1994, la loi sur la lutte contre les violences domestiques a été adoptée et celle sur la lutte contre le trafic des êtres humains, en 2015.  La Stratégie actuelle sur l’égalité homme-femme sera réalisée en 2016, a-t-elle annoncé.

Mme BIJOU MUSHITU KAT, Ministre du genre, de la famille et de l’enfant de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué qu’après l’adoption du Programme d’action de Beijing, la RDC a fait face à un long conflit armé, une situation qui a ralenti l’élan du Gouvernement pour la mise en œuvre des politiques et programmes nécessaires pour améliorer la condition de la femme, de la jeune et petite fille.  Elle a néanmoins relevé que les femmes congolaises prennent activement part à toutes les négociations de paix.  Elle a également noté que depuis plus d’une décennie, on a enregistré, en RDC, une réduction de la mortalité maternelle, et cela grâce à l’augmentation du taux des consultations prénatales ainsi que les accouchements assistés par un personnel qualifié.  La Ministre a en outre souligné que le Gouvernement de la RDC a entrepris une série de réformes législatives et réglementaires, notamment la révision du Code du travail et du Code de la famille, afin d’assurer l’autonomisation des femmes.  Par ailleurs, le Gouvernement s’est doté d’une Constitution qui consacre le principe de la parité et de la non-discrimination, et des réformes législatives pour s’y conformer ont été engagées.

Mme SAYEDA MUZHGAN MUSTAFAWI, Ministre de la condition féminine de la femme, a déclaré que même si d’énormes progrès ont été faits pour les femmes afghanes, il reste encore un long chemin à parcourir, pour de nombreux pays, y compris l’Afghanistan, pour réaliser les droits des femmes.  Nous travaillons dans un contexte d’incertitude, de conflits, de pauvreté, des catastrophes naturelles, avec un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur et un niveau élevé du chômage.  Ces contraintes, combinées avec des vues traditionnelles sur le rôle des femmes, présentent de nombreux défis à surmonter.

La Ministre a ajouté que « trois décennies de guerre et de crise » ont laissé les femmes afghanes face à de nombreux problèmes, mais elles sont résilientes et déterminées à saisir un avenir meilleur pour leurs familles et pour elles-mêmes.  Nous avons besoin de l’appui et de la coopération continus de la communauté internationale.  Il est temps de se focaliser, non sur la quantité du travail d’appui aux femmes, mais sur la qualité.  Nous devons travailler collectivement pour s’assurer que les femmes dans les zones rurales ne sont pas laissées de côté et que l’égalité des chances existe pour un plus grand nombre de femmes à la fois en matière de soins de santé et d’éducation, a indiqué la représentante.

Mme GODELIEVE NININAHAZWE, Ministre de la solidarité nationale, des droits humains et du genre du Burundi, a indiqué que son pays venait d’actualiser sa politique genre 2012-2025.  Elle a cité l’adoption d’une politique nationale de l’éducation qui assure la gratuité de l’enseignement primaire.  En 2011, la parité filles-garçons dans l’éducation a été atteinte.  En matière de santé, elle a indiqué que le Gouvernement assurait la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.  Le Burundi a fait passer le taux d’utilisation des contraceptifs de 11,9% à 34% des femmes entre 2010 et 2014.  Elle a aussi cité la prise en charge des victimes de la violence sexuelle et le pourcentage de femmes militaires qui est passé de 0 à 10% entre 1993 et 2014.  La Ministre a mentionné un projet de loi pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes.

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a estimé que le monde est encore loin d’avoir atteint les objectifs définis il y a 20 ans.  S’agissant de son pays, elle a cité des programmes et des lois qui traitent de la question de la parité dans tous les domaines de la vie.  Elle a indiqué que la politique nationale du genre intègre des questions comme le VIH/sida, les changements climatiques, le trafic des êtres humains ainsi que la violence sexiste.  Elle a aussi mentionné des efforts de financement qui contraignent les institutions du Gouvernement à intégrer un élément « évaluation de l’égalité hommes-femmes ».  Nous avons assuré la gratuité de l’éducation primaire et envisageons de garantir la gratuité de l’éducation secondaire, a-t-il dit avant de citer aussi des progrès considérables en matière de soins pré et postnataux.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d’État de l’Italie, a dit qu’il reste beaucoup à faire pour que les femmes et les filles jouissent de leurs droits à l’égalité et à la participation.  Il faut agir maintenant, a exhorté le représentant, et ce vingtième anniversaire présente une occasion d’adopter de nouvelles perspectives de développement.  Il a révélé que l’approche italienne se focalise sur le développement local notamment en Afrique.  Cette approche préconise l’intégration et l’autonomisation des femmes au niveau local et met l’accent sur la lutte contre les discriminations.

Le représentant a voulu que le programme de développement pour l’après-2015 inclue un objectif transformateur qui lutte contre les inégalités, favorise l’autonomisation des femmes, garantisse l’accès des femmes à la justice.  Il a ajouté que l’Italie a ratifié la Convention européenne de lutte contre l’exploitation sexuelle des mineures et qu’elle est le chef de file dans la lutte contre les mutilations génitales et les mariages précoces, et la promotion du rôle des femmes dans la consolidation et le maintien de la paix.  C’est ce que nous faisons en Syrie et en Libye, a dit le représentant, qui a fait la promotion de l’Exposition « Milan 2015 » qui accordera une place particulière aux femmes.  L’objectif est de les unir pour réfléchir à un meilleur accès à l’alimentation et à l’eau.  À cet effet, une alliance des femmes pour l’Exposition a été créée.

Mme TERESA MORAIS, Secrétaire d’État aux affaires parlementaires et de l’égalité du Portugal, a indiqué que le principe de l’égalité des sexes est inscrit dans la Constitution du pays et que la tâche qui s’y rapporte a été confiée à l’État.  Le Gouvernement a ainsi adopté des politiques visant à garantir l’égalité entre les sexes, la lutte contre les violences domestiques, les traites de personnes, les mutilations génitales féminines.  Dans son travail, le Gouvernement veut protéger les victimes, poursuivre les auteurs des violences et faire contribuer les professionnels pour aider les victimes.  Elle a en outre plaidé pour l’intégration de la lutte contre les violences dans le programme de développement pour l’après-2015.

Au plan national, a poursuivi la représentante, le Gouvernement travaille avec les représentants des populations immigrées pour traiter des questions relatives à leur culture.  Quant au bilan de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, elle a indiqué que la parité totale est réalisée dans l’éducation et que les filles sont plus nombreuses que les garçons dans l’enseignement supérieur.  En 2006, un quota de 30% des femmes dans les listes des candidats présentés par les partis a été adopté pour les élections locales et européennes.

Pour s’attaquer à la question de la répartition des responsabilités familiales, elle a annoncé la création de mesures sur le congé paternel.  S’agissant du problème de l’écart salarial, elle a évoqué la mise en place de mécanisme pour identifier les causes de ces écarts et contribuer à une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration des entreprises dont un objectif de 35% pour les entreprises cotées en bourse.

M. ALEXEY VOVCHENKO, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays accordait une place importante aux femmes à tous les niveaux de l’administration et du monde politique.  Il a cité des initiatives visant à aider les femmes à concilier vie professionnelle et vie personnelle.  Il a mentionné la gratuité de l’éducation, en se félicitant que le niveau d’éducation soit supérieur chez les filles.  « Nous sommes prêts à nous appuyer sur les expériences des autres pays pour améliorer la situation des femmes et des filles dans notre pays », a assuré le Vice-Ministre russe.  Il a annoncé la tenue en juin 2015 dans son pays du dix-neuvième Forum économique mondial au cours duquel le rôle des femmes dans l’économie aura une place importante.

M. SERIK AKHEMOTOV, Vice-Ministre et Chef du Secrétariat d’État du Kazakhstan, a indiqué que son gouvernement a mis en place une politique d’aide pour soutenir les femmes entrepreneurs et les femmes rurales.  Il a indiqué que le salaire moyen des femmes a été multiplié par 8 et que l’écart salarial s’est réduit de 8%.  Il a précisé que 300 ONG s’occupent des questions de parité au Kazakhstan.  Aujourd’hui les femmes représentent 51% des juges et des progrès considérables ont été faits en matière de santé maternelle et santé infantile. 

Droit de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a répondu à son homologue du Japon concernant « les femmes de réconfort ».  « Le Japon doit reconnaître le rôle de son armée dans cette question et prendre des mesures pour régler ce problème une fois pour toutes pour permettre aux victimes de « tourner la page », a-t-il déclaré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ouverture de la session de la Commission de la condition de la femme: 20 ans après la Conférence de Beijing, « aucun pays au monde n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes »

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
2e séance – matin
FEM/2021

Ouverture de la session de la Commission de la condition de la femme: 20 ans après la Conférence de Beijing, « aucun pays au monde n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes »

Vingt ans après la Conférence mondiale sur les femmes de 1995, à Beijing, « aucun pays n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes et à autonomiser pleinement les femmes et les filles.  C’est ce que constate la Commission de la condition de la femme dans une « Déclaration politique » qu’elle a adoptée aujourd’hui au premier jour de ses travaux annuels qui devraient durer deux semaines. 

Dans la « Déclaration politique », les Ministres et représentants de gouvernement constatent que les progrès ont été « lents et inégaux » et qu’il reste à combler des lacunes de taille et des obstacles, d’ordre structurel notamment.  Aucun pays, disent-ils, n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes et à autonomiser pleinement les femmes et les filles.  Les inégalités demeurent grandes entre femmes et hommes et entre filles et garçons, et de nombreuses femmes et filles subissent des formes multiples et convergentes de discrimination et connaissent la vulnérabilité et la marginalisation toute leur vie durant.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, n’a pas été le dernier à dénoncer des progrès d’une lenteur « inacceptable ».  Depuis Beijing, tout a changé et rien n’a changé, a tranché l’ancienne négociatrice en chef de la Conférence mondiale sur les femmes, Mme Patricia B. Licuanan.  Les questions telles que la santé et les droits reproductifs et celles de l’orientation et l’identité sexuelles sont toujours aussi controversées.

Mais, a concédé celle qui est maintenant Ministre de l’enseignement supérieur des Philippines, les choses ont tout de même changé.  Alors qu’à Beijing, on se demandait ce que les femmes avaient à voir avec l’environnement, aujourd’hui, un nombre important de pays lient l’environnement et les changements climatiques au rôle des femmes dans la protection de la planète et la gestion des catastrophes. 

Nous sommes ici, a estimé le Secrétaire général de l’ONU, pour profiter de cette année cruciale et faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes.  Pour être véritablement transformateur, le nouveau programme de développement doit placer la femme au centre et en première ligne.  Je vous mets au défi, a-t-il dit aux personnalités réunies, de travailler ensemble pour réaliser l’objectif 50/50 d’ici à 2030.  

2015 est une chance qui n’arrive qu’une fois par génération, celle d’ancrer la question du genre dans les principaux programmes mondiaux de développement qu’il s’agisse de la troisième Conférence sur la réduction des risques de catastrophes, de celle sur le financement du développement, du Sommet extraordinaire sur le développement durable ou de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, a renchéri Mme Ellen Clark, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

À ces rendez-vous, Mme Pascale Boistard, Secrétaire d’État aux droits des femmes de la France et Présidente du Conseil de sécurité a ajouté l’examen de haut niveau du quinzième anniversaire de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.

N’oublions pas, a voulu le Secrétaire général de l’ONU, le rôle crucial des hommes pour changer les mentalités.  Au XXIe siècle, les vrais hommes de pouvoir sont ceux qui croient en l’autonomisation des femmes et qui y travaillent.  « J’encourage les hommes et les femmes à s’impliquer davantage pour aider à briser les stéréotypes et les normes et pratiques sociales discriminatoires », a dit en écho le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa.  Travaillons pour partager les responsabilités à la maison aussi, a encouragé l’Administratrice du PNUD.

Les alliés et les amis peuvent avoir différentes formes et tailles.  Nous les voulons tous, a affirmé la Ministre philippine de l’enseignement supérieur.  Nous devons nous faire des amis, développer des partenariats et identifier les champions de notre cause.  Nous devons revitaliser l’esprit de Beijing dont une des leçons est que la ténacité et la fermeté finissent toujours par payer.

Dans la « Déclaration politique », les Ministres et représentants de gouvernement s’engagent à prendre de nouvelles mesures concrètes en vue de l’application intégrale, effective et accélérée du Programme d’action de Beijing et, pour ce faire, à renforcer la mise en œuvre des lois, politiques, stratégies et activités programmatiques en faveur de l’ensemble des femmes et des filles; à renforcer l’appui fourni aux mécanismes institutionnels; à modifier les normes discriminatoires et les stéréotypes sexistes; à accroître les investissements; à mieux faire appliquer le principe de responsabilité; et à améliorer les dispositifs de renforcement des capacités.

En début de séance, la Commission a élu Mme Kanda Vajrabhaya, de la Thaïlande, à sa présidence.  Elle sera épaulée aux vice-présidences par Mmes Pille Kesler, de l’Estonie, et Christine Low, de la Suisse, et MM. Mohamed Elbahi. du Soudan, et Ruben Zamora, de El Salvador.

La Commission poursuivra ses travaux demain mardi 10 mars à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Rapport du Secrétaire général sur l’examen et l’évaluation des suites données à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing et aux textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (E/CN.6/2015/3)

Dans ce rapport, le Secrétaire général souligne que le Programme d’action de Beijing, adopté en 1995, à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, constitue le cadre d’orientation mondial le plus complet en matière d’égalité des sexes, d’autonomisation des femmes et de défense des droits fondamentaux des femmes et des filles.  Il rappelle qu’en 2000, l’Assemblée générale a adopté les « Nouvelles mesures et initiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing » dans lesquelles les gouvernements ont convenu de nouvelles étapes visant à promouvoir l’égalité des sexes.

En 2013, le Conseil économique et social a demandé à la Commission de la condition de la femme de se pencher sur les obstacles et sur les possibilités de faire progresser l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, en intégrant à ce texte une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes.

Le Secrétaire général avoue que le bilan de 20 ans de mise en œuvre du Programme montre que les progrès ont été d’une lenteur « inacceptable » et que la situation dans certains domaines n’a pas évolué, voire s’est détériorée: les lois discriminatoires perdurent dans de nombreux pays, l’élévation du niveau d’éducation des femmes et leur participation croissante au marché du travail ne se sont pas accompagnées d’une amélioration parallèle des conditions d’emploi et des perspectives de promotion, la violence à leur égard persiste sous de nombreuses formes et dans des proportions alarmantes, et leur participation à la prise de décisions, qui est déjà faible à tous les niveaux, est souvent en recul.

Malgré ces difficultés, convient le Secrétaire général, de nombreux pays ont accompli d’importants progrès.  Nombre des transformations accomplies ont été le résultat de l’action menée par des mouvements de femmes, qui se sont révélés souvent plus efficaces quand ils collaboraient avec d’autres défenseurs de l’égalité des sexes, au sein des pouvoirs publics, des parlements et des partis politiques, locaux et nationaux.

À ce stade, estime le Secrétaire général, il importe que l’examen des mesures relatives aux 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing tienne compte des fortes corrélations et synergies entre ces divers domaines.  Ces domaines sont la pauvreté, la formation, la santé, la violence, les conflits, l’économie, la prise de décisions, les mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion de la femme, les droits fondamentaux, les médias, l’environnement et la petite fille.

Pour chacun de ces domaines, le Secrétaire général montre les tendances mondiales, un aperçu des mesures prises par les gouvernements pour appliquer le Programme d’action de Beijing et les priorités pour l’avenir.  L’un des défis les plus décisifs et les plus urgents de ce siècle, insiste-t-il, sera de faire naître un monde où les femmes et les filles pourront jouir de leurs droits fondamentaux.  Il s’agit là d’une tâche certes considérable mais réalisable, qui exige cependant de passer d’une attitude routinière à une réelle politique de transformation. 

À l’heure où les États Membres débattent du programme de développement pour l’après-2015, l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et les droits fondamentaux des femmes et des filles doivent être au cœur des priorités.  Il est urgent, s’impatiente le Secrétaire général, de prendre des mesures dans cinq domaines prioritaires: transformer les normes sociales discriminatoires et les stéréotypes sexistes; modifier les politiques économiques afin de réaliser l’égalité des sexes et le développement durable; assurer la participation pleine et égale des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux; augmenter de manière significative les ressources allouées à l’égalité des sexes; et renforcer la responsabilité en matière d’égalité des sexes et la réalisation des droits fondamentaux des femmes et des filles.

La Commission est également saisie d’un guide de discussion pour les tables rondes ministérielles organisées sur le thème « Priorités de l’action pour parvenir à l’égalité des sexes, autonomiser les femmes et assurer le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles » (E/CN.6.2015/4).  Elle est aussi saisie des Rapports du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (A/69/38) et (E/CN.6/2016/9) et des Rapports d’ONU-Femmes (E/CN.6/2015/2) et (E/CN.6/2015/6-A/HRC/29/3)

Rapport du Secrétaire général sur la situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter (E/CN.6/2015/5)

Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte de la situation des femmes palestiniennes du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014 et donne une vue d’ensemble de l’aide qui leur est apportée par les organismes des Nations Unies dans les domaines suivants: éducation et formation, santé, émancipation économique et moyens de subsistance, état de droit et violence à l’égard des femmes, pouvoir et prise de décisions, et renforcement des institutions.  Il présente en conclusion plusieurs recommandations adressées à la Commission de la condition de la femme pour examen.

Déclarations liminaires

Nous sommes ici, a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, pour célébrer « le pouvoir des femmes » en cette Journée internationale qui leur est dédiée, marquer le vingtième anniversaire du Programme d’action de Beijing mais aussi, pour profiter de cette année cruciale pour faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes.  Pour être véritablement transformateur, le nouveau programme de développement doit placer la femme au centre et en première ligne.

Les femmes, a poursuivi le Secrétaire général, continuent de souffrir, de manière disproportionnée, de la crise économique, des impacts des changements climatiques, des déplacements créés par les conflits et de bien d’autres situations encore.  Les groupes extrémistes continuent d’attaquer, vicieusement et systématiquement, les filles et les femmes et il est temps que la communauté internationale traduise son indignation en aide, en services, en appui et en justice.

Attaquer une femme, a estimé le Secrétaire général, c’est attaquer un potentiel soldat de la paix, une potentielle policière, une potentielle professionnelle ou un potentiel premier ministre.  La campagne « UNiTE », a-t-il promis, continuera de travailler pour mettre fin à toute les formes de violence contre les femmes et les filles, y compris lorsqu’elles sont attaquées dans leur propre maison.

« Les femmes portent le fardeau.  Elles paient le prix.  Elles ne sont pas seulement victimes mais aussi agents du progrès et du changement », a insisté le Secrétaire général.  Autonomiser les femmes et les filles est le meilleur moteur de la croissance, le meilleur espoir de réconciliation et le meilleur rempart contre la radicalisation de la jeunesse et à la répétition des cycles de violence.

Nous devons, a encouragé le Secrétaire général, bâtir sur la fondation de Beijing et finir le travail.  Je vous mets au défi, a-t-il dit aux personnalités réunies, de travailler ensemble pour réaliser l’égalité entre les sexes pendant le délai qui sera imparti par le programme de développement pour l’après-2015.  Notre objectif, c’est: 50/50 d’ici à 2030. 

Le Secrétaire général a exhorté les gouvernements à travailler étroitement avec les organisations et groupes de femmes, en particulier les défenseurs des droits de l’homme.  N’oublions pas non plus, a-t-il ajouté, le rôle crucial des hommes dans le changement des mentalités.  Sans changement dans la mentalité masculine, nous ne pourrons pas changer la situation actuelle.  Au XXIe siècle, les vrais hommes de pouvoir sont ceux qui croient en l’autonomisation des femmes et qui y travaillent.  Le monde ne réalisera jamais 100% de ses objectifs si 50% de ses habitants ne peut réaliser son plein potentiel. 

Trop souvent, a accusé le Secrétaire général, les leaders usent des femmes pour asseoir leur propre pouvoir.  Nous devons utiliser ce pouvoir pour faire avancer les femmes.  Aujourd’hui encore, a dénoncé le Secrétaire général, on compte cinq pays dans le monde où aucune femme n’est présente au Parlement et huit où aucune femme n’est membre d’un cabinet ministériel.  Je tairai leurs noms mais j’exhorte fortement leurs dirigeants à changer cette situation « inacceptable ».

Travaillons ensemble et utilisons cette année pleine de potentiel pour assurer un avenir où personne n’est oublié.  Cela veut dire que les femmes doivent être au centre et en première ligne de tous les aspects de la vie et dans l’agenda du développement et de la paix, a conclu le Secrétaire général.

Le Président de l’Assemblée générale, M. SAM KAHAMBA KUTESA, a souligné que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes sont et demeurent ses priorités pour cette session.  Il a illustré ses propos par le débat thématique qu’il a convoqué le 6 mars dernier, marqué par la participation inédite de chefs d’État et de gouvernement, dont ceux du Libéria et de la Turquie, sans oublier la toute nouvelle Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie.  Au moment où nous formulons le programme de développement pour l’après-2015, a dit le Président, nous devons réfléchir aux défis et prendre des mesures concrètes pour intégrer l’égalité entre les sexes dans le cadre que les États devraient adopter plus tard cette année.  « J’encourage les hommes et les femmes à s’impliquer davantage pour aider à briser les stéréotypes et les normes et pratiques sociales discriminatoires. »

Mme PASCALE BOISTARD, Secrétaire d’État aux droits des femmes de la France et Présidente du Conseil de sécurité, a souligné que c’est la première fois qu’un Président, en l’occurrence une Présidente, du Conseil de sécurité s’adresse à la Commission.  Si chaque organe des Nations Unies continue de travailler dans le cadre de son mandat, la préoccupation concernant les moyens pour atteindre l’objectif de l’égalité des sexes est partagée tant par les États Membres qu’au sein des Nations Unies.  C’est également, a-t-elle dit, le rôle du Conseil de sécurité de contribuer à l’émancipation des femmes et à l’égalité des sexes à travers son agenda « Femmes, paix et sécurité ». 

Pour atteindre cet objectif, le Conseil de sécurité a adopté, il y a 15 ans, sa première résolution qui liait l’expérience des femmes dans les conflits à son agenda: la résolution 1325 et depuis 2000, six autres résolutions ont été adoptées pour pousser plus loin l’agenda « Femmes, paix et sécurité » sur plusieurs sujets: le leadership des femmes et leur participation dans la résolution des conflits, le redressement, la construction de la paix et la prise de décisions, la reconnaissance de la violence sexuelle liée au conflit comme tactique de guerre et enjeu lié à la paix et à la sécurité internationales, et la nécessité de lutter contre ces violences.

Le développement de l’agenda « Femmes, paix et sécurité » a permis des avancées concrètes: presque 60 conseillers genre sont actuellement déployés dans plusieurs opérations de maintien de la paix; la majorité des accords de paix incluent des mentions sur les femmes; la plupart des processus de médiation pour la paix incluent au moins une femme; l’année dernière, les Nations Unies ont désigné la première femme, la Commandante générale Kristin Lund, en tant que Commandant en chef des opérations de maintien de la paix à Chypre, où le Représentant officiel des Nations Unies, Lisa Buttenhiem, est également une femme, ce qui en fait la première opération au monde dirigée par un duo féminin; enfin, 96% des rapports des missions politiques spéciales, ainsi que 67% des rapports des missions de maintien de la paix incluent des références à l’agenda « femmes, paix et sécurité ».

Mais que cela signifie-t-il sur le terrain?  Mesurer l’impact réel des décisions est un défi réel, a avoué la Secrétaire d’État, du fait que la surveillance, les rapports et la documentation à travers des données désagrégées par le sexe sont encore insuffisants dans beaucoup d’endroits.  Mais nous devons savoir, a-t-elle entre autres fait observer, que des millions sont forcées de fuir des crimes de barbarie violents commis par des groupes armés extrémistes non étatiques tels que Daech en Syrie et en Iraq ou Boko Haram en Afrique de l’Ouest.  La responsabilité du Conseil de sécurité, en coopération avec d’autres organes et agences des Nations Unies, les États Membres et la société civile, est d’intensifier nos rapports communs pour soutenir et émanciper ces femmes.

Mais dans notre propre maison aussi, les défis restent immenses: seulement 19% de toutes les têtes d’opérations de maintien de la paix sont des femmes et seulement 25% des femmes occupent des positions de responsabilité au sein des Nations Unies, alors que plus de 95% du personnel pour le maintien de la paix parmi les militaires et la police sont des hommes.

Et nous devons rester mobilisés pour dénoncer, surveiller et enquêter sur les abus sexuels commis par le personnel de l’ONU pour faire de cette dernière une zone-sans-abus, sur le terrain comme au Siège.

Les Nations Unies doivent nommer davantage de femmes à des postes de direction liés à la paix et à la sécurité, comme chefs médiateurs, envoyées spéciales, et assistantes du Secrétaire général.  L’intégration de la dimension de genre commence dans nos têtes, a insisté la Secrétaire d’État.  Permettons aux esprits des Nations Unies de servir de modèles pour l’extérieur.

Les Nations Unies, a-t-elle conclu, auront l’opportunité cette année de montrer leur engagement pour l’agenda « Femmes, paix et sécurité » en octobre prochain, à travers l’examen de haut niveau du quinzième anniversaire de la résolution 1325.  En tant que Présidente actuelle du Conseil de sécurité, dans la perspective de ce moment crucial, j’appelle tous les États Membres des Nations Unies à mobiliser leurs efforts, leur volonté et leurs ressources pour aider à mettre en œuvre l’agenda « Femmes, paix et sécurité » qui nous concerne toutes et tous, a ajouté la Secrétaire d’État.

M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit qu’en tant que membre indispensable du système de l’ECOSOC, la Commission de la condition de la femme a contribué au travail que l’ECOSOC a engagé dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, en intégrant différentes dimensions de l’égalité entre les sexes.  L’ECOSOC a reconnu les lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et mis en place des stratégies pour y remédier, lesquelles sont essentielles pour les implications multisectorielles de la dimension genre dans les objectifs internationaux de développement.  Le renforcement récent de l’ECOSOC a permis d’aligner le travail de l’ensemble de son système, y compris la Commission de la condition de la femme, avec son thème principal, ce qui a permis de connecter plus efficacement le travail analytique au Segment de haut niveau et au Forum politique de haut niveau.

En 2015, a indiqué le Vice-Président, l’ECOSOC s’efforcera d’appuyer la transition vers le nouveau cadre de développement grâce au thème « Gérer la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable: Ce qu’il faudra faire ».  Le Forum politique de haut niveau traitera des aspects clefs de cette transition, dans le cadre du thème « Renforcer l’intégration, la mise en œuvre et l’examen - le Forum après 2015 ». 

Le Vice-Président s’est dit confiant dans la contribution que peut apporter la Commission de la condition de la femme et a souligné qu’en tant que système travaillant comme une plateforme intégrée, l’ECOSOC sera un élément clef de la mise en place d’un agenda transformateur et universel pour l’après-2015 et du renforcement des liens entre les normes et les opérations. 

Mme ELLEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné que l’égalité entre les sexes est un droit de l’homme et que, conjuguée à l’autonomisation des femmes, elle devient un moteur du développement humain et du développement durable.  Aucune société ne peut exploiter son plein potentiel sans une participation pleine et entière des femmes à tous les aspects de la vie de la famille, de la communauté et de la nation, a insisté l’Administratrice.

Le système de développement des Nations Unies, a-t-elle dit, s’efforce de traduire le Programme d’action de Beijing en améliorations concrètes dans la vie des femmes et des filles.  Il travaille avec les gouvernements, les organisations de femmes et la société civile pour répondre aux besoins des femmes et des filles et promouvoir le leadership et la participation des femmes dans tous les domaines du développement qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire, de l’émancipation économique et politique, de l’éducation, de la santé sexuelle et reproductive, ou de la viabilité de l’environnement.  La création d’ONU-Femmes en 2010 a été une étape cruciale pour le renforcement de la coordination au sein des Nations Unies et de son système de développement.

Mais, a admis l’Administratrice, il faut faire plus pour réaliser la vision du Programme d’action de Beijing et 2015 est une chance qui n’arrive qu’une fois par génération, celle d’ancrer la question du genre dans les principaux programmes mondiaux de développement qu’il s’agisse de la troisième Conférence des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, de la troisième Conférence sur le financement du développement, du Sommet extraordinaire sur le développement durable ou de la Conférence de Paris sur les changements climatiques.

L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes seront essentielles pour la mise en œuvre du programme de développement durable pour l’après-2015.  Le système de développement des Nations Unies a appuyé, à cet égard, 88 dialogues nationaux et 11 grands débats thématiques dont un sur l’égalité entre les sexes, a indiqué l’Administratrice.

Le sondage mondial, « MY World », a été très bien accueilli: plus de sept millions de personnes y ont participé en votant sur leurs priorités, les femmes représentant environ la moitié de ceux qui y ont répondu.  Près d’un tiers de ces derniers ont placé « l’égalité entre les hommes et les femmes » parmi leurs six priorités pour après-2015.  Le Groupe de travail de l’Assemblée générale s’est d’ailleurs inspiré de ces réponses pour faire ses propositions et a inclus un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.

Notre but, a poursuivi l’Administratrice, est de faire en sorte que les femmes aient plein accès à tous les services de santé sexuelle et reproductive, qu’elle soient des partenaires à part entière dans les processus de prise de décisions et qu’elles soient capables de faire leur propre choix sur leur vie, de jouir d’un accès égal à l’éducation et de vivre en paix dans leur maison et leur communauté.  Travaillons pour partager les responsabilités à la maison aussi et ce vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing est l’occasion de finir le travail et de faire les changements les plus transformateurs possibles pour toutes les femmes et toutes les filles.

Mme LYDIA ALPIZAR, Directrice exécutive de l’Association pour les droits de la femme et le développement, a appelé à des actions « audacieuses » pour mettre fin aux discriminations structurelles qui ne cessent d’augmenter dans le monde, y compris la violence à l’encontre des femmes.  Elle a regretté que la société civile n’ait pas été associée à l’élaboration de la Déclaration politique que la Commission s’apprête à adopter.  « Les femmes du monde entier méritent bien mieux que ce texte », a-t—elle martelé, déplorant par exemple que le texte n’ait pas assez mis l’accent sur la justice pour toutes les femmes victimes de discrimination et de violence.  Elle a estimé que la Déclaration aurait dû insister sur les moyens qu’il faut pour appuyer les associations et groupes de défense des femmes à travers le monde.  « Les droits à la santé sexuelle et reproductive ne doivent pas être utilisés comme monnaie d’échange entre États Membres », a-t-elle prévenu, affirmant que « cette question de vie ou de mort pour les femmes ne saurait faire l’objet de négociations ».  Le moment est venu d’agir, la lutte continue, a-t-elle conclu sous les applaudissements. 

Ma génération ne peut être qualifiée d’impatiente, a déclaré d’emblée, Mlle ALAA MURABIT, Représentante de « Voice of Libyan Women » et membre du Comité consultatif mondial de la société civile de l’ONU-Femmes.  Cette génération veut tout simplement briser les systèmes existants et faire entendre sa voix.  Les jeunes femmes veulent exercer leurs droits et veiller au respect de tous les droits de la femme.  « C’est vous qui nous apprenez cela depuis 50 ans, et en particulier depuis Beijing. Vous avez dit à notre génération que pour progresser il faut innover » a-t-elle lancé à la salle.

La jeune femme a dit avoir vu que par le travail d’organisations comme la sienne, la légitimité des femmes a pu se renforcer sans avoir recours aux armes.  C’est la pauvreté et la peur qui sont au cœur des extrémismes et la société civile doit jouer un rôle prépondérant pour contrecarrer cette tendance.  Plus que jamais les femmes doivent s’unir pour arracher la place qui leur revient dans leur communauté.  Le message de ma génération n’est pas nouveau, c’est celui de Beijing, et il sera aussi fort que nos forces unies le porteront, a conclu Mlle Murabit.

Présidente de la Commission de la condition de la femme en 1994 et 1995 et Présidente de la grande Commission de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, Mme PATRICIA B. LICUANAN, Ministre de l’enseignement supérieur des Philippines, s’est exclamée: il s’est vraiment passé 20 ans depuis Beijing?  Avec d’autres, elle s’est dite frappée par le fait que les prétendus « vieux domaines » soient toujours d’actualité après une Conférence qui avait réuni près de 50 000 personnes.  

Mme Licuanan a exposé les six grandes leçons que l’on peut tirer depuis Beijing.  La première est que les choses ont changé: alors qu’à Beijing, on se demandait ce que les femmes avaient à voir avec l’environnement, aujourd’hui, un nombre important de pays lient l’environnement, les changements climatiques et les catastrophes au rôle des femmes dans la protection de l’environnement et la gestion des catastrophes.  Deuxièmement, a-t-elle dit non sans ironie, les choses n’ont pas changé: les questions telles que la santé et les droits reproductifs sont toujours polémiques.  À Beijing, la question la plus controversée était peut-être celle de l’orientation sexuelle et aujourd’hui cette orientation et l’identité sexuelle sont toujours très controversées et ne présagent d’aucun consensus.

Troisièmement, on voit aujourd’hui que l’égalité juridique n’est pas une condition suffisante à l’égalité de fait.  Quatrièmement, l’intégration de la dimension sexospécifique ne peut être efficace que si elle s’accompagne d’entités fortes chargées de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes.  Cinquièmement, il faut à tout prix pouvoir disposer de données ventilées par sexes.  L’engagement et la passion sont impressionnants mais les données fiables sont plus convaincantes.  Sixièmement, les aillés et les amis ont différentes formes et différentes tailles.  Nous les voulons tous.  Nous devons nous faire des amis, développer des partenariats et identifier les champions de notre cause.

Aujourd’hui, a poursuivi Mme Licuana, après les crises et la découverte de la face cachée de la mondialisation, nous devons forger notre avenir.  Nous devons aussi travailler sur nous-mêmes et admettre que si notre engagement a été fort, nous avons eu des moments de découragement, de lassitude voire d’ennui.  Nous devons revitaliser l’esprit de Beijing et accepter de céder la place aux jeunes.  Nous devons garder la foi et continuer la marche parce qu’une autre leçon de Beijing est que la ténacité et la fermeté finissent toujours par payer, a conclu l’ancienne Présidente de la grande Commission de la Conférence de Beijing.

Mme SONG XIUYAN, Vice-Présidente du Comité de travail national sur les femmes et les enfants relevant du Conseil des affaires d’État de la Chine, a relevé les progrès enregistrés dans ce voyage de 20 ans et annoncé que le 23 septembre prochain, la Chine, en collaboration avec ONU-Femmes, organisera une réunion des chefs d’État et de gouvernement sur la question de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Cette réunion qui aura lieu au Siège des Nations Unies verra la participation du Président de la Chine, a-t-elle ajouté.  Elle a émis le vœu qu’à cette occasion, les dirigeants du monde prendront des engagements concrets.

Débat général

Mme SUSAN SHABANGU, Ministre à la Présidence, chargée des femmes de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est dite particulièrement préoccupée par le manque de progrès « dans nos pays » et dans ceux qui vivent de multiples formes de discrimination basées sur l’ethnicité, le handicap ou le VIH/sida.  La représentante a appelé, entre autres, la communauté internationale à prendre les mesures qu’il faut pour traiter des facteurs qui accroissent la vulnérabilité des femmes et des filles à la traite des êtres humains.  Aux niveaux national et international, nous devons, a-t-elle dit, adopter une approche holistique qui traite de la pauvreté, du chômage, du manque d’opportunités socioéconomiques, de la violence fondée sur le sexe, de la discrimination et de la marginalisation.  Le Groupe des 77 et la Chine soulignent l’importance qu’il y a à promouvoir la capacité des femmes à générer des revenus, à assurer leur accès aux ressources productives et au service public. 

Au moment où nous parlons du programme de développement pour l’après-2015, il est encore plus important de s’ouvrir à la participation des femmes et des filles, y compris en créant un environnement favorable à leur participation politique à tous les niveaux des processus de prise de décisions.  Il est tout aussi important de renforcer la coopération internationale pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, en respectant les engagements en matière d’aide publique au développement (APD), d’allègement de la dette, d’accès aux marchés, d’appui financier et technique et de renforcement des capacités, s’agissant en particulier dans les domaines tels que l’éducation et la création d’emplois.  

Mme MASHAAIR AHMED ELAMIN ALDAWALAB, Ministre du bien-être et de la protection sociale du Soudan, au nom du Groupe africain, a déclaré que maintenant que nous nous apprêtons à finaliser le cadre de développement pour l’après-2015 de l’ONU et la Vision 2063 de l’Union africaine, le Groupe africain accueille avec satisfaction la Déclaration politique qui marque le vingtième anniversaire du Programme d’action de Beijing.  En Afrique, a-t-elle dit, après un long exposé sur les succès et les échecs de son continent, les femmes sont toujours confrontées à des défis spécifiques parmi lesquels la santé, l’éducation et l’égalité des chances économiques.  Si la Déclaration politique ne mentionne pas nommément ces défis, il faut reconnaître qu’elle parvient à traiter de la situation tout en maintenant une approche équilibrée et holistique face à tous les domaines critiques du Programme d’action de Beijing.  En allant de l’avant, il est impératif de traiter des obstacles financiers persistants qui ont obstrué les efforts des appareils nationaux pour l’autonomisation des femmes, a conclu la Ministre.

Au nom de l’Union européenne, Mme MĀRĪTE SEILE (Lettonie), Ministre de l’éducation, a déclaré d’emblée que la routine n’est pas une option, ni pour la dignité humaine, l’égalité ou la viabilité.  Elle a rappelé les raisons pour lesquelles l’Union européenne a défendu l’inclusion dans le programme de développement durable pour l’après-2015 d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes.  Elle s’est donc félicitée du document soumis par le Groupe de travail de l’Assemblée générale, qui non seulement prévoit un tel objectif mais qui intègre aussi le genre dans plusieurs autres objectifs.  Nous devons, a insisté la Ministre, être en mesure d’évaluer effectivement les progrès, grâce à des indicateurs et à des données ventilées par sexe.  C’est la seule façon de s’assurer que personne n’est laissé pour compte. 

En ce moment, l’Union européenne s’attèle d’ailleurs à l’examen de la mise en œuvre des 12 domaines prioritaires couverts par le Programme d’action de Beijing.  Le Conseil de l’Union européenne a formulé des recommandations et donné des directives pour l’action future en matière d’égalité entre les sexes.  L’espace européen, a dit la Ministre, a fait beaucoup de progrès mais ils ne suffisent pas.  Elle a donné l’exemple de l’écart salarial de 16% qu’elle a attribué à la discrimination sur le marché de l’emploi et aux différences de formation et de parcours professionnels qui sont souvent le résultat des stéréotypes sur le rôle de la femme dans la société.  Elle a aussi attribué l’écart salarial au partage inéquitable des tâches entre les sphères privée et professionnelle.  Pressées par leur vie familiale, les femmes sont trop souvent tentées d’interrompre leur carrière, a-t-elle rappelé, en indiquant que l’écart entre les pensions de retraite est encore plus alarmant: les pensions versées aux hommes sont de 39% supérieures à celles des femmes. 

La Ministre s’est en revanche félicitée des mesures prises contre la violence à l’égard des femmes.  À cet égard, elle a mentionné le nouveau défi de la digitalisation de la société et la radicalisation et le terrorisme.  Elle a annoncé une nouvelle Stratégie d’égalité entre hommes et femmes pour l’après-2015.  

Mme CECILIA VACA, Ministre du développement social de l’Équateur, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a mis l’accent sur la cinquante et unième réunion des présidents de la Conférence régionale sur les femmes qui s’est tenue à Santiago, les 17 et 19 novembre 2014 et sur sa session extraordinaire du 20 novembre.  Les gouvernements de la région, a-t-elle indiqué, ont décidé de créer un groupe de travail technique sur la budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes.  Après un exposé détaillé, la Ministre a estimé que la mise en œuvre, au niveau régional, du programme de développement pour l’après-2015 sera une occasion « stratégique de faire avancer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes grâce au suivi et au contrôle des agendas sectoriels par les organes subsidiaires de la Commission économique pour la région ». 

Les pays de la région promettent, a-t-elle dit, de prendre toutes les mesures nécessaires pour honorer leurs engagements qui exigeront une plus grande allocation de ressources financières, techniques et humaines, une budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes et le strict respect du principe de responsabilité.  La Communauté réaffirme l’importance des données ventilées par sexe et des indicateurs et place un accent particulier sur le dialogue entre producteurs et utilisateurs de ces données et sur la mobilisation de ressources suffisantes par les États et les agences internationales de coopération pour pouvoir compiler des informations pertinentes et fiables, en temps voulu.

Mme JENNIFER WEBSTER, Ministre des services humains et de la protection sociale de Guyana, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a avoué que, dans sa région, la violence fondée sur le sexe est peut-être la plus grande préoccupation.  S’il est peu probable que la femme soit victime d’un acte criminel en général, sa vulnérabilité face au crime sexuel et à la violence domestique reste spectaculairement plus élevé que celle de l’homme.  À ce défi, la Ministre a ajouté celui de la prévalence des maladies non transmissibles conjugué au défi déjà important du VIH/sida, sans compter ceux du changement démographique dû au vieillissement de la population et à l’émigration.  La Ministre n’a pas pour autant minimisé les énormes progrès que sa région a enregistrés dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing.  Mais elle a attiré l’attention sur « un facteur important » qui affecte la faculté des États à réaliser leurs objectifs, à savoir les ressources.  Elle a donc jugé crucial que les pays développés honorent leurs engagements en matière d’APD, en donnant la priorité à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes.

Au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), Mme PATRICIA KALIATI (Malawi) a dit que le protocole de la SADC sur le genre et le développement avait porté leurs fruits puisque le nombre d’États membres de la SADC à avoir mis en place une politique de discrimination positive est passé de 9 à 13 entre 2009 et 2014.  Elle a précisé que la SADC continuait d’accorder une priorité à la mise en œuvre de son cadre visant à achever la parité entre les sexes dans le monde politique et à tous les postes de décision.  La SADC est convaincue que l’amélioration de la participation des femmes à la prise de décisions est critique pour renforcer leur autonomisation économique.  La représentante s’est félicitée de ce que la moyenne de la représentation des femmes au Parlement ait atteint 25% en 2014 contre 17% en 1997 dans les pays de la SADC. 

Elle a précisé que 7 des 15 États membres de la SADC avaient atteint un taux de 30% de femmes dont trois 40%.  Elle a particulièrement salué la capacité d’entreprise des femmes en notant que 70% du commerce transfrontalier informel au sein de la SADC était le fait des femmes.  Elle a cité un programme multidimensionnel de l’autonomisation économique des femmes pour aider les aider à sortir de la marginalisation et de la pauvreté.  Illustrant son propos, elle a précisé que les femmes qui contribuent pour une grande partie au développement agricole ne représentent qu’une infime partie des propriétaires terriens. 

Mme LINDA GOULART, Vice-Ministre d’État de la condition féminine du Brésil, au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a réitéré le plein attachement des États du MERCOSUR au Programme d’action de Beijing.  L’émancipation des femmes et l’égalité entre les sexes sont des conditions sine qua non du développement durable, a-t-il dit, martelant que les femmes et les filles doivent pouvoir pleinement exercer leur droit au développement.

Elle a insisté sur le fait que le nouveau cadre du développement pour l’après-2015, qui va guider l’action des États pour les 15 prochaines années, intègre une perspective « genre » dans tous les objectifs.  Reconnaissant les progrès réalisés en 20 ans, elle a néanmoins constaté qu’il restait encore de nombreux obstacles: « aucun pays n’a réussi à pleinement mettre en œuvre cette Plateforme ».  Depuis Beijing, a insisté la Vice-Ministre, les progrès ont été trop lents, dans l’impasse ou en recul. 

Le MERCOSUR ne faiblit pas.  Ses directives portent sur la conception et le suivi des politiques, mais également sur l’accès aux ressources et sur le droit à l’éducation, à la santé, à la santé génésique, à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, à l’accès à la justice et aux nouvelles technologies.  Ces directives permettront de « transversaliser » la perspective sexospécifique dans tous les aspects liés au développement.  Pour illustrer certains progrès, la Vice-Ministre a rappelé que sur les 16 femmes chefs de gouvernement dans le monde, 6 sont dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Mme LOURDES XITUMUL PIOX, Secrétaire d’État à la promotion de la femme du Guatemala, au nom du Système de l’intégration de l’Amérique centrale, a estimé qu’il fallait institutionnaliser l’égalité entre les sexes dans tous les domaines de la vie.  Pour les pays d’Amérique centrale, l’intégration de la lutte contre la violence à l’égard des femmes doit être un élément clef des efforts d’autonomisation.  Il faut aussi renforcer la participation des femmes aux processus de prise de décisions politiques et, s’agissant de l’émancipation économique, il faut atténuer les difficultés liées à l’accès des femmes aux capitaux, à la terre, à l’héritage et aux technologies nouvelles.  Tout en saluant les progrès individuels de certains pays, elle a reconnu le retard accusé par d’autres qui doivent se concentrer sur certains domaines spécifiques comme l’emploi, la formation professionnelle, l’aide aux petites et moyennes entreprises, en garantissant l’égalité salariale, la répartition des tâches domestiques et l’accès des femmes à la protection sociale.  Il est essentiel, a insisté la Secrétaire d’État, de démocratiser l’accès des femmes aux financements compte tenu de la féminisation de facto de la pauvreté.

M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam), au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que l’engagement de l’ASEAN en faveur de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ne s’est jamais démenti.  L’égalité entre les sexes et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes sont au centre des trois piliers de l’ASEAN, à savoir la communauté politico-sécuritaire, la communauté économique et la communauté socioculturelle.  Une politique, a insisté le représentant, conforme au Plan de travail 2011-2015 de la Commission de la condition de la femme de l’ASEAN.  Le représentant a annoncé que l’Institut pour la paix et la réconciliation de l’ASEAN va organiser, les 18 et 19 mars prochains, un atelier sur le renforcement de la participation des femmes dans les processus de paix, à Cebu aux Philippines.  Un autre atelier sur les stratégies et mécanismes de protection de la femme et de la fille contre la violence sera organisée la Commission des droits de l’homme de l’ASEAN, du 27 au 29 mars à Manille aux Philippines.  La Commission entend aussi mener une étude régionale sur la participation de la femme à l’économie.

Consciente que la pauvreté, les catastrophes naturelles, les stéréotypes ou encore les conflits armés continuent d’avoir un impact négatif sur les femmes et qu’ils demeurent un obstacle à la réalisation d’un développement équitable, l’ASEAN défend une politique multisectorielle et holistique pour la promotion de la femme.  L’autonomisation des femmes doit être un thème clef du futur programme de développement, a insisté le représentant en appuyant sur l’éducation qui sert non seulement à améliorer l’accès au marché de l’emploi mais aussi à sensibiliser à l’égalité entre les sexes.  Il a salué le fait que l’autonomisation et l’égalité entre les sexes aient été retenues comme un objectif spécifique par le Groupe de travail de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable et que l’égalité ait été intégrée dans les autres objectifs.

Mme SHAHINDKHT MOLAVERDI (République islamique d’Iran) a déclaré que la République islamique d’Iran n’a cessé au cours des 36 années de son existence de promouvoir le statut de la femme dans les secteurs scientifique, culturel, social, économique et politique.  L’Iran garantit les droits matériels et spirituels de la femme ainsi que sa dignité humaine.  Le Gouvernement entend parvenir à la parité entre les sexes dans divers domaines et malgré huit ans de guerre et la persistance d’un régime de sanctions injuste, les femmes iraniennes ont atteint des progrès significatifs dans les domaines de l’éducation, de la recherche, de la science, de l’entrepreneuriat, de l’économie et de la santé et continuent de jouer un rôle influent dans la société. 

L’Iran s’appuie sur un document multidisciplinaire, qui comprend des dispositions sur les moyens de renforcer la justice sociale, légitimer les libertés et protéger la dignité et les droits humains, la sécurité sociale et juridique, la santé, le bien-être, la sécurité alimentaire, l’égalité des chances, la répartition équitable des revenus, des institutions favorables à la famille, la lutte contre la corruption et la discrimination. 

Mme ROXANA BALDETTI, Vice-Présidente du Guatemala, a estimé que son pays est l’illustration des progrès réalisés, mais aussi des obstacles qui restent à surmonter.  Les politiques sectorielles favorisant l’égalité hommes-femmes restent insuffisantes, a reconnu la Vice-Présidente.  Pour ce qui est des instruments interinstitutionnels, elle a cité trois instances de promotion des droits de la femme dont le Secrétariat de la femme et un organe de défense des femmes autochtones.  Mme Baldetti a mis l’accent sur la coopération entre le Secrétariat d’État de la condition de la femme et l’organisme national des statistiques pour que le Gouvernement puisse disposer de données ventilées par sexe et fiables.  En 2012, un Cabinet de haut niveau des femmes a été créé pour coordonner les activités de développement, en y intégrant la perspective genre.

Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Ministre des affaires féminines de la Gambie, a rappelé que la Constitution votée en 1997 reconnaît l’égalité des personnes et la non-discrimination sexuelle.  Cela s’est manifesté dans le domaine politique avec des femmes qui occupent différents postes comme celui de vice-présidente ou de ministres ou ambassadeurs.  Le Gouvernement compte 40% de femmes, ce qui est au-dessus des normes internationales.  Trois femmes ont occupé le poste de président de l’Assemblée nationale et deux autres ont été vice-présidentes. 

Dans la lutte contre la pauvreté, la création d’un projet d’appui aux entreprises a bénéficié à 310 personnes dont 40% de femmes.  En matière d’éducation, le taux d’achèvement du premier cycle pour les filles est passé de 56,3% en 2010 à 63,3% en 2014.  Le taux brut de scolarisation des filles a augmenté de 89,1% en 2010 à 98,7% en 2014.  Dans le domaine de la santé et du bien-être social, la dernière enquête démographique sanitaire de 2013 indique que la réduction de la mortalité maternelle est passée de 730 en 2003 à 433 pour 100 000 naissances vivantes en 2013.  La mortalité infantile et celle des enfants de moins de 5 ans a baissé de 75‰ et 99‰ naissances vivantes respectivement en 2005, à 34‰ et 54‰ en 2013. 

Dans le secteur agricole, l’initiative « Vision 2016 » a amélioré la productivité des femmes rurales en accroissant l’accès aux intrants agricoles et en améliorant la sécurité alimentaire qui a fait que la Gambie a gagné le prix de l’objectif N°1 suite à la réalisation de l’objectif de la FAO de réduire la faim et la malnutrition de 13,3% à 6% en 2015.

Mme ILONGE WINA, Vice-Présidente de la Zambie, a déclaré que son pays a d’abord adopté les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance et ensuite réaffirmé son engagement à faire progresser l’égalité des sexes.  Le pays a parcouru un long chemin en matière d’égalité des sexes, y compris la reconnaissance par le Gouvernement du rôle joué par les femmes dans le développement socioéconomique.  La Zambie a créé le Ministère de l’égalité et de l’enfant, a promulgué la loi sur la violence basée sur le sexe et modifié le Code pénal.  La Vice-Présidente a souligné le problème des ressources et a appelé la communauté internationale à s’engager davantage.

M. YONGYUTH YUTHAVONG, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande, a estimé que le Programme d’action de Beijing est une feuille de route toujours d’actualité pour orienter l’action en faveur de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  La Thaïlande a adopté de nombreuses lois et depuis 2012, le congé de paternité a été adopté.  D’autres politiques visent à améliorer la sécurité des femmes, dont la loi contre la violence de 2007.  Le Gouvernement met également en œuvre une politique de tolérance zéro contre la traite des personnes.

Mme DAMIRA NIIAZALIEVA, Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, a souligné que son pays était le seul dirigé par une femme pendant la période de transition démocratique.  La Vice-Premier Ministre a en effet mis l’accent sur les progrès en matière de participation politique des femmes, en indiquant que la Cour suprême et la Cour des comptes ont à leur tête une femme, sans compter les ministres au Gouvernement.  Parlant des réformes constitutionnelles, la Vice-Premier Ministre a ajouté que les femmes parlementaires ont permis une réforme du Code pénal qui pénalise désormais la violence à l’encontre des femmes.  Les questions d’égalité devant faire partie de toutes les politiques nationales de développement, la collaboration entre le Gouvernement et la société civile est importante, a souligné la Vice-Ministre.  

Mme HALA MOHAMED HASAN JABER ALANSARI, Secrétaire générale de la Cour suprême des femmes de Bahreïn, a indiqué que la Cour suprême des femmes a été instituée en 2001 en tant qu’organe consultatif du Roi et présidée par la Première Dame.  La Cour est spécialisée dans la mise en place de politiques et de stratégies pour améliorer la condition de la femme.  Mme Alansari a ensuite souligné les programmes et les projets relatifs à l’autonomisation et à l’intégration  des femmes dans le Plan de travail du Gouvernement. 

Le Gouvernement a aussi entrepris des étapes et a fait des efforts pour respecter ses engagements internationaux.  Il a soumis ses rapports périodiques au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et en ce qui concerne le Programme d’action de Beijing, le Bahreïn a notamment amélioré sa législation visant à renforcer le niveau de vie et la représentation des femmes dans le processus de prise de décisions notamment au sein de l’autorité législative en tant que membres élus.  En outre, le Royaume est le N°1 en matière d’occupation de postes de gestion haut et de rang intermédiaire.  Il est second en pourcentage de femmes ministres dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Mme ASA REGNER, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Suède, a déclaré d’emblée que son pays a « un Gouvernement féministe » qui résulte de la ferme conviction du peuple suédois que la réalisation de l’égalité entre les sexes est une question fondamentale de droits de l’homme et une condition préalable au développement durable.  Cela reflète aussi le ferme engagement à faire la différence dans les choix politiques, les priorités et l’affectation des ressources.  Vingt-ans après Beijing, tout le monde reconnaît que la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes n’est pas seulement un droit mais aussi la réponse à de nombreux défis auxquels sont confrontées nos sociétés.  Les droits de la femme sont des droits de l’homme et les droits de l’homme sont des droits de la femme.  Ils ne doivent en aucun cas être violés au nom de la culture, des traditions, de l’honneur ou de la religion.

La Ministre s’est déclarée préoccupée par la persistance de la violence à l’égard des femmes et des filles dans de nombreux pays.  Imputant cette situation aux relations de pouvoir entre hommes et femmes et aux normes sociales, dont celle de la masculinité, elle a jugé essentiel de reconnaître le rôle crucial des hommes et des garçons dans la promotion de l’égalité entre les sexes, des droits de l’homme et l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, y compris la violence sexuelle. 

La Ministre a ensuite plaidé pour les droits sexuels et reproductifs et pour l’avortement légal.  Elle a commenté le rapport du Secrétaire général, en appelant à saisir cette occasion historique pour faire avancer les choses.  Le temps est venu de réaffirmer les engagements pris à Beijing, y compris par un nouveau programme de développement qui donne lieu à des progrès irréversibles, substantiels et durables dans l’égalité entre les sexes et la réalisation par les femmes et les filles de leurs droits. 

Mme SUSAN SHABANGU, Ministre de la condition de la femme auprès de la Présidence de l’Afrique du Sud, a affirmé que la vision de l’égalité entre les sexes est un idéal qui a été atteint par la mise en œuvre de la Constitution en 1996.  La Constitution proscrit toutes les formes de discrimination qu’elles soient fondées sur le genre, le sexe, l’orientation sexuelle, la religion, l’âge, l’état civil, le handicap ou la grossesse.  Tout un éventail de lois, promulguées dès l’aube de la démocratie, ont été les contributeurs d’un environnement favorable à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes.  Après avoir fait part des efforts et des progrès enregistrés dans la participation politique des femmes, leur accès à l’enseignement supérieur, à la santé et à l’entreprenariat, et leur droit de vivre à l’abri de la violence, la Ministre s’est félicitée de ce que le Secrétaire général de l’ONU ait dit que la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing est essentielle au développement durable.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a remarqué qu’aucun pays n’avait atteint l’égalité des sexes.  La lutte continue, a-t-elle dit en invitant les hommes à y participer.  Elle a regretté notamment que les femmes ne soient toujours pas assez représentées dans les postes de leadership, publics ou privés.  Elle a fait valoir sa propre expérience en tant que Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et de la culture et mère de deux jeunes enfants, alors que, quand elle était enfant, les femmes n’avaient pas le droit de vote au Liechtenstein.  Elle a été inspirée à l’époque par le courage de sa tante qui n’hésitait pas à parler de ce problème.  Le changement est donc possible, en a-t-elle déduit, même si la situation n’est pas encore parfaite dans son pays.  Levons-nous pour les droits de l’homme, ainsi que pour éliminer la violence à l’égard des femmes, a-t-elle lancé.  Elle a appelé à s’unir pour mettre fin à ce fléau mondial.  Elle a recommandé d’utiliser tous les leviers, comme le programme de développement pour l’après-2015, le programme sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que la Cour pénale internationale. 

Mme SONG XIUYAN, Ministre et Vice-Présidente du Comité national sur les femmes et les enfants de la Chine, a noté que, 20 ans après Beijing, cette session de la CEDAW doit faire le bilan de l’application de son Programme d’action qui a eu un impact énorme sur la promotion de la condition de la femme dans le monde.  Toutefois, aux anciens problèmes se sont ajoutés de nouveaux facteurs qui ont limité le progrès et le développement des femmes comme les changements climatiques, la violence basée sur le genre et autres.

Il faut, selon elle, encourager la confiance, le respect mutuel et un environnement propice à l’égalité hommes-femmes.  Pour sa part la Chine poursuit sa politique conforme au Programme d’action de Beijing.  Elle l’inscrit dans ses lois nationales, facilite l’accès à l’éducation des filles et accroit les investissements en ce sens.  De plus, le montant des prêts octroyés aux femmes entrepreneur a augmenté de manière significative.  Cela s’inscrit dans le constat que la participation économique des femmes est la clef du développement.  De plus, l’espérance de vie des femmes en Chine est passée à 77 ans et la mortalité maternelle a baissé.  Sur le plan politique, des efforts sont faits pour augmenter la participation des femmes à tous les niveaux ce qui se voit notamment dans la proportion de femmes en charge de comités urbains.

Mme MANUELA SCHWESIG, Ministre des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a rappelé qu’aucun pays n’avait atteint l’égalité des sexes, alors que les femmes et les enfants sont les premières victimes de la violence et de la guerre.  Toute forme de violence à l’égard des femmes est une violation des droits de l’homme, a-t-elle dit.  Si des femmes et des filles sont violées en tant qu’acte de guerre, c’est un crime.  Si des femmes sont oppressées, menacées et battues au nom d’une idéologie religieuse, c’est un crime.  Aucune religion du monde ne justifie des abus des droits des femmes, a-t-elle ajouté.  Si des femmes qui se dressent en faveur de la démocratie et des droits de l’homme sont emprisonnées ou torturées, c’est un crime.  Si des femmes sont battues par leurs partenaires, c’est un crime.  Nous n’acceptons aucune excuse quand la violence à l’égard des femmes est passée sous silence.  La Ministre a appelé à punir les auteurs de cette violence et à faire cesser de tels crimes.

En Allemagne, a-t-elle indiqué, 40% des femmes de plus de 16 ans ont fait l’expérience d’une forme ou d’une autre de violence physique ou sexuelle, ce qui nous a conduits, depuis 1999, à lutter contre cette violence par le biais de plans d’action.  Mais nous devons en faire plus, a-t-elle reconnu.  En tant que membre du Conseil de l’Europe, nous avons développé la Convention d’Istanbul sur la violence domestique.  La Ministre a invité à inclure l’égalité des sexes dans le programme de développement pour l’après-2015.  Nous pouvons changer le monde si nous donnons aux femmes le pouvoir de le faire, a-t-elle conclu.

      M. MANU SAREEN, Ministre des affaires sociales, de l’égalité, des enfants et de l’intégration du Danemark, a indiqué que 2015 est aussi une année importante pour les Danoises et le Danemark.  Le pays célèbre en effet le centenaire du droit des femmes de voter et de se présenter aux élections.  En 1915, après l’amendement de la Constitution, le Danemark est ainsi devenu le tout premier pays au monde où la lutte des femmes a conduit à l’obtention de « ce droit fondamental ».  Revenant au travail de la Commission, le Ministre a voulu qu’elle envoie « un message fort et uni »: les objectifs de développement durable doivent inclure un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et les droits de la femme et de la fille.  Cet objectif doit porter sur le droit de décider librement de « si, quand et avec qui avoir des enfants » et sur le droit de vivre à l’abri de la coercition, de la violence et de la discrimination.  

Les objectifs de développement durable doivent aussi, a insisté le Ministre, prévoir une intégration généralisée de la dimension genre dans tous les autres domaines.  Les objectifs, les cibles et les indicateurs doivent refléter cette dimension.  Tant que la discrimination et la violence à l’encontre des femmes existeront, il n’y aura ni progrès ni développement durable, s’est dit convaincu le Ministre.  L’histoire l’a montré; les sociétés les plus fortes et les plus prospères sont celles dont l’ensemble de la population, hommes et femmes, s’impliquent et apportent leur pierre à l’édifice.  Les hommes et les garçons doivent être entraînés comme agents du changement pour l’égalité entre les sexes, la protection des droits de la femme et la lutte contre la violence, et ce, par l’éducation, la sensibilisation et le changement des comportements.  Le Ministre a applaudi la campagne « HeForShe » d’ONU-Femmes. 

Mme HIJRAN HUSEYNOVA, Présidente de la Commission d’État pour les affaires de la famille, des femmes et des enfants de l’Azerbaïdjan, a souligné le ferme engagement de son pays en faveur du Programme d’action de Beijing.  Elle a ajouté que le concept de budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes a été adopté dans son pays.  Les lois, programmes et projets de l’État sont examinés sous l’angle de l’égalité tandis que les centres régionaux de soutien familial ont renforcé le cadre institutionnel national.  Les questions de l’égalité occupent une place importante dans la Stratégie « Azerbaïdjan 2020 », a dit la représentante, en annonçant des mesures spéciales pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et créer des chances égales sur le marché du travail.

Mme LYDIA MUTSCH, Ministre pour l’égalité des chances du Luxembourg, a rappelé que la semaine passée, son gouvernement avait adopté son Plan pour l’égalité des chances qui propose des mesures concrètes.  Grâce à cette approche intégrative qui fait appel à tous les ministères, il sera possible d’aller de l’avant.  La Ministre a dit refuser l’idée que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ne relèvent que des ministères de la femme et des activistes de la société civile.  Il s’agit au contraire d’une responsabilité partagée par l’ensemble des acteurs.  Chaque membre de la société, indépendamment de son sexe, doit se sentir concerné par ces inégalités et contribuer à lutter contre elles.

Mme DELMA THOMAS, Ministre du développement social et du logement de la  Grenade, a égrené les réalisations de son pays dans l’accomplissement des droits de la femme qui ont été rendues possibles grâce à une politique nationale et un plan d’action inspirés des droits de l’homme et de la justice sociale.  Des mesures contre la violence domestique ont été prises notamment en matière de responsabilité des auteurs et d’aide aux victimes.  Des initiatives en faveur des femmes au chômage ont également été lancées pour permettre l’acquisition de compétences.  La Ministre a cité la désignation de la première femme gouverneur et un taux de 30% de femmes élues.  L’égalité homme-femme est devenue la norme à la Grenade, a-t-elle dit.  Elle a tout de même reconnu le manque de capacités spécifiques dans tous les secteurs et a conclu en évoquant la réforme constitutionnelle en cours, qui comprend une consultation publique notamment sur les droits de la femme et l’égalité entre des sexes. 

Mme MAKIBI KADIDIATOU DAN DOBI, Ministre de l’égalité entre les sexes du Niger, a expliqué que la situation géopolitique du Niger est caractérisée par des menaces sécuritaires transfrontalières liées au terrorisme et aux organisations criminelles au Nigéria, au Mali, et en Libye.  Ces foyers de tension ont eu un impact sur la situation socioéconomique et sécuritaire du pays, qui s’est toutefois résolument engagé à maintenir une accalmie sociale interne et la gestion des réfugiés.  En dépit de cette situation, le Niger continue à œuvrer au quotidien pour atteindre les progrès en matière de réduction des inégalités liées au sexe.

Depuis l’adoption du Plan d’action de Beijing, des avancées significatives ont été obtenues dans la promotion de la femme.  La Ministre a cité des mesures pour réduire la paupérisation des femmes par le biais de la microfinance et la réaffectation des dépenses publiques; l’appui à la production et à l’allègement des tâches dévolues traditionnellement aux femmes ainsi que l’équipement des groupements féminins et la mise en place d’instruments de protection sociale.  Le Niger a également ratifié plusieurs instruments juridiques régionaux et internationaux relatifs aux droits des femmes et a défini des orientations nationales à travers notamment sa politique de promotion de la femme; la politique nationale genre et son plan décennal de mise en œuvre de la loi sur le quota qui vise à augmenter la représentation des femmes dans les fonctions électives au Gouvernement et dans l’Administration. 

La Ministre a rappelé que le taux brut de scolarisation des filles est passé de 37% en 2002 à 72% en 2013 et que les réformes du système de santé ont permis l’amélioration générale de l’état de santé de la population, et en particulier des femmes.  Ainsi, le taux de mortalité maternelle a connu une nette régression entre 1992 et 2012 pour se situer à 535 pour 100 000 en 2012.  Pour ce qui est des défis qui persistent, la Ministre a cité la scolarisation et le maintien de la jeune fille à l’école, la lutte contre les mariages et les grossesses précoces et la maitrise de la croissance démographique. 

Mme PASCALE BOISTARD, Secrétaire d’État aux droits des femmes de la France, a déclaré que le Programme d’action de Beijing doit être renforcé.  Les droits de la femme ont été malmenés, y compris le droit à l’avortement que la France a reconnu.  Elle a noté que les femmes ont été privées de leur liberté et utilisées comme une arme de guerre, comme cela avait été vu au Nigéria, au Niger, au Tchad et au Cameroun.  Elle a exhorté à affronter la dictature de Boko Haram et de Daech en Syrie.  Ailleurs dans le monde, a-t-elle poursuivi, les femmes font face à des violences physiques et sexuelles, à la violence domestique et aux mutilations génitales.  Ces violences doivent être éradiquées et les femmes doivent bénéficier pleinement des droits de l’homme.  « Aucun relativisme culturel ne peut être toléré », a estimé Mme Boistard. 

Mme HELENA DALLI, Ministre du dialogue social, de la consommation et des libertés civiles de Malte, a remarqué que les femmes doivent supporter le fardeau du sexisme, du racisme, de la xénophobie, de la discrimination au regard de leur âge, de l’homophobie, de la transphobie et d’autres formes encore de discrimination.  Nous devons donc réaffirmer une approche du développement basée sur les droits, a-t-elle demandé en recommandant de traiter de ces inégalités et de la promotion des droits des femmes dans le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a ensuite donné une liste de ce qui a été accompli dans son pays, qui a notamment pénalisé les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les stérilisations forcées et le harcèlement.  En outre, l’article de la Constitution maltaise sur la non-discrimination inclut désormais l’orientation sexuelle et l’identité de genre.  Mme Dalli a ensuite présenté les progrès qui ont été accomplis grâce aux efforts du Gouvernement.  Malte a ainsi autant de femmes que d’hommes parmi ses élus au Parlement européen et le Parlement maltais a nommé la deuxième femme Présidente de la République en 2014.  Elle a aussi signalé une augmentation de l’emploi des femmes et des efforts en vue de promouvoir la santé sexuelle et reproductive.

Mme ALEJANDRA MORA, Ministre de la condition de la femme du Costa Rica, a indiqué que son gouvernement a mis l’accent sur la promotion des droits des femmes vulnérables, notamment les femmes autochtones et les femmes d’ascendance africaine.  Elle a relevé qu’au Costa Rica, une mesure législative, adoptée en 1996, attribue 40% des postes des assemblées législatives aux femmes, même si, a-t-elle regretté, les partis politiques ne laissent pas souvent les femmes jouer les premiers rôles, ce qui constitue un obstacle à leur participation politique.  L’égalité entre hommes et femmes et l’autonomisation de ces dernières sont des conditions sine qua none pour un développement véritablement durable, a-t-elle plaidé.

Mme LOUISE UPSTON, Ministre de la condition féminine de la Nouvelle-Zélande, a relevé que le monde est encore très loin d’avoir atteint les objectifs fixés par la Déclaration et le Programme d’action de Beijing.  Les violations des droits de femmes et filles restent trop fréquentes, a-t-elle déploré.  Elle a ensuite fait part de sa satisfaction de voir que 30 ans après sa création, le Ministère de la condition féminine de la Nouvelle-Zélande, a joué un grand rôle dans l’amélioration de la condition des femmes dans le pays.  Elle a indiqué que les priorités du Gouvernement néozélandais en matière de promotion des droits des femmes sont le soutien des femmes sur les lieux de travail; l’appui à l’augmentation du nombre des femmes impliquées dans l’économie; et la prévention de la violence dont elles sont victimes, entre autres.

Mme MELANIE GRIFFIN, Ministre des services sociaux et du développement communautaire des Bahamas, a noté que certains pays sont à la traine dans l’application du Programme d’action de Beijing et que certains ont même reculé.  Les Bahamas, une nation jeune, n’ont pas hésité à faire appel à des partenariats pour assurer les progrès et les efforts portant notamment sur une réforme du socle de protection sociale.  Une équipe spéciale a été mise en place pour définir un plan national de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des séminaires sont organisés pour faciliter la participation des femmes à la vie politique.  Plusieurs amendements ont été introduits à la Constitution pour mettre fin aux derniers vestiges de la discrimination contre les femmes et ces amendements seront soumis à un referendum, a expliqué la Ministre.

Mme TERESA AMARELLE BOUÉ, Secrétaire générale de la Fédération des femmes de Cuba et Membre du Conseil d’État, a fait état des différentes mesures prises à Cuba pour répondre aux exigences du Programme d’action de Beijing.  La lutte pour l’égalité entre les sexes est une condition sine qua non du développement et fort de ce constat, la Secrétaire générale a rappelé que « les Cubaines représentent 48% des employés du secteur public et des parlementaires et qu’elles jouissent des mêmes salaires que les hommes ».  Elle a également indiqué que les droits sexuels et génésiques sont un acquis.  Elle a salué le fait que les objectifs de développement durable comprendront un objectif indépendant axé sur l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes. 

Mme ING KANTHA PHAVI, Ministre des affaires féminines du Cambodge, a présenté les améliorations de la situation des femmes dans son pays au cours des 20 dernières années et les engagements pris pour l’avenir.  La réduction de la pauvreté et l’amélioration des services publics ont bénéficié aux femmes, a-t-elle ainsi indiqué en signalant aussi que la participation des femmes à l’économie était l’une des plus fortes de la région.  L’égalité entre les sexes dans l’enseignement primaire a été atteinte et la mortalité maternelle a diminué de plus de la moitié entre 2000 et 2014.  Elle a aussi fait valoir une amélioration de l’accès des femmes à la santé maternelle, sexuelle et reproductive.  En outre, les femmes participent davantage à la politique.  La Ministre a cependant reconnu qu’il restait des défis à relever, notamment des inégalités au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur.  La violence à l’égard des femmes est aussi un secteur où il faut progresser, notamment pour punir efficacement les auteurs.  La Ministre a également expliqué que les femmes pouvaient être mieux représentées dans la vie politique et mieux payées dans la vie active.  Enfin, elle a assuré que son ministère continuerait de jouer un rôle actif dans la promotion et la coordination de la mise en œuvre des politiques du genre.

Mme ALEJANDRINA GERMAN, Ministre de la condition féminine de la République dominicaine, a souligné que depuis 1995, de nombreux changements en faveur des femmes ont été consolidés en République dominicaine, en particulier dans le système juridique comme en attestent les lois sur le taux de participation des femmes à la politique et contre la violation fondée sur le sexe ou encore le renforcement des mécanismes de promotion de la femme.  La Ministre a énuméré quelques succès enregistrés au cours de ces 20 dernières années et qui ont approfondi et accéléré l’autonomisation des femmes.  Elle a cité la création de son ministère, la première politique publique pour la prévention et la pénalisation de la violence contre les femmes, le quota de 25% réservé aux femmes dans la loi électorale, l’inscription dans la Constitution du droit du travail des femmes, l’inclusion du principe d’égalité entre les sexes et de non-discrimination dans la loi sur la santé publique, la Constitution politique de 2010 qui est « sans aucun doute le texte constitutionnel le plus inclusif pour les droits et les intérêts des femmes » et l’incorporation du fémicide dans le Code pénal et la dépénalisation de l’interruption de grossesse pour des raisons médicales. 

La Ministre n’a pas oublié les défis dont celui d’approfondir la compréhension du concept d’égalité et de finaliser le processus d’harmonisation dans le cadre juridique de la Constitution de 2010.  La Ministre a aussi cité la nécessité de reconnaître la valeur productive du travail non rémunéré et celle d’affecter les fonds nécessaires à son ministère, de réaliser les changements structurels pour une meilleure division du travail entre hommes et femmes dans la famille, de garantir la parité dans les postes électifs et de renforcer l’autonomisation économique des femmes.  S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, la Ministre a plaidé pour un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes; l’intégration de l’égalité entre les sexes comme axe central et transversal de toutes les actions publiques et le renforcement des mécanismes nationaux d’égalité entre les sexes. 

« Traduisons les mots en actes », a encouragé M. TOLOFUAIVALELEI FALEMOE LEIATAUA, Ministre de la condition féminine, du développement communautaire et social de Samoa, qui a expliqué comment son pays a « samoaïsé » le Programme d’action de Beijing pour l’adapter au contexte national.  Les questions du genre, des droits de l’homme et du handicap ont été intégrées dans tous les secteurs pour promouvoir l’égalité entre les sexes et l’égalité de chances pour les femmes et les jeunes, y compris les personnes handicapées.  Le Ministre s’est, par exemple, enorgueilli de la loi sur la protection de la famille qui donne des assurances aux victimes de la violence, de la création d’un Tribunal spécial pour connaître des cas de violence domestique et de la loi sur la protection de l’enfant.  Au niveau politique, l’Amendement constitutionnel de 2013 garantit aux femmes un minimum de 10% des sièges au Parlement.

Samoa, a poursuivi le Ministre, est extrêmement vulnérable aux changements climatiques.  Le pays a par conséquent intégré complètement les besoins des femmes et des filles dans la politique nationale de résilience, de prévention des catastrophes et d’opérations.  Le Ministre a admis que le programme de « leadership transformationnel » du PNUD permet lentement mais sûrement de changer certains comportements sociétaux négatifs et de s’acheminer vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  « Samoa, la Voie à suivre », le Document final de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement réaffirme d’ailleurs l’importance de progresser vers l’égalité entre les sexes, en réalisant le développement durable, a encore souligné le Ministre. 

Mme ROSY SOFIA AKBAR, Ministre de la femme, des enfants et de l’atténuation de la pauvreté de Fidji, a présenté la Politique nationale sur le genre de 2014 qui illustre l’engagement du Gouvernement à viser particulièrement les obstacles structurels, culturels, socioéconomiques et religieux à l’égalité entre les sexes, grâce à des mesures et des actions spécifiques.  La Ministre a par exemple indiqué que depuis 2004, le budget de son ministère a augmenté de 560%.  Elle a cité d’autres progrès, sans toutefois oublier de souligner que les choses sont rendues difficiles par les défis liés à la vulnérabilité du pays face aux impacts des changements climatiques, à la fréquence des catastrophes naturelles et à la dégradation de l’environnement.  Elle appelé le système de l’ONU, en partenariat avec les États et les organisations régionales, à appuyer la mise en œuvre des plans nationaux.  Elle a conclu en saluant l’inclusion dans le futur programme de développement d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes.

Mme PHAM THI HAICHUYEN, Ministre du travail des handicapés et des affaires sociales du Viet Nam, a indiqué que son pays avait adopté une loi pour l’égalité entre les sexes, ce qui a permis d’améliorer la situation des femmes dans le pays.  L’écart dans le domaine de l’éducation s’est réduit et la présence des femmes dans le milieu politique et le secteur privé a augmenté.  Il est important, selon elle, de dégager un consensus sur le fait que le développement économique doit s’accompagner de développement social.  Alors que les normes sociales sur le rôle des hommes et des femmes persistent, le Viet Nam est confronté à une difficulté, celle liée au manque de données statistiques ventilées pour développer des actions ciblées.  Le pays compte sur des partenariats internationaux pour faire des progrès en ce sens.

Mme CIDÁLIA MANUEL CHAÚQUE OLIVEIRA, Ministre du genre, de l’enfance et des affaires sociales du Mozambique, a relevé que les femmes au Mozambique occupent des postes politiques et administratifs parmi les plus élevés.  Elle a souligné que la Constitution stipule que les hommes et les femmes sont égaux devant la loi et elle a aussi fait mention des mécanismes institutionnels d’accompagnement juridique des femmes victimes de violence, afin de les encourager notamment à ester en justice.  

Mme NANA OYE LITHUR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, s’est félicitée de ce que le Ghana ait été le premier pays d’Afrique subsaharienne à avoir réalisé le premier des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), celui relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim.  Pour réduire le nombre des décrochages scolaires, le Gouvernement a adopté une politique de bourses aux adolescentes.  Le Ghana, a indiqué la Ministre, a institutionnalisé la protection sociale et il vit une situation où les femmes occupent de plus en plus de postes élevés. 

Mme ZENEBU TADESSE, Ministre de la femme, des enfants et des affaires sociales de l’Éthiopie, a affirmé qu’il fallait relever les défis socioéconomiques qui entravent les droits et l’autonomisation des femmes.  Depuis 20 ans, un certain nombre de mesures qui se reflètent dans la loi et dans la Constitution éthiopiennes ont été adoptées pour promouvoir la condition de la femme.  À ce titre, la Ministre a cité la loi révisée sur la famille et le Code pénal qui prévoient tous deux la protection des femmes.  Les politiques de l’éducation et de la santé sont également une autre preuve de la détermination du Gouvernement éthiopien à s’engager en faveur de l’autonomisation des femmes afin qu’elles puissent jouer un rôle actif dans le développement durable du pays.  Pour illustrer son propos, elle a évoqué quelques chiffres comme celui de la représentation des femmes au Parlement qui était de 17% en 2010 et le taux de mortalité maternelle qui est tombé à 420 pour 100 000 en 2010.

Mme KIM HEEJUNG, Ministre de l’égalité entre les sexes et de la famille de la Corée, a expliqué que le taux de recrutement des femmes avait fortement augmenté en 20 ans dans son pays.  Toutefois les femmes ont encore du mal à garder leur poste une fois qu’elles ont eu un enfant, a-t-elle reconnu.  Pour y remédier, le Gouvernement a opté pour la mise en place de crèches, des congés de paternité et des horaires aménagés pour les femmes.  S’agissant de la représentation des femmes dans la sphère politique, la législation a été revue en 2004 pour que les femmes occupent 50% des sièges à l’Assemblée nationale.  Pour ce qui est de la sécurité des femmes, pour la première fois en 2013, le Gouvernement a déclaré que la violence faite aux femmes est un fléau et qu’il faut en parler et s’y attaquer.  Ainsi, depuis 2013, la loi a été revue pour assurer une meilleure protection des femmes et des enfants.

Mme HAJIA ZAINAB MAINA, Ministre de la condition féminine du Nigéria, a relevé que pour améliorer la santé sexuelle et reproductive des Nigérianes, plus de 600 enseignants ont été formés pour prodiguer des cours aux femmes, une mesure qui a permis de faire baisser le taux de mortalité maternelle, a-t-elle salué.  Elle a également fait mention de mesures visant à lutter contre les violences faites aux femmes, assurant à ce propos que le Gouvernement était toujours à la recherche des lycéennes enlevées l’an dernier par la secte islamiste Boko Haram.  

Mme CECILIA VACA, Ministre du développement social de l’Équateur, a indiqué que son gouvernement a mis en place un programme de soutien aux femmes les plus vulnérables en leur transférant des fonds chaque mois, afin qu’elles prennent soin de leur famille et pour renforcer leur autonomisation économique.  Elle a également souligné que l’accès aux services sociaux de base leur est facilité et que le travail qu’elles fournissent à la maison est davantage reconnu et comptabilisé.  L’Assemblée nationale de l’Équateur est présidée par une jeune femme, s’est-elle félicitée, ajoutant que 40% des sièges y sont aussi détenus par les femmes.

Mme YOHANA SUSANA YEMBESI, Ministre de l’autonomisation de la femme de l’Indonésie, a expliqué que le Plan de développement tient compte de la perspective genre dans tous les domaines.  Ainsi l’Indonésie est passée à 12 ans d’école obligatoire, et le taux de mortalité maternelle à 360 pour 100 000.  Les femmes sont désormais plus nombreuses dans les organes législatif et judiciaire.  À l’avenir, les efforts vont se concentrer sur le renforcement de la Commission nationale de protection des femmes et des enfants, sur la budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes et l’accès des femmes aux soins de qualité.  Pour y arriver, le Gouvernement encourage les partenariats avec la société civile et les organisations internationales.

Mme MONIA MESLEM SI AMER, Ministre de la solidarité nationale, de la femme et du statut de la femme de l’Algérie, a exposé les succès des deux dernières décennies en termes de promotion de la condition de la femme.  Les femmes algériennes sont fières de pouvoir participer à la société en tant que mères et en tant que travailleuses, a affirmé la Ministre qui a fait état d’une stratégie qui met l’accent sur la participation de la femme au marché de l’emploi et une autre qui lutte contre la violence à l’encontre des femmes.  Quatre-vingt-dix-sept pour cent des filles ont accès à l’école en Algérie et elles peuvent poursuivre des études supérieures.  Il existe une autre politique favorisant l’emploi des femmes, dont la Charte des femmes travailleuses.  L’Algérie a fait des efforts considérables pour amender la loi sur la famille de 2005 et pour pénaliser le harcèlement sexuel sous toutes ses formes.  Ainsi en 2007, un cadre de lutte contre la violence faite aux femmes a émergé et en 2012, deux lois ont été adoptées pour qu’au moins 30% de femmes siègent au Parlement algérien.

Mme SANDREA FALCONER, Ministre sans portefeuille du Gouvernement de la Jamaïque, a déclaré que le Gouvernement jamaïcain a mis en place des mesures pour lutter contre la violence faite aux femmes dont la violence domestique.  Un projet de loi contre le harcèlement sexuel sera présenté au Parlement cette année, a-t-elle promis.  Elle s’est ensuite félicitée du fait qu’en 2012, 72% environ des microcrédits accordés par la Banque centrale de la Jamaïque ont profité aux femmes.  Elle a aussi souligné que selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Jamaïque est le pays qui a le plus de femmes chefs d’entreprises au monde.

Mme ANA AMINTA MADRID PAZ, Ministre en charge de l’Institut national des femmes du Honduras, a déclaré que la prévention de la violence sexiste est l’une des priorités de son gouvernement.  Elle a ajouté que le Honduras entend bâtir des systèmes de protection sociale en vue de renforcer l’autonomisation des femmes.  Les inégalités sont étroitement liées aux réalités économiques, sociales et environnementales, a-t-elle relevé, précisant que pour y faire face, il faudrait établir des partenariats à l’échelle internationale.  Le Gouvernement du Honduras s’est engagé à assurer la santé des femmes, notamment les plus marginalisées comme les femmes d’ascendance africaine. 

Mme MARIA FILOMENA DELGADO, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, a rappelé que la Constitution de son pays dispose de l’égalité en droit de tous.  Le Plan national de développement stipule que les hommes et les femmes sont au cœur des efforts de développement et les mesures visent à assurer les mêmes chances pour tous.  Depuis 2009, l’exécutif angolais a accordé plus d’attention à la mise en œuvre de stratégies et programmes qui s’inscrivent dans le Programme d’action de Beijing.  À ce titre, la Ministre a cité l’accès des femmes au microcrédit et à la protection juridique ainsi que la création de plusieurs mécanismes visant à protéger et promouvoir les droits de l’enfant.

Mme CLAUDIA PASCUAL, Ministres des affaires de la femme du Chili, a indiqué que son gouvernement renforçait son engagement en faveur des femmes.  « Les femmes doivent être au pouvoir et prendre des décisions en vue de garantir la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing », a–t-elle déclaré.  Aujourd’hui 9 mars, la Présidente Bachelet a lancé le programme « Femme, sécurité et paix » et en vue d’améliorer la participation des femmes à la vie politique, le Chili recherche désormais la parité à tous les échelons, y compris dans les entreprises publiques.  Le Gouvernement a également reconnu les unions civiles de personnes de même sexe et a lancé des formations sur la prévention de la violence à l’égard des femmes, y compris au sein de la famille.  Le Chili travaille aussi à réduire l’écart salarial.

Mme BASSIMA HAKKAOUI, Ministre de la solidarité, des femmes, de la famille et du développement social du Maroc, a relevé que la Constitution de 2011 du Maroc a consacré certaines mutations comme la lutte contre toutes les formes de discriminations.  Le pays a ainsi mis en place, a-t-elle indiqué, un centre national sur la parité et un observatoire des violences faites aux femmes.  En 2012, le Gouvernement du Maroc a en outre mis sur pied un fond pour la famille pour venir en aide aux divorcées et aux veuves, femmes les plus vulnérables.  

Mme VIRGINIA VELASCO, Ministre de la justice de Bolivie, a plaidé pour que le programme de développement pour l’après-2015 contienne un objectif spécifique transformateur en rapport avec l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle a aussi plaidé pour l’abolition du système de patriarcat qui contribue, a-t-elle relevé, à la subordination des femmes à travers le monde.  Elle a en outre souhaité que les femmes soient davantage associées aux décisions prises dans la société, en particulier les femmes autochtones.

Mme SOSEFO FEAO VAKATA, Ministre des affaires intérieures de Tonga, a salué l’appui important fourni par ONU-Femmes.  Le Gouvernement de Tonga, a-t-il dit, est prêt à ratifier la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), avec quelques réserves cependant.  Cette décision a été prise après un processus de consultation publique de quatre ans initié et dirigé par le Gouvernement et qui était ouvert à toutes les parties prenantes, y compris des organisations de femmes et des groupes féministes, a expliqué la Ministre.

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