En cours au Siège de l'ONU

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
9e et 10e séances – matin et après-midi
FEM/2029

Commission de la condition de la femme: l’égalité entre les sexes défendue comme gage du succès du programme de développement pour l’après-2015

« Le progrès de la femme est le progrès humain », cette évidence relevée par le représentant de la Croatie, à la fin de cette première semaine de session de la Commission de la condition de la femme, a été plusieurs fois soulignée par les délégations qui ont averti que le programme de développement pour l’après-2015 ne saurait réussir si l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes n’y figurent pas en bonne place car on ne peut réaliser le développement, en en écartant la moitié de l’humanité.

Vingt ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing et son Programme d’action, le monde a connu des avancées notables mais « aucun pays n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes et à autonomiser pleinement les femmes et les filles », a reconnu la Commission de la condition de la femme dans sa « Déclaration politique ».  Les délégations ont exigé que ces questions fassent l’objet d’un objectif spécifique du futur programme de développement pour l’après-2015, qui devrait être adopté, à l’issue d’un sommet, en septembre prochain.  Elles ont voulu qu’en plus de l’objectif spécifique, la thématique de l’égalité entre les sexes soit intégrée dans tous les autres objectifs avec des cibles et indicateurs clairs et quantifiables.

Le nouveau programme de développement doit traiter de la violence faite aux femmes, a estimé la représentante de la Slovénie, appuyée en cela par son homologue des Îles Salomon qui a relevé que malgré des progrès, cette violence reste à un niveau « inacceptable ».  En dépit des arsenaux juridiques et du foisonnement des institutions, « aucun pays ne peut prétendre à l’élimination même progressive de la violence », disait, il y a quelques jours, la Rapporteuse spéciale sur la question.   

Dans bien des cas, ont noté les orateurs, la violence n’est que le reflet du phénomène plus général de l’inégalité des droits entre hommes et femmes.  Cette situation et les discriminations qui l’accompagnent sont criantes dans le domaine économique, notamment dans le secteur de l’emploi.  À qualifications et compétences égales, les femmes ont moins de chances de trouver un emploi décent, ont noté des délégations, et même quand elles sont employées, elles subissent l’écart salarial, sans compter la violence sexiste.

Dans le domaine de l’environnement, « chapitre K » du Programme d’action de Beijing, la Conseillère principale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a rappelé que 80% des femmes sont privées des postes de responsabilité dans les ministères de l’environnement et 96% n’ont aucune voix au Conseil mondial de l’énergie.  Le chapitre K est-il un chapitre isolé?  Ce sont les femmes qui connaissent les plantes médicinales et les sources alternatives de nourriture et pourtant, elles sont excluent de la gouvernance officielle des forêts, a-t-elle dit pour illustrer ses propos.  

Les facteurs socioculturels et les stéréotypes, ont été montrés du doigt.  La représentante de l’« Institute for democracy and electoral assistance (IDEA) » a constaté que dans certains pays, les inégalités et la discrimination à l’égard des femmes sont tellement flagrantes qu’elles figurent même dans la loi.

La table ronde sur « les ressources disponibles pour la réalisation de l’égalité entre les sexes » a permis aux intervenants de rappeler que la budgétisation sensible au genre (BSG), adoptée comme principe de gestion des fonds publics, devrait permettre d’affecter les ressources de manière judicieuse.  Une mesure d’autant plus cruciale qu’investir dans cette égalité a un impact immédiat sur la croissance.

La Commission poursuivra ses travaux lundi 16 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Suite du débat général

M. KYAW TIN (Myanmar) a voulu que la question de l’égalité entre les sexes trouve la place qu’elle mérite dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015.  Il faut appuyer les efforts des pays en développement et les aider à combler les lacunes dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de l’éducation et de la formation, de la santé et de la prévention de la violence à l’encontre des femmes, a déclaré le représentant d’un pays où les femmes représentent plus de la moitié d’une population totale de 51,4 millions de personnes.  Classé comme pays « à inégalités moyennes » dans le rapport sur le développement humain, ce dont s’est enorgueilli le représentant, le Myanmar offre les mêmes droits aux hommes et aux femmes et ne connaît pas d’écart salarial.  Les récentes mesures de réforme conformes aux valeurs démocratiques ont créé un environnement encore plus favorable à la protection des femmes et des filles, a souligné le représentant, qui a ajouté que son pays est le premier de la région du Mékong à avoir promulgué une loi contre la traite des personnes.  Après avoir énuméré les progrès enregistrés dans les 12 domaines prioritaires du Programme d’action de Beijing, le représentant a admis la nécessité de faire plus pour faire avancer la cause des femmes, s’agissant en particulier de leur participation à la vie politique. 

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a estimé que compte tenu de la lenteur des progrès, l’objectif de développement durable consacré à l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sera une pierre angulaire du programme de développement pour l’après-2015.  L’autonomisation des femmes se reflète dans l’état de droit et la démocratie, a dit la représentante.  À cet égard, l’accès à la propriété des femmes et leur droit à l’entreprenariat sont un élément essentiel de l’évolution de leur statut économique et familial.

L’accès à l’éducation, a-t-elle poursuivi, continue de représenter un défi pour 65 millions de filles de moins de 12 ans qui n’ont toujours pas accès à l’éducation primaire.  À cela s’ajoutent les stéréotypes qui conditionnent les filières d’éducation, de formation et de l’emploi.  Pour Mme Picco, tout changement réel requiert l’engagement actif des hommes.  À ce propos, elle a salué la campagne « HeforShe » pour le rôle central qu’elle peut avoir sur l’évolution des mentalités.

L’accès aux soins et aux services de base demeure insuffisant, a-t-elle dénoncé.  Trop de femmes continuent à mourir en donnant la vie et plus de 800 millions n’ont pas droit à un congé de maternité approprié.  La représentante a enfin abordé la question de la violence faite aux femmes, en jugeant « inconcevable » que le viol et la violence conjugale représentent un plus grand risque pour les femmes que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis, a-t-elle alerté.  Elle a salué les avancées obtenues depuis 2008 grâce à l’engagement du Secrétaire général et sa campagne « Ttous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».

Après avoir énuméré les progrès engrangés par son pays, M. CARLOS FILOMENO AZEVEDO AGOSTINHO DAS NEVES (São Tomé-et-Principe) a énoncé les nombreuses contraintes auxquelles son pays fait face, dont le fait que le budget du pays dépend à 90% de l’aide extérieure, devenant un obstacle à la mise en œuvre des actions urgentes et prioritaires prévues par la Stratégie nationale de promotion de l’égalité entre les sexes et l’équité.  Le représentant a aussi évoqué les contraintes liées aux facteurs socioculturels liés au rôle dévolu à chacun des deux sexes qui sont profondément ancrés dans les habitudes et les coutumes.  Il a aussi parlé de l’instabilité politique qui a interrompu la mise en œuvre des politiques publiques et l’absence d’un bureau d’ONU-Femmes dans le pays pour donner l’élan aux recommandations du programme international sur l’égalité entre les sexes.  

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a attiré, à son tour, l’attention sur le frein que constituent les stéréotypes profondément ancrés sur le rôle des femmes dans la société et dans la famille, affectant leur vie professionnelle, leur type de carrière, sans compter que le fardeau des responsabilités familiales n’est pas partagé comme il devrait l’être.  L’écart salarial persiste alors que la représentation des femmes dans la vie politique, la prise de décisions, aux postes de responsabilités et dans les médias doit encore être améliorée. 

M. Emiliou a ajouté que cette année marque le quinzième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Chypre, un pays dont une partie est sous occupation étrangère depuis plus de 40 ans, connaît les conséquences et le fardeau de cette anomalie, en particulier pour les femmes.  Les femmes chypriotes ont enduré les déplacements, la pauvreté, le deuil et, jusqu’aujourd’hui, la disparition de proches.  Pourtant, à Chypre et à l’étranger, elles ont lutté pour la réalisation des droits de l’homme pour tous et ont joué un rôle actif dans la société civile pour promouvoir la paix et la réconciliation.  Le Gouvernement reconnaît le rôle important des femmes dans la prévention et la résolution des conflits et, à ce titre, les femmes jouent un rôle important dans les négociations et les processus de paix à Chypre, a dit le représentant.

M. KELEBONE MAOPE (Lesotho) a fait part des progrès de son pays dont la nomination, en 2014, de la première Présidente de la Cour suprême de justice, une première aussi dans la région de l’Afrique australe, et seulement le troisième exemple dans tout le continent africain.  La représentante a parlé du taux « élevé » du chômage dans son pays et son corollaire, la pauvreté.  Dans un pays post-apartheid comme le Lesotho, la dégradation de l’environnement ainsi que la crise financière, qui a donné lieu à une crise alimentaire et à une autre hausse du taux de chômage, conduisent inévitablement à des conflits familiaux voire à la violence domestique; les hommes craignant que l’on remette en cause leur rôle traditionnel de protecteur. 

Un des objectifs du pays est donc de travailler au développement durable et à la croissance économique pour réduire la pauvreté et améliorer les niveaux de vie.  Le Gouvernement, a indiqué le représentant, a accordé la priorité à l’autonomisation des femmes et à l’implication à leurs côtés des hommes comme agent du changement politique et du développement économique.  Dans ce cadre, le Lesotho va concentrer ses efforts sur la participation politique des femmes et continuer à souligner le rôle important du secteur privé et du partage des pratiques exemplaires aux niveaux national et international. 

Mme SOFIA BORGES (Timor-Leste) a indiqué que l’importance de l’égalité entre les sexes pour l’avenir du pays est soulignée dans le Plan stratégique de développement 2011-2030 qui met également l’accent sur l’égalité hommes-femmes.  Le Timor-Leste a d’ailleurs, s’est enorgueillie la représentante, le taux le plus élevé de femmes parlementaires de la région Asie-Pacifique, avec 38% de députées après les élections de 2012, soit supérieur au taux fixé par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La représentante a attribué ce succès à l’impact positif du système des quotas.  Parmi d’autres progrès, le pays est actuellement en train de rédiger le plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité.  La représentante a salué l’intégration d’un objectif sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans les objectifs de développement durable pour l’après-2015 et a fermement appuyé la campagne « HeforShe ».  Elle a annoncé que son pays entend investir à long terme dans les mécanismes et programmes contre la violence faite aux femmes et mieux sensibiliser les garçons et les hommes, la justice, les fonctionnaires, les organes de maintien de l’ordre et les leaders religieux à l’importance qu’il y a à mettre fin à ce cercle de la violence dans la famille et dans la société. 

M. RAYMOND SERGE BALÉ (Congo) a déclaré qu’en Afrique, comme au Congo, la problématique hommes-femmes se nourrit du terreau fertile de l’engagement politique de ses dirigeants dont témoigne la Décision des chefs d’États et de gouvernement de l’Union Africaine qui ont déclaré l’année 2015 « Année de l’autonomisation des femmes et du développement de l’Afrique pour la concrétisation de l’Agenda 2063 ».  Le Gouvernement congolais reste fermement engagé en faveur de l’autonomisation de la femme et l’égalité entre les sexes parce que les femmes sont le véritable ressort de la paix et  du développement durable, et c’est fort de cet engagement que des avancées significatives ont pu être réalisées depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing.  Le représentant a parlé d’une foire organisée le 8 mars sur le thème « Investissons dans la femme rurale et la jeune fille pour un avenir meilleur dans la stabilité et la paix » dans le cadre d’un partenariat public-privé-société civile. 

Les progrès, « bien que notables », ne peuvent occulter les nombreux défis auxquels la femme congolaise reste encore confrontée, a souligné le représentant.  Pour y remédier il faut des politiques plus hardies, notamment par des mesures qui visent à briser les préjugés socioculturels profondément ancrés dans les mœurs.  Au Congo, les stratégies pour surmonter ces obstacles sont déclinées dans le plan d’action de mise en œuvre de la politique nationale « genre » entre autres, en termes d’amélioration du statut social de la femme, de l’intégration du genre dans les institutions, programmes et projets de développement, d’amélioration de la productivité des femmes pour un accroissement de leurs revenus, d’amélioration de l’accès aux services sociaux; de la participation équitable à la gestion du pouvoir; du respect des droits et de la suppression des violences et du renforcement des capacités du mécanisme national genre.

Mme ANNE SIPILÄINEN, Sous-Secrétaire d’État de Finlande, a estimé qu’au cœur de l’autonomisation des femmes, et donc du développement durable, se trouvent les droits sexuels et reproductifs, qui doivent être considérés comme des droits fondamentaux.  Lorsque nous parlons du chômage des jeunes, a-t-elle poursuivi, nous parlons en fait du chômage des jeunes hommes.  Mais le chômage des jeunes femmes est encore plus élevé avec ses conséquences souvent cachées comme une dépression annonciatrice de marginalisation.  Nous devons continuer nos efforts pour une meilleure éducation et pour l’égalité des chances au travail mais aussi contre la discrimination ouverte et cachée.

Après avoir exprimé son attachement à la mise en œuvre complète de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, qui sort les femmes de leur carcan de victimes, la représentante a estimé que si elle sont bien appliquées dans le monde entier, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes seront les éléments les plus porteurs de transformations du programme de développement pour l’après-2015.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a jugé important de mieux diffuser l’agenda sur les femmes, la paix, la sécurité.  L’Arménie, a-t-il dit, appuie la participation des femmes aux processus de paix à tous les niveaux.  Le Gouvernement a réussi à intégrer les filles déplacées et réfugiées qui ont été forcées de fuir après l’agression et la guerre des années 80 et du début des années 90.  Avec la collaboration des partenaires internationaux, quelques activistes de ces groupes de femmes ont été formées à la paix et à la sécurité.  Le représentant a tenu à mettre l’accent sur la contribution « importante » des femmes de la diaspora au développement économique et social de leur pays d’origine.  Le Gouvernement est conscient du rôle très compétent que les Arméniennes de la diaspora peuvent jouer comme « ponts vivants » des connaissances et des expériences et de la promotion du discours national sur l’autonomisation et les questions qui affectent le pays.  Les femmes de la diaspora et celles qui sont restées au pays peuvent s’influencer et se renforcer, et établir des synergies avec le but commun de renforcer l’autonomisation, l’égalité entre les sexes et la participation dans tous les domaines de la vie publique tout en préservant la culture et les traditions.  Il y a quelques jours, a rappelé le représentant, la Mission permanente de l’Arménie a coorganisé une manifestation parallèle sur le thème « Les femmes et la diaspora: du passé à l’après-2015 ».

Mme DEBORAH BARKER-MANASE, Chargée d’affaires des Îles Marshall, a dit que deux décennies après Beijing, des difficultés demeurent: l’accès inégal à l’emploi, l’écart salarial, le fardeau lourd et disproportionné du travail non rémunéré dans l’économie du foyer, la disparité croissante entre les revenus, exposant les femmes et leurs familles à un risque élevé de pauvreté.  Seules 35% de femmes sont dans la population active, ne gagnant que 70 centimes sur un dollar gagné par un homme.  Les disparités salariales semblent s’atténuer dans le secteur public et les femmes fonctionnaires accèdent de plus en plus à des postes de responsabilité.  Malgré cela, les Îles Marshall accusent toujours le taux le plus bas au monde de femmes élues.

La représentante a aussi fait part d’une étude qui indique que, dans son pays, 51% de femmes ont été victimes de violence de la part de leur partenaire. Nous avons besoin d’une aide d’urgence de la communauté internationale au niveau local et à la base pour mieux renforcer la lutte contre la violence domestique, a dit la représentante qui a aussi parlé du taux le plus élevé au monde de grossesses chez les adolescentes, dans un pays qui compte le deuxième nombre le plus élevé de jeunes dans la région du Pacifique.  Nous devons, a-t-elle reconnu, combattre les facteurs culturels et sociaux qui ont limité l’exercice des droits sexuels et reproductifs et pour cela, nous avons besoin du soutien des partenaires clefs et du système des Nations Unies non seulement pour les outils politiques mais aussi à petite échelle au niveau local.  La représentante a terminé en rappelant que son pays fait aussi face aux défis posés par les changements climatiques non seulement en matière de développement mais aussi de sécurité.  Elle a attiré l’attention sur la Déclaration de Majuro qui appelle la Conférence de Paris de décembre 2015 à adopter un agenda ambitieux.

Mme MARTINA VUK, Secrétaire d’État auprès du Ministre du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, s’est dite convaincue que son pays peut efficacement promouvoir et renforcer l'égalité des sexes par une action systématique et continue.  À cette fin, la Slovénie entend adopter cette année un nouveau document stratégique à moyen terme qui est le Programme national pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2015-2020.  Avec ce document, nous établissons de nouveaux engagements.  Mme Vuk a dit que l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 présente une occasion unique de véritablement mettre en œuvre les engagements de Beijing et de donner aux femmes et aux filles leur place.  Pour cela, il faut assurer que, dans ce programme, l’égalité entre les hommes et les femmes, les droits des femmes et des filles et leur autonomisation, entre autres, constituent un objectif à part entière, à intégrer dans les autres objectifs.  Le nouveau programme doit aussi traiter de la violence faite aux femmes et de l’égalité d’accès à l’éducation, aux ressources, aux opportunités économiques et à la prise de décisions dans toutes les sphères de la vie, sans oublier la répartition équitable des tâches domestiques.  Le programme doit également reconnaître la contribution des organisations de femmes et de la société civile, l’importance des données fiables et la nécessité d’améliorer les systèmes de suivi et d’évaluation pour voir les progrès et identifier les goulets d’étranglement.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a estimé que des enjeux importants demeurent dans la mise en œuvre de la plateforme d’action de Beijing.  Des femmes sont toujours victimes de discriminations et de violences, en particulier celles qui vivent sous occupation étrangère.  Elle a évoqué la situation particulièrement difficile des femmes palestiniennes dans les territoires occupés.  Cette réunion est importante, selon elle, pour permettre aux femmes de réaliser leurs droits, y compris le droit à un travail décent et à la protection sociale.  Ces éléments devraient être intégrés dans tous les plans et programmes nationaux.  Le Qatar a toujours œuvré en ce sens comme le reflète sa Vision nationale à l’horizon 2030.  Au moment où tous les États discutent du programme de développement pour l’après-2015, ils doivent garder à l’esprit que c’est une occasion historique de faire avancer la question de l’autonomisation socioéconomique des femmes et l’égalité entre les sexes.  La représentante a également appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a souligné que le programme de développement pour l’après-2015, qui va être adopté en septembre prochain, représente une occasion unique de placer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme au cœur de l’action globale pour le développement durable, la paix et la sécurité et les droits de l’homme.  Il a plaidé pour l’établissement d’un objectif unique sur l’égalité des genres et les droits des femmes, ainsi que leur autonomisation, de même qu’il a prôné que des cibles et indicateurs liés au genre soient intégrés dans tous les autres objectifs du programme. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que la notion qui veut que « le progrès de la femme est le progrès humain » est au cœur de la politique de la Croatie, un pays qui vient d’élire sa première Présidente.  Le représentant a estimé que pour aller de l’avant, il faut une nouvelle culture politique plus favorable à une participation égale des femmes et qui change les stéréotypes et les comportements des décideurs et de la société dans son ensemble.  Pour réussir, il faut « certainement » plus de femmes en politique et dans les affaires mais il faut aussi des hommes pour les appuyer dans leur lutte.  Tout ceci est fondamental pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, qui ne peut réussir sans s’attaquer à la question de l’égalité entre les sexes, a tranché le représentant.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déclaré qu’il y a encore de nombreuses femmes et filles qui hurlent à cause de la violence commise contre elles par l’« occupation sioniste de la bande de Gaza », et de nombreuses familles syriennes et iraquiennes qui ont été forcées de se déplacer du fait du régime brutal qui n’hésite pas à « massacrer son propre peuple ».  Il a appelé la Commission à prendre des mesures humanitaires urgentes pour venir en aide aux femmes et enfants qui sont exposés à la violence et qui vivent sous occupation ou dans des zones de conflit.  Il a affirmé que l’Arabie saoudite a mis en place de nombreuses lois qui garantissent la protection des femmes et le respect des droits des filles.  L’Arabie saoudite a gagné la reconnaissance internationale dans la liste des 100 meilleures femmes d’affaires du monde publiée par le Financial Times de Londres et par un autre classement du magazine financier américain Forbes, s’est félicité M. Al-Mouallimi.  Le représentant a aussi salué la participation des femmes du pays aux activités du Centre Roi Abdullah pour le dialogue national, avec une diffusion en direct à la télévision, permettant ainsi aux femmes de donner leur avis sur des sujets culturels et sociaux du pays.  Sur le plan politique, il a déclaré que 30 Saoudiennes ont été nommées au Conseil de la Choura, l’organe consultatif officiel du pays, avec les mêmes droits que les 120 hommes qui en font partie.  En outre, le royaume a ratifié la CEDAW et va bientôt publier son second rapport national d’examen sur ce sujet qui va mettre en lumière les avancées des femmes saoudiennes en matière de droits de l’homme.  Il a par ailleurs cité des lois contre la violence et les trafics humains, ajoutant que le pays vient de décider que le sport fait désormais partie du curriculum de formation des filles à l’école.

M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé qu’en tant que petit État insulaire et jeune nation musulmane, les Maldives ont connu une transformation rapide, en dépit des défis posés par les changements climatiques.  Il a fait part des progrès en matière d’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes, avant d’inviter la communauté internationale à se demander « qu’est-ce qui retarde d’autres progrès? »  Il a en effet retenu les conclusions du Secrétaire général qui prévient qu’à ce rythme, il faudra 81 ans pour parvenir à l’égalité totale.  Dans le cas des petits États insulaires, l’obstacle majeur est lié aux changements climatiques dont les conséquences touchent en premier lieu les femmes qui composent déjà la majorité des pauvres et qui n’ont ni les ressources financières, ni les compétences et ni les technologies pour renforcer leur résilience.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur les circonstances aggravantes que sont les obstacles socioculturels qui empêchent les femmes de dépasser leurs rôles traditionnels et d’arracher le pouvoir de décider.  La problématique femme n’est pas seulement une priorité parmi les 17 objectifs du projet de programme de développement pour l’après-2015.  C’est une question transversale.  Abandonnons les approches compartimentées, a dit le représentant, en appuyant à son tour un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’intégration de la thématique dans tous les autres objectifs.

Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a appelé la communauté internationale à s’assurer que le Programme d’action de Beijing soit bien intégré dans le nouveau programme de développement qu’il s’agisse de la Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe, de celle sur le financement du développement ou du Sommet de Paris sur les changements climatiques.  Elle a relevé que malgré des progrès en matière d’égalité des sexes, la violence contre les femmes reste à un niveau « inacceptable ».  Il faut que la Conférence internationale sur le financement du développement donne les moyens de mise en œuvre, y compris un mécanisme pour faciliter l’accès aux technologies afin de soutenir l’autonomisation technologique des femmes et des filles.

L’aide publique au développement (APD) demeure une source importante de financement pour les pays en développement, a insisté la représentante.  Pendant que les pays mettent en place leur mécanisme de promotion de la femme, il revient à la communauté internationale d’améliorer la gouvernance, la transparence et la redevabilité des institutions financières internationales pour contenir les chocs systémiques et éviter aux économies des îles des stress financiers qui menacent les acquis dans la réduction de la pauvreté et la consolidation de la paix.  La représentante n’a pas manqué de souligner que les changements climatiques et les catastrophes naturelles continuent d’imposer un fardeau immense au budget des pays comme le sien.  Il nous faut, a–t-elle dit, un instrument juridiquement contraignant pour assurer notre survie et la Conférence sur le financement du développement doit prévoir des moyens adéquats, tout comme le Sommet sur le prochain programme de développement.

Au moment où le pays fait face à de graves défis financiers et sociaux, a déclaré Mme NAFSIKA NANCY VRAILA (Grèce), il est conscient que les femmes sont particulièrement vulnérables.  Avec cette grave crise du chômage, la priorité est de faire en sorte que les femmes gardent leur emploi et de mettre en œuvre des programmes centrés sur les gens dont le statut professionnel est menacé.  Garder les femmes actives sur le marché du travail est vital pour que la société grecque maintienne son équilibre mais cela contribue aussi largement à la relance de l’économie.  La représentante a souligné que la stratégie nationale pour la promotion de l’égalité entre les sexes vient d’être réactualisée pour répondre aux défis émergents et aux priorités sociales. 

Le nouveau cadre 2014-2020 a comme priorités l’égalité d’accès des femmes à l’emploi, l’autonomisation des femmes rurales, la prévention de la féminisation de la pauvreté, la lutte contre toutes les formes de violence fondée sur le sexe, l’intégration de la dimension genre dans les questions de santé et de protection sociale, la participation égale des femmes à la vie publique, la lutte contre la discrimination et les stéréotypes, et l’intégration de la dimension genre dans les politiques publiques.  Pour assurer une bonne mise en œuvre, le pays a lancé un projet de mécanisme de suivi qui non seulement suivra les politiques du Gouvernement et des autorités locales mais prévoira aussi un système de notation pour évaluer l’impact des politiques.

M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a annoncé que le processus de retrait de la dernière réserve de l’Autriche à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) est presque terminé.  La réserve stipulait « L’Autriche se réserve le droit d’appliquer la disposition de l’article 11, s’agissant de la protection spéciale des femmes qui travaillent, dans les limites établies par la législation nationale ».  Le représentant a cité les mesures prises par son gouvernement en faveur de l’autonomisation des femmes, sans cacher les défis comme l’écart salarial qui est l’un des plus importants d’Europe et la sous-représentation des femmes dans les postes de responsabilité.  Il a reconnu que l’une des principales causes qui empêchent les femmes et les hommes d’exploiter pleinement leur potentiel reste les stéréotypes et les rôles sociaux.  Le Gouvernement y travaille et sur le plan international, il a, entre autres, organisé en novembre dernier un Symposium sur « le renforcement du rôle des femmes dans la paix et la sécurité ».

En coopération avec l’ONU-Femmes, l’Autrice a mis l’accent sur les aspects « sous-développés » de l’agenda sur les femmes, la paix, la sécurité à savoir les questions liées à une analyse des conflits intégrant la dimension genre et au rôle des médias dans la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Les discussions ont conclu à l’importance d’intégrer effectivement la dimension genre dans les politiques étrangères et de sécurité pour améliorer la pertinence de l’analyse des conflits et des évaluations et renforcer l’efficacité opérationnelle des missions de la paix.  Concluant sur le programme de développement pour l’après-2015, le représentant a voulu que l’on tire les leçons des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que l’on reconnaisse un simple fait: pour réaliser les objectifs fixés, il faut placer les femmes et les filles au centre des efforts.  Il a donc réitéré son appui à un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et à l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs. 

Mme EDNA FILOMENA BARRETO (Cabo Verde) a rappelé que 2015 marque le quarantième anniversaire de l’indépendance de son pays et que pendant cette période, son gouvernement a opté pour des politiques de développement centrées sur la personne et a fait de l’égalité hommes-femmes ainsi que du respect des droits de la femme l’une de ses priorités.  À cet effet, un certain nombre de lois, de programmes et de politiques a été adopté pour intégrer une approche « genre et autonomisation des femmes » dans tous les domaines critiques définis par le Programme d’action de Beijing. 

Parmi les succès, la représentante a cité la deuxième place qu’occupe le Cabo Verde dans le dernier rapport de l’Union interparlementaire, avec 52,9% de femmes ministres, dont les ministres des finances, de la santé, de l’intérieur, de l’éducation et de l’emploi.  Pour la première fois, une femme dirige l’un des partis politiques les plus importants, ce qui peut laisser espérer que le prochain premier ministre sera une femme.  Mais au Parlement, les femmes stagnent toujours à 20,8%, en dépit de la politique du quota de 30% du Code électoral.  À son tour, la représentante a appuyé l’inclusion d’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015, assorti de cibles et d’indicateurs « clairs, concis et quantifiables ».

Mme PEI-FEN HSIEH (Tuvalu) a dit que les changements climatiques continuent d’être une menace grave pour la survie de son peuple et compliquent les efforts pour réaliser les objectifs de développement.  Les différents aspects des changements climatiques ont sérieusement compromis les droits du peuple, en particulier les plus vulnérables, les femmes et les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Hier, le Gouvernement de Tuvalu a déclaré l’état d’urgence pour une semaine, après les dégâts causés pendant trois jours par le cyclone Pam. 

La représentante s’est dite convaincue que tous les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs aux femmes seront sans doute réalisés

 étant donné que le pays n’a cessé d’intégrer les droits de la femme dans tous les cadres juridiques.  Mais sur le plan économique, le défi reste de trouver des opportunités d’emplois pour ceux qui vivent en deçà du seuil de pauvreté, et la tâche est difficile, compte tenu des contraintes structurelles, de l’ouverture de l’économie et de la vulnérabilité aux chocs extérieurs.  La récente crise économique mondiale a fait perdre plus de 50% du marché des gens de mer même si ces pertes ont été temporairement compensées par le marché du travail en Australie et en Nouvelle-Zélande.   

Mme JANE MKHONTA-SIMELANE, Directrice du Département du genre et des questions de la famille au Cabinet du Vice-Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que 2015 présente une occasion de faire le point sur les progrès de ces 20 dernières années.  Elle a réaffirmé la détermination de son pays à consolider ses progrès « considérables ».   La Constitution consacre la protection et la promotion des droits et libertés fondamentaux de tous et son chapitre 3 porte sur la promotion et la protection des femmes et des enfants.  Le Gouvernement a promulgué et amendé un certain nombre de lois importantes comme celles sur la protection des enfants et l’assistance publique; la contrebande et la traite des personnes, et sur le cadastre.  Le Gouvernement a également mis en place une équipe spéciale sur la lutte contre la violence et la traite des êtres humains.  Il est déterminé à renforcer toutes ces structures pour garantir à tous la dignité et la pleine jouissance des droits humains, a affirmé la représentante.

La santé maternelle fait partie intégrante du programme de développement, y compris la lutte contre la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, et l’accès à la santé sexuelle et reproductive.  Le Swaziland a également atteint l’objectif de l’éducation gratuite pour tous et à tous les niveaux, les moins de 20 ans représentant 52% de la population.  Avec un tel taux, le Gouvernement a bien l’intention de récolter le dividende démographique en investissant dans les jeunes.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que l’objectif d’éradication de la pauvreté, en particulier l’extrême pauvreté, est au cœur des préoccupations du Saint-Siège.  Il a attiré l’attention sur des études qui ont montré que la fragilité des structures familiales et le déclin du nombre de mariages parmi les populations pauvres sont très étroitement liés à la pauvreté chez les femmes.  Des mères élèvent seules leurs enfants et d’autres en situation de détresse ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école, les piégeant dans le cercle vicieux de la pauvreté et de la marginalisation.  S’il est vrai que les gouvernements et la société ne créent pas les familles, ils ont un rôle crucial à jouer pour appuyer des familles saines et renforcer le rôle parental.  De nombreux rapports du Secrétaire général montrent la centralité de la famille dans la réduction de la pauvreté et le développement durable. 

Un monde où les femmes sont marginalisées est un monde stérile, a dit l’observateur en paraphrasant le pape François.  Non seulement la femme porte la vie mais elle transmet la faculté de voir les choses autrement, de comprendre le monde avec un regard différent.  La contribution de la femme à un monde meilleur est aussi la générosité de servir gratuitement et d’inclure, plutôt que d’exclure. 

Mme SOMAIA BARGHOUTI, Observatrice permanente de l’État de Palestine, a déclaré que, guidée par le Programme d’action de Beijing, et malgré les défis et les obstacles de l’occupation israélienne et de ses pratiques et politiques oppressives, la Palestine a réussi à obtenir des résultats s’agissant de l’autonomisation des femmes, de l’élimination de la discrimination, du renforcement du rôle des femmes dans la société et de la lutte contre la violence fondée sur le sexe.  L’État de Palestine a promulgué des lois et en a amendé d’autres pour obtenir ces résultats.  Il a aussi eu l’honneur d’accéder en 2014 à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et à celle sur les droits politiques des femmes, et cela, sans aucune réserve, s’est enorgueillie l’observatrice.  Toutes les composantes de la société palestinienne, et à tous les niveaux, ont fait des progrès tangibles s’agissant du rôle de la femme dans la société.  Ces 20 dernières années, la situation de la Palestinienne et de sa famille s’est vraiment améliorée dans plusieurs sphères de la vie. 

Après avoir donné des exemples assortis de chiffres, l’observatrice a souligné que malgré ces progrès, l’actuelle crise politique, humanitaire et socioéconomique dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, a atteint un niveau « alarmant », compromettant toutes les chances de parvenir à la croissance économique, à la prospérité et à la participation des femmes à l’économie.  Les pratiques et politiques illégales d’Israël continuent d’avoir un effet « dévastateur » sur la promotion de la femme palestinienne et d’augmenter les taux de pauvreté, l’insécurité alimentaire et la violence contre les femmes.  L’occupation elle-même est une énorme source de violence contre les femmes et les filles.  Elle ne fait aucune différence entre un homme et une femme, ni entre un vieux et un enfant.  C’est une politique de violence raciale qui tue, arrête et attaque avec impunité, en violation fragrante du droit international et les conventions et normes internationales, a dénoncé Mme Barghouti. 

Parlant au nom des 60% de femmes qui ne peuvent pas contribuer aux décisions sur l’environnement, au nom des 80% de femmes qui ne peuvent pas occuper des postes de responsabilité dans les ministères de l’environnement et au nom des 96% de femmes qui n’ont aucune voix au Conseil mondial de l’énergie, Mme LORENA AGUILAR, Conseillère principale pour l’égalité des sexes de l’Union internationale pour la conservation de la nature, a demandé si le chapitre K du Programme d’action de Beijing relatif aux femmes et à l’environnement est un chapitre isolé.  Non, a-t-elle répondu, il est intrinsèquement lié aux autres.  Les femmes, a-t-elle rappelé, représentent 43% de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement et deux tiers des 600 millions d’éleveurs pauvres dans le monde.  Pourtant, elles n’ont ni l’accès ni le contrôle des ressources, des terres et des services.  Ce sont les femmes et les filles qui, dans le monde, passent 140 millions d’heures par jour à puiser de l’eau.  Ce sont elles qui connaissent les plantes médicinales et les sources alternatives de nourriture et pourtant, elles sont excluent de la gouvernance officielle des forêts.  En Afrique, en Asie et en Amérique latine, les femmes dirigent des petites sociétés d’énergie et mènent des activités novatrices, et pourtant aucun mécanisme de financement ne parvient jusqu’à elles, même si leurs « petites » idées transforment déjà leurs communautés.

Les questions de l’environnement doivent être au cœur de la lutte pour l’égalité entre les sexes, a insisté l’oratrice.  Quand cette égalité est effectivement intégrée aux projets environnementaux, les résultats peuvent vraiment être porteurs de transformations comme au Népal où, dans un projet de conservation, on a reconnu qu’il fallait traiter de la violence contre les femmes pour qu’il réussisse ou au Cameroun quand un projet sur la forêt a fini par être le moteur d’une révolution totale de la législation sur la propriété foncière. 

Mme LYDIA NSEKERA, Comité international olympique (CIO), a estimé qu’« réalité, un nombre trop élevé de femmes ont, à l’heure actuelle, moins de liberté et moins de droits qu’elles n’en possédaient en 1995 ».  Elle a rappelé qu’à Beijing, les délégués ont reconnu que le sport peut constituer un instrument puissant pour servir la cause de l’égalité sous toutes les formes.  « Le sport est un tremplin pour la justice sociale ».  Le sport, a-t-elle expliqué, remet en question les normes liées au sexe et combat les stéréotypes néfastes.  Les Jeux olympiques ont montré ce que le sport peut accomplir pour les femmes qui y participent depuis 1900, c’est-à-dire bien avant d’obtenir le droit de vote dans la plupart des pays et à une époque où de nombreuses athlètes olympiques féminines prenaient part aux compétitions malgré une très ferme désapprobation de la société. 

La représentante a aussi souligné le rôle essentiel du sport dans la lutte contre les maladies transmissibles qui tuent 38 millions de personnes chaque année, sans compter les 170 millions qui luttent contre la double menace de l’obésité et du diabète.  Il est clair, a-t-elle poursuivi, que l’éducation physique constitue un moyen pédagogique puissant pour transmettre aux enfants et aux adolescents des compétences pratiques et des aptitudes sociales ainsi que pour les aider à adopter des attitudes positives, à acquérir des valeurs solides et à développer une force morale.  Le sport, a-t-elle ajouté, favorise l’estime de soi, une bonne image de soi, la fierté et la confiance en soi, le désir d’émancipation et d’autonomisation.  S’agissant de la violence, la représentante a cité un projet du HCR en Ouganda, qui a pris appui sur un programme sportif pour les jeune hommes et femmes dans le but d’encourager le jeu d’équipe et la coopération.  Ce projet comportait des cours destinés à dissuader les hommes de recourir à la violence sexuelle et sexiste et des initiatives similaires ont été lancées au Panama, au Venezuela et au Kenya.  Dépenser de l’argent pour le sport n’est pas un luxe.  Il s’agit d’un investissement amplement rentable dont le rendement prend de nombreuses formes, tels des coûts réduits en matière de santé, des travailleurs plus productifs, des économies plus fortes et des vies plus heureuses, plus saines et plus longues.  Alors que nous abordons le programme de développement pour l’après-2015, penchons-nous sur la manière dont nous pourrions exploiter pleinement tout le potentiel du sport pour atteindre nos objectifs, a déclaré la représentante.

Mme MARGARET MENSAH WILLIAMS, Union interparlementaire (UIP), est revenue sur la manifestation récente organisée sur le thème « le Parlement pour l’égalité des sexes » à laquelle ont participé plus de 200 personnes de plus de 44 pays.  La réunion a débouché sur certaines questions prioritaires comme le rôle des parlements dans le plein respect des droits de la femme ou encore la bonne gouvernance démocratique.  Les femmes doivent s’approprier leur destin et leurs corps et il revient aux parlements de consigner cela dans des lois fortes dont la bonne application dépend des moyens qui seront mis à disposition.  Les lois en tant que telles ne peuvent rien, sans la volonté politique au niveau décisionnel.  La représentante a salué le fait que la représentation des femmes au sein des parlements ait augmenté, mais il faut aller plus loin, notamment grâce à des quotas pour les postes électifs. 

Mme ESTHER ISSA SOKO, Ministre de la femme, de l’action sociale et de la solidarité nationale du Tchad, a déclaré que le Tchad, comme les autres États, a réalisé des progrès notables mais des défis importants restent encore à surmonter.  Au niveau national, 71,5% de femmes de 20 à 24 ans sont mariées ou vivent maritalement avant leurs 18 ans.  Pour lutter contre ces pratiques, le chef de l’État lancera le 14 mars, la campagne « 0 mariage d’enfants » à l’horizon 2020, et pour mieux organiser la mise en œuvre de cet engagement, il lancera le même jour, une action qui mobilisera tous les acteurs et conduira à l’adoption d’une loi spécifique.  Le Tchad, a poursuivi la Ministre, est à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme en intervenant au Mali, au Cameroun et au Nigéria, pour lutter contre la « nébuleuse Boko Haram » et contre l’obscurantisme qui impacte négativement la vie des millions de femmes qui voient quotidiennement leurs droits déniés: droit à l’éducation, à la participation ou de choisir son conjoint.

Si les soldats tchadiens réussissent leurs missions, a indiqué Mme Soko, c’est grâce aux moyens que le pays déploie pour leur formation et la mise à leur disposition des équipements adéquats.  Mais le coût grève fortement le budget national et n’est pas sans conséquence sur le financement des mécanismes de promotion de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation de la femme.  « Nous lançons un appel aux pays amis et à la communauté internationale aux fins d’appuyer le Tchad dans ce combat pour la paix et le développement », a exhorté la Ministre qui a aussi parlé de l’inauguration le 1er mars dernier, de la Maison de la femme, cadre d’échange et de formation de la femme tchadienne ainsi que d’écoute des femmes victimes de violence basée sur le genre.  Elle a aussi évoqué le Conseil national des femmes leaders (CONAF) qui est un « tournant essentiel » dans la participation de la femme dans les instances de prise de décisions.

Mme SALMA NIMS, Secrétaire générale de la Commission nationale jordanienne pour les femmes, est revenue sur la situation des femmes dans les zones de conflit et le document que sa commission a soumis à la Commission de la condition de la femme lequel ne représente pas uniquement la position de son gouvernement mais également celle de toute la société jordanienne.  Elle a expliqué que l’afflux de 1,4 million de réfugiés syriens en Jordanie avait mis à mal la capacité de son gouvernement d’assurer la qualité des services offerts aux Jordaniens, et en particulier aux femmes.  S’agissant de la situation des femmes, il y a eu des réformes législatives importantes et la participation des femmes au Parlement, au Gouvernement et dans les municipalités a augmenté.  Dans l’éducation, le taux des femmes dans les universités a également augmenté et il y a eu de véritables progrès en matière d’accès aux soins de santé.  Il n’en demeure pas moins que les femmes sont toujours plus touchées que les hommes par la pauvreté et le chômage et que l’accès aux services sociaux est particulièrement difficile en milieu rural.  La représentante a demandé à la communauté internationale de tenir compte de la situation en Jordanie.  Elle a encouragé des partenariats privé-public, compte tenu en particulier du déficit budgétaire du Gouvernement jordanien.

Mme RUMBIDZAI KANDAWASVIKA-NHUNDU  Représentante de l’Institute for democracy and electoral assistance (IDEA), a déclaré que beaucoup de chemin reste à faire dans tous les domaines de la vie pour la réalisation des droits de la femme.  Il faut maintenant passer de la parole aux actes, a-t-elle exhorté.  Sur le plan politique, elle a demandé des politiques durables visant à éliminer les inégalités à long terme.  Elle a suggéré aux hommes de desserrer l’étau dans l’exercice du pouvoir et d’inclure les femmes dans le processus démocratique.  Elle a aussi déploré que dans certains pays, les inégalités et la discrimination à l’égard des femmes sont tellement flagrantes qu’elles figurent même dans la loi.  Il faut agir pour mettre fin à cette situation, a réitéré la représentante.

Droits de réponse

La représentante d’Israël a réagi aux accusations « infondées » de certains pays qui sont ceux qui oppriment le plus les femmes.  Le Moyen-Orient est marqué par une tyrannie où les femmes y sont mises à mal par des régimes autoritaires.  Revenant à l’intervention de la représentante palestinienne, elle a dénoncé le fait que le 8 mars, le Président Abbas a décidé de rendre hommage à la « terroriste palestinienne » Amna Mouna, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.  Ce qui apparait clairement, a-t-elle estimé, c’est que les Palestiniens « accusent facilement Israël mais n’assument jamais leurs actes ».  Il est important de dire la vérité et il est temps de reconnaître qu’en termes de droits de la femme, Israël est un exemple et un îlot de démocratie.  Pensons à l’avenir et demandons à ces pays de se concentrer sur leurs efforts pour autonomiser leurs propres populations, a-t-elle conclu.

Son homologue de l’État de Palestine a répondu que tous les éléments qu’elle a cités sont tirés non pas des statistiques palestiniennes mais des documents officiels de l’ONU.  Elle a accusé Israël d’avoir commis des crimes de guerre et a jugé « ironique » qu’il s’attaque à des femmes qui luttent pour leur liberté et leur indépendance.

La représentante de la Syrie a réagi aux « allégations » de l’Arabie saoudite qui « regrette la situation des droits de l’homme en Syrie » alors même que les Saoudiennes ne peuvent exercer leurs droits fondamentaux et encore moins se mettre au volant.  Le régime saoudien pratique la discrimination contre les femmes, a dit la représentante qui s’est attardée sur les « pratiques criminelles » contre les femmes dont des mineures qui vivent dans les camps de réfugiés à la merci des mariages forcés et précoces ainsi que des viols.  Elle a rappelé qu’aujourd’hui, le Ministère saoudien de l’intérieur a même décidé de légitimer la traite des orphelines palestiniennes.  Elle est également revenue aux « éléments de preuve » des incitations au terrorisme et à la haine du régime saoudien, un régime qui attise les tensions religieuses dans la région, entraînant l’apparition de groupes terroristes religieux.  Elle a pointé un doigt accusateur sur un régime qui a inculqué des idées takfiries pendant des années à des millions de musulmans dans le monde.

Table ronde sur le thème « Ressources disponibles pour la réalisation de l’égalité entre les sexes: bonnes pratiques et stratégies d’action pour l’avenir »

La table ronde était présidée par le Vice-président de la Commission, M. MOHAMED ELBAHI, et animée par la Directrice exécutive de « Gender At Work », Mme ARUNA RAO.

Quelles actions et quelles réformes politiques faut-il pour dégager les ressources nécessaires, au plan domestique?  Que doit-on attendre des financements innovants?  Quels partenariats faut-il pour faciliter les financiers?  Comment mobiliser aux mieux les donateurs traditionnels et nouveaux, qu’ils soient du secteur privé ou de la société civile?

Mme DIANE ELSON, Professeur émérite et spécialiste des questions de genre et du développement social à l’Université de l’Essex, a d’emblée attiré l’attention sur une étude qui a estimé le déficit dans le financement de l’égalité entre les sexes entre 73,2 et 83,2 milliards de dollars pour 2015.  « Ne nous leurrons pas, il y a beaucoup d’argent dans le monde mais là où le bât blesse c’est la mobilisation des fonds », a prévenu Mme Elson.  En 2011, a-t-elle dit, l’évasion fiscale dans le monde a été estimée 3 000 milliards de dollars, les pays en développement ayant perdu 946,7 milliards de dollars, soit plus de 7 fois le montant de l’aide publique au développement (APD) pour cette année-là.

Les gouvernements doivent s’associer pour mettre en place un système international de coopération fiscale.  Il est également primordial que le secteur privé participe au financement, en acceptant une hausse des impôts sur leurs bénéfices.  Si tous les pays en développement étaient en mesure d’imposer un impôt de l’ordre de 15% de leur revenu national, ils pourraient dégager au moins 198 milliards de dollars par an, a avancé Mme Elson.

Il ne suffit pas de mobiliser les fonds, a-t-elle reconnu, il faut encore les allouer de manière judicieuse pour renforcer leur impact sur les femmes et les filles.  Les ministres des finances doivent être associés aux décisions sur les investissements dans l’égalité entre les sexes, ce qui permettrait que dans les politiques budgétaires globales, il n’y ait rien qui sape la réalisation de cette égalité, comme une mauvaise politique fiscale.  Les ministres des finances sont « plus puissants » que les ministres de la condition féminine, c’est eux qui tiennent les cordons de la bourse.  À cet égard, elle a salué le fait qu’ONU-Femmes et la Banque mondiale soutiennent des pratiques communes pour les ministres des finances. 

Les modalités de financement du développement sont appelées à s’appuyer sur une gestion axées sur les résultats avec de objectifs bien déterminés en matière de réduction des inégalités et de développement durable et dans le cadre d’une démarche intégrée impliquant l’ensemble des parties prenantes.  C’est ce qu’a estimé M. MOHAMED CHAFIKI, Directeur des études et des prévisions financières au Ministère de l’économie et des finances du Maroc.  Il a jugé urgent de poser les jalons d’une nouvelle convergence entre le système des Nations Unies et les institutions de coopération bilatérales et multilatérales autour d’une stratégie commune prenant en compte les objectifs de développement après 2015.

M. Chafiki a noté que la budgétisation sensible au genre (BSG), en tant que dispositif opérationnel de gestion de l’action publique en faveur de l’effectivité de l’égalité et du respect des droits de l’homme, répond parfaitement aux exigences de cette nouvelle feuille de route.  À la veille de l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, il est opportun de procéder au renforcement de la coordination et de l’efficacité des politiques publiques, en respectant les logiques de proximité au plus près des besoins réels des différentes catégories de population et en sollicitant leur participation.  Il faudra consolider l’infrastructure institutionnelle pour permettre cette participation à l’élaboration, à l’exécution, au suivi et l’évaluation des politiques publiques.

 L’opérationnalisation de cette nouvelle vision du développement nécessite d’énormes besoins en matière de financement, a-t-il reconnu, ce qui exige une nouvelle ingénierie du financement de développement basée sur l’instauration d’un partenariat mondial fondé sur une vision intégrée privilégiant la convergence entre le système des Nations Unies, les institutions de financement internationales, les gouvernements et les ONG et le secteur privé.  Cela exige aussi la mobilisation des ressources domestiques et de l’APD, et l’adoption de nouvelles générations de constitutions financières, assorties de la réforme des lois organiques des finances et du partage des connaissances en matière de « gendérisation » des politiques publiques.

Le financement lorsqu’il est là, a dit Mme LYDIA ALPÍZAR DURÁN du Costa Rica, Directrice exécutive de l’Association pour les droits des femmes dans le développement (AWID), suppose des moyens d’évaluation de son impact réel.  Il faut mettre en place des indicateurs précis pour pister les ressources qui contribuent vraiment à l’égalité entre les sexes.  Elle s’est dite convaincue qu’il faut traiter de la question structurelle du financement, car il s’agit d’une question transversale du modèle de développement.  Il faut aborder le financement sous l’angle quantitatif et qualitatif, a-t-elle insisté.  Elle a évoqué la proposition de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) de mettre en place un fonds pour le financement de l’égalité entre les sexes qui serait constitué par l’APD.  « La philanthropie ne peut remplacer des flux réguliers », s’est-elle expliquée, en arguant qu’il faut pouvoir compter sur des fonds prévisibles d’origine fiscale et autre.  En la matière, la redevabilité est « fondamentale » pour s’assurer que les fonds promis soient effectivement déboursés et affectés à des projets pertinents.

La plus importante source de financement est et sera toujours les ressources domestiques, a souligné Mme PATTI O’NEILL, Directrice de Division l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  En 2012, en Afrique, a-t-elle affirmé, les rentrées fiscales représentaient 10 fois plus que le volume de l’APD.  Générer l’argent nécessaire à la réalisation de l’égalité des sexes requiert de nouveaux partenariats, y compris avec le secteur privé dont les investissements doivent s’aligner avec les priorités nationales sur l’égalité.  « Nous devons être plus courageuses et tenir nos gouvernements et le secteur privé responsables des résultats en matière d’égalité des sexes », a estimé Mme O’Neill.

Elle a invité les participants à se joindre à l’Initiative sur l’égalité entre les femmes et les hommes du Partenariat mondial lancé au Mexique et qui réunit les partenaires autour de quatre actions essentielles: aider les pays à renforcer leurs systèmes de suivi et d’allocations des fonds publics, encourager les donateurs à accroître leur appuis aux pays partenaires et à l’ONU-Femmes, approfondir le dialogue inclusif et démocratique avec toutes les parties prenantes et accroître le nombre des pays engagés dans l’évaluation de l’indicateur de l’égalité entre les sexes du Partenariat mondial.

La représentante de la Finlande a relayé l’appel à l’augmentation des contributions à l’ONU-Femmes.  Son homologue du Canada a plutôt mis le financement des communautés pour garantir l’égalité des sexes « à la maison ».  Il faut demander aux femmes comment on peut leur venir en aide et peut-être, pour ce faire, encourager leur entrée au parlement, a commenté la représentante du Tchad, avant que son homologue du Soudan du Sud ne propose de renforcer la dimension sexospécifique du financement humanitaire. 

Comme l’a dit la représentante de la Suisse « l’égalité a un prix mais les bénéfices à en tirer sont largement supérieurs ».  Une déléguée de la société civile du Soudan du Sud a demandé la mise en place d’un fonds international pour l’éducation primaire des filles.

Sont intervenus cet après-midi les représentants du Soudan, du Mexique, de la Chine, de l’Italie, de la Finlande, du Canada, de l’Union européenne, de la Suisse, du Réseau Christian Aid, du Mali, de l’Éthiopie, de Zonât international, de l’Iran, de l’Ouganda, du Tchad, du Mouvement FÉDÈRE, du Soudan du Sud, de l’Irlande, du Sri Lanka, du Forum des femmes du Soudan rural, et une coordinatrice d’une cellule genre du Sénégal.

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