Ouverture de la session de la Commission de la condition de la femme: 20 ans après la Conférence de Beijing, « aucun pays au monde n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes »
Vingt ans après la Conférence mondiale sur les femmes de 1995, à Beijing, « aucun pays n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes et à autonomiser pleinement les femmes et les filles. C’est ce que constate la Commission de la condition de la femme dans une « Déclaration politique » qu’elle a adoptée aujourd’hui au premier jour de ses travaux annuels qui devraient durer deux semaines.
Dans la « Déclaration politique », les Ministres et représentants de gouvernement constatent que les progrès ont été « lents et inégaux » et qu’il reste à combler des lacunes de taille et des obstacles, d’ordre structurel notamment. Aucun pays, disent-ils, n’est parvenu à instaurer l’égalité totale entre les sexes et à autonomiser pleinement les femmes et les filles. Les inégalités demeurent grandes entre femmes et hommes et entre filles et garçons, et de nombreuses femmes et filles subissent des formes multiples et convergentes de discrimination et connaissent la vulnérabilité et la marginalisation toute leur vie durant.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, n’a pas été le dernier à dénoncer des progrès d’une lenteur « inacceptable ». Depuis Beijing, tout a changé et rien n’a changé, a tranché l’ancienne négociatrice en chef de la Conférence mondiale sur les femmes, Mme Patricia B. Licuanan. Les questions telles que la santé et les droits reproductifs et celles de l’orientation et l’identité sexuelles sont toujours aussi controversées.
Mais, a concédé celle qui est maintenant Ministre de l’enseignement supérieur des Philippines, les choses ont tout de même changé. Alors qu’à Beijing, on se demandait ce que les femmes avaient à voir avec l’environnement, aujourd’hui, un nombre important de pays lient l’environnement et les changements climatiques au rôle des femmes dans la protection de la planète et la gestion des catastrophes.
Nous sommes ici, a estimé le Secrétaire général de l’ONU, pour profiter de cette année cruciale et faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes. Pour être véritablement transformateur, le nouveau programme de développement doit placer la femme au centre et en première ligne. Je vous mets au défi, a-t-il dit aux personnalités réunies, de travailler ensemble pour réaliser l’objectif 50/50 d’ici à 2030.
2015 est une chance qui n’arrive qu’une fois par génération, celle d’ancrer la question du genre dans les principaux programmes mondiaux de développement qu’il s’agisse de la troisième Conférence sur la réduction des risques de catastrophes, de celle sur le financement du développement, du Sommet extraordinaire sur le développement durable ou de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, a renchéri Mme Ellen Clark, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
À ces rendez-vous, Mme Pascale Boistard, Secrétaire d’État aux droits des femmes de la France et Présidente du Conseil de sécurité a ajouté l’examen de haut niveau du quinzième anniversaire de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.
N’oublions pas, a voulu le Secrétaire général de l’ONU, le rôle crucial des hommes pour changer les mentalités. Au XXIe siècle, les vrais hommes de pouvoir sont ceux qui croient en l’autonomisation des femmes et qui y travaillent. « J’encourage les hommes et les femmes à s’impliquer davantage pour aider à briser les stéréotypes et les normes et pratiques sociales discriminatoires », a dit en écho le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa. Travaillons pour partager les responsabilités à la maison aussi, a encouragé l’Administratrice du PNUD.
Les alliés et les amis peuvent avoir différentes formes et tailles. Nous les voulons tous, a affirmé la Ministre philippine de l’enseignement supérieur. Nous devons nous faire des amis, développer des partenariats et identifier les champions de notre cause. Nous devons revitaliser l’esprit de Beijing dont une des leçons est que la ténacité et la fermeté finissent toujours par payer.
Dans la « Déclaration politique », les Ministres et représentants de gouvernement s’engagent à prendre de nouvelles mesures concrètes en vue de l’application intégrale, effective et accélérée du Programme d’action de Beijing et, pour ce faire, à renforcer la mise en œuvre des lois, politiques, stratégies et activités programmatiques en faveur de l’ensemble des femmes et des filles; à renforcer l’appui fourni aux mécanismes institutionnels; à modifier les normes discriminatoires et les stéréotypes sexistes; à accroître les investissements; à mieux faire appliquer le principe de responsabilité; et à améliorer les dispositifs de renforcement des capacités.
En début de séance, la Commission a élu Mme Kanda Vajrabhaya, de la Thaïlande, à sa présidence. Elle sera épaulée aux vice-présidences par Mmes Pille Kesler, de l’Estonie, et Christine Low, de la Suisse, et MM. Mohamed Elbahi. du Soudan, et Ruben Zamora, de El Salvador.
La Commission poursuivra ses travaux demain mardi 10 mars à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Rapport du Secrétaire général sur l’examen et l’évaluation des suites données à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing et aux textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (E/CN.6/2015/3)
Dans ce rapport, le Secrétaire général souligne que le Programme d’action de Beijing, adopté en 1995, à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, constitue le cadre d’orientation mondial le plus complet en matière d’égalité des sexes, d’autonomisation des femmes et de défense des droits fondamentaux des femmes et des filles. Il rappelle qu’en 2000, l’Assemblée générale a adopté les « Nouvelles mesures et initiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing » dans lesquelles les gouvernements ont convenu de nouvelles étapes visant à promouvoir l’égalité des sexes.
En 2013, le Conseil économique et social a demandé à la Commission de la condition de la femme de se pencher sur les obstacles et sur les possibilités de faire progresser l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, en intégrant à ce texte une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes.
Le Secrétaire général avoue que le bilan de 20 ans de mise en œuvre du Programme montre que les progrès ont été d’une lenteur « inacceptable » et que la situation dans certains domaines n’a pas évolué, voire s’est détériorée: les lois discriminatoires perdurent dans de nombreux pays, l’élévation du niveau d’éducation des femmes et leur participation croissante au marché du travail ne se sont pas accompagnées d’une amélioration parallèle des conditions d’emploi et des perspectives de promotion, la violence à leur égard persiste sous de nombreuses formes et dans des proportions alarmantes, et leur participation à la prise de décisions, qui est déjà faible à tous les niveaux, est souvent en recul.
Malgré ces difficultés, convient le Secrétaire général, de nombreux pays ont accompli d’importants progrès. Nombre des transformations accomplies ont été le résultat de l’action menée par des mouvements de femmes, qui se sont révélés souvent plus efficaces quand ils collaboraient avec d’autres défenseurs de l’égalité des sexes, au sein des pouvoirs publics, des parlements et des partis politiques, locaux et nationaux.
À ce stade, estime le Secrétaire général, il importe que l’examen des mesures relatives aux 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing tienne compte des fortes corrélations et synergies entre ces divers domaines. Ces domaines sont la pauvreté, la formation, la santé, la violence, les conflits, l’économie, la prise de décisions, les mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion de la femme, les droits fondamentaux, les médias, l’environnement et la petite fille.
Pour chacun de ces domaines, le Secrétaire général montre les tendances mondiales, un aperçu des mesures prises par les gouvernements pour appliquer le Programme d’action de Beijing et les priorités pour l’avenir. L’un des défis les plus décisifs et les plus urgents de ce siècle, insiste-t-il, sera de faire naître un monde où les femmes et les filles pourront jouir de leurs droits fondamentaux. Il s’agit là d’une tâche certes considérable mais réalisable, qui exige cependant de passer d’une attitude routinière à une réelle politique de transformation.
À l’heure où les États Membres débattent du programme de développement pour l’après-2015, l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et les droits fondamentaux des femmes et des filles doivent être au cœur des priorités. Il est urgent, s’impatiente le Secrétaire général, de prendre des mesures dans cinq domaines prioritaires: transformer les normes sociales discriminatoires et les stéréotypes sexistes; modifier les politiques économiques afin de réaliser l’égalité des sexes et le développement durable; assurer la participation pleine et égale des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux; augmenter de manière significative les ressources allouées à l’égalité des sexes; et renforcer la responsabilité en matière d’égalité des sexes et la réalisation des droits fondamentaux des femmes et des filles.
La Commission est également saisie d’un guide de discussion pour les tables rondes ministérielles organisées sur le thème « Priorités de l’action pour parvenir à l’égalité des sexes, autonomiser les femmes et assurer le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles » (E/CN.6.2015/4). Elle est aussi saisie des Rapports du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (A/69/38) et (E/CN.6/2016/9) et des Rapports d’ONU-Femmes (E/CN.6/2015/2) et (E/CN.6/2015/6-A/HRC/29/3)
Rapport du Secrétaire général sur la situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter (E/CN.6/2015/5)
Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte de la situation des femmes palestiniennes du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014 et donne une vue d’ensemble de l’aide qui leur est apportée par les organismes des Nations Unies dans les domaines suivants: éducation et formation, santé, émancipation économique et moyens de subsistance, état de droit et violence à l’égard des femmes, pouvoir et prise de décisions, et renforcement des institutions. Il présente en conclusion plusieurs recommandations adressées à la Commission de la condition de la femme pour examen.
Déclarations liminaires
Nous sommes ici, a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, pour célébrer « le pouvoir des femmes » en cette Journée internationale qui leur est dédiée, marquer le vingtième anniversaire du Programme d’action de Beijing mais aussi, pour profiter de cette année cruciale pour faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes. Pour être véritablement transformateur, le nouveau programme de développement doit placer la femme au centre et en première ligne.
Les femmes, a poursuivi le Secrétaire général, continuent de souffrir, de manière disproportionnée, de la crise économique, des impacts des changements climatiques, des déplacements créés par les conflits et de bien d’autres situations encore. Les groupes extrémistes continuent d’attaquer, vicieusement et systématiquement, les filles et les femmes et il est temps que la communauté internationale traduise son indignation en aide, en services, en appui et en justice.
Attaquer une femme, a estimé le Secrétaire général, c’est attaquer un potentiel soldat de la paix, une potentielle policière, une potentielle professionnelle ou un potentiel premier ministre. La campagne « UNiTE », a-t-il promis, continuera de travailler pour mettre fin à toute les formes de violence contre les femmes et les filles, y compris lorsqu’elles sont attaquées dans leur propre maison.
« Les femmes portent le fardeau. Elles paient le prix. Elles ne sont pas seulement victimes mais aussi agents du progrès et du changement », a insisté le Secrétaire général. Autonomiser les femmes et les filles est le meilleur moteur de la croissance, le meilleur espoir de réconciliation et le meilleur rempart contre la radicalisation de la jeunesse et à la répétition des cycles de violence.
Nous devons, a encouragé le Secrétaire général, bâtir sur la fondation de Beijing et finir le travail. Je vous mets au défi, a-t-il dit aux personnalités réunies, de travailler ensemble pour réaliser l’égalité entre les sexes pendant le délai qui sera imparti par le programme de développement pour l’après-2015. Notre objectif, c’est: 50/50 d’ici à 2030.
Le Secrétaire général a exhorté les gouvernements à travailler étroitement avec les organisations et groupes de femmes, en particulier les défenseurs des droits de l’homme. N’oublions pas non plus, a-t-il ajouté, le rôle crucial des hommes dans le changement des mentalités. Sans changement dans la mentalité masculine, nous ne pourrons pas changer la situation actuelle. Au XXIe siècle, les vrais hommes de pouvoir sont ceux qui croient en l’autonomisation des femmes et qui y travaillent. Le monde ne réalisera jamais 100% de ses objectifs si 50% de ses habitants ne peut réaliser son plein potentiel.
Trop souvent, a accusé le Secrétaire général, les leaders usent des femmes pour asseoir leur propre pouvoir. Nous devons utiliser ce pouvoir pour faire avancer les femmes. Aujourd’hui encore, a dénoncé le Secrétaire général, on compte cinq pays dans le monde où aucune femme n’est présente au Parlement et huit où aucune femme n’est membre d’un cabinet ministériel. Je tairai leurs noms mais j’exhorte fortement leurs dirigeants à changer cette situation « inacceptable ».
Travaillons ensemble et utilisons cette année pleine de potentiel pour assurer un avenir où personne n’est oublié. Cela veut dire que les femmes doivent être au centre et en première ligne de tous les aspects de la vie et dans l’agenda du développement et de la paix, a conclu le Secrétaire général.
Le Président de l’Assemblée générale, M. SAM KAHAMBA KUTESA, a souligné que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes sont et demeurent ses priorités pour cette session. Il a illustré ses propos par le débat thématique qu’il a convoqué le 6 mars dernier, marqué par la participation inédite de chefs d’État et de gouvernement, dont ceux du Libéria et de la Turquie, sans oublier la toute nouvelle Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie. Au moment où nous formulons le programme de développement pour l’après-2015, a dit le Président, nous devons réfléchir aux défis et prendre des mesures concrètes pour intégrer l’égalité entre les sexes dans le cadre que les États devraient adopter plus tard cette année. « J’encourage les hommes et les femmes à s’impliquer davantage pour aider à briser les stéréotypes et les normes et pratiques sociales discriminatoires. »
Mme PASCALE BOISTARD, Secrétaire d’État aux droits des femmes de la France et Présidente du Conseil de sécurité, a souligné que c’est la première fois qu’un Président, en l’occurrence une Présidente, du Conseil de sécurité s’adresse à la Commission. Si chaque organe des Nations Unies continue de travailler dans le cadre de son mandat, la préoccupation concernant les moyens pour atteindre l’objectif de l’égalité des sexes est partagée tant par les États Membres qu’au sein des Nations Unies. C’est également, a-t-elle dit, le rôle du Conseil de sécurité de contribuer à l’émancipation des femmes et à l’égalité des sexes à travers son agenda « Femmes, paix et sécurité ».
Pour atteindre cet objectif, le Conseil de sécurité a adopté, il y a 15 ans, sa première résolution qui liait l’expérience des femmes dans les conflits à son agenda: la résolution 1325 et depuis 2000, six autres résolutions ont été adoptées pour pousser plus loin l’agenda « Femmes, paix et sécurité » sur plusieurs sujets: le leadership des femmes et leur participation dans la résolution des conflits, le redressement, la construction de la paix et la prise de décisions, la reconnaissance de la violence sexuelle liée au conflit comme tactique de guerre et enjeu lié à la paix et à la sécurité internationales, et la nécessité de lutter contre ces violences.
Le développement de l’agenda « Femmes, paix et sécurité » a permis des avancées concrètes: presque 60 conseillers genre sont actuellement déployés dans plusieurs opérations de maintien de la paix; la majorité des accords de paix incluent des mentions sur les femmes; la plupart des processus de médiation pour la paix incluent au moins une femme; l’année dernière, les Nations Unies ont désigné la première femme, la Commandante générale Kristin Lund, en tant que Commandant en chef des opérations de maintien de la paix à Chypre, où le Représentant officiel des Nations Unies, Lisa Buttenhiem, est également une femme, ce qui en fait la première opération au monde dirigée par un duo féminin; enfin, 96% des rapports des missions politiques spéciales, ainsi que 67% des rapports des missions de maintien de la paix incluent des références à l’agenda « femmes, paix et sécurité ».
Mais que cela signifie-t-il sur le terrain? Mesurer l’impact réel des décisions est un défi réel, a avoué la Secrétaire d’État, du fait que la surveillance, les rapports et la documentation à travers des données désagrégées par le sexe sont encore insuffisants dans beaucoup d’endroits. Mais nous devons savoir, a-t-elle entre autres fait observer, que des millions sont forcées de fuir des crimes de barbarie violents commis par des groupes armés extrémistes non étatiques tels que Daech en Syrie et en Iraq ou Boko Haram en Afrique de l’Ouest. La responsabilité du Conseil de sécurité, en coopération avec d’autres organes et agences des Nations Unies, les États Membres et la société civile, est d’intensifier nos rapports communs pour soutenir et émanciper ces femmes.
Mais dans notre propre maison aussi, les défis restent immenses: seulement 19% de toutes les têtes d’opérations de maintien de la paix sont des femmes et seulement 25% des femmes occupent des positions de responsabilité au sein des Nations Unies, alors que plus de 95% du personnel pour le maintien de la paix parmi les militaires et la police sont des hommes.
Et nous devons rester mobilisés pour dénoncer, surveiller et enquêter sur les abus sexuels commis par le personnel de l’ONU pour faire de cette dernière une zone-sans-abus, sur le terrain comme au Siège.
Les Nations Unies doivent nommer davantage de femmes à des postes de direction liés à la paix et à la sécurité, comme chefs médiateurs, envoyées spéciales, et assistantes du Secrétaire général. L’intégration de la dimension de genre commence dans nos têtes, a insisté la Secrétaire d’État. Permettons aux esprits des Nations Unies de servir de modèles pour l’extérieur.
Les Nations Unies, a-t-elle conclu, auront l’opportunité cette année de montrer leur engagement pour l’agenda « Femmes, paix et sécurité » en octobre prochain, à travers l’examen de haut niveau du quinzième anniversaire de la résolution 1325. En tant que Présidente actuelle du Conseil de sécurité, dans la perspective de ce moment crucial, j’appelle tous les États Membres des Nations Unies à mobiliser leurs efforts, leur volonté et leurs ressources pour aider à mettre en œuvre l’agenda « Femmes, paix et sécurité » qui nous concerne toutes et tous, a ajouté la Secrétaire d’État.
M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit qu’en tant que membre indispensable du système de l’ECOSOC, la Commission de la condition de la femme a contribué au travail que l’ECOSOC a engagé dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, en intégrant différentes dimensions de l’égalité entre les sexes. L’ECOSOC a reconnu les lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et mis en place des stratégies pour y remédier, lesquelles sont essentielles pour les implications multisectorielles de la dimension genre dans les objectifs internationaux de développement. Le renforcement récent de l’ECOSOC a permis d’aligner le travail de l’ensemble de son système, y compris la Commission de la condition de la femme, avec son thème principal, ce qui a permis de connecter plus efficacement le travail analytique au Segment de haut niveau et au Forum politique de haut niveau.
En 2015, a indiqué le Vice-Président, l’ECOSOC s’efforcera d’appuyer la transition vers le nouveau cadre de développement grâce au thème « Gérer la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable: Ce qu’il faudra faire ». Le Forum politique de haut niveau traitera des aspects clefs de cette transition, dans le cadre du thème « Renforcer l’intégration, la mise en œuvre et l’examen - le Forum après 2015 ».
Le Vice-Président s’est dit confiant dans la contribution que peut apporter la Commission de la condition de la femme et a souligné qu’en tant que système travaillant comme une plateforme intégrée, l’ECOSOC sera un élément clef de la mise en place d’un agenda transformateur et universel pour l’après-2015 et du renforcement des liens entre les normes et les opérations.
Mme ELLEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné que l’égalité entre les sexes est un droit de l’homme et que, conjuguée à l’autonomisation des femmes, elle devient un moteur du développement humain et du développement durable. Aucune société ne peut exploiter son plein potentiel sans une participation pleine et entière des femmes à tous les aspects de la vie de la famille, de la communauté et de la nation, a insisté l’Administratrice.
Le système de développement des Nations Unies, a-t-elle dit, s’efforce de traduire le Programme d’action de Beijing en améliorations concrètes dans la vie des femmes et des filles. Il travaille avec les gouvernements, les organisations de femmes et la société civile pour répondre aux besoins des femmes et des filles et promouvoir le leadership et la participation des femmes dans tous les domaines du développement qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire, de l’émancipation économique et politique, de l’éducation, de la santé sexuelle et reproductive, ou de la viabilité de l’environnement. La création d’ONU-Femmes en 2010 a été une étape cruciale pour le renforcement de la coordination au sein des Nations Unies et de son système de développement.
Mais, a admis l’Administratrice, il faut faire plus pour réaliser la vision du Programme d’action de Beijing et 2015 est une chance qui n’arrive qu’une fois par génération, celle d’ancrer la question du genre dans les principaux programmes mondiaux de développement qu’il s’agisse de la troisième Conférence des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, de la troisième Conférence sur le financement du développement, du Sommet extraordinaire sur le développement durable ou de la Conférence de Paris sur les changements climatiques.
L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes seront essentielles pour la mise en œuvre du programme de développement durable pour l’après-2015. Le système de développement des Nations Unies a appuyé, à cet égard, 88 dialogues nationaux et 11 grands débats thématiques dont un sur l’égalité entre les sexes, a indiqué l’Administratrice.
Le sondage mondial, « MY World », a été très bien accueilli: plus de sept millions de personnes y ont participé en votant sur leurs priorités, les femmes représentant environ la moitié de ceux qui y ont répondu. Près d’un tiers de ces derniers ont placé « l’égalité entre les hommes et les femmes » parmi leurs six priorités pour après-2015. Le Groupe de travail de l’Assemblée générale s’est d’ailleurs inspiré de ces réponses pour faire ses propositions et a inclus un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.
Notre but, a poursuivi l’Administratrice, est de faire en sorte que les femmes aient plein accès à tous les services de santé sexuelle et reproductive, qu’elle soient des partenaires à part entière dans les processus de prise de décisions et qu’elles soient capables de faire leur propre choix sur leur vie, de jouir d’un accès égal à l’éducation et de vivre en paix dans leur maison et leur communauté. Travaillons pour partager les responsabilités à la maison aussi et ce vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing est l’occasion de finir le travail et de faire les changements les plus transformateurs possibles pour toutes les femmes et toutes les filles.
Mme LYDIA ALPIZAR, Directrice exécutive de l’Association pour les droits de la femme et le développement, a appelé à des actions « audacieuses » pour mettre fin aux discriminations structurelles qui ne cessent d’augmenter dans le monde, y compris la violence à l’encontre des femmes. Elle a regretté que la société civile n’ait pas été associée à l’élaboration de la Déclaration politique que la Commission s’apprête à adopter. « Les femmes du monde entier méritent bien mieux que ce texte », a-t—elle martelé, déplorant par exemple que le texte n’ait pas assez mis l’accent sur la justice pour toutes les femmes victimes de discrimination et de violence. Elle a estimé que la Déclaration aurait dû insister sur les moyens qu’il faut pour appuyer les associations et groupes de défense des femmes à travers le monde. « Les droits à la santé sexuelle et reproductive ne doivent pas être utilisés comme monnaie d’échange entre États Membres », a-t-elle prévenu, affirmant que « cette question de vie ou de mort pour les femmes ne saurait faire l’objet de négociations ». Le moment est venu d’agir, la lutte continue, a-t-elle conclu sous les applaudissements.
Ma génération ne peut être qualifiée d’impatiente, a déclaré d’emblée, Mlle ALAA MURABIT, Représentante de « Voice of Libyan Women » et membre du Comité consultatif mondial de la société civile de l’ONU-Femmes. Cette génération veut tout simplement briser les systèmes existants et faire entendre sa voix. Les jeunes femmes veulent exercer leurs droits et veiller au respect de tous les droits de la femme. « C’est vous qui nous apprenez cela depuis 50 ans, et en particulier depuis Beijing. Vous avez dit à notre génération que pour progresser il faut innover » a-t-elle lancé à la salle.
La jeune femme a dit avoir vu que par le travail d’organisations comme la sienne, la légitimité des femmes a pu se renforcer sans avoir recours aux armes. C’est la pauvreté et la peur qui sont au cœur des extrémismes et la société civile doit jouer un rôle prépondérant pour contrecarrer cette tendance. Plus que jamais les femmes doivent s’unir pour arracher la place qui leur revient dans leur communauté. Le message de ma génération n’est pas nouveau, c’est celui de Beijing, et il sera aussi fort que nos forces unies le porteront, a conclu Mlle Murabit.
Présidente de la Commission de la condition de la femme en 1994 et 1995 et Présidente de la grande Commission de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, Mme PATRICIA B. LICUANAN, Ministre de l’enseignement supérieur des Philippines, s’est exclamée: il s’est vraiment passé 20 ans depuis Beijing? Avec d’autres, elle s’est dite frappée par le fait que les prétendus « vieux domaines » soient toujours d’actualité après une Conférence qui avait réuni près de 50 000 personnes.
Mme Licuanan a exposé les six grandes leçons que l’on peut tirer depuis Beijing. La première est que les choses ont changé: alors qu’à Beijing, on se demandait ce que les femmes avaient à voir avec l’environnement, aujourd’hui, un nombre important de pays lient l’environnement, les changements climatiques et les catastrophes au rôle des femmes dans la protection de l’environnement et la gestion des catastrophes. Deuxièmement, a-t-elle dit non sans ironie, les choses n’ont pas changé: les questions telles que la santé et les droits reproductifs sont toujours polémiques. À Beijing, la question la plus controversée était peut-être celle de l’orientation sexuelle et aujourd’hui cette orientation et l’identité sexuelle sont toujours très controversées et ne présagent d’aucun consensus.
Troisièmement, on voit aujourd’hui que l’égalité juridique n’est pas une condition suffisante à l’égalité de fait. Quatrièmement, l’intégration de la dimension sexospécifique ne peut être efficace que si elle s’accompagne d’entités fortes chargées de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes. Cinquièmement, il faut à tout prix pouvoir disposer de données ventilées par sexes. L’engagement et la passion sont impressionnants mais les données fiables sont plus convaincantes. Sixièmement, les aillés et les amis ont différentes formes et différentes tailles. Nous les voulons tous. Nous devons nous faire des amis, développer des partenariats et identifier les champions de notre cause.
Aujourd’hui, a poursuivi Mme Licuana, après les crises et la découverte de la face cachée de la mondialisation, nous devons forger notre avenir. Nous devons aussi travailler sur nous-mêmes et admettre que si notre engagement a été fort, nous avons eu des moments de découragement, de lassitude voire d’ennui. Nous devons revitaliser l’esprit de Beijing et accepter de céder la place aux jeunes. Nous devons garder la foi et continuer la marche parce qu’une autre leçon de Beijing est que la ténacité et la fermeté finissent toujours par payer, a conclu l’ancienne Présidente de la grande Commission de la Conférence de Beijing.
Mme SONG XIUYAN, Vice-Présidente du Comité de travail national sur les femmes et les enfants relevant du Conseil des affaires d’État de la Chine, a relevé les progrès enregistrés dans ce voyage de 20 ans et annoncé que le 23 septembre prochain, la Chine, en collaboration avec ONU-Femmes, organisera une réunion des chefs d’État et de gouvernement sur la question de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. Cette réunion qui aura lieu au Siège des Nations Unies verra la participation du Président de la Chine, a-t-elle ajouté. Elle a émis le vœu qu’à cette occasion, les dirigeants du monde prendront des engagements concrets.
Débat général
Mme SUSAN SHABANGU, Ministre à la Présidence, chargée des femmes de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est dite particulièrement préoccupée par le manque de progrès « dans nos pays » et dans ceux qui vivent de multiples formes de discrimination basées sur l’ethnicité, le handicap ou le VIH/sida. La représentante a appelé, entre autres, la communauté internationale à prendre les mesures qu’il faut pour traiter des facteurs qui accroissent la vulnérabilité des femmes et des filles à la traite des êtres humains. Aux niveaux national et international, nous devons, a-t-elle dit, adopter une approche holistique qui traite de la pauvreté, du chômage, du manque d’opportunités socioéconomiques, de la violence fondée sur le sexe, de la discrimination et de la marginalisation. Le Groupe des 77 et la Chine soulignent l’importance qu’il y a à promouvoir la capacité des femmes à générer des revenus, à assurer leur accès aux ressources productives et au service public.
Au moment où nous parlons du programme de développement pour l’après-2015, il est encore plus important de s’ouvrir à la participation des femmes et des filles, y compris en créant un environnement favorable à leur participation politique à tous les niveaux des processus de prise de décisions. Il est tout aussi important de renforcer la coopération internationale pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, en respectant les engagements en matière d’aide publique au développement (APD), d’allègement de la dette, d’accès aux marchés, d’appui financier et technique et de renforcement des capacités, s’agissant en particulier dans les domaines tels que l’éducation et la création d’emplois.
Mme MASHAAIR AHMED ELAMIN ALDAWALAB, Ministre du bien-être et de la protection sociale du Soudan, au nom du Groupe africain, a déclaré que maintenant que nous nous apprêtons à finaliser le cadre de développement pour l’après-2015 de l’ONU et la Vision 2063 de l’Union africaine, le Groupe africain accueille avec satisfaction la Déclaration politique qui marque le vingtième anniversaire du Programme d’action de Beijing. En Afrique, a-t-elle dit, après un long exposé sur les succès et les échecs de son continent, les femmes sont toujours confrontées à des défis spécifiques parmi lesquels la santé, l’éducation et l’égalité des chances économiques. Si la Déclaration politique ne mentionne pas nommément ces défis, il faut reconnaître qu’elle parvient à traiter de la situation tout en maintenant une approche équilibrée et holistique face à tous les domaines critiques du Programme d’action de Beijing. En allant de l’avant, il est impératif de traiter des obstacles financiers persistants qui ont obstrué les efforts des appareils nationaux pour l’autonomisation des femmes, a conclu la Ministre.
Au nom de l’Union européenne, Mme MĀRĪTE SEILE (Lettonie), Ministre de l’éducation, a déclaré d’emblée que la routine n’est pas une option, ni pour la dignité humaine, l’égalité ou la viabilité. Elle a rappelé les raisons pour lesquelles l’Union européenne a défendu l’inclusion dans le programme de développement durable pour l’après-2015 d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes. Elle s’est donc félicitée du document soumis par le Groupe de travail de l’Assemblée générale, qui non seulement prévoit un tel objectif mais qui intègre aussi le genre dans plusieurs autres objectifs. Nous devons, a insisté la Ministre, être en mesure d’évaluer effectivement les progrès, grâce à des indicateurs et à des données ventilées par sexe. C’est la seule façon de s’assurer que personne n’est laissé pour compte.
En ce moment, l’Union européenne s’attèle d’ailleurs à l’examen de la mise en œuvre des 12 domaines prioritaires couverts par le Programme d’action de Beijing. Le Conseil de l’Union européenne a formulé des recommandations et donné des directives pour l’action future en matière d’égalité entre les sexes. L’espace européen, a dit la Ministre, a fait beaucoup de progrès mais ils ne suffisent pas. Elle a donné l’exemple de l’écart salarial de 16% qu’elle a attribué à la discrimination sur le marché de l’emploi et aux différences de formation et de parcours professionnels qui sont souvent le résultat des stéréotypes sur le rôle de la femme dans la société. Elle a aussi attribué l’écart salarial au partage inéquitable des tâches entre les sphères privée et professionnelle. Pressées par leur vie familiale, les femmes sont trop souvent tentées d’interrompre leur carrière, a-t-elle rappelé, en indiquant que l’écart entre les pensions de retraite est encore plus alarmant: les pensions versées aux hommes sont de 39% supérieures à celles des femmes.
La Ministre s’est en revanche félicitée des mesures prises contre la violence à l’égard des femmes. À cet égard, elle a mentionné le nouveau défi de la digitalisation de la société et la radicalisation et le terrorisme. Elle a annoncé une nouvelle Stratégie d’égalité entre hommes et femmes pour l’après-2015.
Mme CECILIA VACA, Ministre du développement social de l’Équateur, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a mis l’accent sur la cinquante et unième réunion des présidents de la Conférence régionale sur les femmes qui s’est tenue à Santiago, les 17 et 19 novembre 2014 et sur sa session extraordinaire du 20 novembre. Les gouvernements de la région, a-t-elle indiqué, ont décidé de créer un groupe de travail technique sur la budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes. Après un exposé détaillé, la Ministre a estimé que la mise en œuvre, au niveau régional, du programme de développement pour l’après-2015 sera une occasion « stratégique de faire avancer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes grâce au suivi et au contrôle des agendas sectoriels par les organes subsidiaires de la Commission économique pour la région ».
Les pays de la région promettent, a-t-elle dit, de prendre toutes les mesures nécessaires pour honorer leurs engagements qui exigeront une plus grande allocation de ressources financières, techniques et humaines, une budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes et le strict respect du principe de responsabilité. La Communauté réaffirme l’importance des données ventilées par sexe et des indicateurs et place un accent particulier sur le dialogue entre producteurs et utilisateurs de ces données et sur la mobilisation de ressources suffisantes par les États et les agences internationales de coopération pour pouvoir compiler des informations pertinentes et fiables, en temps voulu.
Mme JENNIFER WEBSTER, Ministre des services humains et de la protection sociale de Guyana, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a avoué que, dans sa région, la violence fondée sur le sexe est peut-être la plus grande préoccupation. S’il est peu probable que la femme soit victime d’un acte criminel en général, sa vulnérabilité face au crime sexuel et à la violence domestique reste spectaculairement plus élevé que celle de l’homme. À ce défi, la Ministre a ajouté celui de la prévalence des maladies non transmissibles conjugué au défi déjà important du VIH/sida, sans compter ceux du changement démographique dû au vieillissement de la population et à l’émigration. La Ministre n’a pas pour autant minimisé les énormes progrès que sa région a enregistrés dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing. Mais elle a attiré l’attention sur « un facteur important » qui affecte la faculté des États à réaliser leurs objectifs, à savoir les ressources. Elle a donc jugé crucial que les pays développés honorent leurs engagements en matière d’APD, en donnant la priorité à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes.
Au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), Mme PATRICIA KALIATI (Malawi) a dit que le protocole de la SADC sur le genre et le développement avait porté leurs fruits puisque le nombre d’États membres de la SADC à avoir mis en place une politique de discrimination positive est passé de 9 à 13 entre 2009 et 2014. Elle a précisé que la SADC continuait d’accorder une priorité à la mise en œuvre de son cadre visant à achever la parité entre les sexes dans le monde politique et à tous les postes de décision. La SADC est convaincue que l’amélioration de la participation des femmes à la prise de décisions est critique pour renforcer leur autonomisation économique. La représentante s’est félicitée de ce que la moyenne de la représentation des femmes au Parlement ait atteint 25% en 2014 contre 17% en 1997 dans les pays de la SADC.
Elle a précisé que 7 des 15 États membres de la SADC avaient atteint un taux de 30% de femmes dont trois 40%. Elle a particulièrement salué la capacité d’entreprise des femmes en notant que 70% du commerce transfrontalier informel au sein de la SADC était le fait des femmes. Elle a cité un programme multidimensionnel de l’autonomisation économique des femmes pour aider les aider à sortir de la marginalisation et de la pauvreté. Illustrant son propos, elle a précisé que les femmes qui contribuent pour une grande partie au développement agricole ne représentent qu’une infime partie des propriétaires terriens.
Mme LINDA GOULART, Vice-Ministre d’État de la condition féminine du Brésil, au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a réitéré le plein attachement des États du MERCOSUR au Programme d’action de Beijing. L’émancipation des femmes et l’égalité entre les sexes sont des conditions sine qua non du développement durable, a-t-il dit, martelant que les femmes et les filles doivent pouvoir pleinement exercer leur droit au développement.
Elle a insisté sur le fait que le nouveau cadre du développement pour l’après-2015, qui va guider l’action des États pour les 15 prochaines années, intègre une perspective « genre » dans tous les objectifs. Reconnaissant les progrès réalisés en 20 ans, elle a néanmoins constaté qu’il restait encore de nombreux obstacles: « aucun pays n’a réussi à pleinement mettre en œuvre cette Plateforme ». Depuis Beijing, a insisté la Vice-Ministre, les progrès ont été trop lents, dans l’impasse ou en recul.
Le MERCOSUR ne faiblit pas. Ses directives portent sur la conception et le suivi des politiques, mais également sur l’accès aux ressources et sur le droit à l’éducation, à la santé, à la santé génésique, à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, à l’accès à la justice et aux nouvelles technologies. Ces directives permettront de « transversaliser » la perspective sexospécifique dans tous les aspects liés au développement. Pour illustrer certains progrès, la Vice-Ministre a rappelé que sur les 16 femmes chefs de gouvernement dans le monde, 6 sont dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Mme LOURDES XITUMUL PIOX, Secrétaire d’État à la promotion de la femme du Guatemala, au nom du Système de l’intégration de l’Amérique centrale, a estimé qu’il fallait institutionnaliser l’égalité entre les sexes dans tous les domaines de la vie. Pour les pays d’Amérique centrale, l’intégration de la lutte contre la violence à l’égard des femmes doit être un élément clef des efforts d’autonomisation. Il faut aussi renforcer la participation des femmes aux processus de prise de décisions politiques et, s’agissant de l’émancipation économique, il faut atténuer les difficultés liées à l’accès des femmes aux capitaux, à la terre, à l’héritage et aux technologies nouvelles. Tout en saluant les progrès individuels de certains pays, elle a reconnu le retard accusé par d’autres qui doivent se concentrer sur certains domaines spécifiques comme l’emploi, la formation professionnelle, l’aide aux petites et moyennes entreprises, en garantissant l’égalité salariale, la répartition des tâches domestiques et l’accès des femmes à la protection sociale. Il est essentiel, a insisté la Secrétaire d’État, de démocratiser l’accès des femmes aux financements compte tenu de la féminisation de facto de la pauvreté.
M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam), au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que l’engagement de l’ASEAN en faveur de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ne s’est jamais démenti. L’égalité entre les sexes et la lutte contre la violence à l’encontre des femmes sont au centre des trois piliers de l’ASEAN, à savoir la communauté politico-sécuritaire, la communauté économique et la communauté socioculturelle. Une politique, a insisté le représentant, conforme au Plan de travail 2011-2015 de la Commission de la condition de la femme de l’ASEAN. Le représentant a annoncé que l’Institut pour la paix et la réconciliation de l’ASEAN va organiser, les 18 et 19 mars prochains, un atelier sur le renforcement de la participation des femmes dans les processus de paix, à Cebu aux Philippines. Un autre atelier sur les stratégies et mécanismes de protection de la femme et de la fille contre la violence sera organisée la Commission des droits de l’homme de l’ASEAN, du 27 au 29 mars à Manille aux Philippines. La Commission entend aussi mener une étude régionale sur la participation de la femme à l’économie.
Consciente que la pauvreté, les catastrophes naturelles, les stéréotypes ou encore les conflits armés continuent d’avoir un impact négatif sur les femmes et qu’ils demeurent un obstacle à la réalisation d’un développement équitable, l’ASEAN défend une politique multisectorielle et holistique pour la promotion de la femme. L’autonomisation des femmes doit être un thème clef du futur programme de développement, a insisté le représentant en appuyant sur l’éducation qui sert non seulement à améliorer l’accès au marché de l’emploi mais aussi à sensibiliser à l’égalité entre les sexes. Il a salué le fait que l’autonomisation et l’égalité entre les sexes aient été retenues comme un objectif spécifique par le Groupe de travail de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable et que l’égalité ait été intégrée dans les autres objectifs.
Mme SHAHINDKHT MOLAVERDI (République islamique d’Iran) a déclaré que la République islamique d’Iran n’a cessé au cours des 36 années de son existence de promouvoir le statut de la femme dans les secteurs scientifique, culturel, social, économique et politique. L’Iran garantit les droits matériels et spirituels de la femme ainsi que sa dignité humaine. Le Gouvernement entend parvenir à la parité entre les sexes dans divers domaines et malgré huit ans de guerre et la persistance d’un régime de sanctions injuste, les femmes iraniennes ont atteint des progrès significatifs dans les domaines de l’éducation, de la recherche, de la science, de l’entrepreneuriat, de l’économie et de la santé et continuent de jouer un rôle influent dans la société.
L’Iran s’appuie sur un document multidisciplinaire, qui comprend des dispositions sur les moyens de renforcer la justice sociale, légitimer les libertés et protéger la dignité et les droits humains, la sécurité sociale et juridique, la santé, le bien-être, la sécurité alimentaire, l’égalité des chances, la répartition équitable des revenus, des institutions favorables à la famille, la lutte contre la corruption et la discrimination.
Mme ROXANA BALDETTI, Vice-Présidente du Guatemala, a estimé que son pays est l’illustration des progrès réalisés, mais aussi des obstacles qui restent à surmonter. Les politiques sectorielles favorisant l’égalité hommes-femmes restent insuffisantes, a reconnu la Vice-Présidente. Pour ce qui est des instruments interinstitutionnels, elle a cité trois instances de promotion des droits de la femme dont le Secrétariat de la femme et un organe de défense des femmes autochtones. Mme Baldetti a mis l’accent sur la coopération entre le Secrétariat d’État de la condition de la femme et l’organisme national des statistiques pour que le Gouvernement puisse disposer de données ventilées par sexe et fiables. En 2012, un Cabinet de haut niveau des femmes a été créé pour coordonner les activités de développement, en y intégrant la perspective genre.
Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Ministre des affaires féminines de la Gambie, a rappelé que la Constitution votée en 1997 reconnaît l’égalité des personnes et la non-discrimination sexuelle. Cela s’est manifesté dans le domaine politique avec des femmes qui occupent différents postes comme celui de vice-présidente ou de ministres ou ambassadeurs. Le Gouvernement compte 40% de femmes, ce qui est au-dessus des normes internationales. Trois femmes ont occupé le poste de président de l’Assemblée nationale et deux autres ont été vice-présidentes.
Dans la lutte contre la pauvreté, la création d’un projet d’appui aux entreprises a bénéficié à 310 personnes dont 40% de femmes. En matière d’éducation, le taux d’achèvement du premier cycle pour les filles est passé de 56,3% en 2010 à 63,3% en 2014. Le taux brut de scolarisation des filles a augmenté de 89,1% en 2010 à 98,7% en 2014. Dans le domaine de la santé et du bien-être social, la dernière enquête démographique sanitaire de 2013 indique que la réduction de la mortalité maternelle est passée de 730 en 2003 à 433 pour 100 000 naissances vivantes en 2013. La mortalité infantile et celle des enfants de moins de 5 ans a baissé de 75‰ et 99‰ naissances vivantes respectivement en 2005, à 34‰ et 54‰ en 2013.
Dans le secteur agricole, l’initiative « Vision 2016 » a amélioré la productivité des femmes rurales en accroissant l’accès aux intrants agricoles et en améliorant la sécurité alimentaire qui a fait que la Gambie a gagné le prix de l’objectif N°1 suite à la réalisation de l’objectif de la FAO de réduire la faim et la malnutrition de 13,3% à 6% en 2015.
Mme ILONGE WINA, Vice-Présidente de la Zambie, a déclaré que son pays a d’abord adopté les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance et ensuite réaffirmé son engagement à faire progresser l’égalité des sexes. Le pays a parcouru un long chemin en matière d’égalité des sexes, y compris la reconnaissance par le Gouvernement du rôle joué par les femmes dans le développement socioéconomique. La Zambie a créé le Ministère de l’égalité et de l’enfant, a promulgué la loi sur la violence basée sur le sexe et modifié le Code pénal. La Vice-Présidente a souligné le problème des ressources et a appelé la communauté internationale à s’engager davantage.
M. YONGYUTH YUTHAVONG, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande, a estimé que le Programme d’action de Beijing est une feuille de route toujours d’actualité pour orienter l’action en faveur de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. La Thaïlande a adopté de nombreuses lois et depuis 2012, le congé de paternité a été adopté. D’autres politiques visent à améliorer la sécurité des femmes, dont la loi contre la violence de 2007. Le Gouvernement met également en œuvre une politique de tolérance zéro contre la traite des personnes.
Mme DAMIRA NIIAZALIEVA, Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, a souligné que son pays était le seul dirigé par une femme pendant la période de transition démocratique. La Vice-Premier Ministre a en effet mis l’accent sur les progrès en matière de participation politique des femmes, en indiquant que la Cour suprême et la Cour des comptes ont à leur tête une femme, sans compter les ministres au Gouvernement. Parlant des réformes constitutionnelles, la Vice-Premier Ministre a ajouté que les femmes parlementaires ont permis une réforme du Code pénal qui pénalise désormais la violence à l’encontre des femmes. Les questions d’égalité devant faire partie de toutes les politiques nationales de développement, la collaboration entre le Gouvernement et la société civile est importante, a souligné la Vice-Ministre.
Mme HALA MOHAMED HASAN JABER ALANSARI, Secrétaire générale de la Cour suprême des femmes de Bahreïn, a indiqué que la Cour suprême des femmes a été instituée en 2001 en tant qu’organe consultatif du Roi et présidée par la Première Dame. La Cour est spécialisée dans la mise en place de politiques et de stratégies pour améliorer la condition de la femme. Mme Alansari a ensuite souligné les programmes et les projets relatifs à l’autonomisation et à l’intégration des femmes dans le Plan de travail du Gouvernement.
Le Gouvernement a aussi entrepris des étapes et a fait des efforts pour respecter ses engagements internationaux. Il a soumis ses rapports périodiques au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et en ce qui concerne le Programme d’action de Beijing, le Bahreïn a notamment amélioré sa législation visant à renforcer le niveau de vie et la représentation des femmes dans le processus de prise de décisions notamment au sein de l’autorité législative en tant que membres élus. En outre, le Royaume est le N°1 en matière d’occupation de postes de gestion haut et de rang intermédiaire. Il est second en pourcentage de femmes ministres dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Mme ASA REGNER, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Suède, a déclaré d’emblée que son pays a « un Gouvernement féministe » qui résulte de la ferme conviction du peuple suédois que la réalisation de l’égalité entre les sexes est une question fondamentale de droits de l’homme et une condition préalable au développement durable. Cela reflète aussi le ferme engagement à faire la différence dans les choix politiques, les priorités et l’affectation des ressources. Vingt-ans après Beijing, tout le monde reconnaît que la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes n’est pas seulement un droit mais aussi la réponse à de nombreux défis auxquels sont confrontées nos sociétés. Les droits de la femme sont des droits de l’homme et les droits de l’homme sont des droits de la femme. Ils ne doivent en aucun cas être violés au nom de la culture, des traditions, de l’honneur ou de la religion.
La Ministre s’est déclarée préoccupée par la persistance de la violence à l’égard des femmes et des filles dans de nombreux pays. Imputant cette situation aux relations de pouvoir entre hommes et femmes et aux normes sociales, dont celle de la masculinité, elle a jugé essentiel de reconnaître le rôle crucial des hommes et des garçons dans la promotion de l’égalité entre les sexes, des droits de l’homme et l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, y compris la violence sexuelle.
La Ministre a ensuite plaidé pour les droits sexuels et reproductifs et pour l’avortement légal. Elle a commenté le rapport du Secrétaire général, en appelant à saisir cette occasion historique pour faire avancer les choses. Le temps est venu de réaffirmer les engagements pris à Beijing, y compris par un nouveau programme de développement qui donne lieu à des progrès irréversibles, substantiels et durables dans l’égalité entre les sexes et la réalisation par les femmes et les filles de leurs droits.
Mme SUSAN SHABANGU, Ministre de la condition de la femme auprès de la Présidence de l’Afrique du Sud, a affirmé que la vision de l’égalité entre les sexes est un idéal qui a été atteint par la mise en œuvre de la Constitution en 1996. La Constitution proscrit toutes les formes de discrimination qu’elles soient fondées sur le genre, le sexe, l’orientation sexuelle, la religion, l’âge, l’état civil, le handicap ou la grossesse. Tout un éventail de lois, promulguées dès l’aube de la démocratie, ont été les contributeurs d’un environnement favorable à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes. Après avoir fait part des efforts et des progrès enregistrés dans la participation politique des femmes, leur accès à l’enseignement supérieur, à la santé et à l’entreprenariat, et leur droit de vivre à l’abri de la violence, la Ministre s’est félicitée de ce que le Secrétaire général de l’ONU ait dit que la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing est essentielle au développement durable.
Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a remarqué qu’aucun pays n’avait atteint l’égalité des sexes. La lutte continue, a-t-elle dit en invitant les hommes à y participer. Elle a regretté notamment que les femmes ne soient toujours pas assez représentées dans les postes de leadership, publics ou privés. Elle a fait valoir sa propre expérience en tant que Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et de la culture et mère de deux jeunes enfants, alors que, quand elle était enfant, les femmes n’avaient pas le droit de vote au Liechtenstein. Elle a été inspirée à l’époque par le courage de sa tante qui n’hésitait pas à parler de ce problème. Le changement est donc possible, en a-t-elle déduit, même si la situation n’est pas encore parfaite dans son pays. Levons-nous pour les droits de l’homme, ainsi que pour éliminer la violence à l’égard des femmes, a-t-elle lancé. Elle a appelé à s’unir pour mettre fin à ce fléau mondial. Elle a recommandé d’utiliser tous les leviers, comme le programme de développement pour l’après-2015, le programme sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que la Cour pénale internationale.
Mme SONG XIUYAN, Ministre et Vice-Présidente du Comité national sur les femmes et les enfants de la Chine, a noté que, 20 ans après Beijing, cette session de la CEDAW doit faire le bilan de l’application de son Programme d’action qui a eu un impact énorme sur la promotion de la condition de la femme dans le monde. Toutefois, aux anciens problèmes se sont ajoutés de nouveaux facteurs qui ont limité le progrès et le développement des femmes comme les changements climatiques, la violence basée sur le genre et autres.
Il faut, selon elle, encourager la confiance, le respect mutuel et un environnement propice à l’égalité hommes-femmes. Pour sa part la Chine poursuit sa politique conforme au Programme d’action de Beijing. Elle l’inscrit dans ses lois nationales, facilite l’accès à l’éducation des filles et accroit les investissements en ce sens. De plus, le montant des prêts octroyés aux femmes entrepreneur a augmenté de manière significative. Cela s’inscrit dans le constat que la participation économique des femmes est la clef du développement. De plus, l’espérance de vie des femmes en Chine est passée à 77 ans et la mortalité maternelle a baissé. Sur le plan politique, des efforts sont faits pour augmenter la participation des femmes à tous les niveaux ce qui se voit notamment dans la proportion de femmes en charge de comités urbains.
Mme MANUELA SCHWESIG, Ministre des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a rappelé qu’aucun pays n’avait atteint l’égalité des sexes, alors que les femmes et les enfants sont les premières victimes de la violence et de la guerre. Toute forme de violence à l’égard des femmes est une violation des droits de l’homme, a-t-elle dit. Si des femmes et des filles sont violées en tant qu’acte de guerre, c’est un crime. Si des femmes sont oppressées, menacées et battues au nom d’une idéologie religieuse, c’est un crime. Aucune religion du monde ne justifie des abus des droits des femmes, a-t-elle ajouté. Si des femmes qui se dressent en faveur de la démocratie et des droits de l’homme sont emprisonnées ou torturées, c’est un crime. Si des femmes sont battues par leurs partenaires, c’est un crime. Nous n’acceptons aucune excuse quand la violence à l’égard des femmes est passée sous silence. La Ministre a appelé à punir les auteurs de cette violence et à faire cesser de tels crimes.
En Allemagne, a-t-elle indiqué, 40% des femmes de plus de 16 ans ont fait l’expérience d’une forme ou d’une autre de violence physique ou sexuelle, ce qui nous a conduits, depuis 1999, à lutter contre cette violence par le biais de plans d’action. Mais nous devons en faire plus, a-t-elle reconnu. En tant que membre du Conseil de l’Europe, nous avons développé la Convention d’Istanbul sur la violence domestique. La Ministre a invité à inclure l’égalité des sexes dans le programme de développement pour l’après-2015. Nous pouvons changer le monde si nous donnons aux femmes le pouvoir de le faire, a-t-elle conclu.
M. MANU SAREEN, Ministre des affaires sociales, de l’égalité, des enfants et de l’intégration du Danemark, a indiqué que 2015 est aussi une année importante pour les Danoises et le Danemark. Le pays célèbre en effet le centenaire du droit des femmes de voter et de se présenter aux élections. En 1915, après l’amendement de la Constitution, le Danemark est ainsi devenu le tout premier pays au monde où la lutte des femmes a conduit à l’obtention de « ce droit fondamental ». Revenant au travail de la Commission, le Ministre a voulu qu’elle envoie « un message fort et uni »: les objectifs de développement durable doivent inclure un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et les droits de la femme et de la fille. Cet objectif doit porter sur le droit de décider librement de « si, quand et avec qui avoir des enfants » et sur le droit de vivre à l’abri de la coercition, de la violence et de la discrimination.
Les objectifs de développement durable doivent aussi, a insisté le Ministre, prévoir une intégration généralisée de la dimension genre dans tous les autres domaines. Les objectifs, les cibles et les indicateurs doivent refléter cette dimension. Tant que la discrimination et la violence à l’encontre des femmes existeront, il n’y aura ni progrès ni développement durable, s’est dit convaincu le Ministre. L’histoire l’a montré; les sociétés les plus fortes et les plus prospères sont celles dont l’ensemble de la population, hommes et femmes, s’impliquent et apportent leur pierre à l’édifice. Les hommes et les garçons doivent être entraînés comme agents du changement pour l’égalité entre les sexes, la protection des droits de la femme et la lutte contre la violence, et ce, par l’éducation, la sensibilisation et le changement des comportements. Le Ministre a applaudi la campagne « HeForShe » d’ONU-Femmes.
Mme HIJRAN HUSEYNOVA, Présidente de la Commission d’État pour les affaires de la famille, des femmes et des enfants de l’Azerbaïdjan, a souligné le ferme engagement de son pays en faveur du Programme d’action de Beijing. Elle a ajouté que le concept de budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes a été adopté dans son pays. Les lois, programmes et projets de l’État sont examinés sous l’angle de l’égalité tandis que les centres régionaux de soutien familial ont renforcé le cadre institutionnel national. Les questions de l’égalité occupent une place importante dans la Stratégie « Azerbaïdjan 2020 », a dit la représentante, en annonçant des mesures spéciales pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et créer des chances égales sur le marché du travail.
Mme LYDIA MUTSCH, Ministre pour l’égalité des chances du Luxembourg, a rappelé que la semaine passée, son gouvernement avait adopté son Plan pour l’égalité des chances qui propose des mesures concrètes. Grâce à cette approche intégrative qui fait appel à tous les ministères, il sera possible d’aller de l’avant. La Ministre a dit refuser l’idée que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ne relèvent que des ministères de la femme et des activistes de la société civile. Il s’agit au contraire d’une responsabilité partagée par l’ensemble des acteurs. Chaque membre de la société, indépendamment de son sexe, doit se sentir concerné par ces inégalités et contribuer à lutter contre elles.
Mme DELMA THOMAS, Ministre du développement social et du logement de la Grenade, a égrené les réalisations de son pays dans l’accomplissement des droits de la femme qui ont été rendues possibles grâce à une politique nationale et un plan d’action inspirés des droits de l’homme et de la justice sociale. Des mesures contre la violence domestique ont été prises notamment en matière de responsabilité des auteurs et d’aide aux victimes. Des initiatives en faveur des femmes au chômage ont également été lancées pour permettre l’acquisition de compétences. La Ministre a cité la désignation de la première femme gouverneur et un taux de 30% de femmes élues. L’égalité homme-femme est devenue la norme à la Grenade, a-t-elle dit. Elle a tout de même reconnu le manque de capacités spécifiques dans tous les secteurs et a conclu en évoquant la réforme constitutionnelle en cours, qui comprend une consultation publique notamment sur les droits de la femme et l’égalité entre des sexes.
Mme MAKIBI KADIDIATOU DAN DOBI, Ministre de l’égalité entre les sexes du Niger, a expliqué que la situation géopolitique du Niger est caractérisée par des menaces sécuritaires transfrontalières liées au terrorisme et aux organisations criminelles au Nigéria, au Mali, et en Libye. Ces foyers de tension ont eu un impact sur la situation socioéconomique et sécuritaire du pays, qui s’est toutefois résolument engagé à maintenir une accalmie sociale interne et la gestion des réfugiés. En dépit de cette situation, le Niger continue à œuvrer au quotidien pour atteindre les progrès en matière de réduction des inégalités liées au sexe.
Depuis l’adoption du Plan d’action de Beijing, des avancées significatives ont été obtenues dans la promotion de la femme. La Ministre a cité des mesures pour réduire la paupérisation des femmes par le biais de la microfinance et la réaffectation des dépenses publiques; l’appui à la production et à l’allègement des tâches dévolues traditionnellement aux femmes ainsi que l’équipement des groupements féminins et la mise en place d’instruments de protection sociale. Le Niger a également ratifié plusieurs instruments juridiques régionaux et internationaux relatifs aux droits des femmes et a défini des orientations nationales à travers notamment sa politique de promotion de la femme; la politique nationale genre et son plan décennal de mise en œuvre de la loi sur le quota qui vise à augmenter la représentation des femmes dans les fonctions électives au Gouvernement et dans l’Administration.
La Ministre a rappelé que le taux brut de scolarisation des filles est passé de 37% en 2002 à 72% en 2013 et que les réformes du système de santé ont permis l’amélioration générale de l’état de santé de la population, et en particulier des femmes. Ainsi, le taux de mortalité maternelle a connu une nette régression entre 1992 et 2012 pour se situer à 535 pour 100 000 en 2012. Pour ce qui est des défis qui persistent, la Ministre a cité la scolarisation et le maintien de la jeune fille à l’école, la lutte contre les mariages et les grossesses précoces et la maitrise de la croissance démographique.
Mme PASCALE BOISTARD, Secrétaire d’État aux droits des femmes de la France, a déclaré que le Programme d’action de Beijing doit être renforcé. Les droits de la femme ont été malmenés, y compris le droit à l’avortement que la France a reconnu. Elle a noté que les femmes ont été privées de leur liberté et utilisées comme une arme de guerre, comme cela avait été vu au Nigéria, au Niger, au Tchad et au Cameroun. Elle a exhorté à affronter la dictature de Boko Haram et de Daech en Syrie. Ailleurs dans le monde, a-t-elle poursuivi, les femmes font face à des violences physiques et sexuelles, à la violence domestique et aux mutilations génitales. Ces violences doivent être éradiquées et les femmes doivent bénéficier pleinement des droits de l’homme. « Aucun relativisme culturel ne peut être toléré », a estimé Mme Boistard.
Mme HELENA DALLI, Ministre du dialogue social, de la consommation et des libertés civiles de Malte, a remarqué que les femmes doivent supporter le fardeau du sexisme, du racisme, de la xénophobie, de la discrimination au regard de leur âge, de l’homophobie, de la transphobie et d’autres formes encore de discrimination. Nous devons donc réaffirmer une approche du développement basée sur les droits, a-t-elle demandé en recommandant de traiter de ces inégalités et de la promotion des droits des femmes dans le programme de développement pour l’après-2015. Elle a ensuite donné une liste de ce qui a été accompli dans son pays, qui a notamment pénalisé les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les stérilisations forcées et le harcèlement. En outre, l’article de la Constitution maltaise sur la non-discrimination inclut désormais l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Mme Dalli a ensuite présenté les progrès qui ont été accomplis grâce aux efforts du Gouvernement. Malte a ainsi autant de femmes que d’hommes parmi ses élus au Parlement européen et le Parlement maltais a nommé la deuxième femme Présidente de la République en 2014. Elle a aussi signalé une augmentation de l’emploi des femmes et des efforts en vue de promouvoir la santé sexuelle et reproductive.
Mme ALEJANDRA MORA, Ministre de la condition de la femme du Costa Rica, a indiqué que son gouvernement a mis l’accent sur la promotion des droits des femmes vulnérables, notamment les femmes autochtones et les femmes d’ascendance africaine. Elle a relevé qu’au Costa Rica, une mesure législative, adoptée en 1996, attribue 40% des postes des assemblées législatives aux femmes, même si, a-t-elle regretté, les partis politiques ne laissent pas souvent les femmes jouer les premiers rôles, ce qui constitue un obstacle à leur participation politique. L’égalité entre hommes et femmes et l’autonomisation de ces dernières sont des conditions sine qua none pour un développement véritablement durable, a-t-elle plaidé.
Mme LOUISE UPSTON, Ministre de la condition féminine de la Nouvelle-Zélande, a relevé que le monde est encore très loin d’avoir atteint les objectifs fixés par la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. Les violations des droits de femmes et filles restent trop fréquentes, a-t-elle déploré. Elle a ensuite fait part de sa satisfaction de voir que 30 ans après sa création, le Ministère de la condition féminine de la Nouvelle-Zélande, a joué un grand rôle dans l’amélioration de la condition des femmes dans le pays. Elle a indiqué que les priorités du Gouvernement néozélandais en matière de promotion des droits des femmes sont le soutien des femmes sur les lieux de travail; l’appui à l’augmentation du nombre des femmes impliquées dans l’économie; et la prévention de la violence dont elles sont victimes, entre autres.
Mme MELANIE GRIFFIN, Ministre des services sociaux et du développement communautaire des Bahamas, a noté que certains pays sont à la traine dans l’application du Programme d’action de Beijing et que certains ont même reculé. Les Bahamas, une nation jeune, n’ont pas hésité à faire appel à des partenariats pour assurer les progrès et les efforts portant notamment sur une réforme du socle de protection sociale. Une équipe spéciale a été mise en place pour définir un plan national de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des séminaires sont organisés pour faciliter la participation des femmes à la vie politique. Plusieurs amendements ont été introduits à la Constitution pour mettre fin aux derniers vestiges de la discrimination contre les femmes et ces amendements seront soumis à un referendum, a expliqué la Ministre.
Mme TERESA AMARELLE BOUÉ, Secrétaire générale de la Fédération des femmes de Cuba et Membre du Conseil d’État, a fait état des différentes mesures prises à Cuba pour répondre aux exigences du Programme d’action de Beijing. La lutte pour l’égalité entre les sexes est une condition sine qua non du développement et fort de ce constat, la Secrétaire générale a rappelé que « les Cubaines représentent 48% des employés du secteur public et des parlementaires et qu’elles jouissent des mêmes salaires que les hommes ». Elle a également indiqué que les droits sexuels et génésiques sont un acquis. Elle a salué le fait que les objectifs de développement durable comprendront un objectif indépendant axé sur l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes.
Mme ING KANTHA PHAVI, Ministre des affaires féminines du Cambodge, a présenté les améliorations de la situation des femmes dans son pays au cours des 20 dernières années et les engagements pris pour l’avenir. La réduction de la pauvreté et l’amélioration des services publics ont bénéficié aux femmes, a-t-elle ainsi indiqué en signalant aussi que la participation des femmes à l’économie était l’une des plus fortes de la région. L’égalité entre les sexes dans l’enseignement primaire a été atteinte et la mortalité maternelle a diminué de plus de la moitié entre 2000 et 2014. Elle a aussi fait valoir une amélioration de l’accès des femmes à la santé maternelle, sexuelle et reproductive. En outre, les femmes participent davantage à la politique. La Ministre a cependant reconnu qu’il restait des défis à relever, notamment des inégalités au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur. La violence à l’égard des femmes est aussi un secteur où il faut progresser, notamment pour punir efficacement les auteurs. La Ministre a également expliqué que les femmes pouvaient être mieux représentées dans la vie politique et mieux payées dans la vie active. Enfin, elle a assuré que son ministère continuerait de jouer un rôle actif dans la promotion et la coordination de la mise en œuvre des politiques du genre.
Mme ALEJANDRINA GERMAN, Ministre de la condition féminine de la République dominicaine, a souligné que depuis 1995, de nombreux changements en faveur des femmes ont été consolidés en République dominicaine, en particulier dans le système juridique comme en attestent les lois sur le taux de participation des femmes à la politique et contre la violation fondée sur le sexe ou encore le renforcement des mécanismes de promotion de la femme. La Ministre a énuméré quelques succès enregistrés au cours de ces 20 dernières années et qui ont approfondi et accéléré l’autonomisation des femmes. Elle a cité la création de son ministère, la première politique publique pour la prévention et la pénalisation de la violence contre les femmes, le quota de 25% réservé aux femmes dans la loi électorale, l’inscription dans la Constitution du droit du travail des femmes, l’inclusion du principe d’égalité entre les sexes et de non-discrimination dans la loi sur la santé publique, la Constitution politique de 2010 qui est « sans aucun doute le texte constitutionnel le plus inclusif pour les droits et les intérêts des femmes » et l’incorporation du fémicide dans le Code pénal et la dépénalisation de l’interruption de grossesse pour des raisons médicales.
La Ministre n’a pas oublié les défis dont celui d’approfondir la compréhension du concept d’égalité et de finaliser le processus d’harmonisation dans le cadre juridique de la Constitution de 2010. La Ministre a aussi cité la nécessité de reconnaître la valeur productive du travail non rémunéré et celle d’affecter les fonds nécessaires à son ministère, de réaliser les changements structurels pour une meilleure division du travail entre hommes et femmes dans la famille, de garantir la parité dans les postes électifs et de renforcer l’autonomisation économique des femmes. S’agissant du programme de développement pour l’après-2015, la Ministre a plaidé pour un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes; l’intégration de l’égalité entre les sexes comme axe central et transversal de toutes les actions publiques et le renforcement des mécanismes nationaux d’égalité entre les sexes.
« Traduisons les mots en actes », a encouragé M. TOLOFUAIVALELEI FALEMOE LEIATAUA, Ministre de la condition féminine, du développement communautaire et social de Samoa, qui a expliqué comment son pays a « samoaïsé » le Programme d’action de Beijing pour l’adapter au contexte national. Les questions du genre, des droits de l’homme et du handicap ont été intégrées dans tous les secteurs pour promouvoir l’égalité entre les sexes et l’égalité de chances pour les femmes et les jeunes, y compris les personnes handicapées. Le Ministre s’est, par exemple, enorgueilli de la loi sur la protection de la famille qui donne des assurances aux victimes de la violence, de la création d’un Tribunal spécial pour connaître des cas de violence domestique et de la loi sur la protection de l’enfant. Au niveau politique, l’Amendement constitutionnel de 2013 garantit aux femmes un minimum de 10% des sièges au Parlement.
Samoa, a poursuivi le Ministre, est extrêmement vulnérable aux changements climatiques. Le pays a par conséquent intégré complètement les besoins des femmes et des filles dans la politique nationale de résilience, de prévention des catastrophes et d’opérations. Le Ministre a admis que le programme de « leadership transformationnel » du PNUD permet lentement mais sûrement de changer certains comportements sociétaux négatifs et de s’acheminer vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. « Samoa, la Voie à suivre », le Document final de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement réaffirme d’ailleurs l’importance de progresser vers l’égalité entre les sexes, en réalisant le développement durable, a encore souligné le Ministre.
Mme ROSY SOFIA AKBAR, Ministre de la femme, des enfants et de l’atténuation de la pauvreté de Fidji, a présenté la Politique nationale sur le genre de 2014 qui illustre l’engagement du Gouvernement à viser particulièrement les obstacles structurels, culturels, socioéconomiques et religieux à l’égalité entre les sexes, grâce à des mesures et des actions spécifiques. La Ministre a par exemple indiqué que depuis 2004, le budget de son ministère a augmenté de 560%. Elle a cité d’autres progrès, sans toutefois oublier de souligner que les choses sont rendues difficiles par les défis liés à la vulnérabilité du pays face aux impacts des changements climatiques, à la fréquence des catastrophes naturelles et à la dégradation de l’environnement. Elle appelé le système de l’ONU, en partenariat avec les États et les organisations régionales, à appuyer la mise en œuvre des plans nationaux. Elle a conclu en saluant l’inclusion dans le futur programme de développement d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes.
Mme PHAM THI HAICHUYEN, Ministre du travail des handicapés et des affaires sociales du Viet Nam, a indiqué que son pays avait adopté une loi pour l’égalité entre les sexes, ce qui a permis d’améliorer la situation des femmes dans le pays. L’écart dans le domaine de l’éducation s’est réduit et la présence des femmes dans le milieu politique et le secteur privé a augmenté. Il est important, selon elle, de dégager un consensus sur le fait que le développement économique doit s’accompagner de développement social. Alors que les normes sociales sur le rôle des hommes et des femmes persistent, le Viet Nam est confronté à une difficulté, celle liée au manque de données statistiques ventilées pour développer des actions ciblées. Le pays compte sur des partenariats internationaux pour faire des progrès en ce sens.
Mme CIDÁLIA MANUEL CHAÚQUE OLIVEIRA, Ministre du genre, de l’enfance et des affaires sociales du Mozambique, a relevé que les femmes au Mozambique occupent des postes politiques et administratifs parmi les plus élevés. Elle a souligné que la Constitution stipule que les hommes et les femmes sont égaux devant la loi et elle a aussi fait mention des mécanismes institutionnels d’accompagnement juridique des femmes victimes de violence, afin de les encourager notamment à ester en justice.
Mme NANA OYE LITHUR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, s’est félicitée de ce que le Ghana ait été le premier pays d’Afrique subsaharienne à avoir réalisé le premier des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), celui relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim. Pour réduire le nombre des décrochages scolaires, le Gouvernement a adopté une politique de bourses aux adolescentes. Le Ghana, a indiqué la Ministre, a institutionnalisé la protection sociale et il vit une situation où les femmes occupent de plus en plus de postes élevés.
Mme ZENEBU TADESSE, Ministre de la femme, des enfants et des affaires sociales de l’Éthiopie, a affirmé qu’il fallait relever les défis socioéconomiques qui entravent les droits et l’autonomisation des femmes. Depuis 20 ans, un certain nombre de mesures qui se reflètent dans la loi et dans la Constitution éthiopiennes ont été adoptées pour promouvoir la condition de la femme. À ce titre, la Ministre a cité la loi révisée sur la famille et le Code pénal qui prévoient tous deux la protection des femmes. Les politiques de l’éducation et de la santé sont également une autre preuve de la détermination du Gouvernement éthiopien à s’engager en faveur de l’autonomisation des femmes afin qu’elles puissent jouer un rôle actif dans le développement durable du pays. Pour illustrer son propos, elle a évoqué quelques chiffres comme celui de la représentation des femmes au Parlement qui était de 17% en 2010 et le taux de mortalité maternelle qui est tombé à 420 pour 100 000 en 2010.
Mme KIM HEEJUNG, Ministre de l’égalité entre les sexes et de la famille de la Corée, a expliqué que le taux de recrutement des femmes avait fortement augmenté en 20 ans dans son pays. Toutefois les femmes ont encore du mal à garder leur poste une fois qu’elles ont eu un enfant, a-t-elle reconnu. Pour y remédier, le Gouvernement a opté pour la mise en place de crèches, des congés de paternité et des horaires aménagés pour les femmes. S’agissant de la représentation des femmes dans la sphère politique, la législation a été revue en 2004 pour que les femmes occupent 50% des sièges à l’Assemblée nationale. Pour ce qui est de la sécurité des femmes, pour la première fois en 2013, le Gouvernement a déclaré que la violence faite aux femmes est un fléau et qu’il faut en parler et s’y attaquer. Ainsi, depuis 2013, la loi a été revue pour assurer une meilleure protection des femmes et des enfants.
Mme HAJIA ZAINAB MAINA, Ministre de la condition féminine du Nigéria, a relevé que pour améliorer la santé sexuelle et reproductive des Nigérianes, plus de 600 enseignants ont été formés pour prodiguer des cours aux femmes, une mesure qui a permis de faire baisser le taux de mortalité maternelle, a-t-elle salué. Elle a également fait mention de mesures visant à lutter contre les violences faites aux femmes, assurant à ce propos que le Gouvernement était toujours à la recherche des lycéennes enlevées l’an dernier par la secte islamiste Boko Haram.
Mme CECILIA VACA, Ministre du développement social de l’Équateur, a indiqué que son gouvernement a mis en place un programme de soutien aux femmes les plus vulnérables en leur transférant des fonds chaque mois, afin qu’elles prennent soin de leur famille et pour renforcer leur autonomisation économique. Elle a également souligné que l’accès aux services sociaux de base leur est facilité et que le travail qu’elles fournissent à la maison est davantage reconnu et comptabilisé. L’Assemblée nationale de l’Équateur est présidée par une jeune femme, s’est-elle félicitée, ajoutant que 40% des sièges y sont aussi détenus par les femmes.
Mme YOHANA SUSANA YEMBESI, Ministre de l’autonomisation de la femme de l’Indonésie, a expliqué que le Plan de développement tient compte de la perspective genre dans tous les domaines. Ainsi l’Indonésie est passée à 12 ans d’école obligatoire, et le taux de mortalité maternelle à 360 pour 100 000. Les femmes sont désormais plus nombreuses dans les organes législatif et judiciaire. À l’avenir, les efforts vont se concentrer sur le renforcement de la Commission nationale de protection des femmes et des enfants, sur la budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes et l’accès des femmes aux soins de qualité. Pour y arriver, le Gouvernement encourage les partenariats avec la société civile et les organisations internationales.
Mme MONIA MESLEM SI AMER, Ministre de la solidarité nationale, de la femme et du statut de la femme de l’Algérie, a exposé les succès des deux dernières décennies en termes de promotion de la condition de la femme. Les femmes algériennes sont fières de pouvoir participer à la société en tant que mères et en tant que travailleuses, a affirmé la Ministre qui a fait état d’une stratégie qui met l’accent sur la participation de la femme au marché de l’emploi et une autre qui lutte contre la violence à l’encontre des femmes. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des filles ont accès à l’école en Algérie et elles peuvent poursuivre des études supérieures. Il existe une autre politique favorisant l’emploi des femmes, dont la Charte des femmes travailleuses. L’Algérie a fait des efforts considérables pour amender la loi sur la famille de 2005 et pour pénaliser le harcèlement sexuel sous toutes ses formes. Ainsi en 2007, un cadre de lutte contre la violence faite aux femmes a émergé et en 2012, deux lois ont été adoptées pour qu’au moins 30% de femmes siègent au Parlement algérien.
Mme SANDREA FALCONER, Ministre sans portefeuille du Gouvernement de la Jamaïque, a déclaré que le Gouvernement jamaïcain a mis en place des mesures pour lutter contre la violence faite aux femmes dont la violence domestique. Un projet de loi contre le harcèlement sexuel sera présenté au Parlement cette année, a-t-elle promis. Elle s’est ensuite félicitée du fait qu’en 2012, 72% environ des microcrédits accordés par la Banque centrale de la Jamaïque ont profité aux femmes. Elle a aussi souligné que selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Jamaïque est le pays qui a le plus de femmes chefs d’entreprises au monde.
Mme ANA AMINTA MADRID PAZ, Ministre en charge de l’Institut national des femmes du Honduras, a déclaré que la prévention de la violence sexiste est l’une des priorités de son gouvernement. Elle a ajouté que le Honduras entend bâtir des systèmes de protection sociale en vue de renforcer l’autonomisation des femmes. Les inégalités sont étroitement liées aux réalités économiques, sociales et environnementales, a-t-elle relevé, précisant que pour y faire face, il faudrait établir des partenariats à l’échelle internationale. Le Gouvernement du Honduras s’est engagé à assurer la santé des femmes, notamment les plus marginalisées comme les femmes d’ascendance africaine.
Mme MARIA FILOMENA DELGADO, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, a rappelé que la Constitution de son pays dispose de l’égalité en droit de tous. Le Plan national de développement stipule que les hommes et les femmes sont au cœur des efforts de développement et les mesures visent à assurer les mêmes chances pour tous. Depuis 2009, l’exécutif angolais a accordé plus d’attention à la mise en œuvre de stratégies et programmes qui s’inscrivent dans le Programme d’action de Beijing. À ce titre, la Ministre a cité l’accès des femmes au microcrédit et à la protection juridique ainsi que la création de plusieurs mécanismes visant à protéger et promouvoir les droits de l’enfant.
Mme CLAUDIA PASCUAL, Ministres des affaires de la femme du Chili, a indiqué que son gouvernement renforçait son engagement en faveur des femmes. « Les femmes doivent être au pouvoir et prendre des décisions en vue de garantir la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing », a–t-elle déclaré. Aujourd’hui 9 mars, la Présidente Bachelet a lancé le programme « Femme, sécurité et paix » et en vue d’améliorer la participation des femmes à la vie politique, le Chili recherche désormais la parité à tous les échelons, y compris dans les entreprises publiques. Le Gouvernement a également reconnu les unions civiles de personnes de même sexe et a lancé des formations sur la prévention de la violence à l’égard des femmes, y compris au sein de la famille. Le Chili travaille aussi à réduire l’écart salarial.
Mme BASSIMA HAKKAOUI, Ministre de la solidarité, des femmes, de la famille et du développement social du Maroc, a relevé que la Constitution de 2011 du Maroc a consacré certaines mutations comme la lutte contre toutes les formes de discriminations. Le pays a ainsi mis en place, a-t-elle indiqué, un centre national sur la parité et un observatoire des violences faites aux femmes. En 2012, le Gouvernement du Maroc a en outre mis sur pied un fond pour la famille pour venir en aide aux divorcées et aux veuves, femmes les plus vulnérables.
Mme VIRGINIA VELASCO, Ministre de la justice de Bolivie, a plaidé pour que le programme de développement pour l’après-2015 contienne un objectif spécifique transformateur en rapport avec l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Elle a aussi plaidé pour l’abolition du système de patriarcat qui contribue, a-t-elle relevé, à la subordination des femmes à travers le monde. Elle a en outre souhaité que les femmes soient davantage associées aux décisions prises dans la société, en particulier les femmes autochtones.
Mme SOSEFO FEAO VAKATA, Ministre des affaires intérieures de Tonga, a salué l’appui important fourni par ONU-Femmes. Le Gouvernement de Tonga, a-t-il dit, est prêt à ratifier la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), avec quelques réserves cependant. Cette décision a été prise après un processus de consultation publique de quatre ans initié et dirigé par le Gouvernement et qui était ouvert à toutes les parties prenantes, y compris des organisations de femmes et des groupes féministes, a expliqué la Ministre.