Commission de la condition de la femme: l’investissement dans l’égalité entre les sexes est un investissement dans la croissance économique et le développement
La Commission de la condition de la femme a poursuivi aujourd’hui sa session annuelle, entamée hier, par, outre son débat général, quatre tables rondes ministérielles dont une a conclu que l’investissement dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes est un investissement dans la croissance économique et le développement.
Vingt ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, l’égalité des salaires n’est toujours pas acquise, le travail décent pas garanti et la participation des femmes aux processus de prise décisions économiques et politiques faible. La pauvreté, la violence et les maladies sont le lot quotidien de beaucoup d’entre elles.
Comme l’a souligné la Ministre libérienne de l’égalité des sexes, la flambée de l’épidémie d’Ebola a mis à mal la capacité du Libéria de consolider les acquis. Les femmes, qui sont parties de « zéro à héros », sont « revenues à zéro ». Son homologue de la Guinée a compté 55% de décès chez les femmes, plus de 600 veuves et plus de 4 000 orphelins. La Guinée, a dit la Ministre guinéenne de la promotion de la femme, a besoin d’un accompagnement « fort, concret et massif » pour remonter la pente « difficile » de l’après-Ebola.
Quant à l’après-2015, ministres et représentants de gouvernement ont voulu un nouveau programme de développement qui prône l’intégration de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes dans les politiques macroéconomiques, lesquelles doivent favoriser la mobilisation de ressources pour financer les investissements dans les réformes qui permettront aux femmes de vivre et de travailler sur un pied d’égalité avec les hommes.
Parmi ces réformes, des délégations ont parlé de l’instauration de quotas pour hisser la place des femmes dans les listes électorales et les conseils d’administration des entreprises publiques et privées. « C’est bien beau de promouvoir la participation des femmes et leur autonomisation par des lois, mais quand elles sont à la maison, ce sont les sentiments qui parlent, et c’est dans ce cadre privé que se joue le vrai combat pour l’égalité des sexes », a fait remarquer la représentante du Maroc, rejointe par des appels à la mobilisation des hommes et des garçons mais aussi à l’inclusion d’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement et à son intégration dans tous les autres objectifs.
Au-delà des cadres juridiques, le mot d’ordre a été « investir dans le social », à savoir l’éducation et la santé, les campagnes d’alphabétisation, les crèches communautaires, les congés de maternité payés et les allocations familiales pour permettre aux femmes non seulement de travailler mais de concilier vie familiale et vie professionnelle.
Investir dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes a un effet catalyseur pour la croissance économique et le développement, a insisté la Ministre des affaires sociales de l’Islande, un pays où 80% des femmes travaillent. C’est un message que le Gouvernement suédois actuel a bien compris puisqu’il se veut résolument « féministe », ce qui se traduit par une budgétisation soucieuse d’égalité entre les sexes. Comme l’a relevé la représentante de l’Indonésie, c’est le manque de ressources qui entrave les efforts des gouvernements.
Demain mercredi 11 mars, la Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux avec son débat général à 10 heures et une table ronde ministérielle à 15 heures.
TABLES RONDES MINISTÉRIELLES SUR LE THÈME « PRIORITÉS DE L’ACTION À MENER POUR PARVENIR À L’EGALITE DES SEXES, AUTONOMISER LES FEMMES ET ASSURER LE RESPECT DES DROITS FONDAMENTAUX DES FEMMES ET DES FILLES » (E/CN.6/2015/3 et E/CN.6/2015/4)
Table ronde ministérielle sur le thème « Mettre l’économie au service des femmes et des filles »
Dans ses remarques d’ouverture, la Présidente de cette séance, Mme MASHAAIR AHMED ELAMIN ALDAWALAB, Ministre fédérale de l’assistance publique et de la protection sociale du Soudan, a mis l’accent sur le fait que la crise économique de 2007-2008 et les mesures d’austérité adoptées pour y faire face, ont fragilisé les acquis, exacerbant les inégalités subies par les femmes. La réaction à la crise a eu pour seule priorité la croissance économique sans tenir compte des questions relatives aux conditions de travail et aux investissements publics nécessaires à la réalisation de l’égalité entre les sexes, en particulier dans le monde du travail. Pour la Ministre, le défi du programme de développement pour l’après-2015 sera d’intégrer ces questions dans les politiques macroéconomiques.
C’est précisément l’une des questions abordées par cette table ronde, qui était facilitée par la Secrétaire générale de la Fédération internationale des travailleurs domestiques (IDWF), Mme ELIZABETH TANG. Quels sont les défis actuels et les mesures à prendre pour assurer l’égalité économique dans le cadre du futur programme de développement? Il faudra des politiques macroéconomiques qui favorisent la mobilisation des ressources pour des investissements dans les infrastructures, la protection sociale et les réformes nécessaires pour l’égalité des droits devant l’emploi. « Tournons-nous vers l’avenir et axons nos efforts sur des résultats concrets », a lancé Mme Tang, en cédant la parole aux ministres présents, même si « en tant que syndicaliste, j’ai tendance à être un peu cynique par rapport à ce que disent et font les gouvernements ».
Si globalement, l’écart entre les taux d’activité des hommes et des femmes a tendance à se réduire, de nombreux intervenants ont souligné que cela ne signifie pas que les femmes jouissent d’un accès égal au marché de l’emploi. En Serbie, 60% des femmes travaillent, 47,3% au Canada, 45% en Chine, 64,6% en Nouvelle-Zélande et 57% au Bangladesh.
Plusieurs ministres ont décrit leurs mécanismes institutionnels pour promouvoir la participation des femmes à la vie économique. Tous ont semblé partager le point de vue de la représentante de l’Australie selon laquelle « renforcer la présence des femmes dans le monde du travail est la meilleure manière d’augmenter leur prospérité et celle de leurs familles ». Permettre aux femmes d’avoir un travail décent, stable et bien payé est crucial, ont acquiescé les intervenants. Comme l’a dit la représentante du Royaume-Uni, « l’autonomisation des femmes est essentielle pour une croissance inclusive ». Il est impensable que mon pays puisse devienir un pays à revenu intermédiaire sans la contribution des femmes, a affirmé la représentante du Bangladesh.
Il faut donc des économies « plus sensibles » aux besoins des femmes, permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle. Pour y arriver, tous s’accordent à dire qu’il faut s’attaquer aux cadres juridiques mais aussi travailler à l’accès au microcrédit pour encourager l’entreprenariat; à des politiques fiscales spécifiques et aux systèmes de protection sociale prévoyant des allocations familiales, des congés de maternité payés, des garderies d’enfants et des congés parentaux.
Depuis 1995, la lenteur des progrès est particulièrement « frappante » quand il s’agit de la représentation des femmes aux postes de haut niveau, qu’il s’agisse du secteur public ou du secteur privé, sans compter la question persistante de l’écart salarial à travail égal qui reste « la norme » même dans un pays comme l’Allemagne où il est de l’ordre de 22%.
Pour remédier à ces barrières, les pays optent souvent pour les quotas. Ainsi le Canada a avancé un objectif de 30% de femmes dans les postes à responsabilité dans les entreprises, de même que l’Allemagne. Dans ce domaine, les partenariats avec la société civile ont été cruciaux. D’autres interventions ont mis l’accent sur la nécessité « de faire passer les femmes du secteur informel au secteur formel » et pour le représentant du Pakistan, cela passe par une reconnaissance officielle des travailleurs informels et l’adoption d’une règlementation efficace.
Table ronde ministérielle sur le thème « Investir dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes »
Force est de constater que l’égalité des sexes continue de pâtir d’un sous-investissement chronique, souvent exacerbé par la crise économique, a répété les intervenants. Sous la présidence de la Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, Mme MARINA KALJURAND, le débat a été animé par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, Mme AMINA MOHAMED.
Pour Mme Mohamed, 2015 est une année charnière avec ses deux processus de négociation parallèles d’une part sur le nouveau programme de développement et, d’autre part sur les changements climatiques. Comme la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement n’a pas vraiment permis d’avancer la cause des femmes, on doit poursuivre les efforts au-delà de 2015 et mettre les femmes et les filles au centre de l’attention.
Les efforts nécessitent des combats sur plusieurs fronts allant de la mobilisation des ressources nationales aux politiques budgétaires et fiscales qui doivent intégrer la composante égalité des sexes, y compris dans l’aide publique au développement (APD). Tous les acteurs, publics et privés, doivent s’unir pour garantir que l’égalité entre les sexes soit au premier plan dans le financement du nouveau cadre de développement pour l’après-2015.
Cela soulève plusieurs questions, dont celle liée à la manière d’analyser les dépenses publiques sur l’égalité entre les sexes. Comment encourager les partenariats entre donateurs et gouvernements et comment mesurer les succès et ajuster le tir pendant les 15 prochaines années?
Il faut d’abord et avant tout insister sur la nécessité d’investir dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes compte tenu de leur importance pour le développement, a estimé la représentante de l’Égypte, et pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, a ajouté la représentante de l’Espagne. Leur homologue de l’Inde a ajouté que cela suppose une volonté politique au plus haut niveau et une inclusion des femmes à tous les niveaux de prise de décisions. Pour la plupart des intervenants, il s’agit aussi d’une question transversale qui touche tous les ministères et passe par une budgétisation sexospécifique, en plus des réformes juridiques.
Comme l’a annoncé la représentante de la Suède, son Premier Ministre a décidé que son gouvernement serait « un gouvernement féministe ». Cela se traduit, a dit la représentante, par une budgétisation sexospécifique essentielle pour allouer des ressources adéquates à tous les secteurs. Pour les pays en développement en revanche, la tâche est complexe car la question des ressources se pose dont celle de l’APD. Il faut des partenariats Sud-Sud et Nord-Sud et la mobilisation du système des Nations Unies pour l’aide financière et technique, comme l’ont souligné entre autres les représentants du Viet Nam, du Soudan et de l’Angola. C’est le manque de ressources qui entrave nos efforts, a affirmé leur homologue de l’Indonésie. La représentante de l’Iran a appelé à la vigilance et a proposé de mettre en place de systèmes d’évaluation en fonction des besoins des pays pour mieux canaliser l’APD. Celle du Paraguay a demandé aux Nations Unies de fournir des informations précises sur les ressources allouées à l’égalité entre les sexes.
Pour le représentant de la Thaïlande, il ne faut pas limiter le débat aux ressources financières car cet investissement doit être assorti de mesures comme l’amélioration des programmes scolaires, la promotion de la représentation des femmes à tous les niveaux des entreprises publiques et privées ou encore la création de partenariats stratégiques avec la société civile. La représentante de l’Érythrée « issue d’une société patriarcale où on lutte contre les pratiques et attitudes néfastes à l’égard des femmes », a partagé ce point de vue. C’est le social qu’il faut viser: éducation et santé pour les femmes et les filles, campagnes d’alphabétisation et écoles pour les populations nomades, centres de soins pour améliorer la santé maternelle et infantile.
L’investissement commence à l’école et à la maison, a ajouté le représentant des Palaos. Il commence dans les familles, parmi les femmes et dans les communautés, a renchéri son homologue du Nicaragua. Plusieurs intervenants ont mis en avant l’importance des données ventilées, ce qui exige coordination et encore une fois financement. De tels outils permettraient d’affiner les mesures et d’avoir un impact plus direct sur les femmes.
Table ronde sur le thème « Transformer la politique et la vie publique pour parvenir à l’égalité entre les sexes »
Présidée par la Ministre de la condition féminine d’El Salvador, Mme YANIRA ARQUETA, la table ronde était animée par Mme AMINATA TOURE, ancienne Premier Ministre du Sénégal.
De nombreux orateurs ont estimé que pour transformer les institutions et créer un environnement propice à l’égalité des sexes, il faut d’abord et avant tout changer la législation. « Il faut des lois qui créent un environnement favorable à la participation des femmes à la vie publique », ont martelé plusieurs intervenants, et ces lois doivent clairement instituer des quotas, ont précisé certains parmi lesquels la représentante de la Pologne.
« Nous avons la représentation la plus basse. En fait, aucune femme n’est membre de notre Parlement », a avoué le représentant de Tonga, en promettant que la nouvelle loi électorale palliera cette injustice. Au Liechtenstein, a relevé sa représentante, les femmes n’ont le droit de voter que depuis 30 ans. Elles ne s’engagent pas facilement dans la vie publique à cause des stéréotypes qui leur attribuent la charge exclusive des enfants et des tâches ménagères. Les choses évoluent tout de même dans le bon sens, ont salué plusieurs orateurs, au rang desquels la représentante de l’Iraq qui s’est félicitée de ce que la ville de Bagdad ait une femme maire, « un évènement historique ».
La représentante du Luxembourg a prôné la mise en place de ministères spécifiques qui mettent sur pied une véritable politique de promotion de la participation politique des femmes. Il faut que les femmes qui ambitionnent de faire carrière en politique aient la possibilité de suivre des formations, a suggéré la représentante du Mexique. La formation politique est cruciale, a acquiescé son homologue de la Jamaïque.
En Algérie, dans les années 1990, l’implication des femmes dans la lutte contre le terrorisme leur a conféré plus de place dans l’espace publique, a déclaré la représentante. Pour sa collègue du Mozambique, la promotion des droits de la femme pourrait bénéficier des vertus de la coopération Sud-Sud, d’autant plus que dans certains pays du Sud, comme Cuba, la question de la représentativité des femmes ne se pose même plus, comme l’a affirmé la représentante du pays. Pour permettre à ces pays d’autonomiser les femmes, le Gouvernement du Japon, a souligné son représentant, a consacré 3 milliards de dollars à l’aide publique au développement (APD).
Si on adopte des quotas, il ne faut pas oublier que la représentation des femmes doit aussi être qualitative, a prévenu le représentant de l’Arménie. Mais la compétence des hommes publics n’est jamais remise en cause, a objecté la représentante de la France. Pourquoi ne parle-t-on de la qualité que lorsqu’il s’agit des femmes? « On peut dire qu’il y aura égalité entre les sexes quand on verra le même quota de non qualifiés chez les hommes comme chez les femmes dans nos parlements », a tranché la représentante de l’Islande. D’abord les quotas et après nous parlerons des compétences des uns et des autres, a résumé la représentante de la Slovénie, avouant que les femmes ne doivent pas concourir dans la médiocrité, mais dans l’excellence. Avec le coût élevé des campagnes électorales, il est peu probable de voir les femmes concourir avec des hommes qui détiennent les leviers économiques, a mis en garde la représentante du Costa Rica, en soulevant un autre problème.
« C’est bien beau de promouvoir la participation des femmes et leur autonomisation par des lois, mais quand elles sont à la maison, ce sont les sentiments qui parlent, et c’est dans ce cadre privé que se joue le vrai combat pour l’égalité des sexes », a taclé la représentante du Maroc. Elle a suggéré que les hommes soient incités à changer leur mentalité, des propos qui ont été accueillis par applaudissements nourris. Il vaut mieux s’assurer du soutien des hommes pour faire avancer les choses, a acquiescé la représentante de la Slovénie.
Table ronde sur le thème « Appliquer le principe de responsabilité afin de parvenir à l’égalité de fait pour les femmes et les filles »
Cette dernière table ronde a permis d’entendre un plaidoyer fort pour que les dirigeants publics et privés soient comptables de leurs politiques en matière d’égalité des sexes.
Le Secrétaire général du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, M. BENNO BATTIG, qui a présidé le débat, a souligné que l’égalité des sexes est l’affaire de tous, et non des dirigeants publics seuls.
L’animatrice de cette table ronde, Mme ELIZABETH BRODERICK, Commissaire fédérale en matière de discrimination des sexes de l’Australie, a ouvert les échanges en invitant les femmes à demander des comptes aux décideurs et « cette reddition de comptes doit se faire à la fois par les autorités publiques et par le secteur privé ». La responsabilisation des politiques est encore plus cruciale dans des situations de crise, ont insisté des orateurs. La déléguée du Mali a par exemple dépeint la situation des Maliennes qui ne cesse de se dégrader depuis la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays depuis deux ans. En Guinée, en plus des problèmes traditionnels que connaissent les femmes, l’épidémie à virus Ebola est venue, l’an dernier, aggraver la situation, a noté la déléguée du pays. Elle a indiqué que les femmes représentent 55% des victimes de la maladie, tandis que d’autres se retrouvent du jour au lendemain veuves et abandonnées, ce qui accentue leur vulnérabilité.
De nombreux orateurs ont constaté que l’absence de mécanismes de responsabilisation fait que le Programme d’action de Beijing est trop considéré comme une priorité par les décideurs. Comme la représentante du Bahreïn, de nombreux intervenants ont rappelé aux parlements leur rôle garant du respect des lois. En Norvège, a dit son représentant, le bureau de l’Ombudsman a été mis en place pour les victimes de discrimination à caractère sexiste, sans compter des services juridiques qui sont prodigués gratuitement.
Pour la déléguée de la Zambie, responsabiliser les décideurs passe par une responsabilisation face à l’approche budgétaire. Pour responsabiliser les dirigeants, il faut d’abord établir des données claires sur ce qu’il y a à faire, et ainsi mieux assurer le suivi des réalisations, avec des indicateurs quantifiables et des évaluations permanentes, a souligné la représentante de la Lettonie.
Mais, a fait remarquer la représentante du Maroc, le secteur privé est trop peu soumis aux mêmes exigences. Il faut donc, a conseillé son homologue de la Belgique, établir également des objectifs clairs assortis d’indicateurs. Elle a plaidé pour le renforcement de la régulation du secteur privé et l’instauration de quotas. Prenant exemple sur une loi de 2011 qui stipule que les conseils d’administration des entreprises privées cotées en bourse doivent avoir au moins un tiers de femmes, elle a assuré que cette mesure avait fait évoluer les choses de manière positive. L’animatrice a clos la table ronde en relevant le besoin de responsabiliser davantage le secteur privé, car, « l’égalité des sexes est bonne pour les affaires ».
Les femmes doivent donner de la voix et elles sont d’autant plus audibles quand elles sont économiquement épanouies, ont noté des délégations. Une réalité qui a fait dire à l’animatrice, sur le ton de l’humour, que « les femmes doivent cesser de considérer les hommes comme des comptes bancaires » si elles veulent qu’on les entende.
Suite du débat général
Mme ANNE WAIGURU, Secrétaire de Cabinet pour la dévolution et la planification du Kenya, a cité quelques chiffres pour illustrer les progrès enregistrés dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing. Elle a parlé du Fonds pour l’entreprenariat des femmes et des jeunes doté de 240 millions de dollars. Elle a aussi cité le fait que son gouvernement a réservé au moins 30% des marchés publics à cette catégorie de citoyens. En matière d’éducation, le Kenya a réalisé 100% de taux de scolarisation, les filles représentant 51% du total des inscriptions. La gratuité des soins de santé, dont la maternité, est effective dans les hôpitaux publics. Aujourd’hui, 50% des naissances se déroulent dans un milieu médicalisé. S’agissant de la participation politique, le Gouvernement actuel est composé de 33,3% de femmes.
Mme NILAM K.C. KHADKA, Ministre de la condition féminine, de l’enfant et du bien-être social de l’Iraq, a affirmé que 50% des postes à responsabilités sont occupés par des femmes, dont le maire de Bagdad. Mais elle n’a pas caché que le Gouvernement fait face à des difficultés importantes. Après la chute de la dictature, le pays a connu 12 années d’attaques terroristes violentes durant lesquelles les femmes sont violées, enlevées, forcées à l’esclavage ou contraintes de fuir. « Que faire contre l’État islamique? » Le Gouvernement déploie certes des efforts considérables pour libérer le monde du terrorisme mais il ne reçoit pas d’aide suffisante, a-t-elle déploré. Plus la situation perdurera, plus les femmes souffriront, a averti la Ministre.
Mme KELLIE LEITCH, Ministre de la condition de la femme du Canada, a déclaré que dans son pays, les femmes sont plus nombreuses dans les universités, représentent la moitié de la main-d’œuvre et sont plus présentes dans les conseils d’administration et les postes de décideurs. Le pays entreprend des actions pour accroître la participation des femmes dans le marché de l’emploi et diminuer l’écart salarial. Le Gouvernement aide les femmes entrepreneurs à faire prospérer leurs affaires et à améliorer la représentation des femmes dans les métiers spécialisés et les professions techniques. Mme Leitch a reconnu que la violence basée sur le sexe continue d’être un obstacle. Le Canada a mis en place de nouvelles lois sur la criminalité et a renforcé les peines. Il a aussi mis en œuvre des plans contre le trafic des êtres humains, la « cyberviolence » et la violence contre les autochtones et les filles.
Mme LORENA CRUZ SANCHEZ, Présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, a rappelé que la première Conférence mondiale sur les femmes a été organisée au Mexique en 1975. Mme Sanchez s’est enorgueillie de l’intégration de la perspective du genre dans toutes les politiques publiques du Mexique. Elle a mis l’accent sur la parité aux postes électifs et sur la Stratégie contre la grossesse chez les adolescentes. Seuls les projets bien articulés entre le Gouvernement et la société civile pourront nous permettre d’avancer.
Mme JULIA DUNCAN-CASSEL, Ministre de l’égalité des sexes, du genre et de la protection sociale du Libéria, a dit que des progrès considérables ont été réalisés au Libéria depuis l’adoption d’un Programme national sur l’égalité hommes-femmes en 2009. Elle s’est inquiétée de la persistance des inégalités structurelles qui empêchent la pleine mise en œuvre des droits de la femme. Elle a dit que le Libéria avait eu en 2010 le Prix de l’OMD 3 pour ses progrès dans le domaine de l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes. Nous avons élu une femme présidente par deux fois et de nombreuses femmes ont été nommées à des postes importants. Onze pour cent des députés et 13% des sénateurs sont des femmes. Mais, a souligné la représentante, la flambée de l’épidémie Ebola a mis à mal la capacité du Libéria de consolider les acquis. Les femmes, qui sont parties de « zéro à héros » sont « revenues à zéro ». Citant d’autres progrès, la Ministre a classé parmi les difficultés l’affectation budgétaire inadéquate du mécanisme chargé de la promotion des droits de la femme, la mise en œuvre inefficace de la politique genre, les faibles capacités humaines, l’augmentation du nombre de viols et des délits de violence à l’encontre des femmes.
M. TAKASHI UTO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a dit que son pays a formulé et mis en œuvre des politiques nationales pour la parité entre les sexes de manière systématique. Il a donné quelques exemples dont le projet de loi obligeant le Gouvernement, les gouvernements locaux et les entreprises à formuler et à publier leur plan d’action sur le recrutement, la promotion et la formation visant à promouvoir la participation active des femmes sur le lieu de travail. Le Japon compte aussi convoquer, une nouvelle fois, l’Assemblée mondiale des femmes à Tokyo les 28 et 29 août pour discuter de leur autonomisation, de manière globale. En outre, la troisième Conférence des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, qui se tient à Sendai cette semaine, abordera aussi la participation et le leadership des femmes dans ce domaine.
Le Vice-Ministre a espéré que l’engagement du Japon à accorder aux pays en développement la somme de 3 milliards de dollars en trois ans, sera la graine qui se transformera en un avenir plus prospère pour les femmes et les filles. Après avoir mis l’accent sur l’augmentation de la contribution japonaise à ONU-Femmes, le Vice-Ministre a annoncé que le bureau de liaison de cet organisme à Tokyo devrait ouvrir cet été. Nous avons pris le mois dernier la décision de consacrer 1,6 milliard de dollars à ONU-Femmes et à l’équipe d’experts de la Représentante spécial edu Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit pour appuyer des projets dans des pays comme le Soudan du Sud, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo, a encore annoncé le Vice-Ministre.
Lorsque les femmes entrent en politique, la politique chante, a déclaré Mme MARIA GRAS, Présidente du Conseil national des femmes d’Argentine. Depuis l’élection de Mme Cristina Kirchner à la présidence, le pays a fait d’importants progrès. La représentante a cité la création de plus de 400 organisations civiles dont l’objectif est d’améliorer la sécurité sociale dont 80% de la population bénéficiait en 2014. Aujourd’hui 47% des postes de direction sont occupés par des femmes en Argentine. Si le XIXe siècle a été le siècle des hommes, nous devons faire en sorte que le XXIe soit celui de l’égalité entre les sexes. Pour y parvenir, elle a préconisé davantage de participation des femmes à tous les niveaux du pouvoir. Il faut lutter contre l’indifférence et faire preuve de courage. Il faut libérer les femmes économiquement, en sachant qu’il n’y a pas de réponse unique sinon que les femmes doivent occuper l’espace politique.
Mme SAMIRA MERAI FRIAA, Ministre des femmes, de la famille et des enfants de la Tunisie, a souligné la nécessité de réaffirmer l’engagement collectif du monde au Programme d’action de Beijing et la nécessité de faire des efforts complémentaires sur la base des leçons apprises. Les femmes de Tunisie ont gagné des rôles de leadership politiques au cours des dernières années, mais il y avait encore des lacunes dans leur représentation à tous les niveaux. La Constitution consacre l’égalité des hommes et des femmes et a servi de base pour les politiques et les programmes gouvernementaux dans des domaines clefs, y compris la violence contre les femmes, a dit la Ministre en ajoutant que les efforts pour réduire l’écart entre les sexes dans les zones rurales et urbaines, pour promouvoir les services de santé et pour accroître les possibilités économiques nécessitent la formulation de politiques qui aideraient à faire une véritable percée vers l’égalité et l’autonomisation.
Représentante d’un pays où 80% des femmes travaillent et apportent une contribution « décisive » à la croissance économique et au développement, Mme EYGLO HARDARDOTTIR, Ministre des affaires sociales et du logement de l’Islande, a appelé le monde à se montrer audacieux dans les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015. L’Islande appuie et continuera d’appuyer un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ainsi que leur intégration dans l’ensemble du nouveau cadre de développement. Le but doit être une approche porteuse de transformations qui traite véritablement des causes structurelles des inégalités entre hommes et femmes et des questions qui ont été ignorées dans les Objectifs du Millénaire pour le développement comme la violence contre les femmes, la santé et les droits sexuels et reproductifs, le leadership des femmes et les droits économiques mais aussi les pratiques néfastes comme le mariage précoce et forcé. Les objectifs doivent être assortis d’un calendrier de mise en œuvre et d’indicateurs quantifiables et pratiques. Nous ne pouvons attendre une autre période de 70 ans pour réaliser l’égalité, s’est impatientée la Ministre.
Mme CANARA SANABA KABA, Ministre de l’action sociale et de la promotion des femmes et des enfants de la Guinée, a fait part des progrès enregistrés dans son pays, avant de rappeler que l’examen de Beijing+20 se déroule pendant que son pays est confronté depuis février 2014 à l’épidémie à virus Ebola qui a endeuillé de nombreuses familles. Cette épidémie a particulièrement affecté les femmes avec 55% des décès, plus de 600 veuves et plus de 4 000 orphelins. C’est la raison pour laquelle le pays a célébré le 8 mars sous le thème « les femmes au-delà d’Ebola ». En collaboration avec les ONG et les partenaires au développement, le Gouvernement guinéen a fait preuve d’une forte mobilisation pour informer et sensibiliser l’opinion publique.
Cette crise sanitaire a porté une grave atteinte à l’élan pris par le pays qui avait abouti au rétablissement de la confiance avec les institutions financières internationales. Malheureusement ces résultats sont aujourd’hui gravement compromis par les conséquences socioéconomiques et politiques de l’épidémie. La Guinée a besoin d’un accompagnement fort, concret et massif de la communauté internationale pour l’aider à remonter la pente « difficile » de l’après-Ebola, a insisté la Ministre.
Mme ANA MARIA BAIARDI QUESNEL, Ministre de la condition féminine du Paraguay, a déclaré que l’une des priorités de son pays était le renforcement de l’autonomisation des femmes, à savoir le contrôle de leurs revenus et de leurs affectations. Au plan de la santé maternelle, les femmes doivent aussi être en mesure de décider du nombre d’enfants qu’elles veulent. Pour le Gouvernement, les priorités s’articulent autour de la fourniture de soins aux victimes de la violence et d’une aide à la participation des femmes aux processus de prise de décisions. Lorsque les femmes participent à tous les niveaux, le développement à long terme est garanti, a estimé Mme Quesnel.
Mme BIBIANE OUEDRAOGO BONI, Ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, a cité des mesures mises en œuvre par son gouvernement afin d’assurer l’égalité d’accès et la pleine participation des femmes au processus de prise de décisions à tous les niveaux. Elle a ainsi évoqué l’élaboration et la mise en œuvre du programme de promotion de l’équité hommes-femmes en milieu de travail depuis 2007; la prise en compte de l’égalité hommes-femmes dans les nominations au niveau des collectivités locales et du recrutement du personnel chargé de la sécurité; l’adoption en 2009 de la loi portant fixation de quotas aux élections législatives et municipales au Burkina Faso; et la création et le fonctionnement des cellules pour la promotion du genre dans tous les départements ministériels et les institutions publiques. Elle a ensuite souligné qu’afin d’accélérer l’autonomisation économique des femmes, le Burkina Faso a mis en place en 2011 un programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes.
Dans la perspective de l’après-2015, la Ministre a annoncé que le Burkina Faso va adopter une politique nationale de protection et de promotion des jeunes filles, afin, a-t-elle justifié, de lutter contre les violences basées sur le genre. Elle a aussi annoncé l’élaboration d’une stratégie nationale de promotion de l’entreprenariat féminin, d’une autre stratégie d’accélération de la transversalité du genre dans tous les secteurs d’activités, et la mise en place d’un observatoire national du genre, entre autres.
Mme YVES ROSE M. MORQUETTE, Ministre à la condition féminine et aux droits des femmes d’Haïti, a relevé des efforts notables engagés par Haïti au cours des 20 dernières années dans des domaines tels que l’amélioration de l’accès des filles à l’école et leur maintien, la réduction de la mortalité maternelle, l’adoption du principe du quota d’au moins 30% de femmes dans les instances décisionnelles consacré par la Constitution, ou encore l’adoption d’un plan d’action national post-Beijing. La Ministre s’est en outre félicitée de la révision du Code pénal ayant abouti au décret du 6 juillet 2005 relatif aux agressions sexuelles et à la dépénalisation de l’adultère de la femme.
Mme MASHA’ER AHMED ELAMIN ALDAWALAB, Ministre fédérale du bien-être et de la sécurité sociale du Soudan, a noté une évolution considérable dans le partenariat entre les pays arabes et l’Afrique dans le cadre de la réalisation du Programme d’action de Beijing. Elle a déclaré que le Soudan a mis en place le Plan national de mise en œuvre du Programme d’action qui a permis notamment l’intégration dans la Constitution du principe d’égalité et du principe « à travail égal, salaire égal ». La réforme juridique a permis aussi de donner une définition au viol tandis que le harcèlement a fait l’objet d’un nouvel article dans le Code pénal.
La Ministre a également parlé des réformes en vue de réduire la mortalité infantile et maternelle ainsi que des efforts pour empêcher les mariages précoces et améliorer les programmes scolaires. Une attention particulière est accordée à l’éducation des femmes dans les zones rurales et les régions nomades. En outre, le Projet national d’autonomisation des femmes dont le but est de développer les capacités des femmes a permis la création de banques pour les femmes. La Ministre a terminé en lançant un appel à la communauté internationale pour qu’elle vienne en aide aux femmes et enfants victimes de conflits.
Mme DEDE AHOEFA EKOUE, Ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation du Togo, a déclaré que la vision nationale en matière d’égalité et d’équité de genre est « faire du Togo un pays émergent sans discrimination, où les hommes et les femmes ont les mêmes chances de participer à son développement et de jouir des bénéfices de sa croissance ». Elle a noté que le Code des personnes et de la famille du Togo a été révisé en 2012 et en 2014, afin d’assurer une gestion collégiale du ménage par le mari et la femme, réaffirmer l’autonomie de la femme, entre autres. Dans le domaine de l’autonomisation économique de la femme, plusieurs programmes structurants ont permis d’atteindre, en 2014, plus de 500 000 femmes à faible revenu dans le monde rural. Elle a aussi relevé que le Fonds national de la finance inclusive (FNFI) a permis l’accès à un financement abordable à près de 300 000 femmes très pauvres. Elle s’est en outre félicitée du fait qu’en matière d’éducation primaire, la parité filles/garçons ait été quasiment atteinte, alors que le taux de mutilations génitales féminines est passé de 6,9% à 3,9% de 2006 à 2010. Elle a aussi salué l’amélioration de la participation politique des Togolaises, avec le taux de femmes dans le Gouvernement qui est passé de 8,3% en 2007 à 20,68% en 2013, tandis que celui des femmes parlementaires est passé de 11% en 2007 à 17,58% en 2013.
Mme MARCIA RAMIREZ, Ministre de la famille du Nicaragua, a déclaré que son pays faisant partie des 10 pays les plus efficaces en matière de parité entre les sexes. Illustrant son propos, elle a indiqué que les femmes représentaient 50% des parlementaires et des élus locaux. Cette parité dans le monde politique a constitué une étape très importante du processus de réconciliation nationale. Le Nicaragua a en outre une politique de consolidation de la famille dotée d’une Stratégie de prévention de la violence conjugale. Il a aussi une politique publique en faveur de la première enfance et a progressé en matière de santé communautaire. Le pays a pu ainsi réduire de manière significative la mortalité maternelle.
Mme MARCELA HUAITA ALEGRE, Ministre des femmes et des populations vulnérables du Pérou, a dit que son pays a fait des progrès importants dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Nous avons créé des instances nationales spécialisées en matière d’égalité hommes-femmes, dont la Commission de la femme. Pour faire face à la violence à l’égard des femmes, le pays a mis en œuvre en 1998 une politique publique de prévention. Il a renforcé les services de santé, ce qui a permis de réduire de deux tiers le taux de mortalité maternelle en 20 ans. Le Pérou se construit à travers des efforts conjoints entre le Gouvernement et la société civile pour parvenir à l’égalité entre les sexes.
Mme CHAIRMAINE SCOTTY, Ministre de l’intérieur et de la gestion du territoire de Nauru, a déclaré que son pays a ratifié de nombreux traités qui œuvrent à la protection des droits des populations marginalisées, y compris la CEDAW. Dans la pratique, la Ministre a présenté le projet SHED (Self Help Ending Domestic Violence) qui vise à aider les hommes, auteurs de violences conjugales, à mieux se contrôler en suivant des programmes de formation spécifiques à cet effet. Mme Scotty a ensuite indiqué que l’autonomisation économique des femmes de Nauru est également un objectif central du Gouvernement. Elle a aussi dit que le pays entend se sortir du carcan de l’aide afin de prendre le contrôle de son destin économique et procurer une vie plus digne aux populations.
Elle a rappelé qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID), Nauru est vulnérable aux chocs économiques extérieurs, ce qui fait que les efforts consentis pour offrir de meilleures opportunités aux femmes peuvent rapidement être inversés quand le pays fait face à une économie mondiale volatile. Elle a par ailleurs rappelé que les changements climatiques représentent « une menace existentielle pour le pays ». Elle a enfin assuré que Nauru va continuer d’améliorer les droits des femmes, précisant que ces efforts ne doivent pas être séparés du contexte économique et politique global dans lequel le pays évolue.
Mme JET BUSSEMAKER, Ministre de l’éducation, de la culture et de la science des Pays-Bas, a rappelé le parcours de Malala, la jeune fille pakistanaise lauréate du prix Nobel de la paix pour ses activités en faveur de l’éducation des jeunes filles dans son pays, pour dire qu’au moment du lancement de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, elle n’était pas encore née. Mais cela n’a pas empêché qu’elle ait reçu une balle dans la tête pour avoir voulu aller à l’école. Elle a aussi parlé de l’histoire d’une jeune universitaire de New York attaquée par son collègue parce qu’elle était une fille.
La Ministre a souligné qu’aux Pays-Bas, beaucoup de femmes ne sont pas financièrement indépendantes. Elles sont aussi nombreuses à être privées du droit de disposer de leur corps. Ceci montre qu’il faut encore davantage d’efforts pour réaliser le Programme d’action de Beijing. À cet effet, la Ministre a préconisé la mise en place d’un réseau de jeunes filles au niveau mondial. Les femmes doivent se montrer plus fortes et assurer une vie sûre non seulement à « Malala et à l’étudiante de Columbia mais à toutes les femmes et les filles du monde ». La Ministre a particulièrement insisté sur la nécessité de collaborer avec les ONG.
Mme SHEIKHA LATEEFAH F. AL SABAH, Ministre et Présidente du Comité des affaires de la femme du Koweït, a apporté le soutien de son pays au travail du Secrétaire général pour les femmes du monde entier et en particulier les femmes qui vivent sous occupation. Le Gouvernement du Koweit, a-t-elle affirmé, fait tout pour autonomiser les femmes, leur donner un rôle plus important et accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Les femmes koweïtiennes sont devenues des actrices importantes de la société civile. La Ministre a rappelé la création du tribunal de la famille qui permettra l’application des droits de la femme koweïtienne. Elle a aussi cité la création d’une structure internationale pour permettre aux femmes de participer à la lutte contre le terrorisme.
Mme BOLINY NHAMA NANTAMBA NHASSE, Ministre des femmes de la Guinée-Bissau, a rappelé que l’Union africaine a décrété 2015 année de l’autonomisation des femmes. Elle a précisé que la situation des femmes ne cesse de s’améliorer dans son pays. Elle a précisé que les femmes représentent 20% des membres du Gouvernement et a cité la création en 2008 d’une plateforme politique pour la coordination des activités relatives aux femmes. Elle a annoncé l’adoption d’une loi instaurant un quota de 40% de femmes au Parlement et au Gouvernement et a indiqué que l’Assemblée nationale a mené un débat de haut niveau sur l’égalité hommes-femmes. Le Président de la Guinée-Bissau lancera demain un programme de microcrédit visant à promouvoir l’autonomisation des femmes.
Mme MALGORZATA FUSZARA, Secrétaire d’État à l’égalité de traitement auprès du Premier Ministre de la Pologne, a indiqué que son pays a présenté en octobre 2014 son rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. La Pologne travaille à l’avènement d’un cadre juridique garantissant l’intégration de la composante sexospecifique dans toutes les politiques publiques. Le Gouvernement a pris des mesures pour s’attaquer à l’écart salarial et s’apprête à ratifier la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention de la violence à l’encontre des femmes. En 2014 et pour la deuxième fois, une femme est devenue Premier Ministre de la Pologne, s’est félicitée la Secrétaire d’État, avant de noter que cinq des plus importants ministères étaient dirigés par des femmes.
Mme PATRICIA KALIATI, Ministre de la condition de la femme, des enfants, du handicap et du bien-être social du Malawi, a déclaré que son pays est très avancé en matière d’autonomisation des femmes. Le nombre des femmes dans tous les secteurs de la société a augmenté. Le nombre de femmes dans l’emploi a augmenté de 15% entre 2004 et 2015. Ce résultat a été rendu possible notamment par le travail du secteur de l’enseignement privé qui offre des formations spécifiques aux femmes. La représentation de femmes dans la vie publique a augmenté de 22% alors qu’elle était de 6% en 1989. En 2014, le Malawi est parvenu à la parité. Cette situation reflète la volonté du Gouvernement de traiter les femmes et les garçons sur un pied d’égalité, a dit la Ministre qui a indiqué qu’en 1994, la loi sur la lutte contre les violences domestiques a été adoptée et celle sur la lutte contre le trafic des êtres humains, en 2015. La Stratégie actuelle sur l’égalité homme-femme sera réalisée en 2016, a-t-elle annoncé.
Mme BIJOU MUSHITU KAT, Ministre du genre, de la famille et de l’enfant de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué qu’après l’adoption du Programme d’action de Beijing, la RDC a fait face à un long conflit armé, une situation qui a ralenti l’élan du Gouvernement pour la mise en œuvre des politiques et programmes nécessaires pour améliorer la condition de la femme, de la jeune et petite fille. Elle a néanmoins relevé que les femmes congolaises prennent activement part à toutes les négociations de paix. Elle a également noté que depuis plus d’une décennie, on a enregistré, en RDC, une réduction de la mortalité maternelle, et cela grâce à l’augmentation du taux des consultations prénatales ainsi que les accouchements assistés par un personnel qualifié. La Ministre a en outre souligné que le Gouvernement de la RDC a entrepris une série de réformes législatives et réglementaires, notamment la révision du Code du travail et du Code de la famille, afin d’assurer l’autonomisation des femmes. Par ailleurs, le Gouvernement s’est doté d’une Constitution qui consacre le principe de la parité et de la non-discrimination, et des réformes législatives pour s’y conformer ont été engagées.
Mme SAYEDA MUZHGAN MUSTAFAWI, Ministre de la condition féminine de la femme, a déclaré que même si d’énormes progrès ont été faits pour les femmes afghanes, il reste encore un long chemin à parcourir, pour de nombreux pays, y compris l’Afghanistan, pour réaliser les droits des femmes. Nous travaillons dans un contexte d’incertitude, de conflits, de pauvreté, des catastrophes naturelles, avec un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur et un niveau élevé du chômage. Ces contraintes, combinées avec des vues traditionnelles sur le rôle des femmes, présentent de nombreux défis à surmonter.
La Ministre a ajouté que « trois décennies de guerre et de crise » ont laissé les femmes afghanes face à de nombreux problèmes, mais elles sont résilientes et déterminées à saisir un avenir meilleur pour leurs familles et pour elles-mêmes. Nous avons besoin de l’appui et de la coopération continus de la communauté internationale. Il est temps de se focaliser, non sur la quantité du travail d’appui aux femmes, mais sur la qualité. Nous devons travailler collectivement pour s’assurer que les femmes dans les zones rurales ne sont pas laissées de côté et que l’égalité des chances existe pour un plus grand nombre de femmes à la fois en matière de soins de santé et d’éducation, a indiqué la représentante.
Mme GODELIEVE NININAHAZWE, Ministre de la solidarité nationale, des droits humains et du genre du Burundi, a indiqué que son pays venait d’actualiser sa politique genre 2012-2025. Elle a cité l’adoption d’une politique nationale de l’éducation qui assure la gratuité de l’enseignement primaire. En 2011, la parité filles-garçons dans l’éducation a été atteinte. En matière de santé, elle a indiqué que le Gouvernement assurait la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Le Burundi a fait passer le taux d’utilisation des contraceptifs de 11,9% à 34% des femmes entre 2010 et 2014. Elle a aussi cité la prise en charge des victimes de la violence sexuelle et le pourcentage de femmes militaires qui est passé de 0 à 10% entre 1993 et 2014. La Ministre a mentionné un projet de loi pour lutter contre la violence à l’encontre des femmes.
M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a estimé que le monde est encore loin d’avoir atteint les objectifs définis il y a 20 ans. S’agissant de son pays, elle a cité des programmes et des lois qui traitent de la question de la parité dans tous les domaines de la vie. Elle a indiqué que la politique nationale du genre intègre des questions comme le VIH/sida, les changements climatiques, le trafic des êtres humains ainsi que la violence sexiste. Elle a aussi mentionné des efforts de financement qui contraignent les institutions du Gouvernement à intégrer un élément « évaluation de l’égalité hommes-femmes ». Nous avons assuré la gratuité de l’éducation primaire et envisageons de garantir la gratuité de l’éducation secondaire, a-t-il dit avant de citer aussi des progrès considérables en matière de soins pré et postnataux.
M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d’État de l’Italie, a dit qu’il reste beaucoup à faire pour que les femmes et les filles jouissent de leurs droits à l’égalité et à la participation. Il faut agir maintenant, a exhorté le représentant, et ce vingtième anniversaire présente une occasion d’adopter de nouvelles perspectives de développement. Il a révélé que l’approche italienne se focalise sur le développement local notamment en Afrique. Cette approche préconise l’intégration et l’autonomisation des femmes au niveau local et met l’accent sur la lutte contre les discriminations.
Le représentant a voulu que le programme de développement pour l’après-2015 inclue un objectif transformateur qui lutte contre les inégalités, favorise l’autonomisation des femmes, garantisse l’accès des femmes à la justice. Il a ajouté que l’Italie a ratifié la Convention européenne de lutte contre l’exploitation sexuelle des mineures et qu’elle est le chef de file dans la lutte contre les mutilations génitales et les mariages précoces, et la promotion du rôle des femmes dans la consolidation et le maintien de la paix. C’est ce que nous faisons en Syrie et en Libye, a dit le représentant, qui a fait la promotion de l’Exposition « Milan 2015 » qui accordera une place particulière aux femmes. L’objectif est de les unir pour réfléchir à un meilleur accès à l’alimentation et à l’eau. À cet effet, une alliance des femmes pour l’Exposition a été créée.
Mme TERESA MORAIS, Secrétaire d’État aux affaires parlementaires et de l’égalité du Portugal, a indiqué que le principe de l’égalité des sexes est inscrit dans la Constitution du pays et que la tâche qui s’y rapporte a été confiée à l’État. Le Gouvernement a ainsi adopté des politiques visant à garantir l’égalité entre les sexes, la lutte contre les violences domestiques, les traites de personnes, les mutilations génitales féminines. Dans son travail, le Gouvernement veut protéger les victimes, poursuivre les auteurs des violences et faire contribuer les professionnels pour aider les victimes. Elle a en outre plaidé pour l’intégration de la lutte contre les violences dans le programme de développement pour l’après-2015.
Au plan national, a poursuivi la représentante, le Gouvernement travaille avec les représentants des populations immigrées pour traiter des questions relatives à leur culture. Quant au bilan de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, elle a indiqué que la parité totale est réalisée dans l’éducation et que les filles sont plus nombreuses que les garçons dans l’enseignement supérieur. En 2006, un quota de 30% des femmes dans les listes des candidats présentés par les partis a été adopté pour les élections locales et européennes.
Pour s’attaquer à la question de la répartition des responsabilités familiales, elle a annoncé la création de mesures sur le congé paternel. S’agissant du problème de l’écart salarial, elle a évoqué la mise en place de mécanisme pour identifier les causes de ces écarts et contribuer à une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration des entreprises dont un objectif de 35% pour les entreprises cotées en bourse.
M. ALEXEY VOVCHENKO, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays accordait une place importante aux femmes à tous les niveaux de l’administration et du monde politique. Il a cité des initiatives visant à aider les femmes à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Il a mentionné la gratuité de l’éducation, en se félicitant que le niveau d’éducation soit supérieur chez les filles. « Nous sommes prêts à nous appuyer sur les expériences des autres pays pour améliorer la situation des femmes et des filles dans notre pays », a assuré le Vice-Ministre russe. Il a annoncé la tenue en juin 2015 dans son pays du dix-neuvième Forum économique mondial au cours duquel le rôle des femmes dans l’économie aura une place importante.
M. SERIK AKHEMOTOV, Vice-Ministre et Chef du Secrétariat d’État du Kazakhstan, a indiqué que son gouvernement a mis en place une politique d’aide pour soutenir les femmes entrepreneurs et les femmes rurales. Il a indiqué que le salaire moyen des femmes a été multiplié par 8 et que l’écart salarial s’est réduit de 8%. Il a précisé que 300 ONG s’occupent des questions de parité au Kazakhstan. Aujourd’hui les femmes représentent 51% des juges et des progrès considérables ont été faits en matière de santé maternelle et santé infantile.
Droit de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a répondu à son homologue du Japon concernant « les femmes de réconfort ». « Le Japon doit reconnaître le rôle de son armée dans cette question et prendre des mesures pour régler ce problème une fois pour toutes pour permettre aux victimes de « tourner la page », a-t-il déclaré.