Le Conseil de sécurité rend compte de sa visite en Afrique (9-13 mars 2015) en République centrafricaine, au Burundi et en Éthiopie

7407e séance – matin
CS/11821

Le Conseil de sécurité rend compte de sa visite en Afrique (9-13 mars 2015) en République centrafricaine, au Burundi et en Éthiopie

Le Conseil de sécurité a rendu compte ce matin des entretiens et des déplacements qu’il a menés auprès des autorités centrafricaines et burundaises, et des institutions de l’Union africaine en Éthiopie entre le 9 et 13 mars 2015. 

En ce qui concerne la République centrafricaine (RCA), le représentant de la France, M. Delattre, qui a présidé ce déplacement aux côtés des Ambassadeurs de l’Angola, M. Ismael Abraão Gaspar Martins, et des États-Unis, Mme Samantha Power, a dit avoir trouvé « une situation qui reste certes fragile et précaire aux points de vue sécuritaire et humanitaire, mais qui indique aussi des signes encourageants ».  Il a expliqué que le Conseil de sécurité voulait se rendre compte par lui-même de la situation en RCA, près d’un an après le vote de la résolution 2149.  Parmi les signes encourageants, il a cité une stabilisation en cours, grâce au déploiement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MINUSCA) et à l’excellent travail accompli par les opérations EUFOR et Sangaris, une volonté profonde et largement partagée d’arrêter le conflit, ainsi qu’une tendance au retour au foyer de personnes réfugiées et déplacées.

Pour ce qui est du Burundi, il a affirmé que le Conseil de sécurité avait constaté des progrès significatifs, tout en notant que la paix demeurait fragile.  Il a insisté sur la nécessité d’organiser des élections crédibles, libres et démocratiques en 2015, et d’avoir un processus électoral harmonieux, inclusif, équitable et transparent.  Après la tentative d’assassinat qui a visé Mme Haberisoni, épouse du dirigeant de l’opposition M. Rwasa, M. Delattre a jugé réels les risques d’escalade à l’approche des élections.

Commentant la visite du Conseil de sécurité auprès du Siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le représentant de l’Angola, M. Gaspar Martins, a relevé la tenue le 12 mars de la neuvième réunion consultative entre le Conseil de sécurité et le Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine.  Il a expliqué que cette réunion a été l’occasion de mettre l’accent sur le renforcement des partenariats entre l’ONU et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique et des mécanismes de consolidation de la paix.  Il a indiqué que le texte adopté conjointement par le Conseil de sécurité et le Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine contenait des recommandations relatives à la situation dans la région des Grands Lacs, notamment en République démocratique du Congo (RDC), et aux situations sécuritaires au Nigéria (Boko Haram), au Mali, en Libye, au Soudan, au Soudan du Sud et en Somalie.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence de Sendai adopte un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe qui fixe sept objectifs mesurables à atteindre d’ici à 2030

Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
9e séance plénière - nuit
IHA/1361

La Conférence de Sendai adopte un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe qui fixe sept objectifs mesurables à atteindre d’ici à 2030

SENDAI, JAPON, 18 mars – Les représentants de 187 États Membres des Nations Unies ont adopté ce soir, peu avant minuit, après des négociations marathon, un premier accord important vers le développement pour l’après-2015, un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe qui vise à réduire considérablement les pertes en vies humaines et les dommages matériels causés par les catastrophes naturelles d’ici à 2030.

À la clôture de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, réunie à Sendai, au Japon, depuis le 14 mars, la Présidente de la Conférence et Ministre japonaise de la gestion des catastrophes, Mme Eriko Yamatani, a salué l’accord auquel sont parvenus les États Membres pour finaliser le document intitulé « Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 » et la Déclaration de Sendai.  La Conférence a aussi adopté les « engagements volontaires des parties prenantes ».  Outre les 88 engagements annoncés avant l’ouverture de ses travaux, la Conférence a reçu 120 autres.

« L’adoption de ce nouveau cadre pour la réduction des risques de catastrophe ouvre un nouveau chapitre en matière de développement durable car il énonce des objectifs et des priorités clairs en faveur de mesures qui conduiront à une réduction substantielle des risques de catastrophe et des pertes en termes de vies humaines, de moyens de subsistance et de santé », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophe, Mme Margareta Wahlström, qui est aussi à la tête du Bureau des Nations Unies chargé de cette question (UNISDR).

Sept objectifs ont ainsi été fixés aujourd’hui à Sendai.  Pour les atteindre, il faudra faire preuve d’un « engagement ferme et de leadership politique », a prévenu la Représentante spéciale en précisant que la mise en œuvre du nouveau cadre serait cruciale pour la réalisation des accords devant être conclus, plus tard cette année, sur le développement durable et sur le climat.  « Comme l’a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, ici le jour de l’ouverture, la durabilité commence à Sendai. »

Pour garantir une cohérence de ces processus, les États Membres ont recommandé, ce soir, à l’Assemblée générale de l’ONU de créer un groupe de travail d’experts intergouvernementaux chargé de définir des indicateurs pour mesurer le degré de réalisation des nouveaux objectifs, œuvrant en coopération étroite avec le groupe d’experts interinstitutions qui planche actuellement sur les indicateurs de développement durable.

Le document final prévoit en effet que les objectifs de réduction de risques de catastrophe seront assortis d’indicateurs, afin de mesurer leur réalisation au niveau mondial.

Le Cadre d’action de Sendai qui vient d’être adopté prévoit de réduire considérablement, d’ici à 2030, les conséquences des catastrophes en termes de mortalité -100 000 morts de moins en moyenne par rapport à la période 2005/2015- le nombre des personnes touchées au niveau mondial dans la même proportion, des pertes économiques directes, des dommages aux infrastructures essentielles et de la désorganisation des services de base, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation.

Pour obtenir ces résultats, il faut que le nombre de pays qui se doteront de stratégies nationales et locales pour la réduction des risques de catastrophe augmente considérablement d’ici à 2020, comme le souligne le cinquième objectif du nouveau cadre.

Ceci implique qu’il faudra agir de manière préventive et, comme le prévoit le septième objectif, faciliter l’accès aux systèmes d’alerte précoce multirisques et renforcer l’information sur les risques de catastrophe.  Au titre du sixième objectif, les États se sont également engagés, aujourd’hui, à renforcer la coopération internationale, qui est nécessaire pour renforcer la capacité de mise en œuvre des pays en développement.  Il faut, précise le document, un « soutien approprié et durable » pour compléter les mesures prises au niveau national afin de mettre en œuvre le Cadre d’action d’ici à 2030.  Car s’il incombe à chaque État de prévenir les catastrophes et d’en réduire les risques, la capacité des pays en développement dans ce domaine ne peut être renforcée que par le biais d’une « coopération internationale durable ».

La Présidente de la Conférence a estimé que le résultat de cet évènement mondial avait renforcé la relation spéciale qu’entretient le Japon avec la communauté impliquée dans la réduction des catastrophes.  « L’application réussie de ce nouveau Cadre d’action permettra, a-t-elle assuré, de réduire les niveaux actuels de risques de catastrophe et d’éviter de créer des nouveaux risques. »

L’un des principes clefs de ce nouveau Cadre d’action est son intégration dans les systèmes mondiaux d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  Il est également crucial que les efforts d’atténuation des risques soient menés par tous les secteurs, que ce soit au niveau de la gouvernance, de l’économie, des institutions, du régime législatif, des systèmes sociaux et éducatifs, de la culture ou encore du secteur de la santé, sans oublier les Nations Unies et les autres organisations internationales.

En outre, si les engagements sont pris aujourd’hui par les États Membres de l’Organisation des Nations Unies, toute la société civile est explicitement invitée à participer aux efforts qui seront poursuivis ou entrepris pour atteindre les objectifs.  Le texte souligne, à cet égard, l’importance du leadership des femmes et des jeunes, ainsi que du bénévolat.

En outre, le document final attire l’attention sur les personnes affectées de manière disproportionnée par les catastrophes, en particulier les plus pauvres.  Il demande d’adopter des politiques qui tiennent compte du genre, de l’âge, du handicap et de la culture.  Les personnes handicapées, qui ont de fait développé une forte résilience, ont d’ailleurs été nombreuses à participer à la Conférence et à ses préparatifs.

Après Yokohama, en 1994, et Kobe, en 2005, la communauté mondiale a ainsi réussi à finaliser un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe, en s’appuyant sur l’expérience du pays hôte de la Conférence, le Japon, dont la région de Sendai avait été frappée par un séisme dévastateur, il y a tout juste quatre ans.

Ce document prend la relève du Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015, qui avait été adopté au lendemain du tsunami particulièrement destructeur de l’océan Indien, dont la Conférence de Sendai a achevé l’examen et l’évaluation de la mise en œuvre.  Les 10 années qui séparent ces deux documents ont été marquées par des catastrophes qui ont fait plus de 700 000 morts, plus de 1,4 million de blessés et environ 23 millions de sans-abris.  Le hasard a fait, en outre, qu’au moment même où la Conférence ouvrait officiellement ses travaux, le 14 mars, l’archipel de Vanuatu était gravement touché par le cyclone tropical Pam.

Le document final de Sendai souligne cependant les progrès accomplis au cours de la précédente décennie par de nombreux pays qui ont renforcé leurs capacités en termes de gestion des risques et de partenariats aux niveaux mondial et régional.

En sa qualité de Vice-Président de la Conférence, M. Thani Thongphakdi, de la Thaïlande, qui avait présenté le rapport de la grande commission, a remercié tous ceux qui, par leurs efforts inlassables, ont fourni un cadre permettant de guider les pays à réduire les risques de catastrophe au cours des 15 prochaines années.

La Conférence a mobilisé plus de 6 500 participants, dont 25 chefs d’État et de gouvernement de 187 pays et une centaine de représentants au niveau ministériel.  En outre, 42 organisations intergouvernementales, 236 ONG, 28 entités des Nations Unies et plus de 300 représentants du secteur privé y ont participé.  Le Forum public a, quant à lui, réuni 40 000 visiteurs pour la plus grande réunion des Nations Unies jamais organisée au Japon.  Outre les neuf séances plénières, les délégations ont participé à cinq tables rondes ministérielles et aux trois dialogues multipartites de partenaires de haut niveau.

Les ministres de la Turquie, de l’Inde, de l’Équateur, de l’Afrique du Sud et de la Roumanie ont établi des résumés des discussions des cinq tables rondes suivantes qu’ils ont respectivement présidées: Maîtrise des risques de catastrophe: surmonter les obstacles; Coopération internationale à l’appui du Cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015; Réduction des risques de catastrophe en milieu urbain; Reconstruction post-catastrophe: reconstruire mieux; et Stratégies d’investissement public pour la réduction des risques de catastrophe.  La Ministre chargée de la gestion des risques de l’Équateur, Mme Maria del Pilar Cornejo, a émis l’espoir que le nouveau cadre d’action adopté aujourd’hui constituerait un pilier du développement durable.

Avant de clôturer la Conférence, les États Membres, par une résolution* adoptée sans vote, ont remercié la Ministre japonaise de la gestion des catastrophes, ainsi que le Gouvernement et le peuple du Japon, de leur contribution au succès des travaux de la Conférence et de leur accueil.  Le 14 mars, le Japon avait promis de mobiliser 4 milliards de dollars pour soutenir la mise en œuvre de « l’Initiative de coopération de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe » au cours des quatre prochaines années.

La Conférence a également adopté son rapport*, qui a été présenté par M. Toni Frish, Rapporteur général de la Conférence et Conseiller spécial de la Suisse sur la réduction des risques de catastrophe, ainsi que celui de la Commission de vérification des pouvoirs**.

Enfin, deux courtes vidéos ont été projetées pour présenter les efforts de reconstruction du Japon après le grand tremblement de terre du grand-est et un résumé des cinq jours de conférence à Sendai.

Le document final de Sendai souligne qu’il est urgent et crucial de prévoir, de planifier et d’agir sur la base de scénarios de risques couvrant au moins les 50 prochaines années pour protéger plus efficacement les êtres humains et leurs biens, en même temps que les écosystèmes.

Les prochains rendez-vous de la communauté internationale, cette année, seront la Conférence internationale sur le financement du développement, du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba, le Sommet spécial des Nations Unies sur le développement durable en septembre à New York, et la vingt et unième Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, plus connue sous le nom de « COP21 », du 30 novembre au 15 décembre à Paris.

 

 

*     A/CONF.224/L.4
**    A/CONF.224/L.5

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: examen de la situation des femmes marginalisées et défavorisées dont la réalité est « noyée dans les moyennes nationales »

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
15e et 16e séances – matin et après-midi
FEM/2033

Commission de la condition de la femme: examen de la situation des femmes marginalisées et défavorisées dont la réalité est « noyée dans les moyennes nationales »

La Commission a commencé ses travaux aujourd’hui par une table ronde sur le « respect des droits des femmes et des filles marginalisées et défavorisées », à savoir les femmes rurales, roms, séropositives, autochtones et handicapées, dont la réalité est « noyée dans les moyennes nationales ».

La représentante du « Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique » a dénoncé le fait que les femmes marginalisées et défavorisées ne fassent l’objet d’aucune attention particulière de la part des Gouvernements.  Celui de la République de Corée s’est très vite aperçu de cette erreur, a expliqué la représentante de l’Agence coréenne de la coopération internationale.  « La priorité ayant été accordée au développement urbain, l’autonomisation des femmes rurales est un défi », a-t-elle avoué.  Elle a aussi avoué qu’en 1995, le Programme d’action de Beijing a imprimé un nouvel élan aux efforts et conduit à l’institutionnalisation des réformes en lois, en politiques et en programmes. 

En 2008, des décrets d’application de la loi sur les zones agricoles et l’industrie alimentaire ont enfin consacré le statut juridique des agricultrices comme « agents économiques et sociaux indépendants ».  Le second Plan quinquennal sur le renforcement des agricultrices place ces dernières sur un pied d’égalité avec leurs collègues masculins et leur accorde le statut d’« agent actif ».  La République de Corée, s’est enorgueillie l’oratrice, a commencé à connaître le succès grâce au « Mouvement du nouveau village » une expérience qui peut être répétée dans les pays en développement, surtout un de ses éléments cruciaux: l’amélioration des infrastructures rurales. 

Les nouvelles ont été sensiblement moins bonnes pour les femmes roms dont la population constitue la plus large minorité d’Europe avec une population estimée entre 10 et 12 millions, dont six millions dans les pays membres de l’Union européenne, selon la représentante du Fonds pour l’éducation des Roms de la Hongrie.  Elle a parlé de deux initiatives de l’Union européenne qui consacrent l’éducation comme l’un des secteurs clefs pour améliorer de manière significative la situation des Roms.  Mais, a-t-elle reconnu, aucun de ces documents ne tient compte de la perspective « genre », l’interaction entre ethnicité et genre n’ayant que très récemment suscité l’intérêt des organisations internationales. 

La représentante a cité comme obstacles à la scolarisation des filles roms les pratiques culturelles, le mariage précoce, le fait de devoir s’occuper de la fratrie, l’ancrage des structures patriarcales, les stéréotypes sur le rôle de chaque sexe et la violence du monde extérieur, dont le racisme et les harcèlements.  Globalement, les filles quittent l’école avant l’âge de 16 ans, une situation qui, selon l’oratrice, montre la faiblesse des administrations censées identifier les élèves menacées de décrochage scolaire. 

Que dire des 17 millions de femmes vivant avec le VIH sinon que pour elles et les nombreuses autres qui feront face cette année à l’annonce de leur séropositivité, l’épidémie est loin d’être terminée, a tranché la représentante de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH.  Elle a dénoncé les stérilisations et les avortements forcés dans plus de 30 pays, les taux élevés de mortalité maternelle, la violence « institutionnelle, systémique et intime » des maris ou partenaires, la criminalisation du fait de ne pas révéler sa séropositivité, l’incapacité des séropositives à se faire une place dans les processus de prise de décisions et les politiques ignorant les femmes autochtones séropositives.

Les autochtones handicapées ne sont pas logées à meilleure enseigne: « on nous refuse l’exercice de nos droits parce que nous sommes des femmes, et à plus forte raison, handicapées », a accusé la représentante de l’Association des femmes mayas handicapées du Guatemala.  Elle a pointé le doigt sur une situation d’exclusion où les femmes handicapées n’ont même pas accès aux bâtiments publics et encore moins aux transports publics et où « les demandes d’assistance publique sont traitées avec dédain et mépris ». 

Face à de telles situations, la représentante de l’« International Association of Democratic Lawyers (IADL) » a demandé que l’on adopte pour le programme de développement pour l’après-2015, une approche holistique de l’égalité des genres, qui tiendrait compte de cette thématique dans les objectifs sur la pauvreté, l’éducation, la promotion de la paix, le développement durable et l’accès à la justice.  Elle a dit attendre des États qu’ils envisagent la création d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant contre toutes les formes de violence faite aux femmes.  Les appels à des indicateurs précis se sont multipliés pour que la réalité des femmes marginalisées et défavorisées ne soit plus « noyée dans les moyennes nationales », comme l’a dit la représentante du « Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique ».

La Commission se réunira à nouveau demain matin, jeudi 19 mars, à 10 heures.  

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Table ronde sur le thème « Respect des droits des femmes et des filles marginalisées et défavorisées »

Cette table ronde, qui était présidée par Mme PILLE KESLER, de l’Estonie, Vice-Présidente de la Commission, était facilitée par Mme ALDA FACIO, du Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique, mis en place le 2 juin 2014 et composé de cinq Rapporteurs spéciaux.  Mme Facio a dénoncé le fait que la question des femmes désavantagées et marginalisées soit « noyée » dans les moyennes nationales, ne faisant l’objet d’aucune attention particulière.

Mme KIM EUN MEE, Agence de la coopération internationale de la République de Corée, a présenté l’expérience des femmes rurales en République de Corée, un pays alors pauvre détruit par une guerre pendant laquelle beaucoup de femmes se sont retrouvées contraintes à l’esclavage sexuel.  « En une seule génération », la République de Corée a réussi à se redresser, à éliminer la pauvreté extrême et à asseoir la démocratie.  Il ne s’agit pas d’« un miracle ésotérique » mais d’une expérience qui peut se répéter ailleurs s’il y a la volonté politique nécessaire.  Mais la priorité ayant été accordée au développement urbain, l’autonomisation des femmes rurales est un défi. 

En République de Corée, a-t-elle expliqué, les femmes rurales ont connu marginalisation et discriminations au début du développement économique.  C’est dans les années 70, que le Gouvernement a lancé un programme de développement rural, « Saemaul Undong » (SMU ou Mouvement du nouveau village) et sans viser directement l’autonomisation des femmes, le programme a multiplié leurs opportunités.  En 1995, le Programme d’action de Beijing a imprimé un autre élan et conduit à l’institutionnalisation des réformes en lois, en politiques et en programmes.  En 2000, le Gouvernement a adopté « le programme d’aide au travail des femmes rurales » en vertu duquel, quand une agricultrice devait arrêter de travailler après un accouchement, une aide-agricole lui était envoyée.  Un programme similaire a été mis en œuvre en 2006 et étendu à l’ensemble du pays en 2007, envoyant des aide-agricoles en cas de maladies ou d’accident.  S’agissant de la violence domestique, dès 2002, des centres pour agricultrices ont été créés offrant services sociaux et filet de sécurité. 

En 2008, des décrets d’application de la loi sur les zones agricoles et l’industrie alimentaire ont consacré le statut juridique des agricultrices qui n’étaient jusque-là pas considérées comme des agents économiques et sociaux indépendants.  Le Gouvernement a aussi adopté un quota de 20% de femmes pour l’Initiative « Jeunes Agriculteurs » et le même quota pour la sélection des candidats aux bourses agricoles et à l’aide à la création d’entreprises agricoles.  Le second Plan quinquennal sur le renforcement des agricultrices place ces dernières sur un pied d’égalité avec leurs collègues masculins et leur accorde le statut d’agent actif doté de tous les droits.  La République de Corée, s’est enorgueillie l’oratrice, a connu le succès grâce aux SMU, une expérience qui peut être répétée dans d’autres pays en développement, surtout un élément crucial qui est l’amélioration des infrastructures rurales.  Même si ces infrastructures ne visent pas exclusivement les femmes, elles ont un énorme impact sur leur vie puisqu’elles réduisent le temps consacré aux tâches ménagères, comme les systèmes d’adduction d’eau, et donnent du temps pour parfaire l’éducation, s’occuper des enfants et s’adonner à d’autres activités génératrices de revenus.  L’Agence de coopération a d’ailleurs mis en œuvre, dans des pays comme le Ghana, des programmes de développement rural soucieux d’égalité entre les sexes, en tirant les leçons de l’expérience coréenne.

Mme ANASZTAZIA NAGY, Fonds pour l’éducation des Roms de la Hongrie, a indiqué qu’au cours de la dernière décennie, l’intégration de la communauté rom est devenue un domaine prioritaire des gouvernements européens.  Les Roms forment la plus large minorité d’Europe avec une population estimée entre 10 et 12 millions, dont six millions dans les pays membres de l’Union européenne.  Dans la majorité de ces pays, les Roms sont considérés comme l’un des groupes les plus marginalisés du fait du taux élevé de la pauvreté, du chômage et de la discrimination.  La « Décennie d’intégration des Roms » lancée en 2005, et le cadre de la Stratégie nationale d’intégration des Roms de la Commission européenne ont pour but de soutenir cette intégration sociale.  Les deux initiatives consacrent l’éducation comme l’un des secteurs clefs pour améliorer de manière significative la situation des Roms.  Mais aucun de ces documents ne tient compte de la perspective genre, et ce n’est que récemment, que certaines organisations internationales ont montré un intérêt pour l’interaction entre ethnicité et genre. 

Les obstacles à la scolarisation des filles roms incluent les pratiques culturelles, le mariage précoce, le fait de devoir s’occuper de la fratrie, l’ancrage des structures patriarcales et les stéréotypes sur le rôle de chaque sexe.  Quant aux obstacles externes, ils se résument à la violence ou à la peur de la violence contre les minorités.  Il faut aussi compter parmi ces obstacles, les coûts cachés de la scolarisation, comme le prix des vêtements, des manuels scolaires et du transport, sans oublier que les filles roms sont particulièrement vulnérables à la traite, au travail forcé, à la servitude pour dette, au travail des enfants ou à la prostitution forcée.

La tranche d’âges de 10-16 ans est particulièrement vulnérable, car c’est le moment où les jeunes filles sont plus impliquées dans les tâches ménagères, mariées ou victimes de la traite.  Globalement, les filles quittent l’école avant l’âge de 16 ans, la limite légale dans la plupart des pays européens.  Mais cette situation montre aussi la faiblesse des systèmes de suivi scolaire mis en place par une administration pourtant responsable d’identifier les élèves menacés de décrochage scolaire.  Une autre faiblesse tient au fait que le système éducatif n’offre pas de programmes d’horaires flexibles ou toute autre forme de « seconde chance » aux élèves.  L’environnement « hostile » de l’école, comme la passivité des enseignants face aux remarques racistes ou au harcèlement des autres élèves, contribuent aussi, dans une large mesure, aux décrochages scolaires.

Pour l’intervenante, les gouvernements doivent reconnaître les défis et les obstacles particuliers qui s’érigent devant les femmes roms.  Ils doivent prendre des mesures pour intégrer la perspective genre dans les programmes scolaires afin de « tracer » le parcours des filles roms et les maintenir à l’école.  Les gouvernements doivent aussi mettre en place des programmes officiels ou officieux d’alphabétisation pour les adultes et lancer des campagnes pour sensibiliser les jeunes roms et leurs parents à la nécessité de combattre les stéréotypes sur les rôles de chaque sexe.  Ils doivent enfin appuyer les services sociaux qui travaillent à l’émancipation des mères roms pour qu’elles puissent élargir les perspectives d’avenir de leurs enfants.  Quant aux organisations de femmes et aux instituts d’enseignement, l’intervenante leur a demandé de mettre l’accent sur les groupes vulnérables et marginalisés.

Mme TERESIA NJOKI OTIENO, Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH, a indiqué qu’alors que les avancées de la science font penser que l’épidémie du VIH/sida touche à sa fin, les femmes vivant avec le VIH ont toujours du mal à se procurer médicaments et traitements et subissent toujours des violations de leurs droits sexuels et reproductifs et de leurs droits humains.  Pour les 17 millions de femmes concernées et les nombreuses autres qui feront face cette année à la nouvelle de leur séropositivité, l’épidémie est loin d’être terminée.  Vingt ans après, l’appel à l’action lancé dans le Programme d’action de Beijing est toujours d’actualité.  Mme Otieno a dénoncé les stérilisations et les avortements forcés dans plus de 30 pays, les taux élevés de mortalité maternelle, la violence « institutionnelle, systémique et intime » des partenaires, la criminalisation du fait de ne pas révéler sa séropositivité, les politiques ignorant les femmes autochtones séropositives et l’incapacité des séropositives à se faire une place dans les processus de prise de décisions, pour entre autres, obtenir la mobilisation des ressources en faveur de la recherche. 

Les communautés qui sont plus concernées par la mise en œuvre des futurs objectifs de développement durable, dont les femmes séropositives, doivent être impliquées dans les processus de prise de décisions.  Il ne s’agit pas seulement de participer aux décisions gouvernementales sur les questions mondiales mais de faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH participent à l’élaboration et à la sélection des interventions qui les affectent directement, et ce, au nom de l’efficience, de l’efficacité et de la redevabilité.  Les femmes vivant avec le VIH ont un point de vue et une capacité uniques de développer des solutions innovantes.  « En tant que représentants de vos gouvernements, vous devez consulter les femmes qui ont le VIH et inclure leurs besoins dans vos programmes nationaux », a-t-elle lancé à la salle.  Dans le contexte de la réflexion sur le cadre de développement pour l’après-2015, il ne faut pas perdre de vue, a-t-elle mis en garde, les questions de l’accès aux soins, au traitement et au soutien; de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination; de l’exercice des droits sexuels, reproductifs et humains; et de la protection des femmes, des jeunes femmes et des fillettes vivant avec le VIH, a plaidé Mme Otieno avant de conclure: « le VIH/Sida n’est pas une chose du passé ».

Mme PETRONA LAURA REYES QUINO, Membre de l’association des femmes mayas handicapées du Guatemala, a expliqué qu’avec 30% de la population guatémaltèque, les Mayas constituent le plus important des quatre groupes ethniques.  Femme autochtone, elle s’est dite prioritairement préoccupée par la survie de sa communauté et de son identité culturelle.  La Constitution du Guatemala contient des dispositions sur la défense des droits de la femme, y compris les femmes vulnérables telles que les handicapées.  Mais pour les femmes mayas, les discriminations tiennent à la pauvreté et aux facteurs historiques.  En période électorale, les femmes sont manipulées par les hommes politiques car « nous représentons 52% de la population et c’est nous qui décidons du vainqueur ».  L’intervenante a salué le fait que le Parlement compte quelques femmes mais aucune femme handicapée.

« On nous refuse l’exercice de nos droits parce que nous sommes des femmes, et à plus forte raison, handicapées », a-t-elle dénoncé face à une situation d’exclusion où les femmes handicapées n’ont même pas accès aux bâtiments publics et encore moins aux transports publics.  Les demandes d’assistance publique sont traitées avec dédain et mépris par les fonctionnaires, a-t-elle poursuivi. 

Titulaire d’une maîtrise et fonctionnaire dans une Université d’État, en plus de ses activités associatives, l’intervenante a souligné que son parcours n’a pas été facile.  J’ai été rejetée plusieurs fois, subi le racisme, mais je n’ai jamais baissé les bras.  « C’est une lutte qui doit être collective et les femmes autochtones doivent se battre pour le respect de leurs valeurs culturelles. »  « La discrimination n’est pas la norme, la norme c’est l’intégration sociale », a-t-elle martelé.  « Il faut nous donner de l’espace pour faire entendre notre voix.  Pas par pitié, mais pour nos qualifications, car les femmes handicapées ne sont pas un obstacle, mais plutôt des contributrices au développement. »  Nous devons utiliser tous nos talents et nos capacités pour faire naître un monde différent, a conclu Mme Reyes Quino, ovationnée par quelques hommes debout.

Les femmes marginalisées ne constituent pas un groupe homogène, et de ce fait, les solutions à leurs problèmes ne sauraient obéir à une approche unique, a commenté le représentant de la Finlande.  Les pays européens ont d’ailleurs une nouvelle réalité devant eux, a ajouté son homologue de l’Union européenne: celle des demandeuses d’asile qui fuient les discriminations, une situation que ne couvre pas la législation sur l’immigration. 

L’Italie, a déclaré sa représentante, vit plutôt le problème des Roms et des autres minorités.  En Chine, l’accent est mis sur les femmes rurales, « moteur du développement mais vulnérables », dont la participation à la gestion de la chose publique est une question qui se pose encore avec acuité.  L’Indonésie, a déclaré sa représentante, est un autre pays où les femmes rurales sont au centre des efforts d’autonomisation.  Au Paraguay, l’action vise la traite des femmes où l’on retrouve les réseaux du trafic de drogues.  La violence faite aux femmes est également un problème au Mexique où une grossesse sur cinq implique une adolescente. 

C’est un problème de violence sexuelle, a souligné la représentante, qui illustre la faiblesse des services publics dans un pays dont l’objectif est d’éliminer les grossesses non désirées chez les filles de moins de 20 ans d’ici à 2020.  Son homologue des États-Unis a souligné que les femmes handicapées ont quatre fois plus de risques de subir une forme ou une autre de violence sexuelle.  Toujours sur la question de la violence, la responsable de l’Association internationale des droits de l’homme de la France a jugé « inimaginable » qu’en 2015, les femmes continuent de subir des pratiques ignobles telles que la stérilisation forcée.  « C’est une tragédie humaine. »   

La question du coût des politiques d’autonomisation des femmes marginalisées a été soulevée: la représentante de l’Ouganda a parlé du prix des équipements nécessaires aux enfants handicapés.  Son homologue des Îles Salomon a souligné que dans les petits États insulaires en développement (PEID) l’autonomisation revient d’abord à assurer la survie des femmes par le renforcement de leur résilience face aux catastrophes naturelles.  La représentante de l’Union européenne a parlé du financement de programmes comme celui sur l’accès à l’eau potable à 31 millions de foyers dans 32 pays.  Présent dans 23 pays, « International Presentation Association » a espéré des financements pour l’universalisation de l’accès à l’éducation primaire.

L’Association des personnels médicaux lesbiens d’Australie a attiré l’attention sur les préjugés et les discriminations dont sont victimes les homosexuels, une frange de la population dont le taux de suicide est plus élevé que la moyenne.  Il faut des changements sociaux et législatifs pour mettre fin à la marginalisation et aux discriminations, s’est impatientée la Présidente de la table ronde.  Les femmes ne doivent pas devenir l’obstacle de leur propre cause.  Celles qui accèdent à des postes de responsabilité doivent prendre les bonnes décisions et éviter de donner aux hommes des alibis pour continuer à discréditer les femmes, a conclu la représentante des femmes autochtones et handicapées du Guatemala.

Suite du débat général

« Ne réinventons pas la roue », a déclaré la représentante de la « National Alliance of Women’s Organization (NAWO), parce que « nous savons ce que nous voulons ».  La représentante a dénoncé le manque de volonté politique.  Elle a accusé le Gouvernement britannique d’avoir en 2010, supprimer plusieurs conseils consultatifs avec les ONG pour des raisons budgétaires.  La Commission nationale des femmes a fait partie du lot malgré un budget minime de 500 000 dollars.  Les femmes sont créatives et elles n’ont pas hésité à créer un nouveau mécanisme, l’Alliance, qui n’est pas financé par le Gouvernement mais qui entretient des liens forts avec lui.  Le problème est que ce sont les ministres qui convoquent les réunions, déterminent l’ordre du jour et dressent la liste des invités.  En conséquence, la capacité des ONG « des quatre nations » britanniques de parler d’une même voix est fortement compromise, sans compter les coupes budgétaires qu’elles ont subies de manière disproportionnée. 

La représentante a aussi dénoncé une mauvaise appréhension du concept d’intégration de la dimension sexospéficique.  Toutes les femmes, dans leur diversité, doivent être en première ligne lorsqu’il s’agit de formuler les politiques et les mesures car « les processus sont importants » et la reddition des comptes est « essentielle ».  Enfin, la représentante a pris note des 17 futurs objectifs de développement durable et des 169 cibles assortis d’indicateurs qui doivent encore être agréés, pour mesurer les succès et les échecs de ces « nouvelles flammes d’espoir » qui viennent de s’allumer.  Les femmes aussi doivent être au centre de ce processus, a-t-elle dit.  Les femmes disent: « ne renoncez jamais jamais jamais ».  « Nous ne le ferons pas », a prévenu la représentante.

La représentante de Soroptimist International a estimé que faire de la violence à l’encontre des femmes et des filles un crime ne suffit pas pour s’attaquer aux causes structurelles profondes et aux attitudes sociétales qui excusent, propagent et contribuent à cette violence dans les communautés.  Il faut que la voix des victimes soit entendue, reconnue et prise en compte dans les futures politiques et stratégies.  En tenant compte du vécu et de la sagesse de ces femmes, les gouvernements et les organisations seront mieux armés pour former des professionnels, renforcer les compétences, affiner les programmes de prévention, et autonomiser les femmes en leur permettant de jouer un rôle dans le changement dont elles ont besoin et qu’elles méritent.  Tenir compte de la voix des victimes de la violence permettra de mesurer le fossé entre la théorie et la pratique et prendre des décisions mieux informées.  On peut triompher de la violence mais nous n’attendrons pas une autre vingtaine d’années, a prévenu la représentante.

La représentante de Widows for Peace through democracy a parlé des veuves qui continuent d’être ignorées.  Elle a plaidé pour que le statut de ces femmes soit examiné dans le suivi du Programme d’action de Beijing et inclus dans les objectifs d’égalité entre les sexes du nouveau programme de développement pour l’après-2015, avec des données ventilées par statut marital.  Elle a aussi voulu que la question du veuvage soit reconnue comme une question émergente par la Commission de la condition de la femme et a demandé la nomination d’un représentant spécial sur le sort des veuves dans les conflits armés.  Aujourd’hui, un État islamique marie de force les veuves aux soldats, a-t-elle dénoncé, avant de réclamer la reconnaissance des rôles économique et social que les veuves jouent dans leur communauté, entre autres, comme agents « essentiels » de la consolidation de la paix.  Négliger les questions multisectorielles qui affectent les veuves et leurs enfants provoquera des dégâts irrévocables pour les futures générations, accroîtra les inégalités et la pauvreté et compromettra les autres efforts de développement, de paix et de justice.  N’oubliez pas les veuves, a-t-elle conclu en pensant au suivi du Programme de Beijing et à l’agenda post-2015.

La représentante de « Women Missionary society African methodist episcopal Church » s’est élevé contre l’oppression, la violence et l’exclusion des femmes des processus politiques et sociaux qui invoquent la religion pour légitimer des pratiques servant des intérêts politiques.  Elle a rappelé l’État à son obligation de prévenir la violence et la discrimination et à promouvoir et protéger les droits économiques et sociaux des femmes et de leur famille.  Elle a donc réclamé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et d’autres accords internationaux pertinents comme la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle a aussi réclamé la suppression de toutes les pratiques illégales et néfastes qui perpétuent la violence contre les femmes et la fin de l’impunité pour leurs auteurs.  Elle a enfin réclamé des programmes d’éducation et de sensibilisation pour mobiliser les hommes et les garçons comme partenaires contre la violence faite aux femmes. 

S’agissant de la lutte contre la pauvreté, elle a demandé des mécanismes pour promouvoir la participation de la société à la planification du développement et au processus de budgétisation.  Elle a aussi demandé des interventions d’urgence contre les changements climatiques, dont la réaffectation des dépenses militaires; la suppression des obstacles à l’accès de la femme à la terre, à l’héritage, au crédit et à l’emploi décent.  La représentante a aussi plaidé pour l’accès des femmes à l’éducation dont la promotion de modèles qui les préparent aux postes de responsabilité.  Pour ce qui est de la santé, elle a voulu que l’on réaffirme les droits de la femme et des hommes à la santé sexuelle et reproductive.  Il faut, a-t-elle poursuivi, inverser la tendance à la privatisation des systèmes de santé ou encore s’attaquer à la féminisation du VIH/sida.

La représentante du Groupe des filles, a souligné l’importance de l’éducation, en demandant des cours complets d’éducation sexuelle dans toutes les écoles.  Il nous faut une éducation qui nous prépare à la vie après l’école, que ce soient dans les domaines scientifique et technologique, économique ou politique.  Il nous faut aussi un accès total et non discriminatoire à la santé.  C’est un droit et quels que soient les préjudices culturels et religieux, la santé reproductive et mentale doit être traitée comme un droit et non comme un privilège.  Il nous faut aussi des programmes contre la violence, en passant par l’éducation, la sensibilisation, la suppression des stéréotypes et des normes sociétales.  Nous voulons des services et un appui aux filles qui ont souffert de la violence et la fin de leur victimisation.  Il est « impératif » que les filles soient pleinement conscientisées sur leurs droits et sur ce qu’ils impliquent.  Nous appelons les hommes et les garçons à devenir nos partenaires et nous demandons que les filles soient dotées des opportunités, des outils et de l’appui nécessaires pour pouvoir exploiter leur potentiel, a conclu la jeune fille.

La représentante de CHIRAPAQ CENTRO DE CULTURAS INDIGENAS du Pérou, a noté la visibilité progressive de la lutte des femmes autochtones d’Amérique du Sud.  Si des progrès ont pu être faits dans les domaines de la santé et de l’éducation, les femmes et les fillettes subissent toujours de nombreuses formes de violence.  En vue d’y remédier, elle a recommandé la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale sur les populations autochtones ainsi que l’intégration transversale de l’approche « identité autochtone » au même titre que l’approche « genre » dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015.  Elle a proposé que le thème de l’autonomisation des femmes autochtones soit examiné par la Commission de la condition de la femme en 2017.

Concernant le projet de programme de développement pour l’après-2015, la représentante de l’International Association of Democratic Lawyers (IADL) a plaidé pour une approche holistique de l’égalité des genres, qui tiendrait compte de cette thématique dans les objectifs sur la pauvreté, l’éducation, la promotion de la paix, le développement durable et l’accès à la justice.  Elle a dit attendre des États qu’ils mettent pleinement en œuvre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et qu’ils envisagent la création d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant pour lutter contre toutes les formes de violence faite aux femmes.  Elle a aussi appelé les États à fournir les ressources nécessaires à la pleine réalisation des objectifs de développement durable.

Le représentant de Presbyterian Church USA a demandé aux États et à la société civile de faire en sorte que les auteurs de violence à l’encontre des femmes et des filles soient systématiquement poursuivis en justice, que les systèmes judiciaires et pénaux soient réformés, que des réparations et des conseils soient prévues pour les victimes et que des politiques claires contre le harcèlement sexuel soient créées dans toutes les institutions de la société.  Une formation au genre doit être dispensée à la police et aux juges, a-t-il dit, en demandant aussi des mécanismes assurant la participation de la société civile et des femmes à la planification du développement national et aux processus de budgétisation.  Il a réclamé la suppression des barrières économiques et autres qui entravent la formation des femmes, l’augmentation des budgets de l’éducation et la mise en place de programmes pour inciter les filles à terminer les deux cycles de leur scolarité.  Il a enfin exigé le plein accès des femmes et des filles à la santé.

Pour la représentante de Rutgers Foundation, le système patriarcal et les inégalités entre les sexes sont toujours les caractéristiques de nos sociétés avec les effets dévastateurs que l’on sait sur la vie quotidienne.  Il faut supprimer ces « immenses » menaces sur le bien-être des gens.  Le système patriarcal affecte tout le monde et de plusieurs manières.  Il faut de toute urgence reconnaître que les inégalités sont « inacceptables » quelle que soit la personne qu’elles affectent.  Il faut continuer le travail avec les hommes et les garçons sur les questions d’égalité entre les sexes, en s’appuyant sur les féministes et les principes des droits de l’homme, les organisations et les mouvements, ce, dans un esprit de solidarité.  Le pouvoir patriarcal, qui s’exprime par une « masculinité dominante » fait partie des motrices des injustices structurelles.  Il faut exposer le lien entre le système patriarcal et l’exploitation de l’être humain et l’environnement, pour aider les garçons et les hommes à changer leur comportement et passer du « pouvoir sur » au « pouvoir avec ».  Le programme de développement pour l’après-2015 doit embrasser l’approche des droits de l’homme et transformer la mauvaise répartition du pouvoir.  Il doit être « juste et inclusif », a conclu l’intervenant.

La représentante de « Young Women’s Caucus » a demandé aux États de transformer leur engagement rhétorique en véritables actes.  Parce que nous sommes et serons au centre de l’élaboration, du suivi et du succès du nouveau programme de développement, il faut investir dans notre leadership potentiel et nous former à devenir leader et innovateur.  Hier comme aujourd’hui, nous appelons à l’accès à une éducation de qualité, a déclaré la jeune fille, en insistant sur le rôle de l’éducation informelle et de la formation permanente.  En investissant dans une éducation soucieuse des droits de l’homme et d’égalité entre les sexes, nous pouvons changer la vision sur le rôle des filles et des femmes dans la société.  La représentante a appelé à l’inclusion d’un objectifs spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015, lequel doit traiter de toutes les dimensions, causes et structures des inégalités et être assorti d’indicateurs et d’une obligation faite aux États de rendre des comptes.  Nous appelons aussi, a-t-elle conclu, à l’intégration de la perspective genre dans tous les autres objectifs et cibles et à la mise au point d’indicateurs ventilés par sexe et par âge.

La représentante de « Coalition against trafficking in women » a appelé à la mise en œuvre complète des conventions régionales et internationales contre la violence faite aux femmes, dont les Conventions contre toutes les formes de discrimination, sur les droits de l’enfant, contre la traite des êtres humains et contre l’exploitation de la prostitution.  Elle a appelé les États à rejeter toute légalisation ou dépénalisation de l’industrie du sexe et punir les auteurs de tous les crimes d’exploitation sexuelle, y compris les « acheteurs et les pourvoyeurs » de prostitués ou de femmes victimes de la traite.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Aucun progrès tangible en vue d’une résolution du conflit au Darfour, affirme M. Hervé Ladsous devant le Conseil de sécurité

7405e séance – matin
CS/11819

Aucun progrès tangible en vue d’une résolution du conflit au Darfour, affirme M. Hervé Ladsous devant le Conseil de sécurité

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a dressé ce matin devant le Conseil de sécurité un tableau très sombre de la situation au Darfour, marquée par une suspension des négociations entre Gouvernement soudanais et groupes rebelles, une intensification des combats et un nombre sans précédent de personnes déplacées. 

« L’évolution de la situation au Darfour au cours des 12 derniers mois n’a démontré aucun signe d’amélioration ou de progrès tangibles en vue d’une résolution du conflit », a-t-il affirmé, dans le cadre de la présentation aux membres du Conseil de deux rapports du Secrétaire général, respectivement, sur le Soudan et le Soudan du Sud, et sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).

En ouverture, M. Ladsous a fait le point sur les négociations entre Khartoum et les groupes rebelles non signataires du Document de Doha.  Il a indiqué que les négociations directes à Addis-Abeba entre le Gouvernement, le Mouvement de libération du Soudan – tendance Minni Minawi (SLA-MM), et le Mouvement pour la justice et l’égalité – tendance Gibril (MJE - faction Gibril Ibrahim), avaient été suspendues en raison de divergences sur l’ordre du jour et les modalités de discussions.

« Le Gouvernement soudanais a notamment rejeté les propositions des groupes rebelles qui insistaient pour que les questions humanitaires, de réconciliation ainsi que d’autres points relatifs au développement et aux problèmes fonciers fassent l’objet de négociations séparées », a expliqué le Secrétaire général adjoint.  « Au cours des discussions, le Gouvernement soudanais a maintenu sa position selon laquelle le Document de Doha pour la paix au Darfour constitue le cadre exclusif de référence, tandis que les groupes rebelles ont réitéré que les dispositions de cet accord ne les engageaient pas nécessairement », a-t-il poursuivi.

Dans ces conditions, M. Ladsous a jugé plus que jamais nécessaire que le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine intensifient leur pression sur les parties en présence, afin qu’elles engagent des négociations directes en vue d’une cessation des hostilités, « première étape nécessaire vers un processus de paix global et définitif au Darfour ».

Il a par ailleurs accusé les groupes armés non signataires du Document de Doha de chercher à saboter le processus de paix.  « Ils veulent que les réfugiés restent dans leurs camps pour continuer à porter les armes en leur nom », a-t-il affirmé.

Abordant la situation sécuritaire au Darfour, M. Ladsous a déploré sa dégradation au cours des 12 derniers mois.  « Les combats entre les groupes armés non signataires et le Gouvernement du Soudan ont augmenté de manière significative », a-t-il indiqué, précisant que l’offensive en deux temps lancée l’année dernière par Khartoum avait affaibli les groupes armés et les avait isolés géographiquement, sans pour autant conduire à une victoire militaire décisive.  « Cela a causé une perte importante en vies humaines et des déplacements de population à grande échelle ».

La dégradation de la situation sécuritaire s’est accompagnée de la détérioration de la situation humanitaire, a déploré le Secrétaire général adjoint, précisant que 450 000 personnes environ avaient été déplacées en raison des violences, un nombre sans précédent depuis 2004.  « Le nombre total de personnes déplacées au Darfour dépasse désormais les 2,5 millions de personnes », a-t-il indiqué.

S’agissant de la protection des civils, priorité de la MINUAD, le Secrétaire général adjoint a précisé que la Mission avait établi des zones de protection à l’intérieur et autour de camps à Saraf Umra, Korma et Oum Barou au Darfour-Nord, ainsi qu’à Khor Abeche, au Darfour-Sud, grâce à des déploiements d’unités militaires et de police destinées à protéger les opérations humanitaires.

La MINUAD a également appuyé les efforts de médiation qui ont facilité la signature d’accords de cessation des hostilités intercommunautaires entre Ma’alia et Rizeigat, d’une part; et Ma’alia et Hammar au Darfour-Nord, d’autre part; entre Beni Hussein et Rizeigat au Darfour-Nord; et entre Salamat et Misseriya, au Darfour central.  « Cela montre à quel point la scène reste fracturée au Darfour », a dit M. Ladous.

Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs expliqué que si la coopération avec le Gouvernement soudanais s’était améliorée, en ce qui concerne notamment la délivrance de visas, le refus opposé par Khartoum à la présence de la mission onusienne dans les zones de conflit empêchait celle-ci de s’acquitter pleinement de son mandat.    

S’agissant des capacités opérationnelles de la MINUAD, le Secrétaire général adjoint a affirmé que sa composante militaire avait fait l’objet de changements structurels et que la supervision des unités avait été améliorée.  « Certains soldats et commandants de la MINUAD ont été renvoyés en raison de comportements sur le terrain qui ont été jugés inadéquats ».

En conclusion, M. Ladsous a annoncé que les Nations Unies, l’Union africaine et le Gouvernement soudanais avaient entamé les discussions relatives à une stratégie de désengagement au Darfour.  Un groupe de travail conjoint a notamment été chargé d’élaborer une feuille de route pour un retrait graduel de la mission.  Son rapport devrait être soumis à l’attention du Conseil à la fin du mois de mai, a précisé le Secrétaire général adjoint.

S’adressant à son tour au Conseil, le représentant du Soudan, a affirmé que, contrairement aux affirmations du rapport onusien, l’accord de Doha avait été largement mis en œuvre, à l’exception de quelques points.  « Les informations du rapport du Secrétaire général selon lesquelles les négociations sont à l’arrêt sont inexactes », a déclaré M. Hassan Hamid Hassan, qui a jugé satisfaisants les progrès en vue de l’établissement de la paix et de la stabilité au Darfour.  « Toute information selon laquelle le Gouvernement du Soudan entraverait l’exécution du mandat de la MINUAD est fausse », a insisté le représentant du Soudan, précisant qu’à la date du 26 janvier 2015, il n’y avait eu que 21 demandes de visa en attente pour une mission qui compte plusieurs milliers de membres.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réduction des risques de catastrophe: la Conférence de Sendai examine les moyens de renforcer les stratégies d’investissement public pour assurer la mise en œuvre du cadre pour l’après-2015

Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
Tables rondes ministérielles, après-midi
IHA/1360

Réduction des risques de catastrophe: la Conférence de Sendai examine les moyens de renforcer les stratégies d’investissement public pour assurer la mise en œuvre du cadre pour l’après-2015

SENDAI, JAPON, 17 mars – La troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe a tenu, cet après-midi, au Centre international de Sendai, au Japon, la dernière de ses cinq tables rondes ministérielles, qui était consacrée à l’examen des moyens à mettre en œuvre pour renforcer les stratégies d’investissement public en vue d’assurer l’application du cadre pour l’après-2015.

Parallèlement au débat général, en séance plénière, se sont déroulées pendant la Conférence, cinq tables rondes ministérielles sur les priorités et mesures essentielles aux fins du cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015.  Les textes qui en sont issus seront communiqués à la Conférence lors de sa séance de clôture, demain, et inclus dans son rapport final.

Présidée par le Secrétaire d’État du Ministère de l’intérieur de la Roumanie, M. Raed Arafat, la cinquième table ronde ministérielle s’est attachée à mettre en évidence les avantages à long terme de l’investissement public et à identifier les mesures nécessaires pour augmenter les allocations budgétaires en vue de soutenir et d’assurer la mise en œuvre d’un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015.

Quels sont les obstacles à l’intégration de la réduction des risques de catastrophe dans la planification budgétaire, comment surmonter ces obstacles, quel rôle peuvent jouer les ministères des finances, ont été les différentes pistes de réflexion proposées par M. Arafat pour la discussion placée sous le thème: « Stratégies d’investissement public pour la réduction des risques ».

Le Ministre de l’environnement et du développement durable de la Tunisie, M. Nejib Derouiche, a souligné que son pays avait réduit les risques de catastrophe, en garantissant notamment la protection des grandes villes contre les inondations et en protégeant les forêts contre les incendies.  Cependant, a-t-il ajouté, un milliard de dollars est nécessaire pour améliorer les infrastructures dans le but de renforcer la résilience des communautés vulnérables.  L’appui de la communauté internationale est donc nécessaire pour pouvoir mettre en œuvre le cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015.

Le Ministre des travaux publics d’El Salvador, M. Gerson Martinez, a insisté sur les efforts à fournir dans son pays pour développer une synergie entre les différentes sources de financement pour la prévention des risques de catastrophe, l’État devant assumer son rôle normatif, de gestionnaire et d’investisseur.  Il faut également, a-t-il recommandé, investir en faveur des systèmes de suivi et d’alerte précoce et renforcer les différentes institutions de la construction et de la gestion des terres.

Le Ministre des situations d’urgence du Kirghizistan, M. Kutabek Boronov, a affirmé que les ressources du budget intérieur étaient insuffisantes pour répondre aux besoins, le pays n’étant pas en mesure, seul, de prendre les mesures pour protéger sa population contre les catastrophes.  Les États doivent accorder une attention particulière à la réduction des risques de catastrophe dans les objectifs de développement pour l’après-2015, a-t-il déclaré.

Représentante de la Barbade, Mme Marion Williams a mis l’accent sur la nécessité d’éduquer, d’informer et d’avertir la population au sujet des risques de catastrophe.  Le pays, a-t-elle dit, participe notamment à un programme de gestion des zones côtières, ainsi qu’à un fonds d’assurance pour la gestion des risques de catastrophe pour les Caraïbes.

Le Ministre de la sécurité nationale de Trinité-et-Tobago, M. Carl Alfonso, a affirmé que son gouvernement avait mis l’accent sur des projets dans des domaines tels que la protection des zones côtières, qui sont érodées, la gestion des eaux et des crues, des programmes énergétiques.  De même, 7,5 millions de dollars ont été investis en matière de coopération régionale pour la réduction des risques de catastrophe.

Le Vice-Ministre de l’intérieur de l’Iran, M. Ali Shahri, a souligné que son pays, sujet aux tremblements de terre, avait investi des ressources considérables dans la réhabilitation des écoles ou des hôpitaux, ainsi que dans la remise aux normes dans les domaines des infrastructures et de la construction.  Il a appelé également la communauté internationale à se pencher sur le problème récent de tempêtes de sable qui a touché récemment l’Iran.  Ces tempêtes de sable, a-t-il dit, constituent une véritable catastrophe et peuvent être plus graves que des tremblements de terre.

Le représentant du Tadjikistan, M. Khayridin Abdurakhimov, a indiqué que son pays avait mis en œuvre en 2010 une stratégie nationale des risques de catastrophe, laquelle sert d’orientation pour les organisations bailleuses de fonds des programmes de réduction des risques de catastrophe.  L’investissement pour la lutte contre les facteurs de risques de catastrophe est rentable, en particulier dans le domaine de la prévention.

La Secrétaire générale adjointe de la Communauté est-africaine, Mme Jesca Eriyo, a fait observer que les stratégies d’investissement comme les régimes financiers en faveur de la création d’entreprises avaient abouti à une augmentation des investissements directs étrangers dans la région.  De même, un cadre de dialogue concerté a été établi avec les secteurs privés et de la société civile, les groupes de femmes ou les chefs religieux.

Responsable de l’Autorité nationale de l’économie et du développement des Philippines, M. Arsenico Balisacan a relevé que les investissements publics en faveur de la réduction des risques de catastrophe étaient souvent insuffisants et ne permettaient pas d’atteindre les objectifs de développement en matière d’infrastructures et santé.  C’est pourquoi il a appelé à une contribution de la part de la communauté internationale, des institutions financières multilatérales, comme la Banque mondiale, ou du secteur privé.

La Ministre des affaires intérieures de Cabo Verde, Mme Marisa Morais, a fait état des sérieuses difficultés auxquelles son pays était confronté pour mettre en œuvre les stratégies de prévention.  Elle a mis l’accent sur la nécessité pour Cabo Verde d’accroître les efforts en matière d’éducation et de formation pour aider les populations les plus vulnérables.

Représentante de la municipalité de Naplouse, Mme Rima Arafat a souligné qu’en dépit des obstacles importants résultant de l’occupation israélienne, un plan de réduction des risques de catastrophe avait commencé à être mis en œuvre.  Elle a précisé que c’était un travail accompli en réseau et avec des groupes communautaires, le secteur privé, des associations de femmes et de jeunes.

Le Directeur des transports et de la réduction des risques de catastrophe de l’Association des États des Caraïbes, M. George Nicholson, a demandé à la communauté internationale d’aider la région dans ses efforts en vue d’augmenter la résilience.

Les ministres et autres représentants des pays suivants ont également pris la parole: Bangladesh, Bahreïn, Burkina Faso, Madagascar, Myanmar, Ouzbékistan, Panama, République-Unie de Tanzanie et Viet Nam.

 

 

   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la femme: les États demandent des statistiques pour avoir « un état des lieux précis » de la situation de la femme et prendre des décisions informées

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
13e et 14e séances – matin et après-midi
FEM/2032

Commission de la femme: les États demandent des statistiques pour avoir « un état des lieux précis » de la situation de la femme et prendre des décisions informées

Aujourd’hui à la Commission de la condition de la femme, les États et les experts ont unanimement souligné l’importance des statistiques ventilées par sexe pour faire un état des lieux précis de la situation de la femme et prendre des décisions informées pour les résultats escomptés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.

La Commission a tenu une table ronde sur le thème: « Collecte de données et suivi des résultats: statistiques et indicateurs ventilés par sexe », avant de poursuivre son débat général et d’entendre des ONG se plaindre de leur mise à l’écart.

Pour saisir les besoins réels en matière d’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes et s’attaquer, par exemple, à l’écart salarial, à la faible participation des femmes à la vie publique ou à la violence dont elles sont victimes, il faut des statistiques, a souligné la Secrétaire exécutive de l’Institut national pour les femmes du Mexique qui a présenté ces statistiques comme « un outil indispensable » pour définir les politiques publiques, faire un état des lieux précis de la situation et de prendre des décisions informées pour aboutir aux changements et résultats escomptés.    

La qualité des données est tout aussi importante que leur quantité, a commenté la représentante de la Division des statistiques de l’ONU.  Pour pouvoir produire des statistiques intéressantes et utiles, il faut se demander « pourquoi mesurons-nous »? a ajouté l’expert sud-africain.  Le fait que la collecte et la diffusion des données ventilées par sexe prennent de l’ampleur a été salué mais dans de nombreux pays en développement, les bureaux des statistiques ont besoin de plus de moyens financiers et humains. 

L’aide à ces pays fait justement partie des initiatives de la Banque mondiale, a expliqué la Statisticienne d’une institution qui travaille dans les 15 pays les plus pauvres du monde.  De nombreuses délégations dont celles de la République centrafricaine, du Benin, du Zimbabwe, du Tchad, du Guyana et de la Mongolie ont d’ailleurs sollicité l’appui de la Banque mondiale pour améliorer leurs statistiques nationales, d’autant que, pour la représentante de l’Italie, le défi pour le succès du programme de développement post-2015 sera d’avoir des données pertinentes pour tous les objectifs.

La prise en compte dans les statistiques des groupes les plus vulnérables a été défendue à plusieurs reprises, entre autres par la représentante de Samoa, elle-même non voyante.  La porte-parole de la Commission internationale des gays et des lesbiennes a dénoncé l’exclusion des homosexuels, des bisexuels et des transgenres des statistiques.  « La faculté d’assumer son orientation sexuelle est directement liée au bien-être.  Elle doit donc être prise en compte dans les politiques d’autonomisation des femmes », a-t-elle fait valoir, réclamant des données ventilées par orientation sexuelle, avec le soutien de la représentante des États-Unis.  La collecte de données ventilées par âge et par zone géographique a été encouragée par le représentant d’Onusida. 

Chaque pays doit avoir la latitude de développer des indicateurs qui soient basés sur les particularités de sa société, a argué son homologue de l’Iran.  Il ne faut pas oublier que « les statistiques » ne sont pas seulement que des taux et des chiffres, et que derrière elles, se cachent des visages et de la souffrance, a ajouté la représentante de la Côte d’Ivoire. 

De nombreuses ONG ont reproché à la Commission de la condition de la femme de les avoir exclues du processus de négociations de la Déclaration politique qu’elle a adopté en début de session et qui ne mentionne pas, au grand regret de la représentante de « Fundacion para estudio investigacion de la Mujer », la diversité et la multiplicité des droits de la femme, s’agissant en particulier de la santé sexuelle, du droit à l’éducation sexuelle et de la discrimination fondée sur la race et sur la religion.  La représentante de la Coalition des femmes adolescentes a dénoncé le temps de parole extrêmement court que la Commission accorde à ces organisations.

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mercredi 18 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Table ronde sur le thème « Collecte de données et suivi des résultats: statistiques et indicateurs ventilés par sexe »

La table ronde, qui était présidée par la Vice-Présidente de la Commission, Mme CHRISTINE LOEW, de la Suisse, et animée par Mme MARCELA ETERNOD ARAMBURU, Secrétaire exécutive de l’Institut national pour les femmes du Mexique, avait pour vocation de mettre en exergue l’importance des données statistiques pour faire une analyse précise de la situation des femmes dans chaque pays, région et dans le monde. 

Comme l’a souligné la Secrétaire exécutive de l’Institut national pour les femmes du Mexique, les statistiques sont un outil indispensable pour définir les politiques publiques.  Elles permettent de faire un état des lieux précis de la situation et de prendre des décisions informées pour aboutir aux changements et résultats escomptés.  Les données statistiques ventilées par sexe sont nécessaires à l’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  Il faudra donc renforcer les capacités statistiques des États et des bureaux régionaux pour un programme de développement pour l’après-2015 soucieux de l’égalité entre les sexes.

Avec la Commission de statistiques des Nations Unies, les États ont compilé un certain nombre d’indicateurs généraux sur la santé et l’éducation des femmes, et des indicateurs spécifiques comme ceux sur la violence faite aux femmes, a reconnu Mme Arámburu qui a elle-même beaucoup travaillé sur les mécanismes statistiques régionaux et au sein de cette Commission.  Mais il faut aller plus loin, a-t-elle prévenu.  Plus nous progressons, plus nous aurons besoin de données fiables.  Or la capacité des pays diffère.  Il est indispensable d’établir des priorités dans les données à collecter.  Mme Arámburu a cité les données statistiques sur le travail non rémunéré des femmes; sur les groupes de femmes les plus touchés par la pauvreté, sur la participation des femmes au secteur public et sur la violence faite aux femmes, dont les filles, les femmes autochtones, les femmes handicapées et au sein de la famille.

Comme ces données n’ont pas été produites de manière systématique, régulière et fiable, la Secrétaire exécutive a réclamé une approche « systématique » devant une situation où l’on manque même de données élémentaires ventilées par sexe ou par zone géographique.  Maintenant que nous fermons le cycle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour passer au programme de développement pour l’après-2015 », il faut être vigilant et exiger la prise en compte de l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les genres au-delà de 2015.  « Il faut des preuves empiriques pour assurer l’avenir des milliers et de millions de femmes », a-t-elle conclu avant de passer la parole aux panelistes.

Mme KEIKO OSAKI-TOMITA, Division des statistiques de l’ONU, a parlé du Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des statistiques ventilées par sexe (IAEG-GS) qui organise le Forum mondial de la parité et de la statistique et qui a publié la « Classification internationale des activités à prendre en compte dans les statistiques du budget-temps » une étude montrant la manière dont les hommes et les femmes utilisent leur temps.

L’IAEG-GS a retenu 52 indicateurs de base, regroupés en cinq domaines spécifiques: les structures économiques, la participation aux activités productives et l’accès aux ressources; l’éducation; la santé et les services y relatifs; la vie publique et la prise de décisions; et les droits de la femme et de la fille.  Cette méthodologie est devenue la référence internationale pour toute étude sous-tendue par l’approche genre.  L’IAEG-GS compte présenter, en octobre prochain, les résultats de la sixième étude sur le genre et l’entrepreneuriat.  La collecte et la diffusion des données ventilées par sexe prennent de l’ampleur, a estimé Mme Osaki-Tomita, invoquant le fait que 150 pays dans le monde s’y emploient.  Elle a aussi reconnu que les bureaux des statistiques des pays en développement ont besoin de plus de moyens financiers et humains. 

Mme NGUYEN THI VIET NGA, Statisticienne au Bureau national des statistiques du Viet Nam, a présenté les résultats d’une étude menée en 2010 sur la violence faite aux femmes au Viet Nam, en adoptant la méthodologie que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise et en tenant compte des 52 indicateurs.  Les conclusions ont permis de voir que globalement, 32% de femmes ont expérimenté une forme quelconque de violence de la part de leur mari et de se faire une idée des différents types de violence: violence physique, violence sexuelle, violence psychologique et violence émotionnelle, lesquelles ont toutes une incidence sur la santé des femmes, a souligné l’experte.  Dans le même temps, 10% des femmes interrogées ont avoué que la violence ne venait pas de leur époux, mais d’un autre homme, généralement un père ou un frère.  L’étude était confidentielle et les victimes ont eu la possibilité de se faire soigner; le lieu de l’entretien étant en dehors du domicile familial.   

« Que mesurons nous et où voulons-nous mesurer? » a demandé M. PALI LEHOHLA, Statisticien sud-africain.  Quelles sont les innovations dans le domaine de l’égalité entre les sexes?  Qui profitent de l’oppression?  Quels sont les facteurs de l’oppression?  Qui sont les opprimés?  Si ce sont les femmes, que faisons-nous pour évaluer cette réalité?  Les « bénéficiaires » de l’oppression des femmes sont les hommes et les facteurs de cette oppression sont « les systèmes patriarcaux et le mécanisme mondial du capital », a répondu le Statisticien qui faisant appel à sa science, a souligné que l’éducation montre de « grandes disparités » entre les sexes et entre les races.  Il en va de même pour l’emploi et pour la santé.  Quelque 43% des femmes s’occupent seules de leurs enfants, alors même que plus de 60% d’hommes affirment être mariés.  L’écart homme-femme dans les responsabilités parentales est « énorme ».  Ces quelques exemples, a dit le statisticien, illustrent la théorie qu’il faut avant tout réfléchir à la manière de changer ce paradigme et se poser en amont la question de savoir « pourquoi mesurons-nous », pour pouvoir produire des statistiques intéressantes et utiles.

Mme MASAKO HIRAGA, Statisticienne et Économiste à la Banque mondiale, a estimé qu’en cette année charnière d’élaboration du futur programme de développement pour les 15 prochaines années, les statistiques revêtent une importance « capitale ».  Étant donné que l’égalité entre les sexes revient dans tous les débats, il est légitime que les statistiques et les données ventilées par sexe soient mises à contribution.  La Banque mondiale a appuyé les statistiques dans de nombreux pays, notamment les 15 pays les plus pauvres du monde.  En Éthiopie, la Banque soutient la première enquête statistique fondée sur l’approche sexospécifique.  En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Banque mènera une enquête pour évaluer, toujours selon l’approche sexospécifique, le travail et l’emploi dans le monde rural.  Mettant l’accent sur l’importance des nouvelles technologies pour les statistiques, Mme Hiraga a parlé de l’utilisation des images satellites pour mesurer le niveau d’éclairage du Sénégal et établir ainsi précisément les besoins en électrification du pays.  Pour revenir à l’égalité entre les sexes, elle a souligné que la qualité des données ventilées par sexe est tout aussi importante que leur quantité.

Il ne faut pas oublier que « les statistiques » ne sont jamais que des taux et des chiffres, et que derrière eux, se cachent des visages et de la souffrance, a rappelé la représentante de la Côte d’Ivoire.  Les statistiques doivent être les outils de la compréhension des problèmes, de leurs corrélations et des actions à prendre pour les dépasser, a renchéri son homologue de la Suisse.  Le défi pour l’après-2015 est d’avoir des données pertinentes pour tous les objectifs, a ajouté la représentante de l’Italie, avant que son homologue de la Finlande n’appelle la communauté à se pencher sur la question des indicateurs sans lesquels, aucune statistique ne serait utilisable.  La représentante de la Suisse a suggéré un nouvel indicateur sur les conséquences sexospécifiques du divorce, alors que celle de l’Union européenne a rappelé que deux nouveaux indicateurs viennent d’être introduits pour mesurer l’écart entre les pensions de retraite et les revenus, en général.

Comment mesurer la violence faite aux femmes?  Comment faire avancer la discussion sur cette question d’un point de vue statistique?  S’il s’agit de travailler autant sur la quantité que sur la qualité des données, comme l’a dit la représentante du Gabon, il faut aussi savoir, a mis en garde la représentante du Bureau national des statistiques du Viet Nam, que ces questions ont une dimension « éthique » puisqu’on ne peut diffuser des données brutes au risque de violer l’anonymat des personnes interrogées, sans compter l’importance qu’il y a à distinguer violence physique, violence sexuelle, violence psychologique, violence émotionnelle et les cibles.  En la matière, a relevé la représentante de l’Union européenne, les données des systèmes judiciaires ne suffisent pas parce que la plupart des victimes de la violence ne portent pas plainte.

La prise en compte dans les statistiques des groupes les plus vulnérables a été défendue à plusieurs reprises.  Non voyante, la représentante de Samoa a plaidé la cause des femmes handicapées, alors que la porte-parole de la Commission internationale des gays et lesbiennes a dénoncé l’exclusion des homosexuels, des bisexuels et des transgenres des statistiques.  « La faculté d’assumer son orientation sexuelle est directement liée au bien-être.  Elle doit être prise en compte dans les politiques d’autonomisation des femmes », a-t-elle fait valoir, réclamant des données ventilées sur la base de l’orientation sexuelle.  Pour pouvoir tenir compte des besoins spécifiques des femmes en fonction de leur orientation sexuelle, de leur éventuel handicap et de leur âge, il faut des données diversement ventilées, a renchéri la représentante des États-Unis.  Chaque pays doit avoir la latitude de développer des indicateurs qui soient basés sur les particularités de sa société, a argué son homologue de l’Iran.   

De nombreuses délégations dont celles de la République centrafricaine, du Benin, du Zimbabwe, du Tchad, du Guyana et de la Mongolie ont demandé à bénéficier de l’appui de la Banque mondiale pour améliorer leurs statistiques nationales.  La volonté politique est alimentée par des données et pour cela, il faut les prémices d’une infrastructure de recherche efficace, a plaidé le Statisticien sud-africain.  Les statistiques doivent être publiques et mises gratuitement à la disposition de la société civile, a plaidé, à son tour, la représentante de la Finlande

Débat général

Mme MARIE-AURORE MARIE-JOYCE PERRAUD, Ministre de l’égalité des genres, du développement des enfants et du bien-être familial (Maurice), a indiqué qu’à Maurice, ces 20 dernières années ont permis de lutter contre les inégalités dans les domaines social, économique et politique.  L’approche genre a été institutionnalisée dans le secteur public, en vertu d’une loi de 2008 qui a conduit à la formulation de politiques sectorielles du genre dans les Ministères.  S’agissant de la violence contre les femmes, la Ministre a parlé d’un ensemble de mesures prises par le Gouvernement mauricien, y compris la mise en place d’un Comité sur la coalition nationale contre la violence domestique, placée sous la direction du Premier Ministre en personne.  Elle a en outre relevé que malgré cette volonté politique, les défis persistent en matière d’autonomisation des femmes, notamment la féminisation de la pauvreté du fait du chômage; la sous-représentation des femmes au Parlement et autres instances de prise de décisions; et le patriarcat qui reste ancré dans la société.  Elle a aussi déploré le manque de moyens pour faire face aux inégalités entre les sexes et la perte d’engouement des mouvements féministes.

Mme LEMINA MINT EL GHOTOB OULD MOMA, Ministre des affaires sociales, des enfants et de la famille de la Mauritanie, a affirmé que son gouvernement lutte contre toutes les formes de violence faite aux femmes.  Elle a rappelé que son pays a ratifié toutes les Conventions internationales des droits de la femme, tout en respectant les préceptes de l’Islam.  Elle a cité quelques progrès, notamment dans le domaine de la participation où on peut voir que 9 femmes sont ministres, 33, membres du Parlement et 6, maires.  La Ministre a appelé au renforcement des capacités des femmes engagées en politique.    

Mme ONITIANA REALY Ministre de la population, de la protection sociale et de la promotion de la femme de Madagascar, a déclaré que cette session coïncide malheureusement avec un contexte plus ou moins complexe où des régions malgaches font face aux effets des changements climatiques, où des femmes perdent leurs avoirs, voire leur vie, où des femmes et filles deviennent d’un jour à l’autre des sans-abris, où des milliers de filles risquent de perdre une année scolaire à cause des conséquences malheureuses des inondations.  « Nous sollicitons vivement une coopération plus efficace avec tous nos partenaires pour que les effets induits des catastrophes naturelles auxquels nous faisons face n’affectent pas nos acquis relatifs à l’égalité entre hommes et femmes et à l’autonomisation des femmes », a demandé la Ministre.  « Je reconnais que la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing n’a pas été pleine.  Elle nécessite des actions intensifiées et cohérentes.  Comme il est question du respect des droits des femmes, voilà ce que mon département est prêt à faire dans les prochains mois: concevoir une loi-cadre pour l’égalité femmes-hommes.  Cette loi cadre obligera tous les ministères et les collectivités décentralisées à avoir une approche intégrée de l’égalité femmes-hommes dans leurs politiques et dans l’ensemble de leurs actions. »  « Personnellement, je m’engage à mettre en place un processus qui aboutira à un consensus national afin de garantir la mise en application de cette loi-cadre pour l’égalité femmes-hommes.  Elle sera construite en concertation avec tous les acteurs nationaux et internationaux », a déclaré la Ministre. 

Mme EUGÉNIE YARAFA, Ministre des affaires sociales, de la promotion du genre et de l’action humanitaire de la Centrafrique, a déclaré que depuis 1996, soit un an seulement après la Conférence internationale de Beijing sur les femmes, la République centrafricaine est plongée dans une série de crises militaro-politiques.  C’est dans ce contexte de crise permanente que la Déclaration et le Programme d’action de Beijing ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement ont été mis en œuvre.  En dépit de cette situation critique, beaucoup d’initiatives ont été prises et des avancées notables ont été enregistrées et méritent d’être consolidées, a ajouté la Ministre qui les a ensuite énuméré, notamment, l’adoption par le Gouvernement en 2013 d’un Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Face à la crise qui perdure dans le pays, le Gouvernement a retenu diverses solutions dans sa feuille de route qui définit les actions prioritaires à mettre en œuvre pendant la transition.  Les questions de genre et de développement y sont intégrées, a indiqué la Ministre pour laquelle « cette volonté politique ne peut être effective que si la sécurité et la paix sont rétablies et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des programmes et projets en faveur des femmes mobilisées ».  L’apport substantiel de la communauté internationale s’avère « indispensable », a-t-elle insisté.  

Mme MARIE-FRANCOISE DIKOUMBA, Ministre déléguée chargée de la prévoyance sociale (Gabon), a affirmé que 20 ans après la Déclaration de Beijing, les progrès en faveur de la promotion de l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes se sont matérialisés par divers actions dans la reconnaissance de nombreux droits.  Après en avoir cité quelques-unes, la Ministre a souligné que de manière générale, son pays s’attelle à la mise en œuvre des politiques visant à assurer non seulement l’autonomisation des femmes, mais avant tout, leurs droits à une vie digne et à l’abri des précarités. 

Elle a réitéré l’adhésion de son pays à la « Déclaration d’Addis-Abeba pour l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing pour des changements porteurs de transformation en faveur des femmes et des filles en Afrique ».  C’est dans ce contexte, a-t-elle indiqué, que son Président a demandé la mise en œuvre immédiate de la Stratégie nationale d’investissement humain qui a pour objectif principal la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale. 

Mme MONICA MUTSVANGWA, Vice-Ministre de l’information, des médias et des services de diffusion du Zimbabwe, a affirmé à son tour que depuis le Programme d’action de Beijing, des progrès « remarquables » ont été enregistrés dans son pays.  Le Gouvernement a adopté plusieurs mesures législatives, politiques et administratives pour faciliter la mise en œuvre des 12 domaines critiques du Programme.  Ces mesures ont été renforcées par la nouvelle Constitution de 2013 qui contient des dispositions pour la promotion de l’égalité de entre les sexes et l’autonomisation des femmes et par la « Feuille de route pour une transformation socioéconomique durable 2013-2018, ZIMASSET » qui reconnaît clairement la centralité de la perspective genre pour réaliser l’agenda du développement du pays. 

La Vice-Ministre a donné des exemples dans les domaines de la lutte contre la pauvreté; de l’économie, dont l’attribution aux femmes d’un quota de 20% dans le programme de réforme agraire; de l’éducation; de la santé et de la lutte contre la violence faite aux femmes.  Elle a poursuivi sur les progrès en matière de participation à la vie publique qui montrent que les femmes ont atteint le taux de 34% au Parlement et sur la protection des filles et les mécanismes institutionnels.

M. IBRAHIM O. DABBASHI (Libye) a déclaré que malgré la situation difficile en Libye causée par la prolifération des armes et les combats, le Gouvernement reste déterminé à tenir ses engagements en vertu du Programme d’action de Beijing.  Quel est le rôle des femmes libyennes dans les événements des quatre dernières années?  Elles participent activement, a répondu le représentant, à la poursuite des objectifs de la révolution de 2011, notamment dans le domaine des droits de l’homme, et ce, malgré les tentatives des groupes extrémistes qui veulent les en empêcher.  Les femmes ont fait l’objet de menaces de la part des milices de Kadhafi en 2011 et maintenant, de la part des milices armées qui profitent de l’insécurité, laquelle a fait augmenter le nombre des actes criminels, y compris contre les femmes.  En 2014, des activistes politiques des deux sexes ont été menacés.  Certains ont été contraints de fuir par crainte pour leur vie et leur famille. 

Le conflit armé a conduit à l’arrêt des exportations pétrolières alors que c’est une source de revenus, entre autres pour faire avancer la cause des femmes.  « J’aurais voulu vous présenter des statistiques mais la situation et la prise en otage des institutions par les milices a rendu impossible la collecte de données ».  Le représentant a néanmoins avancé que 16% des membres du Sénat sont des femmes qui occupent aussi 39% des postes dans le système judiciaire.  Elles jouent un rôle important dans les ONG au sein desquelles elles travaillent contre toute tentative d’imposer une législation qui est à l’encontre de leurs droits.  La situation n’est pas idéale mais les femmes libyennes travaillent pour ancrer ces droits dans la Constitution. 

Après avoir fait part des progrès enregistrés dans son pays, M. EDEN CHARLES, (Trinité-et-Tobago) a reconnu qu’il n’est pas surprenant que malgré cela, un certain nombre de défis persiste.  Il a cité la criminalité et ses effets délétères sur la société qui contribuent à la violence domestique.  Les femmes, a-t-il poursuivi, sont toujours sous-représentées dans le leadership et les postes de responsabilité.  Le représentant a aussi parlé des limites liées aux capacités et aux ressources s’agissant de la collecte, de la ventilation et de l’analyse des données qui pourraient permettre de renforcer les mesures, de les suivre et de les évaluer.  Le pays continuera donc à collaborer avec ses partenaires aux niveaux national, régional et international, a dit le représentant qui s’est félicité de ce qu’un objectif spécifique à l’égalité entre les sexes soit prévu dans le futur programme de développement pour l’après-2015.

Mme INDRANIE CHANDARPAL, Membre du Parlement du Guyana et Présidente de la Commission nationale des femmes et de l’égalité des genres, s’est dite fière d’annoncer que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a été entièrement intégrée à la Constitution du Guyana.  Une autre loi importante stipule désormais qu’au moins le tiers des candidats investis par les partis politiques pour des élections nationales ou régionales doivent être des femmes, une mesure qui apparait comme une étape vers la parité parfaite au Parlement.  Elle a aussi parlé de la libéralisation de l’avortement et de la pénalisation du viol entre époux.  La représentante a rappelé qu’en 2012 son pays figurait au 34e rang sur 134, en matière d’écart salarial.

La Ministre a tout de même reconnu que l’une des grandes préoccupations de son pays reste la violence faite aux femmes.  Elle a de ce fait souligné l’importance d’impliquer les hommes et les garçons dans un dialogue sains pour y mettre un terme, comme l’a fait le Gouvernement avec le « Bureau des Hommes ».  Parmi les autres défis, elle a cité la discrimination à l’égard des femmes autochtones, infectées par le VIH/sida, domestiques, rurales, handicapées et âgées.  Elle a soulevé la question des ressources et la nécessité de respecter les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD).

M. EDWARD A. HEIDT, JR., Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a dit que le lien entre le genre et les catastrophes n’avait pas été bien saisi en 1995 à Beijing, mais cette question a été finalement prise en compte par les deux dernières sessions de la Commission de la condition de la femme.  Il a affirmé que les catastrophes naturelles exacerbent souvent les inégalités et discriminations qui existent déjà.  Il a ainsi noté que les violences augmentent après les catastrophes; les femmes et filles étant particulièrement menacées.  Il a déclaré qu’introduire l’approche genre dans la prévention des risques de catastrophe peut sauver des vies et éviter des erreurs très chères.  Il a aussi attiré l’attention sur le lien entre les inégalités entre les genres et le handicap, y compris la vulnérabilité particulière des femmes vivant avec un handicap, notamment dans les situations de catastrophes naturelles.  Il a cité des actions que la Fédération mène dans certains pays du monde, notamment en faveur des femmes.

Mme INAS MEKKANI, Ligue des États arabes, a présenté les efforts que la Ligue déploie en coopération avec ONU-Femmes.  Prenant la mesure du « moment historique » qui est la définition du nouveau cadre de développement pour l’après-2015, les pays arabes ont intégré l’objectif d’autonomisation des femmes dans leur plan d’action grâce à des politiques visant à protéger les femmes de toute forme de discrimination.  Le rapport du Groupe arabe sera intégré à celui du Secrétaire général qui sera bientôt publié, a indiqué la représentante, en faisant de progrès « importants », en 20 ans et en dénonçant le fait que la région arabe connait aujourd’hui beaucoup de turbulences et de mouvements terroristes dont les femmes subissent les conséquences, en particulier les femmes palestiniennes et syriennes.

M. UFUK GOKCEN, Organisation de la Conférence islamique (OCI), a expliqué que le Secrétariat de l’OIC a inscrit les questions de l’autonomisation des femmes et de la violence qui leur est faite dans le Plan d’action « OCI 2015 ».  En outre, l’Organisation procède actuellement à une évaluation de son Plan d’action pour la promotion de la femme (OPAAW) qui visait aussi à changer et corriger la mauvaise interprétation des normes et pratiques de l’Islam liées au rôle et au statut des femmes.  Le représentant n’a pas pu conclure sans parler des graves implications de l’occupation militaire israélienne illégale de la Palestine et des mesures d’oppression sur la population palestinienne, en particulier les femmes et les enfants.  En 2010, a-t-il aussi rappelé, l’OCI a pris la « décision historique » de créer au Caire, l’Organisation des femmes pour le développement qui deviendra opérationnelle dès que le nombre des ratifications nécessaires aura été obtenu.  Le représentant a ensuite résumé les documents finaux de la Réunion ministérielle de l’OCI sur les femmes et ceux du Conseil des Ministères des affaires étrangères qui se sont toutes les deux tenues en 2014.  

Mme FATIMATA DIA SOW, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a dit que la formulation de la Vision Stratégique 2020 de la CEDEAO confirme l’engagement des dirigeants de ces pays à améliorer les conditions de vie des populations ouest-africaines et à promouvoir l’égalité des chances et de traitement entre les femmes et les hommes.  Cependant, malgré tous les efforts, force est de reconnaître la persistance de défis multiformes à relever sur l’ensemble des secteurs de développement.  La représentante a cité la dette, les conflits armés, le VIH/sida, les pratiques et croyances traditionnelles et culturelles et l’émergence de nouveaux phénomènes, notamment la récente crise d’Ebola, les groupes terroristes dans certains pays qui ciblent délibérément la jeune écolière ou la femme économiquement active.  Tous ces défis constituent des contraintes majeures à l’atteinte des objectifs du Programme d’action de Beijing ainsi que des OMD.  Face à cette situation, la CEDEAO a proposé aux chefs d’État et de gouvernement l’adoption d’un Acte additionnel pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes pour un développement durable en Afrique de l’Ouest et de deux nouveaux plans d’action sur le genre et le commerce, et sur le genre et la migration.

Mme O’CONNELL, Organisation internationale du développement du droit (IDLO), qui est l’unique organisation intergouvernementale de promotion de l’état de droit, a mis l’accent sur le fait que la loi est un outil fondamental pour l’autonomisation de la femme et l’égalité entre les sexes.  La loi a le pouvoir de transformer les sociétés, en particulier lorsqu’elle s’accompagne de l’émancipation juridique des citoyens et de la pleine participation de la société civile.  Tout comme les systèmes judiciaires forts peuvent protéger et offrir des opportunités aux femmes, les lois discriminatoires peuvent saper leurs droits et perpétuer les discriminations.  Malheureusement, dans beaucoup de pays, le système judiciaire est utilisé comme outil d’oppression des femmes.  Des facteurs politiques, économiques et sociaux continuent d’être un frein à un accès équitable des femmes à la justice, ce qui fait que trop souvent, les jugements ne sont pas alignés avec les normes internationales et constitutionnelles, et ne servent pas les intérêts des femmes.  Les systèmes de justice traditionnelle, coutumière et informelle semblent être prédominants lorsqu’il s’agit des femmes, en particulier de l’héritage, du mariage, de statut personnel et de l’accès à la terre et à la propriété.  En situation de guerre ou de paix, le silence qui entoure cette réalité et cette injustice est « assourdissant », s’est indignée la représentante, insistant sur le lien entre état de droit et développement.  Il faut donner la possibilité aux femmes de devenir les agents du changement grâce à la loi et leur ouvrir les portes de la magistrature.

Mme KHAN, Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré qu’en dépit des améliorations, des défis existent dont les inégalités de revenus, d’éducation, de lieu et d’âge.  Ces barrières empêchent les femmes et les filles d’accéder aux services de santé et à l’information dont elles ont besoin.  À cela s’ajoutent la violence dont est victime une femme sur trois, sans compter leur vulnérabilité aux maladies non transmissibles.  La représentante a rappelé que le Programme d’action de Beijing comporte un agenda global sur la santé des femmes.  Il faut accélérer nos efforts pour faire des engagements et des stratégies mondiales une réalité pour les femmes et les filles.  À l’avenir, il faudra s’attaquer aux inégalités, faciliter l’accès à des soins de qualité et améliorer la redevabilité.  Après avoir plaidé pour une couverture de santé universelle dans chaque pays, elle a indiqué que la Stratégie globale sur la santé des femmes et des enfants restera le mécanisme clef par lequel l’OMS continuera à faire avancer la cause des femmes. 

M. MALAYAH HARPER, Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA), a réclamé un engagement « audacieux » contre le VIH/sida, en tant que partie intégrante d’un programme de développement pour l’après-2015 véritablement transformateur s’agissant de l’égalité entre les sexes.  Il a aussi réclamé un objectif spécifique à cette égalité et à l’autonomisation des femmes et l’intégration de la thématique dans tous les autres objectifs, avec des cibles et des indicateurs, une exigence pour la collecte de données ventilées par sexe, par âge et par lieu de résidence.  Il a enfin réclamé des réponses souples qui fassent appel aux forces des acteurs étatiques et non étatiques, améliorent la redevabilité et placent les gens, en particulier les femmes et les filles, au centre des efforts.

Les femmes ont-elles une meilleure situation?  Oui.  Les progrès sont-ils à la hauteur de nos attentes?  Non, a répondu M. KEVIN CASSIDY, Organisation internationale du Travail (OIT).  Le pourcentage des femmes sur le marché du travail n’a pas changé depuis la moitié de l’année 1995.  L’écart salarial stagne à 23% et un autre écart émerge, celui entre les femmes qui ont des enfants et celles qui n’en n’ont pas.  Quelque 800 millions de femmes dans le monde n’ont pas de congé de maternité.  Tous ces chiffres sont connus et 20 ans après Beijing, il est temps d’en tirer les conclusions et de recadrer le débat.  Il faut de nouvelles stratégies et de nouvelles méthodes.  Il faut passer de l’indignation à l’action et de l’action aux résultats durables.  Il faut une nouvelle vision du développement « qui voit clairement et reconnaît la valeur des immenses contributions et talents des femmes partout dans le monde ».

La représentante de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a estimé que l’objectif 3 du Millénaire pour le développement relatif à l’égalité entre les sexes n’a pas accordé l’attention requise aux inégalités que les femmes subissent en tant qu’agents économiques.  Il en va de même pour l’objectif 8 relatif au partenariat pour le développement qui est resté » aveugle au genre », malgré la relation mutuelle entre égalité entre les sexes, émancipation économique et croissance économique et développement.  Elle a donc espéré que le nouveau programme de développement pour l’après-2015 permettra de pallier les lacunes des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) tout en partant des acquis. 

La CNUCED, a-t-elle dit, est convaincue que le commerce, qui n’est pas une fin en soi, est plutôt un moteur du développement dont les politiques peuvent et doivent être utilisées pour multiplier les chances des femmes et les émanciper.  La CNUCED a étudié l’impact des politiques commerciales sur l’égalité entre les sexes dans sept pays.  Elle a développé à l’intention des universités et des décideurs des pays en développement un kit pédagogique sur le commerce et le genre.  Le cours en ligne inspiré du kit et lancé en janvier dernier, a déjà attiré 200 candidats.  Le programme d’entreprenariat, Empretec, a déjà touché plus de 300 000 entrepreneurs dont 30% de femmes.  Le « Women Business Award » continue de récompenser tous les deux ans un groupe de femmes entrepreneurs qui, ayant bénéficié d’Empretec, ont connu le succès grâce à leur créativité.  La CNUCED est également fière que le guide sur l’émancipation des femmes entrepreneurs grâce aux technologies de l’information et des communications se soit hissé dans la liste des 100 meilleurs rapports sur le genre.

Mme YAMINA DJACTA, Directrice exécutive adjointe d’ONU-HABITAT, a indiqué que la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains et le développement urbain durable (Habitat III) qui se tiendra en Équateur en octobre 2016 sera le premier sommet mondial organisé après l’entrée en vigueur des objectifs de développement pour l’après-2015.  Ce sera une occasion unique de discuter de la manière dont l’égalité entre les sexes peut se réaliser grâce à des villes durables et soucieuse de la dimension sexospécifique.  La Conférence se concentrera sur la promotion de l’agenda d’une urbanisation qui renforce la transformation socioéconomique durable des villes avec des liens territoriaux et, urbains et ruraux forts.

La représentante de ACTION AID, qui travaille avec 15 millions de personnes dans 45 pays pour un monde sans pauvreté ni injustice, a demandé que l’on agisse pour mettre fin aux inégalités économiques dont les femmes sont toujours victimes.  Vingt ans après la Conférence de Beijing, les femmes sont toujours majoritaires dans le travail rémunéré, le secteur informel, les bas salaires et les emplois, sans parler de la violence dans les domaines public et privé.  « C’est inacceptable et cela doit changer. »  En janvier 2015, « ACTIONAID UK » a lancé une enquête « Réduire l’écart » qui a montré que le revenu des femmes pourrait augmenter de 17 milliards de dollars dans le monde si leurs salaires et leur accès au marché du travail étaient le mêmes que ceux des hommes, et cela sans tenir compte du travail non rémunéré.  Les inégalités économiques ne sont pas inévitables.  Il faut donner un nouvel élan au Programme d’action de Beijing et obtenir de tous les États qu’ils soutiennent un objectif spécifique fort sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015 et de trouver un accord sur le plein emploi et le travail décent.

La représentante d’Amnesty International, a demandé aux États de permettre à des organisations comme la sienne de participer au processus de prise de décisions de la Commission de la condition de la femme.  Les États doivent dès à présent renforcer la protection des femmes contre la violence; mettre pleinement en œuvre l’agenda sur les femmes, la paix et la sécurité; renoncer à l’invocation « des coutumes, traditions ou autre considération religieuse » pour se départir de l’obligation de combattre la violence et d’éliminer les pratiques néfastes; respecter le droit de la femme de prendre une décision libre et informée sur sa sexualité; et protéger les défenseurs des droits de la femme.  À son tour, elle a demandé l’inclusion d’un objectif spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015 et l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs avec des cibles et des indicateurs. 

La représentante de Asian-Pacific Resource and Research Centre for Women de la Fondation Momen Khan Memorial (ARROW) a demandé aux États et à la communauté internationale de consacrer l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, et à des prix abordables.  Ils doivent augmenter les dépenses de santé, légaliser l’avortement, prévenir la violence faite aux femmes et punir systématiquement les auteurs de cette violence.  Les États et la communauté internationale doivent également combattre l’extrémisme religieux et la vulnérabilité face au changement climatique, à la migration, aux catastrophes, à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire, en mettant l’accent sur les groupes marginalisés. 

La représentante de Centre pour le leadership mondial des femmes et Coalition des femmes pour l’après-2015 a prévenu que contrairement à ce qui s’est passé cette année, les femmes des organisations féministes exigent désormais d’être associées aux négociations de la Commission.  Il est essentiel de réfléchir ensemble aux défis et de voir comment aller de l’avant.  La Coalition demande collectivement un monde sans pauvreté et sans inégalités compte tenu de leurs répercussions profondes et disproportionnées sur les femmes.  La Coalition reconnait que la pleine réalisation des droits de la femme exige un plein accès à la santé dont la santé sexuelle et reproductive.  La Coalition exige aussi la pleine participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions et demande un modèle de développement centré sur la personne, a dit la représentante.

La représentante de Development alternatives with women for a new era (DAWN) a estimé que trop de femmes dans la région du Pacifique sont encore victimes de violence, notamment sur la violence fondée sur leur orientation sexuelle.  Les jeunes femmes doivent pouvoir compter sur l’appui de tous les pays pour pouvoir pleinement jouir de leurs droits.  DAWN affirme que « rien ne peut être décidé sans nous » à la Commission de la condition de la femme.  DAWN attire l’attention sur les risques associés aux changements climatiques dans le Pacifique et demande à tous les pays de s’engager sur le climat parce qu’il faut un développement écologiquement viable qui tienne compte de l’égalité complète entre les sexes pour l’après-2015.

La représentante de European womens lobby, a, à son tour, demandé aux États de renouveler leur engagement en faveur du Programme d’action de Beijing, d’accélérer la mise en œuvre de tous les instruments sur les droits de la femme et d’investir dans ces droits et dans les organisations de femmes.  Cet investissement est « l’engagement des engagements » pour un monde plus durable, plus démocratique et plus inclusif.  Cet investissement, a-t-elle insisté, dépend de la volonté, du courage et de l’action politiques.  C’est votre responsabilité, a-t-elle dit aux États, « aujourd’hui plus que jamais ».  Les organisations de femmes appuient « la voie porteuse de transformations » mais elles continueront de mobiliser les femmes et les hommes de toute la planète pour un réel changement « maintenant et demain ».

La représentante de Fundacion para estudio investigacion de la Mujer, a dénoncé l’absence des femmes dans les négociations qui ont précédé l’adoption de la Déclaration politique de la Commission de la condition de la femme.  En Amérique du Sud, des engagements importants ont été pris pour la promotion des droits de la femme qui ne sont pas reflétés dans la Déclaration.  Il était pourtant important d’y inclure la diversité et la multiplicité des droits de la femme, s’agissant en particulier de la santé sexuelle, du droit à l’éducation sexuelle et de la discrimination fondée sur la race et sur la religion.  

La représentante de HelpAge International, s’est exprimée au nom de 12 organisations de la société civile qui travaillent sur la défense des droits de la femme notamment la discrimination sur le marché du travail et la situation des femmes dans les conflits armés.  Elle a demandé qu’une plus grande attention soit accordée à la situation des femmes plus âgées qui ont été ignorées dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing.  Y voyant là un parti pris, elle a réclamé la collecte de données statistiques ventilées par sexe et par âge.

La représentante de la Coalition des adolescentes, a expliqué que cette tranche d’âge est particulièrement vulnérable et touchée par de graves inégalités, notamment en termes de scolarisation.  « Les fillettes n’ont pas accès à un avocat et leurs familles ignorent leurs problèmes dans la plupart des cas ».  Il faut qu’il y ait des enquêtes sur cette question.  Le fait que les femmes et les filles soient traitées comme des citoyens de seconde zone est un « crime contre l’humanité » qui mérite une mobilisation plus forte de la communauté internationale, a-t-elle plaidé avant de répondre à la Présidente de la Commission qui lui demandait de conclure et de dénoncer le peu de temps de parole accordé aux ONG.

La représentante de International Federation of University Women¸ a estimé que tous les États doivent adopter une législation contre la discrimination sur le lieu de travail, en appliquant le principe « à travail égal salaire égal ».  Les États doivent faciliter l’accès à une éducation de qualité jusqu’au plus haut niveau.  Les écoles, les centres de formation et autres institutions devraient proposer des programmes dans les domaines des affaires et des finances pour développer l’esprit d’entreprenariat chez les filles et les femmes qui d’ailleurs doivent être vivement encouragées à suivre les filières de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) ainsi que celle des technologies de l’information et des communications.  Les institutions du secteur de l’éducation devraient prévoir un troisième cycle à horaire flexible et enfin, les filles et les femmes devraient être assurées d’obtenir un emploi sûr et décent.

La représentante de International indigenous womens Forum, a demandé des données ventilées par ethnie et par sexe, l’examen du caractère particulier de la violence faite aux femmes autochtones, l’examen par la Commission de la condition de la femme de la question de l’autonomisation des femmes autochtones et l’adoption de politiques et de programmes sur le renforcement des capacités de ces femmes et de leur leadership et leur émancipation économique.  Elle a aussi demandé l’inclusion des droits des peuples autochtones dans le programme de développement pour l’après-2015 et dans les 17 objectifs de développement durable.  Elle a aussi estimé que tous les organes des traités des droits de l’homme devraient examiner la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.

La représentante de Pen International, la plus ancienne et la plus grande association mondiale d’écrivains avec 149 centres dans 100 pays, a demandé aujourd’hui que les objectifs de développement pour l’après-2015 incluent l’accès des femmes et des filles à une éducation de qualité, en particulier dans leur langue maternelle, avec des dispositions spécifiques sur la protection des défenseurs des droits de la femme et des journalistes.

La représentante de International Planned Parenthood Federation s’est dit choquée que 20 ans après Beijing, 225 millions de femmes dans le monde ne puissent toujours pas contrôler leur fertilité, à cause d’un manque d’accès à la contraception moderne.  Il faut changer cette situation car ce changement est « une question de vie ou de mort ».  Le programme de développement pour l’après-2015 doit refléter le lien inégalités entre les sexes, le non-respect des droits à la santé sexuelle et reproductive et le cercle vicieux de la pauvreté.  Ce n’est qu’en réalisant leurs droits à la santé sexuelle et reproductive que les femmes, les hommes et les jeunes gens pourront prendre des décisions informées sur des aspects essentiels de leur vie qui détermineront leur personne, leur communauté et leur pays.  Le Programme d’action de Beijing définit clairement l’éventail des droits de la femme et les principes de ces droits doivent être clairement reflétés dans le cadre de développement pour l’après-2015.  La vie des femmes et l’avenir de notre monde en dépend, a conclu la représentante.

La représentante de International Trade Union Confederation, a indiqué que plus de 70 millions de femmes sont syndiquées et qu’au cours de ces 20 dernières années, elles ont gagné en droit et en protection.  Mais, les promesses de Beijing n’ont pas toutes été réalisées et on ne peut attendre encore 20 ans.  Que 2015 soit l’année d’une nouvelle architecture de l’économie nationale et mondiale où le travail décent, l’accès universel à la protection sociale, et un agenda économique de la viabilité environnementale sont les piliers.  Que 2015 soit l’année de la justice fiscale qui offre les budgets pour la protection sociale, le salaire minimum, l’éducation pour tous et l’énergie renouvelable pour mettre fin au réchauffement climatique.  La représentante a cité 11 mesures concrètes pour y arriver, dont la mise en œuvre de plusieurs règlementations de l’OIT. 

La représentante de IPAS, a, à son tour, estimé que 2015 offre l’occasion de mettre en œuvre la recommandation du Programme d’action de Beijing sur la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse.  Ce serait essentiel pour la « justice reproductive » et l’égalité entre les sexes car cela placerait la vie des femmes et des filles, leur santé et leurs droits au cœur du développement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge d’un an la mission de l’ONU en Afghanistan dans le contexte du lancement, le 1er janvier, de la Décennie de la transformation (2015-2024)

7403e séance – matin
CS/11817

Le Conseil de sécurité proroge d’un an la mission de l’ONU en Afghanistan dans le contexte du lancement, le 1er janvier, de la Décennie de la transformation (2015-2024)

Une trentaine de délégations notent les progrès accomplis par l’Afghanistan en 13 ans, qui ont abouti en 2014 au premier transfert de pouvoir pacifique de l’histoire du pays

Mettant l’accent sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan, le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 17 mars 2016 le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  En adoptant ce texte à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité salue l’aboutissement en Afghanistan, à la fin de 2014, du processus Inteqal (transition) et le lancement de la Décennie de la transformation (2015-2024), au cours de laquelle l’entière responsabilité en matière de sécurité sera transférée aux institutions afghanes. 

Aux termes de la résolution adoptée, ce matin, le Conseil de sécurité demande à l’ONU d’appuyer les programmes prioritaires nationaux du Gouvernement afghan dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la justice et du développement économique et social, et pour que soient intégralement tenus les engagements communs pris sur ces questions aux conférences internationales et que soit poursuivie la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, conformément au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghane qui a été réaffirmé aux Conférences de Kaboul, Tokyo et Londres.

Le Conseil demande à la MANUA de redoubler d’efforts pour améliorer la cohérence, la coordination et l’efficacité des organismes de l’ONU en Afghanistan sur la base de l’initiative « Unité d’action ».  Il engage le Gouvernement afghan à continuer à faire face à la menace que font peser sur la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan les Taliban, les membres d’Al-Qaida, les groupes armés illégaux, les criminels, et ceux qui se livrent à la production ou au trafic de stupéfiants. 

Alors que 10 000 -dix mille- civils ont été tués ou blessés en 2014, chiffre jamais atteint auparavant, le Conseil de sécurité condamne avec la plus grande fermeté tous les attentats visant des civils et les forces afghanes et internationales.  Par ce texte, le Conseil de sécurité demande aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour faire pièce à la menace que la production, le trafic et la consommation de drogues illicites au départ de l’Afghanistan font peser sur la communauté internationale. 

L’adoption de cette résolution a été suivie d’un débat qui a vu près d’une trentaine de délégations se féliciter, malgré les défis qui se posent en matière sécuritaire, des progrès réalisés par l’Afghanistan depuis 13 ans.  L’élection présidentielle de 2014 a marqué une étape importante dans le processus de transition politique du pays, en permettant la toute première passation pacifique et démocratique du pouvoir, ont relevé des intervenants. 

Toutes les délégations ont exprimé la volonté qu’ont les États qu’elles représentaient au cours du débat de soutenir le Gouvernement afghan dans la mise en œuvre du plan de réformes présenté lors de la Conférence de Londres le 4 décembre 2014.  Le représentant de la France, qui assure la présidence du Conseil de sécurité au cours de ce mois de mars, a rappelé toute l’importance des engagements pris dans le Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo, qui seront révisés cette année.  La représentante des États-Unis a dit que son pays s’engageait à continuer d’aider l’Afghanistan à devenir une nation pacifique, stable et démocratique.

Présentant la situation de l’Afghanistan au cours d’un exposé qu’il a fait en début de réunion, M. Nicholas Haysom, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan et Chef de la MANUA, a mentionné la récente multiplication de rapports faisant état de possibles négociations entre le Gouvernement afghan et les Taliban et d’une conjugaison de facteurs propices à des pourparlers de paix.  M. Haysom a aussi noté que les opérations militaires menées récemment dans les provinces de Helmand et de Kunar ont démontré la capacité de l’armée afghane à mener des opérations à large échelle, sans participation de forces internationales. 

En écho à l’appel lancé par le Conseil de sécurité en vue de soutenir la coopération régionale, afin d’aider l’Afghanistan à se prévaloir de la place qu’elle occupe au cœur de l’Asie, la représentante du Pakistan a expliqué que la visite historique effectuée en novembre 2014 par le Président afghan à Islamabad, au Pakistan, a permis aux dirigeants des deux pays de surmonter en trois jours les défis qui se sont accumulés pendant 13 ans.  À la représentante du Pakistan qui a estimé que « les destins de l’Afghanistan et du Pakistan sont liés de façon indéfinie en raison de la géographie et de la langue », le représentant de l’Inde a répondu qu’en tant que premier partenaire économique de l’Afghanistan, l’Inde jouera un rôle prépondérant en Afghanistan durant la Décennie de la transformation 2015-2024. 

À l’instar du Pakistan et de l’Inde, le représentant de l’Iran a cité des projets de coopération transfrontalière dont le celui du chemin de fer entre Herat, en Afghanistan, et Khaf, en Iran.  Il a dit la volonté de l’Iran de mettre à disposition ses installations portuaires de Chah Bahar ainsi que de finaliser un accord de transit et de transport tripartite entre l’Inde, l’Afghanistan et son pays. 

La texte adopté aujourd’hui note que le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) est arrivé à son terme à la fin de 2014, et se réjouit de l’accord bilatéral passé entre l’OTAN et l’Afghanistan, qui a donné lieu à la mise en place, le 1er janvier 2015, de la Mission « Soutien résolu » de l’OTAN, qui formera, conseillera et aidera les Forces de défense et de sécurité nationale afghanes.  La délégation de la Fédération de Russie a tenu à faire remarquer que la FIAS avait mis fin à sa présence en Afghanistan sans que le Conseil de sécurité ait jamais examiné un rapport portant sur les activités menées par cette force, qui a opéré pendant 13 années sur le territoire de l’Afghanistan, un État Membre de l’ONU.  Il s’est étonné des conditions de retrait des troupes de l’OTAN, et a estimé que ce départ s’était fait sans préparation et sans consultation.  Ce retrait laisse à l’Afghanistan une région-nord instable du fait d’une forte présence de groupes terroristes, a-t-il regretté.  Dans un contexte sécuritaire qui reste fragile, de nombreuses délégations ont insisté sur le rôle que doivent jouer les partenaires régionaux pour la stabilité de l’Afghanistan et la protection des civils. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/69/801*-S/2015/151*)

Ce rapport fait le point des activités menées par les organismes de l’ONU en Afghanistan, notamment dans les domaines de l’action humanitaire, du développement et des droits de l’homme, depuis la publication du précédent rapport le 9 décembre 2014 (A/69/647-S/2014/876).  Il récapitule l’évolution de la situation politique et des conditions de sécurité et les événements régionaux et internationaux qui concernent l’Afghanistan.  Les progrès réalisés au regard des objectifs et indicateurs en vigueur depuis la parution de mon rapport du 7 mars 2014 (A/68/789-S/2014/163) sont exposés en annexe, en application de la résolution 1868 (2009) du Conseil de sécurité, y indique le Secrétaire général.

À la suite de l’accord conclu le 21 septembre de l’année dernière visant à mettre en place un gouvernement d’union nationale dirigé par le Président, Ashraf Ghani, et le chef de l’exécutif, Abdullah Abdullah, de nouveaux ministres se sont vu confier les portefeuilles des affaires étrangères, de l’intérieur et des finances, entre autres, tandis que les débats se poursuivaient en vue de procéder aux nominations restantes. 

Le Secrétaire général note que la période considérée est marquée par le processus de formation du gouvernement d’union nationale.  Il indique que le Président Ghani a pris un certain nombre de mesures provisoires pour assurer la continuité de l’administration jusqu’à ce que les nominations soient effectives.  Le 20 janvier, il a présenté à la Chambre basse de l’Assemblée nationale 25 candidats à des postes ministériels, ainsi que des candidats à la tête de la Banque centrale et de la Direction nationale de la sécurité.  Parmi ceux-ci, 13 étaient désignés par le Président et 12 par le chef de l’exécutif, dont 3 femmes.

Dans le domaine de la « Sécurité », M. Ban Ki-moon rappelle que la transition en matière de sécurité s’est officiellement terminée le 31 décembre 2014.  Entre le 16 novembre 2014 et le 15 février 2015, 5 075 incidents liés à la sécurité ont été enregistrés dans le pays par l’ONU, ce qui représente une augmentation de 10,6% par rapport à la même période en 2013/2014.  Le nombre sans cesse élevé de ces incidents est en partie imputable aux activités des éléments hostiles au Gouvernement.

Au chapitre « Coopération régionale », il est mentionné la visite le 20 janvier du ministre iranien des affaires étrangères à Kaboul au sujet d’un projet d’accord de coopération stratégique bilatérale qui avait été précédée par la signature, le 15 décembre à Téhéran, par le commandant des gardes frontière iraniens et son homologue afghan, d’un mémorandum d’accord sur la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues.  Le Président Ghani s’est rendu fin janvier au Turkménistan pour s’entretenir avec le Président Gurbanguly Berdimuhamedow du gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde et de l’établissement du couloir de transport « Lapiz Lazuli » entre l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie.  Il a aussi conclu un mémorandum d’accord relatif au resserrement de la coopération dans le domaine de l’énergie électrique et un programme de coopération entre les ministères des affaires étrangères de ces pays, ainsi que des accords complémentaires sur plusieurs contrats d’approvisionnement en électricité. 

Le 17 décembre, le chef d’état-major de l’armée pakistanaise s’est rendu à Kaboul pour discuter de la coordination en matière de sécurité.  Cette visite a été suivie d’une réunion tripartite tenue le 23 décembre au Pakistan entre le chef d’état-major de l’armée afghane, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et le chef d’état-major de l’armée pakistanaise. Le 9 février, le premier cycle du dialogue stratégique trilatéral entre la Chine, l’Afghanistan et le Pakistan a eu lieu à Kaboul pour examiner la situation en matière de paix et de sécurité dans la région, ainsi que la nécessité d’approfondir la coopération trilatérale dans les domaines de la lutte contre le terrorisme. 

En matière de « Droits de l’homme », le rapport annuel 2014 de la MANUA sur la protection des civils en période de conflit armé fait état de 10 548 victimes civiles (3 699 morts et 6 849 blessés) recensées en 2014, le nombre le plus élevé depuis que la Mission a commencé à recenser les victimes civiles en 2009, ce qui représente une augmentation de 22% par rapport à 2013.  Soixante-douze pour cent des victimes sont imputées à des éléments hostiles au Gouvernement et 15% aux forces progouvernementales (12% aux Forces nationales de sécurité afghanes et 2% aux forces militaires internationales).  Dix pour cent ont été touchées par des échanges de tirs entre forces progouvernementales et éléments hostiles au Gouvernement.  Les restes explosifs de guerre ont fait 3% des victimes civiles (422 victimes, soit 124 tués et 298 blessés), soit une augmentation de 20% par rapport à 2013.

Pour ce qui est de la « Mise en œuvre du Processus de Kaboul et coordination de l’assistance au développement », le 4 décembre 2014, l’Afghanistan et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ont coprésidé la Conférence de Londres sur l’Afghanistan, à l’occasion de laquelle les pays, les institutions financières internationales et les organisations multilatérales et non gouvernementales ont renouvelé leur engagement d’accompagner les progrès du pays sur la voie de la sécurité et de la stabilité pendant la Décennie de la transformation, et le nouveau Gouvernement a présenté ses plans de réforme.  Les participants à la Conférence ont bien accueilli le plan de réforme qui vise à combattre la corruption, à promouvoir la gouvernance et à améliorer la situation des droits de l’homme, et il a été convenu d’actualiser l’Accord-cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo lors d’une réunion des hauts responsables qui se tiendra dans le courant de 2015.  À cet égard, le Gouvernement élabore actuellement un plan d’action axé sur les priorités définies dans le document issu de la Conférence.

Au chapitre « Assistance humanitaire » il est noté dans ce rapport qu’une forte augmentation des retours volontaires en Afghanistan a été signalée depuis le début de 2015.  Au 31 janvier, 22 309 personnes sont rentrées en Afghanistan de leur propre initiative au départ du Pakistan, dont des réfugiés enregistrés et des sans-papiers.  C’est le chiffre le plus élevé à avoir été enregistré pour le mois de janvier depuis 2003 et il équivaut approximativement au total de l’ensemble de l’année 2014.  La plupart des familles reviennent du Cachemire, du Khyber Pakhtunkhwa et du Punjab, où elles résidaient depuis 15 à 25 ans en moyenne.  En 2014, les partenaires de l’action antimines, coordonnés par l’ONU, ont déminé 1 015 champs de mines et 63 champs de bataille dans 392 communautés, ce qui a permis de déclarer 117 districts exempts de mines.  Malgré ces progrès importants, l’insuffisance des financements a fait que la cible fixée pour 2014 en matière de déminage dans le Programme de travail décennal de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel n’a pas été atteinte.  Selon les estimations, il reste 3 912 champs de mines et 248 champs de bataille dans le pays, ce qui affecte la vie de 1 596 communautés dans 258 districts et 33 provinces.  Au 31 décembre 2014, les ressources destinées à l’aide humanitaire pour l’Afghanistan ont atteint 439 millions de dollars. 

Pour ce qui est de la « Lutte contre les stupéfiants » il est noté qu’entre le 1er novembre 2014 et le 31 janvier 2015, les autorités chargées de l’application des lois en Afghanistan ont mené au total 713 opérations de lutte contre les stupéfiants, qui se sont soldées par la saisie de 1 700 kg d’héroïne, 6 325 kg de morphine, 15 012 kg d’opium, 39 299 kg de cannabis, 317 kg de précurseurs chimiques solides et 3 621 litres de précurseurs chimiques liquides.  De plus, neuf laboratoires d’héroïne ont été démantelés, tandis que 182 véhicules et 127 armes ont été saisis.  Au total, 827 suspects ont été arrêtés, un membre des forces de sécurité afghanes a été tué et 4 agents de la police des stupéfiants ont été blessés.  L’augmentation des saisies s’explique par l’amélioration des capacités de la police des stupéfiants de recueillir des renseignements, conjuguée à une meilleure coordination des efforts entre les services afghans compétents et les services homologues des pays voisins. 

Dans ses « observations », le Secrétaire général rappelle que l’accord politique conclu le 21 septembre 2014, par lequel les signataires se sont engagés à former un gouvernement d’union nationale, prévoyait également un calendrier ambitieux d’élections et de réformes, qui a été confirmé à la Conférence de Londres et qui doit déboucher sur l’organisation d’une Loya Jirga, au cours de laquelle seront examinées les principales questions de gouvernance. 

Dans le contexte de ralentissement économique que connait l’Afghanistan, le rapport note qu’il est probable que l’économie parallèle prenne une importance croissante, ce qui risque de renforcer davantage le trafic de drogues.  Ces activités criminelles aggravent l’insécurité, affaiblissent l’état de droit et menacent l’équilibre et le développement de l’Afghanistan, de la région et de la communauté internationale dans son ensemble.  Le Secrétaire général estime que ce problème ne pourra être résolu durablement que grâce à des mesures globales, prévoyant une intégration systématique des efforts de lutte contre le trafic de drogue dans tous les programmes de développement.  Pour soutenir la croissance du secteur privé, il appelle à mieux appliquer les lois et règlements, en particulier pour combattre efficacement le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Il note que le conflit en Afghanistan a fait plus de 10 000 victimes, entre blessés et tués, parmi la population civile, ce qui n’était jamais arrivé depuis que l’ONU a commencé à consigner systématiquement les pertes civiles, en 2009.  Près des trois quarts de ces pertes sont toujours attribuées aux Taliban et aux groupes affiliés.  Dans le cadre du développement institutionnel des organismes afghans chargés d’assurer la sécurité, le Secrétaire général appelle en priorité à améliorer les mécanismes visant à limiter les pertes civiles et renforcer le principe de responsabilité en ce qui concerne la conduite des combats et le traitement des personnes détenues pour des raisons liées au conflit.  Il estime que le nouveau plan d’action national pour l’élimination de la torture constitue une étape importante dans ce sens et dit attendre avec intérêt sa mise en œuvre. 

Il note que l’été qui arrive verra probablement une intensification du conflit armé.  Il ajoute qu’en dépit des nouvelles perspectives de dialogue, les éléments extrémistes de l’insurrection vont tenter de mettre à l’épreuve la volonté des forces de sécurité afghanes.  C’est pourquoi, le Secrétaire général appelle à établir un calendrier réaliste pour le processus de paix et à faire preuve de détermination en vue de parvenir à cet objectif ultime, tout en gardant à l’esprit que le chemin vers la paix sera sans doute lent et semé d’embûches.

Il estime qu’une coopération étroite sera nécessaire pour mettre en place des solutions durables en faveur des déplacés et des sans-papiers qui reviennent du Pakistan, dont le nombre a fortement augmenté, notamment en vue de faciliter leur réinsertion dans l’économie afghane.

Déclarations

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MANUA, a indiqué que des rapports sur de possibles négociations entre le Gouvernement afghan et les Taliban se sont multipliés ces dernières semaines.  D’après les évolutions observées par la Mission d’assistance des Nations en Afghanistan (MANUA), il y a une conjugaison de facteurs propices à des pourparlers de paix, a estimé le Chef de la MANUA.  M. Haysom a dit que le processus de paix reste fragile et doit être appuyé par une démarche cohérente.  Il a ajouté que la MANUA continuera de pousser toutes les parties au conflit à trouver un terrain d’entente et à parvenir à un accord.  Il s’est félicité que l’accès des équipes de vaccination dans la province de Helmand a été rétabli.  Il a lancé un appel à la conduite de réformes électorales exhaustives, qu’il a jugées nécessaires pour renforcer la foi des Afghans envers les élections.  

M. Haysom a encouragé les autorités afghanes à clarifier le calendrier électoral et à engager le peuple afghan dans un processus transparent.  Le représentant spécial du Secrétaire général a indiqué avoir rencontré les représentants du Pakistan, de l’Iran et de l’Ouzbékistan, qui ont tous appuyé la nécessité d’un dialogue.  Il a salué les initiatives prises par les représentants pakistanais et afghans ses derniers mois pour renforcer le dialogue entre leurs pays.  Il s’est dit préoccupé par la situation économique de l’Afghanistan, avant d’appeler à aider le Gouvernement afghan afin qu’il puisse fournir à la population des services publics et créer des emplois.  Avec les risques de sécheresse, des mesures préventives doivent être prises pour aider les plus vulnérables, a-t-il prévenu. 

M. Haysom a ensuite indiqué que 10 000 victimes, entre blessés et tués, ont été dénombrées en 2014 en Afghanistan, ce qui est le niveau le plus haut depuis 2009.  Il a expliqué que ce nombre de victimes civiles découle notamment des combats qui ont eu lieu entre les forces gouvernementales et les insurgés.  Il a appelé les parties à prendre des mesures concrètes pour protéger les civils et réduire le nombre de victimes innocentes.  Le Chef de la MANUA a noté qu’un tiers des détenus interrogés ont déclaré avoir été torturés ou maltraités.  Bien que cela représente une diminution de 49% par rapport à période précédente, M. Haysom a estimé que beaucoup reste à faire pour mettre fin à certains types de pratiques en Afghanistan.  Les opérations militaires qui ont été récemment menées dans les provinces de Helmand et de Kunar sont la preuve de la capacité de planification et des capacités opérationnelles de l’armée afghane, a-t-il ensuite jugé.  Il a estimé que cette situation démontrait que ces forces sont maintenant à même de mener des opérations à large échelle, sans participation de forces internationales.  Cette évolution est encourageante, a-t-il dit, tout en notant que l’on craint que des combats de plus grande ampleur aient lieu dans les mois à venir en raison de la volonté des insurgés de tester et de combattre l’armée afghane. 

M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a déclaré que l’année 2014 qui vient de s’écouler a vu d’importants progrès et changements en Afghanistan.  Le pays a accompli sa transition politique et sécuritaire conformément aux objectifs des Conférences de Tokyo, de Bonn et de Kaboul et s’est lancé dans une décennie de transformation.  Alors que nous saluons le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), il est important de noter que l’Afghanistan, aujourd’hui, n’est pas comparable avec ce que l’Afghanistan était au moment de la création de la mission en 2002.  Le pays est même devenu différent de la situation qui y prévalait lorsque l’extension du mandat de la MANUA a été autorisée.

L’Afghanistan est passé à la vitesse supérieure pour devenir un partenaire de la communauté des pays démocratiques, a dit M. Tanin.  Il est essentiel que l’appui des Nations Unies soit conforme aux nouvelles réalités et objectifs de la Décennie de la transformation que le pays entreprend.  Cet appui doit refléter les principes de la souveraineté nationale afghane, du leadership national et de l’appropriation nationale, ainsi que le succès du processus de transition et de la phase d’initiation de la Décennie de la transformation.  L’appui de l’ONU doit s’aligner exactement sur les priorités nationales du Gouvernement afghan et doit être efficace, redevable et cohérent.  Il doit refléter le fait que le Gouvernement de l’Afghanistan est pleinement prêt à assumer un rôle de leadership, de gestion et de coordination de toute aide, des programmes de développement et des efforts de la communauté internationale en Afghanistan.

À cet effet, nous accueillons la demande faite par le Conseil de sécurité, qui veut que le Secrétaire général lance un processus pour conduire, dans les six mois du renouvèlement du mandat de la MANUA, un examen complet du rôle, de la structure et des activités menées par tous les organes des Nations Unies en Afghanistan.  Ceci, comme le recommande le Conseil, doit être fait en pleine consultation et engagement avec le Gouvernement afghan et avec les parties prenantes clefs, y compris la communauté des donateurs, à la lumière de l’achèvement de la transition et du début de la Décennie de la transformation, et en conformité avec les principes de la souveraineté nationale afghane, le leadership national afghan et le principe d’appropriation nationale. 

Le Gouvernement de l’Afghanistan est déterminé à faire sa part pour bâtir un pays qui est prêt à se tenir debout, et à prendre la responsabilité de ses propres affaires et assumer sa place en tant que partenaire égal de toute la communauté internationale.  Il est ainsi déterminé à se focaliser sur le bien-être de chaque citoyen afghan par des engagements concrets, y compris l’élimination de la corruption, l’éradication de la pauvreté, le renforcement de la bonne gouvernance et de l’état de droit, la promotion des droits de l’homme, y compris les droits des femmes, et le rétablissement de la sécurité financière et de la croissance économique.

Au niveau régional, le Gouvernement est entré dans une nouvelle phase de relations avec ses voisins, ainsi qu’avec toute la région et le monde islamique.  Cette nouvelle phase de coopération est basée sur la confiance, la coopération et des intérêts partagés.  Les dirigeants afghans ont engagé une série de consultations et de dialogues avec les pays voisins pour développer et approfondir le commerce, le transit des biens et les liens énergétiques, et améliorer la coopération et la construction des mesures de confiance.  Au niveau international, le nouveau Gouvernement afghan a revigoré ses partenariats internationaux, comme en témoigne notamment la signature d’un accord de sécurité bilatéral avec les États-Unis et l’accord de partenariat signé avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a souligné M. Tanin.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a salué l’adoption aujourd’hui par le Conseil de sécurité d’une nouvelle résolution sur l’Afghanistan, 13 ans après la création de la MANUA.  Il s’est notamment félicité d’une résolution qui appelle le Secrétaire général à entreprendre la conduite, dans un délai de six mois d’un examen complet du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités des Nations Unies en Afghanistan, dans le cadre d’échanges et de consultations exhaustifs avec le Gouvernement afghan et les principales parties prenantes, à la lumière de l’achèvement de la transition et du début de la Décennie de la transformation. 

Il a appelé les autorités afghanes à faire plus de progrès et à travailler en ayant à l’esprit un sentiment d’urgence et de responsabilité afin de parvenir à mettre en place un gouvernement d’unité nationale.  Le représentant a appelé le Gouvernement afghan à mettre l’accent sur la place que doivent occuper la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, et en particulier les droits des femmes.  Il reste des enjeux et défis importants à relever, mais les gains obtenus sont déjà tangibles, s’est-il félicité.  

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) s’est dit vivement préoccupé par la situation sécuritaire en Afghanistan, avant de condamner les attaques visant les civils, qui sont perpétrées de manière délibérée par les forces antigouvernementales.  « Toutes les parties doivent respecter la lettre et l’esprit du droit international humanitaire », a-t-il souligné.  Alarmé par les conséquences négatives du conflit sur les enfants, M. Haniff s’est félicité que le Président Ashraf Ghani ait décidé d’ériger en infraction pénale l’enrôlement des mineurs dans les forces armées.

Le représentant de la Malaisie a ensuite apporté le soutien de son pays aux efforts de réconciliation menés par le Gouvernement afghan.  Il a indiqué qu'une approche fondée sur le principe de modération était le moyen le plus efficace pour trouver un terrain d’entente et réduire au silence les extrémistes.  « Mon pays reste pleinement engagé dans les efforts de consolidation de la paix en Afghanistan », a-t-il ensuite indiqué, rappelant que depuis 2002, plus de 520 responsables afghans ont bénéficié d’une formation en Malaisie.  En conclusion, M. Haniff a indiqué que la communauté internationale devait rester fermement engagée aux côtés de l’Afghanistan.

Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a déclaré que la première tâche du Gouvernement afghan est celle du redressement et du renforcement de l’économie.  À cet égard, nous encourageons le Président, M. Ashraf Ghani, et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, à faire des efforts en matière de bonne gouvernance et à mener d’autres réformes.  La feuille de route acceptée par les différentes parties est celle définie dans le Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo et dans le programme « Realizing Self-Reliance », qui mettent l’accent en particulier sur la lutte contre la corruption, la fin de l’économie illégale, les efforts de lutte contre le trafic de drogue, la fin des détournements de fonds publics et l’amélioration de la collecte des recettes fiscales.  Le Gouvernement doit mener ces efforts tout en développant simultanément le secteur économique en particulier l’agriculture, les mines et les services, a dit la représentante.

Elle a ajouté que le Gouvernement doit aussi assurer la sécurité du pays et de la population.  À cet effet, l’aide de la communauté internationale pour développer les institutions et les Forces de sécurité afghanes reste cruciale, a-t-elle noté.  La nouvelle mission d’assistance, de conseil, et de formation de l’OTAN est une contribution essentielle à cet égard.  Mais le coût humanitaire que paient les Afghans ordinaires souligne la nécessité d’une résolution pacifique et inclusive du conflit, a-t-elle relevé.  Pour soutenir les progrès impressionnants accomplis en matière de développement depuis 2001, l’Afghanistan doit poursuivre des efforts en matière de droits de l’homme et en particulier doit promouvoir et respecter les droits des femmes, a préconisé la représentante en saluant l’esprit de compromis dont font preuve les nouveaux dirigeants afghans ainsi que leur appel au dialogue et à la construction de relations de confiance avec les pays voisins, notamment le Pakistan.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a déclaré que des avancées encourageantes avaient eu lieu, mais que des défis persistaient en Afghanistan au moment où se prépare le lancement de la Décennie de la transformation de l’Afghanistan (2015-2024), au cours de laquelle les institutions afghanes seront rendues maîtresses de toutes les responsabilités en matière de sécurité.  Ell a dit que l’Afghanistan devait pourvoir d’urgence les postes ministériels encore vacants au sein de son Gouvernement, et que des efforts devaient être menés afin de faire progresser la réforme électorale.  Les Afghans avancent, malgré la persistance de la violence à travers le pays, surtout dirigée contre la société civile, comme l’a documenté avec soin la MANUA, a dit Mme Power.

« Malheureusement, ce que les statistiques ne peuvent capturer, c’est l’immense impact humanitaire de cette violence », a-t-elle ajouté.  Elle a dit que les dirigeants afghans ont compris toute l’ampleur de cette violence.  Elle a salué le courage de la société afghane, des enfants, des femmes, des enseignants et du personnel de sécurité, qui continuent de travailler malgré les menaces.  Elle a estimé que le grand professionnalisme des Forces de sécurité et de défense afghanes était crucial pour l’instauration de la stabilité à travers le pays, ainsi qu’à la promotion et à la défense des droits de l’homme.  Elle a dit que sa délégation était heureuse de constater que les femmes afghanes sont déterminées à préserver les droits qu’elles ont acquis et à servir d’inspiration aux générations futures.  Elle a assuré que les États-Unis continueront d’apporter leur plein appui à l’Afghanistan pour aider le pays à devenir une nation pacifique, stable et démocratique.

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a dit que as délégation était vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Afghanistan.  Il a rappelé que la Mission de l’OTAN « Resolute support » n’avait pas de composante de combat et a jugé essentiel que les forces afghanes œuvrent à la stabilité du pays.  Affirmant qu’une paix durable ne sera pas possible sans développement économique, M. McLay a souligné, à court terme, la nécessité d’atténuer les sérieuses conséquences économiques découlant du retrait de la FIAS.  « La MANUA a, à ce titre, un rôle essentiel à jouer », a-t-il estimé.  Le représentant de la Nouvelle-Zélande a ensuite encouragé le Gouvernement afghan à poursuivre ses efforts de réconciliation avec les Taliban modérés.  Ces efforts doivent être déployés à un rythme et d’une manière qui soient acceptables aux yeux des Afghans, a-t-il conclu. 

M. WANG MIN (Chine) a dit qu’avec le programme « Décennie de la transformation », une nouvelle histoire s’ouvre en Afghanistan.  Mais le pays reste confronté aux défis sécuritaires, politiques et de développement, a-t-il relevé en indiquant qu’à cet égard, l’Afghanistan avait besoin de l’appui de la communauté internationale.  Le représentant a ajouté que la communauté internationale doit s’adapter à la nouvelle réalité existant sur le terrain au moment où l’Afghanistan entre dans une nouvelle ère.  Il a noté la volonté du Gouvernement afghan de prendre ses responsabilités dans un processus de développement et de réconciliation nationale que les Afghans doivent s’approprier. 

Le représentant a ajouté que la communauté internationale doit appuyer le processus de réconciliation nationale conduit par les Afghans eux-mêmes, car c’est la voie à suivre.  Il a salué les efforts menés par le Président Ghani dans cette direction.  La Chine est prête à jouer son rôle si les parties afghanes le lui demandent, a ensuite indiqué le représentant qui a fait remarquer que la nouvelle ère qui s’ouvre doit garantir la stabilité et le développement du pays.  Il a noté que l’Afghanistan dispose de certains avantages pour son développement et a salué la stratégie adoptée en la matière par le Gouvernement, qui est conforme aux réalités nationales du pays.  Il est important que la communauté internationale respecte cette stratégie.  La Chine, a dit son représentant, est disposée à apporter son appui dans les domaines des infrastructures et de l’eau.

Les efforts à mener en matière de coopération doivent garantir la participation de l’Afghanistan sur la scène internationale et pour cela, la Chine soutient l’amélioration des relations de l’Afghanistan avec tous les pays de sa région, a dit le représentant.  Il est également important que soit amélioré le rôle que jouent les Nations Unies en Afghanistan, et que le mandat de la MANUA soit fondé sur les besoins du programme « Décennie de la transformation » et sur la réconciliation nationale.

M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a dit que la période qui s’annonce en Afghanistan est pleine d’opportunités mais recèle aussi des menaces.  Il a estimé que les Afghans devaient affronter eux-mêmes avec détermination ces défis.  Il a noté que la compétence du nouveau gouvernement sera déterminante et a jugé qu’il est important de poursuivre le dialogue et les consultations avec les factions afghanes.  Le représentant de la Jordanie a ensuite dénoncé « les tentatives de sabotage qui menacent l’intégrité territoriale de l’Afghanistan ».  Il a indiqué qu’il est important d’accélérer la mise en œuvre des réformes annoncées par le nouveau Président afghan, M. Ashraf Ghani, en estimant que ces réformes sont indispensables pour renforcer la stabilité en Afghanistan.  « Nous espérons que le nouveau gouvernement sera bientôt formé et que la réforme pourra être accélérée », a-t-il insisté.  Le représentant de la Jordanie a appelé le Gouvernement afghan à redoubler d’efforts afin de protéger ses citoyens des différentes menaces, dont les actes terroristes.  Il a ajouté que le Gouvernement afghan doit aussi renforcer les mesures visant à combattre la corruption et promouvoir les droits de l’homme.  Le Gouvernement doit aussi trouver une solution en ce qui concerne les personnes déplacées, a-t-il insisté, et il doit garantir la poursuite des personnes coupables d’infractions aux droits de l’homme.  Le représentant a ensuite incité les pays voisins de l’Afghanistan à renforcer les mesures de confiance mutuelle et à apporter leur appui à l’Afghanistan.  Il a relevé que les forces afghanes seront chargées de la lutte contre le trafic de stupéfiants et contre le terrorisme au terme du mandat de la FIAS.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) s’est inquiété des activités menées par les Taliban insurgés en Afghanistan.  Cette situation témoigne du fait que le retrait de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) a été opéré sans préparation, a dit le représentant en faisant aussi remarquer que la FIAS a opéré son départ sans jamais avoir présenté de rapport sur ses 13 années de présence en Afghanistan.  Le représentant a noté que les insurgés profitent du vide créé et de la situation actuelle.  Ils mettent aussi à profit l’approche du printemps pour renforcer leurs positions, a-t-il noté.  Il a cependant reconnu que la réconciliation reste le seul moyen de règlement durable de la situation en Afghanistan.

Se félicitant du souhait qu’ont exprimé les dirigeants afghans de jouer un rôle de premier plan dans le processus de réconciliation, le représentant de la Fédération de Russie a rappelé que les insurgés ne peuvent être admis dans ce processus que s’ils déposent les armes, reconnaissent la Constitution afghane et mettent fin à leurs liens avec Al-Qaida.  La Russie est inquiète de la menace terroriste en Afghanistan, a ajouté le représentant qui a évoqué une montée en puissance de l’État islamique dans le pays.  Pour faire face à cette situation, il a demandé au Conseil de sécurité de créer un cadre à travers lequel on pourrait empêcher ce groupe d’étendre son influence en Afghanistan.  Il a par ailleurs dénoncé la présence des extrémistes dans le nord du pays, et a relevé qu’ils s’approchent de pays qui sont voisins de la Fédération de Russie, notamment les États d’Asie centrale, qui expriment des craintes face à situation intolérable.

Dénonçant le fait que le nord de l’Afghanistan pourrait devenir un sanctuaire pour les extrémistes, le représentant a dit que sa délégation craignait également la persistance du trafic de stupéfiants, « qui représente 15% du PIB afghan ».  Il a constaté avec regret que « certains résistent à toute prise de décisions à cet égard » et a indiqué que la Fédération de Russie entend poursuivre une politique de lutte systématique contre le trafic de stupéfiants, notamment avec l’Afghanistan et d’autres partenaires.  Il a regretté que l’OTAN hésite à coopérer avec l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) dans la lutte contre ce trafic.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a mis l’accent sur l’appui apporté par la MANUA au Gouvernement afghan, aux réformes et au processus de paix.  Il a salué les efforts menés par le Gouvernement afghan pour s’attaquer à la corruption, avant de se féliciter qu’un premier accord soit intervenu concernant le budget 2015.  Il a appelé le Gouvernement à faire preuve d’une grande discipline budgétaire.  « La MANUA va appuyer les priorités et les réformes d’un État afghan souverain », a-t-il insisté avant de noter l’importance des futures élections parlementaires et locales.  Il a dit que la MANUA devait pouvoir bénéficier des ressources qui lui sont nécessaires pour maintenir une présence effective en Afghanistan au niveau provincial.  La réconciliation est essentielle pour tout règlement politique, a-t-il noté avant d’inviter les parties à saisir toutes les opportunités qui peuvent s’offrir à cet égard.  La situation sécuritaire reste instable, et la saison des combats qui s’annonce ne fera pas exception cette année, a-t-il prévenu.  Il s’est inquiété du nombre de victimes civiles dont sont responsables les Taliban.  Si les mois à venir seront difficiles, nous ne devons pas perdre de vue le chemin parcouru par l’Afghanistan depuis 13 ans.  À cet égard, il faut se féliciter du premier transfert de pouvoir pacifique de l’histoire de l’Afghanistan, qui a eu lieu en 2014, a insisté le représentant du Royaume-Uni.

Après avoir salué l’adoption, ce matin, de la résolution prorogeant le mandat de la MANUA, M. BANTE MANGARAL (Tchad) a déploré le climat d’incertitude qui a suivi l’élection présidentielle afghane de 2014 et qui a été mis à profit par les groupes terroristes et extrémistes pour s’installer et poursuivre leurs attaques.  Le représentant a condamné les récentes attaques menées contre les centres administratifs et sur les routes, surtout dans les zones du sud et de l’est du pays.  Le représentant du Tchad a appelé les insurgés à se joindre au processus de réconciliation nationale lancé par les dirigeants de l’Afghanistan.  Il s’est en outre inquiété de la persistance du trafic de drogues tout en saluant la baisse des volumes de stupéfiants et a encouragé les pays voisins de l’Afghanistan à intensifier la lutte contre ce trafic.  Le représentant s’est aussi dit inquiet de la situation humanitaire des personnes déplacées en Afghanistan et il a lancé un appel pour une augmentation du niveau et des quantités de l’aide humanitaire qui leur est destinée.  Il a en outre mis en garde les groupes terroristes concernant les attaques lancées contre le personnel humanitaire.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) s’est félicité que l’Afghanistan ait décidé, le 21 septembre 2014, de laisser derrière elle une décennie d’intervention étrangère.  Il a jugé utile de rappeler que le processus politique en Afghanistan appartient au peuple afghan et que c’est dans ce cadre que peut être apportée l’aide de la communauté internationale.  Il a dit que la réconciliation nationale doit être une priorité, avant de souligner la nécessité de favoriser l’intégration de toutes les parties à ce processus.  Le représentant a particulièrement mis l’accent sur les défis qui se posent en matière de développement économique en notant que l’amélioration de la situation économique est indispensable pour pouvoir renforcer la situation sécuritaire.  Le représentant a déclaré que pour parvenir au succès, la participation pleine et entière du peuple afghan est nécessaire.  Il a lancé un appel au renforcement des institutions afghanes et en particulier de l’armée, afin qu’elle puisse faire face aux menaces qui pèsent sur le pays.  Tout en soulignant les progrès obtenus par le Gouvernement afghan dans la lutte contre le trafic de drogues, il a dit qu’il est nécessaire que le Gouvernement afghan fasse des progrès dans la coordination de tous les acteurs de cette lutte.  Le Venezuela est d’autre part préoccupé de l’augmentation du nombre de personnes déplacées de l’intérieur, a conclu le représentant.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a salué les initiatives prise par le nouveau Président de l’Afghanistan pour promouvoir les droits des femmes afghanes.  La volonté d’impliquer la société civile dans la réforme électorale doit être saluée, a-t-elle dit.  Elle a appelé le futur gouvernement d’unité nationale afghan à se pencher sur des questions fondamentales de gouvernance.  La représentante du Nigéria s’est ensuite inquiétée de la situation économique qui prévaut dans le pays.  Elle a appelé la communauté internationale à appuyer les réformes afghanes dans les domaines les plus essentiels et elle s’est félicitée des progrès constatés dans le secteur privé, tout en soulignant la nécessité de faire davantage de progrès pour promouvoir un entrepreneuriat plus dynamique.  La représentante a ensuite dit que le trafic de stupéfiants reste une source de grande préoccupation pour l’Afghanistan, car il mine l’état de droit et contribue à financer les groupes terroristes.   Elle a ensuite déploré que les engins explosifs non explosés disséminés à travers le pays restent une grande menace pour les communautés afghanes.  Ces engins restreignent la liberté de circulation et entravent les activités agricoles, a-t-elle relevé.  Elle a donc exhorté les pays donateurs à renforcer leur appui aux opérations de déminage et a fermement condamné les attaques perpétrées par les groupes terroristes

M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a déclaré qu’un cycle est en train d’être fermé en Afghanistan et qu’un autre s’ouvre avec le lancement du programme de réforme axée sur l’appropriation nationale et l’autonomie des Afghans, qui permettra de surmonter les défis qui se posent en matière de réconciliation nationale et de développement économique.  Il a ensuite noté que des défis persistants se posent notamment en matière de sécurité.  Le Conseil de sécurité serait bien avisé d’examiner le calendrier du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, a indiqué le représentant pour qui la réinsertion des insurgés dans la vie publique afghane et la réconciliation nationale menée par les Afghans eux-mêmes, à travers le dialogue et l’intégration régionale, doivent être soutenues et réalisées.  Il a indiqué que la réintégration de certains groupes d’insurgés est un gage d’espoir en Afghanistan.

L’amélioration de la gouvernance et la mise sur pied d’institutions démocratiques constituent un autre exemple de la volonté qu’ont les Afghans de reconstruire leur pays, a noté le représentant de l’Angola qui a indiqué que la lutte contre la corruption et l’impunité fait partie des actions essentielles à mener.  À cet égard, l’Afghanistan peut s’appuyer sur la coopération internationale qui, en retour, doit respecter les priorités du pays, a préconisé le représentant.  Il a en outre pris note du développement de la coopération régionale dans la lutte contre le financement du terrorisme et le trafic de drogues.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a loué la bonne volonté dont font preuve les dirigeants afghans pour aller de l’avant.  Il a noté les progrès réalisés depuis l’élection du nouveau Président et la mise en place du nouveau Gouvernement.  Mais, a-t-il dit, le Chili souhaite l’achèvement du processus de mise en place du Gouvernement, dont certains postes restent encore sans titulaires.  Le Chili veut d’autre part que les prochaines élections provinciales soient crédibles, a souligné le représentant.  Il a ensuite relevé des défis qui se posent au pays notamment en matière de corruption, de trafic de drogues et de terrorisme.  Il faut les relever de manière efficace et énergique, a-t-il préconisé en appelant la communauté internationale à respecter et tenir les promesses d’aide qu’elle a faites à l’Afghanistan.  Le représentant du Chili s’est aussi dit préoccupé par le coût de l’insécurité sur les femmes et les enfants et a souhaité qu’un appui soit fourni aux Forces de sécurité nationales afghanes pour qu’elles protègent les civils.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a tout d’abord salué la nomination de membres du Gouvernement d’union nationale afghan, qui a eu lieu le 12 janvier dernier, et il a appelé de ses vœux la poursuite de ce processus.  Il a indiqué que la Mission de l’OTAN, « Resolute support », qui est une mission de conseil et de formation, s’inscrivait dans une logique d’accompagnement des forces afghanes, qui seules assurent désormais la sécurité sur tout le territoire afghan.  « Avec ses partenaires, la France continuera à accompagner et soutenir le Gouvernement dans la mise en œuvre du plan de réformes présenté lors de la Conférence de Londres le 4 décembre 2014 », a indiqué le représentant.

M. Delattre a ensuite affirmé que les défis restaient nombreux en Afghanistan.  « Dans un contexte sécuritaire qui reste fragile, le rôle des partenaires régionaux est essentiel pour la stabilité de l’Afghanistan », a-t-il poursuivi, qualifiant de « très positives » les initiatives prises pour mieux sécuriser les frontières.  Le représentant de la France a également encouragé les autorités afghanes à poursuivre les efforts menés pour combattre la production et le trafic de drogues qui constituent une menace réelle à la stabilité et au développement du pays ainsi que pour la santé de sa population.

Enfin, en ce qui concerne la MANUA, M. Delattre a estimé que si le mandat actuel de la Mission restait pertinent, il serait utile à l’avenir de réfléchir à son évolution.  « À cet égard, nous nous félicitons de l’invitation à la réflexion qui figure dans la résolution que nous avons adoptée aujourd’hui », a-t-il conclu.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a dit que la Décennie de la transformation de l’Afghanistan (2015-2024) sera décisive pour le développement et la stabilité de ce pays.  Il a précisé que l’Inde, en tant que premier partenaire économique de l’Afghanistan, jouera un rôle prépondérant durant la mise en œuvre des programmes de cette Décennie.  Il a estimé que la transition politique afghane est sur la bonne voie, avant d’appeler les différents ministères afghans à fournir aux Afghans les prestations de service public qu’ils attendent depuis si longtemps.  « C’est bien le terrorisme, et non pas les rivalités tribales, qui demeure la principale source d’insécurité », a-t-il dit en estimant que seul un appui qui leur est fourni de l’extérieur par un État peut expliquer la virulence dont font preuve les groupes terroristes.  Face à la lassitude internationale en matière d’aide, qui affecte l’Afghanistan, la transition économique afghane devra être appuyée par le secteur privé, a déclaré le représentant de l’Inde.  Pour faire face à l’absence d’accès à la mer, qui touche, pays enclavé, il a indiqué que l’Inde, l’Afghanistan et l’Iran examinent actuellement le développement du port de Shabar pour offrir à l’Afghanistan une connexion maritime avec le monde extérieur.  Le représentant de l’Inde a d’autre part jugé « déterminantes » la conduite de la réforme électorale et l’organisation d’une Loya Jirga constitutionnelle en Afghanistan.  Il s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire prévalant dans le pays en notant que l’année 2014 a vu le nombre de victimes civiles augmenter de manière dramatique dans ce pays.  Il a jugé indispensable la poursuite du soutien de la MANUA aux efforts de réforme de l’Afghanistan.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) s’est félicitée de la transition politique afghane et de la nomination à venir d’un gouvernement d’union nationale complet.  Elle a expliqué que la visite historique effectuée en novembre dernier par le Président afghan, M. Ashraf Ghani, à Islamabad, a permis de surmonter en trois jours les défis et obstacles qui se sont accumulés pendant 13 ans entre le Pakistan et l’Afghanistan.  Elle a dit que les Présidents des deux pays se sont engagés à faire en sorte que leurs territoires respectifs ne puissent être utilisés pour porter atteinte à l’intégrité du territoire de l’autre.  « Nous œuvrons pour renforcer les contrôles aux frontières, et nous prenons pour cibles tous les groupes terroristes, sans aucune exception », a-t-elle assuré.  Les défis sécuritaires auxquels se heurte l’Afghanistan sont effrayants, a-t-elle poursuivi, tout en notant qu’une solution militaire à la crise n’est pas possible en Afghanistan.  Elle a salué les encourageantes indications qui laissent entendre que les Taliban sont prêts à négocier avec le Gouvernement afghan.  La représentante a salué l’engagement de la Chine dans la promotion de la réconciliation en Afghanistan et le développement économique et social du pays.  « Ceux qui souhaitent entraver le processus de paix en Afghanistan sont du mauvais côté de l’histoire », a insisté la représentante du Pakistan, avant de souligner l’importance qu’il y a de prendre des mesures à court terme pour relancer le développement économique de l’Afghanistan.  Elle a indiqué que l’Afghanistan et le Pakistan travaillaient à développer ensemble des projets routiers, ferroviaires, et énergétiques.  « Les destins de l’Afghanistan et du Pakistan sont liés de façon indéfinie en raison de notre géographie et de nos langues communes », a souligné la représentante du Pakistan.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a tout d’abord détaillé les gains enregistrés en Afghanistan au cours de la dernière décennie.  Il a notamment indiqué que 3,6 millions de filles étaient désormais scolarisées dans le pays.  « Dans le même temps, des défis considérables subsistent », a-t-il cependant relevé, citant parmi eux la consolidation de l’état de droit et la poursuite des réformes économiques.  Au regard de tels défis, M. Braun a jugé essentielle l’actualisation du Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo.  Puis, il a rappelé que l’Allemagne était l’un des principaux contributeurs aux efforts de reconstruction en Afghanistan, avec près d’un demi-milliard de dollars d’assistance fournis annuellement.

Le représentant de l’Allemagne a ensuite loué les efforts déployés par les responsables afghans et visant au renforcement des liens entre l’Afghanistan et les autres pays de la région, y compris dans le cadre du processus « Cœur de l’Asie ».  Il a également appelé toutes les parties prenantes à intensifier leurs efforts afin que la Décennie de la transformation soit couronnée de succès.  En conclusion, M. Braun s’est félicité de la prorogation du mandat de la MANUA pour 12 mois supplémentaires.

M. OLOF SKOOG (Suède) a indiqué que l’Afghanistan était l’un des principaux récipiendaires de l’aide au développement suédoise.  La Suède a l’intention de fournir 1,2 milliard de dollars à l’Afghanistan tout au long de la « Décennie de la transformation », a-t-il dit.  M. Skoog a ensuite rappelé que son pays participait à la Mission de l’OTAN « Resolute support » avec pour objectif de former, conseiller et assister les Forces de sécurité afghanes.

« La situation des droits de l’homme, en particulier des droits des femmes et des filles, reste préoccupante », a-t-il ensuite constaté, jugeant essentiel que le principe d’égalité s’applique à tous les niveaux de la société afghane.  Il a notamment plaidé pour qu’un nombre accru de postes à responsabilité au sein du Gouvernement soit occupé par des femmes.  Le représentant de la Suède a également qualifié d’« effroyable » le nombre record de victimes civiles enregistré en 2014.  Enfin, M. Skoog a encouragé les récentes tentatives visant à renforcer la coopération régionale.  « Un Afghanistan stable et prospère est dans l’intérêt de toute la région », a-t-il souligné.

M. IOANNIS VRAILAS, délégué de l’Union européenne, a indiqué qu'un processus de paix inclusif en Afghanistan pouvait permettre d’améliorer les conditions de vie des Afghans, tant en termes de sécurité que de prospérité.  « Mais un accord de paix ne doit pas être conclu à n’importe quel prix », a-t-il averti, avant de faire siens les mots du Président Ghani, selon lesquels le prix de la paix ne doit pas être plus élevé que le prix de la guerre.  L’Afghanistan ne doit plus jamais redevenir un sanctuaire pour les groupes terroristes, a poursuivi M. Vrailas.  Il a ensuite souligné la nécessité de consolider les progrès enregistrés en ce qui concerne les droits des femmes depuis la chute des Taliban.  Les femmes afghanes doivent jouer un rôle éminent dans toutes les sphères de la vie en Afghanistan, a-t-il dit.

Le délégué de l’Union européenne s’est ensuite réjoui de l'atmosphère positive qui entoure désormais les relations régionales et a félicité le Président afghan et les autres dirigeants de la région pour leurs efforts visant à renforcer les liens entre leurs différents pays.  Il a ensuite exprimé le soutien de l’Union européenne au processus « Cœur de l’Asie » et aux autres processus de coopération en cours dans la région.  En conclusion, M. Vrailas a tenu à indiquer que l’Union européenne soutient le Gouvernement d’unité nationale afghan, avant d’inviter ce Gouvernement à promouvoir encore davantage un dialogue inclusif avec toutes les composantes de la société afghane.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné les défis considérables qui subsistent en Afghanistan, en particulier en ce qui concerne la situation sécuritaire.  « Nous ne pouvons pas ignorer la gravité de la situation », a-t-il dit, indiquant que le nombre de victimes civiles avait augmenté de 22% en Afghanistan en 2014.  Il a jugé qu’une coopération étroite entre pays de la région était cruciale pour l’instauration de la paix et de la stabilité non seulement en Afghanistan, mais dans la région toute entière.

M. Lambertini a ensuite indiqué que la poursuite du processus de réconciliation nationale en Afghanistan ne devait pas conduire à remettre en question les progrès enregistrés dans le domaine des droits de l’homme ou à faire des concessions aux groupes terroristes.  « Ces gains représentent un héritage qui non seulement doit être défendu mais consolidé », a-t-il affirmé en conclusion.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est inquiété de la multiplication récente d’actes de terrorisme et du nombre de victimes civiles en Afghanistan.  Le Japon continuera d’aider au renforcement des capacités des forces de l’ordre de l’Afghanistan.  Cette aide sera apportée dans le cadre du Fonds d’affectation spéciale pour l’ordre public en Afghanistan, auquel le Japon a déjà versé plus d’un milliard de dollars américains, a indiqué M. Okamura.  S’agissant de la promotion de la réconciliation politique entre les Afghans, le Japon félicite les efforts menés par le Gouvernement en faveur de la paix, de la réinsertion sociale des combattants et de la réconciliation.  Le Japon poursuivra son appui à la réinsertion des anciens combattants en leur offrant une formation professionnelle et en soutenant la création d’emplois dans les secteurs clefs, notamment l’agriculture.

Le représentant a noté avec préoccupation le ralentissement de l’économie afghane.  Il est crucial pour l’Afghanistan de parvenir à la création d’une économie forte, endogène et durable, a-t-il estimé.  Le développement des infrastructures et des ressources humaines pourrait étayer les efforts en vue d’atteindre cet objectif.  Le renforcement du secteur agricole est d’autre part important, en raison de son large potentiel de création d’emplois.  À cet effet, le Japon a apporté son aide pour renforcer les infrastructures et faciliter l’intégration de l’économie afghane dans la mondialisation, a dit M. Okamura.  L’assistance japonaise inclut, entre autres, une aide pour la réhabilitation et l’agrandissement de l’aéroport international de Kaboul, le renforcement du réseau routier reliant l’Afghanistan aux pays voisins, et la réhabilitation des canaux d’irrigation dans les zones rurales, a précisé le représentant.  Comme témoignage de la solidarité du Japon envers l’Afghanistan, le représentant a rappelé que le Gouvernement japonais a déboursé une aide supplémentaire de 242 millions de dollars qui sera fournie avant la fin de ce mois.      

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a déclaré que l’appui de la communauté internationale aux efforts du Gouvernement de l’Afghanistan doit se faire en respectant les principes du leadership, de l’appropriation et de la souveraineté des Afghans.  Ce respect est particulièrement important dans la situation actuelle, a-t-il souligné.  L’augmentation du nombre de victimes civiles causées par les attaques des insurgés est une source grave de préoccupation, a dit le représentant de la Turquie en condamnant les récentes attaques terroristes, dont celle qui a eu lieu contre un véhicule de l’ambassade de Turquie à Kaboul le mois dernier et qui a tué un militaire turc et en a blessé un autre.  « Les auteurs de ces attaques ne réaliseront pas l’objectif qui est le leur de ramener l’Afghanistan dans l’instabilité, et leurs actes nous confirment dans notre volonté de rester aux côtés de l’Afghanistan dans la lutte que ce pays mène contre le terrorisme », a averti le représentant. 

Il a ajouté que pendant la Décennie de la transformation, la coopération régionale sera importante et restera au premier plan.  Saluant les efforts de coopération et de dialogue menés à cette fin, ainsi que l’élan atteint dans le cadre du Processus d’Istanbul et du programme « Cœur de l’Asie », le représentant a indiqué qu’un certain nombre de projets étaient en cours.  Une fois concrétisés, ils faciliteront le développement économique, la stabilité et l’autonomie de la région d’Asie centrale dont fait partie l’Afghanistan.  La Turquie reste engagée à soutenir le peuple afghan dans le processus de transition en cours, y compris dans les domaines de la sécurité et du développement, a assuré le représentant.  

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a dit que l’Iran, qui a de profonds liens culturels et historiques avec l’Afghanistan, a toujours soutenu la paix, la stabilité, la sécurité et le développement socioéconomique de ce pays.  La sécurité de l’Afghanistan est aussi la sécurité à nos frontières et dans la région, a-t-il noté.  Le rapport du Secrétaire général, qui indique une possible augmentation des attaques armées et des violences pendant la saison de l’été, devrait nous préoccuper et inquiéter tous les pays de la région, a dit le représentant.  Il a ensuite condamné les récentes attaques commises par des groupes terroristes, ainsi que toute coopération qui leur est fournie de l’extérieur et qui pourrait les enhardir dans leur comportement et se révéler contre-productive pour le rétablissement de la paix en Afghanistan.

S’agissant de la question des arrangements sécuritaires et des activités menées par des troupes étrangères, y compris celles de la Mission « Resolute Support » de l’OTAN, nous estimons que toute activité ne devrait se dérouler qu’avec le plein consentement du Gouvernement afghan, qui doit d’abord être consulté, a dit le représentant de l’Iran.  Il a précisé qu’il s’agit là d’une exigence vitale pour démontrer l’engagement de la communauté internationale envers le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de l’Afghanistan ou de tout autre État.

Concernant la coopération bilatérale et régionale, le représentant a souligné qu’il existe de grands potentiels à explorer dans les secteurs du commerce.  Le projet de chemin de fer entre Herat et la ville de Khaf, en Iran, et la volonté de l’Iran de mettre à disposition ses installations portuaires de Chah Bahar, sont deux exemples de ce qui peut être fait à cet égard.  L’accord de transit et de transport tripartite entre l’Inde, l’Afghanistan et l’Iran doit être finalisé pour aller de l’avant, a dit M. Khoshroo. 

Concernant la lutte contre le trafic de drogues, le représentant s’est dit particulièrement préoccupé, au vu des rapports indiquant que la culture du pavot en Afghanistan a doublé depuis 2012.  C’est une menace réelle pour la région et au-delà, et elle devrait être affrontée par la communauté internationale.  Il s’agit non seulement d’un défi majeur de santé publique, mais aussi d’une importante ressource de revenu pour les groupes extrémistes et terroristes, a-t-il souligné.  La communauté internationale doit aider l’initiative de coopération triangulaire de lutte contre le narcotrafic lancée par l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan, a dit le représentant.  

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a déploré l’augmentation en 2014 du nombre de victimes civiles en Afghanistan.  Louant la vision ambitieuse qu’a le Président Ghani pour son pays, elle a félicité le Gouvernement afghan pour ses efforts visant à combattre la corruption.  Mme Bird a ensuite appelé de ses vœux la poursuite du processus de nomination de membres du gouvernement d’unité nationale.

Si la déléguée de l’Australie a souligné les progrès considérables accomplis depuis 2001 dans le domaine des droits de l’homme, elle a cependant indiqué que la condition des femmes et des filles afghanes devait davantage être améliorée.  Pour finir, Mme Bird a indiqué que la conclusion d’un accord politique avec les Taliban permettrait de jeter les bases d’une paix durable en Afghanistan et dans la région.  Le Gouvernement d’unité nationale afghan a déjà accompli des progrès considérables dans le renforcement des liens entre l’Afghanistan et les pays de sa région, ce qui constitue un premier pas capital en vue de la mise en place de pourparlers formels entre le Gouvernement et les Taliban, a-t-elle dit.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a invité les représentants du peuple afghan à se montrer exemplaires afin de gagner la confiance de la population.  Il a indiqué que le processus de réconciliation était indispensable pour l’avenir du pays.  En ce qui concerne le développement économique, il a affirmé que l’Afghanistan n’était pas seul et avait le soutien de la communauté internationale.  M. Ružička a, dans le même temps, jugé essentielle la conduite de réformes structurelles d’ampleur afin de faciliter les investissements internationaux privés dans le pays.  Le représentant de la Slovaquie a également souligné l’importance de la coopération régionale pour combattre les menaces transnationales, telles que le trafic de stupéfiants.  Enfin, M. Ružička a insisté sur la menace que fait peser le développement d’une économie parallèle sur les efforts du Gouvernement et sur les projets entrepreneuriaux des Afghans.  « Je suis persuadé que le Gouvernement afghan a conscience de cette menace », a-t-il conclu.

Texte du projet de résolution S/2015/178

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 2145 (2014) portant prorogation jusqu’au 17 mars 2015 du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), conformément aux modalités indiquées dans la résolution 1662 (2006),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan,

Saluant l’aboutissement, à la fin de 2014, du processus Inteqal (transition) et le lancement de la Décennie de la transformation (2015-2024), au cours de laquelle l’entière responsabilité en matière de sécurité sera transférée aux institutions afghanes, constatant que la transition ne concerne pas seulement la sécurité mais aussi l’appropriation et la pleine prise en charge par l’Afghanistan de la gouvernance et du développement, et affirmant que, dans le cadre de l’appui qu’ils apportent à l’Afghanistan, les organismes des Nations Unies tiennent pleinement compte de l’aboutissement de la transition dans ce pays,

Mettant l’accent sur le Processus de Kaboul, qui vise à réaliser l’objectif premier consistant à renforcer la conduite et l’appropriation des activités par l’Afghanistan, à consolider les partenariats internationaux et la coopération régionale, à améliorer la gouvernance dans le pays, à renforcer les capacités des forces de sécurité afghanes et à favoriser la croissance économique, le développement durable et la protection des droits de tous les citoyens afghans, notamment les femmes et les filles, et se félicitant particulièrement des engagements pris par le Gouvernement afghan,

Soulignant qu’il importe d’adopter une stratégie globale pour régler les problèmes liés à la sécurité, à la situation économique, à la gouvernance et au développement en Afghanistan, qui ont un caractère interdépendant, et conscient qu’il n’y a pas de solution purement militaire pour assurer la stabilité dans ce pays,

Réaffirmant son appui continu au Gouvernement et au peuple afghans, qui reconstruisent leur pays et renforcent les fondements d’une paix durable, du développement et de la démocratie constitutionnelle,

Se félicitant de l’entrée en fonctions, le 29 septembre 2014, du nouveau Président afghan, qui a marqué la première transition démocratique de l’histoire du pays, et de l’établissement d’un gouvernement d’unité nationale, et soulignant qu’il importe que toutes les parties afghanes œuvrent, dans le cadre de ce gouvernement, pour qu’à l’avenir, tous les Afghans soient unis dans la paix et la prospérité,

Se félicitant également du consensus stratégique qui s’est établi entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale au sujet d’un partenariat renouvelé et durable, fondé sur des engagements réciproques fermes, dans la perspective de la Décennie de la transformation, accueillant avec satisfaction les progrès réalisés quant aux engagements réciproques pris dans l’Accord-cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo et renouvelés à la Conférence de Londres de 2014 visant à favoriser une croissance économique et un développement durables de l’Afghanistan, et réaffirmant que le Gouvernement afghan et la communauté internationale doivent continuer de s’employer à honorer leurs engagements réciproques,

Affirmant que les progrès durables accomplis dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, des droits de l’homme, y compris pour les femmes et les filles, de l’état de droit et du développement, ainsi que dans les domaines transversaux de la lutte contre les stupéfiants et la corruption et de l’application du principe de responsabilité, se renforcent mutuellement, et que les programmes de gouvernance et de développement doivent être conformes aux objectifs énoncés dans la Déclaration de Tokyo et aux programmes prioritaires nationaux définis par le Gouvernement afghan, et se félicitant des efforts soutenus que le Gouvernement afghan et la communauté internationale déploient pour s’attaquer à ces problèmes en appliquant une démarche globale,

Réaffirmant en particulier dans ce contexte son appui à la mise en œuvre, sous la conduite et la maîtrise du peuple afghan, des engagements énoncés dans les communiqués des Conférences de Londres (S/2010/65) et de Kaboul, de la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan et de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, dans le cadre de la stratégie globale que le Gouvernement afghan devra promouvoir avec l’aide des pays de la région et de la communauté internationale, l’ONU étant appelée à jouer parmi les donateurs un rôle de coordination central et impartial, conformément au Processus de Kaboul et aux programmes prioritaires nationaux,

Accueillant avec satisfaction le programme de réforme intitulé « Sur la voie de l’autonomie – adhésion à la réforme et à un nouveau partenariat », dans lequel le Gouvernement afghan a défini des orientations stratégiques prioritaires en vue d’amener l’Afghanistan à l’autonomie dans la Décennie de la transformation, prévoyant des mesures pour l’amélioration de la sécurité, de la stabilité politique et de la stabilisation économique et budgétaire, la bonne gouvernance, notamment la réforme électorale et le renforcement des institutions démocratiques, la promotion de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, notamment s’agissant des femmes et des filles, la lutte contre la corruption et l’économie illicite, dont les stupéfiants, et la mise en place de conditions propices à l’augmentation de l’investissement dans le secteur privé et au développement durable sur les plans social, environnemental et économique, et affirmant dans ce contexte son appui à ce programme de réforme pris en charge et dirigé par le Gouvernement afghan,

Soulignant qu’il est essentiel de favoriser la coopération régionale, moyen efficace de promouvoir la sécurité, la stabilité et le développement économique et social en Afghanistan, rappelant l’importance de la Déclaration de Kaboul sur les relations de bon voisinage (Déclaration de Kaboul), en date du 22 décembre 2002 (S/2002/1416), se félicitant à cet égard que la communauté internationale demeure résolue à promouvoir la stabilité et le développement de l’Afghanistan, prenant note des initiatives menées à l’échelle régionale et internationale, dont le Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie » sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, le Sommet quadrilatéral entre l’Afghanistan, le Pakistan, le Tadjikistan et la Fédération de Russie, ainsi que le Sommet trilatéral entre l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan, le Sommet trilatéral entre l’Afghanistan, le Pakistan et la Turquie et le Sommet trilatéral entre l’Afghanistan, le Pakistan et le Royaume-Uni, de même que ceux de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, de l’Organisation du Traité de sécurité collective et de l’Association sud-asiatique de coopération régionale, et le processus de la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan,

Accueillant avec satisfaction le texte issu de la quatrième Conférence ministérielle « Au cœur de l’Asie » (Conférence ministérielle du Processus d’Istanbul), qui s’est tenue à Beijing en octobre 2014, dans lequel l’Afghanistan et ses partenaires régionaux, tout en se disant convaincus que le renforcement d’une confiance politique réciproque et de la coopération régionale sont le fondement de la paix et de la prospérité en Afghanistan et dans la région, ont réaffirmé qu’ils s’engageaient à saisir les possibilités d’améliorer la coopération économique régionale et demandé aux autres membres de la communauté internationale de tenir les engagements qu’ils ont pris en faveur du développement durable de l’Afghanistan, se félicitant des mesures de confiance relatives à la lutte contre le terrorisme et les stupéfiants et au commerce, aux échanges et aux possibilités d’investissement et de celles relatives à l’éducation, à la gestion des catastrophes et aux infrastructures régionales, se félicitant de la tenue de la cinquième Conférence ministérielle « Au cœur de l’Asie » prévue au Pakistan en 2015, et notant que le Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie » est censé compléter et faciliter les efforts déployés par les organisations régionales, en particulier en ce qui concerne l’Afghanistan, et non s’y substituer,

Accueillant également avec satisfaction le texte final de la Conférence internationale sur une stratégie pour des solutions en faveur des réfugiés afghans en appui au rapatriement librement consenti, à la réintégration durable et à l’assistance aux pays d’accueil, qui s’est tenue à Genève les 2 et 3 mai 2012, et attendant avec intérêt la poursuite de la mise en œuvre du communiqué commun établi à l’issue de la Conférence, dont l’objectif est d’assurer le retour à long terme des réfugiés et de continuer à soutenir les pays d’accueil, grâce à l’appui infaillible et aux efforts ciblés de la communauté internationale,

Mettant l’accent sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan en coordonnant l’action des donateurs internationaux et en appuyant les efforts déployés par le Gouvernement afghan dans le rôle de direction qu’il joue en coordination avec la communauté internationale, conformément au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghanes en matière de gouvernance et de développement ainsi qu’au Processus de Kaboul et au Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo, et sur la base des programmes prioritaires nationaux définis par le Gouvernement afghan, notamment en coordonnant et en contrôlant, avec le Gouvernement afghan, la mise en œuvre du Processus de Kaboul par l’intermédiaire du Conseil commun de coordination et de suivi à l’appui des priorités arrêtées par le Gouvernement afghan et affirmées aux Conférences de Tokyo et de Londres; et remerciant le Secrétaire général, son Représentant spécial pour l’Afghanistan et, en particulier, les femmes et les hommes de la MANUA, qui servent dans des conditions difficiles pour venir en aide au peuple afghan, de leurs efforts, qu’il soutient fermement,

Soulignant qu’il est important qu’un processus politique global sans exclusive, dirigé et contrôlé par les Afghans, vienne soutenir l’entreprise de réconciliation de tous ceux qui y sont disposés, ainsi qu’il ressort du communiqué de la Conférence de Kaboul du 20 juillet 2010 sur le dialogue avec tous ceux qui renoncent à la violence, n’entretiennent pas de liens avec des organisations terroristes internationales, dont Al-Qaida, respectent la Constitution, en particulier ses dispositions relatives aux droits fondamentaux, notamment les droits de la femme, et souhaitent participer à l’édification d’un Afghanistan pacifique, et des conclusions détaillées de la Conférence de Bonn du 5 décembre 2011, et comme approuvé par le Gouvernement afghan et la communauté internationale, dans le respect total de l’application des mesures et procédures définies dans ses résolutions 1267 (1999), 1988 (2011), 2082 (2012) et 2160 (2014), ainsi que dans ses autres résolutions pertinentes,

Rappelant qu’aux Conférences de Kaboul, de Tokyo et de Londres, le Gouvernement afghan s’est engagé à renforcer et améliorer le processus électoral, et à entreprendre une réforme électorale à long terme pour veiller à ce que les prochaines élections soient transparentes, crédibles, ouvertes et démocratiques, et attendant avec intérêt la préparation des prochaines élections parlementaires,

Réaffirmant que l’avenir pacifique de l’Afghanistan repose sur la construction d’un État stable, sûr et autosuffisant sur le plan économique, à l’abri du terrorisme et des stupéfiants, et fondé sur la primauté du droit, des institutions démocratiques solides, le respect du principe de la séparation des pouvoirs, le renforcement de l’équilibre entre les pouvoirs constitutionnels, ainsi que la garantie et le respect des droits et des obligations du citoyen, saluant la contribution du Groupe de contact international aux efforts des Nations Unies pour coordonner et mobiliser le soutien de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan,

Soulignant qu’il importe que les Forces de sécurité nationales afghanes soient opérationnelles, professionnelles, largement représentatives et viables pour répondre aux besoins de sécurité du pays, dans la perspective d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité durables, et insistant sur le fait que la communauté internationale s’est engagée à long terme, au-delà de 2014 et durant la Décennie de la transformation (2015-2024), à concourir à leur renforcement et à leur professionnalisation, y compris par la formation et le recrutement de femmes et leur maintien dans les Forces de défense et de sécurité nationales afghanes, se félicitant de la contribution des partenaires de l’Afghanistan à la paix et à la sécurité dans le pays, notant que le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) est arrivé à son terme à la fin de 2014, et se réjouissant de l’accord bilatéral passé entre l’OTAN et l’Afghanistan, qui a donné lieu à la mise en place, le 1er janvier 2015, de la mission non militaire Soutien résolu, qui formera, conseillera et aidera les Forces de défense et de sécurité nationales afghanes, à la demande de la République islamique d’Afghanistan, notant qu’il incombe au Gouvernement afghan de maintenir, en nombre suffisant, des forces de défense et de sécurité nationales afghanes compétentes, prenant note de l’appui financier que l’OTAN et les partenaires fournisseurs de contingents apportent à ces forces et du partenariat durable OTAN-Afghanistan, l’objectif étant qu’en 2024 au plus tard, le Gouvernement afghan assume intégralement la responsabilité financière de ses forces de sécurité, et rappelant à cet égard la résolution 2189 (2014),

Soulignant que tous les organismes, fonds et programmes des Nations Unies doivent, dans le cadre du mécanisme offert par l’équipe de pays et de l’initiative Unis dans l’action, et sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général, s’employer à mettre en place des mécanismes présentant un bon rapport coût-efficacité et des stratégies de mise en commun de l’information sur l’aide pour redoubler d’efforts en vue d’améliorer encore la cohérence, la coordination et l’efficacité des activités et de les aligner étroitement sur les programmes prioritaires nationaux définis par le Gouvernement afghan,

Se félicitant de l’action menée par les pays qui poursuivent leurs efforts civils, pour aider le Gouvernement et le peuple afghans, et encourageant la communauté internationale à accroître encore sa contribution de façon coordonnée avec les autorités afghanes et la MANUA, afin de renforcer la prise en main et la direction du pays par les Afghans, comme réaffirmé dans le cadre du Processus de Kaboul et à la Conférence de Tokyo en juillet 2012 et à la Conférence de Londres en décembre 2014,

Soulignant qu’il faut continuer à améliorer l’acheminement judicieux et efficace de l’aide humanitaire, notamment grâce à une coordination accrue entre les organismes, fonds et programmes des Nations Unies sous l’autorité du Représentant spécial du Secrétaire général, et entre l’Organisation des Nations Unies et d’autres donateurs, surtout dans les endroits qui en ont le plus besoin, se félicitant de la création du Fonds humanitaire commun des Nations Unies et soutenant le Gouvernement afghan dans son action essentielle de coordination de l’aide humanitaire destinée à ses citoyens,

Mettant l’accent sur la nécessité pour tous, dans le contexte de l’aide humanitaire, de défendre et de respecter les principes humanitaires et les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance,

Se déclarant de nouveau préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, en particulier par les actes de violence et de terrorisme qui sont le fait des Taliban, d’Al-Qaida, d’autres groupes extrémistes violents, de groupes armés illégaux, de criminels et de ceux qui se livrent à la production, au trafic ou au commerce de drogues illicites, et par les liens existants entre les activités terroristes et les drogues illicites, qui constituent un danger pour la population locale, y compris les femmes, les enfants, les forces nationales de sécurité et le personnel militaire et civil international, notamment les agents de l’aide humanitaire et de l’aide au développement, et se disant également gravement préoccupé par l’augmentation du nombre de victimes civiles, notamment des femmes et des enfants, du fait de la violence liée au conflit en Afghanistan, ainsi qu’il ressort du rapport que la MANUA a présenté le 18 février 2015 sur la protection des civils en période de conflit armé,

Conscient des menaces alarmantes que font continuellement peser les Taliban, Al-Qaida, d’autres groupes extrémistes violents et des groupes armés illégaux, ainsi que des difficultés rencontrées pour lutter contre ces menaces, et s’inquiétant vivement des incidences néfastes des actes de violence et de terrorisme perpétrés par les Taliban, Al-Qaida, d’autres groupes extrémistes violents et des groupes armés illégaux sur l’aptitude du Gouvernement afghan à garantir la primauté du droit, à assurer au peuple afghan la sécurité et les services essentiels et à veiller à l’amélioration de la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales et à leur protection,

Rappelant ses résolutions 1674 (2006), 1738 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé, se déclarant vivement préoccupé par le nombre élevé des pertes civiles en Afghanistan, en particulier parmi les femmes et les enfants, dont la grande majorité sont causées par les Taliban, Al-Qaida, d’autres groupes extrémistes violents et des groupes armés illégaux, condamnant les assassinats de femmes et de filles, en particulier de femmes occupant des postes de haut niveau, réaffirmant que tous les belligérants doivent prendre toutes les mesures possibles pour assurer la protection des civils touchés, spécialement des femmes, des enfants et des déplacés notamment contre les violences sexuelles et toutes les autres formes de violence sexiste, et que les auteurs de tels actes de violence doivent en répondre, demandant à toutes les parties d’honorer les obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et de prendre toute mesure utile pour assurer la protection des civils, et soulignant qu’il importe de suivre en permanence la situation des populations civiles, et plus particulièrement les pertes civiles, et de l’en informer, prenant acte des efforts accomplis par les forces afghanes et les autres forces internationales pour réduire au maximum le nombre de victimes civiles, et prenant note du rapport de la MANUA sur la protection des civils en période de conflit armé en date du 18 février 2015,

Se déclarant également préoccupé par la grave menace que les mines antipersonnel, restes de guerre et engins explosifs improvisés peuvent représenter pour la population civile, et soulignant qu’il faut s’abstenir d’utiliser des armes et dispositifs interdits par le droit international,

Encourageant la communauté internationale et les partenaires régionaux à mieux épauler les efforts constants que mènent les Afghans pour lutter de manière équilibrée et intégrée contre la production et le trafic de drogues, y compris par le biais du groupe de travail du Conseil commun de coordination et de suivi pour la lutte contre les stupéfiants ainsi que dans le cadre d’initiatives régionales, et conscient de la menace que la production, le commerce et le trafic de drogues illicites font peser sur la paix internationale et la stabilité des différentes régions du monde, ainsi que du rôle important que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) joue à cet égard,

Préoccupé par l’augmentation continue de la production de pavot dont il est fait état dans l’Enquête de l’ONUDC sur la production d’opium en Afghanistan pour 2014, constatant les conséquences néfastes de la culture, de la production, du trafic et de la consommation d’opium pour la stabilité, la sécurité, la santé publique, le développement économique et social et la gouvernance de l’Afghanistan, ainsi que pour la région et le reste du monde, et soulignant le rôle important joué par l’ONU, qui continue de suivre l’évolution de la situation concernant les drogues dans le pays,

Soulignant la nécessité de mener une action coordonnée à l’échelle de la région pour lutter contre le problème de la drogue et, à cet égard, se félicitant de la tenue à Islamabad les 12 et 13 novembre 2012 de la Conférence ministérielle régionale sur la lutte contre les stupéfiants, qui avait pour objet de renforcer la coopération régionale dans ce domaine,

Saluant les travaux actuellement accomplis dans le cadre de l’Initiative du Pacte de Paris, qui constitue l’un des cadres les plus importants de la lutte contre les opiacés en provenance d’Afghanistan, prenant note de la Déclaration de Vienne et soulignant que le Pacte de Paris vise à établir une vaste coalition internationale pour lutter contre le trafic d’opiacés illicites en provenance d’Afghanistan, dans le cadre d’une action globale en faveur de la paix, de la stabilité et du développement en Afghanistan, dans la région et au-delà,

Rappelant la déclaration adressée à l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) par le Gouvernement afghan, dans laquelle celui-ci indiquait que l’anhydride acétique n’avait pas d’utilisation légale en Afghanistan pour le moment et que les pays producteurs et exportateurs devraient s’abstenir d’autoriser l’exportation de cette substance en Afghanistan si le Gouvernement afghan n’en faisait pas la demande, et invitant, conformément à la résolution 1817 (2008), les États Membres à resserrer leur coopération avec l’OICS, notamment en se conformant pleinement aux dispositions de l’article 12 de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988, et encourageant un renforcement de la coopération à l’échelle internationale et régionale pour prévenir le détournement et le trafic de précurseurs chimiques à destination de l’Afghanistan,

Soutenant la poursuite de l’interdiction par le Gouvernement afghan de l’engrais à base de nitrate d’ammonium, l’exhortant à prendre rapidement des mesures en vue de faire appliquer les règlements relatifs à la lutte contre toutes les matières explosives et les précurseurs et à réduire ainsi la capacité des insurgés de s’en servir pour fabriquer des engins explosifs improvisés, et engageant la communauté internationale à appuyer le Gouvernement afghan dans les efforts qu’il déploie à cet égard,

Rappelant ses résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé, ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013) et 2122 (2013) sur les femmes et la paix et la sécurité, ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2068 (2012) et 2143 (2014) sur le sort des enfants en temps de conflit armé, et sa résolution 2117 (2013) sur les armes légères et de petit calibre, et prenant note des rapports du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé (S/2014/339) et sur la protection des civils en période de conflit armé (S/2013/689), ainsi que des conclusions du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé (S/AC.51/2011/3),

1.    Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 27 février 2015 (S/2015/151);

2.    Est heureux de constater que l’Organisation des Nations Unies est déterminée à collaborer durablement avec le Gouvernement et le peuple afghans, notamment durant toute la Décennie de la transformation, réaffirme son soutien sans réserve aux activités de la MANUA et du Représentant spécial du Secrétaire général, et insiste sur la nécessité de continuer à doter la MANUA de ressources suffisantes pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat;

3.    Décide de proroger jusqu’au 17 mars 2016 le mandat de la MANUA, tel que défini dans ses résolutions 1662 (2006), 1746 (2007), 1806 (2008), 1868 (2009), 1917 (2010), 1974 (2011), 2041 (2012), 2096 (2013) et 2145 (2014), et aux paragraphes 4, 5, 6 et 7 ci-après;

4.    Considère que le mandat renouvelé de la MANUA tient pleinement compte de l’aboutissement du processus de transition et du lancement de la Décennie de la transformation (2015-2024), le 1er janvier 2015, et appuie l’idée de voir l’Afghanistan assumer pleinement le contrôle et la prise en charge des domaines de la sécurité, de la gouvernance et du développement, conformément aux accords qu’il a conclus avec la communauté internationale aux Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn et de Tokyo et aux Sommets de Lisbonne, de Chicago et du pays de Galle;

5.    Demande à l’Organisation des Nations Unies, agissant avec le soutien de la communauté internationale, d’apporter un appui aux programmes prioritaires nationaux du Gouvernement afghan dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la justice et du développement économique et social et de prêter son concours pour que soient intégralement tenus les engagements communs pris sur ces questions aux conférences internationales, et que soit poursuivie la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, conformément au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghanes qui a été réaffirmé aux Conférences de Kaboul, Tokyo et Londres;

6.    Décide que la MANUA et le Représentant spécial du Secrétaire général, agissant dans la limite de leur mandat et dans le respect de la souveraineté afghane et de la prise en main et la direction du pays par les Afghans, continueront à piloter et coordonner les activités civiles internationales, conformément aux communiqués des Conférences de Londres, de Kaboul et de Tokyo et aux conclusions de la Conférence de Bonn, en s’attachant en particulier à réaliser les priorités suivantes:

a)    Promouvoir, en tant que Coprésident du Conseil commun de coordination et de suivi, une plus grande cohérence au niveau de l’appui offert par la communauté internationale à la poursuite des priorités du Gouvernement afghan en matière de développement et de gouvernance, notamment en apportant un soutien à l’élaboration en cours et au séquençage des programmes prioritaires nationaux, en mobilisant des moyens, en coordonnant l’action des donateurs et organismes internationaux conformément au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghanes et en orientant les contributions des organismes, fonds et programmes des Nations Unies, en particulier pour ce qui est de la lutte contre les stupéfiants et des activités de reconstruction et de développement; en même temps, coordonner, toujours de manière conforme au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghanes, les activités des partenaires internationaux aux fins du suivi, en particulier grâce à l’échange d’informations, accorder la priorité aux efforts déployés pour accroître la part de l’aide au développement qui est fournie par l’intermédiaire du Gouvernement afghan, conformément aux engagements pris aux Conférences de Kaboul et de Tokyo, ainsi que ceux déployés pour accroître la responsabilité mutuelle et la transparence ainsi que l’efficacité de l’utilisation de l’aide, conformément aux engagements pris aux Conférences de Kaboul et de Tokyo, y compris en ce qui concerne le rapport coût-efficacité;

b)    Apporter un appui, à la demande des autorités afghanes, à l’organisation des élections à venir en Afghanistan, y compris les prochaines élections parlementaires, renforcer, à l’appui de l’action menée par le Gouvernement afghan, la pérennité et l’intégrité du processus électoral et son ouverture à tous, comme convenu aux Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn et de Tokyo ainsi qu’au Sommet de Chicago, et offrir aux institutions afghanes participant au processus une aide en matière de renforcement des capacités et une assistance technique, en étroite consultation et coordination avec le Gouvernement afghan;

c)    Apporter une aide sous forme de communication aussi bien que de bons offices, si le Gouvernement afghan le demande et en étroite consultation avec lui, au processus de paix et de réconciliation dirigé par les Afghans, notamment pour ce qui est de la mise en œuvre du Programme afghan pour la paix et la réintégration, et en proposant et en facilitant, toujours en étroite consultation avec le Gouvernement afghan, la mise en œuvre de mesures de confiance, dans le cadre posé par la Constitution afghane et dans le respect total de l’application des mesures et procédures définies dans ses résolutions 1267 (1999), 1988 (2011), 1989 (2011) et 2082 (2012) et 2083 (2012) et toute autre résolution qu’il a adoptée sur la question;

d)    Soutenir la coopération régionale, en vue d’aider l’Afghanistan à se prévaloir de la place qu’il occupe au cœur de l’Asie pour promouvoir la coopération régionale et s’appuyer sur ce qui a déjà été réalisé, pour progresser vers un Afghanistan stable et prospère;

e)    Poursuivre, avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, la coopération avec la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan et le renforcement de ses capacités ainsi que la coopération avec le Gouvernement afghan et les organisations non gouvernementales étrangères et afghanes concernées afin d’assurer le suivi de la situation des civils, de coordonner l’action menée pour assurer la protection de ces civils, de promouvoir l’application du principe de responsabilité et d’aider à réaliser intégralement les libertés fondamentales et les dispositions relatives aux droits de l’homme figurant dans la Constitution afghane et dans les traités internationaux auxquels l’Afghanistan est partie, en particulier ceux qui concernent le plein exercice des droits fondamentaux des femmes, y compris la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes;

f)    Coordonner ses efforts et coopérer étroitement, selon qu’il conviendra, avec la mission non militaire Soutien résolu, dont la mise en place a été convenue par l’OTAN et l’Afghanistan, et avec le Haut-Représentant civil de l’OTAN;

7.    Demande à la MANUA et au Représentant spécial de redoubler d’efforts en vue d’améliorer la cohérence, la coordination et l’efficacité des organismes, fonds et programmes compétents des Nations Unies en Afghanistan sur la base de l’initiative Unité d’action des Nations Unies, en étroite coopération avec le Gouvernement afghan, de manière à optimiser leur efficacité collective en pleine conformité avec les programmes prioritaires nationaux définis par le Gouvernement afghan et de continuer de piloter, de manière conforme au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghanes, les efforts civils internationaux en accordant une attention particulière à la nécessité de favoriser et de renforcer le rôle des institutions afghanes afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs responsabilités principales dans les domaines prioritaires suivants:

a)    Moyennant une présence adéquate de la Mission, à déterminer en pleine consultation et en étroite coopération avec le Gouvernement afghan, appui à l’action qu’il mène en faveur de la mise en œuvre du Processus de Kaboul dans tout le pays, notamment grâce au renforcement de la coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, conformément aux politiques gouvernementales;

b)    Appui à l’action menée par le Gouvernement afghan au titre du respect de ses engagements, tels qu’ils ont été énoncés lors des Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn et de Tokyo, pour améliorer la gouvernance et renforcer l’état de droit, y compris la justice transitionnelle, l’exécution du budget et la lutte contre la corruption dans tout le pays conformément au Processus de Kaboul et au Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo, l’objectif étant d’apporter les bienfaits de la paix et d’assurer des services de façon opportune et durable;

c)    Coordination et facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire, à l’appui du Gouvernement afghan, notamment, et dans le respect des principes humanitaires, en vue de renforcer les capacités du Gouvernement, y compris en offrant un appui efficace aux autorités nationales et locales en matière d’assistance et de protection des déplacés, et de créer des conditions propices au retour volontaire et durable, dans la sécurité et la dignité, des réfugiés et des déplacés des pays voisins et autres;

8.    Demande à toutes les parties afghanes et autres de se coordonner avec la MANUA dans l’exécution de son mandat et dans l’action qu’elle mène pour promouvoir dans tout le pays la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et du personnel associé;

9.    Réaffirme qu’il faut assurer la sécurité du personnel des Nations Unies et son adhésion aux mesures que le Secrétaire général a déjà prises à cet égard;

10.   Souligne qu’il importe au plus haut point de pouvoir compter sur une présence continue de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies dans les provinces, à l’appui du Gouvernement afghan et en étroite consultation et coordination avec lui, pour assurer les besoins et la sécurité, et conformément à l’objectif d’efficacité de l’ensemble du système des Nations Unies, et soutient fermement l’autorité du Représentant spécial du Secrétaire général dans la coordination de toutes les activités des organismes, fonds et programmes des Nations Unies en Afghanistan sur la base de l’initiative « Unis dans l’action »;

11.   Encourage le Secrétaire général à poursuivre les efforts engagés en vue de prendre les dispositions voulues pour régler les problèmes de sécurité associés à cette présence et préconise notamment une coordination étroite avec les Forces de défense et de sécurité nationales afghanes;

12.   Souligne l’importance qu’il attache à un développement démocratique durable de l’Afghanistan dans le cadre duquel toutes les institutions afghanes fonctionneraient dans les limites clairement définies de leurs domaines de compétence respectifs, conformément aux lois applicables et à la Constitution afghane, et se félicite, à cet égard, de l’engagement pris par le Gouvernement afghan à la Conférence de Kaboul et réaffirmé aux Conférences de Bonn et de Tokyo d’améliorer encore le processus électoral, y compris en assurant sa viabilité à long terme, et, tenant compte des engagements pris par la communauté internationale et le Gouvernement afghan aux Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn et de Tokyo, réaffirme le rôle de soutien que joue la MANUA, à la demande du Gouvernement afghan, pour faciliter la réalisation de ces engagements, prie cette dernière de fournir, à la demande du Gouvernement afghan, une assistance technique aux institutions afghanes compétentes en vue d’appuyer l’intégrité du processus électoral et son ouverture à tous, y compris en prenant des mesures pour faciliter la pleine participation des femmes en toute sécurité, se félicite de la participation des femmes au processus électoral en tant que candidates, électrices inscrites sur les listes ou militantes, et demande également aux membres de la communauté internationale de fournir une assistance selon que de besoin;

13.   Se félicite des efforts renouvelés du Gouvernement afghan visant à faire avancer le processus de paix et de réconciliation, comme en témoignent notamment la création du Haut Conseil de la paix et la mise en œuvre du Programme afghan pour la paix et la réintégration, pour faciliter un dialogue sans exclusive mené et contrôlé par les Afghans sur la réconciliation et la participation politique ainsi qu’il ressort du communiqué de la Conférence de Kaboul du 20 juillet 2010 consacré au dialogue avec ceux qui renoncent à la violence, n’ont pas de lien avec des organisations terroristes internationales, dont Al-Qaida, respectent la Constitution afghane, en particulier ses dispositions relatives aux droits humains, notamment les droits de la femme, et souhaitent participer à l’édification d’un Afghanistan pacifique, ainsi que des principes et des résultats détaillés découlant des conclusions de la Conférence de Bonn du 5 décembre 2011, et encourage le Gouvernement afghan à se prévaloir des bons offices offerts par la MANUA pour faciliter ce processus, le cas échéant, en pleine application des mesures et procédures définies dans ses résolutions 1267 (1999), 1988 (2011), 2082 (2012) et 2160 (2014), et les autres résolutions qu’il a adoptées sur la question;

14.   Se félicite également des mesures prises par le Gouvernement afghan, notamment l’adoption, en octobre 2014, du Plan d’action national pour l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, et l’encourage à continuer d’accroître la participation des femmes, des minorités et de la société civile aux processus de sensibilisation, de consultation et de prise de décisions, rappelle que les femmes jouent un rôle crucial dans le processus de paix, comme l’affirment sa résolution 1325 (2000) et ses autres résolutions sur la question, redit donc qu’il est nécessaire qu’elles participent pleinement, effectivement et sur un pied d’égalité à toutes les étapes des processus de paix et demande instamment qu’elles soient associées à l’élaboration et à la mise en œuvre de stratégies de lendemain de conflit afin que leur optique et leurs besoins soient pris en compte comme l’ont affirmé les Conférences de Bonn et de Tokyo;

15.   Prend acte de la création du Comité en application de la résolution 1988 (2011) du Conseil de sécurité, de ses méthodes et procédures, y compris les procédures visant à faciliter et à diligenter les demandes d’exemption d’interdiction de voyage à l’appui du processus de paix et de réconciliation introduites dans la résolution 2082 (2012) du Conseil de sécurité, salue la poursuite de la coopération que le Gouvernement afghan, le Haut Conseil de la paix et la MANUA ont instaurée avec le Comité, plus particulièrement son Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, notamment en lui fournissant des renseignements pertinents pour qu’il puisse tenir à jour la Liste 1988 et identifier les personnes, groupes, entreprises et entités associés aux Taliban qui représentent une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan selon les critères de désignation énoncés dans la résolution 2160 (2014), note que ce financement ou soutien peut se faire notamment, mais pas uniquement, au moyen de revenus tirés de la culture et de la production illégales et du trafic de stupéfiants, avec l’Afghanistan comme point de départ ou de transit, du trafic de précurseurs à destination de l’Afghanistan, de l’exploitation illégale des ressources naturelles de l’Afghanistan, des enlèvements contre rançon, de l’extorsion et d’autres activités criminelles, et constate avec inquiétude que les Taliban collaborent de plus en plus avec d’autres organisations qui se livrent à des activités criminelles;

16.   Souligne le rôle que doit jouer la Mission, si le Gouvernement afghan en fait la demande et en étroite consultation avec lui, dans l’appui à un processus de paix et de réconciliation sans exclusive, mené et pris en charge par les Afghans, y compris au Programme afghan pour la paix et la réintégration, tout en continuant d’évaluer, notamment en collaboration avec la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan, les incidences sur les droits de l’homme et les droits fondamentaux des femmes, y compris la promotion et la défense des droits de l’homme, et engage la communauté internationale à soutenir les efforts que le Gouvernement afghan déploie dans ce domaine, notamment en continuant d’alimenter le Fonds d’affectation spéciale pour la paix et la réintégration;

17.   Réaffirme son soutien à l’action régionale que mène actuellement l’Afghanistan dans le cadre du Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie » sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, attend avec intérêt la tenue de la prochaine Conférence ministérielle « Au cœur de l’Asie » prévue au Pakistan en 2015, invite l’Afghanistan et ses partenaires régionaux à maintenir l’élan imprimé et à poursuivre leurs efforts afin de raffermir le dialogue et la confiance dans la région par le biais du Processus d’Istanbul, et note que celui-ci est censé compléter et faciliter les efforts déployés par les organisations régionales, en particulier en ce qui concerne l’Afghanistan, et non s’y substituer;

18.   Salue les efforts que font le Gouvernement afghan, ses partenaires des pays voisins et de la région et les organisations internationales, dont l’Organisation de la coopération islamique, pour susciter la confiance et la coopération mutuelles, ainsi que les récentes initiatives de coopération prises par des pays concernés et des organisations régionales, y compris lors des Sommets trilatéraux et quadrilatéraux et des Sommets de l’Organisation de Shanghai pour la coopération et de l’Association sud-asiatique de coopération régionale;

19.   Appelle à renforcer le processus de coopération régionale et à prendre des mesures propres à faciliter le commerce et le transit régionaux, notamment par des accords de commerce et de transit régionaux et bilatéraux, une meilleure coopération consulaire pour l’octroi de visas et la facilitation des voyages d’affaires, à favoriser le commerce international, à accroître les investissements étrangers et à développer les infrastructures, notamment en ce qui concerne les raccordements, l’offre énergétique, les transports et la gestion intégrée des frontières, afin de renforcer le rôle de l’Afghanistan dans la coopération économique régionale et de promouvoir une croissance économique durable et la création d’emplois dans le pays;

20.   Souligne, à cet égard, qu’il importe de renforcer les réseaux locaux et régionaux de transport afin de favoriser le développement économique, la stabilité et l’autosuffisance, en particulier par la construction et l’entretien de voies ferrées locales et de routes, l’élaboration de projets régionaux visant à améliorer encore les liaisons et le renforcement des capacités de l’aviation civile internationale;

21.   Réaffirme que le Conseil commun de coordination et de suivi joue un rôle central, de manière conforme au principe de direction, de prise en charge et de souveraineté afghanes, s’agissant de coordonner, de faciliter et de suivre la mise en œuvre de la Stratégie de développement national de l’Afghanistan et les programmes prioritaires nationaux et demande à tous les intéressés de renforcer leur coopération avec le Conseil à cette fin de manière à améliorer encore son efficacité;

22.   Demande aux organisations et donateurs internationaux ainsi qu’au Gouvernement afghan d’honorer les engagements qu’ils ont pris aux Conférences de Kaboul et de Tokyo et aux conférences internationales précédentes et réaffirmés à la Conférence de Londres de 2014, et redit qu’il est fondamental de renforcer la prévisibilité et l’efficacité de l’aide en accroissant l’assistance fournie au Gouvernement afghan destinée à financer le budget de l’État, parallèlement à l’amélioration des mécanismes d’établissement des budgets et de contrôle des dépenses afghans, et améliorer la coordination et l’efficacité de l’aide, en assurant la transparence et en luttant contre la corruption, et pour aider le Gouvernement afghan à être mieux à même de coordonner l’aide;

23.   Engage le Gouvernement afghan, aidé en cela par la communauté internationale, à continuer à faire face à la menace que font peser sur la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan les Taliban, les membres d’Al-Qaida, les autres groupes extrémistes violents, les groupes armés illégaux, les criminels et ceux qui se livrent à la production ou au trafic de stupéfiants;

24.   Réaffirme qu’il importe de rendre le secteur de la sécurité afghan plus fonctionnel, professionnel et responsable, dans un cadre global, par le biais de procédures d’agrément appropriées et d’efforts de formation, notamment en ce qui concerne les droits de l’enfant, d’encadrement, d’équipement et de responsabilisation, à l’intention tant des femmes que des hommes, afin d’accélérer la réalisation de l’objectif consistant à constituer des forces de sécurité afghanes autosuffisantes et ethniquement équilibrées ouvertes aux femmes et qui assurent le maintien de la sécurité et de l’état de droit dans tout le pays, et souligne l’importance de l’engagement à long terme pris par la communauté internationale d’assurer une force de sécurité nationale afghane fonctionnelle, professionnelle et pérenne, et prend note, à cet égard, de la création de la mission non militaire Soutien résolu, qui formera, conseillera et aidera les Forces nationales de sécurité afghanes, sur la base des accords bilatéraux entre l’OTAN et l’Afghanistan et à la demande de la République islamique d’Afghanistan;

25.   Se félicite à cet égard que l’armée nationale afghane continue de se développer et soit de plus en plus à même de planifier et de mener des opérations et se déclare favorable aux efforts de formation qui continuent d’être faits, notamment grâce à l’apport de formateurs, de ressources et d’équipes consultatives par l’intermédiaire de la Mission Soutien résolu de l’OTAN en Afghanistan, aux conseils qui sont donnés en vue d’une planification durable de la défense et à l’assistance aux initiatives de réforme de la défense;

26.   Prend note des efforts que continuent de faire les autorités afghanes pour renforcer les capacités de la Police nationale afghane, invite à faire des efforts supplémentaires à cette fin et souligne l’importance, dans ce contexte, de l’assistance internationale fournie sous forme d’un appui financier et d’un apport en personnel de formation et d’encadrement, y compris de la contribution qu’apportent, comme convenu avec le Gouvernement afghan, la Mission Soutien résolu de l’OTAN en Afghanistan, la Force de gendarmerie européenne et l’Union européenne par le biais de sa mission de police EUPOL-Afghanistan de même que l’Équipe allemande pour le projet de police, sachant l’importance que revêt une force de police suffisante et capable pour la sécurité à long terme de l’Afghanistan, se félicite du plan prospectif pour les 10 années à venir du Ministère de l’intérieur et de la Police nationale afghane, notamment de l’engagement pris d’énoncer une stratégie visant à recruter des femmes au sein de la Police nationale afghane et à les retenir, les former et les promouvoir, ainsi que de poursuivre la mise en œuvre de leur stratégie d’intégration de la problématique hommes-femmes, et se réjouit de l’appui que la MANUA continue de procurer aux associations de femmes policières;

27.   Se félicite des progrès accomplis par le Gouvernement afghan concernant le programme de démantèlement des groupes armés illégaux et son intégration au Programme afghan pour la paix et la réintégration et demande que les efforts soient accélérés et coordonnés pour que de nouveaux progrès soient enregistrés, avec l’appui de la communauté internationale;

28.   Condamne avec la plus grande fermeté tous les attentats visant des civils et les forces afghanes et internationales, qu’il s’agisse d’attentats commis à l’aide d’engins explosifs improvisés, d’attentats-suicides, d’assassinats ou d’enlèvements, qui nuisent à l’entreprise de stabilisation, de reconstruction et de développement de l’Afghanistan, et condamne en outre l’utilisation par les Taliban et d’autres groupes extrémistes de civils comme boucliers humains;

29.   Note avec préoccupation la persistance des attaques contre le personnel humanitaire et les agents de l’aide au développement, et notamment des attaques contre le personnel médical, les transports médicaux et les installations de santé, les condamne dans les termes les plus énergiques en faisant valoir qu’elles entravent les efforts faits pour venir en aide au peuple afghan, et engage toutes les parties à garantir un accès illimité, sûr et sans entrave à tous les agents humanitaires, y compris au personnel des Nations Unies et au personnel associé, et respecter pleinement le droit international humanitaire applicable et les principes des Nations Unies régissant l’aide humanitaire d’urgence;

30.   Se félicite des résultats obtenus à ce jour dans l’exécution du Programme de lutte antimines pour l’Afghanistan et encourage le Gouvernement afghan, avec l’appui des Nations Unies et d’autres parties intéressées, à poursuivre son action en vue d’enlever et de détruire les mines antipersonnel et antichars et les restes d’explosifs de guerre et de réduire ainsi les menaces qu’ils font peser sur la vie humaine et sur la paix et la sécurité dans le pays, et note qu’il convient de fournir une aide en vue de soigner les victimes et d’assurer leur réadaptation et leur réinsertion économique et sociale, s’agissant notamment des personnes handicapées;

31.   Exprime sa profonde préoccupation devant le recrutement et l’utilisation d’enfants par les Taliban, Al-Qaida et d’autres groupes extrémistes violents en Afghanistan ainsi que devant le meurtre et les mutilations d’enfants du fait du conflit, condamne de nouveau fermement le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats en violation du droit international applicable, ainsi que toutes autres formes de violations et tous autres sévices exercés sur des enfants en période de conflit armé, en particulier à l’occasion d’attaques contre les écoles et les établissements d’enseignement et de santé, notamment leur incendie et leur fermeture forcée, les actes d’intimidation, les enlèvements et les assassinats dont fait l’objet le personnel enseignant, en particulier les attaques contre l’éducation des filles menées par des groupes armés illégaux, dont les Taliban, et notant, dans ce contexte, que les Taliban ont été inscrits sur la liste figurant dans l’annexe du rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé (S/2014/339), et l’utilisation d’enfants pour perpétrer des attentats-suicides, et demande que les responsables soient traduits en justice;

32.   Souligne que, dans ce contexte, il importe d’appliquer la résolution 1612 (2005) du Conseil de sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé et les résolutions suivantes, approuve le décret publié par le Ministre de l’intérieur réaffirmant l’engagement du Gouvernement afghan à prévenir les violations des droits des enfants, en date du 6 juillet 2011, se félicite des progrès réalisés dans l’application du Plan d’action relatif aux enfants associés aux Forces de défense et de sécurité nationales en Afghanistan, signé en janvier 2011, ainsi que de son annexe, en particulier de la création du Comité directeur interministériel afghan sur le sort des enfants en temps de conflit armé, de la désignation d’un responsable de la protection des enfants, de la récente adoption d’une nouvelle loi interdisant le recrutement d’enfants dans des unités militaires et érigeant en infraction tout recrutement de mineurs, et de l’approbation par le Gouvernement afghan d’une feuille de route visant à accélérer l’application du plan d’action, et demande que les dispositions du plan soient pleinement appliquées, en étroite coopération avec la MANUA, et prie le Secrétaire général de continuer à accorder la priorité aux activités et capacités de protection de l’enfance de la MANUA, et à traiter de la question du sort des enfants en temps de conflit armé dans le pays dans ses rapports futurs conformément à ses propres résolutions pertinentes;

33.   Demeure préoccupé par les conséquences néfastes de la culture, de la production, du trafic et de la consommation d’opium pour la sécurité, le développement et la gouvernance en Afghanistan, ainsi que pour la région et le monde, prend note de l’enquête de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime sur l’opium en Afghanistan, publiée en novembre 2014, engage le Gouvernement afghan, aidé en cela par la communauté internationale, à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, notamment en exécutant des programmes offrant d’autres moyens de subsistance, et à faire une place à la lutte contre les stupéfiants dans tous les programmes nationaux, et encourage la communauté internationale à appuyer davantage les quatre priorités dégagées dans la Stratégie, se félicite de l’appui fourni par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à l’Initiative triangulaire et au Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale dans le cadre de l’Initiative du Pacte de Paris et de la Stratégie Arc-en-ciel, ainsi que du programme régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour l’Afghanistan et les pays voisins; ainsi que de la contribution de l’Académie de police de Domodedovo (Russie);

34.   Salue l’action que continue de mener l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour doter le Ministère afghan de la lutte contre les stupéfiants des moyens de mettre en œuvre la Stratégie nationale afghane de lutte contre la drogue, notamment par le biais du Mécanisme de suivi de la lutte contre les stupéfiants du Conseil commun de coordination et de suivi;

35.   Demande aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour faire pièce à la menace que la production, le trafic et la consommation de drogues illicites au départ de l’Afghanistan font peser sur la communauté internationale, l’objectif étant d’en venir peu à peu à bout, conformément au principe de responsabilité commune et partagée de la résolution du problème de la drogue en Afghanistan, notamment grâce au renforcement des moyens dont disposent les services de répression et de la coopération dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants et les précurseurs et contre le blanchiment d’argent et la corruption liée à ce trafic, et demande que sa résolution 1817 (2008) soit pleinement appliquée;

36.   Apprécie les travaux menés au titre de l’Initiative du Pacte de Paris et de son processus dit « Paris-Moscou » pour lutter contre la production, le trafic et la consommation d’opium et d’héroïne en Afghanistan, pour éliminer les cultures de pavot, les laboratoires de fabrication de drogues et les stocks et pour intercepter les convois de drogues, insiste sur l’importance de la coopération en matière de gestion des frontières et se félicite que les organismes compétents des Nations Unies aient intensifié leur collaboration avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l’Organisation du Traité de sécurité collective à cet égard;

37.   Souligne de nouveau qu’il importe que toutes les institutions afghanes et autres intervenants achèvent la mise en application du Programme prioritaire national « Droit et justice pour tous » afin d’instituer dans les meilleurs délais une justice équitable et transparente, de mettre fin à l’impunité et de consolider l’état de droit dans l’ensemble du pays;

38.   Souligne à cet égard qu’il importe de progresser encore sur la voie de la reconstruction et de la réforme du secteur pénitentiaire en Afghanistan afin que la légalité et les droits de l’homme y soient mieux respectés et que les organisations compétentes aient accès, le cas échéant, à toutes les prisons et à tous les lieux de détention en Afghanistan, demande que soit pleinement respecté le droit international, dont le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et prend note des recommandations figurant dans le rapport de la Mission d’assistance en date du 25 février 2015 et de l’annonce par le Gouvernement afghan du lancement d’un plan national pour l’élimination de la torture;

39.   Note avec une forte préoccupation que la corruption nuit à la sécurité, à la bonne gouvernance, à la lutte contre les stupéfiants et au développement économique, salue les engagements pris par le Gouvernement afghan dans le domaine de la lutte contre la corruption à la Conférence de Tokyo, et qu’il a renouvelés avec une vigueur accrue dans le Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo, loue l’action que le Gouvernement afghan mène à cet égard, notamment la publication du décret présidentiel en date de juillet 2012, l’invite instamment à continuer de s’attacher à les honorer, pour rendre l’administration plus efficace, plus responsable et plus transparente au sein des instances nationales, provinciales et locales de gouvernement, et se félicite du soutien inlassable que la communauté internationale apporte à la réalisation des objectifs de l’Afghanistan en matière de gouvernance;

40.   Encourage toutes les institutions afghanes, notamment les pouvoirs exécutif et législatif, à œuvrer dans un esprit de coopération, constate les efforts que continue de déployer le Gouvernement afghan dans le cadre de la poursuite de la réforme législative et de la réforme de l’administration publique afin d’y combattre la corruption et d’y asseoir les principes de bonne gouvernance, y compris la pleine représentation de toutes les Afghanes et de tous les Afghans, et de responsabilité aux échelons tant national que local en saluant la publication du décret présidentiel de juillet 2012, et souligne que la communauté internationale doit continuer à prêter son concours technique à cet égard, constate l’action menée par le Gouvernement afghan en la matière, et souligne à nouveau qu’il importe que le Programme prioritaire national « Transparence et responsabilité nationales » soit mis en application dans son intégralité et de façon suivie et coordonnée;

41.   Lance un appel pour que soient pleinement respectés et protégés les droits de l’homme et les libertés fondamentales, y compris ceux des défenseurs des droits de l’homme, ainsi que le droit international humanitaire sur tout le territoire afghan, se félicite que les médias libres afghans se développent, mais constate avec préoccupation que la liberté des médias continue de faire l’objet de restrictions et les journalistes d’être la cible d’attaques de la part de groupes terroristes, ainsi que de groupes extrémistes et criminels, rend hommage à la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan pour les efforts courageux qu’elle déploie afin de surveiller le respect des droits de l’homme dans le pays, d’assurer la promotion et la défense de ces droits et de favoriser l’avènement d’une société civile pluraliste, souligne qu’il importe que tous les intéressés coopèrent sans réserve avec la Commission, dans le respect de leur indépendance et de leur sécurité, encourage l’ensemble des services de l’État et de la société civile à s’investir largement en faveur du respect des engagements mutuels qu’ils ont pris, notamment celui d’assurer un financement public suffisant à la Commission indépendante des droits de l’homme, réaffirme l’importance de son rôle et appuie les efforts qu’elle déploie pour renforcer ses capacités institutionnelles et son indépendance dans le cadre de la Constitution afghane;

42.   Constate qu’en dépit des progrès accomplis sur la voie de l’égalité des sexes, il est nécessaire de redoubler d’efforts, y compris en ce qui concerne des objectifs mesurables et orientés sur l’action, pour garantir les droits et la pleine participation des femmes et des filles et pour faire en sorte que toutes les femmes et les filles d’Afghanistan soient protégées contre la violence et les mauvais traitements, que les auteurs de ces actes en soient tenus responsables, et que les femmes et les filles bénéficient d’une égale protection devant la loi et de l’égalité d’accès à la justice, accueille avec satisfaction l’adoption, en octobre 2014, du Plan d’action national pour l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, souligne qu’il faut que la loi afghane continue de protéger les femmes comme il se doit, condamne avec fermeté les formes de discrimination et de violence dont sont victimes les filles et les femmes, en particulier la violence visant à empêcher les filles d’aller à l’école, et souligne qu’il importe d’appliquer ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013) et 2122 (2013), et prend note des principaux engagements y énoncés, et de s’assurer que les femmes qui fuient les violences conjugales puissent trouver un refuge sûr;

43.   Se félicite de l’engagement du Gouvernement afghan d’accroître la participation des femmes à la vie politique afghane et leur représentation dans toutes les institutions liées à la gouvernance, y compris les organes dont les membres sont élus et nommés et la fonction publique, note les progrès enregistrés à cet égard, se félicite de l’action qui continue d’être menée pour promouvoir la pleine participation des femmes au processus électoral et garantir leur protection à cette occasion, appuie les efforts visant à accélérer la mise en œuvre du Plan d’action national en faveur des femmes en Afghanistan et à intégrer ses objectifs dans les programmes prioritaires nationaux, invite le Gouvernement afghan à élaborer d’urgence une stratégie destinée à faire appliquer la loi sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, notamment à mettre en place des services d’aide aux victimes et d’accès à la justice, accueille avec intérêt, à cet égard, le fait que, en novembre 2014, le Ministère de la santé publique ait publié le Protocole de traitement des victimes d’actes de violence sexiste établi à l’intention des prestataires de soins, rappelle que la promotion et la protection des droits de la femme font partie intégrante du programme de paix, de réintégration et de réconciliation, réaffirme que les femmes jouent un rôle crucial dans le processus de paix, se félicite de l’engagement pris par le Gouvernement afghan d’assurer l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi du plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité et de recenser de nouveaux moyens de promouvoir la participation des femmes au processus de paix et de réconciliation mené et contrôlé par l’Afghanistan, prend acte du rapport de la MANUA sur l’application de la loi sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes en Afghanistan, et de l’importance de l’application intégrale de celle-ci, et prie le Secrétaire général de continuer de donner dans ses rapports des renseignements sur l’intégration des femmes à la vie politique, économique et sociale de l’Afghanistan;

44.   Souligne qu’il importe que les derniers réfugiés afghans rentrent chez eux de leur plein gré, en toute sécurité et en bon ordre, et s’y réintègrent pour de bon, aux fins de la stabilité du pays et de la région, et demande à cet égard à la communauté internationale d’apporter une aide régulière et accrue;

45.   Affirme aussi qu’il importe que les déplacés rentrent chez eux de plein gré, en toute sécurité et en bon ordre, et s’y réintègrent pour de bon, et se félicite de la participation de l’Afghanistan comme pays pilote à l’initiative du Secrétaire général sur la recherche de solutions durables, et des progrès accomplis dans le cadre de l’élaboration d’une politique en faveur des déplacés pour l’Afghanistan;

46.   Constate qu’il faut continuer de renforcer, avec l’aide de la communauté internationale, la capacité d’absorption de l’Afghanistan en vue de la pleine réadaptation et de la pleine réintégration des derniers réfugiés et déplacés afghans;

47.   Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur l’évolution de la situation en Afghanistan dans lequel seront évalués les progrès réalisés au regard des critères définis pour mesurer et suivre l’avancement de la mise en œuvre du mandat, y compris au niveau infranational, et des priorités de la MANUA définies dans la présente résolution;

48.   Prie également le Secrétaire général d’entreprendre la conduite, dans un délai de six mois suivant la présente prorogation du mandat de la MANUA, d’un examen complet du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités des Nations Unies en Afghanistan, dans le cadre d’échanges et de consultations exhaustifs avec le Gouvernement afghan et les principales parties prenantes, dont la communauté des donateurs, à la lumière de l’achèvement de la transition et du début de la Décennie de la transformation, et conformément aux principes de souveraineté, de direction et de prise en charge nationales afghanes;

49.   Décide de rester activement saisi de la question.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence de Sendai: les ministres réfléchissent aux moyens d’optimiser les efforts de réduction des risques de catastrophe à tous les niveaux, notamment en milieu urbain

Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
Tables rondes ministérielles, matin & après-midi
IHA/1359

Conférence de Sendai: les ministres réfléchissent aux moyens d’optimiser les efforts de réduction des risques de catastrophe à tous les niveaux, notamment en milieu urbain

SENDAI, JAPON, 16 mars –- Comment gérer les risques de catastrophe malgré les difficultés et comment réduire ces risques en milieu urbain?  Ces deux questions ont orienté aujourd’hui les discussions des participants aux tables rondes ministérielles organisées dans le cadre de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, qui se tient à Sendai (Japon) du 14 au 18 mars.

Les gouvernements ont progressé dans la mise en œuvre le Cadre d’action de Hyogo, a constaté la Secrétaire nationale en charge de la gestion du risque de l’Équateur, Mme María del Pilar Cornejo, qui présidait la troisième table ronde ministérielle de ce matin.  Il reste néanmoins des difficultés à résoudre dans la gestion des risques de catastrophe, pour les pays en développement comme pour les pays développés, ont reconnu les ministres et représentants de haut niveau d’une trentaine de délégations.

En présentant différents moyens de les surmonter, les participants ont tout d’abord jugé important de sensibiliser aux risques encourus et aux moyens de les réduire.  Il faudrait développer une culture du risque, en menant des activités de sensibilisation, a recommandé le Vice-Ministre parlementaire chargé des affaires étrangères du Japon.  Pays hôte de la Conférence, le Japon possède une solide expérience dans ce domaine.

La participation transversale de toutes les parties prenantes est un autre atout qu’il faut utiliser pour optimiser la gestion des risques, en évitant de tout centraliser au niveau du gouvernement.  Favorable à une délégation de pouvoir au niveau local, le Vice-Ministre de l’intérieur du Ghana, M. James Agalga, a en effet dénoncé une surcentralisation de la gouvernance pour réduire les risques de catastrophe.

Outre les institutions nationales, tous les acteurs de la société doivent intervenir dans la recherche et la mise en œuvre des solutions: les autorités locales, les communautés, les familles et les groupes vulnérables de la population.  Cela nécessite des ressources financières, des capacités humaines, des connaissances et des données.

Au niveau des villes, qui sont devenues des systèmes complexes et interdépendants, des priorités plus claires sont désormais nécessaires pour une planification urbaine locale.  Les ministres qui participaient à la quatrième table ronde de la Conférence se sont, en particulier, attachés à réfléchir aux moyens et mécanismes à mettre en œuvre pour garantir une réduction des risques urbains et la résilience, et pour aligner des programmes urbains sur la réduction des risques de catastrophe, les objectifs de développement durable, la lutte contre les changements climatiques et les programmes humanitaires.

Quels modèles faut-il ériger pour la coopération entre les autorités nationales et locales afin de réduire les risques de catastrophe?  Comment forger une culture permettant de réduire ces risques en milieu urbain?  Le suivi de ces risques peut-il contribuer à mieux identifier les politiques et les ressources nécessaires?  Telles étaient les trois principales pistes de réflexion proposées par le Ministre de la gouvernance concertée et des affaires traditionnelles de l’Afrique du Sud, M. Pravin Jamnadas Gordhan, qui présidait ce dialogue.

Table ronde ministérielle 3: Gérer les risques de catastrophe: surmonter les défis

Au cours des dernières années, les gouvernements ont progressé dans la mise en œuvre du Cadre d’action de Hyogo, 120 pays ayant mené des réformes politiques dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe, et 88 ayant défini des cadres nationaux, a souligné la Secrétaire nationale en charge de la gestion du risque de l’Équateur, Mme María del Pilar Cornejo, qui présidait la troisième table ronde ministérielle.  Elle a invité les participants à réfléchir notamment sur les mesures permettant d’évaluer les risques, ainsi que sur les politiques et stratégies nationales visant à faciliter la résilience par le biais des autorités et communautés locales.

Lançant le débat, le Vice-Ministre parlementaire chargé des affaires étrangères du Japon, M. Ryosei Akazawa, a voulu partager quatre leçons tirées de l’expérience de son pays en matière de catastrophe naturelle, notamment après le tremblement de terre de 2011.  Malgré le fait que 20% des séismes d’une intensité supérieure à 8 sur l’échelle de Richter ont lieu au Japon, les citoyens de son pays ont vite oublié mais, a-t-il dit, il est important de leur rappeler ce qui est arrivé.  Il a d’abord prôné la sensibilisation du public, essentielle pour le succès des mesures prises au niveau national.  Il est important que l’ensemble du pays participe aux efforts, a-t-il recommandé en plaidant également en faveur de la participation de toutes les parties prenantes.  Le Vice-Ministre a, en outre, souligné l’importance des investissements à faire pour limiter les conséquences d’une catastrophe.

Le Ministre du commerce, de l’industrie et de l’environnement de Nauru, M. Aaron Cook, appuyé en ce sens par des ministres d’autres pays insulaires en développement, très vulnérables aux catastrophes naturelles, principalement à cause de l’élévation du niveau de la mer, a insisté sur l’importance des investissements et les campagnes de sensibilisation pour mieux gérer les risques de catastrophe.

Madagascar, par exemple, pays qui est régulièrement victime de cyclones, des inondations ou de la sécheresse, dispose déjà de mécanismes et de structures aux niveaux local et national, a assuré le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation, M. Mahafaly Solonandrasana Olivier.  Le Gouvernement malgache a décidé également de revoir sa stratégie de gestion des risques de catastrophe et de renforcer la capacité institutionnelle, surtout dans le domaine de l’évaluation des risques.  Le Ministre a aussi recommandé de développer des banques de données grâce à des atlas sur les risques.

Le Gouvernement de Maurice, pays voisin, a mis sur pied un centre de gestion et de réduction des risques de catastrophe, a indiqué son Ministre de l’environnement, du développement durable, des catastrophes et de la gestion des plages, M. Jayeshwur Raj Dayal.  Il a aussi indiqué qu’un système d’alerte précoce en cas de cyclone ou de tempête sera créé en 2015, avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Les Philippines, pays qui avait été très affecté par le typhon Haiyan, ont axé leurs efforts sur l’atténuation des risques, a assuré la représentante.  Elle a précisé que 70% du budget consacré à la réduction des risques de catastrophe finançaient les mesures de prévention et d’atténuation.

Le Luxembourg, par exemple, bien qu’il soit moins exposé aux catastrophes que les pays côtiers, doit toutefois gérer les risques en se dotant d’une meilleure gouvernance dans ce domaine, a reconnu le Ministre de l’intérieur, de la fonction publique et de la réforme de l’administration, M. Dan Kersch.  C’est pourquoi son gouvernement a décidé de créer un groupe interministériel chargé de cette question, sous l’autorité du ministère de l’intérieur, auquel participera également la société civile.

Pour une autre catégorie de pays à risque, les pays montagneux comme le Tadjikistan, qui sont exposés à des pluies torrentielles, des avalanches, des glissements de terrain et des coulées de boue, il est difficile de protéger la population, a expliqué le Président de la Commission nationale des situations d’urgence et de la défense civile, M. Khayridin Abdura.  Ceci nécessite, a-t-il dit, la collecte et l’analyse de données.  Le Tadjikistan dispose actuellement de 43 plans de réduction des risques de catastrophe pour les différentes régions du pays et développe un projet atlas des zones à risque.

En Indonésie, archipel habité par une population très diverse, il est difficile de gérer les risques de catastrophe, a fait remarquer le Ministre et Chef de l’Agence nationale de gestion des catastrophes de l’Indonésie, M. Syamsul Maarif.  C’est pourquoi, ce sont les autorités des districts qui gèrent les risques de catastrophe, tandis que les provinces et le Gouvernement central appuient ces efforts, a-t-il précisé.

Favorable lui aussi à une délégation de pouvoir au niveau local, le Vice-Ministre de l’intérieur du Ghana, M. James Agalga, a dénoncé une surcentralisation de la gouvernance de réduction des risques de catastrophe, ainsi qu’un défaut d’engagement au niveau régional.  La représentante de  l’organisation Duryog Nivaran, Mme Priyanthi Fernando, a également plaidé en faveur du renforcement des mesures prises par les institutions locales en demandant aux États d’investir à ce niveau, car elles sont souvent sous-financées.

Le Ministre chargé du développement durable, des affaires coutumières et de la gestion des ressources naturelles de la Zone économique exclusive de la Nouvelle-Calédonie, M. Anthony Lecren, a expliqué que la responsabilité de la sécurité civile était passée, en janvier 2014, de la compétence de la France à celle de la Nouvelle-Calédonie.  Elle s’est ainsi dotée d’un plan stratégique de développement pluriannuel pour que la sécurité civile puisse faire face aux risques majeurs.  Le Ministre a saisi cette occasion pour présenter un premier bilan après le passage du cyclone Pam qui, selon lui, aurait fait plusieurs centaines de victimes en Nouvelle-Calédonie.

La discussion a aussi mis l’accent sur la nécessité de renforcer la formation et l’éducation pour assurer une meilleure gestion des risques de catastrophe.  Le Ministre de l’environnement et de l’eau des Émirats arabes unis, M. Rashid Ahmed Bin-Fahad, a ainsi indiqué que son pays organisait des formations pour déterminer les meilleurs moyens de répondre à une crise.

De nombreuses délégations ont mis l’accent sur la gouvernance au niveau de la population civile, basée sur les communautés et le bénévolat.  Pour accroître la résilience des communautés, nous travaillons en partenariat avec les entreprises et les bénévoles, a indiqué, pour sa part, le Ministre d’État pour le développement international du Royaume-Uni, M. Desmond Swayne.  Enfin, le Directeur général du Département des politiques de développement au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, M. Pekka Puustinen, a vanté les mérites des organismes volontaires, comme les pompiers, qui renforcent le travail des autorités publiques.

M. Luis Aguilera, Vice-Ministre de l’intérieur de l’Espagne, a prôné le volontariat de la protection civile mais précisé que ce secteur ne devrait pas être géré uniquement par les ONG mais aussi par les autorités locales.  La protection civile est aussi un souci majeur pour l’Italie, a indiqué M. Franco Gabrielli, Chef du Département national de la protection civile, de même que pour la Hongrie, a renchérit M. György Bakondi, Directeur général de la Direction générale nationale pour la réduction des risques de catastrophe de ce pays dont les efforts portent notamment sur la protection contre les incendies, la protection civile et la sécurité industrielle.

Il faut renforcer les capacités institutionnelles des équipes de secours, a quant à lui recommandé M. Ukhnaa Khurelsukh, Vice-Premier Ministre de la Mongolie.  Il a également insisté sur l’importance de la participation des femmes, des enfants et des groupes vulnérables aux efforts de prévention, de même que son collègue de l’Espagne qui a demandé d’accorder toute l’attention nécessaire aux personnes handicapées dans les situations d’urgence.

C’est la solidarité entre tous les acteurs -aux niveaux national, régional et international- qui doit prévaloir dans la gestion des risques de catastrophe, a résumé Mgr Joseph Chennoth, Ambassadeur du Saint-Siège au Japon.  Le nonce apostolique a conseillé de concentrer les efforts sur la reconstruction à long terme, afin de ne pas perdre espoir, ainsi que sur la résilience et le rôle des familles.  Il faut que les traditions religieuses et locales soient respectées, a-t-il souhaité, en précisant que, à son avis, le document de Sendai ne devrait pas seulement mentionner les cultures et traditions des peuples autochtones mais aussi les autres.

On ne dit jamais assez l’importance des connaissances traditionnelles, a pour sa part estimé le Ministre de la Nouvelle-Calédonie.  M. Dikgang Phillip Makgalemele, Ministre adjoint aux affaires présidentielles et à l’administration publique du Botswana, a illustré l’atout que représentent les connaissances autochtones traditionnelles dans son pays qui dispose d’un système fort de gestion des sécheresses.

Enfin, au cours de la discussion de ce matin, les hauts représentants ont tenu à faire part de leurs avancées dans le domaine législatif en matière de réduction des risques de catastrophe.  M. Timothy Manning, Administrateur adjoint de l’Agence fédérale de gestion des urgences de protection et de préparation nationale des États-Unis, a assuré que son pays mettait constamment à jour les lois et mesures prévues pour réagir à des catastrophes, ainsi que la cartographie des risques.

Mme Rhoda Peace Tumusiime, Commissaire au développement de l’économie rurale et l’agriculture de l’Union africaine, s’est réjouie de la volonté politique affirmée des pays africains en faveur de la réduction des risques de catastrophe, dont 38 se sont dotés de cadres nationaux.  En même temps, a-t-elle souligné, ces pays manquent de ressources financières et de capacité humaine.  Quant à l’État de Palestine, il espère adopter prochainement une loi sur la gestion des risques de catastrophe, a indiqué son représentant.  Celui-ci a en même temps déploré les difficultés supplémentaires qui se posent à sa population du fait d’une « catastrophe non naturelle », celle qui résulte de l’occupation israélienne qui contrôle 60% des propriétés palestiniennes.

Les ministres et représentants des pays suivants se sont également exprimés: Éthiopie, Soudan, Timor-Leste, Turquie, Fidji, Ouganda.  En outre, la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation de coopération économique et de développement (OCDE), la Conseillère spéciale sur la planification du développement de l’après 2015, la Directrice exécutive par intérim de l’UNITAR, le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ainsi que le Gouverneur adjoint du gouvernorat d’Istanbul ont pris la parole.

Table ronde ministérielle 4: « Réduire les risques de catastrophe en milieu urbain »

Les villes étant devenues des systèmes complexes et interdépendants, des priorités plus claires sont désormais nécessaires pour une planification urbaine locale.  Les ministres et autres représentants qui participaient à la quatrième table ronde de la Conférence se sont en particulier attachés à réfléchir aux moyens et mécanismes à mettre en œuvre pour garantir une réduction des risques urbains et la résilience et pour aligner des programmes urbains sur la réduction des risques de catastrophe, les objectifs de développement durable, la lutte contre les changements climatiques et les programmes humanitaires.

Quels modèles faut-il ériger pour la coopération entre les autorités nationales et locales afin de réduire les risques de catastrophe?  Comment forger une culture visant à les réduire en milieu urbain?  Le suivi de ces risques peut-il contribuer à mieux identifier les politiques et les ressources nécessaires?  Telles avaient été les trois principales pistes de réflexion proposées par le Ministre de la gouvernance concertée et des affaires traditionnelles de l’Afrique du Sud, M. Pravin Jamnadas Gordhan, qui présidait ce dialogue intitulé « Réduire les risques de catastrophe en milieu urbain ».

L’impact des phénomènes naturels est en augmentation dans les centres urbains, notamment les tempêtes, le stress thermique, les précipitations extrêmes, les inondations côtières et à l’intérieur des terres, la sécheresse, l’aridité et la rareté de l’eau.  Les glissements de terrain urbains sont particulièrement dévastateurs et représentent une menace majeure pour les communautés dans de nombreuses villes.

En ouvrant le dialogue, M. Gordhan a souligné l’ampleur des défis de l’urbanisation des villes où vivront, d’ici à 2050, 6,3 milliards d’habitants, soit les deux tiers de la population mondiale.  Cette hausse rapide aura lieu principalement dans les pays en développement, en particulier en Afrique et en Asie.  Les politiques du bâtiment, qui ont été mal planifiées et gérées, ont augmenté les risques dans les zones exposées aux catastrophes naturelles.  Ces risques sont exacerbés par les changements climatiques.

Cependant, avec 60% de l’environnement urbain à bâtir d’ici à 2030, les villes représentent une occasion unique d’éviter les erreurs du passé et d’intégrer la résilience dans les politiques, la planification, la conception et les décisions d’investissement, lesquelles façonneront à long terme le paysage urbain physique, social et environnemental, a-t-il ajouté.  « Tirons le meilleur parti de cette opportunité », a-t-il lancé.

Le Ministre ougandais des secours, de la prévention des catastrophes et des réfugiés, M. Hillary Onek, a mis l’accent sur la nécessité de décentraliser l’industrialisation dans les pays, afin de mieux répartir les opportunités sur les territoires.  De même, convient-il, a estimé le Ministre, de réduire le coût de l’énergie, tout en favorisant les énergies propres.

Le Ministre de l’intérieur et de la sécurité publique du Sénégal, M. Abdoulaye Daouda Diallo, a souligné que son pays était en train de mieux gérer les risques urbains, après avoir pris des mesures préventives et des dispositions réglementaires et institutionnelles, comme la révision des codes de l’urbanisme, de l’environnement et de la construction.  Un plan de contingence et un plan hors sec, ainsi que des structures d’alerte, ont été mis en place, a-t-il précisé.

La Ministre de l’administration interne du Portugal, Mme Anabela Rodrigues, a souligné que son pays allait procéder à une évaluation obligatoire des risques dans les programmes d’aménagement du territoire.

Il est nécessaire de sensibiliser les entreprises, les gouvernements, les collectivités locales afin qu’ils prennent des mesures conjointes en matière de planification de l’espace, a souligné le Ministre polonais de l’environnement, M. Maciej Grabowski, qui a fait remarquer qu’un seul secteur ne pouvait tout seul fournir les meilleurs résultats.

La Ministre néerlandaise du commerce extérieur et de la coopération de développement, Mme Elisabeth Ploumen, s’est félicitée du fait que le rôle des villes en matière de réduction des risques de catastrophe soit de plus en plus reconnu et a appelé à des mesures innovantes.

Le Ministre et Chef de l’Agence de gestion des catastrophes nationales de l’Indonésie, M. Syamsul Maarif, a notamment indiqué que son gouvernement avait mis en place un programme massif de réhabilitation des écoles, afin de les rendre plus sûres, en précisant que la gestion de 360 000 établissements avait été décentralisée.

L’Ambassadeur du Pérou au Japon, M. Elard Escala, a insisté sur la nécessité de garantir l’accès des communautés à la santé et à un emploi de qualité pour faire en sorte que l’immigration urbaine ne se déplace pas vers les zones à forts risques.

Le Vice-Ministre et Président de la Commission parlementaire de la politique foncière, de l’environnement et du tourisme de la Zambie, soulignant que son pays serait à partir de 2030 l’un des plus urbanisés du continent africain, a mis l’accent sur l’importance de travailler sur les facteurs qui rendent les communautés locales plus vulnérables, comme la corruption, la pauvreté, les inégalités entre les hommes et les femmes.

Le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Mahendra Bahadur Pandey, dont le pays est celui qui s’urbanise le plus vite dans la région, a indiqué que le respect des normes de construction était une des priorités clefs du gouvernement.  Un plan national à cette fin a été établi.  Il est important, a-t-il souligné, de créer des partenariats forts entre le secteur public et le secteur privé.

Membre du Parlement européen, Mme Elisabetta Gardini a souligné l’importance des instances de protection civile, en collaboration avec les autorités locales, pour une culture de prévention et de résilience.  De même, il est essentiel, a-t-elle estimé, de donner aux acteurs locaux les outils leur permettant de mettre en œuvre les politiques adéquates.

Le Président du Comité d’experts de la Commission nationale chinoise de réduction des catastrophes, M. Qin Dahe, a assuré que son pays contribuait à la réponse mondiale aux changements climatiques.  Il est fondamental, a-t-il souligné, de renforcer les mécanismes de sécurité, le partage des informations et les processus de décisions.

Le Gouverneur de la préfecture de Hyogo, M. Toshizo Ido, a rappelé les ravages causés par le tremblement de terre qui avait frappé la ville de Kobe, il y a 20 ans.  Dix ans ont été rendus nécessaires pour reconstruire, a-t-il dit, en estimant qu’il était fondamental d’autonomiser et de renforcer les capacités locales.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de construire des bâtiments plus solides, susceptibles de résister aux tremblements de terre.

Le Commissaire pour les questions environnementales et le contrôle sanitaire de la ville d’Aqaba, M. Muhanned Adnan Atef Hararah, a insisté sur la nécessité d’investir dans la sensibilisation et la communication, de renforcer l’autonomisation des collectivités, ainsi que le partenariat avec secteur privé.

Représentant la ville de Brasilia, Mme Christiana Galvao Ferreira de Freitas, a prôné la participation des communautés et une approche fondée sur les droits de l’homme.

Le Directeur exécutif d’ONU-Habitat, M. Joan Clos, a expliqué que s’il avait fallu 10 000 ans pour arriver à la situation d’aujourd’hui, 30 années supplémentaires suffiront à doubler la population urbaine actuelle.  La coopération est, selon lui, fondamentale pour réduire les risques de catastrophe.  Il en est de même pour la décentralisation des capacités réglementaires, qui doit être assortie des financements adéquats.

Le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), M. William Lacy Swing, a expliqué pour sa part que la ville était devenue un aimant pour tous les migrants, et ce, dans un cadre généralisé de plus en plus antimigrants.  Il faut, a-t-il suggéré, mettre en place des opportunités d’intégration pour les migrants et élargir leur accès aux services publics.

Représentant le Groupe de la Banque mondiale, M. Ede Ijjasz-Vasquez a indiqué que chacun des projets financés par la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres était analysé sur la base de l’intégration des risques et de la coopération avec ces États.  Il est important d’établir des liens entre les villes, en collaboration notamment avec ONU-Habitat, a-t-il aussi considéré.

Les ministres et représentants des pays suivants ont également pris la parole: Allemagne, Arménie, Brésil, Canada, Colombie, Égypte, Équateur, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guatemala, Italie, Madagascar, Niger, Norvège, Ouzbékistan, Panama, Roumanie, et Trinité-et-Tobago.

   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme: enrôlement des hommes et des garçons dans la guerre contre les stéréotypes et les normes sociales, obstacles à l’égalité entre les sexes

Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
11e et 12e séances – matin et après-midi
FEM/2031

La Commission de la condition de la femme: enrôlement des hommes et des garçons dans la guerre contre les stéréotypes et les normes sociales, obstacles à l’égalité entre les sexes

Vingt-ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, l’on se demande encore: où sont les hommes quand les femmes débattent d’une question d’intérêt commun comme l’égalité entre les sexes? s’est impatientée la représentante de Guyana lors de la table ronde sur la responsabilité des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité, organisée aujourd’hui par la Commission de la condition de la femme qui ouvrait sa deuxième et dernière semaine de travaux.  Une autre table ronde a été organisée sur le thème « Faire évoluer les normes sociales pour parvenir à l’égalité entre les sexes ».

Si l’on écarte les hommes et les garçons de la lutte contre les stéréotypes et les normes sociales qui conduisent à des pratiques néfastes comme les mutilations génitales féminines, « on risque de traiter les symptômes sans toucher les causes sous-jacentes du mal », a prévenu la représentante de l’Union européenne.  Comment s’y prendre dans un monde où, s’est agacée la représentante du Mali, quand une femme passe toute sa vie dans la cuisine on l’appelle « ménagère » et quand un homme y passe un mois, on l’appelle « chef ».  Il faut d’abord faire comprendre qu’égalité entre les sexes ne veut dire ni « masculinisation des femmes » ni « féminisation des hommes », a argué la représentante de la Suisse.    

Cette égalité, « nous devons » la réaliser parce qu’elle bénéficie aux hommes comme aux femmes, a martelé le Conseiller spécial au Ministère de l’égalité entre les sexes du Danemark.  « Nous devrions » la réaliser parce que les hommes et les femmes devraient pouvoir exploiter leur plein potentiel et participer pleinement à la société et « nous y avons intérêt » parce que c’est la chose la plus intelligente à faire, un bon « business plan ».  Le représentant danois a illustré les succès de cette doctrine dans les domaines de la santé, de la violence domestique et des stéréotypes liés au travail.  Aujourd’hui au Danemark, a-t-il affirmé, près d’un tiers des futurs instituteurs d’école maternelle sont des garçons et l’ambition est désormais de changer les perceptions et d’avoir de plus en plus de « puériculteurs ».  

« Les hommes de qualité n’ont pas peur de l’égalité », a renchéri le représentant de « ProMundo, Men Engage » une ONG qui encourage les hommes à s’impliquer dans la santé maternelle et infantile, la santé sexuelle et reproductive et la lutte contre la violence faite aux femmes.  L’implication des hommes, agents de changement, dans la lutte contre le VIH/sida, a été évoquée par le représentant de « Sonke Gender Justice » dont le programme « One man can » vise

à transformer le concept d’« homme ».  Promouvoir une « masculinité positive », tel est l’objectif, a renchéri le représentant de « Status M » une organisation qui se bat contre « l’image du macho » pour promouvoir, à travers les groupes « Be a man », celle de « l’homme qui se soucie de l’autre, qui respecte les femmes, qui est tolérant et qui répugne à la violence ».   

Ne faut-il pas commencer plus tôt, à l’école?  Oui, ont répondu tous les intervenants et même plus tôt, la représentante du Mali pointant le doigt sur « la grande responsabilité » des mères, principales éducatrices des filles et des garçons et protectrices des normes sociales.  Son homologue de la Guinée équatoriale a avoué qu’« une expérience quelque peu négative » a montré que les femmes continuent à percevoir la violence domestique comme « normale » dans son pays.  Comment peut-on éradiquer cette pratique quand les principales intéressées ne sont pas acquises à la cause? 

Oui mais qui contrôle les messages sur les stéréotypes sexistes et les normes sociales? s’est interrogée la représentante de la Jordanie, en proposant que le thème « Femmes et leurs droits dans l’Islam » soit intégré à la prochaine session de la Commission de la condition de la femme.  Son homologue du Cameroun a confié que son gouvernement a signé des accords avec les dignitaires religieux tels que les Imams, afin de promouvoir l’éducation des filles et leurs droits.  Devant les encouragements de l’Union européenne, la représentante de l’Iran a prévenu contre les généralisations hâtives: ce qui marche dans un pays peut ne pas marcher dans un autre.

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mardi 17 mars, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Table ronde 1: Une conversation sur le theme « Responsabilité des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité entre les sexes »

Mme NOELENE NABULIVOU, « Diverse Voices and Action for Equality (DIVA) » et « Women´s Action for Change (WAC) », qui animait cette table ronde, a, en tant que féministe, estimé que l’implication des hommes et des garçons, est « un travail essentiel ».  Face aux « progrès inégaux et insuffisants » en termes d’égalité entre les sexes, il faut que les hommes remettent en question leur dynamique au niveau personnel et au niveau de la société toute entière.  Quelles stratégies adopter pour quels objectifs? s’est-elle demandée devant les interprétations « divergentes » du rôle des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité entre les sexes.  Elle a répondu par « une question politique personnelle »: alors que nous sommes en train de définir le nouveau cadre de développement pour l’après-2015, il faut s’attaquer aux racines des inégalités entre hommes et femmes. 

M. GARY BARKER, « ProMundo, Men Engage », a justement expliqué que son organisation travaille, depuis cinq ans, directement avec les garçons et les hommes grâce à un réseau de 600 ONG à travers le monde et qui met l’accent sur le fait que les droits de la femme font partie des droits de l’homme et que l’avènement de l’égalité entre les sexes bénéficie, sur le plan économique entre autres, également aux hommes.  On en reste trop souvent aux discours sans les mesures politiques et de sensibilisation qu’il faut, a-t-il reproché, en soulignant l’importance d’évaluer l’efficacité desdites mesures.  « ProMundo » encourage les hommes à s’impliquer dans la santé maternelle et infantile, la santé sexuelle et reproduction et la lutte contre la violence faite aux femmes.  « Les hommes de qualité n’ont pas peur de l’égalité », a-t-il insisté.

L’implication des hommes, agents de changement, dans la lutte contre le VIH/sida, a été évoquée par M. Bafana Khumalo, « Sonke Gender Justice », à la tête d’une ONG présente dans 20 pays d’Afrique et dont l’objectif est de participer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le travail, a-t-il expliqué, consiste à faire comprendre aux hommes que, dans cette lutte, ils sont des partenaires à égalité avec les femmes.  Dans ses efforts contre les normes « néfastes », l’ONG a facilité en 2014 deux dialogues nationaux très importants suivis par des dialogues provinciaux sur la lutte contre la violence faite aux femmes.  Le programme « One man can » vise à transformer le concept d’« homme » et faire en sorte que les hommes fassent des contributions positives dans les sphères publique et privée.

Promouvoir une masculinité positive, tel est le propos, a renchéri M. NATKO GEREŠ, « Status M », une ONG qui encourage les garçons et les hommes à la tolérance, à la non-violence et à l’équité.  Il y aurait deux types d’hommes: le macho, d’un côté et de l’autre, l’homme que les jeunes souhaitent devenir, à savoir celui qui se soucie de l’autre, qui respecte les femmes, qui est tolérant et qui répugne à la violence.  Comme les jeunes sont soumis à cette dichotomie, l’ONG travaille avec eux sur des attitudes positives à travers des groupes d’initiative, -« Be a man » clubs- au sein des communautés, y compris des groupes « père/fils ».  L’on travaille sur la responsabilité, en mettant l’accent sur la nécessité d’intégrer cette approche dans toutes les couches de la société. 

Comment les autorités nationales peuvent inclure la perspective « hommes-garçons » dans la promotion de l’égalité entre les sexes?  M. SØREN FELDBÆK WINTHER, Conseiller spécial au Ministère de l’égalité entre les sexes du Danemark, a répondu à cette question.  L’approche danoise peut être résumée de la manière suivante: Nous devons, nous devrions, nous avons intérêt ».  Nous devons, a-t-il expliqué, parce que l’égalité entre les sexes bénéficie aux hommes comme aux femmes.  Nous devrions parce que les hommes et les femmes devraient pouvoir exploiter leur plein potentiel et participer pleinement à la société.  Nous avons intérêt parce que c’est la chose la plus intelligente à faire, c’est un bon « business plan ».

Comment les ministères et les autorités locales s’y prennent-ils?  M. Winther a donné trois perspectives différentes et d’abord dans le secteur de la santé.  Dans la ville de Copenhague, un projet a montré, lorsqu’il s’agit en particulier des risques d’alcoolémie, qu’il y a une grande différence entre les hommes et les femmes.  L’étude a montré que les hommes peu qualifiés de 35 à 65 ans sont peu sensibles aux interventions classiques de prévention.  Les autorités ont donc changé de tactique et ont décidé d’approcher ces hommes, là où ils sont, à savoir devant les supermarchés, dans les tribunaux ou dans les zones résidentielles.  Cet accent particulier placé sur les hommes a permis d’affiner les approches et a prouvé qu’il est de l’intérêt de tous de tenir compte des besoins des hommes dans les services sociaux de base.

La deuxième perspective concerne la lutte contre la violence domestique.  En 2011, les autorités ont forgé un partenariat avec l’Association nationale de football et plusieurs jeunes footballeurs qui ont ainsi assumé le rôle de porte-parole avec un seul message « Ne frappez pas.  Nous demandons le fair-play sur le terrain de foot et sur le terrain de la famille ».  La campagne, qui avait pour but de toucher une nouvelle audience, à savoir les hommes et les garçons, a été très bien accueillie par les clubs de première ligue et la presse.  En conséquence, une nouvelle campagne a été lancée avec l’Association de handball. 

La troisième perspective concerne les stéréotypes sur le travail.  Comme les femmes, les hommes devraient être capables de choisir leur formation et leur travail sans être influencés par les stéréotypes et la tradition, et devenir par exemple, aide-soignant ou instituteur d’école maternelle.  Aujourd’hui au Danemark, les choses vont tellement mieux que près d’un tiers des futurs instituteurs d’école maternelle sont des garçons qui semblent encore éviter de travailler avec les tout petits enfants.  L’ambition est donc de changer les perceptions et de montrer l’importance d’avoir des hommes dans les crèches.  Leur présence est bonne pour les enfants qui voient que les hommes peuvent aussi s’occuper d’eux et qui acquièrent une vision plus diversifiée de la répartition des rôles entre les sexes.  C’est aussi bon pour les hommes eux-mêmes qui peuvent exploiter une partie de leur talent et multiplier leurs chances sur le marché du travail.  C’est bon enfin pour la société qui doit pouvoir recourir à tous les talents et à toutes les ressources humaines. 

Le Ministère de l’égalité entre les sexes a donc financé des projets dans cinq municipalités et travaille en même temps contre les préjugés qui entourent la profession de puériculteur et la compréhension de ce type de travail sous l’angle « genre ». 

M. HENRY MACDONALD (Suriname) a noté que même si le mouvement de libération des femmes a enregistré des progrès significatifs au cours des 20 dernières années, il n’en demeure pas moins que les femmes restent majoritaires lorsqu’il s’agit de la pauvreté, de l’analphabétisme, du chômage, du manque d’accès au pouvoir et de la vulnérabilité face aux viols ou aux crimes.  « La femme est pourtant l’espèce humaine la plus pacifique, la plus aimable et la plus compréhensive. »  Pour le représentant, la manière la plus efficace de promouvoir l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes passe par une approche du haut vers le bas de la part des gouvernements qui doivent faire preuve d’une volonté politique forte. 

Il a évoqué le cas de trois pays qui ont vu fonctionner une telle approche.  Le premier cas est celui de l’Islande où, en 1975, 90% des femmes se sont mises en grève pour réclamer leurs droits dans ce qui était l’une des plus grandes manifestations et paralysie économique que le pays ait jamais connues, entraînant la fermeture des écoles, des hôpitaux et des aéroports.  L’année suivante, le Parlement islandais comptait 50% de députées et des lois sur l’égalité salariale et le congé de maternité étaient votées.  Plus tard, l’Islande avait la première présidente démocratiquement élue au monde et le pays est toujours aujourd’hui une des puissances économiques d’Europe.

Le Rwanda est classé au septième rang en termes d’égalité entre les sexes, malgré les difficultés vécues pendant et après le génocide de 1994.  Aujourd’hui, le Rwanda est l’un des pays les plus stables d’Afrique, l’espérance de vie y est passée de 48 à 60 ans, en 10 ans, la mortalité infantile a été divisée par 2 et le taux de scolarisation indique une parité parfaite.  Les femmes peuvent désormais hériter et être propriétaire foncier et le pays figure parmi ceux qui ont le plus grand nombre de femmes parlementaires.  En conséquence, le Rwanda accuse l’une des croissances économiques les plus rapides d’Afrique, sans or ni pétrole.  Au Nicaragua aussi, la participation accrue des femmes au Gouvernement et dans le secteur public a contribué à un environnement plus pacifique.  Aujourd’hui 60% des membres du Gouvernement sont des femmes.  Cette approche du haut vers les bas, a estimé le représentant, pourrait être répétée dans le monde entier, que ce soit en Europe, en Afrique ou en Amérique latine.  La lutte pour l’égalité entre les sexes doit se concentrer sur un changement culturel permanent.  Conscient de cela, le Suriname a organisé avec l’Islande une manifestation pour sensibiliser les hommes diplomates à l’importance de l’égalité.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a estimé que l’une des sources des inégalités entre les sexes tient des constructions sociales contre lesquelles il faut agir.  Il a invité les gouvernements à mettre en place les législations nécessaires, arguant que si la Constitution du Mozambique consacre l’égalité entre les sexes dans tous les aspects de la société, il reste encore à sensibiliser les hommes et les garçons.  Les hommes doivent devenir effectivement « des agents du changement » et ce processus de transformation doit se faire en collaboration entre les deux sexes.  

Il faut effectivement que les garçons et les hommes s’engagent pour briser les stéréotypes sexistes, a acquiescé M. HIROSHI MINAMI (Japon).  Il a parlé d’une enquête récente au Japon qui a montré que la moitié des hommes veulent que leurs femmes continuent de s’occuper des tâches domestiques, et que 60% des femmes estiment qu’effectivement, elles sont censées le faire.  Un résultat qui démontre, a-t-il noté, que les femmes acceptent volontiers de perpétuer les stéréotypes qu’on croit souvent être l’apanage des hommes.  Même quand les femmes travaillent, elles doivent jongler avec les tâches domestiques, ce qui augmente leur fardeau, a—t-il dénoncé.  Il a rappelé que son pays a organisé l’Assemblée mondiale des femmes du 12 au 14 septembre dernier à Tokyo, annonçant une nouvelle édition cette année, avec davantage d’hommes.  Il a affirmé que l’objectif du Gouvernement est d’édifier une société dans laquelle les femmes brillent. 

Il faut en effet investir dans l’autonomisation des femmes, surtout en ces temps d’austérité économique, a renchéri Mme KATE GILMORE, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population, (UNFPA).  Ce n’est pas le moment de se priver des ressources humaines, a-t-elle martelé, ajoutant que les préjugés ne doivent pas nous pousser à laisser de côté les meilleures ressources que nous avons, c’est-à-dire les femmes.  Nous sommes tous perdants quand nous n’utilisons qu’une seule partie des ressources humaines disponibles.  La lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ne peut se faire sans une collaboration étroite avec les hommes.  Elle a parlé des initiatives menées dans certains pays pour sensibiliser les hommes aux questions d’égalité des genres, comme l’« École des maris » au Niger.  « Il faut impliquer les pères, les frères, les maris et les enfants afin de mettre en place une relation saine entre les sexes », a-t-elle plaidé.  Elle a souhaité que cette « conversation entre les sexes » soit intégrée comme élément clef du futur programme de développement pour l’après-2015.   

Mr. GARY COHEN, de « Together For Girls Partnership » s’est présenté comme Vice-Président d’une multinationale du secteur pharmaceutique.  J’ai eu, a-t-il dit, l’idée de mettre sur pied ma fondation en 2009 pour venir en aide aux jeunes femmes victimes de violence.  Il a expliqué s’être rendu dans de nombreux pays en développement dans lesquels des femmes de tous âges, et notamment les plus jeunes, sont parfois contaminées par le VIH après des rapports non consentants et violents avec des hommes mûrs.  L’action de la fondation est d’apporter des soins à ces victimes, tout en incitant les gouvernements à mettre en place un cadre de prise en charge et de suivi judiciaire pour que les auteurs de la violence soient tenus responsables de leurs actes.  L’intervenant a prévenu que les garçons victimes ou témoins de violence contre les femmes sont susceptibles, à l’âge adulte, de devenir également des bourreaux, perpétuant cette « tradition néfaste ». 

Les entreprises privées doivent, compte tenu de leur responsabilité sociale, s’investir contre la violence faite aux femmes, a plaidé l’intervenant.  Il a par exemple proposé que les entreprises signent des codes de bonne conduite pour punir les actes de violence commis par leurs employés sur le lieu de travail ou en dehors.    

Le changement des mentalités se fera progressivement et le travail le plus important doit se faire à la maison, a argué Mme AYLA GÖKSEL, Présidente Directrice générale de « Mother Child Education Foundation (AÇEV) ».  Il faut aller à la base pour revoir les modèles de socialisation des garçons auxquels on fait croire qu’ils ont plus de pouvoir que les filles.  Elle a dit avoir initié un programme d’éducation et de renforcement des capacités en genre auprès de quelque 70 000 hommes.  Les femmes doivent initier le dialogue avec les hommes, non pas en les considérant comme protecteurs, mais comme partenaires.  Elle a pris pour exemple les manifestations énormes que son pays, la Turquie, vient de connaître après l’assassinat d’une jeune turque de 23 ans.  Hommes et femmes ont battu le pavé ensemble.  Mais, a-t-elle voulu, il faut que les hommes pour les cas d’urgence et les drames mais aussi sur le long terme.  La victoire dépend aussi de la volonté des dirigeants d’investir dans l’égalité entre les sexes, a tenu à souligner l’intervenante. 

Discussion

Derrière chaque grand homme, ne se cache pas une, mais plusieurs femmes qui ont contribué à le façonner, a rappelé le représentant de la Suisse, en soulignant qu’égalité entre les sexes ne veut dire ni « masculinisation des femmes » ni « féminisation des hommes ».  Il a plaidé pour que les hommes soient plus présents aux réunions sur les questions d’autonomisation des femmes et d’égalité entre les sexes.  En écartant les hommes et les garçons, on risque de « traiter les symptômes sans toucher les causes sous-jacentes du mal », a renchéri la représentante de l’Union européenne.  En plus du volet éducation assumé par l’école, les entreprises devraient aussi apporter leurs contributions, au moins dans la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes.  Les médias sociaux peuvent aussi faire leur part, a argué la représentante du Suriname, au moins pour ce qui est du partage des meilleures pratiques.

C’est l’éducation des hommes qui est de la plus grande importance et l’approche didactique doit tenir compte de la classe d’âge des hommes ciblés, a souligné la représentante de la République islamique d’Iran.  L’action doit se focaliser sur les stéréotypes de la « masculinité dominante », cause de toutes les discriminations, a ajouté son homologue du Mexique.  Il faut en effet tourner le

dos aux idées reçues, a acquiescé la représentante de la Finlande.  Elle a indiqué que son pays a mis en place dès 1998 des programmes contre les stéréotypes qui comprennent la formation des enseignants.  En Allemagne, a dit son représentant, des « Journées de l’homme » sont organisées en plus de la Journée internationale de la femme, et ceci, pour susciter le dialogue social sur les questions de discrimination dont les femmes sont victimes.

Au Népal, a indiqué sa représentante, les campagnes de sensibilisation contre la violence faite aux femmes ont exploité la popularité du football, utilisant les stars locales comme porte-parole.  Dans la société patriarcale qu’est Maurice, a renchéri sa représentante, le Gouvernement a lancé la campagne « Hommes en tant que partenaire dans la promotion du bien-être de la famille », un projet fondé sur des séances d’éducation, des séances médicales et les loisirs.  Au Mali, les forces de police et la magistrature sont formées aux questions du genre et au Kenya, a confié sa représentante, la lutte contre « la circoncision des deux sexes » s’est faite grâce au programme « Rite alternatif de passage pour les garçons et les filles » auprès des écoles et des communautés.  En matière de sensibilisation, la représentante de l’Ouganda a proposé un recours accru aux technologies de l’information et des communications.

Pour commencer par le commencement, son homologue de Guyana, appuyée par celle du Mali et par la « Reine Mère de Harlem », a pointé le doigt sur la « grande responsabilité » des mères, principales éducatrices des filles et des garçons.  Ne faudrait-il pas à la fois éduquer les enfants et les parents? s’est impatientée la représentante de la Guinée équatoriale qui a avoué « une expérience quelque peu négative ».  Une enquête a montré que les femmes continuent à percevoir la violence domestique comme « normale ».  Comment peut-on éradiquer cette pratique quand les principales intéressées ne sont pas acquises à la cause?  On enseigne aux enfants certaines valeurs à l’école qui ne sont même pas respectées chez eux, s’est-elle indignée.  Quand une femme passe toute sa vie dans la cuisine on l’appelle « ménagère » mais quand un homme y passe un mois, on l’appelle « chef », a taclé la représentante du Mali.  Son homologue du Gabon a avoué que les femmes, qui représentent 52% de la population, sont les moins favorisées selon tous les indicateurs socioéconomiques.

Vingt-ans après Beijing, l’on se demande encore: « Où sont les hommes quand les femmes débattent d’une question d’intérêt commun? » s’est impatientée, à son tour, la représentante de Guyana.  Présent, le représentant des Philippines a dénoncé le moindre appui à la santé génésique des hommes, arguant du nombre très faible des vasectomies dans son pays.  Ceux qui manquent aujourd’hui, a estimé la représentante de la Jordanie, ce sont ceux qui entretiennent les stéréotypes sexistes.  Qui contrôle ces messages, dont les messages religieux?  La représentante a proposé que le thème « Femmes et leurs droits dans l’Islam » soit intégré à la prochaine session de la Commission.  On devrait aussi discuter de ce qu’implique la répartition équitable du temps entre le travail et la maison, a ajouté la représentante du Paraguay, en demandant au Secrétariat de l’ONU de mener une étude sur cette question.

Les panélistes sont revenus sur des aspects importants comme la collecte de données statistiques fiables ventilées par sexe, l’inclusion dans le programme de développement pour l’après-2015 d’un objectif « robuste et global » sur l’égalité entre les hommes et les femmes et l’intégration de cette thématique dans tous les autres objectifs ainsi que la nécessité de faire en sorte que les ressources allouées à la promotion de la femme ne soient pas détournées sous prétexte qu’il faut y inclure les hommes.  Mme Kate Gilmore du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a tenu à faire part d’une évaluation mondiale sur l’éducation sexuelle qui a prouvé que quand cette dernière est assurée par des professionnels bien formés, le nombre des grossesses chez les adolescentes et la prévalence des maladies sexuellement transmissibles baissent.

Table ronde 2 sur le thème « Faire évoluer les normes sociales pour parvenir à l’égalité entre les sexes: attentes et possibilités »

Cette table ronde était présidée par Mme PILLE KESLER (Estonie), Vice-Présidente de la Commission de la condition de la femme, et animée par Mme ANITA NAYAR, Directrice « Regions ReFocus 2015 », de la Fondation Dag Hammarskjöld, qui a relevé que malgré une présence toujours plus importante des femmes dans les domaines de la politique, de la science et de l’entreprenariat, elles sont toujours minoritaires dans les structures de prise de décisions à cause des stéréotypes.

Mme STEPHANIE SEGUINO, Professeur d’économie à l’Université du Vermont, a indiqué que malgré la présence toujours plus grande des femmes sur le marché de l’emploi, l’écart salarial persiste.  Les stéréotypes, a-t-elle expliqué, sont des constructions sociales qui varient en fonction du lieu et du temps, et qui sont intériorisés par la société, y compris les enfants, les décideurs et les employeurs.  Ces derniers par exemple, a-t-elle noté, sont plus enclins à offrir les emplois les plus gratifiants aux hommes et, par conséquent, les salaires les plus élevés.  Les stéréotypes peuvent changer, a-t-elle souligné, et en l’occurrence, les gouvernements ont un rôle à jouer, notamment en adoptant des politiques plus favorables à l’épanouissement professionnel des femmes, dont des congés de maternité.  Dans le monde rural, il faudrait aussi voir dans quelle mesure diminuer le fardeau des tâches domestiques des femmes et favoriser l’accès des femmes au crédit. 

Mme NAFISSATOU J. DIOP, Conseillère principale et Coordonnatrice du programme conjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) sur les mutilations génitales féminines, a parlé des mutilations génitales féminines qui touchent l’Afrique, mais aussi l’Asie et l’Amérique latine, soit un total de 140 millions de femmes dans le monde, dont 3 millions de filles chaque année.  Pour y remédier, il faut un cadre solide et responsabiliser tous les acteurs aux niveaux national et international.  « Il faut pénaliser cette pratique » et accompagner la répression de plaidoyers et de campagnes de sensibilisation sur les pratiques et l’héritage culturel qui mènent aux mutilations génitales féminines.  Les réponses doivent tenir compte des réalités sociales car, a-t-elle mis en garde, la lutte contre ce fléau ne doit pas être perçue comme un combat contre les traditions et les pratiques religieuses invoquées.

L’éducation peut jouer un grand rôle dans le changement des mentalités, a déclaré Mme OLENA SUSLOVA (Ukraine), Fondatrice et Présidente du Conseil d’administration de « Women’s Information Consultative Center, and Gender Mainstreaming of the Ukrainian Parliamentary Development Project ».  L’éducation doit impliquer les parents, les communautés et les enseignants pour éviter les différences dans les messages délivrés aux enfants.  Elle a, de ce fait, invité à revoir les manuels pédagogiques, en y insérant, autant que possible, l’approche genre.  Les normes sociales qui se sont développées durant des siècles ne peuvent pas disparaître du jour au lendemain, a-t-elle averti, invitant ainsi les décideurs à adopter des méthodes souples en partant de la base, c’est-à-dire de l’éducation primaire.

Les moyens de communication de masse sont tout aussi importants que l’éducation, a renchéri Mme ELISA SALINAS, Présidente du Conseil d’administration de l’ONG mexicaine « The Women’s Project ».  L’image de la femme a évolué dans les médias où l’on voit plus souvent des femmes au travail et épanouies socialement, loin du stéréotype de la mère au foyer.  Pour les médias, le plus grand défi sera de provoquer le débat et d’impulser le changement.  La campagne « HeforShe » contre la violence faite aux femmes et initiée en septembre dernier par ONU-Femmes, a été lancée au Mexique en utilisant l’image d’hommes publics, de sportifs, de journalistes et de politiciens afin de faire tomber les stéréotypes.

Les technologies de l’information et des communications induisent des changements dans la lutte contre les discriminations, a estimé Mme CHI YVONNE LEINA, de World Pulse, Cameroon.  Désormais, le silence n’est plus complice des discriminations car les femmes peuvent faire entendre leur voix par l’Internet et les médias sociaux, et provoquer des débats publics.  Le réseau mondial « World pulse », amplifie la voix des femmes.  Aussi une ONG de femmes de la République démocratique du Congo (RDC) a-t-elle pu mettre en place deux cybers-cafés sécurisés pour les femmes de Bukavu.  Les technologies permettent aux femmes non seulement de se faire entendre mais aussi de partager leurs expériences et d’impulser des changements positifs pour la défense de leurs droits. 

La représentante du Cameroun a confié que son gouvernement a signé des accords avec les dignitaires religieux tels que les Imams, afin de promouvoir l’éducation des filles et leurs droits.  Elle a aussi parlé d’un programme de formation annuelle de 1 000 femmes aux technologies de l’information et de la communication, afin, a-t-elle justifié, qu’elles soient à même de s’exprimer quand leurs droits sont violés.

Saluant cette initiative d’implication des dignitaires religieux au Cameroun, la déléguée de l’Union européenne, a souligné que les dirigeants communautaires qui s’expriment contre les inégalités entre les sexes doivent être encouragés publiquement.  Les généralisations sont parfois trompeuses.  Ce qui marche dans un pays peut ne pas marcher dans un autre, a mis en garde la représentante de la République islamique d’Iran.  Elle a insisté sur la place « centrale » de la famille, lieu de socialisation des individus.  Il faut renforcer la famille et son rôle dans l’éducation, a-t-elle dit, tout en reconnaissant le rôle central des dirigeants religieux pour impulser le changement des mentalités.

Ne tirons pas pour autant à boulet rouge sur les traditions, a prévenu la représentante de la Chine qui s’est vantée de traditions séculaires dont certaines magnifient le rôle de la femme dans la société.  Dans mon pays, tous les éléments contre l’épanouissement de la femme ont été supprimés des programmes scolaires, a affirmé son homologue des Émirats arabes unis.

Quant au rôle des médias, la représentante de la Finlande a dépeint une situation où les hommes parlent souvent d’économie et de politique, et les femmes de la maison et de la vie de famille.  Les livres d’histoire continuent de montrer une réalité où le succès et le pouvoir sont des concepts masculins, a renchéri son homologue de la France.   

Il faut augmenter le nombre de femmes dans les médias, a préconisé la représentante du Japon et pour ce faire, mettre en place un système de quotas pour les postes de responsabilité.  Internet, média des temps modernes par excellence, est un instrument vital pour défendre les droits de la femme et la justice sociale, a argué une représentante de la société civile d’Amérique latine.  Aller sur Internet ne peut se résumer à rechercher l’âme sœur, a réagi la représentante de World Pulse, en encourageant les femmes à se connecter aussi pour rechercher des formations, des partenaires d’affaires et échanger leurs expériences, même si selon son homologue de Women Project, l’image la plus courante est la femme en bikini, la femme, objet sexuel. 

La déléguée du Soudan a indiqué qu’une campagne de sensibilisation, mettant justement à contribution les médias, avait été lancée dans son pays contre la pratique « effroyable » des mutilations génitales, une tradition néfaste qui, comme les autres, ne fait que promouvoir la domination masculine.  Son homologue de la République-Unie de Tanzanie a jugé essentiel de lutter contre les mutilations génitales, dont les conséquences sont négatives pour les femmes mais aussi pour toute la communauté.  

Contre ces pratiques, il faut des messages plus « positifs », a estimé la représentante du FNUAP, insistant sur le fait que la stigmatisation ne saurait faire changer les choses.  Déplorant la faiblesse des mécanismes d’évaluation, elle a prévenu: « si nous n’évaluons pas ce que nous faisons, nous risquons d’être confrontées à des situations de plus en plus complexes ».  La société civile doit travailler de concert avec les gouvernements, c’est le seul gage du succès, a souligné la représentante de « Women’s Information Consultative Center, and Gender Mainstreaming of the Ukrainian Parliamentary Development Project ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réduction des risques de catastrophe: reconstruction et coopération internationale au cœur des deux premières tables rondes

Troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
Tables rondes ministérielles, matin & après-midi
IHA/1357

Réduction des risques de catastrophe: reconstruction et coopération internationale au cœur des deux premières tables rondes

SENDAI, JAPON, 15 mars -- Mieux reconstruire et coopérer.  La reconstruction après une catastrophe et la coopération internationale en vue de réduire les risques de catastrophe après 2015 ont été au centre de discussions ministérielles, aujourd’hui à Sendai, au Japon, au deuxième jour de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe.

La Conférence, qui s’est ouverte hier et se poursuivra jusqu’au 18 mars, vise à achever l’examen et l’évaluation de l’application du Cadre de Hyogo de 2005, adopter un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015 et définir des modalités pour la mise en œuvre d’un nouveau cadre.

Parallèlement à la poursuite de son débat général, en séance plénière, la Conférence a tenu, aujourd’hui, les deux premières de ses cinq tables rondes ministérielles au Centre international de Sendai.

Ces tables rondes doivent être l’occasion de mener des débats interactifs et ciblés sur les priorités et mesures essentielles aux fins du cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015, s’agissant de chaque thème étudié.  Les conclusions qui en résulteront seront communiquées à la Conférence lors de la séance plénière de clôture et intégrées dans le rapport final de celle-ci.

La première de ces deux tables rondes, intitulée « Reconstruction après des catastrophes: mieux reconstruire », présidée par le Vice-Premier Ministre de la Turquie, M. Numan Kurtulmus, a permis de dresser un inventaire des bonnes pratiques susceptibles d’être utilisées par les pays et les communautés exposés aux risques.

L’objectif des participants était de contribuer à renforcer leur résilience face à de tels phénomènes, en intégrant par exemple la réduction des risques dans les mesures de développement, en particulier l’aménagement du territoire et l’amélioration des normes et des codes dans le domaine du bâtiment.

Présidée par le Ministre de l’intérieur de l’Inde, M. Rajnath Singh, la deuxième table ronde ministérielle, dont le thème était « Coopération internationale à l’appui d’un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015 », a constitué, elle aussi, un catalogue de bonnes pratiques.

Les intervenants se sont notamment attachés à démontrer que la coopération internationale et les partenariats mondiaux formaient de bons outils pour renforcer les capacités des pays dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe.

Table ronde ministérielle 1: « Reconstruire après des catastrophes: mieux reconstruire »

Le relèvement et la reconstruction après les catastrophes constituent une occasion pour les nations et les communautés touchées de renforcer leur résilience face à de tels phénomènes en intégrant la réduction des risques dans les mesures de développement, en particulier l’aménagement du territoire et l’amélioration des normes et des codes dans le domaine du bâtiment.

Présidée par le Vice-Premier Ministre de la Turquie, M. Numan Kurtulmus, cette table ronde, sur la base du principe qu’il n’y a pas d’approche unique de relèvement et de reconstruction, visait à examiner et à partager les bonnes pratiques sur la façon de « reconstruire en mieux » après les catastrophes afin de faire en sorte que les nations et les collectivités fassent preuve de plus de résistance dans les zones sinistrées.

M. Kurtulmus, qui a ouvert la discussion, a souligné que son pays, la Turquie, devait faire face aux conséquences du conflit syrien et des millions de réfugiés dont il accueille un grand nombre.  Des stratégies à long terme donnent la priorité à l’autonomisation des réfugiés eux-mêmes afin qu’ils puissent participer à la reconstruction de leur pays lorsqu’ils seront en mesure de rentrer chez eux, a-t-il dit, en exhortant la communauté internationale à fournir davantage de ressources dans le cadre de ces efforts.

La Turquie, a-t-il ajouté, est également exposée à de nombreux risques naturels, exacerbés par la croissance démographique et l’urbanisation, et c’est pourquoi, il est nécessaire, dans la phase de reconstruction, d’inclure les questions de résilience dans les plans de développement et de normaliser la réglementation des infrastructures et des systèmes d’assurance.

M. Kurtulmus a exhorté tous les participants à la table ronde à proposer des recommandations clefs dans ce contexte pour aider à façonner le programme de développement pour l’après-2015.

De fait, la plupart des 33 orateurs qui ont pris part au dialogue de ce matin ont insisté sur la vulnérabilité de leur pays face aux tremblements de terre, aux tsunamis, aux inondations, aux typhons ou à toute autre forme de condition météorologique extrême, et présenté les mesures qu’ils prennent pour relever les défis qui en résultent.

Le Ministre de la terre, des infrastructures, des transports et du tourisme du Japon, M. Koji Ikeuchi, a déclaré par exemple qu’il était essentiel de conjuguer les efforts structurels et non structurels pour le relèvement.

Une campagne nationale pour rendre les bâtiments plus résistants face aux séismes a suivi le grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji, en 2005, et celui de l’est du pays, en 2011.  Ainsi, avant le mois de mars de l’an prochain, les écoles primaires et les collèges publics auront fait l’objet d’un renforcement complet.  L’éducation sur la sécurité face au tsunami a été améliorée, tandis que des systèmes de surveillance, des voies d’évacuation et des normes pour les ponts routiers ont été développées.

Le partenariat entre les secteurs public et privé fut en outre une question largement défendue au cours de cette table ronde.  Certains participants se sont penchés sur les systèmes d’assurance contre les risques orientés vers la théorie du « reconstruire en mieux ».  Le Ministre néo-zélandais de l’après-séisme de Canterbury, de la défense et de la Commission sur les tremblements de terre, M. Gerry Brownlee, a souligné qu’environ 80% des bâtiments de son pays étaient assurés d’une manière centralisée, en utilisant une partie de la meilleure expertise actuarielle du secteur privé. 

La Ministre de l’intérieur de l’Islande, Mme Ólöf Nordal, et le Vice-Premier Ministre des Tonga, M. Siaosi Sovaleni, ont aussi fait état de la valeur des arrangements en matière d’assurance, ce dernier a remercié les partenaires pour leur aide à cet égard, tout en notant que les codes du bâtiment et les normes de construction sécuritaires avaient été affinés après chaque cyclone qui avait frappé son pays.

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi, M. George T. Chaponda, a estimé pour sa part que les partenariats public-privé devraient être une piste à explorer davantage pour les pays en développement.

D’autres ont insisté qu’il était indispensable d’assurer un relèvement rapide.  Le Vice-Premier Ministre de la Malaisie, M. Tan Sri Muhyiddin Yassin, a déclaré que cela contribuait à rétablir un sentiment de normalité, alors que la reconstruction doit toujours être liée à des objectifs de développement.  De même, des intervenants ont mis l’accent sur l’importance de recourir à des techniques traditionnelles.

Le Ministre de l’intérieur et de la coordination du Kenya, M. Joseph Ole Nkaissery, a fait observer que les facteurs culturels devraient être considérés dans la planification des mesures de préparation à la fois structurelles et non structurelles.

Le Ministre des urgences nationales du Paraguay, M. Joaquim Roa, a aussi souligné la nécessité d’impliquer les communautés locales, cette participation devant s’exercer de manière inclusive, une position défendue de même par le Ministre de l’ordre public, de la gestion des catastrophes et des affaires chrétiennes, M. John Anthony Emmanuel Amaratunga.

Le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation de Madagascar, M. Mahafaly Solonandrasana Olivier, a rappelé que son pays, qui fait face régulièrement aux catastrophes, comptait sur l’aide internationale.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour Madagascar de revoir en particulier la politique foncière et d’aménagement du territoire pour assurer des lieux plus sûrs aux personnes déplacées.

Afin d’améliorer le bien-être de la population et de le porter au-delà de son niveau avant une catastrophe, le Ministre des affaires civiles de la Chine, M. Li Ligo, a expliqué que les efforts de reconstruction dans son pays avaient été combinés avec le développement économique et social, mobilisant l’aide de tous les secteurs.  Les populations locales sont fortement impliquées dans tous les efforts de reconstruction, a-t-il dit.

La Ministre du développement et de la francophonie de la France, Mme Annick Girardin, et le Secrétaire d’État et Chef du domaine de l’aide humanitaire de la Suisse, M. Manuel Bessler, ont tous deux relevé l’importance d’une coopération optimale dans la réduction des risques.  Celle-ci doit se réaliser maintenant pour mieux répondre aux risques futurs.

Les ministres et représentants des pays suivants se sont également exprimés: Algérie, Bangladesh, Colombie, Émirats arabes unis, Grenade, Liban, Maldives, Pakistan, Philippines, Qatar, République dominicaine, République tchèque, Serbie, Soudan du Sud, Thaïlande et Viet Nam.

Table ronde ministérielle 2: Coopération internationale en faveur d’un cadre de réduction des risques de catastrophe après 2015

La nécessité de rassembler toutes les forces pour relever les défis que posent les risques de catastrophe, celles des États et celles de tous les acteurs de la société, a été largement démontrée au cours de la deuxième table ronde de la journée.  En suivant les recommandations du Ministre de l’intérieur de l’Inde, M. Rajnath Singh, qui présidait la séance, 34 participants de haut niveau ont partagé leurs idées et meilleures pratiques dans le domaine de cette coopération.

Compte tenu de sa vaste expérience en la matière, le Japon a été à la tête de la coopération internationale, a indiqué son Ministre des affaires étrangères, M. Fumio Kishida, en donnant l’exemple de l’aide apportée aux Philippines lors du passage du typhon Haiyan.  Il a annoncé que son pays consacrerait 4 milliards de dollars à cette coopération entre 2014 et 2018, et qu’il formerait au cours de cette période 40 représentants gouvernementaux pour qu’ils jouent un rôle de premier plan dans cette coopération.  Il est ainsi prévu de fournir une assistance non matérielle, notamment pour la création de systèmes juridiques, et une assistance matérielle concentrée sur le développement de connaissances de base.  Son pays s’engage à faire des investissements à long terme, à renforcer les partenariats et à adopter une approche axée sur la sécurité humaine.

Ce besoin de partenariats a été exprimé, en particulier, par le Ministre de l’intérieur et des affaires culturelles du Bhoutan, M. Lyonpo Damcho Dorji, dont le pays -même s’il a créé une autorité de gestion des catastrophes- a toujours besoin de renforcer son expertise technique.  Très vulnérable aux catastrophes naturelles, le Bhoutan ne peut en effet y faire face de façon appropriée parce qu’il ne dispose pas de système de suivi des inondations à cause de ses ressources limitées.  Il nous faudrait aussi un système de prévention des catastrophes, a ajouté le Ministre.  Il s’est toutefois félicité du partage des connaissances, dans le cadre de la coopération régionale, de l’aide fournie par les pays partenaires et les organisations internationales.

Les investissements en faveur de la réduction des risques de catastrophe sont des éléments essentiels de la coopération dans ce domaine, a estimé le Président de l’Agence de coopération internationale du Japon (JICA), M. Akihiko Tanaka.  Selon le PNUD, chaque dollar dépensé dans ce domaine permet d’éviter 7 dollars en termes de risque économique.

Le Fonds vert pour le climat est d’ailleurs prêt à appuyer la mise en œuvre du cadre de réduction des risques de catastrophe post-2015, a assuré sa Directrice exécutive, Mme Hela Cheikhrouhou.  À ce jour, huit entités mondiales et régionales ont déjà été accréditées auprès du Fonds pour en bénéficier, a-t-elle ajouté.

Pour ce qui est du groupe de la Banque mondiale, sa Vice-Présidente, Mme Rachel Kyte, a signalé que le budget de la Banque mondiale consacré aux catastrophes naturelles avait presque doublé au cours de ces dernières années, en précisant qu’il avait atteint près de 6 milliards l’an dernier.

Malgré les efforts financiers, seulement 0,4% de l’aide publique au développement (APD) avait été consacré à la réduction des risques de catastrophe, a regretté le Président de la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), M. Tadateru Konoé.

L’aide financière au développement fournie par les différents acteurs, a fait remarquer Mme Kyte, est trop fragmentée.  Ainsi, Samoa gère 14 projets différents sur le climat et la résilience, tandis que les Îles Salomon en gèrent 22.  D’autres, à l’instar du Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, M. Edgardo Riveros Marin, et du Ministre adjoint des affaires étrangères des Îles Cook, M. Tutai Tura, ont recommandé de simplifier l’attribution des financements.

La Vice-Présidente du groupe de la Banque mondiale a, en outre, insisté pour que l’aide au développement soit assortie d’indicateurs permettant d’évaluer les progrès réalisés, ce qu’a demandé expressément l’Ambassadeur du Maroc au Japon, M. Samir Arrour, en ce qui concerne la mise en œuvre du nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe.

Il faudrait aussi établir des indicateurs pour mieux comprendre la nature et assurer une gestion efficace des risques de catastrophe, a recommandé pour sa part la Directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Mme Inger Andersen.  Dans les zones protégées, a-t-elle expliqué, la nature pouvait aider la population à réduire les risques de catastrophe.

Les écosystèmes doivent permettre de stabiliser la situation, a reconnu la Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, Mme Isabella Lovin, qui, comme le Ministre de l’intégration nationale du Brésil, M. Gilberto Magalhaes Occhi, a souhaité que le cadre de réduction des risques de catastrophe post-2015 s’attaque à résoudre les causes des catastrophes.

De manière générale, l’aide internationale devrait compléter les efforts nationaux et ne pas les remplacer, a rappelé la représentante des Fidji.  S’exprimant dans ce sens, le Vice-Ministre cambodgien pour les catastrophes naturelles a en effet recommandé de se concentrer sur la stratégie nationale de réduction des risques de catastrophe.  

Au cours de la discussion, plusieurs intervenants ont insisté sur les moyens d’améliorer la coopération.  Confiance et appropriation sont les principes clefs de la coopération internationale, a argué la Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas, Mme Elisabeth Ploumen, en demandant que le cadre de Sendai soit basé sur les responsabilités partagées.

Pour le Ministre de la défense civile, des urgences et des catastrophes naturelles de la Fédération de Russie, M. Vladimir Puchkov, il faudrait aussi simplifier les procédures de coopération et d’échange des informations nécessaires à la lutte contre les risques de catastrophe.

Le Ministre russe a aussi proposé de créer un réseau de suivi des risques de catastrophe à l’aide des satellites aux niveaux national et régional.  Pour mettre en œuvre le cadre post-2015, il a dit vouloir faire des propositions en faveur de la promotion de réseaux régionaux et internationaux de prévention et de lutte contre les conséquences des catastrophes naturelles.  Il voudrait aussi créer un centre de suivi d’urgence dans diverses régions, notamment en Asie-Pacifique, où des spécialistes pourraient être formés.  Le système de prévention des tsunamis dans l’est de la Russie a déjà démontré son efficacité, a-t-il indiqué, avant de plaider en faveur d’un cadre juridique international.  

Le Ministre d’État pour le développement international du Royaume-Uni, M. Desmond Swayne, soucieux de ne pas perdre de temps, a plutôt proposé d’utiliser plus efficacement les mécanismes existants plutôt que de créer de nouveaux mécanismes sur lesquels il faudrait se mettre d’accord.

Tout au long de l’après-midi, des ministres ou hauts représentants d’États Membres ont illustré le besoin criant qu’il y a à aider les pays à se prémunir et à gérer les risques de catastrophe.  Le Kirghizstan, par exemple, connait chaque année 200 situations d’urgence, a signalé le Ministre des situations d’urgence de ce pays, M. Boronov Kubatbek, en appelant à l’aide la communauté internationale sans laquelle, a-t-il précisé, le Gouvernement ne peut assurer la protection de toute sa population.

Même son de cloche du côté des petits pays insulaires en développement: chaque année, entre novembre et mai, nous essayons d’estimer ce que les cyclones vont dévaster au cours des mois suivants, a expliqué très concrètement M. Tutai Tura, Ministre adjoint des affaires étrangères des Îles Cook.  La réduction des risques de catastrophe permet d’augmenter nos chances de développement durable, et nous avons besoin de la coopération internationale pour cela, a-t-il lancé.

Les risques sont en effet très élevés pour cette catégorie de pays, comme on le constate ces jours-ci avec le passage du cyclone Pam.  M. Gyan Chandra Acharya, Haut-Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a précisé que ces pays perdaient en moyenne 20 fois plus de capitaux que les autres lors de la survenance de catastrophes.  Il a dès lors appelé à faire tout ce qui est possible pour renforcer leurs capacités de résilience.

Le Commissaire à l’aide humanitaire et à la gestion des crises de l’Union européenne, M. Christos Stylianides, a indiqué à cet égard avoir mobilisé 1 million d’euros pour aider Vanuatu à gérer les conséquences de cette catastrophe et envoyé deux experts afin d’évaluer les besoins humanitaires.

Les ministres et représentants des pays suivants se sont également exprimés: Autriche, Géorgie, Israël, Italie, Kazakhstan, République démocratique populaire lao, Lettonie, Pérou, République de Corée, Roumanie, Slovénie, Espagne et Viet Nam.

 

 

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