En cours au Siège de l'ONU

La Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP s’ouvre sur des appels au maintien de l’élan en faveur du régime de non-prolifération

Conférence d’examen du TNP,
1re & 2e séances – matin & après-midi
CD/3551

La Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP s’ouvre sur des appels au maintien de l’élan en faveur du régime de non-prolifération

« La sécurité nationale de chaque pays ne peut être réalisée qu’en dehors de l’ombre de la menace nucléaire. »  C’est sur ces paroles que le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a donné le coup d’envoi, ce matin, de la neuvième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), sous la présidence de la Représentante permanente de l’Algérie, Mme Taous Feroukhi.

En présence de plusieurs Hibakusha –les survivants des bombardements atomiques de Nagasaki et Hiroshima– le numéro 2 de l’Organisation a exhorté les États Parties à renoncer aux « gesticulations politiques à courte vue » et à adhérer à une « vision audacieuse et globale » répondant aux « exigences de l’humanité », en associant davantage les groupes de la société civile à leurs délibérations, qui se poursuivront jusqu’au 22 mai.

Traité international historique, le TNP repose sur trois piliers: empêcher la propagation des armes nucléaires et de la technologie des armements; promouvoir la coopération aux fins de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et favoriser la réalisation du désarmement nucléaire et du désarmement général et complet.  Il existe plus de 16 000 armes nucléaires prêtes au déploiement dans le monde.

Des conférences visant à examiner la mise en œuvre du Traité se tiennent tous les cinq ans depuis son entrée en vigueur, en 1970.  Chacune d’elles s’achève par l’adoption d’une déclaration finale qui fait le point sur la mise en œuvre des dispositions du TNP et formule des recommandations quant aux mesures à prendre pour le renforcer.

En 2010, un Plan d’action en 64 points a été adopté.  Le Vice-Secrétaire général a encouragé les délégations à suivre cette véritable « feuille de route » pour la réalisation des objectifs du TNP: « Cette Conférence doit maintenant démontrer comment et quand le Plan d’action sera mis en œuvre, sous peine de le voir perdre toute pertinence », a-t-il prévenu.

S’exprimant au nom de l’Initiative non-prolifération et désarmement (NPDI), créée pour assurer le suivi des résultats de la Conférence d’examen du TNP de 2010, le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Bert Koenders, a annoncé la diffusion auprès des États Parties d’un « document de travail » visant à faciliter les négociations autour d’un document final axé sur les trois piliers du Traité.

Cette première journée de débat a permis de faire un bilan des développements récents survenus dans le domaine de la non-prolifération, à commencer par l’annonce, faite récemment par le groupe des 5+1* –les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne– et l’Iran, d’un accord sur « les paramètres d’un Plan d’action global conjoint », dont s’est félicité notamment le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  M. Yukiya Amano a toutefois fait observer qu’à ce jour, « l’AIEA n’est toujours pas en position de fournir une assurance crédible au sujet de l’absence de matériaux nucléaires non déclarés dans ce pays ».

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, M. Javad Zarif, qui s’exprimait aujourd’hui au nom du Mouvement des non-alignés (NAM), a réaffirmé, au titre de l’article IV du TNP, le « droit souverain » de chaque État partie de définir sa politique énergétique et de développer, à des fins pacifiques, « un cycle national complet du combustible nucléaire », rejetant les restrictions ou limitations que certains veulent imposer à cet égard.

Le Secrétaire d’État des États-Unis s’est pour sa part réjoui des progrès accomplis sur la voie d’un accord qui permettrait de veiller à ce que Téhéran ne « dispose pas d’ingrédients nécessaires à la fabrication d’une bombe, mais bien de matériaux à usage pacifique ».

Tandis que le Chef de la diplomatie iranienne se déclarait « gravement préoccupé » par « les doctrines militaires et sécuritaires » des États dotés de l’arme nucléaire « et de l’OTAN », qui maintiennent à son avis sans justification un concept de sécurité fondé sur la dissuasion nucléaire et des alliances militaires, son homologue américain a assuré que les États-Unis s’employaient vigoureusement au désarmement, ayant déjà diminué leurs arsenaux « de 70% par rapport au pic de la guerre froide ».

« Le Président Obama a décidé d’accélérer le démantèlement de 20% des ogives nucléaires restantes et de ne pas en fabriquer d’autres, tout en ayant pris les mesures nécessaires pour sécuriser et neutraliser l’arsenal nucléaire du pays », a déclaré M. Kerry, qui a également fait part de l’intention de son administration de réduire d’un tiers le stock de ses armes nucléaires actives en invitant la Fédération de Russie à faire de même, dans le cadre de l’accord New START qui lie bilatéralement les deux pays.

Assurant que son pays était disposé à poursuivre la mise en œuvre de cet accord, le représentant russe, M. Mikhaïl Ulianov, a toutefois estimé que les États-Unis n’avaient pas changé leur politique « d’un iota », déplorant qu’ils cherchent à déployer des systèmes antimissiles, « notamment en Pologne ».

Inquiet quant à lui de la course aux armements dans laquelle semble s’être lancée la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui prétend être la « plus jeune puissance nucléaire au monde », le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, M. Shin Dong-Ik, a exhorté son voisin à rejoindre le TNP et les garanties de l’AIEA, dont les inspecteurs sont persona non grata depuis six ans dans ce pays.

Cet appel a été repris par plusieurs intervenants, dont le Secrétaire d’État américain, qui a affirmé que le régime nord-coréen demeurerait « enfermé dans son isolement » tant qu’il persisterait à ignorer ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.  Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Li Baodong, a estimé qu’il fallait renoncer à la pratique du « deux poids, deux mesures » et pleinement respecter les intérêts légitimes et les préoccupations de tous les pays dans le domaine du nucléaire.

Le Royaume-Uni, a indiqué la Ministre d’État du Bureau des affaires étrangères et du Commonwealth de ce pays, s’est fixé quant à lui l’objectif de ramener, d’ici à 2025, à hauteur de 180 le nombre de têtes nucléaires de l’arsenal britannique.  Nous conserverons toutefois une force de dissuasion nucléaire minimum crédible et effective « tant que la situation sécuritaire globale rendra cela nécessaire », a-t-elle précisé.

Enfin, le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, M. Sameh Choukri, a plaidé en faveur d’« idées nouvelles » afin d’encourager tous les pays, notamment les cinq membres permanents du Conseil, à se montrer « à la hauteur de leurs responsabilités » pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. « Cette Conférence constitue la dernière chance de restituer au TNP sa crédibilité », a-t-il lancé.

La Conférence poursuivra son débat général demain, 28 avril, à 10 heures, dans la salle de l’Assemblée générale.

*     Chine, États-Unis, France, Fédération de Russie et Royaume-Uni

 

CONFÉRENCE DES PARTIES CHARGÉE D’EXAMINER LE TRAITÉ SUR LA NON-PROLIFÉRATION DES ARMES NUCLÉAIRES EN 2015

Débat général

S’exprimant au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a réitéré que l’élimination des armes nucléaires est une priorité de l’Organisation des Nations Unies. « Aucune autre arme n’a le potentiel d’infliger des destructions aussi importantes que celles que peuvent causer les armes nucléaires en ce monde », a-t-il souligné, avant de rappeler que le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) est la pierre angulaire du régime de non-prolifération et une base essentielle pour la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  « Un monde exempt d’armes nucléaires est un bien public mondial qui profite à toutes les nations », a déclaré le Vice-Secrétaire général.

Cette Conférence d’examen consiste à veiller à ce que le Traité conserve le rôle central qu’il joue dans notre sécurité collective et à tracer une voie claire pour ce que ce régime sera en 2020, lors du cinquantième anniversaire de son entrée en vigueur, a poursuivi le Vice-Secrétaire général.

M. Eliasson a demandé aux États Parties au TNP de travailler « de manière constructive et acharnée » dans les prochaines semaines, en vue de parvenir à un résultat qui soit de nature à renforcer le Traité, à favoriser son universalité, à assurer le respect par toutes les parties de toutes les dispositions existantes et à renforcer les principaux objectifs de cet instrument qui sont: prévenir la propagation des armes nucléaires, et parvenir à leur élimination.  « Je vous exhorte à chercher un terrain d’entente, à être inclusif et à faire preuve de souplesse », a lancé M. Eliasson aux délégations, en les invitant à s’engager davantage auprès des groupes de la société civile.  Les pétitions adressées par plusieurs organisations non gouvernementales au Président de la Conférence et à l’ONU ont en effet été signées par des millions de citoyens concernés à travers le monde, a précisé le Vice-Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.

En 2010, parallèlement aux progrès enregistrés, après 15 années d’inaction, dans la mise en œuvre de la résolution adoptée en 1995 portant sur le Moyen-Orient, un accord a été conclu sur le Plan d’action en 64 points, faisant de cette Conférence d’examen une réussite.  Reflet d’un consensus international considérable, cet accord constitue une feuille de route pour la réalisation des objectifs du TNP, a expliqué le Vice-Secrétaire général.

« Cette Conférence doit maintenant démontrer comment et quand le plan d’action sera mis en œuvre, sous peine de le voir perdre toute pertinence.  Ces progrès exigent que tous les États Parties se conforment à leurs obligations au titre de chacun des piliers du Traité, qui se renforcent mutuellement. »  Fondamentalement, a ajouté M. Eliasson, le TNP est un grand « marchandage » soutenu par la relation symbiotique entre désarmement nucléaire et non-prolifération.

« Depuis la dernière Conférence d’examen, le danger posé par les armes nucléaires est toujours là, et des défis de prolifération continuent de se poser, notamment avec le cas de la République populaire démocratique de Corée, a dit M. Eliasson.  Pourtant, l’entente à laquelle sont parvenus le P5 + 1 et l’Iran prouve que ces défis peuvent être résolus par le biais de la diplomatie, s’est-il ensuite félicité.  À cet égard, un accord définitif, vérifié par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pourrait aider à répondre aux graves préoccupations qui se posent en matière de sécurité régionale au Moyen-Orient.

Par ailleurs, une zone du Moyen-Orient exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive présenterait des avantages considérables, outre les gains en matière de désarmement et de non-prolifération qui découleraient d’un tel accord.  Mais il est décevant de constater que trop peu de progrès ont été réalisés en ce domaine jusqu’à présent, a observé M. Eliasson.  « La Conférence d’examen doit donc se concentrer sur la recherche de moyens en vue de permettre aux États de la région d’aller de l’avant sur cette question dans un esprit d’unité. »

Entre 1990 et 2010, la communauté internationale a pris des mesures audacieuses en vue de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Des réductions massives des arsenaux ont été constatées, et des mesures impressionnantes allant vers l’adoption de doctrines nucléaires plus transparentes ont été adoptées, a noté le Vice-Secrétaire général.

« Je suis profondément préoccupé qu’au cours des cinq dernières années, ce processus semble être au point mort.  Des développements récents indiquent que la tendance en faveur du « zéro nucléaire » fait marche arrière.  Au lieu de progresser vers de nouveaux accords de réduction des armements, des allégations de violations ou de déstabilisation des accords existants sont signalées de part et d’autre », a dénoncé M. Eliasson.

En lieu et place d’un traité d’interdiction des essais nucléaires complète en vigueur ou d’un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d’armes nucléaires, nous assistons à des programmes de modernisation coûteux qui pérennisent les arsenaux nucléaires pour les décennies à venir, s’est-il inquiété.  « Au lieu de privilégier les propositions visant à accélérer le désarmement nucléaire, notamment le plan en cinq points, il y a eu un retour dangereux de mentalités qui sont des réminiscences de la Guerre froide. »

C’est la raison pour laquelle nous devons appeler les dirigeants à renoncer aux « gesticulations politiques à courte vue », et à adhérer à une « vision audacieuse et globale » répondant aux « exigences de l’humanité », a souligné M. Eliasson.  « La sécurité nationale de chaque pays ne peut être réalisée qu’en dehors de l’ombre de la menace nucléaire », a lancé le Vice-Secrétaire général.

Tel est le message des Hibakusha, qui ont survécu aux attaques nucléaires il y a 70 ans à Hiroshima et à Nagasaki, a-t-il rappelé.  « Je défie quiconque de regarder dans les yeux ces personnes courageuses et résilientes et de leur dire que vous savez mieux qu’elles ce que les armes nucléaires peuvent faire. »  Ces rescapés sont un « rappel vivant » des conséquences humanitaires destructrices des armes nucléaires et de la nécessité urgente de les éliminer, a dit le Vice-Secrétaire général.  Remerciant ceux et celles d’entre eux qui participent à la Conférence, M. Eliasson s’est dit également encouragé par l’élan en faveur de la prise en compte des considérations humanitaires dans les délibérations.  « Le mouvement humanitaire a insufflé une dimension morale dans un débat gelé, et il devrait faire l’objet d’un examen sérieux par la Conférence d’examen. »

Le Vice-Secrétaire général a, en conclusion, appelé les États Membres à agir d’urgence pour assumer leurs responsabilités afin de parvenir à « un avenir plus sûr pour tous ».

M. YUKIYA AMANO, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré que l’organisation qu’il dirige et le TNP avaient un objectif commun, « qui est d’assurer que l’humanité tire un bénéfice maximal de l’usage pacifique de l’énergie et de la technologie nucléaires », que ce soit dans les domaines du développement, de la santé, de l’agriculture et de la gestion des eaux et de l’énergie.  Le Document final de la Conférence d’examen du TNP de 2010 a souligné l’importance du programme de coopération technique de l’AIEA, considéré comme un des « principaux vecteurs du transfert de technologies nucléaires à des fins pacifiques », a rappelé M. Amano.  Rappelant aussi que l’épisode le plus marquant de ces cinq dernières années dans le domaine de l’énergie nucléaire avait été l’incident survenu à la centrale de Fukushima Daiichi, au Japon, en mars 2011, il a dit que l’AIEA était en train de finaliser un rapport fondé sur les faits, équilibré et qui fera autorité, afin de prévenir que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir. 

Dans le monde actuel, la menace du terrorisme nucléaire continue de se poser, et l’Agence, a assuré M. Amano, est bien placée pour jouer un rôle central et agir à l’unisson de la communauté internationale pour lutter contre toute manifestation de ce fléau.  Selon le Directeur général, l’étape la plus importante à franchir dans l’immédiat dans le domaine de la sécurité nucléaire est l’entrée en vigueur de l’amendement de 2005 à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.  Si celle-ci est désormais à portée de main, a indiqué M. Amano, il faut encore que 17 États Membres ratifient cet amendement pour qu’il entre en vigueur.  Aussi a-t-il appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.

Comme l’a noté le Document final de la Conférence d’examen de 2010, les garanties de l’AIEA sont une composante fondamentale du régime de non-prolifération nucléaire et jouent un rôle indispensable dans la mise en œuvre du TNP, a poursuivi M. Amano, en précisant que l’Agence appliquait ces garanties à plus de 1 250 sites situés dans 180 États différents, « soit une centaine de sites en plus qu’il y a cinq ans ».  La mise en œuvre d’un protocole additionnel a considérablement accru la capacité de l’Agence à détecter les activités et matériaux nucléaires non déclarés, s’est-il félicité en soulignant que 24 États avaient adopté de tels protocoles depuis 2010, portant le nombre total à 125.

Le Directeur général de l’AIEA s’est ensuite ému de la situation en République populaire démocratique de Corée, où les inspecteurs de l’AIEA ont été déclarés persona non grata il y a six ans.  Il a donc appelé ce pays à respecter les obligations qui lui incombent en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et à coopérer pleinement avec l’Agence.  M. Amano a ensuite indiqué qu’en Iran, l’Agence continue de vérifier la non-diversion de matériaux nucléaires déclarés par ce pays dans le cadre de ses Accords de garantie.  « Toutefois, l’Agence n’est pas en position de fournir une assurance crédible au sujet de l’absence de matériaux et activités nucléaires non-déclarés en Iran, et donc de conclure à l’utilisation de tous les matériaux nucléaires présents dans ce pays à des fins pacifiques. »  L’AIEA salue néanmoins l’annonce faite récemment par le groupe des 5+1 et l’Iran concernant les paramètres d’un Plan d’action global conjoint, a ajouté le Directeur général qui a affirmé que l’Agence poursuivrait ses mesures de vérification en Iran une fois cet accord conclu entre les parties.  La mise en œuvre du protocole additionnel par le régime iranien permettrait à l’AIEA de fournir une assurance crédible quant à l’absence de matériaux et d’activités nucléaires non déclarés sur son territoire, a fait observer M. Amano.  En conclusion, il a appelé la Syrie à coopérer pleinement avec l’AIEA pour résoudre toutes les questions en suspens liées à la destruction, en septembre 2007, d’un bâtiment sur le site de Dair Alzour, bâtiment « qui abritait très probablement un réacteur nucléaire qui aurait dû être déclaré à l’Agence ».

M. JAVAD ZARIF, Ministre des affaires étrangères de l’Iran, s’exprimant au nom du Groupe des États non alignés, Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a déclaré que l’application complète, non discriminatoire et équilibrée des trois piliers du TNP était essentielle pour maintenir sa crédibilité, réaliser ses objectifs et promouvoir la paix et la stabilité internationales.  À cet égard, il a regretté que l’état d’avancement de la mise en œuvre du Plan d’action convenu en 2010 soit « loin d’être encourageant ».

Pour les pays non alignés, le désarmement nucléaire est une priorité absolue, a souligné M. Zarif.  Ils souhaitent ainsi entamer la négociation urgente et parvenir à la conclusion, dans le cadre de la Conférence du désarmement, d’un traité sur l’élimination complète des armes nucléaires.  

« Nous restons gravement préoccupés par les doctrines militaires et sécuritaires des États dotés de l’arme nucléaire et de l’OTAN qui justifient l’utilisation ou la menace de l’utilisation des armes nucléaires et maintiennent sans justification le concept de sécurité basé sur la dissuasion nucléaire et des alliances militaires nucléaires », a dit le Ministre iranien.  Les États non alignés considèrent que toute utilisation ou menace d’utilisation de telles armes constituerait un « crime contre l’humanité » et une violation des principes de la Charte des Nations Unies.  En outre, a poursuivi le Ministre, les pays non alignés sont déçus par le manque de volonté politique et d’efforts de la part des États dotés pour répondre aux intérêts légitimes de tous les États Parties non dotés d’armes atomiques qui doivent obtenir des garanties de sécurité inconditionnelles et juridiquement contraignantes.

M. Zarif a considéré que la prolifération horizontale et le partage d’armes nucléaires par les États Parties constituaient une violation du régime de non-prolifération, conformément aux articles I et II du TNP.  Il a estimé que l’AIEA était la seule autorité compétente pour vérifier la mise en œuvre des obligations découlant des accords de garanties.

En outre, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, les États Parties au TNP membres des pays non alignés attachent une grande importance à l’application de l’article IV du Traité, relatif au droit inaliénable de toutes les parties de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sans discrimination.  Chaque État Partie a le droit souverain de définir sa politique énergétique et de développer, à des fins pacifiques, un cycle national complet du combustible nucléaire.  Par conséquent, a ajouté M. Zarif, « les choix et les décisions de chaque État Partie en matière d’utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire devraient être pleinement respectés ».  Il a rejeté toutes les restrictions ou limitations que certains veulent imposer à cet égard.

Par ailleurs, les chefs d’État et de gouvernement du Mouvement des pays non alignés ont réitéré leur appui à la création rapide d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, a souligné le Ministre.  Ils ont également demandé à Israël de renoncer à la possession d’armes nucléaires et d’accéder, sans conditions préalables, et sans délai, au TNP.  De plus, les États non alignés rejettent les arguments avancés pour ne pas tenir la conférence visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient. 

M. MIROSLAV LAJCAK (Slovaquie) a appelé au réalisme et au pragmatisme dans la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Face à la détérioration grave de la situation sécuritaire dans le monde, il faut saisir ce moment pour protéger le Traité et aller de l’avant dans l’application du Plan d’action 2010.  Face aux différences de vue croissantes entre les Parties au TNP, le défi sera de parvenir à un terrain d’entente commun acceptable par tous, sur la base d’une approche équilibrée du Traité et de ses trois piliers.  Le représentant a toutefois averti qu’un tel consensus ne devait pas se faire au détriment de certaines questions qui relèvent du cadre exclusif du TNP.

La délégation slovaque estime que l’élimination des arsenaux nucléaires fait intégralement partie de la vision d’un monde dépourvu d’armes nucléaires, et cette approche va « main dans la main » avec la réduction des arsenaux.  Elle est préoccupée par le fait que les récentes tensions en Europe se sont accompagnées d’une augmentation sensible des références à un recours potentiel à l’usage des armes nucléaires si la situation s’aggravait.  La Slovaquie estime que la voie à suivre consisterait plutôt à diminuer le rôle des armes nucléaires dans les stratégies sécuritaires et les doctrines de défense, a expliqué son représentant.  Il a préconisé par conséquent un ensemble d’instruments qui se renforceraient mutuellement et qui seraient juridiquement contraignants en vue de parvenir à une véritable élimination des armes nucléaires.  Il a indiqué que la Slovaquie avait participé aux trois conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, soulignant qu’il ne faut pas perdre de vue les implications humanitaires dans le contexte du TNP, et que sont précisément ces considérations qui exigent la poursuite du processus en cours.

S’agissant de régime de non-prolifération, il a dénoncé le non-respect des obligations sous ce régime.  Pour sa part, la Slovaquie coopère pleinement avec l’AIEA et lance un appel à tous les États Parties qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier l’Accord de garanties généralisées et son protocole additionnel.  Elle soutient le processus diplomatique E3+3 et l’Iran pour trouver une solution globale à la question du nucléaire iranien.

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Jordanie, s’est déclaré préoccupé par la persistance de foyers de tensions dans plusieurs régions du monde, où des groupes terroristes redoublent d’efforts pour acquérir des armes de destruction massive.  Face à une telle situation, la Conférence d’examen du TNP doit s’efforcer de parvenir à un consensus aussi large que possible pour définir une position commune dans le régime de non-prolifération.  Mettre pleinement en œuvre le TNP, a expliqué M. Judeh, suppose cependant l’universalisation de cet instrument juridiquement contraignant et la réalisation de zones exemptes d’armes nucléaires dans différentes régions du monde.  C’est tout particulièrement le cas pour le Moyen-Orient, où la résolution de la Conférence d’examen de 1995 n’a toujours pas été appliquée, a souligné le Chef de la diplomatie jordanienne.

M. Judeh a reconnu que de nombreux États ont besoin de développer des programmes nucléaires à des fins pacifiques, notamment sur le plan énergétique, à condition qu’ils respectent les normes de sûreté convenues au niveau international, notamment les accords de garantie de l’AIEA.  Il s’est ensuite félicité de l’annonce faite par le groupe des 5+1 et l’Iran au sujet d’un accord, dont il a espéré que la mise en œuvre contribuerait à une atmosphère de paix dans le monde.  Pour sa part, a assuré le Ministre des affaires étrangères, la Jordanie respecte ses obligations internationales, notamment la résolution 1540 du Conseil de sécurité, comme en témoigne l’organisation, le mois prochain, d’un atelier sur la mise en œuvre de cette résolution.  Évoquant ensuite les relations robustes qu’entretient son pays avec le Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE), il a assuré que la Jordanie était prête à coopérer de manière constructive et collégiale à la réalisation du TNP en mettant en œuvre tous les aspects de l’Accord en 64 points adopté afin de prévenir la prolifération. 

S’adressant à la salle, Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a demandé: « Que sommes-nous supposés faire aujourd’hui, sachant que les armes chimiques sont toujours utilisées, et qu’il existe encore plus de 16 000 armes nucléaires qui peuvent être déployées en l’espace de quelques minutes? ».  Répondant à ces interrogations, elle a souligné que, d’une part il ne fallait pas perdre espoir, et, que de l’autre, les tensions croissantes dans le monde et la dégradation de la situation sécuritaire ont suscité une prise de conscience accrue des risques auxquels nous faisons face.  Elle a rappelé que lorsque la volonté politique nécessaire était là, il a été, dans le passé, possible de faire des progrès, ce qui s’est notamment traduit par des accords sur la réduction des arsenaux nucléaires et par la signature et la ratification de traités de désarmement, ou encore par des négociations sur le programme nucléaire iranien qui sont soutenues par la Suède.  Nombreux sont les pays et les individus qui reconnaissent que le statu quo est juste insoutenable, et que tant que des armes nucléaires existent, le risque de recourir à leur emploi existe aussi. 

C’est cette prise de conscience qui est à l’origine de l’initiative sur l’impact humanitaire de ces armes, qui est soutenue par 150 pays, dont la Suède, a rappelé Mme Wallström en souhaitant que le large soutien dont elle bénéficie soit mis à profit pour parvenir à des résultats concrets en termes de désarmement.  Pour la Suède, il faut mettre les humains au premier plan et au cœur du processus de désarmement nucléaire et de la non-prolifération, a-t-elle souligné.  La Suède est déterminée à en faire un des principes directeurs de cette Conférence d’examen, de manière à déboucher sur des recommandations qui permettraient de faire avancer le travail sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, tel que cela est proposé dans le document de travail présenté par la Suède et ses partenaires à ce sujet, a dit la Ministre.

Après avoir lancé un appel pour l’universalisation du TNP, Mme Wallström a rappelé que la Suède et ses voisins, les États nordiques, ont présenté des recommandations à la Conférence pour faire avancer le processus du désarmement nucléaire, et d’autres, qui portent sur des mesures de réduction du risque.

Avant de conclure, elle a salué le nouvel accord START passé entre la Fédération de Russie et les États-Unis et a exhorté la Fédération de Russie à donner suite à la proposition faite par le Président Obama, des États-Unis, en 2013, de poursuivre les négociations sur la réduction des arsenaux nucléaires de deux pays.  La Suède demande à ce que les armes nucléaires non stratégiques soient incluses dans toute future négociation.  Elle est également en faveur de la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. DIDIER BURKHALTER, Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a dit que le Traité sur la non-prolifération (TNP) est « l’une des clefs de voûte de la sécurité internationale » et constitue un pilier majeur des efforts déployés par la Suisse pour contribuer à créer un monde meilleur et plus sûr.  Il a estimé que les mutations de pouvoir à travers le monde, les tensions géopolitiques actuelles et les instabilités régionales étaient de nature à compliquer le processus de désarmement et de non-prolifération, mais que ces défis ne « doivent pas servir de prétexte à l’inaction ».  Il a appelé toutes les Parties à saisir l’occasion offerte par la Conférence d’examen du TNP pour « véritablement rechercher un terrain d’entente, contribuer à atteindre un résultat consensuel, et donner un nouveau souffle au TNP.  Il a exhorté toutes les Parties à s’engager dans un vrai dialogue constructif.  À cet égard, M. Burkhalter a souligné que le document final de la Conférence « devrait porter ce dialogue, en réaffirmant les accords antérieurs et en traçant la voie pour aller réellement de l’avant dans les trois piliers du Traité que sont la non-prolifération, l’usage pacifique du nucléaire et surtout, le désarmement ».

Le Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse a estimé que le document final devra confirmer que le Plan d’action adopté voici cinq ans « reste notre feuille de route ».  Il a proposé de fixer des « critères de référence » ambitieux mais réalistes, pour accélérer la mise en œuvre de toutes les mesures dudit Plan d’action.  Évoquant les conséquences humanitaires catastrophiques de l’emploi des armes nucléaires, il a mis l’accent sur la responsabilité première qu’ont les autorités de protéger les peuples contre de telles catastrophes, avant de déclarer que des négociations sur le désarmement nucléaire visant des résultats concrets et dans le cadre d’une approche inclusive sont un impératif, et qu’il faut redoubler d’efforts pour convenir d’objectifs quantitatifs de réduction.

M. Burkhalter a également encouragé les participants à la Conférence à combler les vides juridiques qui existent dans le régime nucléaire actuel.  Notant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’est toujours pas entré en vigueur et que les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles n’ont pas encore été entamées, il a préconisé une réflexion approfondie et inclusive sur la possibilité de développer des instruments additionnels pour faire avancer le processus de désarmement nucléaire multilatéral.  Il a de même recommandé que des processus coopératifs, avec les États disposant de l’arme nucléaire et « non pas contre eux » soient mis en place.  Il a annoncé qu’en collaboration avec la Suède, la Nouvelle-Zélande et « Global Zéro », la Suisse présentera, cette semaine, des suggestions pour réduire les niveaux d’alerte nucléaire.  Il a aussi indiqué que cette Conférence d’examen doit également montrer un soutien concret aux efforts visant à la convocation d’une conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, et a relevé que les consultations organisées par le facilitateur en Suisse prouvent qu’il est possible de compter sur la participation de tous les États concernés.

S’agissant de la non-prolifération, il a salué la déclaration commune sur le programme nucléaire iranien prononcée à Lausanne, et il a encouragé les parties à conclure un accord global et durable, en proposant les bons offices de la Suisse pour toute nouvelle étape. Il a appelé par ailleurs la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à réintégrer le TNP et a invité les parties engagées dans les pourparlers à six à relancer le processus de négociation.    

M. JUAN MANUEL GOMEZ ROBLEDO, Sous-Secrétaire pour les affaires multilatérales et les droits de l’homme du Mexique, a salué les progrès accomplis dans l’application du TNP qui ont permis d’empêcher que plus d’États ne développent des armes nucléaires, avant de noter que la majorité des États avaient adhéré au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Néanmoins, il existe encore plus de 16 000 armes nucléaires prêtes à l’usage à travers le monde, ce qui sape le régime établi par le TNP, a-t-il déploré. 

Le Mexique, a indiqué M. Gomez Robledo, juge que la possession d’arsenaux nucléaires n’est ni légale, ni légitime.  Le désarmement nucléaire constitue « une obligation morale dont dépend l’avenir du monde » et « la dissuasion nucléaire est un obstacle pour la paix », a-t-il estimé.  Il a souligné que les trois conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires organisées en Norvège, au Mexique et en Autriche ont abouti à une entente sur la nécessité d’éliminer le risque d’une explosion nucléaire et contribué à une meilleure compréhension de l’esprit et de la lettre du TNP.  À ce sujet, le Mexique se félicite que 80% des États Membres de l’ONU appuient ladite « Initiative humanitaire », a déclaré M. Robledo.

Le Mexique estime qu’il faut négocier un instrument juridiquement contraignant pour interdire le développement, la production, le stockage, la possession, le transfert et l’emploi des armes nucléaires, a conclu M. Gomez Robledo.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, s’est, dans un premier temps, exprimé au nom de l’Australie, du Canada, du Chili, de l’Allemagne, du Japon, du Mexique, du Nigéria, des Philippines, de la Pologne, de la Turquie et des Émirats arabes unis, États qui sont tous membres de l’Initiative non-prolifération et désarmement (NPDI), créée et lancée pour assurer le suivi des résultats de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Les différents États non dotés de l’arme nucléaire qui sont membres de l’Initiative en font aussi la force, a expliqué le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, et ils s’efforcent de jeter des ponts entre les différentes positions pour faire de la Conférence de 2015 un succès.

Gravement préoccupés par les conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation d’armes nucléaires, les États membres de la NPDI sont favorables à l’universalité du TNP, a poursuivi M. Koenders.  Il a invité les dirigeants politiques du monde entier à aller à Hiroshima et à Nagasaki pour se rendre compte de l’impact que peuvent avoir des bombes atomiques.  À cet effet, il a réaffirmé les positions exprimées dans la Déclaration ministérielle d’Hiroshima, oubliée en avril 2014. 

Pour cette Conférence d’examen des Parties au TNP, la coalition de la NPDI a préparé un document de travail qui contient une liste de recommandations en vue de l’élaboration et de l’adoption d’un document final portant sur les trois piliers du Traité, a indiqué M. Koenders.  Si les États membres de l’Initiative apprécient les mesures prises par les États dotés de l’arme nucléaire, y compris la Fédération de Russie et les États-Unis dans le cadre du nouveau Traité START, ils constatent néanmoins qu’il existe encore plus de 16 000 armes nucléaires opérationnelles dans les arsenaux mondiaux, a relevé le Ministre des affaires étrangères néerlandais.  M. Koenders a ensuite souhaité le renforcement de l’autorité de l’AIEA et a souligné l’importance, pour tous les États, de l’accès à la science et à la technologie nucléaires à des fins civiles et pacifiques.

M. Koenders a ensuite fermement condamné le développement par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de programmes de missiles balistiques destinés au transport d’ogives nucléaires.  Il s’est dit encouragé par l’entente à laquelle sont parvenus l’Iran et les pays du groupe E3+3 en vue de l’adoption et de la mise en œuvre d’un plan d’action global sur le programme nucléaire de l’Iran.  Enfin, il a encouragé toutes les parties prenantes, dont notamment les États du Moyen-Orient, à parvenir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive couvrant cette région.

S’exprimant au nom de son pays, le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas a rappelé qu’il y a cinq ans, les États Parties au TNP étaient tombés d’accord pour conclure un ambitieux Plan d’action pour mettre en œuvre les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Nous sommes réunis aujourd’hui pour réfléchir aux prochaines étapes à suivre, a-t-il estimé, se félicitant des progrès réalisés depuis 2010.  La mise en œuvre continue du Traité New START, conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie, a contribué à ramener les arsenaux nucléaires de ces deux pays à leurs stocks les plus bas depuis plus de 50 ans, a fait remarquer le Ministre néerlandais.  La France et le Royaume-Uni ont unilatéralement pris la décision de réduire leurs stocks, a poursuivi M. Koenders, qui s’est également félicité de constater que l’Iran et le groupe des 5+1 se sont entendus sur les paramètres d’un accord relatif au programme nucléaire de ce pays.  Il reste toutefois encore beaucoup à faire, a-t-il dit.  Il faut notamment renforcer le régime de garanties de l’AIEA et sa capacité à vérifier de manière efficace que tous les matériaux fissiles présents dans les États non nucléaires sont utilisés à des fins pacifiques.  Aussi les Pays-Bas appellent-ils tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier et à mettre en œuvre le Protocole additionnel au TNP.  S’agissant enfin du désarmement, les Pays-Bas sont favorables aux réductions stratégiques des ogives et des vecteurs des arsenaux nucléaires, a expliqué le Chef de la diplomatie néerlandaise, en soulignant l’importance de l’article VI du Traité et en affirmant que la fabrication, la possession et l’usage de l’arme nucléaire devaient être « bannis ».

M. IGNACIO IBAÑEZ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a estimé que la Conférence d’examen du TNP de 2015 était une occasion « magnifique » pour faire le bilan de la mise en œuvre du Plan d’action issu de celle de 2010, en vue du renforcement d’un Traité qui a grandement contribué à la paix et à la sécurité internationales. « Nous sommes ici réunis pour aborder des problèmes et rechercher des solutions », a-t-il poursuivi, en formant le vœu que le projet d’accord conclu le 2 avril à Lausanne sur le programme nucléaire iranien puisse être finalisé et se concrétiser dans les semaines à venir.  Il a également exprimé sa conviction que la négociation est la seule forme d’action permettant de résoudre des questions d’une telle complexité.

Le Secrétaire d’État espagnol a mis l’accent sur le fait que le TNP devrait devenir universel, et il a regretté qu’alors qu’en 2016, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) célébrera le vingtième anniversaire de son adoption, il n’est toujours pas entré en vigueur, faute de ratifications cruciales.  M. Ibañez a également considéré nécessaire d’entamer des négociations au sein de la Conférence du désarmement à Genève en vue de l’adoption d’un traité mondial d’interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d’armes nucléaires ou autres explosifs atomiques.  M. Ibañez a réaffirmé à cet égard le ferme appui de l’Espagne à la Conférence de désarmement en tant qu’organe unique établi pour la négociation de traités multilatéraux, et il a regretté, dans ce contexte, la « paralysie dans laquelle la Conférence semble s’être installée depuis trop longtemps maintenant ».  En revanche, il a fermement appuyé tous les efforts déployés dans la lutte contre une prolifération asymétrique des armes nucléaires, conformément à la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, dont le Comité est présidé par l’Espagne, ainsi que les efforts tendant au renforcement de la sécurité nucléaire, notamment dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a fait remarquer que la Conférence d’examen du TNP de 2015 est organisée à un moment où l’on célèbre l’avènement de l’ONU, née il y a 70 ans, et la consécration des principes de paix et de sécurité.  Le seul défi qui perdure a trait à la sécurité et à la stabilité, a indiqué M. Lamamra en regrettant qu’il y ait encore dans certains arsenaux des armes nucléaires qui font peser une menace réelle sur le monde et sur l’humanité.  Si, dans une large mesure, le TNP a été couronné de succès en ce qu’il a contribué à limiter les possibilités de guerre nucléaire, son objectif le plus élevé et le plus noble, qui est d’éliminer toutes les armes nucléaires, n’a malheureusement pas encore été atteint, a déploré le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie.

M. Lamamra a évoqué les acquis de la Conférence d’examen de 2010, mais il a aussi constaté que les armes nucléaires restent néanmoins utilisées comme outil de dissuasion par les États qui en sont dotés.  Ce sont 30 milliards de dollars par an qui sont dépensés afin d’entretenir ces arsenaux, une somme disproportionnée par rapport aux besoins qui se posent en matière de financement pour le développement, a-t-il estimé.  Il faut continuer d’exiger le non-emploi et le non-recours à la menace d’emploi de ces armes et créer un instrument juridiquement contraignant à cette fin, a préconisé M. Lamamra.

« Les sociétés civiles sont bien conscientes des dangers qui accompagnent l’acquisition d’armes nucléaires », a poursuivi le Ministre.  Il faut lutter contre cette menace grâce à une attitude plus assertive, a-t-il ajouté, notamment en se ralliant aux initiatives humanitaires.  Il a réaffirmé que la non-prolifération est la responsabilité de tous les États Parties, qu’ils soient dotés ou non de l’arme nucléaire.  Les États non dotés d’armes atomiques ne doivent pas être soumis à des obligations supplémentaires dans le cadre du TNP et ils doivent  accepter celles qui ont déjà été stipulées dans les dispositions du Traité, a souligné le Ministre.  

Enfin, M. Lamamra a insisté sur l’indépendance de l’AIEA, qui est la seule agence autorisée à vérifier les engagements de toutes les Parties et leur respect.  Il ne faut pas « politiser les travaux de l’Agence », a souligné M. Lamamra.  L’Algérie, qui appartient à une zone exempte d’armes nucléaires, celle couverte par le Traité de Pelindaba, est préoccupée par « les pierres d’achoppement qui privent la région du Moyen-Orient de la création d’une telle zone », a noté le Ministre.

M. FUMIO KISHIDA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a estimé que les dirigeants politiques devaient faire des évaluations objectives des environnements sécuritaires de leur pays sans jamais perdre de vue l’impact humanitaire potentiel des armes nucléaires.  En tant que Ministre des affaires étrangères du Japon, seul pays victime de la bombe atomique, il s’est dit déterminé à faire avancer les progrès sur la voie d’un monde sans armes nucléaires.  Avec plus de 16 000 armes nucléaires dans le monde, il est temps d’accélérer le processus du désarmement, a-t-il souligné, réaffirmant l’attachement de son pays au TNP et à ses trois piliers.  « Il n’existe pas de raccourci au désarmement nucléaire et à la non-prolifération », a-t-il noté, estimant que seule la coopération entre puissances nucléaires et autres pays pouvait mener à bien ce processus.

M. Kishida a par ailleurs indiqué que son pays accordait un intérêt particulier aux cinq points suivants de cette Conférence: la transparence des forces nucléaires; une réduction plus soutenue de tous les types d’armes et d’ogives nucléaires; la réduction des arsenaux n’ayant porté jusque-là que sur les armes stratégiques; la reconnaissance commune des conséquences humanitaires des armes nucléaires et l’unité de vue de la communauté internationale en faveur d’un monde sans armes nucléaires, et la visite de Nagasaki et de Hiroshima effectuée par les dirigeants politiques et les jeunes du monde entier pour constater personnellement la réalité de l’utilisation de la bombe atomique.

Le Ministre a rappelé qu’entre le 30 juillet et le 6 août prochains, le Japon accueillerait 2 400 jeunes du monde entier dans le cadre du Programme de paix Hiroshima et Nagasaki, ainsi que la Conférence du désarmement et celle du TICE prévues en août de cette année.

Le cinquième point abordé par le Ministre a été le règlement de la question de la prolifération nucléaire au niveau régional.  À ce titre, il a rappelé la menace à la paix et à la sécurité internationales que représentent les armes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, estimant qu’il fallait envoyer un message fort à ce pays, et a exprimé le soutien de son pays aux efforts diplomatiques et aux négociations sur le programme nucléaire iranien, affirmant qu’il fallait renforcer le régime de contrôle de l’AIEA et universaliser son Protocole additionnel.  Le Ministre a par ailleurs exprimé l’espoir qu’il serait possible de réaliser une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a également annoncé que son pays allouerait la somme de 25 millions de dollars sur cinq ans pour essayer de trouver des moyens plus sûrs de tirer pleinement profit des applications nucléaires dans la vie des gens, la médecine, l’agriculture et la gestion des ressources en eau.  À la lumière de la catastrophe nucléaire de Fukushima, le Japon est déterminé à contribuer à l’amélioration de la sécurité nucléaire internationale, a assuré en conclusion M. Kishida.

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a donné lecture d’un message transmis par le Président Obama, où celui-ci affirme qu’il « n’existe pas de raccourci » en matière d’armes nucléaires et encourage à trouver un terrain d’entente pour mettre un terme à la prolifération de ces armes et promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  M. Kerry a réaffirmé l’attachement de son pays à un monde exempt de ces armes, rappelant que dans la Charte des Nations Unies, les États s’étaient engagés à édifier un monde meilleur pour les futures générations.  Partant de son expérience personnelle dans l’armée, il a dit avoir appris quels pourraient être les dégâts de l’utilisation des armes nucléaires et conclu que leur maintien était « totalement illogique ».

Le leadership moral est autrement plus fort que toute menace, a-t-il assuré, en reconnaissant que les progrès en la matière étaient semés d’embûches.  Avec du recul cependant, a poursuivi M. Kerry, il est impératif d’opérer des changements, qu’il faudra assortir de patience et de persévérance sur le long terme.  Chaque pas et chaque mesure pris rapprochent de « cet objectif de passer de 100 à zéro ogive grâce à la balise du Traité sur la non-prolifération d’armes nucléaires », a-t-il encore affirmé, estimant que le TNP ne pourrait résister si ses trois grands piliers ne sont pas résolument mis en œuvre.  Le Secrétaire d’État américain a fait état de progrès potentiels, notamment à l’issue des pourparlers avec la République islamique d’Iran à partir d’une série de paramètres visant à faire en sorte que ce pays ne « dispose pas d’ingrédients pour la fabrication d’une bombe, mais bien de matériel à usage pacifique ».  Dès le départ, les États-Unis ont tenté d’encourager l’Iran à respecter le TNP, a-t-il indiqué, en soulignant que tout accord avec ce pays reposera sur des vérifications et des preuves.  Dans ce contexte, le renforcement de l’AIEA et de ses garanties sont à son avis des impératifs, raison pour laquelle son pays s’emploie à faire respecter les protocoles additionnels.

S’agissant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a déploré que ce pays ignore ses obligations, et sommé ses autorités de respecter scrupuleusement ses obligations en vertu du TNP.  Il a remarqué qu’en attendant, la RPDC demeurerait « enfermée dans son isolement ».

Les pays du monde entier s’attendent à ce que les États dotés de l’arme nucléaire procèdent au désarmement, a-t-il rappelé, ajoutant que les États-Unis s’y employaient pleinement, ayant diminué leur nombre de 85% par rapport au pic de la guerre froide.  Il a annoncé que le Président Obama avait décidé d’accélérer le démantèlement de 20% des ogives nucléaires et à ne pas en créer d’autres, tout en ayant pris les mesures nécessaires pour sécuriser et neutraliser l’arsenal nucléaire du pays.  Il a également indiqué que le Président Obama s’était engagé à négocier en vue de réduire son stock d’armes nucléaires stratégiques à un tiers du niveau fixé par le Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (START) et a affirmé à l’adresse de la Fédération de Russie que cette offre était toujours de mise.

Évoquant l’avenir dans ce domaine, il a notamment encouragé à la tenue de discussions sur les garanties juridiques pour les États qui respectent leurs obligations.  Il a aussi appuyé l’objectif « extrêmement ambitieux » d’un accord sur l’organisation d’une conférence en vue d’instaurer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Les États-Unis ont offert 200 millions de dollars à l’AIEA et annoncé le versement d’un nouveau montant de 50 millions de dollars pour l’initiative de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire de l’AIEA, a également annoncé M. Kerry.

L’élimination totale des armes nucléaires est une tâche titanesque, a affirmé en conclusion M. Kerry, exhortant la communauté internationale à assumer la responsabilité d’atteindre cet objectif par un travail diplomatique qui exigera sans doute des années.  « Il faut prouver aux sceptiques qu’ils ont tort », a-t-il dit.

M. CHARLES FLANAGAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a rappelé que son pays avait été l’initiateur à l’ONU des résolutions ayant conduit à la négociation du TNP.  Constatant un déséquilibre croissant entre les trois piliers du Traité, il a déploré l’existence de 17 000 armes nucléaires et l’absence de perspectives à court et moyen termes pour des réductions volontaires des arsenaux en dehors du TNP.  Il a toutefois estimé qu’un accord sur le programme nucléaire de l’Iran marquerait un progrès important pour le pilier non-prolifération du Traité.

Par ailleurs, M. Flanagan a salué le rôle de chef de file de la Norvège, du Mexique et de l’Autriche qui ont organisé des conférences internationales sur l’impact humanitaire de l’emploi d’armes nucléaires, notamment à Vienne en décembre dernier.  Il est clair, selon lui, que « le danger d’une explosion atomique est plus grave que nous ne l’avions imaginé ».

« Pas une seule arme nucléaire n’a été démantelée en vertu du TNP ou dans le cadre d’un processus multilatéral, et il n’existe pas de structures en place à cette fin », a ensuite fait remarquer le Ministre.  Pour que le Traité préserve sa légitimité, il faut à son avis que les mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires prévues à l’article VI du Traité soient mises en place avant son cinquantième anniversaire en 2020. 

M. SAMEH CHOUKRI, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a félicité l’État de Palestine pour son accession au TNP et a invité à atteindre un équilibre dans l’application des trois piliers de cet instrument, faisant remarquer que l’article VI du Traité n’était pas dûment appliqué, la paix et la sécurité étant plus menacées que jamais.  Le Chef de la diplomatie égyptienne a aussi noté qu’après quatre décennies et les nombreuses initiatives prises à cet égard, les armes nucléaires sont toujours présentes.  Il a dénoncé l’absence de volonté politique à cet égard et prôné la participation des États ne disposant pas de ces armes aux discussions sur l’élimination des armes nucléaires « au lieu de les marginaliser », affirmant que si cette situation perdurait, le TNP serait déstabilisé.

Le transfert de technologie à des fins pacifiques est un droit inaliénable qu’il convient de respecter, a-t-il par ailleurs ajouté, indiquant la disposition de son pays à aligner ses garanties sur celles de l’AIEA.  M. Choukri a rappelé qu’Israël était le seul pays à disposer de l’arme nucléaire au Moyen-Orient et déploré une nouvelle fois l’absence de volonté politique des trois cosponsors de l’initiative sur l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Face à la stagnation à cet égard, il a mis l’accent sur la nécessité d’idées nouvelles pour encourager tous les pays, notamment les cinq membres permanents, à être « à la hauteur de leur responsabilité » pour créer cette zone en tenant compte des intérêts de chaque pays de la région, sans exercer de pression.  L’organisation de cette Conférence constitue la dernière chance de restituer au TNP sa crédibilité, a-t-il prévenu.

Le Ministre égyptien des affaires étrangères a estimé que le succès de la Conférence d’examen serait évalué à l’aune des accords qui pourront être concrètement atteints, ajoutant qu’il fallait négocier un programme à moyen terme, conformément à la résolution de 1995.  Il a insisté sur l’universalité du TNP et encouragé à « les États qui ne l’ont pas fait à s’y rallier ».  Il faut mettre un terme à toute tentative d’interprétation des dispositions du TNP, a-t-il recommandé. 

M. TONY A. DEBRUM, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a déclaré que depuis trop d’années maintenant, les négociations en vase clos sur la non-prolifération nucléaire n’ont pas entendu les voix des pays et des peuples qui ont directement fait l’expérience des armes nucléaires, relevant la présence à cette Conférence de nombreux Hibakusha qui ont fait le voyage depuis le Japon pour transmettre leur message aux décideurs du monde.  Après avoir décrit son enfance dans l’atoll de Likiep, dans le nord des Îles Marshall, qui a connu 67 essais nucléaires entre 1946 et 1958, il a rappelé que ces essais ont été les seuls à avoir été spécifiquement autorisés par les Nations Unies par les résolutions 1082 et 1483, respectivement, adoptées en 1954 et 1956.

M. debrum a affirmé que les effets dévastateurs et l’impact humanitaire des essais constituaient un fardeau que les populations et l’environnement subissaient pendant des générations.  Il a rappelé les conférences régionales sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires qui ont convenu que l’objectif collectif de la communauté internationale consisterait à en finir avec ces armes et à tenir les promesses faites.  Il a rappelé qu’après des décennies de diplomatie, l’objectif qui a défini le TNP n’a pas été atteint et ceux qui mettaient des bâtons dans ses roues auraient des comptes à rendre.  Tout en reconnaissant que l’arsenal nucléaire a été réduit, il a souligné toutefois qu’aucune personne sérieuse ne saurait arguer que 16 000 armes nucléaires sont un seuil approprié pour la sécurité mondiale.  Il a également estimé qu’il ne saurait y avoir un droit à la possession indéfinie de cet arsenal pour des motifs sécuritaires.  Le Plan d’action de 2010 est certes un jalon important mais ses lacunes ne pourraient être ignorées, a-t-il encore déploré, affirmant que le Traité d’interdiction complète d’essais nucléaires est tout aussi vital pour le TNP.

M. LI BAODONG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a souligné que dans le contexte actuel des menaces sécuritaires dans le monde, à la fois traditionnelles et non traditionnelles, il est plus que jamais nécessaire de promouvoir la gouvernance nucléaire mondiale et de renforcer l’universalité, l’autorité et l’efficacité du TNP.  À cette fin, il a fait quelques propositions, notamment l’abandon de la mentalité « dépassée » de la guerre froide et l’augmentation de la confiance stratégique mutuelle et de la coopération.  Pour sa délégation, il s’agit de la seule voie pour parvenir au désarmement nucléaire et permettre à l’humanité de tirer parti des applications pacifiques de l’énergie nucléaire. 

Le Vice-Ministre a estimé en outre qu’il fallait promouvoir l’égalité et la justice, affirmant que les puissances nucléaires et les autres États portaient la responsabilité commune de la promotion de la bonne gouvernance nucléaire mondiale et avaient droit aux avantages associées à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il faut, à son avis, abandonner la pratique du « deux poids, deux mesures » et pleinement respecter les intérêts légitimes et les préoccupations de tous les pays, ainsi que régler les problèmes des « points chauds » par la consultation et le dialogue et rester fidèle au multilatéralisme, notamment en défendant l’autorité des mécanismes multilatéraux comme le processus de revue du TNP, la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement.

Le Vice-Ministre a par ailleurs affirmé que pour pouvoir réaliser ses objectifs de développement, la Chine avait besoin de pouvoir compter sur un monde pacifique et stable.  En tant que fervent partisan du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération, la Chine s’est acquittée de ces obligations de désarmement nucléaire sous le TNP, a-t-il indiqué en conclusion.  

Mme JOYCE ANNE ANELAY, Ministre d’État du Bureau des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a rappelé que son pays avait annoncé en janvier dernier avoir réduit de 48 à 40 le nombre d’ogives sur chacun de ses sous-marins lanceurs de missiles balistiques déployés et à 8 maximum le nombre de missiles opérationnels sur chacun de ces engins.  Vers 2025, l’arsenal de têtes nucléaires du Royaume-Uni devrait ainsi être limité à 180.

Tout en reconnaissant l’importance des initiatives consacrées à l’impact humanitaire de l’utilisation d’armes nucléaires, Mme Anelay a toutefois tenu à rappeler que cette préoccupation n’est pas nouvelle, celle-ci étant consacrée dans le Traité et continuant d’encadrer l’approche de la non-prolifération et du désarmement.  « Notre doctrine de la dissuasion, et les robustes mesures de sûreté et de sécurité que nous avons mises en place, ont été développées avec la pleine connaissance de ces conséquences potentielles », a-t-elle ajouté.  Le Gouvernement du Royaume-Uni gardera une force de dissuasion nucléaire minimum crédible et effective tant que la situation sécuritaire globale rendra cela nécessaire, a-t-elle ensuite précisé.

Néanmoins, la Ministre a assuré que le Royaume-Uni était là pour négocier de bonne foi et qu’il continuerait à créer les conditions propices pour parvenir à un monde dénué d’armes nucléaires.  En particulier, son pays poursuivra son travail « révolutionnaire » de vérification avec la Norvège et les États-Unis.  Il a ainsi signé et ratifié un Protocole relatif au Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Le Royaume-Uni a également accueilli la sixième Conférence des P5 à Londres en février dernier et pris de nouvelles mesures pour améliorer la transparence, a-t-elle indiqué.

En outre, en avril dernier, le Royaume-Uni, en tant que membre de l’E3+3, s’est entendu avec l’Iran sur les paramètres clefs d’un accord complet sur son programme nucléaire, a conclu la Ministre.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, a estimé que le Plan d’action de 2010 restait une référence valable pour les négociations à venir de la Conférence d’examen du TNP.  Depuis la dernière Conférence d’examen en 2010, l’Italie s’est engagée de différentes façons en faveur d’un monde sans armes nucléaires, notamment dans le cadre de la « campagne humanitaire » sur les conséquences catastrophiques du recours aux armes nucléaires, a-t-il rappelé, affirmant que son pays souhaitait un désarmement nucléaire vérifiable et irréversible.  Dans cet esprit, l’Italie organisera, le 18 juin prochain, un atelier de travail sur « les armes nucléaires et la sécurité humanitaire » à l’Institut international de droit humanitaire à Sanremo, a précisé le Ministre adjoint.  L’Italie est également favorable à un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire, que le représentant a qualifié « d’initiative innovatrice » engageant à la fois les puissances nucléaires et les autres États.  Pour l’Italie, la vérification et les garanties nucléaires sont des éléments essentiels pour la mise en œuvre effective du TNP, a-t-il précisé.

Le représentant a par ailleurs salué l’Accord sur les éléments clefs du Plan d’action global auquel sont parvenus les P5+1 et l’Iran à Lausanne.  Dans l’attente de sa finalisation, l’Italie estime que le rôle de l’AIEA sera déterminant à la fois pour le suivi de sa mise en œuvre et la supervision des dimensions militaires possibles du programme nucléaire iranien.

Le représentant a également affirmé que son pays soutenait la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, soulignant toutefois que la responsabilité première en revenait aux pays de la région.  S’agissant des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, le représentant a rappelé que l’Italie avait été en faveur de l’adoption des directives de l’Union européenne de 2014, ainsi que de la Déclaration de Vienne sur la sécurité nucléaire. 

M. ASKAR BESHIMOV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Kirghizistan, a souligné, au nom des États Parties au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, la nécessité de poursuivre les efforts systématiques pour réduire les arsenaux nucléaires au niveau de la planète.  Dans ce contexte, a-t-il rappelé, les pays d’Asie centrale avaient signé en 2006 un Traité, entré en vigueur en 2009, sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires.  L’an dernier, a-t-il ajouté, les ministres des affaires étrangères des cinq États Parties à ce Traité ont adopté une déclaration conjointe où ils constatent avec satisfaction la signature d’un protocole sur les garanties négatives de sécurité, qui stipule entre autres que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires constitue une étape importante pour encourager la coopération et la promotion des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  « Toute une région est devenue une zone libre d’armes nucléaires pour toujours », s’est félicité le représentant, rappelant que les ministres d’Asie centrale avaient encouragé les puissances nucléaires et les États Parties au TNP à signer le protocole sur les garanties négatives et saluant le fait que la France et le Royaume-Uni l’aient déjà fait.

M. SHIN DONG-IK, Vice-Ministre chargé des questions multilatérales et mondiales de la République de Corée, a déclaré qu’un traité cesse d’être un traité en l’absence d’engagement et de volonté des parties à le mettre en œuvre.  Ceci est à plus forte raison vrai s’agissant du TNP, qui est la clef de voûte du système de paix et de sécurité internationales.  La République de Corée estime que trois priorités se détachent pour cette Conférence des États Parties.  Tout d’abord, elle pense qu’il est temps de se pencher sur les cas de prolifération nucléaire, et qu’il faut adresser aux parties coupables un message clair qui leur fasse comprendre que de tels actes ne seront pas tolérés.  « Dans ce contexte, se pose la question du retrait d’un État du TNP pendant ou après qu’il a commis une violation des dispositions du Traité », a dit M. Shin Dong-Ik.  Le Vice-Ministre a déclaré qu’il est également nécessaire de soutenir plus avant les progrès réalisés en matière de désarmement nucléaire, notamment en faisant entrer en vigueur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Enfin, la République de Corée, a-t-il dit, attache la plus haute importance à la promotion de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, ceci dans le respect des obligations de non-prolifération.

M. Shin a ensuite attiré l’attention sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui continue de violer, « jour après jour », ces mêmes obligations en s’engageant dans des activités nucléaires qui posent au TNP un des plus grands défis auxquels le Traité a eu à faire face à ce jour.  Il a exprimé la profonde préoccupation ressentie par la République de Corée face à l’agenda du régime nord-coréen de Pyongyang, qui s’est déclaré « plus jeune puissance nucléaire » au monde, et a annoncé être désormais capable « de mener une frappe nucléaire préventive contre le forum de négociation multilatérale pour le désarmement ».  M. Shin a rappelé que l’histoire avait montré que l’escalade en terme d’armement nucléaire échoue systématiquement, et que la communauté internationale n’accorderait jamais le moindre statut à un pays qui s’est rendu coupable des actes « les plus flagrants » de prolifération nucléaire.  M. Shin a indiqué que la République de Corée exhorte donc son voisin à rejoindre le plus rapidement possible le TNP et les garanties de l’AIEA et à s’acquitter pleinement de ses obligations internationales.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Kazakhstan, a fait remarquer que son pays, tout comme le Bélarus, l’Ukraine et l’Afrique du Sud, avait montré l’exemple en renonçant volontairement à son arsenal nucléaire.  Il s’est dit préoccupé par le nombre important d’armes nucléaires qui existent encore et par le rôle central qu’elles jouent dans les concepts de sécurité des États dotés. Par conséquent, a-t-il dit, le Kazakhstan propose que la communauté internationale adopte une « déclaration universelle sur la création d’un monde exempt d’armes nucléaires », première étape sur la voie d’une convention sur les armes nucléaires.

Par ailleurs, M. Ashikbayev a estimé qu’un moratoire volontaire sur les essais nucléaires ne constituait pas une alternative efficace à un traité juridiquement contraignant.   Pour faire du Traité un mécanisme efficace de non-prolifération, il a dit que tous les États devraient faire preuve de volonté politique et fournir les ressources nécessaires pour finaliser le régime de vérification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et maximiser les capacités du Secrétariat technique provisoire.  Il a en outre appelé tous les États à célébrer, le 29 août, la Journée mondiale contre les essais nucléaires, initiée par le Kazakhstan.

Enfin, le Ministre a salué la signature par les cinq puissances nucléaires du Protocole au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, en mai 2014, suivie par les ratifications de la France, du Royaume-Uni, et de la Russie.  Le Kazakhstan renforce en outre sa coopération avec l’AIEA à travers des contributions volontaires au Fonds pour la sécurité nucléaire et à l’Initiative sur les utilisations pacifiques.  Il  s’est engagé à accueillir la Banque d’uranium faiblement enrichi de l’AIEA, qui ne limitera pas le droit inaliénable de chaque pays de développer sa propre technologie nucléaire, a-t-il précisé.   

M. MIKHAIL ULIANOV, Directeur du Département pour la non-prolifération et le contrôle de l’armement de la Fédération de Russie, a affirmé que son pays respectait toutes les dispositions du TNP et que la réduction de son arsenal avait fortement contribué à une pacification du monde.  À son avis, le renforcement de la paix et de la stabilité dans tous les domaines dépendait de l’application de cet instrument et du maintien de son régime.  En conséquence, la tâche de la Conférence d’examen consiste à réaffirmer l’engagement de tous les États quant à l’application de ses dispositions, et à la mise en œuvre du Plan d’action en particulier.  M. Ulianov a par ailleurs souligné que son pays était disposé à poursuivre le désarmement et la mise en œuvre de l’accord avec les États-Unis.  À cet égard, il a espéré atteindre le niveau désiré pour les ogives avant février 2018.  La discussion sur cette question peut mener à des résultats concrets si toutes les parties prenantes font preuve d’une sincérité sans faille, a-t-il affirmé.

S’agissant du régime de non-prolifération des armes nucléaires, il a estimé que la persistance des différends autour de l’éventuelle organisation de la conférence sur l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient représentait un défi majeur.  Il a cependant salué le fait que les États arabes et Israël se soient assis autour d’une table pour en délibérer.  Il a dit espérer, par ailleurs, qu’il sera possible d’arriver à la signature, le plus vite possible, de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, notamment au sud de cette région, et émis l’espoir que les discussions à la présente Conférence d’examen permettraient d’élargir le nombre des États bénéficiant des bienfaits de l’énergie nucléaire à des fins civils pacifiques.

Il s’est en revanche déclaré préoccupé par certains aspects de la politique américaine dans ce domaine mais a assuré que son pays n’avait pas l’intention de poser des problèmes inutilement.  Les autorités américaines affirment leur volonté de discuter de la problématique du désarmement nucléaire, mais en réalité, elles n’ont pas changé leur politique d’un iota et créent, notamment, un arsenal antimissiles, et envoient des armes dans l’espace, a-t-il déploré.  Rejetant en bloc « les allégations » du Secrétaire d’État américain, il a regretté que ce pays tente de discréditer la Russie en la présentant comme un pays qui ne respecte pas ses engagements.

M. Ulianov a également déploré que les États-Unis cherchent à déployer des armes antimissiles, notamment en Pologne.  « Nous sommes toujours disposés à discuter au niveau des experts, mais cela ne pourra se faire tant que l’on profère des allégations mensongères sur la Russie, comme cela fut le cas pour d’autres États », a-t-il indiqué, renvoyant à cet égard à la question des armes de destruction massive.  Il a exhorté les États-Unis et autres pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à s’abstenir de tels agissements.  

M. DELL HIGGIE, Représentant de la Nouvelle-Zélande à la Conférence du désarmement à Genève, s’est exprimé au nom du Brésil, de l’Égypte, de l’Irlande, du Mexique et de l’Afrique du Sud, membres de la Coalition pour un nouvel agenda (New Agenda Coalition – NAC).  Il a rappelé que la Coalition avait été fondée en 1998 par les ministres des affaires étrangères de ces pays et de la Nouvelle-Zélande inquiets de la menace pesant sur l’humanité en raison de la possession indéfinie d’armes nucléaires par les États dotés et par ceux capables d’avoir de telles armes en dehors du TNP.  Aujourd’hui, les membres de la Coalition reconnaissent que le pilier sur la non-prolifération du Traité a bien fonctionné pour limiter la prolifération horizontale des armes nucléaires.  Toutefois, ils regrettent que les engagements du pilier sur le désarmement n’aient pas été remplis.

M. Higgie a dit ne pas souscrire à l’opinion selon laquelle le Plan d’action convenu lors de la Conférence d’examen de 2010 est une « feuille de route pour une action à long terme ».   En particulier, il a déploré l’inaction vis-à-vis de l’article VI du TNP qui demande que les Parties s’engagent à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires et au désarmement nucléaire.  À cet égard, il a déploré la réticence des États dotés de l’arme nucléaire à remplir leurs obligations, à défendre la modernisation de leurs arsenaux et à vanter l’efficacité de la dissuasion.  

Enfin, le représentant a souligné que la communauté internationale avait de plus en plus conscience des conséquences humanitaires catastrophiques d’une explosion atomique, mises en évidence lors de trois conférences organisées en Norvège, au Mexique et en Autriche.   Il est apparu clairement que ni les États ni les agences internationales ne seraient en mesure de répondre de façon adéquate à une telle explosion, qui dépasserait les frontières et les générations, affectant de façon disproportionnée les femmes et les enfants.  C’est la raison pour laquelle la Coalition appelle cette Conférence à explorer toutes les approches juridiques possibles pour faire progresser les mesures efficaces relatives au désarmement nucléaire requises dans l’article VI du TNP.  Elle continue en outre d’appuyer la création de zones régionales exemptes d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, a conclu le représentant.

M. ALFREDO LABBE, Secrétaire général au Ministère des relations extérieures du Chili, a exprimé son ferme attachement au principe d’indivisibilité de la sécurité internationale selon lequel tous les États, indépendamment de leur superficie ou de leur pouvoir, ont la responsabilité partagée de contribuer à la consolidation d’un ordre international fondé sur la coopération et régi par des normes.  Partant, le TNP est la pierre angulaire de la sécurité internationale qu’il convient de rendre universel et d’appliquer d’une manière équilibrée sur la base de ses trois grands piliers, a affirmé M. Labbe, déplorant le manque de progrès au cours des quatre décennies écoulées et le fait que les pays disposant d’armements nucléaires, bien qu’ayant réduit leur arsenal, continuent à les moderniser, faisant du désarmement une tâche inachevée.  Il a insisté pour que ces États appliquent pleinement les principes de transparence, de vérification, et d’irréversibilité de toutes les mesures relatives au désarmement nucléaire, conformément à l’article VI du TNP.  Dans ce contexte, les mesures de confiance sont impératives, a insisté le représentant chilien, dont le pays ne dispose pas d’arme nucléaire mais qui s’est néanmoins engagé dans le système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Il a appuyé  par ailleurs le « droit inaliénable des États Parties au Traité d’utiliser et de développer une technologie de type nucléaire à des fins pacifiques, en vertu de l’article IV, tant qu’ils n’outrepassent pas les dispositions prescrites dans les autres articles de cet instrument ».  En conclusion, M. Labbe a chaleureusement félicité l’Autriche pour le succès de la Conférence de Vienne, tenue en décembre dernier, sur les dimensions humanitaires, éthiques, normatives et sociales de l’utilisation des armes nucléaires, et souhaité que celles-ci soient intégrées dans le document final de la Conférence d’examen.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Experts, statisticiens et autochtones préconisent des indicateurs de développement humain s’appuyant sur les spécificités des peuples autochtones

Quatorzième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
DH/5247

Experts, statisticiens et autochtones préconisent des indicateurs de développement humain s’appuyant sur les spécificités des peuples autochtones

L’importance de disposer d’indicateurs « spécifiques aux autochtones » qui s’appuient sur l’expérience des indicateurs de développement humain a été soulignée, aujourd’hui, par de nombreux participants aux différentes discussions de l’Instance permanente sur les questions autochtones. 

Militante des droits des aborigènes d’Australie, Mme Ngaire Brown, a en effet demandé si les indicateurs actuels, portant notamment sur l’espérance de vie à la naissance, le nombre d’années passées à l’école, la mesure du produit intérieur brut ou la bonne gouvernance, étaient valables pour mesurer les conditions de vie des peuples autochtones. 

Prennent-ils en compte le bien-être et le confort individuel des peuples autochtones, s’est-elle interrogée.  Mme Maria Eugenia Choque, experte de l’Instance, a jugé prioritaire de tenir compte des connaissances traditionnelles, dont la spiritualité. 

« L’indicateur le plus important est celui qui mesure la pratique de la langue maternelle autochtone au sein du foyer », a insisté Mme Andrea Carmen, de l’International Indian Treaty Council, en rappelant les liens entre langue, identité et développement.

Pour ce débat, l’Instance a entendu des interventions liminaires de statisticiens, en particulier celle de M. Milorad Kovacevic, du Bureau du rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lequel a affirmé que les rapports publiés depuis 1990 pouvaient constituer des outils pertinents en vue d’améliorer les conditions de vie des peuples autochtones. 

Des intervenants ont jugé indispensable d’associer les autochtones aux services statistiques au niveau national pour élaborer des indicateurs et statistiques spécifiques aux autochtones, comme Mme Linda Hooper, de la Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales, qui a expliqué la méthodologie utilisée et les étapes suivies à l’ONU pour alimenter en données statistiques le débat actuel sur l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.

D’autres ont appelé à s’appuyer sur ce qui existe déjà en citant par exemple des indicateurs spécifiques aux autochtones mis en place depuis 1991 à Sainte-Lucie ou au Canada en direction des populations Inuits.  La représentante du Réseau continental des femmes autochtones d’Amériques a fait état, à cet égard, des accords conclus entre les autochtones et le Gouvernement colombien. 

« Les statisticiens et les autochtones ont tout à gagner d’une meilleure collaboration », a estimé le Coordonnateur des travaux sur les indicateurs des droits de l’homme du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, M. Nicolas Fasel.  Il a préconisé une institutionnalisation du dialogue entre statisticiens et autochtones en estimant qu’il aurait aussi comme finalité de renforcer la fiabilité des statistiques d’ensemble.

« Si nous ne sommes pas capables de disposer de mesures, personne ne fera attention à la situation des autochtones », a prévenu M. Kovacevic.  Mme Choque a, elle, souhaité des indicateurs qui tiennent compte des réalités culturelles ainsi que de la participation des femmes autochtones aux processus de prise de décisions aux niveaux local, national et international. 

Ancienne Présidente de l’Instance, Mme Sambo Dorough a suggéré que l’on diffusât, la semaine prochaine, une enquête visant à recueillir des propositions d’indicateurs auprès des représentants des peuples autochtones présents. 

L’Instance permanente sur les questions autochtones entamera lundi 27 avril la deuxième semaine de sa session annuelle.

TRAVAUX FUTURS DE L’INSTANCE PERMANENTE, NOTAMMENT SUR LES QUESTIONS INTÉRESSANT LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET SUR LES NOUVEAUX PROBLÈMES

Discussion sur les indicateurs du développement humain et des droits de l’homme des peuples autochtones

Les membres de l’Instance permanente sur les questions autochtones et les experts du système des Nations Unies se sont interrogés, ce matin, lors d’une table ronde, sur le fait de savoir si les indicateurs actuels de développement humain étaient adaptés aux peuples autochtones.

Mme NGAIRE BROWN, militante des droits des aborigènes d’Australie, s’est ainsi demandée si des indicateurs portant notamment sur l’espérance de vie à la naissance, le nombre d’années passées à l’école, la mesure du produit intérieur brut ou la bonne gouvernance étaient valables pour les peuples autochtones.  Prennent-ils en compte notamment le bien-être et le confort individuel des peuples autochtones?

Le bien-être des peuples autochtones évolue avec le temps et en fonction des évènements dans lesquels ils vivent, a estimé Mme Brown, ajoutant: « Nos cultures qui reflètent notre passé, notre présent et notre avenir ne cessent de s’adapter ».  Les indicateurs du développement humain d’un point de vue autochtone devraient, selon elle, tenir compte notamment de leur droit à la propriété foncière, à la participation et au consentement libre et préalable, à l’accès aux services sociaux de base, au respect de leurs cultures et traditions et à leurs modes de vie. 

M. MILORAD KOVACEVIC, statisticien en chef du Bureau du Rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a répondu que les rapports sur le développement humain publiés depuis 1990, consacraient des chapitres sur la situation des peuples autochtones.  Ces rapports peuvent constituer des outils destinés à prendre les mesures adéquates afin d’améliorer les conditions de vie des peuples autochtones.  Ils peuvent aussi servir d’outils de communication aux gouvernements et aux acteurs de la société civile pour stimuler le débat et aider les décideurs politiques dans l’élaboration de politiques.  Ils sont également utiles dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté dont sont victimes les peuples autochtones.

M. NICOLAS FASEL, Coordonnateur des travaux sur les indicateurs de développement humain du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a pour sa part déclaré que les indicateurs étaient utiles dans le domaine des droits de l’homme.  Ce sont des outils qui aident à l’élaboration de politiques en vue de la mise en œuvre notamment de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, au renforcement de la transparence et la reddition de comptes.  Ils aident aussi à établir des ponts entre les différents acteurs du développement.  Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a élaboré un guide sur les indicateurs des droits de l’homme dont l’objectif est de mesurer les engagements des États dans ce domaine.  Le guide insiste aussi sur la mise en œuvre des engagements pris par les États et sur l’évaluation des résultats des mesures prises en faveur des conditions de vie des peuples autochtones. 

Il faut s’intéresser aux efforts consentis par les gouvernements en vue d’améliorer la situation des peuples autochtones dans leur pays notamment l’accès aux biens et aux services sociaux, aux institutions publiques et aux programmes de développement, a-t-il dit.  Selon M. Fasel, un indicateur universel n’existe pas, et à la place, il faut créer des indicateurs à l’échelle nationale qui devraient être élaborés par un processus participatif. 

Mme LINDA HOOPER, statisticienne de la Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales, a expliqué la méthodologie utilisée et les étapes suivies par sa Division pour alimenter en données statistiques le débat actuel sur l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il a été recommandé de ne prendre en compte qu’un nombre limité d’indicateurs pour qu’ils soient bien ventilés et pour tenir compte de la situation des droits de l’homme dans tous les pays.  Il a aussi été question de renforcement des capacités des pays pour la collecte des données et l’établissement d’indicateurs. 

Mme JOAN CARLING, membre de l’Instance permanente, a fait état d’un comité rassemblant diverses entités de défense des droits des peuples autochtones.  Celui-ci a publié le « Navigateur autochtone », un guide pour aider les États, les agences des Nations Unies et la société civile à évaluer ce qui a été réalisé en matière de droits des peuples autochtones depuis l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones.  Cet outil intègre les principes de l’égalité, de l’intégrité culturelle, de la participation des peuples autochtones, de la protection juridique, de la liberté d’expression et de communication, de l’accès à l’éducation, de l’emploi et du droit à l’autodétermination des peuples autochtones.  Ce sont des éléments clefs liés au bien-être des peuples autochtones, a-t-elle dit. 

Débat interactif

Sur les moyens d’aider les statisticiens à élaborer des indicateurs pouvant mesurer les besoins ou les progrès des autochtones, Mme Linda Hooper, de la Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales, a estimé que la première étape consistait à rassembler autour des statisticiens les acteurs intéressés et les décideurs pour débattre d’indicateurs prenant en compte les spécificités et contextes autochtones locaux. 

Mme Sambo Dorough a suggéré que l’on diffusât la semaine prochaine, au sein de l’Instance, une enquête pour recueillir des propositions d’indicateurs auprès des représentants des peuples autochtones présents.  

« Si nous ne sommes capables de mesurer, personne ne fera attention à la situation des autochtones », a prévenu le Chef statisticien du Bureau du rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Milorad Kovacevic.  

Mme Maria Eugenia Choque, Membre de l’Instance, a souhaité des indicateurs qui tiennent compte de la composante et des réalités culturelles ainsi que de la participation des femmes autochtones aux processus de décisions aux niveaux local, national et international.  Elle s’est interrogée sur la pertinence d’indicateurs mesurant le bien-être en raison de la subjectivité de la notion de bien-être ou bonheur.  Elle a jugé prioritaire de voir comment les connaissances traditionnelles, dont la spiritualité, peuvent être prises en compte et mesurées. 

La Rapporteuse de l’Instance s’est demandée comment promouvoir des indicateurs sur la situation des autochtones dans des pays qui refusent de recourir à des statistiques mettant en évidence des minorités.  Au-delà des individus, le membre de l’Instance, Oliver Loode, a demandé si, sur le plan de la méthode, il était simple ou complexe de mesurer les capacités de groupe. 

Les statisticiens et les autochtones ont tout à gagner d’une meilleure collaboration a estimé le Coordonnateur des travaux sur les indicateurs des droits de l’homme du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, M. Nicolas Fasel.  Ce dernier a appelé à « institutionnaliser le dialogue entre statisticiens et autochtones » en estimant que cette collaboration aurait aussi comme finalité de renforcer la fiabilité des statistiques d’ensemble. 

M. Kobacevic a rappelé que le rapport sur le développement humain est toujours ouvert à toute suggestion avant d’insister sur le fait que le processus de collecte de données devait être inclusif. 

Travaux futurs de l’Instance permanente, notamment sur les questions intéressant le Conseil économique et social et sur les nouveaux problèmes

Mme PUSHPARANI KOIJAM, du Centre de recherche et de plaidoyer de l’État indien du Manipur, a demandé à l’Instance de mener une étude sur l’impact physique et psychologique de la militarisation des terres autochtones de l’État du Manipur avant de l’inviter à proposer à l’Inde de mettre un terme à la militarisation des terres autochtones. 

De son côté, la représentante du Chili a jugé insuffisants des indicateurs sur le seul niveau de revenus.  Elle a indiqué que le Chili disposait d’indicateurs visant à déterminer les carences dans différents secteurs afin de mettre en œuvre des ajustements de politique notamment en ce qui concerne la situation des femmes, des filles et des garçons autochtones.

Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a invité l’Instance à tenir compte des initiatives déjà prises par l’OIT s’agissant d’indicateurs relatifs aux autochtones.  La représentante du Réseau continental des femmes autochtones d’Amériques a cité les accords conclus entre les autochtones et le Gouvernement colombien. 

La représentante de la Fédération de Russie a dit la grande difficulté de parvenir à des indicateurs communs compte tenu de la grande diversité des spécificités culturelles des autochtones.  Elle a jugé plus pertinent de s’appuyer sur l’expérience russe en généralisant aux niveaux national et local la nomination de points focaux ou d’un ombudsman chargés des droits des populations autochtones. 

M. SINTIAH SAMANDING, de l’organisation Jaringan Orang Asal SeMalaysia, a indiqué que les autochtones étaient désormais associés au Groupe de travail du Gouvernement de la Malaisie sur les forêts.  Il s’est aussi félicité de la création annoncée d’un tribunal environnemental chargé d’examiner l’incidence de constructions qui menacent les modes de vie autochtones.  Malgré ces avancées, il a jugé insuffisante la prise en compte des besoins autochtones, avant d’inviter l’Instance à recommander à la Malaisie de ratifier le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Le représentant du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones a jugé indispensable de recenser ce qui existe déjà au niveau national en termes de collectes de données statistiques relatives aux autochtones.  Illustrant son propos, il a précisé que Sainte-Lucie disposait de statistiques spécifiques aux autochtones depuis 1991. 

Abondant dans ce sens le représentant du Canada a cité des statistiques enregistrées depuis 1991 sur les Inuits de plus de 6 ans.  Il a espéré qu’un nouveau partenariat noué avec des organisations des Premières Nations permettrait de procurer des données plus affinées sur les langues, les revenus, la mobilité et le logement.  Il a aussi fait état de l’élaboration, en 2013, d’un indice de bien-être des communautés autochtones qui a pour but d’affiner les politiques de développement économique et social. 

M. MARIO AGREDA UZEDA, de la Commission juridique pour le développement des peuples originaires des Andes, a exigé la libération de Leonard Peltier en prison depuis 1976 pour un crime qu’il n’a pas commis.  Il a dit que « les gouvernements d’Amérique du Sud ne sont pas nos États mais les ombres de l’Europe ».  « Ne me demandez pas de quel pays je viens, car ma seule nation se sont les Andes », a déclaré M. Uzeda avant d’appeler les autochtones à se libérer des États-nations.  

Débat général (suite)

L’Instance a entendu dans l’après-midi une vingtaine d’intervenants, représentants d’États Membres, d’organismes des Nations Unies et de populations autochtones.  Beaucoup ont souligné les liens entre respect des droits autochtones et développement en mettant l’accent sur le non-respect des droits des peuples autochtones au Brésil, en Équateur, au Nicaragua, en Inde, aux Philippines, au Guatemala ou au Bangladesh.  

« Le développement des populations autochtones ne peut être nourri que par le respect des normes et droits des populations autochtones, notamment les droits collectifs définis par le droit international », a dit M. Brooklyn Rivera, représentant des populations autochtones du Nicaragua

Le représentant de l’Équateur a affirmé que le programme de développement pour l’après-2015 devrait avoir des indicateurs tenant compte des droits des peuples autochtones.  Préoccupée par le taux élevé de suicide des jeunes autochtones, il a souligné la nécessité de programmes de santé mentale ainsi que d’initiatives de renforcement des capacités des décideurs.  La représentante du Réseau mondial des autochtones handicapés a regretté l’insuffisance des efforts en vue d’autonomiser les autochtones handicapés avant de demander des mesures pour favoriser l’inclusion des handicapés. 

Au nom du Réseau des jeunes autochtones de l’Asie et du Pacifique et de l’Organisation « Land is Life », Mme CAHUIYA ITECA a dénoncé l’impact désastreux de l’utilisation des terres autochtones pour des activités militaires, en faisant état de viols, de meurtres et de déplacements forcés de populations.  Elle a demandé que le problème de la militarisation forcée des terres et des populations autochtones, citant l’Inde et les Philippines, y compris ses conséquences psychologiques, soit traité au sein de l’Instance. 

Réagissant à l’intervention de M. LINDOMAR FEREIRA, représentant des populations autochtones du Brésil, Mme DALEE SAMBO DOROUGH, membre de l’Instance, qui en a présidé sa treizième session, s’est dite choquée de constater que rien ne semblait évoluer au Brésil, où l’on observait toujours les mêmes insuffisances de démarcation de territoires autochtones, le non-respect des droits fonciers autochtones en général, sans oublier les arrestations arbitraires. 

Réagissant à ces déclarations, la représentante du Brésil s’est dite « troublée par la dureté des paroles prononcées à l’encontre du Brésil », en rappelant que son pays avait reconnu 1,1 million de kilomètres carrés de terres autochtones.  « Même si ce n’est pas assez, peu de pays au monde ont fait mieux que nous dans ce domaine », a-t-elle estimé, avant d’inviter l’Instance à venir constater au Brésil la qualité du dialogue national avec les autochtones et la réalité des progrès sur le terrain.  La représentante du Brésil a indiqué que son pays accueillerait prochainement les premiers jeux autochtones mondiaux.

La représentante des Guarani de l’Équateur a mis l’accent sur la perte des territoires autochtones au profit de multinationales et de sociétés pétrolières.  Elle a exhorté l’Instance à demander à l’Équateur de solliciter l’avis préalable des autochtones pour tous projets.  

S’agissant des données et des indicateurs, le représentant de l’Association ELLAY de Tombouctou (Mali) a jugé que le recensement devait être un préalable incontournable de l’efficacité et la pertinent des futurs indicateurs.  Le représentant des populations autochtones du Guatemala a dit la nécessité de défendre les peuples autochtones contre les pratiques qualifiées de raciste du Guatemala qui ignore le principe du consentement libre, préalable et éclairé.  Estimant que le terme « autochtone » était péjoratif, une autre représentante des autochtones du Guatemala a suggéré que l’Instance soit rebaptisée des « peuples originaux ».  

Le représentant des peuples autochtones du Bangladesh a souligné l’insuffisance de prise en compte des réalités autochtones dans son pays avant d’appeler à des mesures au niveau international pour éliminer la politique d’assimilation et favoriser la reconnaissance de la diversité. 

« L’indicateur le plus important est celui qui mesure la pratique de la langue maternelle autochtone au sein du foyer », a insisté Mme Andrea Carmen, de l’International Indian Treaty Council, en rappelant les liens entre langue, identité et développement. 

Quels que soient nos objectifs, leur mise en œuvre dépendra de la capacité des populations autochtones d’améliorer le dialogue au niveau régional, a insisté le Vice-Président de l’Instance, M. Alvaro Pop, en saluant les initiatives de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) en matière de dialogue avec les autochtones.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil demande un appui international coordonné pour les pays voisins de la Syrie afin de parer aux risques de déstabilisation régionale

7433e séance – matin
CS/11874

Le Conseil demande un appui international coordonné pour les pays voisins de la Syrie afin de parer aux risques de déstabilisation régionale

Profondément préoccupé par les implications régionales de la crise en Syrie, le Conseil de sécurité a demandé, aujourd’hui, qu’un appui international coordonné soit apporté aux pays voisins qui accueillent des réfugiés syriens.  Depuis le début du conflit, plus de 3,9 millions de Syriens, dont près de 2,1 millions d’enfants, ont cherché refuge dans les pays frontaliers de la Syrie, notamment en Jordanie, en Turquie et au Liban.

Dans une déclaration présidentielle, adoptée au cours d’un débat auquel a pris part l’actrice Angelina Jolie Pitt, qui a dressé un tableau très sombre de la situation en Syrie, les membres du Conseil ont insisté sur la nécessité de financer les mesures d’assistance en faveur des réfugiés, d’appuyer les plans d’intervention nationaux et de renforcer les capacités des pays et des communautés d’accueil.

Le Conseil souligne en effet que la déstabilisation régionale risque de s’aggraver si le conflit, la crise des réfugiés et les besoins des pays d’accueil ne reçoivent pas l’attention voulue.  Pour les membres du Conseil, la crise syrienne est devenue « l’urgence humanitaire majeure dans le monde aujourd’hui ».

Ce constat a été partagé par les quatre responsables onusiens et les délégations qui se sont exprimées ce matin. 

« Le gouvernement, les groupes armés terroristes continuent de tuer, de mutiler, de violer et de torturer et de plonger davantage la Syrie dans le gouffre », a affirmé la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos.

Le Gouvernement syrien, bien qu’il ait approuvé un certain nombre de convois humanitaires, des restrictions empêchent cependant l’acheminement de l’aide, a-t-elle fait remarquer, en regrettant qu’en dépit de l’adoption de la résolution 2139 (2014) du Conseil, « il est encore choquant de constater que les règles les plus élémentaires du droit international ne sont pas respectées ».

De son côté, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, a noté la « fatigue croissante » des pays voisins qui accueillent les réfugiés et les tensions entre les communautés, tandis que l’aide internationale reste insuffisante.  « La situation dans la région est devenue totalement insoutenable », a-t-il affirmé, en avertissant qu’un autre choc perturbateur risquait de se produire.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, M. Nasser Judeh, qui présidait la séance du Conseil, a tenu à préciser que son pays accueillait 150 000 réfugiés syriens et se trouvait, de ce fait, en première ligne face à la crise syrienne.

Pour sa part, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Ertharin Cousin, a relevé que dans les cinq pays voisins de la Syrie, notamment en Jordanie et au Liban, les réfugiés syriens étaient désormais en compétition avec les populations locales pour l’accès au logement, à l’emploi, à l’eau et à la nourriture.  « En raison du manque de fonds, le PAM a été obligé de réduire le panier alimentaire familial de 30% en Syrie », a-t-elle également déploré.

L’Envoyée spéciale du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Angelina Jolie Pitt, a exhorté le Conseil de sécurité à utiliser ses pouvoirs pour alléger les souffrances des Syriens.  « Nous ne pouvons pas regarder la Syrie et dire que le monde n’est pas capable de protéger et défendre des innocents », s’est-elle indignée.  « Puisque les réfugiés ne peuvent pas venir ici, allez donc à eux », a-t-elle demandé aux membres du Conseil.

Cet appel à l’action a également été lancé par Mme Amos, qui a invité le Conseil à apporter une réponse qui soit à la fois « audacieuse et courageuse ».  Elle a notamment demandé une cessation des attaques contre les écoles et les hôpitaux et la négociation de pauses humanitaires.  Mais, a-t-elle averti, il n’y a pas de solution humanitaire au conflit.  « La solution ne peut venir que d’un dialogue politique qui réussisse à mettre fin à la violence. »

Unanimes pour souligner la gravité de la situation en Syrie –que le représentant de la France a qualifié de « véritable trou noir »-, et pour demander un appui renforcé pour les pays d’accueil, les membres du Conseil ont en revanche affiché leurs divergences sur les moyens du règlement de la crise syrienne.  Aux termes de la déclaration présidentielle, un tel règlement ne pourra « passer que par un processus politique sans exclusive, conduit par les Syriens, et devant aboutir à la mise en œuvre intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012 ».

La représentante des États-Unis a ainsi estimé que « la seule solution possible en Syrie est une solution sans Bashar Al-Assad », ce dernier étant, selon elle, le premier responsable de la situation en Syrie.  Le délégué de la Fédération de Russie a, pour sa part, regretté que tous les membres du Conseil ne partagent pas la même urgence concernant la recherche d’une solution politique et continuent d’appuyer des éléments qui, à leurs yeux, seraient modérés.  « Il n’y a pas d’éléments modérés en Syrie », a-t-il insisté.

Ce point de vue a été partagé par le représentant de la République arabe syrienne qui a déploré que certains pays préfèrent financer des « groupes terroristes soi-disant modérés » plutôt que le plan de réponse humanitaire qui n’a, à ce jour, reçu que 16% des ressources nécessaires pour 2015.  « La solution en Syrie, a-t-il averti, ne pourra découler que d’un dialogue national entre Syriens sans aucune interférence extérieure. » 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2491 (2014) du Conseil de sécurité(S/2015/264)

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012), 2139 (2014), 2165 (2014), 2175 (2014), 2191 (2014), et les déclarations de son Président des 3 août 2011 et 2 octobre 2013.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie et de tous les autres États touchés par le conflit syrien, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par la sérieuse et rapide détérioration de la situation humanitaire en Syrie, notamment par le fait que plus de 220 000 personnes (parmi lesquelles largement plus de 10 000 enfants) ont été tuées depuis le début du conflit, que la moitié environ des habitants ont été contraints de fuir leurs foyers, que plus de 3,9 millions d’entre eux, dont près de 2,1 millions d’enfants, ont cherché refuge dans les pays voisins, et par le fait que plus de 12,2 millions de personnes restées en Syrie, dont 440 000 civils dans des zones assiégées, ont un besoin urgent d’assistance humanitaire.

Le Conseil exige que toutes les parties au conflit intérieur syrien mettent un terme immédiatement à toutes les formes de violence et réaffirme que toutes les parties à ce conflit, en particulier les autorités syriennes, doivent s’acquitter des obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme et respecter les droits de l’homme, et insiste de nouveau pour qu’elles appliquent intégralement et immédiatement les dispositions de ses résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014), notamment en facilitant l’expansion des opérations d’aide humanitaire et l’acheminement immédiat des secours dans les zones difficiles d’accès et assiégées des deux côtés des frontières et des lignes de front.

Le Conseil constate avec une vive inquiétude que la crise syrienne est devenue l’urgence humanitaire majeure dans le monde aujourd’hui, qu’elle menace la paix et la sécurité dans la région, qu’elle a des implications diverses pour les pays voisins et qu’elle a provoqué le déplacement de millions de Syriens vers ces pays, et demande que des mesures soient prises pour que le conflit en Syrie ne déborde pas davantage dans les pays voisins.

Le Conseil demande également qu’un appui international coordonné soit apporté à leur demande aux pays voisins qui accueillent des réfugiés syriens, afin de répondre à leurs préoccupations légitimes de sécurité, assurer la sûreté et la sécurité des communautés d’accueil et des réfugiés et lutter contre la radicalisation, notamment par un appui à la bonne gestion des frontières et des mesures de sécurité intérieure.

Le Conseil réaffirme qu’il apprécie sincèrement les efforts considérables et admirables que font les pays de la région, notamment le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Iraq et l’Égypte pour recevoir les réfugiés syriens et est conscient des coûts gigantesques et des défis multiformes auxquels sont confrontés ces pays du fait de la crise.

Le Conseil note avec une profonde préoccupation que la crise en Syrie a eu des effets sociaux, démographiques, environnementaux et économiques dans les pays voisins, aggravé les vulnérabilités, sollicité à l’excès les ressources limitées et les services sociaux de base tels que la santé, l’eau, l’assainissement, les capacités de logement, l’énergie et l’éducation, aggravé le chômage, réduit le commerce et l’investissement et compromis la stabilité et la sécurité régionales.

Le Conseil insiste sur la charge que l’arrivée massive de réfugiés fait peser sur les systèmes d’éducation des pays d’accueil et sur le fait que des ressources supplémentaires seront requises pour aider les 600 000 enfants non scolarisés à avoir accès à une éducation de qualité.

Le Conseil souligne que la déstabilisation régionale risque de s’aggraver si le conflit, la crise des réfugiés et les besoins des pays d’accueil ne reçoivent pas l’attention voulue. Il insiste sur la nécessité de financer les mesures d’assistance humanitaire et de développement en faveur des réfugiés, d’appuyer les plans d’intervention nationaux, de répondre aux besoins humanitaires des réfugiés, en particulier les femmes et les enfants, dans les camps et les zones urbaines et, par un renforcement des capacités et un appui technique, d’améliorer la résilience des pays et des communautés d’accueil de manière à stabiliser la région, prévenir la radicalisation et contrer la menace du terrorisme et des combattants terroristes étrangers.

Le Conseil note avec préoccupation que l’intervention internationale face à la crise syrienne et régionale ne répond toujours pas aux besoins évalués par les gouvernements des pays d’accueil et l’ONU, et engage vivement tous les États Membres à épauler l’ONU et les pays de la région, sur la base des principes régissant le partage des charges, notamment en prenant des mesures à moyen et à long terme pour atténuer l’impact du conflit sur la population, en apportant un financement pluriannuel plus substantiel, souple et prévisible et en intensifiant les réinstallations, et prenant note à cet égard du Communiqué de Berlin du 28 octobre 2014.

Le Conseil exhorte les donateurs, les institutions financières internationales et les organismes des Nations Unies à envisager de recourir à des mécanismes de financement qui répondent véritablement aux besoins particuliers des pays à revenu intermédiaire touchés par la crise syrienne et atténuent l’impact structurel massif du conflit sur les pays voisins.

Le Conseil souligne qu’il importe de se conformer aux dispositions applicables du droit international humanitaire et du droit des réfugiés et de promouvoir et protéger les droits de l’homme de toutes les personnes touchées par la crise, se félicite des efforts accomplis à cet égard par les pays d’accueil et demande aux États Membres de continuer à les aider dans cette entreprise.

Le Conseil se félicite de la convocation de la troisième Conférence internationale d’annonce de contributions pour l’aide humanitaire à la Syrie, qui s’est tenue le 31 mars 2015 à la généreuse invitation du Koweït, et des annonces de contributions d’un montant total de 3,6 milliards de dollars faites à cette occasion, et demande à tous les États Membres de veiller à verser en temps utile les sommes promises.

Le Conseil souligne que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l’absence de règlement politique, apporte son plein appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie Staffan de Mistura, et réaffirme que la seule solution durable à la crise actuelle en Syrie passe par un processus politique sans exclusive, conduit par les Syriens, répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien et devant aboutir à la mise en œuvre intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, qu’il a entériné en tant qu’annexe II à sa résolution 2118 (2013).

Déclarations

Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, a indiqué que les atrocités se poursuivaient en Syrie, « le Gouvernement, les groupes armés terroristes continuant de tuer, de mutiler, de violer et de torturer et de plonger davantage la Syrie dans le gouffre qu’il y a quelques années ».

« Plus de 200 000 personnes ont été tuées et plus d’un million d’autres blessées », a-t-elle affirmé, en ajoutant que près de 4 millions de personnes s’étaient réfugiées dans les pays voisins.  « Nous devons faire en sorte que cesse l’apathie devant ces violences insensées », a-t-elle insisté.  Mme Amos a déclaré que des centaines de milliers de personnes restaient prises au piège dans le pays et que leurs vies s’apparentaient à une lutte quotidienne pour la survie.  Elle a rappelé que le Gouvernement syrien avait approuvé un certain nombre de convois humanitaires avant d’ajouter que des restrictions empêchaient toujours l’acheminement de l’aide.  Quatorze mois après l’adoption de la résolution 2139 (2014) du Conseil, a-t-elle déploré, il est encore choquant de constater que « les règles les plus élémentaires du droit international ne sont pas respectées et qu’il existe une absence totale de redevabilité ».  « L’incapacité à mettre un terme à la violence a sapé la crédibilité du Conseil », a-t-elle averti.

Mme Amos a ensuite appelé le Conseil à considérer toutes les options à sa disposition, même les plus litigieuses ou les plus difficiles à mettre en œuvre, susceptibles de mettre un terme à la violence et aux violations du droit international en Syrie et de protéger les civils.  Parmi ces options, Mme Amos a tout d’abord demandé, conformément à la résolution 2139, que les attaques cessent contre les écoles et les hôpitaux afin qu’ils deviennent des sanctuaires de paix.  Elle a également demandé la mise en œuvre d’une mission d’établissement des faits qui, en complément des travaux de la Commission d’enquête, examinerait spécifiquement la situation des communautés assiégées et la question de la responsabilité des attaques contre les écoles et centres de soin.  Mme Amos a aussi plaidé pour la négociation de pauses humanitaires et demandé qu’un signal fort soit envoyé aux auteurs de violations des droits de l’homme pour qu’ils comprennent que leurs crimes ne resteront pas impunis.  En outre, elle a demandé la pleine application de l’embargo sur les armes et des sanctions ciblées qui ont été prises.

Même si le Conseil a prêté une grande attention à la situation humanitaire en Syrie, il n’y a pas de solution humanitaire au conflit, a-t-elle averti.  « La solution ne peut venir que d’un dialogue politique qui réduise puis mette un terme à la violence. »  Elle a enfin souligné que la crise syrienne était une crise avec de potentielles répercussions internationales.  « Je demande à ce Conseil de se montrer à la hauteur en apportant une réponse qui soit à la fois audacieuse et courageuse. » 

M. ANTONIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué qu’il y avait à ce jour 14 millions de personnes déplacées à cause des crises en Syrie et en Iraq.  Les menaces à la sécurité des pays voisins augmentent, a-t-il ajouté.  Le renforcement des frontières, a-t-il prévenu, diminue les chances des réfugiés de quitter les zones de conflit en toute sécurité.  C’est mon devoir, en tant que Haut-Commissaire, de demander aux gouvernements de laisser les civils trouver un refuge, a-t-il dit.  M. Guterres a noté en même temps la « fatigue croissante » des pays voisins qui accueillent les réfugiés, les tensions entre les communautés et les difficultés auxquelles les familles sont confrontées alors que le conflit se prolonge.  Les conditions de vie se détériorent dans toute la région et l’insuffisance de l’aide internationale ne permet pas de couvrir les besoins de base humanitaires, a-t-il alerté.

C’est pourquoi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été contraint de réduire son programme de coupons alimentaires de 30%.  L’assistance financière du UNHCR en Jordanie, qui ne vise que les personnes les plus exposées à des risques, ne bénéficie actuellement qu’à 22 000 foyers, soit moins des deux tiers des personnes visées.  Il a expliqué que ces interventions ne représentaient qu’une goutte d’eau dans l’océan, compte tenu des 100 000 familles réfugiées dans les villes en Jordanie qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Cette situation pousse les familles à trouver des solutions de rechange, faire travailler les enfants par exemple, ou marier de force les adolescentes.   Il y a aussi ceux qui tentent de traverser la mer Méditerranée, a-t-il signalé, en déplorant que, rien qu’au mois d’avril, il y a eu plus de noyés que pendant toute l’année 2013.  Cela fait longtemps que nous demandons à l’Europe de restaurer une force solide de recherche et de secours et de se s’attaquer aux trafiquants, a-t-il dit.  Pour M. Guterres, il faudrait prendre des mesures visant à assouplir les procédures d’obtention de visa.  La décision, prise hier à Bruxelles, est une première étape dans ce sens, a-t-il estimé.

La situation dans la région est devenue totalement insoutenable, a-t-il affirmé, en avertissant qu’un autre choc perturbateur risquait de se produire.  Il est donc urgent de trouver une solution politique au conflit, afin de créer les conditions permettant de faire cesser les combats, a-t-il insisté.  Il faudrait faire tout ce qui est possible pour éviter une plus grande détérioration de la situation régionale avant qu’elle ne devienne irréversible.  Il est essentiel, a-t-il souligné, de renforcer l’aide humanitaire aux réfugiés et aux communautés qui les accueillent.

Il faudrait aussi augmenter l’aide aux pays d’accueil afin de soutenir leurs programmes d’investissements structurels.  Il a demandé que la Banque mondiale revoie ses modalités d’octroi pour venir en aide au Liban et à la Jordanie, qui sont classés comme étant des pays à revenu moyen.  Les politiques d’aide bilatérale et multilatérale devraient, a-t-il estimé, inclure en priorité les pays hôtes qui sont aussi les piliers fondamentaux de la stabilité, comme les voisins de la Syrie, mais aussi d’autres pays comme le Cameroun, le Niger et le Tchad qui ont des frontières avec le Nigéria, ou encore les pays voisins de la Somalie.  Il a émis l’espoir que le FMI, la Banque mondiale, le G-20, le G7 et d’autres appuieront ces pays.  M. Guterres a aussi invité à faire le lien entre le conflit, la stabilité et le développement.

Le Haut-Commissaire a aussi prôné le rapatriement des réfugiés dans la sûreté et la dignité, une solution qui n’est pas encore possible pour les Syriens.  Il a salué les efforts déployés par la Turquie où les réfugiés syriens ont un accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé.  Avec davantage d’aide, on pourrait faire évoluer la situation des réfugiés pour qu’ils ne soient plus dépendants mais contribuent au développement des pays hôtes.  M. Guterres a conclu son intervention en lançant un appel à la solidarité en faveur de ceux qui supportent l’essentiel du fardeau de cette crise.

Mme ANGELINA JOLIE PITT, Envoyée spéciale du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé que près de quatre millions de Syriens étaient victimes d’un conflit dont ils n’étaient en rien responsables.  « Ils sont pourtant stigmatisés, rejetés, considérés comme un fardeau », a-t-elle poursuivi.  « Je suis ici parce qu’il s’agit également de leur ONU », a-t-elle poursuivi, en soulignant que le but de l’ONU était de mettre un terme aux conflits.

Puis, Mme Jolie Pitt a affirmé que la communauté internationale avait largement échoué à sauver des vies en Syrie.  Ses divisions, a-t-elle dit, ont aggravé la crise et empêché le Conseil d’assumer ses responsabilités.  Elle a rappelé que lorsqu’elle s’était rendue en 2011 auprès de réfugiés syriens, ces derniers étaient pleins d’espoir.  « Lorsque je suis retournée, leur espoir s’était transformé en colère.  Elle a ainsi décrit la colère d’un homme qui a soulevé son fils pour lui demander si elle pensait qu’il était un terroriste. »

L’Envoyée spéciale a rappelé que le Conseil de sécurité avait les pouvoirs pour répondre aux menaces à la paix et à la sécurité.  « Pourtant, il ne les utilise pas », a-t-elle regretté, avant de souligner que le principe de responsabilité adopté par l’ONU était inopérant en raison du manque de volonté politique.  « Nous ne pouvons pas regarder la Syrie, et le démon qui est né des cendres de l’indécision, et penser qu’il ne s’agit pas là du point le plus bas s’agissant de la capacité du monde de protéger et défendre les innocents. »

Elle a averti qu’au regard des centaines de milliers de victimes en Syrie et du renforcement des groupes terroristes, la crédibilité des Nations Unies était clairement entamée.  À la lumière des efforts diplomatiques consentis à ce jour pour tenter de régler la crise syrienne, elle a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de présenter un front uni.  Puis, elle a exhorté le Conseil à se rendre auprès des réfugiés syriens.  « Puisque ces réfugiés ne peuvent venir ici, allez donc à eux. »  Mme Jolie Pitt a ensuite souligné les efforts extraordinaires consentis par les pays voisins qui ont accueilli les réfugiés syriens.  « Si nous ne pouvons pas mettre un terme au conflit, nous avons le devoir moral impérieux d’aider les réfugiés et de leur apporter une protection juridique. »

La violence sexuelle perpétrée de manière systématique en Syrie exige une réponse bien plus robuste de la part de la communauté internationale, a-t-elle martelé.  « J’appelle les États Membres à prendre dès maintenant les mesures nécessaires pour que les femmes soient pleinement représentées au sein des futures négociations de paix », a-t-elle dit.  Avant de conclure, l’Envoyée spéciale a déclaré que « les temps que nous vivons ne sont pas seulement définis par les crises mais également par la manière dont la communauté internationale se rassemble pour y répondre ».

Mme ERTHARIN COUSIN, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que depuis le début de la crise syrienne, le PAM avait œuvré pour répondre aux besoins nutritionnels quotidiens de 4 millions de personnes en Syrie, et de 1,9 million d’autres hors du pays.  Elle a déploré le fait que les habitants des circonscriptions prioritaires en matière d’aide en Syrie soient totalement démunis.  Elle a rappelé qu’avant le début du conflit, la Syrie était un pays exportateur de produits alimentaires, mais aujourd’hui, la sécheresse et le conflit les ont anéantis.  En Syrie, a-t-elle expliqué, le blé est deux fois plus cher qu’avant la crise et le riz quatre fois plus cher, alors que celui du pain a augmenté de 55%.  Cette flambée des prix fait que les vivres disponibles sont généralement inaccessibles à la population, a-t-elle regretté, en ajoutant qu’à ce jour, 6,8 millions de personnes ont un besoin urgent de l’aide alimentaire, un chiffre qui a augmenté de 500 000 personnes par rapport à la même période l’an dernier.  Quatre millions de femmes et d’enfants syriens ont besoin de services de nutrition préventifs et curatifs, a-t-elle encore fait observer, tout en relevant que le taux de malnutrition à Alep, Hama et Deir Ezor dépasse le seuil mondial de 10%.  Elle a décrit une situation dramatique avec des parents qui sont obligés de retirer les enfants de l’école et d’aller chercher du travail ailleurs, de marier leurs filles ou d’envoyer leurs enfants front en échange de nourriture.

La Directrice exécutive du PAM a souligné que son organisme assurait le suivi de la distribution alimentaire en Syrie, mais qu’au cours d’un incident largement commenté, des membres de Daech avaient subtilisé des cargaisons de vivres du PAM et en avaient fait la distribution, à fort renfort de publicité à travers les médias sociaux.  En Syrie, les négociations pour l’accès à des sites assiégés impliquent parfois plus de 50 acteurs différents, en ajoutant que les étapes d’acheminement de l’aide pouvaient nécessiter parfois entre 10 jours et 10 mois de préparation.  Mme Cousin a indiqué que le mois dernier, le PAM avait pu apporter son assistance à 528 000 personnes supplémentaires grâce à des points de passages qui leur avaient été accordés en vertu de la résolution 2165 (2014) du Conseil de sécurité.  Elle a ensuite déclaré que le PAM envisage, en 2015, de pouvoir atteindre 4 millions de personnes en Syrie et 2,1 millions en dehors du pays, mais, a-t-elle déploré, le manque de fonds met ses objectifs en péril.  « Les promesses de fonds actuelles, a-t-elle dit, ne sont pas à la mesure des besoins humanitaires de ce conflit qui perdure. »  Elle a ajouté qu’à cause du manque de fonds, le PAM a été obligé de réduire le panier alimentaire familial de 30% en Syrie.  « Si nous n’arrivons pas à fournir de la nourriture aux écoles, sachant que c’est cette nourriture qui attire les enfants en classe, nous allons rater l’occasion de leur apprendre des choses différentes que celles que ce conflit leur montre », a-t-elle encore souligné.

Mme Cousin a en outre relevé que dans les cinq pays voisins de la Syrie, notamment en Jordanie et au Liban, les réfugiés syriens sont désormais en compétition avec les populations locales pour l’accès au logement, à l’emploi, à l’eau et à la nourriture.  « En réduisant l’accès à la nourriture, nous réduisons la stabilité », a-t-elle averti, en interpellant la responsabilité des membres du Conseil.  Le fardeau de la crise, a-t-elle fait remarquer, n’est plus supporté par la communauté internationale, mais par les communautés et les gouvernements accueillant les réfugiés.  Elle a indiqué que 190 000 réfugiés syriens vivant dans l’extrême pauvreté recevaient une assistance alimentaire en numéraire de l’ordre de 28 dollars par mois, mais que le PAM avait dû réduire cette aide en faveur de près de 250 000 réfugiés qui doivent désormais nourrir leur famille avec une somme de 14 dollars par mois.  Elle a aussi prévenu qu’au cours des mois à venir, 400 000 réfugiés dans la région allaient perdre l’avantage de ce soutien alimentaire du PAM.  Cette situation place les réfugiés face à un dilemme: soit retourner vers leur pays d’origine où le conflit fait rage, soit tenter de se rendre illégalement en Europe avec les risques encourus.  Sans accès à la nourriture, a poursuivi Mme Cousin, les réfugiés sont des cibles faciles pour les trafiquants et les extrémistes.  Avant de parvenir à une solution politique, il faudrait trouver une solution à cette crise humanitaire afin de donner espoir à la population et d’assurer la stabilité dans la région.  « Un échec nous hantera au cours des décennies à venir », a-t-elle averti.  Elle a ajouté que « nous ne pouvons pas laisser des parents élever leurs enfants dans une région sans nourriture et sans paix.  Nous ne pouvons pas non plus espérer que les parents élèvent leurs enfants dans une région où il est plus facile de prendre une arme qu’un livre d’école.

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des affaires des expatriés de la Jordanie, a indiqué que son pays accueillait 150 000 réfugiés syriens du fait de la crise, mais en réalité 1,5 million si on compte les Syriens qui y vivaient avant la crise.  Cela représente, a-t-il précisé, 21% de la population totale de la Jordanie.  La durée de la crise et l’absence d’une solution politique ont imposé à la Jordanie un changement d’attitude pour lui permettre de recevoir ces réfugiés sur un plus long terme, a-t-il expliqué.  Cette situation, a-t-il fait remarquer, pèse beaucoup sur les services et les infrastructures du pays. 

En ce qui concerne le secteur de l’éducation, le Ministre a indiqué que pour 2014 et le début de 2015, les écoles jordaniennes avaient reçu 140 000 enfants syriens.  L’afflux de réfugiés a aussi entraîné 22% de consommation supplémentaire d’eau, alors que nous souffrons déjà de pénurie en eau, a-t-il signalé.  Le Ministre a aussi parlé des conséquences de la crise en termes d’emploi.  Tout cela entraîne des frictions avec les Jordaniens, a-t-il regretté, en avertissant que la situation dans son ensemble était une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Les donateurs devraient réagir de manière plus efficace, pour aider à la fois les Syriens et les pays hôtes, a lancé le Ministre.  Le Gouvernement jordanien, a-t-il assuré, a mis en place, pour 2015, un plan d’urgence qui tient compte des besoins des réfugiés.  La création d’un fonds d’affectation spéciale pourrait réduire le fardeau de la crise en Syrie, a-t-il suggéré.  Une solution radicale, permanente et durable à la crise en Syrie passe nécessairement par un règlement politique, a-t-il rappelé avant de conclure. 

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a détaillé la situation catastrophique des réfugiés du camp de Yarmouk qui est assiégé par les forces gouvernementales.  Le siège n’est qu’une technique utilisée par le Gouvernement syrien pour empêcher la fourniture de l’aide humanitaire, a-t-elle dit, en rappelant que ce Gouvernement avait refusé d’accéder à neuf demandes de l’Organisation mondiale de la Santé qui souhaitait acheminer du matériel médical en Syrie.  « Pendant ce temps, les gens continuent de mourir sur des tables d’opération. »  Elle a indiqué que l’heure n’était plus aux lamentations mais bel et bien à l’union de la communauté internationale pour sauver la vie des civils syriens.  « Les résolutions du Conseil sont ridiculisées par le régime syrien », a-t-elle déploré.

Tout en soulignant la générosité remarquable des pays voisins de la Syrie, elle a rappelé qu’au Liban, une personne sur quatre est un réfugié syrien.  Elle a demandé aux pays voisins de la Syrie de garder leurs frontières ouvertes.  Pour sa part, la communauté internationale doit faire plus pour « partager le fardeau » que constitue l’accueil de ces réfugiés.  Les États-Unis, a assuré Mme Power, avait promis de consacrer entre 660 millions et un milliard de dollars sur les trois premières années pour contribuer à cet effort.  « Les disparités entre les besoins des Syriens et l’aide apportée par la communauté internationale ne font que croître », a-t-elle affirmé.

Le régime de Bashar Al-Assad, qui continue de torturer et de tuer, est le premier responsable de la situation humanitaire en Syrie, a-t-elle dit.  Mme Power a affirmé que Daech pourrait disparaître du jour au lendemain, tandis que le régime de Damas continuera de faire obstacle à la fourniture de l’aide humanitaire, de torturer et de mener des attaques à l’arme chimique.  « La seule solution possible en Syrie est une solution sans Assad », a-t-elle soutenu.

M. IGNACIO YBÁÑEZ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Espagne, a rappelé qu’en raison de la crise en Syrie, 3,9 millions de réfugiés syriens, dont 600 000 enfants, sont accueillis en Jordanie, en Égypte, en Iraq, au Liban et en Turquie.  C’est la plus grande crise de notre époque en termes de réfugiés, a-t-il fait remarquer.  Imaginons un instant que nous sommes arrachés de force à notre environnement habituel pendant cinq ans, a-t-il suggéré.  La situation actuelle, a-t-il dit, compromet les efforts de développement des pays voisins. 

La générosité manifestée par de nombreux donateurs lors de la Conférence de Koweït City avait permis de lever 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards.  Mais il est important de faire plus pour répondre aux besoins croissants, a-t-il souligné.  L’augmentation du nombre de réfugiés et de personnes déplacées nous fait honte, a dit le Ministre, avant de dénoncer la violation systématique du principe de neutralité médicale ainsi que les entraves à la délivrance de l’aide sanitaire et médicale.  M. Yanez a souhaité qu’on trouve une solution pratique pour atteindre les zones assiégées, notamment le camp de Yarmouk.  L’Espagne propose, à cet égard, d’envoyer une mission d’estimation des besoins humanitaires dans les zones assiégées, qui permettrait en même temps de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans ces zones.  Cette mission, a-t-il précisé, serait dotée d’un mandat clair caractérisé par trois éléments: un appel aux parties de ne pas lui faire obstacle, une composition précise, et les résultats escomptés avec un calendrier précis. 

M. HAMZAH ZAINUDIN (Malaisie) a déploré le fait que les parties en conflit en Syrie, prétendant toutes lutter pour le peuple, ne semblent pas soucieuses du sort et de la souffrance de celui-ci.  Des villes sont assiégées et des populations sont affamées à cause des stratégies de guerre employées par les parties syriennes en conflit.  Il a déploré le fait qu’en dépit de l’adoption de résolutions du Conseil de sécurité sur l’accès humanitaire, les institutions humanitaires n’aient toujours pas pleinement accès aux populations dans le besoin.  Il a ainsi déclaré que les blocages administratifs du Gouvernement syrien n’étaient plus tenables, avant d’ajouter que la communauté internationale ne saurait tolérer davantage l’imposition de tels obstacles.  À Yarmouk, près de Damas, où 160 000 réfugiés palestiniens vivaient autrefois en paix, 18 000 d’entre eux sont toujours coincés et assiégés en raison des combats.  Cette situation à Yarmouk, a-t-il dit, est comparable à celle que connaissent d’autres villes syriennes.  Le Gouvernement syrien a la responsabilité première de protéger ses populations, a-t-il rappelé.  Comme il n’agit pas, c’est au Conseil de sécurité de s’acquitter de ses responsabilités et de veiller à ce que l’accès humanitaire soit accordé aux institutions humanitaires.  Il a enfin souhaité que la crise syrienne soit réglée par le biais d’un accord politique qui garantisse la réconciliation nationale.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déclaré que la communauté internationale ne saurait espérer que les pays de la région soutiennent seuls l’impact du conflit syrien de manière indéfinie.  Elle a relevé que depuis quatre ans, le Conseil de sécurité observait la désintégration de la Syrie, qui est passée du statut de pays à revenu intermédiaire à celui d’un pays en ruine.  Les membres du Conseil de sécurité doivent trouver la volonté de mettre de côté leurs divergences et faire cesser le carnage en Syrie.  La Nouvelle-Zélande, en partenariat avec la Jordanie et l’Espagne, va continuer à assurer une assistance médicale et contribuer à faciliter l’accès humanitaire aux zones assiégées, a assuré la représentante.  Elle a aussi déclaré que la terrible situation à Yarmouk exigeait une action plus urgente pour que l’aide humanitaire parvienne aux 440 000 personnes assiégées en Syrie.  Elle a estimé qu’une solution durable en Syrie devrait prendre en compte les causes profondes du conflit, en précisant que cela passait par une solution politique durable.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) s’est félicité du succès de la Conférence de Koweït au cours de laquelle 3,6 milliards de dollars avaient pu être mobilisés par les bailleurs.  Mais, a-t-il regretté, la réponse humanitaire pour 2015 n’est couvert à ce jour qu’à hauteur de 16%.  Soulignant que l’accès aux populations dans le besoin en Syrie était crucial, le représentant a tenu le régime syrien responsable de la situation humanitaire dans le pays car, a-t-il dit, « il continue de cibler délibérément les populations civiles, de poursuivre une stratégie délibérée de sièges, et d’imposer des obstacles de tous ordres à la délivrance de l’aide humanitaire ».  M. Delattre a rappelé que depuis le début de la crise, l’aide humanitaire française avait atteint 18 millions d’euros pour le Liban, 18,5 millions d’euros pour la Jordanie, 3,8 millions d’euros pour la Turquie et 2 millions d’euros pour l’Iraq.  Il a expliqué que cette aide visait à améliorer l’intégration et la résilience économique des réfugiés syriens dans les sociétés locales, s’adressant à la fois aux réfugiés syriens et aux communautés hôtes qui subissent de plein fouet l’augmentation massive de la population.  Il a aussi souligné qu’au Liban, l’aide de la France aux communautés hôtes s’élevait à plus de 12 millions d’euros, notamment par l’intermédiaire du fonds fiduciaire de la Banque mondiale.  Il a ajouté qu’une part importante de l’aide française allait également financer l’action du PAM dans la région.

Face au défi grandissant que constitue la déscolarisation de millions d’enfants syriens, a noté M. Delattre, la France contribuera aussi aux programmes éducatifs du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Liban, et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Jordanie.  La France, a-t-il assuré, va continuer à accueillir des Syriens sur son territoire.  Il a par ailleurs déclaré qu’il était essentiel de faire davantage le lien entre l’aide humanitaire et les politiques de développement.  La France répond à ce défi en finançant des projets de développement visant à soutenir les communautés hôtes, et à permettre aux réfugiés non seulement de survivre, mais également de vivre dans des conditions socioéconomiques décentes, a-t-il précisé, en invitant les acteurs au développement à en faire de même.  En dépit du soutien à l’action humanitaire, a-t-il dit, « la meilleure aide que la communauté internationale peut apporter au peuple syrien est de mettre fin à ce conflit odieux ».  La voie de sortie de crise passe par une solution politique inclusive fondée sur le Communiqué de Genève, a tenu à rappeler M. Delattre.  « Seule une transition qui préserverait l’État syrien et protégerait les minorités, mais dans laquelle Bashar Al-Assad ne jouerait aucun rôle, est à même de mettre un terme au conflit et de réduire durablement l’extrémisme », a-t-il affirmé.  Le processus politique de sortie de crise devrait reprendre, sous l’égide des Nations Unies, a-t-il souligné.

M. LIU JIEYI (Chine) a rendu hommage aux pays voisins de la Syrie qui accueillent des réfugiés depuis plus de quatre ans, ainsi qu’aux agences humanitaires et aux donateurs internationaux.  Rome ne s’est pas construite en un jour, a-t-il rappelé pour montrer qu’il faudrait encore du temps avant de parvenir à une solution à la crise syrienne et aux problèmes que posent les réfugiés.  Compte tenu de la détérioration de la situation humanitaire, il est essentiel d’accroître l’assistance humanitaire.  Dans ce cadre, la communauté internationale doit fournir un appui pour répondre aux besoins des pays hôtes, a-t-il insisté, en rappelant qu’il faudrait se conformer aux priorités définies par les pays hôtes.  L’assistance internationale doit être assurée sur la base des principes fondamentaux des Nations Unies, a-t-il cependant souligné.

Le représentant de la Chine a ensuite plaidé en faveur d’une solution politique, avec la médiation de l’ONU.  Il a aussi appelé à respecter les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies comme la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays.  L’ONU a un rôle central à jouer dans la résolution de ce conflit, a-t-il dit.  Pour sa part, la Chine a fourni un appui matériel aux réfugiés syriens, à hauteur de 230 millions de dollars et continuera à apporter son soutien, a-t-il assuré. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est dite horrifiée par l’incapacité du Gouvernement syrien à protéger sa propre population.  « Ses actions rajoutent à la souffrance avec les entraves, notamment bureaucratiques, qu’il oppose à la fourniture de l’aide humanitaire. »  Elle a rappelé que le mois dernier, les agences humanitaires de l’ONU n’avaient pu délivrer de la nourriture qu’à seulement 4% des personnes situées dans des zones assiégées.  Les contraintes honteuses auxquelles font face les acteurs humanitaires sont, a-t-elle dit, une violation caractérisée des résolutions 2139, 2165 et 2191 du Conseil.  « Si le Conseil ne prend pas au sérieux ses propres résolutions, comment peut-il s’attendre à ce qu’elles soient mises en œuvre? » s’est-elle interrogée.

Après des années d’impunité, elle a demandé que le Conseil adopte une « position forte ».  Les enjeux sont particulièrement élevés pour le peuple syrien et les pays voisins de la Syrie, comme le Liban, qui accueillent un grand nombre de réfugiés, a-t-elle fait remarquer.  La déléguée a prévenu que les tensions entre les réfugiés et les communautés hôtes pourraient avoir à terme des conséquences graves.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, la seule solution viable à la crise en Syrie ne pourrait découler que d’un dialogue politique engagé par les Syriens eux-mêmes.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué la générosité des pays qui accueillent les réfugiés syriens.  Pour répondre aux besoins financiers de ces pays et à ceux des agences humanitaires, il a appelé à augmenter le niveau de l’aide internationale.  Au cours de ces dernières années, son pays a déboursé, dans ce cadre, 1,2 milliard de dollars, a-t-il indiqué avant de parler aussi de l’aide en faveur de l’éducation qu’il consent à la Jordanie.  La communauté internationale doit faire tout ce qui est possible pour aider ceux qui sont toujours en Syrie et qui sont confrontés à la brutalité sans limite du régime de Bashar Al-Assad.  Cent ans après la première utilisation d’armes chimiques, ce régime est le seul à utiliser le chlore comme arme chimique, a-t-il fait remarquer.  Face à l’ampleur de la crise, le représentant britannique a demandé de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale.  

M. Lyall Grant a invité les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et à assurer un accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Aux agences humanitaires et à leurs partenaires, il a demandé d’augmenter leur assistance.  La seule façon de mettre un terme à la crise humanitaire est de trouver une solution politique négociée, a-t-il dit en appuyant les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Il a ensuite cité l’aide matérielle apportée par son pays en Jordanie, notamment pour améliorer la fourniture d’eau et les infrastructures.  Ceci permet, a-t-il expliqué, de venir en aide aux réfugiés syriens à moyen terme et d’assister le pays hôte à plus long terme. 

Avant de conclure, M. Lyall Grant a déclaré qu’il regrettait faire sa dernière déclaration, en tant que Représentant permanent du Royaume-Uni auprès des Nations Unies, sur la crise syrienne.  « Depuis le début de cette crise, j’ai été le témoin de l’utilisation du droit de veto à quatre reprises, qui avait empêché le Conseil d’agir à un moment crucial. »  Cependant, les membres du Conseil ont réussi à adopter trois résolutions qui avaient permis de garantir l’accès de l’aide humanitaire à des milliers de personnes dans le besoin.  « C’est cette unité dont nous aurons tous besoin dans les mois à venir », a-t-il souligné.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a demandé à la communauté internationale qu’elle reconnaisse que la réalité de l’impact humanitaire de la crise syrienne est un « impératif éthique de solidarité ».  Il s’est inquiété des conséquences régionales qui ne font que s’aggraver, tout en saluant la solidarité des pays voisins de la Syrie.  Mais la situation n’est plus tenable pour ces pays, a-t-il regretté, avant de parler aussi des tragédies récentes des migrants en mer Méditerranée.  Le représentant a condamné avec fermeté la violence commise contre les civils en Syrie.  Il a exhorté à nouveau les parties de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  Concernant la situation tragique à Yarmouk, il a partagé les préoccupations de l’UNRWA sur l’importance, en termes humanitaire, politique et stratégique, du soutien à apporter aux réfugiés palestiniens de ce camp.  Outre le financement de l’aide humanitaire, a-t-il dit, il est important de rechercher une solution politique inclusive à la crise en Syrie.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a estimé qu’il était temps que les parties s’acquittent de leurs responsabilités pour mettre un terme au désastre humanitaire en Syrie.  « La tragédie en Syrie doit interpeller notre conscience collective », a-t-il dit, avant de demander que des mesures concrètes soient prises.  Il a notamment souhaité que les belligérants soient tenus responsables des violations des droits de l’homme qu’ils auraient pu commettre.  La communauté internationale doit intensifier ses efforts humanitaires en Syrie, a-t-il souligné, en demandant que les promesses d’engagement soient honorées.  Enfin, le délégué du Tchad a plaidé pour la recherche d’une solution politique qui soit basée sur le Communiqué de Genève et appuyé les efforts entrepris par l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a déploré les entraves à l’aide humanitaire en Syrie, en constatant par exemple que l’UNICEF n’avait pas pu apporter du matériel d’épuration de l’eau et le PAM n’avait pas eu accès aux populations dans le besoin.  Il a engagé les parties à s’acquitter des engagements pris lors de la Conférence de Koweït pour venir en aide à la population syrienne.  Il faudrait aussi apporter un soutien aux pays qui accueillent des réfugiés syriens, a-t-il demandé.  L’aide internationale devrait permettre la mise en œuvre du Plan d’action 2015 pour la Syrie, avec une contribution substantielle des ONG, a-t-il estimé.  Le représentant s’est dit convaincu que la solution à long terme à la crise en Syrie passait nécessairement par un règlement politique.  Il a donc encouragé les parties à déposer les armes et à reprendre les négociations sur la base du Communiqué de Genève. 

M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a qualifié « d’effroyable » la situation humanitaire en Syrie.  La contagion du conflit syrien aux pays voisins devrait être traitée de toute urgence pour prévenir des conséquences dévastatrices pour la région.  Il a profondément regretté que le conflit en Syrie soit devenu un point de ralliement pour un grand nombre de terroristes, créant ainsi une dimension « terrible » de ce conflit.  Le délégué de l’Angola a déploré les tragédies effroyables causées à la suite des naufrages en mer Méditerranée de navires transportant des migrants et des réfugiés, dont un nombre de Syriens. 

Il a ensuite exhorté la communauté internationale à favoriser la recherche d’une solution politique en Syrie, avant de déplorer l’échec des efforts de l’Envoyé spécial visant à l’instauration d’un cessez-le-feu à Alep.  « L’heure est venue pour agir », a-t-il affirmé.  En conclusion, le délégué a jugé crucial que le Conseil prenne des mesures audacieuses pour mettre un terme aux souffrances en Syrie.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a réitéré que la seule manière de sortir de la crise syrienne est de trouver une solution politique négociée et inclusive.  Il a soutenu les efforts diplomatiques de Moscou et de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, en invitant tous les pays et toutes les parties impliquées dans le conflit à les appuyer.  Il n’y a pas de mots pour décrire les souffrances du peuple syrien, a-t-il estimé.  Le Venezuela, a-t-il assuré, soutient le travail mené par les agences humanitaires, le personnel médical et de secours.

Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par le recrutement d’enfants par des groupes terroristes tels que l’EIIL qui a ouvert une école pour eux.  Sur les 440 000 personnes actuellement assiégées, 228 000 sont encerclées par les terroristes de l’EIIL, sans compter les réfugiés du camp de Yarmouk, s’est-il inquiété.  Il s’est également dit alarmé par la présence de plus de 25 000 combattants étrangers dans les rangs d’Al-Qaida, qui proviennent de plus de 100 pays.  Il a enfin demandé aux pays tiers de ne pas utiliser la crise humanitaire syrienne pour promouvoir un agenda politique.  Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit travailler de manière impartiale à la recherche d’une solution politique.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est étonné que le défi du terrorisme n’ait été mentionné qu’en passant par les intervenants de ce matin.  Quatre ans de conflit ont causé des souffrances intolérables aux Syriens, a-t-il dit.  Le représentant a insisté sur les efforts humanitaires du Gouvernement syrien qui, a-t-il rappelé, a accédé à la grande majorité des demandes de l’ONU relatives à la fourniture d’une aide de première nécessité.  « Il n’y a pas de pénurie de biens essentiels sur les territoires contrôlés par Damas », a-t-il soutenu.  M. Churkin a ensuite exhorté le Conseil à présenter un front uni concernant la question humanitaire en Syrie comme il a pu le faire en adoptant plusieurs résolutions.  Il a également plaidé pour une meilleure coordination entre les autorités de Damas et les acteurs humanitaires afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le terrorisme est aujourd’hui le phénomène le plus préoccupant en Syrie, a déclaré M. Churkin.  Il a indiqué que les groupes djihadistes étaient d’autant plus dangereux qu’ils avaient noué des alliances entre eux et qu’ils cherchaient à impliquer des réfugiés palestiniens comme ceux du camp de Yarmouk.  « Ce n’est que lorsque les terroristes auront été vaincus que les Syriens retrouveront des conditions de vie normales. »

Sur le plan politique, M. Churkin a regretté que tous les États ne partagent pas la même urgence pour la recherche d’une solution politique et continuent d’appuyer des éléments soi-disant modérés.  « Il n’y a pas d’éléments modérés en Syrie », a-t-il dit.  Il ne saurait y avoir de solution militaire, a souligné M. Churkin, qui a invité les partisans d’une telle solution à tirer les enseignements de la désastreuse intervention militaire en Libye.

Les mesures prises à ce jour pour régler la crise en Syrie n’ont pas été suffisantes en raison de la poursuite, par certains pays, de leurs seuls intérêts, a-t-il affirmé, avant de déplorer l’échec de la Conférence Genève II.  Il a également regretté que certains éléments syriens appuyés par les membres les plus puissants de ce Conseil n’aient pas participé aux pourparlers qui se sont récemment déroulés à Moscou.  Avant de conclure, M. Churkin a invité les États Membres et les intervenants de ce matin à examiner avec une plus grande attention la détérioration de la situation humanitaire au Yémen.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a vivement critiqué ces pays qui remuent le monde de fond en comble lorsqu’ils découvrent un seul terroriste sur le territoire et n’hésitent pas à utiliser l’arme militaire sur les territoires d’autres États, mais refusent, au contraire, à la Syrie le droit de combattre les groupes terroristes qui s’attaquent à sa population.  Il est impossible de mettre fin à la crise humanitaire tant que certains pays continuent d’utiliser le terrorisme pour servir leurs propres objectifs, a-t-il dit.  La solution de la crise en Syrie ne pourra être trouvée que par le biais d’un dialogue national entre Syriens, sans aucune ingérence extérieure.  Il a dénoncé les actes de ceux qui ont fait échouer la Conférence de Genève II et tenté de saboter les deux réunions qui se sont tenues à Moscou.  M. Ja’afari a ensuite déploré que certains pays préfèrent financer des groupes terroristes soi-disant modérés plutôt que le plan de réponse humanitaire qui n’a, à ce jour, reçu que 16% des ressources nécessaires pour 2015.

Le délégué a ensuite qualifié de « naïves » et de « trompeuses » les allégations avancées par certaines délégations selon lesquelles le Gouvernement syrien ferait le siège de certaines zones et empêcherait l’acheminement de l’aide humanitaire.  « Ce sont les groupes terroristes tels que Daech et le Front al-Nosra qui font le siège de telles zones », a-t-il affirmé, en ajoutant que le Gouvernement syrien combattait ces groupes pour qu’ils ne prennent pas le contrôle de zones où les civils sont en sécurité.  En ce qui concerne le camp de Yarmouk, il a demandé comment son gouvernement aurait pu assiéger ledit camp alors que Daech avait réussi à y pénétrer avec l’aide d’al-Nosra.  « Lorsque les terroristes sont entrés dans le camp, le Gouvernement syrien a participé à l’exfiltration des résidents du camp et leur a fourni du matériel de première nécessité », a-t-il assuré.  Le camp ne compte aujourd’hui qu’un millier de personnes, tous des hommes, a-t-il soutenu.

M. Ja’afari a indiqué que la pleine application des résolutions 2170, 2178 et 2199 du Conseil était la réponse appropriée à la question des réfugiés syriens.  « Il faudrait aussi que les États les plus puissants du Conseil exercent des pressions sur des États comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar pour qu’ils cessent leur soutien aux groupes terroristes. »  Enfin, le délégué a affirmé que son pays continuerait de coopérer avec les Nations Unies pour atténuer les souffrances du peuple syrien.

M. NAWAF SALAM (Liban), notant l’absence de progrès dans la résolution de la crise syrienne, a déclaré que cette crise contribuait à la montée de l’extrémisme violent dans la région.  Le Liban, le plus petit pays de la région, accueille déjà plus de 1,2 million de réfugiés syriens enregistrés et 350 000 réfugiés palestiniens, ces populations représentant, a-t-il dit, un tiers de la population nationale.  M. Salam a souligné que cette situation avait un impact très négatif sur les services sociaux, les systèmes de santé et d’éducation, les logements, les infrastructures d’approvisionnement en eau, en énergie et d’assainissement.  Le taux de pauvreté a augmenté de 61% au Liban, tandis que celui du chômage a doublé, a indiqué M. Salam, en précisant que le revenu moyen de la population avait considérablement baissé. 

Le représentant libanais a ainsi demandé à la communauté des donateurs de répondre aux besoins du Liban à la fois pour faire face à la situation humanitaire et pour l’aider à poursuivre ses efforts de développement, tels qu’ils ont été identifiés dans le Plan 2015-2016 de réponse à la crise au Liban.  Tout en remerciant les donateurs pour la générosité dont ils ont fait preuve lors de la Conférence de Koweït le mois dernier, il a rappelé que le montant pour lequel ils s’étaient engagés ne représentait que 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards de dollars attendus.  Le représentant a lancé à nouveau un appel aux donateurs, aux institutions financières internationales et aux institutions de l’ONU pour qu’ils fournissent aux pays à revenu moyen comme le Liban et la Jordanie une aide adéquate en faveur de leur développement. 

M. HALIT ÇEVIK (Turquie) a souligné que la crise humanitaire syrienne ne pouvait être réglée tant qu’il n’y aura pas de véritable solution politique au conflit.  Il a fait valoir que son pays avait placé les Syriens au cœur de son approche humanitaire, sans tenir compte de leur appartenance ethnique ou religieuse.  La Turquie maintient sa politique de frontières ouvertes en respectant le principe de non-refoulement, a-t-il assuré, en signalant que plus de 1,7 million de Syriens vivaient actuellement sur son territoire, dont 256 000 inscrits dans 25 centres.  Le Gouvernement syrien répond à tous leurs besoins, a-t-il précisé.  La Turquie, a-t-il indiqué, assiste les Syriens qui vivent en dehors des centres d’hébergement, en leur fournissant notamment des soins de santé gratuits.

La Turquie a adopté une loi de protection temporaire, l’an dernier, pour renforcer cette réaction humanitaire, qui attribue davantage de droits aux réfugiés syriens afin de leur permettre de travailler et de recevoir une éducation, a rappelé le représentant, avant de préciser que son pays étendait maintenant l’aide humanitaire à la partie nord de la Syrie.  Le montant total de l’aide apportée par la Turquie a dépassé les 5,6 milliards de dollars, alors que la contribution bilatérale ou multilatérale n’atteint que 300 millions de dollars, a-t-il indiqué.  Le représentant a cependant fait remarquer que l’écart se creusait entre les besoins et les contributions versées.  C’est pourquoi, a-t-il insisté, il faudrait appuyer les mécanismes novateurs d’aide, comme les coupons alimentaires du PAM, et les services d’enseignements turcs apportés à 550 enfants syriens, dont 350 000 ne sont toujours pas scolarisés.  M. Cevik a enfin appelé à renforcer l’action de la communauté internationale contre les crimes des groupes terroristes comme Daech.

Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que la Turquie ne pouvait pas parler des choix du peuple syrien.  Il a ensuite parlé de la complicité du régime turc dans les crimes commis en Syrie.  Le chef d’un groupe terroriste lié à Daech et au front al-Nosra est actuellement en Turquie pour préparer une attaque à Damas, a-t-il soutenu.  Il a aussi mis l’accent sur ce qu’il désigne comme « le plus sombre des exemples de la complicité du régime turc » en évoquant un incident qui s’était produit à Alep il y a quelques années: « lorsque nous avions demandé l’aide du Secrétaire général pour enquêter, il n’avait répondu que sur une partie de notre demande », a-t-il regretté.  Il y avait pourtant des preuves montrant que la Turquie n’empêchait pas le passage d’armes par la frontière entre les deux pays, a-t-il dit.  Le Gouvernement turc n’avait manqué aucune occasion de porter atteinte au peuple syrien.  Selon le représentant syrien, la Turquie a utilisé des armes chimiques et ensuite accusé la Syrie de les avoir utilisées. 

Le représentant de la Turquie a répondu que la lutte que mène son pays contre le terrorisme était bien connue, en précisant qu’il avait inscrit sur la liste des organisations terroristes al-Nosra et Daech.  L’utilisation de barils d’explosifs a été rejetée par le Gouvernement syrien qui, selon certaines révélations, abrite des terroristes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Les jeunes représentent l’espoir et non pas un danger », souligne M. Ban Ki-moon lors du débat du Conseil consacré à leur rôle dans la lutte contre l’extrémisme violent

7432e séance – matin
CS/11872

« Les jeunes représentent l’espoir et non pas un danger », souligne M. Ban Ki-moon lors du débat du Conseil consacré à leur rôle dans la lutte contre l’extrémisme violent

 

La Jordanie propose d’organiser avec l’ONU une première conférence internationale sur le rôle des jeunes dans l’instauration d’une paix durable

Encourager les jeunes à reprendre à leur compte les causes de la paix, de la diversité et du respect mutuel, pour qu’ils contribuent à la lutte contre l’extrémisme violent au lieu de l’alimenter, tel était l’objet de la discussion organisée aujourd’hui au Conseil de sécurité, sous la présidence du Prince héritier de Jordanie Al Hussein Bin Abdallah II.  Les 60 orateurs, dont plusieurs ministres et experts, ont appelé à protéger les jeunes contre les manipulations orchestrées par les extrémistes et, en même temps, à s’appuyer sur eux dans ce combat en faveur de la paix.

Ce débat était dirigé par le Prince héritier de Jordanie, qui est à ce jour le plus jeune Président de l’histoire du Conseil de sécurité.  « Il n’a pas encore 21 ans mais il est déjà un leader du XXIe siècle », a fait remarquer le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à propos du Prince héritier Al Hussein Bin Abdallah II dont la présence et le discours ont été salués par des applaudissements.

« Les jeunes représentent l’espoir et non pas un danger », a déclaré le Secrétaire général, en rappelant qu’il existe des groupes innombrables de jeunes qui veulent combattre l’injustice et non pas les personnes.  « Je salue ces héros et, en particulier ces héroïnes », a-t-il dit, en rappelant que l’égalité entre les sexes était fondamentale pour combattre l’extrémisme violent.

M. Ban a demandé de ne pas oublier les jeunes victimes de l’extrémisme violent, en particulier les jeunes filles enlevées à Chibok, au Nigéria, les étudiants tués par Al-Chabab à Garissa, au Kenya, et ceux qui ont été massacrés par les Taliban à Peshawar, au Pakistan. 

Il a en outre demandé de laisser une place aux jeunes à la table des négociations.  L’ONU a d’ailleurs adopté des Principes directeurs sur la participation des jeunes dans la consolidation de la paix, tandis qu’un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent est en cours d’élaboration.

La liste des raisons pouvant expliquer la radicalisation des jeunes est très longue, a prévenu le Directeur du Centre international d’études de la radicalisation, M. Peter Neumann.  Sur les 40 000 jeunes européens qui ont rejoint Daech en Syrie, a-t-il précisé, les motivations vont du souhait de contribuer à l’assistance humanitaire à celui de se lancer dans une aventure.

Pour la plupart d’entre eux, le désir d’aider prime sur celui de faire du mal, a constaté un anthropologue du Centre national de recherche de Paris.  M. Scott Atran a signalé que près de 3 recrues sur 4 d’Al-Qaida ou de Daech avaient été attirées par des amis, des membres de leur famille ou encore des compagnons de route à la recherche d’un sens à leur vie. 

Pour les jeunes vivant dans la pauvreté, qui représentent 500 millions de la population mondiale, c’est en général leur marginalisation économique et sociale qui les pousse à l’extrémisme violent.  Les groupes extrémistes mettent à profit la frustration des jeunes qui n’arrivent pas à concrétiser leurs légitimes ambitions, a expliqué le Prince héritier Al Hussein Bin Abdallah II.

Leur désespoir se traduit aussi par un désir de migration, qui peut conduire à des catastrophes humaines comme on l’a vu récemment en mer Méditerranée.  À ce propos, le Ministre de la justice et des migrations de la Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques, a rappelé que les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se réunissaient aujourd’hui même pour discuter des défis de la migration.

Pour remédier à cette situation, a souligné M. Atran, il est important d’entreprendre des efforts en matière de développement, d’immigration et d’intégration, afin de mieux canaliser l’énergie et l’idéalisme des jeunes. 

La jeunesse devrait être « le meilleur rempart contre l’obscurantisme », a estimé le Ministre français de la ville, de la jeunesse et des sports, après avoir rappelé l’attentat évité de justesse en France contre des églises.  La France, a assuré M. Patrick Kanner, a décidé d’engager « une mobilisation nationale pour les valeurs républicaines », ainsi qu’un plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui vise en particulier la jeunesse.

Soulignant le rôle crucial de l’éducation, le Secrétaire général s’est rallié à l’appel lancé récemment par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Al Hussein, qui recommande de déployer des « armes d’éducation de masse » pour sortir les jeunes de la pauvreté.  À cela doivent s’ajouter des programmes d’insertion professionnelle et sociale et d’entreprenariat.

En outre, comme l’a fait remarquer M. Neumann et plusieurs délégations, les parents et les communautés sont en première ligne dans cette lutte.  Beaucoup ont également apprécié l’implication des chefs religieux dans ces efforts, en leur rappelant qu’ils devaient diffuser un discours modéré et condamner les messages de haine au nom de la religion.

Tout au long de la journée, les orateurs ont recommandé d’utiliser les atouts propres à la jeunesse dans ce combat, comme leur attrait pour le sport et la créativité, en constatant en particulier l’aptitude des jeunes à naviguer sur Internet et sur les plateformes des médias sociaux.

Le revers de la médaille, c’est que les jeunes relaient facilement les théories du complot sur les réseaux sociaux.  C’est pourquoi certaines délégations, comme le Tchad et la Fédération de Russie, ont recommandé de limiter l’utilisation des médias par les groupes terroristes.

Beaucoup ont en outre exprimé leur soutien à la proposition de la Jordanie d’accueillir en août prochain, en partenariat avec les Nations Unies, la première conférence internationale sur le rôle des jeunes dans l’instauration d’une paix durable.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE INTERNATIONALES

Le rôle des jeunes dans la lutte contre l’extrémisme violent et la promotion de la paix

Lettre datée du 27 mars 2015, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente de la Jordanie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/31)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a salué le Prince héritier de Jordanie Al Hussein Bin Abdullah II, en signalant qu’il était la personne la plus jeune à avoir présidé, à ce jour,  le Conseil de sécurité.  Il n’a pas 21 ans mais il est déjà un leader du XXIe siècle, a-t-il dit, une remarque qui a été suivie d’applaudissements de la salle.  M. Ban a souligné que le rôle des jeunes était au cœur de la paix et de la sécurité internationales.  « Notre défi est de permettre à la jeunesse de réaliser son potentiel », a-t-il expliqué, en rappelant que cette génération de jeunes est la plus nombreuse de l’histoire.  Il a constaté que, dans la plupart des pays affectés par un conflit, les jeunes représentent plus de la moitié de la population.  C’est pourquoi, a-t-il recommandé, nous devons encourager les jeunes à reprendre à leur compte les causes de la paix, de la diversité et du respect mutuel.  Le Secrétaire général a noté que ceux qui commettent des actes de violence sont souvent des victimes eux-mêmes de la violence des adultes.  Il a appelé à ne pas oublier les jeunes victimes de l’extrémiste violent, en particulier les jeunes filles enlevées à Chibok, au Nigéria, les étudiants tués par Al-Chabab à Garissa, au Kenya, et ceux qui ont été massacrés par les Taliban à Peshawar, au Pakistan.  Les extrémistes violents, a-t-il dit, ciblent les jeunes qui exercent leurs droits de l’homme.

Par ailleurs, le Secrétaire général a salué les jeunes gens qui survivent à la guerre et deviennent des militants de la paix.  Il a rappelé, à cet égard, qu’il avait assisté à un match de football disputé par des joueurs amputés à cause de blessures subies au cours d’un conflit.  Il a aussi mentionné le cas d’une jeune femme, Ilwad Elman, dont le père a été assassiné en Somalie et qui est revenue dans ce pays pour aider les victimes de violence sexiste.  « J’ai aussi rencontré, a-t-il dit, une fillette syrienne dans un camp de réfugiés qui rêvait de devenir médecin. »  Son Envoyé pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, voit les jeunes comme des moteurs de changement qui, cependant, ne prennent pas la direction de leur pays.

Les jeunes sont idéalistes et créatifs.  Ils ont aussi une force spéciale grâce à leurs réseaux.  Ils veulent la paix et pas la guerre.  Le Secrétaire général a applaudi ces héros et, « en particulier ces héroïnes », en soulignant le caractère fondamental de l’égalité entre les sexes dans la lutte contre l’extrémisme.  Il a aussi appelé à laisser une place aux jeunes à la table des négociations.  Les organisations de jeunes peuvent contribuer à la consolidation de la paix, a-t-il assuré. 

M. Ban a joint sa voix à celle du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Al Hussein, qui veut déployer des « armes d’éducation de masse » pour renforcer la culture de paix.  Il a demandé de soutenir sans retenue les groupes de jeunes qui œuvrent en faveur de la paix.  Les Nations Unies, a-t-il assuré, écoutent les jeunes et veulent répondre à leurs préoccupations.  Il a énuméré les initiatives prises en ce sens à l’ONU, comme les principes directeurs sur la participation des jeunes dans la consolidation de la paix, ou encore le plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent qui est en cours d’élaboration.

« Il n’y a pas une seule raison qui explique la radicalisation des jeunes, il n’y a pas une seule cause », a affirmé M. PETER NEUMANN, Directeur du Centre international d’études de la radicalisation.  Il a expliqué que la radicalisation est un processus par lequel des individus, souvent des jeunes, se tournent vers l’extrémisme.  Il a estimé que si l’on devait établir les causes de certains conflits qui expliqueraient la radicalisation des jeunes, cette liste serait alors très longue.

Décrivant les quelque 40 000 jeunes européens qui ont rejoint Daech en Syrie, il a précisé que certains de ces jeunes sont pieux, d’autres ne le sont pas et que parmi eux, il y en a qui ont un passé difficile, tandis que d’autres n’ont connu aucun problème.  « Certains veulent porter secours aux Syriens qui souffrent, d’autres cherchent plutôt le frisson et l’aventure », a-t-il dit. M. Neumann a ajouté qu’il s’agissait d’un groupe très divers, « le groupe d’extrémistes le plus divers que je n’ai jamais vu de ma vie ».

Qu’est-ce que ces jeunes gens ont en commun? s’est-il alors interrogé.  Ces jeunes, a-t-il répondu, ont en commun l’impression de ne pas appartenir à leur société.  « Ils ne se sentent pas européens et estiment qu’ils n’appartiennent pas à une société occidentale. »  M. Neumann a cependant indiqué que ce sentiment d’exclusion n’expliquait pas, et justifiait encore moins, ce qui les pousse à devenir terroristes.

Au nombre des autres facteurs de radicalisation, il a cité la rencontre avec une idéologie qui donne du sens aux griefs que ces jeunes peuvent avoir.  La dynamique de groupe, le charisme des chefs, peuvent également jouer un rôle, a-t-il ajouté.  Daech apporte une réponse que ces jeunes cherchent depuis longtemps, a conclu M. Neumann, avant de souligner que le sentiment d’exclusion était une condition préalable à toute radicalisation.

Au titre des solutions à apporter à un tel défi, il a souligné l’importance d’impliquer les parents, qui sont « nos alliés les plus importants » dans cette lutte.  « Nous devons aussi mettre en place des programmes de déradicalisation, pour ceux qui s’apprêtent à rejoindre la Syrie et ceux qui en reviennent », a-t-il dit, en mettant également l’accent sur la nécessité de battre en brèche les idées des extrémistes sur Internet.  M. Neumann a néanmoins rappelé que la seule solution à long terme à la radicalisation des jeunes était d’édifier des sociétés plus inclusives.  « C’est notre tâche la plus difficile, la plus coûteuse et la plus longue, mais nous devons l’accomplir », a-t-il plaidé avant de conclure.

M. SCOTT ATRAN, Anthropologue et Directeur de recherche au Centre national de recherche de Paris, a souligné que ses recherches ont pour but de réduire la violence entre les gens, et ce, par le biais d’une approche méthodologique qui lui permet de faire œuvre d’empathie et d’observation afin de pouvoir mieux les comprendre.  Il a évoqué des études qu’il a menées sur les six continents, dont la plus récente en Iraq, dans la ville de Kirkouk où il a été pour étudier le cas des jeunes enrôlés par Daech, mais également à Paris et à Barcelone pour mieux comprendre ce qui pousse les jeunes à rejoindre ce groupe extrémiste.  Il a relevé que la plupart des jeunes djihadistes rencontrés en Iraq se disaient musulmans seulement parce que leurs recruteurs d’Al-Qaida ou de Daech les en avaient convaincus afin qu’ils commettent des actes terribles contre ceux qu’ils qualifient d’« impurs ».  Il a noté que ces jeunes étaient habitués à la violence ambiante depuis la chute de Saddam Hussein.

M. Atran a expliqué qu’en Europe et ailleurs, le mode opératoire pour les recrutements de combattants est différent.  Ainsi, près de trois recrues sur quatre d’Al-Qaida ou de Daech avaient été attirés par des amis, ou alors par des membres de leur famille ou encore des compagnons de route à la recherche d’un sens à leur vie.  Il a précisé que les parents de ces jeunes recrues ne sont pas le plus souvent au courant des desseins de leur progéniture.  De même, alors que les musulmans immigrés en Occident parlent peu de Daech et des sujets liés à la politique étrangère, leurs enfants par contre sont friands de telles informations.  Il a aussi noté que la plupart de ces « volontaires étrangers » sont classifiés dans le groupe que les adeptes des sciences sociales nomment « la distribution normale » en termes de traits psychologiques tels que l’empathie, la compassion, l’idéalisme, avec pour la plupart d’entre eux, le désir d’aider plus que de faire du mal.

L’anthropologue a ensuite rappelé un sondage mené l’été dernier révélant qu’un jeune sur quatre en France avait une opinion favorable de Daech.  Au cours de ce mois à Barcelone, a-t-il ajouté, 5 sympathisants de Daech sur 11 soupçonnés de commettre des attentats dans la ville, étaient des athées ou des chrétiens avant leur conversion.  Il a déclaré que l’alliance entre le nationalisme xénophobe et le djihadisme est en train de déstabiliser la classe moyenne européenne, un peu comme l’avait fait le communisme et le fascisme dans les années 1920 et 1930.  L’anthropologue a en outre estimé que le soi-disant « clash des civilisations » est trompeur, en expliquant que la violence extrémiste représente, non pas la résurgence de cultures traditionnelles, mais leur chute.  Il s’est dit convaincu que les jeunes ne sont pas liés aux traditions millénaires, mais qu’ils recherchent plutôt une identité sociale qui leur procurerait de la gloire.  C’est là le côté obscur de la mondialisation, a—t-il souligné.  M. Atran a aussi prévenu qu’il faudrait encore de nombreuses années pour véritablement découvrir le vrai impact qu’aura eu Daech, même s’il est chassé de sa base territoriale actuelle.  Il a aussi averti qu’adopter seulement des solutions militaires et policières contre les extrémistes risquent de conduire la communauté internationale à perdre la génération future.

Pour remédier à cette situation, M. Atran a suggéré que les efforts de développement, ainsi que ceux menés dans le cadre de l’immigration et de l’intégration, soient mieux canalisés.  Il a proposé que la société offre aux jeunes des solutions qui leur font rêver d’une vie qui a un sens à travers l’effort et le sacrifice dans la camaraderie.  Il a aussi suggéré d’offrir aux jeunes un rêve personnel positif avec une chance concrète de réalisation.  Avant de conclure, il a souhaité que les jeunes puissent avoir des moyens pour développer l’entrepreneuriat ou se faire une place dans les domaines sportifs ou de la musique.

Le Prince héritier de Jordanie AL HUSSEIN BIN ABDALLAH II a rappelé qu’aucun pays n’était à l’abri de la menace du terrorisme.  « La guerre contre la terreur est l’affaire de tous. »  Il a ensuite rappelé qu’il y avait dans le monde près de 73 millions de jeunes hommes et femmes sans emploi et plus de 14 millions de jeunes réfugiés.  Puis, il a affirmé que les jeunes, contrairement à ce que l’on peut croire, ne sont pas un groupe marginalisé mais un groupe, qui est au contraire activement recherché.  « Ils sont recherchés en raison de leur grand potentiel, de leur confiance en eux-mêmes et de leurs capacités à changer le monde. »  Il a néanmoins affirmé que lorsque les jeunes n’arrivent pas à concrétiser leurs légitimes ambitions, celles-ci se transforment alors en frustrations que des groupes extrémistes mettent à profit.

« Nous devons combler ce vide qui est exploité par les ennemis de l’humanité en autonomisant les jeunes pour qu’ils puissent concrétiser leurs ambitions », a insisté le Prince héritier de Jordanie.  Il a ajouté que cela ne pouvait être réalisé que si les jeunes bénéficient d’une éducation de qualité et d’un accès à l’emploi.  « Une course est engagée, nous devons investir dans les cœurs, les esprits et les capacités des jeunes », a-t-il affirmé.  Le Prince héritier a ensuite jugé crucial de s’élever contre la menace posée par les groupes terroristes « qui tirent profit du potentiel des jeunes pour bâtir un monde inhumain ».  Il a également invité les jeunes à mettre en place les réseaux et alliances intellectuels permettant la formation « d’une opinion publique des jeunes » en faveur de la tolérance, du respect de la diversité et du rejet de la violence.  Enfin, le Prince héritier a indiqué que son pays, en partenariat avec les Nations Unies, devrait accueillir en août prochain la première conférence internationale sur le rôle de la jeunesse dans l’instauration d’une paix durable.

M. PATRICK KANNER, Ministre de la ville, de la jeunesse et des sports de la France, après avoir rappelé l’attentat déjoué hier en France contre des églises, a estimé que la jeunesse devrait être « le meilleur rempart contre l’obscurantisme ».  Il faut à la fois s’appuyer sur cette jeunesse et la protéger contre les manipulations orchestrées par les extrémistes.  Ces derniers sont extrêmement actifs sur les réseaux sociaux et relaient les théories du complot qui sapent l’autorité des institutions, a-t-il constaté.

La lutte contre l’extrémisme ne peut pas être seulement militaire, a poursuivi le Ministre.  Elle constitue un combat politique et moral plus large, dans lequel l’ensemble de la société a un rôle à jouer.  C’est pourquoi la France, après les attentats qui l’ont frappée, a décidé d’engager « une mobilisation nationale pour les valeurs républicaines », ainsi qu’un plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui vise en particulier sur la jeunesse.  Dès l’école, a-t-il expliqué, « nous voulons, à travers des enseignements spécifiques, mettre l’accent sur les notions de citoyenneté et de laïcité ».  D’autres acteurs sont mobilisés avec le même objectif.  Les associations ont vu leurs crédits augmenter dans les quartiers « où la désespérance est la plus grande ».

État et associations portent ce discours républicain sur Internet.  « Nous menons des campagnes de contre-offensive aux argumentaires de nos adversaires », a assuré M. Kanner.  « Nous développons à grande échelle des dispositifs d’engagement citoyen, tels que le service civique », a-t-il ajouté, avant de souligner que la France voulait maintenant développer ce dispositif au niveau international.  Enfin, « aux jeunes adultes radicalisés qui reviennent des zones de combat, nous voulons montrer leur terrible erreur, et leur donner la possibilité de se réinsérer dans leur pays, selon les valeurs de ce pays », a-t-il dit en conclusion.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a indiqué que les six jeunes arrêtés à Minneapolis pour des délits liés au terrorisme s’étaient inspirés de l’exemple d’un jeune américain somalien qui avait rejoint l’EIIL.  Cela démontre que le recrutement est organisé par les pairs, a-t-elle fait remarquer, avant de souligner les méthodes de plus en plus sophistiquées qu’utilise l’EIIL, comme les tweets.  L’EIIL aurait même créé une application qui permet de twitter au départ du compte des utilisateurs individuels, ce qui augmente l’impact des messages, a-t-elle indiqué.  S’il existe un consensus dans le monde pour lutter contre l’extrémisme violent, nous sommes cependant dépassés par les groupes terroristes qui recrutent des jeunes, a-t-elle fait observer, en disant attendre avec intérêt le plan d’action du Secrétaire général sur cette question.

Mme Power a rappelé que le Président Obama avait organisé à Washington D.C., le 19 février dernier, un sommet contre l’extrémisme violent qui a réuni de nombreux dirigeants du monde.   Elle a salué le cas d’une jeune femme qui a fondé un club de livres dans les madras, avec l’appui des imams, afin de développer la pensée critique chez les jeunes.  Elle a aussi salué l’initiative du Maroc qui cherche à remplacer les professeurs et imams prêchant une idéologie violente par d’autres plus modérés.  Mme Power a demandé d’encourager la jeunesse à participer aux actions de lutte contre l’extrémisme violent, en notant qu’ils ne sont souvent que des bénéficiaires passifs des campagnes de lutte contre ce phénomène.  En concluant son intervention, elle a expliqué que les jeunes de Minneapolis avaient pu être arrêtés grâce à la dénonciation d’un jeune de ce groupe qui a changé d’avis au dernier moment.  Cela illustre la nature des efforts qu’il faut déployer, a-t-elle dit avant de conclure.

M. IGNACIO YBAÑEZ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Espagne, a indiqué que le Conseil de sécurité devrait jouer un rôle clef face à l’extrémisme qui se répand aujourd’hui à grande vitesse dans le monde.  Il a déclaré que la marginalisation économique et l’appartenance à des minorités pouvaient alimenter ce sentiment d’exclusion éprouvé par certains jeunes et exploité par les groupes terroristes.

M. Ybañez a ensuite plaidé pour une meilleure intégration des jeunes, y compris ceux issus de l’immigration, par le biais notamment d’une éducation fondée sur les valeurs universelles et le respect de la diversité.  Le sport peut également être un vecteur d’intégration essentiel, a-t-il dit.  Le Secrétaire d’État a ensuite encouragé une « alphabétisation médiatique » des jeunes afin de lutter contre les activités de groupes terroristes sur Internet.  Il a en outre invité les écoles religieuses, qui ont un rôle clef à jouer contre la radicalisation des jeunes, à enseigner la tolérance.  Il s’est félicité, à cet égard, de la création au sein de l’Université Al Azhar, en Égypte, d’un observatoire chargé d’analyser la teneur des fatwas émises dans le monde.

Les victimes de terrorisme peuvent servir d’exemples moraux pour les jeunes, a-t-il affirmé, en souhaitant que les témoignages de ces victimes soient disséminés pour être connus du plus grand nombre de jeunes.  M. Ybañez a ainsi appuyé la récente initiative des États-Unis visant à faciliter un échange de bonnes pratiques concernant la lutte contre la radicalisation.  L’Alliance pour les civilisations et les organisations régionales, a-t-il estimé avant de conclure, ont également un rôle capital à jouer dans la lutte contre la radicalisation des jeunes.

M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Secrétaire d’État pour les relations extérieures de l’Angola, a reconnu que « la crise d’identité, l’exclusion, la désinformation et le décalage entre les attentes et la réalité » sont des facteurs qui peuvent toucher les jeunes où qu’ils vivent et quel que soit leur milieu social.  Pour lutter contre la propagande extrémiste et violente, il est important que les communautés locales établissent un dialogue avec les jeunes et qu’elles leur fournissent des moyens d’expression, à travers le sport, les arts ou d’autres programmes enrichissants.  En Angola, où 60% de la population est jeune et confrontée à divers obstacles, un plan national de développement pour la période 2013-2017 met l’accent sur l’autonomisation de la jeunesse. 

Préoccupé par la montée du terrorisme international et par l’immigration illégale, le Gouvernement angolais a récemment créé l’Observatoire national contre le terrorisme, a indiqué le Secrétaire d’État.  En février 2015, il a invité des experts de 11 pays d’Afrique centrale pour débattre d’une stratégie commune de lutte contre la menace du terrorisme dans la région.  M. Augusto a notamment proposé de renforcer le rôle des autorités locales et de la société civile et la participation des jeunes aux projets de développement pour réduire les inégalités et de consolidation de la paix. 

M. HAMZAH ZAINUDDIN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a indiqué que, selon des études menées en Malaisie et en Asie du Sud-Est, les aspects socioéconomiques ne sont pas les seules causes de la radicalisation des jeunes.  Ainsi, il semble que de nombreux jeunes de cette région qui ont rejoint les rangs d’Al-Qaida et de Daech au Moyen-Orient sont des jeunes professionnels ou des étudiants.  Leur principale motivation est politique, liée aux violations des droits de l’homme, à l’occupation étrangère et aux discriminations systématiques, a-t-il expliqué.  Même s’ils ne souffrent pas personnellement de traumatismes, ils s’identifient à ceux qui en souffrent et qui partagent la même religion, la même ethnicité ou la même idéologie. 

La Malaisie estime que la communauté internationale devrait sensibiliser contre la propagande violente en offrant des moyens convaincants que les jeunes peuvent utiliser lorsqu’ils sont confrontés à l’injustice, à la discrimination et aux souffrances d’aujourd’hui.  « Nous devons leur expliquer que la violence n’est pas la réponse, en leur proposant un discours inverse basé sur des moyens non violents comme les manifestations pacifiques, la pression diplomatique et politique ou encore les boycotts et les sanctions.  Le Vice-Ministre a mentionné, à cet égard, l’initiative de son pays intitulée Global Movement of Moderates, qui avait lancée il y a 5 ans à l’ONU.  En outre, la Malaisie a adopté des politiques à l’intention des jeunes afin de leur permettre de disposer d’une force d’action et de mieux défendre les valeurs morales. 

Mme JOY OGWU (Nigéria) a souligné que la soif de reconnaissance, de camaraderie et d’identité, et aussi, parfois l’appât du gain, pouvaient être des raisons poussant des jeunes à rejoindre les groupes terroristes.  « La pauvreté et le chômage sont également des causes de vulnérabilité face à l’extrémisme violent », a-t-elle dit.  La représentante du Nigéria a ensuite plaidé pour une action locale afin d’éradiquer cet extrémisme, dont les premiers acteurs seraient les parents des jeunes, notamment les jeunes.  Elle a détaillé les efforts de son pays visant à l’autonomisation des jeunes, en mentionnant en particulier la création d’un centre de formation de la jeunesse qui appuie notamment les jeunes ayant des ambitions entrepreneuriales. 

« Face au défi posé par Boko Haram, une solution militaire ne suffira pas », a affirmé la déléguée du Nigéria.  Elle a indiqué que son pays œuvrait à « une solution douce » qui met l’accent sur la déradicalisation et l’autonomisation économique et sociale des jeunes afin de mettre un terme à leur recrutement par ce groupe terroriste.  Enfin, la déléguée du Nigéria a insisté sur la nécessité de produire, grâce à l’implication des dignitaires religieux, un discours religieux modéré.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que les jeunes étaient les victimes d’un système ou d’une société malade.  Les jeunes constituent un quart de la population mondiale, a-t-il rappelé, en signalant que 500 millions d’entre eux vivent avec moins de 2 dollars par jour et que 74 millions sont sans emploi.  Outre ces facteurs socioéconomiques, il a dénoncé le fait que les grandes puissances aient utilisé leur pouvoir militaire, économique et de communication propagandiste pour favoriser la guerre, la violence, le sectarisme, la haine, l’intolérance religieuse et l’extrémisme dans les zones de conflit.  Il a expliqué la mobilisation des jeunes dans les guerres et les groupes terroristes par le fait qu’ils ont grandi dans une ambiance violente et marquée par la pauvreté, comme en Iraq, en Libye, en Syrie, au Yémen ou en Palestine.  Le désespoir et les rares opportunités qui s’offrent à eux dans les situations de guerre, de sectarisme, de colonialisme et d’occupation étrangère créent des conditions favorisant le développement de l’extrémisme.

Le représentant a ensuite posé plusieurs questions en s’interrogeant sur l’origine des capacités d’action des groupes terroristes.  Il a appelé à cesser tout appui à leur égard, notamment la fourniture d’armes.  Il a aussi recommandé de renforcer les capacités des États pour prévenir la propagation de l’extrémisme et du terrorisme parmi les jeunes, surtout dans les situations au lendemain d’un conflit.  Il faut que les jeunes puissent participer à la vie politique, économique et sociale, a-t-il ajouté.  Les États devraient coordonner leurs actions par le biais du PNUD et de l’UNESCO, afin de promouvoir des zones de paix, la tolérance, la culture, ainsi que le développement économique et social.  Le Venezuela et sa région constituent une zone de paix, a-t-il assuré, en citant les efforts menés à cet effet.  Un processus d’alphabétisation massive, mené grâce à l’UNESCO, et des missions éducatives de base lancées au Venezuela ont touché 850 000 jeunes, a-t-il notamment indiqué.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a souligné que chacun avait un rôle à jouer dans la lutte contre l’extrémisme violent.  Les jeunes détiennent cependant la clef de la réponse à apporter à ce défi, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite demandé à tous les chefs religieux de condamner sans ambigüité les exactions commises par les groupes terroristes au nom d’une conception dévoyée de la religion.  Il faudrait encourager des appels religieux modérés susceptibles de battre en brèche les discours radicaux prônés par les extrémistes, a-t-il préconisé.  L’écolière pakistanaise Malala peut servir d’exemple pour les jeunes, a-t-il estimé, en rappelant que les extrémistes attaquaient les écoles par peur du changement que les jeunes peuvent apporter.

Le délégué a ensuite affirmé que les universités britanniques disposaient des garde-fous nécessaires pour écarter les éléments radicaux qui pourraient s’y trouver.  « Il ne s’agit pas de limiter la liberté d’expression mais il faut bien reconnaître que les extrémistes profitent d’Internet pour propager leurs idées néfastes », a-t-il poursuivi, avant de demander aux principales plateformes d’expression sur Internet de censurer les messages prônant une action violente.  Il a ensuite souligné la nécessité de mieux comprendre les raisons qui poussent des jeunes à rejoindre les groupes extrémistes afin de leur offrir une alternative.  Parmi ces raisons, il a avancé la fragilité de certains États, la marginalisation économique des jeunes mais aussi le fait que ces jeunes peuvent parfois être dotés « d’identités conflictuelles ».  Enfin, il a invité le Conseil à prendre toute sa part dans la lutte contre la radicalisation et ainsi retrouver de la crédibilité, notamment auprès des jeunes.  « Chaque fois que nous laissons des intérêts nationaux prendre en otage ce Conseil, nous envoyons un signal négatif », a-t-il prévenu.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a invité à utiliser les capacités de la jeunesse pour lutter contre l’intolérance, et notamment son attitude à s’orienter dans l’espace informatique.  Il faudrait renoncer à toute tentative d’utiliser le terrorisme violent comme outil géopolitique, a-t-il demandé.  Il a ensuite recommandé d’étudier les cas de jeunes endoctrinés dans l’extrémisme, en faisant valoir que, au centre de l’Europe, des combattants ont été utilisés pour renverser des autorités élues démocratiquement.  Il a ensuite demandé de lutter plus énergiquement contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications par des terroristes, en notant que les jeunes sont des proies faciles des groupes radicaux.

Le représentant russe a invité les États à interdire toute incitation à des actes terroristes, conformément à la résolution du Conseil de sécurité adoptée il y a 10 ans.  Il faudrait, a-t-il insisté, que les institutions nationales compétentes bloquent les messages allant dans ce sens.  Il faudrait également, a-t-il ajouté, sensibiliser les jeunes au respect mutuel et au dialogue interculturel et religieux.  La société civile, ainsi que les communautés religieuses locales, ont un rôle à jouer dans ce domaine, a-t-il estimé.  Le représentant a prôné l’utilisation d’autres outils comme la créativité et le sport.  À cet égard, il a indiqué que la Russie avait adopté, en novembre 2015, une stratégie de lutte contre le terrorisme qui vise notamment à éduquer les jeunes à réagir aux comportements dangereux.  Cette stratégie a aussi pour objectif d’offrir un accès universel au sport et aux loisirs.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a fait remarquer que la mobilisation des jeunes dans les mouvements djihadistes pouvait être reliée à une crise d’identité qui affecte tant les jeunes qui sont demeurés dans leurs pays d’origine que ceux qui se sont intégrés dans un nouveau tissu social.  Il a estimé qu’il faudrait traiter le problème à la source.  Les moyens de communication ont contribué à étendre les crimes commis par des jeunes recrutés par des organisations terroristes, a-t-il constaté, avant de demander à la communauté internationale de ne pas rester indifférente face à cette situation.  Le représentant a appelé à identifier les motivations de ces jeunes, en étudiant des facteurs tels que l’exclusion, la marginalisation et le sentiment d’insécurité.

Le Chili, a-t-il indiqué, a développé un concept de développement inclusif qui fait participer les jeunes.  Il ne suffit pas de sanctionner les jeunes, mais il faut également chercher des solutions efficaces par le biais de stratégies inclusives de développement, a-t-il soutenu.  Ces stratégies, a-t-il précisé, doivent intégrer la question du genre et, en particulier, traiter le problème des femmes soumises à la violence sexuelle comme tactique de guerre.  M. Barros Melet a aussi invité à renforcer les capacités de jeunes pour qu’ils puissent influer sur les mesures qui les concernent sur les questions sociales, politiques, économiques et culturelles.  Il a invité les jeunes à être plus résilients en utilisant à bon escient les technologies de l’information afin de remettre en question la rhétorique extrémiste.  Enfin, il a appuyé l’initiative de l’Espagne de convoquer une conférence régionale de haut niveau du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, à Madrid en juillet 2015.

M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande) a fait trois suggestions pour mieux lutter contre la radicalisation des jeunes.  Tout d’abord, les gouvernements doivent reconnaître l’importance du contexte national et local et identifier les facteurs qui marginalisent les jeunes vulnérables, pour mieux y répondre, en partenariat avec les communautés et les familles. 

Ensuite, a poursuivi le représentant, il faudrait autonomiser les jeunes pour créer « une force sociale » qui rejette la violence.  Trop souvent, les communautés et les familles ont assisté, impuissantes, à la manipulation des outils de communication modernes par des groupes tels que Daech, pour propager leur message de haine.  Les jeunes, a-t-il soutenu, sont en mesure de combattre ces messages, à la fois sur le plan technologique que sur les plans idéologique et social.  Enfin, M. McLay a demandé aux États de s’inspirer de l’expérience des autres États dans le monde entier pour contrer l’extrémisme violent et, en particulier, des mesures initiées par des jeunes eux-mêmes.

M. LIU JIEYI (Chine) a invité la communauté internationale à déployer des efforts concertés pour contrecarrer les menées des groupes terroristes.  Il a rappelé qu’aucune religion ne saurait être associée aux agissements des extrémistes violents.  Rappelant que les jeunes sont les premiers utilisateurs d’Internet, il a souligné la nécessité que les groupes terroristes ne puissent plus faire d’Internet l’un de leurs instruments majeurs de recrutement.  L’ONU, a-t-il soutenu, a un rôle clef à jouer à cet égard.  Le représentant de la Chine a ensuite demandé à la communauté internationale de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, en combattant notamment la marginalisation économique et sociale des jeunes.  Enfin, il a appelé de ses vœux un dialogue entre les civilisations pour éradiquer le fléau de l’extrémisme violent et promouvoir un climat de tolérance. 

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a souligné la nécessité de comprendre les raisons et le processus de radicalisation des jeunes.  Il a énuméré les différents facteurs qui expliquent ce phénomène, comme la pauvreté et l’exclusion de la vie économique et politique.  Certains considèrent la religion, à tort ou à raison, comme un facteur de radicalisation, a-t-il noté.  À ceux-là, il a répondu qu’aucune religion n’encourage ses adeptes à commettre la violence en son nom.  Il a aussi voulu rappeler que la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire au détriment de la souveraineté des États.  Pour atténuer la radicalisation et le recrutement des jeunes, il a recommandé d’éviter l’utilisation des technologies d’information et des communications par les terroristes.  Il a donc appelé à prendre des mesures, dans le respect des droits des individus, pour limiter l’utilisation des médias par les groupes terroristes. 

Le représentant a également recommandé de développer des programmes de déradicalisation et de rééducation.  Il a conseillé, à cet égard, de mettre à contribution les organisations de jeunes.  Concernant les combattants étrangers, il a plaidé en faveur de l’échange de renseignements entre les États.  Le Tchad fait la promotion de la culture de la paix, a-t-il assuré, en précisant qu’une journée annuelle de prière pour la paix avait été instaurée avec la participation des trois confessions principales du pays.  Une plateforme interreligieuse de cohabitation pacifique est en outre représentée dans toutes les régions du pays.  Le Tchad renforce en outre ses capacités de réponse au terrorisme avec les pays voisins.  Avant de conclure, il a salué l’initiative de la Jordanie de convoquer une conférence internationale, en août prochain, sur le rôle de la jeunesse dans l’instauration d’une paix durable.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a fait remarquer qu’il n’y avait « pas de modèle unique pour expliquer pourquoi une jeune personne se radicalise ».  Il faudrait donc éviter de se baser sur des profils ethniques, religieux ou autres, a-t-elle averti.  Les réponses à apporter à l’extrémisme violent doivent être multidimensionnelles.  Elles doivent être prises aux niveaux local, national, régional et international et impliquer des êtres exemplaires, des autorités religieuses, des dirigeants communautaires, d’anciennes recrues, la société civile et les gouvernements, a-t-elle estimé.  La représentante a notamment proposé de se fonder sur le travail accompli depuis 10 ans par le Comité du Conseil de sécurité contre le terrorisme.  

La représentante de la Lituanie a ensuite souligné le rôle important des institutions de l’état de droit, notamment aux frontières, puis proposé de trouver des solutions pour empêcher le recrutement sur Internet sans entraver la liberté d’expression et d’opinion.  En outre, « les terroristes savent qu’une fille éduquée, consciente de ses choix et de ses droits dans la vie, est un parfait antidote à l’ignorance qu’ils tentent d’imposer », a-t-elle ajouté, en mettant l’accent sur l’éducation, y compris en matière de droits de l’homme.  Avant de conclure, elle a jugé impératif d’adopter des messages ciblés pour démolir la propagande de groupes comme Daech ou Boko Haram et exposer leur hypocrisie et la monstruosité des crimes qu’ils commettent sous des prétextes fallacieux.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a affirmé que les actions des groupes terroristes n’avaient aucun rapport avec la religion.  Il a demandé un renouvellement du discours religieux afin de combattre les discours radicaux et de faire prévaloir une interprétation correcte de l’islam.  « Il faut prôner la tolérance et lutter contre cette vision erronée qui consiste à diviser le monde entre fidèles et infidèles, a-t-il affirmé.  Le délégué a ensuite insisté sur les causes profondes du terrorisme, en citant notamment la marginalisation économique des jeunes ou le refus opposé à certains peuples d’exercer leur droit à disposer d’eux-mêmes.  Il a aussi invité les pays d’Europe de l’Ouest, dont un certain nombre de ressortissants ont rejoint la Syrie, à réviser leurs politiques d’intégration.  En conclusion, le délégué de l’Égypte a détaillé les mesures prises par son pays pour lutter contre l’extrémisme violent, dont l’organisation d’événements culturels visant à expliquer les fondements de l’islam aux jeunes.

M. MORGAN JOHANSSON, Ministre de la justice et des migrations de la Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques; Danemark, Finlande, Islande, Norvège et la Suède, a déclaré que la perte tragique des vies dans la mer Méditerranée était inacceptable.  Il a rappelé que les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne sont aujourd’hui en réunion extraordinaire pour discuter de cette situation.  Il a rappelé que le 25% de la population mondiale que constituent les jeunes vive des situations peu reluisantes, ce qui pousse des millions parmi eux à se tourner vers l’émigration.  Il a expliqué que si les jeunes ne sont pas impliqués dans la vie sociale, ils vont rechercher ailleurs de « meilleures conditions de vie » et se donner un rôle social, y compris en prenant des armes.  Il a rappelé que des jeunes de nombreux pays, y compris des pays nordiques, avaient été attirés par la propagande terroriste, devenant ainsi des combattants terroristes étrangers.  La croissance économique et des efforts pour gérer l’accroissement rapide de la population pourraient, a-t-il estimé, contribuer à réduire l’extrême pauvreté qui menace la paix et la prospérité mondiales. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné l’importance de la prévention.  « Nous ne devrions pas nous demander quel rôle les jeunes peuvent jouer pour contrer l’extrémisme violent et promouvoir la paix, mais plutôt comment ils peuvent être eux-mêmes au cœur de la solution », a-t-il dit.  À cette fin, il a rappelé que la culture et l’éducation sont les « pires ennemis » des groupes violents et extrémistes.  L’Italie a offert des bourses à des étudiants du campus de Garissa au Kenya, qui a récemment été victime d’un attentat abominable.  Le représentant a estimé que les droits de l’homme et la justice devraient retrouver une place centrale.

M. Lambertini a ensuite mis l’accent sur le développement économique et social qui doit clairement s’adresser aux jeunes dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a jugé essentielle la participation de la société civile, et reconnu que les médias sociaux pourraient à la fois avoir un rôle positif et négatif.  L’autonomisation des jeunes, en particulier de 600 millions de jeunes femmes, et des organisations de la jeunesse est la clef pour promouvoir des modèles positifs, répondre à la violence et démonter les messages extrémistes, a-t-il souligné.  C’est dans cet esprit, a-t-il dit, que l’Italie appuie les conférences sur « l’ONU mise en scène ».

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a indiqué que les efforts antiterroristes devraient être menés en conformité avec la Charte des Nations Unies.  Il a souligné la nécessité de poursuivre le dialogue des civilisations et des cultures pour contrecarrer la propagande des groupes extrémistes auprès des jeunes et promouvoir une culture de paix.  « Des initiatives telles que l’Alliance des civilisations contribuent à combattre les préjugés qui tendent à associer le terrorisme avec certains groupes ethniques, religions ou cultures ».

Le délégué a ensuite souligné qu’il était essentiel de répondre aux griefs légitimes qui peuvent pousser les jeunes à embrasser l’extrémisme violent.  « La promotion de la justice sociale est à ce titre cruciale. »  Il s’est aussi dit préoccupé par le manque de cohérence entre le consensus autour d’un plus grand bien-être des jeunes et la réduction du budget de l’ONU pour l’aide au développement.  « Tout engagement visant à protéger les jeunes contre le radicalisme sera affaibli tant que les activités onusiennes favorisant le développement seront freinées par les coupes budgétaires. »  Avant de conclure, le délégué du Brésil a affirmé que la communauté internationale, en se montrant incapable de régler les crises au Moyen-Orient, se privait d’un argument puissant dans la lutte contre la radicalisation.

M. BHAGWANT SINGH BISHNOI (Inde) a estimé que l’absence d’autorité de l’État, ou une autorité étatique faible, ainsi que la pauvreté ambiante, constituent le terreau du terrorisme.  Il a aussi noté que c’est le fanatisme et la haine qui sous-tendent l’extrémisme violent, faisant des jeunes de la « chair à canon ».  Le terrorisme est mauvais, quelle que soit sa forme, a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il n’y a pas de bon terrorisme, et que ce fléau doit être combattu.  Le représentant a aussi déclaré qu’il était de la responsabilité des États d’assurer une bonne éducation des jeunes, et de s’assurer que les médias, notamment les médias sociaux, ne soient pas utilisés pour la propagande extrémiste.  Il a par ailleurs noté que la radicalisation faisait également son lit sur l’exclusion et la marginalisation, prônant ainsi la tolérance pour faire obstacle à la voix de l’extrémisme.

M. TÉTE ANTONIO, Observateur permanent de de l’Union africaine, a déclaré que le terrorisme et l’extrémisme violent représentaient les principales menaces à la paix et à la sécurité en Afrique.  Des groupes terroristes tels qu’AQMI, MOJWA, Boko Haram, Ansaru ou Al-Chabab, sont capables d’attirer de plus en plus de jeunes dans leurs rangs.  Tout en étudiant les moyens de contrer la menace terroriste, il faudrait examiner les facteurs qui contribuent à la radicalisation et à l’extrémisme violent, tels que les conflits et la pauvreté, la marginalisation, les violations des droits de l’homme, la discrimination et le chômage, a rappelé M. Antonio.

Au cours de ces 20 dernières années, l’Union africaine a adopté divers instruments pour lutter contre le terrorisme, a rappelé son représentant.  Des mécanismes de coopération ont été créés à cette fin, notamment dans la région du Sahel ou en Somalie.  En septembre dernier, l’Union africaine avait organisé, à Nairobi, un sommet spécial du Conseil de paix et de sécurité consacré au terrorisme et à l’extrémisme violent.  À cette occasion, les États ont réaffirmé l’importance d’adopter des stratégies globales pour autonomiser la société civile, y compris les dirigeants religieux, les femmes, et les journalistes, et les groupes vulnérables, non seulement en matière de sécurité et de maintien de l’ordre, mais aussi en vue d’éliminer la pauvreté, de créer des emplois et de promouvoir le développement.  De même, en octobre dernier, la Commission de l’Union africaine a organisé son premier symposium sur les victimes du terrorisme.  

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a déclaré que l’expérience des jeunes en Tunisie avait contribué à faire avancer la démocratie.  En même temps, a-t-il remarqué, les jeunes peuvent mener le monde sur la voie de la guerre et des conflits.  Lorsqu’il était ambassadeur en Côte d’Ivoire, a-t-il rappelé, il avait vu des groupes de jeunes manipulés par Charles Blé-Goudé demander le retrait et attaquer la présence de l’ONU sur le terrain.  C’est pourquoi nous devons examiner de manière approfondie les frustrations et la colère des jeunes qui sont confrontés à la répression sociale et aux difficultés économiques, a-t-il dit. 

M. Okamura a indiqué que le Japon œuvrait en faveur de l’autonomisation des jeunes dans son pays comme à l’étranger, notamment par le biais de l’initiative pour l’éducation et les affaires en Afrique (Initiative ABE).  Un autre projet  consiste à créer 10 centres de développement des ressources humaines pour les affaires et l’industrie qui bénéficiera à 25 pays d’Afrique.  En ce qui concerne l’extrémisme violent, il a fait remarquer que le Japon n’était pas protégé contre ce fléau, faisant ainsi référence aux deux japonais assassinés en Syrie au début de l’année.  En réaction, le Japon avait annoncé une politique d’assistance pour édifier des sociétés résilientes face à la radicalisation, dans le cadre de laquelle plusieurs projets sont prévus, notamment pour offrir plus de chances d’emplois aux jeunes. 

Mme MARIA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a rappelé que l’extrémisme violent était l’une des menaces les plus pressantes contre la paix et la sécurité internationales.  Elle a dit la volonté de son pays de contribuer à l’élaboration de solutions visant à autonomiser les jeunes.  Ce n’est pas la pauvreté qui est à la racine de l’extrémisme violent, a-t-elle rappelé, indiquant que la radicalisation des jeunes n’était pas un phénomène propre aux pays en développement.

Elle a aussi rappelé que l’éducation et l’emploi étaient des droits de l’homme qui devaient être pleinement mis en œuvre.  Reconnaissant le défi que constitue l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes pour enrôler de nouvelles recrues, elle a invité la communauté internationale à accélérer ses efforts pour le relever, dans le plein respect néanmoins de la liberté d’expression.  « La censure n’est pas la solution. »  Enfin, elle a souligné la nécessité que les jeunes s’approprient « le discours démocratique qui est celui de la diversité ».

M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, a indiqué que l’Union avait développé une stratégie de prévention de la radicalisation et du recrutement.  À cet égard, il a souligné l’importance de l’éducation publique « pour promouvoir l’ouverture d’esprit et la tolérance chez les jeunes ».  Les gouvernements européens travaillent avec les communautés locales, la société civile et le secteur privé pour empêcher la création de réseaux éducatifs parallèles où pourraient se propager des idées extrémistes, a-t-il assuré.  C’est ainsi que les ministres de l’éducation des États Membres de l’Union européenne se sont réunis à Paris, le 17 mars dernier, pour envisager de nouvelles mesures afin de combattre la radicalisation en Europe.

Le délégué a expliqué que l’Union européenne se penchait également sur les facteurs sous-jacents de la radicalisation en appuyant des initiatives en faveur de la jeunesse.  Dans cet esprit, l’Union européenne s’apprête à lancer des programmes relatifs à l’éducation et à la lutte contre l’extrémisme violent,  et aux aspects socioéconomiques des conflits, et à les relier au programme de développement pour l’après-2015.  Dans le cadre des Nations Unies, l’Union européenne plaide sans cesse en faveur d’une meilleure coordination entre les entités pertinentes dans le domaine de la prévention du terrorisme, a-t-il souligné.   

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé qu’au moment où se déroulait la séance du Conseil de sécurité, des milliers de jeunes quittaient leurs familles pour aller dans des pays où ils seront recrutés par des groupes terroristes pour commettre ensuite des actes de violence ou de terrorisme.  Il sera peut-être trop tard pour les ramener à la maison, mais ce phénomène n’est pas nouveau, a-t-il dit.  Ce qui est nouveau, selon lui, c’est le degré d’attraction des organisations terroristes qui utilisent les réseaux de médias sociaux et l’argent pour attirer des jeunes chômeurs.  Pour faire face à ce problème, il faut empêcher l’ingérence de certains États dans les affaires d’autres États sous divers prétextes fallacieux.  Ces ingérences expliquent le rôle de certains régimes qui propagent la haine et la stigmatisation des autres, a-t-il estimé. 

Les autres facteurs de ce phénomène résident dans le fait que certains se servent de la religion, de l’origine ethnique, du genre comme une source de stigmatisation de certaines catégories de personnes.  Le représentant a dénoncé la stigmatisation de certaines religions qualifiées de religion du terrorisme.  Il a ajouté que certains pays musulmans s’engageaient dans ces pratiques abusives.  Il a ensuite appelé à des actions vigoureuses contre les campagnes de recrutement en vue d’envoyer des jeunes à l’étranger où ils finiront par mourir.  Dans le cas où ils parviennent à revenir chez eux, ils seront amenés à créer des groupes pour mener des actes terroristes dans leurs propres pays.  Le représentant a déclaré que « l’on connaît ceux qui financent ces groupes: ce sont les gouvernements de certains États représentés dans ce Conseil ».

Il a affirmé que les jeunes ne sont pas les seules victimes du terrorisme et que c’est une erreur d’avoir une politique internationale dont le tribut est payé par les jeunes.  Pourquoi ne pas faire de nos jeunes des acteurs de lutte contre le terrorisme, des champions de la tolérance, a-t-il demandé.  Il a terminé en disant que des solutions existaient, celles-ci étant notamment les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Mais ce qu’il faut, est la ferme volonté de combattre le terrorisme, a conclu le délégué syrien.

Mme KATALIN ANNAMARIA BOGYAY (Hongrie) a estimé qu’il faudrait apprendre aux enfants à « célébrer la diversité culturelle ».  La plupart des problèmes d’aujourd’hui, a-t-elle fait remarquer, sont enracinés dans des crises d’identité.  La mobilité accrue des personnes et des idées au-delà les frontières, les révolutions de l’information et de la communication, et la mondialisation ont délocalisé, élargi et multiplié les identités.  La culture, a-t-elle cependant fait observer, est une source d’identité, d’appartenance, de citoyenneté, d’équité et de participation.  À cet égard, elle a défendu « le pouvoir de l’enseignement » et les valeurs de compassion, de convivialité, d’hospitalité, de fraternité et de solidarité.

Mme Bogyay s’est dite convaincue que pour lutter efficacement contre la menace de la radicalisation, il faudrait s’attaquer aux causes socioéconomiques qui sont souvent à l’origine de la marginalisation des jeunes.  Il faudrait également prendre des mesures pour préparer les jeunes à devenir des adultes productifs, à travers notamment l’éducation, l’apprentissage, la création d’emplois et la promotion de l’entreprenariat.  La représentante a aussi mis en avant le rôle essentiel des familles et des activités sportives et culturelles.  Les gouvernements doivent, a-t-elle souligné, faciliter la participation des jeunes à la vie et au discours publics.  Elle a aussi estimé que l’un des plus grands défis consiste à créer un environnement libre et sain sur Internet.

M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a rappelé que son pays avait été victime d’un attentat terroriste contre le musée juif de Bruxelles en mai 2014, « vraisemblablement perpétré par un jeune combattant français de retour du Moyen-Orient ».  Il a proposé trois pistes pour lutter contre l’augmentation de la radicalisation et de l’extrémisme violent, impliquant de nombreux jeunes issus du monde entier.  Dans un premier temps, il a dit qu’il fallait renforcer la capacité à agir de l’école, des animateurs de quartier, des services sociaux, des familles, des représentants religieux locaux ou des associations issues de la société civile.

Ensuite, a expliqué M. Buffin, il est nécessaire de « proposer un avenir à nos jeunes ».  L’insertion socioprofessionnelle, notamment des plus défavorisés, doit être une priorité de tous les gouvernements et cet enjeu devra, selon lui, être central dans les négociations du programme pour le développement de l’après-2015.  Enfin, a-t-il ajouté, « nous avons besoin de mieux comprendre comment fonctionnent les canaux de communication de l’extrémisme violent ».  Si les médias sociaux et l’Internet servent de vecteur de radicalisation, « le contact des jeunes avec des cellules locales extrémistes et des filières djihadistes est la seconde étape qui les inscrit durablement dans ces mouvances destructrices ».  Il faut donc lutter contre elles avec force et détermination.  Pour leur part, les autorités belges fédérales ont adopté un programme de prévention de la radicalisation violente.  

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a indiqué que son pays, comme plusieurs autres, constate que de nombreux de ses jeunes rejoignent Daech, Al-Qaida, Al-Chabab et d’autres groupes terroristes.  Les autorités australiennes, a-t-elle cependant assuré, ont pris des mesures pour prévenir le recrutement des jeunes par les groupes terroristes.  Elle a ainsi déclaré que le Premier Ministre australien avait oblitéré plus de 100 passeports afin d’empêcher des jeunes de voyager, en ajoutant que l’équipe de lutte contre le terrorisme, déployée dans les aéroports du pays, avait intercepté des jeunes -dont certains étaient âgés seulement de 16 ans- qui tentaient de rejoindre Daech.  La représentante a insisté sur la nécessité de placer les jeunes au centre des efforts de lutte contre le terrorisme et ceux entrepris en faveur du soutien à la paix.  Elle a aussi souligné qu’il était difficile, sinon impossible, de bloquer les sites Internet servant la propagande extrémiste.  Il est important, a-t-elle souligné, d’impliquer les jeunes dans la recherche des solutions.  Les jeunes, a-t-elle précisé, sont mieux placés pour propager les idées qui vont à l’encontre de celles que diffusent les extrémistes.  Elle a ainsi indiqué qu’en Australie, les autorités favorisaient l’autonomisation des jeunes, en les aidant à s’engager dans des débats à travers l’Internet et par le biais d’un magazine intitulé « Le Point ».  Elle a en outre souligné que les communautés fortes étaient mieux outillées pour faire face aux tentatives de radicalisation des jeunes, et construire ainsi un sentiment d’inclusion, notamment en promouvant des activités de leadership en faveur des jeunes, et en les aidant à participer aux activités artistiques et sportives. 

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a estimé que la communauté internationale devrait adopter une approche globale qui prenne en compte les causes profondes du problème.  Avant tout, a-t-il dit, il faut cultiver un environnement de tolérance pour la diversité culturelle et le respect de la liberté de croyance, de pensée et d’expression.  Les efforts entrepris au niveau national par le Gouvernement, le monde universitaire, la société civile et les médias peuvent être complétés au niveau international par les travaux de l’Alliance des civilisations et d’une culture de paix.  Ensuite, une éducation de qualité doit être accessible universellement.

Par ailleurs, M. Plasai a estimé que les jeunes devraient pouvoir obtenir un emploi décent pour avoir un but dans la vie.  En outre, les gouvernements doivent s’efforcer de suivre et de contrer la propagande et les techniques de recrutement des terroristes et des groupes extrémistes violents, notamment en ligne, tout en respectant la vie privée et la liberté d’expression.  De même, il faudrait réfléchir à la question de la réhabilitation et de la réintégration des jeunes combattants de retour.  Enfin, a conclu le représentant, les organisations régionales et internationales contribuent à promouvoir le rôle des jeunes dans la lutte contre le terrorisme et en faveur de la paix.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a estimé que notre réponse à l’extrémisme violent visant à s’engager militairement de manière robuste, à imposer des sanctions et lancer des poursuites pénales n’était qu’une part de la solution.  Si nous voulons arrêter le recrutement des jeunes et leur retour dans nos sociétés, des mesures de prévention et de déradicalisation doivent également être prises par les gouvernements, a-t-il dit.  Au niveau national, le Gouvernement allemand travaille avec la société civile, les institutions religieuses et les ONG dans le cadre d’un programme « Live Democracy » qui met en place des réseaux régionaux de prévention, donne des conseils pour former les membres des communautés radicales et finance les institutions de la société civile active dans la lutte contre l’extrémisme. 

Au niveau international, la coopération doit continuer à jouer un rôle, a souligné le représentant.  M. Thoms a énuméré, à cet égard, les initiatives de son gouvernement en Afrique et au Moyen-Orient visant à créer des conditions économiques et sociales propices permettant de réduire les facteurs qui pourraient conduire à la radicalisation.  L’emploi des jeunes, l’intégration sociale des réfugiés et des migrants ainsi que des programmes d’éducation sont autant de domaines d’intervention, a-t-il estimé. Il est temps maintenant d’agir pour assurer que les jeunes d’aujourd’hui ne deviendront pas les terroristes de demain, a-t-il insisté.  « Nous avons besoin de travailler ensemble pour amener les jeunes en danger vers leurs familles et communautés.  Nous avons aussi besoin de désarmer, de déradicaliser et de réintégrer les jeunes hommes et femmes qui avaient été attirés par les groupes extrémistes et terroristes. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré que les services compétents du Luxembourg mettaient en œuvre une stratégie de prévention de la radicalisation extrémiste.  Elle a ajouté qu’un réseau d’encadrement et de sensibilisation avait été créé, en étroite concertation avec les structures éducatives et pénitentiaires, ainsi que les communautés religieuses, et avec le soutien de la société nationale de la Croix-Rouge.  Pour empêcher l’instrumentalisation des jeunes et lutter contre la montée de l’extrémisme violent, a-t-elle souligné, il est indispensable d’investir dans le développement et le bien-être de la jeunesse.  Il existe indéniablement un lien entre, d’une part, l’extrémisme violent et, d’autre part, les problèmes économiques et sociaux, et notamment les difficultés d’accès à l’emploi que les jeunes rencontrent, a-t-elle estimé.  La représentante a recommandé de ne pas considérer les jeunes seulement comme « un risque sécuritaire potentiel », mais aussi de les reconnaître comme des agents du changement, des acteurs de la consolidation de la paix et du développement.  Il faudrait donner aux jeunes l’opportunité de faire valoir leur potentiel en promouvant leur pleine participation à la vie de la société, a-t-elle encore proposé.

M. AHMED SAREER (Maldives) a déploré le fait que, « partout dans le monde, des enfants perdent le sens sacré de la sécurité dans la rue, à l’école et dans la poursuite de leur rêves ».  Condamnant en particulier l’organisation terroriste de l’État islamique d’Iraq et du Levant, il a dit qu’il ne laisserait pas l’islam, religion de paix et de compassion, être pris en otage par des éléments radicaux et extrémistes qui perpétuent la haine et la violence. 

Pour leur part, les Maldives prônent la diffusion des bonnes valeurs et des principes islamiques au sein des jeunes.  Elles s’opposent à l’implication d’enfants dans les conflits armés et demandent aux États de tout faire pour éviter ce genre de situation.  Pour lutter contre la radicalisation, le représentant a mis à son tour l’accent sur l’éducation, la création d’emplois et le renforcement des communautés. 

M. ADRIAN MICHAEL SOLLBERGER (Suisse) a estimé que la communauté internationale doit offrir à ces jeunes, séduits par la radicalisation, un choix, un sens de l’appartenance, un but dans la vie.  Il a affirmé que c’est dans cette optique que la Suisse soutient le Fonds pour l’engagement de la communauté et la résilience (GCERF), un partenariat public-privé innovant et basé à Genève et offrant de grandes possibilités pour canaliser les efforts et mettre en œuvre collectivement une stratégie à long terme visant à prévenir la radicalisation des jeunes.  Pour lutter contre l’extrémisme violent, la Suisse, a assuré son représentant, donne aux communautés locales les moyens d’agir.  Ainsi, les autorités municipales et régionales et de nombreux acteurs de la société civile, y compris les organisations religieuses, jouent un rôle actif en promouvant un environnement socioéconomique accueillant et en intégrant les communautés. 

Sur le plan de sa politique extérieure, la Suisse a mis en œuvre une large gamme de mesures de développement et de consolidation de la paix qui visent à rendre les sociétés plus résilientes, contribuant ainsi à lutter contre l’extrémisme, a-t-il indiqué.  Il a cité en particulier des initiatives de promotion de l’emploi des jeunes au Kirghizistan, la démobilisation d’enfants soldats au Myanmar, ou encore la formation professionnelle en Tunisie.  Il a en outre déploré le fait que les dispositions législatives en matière de lutte contre le terrorisme et d’autres mesures d’urgence ne tiennent pas suffisamment compte du fait que certaines des personnes soupçonnées ou accusées de terrorisme pourraient avoir moins de 18 ans.  Ces mesures portent atteinte au droit des individus à un procès équitable, mais produisent également des effets psychologiques désastreux chez les enfants, a-t-il regretté.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que le désespoir des jeunes les rendait vulnérables à la propagande des extrémistes.  Elle a ainsi proposé que des programmes d’éducation et de sensibilisation en direction des jeunes soient promus.  Elle a invité la communauté internationale à s’interroger aux causes profondes de cette radicalisation des jeunes, l’invitant ainsi à adopter une approche holistique pour éliminer le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il y a des actions militaires certes, a-t-elle noté, en ajoutant que le plus important est de prendre en compte les aspirations des jeunes.  Toute une génération de Syriens risque d’être perdue, a-t-elle en outre déploré.  Le Qatar, a annoncé sa représentante, envisage de mettre en place un fonds de soutien à l’éducation des jeunes refugiés syriens.  La jeunesse a toujours été le moteur du changement, a-t-elle par ailleurs souligné, en prévenant que le fait d’ignorer son rôle serait suicidaire pour la société.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa-Rica) a estimé que les jeunes avaient le pouvoir de transformer le monde.  Ils doivent pour cela être reconnus comme des acteurs à part entière du changement social, a-t-il poursuivi, ajoutant que les technologies de la communication pouvaient aider les jeunes à jouer un plus grand rôle.  Le délégué du Costa-Rica a admis que l’ère numérique dans laquelle le monde était entré n’était pas forcément synonyme d’une plus grande inclusion des jeunes.  Ces derniers doivent être plus nombreux à créer les contenus sur Internet qui reflètent leurs préoccupations, a-t-il affirmé.  Enfin, le délégué a rappelé que son pays avait démantelé son armée en 1948 ce qui avait permis de libérer des ressources pour promouvoir le progrès social et l’autonomisation des jeunes.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que la responsabilité de lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme incombe à l’État et aux communautés.  Il a insisté sur la scolarité obligatoire pour les garçons et les filles, en soulignant qu’une telle demande se justifiait par le fait que certains pays n’ont pas encore atteint l’objectif de l’éducation universelle.  Il a rappelé qu’en 2013, un rapport avait montré que le plus grand défi des pays arabes était de créer près de 80 millions d’emplois d’ici à 2020, une exigence qui devrait permettre de résorber le chômage des jeunes, tout en réduisant les tensions sécuritaires que connaissent ces pays.  Il a en outre cité le programme de formation des imams, initié par le Roi du Maroc, qui vise à renforcer les capacités des chefs religieux musulmans de divers pays, afin de leur permettre de mieux faire face aux discours de haine.  

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a affirmé que les auteurs d’attaques similaires à celle qui a eu lieu contre l’Université de Garissa n’ont, d’un point de vue psychologique, aucune humanité.  « Ils ne sont plus que des machines à tuer », a-t-elle dit, avant d’insister sur les efforts de prévention.  Elle a déclaré que tous les acteurs sociaux –les familles, les dignitaires religieux, les écoles et les gouvernements– avaient un rôle à jouer dans la lutte contre la radicalisation des jeunes.  Elle a également insisté sur la nécessité de répondre aux besoins de développement des jeunes.

Puis, la déléguée a détaillé les stratégies suivies par son pays pour contrecarrer l’extrémisme violent, en citant la création d’un Fonds spécial appelé Uwezo qui vise à développer l’esprit d’entreprise des jeunes, des femmes et des personnes handicapées.  « Par le biais d’un service national de la jeunesse, le Gouvernement du Kenya a mis en place une série de programmes en faveur de la réhabilitation et l’intégration des enfants et jeunes déshérités qui pourraient être vulnérables au discours extrémiste », a-t-elle conclu.

Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a fait remarquer que les jeunes sont situés des deux côtés des activités terroristes, qui ciblent les écoles et les foyers en Palestine, en Libye, au Yémen, au Pakistan, en Afrique centrale, au Kenya et dans bien d’autres pays et régions.  Ils s’imposent aussi comme terroristes et prennent pour cibles des journalistes et des touristes en France, en Tunisie, en Suède, en Belgique et dans d’autres lieux à travers le monde.  Elle a précisé que les attaques terroristes ne connaissaient pas de frontières et ne se limitaient pas à un pays donné, à une religion donnée ou à une ethnie particulière.  La représentante a estimé que la prévention de ce fléau commence sur les bancs d’école et continue dans la société.  Elle a expliqué que l’éducation était primordiale, car elle permet aux jeunes d’acquérir des connaissances, la compréhension de l’autre, l’ouverture d’esprit, la tolérance et le respect de l’état de droit et des droits de l’homme.   

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a insisté sur le lien direct entre la montée de l’extrémisme religieux et l’existence de conflits, d’interventions et d’occupation étrangères ou encore de discriminations ethniques et religieuses.  Elle a expliqué la radicalisation des jeunes constatée dans certains pays occidentaux par leur marginalisation économique mais aussi par le phénomène grandissant de l’islamophobie.  « Une mesure essentielle pour lutter contre ce phénomène serait l’adoption d’une législation prohibant les insultes contre les religions et établissant une distinction claire entre liberté d’expression et discours de haine ».  Mme Lodhi a ensuite déclaré que l’autonomisation économique des jeunes devrait être un élément essentiel de toute stratégie de déradicalisation.  Enfin, la déléguée a détaillé les efforts de son pays pour lutter contre l’extrémisme violent, en soulignant une répression accrue des discours de haine, une plus grande régulation des écoles religieuses et l’adoption de mesures contre la glorification du terrorisme sur Internet.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a décrit une situation complexe montrant que l’extrémisme et le terrorisme se répandent aussi bien dans les capitales occidentales que dans des villages de certains pays islamiques.  Il a aussi noté que l’islamophobie se répandait en Occident, semant la haine et la peur dans les sociétés.  « Est-ce que les jeunes ont contribué à la montée de ces phénomènes ou alors sont-ils des victimes? » s’est-il interrogé.  Les jeunes ne doivent pas se laisser embrigader dans ces fabrications mentales, a-t-il souligné.

Les centres qui propagent ces idéologies, faussement islamiques, dépensant des milliards de dollars par l’utilisation de chaines de télévision satellitaires, des médias sociaux et traditionnels, a-t-il prévenu, sont en train de renforcer la propagation de l’ignorance et de la violence.  Le représentant iranien a aussi souligné que cette propagande prenait pour cible l’islam, présentant cette religion comme le plus grand danger et encourageant le conflit entre l’islam et l’Occident.  M. Khoshroo a tenu à préciser que toutes ces idéologies, et encore moins le terrorisme et les médias qui propagent la peur, ne représentent pas l’islam.  C’est pourquoi il a invité les jeunes à prendre leur distance avec l’islamophobie et l’idéologie takfiriste, en prônant aussi une relation entre l’islam et l’Occident fondée sur une interaction constructive et le respect mutuel.

M. MARTIN SADJIK (Autriche) a déclaré que le phénomène des combattants terroristes étrangers, qui se rendent dans des zones de conflit, comme en Iraq et en Syrie, représentait une nouvelle menace sécuritaire.  Pour sa délégation, le débat d’aujourd’hui montre que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour contrer le recrutement de jeunes par des extrémistes.  M. Sadjik a suggéré que l’on continue d’examiner les facteurs sous-jacents qui conduisent à leur radicalisation et, en particulier, que l’on promeuve l’éducation et l’emploi des jeunes.

Il faudrait, a-t-il poursuivi, que les jeunes comprennent qu’ils ont le droit de participer au processus de prise de décisions et qu’ils soient encouragés à le faire.  Il faudrait également trouver des mécanismes innovants, via Internet et les médias sociaux, pour « remplacer les messages de haine par des messages d’espoir ».  Les organisations de la société civile doivent être renforcées, de même que les partenariats avec le secteur privé.  Pour sa part, l’Autriche participe activement à l’Alliance des civilisations et intensifie sa coopération contre le terrorisme avec les pays des Balkans occidentaux, a précisé M. Sadjik qui, en tant que Président du Conseil économique et social, a présidé les sessions du Forum de la jeunesse en 2014 et 2015.

M. OH JOHN (République de Corée) a estimé qu’il n’y avait « pas de solution toute faite pour ce problème multidimensionnel » et que la prévention de la radicalisation passait par une approche diversifiée.  Il faut commencer par comprendre pourquoi les messages des groupes extrémistes attirent tant de jeunes issus de différentes sociétés et diffuser des messages persuasifs qui les convaincront que les idéologies propagées sont fausses et vides.  Ensuite, l’engagement des communautés vis-à-vis des jeunes revêt une importance particulière pour prévenir la radicalisation.

Pour le représentant, la bonne gouvernance, la protection des droits de l’homme et le développement sont également essentiels pour répondre aux griefs et au désespoir qui nourrissent l’extrémisme.  Quant à l’éducation, elle doit permettre d’enseigner aux générations futures les valeurs de la dignité humaine, de la diversité et de la tolérance. 

Mme IVANA PAJEVIC (Monténégro) a constaté que le risque de l’extrémisme augmentait là où les jeunes n’ont pas d’éducation ni de confiance en l’avenir, ce qui les rend plus vulnérables aux messages radicaux.  Elle a jugé indispensable d’impliquer les jeunes dans la lutte contre l’extrémisme violent.  À travers son système éducatif, le Monténégro prépare les jeunes à penser par eux-mêmes, à coopérer, à communiquer et à prendre des risques.  Par des programmes spécifiques, tels que le projet « Autonomisation des jeunes » entrepris avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Gouvernement du Monténégro s’efforce de donner aux jeunes les moyens de devenir membres à part entière de leur communauté.

M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, a souligné que des sociétés pacifiques et inclusives ne peuvent pas être construites de façon durable sans la participation et l’engagement des jeunes.

Les deux tiers de la population mondiale sont des jeunes et 80% d’entre eux vivent dans des pays en développement, en majorité en Afrique et au Moyen-Orient, a-t-il rappelé.  « Notre débat sur la jeunesse, la paix et la sécurité, a été jusqu’à présent limité », a cependant regretté M. Al-Nasser.  Il a estimé que la dimension culturelle était essentielle pour parler de ces questions, en particulier « pour protéger leurs esprits et leurs cœurs de l’influence de la radicalisation ».

Pour le Haut-Représentant, la communauté internationale manque encore d’une politique intégrée, d’engagements et de priorités pour satisfaire les aspirations des jeunes dans le monde entier.  À cet égard, l’Alliance des civilisations vient compléter les efforts des organes de l’ONU et des États Membres. 

Il a notamment évoqué le programme de bourses qui permet à des jeunes de comprendre d’autres cultures et traditions, le Fonds de solidarité de la jeunesse qui travaille avec plus de 10 000 organisations de la jeunesse dans le monde entier, le Prix interculturel de l’innovation ou encore le projet Entrepreneurs pour le changement social.

Même si les évènements récents ont montré que les jeunes peuvent être amenés à commettre des crimes d’une violence innommable, il ne faut pas oublier que « l’âge en soi n’est pas un facteur de risque », a rappelé  M. Al-Nasser.  De nombreux pays avec une forte proportion de jeunes n’ont pas souffert de la violence, grâce à un niveau de PIB élevé et à l’existence d’une protection sociale.  « La plupart des jeunes ne sont pas violents et ne participent pas à des conflits armés », a-t-il insisté.

Le Haut-Représentant a proposé de dépasser les stéréotypes et d’examiner les facteurs sous-jacents à travers des approches centrées sur les êtres humains.  En effet, beaucoup de jeunes souffrent de privation, de discrimination et d’exclusion.  À cet égard, leur engagement dans les associations communautaires élargit leur sentiment d’appartenance et sert de dissuasion.

M. Al-Nasser a voulu voir dans les jeunes une « énorme force de progrès social, de développement et, en fin de compte, de progrès humain ».  Aujourd’hui,  a-t-il constaté, les jeunes sont plus ouverts au changement, plus tournés vers l’avenir et plus idéalistes.  C’est la raison pour laquelle leur participation est essentielle dans la consolidation de la paix, a-t-il conclu après avoir noté que trop d’États ne prêtent pas suffisamment attention à leur population de jeunes. 

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a souligné l’importance cruciale d’empêcher les jeunes de se rendre dans les zones de conflit, comme l’exige la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  Il a cité l’exemple d’un jeune Américain ayant pris part à une attaque-suicide en Syrie qui avait pu se rendre dans ce pays à plusieurs reprises, au vu et su des autorités américaines.  « Ce cas tragique nous rappelle l’importance d’une étroite coopération et d’un échange accru d’informations. »

Le délégué a ensuite plaidé pour une meilleure intégration des personnes issues de l’immigration afin de contrecarrer l’attrait que les groupes radicaux pourraient exercer sur elles.  La persistance de conflits peut également favoriser la propagation d’idées extrémistes parmi les jeunes, a-t-il dit.  Enfin, il a affirmé que la protection des jeunes vis-à-vis de l’endoctrinement radical passait par le développement d’un message de paix et de tolérance s’inscrivant dans la lutte commune contre le racisme, la xénophobie, l’islamophobie, l’antisémitisme et les persécutions visant les chrétiens et autres groupes.

M. GIORGI KVELASHVILI (Géorgie) a considéré que le manque total de respect envers les principes fondamentaux du droit international et les droits de l’homme avait contribué à éroder la confiance entre les pays et les peuples et à la montée de l’extrémisme violent et de la radicalisation de la jeunesse dans certaines parties du monde.  Par exemple, a-t-il dit, « la sécurité européenne est remise en question par la conduite agressive de la Russie contre ses voisins, en particulier la Géorgie et l’Ukraine ».  Lorsque des médias contrôlés par l’État encouragent des formes extrêmes de nationalisme et une idéologie violente pour justifier l’annexion de terres étrangères, la radicalisation des jeunes devient un phénomène courant, a-t-il insisté.  La Géorgie, a assuré son représentant, appuie les efforts internationaux concertés entrepris pour combattre l’EIIL.  Il a ajouté que son pays avait déjà rejoint trois groupes de travail pour lutter contre le financement, la propagande et les combattants terroristes étrangers.  

M. KAREL J. G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) s’est dit convaincu que l’approche utilisée par les Pays-Bas pour contrer l’extrémisme violent passait par le renforcement du rôle des familles et des communautés.  Il a aussi parlé du concept de « triangle de l’éducation » qui implique les parents, les écoles et l’environnement social.  Pour atteindre les parents, des sessions d’échanges sont organisées dans les mosquées par exemple, afin de discuter des méthodes de recrutement des djihadistes et des dangers que rencontrent les enfants sur Internet.  Les professionnels de l’éducation, quant à eux, sont formés pour reconnaître les signes de radicalisation des jeunes et agir en conséquence.  Les autorités agissent aussi au sein des communautés en autonomisant les leaders de groupes de jeunes afin qu’ils soient des chantres de la tolérance. 

Ce déploiement communautaire implique, a noté M. Van Oosterom, la participation des écoles, des municipalités, de la police, de la société civile et des groupes politiques et religieux.  Le représentant a, par ailleurs, indiqué que sur le plan international, les Pays-Bas étaient impliqués dans plusieurs initiatives européennes et mondiales de lutte contre l’extrémisme.  Avant de conclure, il a suggéré que les jeunes soient davantage impliqués, en tant que partenaires, dans la prévention des conflits et la promotion de la tolérance.

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que l’étape fondamentale dans la lutte contre la radicalisation des jeunes était de travailler avec les familles et de les aider dans leurs efforts pour éduquer les enfants et les jeunes aux valeurs du dialogue et du respect des autres, pour équiper les jeunes à mieux résister à ce qui paraît comme un appel attrayant pour une cause supérieure et à l’aventure avec des groupes extrémistes.  Renforcer le débat public peut aussi encourager les jeunes à évacuer leurs frustrations afin qu’ils ne succombent aux idéologies extrémistes.  Le débat public peut également aider les États à développer leurs politiques de lutte contre les groupes extrémistes, a estimé Mgr Auza.

Mgr Auza a ajouté qu’une politique publique équilibrée jouait un rôle clef dans la facilitation de l’intégration des immigrants dans la société en tant que citoyens.  Des politiques qui découragent les préjugés xénophobes ou racistes sont très nécessaires et contribuent au respect des valeurs religieuses et socioculturelles saines, a-t-il souligné.  La religion constitue une partie puissante de ces systèmes de valeurs.  Des politiques d’éducation qui cherchent à minimiser ou éliminer la composante de la foi des identités individuelles et collectives pourraient laisser les jeunes désorientés, aliénés, marginalisés et exclus et sensibles aux messages de groupes extrémistes.  « Nous pouvons contrer les recruteurs extrémistes en encourageant ceux qui inspirent confiance et sont respectés parmi leurs pairs de s’exprimer sur les plateformes que ces groupes utilisent eux-mêmes pour recruter de nouveaux membres, comme les médias sociaux.  Les chefs religieux et les organisations religieuses doivent condamner les messages de haine au nom de la religion et donner aux jeunes une formation religieuse qui favorise la compréhension et le respect entre les peuples qui pratiquent des fois différentes », a insisté Mgr Auza. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a, sur une note positive, estimé que les jeunes pouvaient être « au cœur même de la solution à l’extrémisme violent ».  Ils peuvent influencer et inspirer leurs pairs, sensibiliser le public et encourager un débat dans la société, à condition d’avoir les moyens de développer tout leur potentiel.  C’est la raison pour laquelle l’éducation et la sécurité des jeunes sont indispensables, a souligné le représentant.  L’éducation en particulier est une arme puissante pour lutter contre les discours haineux et l’ignorance.  De même, l’emploi des jeunes revêt une importance fondamentale.

M. Drobnjak a prôné une approche intégrée et multidisciplinaire, qui mette l’accent sur le développement et s’intéresse à la discrimination sociale et politique, à l’exclusion et à la marginalisation, pour empêcher le recrutement de nouveaux terroristes.

M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a rappelé que l’extrémisme violent se nourrissait de la désespérance des jeunes.  Une meilleure compréhension des besoins et aspirations des jeunes est cruciale pour lutter contre la radicalisation, a-t-il affirmé.  M. Grima a également souligné la nécessité d’édifier des sociétés plus inclusives et tolérantes qui ne laissent personne sur le bord du chemin.  À cette fin, le délégué a plaidé pour une approche participative permettant aux jeunes de se sentir davantage membres de la société.  « L’éducation est capitale pour doter les jeunes du savoir et des instruments qui leur permettront en fin de compte de rejeter l’extrémisme violent », a-t-il dit.  En conclusion, M. Grima a détaillé les programmes mis en place dans son pays pour promouvoir l’autonomisation des jeunes et une meilleure inclusion sociale des minorités culturelles, ethniques et religieuses.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que le Kazakhstan avait lancé un programme de lutte contre l’extrémisme religieux et le terrorisme pour la période 2013-2017.  Il a précisé que près de 600 millions de dollars avaient été engagés à cet effet pour établir des mesures préventives de lutte contre l’extrémisme parmi les jeunes.  Il a assuré que le Gouvernement avait mis en œuvre une approche visant à contrer les idéologies extrémistes dirigées vers les jeunes.  Le Kazakhstan est un pays multiethnique et multiconfessionnel, a-t-il rappelé, avant d’ajouter qu’au cours du cinquième Congrès des religions mondiales et traditionnelles, prévu à Astana, au Kazakhstan, en juin prochain, les participants vont discuter de paix et de développement.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a réaffirmé que son pays était partisan de mesures législatives fortes pour renforcer la sécurité nationale et avait, ainsi, promulgué une loi antiterroriste prévoyant des mesures répressives contre la propagande terroriste sur les sites Internet nationaux.  Il a aussi recommandé de renforcer la résilience des communautés pour empêcher les jeunes de tomber dans le radicalisme.  Le Gouvernement canadien travaille en ce sens avec les communautés, pour éduquer et offrir des possibilités aux jeunes à risques comme alternatives à la violence.  Il a parlé de la table ronde transculturelle sur la sécurité qui permet une discussion franche sur les conditions propices au développement de l’extrémisme violent.  Le Canada organise également des ateliers visant à approfondir le dialogue avec les jeunes.  

Prévenir la radicalisation de la violence est une responsabilité collective, a-t-il ajouté, en soulignant le rôle de chaque citoyen, des familles, des chefs religieux, de la police, du Gouvernement et des communautés.  L’ONU joue également un rôle crucial pour aider les États à mettre en œuvre les stratégies antiterroristes, a-t-il ajouté.  Le représentant a encouragé les États à soutenir les efforts multilatéraux de lutte contre le terrorisme, comme le Centre Hedayah créé par le Forum mondial de lutte contre le terrorisme.  C’est le premier centre international consacré à la formation, au dialogue, à la recherche et à la collaboration sur la lutte contre l’extrémisme violent, a-t-il précisé.

M. ERVIN NINA (Albanie) a affirmé que les enfants qui vivent dans des zones affectées par les conflits représentent une cible facile pour les groupes terroristes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant, les Chabab ou Al-Qaida.  Malheureusement, le recrutement d’enfants se fait aussi sur Internet, à travers les médias sociaux.  Même s’il est alimenté par divers facteurs, l’extrémisme religieux a été placé au centre du débat mondial et le rôle et l’influence des dirigeants religieux dans la société se retrouvent en première ligne, a constaté le représentant.  

La lutte contre l’extrémisme violent doit aller de pair avec la bonne gouvernance, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, une croissance économique durable avec des opportunités pour tous, la participation des jeunes et des femmes, l’éducation et l’implication des communautés, a poursuivi M. Nina.  L’école à elle ne suffit pas et il faut combiner une variété d’outils pour changer les mentalités.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a indiqué qu’un programme de lutte contre l’extrémisme, à long terme et efficace doit prévoir l’autonomisation des jeunes comme élément central.  Il a souligné qu’étant donné que l’extrémisme comprend des aspects physiques et idéologiques, l’Indonésie a mis en place une réponse nationale qui prend en compte une approche dite douce et une autre ferme.  Il a fait observer qu’une approche ferme comprend des mesures d’application de la loi, tandis que l’approche douce vise à influencer les esprits et les cœurs des populations. 

Dans ce combat contre l’extrémisme, il est important de forger des communautés plus résilientes, afin qu’elles soient à même de contrer la propagation des idées haineuses, a-t-il estimé.  Le représentant a aussi prôné le dialogue afin, a-t-il expliqué, de réduire l’intolérance au sein de la société.  Le Gouvernement indonésien promeut aussi la culture de la paix et de la tolérance, a assuré M. Anshor.  Il a par ailleurs rappelé qu’au cours du Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, qui s’était tenu l’an dernier en Indonésie, les jeunes avaient insisté sur l’importance d’inclure la compréhension interculturelle et la consolidation de la paix dans les curricula d’éducation.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a rappelé que le premier pilier de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme de l’ONU était le pilier socioéconomique.  Il a relevé que le chômage, le manque d’éducation et de perspectives professionnelles constituaient autant de raisons qui rendaient les jeunes vulnérables à la propagande extrémiste.  Il a souhaité qu’une approche globale fût arrêtée pour contrer la montée de l’extrémisme violent, estimant que les efforts devaient être concentrés sur l’éducation et la promotion du dialogue interconfessionnel, afin de contrer ce qu’on désigne par « le choc des civilisations » que promeuvent les extrémistes. 

Il a en outre salué l’initiative des autorités marocaines qui ont mis en place, depuis 2008, un programme de formation des imams.  M. Winid a aussi appelé à une coordination renforcée entre les différents organes de l’ONU officiant dans la lutte contre le terrorisme.  Il a invité par ailleurs la communauté internationale à faire davantage pour mettre fin aux conflits qui déchirent le Moyen-Orient et qui conduisent à la radicalisation des jeunes.

Mme CRISTINA PUCARINHO (Portugal) a relevé que les jeunes étaient à la fois les agents, les bénéficiaires et les victimes des changements sociétaux importants.  Ils cherchent à s’intégrer dans un ordre existant tout en servant de force de transformation de cet ordre.  L’une des causes pour lesquelles les jeunes s’engagent dans l’extrémisme violent est l’absence de sens d’appartenance, a-t-elle remarqué.  Elle a prôné une approche générale et multidimensionnelle pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’extrémisme des groupes armés non étatiques, comme la pauvreté, le manque d’accès à l’éducation, l’exclusion sociale, le chômage et la faible participation à la vie politique.

D’un autre côté, il nous faut, a-t-elle ajouté, mettre en place une stratégie de communication efficace pour prévenir la radicalisation et l’apparition du terrorisme.  Mme Pucarinho a plaidé en faveur d’une approche globale et transsectorielle de l’extrémisme violent des jeunes, compte tenu de l’ampleur du problème.  Elle a assuré que son pays avait apporté son soutien au programme des Nations Unies pour la jeunesse adopté il y a 20 ans, avant d’insister sur l’importance de la culture de paix, de justice et de droits de l’homme, ainsi que sur le respect de toutes les religions et cultures.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que « dans la région du Moyen-Orient, les conflits brutaux et non résolus dans des pays tels que la Syrie, l’Iraq, la Libye et le Yémen, de même que la longue occupation israélienne, avaient fracturé l’ordre sécuritaire ».  Ces crises, a-t-elle déploré, ont laissé des vides politiques qui ont exacerbé l’extrémisme et déstabilisé toute la région.  Se référant à Daech, elle a dit qu’infliger des souffrances humaines au nom de la religion était « une violation des enseignements et de la doctrine islamiques ».

Pour leur part, a expliqué la représentante, les Émirats arabes unis luttent contre l’extrémisme à travers l’éducation égale pour tous, y compris les filles, la formation des jeunes au marché du travail et la responsabilisation des jeunes.  À Abu-Dhabi, le Conseil musulman des anciens a été créé pour promouvoir les valeurs pacifiques et les enseignements de l’islam dans le monde entier.  En partenariat avec des organisations nationales et internationales, les Émirats arabes unis aident les réfugiés de Syrie et d’Iraq et appuient des programmes centrés sur la jeunesse en Égypte.

Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) s’est inquiétée de la tendance croissante des jeunes à adhérer volontairement aux organisations terroristes pour des raisons idéologiques et ou socioéconomiques.  Ces idéologies pseudo-religieuses sont devenues des tactiques de recrutement efficaces, a-t-elle noté.  Parmi les facteurs qui favorisent ce recrutement, elle a mentionné les conflits armés et l’occupation étrangère qui se prolongent, ainsi que le manque de possibilités pour les jeunes dans des contextes de privations socioéconomiques.  Il y a aussi l’intolérance et le racisme, auxquels il faut opposer le dialogue interculturel et entre les religions.  Enfin, elle a estimé que c’est l’ignorance, et non la religion, qui alimente l’extrémisme.

La représentante a conseillé d’adopter des politiques holistiques pour faire progresser la jeunesse à tous les niveaux.  Elle a rappelé que son pays avait accueilli, en octobre 2014, le premier Forum mondial sur les politiques en faveur de la jeunesse.  Organisé à l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, en partenariat avec son Envoyé pour la jeunesse, le PNUD, l’UNESCO et le Conseil de l’Europe, cet évènement avait rassemblé plus de 700 représentants de 165 États, a-t-elle précisé.  Elle a ajouté qu’il s’était conclu par l’adoption de l’Engagement de Bakou pour les politiques de la jeunesse, qui appelle à soutenir le Programme mondial d’action pour la jeunesse. 

M. IHOR YAREMENKO (Ukraine) a affirmé que la composante militaire de l’agression perpétrée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine était loin d’être la plus dangereuse.  Une propagande féroce et duplice émanant de médias contrôlés par l’État russe est un autre élément clef de cette agression, a-t-il dit.  Le délégué a estimé que la communauté internationale devrait être alarmée par l’efficacité de cette propagande de type soviétique, notamment auprès des jeunes.  Il a ensuite mentionné des informations selon lesquelles des adolescents, certains ayant moins de 15 ans, participeraient aux activités « de gangs prorusses » dans l’est de l’Ukraine.  Enfin, le délégué a fait état de témoignages selon lesquels le recrutement de mercenaires se dérouleraient dans les campagnes russes pour renforcer les rangs des « gangs terroristes » opérant dans le Donbass.

M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a souligné la nécessité d’investir en faveur des jeunes en leur permettant de jouir de leurs droits fondamentaux et de participer aux décisions visant leur épanouissement.  Il a également demandé des investissements pour assurer la sécurité humaine afin de renforcer la résilience des populations en général et de la jeunesse en particulier.

Le Bénin souhaite que le futur programme de développement pour l’après-2015 dote les États des ressources nécessaires afin d’offrir des opportunités qui donneront « un rêve sain » aux jeunes, a-t-il dit.  Le délégué a aussi invité la communauté internationale à « changer la donne pour des millions de jeunes désemparés si elle veut couper l’herbe sous le pied des mouvements extrémistes religieux violents ».  Enfin, M. Zinsou a détaillé l’apport de son pays pour réaliser cet objectif avec la mise en place de l’Initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel dont le lancement aura lieu à Cotonou, du 26 au 28 mai 2015.

Reprenant la parole pour réagir à la déclaration de l’Ukraine, le représentant de la Fédération de Russie a dénoncé les méthodes illégitimes adoptées par le Gouvernement ukrainien pour renverser un pouvoir légitime.  En outre, a-t-il noté, Kiev ferme les yeux sur la montée de l’intolérance et de l’extrémisme.  Le 2 mai dernier, des dizaines de personnes avaient été brûlées à vif à Odessa, s’est-il indigné.  Cette vague de violence a submergé les jeunes, a-t-il dit, en ajoutant que les bataillons volontaires au Donbass étaient acquis à la cause extrémiste.  Le représentant a noté par ailleurs qu’une loi ukrainienne reconnaît comme héros les personnes ayant combattu aux côtés des fascistes et des nationalistes ukrainiens.  Ces soi-disant héros ukrainiens ont adopté un document, en 1941, prévoyant que le Gouvernement ukrainien rétabli allait coopérer avec le IIIe Reich.  Il s’est aussi inquiété de l’impunité après les attaques à Maidan, Odessa et Marioupol qui, à ce jour, n’ont pas encore fait l’objet d’enquêtes sérieuses.  En outre, un discours haineux est constamment diffusé dans les écoles ukrainiennes, a-t-il aussi affirmé. 

Le représentant de l’Ukraine a répondu en présentant des chiffres « pour illustrer l’ampleur de l’extrémisme en Ukraine ».  Il a rappelé que l’Ukraine, l’an dernier, avait mené deux campagnes électorales, l’une présidentielle, l’autre législative.  L’un des deux partis minoritaires a obtenu 1,16% et l’autre 0,7% des voix, ne recevant ainsi pas assez de voix pour obtenir un siège au Parlement ukrainien.  Vingt-neuf partis avaient participé aux élections, a-t-il fait remarquer, tout en précisant qu’on ne pouvait pas parler d’extrémisme.  « Mon pays a promulgué une loi pour célébrer la mémoire des victimes de la Deuxième Guerre mondiale à une certaine date et pour commémorer, à une autre date, notre victoire », a-t-il assuré.  En août 1939, a-t-il rappelé, l’Union soviétique avait signé un accord avec l’Allemagne pour la division de l’Europe.  Il a aussi rappelé que l’Union soviétique avait attaqué la Pologne.  Enfin, le représentant ukrainien a fait remarquer qu’un congrès de partis ultra-radicaux et d’extrême droite s’était tenu à Saint Pétersbourg le 22 mars, qui a d’ailleurs fait réagir la fédération des communautés juives.  « Dans ces conditions, comment peut-on parler de fascisme en Ukraine? » s’est-il interrogé.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Des experts soulignent l’importance du rôle des autochtones pour répondre aux besoins alimentaires de neuf milliards d’habitants d’ici à 2030

Quatorzième session,
6e & 7e séances – matin & après-midi
DH/5246

Des experts soulignent l’importance du rôle des autochtones pour répondre aux besoins alimentaires de neuf milliards d’habitants d’ici à 2030

Plusieurs experts de l’Instance permanente sur les questions autochtones ont, aujourd’hui, insisté sur le rôle primordial des autochtones dans la lutte pour éliminer la faim sur une planète qui, d’ici 2030, comptera neuf milliards d’habitants.

« Il est possible de mettre fin à la malnutrition d’ici 2030 si nous doublons la productivité agricole des petits exploitants », a ainsi estimé M. Yon Fernandez de Larrinoa, point focal « peuples autochtones et genre » de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce matin, lors de la quatrième journée de la session annuelle 2015 de l’Instance permanente sur les questions autochtones. 

« Que cela nous plaise ou non, les autochtones sont les meilleurs gestionnaires de nos écosystèmes et donc des sources d’alimentation », a affirmé M. Adolfo Brizzi, Directeur de la Division des politiques et du conseil technique du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), avant d’ajouter que la ville n’était « pas durable si les campagnes ne le sont pas ». 

Soulignant le rôle essentiel des acquis et des savoirs traditionnels autochtones pour nourrir les neuf milliards d’habitants en 2030, il a expliqué qu’améliorer le développement agricole aura le double avantage d’augmenter la productivité et donc les sources d’alimentation et contribuera à limiter l’exode rural responsable de surpopulation urbaine.

Faisant le lien entre durabilité de la ville et qualité de vie des zones rurales, il a soutenu qu’« améliorer la situation des petits exploitants agricoles, qui concernent 2,5 milliards de personnes pauvres dans le monde, dont 430 millions d’autochtones, est certainement le meilleur moyen de lutter contre la faim dans le monde ».

« Pour augmenter la capacité de production alimentaire des autochtones et des petits exploitants agricoles, il faut d’abord assurer la sécurité foncière des autochtones et faciliter leurs accès aux terres », a, de son côté, jugé Mme Maryam Niamir, Conseillère spéciale pour les objectifs de développement durable pour l’après-2015 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). 

Le représentant de la Bolivie a jugé indispensable, au nom de la lutte contre la faim et la pauvreté, de combiner les avantages de la science et des savoirs traditionnels avant d’appeler à la définition d’indicateurs et de données désagrégées tenant compte des spécificités des autochtones. 

« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants », a rappelé le représentant de la Suède, au nom des pays nordiques, avant de mettre l’accent sur le rôle essentiel des autochtones comme gardiens de nos terres et de nos écosystèmes.

À l’instar de l’ensemble des intervenants, il a dit la nécessité de définir des objectifs de développement prenant en compte les attentes et contributions des peuples autochtones.  La déléguée du Danemark a exhorté la Banque mondiale à s’abstenir de prendre des mesures en contradiction avec les droits des populations autochtones.  Réagissant à cette intervention, John Edward, membre de l’Instance a fustigé les projets visant à ériger d’immenses barrages qui menacent les terres et les industries extractives polluant les ressources d’eau des autochtones. 

Joignant la théorie à la pratique, le représentant du Conseil Sam, au nom du Caucus arctique, a annoncé la tenue, le 26 avril à New York, dans les locaux du « One United Nations », d’un atelier mondial des autochtones sur la définition d’indicateurs de développement durable spécifiques aux autochtones.

La représentante des jeunes autochtones a appelé à des investissements tenant compte de la diversité de la jeunesse et de son droit à l’autodétermination afin qu’ils disposent des outils et moyens de transmettre leurs connaissances et traditions. 

Pour ces débats, l’Instance était saisie d’une analyse1, où il est notamment déploré le fait que les peuples autochtones n’ont que peu ou pas participé à l’élaboration, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et où il est appelé à ce que les objectifs de développement durable pour l’après-2015 offrent une occasion unique de remédier aux lacunes des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Avant deux tables rondes portant respectivement sur le programme de développement pour l’après-2015 et les droits reliés à la nourriture, la faim, la maladie et le territoire, l’Instance avait entendu un bref exposé de M. Antti Korkeakivi, du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, sur la rencontre annuelle de 2014 du Groupe d’appui interorganisations.

Il a précisé que cette rencontre avait été l’occasion pour les points focaux de 17 organismes des Nations Unies de présenter leurs contributions à la mise en œuvre du Plan d’action à l’échelle de l’ensemble du système pour assurer une « approche cohérente de la réalisation des objectifs définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».  

Poursuivant son débat général sur les « Travaux futurs de l’Instance permanente, notamment sur les questions intéressant le Conseil économique et social et sur les nouveaux problèmes » (discussion sur les méthodes de travail2), l’Instance a entendu une vingtaine d’interventions dans l’après-midi.

L’Instance permanente sur les questions autochtones terminera demain la première de ses deux semaines de session annuelle. 

1E/C.19/2015/3 ; 2E/C.19/2015/2, E/C.19/2015/4 et E/C.19/2015/9

THÈME SPÉCIAL « DIALOGUE GÉNÉRAL AVEC LES FONDS ET ORGANISMES DES NATIONS UNIES » (E/C.19/2015/6 ET E/C.19/2015/7)

Table ronde 1 sur le programme de développement pour l’après-2015

Mme JOAN CARLING, Membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a regretté l’absence de référence aux peuples autochtones dans les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et dans les 17 nouveaux objectifs de développement durable qui seront adoptés en septembre.  Elle a donc fait part de l’inquiétude des peuples autochtones exprimée au cours de cette quatorzième session de l’Instance permanente face à cette « invisibilité ».   

M. FREDRICH SOLTEAU, de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a rappelé que la Conférence de Rio avait donné le coup d’envoi de l’élaboration d’un programme universel de développement qui devrait être applicable à tous les pays et doté de 17 objectifs de développement durable et 169 sous-objectifs de développement.  Les nouveaux objectifs s’appliquent à tous les pays contrairement aux OMD destinés principalement aux pays en développement et tiennent compte du niveau de développement de chaque pays, a-t-il rappelé.   

M. CHRIS MURGATROYD, Conseiller en gouvernance au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’importance de l’objectif 16 qui est de « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer à tous l’accès à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes »  dans le travail du PNUD.  Cet objectif est crucial pour un véritable de changement, a-t-il insisté, tout en mettant l’accent sur le dialogue et le renforcement des capacités pour la mise en œuvre des objectifs  à l’échelon national et local.  Il a aussi mis en exergue la prise en compte des initiatives des organisations de la société civile et la participation des groupes défavorisés, notamment les femmes et les jeunes. 

Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Directrice de la Division de l’appui intergouvernemental d’ONU-Femmes, a indiqué que l’entité orientait son travail d’amélioration des conditions des femmes à la lumière de l’objectif 5 qui vise à « réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».  Elle a insisté sur l’importance de la révision des lois nationales qui vont à l’encontre du développement des femmes et des filles.  Elle a aussi parlé de la nécessité de l’élimination des violences contre les femmes et les filles, du mariage précoce, des mutilations génitales et du travail domestique non rémunéré.  Elle a souligné l’importance de politiques publiques visant l’accès aux services de santé reproductive et génésique, l’égalité de droits à l’héritage, à l’accès à la terre, l’accès aux technologies de l’information et des communications qui sont fondamentaux à l’autonomisation des femmes.  Elle a appelé à la mobilisation des sources en faveur de l’égalité et de l’autonomisation des femmes et a souligné l’importance de la troisième Conférence sur le financement du développement, au mois de juillet à Addis-Abeba.

Table ronde sur les droits reliés à la nourriture, la faim, la maladie et le territoire

Dans une déclaration liminaire, le Membre de l’Instance JOSEPH MUTAHGAH a mis l’accent sur les conséquences de la dégradation des écosystèmes des peuples autochtones sur l’alimentation et la santé.  La perte et la dégradation de leurs territoires met à mal leurs sources d’alimentation traditionnelles et méthodes de soins traditionnelles.  Il a appelé l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à publier des orientations afin de mettre en œuvre des règles pour promouvoir des droits fonciers sûrs et garantir l’accès aux terres, aux forêts et aux pêches.    

« Améliorer la situation des petits exploitants agricoles, qui concernent 2,5 milliards de personnes pauvres dans le monde, est certainement le meilleur moyen de lutter contre la faim dans le monde », a dit M. ADOLFO BRIZZI, Directeur de la Division des politiques et du conseil technique du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), avant de faire le lien entre durabilité de la ville et qualité de vie des zones rurales.  Il a dit le rôle essentiel des acquis et des savoirs traditionnels autochtones pour nourrir les neuf milliards de personnes que comptera notre planète en 2050 en expliquant qu’améliorer le développement agricole aura le double avantage d’augmenter la productivité et donc les sources d’alimentation et contribuera aussi à limiter l’exode rurale responsable de surpopulation urbaine.  « Que cela nous plaise ou non, les autochtones sont les meilleurs gestionnaires de nos écosystèmes et donc des sources d’alimentation en insistant que la ville n’est pas durable si les campagnes ne le sont pas.

« Il est possible de mettre fin à la malnutrition d’ici à 2030 si nous doublons la productivité agricole des petits exploitants », a estimé M. YON FERNANDEZ DE LARRINOA, point focal « peuples autochtones et genre », de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avant de rappeler aussi qu’un des meilleurs moyens de lutter contre la faim était déjà de réduire les déchets alimentaires.  Il a jugé indispensable que les organismes de l’ONU en charge des questions d’agriculture et d’alimentation intègrent à leurs politiques des indicateurs reflétant les spécificités, la contribution et les réalités des populations autochtones. 

Il a dit les efforts de la FAO en vue de collecter des données, de renforcer les capacités des autochtones, de former les femmes autochtones et de promouvoir le respect du principe de « consentement libre, selon lequel une communauté a le droit de donner ou de refuser de donner son consentement à des projets proposés susceptibles d’avoir une incidence sur les terres qu’elle possède, occupe ou utilise traditionnellement.   

« Pour augmenter la capacité de production alimentaire des autochtones et des petits exploitants agricoles, il faut d’abord assurer la sécurité foncière des autochtones et faciliter leurs accès aux terres », a jugé Mme MARYAM NIAMIR, Conseillère spéciale pour les objectifs de développement durable pour l’après-2015 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Elle a rappelé que 90% des revenus des pauvres des zones rurales dépendaient de la gestion des terres.  Au-delà de la définition des objectifs de développement durable pour l’après-2015, Mme Niamir a dit la nécessité de comprendre les situations juridiques qui permettent aux autochtones d’accéder aux terres.

Au cours du débat qui a suivi ces exposés liminaires, Mme MARIA CHOUE, membre de l’Instance, a jugé essentiel que la Commission de la condition de la femme qui se réunira en 2017, se penche sur l’autonomisation des femmes autochtones.  Après l’année internationale du quinoa, elle a proposé l’établissement d’une année internationale de la viande de lama en rappelant sa richesse particulière comme source de protéine.

« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants », a rappelé le représentant de la Suède, au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), avant de souligner le rôle essentiel des autochtones comme gardiens de nos terres et de nos écosystèmes.  Il a estimé que les objectifs et cibles de développement durable pour l’après-2015 n’auront de sens que s’ils mettent l’accent sur les groupes exclus, dont les populations autochtones. 

Le représentant du Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique a cité la création d’un groupe de travail sur les indicateurs concernant les connaissances des peuples autochtones en mentionnant la définition de quatre d’entre eux portant notamment sur la diversité linguistique et les questions foncières. 

M. LARS ANDERS BAER, du Conseil Sam au nom du Caucus arctique, a annoncé la tenue, le 26 avril à New York, dans les locaux de One United Nations, d’un atelier mondial des autochtones sur la définition d’indicateurs de développement durable spécifiques aux autochtones. 

Mme TIA OROS, du Caucus mondial des femmes autochtones, a dit l’importance de l’Instrument de Nagoya faisant le lien entre les connaissances traditionnelles et l’alimentation.  Elle a exhorté l’Instance à inviter le Conseil économique et social (ECOSOC) à garantir aux peuples autochtones, notamment aux femmes autochtones, un renforcement des capacités. 

Au nom des pays Baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie), la représentante du Danemark a appelé la Banque mondiale à s’assurer que ses projets ne nuisent pas aux droits fondamentaux des peuples autochtones. 

Le représentant du Réseau mondial des personnes autochtones handicapées a réclamé la création d’un cadre financier clair visant à permettre la réalisation des droits des personnes autochtones handicapées, et la mobilisation d’aide financière suffisante pour renforcer les services propres aux personnes autochtones handicapées notamment en matière d’éducation et des services sociaux. 

La représentante du Groupe des jeunes autochtones a réclamé la reconnaissance de la diversité et de l’égalité entre les jeunes autochtones et les autres jeunes.  Elle s’est dite inquiète des activités des entreprises minières dans les territoires des peuples autochtones et a réclamé l’application du droit à la consultation préalable et le respect du droit à la propriété foncière des peuples autochtones. 

M. EDWARD JOHN, membre de l’Instance, a souligné l’importance de l’eau dans la vie des peuples autochtones des pays développés.  Il a attiré l’attention sur la présence et les conséquences des activités des industries minières dans les territoires des peuples autochtones notamment en Amérique du Nord.  Il a dénoncé la contamination des rivières et des poissons, sources principales de produits alimentaires des peuples autochtones dans ces pays. 

Le représentant du Botswana a fait état de la création d’un cadre d’action positive pour promouvoir et renforcer des consultations régulières avec les communautés éloignées, et pour la mise en œuvre des programmes et des projets en faveur de ces communautés.  

Le représentant de la Bolivie a souligné l’importance de prendre en compte le savoir ancestral et les modes de vie des peuples autochtones, l’accès à la terre, à la nourriture, la diversification de la production agricole pour le développement intégral de son pays.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a réaffirmé l’attachement de son organisation à la notion de consentement libre, préalable et éclairé, et à l’importance des programmes de renforcement de capacités des peuples autochtones. 

« Dialogue général avec les fonds et organismes des Nations Unies » (E/C.19/2015/6 et E/C.19/2015/7) et « Suite donnée aux recommandations de l’Instance permanente: Programme de développement pour l’après-2015 » (E/C.19/2015/3 et E/C.19/2015/5)

Ce premier échange de l’après-midi a vu une vingtaine d’interventions dont celle de la représentante du Caucus mondial des femmes autochtones qui a souhaité que les filles autochtones soient considérées comme un groupe distinct et ne soient pas noyées au sein des groupes vulnérables.  De son côté, la représentante du Secrétariat de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a souligné les efforts de son organisation pour renforcer les capacités dans le domaine des savoirs traditionnels et de l’utilisation coutumière durable.  Elle a cité la tenue d’un séminaire international du 30 mars au 1er avril avec le soutien du Gouvernement de l’Australie sur les apports des connaissances traditionnelles.  Elle a notamment cité le fonds de l’OMPI pour les communautés autochtones accréditées. 

La représentante du Caucus des femmes africaines a dressé un tableau sombre des violences subies par les femmes autochtones en Afrique, avant de prier l’Instance de renforcer l’appui interinstitutions aux femmes africaines.  Le représentant de la Première nation du Québec a revendiqué la totale maîtrise des territoires ancestraux.  « Nous souhaitons nous extraire de la marginalisation dans laquelle l’État canadien et la province du Québec nous confinent », a-t-il dit.

Le représentant de la Banque mondiale a annoncé plusieurs événements organisés la semaine prochaine pour préserver les initiatives de son organisation en relation avec les droits des autochtones.  La représentante du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a indiqué que celui-ci avait mené 220 projets faisant participer les populations autochtones à des programmes de lutte contre la pollution.  Elle a aussi annoncé 1 700 projets à venir pour un montant total de 43 millions de dollars.  

Par ailleurs, la représentante de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la mise en œuvre, à l’échelle de la région, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, notamment par le biais d’une refonte des systèmes nationaux statistiques afin de pouvoir y intégrer toutes les spécificités autochtones. 

Plusieurs intervenants se sont inquiétés de la multiplication de naissances d’enfants avec des malformations qu’ils ont imputées aux engrais, aux pesticides et à d’autres sources polluantes.  L’un d’entre eux a cité la naissance chaque année au Pakistan de 50 000 enfants avec des malformations.  Également mise en cause, l’influence désastreuse des industries extractives sur les écosystèmes et la santé des autochtones.

« Travaux futurs de l’Instance permanente, notamment sur les questions intéressant le Conseil économique et social et sur les nouveaux problèmes » (discussion sur les méthodes de travail) (E/C.19/2015/2, E/C.19/2015/4 et E/C.19/2015/9). 

Ce deuxième échange a été l’occasion d’entendre plusieurs intervenants juger insuffisantes les deux semaines annuelles de l’Instance pour traiter des questions autochtones.  Si certains ont appelé l’Instance à ne pas se limiter à la théorie, des représentants autochtones ont aussi appelé à multiplier les opportunités d’échanges dans le temps, tout au long de l’année, et dans l’espace, avec d’autres régions, notamment dans le souci de suivre la mise en œuvre des recommandations de l’Instance.  Ils ont rappelé que la participation aux travaux de l’Instance exigeait de lourds sacrifices. 

« Nous en avons assez de voir nos frères mourir », a dit le représentant des peuples autochtones du Brésil, avant de citer les conséquences dramatiques pour les droits des peuples autochtones de nouvelles législations brésiliennes.  Il a demandé le soutien des Nations Unies pour éviter un conflit entre les autochtones et le Gouvernement du Brésil et a souhaité que l’on accordât une place plus importante à l’expression des jeunes autochtones. 

Réagissant à cette intervention, Mme Dalee Sambo Dorough, membre de l’Instance, a espéré que le représentant du Brésil apporte des précisions et que le représentant des peuples autochtones du Brésil saisisse l’occasion du dialogue prévu avec la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones pour détailler ces abus.  En fin de journée, Mme Sambo Dorough s’est dite heureuse d’apprendre qu’un représentant de la délégation brésilienne était venu contacter le représentant des peuples autochtones du Brésil. 

Le représentant de la Communauté des éleveurs Mbororo du Cameroun s’est inquiété des agissements des multinationales agroalimentaires qui ont fait de l’Afrique leur première proie.  Il s’est dit préoccupé par la confiscation croissante de terres autochtones avec la collaboration de gouvernements corrompus.  Il a fait état de l’expulsion récente de leurs terres de centaines d’éleveurs autochtones Mbororo avec la complicité de l’église catholique.  C’est pourquoi, il a exhorté l’Instance à demander au Gouvernement du Cameroun de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

« Quinze ans après la création de l’Instance, il est peut-être pertinent de proposer des réunions et espaces de concertations interactifs qui se tiendraient en dehors de la session annuelle », a suggéré la représentante du Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes

La représentante de Tribal Link Project, d’International Indian Treaty Council, de United Confederation of Taino et de Caribean Amerindian a exhorté l’Instance à passer de la théorie à l’action en invitant par exemple les États Membres à adopter le Pacte mondial, à mettre en place un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de ses recommandations.

M. Valentin Lopez, de l’organisation autochtone AIM-West, s’est dit révolté contre le projet de canonisation de l’évangélisateur californien Junipero Serra, mort en 1784, qui s’était rendu coupable, selon lui, d’un véritable génocide culturel.  Il a dit que cette canonisation ne ferait qu’ajouter à la douleur historique des autochtones. 

Au cours de cette journée, plusieurs délégations autochtones ont regretté les modifications arbitraires apportées à la liste des orateurs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La coopération internationale en matière fiscale est plus utile que jamais au moment où les ressources en faveur du développement durable doivent être mobilisées

Session de 2015,
28e & 29e séances, matin & après-midi
ECOSOC/6687

La coopération internationale en matière fiscale est plus utile que jamais au moment où les ressources en faveur du développement durable doivent être mobilisées

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, aujourd’hui, sa réunion annuelle sur la coopération internationale en matière fiscale, avec la participation de nombreux experts, dont ceux du Comité chargé de cette question qui pourrait, à l’avenir, être relevé au rang de Comité intergouvernemental des Nations Unies.  Les trois tables rondes ont confirmé l’intérêt manifeste pour cette forme de coopération qui contribuera à mobiliser des ressources nationales en vue de la réalisation du futur programme de développement pour l’après-2015.

La mobilisation de ressources financières nationales pour le développement est en effet une des questions importantes du « projet zéro » du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra à Addis-Abeba en juillet prochain, a rappelé le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Vladimir Drobnjak (Croatie), en introduction à la première table ronde consacrée à ce sujet.

Alors qu’un nouveau consensus sur le financement du développement est en cours, l’évasion et les fraudes fiscales nécessitent des solutions internationales, a expliqué le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik (Autriche).

L’importance de cette question en termes de financement du développement a été illustrée notamment par un débat sur le renforcement des travaux du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale, un organe qui dépend de l’ECOSOC.  Si les délégations ont reconnu l’utilité des travaux de ce Comité, elles ont cependant exprimé des avis partagés sur la proposition du Secrétaire général d’élever son statut en créant un véritable comité intergouvernemental sous les auspices de l’ONU.

Le Directeur du Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales, M. Alexander Trepelkov, a présenté le rapport* du Secrétaire général concernant cette question, tandis que le Président du Comité d’experts, M. Armando Lara Yaffar (Mexique), a présenté les travaux** de la dixième session du Comité qui étaient notamment consacrés à l’échange de renseignements destinés à éviter la fraude et l’évasion fiscales. 

Parmi les partisans d’un comité intergouvernemental, le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, en arguant que seule l’ONU avait la légitimité nécessaire dans ce domaine, a demandé que le document final d’Addis-Abeba prévoie un engagement dans ce sens.  La représentante des Bahamas, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), et le représentant de la société civile ont également demandé de veiller à ce que tous les pays soient inclus dans les processus tels que le BEPS (érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices par les entreprises).

La délégation de l’Union européenne a jugé au contraire que la composition actuelle du Comité était appropriée et s’est opposée à la « prolifération » des institutions, en prônant plutôt une meilleure synergie entre elles.  Les États-Unis se sont aussi opposés à la création d’un nouvel organe onusien sur cette question ou à tout changement de statut du Comité existant.  Il n’est pas non plus nécessaire d’élargir sa composition qui, selon eux, est suffisamment représentative.

Une autre proposition concernant ce Comité consisterait à déplacer sa session annuelle de Genève à New York, dans l’optique d’améliorer l’interaction entre ses organes subsidiaires et le suivi de leurs travaux, une suggestion qui n’a pas convaincu le représentant du Bangladesh.

Au cours du débat général, les délégations ont exprimé leurs avis sur les domaines de coopération fiscale à améliorer.  La délégation russe a, par exemple, conseillé d’éliminer les procédures administratives superflues.  Celle du Panama a prôné un meilleur échange de renseignements pour éviter l’évasion fiscale.

Une des tables rondes de l’après-midi a abordé le problème du manque à gagner dont souffrent les pays en développement en matière de taxation des droits de propriété intellectuelle et d’« autres biens incorporels ».  Le Vice-Président de l’ECOSOC a expliqué que les règles applicables à cette imposition n’ont pas été conçues pour l’économie mondialisée d’aujourd’hui.

Enfin, une autre discussion a mis en évidence la nécessité de garantir l’efficacité des incitations fiscales dans les pays en développement.  Si l’objectif de ces mesures est certainement de susciter de nouveaux investissements privés, elles ont aussi des effets négatifs qu’il faut éviter.  Cette discussion se poursuivra, au cours des deux prochains jours, dans le cadre d’un atelier organisé par le Bureau du financement du développement.

 

*     E/2015/51
**    E/2014/45

 

RÉUNION SPÉCIALE SUR LA COOPÉRATION INTERNATIONALE EN MATIÈRE FISCALE

Table ronde 1 sur le thème « Le rôle de la coopération internationale en matière fiscale dans la mobilisation des ressources financières nationales pour le développement »

M. ALEXANDER TREPELKOV, Directeur du Bureau du financement du développement au Département des affaires économiques et sociales (DAES), qui animait la table ronde, a indiqué que l’avant-projet du document final de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement souligne l’importance cruciale des recettes fiscales pour le financement du programme de développement de l’après-2015. 

Mme GRACE PEREZ-NAVARRO, Directrice adjointe du Centre de politique et d’administration fiscales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué que les normes en matière de coopération fiscale établies par l’OCDE avaient été appliquées par plus de 90 pays.  En outre, l’OCDE travaille sur la question de la criminalité fiscale, par le biais d’un groupe de travail sur la lutte contre le blanchiment d’argent.  Elle a aussi créé une Académie internationale pour les enquêtes en matière de fraude fiscale, basée à Rome.  Mme Perez-Navarro a également parlé de l’initiative de l’OCDE sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices par les entreprises, notamment multinationales, à l’étranger, plus connu sous son acronyme anglais BEPS (Base erosion and profit shifting).  Elle a enfin présenté un programme d’« Inspecteurs sans frontières en matière fiscale » destiné à renforcer les capacités des pays qui en font la demande, qui sera officiellement lancée à la conférence d’Addis-Abeba.

Mme VICTORIA PERRY, Sous-Directrice du Département des finances publiques du Fonds monétaire international (FMI), a indiqué que l’assistance technique en matière fiscale du FMI était disponible à la demande.  Ce programme, déployé dans plus de 100 pays, représente plus de la moitié de l’assistance que prodigue le FMI chaque année dans le monde entier.  Elle a en outre prôné la bonne gouvernance comme moyen de renforcer la base fiscale, en ajoutant que la catégorisation des contribuables pourrait permettre aux États de se concentrer sur les secteurs les plus à même de fournir des recettes fiscales conséquentes.  Elle a par ailleurs salué « le dialogue fiscal international », une initiative de coopération existant depuis plus d’une décennie entre certaines organisations internationales comme le FMI, la Banque mondiale. 

M. MARIJN VERHOEVEN, économiste principal à la Gouvernance mondiale du Groupe de la Banque mondiale, a expliqué que la Banque mondiale fournissait assistance technique, conseils et analyse aux pays en développement dans le domaine fiscal, ainsi que des prêts pour renforcer les capacités de leurs administrations fiscales.  Leur modernisation, a-t-il fait remarquer, exige une meilleure utilisation des technologies de l’information et des télécommunications.  L’expert a également indiqué que la Banque aidait les pays à garantir la transparence fiscale.  Il a indiqué que la Banque avait par ailleurs plaidé pour l’inclusion de plusieurs pays en développement dans le Projet BEPS.  L’harmonisation des régimes fiscaux et taxation des ressources naturelles sont d’autres dossiers sur lesquels travaille la Banque mondiale.  Au total, 360 dialogues et activités sont actuellement menés par la Banque mondiale sur les questions fiscales.

M. MÁRCIO VERDI, Secrétaire exécutif du Centre interaméricain des administrations fiscales (CIAT), dont le siège est au Panama, a vanté les mérites de la coopération Sud-Sud dans le domaine fiscal.  Il a aussi salué deux programmes développés avec l’aide de l’Italie et de l’Allemagne qui ont permis de mener 36 missions bilatérales en deux ans, ainsi que celle du Gouvernement de la Suisse qui s’est engagé sur un projet avec cinq pays d’Amérique centrale et la Bolivie.  Il a apprécié que l’OCDE prenne en compte les priorités des petits pays d’Amérique latine.  Des consultations régionales ont mis en évidence les chances qu’offre le projet BEPS pour discuter de questions multilatérales, comme la suppression du secret bancaire.  Selon M. Verdi, le BEPS est une initiative positive au plan régional.  La mise en œuvre des accords trouvés dans ce cadre exige cependant une harmonisation en vue d’éliminer les restrictions locales, a-t-il dit.

M. LINCOLN MARAIS, Directeur de la stratégie et de la planification au Forum sur l’administration fiscale africaine (ATAF), s’est félicité de l’évolution positive de la coopération avec les organisations internationales sur le continent africain dans le domaine fiscal.  Beaucoup d’idées et de dynamisme sont injectés dans les discussions internationales sur la fiscalité, a-t-il noté.  Ces discussions ont lieu également avec les organisations régionales, comme la Banque africaine de développement et l’Union africaine.  Cette dernière envisage de créer une entité chargée des questions de coopération fiscale.  Pour ce qui est de l’ATAF, il a cité la collaboration qui a été développée avec notamment l’Association africaine de l’industrie et la société civile. 

Au cours du dialogue interactif, le représentant du Bangladesh s’est étonné que des experts aient invité les pays les moins avancés (PMA) à mobiliser eux-mêmes des ressources nationales pour mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015, alors même que l’expérience en la matière avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avait été désastreuse.  Il s’est aussi dit étonné par l’absence d’une organisation comme le CIAT ou l’ATAF dans la région Asie-Pacifique.

Les impôts ne peuvent, à eux seuls, suffire pour financer le développement, a répondu la représentante de l’OCDE, en notant que l’aide publique au développement (APD) gardait toute sa pertinence.  Son homologue du FMI a, pour sa part, rappelé la mise en place d’un centre d’assistance en matière fiscale du FMI pour l’Asie-Pacifique, qui est basé à Fidji.  Le représentant de l’ATAF a, quant à lui, précisé que cet organisme existait depuis cinq ans, grâce à la volonté des pays africains.

Table ronde 2  sur le thème « Les questions d’incitation fiscale et de protection de l’assiette fiscale pour les pays en développement »

Lors de cette table ronde, les experts ont analysé les effets positifs et négatifs des incitations fiscales, en soulignant que si elles étaient plus fréquentes qu’il y a 30 ans, ces mesures avaient en même temps perdu en efficacité.  M. ERIC ZOLT, Professeur de droit à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et Modérateur de cette table ronde, a indiqué que cette discussion se poursuivrait dans le cadre d’un atelier au cours des deux prochains jours.

Mme VICTORIA PERRY, experte du FMI, a signalé que 80% des pays les moins avancés d’Afrique subsaharienne offraient des exonérations fiscales en 2005, contre 40% en 1980.  Outre le problème de concurrence fiscale entre les États, elle a mentionné le manque à gagner pour les pays.  Pour analyser l’impact des incitations fiscales sur l’économie, il faut examiner si elles augmentent le volume des investissements et si elles génèrent des emplois, à condition que ces résultats dépassent leur coût en termes social.  Elle a aussi averti contre le risque de distorsion car, a-t-elle fait observer, les investissements suscités par les exonérations fiscales ont un rendement fiscal plus bas que les autres. 

La concurrence fiscale qu’entraînent les incitations fiscales pourrait aboutir à un nivellement par le bas, a craint pour sa part Mme BLANCA MORENO-DODSON, de l’Initiative mondiale en matière de politique fiscale, gestion macroéconomique et budgétaire du Groupe de la Banque mondiale.  Les pays sont en effet tentés de diminuer les taux d’imposition des entreprises et d’instaurer des exonérations fiscales temporaires.  Parmi les avantages de ces mesures, elle a parlé de la création d’emplois, de l’attraction des investissements étrangers directs (IED) et des bénéfices sociaux.  S’agissant de leur coût, elle a souligné le manque à gagner qui se traduit par des investissements moindres dans des domaines importants pour le développement.  Les incitations fiscales, a-t-elle estimé, sont plus utiles lorsqu’elles ont un seul objectif, comme le renforcement des exportations.  Elle a aussi constaté qu’il était difficile pour les gouvernements de revenir en arrière en éliminant ces exonérations, mais qu’ils pouvaient cependant réagir en améliorant la transparence des dépenses fiscales. 

Mme KIM JACINTO-HENARES, Commissaire au Bureau des revenus internes des Philippines, a indiqué que ce Bureau établissait, chaque année, une liste de priorités fiscales pour certains investissements auxquels s’applique un taux préférentiel d’imposition de 5%, tandis qu’il procède à une collecte des données sur les entreprises bénéficiaires.  Mais les investisseurs choisissent les Philippines davantage pour leurs infrastructures, la qualité de leurs ressources humaines et la stabilité économique que pour les incitations fiscales, a-t-elle assuré.  Mme Jacinto-Henares a ainsi émis des doutes sur la nécessité de ces mesures qui, en outre, sont des subventions interdites par l’OMC.

Pour répondre à la délégation du Bangladesh, l’experte du FMI a prôné la conclusion d’accords formels entre les pays pour faire reculer le système d’exonérations et éviter la concurrence qui en découle.  À la délégation du Ghana, elle a conseillé de procéder à une analyse globale et approfondie sur les exonérations octroyées par les différents ministères. 

Table ronde 3 sur le thème: « Taxation des droits de propriété intellectuelle et autres biens incorporels: problématiques pour les pays en développement »

M. MITCHELL KANE, Professeur de fiscalité de la chaire Gerald L. Wallace de l’Université de New York, a souligné que la question centrale du débat est de savoir « comment déterminer des impôts quand il n’y a pas de produit matériel à considérer », évoquant ainsi la question des biens incorporels.

M. GIAMMARCO COTTANI, Conseiller sur les questions fiscales au Directorat de l’évaluation centralisée de l’Agence italienne des revenus, a noté que les biens incorporels étaient aujourd’hui des facteurs réels de revenus fiscaux.  Il a expliqué que les prix de transfert, les prix auxquels une entreprise transfère des biens corporels, des actifs incorporels, ou rend des services à des entreprises associées dans d’autres pays, sont fixés par l’entreprise elle-même.  Ces décisions affectent directement l’assiette fiscale des États concernés par les transactions.  Il a ainsi cité l’exemple du secteur de la mode qui délocalise les usines de fabrication dans des pays en développement afin de payer moins d’impôts, générant de ce fait plus de bénéfices.  Pour les administrations fiscales des pays du siège de l’entreprise comme pour celles des pays de délocalisation, a-t-il fait remarquer, il est difficile d’agir sans être en possession des bonnes informations.

Mme VICKI BALES, Directrice des prix de transfert de groupe à SAB Miller au Royaume-Uni, a déclaré que cette multinationale était le deuxième producteur de bière dans le monde et payait 10 milliards d’impôts par an, notamment dans les pays en développement où sont déployés 70% de ses activités.  Elle a expliqué que l’entreprise octroyait des licences à des acteurs brassicoles nationaux qui se servent de la renommée de ces produits et reversent des redevances au siège, tout en gardant la plus grande part des bénéfices récoltés au niveau national.   

Mme NISHANA GOSAI, Directrice des prix de transfert (Centre des grandes entreprises) au Service sud-africain des impôts, a déploré le fait que les compétences fassent défaut dans les pays en développement pour permettre aux administrations fiscales d’évaluer les coûts réels des transferts.  Elle a ainsi préconisé un renforcement des capacités fiscales nationales, tout en précisant que le manque d’informations fiables par les administrations fiscales de ces pays était un obstacle à l’établissement des taux d’imposition adéquats.  Elle a justifié cette distorsion en soulignant que pour la plupart des cas, les multinationales et les autres entreprises concernées par les prix des transferts donnaient généralement l’information qui leur sied.

Au cours de la discussion interactive qui a suivi les exposés des experts, quelques intervenants se sont interrogés sur les moyens permettant de mettre un terme à ces méthodes de contournements appliquées par de nombreuses entreprises.  Le représentant de l’Inter-American Centre of Tax Administrations (CIAT) a estimé que puisque les pays en développement n’ont pas les moyens de collecter les informations correctes de la part des contribuables d’une certaine taille, seule une solide collaboration entre les administrations fiscales pourrait apporter une solution.  Cela permettrait d’établir les vrais coûts des transferts et d’appliquer des taux d’imposition appropriés, a-t-il assuré.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire note une amélioration de la coopération avec les autorités ivoiriennes

7431e séance – après-midi
CS/11871

Conseil de sécurité: le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire note une amélioration de la coopération avec les autorités ivoiriennes

S’adressant aux membres du Conseil de sécurité, cet après-midi, au cours d’une séance d’information, le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire a indiqué que la coopération avec les autorités ivoiriennes s’était améliorée depuis la visite qu’il a effectuée dans le pays en novembre 2014.

L’Ambassadeur Cristian Barros, du Chili, a précisé que cette visite n’était pas un « acte isolé » et pourrait marquer le début d’une nouvelle dynamique de dialogue avec les autorités ivoiriennes.

Ces dernières doivent œuvrer au succès de ce dialogue renouvelé en continuant de s’engager en faveur de la transition dans le pays, a-t-il insisté, avant de rappeler que l’élection présidentielle aura lieu à l’automne prochain.

M. Barros a présenté le rapport* final du Groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire établi en application de la résolution 2153 (2014) du Conseil, qui est chargé de vérifier le respect des mesures imposées 10 ans plus tôt par l’organe des Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Comité du Conseil de sécurité concernant la Côte d’Ivoire a, en effet, été établi le 15 novembre 2004 pour superviser la mise en œuvre des sanctions -embargo sur les armes, interdiction de voyager et gel des avoirs– qui visent un certain nombre de personnes et d’entités liées aux troubles qui ont secoué le pays.

Au cours de son exposé, le Président du Comité a indiqué que le Gouvernement ivoirien avait fait des progrès dans l’application de l’embargo sur les armes en fournissant des informations pertinentes sur les notifications et les demandes d’exemption présentées au Comité.

Certains des renseignements communiqués au Comité concernant du matériel soumis à notification, notamment des pistolets, des fusils et des munitions, ainsi que deux hélicoptères de transport, étaient néanmoins erronés, a-t-il fait remarquer.

Il a également constaté que le 4e bataillon d’infanterie commandé par M. Martin Kouakou Fofié disposait encore d’armes lourdes introduites en Côte d’Ivoire en violation de l’embargo.  Le fait que les éléments armés liés à l’aile radicale du mouvement pro-Gbagbo demeurent largement opérationnels représente une menace pour la sécurité en Côte d’Ivoire, a-t-il prévenu.

En ce qui concerne la réforme de l’appareil de sécurité, le Président du Comité a indiqué que celle-ci n’avait pas pleinement porté ses fruits en raison du fait que les forces de police et de gendarmerie sont sous-équipées, « alors même que l’élection présidentielle est prévue à l’automne prochain ».

Des défis subsistent en ce qui concerne la lutte contre l’impunité et l’application, jugée trop lente, du système de certification des diamants ivoiriens dans le cadre du Processus de Kimberley, a souligné M. Barros.  Les autorités ivoiriennes, a-t-il dit, demandent que les sanctions soient levées dès que le processus électoral sera achevé.

Cette demande a été réitérée par le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire, M. Bafetigue Ouattara, qui s’est exprimé à la suite du Président du Comité.  « L’exécution partiale ou intégrale des obligations imposées devrait correspondre en retour à l’adoption de mesures graduelles réciproques par le Conseil », a affirmé le Représentant, qui a assuré de la pleine coopération de son pays avec le Comité et le Groupe d’experts.

Rappelant que le Conseil de sécurité avait allégé le régime de sanctions en adoptant la résolution 2153 (2014), M. Ouattara a émis l’espoir que la prochaine résolution constitue un texte transitoire vers la levée totale de ces mesures et « la sortie définitive de la Côte d’Ivoire de l’agenda du Conseil de sécurité ».

*S/2015/252

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L’Instance permanente sur les questions autochtones débat des moyens d’améliorer ses méthodes de travail

Quatorzième session,
5e séance – matin
DH/5244

L’Instance permanente sur les questions autochtones débat des moyens d’améliorer ses méthodes de travail

L’Instance permanente sur les questions autochtones a entendu, ce matin, de nombreuses interventions d’experts, de représentants d’États Membres et de peuples autochtones sur les moyens de renforcer l’efficacité de l’Instance dans l’intérêt de la promotion des droits des peuples autochtones. 

Il s’agit aussi, a-t-il été entendu, de promouvoir, faciliter et coordonner l’exécution au sein des Nations Unies et par les États Membres, des recommandations qui émergent de chaque session annuelle.  Il a été suggéré de garantir l’indépendance des 16 experts, de consacrer la première journée des futures sessions à la mise en œuvre des recommandations et de rebaptiser l’Instance en instance des « peuples autochtones ». 

« Si la formulation de recommandations est le principal résultat du travail de l’Instance, il faut aussi s’assurer que ces recommandations soient mises en œuvre », a insisté le Vice-Président de l’Instance, M. Oliver Loode, en notant que la base de données de celle-ci contenait 561 recommandations sans moyen de vérifier leur mise en œuvre. 

Pour faire face à cette insuffisance, il a suggéré que le premier jour des prochaines sessions annuelles de l’Instance soit consacré à l’examen de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance.  Il a ajouté que cette journée pourrait aussi servir à se pencher sur la transparence du système en ligne de l’Instance en soulignant la nécessité de comprendre pourquoi certaines interventions se traduisent en recommandations et d’autres non.

« Nous devons aussi progresser dans la gestion des attentes, frustrations et doléances des participants autochtones », a jugé la Vice-Présidente Joan Carling qui a suggéré l’organisation de tables rondes sur des modèles d’autonomie culturelle et de bonnes pratiques en matière d’autodétermination dans le contexte des objectifs de développement.

Membre de l’Instance, Mme Maria Eugenia Choque a jugé indispensable de se pencher sur le rôle des experts, les moyens de garantir l’équité entre les participants et la mise en place d’une stratégie permettant une participation accrue.  

Au nom des pays nordiques, le représentant du Danemark a dit la nécessité de trouver les moyens d’inciter les États Membres à réagir au contenu et aux recommandations des rapports de l’Instance.  Il faut un dialogue plus interactif et constructif entre autochtones et États Membres, a-t-il aussi déclaré en appelant à mettre l’accent sur les thèmes annuels.

Si M. Brooklyn Rivera, parlementaire et représentant du peuple mosquito du Nicaragua, a exhorté l’Instance à créer un mécanisme obligeant les États Membres à respecter les droits des peuples autochtones, Mme Naomie Leleto, de la Global Indigenous Women Caucus, a jugé indispensable d’accorder aux représentants autochtones un statut comparable à celui des organisations non gouvernementales dotées d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC). 

Enfin, Mme Andrea Carmen, de l’International Indian Treaty Council, a mis l’accent sur la nécessité que l’Instance permanente sur les questions autochtones fût rebaptisée Instance permanente des « peuples autochtones », en rappelant que l’Assemblée générale avait adopté, il y a huit ans, le concept de peuple autochtone comme norme minimale.

Dans une déclaration liminaire, Mme Dalee Sambo Dorough, membre de l’Instance, a dit la nécessité de faire évoluer les méthodes de travail afin qu’elles permettent à l’Instance d’être plus réactive.  Elle a expliqué que cette démarche s’articulait autour des trois réflexions: le statut et le rôle des experts; le rôle du Secrétariat et ses activités; et les méthodes de travail à proprement parler. 

Pour cette question, l’Instance était saisie d’un rapport1 donnant un aperçu de ce qu’ont réalisé les femmes autochtones sur les plans national et international depuis l’adoption, en 1995, de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Il met notamment en lumière les activités de la Commission de la condition de la femme en 2015 en précisant qu’au cours de ces 13 sessions annuelles, 87 rapports ont été présentés à l’Instance permanente par 37 États Membres qui y présentent les initiatives prises concernant les femmes et les filles autochtones dans le domaine de l’éducation, la culture, la santé, les droits de l’homme, l’environnement, les changements climatiques, le développement, les conflits, la violence, les droits sexuels et procréatifs et la participation politique.    

L’Instance était aussi saisie d’une étude2 qui conclut sur la nécessité d’approfondir les savoirs traditionnels dans les domaines de l’environnement, des droits collectifs, du marché, de la production, de la souveraineté alimentaire, de l’identité et de la culture, dans l’intérêt de la formulation du programme de développement pour l’après-2015.   

Enfin, elle était saisie d’une note du Secrétariat3 sur les « Questions transfrontières ».  Ce rapport de neuf pages rappelle notamment que l’article 36 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones stipule que les peuples autochtones, en particulier ceux qui vivent de part et d’autre de frontières internationales, ont le droit d’entretenir et de développer, à travers ces frontières, des contacts, des relations et des liens de coopération avec leurs propres membres ainsi qu’avec les autres peuples, notamment des activités ayant des buts spirituels, culturels, politiques, économiques et sociaux.

En début de matinée, l’Instance avait poursuivi son débat entamé lundi sur le suivi du Document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones4.  Ce débat a notamment été pour la représentante du Guatemala l’occasion de rappeler que depuis 2013, l’élaboration des budgets de son pays doit intégrer une approche homme-femme et une approche autochtone et pour celui du Venezuela de citer l’existence de neuf lois traitant des questions autochtones, linguistiques, de santé, d’éducation et de propriété foncière.

L’Instance poursuivra ses travaux demain jeudi 23 avril à 10 heures en salle de conférence 4.

1E/C.19/2015/2; 2E/C.19/2015/4; 3E/C.19/2015/9; 4E/C.19/2015/3 et E/C.19/2015/5

THÈME SPÉCIAL « DOCUMENT FINAL DE LA RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DITE CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES » (E/C.19/2015/3ET E/C.19/2015/5)

Thème spécial « Travaux futurs de l’Instance permanente (discussion sur les méthodes de travail) » (E/C.19/2015/2, E/C.19/2015/4 et E/C.19/2015/9)

Au cours de cette table ronde sur le thème « Document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones », laquelle s’est tenue en septembre 2014, les États Membres et des institutions spécialisées des Nations Unies ont restitué leurs réalisations respectives.  Ils ont souligné l’importance d’inclure dans le prochain programme de développement pour l’après-2015 les droits des peuples autochtones, en général, et les droits des femmes, des jeunes, et des personnes autochtones handicapées en particulier.

M. EVIEL PEREZ, Président de la Commission des peuples autochtones du Sénat du Mexique, a réclamé un statut distinct pour les peuples autonomes qui devrait être différent de celui des organisations non gouvernementales dans le programme de développement pour l’après-2015.  Les voix des peuples autochtones doivent être prises en compte dans ce programme, a-t-il plaidé. 

Le représentant de la Chine, qui a dénoncé les effets néfastes de la domination coloniale ayant privé les peuples autochtones de leurs droits, de leurs cultures et de leurs traditions, a demandé à ce que le programme de développement pour l’après-2015 répare l’injustice historique faite aux peuples autochtones.  Il a insisté sur les droits à l’éducation, à la santé et aux subsistances des peuples autochtones.

La représentante du Canada a dit que son gouvernement était déterminé à améliorer la vie des « premières nations » et a pris des mesures sur l’accès à l’eau potable, sur l’aide aux jeunes à vivre une vie plus autonome, l’accès à l’emploi, la lutte contre la violence contre les femmes autochtones.  Un plan d’action de lutte contre les femmes et les filles autochtones doté de 200 millions de dollars a été échafaudé ainsi qu’une loi sur le mariage dans les réserves.  Cette loi garantit aux femmes autochtones les mêmes droits que les autres canadiennes.  Des traités sur le règlement des différends fonciers ont aussi été élaborés.

Mme MARIA TRINIDAD GUTIEREZ, Présidente de la Commission contre la discrimination et le racisme du Guatemala, a pour sa part annoncé que son gouvernement prendrait à partir de ce mois d’avril une série de mesures pour l’intégration des droits des femmes autochtones dans la fonction publique.  Le gouvernement lancera également bientôt le « Programme Guatemala 2032 » qui vise à réaliser les droits des peuples autochtones à cette échéance.  

Le représentant du Venezuela, après avoir dénoncé le génocide et l’esclavage dont ont été victimes les peuples autochtones durant la colonisation, a déclaré que le Gouvernement avait adopté neuf lois sur la protection des droits des peuples autochtones.  Ces lois recouvrent des domaines comme la représentation politique, l’éducation, l’accès aux services sociaux de base et le développement économique des peuples autochtones. 

La représentante du Népal dont 40% de la population sont des peuples autochtones, a indiqué que 30% du budget des organes locaux du Gouvernement sont consacrés aux programmes et politiques en faveur des peuples autochtones.  L’objectif du Gouvernement est de sortir toutes les catégories de la population du Népal y compris les peuples autochtones, de la liste des pays les moins avancés en 2022. 

Mme ARAWHETU GRAY, Directrice générale adjointe du « Policy Partnership », Te Puni Kokiri de la Nouvelle-Zélande, a affirmé que son gouvernement tenait à resserrer ses liens avec les Maoris dans l’objectif notamment de lutter contre la violence domestique. 

M. MIKE FORDHAM, Sous-Secrétaire du Groupe des affaires autochtones au cabinet du Premier Ministre de l’Australie, a indiqué que son gouvernement avait pris une série de mesures conformes au Document final de la Conférence mondiale des peuples autochtones. 

La représentante d’El Salvador a souligné que son gouvernement attendait des fonds des Nations Unies et des autres partenaires pour réaliser ses priorités nationales dans la réalisation des droits des peuples autochtones.

Le délégué de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rendu compte certaines des recommandations d’une réunion de deux jours à Rome en février dernier de la FAO avec des représentants des peuples autochtones.  Cette réunion a validé un plan d’action de la FAO sur les peuples autochtones, d’un accord sur le régime foncier en Asie et en Amérique, d’un programme de stages pour les jeunes autochtones, d’un programme d’autonomisation des femmes autochtones, et d’un projet de collecte de données sur la sécurité alimentaire des peuples autochtones.  Des études sur l’impact des changements climatiques sur les activités traditionnelles des peuples autochtones dont la pêche artisanale seront menées.

Une représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a indiqué qu’à l’issue d’une réunion en novembre 2014 organisée par l’OIT pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la Convention 169 de l’OIT sur les peuples tribaux et les peuples autochtones, les participants ont recommandé notamment de trouver les obstacles à la ratification de la Convention par les pays qui ne l’ont pas encore fait et d’évaluer sa mise en œuvre dans les pays qui l’ont ratifiée.

Le représentant du Réseau des femmes autochtones de Bangladesh a regretté que les recommandations déjà formulées dans le passé sur les méthodes de travail de l’Instance permanente n’ont pas été mises en œuvre.  Il a proposé à cet égard la création d’un mécanisme de suivi du travail de l’Instance et l’organisation de réunions de travail à l’échelle régionale entre les États Membres et les peuples autochtones pour discuter des obstacles à la réalisation des droits des peuples autochtones. 

Le représentant de RAIPON a défendu l’idée de tenir les prochaines réunions de l’Instance permanente dans les régions où vivent les peuples autochtones ainsi que la participation effective des jeunes autochtones à ces réunions.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au dernier jour de la réunion avec la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et la CNUCED; l’ECOSOC est invité à se préparer au suivi du futur programme de développement

Session de 2015,
27e séance - matin
ECOSOC/6686

Au dernier jour de la réunion avec la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et la CNUCED; l’ECOSOC est invité à se préparer au suivi du futur programme de développement

Au cours de la dernière séance, ce matin, de la réunion spéciale annuelle de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies avec les organismes issus des accords de Bretton Woods –la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)- les participants ont invité l’ECOSOC à se préparer à effectuer le suivi et l’évaluation du futur programme de développement pour l’après-2015.

La réunion de cette année, placée sous le thème de « la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 », a vu la participation de représentants des États Membres, des institutions et organisations internationales, du secteur des affaires et de la société civile. 

Au cours des échanges intervenus dans le cadre de la quatrième et dernière discussion interactive, Mme María Emma Mejía Vélez, de la Colombie, Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que l’ECOSOC était l’organe qui devrait jouer un rôle essentiel pour le suivi du programme de développement pour l’après-2015.  Son collègue de la République de Corée, M. Oh Joon, également Vice-Président de l’ECOSOC, a indiqué qu’un ECOSOC renforcé devrait jouer un rôle de premier plan dans ce processus.   

Une représentante de la société civile a, pour sa part, proposé la mise en place d’une « commission du financement du développement », censée de faire le suivi des engagements et des promesses qui seront annoncés à Addis-Abeba en juillet prochain, au cours de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Elle a également prôné une plus grande participation de la société civile afin d’assurer la transparence des processus interministériels de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.   

Pour le délégué de la Suisse, il serait souhaitable que tous les 4 ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent au Siège de l’ONU, sous l’égide du Forum politique de haut niveau, pour faire le point et le bilan du suivi de la mise en œuvre du programme de développement international.

Dans ses observations de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik, de l’Autriche, a résumé les discussions tenues hier et aujourd’hui en relevant que les intervenants avaient pour la plupart insisté sur la nécessité d’établir une coopération et une cohérence accrues dans le choix et la mise en œuvre des politiques macroéconomiques. 

Cette dernière journée des travaux a également été marquée par l’exposé de M. Thomas Helbling, Chef de la division des études économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI), qui a présenté les perspectives de l’économie mondiale.  Il a indiqué que la croissance mondiale se situerait à 3,5% en 2015, et devrait atteindre 3,8% pour l’année 2016, une légère reprise après des années de récession, causée par la crise économique de 2008.   

 

RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU AVEC LA BANQUE MONDIALE, LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL, L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT

Thème général « Cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 » (E/2015/52)

Exposé sur le thème « Situation et perspectives de l’économie mondiale »

M. THOMAS HELBLING, Chef de la division des études économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI), a présenté les perspectives de l’économie mondiale.  Il a estimé que la croissance mondiale se situerait à 3,5% en 2015, et devrait atteindre 3,8% en 2016.  Après des années de récession, a-t-il relevé, l’économie mondiale devrait connaître une légère embellie cette année, avec des fortunes diverses pour les pays développés, les pays émergents et les pays en développement.

Dans les pays développés, il a noté que l’économie américaine a repris avec la croissance, précisant que les chiffres du chômage sont désormais stabilisés à leur niveau d’avant la crise financière et économique de 2008.  Tandis que le vieillissement de la population japonaise affectera de plus en plus les performances économiques du pays, M. Helbling a aussi relevé que la zone Euro va connaitra une période de relative stagnation.

Dans les pays émergents, on s’attend à une stagnation de la situation économique, a-t-il indiqué, ajoutant que le ralentissement que connaissent ces pays depuis 2010 devrait se poursuivre.  Ce phénomène est en partie dû à une économie chinoise dont la tendance à la morosité devrait continuer au cours des prochaines années, a-t-il expliqué, ajoutant que cette situation devrait affecter le sort et l’essor des autres pays émergents et des pays en développement.   

Pour le cas des pays en développement, il a estimé que le réalignement des taux de change devrait aider ces pays à soutenir la tendance à la croissance actuelle.  La croissance dans ces pays devrait se situer à 5,5% en 2015, passant à 6% en 2016, a-t-il prédit.

Au sujet de la baisse des cours du pétrole, M. Helbling a estimé que cette situation devrait bénéficier surtout aux pays importateurs, notamment les pays développés dont les citoyens devraient ressentir cette amélioration au niveau de leur portefeuille.  Par contre, cette baisse des prix est une mauvaise nouvelle pour les pays exportateurs, a noté l’intervenant, indiquant que ceux-ci devraient revoir à la baisse leurs projets de croissance, consécutivement à des déficits budgétaires, à moins qu’ils n’adoptent des mesures idoines pour élargir leur assiette fiscale.  Pour ce qui est des autres produits de base, les perspectives ne sont pas aussi sombres, a-t-il tempéré.

En ce qui concerne la fluctuation actuelle du dollar américain, M. Helbling a souligné que cette situation monétaire, marquée par un dollar fort, qui perdure depuis le second semestre de 2014, devrait revenir à la normale dans un avenir plus ou moins proche, prédisant que « les taux de change devraient se réaligner ».  Il a ainsi relevé qu’aux États-Unis, on s’attend à un resserrement de la politique monétaire en 2015, ce qui pourrait conduire à un retour à la normale.  Il a aussi expliqué que dans la zone Euro, la dépréciation de la monnaie locale par rapport au dollar devrait aider cette région à connaître une certaine reprise économique.  En ce qui concerne les pays en développement et les pays émergents, il a expliqué que ceux parmi eux qui avaient fondé l’essentiel de leurs échanges économiques sur le dollar devraient, au vu des fluctuations que connaît cette monnaie, réévaluer à la baisse leurs prévisions économiques.

Discussion interactive

Au cours des échanges avec les délégués, la représentante de la Colombie s’est inquiétée de la chute des cours du brut, rappelant que ce produit de base est essentiel pour l’économie de nombreux pays émergents et de pays en développement.  Sa collègue du Guatemala a demandé si la baisse des prix du pétrole devrait perdurer.  En réponse à cette double inquiétude, M. Helbling a relevé qu’il était difficile de prévoir la tendance des cours du brut, précisant qu’après des dizaines d’années d’augmentation, il était prévisible que les prix du pétrole brut connaissent une baisse, même si le niveau de la baisse a été plus fort que les prévisions des économistes.   

Un Directeur exécutif de la Banque mondiale a fait part de ses inquiétudes face aux prévisions de l’économie chinoise.  Ce ralentissement de l’économie chinoise se fait sous contrôle des autorités nationales, a déclaré M. Helbling.

Le représentant de la Croatie a, pour sa part, voulu savoir si les fluctuations des taux de change devraient avoir des répercussions sur les économies des pays en développement. 

L’économiste du FMI a souligné que la volatilité des devises reste une préoccupation pour les décideurs et qu’il est aujourd’hui difficile de prévoir quand les fluctuations des taux de change se stabiliseraient.  Réagissant à une préoccupation du Président de l’ECOSOC sur la question de la fluctuation des taux de change, il a indiqué que cette situation est pour le moins embarrassante pour les États Membres de l’ONU qui doivent revoir constamment leurs calculs en monnaie locale afin de payer leur contribution annuelle fixe auprès de l’Organisation.

Débat thématique sur le thème 4 « Suivi et perspectives: renforcer le rôle du Conseil économique et social »

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente du Conseil économique et social, a affirmé que l’ECOSOC était l’organe qui devra jouer un rôle essentiel pour le suivi du programme de développement pour l’après-2015.  « Il faudrait adapter le système des Nations Unies à la nouvelle donne en mettant en place une approche cohérente à tous les niveaux », a-t-elle indiqué.  Elle a expliqué que c’est cet objectif qui a prévalu au lancement, le 15 décembre dernier, d’une série de « dialogues sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement », ce qui devrait aboutir, en décembre 2016, à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles des Nations Unies qui devraient permettre d’adapter ces activités opérationnelles au programme de développement international.  Les organes subsidiaires de l’ECOSOC seront essentiels dans la perspective du suivi et de la révision éventuelle du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle déclaré.   

M. OH JOON, (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, a indiqué qu’alors que d’importants accords sur le développement seront prochainement conclus, une ONU, et particulièrement un ECOSOC renforcé devrait jouer un rôle de premier plan.  Dans cette perspective, il a souhaité voir un Conseil économique et social chantre de l’intégration, de la mise en œuvre et de l’interaction.  Il a expliqué que l’intégration devrait permettre de promouvoir, de manière concomitante, les trois piliers du développement durable que sont l’économique, le social et l’environnemental.  Il a estimé que c’est cette volonté qui a dicté le choix de lancer un segment sur l’intégration dans le cadre des activités de l’ECOSOC au cours de l’année dernière.

Le second aspect du rôle de l’ECOSOC, la mise en œuvre revient au rôle prépondérant que le Conseil sera appelé à jouer dans le déploiement des activités du programme de développement pour l’après-2015.  Il a rappelé que le Forum politique de haut niveau, sous l’égide de l’ECOSOC, va tabler, au cours de sa prochaine session, prévu en juin prochain, sur la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a aussi noté que le Forum pour la coopération en matière de développement, se réunissant tous les deux ans, pourrait également jouer un rôle de promotion d’une meilleure cohérence entre les activités de développement et les différents partenaires impliqués.

En ce qui concerne l’interaction, M. Oh Joon a rappelé que l’ECOSOC, en tant que plateforme de coordination mondiale des activités de développement, devrait faciliter les interactions entre divers acteurs aux niveaux national, régional ou international.  Il a aussi souligné que l’atout maître de l’ECOSOC réside dans les partenariats, à l’intérieur et en dehors du système onusien, comme en témoignent ces traditionnelles réunions annuelles avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Discussion interactive

Au cours de la discussion interactive qui s’en est suivie, un représentant de la Banque mondiale a indiqué que les cibles et les indicateurs prévus dans les 17 objectifs de développement durable pré-élaborés, sont parfois si complexes qu’on ne sait pas comment les quantifier.  Il a par ailleurs recommandé que la Banque propose d’établir des cadres de responsabilisation au niveau national, une initiative qu’elle a déjà mise en œuvre dans de nombreux États Membres, mais qui reste difficile à appliquer au niveau mondial.   

      Une représentante de la société civile a fait des propositions pour le suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement international.  Elle a déploré le format de la réunion spéciale de haut niveau avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Dans l’optique du suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement international, elle a préconisé la création d’une « Commission du financement du développement », censée de faire le suivi des engagements et des annonces de contributions qui seront faites à Addis-Abeba en juillet prochain.  Elle a également prôné une plus grande participation de la société civile afin d’assurer la transparence des processus interministériels de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Elle a en outre proposé que des réunions ministérielles périodiques sur le financement du développement soient organisées.

Une autre membre de la société civile a souhaité que le présent dialogue soit davantage orienté vers des résultats concrets.  Elle a aussi proposé que des tables rondes se réunissent en parallèle avec peu de participants afin d’y avoir une vraie interaction.  Il faut aussi que les débats soient orientés sur des points spécifiques avec des résultats à atteindre.  Elle a aussi estimé que l’ECOSOC avait besoin, pour bien jouer son rôle, de davantage de compétences, rappelant qu’une résolution de l’ECOSOC sur cette question avait été adoptée en 2011, mais n’avait pas été entérinée par l’Assemblée générale.  En conclusion, elle a averti que si ces réunions entre l’ECOSOC et les institutions de Bretton Woods ne sont pas orientées vers des résultats concrets, elles perdraient certainement de leur pertinence.

Le représentant de la Suisse a pour sa part estimé que le suivi du financement pour le développement durable doit faire partie du processus global de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, avec un rôle central joué par le Forum politique de haut niveau.  Il a souhaité que tous les 4 ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent au Siège de l’ONU, sous l’égide du Forum politique de haut niveau, pour faire le point et le bilan du suivi de la mise en œuvre du programme de développement international.

La représentante de l’Arménie a pour sa part insisté sur le renforcement des capacités nationales en matière de statistiques, condition indispensable d’un suivi efficace de la mise en œuvre du futur programme de développement international.    

Souscrivant à cette suggestion, le Vice-Président de l’ECOSOC a relevé que de nombreuses interventions ont mentionné l’importance des mécanismes de suivi, rappelant que la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avait péché par ce manque de suivi.   

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a, pour sa part, estimé que les mesures liées au suivi du financement du développement devraient être clarifiées à Addis-Abeba.  

Clôture de la réunion spéciale de haut niveau

Dans ses observations finales, le Président du Conseil économique et social, M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a rappelé que cette réunion se tient à un moment crucial, juste après la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba, en Éthiopie, en juillet prochain, après les sessions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, à Washington D.C., et avant les réunions du processus de préparation du programme de développement pour l’après-2015.  Il a aussi indiqué que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son discours d’ouverture de la réunion spéciale de haut niveau, prononcé hier, avait noté que la Conférence d’Addis-Abeba devrait permettre la création d’un nouveau cadre international de financement adéquat, prévisible et efficace pour réaliser un développement inclusif et durable. 

M. Sajdik a ensuite souligné qu’alors que les indicateurs économiques mondiaux sont mitigés, avec des taux de chômage très élevés, notamment parmi les jeunes, il serait opportun de créer un environnement national et mondial propice au développement.  Pour ce faire, a-t-il indiqué, il faudrait élaborer une série de réformes structurelles, notamment en matière d’emplois, de relations sociales, d’infrastructures et d’énergie.  À son avis, le véritable test du programme de développement pour l’après-2015 sera sa mise en œuvre lors de la Conférence d’Addis-Abeba.  Il a souhaité à ce propos que la réunion d’Addis-Abeba aille au-delà de ce qui avait été conclu à Monterrey, au Mexique, au cours de la deuxième Conférence internationale sur le financement du développement, en mobilisant toutes les sources de financement du développement, au niveau des financements publics, privés, nationaux ou internationaux, et souligné l’importance de l’aide publique au développement (APD) dans l’optique de l’appui au nouveau cadre de financement du développement, notamment en faveur des pays en développement et ceux en situation particulière.

Le Président de l’ECOSOC a par ailleurs rappelé que s’agissant du rôle du secteur privé, plusieurs participants avaient souligné le potentiel et l’importance des petites et moyennes entreprises (PME), notamment dans leur fonction de catalyseur de la croissance économique et de la création d’emplois.  Il a de ce fait salué l’initiative de la présidence turque du G-20 qui envisage de lancer un Forum mondial des PME, en collaboration avec la Chambre de commerce internationale.  Par ailleurs, M. Sajdik a estimé que le programme de développement devait reconnaître le besoin de plus de cohérence du système commercial international, notamment en réglant la question des distorsions et en concluant le Cycle de négociations commerciales de Doha et fait valoir que de nombreuses voix s’étaient prononcées en faveur d’une réforme de la gouvernance des institutions financières internationales.  Tout en rappelant que bon nombre d’intervenants avaient insisté sur l’importance du respect des réalités nationales dans le contexte de l’élaboration et de la mise en œuvre du programme de développement international, le Président de l’ECOSOC a néanmoins précisé en conclusion que seuls des efforts concertés permettraient au programme de développement mondial en cours d’élaboration d’être couronné de succès.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général appelle la communauté internationale à faire davantage pour relancer le processus de paix israélo-palestinien

7430e séance – matin
CS/11868

Le Secrétaire général appelle la communauté internationale à faire davantage pour relancer le processus de paix israélo-palestinien

Dressant un tableau sombre du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, appelé la communauté internationale à faire davantage pour encourager un retour des deux parties à la table des négociations.

« La solution des deux États continue de s’éloigner, avec des conséquences qui pourraient s’avérer explosives », a déclaré M. Ban, en ouverture du débat trimestriel du Conseil de sécurité consacré à la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, et que présidait le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, M. Nasser Judeh.

Ce constat fut partagé par la cinquantaine de délégations qui se sont exprimées tout au long de la journée, même si certaines d’entre elles ont dit avoir vu un signe positif dans le récent accord relatif au transfert par Israël des recettes fiscales collectées au nom de l’Autorité palestinienne.  D’autres, à l’instar de la France et de la Jordanie, ont demandé l’adoption par le Conseil d’une résolution afin de sortir de l’impasse.

« Au lieu d’instaurer la paix, nous avons pendant des décennies manqué des occasions et connu des échecs qui se sont soldés par un coût humain colossal », a déclaré le Secrétaire général.  M. Ban a notamment déploré la fragilité de la situation sécuritaire et la lenteur des efforts de reconstruction à Gaza, ainsi que la poursuite des affrontements entre Palestiniens et Forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie.

Le Secrétaire général a reconnu que les deux parties faisaient face à des choix difficiles.  Mais, a-t-il dit, un choix capital s’impose à eux: « choisir entre la paix ou la mort, la destruction et les souffrances qui ont duré pendant trop longtemps ».  Selon lui, « la communauté internationale doit faire davantage pour encourager un retour à la table des négociations, mettre un terme à près d’un demi-siècle d’occupation et permettre aux deux États, Israël et la Palestine, à vivre côte à côte dans la paix et la sécurité ». 

L’observatrice de l’État de Palestine, qui a qualifié d’« existentielle » la crise traversée par le peuple palestinien, a regretté le fait que l’appel collectif adressé au Conseil fût demeuré sans réponse, déplorant ainsi le rejet d’un projet de résolution le 30 décembre 2014.

« Le temps est venu pour le Conseil de sécurité d’assurer son autorité », a-t-elle poursuivi, ajoutant que les paramètres fondamentaux de la solution des deux États, fondés notamment sur l’Initiative de paix arabe, sont clairs et approuvés depuis longtemps.  Elle a donc demandé l’adoption d’une résolution « significative ».

« Le Président Abbas se dit en faveur de la solution des deux États mais vous ne l’entendez jamais exprimer ce point de vue en arabe », lui a répondu le délégué israélien.  Il a rappelé qu’à trois reprises, Israël avait « offert » un État aux Palestiniens, mais qu’à trois reprises, les Palestiniens avaient refusé cette offre et quitté la table des négociations.

« Si M. Abbas est sérieux dans ses efforts de paix, il doit mettre un terme à son alliance avec le Hamas et reprendre des négociations directes avec Israël », a poursuivi le délégué, qui s’est dit étonné par l’attention disproportionnée que l’on porte au conflit israélo-palestinien, tandis que la violence fait rage dans toute la région.  L’Iran, pays « duplice et fanatique », est le moteur du chaos que connaît la région, a-t-il affirmé.

Le Ministre jordanien des affaires étrangères, qui a également demandé l’adoption d’une résolution, s’est adressé directement à l’Ambassadeur d’Israël, en soulignant que la région ne manquait pas d’excuses pour l’action.  « L’Initiative de paix arabe contient tous les éléments qui garantissent la durabilité de la paix », a-t-il affirmé.

De son côté, le représentant de la France a défendu une nouvelle démarche associant davantage de partenaires, en complément du rôle central des États-Unis, dont l’Union européenne, la Ligue des États arabes et les membres permanents du Conseil de sécurité.

« Il est de la responsabilité du Conseil d’adopter une résolution consensuelle et équilibrée qui fixe les paramètres du statut final et un calendrier pour la négociation », a-t-il aussi déclaré.  La déléguée de la Malaisie a estimé qu’il était temps que le Conseil de sécurité se prononçât sur la création de l’État de Palestine comme l’Assemblée générale l’a fait en 1947 lorsqu’elle a décidé de créer Israël.

La crise syrienne a également été au cœur de nombreuses interventions, dont celle de la déléguée des États-Unis, qui a estimé que la seule solution viable impliquait le départ du Président Assad.  Son homologue de la Fédération de Russie a, lui, invité le Gouvernement et l’opposition syriens à s’unir pour combattre les extrémistes.  

Les délégations ont salué les efforts déployés par l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, à l’instar du délégué du Guatemala, qui a affirmé que toutes les pistes susceptibles de rapprocher les parties devaient être explorées.

Enfin, le délégué de la République arabe syrienne a affirmé que le sionisme et l’Arabie saoudite alimentaient le terrorisme dans son pays.  Rappelant que l’Arabie saoudite avait semé les graines du sectarisme dans la région, il a estimé que ce pays recevrait « la punition qu’il mérite ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord mentionné les efforts déterminés consentis au cours des dernières années afin de parvenir à une paix négociée au Moyen-Orient, basée sur la solution des deux États.  « Au lieu d’instaurer la paix, nous avons pendant des décennies manqué des occasions et connu des échecs qui ont résulté par un coût humain colossal », a-t-il déclaré.  La solution des deux États continue de s’éloigner, avec des conséquences qui pourraient s’avérer explosives.  Il a donc exhorté le futur Gouvernement israélien à réaffirmer l’engagement d’Israël en faveur d’une telle solution et à prendre les mesures concrètes visant à favoriser le retour à des négociations substantielles, y compris le gel des activités de colonisation.

« Je salue l’accord survenu la semaine dernière par lequel Israël a transféré les 470 millions de dollars de recettes fiscales qu’il a collectées au nom de l’Autorité palestinienne », a-t-il dit, en ajoutant qu’une rétention de ces recettes sapait gravement les capacités du Gouvernement de Palestine.  « J’exhorte les parties à trouver une solution durable sur cette question de la collecte des recettes fiscales conformément au Protocole de Paris et des Accords d’Oslo. »

Le Secrétaire général s’est ensuite dit préoccupé par la fragilité de la situation sécuritaire à Gaza, le manque de progrès dans le processus de réconciliation intrapalestinienne et la lenteur des efforts de reconstruction.  « Gaza fait face à une crise financière dévastatrice », a-t-il poursuivi, avant d’exhorter la communauté internationale à appuyer un second paiement humanitaire aux fonctionnaires palestiniens de Gaza.

Saluant les efforts en cours visant la réconciliation intrapalestinienne, M. Ban a indiqué que le Gouvernement d’unité nationale devrait assumer les responsabilités principales à Gaza, y compris en ce qui concerne le contrôle des frontières.  Le Mécanisme temporaire pour la reconstruction de Gaza est crucial pour atténuer les souffrances de la population de Gaza, « en attendant la pleine réouverture des points de passage prévue dans le cadre de la résolution 1860 du Conseil ».

Ce Mécanisme a permis de fournir les matériaux nécessaires de réparation à 70% des foyers, a précisé le Secrétaire général, avant d’ajouter qu’Israël avait approuvé 60 projets sur 130 financés par la communauté internationale et le secteur privé.  « S’il s’agit de développements prometteurs, les besoins restent gigantesques », a-t-il dit, en affirmant que les agences humanitaires éprouvaient des difficultés pour obtenir les 720 millions de dollars nécessaires pour financer des abris temporaires devant accueillir 100 000 personnes déplacées.  « Sans un financement immédiat, le Programme alimentaire mondial sera contraint de suspendre son assistance alimentaire à 95 000 Palestiniens à Gaza d’ici au mois de juillet prochain. »

En Cisjordanie, les affrontements se sont poursuivis entre Palestiniens et les Forces de sécurité israéliennes, de même que la destruction des structures détenues par des Palestiniens, a regretté M. Ban.  « Les détentions administratives augmentent à un rythme alarmant. »  Ces réalités alimentent la frustration et les tensions qui entravent davantage encore les efforts de paix, a affirmé M. Ban.

« La communauté internationale doit en faire davantage pour encourager un retour à la table des négociations, mettre un terme à près d’un demi-siècle d’occupation et permettre aux deux États, Israël et la Palestine, à vivre côte à côte dans la paix et la sécurité », a-t-il souligné.  Le Secrétaire général a reconnu que les deux parties faisaient face à des choix difficiles.  Mais, a-t-il dit, un choix capital s’impose à eux: « choisir entre la paix ou la mort, la destruction et les souffrances qui ont duré pendant trop longtemps ».  Les parties doivent faire montre de courage et de l’engagement nécessaires pour dessiner une voie viable vers un avenir meilleur, a estimé le Secrétaire général avant de conclure.

Mme FEDA ABDELHADY NASSER, observatrice de l’État de Palestine, a affirmé que, malheureusement, l’appel collectif adressé au Conseil de sécurité était demeuré sans réponse, faisant ainsi obstacle à toutes les initiatives en faveur d’actions sérieuses, dont celle du 30 décembre 2014.  Cette inertie, a-t-elle dit, a grandement renforcé l’impunité d’Israël, le prix étant payé de la manière la plus lourde, c’est-à-dire en souffrances humaines et en perte de crédibilité du système international.

Le peuple palestinien, a-t-elle rappelé, subit la plus longue occupation de l’histoire moderne, plus de 5 millions de réfugiés palestiniens endurant près de sept décennies d’exil.

Cette crise est existentielle, a déclaré Mme Nasser.  C’est une crise où les Palestiniens de Gaza, a-t-elle précisé, sont impitoyablement massacrés et mutilés par les forces d’occupation israéliennes dans leurs maisons, les écoles de l’ONU, les aires de jeux et les hôpitaux.  En conséquence, 1 500 enfants sont devenus orphelins en 51 jours, les destructions et les catastrophes humanitaires leur sont sans motif infligés, et ils sont soumis à une déshumanisation, à un blocus étouffant, paralysant leur société, les forçant à vivre dans la pauvreté dans les ruines de leurs communautés, les isolant ainsi du monde entier, a-t-elle ajouté.

Cette crise est existentielle, a poursuivi Mme Nasser, quand les Palestiniens sont tués par les forces d’occupation israéliennes dans des manifestations pacifiques pour exiger tout simplement la liberté et la fin de l’occupation; lorsque leur terre est volée et colonisée; quand leurs maisons sont démolies et qu’ils sont dépossédés, appauvris et déplacés de force; quand ils sont terrorisés par des colons extrémistes; lorsque leurs religions sont insultées et leurs sites religieux, y compris les mosquées et les églises dans leur ville sainte de Jérusalem, sont profanés; quand des milliers de civils, dont des enfants, sont détenus et emprisonnés, torturés et séparés de leurs familles.

Lorsque l’État d’Israël promulgue plus de 50 lois discriminatoires et racistes contre ses citoyens arabes palestiniens, et tente constamment de nier leur identité et leur histoire, la crise est existentielle.

Combien d’indignités, d’injustices et de tragédies un peuple doit endurer, a-t-elle demandé.  Jusqu’où la situation doit se détériorer avant que le Conseil de sécurité n’assume ses devoirs en vertu de la Charte des Nations Unies et des résolutions visant à aboutir à une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien et à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient?  Combien de temps Israël, la puissance occupante, doit être autorisée à nier sans conséquences le peuple palestinien?  Combien de temps Israël peut-il ignorer l’Initiative de paix arabe, imposant en réponse des conflits sans fin dans la région?

Le temps est venu pour le Conseil de sécurité d’assurer son autorité, a déclaré l’observatrice de l’État de Palestine.  Les paramètres fondamentaux de la solution des deux États sont claires depuis longtemps et ont été approuvés sur le plan international: ils doivent être fondés sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, les principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe, les frontières du 4 juin 1967. 

Israël doit se retirer totalement du territoire palestinien occupé en 1967, y compris Jérusalem-Est, et mettre fin à son occupation, y compris par le biais de la colonisation illégale.  Une solution juste doit être trouvée pour le statut de Jérusalem comme capitale de deux États et une solution juste doit être atteinte concernant la question des réfugiés de Palestine sur la base de la résolution 194 (III) et l’Initiative de paix arabe.

Quand 135 pays reconnaissent l’État de Palestine et lorsque les parlements européens appellent leurs gouvernements à lui accorder une reconnaissance officielle, il est grand temps pour la communauté internationale d’exercer la volonté politique requise pour faire de la solution des deux États une réalité, a souligné Mme Nasser.

Mme Nasser a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il réponde sérieusement à cette crise et aide les parties à surmonter l’impasse dangereuse.  Une résolution significative doit être adoptée et, plus important encore, il faudrait faire preuve de détermination pour réaliser une paix juste, durable et globale, conformément à la solution des deux États, l’État de la Palestine et l’État d’Israël vivant en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues.

À cet égard, elle a salué l’initiative de la France, en étroite coordination avec le Comité de suivi ministériel arabe, ainsi que les nombreux appels des États Membres pour que le Conseil fasse respecter ses droits et exprime clairement son soutien et sa volonté de contribuer à créer un horizon politique crédible.

La Palestine est prête à coopérer avec ces efforts, réaffirmant son engagement en faveur d’une voie pacifique, politique, diplomatique et juridique pour la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.

Mais au-delà du processus politique, la situation sur le terrain doit changer, a affirmé Mme Nasser.  Des efforts immédiats sont nécessaires pour endiguer la détérioration, avant que la situation ne se déstabilise complètement.  La communauté internationale doit, a-t-elle estimé, agir pour contraindre Israël, la puissance occupante, à cesser de toute urgence ses politiques et pratiques illégales dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, où 2014 a connu le plus grand nombre de victimes civiles depuis l’occupation.

L’observatrice de l’État de Palestine a également lancé un appel aux donateurs pour qu’ils honorent leurs promesses de reconstruction, ainsi qu’un appel pour soutenir le Gouvernement national palestinien de consensus, sous la direction du Président Mahmoud Abbas et du Premier Ministre Rami Hamdallah.

Tout cela est essentiel pour la reconstruction de Gaza, la relance de son économie détruite et donner de l’espoir à sa population, a-t-elle dit.

Mme Nasser a réitéré l’appel pour la protection du peuple palestinien, une population civile sans défense qui, a-t-elle insisté, a droit à la protection en vertu du droit international humanitaire et à se prévaloir de toutes les protections garanties par le droit international.

L’observatrice de l’État de Palestine a également fait état de la crise des réfugiés palestiniens en Syrie, en particulier dans le camp de réfugiés de Yarmouk.  Le conflit en Syrie a rendu leur situation précaire et leurs besoins d’assistance et de protection sont immenses, a-t-elle précisé.

L’obligation de protéger les civils dans les situations de conflit armé doit être respectée par toutes les parties, a-t-elle dit, en réitérant les appels en faveur d’un accès humanitaire sans entrave aux résidents du camp et aux personnes déplacées de Yarmouk et à la relocalisation temporaire sûre de tous les civils qui cherchent refuge.

M. RON PROSOR (Israël) a indiqué que la situation chaotique au Moyen-Orient s’était aggravée depuis le dernier débat du Conseil.  « Les éléments extrémistes de la région ont fait montre d’une barbarie qui est choquante, même pour les normes en vigueur au Moyen-Orient. »  La situation est devenue si désastreuse que les dirigeants arabes ont joint leurs forces, a-t-il noté.  Les frappes saoudiennes au Yémen, a-t-il fait remarquer, ont touché des convois humanitaires et des hôpitaux et tué des familles entières.  « Le Conseil des droits de l’homme semble alors resté silencieux, s’est-il étonné.  Où est la commission d’enquête? » s’est-il ensuite interrogé.

Parmi les raisons pour lesquelles la paix reste un rêve distant au Moyen-Orient, M. Prosor a tout d’abord mentionné que l’Iran restait plus dangereux que jamais et qu’il constituait une menace pour Israël, mais aussi pour le monde entier.  « L’Iran est le moteur du chaos que connaît la région », a-t-il dit, en ajoutant que la doctrine iranienne était clairement répandue de Bagdad à Beyrouth et de Damas à Sanaa.  Le délégué israélien a déclaré que l’Iran avait perpétré ou commandité des attaques dans 25 pays sur 5 continents au cours de ces 4 dernières années.  « Je présume que l’Ambassadeur saoudien à Washington se souvient encore du goût amer du café qu’il a pris au Café Milano. »

M. Prosor a ensuite affirmé que la situation serait encore plus dangereuse si l’Iran était en mesure « d’ouvrir le parapluie nucléaire ».  « L’Iran est fanatique et duplice », a-t-il poursuivi, avant de s’étonner que la communauté internationale soit disposée à laisser le régime iranien conserver des milliers de centrifugeuses.  « Quel message lancez-vous lorsque vous récompensez un régime hors-la-loi qui agit en violation flagrante des résolutions du Conseil? »

Le délégué israélien a dit que rien n’avait changé en ce qui concerne la menace posée par le Hamas, en indiquant que depuis la dernière opération lancée contre le Hamas, ce dernier avait lancé plus de 150 roquettes.  « La semaine dernière, un haut responsable du Hamas a de nouveau exhorté les Palestiniens à enlever des Israéliens », a-t-il rappelé, s’étonnant qu’aucun responsable onusien n’ait condamné des propos aussi incendiaires.  Il a indiqué que le Conseil ne rendait pas service au peuple palestinien en ne tenant pas le Hamas comptable de ses agissements.  « Il est temps que le Conseil considère le Hamas comme ce qu’il représente réellement: une organisation terroriste internationale. »

Le délégué a ensuite affirmé que rien n’avait changé non plus en ce qui concerne le leadership palestinien.  « Le Président Abbas se dit en faveur de la solution des deux États mais vous ne l’entendez jamais exprimer ce point de vue en arabe », a-t-il déclaré, en faisant observer que le Gouvernement de M. Abbas avait noué un pacte avec l’organisation terroriste qu’est le Hamas.  M. Prosor a assuré que son pays était en faveur d’un État palestinien et qu’à trois reprises, Israël avait « offert » un État aux Palestiniens.  « À trois reprises, les Palestiniens ont refusé cette offre et quitté la table des négociations », a-t-il dit.  « Si M. Abbas est sérieux dans ses efforts de paix, il doit mettre un terme à son alliance avec le Hamas et reprendre des négociations directes avec Israël. »

M. Prosor s’est dit étonné par l’attention disproportionnée que l’on porte au conflit israélo-palestinien, tandis que la violence fait rage dans toute la région.  « On peut se poser la question pourquoi les Palestiniens méritent plus d’attention que les Yéménites, les Syriens ou les Libyens », a-t-il dit.  Il a donc invité la communauté internationale à se pencher plutôt sur la situation urgente du moment, à savoir les groupes terroristes et leurs soutiens.

« Israël est en première ligne de ce combat mais il ne s’agit pas du seul combat d’Israël », a-t-il fait remarquer car, a-t-il précisé, c’est le combat de tous ceux qui croient au pluralisme, à la tolérance et à la liberté.  Enfin, M. Prosor a rappelé que ce jeudi 23 avril, son pays célébrera le soixante-septième anniversaire de sa naissance en tant qu’État juif, indépendant et libre et, en se levant, il a chanté un passage de l’hymne national israélien. 

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a exprimé l’adhésion de son pays aux efforts fournis en vue de faire respecter la Charte des Nations Unies et la paix et la sécurité internationales.  Il a estimé que l’absence d’un règlement israélo-palestinien, par le biais d’une solution des deux États permettant à la Palestine d’exercer sa souveraineté, va aggraver les dangers dans la région du Moyen-Orient.

La Jordanie n’a pas un rôle d’observateur ou de médiateur, elle est directement touchée par cette situation, a déclaré le Ministre.  Il a mis l’accent sur l’engagement de la Jordanie à protéger Jérusalem-Est.  Il a rappelé également que son pays accueillait le plus grand nombre de réfugiés palestiniens.  Leurs droits légitimes tels qu’ils sont consacrés par le droit international sont protégés, a-t-il assuré, en soulignant en outre le rôle de l’UNRWA.

Il a demandé à la communauté internationale d’exiger la levée du blocus israélien de Gaza qui étouffe la population et qu’il soit mis fin à cette tragédie humaine.  Il a lancé un appel pour la reprise des négociations et pour qu’il soit mis un terme à la colonisation.

Le Ministre jordanien des affaires étrangères a demandé au Conseil de sécurité d’adopter à l’unanimité une résolution précisant le calendrier des négociations et mentionnant la solution des deux États.

Une solution politique doit être trouvée à la tragédie syrienne, qui alimente le radicalisme, la criminalité et le terrorisme, prohibés par toutes les conventions internationales, a souligné M. Judeh, qui a estimé que c’était le seul moyen de satisfaire aux aspirations du peuple syrien.

Le Ministre a par ailleurs exprimé le soutien de son pays à la Libye et au Yémen « légitime », en réitérant son appel pour que soit pleinement mise en œuvre la résolution 2016 (2015) du Conseil de sécurité.

M. Judeh a en outre condamné les crimes commis par Daech et d’autres radicaux dans la région et a appelé à défendre les valeurs de tolérance de l’islam.  La longue guerre sera la guerre des idéologies, que doivent lancer les personnes éclairées de ce monde contre les tenants de l’obscurantisme.  Il est essentiel, a-t-il souligné, d’œuvrer à une stratégie globale comprenant des aspects militaires et politiques de façon à réaffirmer les préceptes de l’islam et dénoncer les concepts erronés lancés par certains.  Il a appuyé, à cet égard, les efforts entrepris par l’Iraq dans sa lutte contre les terroristes.

Avant de conclure, le Chef de la diplomatie jordanienne s’est adressé directement, et cette fois-ci en anglais, à l’Ambassadeur d’Israël, en soulignant que la région ne manquait pas d’excuses pour l’action.  Il faut, lui a-t-il dit, considérer l’ensemble de décisions visant à créer la paix et un environnement propice à la paix.

L’Initiative de paix arabe contient tous les éléments qui garantissent la durabilité de la paix, a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur la nécessité de mettre de côté tous les préjugés d’établir un cadre pour un processus de négociations en faveur de la paix et de la solution des deux États.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a souligné les tensions persistantes entre Palestiniens et Israéliens.  Les États-Unis restent en faveur de la solution de deux États, qui est la seule à même de répondre aux aspirations du peuple palestinien et de permettre à Israël de vivre dans la sécurité en tant qu’État juif.  Elle s’est ensuite félicitée du récent accord sur le transfert des recettes fiscales qui a été conclu entre Israël et l’Autorité palestinienne et appelé au décaissement des promesses de dons formulées lors de la Conférence du Caire pour la reconstruction de Gaza.

Mme Power a ensuite insisté sur les souffrances des civils pris au piège du conflit en Syrie et souligné la situation tragique dans laquelle se trouvent les réfugiés du camp de Yarmouk.  Pour le régime de Damas, les souffrances des civils ne sont qu’un instrument au service de ses objectifs, a-t-elle affirmé.  La déléguée a souhaité que tous les civils puissent quitter les zones assiégées, le cas échéant, sous supervision internationale.

Les allégations selon lesquelles des attaques à l’arme chimique auraient été perpétrées en Syrie doivent être élucidées et leurs responsables traduits en justice, a-t-elle insisté.  Mme Power s’est ensuite dite « choquée » par les récits de médecins ayant soigné les victimes de ces attaques chimiques.  Il est nécessaire, a-t-elle souligné, que le régime de Damas soit privé de ses soutiens et appuyé les efforts de dialogue de l’Envoyé spécial pour la crise syrienne, M. Staffan de Mistura.  En conclusion, Mme Power a affirmé que la seule solution viable à la crise en Syrie impliquait le départ du Président Assad.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a fustigé les actions systématiques des autorités israéliennes pour nous éloigner encore des conditions d’une solution des deux États.  Au-delà des condamnations par la communauté internationale, la représentante de la Malaisie a regretté l’absence d’action du Conseil de sécurité pour freiner la réalité émergente d’une solution à un État.  Elle a estimé que la communauté internationale se contentait de tacler les symptômes du problème, tels que la crise humanitaire ou le terrorisme, plutôt que de s’attaquer aux racines du mal et mettre fin à la plus longue occupation de l’histoire moderne.  Cette occupation est la source du désespoir, de l’amertume et de l’extrémisme qui ont, a-t-elle précisé, des répercussions dans le monde entier.  À ceux qui insistent qu’un État palestinien ne peut être créé que par le biais de négociations bilatérales, elle a répondu que l’État d’Israël n’aurait jamais pu voir le jour s’il avait fallu s’appuyer sur des négociations bilatérales.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, il est temps que le Conseil de sécurité se prononce sur la création de l’État de Palestine comme l’Assemblée générale l’a fait en 1947 lorsqu’elle a décidé de créer Israël.  Par ailleurs, la représentante de la Malaisie a particulièrement dénoncé le non-respect par Israël du droit des enfants, en rappelant que 300 enfants palestiniens étaient actuellement détenus par les forces d’occupation en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et que 700 enfants palestiniens étaient condamnés chaque année par des tribunaux militaires israéliens.  Elle a ensuite exhorté Israël à respecter ses obligations en vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits des enfants et salué l’adhésion récente de la Palestine au Statut de Rome de la Cour pénale internationale. 

M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé qu’il était plus important et urgent que jamais de régler le problème israélo-palestinien.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour Israël et la Palestine de respecter le choix stratégique des pourparlers de paix.  Il a prié instamment Israël et la Palestine de rapprocher leurs positions et de reprendre dès que possible les pourparlers de paix. 

Le Conseil de sécurité devrait assumer ses responsabilités et jouer un rôle accru en vue de promouvoir les pourparlers de paix.  Il a espéré que les mécanismes existants pour le processus de paix soient davantage utilisés.

La situation humanitaire à Gaza doit être soulagée de manière efficace, a ajouté le représentant de la Chine.  Il a engagé ainsi la communauté internationale à honorer ses promesses de dons et à coopérer davantage avec l’UNRWA.  La Chine appuie fermement le peuple palestinien dans sa juste cause pour garantir ses droits légitimes, a-t-il dit.

Le représentant de la Chine a par ailleurs estimé que seule une solution politique permettra de régler le problème en Syrie, en précisant que les Nations Unies devaient jouer, à cet égard, un rôle moteur.  Il a appuyé les efforts déployés par la Fédération de Russie et l’Égypte en vue de trouver une solution politique au conflit.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que son pays partageait depuis l’été dernier un constat simple: la solution des deux États est en passe de disparaître.  La poursuite de la colonisation illégale obère jour après jour la viabilité d’un État palestinien sur le terrain.  Le vide politique nourrit le risque d’explosion.  En Israël comme en Palestine, les opinions publiques se radicalisent et le nombre de partisans de la solution des deux États diminue.  L’urgence est donc de mettre un terme à la spirale négative à laquelle nous assistons.

Il faut pour cela, a ajouté le représentant de la France, réaffirmer l’attachement à la solution des deux États et à partir de là, tracer à nouveau une perspective politique conduisant à la création d’un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël.

L’analyse faite depuis plusieurs mois par la France repose sur un postulat simple: seul un accompagnement international renforcé et renouvelé peut permettre aux parties de s’engager résolument sur le chemin exigeant de la paix.  Le processus de paix tel que nous le pratiquons depuis plus de 20 ans n’a pas abouti.  Prétendre le contraire revient à cautionner l’inexorable dégradation de la situation sur le terrain.

Selon la délégation française, dans la situation actuelle, deux options se présentent à la communauté internationale.  La première option consiste à « gérer » la crise avec des expédients, en espérant que le degré de la violence restera contenu et en attendant des jours meilleurs pour traiter le fond du problème.  La seconde option consiste à agir.  La France fait ce choix.  Parce qu’il en va de notre responsabilité de membre du Conseil de sécurité.  Mais également parce que nous avons un intérêt direct à l’émergence d’un État palestinien pour contribuer à la stabilité du Moyen-Orient. 

Ce choix de l’action doit s’articuler autour de deux éléments en particulier.  D’abord, la communauté internationale doit agir collectivement.  La France souhaite promouvoir une nouvelle démarche associant davantage de partenaires, en complément du rôle central des États-Unis, à savoir l’Union européenne, la Ligue des États arabes, les membres permanents du Conseil de sécurité notamment, afin d’aider les parties à faire les compromis difficiles qui sont nécessaires à la paix et les accompagner dans leur mise en œuvre.

Ensuite, le Conseil de sécurité peut utilement accompagner ce processus et doit être un acteur central du conflit.  Il est en effet de la responsabilité de ce Conseil d’adopter une résolution consensuelle et équilibrée qui fixe enfin les paramètres du statut final et un calendrier pour la négociation.  Cette résolution, a précisé M. Delattre, devra fournir une base crédible pour une reprise des négociations et relancer une dynamique politique nécessaire.

Mme RAIMONDA MURMOKAITE (Lituanie) a déclaré qu’en Syrie, la relance du dialogue politique conforme au Communiqué de Genève du 30 juin 2012 était primordiale.  Le Conseil devrait rester uni pour soutenir les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, afin de trouver des solutions qui allègent les souffrances du peuple syrien et conduire à un processus politique viable et inclusif.  Au Yémen, le Conseil doit tout faire pour empêcher que le pays ne tombe dans l’abîme de conflits sectaires, la guerre civile et la fragmentation. 

En Iraq, les dirigeants politiques dirigés par le Premier Ministre, M. Al-Abadi, s’emploient à promouvoir l’unité nationale et la réconciliation.  Ces efforts sont en cours dans l’ombre de la présence mortelle de Daech.  La représentante a noté l’appel lancé par le Premier Ministre aux forces armées iraquiennes et aux milices chiites pour faire obstacle à la violence et protéger les communautés vivant dans les zones libérées de Daech.  Tout doit être fait en ce qui concerne la véritable inclusion, la réconciliation et la répartition juste des revenus et de la richesse.  Elle a exhorté également le Gouvernement à réaffirmer son engagement en faveur de la justice internationale en adhérant au Statut de Rome.  

S’agissant du processus de paix au Moyen-Orient, l’approche « attendre et voir » n’est pas une option.  Il n’y a pas d’autre solution que la reprise immédiate des négociations de paix pour la recherche d’un règlement politique définitif basé sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, les Principes de Madrid, notamment celui de « la terre contre la paix », la Feuille de route, les accords précédemment conclus par les parties et l’Initiative de paix arabe, conduisant à la solution de deux États démocratiques et souverains vivant côte à côte dans des frontières établies, dans la paix et la sécurité et la reconnaissance mutuelle.  Au Liban où le fardeau des réfugiés est énorme, le Conseil doit continuer à soutenir la politique de dissociation du pays de la crise syrienne.  En outre, le vide présidentiel a duré trop longtemps et doit être résolu sans plus tarder.  La communauté internationale devrait continuer à soutenir les Forces de sécurité libanaises, et aider le pays à gérer l’impact de l’afflux de réfugiés syriens, y compris sur les services essentiels tels que l’éducation et la santé.

M. RAFAEL RAMIREZ (Venezuela) a souligné que le cas de la Palestine était emblématique du maintien des situations coloniales et de l’occupation étrangère au Moyen-Orient.  Il a dénoncé une occupation et un processus de colonisation contraires à la Charte des Nations Unies et au droit international, en notant que plus de 68 résolutions adoptées à ce sujet par le Conseil de sécurité avaient été ignorées ouvertement par Israël.  Il a donc demandé au Conseil de sécurité de travailler de façon déterminée en vue de parvenir à une solution définitive à la crise israélo-palestinienne et créer ainsi un État Palestinien libre et indépendant.  M. Ramirez a exprimé son plein appui au droit à la libre détermination des Palestiniens.  Il a plaidé pour que cessent immédiatement la colonisation, la construction des logements israéliens et les démolitions de maisons palestiniennes.

Il faudrait également, a poursuivi M. Ramirez, mettre un terme au blocus et aux destructions dans la bande de Gaza, où les bombardements l’an dernier ont fait 2 220 morts, dont 551 enfants, et plus de 500 000 personnes déplacées.  Il s’est aussi élevé contre l’emprisonnement de plus de 10 000 enfants palestiniens depuis 2000 dans les geôles israéliennes.  Il est temps, a estimé le délégué vénézuélien, que le Conseil de sécurité exprime son unanimité pour le peuple palestinien, en faveur d’une solution politique au conflit.  « Nous ne pouvons accepter la négation de l’existence de l’État de Palestine, ni l’absence de paix et de justice », a-t-il dit.  Il a demandé qu’une solution politique intégrale comprenne un accord sur le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique du Liban et de la Syrie.  Enfin, il a demandé de reconnaître la Palestine en tant qu’État Membre de l’ONU à part entière.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a axé son intervention sur le conflit israélo-palestinien et la crise syrienne.  Concernant le conflit israélo-palestinien, le représentant a indiqué que tout avait été déjà dit sans toutefois enregistrer une avancée significative dans le règlement du conflit.  Le processus de paix est au point mort alors que les Palestiniens continuent de subir l’extension des colonies de peuplement israéliennes et les conséquences dramatiques du blocus de Gaza.  Cette situation réduit les chances de la paix dans la région.  Les déclarations de M. Benjamin Netanyahou pendant la dernière campagne électorale visent à compromettre tout règlement du conflit.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités en s’engageant de manière claire et effective et sur la base des accords internationaux relatifs à cette question.  C’est la seule base réaliste pour les Palestiniens de constituer un État indépendant et souverain et pour Israël de vivre dans une perspective de paix.  Le Conseil de sécurité doit établir un plan de paix clair et rompre le cycle interminable des négociations, a ajouté le représentant. 

Concernant la Syrie, il a appelé la communauté internationale à mobiliser des fonds supplémentaires pour financer les institutions humanitaires des Nations Unies et les autres acteurs humanitaires afin de venir en aide aux populations réfugiées et déplacées.  Il a également demandé au Conseil de sécurité de réfléchir à des moyens novateurs et concrets pour ramener les parties à la table de négociations sur la base du Communiqué de Genève.  Il a enfin exhorté les États qui ont de l’influence sur les parties au conflit à tout mettre en œuvre afin de renoncer à la logique de la violence et trouver une solution politique au conflit.  

M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a affirmé que la question palestinienne et le conflit qui en découle représentaient un obstacle au développement social et économique au Moyen-Orient et un terreau pour le terrorisme qui menace la région et au-delà.  Le Conseil de sécurité devrait assumer ses responsabilités et exercer son poids politique, son influence et son prestige pour tenter de régler ce conflit douloureux qui nuit à la communauté internationale dans son ensemble.

Le délégué de l’Angola a mis l’accent sur la nécessité de ramener autour de la table de négociations toutes les parties au conflit.  Les grandes puissances devraient en particulier user de leurs positions au sein du Conseil pour inviter les parties à reprendre les négociations. 

Le Conseil de sécurité devrait faire comprendre à Israël que l’occupation des terres palestiniennes et le châtiment collectif qu’il inflige aux Palestiniens sont contreproductifs et élèvent des obstacles sur la voie de la réconciliation politique.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a soutenu que l’ingérence étrangère et les changements de gouvernements provoqués de l’extérieur avaient provoqué le chaos au Moyen-Orient.  Prenant l’exemple de la Libye, le représentant a dénoncé la présence dans ce pays de deux gouvernements et de deux parlements.  En Iraq, l’État islamique a saisi deux provinces clefs, a-t-il encore avancé.  Le représentant a estimé que pour lutter efficacement contre le terrorisme, il faudrait consolider les efforts internationaux qui doivent être entrepris dans le respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, comme en témoigne le succès de l’élimination des armes chimiques en Syrie. 

Le représentant a en outre indiqué que la Russie souhaitait un Moyen-Orient démocratique et prospère.  Pour y parvenir, il faudrait trouver une solution au conflit entre la Palestine et Israël.  À cette fin, il a proposé le plan de paix international dans le cadre du Quatuor et de l’Initiative de paix arabe.  Concernant la situation en Palestine, il a estimé qu’il faudrait continuer les efforts de consolidation des institutions centrales palestiniennes et renforcer les frontières de la bande de Gaza.  Le représentant a encouragé les parties palestiniennes à poursuivre le dialogue interpalestinien.  Concernant le cycle de discussions de Moscou, il a assuré que des progrès avaient été faits pour résoudre le conflit syrien.  Ce cycle de discussions a permis d’évaluer la situation en Syrie, a-t-il indiqué.  Il a ajouté que sans discussion directe entre le Gouvernement syrien et l’opposition, le Communiqué de Genève ne pourra être mis en œuvre.  Le Gouvernement syrien et l’opposition doivent s’unir pour combattre les extrémistes, a-t-il recommandé.  

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé que le mois dernier, le confit syrien était entré dans sa cinquième année.  Il s’est dit préoccupé par le sort des réfugiés palestiniens dans le camp de Yarmuk, des milliers de civils, y compris de nombreux enfants étant assiégés par l’armée syrienne ou l’État islamique en Iraq et au Levant.  Il a demandé à tous les groupes de protéger les civils et de garantir l’acheminement de l’aide humanitaire.

Un règlement politique n’a jamais été aussi urgent en Syrie, a-t-il dit, en appelant à assurer une transition politique.  Bashar Al-Assad n’a rien à faire dans la future Syrie, a-t-il insisté. 

Une solution négociée en faveur de deux États est la seule possible en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, a-t-il également souligné.  Les deux parties doivent voir comment œuvrer de concert pour améliorer la situation sur le terrain.  Israël doit cesser l’implantation illégale et inutile de ses colonies de peuplement et devrait faciliter les conditions économiques sur le terrain, a-t-il demandé.  Pour sa part, la Palestine doit comprendre qu’il n’y a pas de substitut à des négociations avec Israël.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a souligné la nécessité de relancer le processus de paix entre Israël et la Palestine avec des paramètres nouveaux et clairs.  Le Conseil de sécurité doit jouer son rôle à cet égard en tant qu’organe de paix et de sécurité des Nations Unies.  La solution des deux États reste d’actualité, a estimé le représentant.  Il faudrait aussi que les parties prennent des mesures de confiance et qu’elles ne s’engagent plus dans des actions provocatrices.  La Palestine doit faire progresser la réconciliation interne.  Au Liban, il faudrait mettre un terme au vide du pouvoir présidentiel et aider le Gouvernement du Liban qui ploie sous le fardeau que représente pour le pays l’accueil de réfugiés syriens.  Le représentant a préconisé des mesures pour protéger les populations vulnérables en Syrie.  La solution au conflit en Syrie passe par le dialogue politique entre toutes les parties, a-t-il rappelé.  

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a salué les efforts de revitalisation du processus politique en Syrie menés par l’Envoyé spécial pour la Syrie, ainsi que par la Russie et l’Égypte.  Tant qu’une solution politique ne sera pas trouvée, les Syriens souffriront, ainsi que leurs voisins de la Jordanie et autres pays qui hébergent des réfugiés, a-t-il prévenu.  Il a constaté que, comme c’est le cas pour le dossier du Moyen-Orient, le Conseil de sécurité n’avait pas réussi à utiliser efficacement son expérience en matière de processus de paix.  Le prix de l’inaction est trop élevé, a-t-il dit en appelant les membres du Conseil de sécurité ainsi que les autres États Membres participant au débat à proposer des mesures pratiques et concrètes au Conseil. 

Passant au processus de paix au Moyen-Orient, M. McLay a réitéré sa position en faveur d’une résolution du Conseil de sécurité qui soit équilibrée.  Il est temps que le Conseil, dont la responsabilité première est de maintenir la paix et la sécurité, fasse usage de son autorité morale et juridique, ainsi que des outils pratiques à sa disposition, pour passer à une phase productive de négociations.  Il a demandé de respecter les investissements importants consentis par de nombreux pays depuis des décennies, ainsi que les intérêts nationaux directs de beaucoup dans l’issue finale. 

« Nous devons, a-t-il ajouté, convaincre les parties de prendre des décisions difficiles et coûteuses, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité. »  Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait passer à l’action maintenant que les élections sont terminées.  Il a conseillé aux parties d’examiner le texte préparé par la France en oubliant les textes précédemment proposés.  Tout texte qui sera examiné devra être présenté dans un cadre transparent et inclusif, a-t-il recommandé.  Avant de conclure, il a lancé un appel pour que les discussions au Conseil de sécurité ne soient pas autant déconnectées de la réalité et pour que les principales parties ne soient pas exclues des débats.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a souligné l’inertie de la communauté internationale, la solution des deux États risquant désormais d’apparaître comme une chimère.  Il n’y a pas d’autre solution que celle-ci, a-t-il insisté.  Le représentant a espéré notamment que le prochain Gouvernement israélien issu des élections saura démontrer son engagement en faveur du processus de paix en renonçant à sa politique de colonisation. 

Le délégué de l’Espagne a estimé que la solution devrait être globale et non partiale, en mettant l’accent sur la nécessaire cessation de l’occupation israélienne et la reconnaissance de l’État palestinien.  Le Conseil de sécurité, a-t-il souligné, doit assumer ses hautes responsabilités en ce moment critique.  Il a également mis l’accent sur la situation humanitaire qui frappe les réfugiés qui fuient le conflit en Syrie, en soulignant la responsabilité des autorités syriennes à cet égard.

En ce qui concerne le conflit au Moyen-Orient opposant Israël et la Palestine, Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que les deux parties devraient faire preuve d’une véritable volonté politique pour reprendre les négociations.  Ces pourparlers devraient se faire sur la base des Accords d’Oslo et de la Déclaration de principes de Madrid, a-t-elle estimé.  Le Nigéria, a-t-elle assuré, appuie la position du Quatuor sur cette question et qui tient compte à la fois des préoccupations d’Israël de vivre en paix et en sécurité et celles de la Palestine qui souhaite devenir un État indépendant et souverain dans les frontières de 1967.  La représentante s’est dite convaincue que la solution des deux États reste la seule base de résolution à ce conflit.  S’agissant des efforts de reconstruction de Gaza, elle s’est dite préoccupée par la lenteur de la reconstruction et a déploré le manque de fond.  Elle a encouragé les bailleurs à tenir parole.  Par ailleurs, le Nigéria est préoccupé de la situation humanitaire au Yémen, qui résulte des récentes violences dans le pays.  La cessation des hostilités, a souligné la représentante, est nécessaire au retour de la paix et à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Elle a conclu son intervention en appelant toutes les parties à s’engager au dialogue.  

M. NAWAF SALAM (Liban) a estimé que la situation au Moyen-Orient s’était détériorée d’une manière sans précédent.  Après avoir énuméré les événements tragiques de l’année 2014, il a affirmé qu’en 2015, le pire était à craindre avec la déclaration du Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, pendant la campagne électorale, annonçant que s’il devait être réélu, un État palestinien ne serait pas à l’ordre du jour.  En outre, a-t-il rappelé, M. Netanyahu a promis d’augmenter la construction de colonies à Jérusalem-Est en ajoutant plusieurs milliers d’unités de logement.

La situation au Moyen-Orient est de plus en plus difficile.  Mais, a-t-il dit, ce n’est pas une excuse pour l’inaction.  Au contraire, plus la situation devient difficile, plus grande est la responsabilité de ce Conseil.  Selon la délégation libanaise, toute reprise des négociations sur le conflit du Moyen-Orient doit être basée sur des paramètres bien définis.  Il a ainsi mis l’accent, pour le succès de ces négociations, sur la nécessité d’un nouveau cadre international avec un calendrier clair et accepté.  Par conséquent, a-t-il conclu, le Conseil de sécurité est appelé à assumer ses responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales en traitant ces questions cruciales le plus rapidement possible.

M. AMR ABOULATTA (Égypte) s’est inquiété du manque de volonté politique de la communauté internationale pour réaliser une solution des deux États.  Il a déclaré que l’insuffisance d’initiative et de détermination de la communauté internationale constituait une menace à la paix et la sécurité internationales.  « Nous affirmons que l’incapacité de créer la paix au Moyen-Orient n’est pas une option », a-t-il insisté.  Le représentant égyptien a prévenu que les territoires palestiniens occupés devenaient des terrains féconds pour Daech et d’autres groupes terroristes.  « Après six décennies de conflit, nous en avons assez de toutes les occasions manquées », a dit le représentant de l’Égypte qui a appelé à bâtir la paix.  Il a émis l’espoir que les annonces de contribution faites lors de la Conférence du Caire pour la reconstruction de Gaza se traduiront en actes.  Notant que la crise syrienne entre dans sa cinquième année, il a assuré que l’Égypte était déterminée à aider toutes les parties qui souhaitent une résolution politique de cette crise.  Le représentant de l’Égypte a aussi appelé à mettre fin à l’occupation israélienne du plateau du Golan.   

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), qui a aussi parlé au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a félicité l’entrée de la Palestine à la Cour pénale internationale (CPI).  Il a demandé à la Palestine d’établir de manière crédible les responsabilités d’Israël dans l’occupation de territoires palestiniens et dans d’autres violations des droits de l’homme des Palestiniens.  En outre, après les propos du Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahu tenus au cours de la campagne électorale en Israël, où il promettait d’empêcher la création d’un État de Palestine s’il était réélu, le représentant a appelé la communauté internationale à reconnaître l’État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale et dans les frontières de 1967.  Il a appelé la communauté internationale à mettre un terme à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

Il a dénoncé la poursuite de la politique d’extension de la colonisation israélienne, les violences de l’armée israélienne contre les Palestiniens, la déportation des Palestiniens, les arrestations sans justification des civils y compris des élus palestiniens.  Il a condamné les attaques et les profanations par des colons des lieux de cultes à Jérusalem-Est.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à inscrire les dirigeants des groupes terroristes israéliens sur la liste des terroristes internationaux.  Il a en outre demandé au Conseil de sécurité d’obliger Israël à mettre un terme au blocus inhumain de Gaza.  Les civils doivent être protégés, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité doit agir en tant que chef de file dans ce conflit, a poursuivi le représentant, qui a dit que le moment était venu de « dire à Israël qu’il n’est pas au-dessus de la loi ».

S’exprimant ensuite sur la situation en Syrie, le représentant, qui a cette fois parlé en sa capacité nationale, a observé que les résolutions du Conseil de sécurité n’avaient eu aucun effet positif sur la situation de la population mais affectaient au contraire la crédibilité du Conseil de sécurité.  Pour éliminer le terrorisme en Syrie, il faut s’attaquer à la pratique sectaire du Gouvernement syrien, a-t-il dit.  « L’Arabie saoudite met tout en œuvre pour aider le peuple syrien à retrouver sa dignité », a-t-il continué. 

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dénoncé les récentes déclarations faites par les dirigeants israéliens selon lesquelles un État palestinien ne pourrait être créé dans un avenir proche.  « De telles déclarations ne peuvent qu’alimenter la violence et la méfiance, dégrader la situation sur le terrain et nous éloigner de la paix. »  La communauté internationale doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la reprise des négociations en vue de parvenir à une solution des deux États.  C’est la responsabilité du Conseil de sécurité de jouer son rôle dans le développement d’une nouvelle architecture de paix pour mettre fin au conflit, a-t-il rappelé.  M. Patriota a demandé au Conseil d’exercer sa responsabilité et de régler activement les paramètres pour la relance du processus de paix.  Saluant l’adhésion de la Palestine au Statut de Rome, le représentant a réitéré que le recours à des mécanismes multilatéraux ne devrait pas être répondu par des représailles et des sanctions.  Il a exhorté Israël à libérer immédiatement toutes les ressources financières de la Palestine.

Le Brésil exhorte toutes les parties au conflit en Syrie à s’acquitter de leurs obligations découlant du droit international humanitaire pour assurer un accès sans entrave aux organisations humanitaires et à s’abstenir de toute action qui risque d’exacerber davantage le conflit.  Un dialogue véritable et inclusif, fondé sur le plein respect des droits de l’homme, l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, est plus urgent que jamais, a-t-il estimé.  En outre, la sécurité et la stabilité du Liban sont un autre sujet de grande préoccupation.  La récente escalade de la violence renforce la nécessité de soutenir pleinement la politique libanaise de dissociation des crises régionales convenue dans la Déclaration de Baabda de juin 2012. 

En Iraq, le représentant a estimé qu’une stratégie axée uniquement sur les opérations militaires ne sera pas en mesure de s’attaquer aux causes profondes qui ont conduit à la prolifération du terrorisme et de l’extrémisme religieux dans le pays.  Au Yémen, toutes les parties ont l’obligation de protéger les civils et respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Il a exhorté les pays de la région à user de leur influence pour amener les parties à la table des négociations et de les engager dans la recherche d’une solution diplomatique.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a jugé incompréhensible que l’ONU continue de tolérer la politique raciste et la politique de colonisation d’Israël malgré une centaine de résolution.  Les États Membres doivent prendre des mesures et ne pas seulement se contenter de faire des déclarations, a-t-il dit en appelant à mettre fin à une tragédie sans fin dans le Territoire palestinien occupé.  Le Premier Ministre d’Israël refuse catégoriquement la solution des deux États.  Tandis qu’Israël continue d’occuper le Golan syrien depuis 1967, il a appelé l’ONU à assumer ses responsabilités afin de mettre fin à cette injustice.  Il faut qu’Israël cesse de piller les ressources naturelles des pays voisins, dont l’eau et le gaz, a également déclaré le représentant syrien.  Il a exhorté Israël à libérer tous les détenus syriens, en citant le cas d’un syrien du Golan emprisonné pendant 27 ans.  Déclarant qu’Israël a porté assistance a des groupes terroristes sur le territoire de la Syrie, le représentant syrien a exigé que ce problème grave bénéficie de l’attention qu’il mérite dans les plus brefs délais.  Il a exhorté les délégations des États-Unis et du Royaume-Uni à « cessez leur hypocrisie et leurs mensonges ».

« Cessez d’appuyer Israël qui est la cause de la souffrance de centaines de milliers de réfugiés en Syrie et en dehors de la Syrie », a-t-il encore dit.  La Syrie, a-t-il assuré, a accueilli des refugiés qui sont traités avec beaucoup de générosité.  Il a jugé honteux les termes utilisés par le représentant saoudien au sujet de la Syrie.  Sa déclaration, a-t-il soutenu, est sans fondement.  Le représentant syrien a estimé que le sionisme et l’Arabie saoudite alimentaient le terrorisme dans son pays.  Les décapitations par l’État islamique sont une pratique perpétuée par les wahhabites et l’Arabie saoudite.  Il a ajouté que c’est l’Arabie saoudite qui a semé les graines du sectarisme dans la région et que ce pays en paiera le prix.  Il a insisté que « le Royaume d’Arabie saoudite recevra la punition qu’il mérite ». 

M. FERNANDO CARRERA CASTRO (Guatemala) a demandé que les dirigeants de la région intensifient leurs efforts en vue de la promotion des droits de l’homme.  La communauté internationale doit jouer un rôle actif dans la facilitation du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il dit.  Il a invité les parties à s’abstenir de tout acte de provocation et à s’engager résolument en faveur de la solution des deux États.  Le délégué s’est également félicité du récent accord, par lequel Israël a accepté de transférer à l’Autorité palestinienne les recettes fiscales collectées en son nom.

Il a estimé que le fait que la Palestine ait rejoint le Statut de Rome était un pas positif sur la voie de l’universalisation de la Cour pénale internationale (CPI).  En Syrie, toutes les pistes susceptibles de rapprocher les parties doivent être explorées, a-t-il dit, avant de saluer les efforts de l’Envoyé spécial pour la crise syrienne.  Enfin, il a jugé essentiel que toutes les parties au conflit protègent les civils.  « Les crimes graves commis en Syrie ne doivent pas rester impunis », a-t-il conclu.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a réaffirmé une fois de plus la solidarité de longue date du Mouvement avec le peuple palestinien, réitérant l’appui de celui-ci à la réalisation de ses aspirations nationales légitimes et de ses droits inaliénables, y compris à l’autodétermination et à la liberté dans leur État indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, ainsi qu’à une solution juste pour le sort des réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 (III).

Le Mouvement souligne l’urgence de la réalisation d’une solution juste, durable, globale et pacifique du conflit israélo-palestinien, qui est au cœur du conflit israélo-arabe, et appelle à des efforts sérieux de la part de toutes les parties concernées pour réaliser cet objectif.

Selon le représentant, l’intransigeance israélienne et les politiques illégales continuent de saper la reprise de négociations crédibles et d’entraver la réalisation d’une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien.

Le Mouvement, a-t-il ajouté, demande instamment à la communauté internationale d’honorer les engagements pris à la Conférence du Caire pour la Palestine afin d’accélérer la reconstruction dans la bande de Gaza et de fournir au peuple palestinien l’aide humanitaire d’urgence pour soulager ses souffrances. 

Il réitère également son appel à la fin du blocus israélien de Gaza et de l’isolement inhumain du peuple palestinien.  Il renouvelle sa ferme condamnation de la poursuite et de l’escalade de la construction de colonies d’Israël dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris dans et autour de Jérusalem-Est occupée, en violation grave de la quatrième Convention de Genève et des résolutions des Nations Unies, y compris de ce Conseil.

Il est temps, selon le Mouvement, de mettre fin à cette occupation israélienne odieuse et à l’impunité qui a apporté tant de souffrances et qui a causé tant de crises et continue de saper la paix et la sécurité régionale et mondiale.

En ce qui concerne le Golan syrien occupé, le Mouvement condamne toutes les mesures prises par Israël, puissance occupante, pour modifier son statut juridique, physique et démographique.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a réitéré sa profonde préoccupation face au fait que la solution envisagée par les Accords d’Oslo, il y a plus de 20 ans, s’éloigne un peu plus chaque fois à l’annonce d’une nouvelle colonie de peuplement.  La colonisation n’est pas seulement illégale au regard du droit international, mais elle constitue aussi un obstacle majeur à la réalisation d’une paix durable.  Elle menace la réalisation de la solution à deux États, la création d’un État palestinien souverain, indépendant et viable et coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Le représentant a appelé Israël à cesser immédiatement la colonisation.

Il a aussi estimé que, jusqu’à aujourd’hui, le Conseil de sécurité avait échoué à tenir Israël pour responsable des violations de ses décisions.  M. Mminele a souligné que l’Afrique du Sud se réjouissait de la publication prochaine du rapport de la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme créée pour enquêter sur les crimes de guerre commis pendant le dernier conflit à Gaza.  « Nous reconnaissons les difficultés auxquelles la Commission a dû faire face, mais nous espérons que cela n’affectera pas l’impartialité ou la rigueur du rapport, et que ce sera une première étape vers la réalisation de la justice pour les nombreuses victimes du conflit à Gaza », a dit le représentant.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que le Moyen-Orient, qui fut le berceau de la civilisation humaine, semblait malheureusement être devenu le berceau du chaos.  Chacun des conflits au Moyen-Orient doit être traité simultanément, avec une vision à long terme plutôt qu’à court terme ou avec perspectives partisanes, a-t-elle dit.

Les causes immédiates de chaque conflit sont différentes; mais il y a des points communs: l’échec des gouvernements et de la gouvernance à répondre aux aspirations légitimes des peuples concernés, les questions non résolues, les conséquences des interventions extérieures ainsi que les omissions de la communauté internationale.

Le Conseil de sécurité a, selon elle, la responsabilité d’agir avec vigueur et unanimité pour faire appliquer ses résolutions demandant un règlement juste et durable.  Ce Conseil devrait adopter une résolution établissant les paramètres d’un État palestinien, fixer un calendrier pour mettre fin à l’occupation et lancer un nouveau processus de paix pour faire avancer les négociations.

Plusieurs des conflits qui ont éclaté à travers le Moyen-Orient reflètent l’exacerbation des lignes de fracture au sein des États musulmans concernés.  Le monde musulman ne doit pas permettre à ces fissures de déchirer l’unité divinement prescrite de l’Oumma, la communauté de tous les musulmans, a-t-elle dit, affirmant que le Pakistan était prêt à faire tout son possible pour y promouvoir la paix et la réconciliation.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré qu’il incombait à la communauté internationale de faciliter la reprise des négociations.  Il a exhorté le Quatuor à redoubler d’efforts pour faciliter la reprise d’un processus de paix en rappelant que le Conseil de sécurité avait la responsabilité première de maintenir la paix et la sécurité, y compris en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.  L’Union européenne souhaite, a-t-il dit, un changement fondamental de la situation politique, sécuritaire et économique dans la bande de Gaza, dont la fin du blocus.  M. Mayr-Harting a salué la nomination du nouveau Coordonnateur spécial du Secrétaire général pour le Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov.  Il a assuré de la volonté de l’Union européenne de parvenir à un accord qui, à la fois, mette fin au blocus de Gaza et répondent aux inquiétudes sécuritaires légitimes d’Israël.  Il a aussi souligné la nécessité pour le Gouvernement palestinien, conduit par le Premier Ministre Hamdallah, de redoubler d’efforts pour mettre fin aux dissensions internes. 

S’agissant de la situation en Syrie, M. Mayr-Harting a assuré que l’Union européenne restait engagée pour contrer la menace que constitue l’État islamique.  Il a indiqué que l’Union européenne avait adopté, le 16 mars 2015, les conclusions d’une Stratégie régionale pour faire face à cette menace en Syrie et en Iraq.  Il a soutenu qu’il ne pourra pas y avoir de paix en Syrie tant qu’il ne sera pas possible de répondre aux revendications légitimes de toutes les parties syriennes.  Le représentant de l’Union européenne a dénoncé les violations du droit international humanitaire en prévenant que tous les auteurs de violences devront rendre compte de leurs crimes.  Il a estimé que la brutalité du régime Assad, les violations massives des droits de l’homme, l’obstruction systématique à des réformes démocratiques avaient largement contribué au développement de Daech en Syrie.  Après avoir souligné la situation dramatique du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk qui, après trois ans de siège par le régime syrien, est soumis à une nouvelle vague de violences, M. Mayr-Harting a exhorté toutes les parties au conflit à cesser les hostilités afin de permettre un accès des acteurs humanitaires aux populations dans le besoin.  La Commission européenne, a-t-il indiqué, vient d’accorder une aide d’urgence de 2,5 millions d’euros pour aider l’UNRWA à faire face à la situation des réfugiés palestiniens en Syrie. 

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a souhaité que le mécanisme tripartite établi pour surveiller l’entrée de matériel et de personnes à Gaza soit mis en œuvre de manière sure et continue en tenant compte à la fois des besoins de la population de Gaza et des attentes sécuritaires d’Israël.  Il a estimé que l’occupation du territoire palestinien par Israël constituait un des principaux obstacles à la paix.  « Nous sommes convaincus que la haine et la discrimination ne sauraient mener à la paix », a-t-il dit.  Il a exhorté la communauté internationale à mettre fin à un rôle passif alors que la situation ne cesse de se dégrader. 

Le représentant du Mexique s’est aussi inquiété de la détérioration de la situation au Yémen.  Il a souhaité que le dialogue reprenne entre les parties sous les auspices de l’ONU.  Il a aussi appelé à une solution négociée en Syrie qui s’appuie sur le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a jugé inacceptables les déclarations du Premier Ministre israélien rejetant la création d’un État palestinien.  Il a demandé que le Conseil adopte une résolution sur le conflit afin de mettre un terme à l’occupation israélienne et de promouvoir la solution des deux États.  Le délégué a ensuite condamné dans les termes les plus vifs la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie et demandé que cesse la politique de chantage d’Israël vis-à-vis de l’Autorité palestinienne.  Il a aussi demandé une intensification des efforts de reconstruction à Gaza.

Le délégué de Cuba a ensuite affirmé que seul le dialogue permettrait de régler la crise en Syrie.  La lutte contre le terrorisme ne saurait servir de prétexte à une intervention militaire étrangère, a-t-il mis en garde.  Il a indiqué que le Gouvernement syrien avait fait part de sa volonté de paix en rejoignant notamment la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Enfin, il a invité les États Membres à se faire les chantres de la paix afin de préserver la stabilité des pays de la région.

M. FODÉ SECK, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la guerre de l’été dernier contre le peuple de Gaza avait laissé la bande côtière dans un état catastrophique.  C’est ainsi que le 31 mars et 1er avril, le Comité a organisé un colloque à l’Office des Nations Unies à Vienne sur le thème de l’accélération des actions de secours, de redressement et de reconstruction menées à Gaza au lendemain de la guerre.  Cette manifestation a permis de faire le point sur les besoins d’urgence de Gaza, en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’eau.  Bien qu’il soit effectué à un rythme encore trop lent, nous notons la mise en œuvre du Mécanisme tripartite temporaire de Gaza, a reconnu M. Seck.

Il a ajouté que la reconstruction continuait de pâtir de certains obstacles à l’arrivée des matériaux de construction et des fournitures humanitaires indispensables.  À cet égard, la communauté international a l’obligation de répondre aux besoins fondamentaux les plus pressant du peuple de Gaza et de lui permettre de retrouver des moyens de subsistance, de recouvrer sa dignité et de reprendre courage.  Les participants au colloque ont appelé les donateurs à débloquer rapidement les fonds promis et demandé à Israël de lever le blocus afin que la vie à Gaza reprenne et que son peuple reprenne espoir, a rapporté M. Seck.

Après avoir rappelé l’adhésion de la Palestine au Statut de la Cour pénale internationale, M. Seck a noté que c’est par des moyens pacifiques et des voies légales que l’État de Palestine compte parvenir à la reconnaissance pleine et entière de sa souveraineté et de sa qualité.  Il a ensuite demandé à Israël de cesser ses mesures punitives qui plongent dans la souffrance et le désespoir des milliers de familles palestiniennes qui ne dépendent que des salaires et prestations que le Gouvernement leur verse.  En outre, il a dénoncé les incessantes activités de colonisation en Cisjordanie, les évictions de Palestiniens et confiscations de leurs biens à Jérusalem-Est occupée.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a condamné énergiquement l’escalade de la violence dans le conflit israélo-palestinien et lancé un appel à la reprise des négociations.  Il s’est félicité que la Palestine soit devenue partie à la Cour pénale internationale le 1er avril, ce qui veut dire que tout génocide, crime de guerre ou contre l’humanité commis à partir de cette date sur son territoire ou par des citoyens palestiniens peut faire l’objet d’enquêtes si un État partie renvoie la situation devant la Cour.  En ce qui concerne le Yémen, le représentant a déploré la situation politique et humanitaire critique.  Il a salué le soutien fourni par le Comité international de la Croix-Rouge et rappelé que celui-ci aurait besoin de moyens supplémentaires si la guerre continuait à ce rythme.  Rappelant la résolution adoptée la semaine dernière pour imposer un embargo sur les armes, il a souligné l’obligation des parties d’assurer la sécurité des civils.

Passant à la situation en Syrie, le représentant a appelé à trouver une solution politique pour mettre fin à la tragédie.  Il a exhorté les autorités syriennes à respecter leurs engagements en vertu du droit international, en particulier le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Elles doivent de toute urgence prendre des mesures pour éviter un bain de sang et les violations des droits de l’homme, en s’acquittant de leur responsabilité de protéger leur propre population.  M. Mendoza a souligné que la formation d’un gouvernement et la mise en place d’institutions appartenaient uniquement au peuple syrien, par le biais d’un dialogue politique inclusif, basé sur le respect de la diversité, de la tolérance et de la démocratie.

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a noté que 80 000 familles vivaient encore dans des maisons endommagées par les combats à Gaza et que des dizaines de milliers se trouvaient dans des abris temporaires dépourvus d’infrastructures sanitaires appropriées.  Il a exhorté Israël à cesser la démolition punitive de foyers palestiniens en réponse à des actes présumés de violence par des Palestiniens.  « En sus de la colonisation, de la violation flagrante des droits de l’homme, de la destruction de maisons, de l’arrestation de milliers de personnes et du blocus imposé à 1,8 million de personnes, Israël la puissance occupante a également recommencé à voler les recettes fiscales palestiniennes », a déclaré le représentant de la Namibie.

Ce dernier a jugé indispensable une reddition de comptes s’agissant des abus des droits de l’homme.  Il s’est dit particulièrement inquiet qu’Israël, puissance occupante, s’oppose toujours à ce que la commission indépendante d’enquête nommée par le Conseil des droits de l’homme en juillet dernier soit toujours empêchée de pénétrer en Cisjordanie et à Gaza pour y mener des enquêtes sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme faisant suite à des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien.  Il a exprimé sa solidarité vis-à-vis du peuple palestinien avant d’appuyer la présence d’un États palestinien au sein des institutions onusiennes. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a qualifié la situation au Moyen-Orient de désastreuse.  Tous les efforts de paix ont échoué, a-t-il rappelé, avant de souligner la gravité de la situation humanitaire à Gaza.  Il a indiqué que la création d’un État palestinien était le seul moyen d’instaurer une paix durable au Moyen-Orient.  Il est grand temps que la communauté internationale mette un terme à cette situation, a-t-il affirmé. 

Puis, le délégué du Maroc a insisté sur la dangerosité de la situation en Libye, en raison notamment des agissements des groupes terroristes.  Il a demandé une intensification des efforts internationaux pour vaincre ces groupes terroristes en Libye, mais aussi partout où ils frappent.  Il a ajouté que le Maroc honorerait ses engagements envers les Libyens et précisé que le dialogue entre factions libyennes qui a eu lieu dans son pays avait débouché sur des progrès.

Le délégué a fait part de sa vive préoccupation vis-à-vis de la situation au Yémen et souligné la nécessité de préserver la souveraineté de ce pays.  En ce qui concerne la situation en Syrie, il a mentionné les efforts du Maroc pour venir en aide aux réfugiés syriens et jugé capital de préserver l’intégrité de la Syrie.  En conclusion, il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie.

M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a estimé que le blocus de Gaza s’apparentait à une strangulation et une sanction collective.  Il a regretté le fait qu’Israël continue sa politique de colonisation dans le territoire occupé et notamment à Jérusalem-Est.  Il a salué la décision de l’État de Palestine de devenir partie au Statut de Rome dans un souci de recherche de justice.  Il a jugé inadmissible qu’Israël retienne trois mois de recettes fiscales.  Il a appelé au retrait de tous les colons israéliens du territoire palestinien. 

Le Bangladesh, a dit la délégation, exige qu’il soit mis fin à l’occupation qui a débuté en 1967 et plaide pour la réalisation d’une solution des deux États.    

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné la nécessité de mettre un terme aux activités de colonisation en Cisjordanie et au blocus qui frappe Gaza.  Elle a exhorté le Conseil à adopter une résolution prévoyant la fin de l’occupation israélienne selon un calendrier préalablement défini.  Elle a ensuite affirmé que les premières victimes de la crise syrienne étaient les civils pris au piège des zones de conflit.

La situation humanitaire dans le camp de Yarmouk s’est aggravée, a-t-elle dit, avant de préciser que les réfugiés syriens étaient désormais quatre millions.  « Nous faisons face au risque d’une génération perdue en Syrie », a-t-elle averti.  La déléguée a en outre souligné que les armes chimiques continuaient d’être utilisées en Syrie.  En conclusion, elle s’est dite en faveur d’une solution politique basée sur le Communiqué de Genève.  Aucun rôle ne pourra être dévolu à quiconque ayant du sang sur les mains, a-t-elle déclaré.

M. HALI ÇEVIK (Turquie) a dit que les effets dévastateurs du conflit à Gaza persistaient.  Il a appelé à lever le blocus pour soulager la situation insupportable de la population de Gaza.  « Nous devons aboutir à une situation négociée du conflit israélo-palestinien », a-t-il déclaré, en estimant que le maintien du statu quo était insupportable.  Il a affirmé que l’unité palestinienne était indispensable pour parvenir à une solution durable.  Il a exhorté la communauté internationale à renouveler son engagement pour parvenir à une résolution du Conseil de sécurité contenant des paramètres et un calendrier de négociations.  Il a ajouté que la Turquie continuerait d’appuyer tous les efforts pour parvenir à un État palestinien dans les frontières antérieures à 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Par ailleurs, il s’est inquiété de l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie en précisant que la Turquie était le premier pays d’accueil de réfugiés.  Il a appelé à une transition politique axée sur le Communiqué de Genève.  Par ailleurs, il a estimé que la situation au Yémen pouvait avoir des conséquences graves sur la région, puis a appelé à des efforts au niveau régional pour parvenir à une solution politique de ce conflit.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a affirmé qu’il n’y avait pas d’autre option qu’une solution des deux États, en vertu de laquelle Israël et la Palestine existent comme deux pays bénéficiant de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues et mutuellement.  Il n’y a pas de temps à perdre, a-t-il déclaré.

Le représentant a appelé le prochain Gouvernement israélien à préciser dans les mots et les actes son attachement à une solution des deux États.  L’histoire a démontré que les négociations sont impossibles quand un programme renforcé d’occupation de terres est en cours, a-t-il dit, en déclarant que les colonies sont illégales et en estimant que toutes ces activités doivent cesser.

Il a également lancé un appel à la direction palestinienne pour qu’elle forme une administration unifiée et cohérente qui soutient sans équivoque la politique convenue avec Israël dans le cadre des Accords d’Oslo, à savoir négocier pacifiquement, rejeter la violence et respecter le droit d’Israël à exister.

Par ailleurs, le représentant norvégien a appelé à résoudre les conflits sous-jacents qui ont permis aux extrémistes djihadistes de se développer en une menace agressive pour tous dans la région et au-delà.  Un message clair doit être envoyé à -et de- toutes les capitales régionales pour contrer les forces qui alimentent les craintes sectaires et les impulsions à l’intérieur et entre les États de la région. 

M. ASOKE K. MUKERJI (Inde) a expliqué que l’engagement continu de son pays en faveur de la Palestine trouvait ses racines dans la lutte de l’Inde pour son indépendance.  Il a dit que l’Inde continuait de soutenir les efforts palestiniens de construction de la nation en étendant son assistance technique et financière.  Il a ajouté que l’Inde accordait également un million de dollars chaque année au fonctionnement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et a accordé quatre millions supplémentaires aux efforts de reconstruction de Gaza.  Il a exhorté les deux parties à reprendre le processus de paix aussi vite que possible, dans l’optique de parvenir à une solution des deux États. 

Par ailleurs, il s’est dit particulièrement inquiet de la prolifération des activités terroristes en Syrie et en Iraq.  Il a estimé que seule la consolidation des processus politiques et la mise en place d’institutions étatiques durables seront de nature à éliminer l’extrémisme et le radicalisme de la région.  Il a exhorté les parties au Yémen à revenir à la table des négociations. 

Préoccupé par l’absence de progrès dans le processus de paix entre la Palestine et Israël, Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a uni sa voix avec celles de tous les peuples épris de paix pour appeler à la reprise des négociations concrètes et sérieuses qui redonneront de la vigueur au processus de paix.  Le Saint-Siège ne cesse d’encourager les dirigeants du Liban pour résoudre l’impasse qui a empêché l’élection du Président depuis mai 2014, en mettant de côté les intérêts personnels pour satisfaire le plus grand bien d’un Liban unifié. 

La communauté internationale doit soutenir le Liban pour qu’il puisse retrouver une normalité institutionnelle et la stabilité.  Mgr Auza a réitéré sa condamnation des attaques et abus fondés sur des motifs ethniques, raciaux ou autres.  Il a rappelé que la disparition de groupes de minorités ethniques et religieuses du Moyen-Orient ne serait pas seulement une tragédie, mais une perte d’un patrimoine riche qui a tant contribué à la société à laquelle ils appartiennent. 

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a estimé que seules des négociations directes entre les parties permettraient de parvenir à une solution pacifique et à l’aboutissement d’une solution des deux États.  Il s’est dit persuadé que l’avènement d’une paix israélo-palestinienne n’est possible que dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU, des principes de Madrid, y compris la terre contre la paix, la Feuille de route et tous les accords atteints par les parties, dont l’Initiative de paix arabe de 2002. 

S’agissant de la Syrie, il a condamné les violences en cours, notamment les violations des droits de l’homme perpétrées par le régime et les groupes terroristes.  Il a dit que l’usage aveugle de la force par l’armée syrienne contre les civils était tout aussi intolérable que la violence des groupes terroristes.  Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général visant à parvenir à une désescalade sur la base du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.  Il s’est dit particulièrement inquiet des activités de l’État islamique en Iraq et au Levant et d’autres groupes terroristes au Moyen-Orient.  Il a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour faire cesser les crimes de cette organisation ainsi que ses activités déstabilisantes.  

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a rappelé que la solution des deux États était le seul moyen de parvenir à une paix durable au Moyen-Orient.  Il a en conséquence appelé les responsables palestiniens et israéliens à faire montre de sagesse, de sens des responsabilités et de volonté politique afin de parvenir à un accord de paix historique qui réponde aux aspirations des deux peuples.  Il a ensuite souligné la nécessité que la communauté internationale prône une approche multidimensionnelle pour lutter contre l’extrémisme violent.

Seul le dialogue permettra le règlement de la crise en Syrie, a-t-il poursuivi, avant de se dire gravement préoccupé par l’extrême vulnérabilité des réfugiés palestiniens.  Enfin, le délégué a rappelé qu’un débat thématique de haut niveau sur la promotion de la tolérance et de la réconciliation se tenait en ce moment même à l’ONU.  Les leaders spirituels et les intellectuels doivent être impliqués dans les efforts de paix aux côtés des hommes politiques et des diplomates, a-t-il dit.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a réaffirmé la position de son pays qui est en faveur du droit du peuple palestinien à édifier un État indépendant.  Il a donc demandé le retrait complet d’Israël du territoire palestinien, en vertu des résolutions du Conseil de sécurité, de l’Initiative de paix arabe et des décisions du Quatuor, ainsi que la levée du blocus sur la bande de Gaza.  Il a demandé la fin de l’occupation israélienne, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé, ainsi que le respect du territoire libanais. 

Il faut aussi trouver une solution juste garantissant le retour des réfugiés palestiniens, a-t-il souhaité.  Le représentant a demandé de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, ainsi que le droit international applicable, notamment les Conventions de Genève de 1949 qui interdisent d’apporter des changements géographiques aux territoires occupés.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a noté que le processus de paix au Moyen-Orient était tombé dans un cercle vicieux où la défiance nourrit la défiance.  Puis, il a exhorté le Gouvernement israélien à honorer son engagement en faveur de la solution des deux États et demandé la fin des activités de colonisation.  « Nous appelons les deux parties à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de saper les efforts en vue d’une reprise des négociations de paix », a-t-il dit.  Il a également souligné le rôle constructif que pourrait jouer le Conseil dans un retour desdites parties à la table des négociations.

Rappelant que deux citoyens japonais ont été assassinés par Daech au début de cette année, le délégué du Japon a souligné la nécessité de consentir à des efforts multidimensionnels et sur le long terme afin de combattre le terrorisme.  « Mon gouvernement a fait don de 200 millions de dollars aux pays voisins de la Syrie afin de renforcer la résilience de leurs sociétés face aux extrémistes », a-t-il dit.  Enfin, M. Yoshikawa a appuyé la recherche d’une solution politique basée sur le Communiqué de Genève afin de régler la crise en Syrie.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a souligné que l’attentat à la bombe qui avait frappé lundi dernier Sanaa avait entraîné des dommages considérables sur les locaux de l’ambassade de l’Indonésie et fait deux blessés parmi le personnel de l’ambassade et a blessé un autre citoyen indonésien.  À cet égard, il a réitéré le fait que la meilleure solution à la situation au Yémen était la diplomatie et la négociation.  Il a exhorté le Secrétaire général et toutes les parties concernées à mettre en œuvre immédiatement une pause humanitaire pour permettre aux civils, y compris les étrangers, d’évacuer le pays et à l’aide humanitaire d’entrer.  Il a également demandé aux parties de prendre les mesures nécessaires pour protéger les installations diplomatiques et consulaires. 

Sur la question palestinienne, le représentant a souligné que cette réunion du Conseil de sécurité se tenait à un moment d’impasse presque totale dans le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a réitéré le fait que le Conseil de sécurité ne pouvait pas se permettre de jouer le rôle d’un autre acteur, ou, pire encore, le rôle d’un spectateur dans la recherche d’une solution globale à la question de Palestine.  Il a appelé les Nations Unies, en tant que membre du Quatuor, à se tenir aux côtés des enfants de Palestine et à relancer le processus de paix pour s’assurer qu’ils, avec les enfants d’Israël, jouissent de la paix et de la stabilité qui avaient été refusées à leurs ancêtres.  Le représentant a également attiré l’attention du Conseil sur la situation du camp de réfugiés de Yarmouk, en Syrie.  

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a demandé à tous les acteurs de relancer les pourparlers de paix afin de créer un avenir durable pour les futures générations d’Israéliens et de Palestiniens.  Elle s’est préoccupée du risque d’insolvabilité de l’Autorité palestinienne à cause des problèmes de transfert des revenus fiscaux.  Elle a aussi exprimé son inquiétude face aux activités illégales de colonisation, qui vont à l’encontre des efforts de paix internationaux. 

En ce qui concerne la Syrie, elle s’est préoccupée de l’ampleur de la violence et des violations systématiques des droits de l’homme et du droit humanitaire.  La communauté internationale doit en faire davantage pour tenter de résoudre ce conflit, a-t-elle souhaité, se disant encouragée par le succès de la troisième conférence humanitaire pour la Syrie tenue au Koweït le 31 mars dernier.  Elle a indiqué que son pays avait promis de débloquer 10 millions de dollars supplémentaires pour l’assistance humanitaire en Syrie, en plus des 14 millions de dollars versés au cours des trois dernières années. 

Enfin, face à la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, la République de Corée a promis une aide de 500 000 dollars qui sera versée par le biais des organismes des Nations Unies.  Elle a souhaité que le processus politique soit repris dans ce pays.

M. FREDERICK M. SHAVA (Zimbabwe) a vivement déploré le fait que le Conseil n’ait pas contribué plus activement à la recherche de la paix au Moyen-Orient et ce, alors même que la situation sur le terrain ne cesse de se détériorer.  Il a ensuite appelé le Gouvernement israélien à réaffirmer son engagement en faveur de la solution des deux États.

Puis, le délégué a apporté le soutien de son pays aux enquêtes ouvertes sur les allégations de crimes de guerre commis durant le dernier conflit à Gaza.  Notant la lenteur des efforts de reconstruction à Gaza, il a exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien afin de pourvoir aux besoins essentiels des Palestiniens.  « Le Conseil ne peut rester sur le banc de touche dans la recherche d’une solution pacifique à la question palestinienne », a estimé le délégué.  Il a en conséquence exhorté le Conseil à prendre la tête des efforts et à revitaliser le processus de paix afin de préserver la solution des deux États.

M. AHMED SAREER (Maldives) a réitéré son appel pour la pleine réalisation du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, le droit d’établir son propre État, aux côtés d’Israël, sur la base de la solution des deux États, sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  La situation en Syrie est aussi très préoccupante.  « Nous sommes profondément préoccupés par la dégradation de la situation humanitaire et le fait que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) n’avait pas eu accès au camp et qu’il a besoin de conditions de sécurité suffisantes pour apporter de l’aide et évacuer les civils », a dit le représentant, pour qui la protection des civils, en particulier ceux qui sont déjà pris au piège dans des situations vulnérables tels que les réfugiés de Yarmouk, doit être la priorité. 

M. NILUKA KADURUGAMUWA (Sri Lanka) a fait état des souffrances du peuple palestinien, qui se prolongent dans la durée, et a dénoncé les restrictions sur les importations et les exportations à Gaza qui étouffent la croissance économique et aggravent la crise humanitaire.  La délégation s’est inquiétée des besoins de la population palestinienne qui ne sont pas comblés à cause des destructions à grande échelle de l’an dernier dans la bande de Gaza et des déplacements qui en ont résulté. 

Il faut donner la priorité à la reconstruction et à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, a-t-elle demandé, ce qui exige de tenir les promesses faites à la Conférence du Caire et de financer les agences de l’ONU chargées de mener des opérations vitales sur le terrain.  La délégation a également souhaité la reprise des négociations de paix aussi tôt que possible, afin de trouver une solution juste et durable, conforme au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Elle a fait valoir que toute amélioration des conditions de vie des Palestiniens aurait un impact positif sur toute la région.  Pour réaliser l’objectif de paix, elle a demandé à Israël de cesser ses activités illégales de colonisation et aux parties de faire preuve de retenue.  Enfin, elle a indiqué soutenir la demande de la Palestine de devenir membre à part entière de l’ONU.

Répondant aux observations de certaines délégations, le représentant d’Israël s’est dit surpris que le Mouvement des non-alignés ait « l’audace et l’hypocrisie » de parler à son pays de droit international et des droits de l’homme, alors, a-t-il dit, que l’Arabie saoudite et la Syrie sont ceux qui abusent le plus des droits de l’homme dans des régimes d’oppression.  Il a aussi reproché l’Indonésie de ne pas avoir mentionné la pratique de décapitations barbares, cette semaine, par les autorités indonésiennes.  Cette brutalité d’État est un aspect de la situation au Moyen-Orient aujourd’hui, a-t-il estimé.

En ce qui concerne la déclaration de la Syrie, il a mentionné la responsabilité de ce régime face à la mort de plus de 220 000 Syriens.  Accuser Israël de l’évacuation de la zone de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), c’est réviser l’histoire, a-t-il aussi déclaré, en expliquant que l’armée syrienne avait fui face à l’avancée des terroristes.  Israël a ouvert ses portes et a donné à la FNUOD un lieu de refuge et de secours, a-t-il précisé.

À la délégation de la République islamique d’Iran, qui a parlé d’occupation israélienne du territoire libanais, il a rappelé que l’Iran est aujourd’hui « la principale puissance occupante au Moyen-Orient et en particulier au Liban ».  L’Iran est en outre « le premier fournisseur d’armes illicites au Hezbollah, organisation terroriste bien connue », a-t-il affirmé.  Il est temps de traiter de cette menace à la paix et à la sécurité, a-t-il demandé.

Le représentant de l’Arabie saoudite a réitéré sa position vis-à-vis de ce que fait Israël et de « ses mensonges ».  Il a aussi regretté que le représentant du régime syrien continue de « répéter des fausses revendications contre l’Arabie saoudite », mais a souligné que la Syrie ne pouvait pas réussir à détourner l’attention du Conseil de sécurité des crimes commis par son régime.  Il a cité le représentant syrien qui a parlé d’organisation terroriste, ce qui reflète à son avis la méthodologie utilisée par le régime syrien qui consiste à terroriser et à amputer des bras et des mains des opposants au régime.

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