En cours au Siège de l'ONU

Quatorzième session,
6e & 7e séances – matin & après-midi
DH/5246

Des experts soulignent l’importance du rôle des autochtones pour répondre aux besoins alimentaires de neuf milliards d’habitants d’ici à 2030

Plusieurs experts de l’Instance permanente sur les questions autochtones ont, aujourd’hui, insisté sur le rôle primordial des autochtones dans la lutte pour éliminer la faim sur une planète qui, d’ici 2030, comptera neuf milliards d’habitants.

« Il est possible de mettre fin à la malnutrition d’ici 2030 si nous doublons la productivité agricole des petits exploitants », a ainsi estimé M. Yon Fernandez de Larrinoa, point focal « peuples autochtones et genre » de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce matin, lors de la quatrième journée de la session annuelle 2015 de l’Instance permanente sur les questions autochtones. 

« Que cela nous plaise ou non, les autochtones sont les meilleurs gestionnaires de nos écosystèmes et donc des sources d’alimentation », a affirmé M. Adolfo Brizzi, Directeur de la Division des politiques et du conseil technique du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), avant d’ajouter que la ville n’était « pas durable si les campagnes ne le sont pas ». 

Soulignant le rôle essentiel des acquis et des savoirs traditionnels autochtones pour nourrir les neuf milliards d’habitants en 2030, il a expliqué qu’améliorer le développement agricole aura le double avantage d’augmenter la productivité et donc les sources d’alimentation et contribuera à limiter l’exode rural responsable de surpopulation urbaine.

Faisant le lien entre durabilité de la ville et qualité de vie des zones rurales, il a soutenu qu’« améliorer la situation des petits exploitants agricoles, qui concernent 2,5 milliards de personnes pauvres dans le monde, dont 430 millions d’autochtones, est certainement le meilleur moyen de lutter contre la faim dans le monde ».

« Pour augmenter la capacité de production alimentaire des autochtones et des petits exploitants agricoles, il faut d’abord assurer la sécurité foncière des autochtones et faciliter leurs accès aux terres », a, de son côté, jugé Mme Maryam Niamir, Conseillère spéciale pour les objectifs de développement durable pour l’après-2015 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). 

Le représentant de la Bolivie a jugé indispensable, au nom de la lutte contre la faim et la pauvreté, de combiner les avantages de la science et des savoirs traditionnels avant d’appeler à la définition d’indicateurs et de données désagrégées tenant compte des spécificités des autochtones. 

« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants », a rappelé le représentant de la Suède, au nom des pays nordiques, avant de mettre l’accent sur le rôle essentiel des autochtones comme gardiens de nos terres et de nos écosystèmes.

À l’instar de l’ensemble des intervenants, il a dit la nécessité de définir des objectifs de développement prenant en compte les attentes et contributions des peuples autochtones.  La déléguée du Danemark a exhorté la Banque mondiale à s’abstenir de prendre des mesures en contradiction avec les droits des populations autochtones.  Réagissant à cette intervention, John Edward, membre de l’Instance a fustigé les projets visant à ériger d’immenses barrages qui menacent les terres et les industries extractives polluant les ressources d’eau des autochtones. 

Joignant la théorie à la pratique, le représentant du Conseil Sam, au nom du Caucus arctique, a annoncé la tenue, le 26 avril à New York, dans les locaux du « One United Nations », d’un atelier mondial des autochtones sur la définition d’indicateurs de développement durable spécifiques aux autochtones.

La représentante des jeunes autochtones a appelé à des investissements tenant compte de la diversité de la jeunesse et de son droit à l’autodétermination afin qu’ils disposent des outils et moyens de transmettre leurs connaissances et traditions. 

Pour ces débats, l’Instance était saisie d’une analyse1, où il est notamment déploré le fait que les peuples autochtones n’ont que peu ou pas participé à l’élaboration, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et où il est appelé à ce que les objectifs de développement durable pour l’après-2015 offrent une occasion unique de remédier aux lacunes des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Avant deux tables rondes portant respectivement sur le programme de développement pour l’après-2015 et les droits reliés à la nourriture, la faim, la maladie et le territoire, l’Instance avait entendu un bref exposé de M. Antti Korkeakivi, du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, sur la rencontre annuelle de 2014 du Groupe d’appui interorganisations.

Il a précisé que cette rencontre avait été l’occasion pour les points focaux de 17 organismes des Nations Unies de présenter leurs contributions à la mise en œuvre du Plan d’action à l’échelle de l’ensemble du système pour assurer une « approche cohérente de la réalisation des objectifs définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».  

Poursuivant son débat général sur les « Travaux futurs de l’Instance permanente, notamment sur les questions intéressant le Conseil économique et social et sur les nouveaux problèmes » (discussion sur les méthodes de travail2), l’Instance a entendu une vingtaine d’interventions dans l’après-midi.

L’Instance permanente sur les questions autochtones terminera demain la première de ses deux semaines de session annuelle. 

1E/C.19/2015/3 ; 2E/C.19/2015/2, E/C.19/2015/4 et E/C.19/2015/9

THÈME SPÉCIAL « DIALOGUE GÉNÉRAL AVEC LES FONDS ET ORGANISMES DES NATIONS UNIES » (E/C.19/2015/6 ET E/C.19/2015/7)

Table ronde 1 sur le programme de développement pour l’après-2015

Mme JOAN CARLING, Membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a regretté l’absence de référence aux peuples autochtones dans les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et dans les 17 nouveaux objectifs de développement durable qui seront adoptés en septembre.  Elle a donc fait part de l’inquiétude des peuples autochtones exprimée au cours de cette quatorzième session de l’Instance permanente face à cette « invisibilité ».   

M. FREDRICH SOLTEAU, de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a rappelé que la Conférence de Rio avait donné le coup d’envoi de l’élaboration d’un programme universel de développement qui devrait être applicable à tous les pays et doté de 17 objectifs de développement durable et 169 sous-objectifs de développement.  Les nouveaux objectifs s’appliquent à tous les pays contrairement aux OMD destinés principalement aux pays en développement et tiennent compte du niveau de développement de chaque pays, a-t-il rappelé.   

M. CHRIS MURGATROYD, Conseiller en gouvernance au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’importance de l’objectif 16 qui est de « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer à tous l’accès à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes »  dans le travail du PNUD.  Cet objectif est crucial pour un véritable de changement, a-t-il insisté, tout en mettant l’accent sur le dialogue et le renforcement des capacités pour la mise en œuvre des objectifs  à l’échelon national et local.  Il a aussi mis en exergue la prise en compte des initiatives des organisations de la société civile et la participation des groupes défavorisés, notamment les femmes et les jeunes. 

Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Directrice de la Division de l’appui intergouvernemental d’ONU-Femmes, a indiqué que l’entité orientait son travail d’amélioration des conditions des femmes à la lumière de l’objectif 5 qui vise à « réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».  Elle a insisté sur l’importance de la révision des lois nationales qui vont à l’encontre du développement des femmes et des filles.  Elle a aussi parlé de la nécessité de l’élimination des violences contre les femmes et les filles, du mariage précoce, des mutilations génitales et du travail domestique non rémunéré.  Elle a souligné l’importance de politiques publiques visant l’accès aux services de santé reproductive et génésique, l’égalité de droits à l’héritage, à l’accès à la terre, l’accès aux technologies de l’information et des communications qui sont fondamentaux à l’autonomisation des femmes.  Elle a appelé à la mobilisation des sources en faveur de l’égalité et de l’autonomisation des femmes et a souligné l’importance de la troisième Conférence sur le financement du développement, au mois de juillet à Addis-Abeba.

Table ronde sur les droits reliés à la nourriture, la faim, la maladie et le territoire

Dans une déclaration liminaire, le Membre de l’Instance JOSEPH MUTAHGAH a mis l’accent sur les conséquences de la dégradation des écosystèmes des peuples autochtones sur l’alimentation et la santé.  La perte et la dégradation de leurs territoires met à mal leurs sources d’alimentation traditionnelles et méthodes de soins traditionnelles.  Il a appelé l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à publier des orientations afin de mettre en œuvre des règles pour promouvoir des droits fonciers sûrs et garantir l’accès aux terres, aux forêts et aux pêches.    

« Améliorer la situation des petits exploitants agricoles, qui concernent 2,5 milliards de personnes pauvres dans le monde, est certainement le meilleur moyen de lutter contre la faim dans le monde », a dit M. ADOLFO BRIZZI, Directeur de la Division des politiques et du conseil technique du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), avant de faire le lien entre durabilité de la ville et qualité de vie des zones rurales.  Il a dit le rôle essentiel des acquis et des savoirs traditionnels autochtones pour nourrir les neuf milliards de personnes que comptera notre planète en 2050 en expliquant qu’améliorer le développement agricole aura le double avantage d’augmenter la productivité et donc les sources d’alimentation et contribuera aussi à limiter l’exode rurale responsable de surpopulation urbaine.  « Que cela nous plaise ou non, les autochtones sont les meilleurs gestionnaires de nos écosystèmes et donc des sources d’alimentation en insistant que la ville n’est pas durable si les campagnes ne le sont pas.

« Il est possible de mettre fin à la malnutrition d’ici à 2030 si nous doublons la productivité agricole des petits exploitants », a estimé M. YON FERNANDEZ DE LARRINOA, point focal « peuples autochtones et genre », de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avant de rappeler aussi qu’un des meilleurs moyens de lutter contre la faim était déjà de réduire les déchets alimentaires.  Il a jugé indispensable que les organismes de l’ONU en charge des questions d’agriculture et d’alimentation intègrent à leurs politiques des indicateurs reflétant les spécificités, la contribution et les réalités des populations autochtones. 

Il a dit les efforts de la FAO en vue de collecter des données, de renforcer les capacités des autochtones, de former les femmes autochtones et de promouvoir le respect du principe de « consentement libre, selon lequel une communauté a le droit de donner ou de refuser de donner son consentement à des projets proposés susceptibles d’avoir une incidence sur les terres qu’elle possède, occupe ou utilise traditionnellement.   

« Pour augmenter la capacité de production alimentaire des autochtones et des petits exploitants agricoles, il faut d’abord assurer la sécurité foncière des autochtones et faciliter leurs accès aux terres », a jugé Mme MARYAM NIAMIR, Conseillère spéciale pour les objectifs de développement durable pour l’après-2015 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Elle a rappelé que 90% des revenus des pauvres des zones rurales dépendaient de la gestion des terres.  Au-delà de la définition des objectifs de développement durable pour l’après-2015, Mme Niamir a dit la nécessité de comprendre les situations juridiques qui permettent aux autochtones d’accéder aux terres.

Au cours du débat qui a suivi ces exposés liminaires, Mme MARIA CHOUE, membre de l’Instance, a jugé essentiel que la Commission de la condition de la femme qui se réunira en 2017, se penche sur l’autonomisation des femmes autochtones.  Après l’année internationale du quinoa, elle a proposé l’établissement d’une année internationale de la viande de lama en rappelant sa richesse particulière comme source de protéine.

« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants », a rappelé le représentant de la Suède, au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), avant de souligner le rôle essentiel des autochtones comme gardiens de nos terres et de nos écosystèmes.  Il a estimé que les objectifs et cibles de développement durable pour l’après-2015 n’auront de sens que s’ils mettent l’accent sur les groupes exclus, dont les populations autochtones. 

Le représentant du Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique a cité la création d’un groupe de travail sur les indicateurs concernant les connaissances des peuples autochtones en mentionnant la définition de quatre d’entre eux portant notamment sur la diversité linguistique et les questions foncières. 

M. LARS ANDERS BAER, du Conseil Sam au nom du Caucus arctique, a annoncé la tenue, le 26 avril à New York, dans les locaux de One United Nations, d’un atelier mondial des autochtones sur la définition d’indicateurs de développement durable spécifiques aux autochtones. 

Mme TIA OROS, du Caucus mondial des femmes autochtones, a dit l’importance de l’Instrument de Nagoya faisant le lien entre les connaissances traditionnelles et l’alimentation.  Elle a exhorté l’Instance à inviter le Conseil économique et social (ECOSOC) à garantir aux peuples autochtones, notamment aux femmes autochtones, un renforcement des capacités. 

Au nom des pays Baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie), la représentante du Danemark a appelé la Banque mondiale à s’assurer que ses projets ne nuisent pas aux droits fondamentaux des peuples autochtones. 

Le représentant du Réseau mondial des personnes autochtones handicapées a réclamé la création d’un cadre financier clair visant à permettre la réalisation des droits des personnes autochtones handicapées, et la mobilisation d’aide financière suffisante pour renforcer les services propres aux personnes autochtones handicapées notamment en matière d’éducation et des services sociaux. 

La représentante du Groupe des jeunes autochtones a réclamé la reconnaissance de la diversité et de l’égalité entre les jeunes autochtones et les autres jeunes.  Elle s’est dite inquiète des activités des entreprises minières dans les territoires des peuples autochtones et a réclamé l’application du droit à la consultation préalable et le respect du droit à la propriété foncière des peuples autochtones. 

M. EDWARD JOHN, membre de l’Instance, a souligné l’importance de l’eau dans la vie des peuples autochtones des pays développés.  Il a attiré l’attention sur la présence et les conséquences des activités des industries minières dans les territoires des peuples autochtones notamment en Amérique du Nord.  Il a dénoncé la contamination des rivières et des poissons, sources principales de produits alimentaires des peuples autochtones dans ces pays. 

Le représentant du Botswana a fait état de la création d’un cadre d’action positive pour promouvoir et renforcer des consultations régulières avec les communautés éloignées, et pour la mise en œuvre des programmes et des projets en faveur de ces communautés.  

Le représentant de la Bolivie a souligné l’importance de prendre en compte le savoir ancestral et les modes de vie des peuples autochtones, l’accès à la terre, à la nourriture, la diversification de la production agricole pour le développement intégral de son pays.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a réaffirmé l’attachement de son organisation à la notion de consentement libre, préalable et éclairé, et à l’importance des programmes de renforcement de capacités des peuples autochtones. 

« Dialogue général avec les fonds et organismes des Nations Unies » (E/C.19/2015/6 et E/C.19/2015/7) et « Suite donnée aux recommandations de l’Instance permanente: Programme de développement pour l’après-2015 » (E/C.19/2015/3 et E/C.19/2015/5)

Ce premier échange de l’après-midi a vu une vingtaine d’interventions dont celle de la représentante du Caucus mondial des femmes autochtones qui a souhaité que les filles autochtones soient considérées comme un groupe distinct et ne soient pas noyées au sein des groupes vulnérables.  De son côté, la représentante du Secrétariat de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a souligné les efforts de son organisation pour renforcer les capacités dans le domaine des savoirs traditionnels et de l’utilisation coutumière durable.  Elle a cité la tenue d’un séminaire international du 30 mars au 1er avril avec le soutien du Gouvernement de l’Australie sur les apports des connaissances traditionnelles.  Elle a notamment cité le fonds de l’OMPI pour les communautés autochtones accréditées. 

La représentante du Caucus des femmes africaines a dressé un tableau sombre des violences subies par les femmes autochtones en Afrique, avant de prier l’Instance de renforcer l’appui interinstitutions aux femmes africaines.  Le représentant de la Première nation du Québec a revendiqué la totale maîtrise des territoires ancestraux.  « Nous souhaitons nous extraire de la marginalisation dans laquelle l’État canadien et la province du Québec nous confinent », a-t-il dit.

Le représentant de la Banque mondiale a annoncé plusieurs événements organisés la semaine prochaine pour préserver les initiatives de son organisation en relation avec les droits des autochtones.  La représentante du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a indiqué que celui-ci avait mené 220 projets faisant participer les populations autochtones à des programmes de lutte contre la pollution.  Elle a aussi annoncé 1 700 projets à venir pour un montant total de 43 millions de dollars.  

Par ailleurs, la représentante de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la mise en œuvre, à l’échelle de la région, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, notamment par le biais d’une refonte des systèmes nationaux statistiques afin de pouvoir y intégrer toutes les spécificités autochtones. 

Plusieurs intervenants se sont inquiétés de la multiplication de naissances d’enfants avec des malformations qu’ils ont imputées aux engrais, aux pesticides et à d’autres sources polluantes.  L’un d’entre eux a cité la naissance chaque année au Pakistan de 50 000 enfants avec des malformations.  Également mise en cause, l’influence désastreuse des industries extractives sur les écosystèmes et la santé des autochtones.

« Travaux futurs de l’Instance permanente, notamment sur les questions intéressant le Conseil économique et social et sur les nouveaux problèmes » (discussion sur les méthodes de travail) (E/C.19/2015/2, E/C.19/2015/4 et E/C.19/2015/9). 

Ce deuxième échange a été l’occasion d’entendre plusieurs intervenants juger insuffisantes les deux semaines annuelles de l’Instance pour traiter des questions autochtones.  Si certains ont appelé l’Instance à ne pas se limiter à la théorie, des représentants autochtones ont aussi appelé à multiplier les opportunités d’échanges dans le temps, tout au long de l’année, et dans l’espace, avec d’autres régions, notamment dans le souci de suivre la mise en œuvre des recommandations de l’Instance.  Ils ont rappelé que la participation aux travaux de l’Instance exigeait de lourds sacrifices. 

« Nous en avons assez de voir nos frères mourir », a dit le représentant des peuples autochtones du Brésil, avant de citer les conséquences dramatiques pour les droits des peuples autochtones de nouvelles législations brésiliennes.  Il a demandé le soutien des Nations Unies pour éviter un conflit entre les autochtones et le Gouvernement du Brésil et a souhaité que l’on accordât une place plus importante à l’expression des jeunes autochtones. 

Réagissant à cette intervention, Mme Dalee Sambo Dorough, membre de l’Instance, a espéré que le représentant du Brésil apporte des précisions et que le représentant des peuples autochtones du Brésil saisisse l’occasion du dialogue prévu avec la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones pour détailler ces abus.  En fin de journée, Mme Sambo Dorough s’est dite heureuse d’apprendre qu’un représentant de la délégation brésilienne était venu contacter le représentant des peuples autochtones du Brésil. 

Le représentant de la Communauté des éleveurs Mbororo du Cameroun s’est inquiété des agissements des multinationales agroalimentaires qui ont fait de l’Afrique leur première proie.  Il s’est dit préoccupé par la confiscation croissante de terres autochtones avec la collaboration de gouvernements corrompus.  Il a fait état de l’expulsion récente de leurs terres de centaines d’éleveurs autochtones Mbororo avec la complicité de l’église catholique.  C’est pourquoi, il a exhorté l’Instance à demander au Gouvernement du Cameroun de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

« Quinze ans après la création de l’Instance, il est peut-être pertinent de proposer des réunions et espaces de concertations interactifs qui se tiendraient en dehors de la session annuelle », a suggéré la représentante du Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes

La représentante de Tribal Link Project, d’International Indian Treaty Council, de United Confederation of Taino et de Caribean Amerindian a exhorté l’Instance à passer de la théorie à l’action en invitant par exemple les États Membres à adopter le Pacte mondial, à mettre en place un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de ses recommandations.

M. Valentin Lopez, de l’organisation autochtone AIM-West, s’est dit révolté contre le projet de canonisation de l’évangélisateur californien Junipero Serra, mort en 1784, qui s’était rendu coupable, selon lui, d’un véritable génocide culturel.  Il a dit que cette canonisation ne ferait qu’ajouter à la douleur historique des autochtones. 

Au cours de cette journée, plusieurs délégations autochtones ont regretté les modifications arbitraires apportées à la liste des orateurs.

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