En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire note une amélioration de la coopération avec les autorités ivoiriennes

7431e séance – après-midi
CS/11871

Conseil de sécurité: le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire note une amélioration de la coopération avec les autorités ivoiriennes

S’adressant aux membres du Conseil de sécurité, cet après-midi, au cours d’une séance d’information, le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire a indiqué que la coopération avec les autorités ivoiriennes s’était améliorée depuis la visite qu’il a effectuée dans le pays en novembre 2014.

L’Ambassadeur Cristian Barros, du Chili, a précisé que cette visite n’était pas un « acte isolé » et pourrait marquer le début d’une nouvelle dynamique de dialogue avec les autorités ivoiriennes.

Ces dernières doivent œuvrer au succès de ce dialogue renouvelé en continuant de s’engager en faveur de la transition dans le pays, a-t-il insisté, avant de rappeler que l’élection présidentielle aura lieu à l’automne prochain.

M. Barros a présenté le rapport* final du Groupe d’experts sur la Côte d’Ivoire établi en application de la résolution 2153 (2014) du Conseil, qui est chargé de vérifier le respect des mesures imposées 10 ans plus tôt par l’organe des Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Comité du Conseil de sécurité concernant la Côte d’Ivoire a, en effet, été établi le 15 novembre 2004 pour superviser la mise en œuvre des sanctions -embargo sur les armes, interdiction de voyager et gel des avoirs– qui visent un certain nombre de personnes et d’entités liées aux troubles qui ont secoué le pays.

Au cours de son exposé, le Président du Comité a indiqué que le Gouvernement ivoirien avait fait des progrès dans l’application de l’embargo sur les armes en fournissant des informations pertinentes sur les notifications et les demandes d’exemption présentées au Comité.

Certains des renseignements communiqués au Comité concernant du matériel soumis à notification, notamment des pistolets, des fusils et des munitions, ainsi que deux hélicoptères de transport, étaient néanmoins erronés, a-t-il fait remarquer.

Il a également constaté que le 4e bataillon d’infanterie commandé par M. Martin Kouakou Fofié disposait encore d’armes lourdes introduites en Côte d’Ivoire en violation de l’embargo.  Le fait que les éléments armés liés à l’aile radicale du mouvement pro-Gbagbo demeurent largement opérationnels représente une menace pour la sécurité en Côte d’Ivoire, a-t-il prévenu.

En ce qui concerne la réforme de l’appareil de sécurité, le Président du Comité a indiqué que celle-ci n’avait pas pleinement porté ses fruits en raison du fait que les forces de police et de gendarmerie sont sous-équipées, « alors même que l’élection présidentielle est prévue à l’automne prochain ».

Des défis subsistent en ce qui concerne la lutte contre l’impunité et l’application, jugée trop lente, du système de certification des diamants ivoiriens dans le cadre du Processus de Kimberley, a souligné M. Barros.  Les autorités ivoiriennes, a-t-il dit, demandent que les sanctions soient levées dès que le processus électoral sera achevé.

Cette demande a été réitérée par le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire, M. Bafetigue Ouattara, qui s’est exprimé à la suite du Président du Comité.  « L’exécution partiale ou intégrale des obligations imposées devrait correspondre en retour à l’adoption de mesures graduelles réciproques par le Conseil », a affirmé le Représentant, qui a assuré de la pleine coopération de son pays avec le Comité et le Groupe d’experts.

Rappelant que le Conseil de sécurité avait allégé le régime de sanctions en adoptant la résolution 2153 (2014), M. Ouattara a émis l’espoir que la prochaine résolution constitue un texte transitoire vers la levée totale de ces mesures et « la sortie définitive de la Côte d’Ivoire de l’agenda du Conseil de sécurité ».

*S/2015/252

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente sur les questions autochtones débat des moyens d’améliorer ses méthodes de travail

Quatorzième session,
5e séance – matin
DH/5244

L’Instance permanente sur les questions autochtones débat des moyens d’améliorer ses méthodes de travail

L’Instance permanente sur les questions autochtones a entendu, ce matin, de nombreuses interventions d’experts, de représentants d’États Membres et de peuples autochtones sur les moyens de renforcer l’efficacité de l’Instance dans l’intérêt de la promotion des droits des peuples autochtones. 

Il s’agit aussi, a-t-il été entendu, de promouvoir, faciliter et coordonner l’exécution au sein des Nations Unies et par les États Membres, des recommandations qui émergent de chaque session annuelle.  Il a été suggéré de garantir l’indépendance des 16 experts, de consacrer la première journée des futures sessions à la mise en œuvre des recommandations et de rebaptiser l’Instance en instance des « peuples autochtones ». 

« Si la formulation de recommandations est le principal résultat du travail de l’Instance, il faut aussi s’assurer que ces recommandations soient mises en œuvre », a insisté le Vice-Président de l’Instance, M. Oliver Loode, en notant que la base de données de celle-ci contenait 561 recommandations sans moyen de vérifier leur mise en œuvre. 

Pour faire face à cette insuffisance, il a suggéré que le premier jour des prochaines sessions annuelles de l’Instance soit consacré à l’examen de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance.  Il a ajouté que cette journée pourrait aussi servir à se pencher sur la transparence du système en ligne de l’Instance en soulignant la nécessité de comprendre pourquoi certaines interventions se traduisent en recommandations et d’autres non.

« Nous devons aussi progresser dans la gestion des attentes, frustrations et doléances des participants autochtones », a jugé la Vice-Présidente Joan Carling qui a suggéré l’organisation de tables rondes sur des modèles d’autonomie culturelle et de bonnes pratiques en matière d’autodétermination dans le contexte des objectifs de développement.

Membre de l’Instance, Mme Maria Eugenia Choque a jugé indispensable de se pencher sur le rôle des experts, les moyens de garantir l’équité entre les participants et la mise en place d’une stratégie permettant une participation accrue.  

Au nom des pays nordiques, le représentant du Danemark a dit la nécessité de trouver les moyens d’inciter les États Membres à réagir au contenu et aux recommandations des rapports de l’Instance.  Il faut un dialogue plus interactif et constructif entre autochtones et États Membres, a-t-il aussi déclaré en appelant à mettre l’accent sur les thèmes annuels.

Si M. Brooklyn Rivera, parlementaire et représentant du peuple mosquito du Nicaragua, a exhorté l’Instance à créer un mécanisme obligeant les États Membres à respecter les droits des peuples autochtones, Mme Naomie Leleto, de la Global Indigenous Women Caucus, a jugé indispensable d’accorder aux représentants autochtones un statut comparable à celui des organisations non gouvernementales dotées d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC). 

Enfin, Mme Andrea Carmen, de l’International Indian Treaty Council, a mis l’accent sur la nécessité que l’Instance permanente sur les questions autochtones fût rebaptisée Instance permanente des « peuples autochtones », en rappelant que l’Assemblée générale avait adopté, il y a huit ans, le concept de peuple autochtone comme norme minimale.

Dans une déclaration liminaire, Mme Dalee Sambo Dorough, membre de l’Instance, a dit la nécessité de faire évoluer les méthodes de travail afin qu’elles permettent à l’Instance d’être plus réactive.  Elle a expliqué que cette démarche s’articulait autour des trois réflexions: le statut et le rôle des experts; le rôle du Secrétariat et ses activités; et les méthodes de travail à proprement parler. 

Pour cette question, l’Instance était saisie d’un rapport1 donnant un aperçu de ce qu’ont réalisé les femmes autochtones sur les plans national et international depuis l’adoption, en 1995, de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Il met notamment en lumière les activités de la Commission de la condition de la femme en 2015 en précisant qu’au cours de ces 13 sessions annuelles, 87 rapports ont été présentés à l’Instance permanente par 37 États Membres qui y présentent les initiatives prises concernant les femmes et les filles autochtones dans le domaine de l’éducation, la culture, la santé, les droits de l’homme, l’environnement, les changements climatiques, le développement, les conflits, la violence, les droits sexuels et procréatifs et la participation politique.    

L’Instance était aussi saisie d’une étude2 qui conclut sur la nécessité d’approfondir les savoirs traditionnels dans les domaines de l’environnement, des droits collectifs, du marché, de la production, de la souveraineté alimentaire, de l’identité et de la culture, dans l’intérêt de la formulation du programme de développement pour l’après-2015.   

Enfin, elle était saisie d’une note du Secrétariat3 sur les « Questions transfrontières ».  Ce rapport de neuf pages rappelle notamment que l’article 36 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones stipule que les peuples autochtones, en particulier ceux qui vivent de part et d’autre de frontières internationales, ont le droit d’entretenir et de développer, à travers ces frontières, des contacts, des relations et des liens de coopération avec leurs propres membres ainsi qu’avec les autres peuples, notamment des activités ayant des buts spirituels, culturels, politiques, économiques et sociaux.

En début de matinée, l’Instance avait poursuivi son débat entamé lundi sur le suivi du Document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones4.  Ce débat a notamment été pour la représentante du Guatemala l’occasion de rappeler que depuis 2013, l’élaboration des budgets de son pays doit intégrer une approche homme-femme et une approche autochtone et pour celui du Venezuela de citer l’existence de neuf lois traitant des questions autochtones, linguistiques, de santé, d’éducation et de propriété foncière.

L’Instance poursuivra ses travaux demain jeudi 23 avril à 10 heures en salle de conférence 4.

1E/C.19/2015/2; 2E/C.19/2015/4; 3E/C.19/2015/9; 4E/C.19/2015/3 et E/C.19/2015/5

THÈME SPÉCIAL « DOCUMENT FINAL DE LA RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DITE CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES » (E/C.19/2015/3ET E/C.19/2015/5)

Thème spécial « Travaux futurs de l’Instance permanente (discussion sur les méthodes de travail) » (E/C.19/2015/2, E/C.19/2015/4 et E/C.19/2015/9)

Au cours de cette table ronde sur le thème « Document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones », laquelle s’est tenue en septembre 2014, les États Membres et des institutions spécialisées des Nations Unies ont restitué leurs réalisations respectives.  Ils ont souligné l’importance d’inclure dans le prochain programme de développement pour l’après-2015 les droits des peuples autochtones, en général, et les droits des femmes, des jeunes, et des personnes autochtones handicapées en particulier.

M. EVIEL PEREZ, Président de la Commission des peuples autochtones du Sénat du Mexique, a réclamé un statut distinct pour les peuples autonomes qui devrait être différent de celui des organisations non gouvernementales dans le programme de développement pour l’après-2015.  Les voix des peuples autochtones doivent être prises en compte dans ce programme, a-t-il plaidé. 

Le représentant de la Chine, qui a dénoncé les effets néfastes de la domination coloniale ayant privé les peuples autochtones de leurs droits, de leurs cultures et de leurs traditions, a demandé à ce que le programme de développement pour l’après-2015 répare l’injustice historique faite aux peuples autochtones.  Il a insisté sur les droits à l’éducation, à la santé et aux subsistances des peuples autochtones.

La représentante du Canada a dit que son gouvernement était déterminé à améliorer la vie des « premières nations » et a pris des mesures sur l’accès à l’eau potable, sur l’aide aux jeunes à vivre une vie plus autonome, l’accès à l’emploi, la lutte contre la violence contre les femmes autochtones.  Un plan d’action de lutte contre les femmes et les filles autochtones doté de 200 millions de dollars a été échafaudé ainsi qu’une loi sur le mariage dans les réserves.  Cette loi garantit aux femmes autochtones les mêmes droits que les autres canadiennes.  Des traités sur le règlement des différends fonciers ont aussi été élaborés.

Mme MARIA TRINIDAD GUTIEREZ, Présidente de la Commission contre la discrimination et le racisme du Guatemala, a pour sa part annoncé que son gouvernement prendrait à partir de ce mois d’avril une série de mesures pour l’intégration des droits des femmes autochtones dans la fonction publique.  Le gouvernement lancera également bientôt le « Programme Guatemala 2032 » qui vise à réaliser les droits des peuples autochtones à cette échéance.  

Le représentant du Venezuela, après avoir dénoncé le génocide et l’esclavage dont ont été victimes les peuples autochtones durant la colonisation, a déclaré que le Gouvernement avait adopté neuf lois sur la protection des droits des peuples autochtones.  Ces lois recouvrent des domaines comme la représentation politique, l’éducation, l’accès aux services sociaux de base et le développement économique des peuples autochtones. 

La représentante du Népal dont 40% de la population sont des peuples autochtones, a indiqué que 30% du budget des organes locaux du Gouvernement sont consacrés aux programmes et politiques en faveur des peuples autochtones.  L’objectif du Gouvernement est de sortir toutes les catégories de la population du Népal y compris les peuples autochtones, de la liste des pays les moins avancés en 2022. 

Mme ARAWHETU GRAY, Directrice générale adjointe du « Policy Partnership », Te Puni Kokiri de la Nouvelle-Zélande, a affirmé que son gouvernement tenait à resserrer ses liens avec les Maoris dans l’objectif notamment de lutter contre la violence domestique. 

M. MIKE FORDHAM, Sous-Secrétaire du Groupe des affaires autochtones au cabinet du Premier Ministre de l’Australie, a indiqué que son gouvernement avait pris une série de mesures conformes au Document final de la Conférence mondiale des peuples autochtones. 

La représentante d’El Salvador a souligné que son gouvernement attendait des fonds des Nations Unies et des autres partenaires pour réaliser ses priorités nationales dans la réalisation des droits des peuples autochtones.

Le délégué de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rendu compte certaines des recommandations d’une réunion de deux jours à Rome en février dernier de la FAO avec des représentants des peuples autochtones.  Cette réunion a validé un plan d’action de la FAO sur les peuples autochtones, d’un accord sur le régime foncier en Asie et en Amérique, d’un programme de stages pour les jeunes autochtones, d’un programme d’autonomisation des femmes autochtones, et d’un projet de collecte de données sur la sécurité alimentaire des peuples autochtones.  Des études sur l’impact des changements climatiques sur les activités traditionnelles des peuples autochtones dont la pêche artisanale seront menées.

Une représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a indiqué qu’à l’issue d’une réunion en novembre 2014 organisée par l’OIT pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la Convention 169 de l’OIT sur les peuples tribaux et les peuples autochtones, les participants ont recommandé notamment de trouver les obstacles à la ratification de la Convention par les pays qui ne l’ont pas encore fait et d’évaluer sa mise en œuvre dans les pays qui l’ont ratifiée.

Le représentant du Réseau des femmes autochtones de Bangladesh a regretté que les recommandations déjà formulées dans le passé sur les méthodes de travail de l’Instance permanente n’ont pas été mises en œuvre.  Il a proposé à cet égard la création d’un mécanisme de suivi du travail de l’Instance et l’organisation de réunions de travail à l’échelle régionale entre les États Membres et les peuples autochtones pour discuter des obstacles à la réalisation des droits des peuples autochtones. 

Le représentant de RAIPON a défendu l’idée de tenir les prochaines réunions de l’Instance permanente dans les régions où vivent les peuples autochtones ainsi que la participation effective des jeunes autochtones à ces réunions.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au dernier jour de la réunion avec la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et la CNUCED; l’ECOSOC est invité à se préparer au suivi du futur programme de développement

Session de 2015,
27e séance - matin
ECOSOC/6686

Au dernier jour de la réunion avec la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et la CNUCED; l’ECOSOC est invité à se préparer au suivi du futur programme de développement

Au cours de la dernière séance, ce matin, de la réunion spéciale annuelle de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies avec les organismes issus des accords de Bretton Woods –la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)- les participants ont invité l’ECOSOC à se préparer à effectuer le suivi et l’évaluation du futur programme de développement pour l’après-2015.

La réunion de cette année, placée sous le thème de « la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 », a vu la participation de représentants des États Membres, des institutions et organisations internationales, du secteur des affaires et de la société civile. 

Au cours des échanges intervenus dans le cadre de la quatrième et dernière discussion interactive, Mme María Emma Mejía Vélez, de la Colombie, Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que l’ECOSOC était l’organe qui devrait jouer un rôle essentiel pour le suivi du programme de développement pour l’après-2015.  Son collègue de la République de Corée, M. Oh Joon, également Vice-Président de l’ECOSOC, a indiqué qu’un ECOSOC renforcé devrait jouer un rôle de premier plan dans ce processus.   

Une représentante de la société civile a, pour sa part, proposé la mise en place d’une « commission du financement du développement », censée de faire le suivi des engagements et des promesses qui seront annoncés à Addis-Abeba en juillet prochain, au cours de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Elle a également prôné une plus grande participation de la société civile afin d’assurer la transparence des processus interministériels de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.   

Pour le délégué de la Suisse, il serait souhaitable que tous les 4 ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent au Siège de l’ONU, sous l’égide du Forum politique de haut niveau, pour faire le point et le bilan du suivi de la mise en œuvre du programme de développement international.

Dans ses observations de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik, de l’Autriche, a résumé les discussions tenues hier et aujourd’hui en relevant que les intervenants avaient pour la plupart insisté sur la nécessité d’établir une coopération et une cohérence accrues dans le choix et la mise en œuvre des politiques macroéconomiques. 

Cette dernière journée des travaux a également été marquée par l’exposé de M. Thomas Helbling, Chef de la division des études économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI), qui a présenté les perspectives de l’économie mondiale.  Il a indiqué que la croissance mondiale se situerait à 3,5% en 2015, et devrait atteindre 3,8% pour l’année 2016, une légère reprise après des années de récession, causée par la crise économique de 2008.   

 

RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU AVEC LA BANQUE MONDIALE, LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL, L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT

Thème général « Cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 » (E/2015/52)

Exposé sur le thème « Situation et perspectives de l’économie mondiale »

M. THOMAS HELBLING, Chef de la division des études économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI), a présenté les perspectives de l’économie mondiale.  Il a estimé que la croissance mondiale se situerait à 3,5% en 2015, et devrait atteindre 3,8% en 2016.  Après des années de récession, a-t-il relevé, l’économie mondiale devrait connaître une légère embellie cette année, avec des fortunes diverses pour les pays développés, les pays émergents et les pays en développement.

Dans les pays développés, il a noté que l’économie américaine a repris avec la croissance, précisant que les chiffres du chômage sont désormais stabilisés à leur niveau d’avant la crise financière et économique de 2008.  Tandis que le vieillissement de la population japonaise affectera de plus en plus les performances économiques du pays, M. Helbling a aussi relevé que la zone Euro va connaitra une période de relative stagnation.

Dans les pays émergents, on s’attend à une stagnation de la situation économique, a-t-il indiqué, ajoutant que le ralentissement que connaissent ces pays depuis 2010 devrait se poursuivre.  Ce phénomène est en partie dû à une économie chinoise dont la tendance à la morosité devrait continuer au cours des prochaines années, a-t-il expliqué, ajoutant que cette situation devrait affecter le sort et l’essor des autres pays émergents et des pays en développement.   

Pour le cas des pays en développement, il a estimé que le réalignement des taux de change devrait aider ces pays à soutenir la tendance à la croissance actuelle.  La croissance dans ces pays devrait se situer à 5,5% en 2015, passant à 6% en 2016, a-t-il prédit.

Au sujet de la baisse des cours du pétrole, M. Helbling a estimé que cette situation devrait bénéficier surtout aux pays importateurs, notamment les pays développés dont les citoyens devraient ressentir cette amélioration au niveau de leur portefeuille.  Par contre, cette baisse des prix est une mauvaise nouvelle pour les pays exportateurs, a noté l’intervenant, indiquant que ceux-ci devraient revoir à la baisse leurs projets de croissance, consécutivement à des déficits budgétaires, à moins qu’ils n’adoptent des mesures idoines pour élargir leur assiette fiscale.  Pour ce qui est des autres produits de base, les perspectives ne sont pas aussi sombres, a-t-il tempéré.

En ce qui concerne la fluctuation actuelle du dollar américain, M. Helbling a souligné que cette situation monétaire, marquée par un dollar fort, qui perdure depuis le second semestre de 2014, devrait revenir à la normale dans un avenir plus ou moins proche, prédisant que « les taux de change devraient se réaligner ».  Il a ainsi relevé qu’aux États-Unis, on s’attend à un resserrement de la politique monétaire en 2015, ce qui pourrait conduire à un retour à la normale.  Il a aussi expliqué que dans la zone Euro, la dépréciation de la monnaie locale par rapport au dollar devrait aider cette région à connaître une certaine reprise économique.  En ce qui concerne les pays en développement et les pays émergents, il a expliqué que ceux parmi eux qui avaient fondé l’essentiel de leurs échanges économiques sur le dollar devraient, au vu des fluctuations que connaît cette monnaie, réévaluer à la baisse leurs prévisions économiques.

Discussion interactive

Au cours des échanges avec les délégués, la représentante de la Colombie s’est inquiétée de la chute des cours du brut, rappelant que ce produit de base est essentiel pour l’économie de nombreux pays émergents et de pays en développement.  Sa collègue du Guatemala a demandé si la baisse des prix du pétrole devrait perdurer.  En réponse à cette double inquiétude, M. Helbling a relevé qu’il était difficile de prévoir la tendance des cours du brut, précisant qu’après des dizaines d’années d’augmentation, il était prévisible que les prix du pétrole brut connaissent une baisse, même si le niveau de la baisse a été plus fort que les prévisions des économistes.   

Un Directeur exécutif de la Banque mondiale a fait part de ses inquiétudes face aux prévisions de l’économie chinoise.  Ce ralentissement de l’économie chinoise se fait sous contrôle des autorités nationales, a déclaré M. Helbling.

Le représentant de la Croatie a, pour sa part, voulu savoir si les fluctuations des taux de change devraient avoir des répercussions sur les économies des pays en développement. 

L’économiste du FMI a souligné que la volatilité des devises reste une préoccupation pour les décideurs et qu’il est aujourd’hui difficile de prévoir quand les fluctuations des taux de change se stabiliseraient.  Réagissant à une préoccupation du Président de l’ECOSOC sur la question de la fluctuation des taux de change, il a indiqué que cette situation est pour le moins embarrassante pour les États Membres de l’ONU qui doivent revoir constamment leurs calculs en monnaie locale afin de payer leur contribution annuelle fixe auprès de l’Organisation.

Débat thématique sur le thème 4 « Suivi et perspectives: renforcer le rôle du Conseil économique et social »

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente du Conseil économique et social, a affirmé que l’ECOSOC était l’organe qui devra jouer un rôle essentiel pour le suivi du programme de développement pour l’après-2015.  « Il faudrait adapter le système des Nations Unies à la nouvelle donne en mettant en place une approche cohérente à tous les niveaux », a-t-elle indiqué.  Elle a expliqué que c’est cet objectif qui a prévalu au lancement, le 15 décembre dernier, d’une série de « dialogues sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement », ce qui devrait aboutir, en décembre 2016, à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles des Nations Unies qui devraient permettre d’adapter ces activités opérationnelles au programme de développement international.  Les organes subsidiaires de l’ECOSOC seront essentiels dans la perspective du suivi et de la révision éventuelle du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle déclaré.   

M. OH JOON, (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, a indiqué qu’alors que d’importants accords sur le développement seront prochainement conclus, une ONU, et particulièrement un ECOSOC renforcé devrait jouer un rôle de premier plan.  Dans cette perspective, il a souhaité voir un Conseil économique et social chantre de l’intégration, de la mise en œuvre et de l’interaction.  Il a expliqué que l’intégration devrait permettre de promouvoir, de manière concomitante, les trois piliers du développement durable que sont l’économique, le social et l’environnemental.  Il a estimé que c’est cette volonté qui a dicté le choix de lancer un segment sur l’intégration dans le cadre des activités de l’ECOSOC au cours de l’année dernière.

Le second aspect du rôle de l’ECOSOC, la mise en œuvre revient au rôle prépondérant que le Conseil sera appelé à jouer dans le déploiement des activités du programme de développement pour l’après-2015.  Il a rappelé que le Forum politique de haut niveau, sous l’égide de l’ECOSOC, va tabler, au cours de sa prochaine session, prévu en juin prochain, sur la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a aussi noté que le Forum pour la coopération en matière de développement, se réunissant tous les deux ans, pourrait également jouer un rôle de promotion d’une meilleure cohérence entre les activités de développement et les différents partenaires impliqués.

En ce qui concerne l’interaction, M. Oh Joon a rappelé que l’ECOSOC, en tant que plateforme de coordination mondiale des activités de développement, devrait faciliter les interactions entre divers acteurs aux niveaux national, régional ou international.  Il a aussi souligné que l’atout maître de l’ECOSOC réside dans les partenariats, à l’intérieur et en dehors du système onusien, comme en témoignent ces traditionnelles réunions annuelles avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Discussion interactive

Au cours de la discussion interactive qui s’en est suivie, un représentant de la Banque mondiale a indiqué que les cibles et les indicateurs prévus dans les 17 objectifs de développement durable pré-élaborés, sont parfois si complexes qu’on ne sait pas comment les quantifier.  Il a par ailleurs recommandé que la Banque propose d’établir des cadres de responsabilisation au niveau national, une initiative qu’elle a déjà mise en œuvre dans de nombreux États Membres, mais qui reste difficile à appliquer au niveau mondial.   

      Une représentante de la société civile a fait des propositions pour le suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement international.  Elle a déploré le format de la réunion spéciale de haut niveau avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Dans l’optique du suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement international, elle a préconisé la création d’une « Commission du financement du développement », censée de faire le suivi des engagements et des annonces de contributions qui seront faites à Addis-Abeba en juillet prochain.  Elle a également prôné une plus grande participation de la société civile afin d’assurer la transparence des processus interministériels de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Elle a en outre proposé que des réunions ministérielles périodiques sur le financement du développement soient organisées.

Une autre membre de la société civile a souhaité que le présent dialogue soit davantage orienté vers des résultats concrets.  Elle a aussi proposé que des tables rondes se réunissent en parallèle avec peu de participants afin d’y avoir une vraie interaction.  Il faut aussi que les débats soient orientés sur des points spécifiques avec des résultats à atteindre.  Elle a aussi estimé que l’ECOSOC avait besoin, pour bien jouer son rôle, de davantage de compétences, rappelant qu’une résolution de l’ECOSOC sur cette question avait été adoptée en 2011, mais n’avait pas été entérinée par l’Assemblée générale.  En conclusion, elle a averti que si ces réunions entre l’ECOSOC et les institutions de Bretton Woods ne sont pas orientées vers des résultats concrets, elles perdraient certainement de leur pertinence.

Le représentant de la Suisse a pour sa part estimé que le suivi du financement pour le développement durable doit faire partie du processus global de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, avec un rôle central joué par le Forum politique de haut niveau.  Il a souhaité que tous les 4 ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent au Siège de l’ONU, sous l’égide du Forum politique de haut niveau, pour faire le point et le bilan du suivi de la mise en œuvre du programme de développement international.

La représentante de l’Arménie a pour sa part insisté sur le renforcement des capacités nationales en matière de statistiques, condition indispensable d’un suivi efficace de la mise en œuvre du futur programme de développement international.    

Souscrivant à cette suggestion, le Vice-Président de l’ECOSOC a relevé que de nombreuses interventions ont mentionné l’importance des mécanismes de suivi, rappelant que la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avait péché par ce manque de suivi.   

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a, pour sa part, estimé que les mesures liées au suivi du financement du développement devraient être clarifiées à Addis-Abeba.  

Clôture de la réunion spéciale de haut niveau

Dans ses observations finales, le Président du Conseil économique et social, M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a rappelé que cette réunion se tient à un moment crucial, juste après la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba, en Éthiopie, en juillet prochain, après les sessions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, à Washington D.C., et avant les réunions du processus de préparation du programme de développement pour l’après-2015.  Il a aussi indiqué que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son discours d’ouverture de la réunion spéciale de haut niveau, prononcé hier, avait noté que la Conférence d’Addis-Abeba devrait permettre la création d’un nouveau cadre international de financement adéquat, prévisible et efficace pour réaliser un développement inclusif et durable. 

M. Sajdik a ensuite souligné qu’alors que les indicateurs économiques mondiaux sont mitigés, avec des taux de chômage très élevés, notamment parmi les jeunes, il serait opportun de créer un environnement national et mondial propice au développement.  Pour ce faire, a-t-il indiqué, il faudrait élaborer une série de réformes structurelles, notamment en matière d’emplois, de relations sociales, d’infrastructures et d’énergie.  À son avis, le véritable test du programme de développement pour l’après-2015 sera sa mise en œuvre lors de la Conférence d’Addis-Abeba.  Il a souhaité à ce propos que la réunion d’Addis-Abeba aille au-delà de ce qui avait été conclu à Monterrey, au Mexique, au cours de la deuxième Conférence internationale sur le financement du développement, en mobilisant toutes les sources de financement du développement, au niveau des financements publics, privés, nationaux ou internationaux, et souligné l’importance de l’aide publique au développement (APD) dans l’optique de l’appui au nouveau cadre de financement du développement, notamment en faveur des pays en développement et ceux en situation particulière.

Le Président de l’ECOSOC a par ailleurs rappelé que s’agissant du rôle du secteur privé, plusieurs participants avaient souligné le potentiel et l’importance des petites et moyennes entreprises (PME), notamment dans leur fonction de catalyseur de la croissance économique et de la création d’emplois.  Il a de ce fait salué l’initiative de la présidence turque du G-20 qui envisage de lancer un Forum mondial des PME, en collaboration avec la Chambre de commerce internationale.  Par ailleurs, M. Sajdik a estimé que le programme de développement devait reconnaître le besoin de plus de cohérence du système commercial international, notamment en réglant la question des distorsions et en concluant le Cycle de négociations commerciales de Doha et fait valoir que de nombreuses voix s’étaient prononcées en faveur d’une réforme de la gouvernance des institutions financières internationales.  Tout en rappelant que bon nombre d’intervenants avaient insisté sur l’importance du respect des réalités nationales dans le contexte de l’élaboration et de la mise en œuvre du programme de développement international, le Président de l’ECOSOC a néanmoins précisé en conclusion que seuls des efforts concertés permettraient au programme de développement mondial en cours d’élaboration d’être couronné de succès.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général appelle la communauté internationale à faire davantage pour relancer le processus de paix israélo-palestinien

7430e séance – matin
CS/11868

Le Secrétaire général appelle la communauté internationale à faire davantage pour relancer le processus de paix israélo-palestinien

Dressant un tableau sombre du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, appelé la communauté internationale à faire davantage pour encourager un retour des deux parties à la table des négociations.

« La solution des deux États continue de s’éloigner, avec des conséquences qui pourraient s’avérer explosives », a déclaré M. Ban, en ouverture du débat trimestriel du Conseil de sécurité consacré à la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, et que présidait le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, M. Nasser Judeh.

Ce constat fut partagé par la cinquantaine de délégations qui se sont exprimées tout au long de la journée, même si certaines d’entre elles ont dit avoir vu un signe positif dans le récent accord relatif au transfert par Israël des recettes fiscales collectées au nom de l’Autorité palestinienne.  D’autres, à l’instar de la France et de la Jordanie, ont demandé l’adoption par le Conseil d’une résolution afin de sortir de l’impasse.

« Au lieu d’instaurer la paix, nous avons pendant des décennies manqué des occasions et connu des échecs qui se sont soldés par un coût humain colossal », a déclaré le Secrétaire général.  M. Ban a notamment déploré la fragilité de la situation sécuritaire et la lenteur des efforts de reconstruction à Gaza, ainsi que la poursuite des affrontements entre Palestiniens et Forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie.

Le Secrétaire général a reconnu que les deux parties faisaient face à des choix difficiles.  Mais, a-t-il dit, un choix capital s’impose à eux: « choisir entre la paix ou la mort, la destruction et les souffrances qui ont duré pendant trop longtemps ».  Selon lui, « la communauté internationale doit faire davantage pour encourager un retour à la table des négociations, mettre un terme à près d’un demi-siècle d’occupation et permettre aux deux États, Israël et la Palestine, à vivre côte à côte dans la paix et la sécurité ». 

L’observatrice de l’État de Palestine, qui a qualifié d’« existentielle » la crise traversée par le peuple palestinien, a regretté le fait que l’appel collectif adressé au Conseil fût demeuré sans réponse, déplorant ainsi le rejet d’un projet de résolution le 30 décembre 2014.

« Le temps est venu pour le Conseil de sécurité d’assurer son autorité », a-t-elle poursuivi, ajoutant que les paramètres fondamentaux de la solution des deux États, fondés notamment sur l’Initiative de paix arabe, sont clairs et approuvés depuis longtemps.  Elle a donc demandé l’adoption d’une résolution « significative ».

« Le Président Abbas se dit en faveur de la solution des deux États mais vous ne l’entendez jamais exprimer ce point de vue en arabe », lui a répondu le délégué israélien.  Il a rappelé qu’à trois reprises, Israël avait « offert » un État aux Palestiniens, mais qu’à trois reprises, les Palestiniens avaient refusé cette offre et quitté la table des négociations.

« Si M. Abbas est sérieux dans ses efforts de paix, il doit mettre un terme à son alliance avec le Hamas et reprendre des négociations directes avec Israël », a poursuivi le délégué, qui s’est dit étonné par l’attention disproportionnée que l’on porte au conflit israélo-palestinien, tandis que la violence fait rage dans toute la région.  L’Iran, pays « duplice et fanatique », est le moteur du chaos que connaît la région, a-t-il affirmé.

Le Ministre jordanien des affaires étrangères, qui a également demandé l’adoption d’une résolution, s’est adressé directement à l’Ambassadeur d’Israël, en soulignant que la région ne manquait pas d’excuses pour l’action.  « L’Initiative de paix arabe contient tous les éléments qui garantissent la durabilité de la paix », a-t-il affirmé.

De son côté, le représentant de la France a défendu une nouvelle démarche associant davantage de partenaires, en complément du rôle central des États-Unis, dont l’Union européenne, la Ligue des États arabes et les membres permanents du Conseil de sécurité.

« Il est de la responsabilité du Conseil d’adopter une résolution consensuelle et équilibrée qui fixe les paramètres du statut final et un calendrier pour la négociation », a-t-il aussi déclaré.  La déléguée de la Malaisie a estimé qu’il était temps que le Conseil de sécurité se prononçât sur la création de l’État de Palestine comme l’Assemblée générale l’a fait en 1947 lorsqu’elle a décidé de créer Israël.

La crise syrienne a également été au cœur de nombreuses interventions, dont celle de la déléguée des États-Unis, qui a estimé que la seule solution viable impliquait le départ du Président Assad.  Son homologue de la Fédération de Russie a, lui, invité le Gouvernement et l’opposition syriens à s’unir pour combattre les extrémistes.  

Les délégations ont salué les efforts déployés par l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, à l’instar du délégué du Guatemala, qui a affirmé que toutes les pistes susceptibles de rapprocher les parties devaient être explorées.

Enfin, le délégué de la République arabe syrienne a affirmé que le sionisme et l’Arabie saoudite alimentaient le terrorisme dans son pays.  Rappelant que l’Arabie saoudite avait semé les graines du sectarisme dans la région, il a estimé que ce pays recevrait « la punition qu’il mérite ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord mentionné les efforts déterminés consentis au cours des dernières années afin de parvenir à une paix négociée au Moyen-Orient, basée sur la solution des deux États.  « Au lieu d’instaurer la paix, nous avons pendant des décennies manqué des occasions et connu des échecs qui ont résulté par un coût humain colossal », a-t-il déclaré.  La solution des deux États continue de s’éloigner, avec des conséquences qui pourraient s’avérer explosives.  Il a donc exhorté le futur Gouvernement israélien à réaffirmer l’engagement d’Israël en faveur d’une telle solution et à prendre les mesures concrètes visant à favoriser le retour à des négociations substantielles, y compris le gel des activités de colonisation.

« Je salue l’accord survenu la semaine dernière par lequel Israël a transféré les 470 millions de dollars de recettes fiscales qu’il a collectées au nom de l’Autorité palestinienne », a-t-il dit, en ajoutant qu’une rétention de ces recettes sapait gravement les capacités du Gouvernement de Palestine.  « J’exhorte les parties à trouver une solution durable sur cette question de la collecte des recettes fiscales conformément au Protocole de Paris et des Accords d’Oslo. »

Le Secrétaire général s’est ensuite dit préoccupé par la fragilité de la situation sécuritaire à Gaza, le manque de progrès dans le processus de réconciliation intrapalestinienne et la lenteur des efforts de reconstruction.  « Gaza fait face à une crise financière dévastatrice », a-t-il poursuivi, avant d’exhorter la communauté internationale à appuyer un second paiement humanitaire aux fonctionnaires palestiniens de Gaza.

Saluant les efforts en cours visant la réconciliation intrapalestinienne, M. Ban a indiqué que le Gouvernement d’unité nationale devrait assumer les responsabilités principales à Gaza, y compris en ce qui concerne le contrôle des frontières.  Le Mécanisme temporaire pour la reconstruction de Gaza est crucial pour atténuer les souffrances de la population de Gaza, « en attendant la pleine réouverture des points de passage prévue dans le cadre de la résolution 1860 du Conseil ».

Ce Mécanisme a permis de fournir les matériaux nécessaires de réparation à 70% des foyers, a précisé le Secrétaire général, avant d’ajouter qu’Israël avait approuvé 60 projets sur 130 financés par la communauté internationale et le secteur privé.  « S’il s’agit de développements prometteurs, les besoins restent gigantesques », a-t-il dit, en affirmant que les agences humanitaires éprouvaient des difficultés pour obtenir les 720 millions de dollars nécessaires pour financer des abris temporaires devant accueillir 100 000 personnes déplacées.  « Sans un financement immédiat, le Programme alimentaire mondial sera contraint de suspendre son assistance alimentaire à 95 000 Palestiniens à Gaza d’ici au mois de juillet prochain. »

En Cisjordanie, les affrontements se sont poursuivis entre Palestiniens et les Forces de sécurité israéliennes, de même que la destruction des structures détenues par des Palestiniens, a regretté M. Ban.  « Les détentions administratives augmentent à un rythme alarmant. »  Ces réalités alimentent la frustration et les tensions qui entravent davantage encore les efforts de paix, a affirmé M. Ban.

« La communauté internationale doit en faire davantage pour encourager un retour à la table des négociations, mettre un terme à près d’un demi-siècle d’occupation et permettre aux deux États, Israël et la Palestine, à vivre côte à côte dans la paix et la sécurité », a-t-il souligné.  Le Secrétaire général a reconnu que les deux parties faisaient face à des choix difficiles.  Mais, a-t-il dit, un choix capital s’impose à eux: « choisir entre la paix ou la mort, la destruction et les souffrances qui ont duré pendant trop longtemps ».  Les parties doivent faire montre de courage et de l’engagement nécessaires pour dessiner une voie viable vers un avenir meilleur, a estimé le Secrétaire général avant de conclure.

Mme FEDA ABDELHADY NASSER, observatrice de l’État de Palestine, a affirmé que, malheureusement, l’appel collectif adressé au Conseil de sécurité était demeuré sans réponse, faisant ainsi obstacle à toutes les initiatives en faveur d’actions sérieuses, dont celle du 30 décembre 2014.  Cette inertie, a-t-elle dit, a grandement renforcé l’impunité d’Israël, le prix étant payé de la manière la plus lourde, c’est-à-dire en souffrances humaines et en perte de crédibilité du système international.

Le peuple palestinien, a-t-elle rappelé, subit la plus longue occupation de l’histoire moderne, plus de 5 millions de réfugiés palestiniens endurant près de sept décennies d’exil.

Cette crise est existentielle, a déclaré Mme Nasser.  C’est une crise où les Palestiniens de Gaza, a-t-elle précisé, sont impitoyablement massacrés et mutilés par les forces d’occupation israéliennes dans leurs maisons, les écoles de l’ONU, les aires de jeux et les hôpitaux.  En conséquence, 1 500 enfants sont devenus orphelins en 51 jours, les destructions et les catastrophes humanitaires leur sont sans motif infligés, et ils sont soumis à une déshumanisation, à un blocus étouffant, paralysant leur société, les forçant à vivre dans la pauvreté dans les ruines de leurs communautés, les isolant ainsi du monde entier, a-t-elle ajouté.

Cette crise est existentielle, a poursuivi Mme Nasser, quand les Palestiniens sont tués par les forces d’occupation israéliennes dans des manifestations pacifiques pour exiger tout simplement la liberté et la fin de l’occupation; lorsque leur terre est volée et colonisée; quand leurs maisons sont démolies et qu’ils sont dépossédés, appauvris et déplacés de force; quand ils sont terrorisés par des colons extrémistes; lorsque leurs religions sont insultées et leurs sites religieux, y compris les mosquées et les églises dans leur ville sainte de Jérusalem, sont profanés; quand des milliers de civils, dont des enfants, sont détenus et emprisonnés, torturés et séparés de leurs familles.

Lorsque l’État d’Israël promulgue plus de 50 lois discriminatoires et racistes contre ses citoyens arabes palestiniens, et tente constamment de nier leur identité et leur histoire, la crise est existentielle.

Combien d’indignités, d’injustices et de tragédies un peuple doit endurer, a-t-elle demandé.  Jusqu’où la situation doit se détériorer avant que le Conseil de sécurité n’assume ses devoirs en vertu de la Charte des Nations Unies et des résolutions visant à aboutir à une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien et à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient?  Combien de temps Israël, la puissance occupante, doit être autorisée à nier sans conséquences le peuple palestinien?  Combien de temps Israël peut-il ignorer l’Initiative de paix arabe, imposant en réponse des conflits sans fin dans la région?

Le temps est venu pour le Conseil de sécurité d’assurer son autorité, a déclaré l’observatrice de l’État de Palestine.  Les paramètres fondamentaux de la solution des deux États sont claires depuis longtemps et ont été approuvés sur le plan international: ils doivent être fondés sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, les principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe, les frontières du 4 juin 1967. 

Israël doit se retirer totalement du territoire palestinien occupé en 1967, y compris Jérusalem-Est, et mettre fin à son occupation, y compris par le biais de la colonisation illégale.  Une solution juste doit être trouvée pour le statut de Jérusalem comme capitale de deux États et une solution juste doit être atteinte concernant la question des réfugiés de Palestine sur la base de la résolution 194 (III) et l’Initiative de paix arabe.

Quand 135 pays reconnaissent l’État de Palestine et lorsque les parlements européens appellent leurs gouvernements à lui accorder une reconnaissance officielle, il est grand temps pour la communauté internationale d’exercer la volonté politique requise pour faire de la solution des deux États une réalité, a souligné Mme Nasser.

Mme Nasser a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il réponde sérieusement à cette crise et aide les parties à surmonter l’impasse dangereuse.  Une résolution significative doit être adoptée et, plus important encore, il faudrait faire preuve de détermination pour réaliser une paix juste, durable et globale, conformément à la solution des deux États, l’État de la Palestine et l’État d’Israël vivant en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues.

À cet égard, elle a salué l’initiative de la France, en étroite coordination avec le Comité de suivi ministériel arabe, ainsi que les nombreux appels des États Membres pour que le Conseil fasse respecter ses droits et exprime clairement son soutien et sa volonté de contribuer à créer un horizon politique crédible.

La Palestine est prête à coopérer avec ces efforts, réaffirmant son engagement en faveur d’une voie pacifique, politique, diplomatique et juridique pour la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.

Mais au-delà du processus politique, la situation sur le terrain doit changer, a affirmé Mme Nasser.  Des efforts immédiats sont nécessaires pour endiguer la détérioration, avant que la situation ne se déstabilise complètement.  La communauté internationale doit, a-t-elle estimé, agir pour contraindre Israël, la puissance occupante, à cesser de toute urgence ses politiques et pratiques illégales dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, où 2014 a connu le plus grand nombre de victimes civiles depuis l’occupation.

L’observatrice de l’État de Palestine a également lancé un appel aux donateurs pour qu’ils honorent leurs promesses de reconstruction, ainsi qu’un appel pour soutenir le Gouvernement national palestinien de consensus, sous la direction du Président Mahmoud Abbas et du Premier Ministre Rami Hamdallah.

Tout cela est essentiel pour la reconstruction de Gaza, la relance de son économie détruite et donner de l’espoir à sa population, a-t-elle dit.

Mme Nasser a réitéré l’appel pour la protection du peuple palestinien, une population civile sans défense qui, a-t-elle insisté, a droit à la protection en vertu du droit international humanitaire et à se prévaloir de toutes les protections garanties par le droit international.

L’observatrice de l’État de Palestine a également fait état de la crise des réfugiés palestiniens en Syrie, en particulier dans le camp de réfugiés de Yarmouk.  Le conflit en Syrie a rendu leur situation précaire et leurs besoins d’assistance et de protection sont immenses, a-t-elle précisé.

L’obligation de protéger les civils dans les situations de conflit armé doit être respectée par toutes les parties, a-t-elle dit, en réitérant les appels en faveur d’un accès humanitaire sans entrave aux résidents du camp et aux personnes déplacées de Yarmouk et à la relocalisation temporaire sûre de tous les civils qui cherchent refuge.

M. RON PROSOR (Israël) a indiqué que la situation chaotique au Moyen-Orient s’était aggravée depuis le dernier débat du Conseil.  « Les éléments extrémistes de la région ont fait montre d’une barbarie qui est choquante, même pour les normes en vigueur au Moyen-Orient. »  La situation est devenue si désastreuse que les dirigeants arabes ont joint leurs forces, a-t-il noté.  Les frappes saoudiennes au Yémen, a-t-il fait remarquer, ont touché des convois humanitaires et des hôpitaux et tué des familles entières.  « Le Conseil des droits de l’homme semble alors resté silencieux, s’est-il étonné.  Où est la commission d’enquête? » s’est-il ensuite interrogé.

Parmi les raisons pour lesquelles la paix reste un rêve distant au Moyen-Orient, M. Prosor a tout d’abord mentionné que l’Iran restait plus dangereux que jamais et qu’il constituait une menace pour Israël, mais aussi pour le monde entier.  « L’Iran est le moteur du chaos que connaît la région », a-t-il dit, en ajoutant que la doctrine iranienne était clairement répandue de Bagdad à Beyrouth et de Damas à Sanaa.  Le délégué israélien a déclaré que l’Iran avait perpétré ou commandité des attaques dans 25 pays sur 5 continents au cours de ces 4 dernières années.  « Je présume que l’Ambassadeur saoudien à Washington se souvient encore du goût amer du café qu’il a pris au Café Milano. »

M. Prosor a ensuite affirmé que la situation serait encore plus dangereuse si l’Iran était en mesure « d’ouvrir le parapluie nucléaire ».  « L’Iran est fanatique et duplice », a-t-il poursuivi, avant de s’étonner que la communauté internationale soit disposée à laisser le régime iranien conserver des milliers de centrifugeuses.  « Quel message lancez-vous lorsque vous récompensez un régime hors-la-loi qui agit en violation flagrante des résolutions du Conseil? »

Le délégué israélien a dit que rien n’avait changé en ce qui concerne la menace posée par le Hamas, en indiquant que depuis la dernière opération lancée contre le Hamas, ce dernier avait lancé plus de 150 roquettes.  « La semaine dernière, un haut responsable du Hamas a de nouveau exhorté les Palestiniens à enlever des Israéliens », a-t-il rappelé, s’étonnant qu’aucun responsable onusien n’ait condamné des propos aussi incendiaires.  Il a indiqué que le Conseil ne rendait pas service au peuple palestinien en ne tenant pas le Hamas comptable de ses agissements.  « Il est temps que le Conseil considère le Hamas comme ce qu’il représente réellement: une organisation terroriste internationale. »

Le délégué a ensuite affirmé que rien n’avait changé non plus en ce qui concerne le leadership palestinien.  « Le Président Abbas se dit en faveur de la solution des deux États mais vous ne l’entendez jamais exprimer ce point de vue en arabe », a-t-il déclaré, en faisant observer que le Gouvernement de M. Abbas avait noué un pacte avec l’organisation terroriste qu’est le Hamas.  M. Prosor a assuré que son pays était en faveur d’un État palestinien et qu’à trois reprises, Israël avait « offert » un État aux Palestiniens.  « À trois reprises, les Palestiniens ont refusé cette offre et quitté la table des négociations », a-t-il dit.  « Si M. Abbas est sérieux dans ses efforts de paix, il doit mettre un terme à son alliance avec le Hamas et reprendre des négociations directes avec Israël. »

M. Prosor s’est dit étonné par l’attention disproportionnée que l’on porte au conflit israélo-palestinien, tandis que la violence fait rage dans toute la région.  « On peut se poser la question pourquoi les Palestiniens méritent plus d’attention que les Yéménites, les Syriens ou les Libyens », a-t-il dit.  Il a donc invité la communauté internationale à se pencher plutôt sur la situation urgente du moment, à savoir les groupes terroristes et leurs soutiens.

« Israël est en première ligne de ce combat mais il ne s’agit pas du seul combat d’Israël », a-t-il fait remarquer car, a-t-il précisé, c’est le combat de tous ceux qui croient au pluralisme, à la tolérance et à la liberté.  Enfin, M. Prosor a rappelé que ce jeudi 23 avril, son pays célébrera le soixante-septième anniversaire de sa naissance en tant qu’État juif, indépendant et libre et, en se levant, il a chanté un passage de l’hymne national israélien. 

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a exprimé l’adhésion de son pays aux efforts fournis en vue de faire respecter la Charte des Nations Unies et la paix et la sécurité internationales.  Il a estimé que l’absence d’un règlement israélo-palestinien, par le biais d’une solution des deux États permettant à la Palestine d’exercer sa souveraineté, va aggraver les dangers dans la région du Moyen-Orient.

La Jordanie n’a pas un rôle d’observateur ou de médiateur, elle est directement touchée par cette situation, a déclaré le Ministre.  Il a mis l’accent sur l’engagement de la Jordanie à protéger Jérusalem-Est.  Il a rappelé également que son pays accueillait le plus grand nombre de réfugiés palestiniens.  Leurs droits légitimes tels qu’ils sont consacrés par le droit international sont protégés, a-t-il assuré, en soulignant en outre le rôle de l’UNRWA.

Il a demandé à la communauté internationale d’exiger la levée du blocus israélien de Gaza qui étouffe la population et qu’il soit mis fin à cette tragédie humaine.  Il a lancé un appel pour la reprise des négociations et pour qu’il soit mis un terme à la colonisation.

Le Ministre jordanien des affaires étrangères a demandé au Conseil de sécurité d’adopter à l’unanimité une résolution précisant le calendrier des négociations et mentionnant la solution des deux États.

Une solution politique doit être trouvée à la tragédie syrienne, qui alimente le radicalisme, la criminalité et le terrorisme, prohibés par toutes les conventions internationales, a souligné M. Judeh, qui a estimé que c’était le seul moyen de satisfaire aux aspirations du peuple syrien.

Le Ministre a par ailleurs exprimé le soutien de son pays à la Libye et au Yémen « légitime », en réitérant son appel pour que soit pleinement mise en œuvre la résolution 2016 (2015) du Conseil de sécurité.

M. Judeh a en outre condamné les crimes commis par Daech et d’autres radicaux dans la région et a appelé à défendre les valeurs de tolérance de l’islam.  La longue guerre sera la guerre des idéologies, que doivent lancer les personnes éclairées de ce monde contre les tenants de l’obscurantisme.  Il est essentiel, a-t-il souligné, d’œuvrer à une stratégie globale comprenant des aspects militaires et politiques de façon à réaffirmer les préceptes de l’islam et dénoncer les concepts erronés lancés par certains.  Il a appuyé, à cet égard, les efforts entrepris par l’Iraq dans sa lutte contre les terroristes.

Avant de conclure, le Chef de la diplomatie jordanienne s’est adressé directement, et cette fois-ci en anglais, à l’Ambassadeur d’Israël, en soulignant que la région ne manquait pas d’excuses pour l’action.  Il faut, lui a-t-il dit, considérer l’ensemble de décisions visant à créer la paix et un environnement propice à la paix.

L’Initiative de paix arabe contient tous les éléments qui garantissent la durabilité de la paix, a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur la nécessité de mettre de côté tous les préjugés d’établir un cadre pour un processus de négociations en faveur de la paix et de la solution des deux États.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a souligné les tensions persistantes entre Palestiniens et Israéliens.  Les États-Unis restent en faveur de la solution de deux États, qui est la seule à même de répondre aux aspirations du peuple palestinien et de permettre à Israël de vivre dans la sécurité en tant qu’État juif.  Elle s’est ensuite félicitée du récent accord sur le transfert des recettes fiscales qui a été conclu entre Israël et l’Autorité palestinienne et appelé au décaissement des promesses de dons formulées lors de la Conférence du Caire pour la reconstruction de Gaza.

Mme Power a ensuite insisté sur les souffrances des civils pris au piège du conflit en Syrie et souligné la situation tragique dans laquelle se trouvent les réfugiés du camp de Yarmouk.  Pour le régime de Damas, les souffrances des civils ne sont qu’un instrument au service de ses objectifs, a-t-elle affirmé.  La déléguée a souhaité que tous les civils puissent quitter les zones assiégées, le cas échéant, sous supervision internationale.

Les allégations selon lesquelles des attaques à l’arme chimique auraient été perpétrées en Syrie doivent être élucidées et leurs responsables traduits en justice, a-t-elle insisté.  Mme Power s’est ensuite dite « choquée » par les récits de médecins ayant soigné les victimes de ces attaques chimiques.  Il est nécessaire, a-t-elle souligné, que le régime de Damas soit privé de ses soutiens et appuyé les efforts de dialogue de l’Envoyé spécial pour la crise syrienne, M. Staffan de Mistura.  En conclusion, Mme Power a affirmé que la seule solution viable à la crise en Syrie impliquait le départ du Président Assad.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a fustigé les actions systématiques des autorités israéliennes pour nous éloigner encore des conditions d’une solution des deux États.  Au-delà des condamnations par la communauté internationale, la représentante de la Malaisie a regretté l’absence d’action du Conseil de sécurité pour freiner la réalité émergente d’une solution à un État.  Elle a estimé que la communauté internationale se contentait de tacler les symptômes du problème, tels que la crise humanitaire ou le terrorisme, plutôt que de s’attaquer aux racines du mal et mettre fin à la plus longue occupation de l’histoire moderne.  Cette occupation est la source du désespoir, de l’amertume et de l’extrémisme qui ont, a-t-elle précisé, des répercussions dans le monde entier.  À ceux qui insistent qu’un État palestinien ne peut être créé que par le biais de négociations bilatérales, elle a répondu que l’État d’Israël n’aurait jamais pu voir le jour s’il avait fallu s’appuyer sur des négociations bilatérales.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, il est temps que le Conseil de sécurité se prononce sur la création de l’État de Palestine comme l’Assemblée générale l’a fait en 1947 lorsqu’elle a décidé de créer Israël.  Par ailleurs, la représentante de la Malaisie a particulièrement dénoncé le non-respect par Israël du droit des enfants, en rappelant que 300 enfants palestiniens étaient actuellement détenus par les forces d’occupation en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et que 700 enfants palestiniens étaient condamnés chaque année par des tribunaux militaires israéliens.  Elle a ensuite exhorté Israël à respecter ses obligations en vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits des enfants et salué l’adhésion récente de la Palestine au Statut de Rome de la Cour pénale internationale. 

M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé qu’il était plus important et urgent que jamais de régler le problème israélo-palestinien.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour Israël et la Palestine de respecter le choix stratégique des pourparlers de paix.  Il a prié instamment Israël et la Palestine de rapprocher leurs positions et de reprendre dès que possible les pourparlers de paix. 

Le Conseil de sécurité devrait assumer ses responsabilités et jouer un rôle accru en vue de promouvoir les pourparlers de paix.  Il a espéré que les mécanismes existants pour le processus de paix soient davantage utilisés.

La situation humanitaire à Gaza doit être soulagée de manière efficace, a ajouté le représentant de la Chine.  Il a engagé ainsi la communauté internationale à honorer ses promesses de dons et à coopérer davantage avec l’UNRWA.  La Chine appuie fermement le peuple palestinien dans sa juste cause pour garantir ses droits légitimes, a-t-il dit.

Le représentant de la Chine a par ailleurs estimé que seule une solution politique permettra de régler le problème en Syrie, en précisant que les Nations Unies devaient jouer, à cet égard, un rôle moteur.  Il a appuyé les efforts déployés par la Fédération de Russie et l’Égypte en vue de trouver une solution politique au conflit.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que son pays partageait depuis l’été dernier un constat simple: la solution des deux États est en passe de disparaître.  La poursuite de la colonisation illégale obère jour après jour la viabilité d’un État palestinien sur le terrain.  Le vide politique nourrit le risque d’explosion.  En Israël comme en Palestine, les opinions publiques se radicalisent et le nombre de partisans de la solution des deux États diminue.  L’urgence est donc de mettre un terme à la spirale négative à laquelle nous assistons.

Il faut pour cela, a ajouté le représentant de la France, réaffirmer l’attachement à la solution des deux États et à partir de là, tracer à nouveau une perspective politique conduisant à la création d’un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël.

L’analyse faite depuis plusieurs mois par la France repose sur un postulat simple: seul un accompagnement international renforcé et renouvelé peut permettre aux parties de s’engager résolument sur le chemin exigeant de la paix.  Le processus de paix tel que nous le pratiquons depuis plus de 20 ans n’a pas abouti.  Prétendre le contraire revient à cautionner l’inexorable dégradation de la situation sur le terrain.

Selon la délégation française, dans la situation actuelle, deux options se présentent à la communauté internationale.  La première option consiste à « gérer » la crise avec des expédients, en espérant que le degré de la violence restera contenu et en attendant des jours meilleurs pour traiter le fond du problème.  La seconde option consiste à agir.  La France fait ce choix.  Parce qu’il en va de notre responsabilité de membre du Conseil de sécurité.  Mais également parce que nous avons un intérêt direct à l’émergence d’un État palestinien pour contribuer à la stabilité du Moyen-Orient. 

Ce choix de l’action doit s’articuler autour de deux éléments en particulier.  D’abord, la communauté internationale doit agir collectivement.  La France souhaite promouvoir une nouvelle démarche associant davantage de partenaires, en complément du rôle central des États-Unis, à savoir l’Union européenne, la Ligue des États arabes, les membres permanents du Conseil de sécurité notamment, afin d’aider les parties à faire les compromis difficiles qui sont nécessaires à la paix et les accompagner dans leur mise en œuvre.

Ensuite, le Conseil de sécurité peut utilement accompagner ce processus et doit être un acteur central du conflit.  Il est en effet de la responsabilité de ce Conseil d’adopter une résolution consensuelle et équilibrée qui fixe enfin les paramètres du statut final et un calendrier pour la négociation.  Cette résolution, a précisé M. Delattre, devra fournir une base crédible pour une reprise des négociations et relancer une dynamique politique nécessaire.

Mme RAIMONDA MURMOKAITE (Lituanie) a déclaré qu’en Syrie, la relance du dialogue politique conforme au Communiqué de Genève du 30 juin 2012 était primordiale.  Le Conseil devrait rester uni pour soutenir les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, afin de trouver des solutions qui allègent les souffrances du peuple syrien et conduire à un processus politique viable et inclusif.  Au Yémen, le Conseil doit tout faire pour empêcher que le pays ne tombe dans l’abîme de conflits sectaires, la guerre civile et la fragmentation. 

En Iraq, les dirigeants politiques dirigés par le Premier Ministre, M. Al-Abadi, s’emploient à promouvoir l’unité nationale et la réconciliation.  Ces efforts sont en cours dans l’ombre de la présence mortelle de Daech.  La représentante a noté l’appel lancé par le Premier Ministre aux forces armées iraquiennes et aux milices chiites pour faire obstacle à la violence et protéger les communautés vivant dans les zones libérées de Daech.  Tout doit être fait en ce qui concerne la véritable inclusion, la réconciliation et la répartition juste des revenus et de la richesse.  Elle a exhorté également le Gouvernement à réaffirmer son engagement en faveur de la justice internationale en adhérant au Statut de Rome.  

S’agissant du processus de paix au Moyen-Orient, l’approche « attendre et voir » n’est pas une option.  Il n’y a pas d’autre solution que la reprise immédiate des négociations de paix pour la recherche d’un règlement politique définitif basé sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, les Principes de Madrid, notamment celui de « la terre contre la paix », la Feuille de route, les accords précédemment conclus par les parties et l’Initiative de paix arabe, conduisant à la solution de deux États démocratiques et souverains vivant côte à côte dans des frontières établies, dans la paix et la sécurité et la reconnaissance mutuelle.  Au Liban où le fardeau des réfugiés est énorme, le Conseil doit continuer à soutenir la politique de dissociation du pays de la crise syrienne.  En outre, le vide présidentiel a duré trop longtemps et doit être résolu sans plus tarder.  La communauté internationale devrait continuer à soutenir les Forces de sécurité libanaises, et aider le pays à gérer l’impact de l’afflux de réfugiés syriens, y compris sur les services essentiels tels que l’éducation et la santé.

M. RAFAEL RAMIREZ (Venezuela) a souligné que le cas de la Palestine était emblématique du maintien des situations coloniales et de l’occupation étrangère au Moyen-Orient.  Il a dénoncé une occupation et un processus de colonisation contraires à la Charte des Nations Unies et au droit international, en notant que plus de 68 résolutions adoptées à ce sujet par le Conseil de sécurité avaient été ignorées ouvertement par Israël.  Il a donc demandé au Conseil de sécurité de travailler de façon déterminée en vue de parvenir à une solution définitive à la crise israélo-palestinienne et créer ainsi un État Palestinien libre et indépendant.  M. Ramirez a exprimé son plein appui au droit à la libre détermination des Palestiniens.  Il a plaidé pour que cessent immédiatement la colonisation, la construction des logements israéliens et les démolitions de maisons palestiniennes.

Il faudrait également, a poursuivi M. Ramirez, mettre un terme au blocus et aux destructions dans la bande de Gaza, où les bombardements l’an dernier ont fait 2 220 morts, dont 551 enfants, et plus de 500 000 personnes déplacées.  Il s’est aussi élevé contre l’emprisonnement de plus de 10 000 enfants palestiniens depuis 2000 dans les geôles israéliennes.  Il est temps, a estimé le délégué vénézuélien, que le Conseil de sécurité exprime son unanimité pour le peuple palestinien, en faveur d’une solution politique au conflit.  « Nous ne pouvons accepter la négation de l’existence de l’État de Palestine, ni l’absence de paix et de justice », a-t-il dit.  Il a demandé qu’une solution politique intégrale comprenne un accord sur le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique du Liban et de la Syrie.  Enfin, il a demandé de reconnaître la Palestine en tant qu’État Membre de l’ONU à part entière.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a axé son intervention sur le conflit israélo-palestinien et la crise syrienne.  Concernant le conflit israélo-palestinien, le représentant a indiqué que tout avait été déjà dit sans toutefois enregistrer une avancée significative dans le règlement du conflit.  Le processus de paix est au point mort alors que les Palestiniens continuent de subir l’extension des colonies de peuplement israéliennes et les conséquences dramatiques du blocus de Gaza.  Cette situation réduit les chances de la paix dans la région.  Les déclarations de M. Benjamin Netanyahou pendant la dernière campagne électorale visent à compromettre tout règlement du conflit.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités en s’engageant de manière claire et effective et sur la base des accords internationaux relatifs à cette question.  C’est la seule base réaliste pour les Palestiniens de constituer un État indépendant et souverain et pour Israël de vivre dans une perspective de paix.  Le Conseil de sécurité doit établir un plan de paix clair et rompre le cycle interminable des négociations, a ajouté le représentant. 

Concernant la Syrie, il a appelé la communauté internationale à mobiliser des fonds supplémentaires pour financer les institutions humanitaires des Nations Unies et les autres acteurs humanitaires afin de venir en aide aux populations réfugiées et déplacées.  Il a également demandé au Conseil de sécurité de réfléchir à des moyens novateurs et concrets pour ramener les parties à la table de négociations sur la base du Communiqué de Genève.  Il a enfin exhorté les États qui ont de l’influence sur les parties au conflit à tout mettre en œuvre afin de renoncer à la logique de la violence et trouver une solution politique au conflit.  

M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a affirmé que la question palestinienne et le conflit qui en découle représentaient un obstacle au développement social et économique au Moyen-Orient et un terreau pour le terrorisme qui menace la région et au-delà.  Le Conseil de sécurité devrait assumer ses responsabilités et exercer son poids politique, son influence et son prestige pour tenter de régler ce conflit douloureux qui nuit à la communauté internationale dans son ensemble.

Le délégué de l’Angola a mis l’accent sur la nécessité de ramener autour de la table de négociations toutes les parties au conflit.  Les grandes puissances devraient en particulier user de leurs positions au sein du Conseil pour inviter les parties à reprendre les négociations. 

Le Conseil de sécurité devrait faire comprendre à Israël que l’occupation des terres palestiniennes et le châtiment collectif qu’il inflige aux Palestiniens sont contreproductifs et élèvent des obstacles sur la voie de la réconciliation politique.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a soutenu que l’ingérence étrangère et les changements de gouvernements provoqués de l’extérieur avaient provoqué le chaos au Moyen-Orient.  Prenant l’exemple de la Libye, le représentant a dénoncé la présence dans ce pays de deux gouvernements et de deux parlements.  En Iraq, l’État islamique a saisi deux provinces clefs, a-t-il encore avancé.  Le représentant a estimé que pour lutter efficacement contre le terrorisme, il faudrait consolider les efforts internationaux qui doivent être entrepris dans le respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, comme en témoigne le succès de l’élimination des armes chimiques en Syrie. 

Le représentant a en outre indiqué que la Russie souhaitait un Moyen-Orient démocratique et prospère.  Pour y parvenir, il faudrait trouver une solution au conflit entre la Palestine et Israël.  À cette fin, il a proposé le plan de paix international dans le cadre du Quatuor et de l’Initiative de paix arabe.  Concernant la situation en Palestine, il a estimé qu’il faudrait continuer les efforts de consolidation des institutions centrales palestiniennes et renforcer les frontières de la bande de Gaza.  Le représentant a encouragé les parties palestiniennes à poursuivre le dialogue interpalestinien.  Concernant le cycle de discussions de Moscou, il a assuré que des progrès avaient été faits pour résoudre le conflit syrien.  Ce cycle de discussions a permis d’évaluer la situation en Syrie, a-t-il indiqué.  Il a ajouté que sans discussion directe entre le Gouvernement syrien et l’opposition, le Communiqué de Genève ne pourra être mis en œuvre.  Le Gouvernement syrien et l’opposition doivent s’unir pour combattre les extrémistes, a-t-il recommandé.  

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé que le mois dernier, le confit syrien était entré dans sa cinquième année.  Il s’est dit préoccupé par le sort des réfugiés palestiniens dans le camp de Yarmuk, des milliers de civils, y compris de nombreux enfants étant assiégés par l’armée syrienne ou l’État islamique en Iraq et au Levant.  Il a demandé à tous les groupes de protéger les civils et de garantir l’acheminement de l’aide humanitaire.

Un règlement politique n’a jamais été aussi urgent en Syrie, a-t-il dit, en appelant à assurer une transition politique.  Bashar Al-Assad n’a rien à faire dans la future Syrie, a-t-il insisté. 

Une solution négociée en faveur de deux États est la seule possible en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, a-t-il également souligné.  Les deux parties doivent voir comment œuvrer de concert pour améliorer la situation sur le terrain.  Israël doit cesser l’implantation illégale et inutile de ses colonies de peuplement et devrait faciliter les conditions économiques sur le terrain, a-t-il demandé.  Pour sa part, la Palestine doit comprendre qu’il n’y a pas de substitut à des négociations avec Israël.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a souligné la nécessité de relancer le processus de paix entre Israël et la Palestine avec des paramètres nouveaux et clairs.  Le Conseil de sécurité doit jouer son rôle à cet égard en tant qu’organe de paix et de sécurité des Nations Unies.  La solution des deux États reste d’actualité, a estimé le représentant.  Il faudrait aussi que les parties prennent des mesures de confiance et qu’elles ne s’engagent plus dans des actions provocatrices.  La Palestine doit faire progresser la réconciliation interne.  Au Liban, il faudrait mettre un terme au vide du pouvoir présidentiel et aider le Gouvernement du Liban qui ploie sous le fardeau que représente pour le pays l’accueil de réfugiés syriens.  Le représentant a préconisé des mesures pour protéger les populations vulnérables en Syrie.  La solution au conflit en Syrie passe par le dialogue politique entre toutes les parties, a-t-il rappelé.  

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a salué les efforts de revitalisation du processus politique en Syrie menés par l’Envoyé spécial pour la Syrie, ainsi que par la Russie et l’Égypte.  Tant qu’une solution politique ne sera pas trouvée, les Syriens souffriront, ainsi que leurs voisins de la Jordanie et autres pays qui hébergent des réfugiés, a-t-il prévenu.  Il a constaté que, comme c’est le cas pour le dossier du Moyen-Orient, le Conseil de sécurité n’avait pas réussi à utiliser efficacement son expérience en matière de processus de paix.  Le prix de l’inaction est trop élevé, a-t-il dit en appelant les membres du Conseil de sécurité ainsi que les autres États Membres participant au débat à proposer des mesures pratiques et concrètes au Conseil. 

Passant au processus de paix au Moyen-Orient, M. McLay a réitéré sa position en faveur d’une résolution du Conseil de sécurité qui soit équilibrée.  Il est temps que le Conseil, dont la responsabilité première est de maintenir la paix et la sécurité, fasse usage de son autorité morale et juridique, ainsi que des outils pratiques à sa disposition, pour passer à une phase productive de négociations.  Il a demandé de respecter les investissements importants consentis par de nombreux pays depuis des décennies, ainsi que les intérêts nationaux directs de beaucoup dans l’issue finale. 

« Nous devons, a-t-il ajouté, convaincre les parties de prendre des décisions difficiles et coûteuses, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité. »  Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait passer à l’action maintenant que les élections sont terminées.  Il a conseillé aux parties d’examiner le texte préparé par la France en oubliant les textes précédemment proposés.  Tout texte qui sera examiné devra être présenté dans un cadre transparent et inclusif, a-t-il recommandé.  Avant de conclure, il a lancé un appel pour que les discussions au Conseil de sécurité ne soient pas autant déconnectées de la réalité et pour que les principales parties ne soient pas exclues des débats.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a souligné l’inertie de la communauté internationale, la solution des deux États risquant désormais d’apparaître comme une chimère.  Il n’y a pas d’autre solution que celle-ci, a-t-il insisté.  Le représentant a espéré notamment que le prochain Gouvernement israélien issu des élections saura démontrer son engagement en faveur du processus de paix en renonçant à sa politique de colonisation. 

Le délégué de l’Espagne a estimé que la solution devrait être globale et non partiale, en mettant l’accent sur la nécessaire cessation de l’occupation israélienne et la reconnaissance de l’État palestinien.  Le Conseil de sécurité, a-t-il souligné, doit assumer ses hautes responsabilités en ce moment critique.  Il a également mis l’accent sur la situation humanitaire qui frappe les réfugiés qui fuient le conflit en Syrie, en soulignant la responsabilité des autorités syriennes à cet égard.

En ce qui concerne le conflit au Moyen-Orient opposant Israël et la Palestine, Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que les deux parties devraient faire preuve d’une véritable volonté politique pour reprendre les négociations.  Ces pourparlers devraient se faire sur la base des Accords d’Oslo et de la Déclaration de principes de Madrid, a-t-elle estimé.  Le Nigéria, a-t-elle assuré, appuie la position du Quatuor sur cette question et qui tient compte à la fois des préoccupations d’Israël de vivre en paix et en sécurité et celles de la Palestine qui souhaite devenir un État indépendant et souverain dans les frontières de 1967.  La représentante s’est dite convaincue que la solution des deux États reste la seule base de résolution à ce conflit.  S’agissant des efforts de reconstruction de Gaza, elle s’est dite préoccupée par la lenteur de la reconstruction et a déploré le manque de fond.  Elle a encouragé les bailleurs à tenir parole.  Par ailleurs, le Nigéria est préoccupé de la situation humanitaire au Yémen, qui résulte des récentes violences dans le pays.  La cessation des hostilités, a souligné la représentante, est nécessaire au retour de la paix et à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Elle a conclu son intervention en appelant toutes les parties à s’engager au dialogue.  

M. NAWAF SALAM (Liban) a estimé que la situation au Moyen-Orient s’était détériorée d’une manière sans précédent.  Après avoir énuméré les événements tragiques de l’année 2014, il a affirmé qu’en 2015, le pire était à craindre avec la déclaration du Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, pendant la campagne électorale, annonçant que s’il devait être réélu, un État palestinien ne serait pas à l’ordre du jour.  En outre, a-t-il rappelé, M. Netanyahu a promis d’augmenter la construction de colonies à Jérusalem-Est en ajoutant plusieurs milliers d’unités de logement.

La situation au Moyen-Orient est de plus en plus difficile.  Mais, a-t-il dit, ce n’est pas une excuse pour l’inaction.  Au contraire, plus la situation devient difficile, plus grande est la responsabilité de ce Conseil.  Selon la délégation libanaise, toute reprise des négociations sur le conflit du Moyen-Orient doit être basée sur des paramètres bien définis.  Il a ainsi mis l’accent, pour le succès de ces négociations, sur la nécessité d’un nouveau cadre international avec un calendrier clair et accepté.  Par conséquent, a-t-il conclu, le Conseil de sécurité est appelé à assumer ses responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales en traitant ces questions cruciales le plus rapidement possible.

M. AMR ABOULATTA (Égypte) s’est inquiété du manque de volonté politique de la communauté internationale pour réaliser une solution des deux États.  Il a déclaré que l’insuffisance d’initiative et de détermination de la communauté internationale constituait une menace à la paix et la sécurité internationales.  « Nous affirmons que l’incapacité de créer la paix au Moyen-Orient n’est pas une option », a-t-il insisté.  Le représentant égyptien a prévenu que les territoires palestiniens occupés devenaient des terrains féconds pour Daech et d’autres groupes terroristes.  « Après six décennies de conflit, nous en avons assez de toutes les occasions manquées », a dit le représentant de l’Égypte qui a appelé à bâtir la paix.  Il a émis l’espoir que les annonces de contribution faites lors de la Conférence du Caire pour la reconstruction de Gaza se traduiront en actes.  Notant que la crise syrienne entre dans sa cinquième année, il a assuré que l’Égypte était déterminée à aider toutes les parties qui souhaitent une résolution politique de cette crise.  Le représentant de l’Égypte a aussi appelé à mettre fin à l’occupation israélienne du plateau du Golan.   

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), qui a aussi parlé au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a félicité l’entrée de la Palestine à la Cour pénale internationale (CPI).  Il a demandé à la Palestine d’établir de manière crédible les responsabilités d’Israël dans l’occupation de territoires palestiniens et dans d’autres violations des droits de l’homme des Palestiniens.  En outre, après les propos du Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahu tenus au cours de la campagne électorale en Israël, où il promettait d’empêcher la création d’un État de Palestine s’il était réélu, le représentant a appelé la communauté internationale à reconnaître l’État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale et dans les frontières de 1967.  Il a appelé la communauté internationale à mettre un terme à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

Il a dénoncé la poursuite de la politique d’extension de la colonisation israélienne, les violences de l’armée israélienne contre les Palestiniens, la déportation des Palestiniens, les arrestations sans justification des civils y compris des élus palestiniens.  Il a condamné les attaques et les profanations par des colons des lieux de cultes à Jérusalem-Est.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à inscrire les dirigeants des groupes terroristes israéliens sur la liste des terroristes internationaux.  Il a en outre demandé au Conseil de sécurité d’obliger Israël à mettre un terme au blocus inhumain de Gaza.  Les civils doivent être protégés, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité doit agir en tant que chef de file dans ce conflit, a poursuivi le représentant, qui a dit que le moment était venu de « dire à Israël qu’il n’est pas au-dessus de la loi ».

S’exprimant ensuite sur la situation en Syrie, le représentant, qui a cette fois parlé en sa capacité nationale, a observé que les résolutions du Conseil de sécurité n’avaient eu aucun effet positif sur la situation de la population mais affectaient au contraire la crédibilité du Conseil de sécurité.  Pour éliminer le terrorisme en Syrie, il faut s’attaquer à la pratique sectaire du Gouvernement syrien, a-t-il dit.  « L’Arabie saoudite met tout en œuvre pour aider le peuple syrien à retrouver sa dignité », a-t-il continué. 

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dénoncé les récentes déclarations faites par les dirigeants israéliens selon lesquelles un État palestinien ne pourrait être créé dans un avenir proche.  « De telles déclarations ne peuvent qu’alimenter la violence et la méfiance, dégrader la situation sur le terrain et nous éloigner de la paix. »  La communauté internationale doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la reprise des négociations en vue de parvenir à une solution des deux États.  C’est la responsabilité du Conseil de sécurité de jouer son rôle dans le développement d’une nouvelle architecture de paix pour mettre fin au conflit, a-t-il rappelé.  M. Patriota a demandé au Conseil d’exercer sa responsabilité et de régler activement les paramètres pour la relance du processus de paix.  Saluant l’adhésion de la Palestine au Statut de Rome, le représentant a réitéré que le recours à des mécanismes multilatéraux ne devrait pas être répondu par des représailles et des sanctions.  Il a exhorté Israël à libérer immédiatement toutes les ressources financières de la Palestine.

Le Brésil exhorte toutes les parties au conflit en Syrie à s’acquitter de leurs obligations découlant du droit international humanitaire pour assurer un accès sans entrave aux organisations humanitaires et à s’abstenir de toute action qui risque d’exacerber davantage le conflit.  Un dialogue véritable et inclusif, fondé sur le plein respect des droits de l’homme, l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, est plus urgent que jamais, a-t-il estimé.  En outre, la sécurité et la stabilité du Liban sont un autre sujet de grande préoccupation.  La récente escalade de la violence renforce la nécessité de soutenir pleinement la politique libanaise de dissociation des crises régionales convenue dans la Déclaration de Baabda de juin 2012. 

En Iraq, le représentant a estimé qu’une stratégie axée uniquement sur les opérations militaires ne sera pas en mesure de s’attaquer aux causes profondes qui ont conduit à la prolifération du terrorisme et de l’extrémisme religieux dans le pays.  Au Yémen, toutes les parties ont l’obligation de protéger les civils et respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Il a exhorté les pays de la région à user de leur influence pour amener les parties à la table des négociations et de les engager dans la recherche d’une solution diplomatique.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a jugé incompréhensible que l’ONU continue de tolérer la politique raciste et la politique de colonisation d’Israël malgré une centaine de résolution.  Les États Membres doivent prendre des mesures et ne pas seulement se contenter de faire des déclarations, a-t-il dit en appelant à mettre fin à une tragédie sans fin dans le Territoire palestinien occupé.  Le Premier Ministre d’Israël refuse catégoriquement la solution des deux États.  Tandis qu’Israël continue d’occuper le Golan syrien depuis 1967, il a appelé l’ONU à assumer ses responsabilités afin de mettre fin à cette injustice.  Il faut qu’Israël cesse de piller les ressources naturelles des pays voisins, dont l’eau et le gaz, a également déclaré le représentant syrien.  Il a exhorté Israël à libérer tous les détenus syriens, en citant le cas d’un syrien du Golan emprisonné pendant 27 ans.  Déclarant qu’Israël a porté assistance a des groupes terroristes sur le territoire de la Syrie, le représentant syrien a exigé que ce problème grave bénéficie de l’attention qu’il mérite dans les plus brefs délais.  Il a exhorté les délégations des États-Unis et du Royaume-Uni à « cessez leur hypocrisie et leurs mensonges ».

« Cessez d’appuyer Israël qui est la cause de la souffrance de centaines de milliers de réfugiés en Syrie et en dehors de la Syrie », a-t-il encore dit.  La Syrie, a-t-il assuré, a accueilli des refugiés qui sont traités avec beaucoup de générosité.  Il a jugé honteux les termes utilisés par le représentant saoudien au sujet de la Syrie.  Sa déclaration, a-t-il soutenu, est sans fondement.  Le représentant syrien a estimé que le sionisme et l’Arabie saoudite alimentaient le terrorisme dans son pays.  Les décapitations par l’État islamique sont une pratique perpétuée par les wahhabites et l’Arabie saoudite.  Il a ajouté que c’est l’Arabie saoudite qui a semé les graines du sectarisme dans la région et que ce pays en paiera le prix.  Il a insisté que « le Royaume d’Arabie saoudite recevra la punition qu’il mérite ». 

M. FERNANDO CARRERA CASTRO (Guatemala) a demandé que les dirigeants de la région intensifient leurs efforts en vue de la promotion des droits de l’homme.  La communauté internationale doit jouer un rôle actif dans la facilitation du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il dit.  Il a invité les parties à s’abstenir de tout acte de provocation et à s’engager résolument en faveur de la solution des deux États.  Le délégué s’est également félicité du récent accord, par lequel Israël a accepté de transférer à l’Autorité palestinienne les recettes fiscales collectées en son nom.

Il a estimé que le fait que la Palestine ait rejoint le Statut de Rome était un pas positif sur la voie de l’universalisation de la Cour pénale internationale (CPI).  En Syrie, toutes les pistes susceptibles de rapprocher les parties doivent être explorées, a-t-il dit, avant de saluer les efforts de l’Envoyé spécial pour la crise syrienne.  Enfin, il a jugé essentiel que toutes les parties au conflit protègent les civils.  « Les crimes graves commis en Syrie ne doivent pas rester impunis », a-t-il conclu.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a réaffirmé une fois de plus la solidarité de longue date du Mouvement avec le peuple palestinien, réitérant l’appui de celui-ci à la réalisation de ses aspirations nationales légitimes et de ses droits inaliénables, y compris à l’autodétermination et à la liberté dans leur État indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, ainsi qu’à une solution juste pour le sort des réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 (III).

Le Mouvement souligne l’urgence de la réalisation d’une solution juste, durable, globale et pacifique du conflit israélo-palestinien, qui est au cœur du conflit israélo-arabe, et appelle à des efforts sérieux de la part de toutes les parties concernées pour réaliser cet objectif.

Selon le représentant, l’intransigeance israélienne et les politiques illégales continuent de saper la reprise de négociations crédibles et d’entraver la réalisation d’une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien.

Le Mouvement, a-t-il ajouté, demande instamment à la communauté internationale d’honorer les engagements pris à la Conférence du Caire pour la Palestine afin d’accélérer la reconstruction dans la bande de Gaza et de fournir au peuple palestinien l’aide humanitaire d’urgence pour soulager ses souffrances. 

Il réitère également son appel à la fin du blocus israélien de Gaza et de l’isolement inhumain du peuple palestinien.  Il renouvelle sa ferme condamnation de la poursuite et de l’escalade de la construction de colonies d’Israël dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris dans et autour de Jérusalem-Est occupée, en violation grave de la quatrième Convention de Genève et des résolutions des Nations Unies, y compris de ce Conseil.

Il est temps, selon le Mouvement, de mettre fin à cette occupation israélienne odieuse et à l’impunité qui a apporté tant de souffrances et qui a causé tant de crises et continue de saper la paix et la sécurité régionale et mondiale.

En ce qui concerne le Golan syrien occupé, le Mouvement condamne toutes les mesures prises par Israël, puissance occupante, pour modifier son statut juridique, physique et démographique.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a réitéré sa profonde préoccupation face au fait que la solution envisagée par les Accords d’Oslo, il y a plus de 20 ans, s’éloigne un peu plus chaque fois à l’annonce d’une nouvelle colonie de peuplement.  La colonisation n’est pas seulement illégale au regard du droit international, mais elle constitue aussi un obstacle majeur à la réalisation d’une paix durable.  Elle menace la réalisation de la solution à deux États, la création d’un État palestinien souverain, indépendant et viable et coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Le représentant a appelé Israël à cesser immédiatement la colonisation.

Il a aussi estimé que, jusqu’à aujourd’hui, le Conseil de sécurité avait échoué à tenir Israël pour responsable des violations de ses décisions.  M. Mminele a souligné que l’Afrique du Sud se réjouissait de la publication prochaine du rapport de la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme créée pour enquêter sur les crimes de guerre commis pendant le dernier conflit à Gaza.  « Nous reconnaissons les difficultés auxquelles la Commission a dû faire face, mais nous espérons que cela n’affectera pas l’impartialité ou la rigueur du rapport, et que ce sera une première étape vers la réalisation de la justice pour les nombreuses victimes du conflit à Gaza », a dit le représentant.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que le Moyen-Orient, qui fut le berceau de la civilisation humaine, semblait malheureusement être devenu le berceau du chaos.  Chacun des conflits au Moyen-Orient doit être traité simultanément, avec une vision à long terme plutôt qu’à court terme ou avec perspectives partisanes, a-t-elle dit.

Les causes immédiates de chaque conflit sont différentes; mais il y a des points communs: l’échec des gouvernements et de la gouvernance à répondre aux aspirations légitimes des peuples concernés, les questions non résolues, les conséquences des interventions extérieures ainsi que les omissions de la communauté internationale.

Le Conseil de sécurité a, selon elle, la responsabilité d’agir avec vigueur et unanimité pour faire appliquer ses résolutions demandant un règlement juste et durable.  Ce Conseil devrait adopter une résolution établissant les paramètres d’un État palestinien, fixer un calendrier pour mettre fin à l’occupation et lancer un nouveau processus de paix pour faire avancer les négociations.

Plusieurs des conflits qui ont éclaté à travers le Moyen-Orient reflètent l’exacerbation des lignes de fracture au sein des États musulmans concernés.  Le monde musulman ne doit pas permettre à ces fissures de déchirer l’unité divinement prescrite de l’Oumma, la communauté de tous les musulmans, a-t-elle dit, affirmant que le Pakistan était prêt à faire tout son possible pour y promouvoir la paix et la réconciliation.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré qu’il incombait à la communauté internationale de faciliter la reprise des négociations.  Il a exhorté le Quatuor à redoubler d’efforts pour faciliter la reprise d’un processus de paix en rappelant que le Conseil de sécurité avait la responsabilité première de maintenir la paix et la sécurité, y compris en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.  L’Union européenne souhaite, a-t-il dit, un changement fondamental de la situation politique, sécuritaire et économique dans la bande de Gaza, dont la fin du blocus.  M. Mayr-Harting a salué la nomination du nouveau Coordonnateur spécial du Secrétaire général pour le Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov.  Il a assuré de la volonté de l’Union européenne de parvenir à un accord qui, à la fois, mette fin au blocus de Gaza et répondent aux inquiétudes sécuritaires légitimes d’Israël.  Il a aussi souligné la nécessité pour le Gouvernement palestinien, conduit par le Premier Ministre Hamdallah, de redoubler d’efforts pour mettre fin aux dissensions internes. 

S’agissant de la situation en Syrie, M. Mayr-Harting a assuré que l’Union européenne restait engagée pour contrer la menace que constitue l’État islamique.  Il a indiqué que l’Union européenne avait adopté, le 16 mars 2015, les conclusions d’une Stratégie régionale pour faire face à cette menace en Syrie et en Iraq.  Il a soutenu qu’il ne pourra pas y avoir de paix en Syrie tant qu’il ne sera pas possible de répondre aux revendications légitimes de toutes les parties syriennes.  Le représentant de l’Union européenne a dénoncé les violations du droit international humanitaire en prévenant que tous les auteurs de violences devront rendre compte de leurs crimes.  Il a estimé que la brutalité du régime Assad, les violations massives des droits de l’homme, l’obstruction systématique à des réformes démocratiques avaient largement contribué au développement de Daech en Syrie.  Après avoir souligné la situation dramatique du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk qui, après trois ans de siège par le régime syrien, est soumis à une nouvelle vague de violences, M. Mayr-Harting a exhorté toutes les parties au conflit à cesser les hostilités afin de permettre un accès des acteurs humanitaires aux populations dans le besoin.  La Commission européenne, a-t-il indiqué, vient d’accorder une aide d’urgence de 2,5 millions d’euros pour aider l’UNRWA à faire face à la situation des réfugiés palestiniens en Syrie. 

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a souhaité que le mécanisme tripartite établi pour surveiller l’entrée de matériel et de personnes à Gaza soit mis en œuvre de manière sure et continue en tenant compte à la fois des besoins de la population de Gaza et des attentes sécuritaires d’Israël.  Il a estimé que l’occupation du territoire palestinien par Israël constituait un des principaux obstacles à la paix.  « Nous sommes convaincus que la haine et la discrimination ne sauraient mener à la paix », a-t-il dit.  Il a exhorté la communauté internationale à mettre fin à un rôle passif alors que la situation ne cesse de se dégrader. 

Le représentant du Mexique s’est aussi inquiété de la détérioration de la situation au Yémen.  Il a souhaité que le dialogue reprenne entre les parties sous les auspices de l’ONU.  Il a aussi appelé à une solution négociée en Syrie qui s’appuie sur le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a jugé inacceptables les déclarations du Premier Ministre israélien rejetant la création d’un État palestinien.  Il a demandé que le Conseil adopte une résolution sur le conflit afin de mettre un terme à l’occupation israélienne et de promouvoir la solution des deux États.  Le délégué a ensuite condamné dans les termes les plus vifs la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie et demandé que cesse la politique de chantage d’Israël vis-à-vis de l’Autorité palestinienne.  Il a aussi demandé une intensification des efforts de reconstruction à Gaza.

Le délégué de Cuba a ensuite affirmé que seul le dialogue permettrait de régler la crise en Syrie.  La lutte contre le terrorisme ne saurait servir de prétexte à une intervention militaire étrangère, a-t-il mis en garde.  Il a indiqué que le Gouvernement syrien avait fait part de sa volonté de paix en rejoignant notamment la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Enfin, il a invité les États Membres à se faire les chantres de la paix afin de préserver la stabilité des pays de la région.

M. FODÉ SECK, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la guerre de l’été dernier contre le peuple de Gaza avait laissé la bande côtière dans un état catastrophique.  C’est ainsi que le 31 mars et 1er avril, le Comité a organisé un colloque à l’Office des Nations Unies à Vienne sur le thème de l’accélération des actions de secours, de redressement et de reconstruction menées à Gaza au lendemain de la guerre.  Cette manifestation a permis de faire le point sur les besoins d’urgence de Gaza, en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’eau.  Bien qu’il soit effectué à un rythme encore trop lent, nous notons la mise en œuvre du Mécanisme tripartite temporaire de Gaza, a reconnu M. Seck.

Il a ajouté que la reconstruction continuait de pâtir de certains obstacles à l’arrivée des matériaux de construction et des fournitures humanitaires indispensables.  À cet égard, la communauté international a l’obligation de répondre aux besoins fondamentaux les plus pressant du peuple de Gaza et de lui permettre de retrouver des moyens de subsistance, de recouvrer sa dignité et de reprendre courage.  Les participants au colloque ont appelé les donateurs à débloquer rapidement les fonds promis et demandé à Israël de lever le blocus afin que la vie à Gaza reprenne et que son peuple reprenne espoir, a rapporté M. Seck.

Après avoir rappelé l’adhésion de la Palestine au Statut de la Cour pénale internationale, M. Seck a noté que c’est par des moyens pacifiques et des voies légales que l’État de Palestine compte parvenir à la reconnaissance pleine et entière de sa souveraineté et de sa qualité.  Il a ensuite demandé à Israël de cesser ses mesures punitives qui plongent dans la souffrance et le désespoir des milliers de familles palestiniennes qui ne dépendent que des salaires et prestations que le Gouvernement leur verse.  En outre, il a dénoncé les incessantes activités de colonisation en Cisjordanie, les évictions de Palestiniens et confiscations de leurs biens à Jérusalem-Est occupée.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a condamné énergiquement l’escalade de la violence dans le conflit israélo-palestinien et lancé un appel à la reprise des négociations.  Il s’est félicité que la Palestine soit devenue partie à la Cour pénale internationale le 1er avril, ce qui veut dire que tout génocide, crime de guerre ou contre l’humanité commis à partir de cette date sur son territoire ou par des citoyens palestiniens peut faire l’objet d’enquêtes si un État partie renvoie la situation devant la Cour.  En ce qui concerne le Yémen, le représentant a déploré la situation politique et humanitaire critique.  Il a salué le soutien fourni par le Comité international de la Croix-Rouge et rappelé que celui-ci aurait besoin de moyens supplémentaires si la guerre continuait à ce rythme.  Rappelant la résolution adoptée la semaine dernière pour imposer un embargo sur les armes, il a souligné l’obligation des parties d’assurer la sécurité des civils.

Passant à la situation en Syrie, le représentant a appelé à trouver une solution politique pour mettre fin à la tragédie.  Il a exhorté les autorités syriennes à respecter leurs engagements en vertu du droit international, en particulier le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Elles doivent de toute urgence prendre des mesures pour éviter un bain de sang et les violations des droits de l’homme, en s’acquittant de leur responsabilité de protéger leur propre population.  M. Mendoza a souligné que la formation d’un gouvernement et la mise en place d’institutions appartenaient uniquement au peuple syrien, par le biais d’un dialogue politique inclusif, basé sur le respect de la diversité, de la tolérance et de la démocratie.

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a noté que 80 000 familles vivaient encore dans des maisons endommagées par les combats à Gaza et que des dizaines de milliers se trouvaient dans des abris temporaires dépourvus d’infrastructures sanitaires appropriées.  Il a exhorté Israël à cesser la démolition punitive de foyers palestiniens en réponse à des actes présumés de violence par des Palestiniens.  « En sus de la colonisation, de la violation flagrante des droits de l’homme, de la destruction de maisons, de l’arrestation de milliers de personnes et du blocus imposé à 1,8 million de personnes, Israël la puissance occupante a également recommencé à voler les recettes fiscales palestiniennes », a déclaré le représentant de la Namibie.

Ce dernier a jugé indispensable une reddition de comptes s’agissant des abus des droits de l’homme.  Il s’est dit particulièrement inquiet qu’Israël, puissance occupante, s’oppose toujours à ce que la commission indépendante d’enquête nommée par le Conseil des droits de l’homme en juillet dernier soit toujours empêchée de pénétrer en Cisjordanie et à Gaza pour y mener des enquêtes sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme faisant suite à des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien.  Il a exprimé sa solidarité vis-à-vis du peuple palestinien avant d’appuyer la présence d’un États palestinien au sein des institutions onusiennes. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a qualifié la situation au Moyen-Orient de désastreuse.  Tous les efforts de paix ont échoué, a-t-il rappelé, avant de souligner la gravité de la situation humanitaire à Gaza.  Il a indiqué que la création d’un État palestinien était le seul moyen d’instaurer une paix durable au Moyen-Orient.  Il est grand temps que la communauté internationale mette un terme à cette situation, a-t-il affirmé. 

Puis, le délégué du Maroc a insisté sur la dangerosité de la situation en Libye, en raison notamment des agissements des groupes terroristes.  Il a demandé une intensification des efforts internationaux pour vaincre ces groupes terroristes en Libye, mais aussi partout où ils frappent.  Il a ajouté que le Maroc honorerait ses engagements envers les Libyens et précisé que le dialogue entre factions libyennes qui a eu lieu dans son pays avait débouché sur des progrès.

Le délégué a fait part de sa vive préoccupation vis-à-vis de la situation au Yémen et souligné la nécessité de préserver la souveraineté de ce pays.  En ce qui concerne la situation en Syrie, il a mentionné les efforts du Maroc pour venir en aide aux réfugiés syriens et jugé capital de préserver l’intégrité de la Syrie.  En conclusion, il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie.

M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a estimé que le blocus de Gaza s’apparentait à une strangulation et une sanction collective.  Il a regretté le fait qu’Israël continue sa politique de colonisation dans le territoire occupé et notamment à Jérusalem-Est.  Il a salué la décision de l’État de Palestine de devenir partie au Statut de Rome dans un souci de recherche de justice.  Il a jugé inadmissible qu’Israël retienne trois mois de recettes fiscales.  Il a appelé au retrait de tous les colons israéliens du territoire palestinien. 

Le Bangladesh, a dit la délégation, exige qu’il soit mis fin à l’occupation qui a débuté en 1967 et plaide pour la réalisation d’une solution des deux États.    

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné la nécessité de mettre un terme aux activités de colonisation en Cisjordanie et au blocus qui frappe Gaza.  Elle a exhorté le Conseil à adopter une résolution prévoyant la fin de l’occupation israélienne selon un calendrier préalablement défini.  Elle a ensuite affirmé que les premières victimes de la crise syrienne étaient les civils pris au piège des zones de conflit.

La situation humanitaire dans le camp de Yarmouk s’est aggravée, a-t-elle dit, avant de préciser que les réfugiés syriens étaient désormais quatre millions.  « Nous faisons face au risque d’une génération perdue en Syrie », a-t-elle averti.  La déléguée a en outre souligné que les armes chimiques continuaient d’être utilisées en Syrie.  En conclusion, elle s’est dite en faveur d’une solution politique basée sur le Communiqué de Genève.  Aucun rôle ne pourra être dévolu à quiconque ayant du sang sur les mains, a-t-elle déclaré.

M. HALI ÇEVIK (Turquie) a dit que les effets dévastateurs du conflit à Gaza persistaient.  Il a appelé à lever le blocus pour soulager la situation insupportable de la population de Gaza.  « Nous devons aboutir à une situation négociée du conflit israélo-palestinien », a-t-il déclaré, en estimant que le maintien du statu quo était insupportable.  Il a affirmé que l’unité palestinienne était indispensable pour parvenir à une solution durable.  Il a exhorté la communauté internationale à renouveler son engagement pour parvenir à une résolution du Conseil de sécurité contenant des paramètres et un calendrier de négociations.  Il a ajouté que la Turquie continuerait d’appuyer tous les efforts pour parvenir à un État palestinien dans les frontières antérieures à 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Par ailleurs, il s’est inquiété de l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie en précisant que la Turquie était le premier pays d’accueil de réfugiés.  Il a appelé à une transition politique axée sur le Communiqué de Genève.  Par ailleurs, il a estimé que la situation au Yémen pouvait avoir des conséquences graves sur la région, puis a appelé à des efforts au niveau régional pour parvenir à une solution politique de ce conflit.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a affirmé qu’il n’y avait pas d’autre option qu’une solution des deux États, en vertu de laquelle Israël et la Palestine existent comme deux pays bénéficiant de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues et mutuellement.  Il n’y a pas de temps à perdre, a-t-il déclaré.

Le représentant a appelé le prochain Gouvernement israélien à préciser dans les mots et les actes son attachement à une solution des deux États.  L’histoire a démontré que les négociations sont impossibles quand un programme renforcé d’occupation de terres est en cours, a-t-il dit, en déclarant que les colonies sont illégales et en estimant que toutes ces activités doivent cesser.

Il a également lancé un appel à la direction palestinienne pour qu’elle forme une administration unifiée et cohérente qui soutient sans équivoque la politique convenue avec Israël dans le cadre des Accords d’Oslo, à savoir négocier pacifiquement, rejeter la violence et respecter le droit d’Israël à exister.

Par ailleurs, le représentant norvégien a appelé à résoudre les conflits sous-jacents qui ont permis aux extrémistes djihadistes de se développer en une menace agressive pour tous dans la région et au-delà.  Un message clair doit être envoyé à -et de- toutes les capitales régionales pour contrer les forces qui alimentent les craintes sectaires et les impulsions à l’intérieur et entre les États de la région. 

M. ASOKE K. MUKERJI (Inde) a expliqué que l’engagement continu de son pays en faveur de la Palestine trouvait ses racines dans la lutte de l’Inde pour son indépendance.  Il a dit que l’Inde continuait de soutenir les efforts palestiniens de construction de la nation en étendant son assistance technique et financière.  Il a ajouté que l’Inde accordait également un million de dollars chaque année au fonctionnement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et a accordé quatre millions supplémentaires aux efforts de reconstruction de Gaza.  Il a exhorté les deux parties à reprendre le processus de paix aussi vite que possible, dans l’optique de parvenir à une solution des deux États. 

Par ailleurs, il s’est dit particulièrement inquiet de la prolifération des activités terroristes en Syrie et en Iraq.  Il a estimé que seule la consolidation des processus politiques et la mise en place d’institutions étatiques durables seront de nature à éliminer l’extrémisme et le radicalisme de la région.  Il a exhorté les parties au Yémen à revenir à la table des négociations. 

Préoccupé par l’absence de progrès dans le processus de paix entre la Palestine et Israël, Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a uni sa voix avec celles de tous les peuples épris de paix pour appeler à la reprise des négociations concrètes et sérieuses qui redonneront de la vigueur au processus de paix.  Le Saint-Siège ne cesse d’encourager les dirigeants du Liban pour résoudre l’impasse qui a empêché l’élection du Président depuis mai 2014, en mettant de côté les intérêts personnels pour satisfaire le plus grand bien d’un Liban unifié. 

La communauté internationale doit soutenir le Liban pour qu’il puisse retrouver une normalité institutionnelle et la stabilité.  Mgr Auza a réitéré sa condamnation des attaques et abus fondés sur des motifs ethniques, raciaux ou autres.  Il a rappelé que la disparition de groupes de minorités ethniques et religieuses du Moyen-Orient ne serait pas seulement une tragédie, mais une perte d’un patrimoine riche qui a tant contribué à la société à laquelle ils appartiennent. 

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a estimé que seules des négociations directes entre les parties permettraient de parvenir à une solution pacifique et à l’aboutissement d’une solution des deux États.  Il s’est dit persuadé que l’avènement d’une paix israélo-palestinienne n’est possible que dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU, des principes de Madrid, y compris la terre contre la paix, la Feuille de route et tous les accords atteints par les parties, dont l’Initiative de paix arabe de 2002. 

S’agissant de la Syrie, il a condamné les violences en cours, notamment les violations des droits de l’homme perpétrées par le régime et les groupes terroristes.  Il a dit que l’usage aveugle de la force par l’armée syrienne contre les civils était tout aussi intolérable que la violence des groupes terroristes.  Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général visant à parvenir à une désescalade sur la base du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.  Il s’est dit particulièrement inquiet des activités de l’État islamique en Iraq et au Levant et d’autres groupes terroristes au Moyen-Orient.  Il a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour faire cesser les crimes de cette organisation ainsi que ses activités déstabilisantes.  

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a rappelé que la solution des deux États était le seul moyen de parvenir à une paix durable au Moyen-Orient.  Il a en conséquence appelé les responsables palestiniens et israéliens à faire montre de sagesse, de sens des responsabilités et de volonté politique afin de parvenir à un accord de paix historique qui réponde aux aspirations des deux peuples.  Il a ensuite souligné la nécessité que la communauté internationale prône une approche multidimensionnelle pour lutter contre l’extrémisme violent.

Seul le dialogue permettra le règlement de la crise en Syrie, a-t-il poursuivi, avant de se dire gravement préoccupé par l’extrême vulnérabilité des réfugiés palestiniens.  Enfin, le délégué a rappelé qu’un débat thématique de haut niveau sur la promotion de la tolérance et de la réconciliation se tenait en ce moment même à l’ONU.  Les leaders spirituels et les intellectuels doivent être impliqués dans les efforts de paix aux côtés des hommes politiques et des diplomates, a-t-il dit.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a réaffirmé la position de son pays qui est en faveur du droit du peuple palestinien à édifier un État indépendant.  Il a donc demandé le retrait complet d’Israël du territoire palestinien, en vertu des résolutions du Conseil de sécurité, de l’Initiative de paix arabe et des décisions du Quatuor, ainsi que la levée du blocus sur la bande de Gaza.  Il a demandé la fin de l’occupation israélienne, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé, ainsi que le respect du territoire libanais. 

Il faut aussi trouver une solution juste garantissant le retour des réfugiés palestiniens, a-t-il souhaité.  Le représentant a demandé de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, ainsi que le droit international applicable, notamment les Conventions de Genève de 1949 qui interdisent d’apporter des changements géographiques aux territoires occupés.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a noté que le processus de paix au Moyen-Orient était tombé dans un cercle vicieux où la défiance nourrit la défiance.  Puis, il a exhorté le Gouvernement israélien à honorer son engagement en faveur de la solution des deux États et demandé la fin des activités de colonisation.  « Nous appelons les deux parties à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de saper les efforts en vue d’une reprise des négociations de paix », a-t-il dit.  Il a également souligné le rôle constructif que pourrait jouer le Conseil dans un retour desdites parties à la table des négociations.

Rappelant que deux citoyens japonais ont été assassinés par Daech au début de cette année, le délégué du Japon a souligné la nécessité de consentir à des efforts multidimensionnels et sur le long terme afin de combattre le terrorisme.  « Mon gouvernement a fait don de 200 millions de dollars aux pays voisins de la Syrie afin de renforcer la résilience de leurs sociétés face aux extrémistes », a-t-il dit.  Enfin, M. Yoshikawa a appuyé la recherche d’une solution politique basée sur le Communiqué de Genève afin de régler la crise en Syrie.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a souligné que l’attentat à la bombe qui avait frappé lundi dernier Sanaa avait entraîné des dommages considérables sur les locaux de l’ambassade de l’Indonésie et fait deux blessés parmi le personnel de l’ambassade et a blessé un autre citoyen indonésien.  À cet égard, il a réitéré le fait que la meilleure solution à la situation au Yémen était la diplomatie et la négociation.  Il a exhorté le Secrétaire général et toutes les parties concernées à mettre en œuvre immédiatement une pause humanitaire pour permettre aux civils, y compris les étrangers, d’évacuer le pays et à l’aide humanitaire d’entrer.  Il a également demandé aux parties de prendre les mesures nécessaires pour protéger les installations diplomatiques et consulaires. 

Sur la question palestinienne, le représentant a souligné que cette réunion du Conseil de sécurité se tenait à un moment d’impasse presque totale dans le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a réitéré le fait que le Conseil de sécurité ne pouvait pas se permettre de jouer le rôle d’un autre acteur, ou, pire encore, le rôle d’un spectateur dans la recherche d’une solution globale à la question de Palestine.  Il a appelé les Nations Unies, en tant que membre du Quatuor, à se tenir aux côtés des enfants de Palestine et à relancer le processus de paix pour s’assurer qu’ils, avec les enfants d’Israël, jouissent de la paix et de la stabilité qui avaient été refusées à leurs ancêtres.  Le représentant a également attiré l’attention du Conseil sur la situation du camp de réfugiés de Yarmouk, en Syrie.  

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a demandé à tous les acteurs de relancer les pourparlers de paix afin de créer un avenir durable pour les futures générations d’Israéliens et de Palestiniens.  Elle s’est préoccupée du risque d’insolvabilité de l’Autorité palestinienne à cause des problèmes de transfert des revenus fiscaux.  Elle a aussi exprimé son inquiétude face aux activités illégales de colonisation, qui vont à l’encontre des efforts de paix internationaux. 

En ce qui concerne la Syrie, elle s’est préoccupée de l’ampleur de la violence et des violations systématiques des droits de l’homme et du droit humanitaire.  La communauté internationale doit en faire davantage pour tenter de résoudre ce conflit, a-t-elle souhaité, se disant encouragée par le succès de la troisième conférence humanitaire pour la Syrie tenue au Koweït le 31 mars dernier.  Elle a indiqué que son pays avait promis de débloquer 10 millions de dollars supplémentaires pour l’assistance humanitaire en Syrie, en plus des 14 millions de dollars versés au cours des trois dernières années. 

Enfin, face à la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, la République de Corée a promis une aide de 500 000 dollars qui sera versée par le biais des organismes des Nations Unies.  Elle a souhaité que le processus politique soit repris dans ce pays.

M. FREDERICK M. SHAVA (Zimbabwe) a vivement déploré le fait que le Conseil n’ait pas contribué plus activement à la recherche de la paix au Moyen-Orient et ce, alors même que la situation sur le terrain ne cesse de se détériorer.  Il a ensuite appelé le Gouvernement israélien à réaffirmer son engagement en faveur de la solution des deux États.

Puis, le délégué a apporté le soutien de son pays aux enquêtes ouvertes sur les allégations de crimes de guerre commis durant le dernier conflit à Gaza.  Notant la lenteur des efforts de reconstruction à Gaza, il a exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien afin de pourvoir aux besoins essentiels des Palestiniens.  « Le Conseil ne peut rester sur le banc de touche dans la recherche d’une solution pacifique à la question palestinienne », a estimé le délégué.  Il a en conséquence exhorté le Conseil à prendre la tête des efforts et à revitaliser le processus de paix afin de préserver la solution des deux États.

M. AHMED SAREER (Maldives) a réitéré son appel pour la pleine réalisation du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, le droit d’établir son propre État, aux côtés d’Israël, sur la base de la solution des deux États, sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  La situation en Syrie est aussi très préoccupante.  « Nous sommes profondément préoccupés par la dégradation de la situation humanitaire et le fait que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) n’avait pas eu accès au camp et qu’il a besoin de conditions de sécurité suffisantes pour apporter de l’aide et évacuer les civils », a dit le représentant, pour qui la protection des civils, en particulier ceux qui sont déjà pris au piège dans des situations vulnérables tels que les réfugiés de Yarmouk, doit être la priorité. 

M. NILUKA KADURUGAMUWA (Sri Lanka) a fait état des souffrances du peuple palestinien, qui se prolongent dans la durée, et a dénoncé les restrictions sur les importations et les exportations à Gaza qui étouffent la croissance économique et aggravent la crise humanitaire.  La délégation s’est inquiétée des besoins de la population palestinienne qui ne sont pas comblés à cause des destructions à grande échelle de l’an dernier dans la bande de Gaza et des déplacements qui en ont résulté. 

Il faut donner la priorité à la reconstruction et à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, a-t-elle demandé, ce qui exige de tenir les promesses faites à la Conférence du Caire et de financer les agences de l’ONU chargées de mener des opérations vitales sur le terrain.  La délégation a également souhaité la reprise des négociations de paix aussi tôt que possible, afin de trouver une solution juste et durable, conforme au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Elle a fait valoir que toute amélioration des conditions de vie des Palestiniens aurait un impact positif sur toute la région.  Pour réaliser l’objectif de paix, elle a demandé à Israël de cesser ses activités illégales de colonisation et aux parties de faire preuve de retenue.  Enfin, elle a indiqué soutenir la demande de la Palestine de devenir membre à part entière de l’ONU.

Répondant aux observations de certaines délégations, le représentant d’Israël s’est dit surpris que le Mouvement des non-alignés ait « l’audace et l’hypocrisie » de parler à son pays de droit international et des droits de l’homme, alors, a-t-il dit, que l’Arabie saoudite et la Syrie sont ceux qui abusent le plus des droits de l’homme dans des régimes d’oppression.  Il a aussi reproché l’Indonésie de ne pas avoir mentionné la pratique de décapitations barbares, cette semaine, par les autorités indonésiennes.  Cette brutalité d’État est un aspect de la situation au Moyen-Orient aujourd’hui, a-t-il estimé.

En ce qui concerne la déclaration de la Syrie, il a mentionné la responsabilité de ce régime face à la mort de plus de 220 000 Syriens.  Accuser Israël de l’évacuation de la zone de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), c’est réviser l’histoire, a-t-il aussi déclaré, en expliquant que l’armée syrienne avait fui face à l’avancée des terroristes.  Israël a ouvert ses portes et a donné à la FNUOD un lieu de refuge et de secours, a-t-il précisé.

À la délégation de la République islamique d’Iran, qui a parlé d’occupation israélienne du territoire libanais, il a rappelé que l’Iran est aujourd’hui « la principale puissance occupante au Moyen-Orient et en particulier au Liban ».  L’Iran est en outre « le premier fournisseur d’armes illicites au Hezbollah, organisation terroriste bien connue », a-t-il affirmé.  Il est temps de traiter de cette menace à la paix et à la sécurité, a-t-il demandé.

Le représentant de l’Arabie saoudite a réitéré sa position vis-à-vis de ce que fait Israël et de « ses mensonges ».  Il a aussi regretté que le représentant du régime syrien continue de « répéter des fausses revendications contre l’Arabie saoudite », mais a souligné que la Syrie ne pouvait pas réussir à détourner l’attention du Conseil de sécurité des crimes commis par son régime.  Il a cité le représentant syrien qui a parlé d’organisation terroriste, ce qui reflète à son avis la méthodologie utilisée par le régime syrien qui consiste à terroriser et à amputer des bras et des mains des opposants au régime.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED examine les moyens de coordination du financement du développement

Session de 2015,
25e & 26e séances, matin & après-midi
ECOSOC/6684

La réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED examine les moyens de coordination du financement du développement

 

Tous les acteurs sont invités à se mobiliser pour assurer le succès de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, en juillet prochain

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, sa Réunion spéciale de haut niveau avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), sur fond de croissance mondiale lente mais également en pleine phase de préparatifs du Sommet qui se tiendra en septembre prochain pour l’adoption du programme de développement pour l’après-2015.  À cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a demandé de mobiliser les ressources nécessaires pour le financement du développement à tous les niveaux: national, international, public et privé.

« Cette réunion se tient à un moment crucial, juste après les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, à Washington D.C., et la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement », a noté le Président du Conseil économique et social, M. Martin Sajdik.

« Nous ne réussirons pas sans un partenariat global pour un développement revitalisé et renforcé », a averti le Secrétaire général en reconnaissant les « besoins de financement gigantesques » que nécessitera la mise en œuvre de l’ambitieux programme de développement pour l’après-2015.  Le thème de la réunion, basée sur une note du Secrétaire général, portait précisément sur « la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 ».

Cette réunion doit apporter une contribution importante au succès de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba en juillet prochain, a souhaité le Président de l’ECOSOC.  Le Secrétaire général a plaidé en faveur d’un nouveau cadre financier international « prévisible et efficace » pour le développement durable, qui soit aussi « cohérent et holistique ».

Le renforcement des partenariats entre les acteurs nationaux, internationaux, publics et privés, pour soutenir le financement du développement, est une nécessité à plusieurs titres.  Le Vice-Premier Ministre de la Turquie, qui s’exprimait en tant que Président du G-20, a expliqué cette exigence en soulignant tout d’abord la nécessité de remédier à l’insuffisance des ressources fiscales des pays en développement.

À cet égard, le Ministre des finances de la Colombie, comme d’autres, a plaidé en faveur d’une plus grande coopération en matière fiscale afin d’aider les pays en développement à collecter et à utiliser plus efficacement leurs recettes fiscales.  Cela exige cependant une plus grande compétence des fonctionnaires de l’administration fiscale.  Le représentant des États-Unis a aussi invité à lutter contre la fraude fiscale, grâce à la transparence des finances publiques, et à mieux partager les informations en matière fiscale sur le plan international.  La Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas a indiqué que son pays avait commencé à revoir 23 conventions fiscales avec les pays en développement.

L’aide financière directe des pays développés en faveur des pays en développement a été considérée comme étant un des moyens cruciaux de financer le développement durable.  Le Commissaire européen à la coopération internationale et au développement a assuré que l’Union européenne était engagée à fournir une aide publique au développement (APD) plus substantielle, tout en expliquant qu’on ne pouvait pas compter uniquement sur cette forme d’aide.  Il a recommandé d’utiliser tout le potentiel des initiatives privées, ainsi que celui de la science, la technologie et l’innovation.

Le rôle des migrants pour mobiliser des ressources privées et pour le transfert des technologies a été discuté lors des consultations régionales préparatoires à la Conférence d’Addis-Abeba, a indiqué le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de cette Conférence, M. Wu Hongbo.

Les trois discussions interactives organisées au cours de cette première journée de débats ont permis d’examiner la « Situation économique mondiale et perspectives », les « Défis actuels et nouvelles possibilités pour la mobilisation de ressources financières et leur utilisation efficace pour le développement durable en route pour Addis-Abeba », et le « Partenariat mondial renouvelé pour le développement dans le cadre du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 ».

Sur la question de la mobilisation des ressources financières, le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a expliqué que le financement du développement ne devrait pas seulement reposer sur l’aide au développement, les impôts et le secteur privé, mais aussi sur le commerce.  Plusieurs délégations, dont celle du Groupe des 77 et la Chine, ont plaidé en faveur d’une aide au commerce et recommandé la mise en place d’un système commercial international équitable.

L’un des cofacilitateurs du processus préparatoire de la Conférence d’Addis-Abeba, le représentant de la Norvège, a invité à développer de nouvelles idées afin de réaliser l’objectif de traduire « des milliards en trillions », faisant ainsi référence au document adopté le 18 avril par les banques de développement, le FMI et la Banque mondiale. 

L’ECOSOC poursuivra demain, mardi 21 avril à 10 heures, son dialogue avec les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED.

RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU AVEC LA BANQUE MONDIALE, LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL, L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT

Thème général « Cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 » (E/2015/52)

Déclarations liminaires

M. MARTIN SAJDIK, Président du Conseil économique et social, a souligné que cette réunion se tenait à un moment crucial, juste après les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington D.C. et la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement.  En outre, a-t-il dit, une nouvelle série de négociations intergouvernementales sur le programme de développement de l’après-2015 sera engagée demain.  Il s’est félicité de tous les efforts entrepris cette année pour lancer une nouvelle ère de développement durable.  Il est important de renforcer les partenariats pour assurer l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il souligné, en mettant l’accent en particulier sur les efforts concertés aux niveaux local, national, régional et international.

C’est dans cette optique que nous avons choisi pour la réunion d’aujourd’hui le thème de la « Cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 », a expliqué M. Sajdik.  Il a prôné la réorientation des schémas d’investissement et une meilleure coordination des investissements publics et privés, afin d’optimiser leurs effets sur le développement.  Il faut, a-t-il ajouté, que l’on mette en place un système économique mondial plus résilient et cohérent.

Le Président de l’ECOSOC a fait observer que l’économie mondiale avait connu en début d’année un ralentissement.  Tout en notant que les prévisions sont plus favorables pour les deux prochaines années, il a souligné les obstacles résultant des tensions géopolitiques, comme les crises en Ukraine, en Syrie, Iraq, Libye ou au Yémen.  Il a aussi parlé du drame des migrants et réfugiés qui, en fuyant leur pays sur des embarcations de fortune, périssent en mer et du chômage des jeunes.  Pour atténuer ces difficultés, il a conseillé de renforcer la coordination et la coopération entre les politiques internationales afin d’aligner les politiques macroéconomiques sur les objectifs de croissance équilibrée et créatrice d’emplois.

Il nous faut aussi travailler ensemble pour combattre la criminalité organisée, la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent, la corruption et les transferts illicites de fonds, comme l’a démontré le treizième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice pénale qui vient de s’achever à Doha, au Qatar.  Le Président de l’ECOSOC a souligné l’importance de la bonne gouvernance, de la transparence au sein des institutions publiques, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, en expliquant que ce sont les fondements essentiels des sociétés pacifiques.  Le partenariat requis pour mettre la planète sur une voie durable, a-t-il précisé, inclut tous les acteurs, y compris la société civile, le secteur des affaires, les autorités locales, les parlements. 

Pour que ces mesures soient efficaces, il faudrait un mécanisme de suivi qui soit fondé sur l’expertise technique, y compris celle des protagonistes du processus de financement du développement, a estimé M. Sajdik.  L’ECOSOC a des atouts dans ce processus de suivi, a-t-il fait remarquer en citant son rôle de coordination, notamment par le biais du Forum politique de haut niveau.  L’ECOSOC a aussi un rôle en matière de responsabilité, avec le Forum de coopération au développement, a-t-il ajouté.  Enfin, il a invité les participants à la réunion d’aujourd’hui et de demain à apporter une contribution importante au succès de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba en juillet prochain.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que la Conférence d’Addis-Abeba était l’occasion d’élaborer un nouveau cadre financier international qui soit prévisible et efficace en vue de la réalisation du développement durable.  Il a ensuite mentionné les trois éléments clefs que les États Membres devraient rechercher à Addis-Abeba, portant respectivement sur la mise en œuvre d’un cadre de financement du développement durable cohérent et holistique, l’adoption de mesures concrètes dans les domaines cruciaux des infrastructures, de l’agriculture ou encore du soutien aux petites et moyennes entreprises, et un processus de suivi robuste afin de s’assurer qu’aucun pays ne soit exclus.

M. Ban a ensuite souligné l’ampleur des défis que doit relever la communauté internationale, en rappelant qu’une économie mondiale stable et inclusive ne suffisait pas pour garantir un développement durable.  « Nous devons faire en sorte que les ressources nécessaires pour le financement du développement à tous les niveaux –national, international, public et privé– soient disponibles. »  Il a ensuite détaillé le projet zéro de document final mis en circulation par les cofacilitateurs du financement du développement.  Ce projet, s’il souligne l’importance de combattre les flux illicites par le biais de réformes nationales et d’une coopération fiscale internationale, note également que ces initiatives devraient être complétées par davantage de délibérations au sein des Nations Unies afin qu’elles puissent bénéficier à tous les pays, y compris ceux en développement, a fait observer le Secrétaire général.  Ce projet, a-t-il dit, insiste sur la nécessité d’une aide au développement pérenne et officielle, d’un système commercial multilatéral équitable et d’une gouvernance globale pour le développement durable.

« Le programme de développement pour l’après-2015 est ambitieux et les besoins de financement sont gigantesques », a affirmé M. Ban.  « Nous ne réussirons pas sans un partenariat global pour le développement revitalisé et renforcé », a-t-il poursuivi, en appelant à tirer les leçons du partenariat actuel.  Seuls des efforts concertés de toutes les parties prenantes, y compris celles réunies aujourd’hui, a-t-il estimé, permettront de relever les défis avec succès.  « Nous devons travailler étroitement pour faire de 2015 l’année d’une action globale qui restera gravée dans les mémoires comme le point de départ d’une nouvelle ère pour le développement durable. »

M. ALI BABACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, s’exprimant en tant que Président du G-20, a souligné que depuis la crise financière et économique de 2008, l’économie mondiale restait en berne, même si des perspectives de croissance sont positives dans certains pays développés notamment.  Il a noté que parmi les pays émergents, certains avaient connu une croissance soutenue, tandis que d’autres avaient enregistré un ralentissement de leur croissance.  Les politiques monétaires appliquées par les pays ont globalement montré leurs limites, ce qui invite à mettre en œuvre de nouvelles politiques monétaires plus à même de promouvoir la croissance.  Pour encourager la reprise économique mondiale, le Vice-Premier Ministre a suggéré que les gouvernements mettent en œuvre des réformes structurelles, notamment dans les secteurs du travail et de l’environnement des affaires, ainsi qu’en matière fiscale. 

M. Babacan a ensuite présenté les priorités de la présidence turque du
G-20, à savoir l’inclusion et les investissements et la mise en œuvre.  Il a expliqué que l’inclusion est importante au niveau national afin de permettre à tous les secteurs de la société de bénéficier des fruits de la croissance.  Dans ce contexte, il a appelé au renforcement du rôle des petites et moyennes entreprises (PME), secteur le plus à même de créer des emplois décents.  Il a annoncé qu’un forum mondial sur les PME sera organisé cette année pour la première fois par le G-20.  Il a également déclaré que l’initiative « Femme20 », plus connue sous son intitulé anglais « W20 » du G-20 vise à renforcer le rôle et l’efficacité des femmes dans le monde des affaires.  Lors du sommet de novembre prochain en Turquie, les membres du G-20 présenteront des propositions concrètes sur la question.    

Les investissements sont une priorité du G-20, a souligné M. Babacan, avant d’ajouter que chaque pays devrait préparer une stratégie d’investissements en vue d’être présentée et discutée en novembre prochain.  Comme les ressources fiscales ne sont pas toujours suffisantes, il faudrait envisager de renforcer les partenariats public-privé, notamment en prévision du futur programme de développement pour l’après-2015, a-t-il dit.  Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs souligné que la mise en œuvre était un point crucial de la présidence turque du G-20.  Il a fait observer que les pays du G-20 s’étaient engagés à mettre en œuvre plus de 100 réformes structurelles censées stimuler la croissance économique mondiale et la faire croître de 2% d’ici à 2018. 

Cette année, les pays en développement à faible revenu sont également une priorité du G-20.  Il a aussi fait part de la volonté du G-20 de s’engager davantage dans le domaine de la sécurité alimentaire, en annonçant une réunion ministérielle à ce propos, avec pour point central des échanges la question du gaspillage et des pertes de la production alimentaire.  Il a aussi annoncé que le G-20 allait tenir à Istanbul, en octobre prochain, une réunion ministérielle sur l’accès à l’énergie durable pour tous.  Le Vice-Premier Ministre a en outre fait remarquer que les crises humanitaires sapaient les efforts de développement, détournant ainsi les ressources consacrées à l’aide publique au développement (APD).  La Turquie est affectée par la crise humanitaire résultant du conflit syrien, a-t-il indiqué avant d’inviter la communauté internationale à ouvrir la voie à une nouvelle aire sur le financement humanitaire.  Le Sommet humanitaire prévu à Istanbul en mai 2016 sera l’occasion de se pencher sur cette question, a-t-il assuré avant de conclure.

Débat ministériel sur le thème 1 « Situation économique mondiale et perspectives »

M. VACHÉ GABRIELYAN, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’intégration économique internationale et des réformes de l’Arménie, a déclaré que le paysage du financement était devenu plus complexe et qu’il n’était plus concentré uniquement sur le financement public.  Les pays à faible revenu et à revenu moyen ont besoin plus que les autres du financement privé, en plus du financement public, a-t-il noté.  Selon une étude de McKinsey, a-t-il indiqué, les pays pourraient presque compenser le manque d’infrastructures en améliorant les bonnes pratiques et en utilisant mieux les infrastructures existantes.  L’Arménie, en tant que pays enclavé, a un besoin crucial de bonnes infrastructures de transport.  Le Vice-Premier Ministre a dénoncé le blocus imposé à son pays qui, a-t-il dit, entrave le bon fonctionnement de ces infrastructures.  Une solide coopération avec ses partenaires permettra à l’Arménie, a-t-il assuré, de surmonter ces difficultés.  M. Gabrielyan a exprimé l’appréciation de son pays pour les processus engagés dans ce sens à l’ONU et, en particulier l’ECOSOC, et il a émis l’espoir que 2015 marquera un véritable tournant pour ouvrir la voie vers un avenir plus durable. 

M. MAURICIO CÁRDENAS, Ministre des finances de la Colombie, a souligné le palmarès exceptionnel de son pays sur le plan économique et social, malgré des défis importants sur le plan international.  Ainsi l’an passé, l’économie colombienne a augmenté de 4,6% et le taux d’investissement représentait 30% du PNB, a-t-il indiqué.  Le plus important, a-t-il estimé, c’est que la Colombie a réussi à réduire son taux de pauvreté qui est passé de 40% en 2009 à 28% en 2014.  Cependant, l’économie internationale présente deux principales menaces pour des pays comme le sien.  La première est la chute des cours des produits de base, notamment miniers et énergétiques, qui pèse beaucoup sur les pays producteurs.  Le deuxième est la normalisation des politiques monétaires dans les pays qui ont adopté des politiques expansionnistes pour relancer leur économie, a-t-il dit, en donnant l’exemple de la maîtrise des taux d’intérêt aux États-Unis.

Plaidant en faveur de la mobilisation des ressources nationales, le Ministre colombien a souligné le rôle important que doit jouer l’administration fiscale.  En Amérique latine, 20% du PIB provient des impôts, tandis que cette part est de 34% dans les pays de l’OCDE.  C’est pourquoi il faudrait améliorer la procédure de recettes fiscales, notamment par le biais d’une coopération internationale en matière fiscale plus efficace.  Ainsi, l’échange d’informations à caractère fiscal devrait se faire de manière automatique.  Les pays en développement doivent aussi investir dans la collecte de données et la compétence de leurs fonctionnaires de l’administration fiscale, sachant que celle-ci doit en outre être dépolitisée.  Une autre façon d’améliorer le bénéfice des recettes fiscales est de redynamiser l’économie formelle et les emplois formels, a fait remarquer le Ministre.  Au niveau local, il faudrait améliorer nos propres banques de développement, a-t-il estimé, en donnant l’exemple de son pays qui vient de créer la Financière de développement international.

M. NEVEN MIMICA, Commissaire à la coopération internationale et au développement de l’Union européenne (UE), a signalé que la reprise dans la zone euro progressait, même si la croissance était obérée par un ajustement macroéconomique inachevé et un fort taux de chômage.  Nous pouvons et devons faire mieux, a-t-il dit.  Il faudrait que l’Union européenne libère des investissements privés et publics à hauteur de 315 milliards d’euros pour les trois prochaines années.  Il faudrait aussi que l’Union européenne prenne un engagement renouvelé pour les réformes structurelles dans tous les secteurs, comme l’énergie, les télécommunications et le transport.  En outre, il faudrait améliorer la responsabilité financière.  L’Union européenne est déterminée à poursuivre les processus internationaux en cours, notamment en matière de financement du développement, de développement durable et de changement climatique, a assuré le Commissaire européen.

M. Mimica a plaidé en faveur d’un véritable partenariat mondial pour soutenir le programme de développement pour l’après-2015.  L’Union européenne est engagée à fournir encore plus d’aide publique au développement (APD), a-t-il assuré, tout en expliquant qu’on ne pouvait pas compter que sur cette forme d’aide.  Il a recommandé d’utiliser tout le potentiel des initiatives privées, comme l’Union européenne qui a débloqué 40 milliards d’euros d’investissements dans les pays partenaires.  Il faudrait aussi utiliser le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation.  En même temps, a-t-il insisté, la Conférence d’Addis-Abeba devrait rester concentrée sur la mobilisation des ressources nationales et leur utilisation effective, notamment en créant des systèmes fiscaux transparents et efficaces et en luttant efficacement contre les transferts de fonds illicites.

Enfin, le Commissaire européenne a estimé que le commerce était l’outil le plus important pour la promotion du développement durable et pour la croissance.  L’Union européenne, qui est un leader mondial en matière d’aide au commerce, assure des mesures commerciales préférentielles importantes.  Il a ainsi cité l’initiative « Tout sauf des armes » qui offre un accès sans droits ni taxes aux produits des pays les moins avancés, à l’exception des armes et des munitions.  Avant de conclure, il a souligné l’importance de résoudre les problèmes d’inégalité et d’exclusion qui affectent en particulier les femmes.

Mme MAGDALENA ANDERSSON, Ministre des finances de la Suède, a mis l’accent sur deux domaines d’action importants, la lutte contre les changements climatiques et l’égalité homme-femme.  Lutter contre les conséquences des changements climatiques nécessite une réduction de l’utilisation des combustibles fossiles et des subventions à ces énergies, a-t-elle dit.  La Suède, a-t-elle indiqué, collecte une taxe sur les émissions de carbone depuis maintenant 20 ans.  Depuis 1991, le PIB a ainsi augmenté tandis que  les d’émissions de gaz à effet de serre étaient réduites de 20%.  Les économies avancées pourraient faire plus pour lutter contre ce phénomène tant sur le plan national que sur le plan international.  La Suède envisage d’augmenter sa contribution au Fonds vert pour le climat, a-t-elle annoncé. 

La Ministre a ensuite appelé à réfléchir aux compétences non utilisées dans le monde, à cause du manque de chances données aux femmes pour qu’elles participent à la vie économique.  Elle a donc demandé d’augmenter leur participation au marché du travail pour augmenter le potentiel de croissance mondiale.  Il faudrait mobiliser davantage de ressources pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes, a-t-elle estimé.  À Addis-Abeba, il faudrait lever les obstacles à leur participation, a-t-elle recommandé.  Quant à la mobilisation des ressources nationales, la Ministre a apprécié les propositions visant à augmenter les recettes fiscales grâce à la coopération internationale dans ce domaine.  Notant que l’APD était limitée, elle a suggéré qu’elle soit versée aux pays qui en ont le plus besoin. 

M. YASSINE BRAHIM, Ministre des investissements, du développement et de la coopération internationale et du développement de la Tunisie, a indiqué qu’en Tunisie, la chute des cours du pétrole était apparue comme une occasion positive qui avait obligé le Gouvernement à revoir sa politique de développement.  Le développement doit tenir compte de l’aspect sécuritaire, a-t-il dit.  Il a déploré la radicalisation des jeunes Tunisiens désœuvrés qui cèdent aux appels des extrémistes et des terroristes qui profitent de leur désœuvrement.  Le Ministre a ensuite rappelé que la Tunisie avait été le premier pays à vivre le « printemps arabe ».  Le Gouvernement tunisien, a-t-il cependant assuré, travaille de concert avec la communauté internationale pour promouvoir une croissance économique inclusive dans le pays.  Les réformes engagées dans cette optique prendront du temps avant de produire des fruits, a-t-il tout de même prévenu.

M. ABRAHAM TEKESTE, Ministre d’État des finances et du développement économique de l’Éthiopie, a estimé qu’avec le nouveau programme de développement était en cours d’élaboration, il souhaitait voir émerger un nouveau type de partenariat qui réponde mieux aux exigences que celui qui a prévalu dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) va nécessiter la mobilisation de toutes les ressources disponibles, a-t-il souligné.  À cet égard, le rôle du secteur privé sera plus important, a-t-il déclaré, en ajoutant que les institutions financières internationales devront aussi jouer un rôle de premier choix pour soutenir les pays en développement.  Rappelant la tenue, en juillet prochain, de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, il a invité la communauté internationale à ne pas oublier que la rencontre d’Addis-Abeba vise à forger un nouveau partenariat pour le développement, et que le succès de la Conférence devrait contribuer à celui du Sommet de septembre à New York, qui sera marqué par l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, et à celui de la vingt et unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre.

M. MURAT KARIMSAROV (Kazakhstan), en sa qualité de Président du Club des scientifiques eurasiens pour l’économie, a présenté les conclusions d’une série de « conférences anticrises » organisées par cette association au Kazakhstan, et dont la principale initiative est la mise en place d’un « Plan mondial contre les crises » qui a vu le soutien d’institutions internationales telles que la Banque mondiale, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et bien d’autres.  Il a invité l’ECOSOC à s’impliquer dans la mise en œuvre de ce plan.

Discussion interactive

Ouvrant la discussion interactive, le représentant de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a salué la tenue, du 13 au 17 avril dernier, de la seconde session des travaux d’élaboration du document final de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Il a émis le vœu que le document final tiendra compte de la nécessité de respecter les politiques nationales en matière de financement du développement.  Il a aussi rappelé que les dernières crises financière et économique mondiale avaient permis de souligner le besoin de réformer la gouvernance des institutions de Bretton Woods, afin de les rendre plus réceptives aux attentes des pays en développement.  Le représentant a aussi mis l’accent sur la nécessité de placer le principe de la « responsabilité commune mais différentiée » au centre du programme de développement pour l’après-2015.  Il a par ailleurs appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD). 

Le représentant de l’Équateur, s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appelé, pour sa part, à adopter des politiques économiques qui appuient la création d’emplois.  Il a estimé que le financement du développement nécessitait une mobilisation des ressources nationales et internationales.  Le système de classification international des pays en fonction de leur PIB doit être réformé afin de tenir compte du caractère multidimensionnel de la pauvreté, a estimé le représentant.  Il a aussi appelé à la réforme des institutions de Bretton Woods pour assurer aux pays en développement une participation adéquate.  Il faudrait en outre respecter l’espace politique de ces pays, a-t-il dit ajouté, tout en plaidant pour un réaménagement des droits de tirages spéciaux du Fonds monétaire international (FMI).  Il a enfin salué le lancement, en février dernier, des activités du Comité spécial de l’Assemblée générale sur la restructuration de la dette, en souhaitant que ses travaux puissent aboutir à des accords plus justes entre débiteurs et créditeurs, et assurer la durabilité de la dette des pays en développement.

Une représentante du secteur des affaires a fait part de la volonté de ses pairs de contribuer activement au succès du futur programme de développement.  Elle a affirmé que la Chambre de commerce international travaillait en partenariat avec le G-20 pour promouvoir les petites et moyennes entreprises.

Le représentant de la Turquie a réaffirmé l’engagement de son pays à œuvrer pour l’essor des pays sans littoral.  Il a aussi appelé à la création d’un cadre politique propice au développement dans sa région.  

M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a indiqué que la reprise économique qui avait eu lieu en 2012 et 2013 dans certains PMA s’était ralentie en 2014.  « Nous sommes très inquiets de la baisse de l’APD, en particulier celle orientée vers les PMA qui a enregistré en 2014 une réduction de 15% », a-t-il regretté.  M. Zinsou a aussi demandé des assurances sur la préparation du système des Nations Unies pour le soutien à la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Déclarations des représentants intergouvernementaux des parties prenantes institutionnelles

M. LUIS MANUEL PIANTINI MUNNIGH (République dominicaine), Vice-Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a fait observer que la quatrième session de la CNUCED, qui se tiendra à Lima en mars 2016, aura une position privilégiée, en tant que forum politique et intellectuel, pour débattre des principales questions de développement.  La réalisation du développement doit être laissée à la compétence d’autres processus intergouvernementaux, comme le G-20 ou le Club de Paris, a-t-il précisé.

Le commerce international est un facteur clef pour assurer la mise en œuvre du programme de développement de l’après-2015, a estimé M. Munnigh.  Pour cela, le commerce doit être ouvert, universel, équitable, fondé sur des normes et ne pas être discriminatoire.  Le rôle du commerce en faveur du développement doit être dûment reflété dans le programme de développement pour l’après-2015, en tant que moyen clef de développement durable et de croissance inclusive.

Il a indiqué que la CNUCED avait développé un plan d’action qui se décline en six axes: une nouvelle génération de promotion et de facilitation des investissements; des incitations à l’investissement; des pactes régionaux d’investissement en faveur des objectifs de développement durable; de nouvelles formes de partenariat pour les investissements des objectifs de développement durable; le développement de mécanismes de financement innovants et la réorientation des marchés financiers; et un changement de l’état d’esprit dans le monde des affaires, associé à une expertise de qualité en matière d’investissements en faveur des objectifs de développement durable.

Le travail sur le commerce en faveur du développement reste un « chantier inachevé », a-t-il dit, en soulignant la stagnation du Cycle de négociations de Doha.  La cohérence systémique reste un grand défi, a-t-il prévenu, en invitant à dépasser le clivage Nord-Sud pour privilégier une nouvelle culture de relations économiques multilatérales.  Les processus pour le financement du développement et pour le programme de développement de l’après-2015 peuvent nous aider à aller en ce sens.  La mobilisation des ressources de développement, a-t-il souhaité, doit être ancrée dans un solide partenariat au développement.  Enfin, pour garantir la crédibilité de la gouvernance économique mondiale, il a rappelé le caractère central de l’ONU.

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Secrétaire général et Envoyé spécial du Président chargé des Objectifs du Millénaire, du processus d’élaboration du programme de développement de l’après-2015 et du développement financier du Groupe de la Banque mondiale, a résumé les activités et les discussions récentes au Groupe de la Banque mondiale sur ces questions.  Les ministres, a-t-il dit, ont souligné l’importance d’une vision transformatrice pour mobiliser diverses sources de financement et pour mieux utiliser l’APD.  Le Comité a encouragé la Banque mondiale à être engagée dans ce processus, en renforçant les capacités des pays pour qu’ils puissent poursuivre les objectifs du développement et de la Banque mondiale.  Le Groupe va continuer d’appuyer la reprise dans les pays atteints par le virus Ebola, a-t-il aussi indiqué.

Le Comité a par ailleurs reconnu que la réalisation des objectifs de développement durable exigera que les pays luttent contre les conséquences des changements climatiques et préviennent les catastrophes naturelles.  Les ministres ont ainsi souligné l’importance du développement des énergies propres.  Ils veulent un renforcement de la coordination au sein du Groupe de la Banque mondiale et améliorer les résultats de celle-ci.  Pour les ministres, la Banque mondiale et le FMI doivent appuyer de manière significative les pays en difficultés, notamment ceux d’Afrique du Nord.  Pour eux, les agences de développement avaient besoin d’institutions actives et efficaces, de cadres de politiques efficaces et de leadership.

M. CALVIN MCDONALD, Secrétaire adjoint du Fonds monétaire international (FMI) et Secrétaire par intérim du Comité monétaire et financier international, a fait remarquer que si les économies avancées s’améliorent cette année, la croissance est plus lente que l’an dernier dans les pays émergeants.  Pour promouvoir une croissance équilibrée, il va falloir relever des défis mondiaux, a-t-il prévenu.  Le FMI a continué d’appuyer les efforts entrepris par ses États membres, notamment par des prêts et une aide afin de renforcer leurs capacités d’analyse.  Le FMI a aussi renforcé son cadre de prêt en révisant sa politique sur la limite de prêts.  En matière de politique fiscale, nous continuons à fournir des conseils pour, notamment, réduire le fardeau de dette extérieure, a assuré M. McDonald, tout en précisant qu’il faudrait aussi aider les pays à améliorer la gestion de leurs fonds publics.

Le FMI a par ailleurs approuvé une stratégie d’évaluation des différences d’impact des politiques macroéconomiques selon les pays concernés.  Des conseils sur les problèmes de dette seront également fournis, a-t-il encore indiqué.  M. McDonald a ensuite parlé de la mise en œuvre des réformes du FMI qui reste, a-t-il dit, une priorité absolue pour les membres du Comité.  Les membres sont déçus du retard de mise en œuvre des réformes de 2010 et demandent aux États-Unis de les ratifier au plus tôt.  M. McDonald s’est félicité de la participation du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, aux réunions de printemps, en soulignant que c’était la première fois qu’un Secrétaire général de l’ONU y participait.  Le FMI participera aux conférences des Nations Unies à venir à Addis-Abeba, New York et Paris, a-t-il enfin indiqué.

M. XIAOZHUN YI, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a assuré de l’intention de l’OMC de participer aux processus en cours en faveur du développement durable.  La croissance lente a un impact dans le monde entier, a-t-il noté, en précisant que si la croissance devait passer de 2,8% en 2014 à 3,3% en 2015 et éventuellement 4% en 2016, elle restera néanmoins en dessous du taux de 5,5% de 1990.  Nous n’avons pas encore pleinement exploré le potentiel du commerce pour stimuler la croissance mondiale, a-t-il fait remarquer avant d’inviter les gouvernements à en tirer davantage parti.  L’OMC estime qu’il ne faut pas seulement libéraliser le commerce mais le reconnaître plus largement comme un instrument de politique de développement. 

L’OMC devrait continuer à jouer son rôle pour le programme de développement de l’après-2015, a-t-il souhaité.  L’accord de facilitation du commerce peut améliorer le flux commercial dans le monde et réduire les coûts de transactions, en particulier dans les pays en développement.  Expliquant que la mise en œuvre du « Paquet de Bali » et la conclusion des négociations de Doha pourraient contribuer à réaliser les objectifs de développement durable, il a recommandé de faire avancer les négociations bloquées depuis plusieurs années, même si cela est difficile.  Le Directeur général adjoint de l’OMC a aussi parlé de l’aide au commerce, question qui fera l’objet d’un cinquième examen cet été, avant de se pencher sur le cas des pays les moins avancés (PMA).  Notant que les institutions privées internationales se sont retirées des PMA, il a déploré que les pays les plus pauvres soient laissés de plus en plus à la traîne.  La Banque africaine de développement estime qu’il manque 130 milliards de dollars pour le financement du développement en Afrique.  L’OMC aide les pays en développement à s’intégrer au système commercial multilatéral, a-t-il assuré, en prônant la cohérence des politiques au niveau mondial.

Débat thématique sur le thème 2 « Défis actuels et nouvelles possibilités pour la mobilisation de ressources financières et leur utilisation efficace pour le développement durable en route pour Addis-Abeba »

Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas, a appelé à renouveler l’engagement en faveur de l’APD et à mobiliser les ressources nationales consacrées au développement, comme l’ont conclu les discussions des réunions de printemps des institutions de Bretton Woods à Washington.  « Nous avons commencé à réviser 23 conventions fiscales avec les pays en développement », a-t-elle indiqué.  Elle a aussi parlé de l’initiative des Pays-Bas visant à créer des banques d’eau, qui a été approuvée.

M. GEORGE TALBOT (Guyana), Cofacilitateur du processus préparatoire de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a estimé qu’il faudrait réfléchir aux moyens de créer la confiance pour garantir que tous les acteurs soient engagés à réaliser le programme ambitieux du développement durable.  Un des défis à relever est celui de la compétence, a-t-il souligné.  Il faudrait également déterminer les exigences en matière de financement et les moyens de mobiliser les fonds nécessaires, a-t-il ajouté.  En outre, il faudrait définir le niveau de réponse que la communauté internationale, les gouvernements nationaux et les autres acteurs comme le secteur privé pourraient apporter. 

M. GEIR PEDERSEN (Norvège), Cofacilitateur du processus préparatoire de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a invité à sortir de sa zone de confort pour parvenir à des résultats importants.  Il faudrait en effet des idées fraîches pour réaliser la perspective de passer « de milliards à trillions ».  Le représentant a demandé au secteur privé de changer de comportement afin d’agir de manière responsable. 

M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), s’est dit convaincu que l’objectif ambitieux du développement durable était réalisable.  Il faudrait pourtant des progrès considérables pour que les PMA parviennent à une croissance de 9,4% sur une période de 15 ans.  Le financement du développement ne doit pas seulement reposer sur l’aide au développement, les impôts et le secteur privé, mais aussi sur le commerce, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il a recommandé à la Conférence d’Addis-Abeba, de reconnaître pleinement l’importance du commerce et de l’innovation en tant que moteur de la croissance.  Il faudrait aussi prendre en compte la nécessité de renforcer les capacités, notamment grâce à une aide au commerce. 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui est aussi le Secrétaire général de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, a indiqué que quatre consultations régionales sur cinq avaient déjà eu lieu en préparation de la Conférence d’Addis-Abeba.  Ces discussions ont encouragé les donateurs à tenir leur promesse de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD.  En ce qui concerne le secteur privé, les discussions ont porté sur les obstacles à leur financement.  On a aussi parlé du rôle des migrants pour mobiliser des ressources privées et pour le transfert des technologies.  Les consultations régionales ont en outre appelé à réformer les institutions financières et économiques internationales, afin de permettre une plus grande participation des pays en développement aux organes de prise de décisions. 

Discussion interactive

Dans la discussion qui a suivi, les délégations ont mis l’accent sur la nécessité de financer le développement dans un cadre international juste et équilibré, notamment en ce qui concerne le commerce dont le rôle moteur a été souligné.  Les partenariats devraient inclure tous les acteurs, notamment le secteur des affaires et la société civile, ont-elles souhaité.

Le représentant du Canada, qui a prôné une attitude novatrice et créative dans le financement du développement, a cité l’exemple de l’implication de son pays dans de tels partenariats.  Le Canada, a-t-il précisé, travaille notamment avec le Forum économique mondial pour définir une « centrale de finance » qui constituera une plateforme d’expertise et de ressources.

Le représentant de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a invité la communauté internationale à assurer un environnement propice aux efforts de développement des pays en développement.  Elle doit aussi trouver des solutions justes et durables aux problèmes des pays en développement, comme la crise de l’endettement.  Le commerce est un moteur de développement, a-t-il aussi souligné en demandant la mise en place de systèmes prévisibles, non discriminatoires et équitables. 

À son tour, le représentant de la Fédération de Russie a appuyé les efforts visant à mettre en place un système équilibré et juste de commerce international.  Il a en outre jugé indispensable de faire davantage participer le secteur privé à ce financement, tout en préservant un rôle auxiliaire et en veillant à ce qu’il respecte les principes de responsabilité sociale des entreprises.

Il faudrait que le suivi de la Conférence d’Addis-Abeba soit un processus intergouvernemental qui fasse participer la société civile, a plaidé, à son tour, le représentant de la société civile, qui a aussi reconnu le rôle moteur du commerce en matière de développement durable.  « Nous avons vraiment besoin d’un partenariat mondial renouvelé qui inclue tous les participants concernés, a enchaîné le représentant de la Suisse, avant d’appeler à mieux utiliser les ressources disponibles.

S’exprimant sur l’importance de la mobilisation des ressources nationales, le représentant des États-Unis a souligné en particulier le rôle des recettes fiscales.  Pour que le système marche, il faudrait que le régime fiscal soit bien conçu tant au plan des politiques et que des compétences de l’administration fiscale, a-t-il précisé.  De même, il a invité à lutter contre la fraude fiscale, grâce à la transparence des financer publiques, et à mieux partager les informations en matière fiscale sur le plan international.

De son côté, le Conseiller principal de la Banque mondiale a tenu à rappeler que les deux processus de financement parallèles pour le développement et la lutte contre les changements climatiques ne devraient pas être confondus.  Les pays sont libres d’imposer une taxe contre les émissions de gaz à effet de serre mais, a-t-il fait observer, il n’existe pas encore d’accord au plan international sur cette question.  On est encore loin d’un tel accord, a-t-il estimé.  Il a demandé par ailleurs que les subventions concernant les énergies fossiles, qui ont aujourd’hui bien diminué, soient mieux ciblées à l’avenir. 

Il existe finalement un grand nombre de fonds et d’instruments pour atténuer les risques de sous-développement, a résumé la représentante du secteur des entreprises, tout en prévenant qu’ils n’étaient pas bien utilisés.  Elle a suggéré de créer une « usine du développement », en se concentrant plus sur les compétences et le savoir-faire. 

De son côté, le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a mis l’accent sur l’importance de l’emploi pour arriver à l’objectif de réduction de la pauvreté, en rappelant qu’au cours des six dernières années, 13 millions d’emplois avaient été supprimés.  Le représentant de l’OIT a demandé de prévoir les moyens de relever les défis dans ce domaine, notamment pour répondre au problème de l’emploi des pauvres qui sont souvent contraints d’accepter n’importe quel travail.

Débat thématique sur le thème 3: « Partenariat mondial renouvelé pour le développement dans le cadre du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 »

M. HERVÉ DE VILLEROCHÉ, Vice-Doyen du Conseil exécutif et Directeur exécutif du Groupe de la Banque mondiale, a relevé que l’APD garde toute son importance dans l’optique du financement du programme de développement pour l’après-2015.  Il est important que le secteur privé joue un plus grand rôle, et que d’autres sources de financement innovantes soient également explorées.  La Banque mondiale, en coopération avec d’autres organisations et institutions internationales, a-t-il rappelé, vient de publier un rapport qui prône le passage d’un financement du développement à hauteur de milliards à un autre qui mobilise des milliers de milliards, notamment dans le contexte de la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a en outre souhaité que l’APD, en dépit d’une baisse, soit utilisée efficacement.  Les transferts des migrants et les investissements directs étrangers, a-t-il ajouté, sont d’autres mesures qui pourraient permettre d’assurer un financement adéquat du programme de développement pour l’après-2015.

M. JUAN MANUEL PERENA, Directeur exécutif de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement, a rappelé que si la mise en œuvre des OMD était marquée par la dichotomie entre donateurs et bénéficiaires, le programme de développement pour l’après-2015 nécessite, quant à lui, un réel partenariat entre le Nord et le Sud.  Il a aussi estimé que la coopération Sud-Sud pourrait jouer un rôle de premier plan dans le cadre du futur programme de développement international.  Une bonne coopération Sud-Sud, a-t-il dit, est fondée sur la confiance mutuelle et la transparence.  M. Perena a en outre déclaré que les partenariats fonctionnent et peuvent avoir un effet multiplicateur, mais qu’ils ont besoin en amont d’un appui politique solide, et d’un appui technique adéquat.  Il faudrait aussi renforcer les capacités nationales des pays en développement pour assurer la disponibilité de données de qualité en vue d’assurer le succès du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il préconisé.

M. MAGDY MARTINEZ-SOLIMAN, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est dit convaincu que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba en juillet prochain, devrait permettre de renforcer la détermination de la communauté internationale dans les domaines où la mise en œuvre du Consensus de Monterrey aura été insuffisante.  « Il faudrait mobiliser les fonds et s’assurer que l’APD soit de qualité », a-t-il prôné.  Le secteur privé doit jouer un rôle plus important qui ne se limite pas à la simple philanthropie, a—t-il précisé.  M. Martinez-Soliman a par ailleurs indiqué que le développement durable passait aussi par le renforcement de la résilience des communautés à la prévention des risques de catastrophes.  

Mme BRENDA KILLEN, Directrice adjointe à la Direction de la coopération pour le développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué que les partenariats étaient la raison d’être de l’OCDE.  Elle a notamment cité le partenariat établi dans le cadre de la coopération au développement entre l’OCDE et l’ONU, lequel, a-t-elle suggéré, constitue un modèle très pertinent pour l’après-2015.  Mme Killen a aussi souligné que l’OCDE appelait à investir davantage pour établir des données.  Elle a ensuite fait observer que les facteurs de succès des partenariats à l’échelle mondiale résidaient dans un leadership de très haut niveau, l’implication des pays concernés et la prise en compte des spécificités et contextes de chaque pays.  Elle a ajouté qu’il faudrait non seulement s’entendre sur les principes, les cibles et les mécanismes d’application des partenariats, mais également sur les résultats, en établissant un lien entre les ressources engagées et les résultats escomptés.  

Discussion interactive

Dans la phase des échanges entre les panélistes et le public, la représentante de l’Azerbaïdjan a déclaré que l’APD restait essentielle pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Elle a aussi estimé que les donateurs émergents comme son pays étaient une solution pour améliorer la qualité de l’APD.  Comme le souligne M. MAGDY MARTINEZ-SOLIMAN du PNUD, le rôle des donateurs émergents sera crucial.  Des ressources supplémentaires, a-t-il dit, sont nécessaires pour le programme de développement en cours d’élaboration. 

La représentante de l’Azerbaïdjan a aussi déploré le fait que les efforts de développement de l’Azerbaïdjan soient anéantis par l’occupation d’une partie de son territoire par l’Arménie.  La représentante de l’Arménie a rétorqué que l’Azerbaïdjan devrait se garder d’abuser des réunions de l’ONU pour faire des revendications qui relèvent de la compétence  d’autres instances.  Elle a aussi déploré le blocus économique dont l’Arménie est victime de la part de l’Azerbaïdjan et de la Turquie.  

S’exprimant au nom des pays les moins avancés, le représentant du Bénin a rappelé que les PMA formaient le groupe de pays se trouvant au bas de l’échelle du développement humain.  C’est au regard de leur performance économique que le programme de développement en cours d’élaboration sera évalué en 2030, a-t-il averti.  Compte tenu de l’assiette fiscale limitée des PMA, ce groupe de pays compte sur le soutien de la communauté internationale, notamment dans le cadre des restructurations nécessaires pour rendre leurs économies plus compétitives, a-t-il insisté. 

La représentante de l’OCDE a précisé que la qualité de l’aide était aussi une question cruciale, tout comme celle de la reddition des comptes de ceux qui la reçoivent.

« Nos économies sont victimes de chocs externes et méritent plus de soutien », a pour sa part souligné le délégué du Népal.  Il a évoqué le principe de responsabilité commune mais différenciée, établi lors du Sommet de Rio, pour inviter les pays développés, responsables de la plus grande part d’émissions de gaz à effet de serre, à soutenir les efforts d’adaptation du Népal qui voit des villages entiers engloutis par la fonte des neiges.  Il a précisé que ces fonds alloués pour assister les PMA dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques ne devraient pas être considérés comme une part de l’APD, mais plutôt comme une mesure compensatoire de la part des pays pollueurs.  

Le représentant du Bangladesh a aussi rappelé que le risque d’élévation de la mer due aux changements climatiques mettait en péril l’existence du tiers de sa population.  Il a ainsi appelé  la communauté internationale à faire preuve d’une plus grande solidarité.

La Banque mondiale contribue à la lutte contre les changements climatiques à travers le monde, a assuré son représentant.

Évoquant aussi la solidarité internationale, une représentante de la société civile a tenu à souligner que le développement durable était une question morale.  L’élimination de la pauvreté et de la faim est possible à condition que l’on assigne les ressources aux bons endroits, a-t-elle ajouté.  Lançant ensuite un appel en faveur de l’égalité entre les sexes, elle a estimé que l’on ne pouvait pas se payer le luxe de perdre le talent de la moitié des populations que représentent les femmes.

Le représentant de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit accompagné de mesures claires et concrètes pour son évaluation.   

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente sur les questions autochtones ouvre sa session à une période clef de la définition du programme de développement pour l’après-2015

Quatorzième session,
1re & 2e séances – matin & après-midi
DH/5242

L’Instance permanente sur les questions autochtones ouvre sa session à une période clef de la définition du programme de développement pour l’après-2015

MM. Jan Eliasson et Sam Kutesa soulignent l’importance des connaissances autochtones pour réaliser les objectifs de développement durable

Le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, et le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, ont reconnu, ce matin, à l’ouverture de la quatorzième session annuelle de l’Instance permanente sur les questions autochtones l’importance majeure des connaissances et sagesses des populations autochtones pour réaliser les objectifs de développement durable.

Sept mois après la première Conférence mondiale sur les populations autochtones, tenue à New York les 22 et 23 septembre 2014, et quelques mois avant le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies qui doit aboutir à l’adoption des objectifs de développement durable pour l’après-2015, l’Instance a entamé ses travaux en entendant des appels renouvelés à la prise en compte de ces connaissances sur les plans international, régional et national.        

« Nous avons beaucoup de choses à apprendre du respect que les autochtones accordent à tout ce qui vit, les hommes, les plantes et les animaux et de leur conscience de l’interdépendance de tout ce qui est vivant », a insisté M. Eliasson, en faisant le lien entre les acquis des autochtones en matière de gestion de l’environnement et la définition à venir des objectifs de développement durable pour l’après-2015. 

M. Eliasson a aussi salué l’expérience des autochtones pour nous aider à trouver « la paix avec la nature », invitant à garder à l’esprit le fait que « si nous pouvons établir un plan B, nous n’avons pas de planète B », avant d’appeler à réaliser les droits économiques, sociaux et culturels des peuples autochtones. 

« Nous ne pourrons atteindre les objectifs du développement durable sans l’intégration des groupes vulnérables tels que les populations autochtones », a également souligné le représentant des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), par la voix du représentant de l’Équateur.

La Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, Mme Megan Davis, a espéré que cette session serait aussi l’occasion pour ses experts de présenter leurs travaux pour une Instance plus efficace, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de son mandat dans le domaine du développement économique et social, la culture, l’environnement, l’éducation, la santé et la protection des droits des populations autochtones. 

Parmi les sujets traités, elle a notamment cité celui très important de l’automutilation et suicide des jeunes autochtones et la rédaction d’un indice de développement autochtone, s’appuyant sur l’expérience de l’indice de développement humain.

Illustrant « l’expérience particulière de la Russie dans la défense des peuples autochtones estimées à 316 000, son représentant a précisé que 22 langues autochtones étaient enseignées dans un total de 212 écoles touchant 90% des enfants en âge d’être scolarisés.  Ce dernier a exhorté les États Membres à créer des conditions dans lesquelles les autochtones pourront préserver leurs spécificités et conserver leur langue maternelle. 

À l’ouverture de ses travaux, l’Instance a élu par acclamation Mme Megan Davis à la présidence de sa quatorzième session.  Elle a aussi élu ses quatre Vice-Présidents: Mme Joan Carling, M. Joseph Goko Mutangah, M. Alvaro Esteban Pop et M. Oliver Loode.  Mme Kara-Kys Arakchaa a été élue aux fonctions de Rapporteuse.  Après les déclarations liminaires, l’Instance a adopté l’ordre du jour provisoire et l’organisation de ses travaux*.

C’est au rythme de chants traditionnels et de percussions interprétés par des représentants autochtones russes que s’est ouverte cette session en présence de plus d’un millier d’autochtones.  Comme il est de coutume chaque année, le Chef de la nation Onondaga, Todadaho Sid Hill, dont la tribu formait la population originelle de New York, a souhaité la bienvenue aux participants, en rappelant que respecter « notre terre, appelée mère nourricière » était indispensable « pour que nous puissions vivre heureux ».

Au cours de ces deux semaines, jusqu’au 1er mai, l’Instance se penchera sur la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur le droit des peuples autochtones adoptés en 2007 et le suivi de la Conférence mondiale de 2014.  Elle débattra aussi de l’élaboration en cours d’un plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour appuyer la mise en œuvre des programmes relatifs aux droits des populations autochtones. 

Créée en juillet 2000, après deux décennies de négociations, l’Instance est le principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones qui vivent dans environ 90 pays et figurent parmi les individus les plus pauvres et marginalisés de la planète.

L’Instance est composée de 16 experts indépendants siégeant à titre personnel, et nommés par le Conseil économique et sociale (ECOSOC), sur proposition des gouvernements, pour huit de ses membres, et de représentants d’organisations autochtones de différentes régions du monde pour les huit autres.  La session ouverte aujourd’hui devrait se conclure par la rédaction d’un rapport destiné à l’ECOSOC, dont feront partie des projets de décision qu’il sera recommandé au Conseil d’adopter. 

L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain, mardi 21 avril, à 10 heures.

* E/C.19/2015/1 et E/C.19/2015/L.1

THÈME SPÉCIAL « CONCLUSIONS DE LA RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DITE LA CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES » (E/C.19/2015/3 ET E/C.19/2015/5)

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a rappelé l’adoption en 2007 de la Déclaration sur les peuples autochtones par les États Membres et la Conférence mondiale des peuples autochtones qui virent les États Membres affirmer leur engagement à appuyer, respecter, promouvoir et améliorer les droits des peuples autochtones et pour défendre les principes de la Déclaration. ll

Ce document visionnaire avait le potentiel de changer les réalités des peuples autochtones, y compris leur participation aux travaux des Nations Unies.  L’expérience a montré qu’à travers un engagement et un dialogue ouvert, les États Membres et les peuples autochtones peuvent trouver un terrain d’entente et des solutions.  M. Kutesa a encouragé les États Membres à travailler étroitement avec les peuples autochtones pour la mise en œuvre de la Déclaration. 

L’Instance permanente, a-t-il dit, a mis l’accent sur le suivi des recommandations dans le document final du programme de développement pour l’après-2015, les questions touchant les jeunes, y compris la question de l’automutilation et le suicide.  Un engagement global avec les organismes compétents des Nations Unies, devrait aussi déboucher sur un partenariat renforcé pour la mise en œuvre intégrale de la Déclaration. 

Le Président a ajouté que « cette année, la communauté internationale s’emploie à élaborer un programme de développement pour l’après-2015 ambitieux et transformateur ».  « Nous avons une occasion unique de changer notre monde, pour le mieux.  Ensemble, nous ne devons épargner aucun effort pour mettre en place un cadre pour le développement et une coopération internationale qui améliorent la vie quotidienne des personnes dans le monde, y compris les peuples autochtones. »  La contribution, la connaissance et la sagesse des peuples autochtones sont d’une importance majeure alors que nous cherchions à relever les défis du développement durable dans le monde, a déclaré le Président. 

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité du fait que l’Instance permanente sur les questions autochtones était de plus en plus reconnue et obtenait de plus en plus de résultats pour faire entendre les voix et aspirations des peuples autochtones et traiter de toutes les questions qui leur sont relatives.  Il a estimé que la Conférence mondiale des peuples autochtones, qui s’est tenue à New York les 22 et 23 septembre 2014, avait constitué un jalon historique dans les relations entre les autochtones et les États Membres. 

Il a dit l’importance de la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones pour arriver à des progrès dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’environnement et de la terre et des territoires.  « Il y a encore beaucoup à faire », a reconnu le Vice-Secrétaire général avant d’appeler les États Membres à trouver des moyens novateurs pour renforcer la participation des peuples autochtones aux débats sur les questions qui les touchent. 

Il a souligné l’importance d’un plan d’action pour parvenir à la mise en œuvre des objectifs contenus dans la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, invitant à garder à l’esprit le fait que « si nous pouvons établir un plan B nous n’avons pas de planète B ».  « Nous avons beaucoup de choses à apprendre du respect que les autochtones accordent à tout ce qui vit, les hommes, les plantes et les animaux et de leur conscience de l’interdépendance de tout ce qui est vivant », a dit M. Eliasson.  « Nous avons besoin de paix avec la nature », a-t-il encore insisté avant d’appeler à réaliser les droits économiques et sociaux et culturels des peuples autochtones. 

Il a insisté sur l’importance des trois structures que sont l’Instance permanente sur les questions autochtones, le Rapporteur spécial sur les questions autochtones et le Mécanisme d’experts sur les peuples autochtones en jugeant urgent que les autochtones soient au premier rang d’un plan structurant qui ne laissera personne de côté.   

Mme MARIA EMMA MEJIA VELEZ, Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré qu’en tant que femme d’un pays d’Amérique latine, la Colombie, avec sa représentation importante des peuples autochtones et des lois progressistes pour les peuples autochtones de la région, elle était très fière d’apporter son appui à cette quatorzième session qui sera un lieu de rassemblement de tous les groupes autochtones pour tenir un dialogue, échanger des idées et se prononcer sur des propositions concrètes relatives aux questions auxquels ils sont confrontés.

L’Instance avait parcouru un long chemin sur le renforcement et la reconnaissance des droits des peuples autochtones depuis sa création en tant qu’organe consultatif de l’ECOSOC, a-t-elle ajouté.  Notant la transition entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de développement durable, elle a exprimé l’espoir que les résultats de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Addis-Abeba, et de la Conférence sur les changements climatiques des Nations Unies qui se tiendra à Paris jetteraient les bases du programme de développement pour l’après-2015.

Elle a déclaré que les principes d’universalité et d’intégration ont formé la base pour le travail de l’Organisation des Nations Unies sur le développement, ainsi que le travail de l’ECOSOC.  En juillet, l’examen ministériel annuel de l’ECOSOC s’attachera à répondre aux nouveaux défis en cours pour atteindre les objectifs de développement.  

En effet, la mise en œuvre effective du programme de développement était une préoccupation majeure pour les autochtones, a-t-elle indiqué, soulignant que le processus doit respecter la culture et les valeurs ancestrales de leurs communautés.  Avant de terminer, elle a réaffirmé l’engagement de l’ECOSOC au travail de l’Instance permanente et a déclaré qu’elle attendait avec intérêt ses recommandations sur les questions autochtones.

Mme MEGAN DAVIS, Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a déclaré que les deux semaines de la session à venir auraient pour but d’examiner et de déterminer la suite à donner à la première Conférence mondiale sur les populations autochtones, qui s’est tenue à New York les 22 et 23 septembre 2014 et son document final orienté vers l’action.  Elle a dit la nécessité de continuer à mettre l’accent sur les droits définis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et le statut juridiquement contraignant de cette Déclaration. 

Selon elle, cette session sera aussi l’occasion pour les experts de l’Instance de présenter leurs travaux visant à parvenir à une Instance plus efficace, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de son mandat dans le domaine du développement économique et social, la culture, l’environnement, l’éducation, la santé et la protection des droits des populations autochtones. 

Elle a estimé qu’une session consacrée à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones comprendra un examen du plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies visant à assurer une approche cohérente des buts de la Déclaration des nations Unies sur le droit des peuples autochtones, tel que mentionné dans l’article 31 du Document final de la Conférence mondiale de 2014. 

Parmi les sujets qui seront traités dans les jours à venir, elle a notamment cité la question très importante sous le thème « jeunesse, mutilation et suicide » dans les communautés autochtones.  Mercredi, a-t-elle ajouté, il y aura une discussion sur les travaux futurs de l’Instance et jeudi avec les organismes des Nations Unies sur les objectifs de développement pour l’après-2015.  « Vendredi aura lieu une discussion sur la rédaction d’un indice de développement autochtone, s’appuyant sur l’expérience de l’indice de développement humain », a-t-elle encore précisé.  Elle a rendu hommage aux peuples autochtones du monde entier qui continuent de défendre leurs droits parfois au péril de leur vie.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que sa mission en tant que haut fonctionnaire chargé du suivi de la Conférence mondiale des peuples autochtones était de développer et de coordonner un plan d’action à l’échelle du système pour assurer une approche cohérente en vue d’atteindre les objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, sensibiliser sur les droits des peuples autochtones au plus haut niveau possible et augmenter la cohérence des activités du système des Nations Unies à cet égard.

Il a ajouté que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement aura lieu à Addis-Abeba en juillet 2015.  Les États Membres devraient en outre adopter en septembre le programme de développement pour l’après-2015 et parvenir à un accord universel sur les changements climatiques à Paris en décembre.  Ces trois importants jalons modèleront la coopération internationale pour les années à venir. 

Les États Membres, les peuples autochtones et les institutions des Nations Unies devraient assurer que les droits des peuples autochtones et les priorités du développement soient inclus dans l’ordre du jour de ces réunions en prenant la Déclaration sur les droits des peuples autochtones comme cadre de base.

Cette quatorzième session de l’Instance permanente sera une occasion importante pour les États Membres et les peuples autochtones de continuer la pratique établie de discussion ouverte et inclusive sous la conduite de l’Instance permanente.  En cette année de soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, pour les peuples autochtones et de nombreux groupes qui sont venus aux Nations Unies pour trouver la justice, le monde d’aujourd’hui est très différent de ce qu’il fut, il y a 70 ans. 

Les héritages destructifs des actions passées restent encore avec nous.  À cela sont venus s’ajouter des nouveaux défis comme les maladies, la disparité croissante, les pressions sur les ressources naturelles et les changements climatiques qui appellent des réponses que les Nations Unies ne pouvaient pas prévoir à ses débuts. 

L’ONU a été et continue de servir de catalyseur pour des mesures progressives vers la résolution des nombreux problèmes auxquels le monde est confronté.  Les gains réalisés au niveau international, telle que la reconnaissance des droits des peuples autochtones, représentent à la fois les réalisations et les défis importants pour l’ONU à l’avenir, les défis pour s’assurer que les droits acquis, les valeurs reconnues et les principes que nous partageons, soient mis en œuvre et deviennent réalité.

M. Wu Hongbo a terminé en remerciant le Danemark, l’Estonie, la Finlande et le Christensen Fund des États-Unis pour leur contribution au Fonds d’affectation spéciale et la Fédération de Russie qui a accueilli en février 2015 la réunion intersession de l’Instance permanente.

M. ANATOLY D. VIKTOROV, Chef du Département de la coopération humanitaire et des droits de l’homme du Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dit que son pays avait une longue expérience de la coexistence fructueuse entre les différents peuples et les différentes traditions.  Il a souligné que les territoires des autochtones russes présentaient cette particularité de n’avoir jamais été soumis à une colonisation forcée comme cela a été observé dans les autres continents.

Il a dit que la Fédération de Russie était consciente du fait que les cultures, langues et spécificités des populations autochtones risquaient de disparaître sans un appui de l’État et des pouvoirs régionaux.  Le représentant du Ministère des affaires étrangères russe a déclaré que la protection de l’originalité des peuples autochtones était une priorité de son pays.  Il a cité les efforts russes pour mettre en œuvre les buts et objectifs de la deuxième Décennie internationale des populations autochtones (2005-2014). 

Illustrant « l’expérience particulière de la Russie dans la défense des peuples autochtones », M. Viktorov a fait état d’une population totale autochtone de 316 000 personnes, soit une augmentation de 3% au cours de la dernière décennie parallèlement à une baisse de 23% la mortalité infantile.  Il a précisé que 22 langues autochtones étaient enseignées dans un total de 212 écoles et que 90% de la population autochtones était scolarisée. 

Il a exhorté les États Membres à créer des conditions dans lesquelles les autochtones pourront préserver leurs spécificités et conserver leur langue maternelle.  Il a dit l’importance de l’Instance permanente sur les questions autochtones en tant que seule plateforme permettant un dialogue entre les autochtones, les États Membres, les organismes de l’ONU et la société civile.

Débat général

M. ELOY FRANK GOMEZ, Vice-Ministre pour les peuples autochtones et les personnes d’ascendance africaine, a dit que la Constitution du Nicaragua reconnaissait l’existence des peuples autochtones et des peuples d’ascendance africaine.  Des lois ont été élaborées pour asseoir leurs droits à l’éducation, à la pratique de la médecine traditionnelle, à l’égalité de chances et à la représentation légale des peuples autochtones.  En 2007, une loi en faveur de la Déclaration des droits des peuples autochtones a été adoptée et, en 2010, le Nicaragua a ratifié la Convention N°169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT). 

Le Ministre s’est enorgueilli du fait que le Nicaragua était devenu une référence pour les peuples autochtones et pour les autres gouvernements en matière des droits des peuples autochtones.  Le pays a en outre tracé la route pour les autres en ce qui concerne le consensus et le dialogue sur la priorité donnée aux activités des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine notamment dans le domaine de la production alimentaire, de l’agriculture, de l’éducation. 

Une attention particulière a été donnée aux jeunes et aux femmes au cours de ces dialogues.  Le Ministre a révélé, à titre d’exemple, que des titres de propriétés avaient été donnés aux peuples autochtones sur leur territoire.  En outre, un dialogue entre les 24 territoires autochtones en vue de mettre en place une stratégie de développement des peuples autochtones a été lancé.  Cinq axes prioritaires ont été retenus à savoir l’accès à la terre, l’éducation, la santé, la sécurité et les droits ancestraux.  

Le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui représentait le Groupe des Nations Unies d’appui interorganisations, a souligné que, sept mois plutôt, en septembre 2014, la Conférence mondiale sur les peuples autochtones s’était réunie pour renouveler l’engagement à mettre en œuvre la Déclaration des droits des peuples autochtones et d’autres normes internationales des droits de l’homme visant à mettre un terme à la discrimination et à l’exclusion des peuples autochtones. 

Elle a souligné que le paragraphe 31 du Document final demandait au Secrétaire général de développer un plan d’action à l’échelle du système pour assurer une approche cohérente pour réaliser les objectifs de la Déclaration.  Le plan d’action doit aussi inclure des domaines prioritaires visant à assurer la participation effective des peuples autochtones au travail des Nations Unies et au programme de développement, à promouvoir le principe du consentement libre et informé dans les processus de prise de décisions concernant les peuples autochtones. 

Au nom du Parlement Sami de la Norvège, Mme ALI KESKITALO, s’est félicitée de l’issue de la Conférence mondiale de septembre 2014, « même si nous n’avons pas obtenu tous les résultats que nous souhaitions ».  Elle a estimé que la Conférence et son document final constituaient un progrès vers la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  

S’agissant du suivi au niveau national, elle a précisé que les populations autochtones avaient soumis au Gouvernement norvégien leurs attentes sur les objectifs à atteindre.  « Nous avons donné la priorité aux paragraphes 28 et 33 du Document final », a déclaré la représentante samie.

Au niveau international, elle a indiqué que le Parlement sami de Norvège avait fait partie en mars 2015 des coorganisateurs d’une réunion qui s’est tenue à Genève dans le sillage de la Conférence mondiale en présence de populations autochtones de sept régions du monde.  Elle a dit que les résultats de cette réunion avaient été présentés à l’Instance.  

Elle a demandé que le Conseil des droits de l’homme soit invité à lancer officiellement le processus d’examen du mandat comme le requiert le paragraphe 28 du Document final.  Elle a encouragé les États à veiller à ce que les organisations autochtones puissent participer aux travaux du Conseil des droits de l’homme, de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale, en soulignant l’utilité d’un dialogue au-delà des sessions de l’Instance.

Même si les travaux de l’Instance et des experts sont pertinents, il n’y a que par le biais d’un dialogue direct avec les États Membres que nous pourrons progresser, a-t-elle estimé.     

Mme ANN MARIE BLEDSOE, des affaires indiennes du Gouvernement des États-Unis, a jugé important de reconnaître que les gouvernement tribaux et autres représentations autochtones ne sont pas des organisations non gouvernementales (ONG) et qu’il est important de leur permettre de participer à nos travaux au même titre que l’ONG. 

Elle a recommandé la création d’un comité composé d’États Membres et d’organisations autochtones pour déterminer le processus de sélections des représentants autochtones.  Dans le souci d’éviter les doublons, la représentante des États-Unis a suggéré que le mécanisme d’experts ne soit pas saisi des sujets dont est déjà saisie l’Instance permanente.  Elle a indiqué que toutes les propositions américaines pour améliorer les méthodes de travail figurent au rapport dont est saisi l’Instance.  Elle a indiqué que les États-Unis souhaitaient la restitution des dépouilles et des biens qui ont fait l’objet d’un pillage culturel. 

Mme MARIA EUGENIA CHOQUE, experte de l’Instance, s’est dite préoccupée par les défis restants dans la mise en œuvre de la Déclaration des droits des peuples autochtones notamment en ce qui concerne les activités de production, la protection des connaissances traditionnelles, la protection des objets sacrés, la reconnaissance à la justice autochtone, l’accès des femmes à la justice traditionnelle et la forme de participation des femmes autochtones aux travaux des Nations Unies.   

Elle a aussi mis l’accent sur l’importance de la participation des peuples autochtones dans la mise en œuvre des droits des peuples autochtones.  Elle a déploré le fait que le plan d’action qui a été présenté ne parlait pas de cette participation.  Elle a terminé en demandant à ce que ces défis « s’inspirent des principes de nos ancêtres sans saper les droits déjà connus des peuples autochtones ». 

M. PATRICK KEULEERS, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que le PNUD avait pris une part active dans le processus d’élaboration du plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies faisant porter une attention forte sur la mise en œuvre et en apportant l’expérience et la perspective issues de son travail dans 177 pays et territoires et son engagement avec les peuples autochtones.  Le PNUD a aussi accueilli le système des coordonnateurs résidents et s’est engagé à soutenir à la fois États Membres et les peuples autochtones dans la réalisation des finalités de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

Travailler conjointement avec le reste du système des Nations Unies sur les priorités clefs maintiendra l’élan de la Conférence mondiale et une approche cohérente renforcera les programmes et politiques du PNUD en favorisant ainsi les droits des peuples autochtones, a-t-il dit.

Il a en outre confirmé l’opérationnalisation des normes de performance en matière de durabilité environnementale et sociale du PNUD, effective depuis le 1er janvier 2015.  Ces normes visent à assurer le renforcement des résultats des programmes et projets sociaux et environnementaux du PNUD. 

Mme JULIANE HENNINGSEN, du Parlement du Groenland, s’est félicitée de l’augmentation de la participation des femmes autochtones aux travaux de l’Instance.  Néanmoins, regrettant la participation insuffisante des femmes autochtones aux processus de prise de décisions dans les zones rurales, elle a demandé que la Commission de la condition de la femme soit invitée à examiner lors de sa prochaine session la question de l’autonomisation des femmes autochtones.  Elle a jugé indispensable l’organisation de formations pour aider les femmes autochtones à prendre la parole en public et mener des campagnes politiques.  

Au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JULIO XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a mis l’accent sur l’importance de la résolution 69/159 de l’Assemblée générale qui exhorte les gouvernements et les organisations internationales, en consultation avec les peuples autochtones, d’appliquer les mesures appropriées, politiques, plans et projets pour traduire en réalité les engagements pris dans le Document final de la Conférence mondiale de 2014.

Il a rappelé que la Déclaration demande que les autochtones puissent jouir de tous les droits prévus par le droit international.  « Nous ne pourrons atteindre les objectifs du développement durable sans l’intégration des groupes vulnérables tels que les populations autochtones », a insisté le représentant du CELAC, en mettant notamment l’accent sur l’accès au crédit.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable que les attentes des populations autochtones soient prises en compte dans la définition des objectifs de développement pour l’après-2015. 

Mme ANTONELLA CORDONE, du Fonds international de développement agricole (FIDA), a parlé de la participation des peuples autochtones dans le travail du Fonds et du mécanisme de facilitation de cette participation.  Cette année, le FIDA a organisé un forum qui était axé sur l’agriculture.  En ce qui concerne le mécanisme de facilitation, son action est de formuler des orientations.  Cogéré par trois organisations non gouvernementales autochtones, le mécanisme doit fournir des appuis techniques aux petits projets menés par les peuples autochtones.   

La participation en soi des autochtones ne suffit pas, a-t-elle dit.  Elle n’améliorera pas la vie quotidienne des peuples autochtones.  Il faut une participation égale pour qu’elle ait un impact sur le développement, a-t-elle dit, évoquant en outre le programme de bourses du FIDA dont l’un des objectifs est de mieux diffuser la Déclaration des droits des peuples autochtones en Afrique, en Asie et aux Caraïbes.  Elle a enfin parlé de la mise en place d’un cadre stratégique 2016-2020 du FIDA qui sera enrichi par le Document final.   

La représentante du Conseil international indien des Traités, a rendu compte de la réunion cette année des représentants des sept régions autochtones.  Dans leurs recommandations, ils demandent notamment au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de lancer un processus d’examen du mécanisme de participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies.  Ils proposent également un dialogue direct entre les États Membres et les peuples autochtones pour détecter les obstacles à la mise en œuvre de la Déclaration des droits des peuples autochtones. 

Ils demandent le partage d’informations sur les meilleurs pratiques, le renforcement des capacités des organisations des peuples autochtones pour qu’ils puissent participer aux mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies et à l’examen périodique universel.  La représentante a regretté que les règles de jeune fussent pas suffisantes pour permettre la participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies.  Elle s’est dite favorable à un nouveau processus d’accréditation des peuples autochtones et de leurs organisations auprès des Nations Unies et du Conseil économique et social (ECOSOC).      

Dialogue avec le Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales

M. LENNI MONTIEL, Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, a indiqué que les fonds et programmes des Nations Unies continueraient d’appuyer les droits des peuples autochtones aux niveaux international, régional et national.  Il a notamment mis l’accent sur les droits des peuples autochtones dans le contexte des activités des industries extractives.  Il a affirmé que le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales avait été nommé « haut fonctionnaire en charge du suivi de la Conférence mondiale ». 

En outre, il a dit que le système élaborait actuellement un plan d’action à l’échelle du système pour favoriser la mise en œuvre de la déclaration des Nations Unies.  « Nous sommes prêts à appliquer ce plan d’action le plus rapidement possible pour nous attaquer aussi vite que possible à la réalisation des droits des populations autochtones », a-t-il déclaré.

Au nom également du Danemark, de l’Islande et de la Suède, le représentant de la Finlande a dit l’importance du Questionnaire pour les peuples autochtones sur le suivi de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  Il a souhaité que le statut de participation des représentants des populations autochtones ne soit pas inférieur à celui accordé aux ONG dotées d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC.

Si la Vice-Présidente de l’Instance, Mme Joan Carling a dit la nécessité de mettre en place des indicateurs concernant l’autonomisation des femmes autochtones, l’expert de l’Instance Gervais Nzoa a suggéré que chaque fonds ou programme de l’ONU soit invité à mettre en place un programme de l’ONU.  De son côté, l’experte Mariam Aboubakrine a exhorté les États Membres à intégrer dans leur plans de développement un programme consacré aux populations autochtones. 

L’experte Maria Eugenia Choque a souhaité que le plan d’action en cours d’élaboration se penche sur la capacité d’accorder des droits réels aux femmes autochtones, et un accès réel aux ressources financières.  Elle a mis l’accent sur la protection de la langue maternelle et l’accès à la terre.   

Reprenant la parole, le Sous-Secrétaire général s’est dit conscient des frustrations des populations autochtones et des personnels de l’ONU en charge des questions autochtones face à l’insuffisance de progrès.  Il a rappelé aux organisations autochtones que les revendications concernant l’intégration des préoccupations autochtones relatives aux objectifs de développement pour l’après-2015 soient soumis aux États Membres et non au Secrétariat. 

Il a précisé que le plan d’action à l’échelle du système a été proposé par l’Assemblée générale sans allouer des ressources supplémentaires, ce qui limite les possibilités.  Par ailleurs, il a jugé déterminant de reconnaître le rôle des femmes et des langues maternelles.              

M. JOHN SCOTT, Administrateur des programmes de la Convention On Biological Diversity, a affirmé que le groupe de travail à composition non limité sur l’article 8 de la Convention sur la diversité biologique se réunirait en novembre 2015 pour discuter de son programme de travail pluriannuel en application de cet article.  La réunion servira à développer des lignes directrices pour les législations nationales en vue de la mise en œuvre de l’article 8, notamment sur l’obtention du consentement préalable ou la participation des communautés autochtones et locales.

M. HJALMER DAHL du Groupe arctique autochtone, a dit que la mise en œuvre du plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies était essentielle à la réalisation de la Déclaration des droits des peuples autochtones.  Il a indiqué que son groupe recommandait la révision du mandat du mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones.  Cette révision devrait permettre notamment la réception par le mécanisme de communications venant d’États Membres ou de peuples autochtones sur des points précis sur la Déclaration des droits des peuples autochtones. 

Le mandat devrait aussi faciliter un dialogue direct entre les États Membres et les peuples autochtones, offrir des conseils pour surmonter les obstacles à la réalisation de la Déclaration des droits des peuples autochtones, et de l’assistance aux plans de mise en œuvre nationaux.  Le mécanisme devrait également pouvoir suggérer des solutions pour la mise en œuvre des droits des peuples autochtones aux organes des Nations Unies, et renforcer la capacité des organisations des peuples autochtones pour qu’elles puissent nouer des liens avec les États Membres.  Le mécanisme devrait pouvoir contribuer à l’examen périodique universel et formuler des propositions au Conseil des droits de l’homme sur les normes de protection des droits des peuples autochtones. 

Mme MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a cité les efforts de son pays pour garantir les droits de ses 82 peuples autochtones.  Elle a expliqué que la Colombie était reconnue comme un pays pluriethnique depuis l’adoption de sa Constitution de 1991.  Elle a cité la construction progressive d’un cadre juridique depuis 1991 incluant une discrimination positive dans le domaine de l’éducation, de la santé, et de la culture et un mécanisme de consultation préalable.  Elle a regretté la persistance du défi lié à la guerre civile qui freine les progrès.

M. JAMIL AHMAD, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUE), s’est dit prêt à appuyer les efforts des populations autochtones pour faire de la vision de la Conférence mondiale une réalité.  Il a dit la nécessité de disposer d’indicateurs intégrés pour évaluer les progrès établis par les autochtones.  Il a appelé à tenir compte des connaissances des autochtones dans les évaluations environnementales.      

M. ALEXEY O. GOLTYAEV (Fédération de Russie) a rappelé que son gouvernement avait soutenu l’adoption du Document final comme une autre étape vers le règlement de la question des droits des peuples autochtones.  Le Document final a représenté le point culminant de la deuxième Décennie internationale.  S’il était important de se concentrer sur le développement durable des peuples autochtones, il ne devrait pas y avoir de redondance au sein des Nations Unies, notamment en ce qui concerne les mécanismes des droits de l’homme et des organismes de supervision internationaux.  L’idée de répartir les compétences de supervision au Mécanisme d’experts, ou pour l’Instance permanente elle-même, doit être soigneusement analysée dans le contexte du droit international.

Mme RUCI SENIKULA, Handicap et population autochtone, a réclamé pour les personnes autochtones handicapées le droit de participer aux travaux des Nations Unies et de ses organes.  Elle a insisté sur la nécessité d’un programme de développement spécifique pour les peuples autochtones, l’accès aux fonds de développement, à l’éducation et aux moyens modernes de communication.  Elle a ajouté que la participation des personnes autochtones handicapées devrait être au cœur des politiques traitant des droits des peuples autochtones. 

Cette participation devrait se faire sur le même pied d’égalité, être dotée des ressources adéquates et prendre en compte de la grande pauvreté des personnes autochtones handicapées.  La représentante a demandé à l’Instance permanente de faire en sorte que les droits des personnes autochtones handicapées soient inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a enfin exprimé son mécontentement concernant une étude sur les enfants autochtones en milieu rural dans laquelle ne figuraient pas les cas des enfants autochtones handicapés.  Cette étude devra être recommencée, a exigé la représentante. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Congrès pour la prévention du crime: « le Congrès de toutes les premières » et auteur d’une Déclaration « exemplaire » clôt ses travaux et fixe son prochain rendez-vous en 2020 au Japon

Treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale,
14e séance plénière - après-midi
SOC/CP/367

Congrès pour la prévention du crime: « le Congrès de toutes les premières » et auteur d’une Déclaration « exemplaire » clôt ses travaux et fixe son prochain rendez-vous en 2020 au Japon

DOHA, QATAR, 19 avril - Le Premier Ministre du Qatar a clos aujourd’hui, à Doha, le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui, ayant commencé le 12 avril dernier, a adopté une Déclaration politique* « exemplaire » pour la coopération internationale.  « La barre a été placée très haut », a déclaré le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), commentant, à son tour, « le Congrès de toutes les premières »: c’est la première fois en 60 ans, que le Congrès quinquennal voit la participation d’un Secrétaire général de l’ONU, un nombre record de plus de 4 000 responsables gouvernementaux, représentants de la société civile, universitaires et experts et un Forum de la jeunesse organisé au préalable.  C’est aussi la première fois que la Déclaration politique est adoptée par acclamation dès la séance inaugurale.

M. Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani, Premier Ministre du Qatar et Président du treizième Congrès, a salué une Déclaration politique « exemplaire » pour la coopération internationale en ce qu’elle offre « des moyens humains » de combattre la criminalité.  Voilà, s’est-il réjoui, ce que l’ONU peut faire quand les États se montrent à la hauteur de leurs responsabilités, renoncent aux politiques de deux poids, deux mesures et font preuve d’ouverture d’esprit contre le crime, la violence et le terrorisme et au nom de la paix, de la sécurité, du développement et de la stabilité pour tous.  

Aucun évènement ne saurait mieux illustrer ce qu’a défendu ce Congrès que les mauvaises nouvelles reçues aujourd’hui sur les 700 migrants qui se seraient noyés au large de Lampedusa.  De telles tragédies, a souhaité M. Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’ONUDC, devraient nous servir à renforcer notre détermination à veiller à la mise en œuvre de la Déclaration politique, au nom des victimes de la criminalité, dont les migrants, et à la traduction en justice des trafiquants qui se nourrissent du désespoir des autres.

Le treizième Congrès, qui avait pour thème « l’intégration de la prévention de la criminalité et de la justice pénale dans la stratégie plus large de l’ONU contre les problèmes sociaux et économiques et pour la promotion de l’état de droit et la participation du public », a « placé la barre très haut » tant du point de vue du fond que de l’organisation, a estimé le Directeur exécutif de l’ONUDC.  Le Congrès a offert à la communauté internationale une plateforme solide pour la reconnaissance des liens « concrets » entre état de droit et développement durable.  

Le Congrès, a-t-il fait observer, a multiplié « les premières »: c’est la première fois en 60 ans, que l’Assemblée générale en approuve, trois ans auparavant, le thème, les points de l’ordre de jour et les ateliers.  C’est la première fois qu’un Secrétaire général de l’ONU, qu’un Président de l’Assemblée générale et qu’un Président du Conseil économique et social (ECOSOC) y participent, sans compter les plus de 4 000 personnes venant de 149 pays différents.  Avec plus de 200 réunions, un record a également été battu du côté des manifestations parallèles qui ont couvert un large éventail de questions allant de l’état de droit au trafic des migrants, en passant par la lutte contre le trafic des espèces sauvages et la violence contre les femmes et les enfants.

C’est la première fois aussi que le Forum de la jeunesse s’est tenu avant le Congrès, une initiative qui a montré combien il est « crucial » que les gouvernements travaillent avec les jeunes et écoutent attentivement leurs préoccupations et leurs aspirations.  Les recommandations du Forum de la jeunesse ont été une inspiration pour le Congrès, a estimé le Directeur exécutif, avant d’attirer l’attention sur une autre « première »: un document final, en l’occurrence, la Déclaration politique adoptée par acclamation dès la séance inaugurale.

La « Déclaration de Doha » est une déclaration politique « stimulante » qui reconnaît l’importance de renforcer la prévention du crime et la justice pénale, a-t-il dit.  Elle souligne l’engagement et la volonté politiques des États de mettre en œuvre des stratégies de promotion de l’état de droit et montre comment l’absence d’une politique sociale de prévention du crime et l’inefficacité des systèmes facilitent le crime, le terrorisme et la violence, obstacles au développement économique et social, s’est félicité le Directeur exécutif.

Nous devons travailler ensemble pour empêcher la criminalité de battre le développement durable.  Le défi est à présent de traduire la Déclaration en actes parce qu’elle n’a pas été adoptée pour le plaisir de la rhétorique et de la phraséologie mais pour des gens comme Skye, l’adolescente népalaise victime de la traite qui a réussi à traîner ses bourreaux devant la justice.  Au nom de cette justice, de l’équité et des droits de l’homme, je vous appelle, a conclu le Directeur exécutif de l’ONUDC, à traduire ce document « puissant » en actes susceptibles d’aider des gens comme Skye partout dans le monde.

Dans la Déclaration politique de 15 pages, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et les représentants des États réaffirment leur volonté de faire prévaloir l’état de droit et de combattre la criminalité, la corruption et le terrorisme, de veiller à ce que les systèmes de justice pénale soient « efficaces, équitables, humains et responsables », d’assurer l’accès à la justice pour tous, de mettre en place des institutions « efficaces, responsables, impartiales et non exclusives » et de défendre le principe de la dignité humaine ainsi que le respect universels de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales. 

Ils énoncent des mesures contre, entre autres, le trafic des migrants, les combattants terroristes étrangers, le blanchiment d’avoirs tirés de la corruption mais aussi les formes de criminalité « nouvelles, émergentes et évolutives » que sont la cybercriminalité, le trafic de biens culturels, le trafic d’espèces sauvages, la contrebande de pétrole ou encore la contrefaçon de marchandises de marque. 

Nous ouvrons un « nouveau chapitre de l'histoire de l’humanité », avait déclaré M. Ban Ki-moon, le 12 avril dernier, dans ce qui était la première participation d’un Secrétaire général de l’ONU à un Congrès sur la prévention du crime.  M. Ban disait alors compter sur ce treizième Congrès pour ajouter son expérience aux parties les plus importantes du programme de développement pour l’après-2015 actuellement en négociations et dont le futur objectif 16 parle de « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer à tous l’accès à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes ».  Le Secrétaire général rappelait en effet que 2015 est une année « cruciale », une année qui peut ouvrir la voie à un avenir meilleur pour des milliards de personnes.  Le succès exige que le nouvel agenda et les nouveaux objectifs de développement durable reflètent la centralité de l’état de droit, car toutes les sociétés ont besoin de systèmes de justice pénale équitables, d’institutions efficaces et responsables et d’accès à la justice pour tous, soulignait-il encore. 

Le treizième Congrès a commencé par une session inaugurale suivie d’un Segment de niveau de trois jours, réunissant des ministres des affaires étrangères, de la justice, de l’intérieur et autres hauts responsables d’État.  Les délégations ont ensuite discuté de manière plus interactive des liens entre l’état de droit et le développement durable; des formes nouvelles et émergentes de criminalité organisée; et de la participation du public à la prévention du crime.  Les Comités I et II dont les rapports ont été adoptés aujourd’hui ont tiré les enseignements des efforts nationaux et internationaux visant à répondre aux besoins spécifiques des femmes et des enfants, en particulier le traitement et la réinsertion sociale des délinquants, à rendre effectives l’entraide judiciaire et la protection des victimes de la traite, à combattre la cybercriminalité et le trafic de biens culturels, et à sensibiliser le public à la justice pénale.  Ici aussi l’« esprit de Doha », caractérisé par le professionnalisme et la coopération, a été salué.

Dans leur Déclaration politique, les États prennent note « avec satisfaction » de l’offre du Gouvernement japonais d’accueillir en 2020 le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.  Aujourd’hui par vidéo, la Ministre de la justice du Japon, Mme Yoko Kamikawa, a dit retenir de la Déclaration la nécessité d’intensifier la coopération internationale, l’assistance technique et le renforcement des capacités.  Elle a rappelé que l’année 2020 marquera le cinquantième anniversaire de l’année où le Japon a accueilli, pour la première fois, le Congrès.  Ce sera aussi l’année des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo, a-t-elle souligné.

Le Qatar et l’ONUDC ont été remerciés pour l’organisation et la qualité des travaux par les organisations et États suivants: Union européenne, Guatemala, Maroc, Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, Brésil, Jordanie, Panama, Turquie, Paraguay, Oman, Azerbaïdjan et Ligue des États arabes.

Convoqués tous les cinq ans, les Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, dont le premier s’est tenu à Genève en 1955, sont, du point de vue du nombre et de la diversité des participants, le plus grand rassemblement mondial de responsables gouvernementaux, de représentants de la société civile, d’universitaires et d’experts dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale. Depuis 60 ans, ils influent sur les politiques de justice pénale et renforcent la coopération internationale contre la menace mondiale que représente la criminalité transnationale organisée.

*A/CONF.222/L.6

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Congrès pour la prévention du crime: les délégations partagent les succès et les échecs de la participation citoyenne au maintien de l’ordre

Treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale,
13e séance plénière - matin
SOC/CP/366

Congrès pour la prévention du crime: les délégations partagent les succès et les échecs de la participation citoyenne au maintien de l’ordre

DOHA, QATAR, 18 avril - Qu’il s’agisse des comités allemands de prévention, des agents de probation bénévoles japonais ou des unités policières de pacification brésiliennes, les délégations ont raconté leurs succès dans la participation citoyenne au maintien de l’ordre, thème de la discussion qu’a tenue aujourd’hui, à Doha, le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.  Les dangers de la mise à l’écart du public ont été reconnus par le représentant des États-Unis qui a détaillé les enseignements tirés des évènements de Ferguson, du Missouri et de New York.  Son homologue de la Norvège a parlé d’un nouveau programme de la police sur Internet pour contrer l’extrémisme violent chez les jeunes.  

Pourquoi encourager la participation du public pour renforcer la prévention du crime et la justice pénale?  Les approches* en ce sens reposent sur l’idée qu’afin de prévenir et de combattre efficacement la criminalité, il est nécessaire de comprendre les difficultés, au niveau des communautés, ainsi que les causes et facteurs qui sous-tendent la criminalité; de fonder les politiques sur les connaissances acquises grâce aux données telles que les enquêtes de victimisation, les audits locaux de sécurité et les études de délinquance autodéclarée; et de consulter les populations sur leur perception des problèmes de criminalité et du système judiciaire.

Aujourd’hui, la participation citoyenne à la prévention du crime et à la justice pénale est effective dans la plupart des pays: les forces de police communiquent mieux avec les citoyens grâce aux médias sociaux.  Les communautés sont sollicitées pour la réintégration sociale des anciens criminels.  Les associations de conseil, d’assistance et de représentation juridiques ne se comptent plus ni celles des victimes qui contribuent à élaborer les bonnes réponses, à renforcer la résilience de leur communauté et à encourager la réconciliation.  La participation du public n’est pas seulement nécessaire à un système de justice inclusif mais aussi et surtout à une culture respectueuse de l’état de droit, a commenté la représentante de la Thaïlande.

Du danger de frustrer le public.  L’année dernière, a reconnu le représentant des États-Unis, les évènements de Ferguson, du Missouri et de New York ont mis à jour la grande frustration de certaines communautés, en particulier les « communautés de couleur », face à une police qui apparaissait comme hostile.  En conséquence, le Président Obama a créé un groupe de travail, composé de policiers, de leaders des communautés, de jeunes adultes et d’universitaires, qui a mené des auditions dans l’ensemble du pays avec un éventail le plus large possible de témoins représentatifs de toutes les couches de la société.

Au bout de 90 jours, le groupe de travail a remis 63 recommandations visant le rétablissement de la confiance des communautés envers la police; l’amélioration des mesures de contrôle, l’utilisation des médias sociaux; et l’amélioration de la formation et de l’éducation des officiers de police.  Les États-Unis l’ont appris: la police de proximité est un modèle éprouvé qui aide les agences de maintien de l’ordre à passer des fonctions basiques de réaction au crime à une fonction plus proactive permettant de gagner la confiance des communautés, de multiplier les échanges d’informations et de prévenir le crime avant qu’il n’arrive.

En Allemagne, a expliqué son représentant, ce sont en effet les « comités municipaux de prévention » qui connaissent un véritable succès populaire.  Plus de 2 000 d’entre eux ont été créés au cours de ces deux dernières décennies, dans les villes et villages, regroupant plusieurs disciplines et spécialisations dans tous les aspects de la prévention du crime, et bénéficiant d’une armée de bénévoles.  Le représentant de la Libye a appelé à la prudence.  Il faut mieux protéger les bénévoles, a-t-il estimé, contre les représailles de ceux qu’ils ont dénoncés et contre leurs avocats qui peuvent toujours arguer que le « bénévolat » n’est pas repris dans le code pénal.  L’Allemagne, a poursuivi son représentant, a en outre une longue tradition d’engagement civique comme l’illustre l’apparition, il y a deux 200 ans, des premières associations d’assistance aux détenus, contrairement aux associations d’aide aux victimes, relativement jeunes, mais qui néanmoins connaissent un réel succès.  Le « Weisser Ring », par exemple, compte 3 000 volontaires dans 400 bureaux qui s’occupent des victimes grâce à des dialogues personnalisés. 

La représentante de la Thaïlande a parlé des centres de justice communautaires, avant que son homologue du Japon ne s’attarde sur les 50 000 agents de probation bénévoles dont la création remonte au XIXsiècle et qui dépendent, depuis une loi votée dans les années 50, du Ministère de la justice, avec pour mission d’appuyer et de superviser la réintégration des délinquants.  Ces agents ont le mérite de connaître les spécificités locales et de pouvoir avoir une interaction personnelle avec les délinquants, pendant et après la probation.  À eux seuls, ils illustrent la culture de la légalité et contribuent à créer une société sans criminalité. 

En juillet 2014, l’Institut asiatique pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFEI) et l’Association japonaise d’aide à la réinsertion ont organisé la première réunion internationale sur les agents de probation bénévoles.  En février dernier, a été organisé un Séminaire sur la promotion du traitement communautaire des délinquants dans la région de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  En outre, le Japon organisera en 2017 à Tokyo, le troisième Congrès mondial sur la probation, après le deuxième Congrès sur les systèmes correctionnels communautaires qui se tiendra cette année à Los Angeles.  En Chine, quelque 2,7 millions d’anciens délinquants ont bénéficié de ce type de systèmes, a indiqué le représentant chinois.

Son homologue du Brésil a parlé des unités policières de pacification à Rio de Janeiro qui ont contribué à la chute « spectaculaire » du taux d’homicides.  Le but était de rétablir dans les favelas une présence permanente des services de sécurité et d’améliorer les relations entre la police et les populations locales.  Ces unités ont réussi à s’implanter dans des zones auparavant contrôlées par des groupes armés violents, ce qui a permis de faire reculer les conflits entre groupes de trafiquants de drogues.  Les exemples brésiliens comme Pro-Paz-Para ou AfroReggae Group montrent combien il est important d’adapter les processus à l’environnement dans lesquels ils vont être lancés puisqu’il n’y a pas de solution unique et que chaque pays doit identifier la meilleure réponse à ses défis spécifiques, a souligné le représentant brésilien. 

Plusieurs délégations ont donné des exemples d’exploitation des médias sociaux dans les liens entre police et populationLe représentant de la Norvège a parlé de la lutte contre la radicalisation des jeunes et l’extrémisme violent.  Nombreux en effet sont les jeunes norvégiens à être partis rejoindre des groupes armés dans des conflits bien éloignés des frontières nationales, « après un processus de radicalisation », et à une époque où l’Internet fonctionne comme une arène de promotion des idéologies extrémistes et des discours de haine, et une institution de radicalisation et de recrutement.  Le Gouvernement a donc décidé de combattre ces fléaux avec les mêmes principes de base de la prévention du crime, et de renforcer la présence de la police sur l’Internet. 

L’idée est de permettre à la police de s’introduire « ouvertement » sur les sites de propagande, de participer aux discussions et le cas échéant, d’en informer les autres services de police.  Un autre projet est lancé en ce moment pour prévenir la rhétorique de haine et les attitudes discriminatoires et non démocratiques sur l’Internet.  Il sera étroitement lié à la campagne nationale « Stop hate speech on the Internet » et à celle du Conseil de l’Europe « No Hate Speech ».  Contre la radicalisation, la France a, par exemple, établi une ligne téléphonique disponible 24 heures sur 24, a indiqué son représentant.

La représentante de la Thaïlande a donné l’exemple du Bureau thaïlandais des affaires juridiques qui a créé sur « Youtube », une plateforme qui ne diffuse pas seulement des informations et des nouvelles sur des affaires judiciaires mais aussi des courts métrages et des documentaires « simples » sur l’état de droit et la justice.  La chaîne a même organisé un concours de courts métrages l’année dernière.  Le représentant du Canada a parlé de « Amber alerts » pour les enfants disparus et des programmes « Crime Stopper ».  Le pays a aussi lancé plusieurs projets pilotes pour voir comment les nouvelles technologies, y compris les médias sociaux, peuvent être utilisées pour renforcer ou transformer le travail de la police.  Les médias sociaux, a dit le représentant, peuvent fournir aux citoyens plus d’informations sur le système judiciaire et sur la manière dont il opère, en particulier dans un monde où de plus en plus d’inculpés n’ont pas les moyens de s’offrir un avocat.  Le Canada n’a pas oublié le danger du harcèlement sur Internet qui a provoqué quelques suicides.  Une loi sur la « Protection des Canadiens contre la criminalité en ligne » vient d’être adoptée pour aider la police à mieux protéger les jeunes.  Grâce au foisonnement des informations disponibles, l’Internet a contribué à la lutte contre la traite des femmes et des enfants en Chine, a indiqué son représentant

S’agissant de l’implication des victimes dans la prévention du crime, le représentant du Canada a indiqué que son pays a débloqué depuis 2006, plus de 140 millions de dollars pour les aider à faire entendre leurs voix sur la manière d’améliorer les systèmes judiciaire et correctionnel.  Une proposition de loi dont est saisi le Parlement depuis avril 2014 consacrerait, pour la première fois, les droits des victimes au niveau fédéral.  Le pays organise déjà, tous les ans, la Semaine nationale des victimes de la criminalité pour sensibiliser l’opinion publique aux services, programmes et lois mis en place en faveur de ces victimes et de leurs familles. 

Les délégations de l’Algérie, de l’Indonésie, du Venezuela, d’El Salvador, du Soudan, du Mexique et du Qatar ont aussi parlé de leurs efforts nationaux.  L’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (ONUDC) estime que l’élaboration de principes directeurs sur la participation du public au renforcement des mesures de prévention du crime et de justice pénale aiderait les États et les autres acteurs du domaine.  Ces principes pourraient concerner non seulement les méthodes et les approches à suivre pour faire davantage intervenir le public, mais aussi les garanties que les États doivent mettre en place afin de le protéger, considérant que l’État est responsable en dernier ressort de la sécurité et de la sûreté de tous ses citoyens.

Le treizième Congrès des Nations Unies, qui avait commencé ses travaux le 12 avril dernier, fermera ses portes demain, dimanche 19 avril, par des déclarations du Premier Ministre du Qatar et du Directeur exécutif d’ONUDC.

*A/CONF.222/9

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Congrès pour la prévention du crime: divergence de vues sur l’utilité d’autres conventions internationales pour combattre les formes nouvelles de criminalité, dont celle sur Internet

Treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale,
11e & 12e séances plénières – matin & après-midi
SOC/CP/365

Congrès pour la prévention du crime: divergence de vues sur l’utilité d’autres conventions internationales pour combattre les formes nouvelles de criminalité, dont celle sur Internet

DOHA, QATAR, 17 avril - Le débat que le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale a tenu aujourd’hui, à Doha, sur les « approches globales et équilibrées contre les formes nouvelles et émergentes de criminalité organisée » s’est résumé à une question: les conventions des Nations Unies suffisent-elles pour triompher de la cybercriminalité, du trafic de biens culturels et d’espèces sauvages, ou de la contrefaçon?

Les interventions de l’Inde et du Japon ont illustré à elles seules la divergence des points de vue.  Peut-on vraiment combattre une cybercriminalité en constante mutation avec des instruments datant d’il y a plus de 10 ans? a douté le représentant indien.  La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, dite Convention de Palerme, et celle contre la cybercriminalité, dite Convention de Budapest, ont été adoptées respectivement en 2000 et en 2001.  Le défi n’est pas l’absence d’instrument juridique mais bien les lacunes des législations et des procédures pénales, au niveau national, a tranché le représentant japonais. 

Ces 10 dernières années, la situation a évolué*: la cybercriminalité comprend, par exemple, les infractions dans lesquelles les données informatiques sont l’objet de l’infraction-même mais aussi celles dans lesquelles ils ne sont que les moyens par lesquels elle est commise.  La criminalité environnementale quant à elle couvre à la fois le braconnage et des infractions nouvelles, comme celles liées à l’échange des droits d’émission de carbone et à la gestion de l’eau.  L’Internet se prêtant bien à une coordination plus large entre individus d’une zone géographique très étendue, un nombre beaucoup plus important de groupes criminels organisés ont émergé. 

Faut-il de nouvelles conventions?  Non, a répondu la représentante de la Norvège.  Les conventions contre les stupéfiants, contre la criminalité transnationale organisée et contre la corruption couvrent déjà toutes les formes de crimes.  Leur potentiel doit être pleinement exploité pour les formes anciennes et nouvelles des crimes.  Il ne sert à rien, a insisté la représentante, de développer de nouveaux instruments, conventions et protocoles, alors que nous ne mettons en œuvre ni ne respectons ceux dont nous disposons.  Les organisations criminelles sont efficaces, créatives et modernes.  Utilisons les mêmes armes: efficacité, suffisance des ressources et outils technologiques, a encouragé la représentante.  Parlant en particulier de la cybercriminalité, son homologue du Japon a estimé que le défi n’est pas l’absence d’instrument juridique mais bien les lacunes dans les législations nationales qui ne couvrent toujours pas la cybercriminalité et dans les procédures pénales qui limitent le travail de la police, des procureurs et des autorités judiciaires compétentes et ne facilitent pas non plus la coopération entre États.  Identifions les besoins et renforçons « concrètement» l’assistance technique souhaitée par les instruments existants.

Il faut en effet, a reconnu la représentante de la Suisse, doter les tribunaux et les autorités de poursuite pénale et de contrôle des moyens nécessaires pour leur permettre de réagir avec la même flexibilité que les groupes criminels.  Au niveau international, des procédures simples et accélérées sont nécessaires pour que la police puisse échanger des informations avec des États partenaires et réagir en temps utile à des signalements en provenance de l’étranger.  « Une législation efficace, une prévention ciblée, des autorités de poursuite pénale efficaces, bien formées et équipées, et une coopération non bureaucratique entre les différentes autorités et institutions, telle est la combinaison qui peut nous permettre de faire face de manière adéquate et rapide aux formes de criminalité les plus diverses », a tranché la représentante. 

La déléguée suisse n’a pas caché que pour son pays, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée n’offre qu’une base juridique « limitée » pour poursuivre les nouvelles formes de criminalité.  Il n’est pas judicieux, a-t-elle jugé, de rattacher ces nouvelles formes à l’élément constitutif de la criminalité organisée.  Un nouveau cadre juridique multilatéral devient donc « crucial », en a conclu le représentant du Brésil, soutenu par son homologue de la Chine.  La réponse juridique doit se concentrer sur les outils de la coopération internationale car « les moyens traditionnelles de cette coopération ont montré leurs limites ».  Compte tenu du lien entre cybercriminalité et terrorisme, il devient de plus en difficile de voir l’efficacité des instruments existants, a ajouté le représentant de l’Iraq.  « La cybercriminalité profite de l’absence d’un instrument international efficace, a prévenu, à son tour, celui de la Tunisie.  Les anciens criminels s’étant modernisés, nous devons nous montrer plus intelligents qu’eux, a alerté le représentant du Maroc.  Peut-on vraiment combattre une criminalité en constante mutation avec des instruments de plus de 10 ans? a douté son homologue de l’Inde.  Non, il en faut de nouveaux, a répondu le représentant du Pakistan, soutenu par son homologue de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des États d’Afrique.  Envisageons au moins une révision, a suggéré celui de l’Iran.

Mais en quoi la Convention de Budapest sur la cybercriminalité aurait-elle perdu de sa légitimité? s’est interrogé le représentant de l’Allemagne.  Face à « la démocratisation de la cybercriminalité et la délinquance sans frontière », cette Convention est la clef, a estimé son homologue de la France.  Ratifiée par 45 États dont un nombre important de non-membres du Conseil de l’Europe, c’est l’instrument de référence qui permet l’entraide judiciaire.  Élaborer une nouvelle convention, a poursuivi son homologue de l’Allemagne, exigerait un processus de plusieurs années et des ressources énormes, sans rien à apporter de nouveau.  Concentrons-nous plutôt sur une meilleure application de la Convention, en offrant, par exemple, aux personnels concernés une bonne formation et en renforçant la coopération internationale.  Si l’on peut toujours améliorer cette coopération, a commenté la représentante de l’Australie, il faut reconnaître que l’instrument actuel s’est révélé efficace, à la fois pour criminaliser les délits dans le cyberspace et plus important encore, pour faciliter une coopération rapide entre les forces de l’ordre.   La Convention serait encore plus efficace si tous les États y adhéraient, a souligné la représentante. 

Pour renforcer la coopération internationale, a commenté, à son tour, la représentante du Canada, il faut veiller à l’harmonisation des différentes législations et à la fourniture aux pays en développement des capacités juridiques et techniques nécessaires.  Le représentant du Conseil de l’Europe a insisté sur les programmes d’assistance mis en œuvre par son organisation.  Mais le problème, a estimé le représentant de la  Fédération de Russie, est que la Convention a oublié de consacrer « le droit souverain des États » à mener leurs propres enquêtes.  Le problème est aussi que son article 37 dispose que « le Comité des ministres du Conseil de l’Europe peut, après avoir consulté les États contractants à la Convention et en avoir obtenu l’assentiment unanime, inviter tout État non membre du Conseil à adhérer à la Convention.  La décision est prise à l’unanimité des représentants des États contractants ».  C’est donc que la Convention n’a pas vocation à être universelle et que les restrictions à son universalisation prouvent la nécessité d’un autre traité, a argué le représentant du Conseil des ministres de l’intérieur des pays arabes.

La vision du Congrès doit être de promouvoir un Internet libre, ouvert et sûr, a estimé le représentant des Pays-Bas, s’opposant, à son tour, à la négociation d’un nouvel instrument qui retarderait, a-t-il prévenu, la réponse de la communauté internationale à la nécessité « immédiate » de renforcer les formes existantes de coopération et l’adoption des nouvelles législations nationales dont les pays discutent en ce moment.  Il a appelé les gouvernements à ouvrir la lutte contre la cybercriminalité au secteur privé, à la communauté technologique, au monde universitaire et à la société civile.  Le représentant est revenu sur le futur « Forum mondial de la cyberexpertise », une initiative pour le renforcement des capacités, qui facilitera le partage des expériences, des évaluations et des meilleures pratiques, identifiera les lacunes dans les capacités et mobilisera des ressources et des expertises additionnelles.  Le forum sera pragmatique, orienté vers l’action, flexible et fondé sur une participation volontaire.  Le représentant de la Tunisie a confirmé la nécessité d’une aide au renforcement des capacités. 

Le trafic des biens culturels n’a pas été oublié au cours des discussions, le problème le plus « cuisant » étant en Syrie et en Iraq, comme l’a souligné le représentant de l’Allemagne.  Il faut, a-t-il dit, travailler ensemble pour sensibiliser à ce problème qui est devenu le troisième crime mondial après le trafic de drogues et d’armes et qui alimente le terrorisme.  Nous devons renforcer la coopération entre Interpol, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les autres organisations internationales pertinentes, a ajouté le représentant allemand avant que son homologue de l’Égypte ne fasse part de la demande des États africains pour un nouvel instrument sur la protection du patrimoine culturel ou au moins un protocole additionnel à la Convention contre la criminalité transnationale organisée.

Après que le représentant de la Chine eut appuyé cette proposition, la représentante du Canada a prôné, au contraire, une application plus efficace des instruments existants dont « Les Principes directeurs internationaux sur les mesures de prévention du crime et de justice pénale relatives au trafic de biens culturels et d’autres infractions connexes », adoptés l’an dernier par l’Assemblée générale de l’ONU.  Le cadre international actuel est largement suffisant, a acquiescé le représentant de la France, en rappelant les dispositions de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et celle de l’UNESCO de 1970 concernant « les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels ».  Mettons l’accent sur l’évaluation de la mise en œuvre, l’échange des bonnes pratiques, l’assistance technique et la coopération douanière, a encouragé le représentant français, soutenu par son homologue de l’Italie laquelle aide l’ONUDC à préparer un outil technique.

Son homologue du Viet Nam a annoncé l’organisation en 2016, dans son pays, de la troisième Conférence sur le commerce illicite des espèces sauvages.  Dans ce cadre, le représentant de l’Indonésie a voulu que la pêche illégale, qui génère 23 milliards de dollars, soit reconnue comme une forme émergente de criminalité transnationale pour, a-t-il dit, renforcer la prévention et la lutte contre ce fléau.  Il faut faire le lien, a renchéri le représentant du Pérou, entre exploitation illégale des ressources naturelles, corruption et blanchiment d’argent.  Il faut des normes internationales « spécifiques » pour traiter de ces problèmes de manière « globale et équilibrée », a-t-il dit, soutenu par le représentant de la Fédération de Russie.  Ici aussi, la représentante du Canada a rappelé qu’il existe déjà une série d’instruments et de processus internationaux dont l’incontournable Convention contre la criminalité organisée et les nombreux autres accords multilatéraux négociés sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Il y a aussi la Convention sur le droit de la mer, a ajouté le représentant de l’Espagne.  Évitons les doubles emplois et concentrons-nous sur les mécanismes qui existent déjà et sur lesquels des experts travaillent, a insisté le représentant, s’opposant à son homologue de l’Équateur qui a insisté sur l’élaboration d’un quatrième protocole à la Convention de Palerme.

Les crimes environnementaux, a plaidé la représentante d’« Environmental Investigation Agency (EIA) » sont traités, en ce moment, dans une myriade de cadres juridiques.  C’est leur diversité qui est un des principaux obstacles à une réponse mondiale cohérente.  Elle a encouragé les États à discuter des différentes options possibles avec des juristes et des experts des services de police, de la conservation et d’autres secteurs, y compris les ministères de l’intérieur et de la justice, et à réfléchir aux instruments spécifiques qui devraient être créés.

Le représentant de l’Inde est intervenu sur la question des contrefaçons.  Il s’est étonné que l’ONUDC soit en train d’élaborer des dispositions législatives types contre le trafic illicite de médicaments frauduleux, alors que cette question relèverait naturellement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Médicaments frauduleux, contrefaits ou falsifiés?  De quoi parle-t-on? s’est impatienté le représentant devant une question « aussi sensible ».  Son homologue de la France l‘a renvoyé à la « Déclaration politique »** adoptée au premier jour du Congrès, et qui parle de la détermination des États à s’attaquer à la « contrefaçon de marchandises de marque ».  Son homologue de l’Italie a d’ailleurs regretté ce libellé, arguant que la « contrefaçon de marchandises de marque » ne représente qu’une infime partie du phénomène.  Il a alerté sur la faiblesse de l’entraide judiciaire et remercié, comme son homologue français, l’ONUDC qui s’efforce de mettre en œuvre la résolution 20/6 de la Commission pour la prévention du crime établissant le lien entre « médicaments frauduleux et trafic transnational organisé ». 

Beaucoup de pays, dont l'Australie, ont longuement parlé de leur lutte contre le terrorisme, classé également dans les formes nouvelles et émergentes de criminalité.  Le représentant l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a réclamé une définition internationale de ce fléau.  On ne peut, a-t-il plaidé, combattre cette criminalité sans en connaître les contours, sans parler des causes.  Le terrorisme est devenu un crime organisé et collectif, faisant naître des menaces « complexes et extrêmement dangereuses », avec un recours aux technologies modernes et à des armes meurtrières.  « La coopération internationale devient inévitable. » 

Haïti, la Tunisie, la Thaïlande, le Pérou, l’Équateur, El Salvador, Oman, le Koweït, le Qatar et les États-Unis ont aussi pris la parole.  Le représentant américain s’est opposé à tout nouvel instrument juridique international, tout comme son homologue de l’Union européenne.

Le Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale poursuivra ses travaux, demain samedi 18 avril, à partir de 10 heures.

*A/CONF.222/8

 ** A/CONF.222/L.6

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement achève ses travaux sans parvenir à adopter un texte sur le programme de développement pour l’après-2015

Quarante-huitième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
POP/1041

La Commission de la population et du développement achève ses travaux sans parvenir à adopter un texte sur le programme de développement pour l’après-2015

Après plus de six jours de négociations, les membres de la Commission de la population et du développement ne sont pas parvenus aujourd’hui à adopter par consensus un projet de résolution intitulé « Intégration des questions de population dans les programmes de développement durable, y compris dans le programme de développement pour l’après-2015 ».

La Présidente de la Commission, Mme Bénédicte Frankinet (Belgique), après plusieurs suspensions de séance pour permettre une poursuite des négociations, n’a pu que constater les profondes divergences de vues concernant ce texte et a donc décidé de le retirer.

Elle n’a donc pas accédé à la demande du représentant du Nigéria qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, avait souhaité une poursuite des discussions, puisque le texte en l’état imposait aux États Membres, selon lui, « des engagements intenables et inacceptables ».

Avant de le retirer, Mme Frankinet n’avait pas fait mystère des difficultés entourant l’adoption de ce projet de résolution, qu’elle avait elle-même élaboré dans un esprit de consensus.  Elle a en effet expliqué que ce texte était un « document équilibré » et une « tentative honnête, de prendre en compte, dans la mesure du possible, les vues de chacun ».

Dans ses remarques de clôture, le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, M. John Wilmoth, a dit son vif désappointement devant l’échec de la Commission.  « C’est de mémoire la première fois que cela arrive », a-t-il dit.

Le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin, a également dit sa profonde déception et affirmé que le texte de la Présidente contenait « tous les éléments que nous souhaitions ».  Il est important pour la communauté internationale de se montrer tolérante et de prendre en compte la véritable réalité des pays, a-t-il dit.

Certains États ont pris la parole pour dire également leur regret du retrait du texte.  Le délégué de la Suisse a affirmé que ce texte représentait un bon équilibre entre les diverses positions exprimées par les États Membres.  

Son homologue des Pays-Bas a affirmé que des appels forts avaient été lancés lors de la session pour que les droits sexuels et procréatifs soient consacrés dans le projet de résolution.  « Chaque individu a le droit de décider librement, sans coercition, sur tout ce qui touche à sa santé ou à son corps », a-t-il déclaré.

Certaines délégations ont néanmoins tenu à marquer leur désaccord avec le projet de résolution mais aussi avec la manière dont les négociations ont été conduites.  Le représentant de Nauru a ainsi dit sa vive préoccupation devant les tentatives du FNUAP de « discréditer » les positions de Nauru sur les droits sexuels et procréatifs.

Sur le plan procédural, la Commission a adopté deux décisions, l’une intitulée « Organisation future et méthodes de travail de la Commission de la population et du développement1 », l’autre intitulée « Thème spéciaux de la Commission en 2013 et 2017 », par laquelle elle a décidé que sa quarante-neuvième session en 2016 serait consacrée au thème suivant « Suivi du programme de développement pour l’après-2015: consolider les données démographiques2 ».

La Commission a en outre pris note du rapport du Secrétaire général intitulé « Exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2014: Division de la population (Département des affaires économiques et sociales3) » et du projet de programme de travail de la Division pour l’exercice biennal4 2016-2017.

Enfin, la Commission a tenu la première séance de sa quarante-neuvième session pour élire sa nouvelle Présidente, Mme Mwaba Patricia Kasese-Bota, de la Zambie. 

1E/CN.9/2015/L.5; 2E/CN.9/2015/L.4; 3E/CN.9/2015/6; 4E/CN.9/2015/CRP.1

DÉBAT GÉNÉRAL SUR L’EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION

Déclarations

Mme MARGARET POLLACK (États-Unis) a salué le « travail « remarquable » accompli par la Division de la population.  Elle joue un rôle essentiel en tant que source neutre d’expertise et produit des études qui servent aux États Membres, aux organisations multilatérales, aux milieux académiques et au public en général. 

Dans le contexte du thème de cette année, la Division de la population a notamment abordé les perspectives mondiales en matière de démographie, produit des estimations sur la mortalité infantile et sur le vieillissement de la population dans le contexte du développement durable, et a permis de suivre la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  La représentante a également apprécié l’amélioration du site Internet de la Division et des bases de données en ligne.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) s’est également félicité de la contribution de la Division de la population à l’analyse des données démographiques pour réaliser le Programme d’action du Caire et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Pour sa part, l’Allemagne a récemment renforcé ce qui est fait dans l’utilisation des données démographiques pour prendre de meilleures décisions.

M. GUSTAVO DE SANTIS (Italie) a félicité la Division de la population pour son travail et affirmé que sa base de données était devenue la référence pour tous ceux intéressés par les questions de population tant au niveau national qu’international.  « Bien sûr, nous voulons toujours plus d’informations et de meilleures informations », a-t-il dit, ajoutant que ces attentes stimulaient la Division de la population.  Le délégué a rappelé que même les meilleurs systèmes statistiques pouvaient ignorer des éléments essentiels et se tromper dans leurs projections.

M. JIANG WEIPING (Chine) a félicité la Division de la population pour la qualité de ses travaux.  Afin de faciliter la mise en œuvre du futur programme de développement pour l’après-2015, il l’a invitée à renforcer son soutien technique aux pays en développement.  Enfin, le délégué de la Chine a souhaité que la Commission facilite l’échange des bonnes pratiques entre pays s’agissant de la collecte de statistiques.

M. JUAN ALFONSO (Cuba) a salué à son tour le travail solide de la Division de la population et jugé important de préciser les priorités de la Commission des statistiques des Nations Unies.  « Les statistiques internationales ne doivent pas se substituer au statistiques nationales », a-t-il rappelé.

DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION SUR LE THÈME “RÉALISER L’AVENIR QUE NOUS VOULONS:PRENDRE EN COMPTE LES QUESTIONS DE POPULATION DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, Y COMPRIS DANS LE PROGRAMME DEDÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015”

Mme REBECCA OAS, de Catholic Family and Human Rights Institute, Inc, a indiqué que les investissements visant à généraliser l’accès à la contraception n’amélioraient en rien la santé maternelle.  Elle a ensuite fait part de sa préoccupation vis-à-vis de la baisse de la fécondité dans certains pays.

Mme BRENDA MBAJA, de Sexual and Reproductive Health and Rights Youth Caucus, a estimé que la voix des jeunes devait maintenant se faire entendre, ces derniers ayant été écartés lors de l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « Nos besoins et défis doivent recevoir l’attention de la communauté internationale », a-t-elle dit.  Revendiquant le droit au plaisir, elle a souligné la nécessité que les jeunes reçoivent une éducation sexuelle.  « La négation de nos droits sexuels est une menace pour nos vies », a-t-elle poursuivi, avant de rappeler qu’aucun développement durable ne sera possible sans une santé procréative de qualité.  « Nous sommes les agents du changement et nous incarnons l’avenir », a-t-elle conclu.

Mme KATIE LAU, de l’International Planned Parenthood Association a regretté que, plus de 20 ans après l’adoption du Programme d’action, les progrès restent insuffisants.  « Il n’est pas juste qu’en 2015 les jeunes entre 17 et 24 ans représentent la moitié des infections du VIH/sida », a-t-elle ainsi souligné, et que tant d’adolescentes décèdent après des avortements.  Selon elle, les jeunes doivent pouvoir se protéger et prendre les décisions concernant leur corps et leur avenir, et disposer d’un plein accès à la santé et aux droits sexuels et procréatifs.  Les gouvernements doivent faire en sorte que le Programme d’action du Caire soit intégré dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mme REDHAWK du People’s Movement for Human Rights Learning a rappelé qu’en 110 ans la population mondiale est passée de 1 à 7,2 milliards de personnes.  Pourtant, a-t-elle déploré, 2 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour tandis qu’une poignée de personnes concentrent les richesses.  Il faut comprendre ce qui se passe sociologiquement et culturellement dans le village global, a-t-elle ajouté.  L’urbanisation et le règne des grandes entreprises « démantèlent l’esprit humain » en empêchant une concurrence efficace au niveau local.  De même, la pénurie d’eau et de terre cause des troubles politiques et de conflits armés.  Elle a prôné une vision globale qui protège les droits de l’homme.

Mme SUSMIITA CHOUDHURY, de Asian-Pacific Ressource and Research Center for Woman (ARROW), a souhaité que les droits sexuels et reproductifs soient consacrés dans le futur programme de développement pour l’après-2015.  Elle a affirmé que les jeunes devaient avoir accès aux informations nécessaires sur leur sexualité.  Elle a ensuite demandé une meilleure protection des droits des migrants et le renforcement des efforts visant à l’autonomisation des femmes.  Enfin, elle a noté que les menées des groupes fondamentalistes avaient une incidence sur la promotion des droits sexuels.  Les droits des femmes et filles doivent être au cœur de nos priorités, a-t-elle conclu.

Mme RABELANI MUDAU, d’ActionAid, a raconté son histoire de jeune fille ayant grandi à Johannesburg.  Elle a dit sa méconnaissance du sexe, du virus VIH, avant de raconter les discriminations rencontrées en particulier dans la recherche d’emplois et l’accès aux soins contraceptifs.  Elle a demandé que le programme de développement pour l’après-2015 propose une approche globale permettant de répondre aux préoccupations d’une jeune fille comme elle.

Mme NIHINLOLA MABOGUNJE d’IPAS, une organisation non gouvernementale qui se consacre aux morts évitables et aux blessures que subissent les femmes en raison d’avortements dangereux, a affirmé que dans son pays, le Nigéria, les femmes qui tombent enceintes parce qu’elles ont été violées ou ne disposent pas d’une éducation sexuelle sont traitées comme des criminelles et ne reçoivent pas de soins.  Pas moins de 760 000 avortements s’y produiraient ainsi chaque année, la plupart clandestins.  Selon IPAS, tous les gouvernements devraient révoquer les lois qui pénalisent l’avortement et mettent en danger la vie des femmes.

Mme PATRICIA SAYERS de l’International Catholic Committee of Nurses and Medico-social Assistants (CICIAMS) a fait remarquer que, dans beaucoup de zones éloignées, les infirmières sont souvent les seuls fournisseurs de soins de santé.  Toutes les personnes doivent pouvoir bénéficier de soins de santé respectueux de leur culture.  Tous les patients ont le droit d’accepter ou de refuser le traitement qui leur est proposé et d’en comprendre les risques.  Enfin, il faut construire des écoles d’infirmiers à proximité de sites mal desservis.  La représentante a réitéré que « la fertilité fait partie intégrante de l’être humain ».

Mme CAMILLE PESAVA, Amnesty international, a affirmé que le nouveau programme de développement devait bénéficier d’abord aux plus vulnérables et à ceux qui font face aux discriminations.  Elle a ensuite demandé la promotion de l’égalité des sexes et l’élimination des stéréotypes.  Le programme de développement pour l’après-2015 doit insister sur l’égalité des sexes afin que les droits des femmes et filles deviennent une réalité, a-t-elle déclaré.

Mme YOADAN SHIFERAW, de la Stitchting Rutgers WPF, a rappelé que dans de nombreux pays africains des enfants donnaient naissance à des enfants.  En Ouganda, une jeune fille de moins de 18 ans sur 4 est enceinte, a-t-elle dit.  En conséquence, elle a plaidé pour la fourniture d’une éducation sexuelle afin que les jeunes filles puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause.

Mme ELIZA MARGUERITE RAYMOND de la New Zealand Family Planning Association a indiqué que son organisation travaille dans la région du Pacifique sur l’inclusion des droits sexuels et génésiques sans discrimination et sans stigmatisation.  Ces droits sont au cœur du développement durable, or 225 millions de femmes ne peuvent satisfaire leurs besoins en matière de planning familial, a-t-elle dit.  Les femmes doivent pouvoir choisir librement l’espacement et le nombre de leurs enfants et avoir un accès libre et gratuit à l’avortement.

Mme CYNTHIA STUEN de l’International Parenthood Federation pour la région de l’Asie du Sud-Est, qui représente 44 pays en Asie, a souhaité transmettre le message suivant: « les droits sexuels et génésiques sont inaliénables et indivisibles ».  Or, a-t-elle déploré, ces droits sont loin d’être réalisés dans la région où « le fondamentalisme s’accroît et aggrave les inégalités hommes-femmes ».  Elle a demandé aux gouvernements d’assurer les engagements pris lors des conférences d’examen régional et d’éliminer toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et, en particulier, d’autonomiser les jeunes femmes.

Mme NADJA WOLFE, du World Youth Alliance, a souligné qu’il fallait respecter chaque individu, les forts comme les faibles.  L’expérience montre que les changements démographiques engendrent des difficultés sociales qui peuvent être aigues, a-t-elle dit, avant d’indiquer que la réduction des taux de fécondité n’est pas la panacée que l’on croit souvent.  Elle a ensuite demandé que le futur programme de développement favorise l’égalité réelle entre hommes et femmes.  « Les jeunes sont l’avenir et nous méritons mieux que des politiques qui ne répondent pas à nos besoins. »

Mme CYNTHIA STUEN, de l’International Federation on Ageing and the Stakeholder Group on Ageing, a rappelé que les femmes de 50 ans constituaient 23% de la population féminine aujourd’hui, une proportion qui ne fera que croître à l’avenir.  Elle a demandé la Commission à mettre l’accent sur les défis du vieillissement, rappelant que « les jeunes d’aujourd’hui sont les vieux de demain ».  Toute personne doit pouvoir vieillir avec dignité dans une société juste, a-t-elle conclu.

Mme NADJA WOLFE de l’International Women’s Health Coalition a affirmé que « tous ont le droit de décider librement de toutes les questions liées à leur sexualité, sans discrimination, sans pression et sans violence ».  Elle a notamment défendu les droits des lesbiennes et des homosexuels qui connaissent des violations au quotidien; ces violations ne font qu’exacerber la pauvreté.  Elle s’est toutefois dite encouragée par le fait que de plus en plus de pays reconnaissent les droits sexuels et procréatifs dans leurs lois, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes.   

M. ZIA AUR-REHMAN du Centre Awaz pour les services de développement a indiqué que cette organisation travaillait pour l’autonomisation des groupes socialement exclus au Pakistan et la reconnaissance des droits sexuels et génésiques, surtout pour les adolescents.  Dans « un contexte d’extrémisme montant » l’objectif de parité hommes-femmes continue de ne pas être reconnu.  Or, aujourd’hui, il est essentiel d’inclure les jeunes partout. 

Mme ANGELICA REGO, d’Advocates for Youth, a affirmé que la voix des jeunes filles n’était pas suffisamment entendue.  Elle a déploré que certaines traditions s’opposent à l’utilisation de moyens contraceptifs.  « Les filles sont des êtres humains et leurs droits à l’éducation, à la sûreté, à l’éducation, doivent être assurés. »  Elle a demandé que des campagnes internationales soient lancées pour promouvoir l’utilisation des moyens de contraception et que des cours obligatoires d’éducation sexuelle soient mises en place dans les écoles.  Enfin, elle a demandé qu’il soit mis fin aux mariages des enfants.

Mme EVA RICHTER, de NGO Committee on Migration, a plaidé pour une meilleure protection des droits des migrants.  Les migrations sont un facteur du développement durable, a-t-elle rappelé.  Elle a en conséquence appuyé l’intégration de plans d’actions en faveur des migrants dans le programme de développement pour l’après-2015.

Droit de réponse

La représentante de Bahreïn, réagissant à ce qui avait été dit par le représentant d’Israël, a affirmé que son pays est à l’avant-garde des pays arabes qui défendent la cause des femmes. 

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