En cours au Siège de l'ONU

7433e séance – matin
CS/11874

Le Conseil demande un appui international coordonné pour les pays voisins de la Syrie afin de parer aux risques de déstabilisation régionale

Profondément préoccupé par les implications régionales de la crise en Syrie, le Conseil de sécurité a demandé, aujourd’hui, qu’un appui international coordonné soit apporté aux pays voisins qui accueillent des réfugiés syriens.  Depuis le début du conflit, plus de 3,9 millions de Syriens, dont près de 2,1 millions d’enfants, ont cherché refuge dans les pays frontaliers de la Syrie, notamment en Jordanie, en Turquie et au Liban.

Dans une déclaration présidentielle, adoptée au cours d’un débat auquel a pris part l’actrice Angelina Jolie Pitt, qui a dressé un tableau très sombre de la situation en Syrie, les membres du Conseil ont insisté sur la nécessité de financer les mesures d’assistance en faveur des réfugiés, d’appuyer les plans d’intervention nationaux et de renforcer les capacités des pays et des communautés d’accueil.

Le Conseil souligne en effet que la déstabilisation régionale risque de s’aggraver si le conflit, la crise des réfugiés et les besoins des pays d’accueil ne reçoivent pas l’attention voulue.  Pour les membres du Conseil, la crise syrienne est devenue « l’urgence humanitaire majeure dans le monde aujourd’hui ».

Ce constat a été partagé par les quatre responsables onusiens et les délégations qui se sont exprimées ce matin. 

« Le gouvernement, les groupes armés terroristes continuent de tuer, de mutiler, de violer et de torturer et de plonger davantage la Syrie dans le gouffre », a affirmé la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos.

Le Gouvernement syrien, bien qu’il ait approuvé un certain nombre de convois humanitaires, des restrictions empêchent cependant l’acheminement de l’aide, a-t-elle fait remarquer, en regrettant qu’en dépit de l’adoption de la résolution 2139 (2014) du Conseil, « il est encore choquant de constater que les règles les plus élémentaires du droit international ne sont pas respectées ».

De son côté, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, a noté la « fatigue croissante » des pays voisins qui accueillent les réfugiés et les tensions entre les communautés, tandis que l’aide internationale reste insuffisante.  « La situation dans la région est devenue totalement insoutenable », a-t-il affirmé, en avertissant qu’un autre choc perturbateur risquait de se produire.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, M. Nasser Judeh, qui présidait la séance du Conseil, a tenu à préciser que son pays accueillait 150 000 réfugiés syriens et se trouvait, de ce fait, en première ligne face à la crise syrienne.

Pour sa part, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Ertharin Cousin, a relevé que dans les cinq pays voisins de la Syrie, notamment en Jordanie et au Liban, les réfugiés syriens étaient désormais en compétition avec les populations locales pour l’accès au logement, à l’emploi, à l’eau et à la nourriture.  « En raison du manque de fonds, le PAM a été obligé de réduire le panier alimentaire familial de 30% en Syrie », a-t-elle également déploré.

L’Envoyée spéciale du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Angelina Jolie Pitt, a exhorté le Conseil de sécurité à utiliser ses pouvoirs pour alléger les souffrances des Syriens.  « Nous ne pouvons pas regarder la Syrie et dire que le monde n’est pas capable de protéger et défendre des innocents », s’est-elle indignée.  « Puisque les réfugiés ne peuvent pas venir ici, allez donc à eux », a-t-elle demandé aux membres du Conseil.

Cet appel à l’action a également été lancé par Mme Amos, qui a invité le Conseil à apporter une réponse qui soit à la fois « audacieuse et courageuse ».  Elle a notamment demandé une cessation des attaques contre les écoles et les hôpitaux et la négociation de pauses humanitaires.  Mais, a-t-elle averti, il n’y a pas de solution humanitaire au conflit.  « La solution ne peut venir que d’un dialogue politique qui réussisse à mettre fin à la violence. »

Unanimes pour souligner la gravité de la situation en Syrie –que le représentant de la France a qualifié de « véritable trou noir »-, et pour demander un appui renforcé pour les pays d’accueil, les membres du Conseil ont en revanche affiché leurs divergences sur les moyens du règlement de la crise syrienne.  Aux termes de la déclaration présidentielle, un tel règlement ne pourra « passer que par un processus politique sans exclusive, conduit par les Syriens, et devant aboutir à la mise en œuvre intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012 ».

La représentante des États-Unis a ainsi estimé que « la seule solution possible en Syrie est une solution sans Bashar Al-Assad », ce dernier étant, selon elle, le premier responsable de la situation en Syrie.  Le délégué de la Fédération de Russie a, pour sa part, regretté que tous les membres du Conseil ne partagent pas la même urgence concernant la recherche d’une solution politique et continuent d’appuyer des éléments qui, à leurs yeux, seraient modérés.  « Il n’y a pas d’éléments modérés en Syrie », a-t-il insisté.

Ce point de vue a été partagé par le représentant de la République arabe syrienne qui a déploré que certains pays préfèrent financer des « groupes terroristes soi-disant modérés » plutôt que le plan de réponse humanitaire qui n’a, à ce jour, reçu que 16% des ressources nécessaires pour 2015.  « La solution en Syrie, a-t-il averti, ne pourra découler que d’un dialogue national entre Syriens sans aucune interférence extérieure. » 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2491 (2014) du Conseil de sécurité(S/2015/264)

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012), 2139 (2014), 2165 (2014), 2175 (2014), 2191 (2014), et les déclarations de son Président des 3 août 2011 et 2 octobre 2013.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie et de tous les autres États touchés par le conflit syrien, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par la sérieuse et rapide détérioration de la situation humanitaire en Syrie, notamment par le fait que plus de 220 000 personnes (parmi lesquelles largement plus de 10 000 enfants) ont été tuées depuis le début du conflit, que la moitié environ des habitants ont été contraints de fuir leurs foyers, que plus de 3,9 millions d’entre eux, dont près de 2,1 millions d’enfants, ont cherché refuge dans les pays voisins, et par le fait que plus de 12,2 millions de personnes restées en Syrie, dont 440 000 civils dans des zones assiégées, ont un besoin urgent d’assistance humanitaire.

Le Conseil exige que toutes les parties au conflit intérieur syrien mettent un terme immédiatement à toutes les formes de violence et réaffirme que toutes les parties à ce conflit, en particulier les autorités syriennes, doivent s’acquitter des obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme et respecter les droits de l’homme, et insiste de nouveau pour qu’elles appliquent intégralement et immédiatement les dispositions de ses résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014), notamment en facilitant l’expansion des opérations d’aide humanitaire et l’acheminement immédiat des secours dans les zones difficiles d’accès et assiégées des deux côtés des frontières et des lignes de front.

Le Conseil constate avec une vive inquiétude que la crise syrienne est devenue l’urgence humanitaire majeure dans le monde aujourd’hui, qu’elle menace la paix et la sécurité dans la région, qu’elle a des implications diverses pour les pays voisins et qu’elle a provoqué le déplacement de millions de Syriens vers ces pays, et demande que des mesures soient prises pour que le conflit en Syrie ne déborde pas davantage dans les pays voisins.

Le Conseil demande également qu’un appui international coordonné soit apporté à leur demande aux pays voisins qui accueillent des réfugiés syriens, afin de répondre à leurs préoccupations légitimes de sécurité, assurer la sûreté et la sécurité des communautés d’accueil et des réfugiés et lutter contre la radicalisation, notamment par un appui à la bonne gestion des frontières et des mesures de sécurité intérieure.

Le Conseil réaffirme qu’il apprécie sincèrement les efforts considérables et admirables que font les pays de la région, notamment le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Iraq et l’Égypte pour recevoir les réfugiés syriens et est conscient des coûts gigantesques et des défis multiformes auxquels sont confrontés ces pays du fait de la crise.

Le Conseil note avec une profonde préoccupation que la crise en Syrie a eu des effets sociaux, démographiques, environnementaux et économiques dans les pays voisins, aggravé les vulnérabilités, sollicité à l’excès les ressources limitées et les services sociaux de base tels que la santé, l’eau, l’assainissement, les capacités de logement, l’énergie et l’éducation, aggravé le chômage, réduit le commerce et l’investissement et compromis la stabilité et la sécurité régionales.

Le Conseil insiste sur la charge que l’arrivée massive de réfugiés fait peser sur les systèmes d’éducation des pays d’accueil et sur le fait que des ressources supplémentaires seront requises pour aider les 600 000 enfants non scolarisés à avoir accès à une éducation de qualité.

Le Conseil souligne que la déstabilisation régionale risque de s’aggraver si le conflit, la crise des réfugiés et les besoins des pays d’accueil ne reçoivent pas l’attention voulue. Il insiste sur la nécessité de financer les mesures d’assistance humanitaire et de développement en faveur des réfugiés, d’appuyer les plans d’intervention nationaux, de répondre aux besoins humanitaires des réfugiés, en particulier les femmes et les enfants, dans les camps et les zones urbaines et, par un renforcement des capacités et un appui technique, d’améliorer la résilience des pays et des communautés d’accueil de manière à stabiliser la région, prévenir la radicalisation et contrer la menace du terrorisme et des combattants terroristes étrangers.

Le Conseil note avec préoccupation que l’intervention internationale face à la crise syrienne et régionale ne répond toujours pas aux besoins évalués par les gouvernements des pays d’accueil et l’ONU, et engage vivement tous les États Membres à épauler l’ONU et les pays de la région, sur la base des principes régissant le partage des charges, notamment en prenant des mesures à moyen et à long terme pour atténuer l’impact du conflit sur la population, en apportant un financement pluriannuel plus substantiel, souple et prévisible et en intensifiant les réinstallations, et prenant note à cet égard du Communiqué de Berlin du 28 octobre 2014.

Le Conseil exhorte les donateurs, les institutions financières internationales et les organismes des Nations Unies à envisager de recourir à des mécanismes de financement qui répondent véritablement aux besoins particuliers des pays à revenu intermédiaire touchés par la crise syrienne et atténuent l’impact structurel massif du conflit sur les pays voisins.

Le Conseil souligne qu’il importe de se conformer aux dispositions applicables du droit international humanitaire et du droit des réfugiés et de promouvoir et protéger les droits de l’homme de toutes les personnes touchées par la crise, se félicite des efforts accomplis à cet égard par les pays d’accueil et demande aux États Membres de continuer à les aider dans cette entreprise.

Le Conseil se félicite de la convocation de la troisième Conférence internationale d’annonce de contributions pour l’aide humanitaire à la Syrie, qui s’est tenue le 31 mars 2015 à la généreuse invitation du Koweït, et des annonces de contributions d’un montant total de 3,6 milliards de dollars faites à cette occasion, et demande à tous les États Membres de veiller à verser en temps utile les sommes promises.

Le Conseil souligne que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l’absence de règlement politique, apporte son plein appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie Staffan de Mistura, et réaffirme que la seule solution durable à la crise actuelle en Syrie passe par un processus politique sans exclusive, conduit par les Syriens, répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien et devant aboutir à la mise en œuvre intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012, qu’il a entériné en tant qu’annexe II à sa résolution 2118 (2013).

Déclarations

Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, a indiqué que les atrocités se poursuivaient en Syrie, « le Gouvernement, les groupes armés terroristes continuant de tuer, de mutiler, de violer et de torturer et de plonger davantage la Syrie dans le gouffre qu’il y a quelques années ».

« Plus de 200 000 personnes ont été tuées et plus d’un million d’autres blessées », a-t-elle affirmé, en ajoutant que près de 4 millions de personnes s’étaient réfugiées dans les pays voisins.  « Nous devons faire en sorte que cesse l’apathie devant ces violences insensées », a-t-elle insisté.  Mme Amos a déclaré que des centaines de milliers de personnes restaient prises au piège dans le pays et que leurs vies s’apparentaient à une lutte quotidienne pour la survie.  Elle a rappelé que le Gouvernement syrien avait approuvé un certain nombre de convois humanitaires avant d’ajouter que des restrictions empêchaient toujours l’acheminement de l’aide.  Quatorze mois après l’adoption de la résolution 2139 (2014) du Conseil, a-t-elle déploré, il est encore choquant de constater que « les règles les plus élémentaires du droit international ne sont pas respectées et qu’il existe une absence totale de redevabilité ».  « L’incapacité à mettre un terme à la violence a sapé la crédibilité du Conseil », a-t-elle averti.

Mme Amos a ensuite appelé le Conseil à considérer toutes les options à sa disposition, même les plus litigieuses ou les plus difficiles à mettre en œuvre, susceptibles de mettre un terme à la violence et aux violations du droit international en Syrie et de protéger les civils.  Parmi ces options, Mme Amos a tout d’abord demandé, conformément à la résolution 2139, que les attaques cessent contre les écoles et les hôpitaux afin qu’ils deviennent des sanctuaires de paix.  Elle a également demandé la mise en œuvre d’une mission d’établissement des faits qui, en complément des travaux de la Commission d’enquête, examinerait spécifiquement la situation des communautés assiégées et la question de la responsabilité des attaques contre les écoles et centres de soin.  Mme Amos a aussi plaidé pour la négociation de pauses humanitaires et demandé qu’un signal fort soit envoyé aux auteurs de violations des droits de l’homme pour qu’ils comprennent que leurs crimes ne resteront pas impunis.  En outre, elle a demandé la pleine application de l’embargo sur les armes et des sanctions ciblées qui ont été prises.

Même si le Conseil a prêté une grande attention à la situation humanitaire en Syrie, il n’y a pas de solution humanitaire au conflit, a-t-elle averti.  « La solution ne peut venir que d’un dialogue politique qui réduise puis mette un terme à la violence. »  Elle a enfin souligné que la crise syrienne était une crise avec de potentielles répercussions internationales.  « Je demande à ce Conseil de se montrer à la hauteur en apportant une réponse qui soit à la fois audacieuse et courageuse. » 

M. ANTONIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué qu’il y avait à ce jour 14 millions de personnes déplacées à cause des crises en Syrie et en Iraq.  Les menaces à la sécurité des pays voisins augmentent, a-t-il ajouté.  Le renforcement des frontières, a-t-il prévenu, diminue les chances des réfugiés de quitter les zones de conflit en toute sécurité.  C’est mon devoir, en tant que Haut-Commissaire, de demander aux gouvernements de laisser les civils trouver un refuge, a-t-il dit.  M. Guterres a noté en même temps la « fatigue croissante » des pays voisins qui accueillent les réfugiés, les tensions entre les communautés et les difficultés auxquelles les familles sont confrontées alors que le conflit se prolonge.  Les conditions de vie se détériorent dans toute la région et l’insuffisance de l’aide internationale ne permet pas de couvrir les besoins de base humanitaires, a-t-il alerté.

C’est pourquoi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été contraint de réduire son programme de coupons alimentaires de 30%.  L’assistance financière du UNHCR en Jordanie, qui ne vise que les personnes les plus exposées à des risques, ne bénéficie actuellement qu’à 22 000 foyers, soit moins des deux tiers des personnes visées.  Il a expliqué que ces interventions ne représentaient qu’une goutte d’eau dans l’océan, compte tenu des 100 000 familles réfugiées dans les villes en Jordanie qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Cette situation pousse les familles à trouver des solutions de rechange, faire travailler les enfants par exemple, ou marier de force les adolescentes.   Il y a aussi ceux qui tentent de traverser la mer Méditerranée, a-t-il signalé, en déplorant que, rien qu’au mois d’avril, il y a eu plus de noyés que pendant toute l’année 2013.  Cela fait longtemps que nous demandons à l’Europe de restaurer une force solide de recherche et de secours et de se s’attaquer aux trafiquants, a-t-il dit.  Pour M. Guterres, il faudrait prendre des mesures visant à assouplir les procédures d’obtention de visa.  La décision, prise hier à Bruxelles, est une première étape dans ce sens, a-t-il estimé.

La situation dans la région est devenue totalement insoutenable, a-t-il affirmé, en avertissant qu’un autre choc perturbateur risquait de se produire.  Il est donc urgent de trouver une solution politique au conflit, afin de créer les conditions permettant de faire cesser les combats, a-t-il insisté.  Il faudrait faire tout ce qui est possible pour éviter une plus grande détérioration de la situation régionale avant qu’elle ne devienne irréversible.  Il est essentiel, a-t-il souligné, de renforcer l’aide humanitaire aux réfugiés et aux communautés qui les accueillent.

Il faudrait aussi augmenter l’aide aux pays d’accueil afin de soutenir leurs programmes d’investissements structurels.  Il a demandé que la Banque mondiale revoie ses modalités d’octroi pour venir en aide au Liban et à la Jordanie, qui sont classés comme étant des pays à revenu moyen.  Les politiques d’aide bilatérale et multilatérale devraient, a-t-il estimé, inclure en priorité les pays hôtes qui sont aussi les piliers fondamentaux de la stabilité, comme les voisins de la Syrie, mais aussi d’autres pays comme le Cameroun, le Niger et le Tchad qui ont des frontières avec le Nigéria, ou encore les pays voisins de la Somalie.  Il a émis l’espoir que le FMI, la Banque mondiale, le G-20, le G7 et d’autres appuieront ces pays.  M. Guterres a aussi invité à faire le lien entre le conflit, la stabilité et le développement.

Le Haut-Commissaire a aussi prôné le rapatriement des réfugiés dans la sûreté et la dignité, une solution qui n’est pas encore possible pour les Syriens.  Il a salué les efforts déployés par la Turquie où les réfugiés syriens ont un accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé.  Avec davantage d’aide, on pourrait faire évoluer la situation des réfugiés pour qu’ils ne soient plus dépendants mais contribuent au développement des pays hôtes.  M. Guterres a conclu son intervention en lançant un appel à la solidarité en faveur de ceux qui supportent l’essentiel du fardeau de cette crise.

Mme ANGELINA JOLIE PITT, Envoyée spéciale du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé que près de quatre millions de Syriens étaient victimes d’un conflit dont ils n’étaient en rien responsables.  « Ils sont pourtant stigmatisés, rejetés, considérés comme un fardeau », a-t-elle poursuivi.  « Je suis ici parce qu’il s’agit également de leur ONU », a-t-elle poursuivi, en soulignant que le but de l’ONU était de mettre un terme aux conflits.

Puis, Mme Jolie Pitt a affirmé que la communauté internationale avait largement échoué à sauver des vies en Syrie.  Ses divisions, a-t-elle dit, ont aggravé la crise et empêché le Conseil d’assumer ses responsabilités.  Elle a rappelé que lorsqu’elle s’était rendue en 2011 auprès de réfugiés syriens, ces derniers étaient pleins d’espoir.  « Lorsque je suis retournée, leur espoir s’était transformé en colère.  Elle a ainsi décrit la colère d’un homme qui a soulevé son fils pour lui demander si elle pensait qu’il était un terroriste. »

L’Envoyée spéciale a rappelé que le Conseil de sécurité avait les pouvoirs pour répondre aux menaces à la paix et à la sécurité.  « Pourtant, il ne les utilise pas », a-t-elle regretté, avant de souligner que le principe de responsabilité adopté par l’ONU était inopérant en raison du manque de volonté politique.  « Nous ne pouvons pas regarder la Syrie, et le démon qui est né des cendres de l’indécision, et penser qu’il ne s’agit pas là du point le plus bas s’agissant de la capacité du monde de protéger et défendre les innocents. »

Elle a averti qu’au regard des centaines de milliers de victimes en Syrie et du renforcement des groupes terroristes, la crédibilité des Nations Unies était clairement entamée.  À la lumière des efforts diplomatiques consentis à ce jour pour tenter de régler la crise syrienne, elle a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de présenter un front uni.  Puis, elle a exhorté le Conseil à se rendre auprès des réfugiés syriens.  « Puisque ces réfugiés ne peuvent venir ici, allez donc à eux. »  Mme Jolie Pitt a ensuite souligné les efforts extraordinaires consentis par les pays voisins qui ont accueilli les réfugiés syriens.  « Si nous ne pouvons pas mettre un terme au conflit, nous avons le devoir moral impérieux d’aider les réfugiés et de leur apporter une protection juridique. »

La violence sexuelle perpétrée de manière systématique en Syrie exige une réponse bien plus robuste de la part de la communauté internationale, a-t-elle martelé.  « J’appelle les États Membres à prendre dès maintenant les mesures nécessaires pour que les femmes soient pleinement représentées au sein des futures négociations de paix », a-t-elle dit.  Avant de conclure, l’Envoyée spéciale a déclaré que « les temps que nous vivons ne sont pas seulement définis par les crises mais également par la manière dont la communauté internationale se rassemble pour y répondre ».

Mme ERTHARIN COUSIN, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que depuis le début de la crise syrienne, le PAM avait œuvré pour répondre aux besoins nutritionnels quotidiens de 4 millions de personnes en Syrie, et de 1,9 million d’autres hors du pays.  Elle a déploré le fait que les habitants des circonscriptions prioritaires en matière d’aide en Syrie soient totalement démunis.  Elle a rappelé qu’avant le début du conflit, la Syrie était un pays exportateur de produits alimentaires, mais aujourd’hui, la sécheresse et le conflit les ont anéantis.  En Syrie, a-t-elle expliqué, le blé est deux fois plus cher qu’avant la crise et le riz quatre fois plus cher, alors que celui du pain a augmenté de 55%.  Cette flambée des prix fait que les vivres disponibles sont généralement inaccessibles à la population, a-t-elle regretté, en ajoutant qu’à ce jour, 6,8 millions de personnes ont un besoin urgent de l’aide alimentaire, un chiffre qui a augmenté de 500 000 personnes par rapport à la même période l’an dernier.  Quatre millions de femmes et d’enfants syriens ont besoin de services de nutrition préventifs et curatifs, a-t-elle encore fait observer, tout en relevant que le taux de malnutrition à Alep, Hama et Deir Ezor dépasse le seuil mondial de 10%.  Elle a décrit une situation dramatique avec des parents qui sont obligés de retirer les enfants de l’école et d’aller chercher du travail ailleurs, de marier leurs filles ou d’envoyer leurs enfants front en échange de nourriture.

La Directrice exécutive du PAM a souligné que son organisme assurait le suivi de la distribution alimentaire en Syrie, mais qu’au cours d’un incident largement commenté, des membres de Daech avaient subtilisé des cargaisons de vivres du PAM et en avaient fait la distribution, à fort renfort de publicité à travers les médias sociaux.  En Syrie, les négociations pour l’accès à des sites assiégés impliquent parfois plus de 50 acteurs différents, en ajoutant que les étapes d’acheminement de l’aide pouvaient nécessiter parfois entre 10 jours et 10 mois de préparation.  Mme Cousin a indiqué que le mois dernier, le PAM avait pu apporter son assistance à 528 000 personnes supplémentaires grâce à des points de passages qui leur avaient été accordés en vertu de la résolution 2165 (2014) du Conseil de sécurité.  Elle a ensuite déclaré que le PAM envisage, en 2015, de pouvoir atteindre 4 millions de personnes en Syrie et 2,1 millions en dehors du pays, mais, a-t-elle déploré, le manque de fonds met ses objectifs en péril.  « Les promesses de fonds actuelles, a-t-elle dit, ne sont pas à la mesure des besoins humanitaires de ce conflit qui perdure. »  Elle a ajouté qu’à cause du manque de fonds, le PAM a été obligé de réduire le panier alimentaire familial de 30% en Syrie.  « Si nous n’arrivons pas à fournir de la nourriture aux écoles, sachant que c’est cette nourriture qui attire les enfants en classe, nous allons rater l’occasion de leur apprendre des choses différentes que celles que ce conflit leur montre », a-t-elle encore souligné.

Mme Cousin a en outre relevé que dans les cinq pays voisins de la Syrie, notamment en Jordanie et au Liban, les réfugiés syriens sont désormais en compétition avec les populations locales pour l’accès au logement, à l’emploi, à l’eau et à la nourriture.  « En réduisant l’accès à la nourriture, nous réduisons la stabilité », a-t-elle averti, en interpellant la responsabilité des membres du Conseil.  Le fardeau de la crise, a-t-elle fait remarquer, n’est plus supporté par la communauté internationale, mais par les communautés et les gouvernements accueillant les réfugiés.  Elle a indiqué que 190 000 réfugiés syriens vivant dans l’extrême pauvreté recevaient une assistance alimentaire en numéraire de l’ordre de 28 dollars par mois, mais que le PAM avait dû réduire cette aide en faveur de près de 250 000 réfugiés qui doivent désormais nourrir leur famille avec une somme de 14 dollars par mois.  Elle a aussi prévenu qu’au cours des mois à venir, 400 000 réfugiés dans la région allaient perdre l’avantage de ce soutien alimentaire du PAM.  Cette situation place les réfugiés face à un dilemme: soit retourner vers leur pays d’origine où le conflit fait rage, soit tenter de se rendre illégalement en Europe avec les risques encourus.  Sans accès à la nourriture, a poursuivi Mme Cousin, les réfugiés sont des cibles faciles pour les trafiquants et les extrémistes.  Avant de parvenir à une solution politique, il faudrait trouver une solution à cette crise humanitaire afin de donner espoir à la population et d’assurer la stabilité dans la région.  « Un échec nous hantera au cours des décennies à venir », a-t-elle averti.  Elle a ajouté que « nous ne pouvons pas laisser des parents élever leurs enfants dans une région sans nourriture et sans paix.  Nous ne pouvons pas non plus espérer que les parents élèvent leurs enfants dans une région où il est plus facile de prendre une arme qu’un livre d’école.

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des affaires des expatriés de la Jordanie, a indiqué que son pays accueillait 150 000 réfugiés syriens du fait de la crise, mais en réalité 1,5 million si on compte les Syriens qui y vivaient avant la crise.  Cela représente, a-t-il précisé, 21% de la population totale de la Jordanie.  La durée de la crise et l’absence d’une solution politique ont imposé à la Jordanie un changement d’attitude pour lui permettre de recevoir ces réfugiés sur un plus long terme, a-t-il expliqué.  Cette situation, a-t-il fait remarquer, pèse beaucoup sur les services et les infrastructures du pays. 

En ce qui concerne le secteur de l’éducation, le Ministre a indiqué que pour 2014 et le début de 2015, les écoles jordaniennes avaient reçu 140 000 enfants syriens.  L’afflux de réfugiés a aussi entraîné 22% de consommation supplémentaire d’eau, alors que nous souffrons déjà de pénurie en eau, a-t-il signalé.  Le Ministre a aussi parlé des conséquences de la crise en termes d’emploi.  Tout cela entraîne des frictions avec les Jordaniens, a-t-il regretté, en avertissant que la situation dans son ensemble était une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Les donateurs devraient réagir de manière plus efficace, pour aider à la fois les Syriens et les pays hôtes, a lancé le Ministre.  Le Gouvernement jordanien, a-t-il assuré, a mis en place, pour 2015, un plan d’urgence qui tient compte des besoins des réfugiés.  La création d’un fonds d’affectation spéciale pourrait réduire le fardeau de la crise en Syrie, a-t-il suggéré.  Une solution radicale, permanente et durable à la crise en Syrie passe nécessairement par un règlement politique, a-t-il rappelé avant de conclure. 

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a détaillé la situation catastrophique des réfugiés du camp de Yarmouk qui est assiégé par les forces gouvernementales.  Le siège n’est qu’une technique utilisée par le Gouvernement syrien pour empêcher la fourniture de l’aide humanitaire, a-t-elle dit, en rappelant que ce Gouvernement avait refusé d’accéder à neuf demandes de l’Organisation mondiale de la Santé qui souhaitait acheminer du matériel médical en Syrie.  « Pendant ce temps, les gens continuent de mourir sur des tables d’opération. »  Elle a indiqué que l’heure n’était plus aux lamentations mais bel et bien à l’union de la communauté internationale pour sauver la vie des civils syriens.  « Les résolutions du Conseil sont ridiculisées par le régime syrien », a-t-elle déploré.

Tout en soulignant la générosité remarquable des pays voisins de la Syrie, elle a rappelé qu’au Liban, une personne sur quatre est un réfugié syrien.  Elle a demandé aux pays voisins de la Syrie de garder leurs frontières ouvertes.  Pour sa part, la communauté internationale doit faire plus pour « partager le fardeau » que constitue l’accueil de ces réfugiés.  Les États-Unis, a assuré Mme Power, avait promis de consacrer entre 660 millions et un milliard de dollars sur les trois premières années pour contribuer à cet effort.  « Les disparités entre les besoins des Syriens et l’aide apportée par la communauté internationale ne font que croître », a-t-elle affirmé.

Le régime de Bashar Al-Assad, qui continue de torturer et de tuer, est le premier responsable de la situation humanitaire en Syrie, a-t-elle dit.  Mme Power a affirmé que Daech pourrait disparaître du jour au lendemain, tandis que le régime de Damas continuera de faire obstacle à la fourniture de l’aide humanitaire, de torturer et de mener des attaques à l’arme chimique.  « La seule solution possible en Syrie est une solution sans Assad », a-t-elle soutenu.

M. IGNACIO YBÁÑEZ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Espagne, a rappelé qu’en raison de la crise en Syrie, 3,9 millions de réfugiés syriens, dont 600 000 enfants, sont accueillis en Jordanie, en Égypte, en Iraq, au Liban et en Turquie.  C’est la plus grande crise de notre époque en termes de réfugiés, a-t-il fait remarquer.  Imaginons un instant que nous sommes arrachés de force à notre environnement habituel pendant cinq ans, a-t-il suggéré.  La situation actuelle, a-t-il dit, compromet les efforts de développement des pays voisins. 

La générosité manifestée par de nombreux donateurs lors de la Conférence de Koweït City avait permis de lever 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards.  Mais il est important de faire plus pour répondre aux besoins croissants, a-t-il souligné.  L’augmentation du nombre de réfugiés et de personnes déplacées nous fait honte, a dit le Ministre, avant de dénoncer la violation systématique du principe de neutralité médicale ainsi que les entraves à la délivrance de l’aide sanitaire et médicale.  M. Yanez a souhaité qu’on trouve une solution pratique pour atteindre les zones assiégées, notamment le camp de Yarmouk.  L’Espagne propose, à cet égard, d’envoyer une mission d’estimation des besoins humanitaires dans les zones assiégées, qui permettrait en même temps de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans ces zones.  Cette mission, a-t-il précisé, serait dotée d’un mandat clair caractérisé par trois éléments: un appel aux parties de ne pas lui faire obstacle, une composition précise, et les résultats escomptés avec un calendrier précis. 

M. HAMZAH ZAINUDIN (Malaisie) a déploré le fait que les parties en conflit en Syrie, prétendant toutes lutter pour le peuple, ne semblent pas soucieuses du sort et de la souffrance de celui-ci.  Des villes sont assiégées et des populations sont affamées à cause des stratégies de guerre employées par les parties syriennes en conflit.  Il a déploré le fait qu’en dépit de l’adoption de résolutions du Conseil de sécurité sur l’accès humanitaire, les institutions humanitaires n’aient toujours pas pleinement accès aux populations dans le besoin.  Il a ainsi déclaré que les blocages administratifs du Gouvernement syrien n’étaient plus tenables, avant d’ajouter que la communauté internationale ne saurait tolérer davantage l’imposition de tels obstacles.  À Yarmouk, près de Damas, où 160 000 réfugiés palestiniens vivaient autrefois en paix, 18 000 d’entre eux sont toujours coincés et assiégés en raison des combats.  Cette situation à Yarmouk, a-t-il dit, est comparable à celle que connaissent d’autres villes syriennes.  Le Gouvernement syrien a la responsabilité première de protéger ses populations, a-t-il rappelé.  Comme il n’agit pas, c’est au Conseil de sécurité de s’acquitter de ses responsabilités et de veiller à ce que l’accès humanitaire soit accordé aux institutions humanitaires.  Il a enfin souhaité que la crise syrienne soit réglée par le biais d’un accord politique qui garantisse la réconciliation nationale.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déclaré que la communauté internationale ne saurait espérer que les pays de la région soutiennent seuls l’impact du conflit syrien de manière indéfinie.  Elle a relevé que depuis quatre ans, le Conseil de sécurité observait la désintégration de la Syrie, qui est passée du statut de pays à revenu intermédiaire à celui d’un pays en ruine.  Les membres du Conseil de sécurité doivent trouver la volonté de mettre de côté leurs divergences et faire cesser le carnage en Syrie.  La Nouvelle-Zélande, en partenariat avec la Jordanie et l’Espagne, va continuer à assurer une assistance médicale et contribuer à faciliter l’accès humanitaire aux zones assiégées, a assuré la représentante.  Elle a aussi déclaré que la terrible situation à Yarmouk exigeait une action plus urgente pour que l’aide humanitaire parvienne aux 440 000 personnes assiégées en Syrie.  Elle a estimé qu’une solution durable en Syrie devrait prendre en compte les causes profondes du conflit, en précisant que cela passait par une solution politique durable.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) s’est félicité du succès de la Conférence de Koweït au cours de laquelle 3,6 milliards de dollars avaient pu être mobilisés par les bailleurs.  Mais, a-t-il regretté, la réponse humanitaire pour 2015 n’est couvert à ce jour qu’à hauteur de 16%.  Soulignant que l’accès aux populations dans le besoin en Syrie était crucial, le représentant a tenu le régime syrien responsable de la situation humanitaire dans le pays car, a-t-il dit, « il continue de cibler délibérément les populations civiles, de poursuivre une stratégie délibérée de sièges, et d’imposer des obstacles de tous ordres à la délivrance de l’aide humanitaire ».  M. Delattre a rappelé que depuis le début de la crise, l’aide humanitaire française avait atteint 18 millions d’euros pour le Liban, 18,5 millions d’euros pour la Jordanie, 3,8 millions d’euros pour la Turquie et 2 millions d’euros pour l’Iraq.  Il a expliqué que cette aide visait à améliorer l’intégration et la résilience économique des réfugiés syriens dans les sociétés locales, s’adressant à la fois aux réfugiés syriens et aux communautés hôtes qui subissent de plein fouet l’augmentation massive de la population.  Il a aussi souligné qu’au Liban, l’aide de la France aux communautés hôtes s’élevait à plus de 12 millions d’euros, notamment par l’intermédiaire du fonds fiduciaire de la Banque mondiale.  Il a ajouté qu’une part importante de l’aide française allait également financer l’action du PAM dans la région.

Face au défi grandissant que constitue la déscolarisation de millions d’enfants syriens, a noté M. Delattre, la France contribuera aussi aux programmes éducatifs du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Liban, et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Jordanie.  La France, a-t-il assuré, va continuer à accueillir des Syriens sur son territoire.  Il a par ailleurs déclaré qu’il était essentiel de faire davantage le lien entre l’aide humanitaire et les politiques de développement.  La France répond à ce défi en finançant des projets de développement visant à soutenir les communautés hôtes, et à permettre aux réfugiés non seulement de survivre, mais également de vivre dans des conditions socioéconomiques décentes, a-t-il précisé, en invitant les acteurs au développement à en faire de même.  En dépit du soutien à l’action humanitaire, a-t-il dit, « la meilleure aide que la communauté internationale peut apporter au peuple syrien est de mettre fin à ce conflit odieux ».  La voie de sortie de crise passe par une solution politique inclusive fondée sur le Communiqué de Genève, a tenu à rappeler M. Delattre.  « Seule une transition qui préserverait l’État syrien et protégerait les minorités, mais dans laquelle Bashar Al-Assad ne jouerait aucun rôle, est à même de mettre un terme au conflit et de réduire durablement l’extrémisme », a-t-il affirmé.  Le processus politique de sortie de crise devrait reprendre, sous l’égide des Nations Unies, a-t-il souligné.

M. LIU JIEYI (Chine) a rendu hommage aux pays voisins de la Syrie qui accueillent des réfugiés depuis plus de quatre ans, ainsi qu’aux agences humanitaires et aux donateurs internationaux.  Rome ne s’est pas construite en un jour, a-t-il rappelé pour montrer qu’il faudrait encore du temps avant de parvenir à une solution à la crise syrienne et aux problèmes que posent les réfugiés.  Compte tenu de la détérioration de la situation humanitaire, il est essentiel d’accroître l’assistance humanitaire.  Dans ce cadre, la communauté internationale doit fournir un appui pour répondre aux besoins des pays hôtes, a-t-il insisté, en rappelant qu’il faudrait se conformer aux priorités définies par les pays hôtes.  L’assistance internationale doit être assurée sur la base des principes fondamentaux des Nations Unies, a-t-il cependant souligné.

Le représentant de la Chine a ensuite plaidé en faveur d’une solution politique, avec la médiation de l’ONU.  Il a aussi appelé à respecter les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies comme la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays.  L’ONU a un rôle central à jouer dans la résolution de ce conflit, a-t-il dit.  Pour sa part, la Chine a fourni un appui matériel aux réfugiés syriens, à hauteur de 230 millions de dollars et continuera à apporter son soutien, a-t-il assuré. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est dite horrifiée par l’incapacité du Gouvernement syrien à protéger sa propre population.  « Ses actions rajoutent à la souffrance avec les entraves, notamment bureaucratiques, qu’il oppose à la fourniture de l’aide humanitaire. »  Elle a rappelé que le mois dernier, les agences humanitaires de l’ONU n’avaient pu délivrer de la nourriture qu’à seulement 4% des personnes situées dans des zones assiégées.  Les contraintes honteuses auxquelles font face les acteurs humanitaires sont, a-t-elle dit, une violation caractérisée des résolutions 2139, 2165 et 2191 du Conseil.  « Si le Conseil ne prend pas au sérieux ses propres résolutions, comment peut-il s’attendre à ce qu’elles soient mises en œuvre? » s’est-elle interrogée.

Après des années d’impunité, elle a demandé que le Conseil adopte une « position forte ».  Les enjeux sont particulièrement élevés pour le peuple syrien et les pays voisins de la Syrie, comme le Liban, qui accueillent un grand nombre de réfugiés, a-t-elle fait remarquer.  La déléguée a prévenu que les tensions entre les réfugiés et les communautés hôtes pourraient avoir à terme des conséquences graves.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, la seule solution viable à la crise en Syrie ne pourrait découler que d’un dialogue politique engagé par les Syriens eux-mêmes.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué la générosité des pays qui accueillent les réfugiés syriens.  Pour répondre aux besoins financiers de ces pays et à ceux des agences humanitaires, il a appelé à augmenter le niveau de l’aide internationale.  Au cours de ces dernières années, son pays a déboursé, dans ce cadre, 1,2 milliard de dollars, a-t-il indiqué avant de parler aussi de l’aide en faveur de l’éducation qu’il consent à la Jordanie.  La communauté internationale doit faire tout ce qui est possible pour aider ceux qui sont toujours en Syrie et qui sont confrontés à la brutalité sans limite du régime de Bashar Al-Assad.  Cent ans après la première utilisation d’armes chimiques, ce régime est le seul à utiliser le chlore comme arme chimique, a-t-il fait remarquer.  Face à l’ampleur de la crise, le représentant britannique a demandé de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale.  

M. Lyall Grant a invité les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et à assurer un accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Aux agences humanitaires et à leurs partenaires, il a demandé d’augmenter leur assistance.  La seule façon de mettre un terme à la crise humanitaire est de trouver une solution politique négociée, a-t-il dit en appuyant les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Il a ensuite cité l’aide matérielle apportée par son pays en Jordanie, notamment pour améliorer la fourniture d’eau et les infrastructures.  Ceci permet, a-t-il expliqué, de venir en aide aux réfugiés syriens à moyen terme et d’assister le pays hôte à plus long terme. 

Avant de conclure, M. Lyall Grant a déclaré qu’il regrettait faire sa dernière déclaration, en tant que Représentant permanent du Royaume-Uni auprès des Nations Unies, sur la crise syrienne.  « Depuis le début de cette crise, j’ai été le témoin de l’utilisation du droit de veto à quatre reprises, qui avait empêché le Conseil d’agir à un moment crucial. »  Cependant, les membres du Conseil ont réussi à adopter trois résolutions qui avaient permis de garantir l’accès de l’aide humanitaire à des milliers de personnes dans le besoin.  « C’est cette unité dont nous aurons tous besoin dans les mois à venir », a-t-il souligné.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a demandé à la communauté internationale qu’elle reconnaisse que la réalité de l’impact humanitaire de la crise syrienne est un « impératif éthique de solidarité ».  Il s’est inquiété des conséquences régionales qui ne font que s’aggraver, tout en saluant la solidarité des pays voisins de la Syrie.  Mais la situation n’est plus tenable pour ces pays, a-t-il regretté, avant de parler aussi des tragédies récentes des migrants en mer Méditerranée.  Le représentant a condamné avec fermeté la violence commise contre les civils en Syrie.  Il a exhorté à nouveau les parties de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  Concernant la situation tragique à Yarmouk, il a partagé les préoccupations de l’UNRWA sur l’importance, en termes humanitaire, politique et stratégique, du soutien à apporter aux réfugiés palestiniens de ce camp.  Outre le financement de l’aide humanitaire, a-t-il dit, il est important de rechercher une solution politique inclusive à la crise en Syrie.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a estimé qu’il était temps que les parties s’acquittent de leurs responsabilités pour mettre un terme au désastre humanitaire en Syrie.  « La tragédie en Syrie doit interpeller notre conscience collective », a-t-il dit, avant de demander que des mesures concrètes soient prises.  Il a notamment souhaité que les belligérants soient tenus responsables des violations des droits de l’homme qu’ils auraient pu commettre.  La communauté internationale doit intensifier ses efforts humanitaires en Syrie, a-t-il souligné, en demandant que les promesses d’engagement soient honorées.  Enfin, le délégué du Tchad a plaidé pour la recherche d’une solution politique qui soit basée sur le Communiqué de Genève et appuyé les efforts entrepris par l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a déploré les entraves à l’aide humanitaire en Syrie, en constatant par exemple que l’UNICEF n’avait pas pu apporter du matériel d’épuration de l’eau et le PAM n’avait pas eu accès aux populations dans le besoin.  Il a engagé les parties à s’acquitter des engagements pris lors de la Conférence de Koweït pour venir en aide à la population syrienne.  Il faudrait aussi apporter un soutien aux pays qui accueillent des réfugiés syriens, a-t-il demandé.  L’aide internationale devrait permettre la mise en œuvre du Plan d’action 2015 pour la Syrie, avec une contribution substantielle des ONG, a-t-il estimé.  Le représentant s’est dit convaincu que la solution à long terme à la crise en Syrie passait nécessairement par un règlement politique.  Il a donc encouragé les parties à déposer les armes et à reprendre les négociations sur la base du Communiqué de Genève. 

M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a qualifié « d’effroyable » la situation humanitaire en Syrie.  La contagion du conflit syrien aux pays voisins devrait être traitée de toute urgence pour prévenir des conséquences dévastatrices pour la région.  Il a profondément regretté que le conflit en Syrie soit devenu un point de ralliement pour un grand nombre de terroristes, créant ainsi une dimension « terrible » de ce conflit.  Le délégué de l’Angola a déploré les tragédies effroyables causées à la suite des naufrages en mer Méditerranée de navires transportant des migrants et des réfugiés, dont un nombre de Syriens. 

Il a ensuite exhorté la communauté internationale à favoriser la recherche d’une solution politique en Syrie, avant de déplorer l’échec des efforts de l’Envoyé spécial visant à l’instauration d’un cessez-le-feu à Alep.  « L’heure est venue pour agir », a-t-il affirmé.  En conclusion, le délégué a jugé crucial que le Conseil prenne des mesures audacieuses pour mettre un terme aux souffrances en Syrie.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a réitéré que la seule manière de sortir de la crise syrienne est de trouver une solution politique négociée et inclusive.  Il a soutenu les efforts diplomatiques de Moscou et de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, en invitant tous les pays et toutes les parties impliquées dans le conflit à les appuyer.  Il n’y a pas de mots pour décrire les souffrances du peuple syrien, a-t-il estimé.  Le Venezuela, a-t-il assuré, soutient le travail mené par les agences humanitaires, le personnel médical et de secours.

Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par le recrutement d’enfants par des groupes terroristes tels que l’EIIL qui a ouvert une école pour eux.  Sur les 440 000 personnes actuellement assiégées, 228 000 sont encerclées par les terroristes de l’EIIL, sans compter les réfugiés du camp de Yarmouk, s’est-il inquiété.  Il s’est également dit alarmé par la présence de plus de 25 000 combattants étrangers dans les rangs d’Al-Qaida, qui proviennent de plus de 100 pays.  Il a enfin demandé aux pays tiers de ne pas utiliser la crise humanitaire syrienne pour promouvoir un agenda politique.  Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit travailler de manière impartiale à la recherche d’une solution politique.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est étonné que le défi du terrorisme n’ait été mentionné qu’en passant par les intervenants de ce matin.  Quatre ans de conflit ont causé des souffrances intolérables aux Syriens, a-t-il dit.  Le représentant a insisté sur les efforts humanitaires du Gouvernement syrien qui, a-t-il rappelé, a accédé à la grande majorité des demandes de l’ONU relatives à la fourniture d’une aide de première nécessité.  « Il n’y a pas de pénurie de biens essentiels sur les territoires contrôlés par Damas », a-t-il soutenu.  M. Churkin a ensuite exhorté le Conseil à présenter un front uni concernant la question humanitaire en Syrie comme il a pu le faire en adoptant plusieurs résolutions.  Il a également plaidé pour une meilleure coordination entre les autorités de Damas et les acteurs humanitaires afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le terrorisme est aujourd’hui le phénomène le plus préoccupant en Syrie, a déclaré M. Churkin.  Il a indiqué que les groupes djihadistes étaient d’autant plus dangereux qu’ils avaient noué des alliances entre eux et qu’ils cherchaient à impliquer des réfugiés palestiniens comme ceux du camp de Yarmouk.  « Ce n’est que lorsque les terroristes auront été vaincus que les Syriens retrouveront des conditions de vie normales. »

Sur le plan politique, M. Churkin a regretté que tous les États ne partagent pas la même urgence pour la recherche d’une solution politique et continuent d’appuyer des éléments soi-disant modérés.  « Il n’y a pas d’éléments modérés en Syrie », a-t-il dit.  Il ne saurait y avoir de solution militaire, a souligné M. Churkin, qui a invité les partisans d’une telle solution à tirer les enseignements de la désastreuse intervention militaire en Libye.

Les mesures prises à ce jour pour régler la crise en Syrie n’ont pas été suffisantes en raison de la poursuite, par certains pays, de leurs seuls intérêts, a-t-il affirmé, avant de déplorer l’échec de la Conférence Genève II.  Il a également regretté que certains éléments syriens appuyés par les membres les plus puissants de ce Conseil n’aient pas participé aux pourparlers qui se sont récemment déroulés à Moscou.  Avant de conclure, M. Churkin a invité les États Membres et les intervenants de ce matin à examiner avec une plus grande attention la détérioration de la situation humanitaire au Yémen.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a vivement critiqué ces pays qui remuent le monde de fond en comble lorsqu’ils découvrent un seul terroriste sur le territoire et n’hésitent pas à utiliser l’arme militaire sur les territoires d’autres États, mais refusent, au contraire, à la Syrie le droit de combattre les groupes terroristes qui s’attaquent à sa population.  Il est impossible de mettre fin à la crise humanitaire tant que certains pays continuent d’utiliser le terrorisme pour servir leurs propres objectifs, a-t-il dit.  La solution de la crise en Syrie ne pourra être trouvée que par le biais d’un dialogue national entre Syriens, sans aucune ingérence extérieure.  Il a dénoncé les actes de ceux qui ont fait échouer la Conférence de Genève II et tenté de saboter les deux réunions qui se sont tenues à Moscou.  M. Ja’afari a ensuite déploré que certains pays préfèrent financer des groupes terroristes soi-disant modérés plutôt que le plan de réponse humanitaire qui n’a, à ce jour, reçu que 16% des ressources nécessaires pour 2015.

Le délégué a ensuite qualifié de « naïves » et de « trompeuses » les allégations avancées par certaines délégations selon lesquelles le Gouvernement syrien ferait le siège de certaines zones et empêcherait l’acheminement de l’aide humanitaire.  « Ce sont les groupes terroristes tels que Daech et le Front al-Nosra qui font le siège de telles zones », a-t-il affirmé, en ajoutant que le Gouvernement syrien combattait ces groupes pour qu’ils ne prennent pas le contrôle de zones où les civils sont en sécurité.  En ce qui concerne le camp de Yarmouk, il a demandé comment son gouvernement aurait pu assiéger ledit camp alors que Daech avait réussi à y pénétrer avec l’aide d’al-Nosra.  « Lorsque les terroristes sont entrés dans le camp, le Gouvernement syrien a participé à l’exfiltration des résidents du camp et leur a fourni du matériel de première nécessité », a-t-il assuré.  Le camp ne compte aujourd’hui qu’un millier de personnes, tous des hommes, a-t-il soutenu.

M. Ja’afari a indiqué que la pleine application des résolutions 2170, 2178 et 2199 du Conseil était la réponse appropriée à la question des réfugiés syriens.  « Il faudrait aussi que les États les plus puissants du Conseil exercent des pressions sur des États comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar pour qu’ils cessent leur soutien aux groupes terroristes. »  Enfin, le délégué a affirmé que son pays continuerait de coopérer avec les Nations Unies pour atténuer les souffrances du peuple syrien.

M. NAWAF SALAM (Liban), notant l’absence de progrès dans la résolution de la crise syrienne, a déclaré que cette crise contribuait à la montée de l’extrémisme violent dans la région.  Le Liban, le plus petit pays de la région, accueille déjà plus de 1,2 million de réfugiés syriens enregistrés et 350 000 réfugiés palestiniens, ces populations représentant, a-t-il dit, un tiers de la population nationale.  M. Salam a souligné que cette situation avait un impact très négatif sur les services sociaux, les systèmes de santé et d’éducation, les logements, les infrastructures d’approvisionnement en eau, en énergie et d’assainissement.  Le taux de pauvreté a augmenté de 61% au Liban, tandis que celui du chômage a doublé, a indiqué M. Salam, en précisant que le revenu moyen de la population avait considérablement baissé. 

Le représentant libanais a ainsi demandé à la communauté des donateurs de répondre aux besoins du Liban à la fois pour faire face à la situation humanitaire et pour l’aider à poursuivre ses efforts de développement, tels qu’ils ont été identifiés dans le Plan 2015-2016 de réponse à la crise au Liban.  Tout en remerciant les donateurs pour la générosité dont ils ont fait preuve lors de la Conférence de Koweït le mois dernier, il a rappelé que le montant pour lequel ils s’étaient engagés ne représentait que 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards de dollars attendus.  Le représentant a lancé à nouveau un appel aux donateurs, aux institutions financières internationales et aux institutions de l’ONU pour qu’ils fournissent aux pays à revenu moyen comme le Liban et la Jordanie une aide adéquate en faveur de leur développement. 

M. HALIT ÇEVIK (Turquie) a souligné que la crise humanitaire syrienne ne pouvait être réglée tant qu’il n’y aura pas de véritable solution politique au conflit.  Il a fait valoir que son pays avait placé les Syriens au cœur de son approche humanitaire, sans tenir compte de leur appartenance ethnique ou religieuse.  La Turquie maintient sa politique de frontières ouvertes en respectant le principe de non-refoulement, a-t-il assuré, en signalant que plus de 1,7 million de Syriens vivaient actuellement sur son territoire, dont 256 000 inscrits dans 25 centres.  Le Gouvernement syrien répond à tous leurs besoins, a-t-il précisé.  La Turquie, a-t-il indiqué, assiste les Syriens qui vivent en dehors des centres d’hébergement, en leur fournissant notamment des soins de santé gratuits.

La Turquie a adopté une loi de protection temporaire, l’an dernier, pour renforcer cette réaction humanitaire, qui attribue davantage de droits aux réfugiés syriens afin de leur permettre de travailler et de recevoir une éducation, a rappelé le représentant, avant de préciser que son pays étendait maintenant l’aide humanitaire à la partie nord de la Syrie.  Le montant total de l’aide apportée par la Turquie a dépassé les 5,6 milliards de dollars, alors que la contribution bilatérale ou multilatérale n’atteint que 300 millions de dollars, a-t-il indiqué.  Le représentant a cependant fait remarquer que l’écart se creusait entre les besoins et les contributions versées.  C’est pourquoi, a-t-il insisté, il faudrait appuyer les mécanismes novateurs d’aide, comme les coupons alimentaires du PAM, et les services d’enseignements turcs apportés à 550 enfants syriens, dont 350 000 ne sont toujours pas scolarisés.  M. Cevik a enfin appelé à renforcer l’action de la communauté internationale contre les crimes des groupes terroristes comme Daech.

Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que la Turquie ne pouvait pas parler des choix du peuple syrien.  Il a ensuite parlé de la complicité du régime turc dans les crimes commis en Syrie.  Le chef d’un groupe terroriste lié à Daech et au front al-Nosra est actuellement en Turquie pour préparer une attaque à Damas, a-t-il soutenu.  Il a aussi mis l’accent sur ce qu’il désigne comme « le plus sombre des exemples de la complicité du régime turc » en évoquant un incident qui s’était produit à Alep il y a quelques années: « lorsque nous avions demandé l’aide du Secrétaire général pour enquêter, il n’avait répondu que sur une partie de notre demande », a-t-il regretté.  Il y avait pourtant des preuves montrant que la Turquie n’empêchait pas le passage d’armes par la frontière entre les deux pays, a-t-il dit.  Le Gouvernement turc n’avait manqué aucune occasion de porter atteinte au peuple syrien.  Selon le représentant syrien, la Turquie a utilisé des armes chimiques et ensuite accusé la Syrie de les avoir utilisées. 

Le représentant de la Turquie a répondu que la lutte que mène son pays contre le terrorisme était bien connue, en précisant qu’il avait inscrit sur la liste des organisations terroristes al-Nosra et Daech.  L’utilisation de barils d’explosifs a été rejetée par le Gouvernement syrien qui, selon certaines révélations, abrite des terroristes.

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