Session de 2015,
27e séance - matin
ECOSOC/6686

Au dernier jour de la réunion avec la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et la CNUCED; l’ECOSOC est invité à se préparer au suivi du futur programme de développement

Au cours de la dernière séance, ce matin, de la réunion spéciale annuelle de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies avec les organismes issus des accords de Bretton Woods –la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)- les participants ont invité l’ECOSOC à se préparer à effectuer le suivi et l’évaluation du futur programme de développement pour l’après-2015.

La réunion de cette année, placée sous le thème de « la cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 », a vu la participation de représentants des États Membres, des institutions et organisations internationales, du secteur des affaires et de la société civile. 

Au cours des échanges intervenus dans le cadre de la quatrième et dernière discussion interactive, Mme María Emma Mejía Vélez, de la Colombie, Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que l’ECOSOC était l’organe qui devrait jouer un rôle essentiel pour le suivi du programme de développement pour l’après-2015.  Son collègue de la République de Corée, M. Oh Joon, également Vice-Président de l’ECOSOC, a indiqué qu’un ECOSOC renforcé devrait jouer un rôle de premier plan dans ce processus.   

Une représentante de la société civile a, pour sa part, proposé la mise en place d’une « commission du financement du développement », censée de faire le suivi des engagements et des promesses qui seront annoncés à Addis-Abeba en juillet prochain, au cours de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Elle a également prôné une plus grande participation de la société civile afin d’assurer la transparence des processus interministériels de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.   

Pour le délégué de la Suisse, il serait souhaitable que tous les 4 ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent au Siège de l’ONU, sous l’égide du Forum politique de haut niveau, pour faire le point et le bilan du suivi de la mise en œuvre du programme de développement international.

Dans ses observations de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik, de l’Autriche, a résumé les discussions tenues hier et aujourd’hui en relevant que les intervenants avaient pour la plupart insisté sur la nécessité d’établir une coopération et une cohérence accrues dans le choix et la mise en œuvre des politiques macroéconomiques. 

Cette dernière journée des travaux a également été marquée par l’exposé de M. Thomas Helbling, Chef de la division des études économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI), qui a présenté les perspectives de l’économie mondiale.  Il a indiqué que la croissance mondiale se situerait à 3,5% en 2015, et devrait atteindre 3,8% pour l’année 2016, une légère reprise après des années de récession, causée par la crise économique de 2008.   

 

RÉUNION SPÉCIALE DE HAUT NIVEAU AVEC LA BANQUE MONDIALE, LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL, L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT

Thème général « Cohérence, coordination et coopération dans le contexte du financement du développement durable et du programme de développement pour l’après-2015 » (E/2015/52)

Exposé sur le thème « Situation et perspectives de l’économie mondiale »

M. THOMAS HELBLING, Chef de la division des études économiques mondiales du Fonds monétaire international (FMI), a présenté les perspectives de l’économie mondiale.  Il a estimé que la croissance mondiale se situerait à 3,5% en 2015, et devrait atteindre 3,8% en 2016.  Après des années de récession, a-t-il relevé, l’économie mondiale devrait connaître une légère embellie cette année, avec des fortunes diverses pour les pays développés, les pays émergents et les pays en développement.

Dans les pays développés, il a noté que l’économie américaine a repris avec la croissance, précisant que les chiffres du chômage sont désormais stabilisés à leur niveau d’avant la crise financière et économique de 2008.  Tandis que le vieillissement de la population japonaise affectera de plus en plus les performances économiques du pays, M. Helbling a aussi relevé que la zone Euro va connaitra une période de relative stagnation.

Dans les pays émergents, on s’attend à une stagnation de la situation économique, a-t-il indiqué, ajoutant que le ralentissement que connaissent ces pays depuis 2010 devrait se poursuivre.  Ce phénomène est en partie dû à une économie chinoise dont la tendance à la morosité devrait continuer au cours des prochaines années, a-t-il expliqué, ajoutant que cette situation devrait affecter le sort et l’essor des autres pays émergents et des pays en développement.   

Pour le cas des pays en développement, il a estimé que le réalignement des taux de change devrait aider ces pays à soutenir la tendance à la croissance actuelle.  La croissance dans ces pays devrait se situer à 5,5% en 2015, passant à 6% en 2016, a-t-il prédit.

Au sujet de la baisse des cours du pétrole, M. Helbling a estimé que cette situation devrait bénéficier surtout aux pays importateurs, notamment les pays développés dont les citoyens devraient ressentir cette amélioration au niveau de leur portefeuille.  Par contre, cette baisse des prix est une mauvaise nouvelle pour les pays exportateurs, a noté l’intervenant, indiquant que ceux-ci devraient revoir à la baisse leurs projets de croissance, consécutivement à des déficits budgétaires, à moins qu’ils n’adoptent des mesures idoines pour élargir leur assiette fiscale.  Pour ce qui est des autres produits de base, les perspectives ne sont pas aussi sombres, a-t-il tempéré.

En ce qui concerne la fluctuation actuelle du dollar américain, M. Helbling a souligné que cette situation monétaire, marquée par un dollar fort, qui perdure depuis le second semestre de 2014, devrait revenir à la normale dans un avenir plus ou moins proche, prédisant que « les taux de change devraient se réaligner ».  Il a ainsi relevé qu’aux États-Unis, on s’attend à un resserrement de la politique monétaire en 2015, ce qui pourrait conduire à un retour à la normale.  Il a aussi expliqué que dans la zone Euro, la dépréciation de la monnaie locale par rapport au dollar devrait aider cette région à connaître une certaine reprise économique.  En ce qui concerne les pays en développement et les pays émergents, il a expliqué que ceux parmi eux qui avaient fondé l’essentiel de leurs échanges économiques sur le dollar devraient, au vu des fluctuations que connaît cette monnaie, réévaluer à la baisse leurs prévisions économiques.

Discussion interactive

Au cours des échanges avec les délégués, la représentante de la Colombie s’est inquiétée de la chute des cours du brut, rappelant que ce produit de base est essentiel pour l’économie de nombreux pays émergents et de pays en développement.  Sa collègue du Guatemala a demandé si la baisse des prix du pétrole devrait perdurer.  En réponse à cette double inquiétude, M. Helbling a relevé qu’il était difficile de prévoir la tendance des cours du brut, précisant qu’après des dizaines d’années d’augmentation, il était prévisible que les prix du pétrole brut connaissent une baisse, même si le niveau de la baisse a été plus fort que les prévisions des économistes.   

Un Directeur exécutif de la Banque mondiale a fait part de ses inquiétudes face aux prévisions de l’économie chinoise.  Ce ralentissement de l’économie chinoise se fait sous contrôle des autorités nationales, a déclaré M. Helbling.

Le représentant de la Croatie a, pour sa part, voulu savoir si les fluctuations des taux de change devraient avoir des répercussions sur les économies des pays en développement. 

L’économiste du FMI a souligné que la volatilité des devises reste une préoccupation pour les décideurs et qu’il est aujourd’hui difficile de prévoir quand les fluctuations des taux de change se stabiliseraient.  Réagissant à une préoccupation du Président de l’ECOSOC sur la question de la fluctuation des taux de change, il a indiqué que cette situation est pour le moins embarrassante pour les États Membres de l’ONU qui doivent revoir constamment leurs calculs en monnaie locale afin de payer leur contribution annuelle fixe auprès de l’Organisation.

Débat thématique sur le thème 4 « Suivi et perspectives: renforcer le rôle du Conseil économique et social »

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente du Conseil économique et social, a affirmé que l’ECOSOC était l’organe qui devra jouer un rôle essentiel pour le suivi du programme de développement pour l’après-2015.  « Il faudrait adapter le système des Nations Unies à la nouvelle donne en mettant en place une approche cohérente à tous les niveaux », a-t-elle indiqué.  Elle a expliqué que c’est cet objectif qui a prévalu au lancement, le 15 décembre dernier, d’une série de « dialogues sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement », ce qui devrait aboutir, en décembre 2016, à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles des Nations Unies qui devraient permettre d’adapter ces activités opérationnelles au programme de développement international.  Les organes subsidiaires de l’ECOSOC seront essentiels dans la perspective du suivi et de la révision éventuelle du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle déclaré.   

M. OH JOON, (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, a indiqué qu’alors que d’importants accords sur le développement seront prochainement conclus, une ONU, et particulièrement un ECOSOC renforcé devrait jouer un rôle de premier plan.  Dans cette perspective, il a souhaité voir un Conseil économique et social chantre de l’intégration, de la mise en œuvre et de l’interaction.  Il a expliqué que l’intégration devrait permettre de promouvoir, de manière concomitante, les trois piliers du développement durable que sont l’économique, le social et l’environnemental.  Il a estimé que c’est cette volonté qui a dicté le choix de lancer un segment sur l’intégration dans le cadre des activités de l’ECOSOC au cours de l’année dernière.

Le second aspect du rôle de l’ECOSOC, la mise en œuvre revient au rôle prépondérant que le Conseil sera appelé à jouer dans le déploiement des activités du programme de développement pour l’après-2015.  Il a rappelé que le Forum politique de haut niveau, sous l’égide de l’ECOSOC, va tabler, au cours de sa prochaine session, prévu en juin prochain, sur la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a aussi noté que le Forum pour la coopération en matière de développement, se réunissant tous les deux ans, pourrait également jouer un rôle de promotion d’une meilleure cohérence entre les activités de développement et les différents partenaires impliqués.

En ce qui concerne l’interaction, M. Oh Joon a rappelé que l’ECOSOC, en tant que plateforme de coordination mondiale des activités de développement, devrait faciliter les interactions entre divers acteurs aux niveaux national, régional ou international.  Il a aussi souligné que l’atout maître de l’ECOSOC réside dans les partenariats, à l’intérieur et en dehors du système onusien, comme en témoignent ces traditionnelles réunions annuelles avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Discussion interactive

Au cours de la discussion interactive qui s’en est suivie, un représentant de la Banque mondiale a indiqué que les cibles et les indicateurs prévus dans les 17 objectifs de développement durable pré-élaborés, sont parfois si complexes qu’on ne sait pas comment les quantifier.  Il a par ailleurs recommandé que la Banque propose d’établir des cadres de responsabilisation au niveau national, une initiative qu’elle a déjà mise en œuvre dans de nombreux États Membres, mais qui reste difficile à appliquer au niveau mondial.   

      Une représentante de la société civile a fait des propositions pour le suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement international.  Elle a déploré le format de la réunion spéciale de haut niveau avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Dans l’optique du suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement international, elle a préconisé la création d’une « Commission du financement du développement », censée de faire le suivi des engagements et des annonces de contributions qui seront faites à Addis-Abeba en juillet prochain.  Elle a également prôné une plus grande participation de la société civile afin d’assurer la transparence des processus interministériels de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Elle a en outre proposé que des réunions ministérielles périodiques sur le financement du développement soient organisées.

Une autre membre de la société civile a souhaité que le présent dialogue soit davantage orienté vers des résultats concrets.  Elle a aussi proposé que des tables rondes se réunissent en parallèle avec peu de participants afin d’y avoir une vraie interaction.  Il faut aussi que les débats soient orientés sur des points spécifiques avec des résultats à atteindre.  Elle a aussi estimé que l’ECOSOC avait besoin, pour bien jouer son rôle, de davantage de compétences, rappelant qu’une résolution de l’ECOSOC sur cette question avait été adoptée en 2011, mais n’avait pas été entérinée par l’Assemblée générale.  En conclusion, elle a averti que si ces réunions entre l’ECOSOC et les institutions de Bretton Woods ne sont pas orientées vers des résultats concrets, elles perdraient certainement de leur pertinence.

Le représentant de la Suisse a pour sa part estimé que le suivi du financement pour le développement durable doit faire partie du processus global de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, avec un rôle central joué par le Forum politique de haut niveau.  Il a souhaité que tous les 4 ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent au Siège de l’ONU, sous l’égide du Forum politique de haut niveau, pour faire le point et le bilan du suivi de la mise en œuvre du programme de développement international.

La représentante de l’Arménie a pour sa part insisté sur le renforcement des capacités nationales en matière de statistiques, condition indispensable d’un suivi efficace de la mise en œuvre du futur programme de développement international.    

Souscrivant à cette suggestion, le Vice-Président de l’ECOSOC a relevé que de nombreuses interventions ont mentionné l’importance des mécanismes de suivi, rappelant que la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avait péché par ce manque de suivi.   

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a, pour sa part, estimé que les mesures liées au suivi du financement du développement devraient être clarifiées à Addis-Abeba.  

Clôture de la réunion spéciale de haut niveau

Dans ses observations finales, le Président du Conseil économique et social, M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a rappelé que cette réunion se tient à un moment crucial, juste après la deuxième session d’élaboration du document final de la troisième Conférence sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba, en Éthiopie, en juillet prochain, après les sessions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, à Washington D.C., et avant les réunions du processus de préparation du programme de développement pour l’après-2015.  Il a aussi indiqué que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son discours d’ouverture de la réunion spéciale de haut niveau, prononcé hier, avait noté que la Conférence d’Addis-Abeba devrait permettre la création d’un nouveau cadre international de financement adéquat, prévisible et efficace pour réaliser un développement inclusif et durable. 

M. Sajdik a ensuite souligné qu’alors que les indicateurs économiques mondiaux sont mitigés, avec des taux de chômage très élevés, notamment parmi les jeunes, il serait opportun de créer un environnement national et mondial propice au développement.  Pour ce faire, a-t-il indiqué, il faudrait élaborer une série de réformes structurelles, notamment en matière d’emplois, de relations sociales, d’infrastructures et d’énergie.  À son avis, le véritable test du programme de développement pour l’après-2015 sera sa mise en œuvre lors de la Conférence d’Addis-Abeba.  Il a souhaité à ce propos que la réunion d’Addis-Abeba aille au-delà de ce qui avait été conclu à Monterrey, au Mexique, au cours de la deuxième Conférence internationale sur le financement du développement, en mobilisant toutes les sources de financement du développement, au niveau des financements publics, privés, nationaux ou internationaux, et souligné l’importance de l’aide publique au développement (APD) dans l’optique de l’appui au nouveau cadre de financement du développement, notamment en faveur des pays en développement et ceux en situation particulière.

Le Président de l’ECOSOC a par ailleurs rappelé que s’agissant du rôle du secteur privé, plusieurs participants avaient souligné le potentiel et l’importance des petites et moyennes entreprises (PME), notamment dans leur fonction de catalyseur de la croissance économique et de la création d’emplois.  Il a de ce fait salué l’initiative de la présidence turque du G-20 qui envisage de lancer un Forum mondial des PME, en collaboration avec la Chambre de commerce internationale.  Par ailleurs, M. Sajdik a estimé que le programme de développement devait reconnaître le besoin de plus de cohérence du système commercial international, notamment en réglant la question des distorsions et en concluant le Cycle de négociations commerciales de Doha et fait valoir que de nombreuses voix s’étaient prononcées en faveur d’une réforme de la gouvernance des institutions financières internationales.  Tout en rappelant que bon nombre d’intervenants avaient insisté sur l’importance du respect des réalités nationales dans le contexte de l’élaboration et de la mise en œuvre du programme de développement international, le Président de l’ECOSOC a néanmoins précisé en conclusion que seuls des efforts concertés permettraient au programme de développement mondial en cours d’élaboration d’être couronné de succès.

 

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