Conseil de sécurité: À l’approche d’élections cruciales, le Président de la Somalie plaide en faveur d’une « Somalie sûre, démocratique et prospère »
Malgré la menace résiduelle posée par le groupe terroriste Al-Chabab, les progrès vers l’édification d’un État fédéral en Somalie se poursuivent, avec la conclusion, la semaine dernière, d’un accord par toutes les parties prenantes pour définir le système électoral le plus adapté en 2016, s’est félicité, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Michael Keating.
Ce constat a été dressé en présence du Président somalien, M. Hassan Sheikh Mohmaud, qui a rappelé la « promesse » qu’il avait faite lors d’une conférence internationale en septembre 2013 à: « une Somalie sûre, une Somalie démocratique et une Somalie progressiste et prospère ».
À cette occasion, a poursuivi le Chef d’État somalien, son gouvernement s’était engagé à poursuivre la transformation politique du pays en élaborant une constitution fédérale, en se dotant d’un modèle fédéral de gouvernance et en tenant d’ici au mois de septembre 2016 des élections nationales démocratiques.
Sensiblement différent de celui de 2012, ce processus électoral, a observé le Représentant spécial, se distinguera par la participation de nombreux candidats et un collège électoral très large. « Le scrutin ne se déroulera pas seulement à Mogadiscio, mais dans chaque capitale ou siège de gouvernement des États fédérés existants ou émergents », a-t-il précisé, en soulignant que 30% des sièges doivent revenir à des femmes, un objectif toutefois délicat à atteindre dans le cadre d’un « modèle clanique ».
Au nombre des satisfactions récentes, le Représentant spécial a souligné l’engagement continu des dirigeants somaliens à veiller à ce qu’il n’y ait pas de prorogation de la durée des mandats prescrits par la Constitution. Cependant, a poursuivi M. Keating, le processus d’édification de l’État se heurte à des difficultés au Hiran et au Moyen-Chébéli, sans compter les problèmes d’insécurité que continuent de poser les agissements d’Al-Chabab, illustrés par l’« incursion » de miliciens de ce groupe à la mi-mars dans la zone côtière du Puntland.
« Bien qu’affaibli par des pertes nombreuses, Al-Chabab continue de lancer des attaques asymétriques et conventionnelles. Ils tenteront de faire dérailler un processus électoral perçu comme une menace à leur ordre du jour », a mis en garde le Représentant spécial, en saluant le courage des forces de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de sécurité somaliennes.
Dans ce contexte, l’Union africaine a pris des mesures pour accroître l’efficacité opérationnelle de l’AMISOM, a déclaré l’Observateur permanent de l’Union africaine, M. Téte António. « Lors du Sommet des pays contributeurs de troupes et de police de l’Union africaine, qui s’est tenu en février 2016 à Djibouti, les chefs d’État ont adopté une Déclaration » à cette fin.
L’Union africaine, a poursuivi M. António, a également formé un groupe de travail, basé à Addis-Abeba, pour définir les options concrètes de renforcement du commandement et de contrôle de l’AMISOM, groupe dont les recommandations techniques seront présentées le 28 avril. Pour l’heure, a indiqué l’Observateur, l’organisation régionale estime qu’il faudrait maintenir les effectifs du personnel en uniforme à 22 126 personnes et celui du personnel civil à 70.
Préoccupée par les difficultés financières auxquelles fait face l’AMISOM, le représentant de la Nouvelle-Zélande a indiqué que cette situation illustrait le problème lancinant du financement ad hoc des opérations de maintien de la paix sous conduite africaine. Si l’Observateur de l’Union africaine a salué l’engagement pris par l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda de fournir des hélicoptères à l’AMISOM, la délégation néo-zélandaise s’est interrogée sur les moyens innovants pour l’ONU d’apporter son soutien, parallèlement à la contribution que les pays africains peuvent eux-mêmes consentir.
Dans un tel contexte, le renforcement du secteur de la sécurité somalien est plus que jamais urgent, dans le respect d’une appropriation nationale qui permette d’envisager une stratégie de retrait de l’AMISOM, a expliqué le Président somalien. « Ce qui aurait un impact important et rapide sur le développement des forces somaliennes, ce serait la levée par le Conseil de sécurité de l'embargo sur les armes », a-t-il plaidé, en faisant valoir la réflexion engagée par les parties somaliennes pour définir « un cadre national global régissant le cycle de vie complet des armes et des munitions ».
La réforme du secteur de la sécurité, comme la relance de l’économie en berne d’un pays dévasté par la sécheresse, exige des partenariats avec la Somalie, a de son côté mis en garde le représentant du Royaume-Uni, qui a demandé aux membres du Conseil de garder à l’esprit que sécurité et développement sont les garanties d’une stabilité durable dans le pays et dans la Corne de l’Afrique.
Le représentant s’est donc félicité d’annoncer aux membres du Conseil l’adoption, la semaine dernière, d’un programme suivi par le Fonds monétaire international (FMI) de la situation en Somalie, qui devrait aider celle-ci à devenir éligible à des prêts conditionnels de la part des institutions financières internationales.
LA SITUATION EN SOMALIE
Déclarations
M. MICHAEL KEATING, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, a rappelé que la semaine dernière, les dirigeants somaliens de tous les États fédérés et des administrations régionales intérimaires sont parvenus à un accord sur le modèle électoral qui devra être suivi plus tard cette année. Cette avancée significative ouvre la voie à une planification pratique. Le processus électoral envisagé pour 2016 sera sensiblement différent de celui de 2012, a observé le Représentant spécial, qui s’est félicité de constater qu’il y aura de nombreux candidats et que le collège électoral sera des « centaines de fois » plus vaste. « Le scrutin ne se déroulera pas seulement à Mogadiscio, mais dans chaque capitale ou siège de gouvernement des États membres fédérés existants ou émergents, tandis que 30% des sièges seront réservés aux femmes. » Il restera beaucoup à faire en très peu de temps, a-t-il toutefois prévenu, en soulignant qu’il était nécessaire d’identifier des sièges spécifiques qui pourront être pourvus par des femmes, un objectif délicat à atteindre dans le cadre d’un modèle clanique. Une fois que le cabinet aura formalisé la décision du Forum, celle-ci sera transmise au Parlement fédéral. Le Représentant spécial s’est félicité de l’engagement continu des dirigeants somaliens, en phase avec les attentes du Conseil de sécurité, pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de prorogation indéfinie de mandats dont la durée est fixée par la Constitution.
Les questions en suspens ne manquent pas, a poursuivi M. Keating, qui a noté les difficultés et retards rencontrés dans le processus de formation étatique au Hiran et au Chébéli central. Par ailleurs, les progrès accomplis par le processus électoral se font sur fond d’insécurité, en raison des agissements du groupe Al-Chabab, comme le rappelle son incursion à la mi-mars dans la zone côtière du Puntland. « Bien qu’affaibli par des pertes nombreuses, Al-Chabab continue de lancer des attaques asymétriques et conventionnelles. Ils tenteront de faire dérailler un processus électoral perçu comme une menace à leur ordre du jour », a mis en garde le Représentant spécial, en saluant le courage des forces de l’AMISOM et des Forces de sécurité somaliennes. Il a également rendu hommage au Président fédéral pour son engagement en faveur du renforcement des forces de sécurité nationales, « une question complexe et sensible, absolument fondamentale à l’établissement de l’État et à la consolidation des progrès ». C’est pourquoi, il s’est félicité que le Gouvernement fédéral somalien ait entrepris une « évaluation de la menace nationale » et une « Politique de sécurité nationale ». Il a toutefois partagé les préoccupations du Président de la Somalie sur la question de la rémunération salariale irrégulière des forces de sécurité.
Par ailleurs, alors que l’économie de la Somalie est dépendante des « conditions météorologiques » et de l’« esprit d’entreprise » de son peuple, y compris de sa diaspora, le Représentant spécial a suggéré qu’il faudrait poursuivre le renforcement de la relation entre l’État et le secteur privé, « dans l’intérêt de tous les Somaliens ». Prenant note des mesures positives que constituent la loi contre le blanchiment d’argent, adoptée en février, et les récentes nominations au Conseil d’administration de la Banque centrale, M. Keating a salué l’annonce, la semaine dernière, d’un programme suivi par le Fonds monétaire international (FMI), qui devrait aider la Somalie à devenir éligible dans un second temps à des prêts à conditions de la part des institutions financières internationales. Il s’est cependant dit alarmé par l’impact de la sécheresse prolongée au Somaliland et au Puntland depuis 2011, à l’origine d’une famine qui a tué 260 000 personnes. Or, les organisations humanitaires n’ont reçu à ce jour que 145 millions de dollars sur les 885 millions de l’appel consolidé pour 2016, a déploré le Représentant spécial, qui en a appelé à la générosité des bailleurs de fonds. « Tout doit être mis en œuvre pour veiller à ce que les progrès ne soient pas remis en cause, pour finaliser le processus électoral de 2016 et préparer les élections de 2020, afin de renforcer la capacité nationale des Somaliens à prendre le relais de l’AMISOM, et pour créer les emplois et les revenus en faveur d’un État durable », a-t-il ajouté en conclusion.
M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a axé son intervention sur la situation politique et sécuritaire récente en Somalie, et a fait le point sur les opérations de l’AMISOM. Il estime que la Somalie est en bonne voie « pour les urnes » d’ici à la fin de l’année, et salue la relation proactive qui s’est développée entre les dirigeants fédéraux et régionaux en Somalie dans le contexte du Forum de leadership national. Au début de ce mois, les responsables somaliens ont signé les modalités pratiques du modèle électoral de 2016 et adopté une déclaration conjointe à l’unanimité sur la mise en œuvre pratique de ce modèle adopté en janvier par le Forum. Sur la base de ce modèle, les élections devraient avoir lieu en août 2016 en Somalie, a indiqué l’Observateur de l’Union africaine. Elles devraient être plus inclusives et représentatives que les précédentes puisqu’on a opté désormais pour des collèges électoraux à la place d’un vote limité aux « anciens » qui avaient choisi les représentants du Gouvernement fédéral somalien actuel.
L’Union africaine appelle à la nomination rapide des autres organes électoraux et à la finalisation du plan de mise en œuvre des élections par le comité technique, puis sa ratification par le Parlement fédéral. En outre, l’Union africaine exhorte le Gouvernement fédéral somalien à poursuivre sur sa lancée en vue de conclure le processus en cours pour aboutir au statut final de la Fédération, ce qui permettra de rapprocher les deux régions de Hiraan et du Moyen-Shabelle. Une telle autonomisation des pouvoirs de l’administration régionale rapprochera le Gouvernement somalien du peuple et permettra de dispenser les services essentiels, y compris la construction d’écoles, d’hôpitaux et de routes.
Abordant ensuite les opérations de l’AMISOM, l’Observateur de l’Union africaine a affirmé que les forces de la Mission avaient connu des succès substantiels. Elles ont notamment réussi à chasser les miliciens Al-Chabab de Mogadiscio et à libérer un grand nombre de districts ou territoires tombés aux mains de ce groupe extrémiste. Ces avancées ont significativement contribué à la stabilisation de la situation en Somalie, ce qui a permis à son tour au processus politique de suivre son cours et à la gouvernance de pouvoir se faire. Il n’en demeure pas moins que la situation sécuritaire du pays reste fluide et que le groupe Al-Chabab a juré d’être résilient, a averti l’Observateur.
C’est la raison pour laquelle l’Union africaine a pris des mesures pour permettre à l’AMISOM d’être plus efficace d’un point de vue opérationnel. Lors du Sommet des pays contributeurs de troupes et de police de l’Union africaine, en février 2016 à Djibouti, les chefs d’État ont pris des décisions et des engagements importants, consignés dans la Déclaration de Djibouti sur l’AMISOM, en vue de la consolidation de la mission de stabilisation de la Somalie. L’Union africaine a également mis en place un groupe de travail, actuellement réuni à Addis-Abeba, pour définir les options concrètes de renforcement du commandement et du contrôle de l’AMISOM. Les recommandations techniques de ce Groupe vont être soumises en temps voulu.
L’Observateur de l’Union africaine a indiqué que les priorités de l’AMISOM d’ici à la fin de l’année étaient de poursuivre sa conduite défensive et offensive ainsi que ses opérations de routine en vue de réduire les capacités du groupe Al-Chabab à commettre des attentats, des embuscades et des attaques à la grenade, notamment contre les forces de l’AMISOM. Cela permettra également d’assurer que le groupe Al-Chabab ne compromette pas le processus électoral en cours. Un comité conjoint entre le Gouvernement fédéral et l’AMISOM a été créé à cet effet.
L’Union africaine, convaincue de la nécessité de reconduire le mandat de l’AMISOM, estime qu’il faudrait maintenir les effectifs du personnel en uniforme à 22 126 personnes et celui du personnel civil à 70, a indiqué M. António. Le 28 avril, l’Union africaine fera des recommandations en ce sens à Addis-Abeba. En deuxième lieu, la stratégie de l’AMISOM doit mieux s’adapter en vue de répondre aux développements sécuritaires sur le terrain. Cela suppose, selon l’Union africaine, un plus grand nombre d’opérations ciblées. L’Union africaine attend le soutien du Conseil de sécurité en ce sens. L’Observateur de l’Union africaine a également abordé la question de la rémunération du personnel en uniforme de la Mission et le déploiement de leviers opérationnels et multiplicateurs de forces pour améliorer le rôle de l’AMISOM. À cet égard, M. António a salué l’engagement pris par l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda de fournir des hélicoptères à la Mission. L’Observateur de l’Union africaine a demandé au Conseil de sécurité de faciliter la finalisation de l’Accord d’assistance, en gardant à l’esprit que le remboursement de ces hélicoptères devrait se faire à un niveau correspondant à la nature défensive des opérations de l’AMISOM en Somalie.
M. HASSAN SHEIKH MOHMAUD, Président de la République fédérale de Somalie, a entamé son intervention en faisant état de la tragédie des réfugiés dans les eaux de la mer Méditerranée, la pire, selon lui, depuis la crise migratoire. Il a salué les efforts déployés par de nombreux pays pour protéger et soigner les migrants et les réfugiés qui fuient leur pays d’origine à cause du malheur de l’insécurité et du désespoir. Il a appelé, en particulier, les gouvernements de la région qui en ont la capacité à enquêter sur les crimes qui ont été commis contre ces jeunes partis pour des voyages dangereux en haute mer.
M. Mohmaud a ensuite rappelé que son gouvernement avait été nommé il y a presque quatre ans, période au cours de laquelle son pays a, a-t-il précisé, émergé de deux décennies de guerre, de deux décennies sans gouvernement apte à fonctionner, sans écoles, sans hôpitaux ou toute forme de service public.
Il a ajouté avoir fait la promesse au nom de la Somalie, à Bruxelles, à la fin 2013, d’aboutir à la paix et à la sécurité. Cette promesse, a-t-il dit, a été centrale dans sa propre « Politique des six piliers », laquelle a permis l’élaboration du Pacte pour la Somalie. Au cœur de cette promesse de Bruxelles se trouvait la volonté d’atteindre trois objectifs impératifs: une Somalie sûre, une Somalie démocratique et une Somalie progressiste et prospère, a déclaré le Président.
En 2013, a-t-il expliqué, le Gouvernement somalien a accepté de poursuivre la transformation politique de la nation en élaborant une constitution fédérale, en adoptant un modèle fédéral de gouvernance et en tenant d’ici septembre 2016 des élections nationales démocratiques. Ce programme, a-t-il ajouté, a été mené alors que la Somalie faisait face à des défis énormes liés à la guerre contre le terrorisme sur son propre sol et sans les instruments solides d’un État.
Sans entrer dans les détails du processus électoral de 2016, M. Mohmaud a néanmoins attiré l’attention du Conseil de sécurité sur plusieurs faits qu’il a jugés importants. Pour le Président somalien, le processus sera uniforme à travers l’ensemble du pays afin de garantir une légitimité nationale. De même, un processus de règlement des différends permettra d’appuyer les élections afin d’être en mesure, pour le Gouvernement somalien, de répondre immédiatement à chacune des questions soulevées. Une chambre basse et une chambre haute seront élues. Enfin, 30% des sièges parlementaires issus de ces scrutins seront attribués à des femmes.
Le Président de la République fédérale de Somalie a souligné que la Constitution établissait les fondements d’une politique pacifique en Somalie et que le Gouvernement oeuvrait activement pour qu’elle soit adoptée d’ici à la fin de 2016.
Au cours des trois dernières années, a-t-il rappelé, trois des quatre États fédérés avaient été constitués avec succès. Des efforts difficiles sont en cours pour terminer les processus de formation étatiques d’Hiraan et de Middle Shabelle et de parvenir à un accord sur la clarification du statut de Benadir.
M. Mohmaud a reconnu que, même si des progrès substantiels ont été accomplis sur le front de la sécurité avec près de 80% du pays libéré du Mouvement Al-Chabab, l’environnement de sécurité demeurait toujours un facteur inhibiteur pour le développement des deux institutions dirigeantes et la population somalienne. Ce climat reste, a-t-il dit, une cause fondamentale de la situation humanitaire importante et des besoins d’assistance continus en Somalie.
Le Président a salué les vaillants efforts des Forces nationales de sécurité somaliennes et de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans la lutte contre le Mouvement Al-Chabab. Ce combat n’est pas terminé, a-t-il affirmé, en soulignant que des ressources et un engagement étaient plus que jamais nécessaires pour couper la tête de ce serpent venimeux une fois pour toutes.
Le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie est essentiel, a-t-il poursuivi. Ce qui aurait un impact important et rapide sur le développement des propres forces somaliennes serait, a-t-il dit, la levée de l’embargo sur les armes. Il a notamment expliqué que des réunions consultatives avaient été organisées pour élaborer une feuille de route en vue d’établir un cadre national global régissant le cycle de vie complet des armes et des munitions.
En dépit de cette amélioration et des appels des différentes résolutions du Conseil de sécurité aux partenaires internationaux pour fournir des armes non létales à la Somalie, les efforts du pays demeurent toujours entravés par l’embargo partiel. Le Président somalien a ainsi appelé de nouveau les membres du Conseil de sécurité à décider une levée totale de l’embargo sur les armes dans le pays. Cela permettra d’améliorer ses capacités nationales pour affronter et vaincre le terrorisme international et fournir la meilleure protection pour les citoyens tout en préservant son avenir démocratique et de développement contre les fauteurs de troubles violents et radicalisés, a-t-il déclaré.
Sur le chapitre économique, M. Mohmaud a attiré l’attention du Conseil, en s’appuyant sur l’évaluation du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle la Somalie était sur un chemin agressif de réforme. La Somalie a convenu avec le FMI d’un programme de réforme pour la période mai 2016-avril 2017 qui met l’accent sur la mise en œuvre de politiques budgétaires prudentes, tout en renforçant les capacités institutionnelles pour la gestion financière macroéconomique.
Le programme permettra d’améliorer la gouvernance et la capacité économique, de renforcer la discipline budgétaire, d’assurer la reconstruction des capacités de gestion de la politique monétaire et de favoriser le développement du secteur financier en vue de soutenir la croissance économique, a-t-il dit. De même, il a estimé que ce sera une étape clef dans le processus de liquidation des arriérés et de la normalisation des relations avec les institutions financières internationales dans leur ensemble.
Pour le Président, le Pacte pour la Somalie a joué un rôle crucial dans l’amélioration du partenariat et de la responsabilité mutuelle entre le Gouvernement et la communauté internationale, ainsi que dans les progrès politiques, la sécurité et le développement dans le pays.
Le Président de la République fédérale de Somalie a conclu en remerciant le Conseil de sécurité pour son soutien sans faille de la Somalie. La force des engagements pris par les membres du Conseil combinée avec le partenariat solide sur le terrain entre le peuple et les gouvernements a donné naissance à une Somalie en harmonie avec elle-même, sur la voie de la stabilité nationale, du progrès et de la prospérité, a soutenu M. Mohmaud.
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est félicité des progrès accomplis par la Somalie au cours de ces derniers mois. « Nous sommes à l’année la plus cruciale de la Somalie », a estimé le représentant, qui a identifié les élections, la sécurité et les partenariats comme trois priorités indissociables pour ce pays. Pour lui, le processus électoral doit être transparent, inclusif et mené à bien dans les délais impartis, en associant pleinement les femmes. Sa délégation se félicite, à cet égard, de l’adoption, par le Forum national, d’un plan de mise en œuvre. La Somalie a pris en outre des mesures qui témoignent de son engagement en matière de sécurité, tandis que l’AMISOM continue de démontrer un courage remarquable dans le cadre de ses opérations contre le groupe Al-Chabab. En ce qui concerne les partenariats, a ajouté M. Rycroft, les bailleurs de fonds doivent garder à l’esprit que les piliers de sécurité et de développement sont étroitement liés entre eux en Somalie. Par ailleurs, il a rappelé que tout engagement international devrait s’accompagner d’un engagement des Somaliens eux-mêmes.
M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK (Égypte) a affirmé que cette année serait cruciale pour la Somalie, en se félicitant des efforts entrepris par le Président de la République fédérale et son gouvernement, ainsi que de tous les Somaliens pour réaliser les objectifs fixés. Plaidant pour une participation active des femmes et des jeunes, il a appelé la communauté internationale à veiller à ce que les financements requis soient disponibles pour assurer le succès du processus électoral et de la sécurité.
Dans la lutte contre l’insécurité dans le pays, la communauté internationale doit appuyer la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans ses opérations si l’on souhaite que celles-ci soient prévisibles et sûres. Le représentant a réitéré l’appel de son pays pour la réconciliation, un appel lancé au début du mois en Somalie par le Ministre égyptien des affaires étrangères lui-même. Le délégué a souligné qu’il était nécessaire de coordonner les efforts des pays arabes pour mieux répondre aux besoins de ce pays frère.
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a déclaré que la campagne de terreur meurtrière menée par Al-Chabab n’a fait que renforcer la détermination collective en faveur de la Somalie. Il a souhaité que le Plan de mise en œuvre récemment adopté soit finalisé rapidement afin de mener à bien, dans les délais prévus, le processus électoral en cours en 2016. Après avoir salué l’action de l’AMISOM, le représentant a constaté que la sécurité dans le pays s’était considérablement améliorée, donnant l’assurance que le Gouvernement des États-Unis continuerait de fournir des renseignements à l’appui des forces de sécurité nationales.
De son côté, l’AMISOM doit continuer de bénéficier du matériel et des ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat, tandis que les autorités somaliennes sont tenues de réformer le secteur de la sécurité, de consolider leur appareil judiciaire et de faire respecter les droits de l’homme, notamment en établissant une Commission fédérale des droits de l’homme. M. Pressman a rappelé que les États-Unis avaient établi des partenariats de longue date en Somalie, comme en témoignent ses contributions financières d’un montant de 240 millions de dollars depuis octobre 2014, et qui ont servi à financer une aide humanitaire ou des programmes de renforcement de la résilience des communautés locales.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les résultats du Forum national somalien qui a adopté, le 12 avril dernier, les critères des élections prévues pour le mois d’août. Il s’est dit néanmoins préoccupé par la situation sécuritaire en Somalie et les activités du Mouvement Al-Chabab, celui-ci ne s’attaquant plus seulement contre des civils, mais aussi contre des installations militaires. Le délégué a ainsi requis des opérations militaires contre le Mouvement Al-Chabab menées par les forces de l’Union africaine et les forces somaliennes.
Le représentant russe s’est dit également extrêmement préoccupé par la situation humanitaire sans le pays, en appelant la communauté internationale à apporter une aide suffisante à la population et appuyer le pays dans ses efforts de relèvement socioéconomique.
M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué l’engagement renouvelé du Gouvernement fédéral de Somalie pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de prolongation des mandats constitutionnellement définis et à la tenue des élections dans les délais impartis. Ce scrutin constituera une avancée considérable dans l’histoire de la Somalie, s’est-il félicité, en plaidant pour la coopération de la communauté internationale dans ce cadre. Il s’agit, a rappelé le représentant, de rétablir la bonne gouvernance et la fourniture des services de base pour tous les Somaliens. Le représentant s’est dit toutefois inquiet des opérations résiduelles du groupe Al-Chabab. Dans ce contexte, la réforme du secteur de la sécurité revêt également une importance capitale, dans la mesure où elle garantira une participation plus effective de l’armée nationale aux côtés de l’AMISOM, avec pour finalité le transfert des responsabilités aux forces somaliennes.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a estimé que le succès du processus en cours en Somalie, malgré les défis auxquels le gouvernement est confronté, était à portée de main, en précisant que 2016 était, à cet égard, une année cruciale. Il s’est notamment félicité de la décision du Gouvernement fédéral somalien de réserver 30% des sièges parlementaires issus des futures élections nationales à des femmes. Le délégué de l’Espagne a également souligné l’importance pour les dirigeants du pays de progresser dans le domaine de la révision de la Constitution.
Le représentant a, en outre, condamné de la façon la plus énergique les attaques terroristes du Mouvement Al-Chabab contre la population, l’armée somalienne et les forces de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Il a plaidé pour une structure de contrôle et de commandement plus efficace sur la base des recommandations du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. La lutte contre le Mouvement Al-Chabab doit, a-t-il estimé, être ancrée dans une stratégie ferme qui empêche la radicalisation et le recrutement au sein de la population somalienne, notamment chez les jeunes. Il a, par ailleurs, jugé inacceptable la très grave situation humanitaire du pays et fait état des conséquences des changements climatiques sur le pays.
M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) s’est félicité de l’adoption, par la Somalie, d’un modèle électoral inclusif, en soulignant que sa délégation attendait avec impatience la Conférence d’examen constitutionnel prévue le mois prochain. Il a condamné toutes les attaques commises par le groupe Al-Chabab, contre lequel des opérations conjointes entre les forces somaliennes et l’AMISOM doivent être menées, dans le cadre d’une coopération encore plus étroite. Dans ce contexte, a relevé le représentant, l’intégration des forces régionales au sein de l’armée nationale peut contribuer de manière significative à la réalisation de cet objectif. Le délégué du Japon a rappelé, en conclusion, l’engagement de son pays aux côtés de la Somalie.
M. RAFAEL DARIO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que la situation sécuritaire en Somalie était le résultat des actions du Mouvement terroriste Al-Chabab. Il a souligné que les autorités somaliennes luttaient contre cette organisation qui entretient des liens avec les marchés illégaux et la criminalité organisée, et profitait de la prolifération des armes légères et de petit calibre, en dépit de l’embargo sur les armes.
Le représentant a souligné que la Somalie avançait dans le processus ardu visant à créer des institutions légitimes dans l’ensemble du pays, jetant ainsi les bases de la paix. Dans ces circonstances, le soutien de la communauté internationale et l’engagement politique de l’ONU doivent être plus présents que jamais. Le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie est essentiel et doit être maintenu tout en assurant davantage de transparence dans le cadre des plans de développement du Gouvernement fédéral. Il est également primordial, a estimé M. Ramirez, de soutenir les actions visant à étendre l’autorité de l’État dans l’ensemble du pays afin que les gouvernements locaux puissent fournir des services de base à leurs populations.
Enfin, le représentant du Venezuela a appelé la communauté internationale à octroyer des ressources adéquates pour répondre à la grave situation humanitaire que connaît actuellement la population somalienne du fait du conflit et de difficultés économiques et sociales profondes.
Outre les élections, M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a identifié d’autres priorités politiques pour la Somalie, à commencer par la poursuite du dialogue entre le Gouvernement fédéral somalien et les administrations régionales, « qui doit aller plus loin ». Pour lui, des questions délicates restent en suspens, comme la délimitation des frontières, la finalisation de la révision constitutionnelle et la gouvernance des ressources naturelles. À l’instar d’autres membres du Conseil, le délégué a estimé que la fourniture de services de base à l’ensemble de la population somalienne était une condition sine qua non pour une paix durable. Il a également indiqué que la réforme du secteur de la sécurité était indispensable pour prévenir la résurgence du groupe Al-Chabab.
« Mettre sur pied une armée et des forces de police efficaces et cohérentes sera déterminant pour que la stratégie de sortie de la communauté internationale soit couronnée de succès », a assuré le représentant. La Nouvelle-Zélande, a-t-il ajouté, est cependant préoccupée par les défis financiers auxquels fait face l’AMISOM, qui a plus que jamais besoin d’un soutien pour s’acquitter de son mandat. Cette situation révèle un problème plus large, celui du financement ad hoc des opérations de maintien de la paix conduites par l’Union africaine, a estimé le délégué. Sa délégation, a-t-il assuré, est favorable à des solutions innovantes capables de garantir un financement plus prévisible à l’avenir pour ce type de missions, et auxquelles l’ONU pourrait participer, parallèlement à la contribution que les pays africains peuvent eux-mêmes faire.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a constaté que la situation continuait de s’améliorer en Somalie depuis 2012. L’année 2016 est particulièrement importante pour la Somalie, a-t-il estimé, en faisant notamment référence au processus électoral. Il a demandé, à cet égard, un appui de la communauté internationale. Il a dit espérer que le processus actuel ouvrira la voie à des élections plus représentatives en 2020.
Le délégué a néanmoins fait état d’une situation préoccupante résultant de la malnutrition, des lacunes en matière d’accès à l’eau et aux services d’assainissement, du phénomène El Nino et des attaques terroristes du Mouvement Al-Chabab. Il a appuyé les efforts en matière de sécurité des forces somaliennes et de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
M. ALEXIS LAMEK (France) a fait part de nouvelles plutôt inquiétantes en provenance de Somalie, où le groupe Al-Chabab, bien qu’affaibli, continue de sévir. La lutte contre ce groupe est une tâche collective et la France – à travers les Nations Unies et l’Union européenne – demeure pleinement engagée aux côtés des pays contributeurs de troupes, a-t-il assuré. Afin de consolider les progrès accomplis, a-t-il dit, l’AMISOM a besoin d’intensifier ses offensives contre Al-Chabab et d’améliorer son efficacité, ses contingents devant agir de façon intégrée, comme le demande la résolution 2124 (2013) et être placé sous commandement unique. Appelant l’Union africaine et les pays contributeurs de troupes à améliorer les opérations de l’AMISOM, le représentant de la France a souligné la nécessité d’une conduite exemplaire de ses troupes. Il a expliqué que l’impunité dont bénéficient certains contingents porte atteinte à la crédibilité même de la mission.
Par ailleurs, l’appropriation somalienne des tâches sécuritaires permettrait d’envisager un retrait des troupes et une stratégie de sortie, ce qui suppose de rétablir l’autorité de l’État dans tout le pays, a fait observer le représentant. Le rôle des forces de sécurité somaliennes a été particulièrement crucial auprès de l’AMISOM pour maintenir libérées les zones reprises à Al-Chabab. Toutefois, seule une action politique pourrait permettre à la Somalie de sortir durablement de la crise qui dure depuis 25 ans, a souligné M. Lamek. La France, a-t-il dit, espère pouvoir compter sur toutes les parties prenantes pour que des mesures nécessaires soient prises tout au long d’une année décisive.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a affirmé que les progrès constatés étaient le fruit des investissements réalisés dans un pays ravagé par une guerre brutale de plusieurs décennies. Il a salué les Somaliens pour avoir conclu un accord sur le processus électoral. Le pays est néanmoins confronté à des défis gigantesques, en particulier en ce qui concerne la situation humanitaire qu’il convient de régler immédiatement.
De même, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de vaincre le Mouvement Al-Chabab, en appelant à ce que des ressources suffisantes soient fournies afin, notamment, que la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) puisse mener à bien ses opérations.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est déclaré préoccupé par les opérations du groupe Al-Chabab, et de ses efforts pour recruter des enfants dans les écoles et les mosquées. Il a déclaré qu’il faudrait veiller à ce que la protection des enfants soit davantage inscrite dans les mandats de l’AMISOM et de la MANUSOM. Le représentant a ensuite appelé le Gouvernement fédéral de la Somalie à poursuivre son dialogue avec les administrations régionales intérimaires. Il s’est félicité, à cet égard, de la décision du Puntland qui, en acceptant de se fédéraliser, contribue à la stabilité du pays.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a estimé que l’accord conclu lors du Forum national du 12 avril était l’expression claire du consensus croissant parmi les dirigeants somaliens sur la gouvernance du pays. Il a encouragé la Mission d'observation militaire de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) à continuer de soutenir vigoureusement ce pays.
Le représentant a en outre jugé préoccupante la situation humanitaire dans le pays, de même que la menace constante du Mouvement Al-Chabab et de l’implantation persistance de l’État islamique dans la région. Il s’est par ailleurs inquiété de ce que les ressources minières de la Somalie continuent de faire l’objet de l’intérêt des firmes internationales et il a dénoncé le trafic illégal du charbon de bois somalien.
M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que le processus de paix en Somalie entrait dans une phase cruciale, alors que la situation sécuritaire demeure fragile. Toutes les parties doivent œuvrer au bon déroulement du processus électoral en cours; quant à la communauté internationale, elle doit adhérer au principe de l’appropriation nationale dans le cadre de ses efforts en faveur de la Somalie. Le groupe Al-Chabab continue de poser des problèmes pour le pays, a rappelé le représentant de la Chine. Il a ensuite souligné que le développement et la croissance économique sont les conditions préalables pour garantir la stabilité de la Somalie. Le délégué a encouragé la Banque mondiale et les autres institutions internationales et régionales à honorer leur engagement en faveur de la Somalie, qui a besoin d’investissements pour ses infrastructures et son agriculture. Dans le cadre du Forum de coopération Chine-Afrique, la Chine a fait des propositions concernant les 10 domaines dans lesquels elle souhaite apporter une contribution décisive à l’effort collectif de relèvement.